Expansion Madagascar N°08

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Le Magazine du Syndicat des industries de Madagascar

N° 8 - Mars / Avril 2011

Nos Régions | BOENY Une Région propice à l’investissement Point de vue | Andriampeno Ramiliarison « La loi de finances ne favorise pas une politique de relance »

LOI DE FINANCES 2011

Peu d’incitations pour la relance de l’industrie Je consomme Malgache, nous y gagnons !

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra

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Sommaire

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éditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Capital eco.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 LOI DE FINANCES 2011 | peu d’incitations pour la relance de l’industrie. . . . . 6

Questionnaire sur la loi de finances 2011.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

POINT DE VUE | Andriampeno ramiliarison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

« La loi de finances ne favorise pas une politique de relance ».. . . . . . . . . . . . . . 14

Région | boeny . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Le Magazine du Syndicat des Industries de Madagascar

REGION BOENY | Une Région propice à l’investissement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Industrie de Boeny | Appui des groupements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

SIB | Investir dans la qualité et la préservation de l’environnement. . . . . . . . . 21

Unima | Porte-fanion de la crevette malgache. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Kalfane | Leader dans l’exportation de raphia.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Réfrigépêche-Ouest | Conditionnement export en mer.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

« Ouest-Sucre » de Namakia | A l’heure du redressement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

COMAMA | Le tonnage réduit de moitié.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

TBE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 La vie du sim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Les industries au quotidien.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

Savonnerie tropicale | 4.498.860Ar pour la croix rouge Malagasy.. . . . . . . . . . 34

SONAPAR | 20 ans au service du développement de l’entreprise.. . . . . . . . . . . . . . 34

1 bis, Rue Patrice Lumumba Antananarivo - Madagascar Tél. : +(261) 20 22 240 07 E-mail : syndusmad@moov.mg Site web : www.sim.mg Fondateurs Hery Ranaivosoa, Fredy Rajaonera, Laurent Rajaonarivelo, Stéphane Raveloson, Damase Andriamanohisoa, Karim Barday, Francis Rajaobelina, Franck Fohine, Claude Ratefiarisoa Directeur de publication Claude Ratefiarisoa Coordonnatrice Léa Ratsiazo Ont collaboré à ce numéro - Fanjanarivo Symonette - Felana Lalatiana - Mialy Razanajatovo Régie Publicitaire : Mialy Razanajatovo Maquette : Hery Lalaina Razafimamonjiraibe Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - niag@iris.mg Dépot légal : N°08-Mars 2010


EDITO

Editorial Mesdames et Messieurs, chers lecteurs, Comme à chaque début d’année, il est d’usage pour chaque acteur de la vie économique d’annoncer les perspectives à venir. Le secteur public, à travers la loi des finances 2011, prévoit : « L’année 2011 sera une année charnière à la fois sur le plan politique et sur le plan économique. Dans le domaine de l’économie, une politique de relance sera menée tout en gardant la stabilité macroéconomique et financière. Cette relance sera notamment assurée à travers les secteurs que sont l’agriculture, le tourisme, l’énergie et les technologies de l’information et de la communication. Le taux de croissance économique escompté pour 2011 est de 2,8%, dont -0,2% pour le secteur primaire, 12,6% pour le secteur secondaire et 2,9% pour le secteur tertiaire. Cette politique devra stabiliser le taux de change, renforcer notre position extérieure en matière d’échanges commerciaux et attirer les investisseurs pour une meilleure visibilité dans l’environnement économique. » Toutefois, un bémol a été soulevé par le premier responsable du tourisme en signalant la nécessité de mettre en place des mesures incitatives à travers un code des investissements et la révision du système foncier afin de permettre le développement du secteur. Par ailleurs, les observateurs, en particulier les experts en économie, ont tiré la sonnette d’alarme en annonçant des perspectives pessimistes pour 2011 avec en toile de fond le risque de dérive d’un Etat devenant à son tour « opérateur ». Et le secteur privé dans tout cela, dans un état semi comateux il brille aujourd’hui par son silence. Est-ce le désespoir qui est l’origine de ce mutisme ? Seul le Président du SIM a fait une déclaration timide lors de la rencontre avec la presse au début de l’année en disant « nous sommes dans le brouillard », un autre opérateur d’un autre groupement questionné sur les perspectives a déclaré « on souffre en silence ». Ce désarroi pourrait faire trembler pas mal de monde en particulier les ménages. En effet, ce secteur privé a passé de mauvais moments depuis la fin de l’année car, outre la sommation pour le paiement de la redevance sur le prélèvement sur l’eau et le dossier brûlant de passerelle unique internationale sur les télécommunications qui couve sous la cendre, pour lequel le pouvoir public dans son habit « d’opérateur » se déclare prêt à négocier, le prix des carburants à la hausse, un taux de change mystérieux, l’inflation, le coût de l’électricité, la taxe de roulage, l’APIPA et autres mesures administratives qui seront prises entre temps. Devant cette situation pour le moins déconcertante, comment bâtir des projets ? Comment envisager tout développement ? Ainsi dans ce brouillard vaut-il mieux rester coi plutôt que de tenter de prévoir un avenir sans lendemain. Comme dossier, ce numéro vous présentera la loi des finances 2011 sur des points qui vous intéresseront sûrement avec les commentaires d’experts et des opérateurs de la région de Boeny. Région que nous vous ferons visiter également Bonne lecture Le Comité Directeur

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CAPITAL ECO

LOI DE FINANCES 2011

PEU D’INCITATIONS POUR LA RELANCE DE L’INDUSTRIE Dissuader les fraudeurs pour protéger l’industrie locale. La loi de finances 2011 apporte une solution dans ce sens étant donné l’explosion des importations frauduleuses, voire sauvages, qui nuisent beaucoup à cette industrie. Seulement, les mesures pour une vigoureuse relance de l’industrie se font à peine voir dans la loi de finances.

A

près avoir connu une baisse abyssale de -7,4% en 2009, le secteur secondaire a repris quelque peu de la vigueur en enregistrant une croissance de 2,1% l’année dernière. Mais cette croissance était mal répartie entre les secteurs puisqu’elle a été tirée essentiellement par les mines. Ce qui veut dire qu’une bonne frange de l’industrie locale, également pourvoyeuse d’emplois stables, génératrice de développement pour les PME et de valeur ajoutée, continuait et continue encore à souffrir des contrecoups socioéconomiques de la crise politique. L’année 2011 ne sera pas non plus exceptionnelle pour cette industrie-là, même si l’Etat compte sur le secteur secondaire pour « l’expansion économique » du pays. Cette loi mise encore une fois sur une « forte impulsion de 228,2% (contre 121,3% en 2010) dans les industries extractives, due au début de l’exportation de nickel et de cobalt et à la poursuite de la production d’ilménite ». Certes, l’industrie extractive ne bénéficie pas de nouvelles mesures incitatives mais les deux grands projets miniers (nickel/cobalt et ilménite) ont l’éligibilité à la Loi sur

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les grands investissements miniers (LGIM) pour l’un et la convention d’établissement pour l’autre. Ces mécanismes sont synonymes de très importantes mesures fiscales et douanières. Il en est de même pour la zone franche. En revanche, les industries de droit commun incluant les industries membres du Syndicat des industries de Madagascar (SIM) ne sont guère favorisées d’une loi de finances à une autre. Ces industries sont dans : - l’agroalimentaire - le textile et le cuir

l’industrie métallique et mécanique les mines l’énergie le papier le carton et le bois le plastique le caoutchouc et dérivés la chimie et la parachimie l’industrie pharmaceutique l’industrie paramédicale et les cosmétiques - la finance et la communication pour les activités connexes - - - - - - - - - -

Les membres du SIM, créateurs d’emplois stables :

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Source : SIM, décembre 2007


Fanjanarivo Symonette

L’exonération de TVA concerne peu d’industries

Relance des investissements industriels Les propositions du SIM restent sans réponse

De nombreux secteurs bénéficient de l’exonération de TVA. On peut citer l’agriculture et l’élevage (exonération pour des intrants et des matériels mécaniques et industriels), l’imprimerie qui utilise du papier journal… En fait, l’on comprend que le gouvernement choisit de continuer à aider le monde rural qui compte 73% des femmes actives et 74% des hommes actifs selon les données de l’Institut national de la statistique (INSTAT). Toutefois, si la pauvreté est essentiellement rurale, elle explose en ville en temps de crise. D’où le pullulement des marchands ambulants, des mendiants et des enfants qui rôdent dans les rues du matin au soir en quémandant de quoi manger, sans parler de la montée de l’insécurité. La relance de l’industrie devrai résorber un tant soit peu ces différents problèmes.

Dans le plan de relance élaboré dès 2009, le SIM a proposé parmi tant d’autres mesures l’amélioration des outils de production industrielle via :

Seulement, cette activité ne bénéficie guère de mesures incitatives. L’industrie alimentaire est l’une des rares branches à bénéficier de l’exonération de TVA pour l’importation de machines et appareils destinés à la préparation ou à la fabrication industrielle d’aliments ou de boissons. Cette année en

- la modernisation et l’extension de leur parc de machines afin de satisfaire tant la demande intérieure que les besoins du marché extérieur et suivant les normes et qualité - l’investissement pour maîtriser les technologies utilisées dans la fabrication et la maintenance des équipements industriels (mécanique appliquée, électronique, électromécanique, plomberie industrielle, thermique, soudure et fabrication mécanique) - le développement des pratiques et des normes HSE : Hygiène, Sécurité et Environnement. - le développement d’un partenariat entre les industries et les centres de recherches afin de favoriser l’innovation technique. Annoncées comme des mesures internes, celles-ci ne peuvent pourtant pas être mises en œuvre sans le concours de l’Etat et plus précisément sans des mesures incitatives dont fiscales. Mais outre quelques secteurs, l’industrie demeure le parent pauvre des mesures incitatives prises par le gouvernement, notamment en ce qui concerne l’exonération de TVA. Ceci n’est pas un fait nouveau. Avant la crise, les membres du SIM prévoyaient toutefois des investissements de l’ordre de 600 millions de dollars dans la modernisation et l’extension des outils de production de 2007 à 2011 (source : enquête du SIM 2007). Depuis 2009, la donne a complètement changé et la plupart des industriels essaient de maintenir leurs activités. Autrement dit, les gros investissements devront encore attendre, d’autant plus qu’ils ne sont assortis d’incitations de la part de l’Etat. N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL ECO effet, la loi de finances mise sur une bonne croissance (4%) de l’industrie alimentaire « sous l’effet de la reprise du tourisme et de la relance dans la filière laitière ». C’est probablement pour cette raison que les machines et appareils pour la préparation des fruits et légumes sont également exonérés de la TVA. Outre quelques industriels, ce secteur-là compte notamment des artisans. Sinon, les matériels et appareils pour la production et la fourniture d’énergies renouvelables bénéficient aussi de l’exonération de TVA. Bref, une grande partie de l’industrie locale ne figure pas parmi les secteurs bénéficiaires de cette mesure fiscale. Sinon, il faut noter que la loi de finances stipule que toute transaction entre assujettis à la TVA doit être payée par chèque ou autres effets de commerce non endossés, virement ou cartes bancaires.

Une consommation anémiée, non favorable à la production La reprise de la consommation et donc les mesures de soutien au pouvoir d’achat devraient aider l’économie en général et l’industrie en particulier à prendre le chemin de la relance. C’est pour cette raison que le SIM a proposé dans son plan de relance les mesures fiscales et douanières suivantes pour la relance de la consommation et de l’investissement : - L’application d’un taux réduit de TVA à 5%

sur les produits de consommation courante - L’exonération totale des droits et taxes douaniers sur les équipements, les accessoires d’usine et sur les matières premières. Notons que cette mesure est déjà appliquée dans certains pays de la région et explique en partie leur forte compétitivité. - Une restauration de la réduction d’impôt sur les investissements à hauteur de 50% Aucune de ces mesures ne figure dans la loi de finances 2011. Le taux de la TVA est toujours unique et demeure le même, soit 20%. Des spécialistes du secteur fiscal avancent que la gestion des taux différenciés pour une seule taxe s’avère complexe. Tout est donc question de volonté politique car depuis 2010, l’Etat a bien instauré différents taux de change pour protéger les marchés pétrolier et du riz. L’objectif est la maîtrise de l’inflation. Le taux réduit de la TVA sur les produits de consommation courante devrait aller dans le même sens s’il est adopté.

Baisse de 1% de l’impôt sur le revenu La loi de finances 2011 poursuit la réduction du taux de l’impôt sur le revenu : de 23% en 2010, il passe à 22% cette année. Dans les mesures techniques de soutien au secteur industriel pourtant, le SIM propose dans son plan de relance un taux de 20% pour les industries de transformation, et pour les autres, un taux de 20% au prorata du chiffre d’affaires réalisé à l’exportation. En ces temps de crise, les bénéfices ne sont guère au rendez-vous et voilà pourquoi, le SIM propose ces mesures sur l’impôt sur le revenu. Mais une fois de plus, le gouvernement préfère continuer la politique de réduction du taux, sans pour autant aller jusqu’à répondre aux besoins des industriels. Il en est de même pour la proposition du SIM concernant la réduction à 1 pour 1 000 du minimum de réception et un report d’imputation de l’impôt sur le revenu à payer sur les années bénéficiaires. Elle n’a pas non plus reçu un écho de la part du gouvernement. Par ailleurs, la loi de finances 2011 n’évoque pas la faculté de compensation des crédits d’impôts en règlement des autres impôts, droits et taxes dus envers l’Etat. Concernant la proposition pour abroger les droits d’en-

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registrement sur les cessions d’actions ou de parts dans les entreprises, la loi de finances n’y fait pas écho. Sinon, la loi de finances prolonge de 30 jours (contre 15 jours auparavant), la possibilité pour le contribuable de faire parvenir à l’administration fiscale son acceptation ou ses observations sur la nature et les motifs de redressements envisagés par l’agent chargé de l’assiette. En effet, ce dernier a le droit de rectifier la déclaration effectuée par le contribuable selon le Code général des impôts. Et s’il décide de faire cette rectification ou ce redressement, il a l’obligation d’en informer le contribuable sauf dans le cas de l’évaluation ou de la taxation d’office, de la rectification d’une simple erreur matérielle ou d’une rectification ayant pour effet de réduire la base déclarée.

Quelques réformes douanières La loi de finances 2011 fait du rattrapage en ce qui concerne l’uniformisation du droit de douanes sur quelques machines et appareils. Cette uniformisation aurait dû se faire en 2009. Elle porte sur les machines à enrouler, à dérouler, à couper ou à denteler les tissus. Pour ces outils de production, le droit de douane est de 5% au lieu de 10%. Pour les caisses enregistreuses, il est également de 5% au lieu de 10%. L’élevage et l’agriculture bénéficient également des réformes apportées au tarif douanier. L’importation de poussins de 1 jour est exemptée de droit de douane au lieu du taux ancien de 20%. Par ailleurs, les dispositions relatives à la valeur en douane ont été mises à jour pour un alignement à celles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment en ce qui concerne le renversement de la charge de la preuve. Autrement dit, il incombe dorénavant au déclarant d’apporter la preuve de l’exactitude de la valeur déclarée en douane. Pour ce qui est des opérateurs bénéficiaires des régimes douaniers économiques, le séjour des marchandises en suspension des droits et taxes dans les entreprises est de 1 an contre 6 mois auparavant. Il est prorogeable une fois pour 6 mois. En ce qui concerne la lutte contre les importations frauduleuses, la douane instaure des


Transactions foncières et immobilières L’Etat veut faire preuve de plus de fermeté Si l’Etat n’a pas donné écho à la suppression des droits d’enregistrement sur les cessions d’actions et de part proposée par le SIM, il supprime, par contre, les droits d’enregistrement des mutations de jouissance et de propriété. Sinon, il entend faire preuve plus de fermeté dans les transactions foncières. C’est ainsi que la loi de finances modifie les règles spéciales aux insuffisances : « Si le prix ou l’évaluation ayant servi de base à la perception du droit proportionnel paraît inférieure à la valeur vénale réelle des biens transmis ou énoncés, l’Administration peut exiger du redevable de l’impôt d’enregistrement la signature d’une soumission pour insuffisance, au moment de la présentation de l’acte à la formalité d’enregistrement ». Ce problème d’insuffisance est couramment rencontré dans les transactions foncières. La loi de finances 2011 stipule, par ailleurs, dans les échanges d’immeubles : « Les immeubles, quelle que soit leur nature, sont estimés d’après leur vénale réelle à la date de la transmission, suivant une déclaration estimative des parties sous le contrôle de l’Administration fiscale ». L’Etat rend aussi obligatoire le contrat de bail pour les mutations de jouissance de biens meubles et/ou immeubles au profit des entreprises. Autre disposition modifiée par la loi de finances 2011 : « Les pénalités exigibles sur les actes, déclarations et mutations de propriété, d’usufruit ou de jouissance de biens meubles et immeubles non enregistrés dans les délais impartis, sont remises de plein droit dans leur totalité à condition que lesdits actes, déclarations et écrits soient présentés à la formalité de l’enregistrement et les droits simples entièrement acquittés avant le 1er janvier 2012 ». valeurs minimales sur les produits comme les confiseries, l’huile de palme, les savons, les serpillères, la couverture… Quant aux grossistes, ils sont tenus de produire une facture de la Jirama. C’est pour couper l’herbe sous les pieds des grossistes fantômes qui ne sont, en fait, que des opportunistes. Notons que les importations sauvages et la distribution informelle nuisent beaucoup à l’industrie locale. Elles exercent une concurrence déloyale puisque leurs acteurs ne paient ni impôts ni taxes. Ils font également entrer des produits frauduleusement et voient ainsi leurs charges diminuer d’une manière significative, alors que les industriels paient leurs obligations fiscales, doivent payer les rémunérations de leurs salariés…

Les nouvelles infractions prévues dans la loi de finances Une amende de 100 000 ariary est prévue comme infraction à la nouvelle disposition sur l’obligation d’obtenir le visa de conformité préalable des autorités compétentes du Centre fiscal gestionnaire du dossier du contribuable sur les états financiers déposés auprès des différentes institutions publiques ou privées aux fins de complément de dossiers du contribuable. La loi de finances 2011 oblige, par ailleurs, les contribuables des

régimes du réel et du réel simplifié d’avoir des comptes bancaires ouverts à leurs noms. C’est une mesure pour accroître la bancarisation de l’économie étant donné que le taux de bancarisation stagne autour de 5% depuis des décennies. Le manquement à cette obligation constaté au moment du dépôt de la déclaration relative aux revenus de l’exercice écoulé, est frappé d’une amende de 50% de l’impôt sur le revenu dû dudit exercice. Et « indépendamment des sanctions prévues et applicables à l’égard des entreprises qui n’auront pas rempli les obligations fiscales prévues par la loi, les organes de gestion et de direction de ces entreprises peuvent faire l’objet de poursuites et de sanctions dans des conditions qui seront définies par voie réglementaire », insiste-t-on dans la loi de finances 2011. Concernant les pénalités sur la détention ou la vente de boissons alcooliques sans autorisation, elles sont de 10 000 ariary/litre avec un minimum de 100 000 ariary, soit 10 fois que les pénalités prévues dans les dispositions fiscales précédentes. Outre cette lourde pénalité, plutôt dissuasive qui touche notamment le rhum artisanal (ou « toaka gasy »), l’Etat ne prévoit aucune disposition pour encourager la

normalisation de cette filière. Celle-ci offre pourtant une voie royale pour valoriser la transformation de l’alcool de bouche en éthanol, lequel sert comme combustible de cuisson à utiliser par les ménages. En effet, la fabrication de rhum artisanal concerne tout le pays, et surtout les zones rurales. Mais depuis des lustres, ce produit est prohibé par la loi sans que cette disposition arrive à le supprimer du marché.

Des mesures pour la chasse à l’informel En attendant des jours meilleurs pour le développement du rhum artisanal en combustible, l’Etat veut s’attaquer sur un autre pan de la problématique de l’économie nationale qu’est la formalisation du secteur informel. Il s’agit, en fait, d’une chasse à l’informel plutôt que de dispositions incitatives à la formalisation. Ainsi, l’on peut lire dans les dispositions fiscales de la loi de finances 2011 : « Toute entreprise, quelle que soit sa forme juridique ou son secteur d’activité, doit souscrire, au moment de l’accomplissement des formalités constitutives et avant le commencement de ses activités, une déclaration spéciale d’immatriculation dont le modèle est fixé par l’Administration ». Le manquement à cette disposition est synonyme d’une amende de 100 000 ariary. Le même montant d’amende est infligé aux entreprises qui ne renouvellent pas leur carte d’impôt synthétique ou d’immatriculation fiscale. Ce renouvellement appliqué à toute entreprise doit se faire tous les ans au moment des déclarations prévues par les textes. Il faut aussi apposer dans le local et d’une manière apparente, l’attestation justifiant la régularité de la situation de l’entreprise au regard de l’impôt synthétique ou de l’impôt sur les revenus. Sans cela, cette infraction est passible d’une amende de 100 000 ariary. Le montant des amendes relatives à l’obligation d’immatriculation des entreprises est apparemment non dissuasif. Mais il peut l’être pour des Très petites entreprises (TPE). Seulement, bon nombre de ces entreprises n’ont même pas un local permanent. Citons les gargotes et les marchands ambulants, une bonne partie des artisans qui travaillent chez eux et dont l’adresse n’est pas facile à trouver, etc. N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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CAPITAL ECO Vers un nouveau Code des investissements Malgré tout, le gouvernement entend revigorer le secteur privé formel en annonçant la prochaine mise en place d’un nouveau Code des Investissement. La loi de finances précise que ce Code « sera marqué par une politique fiscale et douanière incitative, favorisant les outils de production dans certains secteurs notamment l’agriculture, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le tourisme et l’énergie, en particulier les énergies renouvelables ». Notons que l’énergie a une dimension transversale et peut développer ainsi plusieurs secteurs à la fois. C’est aussi le cas pour les Technologies de l’information et de la communication (TIC). Seulement, le pays ne dispose même pas d’une politique pour la promotion des énergies renouvelables s’il en a déjà un pour les TIC. Un projet de stratégie pour les énergies renouvelables a déjà circulé dans le secteur, il y a quelques années de cela. Mais il n’a pas abouti à l’adoption de la politique proprement dite, faute de volonté politique. Dans ce cas, les incitations fiscales et douanières prévues par le futur Code des investissements risquent de ne pas répondre réellement aux besoins du secteur et du marché. Pour l’heure, rien de bien concret n’est disponible quant à l’esquisse d’un Code des investissements. L’élaboration de ce document devrait faire l’objet d’une large concertation avec le secteur privé. Sans cela, le Code risque d’être à côté des attentes tant du secteur privé que du secteur public, comme c’était le cas pour la loi mort-née sur l’exportation. Celle-ci a annoncé la mort de la zone franche, mais comme elle n’a pas été promulguée sous le précédent régime, l’actuel s’est empressé de l’ignorer purement et simplement. Il en a déjà informé le secteur privé.

Investissement public orienté sur le social Tout semble être prioritaire si l’on examine les difficultés socioéconomiques dans lesquelles évoluent les ménages. Seulement, l’Etat mise plus sur le social que le secteur

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productif en matière d’investissement public. Or, le retour d’investissement dans le social est très long d’après des économistes. Ce délai peut aller jusqu’à une dizaine d’années. La loi de finances souligne malgré tout : « Pour ce qui est du secteur social, le développement au niveau de la santé et de l’éducation sera de mise. En effet, le gouvernement mettra en avant aussi bien les intérêts du peuple que la relance économique en développant l’accès aux services de la santé et de l’éducation, ainsi qu’en améliorant les infrastructures sociales. Dès lors, le secteur bénéficiera de 32,1% de l’enveloppe totale du PIP (Programme d’investissement public) ». Le social arrive ainsi en première position en ce qui concerne le montant alloué dans le cadre du PIP. L’infrastructure est en deuxième position avec 31,7% de l’enveloppe du PIP. A cause de la suspension des aides extérieures pourtant, le pays ne dispose pas assez de financement pour les travaux d’infrastructures, notamment pour les coûteuses réhabilitations et constructions. Toujours dans le cadre du PIP, la loi de finances explique le pourquoi de la place donnée au secteur administratif : « Un nouvel élan sera escompté pour cette année 2011 au niveau du secteur administratif de telle manière que l’Etat tende à renforcer la sécurité des biens et personnes et aussi à assurer le bon fonctionnement de l’administration surtout en matière (de l’administration) fiscale. Ainsi, 19,8% de l’enveloppe globale du PIP sera consacrée au secteur administratif ». Concernant le secteur productif, l’Etat n’aide guère le secteur privé à prendre le chemin de la relance. Le PIP n’alloue, en effet, que 16,4% de l’enveloppe globale à ce secteur et l’industrie n’en fait pas partie : « Le secteur

productif regroupe les interventions dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de sylviculture, de l’industrie, de l’artisanat, des mines, du tourisme et de l’environnement. Il est soutenu par une enveloppe de 16,4% du PIP. Ce secteur met l’accent sur l’augmentation de la productivité, l’amélioration des cadres de vie des paysans producteurs ainsi que la protection de l’environnement. Dans le domaine de l’énergie, la promotion d’électrification rurale sera envisagée par l’opérationnalisation du 3ème groupe d’Andekaleka afin de promouvoir l’électrification rurale ».

Les priorités de l’Etat pour 2011 Les secteurs qui seront concernés par le futur Code des investissements font partie des priorités de l’Etat en matière de relance économique. Sinon, la loi de finances définit les autres priorités suivantes : - le soutien à la production agricole par l’appui à la fourniture de semences - la relance du tourisme - le renforcement du secteur énergie - le développement de l’accès aux services de santé et d’éducation - le renforcement de la sécurité des biens et des personnes - le bon fonctionnement de l’Administration Il faut toutefois souligner que l’année 2011 est décrétée comme celle des élections. Celles-ci bénéficieront d’une enveloppe de 197,3 milliards d’ariary. Même si les élections sont prioritaires, le calendrier avancé prudemment dans la loi de finances risque fort de ne pas être respecté. Il prévoit la tenue des élections législatives et présidentielles dans le courant du 1er semestre.


Les chiffres clés de la loi de finances 2011 Equilibre général de la loi de finances 2011 En milliers d’ariary

Nomenclature

Loi de finances 2011

Fonctionnement

2 472 176 582

Recettes fiscales

2 310 085 400

Recettes non fiscales

107 187 929

Aides budgétaires non remboursables

54 303 253

Recettes des privatisations

0

Recettes exceptionnelles

600 000

Recettes en capital (IADM, FMI)

0

Investissement

416 900 000

Subvention extérieures/PIP

416 900 000

TOTAL

2 889 076 582

• PIB : 20 175 milliards Ar (contre 18 225 milliards Ar en 2010 et 16.824 milliards Ar en 2009) • Taux de croissance : 2,8% (contre 0,6% en 2010 et -3,7% en 2009) • Taux d’inflation : 7,6% (contre 9,8% en 2010 et 9% en 2009) • Taux de pression fiscale : 11,5% (contre 10,5% en 2010 et 10,6% en 2009) • Déficit budgétaire : 3% du PIB (contre 1,9% en 2010 et 2,8% en 2009) • Evolution du taux de l’Ariary : 6,4% (contre 2% en 2010)

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CAPITAL ECO Le budget des institutions : Pouvoirs publics/Institutions Présidence de la transition Conseil supérieur de la transition Congrès de la transition Haute cour de la transition Primature Ministère des affaires étrangères Ministère des forces armées Secrétariat d’Etat à la gendarmerie Ministère de l’intérieur Ministère de la sécurité intérieure Ministère de la justice Ministère des finances et du budget Ministère de l’économie et de l’industrie Ministère de la fonction publique Ministère du tourisme et de l’artisanat Ministère du commerce Ministère de la communication Ministère de l’agriculture Ministère de l’élevage Ministère de la pêche Ministère de l’environnement et forêts Ministère de l’énergie Ministère de l’eau Ministère des mines et des hydrocarbures Ministère des travaux publics Ministère de l’aménagement du territoire Ministère des transports Ministère des télécoms et Postes Ministère de la santé Ministère de la jeunesse et loisirs Ministère de la population Ministère des sports Ministère de l’éducation nationale Secrétariat d’Etat pour l’enseignement technique Ministère de l’enseignement supérieur Ministère de la culture et du patrimoine TOTAL LF 2011 : Loi de finances 2010 Les lignes en gras figurent parmi les priorités de l’Etat

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En milliers d’ariary

Solde Fonctionnement 5 026 189 24 054 252 0 16 949 190 0 24 269 400 0 2 623 783 3 182 662 31 051 793 34 716 042 10 787 210 115 341 606 27 024 471 106 442 868 11 104 223 15 882 077 5 900 987 60 034 106 3 775 729 37 329 347 28 347 972 88 291 602 250 199 447 7 250 707 4 010 495 5 138 487 3 651 650 1 065 390 3 187 217 4 105 225 10 446 214 3 553 546 3 916 690 13 011 959 8 367 596 5 539 671 1 560 221 1 138 650 9 580 985 5 782 757 2 598 913 1 409 583 1 488 907 1 482 045 1 978 187 1 059 702 2 200 706 5 566 153 6 182 624 6 768 735 91 936 686 1 104 232 21 633 456 0 179 805 106 143 068 45 740 622 229 886 2 249 831 2 745 111 3 847 909 5 486 694 5 292 197 346 957 883 95 361 927 15 957 069 4 983 088 25 542 704 48 250 922 1 702 040 2 141 220 1 034 987 796 816 876 525

Investissement 37 740 413 860 962 1 291 443 258270 43 002 946 931 577 3 271 637 7 026 642 5 511 048 4 476 929 6 298 683 121 950 679 35 262 482 3 732 295 1 521 616 624 184 4 811 803 174 543 782 4 739 591 5 703 664 16 562 898 31 265 338 64 614 132 1 273 042 168 583 539 151 306 004 12 934 139 2 290 864 133 294 342 3 012 888 7 585 983 7 927 290 172 077 567 4 087 291 10 395 076 1 100 023 1 251 871 062

LF 2011* 66 820 854 17 810 152 25 560 843 2 882 053 77 237 401 46 434 829 145 637 714 124 573 733 27 294 112 68 286 764 71 976 002 460 441 728 46 523 684 12 522 432 5 774 223 15 175 623 12 282 039 195 923 337 11 839 483 16 423 299 24 944 568 34 163 828 68 074 364 4 533 450 180 332 316 250 011 425 35 671 827 2 470 669 285 178 032 5 492 605 14 179 003 18 706 181 614 397 377 25 027 448 84 188 702 4 943 283 3 103 735 383


Questionnaire sur la loi de finances 2011

La politique économique à redéfinir Expansion Madagascar : 1) Les mesures douanières de la loi de finances portent essentiellement sur l’agriculture, l’élevage et l’énergie renouvelable. Qu’en pensez-vous ? GEPAM : C’est une bonne chose pour l’agriculture et l’élevage, secteurs qui ont été longtemps négligés et qui ont besoin de ce ballon d’oxygène. Quant à l’énergie renouvelable, cela entre dans la logique d’une préservation de l’environnement devenue incontournable. A côté de cela, le constat est toujours le même depuis quelques années, l’industrie locale a été encore oubliée bien que le SIM, sauf erreur de notre part, émet toujours des propositions à chaque élaboration de la Loi de finances. 2) Ou faut-il que les industriels malgaches orientent également leurs investissements sur des secteurs autres que « les produits de substitution » ? Et quel genre de dispositions fiscales et douanières peut les aider à adopter cette réorientation et/ou cette diversification des secteurs où ils devraient investir ? C’est toute la politique économique de Madagascar qu’il faudrait redéfinir. Le secteur des produits de substitution est un secteur nécessaire. S’orienter vers d’autres secteurs : bien sûr, dont l’industrie de transformation intégrée avec l’agriculture, encore faut-il un accompagnement par des mesures qui garantiront l’investissement : la situation actuelle est malheureusement encore sensible et le climat des affaires assez malsain. 3) Les importations frauduleuses nuisent à l’industrie locale. La loi de finances prévoit l’attribution du NIF sur autorisation préalable des autorités fiscales pour l’activité de grossiste. Cette disposition est-elle suffisante pour endiguer le fléau ? Outre les valeurs minimales sur certains produits, quelles sont les autres mesures à adopter ? La lutte contre les importations frauduleuses entre dans la droite ligne de la politique économique du pays. L’attribution du NIF est une première mesure fiscale, encore faut-il que les objectifs soient atteints : toutes les autorités de contrôle, de régulation et de répression doivent s’y atteler. Il est clair qu’il faut favoriser la production locale par un faisceau de mesures parmi lesquelles - Une tarification JIRAMA uniforme - Une baisse significative de la TVA, ce qui o réduirait le secteur informel, o permettrait de proposer des produits à des prix plus abordables

- des facilitations dans la déclaration de la TVA : revenir au système de déclaration bimestrielle - au niveau de la Douane : tout simplement appliquer les dispositions de contrôle qui existent déjà. 4) Cette année, le taux de l’impôt sur le revenu passe de 23% à 22%. La proportion de cette réduction constitue-t-elle une mesure significative par rapport à la situation actuelle de l’industrie ? N’oublions pas que ce taux ne sera appliqué que sur les exercices clos en 2011 : il faut espérer que certaines entreprises auront l’occasion de l’utiliser. Ces mêmes sociétés qui seront donc automatiquement dans les listes des sociétés à contrôler (cf. point suivant 5) Au niveau des Entreprises, qu’est-ce que cela apporte, en fait ? Aujourd’hui, dans notre quotidien, ce changement n’est pas très significatif. L’industrie subit de plein fouet le marasme économique, le chômage et la baisse de consommations des ménages.

5) L’entreprise dispose maintenant de 30 jours et non plus de 15 jours pour répondre à une notification de redressement fiscal. Qu’en pensez-vous ? Les opérateurs se sentent-ils toujours harcelés par le fisc, alors que l’informel explose ? Ce délai est une amélioration mais il faut revoir le contrôle dans le fonds et dans la forme. Dans le fonds : Quelles sont les entreprises qui se font contrôler ? Celles qui effectuent des déclarations et qui tiennent une comptabilité, qui ont des objectifs de rendement et de retour sur investissements… donc plus particulièrement les industries. Le secteur informel vit en toute impunité sans aucun risque et en plus, en mettant sur le marché des produits qui échappent à tout contrôle : douanier, fiscal et sanitaire : où sont les contrôleurs ? Ce n’est que parce que vous déclarez que vous êtes contrôlé. Dans la forme : Le harcèlement ne se fait malheureusement que sur les entreprises citoyennes et généralement en règle et leur laisser 30 jours voire plus ne changera en rien le risque du contrôle avec tout ce qui s’en suit : devoir se justifier et perdre du temps pour trouver les réponses tout en continuant nos travaux quotidiens. Les vérificateurs perdent leur objectivité et leur attitude peut même être qualifiée d’antiéconomique.

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POINT DE VUE

Andriampeno Ramiliarison |

La loi de finances ne favorise pas une politique de relance L’année 2011 est décrétée comme celle des élections. Mais la loi de finances évoque quand même la nécessité de relancer l’économie. Pour Andriampeno Ramiliarison, Docteur en économie et spécialiste des finances publiques, cette relance demeure une simple déclaration puisque la loi de finances ne contient pas les ingrédients d’une relance. L’Expansion de Madagascar : Sur le plan général, comment trouvez-vous la loi de finances 2011 ? Andriampeno Ramiliarison : Comme toutes les lois de finances précédentes : bien ficelées, semblant un budget de programme mais en réalité un budget de moyen. La loi de finances prévoit une croissance économique de 2,8%. Pour le secteur primaire, il prévoit – 0,2% et c’est une projection réaliste étant donné que la pluie n’est tombée qu’à la mi-janvier. Il faut aussi relever que les perspectives économiques s’annoncent très difficiles. Dans le secteur agricole, les paysans ont immédiatement repiqué leurs rizières dès qu’ils ont eu suffisamment de pluies et ce, malgré les retards. C’est un phénomène qui s’est observé en 2005, c’est-à-dire après la crise du riz de 2004. Comme quoi, le marché est dicté par la loi de l’offre et de la demande. Les paysans constatent que les prix du riz augmentent et cela les encourage à en cultiver. Comme quoi, si l’Etat veut intervenir dans la filière, il devrait le faire en amont (pour l’accès aux intrants notamment) et non pas au niveau de l’importation ou de la distribution. Cela signifie qu’il devrait y investir. Cette année, les investissements représenteront 31,2% du PIB dont 25% par le secteur privé et 6,2% par le public. Ces investissements publics devraient appuyer le secteur en amont des activités agricoles. Les hôpitaux et les stades sont-ils prioritaires comparés à cela ? Le pays compte 60% de jeunes et ces derniers sont des électeurs. Investir pour eux est donc stratégique sur le plan politique. En ce qui concerne l’inflation, la loi de finances prévoit un taux de 7,6% pour 2011. Il faut rappeler que même en temps normal (2004-2007), le pays a connu une inflation à deux chiffres, assorti d’importants investissements apportés par QMM et Sherritt (les deux grands projets miniers). L’Expansion de Madagascar : Peut-on parler de la relance économique pour 2011 ? Andriampeno Ramiliarison : Le gouvernement annonce la relance. Cela veut dire qu’il faut accroître les investissements pour faire monter le PIB. C’est bien d’avoir une stratégie mais la loi de l’offre et de la demande régit toujours le marché. Les impacts de

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la crise économique mondiale commencent à se faire sentir chez nous, étant donné qu’il y a un décalage de 2 ans entre ce qui se passe sur le marché international et à Madagascar. Ces impacts sont synonymes de baisse de la demande en provenance des pays riches et donc de baisse de production chez nous. Ils sont également synonymes de licenciements. Du moment que l’économie des pays riches n’est pas sortie du tunnel, leurs demandes ne reprendront pas de sitôt et cela aura des répercussions sur notre économie. L’année dernière, seule l’Allemagne a affiché une croissance de 0,7%. Ce pays n’a pas enregistré beaucoup de licenciements grâce à une politique d’austérité et à la volonté de ne pas toucher aux salaires. Madagascar se réoriente sur le marché allemand pour ses produits textiles. Mais il faut savoir négocier et respecter les normes exigées. L’Expansion de Madagascar : La loi de finances peut-elle aider à la relance économique ? Andriampeno Ramiliarison : Bien sur, la loi de finances peut, et je veux insister que les lois de finances doivent aider à la relance économique d’un pays quelconque. C’est dans l’intérêt général constitue l’objectif principal des lois de finances. Mais pour 2011, notre gouvernement a comme priorité les élections. Les incitations dans la loi de finances portent sur les énergies renouvelables mais qui investit réellement dans ce secteur ? Sinon, le pays s’appuie sur l’agriculture qui crée 23% du PIB. Mais quelle politique de relance pour l’agriculture ? Le ministère de l’Agriculture fait des efforts mais qu’en est-il des 400 tracteurs importés de l’Inde ? Quant à l’exportation des produits agricoles, les produits proposés sur le marché local ne sont pas exportables. Ils ne répondent aux demandes que ce soit en quantité ou en qualité. Où est la politique de relance dans tout cela ? Il y a aussi cette inquiétude suscitée par l’Etat de par son retour dans le secteur de la production. Bref, la relance demeure une simple déclaration. Concrètement, quelle politique de relance Madagascar a-t-il besoin ? Si nous observons l’exemple de Lazan’i Betsileo, une entreprise vieille de 40 ans, elle commence à redresser sa situation

Je consomme Malgache, nous y gagnons !


et demande des subventions à l’Etat. C’est typique de l’industrie malgache. Le problème est de savoir si les industriels utilisent ou non la rubrique amortissement pour le réinvestissement. L’Expansion de Madagascar : L’exonération de TVA sur des matériels de production est-elle insuffisante pour relancer cette production car il faut voir aussi qu’en face, le pouvoir d’achat s’effrite ? Andriampeno Ramiliarison : L’exonération est une politique passive et classique de relance. Les pays en développement se posent actuellement des questions sur son efficacité. Est-ce la politique idoine parce qu’elle correspond toujours à un manque à gagner pour l’Etat, alors que le résultat attendu qui est un crédit d’impôts n’est pas sûr. En moyenne, seuls 20% de ces résultats sont atteints. Ce qui amène la Banque mondiale et le FMI à revoir leur politique sur le sujet. L’exonération comporte beaucoup d’incertitudes, sources de manque d’efficacité. Et qui dit incertitude dit obstacle à l’investissement. Avec l’exonération, le pays s’appuie donc sur des opérateurs économiques qui hésitent. Si nous observons les investissements pendant la transition, nous pouvons citer la Chine dont les Etats-Unis ont peur. La Chine cherche à se déployer dans le monde entier. Elle a comme particularité de n’avoir colonisé aucun pays et le commerce est tout ce qui lui importe. Comme elle n’a pas de pétrole, elle finance beaucoup de projets en Afrique. Il faut seulement souligner que la Chine a comme habitude de tarir les ressources qu’elle exploite. Le contrat du consortium Wisco pour le fer est de 40 ans et pour les 10 premières années, il est autorisé à exporter toute sa production. Aurons-nous la capacité et les moyens de tout contrôler pour qu’à la 11ème année, date à laquelle il installera son usine sur place, toutes les ressources ne soient épuisées ? Pareil pour le pétrole où une firme chinoise travaille. Outre la Chine, il y a le Pakistan qui ne s’entend pas avec les Etats-Unis et la Turquie qui n’entretient pas non plus des bonnes relations avec l’Allemagne. De plus, ces pays s’intéressent au développement de leur commerce. Ils ne sont pas là pour engager des investissements. En ce qui concerne le tourisme, l’Office national du tourisme de Madagascar est très dynamique avec le peu de moyens à sa disposition. L’Expansion de Madagascar : Et pour l’industrie, quelle politique fiscale ou d’accompagnement peut-on mettre en place pour son développement ? Andriampeno Ramiliarison : Il faut d’abord relever le pouvoir d’achat des

consommateurs parce que pour le moment, l’exportation n’est pas envisageable à cause du manque de compétitivité. Que faire pour augmenter le pouvoir d’achat ? Il faut créer des emplois et augmenter la productivité. La création d’emplois devrait être accompagnée d’incitations fiscales mais la loi de finances ne préconise pas une telle mesure. L’Etat devrait pourtant imaginer ces mesures au lieu d’obliger tout le temps les opérateurs à payer pour lui. Chez nous, l’Etat oblige l’opérateur à formaliser d’abord ses activités avant de démarrer, alors qu’à Maurice, il s’agit d’abord de trouver des marchés et des opportunités avant de demander le soutien de l’Etat. Sinon quelles sont les autres mesures à prendre ? Elles sont liées à l’investissement et à l’accès aux financements bancaires. Mais chez nous, les banques étudient les marges et elles ne prêtent pas à l’opérateur si la marge de ce dernier n’atteint pas 40%. Ces banques veulent se faire, de leur côté, une marge de 20%. En cette période de crise, une telle marge n’existe pas. Résultat : les banques ciblent actuellement les salariés, c’est un marché garanti contrairement aux entreprises dont les activités sont pleines d’incertitudes que ce soit sur le marché local ou à l’international. Qui vont donc aider les opérateurs économiques ? Il faut des investissements productifs et non seulement sociaux. L’Expansion de Madagascar : Le SIM propose une TVA à taux différencié en faveur des produits de consommation courante. C’est pour améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs. Pourquoi l’Etat n’adopte-t-il pas une telle mesure ? Andriampeno Ramiliarison : Le taux différencié de la TVA se pratique un peu partout dans le monde. Chez nous, on ne fait pas les calculs qu’il faut pour suivre la même voie. La TVA considérée comme un impôt juste, car doté d’un seul taux, a été créée en 1954 dans les économies mondiales. Madagascar l’a adoptée dans les années 80. Des chercheurs internationaux ont mené des études sur la TVA. Ils aboutissent à la conclusion comme quoi cette taxe a beaucoup contribué à l’appauvrissement des consommateurs. En France, le taux différencié se pratique dans plusieurs secteurs et même au sein d’un seul secteur. Il est de 5% dans les cantines et 18% dans les restaurants. Cela signifie qu’il est tout fait possible de pratiquer le taux différencié. Chez nous, pourquoi ne pas catégoriser les produits et services à taxer pour améliorer le pouvoir d’achat de la population ? En fait, la loi de finances est un budget-programme et ne reflète en rien une politique de relance.

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

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Région | BOENY

REGION | BOENY

Une Région propice à l’investissement Felana Lalatiana Selon les études sur les opportunités d’investissement réalisées par le Millenium Challenge Account (MCA), outre l’agriculture et l’élevage, les principales activités économiques de la Région Boeny tournent essentiellement autour de la pêche et de l’aquaculture (importance en termes de volume d’investissement et d’emplois créés), suivies de l’exploitation minière et du secteur tertiaire (services, commerce, transport, hôtellerie et restauration). Le tissu industriel privé demeure peu développé. Or, d’énormes ressources restent encore sous-exploitées dans les différents secteurs : agricole, minier, halieutique, forestier et notamment dans le secteur de la transformation. Par ailleurs, des infrastructures, des organisations, des services et des réglementations déjà en place peuvent servir d’appuis aux investissements privés.

Géographie La Région Boeny, s’étendant sur une superficie totale de 29.830 Km², est située sur le littoral nord-ouest de l’Ile, du côté du Canal de Mozambique. Elle compte six Districts à savoir Mahajanga-I (chef-lieu de Région), Mahajanga-II, Ambato-Boeny, Marovoay, Mitsinjo et Soalala.

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La population de la Région Boeny est estimée à environ 570 000 âmes, avec un taux de croissance annuelle de 3,1%. Cette population est composée à 50,14% d’hommes et 49,6% de femmes. La population active représente environ 52,90% de la population totale. La densité moyenne est de 17,5 habitants/km2, mais ce chiffre varie suivant certaines motivations ayant entraîné des migrations notoires et un taux de pression démographique assez élevé dans quelques Districts et Communes ruraux par rapport à d’autres.

Voies de communication Route La Région Boeny est traversée par la route nationale N°4 (RN4) qui la relie à la capitale, Antananarivo. Les Communes régulièrement accessibles par la route sont donc celles riveraines de cette principale voie de communication, outre Marovoay, Boanamaro (Mahajanga-II) et Anjiajia (Ambato-Boeni). La RN4 passe par 8 communes avant d’atteindre la capitale de Boeny, Mahajanga-I. Des routes nationales

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temporaires desservent par ailleurs les quatre autres chefs-lieux de Districts. En tout, 14 Communes de la Région sur 43 sont accessibles toute l’année. Le reste du réseau routier est constitué de routes provinciales et autres voies non classées. En tout, les routes bitumées dans la Région mesurent près de 283 km. L’absence de route bitumée dans tout Soalala et Mitsinjo mérite d’être mentionnée étant donné le statut de chefs-lieux de District de ces deux localités. Voies maritime et fluviale Avec une côte longue de 630 km, Boeny dispose d’un vaste réseau fluvial et la présence d’un grand port ouvert sur le monde favorise la navigation maritime et fluviale. Boeny compte également quelques ports intermédiaires qui lui permettent d’assurer des trafics régionaux et interrégionaux. Mahajanga et Katsepy sont reliés quotidiennement par un bac. D’ailleurs, d’autres communes sont également desservies par ce moyen de transport.


Voie aérienne Des vols réguliers relient Mahajanga à Antananarivo et aux îles de l’Océan Indien depuis l’aéroport « Philibert Tsiranana ». Viennent s’y ajouter l’aérodrome public de Soalala et des pistes d’atterrissage privées dans certaines communes.

Activités économiques Agriculture La culture rizicole tient la première place dans 33 Communes sur 43. Dans la majorité des cas, la production est essentiellement destinée à la consommation domestique. Par contre les zones rizicoles de Marovoay et de Madirovalo (Ambato-Boeni), approvisionnent les marchés régional et national. La culture rizicole couvre une superficie totale de 54 140 ha. La totalité des périmètres irrigués s’étend sur une superficie de 24 050 ha dont les 72,76% se trouvent dans la plaine rizicole de Marovoay (17 500 ha). Le reste est localisé à Madirovalo (3000 ha), à Mahajamba (1500 ha) et dans la partie sud de la Région à Mitsinjo. Les cycles de culture de la région ont lieu trois fois dans l’année. La quasi-inexistence d’évolution de la production et la diminution des superficies cultivées sont essentiellement dues à l’ensablement des rizières et les défaillances techniques des réseaux hydro-agricoles. Les cultures de manioc et de maïs suivent de près la riziculture. D’autres cultures de second rang sont également très développées dans la Région. Pour le cas de Mahajanga-II, la culture maraîchère, notamment de tomates et de concombres, fait la réputation de Belobaka, de Betsako et d’Ambalakida. L’anacarde a également connu une grande expansion ces dix dernières années avec des plantations privées à grande échelle. Pour Mitsinjo et Soalala, la canne à sucre constitue le principal produit agricole outre le riz. On en trouve notamment en abondance à Matsakabanja, Bekipay et Ambarimaninga. Le District d’Ambato-Boeny est en revanche reconnu pour les cultures de rente constituées essentiellement d’arachide, de coton et de tabac. Notons par ailleurs qu’au fur et à mesure que l’on approche de Boeny, les zones jouxtant la RN4 abondent en arbres fruitiers sauvages tels que manguiers, bananiers, cocotiers, tamariniers, anacardiers et jujubiers, formant de véritables blocs forestiers. Elevage La Région Boeny possède près de 419 582 têtes de bœuf. La taille des cheptels ovins et caprins confondus s’élève à 13 706 têtes pour toute la Région. Ambato-Boeny occupe toujours la première place avec 48,24% de la totalité des bétails. Pour le cheptel

porcin, 12 574 têtes sont recensées. En matière de volailles, Ambato-Ambarimay (Ambato-Boeni) et Ankazomborona (Marovoay) arrivent en tête avec respectivement 410 369 et 215 000 têtes. Sitampiky (Ambato-Boeni) compte également 120 000 têtes malgré son enclavement. Le secteur élevage dispose en outre d’une bonne couverture spatiale en termes d’appuis et d’encadrement. Pêche L’aquaculture de crevettes est une activité en pleine expansion dans le Boeny. Les sociétés exploitant la filière exportent essentiellement vers l’Europe, le Japon et la Thaïlande, avec une production annuelle d’environ 5 000 tonnes. En plus de l’élevage proprement dit, diverses activités annexes y sont rattachées telles que les fermes de géniteurs, les écloseries et les unités de traitement. Pêches traditionnelle, maritime et continentale Dans cinq Districts sur six, les pêches traditionnelle, maritime et continentale constituent une source de revenus conséquente pour des milliers de familles rurales. Les produits exploités sont les crevettes, les crabes, ainsi que différentes espèces de poissons. Plusieurs services et infrastructures sont disponibles pour la promotion des activités de pêche et de collecte dans la Région. Tourisme Si les sites balnéaires figurent sur la liste des produits les plus reconnus de Boeny en matière de tourisme, la région dispose également de vastes espaces riches en faunes et flores endémiques, ainsi que de sites culturels très renommés, particulièrement propices au tourisme de découverte. Ainsi, la palette de produits touristiques est bien diversifiée allant de l’écotourisme aux tourismes balnéaire et culturel, en passant par le tourisme d’affaires et le tourisme cynégétique. Mine Si la Région Boeny ne regorge pas de gisements de pierres précieuses, lesquelles font généralement la réputation de la Grande Ile, elle recèle en revanche de produits miniers à vocation industrielle notamment l’immense gisement de fer et de magnétite de Soalala pour la métallurgie, ainsi que d’autres dérivés de roches calcaires et de gypse du côté de Boanamaro et d’Ambato-Boeny pour la cimenterie, de gravelles à Mahajanga-II et de souffre à Marovoay, sans parler des autres produits tels que l’ammonite et la célestite, une pierre à vocation ornementale.

également à l’économie régionale ; d’ailleurs, grâce à cette mine aurifère, le secteur de la bijouterie s’est considérablement développé à Mahajanga-I où il occupe une place importante dans le tissu économique local. Foresterie Les produits forestiers sont très diversifiés ; pour ne citer que les bois d’œuvre, les bois précieux et, bien sûr les bois ordinaires. La majorité des produits sont exportés vers les pays européens et les Etats-Unis, souvent sous forme de produits semi-finis, très rarement comme produits finis. Les unités de transformation sont peu nombreuses, la plupart d’entre elles sont concentrées à Mahajanga-I et évoluent dans le secteur informel. Les ressources en fibres végétales occupent également une place importante, pour ne citer que le raphia, dont les zones de production sont très vastes et les produits souvent exportés à l’état brut ou encore le « satrana » qui décore les paysages de la partie sud de la Région. Les ressources forestières régionales s’étalent sur une superficie de 667 640 ha. Les zones sensibles, composées de mangroves et de plantations de raphias, ainsi que les périphéries des aires protégées, occupent une surface de 147 755 ha. Artisanat L’artisanat ne constitue, pour la majorité de ceux qui s’y adonnent, qu’une source de revenus d’appoint ou de subsistance minimale, malgré l’existence dans toute la Région de matières nombreuses et variées, transformables à souhait en articles artisanaux notamment des fibres végétales telles que le raphia et le « satrana », les bois précieux ou encore les bois d’œuvre, la célestite qui peut servir à la production de pierres d’ornement, le sable multicolore servant à la fabrication d’articles spécifiques de la Région comme les paysages en bouteille, sans parler des sous-produits des bovidés (sabots, cornes, peau), transformables en accessoires de mode ou en articles de décoration, l’écorce et les feuilles de cocotiers, les coquillages et on en passe.

Le gisement d’or de la région de Betsiboka profite N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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Région | BOENY Industrie de Boeny

Appui des groupements Pour réussir son lobbying envers l’administration qui a tendance a décidé seule les mesures économiques touchant le secteur industrie, les opérateurs ont besoin de réunir leurs forces et d’être appuyé par une institution, groupement ou autre structure. Pour la région Boeny, le GEPAM et la chambre de commerce et de l’industrie prêtent main forte aux opérateurs économiques.

GEPAM Le GEPAM ou groupement des entreprises privées à Mahajanga e GEPAM a été créé suite à la décision d’un certain nombre d’entreprises phares de Mahajanga de s’unir en 1999 pour mieux défendre leurs intérêts économiques et sociaux. A l’origine, le GEPAM regroupait les deux tiers des entreprises formelles de Mahajanga et plus de 5.600 Salariés. Actuellement, le GEPAM est constitué de 36 entreprises formelles de Mahajanga. Cette confédération d’entreprises a pour mission permanente de définir, de mettre en œuvre et de faire connaître une politique de développement des entreprises agricoles, industrielles, commerciales, de la pêche, de l’aquaculture, des travaux publics et bâtiments, des services et de l’artisanat et autres, quelles que soient leurs formes et dimensions, au bénéfice de l’intérêt général. Tous ceux qui y travaillent, les investisseurs et les consommateurs, doivent faire prévaloir les conditions générales d’efficacité et de liberté les plus favorables aux adhérents tout en menant une action commune en vue de favoriser le progrès économique et social du pays et particulièrement des régions Boeny, Betsiboka, Melaky et Sofia formant l’ancienne province de Mahajanga Concertation avec les autorités « Les autorités ont l’habitude de sortir des décrets et arrêtés concernant un secteur sans avoir consulté au préalable les concernés, c’est-à-dire les opérateurs. Le GEPAM œuvre à ce qu’il y ait plus de rapprochement avec les autorités et qu’il y ait des échanges entre les opérateurs et l’administration » explique le Secrétaire Général du GEPAM. « Nous organisons aussi des tables ronde pour différents thèmes. Lors de ces tables rondes, les responsables régionales et centrales ainsi que tous les opérateurs concernés sont invités à discuter sur le thème. » rajoute notre interlocuteur. Des tables rondes avec la douane, l’APMF, la JIRAMA …ont été déjà organisé. A part la table ronde, le GEPAM organise aussi des ateliers (atelier sur la JIRAMA, fiscalité,

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foncier…) et des formations. « Tous les 2 ans, tous organisons des formations pour la direction des ressources humaines sur le code de travail. Le GEPAM se charge du prestataire qui dispense la formation » déclare le SG de ce groupement. SPAM Le GEPAM mène aussi des actions pour que la gestion du port de Mahajanga appartienne au SPAM ou Société du Port à Gestion Autonome de Mahajanga comme la société de port à gestion autonome de Toamasina. « Actuellement, le port est géré par l’APMF. Nous pensons que pour le développement du port, il sera mieux à gestion autonome. Le port de Mahajanga tient un rôle important dans le développement des industries de la région » argumente le SG du GEPAM. D’après ses dires, ce projet était sur la bonne voie. L’avis d’appel à la souscription au capital de la société du GEPAM a même eu lieu en décembre 2008, mais suite aux mouvements politiques dans le pays, ce projet est actuellement en veille. Collaboration avec le SIM En tant que groupements qui défendent les intérêts des industriels, le Syndicat des industries de Madagascar et le GEPAM ont le même centre d’intérêt. Le GEPAM insiste sur l’importance d’être assisté par des syndicats forts comme le SIM et déclare être à la disposition du SIM pour renforcer ses recherches d’informations ainsi que pour l’élargissement de ses bases de données.

CCI Mahajanga Créée en 1920, la chambre de commerce et de l’industrie de Mahajanga a connu une période léthargique d’une trentaine d’années. Après l’adoption de nouveaux statuts en 1998 et des élections libres de 2001, les opérateurs économiques et les chefs d’entreprises élus ont remis la Chambre de Commerce sur les rails pour asseoir sa principale mission de défense des intérêts de ses membres et d’appui aux entreprises. Depuis janvier 2008, la nouvelle équipe conduite par le Président actuel Claude Pagès, a mis en place des stratégies de promotion à travers l’ouverture à d’autres institutions à vocation économique, tant au niveau national qu’international. Cette ouverture a été concrétisée en 2010 par le partenariat avec les Iles voisines, ce qui a permis à la CCI d’offrir à ses membres des sessions de formations modulaires telles que systèmes de gestion environnementale, en partenariat avec

Empretec Mauritius ; commerce, marketing, comptabilité, gestion commerciale, normes et commerce international, avec la CCI de Mayotte. Les opérateurs de la Région ont été, par ailleurs, mis en relation directe avec les experts de Ex-change, une organisation belge d’experts bénévoles en conseil et assistance aux entreprises. La formation professionnelle duale, avec le concours de la CCI de Hambourg, a été renforcée par le développement d’autres métiers et l’amélioration des supports didactiques. La prise en charge directe des investisseurs et opérateurs consiste en aide à la création de sociétés, conseils, assistance et orientations, diffusion de différentes informations économiques. Renforcement du partenariat Cette année 2011, les perspectives se focalisent sur le renforcement des activités et des partenariats afin de soutenir davantage le développement économique de la Région Boeny. Quoi qu’il en soit, la CCI de Mahajanga sera mieux habilitée à accomplir de manière active et efficace sa mission avec la récupération de ses dus. Pour cela, les efforts seront déployés à travers des communications et de lobbying intensifs. Les industries de Majunga, comme tant d’autres dans tout Madagascar, ne sont pas à l’abri des difficultés génériques du secteur telles l’instabilité politique, la dépréciation monétaire, la concurrence des produits importés, etc. Parallèlement à cela, le coût de l’énergie, relativement cher et la vétusté des infrastructures notamment routières, se trouvent à la tête des obstacles constituant un frein au développement industriel à Majunga. Face au marché international, le problème de normes/qualités des produits locaux, ainsi que les procédures administratives et organisations portuaires limitent l’accès à l’exportation. Aussi est-il recommandé la concrétisation des réformes douanières, l’adéquation des coûts de l’énergie. Favoriser et encourager la mise aux normes des produits par des actions de formations et d’informations bien ciblées et soutenues ; enfin, mobiliser les instances facilitatrices du marché international au niveau des ministères et des ambassades pour la promotion du vita malagasy. Piliers majeurs du développement de l’industrie et de l’économie en général, les CCI doivent être appuyées tant en matière de moyens qu’en attributions pour la relance de l’économie nationale.


SIB

Investir dans la qualité et la préservation de l’environnement Prenant la relève de l’Etablissement Barday frères (EBF) qui a été crée en 1929, la Société Industrielle du Boina (SIB) a vu le jour le 1er août 1947, à l’initiative des frères Nourmamod et Jeanmamod Jina Barday. La SIB est l’un des fleurons de l’industrie du Boina et figure parmi les rares unités industrielles qui ont survécu après la fermeture de plusieurs usines comme la Sotema, la Hasyma et bien d’autres. Société anonyme au un capital de 240.000.000 Ar de droit malagasy, la SIB emploie 165 travailleurs dont 153 hommes et 12 femmes. Ses siège et usine se situent à Antanimasaja, Mahajanga, sur un terrain de 30ha dont elle est propriétaire. La société exerce une activité à vocation industrielle notamment savonnerie et huilerie, la rizerie ayant été mise en veilleuse Elle mène également plusieurs activités sociales et environnementales au travers son CE.

Savonnerie Le savon de ménage SIB n’est plus à présenter aux consommateurs. Connu par presque tous les ménages à Madagascar, ce produit a

définitivement acquis sa renommée et garde son image et sa qualité auprès des consommateurs. « Bien que de nos jours, il semble plus facile et moins onéreux d’importer du bondillon de savons, la SIB reste fidèle à la fabrication du savon par saponification en s’appuyant sur des unités dont celle installée par son père, Mr Anwaraly Barday, en 1970 et qui est toujours opérationnelle à ce jour », déclare Nigar Barday, Directeur général de la société. Notons que ce processus est identique à celui de la fabrication du savon de Marseille à savoir par saponification qui est la réaction chimique résultant du mélange huiles végétales et soude caustique. De plus, aux fins d’augmenter son pouvoir lavant, la SIB ajoute du soap stock, résidu naturel issu du raffinage de ses huiles brutes, et qui est reconnu pour son puissant pouvoir lavant. La société dispose d’une capacité de production de 4 tonnes de savon par heure. Avec près de 20 millions de consommateurs, les savonneries à Madagascar ont encore de beaux jours devant elles et gardent toutes leurs chances de se développer et d’apporter leur part dans le développement économique du pays que

ce soit en matière de création d’emplois ou de valeur ajoutée. Malheureusement, le secteur subit, depuis quelques années, la concurrence déloyale des produits finis d’importation. En effet, même si Madagascar impose des normes en matière de qualité des savons et des détergents, bon nombre de produit importés qui entrent sur le marché local ne les respectent pas. Par ailleurs, l’on assiste de plus en plus à des publicités « mensongères et abusives » sur les produits d’importation alors que les industriels malgaches mettent sur le marché des produits qui respectent les normes en matière de santé des consommateurs. Nigar Barday déplore également « des attitudes frauduleuses au niveau des importations de matières premières et des systèmes de vente entrainant automatiquement un déséquilibre dans le calcul des coûts et dans le prix de vente affiché ». Notons que certains industriels ne ménagent pas leurs efforts pour lutter contre ces fraudes et n’ont de cesse de réclamer l’application effective de la loi contre les contrevenants. La lutte contre un produit en provenance de Maurice, lequel, d’après les industriels, falsifie

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Région | BOENY le certificat d’origine pour obtenir des avantages fiscaux (entrer sur le marché malgache sans payer de droit de douane) est toujours en cours. La partie malgache espère avoir gain de cause cette année. Toujours dans cette activité, la SIB fabrique des produits de détergence en morceau sous le label SIBAX et en liquide sous le label SIBRIL. Autant le marché du détergent liquide est très concurrentiel, autant celui du détergent en morceau est plus ouvert.

Huilerie La SIB n’a pas délaissé la savonnerie malgré cette concurrence déloyale. Comme pour le savon, elle mise également sur la qualité en ce qui concerne ses huiles alimentaires « SIBEOR ». Autour du label SIBEOR, la SIB a voulu axer sa gamme d’huiles sur un produit de qualité mais également un procédé permettant de conserver les couleurs et arômes naturels : « Saveur et Santé d’abord ». Les huiles SIBEOR sont obtenues par pression à chaud des oléagineux suivi de raffinage de l’huile brute. Avant sa mise en vente, la SIB envoie des échantillons sur Antananarivo aux fins d’obtenir la certification et l’autorisation de mise sur le marché du lot par l’Agence de contrôle de la sécurité sanitaire et de la Qualité des denrées alimentaires (ACQSDA). Si l’huile d’arachide est connue de presque tous les Malgaches, l’huile de coton, en revanche est quelque peu nouvelle. La SIB produit à la fois de l’huile alimentaire d’arachide et de coton. Contrairement aux huiles d’arachide de fabrication artisanale, lesquelles peuvent contenir des toxines, les huiles d’arachide SIBEOR présente 0% de mauvais cholestérol. L’huile d’arachide possède une saveur particulière qui rappelle la cacahuète. La capacité de l’huile d’arachide à résister à la chaleur (jusqu’à 230 degrés) en fait une huile idéale pour la friture. Source de protéines, de vitamines et de minéraux, l’huile d’arachide est toutefois pauvre en acides gass essentiels oméga 3. L’huile d’arachide est plus riche en acides gras mono-insaturés qu’en acides gras polyinsaturés. En fait, elle se rapproche un peu de l’huile d’olive. Comme nous le mentionnions plus haut, outre l’huile d’arachide, la SIB produit également de l’huile de coton. L’huile de coton est un produit 100% végétal, extrait des graines de coton. Si autrefois, Madagascar produisait du coton, actuellement, les sociétés qui ont besoin de ce produit et de ses dérivés sont contraintes d’en importer. Concernant la SIB en particulier, elle importe essentiellement le coton dont elle a besoin du Mozambique. Avec un point de fumage à 216°C, l’huile de

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coton est conseillée également en friture et en cuisson. Quelques gouttes d’huile de coton dans une mayonnaise ou une vinaigrette leur donnent un petit goût de noisette. Elle possède également plusieurs vertus car riche en vitamine E et en acides gras, essentiellement les bons gras comme les omégas 3, 6 et 9 qui préviennent de l’infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux. Consommée quotidiennement, l’huile de coton améliore le système nerveux central et aide à lutter contre la formation de tumeurs cancéreuses. Notons que l’huile de coton, tout comme l’huile d’arachide, se conservent à l’abri de la lumière et de la chaleur. L’huile SIBEOR est déjà présente sur les marchés de la capitale et notamment dans les magasins Score. « Nous sommes actuellement en train de finaliser un contrat avec la Hutte Canadienne », annonce Nigar Barday, avant d’ajouter que « les huiles SIBEOR sont présentées dans des bouteilles cachetées de trois capacités différentes,un quart, un demi et un 1 litre mais avons également mis en place un système de vente en jerricans consignés de 5 litres plus particulièrement dédiés aux restaurateurs : notre plus fidèle client est le restaurant ZOB». « Notre capacité actuelle est de 1.400 T d’huile de coton et de 2.400T d’huile d’arachide mais c’est la matière première qui fait défaut ». La société prévoit d’exporter ses huiles vers les îles de l’Océan Indien.

Autres produits Issus de l’usinage des oléagineux, la société SIB produit également des tourteaux. Considérés comme sous-produits de l’huilerie, les tourteaux sont devenus un produit à part entière en tant que base de l’alimentation du bétail et des crevettes.

Rizerie La branche rizerie a malheureusement été mise en veilleuse depuis 1998 pour des raisons fiscales.

Environnement La SIB est une entreprise citoyenne. Dans ce sens, elle veille au respect de l’environnement et est l’une des premières sociétés à avoir souscrit à la concrétisation de la loi et décret MECIE 99.954 modifié par décret 2004-167. Un cahier des charges régulièrement mis à jour est d’ailleurs envoyé annuellement à l’Office national de l’Environnement (ONE) qui valide les mesures environnementales prises. Outre cela, la SIB par l’intermédiaire de son CE, mène des actions pour la protection de l’environnement. C’est dans ce cadre qu’elle procède chaque an-

née à des reboisements depuis 2008. L’année dernière, par exemple, elle a revalorisé son site avec la mise en terre de 790 jeunes plants et un essai de 100 plants de corossols et 10 de paulownias, réputés à croissance rapide. Face à la dégradation du littoral, la SIB décide en outre le reboisement de 25 ha de palétuviers sur la période 2010-2012 : 55.000 plants de honko ou rhizophora, 48.000 plants d’« afiafy » ou avicénnia… La SIB possède également une pépinière où des jeunes plants sont déjà prêts à être mis en terre. Mais la sauvegarde de l’environnement passe également par l’amélioration des conditions de vie de la population. Outre la création d’emplois, la SIB travaille en étroite collaboration avec les autorités pour mettre en place un port pour les pêcheurs traditionnels, mène une campagne de sensibilisation et de communication auprès des quartiers environnants pour l’installation de blocs sanitaires et l’utilisation des latrines, ainsi que le suivi et la sécurisation des domaines reboisés.

Elevage A Antanimasaja, Nigar Barday a mis en place une ferme d’élevage d’autruches. « La ferme n’a pas de vocation commerciale mais plutôt attractive. Nous organisons des visites pour les enfants qui ont droit à un parcours éducatif, lequel éveillera leur goût de l’observation et leur curiosité intellectuelle », explique le Directeur général de la SIB. Bien sûr, les grandes personnes sont également bienvenues pour visiter la ferme où sont actuellement élevés 2 autruches mâles, 4 femelles et 9 autruchons. La SIB associe toujours à ses actions le Centre de redressement des jeunes « Zaza Mania » sis à Amborovy et n’oublie pas de faire des dons aux détenus de Marofoto. Comme toute entreprise industrielle, la SIB attend une vision plus claire de la situation pour pouvoir planifier le développement de ses activités industrielles dont la mise en place de nouveaux produits. Cependant, dans le cadre de la continuité de la mise en valeur de son terrain, une activité de reboisement d’envergure de Moringa Oleifera ou Ny Ananambo est prévue courant de ce 1er trimestre sous forme de journée récréative associant tous les personnels et leur famille ainsi que les personnels d’Antananarivo. Le dossier de protection du littoral par la restauration des mangroves reste malheureusement en suspens malgré la validation du projet le 03 Juin 2010 par Mr le Ministre de l’Environnement, la bonne volonté de certaines directions régionales et autres ONG mais qui trouve une opposition flagrante de la population locale.


Unima

Porte-fanion de la crevette malgache Leader dans l’aquaculture de crevettes et l’exportation de ce produit, Aqualma est une société créée en 1992. Emanation de la première heure des « Pêcheries de Nosy-Be » (PNB), le Groupe Unima s’est lancé dans l’aquaculture de crevettes vu que la ressource crevettière marine est limitée et difficilement maîtrisable. De plus, l’aquaculture douce pratiquée par le groupe permet d’exploiter des zones vierges de développement rural, sans impact majeur sur l’environnement ; et de produire, de manière pérenne une gamme alternative et complémentaire de celle de la pêche, de produits nouveaux destinés à des consommateurs de plus en plus exigeants. Après avoir atteint la barre des 5200 tonnes en 2007 et suite à la suspension d’activité de l’unité de Besalampy, l’exportation du groupe tourne actuellement autour de 3000 tonnes de produits aquacoles (+ 550 tonnes de produits pêche via sa filliale PNB). Les pays importateurs des crevettes de l’Unima sont essentiellement la France, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, l’Italie, mais également le Japon et les USA.

Création de la ferme de Mahajamba Le projet d’aquaculture de Mahajamba a été lancé en plusieurs étapes. La ferme industrielle

de Mahajamba a été créée de 1992 à 1995 en trois étapes, pour atteindre une surface de production cumulée de 725 hectares de bassins de grossissement et 70 hectares de bassin de pré-grossissement. Cette ferme dispose d’une capacité de production annuelle de 3000 à 3200 tonnes de produit brut. Les unités associées à cette ferme ont ensuite été construites dont, en 1993, une écloserie industrielle à Nosy-Be, d’une capacité de production annuelle de 100 millions de post-larves (crevettes juvéniles) qui seront ensuite grossis en bassin au sein de la ferme. Cette écloserie a vu sa capacité doublée en 1996 pour les besoins de la production. Dans ce sens, une usine de traitement des produits a été mise en place à Besakoa (commune de Mahajamba) de 1993 à 1994. La capacité de l’usine dépend de celle de la ferme. Elle permet de congeler 18 tonnes de produits par jour en 2 quarts, étant donné que les pêches ne sont possibles que 20 jours par mois au maximum. En parallèle, l’entreprise a installé son centre des opérations à Mahajanga en 1993. Ce centre s’occupe essentiellement des opérations logistiques et de gestion. Notons que l’Aqualma a opté pour l’aquaculture douce : pas plus de 5 à 10 crevettes par mètre carré, alors qu’en Thaïlande ou en Chine

les densités sont de 10 à 50 fois supérieures.

La seule à pouvoir domestiquer la crevette tigrée En 1998, la société, devant la raréfaction des géniteurs sauvages de P monodon, espèce choisie et élevée par Aqualma, s’est lancée dans un programme ambitieux et unique de domestication de l’espèce. Le centre de domestication est pleinement opérationnel depuis 2000, et fournit 100% des larves qui seront élevées au stade de post-larves pour les élevages de l’Aqualma. Cette phase a nécessité une implantation spécifique dans une zone reculée du Nord-Ouest de Madagascar, dans la commune d’Antonibe, près de la baie de Moramba. Jusqu’à maintenant, l’Unima, à travers Aqualma, est la seule entreprise du secteur au plan mondial, à maîtriser cette technologie à une échelle industrielle. Cette technologie unique a permis, entre autres, de développer et d’obtenir la certification « Label rouge ». Autre particularité des animaux ainsi produits, ils sont garantis exempts de toutes maladies connues en élevage de crevettes ; et participe à une démarche de production biologique structurée autour des concepts à savoir le confort des N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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animaux, la biosécurité des élevages et la préservation de l’environnement. Unima produit donc ses propres géniteurs ; ce qui évite de risquer de prélever en mer des bêtes contaminées. Ainsi, la société peut garantir à 100% des larves sans pathogène.

et prestigieuses en Europe et dans le monde telles que Picard, Corte Ingles, Kyokyo, TescoMark&Spencer, Davigel, Carrefour, Auchan, Intermarché, etc. Notons que l’Unima possède ses propres marques, dont Royalmar et Nossi-Be.

Intégration verticale

Respect de l’environnement

L’Unima-Aqualma est développée et structurée autour du principe de la filière intégrée verticale. Cela signifie que le groupe a développé tous les outils de production, en amont et aval des fermes d’élevage, pour la satisfaction du consommateur. En effet, il s’agit de la seule solution pour garantir la maîtrise de la production à ses clients tout en permettant une traçabilité complète des intrants qui ont servi à produire et apporter la crevette auprès des consommateurs. L’Unima a ainsi créé deux outils complémentaires de sa chaine de production nationale. C’est ainsi qu’a vu le jour Nutrima, une société basée à l’Ile de La Réunion, qui produit tous les aliments distribués en complément de la productivité naturelle des bassins d’élevage. Les formules utilisées sont spécifiques et haut de gamme. Garantis sans OGM, sans Produit d’origine Animal Terrestre (PAT), ces aliments utilisent moins de farine de poissons et marine (25%) que tous les autres aliments disponibles aujourd’hui sur le marché, au profit des farines végétales. Ces aliments ont été développés et font l’objet d’une R&D toujours en cours, avec l’appui de L’Institut national de Recherche agronomique (INRA-France). L’axe principal est l’application d’une politique de développement durable chère au Groupe Unima. Mais il y a également l’« Unima Frais », une usine ultramoderne de cuisson basée à Boulognesur-Mer. Cette usine implantée dans l’un des rares lotissements industrielles qualifiés « ISO 14000, permet d’assurer une traçabilité-produit parfaite pour le consommateur, depuis le bassin d’élevage jusqu’à l’étal du point de vente. Des produits de gros calibres Essentiellement, l’entreprise produit de la crevette entière - dite HO (Head on) - de gros calibres. Ces produits sont distribués en partie à l’état cru congelé sur les principaux circuits de distribution : Grandes et Moyennes surfaces (GMS), Freezer center (Picard) ou chez des grossistes de la restauration (Davigel) en Europe, Asie ou aux USA. L’autre partie de la production est étuvée dans l’usine du Groupe Unima en France (Unima Frais) pour être distribuée, cuite et réfrigérée, chez les poissonniers, mareyeurs, grossistes ou en GMS. Le groupe produit également des produits plus sophistiqués comme les « Sashimi », qui sont des produits étêtés et décortiqués, crus ou cuits congelés. Aujourd’hui, l’entreprise travaille pour des enseignes parmi les plus connues

Depuis ses débuts, Aqualma-Unima s’est attachée à minimiser l’impact de ses activités sur l’environnement. Bâtie - avant l’heure - sur une politique de développement durable de l’activité, l’entreprise a développé des plans d’action très variés et bien au-delà des exigences imposées par l’Office national de l’Environnement (ONE) pour l’obtention du permis environnemental et d’exploitation. Aqualma-Unima a largement contribué au développement des standards de production, règles légiférées à Madagascar (à noter que le pays possède l’une des rares lois-cadres de cette activité en comparaison avec les autres nations ; et des standards environnementaux prônés par l’ONE pour le secteur. Les sites aquacoles de l’Unima sont soigneusement délimités pour prévenir la destruction des mangroves. Les bassins ne sont jamais installés dans des zones arborées. L’Unima a planté 922 000 pieds de palétuviers pour renforcer la mangrove et mieux protéger les installations et leur environnement. Le monitoring environnemental exhaustif de la ferme d’élevage, sur 15 ans, met en évidence l’absence totale d’impact des effluents d’aquaculture sur l’environnement littoral. L’Unima est également le premier groupe d’entreprises à Madagascar à effectuer un bilan carbone global. Ce bilan carbone a été réalisé par la société « Carbone 418 », en collaboration avec le GAPCM. Depuis 2007, le groupe a signé un partenariat non financier avec le WWF. Ce partenariat se développe d’année en année. Aujourd’hui, le groupe met en place des « Bio Diversity Action Plans » avec l’aide de l’antenne WWF de Madagascar (MWIOPO). Ces plans d’action sont multiples, allant de l’élaboration d’aires protégées au développement durable de zones de mangroves de la baie de Mahajamba au bénéfice des populations locales et des entreprises, en passant par le suivi d’espèces rares et en danger. Notons que près de 2,5% du chiffre d’affaires du Groupe est dédié au développement durable à Madagascar et le groupe s’est donné comme objectif d’être neutre en matière de carbone d’ici 4 ans.

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Des produits de qualité Les produits de l’Unima ont obtenu le « Label rouge » en 2004. Ce label a la particularité d’être décerné directement par le ministère

français de l’Agriculture et de la Pêche , et distingue les produits dont les qualités gustatives sont supérieures à celles des produits courants. Soulignons que ce label est une certification avec obligation de résultat, versus d’autres labels (bio, par exemple) qui n’ont que des obligations de moyens. L’obligation de résultat - ici le goût du produit - doit être maintenue au fil du temps. Ainsi, à ce titre, chaque année des tests sensoriels officiels sont effectués auprès d’un jury spécialisé. En cas de non-conformité, le groupe pourra perdre son label. La constance dans la qualité est donc garantie pour le consommateur. Le « Label rouge » est avant tout une démarche visant à assurer au consommateur cette qualité ; le « Label rouge » démontre par des exigences de production, des cahiers des charges rigoureux, des contrôles précis et des tests sensoriels, que le meilleur est mesurable et formellement identifiable.

Faire face à la concurrence Après plusieurs années de crise, le marché de la crevette a connu une légère embellie suite à une augmentation du prix depuis l’année dernière. Cependant, le marché reste très incertain. La production malgache fait face à la compétition avec d’autres productions internationales (provenant essentiellement du Sudest asiatique et de l’Inde). Par ailleurs, l’éloignement des grandes voies maritimes et des économies fortes n’aide pas nos industriels. Les faibles volumes de la production nationale (par rapport aux autres pays producteurs) n’ont pas permis de développer une filière nationale conséquente possédant une structure-support en adéquation avec ses ambitions qualitatives. Face à cette situation, l’Unima mise sur une qualité sans reproche, en se démarquant par un produit au goût exceptionnel, produit dans des conditions environnementales excellentes (l’image de Madagascar est d’ailleurs très porteuse dans ce domaine).

Les perspectives L’Unima va continuer de construire autour du concept développement-durable et qualitéproduit ; et pérenniser l’entreprise qui fêtera bientôt ses 20 ans d’existence. A court terme, la société projette de développer un projet pour redonner une nouvelle vie à son deuxième site de production. Améliorer davantage les pratiques d’élevage et de production ; et renforcer la sécurité alimentaire pour l’intérêt des clients et consommateurs (passage sous standard ISO 22000 en 2011) sont la priorité. L’Unima va également explorer d’autres voies de production comme le standard du « Bio Européen », un véritable challenge technologique.


Kalfane

Leader dans l’exportation de raphia La Société Kalfane a été fondée en 1956. C’est la principale société exportatrice de produits naturels locaux dans la Région Boeny. Elle exporte plusieurs produits, entre autres, le raphia, le girofle, la cire d’abeille, le café, le poivre noir et la noix de cajou. Entreprise familiale, la Société Kalfane & Fils a su, au fil des années, capitaliser son expérience pour devenir le principal exportateur de produits locaux dans la Région Boeny. Son principal activité est la collecte et l’exportation de raphia naturel, outre les autres produits cités plus haut. La Société Kalfane exporte vers les cinq continents : - Amérique : USA, Canada, Brésil, Chili - Europe : Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Bosnie-Herzégovine - Asie : Inde, Chine, Singapour, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Yémen - Afrique : Algérie - Australie Les produits sont collectés dans toute l’Ile auprès de fournisseurs préalablement sélectionnés pour leur professionnalisme et la qualité de leurs produits. Ces produits sont ensuite acheminés jusqu’à l’entrepôt où ils sont préparés et emballés avec un soin particulier, puis stockés jusqu’à leur mise en conteneur. Le raphia est le produit d’exportation qui génère le plus de valeur ajoutée et constitue de ce fait une source non négligeable de rentrée de devises pour le pays, notamment au niveau de la Région Boeny. La Société Kalfane travaille avec une dizaine de fournisseurs. « Contrairement aux autres produits, la qualité du raphia

de Madagascar ne varie pas car cette filière est encadrée par le ministère de l’Environnement et des Forêts. Nos fournisseurs respectent la période de coupe, d’où cette qualité », a expliqué Rafik Kalfane, Directeur général de l’entreprise. Par contre, le café et le girofle sont des produits qui subissent la spéculation. Notons que le raphia est une fibre végétale naturelle extraite des feuilles d’un palmier originaire de Madagascar. Il est utilisé dans les loisirs créatifs et la décoration. Mais malgré la qualité irréprochable du raphia de Madagascar, la société Kalfane procède toujours à des triages rigoureux. « Après le triage, nous procédons aux conditionnements et à l’emballage ». La société exporte environ 400 tonnes de raphia brut par an.

Concurrence « Malgré la bonne qualité de nos produits, le secteur se heurte à la concurrence des produits de substitution comme les fibres synthétiques, ainsi qu’à la crise financière mondiale, alors que sur le plan national, nous butons contre la crise politique qui a conduit à une inflation galopante », ajoute notre interlocuteur. Si la vente a connu une diminution depuis 2005, le coût des facteurs de production ne cesse d’augmenter comme le coût du fret, le prix d’achat du produit, etc. « En 2005, le kilo de raphia s’achetait à 1.000Ar ; actuellement, le prix d’un kilo tourne autour de 1.400 Ar voire même 2.400 Ar pour les produits de bonne qualité », déclare Rafik Kalfane. « Sur le plan international, le cours du raphia n’a pas évolué et tourne autour de 0,7 à 1,5 euros le kilo », poursuit-il.

Redevance forestière « Avec les contextes mondial et national difficiles actuellement, nous demandons à ce que l’Etat révise la redevance forestière », déclare le DG de Kalfane. Selon ses explications, la redevance forestière sur le raphia est passée de 40 à 150 Ar par kg en 2007. « L’administration a augmenté cette redevance pour atteindre 160 Ar l’année dernière », déplore-t-il. Cet opérateur dénonce également la multitude des taxes et impôts qui ne font qu’alourdir les charges. « Il y a plusieurs taxes et redevances à payer, allant de la taxe sur la collecte aux ristournes de la région, en passant par la redevance à l’exportation,… Au total, nous devons payer plus de 260 Ar par kilo de redevance », déplore notre interlocuteur. Outre la pluralité de taxes perçues par l’administration, Rafik Kalfane demande également à ce que l’autorisation de collecte sorte en fonction de la campagne. « Il y a toujours un retard de sortie d’autorisation sur la campagne, ce qui conduit à des problèmes en matière d’approvisionnement », argumente le Directeur général de Kalfane, avant d’ajouter que « l’administration prend toujours des mesures sur un secteur en se basant sur un simple constat, sans savoir la réalité et sans avoir consulté les plus concernés, en l’occurrence les opérateurs ». Enfin, cet opérateur demande à ce que l’on mette les opérateurs sur un même pied d’égalité. « Le coût de l’électricité est encore cher à Mahajanga par rapport aux tarifs pratiqués dans d’autres villes comme Toamasina ou Antananarivo. Nous demandons à la Jirama d’uniformiser le tarif », conclut Rafik Kalfane. N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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Réfrigépêche-Ouest

Conditionnement export en mer Réfrigépêche-Ouest est une société anonyme appartenant au Groupe Réfrigépêche Madagascar (G.R.M) qui avait comme activité initiale la pêche crevettière dès 1981 à Toamasina. Réfrigépêche-Ouest a vu le jour en 1986. D’autres sociétés comme la SOPEMO à Morondava et la SOPROMER à Antananarivo qui se charge de la commercialisation des produits de la pêche sur le marché local font partie du groupe Réfrigépêche-Ouest. Initialement, la société Réfrigépêche-ouest a été créée pour étendre les activités de Réfrigépêche Toamasina, la société s’est lancée dans le traitement et l’exportation de chairs de crabe mais suite à la concurrence du SURIMI, elle a du mettre en veille cette activité. Actuellement elle se focalise essentiellement sur la pêche et l’exportation de crevettes. L’activité de la société Réfrigépêche Ouest s’est donc concentrée sur la production de crevettes entre 1990 et 1997 et fit évoluer sa flotte de chalutiers crevettiers passant d’un unique chalutier à l’origine, à 10 bateaux de pêche. Soulignons que la société gère par ailleurs la production de 2 chalutiers crevettiers appartenant à la société Crusta-Pêche. Tous les chalutiers sont équipés de dispositif anti-tortue (T .E.D.), et de par son mode opératoire général, bénéficient du Label ECOPÊCHE.

Baisse de la capture Comme toute société qui opère dans le secteur crevettier Réfrigépêche Ouest a connu des difficultés depuis 2005. En effet, sur le plan mondial, la consommation a baissé de 70% en l’espace de 5 ans. Le prix de l’or rose ainsi que la consommation ont connu une

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EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2011 - N°8

chute vertigineuse ces dernières années. La consommation a baissé de 70% en seulement 5 ans. Le schéma qui suit montre cette baisse de prix Evolution du prix de crevette sur le marché mondial

Source: Urner Barry Publications (2008).

Particulièrement en 2008, le prix moyen des crevettes a franchi la barre de 5,3 $/kg pour chuter à 4,74 euros le kilo FOB en 2009, d’après les données du Ministère de la pêche. Face à cette situation, plusieurs sociétés dans la région Boeny ont été contraintes de maintenir leurs bateaux à quai. Réfrigépêche-Ouest a décidé de se lancer dans la multi pêche,

sans succès malheureusement comme sur la côte Est. En effet, d’après les explications de Randrianarivelo, directeur administratif et financier au sein de la société, le circuit commercial représentait un obstacle à ce projet. Contrairement à celui de Toamasina (composé pour l’export de poissons VDK (vidés ététés équeutés) et de produits pour le marché local), les produits de l’Ouest étaient destinés à l’exportation en longues sous vide, et demandaient une coûteuse préparation tout en générant de volumineux sous-produits non exportables. D’autre part, le navire opérant a réalisé une chute vertigineuse des captures en mi 2009 suite à une baisse soudaine de la ressource (sur les cibles principales les Thon à chaire rouge), sans doute lié à la présence de navires de pêche asiatiques, alors remarqués sur la zone. Depuis l’année dernière, l’on constate une timide reprise du marché de la crevette. Si le marché offre un nouveau souffle aux industriels, la diminution des captures pose toujours un obstacle pour le secteur. D’après les dernières statistiques du Ministère de la pêche et des ressources halieutiques, la capture pour

Prix moyen d’un kg de crevette à Mahajanga

Crevette (euros/kg) Crevettes (Euros/kg) FOB P. monodon euros/kg (local)

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

5,06

5,38

5,7

5,89

5,56

4,92

4,79

3,5

3,98

4,65

9,37

6,6

5,8

5,13

-

-

2,38

2,55

2,77

2,98

3,4

Source : Ministère de la pêche et des ressources halieutiques


la pêche industrielle était de 3.227t l’année dernière contre 3.749t en 2009. En 2009, il y avait 42 bateaux de pêche industriels et 7 bateaux de pêche artisanale, mais suite à la baisse de capture, les bateaux de pêche artisanale ont abandonné cette activité en 2010, et il ne restait plus que 30 bateaux de pêches industrielles en activité l’année dernière. L’année dernière, Réfrigépêche ouest a capturé 1074 tonnes de crevettes et 1197 tonnes de poissons principalement livrés à la société SOPROMER qui écoule ces produits sur le marché local.

Offrir des produits frais Les produits de la société sont exportés essentiellement vers l’Europe. La majorité de ces produits sont conditionnés à l’export en mer : une spécificité qui constitue un avantage indéniable pour la société. « Nous disposons de navires congélateurs, le traitement est immédiat garantissant une extrême fraicheur à nos produits, qui légalement portent la mention autorisée de fait « crues congelées bord » recherché par la gastronomie fine,» explique Randrianarivelo. La société dispose d’une usine de traitement à terre, mais seulement pour traiter les volumes qui ne peuvent être

traités en mer. « 85 % de nos produits sont préparés en mer et 15% seulement en terre » rajoute notre interlocuteur. Les préparations à terre concernent principalement la réalisation des commandes de crevettes décortiquées, lesquelles doivent, pour des raisons technicosanitaires, être traitées en usine. Notons que la société occupe une superficie de terrain de 6800m2 situé sur le domaine portuaire de Mahajanga sur laquelle elle dispose de nombreux infrastructures et aménagement comme l’usine de transformation des produits de la mer qui s’étend sur plus de 1000 m2, atelier et magasin de stockage, bureaux, traitement d’eau. Outre l’alimentation en eau potable assurée par la Société JIRAMA, une station de pompage et un réservoir de 30 m3 ont été installés dans le cadre de la lutte contre l’incendie. Pour le réseau électrique, à part l’alimentation en énergie assurée par la Société JIRAMA, deux groupes électrogènes de 200 et de 350 Kva, complètent l’alimentation sur l’ensemble du site en cas de délestage, et garantissent la sauvegarde des produits stockés en chambre froide.

Carburant « L’avenir de notre profession repose actuelle-

ment sur le prix du carburant » déclare Antoine Pierre Rossignol, Directeur Général de Réfrigepêche-Ouest. Selon une convention passée avec l’Etat, les industriels de la pêche peuvent avoir accès à des approvisionnements en offshore avec des produits détaxés. « Cependant pour la seule année 2010, nous avons supporté une augmentation de 32,8% du prix d’achat du carburant comparativement à 2009» poursuit Antoine Pierre Rossignol. Cette seule inflation du prix du carburant accélère notoirement le coût d’exploitation et réduit d’autant la marge finale. D’après les explications du directeur administratif et financier de la société, un bateau consomme de 1.600 à 2.000 litres de gas-oil par jour. Suite à l’envolée du prix du carburant en juillet 2008, la société avait été contrainte de suspendre ses activités. A titre de référence, le prix du gas-oil pour le mois d’octobre 2010 était à 1.327Ar le litre contre 1.687 Ar / litre en offshore aujourd’hui, soit une augmentation de 27%. L’activité de la pêche dure de mars en novembre. La haute saison se situe entre mars à mai. « Les armateurs se consultent préalablement sur les dates de fermeture et d’ouverture de pêche » explique Randrianarivelo, ces dates sont ensuite proposées au Ministère à qui décrète la réglementation de campagne. N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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Région | BOENY

« Ouest-Sucre » de Namakia

A l’heure du redressement La Sirama est l’une des rares plus anciennes usines qui datent de l’époque coloniale et qui existent encore aujourd’hui. En effet, construite sous le nom de « Sucrerie marseillaise de Madagascar » en 1930, elle est devenue la « Société sucrière de Mahavavy » (Sosumav) en 1972. Ce n’est qu’en 1977 qu’elle a été appelée « Sirama ». La société Sirama a quatre complexes sucriers (Ambilobe, Namakia, Nosy-Be et Brickaville). La société a connu des hauts et des bats au cours de ses 80 années d’existence. Des problèmes de gestion sont à l’origine des difficultés de cette société. Ne pouvant plus, ni investir ni entretenir les plantations de cannes à sucre, sa production n’a cessé de chuter depuis 1998. La privatisation de cette société a débuté en 1998, l’Etat a décidé de mettre la Sirama de Namakia et d’Ambilobe en location-gérance. Dans un premier temps, le contrat a été obtenu par la société « StarAfrica » pour une durée de 20 ans. Mais, suite au non-respect de ses engagements par cette société, dont le paiement des arriérées de salaires des employés, situation qui a conduit au mécontentement des bailleurs de fonds, en l’occurrence l’Union européenne qui a injecté plus de 8,4 millions d’euros dans le redressement de la Sirama, ainsi que la Banque mondiale, le gouvernement a résilié le contrat en 2007 ; et a octroyé la location-gérance à la société chinoise « China National Complete Plant Import & Export Co Ltd » (Complant), laquelle assure déjà la location-gérance de la Société sucrière Siranala de Morondava. La Sirama de Boeny porte actuellement le nom d’Ouest-Sucre Namakia et commence petit à petit à se redresser.

Redressement Après avoir été prise en main par la société Complant, les sociétés Ouest-Sucre de Namakia et d’Ambilobe sont actuellement en phase

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EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2011 - N°8

de redressement. La rénovation des matériels, déjà vétustes, figure parmi les priorités de la nouvelle gérance ; c’est ainsi qu’avec un investissement de près de 98 millions de dollars, la société complant a réussi à redémarrer l’Usine de Namakia et d’Ambilobe. Après des années « à vide », en 2009, la production des usines était de 20.000 tonnes et a atteint les 40.000 tonnes l’année dernière pour OuestSucre Namakia. Celle-ci emploie près de 700 travailleurs permanents et 1400 ouvriers ; et dispose d’une superficie de 3200 ha cultivable en canne à sucre. Le site de Namakia est parmi les plus importants de la Sirama. A noter que la Namakia produit du sucre blanc et blond.

Litige foncier et traitement des personnels Malgré le développement de la société, les employés se plaignent des mauvaises conditions de travail. En effet, d’après eux, les dirigeants de la société ne veulent voir que les résultats de la société en termes de production et donc de profits enregistrés et mettent de côté les bonnes conditions de travail des employés. Or, d’après ces derniers, un cadre de travail agréable et décent contribue également au développement de l’entreprise. Plus le personnel est motivé, plus l’on obtient de bons résultats. Outre ce problème de traitement du personnel, la société rencontre également d’autres obstacles d’ordre foncier. En effet, des personnes étrangères à ses activités ont squatté les terrains de la société.

Un vaste marché Avec la hausse incessante du prix du sucre sur le marché international, les sucreries de Madagascar, notamment celles de l’Ouest, peuvent apporter un allégement à défaut de frei-

ner cette augmentation de prix en faveur des consommateurs locaux. En effet, depuis décembre 2010 et jusqu’à maintenant, les cours du sucre ont nettement progressé, atteignant même à New York le pic d’il y a 30 ans. Cette hausse est entretenue par les inquiétudes sur l’offre alors que la demande reste toujours plus soutenue en 2011. Les autorités européennes ont laissé entendre que les quotas d’importation de sucre de l’Union européenne pourraient être étendus pour satisfaire la demande. A Madagascar, le prix du sucre reste encore totalement dépend du marché extérieur. En effet, 82% de notre consommation vient encore de l’importation. La Grande Ile a une consommation de sucre de 8 kg par habitant et par an, soit une consommation totale annuelle de 160.000 tonnes. En raison de la faible production de la Grande Ile, celle-ci doit exporter du sucre suivant les accords qu’il a signés auparavant. Ainsi, dans le cadre du « Protocole Sucre » figurant dans la Convention de Lomé, Madagascar dispose d’un quota de 10.760 tonnes par an de sucre avec l’Union européenne ; il se voit également attribuer un quota de 7.258 tonnes par an de sucre roux vers les Etats Unis (USA), un quota de 2.500 tonnes au titre du Sucre Préférentiel Spécial (SPS) et un quota de 4.200 tonnes dans le cadre de l’initiative « Tout Sauf les Armes » (TSA). Les quotas USA, SPS et TSA ne sont pas obligatoires et sont réalloués annuellement en cas de défaillance. Par contre, ceux de l’UE risquent d’être réaffectés en faveur d’autres pays s’ils ne sont pas honorés. De ce fait, Madagascar exporte pour conserver son quota et importe pour combler le déficit en sucre sur le marché local. Notons qu’avec ses usines d’Ambilobe, Namakia, Nosy-Be et Brickaville, la Sirama a une capacité de production annuelle nominale de 119.000 tonnes de sucre, 100.000 hl d’alcool pur et 400 tonnes de levure.


COMAMA

Le tonnage réduit de moitié « Suite à la crise politique, le tonnage des marchandises que nous avons traité a été réduit de moitié, passant de 300.000 à 150.000 tonnes », déclare le Directeur général de la Compagnie de manutention de Mahajanga (COMAMA). « Contrairement à ce qui se pratiquait avant la crise, les opérateurs ne font plus de stock pour éviter d’être pillés, comme ce fut le cas le mardi noir 27 janvier 2009 », ajoute le Directeur général de COMAMA. « L’avenir de notre entreprise dépend de la situation politique et de la sécurité », poursuit-il. La Compagnie de manutention de Mahajanga (COMAMA) a été créée en août 1999. Comme son nom l’indique, la manutention est sa principale activité. La Compagnie débute ses activités en juillet 2000. Elle emploie actuellement 138 travailleurs permanents, outre les journaliers dont le nombre varie en fonction des opérations effectuées. Le volume des activités de la Compagnie a diminué de 45% en 2009 par rapport à 2008 et de moins 10% en 2010 par rapport à 2009, d’après Hugues Rakotosoa, Directeur administratif et financier de la Compagnie. Notons que 2 compagnies se chargent actuellement de la manutention au port de Mahajanga dont la COMAMA. Assurer la sécurité des marchandises des clients La Compagnie se charge du débarquement et de l’embarquement, ainsi que du magasinage, de la mise en dépôt sur terre-plein des marchandises. Les clients ont 15 jours avant l’arrivée du bateau pour déposer leurs marchan-

tainement un coup de pouce à la compagnie. « Ces projets auront des impacts positifs sur l’économie de la Région Boeny. En ce qui nous concerne, si l’on arrive à avoir le marché, cela donnera une grande bouffée d’oxygène à la Compagnie ; cependant, il faudra d’abord attendre la réalisation effective de ces projets ». Rappelons que le Président de la Haute Autorité de la Transition, Andry Nirina Rajoelina, a déclaré qu’une grande usine de cimenterie sera implantée dans la Région Boeny. Selon les informations, cette cimenterie sera construite à Amboanio, non pas à l’emplacement de l’ancienne cimenterie mais sur un autre site d’une superficie de 500.000 m2. L’usine produira 1,8 million de tonnes de ciment. Selon les sources près de ce dossier, les promoteurs de ce projet sont chinois. La construction aurait déjà dû commencer, selon l’annonce faite par le Président de la HAT ; mais jusqu’à maintenant, aucune nouvelle sur le début des travaux de construction de cette cimenterie n’a été communiquée. Concernant la « Wuhan Iron and Steel Corporation » (WISCO), le Consortium chinois qui a obtenu l’exploitation du fer de Soalala, celuici envisage d’exporter 14 millions de tonnes de fer par an. Le gisement de Soalala, au Sud de Mahajanga, avec des réserves évaluées à 360 millions de tonnes, est un grand projet minier. Bien que WISCO ait annoncé qu’elle construira un port à Soalala, cela n’empêchera pas Mahajanga de recevoir ses parts, surtout jusqu’à la mise en place de cette nouvelle infrastructure portuaire.

dises et au moins 24 heures avant le départ du bateau, selon les explications d’Hugues Rakotosoa. Les marchandises sont stockées dans des containers et très occasionnellement en sac comme le ciment, le sucre ou le riz. « Les livraisons se font sous la responsabilité de la Compagnie, les clients peuvent donc être rassurés que leurs marchandises ne courent aucun risque, étant en de bonnes mains », explique le Directeur administratif et financier de la Compagnie. « Les clients, pour leur part, se chargent de toutes les procédures comme le dédouanement. Après présentation de la facture, nous procédons à l’enlèvement. Les paiements des frais de débarquement se font par tranche de 15 jours. Ainsi, le client dispose de 15 jours pour régulariser les différents papiers. Pour éviter d’autres charges, il est très rare que les clients laissent leurs marchandises plus de 15 jours au magasin », explique notre interlocuteur.

Avenir incertain « Comme notre Directeur général l’a annoncé, l’avenir de la Compagnie dépend de la situation politique dans le pays. Nous n’avons aucune visibilité ; ainsi, l’on ne peut rien dire sur les perspectives de l’année 2011 », conclut le Directeur administratif et financier de la COMAMA. D’après lui, les projets annoncés récemment par l’administration, dont la mise en marche de la cimenterie d’Amboanio et l’exploitation du fer de Soalala, apporteront cer-

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J’achète Malgache et tous nous y gagnons ! N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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Tableau de Bord Economique

Tableau de bord économique Evolution mensuelle des prix internationaux Cours internationaux

Période

Crude Oil (petroleum), Dated Brent, light blend 38 API, fob U.K. US$/baril

US cents/pound US cents/pound

Rice, 5 percent broken milled white rice, Thailand nominal price quote

Shrimp, No.1 shell-on headless, 26-30 count per pound, Mexican origina, New York port

US$/MT

US cents/pound

janv 09

44,9

24,0

85,8

615,3

10,7

févr 09

43,2

24,0

81,5

634,0

10,5

mars 09

46,8

23,6

77,5

625,3

9,7

avr 09

50,9

24,4

76,5

577,3

9,3

mai 09

57,9

25,6

77,1

540,8

8,7

juin 09

68,6

27,2

75,7

548,6

7,9

juil 09

64,9

27,2

74,8

623,0

7,4

août 09

72,5

27,5

75,0

576,3

7,0

sept 09

67,7

27,2

77,3

593,7

7,2

oct 09

73,2

26,9

76,7

566,3

7,3

nov 09

77,0

27,6

73,1

566,3

7,4

déc 09

74,7

27,0

74,7

606,0

7,3

janv 10

76,4

26,9

75,1

598,0

7,2

févr 10

74,3

26,0

73,5

584,8

7,3

mars 10

79,3

25,0

72,6

540,1

7,3

avr 10

85,0

25,5

76,4

502,2

7,0

mai 10

76,3

24,3

76,2

472,5

7,2

juin 10

74,8

24,5

82,5

458,6

7,2

juil 10

74,7

25,4

90,0

470,7

7,5

août 10

76,7

26,0

89,1

486,9

7,7

sept 10

77,8

25,6

87,1

517,7

7,8

oct 10

82,9

26,4

90,6

533,1

8,0

nov 10

85,7

26,6

98,0

543,1

8,0

déc 10

91,8

26,0

98,4

536,8

7,9

Moyenne jan-déc 10

79,64

25,69

84,12

520,37

7,49

Moyenne jan-déc 09

61,86

26,01

77,13

589,38

8,36

Variation 12 mois

28,7%

-1,3%

9,1%

-11,7%

-10,4%

Source: www.imf.org

30

Sugar, European import price, CIF Europe

Coffee, Robusta, International Coffee Organization New York cash price, ex-dock New York

EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2011 - N°8


Réserves officielles de change à fin de période En millions d’AR

sept-10

oct-10

nov-10

déc-10

1 925 048,7

1 928 106,2

2 001 160,3

2 191 902,8

En millions de DTS

614,0

614,2

645,5

663,2

En millions d’USD

955,4

965,3

988,5

1 021,3

dont disponibles en millions d’USD

788,8

796,3

820,9

851,8

Source : Banque Centrale de Madagascar

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! MIVIDY MALAGASY AHO SATRIA : • Fantatro ny mpamokatra. • Manara-penitra ny kalitao. • Ampahafantarina ahy ny tokony ho fampiasana ny vokatra. • Mora vidy kokoa.

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Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !

N°8 - MARS / AVRIL 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

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VIE DU SIM

La vie du SIM Les Evénements du bimestre • Le Comité Directeur du SIM, en déjeuner avec les journalistes A l’occasion du nouvel an, les membres du Comité Directeur ont convié les journalistes à un déjeuner d’échanges au siège du SIM le 13 Janvier 2011. Cette rencontre a été mise à profit pour faire un bilan de la situation du secteur industriel en 2010.

• Le Centre de Ressources dédié au Commerce International CRCI : Ouvert Le Directeur Exécutif du SIM a été présent au lancement du Centre de Ressources dédié au Commerce International - CRCI qui s’est tenu à la fin du mois de Décembre 2010, suite auquel le Centre a ouvert ses portes le 10 Janvier dernier. Le CRCI est hébergé au niveau de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo – CCIA et cible les entreprises exportatrices et potentiellement exportatrices en leur fournissant des informations générales ou spécifiques pertinentes sur le marché international. Trois types de services y sont offerts : - Service d’Information, de documentation et d’analyses ; - Service d’Appuis Techniques ; - Service de Promotion

Les récentes actions menées • Flash sur le projet CAPDEV-OI

Les efforts déployés par le SIM pour promouvoir le secteur ont été mis en exergue, entre autres le lancement de la campagne « MANJIFA NY VITA GASY AHO, TOMBONY HO AN’NY REHETRA », le partenariat dans le cadre du projet CAPDEV-OI pour permettre aux entreprises d’améliorer leur productivité à travers le compagnonnage industriel et les rencontres sectorielles, la publication du magazine EXPANSION MADAGASCAR - outil de promotion de l’Industrie et de lobbying, la participation à la Foire Internationale de Madagascar – FIM 2010…

Les projets des membres du SIM, mis en ligne sur OSEANA EUROPA La mise en relation des entreprises ACP avec celles de l’Europe constitue un des volets d’intervention du projet CAPDEV-OI. C’est dans ce cadre qu’est organisé « OSEANA EUROPA », une convention d’affaires qui se déroulera à La Halle aux Toiles - Rouen les 03 et 04 Mai 2011. 14 entreprises membres du SIM porteuses de projets ont été sélectionnées pour participer à cette manifestation. Les informations concernant ces entreprises, leurs activités, et leurs projets de développement ont été mis en ligne sur le site Internet www.capdev-oi. mg en vue de la recherche de partenaires européens pouvant éventuellement répondre à leurs besoins. Le SIM, partie prenante au « Team building » à Andasibe

Parallèlement, les freins à un réel épanouissement du secteur ont été soulevés : concurrence déloyale se manifestant par de fausses déclarations à l’importation des produits finis, tant en valeur qu’en qualité, arrivée massive de produits frauduleux et/ou contrefaits, développement de l’informel, adoption de mesures arbitraires qui n’apportent aucune solution de développement économique et qui ne fait qu’amplifier le manque de confiance entre l’Administration et le secteur privé, insécurité grandissante et alarmante… Les mesures proposées pour améliorer le climat des affaires ayant été déjà transmises à qui de droit mais sont restées sans résultats concrets palpables pour le moment, le SIM a souligné que l’application d’une politique de développement industriel réellement volontariste et courageuse constitue un des outils de réduction de la pauvreté à Madagascar. • Le SIM, présent au TRINNEX Océan Indien 2011 Le SIM a participé au « Trade and Investment NEXus- TRINNEX Océan Indien 2011 » qui s’est tenu les 22 et 23 Février à l’Intercontinental Resort, Balaclava, Ile Maurice. Il s’agit d’un atelier visant à sensibiliser et préparer le secteur privé ACP à participer activement aux négociations commerciales, en particulier celles des Accords de Partenariat Economique - APE, à travers leurs Organisations Intermédiaires (OIs) et les Blocs Economiques Régionaux.

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EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2011 - N°8

Un « team building » a été organisé dans le cadre du projet CAPDEV-OI le 02 Février dernier à Andasibe, lequel a vu la participation de partenaires et associés du projet tant de Madagascar que des îles voisines (Maurice et Comores). Inculquer un esprit d’équipe entre les acteurs du projet, les impliquer davantage dans sa mise en œuvre, assurer la synergie des actions et discuter des améliorations à apporter dans sa gestion ont été les principaux objectifs de cette session de « team building ». Parmi les recommandations soulevées par les participants figurent : la responsabilisation des organisations intermédiaires, la consultation du comité directeur avant toutes prises de décision, le suivi des impacts des actions au niveau de chaque organisation intermédiaire via un canevas préétabli, la production d’un reporting financier mensuel…



LES INDUSTRIES AU QUOTIDIEN Savonnerie tropicale | 4.498.860Ar pour la croix rouge Malagasy Depuis 2008, la savonnerie tropicale s’est engagée à verser 10ariary par savon de barre B52 800g vendu. Fidèle à ses promesses, le Directeur Général de la savonnerie tropicale, Thierry Ramaroson a remis le chèque de 4.498.860Ar au président national de la croix rouge malagasy Claude Rakotondranja le 14 janvier dernier, ce fût aussi l’occasion pour la savonnerie tropicale de réitérer son engagement pour les années à venir. Le secteur subit la concurrence déloyale, une des raisons pour laquelle, la vente de cette société a connu une baisse de 10%. « Nous confirmons la déclaration du syndicat des industries de Madagascar dénonçant la concurrence déloyale qui pénalise les industries malagasy en plus de la crise. La savonnerie est l’un des secteurs qui souffre de cette concurrence déloyale » a annoncé le DG de la savonnerie tropicale. « Nous assistons à des publicités mensongères, à l’envahissement des savons et détergents qui ne suivent pas les normes en plus du problème de Citron Plus » explique Thierry Ramaroson. Selon ses dires, Madagascar a déjà établi les normes sur les savons et détergents en 2005, cependant, l’application de ces normes est loin de la réalité. Rappelons que la somme collectée en 2008 se chiffre à 2 845 570 ariary contre 4 862 090 ariary en 2009.

SONAPAR | 20 ans au service du développement de l’entreprise Investir pour le développement. Depuis 20 ans, la société nationale de participation ou SONAPAR établissement financier dont les actionnaires principaux sont l’Etat malgache, la Cnaps, les compagnies d’assurances Aro et Ny havana ainsi que la Banque centrale de Madagascar a contribué au développement de 105 entreprises. Celles-ci sont issues aussi bien du secteur tertiaire que des secteurs secondaire et primaire. La Star, Socobis, Soumacou, Sacimem et beaucoup d’autres figurent parmi les entreprise ayant bénéficié du partenariat avec la société. Créée en 1991, l’objectif de la SONAPAR est d’apporter un appui technique et financier aux entreprises existantes qui lui en font la demande. Aujourd’hui, le portefeuille de la SONAPAR est constitué d’une soixantaine d’entreprises pour un chiffre d’affaire total de plus de 680 milliards d’ariary en 2009. Création de valeur, innovation, durabilité sont les maîtres mots de la SONAPAR. Quand la société investit, elle ne décide pas uniquement sur la base des critères habituels de rentabilité. Les impacts sociaux, sociétaux ou environnementaux ainsi que le caractère innovant du projet compte tout autant dans sa prise de décision. D’après Hasimboahangy Andrianainarivelo, Directeur Général de la SONAPAR, le taux prélevé par cette société est très bas par rapport aux taux accordés par les banques. La SONAPAR peut prendre 7 à 77% des actions. Pour son 20éme anniversaire, elle compte récompenser les sociétés dans lesquelles elle a investi. Celles qui ont eu la meilleure performance financière, en étant régulière ou excellente dans la distribution de dividendes, seront évidemment primées. Mais l’entreprise la plus innovante, celle qui a eu le plus fort impact social et celle qui a la plus grande considération pour l’environnement ne seront pas en reste. Un concours de financement de Pme sera par ailleurs lancé à cette occasion. Les vainqueurs se verront financés par la SONAPAR par une prise de participation au capital et par une avance en compte courant à taux zéro entre 50 et 150 millions d’Ariary.

VIE DU SIM (suite) • Panier « Vita Malagasy » Rentrant dans la droite ligne du plan de promotion des produits locaux: « MANJIFA NY VITA GASY AHO, TOMBONY HO AN’NY REHETRA », autrement dit « JE CONSOMME MALGACHE, TOUS NOUS Y GAGNONS », le SIM a offert un Panier Spécial « VITA MALAGASY » à une cinquantaine de partenaires avec lesquels il collabore étroitement. Cette action a pu se concrétiser grâce à la participation active des membres à qui la Direction Exécutive réitère ses remerciements.

• Intervention pour l’application des normes sur les savons et les détergents Le SIM a saisi le Directeur de la Qualité et de la Protection des Consommateurs du Ministère du Commerce pour relancer l’application effective des normes sur les savons et détergents suivant l’Arrêté Ministériel n°8672/2005 du 05 Juillet 2005. Cette intervention fait suite à des lettres déjà envoyées par un membre dénonçant des cas concrets de savons et détergents importés hors normes. • Redevances sur l’eau Suite à la réception par quelques membres du SIM de lettres émanant de l’Autorité Nationale de l’Eau et de l’Assainissement –ANDEA ayant pour objet le paiement des redevances de prélèvement d’eau, le SIM a entrepris les démarches suivantes pour appuyer ses membres : - Envoi d’une demande d’annulation des lettres en question au Directeur Général de l’ANDEA le 10 Janvier dernier en vertu du principe de non rétroactivité de la loi; - Saisine du Conseil d’Etat en vue de l’annulation de l’Arrêté 16 284/2008 fixant le taux de redevance de prélèvement et de déversement d’eau. D’autre part, une rencontre entre les membres du SIM concernés et le Directeur Général de l’ANDEA a été organisée au siège de l’ANDEA le 17 Janvier 2011.

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EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2011 - N°8




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