Agriculture du Maghreb N° 114

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Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com

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Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Dr. Abbès Tanji Pr. Bouzrari B Prof. Mohamed BOUHACHE Rachid Derdari Smaili M.C. BenyahiaH. Kabbage T.

Attachée de Direction Khadija EL ADLI

Directeur Artistique NASSIF Yassine

Imprimerie PIPO

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

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Edito La phœniciculture au Maroc :

D

Pour un avenir encore plus prometteur

epuis des temps immémoriaux, le palmier dattier (Phoenix dactylifera) est l’une des cultures les plus importantes au Maroc, surtout dans une zone à climat difficile, pré-désertique ou désertique où elle permet à un grand nombre de familles de vivre et ce grâce à ses multiples usages. De nombreux écrits en témoignent. Ainsi, ‘‘John Ogilby écrivait, au courant du xvii siècle, que « la plupart des dattes qu’on vend en Europe sont exportées du Tafilalet ». Parlant de Sijilmasah, ancien chef-lieu de cette région, le Sharif Idrissi, voyageur du xiie siècle, dit, « la ville possède beaucoup de Dattiers et produit des dattes de différentes qualités, parmi eux la variété qui s’appelle al-Birni, de couleur jaune foncé, dont les noyaux sont très petits, excède en délicatesse tous les fruits. » A la même époque Ibn Batoutah, autre voyageur et connaisseur de dattes, déclarait que la variété Irar, de Sijilmasah, était la meilleure du monde enm tier’’ (1). Cependant, la culture du palmier dattier qui occupait, il y a plus d’un siècle, une superficie de 150.000 ha environ avec plus de 15 millions de pieds, et plaçait le Maroc au 3ème rang mondial en matière de production de dattes n’a cessé de baisser avec le temps. En effet, elle est passée à 85.000 ha en 1947, soit 8,5 M de pieds, puis à 4,4 M de pieds sur autour de 44.000 ha en 1967 puis à ensviron 50.000 ha actuellement avec 6,6 millions de pieds. Cette régression est due à plusieurs facteurs, dont la maladie du bayoud qui est à l’origine de la destruction de plus des deux tiers du patrimoine phœnicicole, ainsi que l’effet des sécheresses prolongées. A titre d’exemple, durant les années 80, près de 350.000 palmiers ont été desséchés dans les seules palmeraies d’Ouarzazate et d’Errachidia. Ainsi, aujourd’hui et même si grâce aux efforts considérables déployés par les producteurs, la profession et l’Etat la filière phœnicicole a connu une nette amélioration de ses performances, dans les meilleures années de production, la demande du marché national n’est pas totalement satisfaite. En effet, le Maroc importe près du tiers de ses besoins en dattes pour l’approvisionnement du marché local, notamment durant la période du Ramadan. D’autant plus que, avec l’augmentation de la population, les besoins vont croissants. Cette situation est due aux nombreux défis auxquels la filière fait face et qu’il faut dépasser à court ou moyen terme parmi lesquels ont peut citer : · Le déficit de production de vitroplants et un profil variétal non adapté aux besoins d’extension des superficies imposant de recourir à l’importation de plants, et la nécessité d’ajuster le mix variétal avec des variétés nobles du type Mejhoul et Boufegous, variétés ayant un fort potentiel sur le marché local et surtout à l’exportation. · Le déficit en capacités d’entreposage frigori-

fiques limitant le calendrier et le potentiel de commercialisation des producteurs. · La nécessité d’accélération du rythme d’extentsion des superficies du palmier dattier et d’amélioration de sa productivité (selon la disponibilité de ressources pour l’irrigation) · La réhabilitation et la reconstitution des palmeraies existantes · L’accompagnement des agriculteurs dans leurs itinéraires techniques en vue d’améliorer les rendements par le renforcement de l’encadrement et des travaux de recherche et du transfert de technologie en vue d’assurer de meilleurs rendements et d’améliorer le revenu des professionnels de la filière, · L’intégration de la filière, en encourageant l’organisation des producteurs de dattes, · Le renforcement les aides et incitations octroyées par l’Etat (plantation, unités de conditionnement des dattes, unités d’entreposage frigorifique, unités de valorisation, de transformation et de commercialisation des dattes, · L’incitation à la démarche qualité et à l’utilisation des emballages spécifiques pour les produits dattiers afin d’améliorer leur présentation, · La rationalisation de la gestion de l’eau d’irrigation.

Le SIDATTES,

un évènement hautement salutaire

Jusqu’en 2010 et durant 70 ans, la foire nationale des dattes d’Erfoud, une grande fête célébrant cette inestimable richesse, instituée par dahir en 1940, s’est tenue annuellement à la fin de la période des récoltes de dattes. Pour renforcer cette manifestation et lui donner une portée internationale, le Salon International des Dattes du Maroc a été mis en place en 2010 en tant qu’événement annuel dont le secteur phœnicicole avait besoin pour l’amener au niveau souhaité aussi bien par les autorités que par les professionnels et les consommateurs marocains. Ce salon a fait la démonstration de son dynamisme et du coup de fouet qu’il a donné à la filière en rapprochant l’ensemble des intervenants au même endroit au même moment. Beaucoup a été fait pour notre phœniciculture et beaucoup reste à faire. Tous les intervenants en sont conscients et tous sont prêts à faire le nécessaire. Reste à bien exploiter ces bonnes dispositions dans l’intérêt de l’une des plus vieilles espèces fruitières du pays. (1) : Paul POPENOË in Revue de Botanique Appliquée, 6e année. Bulletin n° 55. 31 MARS 1926.

Abdelmoumen Guennouni Journaliste - Ingénieur Agronome Agriculture AgricultureduduMaghreb Maghreb N°N°114 114- -Sept Sept/ Oct. / Oct.2018 2018

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pplément

Sommaire 6

Actualités

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2ème Symposium International Carotte et autres apiacées 38 42

Les phytohormones et l’équilibre Hormonal des plantes

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Tomates de primeur au Souss Fleuron de la production et des exportations marocaines 52

ttee t o t r aaro C l C a i éc p S rt a c n E

Principales maladies, fongiques de la tomate

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La qualité des fruits d’agrumes vue autrement 62

Melon charentais, un avenir à repenser 68

Botrytis de la fraise, bien le connaitre pour mieux le combattre

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Fève et féverole, quoi de neuf pour le désherbage ?

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Travail du sol pour l’installation de la betterave à sucre au Maroc 76

Le chou, une culture boostée par la demande de l’Afrique subsaharienne 80 78

Désherbage chimique des céréales: Persistance des herbicides dans le sol et risque de phytotoxicité aux cultures suivantes 82

Invasion des populations du thrips Pezothrips kellyanus (Thysanoptera, Thripidae) sur différentes variétés d’agrumes dans la région du Souss-Massa

Nos annonceurs AGRI TRADE 49 AGRIMATCO 21 AGRIMATCO 22 AGRIMATCO 23 AGRIMATCO 45 AGRIMATCO 77 ARRIGONI 47 ARYSTA 55 ATLANTICA AGRICOLA 57 BASF 53 du Maghreb Agriculture 4

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86 Petites annonces BASF 71 CAM 2 CASE IH 75 CLAAS 13 CMGP 88 EIMA Salon 19 ELEPHANT VERT 69 FERTIVAL 67 INFORMIA 36 INTERPOMA Salon 16 IRRI-SYS 11

Lallemand 61 MAMDA 2 SAKATA Seeds 65 SEMINIS 63 SIMA Salon 34 SOUFIANI Consultants 29 STAR EXPORT 17 STOLLER 43 TECNIDEX 59 TESSENDERLO 31

TIMAC AGRO 87 YARA 25

Cahier arabe Bodor CMGP MAMDA Vilmorin ATLAS www.agri-mag.com


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Actu Actu Région

3 édition de la Foire agricole de Dakhla ème

La 3ème édition de la Foire agricole internationale de Dakhla-Oued Eddahab (FAID 2018), organisée par la Chambre d’agriculture de la région de Dakhla-Oued Eddahab, en partenariat avec l’Office national du conseil agricole (ONCA), s’est tenue à Dakhla du 27 au 29 Septembre 2018. Pour ses organisateurs, cette foire constitue un levier de progrès pour le développement de la région et un lieu d’échanges par excellence. Elle consolide également la vocation de Dakhla, leader dans le secteur de la pêche et en matière d’agriculture expérimentale en milieu aride. En outre, elle renforce sa position en tant que Hub Africain où opérateurs européens et africains se retrouvent pour échanger leurs expériences

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fructueuses à un moment où d’énormes défis se présentent : changements climatiques et contrainte d’assurer la sécurité alimentaire de tout un continent. Cet événement constitue de même, un trait d’union entre le Royaume et sa profondeur africaine avec une philosophie qui s’inscrit dans une démarche de mutualisation des moyens et de partenariat gagnant/gagnant.

Thématiques d’actualité

Le thème retenu cette année pour la FAID (Foire Agricole Internationale de Dakhla Oued-Eddahab), «L’Agriculture face aux changements climatiques», fait suite à celui de l’édition 2016 «La place de l’agriculture dans le nouveau modèle du dé-

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veloppement de la région de Dakhla Oued Eddahab et rencontres de l’expertise» et l’édition 2017 « La Percée marocaine sur les marchés africains et leur impact économique sur la région, vision et perspectives du futur hub africain ».

Royaume, produits par des coopératives et des investisseurs privés, - un pôle pour l’exposition des meilleurs animaux camelins, bovins, ovins et caprins de la région, - un quatrième pôle pour le conseil agricole.

Fiche technique du salon

Plus de 200 exposants ont pris part à cette manifestation qui constitue une plateforme d’échanges entre les professionnels locaux, les acteurs nationaux et internationaux, ainsi que les départements de tutelle. Avec plus de 20.000 visiteurs, dont 250 professionnels, la foire a permis aussi de mettre en valeur la vocation agricole de la région et les potentialités qu’offre la région de DakhlaOued Eddahab dans le domaine agricole.

La foire, qui s’étendait sur une superficie de 3.000 m², comprenait quatre pôles d’expositions : - un pôle dédié aux sociétés nationales et internationales de service, d’agro-fourniture et des institutions financières, assurances et des bureaux d’études spécialisés. - un pôle dédié aux produits de terroir ainsi que les fruits et légumes de la région et des autres régions du

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Cette édition a connu la participation de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie, notamment la France, l’Espagne, la Hongrie, les Pays-Bas, l’Egypte, la Palestine et la Turquie, outre des représentants des chambres de l’agriculture de toutes les régions du Royaume.

Objectifs

Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Régional Agricole de Dakhla Oued Eddahab, les différentes éditions de cette foire visent à faire de cette manifestation annuelle : - un cadre d’échange entre les agriculteurs, les opérateurs du secteur et les représentants des entités concernées par l’activité agricole, - une opportunité de par-

Des atouts indéniables La région de Dakhla-Oued Eddahab est leader dans le secteur agricole tout en étant dans un milieu aride. En effet, elle a pu s’adapter et défier le milieu désertique et a même pu se faire une place dans le marché

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tenariat et de transfert des compétences entre les professionnels locaux et les acteurs nationaux et internationaux - réunir des entreprises, des coopératives, des agriculteurs, des chercheurs et des acteurs de la société civile de différents pays intervenant dans le domaine agricole, - mettre en exergue les opportunités et les richesses de la région en matière agricole, - réaliser des rencontres B2B entre les investisseurs, - faire découvrir des produits de qualité de la région de Dakhla Oued Eddahab ainsi que ceux d’autres régions du Royaume qui ont choisi de prendre part à cette manifestation, - souligner les spécificités de ces produits et des sades exportations des tomates cerises, des tomates cocktail et des melons charentais très prisés sur les marchés internationaux, avec des volumes de 65.000 tonnes par an. Elle a en effet d’importants atouts agricoles, notamment son climat modéré. La forte luminosité et les températures favorables toute

voir-faire locaux, - rapprocher le consommateur des produits de la région

Activités scientifiques

Parallèlement à cette foire, des ateliers et des tables rondes ont été organisés sur différentes thématiques liées au développement du secteur agricole dans la région, des défis du changement climatique et comment assurer une sécurité alimentaire durable D’autre part, cette manifestation a été marquée par l’organisation du 3ème sommet «des Savants du Sahara» animée par des experts internationaux en la matière (Canada, Etats-Unis, l’Italie… en plus de compétences mal’année, avec de faibles amplitudes thermiques, se traduisent par des avantages de précocité et de productivité. La zone abrite une agriculture sous serre à haute valeur ajoutée produisant des primeurs de grande qualité. Par ailleurs, la région de Dakhla bénéficie d’un environnement phytosanitaire qui lui permet

rocaines) pour débattre des questions liées aux impacts des changements climatiques sur le secteur agricole. Dans ce cadre, les plus grands opérateurs économiques et spécialisés africains et internationaux (professionnels, institutionnels, investisseurs, chercheurs etc.) se sont donné rendez-vous afin d’échanger sur les grands enjeux agricoles de demain et des défis à venir face aux changements climatiques et à l’obligation entre autre, d’assurer la sécurité alimentaire de tout un continent. Par ailleurs, des concours d’élevage pour la sélection des meilleurs éleveurs ont été organisés en marge de cette manifestation. de satisfaire aux exigences qualitatives et sanitaires des marchés les plus difficiles. La région avance aussi dans des projets prometteurs, notamment celui du dessalement de l’eau de la mer pour l’irrigation d’environ 5.000 hectares de terres agricoles.

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Actu Actu Filière

A M C O M

Symposium International Fruits et Légumes

S’adapter à un environnement en mutation Sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, l’Association Marocaine des Producteurs et Producteurs Exportateurs de Fruits et Légumes (APEFEL) et l’Association Marocaine des Conditionneurs Maraîchers (AMCOM) en partenariat avec la Fédération Interprofessionnelle des Fruits et Légumes (FIFEL) et l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE), ont tenu leur symposium international, le 20 septembre 2018 à Agadir, sous le thème : ‘’Fruits et Légumes : S’adapter à un environnement national et international en mutation ’’. Les participants ont été surpris encore une fois par la qualité de l’organisation, mais surtout par la qualité des intervenants. Le nombre important des participants (350) a démontré la pertinence de la thématique surtout que ce symposium s’est tenu à quelques jours du démarrage de la campagne d’exportation. L’ancien négociateur marocain de l’accord agricole avec l’Union Européenne agissant

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en tant qu’économiste et expert en relations internationales, Mr Hassan BENABDERRAZIK, a donné le ton à cet événement en dressant un tableau de ce que sont les relations multilatérales et bilatérales aujourd’hui. Il a mis l’accent sur la remise en question du Maroc dans l’échiquier mondial en termes de commerce, des alliances stratégiques potentielles ou douteuses et des grandes secousses que connait l’or-

ganisation mondiale du commerce (OMC) en effritement. Il en ressort que nous naviguons dans un environnement commercial international très hostile, avec une faible visibilité. Il en va de la nécessité de s’accrocher aux fondamentaux, c’est-à-dire, renforcer les relations avec nos partenaires traditionnels, car « les nouveaux marchés » sont pleins d’incertitudes. C’est ce qu’a confirmé Mr tomas Garcia AZCARATE,

consultant et ancien directeur de la stratégie à la direction générale de l’agriculture auprès de l’Union Européenne, traitant les relations bilatérales entre le Maroc et l’UE. Pour ce dernier, le Maroc a un statut privilégié auprès de l’Union Européenne (UE) car c’est le seul pays tiers qui a un accord agricole avec l’UE et avec des prix d’entrées préférentiels pour les produits marocains. Pour lui, c’est un acquis qu’il faut préserver. Il

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a également insisté sur le fait que les marchés mondiaux des fruits et légumes sont dans une situation de mutations perpétuelles et de plus en plus avec une tendance à court terme. Il a appelé à la prudence dans les stratégies et les partenariats. Ces mutations ont été illustrées et précisées dans les interventions de messieurs Raymond DIENER, expert du marché russe, et Marc Henri BLAREL, expert de la grande distribution en France. Nos marchés traditionnels ne sont plus ce qu’ils étaient. On ne peut plus proposer au marché russe ou européen ce que nous savons produire. Il s’agit aujourd’hui de s’adapter davantage aux attentes des consommateurs. Dans ces destinations, les consommateurs sont trop exigeants sur la qualité, sur la diversité de l’offre et ils aiment être surpris par les nouveautés qui facilitent leurs quotidiens. Autant en Europe qu’en Russie, la concurrence des produits marocains avec les zones de productions de proximité est très rude. La viwww.agri-mag.com

gilance est de mise. C’est ainsi que Mr LABIED, représentant régional de l’EACCE, a brossé un tableau qui démontre toute l’attention que cet établissement porte à nos exportations. Tout en rappelant la mission première de cet organisme en tant que contrôleur et coordinateur des exportations marocaines des produits agricoles et agroindustriels, il a mis l’accent sur ses nouvelles missions qui sont la promotion de ces produits à l’international et les veilles économiques, commerciales et stratégiques en partenariat étroit avec tous les opérateurs. Cet établissement met à disposition des professionnelles dont il a la tutelle, toutes les analyses et statistiques qu’il détient en temps réel. L’adage le dit bien « le temps, c’est être réactif, le temps, c’est de l’argent ». C’est ce qui nous a permis d’enchainer sur l’exemple français de FRANCEAGRIMER. Mme Marie Agnès OBERTI, directrice du département des fruits et légumes dans cet organisme, nous a expliqué son

organisation et son mode de fonctionnement. Elle nous a précisé le rôle d’interface que joueFRANCEAGRIMER entre les organisations professionnelles et le ministère de tutelle. La gestion des subventions de l’état mais également de l’UE. Elle nous a révélé le rôle important joué par cette structure dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs agricoles. Les participants ont pu apprécier le parallélisme avec l’EACCE. Pour clore les interventions, la parole a été donnée à Mr Bruno DUPONT, président de l’INTERFEL en France. Après avoir détaillé le rôle de l’interprofession française, son esprit fédérateur avec toutes les composantes agissantes en amont et en aval de la production et de la commercialisation jusqu’à la distribution et son mode de fonctionnement, il reste convaincu que le dialogue entre les différentes interprofessions est devenu une nécessité pour l’intérêt et l’avenir des producteurs. Mr DUPONT a précisé qu’un dialogue permanent et efficient entre l’interpro-

fession et le ministère de tutelle devrait être de rigueur. Les professionnels vivent directement des situations de tout ordre, ils sont les seuls à les ressentir, à les vivre, à en pâtir et ils ne peuvent qu’être une force de propositions qui répondent à leurs propres intérêts et à ceux de la nation. Le ministère de tutelle devrait trouver les bonnes stratégies et les bons outils pour les accompagner dans le but de sédentariser ces entrepreneurs agricoles, mais aussi la population rurale. A l’issue de chaque session, les intervenants ont répondu aux différentes questions émanant des participants, parfois très pertinentes. Le débat fut profond, intéressant et constructif. Les participants ont continué le débat à l’extérieur, lors d’une pause-café, avant de se séparer. Un comité a été en charge d’élaborer les recommandations de ce symposium, que nous détaillerons dans notre prochaine édition, de même les différents exposés. Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Actu Actu Afrique

Agriculture de conservation: La résilience au changement climatique passe par la bonne santé des sols Sophie Reeve

En Afrique de l’Est et australe, l’adoption de techniques d’agriculture de conservation permet à plus de 235 000 familles d’agriculteurs d’améliorer la santé de leurs sols et de renforcer leur résilience au changement climatique. Des pratiques d’intensification durable permettent à 235 000 familles de petits exploitants de mieux s’adapter à la variabilité du climat en Éthiopie, au Kenya, au Malawi, au Mozambique et en Tanzanie. Financé par le Centre australien de recherche agronomique internationale et lancé en 2010, un programme de sécurité alimentaire baptisé Sustainable Intensification of Maize-Legume Cropping Systems for Food Security in Eastern and Southern Africa (SIMLESA, Intensification durable des systèmes de production de maïs et de légumineuses pour la sécurité alimentaire en Afrique de l’Est et australe) aide les agriculteurs à adopter des pratiques d’“agriculture de conservation”. Ceci consiste, par exemple, en la rétention des résidus de culture, la limitation de la perturbation du sol et la culture intercalaire, pour à la fois stimuler les rendements et protéger l’environnement. Non seulement ces pratiques réduisent la dégradation du sol et améliorent les niveaux d’humidité des terres ainsi que la capture du carbone, mais elles augmentent aussi le rendement du maïs et des légumineuses. Dans les plaines du Malawi, par exemple, grâce aux rotations de culture avec des légumineuses, les rendements de maïs ont augmenté jusqu’à 40 %. Dans les régions couvertes par le projet, la monoculture du maïs a aggravé les problèmes liés à l’épuisement des sols, l’insécurité alimentaire et au manque de revenus. En réponse, SIMLESA, qui est mis en œuvre par le Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) 10

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et les instituts de recherche agronomique des pays participants, encourage la diversification des régimes alimentaires et des revenus en promouvant la production de cultures multiples. “Une première étape vers la sécurité alimentaire et nutritionnelle consiste à diversifier le système agricole. En plus de maïs, du sorgho et de différents types de légumineuses, les agriculteurs participant au programme SIMLESA cultivent des légumes et des fruits et élèvent du bétail”, explique Daniel Rodriguez, professeur associé à la Queensland Alliance for Agriculture and Food Innovation, qui fournit un soutien aux recherches de SIMLESA. Les agriculteurs sont aussi encouragés à laisser l’entièreté ou une partie des résidus de culture dans les champs, à réduire le travail du sol et à alterner cultures de légumes, de céréales et production de fourrage pour renforcer la santé des sols et améliorer les rendements. À travers des forums d’échange des connaissances, appelés “plateformes d’innovation agricole” (PIA), le programme a aussi aidé les agriculteurs à participer à des essais de sélection variétale participative pour les semences de maïs et de légumineuses. Des lignées de maïs résistantes à la sécheresse et des variétés de légumineuses et de fourrage plus résilientes au changement climatique et mieux adaptées aux pratiques de conservation des agriculteurs ont ainsi été sélectionnées et distribuées plus largement par des entreprises semencières partenaires. “Le principal objectif de l’inclusion des agriculteurs

dans les essais de sélection variétale était de comprendre ce dont ils avaient besoin”, indique Goshime Muluneh, chercheur à l’Institut éthiopien de recherche agronomique. “Ensuite, nous avons pu passer en revue et produire des variétés de semences répondant à leurs critères.” Plus de 40 nouvelles variétés de maïs sélectionnées par les agriculteurs ont été commercialisées. Leur rendement est de 30 % à 40 % supérieur à celui des semences traditionnelles en situation de sécheresse et de 20 % à 25 % dans des conditions optimales. “Dans le cadre du volet kényan du programme, des agriculteurs collaborant étroitement avec des scientifiques dans des expériences de terrain ont pu identifier des variétés à plus haut rendement et résistantes au stress pour les zones agro-écologiques à haut et bas potentiel”, affirme Charles Nkonge, coordinateur national

de SIMLESA-Kenya, qui a fait passer le rendement du maïs et des haricots respectivement de 1,6 et 0,6 t/ha à 4,5 et 2,5 t/ha. Cette hausse a permis aux agriculteurs d’améliorer leurs revenus. En Éthiopie, la collecte de données issues de 900 familles d’agriculteurs a montré que l’adoption de pratiques d’agriculture de conservation a permis une augmentation des revenus nets de la production de maïs à concurrence de 35 %. Les revenus ont encore augmenté lorsque ces pratiques ont été combinées à des intrants complémentaires, comme les variétés de semences améliorées. Des pratiques d’agriculture de conservation aident les petits agriculteurs d’Afrique à améliorer la santé de leurs sols et à augmenter leurs rendements. © Apollo Habtamu, ILRI

Innovation locale : Des déchets à l’électricité

Dans le village de Rije, au Nigeria, un mini-réseau électrique alimenté par des déchets organiques locaux produit de l’énergie pour 550 personnes. Baptisé “Waste2Watt”, l’usine génère actuellement 20 kW d’électricité par jour grâce à la transformation de déchets en énergie à travers un digesteur de biogaz. Les habitants du village de Rije peuvent ainsi faire fonctionner leurs appareils électroménagers, y compris les éclairages et les congélateurs. La quantité de déchets requise quotidiennement (1,2 tonne) pour produire l’énergie provient des abattoirs, des élevages de volaille et d’habitations de la région, ce qui réduit l’enfouissement des déchets et la libération de méthane dans l’atmosphère due à la décomposition. Les ménages qui utilisent l’électricité paient 12,80 € par mois, ce qui, selon Fatila Ademoh (25 ans), la conceptrice de Waste2Watt, revient moins cher que d’utiliser de l’essence ou du diesel.

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Ndemulikiwa Mbise utilise son smartphone pour former d’autres agriculteurs et pour développer ses affaires. © Farm Africa/Hilary Duff

Apprentissage mobile : Sésame, le bon rendement des smartphones / Sophie Reeve

En Tanzanie, les producteurs de sésame bénéficient de formations en agronomie et en commerce afin de vendre des produits de meilleure qualité à des prix plus élevés. Les téléphones portables sont utilisés pour leur délivrer des informations utiles en temps opportun. En Tanzanie, un projet de production et de commercialisation de graines de sésame aide les petits producteurs à en améliorer durablement la culture et à accroître leur sécurité alimentaire et leurs revenus. Une formation combinant agronomie, commerce et vente, dispensée dans le cadre d’ateliers et de fermes pilotes, a bénéficié à plus de 8 240 producteurs du district de Babati, dans le nord du pays. Au sein de ce groupe, 5 470 producteurs ont également été formés aux bonnes pratiques agricoles. Ils ont ainsi acquis les compétences nécessaires pour accéder aux marchés d’exportation à forte valeur. L’initiative, soutenue par l’organisation à but non lucratif Farm Africa, offre aussi des formations via une application mobile. Avec l’adoption de meilleures pratiques, la production de sésame a augmenté de façon substantielle depuis 2011, passant de 0,25 tonne à 0,98 tonne par hectare en 2014. Des fermiers “modèles” ou producteurs “pilotes”, formés de façon intensive et soutenus par le projet pour former d’autres producteurs, ont constaté un bond de leurs revenus (de 258 à 530 euros par an), résultant de meilleurs rendements et de plus grandes compétences en marketing. Les pertes postrécolte sont passées de 40 % à 20 % par hectare. “Lorsque vous cultivez en adoptant de bonnes pratiques, vous avez davantage de rendement qu’avec les techniques locales”, explique Ndemulikiwa Mbise, une productrice de sésame. “J’ai été formée à la commercialisation, et désormais j’agis en tant qu’entrepreneuse communautaire.” Entre novembre 2013 et avril 2014, l’utilisation de tablettes pour dispenser des modules de formation a été testée comme une alternative aux visites de fermes pilotes. Dix producteurs ont été équipés de ces véritables “parcelles de démonstration mobiles” pour former des producteurs de sésame dans leurs communautés. Cette approche a concerné près de 500 producteurs. À l’issue de la formation, 71 % des stagiaires pouvaient rewww.agri-mag.com

connaître différentes variétés de sésame et savaient que celles-ci résistent différemment aux maladies ; 86 % pouvaient identifier les bonnes méthodes de culture. Actuellement, Farm Africa et Esoko, un service d’information sur les marchés agricoles africains, proposent une formation pour aider les cultivateurs à partager leurs connaissances avec d’autres producteurs à l’aide d’applications pour téléphones mobiles. Fin 2016, 100 entrepreneurs communautaires et producteurs pilotes de groupements commerciaux d’agriculteurs ont été équipés de smartphones et formés à cette application. L’outil de formation mobile compte cinq modules d’environ 10 minutes : préparation du sol, plantation, soin des cultures, récolte, postrécolte et commercialisation. La majorité des contenus est produite localement en kiswahili, la langue nationale. “Le smartphone me permet de former d’autres producteurs et m’aide à mieux communiquer pour vendre, ce qui facilite les relations avec les acheteurs”, témoigne Ndemulikiwa Mbise. Une fonction vidéo de l’application permet aux producteurs de regarder sur leur téléphone les formations dispensées sur les parcelles de démonstration, dans la mesure où de nombreux producteurs, surtout les femmes, ne peuvent visiter les fermes pilotes. “Passer des tablettes aux téléphones mobiles a permis de fournir aux petits producteurs des informations plus pertinentes et en temps opportun sur les dernières techniques agricoles”, explique Nicolas Mounard, PDG de Farm Africa. “Lors de la phase précédente, entre 2011 et 2014, les producteurs pilotes de sésame ont doublé leurs revenus. Nous souhaitons nous appuyer sur ce succès pour élargir le programme à davantage de producteurs tanzaniens.” La prochaine étape consiste à connecter les producteurs à des acheteurs par le biais de leurs smartphones. Source: http://spore.cta.int/ Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Actu Actu Recherche

La création variétale révolutionnée par le séquençage du génome du blé Après le séquençage du génome du riz et du maïs, c’est le tour du blé. Cette dernière tâche a longtemps été considéré une mission impossible, à cause de sa taille (cinq fois plus grand que le génome humain avec 107.891 gènes contre 20.000) et de sa complexité, la plus grande du règne végétale. En effet, après 13 ans de travaux menés par plus de 220 auteurs travaillant dans 73 entités de recherche dans 20 pays, le Consortium international de séquençage du génome complet du blé (« International Wheat Genome Sequencing Consortium » – IWGSC) a publié dans le journal scientifique international Science, une description détaillée de la séquence du génome du blé tendre.

Un outil exceptionnel pour les chercheurs du monde entier

Ce travail va donc donner aux sélectionneurs de nouveaux outils et leur permettre d’accélérer le développement de variétés de blé plus durables, mieux adaptées aux changements climatiques, etc. Ils vont ainsi pouvoir identifier plus rapidement les gènes ou les éléments régulateurs responsables de caractères agronomiques complexes tels que le rendement, la qualité des grains, la résistance aux maladies fongiques, et la tolérance aux stress biotiques et abiotiques afin de produire des variétés de blé plus robustes et résistantes. C’est ce qu’indique le IWGSC, ajoutant qu’il est prévu que la disponibilité de la séquence de référence du blé va permettre d’accélérer l’amélioration au cours des prochaines décennies des variétés de blé et de sa culture en identifiant plus rapidement les gènes contrôlant des caractères d’intérêt agronomique. « La méthode utilisée pour produire la séquence de référence et les principes et pratiques du consortium constituent un modèle pour séquencer des génomes de plantes complexes et de large taille et réaffirment l’importance des collaborations internationales pour contribuer à la sécurité alimentaire » explique Kellye Eversole, la directrice exécutive de l’IWGSC. En

plus de la séquence des 21 chromosomes, l’article de Science décrit la position précise de 107.891 gènes et de plus de 4 millions marqueurs moléculaires, ainsi que les séquences d’ADN entre ces gènes et marqueurs qui contiennent des éléments régulateurs agissant sur l’expression des gènes. L’IWGSC a obtenu ce résultat en combinant toutes les ressources qu’il a générées en utilisant les méthodes classiques de construction de cartes physiques, ainsi que les technologies de séquençages d’ADN les plus récentes. Les séquences d’ADN ont été assemblées et ordonnées le long des 21 chromosomes en utilisant des algorithmes performants et les gènes ont été identifiés grâce à des programmes bioinformatiques dédiés. NB : L’article de Science est intitulé « Shifting the limits in wheat re-

A propos du Consortium International sur le Séquençage du Génome du Blé (IWGSC) L’IWGSC, avec 2,400 membres dans 68 pays, est un consortium international créé en 2005 à l’initiative de chercheurs en sciences végétales et de sélectionneurs publics et privés. L’objectif de l’IWGSC est de produire et de rendre publique une séquence complète du blé tendre d’excellente qualité, ressource indispensable pour la recherche fondamentale et pour l’amélioration variétale du blé. www.wheatgenome.org Toutes les ressources générées par l’IWGSC sont publiques, accessibles à tous, sur la plateforme de l’Unité de recherche en Génomique-Info (URGI) de l’INRA, ainsi que dans les autres banques de données scientifiques internationales telle GrainGenes and Ensembl Plant.

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search and breeding using a fully annotated reference genome » (« Dépasser les limites en recherche et sélection du blé en utilisant un génome de référence complètement annoté »).

Contribuer à nourrir une population mondiale qui croît sans cesse

Véritable exploit scientifique, cette découverte va ouvrir de nouvelles perspectives pour l’amélioration variétale du blé, céréale la plus cultivée au monde qui constitue la nourriture de base d’un tiers de la population de la planète et représente près d’un cinquième des calories et protéines consommées par les humains et une source importante de vitamines et de minéraux. Elle permettra également le raccourcissement de la période nécessaire à la création de nou-

velles variétés à 6-7 ans au lieu de 10 ou plus actuellement, sachant que chaque pays pourra créer de nouvelles variétés d’élite adaptées à ses propres conditions climatiques et aux différents environnements (résistances à la sécheresse, aux maladies, etc.) et plus productives. Selon le rapport du Consortium international de séquençage du génome du blé (IWGSC) «La production de blé doit augmenter de 1,6% par an pour répondre à la demande d’une population mondiale projetée à 9,6 milliards d’habitants d’ici 2050», tout en conservant la diversité génétique et les ressources en eau et en nutriments. La majorité de cette augmentation doit donc être réalisée par amélioration génétique, sans augmentation des surfaces cultivées. Ainsi, selon les experts, le monde a besoin de variétés plus résistantes aux maladies et d’espèces pouvant pousser avec moins d’eau dans un environnement plus chaud. Par ailleurs, pour la communauté scientifique, cette séquence n’est cependant qu’une première étape. Et les équipes scientifiques du consortium IWGSC se lancent d’ores et déjà dans de nouveaux défis, comme notamment l’étude fonctionnelle des éléments constitutifs de cette séquence ou la caractérisation de la diversité génétique du blé et de ses espèces apparentées pour identifier de nouveaux gènes et allèles d’intérêt agronomique.

Avec 220 millions d’hectares, le blé tendre (Triticum aestivum L.) est la céréale la plus cultivée dans le monde. Nourriture de base pour 30 % de la population mondiale, le blé est également, avec le riz, la céréale la plus consommée en alimentation humaine, fournissant en moyenne 20 % des besoins alimentaires journaliers moyens. Pour répondre à la demande alimentaire changeante d’une population mondiale grandissante et ce dans des conditions environnementales et sociales durables une augmentation annuelle des rendements du blé de l’ordre de 1,7% est nécessaire. Pour parvenir à cette augmentation, des progrès sans précédent depuis la Révolution Verte des années 60 doivent être réalisés conjointement au niveau de l’amélioration variétale et des pratiques agronomiques. (INRA France)

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Actu Actu Culture

Maïs fourrage

Le semis graine à graine, précis et régulier Le semis graine à graine présente de nombreux intérêts en culture de maïs, où il est traditionnellement utilisé. Les semences doivent en effet être placées le plus précisément et régulièrement possible sur la ligne de semis. Pour cette plante, la maîtrise de la densité et de la levée sont deux éléments essentiels. Chaque pied de maïs doit bénéficier d’un environnement lui permettant de se développer le mieux possible sans rentrer en compétition avec les autres plantes du rang. Une répartition homogène sur la ligne de semis garantit une meilleure interception de la lumière et valorisation des ressources du sol, deux paramètres favorables au rendement. Des graines mal positionnées perturberont le développement des feuilles, des tiges et des racines. Et les manques laisseront des zones de sol nu, facilement colonisables par les mauvaises herbes. Une densité de semis mal maîtrisée entraînera la formation de plantes sans épi ou chétives, donc des pertes financières pour l’agriculteur.

La régularité du semis est un gage de réussite

Chaque graine mise en terre donne une plante et des épis, s’il n’y a pas d’accident au cours de la campagne. C’est pourquoi la densité de semis est gage de rendement. Le semis graine à graine respecte les exigences de l’agriculteur, aussi bien au niveau du nombre de pieds/ ha que de la profondeur. Les graines sont placées à intervalle régulier, sur le rang et entre les rangs. La densité de semis doit bien sûr être adaptée au potentiel du milieu (sol, eau), à la précocité variétale et à l’utilisation future du maïs. · Pour la production de grains, la densité est généralement comprise entre 75 000 pieds/ha pour les variétés tardives et 100 000 pour les plus

précoces. · Pour une destination fourragère, la densité est plus importante. Celle-ci varie en outre en fonction de la précocité des variétés. Pour les maïs hybrides tardifs, il faut beaucoup de feuilles pour capter un maximum de lumière alors que le rayonnement du soleil est plus faible. Par ailleurs, une levée homogène est primordiale. Pour cela, il faut un environnement propice à la croissance de la graine et de la plantule, ainsi qu’une profondeur de semis constante. La mise en terre est essentielle : la profondeur de semis doit être de 4 à 5 cm ; le plombage de la graine doit être rappuyé, mais pas tassé, avec des mottes en surface. L’objectif : obtenir une bonne levée, uniforme. Ainsi, toutes les plantes atteignent le même stade au même moment, une condition nécessaire pour l’obtention d’un rendement satisfaisant.

Peu de différence de rendement avec le semis en quinconce

Pour les cultures dites « sarclées », l’écartement traditionnel entre les rangs est de 75 à 80 cm à cause des contraintes de mécanisation et du binage autrefois effectué par un cheval. Aujourd’hui, d’autres inter-rangs sont testés. Quant au semis en double rang (twin row), cette technique n’est pas concluante d’après les essais effectués en France, selon Bertrand Carpentier, ingénieur 14

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développement au pôle maïs d’Arvalis-Institut du végétal (France). Le but de cette méthode est de placer les graines en quinconce sans toucher à la densité de semis. Or, en termes de rendement, la différence avec le semis classique n’est pas significative, et même nulle dans certains cas. Ces résultats ne sont pas une surprise pour l’institut technique puisque, dans les essais des années 90, il y avait déjà peu d’écarts de rendement avec des écartements de 20 cm entre graines et de 60 cm entre rangs. Cependant, la tendance qui se profile est de généraliser les inter-rangs de 50 cm. Avec une seule machine, l’agriculteur peut semer du maïs, des betteraves et du colza. Aujourd’hui, sur les engins de récolte, les becs s’adaptent à différents écartements entre les lignes de semis. Et sur les ensileuses, les becs rotatifs permettent tous les types de semis. Un même écartement pour plusieurs cultures simplifie l’organisation des chantiers et diminue les investissements en matériel. Arvalis a réalisé des expérimentations avec un semoir à céréales, qui n’ont pas été probantes. Bien sûr, la distribution volumétrique d’un semoir à blé n’est pas aussi précise qu’un système monograine et le risque de « doublon » est plus élevé. Toutes les autres évolutions techniques (distribution électrique, modulation de dose, graine géolocalisée…) améliorent le positionnement de la semence dans le sillon et la régularité d’écartement entre graines pour une qualité de semis optimale. Source : terre-net www.agri-mag.com


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Actu Actu Salon

INTERPOMA 2018

Neuf visites guidées pour découvrir tous les secrets de la production de pommes Le seul salon au monde dédié uniquement à la production de pommes propose des visites guidées dans les exploitations agricoles, stations de conditionnement et autres entreprises pour découvrir en avant première les innovations introduites dans le secteur. Les tournées d’Interpoma Innovation et la tournée Melinda sont les grandes nouveautés de cette année. Interpoma, le seul salon international dédié aux pommes, qui se tiendra à Fiera Bolzano du 15 au 17 novembre, a enrichi son programme avec une série de visites guidées réservées aux

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professionnels du secteur des pommes et à la presse, pour promouvoir les méthodes de production avancées utilisées dans le Haut-Adige et démontrer les systèmes de traitement haute-

ment innovants utilisés ici. Au total, neuf visites sont prévues, dont trois auront lieu le jeudi 15 novembre, cinq le vendredi 16 novembre et une le dernier

jour, le samedi 17 novembre. Parallèlement aux visites traditionnelles du secteur biologique et de la technologie, les grandes nouveautés cette année seront les Tours d’Interpoma Innovation et la tournée Melinda. Vendredi, il sera possible de participer à des tournées d’innovation dans le secteur alimentaire, une le matin et une l’après-midi: NOI Techpark, le parc technologique Alto Adige qui rassemble les entreprises, les chercheurs et les étudiants pour générer de l’innovation, présentera le travail de startups opérant dans le secteur de la technologie alimentaire, de l’automatisation et des technologies vertes et alpines. Le samedi matin, ce sera le tour de l’Interpoma Tour Melinda, en commençant par une visite de MondoMelinda, le centre d’accueil Consorzio Melinda à Segno di Predaia (TN), suivi d’une visite des «cellules souterraines»,

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vastes galeries creusées dans la roche, 275 m sous la surface, qui sert à stocker les pommes. Concernant les visites traditionnelles, les deux premières seront destinées à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le secteur biologique. Elles se tiendront en parallèle le premier jour tôt le matin. La destination sera Val Venosta, la zone de production de pommes par excellence, avec une présentation générale de l’environnement, une visite de la coopérative Vi.p Laces Bio à Laces (BZ) et une autre visite d’une exploitation agricole biologique de pommes. La troisième et dernière tournée de jeudi est prévue pour l’après-midi et se rendra à Laives, où une présentation générale sera donnée, suivie de deux visites, la première dans une ferme de pommes dans la région et la seconde à la coopérative “VOG Products”., une entreprise innovante spécialisée dans la transformation des fruits du Haut-Adige et du Trentin. Le vendredi commencera à 8h30 avec une visite dans la région de Bronzolo (BZ), au cours de laquelle on visitera la coopérative “Grufrut” du Consorzio VOG et une ferme de pommes à Magrè. Chaque tour coûte 80 euros (billet d’entrée au salon Interpoma compris) par personne et les réservations sont déjà disponibles en ligne sur la page des visites du site officiel: www.fierabolzano.it/interpoma/ en/tour.htm. Info: www.fierabolzano.it/interpoma/en/ www.agri-mag.com

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Actu Actu High Tech

Digitalisation de l’agriculture au Maroc

Utilisation des Drones et du LIDAR

Dans le cadre du développement d’un plan de formation globale, les deux sociétés d’étude de conseil et d’expertise Terra Modus et Terra Innovation Maroc (TIM), ont organisé le 28 septembre à Agadir une session de deux jours de formation sur le thème «La Digitalisation de l’Agriculture au Maroc» afin d’initier et de maitriser les connaissances préalables à la digitalisation de l’agriculture de précision. C’est une formation théorique et pratique pour la maitrise des techniques des Drones et LIDAR (TLS- Scanner Laser Terrestre) en matière de suivi des parcelles agricoles et de l’estimation des récoltes.

A

près une introduction générale sur la transformation digitale au Maroc, des points très précis ont été visés dans cette formation pour savoir comment réussir la digitalisation du processus de production depuis le verger jusqu’au client final à travers l’utilisation des drones, de scanner 3D (TLS) et de logiciels de traitement de ces données qui vont faciliter par la suite la maitrise des estimations de la récolte. L’objectif principal de cette formation est donc de partager avec l’audience les résultats de ces nouvelles technologies et de bien maitriser

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leur usage. Ont participé à cette formation une panoplie de professionnels représentant des administrations, des cabinets internationaux, des experts, des ingénieurs agronomes et géomaticiens, des producteurs d’agrumes ainsi que des confrères tunisiens venus pour profiter de cette formation. Aujourd’hui, l’agriculture au Maroc et au niveau mondial représente un segment si important que l’Etat, le secteur privé et autres opérateurs doivent investir plus particulièrement dans la digitalisation de l’agriculture de précision. La plus grande force de

ces nouvelles technologies géospaciales, entre autres drone et TLS, est la possibilité d’acquérir des données des cultures au niveau du champ avec une très haute résolution. Ainsi, les drones peuvent fournir aux agriculteurs trois types de vues détaillées : tout d’abord faire des captures d’une culture peut permettre des vues qui exposent tout problème lié à l’irrigation et même des infestations de ravageurs et de champignons qui ne sont pas apparents à l’œil nu. Ensuite les caméras peuvent prendre des images multispectrales qui peuvent être combinées pour créer une vue de la culture qui met en évidence les différences entre les plantes saines et les plantes en stress. Enfin, un drone peut surveiller une récolte toutes les semaines, tous les jours ou même toutes les heures. Combinées pour créer une animation en série chronologique, ces images peuvent montrer des changements dans la culture, révélant des points problématiques ou des opportunités pour une meilleure gestion des cultures. Dans son intervention, Monsieur Khalid Bounejma, Président de l’ASCAM a précisé: « C’est une formation faite suite à des expérimentations réalisées dans des domaines agricoles spécialisés dans la production d’agrumes au Maroc. Pour la première fois des

sociétés privées ont essayé de faire une estimation par des photos imagerie par drones traitées par des logiciels qui donnent une vision directe sur la qualité et la quantité de la production. Nous, en tant que professionnels du secteur, sommes conscients de l’importance de ce type d’information pour satisfaire nos clients. Mais nous avons toujours souffert d’une information qui est soit erronée soit en retard, pouvant entrainer une frustration du client et même des risques de perte de parts de marché. Dans ce sens, une telle formation va nous permettre de maitriser l’information avec précision car il est évident que la maitrise de l’information et la planification représentent 75% de la réussite de n’importe quel processus dans n’importe quel projet. Enfin, nous nous inscrivons dans cette dynamique pour sauver notre secteur agrumicole qui est en crise ces dernières années et ce n’est que par l’introduction de nouvelles technologies que nous pourrons améliorer notre compétitivité et regagner des parts de marché ». A noter qu’un travail de fin d’étude mené l’année dernière en collaboration avec l’IAV et la société TERRA MODUS a abouti à des résultats encourageants en matière d’estimation sur pied de la production des agrumes à travers ces deux technologies : les drones et le scanner 3D. www.agri-mag.com


L’agriculture du futur EIMA International est l’Exposition internationale des machines pour l’agriculture et le jardinage. Il s’agit d’une foire à cadence bisannuelle promue depuis 1969 par FederUnacoma (Fédération nationale des constructeurs de machines pour l’agriculture) et organisée par sa société de services FederUnacoma , en collaboration avec BolognaFiere. Cette 43ème édition d’EIMA International, se tiendra du 7 au 11 novembre prochains sur le site de la Foire de Bologne (Italie). À la Foire, organisée en 14 secteurs de marchandises et articulée aussi en 5 salons spécialisés : EIMA Componenti, EIMA Green, EIMA Energy, EIMA M.i.A. et EIMA Idrotech (consacré aux technologies et systèmes d’irrigation), participent directement des industries constructrices de tous les continents, qui présentent les technologies d’avant-garde du secteur à niveau mondial. L’organisation rationnelle de l’exposition par secteur de marchandise permet à un énorme public de visiteurs professionnels et amateurs de se focaliser immédiatement sur les secteurs qui les intéressent et d’organiser ainsi leur visite au

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mieux. FederUnacoma, la Fédération Italienne des Fabricants de Machines Agricoles et d’Espaces verts et Composantes Associées, est l’organisateur d’EIMA International qui prévoit d’acceuillir environ 2.000 entreprises sur une surface d’exposition de plus de 300.000 mètres carrés et l’accueil des visiteurs dont le nombre devrait dépasser les 320.000 enregistrés lors de la précédente édition en 2016. Ces visiteurs représentent différents profils notamment: agriculteurs, hommes d’affaires, entrepreneurs et techniciens de mécanisation ainsi que des représentants des universités et des auto-

rités politiques.

5 salons spécialisés:

- EIMA Components: un grand événement réunissant plus de 800 fabricants de composants; - EIMA Green: concentré sur le jardinage et le maintien des espaces verts que ce soit pour les professionnels ou les amateurs ; - EIMA Energy : couvrant la chaîne d’approvisionnement de la bioénergie, un secteur qui suscite un grand intérêt en raison de considérations écologiques et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; - EIMA M.i.A. pour une agriculture multifonctionnelle avec une référence particulière à l’entretien et à la protection des terres. - EIMA Idrotech salon entièrement dédié aux technologies d’irrigation et de la gestion des ressources en eau. L’édition 2018 d’Eima attirera

des visiteurs de 180 pays ainsi que des délégations officielles d’Hommes d’affaires (60 délégations en 2016). Ces dernières sont organisées par FederUnacoma et ICE, l’Agence Commerciale Italienne, mettant en place un programme complet de réunions avec des représentants des fabricants exposants, en fonction de leurs centres d’intérêt. EIMA International est non seulement une grande exposition promotionnelle et commerciale, mais aussi un événement culturel impliquant des communications à travers plus de cent conférences et réunions sur les nouvelles technologies, la recherche, l’économie agricole et les politiques pour le développement des chaînes d’approvisionnement agro-industrielles des principales régions agricoles du monde entier.

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Actu Actu

Les bourdons doivent faire «vibrer» la fleur de tomate...

Pour certaines plantes, l’activité pollinisatrice des abeilles domestiques est limitée, voire nulle. Par exemple, la fleur de tomate ne peut libérer son pollen que si elle est «vibrée», comme une salière, et l’abeille domestique est incapable de faire vibrer la fleur. Sous serre, la production de tomate a longtemps dépendu de l’homme pour agiter les fleurs manuellement ou automatiquement grâce à l’usage de vibreurs électriques. A la fin des années 80, les premières colonies de bourdon d’élevage (Bombus terrestris) ont été introduites en serre en Belgique et aujourd’hui, leur usage en serre de production de tomates est largement répandu à travers le monde. Pour optimiser l’action des bourdons, des chercheurs de l’INRA de Rennes (France) ont étudié leur comportement de butinage. Ils ont montré que les insectes se répartissent statistiquement sur les fleurs de tomate au prorata des ressources disponibles en pollen.

La répartition des bourdons dans la serre

Les chercheurs de l’INRA ont étudié le comportement des bourdons dans une serre commerciale de production de tomates de 6000 m2. Cette serre comprenait deux variétés de tomates situées dans deux secteurs non séparés : une variété de tomates Cerise et une variété classique. L’objectif était d’évaluer si l’efficacité du butinage des bourdons était équitable pour les deux variétés. Les 9 ruches étaient situées à équidistance des deux secteurs. Dans cette expérimentation, les bourdons étaient nourris par un nectar artificiel (solution sucrée placée à l’intérieur de la ruche) car la tomate est peu nectarifère et ne fournit que du pollen comme ressource. Les densités de bourdons butinant et les densités de fleurs «butinables» ont été régulièrement notées. Les résultats montrent que la variété Cerise offre environ 3 fois plus de fleurs butinables par mètre carré. On aurait pu donc s’attendre à une fréquentation plus importante des fleurs de la variété Cerise. 20

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Pourtant, la densité de bourdons est comparable pour les deux variétés. Par ailleurs, l’étude de la morphologie des fleurs et de leur production de pollen montre que la variété Cerise possède des petites fleurs produisant environ 1,5 fois moins de pollen par fleur que la variété classique à fleurs plus grandes. Une mesure du pollen restant dans la fleur après butinage complet montre que les bourdons n’extraient pas tout le pollen de la fleur quelque soit sa taille. Le bilan a surtout montré que les bourdons exploitent 3,5 fois moins de pollen de la variété Cerise à petites fleurs que de la variété classique à grosses fleurs, mais que ce déficit est compensé par le nombre plus grand de fleurs chez la variété Cerise . En effet, au final, chaque variété présente en moyenne la même ressource en pollen au mètre carré pour les bourdons, la variété Cerise possédant de nombreuses fleurs de faible production en pollen (38,3 mg/m2), la variété classique moins de fleurs mais de plus forte production en pollen (39,5 mg/ m2).

Le concept de «distribution libre idéale»

La quasi équivalence du gain en pollen obtenu en moyenne par unité de surface quelle que soit la variété de tomate butinée peut expliquer pourquoi les bourdons se distribuent de manière quasi identique sur les deux variétés, alors qu’elles sont dissemblables. En se distribuant ainsi, (même quantité de bourdons pour une même quantité de pollen par unité de surface), chaque bourdon récolte en moyenne la même quantité de pollen. C’est ce que l’on appelle une « distribution libre idéale». En écologie comportementale, ce concept entre dans le cadre de la théorie de l’approvisionnement optimal selon laquelle l’animal s’approvisionne de manière à réduire les coût inhérents à la recherche de nourriture (coût énergétique du vol, coût de manipulation de la fleur, risque d’exposition) et à augmenter ses gains (vols entre fleur proches, choix adéquat des fleurs, augmentation du rythme de visite). En particulier, la « distribution libre idéale « consiste pour une population animale à se répartir sur des ressources de valeurs énergétiques différentes de sorte que chaque individu puisse en tirer une valeur moyenne équivalente pour tous. Si, sur deux ressources 1 et 2, on note respectivement N1 et N2

les nombres d’individus et R1 et R2 les gains acquis sur chaque ressource, l’égalité R1/R2 = N1/ N2 doit être approximativement vérifiée. Ce processus se met en place sous réserve que l’animal puisse aller sur la ressource de son choix (distribution libre), qu’il connaisse la valeur respective des ressources en présence (omniscience idéale), mais aussi que chacun ait les mêmes capacités à accéder à la ressource et qu’il n’y ait pas de compétition de type agressif entre les individus. Or d’autres observations ont montré que les bourdons apprennent rapidement à connaître la valeur en ressource d’un type de fleurs (omniscience), qu’ils manipulent les deux types de tomate de la même manière lors de chaque visite (équivalence des coûts de manipulation) et qu’ils ne présentent pas entre eux de comportements agressifs. Dans ces conditions, les bourdons semblent bien avoir exprimé une « distribution libre idéale «. Au plan appliqué, cela signifie que le facteur à prendre en compte n’est pas la simple densité de fleurs mais bien la quantité de pollen réellement exploitable au mètre carré fournie par les fleurs des variétés en présence dans la serre. Ce critère permet de comprendre et d’ajuster la densité de bourdons (ouvrières butineuses), donc de pollinisateurs à apporter. www.agri-mag.com


Adjuvants

Une utilisation à raisonner Les adjuvants additionnés aux produits phytosanitaires présentent des avantages. Néanmoins, leur utilité et leur efficacité s’étudient au cas par cas et viennent en appui d’une optimisation spatiale, temporelle et technique de la pulvérisation.

Résoudre le problème en amont

l’adjuvant peut venir en complément Ces produits ne garantissent pas des réussites de pulvérisation

en conditions limites: «ll faut résoudre le problème en amont et l’adjuvant peut venir en complément », souligne un professionnel des techniques d’application. «Pour limiter la dérive, des buses antidérive peuvent être envisagées. On mène des essais sur les réductions possibles des doses en étudiant les produits phytosanitaires seuls, nous nous intéressons ensuite aux effets combinés

avec ces adjuvants. «Ces derniers n’améliorent pas le produit si celui-ci n’est pas efficace. « Il s’agit avant tout d’appliquer le bon produit, à la bonne dose et au bon moment pour maximiser l’efficacité de l’application, confirme un spécialiste, l’adjuvant peut être un atout lorsque par exemple les conditions hygrométriques ne sont pas optimales».

L

es adjuvants sont des substances qui n’ont pas d’activité biologique propre. Ils permettent d’améliorer l’efficacité des produits phytopharmaceutiques et de limiter les déperditions de matières actives dans l’environnement. Afin d’optimiser chaque traitement, de nombreux paramètres sont à prendre en compte, tels que la qualité et la quantité d’eau, les conditions d’application ou encore la répartition de la matière active. Les adjuvants peuvent aider à la bonne efficacité de certaines interventions et les arguments en leur faveur sont nombreux. Les effets possibles dépendent de leurs caractéristiques. Lors de la pulvérisation, ils peuvent avoir un effet antidérive en alourdissant les gouttes. Il y a ainsi moins de perte de produit par des petites gouttes. Sur la plante elle-même, les mouillants adhésifs contribuent au maintien du produit sur la cible et diminuent les risques de lessivage. La fonction «humectant» de certains adjuvants maintient une bonne hygrométrie à la surface du végétal, les matières actives pénètrent mieux clans la plante. Les pénétrants agissent sur la cuticule de la feuille et favorisent la pénétration rapide du produit dans la plante. Souvent utilisé avec des herbicides ou des défoliants pour l’épamprage, il n’existe pas d’adjuvants qui cumulent l’ensemble de ces propriétés.

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Actu Courgette : Actu Produit

Qu’est ce qui influence le choix variétal ?

La courgette vert foncé cultivée au Maroc est exclusivement destinée à l’export, car elle n’est pratiquement pas demandée sur le marché local qui lui préfère d’autres types comme la courgette claire (blanche), la ronde de Nice et le type Slaoui Les variétés les plus recherchées par les producteurs de courgette sont en général, des variétés très productives, précoces, résistantes aux virus et à l’oïdium et avec une bonne qualité et conservation du fruit. Ces dernières années, l’amélioration variétale a surtout porté sur les critères suivants : - La précocité et la productivité qui sont le résultat d’une bonne aptitude à la nouaison. Cette dernière a été considérablement améliorée mais elle a ses limites, en particulier pendant les périodes à jours courts. La productivité a été accrue grâce à l’augmentation de la période de récolte : à présent une plante de courgette peut donner 30 à 35 fruits sous serre sur une période de 3 mois environ. Cette performance est possible car les fruits sont toujours récoltés avant maturité. - La morphologie de la plante et du fruit. Les hybrides actuels répondent à une demande pratique de culture : des plantes à entrenœuds courts, avec un feuillage peu exubérant et aéré, à port dressé, pour occuper une place limitée dans l’espace. Des pétioles et des feuilles peu épineuses sont également recherchés. Le fruit doit avoir un pédoncule long pour faciliter la récolte, un point d’attachement fleur fruit bien réduit pour éviter la pourriture, et être de forme cylindrique, de section ronde plutôt que polygonale et de calibre homogène, dont l’optimum est de 17 à 21 cm de longueur et 3 à 4 cm de diamètre, ce qui correspond à un poids moyen de 180 à 220g. Le goût des courgettes est généralement le même pour toutes les variétés. Ce qui diffère c’est la brillance et la couleur du fruit (vert clair et noir foncé) ainsi que la longueur du fruit (14 à 17 cm), (17 à 21cm) et (21 à 27cm). - La tolérance à l’oïdium et aux maladies virales. La lutte contre l’oïdium, dont le risque est important à partir du début de l’été, est difficile car les récoltes quotidiennes interdisent l’utilisation de fongicides ayant un DAR supérieur à trois jours. Pour les cultures d’automne, c’est le risque des virus qui devient préoccupant, même sous abris. 22

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- La facilité de récolte est une autre qualité recherchée. Celle-ci s’intègre dans un objectif plus large de gain de rentabilité en réduisant les coûts de main d’œuvre. De fait, un port de plante érigé et aéré, des fruits bien proéminents, peu de rejets secondaires… sont autant de critères qui facilitent la récolte et améliorent le rendement horaire des ouvriers. Rappelons que la courgette est une culture gourmande en main d’œuvre, surtout au moment de la récolte qui devient une tâche de plus en plus compliquée et chère. Force est de constater que la disponibilité de la main d’œuvre qui était un atout que le Maroc exploitait efficacement pour prendre avantage sur ses concurrents, devient aujourd’hui un facteur limitant pour ce type de culture. Bien que l’offre des semenciers soit suffisamment large, quelques variétés occupent l’essentiel des surfaces car correspondent le mieux aux standards attendus sur les marchés exports.

cultures sous abri-serre, mieux protégées et plus productives de 100 à 150%. A noter que les producteurs qui adoptent le mode de culture de plein champ peuvent atteindre des rendements de 25 à 40 t/ha, avec une part exportable de 20-25 t. Les producteurs sous abri-serre estiment que malgré des coûts de culture plus élevés, les résultats sont meilleurs, grâce à une productivité supérieure due à la

maîtrise de plusieurs paramètres : - la serre est une barrière physique contre les insectes vecteurs de virus - meilleur contrôle des conditions climatiques, avec une température plus importante - protection contre le vent qui fait bouger les feuilles et provoque

des taches sur les fruits. A noter que sous abri-serre canarienne les producteurs ont la possibilité de palisser les plants avec une récolte étalée sur 5-6 mois et des rendements pouvant atteindre en moyenne 80 tonnes à l’ha.

Modes de conduite

Moins couteuse, la production de plein champ est la plus fréquemment pratiquée par les petits et moyens producteurs. Cette technique de production à plat demande un investissement modéré, mais présente des risques d’attaques de virus (CMV, WMV …), en particulier lorsqu’il fait doux. Au stade jeune, avant floraison, les plants sont donc couverts avec du film P17 afin d’éviter les transmissions de virus à un moment où les plantes sont très sensibles. Le P17 évite en effet la pénétration des pucerons vecteurs de virus et permet de gagner quelques degrés de température le soir. Les plants sont ensuite découverts au début de la récolte. Ainsi, 45 à 50 jours (période difficile de la culture) sont assurés sans problèmes de virus. L’utilisation de variétés résistantes peut aussi être envisagée, bien que cela ne présente pas toujours une garantie suffisante en raison de l’apparition de mutations, comme par exemple le WMV de souche marocaine. D’ailleurs, toutes les maisons semencières travaillent d’arrache-pied pour créer des variétés résistantes à ce virus. La sévérité de ce problème en culture de plein champ a même poussé un grand nombre de producteurs à se convertir en www.agri-mag.com

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Actu Actu Produit

Petits fruits rouges dans le Nord Une filière qui n’arrête pas d’évoluer Au Maroc, la filière des petits fruits rouges englobe trois cultures principales, à savoir le fraisier, le framboisier et le myrtillier. Il s’agit d’un domaine d’excellence des périmètres du Gharb et du Loukkos qui détiennent environ 75% de la production nationale. Le reste des cultures étant localisé dans la région du Souss où les fruits rouges connaissant actuellement un essor fulgurant. Le développement de cette filière dans le nord du Royaume est du aux avantages comparatifs dont jouit la région et notamment : la proximité de l’Europe, les conditions pédoclimatiques favorables, la disponibilité des terres et des ressources hydriques, la main d’œuvre qualifiée, la maitrise des techniques de production, de conditionnement, de conservation, de transformation et la délocalisation de la production de certaines entreprises européennes vers le Maroc, ainsi que les incitations accordées par l’Etat à l’investissement. La superficie totale consacrée aux fruits rouges dans la région du nord en ce début de campagne est estimée à 8500-9000ha répartis entre la fraise 3000 à 3500ha (soi pratiquement la même surface que la précédente campagne), la framboise (2400 ha), la myrtille (2400 ha) en plus d’une vingtaine d’hectares pour la mure. Selon les données de la précédente campagne, sur le plan so-

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cio-économique, la filière des fruits rouges génère un chiffre d’affaires de plus de 3,44 MMDH et plus de 4,5 millions de journées de travail durant 9 mois dans les exploitations agricoles et les unités de conditionnement, contribuant ainsi à la création d’emploi en milieu rural. Elle induit également le développement d’activités para-agricoles dont les retombées économiques sont notables sur la région. Ce secteur a été initié par la délocalisation d’entreprises européennes qui se sont installées dans la région et ont entrainé dans leur sillage la création d’entreprises agricoles ayant le même niveau de technicité dans la production et ayant adopté les techniques les plus innovantes en matière d’irrigation, de fertigation et de lutte intégrée pour la protection des cultures. A partir des années 2000 et en réponse à la demande mondiale en croissance constante, on note une véri-

table tendance vers la diversification de l’offre nationale en petits fruits rouges, notamment suite à l’introduction du framboisier et du myrtillier. Ainsi, en plus de la diversification des variétés de fraise, qui a permis de rallonger la période d’exportation, certains producteurs ont introduit de nouvelles espèces fruitières de très haute valeur ajoutée et très demandées sur les marchés européens surtout la framboise et la myrtille. Sur le plan économique, l’introduction de ces nouvelles espèces dans les régions productrices de fraises a permis de donner une bouffée d’oxygène à ce secteur dans la mesure où elle a permis aux producteurs de diversifier leurs offres sur le marché européen. En effet, l’Europe ne peut pas satisfaire ses besoins en petits fruits pendant la période hivernale et une partie de la période printanière. Et bien que plusieurs pays européens soient producteurs de petits fruits, leurs productions n’arrivent sur le marché qu’à partir de Juin-Juillet. Pendant le reste de l’année, l’approvisionnement se fait à partir du Chili,

du Mexique et plus récemment de l’Espagne. Le Maroc a ainsi pu se faire une place de choix sur le marché européen même en présence de ces pays car sa proximité de l’Europe lui confère un avantage considérable par rapport aux pays de l’Amérique latine qui se trouvent défavorisés par les coûts exorbitants du transport aérien. Il est aussi compétitif par rapport à l’Espagne. D’ailleurs les sociétés espagnoles se sont elles mêmes implantées au Maroc pour ces mêmes raisons. L’Union européenne reste donc la première destination des fruits rouges marocains soit 95% du volume exporté. L’Espagne arrive en tête des débouchés, suivie de la France et du Royaume-Uni. Toutefois, le Maroc œuvre à la diversification des marchés et des offres afin d’améliorer ses exportations et remédier à cet égard aux fluctuations de la demande sur le marché européen.

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Actu Actu

Alerte !

Thrips :

Nouveau fléau dans le Souss

L

es thrips causent de plus en plus de dégâts sur les agrumes dans la région du Souss. Les attaques sont exceptionnelles cette année. Elles ne se sont pas arrêtées au mois d’avril et mai comme à l’accoutumé, mais continuent à être observées par les agrumiculteurs et à se propager jusqu’à aujourd’hui (septembre). Selon les agriculteurs trois stades d’infestation ont été observéset le nombre de ravageurs a considérablement augmenté, même sur les jeunes plantations. Les attaques des thrips se présentent essentiellement sous forme de marbrures sur les fruits. Les infestations tardives sur oranges et surtout la Navel et la Maroc late ont été estimées dans certaines exploitations à plus de 50%. C’est alors, dans l’urgence, qu’une réunion technique a été organisée à Agadir par les professionnels du secteur des agrumes et l’ONSSA, le 27 septembre dernier, dans le but d’analyser les dimensions du problème et de dresser une situation réelle des infestations des vergers par le thrips ainsi que l’identification du type de ce ravageur. C’est dans ce sens, que l’ONSSA a fait appel aux scientifiques de l’IAV et de l’INRA ainsi qu’aux producteurs et conditionneurs d’agrumes pour une approche collaborative afin d’avoir l’information en 26

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temps réel et d’arriver à des résultats pertinentspour lutter contre ce ravageur. D’autres réunions ont été organisées avant avec l’ASPAM pour trouver les mesures possibles afin de diminuer l’impact du problème sur la qualité des fruits, qui est un facteur déterminant pour l’export et le Label Maroc. L’intervention de Pr. Mazih de l’IAV Hassan II a mis l’accent sur les symptômes des ravageurs et leurs origines pour différencier les marbrures causées par les thrips par rapport à d’autres ravageurs. Le thrips provoque sur la peau des fruits, des taches et des lésions qui déprécient sa valeur commerciale. Mr. Hatim de l’ONSSA a proposé un plan d’action pour élucider le problème afin de bâtir une stratégie de lutte intégrée pour l’immédiat. C’est un travail de terrain qui va être effectué pour une évaluation de l’infestation et des dégâts dans différentes localités et sur les variétés concernées par cette enquête ainsi que dans toutes les stations de conditionnement des agrumes impliquées. La Directrice de l’ONSSA d’Agadir a demandé un engagement maximal de tous les professionnels du secteur des agrumes présents : agriculteurs, conditionneurs et scientifiques compte tenu de la gravité du problème qui peut causer des pertes considérables à l’export.

Une fiche d’enquête a été distribuée aux responsables de stations pour faire des échantillonnages prenant en considération plusieurs facteurs notamment : la zone, la variété, le porte-greffe, la densité, l’ampleur des dégâts, l’historique des traitements… ces informations devraient aboutir à une meilleure connaissance du ravageur et des pratiques susceptibles de réduire sa menace. Actuellement, aucun produit phytosanitaire n’est homologué contre le thrips sur agrumes, ce qui complique la lutte contre ce ravageur. En effet, jusqu’à présent le thrips était considéré comme un ravageur secondaire sur agrumes. Certains produits contre la mineuse sont également efficaces contre cet insecte, cependant dans le cadre de la gestion des résistances, certains produits ne peuvent être utilisés qu’une seule fois pendant le cycle. Ceci limite le champ de manœuvre pour les agrumiculteurs qui ont déjà traité contre la mineuse. A noter que suite à cette importante réunion, un comité mixte de suivi a été formé de responsables de l’ONSSA, ASPAM, ASCAM, IAV, INRA, ONCA pour tenir des réunions régulières toute l’année afin de cerner les problèmes phytosanitaires en général et éviter le retour en force du thrips dans l’avenir.

Voir article page 82. www.agri-mag.com



Actu Actu Technique

DEMONSTRATION DE TRAVAIL COMBINE PRÉPARER SES TERRES, EPANDRE SES ENGRAIS ET SEMER SES GRAINES EN UN SEUL PASSAGE

Les itinéraires techniques simplifiés sont devenus un sujet d’actualité en raison de la recherche d’une rentabilité économique des exploitations agricoles, d’une optimisation du temps de travail et d’une atténuation des effets des sécheresses récurrentes. C’est dans cette optique de maitrise de consommation d’énergie, d’économie du temps et des frais de la main d’œuvre et de réduction des risques de compactage des sols que la société Pellenc Maroc a présenté au grand public sa nouveauté de matériel combiné, de fabrication Italienne, composé d’une herse rotative et d’un semoir multi graines. Cette combinaison d’outils permet de travailler le sol, d’épandre les engrais de fond et d’effectuer le semis en un seul passage.

JOURNEES DE DEMONSTRATION

Plusieurs démonstrations sur le travail combiné (herse/semoir) ont été effectuées dans différentes régions céréalières du Maroc, à savoir : Romani, Settat, Meknès, Fès et le Gharb chez les grands domaines céréaliers privés. La dernière démonstration destinée au grand public a été organisée le 09 Août 2018, à la commune rurale de Lahdar, Caïdat Labkhati, Province de Safi. L’objectif de ces démonstrations est la présentation d’un outil innovant de travail du sol et du semis en un seul passage: La herse rotative combinée à un semoir multi graines. A cette occasion, Une centaine de participants (agriculteurs de la région, représentants du Ministère de l’Agriculture, de la chambre Régionale d’Agriculture de Marrakech – Safi) ont assisté avec intéressement à la démonstration

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des deux outils sur une parcelle en chaume.

PRESENTATION DU MATERIEL

Le matériel présenté lors des différentes démos était comme suit : - Un tracteur CLAAS Arion 630 de 155 CV avec boite de vitesse Power Shift. Il a été utilisé en mode de travail combiné; - Un combiné herse et semoir MORENI comprenant: · Une herse de 3 m de largeur avec 24 dents tungstène; · Un semoir multi-graines avec 25 éléments semeurs composés de doubles disques, d’un rouleau de ré-appuis et d’une trémie pour les semences d’une capacité de 600L. Cet outil demande une puissance de 120 CV minimum.

OPTIMISATION DU TEMPS DE TRAVAIL T DE LA CONSOMMATION D’ENERGIE

Les agriculteurs de la région Had Labkhati effectuent plusieurs passages du travail du sol avec des tracteurs de puissance 80 CV (voir tableau ci-dessous). Cet itinéraire technique, en plus des risques du compactage des sols et d’évaporation de l’eau qu’il occasionne, reste très couteux en énergie, en temps et en main d’œuvre. Cet itinéraire technique conventionnel génère une consommation de gasoil qui varie entre 50 à 56 L/Ha, si on prend en compte l’ensemble des passages, et un débit de chantier très élevé de plus de 6 heures à l’hectare avec un coût de main d’œuvre qui s’élève à 500 Dh (soit 100 Dh/ passage). Par contre, l’utilisation du com-

biné herse/semoir, trainé par un tracteur CLAAS, sur une parcelle en chaume à sol léger, consomme 15 L/Ha de gasoil et un débit de chantier de 45 min/Ha, soit 12 L/Ha de gasoil, soit 4 fois moins de consommation d’énergie par rapport à l’itinéraire conventionnel sus décrit. Aussi, le cout de la main d’œuvre n’est que 100 Dh/Ha, soit une réduction de 80 %.

HAUT RENDEMENT DU TRAVAIL COMBINE : CINQ OPERATIONS EN UNE Le passage du combiné permet la réalisation de Cinq opérations en une, à savoir: 1- Un ameublissement du sol sur presque 20 cm de profondeur; 2-Un excellent nivellement de la surface du sol, grâce notamment à la barre de nivellement qui permet d’aplanir et d’étaler

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Tableau : Préparation du lit de la semence dans la région du Had Labkhati. 1er passage

2ème passage

3ème passage

4ème passage

5ème passage

Outils utilisés

Charrue à 3 disques

Cover crop

Epandeur d’engrais de fond

Herse

Semoir

Durées des pérations (en H/Ha)

3H

1H30

20 min

45min

1H

8-9 L/H

8- 9 L/H

5-6 L/H

8-9 L/H

6-7 L/H

24 - 27 L/Ha

12 - 13,5 L/Ha

1,67 – 2 L/Ha

Consommation moyenne du gasoil

les inégalités du terrain. Ce nivellement garantit une levée régulière et homogène de la végétation; 3- Un émiettement fin des mottes et un tassement léger du sol grâce au rouleau fixé sur la herse, favorisant ainsi un bon contact sol/graine; 4- Epandage d’engrais de fond (peut être rajouté en option);

D

6 - 6,75 L/Ha 6 - 7 L/Ha

5- La réalisation du semis. En conclusion, l’utilisation du combiné permet de réaliser un gain potentiel en matière d’économie du temps et d’énergie. D’autre part, le combiné a un impact positif sur l’aération du sol, facilite la pénétration des eaux de pluie et la conservation de l’humidité du sol.

ans les sols lourds et plus durs, nous conseillons de passer au préalable avec un déchaumeur lourd. L’avantage de cet outil à dents et à disques de LABBE ROTIEL , c’est qu’il pourra entrer dans les sols grâces à ses dents mais aussi bien découper les chaumes de maïs, colza et tournesol grâce aux disques puis casser les mottes avec le rouleau. Avec cet outil, la consommation reste identique de 15 L/H mais avec un débit de chantier 0,5 Heure/Ha soit une consommation de 7,5 L/ha. Dans les sols durs où cet outil est nécessaire, un tracteur de 80-100 Cv avec des outils conventionnels devra passer 6 fois (semis compris) soit 67 L de gasoil contre 19,5 L avec nos 2 outils.

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Actu Actu Entreprise

Case IH

définit des catégories d’automatisation Depuis l’annonce du concept de véhicule autonome, Case IH a fait évoluer la technologie et apporté une nouvelle définition de l’automatisation dans le domaine agricole. La marque s’est adressée à des clients du monde entier afin d’étudier comment cette technologie pourrait être mise en œuvre pour qu’ils en tirent le maximum d’avantages dans leur travail. Aujourd‘hui, grâce à son programme de véhicule autonome, Case IH étudie et pilote des technologies d‘automatisation dans des scénarios de la vie réelle. « Bien que le concept de véhicule autonome révélé en 2016 ait montré au monde ce qu’il est possible de faire avec des véhicules autonomes, il n’en restait pas moins un concept. Ce tracteur au travail nous a donc servi de base pour entamer des discussions avec les agriculteurs et l’industrie au sujet de la technologie nécessaire aux exploitations agricoles à haut rendement d’aujourd’hui et de

demain, » a déclaré Robert Zemenchik, responsable marketing des systèmes AFS Case IH. « Nous sommes prêts à montrer comment l’application agricole de l’automatisation peut faire progresser les solutions d’agriculture de précision que nos clients utilisent actuellement dans leurs exploitations agricoles. »

Cinq catégories d’automatisation pour l’agriculture

La diversité des activités agricoles à travers le monde exigent différents niveaux d’automatisation. Dans le cadre de ses recherches pour la conception de produits orientés vers le client, Case IH a défini cinq catégories d’automatisation des activités agricoles pour répondre aux besoins technologiques actuels et futurs. Les types d’activités associées à chaque niveau comprennent : • Autoguidage • Coordination et Optimisation

• Automatisation assistée par un ou plusieurs opérateurs • Automatisation supervisée • Automatisation totale « Il est intéressant de constater les économies que l’automatisation et, éventuellement, l’autonomie totale peuvent apporter à chaque exploitation agricole, » a déclaré Zemenchik. « La logique derrière la définition de catégories d’automatisation est de montrer ce qu’il est possible de faire dans chacune d’elles. Elles ne sont pas linéaires, et une flotte donnée peut même entrer dans plusieurs catégories en même temps. Aujourd’hui, un grand nombre de nos clients utilisent déjà l’autoguidage et/ou l’automatisation assistée par opérateur. » Les cinq catégories définies par Case IH commencent par l’automatisation de tâches spécifiques sur un équipement. Case IH a été le premier constructeur à proposer aux producteurs une technologie d’automatisation dans les années 1990 avec le système d’autoguidage AFS AccuGuide™ et continue encore aujourd’hui avec des solutions plus avancées, telles que le système AFS AccuTurn™ qui automatise les manœuvres en bout de champ et la technologie AFS Soil Command™ pour la détection du lit de semence.

Recherche et pilotage de technologies autonomes sur le terrain

En 2018, Case IH coopère avec Bolthouse Farms dans le cadre d’un programme pilote de tracteur autonome. Ce programme a pour objectif de comprendre comment les nouvelles technologies autonomes peuvent être utilisées et comment elles répondent aux besoins réels des exploitations agricoles. « La seule façon de valider les utilisations à la ferme de la technologie autonome est de la tester sur le L’automatisation supervisée, l’une des cinq catégories d’automatisation définies par Case IH, permet au conducteur d’un tracteur de superviser la conduite d’un autre Agriculture du Maghreb 30 N° 114 - Sept 2018 tracteur sans conducteur qui/ Oct. évolue dans le même champ.

terrains en demandant à des agriculteurs de l’utiliser sur leur exploitation, de l’intégrer dans leur flotte et de mener leurs activités quotidiennes. » précise Zemenchik. En tant que l’un des plus gros producteurs de carottes d’Amérique du Nord, Bolthouse Farms exploite toute l’année une vaste superficie de terres agricoles dans quatre états des États-Unis et au Canada. Le projet pilote du programme d’automatisation Case IH s’inscrit dans le cadre des efforts de l’entreprise pour le développement de technologies de pointe et l’amélioration de la productivité. Ce projet se concentrera d’abord sur le labour et le travail du sol en profondeur (deux tâches très répétitives que Bolthouse Farms effectue toute l’année) avec une petite flotte de tracteurs autonomes Steiger® et Quadtrac® tirant une herse à disques True-Tandem™ ou un déchaumeur à disques Ecolo-Tiger®. Ces essais permettront d’évaluer le contrôle des machines autonomes dans une variété d’applications de travail du sol, de types de sol, de conditions météorologiques et d’activités de détection et de perception. « L’un des principaux objectifs est de recueillir les réactions des agronomes et des opérateurs sur l’utilisation de la technologie autonome dans des conditions agricoles réelles, afin que Case IH puisse développer et perfectionner ses systèmes de contrôle technologique et d’optimisation des machines » a déclaré Zemenchik. Brian Grant, vice-président de Bolthouse Farms, considère le programme pilote de tracteurs autonomes comme une occasion de trouver de nouvelles solutions pour augmenter l’efficacité de l’entreprise et proposer des aliments de haute qualité pour faire face aux besoins d’une population croissante. www.agri-mag.com


ARRIGONI,

Solutions haut de gamme pour la protection des cultures Leader international dans la fabrication de tissus à mailles et d’écrans pour la protection des cultures, l’entreprise ARRIGONI était présente au salon GREENTECH qui s’est tenu du 12 au 14 juin à Amsterdam (Pays-Bas). La troisième édition de Greentech, le salon international de l’horticulture, a offert les solutions les plus innovantes dans le domaine de la technologie horticole et floricole. Arrigoni S.p.A spécialisé dans la fabrication d’écrans de protection pour l’agriculture, était là également pour offrir ses produits les plus avancés, avec plusieurs propositions de qualité : gamme Prisma® d’écrans thermo-réfléchissants en couleur blanche avec additif LD (en particulier Prisma 30/80/90), gamme d’écrans ultra-résistants Robusta® pour applications intensives, écrans anti-insectes Biorete® Air Plus et Protecta®, l’innovant tissu à mailles pour la protection des cultures de pluie. “Pour notre société, Greentech représente un événement particulièrement stratégique à plusieurs égards. Tout d’abord – explique Patrizia Giuliani, responsable export du groupe Arrigoni – c’est un rendez-vous fondamental grâce à la grande

attention que les exposants et les visiteurs professionnels accordent à la technologie et à l’innovation, domaines dans lesquels notre entreprise investit le plus. Organisant plus de 80 congrès et séminaires sur ces questions, le salon lui-même devient un point de référence pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. En plus de cela – ajoute la gérante – le marché néerlandais est à l’avant-garde en matière d’innovation et de progrès technologique dans le secteur de l’horticulture. Enfin, avec son fort caractère international, Greentech nous donne l’opportunité de rencontrer des professionnels du monde entier.” Le groupe Arrigoni met l’accent sur deux objectifs principaux de haute technologie: l’optimisation de la diffusion de la lumière et l’augmentation du flux d’air. Ces résultats caractérisent en effet les nouveaux produits. Profitant des nombreuses années d’expérience dans le

secteur, de nouveaux écrans sont conçus grâce aux investissements ciblés de l’entreprise dans la Recherche, le Laboratoire et l’étude attentive des besoins des différents marchés. Greentech a ainsi été l’occasion pour présenter Robusta®, une nouvelle gamme d’écrans hybrides spécialement conçus pour résister à des contraintes mécaniques élevées dues à l’abrasion sur les structures tensostatiques. La structure de l’écran est une combinaison de monofilament en chaîne et trame pour plus de solidité et de bandelette en seconde trame, en différentes couleurs et densités pour optimiser l’ombrage pour chaque culture et conditions climatiques. En couleur blanche avec additif LD – Light Diffusion, Robusta® offre les mêmes avantages de la gamme d’écrans thermo-réfléchissants Prisma® qui garantit dans les serres un contrôle exceptionnel de la

température, une protection contre les coups de soleil, de bonnes conditions pour le développement des plantes et une économie d’eau. Cet important salon international a également permis au Groupe de reconfirmer et de partager les excellents résultats obtenus avec la ligne Biorete® Air Plus, écran anti-insectes tissu avec monofilament de faible épaisseur à haute résistance afin de garantir une meilleure ventilation des cultures même dans les climats chauds et une efficacité et une totale protection naturelle contre les plus petits insectes nuisibles D’autre part, Protecta® est le fruit de la recherche d’Arrigoni sur le front de la protection des cultures contre les pluies excessives. Convenablement incliné, Protecta® est capable de protéger les cultures de la pluie, en gardant sa perméabilité à l’air, ce qui est une garantie de rendement dans la récolte des fruits. Associées à une large gamme de tissus maillés professionnels, ces solutions innovantes permettent à Arrigoni d’offrir la réponse la meilleure et la plus adaptée à chaque besoin dans les marchés les plus divers. Pour plus d’informations: http://www.arrigoni.it/

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Actu Actu Entreprise

L’EPINARD,

une nouvelle espèce à la gamme vilmorin-mikado, avec l’acquisition d’advanseed

Vilmorin-Mikado (Business Unit de Limagrain) et Limagrain (à travers sa holding Vilmorin & Cie) sont heureuses d’annoncer l’acquisition de la société AdvanSeed ApS, semencier danois de dimension internationale. Son expertise reconnue dans la création de variétés d’épinard vient renforcer la position mondiale de Vilmorin-Mikado sur le marché des légumes à feuilles, l’épinard étant le second marché mondial après la laitue. Créée en 2005 par Erling HEGELUND, sélectionneur, et Cecilia CERDA, ingénieur agronome, la société AdvanSeed a développé un réseau international de distributeurs, et des relations de long terme avec des clients situés dans 23 pays (essentiellement en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et en Europe). Son portefeuille comprend une gamme de variétés d’épinards hybrides et d’autres légumes à feuilles (jeunes pousses de type roquettes sauvages, choux kale, betteraves à veines rouges ou encore amaranthe). « Vilmorin-Mikado développe assurément son offre de légumes à feuilles avec l’intégration de cette nouvelle espèce. L’épinard vient ainsi renforcer notre position d’acteur mondial majeur sur ce marché» explique Catherine Moulenat, Chef de groupe Marketing Légumes à feuilles. « Cette nouvelle espèce nous permet de positionner notre gamme sur le marché asiatique et en particulier la Chine, qui représente 85% des surfaces pour le marché de l’épinard frais ». « Les 5 collaborateurs d’AdvanSeed ont rejoint les équipes Vilmorin-Mikado le 01 août 2018, partageant

ainsi leur savoir-faire avec l’ensemble des services de l’entreprise » explique Rodolphe Millet, Directeur Général de Vilmorin-Mikado. La station de sélection de l’entreprise, basée à Odense (Danemark), a une position géographique idéalement adaptée à la recherche et à la production de nouvelles variétés d’épinard. Elle devient la station la plus septentrionale de Vilmorin-Mikado et offre ainsi de nouvelles conditions clima.

Fulla F1, épinard hybride, une des variétés les plus appréciées d’AdvanSeed

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MC 4 avec moteur 4 pôles de la marque PEDROLLO pour les eaux usées. Cette série se distingue par

lides jusqu’à Ø 55 mm.

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BASF a conclu

le rachat d’un ensemble d’activités et d’actifs de Bayer Le 16 août dernier, BASF a finalisé le rachat d’un ensemble d’activités et d’actifs de Bayer. Cette transaction vient enrichir de manière stratégique les activités de protection des cultures, de biotechnologie et d’agriculture numérique de BASF. L’entreprise fait aussi son entrée dans le domaine des semences, des herbicides non sélectifs et des traitements de semences nématicides. « Avec cette opération stra- les activités semences, y xarvioTM ; ainsi que certégique, nous ajoutons des actifs d’excellente qualité à notre portefeuille de solutions et renforçons notre potentiel d’innovation. Globalement, ceci nous permet de proposer une offre encore plus étendue et plus attrayante à nos clients » a déclaré Martin Brudermüller, Président du Conseil d’administration et «Chief Technology Officer» chez BASF SE. Pour un prix global de 7,6 milliards d’euros en numéraire, BASF acquiert : l’activité mondiale de glufosinate d’ammonium ;

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compris les traits agronomiques, les installations de recherche et de production, ainsi que les marques commerciales destinées aux grandes cultures sur certains marchés clés ; l’activité de semences potagères laquelle opère sous la marque Nunhems® ; la plateforme de R&D du blé hybride ; une gamme de produits de traitement des semences ; certains herbicides à base de glyphosate en Europe, utilisés principalement dans des applications industrielles ; l’intégralité de la plateforme d’agriculture numérique

tains projets de recherche portant sur des herbicides non sélectifs et des nématicides. Grâce à ces acquisitions, les clients de BASF accèdent à une gamme d’outils plus étendue destinée à améliorer leur compétitivité, leur rendement et la qualité de leurs cultures. « Ces solutions, allant des semences à la récolte couplées à des capacités de R&D renforcées, nous permettent d’accroître la concurrence sur le marché. Ainsi, les clients ont véritablement le choix, main-

tenant et dans l’avenir » a précisé Markus Heldt, Président de la division Agricultural Solutions de BASF. A l’issu de ce rachat, environ 4500 collaborateurs ont rejoint l’équipe BASF Agricultural Solutions au niveau mondial, dont 6 ont intégré l’Entité BASF Maroc afin de gérer l’activité de semences potagères Nunhems®. Un accueil chaleureux leur a été réservé le 04 Septembre au siège de BASF à Casablanca. Les photos illustrent bien la convivialité de cet événement.

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Actu Actu Entreprise

Fungisei de Eléphant Vert Bien plus qu’un fongicide !

Fungisei® est un fongicide qui agit sur un large spectre de champignons et bactéries, sur plusieurs cultures fruitières et maraîchères. Sa formulation brevetée, à base de Bacillus subtilis souche IAB/BS03, est recommandée en agriculture conventionnelle et biologique.Son mode d’action innovant est basé sur la capacité de la souche IAB/BS03 du Bacillus subtilis à produire des antiobiotiques lipopeptidiques qui attaquent la membrane externe et détruisent la couche lipidique de la membrane fongique entraînant la neutralisation de l’agent patho-

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gène. Grâce à sa formulation innovante, Fungisei® est le produit le plus stable sur le marché. Il garde son efficacité dans les conditions de stockage et d’application les plus difficiles. - il inhibe efficacement le développement du botrytis - il est recommandé en programmes IPM et permet de réduire les traitements conventionnels de 20 à 50%. En outre, il évite le développement de résistances, induites par l’utilisation de fongicides conventionnels, - il peut prévenir contre les problèmes fongiques après la récolte, en l’appliquant une ou deux fois, 7 à 15 jours avant la récolte, - il joue un rôle important dans les mécanismes de gestion de la résistance, - c’est un produit à 0 DAR, sans contrainte sur la récolte. - il favorise un mécanisme de résistance induite et systémique chez les plantes. - c’est un produit qui respecte l’en-

vironnement, non toxique pour la faune auxiliaire. - il offre aux producteurs une protection rentable contre un large spectre de maladies fongiques.

- il permet d’améliorer la croissance et la vigueur de la plante. - il offre une souplesse dans l’utilisation grâce à sa formule liquide pratique.

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L’innovation au service

des systèmes d’information agroalimentaire Dans les pays du Maghreb les ressources agroalimentaires sont nombreuses. Cependant, les moyens mis en place pour développer et optimiser ces marchés en pleine expansion sont limités dans ces zones. Il existe aujourd’hui des solutions innovantes qui permettent d’optimiser la productivité, la traçabilité et la gestion et modernisation de ces marchés.

Contexte agroalimentaire au Maroc

Situé au croisement de la Méditerranée et de l’Atlantique dont il est la première porte d’entrée, le Royaume du Maroc bénéficie d’une position géostratégique. Cette position lui donne ainsi accès à un marché étendu aux multiples opportunités avec près d’un milliard de consommateurs. Le secteur de l’agroalimentaire détient une place importante dans l’industrie, il représente 27 % de la production industrielle totale du pays et représente environ 8% du PIB national. Pilier du Plan d’accélération industriel (PEI) du Maroc, le secteur agroalimentaire connaît

depuis près de 10 ans une croissance de +6% par an en moyenne. Cette montée significative des chiffres s’explique par une évolution rapide du mode de consommation en milieu urbain et de la demande internationale croissante dont bénéficie le Maroc. L’industrie agroalimentaire marocaine est dominée par de grands acteurs pluridisciplinaires et structurés. Plus spécialisés dans un style de production, de nombreux petits acteurs sont également présents sur ce secteur.

Les principaux défis du secteur sont la modernisation des méthodes de production et de distribution, la valorisation des ressources agricoles ainsi que l’amélioration de la compétitivité des PME. A ce jour, des évolutions significatives sont à noter, en particulier l’accroissement de 22% des exportations du secteur. Performances qui ont permis au Maroc

de mieux se positionner sur le marché mondial en tant que destination industrielle crédible et compétitive. Ainsi, ce secteur à fort potentiel, offre de nombreuses opportunités en matière de développement de la recherche vers l’innovation et la modernisation des équipements.

Informia

Pour répondre aux besoins et défis du secteur un Plan d’Émergence Industriel (PEI) a été mis en place au Maroc depuis 2005. Ce Plan tend à moderniser et renforcer la compétitivité du secteur industriel au Maroc. Pour contribuer à ce PEI des solutions existent : l’informatisation des systèmes de gestion. Ainsi, dans cette dynamique de développement, de modernisation et d’amélioration des systèmes d’information Informia, éditeur et intégrateur de ses propres logiciels spécialisés dans le secteur de l’agroalimentaire commercialise des outils informatiques adaptés. Implanté au Maroc en 2015, Informia est capable de répondre aux besoins actuels du secteur de l’agroalimentaire au Maroc. Aussi

bien en ce qui concerne l’amélioration de la compétitivité des PME que les besoins à l’international dans l’import/export ou les exigences et normes nécessaire dans ce secteur. L’objectif d’Informia est d’accompagner ses clients dans le pilotage de leur activité afin de l’optimiser dans sa totalité grâce aux logiciels EuroFlow®, TraceFLow® et ProdFlow® ce pilotage de A à Z est simplifié et complet. Nos logiciels de gestion commerciale EuroFlow®, gestion de conditionnement, traçabilité TraceFlow® et gestion des cultures et vergers ProdFlow® ont d’ores et déjà convaincus de nombreuses sociétés en France et au Maroc notamment les sociétés Soldive et O’terroir. Fort de sa proximité avec ses clients de par sa taille humaine et de son expertise de plus de 15 ans Informia vous permet d’optimiser la gestion et le pilotage de votre activité dans sa totalité. Informia - contact@informia.fr +33(4 91 27 10 37)


Recherche

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Symposium International Carotte ème

et autres apiacées

Après le grand succès de la première édition tenue à Angers en 2014, le 2eme Symposium International ‘’Carotte et autres Apiacées’’ s’est tenu à Cracovie en Pologne du 19 au 22 septembre 2018. Au menu, un riche programme de séances plénières, de sessions scientifiques et techniques parallèles qui ont présenté les découvertes et les avancées les plus récentes, ainsi que des démonstrations aux champs. L’occasion pour les 350 participants (producteurs, industriels, chercheurs, enseignants, commerciaux, …) venus de 50 pays, de partager leurs expertises et leur savoir-faire dans des domaines aussi variés que la génétique et la sélection, les pratiques de production, la biologie et la protection des végétaux, la technologie alimentaire et la qualité de la carotte et ses dérivés. Une petite délégation marocaine invitée par Vilmorin Atlas était également présente au symposium, accompagnée d’un journaliste de la revue Agriculture du Maghreb.

L

e choix de la Pologne pour accueillir cette deuxième édition n’est pas fortuit. Il s’agit en effet, du plus grand producteur européen de carotte avec pas moins de 18.000 ha. Le symposium a été organisé par la Société polonaise pour les sciences horticoles (PTNO) et la faculté de biotechnologie et d’horticulture de l’Université d’agriculture de Cracovie, sous l’égide de la Société Internationale pour la Science horticole (ISHS).

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Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

Pendant deux jours, dans une ambiance décontractée mais néanmoins studieuse, se sont succédées une quarantaine de présentations orales qui ont permis de balayer l’ensemble des sujets d’actualité en relation avec la carotte et autres espèces de la famille des Apiacées (par exemple le cerfeuil, le fenouil, le céleri…). Les communications ont concerné des thématiques aussi variées que : · Semences, génétique et génomique · Diversité génétique dont les es-

pèces sauvages apparentées · La génétique pour répondre aux attentes des producteurs et des consommateurs · Biologie et physiologie de la carotte · L’amélioration des qualités nutritionnelles de la carotte · Conduite culturale : fertilisation, irrigation, désherbage · Qualité des produits et post récolte (transport, impact santé, ....) · Interactions hôte/parasite, Protection intégrée · Bioagresseurs : connaissances,

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gestion du risque, moyens de protection · La production durable de carottes du champ au consommateur · L’amélioration des pratiques de conduites et de conservation des carottes Cet événement permet à l’ensemble de la filière de production et à la recherche internationale de se rencontrer et de faire le point sur les dernières nouveautés. Pour les enseignants et chercheurs, le symposium a permis de tirer profit des communications scientifiques et techniques pour déterminer les tendances actuelles et se tenir informés des dernières innovations. Il a également permis d’appréhender les questions à venir et les verrous à lever dans la filière des Apiacées. En effet, la forte participation internationale donne une idée des attentes de l’expérimentation et de la production pour orienter les recherches. La diffusion et la confrontation des résultats sont également porteuses d’innovation. La rencontre de collègues et de nouvelles équipes de recherche permet de nouer des partenariats fructueux. Travailler en étroite collaboration avec les instituts de recherche, les stations et centres d’expérimentation, permet une meilleure adéquation entre les problématiques techniques rencontrées par les producteurs et les travaux de recherche et d’expérimentation mewww.agri-mag.com

nés sur la carotte. L’objectif étant d’accélérer le transfert des résultats de recherche et d’expérimentation vers les exploitations et que les producteurs s’approprient les avancées.

Recherche génétique Source de diversité et d’amélioration

L’aspect génétique représentait une part importante du programme scientifique du symposium. Le niveau et la densité des interventions ont permis une large actualisation des travaux de recherche et études concernant la carotte. Si le rendement et la résistance aux différents stress représentent une préoccupation majeure des producteurs et des sélectionneurs, la qualité finale du produit devient également de plus en plus importante pour répondre aux exigences des consommateurs. Le séquençage récent du génome de la carotte a constitué la base de nombreuses études portant notamment sur des aspects agricoles et nutritionnels. En effet, après avoir identifié un gène et la fonction qui lui est associée, les chercheurs peuvent accélérer la sélection classique en choisissant les «bons descendants». La sélection assistée par marqueurs sera une des utilisations les plus importantes du séquençage du génome de la carotte et la technologie de pointe des marqueurs moléculaires, permet de

repérer, dès le stade de la plantule, les séquences de gènes porteuses des caractéristiques les plus intéressantes. L’un des premiers résultats a été la découverte d’un gène qui conditionne l’accumulation de pigments de caroténoïde dans les racines de carottes. Le carotène est un pigment orange présent dans les carottes et d’autres végétaux colorés (courge, abricot…), qui est converti par le foie en vitamine A, une vitamine essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Les progrès des technologies de séquençage du génome vont permettre aux scientifiques de développer de nouvelles variétés dont la valeur nutritive sera améliorée. Le symposium a aussi été l’occasion de faire le tour des progrès en matière de sélection réalisés par différents instituts de recherche appartenant à différents pays (Etats unis, France, Pologne…). Les présentations ont mis en exergue les progrès réalisés dans ce domaine et notamment : - l’attention particulière portée aux parents sauvages de l’espèce (meilleure connaissance de parenté, nouvelles sources de résistance…); - l’amélioration de la productivité et de la qualité - les gènes et leur effet sur la forme de la racine, leur interaction avec les facteurs environnementaux - Le développement de résistances ou tolérances aux ennemis de Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Symposium Carotte

Séance posters organisée en marge du symposium

culture - les gènes associés à la réponse de la carotte aux différents stress abiotiques, notamment à la salinité du milieu … Plusieurs interventions et posters ont donc été consacrés aux moyens d’amélioration génétique et à la connaissance du génome de la carotte. Cependant, pour les sociétés semencières l’enjeu est aussi dans l’innovation génétique. Pour cela elles cherchent à constituer le germoplasme le plus large possible et élargir la variabilité génétique pour un caractère défini, comme par exemple une résistance à une maladie, en incluant des espèces sauvages. La quête d’innovation concerne également la segmentation, notamment par la forme, la couleur etou la qualité gustative. Mais il s’agit encore de niches commerciales.

VILMORIN-MIKADO

Sponsor du symposium Fier d’avoir contribué au succès de la première édition du Symposium Carotte en 2014 à Angers (France), le semencier Vilmorin-Mikado a souhaité renouveler son soutien à cet événement mondial pour sa seconde édition. Pour Vilmorin-Mikado, leader mondial pour la semence de carotte, il s’agit d’apporter sa contribution pour permettre aux acteurs de la filière (chercheurs, producteurs, industriels) de se rencontrer et d’échanger avec des experts de la carotte (consultants 38

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techniques, sélectionneurs, industriels, spécialistes en pathologie). Le semencier a ainsi invité plus de 200 clients, producteurs et distributeurs venus des 5 continents pour participer à cet événement majeur. Ils étaient accompagnés des directeurs de filiales et responsables commerciaux des principaux pays producteurs de carotte, notamment le Maroc. A cela s’ajoutent les départements impliqués dans l’organisation de cet évènement comme le marketing et les laboratoires de recherche. Les chercheurs étaient d’ailleurs présents en force pour assister aux conférences et échanger avec leurs homologues. Au programme des conférences, les membres de l’équipe recherche Vilmorin-Mikado ont présenté trois sujets qui vont des tests de vigueur, à la sélection de traits impliqués dans les bénéfices santé, en passant par la présentation d’une solution innovante de lutte contre les nématodes Heterodora carotae (voir chapitre). Vilmorin au Maroc M. Bruno Ollivier, directeur de la filiale marocaine de Vilmorin, explique que le semencier a élargi sa gamme de produits suite à sa fusion avec le japonais Mikado (voir encadré). En effet ce dernier commercialise des carottes hybrides de type Kuroda (forme conique), alors que Vilmorin produit depuis plus de 30 ans des variétés hybrides de type nantaise. Cette fusion fait qu’aujourd’hui, suite à une recherche

très active, Vilmorin dispose d’une banque de gènes très riche lui permettant d’offrir chaque année de nouvelles variétés de carotte. Il faut rappeler que le cycle de recherche sur la carotte est très long et que l’obtention d’une variété nécessite au minimum 12 ans pour arriver à la production de semences commerciales. Au Maroc, Vilmorin Atlas commercialise plusieurs variétés hybrides de type nantaise, notamment : Maestro, Soprano, Subito, Speedo et Verano. Chacune de ces variétés est plus adaptée à un créneau et une région de production, afin de répondre aux exigences des producteurs et des consommateurs. Vilmorin propose des variétés à rendement commercial plus élevé avec peu d’écarts de triage, que ce soit lors de la récolte ou en post-récolte. Ainsi, lisses, colorées et brillantes, ces carottes assurent un meilleur prix de vente au producteur. De même, les semences Vilmorin garantissent au producteur un taux de germination élevé, un bon état sanitaire et une longue conservation des graines (en cas de reste après semis). A noter qu’au Maroc, il existe une complémentarité entre les principales régions de production : El Jadida, Agadir, Berrechid, Beni Mellal et le Nord. Cependant, il existe une période creuse où on ne trouve sur le marché que de la carotte muscade (variété population dont la qualité de racine est grossière, avec un cœur jaune) qui ne satisfait pas le consommateur, mais qui s’impose traditionnellement sur le créneau de semis d’été. Vilmorin a donc introduit Verano, une nouvelle variété hybride d’été, semée en juillet-aout (sans risque de montaison) pour une récolte fin novembre-début décembre. Mais à partir de septembre, cette variété cède la place à d’autres variétés plus adaptées comme Soprano, Speedo et Subito dont la récolte commence à partir d’avril. Pour un meilleur étalement de la production, le semencier recommande une combinaison de ces variétés. En effet, certaines sont plus précoces, permettant une entrée plus prématurée sur www.agri-mag.com


le marché assurant au producteur de bons prix de vente. Cependant, pour permettre aux variétés hybrides d’exprimer pleinement leur potentiel de production, il faut adopter des pratiques culturales adaptées : préparation du sol, semis mécanisé, irrigation au goutte à goutte, nutrition équilibrée, protection raisonnée…

Moins de pesticides

Durant le symposium, plusieurs présentations ont abordé les apparitions ou résurgences d’organismes nuisibles et de maladies dans certains pays. Les ravageurs et les maladies plus traditionnels ont aussi occupé une place de choix, par exemple les pucerons, le pythium, … Mais tous les intervenants ont été unanimes à souligner l’importance de raisonner le recours aux produits de protection des cultures pour répondre aux exigences actuelles du consommateur. Le marché demande actuellement des produits sains, de grande valeur nutritionnelle et à des prix raisonnables. Les carottes sont des produits appréciés et bénéficient d’une bonne réputation compte tenu de leur profil nutritionnel. La mise en place en Europe des lois régissant la protection des cultures a considérablement réduit le nombre de solutions disponibles pour les producteurs ce qui rend difficile la gestion des nuisibles et des résistances dans le cadre des bonnes pratiques agricoles. Ceci pousse les différents maillons de la chaine (semenciers, producteurs, firmes phytosanitaires, industriels) à mieux collaborer pour aider les producteurs à produire de manière durable en trouvant des solutions innovantes de protection y compris la sélection génétique de cultivars résistants aux stress biotiques et abiotiques, le développement de produits de bio contrôle ainsi que des produits phytosanitaires avec des profils environnementaux favorables, le développement de pratiques et systèmes de culture contribuant à la réduction du recours aux pesticides. A cela s’ajoute l’adoption d’outils d’aide à la geswww.agri-mag.com

tion des exploitations permettant d’apporter le bon intrant, sans excès, au bon moment afin d’améliorer la rentabilité des fermes. Une solution innovante de lutte contre les nématodes A l’occasion du Symposium, Vilmorin-Mikado a présenté une solution innovante et respectueuse de l’environnement pour lutter contre les nématodes à kyste Heterodora carotae dont les dégâts commerciaux peuvent atteindre jusqu’à 90%. Les producteurs de carottes avaient l’habitude de contrôler ces nématodes par l’utilisation d’un nématicide fumigant. Cependant, cette molécule a été interdite par l’Union Européenne et aujourd’hui plusieurs milliers d’hectares sont touchés par Heterodera carotae en France et en Italie. Vilmorin-Mikado s’est engagé avec les différents partenaires à développer une solution plus propre et plus respectueuse de l’environnement en travaillant sur la recherche de résistance aux nématodes Heterodera carotae. Sélectionnée à partir de plus de 3.700 plantes sauvages, cette nouvelle variété n’est pas une carotte de consommation. De couleur blanche, ressemblant à une carotte de type sauvage, elle possède un réseau racinaire très important, et un feuillage cireux au port étalé. Dotée de la résistance aux nématodes Heterodera carotae, l’implantation de cette carotte permet de réduire fortement la population dans le sol. « Cette carotte ‘‘ assainissante’’ fonctionne comme une culture piège », explique Laure Barrot, sélectionneuse carotte VilmorinMikado, « les nématodes pénétrant dans les radicelles ne peuvent pas se multiplier car le site nourricier est défectueux. Cette carotte permet d’assainir le champ en vue d’une future culture de carotte de consommation, et permet d’atteindre un niveau d’efficacité entre 40 et 80 % » (l’efficacité du nématicide utilisé auparavant étant estimée à 80-90%). « Les premiers essais au champ sont prévus en Normandie avec les partenaires publics (INRA, Sileban, CTIFL) : deux années d’expérimentation seront nécessaires pour préciser

l’itinéraire technique. La commercialisation sur le marché français, pour commencer, est envisagée dès la campagne 2020-2021 » prévoit Amélie Theriez, Chef de Produit Carotte pour la zone Europe. Ces résultats ouvrent la voie vers de Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Journée de visites organisée par VilmorinMikado


Visite de parcelles de démonstrations

nouvelles résistances à d’autres espèces de nématodes comme celles rencontrées au Maroc. Mais les processus de recherche et d’élaboration des itinéraires de conduite sont longs et prendront certainement plusieurs années.

Journée de terrain

Enfin, la journée du 22 septembre a été consacrée à des visites sur le terrain incluant des visites de parcelles pour que les participants puissent observer de visu les performances des différentes variétés Vilmorin Mikado. L’occasion également de visiter une importante plate-forme où les experts Vilmorin-Mikado ont été mobilisés pour échanger en direct avec les participants : recherche, contrôle qualité, technologie semence, marketing, sommelier végétal… La plate-forme était consti-

Vilmorin-Mikado est une

Business Unit de Limagrain. Depuis Juillet 2016, elle rassemble les activités de Vilmorin SA (semencier français) et Mikado Kyowa Seed Co. Ltd. (semencier japonais). De dimension mondiale, Vilmorin-Mikado est présente sur les 5 continents. Sa large gamme, unique et originale, est destinée à tous les professionnels de la

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tuée d’un espace d’exposition de la gamme variétale du semencier, ainsi que des ateliers sur les différentes étapes d’élaboration des semences de carotte. Visiblement, Vilmorin Mikado continue à s’impliquer fortement dans le développement de nouvelles variétés moyennant des investissements permanents que ce soit en génétique ou en qualité techno semence et contrôle. Beaucoup de variétés sous numéros ont été présentées lors de cet événement ce qui annonce plusieurs variétés commerciales dans un avenir proche et encore plus de choix et d’avantages pour les producteurs. A noter que, pour produire une bonne carotte, la génétique est très importante mais d’autres facteurs conditionnent aussi la réussite de la culture. D’où l’implication dans cet évènement de fournisseurs de

machines agricoles pour les différentes étapes de la culture (préparation du sol, désinfection, récolte, lavage…) et aussi d’un fournisseur de solutions de protection phytosanitaire en phase avec les exigences actuelles des producteurs et des consommateurs.

filière potagère. Vilmorin-Mikado est spécialisée dans la création, la production et la commercialisation de semences potagères et d’arbres. Dédiée aux professionnels de l’agriculture, la Business Unit a enregistré un chiffre d’affaires de 238,3 millions d’euros en 2016 - 2017, avec un effectif de 1000 collaborateurs. Vilmorin-Mikado consacre 16 % de son chiffre d’affaires à la recherche. Ses variétés de semences sont distribuées dans plus de 100 pays. Leader mondial pour la carotte et la chicorée witloof, Vilmorin-Mikado est un acteur majeur pour la salade, la tomate, le poivron, la courge kab-

ocha, le radis daikon, le « bunching onion » (oignon botte) et les semences d’arbres. Limagrain est un groupe coopératif international, créé et dirigé par des agriculteurs français. Créateur et producteur de variétés végétales et céréalières, le Groupe commercialise des semences et des produits céréaliers, destinés aux agriculteurs, aux maraîchers, aux jardiniers amateurs ainsi qu’aux professionnels de l’agroalimentaire et aux consommateurs. Limagrain se classe actuellement quatrième semencier mondial (semences de grandes cultures et potagères).

La prochaine édition se prépare déjà

La prochaine édition du symposium se tiendra en 2022 en Grande Bretagne A noter que le secteur mondial de la carotte bénéficie d’un autre évènement important qui est ‘’Les rencontres de la carotte’’ organisé par l’Université du Wisconsin tous les deux ans. Les représentants de cette université étaient d’ailleurs également présents à Cracovie.

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A gauche M. Bruno Ollivier Directeur de Vilmorin Atlas, la filiale marocaine de Vilmorin Mikado

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Nutrition des plantes

Rachid Derdari Stoller Europe

Les phytohormones et l’équilibre Hormonal des plantes

Les hormones végétales affectent pratiquement tous les aspects de la croissance des plantes. La compréhension du fonctionnement des hormones et de la manière dont elles peuvent être manipulées permet de surmonter un nombre des facteurs de stress qui limitent le cycle naturel de la croissance des plantes et de l’expression des gènes. Les hormones végétales sont présentes à différents niveaux à différents stades de développement du cycle végétal. Elles doivent être disponibles en quantité suffisante tout au long du cycle de vie de la plante pour maximiser l’expression des gènes.

Quelles sont les hormones végétales ?

Il existe cinq hormones végétales clés classées en deux catégories: 1. Hormones de croissance · Cytokinins: le répartiteur · Auxins: l’activateur · Acide Gibbérellique: L’agrandisseur 2. hormones de stress: · Ethylène: le régulateur · Acide abscissique: le terminateur Les hormones végétales, les nutriments et les co-facteurs hormonaux régulent la croissance et la reproduction de la plante de la même manière que les hormones, les nutriments et les vitamines régulent la croissance et la reproduction chez les humains et les animaux.

cytokinines et de co-facteurs hormonaux.

Auxines: l’activateur

Les auxines sont les hormones qui activent et dirigent la nouvelle division cellulaire et le mouvement des aliments dans la plante :

Cytokinine: Le distributeur

Les cytokinines sont l’hormone qui envoie des signaux d’événements hormonaux contrôlant la division et différenciation cellulaire : Les cytokinines sont principalement produites dans les tissus méristématiques des poils absorbants. Le mouvement des cytokinines vers les parties supérieures de la plante stimule la formation des branches et du feuillage. Les nouveaux tissus produisent des Auxines qui sont transportées dans la partie inférieure de la plante où elles sont combinées avec des cytokinines pour provoquer la division cellulaire des nouvelles extrémités des racines: • La proportion d’auxines aux cytokinines détermine le type de croissance : plus d’auxines = plus de croissance des racines; plus de cytokinines = plus de croissance du feuillage. • Le maintien des nouveaux tissus radiculaires méristématiques est essentiel au développement optimal de la plante. Les cytokinines agissent en réduisant la sénescence (vieillissement) de la plante. Le manque de cytokinines permet d’augmenter le niveau d’acide abscissique dans la plante. La synthèse ou l’addition de cytokinines réduit le niveau d’acide abscissique dans la plante favorisant le maintien de la vigueur juvénile. Comme l’azote nitrique est absorbé par les racines pour synthétiser les cytokinines, une certaine quantité d’azote peut être remplacée par l’application directe de

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Les auxines sont principalement produites dans les nouveaux tissus méristématiques apicaux des nouvelles feuilles. La concentration des Auxines dans les tissus des feuilles peut être jusqu’à 1 000 fois supérieure à celle des extrémités des racines. Les auxines sont responsables de la division cellulaire qui mène à la croissance active de la plante. Si les niveaux de la la division cellulaire insuffisante cessera, la croissance s’arrêtera et les fleurs ou les fruits seront interrompus (ils tomberont), ce qui entraînera un manque de formation de bourgeons. Les auxines dirigent le mouvement des photosynthates (aliments, sucres) vers la plante entière. Au fur et à mesure que la plante pousse plus vigoureusement et que davantage d’Auxines sont produites dans les feuilles, leur mouvement vers les racines augmente. Cela dirige plus de nourriture des racines vers la partie aérienne de la plante. Au fur et à mesure que la quantité d’Auxinas dans la partie aérienne de la plante augmente et descend, elle provoque la dormance dans les bourgeons végétatifs et reproducteurs. ; au fur et à mesure que la plante atteint son stade de croissance végétative le plus rapide et le plus vigoureux, la grande quantité d’Auxines transportée vers les racines aura tendance à inhiber la division cellulaire dans les racines. La perte de vigueur des racines qui en résulte provoque l’apparition de la sénescence (mort cellulaire) de la plante. Après le début de la sénescence de la plante, le niveau des Auxines augmentera dans les zones de fructification et dans les bourgeons fructifères. Cela active l’augmentation de la quantité d’éthylène et d’acide abscissique dans les fruits, les grains et les tissus de stockage, qui commencent leur maturation.

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Acide Gibbérellique : L’agrandisseur

Les plantes produisent de l’acide gibbérellique pour stimuler la croissance et l’élongation des cellules : L’acide gibbérellique est produit à l’intérieur de la cellule et augmente l’effet de puits pour attirer le mouvement de photosynthates (aliments, sucres) à la cellule. La nourriture est nécessaire pour fournir de l’énergie et matériel pour la formation de cellules pour produire une expansion cellulaire (agrandir). Le transport des Auxines déclenche la synthèse de l’acide gibbérellique. Cela tend à élargir les cellules et à provoquer la croissance ou l’allongement prolongé d’entrenœud de la tige, ce qui est très favorable aux plantes où la masse des feuilles ou des pousses est recherchée, mais non favorable aux plantes cultivées et développées ou des tissus de stockage. L’acide gibbérellique est normalement stocké dans les nœuds où il augmente la taille des cellules et la viabilité reproductive des bourgeons qui se forment dans les nœuds. Cela explique pourquoi les bourgeons reproducteurs ont tendance à se former dans les nœuds. Si l’acide gibbérellique sort des nœuds, les nœuds seront moins productifs, la graine ou les fruits dans des nœuds, ils ne pourront pas cailler et peuvent avorter. En l’absence d’acide gibbérellique, les fleurs, les fruits, les tissus de petite taille ou de stockage peuvent être interrompus. L’acide gibbérellique aide à briser la dormance de la graine. L’acide gibbérellique agit en opposition à l’éthylène et à l’acide abscissique. L’acide gibbérellique réduit le processus de maturation et tend à maintenir le tissu végétal plus jeune et vigoureux.

Éthylène : le régulateur

L’éthylène est un gaz produit dans les cellules pour réguler le mouvement des hormones. L’éthylène se présente sous deux formes :

Éthylène Régulier (ou Physiologique)

Contrôler le mouvement des Auxines provenant de plusieurs cellules de la plante. Sans l’éthylène, tout le mouvement de l’aliment serait dirigé vers les nouveaux tissus méristématiques apicaux avec très

peu de mouvement vers les racines (tissus de stockage) ou les fruits en développement. Il signale la maturité reproductive et commence la floraison et la fructification. Il augmente à mesure que la plante vieillit pour commencer le processus de maturation. Stimule l’augmentation de l’acide abscissique pour transporter les tissus (graines, fruits et tissus de stockage) à la dormance. Cela facilite la sénescence (la mort des vieilles cellules), ce qui améliore la durée de conservation des parties récoltées de la plante.

Éthylène pour le stress

Il est produit dans des conditions de stress comme un signal pour la plante pour synthétiser les protéines protectrices pour aider à surmonter le stress modéré. En excès, l’éthylène dû au stress provoque une sénescence prématurée et la mort cellulaire.

Acide abscissique : le terminateur

L’acide abscissique est responsable de la maturité cellulaire et de la fin de la croissance cellulaire : L’acide abscissique est principalement produit dans les racines et se déplace rapidement vers le feuillage sous n’importe quelle forme de stress. Il ferme les stomates du feuillage pour préserver l’humidité, réduit le niveau des auxines, inhibe la division cellulaire dans le feuillage, mais pas dans les racines. L’acide abscissique favorise également la maturation, l’abscission et la dormance de la graine. Si les parties fructifères de la plante ne parviennent pas à mûrir, une germination prématurée des grains et des tubercules peut se produire et la qualité et la durée de vie après récolte des tissus récoltés seront gravement affectées

Pourquoi les hormones végétales et l’équilibre hormonal sont-ils si importants ?

Les hormones végétales affectent pratiquement tous les aspects de la croissance des plantes. La compréhension du fonctionnement des hormones et de la manière dont elles peuvent être manipulées

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permet de surmonter un nombre des facteurs de stress qui limitent le cycle naturel de la croissance des plantes et de l’expression des gènes. Les hormones végétales sont présentes à différents niveaux à différents stades de développement du cycle végétal.

Elles doivent être disponibles en quantité suffisante tout au long du cycle de vie de la plante pour maximiser l’expression des gènes. Les processus décrits au cours des divers stades de croissance de la plante peuvent se dérouler simultanément dans les différentes parties de la plante, en particulier dans les cultures continues, la fructification multiple ou la croissance indéterminée. Les hormones végétales doivent être synthétisées en permanence et régulées par les cellules au bout des racines de la plante. Maintenir et prolonger la croissance

saine des extrémités des racines est essentiel pour l’équilibre hormonal optimal nécessaire à une expression maximale des gènes.

Autres facteurs influant sur l’équilibre hormonal

Les niveaux d’hormones végétales changent en réponse au stress biotique ou abiotique pour deux raisons principales: • La coiffe racinaire surveille l’environnement et communique ces changements dans le reste de la plante en modifiant les quantités d’hormones présentes dans les tissus végétaux. Ce processus est appelé «signalisation». • Les enzymes qui produisent les hormones ont une température de fonctionnement optimale. Les hormones ne sont pas produites efficacement à des températures très élevées ou très basses. Les niveaux hormonaux sont également affectés par les cofacteurs : -Les nutriments : agissent comme des catalyseurs dans la synthèse et la perception des hormones. La capacité des racines à absorber les éléments nutritifs du sol dépend du pH du sol et de la présence d’agents chélateurs qui aident à maintenir les nutriments de la manière

dont ils peuvent être absorbés par la plante. - les Anti-oxydants: réduisent les radicaux d’oxygène pour protéger les membranes cellulaires, les enzymes et l’ADN, minimisant ainsi les dommages et le stress des cellules. - Les Complexes polyamines : stabilisent la structure cellulaire et augmentent la disponibilité et l’efficacité des nutriments. - Technologie N-HiB®: augmente la quantité d’azote aminé (NH2) efficace dans les économies d’énergie. N-HiB® permet une meilleure utilisation de l’azote qui maintient l’équilibre hormonal pour le contrôle de la croissance végétative excessive (addiction) et augmente la disponibilité des sucres. N-HiB® aide également à assainir les sols présentant une salinité et un compactage élevés, contribuant ainsi au maintien de l’équilibre hormonal.

L’ÉQUILIBRE HORMONAL EST ESSENTIEL POUR UNE PRODUCTION ÉLEVÉE

Sergio Aguilar DG Stoller Europe Pendant de nombreuses années, les agriculteurs du monde entier ont tenté d’obtenir les meilleurs rendements de leurs cultures en utilisant les outils nutritionnels mis à leur disposition. D’autre part, l’industrie des engrais a fait de gros efforts pour améliorer les produits offerts aux agriculteurs, en recherchant l’amélioration des formulations existantes et en identifiant de nouveaux produits offrant de grandes améliorations. Parallèlement, les sociétés produisant des pesticides (phytosanitaires) se sont développées également pour améliorer la capacité de l’agriculteur à faire face aux attaques d’insectes, de champignons, de bactéries et de mauvaises herbes. C’est à partir des années 90 que la société américaine Stoller identifie un domaine de connaissances agronomiques dans lequel les dernières découvertes et connaissances ne sont pas transférées à la réalité quotidienne des agriculteurs. Pour cette raison, la société Stoller a décidé d’étudier comment transformer toutes ces connaissances en produits efficaces, simples à gérer, avec une réelle capacité à résoudre

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les problèmes et les difficultés lors de la culture. Le système hormonal des plantes est, entre autres choses, un système fondamental de communication entre ses différentes parties. Ce sont les hormones qui, en tant que messagers chimiques, transportent des informations précieuses d’une partie à l’autre, permettant aux plantes de se développer avec un juste équilibre entre le système racinaire et la surface foliaire de la plante. Les 5 principaux groupes d’hormones naturelles sont les auxines, les cytokinines, les gibbérellines, l’éthylène et l’acide abscissique. Il est fondamental de considérer que ces hormones ont une présence presque permanente dans la plante entière, mais cette situation pourrait être assimilée à un chœur de voix dans lesquelles tous sont présents, mais tous ne présentent pas la même intensité à tout moment. En tout état de cause, les variations du niveau d’une hormone auront un effet sur les autres compagnons, car elles sont essentielles pour maintenir un équilibre correct à chaque moment de la récolte, de sorte que la plante puisse offrir son potentiel génétique et maximiser sa production. Chaque phase du développement de la plante nécessite un certain équilibre entre les 5 principaux groupes d’hormones, la préservation ou le retour de la plante à cet équilibre naturel optimal étant un besoin important pour les agriculteurs. Certains des problèmes les plus importants liés au manque d’équilibre nécessaire dans les différentes phases sont les suivants: -Peu de développement racinaire

-Croissance apicale excessive, allongement des entre-nœuds -Manque d’épaisseur dans les tiges, manque de surface des feuilles -Faible qualité de floraison et / ou manque de quantité de fleurs -Alternance de production -Chute excessive de fleurs ou de fruits -Avortement élevé de la nouaison -Manque de taille dans les fruits récoltés -Manque de sucre dans les fruits -Carences en calcium et en magnésium même lorsque la contribution de ces éléments au sol ou à la plante est élevée -Dépassement indésirable du moment de la collecte -Manque de couleur dans les fruits -Haute sensibilité aux ravageurs ou aux maladies Tous ces problèmes ont une racine physiologique, ils doivent donc être traités avec des produits dont la technologie repose sur la connaissance et l’application de la physiologie végétale. Ces produits étant beaucoup plus efficaces que les produits nutritionnels traditionnels ou les biostimulants à base d’acides aminés les polysaccharides, les acides fulviques et humiques ou les algues ... Stoller s’engage à continuer à rechercher et à apporter des solutions innovantes aux agriculteurs du monde entier. Le partage des connaissances et la possibilité pour tous les agriculteurs de connaître le «langage des plantes» font partie de nos valeurs. Ce n’est qu’en rétablissant et en maintenant le bon équilibre hormonal naturel chez les plantes que nous pouvons obtenir les meilleurs rendements. Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Maraîchage

Tomate du Souss

Fleuron de la production et des exportations marocaines Abdelmoumen Guennouni

Aujourd’hui, 95% de la tomate de primeurs est produite dans le Souss Massa Draa, la plus grande zone de production maraîchère au Maroc. Les succès enregistrés dans la culture et l’exportation de la tomate dans la région d’Agadir, sont dus à la conjonction de nombreux facteurs aussi bien externes que liés aux efforts fournis par les producteurs et exportateurs.

L

a région bénéficie de conditions très favorables, lui permettant d’assurer une production de primeurs dans de meilleures conditions

que la zone Nord. Ainsi : - les conditions pédoclimatiques 44

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sont très favorables : températures plus régulières, durée plus élevée d’ensoleillement, … - disponibilité de terrains - grande expérience des producteurs et de la main d’œuvre, - traditions de regroupement (coopératives, stations de condi-

tionnement), - opérateurs réceptifs et ouverts aux nouveautés, - infrastructures de conditionnement, de stockage et d’export, - présence importante d’ingénieurs et de techniciens aussi bien dans les structures de prowww.agri-mag.com


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Tomates de primeur au Souss

duction que chez les fournisseurs d’intrants, de matériel, etc. contribuant fortement à l’encouragement des avancées technologiques - meilleures capacités d’investissement et de financement des exploitations Sur le plan de la culture, actuellement, et tous les professionnels sont unanimes, la conduite de la tomate primeur a atteint un très haut niveau technique et ce à tous les niveaux : choix variétal, choix des installations et équipements, conduite des irrigations, fertilisation et protection phytosanitaire, sans oublier la gestion des ressources humaines, qualité et certifications, etc. Cependant, aujourd’hui le secteur est confronté à une nouvelle étape de son parcours du combattant puisqu’il se trouve devant une double difficulté : - hausse régulière des charges et baisse de rentabilité et de compétitivité, surtout face à des concurrents bénéficiant de soutiens directs et indirects de leurs autorités de tutelle - nécessité de procéder à de nouveaux investissements lourds et indispensable pour la modernisation de l’outil de production, sans qu’on ait une visibilité d’avenir, suf46

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fisante et encourageante Il s’agit donc de trouver un nouveau souffle pour tirer le secteur –essentiellement les producteurs petits et moyens- vers le haut en y mettant les moyens et dépasser les freins qui alourdissent la machine et que de nombreuses études pointent du doigt. On peut citer entre autres : - l’insuffisance des moyens affectés à la recherche appliquée et à l’encadrement technique, dans un secteur nécessitant une très haute technicité, - la difficulté pour les petits producteurs d’accéder au financement et par conséquent de réaliser les modernisations nécessaires, - organiser la profession de telle façon que l’intérêt de l’ensemble de la filière soit préservé au lieu d’actions spéculatives ponctuelles qui risquent de se refléter négativement sur le produit Maroc, Par ailleurs, des efforts d’adaptation du secteur sont nécessaires afin de répondre aux exigences d’un marché en perpétuelle évolution, de s’adapter à une législation européenne de plus en plus contraignante, de diversifier ses débouchés, etc.

Avenir : Faut-il être optimiste ?

La tomate primeur marocaine voit donc son avenir nécessiter un nouveau coup de fouet pour garder ses parts de marché et en conquérir d’autres. Dans un monde globalisé, où le Maroc a fait le choix de l’ouverture, il est nécessaire de trouver des solutions innovantes, de se doter d’outils performants afin d’apporter des réponses aux défis permanents qui se posent à ce produit phare des exportations marocaines et moteur du développement agricole et même industriel de la région d’Agadir et du pays. Il s’agit pour les producteurs d’œuvrer sur plusieurs plans : - améliorer la production et la qualité - mieux répondre aux préoccupations des consommateurs (même si elles diffèrent d’un client à l’autre, d’autant plus qu’elles évoluent constamment) tout en respectant l’environnement et la santé des producteurs et consommateurs - anticiper ou réagir intelligemment aux exigences des pays importateurs en adoptant des solutions adéquates pour respecter les normes et conditions qu’ils établissent www.agri-mag.com


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- améliorer leur compétitivité et trouver des parades aux mesures protectionnistes et barrières non tarifaires érigées régulièrement par les pays importateurs - conforter leur place sur les marchés traditionnels et en conquérir de nouveaux, ainsi que de nouveaux segments et niches en assurant une présence plus régulière, avec une qualité et des volumes constants afin de rester compétitifs et rester dans la course.

Sur le plan de la production

Les techniques ne cessant d’évoluer il est nécessaire d’adopter celles qui permettent de répondre aux besoins cités plus haut. Une partie de ces techniques est déjà installée chez certains producteurs qu’il s’agit de les prendre comme exemple. Pour l’ensemble des producteurs, il s’agit, en adoptant les améliorations techniques, de suivre ces producteurs à la pointe de même qu’il est obligatoire de se regrouper (en coopératives ou sociétés) faute de quoi ils sont condamnés à disparaître. Pour preuve, les nombreux petits producteurs qui ont abandonné, entrainant une concentration de la production et de l’export. Ainsi, on est passé de 120 stations

qui exportaient 90.000 t à une vingtaine de stations aujourd’hui atteignant 450.000 t’’. De même qu’il est dépassé le temps où les producteurs pouvaient opérer séparément aussi bien pour leur production que dans le domaine de la commercialisation, face à une concurrence de plus en plus structurée et organisée des pays du bassin méditerranéen. Le niveau technique de la production de tomate sous abris commence à atteindre sa vitesse de croisière et les possibilités d’améliorer la production en quantité et qualité commencent à manquer. Ceci pousse les agriculteurs à chercher des nouveautés pour améliorer encore plus un processus de production : Améliorer les abris serres Des spécialistes estiment qu’une modernisation du parc de serres au Maroc permettrait de mieux maîtriser les paramètres de production, grâce à des outils tels que le chauffage, les écrans thermiques, l’aération forcée, le contrôle des températures ou l’hygrométrie. Ainsi, le royaume se doit de rester dans la course, en assurant, grâce à des serres plus adéquates, une présence plus régulière sur les marchés, avec des volumes et une qualité constants

afin de rester compétitifs. Cependant, on constate que le coût de ces installations reste encore un frein majeur à la mutation vers la serre moderne. Les producteurs ont invité à plusieurs reprises les représentants de l’Etat à considérer les possibilités de soutien financier à ce type d’investissement. Toutefois, il est patent que, si cette mutation semble inévitable, elle devrait prendre encore du temps au Maroc. L’alternative la plus recommandée reste la serre multi-chapelle en acier qui a fait ses preuves dans d’autres pays. Contrairement aux serres canariennes rudimentaires, elles présentent une technologie de construction assez avancée et sont par conséquent plus coûteuses (en général 3 fois plus chères). La décision de l’acquisition de ces serres doit se baser sur l’analyse du coût d’installation élevé par rapport aux retombées positives en relation avec les atouts de commercialisation. Selon un producteur du Souss, le changement des structures devra être graduel, mais ne pourra certainement pas se mettre en place sans une implication du ministère de tutelle au travers de subventions et des établissements de crédits qui devront permettre un accès facile au financement avec des taux préférentiels. En effet, vu l’importance de l’investissement, le producteur ne pourra prendre seul à sa charge une telle reconversion. Développer l’hors sol L’un des problèmes majeurs auxquels fait face la culture de la tomate sous abris serres est celui des ravageurs et maladies du sol. La solution radicale adoptée précédemment et qui consistait en un traitement du sol au bromure du méthyle, n’est plus possible depuis l’interdiction de son utilisation. La recherche des alternatives au bromure de méthyle a fait ressortir de nombreuses solutions comme la solarisation, la biofumigation et l’utilisation d’autres produits nématicides. Ces derniers

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Tomates de primeur au Souss s’étant avérés peu efficaces pour assurer une protection de la tomate. Aujourd’hui, les maraîchers s’orientent de plus en plus vers les cultures en hors sol, en pleine expansion, afin de faire face aux problèmes telluriques et améliorer davantage la qualité de la production. Au début, cette technique était handicapée par son coût et par la difficulté de choisir entre les nombreux substrats (laine de roche, fibre de coco, sable, …) avec leurs avantages et inconvénients respectifs. Actuellement, le hors sol devient de plus en plus intéressant techniquement (meilleure connaissance

des substrats, …) et économiquement (rapide retour sur investissement), mais souffre encore du manque de maitrise de la conduite de la tomate sous cette technique nouvelle pour un grand nombre de producteurs. Aujourd’hui cette technique concerne surtout les variétés de tomate à forte valeur ajoutée (tomate cerise, cocktail et plum). A signaler que le hors sol, bien maitrisé, apporte de nombreux avantages sur le plan de la production comme l’homogénéité des fruits, leur qualité, économie d’eau et d’engrais, moins d’écarts, rallongement de la période de production, … Cependant, trois principales contraintes lui font face : - maitrise de la conduite : vu le faible volume de substrat toute erreur de conduite risque d’avoir des conséquences fâcheuses, d’où la nécessité d’une technicité élevée - coût du système : les substrats organiques sont importés et reviennent cher au producteurs, de même les substrats locaux ne sont pas encore bien étudiés et même le sable (qu’on trouve partout au Maroc) n’est pas forcément du type adéquat - effet sur l’environnement de certains substrats non biodégradables Il est nécessaire d’encourager les petits producteurs dans cette voie et de renforcer les études de tous les aspects à même de permettre l’utilisation de produits locaux, disponibles et moins couteux

Eau et irrigation

La région connait depuis plusieurs années des difficultés croissantes concernant l’approvisionnement en eau d’irrigation (affaissement de la nappe, etc.) qui a conduit, dans certaines régions à l’arrêt de la production chez nombre de producteurs. Pour contribuer à résoudre ce problème, un projet de dessalement de l’eau de mer pour 50

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l’agriculture et l’eau potable est en cours. Les concernés espèrent que les quantités et les prix soient encourageants.

Autres axes de développement

Certains types de production nécessitent qu’on leur accorde plus d’intérêt en raison de l’engouement qu’elles suscitent auprès des consommateurs comme la production biologique de la tomate (différents segments), l’économie solidaire, … en prenant en compte les droits sociaux des ouvriers tout au long de la chaine. De même, il est primordial d’accorder plus d’intérêt à la normalisation et l’organisation du marché local comme volet complémentaire au secteur d’exportation. Concernant l’encadrement, il est nécessaire de mieux organiser la production en procédant à une orientation des agriculteurs pour éviter la surproduction dans un segment au détriment d’un autre, de même que sur le plan commercial les conseiller sur les programmes de culture à adopter, les calendriers de plantation, de commercialisation, les marchés, … afin d’éviter la concurrence maroco-marocaine et pouvoir faire face à des concurrents mieux structurés, protégés et organisés, et de plus en plus agressifs. Cependant, malgré le haut niveau atteint par les producteurs-exportateurs marocains en termes de techniques de production, de valorisation et de commercialisation, nul ne doute qu’il y aura toujours des défis à relever et des difficultés à surmonter dans l’avenir : fluctuations de l’économie mondiale, réglementation de plus en plus rigoureuse (sécurité, traçabilité), concurrence, évolution des modes de consommation… D’où l’importance pour la profession d’anticiper en permanence les attentes des consommateurs et de se doter des outils nécessaires pour faire face à l’ensemble de ces mutations. www.agri-mag.com


L’exportation de la tomate marocaine doit faire face à de nombreuses difficultés, parmi lesquelles les barrières tarifaires et non tarifaires que ne cessent de dresser les pays importateurs pour protéger leur propre production nationale ou celle des pays membres, dans le cas de l’UE (préférence nationale ou communautaire). Ces mesures contredisent la mondialisation prônée par l’OMC et les exhortations de ces mêmes pays (développés) aux autres contrées (tiers monde) pour l’ouverture sans conditions de leurs marchés. Les nombreux plafonnements par le jeu des restrictions telles les rétrécissements des calendriers, fixation des contingents, tonnages et prix, les normes sanitaires qui n’ont cessé d’évoluer, les multiples certifications, les clauses politiques, ainsi que d’autres qui vont venir dont

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l’empreinte et le bilan carbone, etc. ces normes, et de l’aveu même de nombreuses sources européennes, ne sont pas appliquées aussi strictement aux producteurs européens qu’aux exportations marocaines. Dernièrement les agriculteurs espéraient que des négociations avec l’UE permettraient d’améliorer un peu les choses, mais à en croire les informations qui circulent, l’ordre du jour ne permet pas d’en espérer des améliorations dans les conditions de l’export. Les autorités marocaines de tutelle et les exportateurs doivent donc établir une vision à long terme permettant une visibilité suffisante pour que les opérateurs puissent s’engager avec une relative confiance dans l’avenir d’un produit qui concentre autant l’attention que la tomate primeur d’exportation.

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Phyto protection

Principales maladies fongiques de la tomate Les changements climatiques que connaît le Maroc, l’un des pays qui seront les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique, auront sans aucun doute un effet sur les parasites et maladies des plantes de la même façon qu’elles affectent des agents de maladies infectieuses de l’homme. En d’autres termes, l’éventail de maladies et de ravageurs attachés à la culture de tomate peut s’élargir et de nouvelles combinaisons de ravageurs et de maladies pourraient apparaître de manière non prévisible à certaines époques de l’année face à des températures et des profils de précipitations inhabituels. Toute augmentation de la fréquence ou de la gravité des événements météorologiques extrêmes, tels que la sécheresse, les vagues de chaleur, les orages, les inondations, pourrait également perturber les relations prédateur-proie qui, normalement, régulent les populations de ravageurs. L’effet du climat sur les maladies et ravageurs peut s’ajouter à l’effet d’autres facteurs tels que l’usage non raisonné des pesticides et la perte de biodiversité et contribuer à la résurgence de certaines épidémies, de maladies et de ravageurs. La culture de la tomate, en général, et celle conduite sous serre en particulier, est sujette à la pression de plusieurs maladies et ravageurs qui impactent considérablement les rendements. Particulièrement difficiles à maîtriser en raison du caractère explosif de l’épidémiologie, ces maladies des légumes nécessitent une protection suivie de la culture, dès que les conditions climatiques leur sont favorables. Pour les tomates sous abris, la généralisation du recours au filet insect-proof à faibles mailles pour augmenter l’étanchéité des abris serres suite à l’émergence dans le passé de nombreuses maladies et ravageurs, a sérieusement compliqué la lutte contre les maladies cryptogamiques aériennes, dont le contrôle dépend, entre autres, d’une aération adéquate à l’intérieur des serres. De ce fait, dans des conditions de forte humidité, les fortes proliférations de maladies comme la pourriture grise et le mildiou, deviennent très difficiles à contrôler avec une liste de plus en plus restreinte de produits autorisés. Conséquence : les agents pathogènes développent des résistances aux quelques molécules utilisées. De l’avis des professionnels, la gestion phytosanitaire des cultures est une tâche qui devient de plus en plus ardue et qui doit reposer sur la connaissance précise de chaque ennemi. L’objet de cet article est de décrire brièvement les maladies cryptogamiques aériennes les plus courantes sur tomate en période hivernale, ainsi que les stratégies de lutte actuellement utilisées.

Le mildiou de la tomate Phytophtora infestans, agent responsable du mildiou sur plusieurs solanacées comme la pomme de terre, l’aubergine, le poivron, affecte surtout les tomates de plein champ, mais peut se développer dans les abris-serres au climat mal maîtrisé. Ce champignon présente une grande diversité génétique avec des niveaux de virulence différents selon les souches. Le mildiou est particulièrement redouté car son expansion sur tout ou partie de plante peut être fulgurante. Les dégâts peuvent être très importants si l’attaque est mal contrôlée.

Ses symptômes

Il est très important de pouvoir repérer les premiers signes de la présence du mildiou dans la parcelle en réalisant des prospections régulières. Les symptômes concernent aussi bien les feuilles que les tiges et les fruits : Sur les feuilles : il forme de larges

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tâches, d’abord jaunâtres, puis brunes estompées. Le centre se dessèche rapidement, alors que, si les conditions sont favorables, le pourtour reste clair et huileux sur la face supérieure et couvert d’un duvet blanchâtre sur la face inférieure. Ce feutrage est constitué par les sporangiophores qui se développent au dessous du limbe et portent de nombreux sporanges. Le

Mildiou débute souvent sur les feuilles basses en contact avec le sol, puis il s’étend rapidement à l’ensemble du feuillage. Sur les tiges : on observe, s’étendant de haut en bas, des taches mates, noires, accompagnées d’une nécrose tissulaire qui a pour conséquence l’étranglement du plant.

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Phyto protection en présence d’eau et perdent rapidement leur viabilité lorsque l’HR est < à 80%. Le Mildiou de la tomate peut être considéré comme un exemple tout à fait typique d’une maladie à caractère épidémique. A partir des premiers pieds malades, la maladie s’étend rapidement aux pieds voisins.

Conditions favorables à son développement

P. infestans se développe à la faveur de périodes prolongées humides (épisodes pluvieux, brouillards, rosées prolongées…) accompagnées de températures douces entre 10 et 25°C. A l’inverse, son développement est inhibé en périodes sèches ou journées de vents accompagnées de fortes températures (>30°C).

Conservation, sources d’inoculum, dissémination

Sur les bouquets floraux, la maladie peut provoquer des brunissements puis la chute de nombreuses fleurs. Sur fruits : la contamination a lieu généralement lorsque les fruits sont encore verts tout en ayant acquis leur taille définitive. On remarque au niveau de l’insertion du pédoncule ou à un emplacement quelconque, une tache brunâtre marbrée, irrégulièrement bosselée en surface, à marque huileuse s’étendant rapidement. Sous cette tache, la chair du fruit n’atteint pas sa maturité. A l’épluchage, elle reste adhérente à la peau. La pourriture des tomates sous l’influence du Mildiou se complique par suite de l’intervention de divers champignons saprophytes et de bactéries. Elle est quelquefois à l’origine de pertes considérables.

Conditions de développement

P. infestans se conserve dans le sol et se dissémine par le vent et la pluie. Son développement est fortement influencé par la température et l’humidité et la contamination a lieu en présence d’eau libre et de températures comprises entre 18 et 22 °C. L’apparition des sporangiophores exige 100% d’humidité relative pendant au moins 8 h. Les spores germent uniquement 54

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Les modalités de conservation d’une saison à l’autre du mildiou de la tomate sont encore mal connues. Elles dépendent beaucoup de la spécialisation parasitaire des souches. P. infestans se conserve sous des formes variables selon les cultures sensibles (Solanacées cultivées ou sauvages) présentes dans les zones de production : oospores ou mycélium. La dissémination des sporanges formés par le mycélium ou les oospores est assurée par le vent, les pluies. L’utilisation de graines ou de plants contaminés est également un autre mode de dissémination de la maladie.

Moyens de lutte contre le mildiou de la tomate Mesures prophylactiques

· Rotation culturale recommandée (au moins 3 années) · Eviter les parcelles à proximité de plantations d’autres solanacées ou celles mal drainées ou trop pourvues en matière organique. · Contrôler la qualité des plants avant plantation. · Prendre toutes les mesures permettant d’éviter l’excès d’humidité (aérer au maximum les abris, privilégier le système d’arrosage au goutte à goutte, …). Raisonner la fertilisation (éviter les excès, privilégier la fumure organique). Favoriser une bonne aération de la végétation (densité de plantation réduite, bonne orientation des buttes). Le paillage aussi contribuerait

à réduire le risque mildiou. · Eliminer les adventices sensibles à la maladie ainsi que le maximum de débris végétaux en fin de culture. Enfouir profondément les résidus de culture dans le sol.

Gènes de résistance

Il existe plusieurs gènes de résistance à P. infestans. A titre d’exemple, le gène Ph-2 est disponible dans des variétés commercialisées, mais son efficacité reste relative. En effet, la résistance n’est que partielle, c’est-à-dire qu’elle ne fonctionne que vis-à-vis de certaines souches de Phytophtora infestans. En pratique son intérêt sur le terrain est limité. Afin d’assurer la durabilité de cette résistance, il est généralement conseillé de pratiquer une lutte chimique complémentaire pour pouvoir garder sur le long terme les avantages de cette lutte génétique. La sélection est active sur ce problème et s’oriente vers l’introduction de résistances polygéniques présumées plus durables qui ont été identifiées dans les espèces sauvages apparentées à la tomate.

Lutte chimique

Il est très important de réaliser un suivi régulier des parcelles et suivre l’évolution de la maladie quand elle se déclare. Ceci dans l’objectif de protéger les plants le plus tôt possible afin d’empêcher le mildiou de s’installer. Des traitements préventifs sont indispensables en pépinière et en cours de culture durant les périodes à risque. Ils restent le moyen de lutte le plus efficace. A noter que pour adapter au mieux le positionnement des fongicides, les programmes de traitements doivent être élaborés en fonction du contexte local. En fonction du ou des stades de développement du mildiou sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes d’action et modes de pénétration dans la plante adéquats : préventif et/ ou anti-sporulant et/ou à rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique. Il faut également prendre en considération la polyvalence des produits pour lutter également contre l’alternaria. En période à risque, le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser les 7 à 14 jours selon les produits utilisés. Il est également important de veiller à alterner les modes d’action des fongicides pour prévenir les risques de résistances. www.agri-mag.com


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Phyto protection

Botrytis de la tomate

La pourriture grise des conditions humides Avec le Mildiou, l’Oïdium, les Alternaria et la Cladosporiose, la Pourriture Grise est l’une des cinq maladies les plus courantes sur tomate. Elle est provoquée par Botrytis cinerea, causant une moisissure grise sur les différents organes de la plante, d’où son nom. Ce champignon est un parasite dit « de faiblesse » et « de blessure » qui s’installe très souvent quand la tomate est affaiblie ou à partir d’une blessure de la plante. Il est responsable de pourritures et de taches fantômes sur fruits, de taches foliaires, de chancres sur tiges, de pourritures racinaires et de fontes de semis. B. cinerea est également responsable de pourriture lors du transport et de la conservation.

C

e champignon cosmopolite à large gamme d’hôtes qui touche pratiquement toutes les parties de la plante (feuilles et folioles, tiges, fleurs, fruits jeunes et murs, et même en post récolte). Favorisé par le manque de lumière, il s’attaque de préférence aux tissus jeunes et tendres qui nécessitent moins de spores pour déclencher la maladie. Le botrytis peut provoquer des dégâts importants aussi bien en pépinière sur jeunes plants qu’en culture de plein champ. Il est particulièrement dangereux en culture de tomates sous abri, surtout en hiver et début de printemps. Les dégâts qui concernent les différents organes de la plante (collet, feuilles, tiges et fruits) peuvent engendrer des pertes significatives, tant en rendement en raison du flétrissement de la plante, qu’en qualité, avec des fruits très dépréciés. Il provoque en moyenne des pertes estimées à 10% de la production.

Conservation et dissémination

Botrytis cinerea se conserve sous forme de mycélium sur les débris de végétaux infestés et dans le sol (matière organique décomposée à la surface du sol ou dans le sol). Les conidies sont disséminées par l’eau, le vent et les outils de travail. Ce champignon est responsable de pourritures et de taches fantômes sur fruits, de taches foliaires, de chancres sur tiges, de pourritures racinaires et de fontes de semis. Il est également responsable de pourriture lors du transport et de la conservation. L’attaque des fleurs, fruits, tiges commence généralement par les organes sénescents (pétales, sépales) et par les blessures causées lors de l’effeuil-

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lage, de l’ébourgeonnage. Par temps froid et humide, le champignon produit un grand nombre de spores de couleur grise (d’où le nom de pourriture grise) qui assurent la dissémination de la maladie. Le développement de la maladie est favorisé par une humidité relative supérieure à 90%, des températures comprises entre 17 et 23°C et une mauvaise aération des serres. A noter que quand son symptôme le plus caractéristique ‘‘la sporulation’’ apparait, la maladie est déjà bien installée. Il faut donc réussir à l’identifier bien avant cette phase et sans possible confusion avec d’autres maladies fongiques. Ainsi, dès la fin de l’automne, les producteurs doivent surveiller attentivement les symptômes et se préparer pour réagir à temps puisqu’il s’agit d’une maladie omniprésente. En effet, avec la germination très rapide des spores (germination et pénétration dans la plante dans les 5 à 8 heures), le champignon ne laisse qu’un temps de réaction réduit aux producteurs.

Symptômes et conditions favorables

L’un des indices caractéristiques qui permettent de détecter la présence du botrytis est l’augmentation de la coulure des fleurs, qui affecte considérablement le potentiel de rendement, que ce soit en plein champ ou sous serre. Il y a aussi la tâche en flamme sur les folioles qui s’étend ensuite à l’ensemble de la feuille. Sous serre, l’attaque sur tige commence généralement par les chicons (bout de feuille ou de bourgeons qui restent après les opérations culturales). Les sclérotes (formes de conservation du champignon), souvent négligés par les producteurs, sont des sources importantes de démarrage de

la maladie. Le botrytis se développe principalement en saison humide. Mais une forte densité de plantes ou des plantes vigoureuses peuvent créer un microclimat favorable aux attaques sur tiges ou sur feuilles en maintenant de la fraicheur sous leur feuillage. Par ailleurs, les conditions favorables à la culture le sont également au parasite et l’état physiologique de la plante influe grandement sur le degré d’infestation d’où l’importance d’assurer une bonne conduite et d’éviter les pratiques favorables au développement de la maladie : • Excès d’azote en fertilisation, • Blessures et piqûres d’insectes non traitées (portes d’entrée), • Désinfection incomplète avant installation de la culture et manque d’entretien, • Présence de cultures légumières sensibles à proximité, • Atmosphère confinée (manque d’aération, fortes densités de plantation et insuffisance de drainage), • Moyens de dissémination : irrigation, pulvérisation, outils (sécateur et couteaux) et ouvriers, • Les techniques de conduite provoquant des plaies, même superficielles, telles que le «couchage» des plantes, favorisent les attaques de botrytis, • Tout organe, feuilles ou fleurs, en contact avec le sol est une porte d’entrée pour le botrytis. Le pathogène peut ensuite contaminer l’ensemble de la plante

Méthodes de lutte

Le botrytis fait partie de ces maladies qui nécessitent toujours une stratégie de lutte intégrant plusieurs facteurs et les professionnels recommandent, pour un meilleur résultat, la

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combinaison de toutes les méthodes de lutte disponibles : 1- Méthodes prophylactiques et culturales L’élimination des débris végétaux et la protection des blessures sont indispensables. Dans les abris serres, l’humidité de l’air doit être réduite par une aération adéquate. Parmi ces méthodes il est préconisé de : - Désinfecter les structures des serres - Empêcher l’infection initiale (l’introduction de Botrytis dans la serre) - Surveiller tôt les symptômes (dès fin automne et jusqu’à la mi‐ printemps). - Assurer une bonne circulation de l’air et éviter l’ombrage (densité de plantation, effeuillages, ébourgeonnage, fermeture des serres la nuit et ouverture le jour…). - Éviter les opérations de pulvérisation à la fin de l’après‐midi et les jours nuageux - Éviter la stagnation d’eau - Eliminer les plantes fortement infectées - Traiter les lésions limitées sur les tiges à un stade très précoce en raclant les tissus et appliquant une pâte fongicide (si les lésions sont graves et ne peuvent être traitées, les plantes attaquées doivent être éliminées) - Elaguer en début d’après‐midi (pour permettre aux plaies de sécher). - Envelopper les tissus infectés dans de papier journal mouillé (pour éviter la dissémination des spores) - Désinfecter les sécateurs et couteaux (éthanol ou eau de javel, après chaque plant élagué, prévoir des sécateurs de rechange) - Fermer, évacuer les poubelles (enterrer ou incinérer les résidus de culture). - Considérer la direction du vent (au moment de décharger les déchets) 2- Génétique : Pour l’instant il n’y a que des résistances partielles. 3- Lutte biologique : Utilisation de certains champignons antagonistes : Trichoderma spp., Coniothrium spp., Gliocladium spp., etc. 4- Lutte chimique : La lutte contre la pourriture grise sur tomate est essentiellement chimique et c’est la méthode la plus fiable à condition d’être bien raisonnée. En effet, pour continuer à bénéficier des bonnes molécules le plus longtemps possible, il faut bien gérer les choix et les interventions pour éviter le développement de résistances. Les professionnels recommandent de choisir les produits à action anti‐botrytis unisites et multisites, à utiliser préventivement de préférence. Les fongicides ne doivent jamais être utilisés au dessous des doses et couvertures recommandées (quantité de bouillie). Les producteurs doivent opter pour des fongicides offrant un bon profil IPM (préservation des auxiliaires, bourdons et abeilles) et un DAR réduit. Ces produits doivent être utilisés dans un programme de lutte intégrée, en alternance avec d’autres spécialités. A noter que certains produits assurent même une bonne protection contre le botrytis au-delà des champs durant la phase post-récolte. Il s’agit d’un avantage de taille pour les producteurs-exportateurs qui cherchent à ce que la qualité de leur tomate se maintienne tout au long de la chaine des valeurs (stockage, transport, étals, chez le consommateur) avec moins de pertes pour tous les maillons, tout en répondant aux normes de sécurité. Il s’agit d’un avantage que les exportateurs peuvent mettre en avant auprès de leurs clients qui cherchent à conserver les tomates le plus longtemps possible. Les exportateurs cherchent aussi des produits qui offrent un bon profil foodchain avec des LMR établis en Europe et dans le monde. www.agri-mag.com

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Agrumes

L’évolution des agrumes revisitée Une étude internationale, impliquant le Cirad et l’Inra, publiée dans la revue Nature le 7 février 2018, révolutionne les classifications botaniques des agrumes. Ces travaux mettent en évidence dix espèces vraies d’agrumes, dont quatre sont à l’origine des variétés cultivées modernes telles que les orangers, mandariniers, pamplemoussiers, pomelos, cédratiers, citronniers et limettiers. Ces connaissances ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’amélioration variétale pour ces fruits les plus cultivés au monde.

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oursuivant l’effort du consortium international de génomique des agrumes qui avait produit la séquence génétique de référence des agrumes en 2014, des équipes scientifiques espagnoles, américaines et françaises, du Cirad et de l’Inra, se sont associées pour analyser l’évolution du genre Citrus et des genres apparentés. En s’appuyant sur des données de re-séquençage complet du génome de 60 variétés et formes sauvages, représentatives de la diversité des agrumes, les scientifiques ont proposé un nouveau modèle évolutif du genre Citrus. Celui-ci remet cause les systèmes taxonomiques élaborés pour les agrumes dans les années 60, expliquant encore aujourd’hui l’existence de trois classifications botaniques différentes pour les agrumes.

Deux étapes de radiation remettent en cause les frontières du genre Citrus

Les travaux de phylogénomie menés dans cette étude ont révélé dix espèces vraies parmi les 60 variétés analysées. Ces dix espèces sont issues d’une évolution vieille de 8 millions d’années, dans laquelle les scientifiques distinguent aujourd’hui deux grandes étapes de diversification évolutive : la première en Asie à la fin du Miocène, entre 6 et 8 millions d’années, et la seconde en Australie au début du Pliocène, il y a environ 4 millions d’années. La première étape pourrait être liée à un affaiblissement dramatique des moussons en Asie à cette période. Elle a conduit à la séparation en huit embranchements dont quatre espèces ancestrales à l’origine des agrumes cultivés. La seconde étape, quant à elle, est à l’origine de trois espèces de lime australienne.

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Quatre espèces ancestrales à l’origine des grands groupes d’agrumes modernes

Quatre de ces dix espèces vraies, C. reticulata, C. maxima, C. medica et C. micrantha , correspondent à quatre groupes d’agrumes modernes, qui sont respectivement : les mandariniers, les pamplemoussiers, les cédratiers et un papeda connu sous le nom de Biasong dans les Iles du Sud des Philippines dont il est originaire. Ces quatre espèces ancestrales ont ensuite généré par hybridations interspécifiques naturelles la plupart des variétés cultivées dont les orangers, les pomelos, les citronniers et les limettiers. Certains groupes, comme les bigaradiers, le « Rough lemon » et le limettier « Rangpur », le limettier « Mexicain », sont issus d’hybridations directes entre ces quatre espèces ancestrales, respectivement : C. maxima x C. reticulata, C. reticulata x C. medica, C. micrantha x C. medica . D’autres, comme les citronniers, orangers, pomelos résultent d’évolutions plus complexes (impliquant des recombinaisons interspécifiques). « Le citronnier par exemple serait issu d’une hybridation entre le bigaradier et le cédratier ; le pomelo d’une hybridation entre pamplemoussier et oranger » , explique Franck Curk de l’Inra. « L’oranger, quant à lui, présente une structure complexe issus du mélange de deux espèces ancestrales, C. reticulata et C. maxima. Son origine exacte n’est pas encore claire » , complète Patrick Ollitrault du Cirad. « Contrairement aux cédratiers et pamplemoussiers modernes qui apparaissent comme de purs représentants des espèces C. medica et C. maxima, tous les mandariniers cultivés renferment des parties de leur génome provenant du pamplemoussier. Ces introgressions naturelles pourraient avoir joué un rôle majeur dans la domestication des mandariniers en modifiant la synthèse de certains acides notamment, rendant ainsi leurs fruits plus appréciés. » précise Franck Curk.

Vers des stratégies d’amélioration variétales plus innovantes

Au-delà de l’identification des espèces ancestrales, parentes des agrumes cultivés, cette étude a permis de décrypter, tout au long du génome, l’origine des différents fragments chromosomiques des agrumes. Ce sont sur ces structures complexes que reposent largement les caractères essentiels qui font la typicité d’une orange, d’un pomelo, d’un citron ou d’une lime. Alors que jusqu’ici l’amélioration conventionnelle (par croisements sexués) de ces variétés cultivées paraissait impossible, la connaissance fine des espèces ancestrales et de leurs structures ouvre la voie à des stratégies d’amélioration innovantes. « Ces connaissances nous permettent de mieux cibler les parents des futures variétés. Il s’agit, lors des croisements, de reconstruire ces structures, à partir de la diversité des espèces ancestrales ou de groupes horticoles intermédiaires. Une telle stratégie est d’ores et déjà développée par le Cirad et l’Inra pour la diversification des limettiers en Corse et en Guadeloupe » , révèle Patrick Ollitrault.

Un Centre de Ressources Biologiques «Agrumes» en Corse pour appuyer la recherche et le développement L’Inra et le Cirad (France) s’appuient pour leurs recherches sur l’une des quatre plus importantes collections d’agrumes au monde. Présent à San Giuliano en Corse, ce Centre de Ressources Biologiques comprend plus de 1100 variétés cultivées sur 14 ha et provenant d’une cinquantaine de pays. C’est la plus riche en diversité de mandariniers. Il s’agit d’un outil précieux pour développer des recherches qui vont de la génomique à la sélection participative de nouvelles variétés d’agrumes avec les acteurs des filières méditerranéennes et tropicales. Les nouvelles variétés doivent répondre aux exigences du marché et aux contraintes des filières affectées par de nouvelles maladies (comme le Huaglongbing) ou ravageurs, et par des épisodes de sècheresse et de salinisation des sols, s’accentuant avec le changement climatique. Ces recherches ont un impact à la fois local, régional, national et international. La production d’agrumes est en effet l’une des productions fruitières les plus importantes au monde, avec 125 millions de tonnes annuelles réparties sur les cinq continents. www.agri-mag.com


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Phytoprotection

TOMATE

Maintenir les acariens tétranyques à un niveau tolérable

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ne bonne surveillance est essentielle pour parvenir à détecter et à traiter précocement l’infestation par les tétranyques. Lorsque l’acarien de la tomate est détecté sous serre, des mesures appropriées doivent être prises, notamment le retrait des plants ou des parties de plants touchés. Il est important de s’assurer également de l’absence de plantes hôtes potentielles dans la serre entre les cultures. Un nettoyage en profondeur à l’intérieur et à l’extérieur de la serre contribuera à réduire l’incidence et la propagation de l’acarien de la tomate. Plusieurs méthodes de protection sont préconisées pour contrôler le développement des acariens sur la tomate :

Prophylaxie et mesures préventives

· Désherber la serre et les abords de la parcelle de tomates ; · Contrôler la qualité sanitaire des plants avant et durant leur introduction dans l’abri; · Des inspections régulières des plantes sont requises pour détecter les infestations précoces, avant que les populations de tétranyques ne prolifèrent. Poursuivre la surveillance tout au long de la culture ; · L’excès de fumure, notamment azotée, favorise le développement de la culture et donc des acariens ; · Utiliser des insectes auxiliaires, si possible ; · Raisonner la protection chimique, en particulier en cas d’utilisation des auxiliaires : s’assurer de la compatibilité avec la

lutte biologique des produits utilisés aux différents stades de croissance ; · La pulvérisation d’eau en brouillard sur les plants et l’élévation des niveaux d’humidité contribuent à éradiquer les populations de tétranyques. Ainsi, à 20 °C et à 36 % d’humidité relative, les femelles pondent environ sept œufs par jour, alors qu’à 95 % d’humidité relative, elles pondent environ 30 % moins d’œufs ; · Désinfecter le matériel utilisé en serre (système goutte-à-goutte, caisses…). Les tétranyques se conservent dans le sol, les tiges creuses, les raccords de tuyauterie, les fissures et les crevasses. Les acariens redeviennent actifs entre la fin de l’hiver et le début du printemps dans la nouvelle culture ; · Eviter d’implanter des cultures attractives près des serres (framboises, haricot, cucurbitacées, etc.). · Traiter les plantes en fin de saison de culture, avant arrachage en cas de présence de populations élevées de ravageurs, pour éviter autant que possible les infestations au démarrage de la culture suivante. Traiter également les parois des abris, les poteaux, les allées bétonnées avec un insecticide ou un acaricide de contact.

Lutte chimique

En raison de leur capacité de reproduction massive, les tétranyques développent rapidement une résistance aux pesticides. Pour réprimer efficacement les populations à l›aide d’acaricides, les recommandations suivantes peuvent être appliquées : · Diriger le jet sous les feuilles, là où se re-

groupent normalement les tétranyques ;

· Une bonne couverture des surfaces est

essentielle pour lutter efficacement contre les tétranyques ; · Dans les zones densément infectées, appliquer de fortes pressions de jet pour atteindre les acariens et les œufs sous la toile ; · Utiliser autant que possible des options de lutte autres que chimiques, afin d’éviter l’acquisition de résistances aux pesticides par les tétranyques. En cas d’attaque, les acaricides spécifiques homologués permettent de limiter les pullulations. Chimiquement, l’intervention à l’aide de produits acaricides a pour but de maintenir les acariens à un niveau économiquement tolérable. Elle n’a donc lieu que lorsque les moyens naturels de limitation sont insuffisants. Une pulvérisation très soignée est alors réalisée au moment opportun avec un acaricide spécifique peu nuisible à la faune auxiliaire. Les acaricides recommandés visent les formes mobiles ou les œufs. Il est donc conseillé d’utiliser deux produits ou de renouveler l’acaricide adulticide cinq jours après pour atteindre les nouveaux nés.

Lutte biologique

La clé du succès est d’intervenir rapidement sur les foyers naissants. Des acariens prédateurs ont le potentiel d’éradiquer l’acarien de la tomate. La lutte biologique contre les tétranyques est possible avec les acariens prédateurs : Phytoseiulus persimilis. Amblyseius californicus, Amblyseius fallacis Amblyseius andersoni Ou d’autres prédateurs : Feltiella acarisuga : est une cécidomyie à galle, petite mouche prédatrice qui pond ses œufs sur les feuilles infestées par les tétranyques. Stethorus punctillum : est une petite coccinelle noire (d›environ 1,5 mm; figures 19 et 20), qui se nourrit essentiellement de tétranyques. Cependant, il serait plus judicieux d’adopter une approche intégrée incluant la surveillance, des pesticides biocompatibles homologués et des lâchers d’acariens prédateurs sur les plants qui présentent des symptômes.

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Deux en Un La solution intelligente contre les acariens et la mouche blanche

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Cultures

Ravageurs

Doses

D.A.R

Tomate

Acariens

60 ml/hl

3 jours

Tomate

Mouche blanche

60 ml/hl

3 jours

Poivron

Mouche blanche

60 ml/hl

3 jours

Haricot vert

Mouche blanche

60 ml/hl

3 jours

Melon

Acariens

60 ml/hl

3 jours

Fraisier

Acariens

60 ml/hl

3 jours

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Export

Melon charentais Un avenir à repenser Adelmoumen Guennouni et Hind Elouafi

Bousculé par la pression de la concurrence espagnole de plus en plus précoce, des aléas climatiques variables d’une année à l’autre et des exigences du marché (préférence communautaire entre autres), le producteur marocain se pose des questions sur l’avenir d’une filière nécessitant de plus en plus d’investissements et de technicité et spécialement dédiée à l’export.

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ourtant le Maroc dispose d’atouts importants en matière de logistique, de proximité du marché européen, de sa-

voir-faire et d’existence de nombreux terroirs très favorables à la production du melon charentais, et dont la com62

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plémentarité assure un étalement de la production sur 4 mois. En effet, la saison commence à partir de février par les melons récoltés dans la région de Dakhla, pour se terminer avec les dernières récoltes de la région de Marrakech vers la fin mai, en passant

par les cueillettes intermédiaires de la région d’Agadir. A noter que la zone de Dakhla a permis à l’origine Maroc de gagner en précocité (entrée en production en février). Lors de la campagne 2018, les cultures y ont été conduites sur www.agri-mag.com


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Melon charentais

près de 250 ha en palissé sous abris serre. La zone a des atouts très attractifs : le climat tempéré tout au long de l’année avec une luminosité optimale, les températures avoisinent les 35°C dès le mois d’avril, des ressources en eau importantes et moins de risques phytosanitaires. La campagne a connu un peu de retard cette année. Elle a débuté à la mi-février et s’est étalée jusqu’à mai. La campagne 2018 n’a pas connu de réelles évolutions en termes de surfaces (1.550 ha entre charentais vert et jaune), entre l’arrêt de certains opérateurs et la compensation des surfaces par d’autres metteurs en marché. Cependant, elle a été caractérisée par un climat difficile dans toutes les zones de production entraînant du retard dans les plantations précoces, avec un calibre assez petit et des rendements moyens comparés à une année normale.

La région de Marrakech

La zone de Marrakech demeure un très bon terroir pour produire du melon au Maroc (1132 ha dont 986 ha de melon vert et 146 ha de melon charentais jaune). Plus tardive que les autres régions, elle arrive peu de temps avant l’Espagne à laquelle Marrakech cède progressivement la place à partir de fin-mai. A remarquer que dans la région de Marrakech, au cours des 3 dernières années, la tendance en termes de superficies, est à la réduction de la proportion des petits tunnels (plein champ) en faveur de l’augmentation des grands abris. Sur le plan technique, la campagne 64

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était très difficile en raison des aléas climatiques (année relativement froide, d’où retard d’entrée en production). En effet, ‘‘alors que normalement

l’entrée en production commence début avril (2 ou 3 du mois), cette campagne on n’a commencé que le 15-20/4, soit environ 15 j de retard pour les cul-

Le choix variétal

Le melon jaune qui offre un meilleur profil aromatique mais qui se conserve beaucoup moins, est produit par quelques sociétés spécialisées car nécessitant une logistique sans faille et des circuits de commercialisation bien rodés. La plupart des producteurs marocains optent principalement pour le melon charentais vert. Ce produit étant à 100 % destiné au marché européen, les variétés cultivées au Maroc sont choisies dans le but de supporter à la fois le transport (notamment à partir de Dakhla : 4 à 5 jours en camion puis en bateau) et la chaleur. En effet, ce type de melon présente une meilleure conservation ainsi qu’une lente maturité qui offrent une sécurité pour le producteur et l’exportateur. Les variétés phares de cette année sont : Magenta et Magestium de Nunhems avec 74% des surfaces cultivées, suivies de Sultan de Clause. Cependant, de nouvelles variétés prometteuses ont vu le jour récemment notamment Sugarkech de Seminis et Festival de Sakata Seeds. Comme son nom l’indique Sugarkech se distingue par un taux de sucre élevé, mais ce n’est pas sa seule qualité. Destinée à la fois aux cultures de serre et de plein champs, elle se distingue également par un haut rendement commercial, des fruits uniformes, une longue conservation et un goût distingué. « Nous venons de mettre sur le marché la nouvelle variété Festival pour le segments extra-précoce., explique M. Larbi Selmani, Technical Manager Sakata NorthAfrica. Destinée aussi bien aux cultures sous serre qu’en plein champ, elle offre aux melonniers l’assurance d’un bon calibre et d’une production de qualité, grâce notamment une plante à forte vigueur». Pour rappel, la qualité de fruit et le rendement commercial sont les piliers des programmes de sélection des semenciers. Mais, les axes de recherches se sont élargis pour répondre aux attentes et besoins des producteurs. Ainsi, les caractéristiques de résistance aux maladies (oïdium, fusariose…), de tenue des plantes, de flexibilité de récolte et de tenue en conservation (Shelf Life sup. à 12 jours) et en qualité (+ 12° en Brix) sont devenues hautement prioritaires. Cependant, combiner toutes ces qualités dans une seule et même variété est un challenge pour les semenciers.

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tures sous grandes serres, et le 10 mai pour les petits tunnels (contre début mai habituellement). En plus l’Espagne aussi commence de plus en plus tôt’’ explique un producteur exportateur de la région. Dans le Haouz, une hausse importante des températures s’est produite sur 3-4 jours vers la fin du mois d’avril suiviepar un retour du froid. Ces fluctuations ont eu une grande influence sur le melon avec comme conséquence qu’il n’y avait généralement pas une très bonne qualité l’année dernière (qualité moyenne) chez tous les producteurs contrairement à l’année précédente (2016-17) qui était une très bonne année en termes de qualité avec une bonne précocité puisque le climat de l’année était chaud et stable. La production avait alors commencé une dizaine de jour avant la normale, soit le 20 mars.

le même (20t/ha) les producteurs se retrouvent, en fin de cycle, avec une partie de la production qu’ils ne peuvent exporter car elle coïncide avec un marché défavorable. D’où un volume exporté inférieur. Quant à la qualité et en termes de calibre les petits tunnels donnent de meilleurs résultats car ils coïncident avec une période au cours de laquelle la température et l’ensoleillement sont plus élevés. Idem pour les sucres (brix).

Marché et commercialisation

Le principal marché pour le cantaloup marocain est la France. Au début des exportations, les conditions

sont en général satisfaisantes, mais dès que l’Espagne entre en production les prix dégringolent et les volumes exportés du Maroc diminuent en conséquence. Il faut savoir que les exportations marocaines sont conditionnées par la production espagnole qui se rapproche progressivement du créneau de Marrakech, en gagnant en précocité. ‘‘Avant, les récoltes dans la région de la ville ocre se poursuivaient tranquillement jusqu’à fin mai en faisant du volume et en vendant à un bon prix. Ces dernières années l’entrée en production espagnole commence le 10 mai (après être passée par le 20 et le 15). Après le 10 mai l’export devient plus diffici-

Techniques de production

Elles sont les mêmes que les autres années et la mise en place a eu lieu aux dates habituelles. A noter que certains producteurs plantent une partie en plants greffés et une partie en francs. Habituellement, les semis (graines) se font 30 jours avant la plantation pour les plants francs et 45 j pour les plants greffés. Généralement les plantations ont lieu entre le 20 et le 28 décembre sous grands abris alors que sous petits tunnels elles ont lieu entre le 5 et le 15 janvier. Ce décalage est justifié pour éviter la période la plus froide et grêleuse qui pourrait impacter le démarrage de la culture sous petits tunnels, contrairement aux grands abris serres. Le choix variétal se limite à une dizaine de variétés disponibles parmi lesquelles généralement les producteurs en combinent plusieurs (3-4). Certaines variétés sont plus sensibles que d’autres au phénomène de vitrescence et aux pucerons. Sur le plan phytosanitaire, on signale le virus de New Delhi apparu sous petits tunnels surtout fin mai avec le développement de la mouche, sachant qu’il n’existe pas de résistance variétale pour y faire face. Concernant les rendements, pour les serres ils étaient normaux avec une production de 20-25 t/ha mais pour les petits tunnels c’était plus difficile. En effet, pour ces derniers et même si le tonnage produit est pratiquement www.agri-mag.com

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le avec des prix qui commencent à baisser et les ‘‘réclamations clients’’ à s’accroître’’ explique notre source. En effet les importateurs commencent à chercher la petite bête pour tirer les prix vers le bas. Par ailleurs, les grandes surfaces privilégient l’Espagne dès que sa production devient plus significative au détriment du Maroc et ce en raison des relations établies avec les espagnols qui leurs fournissent, en plus du melon, nombre d’autres produits. En outre de nombreux français se sont installés en Espagne pour alimenter le marché français en melon, essentiellement des variétés de charentais jaune (plus apprécié par les consommateurs) alors que les producteurs marocains privilégient le charentais vert offrant une plus longue durée de conservation. Les prix à l’export, et pour la production sous serre, la moyenne sur la période d’exportation est d’environs 1euro par kg (jusqu’à 1,80 au début et 0,60 vers la fin). La production des petits tunnels est écoulée quant à elle un peu moins puisqu’elle arrive plus tard sur le marché quand les tonnages sont plus élevés. Par ailleurs, sur le marché local, le melon est moins valorisé car initialement il est fourni essentiellement en écarts de triage non exportés avec une qualité moindre. En effet les exportateurs privilégient l’export avec des prix dépassant 1-1,80 € alors que la vente par le producteur su le marché local atteint difficilement le prix de revient de 5 dh/kg. Par la suite, une fois que les prix baissent sur le marché export et que les volumes produits augmentent, les ventes s’orientent vers le marché local. Par conséquent il est difficile d’envisager un fort développement du charentais sur le marché national dans ces conditions. Le coût de production quant à lui, varie selon les producteurs. Un Kg de melon coûte (au producteur) environs 5 dh sous serre et 3-4 dh sous petits tunnels. A signaler également que la production de melon nécessite beaucoup de main d’œuvre, dont les disponibilités varient selon les années. Les besoins sont plus im66

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portants pendant les périodes de récolte et peuvent coïncider avec les travaux dans d’autres cultures (Marrakech : raisins, maïs, etc.)

La région d’Agadir

La zone d’Agadir se positionne sur un calendrier précoce avec une entrée en production dès la mi-mars. Les plantations sous abris sont majoritaires, avec un parc des serres important où se sont généralisées ces dernières années les cultures palissées. Les surfaces sont très variables d’une année à l’autre. En 2018 elles ont été estimées à 50 ha. Lors de la campagne écoulée, les conditions climatiques à Agadir étaient globalement défavorables. Le ciel était couvert presque toute la journée, pluies et brouillard ont causé de nombreux problèmes à la culture du melon tels que le mildiou, l’oïdium, des pourritures, la vitrescence pour certaines variétés ainsi qu’une maturité étalée due au manque de luminosité et de température. Ces conditions climatiques ont impacté aussi le grossissement des melons. En effet, les pluies ont affecté négativement la plante pendant les stades de floraison et de grossissement, conséquence : une pénurie de fruits de gros calibre. Ces dernières années, les surfaces de melon diminuent de plus en plus à Agadir. Plusieurs raisons peuvent être derrière ce constat : - Les melonniers ont vécu ces dernières années de mauvaises expériences à causes des conditions climatiques et ont subi d’énormes dégâts, - Le cycle du melon est très court et les charges sont en hausse ce qui entraine l’augmentation du coût de la production et réduit les marges, - Certains producteurs ont basculé vers des cultures à plus haute rentabilité, notamment les fruits rouges, - L’indisponibilité de la main d’œuvre car la période de récolte du melon coïncide avec le pic des récoltes de fruits rouges

dont les superficies n’ont cessé d’augmenter au cours de ces dernières années dans le Souss, - La commercialisation du charentais est très dépendante de la consommation dans les pays destinataires, elle-même très liée à la hausse des températures. En effet, dans l’esprit du consommateur, ce fruit est associé au beau temps. Il est très difficile de choisir des dates optimales de plantation pour bénéficier de bons prix puisque les conditions climatiques sont variables d’une année à l’autre, - La fatigue des sols constitue aussi une contrainte majeure pour la culture du melon. En effet, faute de possibilité de rotation, le melon est conduit sur la même parcelle plusieurs années de suite, - La concurrence avec les productions de Dakhla et Marrakech. Mais, ce n’est pas le cas chaque année. Si l’on prend l’exemple de la campagne précédente, les producteurs d’Agadir sont entrés en production mi-avril au moment où la production de Dakhla touchait à sa fin et le melon de Marrakech était touché par les conditions climatiques défavorables qui ont impacté négativement la fermeté et la qualité globale des fruits. Profitant de la hausse des

Différence entre la conduite à plat et en palissé

La culture sous serre à plat du melon charentais (10 au 15 avril) est plus précoce que le palissé plus tardif, et produisant plus de tonnage par rapport au melon conduit à plat (5-6 fruits par plant). Le melon à plat vise une seule vague par contre sa culture en palissée vise deux jusqu’à trois vagues selon la taille. Le melon palissé est également mieux protégé en cas de conditions climatiques défavorables que celui à plat plus exposé au risque de pourriture des fruits qui sont en contact direct avec le sol à cause de l’humidité et de la poussière.

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Melon charentais températures en Europe, le melon d’Agadir a pu bénéficier de prix très intéressants.

Evolution de la filière et perspectives d’avenir Les superficies à la baisse ?

Globalement et bien que la tendance est à la réduction des petits tunnels en faveur des abris serres dans la région de Marrakech, les superficies totales risquent de baisser vu que d’une part, les serres coûtent plus cher que les petits tunnels et que d’autre part, les producteurs sont obligés de diminuer les surfaces à cause du marché. Cependant, pour ces raisons, ils ne peuvent pas répercuter entièrement les réductions de petits tunnels en abris serres. Toutefois, si l’Espagne continue à gagner en précocité, la concurrence risque d’être néfaste aux petits tunnels dont la production va perdre en attractivité et rentabilité.

La diversification s’impose Parmi les objectifs des exportateurs, la diversification des débouchés. Le premier consommateur en Europe du melon marocain reste la France suivie d’une demande du marché anglais avec plus d’exigences en termes qualitatifs. Ces dernières années, des efforts de prospection hors Europe sont fournis par les professionnels du melon pour conquérir de nouveaux marchés en Asie et en Amérique. De même, ‘‘à l’avenir il faut penser à diversifier la production de charentais en introduisant une production de charentais jaune. Ce serait un challenge pour les producteurs vu que techniquement la maitrise de ce créneau est plus difficile en raison des nombreuses sensibilités du produit (transport, maladies, …)’’, conclut notre interlocuteur.

Plus d’efforts dans la lutte phytosanitaire Parmi les producteurs interrogés, l’objectif principal dans l’avenir de la culture de melon est d’atteindre le niveau «zéro résidus». Dans ce sens, des essais ont été effectués par des sociétés phytosanitaires dans la région du Souss pour remplacer les produits conventionnels par des produits biologiques. Ces derniers commencent à être intégrés progressivement par les producteurs dans leur calendrier de traitements phytosanitaires et ont pu donner des résultats satisfaisants. Par exemple l’introduction d’un nématicide en cours de culture qui est un enracineur inhibant la croissance des nématodes. Aussi, l’utilisation des drones pour détecter les maladies est un projet à moyen terme pour certains producteurs spécialisés en melon charentais dans la région du Souss.

S’adapter au marché local Pour développer ce marché les professionnels voudraient ne plus le limiter aux écarts de triage des exportations. M. Abderrahim Chjia, Account manager Nunhems, estime « qu’il faut adopter une stratégie de développement pour trouver un produit, parallèlement à l’export, qui soit spécialement destiné au consommateur marocain. Il est question de trouver un autre créneau de variétés, concernant entre autres particularités, le calibre des fruits. Les consommateurs marocains sont prêts à acheter des fruits de gros calibre pesant 1,5-2 kg, alors que ceux dépassant 1,5 kg ne sont pas admis à l’export’’. www.agri-mag.com

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Phytoprotection

Botrytis de la fraise

Bien le connaitre pour mieux le combattre Favorisé par les conditions très humides, le botrytis est une maladie de première importance économique pour le fraisier. Il est causé par le champignon Botrytis cinerea, couramment appelé pourriture grise. Les mesures préventives sont indispensables pour éviter le maintien de l’eau sur la plante et pour aérer la culture. Une protection foliaire avec un fongicide de contact peut être nécessaire en cas de risque.

L

es symptômes de botrytis, ou pourriture grise, peuvent apparaître aussi bien avant la récolte que sur les fraises déjà récoltées. Cette maladie se manifeste en fin de floraison, sur les pétales desséchés naturellement. Ceuxci se nécrosent et se recouvrent de taches brunes et d’un duvet gris, d’où le nom de pourriture grise. Les fruits sont ensuite atteints avec les mêmes symptômes, puis ils s’assèchent et se momifient. La répartition des attaques de botrytis se fait au hasard puis en foyer et se généralise rapidement si les conditions de développement sont favorables. Le rhizome du fraisier peut également être atteint. Dans ce cas, une nécrose brun foncé à sa partie supérieure peut être observée par coupe longitudinale. Les dégâts de botrytis sur les fruits et dans la partie supérieure du rhizome sont préjudiciables, même si les différentes parties aériennes du fraisier peuvent être attaquées par cette maladie. Lorsque le rhizome est atteint, le botrytis peut provoquer soit la mort totale de la plante, soit le départ de bourgeons axillaires localisés sur la partie inférieure du rhizome. 68

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Biologie et cycle

Le champignon principal responsable de la pourriture grise est Botrytis cinerea. Les feuilles de fraisiers mortes, porteuses de sclérotes, constituent un réservoir de spores. Quand les conditions lui sont propices, les spores libérées vont atteindre les bourgeons naissants ainsi que les fleurs. La propagation des spores s’effectue alors grâce au vent et aux éclaboussures. La maladie se développe si l’humidité est très élevée, voire saturante, et si les températures sont comprises entre 15 et 20 °C. Les précipitations jouent donc un rôle très important pendant la floraison et la formation du fruit. Les fruits formés peuvent aussi être contaminés, mais les symptômes ne sont pas toujours visibles au moment de la récolte. Ils s’expriment et se propagent à mesure que le fruit murit. Des infections secondaires peuvent également se produire par des blessures microscopiques sur les fruits après la récolte.

Eviter l’eau et bien aérer

Les plantations suffisamment aérées, gérées avec un contrôle de la fertilisation et de l’irrigation, préviennent

le développement accru de la pourriture grise. Le contrôle prophylactique du botrytis sur fraisier passe par des mesures préventives indispensables qui ont toutes pour objectif d’éviter le maintien de l’eau sur la plante et d’aérer la culture : densités de plantation adaptées pour faciliter la circulation d’air dans les rangs et volumes d’abris suffisants. Les arrosages par aspersion sont bien sûr à bannir et l’utilisation du paillage plastique est préférable pour ne pas donner au botrytis les conditions idéales de son développement sur les parties aériennes du fraisier. De même, l’apport raisonné d’azote empêche ces conditions favorables à la maladie. Il faut également savoir que toutes les variétés de fraises sont vulnérables au botrytis, même si certaines le sont plus que d’autres, Pour assurer un meilleur contrôle du botrytis, l’observation en culture est par ailleurs très importante, notamment lorsque les fleurs sont blessées par le gel et donc plus sensibles aux infections. La vérification de la présence de brunissement sur les fleurs et les calices des fruits en développement, l’observation des signes de pourriture à mesure que le fruit mûrit et l’examen www.agri-mag.com


des centres de rangs, là où l’humidité relative est la plus élevée, sont des mesures de bon sens qui peuvent empêcher une épidémie conséquente de pourriture grise. Enfin, l’enfouissement des résidus de culture dans le sol après la rénovation des fraisières coupe le cycle du champignon.

Interventions chimiques

Les programmes de traitements doivent être définis en fonction du contexte de l’exploitation afin d’adap-

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ter au mieux le positionnement des fongicides. Selon le ou les stades de développement du Botrytis sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes adéquats d’action et de pénétration dans la plante (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre d’autre maladies. Cette efficacité au champ permet en particulier d’obtenir plus de fraises saines à

la récolte et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de qualité (moins de pertes au stockage, au transport et sur les étalages). Il est recommandé de préférer les traitements en préventif, de respecter les doses recommandées et utiliser un programme englobant des fongicides issus de familles chimiques différentes. A noter que vu les exigences de plus en plus strictes des consommateurs en matière de résidus de pesticides, la lutte intégrée paraît de plus en plus la solution la plus adéquate pour faire face aux ennemis de la culture du fraisier. Il existe en effet des produits à base de souches du champignon Trichoderma comme solution au problème de pourriture grise. Ces produits sont utilisables avec les bourdons qui transportent les spores du Trichoderma vers les fleurs, l’organe le plus sujet aux attaques de Botrytis sur fraisier. De même il existe des produits visant la stimulation de l’activité microbienne utile du sol, rendant ainsi la nutrition hydro-minérale de la plante plus efficiente en plus de la protection et la stimulation du système racinaire et l’amélioration de l’autodéfense et la résistance au stress chez la plante.

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Désherbage

Fève et féverole

Quoi de neuf pour le désherbage ? Dr. Abbès Tanji, Spécialiste du désherbage

La gestion intégrée des mauvaises herbes de la fève et de la fèverole doit combiner le désherbage chimique et le binage, ainsi que d’autres pratiques agricoles comme le faux semis et la rotation des cultures. Car, les mauvaises herbes associées à ces cultures sont diversifiées (dico annuelles, graminées annuelles et orobanche).

Herbicides

Au Maroc, comme dans d’autres pays, l’homologation et la disponibilité des herbicides pour la lutte contre les mauvaises herbes changent régulièrement. En 2018, 7 herbicides anti-graminées, 2 herbicides anti-dico et un herbicide contre l’orobanche sont homologués (ou utilisables) pour le désherbage de la fève et la fèverole : · En pré-levée, aclonifène (CHALLENGE 2,5 L/ha) est utilisé après le semis mais avant la levée des cultures et des mauvaises herbes. Ce désherbant, à absorptions racinaire et foliaire, agit par contact, bloque la levée des mauvaises herbes dico quand il est appliqué sur le sol. Les plantules sont détruites dés leur levée, ou bien, peuvent lever normalement et deviennent chlorotiques et finalement meurent. L’efficacité de cet herbicide nécessite un sol suffisamment humide et finement travaillé (sans mottes et sans résidus de cultures). Il faut préciser que cet herbicide de pré-levée réduit les infestations des mauvaises herbes, mais d’autres opérations de binage seraient nécessaires pour avoir des cultures propres. · Après la levée des cultures et des mauvaises herbes, le mélange bentazone + imazamox (CORUM 1,5 L/ ha) est efficace sur les plantules de nombreuses dicotylédones annuelles Intérêt du faux semis dans la destruction des mauvaises herbes avant le semis

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comme les chrysanthèmes, les coquelicots, les diplotaxes, les moutardes, le muflier, la ravenelle, etc. De préférence, les traitements peuvent être faits quand les cultures ont 10 à 20 cm de hauteur et les mauvaises herbes ont 1 à 5 cm de hauteur. L’efficacité sur les plantules des dico est observée quelques jours après les traitements. Toutefois, une ou plusieurs opérations de binage sont nécessaires pour contrôler les mauvaises herbes qui restent (ou qui poussent) après le désherbage chimique. Dans le cas d’infestations avec les dico et les Graminées, il est possible soit de mélanger CORUM avec un herbicide anti-Graminées, soit d’utiliser CORUM tout seul suivi quelques jours plus tard d’un traitement avec un anti-Graminées. CORUM est sélectif de la fève et de la fèverole, mais dans certains cas, des taches noires peuvent apparaitre sur les feuilles des cultures traitées quelques jours après les traitements. Si les conditions climatiques sont favorables, les cultures reprennent en général leur croissance sans que ces dégâts de phytotoxicité n’affectent les rendements. · Contre les Graminées, plusieurs graminicides de post-levée sélectifs de la fève et de la féverole sont disponibles. Ils sont efficaces sur différentes Graminées annuelles (repousses de blé, orge, maïs, avoines, alpistes, ray grass, bromes, etc.). Ils sont systémiques, et

l’efficacité sur les jeunes Graminées est observée 2 à 3 semaines après les traitements. Si quelques mauvaises herbes se développent ou survivent après les traitements herbicides, une ou plusieurs opérations de binage sont nécessaires pour avoir des parcelles propres. · Contre l’orobanche (Orobanche crenata), glyphosate est utilisé à faible dose (60 g de matière active glyphosate/ha + 200 litres d’eau/ha). Deux (parfois 3) traitements sont nécessaires : un premier traitement est déclenché au stade début floraison de la fève et la fèverole. Un deuxième traitement a lieu 15 jours après le premier traitement. Si les conditions sont favorables, un troisième traitement a lieu 15 jours après le deuxième traitement. Tous ces traitements coïncident avec la germination des semences de l’orobanche (dans le sol), c’est-à-dire que l’orobanche n’est pas encore visible sur le sol. La dose de 60 g de glyphosate par hectare correspond à 167 ml/ha de produit commercial contenant 360 g de glyphosate par litre. Même après les traitements contre l’orobanche, il est possible d’avoir des infestations variables de l’orobanche. Alors, si l’orobanche est présente en grandes densités, une opération d’arrachage manuel des orobanches serait nécessaire (si la main d’œuvre est disponible) pour d’une part réduire les pertes de rendement des cultures dues à l’orobanche

Application des herbicides après le semis mais avant la levée des cultures et des mauvaises herbes

Parcelle propre après les traitements de pré-levée www.agri-mag.com


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Fève et féverole et d’autre part réduire la production des semences d’orobanche. En général, les plantes de fève et de féverole parasitées par l’orobanche ne produisent ni fleurs ni gousses. Contre l’orobanche dans la lentille, le petit pois et le pois chiche, il faut utiliser au stade floraison des cultures la dose de 20 g de glyphosate par hectare (50 ml/ha de produit commercial contenant 360 g de glyphosate par litre). Répétez les traitements 15 jours plus tard. Un volume d’eau de 200 litres d’eau est suffisant pour traiter un hectare.

Binage

Avec ou sans désherbage chimique, les mauvaises herbes qui se développent entre les lignes des cultures nécessitent la mise en œuvre d’une ou de plusieurs opérations de binage : - binage mécanique avec la bineuse à tracteur équipé de pneus étroits, - binage à traction animale, et/ou - binage manuel avec les binettes, les houes ou les sarclettes. Il convient de prévoir, lors du semis, un écartement suffisant entre les lignes (50 à 70 cm) permettant le binage après la levée des cultures. Si la main d’œuvre est disponible, l’arrachage manuel des mauvaises herbes qui infestent les cultures après le désherbage chimique et/ou les binages est possible. Les plantes cibles sont les graminées et dico annuelles (et même l’orobanche) qui ont en général une hauteur dépassant 20 cm. L’idéal est de procéder à l’arrachage des plantes

Culture infestée avec les mauvaises herbes.

Traitement au stade floraison des cultures avec 60 g de glyphosateha pour contrôler l’orobanche 72

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après la pluie ou l’irrigation. Cette opération d’arrachage manuel se déroule soit avec les mains nues, soit avec des équipements appropriés (faucille, faucillette, couteau, houe, sarclette, binette et gants pour protéger les mains des épines de certaines plantes épineuses comme les chardons). L’objectif est de couper ou déraciner les herbes. Les plantes sont généralement collectées pour alimenter le cheptel. L’inconvénient majeur de l’arrachage manuel des mauvaises herbes est qu’il s’agit d’une opération exigeante en main d’œuvre et donc coûteuse (environ 500 à 1000 DH/ha).

Faux semis

Le faux-semis consiste en un travail du sol qui a pour objectif de stimuler la levée des adventices puis de les détruire avant le semis des cultures. La pluie ou l’irrigation après les labours déclenchent la germination et la levée de mauvaises herbes ainsi que l’émergence des repousses des cultures précédentes. Après la levée, il faut labourer pendant les journées ensoleillées pour assurer la dessiccation des adventices mises à nu. Le faux semis peut être répété si nécessaire avant de procéder au semis effectif des cultures. La réussite du faux semis repose essentiellement sur le choix de bons outils de travail du sol et les conditions climatiques.

Rotation des cultures

Dans les systèmes de monoculture (blé sur blé par exemple), le brome est

devenu un grave problème au bout de quelques années. Le fait d’intercaler une culture dicotylédone comme la fève ou la féverole dans la rotation a réduit les populations de brome (et autres mauvaises herbes) aussi bien dans le blé que dans les autres cultures. En fait, la succession de différentes cultures créée un milieu instable et souvent inhospitalier qui empêche la prolifération de certaines mauvaises herbes. La rotation des cultures permet l’alternance de divers paramètres du système de gestion des cultures, notamment l’époque et le type de travail du sol, la date de semis, le choix des herbicides et des techniques de désherbage.

Conclusion

La gestion intégrée des mauvaises herbes (dico, Graminées et orobanche) dans les cultures de fève et de féverole est possible grâce à la combinaison de différentes techniques (désherbage chimique, binage, faux semis et rotation des cultures). Elle permet à long terme de réduire la pression des adventices et pratiquer une agriculture durable. Herbicides homologués ou utilisables pour le désherbage de la fève et la féverole selon le site http://eservice. onssa.gov.ma/IndPesticide.aspx *HRAC : Herbicide Resistance Action Committee (comité de résistance aux herbicides) WSSA : Weed Science Society of America (Société Américaine de Malherbologie)

Binage manuel

Champ propre après emploi de différentes techniques de désherbage www.agri-mag.com


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Famille

Mécanisme d’action

CHALLENGE (4 L/ha)

Phénoxy-nitroanilines

Clomazone est un inhibiteur de la biosynthèse des caroténoïdes

CORUM (1,5 L/ha)

Acides oxoimidazolinylnicotinique

Imazamox est un inhibiteur de l’acétolactate synthètase (ALS)

Bentazone est un inhibiteur de la photosynthèse au niveau du photosystème II

Glyphosate (360 g/l)

ATILA (167 ml/ha) BARCLAY (167 ml/ha) BOOM EFEKT (167 ml/ha) BOOM SUPER (167 ml/ha) GLYPHOFLASH (167 ml/ha) GYSTER (167 ml/ha) GRAUP (167 ml/ha) LASER PLUS (167 ml/ha) RAUDO (167 ml/ha) SAMBA (167 ml/ha)

Herbicide contre l’orobanche

TARGA (1 L/ha)

SECTOR (0,4 L/ha)

PANTERA (1 L/ha)

AGIL (0,5 L/ha)

Propaquizafop (100 g/l)

Quizalofop (40 ou 50 ou 120 g/l)

GALLANT SUPER (0,5 L/ha)

FUSILADE FORTE (1 L/ha)

FLUENT (1 L/ha)

Haloxyfop (104 g/l)

Fluazifop (150 g/l)

Tépraloxydime (50 g/l)

F 16 (1 L/ha)

ARAMO (1 L/ha)

Cycloxydime (100 g/l)

SELECT (1 L/ha)

AKODIME (1 L/ha)

DEVIN (1 L/ha) FOCUS ULTRA (1 L/ha) STRATOS ULTRA (1 L/ha)

Cléthodime (120 g/l)

Phosphono-methylglycines

Acides hydroxyp h e n o x y isopropioniques

Hydroxy-oxocyclohexenecarbaldehyde oximes

Inhibiteur de l’enzyme Enol-pyruvyl-Shikimate3-Phosphate (EPSP) Synthase

Inhibiteurs de l’acétyle co-enzyme A carboxylase (ACCase)

Herbicides anti-graminées après la levée des cultures et des mauvaises herbes graminées

Bentazone (480 g/l) + imazamox (22,4 g/l)

B e n z o - t h i a diazinanone-dioxides

Herbicides anti-dico après la levée des cultures et des mauvaises herbes dico

Aclonifène (600 g/l)

Herbicide anti-dico après le semis mais avant la levée des cultures et des mauvaises herbes dico

Herbicide

G

A

B

C3

9

1

2

6

11

WSSA*

HRAC*

F3

Code du mécanisme d’action selon

Code du mécanisme d’action selon

Le glyphosate à la dose de 60 g m.a./ha (soit 167 ml/ha de produits commerciaux contenant 360 g de glyphosate/litre) est utilisé au stade début floraison de la fève et la fèverole, qui coïncide avec la germination des semences de l’orobanche (dans le sol). La dose pour les autres légumineuses comme la lentille, le petit pois et le pois chiche ne doit pas dépasser 20 g de glyphosate/ha (soit 50 ml/ha de produit commercial contenant 360 g de glyphosate/litre). Le premier traitement contre l’orobanche est déclenché au stade début floraison des légumineuses. Répétez l’opération avec le même dosage deux semaines plus tard. Un volume d’eau de 200 litres est suffisant pour traiter un ha. NB. Il faut être vigilant avec le dosage du glyphosate car ce produit peut devenir très nocif (phytotoxicité sur les cultures, chute des fleurs). L’efficacité des traitements dépend du stade auquel il est appliqué, de l’état des cultures, du réglage du pulvérisateur, des conditions climatiques, etc.

Les herbicides anti-graminées sont systémiques (absorbés par le feuillage et se déplacent à l’intérieur des plantes). Pour une meilleure performance traiter quand les Graminées sont de petite taille et lorsqu’elles sont en phase active de croissance. Après les traitements, les graminées sensibles changent de couleur (du vert au jaune ou au violet), se fanent, sèchent et dépérissent dès 15 jours après les traitements. Ces herbicides sont efficaces sur les graminées annuelles comme le blé, l’orge, l’avoine, le maïs, le ray grass, les alpistes, les bromes, etc…

Le mélange bentazone + imazamox est efficace sur plusieurs adventices dicotylédones (capselle, chénopodes, chrysanthèmes, coquelicot, mouron, moutarde, muflier, ravenelle, etc…).

L’imazamox est un herbicide systémique, absorbé à la fois par les feuilles et les racines. Elle est véhiculée vers les zones de croissance active.

La bentazone est un herbicide de contact, agit en bloquant la photosynthèse. La meilleure efficacité est obtenue par temps poussant, sur des jeunes plantules d’adventices en végétation active. Une bonne luminosité dans les jours qui suivent le traitement favorise l’efficacité du produit.

CORUM s’utilise en post-levée de la fève et la féverole à partir du stade 2 feuilles des cultures et stade plantule des mauvaises herbes. Il est efficace sur les plantules des dico adventices.

Aclonifène est utilisée en pré-émergence des cultures et des mauvaises herbes dico. Elle détruit les adventices sensibles dès leur germination ou pendant leur levée. L’action racinaire exige une application sur un sol finement travaillé et suffisamment humide. Pour éviter les dégâts des herbicides aux cultures, toujours veiller à ce que les graines semées soient bien enterrées dans le sol avant de procéder aux traitements. L’efficacité peut être réduite lorsque le sol traité est sec ou lorsque le sol est lourd et riche en matière organique, ou couvert de débris des cultures.

Remarque


Agro-équipement

Travail du sol pour l’installation de la betterave à sucre au Maroc Pr. Bouzrari B. / Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II - Rabat

La betterave à sucre occupe une place importante dans les activités agricole et industrielle au Maroc. Comme toutes autres cultures, son rendement dépend des composantes de son itinéraire technique. Cela va de l’effet du précédent cultural aux pertes à l’arrachage et au transport passant par le travail du sol, la préparation du lit de germination, la technique de semis, l’enfouissement du fumier, la pose des micro-granulés et des engrais, le désherbage, etc. La plupart du temps, la maîtrise de ces techniques laisse, plus ou moins, à désirer.

L

e travail primaire du sol et celui de la reprise ainsi que la préparation du lit de semis sont des opérations d’importance primordiale dont la réussite dépend du type de sol, des conditions pédoclimatiques, du mode de conduite de la culture et du degré de maîtrise des techniques conçues pour leur réalisation : choix technologique des outils, leur réglage et le niveau de conduite qui leur est consacré. Le lit de semis constitue l’objectif ultime à atteindre par le travail du sol. Il doit répondre, au mieux, aux exigences de la germination, de la levée (facilité, rapidité et régularité) et de la bonne croissance de la plante cultivée. Il convient pour cela d’envisager des séquences techniques de préparation permettant d’avoir une combinaison structurale optimale (pourcentage d’agrégats de diamètres différents + terre fine). Ces

séquences doivent produire : (1) un bon émiettement notamment dans le cas d’une structure hétérogène provenant d’un labour d’automne, par exemple, réalisé en mauvaises conditions d’humidité (sols secs, sols tassés naturellement, ...), (2) un bon profil structural sur une grande profondeur, sans semelle aucune, favorisant un bon développement du pivot et lui évitant de prendre une forme fourchue, (3) une limitation des hétérogénéités de la profondeur de semis par un nivellement et un tassement du lit, notamment, dans sa partie supérieure. Le nivellement du lit de semis est un facteur déterminant pour une bonne régularité de la levée, facilitant aussi le placement optimal de la semence qui est de l’ordre de 2 à 3 cm. Cela évite l’existence de tout obstacle physique pouvant entraver une levée régulière (grosses mottes, croûte de battance, etc.) et permettant d’obtenir un état structural de sol favorisant une bonne

germination grâce à un bon contact entre la graine et la terre fine qui l’entoure. La préparation du sol en vue de l’installation de la betterave à sucre est un ensemble d’opérations qui doit être raisonné dès la récolte du précédent cultural. Le labour précoce (juste après la récolte d’un précédent) permet de faire évoluer, pendant quelques semaines, la couche structurale superficielle, sous l’effet du climat, vers un état s’apprêtant facilement à la reprise et à la préparation du lit de germination pour permettre un semis précoce. Lorsque le labour précoce s’avère techniquement non réalisable (sol trop sec, par exemple) une pré-irrigation peut être pratiquée si cela est possible. Malgré le coût additionnel engendré par la pré-irrigation, les avantages du labour ainsi réalisé, s’il est fait après un ressuyage optimal, sont : - une certaine économie d’énergie (moindre consommation de carburant), - une moindre usure des pièces travaillantes des outils, - un meilleur émiettement et - un certain niveau de contrôle des mauvaises herbes. Polyculture oblige, le parc des outils utilisés dans la préparation des sols pour l’installation de la betterave à sucre dans les différentes régions agricoles concernées (Moulouya, Loukkous, Gharb, Tadla, Doukkala-Abda) est influencé par le matériel habituellement employé pour la céréaliculture. Ces outils sont, principalement et dans

Figure 1: Labour à la charrue à socs réversible sur précédent blé 74

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Figure 2 : Travail avec rouleau à croskillettes.

la plupart des cas, des charrues à socs ou à disques, des cultivateurs lourds, des pulvériseurs à disques lourds et moyens, des vibroculteurs, des herses à dents, des rouleaux, etc. Depuis la première moitié des années 1980, les séquences techniques de travail de sols n’ont pas connu d’évolution notable et ce malgré l’effort continu des différentes structures d’encadrement. La réalisation d’un travail primaire à la charrue à socs ou à disques suivi de 2 à 3 ou 4 passages croisés au pulvériseur à disques pour réduire la taille des agrégats reste la recette la plus utilisée. L’utilisation, selon les sols, de la herse rotative (roto-herse) ou du cultivateur rotatif (rotavator) associé à un rouleau croskill peut se substituer au travail de 3 à 4 passages de pulvériseur, ce qui ramène à une économie de carburant non négligeable. Ajouter à cela, trois avantages notables: un bon nivellement du lit de semis, un rappuyage de la couche superficielle, berceau de la semence et une épargne au sol du tassement excessif causé par les passages répétés du tracteur muni de ses outils.

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La réflexion sépvarée sur la conduite des travaux primaire, secondaire et de préparation du lit de semis est fortement déconseillée et ce quels que soient la région, le matériel et le niveau de technicité de l’intervenant. Pour optimiser l’installation de la culture, chaque intervention conditionne et est conditionnée, en même temps, par celle qui doit la suivre dans le temps comme dans l’espace. Elle doit être choisie en fonction des résultats des

séquences précédentes et du matériel disponible pour contraindre l’enchaînement séquentiel à tendre, le plus possible, au voisinage de l’objectif visé. Aussi, l’intervention d’une séquence doit être réalisée dans des conditions d’humidité convenable avec des outils appropriés puis des profondeurs de travail, des vitesses d’avancement et des puissances optimales.

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Plein champ

Le chou, une culture

boostée par la demande de l’Afrique subsaharienne

Originaire de l’Europe, le Chou est initialement, une plante vivace à feuille larges et éparses mais suite à sa culture et aux sélections, il a donné naissance à différents types de choux, cultivés pour l’alimentation de l’homme et des animaux. L’espèce la plus connue est le chou commun. Ses différentes variétés cultivées peuvent être classées en deux groupes : - Les choux à pomme lisse : ronde ou pointue et rouge ou verte suivant les variétés. - Les choux à pomme frisée

C

omme les autres choux, le chou pommé est une plante bisannuelle puisque son cycle de végétation s’effectue sur deux années en donnant la première année la partie végétative comestible et la deuxième année la floraison et les graines. Il se compose d’un pied et de l’ensemble de ses feuilles serrées et imbriquées les unes dans les autres et à pétiole réduit pour former la pomme qui est la partie comestible.

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Exigences culturales

Les superficies cultivées au Maroc sont en constante augmentation et atteignent actuellement autour de 2.000 ha. Avec les mêmes exigences que les autres espèces de choux, les choux pommés peuvent être cultivés dans plusieurs régions agricoles marocaines en alternant les différentes variétés disponibles et leurs périodes de plantation. Sous nos conditions, les choux sont l’exemple type de culture d’automne-hiver. Il est bien adapté à la période de jours courts. Par ailleurs,

la culture devrait prospérer sur la zone côtière à cause de l’amplitude thermique relativement faible car les fortes fluctuations entre les températures de jour et de nuit sont nuisibles. La plante est de saison tempérée, rustique et résistante au froid. L’optimum de croissance se situe entre 15 et 18°C. La valeur de 24°C est considérée comme un maximum alors que 4°C est une valeur minimale de croissance. « Dans la pratique des producteurs marocains, la période de production commence par un semis de janvier pour une production de février à octobre. Une production d’automne est aussi possible à condition de choisir les variétés adaptées (risque de montée en graine)’’, explique M. Hachimi Garmah de Bejo Zaden, l’un des semenciers leader sur ce créneau au Maroc. Le chou se distingue également par une plante robuste qui apprécie les sols profonds, en général frais, à tendance calcaire. Le chou a besoin d’un sol bien décompacté, moyennement nourri de compost ou de fumier bien décomposé. C’est également un légume gourmand, qui ne doit pas revenir trop souvent au même emplacement. Du fait de ses exigences, il est conseillé de ne pas faire revenir le chou pommé au même emplacement avant 3 ou 4 ans. Une alternance www.agri-mag.com


avec une culture de petits pois ou de fèves, ou encore de pommes de terre précoces serait indiquée. Par ailleurs, les choux sont très exigeants en lumière. En effet, lorsque les facteurs eau et éléments nutritifs ne sont pas limitants, le taux de matière sèche produite est proportionnel à la quantité de rayonnement solaire intercepté par la culture. Toutes les variétés de Brassica oleracea, sont adaptées tant aux sols légers qu’aux sols lourds. La plante est moyennement sensible à la salinité. La valeur de 3 mmhos/cm est considérée comme seuil maximum de la conductivité électrique du sol. Cependant, les choux apprécient en général un climat doux et humide ainsi que des sols profonds, bien drainés, humides et assez bien fumés, en sachant qu’une terre trop riche favorise le développement de champignons, l’atrophie ou l’éclatement des petites pommes.

que les surfaces allouées au chou on progressé ces dernières années au détriment du chou-fleur (même tendance observée pour le brocoli).

La densité de plantation chez les gros producteurs et pour les variétés hybrides a considérablement évolué ces dernières années pour atteindre 50.000 pieds/ha avec une conduite en planches. Avec ce niveau de densité on obtient généralement des pommes de 1 à 1,5 kg, ce qui répond parfaitement à la demande du marché notamment à l’export. Quant au rendement il se situe en moyenne entre 60 et 70 t/ ha mais peut culminer 90t chez certaines producteurs.

Choix variétal

Plusieurs variétés classiques étaient anciennement utilisées au Maroc, mais elles sont en train de perdre leur importance et la tendance est une évolution vers le recours aux hybrides qui représentent actuellement 85% des cultures et atteindra rapidement (1-2 ans) les 100% en raison des avantages évidents et sous l’impact des exportations vers l’Afrique. Ces variétés hybrides apportent de nombreux avantages dont une meilleure qualité, un rendement plus élevé, une meilleure résistance au transport et des résistances aux maladies dont celle au Xantomonas récemment introduite. Parmi les semenciers leader sur ce créneau on peut citer : Bejo Zaden, Rijk Zwaan, Tokita seeds et Sakata Seeds. A noter www.agri-mag.com

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Céréaliculture

Désherbage chimique des céréales: Persistance des herbicides dans le sol et risque de phytotoxicité aux cultures suivantes Prof. Mohamed BOUHACHE Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat.

Le désherbage chimique est devenu une nécessité technique qui protège les céréales contre l’infestation d’adventices et garantit une production maximale. Les herbicides sont formulés de façon à se dissiper une fois leur mission accomplie. Cependant, certains d’entre eux persistent dans le sol et pourraient compromettre l’installation de la culture succédante ou causer de sérieux problèmes d’ordre environnemental. Une information sur le devenir d’un herbicide dans le sol, les facteurs actifs sur sa dégradation et les possibilités de gestion de ses résidus est un préalable pour éviter ces problèmes.

Ambigüité de la terminologie

Bien qu’ils soient fréquemment utilisés dans le domaine de la protection des plantes, certains termes comme résidu, persistance, rémanence d’un herbicide peuvent faire l’objet d’interprétations différentes conduisant à une confusion de la perception du problème. Selon la terminologie utilisée par la commission des essais biologiques de l’Association Française de Protection des Plantes, les résidus d’un herbicide sont des substances (matières actives ou métabolites issus de leur dégradation) susceptibles d’être présentes dans ou sur des végétaux, des produits d’origine végétale

ou animale, dans un milieu ou l’un des compartiments de l’environnement (sol, air, eau...) à la suite de l’emploi d’une formulation d’herbicide. Tandis que la persistance est définie en tant que durée pendant laquelle les résidus d’un herbicide sont détectables. Ce terme est beaucoup employé dans les études à caractère environnemental. Cependant en agronomie, la persistance d’action ou tout simplement la rémanence est une terminologie préférée et qui correspond à la durée pendant laquelle un herbicide manifeste une activité biologique. Cette persistance peut être le fait de la substance active, de ses produits de dégradation ou de sa formulation.

Photo 1 : Effet résiduaire du Chevalier (ex herbicide des céréales) sur la betterave à sucre 78

Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

Importance et signification agronomique de la persistance d’un herbicide dans le sol

Quelle que soit la méthode d’application d’un herbicide, une partie sinon la totalité de la quantité appliquée va être reçue par le sol. Ainsi, la persistance d’action de l’herbicide dans ce dernier est un aspect très important de son devenir. Du point de vue agronomique, la persistance d’action d’un herbicide devrait être un critère de son choix car elle nous renseigne sur la période durant laquelle le contrôle des mauvaises herbes est assuré par un herbicide. Cette persistance est beaucoup plus recherchée pour les herbicides appliqués au sol que pour les herbicides foliaires afin d’assurer une protection la plus longue possible, sans pourtant nuire aux cultures suivantes d’une rotation préétablie (Photo 1). Les familles chimiques qui renferment des herbicides ayant le potentiel de persister dans le sol sont : les triazines, les uraciles, les substitués de l’urée, les phénylurées, les sulfonylurées, les dinotroanilines, les isoxadiones, les imidazolinones et certains régulateurs de croissance surtout les pyridines. En général, les petites plantes sont plus sensibles que les grandes et les plantes issues de germination de semences sont plus sensibles aux résidus des herbicides. Ainsi, le problème de l’arrière effet des herbicides est un problème agronomique dans le cas des cultures reproduites par graines. Effectivement, certains herbicides nécessitent l’écoulement d’un délai entre leur application et le semis des cultures suivantes. L’arrière-effet ou l’effet résiduaire des herbicides sur les cultures suivantes www.agri-mag.com


sont observés ou déclarés dans certaines conditions généralement liées au climat de la saison. Mais, ces accidents peuvent arriver aussi dans le cas d’un surdosage ou d’une utilisation répétée d’un même herbicide sur la même parcelle pendant une longue durée (effet du cumul). La persistance d’un herbicide dans un sol est influencée par les interactions entre l’herbicide, le sol et l’environnement. Ainsi, la persistance d’un herbicide n’est pas une caractéristique spécifique ou absolue, mais elle varie d’un sol à un autre et d’une région à une autre. Comparativement à la quantité des herbicides utilisée et la superficie des céréales traitée chaque année au Maroc, l’importance de la phytotoxicité (déclarée ou observée) due aux résidus des herbicides (utilisés sur céréales) sur les cultures suivantes reste pour le moment très limitée dans le temps et dans l’espace. Mais, ça n’empêche pas que le nombre d’accidents ne cesse d’augmenter ces dernières années surtout dans les périmètres irrigués (Doukkala et Tadla) ou dans les régions à agriculture intensive. Une attention particulière doit être portée à cette facette cachée de l’opération de désherbage chimique des céréales : dans le choix d´un herbicide, la réflexion doit dépasser la culture en place qui recevra le produit.

Photo 2 : Effet résiduaire du Lancelot sur la féverole suite à une utilisation non conforme au prospectus du produit

La persistance est différente de l’arrièreeffet des herbicides

Pratiquement, on parle de l’arrière effet (ou phytotoxicité) d’un herbicide (appliqué à la dose recommandée) lorsque sa persistance porte préjudice aux cultures semées après la récolte de la culture traitée dans une rotation. Dans ce cas, la persistance dépend de la sensibilité des cultures à l’herbicide et influencée par les facteurs liés à la chimie du produit, au sol, au climat et à la gestion de la culture. La demi-vie de dissipation ou tout simplement la demi-vie d’un herbicide (t0,5 , t1/2 ou DT50) est un paramètre ou expression de la persistance d’un herbicide. Il nous renseigne sur le temps ou la durée nécessaire pour que 50% de l’herbicide soit dissipé dans le sol. Si un herbicide a une demi-vie de 10 jours çà veut dire que sa quantité dans le sol sera réduite de 87,5 ,75 ,50 et 93,75 % respectivement en 30 ,20 ,10 et 40 jours. En général, ce paramètre est déterminé dans les conditions du www.agri-mag.com

laboratoire qui sont différentes de la réalité du champ où l’herbicide est soumis à l’interaction de plusieurs facteurs. Ainsi, la demi-vie d’un herbicide n’est pas une valeur absolue, mais il reste un indicateur de la persistance d’un herbicide qui guide l’agriculteur à choisir son herbicide et prévoir sa dégradation. En absence d’une classification universelle basée sur ce paramètre, il est admis que les herbicides peuvent être classés en herbicides non persistant (DT50 < 5 jours), faiblement persistant (DT50 < 5 - 21 jours), moyennement persistant (DT50 < 22 - 60 jours) et très persistant (DT50 > 60 jours). Le tableau 1 ( page suivante) donne la demi-vie des principales matières actives des herbicides utilisés pour le désherbage chimique des céréales.

La persistance d´un produit dans le sol n´explique pas à elle seule le risque d´arrière-effet sur une culture installée plusieurs mois après son application. Des herbicides ont une demi-vie longue mais ne font pas l´objet de restrictions d´emploi par rapport aux cultures succédant aux céréales traitées. C´est le cas du diflufénicanil ou diflufénican (DDF), matière active à la base de deux herbicides de céréales, Othello et Kalenkoa qui contiennent 50 et 120 g/l de DDF. Sa demi-vie est de 90 à 260 jours et pour autant ces deux herbicides n´ont pas de restriction d´emploi sur les successions culturales selon le fabricant (dans les conditions normales). La quantité des résidus de diflufénicanil restante dans le sol n’est pas suffisante pour déclencher la phyAgriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Désherbage chimique des céréales Tableau 1 : Demi-vie des principales matières actives des herbicides des céréales Matière active

Demie- vie (jours)*

Risque d’arrière effet

Matière active

Demie- vie (jours)

Risque d’arrière effet

2,4 D

2-42

Non

Iodosulfuron méthyle

1-5

Oui

Amidosulfuron

29-120

Non

MCPA

14-31

Non

Aminopyralid

20-32

Oui

Mesosulfuron méthyle

44-76

Oui

Clodinafop propargyl

0,5 -1

Non

Metsulfuron-méthyle

7-30

Oui

Clopyralide

12-70

Oui

Pinoxaden

2-3

Non

Dicamba

3-35

Non

Prosulfocarbe

7-13

Non

Diflufénicanil (DDF)

120-240

Non

Pyroxsulam

5-23

Non

Fénoxaprop-Péthyle

2-3

Non

Sulfosulfuron

14-75

Oui

Florasulam

2-18

Oui

Thifensulfuron-méthyle

6-16

Non

Flucarbazone sodium

8-22

Oui

Triasulfuron

3-43

Oui

Flumetsulam

30-60

Oui

Tribénuron-méthyle

5-9

Non

Fluroxypyr 36 * A partir de plusieurs sources totoxicité chez la culture succédante. Avec une demi-vie de 1000, l’utilisation d’herbicides à base de diquat (Barclay Pro 200, Diqua, Kalahari et Reglone) pour faciliter la récolte des céréales (dessiccation) n’a aucun effet sur les cultures suivantes. Cependant d’autres herbicides présentent un comportement inverse. C’est le cas de plusieurs herbicides de la famille des sulfonylurées qui n´ont pas une demi-vie très importante (Tableau 1). Par exemple, un blé traité avec un herbicide à base de sulfosulfuron comme Apyros qui a une demi-vie de 14 à 75 jours ne devrait pas être suivi par la betterave à sucre, le colza, l’orge ou certaines légumineuses. De même, le fabricant du Lancelot, herbicide utilisé pour le désherbage des céréales et dont la demi-vie est de 20 à 32 j, déconseille le semis de légumineuses après une céréale traitée avec ce produit (Photo 2).

Dissipation des herbicides dans le sol

La dissipation inclut tous les devenirs possibles d’un herbicide une fois qu’il est au contact avec le sol. Deux principaux processus influent sur le taux de disparition d’une molécule dans le sol, le transfert et la dégradation. Le transfert est le changement de la localisation ou la disponibilité d’un herbicide sans pourtant changer sa structure 80

Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

Non ou ses propriétés chimiques. Il comprend l’adsorption au sol (fixation du produit par les colloïdes du sol surtout l’argile et la matière organique), la volatilisation (passage à l’état gazeux), le lessivage (entrainement vertical par l’eau), le ruissellement (entrainement horizontal ou latéral par l’eau à la surface du sol) et l’absorption par les plantes (prélèvement par les cultures et les mauvaises herbes). Cependant, la dégradation est un processus qui change la structure et les propriétés chimiques d’un herbicide et le rend plus ou moins toxique vis-à-vis des plantes. Cette voie de dissipation comprend la dégradation microbienne (par les algues, champignons, actinomycètes et bactéries du sol) et chimique (réactions d’oxydation, réduction et surtout d’hydrolyse) et la photodégradation (cassure de la molécule par les rayons ultra-violets à la surface du sol). En plus des propriétés physico-chimiques d’un herbicide, ces deux processus sont aussi influencés par les facteurs climatiques et édaphiques. De même, les composantes des processus de dissipation n’agissent pas indépendamment, mais d’une manière concomitante ou/et interactive. Par exemple, l’immobilisation d’un herbicide par les colloïdes du sol influe amplement sur son lessivage, sa biodisponibilité (absorption par les plantes), sa dégradation chimique et biologique.

Facteurs influant sur la persistance des herbicides Bien que les voies de dissipation des herbicides dans le sol soient nombreuses, l’adsorption, la dégradation microbienne et la dégradation chimique restent les voies les plus importantes et les plus prépondérantes chez beaucoup d’herbicides. En général, tout facteur qui agit sur ces trois composantes de processus de dissipation des herbicides dans le sol aurait un effet certain sur leur devenir et leur durée de vie dans ce milieu. Ainsi, la persistance d´un produit herbicide dépend de facteurs liés au sol, au climat et à l’herbicide lui-même. L´adsorption des herbicides est beaucoup influencée par la texture, la richesse en matière organique, l’humidité et le pH du sol d’une part et par les propriétés chimique et physique des herbicides d’autre part. Les herbicides ont tendance à persister longtemps dans un sol argileux, riche en matière organique et sec. Quant à l’effet du pH, il dépend de la nature des herbicides. La persistance des herbicides des familles des sulfonylurées et des triazines est plus importante dans les sols ayant un pH supérieur à 7. Alors que les herbicides de la famille des imidazolinones sont plus persistants dans les www.agri-mag.com


Photo 3 : Essai au champ de l’effet résiduaire des herbicides anti-brome sur certaines cultures (gauche à droite : lentille, petit-pois, poischiche, fève et betterave)

sols à pH inférieur à 6. La nature et la quantité des microorganismes (bactéries, champignons, actinomycètes etc.) vivant dans un sol, influent beaucoup sur la dégradation biologique de la majorité d’herbicides. Ainsi, tout facteur qui favorise la croissance et la reproduction des microbes du sol (température, humidité, matière organique, oxygène et pH du sol) réduit par conséquent la persistance des herbicides dans ce milieu. En général, les conditions favorables pour la croissance des plantes sont aussi optimales pour les microorganismes du sol. Ainsi, les herbicides persistent moins dans un sol chaud, humide, riche en matière organique avec un pH neutre et bien aéré. La dégradation chimique des herbicides est assurée par les réactions chimiques. Cependant, l’hydrolyse reste le mécanisme le plus impliqué dans cette voie de dissipation. Ainsi, l’humidité, la température et le pH du sol sont les principaux facteurs actifs sur la persistance d’un herbicide soumis à cette dégradation. La dégradation est plus rapide dans un sol humide et chaud. Quant à l’effet du pH, il dépend de la structure chimique de l’herbicide : les sulfonylurées sont rapidement dégradés dans les sols acides, et par conséquent, ils sont plus persistants dans les sols à pH alcalin. Tandis que les imidazolinones ont un comportement inverse.

Gestion des résidus des herbicides dans le sol

Les techniques et/ ou mesures qui permettent de minimiser les résidus des herbicides dans le sol, et par conséquent, de réduire leur persistance et d’éviter leurs éventuels arrière effets (ou effets accidentels) sur les cultures suivantes sont nombreuses. D’emblée, il est faut signaler que la gestion des mauvaises herbes selon les principes de la lutte intégrée est une approche permettant d’atteindre cet objectif. En outre, le choix des herbicides à faible demi-vie et/ou sans risque d’arrière effet (Tableau 1), la réduction de la dose recommandée avec efficacité égale, le mélange de deux ou plusieurs herbicides et l’application la plus précoce possible sont des mesures ou pratiques (avant tout contact entre les herbicides et le sol) qui conduisent à réduire le temps de dissipation des herbicides dans le sol et à épargner les www.agri-mag.com

Photo 4 : Essai sous serre de l’effet résiduaire d’Apyros sur certaines cultures (Photo de Dr. Hamal A.)

cultures suivantes contre tout effet secondaire indésirable. Une fois dans le sol, la persistance d’un herbicide pourrait être minimisée en travaillant fréquemment le sol contaminé après la récolte de la céréale traitée (pour favoriser la dégradation biologique et chimique) ou en réalisant un labour profond (pour diluer la concentration de l’herbicide) avant l’installation de la culture suivante ou en ajoutant de la matière organique au sol pour immobiliser une quantité d’herbicide et/ou stimuler l’activité microbienne. L’apport fréquent de petites irrigations est une autre possibilité pour accélérer la dégradation chimique surtout des herbicides susceptibles à l’hydrolyse. En outre, le respect des délais nécessaires entre l’application des herbicides et le semis de la culture suivante, indiqués sur les prospectus de certains herbicides, est un élément à considérer dans cette gestion. Ainsi, il est recommandé de lire attentivement les brochures des

herbicides utilisés pour avoir cette information afin d’éviter tout accident d’utilisation. En cas de soupçons de présence des résidus d’herbicides dans le sol (ou utilisation d’herbicides ayant un arrière effet potentiel) et pour éviter toute surprise, il est recommandé de procéder à une analyse chimique des échantillons du sol contaminé. Parfois, cette analyse est difficile à réaliser pour des raisons économiques et/ou techniques ou tout simplement pour l’incertitude (absence de références) que la quantité détectée est suffisante pour déclencher un arrière effet. Pour dépasser cette contrainte, les agriculteurs avertis et les techniciens font appel aux essais biologiques au champ (Photo 3) ou sous serre (Photo 4) en semant les semences des cultures d’une rotation sur le sol ayant reçu les herbicides utilisés pour le désherbage de la céréale. Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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ALERTE !

Invasion des populations du thrips Pezothrips kellyanus (Thysanoptera, Thripidae) sur différentes variétés d’agrumes dans la région du Souss-Massa Smaili M.C.1, BenyahiaH.1, Kabbage T.2 Lors des prospections effectuées au niveau de plusieurs vergers d’agrumes durant la période fin Juillet jusqu’à début septembre, les producteurs d’agrumes de la région du Souss Massa ont été soudainement surpris par l’apparition progressive des fruits sévèrement attaqués et montrant des symptômes sous forme de tâches circulaires ou non, fines et minces. Il s’agit en effet du thrips Pezothrips kellyanus, non encore commun pour la majorité des producteurs d’agrumes et dont l’infestation des fruits a commencé à être visible et a progressé jour après jour engendrant d’énormes dégâts sur les fruits de plusieurs variétés d’agrumes. 1 INRA, Centre Régional de la Recherche Agronomique de Kénitra 2 Domaine Kabbage Agadir.

A

utrement, l’incidence des infestations était très élevée. Dans quelques parcelles jusqu’à 90% des arbres portaient des fruits infestés. Ce pourcentage est variable selon la sous- région et la variété ; comme la mandarine Afourer (20-47%), les Clémentines Bekria, Orograndé, Larache, Guerdane et Nules (10-70%), les oranges Cambria, Navel et la Valencia Medknight (20-70 %). La sévérité des dégâts (nuisibilité) au niveau des fruits était également très élevée pour certaines variétés. C’est le cas des oranges Cambria et Valencia Medknight et bien évidement la mandarine Afourer. Toutefois, l’importance des dégâts pour une même variété semble être la même pour différents porte-greffes. Au Maroc plusieurs espèces de thrips peuvent êtres observées au niveau des vergers d’agrumes : Frankliniella occidentalis Pergande, Heliothrips

Variété Afourer

82

Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

haemorrhoidalis Bouché, Thrips tabaci Lindemanna et Pezothrips kellyanus Bagnall (Thysanoptera : Thripidae). Parmi ces espèces, seule P. kellyanus est capable de causer des dégâts importants sur les fruits d’agrumes, alors que les espèces F. occidentalis et H. haemorrhoidalis pourraient être considérées comme des insectes potentiellement dangereux pour les agrumes (actuellement, ce n’est pas le cas).

Importance économique

Excepté dans certains endroits localisés dans la région du Gharb, et depuis son apparition il y adix années au Maroc, P. kellyanus n’était pas considéré parmi les ravageurs importants sur agrumes. En effet, la majorité des surveillances sont axées essentiellement sur les acariens, la cératite, la cochenille, la mineuse et les escargots. Suite aux derniers dégâts enregistrés dans la région du

Sous-Massa, P. kellyanus devrait donc être dorénavant considéré, dorénavant comme un ravageur clé et d’importance économique à l’instar des autres principaux ravageurs associés aux agrumes. En effet, en vergers, la présence des larves de P. kellyanus sous le calice des fruits, dévalorisent leur qualité marchande. Au niveau des stations de conditionnement, la présence des cicatrices dues au thrips P. kellyanus sur les fruits constitue, également une cause supplémentaire des écarts de triage, déjà élevée à cause des marbrures. Ceci constitue ainsi un obstacle supplémentaire à l’exportation des agrumes en provenance des régions productrices, comme le Sous Massa, vers les marchés mondiaux. Cas de la région de Sous Massa en 2018 Les prospections effectuées ont montré que dans la région du Sous-Massa, les dégâts sur fruits montrent que plusieurs symptômes devenus visibles ont lieu à différentes périodes. L’attaque sur la partie pédonculaire des fruits apparaît clairement entre juin et la mi-juillet, celle sur la partie inférieure apparaît au mois de juillet et peut continuer jusqu’à fin d’août. Toutefois, l’apparition des fruits isolés, sains en juillet à l’observation à l’œil nu (en réalité ils sont infestés, mais la cicatrice n’est pas visiblement perçue à l’observation directe in situ), présentent des attaques quelques semaines plus tard. Pour éviter toute confusion, il est primordial de bien faire la différence www.agri-mag.com


Caractéristique des dégâts de P. kellyanus sur agrumes

Pezothrips kellyanus se nourrit en piquant les cellules épidermiques des jeunes feuilles, des fleurs et des petits fruits, en absorbant ainsi le contenu. Toutefois, c’est au niveau des fruits noués que les dégâts sont les plus importants. La ponction de la sève sous le calice du fruit, par l’activité alimentaire des larves et des adultes engendre généralement une petite et mince cicatrice de couleur verte sombre et argentée qui devient par la suite une tâche circulaire liégeuse visible sous le calice du fruit. entre les dégâts sur fruits liés aux thrips et ceux liés à l’effet mécanique du vent causant des marbrures sur fruits. Notons bien que les attaques de P. kellyanus enregistrées sur les fruits sont très variées : i/ Une tâche peu visible diffuse de couleur verte sombre et argentée avec absence de cicatrice difficilement visible à l’œil nu, localisée soit sous le calice soit au niveau de la partie inférieure du fruit. ii/ Une petite cicatrice mince sous le calice non visible à l’œil nu et qui peut progresser et s’agrandir pour devenir visible et consistante en bas du calice au fur et à mesure que le calibre du fruit augmente. iii/ Une cicatrice molle et mince mais circulaire avec une épaisseur importante visible à quelques millimètres sous le calice, accompagnée d’une grande tâche diffuse avec un reflet argenté, allant (ou non) verticalement du haut au bas du fruit. iv/ Une grande cicatrice molle et mince circulaire très visible avec un diamètre très large pouvant couvrir toute la moitié supérieure du fruit. v/ Une cicatrice visible circulaire mince et molle non diffuse de couleur verte sombre argentée, située au niveau de la partie stylaire du fruit. vi/ Une tâche molle très diffuse verte sombre argentée, difficilement visible à l’œil, située au niveau de la partie stylaire du fruit munie ou non d’une très petite cicatrice circulaire verte sombre difficilement visible. www.agri-mag.com

Variété Afourer Il faut noter aussi que lorsque l’attaque des populations de P. kellyanus survient à un stade tardif du fruit, bien qu’elle soit moins fréquente, (cas des fruits mûrs de l’orange Valencia late), les dégâts sont complètement différents, montrant ainsi des nécroses sombres très diffuses occupant une surface importante du fruit. Bien qu’elles soient argentées, ces dernières ressemblent plus ou moins aux dégâts engendrés par l’acarien Tetranychus urticae (Acarina, Tetranychidae).

Bref aperçu sur quelques éléments de biologie

Pezothripskellyanus a été déclaré pour la première fois en Nouvelle Zélande et dans la région Sud de l’Australie, mais son introduction au Maroc a été déclarée en 2008 dans la région de BeniMellal et une année plus tard dans la région de Souss Massa. C’est un minuscule thrips de couleur noir ayant 2 à 3 mm de longueur, difficile à détecter et à observer. Depuis l’éclosion de l’œuf, l’insecte passe à travers deux stades larvaires très actifs de couleur jaunâtre. Après la deuxième mue, le thrips devient inactif et cesse de s’activer et de s’alimenter, passant ensuite par la pronymphe, la nymphe et l’adulte.

Comment lutter contre P. kellyanus Surveillance

La surveillance des populations de P. kellyanus mérite une vigilance à considérer et constitue en effet le maillon fort pour la réussite de toute stratégie de lutte en verger d’agrumes. En verger, les fruits d’agrumes sont plus vulnérables aux attaques

du thrips durant une période allant jusqu’à plusieurs semaines après la chute des pétales, ce qui correspond à nos conditions au Maroc, depuis début mai jusqu’à la mi-juillet. Néanmoins des conditions de climat tempéré, cas de la vallée du Souss, peuvent prolonger la période de sensibilité de l’épiderme du fruit. Autrement, les fortes chaleurs pourraient provoquer la chute des populations de ce ravageur. Période Avant floraison La surveillance des adultes entre février et mars, moyennant des pièges englués, de couleur blanche rectangulaire (10x20 cm) suspendus prés de la strate herbacée du sol, permettront de détecter la présence du P. kellyanus nouvellement émergés du sol ainsi que son abondance par rapport aux autres espèces de thrips présents en verger d’agrumes. Période floraison La surveillance des populations du thrips se fait moyennant des pièges englués de couleur blanche rectangulaire (10x20 cm) suspendus à l’intérieur de l’arbre, mais plus au moins localisés au niveau de la partie extérieure de la frondaison. Ces pièges vont permettre de détecter la présence du P. kellyanus au niveau des fleurs, mais également l’importance de son effectif. L’observation directe de P. kellyanus au niveau des fleurs est un autre moyen complémentaire, qui permet également de déceler la présence de ce ravageur dans les conditions in situ du verger d’agrumes. Toutefois, la surveillance des populations du P. kellyanus moyennant le battage des fleurs, reste le moyen le plus fiable et le plus praAgriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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Variété Afourer

tique en verger pour connaitre i/la présence du P. kellyanus, ii/ la structure de ses populations et bien évidement iii/ l’abondance des larves. L’échantillonnage consiste en le battage de 3 à 4 rameaux portant les fleurs, en utilisant un entonnoir en plastique, muni en bas d’un tube pour faciliter la récolte des spécimens, à raison de 4 battages/arbre sur dix arbres choisis aléatoirement par hectare (soit un seul battage/ orientation/arbre). Période Nouaison Durant cette phase, la surveillance des fruits sous le calice des petits fruits, reste une autre phase cruciale et importante pour déceler la présence des premiers déplacements des populations du thrips, depuis les fleurs vers le calice du fruit. L’observation, moyennant un échantillonnage aléatoire des fruits (soit 10 arbres à raison de 10 fruits/arbre) peut se faire de deux manières, in situ, à l’aide d’une loupe de poche (x 10) ou au laboratoire sous loupe binoculaire. A ce niveau là, ces différents outils donnent uniquement une idée sur le risque des infestations encourues pour les prochaines semaines allant de la chute des pétales jusqu’au plusieurs semaines. Période « Chute des pétales - 6 à 8 semaines après» Comme pour la phase précédente, la partie sous calice, reste le paramètre le plus important. En effet, cet endroit est convenable pour l’alimentation du P. kellyanus du fait qu’il est ombragé contre les rayons directs et empêche le contact direct du thrips avec les traitements coccides, souvent entrepris contre le pou de Californie durant cette phase. Cette phase est considérée comme importante et à haut risque, de ce fait à travers un échantillonnage aléatoire, identique à celui réalisé lors de la phase nouaison, mais devrait être réalisé avec une fréquence réduite 84

Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

(selon la disponibilité des moyens humains). Qualité de la surveillance Dans le cas de la surveillance des populations de P. kellyanus, la fonction d’un « observateur qualifié » est primordiale puisque la personne qui est en charge doit avoir un minimum de connaissances relatives à cette espèce. La qualité de la surveillance est tributaire de trois paramètres : l’effectif des observateurs (force du travail), leur qualité (niveau de connaissance et expérience en verger) et leur disponibilité pour accomplir la fonction de surveillance. Présence sur les fleurs et/ou fruits d’autres espèces de thrips : cas de F. occidentalis Lors des différentes phases de la surveillance, il est possible de capturer F. occidentalis, ou autres espèces de thrips. En effet, F. occidentalis est très peu connu comme étant un sérieux ravageur des agrumes, toutefois, sa présence au niveau des calices des fruits mérite d’être suivie, enregistrée et prise en considération entre mai et juillet. La présence de jeunes pousses infestées et distordues, ne doit pas dévier l’attention des producteurs sur la problématique du P. kellyanus. Prise de décision de lutte contre P. kellyanus Avant la prise de décision de lutte, il faut s’assurer que le thrips capturé, s’agit bien de P. kellyanus et non une autre espèce de thrips. Lorsqu’une mauvaise identification a lieu, la présence de thrips ressemblant au P. kellyanus, laisse présager la présence de dit thrips, mais souvent conjuguée à l’absence de dégâts sur fruits par la suite. L’identification de l’espèce existante en verger est donc obligatoire et primordiale. Pour une prise de décision de lutte adéquate, la surveillance doit aboutir à l’estimation de seuils d’intervention durant les stades physiologiques risqués de l’arbre :

Période Avant floraison Il est important de déterminer le pourcentage d’occupation des plaques de couleur blanche par les adultes de P. kellyanusun un mois avant le stade début floraison. Un seuil de 25% de plaques occupées pourra être établit (soit une plaque occupée parmi quatre installées par hectare). Une plaque est considérée comme occupée par le thrips P. kellyanus, lorsqu’elle est occupée par au moins trois adultes de P. kellyanus. Au dépassement du seuil, le risque devrait être considéré comme imminent pour les jours qui suivent. Période Floraison Durant ce stade, deux paramètres sont à déterminer : - la moyenne du pourcentage d’occupation des fleurs [%= (Nombre de battage avec présence P. kellyanus/4)%100] avec dix répétitions. - [Densité = Nombre de P. kellyanus / battage/arbre] avec dix répétitions. La seule présence des populations de P. kellyanus en verger devrait être considérée comme un risque imminent pour les fruits durant la période «après la chute des pétales ». Période Nouaison La seule présence des populations de P. kellyanus durant ce stade physiologique est automatiquement considérée comme un risque imminent pour les fruits durant la période suivante. Il faut surtout concentrer l’observation in situ, sur les larves qui se déplacent vers les petits fruits noués. Période « Chute des pétales - 6 à 8 semaines après» A travers l’échantillonnage, il est important de déterminer l’infestation des fruits par P. kellyanus en déterminant la moyenne du pourcentage des fruits infestés [%= Nombre fruits infestés par P. kellyanus /10 fruits)%100] avec dix répétitions. Un fruit est considéré comme infesté lorsqu’il : a/ héberge au moins une larve et/ou larve+adulte, sous le calice du fruit, ou b/ présente sous le calice, la trace du début de la formation d’une petite cicatrice mince. Il est également possible de déterminer l’importance (ici c’est la densité qui nous intéresse) des larves L1 et www.agri-mag.com


L2 et des adultes vivants sous le calice de chaque fruit. L’application d’un produit efficace doit être réalisée au dépassement du seuil (5% de fruits infestés). Lorsque la superficie des agrumes à suivre est importante, et que l’achèvement d’une seule application chimique de la zone à traiter nécessite plusieurs jours, le seuil sus-indiqué pourrait être réduit entre 3 à 4%. Sachant qu’au Maroc, il n’ya pas de produits homologués contre les thrips sur agrumes, deux points méritent un intérêt particulier et doivent susciter l’attention du producteur : i/ Noter l’historique des effets des produits disponibles contre le thrips, mais déjà appliqués auparavant sur les autres principaux ravageurs durant cette période. ii/ Consulter les expériences des autres pays et synthétiser l’information liée à l’effet des matières actives vis-à-vis des populations de P. kellyanus.

Lutte culturale

Phase de l’éclaircissage La phase de l’éclaircissage est une étape importante du fait qu’elle permet de réduire la charge de l’arbre, en éliminant les fruits de petit calibre, pour avoir un calibre approprié. Durant cette phase, il est recommandé de cibler, en effet, ces fruits de petit calibre qui peuvent être i/ sensibles aux attaques ultérieurs du P. kellyanus ; ii/ susceptibles d’héberger les larves actives du P. kellyanus, iii/ mais également portant des symptômes visibles liés à l’activité de ce ravageur. Plantes hôtes probables Actuellement P. kellyanus semble associé exclusivement aux espèces du genre citrus au Maroc. Nous n’avons aucune idée sur l’éventail des autres espèces probablement plantes hôtes. Autrement, au niveau des bordures des parcelles d’agrumes, il est recommandé d’éliminer les plantes dont les fleurs sont de couleur blanche ou jaune et qui précèdent celles des agrumes. Possibilité de la lutte biologique Dans les conditions actuelles du Maroc, plus particulièrement la région du Sous Massa (cas de l’année 2018), www.agri-mag.com

aucun prédateur et/ou parasitoïde ne semble influencer les populations de P. kellyanus. Toutefois, la lutte biologique pourrait, dans le futur proche, être possible en favorisant deux types de lutte biologique ; i/ La lutte biologique conservative : dans un objectif de conserver les ennemis naturels potentiels existants, lors de la lutte envisagée contre les principaux ravageurs classiques, il faudrait appliquer des produits chimiques commerciaux efficaces mais compatibles avec la lutte intégrée. ii/ La lutte biologique augmentative : dans la mesure du possible, il faut promouvoir le développement des lâchers des phytoseides à grandes envergures, comme pour le cas de Iphiseius (Amblyseius) degenerans. Toutefois, la présence du prédateur Aeolothripssp. (connu par ses bandes de couleur blanche), souvent observé au niveau des arbres d’agrumes, ne semble pas jouer un rôle important dans la limitation des populations des thrips en générales et de P. ciaux pour la lutte directe contre ce thrips doivent être qualifiés de « très kellyanus en particulier. efficaces », soit efficaces vis-à-vis des larves en particulier, et moins nocifs Ce qu’il faut retenir vis-à-vis des ennemis naturels. Les pour les années à venir - Le thrips P. kellyanus est un ravageur autres paramètres liés à l’application d’importance économique en ver- des traitements doivent également gers d’agrumes de la région de Sous être optimisés (pH et dureté de l’eau, Massa, ce qui est vrai pour d’autres température et humidité converégions comme la région de Beni nable, vitesse du vent, matériels apMellal, Difficilement contrôlable. Les propriés et calibrés, etc.). producteurs d’agrumes, doivent le - La surveillance et la prise de déprendre comme ravageur primaire à cision de lutte éventuelle contre P. kellyanus, doit concerner la période l’instar des autres ravageurs clés. - La réussite de la lutte contre P. kel- mai - juillet. La lutte basée sur l’évalyanus, doit être basée sur l’applica- luation des fruits montrant des cication de la lutte intégrée ayant la sur- trices épaisse au dessous du calice veillance pratique et efficace comme du fruit et visible à l’œil nu entre la période fin juillet et septembre, est maillon important. - La surveillance doit concerner les une grande aberration du suivi et principales phases physiologiques : relève de la mauvaise gestion tardive avant floraison, floraison, nouaison, de ce ravageur. chute des pétales et six à huit se- - L’insecte peut se déplacer rapimaines après la chute des pétales ; soit dement et un verger non contrôlé, non traité peut être une source d’atentre début mai et fin juillet. - L’identification au préalable de l’es- taque sur un verger sain. Il est donc pèce P. kellyanus reste un paramètre important de la mobilisation de la important avant la mise en pratique profession et des services sanitaires d’un programme de lutte intégrée officiels pour que des interventions collectives soient effectuées à l’insappropriée. - L’historique de l’importance (abon- tar d’autres ravageurs comme la dance et persistance) des popula- mouche méditerranéenne. tions de P. kelyanus au niveau de - L’étude d’une cartographie de l’actichaque verger d’agrumes est un fac- vité de P. kellyanus et autres thrips en vergers d’agrumes au niveau régioteur important à connaitre. - Le choix des produits commer- nal est importante pour standardiser la lutte par zone. Agriculture du Maghreb N° 114 - Sept / Oct. 2018

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