sous la direction de Cyrille Hanappe .1
CONSTRUIRE AU TEMPS DES DÉRÈGLEMENTS
Deux projets conçus puis construits par Adrien Boucicaud, Ophélie Cadet, Anna Chevolleau, Marine Fiawoo, Morgan Galles, Camille Girard, Lucia Gomez Crespo, Anton Gomez Gonzalez, Alessandro Guzetti, Anaëlle Henaff, Adrien Heinrich, Zuzana Kucerova, Barnabé Lacoste, Charlotte Le Floch, Clémentine Le Meur, Thomas Le Pimpec, Kévin Lemoine, Matteo Maffioletti, Jose Maria Rueda Romero, Thibaud Muzard, Jonathan Nécharo, Claudia Nucci, Nicolas Pinondel, Jonathan Rojas, Jorge Salguero Ropero, Maud Sandon, Alix Sutre, Bianca Soccetti, Anna Szewotowicz. Avec Sébastien Covaci, Valentin Covaci, et Doudou Covaciu Sous la direction de Cyrille Hanappe avec Mathieu Le Barzic
Il me paraît indispensable que les étudiants puissent avoir accès durant leurs études aux réalités pragmatiques des contraintes d’exécution de réalisation de leur parti architectural, bien que cette pédagogie de projet basée sur la mise en oeuvre et la construction de projet ait un impact financier important sur le budget de l’ENSAB. Cette année, afin de permettre à ce travail d’exister dans la durée, vous avez proposé de l’appliquer aux réalités contextuelles de lieu et de besoins en collaboration dans le village précaire de Viry Chatillon. Je ne peux qu’adhérer à votre souhait de placer ces étudiants au cœur des problématiques urbaines et opérationnelles sensibles. A ce titre, je partage votre opinion sur la nécessité d’engagement de l’architecture pour et au service de la société quelle qu’elle soit. Les architectes ont tout à fait légitimité à participer, produire et proposer des solutions qui permettront d’enrichir la réflexion collective. Marie Minier, Directrice de l’ENSAB
« Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits ». C’est le début de l’article 1 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. Chacun doit donc être traité de manière égale et digne. Chacun doit être respecté dans sa condition d’être humain. Tel est le premier principe qui doit guider l’action politique de tout élu républicain et démocrate. C’est ce que nous faisons à la communauté d’agglomération Les Lacs de l’Essonne. C’est pourquoi, j’ai accepté sans hésitation le projet des étudiants de l’école d’architecture de Bretagne qui était de construire des bâtiments collectifs dans le village précaire de Viry Chatillon. Ces étudiants inventifs et courageux, combattant les idées reçues, ont mené un projet d’une très grande portée humaine, sociale et écologique. Humaine, d’abord, parce que ce fut une expérience très enrichissante pour eux et pour la population Rom qui en bénéficie. Tous ont travaillé et construit ensemble, les étudiants ont été chaleureusement accueillis. Des liens forts d’amitié se sont noués. Ce fut une grande aventure humaine, à rebours des idées réactionnaires. Sociale, ensuite, parce que ces étudiants ont permis à la population de disposer d’un bâtiment de sanitaires. Cette action gratuite est socialement forte et utile parce qu’elle permet aux habitants du camp de vivre un peu mieux et dans des conditions hygiéniques meilleures. Ecologique, enfin, parce que la construction se fonde sur des matériaux de récupération. Ce projet montre que l’on peut utiliser autrement nos encombrants et nos produits de consommation, bref qu’un autre mode de vie est possible. Merci à eux de nous montrer la voie, Gabriel Amard, président de la communauté d’agglomération Les Lacs de l’Essonne.
Le service public sert à fabriquer de l’égalité. La rudesse des temps ne change rien à l’affaire, et la conscience y puise une ardeur renouvelée. Avec les habitants du village précaire, les échanges de sourires, les déceptions et les espérances, ont approfondi le sens de la rencontre et du partage. Au petit matin, l’esprit engourdi par le voyage, Cyrille Hanappe et les étudiants ont élargi l’expérience. Il a suffi de quelques parpaings, planches, tasseaux, et du sens agile de l’urgence humanitaire. La bonne humeur affairée du chantier, le café sur un coin de table : la belle humanité a fonctionné sans flaflas. Ceux de l’agglo ont prêté main forte : les rencontres fabriquent de la solidarité concrète. Ce livre circulera de main en main, modeste invitation à l’engagement et au regard franc sur le monde. Nous savons qu’il nous reste à faire, beaucoup, trop lentement. La vie est lente et l’espérance est violente, pour former la communauté des égaux. Merci aux trente de l’université de Rennes et à Cyrille. Philippe Caritg Directeur général adjoint des Lacs de l’Essonne
introduction «Construire pour ta mère» au commencement était le PEROU les oeuvriers le village précaire Du Bellay implantation salle commune «salle de bain à l’étage» journal de bord bilans personnels
p.9 p.10 p.12 p.14 p.16 p.20 p.24 p.44 p.64 p.98
sommaire. 13
Ce projet n’aurait pas été possible sans le soutien actif de nombreux acteurs: Marie Minier, Directrice de l’ENSAB, a toujours soutenu ce projet ; l’administration de l’école, en particulier Mesdames Gueguen, Paumier, Neveu, Keré, Roudier ainsi que messieurs Grange et Brunetaud ; tous les enseignants qui ont soutenu le projet et en particulier Mathieu Le Barzic et Jean Christophe Grosso qui nous ont accompagnés à Viry ; Catherine Rannou n’était jamais loin ; Dragomir Covaciu pour nous avoir présenté le village précaire de Viry suite à l’abominable destruction du bidonville de Ris Orangis; Gabriel Amar, Président de la communauté de Communes des lacs de l’Essonne qui a soutenu entièrement le projet à Viry, et Philippe Caritg, son directeur général adjoint qui ont mis tous leurs services techniques à l’aide de ce projet; Isabelle Marguet a été particulièrment efficace pour solutionner des problèmes de plomberie compliqués ! le PEROU de Sébastien Thiery, Chloé Bodart et Gilles Clément nous ont donné l’idée et l’envie d’y aller ; Il faut saluer le courage, la force et l’inventivité des étudiants qui ont choisi de s’engager dans ce projet difficile au départ ; les habitants du village qui se sont engagés dans le projet avec leur enthousiasme, leur savoir, leur travail et leur technicité, en particulier Sébastien et Valentin Covaci, mais également Doudou et Roby Covaci et toutes leurs famille Olivier Leclercq mon associé, est venu la semaine suivante pour faire les dernières finitions avec ses propres étudiants de l’EPSAA, qui avaient le statut de stagiaires de l’agence AIR. Il faut remercier l’humanité qui nous rassemble tous pour que des dynamiques aussi positives puissent se mettre en marche, quelquefois ! Cyrille Hanappe Architecte & Ingénieur Enseignant
remerciements
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C.HANAPPE, l’Architecture au temps des dérèglements
L’ARCHITECTURE AU TEMPS DES DEREGLEMENTS Cyrille Hanappe
“Construire pour ta mère” 28 étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Bretagne (ENSAB) ont passé une semaine dans un village précaire de roms à Viry Chatillon, à cinq kilometres au Sud Est de Paris. Les roms sont victimes de discriminations fortes dans toute l’Europe et vivent le plus souvent dans des ghettos ou des bidonvilles, des « camps » comme on appelle abusivement ces lieux de vie. Les étudiants ont conçus et construits deux petits bâtiments : une salle commune et une salle d’eau. Le travail avait commencé quatre mois auparavant par des rencontres avec les roms pour connaitre leurs besoins prioritaires. Le cahier des charges suivant leur avait été donné : « construire un équipement en matériaux recyclés, autonome énergétiquement. Il doit être démontable et reconstructible en moins de six heures par quatre personnes. Il doit être isolé thermiquement, et bénéficier d’une ventilation, d’un chauffage et d’un éclairage naturels. La question du poids minimal est centrale. Une question à se poser à tout moment : « est ce que ma mère serait heureuse d’habiter là ? »
Il avait été demandé à tous les étudiants de concevoir un premier projet. Par un concours interne, les étudiants ont voté entre eux quels projets seraient construits. Les auteurs des deux projets lauréats seraient les coordinateurs pour la suite de l’étude, mais il avait été décidé que les deux projets deviendraient la propriété intellectuelle de tous dans la seconde phase. Chacun serait par contre responsable d’une partie particulière du projet : les fondations, l’éclairage, l’enveloppe, la structure, la ventilation.. La Salle d’Eau
L’ENSAB a assuré le financement des matériaux et de l’outillage. Les étudiants ont passé les cinq jours de la dernière semaine d’avril 2013 sur place pour construire les projets. Une collaboration forte s’est immédiatement mise en place entre les Roms et les étudiants, en particulier sur la question des
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matériaux recyclés. Les Roms ont une culture multiséculaire du recyclage des matériaux et avaient beaucoup à apprendre aux étudiants. Ils pouvaient également proposer leurs connaissances de la construction légère et temporaire. De leur coté, les étudiants apportaient leur connaissance savante de l’art de construire. Le Bâtiment Sans Programme
Les deux programmes ont été construits en cinq jours. Les pouvoirs publics locaux, la Communauté d’Agglomération des Lacs de l’Essonne et en particulier son Président Gabriel Amard décidèrent de soutenir le projet. Ce soutien, rare et exceptionnel pour ce type de situation, doit être salué. Conscients qu’il est de l’intérêt de tous d’avoir un « village précaire » plutôt qu’un bidonville, ils mirent en place les raccordements à l’eau et l’électricité, ainsi qu’au tout à l’égout ; Le lien a été crée entre l’architecture savante et le « LowTech » des bidonvilles, au bénéfice des deux cultures. Les Roms ont évolué dans leurs techniques de construction : la
mise hors sol sur parpaing des maisons a été mise en œuvre dès le mois suivant sur les nouvelles maisons. Les étudiants ont appris les techniques de construction rapide et légère et les ont vraiment mises en œuvre. Les étudiants ont conçus un projet dans un site réel en lien avec ses futurs utilisateurs, ils ont pris en compte l’économie et la faisabilité de ce projet ; surtout ils ont appris l’importance sociale de l’architecture. En s’engageant ainsi, ces étudiants ont agi en architecte complets. Une expérience pédagogique L’action de Viry était pédagogique et validée dans le cursus des étudiants de l’ENSAB. Il s’agissait d’apprendre aux étudiants à assembler un bâtiment, en utilisant des techniques légères et des matériaux recyclés. Des questions fondamentales et plus larges se sont cependant imposées au cours de l’exercice. La Politique et le Social Intervenir dans un village Rom en France en 2013 n’est pas un acte anodin. Les Roms de Roumanie font partie de la Nation Rom, dont la population se répartit dans toute l’Europe, avec des cultures et des pratiques extrêmement diverses : un Gitan Andalou a peu à voir avec un Manouche Français ou avec un Rom Bulgare et il ya des dizaines de manières de vivre différentes dans les communautés Roms de Roumanie. Les Roms de Roumanie étaient esclaves jusqu’en 1865 et fuème rent progressivement libérés à la fin du 19 siècle. Victimes des exterminations nazies, ils n’ont jamais su transformer leurs faiblesses passées en force et construire un mouvement des droits civiques qui leur bénéficierait. Les Roms roumains sont sédentaires dans leur pays, mais vivent dans des ghettos à l’écart des villages. Ils ne peuvent travailler dans des administrations ou des postes de gestion. Les rares qui y arrivent
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doivent cacher leurs origines. Ils peuvent travailler à la journée dans les champs et parfois les chantiers de construction. Des pogroms peuvent se produire. C’est pourquoi de nombreux Roms Roumains choisissent de quitter leur pays et d’émigrer vers l’Ouest de l’Europe. Ils n’y sont globalement pas les bienvenus. Certains politiciens et médias dominants les taxent indistinctement de saleté, de vols, de proxénétisme, d’abus d’enfants… « 10 roms, ce sont dix roms de trop » déclare un Maire de Marseille en juin 2013, tandis qu’un autre en Vendée s’exclame « comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez » le mois d’après. Des 30.000 Roms vivant en France, il est estimé qu’environ 300 sont engagés dans des activités criminelles. Le fait est que ces 300 sont le plus à même de venir au contact des populations, développant ainsi les sentiments racistes. La venue de populations Rom de Roumanie en France a généré un fait urbain nouveau. Improprement appelés « camps de Roms »- cela présuppose qu’ils seraient construits pour être démontés, et que le nomadisme serait part intégrée de la culture Rom-, il serait plus approprié de parler de bidonvilles ou de « villages précaires ». Ces lieux de vie regroupent jusque des milliers de personnes quand ils sont hors de contrôle. Des politiques locales plus intelligentes permettent de limiter les groupes à moins de cent en eenagageant des actions simples : enlèvement des ordures, branchement aux réseaux d’approvisionnement et de rejet… Nous avons eu la chance de nous trouver à Viry Chatillon dans ce cas. S’engager dans un village précaire rom était donc une décision forte, qui entraina de profonds débats dans l’Ecole. Les étudiants eurent finalement le choix entre cet engagement et un projet plus classique. Ce libre choix était un engagement marqué de leur part, les mettant en position d’avoir une action réelle sur la société. Ce
faisant, ils devenaient conscients du rôle politique de l’architecture et de son impact social. Un premier objectif pédagogique a été ici atteint. Architecture Les questions sont alors apparues dans leur ordre naturel : qu’est ce que l’Architecture, et dans quel ordre les questions doivent elles se poser : Pour qui concevez-vous ? Cette question se pose rarement dans les écoles d’architecture. Les étudiants étaient allés en amont dans le village et avaient rencontrés les roms pour savoir ce dont ils avaient besoin en priorité. Ils ont pu voir comment ils vivent, leurs manières de construire, d’utiliser les espaces publics et privés. Pourquoi concevez-vous ? Les habitants avaient exprimé leurs besoins. L’expression de ces besoins était une question posée directement aux étudiants : pourquoi seraient-ils meilleurs que d’autres pour réaliser cette tache, qu’est ce qui les distinguait ? Le savoir technique était évidement une des premières réponses, allant avec le fait que les (étudiants) architectes étaient les seuls capables d’articuler une demande théorique à un projet réel. Ce constat, dépassant celui de faire un « beau design », parait essentiel à la compréhension du rôle de l’architecte dans la société. Que concevez-vous ? Le fait que l’objet que vous concevez va devenir réel et sera réellement utilisé altère votre relation à la conception, et amène rapidement à des questions très tangibles. Le bâtiment aura un site et y sera vraiment installé, il sera vraiment utilisé par des gens et ils voudront pouvoir l’utiliser longtemps. Comment concevez-vous ? La compréhension des contraintes constructives amène de nouvelles questions dans la conception : combien va peser le bâtiment, combien va t-il coûter, comment trouver les maté-
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riaux, comment les assembler, comment l’ergonomie du bâtiment va-t-elle fonctionner ? L’Architecture sans programme Dès le début, les étudiants avaient engagé des discussions avec les habitants sur les programmes à construire. Si l’idée de la salle d’eau était apparue très vite, le programme du second bâtiment ne cessait de changer : ce devait être un atelier, puis une salle d’étude, puis une salle de travail…c’est aujourd’hui un lieu de culte ! Ce programme ne trouvait jamais son expression, alors que le bâtiment devait se construire. De là découle l’idée d’une « Architecture sans programme ». Cette notion est forte et nouvelle dans laème théorie architecturale quand toute l’architecture du 20 siècle était basée sur le fait que « la Forme suit la Fonction ». L’ « Architecture sans programme », en se dégageant de la notion utilitariste de la construction, crée au contraire un lieu pouvant s’adapter à plusieurs fonctions, un lieu recyclable dans l’esprit du développement durable. Comme une basilique romaine, c’est un espace qui peut accepter les différents programmes et leurs évolutions au cours du temps. L’absence de programme engendre par ailleurs une architecture qui doit exister pour elle-même – son sens doit dépasser sa fonction ; si l’on se réfère à la classification de Venturi, elle n’est ni un « canard », ni un « hangar décoré ». Le bâtiment doit donc être une pure hétérotopie au sens de Foucault : un lieu qui offre un espace différent, qui existe dans son temps mais aussi hors de lui, car il est construit et préservé pour être physiquement hors d’atteinte des ravages du temps. Technique La technique était le point de départ du cours. Si l’échelle 1 était déjà présente dans la pédagogie, c’était la première fois que les étudiants avaient à construire un bâtiment réel : être dehors, dans le « monde réel », le bâtiment devant durer.
Des questions de base de construction – qui sont en fait des questions d’architectures- sont apparues. La Relation à l’extérieur Un bâtiment se pense dans sa relation au ciel, à l’air, au sol. Le fait de construire va amener ces postulats architecturaux à des réalités pour les étudiants. La relation au sol est un des points les moins pris en compte par les étudiants ; Nombre d’élèves de dernière année dessinent des bâtiments qui sont simplement posés sur le sol, sans penser à l’interaction entre ces deux éléments très différents : le mur et la terre. Si la relation au ciel est une des premières choses à laquelle pensent les étudiants, la relation à l’air est également souvent négligée. Le fait de construire donne à voir qu’un mur a une épaisseur, pour qu’il atteigne ses objectifs en termes d’isolation, d’inertie thermique, et de sécurité. Poids “Combien pèse votre bâtiment, M. Foster » ? La question posée par Buckminster Fuller à l’architecte lors de sa visite au Sainsbury Centre est centrale dans la question du développement durable. Le poids, c’est de l’énergie : énergie pour produire, énergie pour transporter, énergie pour construire et assembler. Dans des conditions tendues, cette donnée devient primordiale. Les étudiants y sont confrontés quand ils ont à construire leur projet. Les éléments de construction et leurs assemblages Les bâtiments sont faits de composants (fondations, structure, planchers, parois, ouvertures, machines…). Le dessin de l’architecture se fait le plus souvent à l’articulation de ces composants. La manière dont le programme d’étude avait été établi, chaque étudiant étant en charge d’un de ces composants sous la supervision du référent projet fait en sorte qu’une attention particulière à ces articulations a été mise en place.
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Coût et approvisionnement Une somme d’argent fixée avait été donnée par l’Ecole aux étudiants. L’Ecole étant située à 350km du site de construction, la question du coût et de l’approvisionnement sur site apparurent rapidement comme des points à regler.les coûts comparés d’un clou et d’un écrou apparurent comme des questions de conception, comme la manière dont on pouvait les trouver, dans une boutique lointaine ou de proximité, dans un centre de recyclage ou par les filières roms…. Vers une nouvelle architecture vernaculaire La manière de construire dans ce village a fait ressurgir des techniques traditionnelles qui ont été redéfinies sous l’influence de leurs conditions de production. Conception en materiaux recycles Les matériaux que l’on choisit dans un projet le sont en fonction de leur disponibilité, de leur poids, mais surtout de leur position dans le cycle de consommation : recyclé et/ou recyclable, dans un principe de consommation durable. Il faut savoir d’où vient le matériau, et comment il sera recyclé, quand le bâtiment sera arrivé en fin de vie. Nouvelles Conditions de Production Les conditions de production deviennent partie intégrante de la conception du bâtiment : Concevoir ce qu’on va construire et construire ce qu’on a conçu – l’approche de la conception générale et de détail est lié au savoir-faire du concepteur pour le construire. Travailler avec les personnes sur place (savoir-faire et qualifications locales, savoir-faire nouveaux…)
Travailler avec les pouvoirs publics locaux : obtenir les alimentations et les évacuations d’eau, le branchement électrique sont des sujets délicats quand on se trouve dans une situation para-légale. Le bâtiment a une durée de vie fixée. Il y a un «avant » et un « après ». Le site demeure, mais pas les gens ni le bâtiment. Nouveaux objectifs de construction Le changement des conditions de production produit de nouveaux objectifs. Pas de transformation du sol : le fait que le bâtiment soit là pour un temps limité impose de nouvelles manières de penser les fondations et les transformations du sol. Des bâtiments démontables : il faut penser à la manière dont le bâtiment sera construit, mais aussi à celle dont il sera déconstruit. Une évaluation du temps et du nombre de personnes pour réaliser ces deux processus doit être réalisée. Les changements et évolutions de conception: la conception doit être faite en prenant en compte le fait que les matériaux peuvent changer à la dernière minute, en fonction de leur disponibilité. Les gens pour lesquels le bâtiment est construit ne savent généralement pas lire un plan et l’expression de leurs besoins va évoluer quand ils verront les premiers éléments prendre forme (voir figure 3) Atteindre des performances techniques élevées avec des matériaux recyclés : il y a un objectif fort à atteindre des performances élevées avec des matériaux recyclés.
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A gauche, le bâtiment tel qu’il était conçu avant l’arrivée sur le site, à droite, ce qui a été réellement construit, avec les matériaux trouvés sur place.
Nouveaux paradigmes architecturaux De nouveaux paradigmes architecturaux sont apparus lors de cette expérience. Les points marquants de la production et de la qualité architecturale sont liés à des éléments qui étaient rarement pris en compte dans les dernières décennies. Les impacts économiques et sociaux locaux ne peuvent plus être simplement considérés comme acquis par la modernité de la construction et la question de l’impact local doit être examinée directement. Le lien direct entre conception et construction est également un concept nouveau. Il rouvre la question de la recherche architecturale à travers le projet – une conception architecturale qui évolue au fur et à mesure de sa construction. Des durées de vie déterminées : dépassant l’idée qu’un bâtiment serait bâti soit pour l’éternité, soit au contraire pour être temporaire, il est important de clarifier les différentes durées de vie des éléments qui le composent - certaines dureront des dizaines d’années, et d’autres moins de dix ans, voire deux ans. Cette prise de conscience permet d’avoir une approche plus fine dans la conception, la qualité et le prix des différents éléments choisis. Réversibilité : le bâtiment est conçu pour être construit, et aussi pour être déconstruit. Le site est pensé pour le moment où l’architecture sera là, et aussi pour celui où elle ne sera plus là. Le développement durable repose sur ses trois piliers : Ecologique- Economique et Social (Brundtland). Le projet ne doit pas être évalué seulement sur sa consommation énergétique, mais sur une approche multiple, qui renvoie aux différents points vus précédemment (figure 4).
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Une approche multipolaire pour l’évaluation de la durabilité architecturale :
Construire des modèles : réaliser un projet dans un lieu où la culture technique et architecturale est de faible niveau transforme les conditions de production locales. Sur la figure 5, ci-dessous, la maison de droite avait été construite avant le passage des étudiants, celle de gauche, toujours en construction, a commencé à être construite après que les deux bâtiments aient été achevés. On peut analyser l’évolution technique entre les deux : une est construite sur des fondations qui l’isole du sol et des possibles inondations qui se produisent sur place. Elle est plus grande et mieux construite, avec une conscience plus claire de l’analyse structurelle et de la solidité.
Evolution des techniques de construction et l’établissement de modèles – La maison de gauche a été construite après le passage des étudiants, celle de droite avant.
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Au temps des dérèglements globaux, sociaux et climatiques, l’Architecture doit évoluer Cette semaine avec les étudiants a constitué une expérience pédagogique et architecturale forte. Elle a ouvert nombre de champs pour les étudiants auxquels ils auraient eu du mal à avoir accès autrement. La plupart ont exprimé un plaisir réel d’avoir pu engager leurs préoccupations sociales dans le champ de l’architecture. Ils ont découvert de nouvelles manières d’aborder l’architecture, de ce qu’elle peut et devrait être, ainsi que de nouveaux termes pour la qualifier. Au temps des dérèglements globaux, sociaux et climatiques, l’Architecture doit évoluer et ne peut plus être pensée seulement à travers le prisme des idéaux de la modernité du 20 ème siècle. La prise de conscience environnementale a établi de nouvelles règles qui doivent être enseignées dans les écoles d’architecture dès les premières années.
References Guillot, X. : 2012, Penser et “construire ensemble” l’espace rural de demain : acquis et recherche en cours, in X.Guillot (ed), Espace Rural et Projet Spatial (vol. 3) Du terrain à la recherche : objets et stratégies, Publications de l’Université de Saint-Etienne, Saint-Etienne, 14-31 Smith, R.. : 2012, De la soutenabilité architecturale par Rural Studio, in X.Guillot (ed), Espace Rural et Projet Spatial (vol. 3) Du terrain à la recherche : objets et stratégies, Publications de l’Université de Saint-Etienne, Saint-Etienne, 60-89 Agier, M : 2013, Campement Urbain, Du refuge nait le ghetto, Manuels Payot, Paris Bouchain, P. : 2006, Construire Autrement, Actes Sud, Arles
Adrien Boucicaud
Ophélie Cadet
Anna Chevolleau
Marine Fiawoo
Morgan Galles
Camille Girard
Lucia Gomez
Anton Gomez
Alessandro Guzetti
Anaëlle Henaff
Adrien Heinrich
Zuzana Kucerova
Barnabé Lacoste
Charlotte Le Floch
Clémentine Le Meur
Thomas Le Pimpec
28 .les oeuvriers
KĂŠvin Lemoine
Matteo Maffioletti
Jose Maria Rueda Romero
Thibaud Muzard
Jonathan NĂŠcharo
Claudia Nucci
Nicolas Pinondel
Jonathan Rojas
Jorge Salguero Ropero
Maud Sandon
Alix Sutre
Bianca Soccetti
Cyrille Hannape
Matthieu Le Barzic
les oeuvriers. 29
30 .le village prĂŠcaire Du Bellay
UNE CONVIVIALITE CONSTRUITE «Parlant d’imagination, on pourrait penser qu’il s’agit d’évasion ou qu’il est question de produire des choses extraordinaires. Alors que l’évidence nous amène à considérer la réalité telle qu’elle est» Alvaro Siza La quatrième semaine d’avril 2013 était printanière et ensoleillée. Le convoi des véhicules avait quitté l’ENSAB le dimanche 21 en fin d’après midi. Les deux utilitaires de location étaient consciencieusement chargés des matériaux préparés à l’issue de la phase de conception de l’exercice afin de construire à l’échelle 1 les deux petits équipements pour le village précaire des Roms de Viry Chatillon: une salle commune et un bloc sanitaires. Les séances préparatoires avaient permis de préciser le programme et les dimensionnements des deux bâtiments en croisant la notion d’usage et les aspects environnementaux des constructions. Les matériaux achetés et récupérés avaient été précisément quantifiés pour ne pas surcharger les véhicules et maîtriser le budget. Il serait nécessaire de récupérer sur place quelques matériaux complémentaires et l’outillage, d’organiser les équipes pour la réalisation. Il serait nécessaire également de se confronter à la réalité, du site, des usagers, et des imprévus... Aussi aboutis qu’ils aient pu être, les projets s’en sont trouvés transformés. On pourrait questionner l’aboutissement de la phase d’étude, la méconnaissance du contexte, ou un manque d’expérience du chantier. Il faudrait dans ce cas questionner également la finalité de l’exercice: la confrontation à l’expérience de la réalité du chantier comme apprentissage de l’apparition de l’architecture. L’aboutissement
Mathieu Le Barzic. 31
du projet est il la mise en œuvre conforme des études ou l’adaptation d’une projection à la réalité d’un contexte? L’approche théorique de l’exercice «construire au temps des dérèglements» permet la simulation d’un accroissement des contraintes s’appliquant à la réalisation des projets dans un contexte de crise. Ce postulat questionne donc une rupture dans la pratique courante de la maîtrise d’œuvre, dans la continuité conceptuelle qui irrigue le projet des phases d’étude aux phases de chantier. Dans ce contexte spécifique, la finalité demeure la réalisation d’une architecture avec ses qualités d’usage, d’espace et de matérialité. La mise à l’épreuve du réel constitue donc le moment critique de contrôle de la qualité architecturale du projet. Qu’en est-il à l’issue de cette semaine de réalisation? Concrètement, la mise en œuvre des deux petits bâtiments a permis d’identifier différents niveaux d’adaptation aux contraintes spécifiques du site et des usagers. Le bloc sanitaire constitué d’une série de portiques de charpente moisé et tramés sur une largeur de palette. L’enveloppe relativement poreuse n’a pas nécessité de traitement complexe de paroi. Le squelette du bâtiment constitue donc l’identité formelle principale de l’ouvrage, il a été réalisé conformément aux études avec des adaptations mineures. La salle commune a nécessité d’importantes adaptations dans ses dimensions et ses matériaux. Les fenêtres avaient été récupérées par les étudiants et les Roms ont fournis de beaux panneaux de contreplaqué récupérés dans une entreprise de déménagement. Il a fallu inventer l’assemblage de l’ensemble, intégrer les dimensionnements des fenêtres La mise en évidence simultanée des deux méthodologies de réalisation donne à lire, retranscrit, l’étendue des problématiques, l’intervalle des champs de questionnement technique. L’adaptation des matériaux de recyclage, leur intégration précise au système constructif convoque une pensée technique aussi sophistiquée que l’assemblage des éléments standardisés, en conférant à la réalisation un degré d’unicité supérieur. L’existence de l’œuvre architecturale apparait précisément dans ce mouvement vers la singularité par son insertion dans un champ de questionnements situés géographiquement. A ce titre, l’intégration d’éléments prélevés sur le site n’apparait que comme une prolongation de l’inscription dans le site et de la réponse à la demande des usagers. La semaine d’expérimentation in situ dans le village précaire de Viry apparait bien comme une rencontre, entre les projets et le site, entre les étudiants et les usagers. La D77, avenue du Bellay a l’image d’un boulevard urbain récemment rénové. En retrait, entre des bâtiments tertiaires récents, des pavillons et des espaces de loisir, le village s’est installé dans un délaissé, zone humide, fragment du «tiers paysage «. Au centre, les baraques définissent la périphérie d’une cour carrée, espace communautaire. Autour parmi la végétation sont dispersés les espaces de stockage, enchevêtrements de matériaux et de ferraille, et la ruine d’une vieille station service avec sa voirie. La première décision commune entre les étudiants et les usagers a été la définition de l’implantation des bâtiments. Initialement envisagés à proximité directe de la cour, ils seront finalement installés légèrement en retrait, sur la voie désaffectée, séparés par une clôture existante (finalement ouverte). Ce positionnement génère une mise à distance autant physique que symbolique entre le lieu de vie et les petits équipements, garantissant l’intégrité de chacun; il instaure également une interface, un espace de dialogue, lisière entre les deux univers. Les étudiants y ont
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installé leur intendance: tables pour les repas et les regroupements. Cette anecdote de la limite renvoie précisément à la mise en place du dialogue entre les deux groupes. Le positionnement relatif des objets sur le site apparait comme la mise en place d’une dialectique spatiale et sociale, lieu des négociations et ajustements. La fabrication des projets s’est avérée possible par la mise en place préalable de ce dialogue, par les échanges de matériaux et d’expériences, par les moments de convivialité partagée. Plus que l’aboutissement d’un processus projectuel, La construction des petits bâtiments devient l’expression de la rencontre, prolongeant ce processus relationnel de fabrication des œuvres décrit par Nicolas Bourriaud: «Ce qu’elles produisent sont des espaces-temps relationnels, des expériences interhumaines qui s’essaient à se libérer des contraintes de l’idéologie de la communication de masse; en quelque sorte, des lieux ou s’élaborent des socialités alternatives, des modèles critiques, des moments de convivialité construite. « Le mardi, dans la soirée, les étudiants ont partagé un repas avec les Roms du village. Derrière la table se trouvait un piano recouvert par une bâche. Les étudiant en ont joué sous le regard curieux des enfants. Le lendemain, mercredi, les enfants n’étaient pas à l’école, et les étudiants jouaient à nouveau du piano. L’un d’eux a appris à jouer à un jeune garçon: la lettre à Elise. L’enfant s’est appliqué toute la journée à reproduire le morceau, libérant une jolie mélodie malhabile parmi les bruits du chantier. L’assemblage des sons dans ce décor improbable exprimait certainement mieux que tout la rencontre. L’enfant veut maintenant devenir architecte.
Mathieu Le Barzic architecte, enseignant juillet 2013
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34 .le village prĂŠcaire Du Bellay
le village prĂŠcaire Du Bellay. 35
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salle commune
«salle de bain à l’étage»
implantation. 37
38 .ÂŤsalle communeÂť
«salle de bain à l’étage». 39
40 .
salle commune. 41
42 .salle commune | dessin gĂŠnĂŠral
Cette communauté Rom était en grand besoin de petits équipements collectifs. Notre choix s’est porté sur la réalisation d’une petite salle d’étude que nous avons voulu polyvalente. Il était essentiel que les usagers puissent s’approprier facilement cet espace et surtout qu’il puisse s’adapter à d’autres usages , d’autres besoins : en lieu de prières certains jours de la semaine par exemple. Cet espace est avant tout un lieu de réunion et de partage autre que leurs maisons respectives. Il s’agit d’une dimension importante et propre à la culture Rom. Bénéficiant d’un budget limité, nous avons conçu et réalisé ce petit atelier essentiellement à partir de matériaux récupérés en amont et sur place (palettes, affiches et panneaux publicitaires …) Le projet a ainsi évolué au gré des trouvailles présentes sur place et des désirs des futurs utilisateurs.
dessin général | «salle commune». 43
44 .salle d’étude | Fondations
On a déterminé au sol l’emprise du bâtiment, puis on a placé les parpaings à la verticale pour définir les extrêmités. De là on a tendu un fil à la hauteur du point le plus haut. Avec un niveau on a marqué la hauteur à suivre. Suite à ça, nous avons mis en place les diagonales pour obtenir les angles parfaits du bâtiment.
Pour finir, nous avons positionné les cales sur les parpaings de manière à ce que les panneaux de sols soient à niveau. Il a fallu reprendre un à un chaque panneau de sol afin d’unifer l’ensemble.
fondations | salle d’étude. 45
plafond x5
paroi sud
paroi nord
paroi pleine paroi fenêtre
x6
x4
sol x6
une travée s’assemble par encastrement de deux parois en «H» dans les éléments de sol et de plafond. Des vis renforcent le tout. 46 .salle commune | structure
L’ossature est composée de 5 travées, deux cadres aux extrémités et d’un élément de sol supplémentaire pour la terrasse
3m
2,30m Les travées sont ensuite assemblées entre elles grâces à des plaques vissées aux jointures
7,2m 4m
structure | salle commune. 47
Structure toiture
Structure verticale
Pare-pluie: film plastique récupéré chez un distributeur de matelas
Isolation : papier journaux en rouleau obtenus à Ouest France
Pare-vapeur : affiche publicitaire récupéré à la ville de Rennes
Finition : plache de bois de récupération
Schéma de composition des murs
48 .salle commune | isolation-étanchéité
Répartition isolation
Le papier offre une isolation thermique et acoustique intéressante et s’inscrit dans une démarche durable. Économique ici coût quasi nul Environnemental le papier peut très facilement se recycler, non irritant, déphasage important, biodégradable et local. Social, sur le chantier tout le monde même les enfants ont pu participer à la création de l’isolation. Mais aussi mise en œuvre simple et légèreté. Toit+isolation Mise en œuvre 1. Fabrication de boulette de papier 2. Accroche du film plastique par agrafage sur la structure et planche en bois en laissant des débords importants + remonté du film d’environ 50 cm pour éviter des remonté d’humidité par le sol. 3. Application de scotch isolant sur les agrafes pour éviter les ponts thermiques. 4. Accroche d’une affiche publicitaire par agrafage sur la structure puis remplissage et tassement du papier au fur et à mesure. 5. Finition planche de bois par vissage.
isolation-étanchéité | salle commune. 49
dĂŠtail en plan
dĂŠtail raccord plafond
50 .salle commune | contreforts
dĂŠtail raccord plancher
Initialement, les contreforts n’existaient pas dans le projet. Ils ont été rajoutés après avoir élargi la structure de 1 mètre, à la demande des Roms. Par crainte d’une structure trop bancale, les contreforts ont été conçus pour diminuer la portée des fermes et contreventer l’ensemble (solidarisation plancher/ mur/plafond). Ils ont d’abord été pensé entre deux montant de panneaux-murs, comme le montre le dessin ci-contre, fait sur place. En effet, cela permettait de créer des étagères assez large pour stocker quelques livres.
vue photo
Mais après avoir vu avec les Roms la disposition des fenêtres à l’intérieur de la salle (schéma ci-contre), il a fallu de nouveau redessiné le détail puisque le contrefort prend désormais place entre un panneau-mur et un panneau-fenêtre. Ils ont dû être réalisés sur-mesure, ceci dû a quelques imprécisions lors du montage de la structure par exemple. Il s’agit là d’un travail plutôt empirique.
contreforts | salle commune. 51
52 .salle commune | les ouvertures
1_Réalisation de la structure portante du ‘‘panneau fenêtre’’ obtenue en vissant quatre éléments en bois.
2_Insertion et fixation (par vissage) des fenêtres précédemment récupérées à l’intérieur du panneau structural. les ouvertures | salle commune. 53
54 .salle commune | les ouvertures
3_Mise en oeuvre des panneaux fenêtre par assemblage à l’encastrement de ceuxci à l’intérieur de la structure. 4_Les panneaux sont ensuite² rendus solidaires grâce à la pose (aussi celle-ci à l’encastrement) du formulaire couverture.
La porte fenêtre a été fixée sur un métier à tisser en bois réalisé en oeuvre. Dessine général de l’entrée, aussi obtenue celle-ci par le recouvrement d’une porte-fenêtre existante.
les ouvertures | salle commune. 55
56 .salle commune | ventillation-chauffage
Feuille de papier aluminium utilisé comme clapé. Elle se soulève avec la chaleur exterieur ce qui empèche l’air chaud de stagner en été entre les parois et de chauffer la pièce. En hiver, l’air chauffé entre les parois ferme le clapé. L’air a donc le temps d’atteindre une température adéquat et de circuler par une ouverture en haut du mur.
Evacuation de l’air par l’ouverture de la porte. Dans un bâtment avec si peu de surface, il nous semblait suffisant laisser l’aération être gérer par les usagers. De cette manière l’air neuf circule partout avant de sortir à l’extrémité de l’espace.
ventillation-chauffage | salle commune. 57
58 .salle commune | toiture
Matériaux Bois : liteaux 5*5 cm, chevron 7,5*14 cm Affiche publicitaire plastifié récupéré par les habitants La toiture tel qu’elle est a été dessiné et pensé directement sur place, nous avons choisi de construire un toit une pente s’ouvrant vers l’espace public pour resté dans la continué de l’habitat existant.
Mise en œuvre 1. Création d’un cadre de structure primaire qui viendra s’encadrer dans la structure verticale et accueillir l’isolation 2. création de ferme asymétrique, une sur chaque cadre 3. Contreventement 4. pose du cadre sur les mur 5. pose des liteaux 6. cloutage des panneaux publicitaire sur liteaux 7. isolation du cadre toiture | salle commune. 59
60 .
«salle de bain à l’étage». 61
62 .«salle de bain à l’étage» | dessin général
A la suite de notre visite au camp de Ris Orangis, l’accès à l’eau potable nous est apparu comme le problème majeur. Le seul outil pour l’hygiene au quotidien, était la bassine. Nous avons donc voulu créer un dispositif, simple, pouvant s’adapter à chaque camp en fonction de ses besoins, et se démonter en cas d’expulsion. Nous avons imaginé cette structure modulable et démontable, à l’image du lavoir du village, un lieu convivial. La structure a été pensé pour être facile à mettre en oeuvre et lisible. Elle est composée de travées callepinés suivant les dimensions d’une palette. Chacunes de ces travées pouvant acceuillir, blocs douches, lavabos, chauffe eau, etc. la symétrie du plan, permet la séparation homme/femme au moment de l’hygiène du corps, et génère un face à face permettant l’échange des femmes lors des taches ménagères quotidiennes (vaiselle et lessive).
dessin général | «salle de bain à l’étage». 63
64 .«salle de bain à l’étage» | fondations
matériaux utilisés
fondations | «salle de bain à l’étage». 65
66 .«salle de bain à l’étage» | plancher
Le plancher a été dessiné comme une série de plateaux qui s’appuient sur les bastings principaux de la structure. Avec cet disposition, ils aident (avec les palettes de contreventement) à la mis en place de la structure. Ils sont facilement enlevés pour pouvoir réparer de possibles problèmes d’évacuation d’eau.
Le meuble des lavabos a été fait a partir des palets de récupération. Nous avons superposé une planche en bois pour les attacher, laquelle permettre la colocation des lavabos. Comme le plancher, le meuble est facile a déplacer, en cas de problème.
plancher | «salle de bain à l’étage». 67
68 .«salle de bain à l’étage» | la structure
La structure primaire est contre-venté par un élément simple, la palette. Celles-si rigidifient et contreventent la totalité de la structure. Elles liaisonnent donc les fermes par assemblage bolonnés. Créant une esthétique graphique, elles laissent également la lumière passer dans l’espace laverie assurant également la ventilation. Les fermes sont conçues par simple moisage des arbalétriers et poiçons. Cette technique permet d’alléger un peu plus la structure tout en assurant un toit rigide. L’assemblage par bolonnage était un bon compromis pour lier les éléments structurels; permettant de les fixer rapidement la structure, il la consolide et la rigidifie. Il fallait également que la structure soit légèrement réhausser du bastaing afin que celui-ci reprenne les charges et les distribue aux fondations.
la structure | «salle de bain à l’étage». 69
70 .«salle de bain à l’étage» | la structure
la structure | «salle de bain à l’étage». 71
72 .«salle de bain à l’étage» | isolation-étanchéité
Formation du plafond
Couches de la porte
isolation-étanchéité | «salle de bain à l’étage». 73
74 .«salle de bain à l’étage» | isolation-étanchéité
Formation sol douches
Contreventements
isolation-étanchéité | «salle de bain à l’étage». 75
Ondulé bitum mé 2X0,86 pointes à tê ête surmoulée pointe à tête surmoulée s Tasseau Cale Per P err fo ffor orat o attion ati ccalle + Fe F rme Fil de fer de se errage
2X vis bois
76 .«salle de bain à l’étage» | toiture
La toiture est constituée de plaques d’ondulé bitumé de 2 X 0,86 m. Elles sont fixées au moyen de clous à tête large sur des tasseaux faisant office de voliges. Ces tasseaux sont disposés tous les 55 cm sur les fermes, et sont maintenus sur des cales, vissées dans chacune des fermes, grace à un fil de fer, afin de permettre leur démontage et leur remontage rapide. L’étanchéité est assurée sur chaque pan de toiture par le chevauchement des plaques, sur deux ondulations, et au faît du toit par une faîtière bitumée.
Le choix du mode d’assemblage de la toiture est déduit de la necessité d’un ensemble démontable. Mis à part les plaques d’ondulé, qui sont clouées sur la structure, les tasseaux sont rapidement démontables. L’ondulé bitumé a été choisi pour son coût réduit, mais de nombreux autres matériaux existent, en conviendraient tout autant.
toiture | «salle de bain à l’étage». 77
chauffe-eau
évier 1
douches 1&2
évier 2
évier 3
douches 3&4
structure chauffe eau gaz
évacuation
78 .«salle de bain à l’étage» | les fluides
robinetterie en Y
évier 4
Un réseau indépendant. L’aspect démontable ainsi que le planning de construction nous a obligé à penser les réseaux de manière autonome. Le chaffe-eau dispose de sa propre structure amovible ce qui permet de faciliter la manipulation du bloc technique. Le squelette du réseau d’alimentation et d’évacuation est préfabriqué, il est assemblé à postériori dans le bâtiment achevé et se règle avec un système de tiges filetées. Ainsi, le réseau d’alimentation est connecté au tableau-de-bord du bloc technique et celui de l’évacuation est relié au réseau des eaux usées de la ville. La robineterie a été pensée à l’économie, elle se compose d’éléments basique à l’image du «Y» en plastique qui permet de relier les deux vannes (eau froide et eau chaude) au pommeau de douche.
les fluides | «salle de bain à l’étage». 79
LUNDI
Nous sommes parti de Rennes le dimanche 21 avril dans l’après-midi.
Déchargement de notre matériel apporté depuis l’ENSAB.
Premier café et première réunion de chantier avant de démarrer.
Equipe salle d’études : on dégage le terrain choisi !
Equipe salle d’eau : on déblaie le terrain.
Ampleur du terrain où prendra place la salled d’eau.
Mise à niveau avec pelles et pioches.
Les premiers parpaings sont posés afin de mieux se rendre compte de l’emprise au sol.
80 .journal de bord
Discussion avec les Roms autour d’un café.
Les premiers cadres pour le plancher sont mis en place.
Instant détente avec un match de foot : Espagne - Roumanie Jr
Les spectateurs en profitent pour souffler un peu aussi.
Salle d’études : tous les cadres supportant le plancher, les murs et le plafond sont faits !
Instant échange autour de la visseuse.
Salle d’eau : le terrain est preque déblayé !
Tout le monde s’affaire à finir avant la fin de journée. journal de bord. 81
82 .journal de bord
journal de bord. 83
MARDI
Récupération de matériaux jetés au bord de la route.
Chaîne humaine pour sortir les parpaings.
Equipe salle d’eau : La première ferme prend forme.
Equipe salle d’études : explications et montage du premier cadre-fenêtre.
En voilà deux, la moitié du travail est fait !
Equipe salle d’eau : les parpaings sont en place. On règle la mise à niveau.
Equipe salle d’études : les cadres fenêtres sont terminés, on passe aux cadres-murs.
Goûter sucré offert par Sébastien.
84 .journal de bord
Dessins et échanges sur un détail de construction.
Morgan va appréhender la vanne de la ville
Poste de découpe de planches.
Les enfants, une fois sortis de l’école, viennent nous voir travailler.
Equipe salle d’études : Le site a été déplacé, il faut le déblayer de nouveau !
Poste PC mis en place : on règle certains détails de construction.
Equipe salle d’eau : Morgan et Adrien ont fini le châssis du chauffe-eau !
Repas avec les Roms : barbecue et match de Champions. journal de bord. 85
86 .journal de bord
journal de bord. 87
MERCREDI
Equipe salle d’eau : on lève les premières fermes finies pour se faire une idée.
Equipe salle d’études : on ajuste le niveau du plancher.
Solidarité ! Ici, session découpe.
Ici, session plmoberie.
Les parpaings sont en place pour la salle d’études.
La ville vient nous donner un coup de main !
Drainage de la vanne qui sera reliée à la salle d’eau.
Les premiers cadres pour le plancher prennent place.
88 .journal de bord
On continue à assembler les fermes.
Pause déjeuner : tout le monde se retrouve autour d’une table.
Instant détente : Barnabé nous donne un cours de piano.
Mise en place d’un cadre-mur : le système d’encastrement fonctionne bien !
Construction des fermes suivantes, bientôt la fin.
Mise en place de la première travée : l’ensemble tient, contreventé temporairerement.
On peut se faire une idée de l’espace qui prendra bientôt place ici.
Obligés de finir les fermes de nuit ! journal de bord. 89
90 .journal de bord
journal de bord. 91
JEUDI
La ville revient pour creuser la tranchée reliant la vanne au réseau domestique.
Les fermes finies, on peut se concentrer sur leur mise en place.
Les deux premières travées sont contreventées !
Pendant ce temps, l’équipe salle d’études se concentre sur le plancher.
Ca se monte vite du côté de la salle d’eau !
Atelier boulettes de papier pour l’isolation avec les enfants du village.
Sourire en voyant le projet prendre forme.
Les fermes supportant le toit sont terminées.
92 .journal de bord
On commence à monter la salle d’études.
Salle d’eau à ciel ouvert.
Il faut vite contreventer pour pouvoir continuer à monter la structure.
Matteo ajuste la structure de la salle d’études.
On commence à monter les parois séparant les douches de la salle d’eau.
Les derniers rayons du soleil nous accompagne pour monter les dernières travées.
Ambiance
Travail nocturne journal de bord. 93
94 .journal de bord
journal de bord. 95
VENDREDI
Salle d’études : on rend étanche les murs.
Pour cela, il faut du plastique et beaucoup de papier pour l’isolation.
On s’affaire sur le chantier de la salle d’eau.
Le ciel est gris mais heureusement nous travaillons au sec sous les toits des structures.
Les Roms nous aident à fermer la salle d’études. Ici, l’entrée.
Salle d’eau : les réseaux pour les éviers sont en place.
I faut savoir travailler dans n’importe quelle posture!
Le mur est de la salle d’études se construit.
96 .journal de bord
Certaines retouches doivent être apportées avant de mettre en place les éviers.
Toutes les générations se retrouvent autour du chantier.
Le meuble accueillant les éviers est monté !
Salle d’études : la mise en place de la couverture se fait en même temps que l’étanchéité.
Le mur ouest est terminé. Tout le travail reste à faire à l’intérieur désormais.
Photo de famille autour de la salle d’études.
L’équipe salle d’eau crie sa joie !
Ultimes retouches avant de rentrer à Rennes... de nuit! journal de bord. 97
98 .journal de bord
journal de bord. 99
SAMEDI (pour certains)
Anna isole le plafond.
Les derniers travaux consistent en la pose du plafond et son isolation.
Kevin et Anna referme la dernière travée du plafond.
Le travail est terminé. Clémentine, Maud, Anna et Kevin : merci !
Façade Nord de la salle d’études.
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bilans personnels
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Avec de la bonne volonté, de la récup’ et du partage, on a appris sur nous, sur les autres et des autres. Même avec des plans on est jamais sûr de rien. En réutilisant, en transformant l’usage des matériaux on a modifié les échelles. En prenant en compte les demandes des Roms on a repoussé les murs. Petit à petit on a réinventé le projet, petit à petit il s’est croncrétisé. On a partagé une expérience unique, vécu une rencontre improbable il y a encore quelques mois, et si on a sûrement tous eu du mal à s’en remettre, c’était pourtant bien réel et formateur sur tous les plans.
116Anaëlle . Henaff
...Et puis cette dernière nuit où, sur un coup de tête on se dit qu’on ne peut pas en rester là. On ne peut pas repartir comme ça. Alors on se dit que «c’est pas grave» si on ne rentre pas chez nous ce soir avec tous les autres. Que «c’est pas grave» parce que se voir prêter une caravane remplie de bibelots, se voir offrir le repas le lendemain, échanger des moments de complicité avec elles, avec eux... Tout ça, c’était inoubliable...
...On aura vu l’envers du décor. On aura vu leur maison, leurs enfants, leur vie. On aura vu, et on aura partagé. Dans un sens comme dans l’autre. On a grandi de tout ça, et peut être bien qu’au final cette expérience humaine nous a construit autant que cette petite cabane...
. 117 Clémentine Le Meur
C
e projet a été pour moi un grand laboratoire d’échanges sur le point technique et social, chacun apportant ses compétences dans tous les domaines. Si je ne devais retenir qu’une seule chose de cette expérience, ce serait la dimension humaine. Construire dans un contexte aussi concret et pour des besoins on ne peut plus réels ont fait de ce chantier un moment très fort et marquant dans notre cursus d’étudiant. Un sentiment de réussite et d’utilité, tous réunis autour d’une envie commune, celle de construire. Tout au long de cette semaine passée au sein de cette communauté Rom, nous avons découvert leur sens du partage et leur générosité. L’entraide et la solidarité font partie inhérente de leur mode de vie. Et c’est tout naturellement que lorsqu’une partie d’entre nous a voulu poursuivre l’expérience un jour de plus, ils nous ont offert l’hospitalité et leurs repas. Une belle leçon de vie!
118Maud . Sandon
“
Comme je suis étudiante Erasmus cette année en France, je peux comparer la situation des roms avec celle en Tchéquie. C´est le plus gros problème ethnique de mon pays. La plupart d´entre eux vivent dans des enclaves fermées des immeubles, c´est un espèce de ghetto, où les gens ont peur d’entrer. En général ils ne travaillent pas et vivent de l´argent de l´état. Ils ont seulement l´éducation élémentaire et les familles sont nombreuses avec plusieurs enfants. J´étais très étonnée qu’en France ils nous ai invité dans leur village et leurs maisons. Ils parlaient avec nous, ils nous ont préparés des repas, ils nous ont aidés travailler... Pour moi cette expérience humaine était plus importante que notre construction architecturale.
”
. 119 Zuzana KUCEROVA
Pendant cinq jours, nous avons vécu et travaillé dans un façon différente et très spéciale. Les familles de Evry Chatillon ont ouvert les portes de ses maisons et nous ont fourni tout le confort possible. Avec un esprit de travail en équipe, intérêt pour la construction de l’architecture, la capacité à résoudre les problèmes qui se posent, l’anticipation et l’improvisation... on s’a impliqué de manière sociale et architecturale dans le travail effectué. Pour moi, c’était une expérience inoubliable tant pour les relations personnelles et la formation professionnelle que nous avons expérimenté presque autodidacte et je suis très reconnaissant à tous ceux qui ont permis à ce projet de réussir et à tout le groupe d’étudiants qui ont mis leur intérêt dans notre premier projet en tant que futurs architectes.
120Lucia . GOMEZ CRESPO
L’architecture de la décence et de l’humilité Découvrir les joies d’un chantier participatif où rien n’est acquis Oublier ses certitudes L’expérience par l’autre Le plaisir d’apprendre de façon alternative Croire en la potentialité du déchet Les masques qui tombent La chaleur dégagée par des gens considérés comme profiteurs par la société alors qu’ils nous ont tout donné L’odeur du bois qui remplace celle du béton Les enfants qui redonnent foi en l’avenir et en nos convictions L’envie de remettre au premier plan la simplicité d’usage Se remettre à notre place Etre loin des concepts modernes, être proche des autres Etre loin de l’ Architecture Redécouvrir le plaisir d’entreprendre et de se tromper Se redécouvrir Découvrir les autres Comprendre qu’il y a autre chose que l’architecture dans la vie Fuir la pérennité Accepter la transmission Dormir dans une caravane Le don Anna Chevolleau . 121 Anna Chevolleau
“La construction est une conséquence naturelle du projet, trop souvent dans les universités d’architecture il oublie ce passage. À mon avis une expérience comme celle-ci devrait être tous les an déroulées dans toutes les universités … à Milan je n’ai jamais eu cette opportunité donc je suis content d’être ici. L’intérêt de cette expérience a été de découvrir à la fois plusieurs problématiques différentes : du terrain dur et accidenté aux difficultés de réutilisation du matériel de recouvrement différent de celui imaginé. Ceci nous a contraint à apporter des modifications techniques pour exploiter au mieux le matériel trouvé …”
122Alessandro . GUZZETTI
«L’expérience qui nous avons fait au Viry-Châtillon a été pour moi quelque chose de nouveau, par traits fatigants aussi mais à la fin je pense que m’aie offert vraiment beaucoup. En effet elle a été la première fois dans laquelle je me suis trouvé ensemble à autres étudiants à réaliser vraiment un projet élaboré ensemble précédemment; au-delà à avoir appris à utiliser outils de chantier premier à moi inconnus, j’ai découvert tout quelques aspects de projet ce qu’ils soient importés qu’avant, en manque d’une expérience directe, je négligeais ou je ne prenais pas en considération. Si au niveau didactique la semaine passée au Viry-Châtillon m’est servie beaucoup, celle-ci m’a aussi donné vraiment beaucoup au niveau humain, en effet il m’a permis d’aller au-delà des préjugés classiques en découvrant dans les habitants du champ gens disponibles, amusants, généreux et prêts à aider dans le travail. Je me rappellerai toujours avec plaisir les journées passées a construire, les jeux avec les enfants, les conversations les déjeuners et les dîners passés ensemble, plus qu’un cours pour l’école cette expérience j’est semblée une belle aventure entre amis.»
Matteo MAFIOLETTI . 123
L
e recyclage est le terme que bon nombres d’entrepreneurs souhaitent s’approprier pour une problématique majeur: le marketing. L’atelier «Construire au temps des dérèglements», a été une expérience concrète de ce problème qui nous concerne tous; le coût de la vie de plus en plus onéreux. S’ajoute à cette problématique, un phénomène que chacun de nous constate chaque jours, la pauvreté et vivre face aux difficultés financières. Ce travail m’a montré une fois de plus, que toutes contraintes (fincancières, constructives, ou situation critique) telles qu’elles soient, peuvent devenir une force et un enrichissement. Le recyclage est le mot que j’attribue à cet atelier. Les déchets constituent une nouvelle matière gratuite, dont nous ne pouvons pas nous permettre de dénigrer.
Le projet mené montre que la fin de chaîne de la consommation n’en n’est pas une. Elle révèle pertinemment que l’homme s’adapte toujours aux difficultés qu’il rencontre. Nous n’avons rien à prouver par rapport à leur principe de construction d’habitat puisque c’est une nouvelle manière de concevoir l’Architecture en dépassant les contraintes financières. Ce peuple modeste relève de talents à récupérer pour construire leurs propres habitations. Etant une de leurs nécessités, le recyclage est ancré dans leur pratique de vie. Ce peuple très modeste, ne l’est pas sur l’ingéniosité de ces constructions y compris sur le plan humain. En revanche, pour la majorité des contemporains, le recyclage est issu d’un business déculpabilisé.
124 .Jonathan Nécharo
De nos cinq jours au « chantier » de Viry-Châtillon, le souvenir le plus important que je ramènerai en Espagne à mon retour sera l’approche à cette composante sociale de l’architecture. L’apprentissage à mon école à la Corogne est très technique, et parfois j’ai la sensation qu’à cause de ça on nous oublie d’autres parties qui sont aussi les bases de l’architecture. C’est pour ça que cette expérience a été une bouffée d’air frais pour moi. Quand je parlé de la composante sociale de l’architecture je me réfère à la façon qu’on doit prendre en compte des besoins réels et tangibles de des vraies personnes, très loin des besoins théoriques pour des personnes imaginaires comme ça arrive dans des ateliers en France et en Espagne. Ça fait que l’étudiant doit s’impliquer, entrer beaucoup dans le projet et son développement constructif. On réalise que notre travail va être très influent, dans le bon ou le mauvais sensé, pour des personnes. Cette contrainte, fait que nos décisions ont été plus responsables et cohérentes. Il y a une autre composante sociale dans ce projet, et il a été le travail ensemble avec une vingtaine d’étudiants. On a laissé le travail individualisé d’un côté, pour réussir avec le travail du groupe. Un travail de groupe qu’on avait déjà vu à l’école pendant la préparation, et qu’on a multiplié pendant les jours de chantier. Des jours où c’était plus important aider à l’autre que finir ta partie très vite, des jours où on a assumé des « ordres » et des responsabilités, des jours où on a discuté ensemble les solutions aux problèmes qui apparaitraient… ou simplement on partageait la table pour manger les sandwichs ou un lit improvisé pour faire une petite sieste. C’est pour ça que j’ai trouvé cette expérience très enrichissant ; parce que finalement les règles urbanistiques, les calculs des structures, les caractéristiques des matériaux…tout ça on peut l’apprendre sur des livres. Mais ça… non.
Antón GÓMEZ GONZÁLEZ. 125
Empirisme et Rationalisme ne sont pas si différents, l’observation nécessite l’entendement et inversement. Cet atelier a été l’occasion pour nous de donner sens à ces deux qualités inhérentes au métier d’architecte. Durant plusieurs semaines nous avons échangé, conçu un projet qui devait être en adéquation avec le contexte d’ « hyper-situation » qu’était le nôtre. Le projet s’est dessiné peut à peut, chaque point était étudié en détail, il fallait construire. On se renseigne, on discute, on redessine et un jour, le grand jour. Le chantier se met en route et prend la forme d’un vaste laboratoire où l’expérience et la raison s’entrechoquent pour faire naître le projet. Tour à tour, c’est l’un puis l’autre qui guide le chantier, mais au final, le projet est l’aboutissement de cet entremêlement.
126 .Morgan Galles
Expérience,
plus qu’une simple semaine de construction , résonne et résonnera encore et encore.
Avant Projet, chaque semaine dans nos tête on projette Recherches sur différents thèmes : quel programme ? Quel structure ? Isolation? Réutilisation de matière ? Ouvertures ? Références ? Le temps de la réflexion couplé au temps de la récupération, dans la benne nous avons été et dans les poubelles nous avons trouvé : bouteille plastique, bâche, affiche, palette, moquette, papier, fenêtre
Home made,
faire n’est pas seulement visser percer boulonner, faire c’est d’abord penser, dessiner. La porte fenêtre par exemple était un élément récupéré par les habitants, nous l’avons adapté à notre système structurel, accroche minutieuse, mais aussi place choisie on oublie pas le travail archi.
Richesse humaine,
intérêt et enthousiasme des habitants pour le projet surtout des enfants . Il y a toujours plus petit que nous : même avec des conditions de vie pas très faciles, un des habitant remarque qu’il a de la chance par rapport à certains roms qui n’ont ni eau ni électricité. On pense aux famille de Ris Orangis...
Parfait achèvement
ou commencement parfait, plaisir contemplatif de l’ouvrage (presque) fini, notre projet a pris forme maintenant il prend vie. Une occasion unique qui conforte mon choix d’étude, être architecte rêver, penser, construire et surtout pour les autres !
Camille Girard
Camille Girard. 127
La construction de ce premier projet m’a permis d’appréhender beaucoup de choses sur la réalité d’un chantier, notamment la difficulté de travailler tous ensemble pour arriver à un résultat cohérent, le passage du projet dessiné au projet construit, la résolution des problèmes qui surviennent immanquablement, les imprévus, l’utilisation des outils et des différents matériaux, l’adaptation au site ... L’immersion était totale et nous avons pris conscience d’un élément qui manquait dans nos études : la construction !
Les souvenirs les plus marquants sont pour moi la tournée des entreprises des environs avec l’un des roms dans le camion, à la recherche de matériaux intéressants et la découverte des caisses démontées dont les parois ont servi aux murs de la salle d’étude, ou les panneaux de plastique alvéolé qui ont servi à la couverture. Malgré le dessin préalable du projet, il fallait s’adapter aux matériaux trouvés sur place ! A la fin de la semaine, c’était très gratifiant de voir que tout s’était mis en place et que nous avions construit de véritables bâtiments.
128 .Thomas Le Pimpec
Alix SUTRE. 129
Les petits détails auxquels nous avons été confrontés font partie intégrante de la mise en oeuvre du chantier. Les échanges nous ont permis avec plus ou moins de difficultés à faire de notre conception une réalité.
130 .Ophélie CADET
La conception n’est rien comparée à l’aventure qu’est la construction, confronter l’idée au vrai terrain, aux vraies personnes qui vont vivre jour après jour avec, faire face à l’imprévu. Car nous n’avions pas prévu d’élargir le bâtiment d’un mètre, de l’allonger d’une travée, de l’installer en bordure du village, d’utiliser des matériaux que les roms nous apportaient chaque jour, de changer façades, sols, toiture... Ce que nous n’avions pas pensé au préalable est devenu le point fort du projet, grâce à la rencontre et aux discussions qui ont produit une architecture plus riche, plus cohérente, plus adaptée. Je n’avais pas non plus prévu de m’attacher autant aux habitants et à toute l’équipe, de découvrir une telle hospitalité chez les roms, de rester un jour de plus, de dormir dans une caravane et me faire offrir un repas, je n’avais pas prévu de ressentir autant de bonheur à voir ce projet devenir un bâtiment bien réel. Cette expérience d’une semaine m’a appris plus sur le rôle de l’architecture et la mise en oeuvre que les années passées dans des salles de classe.
Kevin LEMOINE. 131
L’esthétisme du système D La beauté d’une architecture ne résiderait-elle pas dans la justesse des choix qui la compose ? Quand la forme et la matière ne sont dictées que par leur simple destination usuelle. Distiller une quantité infinie d’éléments pour en garder que la quintessence, cette infime pureté de laquelle on ne peut rien retirer sans affaiblir le tout. En plus de cela, vient s’ajouter une contrainte économique, allégée par cet art de la récupération, de la transformation et du détournement propre à la culture ROM. Contenir, rigidifier, ouvrir, ventiler, ajourer… tant de questions élémentaires auxquelles il a fallu trouver des réponses qui l’étaient tout autant. Dans un environnement, où le maître mot est « système D », la beauté est simple à l’image de nos hôtes.
132 .Adrien Heinrich
« Cinq journées qui normalement sont pour réaliser le projet d’un cours d’architectes et ingénieurs, comme part d’une année d’Erasmus. Cependant l’expérience de la construction et de la réalisation d’un groupe d’étudiants français et étrangers surpasse tous l’expectative qui je pourrais avoir. La synergie du travail et l’accueil d’un campement d’immigrants roumains transformer les plans et idées dans une réalité et une véritable aide a ces personnes. Pendant la journée qui nous arrivons à Viry-Châtillon avec Nicolas, des espagnols et des italiens dans un fourgon, et nous sommes dans un bouchon, je regarde avec curiosité toutes les personnes perdues dans l’intérieur de la voiture, avec une seule personne, le conducteur. J’aime bien l’idée de penser que ce jour avec le fourgon nous sommes dans la direction contraire de toutes les voitures dans la périphérie Parisienne, de la même forme que ce projet à Viry-Châtillon c’est une forme de déclaration et de conscience sociale sur la ville qui exclut ces personnes et que comme architectes de quelque forme, nous avons la responsabilité, parce que quand la société demande architecture a un architecte, le bon architecte donne la ville*. Je garde cette grande et inspiratrice expérience et j’attends de pouvoir travailler de la même forme, pour la réalité de la ville SudAméricaine et Chilienne particulièrement, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire dans cette autre réalité ». Merci Beaucoup a tous.
Jonathan Rojas. 133
Ce que m’a étonné plus de notre expérience à Viry-Châtillon a été le fait que une activité « simplement » architecturale est devenu un événement très spécial et très particulière, une fête dans laquelle parents, enfants, étudiants et professeurs ont été parties. On a laissé d’un côté le travail de l’école qu’on est habitué à faire et nous nous sommes rendu compte de comment l’architecture peut avoir une répercussion sur une petite bidonville. Travailler, apprendre, s’amuser… tout ça a été partie de l’expérience. Nous avons même joué un match de football, où on s’a réalisé d’une chose : les espagnols sommes les plus fort dans cette sport.
134 .José María RUEDA ROMERO
Un des jours, j’ai reçu cet dessin. C’étaient les plans pour réaliser une niche. Ils etaient fait par un des enfants du bidonville. À ce moment je me suis rendu compte que nous ne développions pas seulement un project de construccion, et non plus seulement un bon acte social. Nous avions créé une histoire qui avait illusionné les enfants, qui les avait introduits dans une nouvelle aventure. Ils étaient participatifs, cela était un jeu, un jeu qu’ils n’oublieront jamais. Il avait des gens qui sont arrivés avec des dessins bizarres, mais tres jolis, depuis lesquelles elles sont sorties la nouvelle salle d’etudes et la nouvelle salle de bain. Dessins que, pourquoi pas ils sont capables aussi de creer une chien pour Bobby.
Jorge Salguero Ropero. 135
Q
uand au début du semestre les professeurs nous ont donné la possibilité de choisir si travailler à Rennes, en projetant des serres, ou à Paris, en construisant des structures dans un champ rom, tout de suite j’ai choisi la seconde option. J’étais très intéressée au côté pratique de la chose; pour la première fois dans ma vie j’avais la possibilité de construire quelque chose projeté par moi vraiment. Une expérience sans aucun doute électrisante pour une jeune étudiante d’architecture. La semaine passée dans le champ rom s’est relevée, malgré la fatigue et la sueur, une des meilleures expériences de mon Erasmus. Non seulement parce que notre projet n’existait pas ,enfin, plus seul sur l’écran d’un ordinateur, mais aussi pour l’expérience sociale qui on créé. Travailler avec les autres étudiants, avec nos professeurs et avec les habitants du village, manger le soir tous ensemble à l’obscurité, partager nos histoires autour d’une table... il est ce tout qui a vraiment rendu cette semaine spéciale. Au-delà de construire un projet, nous avons construit des rapports humains.
136 .Bianca Soccetti
Mon année Erasmus n’aurait pas été le même sans cette semaine. Pour l’aspect académique, je peux dire que elle est était une semaine extraordinaire. J’ai appris, connu. J’ai finalement réalisé de l’architecture et, ce faisant, nous avons pu faire quelque chose de bien pour quelqu’un dans le besoin. Nous avons construit en essayant de dépenser le moins possible en ayant une sensibilité écologique et social. Mais alors, la semaine est devenu inoubliable pour les gens que j’ai rencontrés, pour les moments que j’ai passés avec les enfants et leurs sourires sincères.
Claudia Nucci. 137
réalité précarite recupération construction echange
Une expérience des plus enrichissantes
138 .Marine Fiawoo
Concevoir - Bâtir - Transmettre Oui, le cap est passé ! Un projet architectural c’est pour ma mère Un défi technique c’est une équipe qui se soude, s’entraide et improvise Une démarche solidaire c’est une communauté génreuse qui vous accueille Une expérience humaine c’est un échange, un moment, une ambiance magique
Me voilà comme un gosse à ses premiers pas, Avide de découverte et près à renouveler l’aventure. Une belle leçon de vie, on en redemande. Engagez-vous qu’ils disaient, Oui rengagez-vous !
Thibaud Muzard. 139
« Sur le chantier de ces valeurs toujours neuves, pour ces combats de chaque jour qui se nomment liberté, égalité, fraternité, aucun volontaire n’est de trop. » François Mitterand
La fierté d’avoir construit quelque chose, de s’être rendu utile, d’avoir transmis un peu de ma passion, d’avoir su être un groupe ... ... et de raconter cette expérience en rentrant, en espérant que quelqu’un s’y reconnaisse et lui donne une belle suite.
140 .Barnabé Lacoste
Viry Châtillon a été une expérience très forte dans mon parcours d’étudiant architecte. N’ayant jamais été confronté auparavant à la construction, c’est avec un peu d’appréhension et beaucoup d’enthousiasme que je suis arrivé là-bas. L’échange avec les Roms a porté ses fruits jusque dans la conception même. Agrandissement de la structure. Choix des baies. Ces allers-retours ont nourri le projet et obligés à redessiner sans cesse ce qui avait été conçu. ëtre confronté à la réalité du chantier change le dessin travaillé en amont. Enfin, j’ai été au contact d’une facette du métier qui me séduit, surtout par sa portée sociale. Malgré le fait que notre intervention ne puisse être durable dans le temps, nous savons déjà qu’elle sert à améliorer le quotidien de ces personnes laissées pour comptent par l’Etat. Le contact avec les ROms a été plus que chaleureuxet permet de prendre u peu de recul par rapport à sa propre situation... Je compte réitérer l’expérience dans les années à venir, voire m’engager dans ce genre de projets à plus long terme.
Nicolas Pinondel. 141
142 .Adrien Boucicaud
Charlotte Le Floch. 143
Deux projets conçus puis construits par Adrien Boucicaud, Ophélie Cadet, Anna Chevolleau, Marine Fiawoo, Morgan Galles, Camille Girard, Lucia Gomez Crespo, Anton Gomez Gonzalez, Alessandro Guzetti, Anaëlle Henaff, Adrien Heinrich, Zuzana Kucerova, Barnabé Lacoste, Charlotte Le Floch, Clémentine Le Meur, Thomas Le Pimpec, Kévin Lemoine, Matteo Maffioletti, Jose Maria Rueda Romero, Thibaud Muzard, Jonathan Nécharo, Claudia Nucci, Nicolas Pinondel, Jonathan Rojas, Jorge Salguero Ropero, Maud Sandon, Alix Sutre, Bianca Soccetti, Anna Szewotowicz. Avec Sébastien Covaci, Valentin Covaci, et Doudou Covaciu Sous la direction de Cyrille Hanappe avec Mathieu Le Barzic