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Découvrir le théâtre sous l’angle particulier du costume
Quoi de mieux que de jouer les costumières pour découvrir le monde du spectacle ?
C’est ce que proposaient Costume 3 pièces et Costumes de saison, mis en place au Jardin de Verre.
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Pour démontrer que la culture est accessible à tous, différents projets visant à attirer de nouveaux publics prennent vie. Cette année encore, le Jardin de Verre a proposé des activités conçues pour inciter différents publics à s’immerger dans les coulisses de l’univers théâtral.
Costume 3 pièces : pièces de théâtre et défilé « Et voici la chemise préférée d’Harpagon. Assez sale, plutôt vieille et toute rapiécée, elle n’est pas en très bon état. Mais il faut bien avouer que c’est ce qui lui donne tout son charme. » Un discours vivant et amusant qu’il n’était pas surprenant d’entendre au Jardin de Verre, le mardi 9 mai dernier, lors du défilé de Costume 3 pièces, un rendez-vous qui rassemblait trois classes issues d’Eurespace, du lycée Europe et du lycée de la Mode, venues présenter leur travail. Créé il y a six ans, ce projet pédagogique, soutenu par la région Pays de la Loire, se déroule chaque année sous la houlette d’Anne-Claire Ricordeau, chargée d’action culturelle au Jardin de verre et costumière au Théâtre régional des Pays de la Loire, qui précise : « Costume 3 pièces est un parcours de découverte du théâtre abordé sous l’angle du costume Grâce aux représentations dans les théâtres de la ville et à nos échanges, nous partons à la découverte de l’univers du spectacle. Les séances de travail en classe aboutissent sur cet événement final. » Pour parvenir à ce résultat, les élèves ont d’abord assisté à trois spectacles, dont L’Avare de Molière, sur lequel s’est basé tout leur travail. Au terme de quatre séances de deux heures, alliant théorie et pratique, les élèves ont imaginé les costumes, qu’ils ont dessinés en intégralité sur des planches très détaillées, en partant de l’élément central : la chemise blanche du personnage d’Harpagon, déclinée en fonction des époques, du XVIIe à l’ère contemporaine en passant par les années 70. Selon les compétences de chacun, ils ont ensuite procédé à la transformation. Déchirure, rapiéçage ou encore travail des manches et des matières, tout était possible à condition de pouvoir argumenter sa démarche. « Le costume de scène doit être visible de loin, il fait partie de la création théâtrale et doit donc servir la mise en scène, au même titre que l’éclairage ou le jeu d’acteur. Il pose la question de savoir ce que l’on veut raconter au public » complète Anne-Claire Ricordeau. Placement sur scène, mouvement des acteurs, pour parfaire leur défilé de restitution, les jeunes ont également rédigé les textes de présentation de leurs créations, faisant ressortir le côté très vivant du théâtre. « C’est une expérience très amusante avec laquelle on peut se permettre beaucoup de choses, expliquent les élèves du BTS mode. C’est un exercice très formateur grâce auquel on en apprend plus sur le théâtre et qui peut déclencher des vocations car certains pensent à se diriger vers la création de costumes de scène qui amène plus de liberté de création que le prêt-à-porter par exemple. »
Les Costumes de saison : des costumes à voir et à écouter S’imaginer couturière le temps d’une saison théâtrale et participer à la réalisation de tenues de scène, tel est l’objectif de la première édition du projet Costumes de saison, également pensé par Anne-Claire Ricordeau. Pour créer ce dispositif réservé aux femmes issues des quartiers prioritaires et financé dans le cadre du contrat de ville, la costumière s’est associée à Cécile Liège, auteure et réalisatrice artistique sonore. « La couture et les vêtements sont universels, ce qui favorise la discussion et amène à découvrir le monde théâtral que l’on imagine souvent élitiste, relate Anne-Claire Ricordeau. Partir d’un texte, aboutir à une création collective qui est destinée à être vue, c’est dans cette démarche de partage que ces femmes se sont rassemblées par petits groupes. » Avec quatre spectacles programmés tels que L’Histoire de Pom ou encore Une belle fille avec un Fusil, les apprenties costumières ont réalisé quatre tenues de scène, dont les trois premières sont à découvrir librement aux horaires d’ouverture du théâtre. Leur dernière création est quant à elle destinée à être portée au cours de la représentation de J’arrive pas à y arriver de l’atelier théâtre du Jardin de Verre, les vendredis 9 et samedi 10 juin. « Il faut penser aux contraintes, ce qui implique une véritable réflexion collective en amont dans le travail de conception » poursuit Anne-Claire Ricordeau. C’est d’ailleurs ces moments d’échange en ateliers que Cécile Liège s’est chargée de réunir, dans l’objectif de créer des capsules sonores. « L’idée c’est faire écouter les costumes au public, explique-t-elle. Entendre la démarche de création, les choix effectués par ces femmes, c’est ce qui permet de comprendre ce qu’elles ont voulu raconter au travers de leurs réalisations. » Comme lorsqu’il est question du sweat rose du personnage de l’adolescente dans Michelle doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ? où le pouvoir amplificateur des réseaux sociaux est symbolisé par la capuche disproportionnée. Pour Aline, Gisèle ou encore Anna, ces ateliers ont permis de découvrir l’envers du théâtre, « de voir les spectacles d’un autre œil en passant de bons moments ensemble », au point de susciter des vocations, comme pour Lydia qui souhaite désormais se lancer en CAP métiers de la Mode. Ouvrir un peu plus les portes, apporter de nouveaux outils aux spectateurs, faire changer les regards et donner l’envie de revenir, des défis relevés par ces deux projets.