Expansion Madagascar N°13

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Le Magazine du Syndicat des industries de Madagascar

N° 13 - Janv. / Fév. 2012

Nos Régions | BONGOLAVA Une industrie encore balbutiante

Les industries

Incontournables dans le développement Je consomme Malgache, nous y gagnons !

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra

!





8

22

Sommaire éditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

32

Capital eco | Les industries : Incontournables dans le développement. . . . . . . . . . . 8 Double crise : L’industrie frappée de plein fouet.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Etats généraux des industries Des ateliers régionaux pour soulever les cas spécifiques : Les industriels soulèvent les problèmes et proposent des solutions. . . . . . . . 14

RégiON | BONGOLAVA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Industrie agroalimentaire | Une huilerie de 12 t/jour

s’installe à Ankadinondry. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Elevages bovin et porcin | L’un stagne et l’autre se développe. . . . . . . . . . . . . . . . 24

Filière lait | Concurrencée par le Vakinankaratra et Manjakandriana.. . . . . . . . 24

Production rizicole | En hausse depuis 3 ans.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Transformation du riz | Concurrence très ardue à Mahasolo. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Entreprenariat rural | Un esprit à développer.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Industrie du bois | La formation paie et alimente l’esprit créatif.. . . . . . . . . . . . . 28

Microfinance | 65% des crédits pour les greniers communautaires.. . . . . . . . . . 28

Industrie extractive | Les collectivités méconnaissent leurs droits.. . . . . . . . . . . 30

Exploitation minière | Les bailleurs de fonds appauvrissent

les pays en développements.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

La vie du sim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

1 bis, Rue Patrice Lumumba Antananarivo - Madagascar Tél. : +(261) 20 22 240 07 E-mail : syndusmad@sim.mg Site web : www.sim.mg Fondateurs Hery Ranaivosoa • Fredy Rajaonera • Laurent Rajaonarivelo • Stéphane Raveloson • Damase Andriamanohisoa • Karim Barday • Francis Rajaobelina • Franck Fohine • Claude Ratefiarisoa Directeur de publication Claude Ratefiarisoa Coordonnatrice Léa Ratsiazo Ont collaboré à ce numéro - Fanjanarivo Symonette - Felana Lalatiana - Evelyne Fanantenana Rakotomanana Régie Publicitaire : - Andoniaina Rova Razafitsialonina - Rindra Ambinintsoa Maquette :

Tableau de bord économique .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

(Hery Lalaina Razafimamonjiraibe)

Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - niag@iris.mg Dépot légal : N°13-Janvier 2012


EDITO

Editorial Mesdames et Messieurs, Chers lecteurs,

Bonne année à toutes et à tous. Si notre dernière livraison du dernier bimestre de l’année 2011 vous a donné un bilan plutôt négatif pour l’année 2011 faute de consensualité et d’inclusivité entre les partenaires de développement, cela ne voudrait pas dire que le SIM baisse les bras. Non, loin de là, nous sommes déterminés à préparer l’avenir, la preuve, la tenue des Etats Généraux de l’Industrie le 21 Novembre 2011. Contrairement au quotidien où l’on a vécu le chacun pour soi, cet évènement a connu un réel partenariat public – privé – organismes techniques et financiers internationaux tant dans sa préparation que son organisation avec un accent particulier sur la participation active des opérateurs privés des régions. Nous sommes confiants que cet élan de partenariat ne se terminera pas. Le document issu du processus menant aux Etats Généraux est explicité dans cette parution. Dans sa lutte contre la concurrence déloyale et pour l’assainissement du marché intérieur, le SIM a déclaré solennellement un engagement d’intégrité durant la journée de l’Industrialisation de l’Afrique et qui reflète les valeurs suivantes : performance, qualité, respect de la personne, intégrité, responsabilité, transparence, loyauté, refus de la corruption et de la concurrence déloyale.

Bonne lecture Le Comité Directeur

6

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13



CAPITAL ECO

Les industries

Incontournables dans le développement Felana Lalatiana

L

’industrie occupe une place importante dans la croissance économique d’un pays. Les pays développés doivent leur situation actuelle à un essor de leurs industries. L’industrie crée de la valeur ajoutée, de l’emploi, paie impôts et taxes. De plus, les industries ont des effets induits sur d’autres secteurs d’activités comme l’agriculture, les services… En un mot, l’industrie crée de la richesse. Le Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), soucieux du développement du secteur industriel - qui est aussi la base de la croissance économique du pays du fait que la croissance économique est fonction des investissements, a, avec ses partenaires financiers et techniques et le Ministère d’Etat de l’Economie et de l’Industrie, organisé les Etats Généraux de l’Industries à Madagascar. En effet, l’industrie est frappée de plein fouet par la crise politique depuis 2009, laquelle, conjuguée à la crise financière internationale, a également touché une partie du tissu industriel, notamment ceux qui fait de l’exportation le marché principal de leurs entreprises.

8

L’instabilité politique ne donne aucune visibilité aux entrepreneurs, des planifications s’avèrent de ce fait nécessaires dans la gestion d’une entreprise. Les Etats Généraux de l’Industrie est donc un point de départ pour la reconstitution et la relance de l’industrie. Le rapport économique et financier 2011 in-

dique huit branches d’activités classées performantes pour l’année 2010. Parmi ces industries, l’on trouve l’industrie extractive par la présence des grands projets miniers, l’agroindustrie qui tient une place importante dans le secteur, ainsi que l’industrie alimentaire. Le tableau qui suit donne une idée de la croissance de ces branches d’industries. BRANCHES PERFORMANTES

(Croissance en %)

2008

2009

2010

AGRO-INDUSTRIE

0.0

57.3

49.7

INDU EXTRA

9.0

14.3

121.3

ENERGIE

6.9

-0.4

0.0

INDU ALIM

0.0

57.3

49.7

INDU CORPS GRAS

-5.5

-19.3

0.5

INDU CUIR

-5.1

-6.2

1.6

INDU BOIS

9.2

-33.7

0.1

INDU BOISSON

3.0

0.1

1 .0

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

Source : vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie


Les branches à performance moyenne sont celles qui n’ont pas pu améliorer leurs productions toute l’année durant. 5 secteurs sont touchés par cette branche non performante, selon le tableau qui suit : BRANCHES MOINS PERFORMANTES Croissance en %

2008

2009

2010

Matériaux de construction

12.0

-4.2

1.3

BTP

27.6

-17.7

-17.5

INDUSTRIES TEXTILES

-4.4

-24.6

-30.0

INDUSTRIES TABACS

-9.1

-5.9

0.0

Zone franches industrielles ZFI

1 .2

-16.2

-15.0

Source : vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie La non-performance de ces industries est généralement liée à la crise politique. En effet, la baisse des investissements publics a conduit le secteur du bâtiment et des travaux publics dans une situation difficile. L’exclusion de Madagascar du cadre de l’AGOA a pénalisé l’industrie textile. Le rapport économique et financier 2011 indique toujours que le taux d’investissements privés a atteint 26,3% en 2010 contre 26,6% en 2009. La persistance des investissements privés en 2010 s’explique par la poursuite des investissements dans le secteur minier, entre autres. Par ailleurs, le commencement des travaux d’exploration du fer de Soalala contribue à la consistance des investissements privés à Madagascar. N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

9




CAPITAL ECO Création de zone franche : ANNEE 2009 SECTEURS

Nombre

ANNEE 2010

Investissements prévus*

Nombre

Investissements prévus*

AGRO INDUSTRIE

2

2679

1

2579

TEXTILE ET CONFECTION

3

7433

4

4290

BOIS

1

146

INFORMATIQUES ET SERVICES

1

508

1

1442

CHIMIE

3

2521

2

1346

CUIRS ET PEAUX

MECANIQUE ELECTRIQUE

Le tableau qui suit montre l’évolution du prix de la crevette Année Prix (dollars par kilo)

TRANSFORMATION MINIERE

1

HORLOG-BIJOUTERIEJOAILLERIE

1

121

INDUSTRIES MANUFACTURIERES

2

8505

13

21913

L’industrie frappée de plein fouet L’industrie locale malgache est victime des effets conjugués de deux crises, à savoir la crise financière internationale et la crise politique qui mine encore le secteur jusqu’à maintenant. Cette crise financière a eu des répercussions dans les pays en voie développement comme Madagascar. Les industries ont subi de front ce choc. Elle a conduit à une réduction des échanges mondiaux et une baisse rapide des cours, conduisant ainsi à la chute brutale des volumes et prix d’exportation. Notons que, pour Madagascar, selon les données du CREAM, les exportations malgaches sont surtout acheminées vers l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis avec respectivement environ 53 et 22% des exportations. La France reste en tête des pays pour la destination des exportations malgaches avec environ 37% de part. Les exportations malgaches intéressent également d’autres pays comme l’Allemagne, Singapour, l’Italie et La Réunion. Cependant,

2010

2011

8,7

7,3

6

7,5

10698

Suite à cette réduction de prix conjuguée à l’augmentation du prix du carburant sur le marché international, certaines industries ont décidé de réduire les bateaux de pêche ; d’autres, comme Unima, ont fermé les fermes d’aquaculture de crevettes comme à Besalampy. L’évolution de l’exportation de crevette hors zone franche a connu une baisse avant la reprise. La quantité exportée a été de 1 694,3 tonnes au premier semestre 2011, 1 196,0 tonnes en 2010, 1 638,2 tonnes en 2009 et 1 835,9 tonnes au cours des six premiers mois 2008.

Source : vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie

Double crise

2009

Source : Banque centrale de Madagascar

DIVERSES 9

2008

1041

ARTISANAT

TOTALES

En ce qui concerne la crevette, l’exportation a connu une réduction de 30% en valeur en 2010, par rapport à l’année 2008. Le prix de la crevette sur le marché international a également connu des baisses suite à la crise financière internationale avant de connaître son niveau actuel.

les transactions commerciales avec ces pays sont moindres, comparées aux échanges avec la France et les Etats-Unis. En fait, elles ne représentent respectivement que 5%, 3%, 3% et 3% de la totalité des exportations malgaches. Mis à part les produits miniers et le bois, trois groupes de produits forment les principales marchandises exportées par Madagascar : il s’agit des produits textiles et habillement, les produits d’origine végétale composés par la vanille et autres produits de rente, ainsi que les produits d’origine animale comme les produits de mer dont la crevette.

La fermeture d’usines ayant le statut d’entreprise franche s’est poursuivie en raison du non-renouvellement des commandes.

Le tableau qui suit montre l’effondrement du prix de la vanille sur le marché international. Les consommateurs se sont plutôt tournés vers la vanille artificielle au détriment de la vanille naturelle ; les opérateurs ont préféré ne pas respecter le prix minima de la vanille décrété par l’Etat afin que les produits puissent être vendus sur le marché international. Or, ce produit figure parmi les produits phares de Madagascar. Année

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Prix FOB (en dollars)

300

32

28

24

20

20

Source : atelier de vanille - Sambava juin 2010

12

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13


Le tableau qui suit montre l’évolution de prix et le volume des principaux produits exportés de Madagascar Rubriques Café vert

Vanille

Girofle

Poivre

Crevettes

Sucre

Cacao en fèves

Tissus de coton

Fibres de sisal

2008

Graphite

Essence de girofle

AUTRES

T3

2010 T4

2009

T1

2011*

T2

T3

T4

2010

T1

T2

Valeur

9.1

0.3

0.2

0.7

0.5

1.6

0.3

1.2

2.8

3.8

8.1

3.1

0.5

7.5

0.2

0.1

1

0.6

1.9

0.3

1.2

3.3

4.6

9.4

3.1

0.5

Prix unitaire

1.2

1.2

1.2

0.7

0.8

0.8

1.1

0.9

0.9

0.3

0.9

1.0

1.1

Valeur

30.6

6

4.3

5.4

12.5

28.2

11.1

10.2

7.8

10.8

39.8

4.7

10.6

Volume

2.1

0.5

0.3

0.5

0.7

2

0.6

0.6

0.4

0.8

2.4

0.3

0.9

Prix unitaire

14.3

12.1

13.5

11.4

16.8

13.9

17.6

17.7

18

13.9

16.5

14.0

11.9

Valeur

18.8

13.9

11.4

4.4

2.2

31.8

4.7

4.2

0.9

3.8

20.6

17.5

16.7

Volume

8.3

7.2

5.3

2.1

1.1

15.7

2

1.8

0.4

4.2

8.3

5.9

4.3

Prix unitaire

2.5

1.9

2.1

2.1

2

2

2.4

2.4

2.3

2.5

2.5

2.9

3.9

Valeur

2.2

0.3

0.6

0.9

0.7

2.5

0.6

0.7

0.9

1.3

3.6

0.3

0.5

Volume

1.2

0.2

0.4

0.6

0.4

1.6

0.3

0.4

0.5

0.7

2

0.1

0.2

Prix unitaire

1.8

1.4

1.4

1.6

1.7

1.5

1.8

1.7

1.7

1.9

1.8

1.9

2.4

Valeur

17.8

0.5

7.5

6.9

2

16.9

0.2

4.6

4.9

2.8

12.5

1.2

6.9

Volume

3.3

0.1

1.5

1.4

0.5

3.5

0.1

1.1

1.1

0.6

2.9

0.3

1.4

Prix unitaire

5.4

3.8

5

5

4.2

4.9

3.6

4

4.4

5

4.4

4.6

4.8

Valeur

4.4

1.1

0.4

4.1

6.5

12

0

0

0.9

7.7

8.6

0.0

0.0

Volume

1O.4

2.7

0.9

11.2

18.2

32.9

0

0

2.2

20.5

22.7

0.0

0.0

Prix unitaire

0.4

0.4

0.4

0.4

0.4

0.4

10.2

0.7

0.4

0.4

0.4

0.6

0.6

Valeur

10.3

2.1

2.7

1.8

3

9.6

1.8

1.1

2.2

3.3

8.4

2.7

1.5

Volume

6.4

2.1

3

1.8

2.8

9.6

2

1.5

1.3

2.5

7.3

2.0

0.9

Prix unitaire

1.6

1

0.9

1

1.1

1

0.9

0.7

1.7

1.3

1.2

1.3

1.7

Valeur

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0.0

0.0

0.0

Volume

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0.0

0.0

0.0

Prix unitaire

0.7

1.5

5.3

24.1

3.9

2.8

4.2

6

2.7

1.1

2.8

3.4

8.7

Valeur

1.3

0

0

0

0.5

0.5

0.6

0.9

3.3

2.6

0.3

0.7

Volume

Minerai de chrome

T2

Volume

Prix unitaire Produits pétroliers

2009 T1

0.5

4

0

0

0.1

1.4

1.5

1.4

1.8

2.2

1.9

7.4

0.9

1.6

0.3

0.3

0.4

0.4

O.3

0.3

0.3

0.3

0.4

0.4

0.4

0.3

0.4

31.1

Valeur

56.2

9.1

7.2

7.7

7.1

9.1

11.3

2.2

3.3

8.4

2.7

1.5

Volume

68.8

14.5

15.4

13.4

11.9

55.2

15

17.6

14.7

15.4

62.7

15.9

18.9

Prix unitaire

0.8

0.6

0.5

0.6

0.6

0.6

0.6

0.6

0.7

0.7

0.7

0.7

1.0

Valeur

21.1

0

4.8

3.4

2.8

11

2.5

1.8

5.3

6.6

16.2

3.9

1.9

Volume

112.6

0

57.1

40.1

34.7

131.8

26.5

12

44

52

134.5

27.0

13

Prix unitaire

0.2

0

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

0.1

O.1 0.6

Valeur

2.2

0.4

0.4

0.5

0.5

1.8

0.5

0.4

0.4

0.4

1.7

8.6

Volume

4.9

0.8

0.8

0.9

1

3.4

1

1

0.9

0.9

3.8

1.0

0.9

Prix unitaire

0.4

0.5

0.5

0.5

0.5

0.5

0.5

0.5

0.5

0.4

0.5

0.6

0.6

0.6

1.8

1.8

2.3

6.5

1.9

2.6

3.4

5.7

13.5

6.1

5.9

0.5

0.5

0.6

2.1

0.3

0.5

5

6.6

9.1

6.5

11.9

11.6

Valeur

4.8

Volume

1.3

0.1

0.5

0.4

0.5

1.6

0.4

Prix unitaire

3.8

4.2

3.8

4

4.4

4.1

4 .6

Valeur

110.6

29.1

21.9

24.1

39.6

114.7

28.2

31.7

32.3

40.3

132.5

31.4

69.9

Volume

265.3

28.1

69

69.9

101.8

268.8

30.9

154.7

128.4

143.2

507.2

94.6

136.2

Prix unitaire

0.4

1

0.3

0.3

0.4

0.4

0.3

0.2

0.3

0.3

0.3

0.3

0.5

Autres régimes douaniers Valeur

74.7

9.5

6

29.6

11.1

56.1

14.3

11.9

16.8

28.9

71.8

9.7

5.9

Volume

8.8

2.1

1.2

2.9

2.4

8.7

5.4

4

4.5

5

19

2.8

1.6

Prix unitaire Zones franches

TOTAL

8.5

4.4

4.9

10.1

4.6

6.5

2.6

2.9

3.7

5.8

3.8

3.4

3.8

Valeur

464.8

74.4

89

112

82.6

367.9

62.2

93.9

87.8

77.1

321.1

71.3

103.1

Volume

54.6

10.4

10.4

11.1

10.6

42.5

7.7

11.9

3.6

9.3

37.5

9.3

11.6

Prix unitaire

8.5

7.1

8.5

10.1

7.8

8.4

8.1

7.9

10.2

8.3

3.6

7.3

8.9

828.9

147.1

158

201.2

173.9

682.2

137.8

176.1

177.3

210.9

702.1

163.9

243.1

Source : Banque centrale de Madagascar

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL ECO Stagnation dans le brouillard Dans le contexte de la crise politique qui a conduit à une grave crise économique touchant l’industrie, l’insécurité a connu une nette recrudescence depuis la crise, même si le niveau de celle-ci a connu un changement. Au début des manifestations qui ont conduit au changement de régime, l’on a constaté des violences et des pillages notamment de janvier à mars 2009. Les industries qui ont subi ces violences et actes de vandalisme n’ont pas été jusqu’à maintenant prises en considération par l’Etat. La sécurité a néanmoins connu une amélioration avec l’atténuation de la crise ; cependant, même si les partis politiques ont signé la Feuille de route de sortie de crise, la friction au sein de ces partis ne donne aucune visibilité pour les industries. La non-reconnaissance de Madagascar au niveau international a conduit à la suspension de l’« African Growth Opportunity Act » (AGOA). Ce programme offre aux pays africains subsahariens bénéficiaires la possibilité d’exporter leurs produits vers les Etats-Unis, avec une exonération de droits de douanes, conformes aux dispositions spécifiées dans le système de préférence généralisé. Notons que Madagascar figurait en tête de liste des pays exportateurs de produits textiles vers les Etats-Unis dans le cadre de ce régime. Les Etats-Unis sont du reste destinataires des 20% des exportations malgaches. En moyenne, les exportations vers ce pays, en termes de valeur, tournaient autour de 200 millions de dollars US par an. Mais suite à l’exclusion de l’Agoa, les industries textiles et les entreprises en Zones franches industrielles (ZFI) ont enregistré des taux de croissance négatifs de 17,5, 30 et 15%, respectivement par rapport à 2009, 2010 et 2011. Sur le plan national, les industries ne sont pas encore sorties de l’auberge et subissent l’impact de la crise. D’ailleurs, le rapport de la Banque centrale de Madagascar pour le premier semestre de l’année 2011 parle encore de morosité économique. En effet, selon ce rapport de la Banque centrale, au premier semestre 2011, les indicateurs montrent encore une morosité économique et, malgré la relance dans certains secteurs, cela n’a pas pu relancer l’activité économique. L’on assiste à une stagnation voire même une ré-

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cession dans certains points. Au cours des six premiers mois de 2011, les branches dont l’activité est tournée vers l’extérieur n’ont pas progressé car la demande extérieure est quasiment au même niveau qu’en 2010. En termes de volume, les exportations ont tout juste progressé de 1% au premier semestre 2011, contre un bond de 52,3% en 2010 pour la même période. Les industries se heurtent à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs. La demande intérieure globale continuera à être limitée suite à l’appauvrissement de nombreux ménages. Le chômage engendré par la crise ne fait qu’empirer la situation. Près de 228 000 pertes d’emplois ont été enregistrées en 2009, principalement dans les zones urbaines. Le taux de croissance reflète également cette baisse du pouvoir d’achat. Ce taux est révisé à la baisse et n’atteint que 0,7% pour 2011 s’il était de 0,6% en 2010 et -3,7% en 2009. L’inflation à deux chiffres ne fait qu’aggraver la situation. Pour l’année 2011, le taux d’inflation est de 10,1%. Ces deux facteurs ont eu des impacts sur la demande intérieure, entraînant ainsi des difficultés pour bon nombre d’entreprises. Le rapport de la Banque centrale de Madagascar indique toujours que, pour les secteurs industriels et services, la conjoncture traverse toujours une période difficile. L’absence de dynamisme des activités dans ces deux secteurs est illustrée par la chute de la consommation d’électricité, de -22,7% d’une part et, d’autre part, par la baisse des crédits bancaires à court terme aux entreprises privées, de -6,4% pour le premier semestre 2011. Sur un autre plan, la baisse des importations d’équipements s’est accrue, passant de -12,3% au premier semestre 2010 à -35,5% en 2011. Ce fait révèle la méfiance des opérateurs face au manque de visibilité sur les perspectives économiques. Les données du dernier trimestre 2010 du Syndicat des Industries de Madagascar dévoilent que 32% des membres de celui-ci ont procédé à un chômage technique, 21% ont fermé leurs usines et 40% ont procédé à une compression de leur personnel. Le taux d’utilisation de la capacité de production des unités installées stagne autour de

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

50-60%, capacité qui est qualifiée d’insuffisante pour rentabiliser les investissements et atteindre une productivité optimale.

Etats généraux des industries Des ateliers régionaux pour soulever les cas spécifiques : Les industriels soulèvent les problèmes et proposent des solutions A partir d’un document d’études élaboré par Mme Gilberte ANDRIANADY sur l’état des lieux et perspectives de développement du secteur industriel en octobre 2011, des ateliers régionaux ont été organisés dans les Régions : Boeny, Vakinankaratra, AtsimoAndrefana, Diana, Antsinanana et HauteMatsiatra. Lors de ces ateliers, les industriels ont soulevé les obstacles au développement de l’industrie et proposé en même temps des solutions dont l’administration devra tenir compte. En général, l’énergie, le financement, l’infrastructure et l’envahissement de l’informel constituent des freins au développement industriel et évoqués à chaque atelier. Des cas spécifiques sont évoqués à chaque atelier.

L’électricité : éternel obstacle au développement industriel La cherté du prix de l’électricité, ainsi que le délestage sont depuis longtemps évoqués par les industriels comme étant un frein au développement des industries en augmentant le coût des facteurs de production. Le Syndicat des Industries de Madagascar, dans son « Manifeste SIM - vision 2010 », a déjà évoqué son souhait de zéro délestage, avoir un prix moyen du kw/h de 240 Ar. Mais ces propositions sont restées sans réponse. Le délestage persiste toujours et l’on attend même au sein de l’Etat une possibilité de révision à la hausse des tarifs de la Jirama. Au cours des différents ateliers régionaux, les opérateurs n’ont cessé de demander l’exploitation des ressources renouvelables de Madagascar. Notons que, dans ce domaine, Madagascar a des atouts à exploiter. Pour le gisement solaire, presque toutes les régions du pays bénéficient de plus de 2 800 heures d’ensoleillement par an ; le potentiel hydroé-

Je consomme Malgache, nous y gagnons !


lectrique du pays est estimé à 7800 MW alors il n’y a que 119 MW qui sont exploités. Pour l’éolienne, le pays dispose de potentialités qui varient d’une localité à l’autre ; mais dans le Sud de Madagascar, ainsi que dans le Nord, l’on peut avoir une vitesse du vent de 8 à 9m/s, avec une hauteur de 50 m ou plus. Mais malgré la présence de ces ressources, le prix de l’électricité reste encore élevé à Madagascar. Une étude de la fondation « Friedrich Ebert Stiftung » (FES) montre que le coût de l’électricité reste encore cher à Madagascar, le watt/heure étant tarifé à 0,09 dollars contre 0,05 à Maurice et au Sri Lanka. A part cela, le délestage persiste toujours, forçant ainsi les industries à rechercher d’autres alternatives comme l’utilisation de groupes électrogènes qui, bien évidemment, augmente le coût de production. Le président du SIM, Stéphane Raveloson, a déclaré que « le délestage pénalise quotidiennement d’au moins deux heures de travail. Des fermetures d’usines sont à craindre actuellement » ; avant d’ajouter que « 40% du coût d’exploitation de nos unités industrielles sont accaparés par le coût de l’énergie ». Des mesures d’urgence doivent de ce fait être prises pour faire cesser le délestage. Lors des ateliers sur les états généraux des industries dans toutes les Régions, le problème de l’électricité – et notamment du délestage - est encore et toujours remis sur le tapis. A Toliara, les opérateurs déplorent l’insuffisance et la cherté de l’énergie et proposent que l’Etat prenne des décisions sur l’utilisation des énergies renouvelables telles que les énergies éolienne et solaire. Des études ont déjà été effectuées sur la potentialité de ces

énergies, ainsi que la faisabilité de leur utilisation, dans cette région. Toliara dispose également de potentiels hydroélectriques. Les opérateurs souhaitent que le gouvernement relance le projet du central solaire d’Ihosy et les projets de barrages hydroélectriques. De source auprès de la Jirama, la construction de la centrale hydroélectrique de Sahambano à Ihosy figure parmi les projets de cette société de distribution d’eau et d’électricité de Madagascar. Les industriels du Vakinankaratra déplorent l’inexistence d’une politique de l’électricité à Madagascar et proposent que l’Etat fasse l’élaboration de cette politique en y incorporant la libéralisation des montages de centrales hydroélectriques par le secteur privé, ainsi que leur distribution. Ceci, dans le cadre d’une concurrence saine, sans toucher au statut de la Jirama. Ils ont rappelé l’existence de Tsinjoarivo-Ambatolampy qui offre une opportunité exploitable par tant d’autres centrales hydroélectriques, avec une capacité de 21 MW. Lors de l’atelier qui s’est tenu à Fianarantsoa, les opérateurs ont dénoncé l’insuffisance de l’électricité qui, d’après eux, bloque l’introduction des grandes usines. Ils proposent à l’Etat de relancer le projet Namorona-II, conçu dans les années 80, lequel a une capacité de produire de l’électricité de 12 à 16 MW. Du côté de la Jirama, l’on annonce que le projet de mise en place de la centrale hydroélectrique, dans le cadre du projet Namorona-I est en cours. Le site produira 8 MW d’électricité ; cependant, il ne sera pas effectif avant 2014 ou 2015. Les travaux dans ce sens devraient débuter vers 2013.

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

Les opérateurs de la Région Boeny souhaitent qu’il y ait une égalité du prix de l’électricité sur tout le territoire de Madagascar. En effet, le tarif du réseau interconnecté d’Antananarivo s’avère moins cher par rapport aux autres tarifs. Ce réseau interconnecté a des centrales hydroélectriques comme Andekaleka, Tsiazompaniry ou autres, qui réduisent le coût de la production. Contrairement à cela, les localités qui s’approvisionnent uniquement par le biais de centrales thermiques ont des coûts de facteurs de production plus élevés, donc également des prix élevés. Du fait que l’électricité joue un grand rôle dans le développement d’une industrie, les opérateurs demandent à ce que l’Etat fasse d’abord une concertation avec eux avant toutes les décisions concernant l’énergie. Les bonnes mesures prises par l’Etat, comme l’exonération de taxe sur les équipements pour les énergies renouvelables, doivent également être appliquées.

Insuffisance des financements Les financements créent de la richesse ; c’est à partir des financements que les entreprises peuvent faire des investissements, démarrer de nouvelles activités ou procéder à l’extension de leurs activités. Si, généralement, les grandes industries n’ont pas de problème sur ce volet, il n’en est pas de même pour les petites et moyennes entreprises (PME), malgré le développement du système de crédit à Madagascar. Ainsi, lors des différents ateliers régionaux, les opérateurs ont demandé la mise en place de lignes de crédit adaptées. D’après les opérateurs de la Région Boeny, le système financier des banques primaires n’est pas

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL ECO adapté aux petites et moyennes entreprises, ce qui entraîne un problème de trésorerie, retardant ainsi les paiements d’échéance. Les PME ont généralement recours aux institutions de micro-finance, alors que le montant des crédits alloués par ces institutions est souvent assez bas et ne satisfait pas les petites et moyennes entreprises. Les industriels du Vakinankaratra proposent ainsi la création d’une banque d’investissement à risques. Généralement, les crédits octroyés par les banques demandent également des garanties, jugées par les contractants d’emprunts trop élevées, bloquant ainsi le financement. Le taux d’intérêt semble également encore élevé. Notons que les industries ont besoin de crédits, à moyen et long termes. Avec et après la crise, des appuis sont nécessaires pour les industries dans le cadre de la relance. Le crédit alloué à l’économie ne reflète pourtant pas cette situation. Les opérateurs de la Région Boeny demandent l’instauration d’un fonds de garantie pour le financement, lequel est également nécessaire pour faire face à une éventuelle dévaluation post-crise. Selon le rapport de la Banque centrale de Madagascar, en dépit du maintien du taux directeur à son niveau précédent, les taux moyens débiteurs bancaires ont connu des soubresauts plus ou moins importants, selon la nature et la durée des crédits octroyés par les banques primaires. Le taux de base des banques est cependant resté dans la fourchette de 13,80 à 15,00%. Contrairement à cela, la rémunération des placements des épargnants a été, par ailleurs, presque inchangée sur les six premiers mois de 2011, pour ceux libellés en ariary. De même, les taux moyens des dépôts en devises ont fluctué dans une fourchette de moindre ampleur. Notons que les taux moyens pondérés des financements de stocks de marchandises, ceux des découverts et du préfinancement de collecte, ont été tirés à la hausse, de plus de 2 points de pourcentage par rapport à ceux de décembre 2010. D’ailleurs, le rapport de la Banque centrale de Madagascar indique toujours un recul du crédit bancaire au cours du premier semestre de l’année 2011. Ainsi, ce glissement annuel a diminué pour descendre à 4,9% à fin-juin, alors qu’il atteignait 10,8% en décembre 2010. Cette variation annuelle

16

Variation de la période des créances bancaires sur l’économie (en milliards d’ariary)

se situe ainsi à un niveau largement inférieur à celui de juin 2010 où elle s’est élevée à 9,7%, révèle ce rapport. Le tableau ci-contre montre l’évolution du taux de crédit des banques.

Fiscalité : mesure incitative ou blocage pour le développement industriel La fiscalité joue un grand rôle dans le développement de l’industrie. Les industries de Madagascar, à travers les groupements, ont maintes fois demandé à l’Etat à ce qu’avant tout projet d’élaboration d’une Loi de finances, il y ait une concertation avec eux, notamment sur la fiscalité. Ils ont émis leurs souhaits à ce que l’Etat prenne en compte leurs propositions. Notons que les industries contribuent énormément au renflouement des caisses de l’Etat, en plus de la création d’emplois. Selon les données du Syndicat des Industries de Madagascar, 703 millions de dollars de chiffre d’affaires ont été enregistrés en 2010, outre le payement de 200 millions de dollars de taxes et impôts, ainsi que le versement de 101 millions de dollars pour la masse salariale et un investissement de 1,360 milliard de dollars. Les industriels incitent ainsi l’Etat à prendre des mesures incitatives pour la relance des industries. « La TVA reste, par exemple, à un seul taux de 20%, jugé trop élevé par les professionnels », a déclaré le président du SIM. Notons que, dans nombreux pays dans le monde, la TVA peut être appliquée avec un taux différent pour relancer la consommation et l’économie. Les industriels de la Région Boeny proposent ainsi d’axer le développement de Madagascar sur l’agroalimentaire du fait que l’agriculture occupe plus de 70% de la population et que Madagascar dispose d’atouts non négligeables dans ce domaine : comme l’existence de terrain à exploiter, entre autres. Ainsi, au lieu des activités exonérées de TVA, ils proposent à l’Etat d’exer-

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

Source : Banque centrale de Madagascar cer des activités à taux zéro et supprimer le système de prorata TVA. Pour les opérateurs de la Région Atsimo-Andrefana, l’intégration régionale de Madagascar doit se faire avec des mesures d’accompagnement, notamment au niveau fiscal. En effet, du fait que les produits importés dans le cadre des accords régionaux sont exonérés de taxe, ils sont moins chers que les produits locaux, ce qui pénalise nos industriels. Les opérateurs demandent à l’Etat d’exonérer les taxes (droits de douanes, taxes d’importation et droits d’accises) sur les intrants nécessaires aux produits locaux. Pour les opérateurs de la Région Boeny, une uniformisation des taxes et redevances est nécessaire pour une libre et saine concurrence. Ils ont évoqué le cas de la redevance à l’exportation de la noix de cajou qui est fixée à 5000 Ar par kilo à Mahajanga, alors qu’elle est de 150 Ar à Antsiranana. Il n’est donc pas étonnant de voir certaines entreprises de Mahajanga, arrêter cette activité alors que cette localité dispose de cette matière en abondance. Ils ont également évoqué le cas du raphia qui, d’après les opérateurs, est frappé par des taxes et redevances plus élevées qu’à Toamasina. De plus, la redevance ne cesse d’augmenter, passant de 40 Ar par kilo à 150 Ar, puis 160 Ar, alors que le prix sur le marché mondial n’a pas changé depuis 10 ans. Par ailleurs, la délivrance de permis d’autorisation de campagne est souvent en retard suite à la lourdeur de la procédure au niveau du ministère de l’Environnement et des Forêts, ce qui donne lieu à des retards de la part des opérateurs à honorer leurs commandes. Ces derniers exigent en outre à ce


Evolution du taux de crédit des banques. AVOIRS DISPONIBILITES Encaisses en Ariary Compte courant auprès de la BCM AVOIRS EXTERIEURS

2010

2011

2011

2011

2011

DECEMBRE

JANVIER

FEVRIER

MARS

AVRIL

2011

2011

MAI

JUIN

718819.9

703976.0

694962.9

704237.5

678916.5

683244.9

776590.6

91522.6

76681.0

69040.4

78368.0

68735.8

87882.1

83012.8

627297.3

627295.0

625922.4

625869.4

610180.7

595362.8

693577.7

857782.8

821700.4

792646.0

797126.1

817990.7

794097.1

766530.5

Avoirs disponibles

199170.8

204574.7

196090.2

188456.2

194072.5

172467.8

195105.9

Autres avoirs extérieurs

658612.1

617125.7

596556.1

608669.9

623918.2

621629.3

371424.5

Sect bancaire et assimilé

583600.5

532529.3

515212.3

536196.4

547437.9

545021.3

494577.7

75011.5

84596.4

81340.8

72473.2

76480.2

76608.0

76846.8

480134.3

517976.9

537898.6

548725.3

563938.9

539760.5

511218.5

477865.5

515731.8

537156.8

547806.3

562928.3

539104.5

510524.4

Secteur non bancaire CREANCES SUR L’ETAT Trésor OPCA

142.1

108.4

111.8

173.8

167.1

115.4

198.3

Postes

2126.7

2136.7

630.0

745.1

843.5

540.6

495.9

CREANCES SUR L’ECONOMIE

2133735.1

2100985.6

2085905.4

2109310.9

2119277.7

2114468.7

2120653.1

Crédits

2112664.4

2082254.1

2067173.2

2089969.9

2098993.1

2094936.6

2100506.8

1177157.6

1123721.3

1119883.5

1150697.4

1141644.6

11346000.7

1125741.8

- particuliers

80919.9

80228.3

81076.0

85077.7

86383.4

94281.7

98707.0

- Entreprises privées

16174.5

14667.2

14363.7

14292.8

15854.7

16291.3

16616.3

935506.9

958512.8

947289.7

939272.5

957348.5

960335.9

974765.1

-particuliers

304719.8

304812.1

305243.8

304796.6

307459.4

312642.6

317146.5

-entreprises privées

610503.7

634114.0

623341.8

616509.7

632585.9

631270.1

642017.2

20283.4

19586.7

18704.2

17993.2

17303.2

16423.2

15601.3

21070.6

18751.5

18732.2

19341.1

20284.6

19532.1

20146.3

4190472.1

4144639.0

4111412.9

4159399.8

4180123.9

4131571.3

4174992.7

- 111500.0

- 186800.0

-204300.0

-244900.3

-255400.0

-269700.0

-227700.0

0.0

0.0

0.0P

0.0

0.0

7000.0

0.0

-89500.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Crédits à court terme

Crédits à moyen et long teme

-entreprises publiques Autres concours TOTAL DES AVOIRS ENGAGEMENTS ENGAGEMENTS AUPRES DE LA BCM pension Appel d’offre

0.0

0.0

0.0

0.0

.0.0

0.0

0.0

-22000.0

-186800.0

-204300.0

-244900.3

-255400.0

-276700.0

-227700.0

ENGAGEMENTS EXTERIEURS A CT

122446.6

127344.7

113816.3

136816.4

122784.1

115504.1

156780.0

Secteur bancaire et assimilé

14140.0

13600.3

8147.3

17580.2

11210.6

8459.2

11242.1

108306.6

113744.4

105669.0

119153.2

111573.5

107044.9

145537.9

ENGAGEMENTS EXTERIEURS A MLT

8794.3

8461.7

8145.3

8184.9

12972.4

12697.4

13978.8

Secteur bancaire et assimilé

8794.3

8461.7

8145.3

8184.9

12972.4

12697.4

13978.8

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

515625.2

531710.6

532195.5

533284.2

556370.8

541340.3

525579.9

Reprêts Ventes titres du Trésor

Secteur non bancaire

Secteur non bancaire AVOIRS DE L’ETAT Trésor OPCA Postes

1061.0

1065.0

1005.0

1035.0

1041.0

1022.0

1022.0

514529.0

530634.6

531268.2

532160.5

555180.6

540036.2

524236.9

35.2

11.0

11.0

0.0

149.2

282.1

321.0

DEPOTS DE LA CLIENTELE

3104814.6

3089096.2

3073868.3

3118055.1

3149442.5

3154074.9

3141741.7

Dépôts à vue

1444171.0

1456869.6

1414640.1

1459883.1

1497236.7

1504785.7

1511815.7

Dépôts à terme, d’Epargne et en devises

1660643.6

1632226.6

1659228.2

1658172.0

1652205.8

1629289.3

1629936.0

Dépôts à terme

415887.2

397437.9

435320.5

438381.7

410851.4

397857.9

390965.0

Dépôts d’épargne

579373.3

586379.7

595230.0

606429.7

608310.5

619078.0

637830.8

Dépôts en devises des résidents

665383.3

648409.0

628677.7

613360.6

633043.9

612353.5

601140.2

31089.1

29288.2

29557.0

37070.8

30450.4

33745.1

30658.5 533943.8

OBLIGATIONS AUTRES POSTES NETS

519202.4

545537.6

558041.9

571060.4

563503.6

563909.6

Comptes de capital

540692.8

543133.0

547082.8

551083.6

556936.5

564580.1

570101.3

Fonds propres

389775.5

389707.1

388586.8

393042.7

397984.2

400913.7

404807.1

Provisions pour CDLC

150917.3

153425.8

158496.0

158040.9

158952.3

163666.4

165294.2

Immobilisation (-)

163876.3

166341.4

166011.5

165403.5

165638.3

162053.1

162711.8

Divers nets

142386.0

168746.2

176970.5

185380.3

172205.7

161382.5

126554.4

Passifs

326045.1

346419/6

357014.1

361093.1

386854.4

379703.0

351693.6

Actifs

183659.2

177673.5

180043.6

175712.8

214648.7

218320.4

225139.2

4190472.1

4144639.0

4111412.8

4159399.8

4180123.9

4131571.4

4174992.7

TOTAL DES ENGAGEMENTS




CAPITAL ECO Evolution des taux moyens pondérés par nature et par terme des emplois bancaires octroyés en Ariary (en pourcentage) Rubriques

2010 Juin

Sept

2011 Déc

Mars

Juin

Taux de base Minimum

13.80

13.80

13.80

13.80

13.80

Maximum

15.00

15.00

15.00

15.00

15.00

F1 Créances commerciales

13.85

14.46

14.59

14.37

14.36

F2 Créances sur l’étranger

11.83

11.68

11.13

11.13

11.13

F3 Créances administratives

17.84

20.17

19.65

20.96

17.80

F4 Financements stocks de marchandises

17.97

18.36

18.99

19.68

21.67

F5 Financements des stocks de produits

14.03

13.64

14.28

13.64

13.64

Crédits à court terme

F6 Découverts et avances

13.65

13.78

13.46

13.84

15.07

F7 Financements des ventes à crédit

10.79

10.14

11.21

12.75

13.18

F8 Crédit de faisance-valoir

15.25

15.27

19.88

20.56

18.23

F9 Préfinancement de la collecte

14.81

14.80

14.38

12.28

15.41

aux particuliers

15.53

15.54

15.83

15.37

17.97

aux entreprises

11.63

11.31

10.99

12.28

11.46

aux particuliers

18.74

18.61

18.43

18.44

18.07

aux promoteurs immobiliers

14.80

14.80

14.80

14.80

14.80

10.48

10.47

15.33

13.40

11.75

14.91

16.45

16.56

16.56

6.69

Crédits à moyen terme Crédit à l’équipement :

Crédits à l’habitat :

Crédits à long terme Crédit à l’équipement : Entreprises Crédits à l’habitat : Particuliers

Source : Banque centrale de Madagascar

En matière fiscale, les réformes engagées depuis 2008 seront poursuivies : élargissement de l’assiette fiscale ; sécurisation des recettes ; réduction progressive du taux des IR et assimilés, passant de 22 à 21%.

que le permis de collecte soit délivré au plus tard vers la mi-juin.

Nécessité d’améliorer les infrastructures

Les opérateurs de la Région Boeny demandent également l’allégement des droits de douanes et de la TVA.

Les infrastructures sont un outil pour le bon développement des industries. En ce qui concerne Madagascar, l’insularité de l’Ile induit à la nécessité de bonnes infrastructures.

Soulignons que dans la Loi de finances 2012, la TVA reste toujours à un taux unique de 20%. Des mesures ont été prises par l’Etat, comme la réduction progressive du taux des impôts sur les revenus (IR) et assimilés, passant de 22 à 21%, ainsi que la réduction des IR pour les investissements relatifs à la production d’énergies renouvelables et la déductibilité de la TVA, laquelle grève les achats de carburants utilisés dans le transport terrestre des hydrocarbures et des marchandises. Par ailleurs, l’administration fiscale essaiera de procéder à des toilettages et des mises à jour des données. En matière douanière, le partenariat avec le secteur privé, par la facilitation

20

de la mise en place de l’organe de recours douanier « Commission de Conciliation et d’Expertise douanière » (CCED) sera renforcé. Les Douanes vont dans ce sens harmoniser les droits de douanes sur les moyens de transport et accessoires (bus, minibus, moto, pneus) ; réviser le taux des droits de douanes sur certaines matières premières, aligner les tarifs sur les consommables médicaux et les alimentations pour enfants, etc.

En termes de télécommunication, la Grande Ile a connu des avancées notables ces dernières années. Madagascar figure parmi les pays où plusieurs villes sont reliées par des backbones nationaux ; d’ailleurs, Madagascar est relié au reste du monde par le câble Lion-I d’Orange et le câble Eassy de l’opérateur national Telma. Le projet de raccordement de Madagascar par le câble Lion-II est cours. Bien que le coût de l’Internet soit encore relativement élevé, il est de plus en plus abordable. Une étude faite par la fondation « Friedrich Ebert Stiftung » (FES) a révélé que le coût à la minute de la connexion à l’Internet

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

à Madagascar est de 0,04 Ar contre 0,38 pour l’île Maurice et 0,05 pour le Sri Lanka. La concurrence entre les opérateurs en télécommunication a conduit à cette avancée notoire. D’ailleurs, ces opérateurs offrent des gammes de produits adaptés aux différents types d’industries. Si les infrastructures pour la télécommunication vont vers l’amélioration, celles routières se dégradent. L’absence d’investissement public suite à la crise n’a pas permis à la Grande Ile de procéder à la construction de nouvelles routes et, en même temps, a freiné les entretiens des routes déjà existantes. Les participants à l’atelier de la Région Atsimo-Andrefana ont constaté une faible voire même l’inexistence d’infrastructures notamment routières dans certaines régions et proposent l’extension de celles-ci, dont les barrages et les voies de communication dans toutes les Régions. Les opérateurs des Régions Boeny et Vakinankaratra sont unanimes sur la nécessité d’amélioration des routes communales et nationales. Les opérateurs de Vakinankaratra proposent même l’amélioration opérationnelle des infrastructures, notamment ferroviaires. De plus, les industriels doivent prévoir des solutions si les bailleurs de fonds exigent l’application de la vérité de prix sur le carburant. Notons que, selon le rapport économique et financier 2011, le taux de désenclavement des Communes s’est stabilisé à 63% en 2010 (contre 60% en 2009). L’état du réseau des routes nationales en bon état est passé de 31% en 2009 à 23% en 2010. En ce qui concerne l’investissement routier, les réalisations étaient de 91 km à fin-décembre 2010, soit 22% de l’objectif fixé. Pour le réseau des routes rurales, avec la limitation des moyens budgétaires, les réalisations n’ont été que de 54 km sur un objectif initial de 425 km, soit 13%. Du fait que chaque localité a ses propres avantages comparatifs par rapport aux autres, les opérateurs demandent à ce que l’Etat réhabilite ou construise des infrastructures de base. Ainsi, pour les régions côtières de Madagascar, ils demandent le développement des infrastructures de la pêche. Les régions à vocation agricole souhaitent, elles, la réhabilitation des infrastructures hydro-agricoles et la mise en place des infrastructures pour l’élevage (couloir de vaccination…). Pour les autres Régions comme la Haute-Matsiatra,


qui est réputée pour la filière huile essentielle, la mise en place d’un laboratoire est plus que nécessaire. Rappelons qu’il appartient à l’Etat de mettre en place ces infrastructures de base.

L’informel : la concurrence déloyale tue les industries A maintes reprises, les industriels ont tiré la sonnette d’alarme sur la présence du secteur informel qui nuit à la production du secteur formel. En effet, les industriels paient différentes taxes. Les produits des industries reviennent de ce fait plus chers que ceux dans le secteur informel qui, depuis la crise, n’ont cessé d’augmenter. Au cours des différents ateliers, les industriels ont incité l’Etat à prendre des mesures pour, au moins, réduire ce secteur. Il a été proposé par les industriels de la Région Atsimo-Andrefana que, pour éradiquer la concurrence déloyale et régulariser le secteur informel, il faut impliquer les collectivités territoriales décentralisées à travers les recensements de tous les opérateurs informels résidant par secteur et par Fokontany. Des sensibilisations à l’endroit de ces personnes s’imposent, ainsi que des mesures incitatives pour qu’elles entrent dans le secteur formel. Parmi celles-ci, l’encouragement des entreprises à se formaliser, dans un délai de 2 ans, avec des facilités fiscales et la nonapplication de sanction ou pénalité. Le renforcement et appui des centres de gestion agréés (CGA), ainsi que leur création dans chaque Région, est également à entreprendre pour maximiser la formalisation progressive des entreprises informelles. Auprès de la Douane, les opérateurs, notamment ceux de la Région Boeny, demandent la transparence et incitent la Douane à communiquer les dossiers en fraude.

Renforcement de capacités des entreprises La réussite d’une entreprise repose sur la capacité de ses ressources humaines. Madagascar compte de nombreux jeunes diplômés ; cependant, les entreprises manquent de personnel qualifié. Pour pallier ce problème, les industriels demandent l’appui à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Vue la réussite

du CAPDEV-I, les industriels demandent le lancement de CAPDEV-II en élargissant les domaines au-delà du renforcement de capacités. Les industriels proposent la récapitulation des formations professionnelles, indispensables aux entreprises qui recherchent des partenariats pour leur mise en application. La venue d’experts pour renforcer la capacité des ressources existantes, comme le projet formation duale de la CCI ou autres, est également sollicitée. L’information et la formation passent souvent par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Un meilleur appui technique et financier à la Chambre de Commerce et d’Industrie de la part du gouvernement (connexion à l’Internet, opérationnalisation, construction de locaux pour les pavillons des exposants…) contribuera pour beaucoup au renforcement de capacités des entreprises et à la recherche de débouchés. Côté marché, la mise en place d’un cluster d’industrie en vue d’exportation renforcera le poids, que ce soit dans la négociation ou dans la recherche de débouchés. Toujours dans le cluster d’industrie, l’appui des organismes intermédiaires comme le Prosperer et la CCI, aura des impacts sur la création de fédérations pour une ou plusieurs filières. Pour le marché local, l’exposition des produits des entrepreneurs au niveau de la Chambre de Commerce et d’Industrie, à partir du mois de janvier 2012 prochain, permettra de booster les ventes. L’exposition doit se faire par rotation jusqu’à la construction du local destiné aux pavillons. Le renforcement de capacités des organismes intermédiaires tels que la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Syndicat des Industries de Madagascar, le GEM, la FIVMPAMA, le GEFP, la FCCIM, pour renforcer le poids et favoriser la création d’une plateforme commune afin d’asseoir leurs forces dans le lobbying, en vue d’une intervention directe durant toutes les négociations au niveau de l’Etat, des bailleurs de fonds et autres, s’avère nécessaire. Le renforcement de la compétitivité des entreprises locales est nécessaire pour une meilleure compétitivité. Tant que celles-ci ne seront pas effectivement opérationnelles,

l’application intégrale des règles de l’OMC sur l’ouverture de marché sera différée par la demande d’un traitement spécial, par rapport à la mise en œuvre des règles de l’OMC. Notons que le programme de mise à niveau des industries concocté par Madagascar, par le biais de la vice-Primature chargée de l’Industrie et de l’Economie, en collaboration avec l’ONUDI dans le cadre de l’intégration régionale, n’a pu être appliqué suite à la crise et la non-reconnaissance de Madagascar sur le plan international. Cette mise à niveau est donc nécessaire avant l’ouverture totale du marché pour ne pas favoriser une concurrence déloyale à l’encontre des industries locales.

Communication Les industriels sont intransigeants sur ce volet ; et exigent une concertation préalable et une consultation obligatoire des industriels à l’occasion de toute élaboration de lois les concernant, ainsi que leur décret d’application.

Des Etats Généraux de l’Industrie : Consolider toutes les idées pour un programme de développement industriel cohérent et consensuel L’organisation d’Etats Généraux de l’Industrie est prévue, pour accompagner, au-delà de la crise actuelle, l’industrie malagasy vers des marchés durablement porteurs de croissance, de richesse et d’emplois. A l’issu des Etats Généraux, il ressort un document de plan de relance du secteur industriel accepté par tous les parties concernées au développement du secteur industriel : les Industriels, l’Administration et les Partenaires techniques et Financiers. Cet événement s’est tenu effectivement le 21 novembre 2011 à l’hôtel CARLTON avec la participation active des différentes parties concernées citées ci-dessus. L’ouverture officielle a été prononcée par le Ministre d’Etat chargé de l’Economie et de l’Industrie en présence des Représentants Résidents du PNUD et de l’ONUDI. Le rapport final servira d’outil de référence dans la mise en œuvre de plan d’actions à court, moyen et long terme.

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL Région ECO | BONGOLAVA

REGION | BONGOLAVA

Une industrie encore balbutiante Fanjanarivo Symonette Etalée sur 17 983 km2 ou 1 798 294 ha, la région compte un peu plus de 509 000 habitants. La population essentiellement rurale explique en partie la faible industrialisation. Les citadins représentent 6,2% de la population de la région selon les données régionales. La principale localité est la ville de Tsiroanomandidy avec ses 31 561 habitants. La ville dispose d’un aéroport mais comme de nombreux petits aéroports du pays, cette infrastructure n’est plus exploitée par Air Madagascar. Toujours dans le secteur des transports, la région ne compte que de 75,5 km de route bitumée. Les routes en terre accessibles toute l’année ne sont que de 286 km. Les routes en terre difficiles d’accès en saison de pluie sont de 828 km. Sinon, des routes en terre de 229 km sont impraticables toute l’année. Sur le plan agricole, la région possède des vastes potentiels avec des surfaces cultivables représentant 51% de la superficie totale. Seuls 17% sont cultivés à cause de l’insécurité foncière. Pour ce qui est de l’élevage, celui des bovins reste prédominant. Le petit élevage de type traditionnel de porcs et de poulets, est présent dans toutes les exploitations. Mais que ce soit dans l’élevage ou l’agriculture, l’extension vers l’industrie demeure faible. Un aperçu de cette industrialisation est livré ci-après.

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Industrie agroalimentaire

Un investissement de 80 millions d’euros

Malgré la faible industrialisation de la région, une huilerie d’une capacité de 12 t/jour est en train de s’installer à Ankadinondry. Selon le Directeur du développement régional (DDR), Stanislas Ranaivomanana, des Malgaches investissent dans cette unité. La région leur a fait dotation de silos. Elle a également joué le facilitateur pour l’accès à des terrains de 15 000 ha qui vont faire l’objet d’un bail de 30 ans.

A un certain moment, les investisseurs étaient découragés. Mais ils ont tenu bon puisqu’ils ont déjà importé des matériels très onéreux. En tout, l’investissement tourne autour de 80 millions d’euros selon le DDR. La production sera destinée à l’exportation. Grâce aux machines, elle ne présentera pas du cholestérol. De quoi intéresser les marchés des pays riches qui luttent contre l’obésité et les maladies cardiovasculaires provoquées entre autres par le mauvais cholestérol. En tout cas, le DDR estime que cette huilerie sera l’avenir de la région.

Une huilerie de 12 t/jour s’installe à Ankadinondry

Les investisseurs ont déjà cultivé de l’arachide en 2010. En revanche, le dédouanement des matériels de l’huilerie a été un parcours du combattant. Il a commencé en juillet 2011 pour se terminer en décembre dernier. Puis, il faut expliquer les tenants et aboutissants du projet à chaque changement de responsables douaniers. Courant décembre, les investisseurs étaient même obligés d’amener un vidéo-rétroprojecteur. La douane suspectait le fournisseur des matériels alors que ce dernier est un opérateur crédible dans l’importation de véhicules. Il a donc fallu 5 mois pour dédouaner 15 containers de matériels.

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

Outre la création d’emplois, elle ne se limitera pas à ses propres plantations d’arachides. Elle travaillera avec les paysans pour la production. Chez ces derniers, le rendement est de 800 kg à 1,2 t/ha contre 2,4 t au Sénégal. A Madagascar, la recherche pour accroître le rendement s’avère insuffisante. L’amendement du sol aussi.


Marché des bovidés

Un espoir de reprise après la régression Tsiroanomanidy est le 1er marché de bovidés du pays. Mais le premier jour de marché de la semaine, soit le mercredi, même un simple curieux est quelque peu déçu de la taille de ce marché qui se tient trois fois par semaine, du mercredi au vendredi. Il ne peut observer que quelques centaines de têtes sur un espace vaste et vide marqué par quelques camions qui vont embarquer du bétail sur la capitale. Auparavant, le marché hebdomadaire comptait jusqu’à 1 500 têtes. Depuis, il est en recul avec une chute estimée à 30% pour les zébus en provenance du Melaky et du Menabe, que ce soit sur les marchés de Morafenobe, de Maintirano ou de Tsiroanomandidy. Le chef d’arrondissement administratif de Tsiroanomandidy, Joachim Alfred Rasolonjatovo explique : « Grâce au « dina » (pacte communautaire), les éleveurs du Melaky commencent à garder leur cheptel qui n’est plus convoité par les « dahalo » (les voleurs de grand chemin). Puis, la soudure et ses verts pâturages poussent les éleveurs à retenir leurs zébus chez eux. En hiver, le marché propose plus de bovidés mais l’effectif n’atteindra pas encore celui d’avant. Actuellement, environ 100 zébus du Melaky et du Menabe sont rapatriés sur Tana toutes les semaines ». C’est ce qui explique la cherté de la viande bovine dans la capitale. Le retard des arrivées des zébus à Tsiroanomandidy mais élevés en dehors du Bongolava bouleverse aussi le marché. Ce problème trouve sa source dans la non-disponibilité des imprimés nécessaires dans les transactions.

Le jeu des imprimés brouille les cartes Ces imprimés varient d’une circonscription à une autre et les documents utilisés dans les transactions ne sont donc pas uniformes. La loi a abrogé le Certificat d’origine du bovidé (COB) pour le remplacer par la Fiche individuelle du bovidé (FIB). Mais certaines circonscriptions utilisent toujours le certificat. Des problèmes d’impression sont venus s’y ajouter. Résultat : les différentes autorités qui s’occupent des transactions ne savent plus qui utilisent la FIB et qui utilisent le COB. Elles doivent se limiter au contenu des documents et au passeport des bovidés. Sinon, la gendarmerie fait toujours une vérification sur pied les jours du marché. N’empêche, les cartes peuvent être brouillées avec ces problèmes d’imprimés. Ceux-ci pour-

raient favoriser la circulation de bovidés volés sur le réseau formel. C’est le résultat de la nonapplication stricte des textes. D’après notre interlocuteur, on dirait qu’on peut encore choisir entre deux textes.

Encourager les paysans à élever leur cheptel Malgré tout, les taux des droits et prélèvement dans les transactions encouragent les éleveurs à garder leur cheptel et à le vendre plus tard avec des profits. Le droit de sortie et le droit fixe dont les taux par chaque conseil communal ne sont pas élevés. Dans la commune d’arrivée, l’éleveur ne paie plus que le ticket de marché, les droits pour l’acte de vente et le passeport. Concernant le prélèvement via un arrêté régional, il est de 3 000 Ar par tête dont la moitié revient à la commune de départ et l’autre à la Région. Dans la loi de finances, ce prélèvement est de 3% du prix du bétail. Mais dans le Bongolava, on a décidé un taux forfaitaire très faible pour encourager les gens à élever leur cheptel à terme. Quant aux éleveurs de zébus « zanatany » (des zébus élevés sur le territoire du Bongolava), ils paient seulement pour la vaccination et les différents dossiers pour le passeport. Ils n’ont pas à changer ces documents même s’ils vendent cheptel sur les marchés de la région.

Un poids économique important Le prix moyen d’un zébu prêt pour l’abattage est de 600 000 Ar à Tsiroanomandidy. S’il pèse plus de 200 kg, le prix peut aller jusqu’à 900 000 Ar. Par contre, il tombe à 300 000 Ar pour un zébu de 120 kg. A ces niveaux-là, les prix sont élevés à cause de l’abondance de la demande. Les « patrons » ou les grands acheteurs de bovidés pour le marché de la capitale mettent souvent leur patente au nom d’une autre personne qui a des relations plus étroites avec les différents acteurs du marché. Le zébu a un poids économique très important dans la région. « Le zébu fait partie intégrante des activités économiques du Bongolava, explique le chef d’arrondissement ad-

ministratif. Dans l’Analamanga, on élève 1 à 2 zébus pour s’occuper, c’est-à-dire pour ne pas être chômeur. Dans le Bongolava, les paysans cherchent à tirer des profits via leur élevage et à augmenter leur cheptel pour créer des richesses. S’ils achètent une vache qui s’avère non compétitive parce que ne donne pas un veau sur un certain temps, ils la revendent rapidement pour en acquérir une autre ». Cette mentalité est forgée par le statut de migrant. Ces gens ont quitté la terre de leurs ancêtres pour travailler et s’enrichir ailleurs. Ils rémunèrent des bouviers qui font paître leur cheptel du matin au soir. La culture fourragère n’entre pas encore dans leurs habitudes. Par contre, ils font vacciner leurs zébus et leur administrent des médicaments en cas de besoin.

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL Région ECO | BONGOLAVA Elevages bovin et porcin

L’un stagne et l’autre se développe Le cheptel bovin n’enregistre pas une hausse notable. Le Directeur régional du développement rural (DRDR), Thomas Robison estime que c’est dû à la montée de l’insécurité. Voilà pourquoi Tsiroanomandidy devient un simple lieu de transactions pour les bovidés du Melaky et du Menabe. Par contre, l’élevage porcin connaît un bel essor. Des éleveurs ont une ferme de plus de 200 têtes. Le développement de l’élevage porcin s’explique par la disponibilité des matières premières dont le maïs, le manioc et le son de riz. Ils sont à des prix accessibles et la région compte d’ailleurs 17 provenderies. Les débouchés sont assurés par Tana. A Ankadinondry, 2 grosses expéditions de porcs vers la capitale s’effectuent toutes les semaines. Le kilo vif se vend à 4 500 Ar pour les porcs de 100 kg et plus. Il est à 4 200 Ar pour les moins de 100 kg. Les animaux plus lourds ont un meilleur rendement carcasses et ils coûtent plus chers. Sinon, la peste porcine africaine émerge de temps à autre sans provoquer une épizootie. A part Ankadinondry, les zones de grand élevage porcin sont Mahasolo et Tsiroanomandidy. Dans la région voisine, c’est-à-dire l’Itasy, Imerintsiatosika aussi est une grande zone d’élevage. Le son y est très abondant. Cette commune compte plusieurs rizeries et décortiqueries. Même des aviculteurs de Mahitsy sur la RN4 s’approvisionnent en son à Imerintsiatosika.

Données sur le cheptel du Bongolava : Communes

Bovins

Porcins

Volailles

Caprins

Ovins

Ambalanirana

8 611

1 661

17 010

1

-

Ambararatabe

4 037

1 606

22 710

20

364

Ambatolampy

3 792

1 245

12 710

20

8

3 247

1 384

5 112

2

3

Ankadinondry

Androtra/Anosy

15 265

11 030

54 913

79

12

Ankerana nord

6 479

150

8 280

-

-

16 087

453

8 049

-

-

Bevato

7 360

339

5 835

7

15

Bemahatazana

12 619

1 108

12 802

35

591

Fierenana

13 159

1 380

14 200

-

-

Mahasolo

12 389

1 841

28 655

118

85

Belobaka

Maritampona

6 827

1 310

3 050

-

390

Maroharona

3 443

582

4 643

3 780

1

Miandrarivo

9 466

685

4 758

64

26

Soanierana

3 765

1 830

3 933

-

-

Tsinjoarivo

6 152

708

10 363

21

26

22 290

725

2 950

6

-

2 178

1 870

5 308

15

6

157 465

29 907

225 281

4 140

1735

Tsi/didy/Fihaonana Tsi/didy ville TOTAL

(Source : Direction régionale du développement rural, DRDR Bongolava)

Filière lait

d’Etat de la Sakay ont proposé des produits de bonne qualité. Depuis, elles ont fermé leurs portes. Les opérateurs locaux n’ont pas suffisamment de ressources pour investir dans des unités industrielles.

Quelques unités artisanales transforment du lait. Parmi elles, la coopérative Tsiro qui dispose d’une capacité de 800 l/jour. Mais à l’heure actuelle, elle n’en fait que 200 l. Le Directeur du développement régional (DDR), Stanislas Ranaivomanana explique pourquoi : « Tsiroanomandidy, une ville de migrants, est un grand consommateur de lait. Ce sont surtout les Antandroy qui en consomment le plus. L’offre ne suit pas la demande et le prix demeure élevé ». Le litre se vend à 1 200 Ar, contre 800 Ar dans le Vakinankaratra. Les produits de Manjakandriana aussi sont plus compétitifs.

Les taux d’intérêt découragent l’investissement

Concurrencée par le Vakinankaratra et Manjakandriana

Le lait transformé essentiellement en fromage coûte ainsi plus cher. Notons que le marché des produits transformés du Bongolava est la capitale. Entre les années 60 et 80, les fermes

24

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

Le DDR trouve que les taux d’intérêts des banques et de la microfinance sont trop élevés pour encourager l’investissement. Dans ce cas, il est difficile de répondre, rien qu’à la demande en lait. Les vaches laitières ont besoin de pâturages. Mais sans le capital nécessaire pour investir dans ce secteur, le rendement ne peut qu’être faible. Il en est de même pour l’adoption de techniques d’élevage modernes plus efficaces pour augmenter la production. Toutefois, quelques fermes sont installées dans la région. L’une d’entre elles est en cours d’installation et compte 30 vaches laitières avec un objectif de 150 têtes. La ferme de Bevalala sise dans la périphérie de la capitale est également présente à Tsiroanomandidy.


Sa ferme compte 120 vaches d’après le DDR. Bevalala fabrique notamment des fromages. Comme quoi, le potentiel industriel existe pour la filière lait. Il manque l’investissement. Sinon, le directeur de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Tsiroanomandidy, Patrick Andriamihaja affirme que la ville compte quelques unités artisanales comme les boulangeries, les provenderies, les forges… Par ailleurs, il évoque le potentiel hydroélectrique avec Manambolo et Bemahatazana. Ces sites ne sont pas exploités alors que les tarifs de la Jirama sont élevés. La Jirama ne dispose pas d’une capacité suffisante pour le développement industriel. Le directeur de la CCI remarque que les gens restent discrets quant à leur projet. Lors d’une enquête effectuée par Orange à Tsiroanomandidy, ils restaient dans le vague. Mais lorsqu’Airtel est entré, le boom était inattendu. La CCI essaie de sensibiliser les opérateurs sur la nécessité de formaliser leurs activités et d’adhérer à cette structure. Mais ses ressources lui permettent seulement de travailler sur Tsiroanomandidy. Elle envisage toutefois de descendre sur Fenoarivobe, Tsinjoarivo et Kiranomena en 2012. Cette chambre consulaire fonctionnelle depuis 2010 compte 20 membres et recense 3 000 ressortissants potentiels. En 2011, elle a animé ses collèges pour plus de dynamisme. Elle estime qu’elle devrait être rodée pour cette nouvelle année.

Production rizicole

En hausse depuis 3 ans 250 000 t/an. C’est la production de paddy sur les 3 dernières années selon Thomas Robison, Directeur régional du développement rural (DRDR). Auparavant, elle se situait à 150 000 t/an. La hausse s’explique par l’appui de l’Etat inscrit dans la politique rizicole : facilitation de l’accès aux intrants, renforcement du savoirfaire, facilités pour le labour. La DRDR dispose de 6 tracteurs qu’elle loue aux paysans. La location de 140 000 Ar/ha inclut le carburant. Ce tarif est inférieur à celui proposé par le privé qui est de 180 000 Ar/ha. Il y a 2 ans, les tracteurs de la DRDR ont labouré 1 000 ha. A l’époque, l’accès était gratuit

pour booster les cultures sur « tanety ». En 2011, les surfaces labourées avec ces engins ont été de 600 ha. Le DRDR note toutefois que des travaux d’extension sont observés. Ils sont motivés par les débouchés et les prix. A la récolte, le paddy se vend autour de 400 Ar/kg, alors qu’en février, au fort moment de la soudure, il s’achète jusqu’à 1 000 Ar.

60% de la production sortent de la région Las des agissements des collecteurs, les paysans commencent à être conscients de la nécessité de stocker leur riz. La DRDR estime à 30 000 t/an ce stock. Mais 60% de la production sortent de la région. La consommation régionale ne souffre pas de cette situation. Le climat et le sol du Bongolava permettent de faire 2 récoltes annuelles. Les « tanety » offrent aussi un énorme potentiel. Seuls 14% des « tanety » cultivables sont exploités. On devrait miser sur ces surfaces étant donné que la région ne compte pas des grandes plaines. Le rendement sur « tanety » est de 1,8 t/ha, contre 3 t/ha pour le riz irrigué. Ce faible taux est la suite logique d’un sol moins fertile. Il faut l’amender mais même au niveau national, l’utilisation d’engrais est encore loin d’atteindre 20 kg/ha. Ceci à cause du faible niveau du pouvoir d’achat et de disponibilité de l’intrant. Il faut y ajouter l’insuffisance pluviométrique due au changement climatique.

La production de maïs est en hausse En 2011, elle s’est située à 80 000 t. Ce qui

correspond à une hausse par rapport à l’année précédente. Le DRDR avance que les superficies cultivées ont augmenté à la suite des promesses d’une entreprise d’exportation. Ces promesses ne se sont pas concrétisées mais le marché local a résorbé la production. Les besoins des éleveurs de porcs sont élevés. Il y a aussi les industries de provende comme AVITECH et LFL qui s’approvisionnent en maïs dans le Bongolava. Par contre, la région ne compte pas une unité industrielle de provende. Une telle installation exige un lourd investissement. Sinon, la région produit des arachides, du manioc… Dans l’ensemble, 15% des paysans se convertissent dans les techniques améliorées. Il y 5 ans, ce taux était entre 7 et 8%. La progression est le fruit du soutien de l’Etat, de l’appui de quelques projets de développement

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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Région | BONGOLAVA Les petites unités de transformation dans le Bongolava : Rizeries

Décortiqueries

Provenderies

Ambalanirana

-

7

1

Ambararatabe

-

8

5

Ambatolampy Maritampona

-

2

-

Androtra/Anosy

-

4

1

Communes

et du dynamisme des groupements paysans. Le DRDR note toutefois que la région compte peu de projets, probablement parce que les bailleurs de fonds se tournent vers les régions à haute insécurité alimentaire. Néanmoins, il estime qu’il faut encore déployer des efforts pour développer l’agriculture du Bongolava : « La région ne compte que 2 rizeries situées à Tsiroanomandidy ville. Sinon, les décortiqueries sont partout. Une rizerie est une vraie usine avec différents processus. Elle travaille le paddy pour en sortir différents types de riz ». Sa capacité est généralement de 40 t/jour et celle d’une décortiquerie de 3 t/jour.

marché se partage 3 t/jour, soit 300 à 400 kg pour chaque machine. De janvier à mars, le marché se réduit entre 100 et 200 kg/jour. Comme quoi, le marché est saturé.

Ankadinondry

-

3

4

Ankerana nord

-

-

-

Belobaka

-

8

2

Bevato

-

8

-

Bemahatazana

-

10

-

Fierenana

-

1

-

Mahasolo

-

12

-

Maroharona

-

3

1

Miandrarivo

-

11

1

Soanierana

-

6

-

Tsinjoarivo

-

5

2

Tsiroanomandidy/ Fihaonana

-

6

-

Tsiroanomandidy ville

2

6

-

TOTAL

2

100

17

Or, le prix du gasoil est élevé. Il faut noter que la commune de Mahasolo n’est pas électrifiée malgré ses potentiels dont les cultures vivrières, l’élevage porcin et bovin, l’aviculture et l’élevage de vaches laitières. Le gasoil coûte cher, d’autant qu’il doit être transporté d’Ankadinondry vers Mahasolo. Le litre se vend à 2 750 Ar, contre 2 580 Ar à la pompe. Or, les frais de la décortiquerie sont de 30 Ar/kg. Certains proposent même 15 à 20 Ar.

Transformation du riz

Concurrence très ardue à Mahasolo

3 tonnes de riz décortiqués par jour. C’est la capacité de la machine achetée en 2005 par Tsirinirina Rajaonarivelo. A cette époque, il a créé son atelier pour reprendre une activité exercée par ses parents auparavant. Les besoins du marché expliquaient la capacité de la machine. Mais à l’heure actuelle, chaque hameau dans la zone de Mahasolo a sa décortiquerie. La concurrence est très rude car le

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Une concurrence déloyale Cette pratique déloyale risque d’éliminer certains concurrents. Elle est pratiquée par des décortiqueries « clandestines » ou informelles qui considèrent les machines comme une affaire juteuse qui procure rapidement de l’argent. Ces unités nuisent aux opérateurs formels dont les charges sont plus élevées. Pour Tsirinirina Rajaonarivelo, membre de la Chambre de commerce de Tsiroanomandidy (CCI), il faut donner à César ce qui est à César

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

(Source : Région de Bongolava, 2011)

et à Dieu ce qui est à Dieu. Il faut payer, dit-il, ses impôts pour travailler avec l’esprit serein et permettre à l’Etat d’étoffer ses caisses pour accroître l’investissement public. Cet esprit d’entreprise citoyenne n’est pas facile à inculquer aux opérateurs économiques de la zone. Malgré tout, il essaie de maintenir en vie sa décortiquerie qui emploie 2 personnes, contre 3 en 2005. N’est-il pas possible de prospecter d’autres marchés ? Il pense que c’est difficile, toujours à cause de la concurrence, si l’on observe ce qui se passe dans un rayon de 50 km de Mahasolo. De plus, la machine pèse entre 400 et 500 kg. La déplacer n’est pas aisé.

Entreprenariat rural

Un esprit à développer

« L’esprit d’entrepreneur reste à développer. Certes, des entreprises rurales et familiales


existent, mais les gens élèvent, par exemple, des porcs parce que des clients de Tana viennent en acheter dans le Bongolava. Ils suivent les mêmes sentiers battus. Aucune initiative de transformation n’émerge. Pareil pour les mangues qui abondent dans la région. La pièce se vend à 50 Ar mais personne ne vend de jus de mangue à Tsiroanomandidy ». C’est le constat de Bernard Rakotonirina, responsable technique du projet Vahatra initié par le diocèse de Tsiroanomandidy. Il estime que si des investissements sont mis dans la transformation, ils rapporteront fort probablement. Les matières premières sont disponibles au niveau local et les transactions ne passent pas par les intermédiaires. Dans ce cas, les prix sont raisonnables. En attendant le développement de la culture entrepreneuriale, le projet travaille dans l’amélioration de la santé des volailles. Les aviculteurs ont rapidement pris conscience de l’importance de la vaccination. Celle-ci accroît leur production. Un agent de police retraité a démarré avec 3 poulets rescapés de la maladie de Newcastle et 8 mois plus tard, son cheptel est à 60 têtes grâce à la vaccination et à une alimentation correcte. Mais le revers de la médaille est que l’offre dépasse rapidement la demande. Le prix d’un poulet de race locale ou poulet « gasy » est de 5 000 Ar au lieu de 8 000 Ar. Cette situation décourage quelque peu les éleveurs. Mais le projet leur explique que le marché n’est pas uniquement celui de Tsiroanomandidy. Il devrait s’étendre sur la capitale. Pour ce faire, les éleveurs devraient se regrouper pour mieux s’organiser.

Installer une chaine de froid pour les vaccins En se structurant, les éleveurs pourront maîtriser le marché. Ils s’occupent eux-mêmes de cette structuration. Le projet les appuie seulement. Il se retirera progressivement avec le défi d’une autonomie des groupements d’ici 3 ans. Parmi les facteurs d’autonomie, il y a l’adhésion volontaire au groupement. Le projet évite aussi la gratuité pour plus de motivation et d’autonomie plus tard. Il propose des soutiens remboursables via un contrat clair et fournit un accompagnement technique. Pour l’achat des vaccins, le projet estime que plus tard, les groupements pourront mutualiser leurs commandes pour des achats directs à Tana. A Tsiroanomandidy, le prix d’un vaccin est de 100 Ar, contre 1 500 Ar pour le porc. En 2012, le projet va installer une chaîne de froid pour la conservation des vaccins. Cette

chaîne qui fonctionne à l’énergie solaire fera baisser les dépenses. 6 000 à 7 000 vaccins sont administrés tous les mois dans 60 villages aux environs de Tsiroanomandidy où le projet travaille. Quant à l’alimentation, le poulet « gasy » n’a pas besoin de provende. Il se nourrit de maïs, de manioc, de farine de poisson issue du commerce de poissons séchés.

Diversifier les sources de revenus Avec l’élevage de poulets « gasy », l’objectif est de diversifier les sources de revenus des ménages vulnérables. Ces paysans reconnaissent cette vulnérabilité même s’ils produisent beaucoup de riz. Ils accourent pour remplir les camions venant de la capitale pendant la récolte. Certains viennent avec 3 à 4 t de paddy, alors que leur autosuffisance en riz s’étale sur quelques mois. Afin d’éviter ce problème, le projet les incite à diversifier et à faire aussi de la culture maraîchère. Il y a 2 ans, les légumes de Tsiroanomandidy provenaient d’Ambohibary (Vakinankaratra) et de Sovianandriana (Itasy). La donne commence à changer puisque le projet incite les paysans à cultiver d’abord sur des petites surfaces pour bien maîtriser les techniques. En décembre 2010, c’est-à-dire à une période où les paysans ne produisaient pas encore d’oignon, le prix était entre 3 000 et 3 400 Ar/kg. En décembre dernier, il était près de 2 000 Ar/kg. Malgré tout, les paysans ne sont pas perdants. Au contraire, ils y gagnent d’autant que l’oignon est écoulé pendant la soudure. L’idée est d’aider ces ménages à ne pas se résigner sur leur sort. C’est pour la même raison que le projet Vahatra les incite à stocker leur riz pendant la récolte et d’en tirer un revenu conséquent en période de soudure.

50% des paysans changent de comportement Ces différentes approches sont-elles payantes ? Le responsable technique répond que 50% des

ménages touchés par le projet ont un changement positif de comportement. Le projet a mené des campagnes de conscientisation sur 3 ans auprès de 600 à 800 ménages. Quant aux activités liées à la diversification, elles ont cours depuis un an. Un autre signe positif : les demandeurs d’appuis remboursables croissent en nombre. Il en est de même pour les demandes en vaccins pour les volailles. En revanche, les vaccins pour les porcs stagnent. Il faut d’abord inciter les éleveurs à construire un enclos au lieu de laisser leur bétail vagabonder. C’est pour éviter les maladies. De plus, le cheptel des ménages vulnérables n’est pas suffisamment élevé pour supporter le prix d’un vaccin. Un flacon de 1 500 Ar est destiné à une dizaine de têtes.

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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Région | BONGOLAVA La culture maraîchère dans le Bongolava : Superficie (en ha)

Volume (en t)

Ambalanirana

81

162

Ambararatabe

3,6

-

Ambatolampy

-

-

Androtra / Anosy

14

13,6

Ankadinondry

45

200

Ankerana nord

44

132

Belobaka

-

-

Bevato

7

10

Communes

Bemahatazana

5 933

8 687

Fierenana

-

-

Mahasolo

-

-

Maritampona

15n5

23

Maroharona

-

-

Miandrarivo

5,30

26,5

Soanierana

-

-

Tsinjoarivo

27,3

82

Tsi/didy / Fihaonana

5

10

Tsi/didy ville

5

-

6 185,7

9 346

TOTAL

(Source : Direction régionale du développement rural de Bongolava, 2010)

Industrie du bois

La formation paie et alimente l’esprit créatif

Andriantsitohaina Rajaobelina L’atelier du jeune Andriantsitohaina Rajaobelina fonctionne par commande. Cette option s’impose lorsque l’offre ne suit pas la demande,

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alors que la concurrence existe. Créé en 1995, l’atelier est le fruit d’un choix précédé d’une formation technique, spécialité bois. L’opérateur explique : « Je n’ai hérité de personne mon savoir-faire et les normes qu’il faut suivre. Je les ai acquis par la formation. Personne dans ma famille n’a investi dans le bois ». Le savoirfaire et la technique sont un outil pour faire face à la concurrence. Si un client ne peut pas se déplacer, il passe ses commandes par téléphone et l’atelier saisit rapidement ses besoins. Il tient aussi à respecter le délai et se permet ainsi d’avoir des clients fidèles. Après 1995 pourtant, 8 nouveaux concurrents se sont installés après lui, alors que 4 concurrents importants sont déjà sur le marché. Outre la formation, ce jeune patron affilié à la Chambre de commerce et d’industrie a bénéficié d’un stage de 2 ans chez Bonnet et fils de Mahajanga. Puis, il a mis en place son atelier à Tsiroanomandidy qui fabrique des meubles, des portes et fenêtres ainsi que des voliges et des parkex. Au début, il ne comptait aucune machine. Il fallait recourir à d’autres ateliers pour certains travaux. C’est seulement en 2001 que l’atelier a acquis des machines pour le rabotage, le sciage, les tours, etc. Il a préféré investir dans des machines séparées au lieu du combiné qui ne permet d’ailleurs qu’une seule opération à la fois. Le combiné coûte moins cher, soit 2,6 millions Ar mais pose problème pour la maîtrise du temps. Certes, il y a des combinés à partir de 1 million Ar mais ils sont pour le bricolage ou des menus travaux. Les machines séparées sont plus professionnelles même si chaque unité coûte 4 fois plus qu’un combiné.

Le bois se trouve à plus de 200 km Si les machines s’achètent dans la capitale, le bois est livré à Tsiroanomandidy. Il est prélevé dans des forêts de plus en plus éloignées. C’est le cas du palissandre et du bois dur appelé « varongy ». Auparavant, ces essences ont été fournies par des forêts situées dans un rayon de 50 km de la ville. A l’heure actuelle, les exploitants forestiers doivent aller à plus de 200 km, dans les zones limitrophes du Melaky, surtout pour le palissandre. C’est l’impact de la déforestation. Ce problème en pose d’autres. Les dimensions commerciales ne sont plus respectées. Si l’on parle des dimensions du bois carré de 2 m de longueur pour une épaisseur et une largeur de 20x20 cm, les fournisseurs ne proposent plus que des bois carrés de 2 m mais pour une épaisseur et une largeur de 17x17 cm. Au lieu d’acheter 5 bois carrés pour un travail, le menuisier doit en prendre 7. Ce qui occa-

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

sionne une hausse du coût à répercuter sur les clients. Entre 1995 et 2011, les prix du bois se sont multipliés par 4 à cause des frais de transport. A Tsiroanomandidy, la saison creuse pour l’industrie du bois se situe entre les mois de mai et avril. Les gens ont de l’argent pendant cette période mais ils dépensent plus pour l’habillement et les travaux de construction. Ceux-ci se terminent vers juillet. C’est en ce moment-là que le marché redémarre avec les commandes de portes et fenêtres, de planchers et de meubles.

La concurrence d’autres professionnels prochainement La présente année scolaire a vu à Tsiroanomandidy l’ouverture d’une école technique privée, spécialité bois. Elle devrait produire des jeunes professionnels bientôt. Comment gérer ces perspectives ? Notre interlocuteur répond : « En 2012, nous allons acquérir de nouvelles machines pour la fabrication de meubles en préfabriqués. Des clients de Fenoarivobe apprécient beaucoup les gros meubles. Mais à cause du mauvais état des routes, le transport pose problème. Nous pensons au préfabriqué pour répondre à ces besoins ». Cette nouvelle technique permettra par la même occasion de ratisser large en termes de marchés. Mais partout à Madagascar, l’électricité est un problème. Tsiroanomandidy ne connaît pas des gros délestages et l’électricité fonctionne dans la journée et même dans la soirée. Toutefois, elle représente plus de 40% des dépenses. Et les rares industries de la région se plaignent des tarifs plus élevés que ceux de la capitale.

Microfinance

65% des crédits pour les greniers communautaires De plus en plus de paysans ne se laissent plus séduire par les collecteurs pendant la récolte. Ils stockent leur riz dans les Greniers communautaires villageois (GCV). La preuve en est que 65% des crédits octroyés par la coopérative de microfinance CECAM sont pour les GCV. Le système consiste à stocker le riz auprès de cette institution moyennant le montant correspondant. Le paysan investit cet argent dans une autre activité. Et à la période de soudure, il reprend son bien et rembourse le montant cité plus haut. Le directeur d’agence de la CECAM, Nirina Rabenarivo explique : « Le riz est, en réalité, la garantie. Cela veut dire que nous n’agissons nullement en tant que collecteur ».


Les crédits pour les GCV se développent car les paysans en ont assez de perdre dans les ventes de récolte sur pied ou « varo-maitso ». Le coût de 1 kg de paddy stocké à la CECAM est de 460 à 465 Ar incluant le capital, les intérêts et les frais. Le paysan perd donc beaucoup s’il vend à la récolte puisque le prix à la soudure est de 750 Ar/kg. La CECAM propose 11 types de crédits dont des produits pour le commerce, la transformation, le dépannage (un décès, des soins médicaux, la scolarisation…). Seulement, les crédits octroyés pour la transformation sont loin de la proportion pour les GCV.

L’insécurité accroît la mécanisation Pourquoi les gens ne pensent-ils pas à la transformation ? Le directeur d’agence estime que c’est un problème de moyens. Rappelons que le Bongolava est une région de migrants. Ils y débarquent sans beaucoup de ressources. Mais un début de changement est noté en 2011. La montée de l’insécurité oblige les paysans à mécaniser leurs activités agricoles. Délestés de leur cheptel bovin, ils doivent acheter des matériels comme le kubota. Conjugué à l’appui de quelques projets de développement, ce changement devrait déboucher sur une augmentation du rendement. 25 à 30% des crédits concernent les secteurs productifs comme l’agriculture, la pêche et l’élevage. En décembre, les encours de crédits de la CECAM s’élevaient à 5 milliards Ar. Ils ne cessent de grimper. Le taux de recouvrement se situe à 98% malgré la crise. Les membres sont conscients de la nécessité de disposer d’une coopérative en bonne santé financière. Comme quoi, la crise n’a pas trop d’impacts sur la vie des ruraux grâce à la microfinance. Devenu pilier du développement rural, ce secteur permet aux paysans de poursuivre leurs activités.

La culture de l’épargne laisse à désirer Si les crédits se développent, beaucoup reste à faire pour l’épargne. « Les gens hésitent à déposer leur argent, remarque le directeur d’agence. Ils préfèrent le garder chez eux. Ils ont besoin de le voir et de le palper ». Or, la

CECAM propose des taux supérieurs à ceux des autres institutions, soit entre 7 et 14% par an et nets de l’Impôt sur les revenus capitaux et mobiliers (IRCM). Face à une culture de l’épargne encore faible, il faut au moins équilibrer les comptes. Mais sur certaines années, la CECAM enregistre un résultat positif. Elle emprunte auprès des banques commerciales dont les taux sont entre 14 et 15%. Il faut y ajouter les lourdes charges de structure étant donné que la coopérative vise les ruraux. Voilà pourquoi, ses taux des crédits tournent autour de 2 à 4% par mois. Le directeur d’agence plaide : « Si le pays veut opter pour une Nation à vocation rurale, il faut que les institutions de microfinance puissent emprunter directement auprès de la Banque centrale. Nous à la CECAM de Bongolava, nous empruntons 12 milliards Ar par an auprès des banques primaires. Au niveau national, les emprunts de la CECAM tournent autour d’une soixantaine de milliards d’ariary par an ».

dans toutes les communes de la région, hormis Ambatomainty atsimo et Ambohitromby. Depuis 1993-1994, elle est la seule Institution de microfinance (IMF) à évoluer dans le Bongolava. En décembre dernier, une autre IMF a fait son entrée à Tsiroanomandidy. Il s’agit de l’OTIV et l’on parle aussi de l’entrée probable de Microcred. La CECAM n’est pas dupe : il devrait y avoir des impacts avec cette nouvelle venue. Malgré tout, elle avoue ne pas avoir peur de la concurrence. Elle compte sur l’identité de chaque IMF pour faire jouer une concurrence saine. Quant à la CECAM, elle consolide les efforts pour accélérer le déblocage des crédits. Auparavant, l’octroi se faisait par mois à Tsiroanomandidy ville et à l’heure actuelle, la fréquence est hebdomadaire. Dans les campagnes, l’ouverture

La concurrence commence à émerger A titre de rappel, la CECAM du Bongolava initiée par le projet FERT a dû faire face à un redressement de 9 ans à cause d’une mauvaise gestion. Depuis 2004, elle travaille sur fonds propres. En tant que coopérative, elle ne cherche pas à gonfler ses profits mais à servir ses membres et surtout les ruraux. A l’heure actuelle, cette institution est présente

Nirina Rabenarivo Directeur d’agence de CECAM


Région | BONGOLAVA des caisses s’étalait sur 2 jours par semaine et il est question d’augmenter ce nombre de jours. La CECAM a aussi un projet d’extension vers le Melaky, là où aucune IMF ne s’est implantée. Une demande de la région va dans ce sens et une descente sur terrain a été effectuée en septembre. La coopérative étudie le dossier et pense qu’il faudra le soutien d’un bailleur de fonds pour une implantation dans cette région. L’autre projet porte sur l’extension des possibilités offertes par MVola, le mobile banking proposé par Telma. MVola devrait permettre l’octroi de crédits et le remboursement pour plus de sécurité et de rapidité des transactions. L’informatisation va aussi dans ce sens.

Industrie extractive

Les collectivités méconnaissent leurs droits

Equipe du projet Taratra L’uranium de Beravina, le grès bitumineux de Bemolanga et probablement le pétrole conventionnel du même site, l’or dont des gisements émergent presque régulièrement ces dernières années… Le sous-sol du Bongolava est riche et promet un bel avenir à la région. Mais les collectivités n’en récoltent pas grand-chose. Même en phase d’exploration, les compagnies doivent s’acquitter de certains droits. Il en est ainsi pour les constructions. Sauf que les maires et leurs conseillers ne connaissent pas le Code minier et ses décrets d’application. Les compagnies ne cherchent pas à aller plus loin. Elles estiment qu’il appartient aux communes de revendiquer leur dû. Sans cela, elles ne voient pas pourquoi elles doivent payer des droits dont les collectivités n’ont aucune connaissance. Beravina et Morafenobe sont dans ce cas. La compagnie Ura-

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mad a terminé en 2009 ses travaux d’exploration assortis d’installations qui auraient dû générer une recette pour la commune. De plus, les propriétaires qu’elle a expropriés n’ont pas reçu grand-chose. Cette compagnie a envisagé d’entamer l’exploitation en 2010 mais la crise a tout arrêté. Pour le cas du projet Ambatovy pourtant, le responsable technique du projet Taratra, Patrice Chèlvin Razafindrabe rappelle que la commune de Moramanga a obtenu 275 millions Ar pour les constructions dont 200 millions affectés à des investissements ayant financé la construction de 5 infrastructures publiques, et les 75 millions au fonctionnement. Le projet Taratra initié en 2009 par la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM) et soutenu par Catholic Relief Service (CRS) a mené sur ce site un plaidoyer pour la bonne gouvernance que ce soit du côté de la compagnie ou de la collectivité.

Mettre les collectivités au courant de leurs droits Dans le Bongolava, le projet mène les mêmes actions via des formations sur les droits des collectivités et les rôles des Organisations de la société civile (OSC). A Beravina, il est arrivé après la clôture des travaux d’exploration et la commune n’a donc pas perçu les droits liés aux constructions. Malgré tout, le projet y a dispensé une formation pour prévenir le même problème. En effet, l’exploitation devra générer des redevances pour les collectivités. 70 à 80% des redevances et ristournes reviennent à la commune minière. La formation dispensée par Taratra concerne aussi les Services techniques déconcentrés (STD), les églises… Elle vise à éviter la méfiance des compagnies. Celles-ci craignent de voir leur argent dilapidé ou mal géré à cause du manque de compétence des élus. Les participants aux sessions du projet apprécient cette formation qui va les aider à tirer légalement profit de l’industrie extractive. Seulement, il n’était pas évident de dénicher des OSC, surtout à Morafenobe. Elles étaient quasi-inexistantes. A Maintirano, quelques OSC émergent mais ne connaissent pas grandchose des textes sur l’industrie extractive. Le projet y effectue des descentes régulières. Les OSC commencent donc à s’organiser.

Un réseau militant pour la bonne gouvernance C’est dans ce sens qu’un réseau militant pour la bonne gouvernance a été récemment créé. Il regroupe des OSC, les collectivités décen-

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

tralisées, les STD et des particuliers. Le réseau milite pour la transparence dans l’industrie extractive. Au niveau national, le projet Taratra a mis sur pied la coalition « Publiez ce que vous payez ». Celle-ci fédère les OSC. L’Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive (EITI Madagascar) y a également un représentant et ce, malgré quelques différences de vues sur certains points. En effet, la coalition n’apprécie pas trop qu’une partie du financement d’EITI provienne des compagnies. A ses yeux, cette situation pourrait biaiser les actions de cette structure. Contrairement à EITI qui s’occupe uniquement de la réconciliation des droits et taxes payés par les compagnies et les recettes effectivement perçues par l’Etat, la coalition veut travailler à partir des contrats miniers et pétroliers. Ces contrats sont encore confidentiels et entourés du flou total. De quoi susciter des soupçons de corruption et autres dérives de gouvernance. La coalition veut aussi intervenir dans le même domaine qu’EITI et faire le suivi des redevances et ristournes. Mais elle veut vérifier si les taux de ces droits sont corrects par rapport aux prix des minerais ou du pétrole à l’international. Pour l’heure, la coalition est en train de se mettre en place et va travailler en collaboration avec la coalition internationale du même nom.

Les services miniers absents des grandes zones extractives Les acteurs non étatiques doivent se mobiliser pour une bonne gouvernance de l’industrie extractive. Certes, le gouvernement a adhéré volontairement à l’EITI, mais les grandes zones extractives en exploration ou déjà en exploitation ne bénéficient pas de la présence des services miniers. Les compagnies n’ont à faire qu’avec d’autres STD. C’est le cas à FortDauphin, à Moramanga, dans le Bongolava... C’est évident si les collectivités et les OSC méconnaissent les textes et leurs droits. La vulgarisation des textes par le biais des canaux étatiques font défaut. Les acteurs non étatiques s’en occupent quand il y en a sur terrain. Pour le cas du projet Taratra, il fait aussi du plaidoyer auprès des communes afin qu’elles utilisent les redevances et ristournes au mieux de l’intérêt général. C’est ce qui explique le budget participatif pour définir les réels besoins de la population. Dans la commune minière de Mandromondromotra près de Fort-Dauphin, un nouveau marché n’est guère utilisé par les commerçants. Quant au projet Taratra, il a démarré en juin 2009 et prendra fin en 2013.


Exploitation minière

Les bailleurs de fonds appauvrissent les pays en développement Les ajustements structurels assortis du libéralisme économique appauvrissent les pays en développement depuis les années 80. Le secteur minier qui devrait générer des revenus conséquents aux pays pauvres mais riches en ressources minières et pétrolières n’a pas rempli cette mission. Lors de la conférence œcuménique sur les mines au Canada en avril 2011 et où le projet Taratra a été présent, les cas du Pérou et de la Zambie sont très parlants. De la fin des années 60 et jusque dans les années 80, les Zambiens et surtout les mineurs ont connu des conditions de vie enviables grâce à la nationalisation des mines, soit : • une scolarisation gratuite pour leurs enfants • la dotation de logements • l’accès à l’eau potable et à l’électricité • l’amélioration des réseaux de transport • l’installation de centres de santé de proximité En 1980, la Zambie a dû emprunter auprès du FMI et de la Banque mondiale à la suite de la chute des cours du cuivre. D’où les ajuste-

ments structurels et leurs impacts désastreux. Les mesures imposées n’ont profité qu’aux investisseurs étrangers. Et en Zambie, on parle même de la « décennie du pillage ». Le pays a dû privatiser ses entreprises à tour de bras et à des prix bradés à des investisseurs étrangers. Il a dû élaborer une politique fiscale attractive dont la franchise douanière pour les matériels importés, la redevance minière à 3% (c’est le taux actuelle à Madagascar). Le taux moyen dans les pays en développement varie entre 5 et 10%. Résultat plus que mitigé : L’Etat zambien a du mal à collecter les droits et taxes et les compagnies en profitent, même si elles ont à payer moins qu’avant. Elles sous-évaluent leur production et surévaluent les coûts d’exploitation. La part du secteur minier dans le PIB zambien ne cesse de décroître depuis la fin des années 90. D’après Global financial integrity, l’évasion fiscale des multinationales représente entre 2000 et 2009 une perte moyenne annuelle de 400 à 440 milliards de dollars pour les pays en développement. Les mines sont concernées. En réalité, l’entrée des bailleurs de fonds dans l’économie des pays en développement a

obligé ces pays à accepter des politiques économiques et sectorielles qui vont au détriment de leurs intérêts mais qui favorisent les investisseurs internationaux. Elle fragilise également la position de l’Etat qui négocie avec ces compagnies avec une position affaiblie. Contre ce néocolonialisme économique, la conférence œcuménique du Canada entend :

• bâtir des alliances entre des leaders d’église du Sud et du Nord • accroître la capacité des églises et des organisations religieuses à discuter des activités minières en se fondant sur des témoignages directs des communautés qui subissent les effets des activités d’extraction des ressources naturelles • soutenir et renforcer les capacités des collectivités, des personnes et des travailleurs touchés par l’industrie de l’extraction • identifier les domaines sur lesquels focaliser les futures actions relatives aux politiques publiques • mettre les enjeux miniers en tête et au cœur de l’action des églises, y compris des activités d’éducation et des politiques d’investissement.

N°13 - JANVIER / FEVRIER 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

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VIE DU SIM

La vie du SIM Réunion du Conseil d’Administration

Cette plate forme, basée sur une enquête périodique réalisée par l’ONUDI dans vingt pays de l’Afrique sur un échantillon de 7000 entreprises dont 231 à Madagascar, servira d’outil d’aide à la prise de décision aux investisseurs. Cet outil permet de : • Faciliter la recherche de données en ligne, • Lier les utilisateurs, • Créer une plateforme pour des partenariats B2B

La dernière réunion du Conseil d’Administration du SIM pour cette année s’est tenue le 15 Novembre 2011. L’ordre du jour a été axé sur la préparation des Etats Généraux de l’Industrie et l’officialisation du code de conduite des affaires. Par ailleurs, dans les communications diverses, il a été décidé que la prochaine rencontre conviviale se tiendra le 20 janvier 2012. Plate Forme de Gestion et de Suivi des Investissements (ONUDI) En tant que point focal, le SIM a participé à la formation sur la manipulation de la plate forme de gestion et de suivi des investissements, organisée par l’ONUDI les 02, 03 et 04 novembre 2011.

En vue d’augmenter la taille de l’échantillon et d’obtenir un résultat plus concret, l’ONUDI incite les entreprises à participer à la prochaine enquête qui aura lieu en 2012. La prochaine réunion des points focaux se tiendra le 13 janvier 2012 à l’EDBM. Le contrôle des produits végétaux à l’exportation Afin de résoudre le problème lié à l’application de l’arrêté interministériel (Agriculture et Commerce) relatif au contrôle des végétaux destinés à l’exportation, le Directeur Général de l’Agriculture et le Secrétaire Général du Ministère du Commerce ont convoqué les opérateurs économiques et les groupements (SIM, SYMABIO,…) le 11 Novembre 2011 au Ministère de l’Agriculture Anosy. Lors de cette rencontre, il a été décidé que le contrôle sanitaire est suspendu et ne reprendra qu’après la mise en place d’un plan de surveillance élaboré par les deux Ministères en concertation avec les exportateurs. Présentation de SYDONIA WORLD Le SIM a assisté à la présentation d’un nouveau système informatique douanier, appelé SYDONIA WORLD, effectué par la CNUCED en collaboration avec la Douane et GasyNet à l’Hôtel du Louvre le 15 Novembre 2011. L’objectif de cette présentation a été d’une part de faire connaitre ce nouveau système et d’autre part de donner des prémices pour le choix de son adoption. A la différence de SY-

DONIA ++, SYDONIA WORLD utilise la pointe de la technologie Internet. De ce fait, il présente à la fois des avantages fonctionnels tels que l’utilisation des codes barres, la possibilité d’intégrer des images dans les documents et des avantages techniques comme la possibilité d’utiliser plusieurs types de supports de communication (ordinateur, téléphone portable,…). Il est à mentionner que la Douane n’a pas encore tranché sur l’adoption ou non de SYDONIA WORLD. Ateliers régionaux Dans le cadre de la préparation des Etats Généraux de l’Industrie, des ateliers régionaux ont été organisés à Antsirabe, Antsiranana, Mahajanga, Fianarantsoa, Toamasina, Toliary le 10 Novembre 2011. Ces ateliers ont pour objet de recueillir les propositions spécifiques au développement industriel dans chaque région. Journée de l’Industrialisation de l’Afrique (JIA) 2011

A l’occasion de la célébration de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique 2011 le SIM et le GEFP, en collaboration avec le Ministère d’Etat chargé de l’Economie et de l’Industrie, l’ONUDI et le PNUD, ont organisé des Etats Généraux de l’industrie qui se sont tenus au Carlton le 21 novembre 2011. Cette année, le thème de la JIA a été axé sur « l’énergie durable pour un développement industriel accéléré ». Officialisation du code de conduite La Journée de l’Industrialisation de l’Afrique a été clôturée par la signature de l’Engagement d’Intégrité par les membres du SIM ainsi que la remise officielle du code de conduite des affaires. Elaboré avec la collaboration du BIANCO, le code de conduite prescrit dans l’engagement d’intégrité des membres servira d’outil complémentaire définissant les conditions d’honneur, d’intégrité et de


probité que tous les membres du SIM s’engagent à respecter pour se prémunir contre le risque de corruption et les infractions assimilées. Finance carbone Une séance d’information sur la finance carbone organisée par Monsieur Alexandre DUNOT, représentant de l’ECOSUR AFRIQUE, s’est tenue au siège du SIM le 08 décembre 2011. ECOSUR est un cabinet qui travaille à concrétiser des projets dans le cadre du mécanisme de développement propre avec le bénéfice de crédits carbone. Au rang des projets environnementaux éligibles figurent toutes les énergies renouvelables (hydro, éolien, solaire, etc.) et les traitements de déchets (compostage, biogaz, eaux usées..) mais aussi toute mesure d’efficacité énergétique d’envergure chez un industriel, et/ou de substitution de combustible. Une autre séance de présentation sur la finance carbone, destinée aux membres, sera planifiée pour l’année 2012. Port franc de l’île Maurice Une dizaine de membres du SIM ont participé au forum sur l’investissement organisé le 05 décembre 2011 au CARLTON par « Board of In-

vestment » ou BOI, organisme gouvernemental responsable de la promotion de l’investissement étranger à Maurice. L’objectif de cette séance étant d’accroître la visibilité de l’île Maurice en tant que destination phare pour l’investissement. L’évènement a été focalisé sur les opportunités d’affaires à Maurice par l’utilisation du Port Franc comme plateforme d’investissements pour les compagnies à Madagascar dans le commerce internationale (import et export). Etiquetage de l’emballage des cigarettes Après la publication de l’arrêté n° 28.540/2011 fixant les modalités d’application du décret n° 2010- 1008 portant sur le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac en vente à Madagascar, les entreprises membres ont saisi le SIM afin d’intervenir auprès des administrations concernées. Sans vouloir remettre en cause les principes de l’arrêté, certaines dispositions risquent d’handicaper les entreprises. Il faut noter que la filière tabacole fait vivre plus de 30.000 familles et génère à l’Etat plus de 400 Milliards d’Ariary de recettes fiscales. Les observations des entreprises sur les dispositions de l’arrêté sont: • délai d’application de l’Arrêté de 180 jours est beaucoup trop court et impossible à tenir. Les

études de faisabilité, les mises au point avec imprimeurs, l’impression des nouveaux marquages, l’absorption des stocks résiduels de matières premières et la consommation totale des produits finis présents sur le marché nécessitent bien plus que 180 jours. Le délai généralement accordé par les pays ayant adopté les pictogrammes est au minimum d’un an. • Maintien de la taille des images et avertissement à 50% des surfaces visibles comme indiqué dans le décret 2010-1008. 50% est la taille préconisée dans la plupart des pays ayant institué l’apposition de pictogrammes. • L’utilisation de photos trop choquantes (poitrine de femmes, visages d’enfants lourdement handicapés etc.) risque d’être considérée comme portant atteinte à la pudeur et heurter certaines sensibilités (religieuses, communautaires et autres). De ce fait, des rencontres ont eu lieu successivement avec les Secrétaires Généraux des ministères respectivement de la santé et du commerce, avec Madame la Ministre du Commerce et le 21 décembre 2012 avec Madame la Ministre de la Santé et du Directeur de l’OFNALAT. Il ressort de cet entretien, que le ministère organisera une réunion de travail avec les autres départements concernés pour étudier la demande du SIM tout en confirmant que les 2 derniers points cités ci-dessus sont déjà acceptés.

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Tableau de Bord Economique

Tableau de bord économique Evolution mensuelle des production et consommation d’électricité Production (MWh) Période

Total

Hydraulique

Thermique

Prix moyen (Ar/KWh)

Consommation d’électricité (MWh) Total

Industries et services

Eclairage public

sept 09

92 359

59 527

32 832

350

65 908

35 316

29 691

900

oct 09

96 682

60 807

35 875

348

68 960

36 737

31 153

1 070

nov 09

93 778

53 806

39 971

276

52 680

34 837

17 218

625

déc 09

96 156

62 612

33 544

351

69 565

37 884

31 095

586

janv 10

95 219

63 124

32 095

310

91 802

38 806

52 420

575

févr 10

87 630

58 067

29 563

325

80 123

34 458

45 143

522

mars 10

98 224

63 374

34 850

377

63 143

34 038

28 575

530

avr 10

97 973

60 218

37 755

341

75 179

37 088

37 385

706

mai 10

99 982

58 905

41 077

356

70 727

36 972

33 182

572

juin 10

100 961

57 399

43 562

356

71 109

37 873

32 640

596

juil 10

104 266

59 983

44 282

334

63 819

36 947

26 070

802

août 10

101 600

53 863

47 737

415

52 622

39 530

12 150

942

sept 10

98 896

58 292

40 604

347

69 701

42 392

26 503

806

oct 10

103 055

59 835

43 220

367

68 511

38 245

29 520

747

nov 10

99 739

59 056

40 682

363

69 386

39 227

29 403

756

déc 10

102 262

58 844

43 418

372

67 829

41 245

25 926

658

janv 11

100 601 p

56 024 p

44 577 p

353 p

71 485 p

40 390 p

30 349 p

745 p

févr 11

92 365 p

55 660 p

36 705 p

355 p

67 683 p

38 434 p

28 660 p

589 p

mars 11

104 332 p

68 971 p

35 361 p

350 p

66 642 p

37 663 p

28 411 p

568 p

avr 11

102 505 p

65 363 p

37 141 p

347 p

71 670 p

39 789 p

31 206 p

675 p

mai 11

108 291 p

64 175 p

44 116 p

349 p

73 324 p

39 350 p

33 355 p

618 p

juin 11

106 978 p

60 065 p

46 912 p

344 p

75 765 p

41 556 p

33 556 p

653 p

juil 11

110 719 p

59 608 p

51 112 p

346 p

73 450 p

40 427 p

32 414 p

609 p

août 11

111 407 p

57 905 p

53 503 p

352 p

77 677 p

41 398 p

35 569 p

711 p

Cumul jan-août 11

325 308

0

0

-

0

0

0

0

Cumul jan-août 10

322 388

0

0

-

0

0

0

0

0,9%

-

-

-

-

-

-

-

Variation

Source : JIRAMA

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Ménages

EXPANSION MADAGASCAR - JANVIER / FEVRIER 2012 - N°13

e = Estimations

p = Provisoires

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra

! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !




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