CADEAU
Ton méga poster illustré !
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La rubrique-à-brac Le Canard enchaîné, un des plus vieux journaux satiriques français créé en septembre 1915 a fêté ses 100 ans cette année.
IDK Magazine Editions L3J 2015 Siège social : 56, rue du lol Nouillorc, Zimbabwe Site internet : idkmag.tumblr.com Adresse e-mail : redaction@idk.com Responsable de Rédaction : Laura Audibert Journalistes : Laura Audibert, Carmen Abd Ali, Suzie Georges, Maxime Ferrandez, Aïda Dubourg, Camille Bresler, Sona Dadi, Gaëlle Delhon, Alizée Aiguier, Karoll-Michelle Charnaud-Segura, Pauline Allione Edito : Jily Bâ
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ourquoi la presse est ce qu’elle est? Pas de panique! Si vous ne connaissez pas la réponse ce n’est pas grave! I Dont Know est fait pour remédier à cela. En partant de l’idée que personne ne sait tout et de la certitude que pour comprendre, il faut étudier l’histoire. Nos jeunes journalistes en herbe, ont eu pour mission de la décrypter pour vous. Pour vous montrer la diversité de ces acteurs, je vous ai préparé ce petit photo montage. Il me permet pour ce hors série, que trois personnages surprenants se rencontrent. Pour les traits et le dialogue, c’est Wolinski. Un grand dessinateur de presse assassiné en 2015, dans l’attentat contre Charlie Hebdo. Un pacifiste qui s’est battu toute sa vie pour la justice et contre l’oppression. A gauche c’est Émile De Girardin, un journaliste très ingénieux. Mais pour l’instant, je ne vous en dis pas plus sur lui. Vous découvrirez son histoire, dans la bd à la fin du numéro. A sa droite Caroline Remy, la pionnière du journalisme féministe français. Une journaliste exemplaire qui savait se faire entendre, pour défendre des causes justes. Tous deux ont vécu au 19 ème siècle. A l’époque où Émile Zola, prenait sa plume pour défendre le capitaine Dreyfus. Vous connaissez sans doute cette histoire! Nous allons vous faire découvrir des photographes, reporters, journalistes, dessinateurs… qui ont marqué l’histoire. Ce sont ceux qui lui ont permis de survivre à la censure. De traverser les conflits dans nos sociétés. Ou encore qui lui ont permis de s’adapter aux évolutions techniques des outils de communication. Vous allez découvrir pourquoi certains journalistes, ont dû se cacher derrière un pseudonyme. Ou encore quelles sont les différentes façons de traiter l’information et de la diffuser. Mais ne le dites pas à monsieur De Girardin, il n’est pas encore au courant.
edito - J ILY B.
Graphistes : Aïda Dubourg, Camille Bresler, Carmen Abd Ali Crédits photo (Une) : Camille Bresler, Laura Audibert, Pauline Allione Secrétariat de Rédaction : Aïda Dubourg, Gaëlle Delhon, Maxime Ferrandez, Suzie Georges, Carmen Abd Ali Illustratrice BD : Karoll-Michelle Charnaud-Segura Jeu des 7 erreurs : Laura Audibert, Camille Bresler Imprimeur : Anonyme
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DOSSIER /
ZOOM /
D’UNE GUERRE A L’AUTRE
P. 10 ILS SONT CASH ET çA CLASH !
LE JOURNALISME SUR TOUS LES FRONTS
LES MEILLEURES PUNCHLINES DU JOURNALISME
P. 18 À 27
LES 5 COMMANDEMENTS
LA CARICATURE : P. 12 À 14 UN POUVOIR QUI NE PAYE PAS DE MINE
P. 20 D’UNE RESISTANCE EN PAPIER P. 22 ²²²²²²²²²LE TABLEAU DES INTOX P. 23 ²²²²²²²²²LA GUERRE DES ONDES PHOTOJOURNALISME, CÔTÉ COULISSES P. 24
VERS LE PASSÉ P. 16 LERETOUR QUOTIDIEN D’UN JOURNALISTE EN 1805
DÉCOUVERTE /
LES MYTHOS P. 30 ZOOM SUR LES GRANDS MENSONGES JOURNALISITQUES KIT DE SURVIE P.36
LA UNE SOUS TOUTES SES COUTURES P. 7 À 9 LE LOOK DES JOURNAUX D’HIER ET D’AUJOURD’HUI LES JOURNALISTES AVENTURIERS
P. 28
DE L’OMBRE DES PSEUDOS À LA LUMIÈRE DES PROJOS P. 33 À 35 LES DRÔLES DE DAMES DU JOURNALISME BD : LES AVENTURES D’EMILE P. 43
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SOMMAIRE
GRANDS REPORTERS :
HAVE FUN!
LE TUTO DE GUTENBERG Imprime ta gazette!
P. 38
TEST : QUEL JOURNALISTE SOMMEILLE EN TOI? P.40 P. 41 JEU : LES 7 ERREURS DE LA RÉDAC’ Supplément central : FRISE CHRONOLOGIQUE ILLUSTRÉE
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DECOUVERTE 31 MAI 1631
La rubrique-à-brac La Famille Fenouillard, de Christophe, est la première bande dessinée française. Elle est apparue en 1889 dans Le Petit Français Illustré, un hebdomadaire conçu pour les enfants.
LA UNE SOUS TOUTES SES COUT URES Pas de titres, pas de photos, pas de chapôs. Les premiers journaux, c’était pas ce que tu crois ! Heureusement, en 400 ans, le look de la presse a bien changé. De la Gazette à Marilyn Monroe, retour sur ces métamorphoses en cinq Unes et cinq dates.
1er Janvier 2012 6
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DECOUVERTE 13 janvier 1898
7 avril 1952
« J’accuse ... ! » Elle est sans aucun doute la Une la plus célèbre du XIXème siècle. C’est sûr que ça claque plus que la Gazette ! Zola peut remercier Émile de Girardin, le fondateur du journal La Presse, pour l’invention des gros titres. Et les lecteurs peuvent en faire autant. Désormais, ils repèrent plus facilement les informations et piochent ce qui leur plaît.
Wahou la Marilyn ! Un canon en couverture, tout de suite ça donne envie. Ils sont malins les magazines. Belles photos en pleine page, titres accrocheurs : la recette d’une Une réussie ! Aux États-Unis, le magazine Life inspira le magazine Paris Match et le journal Libération.
La folle histoire de l’illustré
18 avril 1912 « Avez-vous l’éclipse ? » Et les photos surtout ! Elles se sont frayées un chemin entre les colonnes. Comme si le journaliste prêtait ses yeux le temps d’un évènement. Des petits paragraphes qui résument les articles ont aussi pointé leur nez. C’est ce qu’on va appeler les chapôs.
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212. C’est le nombre d’années passées entre le premier journal, La Gazette, en 1631, et le premier magazine illustré, L’Illustration, en 1843. Seize pages entièrement dédiées à l’image : un génie ce Jean-Baptiste Paulin ! Mais attention, à l’époque, les reporters ne partent pas avec un appareil photo à la main mais avec... Un carnet à dessin ! Au début, les dessinateurs se servaient des photos seulement comme modèles. On pouvait alors lire « d’après photographie » en dessous de leurs oeuvres. Cela prouvait le talent de l’artiste et, en prime, que l’évènement était vrai. Si tu veux savoir comment les photos sont arrivées dans les journaux, rends toi vite p. 26
- SUZIE G.
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ZOOM
ILS SONT CASH ET çA CLASH !
« Je considère ma chronique comme une sorte de nécrologe où j’enterre plus ou moins doucement les réputations d’un jour » Zola, L’Evènement
Le nécrologe, c’est cette liste qui recense le nom de personnes décédées… Et que Zola apparentait à la critique, un genre qu’il connaissait bien ! En effet, l’écrivain a débuté sa longue carrière de journaliste en 1863, en tant que critique littéraire et artistique. Ses chroniques à la plume aiguisée parurent dans une dizaine de journaux tels que L’Evènement, Le Figaro ou encore La Cloche.
Zola, Balzac, Hugo… Ces écrivains dont tu connais certainement les noms ont été journalistes… Mais n’en ont pas toujours été fiers ! Rapide tour d’horizon des meilleures punchlines des auteurs du XIXème au sujet de la presse
« Si la presse n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer.» « La presse a succédé au catéchisme dans le gouvernement du monde. Après le pape, le papier. » Victor Hugo, Tas de pierres Le pouvoir du papier, disait Hugo? L’auteur des Misérables n’a cependant pas eu que de mauvais sentiments à l’égard de la presse, loin de là ! Le 11 octobre 1848, il prononçait un discours à l’Assemblée Nationale en faveur de la liberté de la presse, une cause qu’il a toujours défendue…
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Balzac, Illusions perdues Pas cool Balzac ! S’il aimait critiquer la presse qu’il jugeait trop peu indépendante, Honoré de Balzac a néanmoins été patron de deux journaux ! En 1835 il fondait La Chronique de Paris, une revue littéraire mensuelle, puis en 1840 La Revue parisienne, qui parlait littérature et politique.
Roman à la UNE
Lire est parfois le meilleur moyen d’imaginer de grandes aventures dans la peau de personnages variés. D’une princesse à un policier intrépide, le roman feuilleton offrait aux jeunes comme toi des moments d’inspiration pour partir tel Peter Pan au pays de l’imaginaire. Chaque nouveau chapitre se découvrait en Une du journal et celle ci était toujours très attendue. Construit comme des petits bouts d’histoire, mêlant suspens et intrigue très travaillés, ces épisodes étaient l’oeuvre de grands écrivains. Balzac, Sand, Zola, Maupassant, que de grands noms derrière ces histoires passionnantes. Pourtant elles n’étaient pas là pour donner envie aux enfants de lire les romans de 300 pages que tu lis aujourd’hui en classe. Non, ces aventures en première de couverture étaient en fait un moyen pour les journaux de vendre leur papier ! Tout simplement ! Et si je te disais, que loin des livres un peu compliqués qu’on connaît des auteurs que je t’ai cités, les histoires qu’ils racontaient étaient tout à fait rocambolesques et captivantes ? Prends Rouletabile ! Avec son mystère de la Chambre Jaune -peut être que tu le connais, ça a inspiré bien des films et même le Cluedo-, c’était un journaliste tout sauf ordinaire et ses aventures ont captivé pendant des décennies. Intrépide et astucieux, il avait tout pour plaire aux lecteurs qui t’ont précédé. De même que d’Artagnan, tout était fait pour faire un peu rêver en quelques lignes.
- AIDA D.
- PAULINE A.
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ZOOM
XIXe siècle
LA CARICATURE, UN POUVOIR QUI NE PAYE PAS DE MINE
Napoléon III, une presse sous la censure Le règne de Napoléon III (1852-1870) a été pour la presse une période de forte censure politique. Par conséquent, les caricatures se font rares et ne doivent être émises qu’avec l’accord de la personne concernée (c’était l’« autorisation préalable »). A la mort de l’Empereur et du Second Empire, les caricaturistes se déchaînent. Notamment sur la situation dans laquelle le chef d’Etat a laissé le pays après la défaite contre l’Empire Allemand en 1870. Dans la caricature ci-contre, Napoléon III est comparé à un vautour « dévorant » la France.
Chef d’état vautour, cochon, tête de poire ou flamby, nombreux sont les caricatures présidentielles que tu trouves dans les journaux. A travers quelques caricatures polémiques qui ont métémorphosé la réputation de certains chefs d’état, IDK te montre que cela n’est pas nouveau.
La 5e République
Un président a l’étiquette
Le président François Hollande, traine le surnom de « flamby » depuis 2012. Charlie Hebdo, Canard enchainé et les Guignols font de M. Hollande un personnage mou et sans autorité. Le pouvoir de la presse satirique est tel que l’idée d’un « président mou » est entré dans les moeurs. Une image difficile à gommer dans les mentalités.
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Louis Philippe, ou « tête de Poire » De Gaulle, un général moqué et dénoncé Son statut de « libérateur de la France » lui a souvent épargné quelques moqueries. Néanmoins, son retour à la politique pendant la guerre d’Algérie, en 1958, déliera les langues et les crayons. Plus encore, dans une société aux médias encore très contrôlés, le monde journalistique devient de plus en plus critique. Le point d’orgue s’exprime lors de la crise de mai 68, où un mouvement né d’une révolte étudiante entraine une crise sociétale au niveau national. La presse satirique s’empare à sa façon du sujet en dénonçant avant tout la mainmise de l’Etat sur les médias et le contrôle de l’information.
Toujours sous contrôle et censurée, la presse tente de conserver son indépendance. A cette époque, les journaux utilisent la satire pour défendre des courants politiques et contre la monarchie. Le journal « La Caricature » est fondé en 1831, et doit sa réputation à la publication des « Poires ». En effet, la comparaison du chef de l’Etat à ce fruit constitue au-delà d’une moquerie physique un pamphlet contre la politique du souverain et de ses dépenses. A l’inverse de Jacques Chirac, cette comparaison n’aura pas porté ses fruits…
XVIIIe siècle
Napoleon Bonaparte monte sur ses grands chevaux Tu as sans doute vu ce célèbre tableau de Napoleon Bonaparte héroïque, glorifié franchissant le col du Grand-SaintBernard. Nappoleon et son cheval blanc ont longtemps inspiré les artistes. Le souverain était en effet souvent représenté en selle, symbole de ses origines militaires (les généraux se déplaçaient ainsi dans les batailles), mais aussi de pouvoir et de domination. A la chute de son Empire et la fin du contrôle de la presse, les caricaturistes remonte en selle et assignent quelques dessins osés. Parmi les plus connues, la caricature ci contre, de 1815, montrant Napoléon tombant de son cheval symbolise d’un empire perdu et d’une gloire déchue.
- KAROLL-MICHELLE C-S.
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ZOOM Louis XVI ou « le Roi-cochon »
La rubrique-à-brac
À l’avénement de son royaume en mai 1774, Louis XVI , était un Roi désiré et bien accueilli par son peuple. Nombreux imprimés flattaient sa bonté et son rôle paternel envers le peuple. Une bonne image qui a longtemps perduré. Dès juin 1789, le « roi père » manifeste son opposition à toutes les reformes et entamme un divorce avec sa bonne image. Une rupture qui lui a coûté cher car il deviendra « un Roi veto » puis un « Roi cochon », une bête à abattre… Son grand appetit financier et son caractère borné participeront à la consolidation d’une image de cochon. Echappé de son enclos et ramené à Paris, la caricature ci-contre montre comment Louis XVI est animalisé et desacralisé de son image symbolique de roi.
Quelques journaux qui ont marqué l’ histoire de la caricature de presse
Nom: Canard enchaîné Né: le 10 septembre 1915 par Maurice et Jeanne Maréchal Type: Hebdomadaire Âge: 100 ans Pourquoi on en parle ? Car c’est le seul journal satirique né pendant la première Guerre Mondiale et qui ait survecu. Il est toujours resté un journal qui refuse la publicité jusqu’à aujourd’hui.
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- KAROLL-MICHELLE C-S.
Nom: L’Assiette au Beurre Né: 4 avril 1901 Type: Hebdomadaire hu-
moristique et satirique Disparu: 1914
Pourquoi on en parle ?
l’Assiette au Beurre a été l’une de plus connue des revues illustrées mais aussi l’un de plus précieux témoignages iconographiques de la Belle Époque. Chaque dessin était accompagné d’un texte bref.
Nom: Le Charivari Né: Le novembre 1832 créé
par Charles Philippon Type: Hebdomadaire satirique Disparu: 1937
Pourquoi on en parle ?
Le charivari est connu pour sa caricature du roi Louis-Philippe en tête de poire. Il fut à de nombreuses reprises condamné et même interdit par Napoléon III.
Nom: La caricature Né: Le novembre 1830 créé
par CharlesPhilippon Type: Hebdomadaire satirique Disparu: 1843
Pourquoi on en parle ?
Cousin du Charivari, avec les mêmes oppressions politiques. Il accueilli quelques participations de Honoré de Balzac.
"Grand reporter est le plus palpitant des métiers et cela peut en être le plus noble. Le reporter vit dix vies humaines. Il assiste aux expériences les plus éclatantes et suit les événements les plus prodigieux. Nul comme lui n’a la joie de vivre, puisque nul comme lui n’a la joie de voir. [ … ] Savoir voir, et faire voir ! Le reporter regarde pour le monde : il est la lorgnette du monde ! Quoi de meilleur que de parcourir la face du globe pour écrire le geste des hommes ? Comme je t’aime, ô mon métier !" Gaston Leroux, grand reporter, 1901
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ZOOM
Paris, 17 juillet 1805, 12h30
RETOUR VERS
LE PASSÉ
« Qu’on lui coupe la tête ! » : Pendant le XIXe siècle, tout n’était pas tout beau tout rose, et il fallait se montrer cool avec le gouvernement en place sous peine de se retrouver dans des situations délicates. Suivez le retour dans le passé d’Hervé Lion, journaliste pour un quotidien, plus de 200 ans en arrière !
Paris, 16 juillet 2015, 23h17
Je viens de terminer mon article sur François Hollande qui sera publié demain. Quelle idée d’aller se balader dans les rues de Paris en scooter pour apporter des croissants à sa meuf. Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi.
Paris, 17 juillet 2015, 7h15 Pour la première fois, ce sont les oiseaux qui m’ont réveillé et j’ai particulièrement mal dormi.
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Paris, 17 juillet 1805, 9h28
Sans idée précise sur ce que j’allais faire pour m’occuper, je tente de m’approcher du Journal de l’Empire. D’une part pour continuer d’écrire, d’autre part car je ne survivrai pas sans argent.
Suite au repas avec Bertin, celui-ci me fait rentrer dans les locaux. Une des personnes est en retrait. Tous les journalistes lui apportent leurs articles, puis il leur rend, ou non. Il s’appelle Fiévée. Bertin me dit qu’il était nouveau ici, mais qu’il n’écrit pas pour le journal. C’était ce qu’on appelle un censeur, et qu’il était là pour surveiller nos publications. Le Journal de l’Empire est le seul à avoir un censeur dans ses locaux, mais des rumeurs se propagent sur le fait que tous les journaux en auront un d’ici quelques années.
Fiévée, c’est lui.
Paris, 19 juillet 1805, 15h10 Mon premier article est terminé. Il concerne une campagne de Napoléon Ier menée en Italie, remportée in-extremis. Mais l’article n’a pas été validé. Je comprends alors que la presse n’est pas libre comme elle l’est en 2015. Lorsque je suis allé voir Bertin pour lui demander les conséquences si je publiais quand même mon article, il m’a simplement montré ce dessin. Je n’ai plus eu l’envie de contredire Fiévée.
Paris, 17 juillet 1805, 7h17 Je n’en crois pas mes yeux ! Une fois la porte de la chambre ouverte, je me rends compte que je ne suis pas chez moi. L’état vieillissant de la maison, le manque d’électricité, et Le Journal de l’Empire qui montre Napoléon 1er me font comprendre que je suis dans le passé.
Paris, 28 juillet 1805, 21h20
Le repas avec les collègues m’a laissé un poids sur le ventre. J’espère aller mieux demain, beaucoup de travail m’attend.
Paris 29 juillet 1881, 10h12 Je décide d’aller voir les bureaux du Journal de l’Empire. Le nom a changé. Fini Bertin, place à Girardin. Le titre s’appelle La Presse, et connait un franc succès. Dans les bureaux, que des journalistes. Aucun censeur. Ils ne sont plus autorisés dans les rédactions. Dans la mesure où créer un journal est devenu moins cher, grâce à la fin du cautionnemen tout le monde a les capacités de le faire. Avant, chaque journal devait verser une somme astronomique afin de pouvoir payer une amende aux autorités. Malgré cette liberté, certaines choses restent interdites, comme par exemple d’insulter ou de provoquer une personne ou une organisation.
Paris, 17 juillet 1805, 11h24 Je rencontre enfin le directeur de publication, Louis François Bertin, qui a l’air anxieux. Hier, son journal a été obligé de changer de nom pour devenir Le Journal de l’Empire car les thèmes abordés ne plaisaient pas à Napoléon. Il me raconte que son journal a été créé juste après la Révolution Française, en 1789 mais qu’il n’est pas le créateur original. Il me dit également que beaucoup d’autres se sont créés à cette époque à Paris, et ce jusqu’au détrônement de Louis XVI, en 1792. Depuis que Napoléon est officiellement l’Empereur de la France, en 1804, les journaux sont censurés. Bertin me racontait qu’il avait reçu dans sa boîte aux lettres une copie d’une lettre que l’Empereur avait envoyé à Joseph Fouché, un de ses ministres, dans le but d’étouffer la presse.
Paris, 29 juillet 1881, 7h29
Paris, 29 juillet 1881, 17h40
La nuit a été agitée, pour la première fois depuis mon retour dans le passé. Je m’attends au pire. Le journal devant la porte est Le Moniteur universel, mais devant les maisons voisines, ce sont d’autres titres, comme si la presse s’était développée en l’espace de… Tiens, d’ailleurs, en quelle année sommes-nous ? 1881, le 29 juillet plus précisément. Ah ! Aujourd’hui, c’est la mise en place de la loi sur la liberté de la presse, par le gouvernement de Jules Ferry - oui, celui qui a rendu l’école obligatoire.
J’apprends dans les journaux qu’il est formellement interdit d’offenser le Chef d’Etat français. Cette règle sera supprimée en 2013. Et heureusement, comment j’aurai pu écrire mon papier sur François Hollande sinon ?
- MAXIME F.
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DOSSIER
D’UNE GUERRE
A L’AUTRE
Le journalisme sur tous les fronts
Loin des récits de tes livres d’histoire, IDK te propose de découvrir les coulisses des médias pendant les différents grands conflits qui ont marqué le XXe siècle. De la Première Guerre mondiale à celle du Vietnam, les journalistes ont joué différents rôles, des méthodes sont apparues, et des jeux d’influence ont été mis en place... Jetons un oeil là dessus!
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DOSSIER
LES 5 COMMANDEMENTS D’UNE RESISTANCE EN PAPIER Emprisonnement, torture et peine de mort… Les résistants risquaient gros en contribuant à la presse clandestine durant la Seconde Guerre mondiale ! Au travers du journal Défense de la France, découvre les règles d’or auxquelles devait se soumettre un journal clandestin pour exister face à l’occupation nazie.
Des autres tu ne sauras rien. Et oui, alors même que les résistants de Défense de la France travaillaient ensemble, c’est à peine s’ils se connaissaient ! L’idée était de cloisonner les différentes activités du journal. Ainsi, aucun des résistants ne pouvait dévoiler d’information s’il se faisait attraper par les nazis (et le journal pouvait continuer à vivre). Toutes les activités étaient cependant coordonnées par un Comité Directeur, afin de rester le plus efficace possible !
Une des machines à imprimer de Défense de la France, dissimulée dans un lavoir chez une vieille dame
Ton imprimerie tu dissimuleras.
Sous pseudonyme tu écriras. Deux étudiants sont à l’origine de Défense de la France, créé pendant l’été 1941 : Indomitus et Robert Tenaille. Pardon, ces noms ne te disent rien ? C’est parce que ce sont des pseudonymes ! Les résistants étant obligés d’agir en secret, se choisir un nom de code était un impératif pour cacher son identité. Les pseudonymes leur permettaient de mener une double vie parallèlement à leurs activités clandestines, en continuant à avoir un emploi et une vie de famille. Sous le masque d’Indomitus se cachait en réalité Philippe Viannay, et le nom de famille de Robert n’était pas Tenaille mais Salmon !
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Une résistante du journal à l’atelier de composition
La nuit tu te réuniras. Afin de ne pas se faire attraper, l’équipe de Défense de la France tenait ses réunions la nuit. Au rythme d’une fois par semaine, les résistants avaient pour habitude de se réunir dans la villa des parents d’Hélène Roederer, une des résistantes du mouvement. La petite troupe passait alors des nuits entières à débriefer sur le journal et les derniers évènements !
Du papier tu trouveras. Qui dit journal dit papier ! Mais pas si facile d’en trouver en période de pénurie... L’import-export de papier ayant considérablement diminué sous l’occupation allemande, le papier restant était réparti par les autorités entre les journaux autorisés et les journaux collaborationnistes. Les producteurs de Défense de la France devaient s’en procurer illégalement sur des marchés noirs, ou auprès d’imprimeurs sympathisants.
La première machine à imprimer de Défense de la France fut d’abord cachée dans le sous-sol du laboratoire de géographie physique de la Sorbonne, une grande université de Paris. Elle voyagea par la suite dans plusieurs lieux, toujours dans le plus grand des secrets. Le journal acquis plus tard cinq machines à presse, éparpillées aux quatre coins de la région d’Île de France. Malheureusement pour le journal, trois d’entre elles furent découvertes et détruites par les autorités françaises ou allemandes.
- PAULINE A.
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DOSSIER L e tab l e au d e s I N T OX
le La pres se a jo ué un rô ta nc e im po rtan t po ur la ré sis er re pe nd an t la Se co nd e Gu éd ia s on t m on di al e. M ai s le s m sm ettre égal em en t se rv i à tran ur de s fa ux m es sa ge s po ns : in flu en ce r le s po pu la tio n et la c’e st la dé sin fo rm at io prop agan de . TOX! Ch ec k le ta bl ea u de s IN
GUERRE DES ONDES
À LA GUERRE COMME À LA GUERRE 1914 : “PAS DE MORT AU FRON T PENDANT LA GUERRE” Pendant la Première Guerre mon diale, le gouvernement tente de s’allier avec la presse pour transmettre des messages positifs aux populations. Le but est d’éviter le découragement des civils. Du coup, les journaux ne parlent pas du nombre de morts ou de l’horreur des tranchées.
1963 : “LA GUERRE DU VIETNAM SERA TERMINÉE EN 15 JOURS”
Au début de la guerre du Vietnam, avant de perdre le soutien de la population, les Etats Unis diffusaient des messages plein d’espoir à travers les médias, faisant ainsi penser aux citoyens que la guerre serait facile et rapide. Mais E UN JE UN T ES IN après les images chocs envoyées TA PE AL 19 40 : “LE MARÉCH par les journalistes sur le front, HOMME VIGOUREUX” une grande partie de la population change d’avis et se révolte contre sous on allemande, cette guerre, qui sera finalement Pendant l’occupati reçoit chy, la presse perdue par le camp américain en le régime de Vi terdit précises. Il est in 1975... des instructions ient essions qui pourra d’utiliser des expr de échal Pétain, chef dévaloriser le Mar nc do t en ett m ux trans l’état. Les journa ne ei pl en et me robuste l’image d’un hom i qu , in ta Pé de l’inverse force de l’âge, tout … 84 ans ! était alors âgé de
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- LAURA A.
Des armes qui blessent et des hommes qui se battent. Voilà ce qu’il faut pour faire une guerre ! Enfin sur le principe. Car entre 1940 et 1945, ce sont les ondes radios et les coups bas qui furent les armes de soldats pas très communs ! Retour sur les batailles opposant la naziste Radio Paris et la française le temps d’une guerre, BBC.
Les livres le disent tous : la Seconde Guerre mondiale était une drôle de guerre. Des armes nouvelles, des lieux de batailles inédits,.. c’était une guerre comme jamais les différents adversaires n’en avaient vu ! Et quand la radio est entrée sur le champ de bataille, ce n’était plus les balles qui fusaient mais les ondes. Montons le décor : 1940, la France est envahie par l’Allemagne, Radio Paris tombe aux mains des Nazis. MAIS de l’autre côté de la Manche, on ne se démonte pas. Un petit groupe d’irréductibles français se lancent sur les ondes de la BBC pour contrer la propagande allemande. A coups de grands discours, de dénonciations mais aussi de brouillage des ondes, cette guerre durera pendant 4 ans.
ECOUTER, C’EST RESISTER 1941, déjà 1 an que la France est passée sous domination allemande et cachée dans les caves ou les greniers, les français écoutent la BBC en quête d’espoir. Au micro, des français partis défendre la liberté d’expression et soutenir la résistance de l’autre côté de la Manche. Mais si eux sont presque à l’abri de la force nazie, en France, les coeurs résistants n’ont pas la même chance. Quiconque sera pris à écouter la radio rebelle risque sa tête ! Les nazis ont instauré un véritable régime de terreur, et sous Vichy ce n’est pas mieux : la Gestapo tient les comptes. Ecouter les ondes anglaises c’est risquer sa vie. Et nombreux sont ceux qui en ont fait les frais… Fusillés sur la place publique ou envoyé en camp, écouter la radio est un acte de résistance que les nazis punissent sévèrement. Pour autant, les résistants préféraient encore risquer leur vie pour l’espoir que mourir sans croire à des jours meilleurs pour leur patrie !
A ARMES EGALES ?
Radio Paris VERSUS Radio Londres. D’un côté, la super force de propagande nazie et leur matériel de diffusion très puissant. De l’autre côté, une petite équipe de novices avec juste leur voix pour se battre ! Devine qui était le plus fort ? Et bien ce n’est pas Radio Paris comme tu crois ! Car si la radio collabo avait pour elle la force du nombre et de l’équipement, Radio Londres pouvait se targuer d’avoir une place importante dans le coeur des français. Avec des chansons, un peu d’humour, du dur labeur et des tactiques pour aider la résistance, l’équipe des “français parlent aux français” était loin de se laisser faire. Pourtant il était difficile pour eux d’arriver à être diffuser certains jours. Les nazis passaient leur temps à brouiller leurs ondes et à essayer d’attraper les auditeurs mais leur truc préféré : les joutes verbales. Quand une radio disait A, l’adversaire s’empressait de dire le contraire, et cela pouvait durer… Surtout avec l’arrivée de Pierre Dac au micro, le roi de l’humour, la radio collabo a du donner son maximum pour remettre le personnage à sa place. Mais rien ne peut battre un bon humoriste face à la tristesse de la vie de l’époque. La preuve : sitôt arrivé sur les Ondes, Dac a fait explosé l’écoute de l’émission. Au point que les Nazis ont demandé une étude sur la conso d’électricité... Tout ce que Dac avait à dire c’était : « Bah ! pour être au courant, c’est sûr qu’il faut de l’électricité !»
- AIDA D.
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DOSSIER PHOTOJOURNALISME, CÔTÉ COULISSES MORT D’UN SOLDAT RÉPUBLICAIN Prise pendant la guerre d’Espagne et considérée comme l’une des meilleures photos de guerre de tous les temps, cette photographie représente la mort d’un combattant Républicain touché par une balle. Si elle a l’air authentique, elle a pourtant fait naître un débat de fond autour de la réalité photographique : la posture du soldat et l’absence de trace de balle sur le corps entraînent certains spécialistes à affirmer que la photo est une pure mise en scène ! De plus, elle aurait été prise dans une zone non touchée par les combats. Et pourtant, étrange coïncidence, le soldat de la photo est bel et bien mort le jour de la prise de vue… En voilà une belle énigme !
LE BAISER DE TIMES SQUARE Longtemps prise pour l’image la plus romantique du monde, cette photographie est pourtant loin de représenter une scène d’amour digne de tes dessins animés Disney préférés. Prise à New York le jour de la fin de la guerre du Pacifique, cette photo de 1945 nous montre le baiser de deux inconnus ! Eh oui, à Times Square, une foule en délire célèbre la victoire des Etats-Unis sur le Japon. Dans l’euphorie générale, les deux inconnus s’embrassent et font perdurer le baiser pour que le photographe puisse immortaliser la scène. Les protagonistes sont d’ailleurs longtemps restés anonymes! La femme, Edith Shain, ne dévoile son identité qu’en 1970. Il faut attendre 2007, soit 27 ans après l’appel à témoin paru dans le magazine Life, pour retrouver la trace de Glenn McDuffie, célèbre marin d’une photographie qui reste un grand symbole d’amour.
Evgueni Khaldei, 2 mai 1945 Publication Ogoniok (Russie)
Joe Rosenthal, 23 févirier 1945 Agence Associated Press (Etats-Unis)
LE DRAPEAU ROUGE SUR LE REICHSTEIG
Alfred Eisenstaedt, 1945 Publication Life Magazine (Etats-Unis) Robert Capa, 1936 Publication Vu (France)
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L’heure des aveux a sonné : combien de fois as-tu feuilleté un magazine ou un journal en t’attardant seulement sur les images ? Allez, pas de quoi rougir, l’équipe d’IDK l’a fait un milliard de fois. Mais sais-tu que c’est en temps de guerre que le photojournalisme a réussi à s’imposer en tant que témoignage du réel ? T’es-tu alors déjà demandé quelles histoires se cachaient derrière les célèbres photos qui ont couvert les conflits et leur contexte ? Focus sur les coulisses de ces images qui ont marqué les esprits et l’histoire du journalisme.
Le 2 Mai 1945, les troupes de l’armée rouge prennent possession de Berlin. Staline demande alors à ses soldats de déposer un drapeau soviétique sur le toit du Reichstag, le pseudo-parlement du IIIe Reich. Un photographe de guerre, qui travaille pour la principale agence de presse de l’URSS dont le rôle est de publier les photos officielles du régime stalinien, s’arme de son appareil et saute sur cette occasion en or. En plus d’avoir été complètement mis en scène, ce cliché a été retouché à des fins politiques : les contrastes ont été renforcés pour donner un aspect plus dramatique, une montre a été gommée du poignet d’un des soldats, et l’identité de ces derniers a été falsifiée pendant plus de 50 ans! Cette photographie est donc un acte de propagande qui met en scène la puissance de l’URSS. Pour l’anecdote, il parait que c’est le photographe lui même qui a fabriqué le drapeau et qui a demandé au soldat de grimper et de le tenir le plus haut possible. Son but ? Réaliser la réplique soviétique de la photographie de Joe Rosenthal, parue quelques mois auparavant, et montrant 6 soldats américains plantant le drapeau des Etats-Unis sur l’île japonaise d’Iwo Jima suite à leur victoire.
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DOSSIER
PHOTOJOURNALISME, CÔTÉ COULISSES
Remontons un peu le temps
Imprimer des photos pour les ... journaux n’a pas toujours été une tasse de thé ! Avant d’être directement intégrée à l’impression, la photographie jouait un rôle de modèle pour les graveurs et les dessina teurs. Leur objectif? Reproduire les clic hés à la main et les intégrer à la publication , grâce à des procédés d’impression mécan ique : le gravure sur bois. La première est publiée, en 1843, dans L’illustration. A par tir de 1860, on voit apparaitre des mentio ns sous les modèles-photo. A la fin des années 1880, la similigravure* permet d’im primer les photos, sans passer par la gra vure. * (technique
L’AFGHANE AUX YEUX VERTS
d’impression en noir et blanc)
SONA D.
LA FILLET TE BRÛLÉE AU NAPALM
Nick Ut, 1972 Publication New York Times
Steve McCurry, 1984 Publication National Geographic
Pendant la guerre du Vietnam, l’armée sudvietnamienne, soutenue par les Etats Unis, bombarde au Napalm le village de Tran Bang tenu par les Nord-Vietnamiens. Les rescapés grièvement blessés fuient sur la route et tombent nez à nez avec des photojournalistes venus témoigner de l’événement. Nick Ut, l’auteur de la photo, est alors le seul à pouvoir communiquer en vietnamien et décide de transporter la petite fille Kim Phuc et sa famille à l’hôpital. Cette photographie a joué un rôle essentiel, il paraît même qu’elle a accéléré la fin de la guerre. Pour la publier, les journaux ont choisi de recadrer l’image pour mettre en valeur le sujet et lui donner une dimension dramatique tout en évitant le gros plan sur la fillette nue. Pour la petite info, il faut savoir que le cadrage initial fait apparaître une foule de journalistes à qui l’on aurait pu reprocher un acharnement et une passivité face aux souffrances de la fillette.
Ce portrait est l’une des images les plus emblématiques de la photographie moderne et sans aucun doute la photo la plus célèbre du magazine National Geographic. Prise dans un camp de réfugiés au Nord-Ouest du Pakistan alors occupé par les soviétiques, la photo de cette orpheline agée de 12 ans exprime à elle seule la détresse du peuple afghan qui doit fuir ses terres. En 1990, le photographe apprend le nom de son modèle et décide de repartir sur ses traces, mais ce n’est qu’en 2002 que son obstination pour la retrouver portera ses fruits : connue du monde entier, la mère de trois enfants est alors loin d’être consciente de la popularité de son visage, devenu symbole des enfants victimes de la guerre. Le photographe et National Geographic réalisent un nouveau portrait à cette occasion et lui offrent des soins médicaux, un pélérinage à La Mecque ainsi qu’une machine à coudre pour sa fille. Pour le photographe McCurry, apporter son aide aux populations en détresse est essentiel : il invite donc - CARMEN les autres reporters à aller au-delà de A.la simple prise de vue.
Steve McCurry, 2002 Publication National Geographic
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CARMEN A.
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DECOUVERTE
GRANDS REPORTERS Les journalistes aventuriers
Gaston Leroux L’espion tout terrain
Joseph Kessel Le reporter humaniste
Ludovic Naudeau Reportage à haut risque Gaston Leroux
Illustration du livre «Comment j’ai retrouvé Livingstone»
A l’image de Tintin, le célèbre reporter héros de BD, les grands reporters parcourent la planète depuis le 19ème siècle. Carnet et appareil photo à la main, infiltré dans le personnel du Tsar en Russie, sur une expédition en Antarctique, ou au cœur de la guerre du Japon, embarquons pour un tour du monde du grand reportage.
Stanley et l’explorateur perdu En 1867, Henry Morton Stanley est embauché au New York Herald, un quotidien américain. Il est envoyé au Moyen-Orient pour y couvrir des conflits civils. Sur place, Stanley soudoie le chef télégraphiste pour que ses articles soient envoyés aux Etats-Unis avant ceux des autres journalistes, même s’ils les ont déposés plus tôt. Deux ans plus tard, son patron lui confie la mission de retrouver Livingstone, un célèbre explorateur porté disparu depuis 1866. Stanley part à alors à la recherche de l’aventurier avec un bagage impressionnant : 190 porteurs africains l’accompagnent pour porter l’équipement de survie. Il se rend au lac Tanganyika en Tanzanie, dernier endroit où Livingstone a été vu. Après un an à parcourir le pays, Stanley retrouve l’aventurier le 10 Novembre 1871, malade et à court de vivres. Stanley publiera un livre sur cette grande aventure, intitulé Comment j’ai retrouvé Livingstone, qui sera un franc succès.
Henry Morton Stanley
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René Barotte Le chasseur de scoop
René Barotte est reporter pour Paris Soir, lorsque le 13 Mars 1881, il assiste à l’assassinat d’Alexandre II, empereur de Russie. Au téléphone avec un de ses collègues parisiens depuis son hôtel de St Petersburg, il fait le compte rendu de son séjour lorsqu’il entend des explosions dans la rue. Sous sa fenêtre, il voit la foule en panique et le Tsar gravement blessé, touché par deux bombes lancées par des terroristes. Il s’empresse de raconter ce qu’il voit à son collègue qui croit d’abord à une plaisanterie, avant de comprendre le sérieux de la situation. Le soir même, alors que les autres quotidiens viennent à peine d’apprendre la nouvelle, l’assassinat du Tsar fait la une de Paris Soir qui sera écoulé à 3 millions d’exemplaires. Un scoop qui va rapporter gros au quotidien parisien et à René Barotte !
D’abord avocat, Gaston Leroux écrit des comptes rendus sur ses affaires, lorsque Le Matin lui propose de devenir grand reporter. Il saisit sa chance aussitôt et est le premier à rapporter les témoignages de l’expédition d’Otto Nordenskjöld. Cet aventurier suédois était parti avec son équipe en 1901 pour explorer l’Antarctique, lorsque son navire s’est retrouvé piégé dans la glace. L’équipe a du attendre 1903 pour être secourue par la marine argentine. Leroux part aussitôt en Argentine, récupérer les témoignages des survivants, alors que ses confrères attendent en Europe leur retour. Un véritable scoop pour Le Matin ! En 1906, Leroux part en Russie et s’immisce dans le personnel du Tsar. Il révèle au grand jour une entrevue secrète entre le Tsar et Guillaume II, Empereur d’Allemagne. Informations démenties aussitôt. Lacé d’être traité de menteur, il arrête le reportage et devient écrivain pour raconter les histoires de Rouletabille, grand reporter qui comme lui, va faire le tour du monde.
Dès ses 19 ans, Ludovic Naudeau devient reporter et fait ses armes sur des sujets risqués : il couvre pour Le Journal la guerre Russo-Japonaise de 1904 à 1905. Reportage dangereux puisque Naudeau est capturé en Mars 1905 par des militaires japonais. Il reste prisonnier au Japon plusieurs semaines avant d’être relâché, puis y passe 18 mois pour faire de nouveaux reportages. En 1917, il couvre la Révolution Bolchévique et on lui doit la première interview de Lénine. Malgré cette capacité à se hisser auprès des plus grands et au cœur des évènements historiques, ses questions trop indiscrètes au goût des autorités russes le conduiront à nouveau en prison. En 1920, il publiera deux nouveaux romans qui racontent cette période dans les geôles russes, et viennent compléter ses reportages.
Joseph Kessel Avide d’aventure, Joseph Kessel enchaîne les voyages dès ses 18 ans : il s’engage dans l’armée lors de la Première Guerre mondiale, et enchaîne les missions autour du monde à la fin du conflit. De retour en France, il fait son premier grand reportage en 1920, pour le journal La Liberté. Kessel travaille pour Le Matin lorsqu’en 1930, son patron lui donne carte blanche pour réaliser le reportage de son choix. Il part alors pour 6 mois d’aventures, sur la trace des derniers marchands d’esclaves. Il rencontre Henry Monfreid, célèbre navigateur qui connait la Mer Rouge et ses trafics comme sa poche. Kessel écume l’Ethiopie, le Yémen, l’Arabie Saoudite et publie au printemps 1930 « Marchés d’esclaves » dans Le Matin. C’est un véritable succès qui sera tiré à 150 000 exemplaires. Des ventes qui permettent d’amortir le coût de l’expédition : l’enquête sur les marchés d’esclaves est un des plus gros budgets attribués pour un grand reportage depuis Stanley.
- GAELLE D.
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ZOOM
AH LES MYTHOS !
Dans la catégorie gros mensonges journalistiques de notre histoire, il y en a qui, sans eux, auraient complètement transformé les manuels et programmes scolaires que tu étudies. Imagine ça !
Automne 1914, L’Allemagne déclare la guerre à la France. Le pays se vide, plus d’hommes dans les imprimeries, les rédactions, les usines, tous partis se battre au front. Plus de moyens matériels ni humains, transmettre des informations est compliqué. En plus de tout ça, la guerre installe un climat de terreur. Les journaux à cette époque vont carrément raconter l’histoire d’une guerre imaginaire ! Manque d’accès aux informations, aux terrains et une info contrôlée par l’État et l’armée… Le « Bourrage de crâne », alors oui cette expression vient d’une autre époque (demande à tes parents !) mais cela résume très bien le contenu des journaux dans ce temps là. Des histoires et infos plus bidons les unes que les autres, des récits imaginaires de soldats imaginaires ! Tout ça pour ne pas faire baisser le moral de la population et optimiser. Cependant en cachant les atrocités de cette grande guerre et en mentant, c’est toute la société de l’époque qui a été perturbée. « A part cinq minutes par mois, le danger est très minime, même dans les situations critiques. Je ne sais comment je me passerai de cette vie quand la guerre sera finie. Les blessures ou la mort... c'est l'exception » Le Petit Parisien, "Lettre de soldat", 22 mai 1915
« Les invulnérables Poilus ne craignent plus les mitrailleuses allemandes » Le Petit Parisien en 1914 Mais quels bobards… ! Bobard : Mot inventé à l’époque pour dire mytho. Les soldats blessés revenus aux pays sont choqués de ce qu’ils lisent dans la presse de cette guerre meurtrière. Rien à voir avec ce qu’ils ont vécu. Mensonges sur la situation des soldats, sur le nombre de morts et de blessés, des batailles perdues qu’ils disent gagnées… Le peuple ne sait ni vraiment pourquoi cette guerre a commencé et encore moins ce qu’il s’y passe. Avec une presse patriotarde, des fausses interviews, des informations erronées et autres mensonges en tout genre voilà ce qu’est le quotidien des quotidiens à l’époque. Pas moyen de savoir la vérité. Une vieille expression en anglais dit « durant la guerre la première victime est la vérité », « In war the first casualty is thruth ».
1947…Guerre froide, Le Journal Les lettres françaises accuse, dans un article écrit d’un certain journaliste américain Sim Thomas, Victor Kravtchenko d’être un agent de la CIA et un désinformateur. Il est juste un ancien fonctionnaire communiste qui s’est réfugié aux Etats-Unis et vient de sortir son livre J’ai choisi la liberté ou il dénonce les déportations en URSS. Enivron 30 ans plus tard, le directeur du journal admet que l’article était faux et le journaliste était en réalité français, André Ulmann, et avait été recruté par les services staliniens ! Le mensonge de cet hebdomadaire très proche du parti communiste, aura cependant permis grâce au procès qui a suivi, « le procès du siècle » et perdu, de faire intervenir pour la première fois des témoins de la déportation à l’ouest.
Victor Andréï Kravchenko, au cours du procès qu’il intenta aux Lettres françaises en 1949
Encore un ? Plus récemment celui monumental provient plus d’un travail bâclé et d’infos mal vérifiés. Mais compliqué quand les mythos sont ceux à la tête du gouvernement… Aux Etats-Unis en 2002, le gouvernement Bush donne aux Nations Unis un document prouvant que l’Irak a des stocks d’armes de destruction massives (ADM) et que Saddam Hussein les aurait apportés en soutien à Al Qaïda. Ce document a servi d’appui pour déclencher la guerre en septembre 2003. Seulement c’était faux ! Les médias d’informations n’ont pas joué leur rôle de vérificateurs d’infos et ne se sont pas assurés de la fiabilité de la source et ont répandu ce mensonge dans tous les médias d’informations, alors même que les infos avaient été jugées sans valeur par la Commission du Congrès.
Les rares journaux à raconter les faits et dire la vérité sont pourchassés par la censure, seulement si toute la presse française avait eu cette conception du journalisme, la guerre n’aurait probablement pas duré.
Ce dessin à été réalisé par Cabu, pour lui, le moyen très simple de faire stopper la guerre en 1914, c’est que les soldats des tranchées s’échangent des exemplaires du Canard Enchaîné, canard honnête de l’époque et Simplicissimus, un autre canard de la même marre, mais allemand.
SECRET AND STRICTLY PERSONAL - UK EYES ONLY
with a genuine need to know its contents.
DAVID MANNING From: Matthew Rycroft Date: 23 July 2002 S 195 /02 cc: Defence Secretary, Foreign Secretary, Attorney-General, Sir Richard Wilson, John Scarlett, Francis Richards, CDS, C, Jonathan Powell, Sally Morgan, Alastair Campbell
C reported on his recent talks in Washington. There was a perceptible shift in attitude. Military action was now seen as inevitable. Bush wanted to remove Saddam, through military action, justified by the conjunction of terrorism and WMD. But the intelligence and facts were being fixed around the policy. The NSC had no patience with the UN route, and no enthusiasm for publishing material on the Iraqi regime’s record. There was little discussion in Washington of the aftermath after military action.
IRAQ: PRIME MINISTER’S MEETING, 23 JULY Copy addressees and you met the Prime Minister on 23 July to discuss Iraq.This record is extremely sensitive. No further copies should be made. It should be shown only to those
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- ALIZEE A.
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DECOUVERTE
La rubrique-à-brac "Si ta photo est mauvaise, c’est que tu ne t’es pas assez approché du danger" Robert Capa, photographe de guerre, XXème siècle
De L'ombre Des Pseudos... A la lumière des projos Si aujourd'hui tu as l'habitude de voir des visages féminins au Journal Télé, le journalisme n'a pas toujours été le domaine des femmes. Au XIXe siècle il fallait être une sacrée nenette et retrousser ses manches pour travailler dans le milieu très masculin de la presse. Notre reporter s'est baladée dans le temps (oui oui, dans le temps!) pour retracer le chemin du journalisme au féminin et faire la « story » des femmes, journalistes, qui ont fait bouger le monde de la presse
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DECOUVERTE
NELLIE BLY :
CAROLINE REMY :
La reine du camouflage
Une fille au masculin
Pour que ses articles soient publiés et pris au sérieux par les lecteurs, Caroline Remy doit utiliser le pseudonyme masculin Séverin. En 1883 , elle a 28 ans, et un journaliste reconnu, Jules Vallès, lui offre une place dans son journal Le Cri du Peuple. Caroline Remy rajoute alors un -e à son pseudo et devient Séverine, la première femme à vivre de ses articles. Elle va même être patronne du Cri du peuple pendant trois ans avant de se faire remplacer... par un homme!
1897
1883 MARGUERITE DURAND :
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Toujours en quête de nouveaux défis, Nellie Bly s'attaque aussi aux personnages de roman. En 1889, elle fait le pari de battre Phileas Fogg (le personnage de Jules Verne) dans son tour du monde en 80 jours. Et c'est un pari réussi puisque le sien dure 72 jours ! Pas mal la petite !
FIN DU XIXe
1945
HELENE LAZAREFF :
Crash test d'un journal féminin
Avec Marguerite, le journalisme féminin prend du level ! Lassée du pouvoir des hommes, elle décide de consacrer sa vie aux droits des femmes. Et pour le faire, la demoiselle au grand chapeau décide de créer le premier journal féminin (et féministe) en France : La Fronde, en 1897. Marguerite Durand, fidèle à ses idées, organise une rédaction composée uniquement de femmes. Les moqueries des hommes ne se font pas attendre : le journal est surnommé “Le temps en jupon”, en référence à un grand quotidien de l'époque, et n'est pas pris au sérieux par ses concurrents.
Cette fois rendez vous en Amérique, puisque c'est là-bas que Nellie Bly marque la fin du XIXe siècle. En 1880, très énervée contre un article sexiste publié dans le Pittsburgh Dispatch, elle écrit une lettre piquante au rédacteur en chef... qui lui offre un poste au sein du journal ! Désormais journaliste, Nellie Bly maîtrise à merveille les techniques de l'immersion et développe le journalisme d'investigation. En 1887 le New York World la recrute pour s'infiltrer dans un asile et y mener l'enquête. Elle se fait passer pour folle, se fait interner dans un hôpital psychiatrique pour femmes, et revient avec un reportage qui révèle l'horreur des méthodes utilisées sur les patientes. L'information fait scandale et ce mode de reportage clandestin devient la spécialité de Nellie Bly.
ELLE sur le devant de la scène
LA FRONDE :
Tu te demandes de quoi peut bien parler un journal écrit par des femmes et à l'intention des femmes, à cette époque? Eh bien, de tout en fait : politique, littérature, même le sport a sa place ! Plus innovateur que tu ne peux le croire, La Fronde est également un des premiers journaux à utiliser la technique du reportage, et du témoignage. Malheureusement, le manque de lecteurs a eu raison de l'oeuvre de Marguerite Durand, et la Fronde disparait en 1905.
Après avoir trouvé refuge en Amérique pendant la seconde guerre mondiale, Hélène Lazareff retrouve la France où le journalisme est à reconstruire. Elle entreprend alors la fondation d'un type de presse nouveau, dédié aux femmes, mêlant sérieux et légèreté, féminisme et divertissement. Le magazine Elle, connu de tous, est un journal moderne, avec des rubriques, des photographies en couleur et du papier glacé : comme nos magazines actuels !
La France d'après guerre est encore très affaiblie. Peu importe, ELLE s'adapte : la toute première recette du magazine propose un croque monsieur à base de petits suisses et de radis noirs. Hélène Lazareff, en se débrouillant avec les moyens du bord, et en suivant le chemin tracé par celles qui l'ont précédée, a donc réussi le pari de mettre la femme sur le devant de la scène du journalisme.
- LAURA A.
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ZOOM
Jamais sans sa plume
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KI T DE SURVIE 1
Voici le duo gagnant du bon reporter. Sur le terrain, il vadrouille, enquête et n’hésite pas à les dégainer. Les papiers vierges vont prendre vie au rythme de ses observations. Pour Albert Londres, grand reporter, la passion du témoignage c’est tremper “la plume dans le plat” mais aussi faire surgir les odeurs, les sons et les couleurs.
Tes doigts, un outil
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Polyvalent et intrépide, le journaliste reporter se déplace sur le terrain à la collecte d’informations. IDK te plonge dans son monde et te présente son armature la plus importante. Alors, prêt à faire ta valise pour une mission d’investigation?
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En 1858, il ne faut que deux heures pour qu’un discours de Napoléon III soit connu à Alger. Merci au télégraphe! Mais vingt ans plus tard, le téléphone prend le relais. Son utilisation devient courant après la première guerre mondiale. Le flot de nouvelles submerge aujourd’hui les journalistes et leurs smartphones. Tout simplement parce que l’actualité vient à toi aussi vite qu’elle vient aux oreilles de ton voisin.
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Le journaliste va “y” voir chaque jour: raconte, témoigne... Au cœur du reportage il y a le terrain. En France ou à l’étranger, dans un pays en guerre ou en paix. Le reporter est considéré comme nomade, loup maigre et chasseur solitaire. C’est un rapporteur. Mais de quoi ? Des histoires d’hommes, bien sûr.
L’humain
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“Tout notre travail de reporter dépend des autres; car s’ils nous disent rien, nous ne saurons pas ce qu’ils pensent; s’ils ne nous accompagnent pas quelque part, nous n’arriverons pas là ou nous devons aller; Le journalisme sans relations humaines, ce n’est pas du journalisme” Ryszard Kapuscinski, reporter.
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LES SAVOIRS ... Aujourd’hui et depuis les années 1980, l’utilisation courante de la machine à écrire a disparu du monde de la presse. Un journaliste américain, Gordon Martin, 86 ans, continu de s’en servir. Il pense que les «gadgets modernes» sont nuisibles à l’emploi de la langue. Qu’en penses-tu?
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Le monde en image
Loin du phénomène de paparazzi, le reporter photo porte en lui un vrai rôle de mémoire et d’information. Durant la Première Guerre mondiale le gouvernement a décidé de proscrire certaines images. Après cette censure, la photographie a radicalement bouleversé le contenu des journaux en s’imposant en une de la presse, en noir et blanc puis en couleur.
Entends-tu résonner les petits “cliquetis” ? Voici l’ancêtre de l’ordinateur, du moins pour la mise en page et la rédaction des articles. La machine à écrire, aujourd’hui âgée de 300 ans, rapproche écriture, parole et édition. Seul point négatif, pas de bouton “supprimer”. Alors gare aux fautes de frappe !
Le terrain
Ondes de choc
Pour ne pas t’y perdre, voici un petit récapitulatif. Est reporter le journaliste qui se rend sur le terrain pour produire un reportage. Il peut aussi être grand reporter, reporter d’images, reporter de guerre ou photo reporter.
Représentation im-médiate
La vidéo dépasse les frontière du témoignage et devient miroir d’une réalité. La caméra des reporters est une arme. Ils “shoot” (tirer) et capturent ainsi les bribes du quotidien. Les frères lumières, papas du cinéma en 1895, décident d’envoyer des opérateurs dans le monde entier. Ils seront les premiers reporters d’images ! Leurs films dévoilent le quotidien des populations lointaines.
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L’appareil à dictée
Apparu en 1907, il accompagne souvent le carnet et le reporter. Il va s’en servir pour enregistrer un discours ou une entrevue, pour les retranscrire par écrit plus tard. Aujourd’hui, tu peux enregistrer n’importe quoi avec ton smartphone. Vas-y, fonce, improvise toi reporter!
... TROP UTILES ! L’âge d’or du photoreportage, c’était dans les années 1970. Et dire que l’appareil photo existe depuis 1840. Dingue non? Mais il faut dire que c’est dû au perfectionnement des appareils photo et au boom des magazines illustrés.
Le Journaliste Reporter d’Images (JRI) est un journaliste de télévision ou d’agences vidéos. La France est un des rares pays qui reconnaît cette spécialité journalistique. Dans les autres pays ce sont simplement des cameramen ou producteurs.
-CAMILLE B.
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HAVE FUN
Imprime ta Gazette !
1
Si la Gazette de Renaudot a pu voir le jour en 1631, c’est grâce à l’imprimerie de Gutenberg. Cet allemand a inventé le parfait alliage pour créer des caractères mobiles, mais surtout réutilisables. IDK est allé chercher le tuto de Gutenberg.
2 Fais un alliage de plomb-étain-antimoine: du plomb pour la malléabilité, de l’antimoine pour donner de la résistance, et l’étain pour abaisser le taux de fusion (température à laquelle les métaux vont fondre). Forger les 26 lettres de l’alphabet, tous les signes de ponctuation dans un moule à fondre les caractères. Alliage : Un alliage est la combinaison d’un élément métallique avec un ou plusieurs autres éléments chimiques.
3
Place les caractères de gauche à droite sur une règle métallique appelée composteur. Pour bien respecter la justification (largeur d’une page), il faut repartir les espaces judicieusement. Les espaces sont des fines lamelles de plomb qu’on place entre les mots. Une fois que tu as placé les caractères et les espaces sur le composteur, tu peux les déposer sur la galée. Justification: Largeur d’une page. Galée: Simple plaque de métal munie de rebords sur 3 de ses cotes.
Balle
5
Humidifie la feuille de papier. Et à l’aide de la vis-en-bois, presse la platine à la page. Celui qui était en charge de le faire, était appelé “ours”
Vis-en-bois
6 Tu as toutes les pages ? Tu peux placer tes 4 paquets sur le marbre de la presse, et les serrer dans le châssis. Un paquet: une page
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4
Prends des pelotes en crin de cheval et étale l’encre grasse sur les balles en peau de chien. Ceux qui devaient les nettoyer, étaient appelés “enfants de la balle”.
4 pages en une fois!
- SONA D.
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HAVE FUN
T Quel S E T
journaliste sommeille en toi ?
Plutôt sérieux(se), aventurier(ère), insolent(e), combatif(ve) ? Glisse toi dans la peau d’un journaliste le temps de 7 questions et découvre quel journaliste au caractère bien trempé se cache en toi…
La réunion avec la rédaction, tu y vas :
Ta super qualité de journaliste ?
À 8h15 et en costume cravate
Honnêteté
Une fois rentré(e) de l’autre bout du monde
Sens du détail
Après la grasse mat’
Sympathie
Jamais ! Tu as horreur qu’on te donne des ordres !
Indépendance
Tu te sens plutôt
Te laisser corrompre
Explorateur(trice)
Devoir rester assis
Insolent(e)
T’ennuyer
Libérateur(trice)
Te taire
Présentateur du JT de TF1 Reporter au Petit Journal Auteur aux Guignols de l’info Enquêteur dans Zone Interdite
Sept erreurs temporelles se sont glissées dans cette rédaction de 1900... Ouvre l’oeil !
Erreurs de la Rédac’
Le journalisme, oui, mais pas question de
Intraitable
Le job de tes rêves ?
7 Les
On te demande ton article. Tu réponds : «Je vérifie d’abord que tout est vrai.» « Pas tout de suite, il est pas assez fun !» « Pour le mag, la radio ? Attends j’ai un appel !» « Je dois le réécrire, j’ai changé d’avis entre temps »
Génial ! Le chef de la rédaction te laisse carte blanche, tu choisis : L’interview du dernier jeune chanteur à la mode
Les conditions de vie terribles dans un pays lointain
Les inégalités entre les hommes et les femmes
RESULTATS EN PAGE 42
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Solutions 1. Ordina te u r s u r le bureau 2. Téléph à droite one sur la p il 3. Appare e d e journau il p x à droite 4. La mon hoto sur la chaise à gauche tre au po ignet 5. L a c a rt e d e presse s du journaliste (la carte d ur l’étagè e re p 6. La couv resse n’apparaît q au premier plan (d u’en 1935 erture de roite) , et là Paris (Pa ri , M s n M a o tc u a s h tc s h ommes e e s t c ré é en 1945 n 1900!) 7. La twin et cette U go (derr iè n re e d la a fe te nêtre!) de décem bre 1973 )
Les mensonges des politiques
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HAVE FUN
Alors? Tu as une majorité de...
Hubert Beuve-Méry ( 1902 - 1989 ) La vérité et rien d’autre Dis donc ça rigole pas avec toi ! Intraitable, tu ne supportes ni les mensonges, ni la lâcheté. Comme avec Hubert Beuve-Méry, pas de répit pour la vérité ! La terreur du fondateur du journal Le Monde régnait jusque dans la rédaction : conférence à 8h en costume cravate, infos vérifiées et revérifiées, relectures jusqu’à la dernière minute. C’est pas pour rien que le journal est devenu une référence.
Albert Londres ( 1884 - 1932 ) Reporter sans frontières Faire le grand saut vers l’étranger ne te fait pas peur. Au contraire, tu préfères ce qu’Albert Londres a appelé le journalisme « debout » au journalisme assis. Infatigable, tu aimerais passer ta vie à voyager aux quatre coins du monde. Armé de ton sens du détail, tu te vois déjà raconter ce qu’il s’y passe comme ce grand reporter.
Daniel Filipacchi ( 1926 - 1948 ) Touche-à-tout insolent Non, le journalisme n’est pas forcément un métier sérieux. C’est surtout se faire plaisir. Sur ce point, toi et Daniel Fillipachi semblez tomber d’accord. L’histoire de la star d’Europe 1 est incroyable ! A 15 ans, ce touche-à-tout était déjà fan de jazz, avait acheté son premier tableau et écrit son premier roman. Comme lui, tu ne peux pas t’empêcher de t’amuser, quitte à te lancer dans la provoc’ avec des petites phrases bien choisies.
1836 en France, Emile vient de créer son premier journal « La Presse». Il part à la recherche de la potion magique pour se différencier des autres journaux destinés à l‛élite et qui coûtent cher! Il veut un journal pour tous et moins cher. Partons alors ensemble vers l‛aventure de la presse bon marché...
Sirius: c’est l’étoile la plus brillante du nôtre mais aussi le pseudo d’Hubert Beuve Méry. Eh dit, il aurait pas un peu pris la grosse tête ?
L E S
Que faire?
A V E N T U R E S
Demandons à une voyante
Prix Albert Londres : Prix crée en 1933 par sa femme, Florise. Tous les ans, il récompense deux journalistes pour leurs reportages.
Est-ce que ça va marcher vraiment?
nt me m le co ir dans o v a ée xs eu on id ur? v Tu ra t fut se
Elle est bien roulée mais la gueule est pas terrible: nom du roman écrit par Daniel Fillipachi à l’âge de 15 ans. Heureusement pour « elle », il n’a jamais été publié.
Oh oui! je veux
Quelques minutes plus tard ...
2015
2015
2015 2015
Caroline Rémy ( 1855 - 1929 ) Le combat pour l’émancipation Jacqueline, René, Séverin... Autant de noms que s’est donné Caroline Rémy avant d’adopter celui de Séverine. Sous tous ces pseudos, elle ne se privait pas de dire tout ce qui lui passait par la tête ! Changer d’avis selon tes humeurs, toi aussi, ça te connaît. Tu n’es pas du genre à te laisser faire ou à garder ta langue dans ta poche. Mais il y a bien une chose sur laquelle vous ne reviendrez pas : l’envie de lutter pour les opprimés contre la société !
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- SUZIE G.
Belle camarade: Surnom donné par Jules Vallès à Caroline Rémy. Quelle séductrice cette Séverine !
D ‘ É M I L E
Coup de pub sur le père de la presse moderne Je suis
un génie ! Sais-tu comment est née la publicité dans la presse ? IDK te propose un retour en arrière de 170 ans, au temps d’Emile de Girardin.
Émile Delamothe (1806-1881), ou plutôt connu comme Emile de Girardin, se distingue en 1836 en révolutionnant la presse française. L’écrivain et journaliste précoce souhaitait que tout le monde puisse lire la presse écrite, jusque-là réservée à une certaine élite.
Afin de baisser les coûts d’édition de ses revues, Girardin inventa le système d’annonces dans son nouveau journal La Presse (1836). A tout juste trente ans, il vient d’insérer les premières publicités dans la presse écrite. Les « pubs » dans les magazines ont donc plus de 170 ans ! Outre la réduction des coûts, cette innovation lui permettra de ne pas dépendre uniquement de ses lecteurs et de bénéficier d’une certaine indépendance dans ses propos.
Sacré numéro ce Girardin ! La fidélité de ses lecteurs lui est également assurée par l’insertion dans sa revue d’une autre révolution : le « roman-feuilleton », (à (re-)découvrir page 11).
43 - KAROLL MICHELLE C-S.
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Demandons à une voyante
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Oh oui! je veux
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