Expansion Madagascar N°12

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G R IT U AT

Le Magazine du Syndicat des industries de Madagascar

N° 12 - Nov./Déc. 2011

Régions | SOFIA | Relance des plantations industrielles

Point de vue | Randrianasoloharimina Tiana «Un projet de loi sur l’urbanisme et l’habitat est en cours»

Zone d’activité industrielle

Réussite des privés

Je consomme Malgache, nous y gagnons !

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra

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Sommaire éditorial.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

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Capital eco. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Zone d’activité industrielle | Réussite des privés.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

POINT DE VUE | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Randrianasoloharimina Tiana, Directeur général de l’aménagement du territoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Région | SOFIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Filière tabac | La production approche les 1 000 tonnes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Filière coton | La relance sur la bonne voie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Le Magazine du Syndicat des Industries de Madagascar

Riziculture | La Sofia comme futur grenier de Madagascar. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Grains secs « black eyes » | Entre belles perspectives et incertitudes. . . . . . 25

Canne à sucre | Du sucre biologique avec le « siramamy gasy ». . . . . . . . . . . . . . 28

Apiculture | Récolter le miel de palissandre au coeur de la terre !. . . . . . . . . . . . 32

Filière oignon | Jusqu’à 26 t/ha de rendement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Vannerie | Des femmes devenues autonomes et fières de l’être. . . . . . . . . . . . . . 33

Industrialisation | Encore à ses débuts dans la Sofia. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Port d’Antsohihy | Vers la perte d’un patrimoine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

Tourisme | La région Sofia regorge de potentiels à valoriser. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Richesses écotouristiques de la Sofia | Des guides sont prêts pour le parc Sahamalaza. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Développement | Port-Bergé a une structure spécifique duplicable.. . . . . . . . . . 38 Interview | Dramsy Nizar, Opérateur économique et industriel de Port-Bergé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 La vie du sim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 TBE .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

1 bis, Rue Patrice Lumumba Antananarivo - Madagascar Tél. : +(261) 20 22 240 07 E-mail : syndusmad@moov.mg Site web : www.sim.mg Fondateurs Hery Ranaivosoa, Fredy Rajaonera, Laurent Rajaonarivelo, Stéphane Raveloson, Damase Andriamanohisoa, Karim Barday, Francis Rajaobelina, Franck Fohine, Claude Ratefiarisoa Directeur de publication Claude Ratefiarisoa Coordonnatrice Léa Ratsiazo Ont collaboré à ce numéro - Fanjanarivo Symonette - Felana Lalatiana - Evelyne Fanantenana Rakotomanana Régie Publicitaire : - Andoniaina Rova RAZAFITSIALONINA - Rindra AMBININTSOA Maquette :

(Hery Lalaina Razafimamonjiraibe)

Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - niag@iris.mg Dépot légal : N°12-Novembre 2011


EDITO

Editorial Mesdames et Messieurs, Chers lecteurs,

Nous voici, à l’heure des bilans, période de fin d’année oblige. Que retiendra-t-on de cette année 2011 en dehors de cette interminable crise politique ? Dans le secteur privé et plus particulièrement au niveau du SIM, force est constater que le fameux 3P Partenariat/Public/Privé tant vanté par les régimes successifs, reste jusqu’ici lettre morte. L’administration persiste à prendre des mesures réglementaires intempestives sans discussion préalable avec les concernés. Mesures réglementaires entraînant souvent des conséquences néfastes pour les entreprises touchées. Précisons que ce ne sont pas forcément les mesures qui sont remises en cause, mais plutôt le fait qu’elles ne fassent, avant leur élaboration définitive et leur application, l’objet d’aucune concertation des secteurs concernés pour tenir compte des réalités du terrain. A titre d’exemple, citons les nouveaux contrôles phytosanitaires imposés conjointement par les Ministères de l’Agriculture et du Commerce, dont l’application est entrée en vigueur seulement deux jours après la signature de l’Arrêté. Les entreprises concernées se trouvent brusquement et sans délai, contraintes d’effectuer des contrôles à l’étranger, suspendant ainsi les embarquements en cours avec comme conséquences des retards de production, des pertes d’exploitation importantes …. engendrant le dysfonctionnement de tout un secteur. Egalement concerné, le nouveau mode d’étiquetage des produits issus de l’industrie du tabac…. toujours le même scénario : absence de dialogue, délai déraisonnable d’application …. et mêmes conséquences. Dans le présent numéro, le secteur « Zones et bâtiments industriels » est passé au peigne fin et un focus particulier est fait sur la région de la Soafia.

Bonne lecture Le Comité Directeur

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CAPITAL ECO

Zone d’activité industrielle

REUSSITE DES PRIVES

Si l’Etat cherche encore une stratégie de mise en œuvre des projets d’installation des zones industrielles, les privés ont enregistré une réussite dans ce domaine

Felana Lalatiana Malgré l’importance de l’industrie dans l’économie, le gouvernement malagasy n’a pu mettre en place jusqu’ici une zone industrielle. Selon Mamy Ratolojanahary directeur des infrastructures, de la technologie et de l’environnement au sein du Ministère de l’économie et de l’industrie, une étude sur la stratégie de mise en place d’une zone industrielle qui va durer 3 mois sera lancée incessamment. Dans cette étude, le ministère en charge de l’industrie va en premier lieu faire l’état de lieux de la situation des zones industrielles et des zones économiques spéciales actuelles afin de savoir les points forts et points faibles de la méthodologie antérieure et sa mise en oeuvre. Après cette première étape, l’étude se focalisera sur l’élaboration d’un manuel de procédure d’installations de zones industrielles et des zones économiques spéciales. Ce volet comprend plusieurs aspects dont le schéma global du processus d’installation de zones industrielles, les critères et procédure de sélection de zone, la procédure de choix de l’opérateur chargé de l’aménagement, la charte de responsabilité entre les parties prenantes, les types et formes de procédure d’aménagement et enfin les types de contrat et de financement. Le dernier volet comprend la mise en place de modèle de système de suivi des zones industrielles et des zones économiques spéciales.

Réduire le coût de production Notons que la zone industrielle est issue d’une politique de proximité pour motiver les autorités locales à agir en faveur des entreprises. Les zones d’activités sont des espaces aménagés par les collectivités locales, en vue d’être commercialisés à des entreprises pour l’exercice de leurs activités

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économiques. Ces sites d’accueil ont pour objectif de renforcer et de structurer le tissu local économique grâce à une offre foncière et immobilière adaptée. Un peu partout dans le monde plusieurs agglomérations urbaines ont instauré des zones industrielles pour attirer les investisseurs. Outre les terrains, cette offre comporte, selon les cas, des bureaux, des centres d’affaires, des bâtiments industriels, des entrepôts… Elle est généralement complétée par des équipements en VRD, ainsi que divers aménagements (aires de stationnement, signalétique interne, espaces verts...). Des services sont également parfois proposés aux professionnels, dans le cadre d’ateliers relais, de pépinières et d’hôtels, d’entreprises, ainsi que par des prestations collectives comme la collecte des déchets, le gardiennage, le service de restauration, les transports collectifs, les crèches, etc. L’implantation des entreprises et la localisation des zones d’activités sont intrinsèquement liées, formalisant le point de rencontre entre la décision d’une entreprise et la stratégie d’une collectivité. La majorité des zones d’activités se caractérisent par une localisation en périphérie des villes, où elles bénéficient d’une desserte importante, présentant ainsi un profil particulièrement adapté aux activités industrielles et logistiques. A contrario, les zones d’activités à vocation essentiellement tertiaire ou artisanale sont intégrées préférentiellement dans le tissu urbain ou en bordure de celui-ci. Dans sa lettre de politique industriel, Madagascar veut transformer la Grande île d’une économie (à prédominance) de subsistance en une économie industrielle dynamique

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fortement intégrée à l’économie mondiale. Cette politique reste un objectif de choix dans la poursuite du développement économique et social du pays. Avec d’abondantes ressources agricoles et minières, la biodiversité du patrimoine naturel, un riche héritage culturel, une population laborieuse conjuguée à un leadership politique déterminé, Madagascar est en mesure de faire un bond quantitatif en avant et devenir une destination privilégiée pour les investissements industriels. Dans sa lettre de politique inOn dénombre plusieurs types de zones industrielles zones artisanales (ZA), zones commerciales qui sont généralement dédiées à l’accueil des grandes surfaces (ZAC), zones industrielles (ZI), zones logistiques qui sont des sites de stockage et de distribution des produits desservies le plus fréquemment par plusieurs modes de transport (plate-forme multimodale, plate-forme logistique…), zones d’activités de services, zones mixtes qui accueillent des activités industrielles, des entreprises logistiques, des activités technologiques, zones portuaires et aéroportuaires, zones d’activités technologiques, zones spécialisées qui hébergent des activités industrielles spécifiques, les technopôles, qui sont des terrains dits de «fertilisation croisée» où se concentrent entreprises, centres de recherche, et universités.


En effet, l’investissement privé à Madagascar a joué un rôle clé dans le déclenchement de la croissance au cours d’un récent passé, passant d’un niveau moyen de 3,5% du PIB dans les années 80 à 8,5% du PIB sur la période 1997-2004 et prévu de l’ordre de 12,4% du PIB entre 2005-2008. Toutefois, comparé au taux moyen de l’investissement privé, de l’ordre de 20% du PIB dans les pays à haute performance de l’Asie de l’Est et du Sud-est, il reste encore faible. L’investissement privé doit être accru de façon significative pour soutenir une croissance accélérée, étant donné le faible niveau des recettes fiscales à Madagascar. L’industrie est créatrice d’emploi et de richesse.

privé ou PDSP II avec un composant développement des zones industrielles. La ligne de crédit y afférente avait permis de financer des travaux d’étude d’identification et d’aménagement de zones susceptibles de remplir une fonction de zone franche industrielle et de mettre en place les infrastructures adéquates (énergie, eau, télécommunication, route,…). D’après l’analyse de la Banque Mondiale, des activités, notamment dans la Composante Secteur Privé, n‘ont abouti faute de meilleure préparation et de concertation entre l‘Administration et les responsables du Projet. L‘échec dans la mise en place « l‘Export Processing Zone » (EPZ) de Tsarakofafa malgré les investissements réalisés dans les infrastructures (eau, électricité, téléphone), en est le cas le plus marquant. De même, aucune entreprise malgache n‘a pu réellement tirer profit de l‘adhésion de Madagascar à l‘African Trading Insurance (ATI). Selon les explications de Mamy Ratolojanahary, le montant de financement de la Banque Mondiale pour ce projet s’élève à 40 millions de dollars.

Or, l’industrie à Madagascar rencontre bon nombre de problème d’après les études de la Banque mondiale : les entreprises malgaches sont fortement pénalisées par de nombreux obstacles, dont les plus sévères sont : l’insuffisance des infrastructures, la difficulté de sécuriser un terrain et de l’aménager et le manque de main d’œuvre qualifiée. Ces contraintes sont bien connues au niveau national mais elles se retrouvent aussi en milieu urbain. L’existence d’une zone industrielle est une étape importante pour appuyer l’industries dans ce sens. En effet, la zone industrielle devrait réduire le coût de production d’une entreprise et offrir la sécurité foncière. Or jusqu’à maintenant, le gouvernement malagasy n’a pas mis en place une seule zone industrielle.

L‘Export Processing Zone avait pour but de créer une zone industrielle dédiée sur un terrain aménagé à Tsarakofafa, dans la province de Toamasina ainsi que dans d’autres zones. Les activités réalisées ont consisté en la mise en place d‘infrastructures d‘un coût total de 1,5 milliard Ariary ou 1 million USD (eau, électricité et télécommunication), pour faciliter l‘installation des sociétés dans la zone. La société détentrice du bail emphytéotique s‘était engagée en septembre 2008, à travers la signature d‘un Protocole d‘Accord avec l‘Etat, à mener des activités de développement sur le site. Mais aucune viabilisation n‘a été réalisée depuis cette date. Selon le rapport de supervision de la Banque Mondiale en 2010, la zone est actuellement squattérisée dans sa quasi-totalité.

Echec de Tsarakofafa

Une démarche visant à la sécurisation de la zone, à travers des études préliminaires sur la situation juridique et foncière et le transfert du titre de propriété à l‘Etat, aurait dû précéder le lancement des activités d‘installation des infrastructures. Dans le cas de ce projet, une étude relative au ciblage des entreprises et usines à implanter dans le site a été menée en 2004, à l‘issue de laquelle

dustrielle, l’Etat veut Gagner la confiance des opérateurs économiques/industriels en montrant la détermination et l’engagement du Gouvernement dans la mise en œuvre d’une masse critique de réformes de politique; Créer une image/perception positive de Madagascar en tant que destination privilégiée pour les investissements industriels.

Rappelons que l’administration a initié vers la fin des années 80 un programme de création de zones franches à orientation d’exportation qui a permis de booster l’emploi local. En 2004, l’Etat avec la collaboration de la Banque Mondiale a mis en œuvre le programme de développement du secteur

l‘agroalimentaire a été proposé comme secteur d‘activité de base. L’objectif pour EPZ était de fournir aux investisseurs potentiels un accès facile aux terres et aux infrastructures tout en appuyant la création de zones industrielles dont à Toamasina (Tsarakofafa), dans la région d’Antananarivo, et d’autres provinces. Tsarakofafa a été choisie du fait qu’il se situe à côté d’un port maritime à proximité de la ville et de la route d’approvisionnement en énergie. Au cours du projet, le gouvernement a aidé à financer: les études liées à la mise en place des infrastructures, les clients potentiels, des lois et de réglementations couvrant les questions foncières ainsi que l’évaluation des impacts environnementaux. La construction d’infrastructures hors site vaut MGA 1,49 milliards Ariary pour relier la zone avec les principaux services publics, dont l’approvisionnement en eau (80 m3 /h), la mise en place des NTIC dont une liaison téléphonique d’une capacité de 512 lignes et l’accès Internet jusqu’à 256 Kbps ainsi que 160 KVA d’énergies électriques … Pendant les premières années du projet, la mission de supervision a mis beaucoup de temps et d’efforts pour enregistrer les problèmes, démêler les enjeux, proposer des solutions, et financer des mécanismes de réponse. Mais les questions de gouvernance et une longue liste de défis ont entravé les progrès. Lors de l’examen à mi-parcours, le sous-composant Tsarakofafa a été classé modérément satisfaisant malgré un taux d’occupation de zéro pour cent. L’objectif initial était d’avoir de 80 pour cent taux d’occupation. Le plan de Toamasina Tsarakofafa n’a jamais été susceptible d’être réussi. - Premièrement, l’étude d’impact environnemental avait noté des problèmes d’inondations et de traitement des déchets et certains déplacements de population. - Deuxièmement, la terre n’était pas sécurisée. Certaines parties de la zone avaient déjà été hypothéqué à un promoteur immobilier appelé Filatex. Le ministère de la Recherche scientifique avait construit une école sur


CAPITAL ECO

certaines zones de la propriété. L’accroissement rapide du nombre de squatters n’a fait que rendre difficile la délimitation de la zone et l’entrepreneur engagé pour cette tâche a été chassé à l’écart par les nouveaux habitants. Beaucoup de ces squatters ne sont pas des habitants permanents, mais plutôt des locataires et des personnes qui espèrent être indemnisées après expulsion. Le gouvernement s’est bien gardé de prendre des mesures d’expulsion des squatters pour des raisons politiques. - Troisièmement, il n’y avait aucune demande claire pour occuper la zone car aucun investisseur potentiel n’avait exprimé un intérêt formel. En outre, depuis 1990, il y avait une autre zone de 200 ha loués pour 50 ans par Far East Group pour devenir un parc industriel qui n’a pas été opérationnel et n’avait pas de locataires industriels. - Quatrièmement, il y a aussi un certain nombre d’irrégularités en ce qui concerne la concession du premier promoteur (GETIM). Par exemple, il n’y avait ni appel d’offres ni étude de faisabilité économique. Il y avait un manque de clarté et de détail dans le fondement juridique de la zone et il n’y avait aucune attention raisonnable financière réalisée. L’examen à mi-parcours du projet a identifié plusieurs lacunes, mais ne l’annule pas. Les représentants du gouvernement ont noté qu’il y avait insuffisance de coordination entre les autorités régionales et centrales. Ils ont également noté pendant la mission que l’équipe de la groupe de la banque mondiale a fait de son mieux pour résoudre les problèmes existants, mais que le gouvernement a échoué faute de volonté politique.

Création d’une zone industrielle foncier et TVA : GRANDS OBSTACLES Le secteur privé n’a pas attendu l’Etat pour créer des zones industrielles vu son impor-

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tance. C’est ainsi que dès 1970, la société Hazovato a mis en place la première zone industrielle à Mahatazana, le deuxième lotissement en zone industrielle se trouve dans la zone Forrelo en 1969, puis le lotissement Tambatra en 1989 et enfin le lotissement Soavina en 1994. Hazovato est leader dans la création de zone industrielle pour Antananarivo. En effet, elle possède plus de 100 ha de zone industrielle et possède une cinquantaine de bâtiments industriels. « Le prix d’achat d’un terrain viabilisé varie entre 220.000 à 340.000Ar le mètre carré, tandis que la location d’une usine est de 1,5 euros à 2 euros par mètre carré » selon les explications de Gérard Monloup de Hazovato avant de poursuivre que suite à la crise politique qui conduit à la crise économique, la société s’est concentrée actuellement sur la promotion immobilière pour les particuliers et non pour les industriels. « L’environnement actuel ne suscite guère les investisseurs. Suite à cette crise, nous avons 2 grandes usines vides car les locataires ont quitté la Grande île » rajoute Gérard Monloup de Hazovato.

Réussite Si la mise en place de zone industrielle a été un échec pour l’Etat, elle a été une réussite pour le secteur privé. En effet, les zones franches ou zones industrielles en zones urbaines ont contribué à la réussite de l’industrie textile et de confection (plus de 200 entreprises et 40 000 emplois au début des années 2000) rappelle qu’elles peuvent jouer un rôle indéniable. Même si elles imposent des mécanismes de gestion transparente et provoquent des distorsions dans l’allocation des ressources et des facteurs dans le moyen terme. Parfois, elles peuvent aussi retarder l’adoption de réformes plus générales car elles diminuent l’urgence pour un certain nombre d’entrepreneurs. Pourtant, dans le contexte actuel, le maintien et même l’extension de ces zones nous semble une voie à suivre selon la Banque Mondiale. Elles ne doivent pas servir à fournir des exemptions fiscales démesurées et coûteuses mais

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plutôt à favoriser l’émergence d’économie d’échelle, et cela à plusieurs niveaux. D’abord, elles permettent de sécuriser un terrain et de l’aménager souvent en partenariat avec le gestionnaire de la zone (comme cela est en train de se produire à Taolagnaro avec la participation de la société minière QMM qui va gérer cette zone). Ensuite, ces zones doivent permettre la facilitation des démarches administratives, non seulement en les minimisant mais encore en délocalisant les administrations concernées. Finalement, la proximité des entreprises leur permet de générer des effets d’agglomération qui entrainent des économies d’échelle tant au niveau de la production que de la formation et de la distribution. L’établissement de telles zones peut aider à l’émergence d’un secteur comme celui des nouvelles technologies (les centres d’appel). C’est d’ailleurs cette logique qui a prévalu dans la mise en œuvre des pôles de croissance (autour de Nosy be, Taolagnaro et Antsirabe/Antananarivo D’ailleurs, l’afflux de personnes dans une agglomération urbaine, s’il est mal géré, provoque des congestions qui peuvent aller jusqu’à nuire voire éliminer les avantages attendus des effets d’agglomération (concentration des emplois, mise en relation plus efficace des employés potentiels et des employeurs d’où une meilleure adéquation de l’offre et de la demande sur le marché de l’emploi et donc une économie plus performante) l’établissement de zones franches ou industrielles peut représenter une voie intéressante. Bien que leur réussite au niveau international soit encore débattue, elles ont contribué à l’essor de la filière textile et de la confection à Madagascar. Les deux conditions nécessaires à leur réussite est qu’elles soient bien gérées (car elles sont souvent à l’origine de corruption) et qu’elles ne retardent pas l’adoption de réformes plus générales dans le climat des affaires. La persistance d’un traitement de faveur encourage le « lobbying » et entraine des distorsions dans l’allocation des ressources et des facteurs dans le moyen terme Si ces deux conditions doivent être nécessairement remplies, elles ne sont pas suffisantes pour garantir le succès des zones. Pour cela, il faut encore que les zones permettent de simplifier les procédures administratives, ce qui s’obtient par la minimisation des formalités et la délocalisation des services concernés auprès des zones. Ensuite, le terrain ne doit pas seulement être disponible mais aussi aménagé (c’est ce qui est en train de se faire en partenariat avec le gestionnaire de la zone à Taolagnaro). Enfin, il doit exister une densité suffisante d’entreprises pour générer des effets d’agglomération, notam-



CAPITAL ECO ment pour atténuer les lacunes de marchés dont souffrent de nombreuses entreprises malgaches en matière d’accès au crédit, de formation et d’ information. Dans les zones franches d’Antananarivo et d’Antsirabe où sont établies plus d’une centaine d’entreprises de la filière textile, ces effets d’agglomération se sont développés. Ces entreprises se sont organisées autour de programmes de formation et elles se sont aussi associées pour établir des partenariats avec le gouvernement, ou les partenaires techniques et financiers. Ces effets positifs sont plus importants que les éventuels avantages fiscaux dans une perspective de croissance soutenue du secteur privé. La mise à niveau de l’infrastructure de communications, suite à des investissements massifs au cours des 5 dernières années, offre des perspectives dans la filière des nouvelles technologies, notamment dans des activités à faible contenu de connaissance, comme les centres d’appels. La création de zones industrielles ou de technopoles, en collaboration avec le secteur privé et les centres d’enseignement, pourrait favoriser leur essor. Le regroupement de simples unités d’assemblage ou de processing pourrait aussi voir le jour autour des points de sortie du pays, notamment l’aéroport d’Ivato et le port de Toamasina dont les alentours restent sousutilisés. En conclusion, la création de zones franches/ industrielles n’est pas la panacée en matière de développement industriel mais elle permet d’adopter une politique cohérente sur un espace restreint. Un certain nombre de pré-requis sont nécessaires en matière de gestion, transparence et volonté d’aller de la part du secteur privé. Sans ce dernier, l’expérimentation est toujours possible, mais devient coûteuse.

Foncier Même si les zones industrielles mises en place par les privés ont réussi, il y a des obstacles pour l’allocation optimale des ressources. « La sécurisation foncière est l’un des obstacles majeurs » annonce Gérard

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Monloup. Une étude de la Banque Mondiale a soulevé ce problème au niveau d’Antananarivo. Selon cette étude, le développement du secteur privé en milieu urbain se heurte souvent à la difficulté d’identifier et de sécuriser un terrain aménagé. Pour beaucoup d’entreprises, il ne s’agit pas d’acquérir un terrain mais d’en posséder les droits légaux d’usage sur une longue période de manière à rentabiliser leur investissement sur le longterme. Or, le marché immobilier, en particulier à Antananarivo, est non seulement quasi-sclérosé mais aussi incapable de fournir des garanties juridiques aux entreprises. Les titres fonciers n’existent pas toujours et ne sont pas mis à jour quand ils existent. Souvent, les terrains sont squattérisés, ce qui empêche leur usage par leurs propriétaires. L’Etat plutôt que d’être le facilitateur de ce marché en procurant des informations et en faisant respecter la réglementation joue souvent un rôle contraire : ses propres opérations immobilières sont le plus souvent opaques, son application de la réglementation aléatoire, et il existe un manque de coordination entre les autorités centrales, communales et celles de quartiers comme l’illustre l’existence des « petits papiers ». Ces derniers sont des documents qui procurent une certaine reconnaissance juridique à leurs possesseurs grâce à des « certificats » établis par les chefs de quartiers qui ne sont pas juridiquement habilités à établir pareil document. Dans l’agglomération urbaine d’Antananarivo ou dans certains quartiers des villes secondaires, les parcelles sont déjà titrées. Malgré tout, la possession d’un titre foncier n’est pas une garantie juridique suffisamment fiable, dans la mesure où, d’une part, les titres sont très peu souvent géoréférencés et/ou reportés sur un plan de repérage, ce qui fait qu’ils sont difficilement localisables, et que d’autre part les titres sont rarement actualisés – notamment du fait de la complexité des procédures et du coût des taxes liées aux mutations-, donc l’occupant ou le titulaire informel du droit de propriété n’est pas celui figurant sur le titre de propriété. En plus, la possession du titre ne garantit pas l’usage, car les terrains sont occupés illicitement. Tous ces problèmes expliquent non

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seulement le faible niveau d’activités sur le marché mais aussi l’importance relative des conflits fonciers. Or, la résolution des conflits fonciers est généralement longue et peut atteindre plus de 10 ans. En outre, même lorsqu’une décision judicaire est adoptée, elle n’est que rarement appliquée dans la réalité, car la justice ne possède pas les moyens pour imposer sa décision et/ou sanctionner le transgresseur.

Terrain onéreux en plus de la TVA A part le problème foncier, la taxe sur la valeur ajoutée constitue aussi un obstacle pour l’achat dans la zone industrielle. « Le taux appliqué est toujours le 20% ce qui pénalise l’acheteur. » note Gérard Monloup. Rappelons que le prix d’un mètre carré d’un terrain viabilisé dans une zone industrielle varie entre 220.000 à 340.000AR. Outre cela, l’inexistence de mise à jour du plan d’urbanisme pourrait nuire à la création d’une zone industrielle. Pour le cas d’Antananarivo, le plan d’urbanisme directeur n’a pas été actualisé depuis 2004 alors que l’agglomération a vu sa population augmenter de près de 300 000 habitants jusqu’en 2009. Ce plan se concentre surtout sur la commune urbaine sans une véritable intégration des quartiers/communes périphériques, nuisant à la cohérence de l’ensemble de la région. Entre autres, le document de planification ne tient pas compte des zones non structurées considérées comme non urbanisables et non constructibles mais qui pourtant font objet d’occupation et constructions anarchiques.

Implication de la population Cet effort de mise en cohérence de l’aménagement de l’espace urbain se doit de reposer sur une approche participative, avec les communautés et les habitants, pour assurer leur appropriation et ainsi minimiser les risques de conflits. Le consensus ne sera pas toujours possible et des mécanismes de recours clairs et efficaces doivent être mis en place pour gérer les plaintes éventuelles. « Pour éviter tout problème nous consultons tou-



CAPITAL ECO jours la population environnante de notre zone industrielle avant de faire des investissements » déclare Gérard Monloup avant de poursuivre que l’Etat devrait faire des lois sur l’implication de la population dans le foncier pour garantir la sécurité de ceci.

Création d’une zone industrielle et construction d’un bâtiment industriel Des mesures à suivre Sur le plan théorique , l’implantation des entreprises et la localisation des zones d’activités résultent de la rencontre entre la décision d’une entreprise et la stratégie de l’Etat ou d’une collectivité. La compétitivité des zones d’activités repose sur la création de la valeur ajoutée, leur développement et leur pérennisation. D’un point de vue réglementaire, les zones d’activités industrielles sont considérées comme des opérations d’aménagement de territoire et doivent s’inscrire dans deux types de procédures réglementées : les zones d’aménagement concertée ou le lotissement. Au titre des opérations d’aménagement, l’Etat et les collectivités doivent respecter une méthodologie d’intervention qui se décompose en trois étapes successives : la constitution de réserve foncière, le choix d’un opérateur public ou privé qui réalisera l’opération d’aménagement et l’établissement d’un contrat d’aménagement qui permet à l’aménageur d’acquérir des terrains, de les aménager et de les com-

mercialiser. Selon les explications de Mamy Ratolojanahary, deux types de procédures d’aménagement strictement réglementées sont généralement adoptés. La première en est la zone d’aménagement concerté : c’est une procédure publique qui permet à des personnes publiques de réaliser l’aménagement de terrains en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privée. L’autre type de procédure est le lotissement : procédure privée même si elle peut être réalisée par une collectivité qui permet par une division foncière la mise à disposition de terrains viabilisés à des constructeurs en général individuels. De plus en plus, la mise en œuvre des zones d’activités, quelle que soit sa forme, procède à une intégration progressive des problématiques de développement durable et valorisante du territoire et des zones d’activités par la mise en œuvre d’outils tels que les bâtiments HQE ou Haute Qualité environnementale, les chartes de qualité environnementale et la certification ISO 14001. La création d’un bâtiment ou zone industrielle suit les lois en vigueur à Madagascar dont le code de l’urbanisme et de l’habitat et le décret MECIE. Dans le code de l’urbanisme et de l’habitat, le lotissement est l’opération ayant pour objet la division volontaire en lots d’une ou plusieurs propriétés foncières par ventes

ou locations simultanées ou successives en vue de la création d’habitation, de jardins ou d’établissement industriels ou commerciaux. Pour le lotissement industriel les ventes, donations de partis indivises, partage et généralement tous actes civils ou judiciaires ayant pour résultat le morcellement d’une propriété immatriculé ou d’une parcelle cadastrée bâtie ou non bâtie, sise dans un périmètre d’agglomération d’une commune de plus de 2000 habitants doivent être autorisées par le service de l’architecture, de l’urbanisme et de l’habitat. La demande d’autorisation industrielle est refusée si le lotissement n’est pas conforme aux dispositions du plan d’urbanisme approuvé de la commune. Elle peut être refusée ou n’être accordée que sous réserve de l’observation de prescription spéciale sur le lotissement, s’il est de nature à porter atteinte à la salubrité publique. Elle peut également après avis de la commission préfectorale d’urbanisme, être refusée ou n’être accordée que sous réserve de l’observation, des prescription spéciales si par la situation, la forme ou la dimension des lots ou si par l’implantation, le volume ou l’aspect des constructions projetées, l’opération est de nature à porter atteinte au caractère ou l’intérêt des lieux avoisinants aux sites ou aux paysages naturels ou urbains . L’arrêté d’autorisation impose s’il y a lieu, l’exécution par le lotisseur de tous travaux nécessaires à la viabilité du lotissement en ce qui concerne notamment la voirie : la distribution d’eau, l’évacuation des eaux usées, l’éclairage, la réalisation d’aires de stationnement, d’espaces libres ou de plantations. L’exécution des travaux par tranches peut être autorisée. Notons que l’arrêté d’autorisation du lotissement devient caduc si les travaux d’aménagement ne sont pas commencés et poursuivi dans un délai fixé ledit arrêté et qui ne peut être supérieur à deux ans. Les lotissements à usage industriel ne peuvent être autorisés que s’ils sont conformes aux dispositions des plans d’urbanismes approuvés ou à défaut de tels plans, s’ils font l’objet d’un avis favorable de la commission préfectorale d’urbanisme. Pour la construction de locaux à usage industriel dont la surface de plancher est comprise entre 500m² et 1000m², la décision en matière de permis de construire est la compétence du préfet. La décision de permis de construire appartient au ministère des travaux publics pour la construction de locaux

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Soulignons que les lotissements et les ensembles des bâtiments doivent être desservis par un réseau de distribution d’eau potable sous pression et par un réseau d’égouts évacuant directement et sans aucune stagnation les eaux de toute nature. Les eaux résiduaires industrielles à épurer ne doivent pas être mélangées aux eaux pluviales et eaux résiduaires industrielles qui peuvent être rejetées en milieu naturel sans traitement. L’évacuation des eaux résiduaires industrielles dans le réseau public d’assainissement, si elle est autorisée, peut être subordonnée notamment à un pré-traitement approprié. L’autorisation d’un lotissement industriel ou la construction d’établissement industriels groupés peut être subordonnée à leur desserte par un réseau d’égout recueillant les eaux résiduaires industrielles après qu’elles ont subi éventuellement un pré traitement approprié et les conduisant soit au réseau public d’assainissement sur ce mode d’évacuation peut être autorisé compte tenu notamment des pré traitements, soit à un dispositif commun d’épuration et le rejet en milieu naturel.

industriels de plus de deux niveaux ou abritant plus de 100 personnes, la construction doivent être conçue et réalisée pour une période d’au moins trente ans dans des conditions normales d’entretien. Les structures retenues et des matériaux utilisés doivent résister avec une marge de sécurité convenable aux efforts et attaques qu’ils peuvent normalement subir et présenter un degré suffisant de résistance au feu. La construction doit pouvoir permettre aux occupants en cas d’incendie soit de quitter le local sans secours de l’extérieur, soit de recevoir le cas échéant un tel secours. Les pièces d’habitation doivent être isolées des locaux qui par leur nature en leur destination sont sources de danger, d’incendie, d’asphyxie ou d’insalubrité pour les occupants.

La construction d’un bâtiment industriel doit suivre les normes sanitaires sur la construction d’un habitat. A part cela, la construction d’un bâtiment industriel doit suivre aussi d’autres mesures. En effet, la création d’un bâtiment à caractère industriel peut être subordonnée à des conditions spéciales notamment à l’aménagement d’écrans de verdure ou à l’observation d’une marge de reculement. Pour les bâtiments

Les constructions doivent être protégées de l’humidité ainsi que des effets des variations de température des et des conditions atmosphériques. Compte tenu de leur destination, une isolation phonique suffi-

à usage industriel dont la surface du plancher est supérieure à 1000 m².

sance doit être assurée aux pièces d’habitations. L’Etat à travers les services au sein de la mairie ou des représentants des ministères de tutelle du projet peuvent à tout moment visiter les constructions de bâtiment industriel


CAPITAL ECO en cours et procéder aux vérifications qu’ils jugent utiles.

Respect de l’environnement « La construction d’un bâtiment industriel ou la création d’une zone industrielle nécessite la mise en conformité avec l’environnement,. De ce fait, le promoteur doit déposer au sein de l’ONE une demande concernant son projet » selon les explications du responsable de l’étude d’impact environnementale au sein de l’ONE. Une commission composée de l’ONE, du Ministère de l’environnement et des ministères de tutelles étudient la demande et donne la classification au projet. « Cette classification est faite suivant la taille, l’activité, l’emplacement et surtout l’ampleur de la pollution que peut générer le projet ». explique le responsable de l’ONE. Il y a trois catégories de projet - ceux qui ont besoins de faire l’étude d’impact environnemental - ceux qui devront faire de programme d’engagement environnemental - ceux dont la commission donne des prescriptions environnementales. Des audits des zones ont déjà eu lieu auparavant comme la zone Forello ou la zone Ankorondrano. Pour le premier, à part l’audit des études menées par Marie-Hélène Dabat, Christine Aubry et Josélyne Ramamonjisoa ont indiqué des pollutions sur quelques industries. D’après cette étude, la zone compte près de 74 entreprises de secteurs divers (textile, peinture, agroalimentaire, chimie). En aval immédiat de la zone, l’occupation de l’espace évolue depuis une dizaine d’années vers l’abandon des rizières, l’envahissement par les jacinthes, l’élevage laitier – pâturant dans ces nouveaux marécages – et de canards, l’activité briquetière et le développement de l’industrie locale. Les effets sociaux et économiques de la pollution de

l’industrie textile sur la vie et l’activité des habitants ont été mesurés dans un quartier de la commune de Tanjombato, à proximité de Forello. Les principales externalités sont liées aux fumées dégagées par les usines et aux eaux usées évacuées sans traitement par le canal d’irrigation des rizières. Les ménages riverains des usines sont les principales victimes de la pollution industrielle. La plupart pratiquent des activités agricoles, d’élevage et de briqueterie sur lesquelles les effets de la pollution sont très palpables. Celle-ci nuit à la fertilité du sol, au rendement rizicole, à la qualité des produits agricoles, à la santé des animaux et à la qualité des briques produites. La surface des terres exploitées ne cesse de diminuer et l’avenir des activités agricoles est menacé. De nombreuses affections sanitaires sont signalées par le Centre local de santé de base : maladie respiratoire, diarrhée, toux, paludisme, migraine, démangeaison ainsi qu’une forte nuisance olfactive. La population effectue un long trajet pour s’approvisionner en eau à un puits en dehors de la zone industrielle. La perte monétaire globale des agriculteurs suite à la pollution a été estimée à 3 253 € par an (pour environ 5 200 habitants). Les couches les plus pauvres sont les plus sensibles aux effets négatifs de la pollution, cependant la population ne proteste pas : beaucoup de familles agricoles ont un ou plusieurs membres salariés dans les unités industrielles qui ont créé de l’emploi, surtout pour les jeunes.

En cas de plainte l’équipe de l’ONE a l’obligation de faire des descentes sur terrain. L’équipe technique peut donner des recommandations que le promoteur doit suivre. Le non respect des recommandations peuvent entraîner jusqu’à la fermeture de l’usine ou d’une zone. Soulignons que des suivis sont effectués pour suivre le respect du cahier de charge environnemental. Pendant les descentes sur terrain, l’équipe technique peut donner des recommandations s’ils constatent des anomalies sur les bâtiments existants.

Zone industrielle Deux projets en cours de réalisation Deux zones industrielles sont actuellement en cours de réalisation. Il s’agit de la zone industrielle du SPAT ou société de gestion du port autonome de Toamasina. En effet, l‘Etat cherche aujourd‘hui une alternative pour rentabiliser les infrastructures déjà mises en place dans la zone de Tsarakofafa. La Société de Gestion du Port Autonome de Toamasina (SPAT) s‘est déjà engagée à annuler tous les titres de propriété du site et à expulser tous les squatters qui s‘y sont installés. « Nous avons à peu près 250 ha de terrain sur la zone de Tsarakofafa que le SPAT souhaite mettre en valeur » déclare le Directeur Général du SPAT, Christian Ave-



CAPITAL ECO lin. « Cependant la conjoncture actuelle ne nous permet pas encore de faire les travaux nécessaires » continue le numéro Un du port de Toamasina. Selon ses explications, expulser les squatteurs en ce temps de crise ne sera pas une bonne idée si l’on veut arriver à son objectif ». « Avec le développement du projet d’Ambatovy, les terrains du port dans la zone de Tsarakofafa près des installations du projet Ambatovy rend la viabilisation moins chère. Seul le terrassement pourrait être couteux » explique Christian Avelin.

Avantages Même si les conditions d’installation à cette zone n’est pas encore connue ni les secteurs prioritaires, la mise en place de cette zone proche du premier grand port du pays donnera des avantages pour les industries qui s’y installeront. L’importation des inputs de production et l’exportation des produits des industriels seront plus faciles et sera moins onéreux. Notons que plus de 75% des trafics dans le transport maritime passe par le port de Toamasina. Soulignons que le port de Toamasina veut devenir le premier port d’éclatement de l’Océan Indien. Plusieurs projets y afférents

sont prévus être réalisés dont l’acquisition de 18 défenses de quai pour le Mole C1 et pose, l’aménagement du terrain coté sud du Hangar 16 pour extension du Terminal à conteneurs du Mole C (MICTSL), y/c dépose des installations de Galana gaz, l’aménagement du TP guichet unique et d’une voie réservée au trafic conventionnel, la réhabilitation du quai du Mole B, la réhabilitation des quais et avant quai Mole A Est, A Ouest, derrière H6-H7 et du TP du Mole A, la réparation quais des darses 1B et 2B, les travaux de confortement de l’avant quai du Mole C1 et réfection du revêtement en enrobé, la réparation navale «ASCOM ;

projets d’investissements sur les 440ha est en cours .

Zone industrielle du port d’Ehoala

Cette opération consiste à délimiter des zones pour les différents types d’installations qui seront érigés sur la péninsule selon les activités que les investisseurs vont entreprendre: voies de circulation, emplacements à usage industriel, réserve naturelle, etc.

Avec l’approbation du schéma directeur du port d’Ehoala, la création d’une zone industrielle de ce grand port est en route. La phase suivante à franchir pour le port d’Ehoala est le développement des 440 hectares attenants . Ehoala Park va pouvoir se concrétiser avec l’accueil prochain d’investisseurs et les études de statut de port franc et de zone franche progressent dans un cadre incluant la sécurité, l’environnement, et la qualité. La mise en place d’un Comité de sélec tion des

POINT DE VUE

La proximité de l’aéroport et du port, est l’un des avantages de ce site. La convergence de ces facteurs physiques favorise l’implantation d’une zone commerciale et industrielle qui constituerait un potentiel important pour le développement du pays en général et de diverses activités économiques de la région du sud en particulier. La parcellisation de la zone industrielle de 440 ha a été réalisée par une société d’Engineering.

Notons que depuis l’ouverture du port d’Ehoala en juillet 2009 : le port a vu plus de 250 escales de navires de toutes catégories, 10 000 containers (EVP) manutentionnés, plus de 750 000 tonnes (vrac, hydrocarbures et containers), près de 5000 touristes croisiéristes.

industries par 2 catégories : les industries polluantes et les industries non polluantes ; Pour ce dernier, il devrait y avoir des dispositifs pour le traitement de la pollution dans l’enceinte de la zone ou le bâtiment. Pour les industries polluantes, les bâtiments et les zones industrielles devront être mis en dehors de la ville dans un terrain spécifique où l’on peut traiter la pollution.

« Un projet de loi sur le code de l’urbanisme et de l’habitat est en cours d’élaboration »

Randrianasoloharimina Tiana

EM : Est-ce que les bâtiments industriels et les zones industrielles suivent les normes ? RT : Non, il y en a qui respecte les normes sur la santé, la sécurité… mais il y en a qui ne le respecte pas. D’ailleurs, la loi qui régit ce secteur date de 1963, donc même les normes à suivre risquent de ne plus répondre à la réalité actuelle. Un projet de loi sur le code de l’urbanisme et de l’habitat est déjà en cours d’élaboration.

Directeur général de l’aménagement du territoire Expansion Madagascar : Quelles sont les normes pour la construction d’un bâtiment industriel et la création d’une zone industrielle ? Randrianasoloharimina Tiana : Les normes pour la construction d’un bâtiment industriel sont inscrites dans le code de l’urbanisme et de l’habitat. Pour la construction d’un bâtiment industriel et la création d’une zone industrielle, il faut toujours se référer aux outils de planifications : le plan d’urbanisme de la ville qui donne des réglementations spécifiques pour chaque ville. A part cela, le respect de l’environnement est de vigueur. De ce fait, l’implantation d’une zone ou bâtiment industriel dépend aussi de son activité. L’on peut classer les

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EM : Qui a le droit d’interpeller le propriétaire d’une zone industrielle ou bâtiment industriel ? RT : La Commune est le maître d’ouvrage. Le Ministère de l’aménagement du territoire ne fait qu’appuyer la Commune. Le Ministère peut aussi interpeller cette dernière en cas de doléance. EM : Est –ce qu’il y a des projets de création de zone industrielle dans l’agglomération d’Antananarivo, RT : Actuellement, il n’y a pas de demande de création d’une zone industrielle dans l’agglomération d’Antananarivo. Cependant, nous avons déjà fait en 2010 l’extension de la zone industrielle d’Ankorondrano en zone de développement mixte qui comprend des zones industrielles et aussi des zones commerciales.



RéGION | SOFIA

REGION SOFIA

Relance des plantations industrielles Fanjanarivo Symonette Connue pour sa production rizicole et ses cultures industrielles (tabac et coton) en pleine relance, la région Sofia qui s’étend sur 52 504 km2 ne se limite plus à ces produits. Le grain sec dénommé « blakc eyes » y est en vogue, alors que l’apiculture est prometteuse même si la filière n’en est qu’au tout début de la mise aux normes. D’autres filières comme la canne à sucre et le tourisme émergent également. Bref, la région regorge de richesses et pour en décortiquer les éléments au magazine « Expansion Madagascar », une réunion avec les différents acteurs de développement de la région a été organisée à Antsohihy vers fin octobre par Désiré Randriamaro, directeur du développement régional Filière tabac

La production approche les 1 000 tonnes

ment est de 1 t/ha. Le prix au producteur pour 2011 est de 1 200 Ar/kg pour la 1ère qualité, 600 Ar pour la 2ème et 300 Ar pour la 3ème. Nombreux sont les paysans qui font de la 1ère qualité. Les prix ne bougent pas beaucoup ces dernières années.

300 000 à 400 000 Ar/ha pour la plantation

960 tonnes. C’est la production de 2010 dans les 5 secteurs de cultures de Pot-Bergé. L’objectif de l’Office malgache du tabac (OFMATA) de 1 000 t était à portée de main. Cette année, la production va fléchir légèrement à la suite du phénomène « black eyes » selon Zolia, chef de secteur Port-Bergé II. L’entreprise compte sur une reprise dès 2012 car les fluctuations des prix du black eyes ne rassurent pas les paysans. Par contre, les revenus du tabac se perçoivent en période de soudure et les prix sont fixes pour chaque campagne. Avant 2000-2002, l’OFMATA avait des problèmes pour le paiement des paysans. Ce n’est plus le cas depuis. Mieux, le financement pour les achats de tabac est plus important que l’offre sur les 5 dernières années. La production est donc appelée à se développer. Chaque planteur doit avoir au moins 1 000 pieds de tabac selon les textes. Certains ont 80 000 pieds à raison de 20 000 pieds/ha. Le rende-

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La culture de tabac exige beaucoup de travaux dont le défrichement à 60 000 Ar/ha, le labour pour 60 000 Ar/ha, la plantation à 20 Ar par trou, les 2 à 3 sarclages, la main d’œuvre pour la récolte. Le coût des travaux s’élève ainsi entre 300 000 et 400 000 Ar/ha. Auparavant, l’OFMATA a beaucoup soutenu les paysans. Mais entre les années 1975 et 1985, le taux de non remboursement était très élevé. L’office s’est retiré de cet appui. Mais il continue à financer les achats d’insecticides pour les traitements, remboursables à la récolte. Quant à l’engrais, les paysans n’en utilisent pas. Certains essaient le zéro labour pour alléger les dépenses. Pour ce qui est de la concurrence avec le black eyes, notre interlocuteur évoque une guerre de nerfs : « Nous n’empêchons pas les gens de planter ce grain qui se récolte de mars à juin, alors que la vente du tabac couvre la période allant de septembre à fin février, soit en pleine période de soudure. Les paysans eux-mêmes se convainquent entre eux pour ne pas abandonner le tabac. Certains ont encore du tabac vert en octobre puisqu’ils les ont plantés après le black eyes. Nous n’avons donc pas peur de l’avenir ». Dans le secteur de Port-Bergé II, l’office travaille avec 600 paysans et ils sont dans les 2 000 à Port-Bergé I. L’OFMATA collecte seulement du tabac noir qui sert à la production locale de tabac à

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chiquer. L’entreprise SACIMEM achète aussi chez lui du tabac noir pour certains mélanges pour la production de cigarettes. La concurrence n’existe pas vraiment avec les autres sociétés de plantation : chacun travaille dans des zones bien délimitées. Puis, les sociétés de plantation industrielle cultivent du tabac brun et du tabac blond.

Un niveau de vie meilleur Miandrivazo et Malaimbandy dans le Menabe sont des zones de production de coton mais les paysans de la Sofia vivent mieux. Le chef de secteur de Port-Bergé II estime que c’est peut-être lié à la sécurité. Les deux zones du Menabe sont rouges. Ce n’est pas le cas dans la Sofia. Les paysans peuvent se faire construire une maison en briques, s’acheter tranquillement des motocross, des postes téléviseurs, des matelas à éponge, des panneaux solaires… Un panneau pour l’éclairage et les petits appareils électroménagers coûte pourtant 120 000 Ar et un autre pouvant supporter des matériels comme un congélateur vaut 2 millions Ar. On peut observer ces matériels chez des paysans vivant en brousse.

Filière coton

La relance sur la bonne voie L’entreprise DRAMCO à Tsarahasina et à Ambilobe, Mamy Razafimahatratra et des Chinois à Mampikony, et l’entreprise chinoise Chimad coton à Port-Bergé ; la filière voit arriver de nouveaux investisseurs après le contentieux de Géocoton avec la BOA en 2008. Géocoton a hypothéqué ses usines d’égrenage et la banque a saisi ses usines. Chimad coton qui a également une usine d’égrenage en Chine, a





RéGION | SOFIA coton. Des semailles à la récolte, il faut 6 mois. Le coût de revient et élevé. Il est composé de la location de terres, du défrichement, du labour pour 100 000 Ar/ha. Il y a aussi le démariage ou l’enlèvement des plants en surnombre, 1 à 2 sarclages, 5 à 8 traitements et la main d’œuvre à la récolte à 1 500 Ar/sac. Comme quoi, le coton exige beaucoup de dépenses.

acheté les usines de Port-Bergé et de Toliara, des zones à fort potentiel cotonnier. Il faut toutefois sensibiliser les paysans car la filière s’appuie sur le système de paysannat : la société ne cultive pas du coton, elle s’appuie sur les paysans tout en les soutenant sur le plan technique et financier. Mais les stocks es paysans n’ont pas été repris par Géocoton alors qu’ils ont signé des contrats avec cette entreprise. En mars dernier, Chimad coton a incité les paysans à faire du coton, malgré la concurrence des grains secs. Elle a acheté cash 350 t de coton stocké chez les paysans pour obtenir des semences. Le chef de services du personnel, Jaohavana précise que cette année, le taux de germination est faible à cause de l’état du stock. Mais les semences seront de bonne qualité à partir de 2012.

Un ingénieur chinois pour former les paysans Pour la campagne 2012, Chimad coton loue 150 ha de terrains pour une centaine de paysans. Il faut y ajouter les terrains propres aux paysans. Le paiement au comptant est le « point fort » pour les convaincre à replanter du

Les Chinois ont mené une enquête auprès des paysans désireux de revenir dans la filière. C’est pour définir la surface qu’ils pourront cultiver avec la main d’œuvre, les matériels et le cheptel bovin dont ils disposent. « C’est bien d’avoir des paysans avec qui on travaille mais il faut aussi voir comment les aider à produire correctement et à s’enrichir pour des activités gagnant-gagnant », explique le chef de services du personnel. Les Chinois affirment que le sol de Port-Bergé est meilleur. Le rendement est de 3 t/ha contre 6 t en Chine. Ils ont fait venir un ingénieur chinois pour étudier le sol, identifier l’engrais adapté et former les paysans.

Les investisseurs reviennent vers le coton car les consommateurs des pays riches privilégient les matières naturelles comme le coton, le lin, le bambou. Puis, les paysans, quelque peu déçus par la fluctuation des prix des produits vivriers, veulent avoir des revenus stables. Notre interlocuteur affirme que le coton a un grand avenir à Madagascar. Particulièrement pour la Sofia, la région a l’avantage d’avoir des terres alluvionnaires très fertiles et irriguées par trois grands fleuves, à savoir Sofia, Anjobona et Bemarivo.

Riziculture

La Sofia comme futur grenier de Madagascar

Les prix ne fluctuent pas Chimad coton travaille avec 350 paysans. Ce nombre sera multiplié par 5, voire par 10 dès la campagne 2012. La capacité de l’usine d’égrenage de l’entreprise est de 18 000 t et elle est la seule de la région à disposer d’une telle capacité. L’appui de l’entreprise pour les paysans est à défalquer des prix du coton à la récolte. Cette année, la société a acheté le stock à un prix médian de 400 Ar/kg. Pour 2011, le prix du coton est à 850 Ar/kg. Il ne fluctue pas au cours d’une campagne, contrairement à celui des cultures vivrières. De plus, un contrat visé par la commune est signé par les deux parties.

Le directeur de développement régional, Désiré Randriamaro est formel : « La Sofia est l’avenir du pays en production rizicole. La région dispose de vastes plaines non aménagées et n’a jamais bénéficié de grands projets d’aménagement. L’Etat devrait voir de près la situation ». Les superficies cultivables dépassent 424 000 ha, alors que les plaines et terres alluvionnaires non cultivées totalisent 268 900 ha. En revanche, la surface cultivée approche les 155 600 ha. Le chef de service régional de la production agricole et de la protection des végétaux et Directeur régional du développement rural (DRDR) par intérim, Rakotozafy estime que la région ne devrait pas avoir des problèmes de sécurité alimentaire. Un léger fléchissement de la production est attendu cette année. La pluviométrie risque d’être insuffisante et la riziculture de contre-saison réduite de moitié. La prévision pour la grande saison est de 370 000 t sur 130 000 ha, alors que la contre-saison devrait être de 17 000 t sur 6 230 ha. En 2010, cette

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production a couvert 35 000 ha. Le rendement moyen est de 2,8 t/ha.

La production de paddy dans la Sofia : Année

Surface cultivée Production (en ha) (en tonne)

2008

127 000

315 000

2009

134 000

384 000

2010

143 900

410 000 (Source : DRDR Sofia)

La filière a besoin de semences et d’engrais Les semences utilisées par les paysans sont dégénérées. La DRDR envisage de former et d’encadrer des paysans semenciers en partenariat avec la fondation Aga Khan dont l’un des objectifs est d’augmenter la production rizicole dans la région. Grâce au soutien de cette fondation, le rendement de la grande saison 2010-2011 des paysans formés a été de 5,48 t/ha. De 2005 à la grande saison rizicole 2010-2011, la fondation a touché près de 21 700 paysans. D’après le DRDR par intérim, les paysans n’ont pas l’habitude d’acheter de l’engrais même si les tests d’utilisation

de 2008-2009 étaient probants. Concernant l’aménagement, des travaux sont effectués sur 1 600 ha de micro périmètres irrigués dont les bénéficiaires sont 16 Association des usagers de l’eau (AUE). Une association compte au moins 30 membres et travaille sur 60 à 200 ha. L’entretien des infrastructures est financé par la redevance versée par les membres sur le compte bancaire de chaque association. L’aménagement a été en effet accompagné d’un renforcement des capacités en gestion. Les zones de grande production de riz se trouvent à Bealanana, Port-Bergé, Befandriana, Mandritsara et Analalava. Les AUE riveraines des aires protégées sont priorisées. Elles bénéficient aussi de formation en apiculture et de matériels pour surveiller les zones dont la gestion leur a été transférée.

100 ha. Ce grain sec a connu une remontée spectaculaire depuis la campagne 2010-2011. La fièvre du black eyes atteint les communes de Port-Bergé I et II, Tsaratanàna, Amparihy, Ambanjabe, Tsiningia, soit dans un rayon de 30 à 40 km de Port-Bergé ville. Un Pakistanais de Mahajanga dépêche sur le terrain des collecteurs qui achètent le produit entre 1 200 et 1 300 Ar le kilo (entre 200 et 300 Ar/kapoaka ou le contenu d’une boîte de lait concentré) en début de récolte (entre juin et juillet). Auparavant, les prix étaient moins élevés (entre 150 et 200 Ar/kapoaka). Mais le coût actuel de production s’envole si on veut un

Grains secs « black eyes »

Entre belles perspectives et incertitudes

4 ou 5 fois plus par rapport à il y a quelques années. C’est l’extension des surfaces plantées de black eyes ou « lojy ». Un projet de développement finance 15 associations travaillant sur

Désiré Randriamaro, Directeur du développement régional (DDR)

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RéGION | SOFIA Accès au foncier à Port-Bergé Des rentiers louent les vastes terres fertiles Il s’agit d’entreprises étrangères ayant investi dans des activités agricoles durant des longues décennies. Elles ne travaillent plus guère leurs terres et les louent à 100 000 Ar/ha/campagne pour les particuliers et à 200 000 Ar pour les entreprises. Ces terres se situent dans la partie sud de Port-Bergé et elles sont parmi les terres les plus vastes et fertiles de la zone. Un paysan témoigne : « La location se fait à l’année et n’offre pas de sécurité pour l’investissement. L’année dernière, j’ai loué 5 ha et en 2011, j’ai eu du mal à avoir 3 ha. Les demandes de location affluent ». Les vastes terres de Port-Bergé donnent l’illusion que la zone a un stock foncier illimité. Ce n’est pas le cas surtout pour les fonctionnaires qui s’adonnent aux activités agricoles et ils sont nombreux. Il y a aussi les migrants, les citadins et les locaux qui n’ont pas suffisamment de terres. Dans la partie sud, les vastes terres fertiles appartiennent à l’entreprise CCB qui dispose dans les 2 000 ha, à la Société d’exploitation agricole d’Antsambalahy (SEADANT) et à un particulier. Dans la partie nord, la location revient moins chère et varie entre 60 000 à 90 000 Ar/ha/an. Tous les ans, les locations pour l’année suivante sont bouclées en octobre au plus tard. Au-delà, il n’y a plus de terres à louer disponibles. bon rendement. Le paysan perd donc au bout du compte. D’après le conseiller d’entreprises senior de PROSPERER à Port-Bergé, le coût de production est de 800 000 à 1 million Ar/ha. Il faut le majorer du coût de la main d’œuvre rarement comptabilisé par le paysan. Or, 1 ha donne 4 000 à 8 000 kapoaka selon les données du Centre de services agricoles (CSA). Le chiffre d’affaires pour 1 ha est seulement de 800 000 Ar.

De la farine et des pâtes avec le black eyes Ce grain sec est très demandé par la GrandeBretagne, l’Inde... Il est transformé en farine utilisée dans les unités de biscuits et de pâtes. Comme quoi, les débouchés existent. 5 camions de 20 t chacun embarquent tous les jours du black eyes à Port-Bergé pendant la période de chargement des bateaux à Mahajanga. En dehors de cette période, les prix sont dans une fourchette de 600 à 1 000 Ar/ kg. Ils fluctuent alors que des paysans ont changé leurs champs de tabac en black eyes. Ils comptent revenir au tabac sans abandonner le grain sec. Ces deux spéculations sont complémentaires.

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Le black eyes est une culture à cycle court (3 mois) et procure rapidement des revenus complémentaires. Par contre, les revenus du tabac sont perçus en période de soudure et les prix sont fixés au début de chaque saison. Ils ne sont pas sujets aux fluctuations.

Les conditions de vie s’améliorent D’après l’observation de Sylvain Jery, enseignant au lycée de Port-Bergé, un paysan compte en moyenne 2 à 3 ha plantés de grains secs, toutes variétés confondues. En moyenne, 1 ha rapporte 2 millions Ar nets. Malgré la cherté de la location de terres, les activités agricoles et surtout la filière grains secs contribuent beaucoup à améliorer les conditions de vie. A Port-Bergé, des ruraux reviennent chez eux avec des mobiliers de maison, des panneaux solaires, des motocross pour remédier à l’enclavement. De janvier à fin mars, un autre observateur note que 10 motos neuves ont circulé dans la ville. Plus tard, il y en a trop. Dans le transport, l’enclavement pose problème pour plusieurs communes du district de Port-Bergé. Le seul bac disponible est naufragé à Bemarivo en 2010. Lors de la période sèche, le conseiller de la transition, Dramsy Nizar voulait débloquer la situation. Mais le ministère de tutelle a promis de le faire sans avoir concrétisé. Le bac est entièrement ensablé. Si toutes les semaines, 10 à 12 camions réussissent à sortir du riz des communes affectées par ce problème, ils ne pourront plus rien faire à la période de pluie. En attendant, ils se fraient un chemin dans les eaux pour relier Tsaratanàna et Marovato, à Port-Bergé. Les frais de transport sont de 5 000 Ar pour un sac de 70 kg. Le bac proposait des tarifs moins chers, soit 100 Ar pour chaque passager, contre 500 Ar pour le chaland.

Canne à sucre

Du sucre biologique avec le « siramamy gasy » Ce produit est au stade de projet. Mais il devrait tenir la route parce que la production de « siramamy gasy » (littéralement du sucre malagasy) abonde dans le district de Mandritsara. Celle de Port-Bergé n’est pas négligeable et se trouve dans les communes de Tsaratanàna, Marovato et Leanja. Ce sous-produit de la canne à sucre sert à traiter la toux quand on le prend avec du gingembre. Sinon, il est consommé tel quel ou utilisé pour sucrer le thé ou le café en brousse. Une fois par an, des camions de la capitale viennent à Mandritsara pour embarquer des tonnes de « siramamy

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gasy ». Ce produit est aussi utilisé par des biscuiteries. Le produit est essentiellement écoulé sur le marché local. L’objectif du projet PROSPERER est d’améliorer la production et de transformer le « siramamy gasy » en sucre biologique. L’engrais, même organique, est rarement utilisé dans la région. Le sol y est de type alluvionnaire et est fertile.

Un plan de développement filière existe PROSPERER a formulé le Plan de développement filière (PDF) pour la canne à sucre. Validé le 28 octobre dernier, ce plan définit les différentes actions à mener. Actuellement, la canne est surtout travaillée pour obtenir du « siramamy gasy » et du rhum artisanal. Pour le « siramamy gasy », on broie la canne préalablement épluchée avec du matériel rudimentaire. Le jus est cueilli dans un récipient. On le cuit jusqu’à l’évaporation de l’eau. Il ne reste plus que la masse appelée « siramamy gasy ». Le produit est souvent proposé sous forme de brique. Les déchets de la transformation non encore fermentés peuvent nourrir les zébus. Ils peuvent aussi servir d’engrais mais les paysans ne sont pas au courant d’une telle utilisation. Sinon, on peut transformer les déchets en papier emballage. Mais l’industrialisation se heurte à l’approvisionnement en électricité un peu partout dans le pays. A Port-Bergé, l’électricité n’est disponible qu’en fin d’après-midi.

L’éthanol est le grand avenir de la filière L’éthanol aussi est le grand avenir de la canne à sucre. Mais aucune nouvelle plantation industrielle de canne n’a vu le jour après les annonces de grands investissements de la fin des années 2000. Celles-ci n’ont guère concerné la Sofia. Mais les micro entreprises pourraient développer la filière éthanol. D’aucuns savent qu’un peu partout à Madagascar, on produit du rhum de fabrication locale ou « toaka gasy ». Le Centre de recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) a dernièrement travaillé sur la production d’alcool de canne à la portée des paysans. Il affirme qu’on peut régler le dosage en alcool, parfumer ou non l’alcool obtenu pour différents usages. Le Centre national de recherche industrielle et technologique (CNRIT) a également mené des





RéGION | SOFIA études sur les espèces de canne les plus rentables pour la production d’éthanol. Comme quoi, les éléments de base pour développer la filière existent. Il reste à connecter les chercheurs et les opérateurs économiques pour optimiser les actions. Le climat des affaires joue aussi un rôle très important.

Apiculture

Récolter le miel de palissandre au cœur de la terre ! Le miel de Port-Bergé est parmi les meilleurs. Mais d’aucuns ne savent pas toujours où et comment on l’extrait. Conseiller d’entreprises senior au projet PROSPERER financé par le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), Jean Doré Andrianadison explique : « Les apiculteurs n’utilisent pas encore des ruches. Ils collectent le miel dans la forêt. Dans la région, les arbres mellifères, une espèce de palissandre, poussent à l’état d’arbuste et leurs branches sont trop minces pour supporter le miel. Les abeilles produisent dans le sol ou au cœur de troncs d’arbre ». Sinon, des apiculteurs construisent des tunnels dans le sol pour y attirer les abeilles. La présence de corps étrangers comme la poussière n’est donc pas à écarter. Il y a aussi des traces de cire. Bref, la filière a besoin d’appuis pour évoluer vers le stade professionnel. Le défi du projet est d’aider les apiculteurs à proposer du miel propre. Il a lancé une série de formations et sensibilise les apiculteurs à utiliser des ruches modernes. Cette année, 75 micro entreprises ont reçu des formations. En 2012, elles seront 175. Dans le district de PortBergé, le projet a recensé 904 apiculteurs.

1 000 litres de miel par campagne Un collecteur compte 20 à 40 « ruches » au cœur de la terre ou dans les troncs d’arbre. Le record appartient à un collecteur de Marovitsika ambony dans la commune d’Andranomeva. Il récolte 1 000 l par campagne à raison de 5 à 10 l par ruche et de 2 000 Ar/l, soit un chiffre d’affaires annuel de 2 000 000 Ar. Dans le pays, le revenu annuel des plus pauvres est loin d’atteindre 1 000 000 Ar. Les apiculteurs sont réceptifs aux formations. Le hic est que la ruche moderne se vend entre 30 000 et 40 000 Ar. Les apiculteurs n’ont pourtant pas la culture du crédit. Et même s’il contracte un prêt, il devra mobiliser d’autres ressources pour le remboursement. En effet, la 1ère production d’une ruche moderne se fait au bout d’une an-

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née. Avec cette ruche toutefois, les apiculteurs pourraient se tourner aussi vers l’exportation. Notre interlocuteur estime que l’Etat devrait proposer, par exemple, des ruches modernes aux apiculteurs. Le mode de paiement devrait se faire en fonction de la production. Sinon, des exportateurs pourraient faire la même chose. L’idée est d’orienter les apiculteurs vers le marché tout en les incitant à faire de la qualité. Le miel de Port-Bergé approvisionne le marché local et des biscuiteries de la capitale.

Le miel suscite une culture environnementale Les trafics de bois précieux défraient la chronique ces dernières années. Mais l’espèce de palissandre mellifère n’est guère affectée. Mais afin de parer à toute coupe irresponsable, la zone est régie par un pacte communautaire ou « dina ». Ce pacte autorise la collecte de miel entre juin et septembre. Toute infraction est punie d’une amende. Le pacte permet aussi de limiter les vols de miel parce qu’il est plus facile de suivre les voleurs s’ils opèrent en dehors de la saison de collecte. Pour ce qui est du professionnalisme, la filière n’en est qu’au tout début, alors que des régions comme l’Amoron’i Mania et le Vatovavy Fitovinany en sont déjà à l’utilisation de ruches modernes et d’extracteurs. Mieux, Manakara, le chef-lieu de région de Vatovavy-Fitovinany compte deux mielleries dont l’une sera fonctionnelle en 2012 pour le marché à l’export. Quoi qu’il en soit, le projet PROSPERER ne baisse pas les bras. Il continue à dispenser les formations de base dont les techniques, le management, la gestion simplifiée, le marketing…

Filière oignon

Jusqu’à 26 t/ha de rendement Des acteurs de développement et des projets dont PROSPERER et la Fédération pour le développement des paysans de la Sofia (FFTS) travaillent ensemble pour le développement de cette filière. La relance est réussie côté rendement avec une moyenne de 16 à 18 t/ha. Certains paysans enregistrent 26 t/ha. Mais les débouchés posent problème même si les partenaires de développement réussissent à en trouver. La production est éparpillée. En début de campagne, le prix varie entre 400 et 500 Ar/kg. Entre janvier et avril, il atteint 1 400 à 1 500 Ar. Les paysans ne comptabilisent pas toujours la main d’œuvre, alors que les collecteurs imposent leurs prix. Pour y remédier, la FFTS

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inculque aux paysans la culture entrepreneuriale avant toute autre formation selon Brigitte Pascaline Rasoanandrasana, une responsable de cette fédération. Celle-ci apporte aussi un appui technique dans plusieurs filières dont l’oignon, l’élevage de poulets de chair. Ses membres paient 10 000 Ar par an dont 6 000 Ar pour les activités de la fédération et 4 000 Ar pour financer les investissements des membres.

Un goût différent selon les zones L’oignon de Bealanana a un goût différent, le climat y est moins chaud. Celui d’Antsohihy et de Pot-Bergé est meilleur grâce à la chaleur et à une pluviométrie abondante. L’oignon de grand calibre ne se conserve pas longtemps, alors que le produit comme le Red Tana se stocke plusieurs mois. Il en est de même pour l’Orient, une variété importée. L’une des meilleures modes de conservation consiste à ne pas couper la tige et à accrocher l’oignon avec. La FFTS remarque que les paysans sont très réceptifs à la formation étant donné qu’ils étaient perdants auparavant. Sinon, les paysans diversifient trop les cultures. Au lieu d’investir dans une culture à grande échelle, ils font un peu de tout contrairement à ce qui se pratique dans la SAVA où des paysans ne font que de la vanille. La région Sofia dispose toutefois de plaines aménageables à Bekapila, Bealanana, etc.

IDE or not IDE dans l’agribusiness Concernant le marché, il y a trop d’intermédiaires entre les acheteurs finaux et les producteurs. Cette situation démotive ces derniers. Du black eyes acheté à 600 Ar/kg au producteur se vend à 1 500 Ar à l’acheteur final. Faut-il donc des Investisseurs directs étrangers (IDE) ou des investisseurs nationaux ayant des relations directes avec les producteurs ? Rakotozafy de la DRDR répond : « C’es souhaitable pour motiver les paysans. C’est déjà le cas dans les filières coton et tabac où des entreprises achètent directement la production des paysans ». A titre de rappel, des projets d’immatriculation de vastes terres à des entreprises étrangères ont créé la polémique en 2008-2009. Depuis, rares sont les IDE ayant réellement investi dans


l’agribusiness. Nombreuses aussi sont les organisations mondiales à dénoncer l’accaparement de terres des pays en développement par des sociétés étrangères. Sinon, la DRDR évoque le potentiel en fruits de la Sofia. Le sol et le climat sont favorables et sur toute l’année, les fruits comme l’ananas, la mangue, la papaye se succèdent. La plupart pourrit sur pied. Un projet de transformation de fruits, de production d’engrais et de traitement de semences a été porté par des investisseurs indiens en 2009. Mai il a disparu de la circulation depuis. Il en est de même pour la certification de mangues biologiques à Anjiamangirana dans le district d’Antsohihy. Vannerie

Des femmes devenues autonomes et fières de l’être En 2008, le projet PROSPERER a dispensé des formations aux artisanes pour le tissage de rabane, laquelle sert à décorer les paniers en fibre végétale appelée « satrana ». Avec 2 kg de raphia à 600 à 700 Ar/kg, on tisse 1 m de rabane à 4 000 Ar. Auparavant, le raphia brut est écoulé directement sur Tana. Les tisserands de raphia n’arrivent pourtant pas à suivre la demande. Sinon, ils veulent atteindre rapidement le niveau du savoir-faire de la capitale et

abandonnent leurs métiers à tisser selon les remarques du conseiller d’entreprises senior à Port-Bergé. Dans les 4 districts où le projet est présent, la formation a touché environ 400 artisans. En partenariat avec le Centre national de l’artisanat de Madagascar (CENAM), le projet a dispensé aux artisans une formation en design. Les vanneuses sont bien contentes d’écouler désormais leurs produits entre 3 000 et 5 000 Ar l’unité pour un coût de revient de 400 Ar. Avant, les prix étaient entre 500 à 600 Ar. A Antsohihy, les produits des artisanes formées par PROSPERER n’arrivent même pas au marché de la ville, ils sont épuisés en chemin. En 2010, le projet a amené des artisanes à prospecter des marchés à Nosy-Be. Elles en ont reçu des commandes. Les paniers de Mahialambo, à 6 km d’Antsohihy commencent à

être particulièrement connus de la ville et même au-delà. Ils sont exposés dans des foires régionales et nationales depuis 2009. Industrialisation

Encore à ses débuts dans la Sofia Outre les cultures industrielles, la région n’est guère industrialisée. Le directeur exécutif adjoint de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Sofia, Rémi précise : « Mandritsara compte une savonnerie pour la cosmétique, la Savogno Diampanjava. Cette unité produit aussi de la poudre de savon. Nous l’avons sélectionnée pour participer au dernier forum des îles de l’océan Indien à Fort-Dauphin pour l’aider à trouver des partenaires et des marchés ». Cette entreprise valorise des plantes locales. Son patron est un ancien opérateur du BTP


RéGION | SOFIA Le témoignage vibrant de Perlette Mahatratra « Depuis que j’ai reçu la formation de PROSPERER, je peux scolariser mes 5 enfants sans problème. Nous mangeons correctement. Ma maison est bien meublée. Je suis autonome et fière de recevoir de la société et des hommes plus de considérations ». C’est ce que déclare, tout sourire, cette mère de famille de Mahialambo. Avec 25 femmes de ce village périphérique d’Antsohihy, elle a reçu des formations de 10 jours. Elle se rappelle qu’au bout de 3-4 jours, elles étaient émerveillées de ce qui sortait de leurs mains. Avant, elle vendait chaque semaine 20 paniers pour 5 000 à 6 000 Ar de chiffre d’affaires. Les formations en entreprenariat et en marketing lui facilite la tâche depuis et elle écoule le même nombre de produits en 2 h et à des prix 10 fois supérieurs. « La formation nous aide également à être créatives et à décorer ainsi nos paniers de mille manières et à chercher des débouchés jusqu’à NosyBe, témoigne toujours cette artisane. Avec mes collègues, nous avons déduit que si des acheteurs de Nosy-Be viennent chez nous, nos produits coûtent plus chers là-bas. Grâce au soutien de PROSPERER, nous sommes allées sur terrain où nos paniers se vendent jusqu’à 10 000 Ar l’unité en haute saison touristique. Le projet nous a également aidées à nous rendre dans des foires à Tana. Sinon, je partage mon savoir-faire en devenant une formatrice. J’ai déjà formé 100 artisanes. Elles sont nombreuses à avoir suivi notre voie. De plus, elles disposent de satrana de bonne qualité ». Après le marché local, ces artisanes visent l’export.

dépailleurs de grande capacité. Cette commune est le grenier à riz de la zone. Le son est parfois brûlé faute de preneur, alors que les porcs essentiellement nourris au son sont exportés régulièrement par camions vers la capitale.

Le marché est limité au local et au régional La valorisation des matières premières en est à ses débuts. La CCI apprécie le soutien d’entités comme PROSPERER qui se concrétise en formation, marketing, gestion et comptabilité simplifiée… Mais dans la plupart des cas, les débouchés des opérateurs se limitent au marché local. Raison pour laquelle la CCI, la région et des projets de développement travaillent ensemble pour les aider à promouvoir leurs produits dans des foires comme Fier-Mada dans la capitale. Lors de la dernière Fier-Mada, des forgerons et des pêcheurs de la Sofia ont écoulé leurs produits en un temps record et obtenu des commandes. D’après le spécialiste des services d’appui aux micro entreprises du projet PROSPERER, Hery Rodin Ravelomanantsoa, les besoins des pêcheurs portent sur les techniques de vente, la culture entrepreneuriale, la gestion simplifiée, la conservation de leurs captures… Sinon, la région a un réservoir d’opérateurs économiques formels qui pourrait donner un grand coup de pouce au développement de la Sofia. La CCI regroupe 2 000 adhérents, soit le double de l’effectif de 2010. Ils sont répartis d’une manière proportionnelle dans les 3 collèges : l’industrie, le commerce et les services. La CCI de la Sofia a été créée en 2009. Elle a pu ratisser des membres dans toute la région grâce à des mobilisations au niveau des districts.

Le BTP se développe

et ses propres recherches l’ont amené vers la savonnerie dédiée à la cosmétique. A part le « siramamy gasy », Mandritsara abrite aussi des unités artisanales d’huile de presse d’arachides. Dans la commune d’Ambatoriha (district de Bealanana), l’on compte par contre une cinquantaine de décortiqueries dont des

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Depuis l’achèvement des travaux de la RN6, le chef-lieu de région de la Sofia, Antsohihy connaît un nouveau visage. Des constructions poussent un peu partout et font vivre le secteur BTP. Auparavant, des opérateurs du secteur ont réussi à décrocher des marchés publics mais la crise raréfie les offres. Pour l’heure, ils se limitent aux constructions individuelles et aux pavillons de vente. La main d’œuvre qualifiée dans le BTP s’avère insuffisante. Voilà pourquoi la CCI organise depuis 2 ans des formations duales de 10 mois. Avant, le secteur était obligé d’importer de la main d’œuvre de la capitale. Les thèmes des formations sont définis selon les demandes des opérateurs. C’est ainsi que la CCI a également dispensé l’année dernière des formations sur le tourisme et l’hôtellerie.

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Port d’Antsohihy

Vers la perte d’un patrimoine Depuis la réhabilitation de la RN6 en 2008, le port est déclassé en port de cabotage secondaire. Construit en 1963, ce port réparti sur deux emplacements relie Antsohihy à Analalava via un canal rejoignant la mer. Auparavant, il recevait des marchandises dont du carburant. Les camions-citernes ont repris depuis le marché. Actuellement, il ne reste plus que 2 vedettes pour le trajet Antsohihy-Analalava, notamment pendant la période de pluie. Sinon, ce trajet se fait en voiture en saison sèche. Les vedettes transportent des passagers, des PPN, de la fibre végétale pour la vannerie. Avant l’interdiction frappant les bois précieux, le port desservait aussi Mahajanga et Nosy-Be pour le transport de planches de bois. Le représentant de l’Agence portuaire, maritime et fluviale (APMF) à Antsohihy, Edmond Rakotoarison se désole de la situation du port : « Cette infrastructure est un patrimoine si l’on se réfère à son année de création. Il faut le réhabiliter mais pour cela, il faut un dossier avec des bonnes perspectives de développement pour convaincre les bailleurs de fonds. Les travaux de réhabilitation doivent être, entre autres, motivés par des tonnages. Pour l’heure, l’on compte les poissons par soubique. L’avenir du port s’annonce difficile et il ne compte qu’un personnel, c’est-à-dire moi ». Il fut un temps où l’on a parlé de l’exploitation du chrome de Befandriana et d’Ambanja, de culture de jatropha et d’abattoir frigorifique à Antsohihy. Ces projets devraient faire revivre le port mais aucun n’a vu le jour. En attendant, le port est inutilisable pour d’importantes embarcations car les pontons sont pourris.

L’évolution des tonnages transportés au port : Année

Tonnage (en t)

2003

18 440

2004

21 482

2005

23 257

2006

23 058

2007

19 258 (APMF Antsohihy)



RéGION | SOFIA Tourisme

La région Sofia regorge de potentiels à valoriser 450 km de côtes et de belles plages, une riche biodiversité terrestre, de nombreux sites touristiques dont des parcs comme celui de Sahamalaza, l’ancien bagne de Nosy Lava convertible en site touristique, les grottes des îlots au large d’Analalava, les forêts de baobabs sacrés, la réserve de Bemanevika… C’est le bref aperçu des potentiels de la Sofia. Le directeur exécutif de l’Office régional du tourisme, Jonah Rabesaina explique que d’autres sites hors parcs existent. L’office devra les identifier et en faire la promotion plus tard. Pour l’hébergement, deux infrastructures hôtelières, Nosy Saba (4 étoiles) et Anjajavy (5 étoiles) sont de renommée internationale. Mais nombreux sont les sites qui ne comptent pas encore d’infrastructures d’hébergement. Le directeur exécutif de l’office régional déclare : « Le tourisme est un pilier du développement. Il faut le mettre parmi les secteurs prioritaires et voir comment optimiser son développement dans chaque région. L’Etat ne devrait pas seulement se limiter à la promotion des destinations déjà connues ».

Un secteur encore en gestation Pour la Sofia, le tourisme est encore en gestation. La promotion ne s’annonce pas facile malgré 80 établissements hôteliers recensés par l’office du tourisme. Ces derniers doivent verser la vignette touristique pour financer la promotion. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Les hôtels se contentent de recevoir des clients nationaux. L’office les sensibilise à ne pas négliger le tourisme international. Un changement de comportement commence à s’observer. Toutefois, les vignettes récoltées n’arrivent pas à financer les activités de l’office dont 80% des charges sont encore assurées par l’Office national du tourisme de Madagascar (ONTM). En partenariat avec la région, l’office régional travaille sur le projet de développement du tourisme. Celui-ci consistera à collecter les données touristiques régionales car sans cela, il est impossible de vendre la destination dont les richesses s’étendent sur 7 vastes districts.

Vers la reprise des vols d’Air Madagascar Si la destination peine à émerger, l’espoir de la prochaine reprise des vols d’Air Mad devrait lui donner un grand coup de pouce. Les vols sur Mandritsara seront rouverts et reliés à

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Toamasina avant fin 2011 d’après le directeur exécutif de l’office régional. Cette ville dispose un potentiel non négligeable avec sa production agricole et son grand marché de zébus bimensuel. Pour Antsohihy, la compagnie reste prudente. La ville ne compte pas de grandes entreprises, réservoir de potentiels clients. La compagnie veut cibler à la fois les touristes et les nationaux. Elle propose des vols Antsohihy-Mahajanga-Nosy Be ou MahajangaAntsohihy-Nosy-Be-Maroantsetra-ToamasinaTana. La reprise peut se faire avec un taux de remplissage de 60% pour un Twin Otter de 13 places. Le directeur exécutif de l’office avance que les vols devraient partir d’Antsohihy, une ville-carrefour en plein essor. Il estime qu’il faut aussi rentabiliser les travaux de réhabilitation de l’aéroport ayant coûté 10 milliards Ar en 2009. Le vol Antsohihy-Tana devrait coûter 400 000 Ar, contre 35 000 Ar pour le taxibrousse. Mais il faut 14 h de route pour faire ce trajet. Richesses écotouristiques de la Sofia

Des guides sont prêts pour le parc Sahamalaza

Lepilemur sahamalazensis, le lémurien aux yeux bleus endémique à Sahamalaza est l’un des joyaux de la biodiversité de ce parc étendu sur 26 035 ha. D’après une spécialiste de l’écotourisme africain, Julie Geels de l’Association européenne pour l’étude et la conservation des lémuriens (AEECL), ce primate est en danger et compte 1 500 à 2 000 individus. Effectuant des recherches sur le terrain depuis les années 80, l’association dénombre 9 espèces de lémuriens dont 2 endémiques locaux. Elle participe à la sensibilisation environnementale dans les écoles, à la promotion de la destination... Marier conservation et développement est nécessaire car tous les ans, les forêts à la lisière même du parc sont brûlées. Ce qui entraîne des pertes en biodiversité et en terres cultivables. Le projet PSDR soutient plus de 2 000 personnes à travers des sous-projets agricoles pour baisser les pressions sur le parc. Des structures locales, communales et intercom-

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munales sont créées pour impliquer la population dans la conservation. Le parc est une destination encore inconnue et devrait attirer les touristes. L’AEECL a formé 35 jeunes guides touristiques de la région. Un projet de campement pour touristes est en cours ainsi que des infrastructures touristiques à base communautaire. Celles-ci vont permettre à la population d’avoir des revenus complémentaires et de financer des infrastructures publiques. En 2012, Madagascar national parks (MNP) va créer des itinéraires et circuits au sein du parc selon Raymond Isaia, directeur du parc national de Sahamalaza. Des guides spécialisés seront aussi formés en collaboration avec plusieurs entités de conservation. En effet, le parc dispose sur le même site des forêts, la mer, des plages, des îles… AEECL fera venir en 2012 une quinzaine d’agences de voyage et de tours opérateurs de Nosy-Be et de Tana. Le parc situé à 104 km d’Antsohihy est accessible par voie maritime et à partir de la RN6 en saison sèche.

Bongolava, réservoir d’eaux et potentiel touristique De nombreuses rivières prennent leurs sources dans le Bongolava, une des nouvelles aires protégées de la Sofia. Gérée conjointement par Conservation international et la direction de l’environnement et des forêts, elle est riche en biodiversité. L’endémicité locale reste à inventorier, d’après Charles Siméon du service environnement et forêts de Port-Bergé. Le projet de décret définitif pour la création du parc est en cours depuis 7 ans. En attendant le recrutement du gestionnaire, des structures locales sont opérationnelles pour une bonne gestion des ressources naturelles. C’est indispensable pour soigner le « cancer » de la région qu’est le feu de brousse ou « môtro ». Le noyau dur du parc s’étend sur 40 000 ha alors que les zones à gérer durablement par les riverains sont de 60 000 ha. Cette gestion durable consiste à orienter les paysans vers des activités agricoles alternatives qui ne nuisent pas à l’environnement tout en assurant la sécurité alimentaire. Une étude se penche également sur les sources énergétiques pour réduire la consommation de bois de chauffe et de



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charbon de bois. Le parc compte 4 sites écotouristiques potentiels accessibles en période sèche via la RN6.

Marotandrano, le seul parc à forêt humide du Nord-Ouest Ce parc encore inconnu des touristes situé à 52 km de Mandritsara est l’unique forêt dense humide de moyenne altitude dans la zone. Il est à cheval entre l’Est et l’Ouest et se situe dans deux régions, Alaotra et Sofia. Cette position transitoire est synonyme d’une biodiversité très riche d’après Boulevin Benaivo, directeur de la réserve. Celle-ci compte 12 espèces de lémuriens, des oiseaux rares... Beaucoup de fleuves y prennent source. La réserve compte des beaux paysages et 10 chutes d’eaux dont celle de Riamalandy haute de 156 m. L’exploitation de cette chute en énergie hydroélectrique devrait suffire à alimenter en électricité la Sofia, l’Alaotra-Mangoro et une partie d’Antananarivo. Sinon, de nombreux chercheurs issus d’organismes internationaux ainsi que des chercheurs privés séjournent et travaillent dans la réserve. Quant aux riverains, ils ont une culture environnementale de telle sorte que la journée mondiale de l’environnement fait

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partie des fêtes traditionnelles locales. Les pressions humaines sur la réserve sont donc très faibles. L’année 2011 est une exception car des trafiquants exploitent le palissandre dans la partie sud, à Andilamena. Ils sont connus et des rapports ont été envoyés jusque dans les hautes instances, mais aucune suite n’y a été donnée. En terme de développement, beaucoup d’efforts restent à faire étant donné que le parc n’a pas suffisamment de fonds. Notons que Marotandrano est aussi l’un des greniers à riz de la Sofia. Développement

Port-Bergé a une structure spécifique duplicable Le Comité de développement (CDD) de PortBergé géré par l’association Tambabe travaille dans trois domaines, le social, l’environnement et le développement économique. Mais comment faire sans bailleurs de fonds ? Xavier Naina, le responsable administratif et financier explique : « Le secrétariat technique de l’association cherche des partenaires financiers et des marchés pour faire fonctionner le CDD et financer les activités. Nous avons obtenu le marché de végétalisation des bords de la RN6 de Port-Bergé à Ambanja. Nous avons aussi

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réalisé des travaux avec le système HIMO (Haute intensité de main d’œuvre), sensibilisé et mobilisé pour la lutte contre le sida et les travaux post-cycloniques ». Le CDD a également construit 15 chalands de 800 000 Ar l’unité pour les communes d’Amparihibe, Port-Bergé II, Leanja, Tsarahasina et Ambanjabe. Ces collectivités ne sont pas accessibles par la route pendant la saison des pluies. Les chalands sont gérés par les bénéficiaires qui ont reçu du CDD une formation pour l’entretien et la gestion.

La culture environnementale fait défaut Le CDD sensibilise et mobilise aussi pour la lutte contre le fléau des feux de brousse tout



RéGION | SOFIA en participant à des reboisements financés par le Programme d’investissement public (PIP) du ministère de l’Environnement et des Forêts. C’est l’unique structure du district à s’engager dans cette opération. Elle travaille aussi avec la région. A titre de rappel, la région Sofia était le champion des feux de brousse en 2009. Le comité se rend compte que la culture environnementale fait défaut. Il y a quelques décennies, les gens accouraient pour éteindre les feux situés à plusieurs kilomètres de chez eux. Il y a quelques semaines, le chef de district a lancé un appel à la radio pour éteindre des feux à moins de 2 km de Port-Bergé ville mais peu de gens ont répondu présents. Outre la lutte contre les feux, le CDD réalise aussi des projets d’adduction d’eau, il

Agribusiness et IDE

Le système de paysannat contre l’accaparement de terres Opérateur économique et industriel de Port-Bergé, Dramsy Nizar livre ses réflexions sur le modèle que l’on devrait adopter pour développer l’agribusiness. Il se prononce contre la vente de terres aux investisseurs étrangers et propose le système de paysannat comme Hasyma et Cotona l’ont bien développé dans le temps. Interview. Expansion Madagascar : L’entreprise indienne Varun voulait s’installer dans la Sofia en 2007-2008. Ce projet a provoqué une vive polémique dans la région et au niveau national. Quel modèle de développement agro-industriel proposez-vous ? Dramsy Nizar : Il ne faut pas vendre nos terres aux étrangers. Mais il faut bien préciser que ces investisseurs devraient procéder comme Cotona et Hasyma : ils devraient adopter le système de paysannat qui consiste à confier la production aux paysans disposant déjà de leurs propres terrains. Les investisseurs doivent soutenir les paysans par le biais d’appuis financiers et techniques ou via un fonds de garantie pour faciliter l’accès des paysans aux microcrédits. Si l’on prend l’exemple de la Sofia, en amont, soit à Mampikony et à Port-Bergé, les vastes terres appartiennent aux anciens colons. En aval, les terres sont exploitées par les paysans. Si l’on doit céder des terrains aux étrangers, ce sera en aval. Et que restera-t-il aux paysans ? En 2009, j’étais contre la vente de terrains à Varun. J’ai organisé une conférence de presse dans la capitale pour tirer la sonnette d’alarme. Il faut souligner que le Malgache perd son identité sans son patrimoine foncier et les terres de ses ancêtres. Expansion Madagascar : Depuis quelques années, la fondation Aga Khan travaille dans la région et semble produire le modèle de soutien aux paysans que vous venez d’expliquer. Dramsy Nizar : Oui, le modèle de développement de la fondation est intégré. La fondation encadre les paysans pour améliorer la riziculture, a mis en place un réseau de microfinance pour le soutien financier et aide les paysans à avoir

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dispose de matériels pour cela. Il a construit 80 puits financés par le PSDR. Il a également réalisé des barrages en terre.

Appui aux communes Le comité aide aussi les maires à monter leurs dossiers de financement pour des projets comme l’entretien routier. Sans cela, nombreuses sont les communes qui n’auraient pas pu bénéficier de soutiens de l’Etat ou d’autres partenaires. Le CDD agit ainsi comme un bureau d’études à but non lucratif. Cette structure issue du projet Opération de développement agricole intégré (ODAI) financé par le gouvernement allemand clôturé en 2000, joue, en fait, plusieurs rôles dans le développement des communes du district de Port-Bergé.

des semences de qualité, de l’engrais… L’objectif est d’augmenter le rendement avec des pratiques améliorées comme le SRI. C’est la seule option parce que les aménagements hydroagricoles pour l’extension des surfaces à cultiver font défaut, faute d’investissements publics dans le secteur. L’Etat devrait aussi prendre ses responsabilités en subventionnant les paysans ou le secteur privé dans le système de paysannat. Je regrette que l’entreprise Ivoire Coton ait perdu l’adjudication de la Hasyma lors de la privatisation. Elle a proposé un programme intégré incluant la microfinance. Expansion Madagascar : La filière coton est en pleine relance dans la Sofia mais la première campagne n’a pas été très bonne. Qu’en pensez-vous ? Dramsy Nizar : L’Etat n’aurait dû privatiser que le volet production de la Hasyma. En tant que facilitateur, il aurait dû consolider les expériences acquises depuis des décennies en matière de recherche et développement, de formation et conseils aux producteurs par la mise en place d’un centre d’appui en renforçant les services par une banque de graines, banque d’échantillonnage de fibres, la promotion du coton malgache… Le secteur privé a besoin de ces services et produits. Pour la campagne 2011, les graines étaient mauvaises car elles étaient longtemps stockées. La récolte était donc mauvaise. Avec la remontée des cours du coton, la relance de la filière a démarré en 2011. Notre entreprise DRAMCO a également repris ses activités dans la filière. Nous disposons d’une grande unité d’égrenage à Port-Bergé. Mais à cause des problèmes de la Jirama, nous allons la transférer à Mahajanga où les tarifs de la Jirama sont élevés par rapport à ceux de Tana. Notre unité est à rouleau : il permet d’avoir de la fibre longue, saine et de bonne qualité. Pour ce qui est du coton, le ministère de l’Agriculture devrait créer un département pour la filière parce que le coton constitue un enjeu mondial. Pendant la 1ère et la seconde guerre mondiale, Madagascar était en rupture de stock de tissus et les gens étaient obligés de porter du « betsilay » (de la rabane). Plus tard, les importations de friperies ont tué l’industrie textile. Il faut affecter les taxes sur les friperies à la plantation de coton. En fait, le gouvernement devrait trouver une parade pour développer la production de coton afin d’intégrer la filière. Actuellement, on assiste à un développement de l’industrie textile mais en face la production du coton périclite. Expansion Madagascar : Vous avez évoqué tout à l’heure les problèmes de fourniture d’électricité. Estce un problème récent ? Dramsy Nizar : Non. A Port-Bergé, les grandes usines comme Cotona avaient leurs propres centrales électriques à l’époque. L’offre de la Jirama ne suivait pas la demande.

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D’après Xavier Naina, c’est un modèle duplicable : « Le CDD connaît les réalités locales car il compte comme membres d’office les élus, les chefs de district, les forces de l’ordre, la justice. Le président en la personne de, Dramsy Nizar, conseiller de la transition, et le vice-président sont élus ainsi que les conseillers. Avec cette organisation, il est plus aisé de faire passer les messages et de mobiliser la population. Si les bailleurs et l’Etat nous confient la réalisation de projets, les résultats sont probants. Nous avons l’expérience nécessaire pour la réalisation et le suivi. Nous avons aussi des relations de proximité avec la population ». Pour consolider les acquis de structures comme le CDD, ce responsable rattaché au secrétariat technique suggère le soutien financier et le renforcement de capacités venant de l’Etat.

Quant à nous, nous avons transféré en 1997 notre usine intégrée (égrenage de coton, station de décorticage de coton et d’arachides, savonnerie, huilerie et raffinerie) à Mahajanga, toujours à la suite des problèmes d’électricité. La situation de la Jirama est un problème pour le développement industriel et la croissance. Pour la Sofia, les matières premières sont condamnées à sortir de la région sans valeur ajoutée. Expansion Madagascar : Qu’en est-il de la filière tabac qui se développe dans la Sofia ? Dramsy Nizar : Il faut être visionnaire. La lutte contre le tabagisme devient mondiale. Il faut déjà envisager des cultures de substitution au tabac. Je pense que le sol adapté au tabac est bon pour le coton. Mais je voudrais souligner encore une fois que le partenariat secteur privé/paysans/ Etat est primordial pour développer ces filières. Il procure du revenu stable aux paysans, sécurise et fait fructifier les investissements tout en assurant à l’Etat des recettes. Expansion Madagascar : Les plaines de la Sofia sont irriguées par des grands fleuves comme Bemarivo, Sofia, Anjobona, Mahajamba. N’est-il pas temps de mieux maîtriser l’eau pour augmenter la production ? Dramsy Nizar : Imaginez Antananarivo sans les digues de protection : les paysans doivent attendre la décrue pour travailler ! Si la région Sofia est aménagée comme les plaines de Tana, les paysans pourront faire 2 à 3 campagnes agricoles par an. Les grands fleuves de la région sont une richesse potentielle. Pour les exploiter, il faut des travaux d’aménagement et on devrait disposer des dizaines de milliers d’hectares de nouvelles rizières. La Sofia deviendra ainsi un grand grenier pour le pays, l’aidera à atteindre l’autosuffisance alimentaire et à développer l’exportation agricole. Expansion Madagascar : Plus haut, nous avons parlé de modèle de développement. Vous avez beaucoup contribué à la mise en place du Comité de développement (CDD) de Port-Bergé. Est-ce une structure utile et duplicable ? Dramsy Nizar : Si on veut développer le pays, chaque district devrait avoir un CDD (lire article par ailleurs). Ce comité travaille pour le renforcement des capacités des communes, la production de jeunes plants pour le reboisement du district, l’encadrement de projets, etc. Il dispose aussi d’un centre d’information pour les paysans. En partenariat avec la commune et la population de Port-Bergé, le CDD a élaboré le Plan communal de développement (PCD) vers la fin des années 90. Il était pionnier en la matière. Ce comité a été hérité du projet allemand ODAI clôturé en 2000. Comme quoi, il est tout à fait possible de pérenniser les impacts des projets de développement.



La vie du SIM

VIE DU SIM Réunion du conseil d’administration

- Rencontre ETOI à Paris : le SIM a pris part à la rencontre des organisations intermédiaires qui s’est tenue à Paris. Une formation sur la gestion du temps et la gestion des conflits a figuré dans le programme. Mission de l’ADIR (Association pour le Développement Industriel de la Réunion) Dans le cadre du partenariat entre l’ADIR et le SIM, une chargée de mission de l’ADIR, Madame Valeccia CHALLE, est venue pour dispenser une formation sur la méthode d’approche des membres du SIM. Elle a été accompagnée par la chargée d’études, Madame Evelyne RAKOTOMANANA du SIM pour effectuer des visites d’usines durant la semaine du 26 septembre 2011. Cinq entreprises ont été visitées : STAR, CODAL, CHOCOLATERIE ROBERT, JB, SIPROMAD. L’objectif de ces visites consiste à faire la découverte des entreprises afin de déterminer leurs besoins et/ou leurs problèmes pour mieux les accompagner dans leur développement.

La réunion du conseil d’administration s’est tenue le 15 septembre 2011 au siège du SIM. L’ordre du jour a été axé sur : - le code d’éthique, - les préparatifs des états généraux - le problème d’énergie Ainsi il a été décidé que le SIM va procéder à l’adoption de son code d’éthique, document qui va servir de balise aux membres sur la conduite des affaires. Concernant les préparatifs des états généraux, l’élaboration du document provisoire des états des lieux est terminée en octobre. Le SIM envoie des équipes dans les régions pour la réalisation des ateliers régionaux. Enfin, le problème d’énergie a suscité une grande discussion. Les administrateurs ont jugé qu’il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour avertir les autorités concernées. Projet CAPDEV-OI - Tenue d’une conférence régionale : le projet CAPDEV a pris fin le 30 septembre 2011. Dans ce contexte, une conférence régionale a été organisée au CARLTON les 27, 28 et 29 septembre 2011 au cours duquel 11 membres du SIM ont participé à la rencontre B to B. En outre, la convention pour la mise en réseau des organisations ayant participées au projet CAPDEV-OI a été paraphé. Fredy RAJAONERA, Vice Président du SIM a représenté le SIM lors de cette cérémonie de clôture.

Afin de soutenir les industries pendant la période post crise, les propositions fiscales du SIM se concentraient sur l’incitation à l’investissement (réduction d’impôt sur les investissements à 50%, exonération de droits et taxes douaniers sur les équipements) et la relance de la demande (Réduction de TVA).

Entrée de trois nouveaux membres Le SIM voit le nombre de ses membres augmenter. Pour preuve, trois nouvelles entreprises ont rejoint le SIM durant les mois de septembre et octobre dont : KRAOMA (entreprise minière), LFL (spécialisée dans la production de provende), SEPCM (entreprise de transformation d’engrais). Le SIM a accueilli à bras ouvert trois nouveaux membres et prévoit de les visiter prochainement. Soirée de convivialité

Proposition pour la loi de finances 2012 Les membres du comité directeur se sont réunis avec le Ministre du finance et du budget le 06 octobre 2011 afin d’évoquer les propositions du SIM pour le projet de loi de finances 2012.

Afin de développer la communication entre les membres du SIM, une rencontre conviviale s’est tenue au Café de la Gare Soarano le 08 septembre 2011. Suite à la demande

Tableau de bord économique

Tableau de Bord Economique

Variation mensuelle des Indices de Prix à la Consommation

des membres, une autre soirée a été organisée au Motel Anosy le 19 octobre 2011. Lors de cette dernière rencontre, l’entreprise LAZAN’I BETSILEO a offert des bouteilles de vin de qualité pour donner une meilleure ambiance à cette soirée. Ces évènements ont permis aux adhérents de tisser des liens étroits en vue d’un échange de savoir-faire et d’expériences. Un nouveau conseiller technique au SIM Depuis le début du mois de septembre 2011, le SIM bénéficie de l’assistance d’un conseiller technique canadien en l’occurrence monsieur Claude PROULX Adm.A, CMC. Etant consultant autonome en Management et développement international, il possède des compétences en matière de développement du secteur privé en particulier celui du secteur industriel. Sa contribution consiste à apporter un soutien technique à la direction exécutive jusqu’au mois de juin 2012 en vue d’aider le SIM à promouvoir ses adhérents. Réunion de préparation des ateliers régionaux Dans le cadre de la préparation des ateliers régionaux, une réunion du SIM avec les partenaires (ONUDI, Ministère de l’Economie et de l’Industrie) et les groupements professionnels (GEFP) s’est tenue au siège du SIM le 19 octobre 2011. Durant cette réunion, la consultante, chargée de l’élaboration de l’état des lieux des industries, a fait une présentation de l’esquisse provisoire du document. D’autre part, il a été décidé que les ateliers régionaux se dérouleront dans 6 régions et le document des états généraux sera présenté le 21 novembre.

en pourcentage Période Inflation ENSEMBLE

Inflation Produits alimentaires

Inflation Produits locaux

Inflation Produits importés

Inflation PPN

Inflation RIZ

Inflation ENERGIE

oct. 09

1,1

1,5

1,2

1

1,2

3,4

0,1

nov. 09

1,2

1,2

1,2

0,7

0,9

1,3

1,8

déc. 09

1

1,2

1

0,5

1,4

1,1

1

janv. 10

1,4

1,5

1,5

1,2

1,5

0,7

1,1 3,8

févr. 10

1,1

1,1

1,2

1,1

1

0,6

mars-10

0,6

-0,1

0,6

0,6

0,5

0

1,9

avr-10

0,3

-0,3

0,1

0,7

-0,6

-1,1

0,1

mai-10

-0,2

-0,6

0,2

-4,6

-0,8

-1,7

-3,5

juin-10

0,6

-0,1

0,1

5,1

-0,3

-1

5

juil. 10

0,5

0,7

0,5

0,6

0,5

0,3

0,3

août-10

0,7

-0,1

0,7

0,3

0,5

-1,4

2,8

sept-10

0,8

1

0,7

1,2

1,3

2,7

0,1

oct. 10

1,1

1,2

1,1

0,7

1,1

2,1

0

nov. 10

1,3

2,1

1,4

0,9

2,1

3,3

0

déc. 10

1,5

3,1

1,8

0,5

4

8,4

-1

janv. 11

2,4

4

2,7

2,4

5,8

9,5

3,6

févr. 11

2,1

3,3

2,2

2,2

3,9

6

2,4

mars-11

-0,1

-0,5

-0,2

0,1

-0,4

-0,7

0,6

avr-11

-0,6

-0,7

-0,7

0

-1,3

-2,7

-0,8

mai-11

-0,5

-0,9

-0,6

-0,5

-2

-3,4

-0,7

juin-11

0,1

0

0,1

-0,1

-0,2

-0,9

-0,1

juil-11

0,4

0,5

0,4

-0,2

0,8

-1,4

0,4

août-11

0,2

-0,1

0,2

0,4

0,1

0

-1,8

sept-11

0,4

0,1

0,4

0,2

0

-0,8

2

Source : DSM INSTAT

Réunion sur le problème d’exportation des végétaux

Suite à la sortie de la note de service n°359/11-MinAgri/SG/DGA/DPV du 09/09/11 et de l’arrêté interministériel n°28 482 du 29/09/11 relatif aux mesures de contrôle de certaines substances et résidus dans les végétaux et produits végétaux, le SIM a organisé à son siège une réunion avec les groupements et les entreprises exportatrices le 17 octobre 2011. L’objectif étant d’élaborer une stratégie commune pour préparer la rencontre avec le Ministre du Commerce et le Ministre de l’agriculture. Procédure Accélérée en Douane (PAD) Depuis sa mise en place en Août 2011, 25 dossiers des membres ont été instruits et transmis à la douane, 12 dossiers ont reçu un avis favorable de l’Administration douanière.




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