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Œil de paon

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Améliorer la

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Affection à ne pas sous-estimer

L’œil de paon est une maladie pouvant se développer rapidement et affaiblir économiquement une exploitation. Si elle est négligée, elle peut aboutir progressivement à de sévères défoliations, qui auront un effet sur la photosynthèse, la croissance, et finalement le nombre de fleurs et leur nouaison. Cette maladie est très répandue dans la région méditerranéenne et dans les zones de culture d’olivier entrainant des pertes de rendement qui peuvent aller jusqu’à 20%.

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L’œil de paon est une colonie de champignons cryptogamiques qui s’installe sur les feuilles. Il doit son nom à son aspect : une série de cercles concentriques de différentes couleurs allant du noir au vert foncé puis du jaune au marron. Sa période de prolifération est le printemps et l’automne lorsque l’atmosphère est douce et humide. Il commence par s’en prendre aux branches basses puis envahit tout l’arbre. Les feuilles tombent rapidement et l’olivier se dénude sévèrement jusqu’au remplacement des feuilles. La production d’olives est gravement affectée. Le cycle de vie de l’agent causal, Fusicladium oleagineum (anciennement appelé Cycloconium oleaginum ou Spilocaea oleagina) dépend des conditions climatiques, dont les plus déterminantes sont la température et l’humidité : température relativement peu élevée (9 à 20 C°) et humidité (brouillard, fortes rosées, pluies) donnant pour plusieurs heures un état hygrométrique de 100%. La période d’incubation est d’environ deux semaines sous des conditions les plus favorables ; mais si l’infection est suivie d’une saison chaude et sèche, elle peut durer plusieurs semaines, voire des mois. Les feuilles qui restent sur l’arbre avec des lésions sporulantes servent d’inoculum au cycle suivant.

Stratégie de lutte

Mesures prophylactiques

La stratégie de lutte contre l’œil de paon varie en fonction de la zone concernée. Etant donné le rôle important joué par l’humidité relative élevée et l’eau libre dans le développement de la maladie, il est recommandé d’utiliser les pratiques culturales qui favorisent l’aération et réduire la condensation des arbres comme une taille sélective évitant une frondaison dense. Il faut aussi veiller à supprimer les branches inutiles trop basses servant de réservoir d’inoculum. Les mesures préventives visant à éviter l’excès d’humidité dans le sol et la maîtrise d’irrigation sont aussi, des facteurs très importants. Le statut nutritif des arbres influe significativement sur la sévérité de l’infection. Ainsi, un excès d’azote et une carence en potassium favorisent les infections de ce champignon, c’est pour cette raison qu’il est conseillé de ne pas apporter des doses excessives d’azote et d’être vigilant quant à la fertilisation potassique. Dans les zones favorables au développement de l’œil de paon, il est préférable de choisir les variétés les moins sensibles à la maladie. La Picholine marocaine, dominante au Maroc est malheureusement considérée comme très sensible. Il est également recommandé de recourir, lors de la mise en place de l’oliveraie, aux plants des pépinières avec les garanties appropriées, afin d’assurer la qualité sanitaire de la plante.

La protection chimique

Un traitement phytosanitaire s’avère indispensable dès que le seuil de nuisibilité de plus de 10% de feuilles tachées est dépassé. Parmi les fongicides employés, se distinguent par leur efficacité et leur persistance, les produits à base de cuivre avec les fongicides organiques. La plupart des oléiculteurs préfèrent utiliser le cuivre, traitement également autorisé en agriculture biologique. Le cuivre empêche la germination des nouvelles spores qui sont dispersées pendant la pluie et protéger ainsi les feuilles contre des nouvelles contaminations en réduisant l’inoculum. D’autres matières actives sont autorisées contre cette maladie, mais pour plusieurs raisons, elles restent marginales en termes d’utilisation. Il est recommandé de mouiller la totalité de la frondaison de l’arbre, essentiellement les rameaux internes et inférieurs où se développe plus fréquemment la maladie. Le cuivre peut entrer dans les feuilles infectées à travers les ouvertures produites par le pathogène en provoquant la chute des feuilles à lésions ce qui contribuera à la diminution de l’inoculum primaire.

La lutte biologique

Elle peut offrir de nombreuses méthodes alternatives naturelles en utilisant des produits d’origine biologique tels que les extraits végétaux, les huiles essentielles et les agents antagonistes. Ces microorganismes produisent des métabolites secondaires antifongiques qui inhibent la croissance et le métabolisme des agents pathogènes. Les agents antagonistes utilisés pour lutter contre l’agent causal de l’œil de paon de l’olivier appartiennent à plusieurs groupes taxonomiques, notamment les bactéries telles que Pseudomonas sp et Bacillus sp.

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