Le Magazine du Syndicat des industries de Madagascar
N° 4 - Juillet / Août 2010
ELECTRICITE
Des potentiels naturels à exploiter
Nos Régions HAUTE MATSIATRA, une industrie toute en contraste
Je consomme Malgache, nous y gagnons !
J’achète Malgache et tous nous y gagnons !
Point de vue | HYDELEC 16 millions d’Euros d’investissement
Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra
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Sommaire éditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
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Capital eco | Electricité, des potentiels naturels à exploiter.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 La JIRAMA reste le leader dans le secteur de l’énergie électrique.. . . . . . . . . . . . . 6 Politique sectorielle.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 L’électrification rurale : un défi.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Les énergies renouvelables, énergies du futur.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Point de vue | HYDELEC
16 millions d’euros d’investissement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Région | HAUTE-MATSIATRA.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
HAUTE-MATSIATRA | Une industrie toute en contraste.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
LAZAN’NY BETSILEO | Une cuvée en pleine expansion.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
CLOS MALAZA | Il faut reconsidérer les apports de la production locale.. . . . 15
SIDEXAM | 80% du thé de Sahambavy vont à l’exportation.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
HUILES ESSENTIELLES | Le ravintsara est plein d’avenir.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
INNOVEXX | Viser la place de leader mondial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
COOPERATIVE FY | Une unité artisanale qui innove. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
IMPRIMERIE MIARINJATO | La dernière rescapée de la filière.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
ENTREPRISE SOATAO | L’ex Karenjy reprend vie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Actualités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cours des changes | Le Dollar s’apprécie au détriment de l’Euro.. . . . . . . . . . . . . 36
Les industriels au quotidien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
BRASSERIES STAR MADAGASCAR | Des médailles de ‘monde sélection’.. . . . . . 38
FER DE SOALALA | La compagnie WISCO a payé les 50 millions de dollars . 38
GALANA | Un nouveau terminal pour viser le marché régional.. . . . . . . . . . . . . . . . . 38
SMTP | Recyclage et valorisation des sacs plastiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
1 bis, Rue Patrice Lumumba Antananarivo - Madagascar Tél. : +(261) 20 22 240 07 E-mail : syndusmad@moov.mg Site web : www.sim.mg Fondateurs Hery Ranaivosoa, Fredy Rajaonera, Laurent Rajaonarivelo, Stéphane Raveloson, Damase Andriamanohisoa, Karim Barday, Francis Rajaobelina, Franck Fohine, Claude Ratefiarisoa Directeur de publication Claude Ratefiarisoa Coordonnatrice Léa Ratsiazo Ont collaboré à ce numéro - Fanjanarivo Symonette - Léa Ratsiazo Régie Publicitaire : Mialy Razanajatovo Maquette : Hery Lalaina Razafimamonjiraibe
La vie du sim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Impression : Imprimerie NIAG
Chronique des lecteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Dépot légal : N°04-Juin 2010
EDITO
Editorial Mesdames et Messieurs, chers lecteurs La foire internationale de Madagascar « FIM 2010 » constitue un des grands évènements économiques le plus récent de la Grande Ile qui a réuni les opérateurs tant nationaux qu’étrangers. Que pouvons-nous en tirer de cette manifestation ? A chacun de faire ses conclusions et d’évaluer les perspectives. Pour le SIM, son Comité Directeur a adressé la missive ci-après à tous ses membres, et nous vous la livrons intégralement pour que vous puissiez apporter votre part, toujours pour le développement économique de notre pays. « Mesdames, Messieurs, chers membres, La participation du SIM a été remarquée lors de la Foire Internationale de Madagascar – FIM 2010. Grâce à votre participation active, vos conseils et votre engagement, notre stand a dû être agrandi. Ces derniers mois, malgré les problèmes que nous avons tous rencontrés dans nos entreprises, vous vous êtes mobilisés sur les actions à entreprendre pour « Prendre en main notre avenir ». Se réclamer d’un syndicat actif, entrepreneurial, ne peut que mettre en avant, aux yeux de tous, notre volonté de préserver l’outil de production et l’économie malgache. Notre objectif principal à court et moyen terme est de valoriser les produits malgaches aux yeux de nos consommateurs et concitoyens. Laissons les mauvais produits concurrents se dénigrer tout seuls. Mettre en avant le rôle économique global que la consommation de produits fabriqués dans le pays peut apporter est le début d’une longue période d’éducation de la population. “MANJIFA NY VITA GASY AHO, TOMBONY HO AN’ NY REHETRA” “ JE CONSOMME MALGACHE, NOUS Y GAGNONS” Il nous appartient, nous entrepreneurs opérant à Madagascar, de véhiculer ce message que nous avons tous adopté en adhérant à la communication globale du SIM, en faisant nôtre dans nos propres communications ce leitmotiv, en ouvrant nos usines, en multipliant les actions de reconnaissance de nos entreprises, en fournissant sans réserve des produits répondant aux normes de qualité et de sécurité. Afin de continuer dans cette voie, nous vous demandons de nous faire part de toute proposition collective et/ ou individuelle que nous pourrions mettre en oeuvre pour continuer à faire entendre d’une seule voix notre croyance en notre avenir industriel et commercial. Nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, chers membres, l’expression de nos plus sincères salutations. Le Comité Directeur » Vous aussi, soyez des nôtres. L’énergie plus, précisément l’électricité, sera le point focal dans cette quatrième parution. En effet, il s’agit d’un facteur de production primordial dans les usines. Sans électricité, pas d’industries. Y seront développés les différents types de production, la distribution, les opportunités d’investissements dans le secteur, les points de vue des acteurs… Et la région que nous aurons le plaisir de découvrir dans ce numéro est celle de la Haute Matsiatra avec son activité vitivinicole qui a toujours fait sa renommée et bien évidemment ses autres richesses économiques comme le thé et les huiles essentielles. Historiquement, il s’agit d’une zone à vocation agro-sylvo pastorale mais qui a du mal à émerger en matière de transformation industrielle de ses ressources malgré la présence d’une masse de vrais agriculteurs laborieux et d’industriels qui en veulent mais limités par l’absence d’une politique de développement du secteur industriel. Ce qui a entraîné la dégradation progressive des infrastructures. Nous vous souhaitons bonne lecture Le Comité Directeur
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EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
CAPITAL ECO
ELECTRICITE |
DES POTENTIELS NATURELS à EXPLOITER
à
l’heure où la tendance mondiale se tourne vers les énergies propres et la maîtrise de la consommation énergétique, force est de constater que la situation de ce secteur à Madagascar est paradoxale. D’un côté, le pays dispose d’énormes potentiels naturels pour la production d’énergie propre (hydraulique, solaire, éolienne) mais tous sont sous exploités. Concernant l’hydroélectrique, le mieux maîtrisé sur le plan technique et le plus couramment utilisé dans le monde, le potentiel hydraulique de Madagascar est de l’ordre de 7.800MW réparti sur toute l’île, mais seulement environ 119MW sont exploités représentant environ 1,5%. Cette puissance est essentiellement répartie sur les réseaux interconnectés de Toamasina (6,8MW), d’Antananarivo (91,4MW) et de Fianarantsoa (5,9MW). La plus importante centrale hydroélectrique du pays est celle d’Andekaleka équipée de deux turbines de 29MW chacune parmi les 12 centrales en service raccordées au réseau de la Jirama. La dernière en date est la centrale de l’Hydelec Madagascar sise à Sahanivotry (18 MW). Des micro et pico centrales hydroélectriques sont aussi en fonctionnement à destination de l’électrification rurale (cas d’Antetezambato - Ambositra : 42kW), gérés par des associations privées, ONG, collectivités locales.
Confrontée à la crise pétrolière mondiale dans un contexte économique national encore fragile, l’hydroélectricité regagne actuellement d’intérêt et la stratégie nationale donne priorité à son développement. Malgré les opportunités d’exploitation des ressources énergétiques naturelles, les investisseurs, surtout nationaux ne semblent pas s’intéresser à ce secteur pourtant rentable d’après les techniciens de la Jirama. Certes, il s’agit d’un secteur très capitalistique mais investir dans l’exploitation hydroélectrique s’avère rentable sur le moyen terme, l’amortissement s’étale sur 15 à 20 ans mais le problème actuel pourrait se situer dans l’éparpillement des villes et villages donc des clients qui pèse sur les charges de transport de l’énergie électrique.
Maîtrise de l’énergie A l’endroit des industriels, la Jirama procède actuellement à la mise en place des nouveaux compteurs afin de mieux rationnaliser la consommation d’énergie des professionnels par le biais du comptage-horaire. Par ce procédé, la Jirama incite les industriels à mieux maîtriser leurs consommations, plus concrètement il leur est conseillé de ne pas trop consommer d’énergie pendant les heures de pointes entre 18 et 21 heures. Tout le monde y gagne : les industriels profitent des coûts bas hors heures de pointes, les ménages peuvent
Léa RATSIAZO consommer en toute quiétude et la Jirama peut satisfaire toutes ses gammes de clientèle et par même occasion réduire les charges. L’objectif étant de maîtriser autant que possible la consommation d’énergie pendant les heures de pointes afin de pouvoir réduire l’utilisation des centrales thermiques qui fonctionnent en fuel lourd et en gas oil. Ces centrales thermiques d’appoint sont indispensables pendant les périodes de grande consommation car la production des centrales hydroélectriques s’avère insuffisante à ce moment. Or, faire appel à ces centrales thermiques alourdit les charges de la Jirama compte tenu des prix des ces fuels qui ne cessent de grimper de jour en jour. D’ores et déjà la Jirama prévoit une probable hausse de ses tarifs à partir du second semestre de cette année. Le dernier mot sur la détermination du prix de l’électricité revient à l’Etat et à l’office de régulation de l’électricité mais la Jirama considère qu’une révision de tarif s’impose actuellement. Ceci en raison de l’augmentation du coût de baril de pétrole sur le plan mondial associée à la perte du taux de change et à l’inflation, les trois paramètres qui déterminent l’indexation du prix de l’électricité. Sans oublier l’obligation pour une grande société comme la Jirama d’investir par autofinancement dans la mesure de ses possibilités.
La Jirama reste le leader dans le secteur de l’énergie électrique La JIRAMA, est la compagnie nationale d’eau et d’électricité de Madagascar. Créée le 17 octobre 1975, elle résulte de la fusion de deux sociétés qui exerçaient des activités similaires alors : la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagascar (SEM). La loi 74-002 conférait à l’Etat le monopole des activités de production, de transport et de distribution de l’électricité sur tout le territoire national. L’ordonnance 75-024 l’Etat avait délégué ce monopole à la JIRAMA.
6
Depuis la loi 98-032, la libéralisation du secteur de l’électricité permettait au secteur privé de participer dans la production et la distribution électrique, la JIRAMA n’a plus le monopole. Quatre grands producteurs d’électricité possèdent maintenant des concessions de production et vendent leur électricité à la JIRAMA. Une cinquantaine d’opérateurs exploitent actuellement des concessions dans les centres ruraux. La JIRAMA, dont le capital est d’environ 52 milliards d’Ariary est
EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
toujours détenue à 100% par l’Etat Malagasy, tout en étant régie par le droit commun des sociétés anonymes. Actuellement, la JIRAMA produit, transporte et distribue l’électricité à Madagascar, en même temps qu’elle assure l’alimentation en eau potable dans 114 centres pour l’électricité et dessert près de 415 000 clients, restant ainsi le plus grand producteur national d’électricité.
Les opportunités d’investissement Recherche de Bailleurs ou d’investisseur pour développer (étude, financement, travaux) au moins un grand site hydroélectrique pour le Réseau Interconnecté d’Antananarivo avec Toamasina et Ambositra. Reseau Interconnecte Tana - Toamasina - Ambositra (RITTA) a-Financement acquis : > Ministère de l’Energie : • Hydro - Andekaleka Gr3 : 34 MW dont les travaux en 2010 - la mise en service en 2011 • Hydro - Andekaleka Gr4 : 34 MW dont l’avant projet détaillé 2010 > IPP : • Hydro - Tsiazompaniry : 5 MW dont la mise en service en 2010 b-Financement à rechercher : > Ministère de l’Energie : • Hydro - Andekaleka Gr4 : 34 MW dont la recherche de financement sera en 2011 - les travaux en 2012 - la mise en Service en 2013 • Hydro - Mandraka2 : 58 MW dont l’avant projet sommaire en 2011 - l’avant projet détaillé en 2012 - 2013 - les travaux en 2014 - 2015 • Hydro - Ranomafana : 70 MW • Hydro- Volobe1 : 60 MW • Hydro - Volobe 2 : 30 MW > IPP : • Hydro - Lily : 3,5 MW dont l’avant projet détaillé 2011 - la recherche de financement en 2012 - les travaux en 2013 - la mise en service en 2014 • Hydro-Tazonana : 2,5 MW dont l’appel d’offre et la recherche de partenariat en 2010 - l’avant projet détaillé en 2011 - les travaux en 2012 - la mise en service sera en 2014 • Hydro- Sahofika1 : 70 MW dont l’appel d’offre et la recherche de partenariat en 2010 - l’avant projet sommaire 2011 - l’avant projet détaillé en 2013 - la recherche de financement 2014 - les travaux seront en 2015 • Hydro - Mahitsy : 12 MW dont l’appel d’offre recherche partenariat privé en 2010 - l’avant projet détaillé 2011 - les travaux seront en 2012 - 2013 - la mise en service 2014 • Hydro - Antetezambato1 : 140 MW dont la re-
cherche de financement en 2011- l’avant projet sommaire 2012 - l’avant projet détaillé 2013 - les travaux 2014 - 2015 • Hydro - Sahofika2 : 35 MW • Hydro - Talaviana : 15 MW • Hydro - Tazonana2 : 6 MW • Thermique : 10 MW dont les travaux seront en 2013-2014 - la mise en service en 2015 Réseau interconnecté Fianarantsoa - Mananjary - Manakara (RIFMM) Financement à rechercher : • Hydro-Namorona1 : 8MW dont la recherche de financement en 2010 - l’avant projet sommaire en 2011 - l’avant projet détaillé en 2012 - les travaux seront en 2013 - 2014 - 2015 Réseau interconnecté Mahajanga Marovoay - Maevatanana - Ambato Boeny (RIMMMA) Financement à rechercher : • Hydro-Ambodiroka 1 : 27 MW dont la recherche de financement en 2010 - l’avant projet détaillé en 2011 - les travaux seront en 2012 à 2014 - la mise en service en 2015 Réseau interconnecté Nosy Be Ambanja (RINA) Financement à rechercher : • Hydro-Bevory : dont l’avant projet détaillé en 2010 - les travaux seront en 2012 à 2013 - la mise en service en 2014 Réseau interconnecté Sambava Andapa (RISA) Financement à rechercher : • Hydro-Lokoho1 : dont les travaux en 2010 à 2012 la mise en service en 2013
Localisation géographique des sites potentiels hydroélectriques Réseau interconnecté Antsiranana - Ambilobe (RIDA) Financement à rechercher : • Hydro-Andranomamofona : dont la recherche de financement en 2010 - l’avant projet sommaire 2011 l’avant projet détaillé 2012 - les travaux en 2013 à 2015 Réseau interconnecté Toliary - Morombe (RITM) Financement à rechercher : • Hydro- Nosy Ambositra : dont l’avant projet sommaire en 2010 - l’avant projet détaillé en 2011 - les travaux en 2012-2013 - la mise en service 2014
Réglementation • Ordonnance N°74-002 du 04 Février 1974 portant orientation de la politique de l’eau et de l’électricité. • Ordonnance N°74-003 du 09 Février 1974 portant réorganisation des secteurs de l’eau et de l’électricité. • Ordonnance N°75-024 du 17 Octobre1975 créant la Jiro sy Rano Malagasy. • Arrêté N° 7800-92 du 31 Décembre 1992 portant modalités de révision des tarifs de vente de l’électricité. • Instruction inter-ministérielle de 1998 réglementant les modalités de fixation et de gestion des taxes communales et surtaxes sur l’eau et l’électricité. • Loi N°98-032 du 20 Janvier 1999 portant réforme du Secteur de l’Électricité. • Décret N°2001-849 du 26 Septembre 2001 portant les conditions et modalités de fixation des prix de l’électricité. • Décret N°2001-173 du 29 Février 2001 fixant les conditions et modalités d’application de la
Loi N°98-032 du 1999, portant reforme du Secteur de l’Électricité. • Décret N°2001-803 du 19 Septembre 2001 précisant l’organisation et le fonctionnement de l’Organisme Régulateur des Secteur de l’Électricité. • Arrêté N°4634-2001 du 13 Avril 2001 fixant La composition de la commission d’Appel d’Offres, la procédure de dépouillement et les modalités d’évaluation des offres pour la production et la distribution d’énergie électrique. • Arrêté N° 6678-2001 du 19 Juin 2001 relatif aux déclarations et autorisations d’auto production d’énergie et électrique. • Loi N°2002-001 du 07 Octobre 2002 portant création du Fonds National de l’Électricité (FNE). • Loi N°2002-1550 du 07 Octobre 2002 instituant l’Agence de Développement de l’Électrification Rurale (ADER). • Arrêté N° 3910-2009-MdE du 17 juin 2009 portant modalités de révision des tarifs de vente de l’électricité.
N°4 - JUILLET / AOUT 2010 - EXPANSION MADAGASCAR
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CAPITAL ECO Situation actuelle Type de production (thermique, hydraulique) avec statistiques
Perspectives (à court et moyen terme)
• Hydroélectrique • Thermique fonctionnant en Gaz oil et Fuel lourd • Système solaire PRODUCTION
Unités
Jan-10
Feb-10
Mar-10
Apr-10
Cumul
MWh
63,124
58,067
63,374
60,218
244,783
MWh
53,516
50,202
53,336
52,368
209,422
Hydraulique JIRAMA PRIVE achat Thermique Thermique en GO
MWh
9,609
7,865
10,037
7,85
35,361
MWh
32,095
29,563
34,85
37,695
134,203
MWh
13,63
12,039
14,031
13,551
53,251
JIRAMA
MWh
11,793
10,574
12,343
11,804
46,515
Privée
MWh
1,836
1,466
1,688
1,746
6,736
Location Groupe
MWh
1,735
1,466
1,634
1,734
6,568
Achat d’Energie
MWh
101
54
13
168
Thermique en FUEL
MWh
18,465
17,523
20,818
24,143
80,949
JIRAMA
MWh
7,669
7,721
8,994
12,5
36,884
Privée par Location Groupe
MWh
10,796
9,801
11,824
11,643
44,065
Système solaire
MWh
1
1
1
1
3
TOTAL
MWh
95,219
87,63
98,224
97,913
378,986
Consommation avec statistiques • Consommation en combustible PRODUCTION
Jan-10
Feb-10
Mar-10
Apr-10
Cumul
litre
3,982,905
3,456,798
4,154,676
3,985,903
15,669,281
Groupe JIRAMA
litre
3,486,699
3,130,312
3,685,286
3,494,546
13,796,842
Groupe Privée en LOCATION
litre
496,206
416,486
468,39
491,357
1,872,439
litre
4,426,562
3,693,803
5,0533,451
5,813,456
18,987,272
Groupe JIRAMA
litre
1,764,838
1,818,863
2,110,788
2,940,865
8,635,354
Groupe Privée en LOCATION
litre
2,661,724
1,874,940
2,942,663
2,872,591
10,351,918
Consommation GO
Consommation FUEL
Unités
• Consommation d’énergie Unités
Jan-10
Feb-10
Mar-10
Apr-10
Cumul
VENTES D'ENERGIE
LIBELLE
MWh
91,802
80,123
63,143
75,179
310,246
Basse Tension (BT)
MWh
44,349
39,32
39,413
42678
165,759
Moyenne Tension (MT)
MWh
45,805
39,48
22,216
30,718
138,219
Haute Tension
MWh
1,648
1,323
1,514
1,783
6,268
Les investissements en cours (pouvant être privés ou publics selon le mode de financement adopté) - Projet de construction de la centrale hydroelectrique de Sahambano à Ihosy - Développement de la centrale d’Andekaleka par la mise en place de la 3ème et de la 4ème groupe - Construction de la centrale hydroelectrique d’Ambodiroka pour l’alimentation de la ville de Mahajanga, de Maevatanana, de Marovoay et d’Ambato Boeny. - Electrification de 9 nouveaux villages de Nosy-be - Etude de l’amenagement hydroelectrique de Mandraka 2 - Reprise des travaux swer phase 2 : • Electrification des 5 villages : Ambatomainty, Ambohimanatrika, Amboalefoka Nord, Amboalefoka Sud et Igararana dans la zône de Miarinarivo. • Réhabilitation d’électrification des 03 villages : Ifarihy, Ambatonandiana et Ambohimidasy.dans la région d’Arivonimamo • Electrification des 03 villages Ambohimanatrika, Amboalefoka Nord et Sud, Igararana dans la région de Miarinarivo ainsi que le village de Tsarazaza dans la région d’Arivonimamo
Politique sectorielle • Le renforcement de la bonne gouvernance du secteur ; • Le renforcement du 3 P et la sécurisation des investissements privés ; • La promotion des Energies Renouvelables ; • Et, l’initiation à la maîtrise de l’énergie. Dans ce cadre, les activités du département de l’Energie consistent principalement à : - Améliorer le cadre juridique et institutionnel ; - Poursuivre les travaux de redressement de la JIRAMA, (production ; réseaux et gestion commerciale) dans le but de réduire le coût de production, les pertes et de rétablir l’équilibre opérationnel de l’entreprise ; - Electrifier les zones rurales et périurbaines en partenariat avec les secteurs privés tant nationaux qu’étrangers ; - Réaliser de nouvelles centrales de production d’énergie électriques (hydraulique, solaire, éo-
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lienne, biomasse) ; - Et, améliorer la production et l’utilisation des bioénergies. • Maintenir la structure actuelle de la JIRAMA : Intégration verticale et sans séparation Eau et Electricité ; • Inciter les investissements de production sous le système IPP’s ; • Instaurer des Fonds de Garanties pour les Gros Investissements : Négociation avec les partenaires financiers.
Les intervenants dans le secteur
> Public
Etat : Primature - Ministère de l’Energie - Ministère de l’Economie - Ministère des Finances et Budget) - Office de Régulation de l’Electricité (ORE) Bailleurs de fonds : Gouvernement Mala-
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gasy ; Banque Mondiale ; Banque Européenne D’investissement (Bei) ; Agence Française De Développement (Afd) ; Banque Arabe Pour Le Développement Economique (Badea) ; Kuweit Fund (Ofid) ; OPEC Fund Clients : Adminidstration ; Gros clients (Industriels,…) ; Ménage
> Privés
Fournisseurs d’énergie électrique : HYDELEC, HENRI FRAISE, ENELEC, EDM
> Office de Régulation de l’Electricité * Contexte / Dans le cadre de la nouvelle politique économique orientée vers la libéralisation de toutes les activités de production et le désengagement progressif de l’Etat, le Gouvernement malagasy a mis en œuvre la réforme du Secteur de l’Energie électrique, par la loi n°98032 du 20 janvier 1999 ( la LOI ) . Depuis, toutes les activités de Production, de Transport et de Distribution d’énergie électrique à Madagas-
Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra
cité, (ORE) » a été institué. Il est composé de deux organes : le Conseil de l’Electricité (CE), organe de décision et le Secrétariat Exécutif (SE) organe administratif et technique. * Statut / Aux termes de l’article 34 de la loi n° 98-032 du 20 janvier 1999, il est institué un organisme régulateur, établissement public à caractère administratif chargé du contrôle du secteur de l’électricité, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. * Missions / Les principales missions de l’ORE consistent à : - déterminer, publier et surveiller les prix d’électricité - veiller au respect des normes de qualité de service - contrôler et à faire respecter une saine concurrence.
Le fonds national de l’Electricité, un
> La JIRAMA et les autres opérateurs :
• exploitent les installations concédées et assurent l’alimentation en énergie électrique de la clientèle • maintiennent les installations et veillent au respect de la qualité • assurent les objectifs d’accès de nouveaux clients
MT Industriels
Tarif HT LONGUE UTILISATION
Tarif HT HORAIRE
MT Autres
Elements Tarifaires Prime fixe Energie
Unité
Tarifs mai 09 Zone1
Ar/Kw
30
Ar/KWh
125
Redevance
Ar
142
Prime fixe
Ar/Kw
24
Prix énergie POINTE
Ar/Kwh
405
Prix énergie JOUR
Ar/KWh
90
Prix énergie NUIT
Ar/KWh
Redevance
Zone2
Zone3
47
Ar
161,25
Tarif MT LONGUE UTILISATION
Prime fixe
Ar/KW
30,52
20
16,5
Prix Energie
Ar/KWh
140
300
495
Redevance
Ar
125
125
125
Tarif MT COURTE UTILISATION
Prime fixe
Ar/KW
30,52
20
16,5
Prix Energie
Ar/KWh
190
327
520
Redevance
Ar
125
125
125
Prime fixe
Ar/Kw
24
20
16,5
Prix énergie POINTE
Ar/Kwh
410
480
620
Prix énergie JOUR
Ar/KWh
90
295
480
Prix énergie NUIT
Ar/KWh
70
240
450
Redevance
Ar
145
145
145
Tarif MT LONGUE UTILISATION
Prime fixe
Ar/KW
30,52
20
16,5
Prix Energie
Ar/KWh
215
400
590
Redevance
Ar
125
125
125
Tarif MT COURTE UTILISATION
Prime fixe
Ar/KW
30,52
20
16,5
Prix Energie
Ar/KWh
235
403
610
Redevance
Ar
125
125
125
Prime fixe
Ar/Kw
27,5
20
16,5
Prix énergie POINTE
Ar/Kwh
475
480
620
Prix énergie JOUR
Ar/KWh
160
354
550
Prix énergie NUIT
Ar/KWh
100
345
550
Redevance
Ar
145
145
145
Prime fixe
Ar/KW
2,975
2,56
1,54
Prix Energie
Ar/KWh
236
405
547
Redevance
Ar
7,7
7,7
7,7
Prime fixe
Ar/KW
2,71
1,74
1,275
Prix Energie<130Wh
Ar/KWh
205
368
490
Prix Energie>130Wh
Ar/KWh
276
410
550
Ar
6,45
6,45
6,45
Prix Energie<25Wh Tarif BT Eco Non Résidentiels Prix Energie>25Wh Ps < 3 kW Redevance
Ar/KWh
151
151
151
Ar/KWh
645
720
773
Ar
778
778
778
Prix Energie<25Wh
Ar/KWh
141
141
141
Prix Energie>25Wh
Ar/KWh
620
689
737
Ar
778
778
778
Tarif MT HORAIRE
En revanche, les opérateurs se doivent d’assurer la fourniture de l’Energie à ceux qui en demandent. Ne respectant pas cet engagement, il peut être traîné en justice. Afin de dynamiser davantage le secteur, l’Agence de développement de l’électrification rurale met en œuvre un nouveau plan d’électrification, un changement d’échelle. Il s’agit de la mis en application de l’approche
• déterminer, publier et surveiller les prix d’électricités • veiller au respect des normes de qualité de services • contrôler et à faire respecter une saine concurrence.
Tarif MT HORAIRE
Tarif BT GENERAL Autres
BASSE TENSION (BT)
Actuellement, une vingtaine d’opérateurs exploitants outre la Ji rama intervient dans tout Madagascar. Cependant la surface financière reste faible. En moyenne, les investissements dans les différents projets s’élèvent entre 100 000 à 120 000 euros. Les entreprises intervenant disposent en moyenne d’une surface financière de 500 millions d’ariary au maximum.
financement local, destiné à appuyer les investissements reste insuffisant. Entre 2005 à 2010, il varie de 4 à 7 milliards d’ariary dont une partie constituée par les redevances qui ont atteint les 750 millions d’ariary en 2007 et un milliard d’ariary en 2008. De par ce fonds, l’ADER (Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale) fournit les 70 % du total du montant des investissements contre 30% pour les opérateurs privés. Ces 30% servant pour les frais dont la caution bancaire et les salaires du personnel.
MOYENNE TENSION (MT)
L’électrification rurale : un defi A Madagascar, le taux moyen d’accès à l’électricité reste toujours très faible. Il est passé de moins 5% dans les années 2004-2005 contre 7,65% en 2009 avec un rythme de 5000 à 8000 nouveaux branchements par an depuis 2005. En milieu rural, ce taux est encore de moins de 5% soit 120 000 ménages branchés. Sur 1590 communes rurales, environ 300 seulement sont éclairées. Afin d’améliorer la situation, l’Etat sensibilise le secteur privé à investir dans le secteur.
> L’ORE :
Catégorie
> L’Etat :
• définit la politique sectorielle incluant les grandes orientations et les objectifs du secteur • organise et suit les réformes ou améliorations institutionnelles
• garantit les prêts auprès des bailleurs de fonds et rétrocède ces prêts à la JIRAMA
Tarif en vigueur appliqué depuis mai 2009
Les relations entre intervenants HAUTE TENSION (HT)
car peuvent être assurées sans discrimination par toute personne physique ou morale, de droit privé ou public, de nationalité malgache ou étrangère, selon les modalités fixées par la Loi et les textes pris pour son application. (cf art. 2 de la Loi ). Cette réforme a pour but de donner à des opérateurs privés la possibilité d’opérer au sein du secteur afin de relayer l’Etat malgache dans le financement des infrastructures électriques du pays d’une part, et d’autre part, de promouvoir l’efficacité et la qualité du service offert aux usagers par le jeu de la concurrence. Par ailleurs, la sécurisation des investissements réalisés au sein du secteur constitue l’une des innovations majeures apportées par la Loi, par : - le biais de l’instauration d’un régime transparent et non-discriminatoire de l’octroi d’Autorisations et de Concessions par voie d’Appels d’Offres, - la reconnaissance du statut de propriétaire des installations aux Permissionnaires ou Concessionnaires, - la réglementation rigoureuse de l’élaboration des tarifs de vente d’électricité. Un organe de régulation du secteur électricité, dénommé « Office de Régulation de l’Electri-
Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !
!
Tarif BT GENERAL Résidentiels
Redevance
Tarif BT Eco Résidentiels Ps < 3 kW
Redevance
Projets existants sur l’electrification rurale décentralisée (hydro-electrique)
CAPITAL ECO par zone plus étendue à savoir plusieurs communes et de fokontany. En outre, des réflexions sur la mise en place de mécanismes financiers plus adaptés sont en cours. En même temps, des réflexions sur les textes juridiques er règlementaires plus souples et plus adaptés à la demande des opérateurs seront émises. L’agence renforcera, par ailleurs, les actions de marketing et d’encadrement par la fourniture des indications et d’informations pour tous les opérateurs intervenants.
La pauvreté : un obstacle pour le développement énergétique Près de 75 à 80% de la population vit en milieu rural et une grande majorité vit avec un revenu de moins de un dollar par jour. Cette situation se répercute sur la possibilité des ménages à accéder à l’électricité dont le coût est encore jugé trop cher. Par rapport à cette situation, le ministère de l’Energie entreprend des sensibilisations basées sur des calculs des dépenses réalisés par les ménages en matière de fourniture énergétique dont l’achat de piles, du pétrole lampant ou des bougies. L’objectif étant de démontrer que le total de dépenses successives dépasse largement la facture mensuelle. Or, il est compliqué pour un ménage de rassembler la somme en un moment donné, ils ont d’autres priorités. L’arrivée des investissements est aussi remise en question car, outre les activités économiques du village, la capacité de payer des habitants constitue un critère pour l’implantation des investisseurs. Il est du plein droit d’un investisseur d’abandonner un projet si ce dernier n’est pas rentable. Les investissements doivent être indemnisés. Si l’Etat lance un appel à projet, le repreneur est dans l’obligation d’indemniser le sortant sur le coût des installations. Mais afin d’éviter de tel problème et encourager les investissements, le gouvernement tente de mettre en place visant à réduire le coût de l’énergie électrique. Dans le cadre de la loi de Finances en vigueur, les droits de douanes sont exonérés pour les équipements nécessaires pour la production énergétique avec de ressources renouvelables comme la turbine hydraulique et les panneaux solaires photovoltaïques. Outre la subvention de la part de l’Etat dans le cadre du fonds national de l’Electricité, l’Etat peut intervenir d’une autre manière. Cette intervention peut être en nature.
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EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
Commune
District
Région
Puissance Mise en installée service
Nombre abonnés
Opérateur
Andriatsiazo
Andramasina
Analamanga
7,5 kW
2009
Andriatsemboka
Tana Atsimondrano Analamanga
10 kW
2009
AIDER
Antetezambato
Ambositra
Amoron’i mania
53 kW
2003
Coopérative ADITSARA
Mangamila
Anjozorobe
Analamanga
85 kW
2009
Ankazomiriotra
Betafo
Vakinankaratra
Ranotsara sud
Iakora
Ihorombe
AIDER
80
ELEC & EAU
120 kW
2009
POWER & WATER
20 kW
2009
VITASOA ENERGY
Les énergies renouvelables, énergies du futur Energie solaire
• la zone Nord (vitesse moyenne ment retenus, dont les vitesses de annuelle du vent compris entre 6 et vent sont supérieures à 7,5m/s à Pour le gisement solaire, presque 8m/s à 50m de hauteur) ; 50m : la frange côtière, proche de toutes les régions du pays ont plus la ville de Sambava, les alentours de 2.800 heures d’ensoleillement • la zone Centre (vitesse moyenne d’Antsirabe, la ville de Marambato et annuel. Avec 2.000kWh/m²/an, Ma- annuelle du vent compris entre 6 et ses environs. dagascar est parmi les pays riches 6,5m/s à 50m de hauteur). -Le Centre de Madagascar (région en potentiel d’énergie solaire. Cette énergie est exploitée actuellement • dans la zone Sud (vitesse moyenne s’étendant du 16° au 24° de latitude pour la cuisson, le chauffage, le annuelle du vent supérieures à 6 et sud) : sur cette zone, le gisement éolien moyen est compris entre 6 et séchage et la génération d’électri- 6,5m/s à 50m de hauteur) ; cité pour les télécommunications, • et, l’Extrême Sud : Taolagnaro, 6,5m/s à 50m. l’éclairage, la conservation des Tsihombe, Itampolo, Androka, Vohimédicaments, la climatisation et le mena et Tanjona (la vitesse moyenne Le sud du pays : l’extrême Sud de Madagascar est favorablement expompage. du vent est supérieure à 8 à 9m/s à posé aux vents. Pour le séchage solaire, le marché 50m). est encore à exploiter et les installa- La mise en place de centrales hy- Pour les zones, où végétation et relief tions existantes n’ont pas fait l’objet brides est à considérer dans les ac- ne jouent pas de rôles de masque, on estime une ressource vent moyenne de publicité. Pour faciliter un accès tions à venir. supérieure à 6 – 6,5m/s à 50m de croissant à cette source d’énergie, une réelle vulgarisation est néces- De plus, les fermes éoliennes avec hauteur. Plusieurs sites présentent saire. Un programme de pré-élec- une injection au réseau sont à ins- un vent moyen supérieur à 8 – 9m/s trification rurale par des kits pho- crire dans les programmes à proposer à 50m. On doit essentiellement retetovoltaïques a été démarré et va se aux secteurs privés dans le cadre de nir toute la bordure côtière de l’expoursuivre selon le schéma directeur la production indépendante d’éner- trême Sud du pays et plus particugie (IPP). Enfin, le pompage éolien lièrement : d’électrification rurale. (multipâle) constitue une solution Plus de 1000 systèmes solaires alternative au système d’exhaure - les environs de Taolagnaro et Lophotovoltaïques ont été installés pour l’adduction d’eau potable ou les karo, depuis les années 90. Ce sont des points d’abreuvage des troupeaux. - la zone Sud-Est proche de Tsioutils d’appui aux activités sociales hombe, en bord de mer, balayée par et communautaires en milieu rural, Le potentiel éolien de Madagascar les vents, avec un gisement éolien dans les localités ne bénéficiant pas -Le Nord du Pays présente de très moyen de 8m/s à 50m, d’électricité, et leur intégration dans nombreux sites avec des vitesses les programmes sociaux devrait être moyennes annuelles de vent supé- - plus au Sud-Sud-Ouest, les sites proches d’Itampolo, d’Androka et plus courante : santé, éducation, sé- rieures à 8m/s à 50m de hauteur. Tanjona Vohimena, présentent des curité, éclairage public, télécommuvitesses supérieures à 8 – 9m/s à Nosy Be affiche des gisements éonication, etc. liens très favorables, avec des sites 50m. Le solaire thermique présente aussi où la vitesse moyenne est supérieure Des projets d’installation de ferme beaucoup de perspectives en milieu à 9m/s à 50m. éolienne dans le Nord et l’extrême urbain. Le remplacement progressif des systèmes de chauffage dans Cap Diégo et les alentours est véri- Sud sont en cours avec des opérales hôtels, hôpitaux et habitations tablement la zone à privilégier sur la teurs privés. contribuera à écrêter la demande du- région Nord de Madagascar pour dé- Les projets en cours avec la rant les périodes de pointe. La baisse velopper les premiers projets éoliens Jirama des prix, sur le marché mondial, des d’envergures. En effet, plusieurs sites générateurs solaires rend cette tech- peuvent être identifiés, répondant - Un projet éolien à AMBOVOMBE avec Sun & Wind Factory nologie attractive pour les utilisa- aux contraintes de faisabilité : teurs potentiels. - un gisement éolien important, Vent - Un projet solaire à Antsohihy en Energie éolienne
moyen à 50m > 9m/s,
Les ressources d’énergie éolienne sont considérables mais non réparties uniformément sur le territoire national. Cette forme d’énergie reste compétitive pour le pompage et la génération d’électricité surtout dans :
- la proximité des voies d’accès,
cours d’étude avec JanSun Solar Energy Development
- Projet de coopération avec le Groupe TECHNIKA Srl. Italie qui - un potentiel de développement envisage le montage d’usine d’assemblage des Panneaux solaire super économique. photovoltaïque (PSSP – 3ème généPlusieurs sites peuvent être égale- ration) à Madagascar - la proximité des centres urbains,
Je consomme Malgache, nous y gagnons !
POINT DE VUE
Hydelec | 16 millions d’Euros d’investissement Depuis quand Hydelec est-elle intervenu dans le secteur énergétique à Madagascar ? Créée en 1999 Hydelec Madagascar a été la première société privée à intervenir dans le secteur de l’énergie en 2000 ceci suite à un appel d’offres international, avec la mise en place de la centrale thermique d’appoint de 18 MVA sise à Ambohimanambola. Cette société de droit malgache a pour objet l’étude, la réalisation et l’exploitation de centrales hydroélectriques, thermiques et de fermes à éoliennes
de pointe pour la zone interconnectée d’Antananarivo. Hydelec Madagascar a obtenu en outre de la part du Gouvernement Malgache plusieurs contrats de concession. Plusieurs contrats d’achat d’énergie ont également été signés avec la Jirama.
Quelle est la puissance totale que Hydelec produit depuis ? Actuellement la capacité totale des installations mises en place par l’Hydelec s’élève à 36 MW pour une production totale de 300 Gwh.
L’entreprise comprend aujourd’hui une cinquantaine de salariés
Combien de bénéficiaires ont été touchés par ces installations ? Depuis la mise en place de la première Centrale, près de 300.000 foyers ont bénéficié de la production de nos installations.
La Centrale d’Ambohimanambola assure depuis le complément d’énergie indispensable aux heures
3 projets ont été réalisés jusqu’à ce jour :
Combien de projets ont été réalisés ? Où sont les lieux d’implantation ?
1- La Centrale Thermique d’Ambohimanamabola (Antananarivo) – 18MVA Cette centrale se trouve à la périphérie Est de la ville d’Antananarivo. On y accède en empruntant la route qui dessert la localité d’Ambohimanambola. D’une capacité de 18 MVA la centrale a été construite en seulement 2 mois, la Jirama et le Ministère ont réceptionné les installations le 17 juillet 2000 et les premiers kWh étaient mis sur le réseau à cette date. L’objectif visé par le projet est le renforcement de la puissance installée de la Jirama afin de satisfaire les besoins de pointe sur le réseau interconnecté d’Antananarivo. C’est une centrale d’appoint qui ne devrait fonctionner que 4 heures par jour. 2- La Centrale hydroélectrique de Sahanivotry (Antsirabe)- 15 MW Située à 30 km au Sud d’Antsirabe au Point kilométrique 197, route nationale 7 la Centrale de Sahanivotry est la première centrale hydroélectrique construite à Madagascar ces 30 dernières années. Avec une capacité de 15 MW, cette centrale hydroélectrique de Sahanivotry est mise en exploitation depuis octobre 2008 avec une production annuelle de 90.000.000 kWh. 3- La Centrale hydroélectrique de Vodiriana (Maroantsetra) – 2.4 MW Cette centrale hydroélectrique d’une capacité de 2,4 M .prend sa source dans la rivière Voloina à 28 km à l’ouest de la ville de Maroantsetra. La production annuelle est estimée à 6.000.000 kWh.
J’achète Malgache et tous nous y gagnons !
En ce qui concerne les installations déjà fonctionnelles est-ce que vous rencontrez les mêmes problèmes que certains opérateurs qui voient le nombre des abonnés réduire progressivement ? Non, car pour l’instant toute la production est livrée à la JIRAMA. Malgré les problèmes rencontrés, est-ce que l’investissement dans le secteur énergétique malgache reste favorable pour les opérateurs privés ? Oui mais moins intéressant que les investissements sur l’Europe. Avez-vous d’autres projets en cours de réalisation ? Dans quelle localité ? Oui, on a un autre site qui est situé à FARAHANTSANA sur la rivière Ikopa au niveau du village MANAVOANDRO (MAHITSY) permettant l’installation d’une centrale hydroélectrique d’une capacité de 12 MW. La production annuelle est estimée à 65.000.000 kWh. Quel sera le nombre des bénéficiaires pour chaque projet ? 60.000 foyers bénéficient de la production de chaque Centrale. Quel est le montant des investissements que vous prévoyez pour la réalisation de ces différents projets ? 16 Millions d’euros Prévoyez-vous d’autres projets dans les années à venir ? Oui. On vous en informera.
N°4 - JUILLET / AOUT 2010 - EXPANSION MADAGASCAR
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Région | HAUTE-MATSIATRA
REGION | HAUTE-MATSIATRA
Haute-Matsiatra Une industrie toute en contraste Fanjanarivo Symonette En panne pour certains mais plein d’avenir pour les autres, l’industrie dans la région de la Haute-Matsiatra oscille entre ces deux extrêmes. Même dans une filière, ce contraste est d’actualité. C’est le cas pour la filière viticole où l’on enregistre la disparition de domaines mais en même temps le développement d’autres marques. Si l’industrie de l’imprimerie peine à émerger sur un marché morose, celle des huiles essentielles tournée vers l’exportation a un avenir prometteur. Il en est de même pour l’extraction de plantes médicinales, la transformation de fruits et légumes… Sinon, il faut signaler la remise au goût du jour d’industries créées, il y a des décennies de cela. Citons l’ex Karenjy d’Ankofafalahy et l’ex Sopraex devenue Innovexx d’Ankijana. Il faut toutefois noter que la région étendue sur 20 959 km2 offre des opportunités qui devraient développer l’industrie. Sans cela, de nombreuses industries ne s’y seraient pas implantées dans les années 70 et 80. Mais les options de politiques économiques et industrielles ont changé la donne et l’on a assisté plus tard à la disparition d’unités comme la ferme d’Etat, l’ex Karenjy qui vient de renaître de ses cendres, des imprimeries, des domaines viticoles
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comme cités plus haut. Dans sa partie ouest pourtant, la région se caractérise par de vastes terres cultivables et par un climat favorable à la viticulture et au café arabica qui pourrait être positionné sur le créneau des cafés gourmets. Elle compte d’ailleurs une population laborieuse. Notons que la population de la région de la Haute-Matsiatra est estimée à 1 269 612 habitants pour une densité démographique moyenne de 61 habitants au km2. Dans la zone nord-ouest, le climat se prête à la culture de tabac et de tomate. Cette zone a également un potentiel pour la production de fruits et de plantes à huiles essentielles. La proximité de la RN7 n’est pas négligeable pour l’évacuation des produits. La région compte également une zone corridor riche en biodiversité et ressources forestières, de quoi développer l’écotourisme. Dans le SudOuest, elle compte des vastes et riches plaines aménageables, une réserve de ressources minières et une importante production de ma-
EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
nioc et de maïs. Outre ces potentiels des différentes zones, il faut également tenir compte des contraintes dont l’insécurité, la dégradation du capital écologique, la faible productivité dans l’agriculture et l’élevage, l’enclavement, les défaillances dans le système scolaire et sanitaire… Ces différentes contraintes empêchent l’industrie de booster suffisamment l’économie de la région pour l’aider à effectuer un grand bond en avant. Devant une telle situation, des opérateurs économiques ne baissent pas les bras et continuent à foncer ou à persévérer selon les secteurs. D’autres prennent même le risque d’investir dans des unités abandonnées ou en léthargie. Ils y gagnent et leurs employés aussi.
LAZAN’NY BETSILEO |
Une cuvée en pleine expansion La filière vitivinicole est en perte de vitesse dans la région de la Haute-Matsiatra. Des entreprises ont disparu de la circulation, les charges fixes et le poids fiscal demeurent lourds, des insectes risquent de décimer les vignobles, etc. Bref, la filière vitivinicole de la région ne se porte pas bien. Mais une exception confirme la règle. Chez l’entreprise Lazan’ny Betsileo, les activités sont en pleine expansion. Le directeur général, Jean-François Régis Rajomalahy évoque l’augmentation continue de la production de ces dernières années (voir tableau cidessous). Après les années noires d’avant 2007, ce développement trouve son explication dans plusieurs facteurs. Production de raisins et de vins :
La motivation des paysans
Les paysans producteurs de raisins et également actionnaires de Lazan’ny Betsileo sont payés régulièrement et à temps pour leurs raisins, contrairement au passé. Pour la campagne 2010, ils ont été payés moins d’un mois après la vendange. Certains ont pu investir dans l’achat de zébus car ils réalisent un chiffre d’affaires allant jusqu’à 5 millions d’ariary par campagne. Cette année, l’entreprise achète leurs raisins à 350 ariary/kg, contre 280 ariary en 2009. Motivés par cette hausse des prix et de la production, d’autres paysans ont rejoint l’entreprise : de 440 en
2007, ils sont au nombre de 625 à l’heure actuelle. A la suite de la stratégie de redressement de l’entreprise depuis 2007, certains producteurs replantent leurs vignobles laissés à l’abandon depuis des années tandis que d’autres procèdent à des extensions. D’ici 2 ans, Lazan’ny Betsileo compte dépasser les 1 000 tonnes de raisins. Outre les paysans actionnaires, d’autres paysans producteurs livrent à l’entreprise leurs raisins à la suite de la fermeture de deux domaines vitivinicoles. Ce qui ramène l’effectif des paysans producteurs à 780. Notons que la production d’un paysan peut varier entre 100 kg à 15 tonnes. Mais dans la majorité des cas, la surface plantée par paysan est de 25 ares. En tout, Lazan’ny Betsileo compte 300 ha de vignes. Cette entreprise fonctionne sur un modèle unique parce que son actionnariat est principalement constitué des paysans producteurs de raisins qui sont donc à la fois les patrons de l’entreprise. Par ailleurs, la viticulture fait vivre plusieurs milliers de personnes rien qu’au niveau de Lazan’ny Betsileo. Raison pour laquelle les paysans y consacrent le temps nécessaire. Pour le traitement de leurs vignobles, ils dépensent en moyenne 2h de temps par jour. Quant à la taille des vignes, 3 à 4 jours suffisent sur la période allant de juillet à août.
Les avancées techniques
Lazan’ny Betsileo investit dans la qualité et dans l’augmentation de la quantité de sa production. Cet investissement est né-
cessaire pour faire face à la concurrence de « l’avalanche de vins sud-africains et autres » sur le marché malgache. Il se traduit, entre autres, par l’achat de nouveaux matériels et par le partenariat avec la région Bourgogne en France. Sur son domaine expérimental à Soaindrana situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Fianarantsoa, l’entreprise produit soigneusement des boutures pour les paysans, leur livre les intrants nécessaires comme l’engrais et les produits de traitement des vignes. Côté production, le partenariat avec la région de Bourgogne, une des régions les plus réputées dans la production de vins sur le plan mondial, s’inscrit dans l’amélioration de la qualité des vins produits par Lazan’ny Betsileo. Il consiste en des formations régulières et étalées sur plusieurs semaines par an. Les responsables des cultures et les responsables de production ainsi que la direction générale sont les cibles de cette formation effectuée tant en France qu’à Madagascar. De plus, les partenaires français viennent tous les ans à Fianarantsoa pour le transfert de savoir-faire et le partage d’expériences auprès de tous les acteurs de la filière, c’est-à-dire des paysans jusqu’à la direction générale. Afin de préserver la qualité de la production, l’entreprise dispose des caves régionales réparties dans les 6 secteurs où sont situées les vignobles. Ces caves permettent de travailler sans attendre les raisins et de préserver ainsi la qualité. Car s’il faut transporter les raisins à la cave centrale de Soaindrana pour démarrer le processus de fabrication,
N°4 - JUILLET / AOUT 2010 - EXPANSION MADAGASCAR
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Région | HAUTE-MATSIATRA ces matières premières entament le processus de la fermentation en chemin. La qualité des vins s’en trouvera amoindrie. Les caves régionales réalisent une partie de la transformation alors que la cave centrale s’assure de l’autre jusqu’à la mise en bouteille. Concernant le climat, une petite partie de la Haute-Matsiatra est favorable à la viticulture grâce à plusieurs micro climats. Elle est située dans un rayon de 60 km de la ville de Fianarantsoa. Ces micro climats produisent des vins de qualité différente. La cave centrale assure la standardisation de la qualité via un processus incluant la filtration, la mise en chambre froide… Quant à la lutte contre les insectes et notamment contre les « sakorika » qui détruisent les bourgeons, les paysans plantent des tiges de bambou trouées dans les vignobles. Ces insectes voisins du grillon y sont piégés. Par ailleurs, chaque paysan dispose d’un carnet pour le suivi technique de leur vignoble.
Une vision tournée vers l’exportation
Le directeur général annonce qu’à terme, l’objectif est d’exporter les vins de la marque. Pour ce faire, l’entreprise va introduire bientôt un nouveau cépage qui est le vitis vinifiera. La qualité de ce cépage autorise une ambition tournée vers l’exportation. Des expérimentations et analyses ont été déjà menées et donnent des résultats probants. Depuis 2007, l’entreprise expérimente également l’introduction d’un autre cépage, le muscat. A la 3ème année, c’està-dire lors de la vendange de février dernier, les premières fructifications étaient prometteuses. Le muscat produit des vins de table. Ici, l’entreprise vise les grands restaurants. L’introduction d’un nouveau cépage exige de longues expérimentations et analyses. C’est pour cette raison que l’introduction du muscat auprès des paysans n’est pas encore pour demain. Elle requiert encore plusieurs années d’expérimentation et la mise en place d’une pépinière devant servir les besoins en plants des producteurs. Cette étape porte non seulement sur le comportement du cépage par rapport à la qualité du sol et du climat, mais également sur le rendement, la rentabilité économique, la possibilité d’exportation, etc.
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Une gamme élargie de produits
De 4 gammes de produits en 2007, Lazan’ny Betsileo en compte actuellement 14 réparties en 4 catégories, en l’occurrence les vins de table (rouge, gris, blanc et rosé), les vins aromatisés, les vins effervescents et les liqueurs. Pour les vins de table, le rouge se subdivise en 3 sous-catégories, soit le rouge habituel pour satisfaire le niveau du pouvoir d’achat de la majorité des consommateurs, le rouge prestige obtenu avec des raisins sélectionnés et le rouge primeur, fruit de la vendange de l’année. Quant au gris, il y a le gris habituel et le gris FHORM (Fédération des hôteliers et restaurateurs de Madagascar). Celle-ci a choisi ce vin pour sa qualité. En ce qui concerne les vins effervescents, on compte notamment le vin mousseux, brut de brut fabriqué à la méthode champenoise. Lazan’ny Betsileo est l’unique entreprise locale à produire ce vin qui approche du champagne. Bientôt, l’entreprise introduira aussi les raisins de table ou de bouche, comme on en trouve dans les supermarchés. Mais pour le moment, ces produits-là sont importés d’Afrique du Sud. Elle travaille aussi l’étiquette et colle une contre-étiquette sur la bouteille pour donner aux consommateurs des conseils sur les mets et plats devant accompagner chaque vin. L’étiquette comporte aussi la mention Haute-Matsiatra. C’est pour entamer le processus devant conduire à la traçabilité des produits. Ailleurs dans les grands pays producteurs de vins, on parle d’Appellation d’origine contrôlée (AOC). De plus, l’entreprise entend faire connaître les produits du terroir pour éviter aux consommateurs de boire des vins fabriqués avec des produits chimiques comme l’hydromel. Sur ce point, le DG estime qu’il faudrait créer un bureau interprofessionnel pour les planteurs de vignes et les producteurs de vins. Une telle structure devrait avoir comme mission de préserver la qualité des produits. Elle est nécessaire car des vins de mauvaise qualité risquent de nuire à l’image des vins de Madagascar. Le bureau interprofessionnel devrait ainsi constituer un rempart contre les spéculateurs et contre la concurrence étrangère.
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Le savoir-faire en production
Les vignes commencent à donner à la 3ème année. Elles donnent des vins de qualité à partir de la 4ème ou de la 5ème année. La vendange s’effectue en février. Lors du pesage des produits apportés par les paysans, l’agent procède à un ultime contrôle de la maturité des raisins. Ces matières premières sont introduites dans le fouloir égrappoir pour enlever les rafles et réduire les raisins en jus. Par la suite, elles sont transférées dans les cuves de réception. Pour la production de vin rouge, les raisins y sont stockés pendant 8 jours pour la fermentation alcoolique, c’est-à-dire que le sucre contenu dans les raisins s’y transforme en alcool. Ce délai permet à la peau des raisins de donner au futur vin la matière colorante nécessaire. Pour la production de gris, le jus des raisins est immédiatement évacué des cuves de réception et passe par le soutirage. La fermentation se fait dans d’autres cuves. Quant au rosé, une macération du jus de raisins encore accompagné de la peau et des pépins est nécessaire pendant 48 h. Les produits obtenus après ces premières étapes également appelés vins nouveaux sont encore puisqu’ils contiennent beaucoup de particules solides. On les laisse se décanter dans les cuves de stockage et le transvasage se fait une semaine plus tard. Il faut utiliser une centrifugeuse pour enlever les particules et rendre les vins plus clairs. La deuxième fermentation commence et ici, il s’agit d’une fermentation malo-lactique. Cette étape change l’acide malique en acide lactique via des bactéries qui se trouvent naturellement dans les vins nouveaux. Le processus continue avec la filtration et la mise en chambre froide pour 20 jours. Cette étape est nécessaire pour les vins cachetés. Sans cela, du tartre risque de se déposer sur la paroi de la bouteille lorsque le consommateur boit son vin à la température voulue. Pour le blanc, elle se situe entre 15 et 18°C. La mise en bouteille et la pasteurisation suivent la filtration. Si la vendange a lieu en février, les vins sont tirés à partir du mois de mai. Pour Lazan’ny Betsileo, sa capacité de stockage est de 9 350 hl.
CLOS MALAZA |
Il faut reconsidérer les apports de la production locale En crise, la filière vitivinicole l’est dans la Haute-Matsiatra depuis des années déjà. Chez Clos Malaza, l’on comprend que l’Etat alimente sa caisse via les recettes fiscales. Mais les industries et les entreprises formelles sont pressées comme un citron, alors que le secteur informel pullule partout et ne paie ni impôt ni taxe. Pour Clos Malaza, la solution permanente pour étoffer les recettes fiscales n’est pas de trop s’appuyer sur le formel mais de formaliser le secteur informel. A son avis, le poids fiscal participe au recul de l’industrie vitivinicole. Pour exemple, on peut citer la taxe sur la jeunesse. Instaurée en 1997 lors des Jeux de la francophonie, cette taxe a tou-
jours cours alors que le motif de sa mise en place est devenu caduc. Clos Malaza estime qu’il faudrait intensifier le dialogue entre le secteur public et le secteur privé pour l’élaboration des lois de finances. Sur le plan sectoriel, ce dialogue devrait inclure des visites sur terrain pour que les autorités fiscales puissent comprendre les réalités et les méthodes de travail des industriels. Sans cela, il serait utopique de réclamer tel ou tel ajustement fiscal. Parmi ces réalités, on peut citer la difficile lutte contre les insectes et surtout contre les « sakorika », une espèce proche du grillon. C’est le premier ennemi des
bourgeons des vignes. Il devient de plus en plus résistant aux traitements chimiques. Il faut donc chercher un à un ces insectes. En attendant de meilleurs ajustements fiscaux, l’industrie vitivinicole fait face à différentes contraintes.
Des contraintes et risques élevés Les acteurs de la filière travaillent toute l’année et créent de nombreux emplois permanents et saisonniers. Par la même occasion, elle procure des revenus supplémentaires à plusieurs milliers de ménages. Mais ils font face à des risques multiples. Les risques climatiques
Région | HAUTE-MATSIATRA augmentent avec le changement du climat. Sur quatre années successives, les vignobles de Clos Malaza ont été la proie des grêles, de la sécheresse et de cyclones. Ce problème a occasionné une baisse de 40% de la production. La seule campagne épargnée est celle de 2009-2010. Sinon, les charges pèsent lourd. A Ambohimalaza à 30 km de Fianarantsoa, où sont situés la cave et les vignobles de Clos Malaza, la Jirama n’est pas présente. Il faut donc consacrer des dépenses énormes pour faire fonctionner le groupe électrogène de 15 KVA. C’est une machine triphasée à 180 volts qui consomme beaucoup de carburant. L’entreprise doit aussi se doter d’un atelier de mécanique pour les réparations. Cette autonomie coûte cher mais indispensable pour pallier l’absence de la Jirama, l’éloignement et l’enclavement d’Ambohimalaza par rapport à la ville de Fianarantsoa. Il faut environ 1h de route pour relier en 4x4 ce village à partir de Fianarantsoa, contre 1h30 en car. Sinon, la concurrence des vins importés pose des gros problèmes aux producteurs locaux. Ces vins viennent de tous les horizons : d’Afrique du Sud, de France, du Pérou, de l’Argentine... Et la plupart des temps, ces produits importés coûtent moins chers que les vins locaux : il arrive que du vin importé vaut 1 euro ou un peu plus de 2 500 ariary le litre !
Reconsidérer les apports de la filière Les vins locaux ne suivent pas la demande mais des acteurs de la filière demandent à ce qu’on établisse des règles claires et justes. A leur avis, il faut reconsidérer les apports socioéconomiques de l’industrie vitivinicole. Si on les compare aux apports des négociants importateurs, il est évident que la filière vitivinicole arrive en premier avec ses créations d’emplois, les impôts et taxes qu’elle paie à l’Etat, les opportunités de développement d’autres secteurs comme le tourisme où il est possible de créer des circuits vitivinicoles, etc. De plus, la production de vins fait partie intégrante des spécificités de Fianarantsoa. Et elle est la seule à compter le plus d’industries, soit une quinzaine, dans cette région plutôt pauvre en industrialisation.
Les vins importés risquent toutefois de détruire ces différents apports, d’autant qu’ils représentent entre 4 à 6 millions de bouteilles par an, contre 1 million de bouteilles pour la production locale. Particulièrement pour Clos Malaza, elle est obligée d’exploiter en même temps ses vignobles et les rizières attenantes, alors que ces deux secteurs sont contradictoires. Les vignes ont besoin de soleil à l’approche de la vendange alors que les pluies sont indispensables aux rizières à la même période. Mais pendant la soudure, celles-ci procurent du riz à un prix plafonné aux employés de l’entreprise. Ce prix est inférieur à celui du marché. Autrement dit, l’entreprise fait en sorte pour aider ses employés en période difficile marquée par la baisse du pouvoir d’achat. Pour ce qui est de la masse salariale, Clos Malaza verse 96 millions d’ariary par an. Les autorités concernées dont les services de la fiscalité ne peuvent pas prendre en compte l’étendue de tous ces apports sans un déplacement sur le terrain.
Faut-il tout arrêter ? Deux domaines vitivinicoles ont rendu leur tablier ces dernières années et trois autres suivront le même chemin pour la campagne 2010-2011. Quant à Clos Malaza, elle s’est posée cette question à plusieurs reprises. Mais elle a un attachement sentimental pour ses vignobles qu’elle a achetés et gérés depuis 1987. Celles-ci ont également une valeur historique. Le titre des vignobles étalés sur 30 ha et des rizières attenantes de 30 ha également date de plus d’un siècle, soit de 1905. Auparavant, ces terrains appartenaient aux rois de la région. Les vestiges comme les « vatolahy » (ces pierres érigées en souvenir d’un événement mémorable ou d’une personne décédée loin de sa terre natale) sont les gardiens de l’histoire du site. Il en est de même pour la cour royale où le roi parlait avec les populations d’alors. Sinon, les impacts sociaux d’une cessation des activités se traduiront par le chômage et les difficultés financières pour plusieurs milliers de ménages. Et qui dit chômage dit montée de la violence et du banditisme. Le chômage conduit aussi au chômage mas-
qué comme certains petits métiers et petits commerces qui font basculer les personnes concernées dans la catégorie des populations les plus pauvres. Clos Malaza emploie en permanence 47 personnes et entre 50 à 100 saisonniers par mois. Jusqu’ici, cette entreprise n’a pas l’intention d’abandonner la partie, mais d’autres domaines n’ont pas eu le choix. Par contre, les vignobles de 500 ha d’une marque disparue du paysage vitivinicole sont devenus un terrain favori de squatters. Si les contraintes actuelles continuent à peser sur la filière, d’autres entreprises risquent fort de connaître le même sort. D’ores et déjà, certaines sont obligées d’opter pour la locationgérance, un pis-aller en attendant mieux ou le pire dans le cas contraire.
Les cépages, « un problème discutable » Au niveau mondial, les demandes vont vers les cépages nobles. Pour répondre à cette tendance, beaucoup d’essais ont été menés à Fianarantsoa. D’après Clos Malaza, ces expérimentations se sont soldées par les pousses des vignes et par l’absence de fructification. Sinon, il faudra injecter d’importants investissements pour un nouvel encépagement. Le projet américain LDI s’y est essayé, il y a quelques années de cela. Mais le coût de l’investissement était trop énorme : les rémunérations des expatriés à elles seules représentaient la moitié du coût du projet et il fallait y ajouter leurs frais d’installation. Pour un essai prévu sur 1ha donc, il aurait fallu investir dans les 20 millions d’ariary excluant le coût de l’importation des cépages. Bref, le montant de cet investissement est trop élevé, alors que la réussite de l’essai n’était pas garantie. C’est pour cette raison que Clos Malaza évoque le problème des cépages comme discutable. A ses yeux, les cépages hybrides actuels devraient, en revanche, constituer un atout pour les vins de Fianarantsoa. Ils sont déjà acceptés par les consommateurs. De plus, Madagascar est désormais le seul pays à compter encore ce type de cépages. Les grands producteurs de vins comme l’Afrique du Sud, le Pérou et la Chine n’en disposent pas. Pour Clos Malaza donc, on devrait la-
Je consomme Malgache, nous y gagnons !
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belliser ces cépages en tant que cépages exotiques et biologiques ou à défaut naturels. Car les traitements des vignes nécessitent encore l’utilisation de produits chimiques et rendent donc difficiles la labellisation des vins en produits biologiques. Mais la valorisation des cépages actuels n’est pas la tâche d’une seule entreprise, elle exige la collaboration de tous les acteurs de la filière et des pouvoirs publics selon Clos Malaza.
La vitiviniculture est une filière de professionnels On ne peut pas s’improviser en producteur de raisins et/ou de vins même si l’on dispose des moyens financiers, des vignobles et de l’unité de transformation nécessaires. D’amont en aval, cette filière n’est pas pour les amateurs. Elle exige beaucoup de savoir-faire et des expériences. Clos Malaza a auparavant travaillé avec un œnologue expatrié pour apprendre auprès de lui le savoir-faire dans la vitiviniculture. Elle bénéficie aussi des expériences
d’une trentaine d’années de certains de ses employés. Pour la branche amont de la filière, il faut procéder au fauchage des mauvaises herbes poussant sur les interlignes après la vendange de février. L’étape suivante consiste à sarcler et à labourer de mars à avril. Puis, c’est la chasse manuelle aux « sakorika » pour éviter d’utiliser trop d’insecticides. Ces insectes sont mangeables et des paysans en prennent. Ces derniers sont enclins à en attraper le plus possible car la chasse est payée à la pièce. De mai à juin, il faut épandre l’engrais pour un bon enfouissement dans la terre exécuté avec « l’angady » ou la bêche. La taille des vignes se fait entre juillet et août. Sur la même période, on procède au remplacement des poteaux sur lesquels on fixe les trois étages de fils de fer devant tenir le développement des vignes. Et d’août à octobre, il faut traiter les vignobles tous les 15 ou 21 jours. En octobre, l’étape suivante consiste à l’égourmandage des vignes, c’est-à-dire qu’il faut enlever les
gourmands ou les pousses pompant inutilement la sève devant alimenter les rameaux voisins. Cette opération permet aux futurs raisins d’avoir les micronutriments nécessaires à leur développement. L’effeuillage s’effectue en décembre si les vignes comportent trop de feuilles. Une fois de plus, il s’agit de favoriser le développement des raisins. Jusqu’à 15 jours avant le vendange, les travaux continuent (pour la branche aval, se référer à l’article sur Lazan’ny Betsileo). Concernant Clos Malaza, elle emploie 100 à 150 femmes pour la vendange. L’objectif est de remplir la cuve de 10 000 litres par jour afin de préserver la qualité des futurs vins. Ce qui fait une récolte de 12 à 15 tonnes de raisins par jour. Si le lendemain, l’on ajoute dans la cuve des raisins sans pour autant avoir travaillé auparavant les raisins qui y étaient déjà, la qualité se détériore. Voilà pourquoi, la cuve doit être remplie chaque jour jours avec une nouvelle récolte de raisins.
Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra
!
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Région | HAUTE-MATSIATRA
SIDEXAM |
80% du thé de Sahambavy vont à l’exportation Implantée à 23 km au nord-est de Fianarantsoa sur un relief au microclimat différent de celui de cette ville tout proche, la plantation de thé de la Société d’investissement et d’exploitation agricoles à Madagascar (SIDEXAM) de Sahambavy est entièrement dirigée par une équipe malgache depuis 2007. Ce choix du conseil d’administration et de l’assemblée générale des actionnaires donne la part belle au savoir-faire et aux expériences des compétences malgaches selon Yves Rakotondrazafy à la fois directeur d’exploitation et directeur financier. Il est judicieux car le thé de Sahambavy n’a pas perdu de sa qualité, d’autant plus que la société y a beaucoup investi. Etant donné que les Malgaches n’ont pas une culture du thé, 80% de la production vont vers l’exportation et rejoignent essentiellement la Bourse de Mombasa Kenya, là où des grandes marques du thé dans le monde dont Lipton et des gros clients américains et européens viennent s’approvisionner. La SIDEXAM avance que la qualité du thé de Sahambavy est meilleure par rapport à celle de l’île Maurice. Malgré tout, peu de recherches ont été menées avant 2007, alors qu’en charges fixes, les expatriés coû-
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taient 110 millions d’ariary par an à la société. Même si la qualité était bonne, elle évoluait en dents de scie à cause du manque d’actions recherches. Les cours du thé de Madagascar à la Bourse de Mombasa en étaient affectés : en mai 2007, le kilo valait entre 0,82 et 0,92 dollar, alors qu’il devait atteindre les 1,80 dollar en temps normal. Soucieux de cette unique plantation de thé à Madagascar, la société a réagi et décidé de mettre l’accent sur le savoir-faire et les expériences des locaux, de mener une étude d’amélioration et de stabilisation de la qualité. Un atelier à Mombasa organisé par l’association des producteurs et vendeurs de thé en Afrique de l’Est a permis en 2007 de mieux s’imprégner des démarches qualité des pays où la plantation et la transformation du thé sont une tradition.
Le marché régional n’est pas facile d’accès
L’île Maurice consomme 1 400 tonnes de thé sec par an. Mais depuis 1975, le marché mauricien est réglementé et l’organe parapublic Teaboard interdit ainsi l’entrée du thé noir sur le territoire mauricien. La production mauricienne est pourtant en baisse puisque les plantations de thé ont
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été remplacées depuis des décennies par la canne à sucre. En 2004, le Premier ministre mauricien a annoncé que le thé de Madagascar pouvait entrer à Maurice. Mais soit, le délai de règlement convenu n’est pas respecté par la parie mauricienne, soit les commandes ne sont pas confirmées. Or, Madagascar devrait représente plusieurs avantages aux acheteurs mauriciens. Le pays est plus proche que la Bourse de Mombasa et ses prix sont donc plus intéressants. En effet, la SIDEXAM propose les mêmes prix qu’à la Bourse mais ramenés aux prix FOB Toamasina. Ce qui exclut le fret maritime, l’assurance et la commission du broker. A l’heure actuelle, les cours valent entre 3,9 et 3,12 dollars/kg. Notons que l’actionnaire mauricien de la SIDEXAM continue de faire des travaux de lobbying pour la promotion du thé de Sahambavy sur le marché mauricien. Si le souhait de cette société d’être présente sur ce marché se réalise, celle-ci est prête à créer sur place un réseau de distribution. Les négociations pour le projet de présence du thé de Sahambavy sur le marché mauricien ont commencé en 2003 avec les autorités mauriciennes. Elles n’aboutissent pas encore.
La fabrication de thé est une affaire de professionnels
Pour avoir du thé de qualité, il faut seulement cueillir le bourgeon plus deux feuilles pour le thé noir et les feuilles séchées, et le bourgeon plus une feuille pour le thé vert. Ces feuilles tendres sont transportées à l’usine d’une capacité de 400 tonnes de thé sec. Elles y subissent immédiatement ce que l’on appelle le flétrissage pour obtenir un taux d’humidité entre 68 et 70%. Mais il ne suffit pas de respecter cette fourchette de taux, il faut aussi prendre en compte le climat. Si le taux d’humidité est élevé, il faut envoyer de la vapeur pour 2-3 min. Des prélèvements sont effectués pour analyser le taux d’humidité relative. Autrement dit, il ne s’agit pas de procéder à une conduite automatique des machines car des fois, on doit recourir à la vapeur, des fois non. Le flétrissage dure entre 18 à 48h et s’accompagne ainsi de tout un tas d’instruments de mesure et de plusieurs analyses. Sans cela, les feuilles peuvent être sur flétries ou sous flétries et ce problème a un impact sur la qualité. Après le flétrissage, le thé passe par le roulage au niveau du rotorvane. Il s’agit de l’y hacher menu et de le faire passer successivement dans 3 rouleaux appelés CTC. La température doit augmenter d’un rouleau à un autre, sans pour autant créer une différence de température trop importante.
Cette étape doit être bien maîtrisée pour que le thé ne présente pas trop de fibres. En grande quantité, celles-ci amoindrissent la qualité. 80% de la production de la SIDEXAM sont classés en grade 1, c’est-àdire dans le top de la qualité. La vente de thé se fait par grade et il y en a 8. Chaque acheteur a son secret quant au mélange des grades pour obtenir ses propres marques. Une fois roulé, le thé passe par la fermentation pour 80 à 90 min suivant le climat, puis par le séchage par Fluid bed dryer (FBD). La dernière étape de la fabrication est le triage – calibrage en grade et l’emballage. Pour fabriquer du thé vert, il faut arrêter rapidement le processus de fermentation en faisant passer de la vapeur sur les feuilles. Celles-ci sont broyées ou non selon le cas. Le séchage se fait par hot fieder.
L’énergie coûte cher
L’usine consomme beaucoup d’énergie car sa facture Jirama mensuelle est de 14 millions d’ariary. Or, elle a déjà une forêt d’eucalyptus de 522 ha pour la production de bois de chauffe nécessaire à sa chaudière et pour la fabrication de palettes pour l’exportation. Pour celle-ci, il faut un emballage doublé en alu pour éviter au thé de reprendre rapidement de son humidité et ou de s’imprégner d’autres odeurs. Les investissements de la SIDEXAM sur ces dernières années lui permettent d’améliorer et de stabilité la qualité. Résultat : sa clientèle à la Bourse de Mombasa est composée de grandes marques mondiales comme Lipton, de clients américains et européens. La société continue d’investir pour améliorer cette fois-ci l’usine. Pour le test de qualité, elle procède à des dégustations quotidiennes. Ici, il s’agit de vérifier le degré de cuisson du thé, les fibres, le roulage, la brillance de la couleur. La couleur dorée est gage d’une bonne qualité. Il faut aussi vérifier l’arôme et le goût pour tester l’astringence et l’amertume.
Sahambavy, un microclimat quasi unique pour le thé
Sur financement du Fonds européen de développement (FED), une plan-
tation industrielle et villageoise a été mise en place en 1975 dans cette commune rurale au nord-est de Fianarantsoa. Pourquoi Sahambavy ? Le thé a besoin d’un climat et d’un sol spécifiques. Le sol ne doit pas être trop acide, ce qui exclut les régions côtières. La température ne devrait pas dépasser les 29°C pour éviter au thé de flétrir sur pied, ou aller en dessous de 10°C. Cette fois-ci, le thé « s’endort », il ne pousse pas comme il faut. Suivant l’étude du FED des années 70, seules deux zones répondent à ces critères, soit Sahambavy et Moramanga. Seulement, les reliefs de Moramanga ne permettent pas de disposer de plus de 5 ha de plantation. Par contre, Sahambavy compte une superficie théicole de 330 ha dont 220 ha de plantation industrielle et 110 ha de plantation villageoise. La production villageoise devrait représenter 1/3 de la production alors qu’elle atteint seulement le 1/4. Le non respect de l’itinéraire technique en est la cause. Le thé procure toutefois un revenu supplémentaire aux paysans. La SIDEXAM leur achète les feuilles à 160 ariary/kg contre 110 ariary lors de la dernière campagne. Pour les cueilleurs, le prix est passé de 56 ariary à 60 ariary/kg sur la même période. Un cueilleur réalise en moyenne 50 kg/jour, mais certains ne font que 20 kg en un mois. En revanche, d’autres cueilleurs veulent obtenir un revenu plus conséquent pour investir dans l’achat d’un zébu ou d’appareils électroménagers et ils arrivent à réaliser 80 à 90 kg/jour.
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Région | HAUTE-MATSIATRA Le changement climatique pose problème Le rendement du thé n’est pas comme pour le riz où l’on peut obtenir une fourchette. Les feuilles sont cueillies une fois par an. Avant la récolte, il faut tailler à tour de rôle le tiers de la plantation à 20 cm du sol tous les 3 ans. Pour faciliter la cueillette, on procède à ce qu’on appelle l’arrangement des tables. Le rendement des parcelles en 2ème et en 3ème année de taille de production n’est pas le même. Trois mois après la taille, la collecte est possible mais à cette période-là, le rendement est très modeste. Notons qu’un pied de thé donne de la production jusqu’à l’âge de 50-60 ans. La taille est très importante car sans cela, la plantation risque de devenir une petite forêt où la cueillette est rendue impossible, sans parler des problèmes de qualité. Il faut aussi de l’engrais 2 à 3 fois par an à raison de 150 à 200 kg/ha. La société utilise du NPK 25 5 5 et non le NPK au dosage habituel, soit le NPK 11 22 16. En effet, le thé a besoin de plus d’azote. Envisager de produire du thé bio est im-
possible dans le contexte de Sahambavy même le prix est plus intéressant : les paysans riverains de la plantation utilisent du NPK pour leurs rizières, alors qu’il faut au moins une distance de 5 km entre la plantation et les superficies où l’on utilise des intrants chimiques ; il faut aussi mettre en jachère la surface à convertir en plantation bio sur une très longue période. L’épandage s’effectue fin janvier pour que la pluie aide l’engrais à s’infiltrer dans le sol. Sans cela, l’engrais est dénaturé par le soleil et le vent. Mais cette année, il a fallu attendre 15 à 20 jours après l’épandage pour voir tomber la pluie. Or, l’engrais coûte au minimum 50 millions d’ariary par campagne. Le changement climatique n’apporte rien de bon. La moitié de la pluviométrie nécessaire se concentre souvent sur un mois ou un mois et demi seulement, alors qu’elle de-
vrait se répartir dans l’année. Des débuts de problème commencent ainsi à se remarquer au niveau du rendement. Sinon, la main d’œuvre pour la cueillette pose problème : elle est insuffisante en période de pointe, d’autant plus que celle-ci coïncide avec la moisson. Pour résoudre le problème, la SIDEXAM a recruté 200 jeunes migrants via une association fianaroise en 2004. Mais la récolte est une affaire de persévérance face au soleil, à la pluie… Le projet n’a donc pas fait long feu devant le manque d’habitude de ces jeunes. La société compte 130 emplois permanents et a recours à 150 à 200 journaliers selon les saisons. Ce nombre est insuffisant, surtout chaque lundi, jour de marché de Sahambavy. En période de pointe pourtant, il faut faire le maximum de cueillette en une semaine pour ne pas voir le thé grandir trop vite et donc difficile d’accès pour les cueilleurs.
Je consomme Malgache, nous y gagnons !
ACHETER MALGACHE, C’EST : - Etre rassuré sur l’origine du produit. - Etre rassuré sur la qualité. - Etre rassuré sur les normes garantissant ma sécurité - Etre rassuré sur un prix juste.
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ET SURTOUT : - Etre actif dans la sauvegarde des emplois de mes concitoyens. - Etre actif dans la création de richesses et de valeur ajoutée de mon pays. - Etre actif dans le développement des investissements nationaux productifs. EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
J’achète Malgache et tous nous y gagnons !
HUILES ESSENTIELLES |
Le ravintsara est plein d’avenir Facile à introduire auprès des paysans, génératrice de plus de valeur ajoutée, et pour couronner le tout, le ravintsara répond aux besoins du marché tant national qu’international. Dans la Haute-Matsiatra, les prix de l’huile essentielle de ravintsara varient entre 190 000 à 220 000 ariary/kg, contre 180 000 à 200 000 ariary/kg pour le géranium. A l’export, les prix FOB de l’huile essentielle de ravintsara oscillent entre 120 et 130 euros/kg. Coordonnateur du réseau huiles essentielles et vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Fianarantsoa, Lucien Mamilainoro souligne l’autre avantage du ravintsara : « Il donne un rendement intéressant car il faut 100 kg de feuilles pour obtenir 1 kg d’huile. Ce
ratio est de 1 tonne à 1,2 tonne pour le géranium ». Grâce aux travaux entrepris par le réseau huiles essentielles, créé en octobre 2006, la filière prospère. De 18 membres en 2006, le réseau en compte 650 à l’heure actuelle. Cette structure devra subir une modification pour gérer ce développement. Une élection allant dans ce sens sera bientôt organisée. Cette restructuration est indispensable pour développer correctement la filière d’amont en aval.
Viser un standard de qualité 14 alambics sont fonctionnels dans la Haute-Matsiatra. Ils produisent dans les 250 kg d’huiles essentielles. La formation
dispensée par l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (ONUDI) a donné aux transformateurs les bases techniques en l’an 2000. Les bénéficiaires de cette formation partagent leurs connaissances et savoir-faire auprès des autres transformateurs. Le réseau avance que cette stratégie doit déboucher sur la standardisation de la qualité des huiles distillées. De plus, ce standard ne doit pas poser des problèmes si l’on utilise les mêmes matières premières de même origine, les mêmes techniques de distillation, les mêmes matériels… Le standard se vérifie à travers l’analyse du produit. Celle-ci consiste à décortiquer les
Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! MIVIDY MALAGASY AHO SATRIA : - Fantatro ny mpamokatra. - Manara-penitra ny kalitao. - Ampahafantarina ahy ny tokony ho fampiasana ny vokatra. - Mora vidy kokoa. ARY INDRINDRA : - Miaro ny asa fiveloman’ireo mpiara-belona. - Manampy amin’ny fampitomboana ny harinkarem-pirenena. - Manohana ny fampiasam-bola hamokarana eto Madagasikara.
Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !
1bis, Rue Patrice Lumumba Tsaralalàna Antananarivo-MADAGASCAR tel : (+261) 20 22 240 07 / 034 07 240 07 fax : (+261) 20 22 225 18 emailMADAGASCAR : syndusmad@moov.mg N°4 - JUILLET / AOUT 2010 - EXPANSION site web : www.sim.mg
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Région | HAUTE-MATSIATRA composants de l’huile essentielle. On peut citer l’analyse du taux du cinéol ou de l’élément donnant au produit sa vertu médicinale. Ce taux doit se situer aux environs de 45%. Quant au camphre, il devrait être sous forme de trace. Cela veut dire que si l’huile distillée a un taux de camphre dépassant les 2 à 3%, elle ne répond pas à une bonne qualité. Mais tout dépend du client. S’il accepte de prendre de l’huile essentielle de ravintsara avec un taux de camphre élevé, le prix risque de baisser sensiblement. Notre interlocuteur rappelle que malgré la quasiabsence de camphre, le nom scientifique du ravintsara de Madagascar est cinnamomum camphora. En fait, le ravintsara est le faux camphré de Madagascar, alors qu’en Chine et au Japon, le taux de camphre dans la même espèce de plante se situe entre 65 à 70%.
vapeur d’eau chaude de la chaudière passe dans la grande marmite appelée également cucurbite. Cette vapeur chargée d’eau et d’huile essentielle se condense. Notons que l’alambic est à la fois un condenseur et un refroidisseur et après la condensation, c’est à travers ce matériel que la vapeur devient liquide. L’eau et l’huile essentielle sont encore mélangées à ce stade. Il faut les laisser se décanter, et l’eau se sépare de l’huile. Ce processus s’étale sur environ 3h.
Le ravintsara, un produit spécifique à Madagascar
Les paysans sont très demandeurs
L’investissement revient cher Seulement, la production d’huiles essentielles revient très cher en investissement. L’alambic de fabrication locale (Antsirabe et Antananarivo) d’une capacité de 1 000 litres couplé à la chaudière vaut 15 millions d’ariary. Les distillateurs de la Haute-Matsiatra trouvent toutefois que la chaudière présente souvent des défauts dont des fuites. Ce problème fait baisser le rendement. Afin de préserver la qualité des huiles essentielles, il faut du matériel en inox ou en acier. Le premier est plus abordable que le second. Avec ces métaux, le produit ne fait aucune réaction par rapport aux matériels de distillation et il préserve ainsi sa qualité. La distillation d’huile essentielle de girofle n’exige pas la même précaution. C’est ce qui explique une qualité moindre et des prix modestes. Sur le marché, ce produit coûte moins cher, soit entre 4 000 à 5 000 ariary/kg. En fait, les prix plutôt bas de l’essence de girofle n’incitent pas la plupart des distillateurs à prendre soin de la qualité. En revanche, la production d’huiles essentielles de ravintsara doit répondre à un strict respect de la qualité. Le processus de fabrication consiste à trier les feuilles, si nécessaire, à charger la grande marmite ou la cucurbite de l’alambic avec ces matières premières. On allume le feu pour démarrer le processus de distillation. Presque à 100%, le distillateur utilise du bois de chauffe. La
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projet IFAC de la Coopération française et avec le CITE d’Ambatonakanga dans la capitale pour le volet information et appuiconseil pour PME. Côté production de matières premières, le réseau s’est fixé comme objectif de planter en 3 ans 100 000 pieds de ravintsara pour 1 récolte annuelle et pour 1 tonne d’huiles essentielles. Cet objectif doit répondre au positionnement sur le marché extérieur. Et il est déjà dépassé. Cette année, des jeunes plants au nombre de 12 500 ont été d’ailleurs fournis aux paysans avec l’aide du projet PROSPERER. Un pied de ravintsara coûte 500 ariary. Le projet a opté pour le fonds revolving pour éviter le problème de cash chez les paysans.
La Grande Ile dispose d’un atout considérable avec son faux camphré. Avec seulement une trace de camphre, l’huile essentielle de ravintsara peut être prise par voie orale. Ce n’est pas le cas pour le produit camphré étant donné que le camphre est hépatotoxique. Autrement dit, Madagascar dispose d’un produit spécifique très demandé par l’industrie pharmaceutique des pays de l’Union européenne et des Etats-Unis. Le réseau de la Haute-Matsiatra entend se positionner sur ce marché. Ses membres comptent exporter à partir de 2011. Ils ont déjà franchi les deux premières étapes de leur projet, c’est-à-dire la consolidation de la production de matières premières et la maîtrise de la transformation. La prochaine étape sera la commercialisation. L’année dernière, le réseau a contracté un partenariat technique et financier avec le projet PROSPERER du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), le
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Chez les paysans, le ravintsara procure un revenu supplémentaire non négligeable. Le prix des feuilles est de 800 à 1 000 ariary/ kg et un pied donne ce volume avec à la clé 2 récoltes par an après seulement 2 ans de plantation. Pour son projet d’exportation, le réseau a pris comme base de calcul 1 récolte par an pour 1 kg de feuilles par pied. Développer cette filière n’était pas évident au début, d’autant plus que la région n’a guère une expérience en industrialisation. Mais depuis ces dernières années, plusieurs opérateurs dont les paysans sont convaincus du potentiel de cette filière. Actuellement, le réseau est quelque peu victime du succès de son plaidoyer. Pour preuve, de nombreux paysans veulent intégrer la filière, alors que le nombre des jeunes plants ne suit pas cette demande exponentielle. Un autre problème, d’ordre social, commence aussi à préoccuper les membres du réseau. La filière ravintsara risque de connaître les mésaventures de la filière vanille. Dans la Haute-Matsiatra, les vols de jeunes plants et de feuilles augmentent. En une nuit, un voleur prend jusqu’à 30 kg à 1 000 ariary/kg, soit une valeur de 30 000 ariary, alors que le salaire d’un journalier agricole ne dépasse pas les 2 000 ariary. C’est dire l’importance de la perte financière pour les paysans concernés par les vols. Dans le volet transformation, des spéculateurs installent des alambics un peu partout sans prendre soin de la qualité exigée par la distillation et sans se poser des
Région | HAUTE-MATSIATRA questions sur l’origine des feuilles. Proviennent-elles de vols ou de la plantation des paysans ? Sans des mesures draconiennes dont la publication d’un arrêté régional pour la gestion de la filière d’amont en aval, le problème risque fort de s’aggraver. Mais d’ores et déjà, un projet d’arrêté régional est actuellement en cours.
L’idée est d’inciter les paysans à devenir de vrais opérateurs économiques. Certes, ils ne peuvent pas encore atteindre la taille d’un entrepreneur mais ils doivent en avoir l’étoffe. Cela veut dire qu’ils sont appelés à bien gérer leurs activités, à faire des bénéfices et non des pertes. Pourtant, les paysans n’ont pas les moyens nécessaires
tion puisque les deux parties devraient s’en sortir gagnantes : les paysans vendent les feuilles à l’opérateur tout en faisant tourner l’alambic et ce dernier obtient le produit dont il a besoin. Mais afin d’éviter l’exploitation des paysans et pour qu’ils gagnent aussi sur la valeur ajoutée créée, ils devraient être payés en huiles essentielles. Seulement, cette option revient onéreuse pour l’opérateur s’il n’exporte pas. C’est pour cette raison que le réseau encourage les distillateurs à chercher des débouchés à l’extérieur non seulement à travers le circuit conventionnel mais également du côté du commerce équitable. Pour le réseau, il est question de créer une coopérative pour l’exportation à l’horizon 2012.
Un plan de développement pour la filière
La transformation, un créneau pour les paysans Ce volet ne doit pas être l’apanage des opérateurs économiques. En effet, des paysans peuvent maîtriser les techniques de la transformation grâce au transfert de compétences. Celles-ci ont été acquises lors des formations dispensées par les partenaires comme l’ONUDI. Le réseau compte installer 1 alambic pour 100 paysans. Ces derniers sont déjà des planteurs de ravintsara et ils sont censés alimenter l’alambic. Pour les 100 000 pieds qui produiront en 2011 le volume destiné à l’exportation, le réseau prévoit 24 alambics en tout. Le principe consiste à écarter d’emblée la gratuité et le don.
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pour s’acheter un alambic. Mais dans certains cas, ’entraide familiale ou l’épargne de la famille leur permet d’en acquérir un. Outre l’achat direct, les paysans regroupés dans une coopérative peuvent opter pour leasing auprès d’une institution de microfinance. Cette solution offre l’avantage de disposer déjà d’un apport qu’est la production de feuilles par les paysans eux-mêmes. Il leur faut, en principe, produire 100 kg d’huiles essentielles pour payer le matériel, soit 2 à 3 ans. L’autre option porte sur l’achat d’un alambic par un opérateur et sa location par des paysans. De l’avis des responsables du réseau, elle est très indiquée comme solu-
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Ce projet est inscrit dans le plan de développement filière pour 5 ans élaboré avec le projet PROSPERER en 2009. Ce plan comprend également en 2014 la mise en place d’un laboratoire d’analyse dans la région. Rappelons qu’en 2006-2007 dans son Plan régional de développement (PRD) et le Plan régional de développement rural (PRDR), la Haute-Matsiatra a retenu 8 filières porteuses dont les huiles essentielles. Celles-ci ne font pas partie des activités traditionnelles de la région. Mais dans les années 90, l’USAID a beaucoup aidé dans l’émergence de cette nouvelle filière. Pour le réseau huiles essentielles, l’objectif est d’aider la région à développer son industrialisation au point mort depuis des décennies. Quelques organisations ont été successivement créées pour développer la filière. Particulièrement pour le réseau, il mise sur la professionnalisation pour éviter que Madagascar s’englue dans une image du pays de l’échantillon. Il s’agit également d’accroître la visibilité du pays sur le marché international. Pour le moment, la Grande Ile est invisible des statistiques internationales à cause de la quantité modeste de sa production.
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INNOVEXX |
Viser la place de leader mondial Pionnier dans la mise en place de la filière agricole de la plante appelée artémisia annua à Madagascar, le président de la société Innovexx, Charles Giblain entend faire de cette industrie un leader mondial de la production d’artémisinine. C’est l’extrait d’artémisia capable de guérir le paludisme. Ce médicament est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devant la résistance à la chloroquine. Installée à Ankijana, dans la banlieue nord de Fianarantsoa, Innovexx estime avoir beaucoup d’atouts pour devenir leader dans ce secteur. Primo, elle se positionne sur la production de matières premières à travers la société Bionnexx. Secundo, elle a des atouts en matière de traçabilité et de qualité. Chaque parcelle de plantation est repérable par GPS via Google Earth. Le client peut visionner le site d’origine des matières premières avec lesquelles l’entreprise a fabriqué tel ou tel lot de produit. En Asie, l’artémisia pousse entre les herbes folles et la traçabilité est très complexe et difficile. Avec 5 années d’expériences dans la filière agricole, Bionnexx affirme avoir enregistré des avancées technologiques par rapport à la Chine. Contrairement aux producteurs chinois, elle procède à des sélections variétales. Le taux d’artémisinine approche ainsi de 1%, contre 0,5 à 0,6% en Chine. L’objectif est d’atteindre 1,5%. Les analyses se comptent
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par millier afin de parvenir à ce taux. L’artémisinine compte seulement 10 fournisseurs dans le monde contre une centaine auparavant dont la plupart est chinois et deux en Afrique, en l’occurrence Innovexx à Madagascar et Botanical extract au Kenya. Sur le continent africain plutôt en retard, la filière ne bénéficie d’aucun appui face à la concurrence de l’Asie fortement subventionnée.
Participer à une initiative mondiale
Centre of novel agricultural products (CNAP) axé sur le projet d’artémisia. C’est le projet mondial financé par la fondation de Bill Gates pour 14 millions de dollars, et auquel Innovexx participe avec d’autres laboratoires dans le monde. Il s’agit de procéder à des analyses et à des comparaisons inter laboratoires pour faire passer le taux d’artémisinine de la fourchette moyenne de 0,7 – 0,8% à 2%. Grâce à sa branche agricole, Innovexx travaille sur des souches locales importées du Vietnam en 1994, des souches sélectionnées, croisées... Les responsables du projet viennent à Madagascar 6 à 7 fois par an pour comparer les protocoles analytiques. Notons que l’extrait d’artémisia s’obtient avec les feuilles. Une tonne de matières premières donne 7 kg de cristal d’artémisinine. Cette année 2010, Innovexx a reçu une commande de 6 tonnes de cristal d’artémi-
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sinine, soit 12 millions de traitement. Elle entame son entrée sur le marché avec ce volume. Le cristal de couleur blanche est un produit intermédiaire exporté sur l’Europe pour la purification. Innovexx aura sa propre unité de purification en 2011. L’industrie est actuellement en tractation avec l’Agence française de développement (AFD) et des banques locales pour le financement. « Nous sommes dans les starting-blocks. Et nous espérons obtenir ce financement sans trop de difficultés car les banques sont en surliquidité. De plus, notre projet allie social, domaine pharmaceutique et économique. C’est un mix qui devrait convaincre les banquiers », avance Charles Giblain. Par ailleurs, Innovexx compte sur la concrétisation de la tenue de la conférence mondiale sur l’artémisia à Antananarivo dans le courant de cette année. Une telle manifestation participera à la promotion du pays en tant qu’acteur d’importance dans la filière artémisia.
Un projet complexe
Rare, le projet d’Innovexx l’est : il allie volet agricole et branche industrielle en passant par une nouvelle plante introduite seulement au milieu des années 90, des sélections variétales, une production en milieu paysan, des analyses par millier au niveau de l’usine, etc. Bref, c’est un projet complexe mais il a des visées humaines puisque la combinaison de traitement incluant l’ar-
témisinine lutte efficacement contre le paludisme. « Sauver des vies n’est pas banal et en même temps, cela nous permet de gagner notre vie. Le premier objectif est de réussir un projet collectif. Voilà pourquoi nous avons un style de management collégial », affirme-t-on chez Innovexx. L’usine compte dans son équipe des étrangers et des Malgaches mais via le projet onusien AMSCO (African management services company), elle se fournit en ressources humaines expatriées qualifiées. La mission de ces dernières ne consiste pas seulement à répondre aux besoins de l’entreprise mais également à transférer aux ressources locales leur savoir-faire et connaissances pour assurer la relève. L’usine d’Innovexx compte un effectif de 100 personnes. Dans la branche agricole, le projet est également complexe dans la mesure où Bionnexx était la première à introduire l’artémisia à Madagascar. L’entreprise a dû mettre au point la filière agricole et augmenter la production de matières premières d’une manière significative. Son ambition est d’atteindre les 2 000 tonnes de matières sèches d’artémisia par an sur 1 000 à 1500 ha supervisés par environ 300 personnes. A l’heure actuelle, la plantation en milieu paysan dans le cadre de la culture de contre-saison concerne 300 ha. D’après Bionnexx, l’artémisia est plus intéressant que l’orge parce qu’il exige moins d’intrants et comporte moins de risques.
1 000 ha d’artémisia par 5 000 paysans
La vulgarisation de la culture d’artémisia concerne quelques régions dont le Vakinankaratra, l’Amoron’i Mania et bientôt un grand développement de la filière se fera aussi à Toliara. En tout, Bionnexx travaille avec 5 000 paysans qui s’occupent de 1 000 ha d’artémisia. Vu ces chiffres, il n’est pas aisé de travailler avec cette masse importante de paysans. L’entreprise entame, dans
ce cas, le développement de culture directe avec l’aide d’experts. Il s’agit de développer la plantation industrielle, sans pour autant abandonner le volet paysan. A Ankijana tout près de l’usine, Bionnexx a mis en place une vitrine pour la vulgarisation de la culture d’artémisia, une plante dont les feuilles ressemblent à s’y méprendre aux fanes de carotte. La vitrine comporte des pépinières d’artémisia d’âges différents et les techniciens y font de la sélection variétale. Ces derniers travaillent sur des plans élites ou plants mères sélectionnés sur 1 000 plants différents. La teneur en artémisinine de ces plants est analysée. Les graines, fruits de ces sélections et analyses, sont vendues aux paysans grâce à un préfinancement. Il faut savoir que 2 grammes de graines suffisent pour 1 ha, ce qui donne 16 000 pieds. Sur le marché international, les graines coûtent chers avec 30 euros/gramme. En terme de rendement, on obtient 2 tonnes de matières sèches par hectare. Sur cette surface, le paysan obtient un revenu dépassant les 337 000 ariary pour un travail de 4 à 5 mois.
Miser aussi sur d’autres plantes
L’usine d’Ankijana a été construite en 1983. A l’époque, c’était un projet d’Etat pour valoriser les ressources de Madagascar dont la vanille. Après sa privatisation dans les années 2000 et sa reprise par l’entreprise italienne Indena en 2004-2005, Innovexx a repris l’usine en février 2008. Elle reconnaît que cette unité est de standard international. Celle-ci travaille dans l’extraction et la purification de plantes médicinales et d’épices comme la vanille. Ces opérations se font à base de solvants. Outre l’artémisia, Innovexx travaille sur le prunus africana, le centella, la vanille et le thé vert. Si la vitrine pour la culture de l’artémisia est implantée à Ankijana, l’essai de plantation de centella est à Andranomanelatra dans le
Vakinankaratra. Innovexx adopte une méthode intégrée : pour faire fonctionner sa chaudière, la vapeur est obtenue avec la transformation du bois en gaz. Les matières épuisées sont transformées en briquettes et donc en nouveaux combustibles mais aussi en engrais. En fait, le promoteur d’Innovexx est un fervent défenseur de la filière bois, la moins chère et la plus adaptée pour obtenir de l’énergie grâce à des matériels performants. Il espère que dans l’avenir, cette filière renouvelable puisse fournir de l’énergie au grand public. Sinon, l’usine dispose d’un laboratoire d’analyse des matières premières, des produits intermédiaires et des produits finis. Le laboratoire est indispensable pour la qualité des produits. Bientôt, il y aura également un laboratoire de développement pour la partie recherche sur d’autres produits. Afin de respecter les standards internationaux dans ce genre de projet, l’usine va s’allier avec des partenaires étrangers de renommée internationale. Le groupe Chanel, très connu dans le monde de la parfumerie, est déjà venu voir la possibilité de mettre en œuvre ce projet de laboratoire. Un groupe de cette dimension devrait apporter son savoir-faire et ses techniques pour créer un environnement de bonne pratique dans l’industrie pharmaceutique et pour aider l’usine à afficher des coûts compétitifs.
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COOPERATIVE FY |
Une unité artisanale qui innove La transformation de fruits et légumes est une activité en développement à Fianarantsoa. La preuve en est que la coopérative Fy présidée par Léa Rasoloarijaona a acquis dernièrement une machine. De quoi lui permettre de se séparer des marmites de la cuisinière. L’installation exige toutefois du financement. Devant une situation financière encore modeste, la coopérative a donc participé à la Foire internationale de Madagascar (FIM 2010) au Centre de conférences international d’Ivato pour tenter de trouver des partenaires. Créée en 2002 sous forme de groupement et puis de coopérative, celle-ci a, par ailleurs, reçu une formation complète du PNUD/ONUDI de 1999 à 2004. C’est d’ailleurs ces organisations onusiennes qui continuent à l’appuyer en la dotant d’une machine pour cuire les fruits et légumes. Sinon, la coopérative a également bénéficié d’une formation dispensée par le Centre de séchage d’Ampefy de l’Itasy grâce au projet Saha de l’Intercoopération suisse. Les débuts de la coopérative étaient très modestes : les membres ont utilisé des marmites pour confectionner
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des confitures, des pots de yaourt comme emballage, etc. Ils ont progressé depuis en optant pour les bocaux en verre et ils auront bientôt la machine de cuisson. Il en est de même pour les produits. Grâce à la formation, la coopérative fait preuve d’esprit créatif. Elle ne se contente pas des produits habituels, genre confiture de pêche, de pomme, etc.
Innover pour progresser Elle travaille sur des mariages de fruits comme la papaye et l’ananas, la mangue et le fruit de la passion. D’après la présidente, ces mélanges inattendus ont surpris en enchanté bien de papilles, notamment lors de la FIM. La coopérative travaille également des matières premières comme la tomate, le litchi, le kaki ou encore le pok-pok pour en faire des produits séchés. Grâce à un séchoir professionnel fourni par le projet PNUD/ONUDI il y a 3 ans de cela, le séchage varie de 18 à 24h selon les produits. Seulement, la crise actuelle freine la vente. Malgré la récente reprise, le séchoir ne tourne pas en pleine capacité. Il faut en-
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viron 250 kg de fruits par opération de séchage. Ce volume donne 144 à 150 kg de fruits préparés, c’est-à-dire prêts à être séchés. Le rendement dépend des fruits. Avec 150 kg de tomates fraîches, on obtient 10 kg de produits séchés. La coopérative peut répondre à des demandes allant jusqu’à 100 kg de fruits séchés par commande. Elle met les fruits séchés sous vide. Fy produit également des sirops de fruits pour récupérer le jus des fruits lors de la préparation des confitures. Concernant le matériel, il est difficile d’en acheter un sans un appui solide. En 2005, la coopérative a voulu acheter un séchoir à gaz fabriqué à Ampefy. A l’époque, il coûtait 5 à 6 millions d’ariary et ce matériel était le moins cher sur le marché. Mais à ce prix, il n’est pas à la portée des petits transformateurs.
Proposer des produits naturels et propres La coopérative pasteurise ses produits avec de l’eau chaude. Elle n’utilise aucun produit de conservation. Malgré tout, ses produits se conservent plus de 5 ans sans perdre ni leur goût ni leur arôme ni leur qualité. Pour
obtenir ce résultat, le suivi est très intense puisque plusieurs tâches se font encore à la main comme la fermeture des bocaux. L’objectif est de proposer des produits naturels mais fiables en matière de qualité. La production de confitures démarre par la réception des fruits puis se poursuit par le tri, la cuisson et la mise en bocaux. La pasteurisation clôture le processus. Pour la production d’un grand volume, il faut 2 à 3 heures de préparation. Sur toutes les étapes de fabrication, le lavage des mains et le brossage systématiques des ongles sont requis. La coopérative n’utilise pas des gants d’une manière délibérée. Elle estime qu’avec ces matériels, l’on a tendance à toucher à tout en pensant se protéger de toutes les microbes et d’autres saletés, alors que ces gestes risquent fort de porter atteinte à la qualité et surtout à l’hygiène des produits. Même si les fruits proviennent de vergers qui ne reçoivent pas d’intrants chimiques, la coopérative ne peut pas encore prétendre à des produits biologiques. Ce type de produits exige tout un processus coûteux d’amont en aval de la filière. Côté emballage, le même problème demeure : le prix est élevé et augmente régulièrement. Il en est de même pour le prix du sucre. Le sac de 50 kg s’achète maintenant à 120 000 ariary, alors qu’aucune hausse des prix des produits de Fy n’est pas envisageable. La chute du pouvoir d’achat ne permet pas d’augmenter les prix. Une boîte de confiture de 430 g net vaut 4 500 ariary. Les produits de la coopérative sont proposés dans les grandes surfaces dans la capitale et sur les deux marchés hebdomadaires de la ville de Fianarantsoa, soit le mardi et le vendredi.
pok à la goyave… Particulièrement pour la fraise, la présidente de la coopérative avance que celle de Fianarantsoa est très odorante, bien sucrée et d’une belle couleur rouge, contrairement à ce qu’on trouve dans la capitale. Seulement, la production est très modeste. Concernant le pok-pok, les paysans se contentent de la cueillette, alors que ce fruit peut être planté. La coopérative est en train de voir comment les aider à opter pour la plantation pour plus de production. Un autre problème ne facilite pas non plus l’approvisionnement en matières premières. Les paysans peu instruits ont tendance à ne pas respecter les contrats. Ils pensent que les acheteurs doivent leur payer plus chers leurs produits, même en période de récolte et donc d’abondance des fruits sur le marché. Ils proposent ainsi des prix plus chers que sur le marché. Des transformateurs craignent parfois de passer commandes auprès de ces paysans de peur de créer des frictions. Il faut, en effet, savoir gérer les relations avec les paysans d’après le n°1 de la coopérative.
Les avantages apportées par la coopérative
Des problèmes dans l’approvisionnement en fruits
A ses débuts, Fy était un groupement constitué de 3 sous groupements. Chaque membre produisait chez soi et ce système n’a pas changé depuis. Mais il fut un temps où la coopérative était en vogue et le groupement a choisi de suivre l’air du temps. Elle reconnaît que cette forme d’organisation procure des avantages indéniables et plus importants que le groupement. Du temps du groupement, la production se faisait de manière individuelle, alors que chaque membre n’avait pas encore une situation financière correcte.
La Haute-Matsiatra compte une large variété de fruits et légumes. Cela va des fraises au litchi, de la mangue à la papaye, du pok-
Avec la coopérative, la force financière est plus solide. Il en est de même de la complémentarité et de la cohésion des membres.
Ceux qui ont les reins solides alimentent la caisse plus que les autres pour apporter cet équilibre. Les autres veillent également à cet équilibre en s’adonnant entièrement à leurs activités. De plus, la production augmente. Si cette hausse était seulement de 20% du temps du groupement, elle atteint les 70 à 80% lorsque les membres ont choisi de transformer le groupement en coopérative.
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IMPRIMERIE MIARINJATO |
La dernière rescapée de la filière Le secteur ne se porte pas bien depuis des années déjà. Sans cela, on n’aurait pas assisté à la disparition de grandes imprimeries implantées depuis des décennies dans la ville de Fianarantsoa. L’imprimerie Miarinjato créée en 2001 et installée à Tambohobe est la seule à avoir survécu à l’hécatombe. Directeur de cette entreprise, Fulgence Rakotovao explique : « Parler d’industrie dans les provinces n’est pas évident, parce que l’industrie veut dire notamment grande production. Un tel schéma n’existe pas en province. Dans le secteur de l’imprimerie, les commandes sont très modestes. Au lieu d’utiliser des bons de livraison, des factures ou des reçus en bonne et due forme, beaucoup de commerçants utilisent encore du papier emballage. De plus, leurs clients ne sont pas exigeants et se contentent de ce bout de papier ». Cette situation ne facilite pas la tâche des imprimeurs. Elle est synonyme d’une petite production qui peut ne pas être qualifiée d’industrielle. Afin de remédier à ce problème, l’imprimerie Miarinjato a ouvert une agence de représentation à Toliara. L’idée est d’étendre le marché et à Toliara où l’agence enregistre, par exemple, 500 à 1 000 carnets de factures, de bons de livraison et de reçus pour une commande. L’imprimeur estime que ce volume de commande peut s’expliquer par l’éloignement de l’imprimerie par rapport à cette ville du sud. Les clients préfèrent donc passer une commande relativement importante pour assurer un stock sur une période plus ou moins longue. A Fianarantsoa, un client commande en général 10 à 20 carnets.
La crise n’arrange pas la situation
Cette crise freine les activités d’imprimerie. Avec sa capacité pourtant, l’imprimerie peut répondre à toutes les demandes de Fianarantsoa et de Toliara. Elle tourne actuellement à 20% de cette capacité. Chaque machine a une capacité de 10 000 copies par heure et l’imprimerie en compte 4qui proposent des formats différents. La clientèle est essentiellement composée d’entreprises comme la Jirama, les organismes publics comme les universités, les hôteliers, les ONGs. Particu-
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lièrement pour les hôteliers, leur secteur est également en crise. Ce problème a des impacts sur les secteurs avec qui ils travaillent et l’imprimerie en fait partie. Celle-ci compte également comme clients des domaines viticoles qui comptent sur la proximité donc une meilleure maîtrise des commandes. Concernant l’approvisionnement en intrants, l’imprimerie ne peut pas se permettre de changer de fournisseurs à tout bout de champ. Elle préfère payer au juste prix pour des services efficaces, plutôt que d’avoir recours à des fournisseurs qui proposent des prix bas mais dont les services laissent à désirer. Par services efficaces, le dicteur entend parler de rapidité et du bon état des intrants commandés. Notons qu’il achète tout dans la capitale. Mais les prix des produits proposés par les imprimeries sont les mêmes à Fianarantsoa qu’à Antananarivo. Dans la capitale betsileo, l’imprimeur peut compenser les frais des intrants avec la masse salariale et certaines charges fixes. Sans cela, il risque d’afficher des prix très élevés par rapport à la capitale. En effet, le transport de 75 rames de papier d’Antananarivo vers Fianarantsoa coûte 100 000 ariary. C’est un frais supplémentaire. Il faut y ajouter les autres intrants comme l’encre, les plaques, etc. Résultat : il faut immobiliser une importante trésorerie pour s’assurer un stock suffisant.
La supervision des travaux est plus que nécessaire
Dans la capitale, un imprimeur peut s’autoriser à recruter un chef d’atelier pour tout superviser. A Fianarantsoa, une telle option conduit à la catastrophe. La ville et ses environs ne comptent pas des compétences qualifiées en travaux d’imprimerie. A Miarinjato, le directeur a déjà géré une imprimerie dans la capitale et pour fournir des travaux de qualité, il supervise tous les travaux. A son avis, ce métier n’est pas facile à apprendre. Il a formé ses ressources humaines une année durant mais rien n’est évident. Il explique : « Les connaissances ne suffisent pas. Il faut faire preuve d’un savoir-faire basé non seulement sur le côté purement technique de l’imprimerie mais également sur
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des données connexes. Dans les pays développés, les unités d’imprimerie sont maintenues à 17°C pour que les différents intrants et les machines fonctionnent au mieux et permettent d’effectuer des travaux de qualité. Les machines sont d’ailleurs isolées de tout grain de poussière. A Madagascar, de telles conditions sont difficiles à obtenir. En fin de compte, les ressources humaines ne posent pas trop de problème, c’est plutôt l’environnement physique et climatique qui rend difficile les travaux d’imprimerie ». Chez Miarinjato, la solution est d’installer les machines dans la cave pour que la température approche de l’idéal. Mais il n’y a pas que ces conditions physiques et climatiques.
L’énergie pose problème
La fourniture d’énergie oblige l’imprimerie à opter souvent pour les travaux de nuit, c’est-à-dire hors des heures de pointe. Mais il n’est pas rare de voir la tension électrique diminuer même en pleine nuit. Ce qui oblige à tout arrêter et à attendre, alors qu’il faut payer les heures supplémentaires des employés. Le dimanche, la tension électrique est au plus bas puisque les ménages ne sortent pas de chez eux. Ils consomment ainsi beaucoup d’énergie pour leurs appareils électroménagers, alors que le besoin de l’imprimerie est de 22 000 watts. Les délais de livraison ne sont pas toujours respectés à cause de ce problème. Il arrive que même pour les travaux de nuit, les employés tournent les pouces pendant des heures faute d’une tension suffisante pour faire tourner les machines. Or, la tension électrique ne permet pas de travailler correctement de 5h à 11h30. L’imprimeur doit jongler avec tout cela. Il emploie 12 personnes et parfois des temporaires. Il estime que si dans le contexte actuel, un concurrent vient tâter le marché, ce sera un suicide. Après la disparition de ses concurrents, il pensait reprendre leur part de marché, mais non. La situation est plus difficile que prévue à cause de la taille très modeste des commandes. La solution est de diversifier les activités. C’est pour cette raison que le directeur de l’imprimerie investit dans l’agriculture.
ENTREPRISE SOATAO |
L’ex Karenjy reprend vie Des employés qui s’affairent autour d’une pièce à monter, un atelier qui compte des modèles de l’ex Kareny dont la voiture de parade du pape Jean-Paul II lors de sa venue à Fianarantsoa en 1989… Toute cette ambiance dans un local complètement dépoussiéré semble être un rêve. Mais la réouverture de l’usine d’assemblage de voitures d’Ankofafalahy est bel et bien une réalité. C’est grâce à la volonté d’un opérateur économique de la place, propriétaire d’un bouquet d’entreprises dont l’établissement hôtelier Zomatel, la société Miezaka, le terminal container de 8 000 m2 de Fianarant-
soa, etc. Cet opérateur noue un partenariat avec Le Relais Madagascar pour mettre en place l’entreprise Soatao. Celle-ci est sur trois activités principales, en l’occurrence le tri de friperies, l’assemblage de voitures et le projet de production de petits matériels agricoles et de matériels pour les énergies renouvelables. Particulièrement pour la branche voitures, les responsables de l’entreprise expliquent que l’opportunité s’est présentée et ils l’ont saisie. L’idée est d’apprendre dans un premier temps en assemblant les pièces et car-
rosseries qui étaient déjà là auparavant. Une centaine de voiture reste à assembler. Cinq véhicules du modèle Mazana (un type de 4x4 conçu pour les régions côtières) sont déjà sortis de l’atelier dans le courant du 1er trimestre 2010. Cet apprentissage pour l’assemblage a démarré en décembre 2009. Il est assorti d’une formation assurée par des employés qualifiés dont des anciens de l’entreprise Immi qui a produit les marques Karenjy et autres dans les temps. Le respect des normes de sécurité vient en première ligne et petit à petit, l’atelier met en place les procédures de production.
Région | HAUTE-MATSIATRA Faire revivre Karenjy
Apparemment, ce n’est pas un pari fou, surtout dans une région en manque d’industrialisation. L’atelier d’Ankofafalahy renaît de ses cendres et des employés s’affairent pour retaper les carrosseries en fibre de verre et les châssis fabriqués sur place. La partie électrique et le capitonnage sont également assurés par l’atelier. Par contre, il faut importer les pièces comme le moteur et les freins. Comparés aux prix des véhicules importés, ceux de Soatao sont nettement moins chers et sont plus costauds parce que très rustiques. Le moteur n’a rien de compliqué : il ne comporte pas un système électronique. L’objectif n’est pourtant pas d’inonder Madagascar de voitures de l’usine mais de créer des emplois, de fabriquer du « vita gasy » avec la valeur malgache et dénué de toutes les connotations négatives. Si dans 2-3 ans, l’entreprise trouve un partenaire, elle envisage de poursuivre cette activité.
Notons que l’entreprise Soatao est unique en son genre en matière de gestion. A but socioéconomique comme Le Relais France dont elle est une filiale, l’entreprise est une émanation de l’organisation chrétienne Emmaüs et emploie essentiellement des personnes en difficulté socioéconomique dont des sans abri, des déscolarisés, des orphelins. A l’heure actuelle, l’usine emploie 12 personnes.
Une gestion collégiale unique en son genre
L’entreprise est très transparente dans sa
Développer Fianarantsoa via l’entreprenariat La société Miezaka a débuté dans l’importation de friperies, il y a 20 ans de cela. Elle a procédé à une extension de son atelier de triage. En partenariat avec Le Relais Madagascar, elle s’occupe de la commercialisation, tandis que Le Relais prend en charge le tri avec des gens issus de la couche défavorisée. De ce partenariat est née l’entreprise Soatao. Sinon, le propriétaire de la société Miezaka, animé d’un esprit d’entreprenariat fort, diversifie ses activités. Une option qui l’aide à amortir un tant soit peu les chocs de la crise à Madagascar. Celle-ci se traduit par la chute du taux d’occupation à moins de 10% de l’hôtel Zomatel qui a pourtant fait l’objet de travaux d’extension avant la crise. La crise est également synonyme de la baisse de 80% du chiffre d’affaires dans la filière friperie. Mais les 20% restant permettent encore d’assurer les charges fixes. Sinon, Miezaka dispose depuis cette année d’un terminal container ouvert à tous les opérateurs puisqu’elle a désormais son agrément en tant que commissionnaire en douane et en tant qu’entrepôt local. Agissant en tant que transitaire maison depuis 2007, cette société dispose des expériences nécessaires pour servir les opérateurs. Le dédouanement à Fianarantsoa devrait servir les industriels et les opérateurs économiques de la région puisqu’il présente plusieurs avantages : - Le dédouanement ne se fait plus au niveau du port de Toamasina mais à Fianarantsoa et ne prend même pas une journée. Ce gain de temps est très important en affaires. - L’importateur n’aura pas à payer des frais de magasinage puisque ses marchandises sont tout de suite transportées en sous douane vers le terminal container de Fianarantsoa. - Il ne paie pas de surestaries… Seulement, les opérateurs n’ont pas encore l’habitude d’acheminer leurs marchandises vers le terminal container de Fianarantsoa. Le premier responsable de cette société estime qu’il faut sortir cette ville et ses environs de sa léthargie à travers la promotion de l’entreprenariat.
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gestion. Cette option motive le personnel et le fait prendre conscience de l’importance du travail pour leurs conditions de vie et de la solidarité avec les autres personnes en difficulté. En effet, plus l’entreprise se développe, plus elle peut recruter d’autres personnes dans le même cas que ceux qui travaillent déjà pour elle. Tous les mois, les responsables organisent avec les employés une réunion pendant laquelle ils présentent les comptes et les projets à venir dans leur globalité. Des décisions sont prises d’une manière collégiale avec les salariés pour impliquer ces derniers dans la bonne marche de l’entreprise. Cette structure est viable et peut être également duplicable pour le profit de tous d’après les responsables de Soatao : « Dans un an ou deux, quand nous ferons amplement nos preuves, nous pourrions envisager de demander aux autorités malgaches de créer un statut juridique pour les sociétés à but socioéconomique. L’économie et l’argent sont un outil, alors qu’il faut mettre l’homme au centre. C’est tout le contraire de la logique du marché habituel où l’homme est un outil pour atteindre les profits ». Le modèle socioéconomique de Soatao suit une logique de profits mais au service de l’homme. C’est ainsi que l’entreprise a pu remettre sur les rails l’’atelier de l’ex Karenjy. En deux ans, elle a dégagé assez de bénéfices sur le tri de friperies pour investir dans cet atelier d’assemblage de voitures. Il y a aussi le partenariat avec la société Miezaka et un petit apport en trésorerie par Le Relais France. Bref, il s’agit de commencer petit et de développer progressivement les activités tout en acquérant de l’autonomie. L’entreprise ne perçoit pas des subventions comme une ONG.
Des employés évoquent le mode de gestion unique de Soatao
L’esprit créatif en marche
Grâce à une implication très étroite des employés dans la gestion de l’entreprise, ces derniers sont motivés dans leur travail et l’esprit créatif de certains s’en trouve décuplé. Un atelier couture a vu le jour grâce aux vêtements comportant des défauts et écartés du tri dans le volet friperie de l’entreprise. Il débouche sur la création d’une marque dénommée « Gash M’lay » et l’ouverture d’une boutique à Fianarantsoa. Avec la revalorisation des vêtements écartés du tri, les quatre couturières de l’atelier fabriquent des nouveaux vêtements, des accessoires comme les sacs… L’imagination créative est présente dans ces produits où l’on peut, par exemple, voir des anneaux de rideaux et des perles sur des vêtements usés décorant des sacs. Les vêtements au tricot également écartés du tri sont retravaillés par des orphelins qui en font des sacs ou d’autres accessoires mode. Cette nouvelle activité a pris corps il y a quelques mois de cela. La première responsable de l’atelier explique que des employés du tri lui ont demandé l’année dernière de voir comment revaloriser les écarts de tri, et l’idée de créer l’atelier a fait son chemin. L’entreprise a tâté le marché par deux fois et vu le succès qu’elle a enregistré, elle a décidé d’ouvrir la boutique évoquée plus haut.
Des matériels agricoles pour les paysans
Outre l’atelier automobile, le tri de friperie et l’atelier couture, Soatao compte aussi se
lancer dans la fabrication de petits matériels agricoles basiques à traction animale. Plusieurs prototypes sont en cours d’études. Mais d’ores et déjà, l’entreprise produit ce que l’on appelle la kassine en partenariat avec des techniciens en France et l’établissement scolaire Saint-François Xavier de Fianarantsoa. Cette « super charrue » est, en fait, un porte-outil où l’on peut mettre tour à tour une sarcleuse, une charrue, une herse, etc. Il peut être tracté par un ou deux zébus. Le prix est certes plus cher que celui d’une charrue traditionnelle, mais le porteoutil gagne en robustesse et en efficacité. L’entreprise en a déjà produit pour une grande entreprise agroindustrielle locale, une ferme école d’une ONG... Pour les paysans, l’entreprise travaille avec une ONG de développement agricole pour travailler sur les solutions devant les aider à avoir accès à ces matériels. L’entreprise travaille aussi sur les matériels pour les énergies renouvelables. Des études sur des prototypes sont en cours et l’idée est de servir le monde rural avec des solutions qui lui sont adaptées. D’après Soatao, l’idéal est de proposer des installations autonomes au lieu de tout importer. Cette option devrait créer des emplois au niveau local. Avant fin 2010, l’entreprise compte aboutir à quelque chose de concret dans le volet de l’énergie éolienne. Elle mise sur ses ressources humaines motivées et sur l’apprentissage sur le tas. De plus, un stagiaire français est présent dans l’entreprise depuis 2 ans et il travaille sur l’éolienne.
Gabriel de l’atelier voitures, un ancien de Karenjy : « Du temps de l’usine Karenjy, nous n’avons pas eu un accès direct avec la direction. Seul le délégué du personnel le pouvait. A l’heure actuelle, c’est tout le contraire. Nous pouvons approcher directement le directeur en cas de problème. Puis, le personnel dispose d’un service de transport et d’une cantine. Les conditions de travail sont nettement améliorées et nous pouvons travailler sereinement ». Njaka du même atelier : « J’étais un ancien employé de l’Immi depuis la mise en opération de l’usine Kareny en septembre 1987. Les activités ont beaucoup marché à l’époque avec une production en série. L’entreprise servait essentiellement les ministères et le marché local. Mais pour des problèmes divers, l’usine a fermé ses portes en 1994. Plus tard, j’ai travaillé dans une entreprise franche à Tanà et dans des professions libérales. Dès la réouverture de l’usine d’Ankofafalahy, j’ai postulé pour un poste et j’ai été retenu pour le capitonnage et les vitres. Cette activité fait vivre et j’en suis particulièrement content parce que l’atelier permet d’être polyvalent. Cette polyvalence favorise la solidarité entre les employés ». Mamitiana de la branche tri de friperie : « Je travaille dans cet atelier depuis le début, c’est-àdire le 7 avril 2008. A cette époque, l’atelier était plutôt vide et il fallait rouler manuellement les grosses balles de friperies de 400 à 650 kg. Il n’y avait plus de bacs de tri mais seulement des grosses cuvettes. Nous étions 15, contre 55 à l’heure actuelle. L’activité s’est beaucoup développée grâce à nos efforts : nous avons des bacs de tri, un chariot élévateur pour les grosses balles, etc. Nous travaillons avec des matériels performants, alors que nous étions partis de zéro. Nous avons fait preuve de volonté et avons changé de mentalité pour atteindre un tel résultat. Au début, nous étions un peu découragés mais le miracle est là avec le changement en mieux de nos conditions de vie, de notre visibilité au sein de la société »
ACTUALITES
Cours des changes |
Le dollar s’apprécie au détriment de l’euro L’euro se déprécie par rapport à beaucoup de monnaies dont le dollar et l’ariary en raison notamment de la crise des finances publiques dans certains pays de la zone euro. On peut citer la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Des pays limitrophes de ces Etats, comme la Hongrie, connaissent le même problème. Notons que les pays de la zone euro doivent se montrer solidaires pour des raisons notamment d’interdépendance économique selon les explications du Cercle des économistes de Madagascar (CREM). A Madagascar, une bonne partie des exportations est encore libellée en euros étant donné que les pays de l’Union européenne constituent encore la principale destination des produits du pays. L’intégration de son économie aux régions voisines demeure encore négligeable. Mais face à la dépréciation de l’euro, les exportateurs ne gagnent pas au change. Par contre, les importations reviennent
moins chers. Et dans le sens où l’inflation est majoritairement importée via de nombreux produits de première nécessité, les consommateurs sont favorisés. C’est grâce à une dépréciation de l’euro qui se révèle un des outils pour maîtriser l’inflation. Mais il faut noter que les importations de produits pétroliers et des marchandises importées du continent asiatique sont libellées en dollars. Et contrairement à l’euro, le dollar s’apprécie par rapport à l’ariary. C’est en raison notamment de la demande mondiale en dollars et dans une moindre mesure, de la demande locale pour le billet vert. Au même titre que le franc suisse et l’or, le dollar devient une valeur refuge face à la crise de l’euro. Mais sur le marché international, des analystes estiment que le dollar ne paraît beau que parce que l’euro est au plus bas. Ils remarquent que la dette pu-
Evolution des cours du dollar par rapport à l’ariary
Evolution des cours de l’euro par rapport à l’ariary
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blique de 387 milliards de dollars de la Grèce n’est rien face aux 8 778 milliards de dollars de la dette américaine. L’économie grecque pèse moins lourd dans l’Union européenne que l’Etat de la Californie, également en quasi-faillite, pour les Etats-Unis. Des analystes avancent ainsi que tôt ou tard, le dollar risque fort de s’écrouler comme un château de cartes. Plutôt pessimistes, ils pensent que sur le long terme, l’or surpassera le dollar et que le billet vert perdra son rôle d’étalon monétaire. Pour l’heure, aucune monnaie fiduciaire ne peut reprendre le flambeau. Quoi qu’il en soit, une telle perspective pourrait annoncer des importations moins onéreuses pour les pays exportateurs nets de pétrole comme Madagascar. Et si les produits pétroliers affichent des prix moins chers, cette situation crée un effet de domino et aidera le pays à mieux maîtriser l’inflation, à aider au développement de l’industrie, de l’agriculture, etc.
LES INDUSTRIELS AU QUOTIDIEN BRASSERIES STAR MADAGASCAR | Des Le Grand Gold Quality Award pour Eau vive, le Gold Quality Award pour la Gold et THB Fresh et le Silver Quality Award pour THB Pilsener. Ces produits des Brasseries STAR Madagascar ont décroché ces médailles décernées par les organisateurs de Monde Sélection 2010. Quatre veinards malgaches tirés au sort à l’issue du Grand Jeu Médailles en ligne sur les sites web de THB et d’Eau vive étaient partis à Francfort en Allemagne du 29 mai au 02 juin tous frais payés par les Brasseries STAR Madagascar. Ces 4 chanceux ont joué le rôle d’ambassadeurs des produits STAR et du pays. Le jeu avait également comme objectif de rappeler la place importante que cette entreprise a toujours accordé à ses clients.
Fer de Soalala | La
Quant aux gisements de fer de Soalala, les études effectuées en 1978 et 1982 par Sofremines, Italsider et BRGM pour le compte du gouvernement malgache font état d’une réserve estimée à 125 millions de tonnes minières pour Kizombivavy et à plus de 260 millions de tonnes géologiques pour Kizombilahy et Malainolo. Selon les données du Projet de gouvernance des ressources minières (PGRM), ce principal gisement de fer de Madagascar a été mis en évidence tout récemment, soit en 1967. Il s’agit de quartzites à magnétite archéens d’Ambohipaky, mieux connus sous le nom de gisements de Soalala. Wisco projette d’y injecter un investissement initial de 120 millions de dollars
veut faire ainsi de Toamasina un « hub régional » des produits pétroliers. Le nouveau terminal est né de la reconversion des bacs de pétrole brut en bacs de stockage. Rappelons qu’auparavant, la Solima puis GRT après la privatisation de cette société d’Etat, ont disposé d’une unité de raffinerie. Celle-ci a été fermée par GRT plus tard. Cette entreprise affirme avoir investi plus de 40 milliards d’ariary dans les infrastructures installées à Toamasina. Ce montant est allé dans la sécurisation et la réception des produits pétroliers, la station de pompage, la baie d’expédition,
etc. Si en 2004, la réception d’un bateau s’effectuait en 10 jours, elle ne demande plus à l’heure actuelle que 3 jours au maximum. Sinon, l’entreprise Galana distribution compte 63 stations-service réparties sur le pays. Elle est en train d’en construire deux autres. Cette société avance être le leader sur le marché en se taillant 27% de part de marché sur les stationsservice (ou le marché réseau) et 38% chez les gros consommateurs. Notons que la concurrence est plus rude dans cette 2ème catégorie de marché puisque les clients peuvent négocier les prix.
Recyclage et valorisation des sacs plastiques Etant certifiée suivant la norme internationale ISO depuis 15 ans, le principal objectif de la SMTP est de fournir des produits de qualité en contribuant au respect de l’environnement d’où le recyclage et la valorisation des sacs plastiques.
Fondée en 1994,la société SMTP (Société Malgache de Transformation des Plastiques) sise à AMBOHIBAO a comme principale activité la fabrication et la vente de produits en plastiques tels tous types de tuyaux et ses accessoires, des produits de roto moulage comme les fosses septiques, les citernes, les poubelles, les bacs,… et des produits en polyester y compris des bateaux, des chaises, des tôles translucides, ….
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dont 50 millions provenant des actionnaires et 70 millions fournis par le financement de la dette du consortium. Ce dernier est l’adjudicataire de l’appel d’offres lancé en 2008 par le ministère de l’Energie et des Mines de l’époque. L’Etat souhaite un contrat de partage de production, comme dans le secteur pétrolier amont. Mais la Banque mondiale prévient que dans le secteur minier, ce type de contrat n’a pas rencontré un beau succès dans les pays qui l’ont adopté. Contrairement au pétrole, la marge dans les mines est moins élevée et il est difficile de calculer tous les coûts pour partager ensuite les bénéfices.
nouveau terminal pour viser le marché régional
100 000 m3, c’est la capacité du nouveau terminal de stockage mis en place par l’entreprise Galana raffinerie terminal (GRT) à Toamasina. Avec cette infrastructure qui sera opérationnel bientôt, elle vise le marché régional dont Mayotte, la Réunion, Maurice, l’Afrique du Sud. Le 4 juin dernier à l’hôtel Carlton, Galana a célébré son 10ème anniversaire tout en lançant Engen, une nouvelle marque sud-africaine de lubrifiants. A l’occasion, elle a évoqué ce projet de nouveau terminal en misant sur la proximité, la rapidité des services et la qualité des produits. Galana
SMTP |
Le jury de Monde Sélection se prononce sur la qualité d’un produit et ne le compare pas à un
autre. Pour les Brasseries STAR Madagascar, cette qualité se maintient au fil des années car THB Fresh a déjà décroché une médaille d’or lors de son lancement en 1990. En 2010, les Brasseries STAR Madagascar a pu renouveler cet exploit. Elle a fait pareil avec Gold. Pour THB Pilsener, elle est développée depuis 52 ans et a déjà obtenu une multitude de récompenses et distinctions internationales. Quant à Eau vive, cette eau minérale tirée des sources d’Andranovelona sur la RN4 est connue de plusieurs générations à Madagascar. Au Monde Sélection 2010, le jury a décerné une médaille à tous les produits envoyés par les Brasseries STAR Madagascar.
compagnie Wisco a payé les 50 millions de dollars
La moitié des 100 millions de dollars au titre de permis minier pour les gisements de fer de Soalala (au sud de Mahajanga) a été payée par le consortium chinois Wisco. Le ministère des Finances et du Budget confirme cette information et rappelle en même temps que cette somme ne peut pas être utilisée tant qu’elle n’est pas inscrite dans la loi de finances. C’est pour cette raison qu’une loi de finances rectificative est en cours d’élaboration. Selon la Loi organique sur la loi de finances (LOLF), cette rectification ne peut se faire que 6 mois après la mise en vigueur de la loi de finances initiale. Cela veut dire que la loi de finances rectificative ne sera effective qu’au 1er juillet au plus tôt.
Galana | Un
médailles de ‘Monde sélection’
Le Monde Sélection est un événement d’envergure internationale créé en 1961. Ces produits qui sont répartis en 8 catégories sont récompensés pour leur qualité. On peut citer les produits alimentaires, les produits cosmétiques et de toilette, les bières, eaux et boissons non alcoolisées, etc. Dans la catégorie bières, eaux et boissons non alcoolisées, le jury international, composé d’experts hors pair, juge la qualité d’un produit de par son goût, son arôme, la qualité de ses ingrédients… Pour les bières, il prend également en compte la qualité de la fermentation.
Environ 16 à 30 Tonnes de sacs plastiques par semestre sont collectées à ANTANANARIVO avec la participation des personnes appartenant à différentes classes sociales : surtout les couches défavorisées et les ouvriers de la zone franche. Après la collecte et avant le broyage de ces sacs, 2 tris sont effectués selon leur propreté et leur aspect. Ces sacs sont ensuite broyés à l’aide d’un granulateur et ces produits granulés sont utilisés comme charge pour la fabrication des tuyaux flexibles. Ainsi, en faisant ce recyclage, la société SMTP fournit du travail aux différents groupes sociaux.
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Ces sacs plastiques constituent des déchets qui détériorent l’état de notre environnement vu sa longue période pour se dégrader : environ 400 ans. Citons les répercussions de ces sacs plastiques sur l’environnement : à l’air libre, ils tuent les animaux qui les consomment, asphyxient la végétation, créent des endroits malsains en envahissant les rues, les places publiques ; enfouis, ils polluent la nappe phréatique, tuent les microorganismes vitaux pour le sol ; et incinérés, ces sacs plastiques dégagent des toxines dommageables pour la santé des êtres vivants et l’équilibre environnemental. Bref, face à la pollution de notre environnement par l’emploi excessif des sacs plastiques, le recyclage et la valorisation de ces déchets semblent des alternatives très intéressantes pour minimiser les menaces qui pèsent sur notre environnement.
VIE DU SIM
La vie du SIM Les Evènements du bimestre L’Assemblée Générale Ordinaire 2010 Conformément à ses statuts, le SIM a tenu son Assemblée Générale Ordinaire le 23 Avril 2010 avec comme ordre du jour: le compte rendu annuel des travaux du Syndicat entre la période Mai 2009 à Avril 2010 et un exposé suivi de débats sur les contrats d’assurances, présenté par Monsieur Jocelyn Andrianoely, courtier d’assurances de la BSA.
• Le numéro 3 d’« EXPANSION MADAGASCAR », magazine officiel de la FIM 2010 « EXPANSION MADAGASCAR » N°3 a été le magazine officiel de la FIM 2010, lequel a été distribué aux exposants de la foire. Un cahier spécial en supplément servant de guide lors de cette manifestation y a été inséré. • Dégustations au rendez-vous au stand du SIM Outre la présentation du SIM et l’exposition de toutes sortes de produits, tous « Vita malagasy », fabriqués par ses membres, la dégustation de l’eau de source SAINTO, ainsi que du thé et des variétés de café du groupe TAF, était au rendez-vous au stand du SIM. • Les visiteurs en statistiques Grâce à son bon emplacement, le stand du SIM a été très fréquenté durant la manifestation. Le nombre de visiteurs recensés qui ont pris contact aux responsables du stand pour les 4 jours de la foire est de 1055.
Le Conseil d’Administration en réunion bimestrielle Comme prévu dans son calendrier d’activités, le SIM tient une réunion du conseil d’administration tous les deux mois à son siège. Celui du 27 Mai dernier a essentiellement retracé le compte rendu de la participation du SIM à la FIM 2010, les actions futures à entreprendre pour la campagne de promotion des produits locaux et la suite à donner à la conférence de presse lors de la FIM. Rencontre avec les autorités ministérielles Etat des lieux et propositions de solutions au menu Le 10 juin dernier à son siège à Tsaralalàna, le bureau présidé par Hery Ranaivosoa et des membres du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) ont rencontré les trois ministres concernés au plus près par les activités industrielles. Il s’agit de Richard Fienena, ministre de l’Economie et de l’Industrie, de Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances et du Budget, et de Freddie Mahazoasy, ministre du Commerce. Cette rencontre
Les réalisations dans le cadre des réflexions et propositions d’actions sur le devenir du secteur industriel, de l’amélioration de l’environnement des affaires, et du professionnalisme du secteur industriel, axes d’intervention du SIM, ont été de surcroît évoquées et les perspectives et plan d’actions 2010 annoncés. Le SIM, participant actif à la FIM 2010 Le SIM a marqué sa participation active à la 5ème édition de la Foire Internationale de Madagascar-FIM du 06 au 09 Mai 2010 au Centre de Conférence International d’Ivato. Cette manifestation économique, devenue un rendezvous annuel des affaires, offre au secteur privé une occasion de s’exposer, d’identifier des opportunités d’affaires et de développer des partenariats.
Date Nb de visiteurs Jour 1er jour Jeudi 06 Mai 2010 93 2ème jour Vendredi 07 Mai 2010 156 3ème jour Samedi 08 Mai 2010 412 394 4ème jour Dimanche 09 Mai 2010 1055 TOTAL Source : SIM, Mai 2010
• Opinions des visiteurs Les visiteurs n’ont pas manqué d’émettre des remarques à leur passage au stand du SIM, entre autres le problème du circuit de distribution entraînant la non disponibilité de certaines gammes de produits au niveau des détaillants (cas du savon, de certains biscuits en petit format, de l’eau de source). L’amélioration du « packaging » des produits locaux pour attirer davantage les consommateurs est également jugée de mise. • Présence remarquable du SIM à la FIM depuis 2008 Actif dans la promotion des produits de ses membres et dans l’identification de partenaires, le SIM participe à la FIM depuis 2008. Si en cette année, le stand qu’il a occupé était de 18 m2, il est passé à 36m2 en 2009 et à 72 m2 en 2010. Ce qui témoigne la volonté du Syndicat de bien marquer sa présence, d’attirer davantage de visiteurs et de satisfaire ses membres désireux d’exposer leurs produits dans un cadre plus spacieux et mieux agencé.
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– discussion initiée par le SIM a été mise à profit pour dresser l’état des lieux du secteur industriel après une année et quelques mois de crise à Madagascar. Les membres du SIM en ont également profité pour proposer des solutions aux différents problèmes rencontrés par les industriels. De son côté, le ministre de l’Economie et de l’Industrie a beaucoup apprécié l’initiative du SIM et adhère à son idée de pérenniser cette approche par le dialogue entre le secteur public et le secteur privé. • Un état des lieux très sombre Le président du SIM a lancé aux trois ministres un cri d’alarme : « Les activités industrielles sont en forte chute. Des industries ont dû mettre en chômage technique une partie de leur personnel ou réduire leurs activités en 2 ou 3 jours par semaine car les magasins de stockage sont à ras bord ». Les données issues de l’enquête menée par le SIM au 1er trimestre 2010 étaient cette situation difficile : - 63% des membres du SIM ont enregistré au 1er trimestre 2010 une baisse de leurs ventes par rapport à celles réalisées au dernier trimestre 2009 - Si la situation actuelle perdure, 19% des industries membres du SIM seraient contraintes de fermer leurs usines - Dans le même cas de figure, 41% risquent fort de procéder au chômage technique et/ou à une compression du personnel. L’année dernière, les industries ont déjà subi de plein fouet les impacts de la crise. Outre la chute des acti-
vités, une perte sèche entre 3 et 5% du chiffre a été enregistrée à cause de la défection ou de l’incertitude en matière de règlement des clients. C’est évident puisque ces problèmes de règlement concernent 7 à 60% du portefeuille de crédit clients des industriels au premier trimestre 2009. Une autre enquête SIM effectuée en juillet 2009 a permis de constater que 84% des membres affirmaient que le volume de leurs ventes au 2ème trimestre 2009 avait diminué de 25 à 75% par rapport à 2008. Parmi les facteurs mis en cause, les industriels citent la faiblesse du pouvoir d’achat des ménages, l’incertitude politique, l’absence d’un cadre incitatif, la concurrence déloyale des produits importés et l’explosion du secteur informel. • Un sursaut de volonté pour la relance Malgré tout, le SIM n’est pas resté les bras ballants. Il vient de lancer la campagne de promotion des produits manufacturés localement. Et dès 2009, il a élaboré un Plan de Relance pour le Secteur Industriel (PRSI). Ce plan définit les actions de chaque acteur tant public que privé œuvrant pour le secteur industriel. L’objectif est de répondre au mieux à la mission de l’industrie dont la création d’emplois et de valeur ajoutée, le gain de devises, l’alimentation de la caisse de l’Etat via les recettes fiscales et douanières. Le SIM considère le PRSI comme un contrat programme avec ses partenaires. Mais les autorités concernées n’ont pas fait écho à ce plan et ce, malgré des échanges de correspondances et des réunions de travail entre les deux parties. Face à cette situation, le SIM lance un nouvel cri d’alarme et propose une fois de plus les mesures urgentes que l’Etat devrait prendre. Elles portent sur le commerce, la fiscalité, les douanes et les devises. Le président du SIM reste persuadé que des solutions existent mais que les règles ont besoin d’être claires et les responsabilités de chaque acteur bien définies. Il souhaite dans ce sens un budget orienté vers l’économie, l’abandon des gabegies dont les mesures de favoritisme pour certains opérateurs économiques et même pour des officiels. Il milite pour que les textes soient appliqués à tout le monde. A son avis, de telles mesures permettront de maintenir les activités économiques, d’autant plus que les industriels ont la volonté d’aller de l’avant. • Des industriels parlent - Hery Ranaivosoa, président du SIM : « Nous demandons et nous prions même l’Etat de réduire à 0 les droits et taxes sur les importations d’équipements industriels. Ces matériels peuvent faire l’objet de suivis stricts et ne peuvent pas faire l’objet de détournements d’usage. Quant à la Lettre de politique industrielle, elle existe et il faut la mettre en œuvre pour plus de visibilité et pour aider l’industrie à se développer ». - Fredy Rajaonera, vice-président du SIM : « Il est nécessaire de discuter de ce que doit être la politique industrielle à Madagascar. Car pour le moment, l’industrie est loin de redécoller. Nous demandons donc plus de visibilité. Pour exemple, le jour chômé mais payé après la fête de l’Ascension était imprévisible et a coûté plusieurs milliards d’ariary aux industriels ».
- Thierry Ramaroson de la Savonnerie tropicale : « Les tracasseries douanières sont loin de cesser. Les matières premières et intrants passent toujours par le circuit rouge, alors qu’à côté, les produits finis passent sans problème ». - Jean Claude Starczan d’Imperial Tobacco : « 90% de la valeur ajoutée dans le tabac est créée localement, le droit d’accises affiche une augmentation de 100% d’une année à l’autre. Une telle mesure aligne le tabac local aux produits importés. C’est comme enlever la capacité à se développer des industries locales. Au titre de taxes et impôts, nos entreprises ont pourtant versé 170 milliards d’ariary dans la caisse de l’Etat en 2009. Nous pensons approvisionner la SACIMEM en tabac venant de l’extérieur étant donné les problèmes fiscaux. Il faut savoir que l’importation génère du commerce qui peut tuer l’industrie locale. Il faut bien arbitrer tout cela car nous souhaitons rester à Madagascar, alors que dans le contexte actuel, il est difficile de mettre en place un plan de développement sur le moyen et le long terme. Une augmentation excessive des taxes favorise les importations frauduleuses, comme c’est le cas en Grande-Bretagne. Madagascar est préservé de ce fléau, mais risque de le contracter. Or, il n’est pas facile d’éradiquer les importations frauduleuses. Nous ne sommes pas contre l’augmentation des taxes, mais qu’elle se fasse d’une manière progressive ». - Frank Fohine de la Compagnie Vidzar : « Notre secteur est victime des importations d’alcool en vrac. Les embouteilleurs fictifs aggravent la situation. Ce sont de simples spéculateurs qui disparaissent de la circulation dès qu’ils amassent suffisamment d’argent. Le libéralisme ne doit pas se traduire par l’absence de contrôles. Nous les professionnels du secteur, nous avons toujours amélioré la qualité de nos produits étant donné que le rhum est considéré comme un produit pauvre. Dans ce contexte, nous avons besoin de l’appui de l’Etat pour exporter sur le marché des îles voisines. Nous souhaitons aussi la stabilité fiscale pour avoir plus de visibilité dans nos activités ». Anil Barday de la société JB : « Le marché des biscuits se développe beaucoup avec la croissance démographique et donc avec plus d’enfants. Mais les importations frauduleuses nuisent aux industries locales ». • Les ministres promettent et demandent collaboration Le ministre des Finances et du Budget affirme être conscient du poids socioéconomique du SIM. Il affirme avoir déjà pris des mesures pour atténuer les impacts de la crise sur l’industrie. Dans l’importation de savons et de détergents, par exemple, le ministère a effectué des contrôles et n’a réussi à identifier que 2 entreprises. Les autres ont disparu sans laisser d’adresse. La même mesure pour le tabac a abouti au même résultat. Le ministère a également exigé des grossistes importateurs une facture de la Jirama et les relevés bancaires pour éviter les sociétés fictives. Autrement dit, il mène une lutte contre les importations frauduleuses. Grâce à un programme en cours d’élaboration avec le ministère du Commerce, le ministère des Finances et du Budget va mettre en place un système de contrôle
pré embarquement des produits. La société de vérification SGS travaillera avec les ministères pour mener à bien cet autre volet de la lutte contre les importations frauduleuses. D’ores et déjà, le ministère a mis en place des prix de référence sur les savons et détergents ainsi que sur les couvertures, grâce à la collaboration des professionnels du secteur. Il est prêt à continuer avec d’autres produits et demande pour cela la collaboration des industriels. Concernant la réserve en devises sur laquelle les industriels veulent être rassurés, le ministre avance qu’elle augmente. Sans avancer des détails, il explique qu’une éventuelle baisse est conjoncturelle ou ponctuelle. Les réserves sont aux alentours de 750 millions de dollars. On doit y ajouter les 97 millions de DTS du FMI non encore mobilisables à cause du manque de reconnaissance internationale du régime actuel. Le ministre estime que la réserve devra rester stable avec les exportations attendues dans les mines, le tourisme… Concernant les changes, 70% des problèmes dans ce secteur sont exogènes. Toutefois, le ministre affirme faire attention pour maîtriser la situation, même si le pays n’est pas sous programme du FMI. Il avance que la prochaine Loi de finances rectificative, encore au stade de la réflexion, sera une sorte de plan Marshall pour booster l’économie, que ce soit sur le plan fiscal ou douanier. Le ministre du Commerce avance que 25 000 m3 de rhum de la SIRAMA ne trouvent pas preneur. Il demande aux industriels du secteur de renforcer l’entraide.
Les récentes Actions menées Le lancement de la campagne de communication sur les produits locaux Le SIM a lancé une campagne de communication sur les produits fabriqués localement à la FIM 2010. Une conférence de presse y afférente a été spécialement organisée au premier jour de la manifestation. « Je consomme malgache, nous y gagnons », autrement dit « Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra », tel est le slogan adopté par le SIM pour promouvoir les produits locaux, lesquels non seulement offrent toutes les garanties de qualité et de sécurité pour les consommateurs, mais préservent les emplois et créent de la valeur ajoutée pour l’économie. Un spot publicitaire à la télévision est en cours de préparation dans le cadre de cette campagne. La mise à jour du site web du SIM Afin de fournir des informations à jour sur la représentativité et le poids économique du SIM, une mise à jour des données disponibles au niveau de son site web : www.sim.mg a été effectuée. Qui plus est, les 4 premières parutions d’« EXPANSION MADAGASCAR » (Décembre 2009, Février, Avril et Juin 2010) sont déjà consultables en ligne.
N°4 - JUILLET / AOUT 2010 - EXPANSION MADAGASCAR
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CHRONIQUE DES LECTEURS
INAUGURATION DU NOUVEAU CENTRE DE FORMATION D’AMBATOVY Contribution concrète au développement durable des ressources locales et à la promotion de l’emploi régional • Préparer l’ensemble des employés qui vont participer au démarrage et à l’exploitation de l’usine à partir d’une formation technique massive. • Mettre en place un programme de formation spécifique de longue durée « Programme d’Excellence Technique » destiné en priorité aux ressortissants de Toamasina (Niveau Bacc technique avec ou sans expérience) pour assurer progressivement la relève des travailleurs étrangers appelés à contribuer au démarrage de l’usine. • Entretenir et développer, par le biais d’une formation technique, les compétences techniques requises pour faciliter ainsi le processus de relève progressive des employés expatriés par les employés nationaux. • Rendre le Centre de formation un élément moteur dans la création d’un pôle d’excellence en matière de formation technique dans la Région Atsinanana. Tels sont les 4 grands objectifs visés par le nouveau Centre de Formation du Projet Ambatovy (CFA) qui a été inauguré le jeudi 8 avril 2010, à Toamasina. Situé à Tanandava, à 200 m de l’entrée du site de la future usine de traitement de nickel et de cobalt, ce Centre permettra au Service de Formation du département des Ressources Humaines d’Ambatovy de centraliser ses activités et d’offrir un environnement à la pointe de la technologie aux employés bénéficiaires et une formation aux normes internationales. Le Centre favorisera le développement d’un réservoir de personnel technique hautement qualifié à Toamasina et jouera dans le futur le rôle d’un centre d’excellence technique dans le développement des compétences techniques des ressources locales, et plus particulièrement celles de la Région Atsinanana. Le Centre est une expression de l’engagement permanent du Projet Ambatovy à favoriser les retombées économiques et sociales dans ses zones d’implantation et son pays hôte. Le Président Directeur Général du Projet Ambatovy, M. Patrick Hickey, a déclaré : “En tant qu’entreprise responsable, Ambatovy est très conscient de l’importance de la formation et du transfert des connaissances pour le développement et la prospérité de l’économie malgache.
Ce n’est pas par hasard que nous avons décidé de construire toutes les installations de transformation et de raffinage dans le pays. Ce qui est très rare en Afrique australe. Madagascar et la région, en particulier, tirent profit de la valeur ajoutée économique et technologique créée par le raffinage du nickel et du cobalt sur l’île”. Le Projet Ambatovy estime qu’à la fin de l’année 2010, plus de 500 opérateurs et environ 125 techniciens de maintenance seront formés par le CFA. Pour le long terme, l’objectif est de former un total de 180 à 200 techniciens sur une période allant de fin 2012 à 2015. « Et rassurez-vous, Ambatovy s’est engagé à promouvoir l’emploi local. Dans le cadre de notre politique de recrutement, nous vous proposons, de préférence, l’embauche au niveau local, à condition que les compétences nécessaires soient disponibles. En fait, nous avons fixé l’objectif d’assurer que 60% des recrutements soient locaux. Le Centre nous aidera à atteindre cet objectif important », a déclaré le Président Directeur Général d’Ambatovy, M. Patrick Hickey. Programmes Les programmes de formation offerts par ce nouveau Centre vont être axés sur les domaines suivants : la mécanique industrielle, la tuyauterie et la chaudronnerie, l’électricité, l’instrumentation et le contrôle, la planification, la formation en opération utilisant les techniques de formation assistée par ordinateur, et l’hygiène et la sécurité. Cependant, la formation des employés ne se limite uniquement pas à la formation technique pour ceux qui vont assurer le fonctionnement de l’usine pendant les 27 prochaines années. Le Centre dispense, en effet, des formations continues en informatique, bureautique, et en langues étrangères. Les formateurs sont, en majorité, des étrangers, lesquels, dans l’objectif de préparer la relève, vont former les instructeurs nationaux qui prendront en charge l’enseignement à l’avenir. Au niveau des infrastructures, le CFA est doté de deux (2) grands ateliers situés dans un bâtiment de 50m sur 15, et d’un autre bâtiment regroupant cinq (5) classes connectées à l’internet avec la fibre optique. Le CFA dispose de 113 ordinateurs et il utilise comme matériels
performants des machines techniques à la pointe de la technologie. Démobilisation Une autre raison importante a aussi emmené le Projet Ambatovy à mettre en place ce Centre de formation. Dans tout projet industriel, la phase de construction demande un nombre considérable de travailleurs pour une période limitée. Ambatovy a ainsi recruté plus de 10.000 travailleurs dont 85% sont des Malgaches. D’ici peu, cette phase de construction des infrastructures du Projet Ambatovy sera terminée, et beaucoup de travailleurs vont être démobilisés. Même si la durée de leur contrat est déterminée dès le début, Ambatovy s’engage à accompagner ces personnes dans la transition qui les mènera vers de nouveaux postes. Le Projet a décidé de mettre en place un programme pour les accompagner à travers la mise en place de plusieurs structures et projets. Si certains d’entre eux seront redéployés dans la phase Opération d’Ambatovy, d’autres seront appuyés pour trouver du travail dans des entreprises. Il y a aussi ceux qui bénéficieront d’opportunités de création d’activités génératrices de revenus. La mise en place d’une structure favorisant une telle opportunité est prévue, ainsi qu’un centre de formation agricole. En tant qu’entreprise citoyenne qui contribue à la prospérité de Madagascar et de sa population, le Projet Ambatovy est déterminé à œuvrer dans un esprit de solidarité avec les autorités et la population de Madagascar, selon l’adage « Ny Firaisankina no hery ». Le Projet Ambatovy Le Projet Ambatovy, avec 4,5 milliards de dollars d’investissement, est capable de procéder à l’extraction, au traitement et au raffinage de 60.000 tonnes de nickel, 5.600 tonnes de cobalt et de 190.000 tonnes d’engrais de sulfate d’ammonium sur une base annuelle à Madagascar pour une durée d’au moins 27 ans. Il s’agit du plus grand investissement étranger jamais réalisé dans l’histoire de Madagascar. Grâce au Projet Ambatovy, le nickel deviendra le principal produit d’exportation de la Grande Ile. Ambatovy est engagé à exercer une pratique commerciale durable, responsable et transparente. Il apportera une contribution exceptionnelle à la prospérité à long terme de Madagascar et sera une source de recettes importante pour le Gouvernement.
UNE LARGE GAMME DE CHOIX AURLAC fabrique de la peinture depuis 1986 à Antananarivo. D’abord de taille régionale la société prend une dimension nationale en 2002 avec la création d’une usine vaste et moderne dans l’enceinte Score Digue. S’équipant de matériels à la pointe dans la production de peintures, AURLAC établit un partenariat avec le fabriquant européen LAURAGAIS, assurant ainsi un développement de gammes selon les techniques et les normes les plus récentes, permettant de répondre à des marchés de grandes envergures qui auparavant pouvaient nécessiter des peintures d’importation.
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EXPANSION MADAGASCAR - JUILLET / AOUT 2010 - N°4
Munie de ces atouts AURLAC a acquit un savoir-faire et une expérience, plus particulièrement dans le domaine du bâtiment, qui font quelle propose une grande variété de choix adaptée à tout un chacun à Madagascar : particuliers, entrepreneurs, industriels, et ce à travers son réseau de distributeurs. Dans un secteur très concurrentiel et face à une forte importation de produits « bas de gamme » en provenance de la zone économique du Comésa, AURLAC réagit avec un tarif compétitif, grâce à une politique rigoureuse d’achat de ses matières premières. AURLAC met en avant la plus grande réactivité possible afin que chacun puisse accéder à son choix de peinture et dans la couleur qu’il souhaite.
Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra
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