LA CONTEMPLATION ET L'ACTION DANS LA VIE DES FIDÈLES LAIQUES

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“LA CONTEMPLATION ET L’ACTION DANS LA VIE DES FIDELES LAÏQUES ”

ALBER ARLEY HURTADO VALENCIA

THEÓLOGAT ST. EUGÉNE DE MAZENOD KINSHASA, R.D. CONGO 2004


“LA CONTEMPLATION ET L’ACTION DANS LA VIE DES FIDELES LAÏQUES ”

ALBER ARLEY HURTADO VALENCIA

Travail de grade pour obtenir le titre de: BACHELIER EN THÉOLOGIE SACRÉE

Directeur: Ph. Mario Barbero, imc.

THEÓLOGAT ST. EUGÉNE DE MAZENOD KINSHASA, R.D. CONGO 2004


I

DEDICACE

Nous dédions ce modeste travail, fruit de notre réflexion à papa et maman qui nous ont aidé par leur témoignage à suivre le Christ. Surtout à la grand-mère, Maria Antonia, qui repose maintenant auprès du Père, qui par son engagement chrétien, nous a fait découvrir le Christ.


II

REMERCIEMENTS

Nous exprimons notre reconnaissance et notre action de grâces à Dieu car sans son secours nous ne serions pas arrivés à la fin de cette présente recherche.

Nous voulons remercier le P. Mario BARBERO imc. qui nous a accompagné tout au long de la réalisation de ce travail. Ses conseils, ses remarques et suggestions nous ont été très nécessaires. Notre gratitude va à l’endroit du P. Clovis AUDET imc. qui s’est donné de la peine pour la lecture et la correction.

Nous remercions notre supérieur délégué, le P. Stéphano CAMERLENGO imc. nos formateurs et tous nous confrères qui nous ont soutenu et assisté pour atteindre notre but.

Nous ne saurions oublier les chrétiens de la paroisse saint Mukasa de Malueka et leur curé, le P. Nestor NKULU imc., qui nous ont inspirés par leur engagement au sein de l’Eglise Famille de Dieu.


5 III SIGLES ET ABREVIATIONS

A.A.: Apostolicam Actuositatem C.E.C. : Catéchisme de l’Eglise Catholi que Ch.L. : Christifideles Laici D.V. : Dei Verbum E.I.A.: Ecclesia in Africa G.S. : Gaudium et Spes L.E. : Laborem Exercens L.G. : Lumen Gentium


6 INTRODUCTION GENERALE

O. 1 SUJET ET DELIMITATION La contemplation et l’action, deux composantes du vécu chrétien. Notre étude essayera de souligner la pertinence de la contemplation dans la vie pratique des fidèles laïcs.

0.2 OBJECTIF Nous voulons réfléchir et méditer sur la contemplation chrétienne et l’action, en vue de montrer aux fidèles laïcs la façon dont ils doivent s’engager dans la société et vivre leur foi sans pour autant tomber dans l’activisme ou dans la passivité. 0.3 PROBLEMATIQUE

Le monde contemporain traverse un réveil spirituel et religieux de mesures incontournables. L’homme est à la recherche de l’Etre Suprême qui puisse donner sens à son existence. De ce fait, on assiste à ce phénomène de réveil spirituel et religieux, mais le défi que nous constatons est celui de savoir comment s’engager dans le monde et dans la société en tant que chrétien engagé.

Ce réveil présente deux tendances, deux positions du chrétien engagé vis-à-vis du monde et de la société. L’une prétend conduire le chrétien engagé par les sentiers du spiritualisme, l’autre par contre, s’ouvre aux sentiers de l’activisme. Ces deux tendances tendent à s’éloigner, l’une de l’autre, pour faire face au monde et aux problèmes de l’homme. Le chrétien engagé, quant à lui, se demande ce qu’il faut faire : être un homme d’action ou de contemplation ? C’est dans ce contexte que nous essayerons de souligner l’importance de la contemplation et de l’action pour le vécu de celui qui se dit chrétien engagé.


7 0.4 HYPOTHESE

Les réveils spirituels et religieux semblent avoir créé une disjonction entre la contemplation et l’action. Il est d’un fait que, certains auteurs affirment la solidité de leur foi dans l’activité au lieu que par la prière. A ce moment, leur action se justifie par la prière. Pour d’autres, le constat est qu’ils prétendent affirmer leur foi seulement par la prière ou la contemplation. D’où, leur action est justifiée dans les actes. C’est ce qui nous entraîne à boucler notre hypothèse en affirmant que cette dichotomie n’est qu’un mal entendu. Car, en réalité dans le message biblique la contemplation et l’action ne sont que deux faces d’une même monnaie. D’ailleurs, à ce sujet, le Père Yves Raguin s.j. commente de la sorte : « L’opposition entre la contemplation et l’action est une fausse opposition. Le malheur est que beaucoup trop d’auteurs spirituels ont écrit à ce sujet pour donner aux âmes en quête de contemplation une certaine vie de l’action qui est faite plus pour leur faire peur que pour les aider. »1 0.5 METHODOLOGIE Tout d’abord,

nous voulons envisager une étude qui portera sur l’analyse du mot

contemplation, puis nous soulignerons la pertinence de la contemplation et la façon dont Dieu se fait contempler par l’homme et la réponse de celui-ci. Ensuite, nous essayerons d’exposer un portrait des fidèles laïcs. Il s’agit de présenter le rôle du laïc dans un monde qui a besoin de bons rapports familiaux, de la justice et de la paix, et d’une dépuration dans le domaine politique. Enfin, nous tenterons de souligner la nécessité d’une saine spiritualité des laïcs marquée par l’équilibre incontournable entre la vie de prière et celle de l’engagement au sein de la société.

1

RAGUIN Y., Chemins de la contemplation. Eléments de vie spirituelle. , Collection Christus n°29, Paris, Desclée de Brouwer, 1969, p. 151.


8 I. LA CONTEMPLATION, UNION AVEC DIEU 0. INTRODUCTION La contemplation comme union avec Dieu n’est pas un traité de Théologie systématique ou spirituelle. Il s’agit plutôt d’une expérience existentielle que vit celui qui croit en Dieu. Elle est la recherche de la connaissance et de l’amour de Dieu. Tout d’abord, nous essayerons de clarifier le sens du mot contemplation. Il s’agit de son sens étymologique, son usage dans la Bible, dans la tradition spirituelle et dans la tradition chrétienne. Ensuite, nous fixerons notre pensée sur le chemin poursuivi par l’homme afin d’être uni à Dieu. C’est par la contemplation de la Création et de la Parole de Dieu que l’homme pourra atteindre son but : l’union avec Dieu. Par ce chapitre, nous voulons remarquer l’importance de la contemplation dans la vie du croyant. Sans pour autant dissocier celle-ci de l’action. Et quand nous parlons de la contemplation nous l’associons immédiatement à la prière comprise comme une prise de conscience du dessein de Dieu pour le salut du monde, d’un appel de Dieu pour que nous collaborions avec lui2. Il s’agit donc de savoir que la contemplation est la source de la charité par laquelle les hommes croiront à l’amour de Dieu et obtiendront la force pour transformer le monde.

2

Cf. EVELY L., La prière d’un homme moderne, Paris, Seuil, 1969, p. 107


9 1. CLARIFICATION DU TERME

1.1 SENS ETYMOLOGIQUE Il nous faut signaler avant tout que le terme contempler n’est pas proprement biblique. Il nous est rendu de l’hébreu par, hâzâh, râ’hâh, nâbât, et le grec l’a traduit des LXX comme theôreô, theaomai, etc.3 Ce terme provient de la pensée hellénique, mais il a été christianisé pour les Pères et les scolastiques qui lui ont donné une connotation biblique liée à la « connaissance de Dieu4 »

Nous allons voir brièvement le sens étymologique du terme contemplation. Il dérive du substantif templum, temple, c’était un espace que l’augure délimitait avec sa baguette pour être le lieu de ses observations. Le sens grec nous renvoie aux verbes, voir, regarder, assister à un spectacle, et par extension, réfléchir, méditer, rechercher. Le verbe contempler signifie aussi pour les Grecs, « considérer les choses en usant de la raison ». L’apport des chrétiens au sens du terme en question porte sur la connaissance des choses, non d’une façon simple par la raison, mais comme une connaissance « dans son rapport à Dieu ». C’est à dire la « sagesse » conçue dès avant la création et qui conduit à Dieu5

1.2 DANS LA BIBLE Le terme contemplation dans la Bible présente différents usages. Dans l’Ancien Testament nous le trouvons comme une action de l’homme en relation avec Dieu et avec la nature. D’un côte, l’homme contemple les éléments de la nature comme le ciel (Gn. 15, 5), les nues (Jb. 35, 5) et toutes les œuvres du Très-Haut (Si. 33, 15). Et de l’autre, nous voyons l’emploi du verbe contempler intimement lié à Dieu qui doit être contemplé. L’homme contemple la beauté de Dieu (Es. 33, 17), son œuvre de justice (Mi. 7, 9), sa force et sa gloire (Ps. 63, 3), ses commandements et ses voies (Ps. 119, 6.15). Chez Job, l’emploi du verbe contempler désigne la relation personnelle de l’homme avec Dieu. Il s’agit d’une relation qui naît d’un homme en état 3 4

5

Cf. AMSLER S., Concordance de la Bible TOB, Paris, Cerf, 1993, p. 204 Cf. BOUYER L., Dictionnaire théologique, Paris, Desclée, 1990, p. 92-93

Cf Sg. 10, La sagesse dirige l’histoire


10 de souffrance face à Dieu et pressé par ses amis. Dans son état, il voit son avenir dans la rencontre avec Dieu. C’est à dire, il a l’espoir de voir Dieu, son Rédempteur (Jb. 19, 26-27) Il est question d’une expérience humaine qui se déroule dans un climat de confiance et de certitude, car à la fin Job exprimera sa joie d’avoir vu Dieu (Jb. 42, 5). Dans le Nouveau Testament, contempler est lié à la personne de Jésus qui est l’image de Dieu invisible (Col. 1, 15), le Fils révèle le Père. C’est Jésus qui manifeste aux chrétiens le visage de son Père. C’est ainsi qu’on peut établir un lien de communion entre Jésus, le Père et les croyants (1Jn. 1, 3). Dans le Nouveau Testament, Christ devient la voie pour connaître le Père (Jn. 1,18), c’est Lui la source de toute contemplation. (voir : Col.1, 15 ; Jn.14, 9 ; 2Co.4,4)

Chez Jean, nous pouvons rapprocher le verbe contempler Dieu à celui de voir Dieu ou le connaître. Dans le prologue de sa première épître (1Jn. 1, 1-4) nous pouvons constater l’emploi du verbe voir à plusieurs reprises et après au long de son épître, au centre de sa réflexion se trouvera le développement du thème de la connaissance de Dieu exprimée par la pratique de la charité, « … l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu » (1Jn. 4, 7). C’est dans le cadre de la connaissance et de l’amour de Dieu que nous allons comprendre la portée de la contemplation. Celle-ci devient l’expression de la recherche constante de la connaissance et de l’amour de Dieu au sein de l’humanité. Elle est manifestée par la transformation progressive de l’homme. Elle est le fruit de l’expérience intime du croyant avec Dieu.

Dans ce sens biblique, nous allons comprendre la contemplation comme une attitude permanente propre de l’homme, dans sa relation avec Dieu. Cette attitude, l’homme la cultive au milieu des hommes, au cœur de l’humanité. Comment fait-il ? L’homme a la capacité de rechercher la profondeur des événements afin d’y découvrir et d’y savourer la présence active et créatrice de la Parole de Dieu et pour s’engager davantage encore dans le processus de transformation que cette Parole provoque dans l’histoire humaine6. Ici, nous sous-entendons que 6

Pour lire la bible, n°1, Verbum Bible, Kinshasa, 2000, p. 60-61.


11 la force de la Parole mobilise l’homme et lui montre le chemin de Dieu et celui du monde. Cette force lie l’homme à Dieu et à son milieu. Sans ce lien, toute forme de contemplation est vide de sens et d’engagement pour l’homme. 1.3 ESQUISSE DE L’HISTOIRE DU TERME Une succincte allusion historique nous aidera à mieux saisir la portée du mot contemplation. Pour Platon et Aristote, la contemplation est conçue comme l’activité supérieure de l’homme. Elle est une « simple vue dans laquelle l’esprit se repose7 ». Chez les Pères de l’Eglise, St. Augustin et les Pères grecs, la contemplation a la primauté par rapport à l’action. Elle garde une structure trinitaire. St Tomas parlera de la contemplation et de l’action, mais cette dernière lui semble encore inférieure à la première. La contemplation est la plus haute activité à laquelle l’homme puisse atteindre. Pour les Pères et les grands scolastiques, la contemplation est liée à la « connaissance » de Dieu inséparable de son amour, et de cet amour nous pénétrant tout entiers sur nos frères et sur toute la création. La contemplation est l’épanouissement de la charité8. Les grands mystiques de l’époque moderne ont soulevé le problème de savoir, si la contemplation chrétienne devait être considérée comme infuse (pur don de la grâce), bien si elle serait acquise (l’effort humain aidé par la grâce)9. De notre part, nous allons entendre la contemplation comme l’activité de la grâce en nous et comme un des dons de l’Esprit Saint donné en germe depuis le Baptême. 2. DIEU A LA RENCONTRE DE L’HOMME

Ayant compris les sens du terme contemplation, nous nous proposons de poursuivre notre but en présentant deux tableaux dans lesquels Dieu se fait connaître (Cf. Ex. 2, 25), à savoir par la Création et par sa Parole.

7

Cf. BOUYER L., Dictionnaire théologique, Desclée, Paris, 1990, p. 92-93 ROBERT S., nous rend un beau commentaire sur « la contemplation pour parvenir à l’amour » chez Ignace de Loyola, in Cogitatio-Fidei N° 204, Cerf, Paris, 1997, p. 378-421 9 Pour ce sujet lire : GUIBERT J., sj, Etudes de théologie mystique, Toulouse, Ed., de la revue d’Ascétique et de mystique, 1930, p. 23-36 8


12 2.1 PAR LA CREATION La création est un lieu privilégié où Dieu sort à la rencontre de l’homme. La création est un lieu théologique. C’est un lieu de la Révélation. Dieu s’y fait connaître. C’est par la création que Dieu est reconnu comme tel, et ceux qui ne croient pas en Lui ont par le biais de la création une possibilité de le connaître10. Dieu est le maître de la Création, et ceci est incontournable. En effet, le livre de la Genèse nous présente deux récits de la création11. C’est dans le contexte de l’acte créateur que se développe l’initiative divine. Le Dieu qui crée fait un chemin pour retrouver l’homme. Dans le premier récit de la création Dieu commence par créer « ciel et terre » et achève son œuvre par la création de l’homme. Le deuxième récit nous montre un chemin différent, l’homme est le premier être vivant créé par Dieu. L’homme est présenté comme le centre et le continuateur de l’œuvre divine. Le message que nous pouvons tirer des deux récits est unique : Dieu fait l’expérience de l’homme. Il l’appelle à la vie. Il voit que sa créature ne trouvera d’autre fondement qu’en Lui. La conséquence de cette rencontre aura comme suite une réponse, une attitude de recherche de l’homme vers Dieu12. Nous pouvons donc dire que le mouvement de Dieu vers l’homme est une manifestation ou révélation au cours de l’histoire de l’humanité, le livre de la Genèse n’est plus que la reconnaissance de Dieu en tant que Créateur.

2.2 PAR SA PAROLE La Parole de Dieu est un événement qui manifeste la Présence et l’agir de Dieu parmi les hommes. Cette parole a un pouvoir agissant. Prononcée par Dieu, sa parole est créatrice (Cf. Gn. 1) et libératrice.

La Parole de Dieu est une révélation par laquelle Dieu montre sa grandeur et sa capacité de sortir de lui-même pour aller vers sa créature (Cf. Ex. 3,12). L’événement de la Parole de Dieu révèle quelques traits de son agir au cœur de l’humanité. Il est un Dieu qui parle…le Dieu même qui parle au début de la création : « Au commencement…Dieu dit : que la lumière soit ! » 10

Cf. Rm. 1,18-19. Cf. Gn. 1,1ss et 2, 4b-25. 12 Cf. Ac. 17, 27. 11


13 (Gn. 1,3) Il est un Dieu qui voit, qui écoute et qui descend vers son peuple. Ces traits font de lui un Dieu-personne. C’est un Dieu qui favorise les relations entre la créature et son Créateur. Lui n’est pas un Dieu des mythes, éloigné du monde, certes non, Lui est le Dieu avec les hommes, l’Emmanuel.

Cette libération, nous montre comment Dieu sort de lui-même, est fournie de lumières importantes pour mieux comprendre l’expérience que Dieu fait de l’homme. Voyons cela de plus près. Ce Dieu qui parle se présente comme un Dieu, qui par sa Parole, engendre et libère 13. La Parole véhicule la présence de Dieu. Elle est l’Alliance qui lie Dieu à son peuple. Le fait de parler fait de Dieu quelqu’un qui est proche de son peuple. Voilà la raison pour laquelle Dieu est connu dès lors comme un Dieu personnel. Le Nouveau Testament sera la perfection de l’engendrement divin au milieu des hommes. Dieu s’y manifeste en personne. C’est dans la personne de Jésus, le verbe fait chair, que Dieu fera son irruption définitive (Cf. Jn. 1,14) Ce Dieu qui parle a dit son nom (Ex. 3, 14). Le nom contient l’existence même de Dieu. Dans les langues sémitiques le nom de Dieu signifie « il est » interprété actuellement sous la forme de « je suis celui qui est ». La compréhension du nom de Dieu décèle l’assurance d’une présence salutaire. En assurant sa présence salutaire au milieu du peuple, Dieu le sauvegarde et le protège contre toute expression d’esclavage et d’oppression. Mais tout ne finit pas là. Dieu, le compagnon, enregistre sa voix à travers le Décalogue. Celui-ci est une Révélation, une rencontre de Dieu avec son peuple et l’humanité tout entière. Et Dieu ne cesse de rechercher l’homme. Il manifeste cette attitude par les prophètes qui deviendront les porte-parole du message divin et de l’assurance de la présence divine au milieu du peuple. Une présence qui sera définitive comme nous l’avons déjà mentionné par le Verbe fait chair. Cette présence de Dieu dans le monde peut être comprise dans un rapport de « confiance » de la part de Dieu envers l’homme comme l’affirme le P. Schillebeeckx : « Quoi qu’il en soit, Dieu ne désespère jamais de l’homme ; c’est là le message de l’histoire yahviste de la création…Dieu confie à l’homme la tâche de recréer, du chaos de notre histoire d’hommes un salut pour tous…La fidélité de Dieu est à 13

DURRWELL F.X., Le Dieu Père en son Mystère, Paris, Cerf, 1993, p. 37 « Toute parole prononcée est un engendrement. L’homme qui parle sort de lui-même, sa personne se porte vers autrui, se rend présente dans l’autre… »


14 l’épreuve de toute défaillance humaine. Son royaume vient. Il sera instauré et recevra son accomplissement. Lui, Dieu, ne retirera jamais la confiance faite à l’homme14» Il s’agit donc, de la confiance absolue de Dieu en l’homme. C’est la fidélité inconditionnelle que Dieu professe envers son peuple. Nous soulignons que cette confiance est faite dans le cadre de la liberté humaine. Dieu ne met pas en péril la liberté de l’homme, car c’est dans ce cadre où l’homme répond de manière responsable afin de devenir un artifice de la création. C’est en effet, la liberté humaine à qui Dieu parle qui fait de celui-ci un être créateur de culture et de vie15. L’homme crée dans la liberté. Celle qui lui permet de découvrir l’agir de Dieu dans le mon 3. L’HOMME A LA RENCONTRE DE DIEU Ce Dieu qui se fait connaître par la création et par sa parole donne à l’homme le moyen pour maintenir vive et efficace cette relation. C’est par la foi, comprise comme révélation de Dieu et réponse humaine, que l’homme pourra accepter Dieu et le contempler.

La foi est vitale, car elle assure le rétablissement des relations perdues entre Dieu et l’homme. Sans la foi, l’homme perdra l’horizon de sa vie et le fondement de sa propre existence. Elle a été toujours comprise comme une grâce de Dieu. Elle lie l’homme à Dieu. La foi peut être conçue comme la relation de liberté par laquelle l’homme dit « oui » à Dieu et à son projet de salut. Ce « oui » donné par l’homme implique certaines exigences que l’homme devra faire siennes afin de ne pas rompre la relation avec Dieu. En premier lieu, l’homme reconnaît que Dieu est seul, pas d’autres dieux que lui. L’homme sent son appartenance à Dieu qui est son origine. L’appartenance est une relation immédiate à Dieu. Elle fait partie de l’existence humaine et on doit l’assumer par l’exercice de la pleine liberté16. L’homme croit qu’il a été fait par Dieu par conséquent il doit se tourner vers Lui. En deuxième lieu, il ne suffit pas de reconnaître Dieu. L’homme qui l’accepte est exhorté à suivre ses commandements qui sont la source de la vie : 14

SCHILLEBEECKX E., L’histoire des hommes, récit de Dieu, Coll. Cogitatio-fidei N° 166, Paris, Cerf, 1992, p. 221 15 Cf. SCHILLEBEECKX E., Dieu et l’homme, Bruxelles, Cep, 1965, p. 198. 16

Cf. SCHILLEBEECKX E., Dieu et l’homme, Bruxelles, Cep, 1965, p. 191


15

« Tels sont les commandements, les lois et les coutumes que Yahvé votre Dieu a ordonnés de vous enseigner afin que vous les mettiez en pratique…Ainsi, si tu crains Yahvé ton Dieu tous les jours de ta vie, si tu observes toutes ses lois et ses commandements…tu auras longue vie, toi, ton fils et le fils de ton fils » (Dt. 6, 1-2) En troisième lieu, les exigences précédentes renvoient le croyant à la séparation d’autres croyants. Celui qui croit en Dieu est un saint, un élu parmi les hommes. C’est la dimension sociale de la foi. Dans l’Ancien Testament, la société israélite constitue ce premier groupe de croyants. C’est le peuple séparé qui se distinguait des autres peuples par sa foi en Dieu. C’est le peuple élu qui devait agir en tant que peuple consacré à Dieu 17. Le Nouveau Testament est le prolongement de la foi de l’Ancien Testament. L’universalisme de la foi atteint toute l’humanité. Ce n’est plus la société Israélite le peuple séparé pour Dieu, mais c’est le nouveau peuple issu de la Croix et de la Résurrection du fils de Dieu. C’est la nouvelle race humaine qui croit au salut universel. La foi, attitude fondamentale et définie comme une recherche de l’homme qui veut être fidèle à Dieu comporte quelques valeurs humaines d’après l’enseignement biblique, à savoir, la justice, la simplicité, la charité. Le livre de la sagesse nous fait entendre la justice comme le total accord de la pensée et de l’action avec la volonté divine, telle qu’elle s’exprime par la Loi et la conscience de l’homme18 afin de trouver Dieu. Et le prophète Amos nous apprend que la vraie recherche de Dieu est celle qui cherche le bien et fuit le mal. Cette recherche peut être atteinte par le culte et par l’écoute de la Parole. Dans le premier cas, elle devient l’expression collective de la foi en Dieu. Elle est la forme habituelle pour louer Dieu et lui exprimer notre reconnaissance pour tous les bienfaits de la création. Mais elle exige le témoignage de vie. Dans le second cas, elle exprime l’engament personnel de celui qui veut connaître d’avantage le dessein de Dieu sur soi et les siens. Elle montre les déviations de la vraie foi et interpelle la personne même et le reste de la communauté. Elle veut corriger le faux culte, la fausse vie. C’est l’écoute de la Parole qui fait que la recherche de Dieu soit authentique. La Parole invite à mépriser tout ce qui ramène la mort chez l’homme pour lui faire découvrir les signes de vie19. Cette recherche de Yahvé équivaut, dans les

17

Cf. Dt. 7 Cf. Sg. 1,1 et note a Bible de Jérusalem 19 Cf. Am. 5 18


16 temps christologiques, à celle du Royaume de Dieu et sa justice20. La simplicité du cœur est une condition pour trouver Dieu. Elle comporte l’attitude de confiance et de pauvreté de celui qui veut s’attacher à Dieu. Le prophète David nous fait comprendre la portée de la simplicité en ces termes : « Toi, Salomon, mon fils, connaît le Dieu de ton père, sers-le d’un cœur sans partage, d’une âme bien disposée, car Yahvé sonde tous les cœurs et pénètre tous les desseins qu’ils forgeront. Si tu le recherches, il se fera trouver de toi, si tu le délaisses, il te rejettera pour toujours » (1Ch. 28, 9) Le cœur simple rejette l’autosuffisance, il est le berceau des bonnes intentions. Sans un cœur simple, il est très difficile de s’abandonner à Dieu et par conséquent on ne pourrait pas trouver Dieu. De même, dans le Nouveau Testament, la simplicité du cœur est une condition essentielle pour accueillir le Royaume de Dieu. Ce sont les béatitudes, auxquelles sont invités tous ceux qui ont foi en Dieu à travers son Fils (Cf. Mt. 5, 1-12). Au cœur de l’homme croyant devra se trouver l’amour comme le signe visible de celui qui croit en Dieu. L’amour est la voie la plus sûre pour rencontrer Dieu. L’amour rend crédible la foi en Dieu. Dans l’Ancien Testament nous pouvons dégager deux niveaux d’amour. D’abord, celui que professe l’homme envers Dieu21. Cet amour qui répond à l’amour de Dieu pour son peuple (Cf. Dt. 4, 37 ; 7, 8 ; 10, 15) inclut la crainte de Dieu, l’obligation de son service et l’observance de ses préceptes. Cet amour se lie à la crainte filiale, mais exclut la crainte servile (Cf. 1 Jn. 4, 18) Ensuite, nous trouvons l’amour envers le prochain. Yahvé dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv. 19, 18)

Ce commandement divin touche les obligations

morales de chaque croyant à l’égard de ses prochains. C’est l’invitation à la sainteté faite par Dieu. Celui qui croit en Dieu rend témoigne à la sainteté de celui qui est le Saint (Cf. Lv. 19, 2) Cet amour est quelque chose de concret : l’aide aux pauvres et aux étrangers, la bonne et opportune rémunération aux salariés, les services rendus aux malades, la pratique de la justice sans exception de personne, la recherche de la paix, le respect envers les anciens, les femmes, les esclaves, etc. Voilà, ce que signifiait la pratique de l’amour d’après l’Ancien Testament.

20 21

Mt. 6, 33; Lc. 17, 20-21 Cf. Dt. 6, 5 et note k Bible de Jérusalem


17 En bref, l’amour est le trait visible de celui qui croit en Dieu. Cet amour n’a jamais été dissocié de la foi en Dieu. Par la pratique de l’amour l’homme peut aller vers la rencontre de Dieu. L’apôtre Paul exprime en ces termes la pertinence de l’amour : « N’ayez de dettes envers personne, sinon celle de l’amour mutuel. Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte : tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne convoiteras pas et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude » (Rm. 13, 7-8) 4. SUR L’EXPERIENCE CONTEMPLATIVE CHRETIENE Atteindre Dieu est le problème posé aux croyants des différentes religions22. Pour le chrétien, il existe l’assurance de la foi. Une foi qui est trinitaire. L’expérience contemplative chrétienne consiste à être unit à Dieu par Jésus dans l’Esprit Saint. Dieu est l’objet de la contemplation chrétienne, le Christ, son Fils, est la voie pour le connaître et l’Esprit Saint unifie la relation entre Dieu, son Fils et l’homme. Le Nouveau Testament est si riche à ce propos. Quelques textes pourront nous aider à comprendre la nature et l’implication immédiate de la contemplation chrétienne.

Une des questions soulevée par les disciples de Jésus portait sur la façon de connaître et de voir Dieu. Jésus dit à Thomas : « Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ; dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu » (Jn. 14, 7) Cette réponse ne suffit pas, car les disciples voulaient voir Dieu de manière physique. C’est pourquoi, Jésus répondra à Philipe : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn. 14, 9) Dans les versets précédents, il est question de l’objet de la contemplation chrétienne. Dieu se fait voir et se fait connaître par le Christ qui est le visage de Dieu. La contemplation chrétienne est basée sur la foi en Jésus-Christ, car lui est le chemin pour aller vers Dieu (Cf. Jn. 14, 4) Jésus lie l’humanité et le monde à Dieu son Père. Le croyant trouve en Jésus la complaisance divine. C’est le Dieu incarné qui prend la condition humaine 22

A ce sujet le P. Raguin commente : «Les grandes religions ont offert mille moyens d’entrer en contact avec Dieu. Ici l’imagination humaine a tout essayé en remontant les grands courants des forces de la nature. Les splendeurs de l’univers, la vitalité des êtres, l’instinct créateur, la pensée, tout a servi de symbole et de véhicule pour atteindre Dieu. Certains ont cherché Dieu par la voie des puissances qui animent la nature, d’autres l’ont cherché par les voies de la conscience et de l’esprit en renonçant à tout le reste. Les athées eux-mêmes le cherchent… » Op. Cit., p. 141142


18 pour se côtoyer avec les siens. Ici, le rôle de la foi est indispensable. Jésus prononce la suivante recommandation à ses disciples : « Croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn. 14, 1) Contre le désespoir humain, la persécution, l’incompréhension, le péché, la foi est là pour tenir le chrétien debout.

Les disciples ont vu le Seigneur et ils ont cru en Lui, mais pas tous (Cf. Jn. 6, 6) Ce fait nous renvoie à l’implication de la contemplation chrétienne. Si le chrétien sait contempler le Christ, cela signifie qu’il est dans la mesure de contempler Dieu, car contempler le Christ, c’est contempler Dieu, Lui-même. Alors, il est légitime qu’il se demande sur la façon de maintenir en rigueur cette union avec Dieu au sein de son existence et du monde. Nous osons dire que c’est par l’alimentation de la foi en Jésus que le chrétien peut sauvegarder cette union avec Dieu. Mais cela signifie quelque chose de concret. Lorsque l’Ancien Testament insistait sur la façon quotidienne d’exprimer l’appartenance à Yahvé23, Jésus-Christ mettait en relief la pratique de ses commandements (Cf. Jn. 14, 21) Tous les deux cas expriment la pratique de l’amour, cœur de l’Ancienne Alliance comme celui de la Nouvelle Alliance. Alimenter la foi en Jésus-Christ veut dire donc « Aimer le prochain comme soi-même » Ne pas aimer le prochain, c’est renier Dieu. Et c’est l’apôtre Jean que le dit en ces mémorables paroles : « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas…Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn. 4, 20-21) La contemplation chrétienne est basée donc sur la foi en Jésus qui nous a laissé l’Esprit de Dieu afin que nous puissions garder ses commandements et mieux le connaître. (Jn. 14, 1520)

23

Cf. Lv. 19, 1ss.


19 II. L’ACTION COMME REALISATION CONTEMPLATIVE DES FIDELES LAÏQUES DANS L’EGLISE-MISSION 0. INTRODUCTION Etre chrétien au milieu d’un monde qui présente différents défis et tentations n’est pas quelque chose de facile. Répondre positivement aux attentes des hommes, sans pour autant perdre l’identité chrétienne c’est être un vrai apôtre et témoin de Jésus Christ qui a adressé ces paroles si engageantes à tous les baptisés: « Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde…Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Mt. 5, 13-16) Notre exposé visera l’agir des fidèles laïcs qui par le baptême sont membres de l’Eglise et sont tenus à participer de la Mission de l’Eglise affrontée à une série de changements et évolutions par lesquels traverse l’histoire de l’humanité, y compris l’histoire de l’Eglise.

Deux moments attireront notre attention. Nous aborderons la compréhension du terme laïc, car ce mot a certainement évolué à travers le temps. C’est pourquoi, nous indiquerons tout d’abord le sens étymologique du terme, et après, nous ferons un bref parcours historique de l’usage de ce mot, dès l’avant et l’après concile Vatican II.

Notre deuxième moment comporte le discours sur le laïcat à la lumière du Magistère de l’Eglise. Tout d’abord, nous examinerons la particularité de la vocation des fidèles laïcs. Celle-ci est un appel à la sainteté dans la vie ordinaire. Ensuite, notre discours portera sur les façons concrètes par lesquelles les fidèles laïcs peuvent s’engager dans le monde, c’est-à-dire l’agir du laïc face au monde afin de s’y sanctifier et de rendre ses services aux hommes et à la croissance de l’Eglise. Puisque le champ est si vaste, nous avons bien voulu cibler trois domaines d’action où les fidèles laïcs peuvent jouer leur rôle en tant que chrétiens, nous exposerons l’action des fidèles laïcs : dans la vie familiale, dans la vie politique et dans la recherche de la paix et de la justice.


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1. CLARIFICATION DU TERME LAIC

1.1 SENS ETYMOLOGIQUE Le mot « laïc » (on écrit aussi laïque, même au masculin) vient du grec « laos » et désigne tout ce qui appartient au peuple. Il s’agit du langage courant, car au sein de l’Eglise ce mot laïc prendra une connotation différente. Il désignera l’opposition entre les membres de l’Eglise qui ont des ministères particuliers (clercs) et ceux qui n’ont aucune charge spéciale dans les affaires de l’Eglise, mais appartiennent à l’Eglise à travers le baptême. Cette opposition ainsi définie a été durcie à ce point qu’on est venu à employer laïc au sens de profane, c’est-à-dire ce qui n’a aucun rapport à la religion24. C’est ainsi qu’on est arrivé à la tension entre l’Eglise (les clercs) et les laïcs. Sans aucun doute, ce mot a subi plusieurs transformations au cours de l’histoire, c’est pourquoi nous allons faire un petit parcours du sens du mot ayant comme repère l’avant Vatican II et l’après Vatican II, et ainsi arriver à la compréhension actuelle du mot. 1.2 L’AVANT VATICAN II L’Ancien Testament nous rapporte le mot « laïc » en opposition aux prêtres ou aux princes. Il s’agit de quelques interdits concernant la consommation des sacrifices comme tel de ne pas manger ce qui est saint. (Voir par ex. Lev. 22, 10 ; 12-13). Et de celui qui faisait une distinction entre le laïc et le prince à propos de l’entrée par la porte du parvis intérieur, lors des cérémonies sacrificielles à l’occasion de la nouvelle lune. Le laïc se prosternait devant le Seigneur à l’entrée de dite porte, tandis que le prince pouvait le faire en se tenant contre le montant de telle porte (Cf. Ez. 46, 1-3). Au long de l’histoire d’Israël « laïc » pouvait être compris littéralement comme « le peuple du pays », mais il a pris différentes tournures. L’Eglise primitive ne faisait aucune distinction entre clercs et laïcs. L’opposition était celle de l’Eglise par rapport au monde. La communauté chrétienne visait l’annonce du salut apporté par le Christ. Il s’agissait d’une prise de conscience qui n’empêchait pas le travail

24

Cf. BOUYER L., Dictionnaire théologique, Paris, Desclée, 1990


21 apostolique d’ensemble, au contraire il légitimait les diverses organisations et ministères afin de sauvegarder l’unité de l’Eglise et la crédibilité du message chrétien. L’expression « laïc » (laikos) nous est remportée dans la lettre de Clément (40, 525) qui date de l’année 96, et y définit le laïc comme un simple croyant (celui qui a la foi en Jésus-Christ) par différence d’avec un diacre ou un presbyte. C’est au IIIe siècle que le mot devient courant. La tension originelle entre l’Eglise par rapport au monde s’est atténuée à partir du IVe siècle, car l’Eglise devient libre et la foi catholique sera la religion d’Etat. De ce fait, la tension s’est déplacée à l’intérieur de la propre Eglise26. L’Eglise assiste à de nouveaux changements et à de nouvelles relations avec le monde. Elle transforme la vie de la société au niveau politique, culturel, social et spirituel. Elle prend une certaine distance par rapport à la vie ordinaire et ouvre une brèche entre les hommes d’Eglise ( les spirituels) et les laïcs (les charnels). Ce n’est qu’après l’avènement de l’humanisme, la Révolution française, la Réforme et ses conséquences que le rapport entre l’Eglise et les laïcs changera. Elle devra réagir contre les défis de la nouvelle humanité présentés par la naissante manière de penser de l’homme moderne. L’hégémonie et le privilège de l’Eglise sont mis en péril. La réponse de l’Eglise sera l’Apostolat des laïcs au sein du monde en devenir. Ce sera le moyen par lequel l’Eglise sera présente dans les différents champs de la vie des hommes, la politique, la culture, la vie sociale, la science. Ce panorama n’est que le pont qui conduira l’Eglise au concile Vatican II qui donnera un nouvel air aux relations entre l’Eglise, les hommes, et le monde.

25

A ce sujet, JAUBERT A., commente : « C’est la première fois qu’apparaît dans la littérature chrétienne le terme de laïque, venant de « laos » , peuple et désignant celui qui n’est pas chargé d’un ministère dans le peuple. L’emploi de « laos » en Jér. 34, 19 (LXX), Act. 13, 1 préludait peut-être à cette évolution de sens. « Laikos » n’existe ni dans le Nouveau Testament ni dans la Septante ; mais dans des traductions grecques plus tardives, il peut désigner ce qui est profane par opposition au sacré; ainsi I Rois 21, 15 ( « pain ordinaire » au lieu de « pain consacré »)… », in Sources Chrétiennes, Clément de Rome, Epître aux Corinthiens n° 167, Paris, Cerf, 1971, p. 166-167 26 Sur ce sujet, Karrer L. nous rend un bel article dans le Nouveau Dictionnaire de Théologie, 2e éd. Revue et augmentée, sous (dir.) EICHER, P., Paris, Cerf, 1996, p. 476-481


22 1.3 L’APRES VATICAN II L’acception du mot « laïc » est présentée par le concile comme suit : « Sous le nom de laïcs, on entendons ici tous les fidèles, à l’exclusion des membres engagés dans un ordre sacre et dans un état reconnu par l’Eglise ; c’està-dire les fidèles qui, après avoir été incorporés au Christ par le baptême, ont été associés au Peuple de Dieu et rendus à leur manière participants de l’office sacerdotal, prophétique et royal du Christ, exercent pour leur part la mission dévolue au peuple chrétien tout entier dans l’Eglise et dans le monde. » (L.G., n° 31) Le concile, après avoir dit ce que les laïcs ne sont pas, donne une définition qui porte en soi-même le vrai fondement des fidèles laïcs et leurs rôles au sein de l’Eglise et du monde. Il s’agit du baptême qui incorpore le croyant au peuple de Dieu. C’est pourquoi, il faut comprendre le sens du mot « laïc » avant tout comme celui de « fidèle » faisant allusion ainsi à l’ensemble d’hommes et de femmes initiés au mystère du Christ. Cela suppose la foi en Jésus Christ. Les laïcs sont donc des hommes et des femmes qui appartient au Christ. C’est cette appartenance au Christ, manifestée par le baptême, qui fait qu’ils soient des membres actifs du peuple de Dieu et ainsi remplissent leur mission. Ils ont une identité spéciale et une mission spécifique, une vocation particulière au cœur du monde et de l’Eglise, caractéristiques qui seront traitées ici. 2. DISCOURS SUR LE LAICAT

2.1. LA VOCATION DES FIDELES LAÏCS Assurer une saine doctrine sur la vocation des fidèles laïcs au sein de l’Eglise est le premier pas pour vivre intensément leur vocation. Un point important serait celui d’approfondir consciemment en quoi consiste la vocation des fidèles laïcs. C’est la doctrine conciliaire qui peut nous orienter dans cette démarche. Dans la constitution « Lumen Gentium » les pères conciliaires ont inséré au chapitre IV l’enseignement concernant les fidèles laïcs. Ce n’est pas par hasard qu’ils aient mis l’enseignement sur les laïcs entre la constitution hiérarchique de l’Eglise (III) et celui de l’appel universel à la sainteté dans l’Eglise (V). Ce fait peut nous indiquer un chemin. C’est le chemin de la sainteté auquel sont


23 invités à parcourir tous les membres de l’Eglise insérés par le baptême27 y compris aussi, la hiérarchie, ainsi ce chemin de sainteté n’est pas exclusif. Dans cette perspective, nous pouvons donc affirmer que la vocation foncière de tout laïc est celle de la sainteté dans la vie. Celle-ci est la vie ordinaire, professionnelle et sociale, qui par conséquent, devient un lieu privilégié de sainteté28. D’un côté, la sainteté est le fruit de la charité. Il s’agit de la sainteté qui naît de la grâce de l’Esprit. C’est la sainteté à laquelle sont tous appelés, ceux qui appartiennent à la hiérarchie et ceux qui sont régis par elle. (Cf. L.G., n°39). L’appel à la sainteté pose un des fondements de la vocation des laïcs. Elle est liée à l’apostolat, par lequel les laïcs deviennent membres actifs de la Mission de l’Eglise. Et cela ils le font en tant que « membres vivants » du corps de Christ (Cf. L.G., n°33). Cet apostolat est le visage visible de la charité ; charité par laquelle les fidèles laïcs manifestent leur sainteté et en même temps la nourrissent. Cette charité est l’expression de l’agir de la foi dont parle l’apôtre Paul : « …nous gardons le souvenir de votre foi active, de votre amour qui se met en peine… qui nous viennent de notre Seigneur Jésus Christ… » (1Th. 1, 3). De ce point de vue, l’apostolat est un devoir de tous les croyants, car l’adhésion au Christ invite à rendre témoignage de Lui. Cet apostolat sera rendu témoignage de foi en Jésus dans la mesure où il s’insère dans les réalités temporelles. C’est ce que le saint concile enseigne : « …Les laïcs sont appelés tout spécialement à assurer la présence et l’action de l’Eglise dans les lieux et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que par eux le sel de la terre. Ainsi, tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits, constitue un témoin et en même temps un instrument vivant de l’Eglise elle-même, ‘à la mesure du don du Christ’ » (L. G., 33b) Ce binôme sainteté-apostolat peut être donc vu ainsi : il faut tout d’abord, affirmer que la sainteté n’est pas l’apanage de quelques-uns et que pourtant il n’y a pas de différents niveaux de sainteté où les laïcs seraient d’un deuxième rang par rapport aux clercs ou religieux. Certes non. La sainteté provient de Dieu qui est le Saint par excellence et elle nous est donnée par l’action de 27

A ce sujet Jean Paul II dit : « La vocation à la sainteté plonge ses racines dans le Baptême et elle est réactivée par les autres sacrements ; principalement par l’Eucharistie : revêtus de Jésus Christ et abreuvés de son Esprit, les chrétiens sont « saints », et sont de ce fait, habilités et engagés à manifester la sainteté de leur être dans la sainteté de tout leur agir », JEAN PAUL II., Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles laici, Montréal, Paulines, 1989, n° 16 28 Cf. Ibid., n° 17


24 l’Esprit Saint dans nos cœurs en vue de la charité. (Cf. Rm. 5, 5). Cette sainteté opère par le moyen de la charité, celle-ci est réelle et se constitue comme la principale voie de sanctification. Elle est réelle, quand elle est exprimée par des actes précis que visent l’amour de Dieu et l’amour du prochain. La charité est une exigence demandée par le Christ à tous les baptisés. En deuxième lieu, l’apostolat doit être conçu comme une voie de participation à l’œuvre de salut qui est celle de l’Eglise. Cet apostolat doit être vécu comme un chemin de perfectionnement de la vie des fidèles laïcs, autrement dit, il doit être un chemin de sainteté par lequel le croyant manifeste aux siens la charité chrétienne. C’est pour cela que nous affirmons qu’il y a un lien indissociable entre la sainteté et l’apostolat, car un apostolat sans la sainteté risquerait de mettre en péril la crédibilité de l’Evangile, et une sainteté sans l’exercice de l’apostolat empêcherait l’accroissement de la mission, la raison d’être de l’Eglise.

Finalement, nous voulons souligner que cette dimension, sainteté-apostolat, comme un des aspects de la vocation des fidèles laïcs, pour qu’elle puisse être réelle doit s’inscrire dans un cadre de renouvellement évangélique en vue de recevoir la générosité de l’apôtre. Ce renouveau se trouve au sein de l’Eglise qui est dépositaire de la foi en Jésus Christ. C’est ainsi que nous pouvons déclarer que l’Eglise est un instrument de sainteté et en même temps un espace pour exercer l’apostolat qui commence par l’accueil de la Parole de Dieu, la participation à la vie liturgique et sacramentelle de l’Eglise, en s’engageant dans la vie de famille et de la société, dans la recherche de la justice et de la paix, et dans la pratique de la charité29. 2.2 L’ACTION DES FIDELES LAICS FACE AU MONDE

La vocation des laïcs se réalise dans le monde. Leur apostolat ne peut se concrétiser que dans les différentes situations par lesquelles traverse la famille humaine. C’est dans un contexte particulier que les laïcs peuvent révéler aux hommes l’impact de leur foi chrétienne. Ce contexte décrit par le concile peut encore s’appliquer aux situations d’aujourd’hui. Il est question des transformations et mutations profondes liées à de nouvelles formes de vie, c’est l’esprit humain qui s’est développé et a une certaine maîtrise sur le passé, l’avenir. Ces changements ont des 29

Cf. JEAN PAUL II., op.cit., n° 16


25 impacts directs sur l’ordre social, les cultures, les comportements psychologiques, moraux et religieux de chaque personne ; les aspirations et soucis des hommes sont multiples et enfin, on s’interroge sur la fin ultime de l’homme et du monde (Cf. G.S., n°4-10). C’est ainsi que l’humanité suit le cours de son histoire et les paroles prophétiques des pères conciliaires résonnent jusqu’aujourd’hui. Devant le monde en devenir, comment peuvent agir les fidèles du Christ ? A cette question, plusieurs réponses peuvent être données, car le champ où travailler est vaste et la perception du concile ne s’y trompe pas. Il a compris le monde comme celui plein d’espoirs, d’angoisses et d’attentes (Cf. G.S., n°4). C’est pourquoi, nous délimiterons notre réflexion à trois aspects sur lesquels pourrait se situer notre exposé afin de toucher la réalité vécue actuellement par notre société africaine et à laquelle les fidèles laïcs devraient être en mesure de donner des réponses adéquates et ainsi, annoncer le royaume de Dieu. Nous allons développer les thèmes concernant, la vie familiale, la vie politique et la recherche de la paix et de la justice.

2.2.1 DANS LA VIE FAMILIALE La famille est l’édifice où se construit toute société. La famille est à l’égard de la société une institution, confirmée par le Créateur et comme telle, elle doit rendre témoignage de la continuité du genre humain, le progrès personnel et le sort éternel de chacun de ses membres, la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité de la famille et de la société humaine toute entière (Cf. G.S., 48, 1). Ces valeurs, mentionnées ci-dessus, sont accueillies de façon très pratique et vraie par le couple qui est capable de les faire croître et de les mettre à disposition de sa famille et de la société. Elles doivent être sauvegardées et transmises avec fidélité par le couple et la famille. Ici, nous parlons du premier espace d’engagement social des fidèles laïcs 30. En effet, la famille est la cellule fondamentale de la société et c’est le couple le premier appelé à l’évangéliser. Cet engagement est social et apostolique. Il est social parce qu’il aide à développer la société à partir de la croissance qualitative des familles qui composent les différentes sociétés. Et, il est apostolique parce qu’il est lieu de sanctification et de témoignage de la foi en Jésus Christ. Ainsi, la famille peut accomplir la première tâche que lui revient en tant que membre du corps du Christ et de la société.

30

Cf. JEAN PAUL II., op.cit., n° 40


26

Et pour l’Afrique, la famille occupe une place très significative, elle est le berceau de la vie. C’est pourquoi, dans sa culture et dans sa tradition, l’homme africain accueille les enfants comme un don de Dieu et a le sens du respect de la vie. De ce fait, découlent des valeurs comme celle de la solidarité et celle de la vie communautaire (Cf. E.I.A., n°43). Cependant, « Les conditions économiques, socio psychologiques et civiles introduisent aussi dans la famille de graves perturbations » (G.S., n°47,1). La famille africaine n’est pas exempte de ces perturbations dont fait allusion le concile. Elle a aussi quelques ombres, surtout, quand il s’agit de la dignité et du rôle de la femme au sein de la famille. « Le synode a si déploré certaines pratiques africaines qui privent les femmes de leurs droits et du respect qui leur est dû ». Il a parlé des droits de la femme et du respect qu’elle mérite dans la famille et la société (Cf. E.I.A., n°82). C’est à ce moment conjoncturel de notre société que les fidèles laïcs sont appelés à agir par l’évangile. La femme doit retrouver la place qui lui appartient, celle qui la met sur le même pied d’égalité que l’homme selon le dessein de Dieu au début de la création : « A l’image de Dieu il les créa, homme et femme il les créa » (Gn. 1, 27). Les fidèles laïcs, dans un travail d’ensemble, hommes et femmes, devraient lutter pour parvenir à améliorer les relations qui empêchent la croissance de l’Evangile à l’intérieur de la famille. La question de la dignité de la femme dans la famille est un souci qui prend des dimensions immesurables. Pour répondre à ce souci, les laïcs devraient faire l’effort de promouvoir le dialogue au niveau interne des familles afin qu’elles retrouvent réciproquement la valeur de la femme dans la famille et ainsi restaurent le vrai visage de la famille et de la société. Le défi au plan familial est aussi sérieux comme l’on pense. Les fidèles laïcs sont appelés à : « Sauver la famille africaine, à ne pas laisser bafouer la famille africaine sur sa propre terre » (Cf. E.I.A., n°84). C’est tout un travail de conscience et d’honnêteté. Reconnaître que la femme a un rôle à jouer dans l’avenir de la famille africaine, ce serait un bon pas vers la revendication des droits de la femme. L’autre front, ce serait celui de lui donner la chance dans la famille et dans la société. Au niveau de la famille, la femme devrait avoir l’opportunité de prendre décisions par un dialogue d’ensemble (le couple). Au niveau social, la femme devrait jouer son rôle dans le domaine politique, économique et culturel. Mais pour ce faire, il est indispensable que la famille soit un foyer où le couple s’engage dans la recherche des nouvelles


27 valeurs qui adaptées à la famille actuelle puissent aider à dépasser certains aspects de la tradition qui, de nos jours, deviennent des vrais empêchements et obstacles pour l’épanouissement de la famille, et par conséquence de la société.

2.2.2 DANS LA VIE POLITIQUE La dimension politique de la vie sociale ne peut pas échapper à l’action de l’Evangile. La participation à la vie politique est une exigence de la foi. Elle est un devoir demandé par la charité qui vise la justice sociale. Il s’agit donc d’un thème si dangereux qui a mis sous le soupçon l’agir de beaucoup de chrétiens à l’égard de l’engagement politique en tant que croyants. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut le mettre à l’écart, sinon les croyants risqueront de manquer à la fidélité au Christ, envoyé du Père, qui est venu pour libérer l’homme dans son intégralité. Trois pensées guideront notre réflexion, à savoir, une brève approche biblique concernant la politique comme une exigence de la foi, l’enseignement du Vatican II, et finalement, un regard sur l’engagement politique des fidèles laïcs dans notre société. La foi d’Israël est liée à l’expérience qu’il a eue de Dieu. Par cette expérience, Israël a découvert la façon par laquelle Dieu agissait en faveur de son peuple. C’est principalement à travers la sortie d’Egypte (l’exode), l’Alliance, l’élection et la Promesse que Dieu fait montre de son amour envers le peuple d’Israël. Ce sont donc des évènements fondateurs de la foi en Yahvé, le seul Dieu d’Israël (Cf. Ex. 12-13 ; Dt. 7 et Ex. 19-20). Ces évènements font preuve d’un Dieu libérateur. La libération, expérience vécue par le peuple élu, enseigne que Dieu appelle l’homme à la liberté. Cette liberté sera protégée par la pratique de la Loi (Cf. Dt. 4, 1-2 ; 5, 33 ; 6, 24 ; 8, 1 ; 16, 20) qui a comme but foncier : vivre et prendre possession de la terre Promise. Les prophètes dénoncent toutes les injustices et appellent à l’exercice du droit. Ces injustices constituaient une sérieuse menace contre la vraie foi en Dieu libérateur. Il s’agissait des pratiques qui conduisaient à la servitude et à l’idolâtrie (Cf. Is. 1, 2-4. 10-20.21. -23). Pour eux, la vraie foi en Dieu renvoie à la pratique de la justice et du droit (Cf. Is. 1, 26-67 ; Os. 8 ; Am. 6, 1-6.12). La dénonciation faite par les prophètes était la préparation à la révélation définitive de Dieu au milieu de son peuple. Cette dénonciation portait l’espoir futur, le Prince de la Paix et de la Justice montrerait la réalisation de la fidélité et la Justice de Dieu (Cf. Is. 11, 1-9 ; 9, 1-6). Il serait la venue de Dieu parmi son peuple (Cf. Mt. 1, 21). C’est ainsi que Dieu Lui-même allait prendre


28 soin de la libération de son peuple, désormais un peuple aux dimensions universelles. Jésus est présenté comme le vrai libérateur (Lc. 4, 16-28) et l’instaurateur d’un nouvel ordre qui visera à souligner que la pratique de la foi exige le renouvellement et le dépassement de certaines lois et coutumes qui mettent en danger la pratique de la foi, et ainsi la convivialité humaine (Cf. Le sermon sur la montagne, Mt. 5-8). L’attitude de Jésus à l’égard de l’Etat a été marquée par l’obéissance, le respect et la critique. « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt. 22, 21). Cette réponse de Jésus aux Pharisiens et Hérodiens soulève les droits et les devoirs des sujets par rapport à l’Etat. Celui-ci n’a pas le droit de briser les relations entre Dieu et chaque personne. Adorer Dieu est un droit inaliénable, et il faut le sauvegarder et le faire prévaloir. Ici, Jésus n’a pas remis en question qu’il s’agissait d’un impôt payé à un pouvoir occupant et dominateur (voir aussi : Mt. 17, 24-27). « …Il n’en est pas ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. » (Mc. 10, 43). Par cette affirmation Jésus critique les chefs et gouverneurs de la terre. Pour lui, l’autorité réside dans le service désintéressé et elle a un lien direct avec Dieu (Cf. Jn. 19, 11)

Cette brève approche biblique que nos venons d’élucider ci-dessus, nous permet d’affirmer que le développement de la foi englobe les différentes réalités de la vie d’un peuple ou nation (y compris la politique), la foi remet en question les pratiques et coutumes qui agressent la vie sociale des croyants, et qui par conséquent constituent un attentat contre la foi en Dieu libérateur. Pour ce qui concerne l’enseignement du Vatican II sur le domaine politique, il donne continuité aux enseignements précédents du Magistère. Il reprend l’enseignement de Jean XXIII exprimé par les encycliques Mater et Magistra et Pacem in Terris. La vie politique est liée intrinsèquement à la nature de la personne humaine et elle se base sur le bien commun 31. Il faut comprendre la politique (la chose politique) comme la poursuite du bien commun dont la charge revient à tous les êtres humains, sans aucune distinction. Il est le fondement de l’existence de

31

Vatican II comprend le bien commun comme : « L’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement » (G.S., n°74, 1). Pour la pensée contemporaine le bien commun réside dans la sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine.


29 toute la communauté politique qui fonde sur lui sa justification. Cette communauté politique n’est pas un instrument, elle comporte en soi-même le bien pour tous les hommes impuissants de s’épanouir d’une façon solitaire et individuelle (Cf. G.S., n°74, 1). A la construction de telle communauté sont invités tous les hommes sans distinction de race, peuple ou nation. C’est la raison pour laquelle la communauté politique a besoin d’une autorité. Celle-ci doit être une force morale pouvant orienter vers le bien commun, et elle doit s’appuyer sur la liberté et le sens de la responsabilité. C’est dans ce contexte où les chrétiens doivent apporter les valeurs humaines pour que les autorités soient des forces morales, appuyées sur la valeur suprême de la liberté et le sens de la responsabilité (Cf. G.S., n°74, 2). Il s’agit donc d’une vraie prise de conscience par laquelle l’homme peut enseigner le sens du travail d’ensemble contre l’individualisme, le sens de la solidarité contre l’intérêt propre, le sens de la justice et de la liberté contre les différentes formes d’oppression qui briment et méprisent la dignité de la personne humaine.

Pour ce qui concerne la participation des laïcs à la vie politique, Jean Paul II donne quelques principes32. Les laïcs sont tenus, de façon catégorique, à participer de la vie politique comprise comme une action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. Il s’agit pour lui d’un droit et d’un devoir. Les accusations lancées contres les différents leaders politiques ou partis politiques ne peuvent pas dispenser les fidèles laïcs de la participation à la politique. Au contraire, ils doivent imprégner la politique des valeurs évangéliques pour qu’elle soit une lumière pour la vie de la société. La primauté du service rendu à tous les hommes devra être le phare qui guide ceux qui décideront s’engager pleinement dans la chose politique dont la promotion de la justice, la solidarité et recherche de la paix auront des places éminentes. En bref, la politique concerne donc tous les fidèles laïcs. Elle s’impose comme une exigence de la foi en Jésus. L’engagement politique est une preuve et une démonstration de la charité chrétienne par lesquelles les laïcs peuvent exercer l’apostolat et atteindre la sainteté. Quant à l’engagement politique au Congo, La Conférence Episcopale a constaté et déploré le manque d’engagement de la part des fidèles laïcs, quand il s’agit de la gestion du 32

Cf. JEAN PAUL II., op.cit., n° 42


30 temporel. C’est ce manque d’engagement qui a assombri l’action de l’Eglise au sein de la société en situation de conflits et de crises. C’est la raison pour laquelle on est arrivé à accepter certaines structures de péchés qui ont abouti à la violation des droits fondamentaux de la personne humaine, surtout celui du respect de la vie humaine. C’est dans des situations pareilles que les fidèles du Christ devraient mettre en pratique les valeurs données par leur foi en Jésus. Consciente de cet ombre, la Conférence Episcopale du Congo insiste sur les responsabilités de tous les chrétiens à l’égard de la gestion du temporel. Ceux-ci sont tenus à témoigner de l’honnêteté et à lutter contre la corruption. C’est ainsi, qu’ils peuvent parvenir à exprimer leur foi et à croître dans la vie de sainteté. C’est dans ce cadre que la Conférence Episcopale invite à la recherche du bien commun et à la promotion de la justice distributive. Elle prend parti pour l’éveil d’une mentalité démocratique, prise de conscience qui doit être une entreprise vers le choix du bien et de la vérité33. Pour la Conférence Episcopale, la famille constitue le premier lieu de l’éducation politique. C’est à travers elle que les enfants peuvent éveiller la mentalité démocratique, basée sur des petits choix en faveur de ce qui est bon, beau et vrai. C’est par la mise en commun des valeurs ancestrales comme celle de la solidarité, la vie communautaire et par le travail que le panorama politique du Congo pourra changer en vue d’une société plus juste et plus humaine. L’exigence de la foi est un défi pour les laïcs au niveau de la politique. Ceux qui sont déjà engagés dans ce domaine seraient donc invités à devenir témoins fidèles de leur foi, et ainsi contribuer au progrès de l’Evangile et à la croissance du royaume de Dieu dans des situations si tendues qui peuvent les conduire à donner leur propre vie au nom de leur foi.

2.2.3 DANS LA RECHERCHE DE LA PAIX ET DE LA JUSTICE Les relations humaines ont été toujours rompues par le manque de paix. Et le désir profond de l’homme de bâtir une humanité où règne la paix l’a conduit à s’interroger sur la justice, car il s’est rendu compte que la véritable paix est le fruit de la pratique de la justice. Multiples sont les champs où les fidèles laïcs peuvent s’engager pour collaborer à l’édification d’un monde où règne la paix et la justice. Puisque le thème est vraiment ample nous bornerons 33

Cf. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, Nouvelle évangélisation et catéchèse dans la perspective de l’Eglise famille de Dieu en Afrique, Kinshasa, Ed. Secrétariat Général de la CENC, 2000, p. 90-93


31 notre réflexion sur deux problèmes urgents sur lesquels les fidèles laïcs sont appelés à agir au nom de l’Evangile et sous la tutelle de l’Eglise. Il s’agit de l’agir du fidèle laïc dans des situations de guerre et son action vis-à-vis de la construction d’une société plus juste et plus humaine. A) EN SITUATIONS DE GUERRE Nous savons qu’à l’origine des guerres se trouvent enracinées les injustices humaines, les intérêts économiques des pays plus forts, et les intérêts personnels de certains dirigeants politiques qui entraînent de telles situations dans beaucoup de coins de notre planète. Ces situations de guerres débouchent dans la barbarie, la violation des droits fondamentaux, l’impunité, la prolifération d’armes scientifiques, le terrorisme, et ce qui est pire, l’obéissance aveugle et la perte de la conscience morale (Cf. G.S., n°79, 3) Pour ce qui concerne l’Afrique, les Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar ont décrit les origines des conflits belliqueux en Afrique comme le résultat des haines et des rivalités ethniques, des guerres raciales, des guerres par procuration, de la violence structurelle (le racisme et l’apartheid, l’esclavagisme), des déséquilibres socio-économiques (Cf. SCEAM, Christ est notre paix, n°16- 32). C’est dans ce panorama de violences et d’injustices que le chrétien engagé est appelé à élever sa voix en défense des pauvres et des plus défavorisés de la société. Comment fera –t- il ? Quels moyens à utiliser ? C’est par le témoignage et par l’action ! Dans un premier moment, il s’agit de se présenter en vrai chrétien. L’être chrétien doit prévaloir sur toute idéologie, intérêt personnel, race ou croyance. Ce témoignage exige le courage de la part du chrétien. Celui-ci doit lutter contre la haine qui déclenche autant de guerres inutiles et irréversibles. Il le fera avec la force de l’amour. Il s’agit donc de mettre en valeur le sens de la responsabilité et de la vérité. Rendre témoignage de ces valeurs-ci c’est apporter son grain pour la construction de la paix. Ce témoignage auquel est poussé le fidèle laïc ne peut être vécu que dans une ambiance de foi. C’est la foi en Jésus Christ qui pousse tous les chrétiens engagés à dépasser


32 toutes formes de rivalités et de haines qui se trouvent enracinées dans les cœurs des hommes (Cf. Jc 4, 1-3)

Ce témoignage est vital, mais il prend de son ampleur dans la mesure où il se fait une action concrète. L’expérience a enseigné que les conflits ne peuvent être résolus que par le moyen du dialogue. Rendre témoignage du dialogue est une action concrète à refaire. Sans le dialogue, il est certainement difficile de parvenir à l’arrêt de la guerre et de l’entente mutuelle. D’ailleurs, plusieurs guerres se sont déclenchées à cause du manque de dialogue. Le dialogue dont nous faisons allusion devrait être fondé sur la vérité, la justice, l’amour et liberté (Cf. P.T., n°34-35). Il s’agit des conditions essentielles pour parvenir à la paix. Elles revêtent le caractère de droits inviolables. C’est par son statut de chrétien que le fidèle laïc serait en conscience obligé à mettre en premier plan ces valeurs à la lumière de l’Evangile. Un dialogue fondé sur ces valeurs aidera au dépassement des obstacles qui font défaut à la recherche de la paix34. Dans cette perspective, le dialogue se présente comme un moyen pour connaître l’autre et ainsi s’entraider au dépassement de certains préjugés qui attentent contre la convivialité humaine. Il s’agit d’un dialogue de fraternité qui demande au sein même de l’Eglise le progrès dans l’estime, le respect, la concorde, l’attention charitable envers ceux qui appartiennent à d’autres Eglises et d’autres religions (Cf. G.S., n°92, 2-5) Dans un second moment, il s’agit de mettre en action la solidarité. C’est ce que nous les chrétiens appelons charité. Cette solidarité exige le détachement de biens matériels et spirituels. Dans cette ligne, le concile affirme ainsi : « les nations développées ont le très pressant devoir d’aider les nations en voie de développement à accomplir ses tâches. Qu’elles procèdent donc aux révisions internes, spirituelles et matérielles » (G.S., n°86, 3). Cette solidarité est une réponse adéquate pour lutter contre les disparités économiques. Il s’agit d’une valeur très chère à nos traditions africaines. C’est pour cela qu’elle doit être à la base de l’éducation des enfants, surtout dans les foyers qui ont connu la semence de l’Evangile. Le fidèle laïc est donc interpellé, au nom de sa foi en Jésus, à semer, là où il développe sa vie, la semence de la solidarité qui est 34

La lettre pastorale « Christ est notre paix » souligne quelques obstacles au sujet de la paix en Afrique. Elle en cite : le manque de relation de qualité entre l’homme et Dieu, la non-reconnaissance de la dignité humaine, la duplicité, le faux irénisme, le silence complice, la fausse tolérance, la défaillance du rôle de l’Etat, etc.( Cf. Symposium des Conférences d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), Christ est notre paix. L’Eglise famille de Dieu : lieu et sacrement de pardon, de réconciliation et de paix en Afrique, Kinshasa, MédiasPaul, 2001, n°65-76)


33 de nos jours un important facteur d’unité. Autour d’elle nous pouvons construire une civilisation de paix. Ainsi, cette solidarité exige qu’il y ait justice. La solidarité est donc une action à entreprendre. C’est le chrétien engagé qui doit répandre comme nous l’avons déjà dit dans sa famille et puis dans les institutions politiques et groupes particuliers, la semence de la vraie solidarité. Cette tâche demande une action personnelle et collective, courageuse et déterminée, pour qu’elle soit réalisable. Puisqu’il s’agit d’une tâche si lourde, le laïc doit avoir une solide formation spirituelle et professionnelle afin qu’il puisse être un porte-parole crédible et fiable.

De la mise en pratique de la solidarité découlent certaines actions concrètes qui pourraient servir comme clés pour la recherche de la paix et de la justice. Ici, Nous voulons souligner quelques suggestions pour une éducation à la paix lesquelles doivent être au cœur de chaque chrétien engagé. Il est demandé d’avoir un changement d’attitude et une option déterminée en faveur de la paix. Ceci exige la capacité de dénoncer les faits marquants et la mise en commun de différents points de vue pour résoudre les grands problèmes qui attentent contre la famille, l’entreprise, la société, etc. Il est conseillé de former des groupes de réflexion pour étudier des actions à mener, avec une perspective de préférence : multiculturelle, multiraciale, multireligeuse. Ces groupes devraient aider à la formation de la conscience et de l’opinion en ce qui concerne la paix et la justice. C’est pourquoi ils mettront sur pied des cours et séminaires en vue d’enseigner à partager les difficultés qui font obstacle à la paix et la justice. La promotion de la culture est une action louable pour la poursuite de la paix. Faire connaître les étapes de l’histoire de libération aux enfants, aux jeunes et aux adultes, et les aider à comprendre les racines de la violence en vue de s’engager pour la paix c’est un moyen de construire la paix. Leur apprendre les idéaux des grands artisans de la paix pour y trouver quelques applications encore valables pour résoudre des conflits c’est une action louable. Il est souhaitable qu’on sache faire usage des Médias pour promouvoir la paix. Les journaux, la télévision, la radio, la musique, etc. ce sont des espaces accessibles pour la promotion de la paix auxquels les fidèles laïcs son invités à leur imprimer le sceaux du christianisme. Le respect pour le sacrée, pour la religion de l’autre est une des formes de construire la paix dans le monde, car chaque personne a le droit d’adorer son Dieu, et ceci est un droit inaliénable lequel doit être respecté, pour ainsi éviter des guerres fratricides au nom de la religion.


34 Ces suggestions que nous venons de mentionner ci-haut doivent être mises en pratique par les chrétiens engagés là où ils développent leur vie. Il est question donc de prendre conscience que la paix est un don de Dieu pour tous et un droit de tous les hommes, et comme croyants, les fidèles laïcs devront s’engager d’avantage pour sa poursuite.

En bref, la solidarité devient une exigence évangélique pour le chrétien engagé qui a la détermination d’aider à la recherche de la paix. Celle-ci est une entreprise à construire, elle a besoin de la volonté de l’homme et de la sincère conversion (Cf. G.S., n°78). Pour le chrétien, cette paix se manifeste par la charité exprimant ainsi la justice. Car en effet, plusieurs conflits et guerres sont surtout le fruit des injustices des hommes contre leurs semblables. Elle demande l’effort personnel et collectif, le dépassement de quelques aspects de la propre culture, des religions, et le sens de la justice dans la solidarité. Elle invite le chrétien engagé à se fournir d’efforts et d’attitudes créatrices pour aider à parvenir la paix et la justice. B) EN FAVEUR DE LA CONSTRUCTION D’UNE SOCIETE PLUS JUSTE ET PLUS HUMAINE

Comment promouvoir la justice, en tant que chrétien engagé ? Lutter en faveur de la justice est une exigence de l‘Evangile. Pour y réussir, il faut avant tout que le chrétien engagé prenne conscience des injustices commises jour après jour dans le monde. Il est appelé à une profonde révision de sa vie personnelle laquelle, sans doute, peut être source d’injustices au sein de sa famille ou au sein de la société dans laquelle il joue son rôle. Il s’agit donc d’une attitude de foi et d’un désir de conversion. Cette lutte peut être affrontée sous l’angle des droits humains, en tant qu’une question incontournable dans notre heure actuelle. Dans ce sens le concile souligne l’importance de « promouvoir le bien commun » dont découle la prise de « conscience de l’éminente dignité de la personne humaine » supérieure à toutes choses et dont les droits et les devoirs sont universels et inviolables ( Cf. G.S., n°26, 1-2). Pour que le chrétien s’engage dans la construction d’une société plus juste e plus humaine, il devra travailler au renouvellement des mentalités et à la conversion personnelle. Pour parvenir à une véritable justice, le chrétien est invité à vaincre


35 l’égoïsme à force de solidarité et de partage. Le souci de donner à chacun son dû, non seulement dans les biens matériels, mais aussi en ce qui concerne les biens spirituels et culturels, doit être à la base de la conscience du chrétien engagé. Il serait invité, dans la mesure du possible, à faire prévaloir la position chrétienne, quand il s’agit de lutter contre les inégalités qui bafouent les droits des travailleurs, des femmes et des enfants qui subissent les dommages provoqués par les guerres, les discriminations et les structures du péché.

Cet engagement en faveur de la justice et de la paix dans une ambiance de respect et d’amour envers ceux qui méprisent les plus pauvres doit se faire pour ainsi empêcher le renversement de la situation, c’est-à-dire, il faut éviter que l’oppresseur devienne opprimé et vice-versa. Cela signifierait perpétuer la spirale des injustices. Il s’agira, plutôt, de s’engager dans une voie de réconciliation et de pardon35 par lesquels opprimés et oppresseurs sont conviés à la réalisation d’une véritable entente et convivialité. Ici, nous voulons relever l’importance de la prise de conscience de soi-même. Il est question de s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation après avoir fait l’effort d’une révision profonde de soi-même. Par exemple, savoir la façon dont je devient acteur de la paix dans ma famille, suis-je capable de contribuer à la bonne entente dans mon travail, suis-je un bon travailleur, quel est mon avis et mon agir à l’égard des institutions, comment suis-je en train d’apporter au développement de la politique de ma société, etc. ? La réponse à de telles questions donne des pistes encourageantes afin que tout fidèle puisse connaître sont état de vie et la gravité du problème auquel il doit faire face, car il s’agit de se convertir pour ainsi répandre son expérience de conversion dans le milieu où il vit, travaille et où il cherche à faire la volonté de Dieu en se consacrant en pro de la construction d’une société plus humaine et plus juste. En bref, le fidèle laïc agit en faveur de la construction d’une société plus juste et plus humaine lorsqu’il se plonge dans la promotion de tous les hommes étant égaux en dignité devant Dieu. Cette perception lui donne l’esprit et le courage pour se mettre à la recherche de la justice. Pour y parvenir, il commence par une prise de conscience personnelle par laquelle il cible son agir à l’égard de la paix et la justice, et puis il partage son expérience personnelle dans sa famille

35

Pardon et réconciliation où règne la vérité et la justice afin d’envisager une équitable réparation, dans les sens morale, matériel et effectif permettant ainsi fermer la porte à l’impunité.


36 et sa communauté pour ainsi faire face aux inégalités et défauts qui font obstacle à la justice sociale, à l’équité, à la dignité de la personne humaine, ainsi qu’à la paix sociale et internationale ( Cf. G.S., n°29, 2)


37 III. VERS UNE SPIRITUALITE DU LAICAT 0. INTRODUCTION Nous allons poursuivre notre exposé en deux moments. Tout d’abord, nous ferons un aperçu qui visera l’origine et la signification du mot « spiritualité » au cours de l’histoire, et après nous exposerons, d’après nous, les points fondamentaux pour une spiritualité du laïcat en accord avec les exigences de notre temps. D’abord s’agit d’aller à la source latine pour y trouver le sens premier du mot spiritualité. Dès ce point de départ, nous avons interrogé l’histoire du mot spiritualité et son développement, pour ainsi arriver à le saisir dans notre contexte actuel et faisant toujours référence à notre sujet. Le deuxième moment porte sur quelques éléments qui, d’après nous, peuvent être à la base d’une spiritualité des fidèles laïcs. Parler d’une spiritualité basée sur l’Evangile sera notre point de départ. Elle est l’ouverture d’une série d’exigences spirituelles qui nous amèneront à revoir l’aspect des béatitudes comme une nécessité pour celui qui veut s’engager dans la société, et puis nous soulignerons l’importance de la communion, l’aspect familial dans la spiritualité des fidèles laïcs, l’urgence d’une mystique, pour ainsi dire, du travail, et enfin nous tenterons brièvement d’exposer la pertinence d’une mise en relief des valeurs humaines à l’égard d’un monde qui semble avoir renversé l’échelle des valeurs.

Les propositions que nous faisons vers une spiritualité du laïcat, ne prétendent pas épuiser notre sujet, car d’autres recherches sûrement peuvent enrichir et élargir le champ de notre réflexion.


38 1. SPIRITUALITE 1.1 LA SPIRITUALITE, ORIGINE36 L’origine du mot spiritualité nous est rendue par la langue latine. Il est question du substantif abstrait spiritualitas qui dérive de l’adjectif spiritualis. Il a été employé très tôt pour traduire le mot grec pneumatikôs dans les anciennes versions des épîtres pauliniennes, par ex. 1Co. 2, 14-3, Où apparaît la gradation carnales-animales (psychikoi)- spiritualis. L’adverbe spiritualiter se trouve déjà dans la version latine de la Prima Clementis 47, 3, pour rendre le mot grec pneumatikôs. Quant au substantif spiritualitas, il prendra trois sens principaux que l’on retrouve dans le dérivé français : a) un sens religieux appliqué à la vie spirituelle (dès le 5e s.) ; dans cette acception il s’oppose parfois à carnalitas ou animalitas (1Co.) b) un sens philosophique, pour désigner un « mode d’être » ou un « mode de connaître » (1e moitié du 12é s:Gilbert de la Porre) ; son oppose est ici corporalitas. c) Un sens juridique, pour englober ce qu’on appelle alors les spiritualia (biens et fonctions ecclésiastiques, administration des sacrements, juridiction, objets du culte, fin du 12e s:Pierre le Chantre) ; le terme antithétique est ici temporalitas. 1.2 APERÇU HISTORIQUE DE L’USAGE DU MOT SPIRITUALITE -Du 5e au 11 siècle Le terme spiritualitas se situe par rapport aux exigences de la vie spirituelle du chrétien en son ensemble. Le baptisé, sanctifié tout entier, corps et esprit doit dès lors « se mettre en œuvre pour progresser en spiritualité », c’est-à-dire en vie selon l’Esprit. Il doit « prendre garde à ne pas perdre le bien qu’il a reçu » à cause de son imprudence et sa négligence. Il doit « courir pour saisir au plus vite le Christ ». le progrès a ici une visée eschatologique : il est question dans 36

Pour ce sujet nous avons employé : Le dictionnaire de Spiritualité, Tom. XIV 2, Beauchesne, Paris, 1989, p. 11421152.


39 le temps présent de « semer dans l’Esprit » pour récolter dans la vie future « les biens spirituels ». -Au 12e siècle L’usage du terme (en ces trois sens indiqués plus haut) devient plus fréquent. Nous citons quelques auteurs : Guilbert de Nogent emploie le terme pour décrire sa conversion (De vita Sua, 1114). Vers 1119-1122, Rimbaud de Liège cite 1Co. 2, 13-14 pour en conclure que pour connaître Dieu, il faut devenir un homme spirituel. -Au 13e siècle Entre 1228-1249, Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris, passe aisément du sens philosophique au sens religieux. Il décrit la spiritualité en ces termes : « La spiritualitas est une perfection par laquelle nous éloignons d’abord de nos âmes les maux spirituels, qui sont les vices et les péchés… Par elle également nous cherchons pour nos âmes les biens spirituels, qui sont toutes les vertus et les dons de la grâce. La vita spiritualis est une « rénovation et une régénération » qui exige une mort à la vita animalis et relève de la grâce baptismale : le baptême dépouille l’animalitas de son emprise (regno et dominatione) et met à la place la spiritualitas37 » Guillaume s’inspire de 1Co. 2-3, mais il donne à l’animalitas un sens qui n’est plus celui du psychikos paulinien. Thomas d’Aquin prend surtout spiritualitas en un sens ascétique. Il en distingue trois degrés : celui des vierges, celui des veuves, celui des gens mariés. Dans d’autres cas, le mot s’applique à des réalités qui relèvent de l’ordre de la grâce, du statut « spirituel » de l’homme, etc. Par ex. les péchés de l’esprit sont plus graves que ceux de la chair, en raison de la différence entre la carnalitas et la spiritualitas. L’enquête menée jusqu’ici nous rend l’ancienneté du terme et la légitimité de son emploie pour désigner les réalités de la vie spirituelle. Nous allons conclure cet aperçu en montrant l’usage et la signification du terme actuellement.

37

Idem., p. 1145


40 a)Selon Cl. Savert38 le mot ne s’imposera véritablement qu’au lendemain de la 2e Guerre Mondiale. C’est une affirmation trop restrictive, car en 1917 paraît le Manuel de Spiritualité d’Auguste Saudreau qui s’adresse à un large public et connaît une large diffusion ; il définit la spiritualité comme la « science qui enseigne à progresser dans la vertu et dans l’amour divin ». Le Catéchisme de l’Eglise Catholique, publié en 1992 sous le pontificat de Jean Paul II, ne nous donne aucune définition explicite de ce qu’on entend pour spiritualité. Il en fait allusion aux n° 2684 et 2784, mais il développe aisément la signification de l’adjectif spirituel pour designer les réalités de la grâce baptismale ou pour indiquer ce qui s’oppose au temporel, au corps, etc. (Cf. C.E.C., n°821, 917,999, 1268, 1308, 2100) Le Robert dictionnaire d’aujourd’hui définit ainsi la spiritualité : n.f. 1. Caractère de ce qui est d’ordre spirituel, indépendamment de la matière. 2. croyances et pratiques qui concernent la vie spirituelle. La spiritualité hindoue. b) Dans notre ère actuelle, il n’est pas facile de définir ce qu’on entend par spiritualité. Il s’agit d’une réalité qui fait partie de la vie des hommes. Elle peut être en référence avec l’absolu ou non, et se présente comme un phénomène qui a envahi toutes les sphères de l’existence humaine. Cette novelle appréhension de la réalité spiritualité lance des grands défis d’ordre culturel et d’ordre théologique. Lors du congrès tenu au Canada, portant sur la spiritualité contemporaine, Achiel Peelman, Université Saint-Paul, Otawwa, souligne le contexte actuel et la signification actuelle de la spiritualité39. D’un côté, il dit que : « La spiritualité est fortement marquée par le déchirement entre le sentiment d’impuissance face à un monde que nous ne pouvons pas changer et le désir de nous embarquer sur une route nouvelle sans trop savoir où cela nous mènera ». D’un autre côté, il nous montre la difficulté actuelle pour concevoir la spiritualité. Il la définit comme l’engagement de notre façon de vivre et de penser avec ou sans référence à un être absolu. Cette spiritualité, poursuit-t-il, est une prise de conscience très aiguë de la nature profondément relationnelle de l’existence humaine. 38

SAVERT Cl., Le vo ca b u l a ir e d e la sp i ri tu a l ité , d a n s l’h i s to i re d e la la n g u e f ra n ça i se , 1 8 8 0 1 9 1 4 , P ari s, Ed . G. An t o in e e t R . Mar ti n, 1 9 8 5 , p . 2 0 7 -2 1 5 39 PE E LM AN A. , “S p i ri tu a lit é et co n sci en ce p la n éta i re » , i n MEN AR D C. et VI LLE NEU VE F., (d ir.), S p ir itu a li té c o n temp o ra in e. Déf i s cu l tu r el s e t th éo lo g iq u e s , a cte s d u Co n grè s 1 9 9 5 d e la so ci été ca n ad ie n n e d e t héo lo gie , co ll., H érit a ge et p ro j e t N° 5 6 , Q uéb ec , FIDE S, 1 9 9 6 , p. 23


41

Nous essayerons de dépasser cette difficulté contemporaine de la spiritualité, en situant notre sujet dans le domaine de la théologie chrétienne, c’est à partir d’elle que nous pourrons surmonter telle difficulté afin d’exposer une spiritualité qui visera le laïcat de notre Eglise en état de Mission. 2. ASPECTS D’UNE SPIRITUALITE DU LAICAT

Bien que tout baptisé soit invité à vivre en plénitude sa vie de foi intimement unie à Jésus Christ, par la pratique des sacrements, la prière personnelle et communautaire dans son Eglise, il nous a parut légitime que le fidèle laïc pour mieux répondre à l’appel de la sainteté dans le monde ait quelques aspects particuliers par rapport à sa spiritualité afin de se montrer en tant que chrétien dans un monde qui a besoin de son sceau plus que jamais. Les aspects de la spiritualité des fidèles laïcs découlent essentiellement de l’enseignement du Concile et dans le vécu postconciliaire de l’Eglise (Surtout dans l’exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici). Ces traits se trouvent spécialement au chapitre V de la Lumen Gentium – qui développe le sujet de « La vocation universel à la sainteté » et au chapitre I du Décret sur « L’apostolat des laïcs ». Les traits de cette spiritualité du laïcat nous allons les comprendre comme des éléments qui intégrés à la vie de chaque laïc représentent à l’égard du monde la façon par laquelle chaque laïc vit son expérience avec Dieu en tant que membre actif du peuple de Dieu et du corps du Christ. Dans ce sens, le Concile exprime ainsi son invitation à la vie spirituelle des laïcs : « Remplissant parfaitement les obligations du monde dans leurs conditions ordinaires de leur existence, que les laïcs ne séparent pas l’union au Christ et leur vie, mais grandissent dans cette union, en accomplissant leurs travaux selon la volonté de Dieu… Ni le soins de leur famille ni leurs affaires temporelles ne doivent être étrangers à leur spiritualité…» (A.A., n°, 4) Dans notre exposé, nous retrouverons certains traits de la spiritualité du laïcat qui sont communs à toute vie chrétienne, et d’autres qui concernent strictement, selon notre avis, les laïcs qui doivent vivre leur foi au cœur du monde. Voici donc, quelques-uns des aspects qui nous paraissent souligner la particularité d’une spiritualité du laïcat.


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2.1 L’EVANGILE ET LA VIE Au cœur de la spiritualité du fidèle laïc, la Parole de Dieu doit avoir une place prépondérante et incontournable. La parole de Dieu est la source de toute spiritualité dite chrétienne. Car, en effet, c’est sur l’Evangile annoncé par le Christ, ses apôtres, et ses successeurs qui peut être fondée une véritable spiritualité. Les Ecritures sont considérées par l’Eglise comme « La règle suprême de sa foi » (D.V., n°21). C’est dans ce contexte que le fidèle laïc peut alimenter sa spiritualité. C’est la parole Dieu fait chair qui peut lui assurer une saine compréhension des évènements qui lui arrivent. La parole de Dieu éclaire le cœur de l’homme et par la révélation de Jésus le chrétien est capable de se découvrir et redécouvrir le visage du véritable homme. Etant la parole de Dieu source de vie, elle ne peut que promouvoir la vie humaine et l’équilibre de la création en celui qui l’écoute et la met en pratique. Le laïc est invité à se confronter à la parole de Dieu pour transformer les réalités dites du temporel. C’est par la perspective de la parole de Dieu que nous pouvons parler de la prière personnelle et communautaire pour la vie spirituelle des fidèles laïcs. Cette parole de Dieu est source de la prière que l’Eglise adresse à Dieu, le Père, et c’est le Christ qui par la force de son Esprit fait que tout chrétien soit intimement lié au mystère de Dieu.

En bref, la parole de Dieu exige une place dans la vie spirituelle de celui qui désire s’engager, en chrétien, au sein du monde. Elle est source de vie et un moyen irremplaçable de prière personnelle et communautaire.

2.2 SPIRITUALITE DES BEATITUDES Tout d’abord, nus voulons affirmer que l’esprit des béatitudes n’est pas l’apanage des religieux, le Concile s’adressant aux laïcs les invite à avoir « L’esprit des béatitudes et en particulier de l’esprit de pauvreté » (G.S., n° 72). C’est par le témoignage de la pauvreté que le chrétien engagé peut élever sa voix contre la corruption qui prend des dimensions universelles dans les domaines politico-économiques. Cet esprit de pauvreté serait un moyen de solidarité et de privations personnelles, ayant comme but premier celui de servir aux plus abandonnés de la société. L’esprit des béatitudes s’impose comme une exigence évangélique à celui qui veut lutter


43 en faveur de la justice et de la paix. Celui-ci est invité à pratiquer et à promouvoir la nonviolence. Pour ce faire, actuellement le moyen le plus efficace c’est le dialogue 40, accompagné de véritables signes de réconciliation et de pardon. Dans cette perspective, on pourrait vivre dignement la béatitude de la persécution au nom de la foi en Jésus Christ, car la recherche de la justice et de la paix passe souvent de nos jours par le mépris et la mise à mort de ceux qui s’y engagent. Le dynamisme évangélique qui est au fond des béatitudes permet de s’engager librement dans les soucis temporels, mais en leur donnant un nouveau sens pour instaurer le royaume de Dieu au milieu des hommes. Car les différentes situations vécues par les hommes d’aujourd’hui ont besoin d’un esprit nouveau. Celui qui ne peut que jaillir de Dieu. Il s’agit donc de l’esprit des béatitudes par lequel le chrétien engagé transmet la vie là où il y a la mort, la vérité là où il y a le mensonge, l’amour là où surabonde la haine. Finalement, ce que nous voulons remarquer à

propos des béatitudes, c’est que son

sommet devrait être la charité chrétienne. Celle-ci est la marque principale de celui qui professe le christianisme. Ainsi, l ‘esprit de béatitudes poussera le fidèle laïc à se donner pour tous les hommes sans faire aucune distinction. La pratique de la charité serait exprimée par son style de vie. Le laïc engagé devrait mener une vie axée sur la charité. La spiritualité des béatitudes peut être traduite par un style de vie simple et pauvre afin de témoigner avec crédibilité de l’engagement de ceux qui, au nom de la foi en Jésus, entreprennent de difficiles combats pour la libération des hommes. En bref, l’esprit des béatitudes n’est pas un aspect déphasé pour une spiritualité des laïcs, car les béatitudes s’inscrivent dans un monde qui petit à petit tombe dans le relativisme, la facilité et l’individualisme. 2.3 SPIRITUALITE DE COMMUNION Etant définie comme « Peuple de Dieu », l’Eglise post-conciliaire a ouvert la voie du travail en communion où la spiritualité chrétienne intègre davantage la dimension communautaire

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Le dialogue doit servir pour briser toutes les idéologies et convictions personnelles que font lourde la tâche de la réconciliation. Il sera fondé sur le respect mutuel, la vérité, l’amour et vif désir de vivre comme des enfants de Dieu.


44 de l’existence humaine. L’aspect communautaire doit être une des composantes de toute spiritualité du laïcat. La communion n’est pas une nouveauté dans l’Eglise, elle a été le premier souhait de son fondateur. Lors de sa prière d’adieu, le Christ a voulu que tous ses disciples soient rassemblés dans son nom pour ainsi glorifier le Père et manifester au monde l’amour (Cf. Jn 17). L’esprit de communion veut s’insurger contre l’individualisme qui entraîne le vouloir tout pour soi-même sans laisser l’occasion aux autres de partager ce qu’on a. L’esprit de communion est une caractéristique particulière de la vie de l’Eglise. C’est ainsi que la première communauté chrétienne nous laisse un légat de cette vie de communion fraternelle fondée sur l’écoute de la Parole de Dieu, la vie de prière en communion (y compris la fraction du pain), l’union des cœurs, le partage des biens matériels et spirituels (la mise en commun), l’accueil et la simplicité de vie (Cf. Ac 2, 42-47 ; 4, 32-37). Cette dimension communautaire de la spiritualité actuellement s’exprime dans diverses formes : partage de foi (œcuménisme), partage de la Parole, partage de biens matériels (solidarité), et la renaissance des instituts sans but lucratif qui basés sur la foi veulent partager le sort des plus pauvres et des plus abandonnés du monde. Bref, l’aspect de la communion dans la vie spirituelle des fidèles laïcs est une condition pour travailler en équipe et en concordance dans l’Eglise et avec les différentes Eglises et institutions. Le développement de l’attitude de communion permet aux laïcs de s’engager dans un esprit de respect, de dialogue et de tolérance. 2.4 SPIRITUALITE FAMILIALE

La dimension familiale de la vie spirituelle veut faire sienne cette affirmation du Pape : « Le couple et la famille constituent le premier espace pour l’engagement social des fidèles laïcs » (Ch.L., n°40). Prétendre une spiritualité du laïcat sans toucher à la vie de famille, ce serait vouloir fonder une maison sans les fondations, car à la base de toute l’humanité se trouve la famille. Celle-ci constitue le berceau de la vie, d’elle dépend le future de l ‘humanité. A propos de la famille, l’enseignement conciliaire dit qu’elle est le premier lieu de sainteté lequel lui donne la chance d’accomplir dignement les devoirs de l’état. Il invite la famille à prendre soin de l’éducation des enfants y compris au plan religieux. Ainsi de la famille découlent les valeurs de la solidarité, le respect pour la vie humaine, le progrès, etc. (G.S., n°48). Nous pouvons donc


45 affirmer, sans aucun doute, que la spiritualité des fidèles laïcs ne peut s’épargner d’une formation chrétienne qui, à l’exemple de la famille de Nazareth, montre aux hommes, qu’il est possible de rendre témoignage de la foi et de contribuer au progrès de la grande famille humaine, ayant comme base des valeurs nettement humaines, mais qui par la grâce de la foi deviennent en quelque sorte des paradigmes et des défis aux yeux de ceux qui ne partagent pas notre foi chrétienne. C’est par le témoignage de la charité, de la paix, de la compréhension, de la fidélité mutuelle, du sacrifice, du renoncement que la famille chrétienne peut être rassurée de bien marcher vers la sainteté et le développement de la famille humaine. L’aspect familial dans le vécu de la vie spirituelle du laïc est un des défis des plus urgents dans le monde, car le cours de l’humanité se trouve enraciné dans la vie de famille. Les crises du monde et de l’Eglise trouvent leurs racines dans la famille. Nous assistons à une époque où la valeur du mariage est remise en question. On attente contre la dignité du mariage comme une institution d’ordre divin. L’union conjugale est facilement rompue par le divorce. Et, les premiers qui subissent les funestes conséquences de cette réalité ce sont les enfants qui risquent de devenir un poids lourd pour la société (il s’agit des enfants abandonnés, orphelins, c’est le futur d’une société qui risque d’être mis en péril). Contre cette cruelle réalité, le laïc engagé est appelé à rendre témoignage d’un vrai père de famille, soucieux de promouvoir la vie et la stabilité conjugale au sein de sa famille, et aussi avec le souci d’éduquer bien ses enfants dans la foi et le respect pour ses semblables, et enfin pour les institutions civiles de sa société. La pertinence d’une spiritualité familiale soulignée ci-dessus se fait une nécessité dans ces moments de crises pour sauver la société du chaos. La famille est une institution divine qui promeut avant tout la vie. La famille chrétienne doit se dresser comme la source où naissent les valeurs humaines qui aident à la construction d’une société plus humaine. 2.5 SPIRITUALITE DU TRAVAIL Parler d’une spiritualité du travail c’est viser la relation entre le Créateur et l’homme, car, en effet, selon notre foi en Dieu, nous croyons que par le travail l’homme s’associe directement à l’œuvre créatrice de Dieu dont il est l’image ( Cf. G.S., n°34). Pour ce qui concerne l’Eglise,


46 Jean Paul II enseigne, à ce propos : « Le travail représente une clé, et probablement la clé essentielle de toute la question sociale…Il constitue une dimension fondamentale de l’existence humaine » (L.E., n°3-4). Cette intuition du pontife romain, nous permet d’approcher notre sujet, en ces termes : Le vrai travail humain (soit intellectuel, soit manuel) doit rendre l’homme libre, à l’égard de Dieu, et il doit rendre la vie humaine plus humaine. Ainsi, le chrétien engagé ne peut se soustraire de devenir un promoteur de la justice dans les milieux laboraux. Il est invité à promouvoir un type de travail qui aide à développer les familles, à servir à la société, et ainsi donner un apport personnel à la réalisation du plan providentiel dans l’histoire (Cf. G.S., n°34). L’esprit chrétien est invité à éclairer les hommes de science, pour qu’ils soient capables de mettre en lumière leurs trouvailles scientifiques au service de l’humanité, et qu’ils soient aptes à rendre service à la vérité, celle qui vise le développement de l’homme tout entier. Dans cette perspective, le chrétien engagé devra semer dans le monde la justice, la fraternité, l’ordre, le progrès, les bons rapports sociaux, la paix, etc. Ici, nous voulons signaler la tâche à laquelle devra s’affronter le laïc. Semer justice dans le monde du travail fait appel à : d’une part, exercer bien le travail, d’autre part, accomplir avec les droits qui reviennent aux travailleurs (juste rémunération, vacances, droit de s’associer, la santé, etc.), on doit favoriser le travail à tous sans aucune distinction (il y a des entreprises ou des employeurs qui engagent des travailleurs selon leurs credo ou leurs partis politiques, etc.), c’est ainsi que dans plusieurs sociétés les chômeurs pullulent. Dans ce même angle, il est impératif de savoir travailler, en équipe et pour le bien-être de la société, et non pour les intérêts personnels de quelques-uns. La pertinence d’une spiritualité du travail se fait brèche, car du travail humain dépend, en grande partie, le présent et l’avenir de l’humanité. Le travail est un droit, et en même temps, il est un devoir, pour ainsi, nous associer à l’œuvre de la création de Dieu, et à la construction d’un monde plus juste et plus humain. 2.6 SPIRITUALITE DES VALEURS Le monde assiste à une terrifiante crise de valeurs. Dans certaines sociétés l’échelle des valeurs a été reversée. Le respect de la vie est piétiné, sans atténuants. L’homme est devenu loup pour l’homme. Situations de conflits à grandes échelles ont défiguré le visage de l’humanité, les


47 guerres ont détruis plusieurs cultures, et la farouche attitude de l’égoïsme s’est installé dans le cœur des hommes. Mais, ce panorama n’est pas tout à fait mauvais. Au milieu du désespoir, l ‘Evangile proclamé dans l’Eglise, depuis vingt siècles, se dresse comme la lumières des peuples. Cet Evangile, porteur de vie et d ‘espérance, offre aux hommes la possibilité d’une nouvelle humanité. C’est ainsi, que l’homme, surtout le chrétien engagé, est poussé à lutter en faveur de la vie humaine, car, en effet, l’homme fonde sa dignité dans l’image de Dieu. Alors, il est en mesure de reconnaître le mal qui brise les rapports entres les humains, et la même nature. Il s’engage dans la lutte pour la liberté et la justice des enfants de Dieu. La spiritualité des valeurs vise donc la construction d’une société où les fidèles laïcs se sentent, en conscience, interpellés par les souffrances des hommes et au nom de la foi ils décident, par leur exemple, de faire fructifier les dons de l’Evangile comme par exemple, la bonté, la joie, la vérité, l’amour, la vertu, etc., (Cf. Ph 4, 2-8)

IV. CONCLUSION GENERALE

Arrivés à la fin de notre recherche, nous voulons en tirer quelques conclusions qui pourront mettre en lumière tout le parcours jusque-là fait.


48 Parler de la contemplation c’est mettre en relief la relation entre Dieu et l’homme. Relation exprimée par le contact entre Dieu et l’homme à travers l’histoire et la création. Celle-ci est un moyen pour connaître Dieu. La Bible nous apprend que par l’œuvre de la création l’homme peut connaître Dieu et l’aimer. Mais par l’initiative de Dieu l’homme peut s’approcher de Lui à travers de la foi. Il s’agit donc d’une foi qui est nourrie par la parole de Dieu, lui-même. Cette parole de Dieu a un caractère libérateur pour celui qui l’accueille à l’exemple du peuple d’Israël qui après avoir accepté Dieu, par la foi, décide de garder et de mettre en pratique les paroles que Yahvé lui avait adressées. C’est ainsi que Dieu se manifeste par la création, et par sa Parole.

Dans le christianisme, la contemplation est liée à la personne de Christ qui dévient la principale voie d’accès à Dieu, le Père. En effet, la foi en Jésus Christ est le sceau qui fait la différence entre le christianisme et d’autres croyances. Pour le chrétien, le Christ révèle le Père. L’amour du prochain est une voie de contemplation, c’est par l’amour que l’homme peut connaître Dieu. Il s’agit d’un amour qui déborde les frontières de l’individualisme, des races, des religions, etc.

La contemplation chrétienne soulève le défi de la foi en Jésus. Ce défi est mieux explicité par l’Evangile, et notamment par les exigences du sermon de la Montagne. Celui qui se veut être chrétien doit inévitablement vivre de l’Evangile dont l’expression la plus crédible c’est la charité. Disons donc qu’une contemplation chrétienne n’est pas digne de foi si elle n’est pas enracinée dans la foi en Jésus Christ, et n’est pas manifestée par les ouvres de la charité. Ainsi la contemplation chrétienne a comme tâche fondamentale l’annonce du Royaume.

Le défi de la foi en Jésus nous renvoie au rôle du chrétien. Pour ce qui nous concerne, il s’agit de comprendre quel est le rôle des chrétiens engagés (fidèles laïcs) au milieu de la société, et insérés dans l’Eglise en état de mission. Il est question de savoir quelle est la conception que nous en avons à l’égard des chrétiens engagés et sur quels champs peuvent-ils agir pour ainsi atteindre la sainteté à laquelle ils ont été appelés par sa qualité des baptisés.


49 La théologie du Vatican II souligne l’aspect du baptême comme le trait fondamentale pour appartenir à l’Eglise ayant comme conséquence l’exercice de la mission dans l’Eglise et dans le monde. En outre, tout baptisé est un fidèle qui est initié au mystère du Christ dans l’Eglise, c’est pourquoi il doit être conscient de sa mission dans le monde et dans l’Eglise. La vocation de tout chrétien engagé est celle de la sainteté dans le monde. C’est dans le monde que le chrétien engagé, animé et poussé par la force de l’Esprit peut vivre sa vocation à la sainteté, et ainsi il peut accomplir sa mission qui est une forme d’apostolat au sein de l’Eglise. La sainteté est certainement une exigence pour tous les baptisés, mais pour qu’elle devienne réalisable, ils doivent en prendre conscience afin qu’ils puissent agir comme membres actifs et responsables dans l’Eglise et la société. Pour ce faire, les laïcs sont confrontés à multiples défis posés par le monde d’aujourd’hui. Ces défis résument les espoirs, les angoisses et les attentes de l’Eglise à l’égard du monde. Il s’agit de champs sur lesquels le laïc doit agir pour ainsi transformer le monde, et accomplir la volonté de Dieu.

Dans la famille, le chrétien engagé a son premier lieu de sanctification. Celle-ci est le noyau de la société. Par dessin de Dieu, la famille est source de vie, et elle est appelé au bonheur. Pour cela, l’éducation des enfants, le respect des femmes, l’amour, le dialogue, etc. deviennent éléments constitutifs pour toute famille chrétienne. Dans la société, le domaine politique ne peut pas s’épargner de l’action du chrétien engagé. L’Evangile est une norme de vie, c’est pourquoi il doit être à la base du développement dans ce domaine, et par conséquence faire crédible le lien existant entre la foi et la vie. Cet Evangile doit dépurer l’action politique de toute corruption, et de toute forme d’injustice qui attente contre la dignité de la personne et de la société. L’engagement politique s’impose comme une exigence de la foi en Jésus, et il est une preuve et une montre de la charité chrétienne en vue d’atteindre la sainteté dans le monde. Autrement dit, cet engagement politique est un témoignage de la foi en Jésus Christ. Dans cette perspective, la recherche de la paix et de la justice revient au champ politique. L’action politique a la charge de résoudre les différents conflits qui ravagent le


50 monde. C’est pourquoi, un témoigne personnel est une exigence pour parvenir à la paix et à la justice. La mise en pratique de la solidarité, la voie du dialogue, le travail en équipe, ce sont quelques moyens pour contribuer à la recherche de la paix et de la justice et agir dans un monde qui a besoin de la construction d’une société plus juste et plus humaine.

Pour faire face aux défis ci-haut mentionnés, le fidèle laïc doit avoir un certain style de vie. C’est sa qualité de baptisé en Jésus qui lui donne un caractère spécial pour affronter tels défis. Sa vie a une source spirituelle particulière en vue de s’épanouir dans le monde et ainsi répondre à la vocation de la sainteté. Quelques traits de cette source nous remarquons. L’Evangile est la source fondatrice de toute spiritualité. Le laïc y puise sa nourriture spirituelle qui oriente sa vie et son agir devant Dieu et la société. Il s’y engage pour accomplir la volonté de Dieu sur sa vie dans le monde. L’appel à la sainteté passe par le vécu des béatitudes qui sont au cœur de l’enseignement du Christ. S’engager pour les plus pauvres et les plus abandonnés du monde implique la souffrance, la persécution, le mépris, et la mort-même. C’est l’esprit des béatitudes qui aide à surmonter toutes ces réalités. L’homme est un être sociable, ce caractère lui pose le grand défi de travailler en communion. Il s’agit de la dimension communautaire de la foi. Le laïc doit être en mesure de dépasser l’individualisme qui touche le monde et développer l’esprit de partage, de dialogue, et de respect dans l’Eglise et avec les autres Eglises et institutions.

La vie familiale est un lieu à évangéliser. Source de la vie, la famille devra se soucier d’une formation spirituelle adéquate pour qu’elle devienne une école de valeurs en bénéfice de la société.

Le travail est vu comme la clé de la question sociale. Il fait partie du dessein créateur, il vise à la coopération de l’homme dans l’œuvre de la création et à l’épanouissement de l’être


51 humain. La foi en Jésus doit aider le chrétien engagé à travailler avec honnêteté et à maintenir l’équilibre social dans cet aspect. Enfin, vue la crise par laquelle traverse l’humanité,

nous ne pouvons ne pas souhaiter

que la recherche d’une échelle de valeurs fondée sur l’Evangile qui est source du vrai humanisme. Ce souhait, partagé par milliers de chrétiens et d’hommes de bonne volonté, est avant tout, une tâche à faire au nom de l’Evangile, en vue de la sainteté et de la construction d’un monde plus juste et plus humain. Ce sont les valeurs qui donneront un nouveau visage à l’humanité. Notre recherche ne termine pas ici, elle n’a été qu’un essai de réponse au souci fait par l’Eglise à l’égard de la mission des laïcs dans le monde qui a besoin du témoignage quotidien de la part des milliers de baptisés engagés dans la lutte pour la construction d’un monde plus juste et plus humain. Cette multitude de baptisés engagés, à l’image de la lettre décrite par l’apôtre Paul, doit devenir un moyen par lequel tous les hommes puissent lire les traces du Christ (Cf. 1Co 3, 23). C’est ainsi que ces porteurs de Christ devront insérer dans leur travails, dans leur familles, dans la politique, etc., la semence de la charité en vue de transformer le monde.


52 BIBLIOGRAPHIE GENERALE

I. TEXTES SCRIPTURAIRES

La Bible de Jérusalem, Paris, Cerf, 2001, 1889p.

La Bible TOB, Paris, Cerf, 1998, 3096p.

II. DOCUMENTS DU MAGISTERE CONCILE ŒCUMENIQUE VATICAN II, Constitutions, décrets, déclarations, messages, Paris, Centurion, 1967, 1012p. CATECHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, Kinshasa, Médias Paul, 1994, 676p.

JEAN PAUL II., Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles laici, Montréal, Paulines, 1989, 183p.

JEAN PAUL II., Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, Kinshasa, Médias Paul, 1995, 157p. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, Nouvelle évangélisation et catéchèse dans la perspective de l’Eglise famille de Dieu en Afrique, Kinshasa, Ed. Secrétariat Général de la CENC, 2000, 142p. SYMPOSIUM DES CONFERENCES D’AFRIQUE ET DE MADAGASCAR (SCEAM), Christ est notre paix. L’Eglise famille de Dieu : lieu et sacrement de pardon, de réconciliation et de paix en Afrique, Kinshasa, Médias Paul, 2001, 64p.


53 III. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES Le Robert dictionnaire d’aujourd’hui, 353p.

BOUYER L., Dictionnaire Théologique, Paris, Desclée, 1990, 320p. EICHER P. (dir.), Nouveau dictionnaire de théologie, 2e Ed. Revue et augmentée, Paris, Cerf, 1996, 1136p. SAVERT Cl., Le vocabulaire de la spiritualité, dans l’histoire de la langue française, 18801914, Paris, Ed. G. Antoine et R. Martin, 1985.

Le Dictionnaire de Spiritualité, Tom. XIV 2, Paris, Beauchesne, 1989.

IV. LES OUVRAGES

AMSLER S., Concordance de la Bible TOB, Paris, Cerf, 1993, 1261p.

DURRWELL F.X., Le Dieu Père en son Mystère, Paris, Cerf, 1993, 261p. EVELY L., La prière d’un homme moderne, Paris, Seuil, 1969, 138p.

JAUBERT A., Clément de Rome, Epître aux Corinthiens, in Sources Chrétiennes, n° 167, Paris, Cerf, 1971, 276p.

RAGUIN Y., Chemins de la contemplation. Eléments de vie spirituelle., Collection Christus n°29, Paris, Desclée de Brouwer, 1969, 164p. SCHILLEBEECKX E., L’histoire des hommes, récit de Dieu, Coll. Cogitatio-fidei n° 166, Paris, Cerf, 1992, 381p. SCHILLEBEECKX E., Dieu et l’homme, Bruxelles, Cep, 1965, 271p.


54

V. OUVRAGES COLLECTIFS PEELMAN A., “Spiritualité et conscience planétaire », in MENARD C. et VILLENEUVE F., (dir.), Spiritualité contemporaine. Défis culturels et théologiques, actes du Congrès 1995 de la société canadienne de théologie, coll., Héritage et projet N° 56, Québec, FIDES, 1996, p. 21-53


55 TABLE DES MATIERES DEDICACE................................................................................................................................ I REMERCIEMENTS ............................................................................................................... II SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................................................... III

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................. I O.

1 SUJET ET DELIMITATION...................................................................................... 6

0.2 OBJECTIF ........................................................................................................................ 6 0.3 PROBLEMATIQUE ........................................................................................................ 6 0.4 HYPOTHESE................................................................................................................... 7 0.5 METHODOLOGIE .......................................................................................................... 7

I LA CONTEMPLATION, UNION AVEC DIEU ................................................................ 8 0. INTRODUCTION .............................................................................................................. 8 1. CLARIFICATION DU TERME ........................................................................................ 9 1.1 SENS ETYMOLOGIQUE ........................................................................................... 9 1.2 DANS LA BIBLE ........................................................................................................ 9 1.3 ESQUISSE DE L’HISTOIRE DU TERME............................................................... 11 2. DIEU A LA RENCONTRE DE L’HOMME ................................................................... 11 2.1 PAR LA CREATION................................................................................................. 12 2.2 PAR SA PAROLE ..................................................................................................... 12 3. L’HOMME A LA RENCONTRE DE DIEU .............................................................. 14 4. SUR L’EXPERIENCE CONTEMPLATIVE CHRETIENE .......................................... 17 II. L’ACTION COMME REALISATION CONTEMPLATIVE DES FIDELES LAÏCS DANS L’EGLISE-MISSION ................................................................................................ 19 0. INTRODUCTION ............................................................................................................ 19 1. CLARIFICATION DU TERME LAIC ............................................................................ 20 1.1 SENS ETYMOLOGIQUE ......................................................................................... 20 1.2 L’AVANT VATICAN II ........................................................................................... 20 1.3 L’APRES VATICAN II ............................................................................................ 22


56 2. DISCOURS SUR LE LAICAT ........................................................................................ 22 2.1. LA VOCATION DES FIDELES LAÏCS.................................................................. 22 2.2 L’ACTION DES FIDELES LAICS FACE AU MONDE ............................................. 24 2.2.1 DANS LA VIE FAMILIALE ................................................................................. 25 2.2.2 DANS LA VIE POLITIQUE ................................................................................ 27 2.2.3 DANS LA RECHERCHE DE LA PAIX ET DE LA JUSTICE ............................ 30 A) EN SITUATIONS DE GUERRE ................................................................................... 31 B) EN FAVEUR DE LA CONSTRUCTION D’UNE SOCIETE PLUS JUSTE ET PLUS HUMAINE ........................................................................................................................... 34

III. VERS UNE SPIRITUALITE DU LAICAT .................................................................. 37 0. INTRODUCTION ............................................................................................................ 37 1. SPIRITUALITE ............................................................................................................... 38 1.1 LA SPIRITUALITE, ORIGINE ................................................................................ 38 1.2 APERÇU HISTORIQUE DE L’USAGE DU MOT SPIRITUALITE ...................... 38 2. ASPECTS D’UNE SPIRITUALITE DU LAICAT ......................................................... 41 2.1 L’EVANGILE ET LA VIE ........................................................................................ 42 2.2 SPIRITUALITE DES BEATITUDES ....................................................................... 42 2.3 SPIRITUALITE DE COMMUNION ............................................................................ 43 2.4 SPIRITUALITE FAMILIALE ....................................................................................... 44 2.5 SPIRITUALITE DU TRAVAIL .................................................................................... 45 2.6 SPIRITUALITE DES VALEURS ................................................................................. 46

IV. CONCLUSION GENERALE ......................................................................................... 47

BIBLIOGRAPHIE GENERALE.......................................................................................... 52

TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 55


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