Tomate
Tuta absoluta
Importance de la gestion de la résistance On ne présente plus la mineuse de la tomate Tuta absoluta. En tout cas, pas aux producteurs de tomate qui doivent la combattre chaque campagne en combinant toutes les méthodes de lutte disponibles. En effet, contre ce papillon coriace, il n’y a pas une technique miracle unique, la protection est nécessairement intégrée.
C
ontre Tuta absoluta, une lutte curative systématique à priori n’a aucun sens. Il faut d’abord agir en fonction des populations présentes et mettre en place des mesures de suivi et de prévention. Actuellement, au Maroc, la lutte repose sur plusieurs leviers, notamment : - la surveillance des populations grâce aux pièges à phéromones (type delta) ; - les mesures préventives : barrières physiques sous serre (filets insect-proof), prophylaxie dans les parcelles et aux alentours (suppression des repousses et déchets de tomate et autres plantes-hôtes, nettoyage du sol) ; - les mesures curatives en cas de détection : lutte biologique à l’aide d’auxiliaires prédateurs et/ou parasitoïdes, traitements bio-insecticides, piégeage de masse, traitements insecticides chimiques. Tuta absoluta a une capacité remarquable à s’adapter pour surmonter
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Agriculture du Maghreb N° 129 - Juillet / Août 2020
les nouvelles mesures de contrôle, comme en témoigne son développement de résistance aux insecticides chimiques. « Il nous est souvent arrivé de penser que Tuta absoluta était parfaitement sous contrôle pendant certaines campagnes, mais elle est revenue pour se venger durant la saison suivante après avoir développé une résistance à l’un des principaux produits phytopharmaceutiques utilisés dans les programmes de lutte contre ce ravageur », explique un producteur. « Il est clair que notre secteur doit continuer à s’efforcer de garder un pas en avant sur ce ravageur très destructeur ». Depuis plusieurs décennies déjà, l’IRAC (Comité d’action contre la résistance aux insecticides) met en avant des mesures de bonnes pratiques phytosanitaires, répétées régulièrement par les techniciens aux utilisateurs afin de minimiser la sélection de populations résistantes. La plus importante est : ne pas réaliser des applications répétées d’insecticides issus d’une même famille chimique.
L’IRAC précise aussi d’autres conditions d’emploi qui sont parfois peu prises en compte par manque de connaissance, notamment dans le cadre de la construction de stratégies efficaces de gestion préventive du risque d’apparition de résistance, pour des cultures soumises à plusieurs générations successives d’une ou plusieurs espèces de ravageurs. En effet, l’IRAC accorde une importance particulière aux applications. Les traitements au même mode d’action doivent s’agencer en ‘fenêtres’, dont la durée est déterminée par la biologie et les stades du ou des ravageur(s) ciblé(s) et de la culture. Une ‘fenêtre de traitement’ est une période d’activité résiduaire apportée par une application ou une séquence d’applications d’un même mode d’action. Théoriquement, la ‘fenêtre de traitement’ correspond à minima, à la durée d’une génération d’un ravageur cible. Plusieurs applications d’un produit d’un même groupe IRAC sont possibles au sein d’une fenêtre de protection mais il est reconnu fondamental que deux
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