Yacine A誰doud
Accords et Rythmique
Remerciments Je tiens à remercier tout particulièrement l’ensemble des personnes et partenaires publics et privés sans qui je n’aurai pu organiser cette exposition. - Abdu Salam Abou Nahl Directeur Général - Trust Algeria. - Mahdi Harchaoui Directeur Marketing - Trust Algeria. - Awatef Khales Directrice Général - Lotaya agency. - Atmane Brahim djeloul Directeur Général - Ibda imprimerie. - Jaoudet Gassouma, Rym Laredj, Barris Syphax, et Massen Mohamed, pour avoir dialoguer attentivement avec ma peinture. - Bessaï Zineddine, pour son aimable contribution à la conception graphique de ce support.
Organisation Gallerie ESMA
Catalogue
Bessai Zineddine
Imprimerie
IBDA Suivi technique et rĂŠalisation du catalogue
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Photo par Bessaï Zineddine
SOMMAIRE Préface
Gassouma Jaoudet
p.6
Ecrivain / Artiste Plasticien
Yacine Aïdoud un peintre dans la ville Laredj Rym
p.10
Artiste Plasticien / Réalisatrice
Ces africaines de Yacine Aïdoud Massen Mohamed
p.17
Artiste Plasticien
Un homme, un artiste ..., un regard Barris Syphax
p.25
Artiste Plasticien
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Préface
Le temps a passé, et l’eau a coulé sous les ponts. A l’école, les fleurs ont eu le temps de refleurir plusieurs fois. Les printemps se sont succédés aux printemps et le bambin virevoltant à la verve si précoce est devenu aujourd’hui un jeune homme tonitruant, virevoltant et plein de cette énergie vivace. Un artiste fort en bouche et le cœur gros pour son Afrique et ses aplats de couleurs absents… Yacine Aïdoud est cette jeune pousse qui grandit avec un cœur immense, un cœur aussi grand que le baobab des arbres à palabres, là ou on se plaît à refaire le monde. Eh oui ! Yacine, diplômé des beaux-arts, graphiste ultime prend l’art à bras le corps, il adopte la peinture comme un viatique venu des lointaines profondeurs de la grande Tombouctou, là ou on repeint la mosquée de Djenné tous les ans à force d’argile et de beurre de karité. Ici bas, le plasticien, fort de la tonitruance du propos maternel et de la sagesse toute en retenue du paternel, hérite d’une propension artistique somme toute évidente. Il était fondamentalement naturel pour Yacine, jeune algérien au prénom devenu par la force des temps bien héroïque de devenir un artiste polymorphe aux expressions si riches et si éloquentes. Il adopte les graphismes les plus nerveux avec ses images juxtaposées, pour nous les mettre sous le nez dans un mode stratifié qu’il baptise « Sédiments d’images » ; il a 20 ans, l’âge de toutes les naïvetés, mais aussi de
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Gassouma Jaoudet Ecrivain / Artiste Plasticien
tous les rêves possibles. Cette première aventure en solo est comme un saut dans le vide pour lui, il est dénudé face au public, se montre comme il est… ce qui sera appréciable comme premiers indices de courage et droiture pour le jeune bougre aux dents longues et au pinceau nerveux. Il commence par mettre de la couleur, griffe, trace, dessine, griffonne sur des espaces qui sont déjà verticaux, ou horizontaux sans aucune fioriture…Il déclare tout de go adorer le papier, surtout quand il possède un grammage puissant, rugueux et à la limite résistant. Le plasticien, séduit le support, le prépare, l’apprête dans un rituel magique, ensorcelant et sans cesse renouvelé et puis il grave cette peinture qu’il transformer en peinture-objet, peinture-sculpture, une sorte de figure totémique porteuse da toutes les vies. La thématique…Elle, n’est plus ancrée dans la simple exploration, elle porte en soi les soleil d’un continent chaud et chaleureux, violemment puissant dans sa beauté. L’Afrique dans toute sa splendeur dramatique, emplie de ce paradoxe millénaire la guerre entre Eros et son frère ennemi, Thanatos. Yacine Aïdoud ; lui, ne manque pas de nous rappeler qu’il n’a point oublié son africanité en nous montrant son africanitude…sur des personnages en souffrances, regardant droit le «regardeur », nous fixant de leurs yeux émaciés, des personnages tristes qui parlent aux peintures de Khadda et de leur allant
tellurique, et qui dialoguent avec les longilignes figures sculptées du trop dramatique Giacometti et des ses antihéros qui restent debout malgré tout face à leur destin. Destin aux encres telluriques… La sculpture, Yacine en adopte les tourments, la manière de blesser le support pour le faire pleurer de rage sous couvert de message politique, les installations et le mur témoin d’une dictature cachée, mais de quelle dictature au juste s’agit-il ? De ces dictatures africaines aux réflexes bananiers !? Ou bien de cette dictature emplie du goût et de la bien pensance qui nous impose ce que nous devons voir et saisir face aux nouveaux artistes émergents et fortement libres, dont notre ami se fait ambassadeur de bonne volonté ? La réponse est dans l’éthique et l’œuvre de ce plasticien enjoué, qui croque la vie à pleines dents et n’avoue ses propres blessures et tourments artistiques qu’a travers ses thématiques fortement esthétisantes, novatrices et puissantes aux messages politisés à outrance. Le virevoltant personnage est paradoxalement étrangement calme quand il entreprend ses travaux, il exige de la sérénité et se transfigure en sage face à la mer qui étrangement nous éloigne de toute schizophrénie, il s’agit juste de le même personne qui succombe à deux mondes différents, l’artiste reprend ainsi ses droits en arrachant au jeune trublion hyperactif des moments de grâce ou les encres, les rituels longs et précis, les grattages, les mises en forme et les graphismes prennent place dans l’autre monde pour nous donner en pâture des images intimes qui nous mènent par le bout des yeux vers un monde, peint et dessiné, composé en long et en large qui ne ment jamais. Entre le sang et l’or de ses couleurs de soleil et de vie, les compositions
tantôt droites, verticales comme la loi, tantôt allongées comme les lits des rivières, la bande croisée et mise en forme par des bleus profonds et des jaunes vifs. Il faut in fine que Yacine Aïdoud ne dédaigne jamais le groupe, d’abord parce qu’il le représente dans ses oeuvres, mais aussi parce qu’il il est dans « Présence », un collectif de plasticiens qu’il apprécie et dont il aime la démultiplication du message. Entre les uns et les autres, l’ami Yacine au prénom si héroïque originellement décliné sur deux syllabes coraniques, laisse son art nous envahir par l’intermède fabuleux de ces couleurs immémoriales des grands Hommes qui marchent droit vers leur destinée, une œuvre en couches successives qui se plaisent dans leur générosité à nous faire le partage de ces archéologies diverses démultipliées en couches de talent protéiformes. Le chemin est ardu, mais l’artiste est un bon guide, suivons le donc, les yeux bien ouverts…
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Biographie de l’artiste
Yacine Aïdoud est Né à Alger le 16 / 09/ 1982
Formation Diplôme de l’Ecole Supérieure des Beaux- Arts d’Alger (ESBA) 2007
Expérience Professionnelle
Expositions Personnelles (Peinture)
2005-2006
2003
- Participation aux premières Rencontres Internationales des Médias numériques (France) 2005 Participation à la Biennale des jeunes créateurs Naples (Italie).
2006-2007
- Elu pour représenter l’Algérie à une exposition intitulée le Lazio entre Europe et Méditerranée (Rome).
2007-2008
- Assistant décorateur du film « Ben Boulaid » réalisé par Ahmed Rachedi
2004
- Restaurant Fantasia Alger. - Exposition d’inauguration de la cité des Arts et des Sciences. - Exposition Sédiments d’images, Hôtel Aurassi, Alger. - Exposition à l’occasion d’un colloque littéraire (Association Chrysalide).Espace France Fanon, Office Riadh El Feth, Alger. - Moon Light Café Alger.
2008 – 2009
2005
Expositions
2007
Exposant permanant à la Galerie ESMA, Riadh El Feth Alger.
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- Moon Light Café Alger.
- Exposition Centre Culturel de la Radio, Alger. - Exposition Résidence Djenane El Mithak Alger.
2009
- Exposition conjugaisons africaines Hôtel Aurassi Alger.
Expositions Collectives - Exposition des travaux du Workshop de céramique à la Galerie Mohamed Racim, Alger, 2002 - Exposition collective au Centre Culturel de la Radio, Alger, 2004. - Exposition concourt organisé par l’Eole Supérieure des Beaux- Arts et le centre Culturel Italien, Alger, 2004 - Exposition Galerie d’Art SONATRACH. - Exposition Centre des Arts Palais des Rais (Bastion 23) Alger, 2005. - Exposition Biennale des jeunes créateurs Naples Italie, 2005. - Exposition Musée d’Art Contemporain Naples Italie, 2005. - Exposition à l’occasion de la semaine culturelle de l’Armée, Alger, 2006. - Exposition Université de Bab Ezzouar, Alger 2006. - Exposition collective à la Résidence Djenane El Mithak, Alger 2007. - Exposition entre Europe et Méditerrané Rome, Italie, 2007. - Exposant permanant à la Galerie ISMA, Riadh El Feth Alge 2008 - Exposition collective a la Galerie Lina Alger « la Madrague » 2008 - Exposition Biennale africaine (Festival panafricain) safex Alger 2009 - Exposition Galerie Racim Groupe Présence Lieux et liens Alger 2009 - Exposition Maison de la Culture de Mostaganem Groupe Présence Lieux et liens Alger 2010 - Exposition Maison de la Culture de Tiaret Groupe Pré-
sence Lieux et liens 2010 - Exposition Maison de la Culture de Mascara Groupe Présence Lieux et liens 2010 - Exposition Maison de la Culture de Sidi Bel Abbés Groupe Présence Lieux et liens 2010 - Exposition Maison de la Culture de Ain Timouchent Groupe Présence Lieux et liens 2010
Bibliographie - Catalogue Exposition Sédiments d’images, Hôtel Aurassi, Alger 2004. - Catalogue Exposition Galerie d’Art SONATRACH. - Catalogue Exposition Centre des Arts Palais des Rais (Bastion 23) Alger, 2005. - Catalogue Exposition Biennale des jeunes créateurs Naples Italie, 2005. - Dictionnaire des Artistes Algériens « Diwan El Fen » 2008. - Catalogue exposition conjugaisons africaines Hôtel Aurassi - Catalogue exposition du Groupe Présence Lieux et Liens exposition itinérante
Les Œuvres de Yacine AIDOUD se trouvent dans des collections privés et étatiques.
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Yacine Aïdoud Un peintre dans la ville
Laredj Rym
Artiste Plasticien / Réalisatrice
personnalité singulière, je dirai même fellinienne: Artiste aux mille et une facettes, Il est de ces gens qu’on cerne difficilement au premier regard. Comme dans ses peintures, il y a toujours quelque chose d’insaisissable. Une étincelle de l enfance une vibration universelle, une impulsion. Il ressemble à monsieur tout le monde, sauf que sous la façade de monsieur tout le monde se cache l’un des plasticiens les plus en vue de sa génération.
Photo : Rym Laredj/ Yacine Aidoud bord de mer
Yacine Aidoud est un peintre à la ville, comme est un marabout au village, il connaît chaque visage incontournable de la cité, et siège tel un conteur moderne. Il suivra une formation de graphiste cinq années durant à l’école supérieure des beaux arts d’Alger. L’élément graphique est très rapidement intégré dans ses peintures et y tient une place majeure qui, tout en matière et reliefs, happe le regard du scruteur au flair artistique. Yacine n’entre dans aucun éthos ; chose bien étroite pour cette
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Plein de ressource, avec plus d’un tour dans sa palette et de l’air plein les poumons, Yacine nous emmène dans ses rues, la où son inspiration l’attend. Avec une générosité rare par les temps qui courent ; il se raconte et raconte la ville où il a grandit en faisant un petit détour par Rome où il a laissé quelques parcelles de son enfance. Yacine est immanquablement un homme de la rue dans le sens le plus noble. Aucun recoin ne lui résiste. Son art se rapproche en quelques points de l Art brut : ses personnages longilignes rappellent ceux d Oswald Tchirtner qui nous regardent du coins de l œil alors que ceux de Yacine nous regardent droit dans les yeux et nous mettrent face à nous mêmes, Il y a également un rapport évident avec certaines œuvres de Michel Nadjar realisées avec de la cire sur papier. Si l on posait ces œuvres les une face aux autres il est tenté de penser
qu’elles se parlerent et évoqueraient des souvenirs communs. Le peintre arpente la ville, scrute les visages et leurs murmures, va jusqu’aux portes du désert pour se nourrir d’image et puiser la matière de son travail. Il peint comme on laboure un champ, façonne ses toiles comme on aiguise un couteau et contemple la vie comme un paysan qui caresse sa récolte de blé : avec un œil soucieux, pleins d’amour mais aussi de doutes. Il marche, luciole vagabonde en pleine lumière et s’accroche aux moindres détails de la cité : la pierre, l’architecture des bâtisses, la mer et ses rochers, se laissant prendre par la force océane comme une foule de gens qui le happerait, et qu’il happe avec un coup de pointe sèche, pour en faire bien plus tard une peinture aux couleurs de ce feu qui l’habite. Yacine ne commence pas une journée sans faire un détour par les beaux arts d’alger, qui est, on le sens très vite, un repére majeur. Il a grandit dans le quartier et ne se voit pas partir ailleurs. Les rêves de gloires ne l’interessent pas. Ce qui l’annime ce sont les petits gens et leurs histoires. Il aime être aux cotés de ces personnes qui sont un peu lui, et lui, un peu eux. Bourreau de travail, yacine ne s’arréte jamais, même quand il discute avec les jeunes bosaristes, c’est pour leur parler de la vie mais surtout du travail. Quand il s’agit de peinture, la voix de Yacine change, le sujet est bien trop important pour en parler avec légéreté. Les aprentis artistes se rendent vite compte aux cotés de Yacine, qu’être peintre c’est une responsabilité, un engagement politique et un acte citoyen Dés lors qu’on songe au peintre et son atelier, au peintre et son espace de création, on se rend très
Yacine Aidoud face à ses œuvres/exposition avec la groupe présence ; galerie Racim, novembre 2009.
vite compte que l’atelier de Yacine est la rue et ses passants ; les individus mais aussi les masses. Les personnages de ses peintures ont parfois des traits singuliers, et à d’autres moments, ils arborent tous le même visage. Mais ses œuvres ne sont jamais figées, toujours en mouvement. Yacine est de ces rares créateurs qui portent leurs patrie comme on porte son âme, jusqu’aux bouts des lèvres, jusqu’aux bout des doigts comme autant de petites boussoles inaltérables, comme autant de signes ancestraux qui façonnent l’histoire d’un peuple tout entier. Et à cette terre, Yacine y est
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fidele comme on est fidele à la plus secrète des promesses. Si ses amis l’appellent le Flamboyant c’est qu’il l’est sans détours.
Photo: Rym Laredj/Yacine Aidoud Timimoun
Pétrie de matières, de terre, de lumière et de feu. La peinture de Yacine Aidoud rappelle l’essence même de la peinture africaine : des formes surgissant d’un passé lointain où se love notre identité. Le musée imaginaire de ce peintre est tout un continent : ses lumières et ses rêves tout autant que ses plus grandes détresses (son installation :dictatures africaines rappelle à plus d’un titre le malaise que vi notre continent/ cf. exposition conjugaison africaine ; Hôtel l’Aurassi juillet 2009). Ses couleurs arrivent à nos yeux ébahis comme un soleil prometteur aveuglant par moment, et à d’autres rassurant les personnages filiformes toisés sur une toile de forme rectangulaire, nous suggérant un cercueil d’où jaillissent par moment
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de profondes tristesses et à d’autres inextricables joies volées au temps dévastateur. A la manière d’un prédateur, Yacine chasse la lumière, les formes et les personnages en capturant la chose de l’instant et l’instinct le plus enfoui de la vie. Ses mouvements saccadés rappellent le clignement des yeux. Le regard fuyant de Yacine voit partout, et ne rate aucun détail qui s’offre a lui. Ses personnages prennent vie dans tout ce qui nous entoure, même dans le silence le plus absolu, on entendrait presque le brouhaha d’un marché populaire où des geoupes de personnes discutent de choses de la vie, comme ressuscités d’un futur lointain, d’une temporalité indécise. N’oublions pas ses expositions itinérantes avec le groupe Présence à qui, chacun de nous devrait rendre hommage : cette troupe généreuse milite pour l’art en sillonnant le pays et en ouvrant sur le monde, une fenêtre de lumière à nos villes : Mostaganem, , Mascara ,Tiaret ou d’autres. Offrir, à qui veut voir et entendre, une poésie aux mille couleurs splendides, un grand moment de joie, et peut être de lucidité.
Autour du triangle 40 x 55 cm Techniques mixtes
Danse africaine 30 X 70cm Techniques mixtes
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HĂŠritage 3fois 15 x 70 cm Techniques mixtes
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Etapes partagĂŠes 3fois 15 x 70 cm Techniques mixtes
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Ultime apparence 2fois 15 x 70 cm Techniques mixtes
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TrinitĂŠ 60 x 15cm Techniques mixtes
Ces africaines de Yacine Aïdoud L’une de ces manifestations a fait l’objet d’une exposition initiée par un jeune et flamboyant acteur de la scène artistique, Yacine Aïdoud, qui a investi l’espace salons de l’emblématique hôtel Aurassi, pour offrir à notre lecture ses «Conjugaisons africaines», un corpus d’une trentaine de tableaux de moyenne dimension. Le vernissage a eu lieu le 1er juillet 2009, la monstration se poursuivant jusqu’au 15 juillet. Autour de la thématique africaine La thématique abordée, bat pavillon africain, bien que les œuvres ont été réalisées dès 2006 (pour certaines). Prémonition ou avantgoût ? L’artiste préfère garder le secret de ses motivations. La période choisie pour l’exposition relève, peut-on subodorer, de la coïncidence. Elle a chevauché néanmoins l’avant et le pendant du Panaf et constitue une sorte de «Pan’Off», terme judicieux emprunté à l’association d’art contemporain «L’invitation» qui a organisé un festival parallèle au Panaf du 4 au 8 juillet. Le dynamisme graphique et pictural en bandouillère, Yacine nous a offert à tutoyer
Massen Mohammed Artiste Plasticien
des œuvres en colère empreintes d’une véhémence déclamée sans vergogne. Des œuvres arrachées à une intériorité magmatique, éruptive, scandées, dans un langage bouillonnant d’un irrésistible expressionisme. Il a su emprunter, ce faisant, un cheminement iconoclaste à l’image des «ancêtres» de l’art contemporain, les protagonistes des fameuses et fumeuses avant-gardes qui ont nourri la peinture moderne à la fin du XIXe et au XXe siècles. Ces œuvres torrentueuses charrient toute la génétique d’une Afrique digne et droite comme un totem qu’elles donnent à lire dans une prestation bien orchestrée et bien reçue par les regardeurs présents, un parterre constitué en majeure partie de professeurs et d’élèves – dont beaucoup d’anciens camarades de promo – connus dans le microcosme de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger. L’iconographie est entièrement consacrée à la représentation des gens, des habitants du continent noir. Pas une seule diversion pour représenter autre chose que ce peuple d’Afrique. Démarche brute d’impatience d’où s’épanche un besoin atavique d’impact 17
protestataire face aux turbulences de différentes natures traversées par l’Afrique, cette terre des damnés qu’on ne peut évoquer sans penser à Frantz Fanon, cet Algérien, cet Africain né dans l’antillaise Martinique, cet autre tesson de l’Afrique parmi tous ceux qui parsèment le monde. L’unité du traitement technique des surfaces fait que les tableaux sont semblables et différents à la fois, paradoxe propre à l’espace dans lequel l’art contemporain permet de se mouvoir et d’éviter les chemins de traverse faciles de la redondance. Déclinés dans une grande maîtrise du faire, les tableaux dégagent des fragrances d’africanité d’une rare prégnance. Les choix chromatiques y sont pour beaucoup, ils versifient avec bonheur la chaleur d’un continent matriciel. Les ocres, les jaunes, les verts, les «terres», les noirs, la pigmentation chaude (torride pourrait-on dire), imprègnent les cimaises d’un grand pouvoir «impactant» dû à l’utilisation judicieuse des tonalités bien appropriées pour traduire la «terrorité» africaine. Lorsque Kant abordait le versant pédagogique de la philosophie, il avisait qu’on n’apprenait pas la philosophie mais qu’on apprenait à philosopher. Cela, pour dire que Yacine, Aïdoud le jeune, n’a pas appris la peinture mais qu’il a appris à peindre. Et que, sans nous déprendre des autres théories philosophiques, on peut avancer avec Socrate qu’on «n’apprend 18
vainement que ce qu’on apprend par soimême et de soi-même». Une façon de dire originale Et comment ? Yacine a su, à sa manière propre, capitaliser une façon de dire tout à fait originale, une sorte de malstrom de techniques diversifiées bien harmonisées dans une juxtaposition riche de pertinence. Une combinatoire recélant les dimensions vectorielles de ce que la doxologie ambiante désigne du terme générique très confortable de «technique mixte». Un saturé de registres du langage plastique labouré dans une myriade de sillons par le peuple des arts visuelsmodernes. Une chimie savamment exprimée par une patiente et adroite dextérité. Yacine, pour sa part, a su emprunter les évitements d’une sénilité plastique dans laquelle semble s’encrouer une bonne partie de la gent artistique. S’abreuvant opportunément à la source plus ou moins anthropoligique, Yacine a pris le parti de dire dans tous les langages techniques, sans se départir d’une authenticité certaine des intonations graphiques et chromatiques, le désillusionnement nourri par la traversée cahoteuse et chaotique d’un continent attachant par sa dignité devant les tumultes. Ses œuvres se lisent non pas comme de simples narrations, mais comme les brûlures
non encore cicatrisées que de lancinantes purulences empêchent de cautériser.
Autres articles
Peuples d’Afrique, toujours debout Le corpus qui nous a été présenté a pris l’allure d’un continuum vociférant traversant les fractures de l’histoire des peuples d’Afrique unis dans ce qu’ils ont de commun, la vaillante volonté d’être et de rester debout, de bout en bout. Ce qui sourd de l’incandescence de tous les tableaux. Des tableaux qui, illuminent par leur gravité. Une gravité dont, les scansions, se retrouvent dans la solennité et la majesté hiératique et frontale des faciès qui sont présentés toujours debout et souvent dans une attitude grégaire, celle des communautés irascibles, gardiennes de leur africanité face à toutes les adversités.
Figure au deux profils 40 x 45 cm Techniques mixtes
Une réification qui leur confère une prégnante et poignante intemporalité. Yacine n’est autre que le fils d’Abderrahmane Aïdoud, artiste-peintre et graveurs, professeur à l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, et de Madame, artiste –sculpteur et professeur dans la même école supérieure. On dit, souvent, qu’un train peut en cacher un autre. Pour ce qui est de cette famille d’artistes, il nous est agréable d’affirmer qu’un Aïdoud en cache toujours deux autres. Et pendant ce temps là, Aïdoud le jeune élève un langage plastique qui promet une bonne et précoce grenaison.
Mémoire 40 x 40cm Techniques mixtes
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Signes retrouvĂŠs 3fois 15 x 70 cm Techniques mixtes
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Autour du secret 60 x 15cm Techniques mixtes
Paysage 60 x 15cm Techniques mixtes
Dance nocturne 60 x 15cm Techniques mixtes
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Accords 30 x 75 cm Techniques mixtes
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Couple royal 40 x 75 cm Techniques mixtes
Encentre 1 m x 40 cm Techniques mixtes
DerriĂŠre la fenetre 20 x 75 cm Techniques mixtes
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Photo par Bessaï Zineddine
Un homme, un artiste ..., un regard De ses yeux naît « L’INSTINCT ». L’instinct d’un homme au regard chargé d’un silencieux hurlement. Un homme mais aussi une bête aux multiples cachettes et grottes. Une bête rouge, noir, ocre…..ogre de vie.
Barris Syphax Artiste Plasticien
Son village plastique est constamment visité par des personnages aux multiples facettes. Personnages qui sont le reflet de nos vies et de notre temporalité. Il croque la vie à pleine dent, mâche ses moindres petites histoires et en fait des peintures. Peinture qu’il assène de coup de griffe, les blesse et fait sortir une vérité picturale; sa vérité. Regardez sa peinture et vous y verrait la grâce d’un guépard en pleine course, la férocité d’un tigre qui attaque et la sagesse d’un lion au repos.
Ses peintures sont des griffes prêtes à frapper, qui s’élancent, s’avancent et chargent les esprits. Elles éveillent les meutes endormies et endolories par tous ces fastes contemporains. Aidoud Yacine peint dans un élan euphorique qui amène sa peinture à devenir objet.
Un homme….. ….un artiste… ….un regard. Aidoud Yacine , est celui qui frôle les limites.
Rythmique 30 x 75 cm Techniques mixtes
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Esprit invoquĂŠ 3fois 15 x 70 cm Techniques mixtes
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Message au prisonnier 35 x 70 cm Techniques mixtes
Euphorie 60 x 15 cm Techniques mixtes
Les temoins 40 x 75 cm Techniques mixtes
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Duo magique 40 x 65 cm Techniques mixtes
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Négation féminine 40 x 45 cm Techniques mixtes
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Portrait de Yacine Aïdoud Avec quelques acteurs de la scéne artistique algerienne
Yacine Aïdoud avec Ahmed Rachdi - Réalisateur
Yacine Aïdoud avec Yelles - Artiste plasticien-ex Directeur de l’ESBA et Abdelhamid Laroussi SG de l’UNAC
Yacine Aïdoud avec Ammar Bouras et Laabi Arezki Artistes plasticien
Yacine Aïdoud avec Halima Lamine - Artiste poéte
Yacine Aïdoud avec Djaouida Houadef - Artiste plasticien
Yacine Aïdoud avec Bourdine - Artiste plasticien
Yacine Aïdoud avec Yamo - Designer et Laabi Arezki - Artiste plasticien
Yacine Aïdoud avec Absi Houcine et Temtem Bouzid - Artistes plasticien , Professeurs à l’ENBA d’Annaba
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Yacine Aïdoud avec Karim Sergoua - Artiste plasticien
Yacine Aïdoud avec Mr et Mme Aïdoud - Artistes plasticien, Professeur à l’ESBA - Alger
Yacine Aïdoud avec Denis Martinez et Rafik Zaidi- Artistes plasticien
Yacine Aïdoud avec Yacine Heddaj - un des meilleur amis de l’artiste
Yacine Aïdoud avec Malek Saleh - Artiste plasticien
Yacine Aïdoud avec Zineddine Bessaï - Graphiste - Artistes plasticien
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Peindre, graver, sculpter, autant de manières d’investir un espace réel et mental. Se retrouver devant un médium qui interpelle un acte physique et mental, un espace temps. Le temps de reproduire des visions ancrées dans notre esprit peut être de l’instant que nous vivions ou se rapportant au temps où nous étions à l’état fœtal, ainsi l’art se nourrit de ce que nous somme maintenant et de ce que nous étions quand notre existence civile n’existait pas.
Aidoud Yacine
Photo par Bessaï Zineddine