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Le petit livre libéral Manuel à l’usage des partis politiques




MANUEL Le petit livre libéral

Manuel à l’usage des partis politiques


Table des matières ChapITRE 1 Pourquoi nous avons besoin de partis libéraux forts

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ChapITRE 2

Ce que les partis libéraux ont en commun

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ChapITRE 3

Le rôle des partis politiques

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ChapITRE 4

Les structures et les fonctions d’un parti

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ChapITRE 5

Gestion des adhésions

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ChapITRE 6

Organisation d’événements

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ChapITRE 7 Communication

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ChapITRE 8 Participer aux élections et faire campagne

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ChapITRE 9

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Collecte de fonds

ChapITRE 10 Comment agir au niveau des conseils (municipal, général, régional) / du parlement / du gouvernement – coalition ou opposition ANNEXE

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1. Rôle et importance du Parti ELDR 137 2. Organisations et think tanks libéraux dans le monde 140


Copyright 2011 Parti ELDR, aisbl

Tous droits réservés

Co-auteurs : Annemie Neyts-Uyttebroeck, Présidente du Parti ELDR 2005-2011 ; Philipp Hansen, Chef de l’unité politique au sein du Parti ELDR Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou utilisée sous aucune forme ou par quelque procédé que ce soit, électronique ou mécanique, y compris des photocopies et des rapports ou par aucun moyen de mise en mémoire d’information et de système de récupération sans la permission écrite de l’éditeur. Les demandes d’autorisation sont à envoyer à info@eldr.eu. Afin d’assurer la bonne lisibilité du texte, certaines fonctions ou professions sont écrites uniquement au masculin, mais sont à comprendre comme se référant aux femmes ainsi qu’aux hommes. Dans un souci de cohérence, la désignation des organes politiques relève du système en France, mais elle est bien entendu applicable par extension dans tout autre pays. La politique se base sur une organisation solide dans le but de développer, communiquer et mettre en œuvre des politiques libérales. Le succès repose donc sur les structures internes du parti, la capacité à recruter et impliquer les adhérents, et votre capacité à faire campagne pour vos idées. La politique de partis exige de plus en plus de professionnalisme et il devient parallèlement de plus en plus difficile de recruter des bénévoles pour constituer le pilier de tout parti politique ou association à but non lucratif. Le Parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs (ELDR) a préparé ce guide sur l’activité d’un parti politique pour d’une part conseiller les nouveaux dirigeants de parti, et d’autre part constituer un ouvrage de référence donnant des idées à leur personnel expérimenté. Ce guide vous offrira des idées pratiques et autres tuyaux tels que comment constituer votre antenne locale du parti, comment organiser des événements ou comment gérer la presse. Un tel guide dépend également de vos réactions et commentaires. Faitesnous part de tout ce qu’il vous semble manquer ou suggérez-nous certains éléments à ajouter pour mieux partager vos expériences. Les futures éditions en tiendront compte. 4

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Remerciements La conception et la rédaction de ce guide se basent sur les expériences et les succès de plusieurs partis libéraux à travers l’Europe, et s’inspirent du travail et de l’expérience de brillants hommes et femmes politiques libéraux, ainsi que de consultants et spécialistes de terrain dans le domaine de l’élaboration de partis, campagnes politiques et communication. Beaucoup d’entre eux sont remerciés dans les notes de bas de page ; d’autres devraient être remerciés ici. Les réactions et commentaires de Federica Sabbati, Secrétaire Générale de l’ELDR, ainsi que des membres du personnel de l’ELDR, Didrik de Schaetzen, Joakim Frantz, Robert Plummer et Daniel Tanahatoe, ont été très utiles à l’élaboration de ce livret. Les opinions du consultant libéral allemand Wulf Pabst ont également contribué à sa rédaction. La libérale démocrate britannique Penny Hopkins, éditrice de la version originale de ce guide en anglais, a joué un rôle capital en rassemblant un tas d’idées en un guide lisible écrit dans un language moderne et intelligible.

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POURQUOI NOUS AVONS BESOIN DE PARTIS LIBERAUX FORTS


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L

e libéralisme est autant une manière de voir le monde et un regard humaniste qu’une manière de faire de la politique. C’est pour ces deux raisons que le libéralisme attire nombre de personnes n’étant pas particulièrement intéressées par la politique. Il arrive d’ailleurs qu’elles regardent de haut ou méprisent la politique. Car, soyons honnêtes, quiconque regarde les débats politiques à la télévision, ou suit de près les campagnes politiques, peut trouver de quoi mépriser la politique. Les disputes mesquines, les attaques personnelles, les égos surdimensionnés.., le spectacle est souvent plus repoussant qu’attirant. Il n’est donc guère surprenant que les citoyens se sentent exclus de ce qu’ils voient ou entendent. Nombreux sont cependant ceux que les idées intéressent vraiment et qui sont véritablement prêts à s’engager pour un monde meilleur. Quelles sont les opportunités qui s’offrent à ceux qui souhaitent s’engager pour un monde meilleur ? Le monde des académiques et des think tanks développent des idées qui sont alors relayées par les médias, médias traditionnels comme les journaux, la télévision et la radio, ou médias plus modernes comme Internet et ses divers outils. Mais le développement et la dissémination des idées ne sont que la première pierre de l’édifice, et la plus facile à poser. La transposition de ces idées dans la réalité est plus difficile. C’est là qu’entre inévitablement en jeu la politique. Une nouvelle vision de la protection sociale, par exemple, ne deviendra réalité qu’une fois que les décideurs politiques auront révisé le système existant pour en introduire un nouveau. Ceci est la tâche des gouvernements et des parlements, en bref, la tâche des femmes et hommes politiques. Et ils n’en seront capables que s’ils ont pu atteindre une majorité politique. Manuel – Le petit livre libéral | Pourquoi nous avons besoin de partis libéraux forts

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Dans les démocraties, les parlements se composent d’élus tandis que les membres des gouvernements sont le plus souvent choisis dans les rangs des parlementaires. Et même lorsque ce n’est pas le cas, un gouvernement ne pourra commencer à travailler qu’une fois qu’il aura obtenu l’approbation d’une majorité au parlement. En bref, si un mouvement politique veut faire de ses idées et de ses opinions une réalité, il devra prendre part à des élections. Et il devra obtenir un nombre suffisant d’élus au parlement pour parvenir à influencer l’issue des débats politiques. C’est pourquoi le libéralisme doit s’organiser en entités politiques capables de participer, avec succès, aux élections. Il doit être capable d’obtenir un nombre suffisant d’élus, pas seulement une fois mais de manière régulière, et ce, pour s’imposer comme faisant partie du paysage politique au sein duquel il opère. Quand je regarde le paysage politique européen, je vois que les Libéraux sont absents de plusieurs des parlements nationaux. Quand je regarde le Groupe des Libéraux au Parlement européen, je vois que certains États membres n’ont aucun représentant libéral. Pour parler franc, ceci veut dire que les partis libéraux opérant dans plusieurs États membres européens sont trop faibles pour faire en sorte qu’au moins une personne soit élue à leur parlement national et/ou au Parlement européen. Ceci veut également dire qu’il n’y a aucun représentant libéral de ces pays au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. C’est une situation déplorable car ceci veut dire que la voix des Libéraux dans ces pays n’est pas entendue, qu’ils sont quasi absents du débat public et qu’ils sont dans l’incapacité de contribuer à l’évolution de leur société. Ceci est à déplorer particulièrement dans les pays où les Libéraux ont réussi à atteindre ce statut ces dernières années, mais ont d’une manière ou d’une autre perdu de leur élan. 8

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Les Libéraux sont toutefois de nature optimiste et les choses peuvent s’améliorer. Au cours de mes années d’expérience, il m’a été donné de voir que les partis libéraux ne sont généralement pas en manque d’idées, ni de candidats brillants. Force d’organisation et structure sont ce qu’il leur manque souvent. Ils peuvent être assez présents dans la capitale du pays et ses grandes villes, mais sont absents des villes plus petites, des municipalités et des villages. Par exemple, il arrive qu’il y ait un déséquilibre de représentation dans plusieurs des circonscriptions électorales de leur pays, ce qui veut dire qu’ils sont, soit dans l’impossibilité de participer aux élections dans plusieurs d’entre elles (affaiblissant ainsi leur résultat global), soit dans l’obligation de constituer une structure à partir de rien, alors qu’ils devraient déjà être en train de faire campagne. Aucun parti ne peut durer à moyen et long terme sans une structure suffisamment solide pour assurer continuité et ressources (humaines et autres) pour mener des campagnes successives et pour soutenir le parti dans les moments difficiles. Ceci est vrai des partis libéraux comme de tous les partis dont l’ambition est de gouverner son pays ou sa ville dans le but de mettre en pratique ses idées. Cela fait quarante ans que je suis une élue de mon parlement national et du Parlement européen. J’ai également réussi à être élue au sein du conseil municipal de ma ville, où le Parti libéral avait longtemps été absent ; et j’ai contribué à faire de mon parti l’un des plus forts des partis flamands de la région de Bruxelles. Je n’ai bien sûr pas réussi cela toute seule. J’ai réalisé dès le début que mon parti avait besoin de branches actives et durables dans toutes les circonscriptions électorales de ma région et c’est ce que j’ai construit avec des amis et des collègues. Mon parti est présent au sein du parlement régional depuis sa création en 1989 et est membre du gouvernement régional de coalition depuis 1999. D’ailleurs, ces dates montrent que

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l’établissement d’une structure durable de parti prend du temps et que le succès est rarement immédiat. J’ai également été présidente de mon parti de 1985 à 1989, et durant ces quatre années, j’ai dû mener deux campagnes électorales pour les législatives, une pour les municipales et une pour les européennes. Nous avons progressé à chaque élection. La préparation aux élections municipales plus particulièrement m’a donné une opportunité unique de mesurer l’étendue des forces et des faiblesses des structures du parti. J’ai réalisé que nous avions besoin d’une structure de parti qui fonctionne dans chacune des municipalités pour pouvoir améliorer nos chances lors de ces élections locales. J’ai également réalisé que nous devions nous efforcer d’obtenir partout le pourcentage moyen des votes que nous gagnions au niveau national. Le total national étant la somme de tous vos résultats électoraux, y compris les meilleurs comme les pires, vous améliorerez immanquablement votre total en cherchant à égaler partout votre moyenne nationale. C’est une façon de se donner un but quantitatif. Une autre est d’essayer d’atteindre le seuil électoral et d’y ajouter une marge de sécurité. Donc si le seuil est de 5 %, vous devriez viser 7 ou 8 %. Ce qui veut dire que sur 100 votants, 7 ou 8 voteraient pour vous. Ceci est à la fois plus difficile et plus facile qu’on pourrait le penser. Je dois toutefois souligner à nouveau qu’il faut, pour y parvenir, établir une structure de parti qui fonctionne, même toute petite. En général, les gens ne votent pas pour quelqu’un dont ils n’ont jamais entendu parler. Les gens ne votent pas pour un parti qui ne s’est jamais adressé à eux et qui soudain surgit quelques semaines avant une élection, exigeant leur vote. Faire en sorte que votre parti soit connu, que vos candidats soient connus, diffuser vos idées, voilà à quoi s’affairent les structures du parti. Ce n’est pas toujours marrant ou passionnant, mais c’est de la plus grande importance si vous prenez votre travail en politique libérale au sérieux.

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C’est parce que nous croyons fortement dans le libéralisme, et que nous voulons qu’il ait sa place, et une place forte, à travers l’Europe, que le Parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs (ELDR) a conçu ce manuel. Annemie Neyts-Uyttebroeck, Présidente du Parti ELDR de 2005 à 2011, octobre 2011

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CE QUE LES PARTIS LIBERAUX ONT EN COMMUN


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C’

est, dès mes années d’étudiante, qu’a débuté mon engagement au sein du libéralisme international, il y a plus de quarante ans, lorsque je suis devenue Secrétaire permanente du WFLRY, la fédération mondiale des jeunes Libéraux et Radicaux (la World Federation of Liberal and Radical Youth). WFLRY était la branche des jeunes de Liberal International. Elle existe toujours mais désormais sous l’acronyme IFLRY, le I étant pour « international ». Paradoxalement, cette organisation de jeunes est aujourd’hui véritablement plus mondiale qu’elle ne l’était il y a quarante ans. Dès le début de mon engagement, je me suis familiarisée avec diverses tendances libérales. La grande variété de tendances libérales se retrouve tant au sein de l’ELDR que du Liberal International. C’est un des nombreux charmes du libéralisme. Cette pluralité pose néanmoins la question de ce qu’être libéral veut dire exactement, et de ce qu’être un parti libéral signifie réellement. Est-ce seulement une question de rhétorique, ou bien y a-t-il plus ? Je poserais la question différemment. Les Libéraux et partis libéraux ont-ils tous quelque chose en commun, et si oui, qu’est-ce que cela pourrait être ? La réponse est oui ; et c’est la raison pour laquelle les Libéraux du monde entier et de toute l’Europe peuvent travailler ensemble et concevoir des réponses communes aux importants défis d’aujourd’hui. Les livres sur le libéralisme pourraient facilement remplir plusieurs bibliothèques, ce qui pourrait insinuer que la question est plus complexe que je ne voulais le laisser entendre. Pardonnez-moi un instant et permettez-moi de prendre mon cas en exemple.

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C’est avec l’histoire qui va suivre que le chef de l’opposition cambodgienne Sam Rainsy montra la voie. Un jour, alors qu’il était en Nouvelle-Zélande pour rencontrer ses amis cambodgiens, l’un d’entre d’eux a dit : « M. Sam, le Cambodge est au moins aussi joli que la Nouvelle-Zélande et a une grande culture ancienne, mais les Cambodgiens sont en général très pauvres et ont beaucoup souffert. Les NéoZélandais quant à eux sont riches et ne souffrent pas de violences. J’imagine que c’est parce qu’ici les gens sont libres et ont la possibilité de construire leur propre vie. Les Cambodgiens n’ont pas cette liberté et restent donc pauvres. » Comme Sam Rainsy concluait, « ce paysan du Cambodge avait parfaitement compris ce qu’était le libéralisme. Ce qui compte, c’est la liberté et l’indépendance. Ce qui compte, c’est que les gens puissent dignement poursuivre leurs propres buts. » Et voilà ce qu’a réellement été mon expérience. J’ai ressenti à maintes reprises que les Libéraux du monde entier partagent une même conviction, la conviction que la liberté individuelle et l’indépendance constituent les leviers les plus importants vers le développement et le bonheur. Comment alors organiser la société pour que le plus grand nombre, sinon tout le monde, ait cette chance ? Voici ce qu’on attend des partis libéraux : concevoir des politiques permettant au plus grand nombre de construire une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs concitoyens. Les partis libéraux peuvent alors avoir des avis largement différents sur les moyens d’y parvenir. Timothy Garton Ash l’exprime ainsi : « Comment pouvons-nous atteindre le plus haut niveau possible et la plus haute qualité de liberté individuelle tout en respectant la liberté des autres ? Est-ce que telle ou telle politique permet d’avancer vers ce but ou bien entrave-t-elle le processus ? C’est la question vers laquelle les vrais Libéraux reviennent toujours. La question qui divise au sein de la tradition libérale 14

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depuis un siècle – à savoir l’opposition entre un libéralisme des petits états, plus à droite, économique, de libre échange, main dans la main avec les marchés, de dérégulation, et un libéralisme plus à gauche, social, favorable à l’intervention de l’état, permettant de gagner en autonomie, égalitaire – est au fond la question des moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but commun, plutôt que le but en lui-même. » 1 Si l’on considère les éléments utilisés pour décrire les deux grandes tendances libérales, on ne peut pas ne pas se demander si ces éléments ne sont pas finalement devenus les composantes principales de la politique aujourd’hui, tout du moins en Occident. Et c’est bien le cas. Ceci appelle la question suivante : si les composantes principales du libéralisme sont devenues la tendance et se retrouvent à différents niveaux dans la plupart des partis politiques, alors comment les partis qui se disent véritablement libéraux peuvent-ils se démarquer des autres ? On pourrait poser une question encore plus difficile : si le libéralisme est devenu la tendance, s’il est devenu la condition politique de la modernité plutôt qu’un mouvement politique distinct, avons-nous alors encore besoin de partis libéraux ? Je ne vous surprendrai pas en vous répondant que oui, nous avons toujours besoin de partis libéraux. Mais nous sommes confrontés à la tâche délicate de nous distinguer suffisamment des autres partis pour convaincre les gens de voter pour nous. On a besoin des partis libéraux tout d’abord pour préserver le libéralisme. « [En tant que] courant d’idées historique et pratique politique et sociale … [plutôt qu’en tant qu’] ensemble de propositions générales et abstraites » 2, 1 Timothy Garton Ash, Why we need the Liberals in British politics – and by their proper name, The Guardian, 30 juin 2010, http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/jun/30/ liberals-british-politics-proper-name. 2 Anthony Arblaster, Extraits de The Rise and Decline of Western Liberalism (Oxford: Basil Blackwell, 1984), pp. 55-59 ; 66-91. http://www.mtholyoke.edu/acad/intrel/arblaster.htm

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le libéralisme a encore un rôle important à jouer dans le développement de nos sociétés. Au cours des siècles, le libéralisme a connu une évolution de ses intérêts et de ses circonstances. Alors qu’il faisait ses premiers pas comme mouvement politique, le libéralisme était une doctrine combattant l’Ancien Régime du XVIIIe siècle. Au cours du XIXe, le libéralisme prônait les vertus d’un « laissez-faire, laissez-passer » capitaliste, bien qu’on ait largement abusé de cette notion par la suite. Ses ennemis le présentaient comme un hommage à la loi du plus fort, alors qu’il s’agissait en réalité d’un appel à mettre un terme aux obstacles entravant la libre circulation des marchandises et des personnes. Les Libéraux comme les partis libéraux ont toujours attaché une grande importance à l’économie, ayant réalisé de bonne heure qu’une économie saine est essentielle pour fournir aux gens des moyens d’existence acceptables. Un principe de base du libéralisme a été, et est encore, que les gens devraient pouvoir subvenir à leurs besoins et profiter des fruits de leur labeur. Là où les Libéraux ne sont pas d’accord, c’est sur le rôle et l’envergure de l’État et du gouvernement nécessaires pour atteindre ce but. Ceux que l’on appelle les Libéraux de droite peuvent penser que l’État et le gouvernement ont à peine un rôle à jouer, alors que ceux que l’on appelle les Socio-libéraux seraient plutôt de l’avis que l’État et le gouvernement ont le devoir d’établir les règles pour assurer un terrain d’égalité et une aide pour ceux ne parvenant pas à subvenir à leurs besoins. Il arrive également que les Libéraux comme les partis libéraux changent un peu d’avis sur cette question selon les circonstances. Enfin, il arrive qu’une approche nouvelle et intéressante, rencontrant un certain succès à ses débuts, se transforme avec le temps en un dogme ou un mantra et soit toujours suivie bien longtemps après que les circonstances ont changé. 16

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C’est, par exemple, ce qui est arrivé à John Maynard Keynes. Au sortir de la Première Guerre mondiale, il défendait l’idée des déficits publics à condition que ceux-ci soient utilisés pour stimuler les investissements et même la consommation, dans le but d’ainsi stimuler l’économie et la création de nouveaux emplois. Avec le temps, toutefois, les acteurs politiques aussi bien que les économistes ont vu en cette idée une excuse pour créer des déficits publics, sans se soucier de savoir si l’argent emprunté était utilisé pour financer des investissements ou bien pour couvrir les dépenses quotidiennes du gouvernement. Il est arrivé à peu près la même mésaventure à Friedrich August von Hayek, Milton Friedman, et à d’autres. Ceci nous enseigne que, d’une part, les bonnes idées ne devraient pas être dogmatisées et que, d’autre part, les Libéraux devraient se garder de s’identifier à telle ou telle théorie économique. Les théories économiques sont effectivement une manière d’atteindre un but, mais ne devraient pas devenir un but en soi. Le but de la pratique d’une politique libérale devrait toujours être de donner au plus grand nombre de personnes possible les moyens de mener leur vie comme bon leur semble, tout en respectant la liberté de choix de leurs concitoyens. Pour les Libéraux, les êtres humains en tant qu’individus, leur dignité et leurs particularités, leur caractère unique, sont ce qui doit compter le plus, en dépassant ainsi les questions de religion, de corporation, d’intérêt économique, de nation, d’état, etc. Comme ceci devrait être vrai pour tout groupe d’individus formant une société, une telle priorité ne mène pas plus à l’anarchie qu’à la loi du plus fort. C’est seulement les Libéraux et les partis libéraux qui peuvent s’en assurer. D’autres idéologies ont par exemple accepté une approche libérale de Manuel – Le petit livre libéral | Ce que les partis libéraux ont en commun

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l’économie, mais elles n’accepteront probablement pas la prééminence des individus et de leurs choix en tant qu’individus autant que les Libéraux le font (ou devraient le faire dans un monde libéral parfait). Les opposants au libéralisme l’accusent souvent d’égoïsme et de manque de considération pour les faibles et les pauvres. Ils ont juste à montrer du doigt le Libertarianisme, une branche du libéralisme qui tend effectivement à croire que les faibles et les pauvres n’ont qu’à s’en prendre à euxmêmes, et que ce n’est en aucun cas le rôle de l’Etat ou du gouvernement d’imposer la solidarité et d’empêcher des comportements potentiellement dommageables. Le Libertarianisme est intéressant dans la mesure où il porte un regard critique sur des situations que nous tenons pour acquises ou auxquelles nous nous sommes tellement habitués que nous ne les remettons pas en question ; mais il ne pourrait pas servir de base à une politique durable principalement parce qu’il ne tient aucun compte de la précarité de certains êtres humains et de la cruauté de certains autres. Les êtres humains ne sont en effet pas parfaits. Ils se fourvoient, font des erreurs, manquent quelquefois de courage, ne sont pas toujours prudents, etc… La liste de leurs fragilités et de leurs faiblesses est sans fin. Et c’est le cas de nous tous, plus ou moins. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de lois et de règles. Les lois et les règles devraient assurer à tous les êtres humains, forts et faibles, la possibilité de vivre leur vie dignement et librement. Les lois et les règles devraient permettre d’atteindre ce but, rien de plus. Les partis libéraux devraient toujours prendre la peine de se demander si les lois et les règles remplissent cette mission et devraient toujours s’opposer à celles qui ne servent que des intérêts particuliers ou bien répondent à un coup de tête du moment.

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Les partis libéraux ne le font pas toujours. Parfois, les partis libéraux suivent la tendance, la mode du moment ; ils deviennent écolos quand la mode passe au « vert » ; ils deviennent multiculturels ou l’inverse selon la direction que prend la société ; il leur arrive même de devenir eurosceptiques quand l’opinion le devient. En bref, ils arrêtent de diriger ; ils arrêtent de montrer le chemin en pensant que suivre l’opinion, plutôt que de lui ouvrir les yeux, sauvera leur peau. Se pose alors la question de savoir si les gens ont besoin de partis répétant tout comme des perroquets, surtout quand d’autres représentent ces idées-là plus fortement. La crise financière et économique difficile que nous traversons actuellement offrent aux partis libéraux l’occasion d’apporter des réponses et des solutions originales tournées vers l’avenir. Pour cela, nous devrions soigneusement évaluer si les solutions disponibles servent réellement les citoyens, ou si elles ne répondent aux inquiétudes des citoyens qu’à court terme, ou pire, qu’aux intérêts de tel ou tel segment de la société. Les citoyens sont en droit d’en vouloir furieusement à leurs banques et à leurs banquiers qui ont pris des risques inconsidérés pour augmenter leurs profits. Beaucoup ont le sentiment que des sanctions s’imposent. Mais si les banques font vraiment faillite, qu’advient-il de l’argent qu’ils y ont euxmêmes déposé ? Nombreux sont les citoyens scandalisés par les déficits colossaux que leurs gouvernements ont accumulés, mais ils reculent devant les mesures d’austérité budgétaires, qu’il s’agisse de payer plus d’impôts ou d’abandonner certains droits ou subventions. Nombreux sont les citoyens qui voient – à contre cœur – leur gouvernement voler au secours d’autres États en difficulté financière, mais à qui on n’a pas expliqué quelles seraient les conséquences d’un défaut de paiement de ces pays.

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J’ai le sentiment qu’il est grand temps pour les Libéraux et les partis libéraux de mettre un terme à la chasse aux coupables et de chercher de vraies solutions durables. Il est grand temps pour les Libéraux européens et les partis libéraux européens de reconnaître publiquement qu’aucun État européen ne peut, seul, se charger de la crise. Il est grand temps pour les Libéraux européens et les partis libéraux européens de reconnaître que nous avons besoin les uns des autres et que plutôt que de partir chacun de notre côté, c’est unis que nous serons plus forts. Je suis persuadée qu’il est du devoir des Libéraux et des partis libéraux de chercher – et de dire – la vérité. Et cela peut s’avérer être aux antipodes de ce qu’on s’imagine que les gens veulent entendre. La question de savoir si cela offre au plus grand nombre la chance d’une vie meilleure et plus digne devrait être le point de référence lorsqu’on conçoit de nouvelles solutions. Ne vous méprenez pas, c’est un équilibre difficile à trouver car les intérêts de différentes personnes et institutions entrent en contradiction. Comme je le disais tout à l’heure, les intérêts des banques et ceux de leurs clients sont sûrement différents, surtout à court terme. Il en va de même des intérêts des différentes tranches d’âge telles que les jeunes et les retraités, ou de ceux qui ont un emploi et ceux qui en cherchent un. À une plus grande échelle, il est évident que les intérêts des pays riches sont complètement différents de ceux des plus pauvres, en tout cas en ce moment. Si vous partagez cette vision du Libéralisme, il est forcément possible de trouver pour les partis libéraux une voie tournée vers l’avenir. Les partis libéraux ont le devoir d’entamer un débat avec les citoyens et de les inviter à concevoir des solutions durables et le plus inclusives possibles, où chacun gagne. Il faut commencer par chercher, et dire, la vérité. Pour cela, il est nécessaire d’abandonner tout dogmatisme.

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Le but et l’élément de référence de toute solution possible devrait toujours être : cela profite-t-il à l’intérêt général, et/ou au plus grand nombre de personnes ? Est-ce que les solutions envisagées améliorent les conditions de vie des citoyens ? Leur donnent-elles une plus grande liberté de choix ? Leur offrent-elles un meilleur équilibre entre liberté et sécurité ? Est-ce qu’elles facilitent la quête du bonheur du plus grand nombre, ou bien de certains seulement ? Les partis libéraux qui ne se soucient que des intérêts de certains resteront insignifiants. C’est à vous de choisir. Bonne chance. Annemie Neyts-Uyttebroeck, Présidente du Parti ELDR de 2005 à 2011, octobre 2011

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LE RÔLE DES PARTIS POLITIQUES


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L

es partis politiques regroupent des gens qui partagent une certaine vision de la société et qui souhaitent la mettre en pratique. De quelle manière ? Ils s’organisent entre eux et ils organisent leurs idées en une campagne politique pour faire en sorte de gagner aux élections et d’être élus au gouvernement. Pour beaucoup, cela est décourageant et les dissuade finalement de s’impliquer en politique. Pour eux, la politique est une sale besogne de corrompus où les acteurs politiques ne poursuivent que leurs intérêts personnels. Les systèmes multipartites sont toutefois un maillon essentiel au bon fonctionnement d’une démocratie représentative moderne. Des partis qui fonctionnent bien permettent aux gouvernements et aux législatures de représenter la société dans son ensemble de manière significative. Les partis sont la passerelle entre le gouvernement et la société, à la fois parce qu’ils traduisent les exigences de la société en idées et programmes politiques, et aussi parce qu’ils demandent des comptes au gouvernement en son nom. Les partis politiques devraient se baser sur des valeurs et se concentrer sur l’élaboration de politiques. En revanche dans certains pays, les partis politiques sont basés sur l’ethnicité, les régions, les religions ou centrés autour d’un leader ou d’une famille ou tribu. Dans tout système démocratique, les partis politiques jouent un certain nombre de rôles clés ne pouvant être exécutés par aucune autre institution. Dans des démocraties émergentes ou relativement jeunes, un système de partis instable basé en priorité sur des intérêts particuliers ou des personnalités égocentriques peut empêcher le nouveau système politique de gagner la confiance des citoyens. Dans des démocraties multipartites bien Manuel – Le petit livre libéral | Le rôle des partis politiques

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établies, on remarque une lassitude croissante face aux partis politiques et à leurs résultats qui met à l’épreuve la confiance dans le système et permet aux partis populistes et extrémistes de gagner des voix. FONCTIONS CLES D’UN PARTI POLITIQUE

• développer des politiques et des programmes dans le but de proposer des alternatives,

• disputer et gagner des élections pour entrer dans les institutions gouvernementales et y mettre en œuvre ses politiques,

• exercer un contrôle sur le gouvernement et servir de lien entre le gouvernement et les électeurs,

• rassembler des personnes et des groupes différents autour de valeurs et d’idées communes,

• identifier les exigences de la société et les organiser en différentes politiques possibles,

• recruter, sélectionner et former des gens à des postes exécutifs ou législatifs (et d’autres postes en politique).

Les partis politiques jouent deux rôles fondamentaux au sein du processus politique : ils participent au gouvernement ou font partie de l’opposition. Au sein des systèmes représentatifs, y compris les conseils municipaux, l’exécutif est soutenu par une majorité au parlement (ou au conseil) et le contrôle de l’exécutif est exercé par l’opposition. Les partis politiques ont certainement leurs défauts mais aucune autre instance ne saurait les remplacer dans une démocratie de type Europe occidentale. Dans certains pays, les acteurs politiques lancent des « mouvements » sensés se différencier des partis comme étant des forces unificatrices représentant la société dans son ensemble plutôt qu’un de ses segments. De tels « mouvements » créés pour la course au pouvoir sont des partis déguisés. 24

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Pour dissiper tout malentendu, les organisations de la société civile ne viennent pas remplacer les partis. « Les associations civiles ne peuvent pas jouer le rôle des partis à moins qu’elles ne se transforment elles-mêmes en partis. » 3 Les ONG ne sont pas tenues pour responsables par les électeurs via des élections. On n’attend d’elles ni qu’elles forment un gouvernement, ni qu’elles donnent l’orientation politique générale d’un pays. La capacité des partis à s’acquitter efficacement des fonctions susmentionnées est contrôlée par le système réglementaire, non seulement les lois externes gouvernant la concurrence des partis dans quelque pays que ce soit, mais aussi les lois internes au parti. Ce qui compte le plus pour les partis, c’est la question des bons/mauvais résultats, tout particulièrement dans les pays où les partis font face à un taux d’adhérents bas ou en forte diminution, une organisation interne fragile, et une crise de confiance de l’opinion. Certains voient les partis politiques d’un mauvais œil. La concurrence politique est quelquefois considérée comme déstabilisante. Que ce soit dans les nouvelles démocraties (désirant la paix et la stabilité) aussi bien que dans les démocraties bien établies (désirant l’harmonie), la concurrence entre les partis politiques est souvent perçue comme pouvant nuire à la stabilité. Pourtant, la concurrence entre partis politiques n’est en aucun cas néfaste. La concurrence sert de « processus de découverte » (Friedrich August von Hayek) non seulement sur les marchés mais également au sein des partis politiques. Elle oblige les partis à être plus réceptifs aux attentes des électeurs, et elle les pousse à développer de nouvelles idées et à entrer en contact avec d’autres segments de l’électorat. D’autres voient les acteurs politiques et les partis politiques comme fondamentalement ou potentiellement corrompus. La politique est pourtant une question de service public, d’amélioration des conditions de vie et de 3 Matthias Catón, Effective Party Assistance – Stronger Parties for Better Democracy, International IDEA, Policy Paper, November 2007, p. 5 Manuel – Le petit livre libéral | Le rôle des partis politiques

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développement de la société. Les partis politiques et leurs protagonistes sont comme tout le monde, ils sont humains et donc faiblesses et échecs ne leur sont pas épargnés. Plus les partis politiques montreront responsabilité et transparence quant à leur conduite et leurs actions, mieux ils pourront répondre aux critiques de la population. « Pour contrecarrer cette [image négative], les partis politiques devraient trouver une façon de s’affronter dans un cadre bien défini et politiquement acceptable, ne remettant en cause ni la stabilité du pays, ni la confiance des citoyens dans le système lui-même. » 4 Comme l’indique la célèbre phrase d’Ernst-Wolfgang Böckenförde, un état basé sur une démocratie multipartite requiert, pour fonctionner, des conditions que l’état lui-même ne peut garantir. 5 Cela signifie qu’une démocratie multipartite et les partis eux-mêmes ont besoin de mettre au point une forme de comportement vis-à-vis de leurs limites politiques et de leur compréhension réciproque, qui tiennent pour acquis certains éléments. « Les partis de l’opposition doivent reconnaître aux partis au pouvoir le droit de gouverner et les partis au pouvoir doivent accepter le droit qu’ont les partis de l’opposition d’exercer leur critique. De 4 Political Party Capacity Building Programme – Manual. Développé par le National Democratic Institute for International Affairs (NDI) avec le soutien de la United States Agency for International Development (USAID) pour être utilisé par tous les partis politiques de Namibie. Windhoek, Namibie 2004, p. 5 (cité par la suite comme: NDI, Party Capacity Building Manual). 5 Ancien juge à la Cour constitutionnelle allemande, Ernst-Wolfgang Böckenförde a affirmé qu’un état démocratique ne peut pas imposer les pré-conditions de sa governance pour fonctionner, c’est-à-dire l’éthique et l’attitude démocratiques de ses citoyens. « Der freiheitliche, säkularisierte Staat lebt von Voraussetzungen, die er selbst nicht garantieren kann. Das ist das große Wagnis, das er, um der Freiheit willen, eingegangen ist. Als freiheitlicher Staat kann er einerseits nur bestehen, wenn sich die Freiheit(...), von innen her, aus der moralischen Substanz des einzelnen und der Homogenität der Gesellschaft, reguliert. Anderseits kann er diese inneren Regulierungskräfte nicht von sich aus, das heißt, mit den Mitteln des Rechtszwanges und autoritativen Gebots zu garantieren versuchen, ohne seine Freiheitlichkeit aufzugeben(...). » Ernst-Wolfgang Böckenförde: Staat, Gesellschaft, Freiheit. 1976, p. 60.

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plus, tous les partis politiques, au pouvoir et dans l’opposition, sont dans l’obligation de représenter les intérêts des électeurs qui ont voté pour eux. » 6 Les gagnants des élections devraient savoir rester modestes et prendre conscience que demain ils pourraient perdre. Après les élections, c’est déjà avant les élections. Les perdants devraient également réaliser qu’ils auront une autre chance (à un niveau de gouvernement différent ou à un autre moment dans le futur) et que les résultats pourraient changer.

6 NDI, Party Capacity Building Manual, p. 5.

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LES STRUCTURES ET LES FONCTIONS D’UN PARTI


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S

i l’on suit l’idée selon laquelle un parti politique rassemble des groupes de personnes partageant des idées communes et cherchant à les mettre en pratique via la législation pour avoir un impact sur la société, et si l’on veut y parvenir, alors il faut s’organiser. Le chapitre qui suit présente quelques structures de base de partis ayant rencontré le succès, et des fonctions et règles essentielles que vous devrez suivre lorsque vous établirez votre parti, ou votre comité de circonscription. Coordination et organisation sont les clés du succès en politique ! La structure d’un parti politique varie selon les pays, aussi bien en Europe qu’au-delà. Les structures législatives telles que les lois sur les partis ou autres règlements régissant les partis politiques peuvent s’avérer vraiment différentes ; c’est la raison pour laquelle ce manuel ne peut présenter une structure type qui servirait de modèle à tous. En règle générale, il y a quatre sortes de partis politiques :

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1. « Les partis des puristes » : pour ces partis, ce qui compte en premier lieu est leur idéologie politique et/ou religieuse, alors qu’accéder au pouvoir leur reste secondaire. Ces partis ne sont guère prêts à faire des compromis, voire pas du tout. Ils sont des partis de vrais fidèles à une idéologie cohérente. 2. Les partis centrés sur une seule cause : ils sont fondés pour ne servir qu’une seule cause concrète ou un groupe bien défini, par exemple un groupe ethnique, les femmes, l’environnement, les droits des animaux, les personnes âgées, etc. Une fois qu’ils se présentent à une élection, ils se retrouvent soudain forcés de développer une idéologie plus globale. 7 Arjen Berkvens, Becoming a better politician, political skills manual, Alfred Mozer Stichting, Amsterdam 2009, pp. 60-61.

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3. Les partis traditionnels : des partis travaillant dans le cadre d’une idéologie cohérente et se battant pour progressivement accéder au pouvoir. Ceci prend généralement du temps, le parti gagnant du pouvoir lentement mais sûrement et ainsi se renforçant. 4. Les partis de pouvoir : ce sont des partis fondés pour soutenir la classe dominante. Ils s’établissent souvent lorsque qu’un leader charismatique tente d’obtenir du pouvoir. Ce type de parti est commun dans les pays à système présidentiel, et très rare dans les systèmes parlementaires. » La plupart des partis libéraux ayant réussi tendent à suivre le modèle des partis traditionnels décrit plus haut. Si vous prenez au sérieux l’hypothèse introduisant le chapitre 3, c’est-à-dire vouloir disputer des élections et former un gouvernement (à quelque niveau que ce soit) dans le but de contribuer au développement de l’État et de la société, former un parti traditionnel est l’approche qui réussit le mieux. Ce qui est essentiel pour se renforcer et durer, pour faire face aux crises et présenter aux gens des alternatives politiques crédibles, c’est d’établir des structures de parti pour le long terme. L’objectif final d’un parti politique est de gagner les élections, donc on peut dire que le succès en politique se résume à l’acquisition du plus grand nombre de sièges possible au parlement (à tous les niveaux) pour accéder au pouvoir exécutif. BIEN SUR, VOUS POUVEZ TOUT D’UN COUP, CONNAITRE UNE GRANDE VICTOIRE POLITIQUE SANS UNE SOLIDE ORGANISATION DU PARTI, MAIS VOUS NE POURREZ PROBABLEMENT PAS REPETER L’EXPERIENCE.

En plus de développer une idéologie cohérente et convaincante, on y arrive grâce à un déploiement efficace des ressources du parti à tous les niveaux administratifs. Ces ressources comprennent les ressources humaines et financières, y compris les talents et ceux qui les gèrent. Le parti se doit de clairement identifier

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ces ressources pour les utiliser efficacement et les développer avec le temps. La politique de partis repose principalement sur une organisation interne et une gestion correctes. Il est essentiel que les gens sachent quel est leur rôle, à qui ils peuvent s’adresser, et qui fait quoi. Même « un parti avec de bonnes idées, des leaders dévoués et un grand nombre de membres peut échouer. Les partis politiques font trop souvent l’erreur de consacrer toutes leurs ressources et leur énergie à des campagnes électorales à court terme, plutôt que de construire et de maintenir une organisation de parti démocratique et solide. » 8 Les nouveaux partis politiques sont souvent trop pressés d’accomplir beaucoup en très peu de temps et pensent pouvoir négliger la construction interne du parti. Ceux qui sont déjà bien établis risquent de considérer comme un acquis la structure du parti et de ne pas réaliser qu’il est important de la revoir pour s’adapter aux nouvelles tendances et priorités. Renouveler ou même fonder un nouveau parti devrait commencer par une analyse minutieuse soit de ce qui a bien fonctionné et ce qui doit être amélioré, soit de comment développer une organisation adaptée au groupe cible, à votre stratégie et aux moyens dont vous disposez. VOUS N’AVEZ PAS BESOIN D’UN BUREAU POUR LANCER VOTRE PARTI ! Ça peut rendre plus à l’aise et faire plus professionnel ; nombre de partis politiques sérieux ont toutefois été créés à partir de rien et avec peu d’argent. Si vous fondez un nouveau parti, ou si le parti auquel vous appartenez au niveau régional ou national ne peut financièrement soutenir la création de votre nouveau comité de circonscription, lancez-vous tout seul et mettez la machine en route de chez vous. Tout ce dont vous avez besoin pour ce qui est décrit plus haut, c’est d’un ordinateur et d’un peu d’espace de rangement sur vos étagères. Enfin, vos réunions de bureau peuvent avoir lieu au domicile de vos membres de bureau, et un de vos membres de bureau peut avoir la possibilité d’accueillir l’assemblée générale si vous n’avez pas les moyens de louer une salle. 8 NDI, Party Capacity Building Manual, p. 9. Manuel – Le petit livre libéral | Les structures et les fonctions d’un parti

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Ceci ne veut pas dire que vous devez d’abord avoir terminé d’établir l’organisation du parti avant de vous lancer dans les campagnes électorales. La construction d’un parti est un processus continu et vital quelles que soient les circonstances si vous voulez réussir à long terme. Vous devez vous lancer dans les élections une fois que vous vous sentez prêts. Cependant, évaluez vos chances de façon réaliste, et réfléchissez à quelles élections vous devriez participer. Se présenter au niveau local et gagner des sièges vous rendra plus crédible que de prétendre être prêt pour le parlement national et échouer lamentablement. Comment pouvez-vous y parvenir ? Le chapitre 8 vous donnera quelques idées. Quelques éléments essentiels à la structure organisationnelle sont illustrés dans le schéma suivant. 9 En règle générale, les partis qui réussissent sont construits de la base vers le haut, et la base solide formée par les adhérents joue un rôle important dans le processus de prise de décision du parti. Les membres des comités de circonscription sont présents dans les villes et les villages à travers le pays. Selon les structures administratives du pays, l’organisation du parti peut éventuellement prendre la forme d’une pyramide. Les comités de circonscription se rassemblent en sections départementales ou régionales qui elles, à leur tour, finissent par constituer l’organisation nationale du parti. Les partis prennent part aux élections et à l’administration de l’État à tous les niveaux : local, régional, (quelquefois) les deux chambres d’un parlement national, et le Parlement européen. Dans les pays fédéraux plus particulièrement, les partis sont fortement décentralisés et offrent à leurs comités de circonscription (et ceux au-dessus d’eux) une plus grande autonomie. Ils décident de la nomination des candidats, rédigent leurs propres programmes électoraux et décident de leurs alliances politiques locales après les élections. Quels que soient les niveaux, le pouvoir est dans les mains du 9 Text adapté de  : Netherlands Institute for Multiparty Democracy (IMD), A framework for democratic building, The Hague 2004, pp. 11-13. 32

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congrès du parti (ou l’assemblée générale). Les comités de circonscription élisent ou nomment des délégués pour ces congrès au niveau supérieur. Plus le comité local compte d’adhérents, plus il a de délégués, et donc plus il a de voix. Les délégués au congrès élisent alors la liste des candidats (ou des candidats de la circonscription) pour les élections locales, regionales et nationales. Ils élisent également les différents bureaux (le plus souvent une fois tous les deux ans) et votent les programmes électoraux. Quand un parti accède au gouvernement, nombreux sont les partis qui organisent une assemblée extraordinaire pour voter le programme politique du nouveau gouvernement. VOUS DEVRIEZ DEVELOPPER DES BRANCHES LOCALES DU PARTI DANS CHAQUE CIRCONSCRIPTION ELECTORALE ET IDEALEMENT DANS CHAQUE MUNICIPALITE.

Réunions statuaires Les réunions du parti s’adressent en priorité aux adhérents de votre parti. La réunion de base a lieu une fois par an et il s’agit du congrès du parti (ou l’assemblée générale) où que l’on se situe au sein du parti. Le principal objectif de l’assemblée générale est d’assurer un échange régulier et structuré entre vos adhérents et aussi vos élus quels que soient les conseils et les assemblées où ils siègent. Que se passe-t-il aux quatre coins du pays ? Pourquoi une proposition de loi est-elle nécessaire et quelles en sont les conséquences pour la société et pour votre ville ? C’est grâce à cet échange permanent d’informations et d’opinions que votre parti reste proche des problèmes du quotidien, et c’est la seule façon pour que vos membres préparent de meilleurs arguments que votre adversaire politique. L’assemblée générale reste l’organe décisionnel le plus important de votre parti/de votre comité de circonscription. Y sont prises toutes les décisions concernant les questions politiques et organisationnelles du parti/de votre 34

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Voici un exemple de ce à quoi pourrait ressembler une structure de parti dans un pays fédéral :

BUREAU DU PARTI

COMITÉ EXÉCUTIF

ÉLUS

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

CONGRÈS RÉGIONAL

CONGRÈS NATIONAL

• Adoption de résolutions sur les questions locales

• Adoption de résolutions sur les questions régionales et élections des candidats

• Adoption de résolutions applicables à l’ensemble du parti

DÉLÉGUÉS COMITÉS DE CIRCONSCRIPTION • Premier point de contact

DÉLÉGUÉS

DÉLÉGUÉS

ANTENNE RÉGIONALE

ANTENNE NATIONALE

• Comprend plusieurs comités de circonscription

• Comprend plusieurs antennes régionales

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comité de circonscription. L’assemblée renvoie et élit le bureau. Les membres de l’assemblée élisent des délégués pour les conventions se tenant au niveau supérieur du parti et ils sélectionnent des candidats pour les élections. C’est également lors de l’assemblée générale que sont prises les décisions concernant les principales questions politiques. Toutes ces décisions représentent l’engagement du bureau pour le travail de l’année suivante. Le président du comité de circonscription préside généralement l’assemblée générale mais l’assemblée peut décider d’élire un président spécial pour l’occasion. Une autre personne est désignée pour écrire le compte-rendu de la réunion. Quant aux résultats des votes et des décisions politiques, ils sont communiqués à tous les adhérents. Tous les membres du comité de circonscription ont le droit à la parole et le droit de vote à l’assemblée dudit comité, et peuvent soumettre des projets de résolution. N’oubliez pas d’appliquer le règlement interne lors de l’assemblée générale. En tant que nouveau parti, n’oubliez pas de rédiger un tel document et de l’adopter lors de la première assemblée générale. Et en tant que nouveau comité de circonscription, demandez le modèle à votre antenne régionale ou nationale. N’oubliez pas non plus d’envisager des dates limites règlementaires pour inviter les adhérents et soumettre les projets de résolution.

Le bureau du comité de circonscription Le bureau (ou l’exécutif local) dirige les affaires courantes du comité de circonscription. La définition du comité de circonscription (ou plus généralement d’une branche locale) suit la structure administrative type de votre pays. Ainsi, un comité de circonscription représente une ville ou un village, et peut donc bien évidemment compter des adhérents en nombres très différents. Le bureau devrait se composer d’au moins un président, un trésorier et un secrétaire. Selon les conditions légales, et selon ses préférences, un bureau peut également comprendre d’autres agents tels qu’un chargé 36

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de campagne, un responsable des adhésions, ou un porte-parole. Essayez de maintenir un équilibre hommes-femmes au sein des organes élus pour ainsi attirer un public aussi bien masculin que féminin. Un bon bureau stimule l’antenne du parti et l’anime. L’assistance est nombreuse aux réunions du parti, les adhésions augmentent et les adhérents aiment à s’engager dans des activités et dans l’élaboration de politiques. Un bon bureau sait aussi faire face aux crises lorsque des conflits internes ou externes surviennent. L’idéal est que le bureau voie s’annoncer les difficultés et prenne des mesures pour les éviter. Mais surtout, le bureau représente une vision politique et encourage l’antenne à gagner plus de sièges pour assurer une victoire politique future. COMMENT MENER UNE REUNION DE BUREAU DANS UN COMITE DE CIRCONSCRIPTION Invitez les membres de votre bureau à présenter le rapport de ce qu’ils ont fait depuis la dernière réunion. Le trésorier devrait faire un point sur les finances. Si vous avez un plan d’action annuel pour les événements et les activités, il faudrait présenter un rapport sur son évolution, et se mettre d’accord sur les objectifs et tâches à accomplir avant la prochaine réunion. Invitez les autres élus (s’il y en a) à présenter leur rapport sur les activités d’autres conseils municipaux ou autres assemblées d’élus où siège votre parti. Acceptez de nouveaux adhérents selon votre règlement. Partagez et faites remonter l’information du parti aux niveaux régional et national. La gestion et l’administration du parti peuvent sembler prioritaires lors des réunions de bureau mais vous ne devriez pas oublier de discuter d’autres questions, à la fois politiques, et de politiques. Faites un bilan honnête de vos succès et échecs politiques récents.

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N’OUBLIEZ JAMAIS DE REDIGER LE PROCES VERBAL DES REUNIONS ! Cela peut être fait par un secrétaire, ou quelqu’un désigné à chaque réunion de bureau ou assemblée générale. Peut-être aurez-vous envie de savoir comment vous étiez finalement parvenu à monter cet événement génial il y a deux ans. Mais malheureusement la personne qui était en charge a quitté votre antenne et vous ne parvenez pas à le contacter. « Si seulement on avait pris des notes sur l’organisation de cet événement… » Il est absolument essentiel de prendre note des résultats et des décisions prises pendant les réunions de bureau ou les assemblées générales (il se peut de toute façon que vous soyez obligé de faire un rapport sur les résultats des élections), ainsi que de garder une trace écrite de l’évaluation de l’organisation d’événements, pour pouvoir ensuite évaluer les progrès

Ça y est, élu ! À quoi le président d’un comité de circonscription doit-il s’attendre ? Le président idéal est à la fois quelqu’un de pratique et un expert en stratégie. Vous êtes la première personne de contact pour ceux qui souhaitent adhérer, pour les sympathisants intéressés et vos propres adhérents. Vous assurez le contact avec les organes du parti à d’autres niveaux et vous coordonnez les actions locales sur le terrain. En premier lieu, vous voulez rassembler plus d’adhérents autour de la cause libérale. Ça veut dire que vous faites en sorte de garder vos adhérents motivés et impliqués tout en faisant de nouvelles recrues. Vous informez les militants des décisions prises à d’autres niveaux du parti, ainsi que de vos propres décisions et actions au niveau local. En parallèle, vous informez les structures supérieures du parti de vos propres actions. Mieux vous êtes implantés, économiquement et socialement, au sein des structures de votre municipalité ou de votre région, mieux vous parviendrez à trouver le mot juste et à rallier des gens à votre cause. 38

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    

• Demandez à vos adhérents pourquoi ils souhaitent s’engager

  

• Créez une base de données de contacts et maintenez-la à jour • Encouragez les nouveaux adhérents à s’impliquer

• Organisez des soirées mondaines

• Identifiez et contactez des groupes cibles

• Organisez des séminaires de team-building

• Faites une analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces)

• Envoyez des mailings d’information sur les activités et les événements

• Définissez des objectifs de campagne

• Ciblez des adhérents potentiels par exemple via des « ambassadeurs du parti »

• Organisez des séminaires de stratégie avec des experts extérieurs.

       • Obtenez de l’antenne nationale du parti (si possible) du matériel de campagne • Organisez des événements avec des VIP libéraux tels que des acteurs politiques ou des intervenants spécialisés • Lancez-vous activement dans un travail de relations publiques • Développez des politiques et des résolutions de parti sur des questions locales • Soyez présent aux événements des associations et des clubs locaux

     MATRICE DES FONCTIONS

• Organisez des formations pour les adhérents avec des experts ou des acteurs politiques locaux ayant de l’expérience • Organisez des activités visant à collecter des fonds • Analysez et ciblez vos campagnes • Mobilisez vos soutiens • Préparez du matériel de campagne et développez votre présence sur le Net

  • Créez une présence sur Internet et des tracts à distribuer • Organisez des événements publics et des stands d’information • Ouvrez les réunions de bureau au public • Entrez en contact avec des associations externes • Donnez des interviews de fond

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Restez en contact avec vos adhérents et soyez au courant de leurs intérêts et de leurs talents. Plus vous en savez sur eux, mieux vous pouvez planifier événements et groupes de travail sur certains sujets, impliquant les adhérents individuellement et bénéficiant de leurs spécialisations comme de leurs réseaux. Le graphique précédent n’est peut-être pas complet et certains éléments se chevauchent partiellement, mais cela vous donne une idée et une vue d’ensemble des activités et des tâches importantes sur lesquelles on reviendra dans les chapitres suivants. 10 LISTE DE VERIFICATION DU TRAVAIL Organiser et présider les réunions de bureau, les assemblées générales et les événements (tels que les réceptions pour le Nouvel An, une fête d’été ou autres rassemblements). Désigner une personne (par ex. le secrétaire du comité) pour prendre le PV des réunions statutaires telles que les réunions de bureau ou les assemblées générales, et s’assurer que les rapports écrits sont mis à disposition. Garder l’œil sur l’évolution du nombre d’adhérents. Approcher de potentiels adhérents par des mailings à une vaste liste de contacts, des réunions publiques mensuelles tenues par votre parti (par ex. des pots, des auditions publiques), etc. (voir également chapitre 5 sur comment recruter des adhérents). Transmettre les rapports sur les résultats des élections (bureau, délégués à d’autres organes du parti) aux instances supérieures du parti. Présenter ses vœux et ses félicitations lors des cérémonies. (« Mieux vaut complimenter quelqu’un trop que pas assez ».) Des lettres de remerciement ou dire un mot sur les efforts particuliers des adhérents et leur engagement lors de la réunion publique suivante contribuent à motiver les adhérents, qui tous s’investissent bénévolement au sein du parti. 10 Texte et illustration adaptées de : Vorsitzendenhandbuch für Orts- und Kreisverbände der FDP NRW, FDP Landesverband Nordrhein-Westfalen, Mars 2009, p.28.

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ester en contact avec les associations locales telles que les syndicats ou R les fédérations (à la fois d’employeurs et d’employés), l’administration publique, les clubs de sport, la presse locale et aussi les autres partis politiques. Par égard pour le profil de votre parti et la crédibilité de ses politiques, il est bon de faire usage de leur expertise et d’inviter régulièrement les membres de leurs bureaux aux réunions, y compris les événements avec les médias. Ne pas attendre que ce soit eux qui vous contactent. Tenter également d’identifier une question concrète qui les anime plus particulièrement et que le parti abordera, et qui pourra par ailleurs être présentée aux médias comme un succès. Lorsqu’invité aux événements de ces associations ou de ces clubs, accepter en demandant s’ils voudraient un bref discours lors de l’événement. Certains apprécieront l’offre, et vous aurez gagné l’occasion de faire passer un message libéral. Évaluer avec soin le calendrier des événements du parti du point de vue des médias : pour quels événements peut-on envoyer un bref compterendu à la presse, ou pour quels événements peut-on directement inviter la presse ? (Voir également chapitre 7 sur la communication.) S’assurer que la sélection des candidat(s) aux élections a lieu en suivant les règles du parti. Soutenir dans leur campagne les candidats du parti sélectionnés pour les élections et organiser pour eux des formations (telles que formation aux médias, sur les questions de programmes et de politiques, la rédaction de discours, etc.) En tant que président de l’antenne juste au-dessus du comité local (au niveau départemental ou régional), il est bon de rester en contact avec tous les comités de circonscription, de coordonner leurs différentes activités lorsque cela s’impose et de jouer le rôle de « coach ». S’il y a des circonscriptions sans représentants libéraux dans la région, c’est-à-dire sans branche locale du parti, tenter d’en établir une.

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En tant que président d’une antenne régionale, on peut également : • S’attacher à distribuer des affiches ou des tracts dans les diverses circonscriptions lorsqu’il s’agit de faire la publicité d’un événement régional. • Entrer en contact avec les clubs et les associations de ces circonscriptions, et tenter de savoir s’il existe un potentiel d’adhésion. • Discuter de stratégies possibles avec les organes supérieurs du parti pour accroître visibilité et présence dans ces circonscriptions. • Offrir aux adhérents des zones où les représentants libéraux sont les moins nombreux l’opportunité de se former, par exemple à comment mener une campagne.

Trésorier Les devoirs d’un trésorier de parti politique peuvent varier selon le contexte local et les différentes règlementations nationales s’appliquant aux partis politiques. Toutefois, l’essentiel est d’avoir une vue d’ensemble des finances du parti pour assurer sa survie à long terme et des rapports financiers et procédures corrects (conformité légale et règles internes du parti). Nombreuses sont les lois de parti qui exigent non seulement la signature du trésorier pour procéder à des paiements, mais également celle d’une seconde personne, en général celle du président. De tels principes limitent les risques de fraude. LISTE DE VERIFICATION DU TRAVAIL Le trésorier doit pouvoir prévoir l’avenir (financier), contrôler le présent (gérer les revenus et les dépenses) et permettre de vérifier le passé (audit). Le trésorier doit pouvoir assurer la plus grande transparence possible, non seulement pour être en conformité avec les conditions légales mais aussi pour assurer aux adhérents que leur argent est géré au mieux.

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L e trésorier doit faire en sorte que les autres membres du bureau s’impliquent dans les affaires financières, tout particulièrement le président. On doit d’abord décider des priorités politiques et ensuite du budget (revenus et dépenses), qui doit être calculé en fonction de ces priorités. Planification financière des campagnes électorales : vous devez demander des devis pour le matériel promotionnel et les événements. De bons contacts avec le secteur privé local peuvent vous aider à obtenir des fonds supplémentaires. Développer et maintenir à jour une base de données pour les collectes de fonds (il y a bien sûr des partis et des pays où cette tâche est assignée à un autre membre du bureau, par ex. un chargé de collecte de fonds). Entrer en contact avec les entreprises privées de la ville pour s’enquérir des opportunités de financement. Garder le contact avec les adhérents (leur rappeler de payer leurs cotisations, les inviter à faire des dons en sus de leurs cotisations, par ex. en amont des campagnes électorales). Mailings réguliers, cartes d’anniversaire ou gadgets peuvent davantage les inciter à faire des dons. S’assurer que les procédures de comptabilité appropriées sont en place, aussi bien pour les revenus que pour les dépenses, et présenter régulièrement au bureau l’état des finances et les relevés de compte.

LOIS SUR LES PARTIS POLITIQUES Tous les pays n’ont pas de lois ou de règlements spécifiques quant à l’organisation et au financement des partis politiques. Mais certains pays peuvent avoir de tels textes. Assurez-vous d’être bien au courant et d’en informer à la fois les membres du bureau et les autres adhérents. Faites bien attention à la législation fiscale et autres conditions légales en ce qui concerne les donations.

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Commissaires aux comptes Là encore, les conditions pour les commissaires aux comptes peuvent varier en fonction des différentes lois et pratiques nationales. Il sera obligatoire d’élire des commissaires aux comptes et des substituts qui soient adhérents au sein de votre comité de circonscription (autres que les membres du bureau) si vous gérez votre propre budget séparément des antennes supérieures du parti et devez donc rendre des comptes. Les lois régissant les partis dans certains pays exigent l’élection de deux commissaires aux comptes pour ainsi appliquer le principe du « double regard ». Même s’il n’est pas requis, il peut être sage de suivre ce principe car il réduit les risques de fraude. LISTE DE VERIFICATION DU TRAVAIL Révision annuelle des livres de compte et de la comptabilité du trésorier. Les dossiers financiers du comité de circonscription doivent pouvoir être consultés à tout moment. Faire un rapport sur les inconsistances dans les comptes, quelles qu’elles soient. Présenter un rapport à l’assemblée générale annuelle.

Directeur exécutif/Directeur général/Secrétaire Quelle que soit la dénomination choisie pour cette personne, quelqu’un doit remplir ce rôle dans votre comité de circonscription. Il faut désigner quelqu’un qui soit en charge et qui soit la personne de référence. Selon la taille et les moyens financiers du comité, on peut envisager d’employer quelqu’un (à temps complet ou à temps partiel). Si elle est employée, cette personne peut siéger au bureau en tant que membre de

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droit. Si elle est bénévole, elle se voit assigner les tâches suivantes comme faisant partie de sa part de travail en tant que membre du bureau. Le secrétaire coordonne généralement les activités du parti, rédige, imprime et fait circuler les ordres du jour, les procès verbaux, et publie les annonces des réunions du comité, par ex. les réunions du bureau, l’assemblée générale ou autres événements en lien avec un sujet particulier. LISTE DE VERIFICATION DU TRAVAIL Le secrétaire invite les adhérents du parti aux événements et les tient informés des dates limites règlementaires, par exemple pour la soumission de résolutions ou lors de procédures électorales. Le secrétaire rédige les PV des réunions et informe les antennes supérieures du parti des résultats des élections. Le secrétaire devrait avoir une bonne connaissance de la législation relative aux partis dans son pays, des règles internes du parti, et des règles de procédure quant aux événements statutaires, pour ainsi assister le président en cas de questions sur la procédure. Le secrétaire envoie régulièrement des courriers d’information aux membres du comité. Le secrétaire gère la base de données des adhérents (en collaboration avec le trésorier). Dans le cas où il est employé et où le parti dispose d’un bureau : Si le comité a les moyens d’avoir un local, c’est de là que le secrétaire coordonnera le travail quotidien du parti, assurant ainsi une présence pour y accueillir le public ; c’est-à-dire que c’est l’adresse officielle pour le courrier adressé au parti, et le point de contact officiel pour les électeurs ayant des questions ou un intérêt pour le parti. Gestion des dossiers du parti et du matériel de campagne électorale.

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Porte-parole/Attaché de presse Attirez l’attention sur l’excellent travail que fait votre comité ! Les sympathisants du parti tout comme les critiques doivent être au courant des activités du parti. Publiez des communiqués de presse régulièrement, mais seulement si vous avez quelque chose d’intéressant à partager ou des événements à annoncer. Vous ne gagnerez rien à multiplier les communiqués de presse, sinon une mauvaise réputation. Assurez-vous également que vos adhérents écrivent à la presse locale pour que les opinions libérales soient largement publiées. Pour parvenir à passer vos messages dans les médias, gardez à jour une liste de contacts des médias locaux et régionaux, et établissez une relation de travail avec les journalistes et les rédacteurs. Si vous n’avez jamais fait cela et que vous n’avez pas les contacts, présentez-vous auprès des médias locaux (par ex. les journaux locaux et régionaux, la radio ou la télé locale, les platesformes médiatiques en ligne, etc.) Soyez patient ! Comme il en est de toute relation humaine, les relations entre journalistes et acteurs politiques prennent du temps. N’attendez pas des médias qu’ils vous accueillent avec enthousiasme et couvrent intensivement les activités de votre parti, ou utilisent vos communiqués de presse. Continuez à travailler dur et avec professionnalisme, et les médias ne pourront pas vous ignorer longtemps. Vous trouverez plus de détails sur la communication au chapitre 7. Même si le respect de la législation nationale relative aux partis politiques est essentiel, même si une bonne répartition des tâches au sein des membres du bureau est indispensable, ainsi que l’attachement à vos propres règles internes, bien évidemment cela ne fait pas tout. Ce qui fait l’âme

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d’un parti qui vous rapportera des voix, ce sont ses adhérents. Le chapitre suivant s’attache aux questions relatives aux adhésions, comment les encourager, et comment développer et maintenir un socle d’adhérents dynamique.

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GESTION DES ADHÉSIONS


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es adhérents ? C’est la clé ! Les adhérents, c’est vos militants, vos candidats, les membres des conseils (municipaux, généraux, régionaux, etc.), du parlement, et du Parlement européen. Ce qu’ils ne font pas par contre, c’est se recruter euxmêmes. Ce chapitre tentera de vous aider à discerner les priorités lorsqu’il s’agit de gestion des adhésions et de recrutement de nouveaux adhérents. S’établir comme nouveau parti est relativement facile (bien que les lois puissent stipuler des conditions plus ou moins strictes selon les pays). En Europe, il est de coutume pour un adhérent de payer une cotisation, de se déclarer en accord avec les principes fondamentaux du parti, et d’ainsi pouvoir prendre part à tous les événements organisés à l’échelle locale, pouvant même influencer le point de vue de son comité de circonscription en exerçant son droit de vote. Chaque parti se doit de prendre des décisions stratégiques quant au degré de restriction qu’il souhaite appliquer sur le recrutement des nouveaux adhérents. Ces restrictions doivent toutefois rester dans le cadre fixé par les lois régissant les partis politiques. Un socle d’adhérents solide est, pour votre parti, la clé de tous les succès politiques et sociaux quels qu’ils soient. Pour la communication et la mobilisation de militants de terrain, ce qui est important c’est la gestion des adhésions. Faites en sorte de bien avoir toutes leurs coordonnées pour pouvoir les contacter, y compris dans le cas où ils déménageraient sans donner leur nouvelle adresse. C’est certes important quand vous devrez envoyer des rappels à ceux qui n’ont pas payé leur cotisation, mais aussi pour pouvoir les mobiliser lors d’événements. Par exemple, connaître leur âge, leurs compétences et leur profession vous permet de cibler des groupes spécifiques pour des événements spécifiques, à la fois comme participants ou comme précieuses ressources.

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Une base de données tenue à jour est par conséquent très importante pour la gestion des adhésions. Des listes bien classées et mises à jour servent par exemple pour recruter les bénévoles, collecter des fonds et faire campagne. LES ADHERENTS SONT LA CLE DU SUCCES EN POLITIQUE La pure vérité est que n’importe quel parti politique qui augmente son nombre d’adhérents parviendra à mieux défendre son programme politique et à faire élire ses candidats. Les adhérents sont la ressource la plus importante d’un parti. Recruter les adhérents est certes difficile, prenant, coûteux, mais sans eux vous ne gagnerez pas d’élections sur le long terme. Un leader bien établi peut se sentir mis au défi par de nouvelles recrues et de nouvelles idées mais c’est là justement ce qui fait que le parti résistera au temps.

Quelle est la meilleure façon de recruter des adhérents ? En ce qui concerne la participation politique, les gens et les traditions diffèrent d’un pays à l’autre. Nombreux sont celles et ceux qui seront proactifs une fois que les idées de votre parti les auront convaincus et qu’ils auront vu que vous vous démenez pour les défendre, c’est-à-dire que vous êtes en vue dans la vie publique et que vous attirez suffisamment l’attention sur votre travail. Cependant, il y a peut-être encore plus de gens de bonne volonté mais qui ne feront pas le premier pas tant que vous ne serez pas allé les chercher. Une des façons efficaces de recruter de nouveaux adhérents est d’aller frapper à leur porte (bien que cette approche dépende des traditions et des habitudes du pays). Cela demande du courage de la part des adhérents du parti qui se lancent. Il faut s’être bien préparé à ce que vous allez dire, et aussi au fait que vous serez peut-être mal reçus, ou pas du tout.

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En allant à la rencontre des gens, vos adhérents se doivent d’être polis en toutes circonstances, se présenter et présenter le parti, s’adresser aux gens par leur nom, leur fournir des informations sur le parti et ce qu’il défend (messages), et résumer les raisons principales d’adhérer. Il faut garder une trace de tous ceux que vos adhérents ont approchés. Certains ne souhaiteront peut-être pas adhérer immédiatement, et préfèreront prendre un peu de temps. Pour ceux qui semblent intéressés, on peut alors prévoir d’aller les voir une deuxième fois, plus tard. Que dire à ceux qui hésitent à adhérer ? Voici huit réponses aux objections. 11 1. « Je n’ai pas le temps de m’engager dans la politique. » Pas besoin de devenir un homme politique à plein temps. Le FC Barcelone a plus de membres dans son club que de joueurs sur le terrain. C’est pour ça que les Libéraux ont besoin de plus d’adhérents que d’acteurs politiques dans les conseils municipaux et dans les parlements. 2. « J’adhèrerais bien mais si seulement untel (homme politique) n’était pas membre. » (I) Bien sûr que les Libéraux ont des personnalités marquées et charismatiques qui peuvent diviser. Ce qui fait la différence, ce sont l’équipe et les politiques. On ne trouve pas tous les membres d’un club sympathiques. 3. « J’adhèrerais bien mais si seulement untel (homme politique) n’était pas membre. » (II) Ce qui fait les partis libéraux, c’est leurs membres. En tant qu’adhérent, vous-même avez une influence directe sur la direction à suivre pour le parti – tout le monde peut se rebiffer. 11 Vorsitzendenhandbuch für Orts- und Kreisverbände der FDP NRW, FDP Landesverband Nordrhein-Westfalen, Mars 2009, pp. 45-46.

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4. « Je ne connais personne qui soit membre d’un parti libéral. » Soyez courageux et allez à la rencontre des adhérents du Parti libéral en venant aux réunions et aux événements du parti dans votre quartier, et faites la connaissance de personnes intéressantes. 5. « Je vote déjà pour un parti libéral ; ça suffit. » Un parti libéral a besoin de plus d’adhérents. Un socle d’adhérents plus large permet d’être mieux reconnu au sein de la société et d’obtenir le soutien financier nécessaire pour faire campagne. 6. « Je suis en principe d’accord avec les positions du parti, mais pas sur telle ou telle question. » Au bout du compte, toutes les décisions reflètent un compromis. La vie, c’est rarement ou tout blanc ou tout noir, mais plutôt diverses teintes de gris. Si vous êtes en général en accord avec le Parti libéral, vous pourriez peut-être avoir envie de le soutenir dans votre pays. 7. « Avant les élections, les Libéraux avaient fait certaines promesse. Après, ils n’en ont rien fait. » Les programmes électoraux reflètent les politiques du parti à 100 %. Par contre, l’avenir peut s’avérer différent selon les circonstances. En général, un parti n’a pas la majorité absolue qui lui permettrait de mettre en œuvre la totalité de son programme électoral ; un accord de coalition a ses limites. On peut voir la question autrement : est-ce que la politique choisie reflète les valeurs fondamentales du Parti libéral ? 8. « Je n’aime pas les querelles incessantes entre les partis. » C’est un mythe que de penser qu’il existe des solutions toutes prêtes à tous les problèmes et que ce qui empêche la société de faire ce qu’il faut, c’est seulement les disputes entre partis. Les partis politiques résument

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des intérêts politiques différents et formulent des propositions pour l’avenir du pays. Les partis décident de quelles propositions présenter aux électeurs. Vous aussi, vous pouvez influencer ces décisions. Faire du porte-à-porte n’est qu’une des manières de recruter de nouveaux adhérents. Les partis peuvent organiser des événements politiques, ou bien des activités récréatives ou culturelles qui attireront beaucoup de gens à qui on pourra demander si adhérer les intéresse. On peut également essayer de tirer parti d’autres événements publics. Par exemple, on peut organiser un stand à un événement pour distribuer des informations sur le parti et les raisons d’adhérer. Il est important de noter chaque occasion d’interaction entre votre parti et les électeurs ; ça servira plus tard. Il est vital pour le parti de noter tous ceux qu’on a contactés : ceux qui soutiennent le parti, et ceux qui ne le feront jamais. Il faut toujours s’assurer d’avoir des bulletins d’adhésion sous la main lors des événements publics, un formulaire facilement accessible et qui se voit bien sur votre site Internet, et d’être au fait des dernières technologies pour par exemple pouvoir envoyer sa demande d’adhésion par flashcode si on a un smartphone. Dès que vous organisez un événement public, comme illustré au chapitre 6, faites en sorte de pouvoir offrir au moins l’une de ces possibilités. Une version papier de votre bulletin d’adhésion peut par exemple figurer au verso d’un tract de campagne d’adhésion, comme c’était le cas lors de la campagne du FDP en Allemagne « Neue Freunde für die Freiheit » (de nouveaux amis pour la liberté). Après une campagne de recrutement, il faut organiser un événement dans les environs pour rapprocher les nouveaux adhérents des dirigeants du parti et des anciens adhérents. Chaque nouvel adhérent doit recevoir une lettre du chef du parti et/ou de son secrétaire général.

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ACCUEILLIR LES ADHERENTS C’est au président du comité d’accueillir les nouveaux au sein du comité de circonscription. Cela fait mauvaise impression si on attend que la nouvelle recrue demande comment s’impliquer. Vous pouvez rédiger une lettre de bienvenue avec les coordonnées des personnes clés, une invitation aux événements du parti qui vont avoir lieu, et toute autre information sur comment s’impliquer dans les activités du comité.

Vous pouvez aussi organiser un événement annuel pour les nouveaux adhérents, les rassembler au siège (national ou régional) du parti et ainsi leur permettre de rencontrer les membres du bureau, du parlement, ou autres personnalités libérales connues. En coopération avec une fondation libérale locale (s’il y en a) ou avec d’autres acteurs libéraux au niveau national ou international, vous pouvez aussi penser organiser pour les nouveaux adhérents un atelier sur comment faire campagne ou organiser des activités de terrain par exemple.

Cependant : Gardez à l’esprit qu’il y a en général deux types d’adhérents : ceux qui préfèrent soutenir un parti de manière symbolique et financière via leur adhésion, et ceux qui souhaitent s’engager plus activement. Essayez d’informer régulièrement les premiers de vos activités et de vos résultats dans l’élaboration des politiques, mais ne les ennuyez pas trop. Quant aux autres, vous devez essayer d’en apprendre le plus possible sur leurs intérêts et leur potentiel et directement les inviter à participer. En fait, tous les adhérents attendent de leur adhésion au parti d’être mieux, et si possible de manière plus directe, informés des dernières nouvelles de la vie politique et des politiques menées. En ces temps de surinformation (numérique), vous pouvez organiser des événements exclusifs, des discours par des personnalités en vue, et régulièrement envoyer des courriels, de manière professionnelle. 54

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N’accablez pas le nouvel arrivant de trop de dates et événements, mais renseignez-vous sur ce qui l’intéresse, que ce soit de s’impliquer dans l’élaboration des politiques, ou de prendre part à la vie du parti en général, en distribuant des tracts ou en faisant campagne par exemple. De nombreuses demandes d’adhésion viennent de personnes qui suivent la politique au niveau national et qui contactent le parti de manière proactive en demandant à adhérer. Nombreux seront également vos adhérents qui connaissent des gens intéressés par la politique mais qui hésitent à devenir ouvertement adhérents, ou qui attendent d’être convaincus.

Autres formes d’adhésion ? Vous devriez envisager d’autres formes d’adhésion, c’est-à-dire des catégories d’adhérents différentes. Certains auront peut-être simplement envie de prendre leur carte au parti pour faire état de leur affiliation politique mais n’auront pas envie de s’engager sur le terrain. On pourrait offrir à ces gens-là de payer une cotisation moins chère, qui ne leur donnerait pas le droit de vote au sein du parti. D’autres auront peut-être envie de s’engager sur la base de projets, par exemple le temps d’une campagne électorale. On pourrait alors leur donner un statut particulier comme partisans ou militants de campagne, ainsi qu’un droit de vote au sein du parti limité aux décisions concernant la campagne.

Démission des adhérents Les adhérents moins actifs mais aussi les moins passifs ont un impact sur la structure de votre comité de circonscription. Essayez de savoir pourquoi l’adhérent souhaite quitter le parti et contactez-le. Souvent les raisons sont liées à l’attitude du comité, ou à un mécontentement plus général lié aux politiques que mène le parti à un niveau supérieur. Discuter directement avec la personne peut l’aider à revoir sa décision. Un mailing personnel – même après des années – peut permettre de rassembler d’anciens adhérents et de les compter à nouveau au sein du parti, ou de raviver Manuel – Le petit livre libéral | Gestion des adhésions

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leur sympathie pour la cause libérale. Un parti politique se doit d’être flexible. Les exigences politiques qui trouvent aujourd’hui un consensus au sein de la société peuvent demain se voir rejetées. Les adhérents doivent savoir qu’il leur faudra peut-être aussi se battre pour obtenir ce qu’ils veulent. Il est crucial de maintenir un contact personnel avec tous les adhérents de votre comité pour sentir s’ils sont ou non mécontents et ainsi éviter des démissions.

Règlement des cotisations Un paiement fiable et régulier des cotisations est une source importante de revenus pour financer les activités de votre parti. Il n’y a pas vraiment de valeurs de références quant au montant qu’elles devraient atteindre. Cela dépend beaucoup du contexte national et des revenus des gens. En Europe, les cotisations aux partis libéraux varient de 20€ à au moins 100€ par an. On peut aussi revoir les tarifs d’adhésion selon les classes de revenus. Les conditions et les procédures concernant les frais d’adhésion d’un parti doivent respecter le principe de transparence et clairement indiquer aux candidats à l’adhésion qu’on attend d’eux de régler leur cotisation régulièrement, un point essentiel pour la planification budgétaire. Une règle financière devrait inclure l’obligation de la part des adhérents de payer des cotisations comme condition même de leur adhésion. Elle devrait stipuler comment et quand régler ces cotisations. Les Libéraux allemands du FDP, par exemple, appliquent une grille de tarifs. Les cotisations minimum d’adhésion pour des revenus mensuels de 2.600€ sont de 8€ par mois. Des tarifs de cotisation plus élevés sont appliqués pour des revenus plus élevés, sur la base de 0,5 % des revenus mensuels, revenus que l’adhérent est sensé déclarer au parti. Comme source de revenus supplémentaires, vous pouvez également envisager que les adhérents du parti se trouvant à des postes d’élus (conseillers, maires, députés) paient, s’ils le souhaitent, un montant mensuel supplémentaire au comité de circonscription du parti. Une procédure de répartition peut s’avérer utile pour allouer les fonds aux différents niveaux 56

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du parti (circonscription, départemental, régional, national) et ainsi assurer le fonctionnement de tous les organes du parti. Les adhérents qui ne respectent pas leurs engagements sont un poids pour le parti. Il est toutefois essentiel de les relancer et de leur demander de régler leurs dettes. S’il ne vous est pas possible de les joindre directement, envoyez des courriers officiels par courriel ou par la poste. Au début, vous pouvez leur envoyer un rappel poli leur indiquant que le règlement de leur cotisation annuelle était dû à telle ou telle date. En cas de nonréponse, envoyez un second rappel deux mois plus tard explicitant pourquoi le paiement est essentiel au travail du parti. Dans un troisième et dernier rappel, vous pouvez faire appel à leur bonne conscience car le non-paiement fait non seulement du tort au parti mais représente également un manque de solidarité vis-à-vis des autres adhérents. Vous devrez d’autre part indiquer que le non-paiement entraînera, conformément aux statuts, l’expulsion du parti. COTISATIONS Nombreux sont les adhérents qui ont tendance à se laisser aller côté engagement au sein du parti, et côté règlement des cotisations. En maintenant à jour leurs coordonnées, vous pouvez contacter vos adhérents de manière proactive ; ils se sentiront flattés et vous aurez donc plus de chances d’obtenir de leur part une réponse positive (quant à leur engagement au sein du parti et au règlement de leurs cotisations).

Les chapitres 4 et 5 vous ont présenté les structures et les rôles que vous devriez mettre en place pour qu’un parti fonctionne bien. Le chapitre suivant, lui, vous indique comment canaliser la motivation de vos adhérents pour que les activités de votre parti bénéficient d’une part d’une vraie valeur ajoutée, et pour que d’autre part vous gagniez en visibilité auprès de l’opinion publique. Comme indiqué plus haut, les gens ont adhéré au parti pour diverses raisons. Beaucoup souhaitent s’impliquer activement et jouer leur rôle pour aider le parti. Le chapitre qui suit liste de nombreux exemples de comment et où mobiliser les adhérents dans des activités du parti. Manuel – Le petit livre libéral | Gestion des adhésions

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ORGANISATION D’ÉVÉNEMENTS


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Une organisation et une coordination internes convenables, comme indi-

qué dans les chapitres précédents, sont essentielles. Tout ceci ne sert à rien cependant, si vous ne montrez pas au reste du monde toutes les bonnes idées de votre parti. Les électeurs doivent comprendre que vous prenez leurs soucis en considération, que vous vous en occupez, et que vous souhaitez apporter des solutions. Vous pouvez utiliser à cette fin les événements publics, mais pour gagner la confiance des gens, vous devez faire ça bien. L’organisation d’événements remplit diverses fonctions. Les événements mondains servent à rassembler les militants et autres intéressés. Les événements en général servent également à transmettre des informations à différents groupes. Si vous invitez des intervenants de renom ou des experts à un débat public, vous atteindrez un groupe différent de celui que vous auriez atteint si vous aviez organisé un atelier ou toute autre plate-forme invitant les électeurs à s’exprimer sur ce qui les inquiète ou les intéresse. LES EVENEMENTS NE SONT PAS A SENS UNIQUE D’un côté, vous cherchez à informer un maximum de gens de vos activités et positions politiques en vue d’améliorer la société. D’un autre côté, vous voulez rester à l’écoute de nouvelles idées et positions pour améliorer le travail de votre parti et maintenir à jour les politiques menées par votre parti.

Selon le type d’événement, vous faites la publicité de votre propre travail, vous contribuez à l’éducation politique, ou vous apportez aux politiques de nouvelles idées et contributions via une expertise externe. En même temps, vous créez l’occasion pour les médias de faire un reportage sur ce que fait le Parti libéral. Si tout le monde

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en parle, c’est que vous devez être quelqu’un d’intéressant et finalement, votre parti a ses chances d’être élu. Faites en sorte de bien choisir les thèmes pour que le public soit intéressé et éviter de n’avoir que quelques adhérents qui sont là parce qu’ils s’y sentent obligés. Il faut aussi varier les types d’événements. Quelqu’un qui a pris part à deux événements ennuyeux du Parti libéral ne se déplacera pas à un troisième. Toutefois, si vous organisez des événements alliant thèmes controversés, débats et intervenants intéressants, il est fort probable que les gens reviendront.

Quelques conseils de base Quelle que soit la nature de l’événement, vous devez examiner à l’avance les questions d’intervenants, de publics cibles et de cadre organisationnel approprié. > Fixer ses objectifs Assurez-vous toujours de savoir exactement ce que vous voulez obtenir. Mis à part (toujours) considérer la presse comme cible, on peut aussi vouloir toucher certains publics de professionnels (par ex. les entrepreneurs, les enseignants, les artisans, etc.), les groupes d’intérêt (par ex. les parents, les automobilistes, etc.) ou tout simplement autant de non-adhérents que possible. A la différence de tels événements publics, on peut aussi, à la prochaine réunion interne du parti, recontacter les adhérents moins actifs dernièrement (par ex. lors d’ateliers sur des sujets spécifiques, de l’assemblée générale, etc.). On peut aussi vouloir se fixer comme objectif de consolider la perception que le public a de la compétence du parti à mener ses politiques. Pour cela, un travail de relations publiques est très important. Vous ne pourrez pas toujours mesurer votre succès en comptant les participants ou le nombre de reportages dans les médias. Si vous annoncez bien vos événements en invitant la presse, en informant vos adhérents et en faisant la promotion de l’événement sur votre site Internet, via les réseaux sociaux ou autre, vous

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donnerez l’impression que le Parti libéral est actif et qu’il défend les intérêts des électeurs. Gardez des notes écrites pour ensuite pouvoir évaluer votre performance et améliorer le format, ou le changer si nécessaire, lors du prochain événement. > Choix du lieu Il est important de choisir un lieu approprié. Ce doit être un lieu facilement accessible en transports publics et ayant des places de parking à disposition. Quant à la taille du lieu, il faut être réaliste sur le taux de participation à l’événement. Il est gênant d’avoir seulement quelques personnes assises dans une grande salle. Mieux vaut avoir une foule amassée dans une petite pièce. En ce qui concerne l’ambiance du lieu, choisissez en fonction du groupe que vous ciblez et du type de l’événement. L’ambiance dans un bar/restaurant ou dans un centre culturel est différente de celle d’un centre de conférences ou d’une salle de réunion dans un hôtel. Où que ce soit, il faut vérifier que le lieu que vous avez choisi dispose des équipements techniques nécessaires tels que la sono ; et il vous faut vérifier à l’avance qu’ils fonctionnent correctement. > Restauration Ce qui crée une ambiance accueillante, et qui fait que les gens restent plus longtemps, c’est d’offrir un verre et quelques amuse-bouches. Pas besoin d’offrir de grandes choses car on pourrait alors penser que vous avez trop d’argent. Dans certains pays, il est commun que les gens paient leurs boissons et leurs en-cas, ce qui peut également générer des fonds supplémentaires pour le parti. > Fixer la date Lorsque vous choisissez la date, vérifiez l’agenda des autres grands événements publics (tels que les matchs de football d’équipes nationales et Manuel – Le petit livre libéral | Organisation d’événements

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même locales), ou d’autres festivités locales telles que des concerts ou grands événements organisés par vos concurrents politiques. Vous pourriez alors faire toute la publicité possible, vous n’auriez probablement pas grand monde. Soyez également précis sur le timing prévu. La partie officielle de l’événement ne devrait pas dépasser une heure et demie. Bien évidemment, on peut s’écarter de cette règle lors d’événements internes au parti ou de réunions informelles. > Préparatifs Même les événements les moins importants peuvent demander deux mois de préparation. Inviter des intervenants externes au parti, créer les dépliants, envoyer les invitations, tout prend du temps. Fixez-vous des délais pour savoir quand vous devez faire ci ou ça. Gardez à l’esprit les habitudes locales lorsque vous décidez par exemple de quand envoyer les invitations. Il se peut qu’un mois à l’avance soit trop tôt mais qu’une semaine avant l’événement soit trop tard. Qui souhaitez-vous inviter ? Assurez-vous d’avoir suffisamment d’adresses et de listes de distribution à disposition, et demandez à vos invités d’envoyer leur réponse afin que vous puissiez avoir une idée du nombre de participants. Quelques jours avant l’événement, on peut envoyer un courrier de remerciement aux participants qui ont confirmé leur présence, leur rappelant ainsi la date et l’heure de l’événement. Quant à tous ceux qui n’ont pas répondu à l’invitation initiale, on peut leur renvoyer l’invitation. Le jour de l’événement, soyez là assez tôt pour vérifier que tout est à sa place et voir si vous et votre équipe devez procéder à quelques arrangements de dernière minute. Assurez-vous que vos collègues savent exactement ce qu’ils sont sensés faire pendant l’événement, motivez-les et rappelez-leur les objectifs fixés. 62

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LISTE DE VERIFICATION POUR L’EVENEMENT ! CE A QUOI VOUS DEVRIEZ PENSER… Deux à trois mois avant : Quel est le groupe que vous ciblez ? Définissez-le (adhérents, personnes intéressées, groupes d’intérêt ayant un lien avec le sujet traité, autres branches libérales, invités d’honneur, etc.) Qu’est-ce qui fait qu’un thème est pertinent ? Créez une équipe d’organisation. Revérifiez les dates en fonction des autres événements et choisissez le lieu. Liste des intervenants – prenez en considération : quels sont les intervenants appropriés ? Avez-vous des contacts sur place ? Pourriez-vous inviter (s’il y en a) un autre acteur politique libéral de premier plan au niveau régional ou national ? Quels sont les associations ou groupes d’intérêt qui revendiquent une expertise particulière sur le sujet traité ? L’équilibre hommes/femmes de votre panel est-il respecté pour ainsi permettre une bonne discussion ? Qui va modérer le débat ? Vous pourriez demander à un journaliste d’un des médias locaux (si ça marche, votre couverture médiatique augmenterait automatiquement). Invitez les intervenants pour toutes les tranches horaires possibles. Selon leurs réponses, confirmez la réservation du lieu, la date et l’heure. Le cas échéant, invitez des intervenants supplémentaires pour pallier les absences éventuelles. Deux à trois semaines avant : Envoyez une invitation officielle aux intervenants ainsi que les détails logistiques tels qu’un plan d’accès. Invitez le groupe cible, la presse, et vos adhérents. Préparez un discours bref qui servira de mot d’accueil pour les participants et d’introduction au thème abordé. Traitez les questions pratiques telles que les porte-noms, et assurez-vous que le traiteur est disponible.

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érifiez que la décoration (si nécessaire) et les équipements techniques sont V confirmés et qu’ils seront mis en place le jour J. Une semaine avant : Informez la presse par un communiqué, et si possible assurez un suivi téléphonique. Revérifiez que vos intervenants ont bien prévu de venir. Avant que l’événement ne commence : Vérifiez que les membres du panel ont une bouteille d’eau. Vérifiez que les porte-noms sont à la bonne place. Ayez une liste d’inscriptions à disposition pour ainsi pouvoir noter les informations des participants non-inscrits. Après : Rassemblez ce que les médias ont publié sur votre événement. Envoyez des cartes de remerciement à vos intervenants et joignez-y les articles de presse. Voyez avec votre équipe comment l’événement s’est déroulé et les leçons que vous pouvez en tirer.

> Faire la publicité de l’événement et envoyer les invitations Informez vos adhérents via les canaux de communication que vous utilisez habituellement. Pour le public en général, annoncez votre événement dans la presse locale et autres médias locaux. Si le lieu choisi pour l’événement se trouve en centre ville, mettre des affiches peut également vous gagner quelques participants. Essayez de choisir un titre pour votre événement qui soit provocant, qui suscite l’intérêt et qui ne dise pas simplement « Le futur de notre région ». Juste après l’événement, publiez un communiqué de presse avec des photos de l’événement et envoyez-le le jour-même.

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> Service VIP Si votre intervenant est une personnalité, faites en sorte de le traiter comme telle. Envoyez l’invitation bien à l’avance, recontactez-le peu avant l’événement avec des informations précises quant au public attendu, au timing, et aux autres intervenants. Veillez à personnellement accueillir l’intervenant, et assurez-vous d’avoir des boissons et des en-cas à disposition. Un petit cadeau ou quelques mots exprimant votre gratitude au terme de l’événement peuvent être appréciés. > Suivi de l’événement en interne Passez en revue l’événement dans son ensemble et ajoutez de nouveaux contacts à votre base de données pour les événements à venir. Vous pouvez aussi organiser une petite réunion pour remercier votre équipe, et ainsi vous assurer qu’ils restent motivés pour les événements à venir. Pensez également à immédiatement organiser une suite à l’événement, tout particulièrement si le retour que vous en avez eu du public était positif. Ainsi, vous aurez certainement plus d’impact.

Différentes sortes d’événements publics Les événements publics et autres activités permettent à votre parti de mieux se faire connaître et apprécier localement. Une campagne innovante sur un problème de portée locale, ou une réunion d’information sur une proposition législative régionale ou nationale, permettent à votre parti d’être reconnu comme apportant des alternatives aux politiques concernées. Vous offrez également aux sympathisants l’occasion d’être en contact direct avec vous, de manière informelle.

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En général, les congrès de partis sont eux aussi des événements publics, mais nombreux sont ceux qui n’apprécient guère leur caractère formel et que rebute ce qu’ils ressentent comme un processus décisionnel opaque. Il n’y a guère plus de monde qui réponde aux invitations aux réunions de bureau publiques et réunions des groupes politiques de la municipalité, ou qui viennent au bureau du parti durant les heures d’ouverture. Vous avez plus de chances de mobiliser les électeurs autour de projets bien définis et de « sujets chauds » bien choisis. Plus la question est concrète, et plus l’action possible est faisable en pratique, plus vous avez de chance que les gens s’impliquent.

Le plus classique : Soirée avec des experts ou d’importantes personnalités Suite à votre mot d’accueil et d’introduction, un ou plusieurs intervenants principaux font un discours et on invite le public à poser ses questions ou exprimer ses commentaires. Ce format d’événement convient particulièrement lorsqu’il s’agit d’acteurs politiques très connus. Mais il laisse peu de place à une vraie discussion. Si vous demandez leur avis aux participants dès le début, alors la soirée s’annoncera plus interactive et il y aura un vrai dialogue. On peut afficher différentes affirmations sur un tableau (en collant des post-it sur un tableau Metaplan, ou sur un tableau de conférence, etc.) et demander au public de les évaluer. Tout particulièrement si votre intervenant principal est en retard (ce qui est fort probable avec un acteur politique important et un emploi du temps serré), vous pouvez ainsi faire passer le temps de manière utile ; et pendant la session des questions-réponses, rebondissez sur ces affirmations et les avis qu’avait exprimés le public, à la lumière du discours qui vient d’être délivré. Au lieu d’un discours d’ouverture, on peut aussi organiser une session de questions-réponses (comme une interview) où vous (ou par exemple un journaliste) jouez le rôle du modérateur et entamez le dialogue avec 66

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l’intervenant principal ; cette formule est plus vivante qu’un discours préparé à l’avance. INTERVENANT PRINCIPAL RETARDE Présentez le thème de la soirée en demandant à l’assemblée « Que pensez-vous de ceci/ cela ? » Un sondage tout simple oui/non est un moyen de créer une bonne ambiance et plus tard, votre intervenant pourra réagir sur les résultats.

Débat Les panels de discussion peuvent être au mieux le théâtre de joyeuses disputes ou dans le pire des cas un échange de flatteries ennuyeux. Le cours que prend la discussion dépend beaucoup du sujet, mais surtout des contributions des intervenants et de la qualité du modérateur. Pour assurer une discussion variée, il faut que vos intervenants (si possible hommes/femmes à parts égales) défendent des positions différentes, par exemple des politiques de partis différents ou, si vous n’aimez pas l’idée de donner la parole à vos opposants, des positions des membres de l’administration, du milieu académique ou des affaires, des groupes d’intérêt. Assurez-vous qu’ils soient au fait du sujet et capables de débattre en public. Les débats sont une bonne formule lorsqu’il s’agit de questions d’actualité ; ils permettent aux groupes cibles (par ex. les élèves ou les étudiants) d’en apprendre davantage sur un large éventail d’opinions. Si vous prévoyez un événement d’environ une heure et demie, vous devriez éviter d’inviter plus de trois intervenants (sans compter le modérateur). Cela permet de faire participer le public plus facilement au débat, ce qui sera fort apprécié.

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Si vous invitez un journaliste à modérer le débat, non seulement vous vous assurez des talents d’un professionnel, mais vous augmentez vos chances de voir votre événement couvert par les médias. Plus vous prévoyez d’intervenants, et plus ils sont connus, plus il vous faudra de temps pour l’organisation. Il est également d’usage de payer des honoraires lorsqu’il s’agit d’intervenants de premier rang issus des milieux universitaires ou culturels.

Réception mensuelle Vous pouvez régulièrement tenir des réunions informelles (« le pot des Libéraux ») dans un bar du centre ville. Une telle réunion doit être ouverte à la fois aux adhérents et aux autres personnes intéressées. Il est probable que vous soyez plutôt entre adhérents qu’avec d’autres. Faites attention lors du choix du bar car cela aura une influence sur votre image et celle du parti. Vous pouvez préférer ne pas réserver une salle à l’écart mais plutôt une table au beau milieu du bar, pour mieux inviter les gens à se joindre à vous. Toutefois, prenez soin de contacter les propriétaires à l’avance pour être certain qu’ils approuvent ce genre de réunion. Cette formule vous permet de présenter, échanger et débattre des positions du Parti libéral dans une ambiance décontractée. Et ceci n’en est pas moins pour vous un événement public.

Réunions privées, soirées de quartier Essayez de rassembler autant de non-adhérents que possible avec quelquesuns de vos adhérents que vous aurez sélectionnés (avec aussi, dans l’idéal, un acteur politique plus important qui soit issu de votre comité). Utilisez la base de données de vos contacts encore non-adhérents et invitez amis et connaissances à discuter politique dans une ambiance conviviale et décontractée. 68

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Réunions du groupe parlementaire Votre groupe parlementaire (quel que soit son niveau : village, arrondissement, municipalité, département, région, etc.) doit régulièrement rendre des rapports publics sur ses récentes initiatives, son travail au sein du conseil, ainsi que sur ses projets. Assurez-vous d’avoir vraiment quelque chose à dire car ces rapports s’adressent à une opinion qui s’y intéresse et aux médias. Il faut voir ces réunions comme une occasion de rendre des comptes au public et d’accomplir son devoir comme fonctionnaire. Faites le compte rendu de votre travail, répondez aux questions et profitez des interventions extérieures pour glaner des idées sur les prochains sujets auxquels s’attacher.

Chose promise – Chose due ! Utilisez ce titre pour un événement informant le public de tout ce que vous avez réussi à obtenir au sein de la législature actuelle. Qu’avez-vous fait et jusqu’à quel point avez-vous réussi ? Pourquoi n’avezvous pas réussi à faire tout ce que vous aviez indiqué dans votre programme électoral ? Invitez vos élus à présenter une partie de vos résultats et à répondre aux commentaires et questions critiques. Ne cachez jamais rien, même vos échecs. Faites preuve d’autant de transparence que possible. Montrez au public que vous êtes capable d’autocritique. Assurez-vous que l’événement, tout comme vos intervenants, sont bien préparés, et que le public a l’occasion de poser des questions. TRANSPARENCE ET HONNETETE SONT FONDAMENTALES POUR LES PARTIS, ET LES ELECTEURS APPRECIENT !

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Les électeurs demandent – les Libéraux répondent Le cours d’un tel événement dépend essentiellement du public. Soit vous modérez cette session et prenez les questions oralement, soit vous permettez aux participants de les écrire sur des petites cartes que les adhérents collecteront. Selon l’ampleur de l’événement et le nombre de participants, prévoyez des micros pour la salle. Un modérateur peut diriger le débat et les questions vers tel ou tel thème. La valeur ajoutée de ce genre d’événement est importante car on y apprend beaucoup sur les questions qui inquiètent et intéressent les habitants de sa circonscription. En même temps, on démontre une certaine proximité avec les électeurs. Plus vous et vos élus répondrez aux questions de manière compétente, meilleure sera votre image. Annoncez ce genre d’événements à la radio et dans la presse locale. Si vous liez l’événement à un débat qui fait rage à ce moment-là dans la région, vous offrez aux électeurs concernés une chance supplémentaire de s’impliquer, et cela donne l’impression d’une audition publique sur la question.

Assister à d’autres événements publics Vous devriez vous-même assister à d’autres réunions publiques telles que des événements organisés par la ville ou par vos concurrents politiques (si cela se fait). Ensemble avec d’autres adhérents, vous assurez ainsi aux Libéraux une certaine visibilité.

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Stands d’information NE FAITES PAS ÇA ! Un stand d’information pour le public doit avoir une ambiance ouverte et accueillante. Si vous n’avez personne qui veuille aller au devant du public de manière proactive, gardez-vous bien d’installer un stand ! Un personnel introverti qui reste derrière son stand et se cache derrière du matériel promotionnel n’attirera personne pour plus de quelques secondes.

Attirez l’attention ! Vous pourriez faire la promotion du stand en choisissant un thème qui soit d’actualité au niveau régional ou national. Pour installer votre stand, une zone piétonne est un choix qui s’impose, mais vous pourriez tout aussi bien choisir un lieu qui corresponde au thème. Si vous faites campagne pour un meilleur service de transports publics (par ex. pour sa restructuration ou son expansion), choisissez d’installer votre stand dans un des carrefours principaux. LISTE DE VERIFICATION POUR LE STAND D’INFO Avez-vous besoin de l’autorisation des autorités locales pour installer un stand ? Choisissez un thème : quel en est l’objectif ? Y a-t-il un sujet d’actualité que vous souhaitiez mettre en avant ? Qui tiendra le stand, où et quand ? Y a-t-il une date qui correspondrait particulièrement au thème ? Quel est le lieu le plus approprié pour atteindre le public cible ? De quoi avez-vous besoin ? Equipement technique, gadgets, dépliants, etc. Commandez tout ce matériel bien à l’avance et sachez la quantité qu’il vous faudra. Invitez votre acteur politique le plus important dans la région (par ex. candidat à l’Assemblée nationale) et faites savoir à la presse qu’il est invité.

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n uniforme pour le personnel du stand ? Costumes, tee-shirts aux couleurs U du parti, etc. Annoncez l’événement aux médias et vérifiez que l’information leur est bien parvenue.

STAND D’INFORMATION MOBILE Voyez si vous avez vraiment besoin d’un stand avec une table et tout l’équipement. Une tenue qui se distingue (comme l’idée d’uniforme citée plus haut) et quelques dépliants à distribuer peuvent suffire pour faire campagne dans les cafés, ou en tête de quai dans les gares, ou autres lieux de transports publics.

Des jeux interactifs rigolos et malins attirent l’attention et la sympathie des passants. Ne mettez aucune limite à votre créativité. Vous pourriez faire un sondage sur les questions d’actualité, ou un jeu dans lequel on lance des balles dans une pyramide de boîtes de conserve sur lesquelles on a mis des caricatures d’hommes et de femmes politiques ; ou bien distribuer des fleurs aux couleurs de votre parti. Toutes les activités sont faites pour engager la conversation avec les électeurs, et vous présenter comme une alternative libérale. Bien évidemment, les activités devraient être en ligne avec le message que le parti veut faire passer. Menées par le FDP en Allemagne, les activités suivantes ont rencontré un certain succès : > Partager une pomme : Le jour où l’on doit envoyer la déclaration d’impôts, distribuez des pommes coupées en deux avec le message : « c’est tout ce que vous laisse l’État ».

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> Se débarrasser des taxes (« Steuern streichen ») : Installez un tableau avec les différentes sortes de taxes que l’État prélève, et demandez aux passants d’indiquer les trois qu’ils voudraient voir supprimées. Ainsi, vous avez une idée des taxes que les gens considèrent particulièrement inutiles. En même temps, distribuez des tracts présentant vos propositions en termes d’impôts. > Si j’étais Premier Ministre/maire : Invitez les gens à écrire sur un grand tableau quelles seraient leurs priorités s’ils occupaient ce poste. Vous avez alors une idée de ce qui leur importe vraiment et cela vous donne de quoi rédiger un communiqué de presse. > Distribution de fleurs : Une manière toute simple d’essayer d’engager la conversation avec les électeurs, c’est de donner des fleurs aux couleurs de votre parti. LISTE DE VERIFICATION POUR FAIRE CAMPAGNE SUR LE TERRAIN Soyez aimable et ouvert sans vous imposer ni être indiscret. Essayez de saisir qui vous avez en face de vous. Certains ne veulent qu’une info brève, sont vite convaincus, ou ne veulent prendre que les infos papier. D’autres veulent discuter, voire vous provoquer. Restez calme mais ferme. Essayez de présenter ce qui fait que votre parti libéral contraste avec les autres, et mettez l’accent sur des messages positifs – ce que vous défendez. Soulignez les questions sur lesquelles vous travaillez et sur lesquelles les autres partis ne s’attardent pas. Attention toutefois à ne pas insulter les autres partis. De telles campagnes (montrant les autres du doigt) doivent être bien pensées et non pas utilisées au hasard, car il existe souvent un risque que cela se retourne contre vous. Présentez vos propres qualités et les avantages des politiques libérales. N’utilisez pas les mots à la mode ou le jargon comme libéralisme, liberté ou privatisation. Illustrez vos arguments avec des exemples et des images qui s’y

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rapportent. Nombreux sont les mots en vogue, qui pour certains, ont une mauvaise connotation. Essayez toujours d’expliquer pourquoi les Libéraux pensent que telle ou telle chose est nécessaire et présentez les avantages que cela aurait. Assurez-vous de connaître les détails. Les gens peuvent poser des questions précises, et il vous faut avoir assez confiance en vous pour répondre sérieusement tout en gagnant leur confiance. Si vous ne savez pas répondre, soyez honnête et proposez de chercher l’information, et de la leur faire parvenir par courriel ou par courrier. Restez confiant quant à votre programme électoral, sinon vous ne donnerez pas l’image de quelqu’un dont le message est crédible. Vous n’arriverez sûrement pas à convaincre qui que ce soit de voter pour vous, si vous-même avez des doutes. Abordez les gens de manière amicale et ouverte. Ne restez pas coincé derrière votre table. Ne vous cachez pas, mais tenez-vous plutôt droit et confiant. Faites allusion aux récentes réussites du parti ou expliquez comment vous avez pu mettre en œuvre une des promesses de campagne. Si votre parti est actif aux niveaux régional et national, faites référence à leurs succès, et à des acteurs politiques populaires. N’exagérez pas. Rester honnête et autocritique sur de mauvaises performances passées est souvent bien perçu. Mais n’exagérez pas non plus ; ce n’est pas la peine de culpabiliser.

Vous n’avez pas à organiser tous ces événements. Vous pouvez également avoir d’autres idées, ou tout simplement ne pas avoir les moyens d’organiser quelque chose toutes les semaines. Mais assurez-vous que quoi que vous décidiez de faire, ce soit bien fait. Des événements organisés avec professionnalisme, et qui sont un succès, vous permettent de gagner la confiance des électeurs et motivent vos adhérents à continuer dans cette direction.

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Le chapitre suivant est proche de l’organisation d’événements. Communiquer les contenus est tout aussi important que développer les contenus et les politiques.

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COMMUNICATION


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La communication politique, c’est l’art de présenter des faits et des affaires complexes de manière concise et compréhensible.

Rien n’est plus important en politique que d’être capable de dire de manière directe aux médias et au public ce que vous défendez, pourquoi vous le défendez, et comment vous pouvez le réaliser si vous êtes au pouvoir. C’est loin d’être une tâche facile mais elle doit être la préoccupation principale d’un parti politique efficace. La communication, c’est à la fois de l’information, des conseils, des idées ou des soucis. C’est un processus à double sens qui implique de donner et de recevoir, de parler et d’écouter. En politique, la communication est le processus le plus important. Il est important de savoir quels outils utiliser pour votre communication politique. Mais surtout, vous devez savoir ce que vous voulez communiquer, et à qui. Définissez vos positions politiques et vos messages, c’est-à-dire façonnez ce qui fait votre « marque » politique. Une condition préalable à la formulation de messages politiques est de se connaître soi-même et son profil politique (c’est-à-dire sa vision, sa mission et sa déclaration de valeurs). Des événements tels que ceux décrits au chapitre 6 vous aident à identifier les groupes cibles à qui vous souhaitez adresser votre message politique. Faites la publicité de vos messages et reliez-les à des candidats, mais aussi à une stratégie de campagne. Les candidats doivent représenter vos messages politiques de manière crédible. Commencez par visualiser vos messages, servez-vous des événements et des campagnes pour communiquer l’essence de vos objectifs, et utilisez les canaux de communication.

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Trouver les « bons » sujets pour une campagne politique et ensuite développer des messages forts tout comme identifier les groupes cibles correspondants, sont une importante stratégie de base pour choisir les instruments de communication appropriés. Soyez conscients que choisir des sujets de campagne n’est pas la même chose que choisir les sujets les plus adéquats pour un manifeste ou pour un programme de travail. Ce n’est pas parce qu’un sujet a une importance politique abstraite qu’il est approprié pour la communication politique. Un impact direct sur les gens, les avantages personnels pour les groupes cibles et l’émotivité sont des éléments importants. Vous devez toutefois choisir entre ces éléments parce que vous ne pouvez pas attirer l’attention sur un grand nombre de messages en même temps. Un tel manuel ne peut pas présenter en détails ces étapes stratégiques. Par conséquent, ce chapitre se concentre plutôt sur les éléments clés et les aspects pratiques pour une utilisation réussie des différents instruments de communication.

Présence sur la Toile La « révolution numérique » est en marche et progresse à toute allure. Vous êtes peut-être bénévole au parti et en dehors de votre vie professionnelle vous n’avez pas le temps de suivre toutes les évolutions technologiques en plus de vos activités politiques. Toutefois, il faut que votre site Internet, aussi bien contenu et design qu’applications et outils, soit régulièrement mis à jour. Vous n’êtes pas obligé de vous en charger vous-même. Attribuez cette tâche à un membre du bureau, ou demandez à des amis ou des membres de votre famille si vous n’avez pas les moyens d’employer quelqu’un. Internet est devenu la toute première source d’information et de référence. Les électeurs et journalistes intéressés, aussi bien que vos opposants poli-

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tiques, préféreront sans doute consulter votre site plutôt que de vous téléphoner pour se faire une idée générale de vos positions politiques. C’est pour cela que tous les comités de circonscription sans exception doivent publier, pour ces groupes cibles, leurs coordonnées sur le site Internet. La page d’accueil de votre site est l’instrument principal dont vous disposez pour vous présenter au monde extérieur. Il n’y a nulle part ailleurs où vous puissiez présenter, à un public potentiellement très large, vous, votre parti et vos candidats avec plus d’authenticité, de manière directe et bon marché. Etant donné que les jeunes ont tendance à lire de moins en moins les journaux traditionnels, en tant qu’acteur politique local, vous vous devez de mettre à jour votre agenda en ligne, en annonçant régulièrement des événements, et de commenter les développements politiques dans votre municipalité, votre circonscription, votre département ou votre région. Les gens ont tendance à se soucier des nouvelles locales. Ils veulent savoir ce qu’il se passe « chez eux », ce que vous en pensez, et comment vous pensez vous y prendre pour changer et améliorer la situation politique et le niveau de vie. S’il y a lieu, vous pouvez également ajouter des nouvelles de vos groupes parlementaires au niveau régional ou national. Votre site Internet est ainsi mis à jour régulièrement, même si vous n’avez aucun compte-rendu à faire. Ne créez pas d’adresse Internet au hasard si vous faites parti d’une plus grande structure de parti. Le parti devrait avoir développé un système suivant un modèle bien précis tel que : « abréviation du parti-nom de la ville locale ».

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KISS Keep It Short and Simple – Keep It Simple, Stupid ! Bien évidemment, ceci s’applique non seulement à ce que vous publiez en ligne, mais aussi de manière générale à l’attitude que vous adoptez lors de discours publics. Sachez ce que vous voulez dire, et exprimez-vous avec concision. Ne vous égarez pas. Il est prouvé que les gens qui utilisent Internet n’aiment pas lire de longs textes sur un écran. Autant dire que clarté et mise en page du site jouent un rôle important. Utilisez des titres de menu clairs et ne surchargez pas votre site d’informations et de fonctionnalités. A la surabondance d’informations, préférez des informations choisies et bien structurée. Les gens devraient toujours pouvoir naviguer sur votre site de manière quasi intuitive. On doit bien voir la structure des pages pour que les visiteurs sachent où ils se trouvent et puissent facilement retrouver leur chemin.

Voici par exemple des titres de menu utiles à un site Internet de parti politique : actualité(s) – le parti – les campagnes – les événements – nous contacter – la salle de presse Assurez-vous que les informations suivantes soient faciles d’accès via des raccourcis : > Information et photos de vos récents événements et campagnes > Noms des membres du bureau, avec leur fonction, leur photo et leur CV > Coordonnées du président du bureau et du porte-parole/de l’attaché de presse > Positions politiques de votre parti sur les questions débattues au niveau de votre municipalité ou de votre région, et sur d’autres questions d’intérêt général.

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Médias sociaux et interactivité Il y a quelques années, les chargés de campagne disaient qu’une quantité astronomique d’affiches et de panneaux d’affichage dans les rues ne vous feraient pas gagner les élections, mais que sans eux, vous les perdriez. On peut en dire autant aujourd’hui des médias sociaux. Cela dépend des contextes nationaux et du niveau d’utilisation et de popularité de ces instruments. Ce n’est pas simplement une question d’avancée technologique au sein de la société (les équipements numériques ne sont pas développés de manière égale dans tous les pays européens, ni à l’intérieur même des pays), mais également une question de volonté et de curiosité de la part de la société de se lancer dans de nouvelles formes de communication (l’utilisation naturelle et quotidienne des applications du Net diffère par exemple entre les États-Unis et l’Allemagne). De telles différences dans l’utilisation générale des moyens de communication se retrouvent également dans des techniques plus traditionnelles comme les campagnes de porte-à-porte où par exemple le face-à-face entre acteurs politiques et électeurs fonctionne très bien aux États-Unis ou au Royaume-Uni mais connaît un succès moindre dans d’autres sociétés, comme on le verra dans le chapitre 8 sur les campagnes. C’est Howard Dean, un des candidats du Parti démocrate américain aux primaires des élections présidentielles de 2004, qui, pour la première fois, a su utiliser avec succès les nouveaux outils d’Internet. Barack Obama a ensuite réussi à rassembler un immense réseau de partisans de la base et à collecter des dizaines de millions de dollars en dons pour la campagne qui – contre toute attente – lui ont permis de battre Hillary Clinton aux primaires… et on connaît la suite. Il semblerait aujourd’hui impensable aux acteurs politiques de ne pas utiliser, par exemple, un portail Internet, un bulletin d’informations électronique,

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un podcast, des chaînes de télé numériques et des sites de réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou des réseaux sociaux créés par les acteurs politiques ou les partis eux-mêmes comme http://my.barackobama.com ou https://my.fdp.de. Internet évolue rapidement, de nouveaux instruments sont constamment en train d’être développés (tel que le réseau « Google+ » à l’heure où l’on écrit ces lignes) et il est difficile de prévoir quelles plates-formes subsisteront et quels nouveaux outils apparaîtront. Beaucoup de ces éléments sont faciles à mettre en place et sont peu coûteux. Par contre, vous devez bien réfléchir à la manière de les utiliser.

Comment s’y prendre Une utilisation abusive et aléatoire de tous ces outils ne fera pas l’affaire. Tout comme vous établissez des priorités pour votre parti (ce sur quoi se concentrer politiquement et quels groupes d’électeurs cibler), vous devriez également utiliser les instruments en ligne de manière stratégique. Les partis politiques traitent encore trop souvent Internet comme rien d’autre qu’un panneau d’affichage : quelque chose qu’on regarde. Mais Internet a fondamentalement changé le système. Les gens exigent qu’on les consulte et qu’on les implique. L’engagement traditionnel dans un parti politique est cependant partout en recul, mais les gens peuvent encore être motivés et s’enthousiasmer devant des projets politiques. Alors que les gens semblent de plus en plus occupés, et que l’engagement bénévole à long terme dans les partis politiques a clairement perdu de son attrait, Internet vous offre un instrument fabuleux pour inviter les partisans et les adhérents à s’engager sur la base de projets à court terme. L’INTERACTIVITE EST LA CLE DU SUCCES Internet, ce n’est pas un écran de télé qu’on ne fait que regarder. Il vous faut créer des plates-formes pour échanger des idées, pour discuter, pour permettre d’organiser des événements et pour mobiliser les gens.

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Travailler avec la presse et les médias « Il n’y a que ce qui a paru dans les médias qui a vraiment eu lieu, ou bien il n’y a que ce qui passe dans les médias avec une photo qui ne soit vraiment dans les médias ! » C’est peut-être un peu exagéré, surtout parce qu’aujourd’hui on peut créer sa propre plate-forme média en ligne. Toutefois, une couverture médiatique de vos campagnes et événements reste essentielle pour atteindre un large public, au-delà de vos participants et de tous ceux qui vous suivent (via les médias sociaux). À cause d’une surinformation sur Internet, les internautes sont très sélectifs et ont tendance à ne suivre que ce qu’ils aiment, et à ne lire que des informations qui confirment leurs propres idées. En tant que parti, cependant, il vous faut aller plus loin si vous voulez vous développer et gagner plus de voix aux prochaines élections. En règle générale, la surinformation fait que de nombreux messages et annonces se noient dans la masse. Si vous voulez vous faire entendre, utilisez une approche ciblée, et sachez comment fonctionnent vos médias nationaux. Les médias s’attachent au spectaculaire. Plus les événements ou annonces politiques que vous pourrez faire de manière régulière seront innovants, plus vous attirerez de journalistes et augmenterez vos chances de passer dans les médias. Attention toutefois à ne pas encombrer les boîtes de réception des journalistes avec des courriels de déclarations et communiqués de presse quelconques, car vous perdrez leur attention.

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LISTE DE VERIFICATION POUR TRAVAILLER AVEC LES MEDIAS Essayez de créer des occasions d’avoir les médias : Présentation d’un nouveau président, d’une nouvelle équipe de campagne, etc. Présentation d’un nouveau programme électoral, de nouvelles propositions de politiques de la part de votre comité, etc. Visite ou rendez-vous de terrain (impliquant pourquoi pas une personnalité libérale) soit pour vous informer, soit pour discuter de sujets faisant l’actualité politique auprès d’organisations telles que : Une chambre de commerce locale, un groupe d’intérêts, une association caritative, un syndicat, une école ou une crèche ayant reçu une distinction, ou bien où vous souhaitez mettre à l’honneur un programme éducatif innovant. À chacune de ces occasions, il est bon d’avoir préparé à l’avance une déclaration que l’on peut immédiatement donner à la presse. Invitez la presse à votre réception du Nouvel An ou au congrès local du parti. Annoncez le lancement d’une nouvelle campagne, qu’elle soit en ligne ou sur le terrain.

Liste d’envois Créez une liste de contacts presse détaillée, pour ainsi avoir une base de données complète permettant d’accéder facilement à tel ou tel média. Vous vous assurez ainsi de n’oublier personne lorsque vous devez réagir rapidement à un événement, et immédiatement envoyer un communiqué de presse. Faites en sorte d’inclure tous les médias locaux et régionaux, qu’il s’agisse des journaux locaux ou régionaux, des journaux publicitaires, des journaux en ligne, des blogs ayant de l’influence, des chaînes de radio (et de télévision si vous en avez au niveau local). Il vous faut également mettre à jour cette

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base de données régulièrement, en vérifiant les coordonnées et noms des personnes de contact.

Communiqués de presse Le communiqué de presse est l’outil le plus utilisé en relations publiques. Vous devriez prendre l’habitude de publier un communiqué de presse avant et après le lancement d’une campagne, d’un événement, ou autre activité. Un communiqué de presse consiste en un message écrit sur une question précise ou un événement particulier. Il doit apporter une certaine information et être un message concis, prêt à publier. Évitez de longs messages alambiqués mais aussi un ton trop informel. Les médias reçoivent tous les jours des centaines de communiqués de presse. Il ne faut que quelques secondes à un journaliste pour décider entre ce qui est intéressant et ce qui ne l’est pas. Il faut donc que votre titre et votre première phrase aillent droit au but, et mettent déjà en avant des éléments du message clé que vous souhaitez faire passer. Aux niveaux local et régional surtout, les médias aiment à recevoir des communiqués de presse car ils ne peuvent pas faire des recherches sur tous les fronts. Loin d’eux, toutefois, l’idée de devenir le porte-voix des Libéraux. Un communiqué de presse se doit donc d’être factuel, et si opinions il y a, elles doivent être attribuées à une personne en particulier, ou au parti. Vérifiez les dates ou heures butoirs de vos médias locaux pour sortir vos communiqués à temps, et vous assurez de paraître dans l’édition du lendemain. Téléchargez chacun de vos communiqués de presse sur votre site Internet. Ce faisant, vous maintenez votre site à jour avec des nouvelles, et documentez vos activités. Vous pourriez créer un lien (un MANUEL - Le petit livre libéral | Communication

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menu) « Presse » à part, avec tous les communiqués de presse, pour les rendre faciles d’accès. SUIVI PERSONNEL DES COMMUNIQUES DE PRESSE Un communiqué de presse ne remplace pas le contact personnel avec les journalistes. Il peut être utile de contacter le journaliste par téléphone pour lui offrir des informations supplémentaires.

Faites également en sorte de faire des déclarations à la presse qui soient brèves. Une seule page A4 est déjà presque trop. Quand vous préparez un communiqué, gardez ceci à l’esprit : > Utilisez un style qui s’accorde avec celui qu’utilisent les journaux pour leurs reportages plutôt que le style des tribunes libres. > Un titre concis et factuel tel que « Le parti libéral Utopia exige de meilleurs moyens de transport pour la ville XY » et pas simplement « Informations presse du comité XY du Parti libéral ». > Répondez aux questions « pourquoi, où, qui, quand et comment » si possible dans le premier paragraphe. > Rappelez-vous que votre déclaration peut se voir raccourcie. Mettez donc les éléments les plus importants en premier et les informations complémentaires ensuite. > Insérez de brèves citations clairement liées à une personnalité. > Utilisez le présent et évitez les formes passives. > Evitez l’autosatisfaction et les phrases vides mais utilisez plutôt des formules simples que tout le monde comprend, et qui vont droit au but.

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Autres éléments formels à prendre en considération : > Soyez constants avec l’identité graphique que vous choisissez (courriels et courriers), et assurez-vous que le destinataire (vous / votre comité XY du Parti libéral) est clairement identifiable. > Un communiqué de presse doit être présenté comme tel, de manière claire et visible. > Indiquez si la publication est interdite avant un certain laps de temps. > Gros titre. > Coordonnées au cas où l’on veuille vous demander des détails supplémentaires. > Si possible, ajouter un URL à partir duquel il est possible de télécharger des photos.

Utiliser le courriel pour contacter la presse Des règles semblables à celles évoquées précédemment pour les communiqués de presse s’appliquent aux courriels. Personnalisez vos envois de courriels, même si vous les envoyez par paquets. Vous retenez plus l’attention du destinataire si vous vous adressez à lui par son nom. Là encore, essayez de vous en tenir à moins de 300 mots (environ une page A4). Citez le titre dans l’« objet » du courriel, et reprenez-le dans le corps du courriel aux côtés de la date. Choisissez un format qui s’accorde à celui des courriels et évitez des polices de caractères particulières. Mettez les adresses électroniques dans le champ « Cci » pour éviter de rendre visible les adresses électroniques de tout le monde. Assurez-vous toutefois, qu’en opérant ainsi, ceci n’entraîne pas le rejet de vos courriels comme des « courriers indésirables ». MANUEL - Le petit livre libéral | Communication

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Annonces d’événement et rapports de suivi On peut utiliser un communiqué de presse pour annoncer un événement à venir et dire aux participants qu’en attendre. N’oubliez pas d’également inviter très clairement les journalistes, si vous envoyez le communiqué aux médias. Vous pourriez ajouter une phrase à la fin disant : « les représentants des médias sont cordialement invités. » Si vous n’invitez que les médias, alors indiquez au-dessus du titre de l’annonce : « Invitation pour la presse ». N’oubliez pas d’inclure les détails essentiels tels que le lieu, l’heure, le thème et les intervenants/ invités. Si la présence des médias à un événement donné vous est particulièrement chère, faites un suivi téléphonique pour vérifier que les journalistes invités seront présents. Vous pouvez aussi accueillir les journalistes par leur nom lors de l’événement. Les médias ne seront pas là à tous vos événements, alors vous pouvez aussi leur envoyer un bref compte-rendu après. Une fois encore, le texte doit être simple, court, et aller droit au but. Donnez également une petite sélection de photos.

Tribunes libres En tant que simple comité de circonscription, vous ne retenez guère l’attention. Essayez d’écrire une tribune libre pour votre journal local, car il est fort probable qu’elle soit publiée. Cette sorte de publication vous permet également d’écrire quelque chose de plus personnel, voire polémique. Rappelez-vous que votre lettre peut se voir éditée et raccourcie, alors essayez de faire passer le message dès le premier paragraphe.

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Votre attaché de presse ou de relations publiques peut créer un modèle, pour ainsi encourager les autres membres du parti à écrire des lettres. Il pourrait aussi faire régulièrement une liste des messages les plus importants que votre parti veut faire passer, pour s’assurer qu’on les prend en considération. Votre propre blog (que vous écrivez régulièrement), séparé ou inclus dans le site Internet du parti, est un instrument supplémentaire pour faire valoir votre opinion sur des sujets d’actualité ; et là encore, vous pouvez le mettre en lien avec d’autres médias sociaux pour attirer l’attention des médias.

Évaluer l’exposition médiatique Rassemblez et archivez tout ce qui a été publié sur votre parti, ou sur vousmême. Vous devriez au moins avoir ceci de disponible pour les comptesrendus que vous faites à votre bureau. Si vous apparaissez souvent dans les médias, il faut faire ça régulièrement. Non seulement tenez au courant les membres de votre bureau et les autres adhérents, mais partagez vos nouvelles avec les comités de circonscription voisins et/ou au niveau régional ou national. Partagez ce que vous considérez comme les bonnes pratiques, mais également vos expériences plus décevantes, pour voir comment éviter de les répéter. Suite à une campagne de presse, posez-vous toujours les questions suivantes : Avons-nous choisi les bons sujets ? Les avons-nous communiqués de manière appropriée ? Avons-nous suffisamment retenu l’attention du public ? Avons-nous misé sur les mauvais thèmes ou bien ont-ils été mal interprétés par le public ?

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Par conséquent, essayez d’également évaluer la couverture médiatique générale des sujets en question et de voir combien vos opposants politiques ont retenu l’attention des médias.

Distribuer des lettres en faisant du porte-à-porte Un moyen efficace d’informer la circonscription des activités récentes de votre parti, ou des actions que vous avez menées sur certains sujets, est de rédiger un petit tract ou une lettre à apporter, en personne, chez les gens de votre quartier.

Bulletin d’information Il est facile d’envoyer régulièrement un bulletin d’information à la fois à vos adhérents, et à tout autre personne intéressée pouvant être inclue sur cette liste de distribution. En tant que membre d’une importante structure de parti, vous pouvez facilement envoyer un bulletin hebdomadaire d’environ 4 à 6 points, comprenant des nouvelles du parti au niveau régional ou national, ou des commentaires sur les développements politiques nationaux. Même si vous ne vous en tenez qu’aux questions animant le débat local, et aux récents débats politiques de votre municipalité, vous devriez y arriver. Il ne faut pas seulement faire la publicité ou le compte-rendu d’événements. Votre opinion en tant que leader (de parti) politique est attendue ; et il y a toujours plein de choses à commenter. Essayez d’instaurer l’habitude d’envoyer votre bulletin d’information un jour précis (et s’il n’est que mensuel, alors à une date précise) pour, à long terme, créer chez vos lecteurs l’attente que les nouvelles des Libéraux vont bientôt arriver. Quelle que soit la manière dont vous vous y prenez, la question essentielle en communication est une question de répétition. Ce qui doit devenir le mantra de toutes vos activités de communication, c’est de, 90

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sans cesse, répéter votre message. Ceci est d’autant plus important pendant les périodes de campagnes électorales où il est plus probable que les électeurs écoutent ce que vous avez à dire. Voyez dans le prochain chapitre ce que vous pourriez faire pour une campagne électorale à succès.

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SE PRÉSENTER AUX ÉLECTIONS ET FAIRE CAMPAGNE


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“Savez-vous pourquoi les acteurs politiques répètent les mêmes choses

encore et encore ? Parce que ça marche. Au moment où ils ont enfin une chance que les citoyens leur prêtent un peu d’attention, ils s’empressent de dire exactement ce qui les fera élire. Ils ne savent pas quand arrivera ce moment alors ils répètent leur message encore et encore. (Du moins, les meilleurs font ainsi.) » 12

Au chapitre 3, on a souligné le rôle que jouent les partis politiques pour rassembler les gens et les idées, et le fait qu’il est de leur ressort de mettre ces idées en pratique. Se présenter aux élections, et faire campagne pour vos idées est justement la manière de mettre vos idées en pratique. Il est impossible de présenter une stratégie de campagne globale ; ce chapitre souligne plutôt quelques éléments essentiels à prendre en considération, et à ne pas oublier lorsque vous lancez une campagne électorale, et comment vous devriez vous y prendre. Vous trouverez dans ce chapitre quelques-uns des éléments clés pour une approche stratégique des campagnes. Si vous voulez réussir, il est indispensable d’avoir une stratégie. Faire campagne, c’est faire savoir aux gens ce que vous faites. Ce qui vous gagnera des voix, c’est de choisir les questions dont les gens se soucient, et d’en faire votre campagne. Une simple énumération des politiques ne mène pas à une victoire électorale, alors qu’une campagne sur des questions politiques si. 12 Voir James Carville and Paul Begala (les directeurs de campagne de Bill Clinton) in Buck Up, Suck Up . . . and Come Back When You Foul Up : 12 Winning Secrets from the War Room, New York 2003.

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Une campagne électorale, c’est définir une stratégie, se fixer des objectifs précis, être impeccablement organisé et être proche de son électorat. Avoir une approche stratégique durant votre campagne électorale, ça veut dire être capable, pendant les moments intenses, d’être rationnel et d’agir en conséquence, et de réagir avec créativité et flexibilité à quelque incident que ce soit. Une bonne discipline et un bon planning vous permettent une mise en œuvre professionnelle, tout en économisant ressources, temps et argent. Tout ceci s’applique qu’il s’agisse d’une campagne pour le conseil (municipal ou général) ou pour un siège de député. Il s’agit juste d’une différence d’échelle. Les campagnes nationales requièrent une organisation bien plus grande et bien plus sophistiquée puisqu’elles doivent être efficaces dans tout le pays. La campagne se doit d’être à la fois plus grande et plus intense. Toutefois, vous devez dans tous les cas répéter souvent vos messages de campagne pour persuader l’électorat, jusqu’au moment où, entendre encore une fois votre message, vous donnera une indigestion ; mais ce sera aussi le moment où le public commencera enfin à l’entendre ! Sachez ce que vous voulez… Assurez-vous que votre parti et vos agents de campagne sont d’accord sur les objectifs clés à atteindre. Assurez-vous que tout le monde les comprend bien. Assurez-vous qu’on peut les atteindre – ils doivent permettre de faire des avancées significatives mais pas de forger des attentes auxquelles on ne pourra pas répondre. Il n’y a rien de plus garanti pour décevoir les gens que les élections ont enthousiasmés, que de voir vains leurs espoirs irréalistes.

Formuler un objectif et une image L’objectif que vous souhaitez atteindre doit être aussi clair que possible. Ayez une identité aussi distincte que possible par rapport à vos opposants. 94

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Il faut que vos objectifs gagnent la confiance des électeurs, pour qu’ensuite ils les évaluent de manière réaliste. « Le parti libéral de la ville de X défend A/B/C. Nous nous présentons aux prochaines élections locales et nos candidats feront en sorte que… » (présentez brièvement vos objectifs, avec emphase). « Le parti libéral de la ville de X a des acteurs politiques compétents (décrivez-les brièvement). Si vous voulez un meilleur avenir pour vos enfants, si vous êtes en faveur de la mesure X, vous devez voter libéral. » Une telle image devrait être la marque et le thème récurrent de toute votre communication. Tous vos discours, toutes vos lettres et déclarations devraient comporter un ou plusieurs éléments de la sorte. REPETER, REPETER, TOUJOURS REPETER !!! Vous vous devez de répéter votre image et votre message clé aussi souvent que possible pour qu’un nombre suffisamment grand de personnes fassent immédiatement le lien entre ce message et vous et votre parti.

Présentez votre message clé en utilisant un slogan qui soit en lien avec votre candidat tête de liste / votre candidat à la mairie, et qui donne à ce candidat un profil individuel bien distinct. Ce thème-là devrait rester visible pendant toute la campagne. Aucune campagne, à quelque niveau que ce soit, souhaitant être bien identifiable de la part du public à un moment de surinformation, ne peut s’en passer. Continuer à répéter votre message clé jusqu’à ce que votre propre équipe en ait assez. Il est prouvé que c’est justement à ce moment-là que le message atteint vos groupes cibles. Il vous faudrait d’autre part essayer d’éviter de reprendre les questions traitées par vos opposants politiques (c’est-à-dire des sujets fortement liés à Manuel – Le petit livre libéral | Participer aux élections et faire campagne

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l’image de marque et au profil d’un autre parti). Ne les reprenez pas, mais essayez de les laisser s’effacer de l’attention du public. Ce sont vos questions dont vous voulez qu’on débatte en public et pas celles de vos opposants. On croit souvent que, parce que quelque chose devient public, cela a plus d’importance, et peut avoir de lourdes conséquences lors de décisions à court terme par des électeurs indécis. Pendant les campagnes électorales, on rencontre toujours des surprises qui semblent aller à contre courant de notre stratégie. Essayez de rester ferme, tenez-vous en à votre message, et maintenez votre image. Si vous devez réagir à de soudaines attaques politiques, ou à de nouvelles circonstances, agissez avec tactique, mais ne perdez pas de vue votre objectif à long terme.

Définissez votre marge de votes Essayez de définir au mieux le pourcentage de voix que vous souhaitez obtenir, et ce qui semble réaliste et faisable. Ceci vous aidera à rendre votre campagne et votre engagement auprès des électeurs à la fois concrets et crédibles. Exemple : Vous voulez obtenir 10 % des voix. Déterminez la taille de l’électorat. S’il y a 10.000 électeurs potentiels et que le taux de participation aux élections est de 70 %, cela fait 7.000 votants. Si vous voulez atteindre 10 % des voix, il vous faudra convaincre 700 personnes. Plus le taux de participation est élevé, plus il vous faut de voix pour obtenir les 10 %. Si vous êtes un petit parti, un taux de participation plus bas peut jouer en votre faveur.

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Ressources humaines Au début de chaque campagne, vous devez rassembler une équipe qui soutiendra et conseillera le(s) candidat(s) à la fois sur les questions de logistique et de contenu, et qui saura apporter remarques et commentaires, et soutien moral, lors des moments difficiles. Une campagne, c’est un groupe de personnes qui fait un effort collectif. Ça peut aller d’un petit groupe de trois, à une équipe de dix personnes. La taille dépendra peut-être de considérations tactiques qui varient d’un parti à l’autre, ou des moyens financiers et du savoir-faire disponibles au sein du parti, et de la taille de la ville/de la région/du pays. Une équipe de campagne travaillera bien si tous les membres de l’équipe se sentent impliqués dans un commun effort. Pour cela, il est important de d’abord se mettre d’accord sur les méthodes à utiliser, et sur ce qu’on attend exactement de chacun. Une telle équipe de campagne n’a pas forcément besoin de faire partie des organes statutaires du parti. Essayez de mobiliser un large soutien pour votre équipe de campagne. Les élections sont une excellente occasion d’impliquer dans les activités du parti ceux qui ne font pas partie du petit groupe des habitués. Faites en sorte de ne pas seulement impliquer les anciens dans la campagne, mais aussi de laisser la place aux nouveaux talents, et cherchez à atteindre un équilibre juniors/seniors, hommes/femmes. Ceci évitera de voir toute tentative de nouvelles manières de faire et de penser supplantée par un « mais on a toujours fait comme ça… » Ceux qu’on imagine immédiatement en charge, tels que les membres du bureau ou autres fonctionnaires élus, peuvent être déjà très pris par leur travail. Beaucoup d’autres membres du parti avec moins de responsabilités, ou un mandat moindre, peuvent s’avérer fortement motivés à s’engager dans un projet de campagne, pour un temps limité.

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Pour une campagne de plus grande envergure, vous pourriez envisager d’organiser votre équipe en sous-groupes, avec un petit groupe central en charge du planning et des décisions politiques, et une équipe plus nombreuse constituée de membres de divers comités de circonscription. Répartissez clairement les tâches dans l’équipe, tout en permettant à chacun d’utiliser tout son potentiel. Les domaines listés ci-dessous peuvent, toutefois, vous indiquer comment répartir en gros les membres de votre équipe autour de quelques tâches essentielles. Il faut que les domaines suivants soient couverts : > Planning et contrôle financiers > Médias et relations publiques > Secrétariat pour l’organisation d’événements > Gestion du matériel promotionnel > Internet

Sélection des candidats têtes-de-liste, des candidats à la mairie ou autres hautes fonctions Prenez soin de considérer quelle est la nature des élections auxquelles vous vous préparez. Les élections locales sont très différentes des élections nationales. Faites en sorte de bien maîtriser les règles de l’élection à laquelle vous vous préparez, et de bien analyser vos besoins. Les campagnes électorales deviennent de plus en plus personnalisées. Choisissez vos candidats avec soin et évaluez quels aspects jouent en leur faveur. 1. Quelle sorte de candidat souhaitez-vous, et de quelle sorte de candidat avez-vous besoin ? Homme/femme, célibataire/marié, enfants, etc.

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2. Résident dans la commune ciblée ? Ayant un lien professionnel avec la municipalité ? 3. Quelle question précise pourrait être le plus en lien avec votre candidat, c’est-à-dire quel est le thème que cette personne pourrait le mieux représenter ? Comment le candidat se démarque-t-il positivement des autres candidats ? 4. Le candidat soutient-il totalement la stratégie de campagne du parti, et s’identifie-t-il totalement avec les thèmes et les propositions de politiques du parti ? 5. Est-ce que le candidat correspondra aux attentes des électeurs ? 6. Le candidat est-il connu dans la commune/dans la région ? 7. Pouvez-vous vous assurer que le candidat et l’équipe de campagne seront en permanence disponibles pour le parti et les électeurs, pendant toute la durée de la campagne ? 8. Le candidat est-il soutenu par les militants de la base ?

Structure de la municipalité/de la région 1. À quelle structure sociale le candidat fait-il face ? 2. À quoi ressemble le développement économique de ces dernières années ? 3. Quelle est la structure démographique ?

Analyse des concurrents 1. Si le candidat sortant d’un autre parti se représente : est-il à la hauteur de la tâche et est-il respecté, ou bien y a-t-il des faiblesses que vous pourriez exploiter ?

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2. Sinon, quelles sont les forces et les faiblesses du nouveau candidat de la majorité ? 3. Quelles sont les forces et les faiblesses des candidats des autres petits partis ?

Conditions politiques de base pour le Parti libéral 1. Vous êtes déjà représentés au conseil municipal et faites partie de la coalition au pouvoir / Vous êtes dans l’opposition / Vous n’avez aucun représentant. 2. Est-ce qu’on veut présenter un candidat ? Oui, parce qu’on a la chance de gagner. / Oui, parce qu’avoir un candidat à nous consolide notre profil à long terme. / Non, la situation ne justifie pas qu’on présente un candidat. / Non, parce qu’on peut gagner d’autres avantages politiques.

Évaluez vos chances : utilisation efficace de vos ressources Demandez-vous si toutes les heures de travail et tout l’argent dépensé ont été utilisés le plus efficacement possible face à vos principaux objectifs. > Ne perdez pas votre temps. Concentrez vos activités, mailings et affiches dans les quartiers où vous vous attendez à avoir des électeurs, ou dans ceux où vous les avez identifiés. > Entretenez le contact dans les quartiers qui votent traditionnellement libéral, et investissez du temps là où vous voyez du potentiel. Ne perdez pas de temps dans les quartiers où les valeurs libérales n’ont pas la côte. Vous n’arriverez pas à changer cela à court terme. Les agents de campagne du coin expérimentés savent généralement quels sont les quartiers qui ont le plus de chance de voter libéral. Une simple analyse des derniers résultats électoraux vous aidera également à repérer les bastions libéraux.

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> Si vous avez une personnalité politique importante qui participe à l’un de vos événements, faites de votre mieux pour obtenir l’attention des médias autant que possible. > Quand vous organisez des événements, faites en sorte d’avoir le plus grand nombre possible d’invités extérieurs présents, ainsi que de membres de la presse. Réservez les événements où le public n’est pas convié (même involontairement) pour les périodes d’entre-campagnes. Un des principaux éléments de votre planning de campagne, à tout moment, doit être de diffuser vos messages au maximum (via mailings, affiches, événements, etc.) là où ils ont le plus de chances de porter leurs fruits.

Planifier et contrôler Ayez un calendrier d’actions précis (qui fait quoi et quand ?) pour toute la durée de votre campagne. Préparez un tel plan d’action pour toutes les activités, précisant les responsabilités et les dates butoirs. N’oubliez pas de prévoir des plans d’urgence pour tout retard imprévu, pour vous laisser un peu de flexibilité. Un planning aussi global permet d’avoir un aperçu clair de la structure de votre campagne. Souvenez-vous : mettez l’accent sur vos forces, et tentez de minimiser vos faiblesses. On peut mettre une personne en charge de contrôler le planning. Puisque vous devrez compter principalement sur des bénévoles, un tel contrôle permet de garder une vue d’ensemble de ce qui doit se passer, et quand. Celui en charge du contrôle du calendrier devra avoir accès à toutes les informations, et devra faire un rapport régulier indiquant si les dates butoirs sont respectées ou non, et si vous allez être capable d’atteindre vos objec-

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tifs. Sur cette base, vous êtes mieux placé pour discuter d’ajustements possibles du planning, s’ils s’avèrent nécessaires.

Faire participer les sympathisants du parti Songez à vos ressources humaines. Il se pourrait que beaucoup des adhérents du parti, d’ordinaire plutôt inactifs, veuillent bien s’investir dans une campagne électorale. Réfléchissez à comment vous et votre équipe de campagne pouvez le plus possible impliquer d’autres adhérents. Une réception organisée en début de campagne pourrait servir à motiver vos adhérents, et faire qu’ils s’engagent à continuer lors des moments les plus intenses. On a souvent tendance à oublier le fait que les gens puissent vouloir s’engager. Pour eux, cela peut être une source de frustration.

Désignez au moins une personne de votre équipe en charge d’identifier des bénévoles, de rester en contact avec eux, et de coordonner leur participation aux événements et autres initiatives. Les bénévoles les moins expérimentés peuvent prendre part aux tâches suivantes : > Rejoindre le personnel du secrétariat/standardistes (si vous avez une ligne téléphonique) > Travail d’organisation pour soutenir le candidat de votre circonscription > Logistique des événements, collage d’affiches > Préparation des courriers à poster, distribution de tracts/lettres dans les boîtes aux lettres

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Gestion du thème Le succès d’une campagne est basé sur un bon planning et une analyse précise des conditions de départ. Pour cela, il faut prendre en compte un certain nombre de facteurs. « Ce qui gagne des voix, c’est de faire campagne sur les questions qui sont chères aux électeurs. On ne gagne pas des élections avec des listes de politiques, mais des campagnes sur les questions liées aux politiques, oui. » 13

Gardez à l’esprit les différents groupes d’électeurs lorsque vous en serez à identifier et développer vos questions politiques clés. > Électeurs potentiels (sympathisants du parti) > Électeurs potentiels d’autres partis (qui sont hostiles à vos objectifs) > Électeurs qui pourraient ne pas voter (électeurs indécis ou difficiles à motiver) Les questions suivantes sont donc importantes : > Pouvez-vous motiver vos propres sympathisants à voter ? Ceci fonctionne plutôt bien si aucun autre parti ne fait campagne sur les mêmes questions, ou ne met en avant des propositions semblables qui seraient plus attrayantes que vos propres thèmes. > Tentez d’aborder les indécis en formulant des messages clairs et compréhensibles. Concentrez-vous sur les objectifs et non sur les moyens de les atteindre (« plus de sécurité » plutôt que « plus de police »). Plus votre message sera pertinent, plus vous aurez de chances qu’il soit entendu. > Ciblez les électeurs potentiels et les indécis. Il vous sera difficile de convaincre les autres. Personne ne vote pour un parti dont il attend des désavantages. 13 Campaigns Manual, Liberal Democrats 2007, UK, p. 14

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Saisir sa chance Le maire d’une ville représente par défaut tous les électeurs. Pendant une campagne électorale toutefois, il vous faut trouver des soutiens pour votre propre poste. Il vous faut gagner des voix pour votre parti, et pas pour les représentants de l’État. Si vous êtes encore peu nombreux, vous n’avez pas à vous comporter comme un grand parti ayant la majorité, devant contenter de larges pans de la société. On peut envisager de décourager jusqu’à 70 % de l’électorat pour gagner 10% des voix. Répertoriez des questions aussi concrètes que possible, dans lesquelles les électeurs verront des avantages concrets – y compris des valeurs idéalistes. Souvenez-vous : > Différenciez-vous de vos opposants. S’il n’y a pas de différence flagrante qui soit attrayante, ou que la différence ne se trouve que dans les méthodes et non dans les objectifs, nombreux sont les électeurs qui ont tendance à voter pour le plus grand parti car ils considèrent qu’il a plus de chance d’atteindre ses objectifs. > Si vous choisissez plusieurs thèmes de campagne, faites en sorte de rester constant, et de ne pas vous contredire, ni d’ainsi vous opposer certains groupes d’électeurs.

Cibler les électeurs Cibler signifie identifier les groupes d’électeurs, ou les quartiers, où la probabilité d’un vote libéral serait plus élevée que la moyenne, et concentrer votre campagne sur ces groupes. Si vous vous êtes déjà présenté, il vous sera plus facile d’identifier les quartiers plus enclins à voter libéral, grâce aux résultats des élections précédentes.

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Vouloir gagner une plus grande circonscription vous demandera d’identifier, et de comparer, les résultats électoraux de différentes municipalités, vous donnant ainsi des indices sur où placer de grands panneaux d’affichage, et où coller des affiches, si cela est autorisé. Si vous ciblez le comportement électoral d’entités plus petites, telles que votre quartier ou votre arrondissement, vous devrez identifier les rues où il serait bon d’envoyer des mailings ou de faire du porte-à-porte. Vous devriez pouvoir obtenir des listes détaillées des résultats électoraux de la part des autorités électorales de votre pays. Cependant, ne faites pas l’impasse sur votre propre expérience de campagne ni sur celle des militants du parti qui, grâce aux campagnes précédentes ou tout simplement grâce à un bon réseau de contacts locaux, savent quelles sont les tendances politiques de tel ou tel quartier.

Identifier et séduire des groupes d’électeurs potentiels N’attendez pas que les électeurs viennent à vous, mais identifiez et approchez différents groupes de manière proactive, en leur présentant vos concepts libéraux. Un seul public bien homogène n’existe pas ; il s’agit de plusieurs groupes ayant des intérêts et convictions différents, et que vous pouvez atteindre en utilisant des approches ciblées. > Il y a des groupes bien définis comme les membres d’associations professionnelles, les groupes d’intérêt, les clubs de sport et tant d’autres. Ceux-là sont faciles à identifier et à approcher. > Il y a des groupes sociaux tels que les groupes de jeunes, de retraités, de femmes, de célibataires, d’handicapés, de jeunes parents, etc. > Il y a d’autres groupes liés par des intérêts communs tels que les automobilistes, les patients, les navetteurs, etc.

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De nombreux événements peuvent être organisés pour certains groupes en particulier, et vous concevez l’événement en fonction, comme par exemple dans les cas suivants. > Parents qui travaillent, parents célibataires Vous pourriez installer des stands d’information sur la garde d’enfants ou sur les politiques d’éducation de votre parti. Organisez des visites de garderies ou d’écoles, ou organisez des journées d’action pour la garde d’enfant la journée, ou un débat sur la situation financière des parents célibataires. > Familles en général Organisez des événements pour les familles, des jeux éducatifs pour les enfants à votre stand, ou un marché aux puces. > Ceux qui votent pour la première fois Écrivez aux jeunes qui voteront pour la première fois en présentant vos positions libérales, organisez des débats sur les questions chères aux jeunes, investissez-vous auprès des éditeurs des journaux ou magazines des écoles ou des universités. Organisez des ateliers de formation sur comment écrire des lettres de candidature. > Enseignants Événements d’information sur les politiques d’éducation et sur la formation des enseignants. Prenez contact avec les syndicats d’enseignants. > Étudiants et employés des universités Organisez des événements d’information sur les questions liées à l’université et au monde académique. S’il y a un groupe libéral à l’université, invitez-le à participer à vos activités et encouragez ses adhérents à faire campagne sur le campus.

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> Police et système judiciaire Événements d’information sur le thème « Liberté et Sécurité ». > PME, artisans Trouvez quelles sont les questions qui les préoccupent en rendant visite aux entreprises, ou aux chambres de commerce et d’industrie locales. > Fonctionnaires Si vous faites campagne sur la réduction des dépenses publiques, comprenant une restructuration des services administratifs, engagez le dialogue avec les fonctionnaires pour leur présenter votre projet et en discuter. > Professions de santé, contribuables, propriétaires, automobilistes, etc. Organisez des réunions d’information avec les associations spécialisées pour discuter des questions qui leur sont chères, et des politiques et réformes s’y rapportant.

S’engager en faisant campagne Pendant les grands moments d’une campagne, on met l’accent sur la publicité et moins sur le dialogue. Le programme a été décidé, et vous vous êtes peut-être déjà engagé dans une possible coalition. C’est pourquoi il est important que vos messages soient constants pendant toute la campagne. Ce qu’il faut désormais faire, c’est convaincre les électeurs de votre « produit ». De grands panneaux d’affichage à travers toute la ville attirent beaucoup l’attention, mais sont très chers (et dans certains pays, ils sont interdits). De plus, ce n’est pas seulement avec de grands panneaux d’affichage que vous gagnerez beaucoup de voix. Mais votre campagne en souffrira si vous n’êtes pas visible du public (bien que si vous mettez trop de posters et s’ils ont l’air trop luxueux, les gens pourront se demander d’où vient l’argent). Si vous n’êtes pas sur le terrain, vos sympathisants se

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sentiront moins motivés de dire haut et fort qu’eux aussi vous soutiennent. Cela aura de l’effet sur la mobilisation des soutiens. Même vos propres électeurs veulent se sentir mobilisés et motivés, et ce n’est pas parce que les Libéraux ne seront pas sur le terrain que les autres partis colleront moins d’affiches. CAMPAGNE D’AFFICHAGE Ce n’est pas avec des affiches et de grands panneaux d’affichage que vous gagnerez la campagne, mais vous perdrez si vous n’êtes pas visible du public !

Distribuez des affiches de manière stratégique. Les mettre là où les voitures passent à 100 km/h ou plus, ne sert à rien. Ciblez plutôt les grands carrefours, les feux, les arrêts de bus ou de tram. Il n’est pas non plus inutile de cibler les quartiers où votre potentiel électoral est plus élevé. Si les affiches montrent des candidats, vous pouvez rajouter leur profession ou leur fonction, pour que les gens aient une idée de pour qui ils votent. La publicité (qu’il s’agisse de partis politiques ou de lessive) n’a qu’un effet limité. Elle est là en complément de vos efforts de campagne, mais vous ne pouvez pas baser une campagne uniquement sur la publicité. Essayez d’être créatif dans vos affiches, c’est-à-dire évitez l’image du vieil homme en costume gris disant « pour un futur meilleur ». Ce qui gagne l’attention, ce sont des motifs auxquels on ne s’attend pas, et des slogans qui ont du sens.

S’engager via les médias Les électeurs décident de plus en plus spontanément de ce qu’ils pensent des programmes politiques et de la crédibilité des candidats, et se basent moins sur de vieilles convictions idéologiques. Bien souvent, les médias et

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les journalistes jouissent d’une plus grande crédibilité que les acteurs politiques (bien que leur popularité reste également limitée). Une bonne couverture médiatique est donc une condition préalable essentielle à un succès électoral. Évaluez régulièrement ce dont on parle le plus dans la presse, et les sujets « chauds » qui vont certainement émerger. Il peut s’agir de questions bien spécifiques au contexte local. Comment ces sujets évoluent-ils ? Valent-ils la peine qu’on s’y attarde en tant que Libéraux ? Lequel de ces sujets devrait-on suivre ? Ces sujets sont-ils bons pour nous, ou bien court-on un risque en s’en mêlant ? Plus vous serez capables de faire passer vos propres sujets dans les médias, plus vous serez à l’ordre du jour. Les gens se mettront à en parler, et leur accorderont automatiquement de l’importance. Tout le matériel que vous produisez doit donc toujours porter vos principaux messages. Assurez-vous que tous vos porte-paroles s’en tiennent à ces messages clés, et savent ce que vous êtes en train de faire et pourquoi. TOUJOURS PARLER D’UNE SEULE VOIX !

Les électeurs n’aiment pas les conflits internes. Faites en sorte que tout le monde soit suffisamment informé, et soutienne les décisions qui sont prises. Ceci s’applique à votre travail aussi bien au niveau local qu’aux niveaux régional et national. Plus vous apparaîtrez unis et constants sur le long terme, plus vous pourrez générer un soutien fort de la part du public. Pour cela, organisez régulièrement des réunions avec les élus des différentes branches à un niveau élevé du parti pour que l’information redescende jusqu’au niveau des adhérents.

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S’engager en contactant directement les gens (campagne de porte-à-porte) Les gens apprécient que vous vous souciiez d’eux et que vous leur offriez l’opportunité d’un dialogue direct. Faites bien attention toutefois à évaluer ce qui peut ou non fonctionner dans votre contexte culturel propre. Ce n’est pas partout qu’on sonne aux portes et qu’on « pénètre » chez les gens, comme au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Cherchez à avoir une conversation personnelle avec vos voisins, vos amis, votre famille, vos collègues, votre coiffeur, les commerçants, etc. Si cela se justifie, ou vous semble approprié, présentez-vous à votre arrondissement ou à votre municipalité (ayez toujours vos cartes de visite sur vous) si vous cherchez à représenter cette circonscription au conseil municipal.

Envoi de courriers postaux Envoyez des courriers à tous les foyers. Contrairement aux envois de courriels de masse (qui peuvent soulever la question de comment vous avez obtenu les adresses électroniques privées) ou au porte-à-porte, des courriers postaux sont moins agressifs et le destinataire est libre de lire ou non votre courrier. Cette forme de contact rehaussera votre profil auprès des électeurs. Il est en général facile, et plutôt bon marché, d’organiser de tels envois via les services postaux ou les journaux locaux ; ou si vous avez assez de bénévoles, vous pouvez les distribuer dans les boîtes aux lettres. LISTE DE VERIFICATION POUR LES ENVOIS DE COURRIERS L’enveloppe : c’est le sésame. Personnalisez-la et faites en sorte qu’elle ait l’air aussi sérieux que possible, par exemple en écrivant l’adresse à la main. Pour de réels envois en masse, ceci n’est pas faisable mais assurez-vous que les noms sont écrits correctement. Rien n’agace plus les gens que de voir leur nom mal épelé.

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Concentrez-vous sur le problème : Quel est l’avantage de voter libéral ? Utilisez des phrases courtes ne contenant qu’un seul message. Utilisez l’actif et non le passif, et n’utilisez que quelques verbes modaux tels que vouloir/ pouvoir/devoir. Design : Surlignez ou soulignez vos phrases clés et insérez des photos ou diagrammes dans le texte. Le lecteur écarte d’emblée ce qui ne l’attire pas. Permettez au lecteur de répondre à ce courrier. Joignez-y une adresse électronique ou un formulaire de réponse qui pourrait vous être faxé.

S’engager sur la Toile Lors de sa campagne présidentielle en 2008, le président des États-Unis Barack Obama a fixé la norme quant à l’utilisation des médias en ligne. À chaque fois qu’il cliquait sur son site Internet, l’internaute était invité à s’inscrire. Obama avait son profil présent dans tous les réseaux de médias sociaux et permettait ainsi aux gens, soit de suivre ses activités et ses messages, soit d’engager une conversation directe avec lui. Ses abonnés pouvaient voter sur les questions politiques, ou décider de la ville où il devrait ensuite se rendre. Il communiquait aussi souvent des informations à sa communauté d’internautes, avant de les relayer à la presse traditionnelle. On ne peut pas simplement faire un copié/collé de cette campagne-là dans n’importe quel contexte national ; mais on peut s’en inspirer. La popularité d’Internet et le taux d’internautes varient également beaucoup selon les différents niveaux de développement technique, mais en général, ils augmentent. Plus le taux d’internautes est élevé, plus la communication en ligne est devenue courante dans une société, plus un parti politique doit s’engager sur la Toile.

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Faire campagne en ligne peut mieux fonctionner dans un contexte national où il n’y a qu’un seul candidat tête d’affiche sur qui se concentre toute l’attention, plutôt que dans un contexte d’élections locales où vous essayez d’obtenir un maximum d’élus au conseil et où le contact personnel entre le candidat et les électeurs joue un rôle plus important et est plus facile à établir. Toutefois, vous ne pouvez pas vous permettre d’être absent de la Toile, ou qu’on ne vous y trouve pas. Si vous en avez les moyens, lancez une brève vidéo de campagne présentant vos messages clés. Intégrez-la sur votre site Internet, téléchargez-la sur des sites de vidéos comme YouTube ou autres sites nationaux connus, et utilisez des mots clés (« tags ») qui feront que les moteurs de recherche la trouveront facilement. Le même principe s’applique aux profils des réseaux de médias sociaux. Essayez d’être présent dans plusieurs réseaux mais sans exagérer, et restez constant dans vos messages et le graphisme que vous utilisez. Essayez de mettre en lien des outils comme Twitter et Facebook, Google+ ou autres réseaux nationaux. De tels réseaux vous permettent de faire des campagnes virales 14 pour garder vos abonnés au fait de vos nouvelles et événements à venir, ou pour leur permettre de vous contacter. Les internautes ont de plus en plus tendance à sélectionner les platesformes et les forums qui confirment leurs propres idées politiques. Ils ne cherchent plus vraiment à être informés de manière globale et exhaustive. Par conséquent, votre profil politique sur les plates-formes des médias sociaux aura tendance à n’attirer que des « Libéraux convaincus » ou, au contraire, ceux qui ne cherchent qu’à vous insulter. 14 Une campagne virale est un outil de marketing facilitant et encourageant les gens à faire passer un message. Le marketing viral dépend d’un taux important de gens qui font passer le message d’une personne à l’autre. Si un large taux de destinataires fait suivre le message à un grand nombre d’amis, l’effet boule de neige fait que le nombre de gens touchés augmente très vite. Si le taux de gens faisant passer le message devient trop faible, alors l’effet boule de neige s’épuise rapidement. 112

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Campagne électorale : exemple de bonne pratique Ce n’est pas un modèle facile à copier pour d’autres campagnes électorales. Toutefois, alors que les questions concernant la stratégie, la sélection des candidats et les thèmes de campagne sont toujours les mêmes, les réponses se doivent de correspondre au contexte local.

Pourquoi le FDP d’Hambourg a gagné les élections régionales en février 2011 alors que tous les sondages régionaux et nationaux prévoyaient qu’il n’atteindrait pas le seuil des 5 % ?

Exemple d’une bonne pratique de campagne en 5 étapes 1. Le candidat La candidate tête d’affiche était la plus jeune de tous. Au début, les médias l’ont présentée comme inexpérimentée mais au final, elle était considérée comme un élément apportant dynamisme et fraîcheur sur la scène politique. En tant que mère de deux enfants et ayant un « vrai » travail, elle contrastait avec les autres acteurs politiques professionnels. Le FDP a ainsi pu se positionner de manière stratégique au cœur de la société. 2. Marketing L’équipe de campagne a utilisé des techniques de marketing modernes en coopération avec une agence de relations publiques et le parti national, ce qui a suscité l’intérêt des médias.

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Cette affiche a su faire la différence sous un ciel de novembre gris et pluvieux à Hambourg. 3. Travaillez avec la presse, pas contre elle Cette approche a offert aux médias ce qu’ils aiment : quelque chose d’attirant, tape-à-l’œil et inhabituel. Les médias ont commencé à faire de plus en plus de reportages et ont continué sur leur lancée, même au niveau national, quand le leader du parti d’alors, Guido Westerwelle, a commencé à venir aux événements avec elle à ses côtés. 4. Sujets et stratégies sont coordonnées Les sujets à aborder étaient secondaires puisque le CDU, le SPD et le FDP étaient d’accord sur nombre d’entre eux, mais les positions du FDP se différenciaient particulièrement des Verts. Le FDP s’est donc positionné 114

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comme une alternative stratégique aux Verts. « FDP au lieu de GAL » (les Verts). 5. Structures professionnelles Les partis allouent souvent fonctions et titres sur la base de quotas et de relations personnelles. Mais ce cas-là était différent. La principale équipe de campagne de Hambourg n’avait aucune ambition personnelle, c’est sur base de leurs formations professionnelles et de leurs connaissances que les gens s’impliquaient. Cela aidait donc à éviter les conflits d’intérêt. Quant au président de la branche régionale du parti, il n’était pas lui-même candidat et continuait à gérer les affaires du parti et à organiser la collecte de fonds. C’était le meilleur soutien pour tous les candidats et leurs activités de campagne. Si vous souhaitez en savoir plus sur les stratégies globales de campagne, de nombreux ouvrages sont disponibles sur le marché. 15 Aucun ne présente un modèle pouvant être simplement copié/collé, mais ils présentent des méthodes de planification stratégique et de développement de campagne nécessaires à une mise en pratique réussie des politiques. Que se passe-t-il après une campagne électorale, qu’elle ait été un succès ou ait connu la défaite politique ? Voici ce à quoi répondra le chapitre 10. Un travail de parti politique qui connaît le succès en règle générale, et les campagnes électorales en particulier, dépendent des moyens financiers à disposition. Le chapitre suivant présente quelques éléments clés nécessaires à la collecte de fonds visant à financer votre travail. 15 Entre autres: Peter Schröder, Political strategies, disponible en différentes langues sur http:// www.polcon.de/en/index.htm / James Carville and Paul Begala, Buck Up, Suck Up… and Come Back When You Foul Up: 12 Winning Secrets from the War Room, Simon & Schuster 2003. Voir également les autres publications de James Carville.

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COLLECTE DE FONDS


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Aucune campagne électorale ne fonctionne sans argent. Collecter des

fonds est une tâche importante, à gérer en permanence. Vous devez être motivé et proactif pour lever des fonds. Il est rare qu’un donateur ne donne de l’argent sans qu’on le lui ait demandé, et personne n’investit de l’argent sans savoir à quoi il va servir. Assurez-vous que vous connaissez bien les lois et les règles régissant la collecte de fonds et les dons aux partis politiques. Sachez ce qu’il vous est permis de faire ou non et pliez-vous aux règles. N’oubliez pas de faire un rapport et de déclarer les dons en accord avec la législation nationale. Soyez au fait des différentes stratégies de collecte de fonds. Si vous êtes déjà un parti politique qui connaît le succès, ou un associé d’un gouvernement de coalition, il est fort probable que vous réussirez lorsque vous approcherez les grands donateurs telles que les entreprises. Une bonne stratégie de micro-collecte de fonds reste toutefois une base essentielle. QUI NE DEMANDE RIEN N’A RIEN !

Collecter des fonds est une tâche délicate et chacun le fait à sa manière. Vous pouvez toutefois prendre en considération les points suivants. Parlez-en ! Vos adhérents s’intéressent aux questions politiques. Ils veulent s’engager et débattre de questions politiques bien spécifiques. La question de collecte de fonds n’est donc pas souvent abordée car considérée comme une question technique plutôt que politique. Ce sont toutefois vos adhérents qui ont des idées et des contacts avec d’autres réseaux et donc des donateurs

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potentiels. Discutez de la question lors de vos réunions de parti internes et recueillez les idées sur comment s’y prendre au mieux. Faites-en une question politique ! Vous ne pouvez pas attendre des gens qu’ils donnent de l’argent sans rien obtenir en retour. Le donateur doit savoir ce à quoi va servir l’argent, donc associez toujours vos efforts de collecte de fonds à vos exigences politiques. Des donateurs différents ont des intérêts différents, donc essayez de cibler vos efforts de collecte de fonds en conséquence. Soyez précis ! Toutes les organisations qui collectent des fonds essaient d’être aussi précises que possible sur les projets concrets pour lesquels elles veulent lever des fonds. Les gens veulent savoir ce que vous faites de leur argent. Soyez vendeur ! Dans de nombreux pays, les dons sont déductibles des impôts. Informez les donateurs potentiels des règlementations fiscales sur les dons pour les aider à se décider. Gardez-les ! Tous les entrepreneurs savent qu’il est plus facile de garder des clients existants que d’en gagner de nouveaux. Prenez donc soin de vos donateurs. Remerciez-les personnellement et/ou envoyez-leur un courrier. Conviez-les aux événements organisés par le parti. Cela peut même valoir la peine d’envisager la création d’une organisation de donateurs (un business club). Entretenir de bonnes relations avec vos donateurs n’aura peut-être pas d’impact à court terme sur votre trésorerie, mais les prochaines élections ne sont jamais loin.

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LISTE DE VERIFICATION : QUELQUES REGLES A CONSIDERER POUR LA COLLECTE DE FONDS Si vous vous adressez à quelqu’un pour qu’il vous donne de l’argent, parlezlui des questions auxquelles vous voulez vous attaquer plutôt que d’essayer de lui soutirer de l’argent à tout prix. Une demande personnelle a plus de chance d’aboutir. Les gens donnent à des personnes et pas à des organisations abstraites. Développez d’abord une relation avant de demander de l’argent. Faites un travail de sensibilisation. Le donateur doit comprendre pourquoi vous avez besoin d’argent. Des rapports sur les initiatives et les succès stimulent le bon vouloir des donateurs. Essayez de savoir combien vous pouvez demander à un donateur, et quel est le meilleur moment pour le faire. Toujours dire merci ! Les grands donateurs méritent une attention toute particulière. Soyez honnête quand vous présentez à vos donateurs ce que vous avez fait, ainsi que vos succès et échecs possibles.

Méthodes de collecte de fonds Conversation personnelle Une conversation directe avec les gens reste la meilleure méthode. Des discussions avec les amis, les voisins et les connaissances ont de grandes chances de porter leurs fruits. Celui en charge de la collecte de fonds peut toutefois ne pas se sentir à l’aise avec ce groupe cible. Cette approche prend énormément de temps. Préparez-vous soigneusement à ces discussions. Ayez quelques informations sur le profil de la personne à qui vous vous adressez. Une discussion pour lever des fonds devrait se passer dans un endroit où vous vous sentez libre de parler, sans être dérangé. Une fois que vous avez parlé politique, soyez franc quant à vos intentions sans être exigeant. « J’ai le sentiment que vous partagez les opinions de notre parti. Nous voudrions mettre nos idées

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en pratique. Donc nous aurions besoin de mettre plus d’affiches en ville. Nous vous serions reconnaissants, si vous pouviez nous y aider. » Ne soyez pas déçu si vous n’obtenez pas de réponses positives immédiatement. Les gens, comme les entreprises, ne sont souvent pas enclins à payer sur le champ. Un premier contact devrait toutefois constituer le début d’une relation à long terme, qui nécessitera d’établir la confiance. Courriers Les courriers sont la pratique la plus courante pour la collecte de fonds. Vous pouvez soit écrire des courriers personnels aux amis, ou bien des courriers de masse à des centaines de donateurs potentiels. Faites en sorte que ce soit le plus facile possible pour le donateur : joignez les coordonnées bancaires de votre parti ou de votre comité local. Événements Une des pratiques les plus courantes pour la collecte de fonds reste l’invitation à un dîner. Organisez un dîner avec un ou plusieurs invités d’honneur (membres du parti de premier rang et appréciés, ou personnalités extérieures voulant bien se prêter au jeu pour votre parti libéral). Faites payer un droit d’entrée mais dans l’idéal, évitez de laisser aux invités le soin d’évaluer combien donner. Un tel événement donne à vos invités le sentiment d’être accueillis dans un cercle exclusif. Vous pouvez également organiser des événements sociaux pour vos propres adhérents dans le but de collecter des fonds, tels que des barbecues l’été ou des dîners de Noël (fixant le prix juste un peu au-dessus de ce que le menu coûte en réalité), ou encore des tombolas et des lotos. Adhérents Essayez d’impliquer vos adhérents. Ceux qui ne souhaitent pas s’impliquer dans la campagne peuvent au moins contribuer financièrement.

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Éventuellement, on peut collecter des fonds à chaque événement du parti un peu comme font les églises après chaque célébration. Incitez vos adhérents à prendre une part active à la collecte de fonds. Lancez un concours où celui ou celle qui collectera le plus de fonds recevra une récompense au terme de la campagne. 10 REGLES DE BASE POUR REUSSIR UNE COLLECTE DE FONDS 16 1. Collecter des fonds n’est pas d’abord une histoire d’argent, mais celle d’une relation entre le donateur et le bénéficiaire. 2. Meilleurs seront votre stratégie et votre plan d’action, meilleures seront vos chances de réussite lorsque vous approcherez des donateurs potentiels. 3. Collecter des fonds n’est pas un projet à court terme ; lancez-vous dans l’aventure avec des objectifs à long terme et ne perdez pas votre enthousiasme si vous ne réussissez pas à collecter des fonds dès demain. 4. Peu importe qui en interne est en charge de construire le relationnel avec les donateurs potentiels, il faut absolument que cette personne soit issue de la direction. 5. Au début, collecter des fonds vous coûtera de l’argent : pour développer votre stratégie, pour acquérir les bonnes technologies de communication, les bons programmes de gestion et de bases de données et le personnel compétent ; la communication même sera un coût supplémentaire. 6. Créez des catégories de donateurs telles que : Platine > Or > Argent > Bronze 7. Connaissez vos donateurs : rassemblez des informations sur leurs préférences personnelles, leurs loisirs, leurs capacités de communication, etc. 8. Mentionnez toujours au donateur le montant que vous ciblez pour qu’il ne puisse pas se soudoyer lui-même avec de petites sommes. 9. Fixez-vous des objectifs ambitieux dans votre plan d’action, mais assurezvous que vous pouvez les atteindre sinon vous serez vite démotivé et n’arriverez quasiment à rien. 10. N’hésitez pas à demander de l’argent puisque le moyen le plus sûr de ne pas en obtenir, c’est de ne pas demander. Mais restez poli. 16 Jan Burdinski, consultant politique, Berlin, Germany 2011.

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COMMENT AGIR AU NIVEAU DES CONSEILS (MUNICIPAL, GÉNÉRAL, RÉGIONAL) / DU PARLEMENT / DU GOUVERNEMENT – COALITION OU OPPOSITION


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Vous vous souvenez ? Le chapitre 3 présentait les objectifs principaux d’un parti politique. Il s’agissait d’avoir des idées sur votre communauté, la société et l’état, les organiser pour les mettre en pratique, c’est-à-dire en se faisant élire pour diriger un gouvernement. CONSTRUISEZ ET CONSOLIDEZ VOTRE PROFIL : APRES LES ELECTIONS… C’EST DEJA AVANT LES ELECTIONS

Même après une campagne réussie (et plus encore après une campagne qui n’a pas abouti), vous ne pouvez pas vous permettre d’arrêter de travailler en tant que parti. Commencez à planifier de nouveaux événements, les électeurs et surtout vos propres adhérents vous en seront reconnaissants. Une campagne électorale commence le lendemain du jour où la précédente se termine. Rester en contact avec les habitants, à l’écoute de leurs préoccupations, les informer de ce que vous faites durant l’année face à leurs préoccupations, tout ceci doit devenir partie inhérente de vos activités au parti. C’est ça le travail d’un parti politique : tous les jours prendre soin de ses électeurs, de la communauté et du pays. Quelques activités de suivi à faire immédiatement : > Organisez une fête pour votre équipe de campagne, vos militants et vos bénévoles pour récompenser leurs efforts, afin qu’ils restent motivés. > Organisez l’arrachage des affiches de campagne, ou collez par-dessus ces affiches un autocollant remerciant les électeurs de leur soutien. N’oubliez pas d’inclure de tels messages sur vos plates-formes de médias en ligne. Manuel – Le petit livre libéral | Comment agir au niveau des conseils

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> Un peu plus tard, publiez le programme de travail de votre groupe parlementaire, que vous soyez dans la majorité ou dans l’opposition. Le travail continue, que vous ayez réussi à être au pouvoir, que vous restiez dans une opposition qui ne siège pas, ou que vous soyez dans l’opposition parlementaire. Vous trouverez ci-dessous les grandes lignes de comment s’organiser en coalition ou de comment travailler en tant que force d’opposition.

L’art de la gouvernance Pour un parti politique, le défi ultime est la formation d’un gouvernement (plus particulièrement et fort probablement un gouvernement de coalition) et une gestion réussie du gouvernement ou du conseil municipal. Il vous faut toujours trouver un accord sur quelles politiques mettre en œuvre, et qui nommer. En outre, vous devez trouver le soutien au sein même de votre parti. « Tout ce qu’il vous faut savoir sur la politique en situation de coalition, vous le savez déjà via votre mariage ! » 17

Voici quelques éléments essentiels auxquels il serait peut-être bon de réfléchir sérieusement, dans le cas où vous arriveriez au pouvoir. 18 1. Décider de se lancer : un mariage arrangé avec un solide contrat de mariage À faire : Évaluer les options de ce partenariat et prenez le timing en considération : est-ce préférable d’être au pouvoir plutôt que pas du tout ? Dans l’opposition, on garde les mains propres mais on ne peut rien faire. 17 Lousewies van der Laan, Vice-Présidente du parti ELDR, 18 novembre 2010 lors du séminaire Keeping the Liberal Democrat identity in coalition government : Exchange of best practice with European liberal democrats, Londres, UK. 18 Ibid.

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> Procédez à cette alliance une fois que vous avez gagné les élections : vous vous sentirez en position de force et cela vous servira de sorte de pare-chocs pour la perte inévitable qui s’en suivra. > Mettez en œuvre au moins une partie de votre programme. Vous ne pouvez pas vous permettre de liquider la totalité de ce qui a fait le cœur de votre campagne, sans perdre toute crédibilité. > Ayez un accord de coalition clair avec, si possible, des dates butoirs. > Décidez de vous lancer totalement, et engagez-vous à devenir un partenaire stable de la coalition. Ne vous lancez pas dans une coalition si l’on n’a pas besoin de vous pour gouverner, et si vous ne pouvez pas fixer vos conditions.

À ne pas faire : > N’attendez pas d’être plus nombreux (vous pourriez rester à jamais dans l’opposition). > N’exercez pas le pouvoir si vous avez peur de prendre des décisions qui vous coûteront des voix. > N’exercez pas le pouvoir si vous avez peur de perdre des sièges (une expression néerlandaise dit par exemple « Regeren is halveren » = gouverner, c’est diviser. > N’hypothéquez pas ce mariage avec, dès le départ, des résolutions de parti négatives. > Ne vous lancez pas si votre parti/vos électeurs ne comprennent pas pourquoi.

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> Ne formez aucune coalition si cela va à l’encontre de ce que vous représentez fondamentalement (aucune relation ne vaut la peine qu’on brade ses principes pour elle). Assurez-vous que le parti soit entièrement à vos côtés et y reste, car vous ferez face à de mauvais sondages et certains perdront leur siège.

Il y a des partis populistes (PVV aux Pays-Bas ou Dansk Folkeparti au Danemark) qui ont soutenu des gouvernements, sans officiellement former aucune coalition. Si votre parti fait basculer le rapport de forces au parlement, une telle configuration permet d’avoir une véritable influence, en pouvant faire chanter les uns ou les autres. Le gouvernement minoritaire devra compter sur vous pour tout, mais est-ce que vous pourrez combiner cela avec votre principe libéral qui dit que toute liberté engendre une responsabilité ? 2. La lune de miel : comment se mettre en ménage et construire ses premiers projets à deux À faire : > Mettez les bonnes personnes aux bons postes ; les leaders forts et les bons communicants doivent siéger au gouvernement et vous devez être certain qu’ils sauront gérer leur portefeuille. • On peut aussi vouloir garder le leader du parti hors du gouvernement mais à une place prépondérante (par ex. comme leader d’un groupe) d’où il ou elle aura la flexibilité nécessaire pour défendre et communiquer la ligne politique du parti. > Assurez-vous bien que vos ministres sauront « vendre » la coalition (y compris la responsabilité de compromis), tout en réaffirmant sans cesse l’identité de votre parti.

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> Réclamez les bons postes : si vous avez fait campagne sur « l’éducation, l’éducation et encore l’éducation », prenez le portefeuille de l’éducation. > N’ayez de cesse d’expliquer clairement pourquoi vous vous êtes lancé dans la coalition, et gérez les attentes (« si vous voulez qu’on mette en œuvre tout notre programme électoral, donnez-nous la majorité absolue »). > Faites en sorte qu’on voie des mesures à effet rapide de la part de chacun des deux partis. > Laissez chacun des deux partis avoir sa minute de gloire, mais gardez un certain équilibre pour éviter tout ressentiment. > Continuez à communiquer au sein du parti (les dirigeants du parti doivent convier les hauts-représentants régionaux tous les mois pour prendre la température, et les députés de la région tous les weekends). > Continuez à communiquer au sein de la coalition (par exemple : « Ceci m’a vraiment contrarié. Je n’ai pas réagi, mais ne recommencez pas »). > Laissez de la place au débat entre les dossiers et les scoops du jour. > Entourez bien le leader de gens qu’il aime et en qui il a confiance, qui lui diront quand il aura un brin de persil coincé entre les dents, au sens propre comme au sens figuré. Une confiance réciproque est votre meilleur atout, alors ne la gâchez pas. L’ambiance qui règne est un facteur déterminant. Accordez-vous chacun vos victoires, et ne vous jalousez pas. Une fois qu’on a perdu une bonne ambiance, il est difficile de la récupérer.

À ne pas faire : > Ne vous vengez pas (les règlements de compte ne fonctionnent pas vraiment en politique), mais réagissez en interne. Manuel – Le petit livre libéral | Comment agir au niveau des conseils

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> Si vous n’arrivez pas à avoir le dernier mot, n’en faites pas tout un plat, souriez et acceptez (mais dites-leur en personne). > Ne lavez pas votre linge sale en public ; ne jubilez pas quand les autres trébuchent. > N’accordez pas aux autres leurs petites victoires à contre cœur ; ils en ont besoin autant que vous. > Ne descendez pas le gouvernement ; c’est le rôle de l’opposition. > Ne demandez pas (publiquement) de compensation si les choses ne vont pas comme vous voulez, cela aurait l’air d’une trahison. > Ne comptez pas sur l’opposition. Ils vous descendront dès qu’ils pourront, et voteront contre n’importe quel élément qu’ils défendent, s’ils pensent que cela pourrait vous faire tomber. L’opposition ne fait jamais tomber un gouvernement, mais les partenaires de coalition si. L’opposition trouvera le maillon le plus faible, et n’aura de cesse de le bousculer jusqu’à ce qu’il craque.

3. L’irritation de la vie en couple : quand décider d’y mettre un terme Même s’il n’y a qu’un seul des membres du parti qui soit mécontent, le journal télévisé saura le trouver et il passera au 20h. L’opposition sentira, avant vous, le moment où votre mandat électoral s’étiolera, et elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour accélérer le processus.

À faire : > Gardez bien le parti à vos côtés (assurez-vous que les favoris des médias au sein de votre parti sont tenus au courant de la ligne à adopter). 128

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> Restez zen, même quand les sondages sont mauvais – ça fait partie du jeu. > Ne perdez pas de vue vos objectifs communs ; souvenez-vous de pourquoi vous avez rejoint la coalition. > Soyez confiant ; et montrez clairement que vous n’avez rien à cacher. > Écoutez les idées constructives que l’on vous soumet mais dites à ceux qui se plaignent de proposer des alternatives. > Tenez-vous en à votre propre ligne, à vos propres objectifs. > Trouvez des tierces personnes pour défendre vos points de vue (des universitaires, des experts, des leaders d’opinion) ; mieux vaut avoir une personne extérieure au parti qui dise au public que vous avez raison, plutôt que de le dire vous-même. Établissez et entretenez ces réseaux. L’humeur et le moral sont importants – assurez-vous que les relations personnelles sont solides et amicales, vous en aurez besoin quand les choses s’envenimeront, et elles s’envenimeront. Toutes les nouvelles ont deux versions, faites-en sorte que votre version soit l’une d’elles ou bien vous n’obtiendrez aucune couverture médiatique.

À ne pas faire : > N’essayez pas de rehausser votre profil aux dépens de votre partenaire de coalition ; cela ne fera que vous exclure des prises de décisions. > Ne laissez pas d’anciennes figures du parti s’approcher d’un micro (c’était toujours beaucoup mieux à leur époque). > N’écoutez pas les conseils de ceux qui sont en poste, les intérêts personnels pourraient affecter leur jugement.

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> Ne menacez pas de faire tomber le gouvernement à moins que vous en ayez vraiment l’intention. > Ne vous laissez pas mettre de côté ; ne laissez pas des questions de second plan passer au premier plan (et vice-versa). Tant que les choses iront bien, le parti restera uni ; mais quand les ennuis arriveront, le parti se révoltera.

4. Le divorce et la garde de la maison (électeurs) Quand les élections approchent, tout le monde est à bout de nerfs, même si les deux partis sont en tête des sondages (ce qui n’arrive jamais).

À faire : > Définissez d’abord en interne les raisons pour lesquelles vous mettez un terme à la coalition. Faites en sorte qu’elles soient claires pour le citoyen lambda (les questions de vie ou de mort comme la guerre sont faciles à comprendre, comme le sont les questions de principe avec lesquelles les gens peuvent s’identifier : « on ne peut simplement plus leur faire confiance »). > Planifiez bien et élaborez une bonne stratégie pour chaque étape de cette fin de partie, comme si c’était une opération militaire – il ne saurait être question de se laisser surprendre. > Restez détendu et confiant, et concentrez-vous sur le long terme. > Essayez au maximum de garder le parti uni ; les divisions coûtent des voix. > Gardez bien le contrôle du message à faire passer ; répétez-le encore bien après que la coalition a pris fin.

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> Ralliez-vous derrière les dirigeants. > Faites en sorte que les luttes pour la direction du parti soient courtes et courtoises, et soyez à nouveau unis le plus rapidement possible. > Restez décent, même si les autres se comportent comme des moins que rien – vous pourriez vous retrouver dans une coalition à leurs côtés le mois suivant. À ne pas faire : > Empêchez vos troupes de paniquer au moment où la coalition prend fin (vous êtes en compétition pour paraître dans la presse, et tout article qui paraît sur des membres déçus du parti entachera les autres articles qui, eux, pourraient vous faire gagner les élections). > Ne laissez pas aux autres le soin de définir ou de formuler les raisons pour lesquelles vous sortez de la coalition. > N’ayez pas peur, jamais. La politique, ce n’est pas fait pour les lâches. Les élections ne se gagnent pas sur des résultats passés, mais sur des promesses concernant le futur. Tout ce que vous aurez raté lorsque vous étiez au gouvernement vous sera reproché, et tout ce que vous aurez réussi, l’autre parti de la coalition en revendiquera le succès.

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L’art d’être dans l’opposition Connaître le succès politique alors qu’on est dans l’opposition est un immense défi pour tous les partis politiques quels qu’ils soient. Même si vous êtes représenté au parlement, votre plus gros problème, c’est que le gouvernement et les partis de la majorité vous ignorent. Peu importe la qualité de vos propositions politiques, le gouvernement les ignorera et fera de son mieux pour éviter que vous n’obteniez une attention positive de la part du public. Au contraire, pour éviter que le public ne s’aperçoive que vos propositions minent l’autorité et la crédibilité du gouvernement, les partis de la majorité s’emploieront à souligner les points les plus faibles de vos propositions, pour qu’elles se retournent contre vous. Être dans l’opposition peut donc s’avérer une expérience frustrante qui exigera de vous endurance et patience, bien que vous deviez tenir pour acquis que dans une démocratie qui fonctionne bien, votre parti sera de temps en temps mis sur la touche. Être dans l’opposition n’est toutefois pas un but en soi, et vous devriez chercher à (re)trouver votre place au gouvernement, si vous suivez le modèle d’un « parti traditionnel » comme décrit au chapitre 3 de ce manuel. Le futur compte ! Gardez à l’esprit que vous aurez une nouvelle chance de gagner aux prochaines élections. Vous serez alors soit en mesure de former vous-même un gouvernement, soit d’autres compteront sur vous pour obtenir la majorité. Ceci comprend les partis du gouvernement auxquels vous faites face aujourd’hui en tant qu’opposition. Plus les élections approchent, plus il est probable qu’on prenne vos propositions au sérieux si un parti qui est au gouvernement s’attend à des changements après les élections. Être dans l’opposition ne signifie pas être à tout prix contre toutes les actions du gouvernement. Les électeurs ont tendance à ne pas trop apprécier ce

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genre de comportement. Soyez d’accord avec les propositions politiques qui sont dans l’intérêt du pays, mais opposez-vous à celles qui vont à l’encontre de vos principes et des politiques que votre parti a adoptées. Si vous restez patient et persévérant, vous vous verrez offrir une nouvelle opportunité. Les électeurs sont en quête de changement, et vous devriez vous y préparer en termes d’offres de politiques et de structure du parti. Le temps passé dans l’opposition vous permet de revoir vos structures, vos politiques, et le personnel de votre parti. C’est le moment idéal pour tâter le terrain avec de nouvelles idées, et pour présenter de nouvelles têtes sous le feu des projecteurs. Restez en contact avec les électeurs ! Rester en contact avec l’électorat est crucial si vous voulez pouvoir récupérer les thèmes et les questions qui les intéressent. Pour cela, allez dans la rue, organisez des événements, envoyez des questionnaires aux gens, etc. comme indiqué au chapitre 6. N’essayez pas de contenter des groupes d’intérêt qui, certes, savent faire du bruit, mais restent minoritaires. Bien évidemment en tant que parti politique, vous ne pouvez pas contenter toute la population, mais vos propositions doivent donner l’impression d’être justes et équitables même si elles ne plaisent pas à tout le monde. Mais ne donnez pas l’impression d’être au service de certains intérêts. Proposez des alternatives ! Mener une campagne de dénigrement fonctionne, mais ne comptez pas seulement là-dessus. Critiques et messages négatifs fonctionnent le plus efficacement lorsqu’ils correspondent à certains courants sousjacents de l’opinion publique. Vous devriez toutefois présenter vos alternatives, et ne pas seulement dénoncer les actions du gouvernement. Les électeurs veulent savoir ce que vous avez en tête, et doivent avoir confiance en votre capacité à mettre vos promesses en œuvre. Si vous Manuel – Le petit livre libéral | Comment agir au niveau des conseils

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n’établissez pas ce lien avec l’électorat, les électeurs s’en tiendront peutêtre à ce qu’ils connaissent, même s’ils n’en sont pas forcément satisfaits. Vous pouvez également démontrer vos capacités à gouverner en coopérant de manière constructive avec d’autres partis de l’opposition, ou en offrant aux partis de la majorité de coopérer sur certains sujets, tout en essayant d’introduire certaines conditions ou suggestions pour améliorer certaines des politiques proposées. Assurez-vous également que vos promesses politiques sont réalistes et réalisables. Les électeurs ne sont pas stupides, et si vous faites des promesses que vous ne pourrez pas tenir, cela vous sera fatal. Ne vous préoccupez pas des problèmes internes ! L’unité du parti est essentielle. Vous devez bien évidemment avoir certains débats en interne sur la manière et la stratégie appropriées, mais quel que soit le compromis qui a été atteint, tout le monde doit le soutenir. Si vous vous battez entre vous, plutôt que contre le gouvernement ou les autres partis, vous perdrez, non à cause des électeurs mais à cause de vos querelles internes. Impliquez-vous au niveau local ! Même si votre parti est dans l’opposition au niveau national, et de surcroît s’il n’est pas représenté du tout au parlement, faites en sorte d’être présent aux niveaux local et régional. En vous impliquant au niveau local plus particulièrement, vous pourrez plus facilement montrer aux électeurs votre valeur ajoutée. Entrez en contact avec les gens pour savoir ce qui les préoccupe, et offrez-leur votre soutien lorsqu’ils traitent avec l’administration locale, ou offrez-leur de soulever la question au conseil municipal. Soulevez également ces questions dans la presse pour contraindre les partis au pouvoir à réagir. Ce type de questions peut servir de bon tremplin de campagne. Bien que vous ne puissiez pas poursuivre de telles activités 134

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de campagne année après année avec la même intensité que pendant une élection, vous devriez essayer de maintenir une certaine visibilité via une campagne constante. Établissez des soutiens ! Essayez de trouver des gens à rallier à votre cause, et établissez un soutien civique et non parlementaire. Les syndicats, les associations d’employeurs et de consommateurs, les célébrités ou les personnes ayant de l’influence, et beaucoup d’autres encore peuvent vous aider à défendre votre cause et au final, vous apporter des électeurs. Que vous soyez au pouvoir ou dans l’opposition, ce manuel expose brièvement quelques idées, et souligne certains éléments clés qu’il vous faudra considérer pour travailler avec succès pour l’intérêt général, et mettre en œuvre vos politiques libérales.

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Annexe


Rôle et importance du Parti ELDR “À mon avis, le Libéralisme politique n’est pas une question d’acteurs politiques paternalistes et bienveillants se croyant les meilleurs et soignant leur image. Il s’agit plutôt de donner aux gens les moyens de construire les institutions indispensables à une société civile et à une démocratie politique ; il s’agit d’assurer les libertés civiles et les droits de l’Homme ; il s’agit d’organiser des marchés économiques véritablement ouverts et de rester ouverts aux nouveaux arrivants ; il s’agit de rendre possible, et d’organiser, un libre courant d’idées, de biens et de personnes ; il s’agit de sauvegarder toutes ces valeurs pour le futur de l’Europe. ” 19 Les Libéraux européens ont été les premiers à créer un parti politique européen. Le Parti a été fondé le 26 mars 1976 à Stuttgart en Allemagne, avant la première élection directe du Parlement européen. À l’époque, cette fédération des partis libéraux européens se composait de neuf partis de sept États membres de l’UE. À la suite d’un changement des Traités européens, le Parti ELDR a acquis le statut officiel de vrai parti politique en 2004. En juillet 2011, le Parti ELDR comptait 55 partis membres de 36 pays à travers l’Europe. En 1976, le Parti a adopté comme document fondateur une déclaration visionnaire, la Déclaration de Stuttgart 20, qui établit un certain nombre d’objectifs toujours valides aujourd’hui. 19 Eurodéputé Annemie Neyts-Uyttebroeck, Présidente du Parti ELDR de 2005 à 2011, The evolution and function of the European Liberal Democrat and Reform Party, pp. 93-100 (p.93), dans : European View, Transnational Parties and European Democracy, Volume 3-Spring 2006, Forum for European studies, publié par le European People’s Party. 20 http ://www.eldr.eu/fr/about-eldr/index.php

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Le Parti ELDR rassemble partis politiques et individus en Europe cherchant à: > renforcer le mouvement libéral dans l’Union européenne et à travers toute l’Europe. > identifier une position commune sur toutes les questions importantes affectant l’Union européenne ; > informer le public et l’impliquer dans la construction d’une démocratie européenne unie ; > soutenir ses membres et coordonner leurs activités lors des élections pour le Parlement européen ; > promouvoir l’établissement de groupes parlementaires libéraux dans toutes les assemblées parlementaires internationales ; > développer d’étroites relations de travail avec et parmi ses membres, leurs groupes parlementaires nationaux, le groupe parlementaire du Parti ELDR au Parlement européen, et les groupes libéraux d’autres forums internationaux et d’Internationale Libérale. Le Parti ELDR est quotidiennement guidé par un petit groupe directement élu, le Bureau, qui inclut le Président, sept Vice-présidents et le Trésorier. Lors de son congrès à Palerme en novembre 2011, l’ELDR a élu à sa présidence Sir Graham Watson, Eurodéputé. Parmi les anciens présidents du Parti, on compte Gaston Thorn, ancien Premier Ministre du Luxembourg (le Président fondateur) ; Colette Flesch, ancienne Vice-première ministre et dirigeante du Parti démocratique au Luxembourg ; Willy de Clercq, ancien Vice-premier ministre de Belgique ; Uffe Ellemann-Jensen, ancien Vicepremier ministre du Danemark ; Werner Hoyer, Ministre d’État aux Affaires étrangères en Allemagne et Annemie Neyts-Uyttebroeck, Eurodéputée et Ministre d’État en Belgique.

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Les réunions des dirigeants et des ministres du Parti ELDR rassemblent les Premiers Ministres aux côtés du réseau plus large des dirigeants du Parti ELDR, et de ceux du Groupe libéral du Parlement européen. Parmi les participants, on compte également des Ministres aux Affaires étrangères et des Commissaires. Le groupe discute et passe en revue les six mois de présidence de l’Union européenne. Ce networking est particulièrement important tant les Libéraux européens sont bien représentés dans les gouvernements nationaux à travers l’Europe et au sein de la Commission européenne. Le Congrès annuel est l’organe décisionnel suprême du parti ; il rassemble des délégués des partis membres, des membres du groupe parlementaire du Parti ELDR, des adhérents au Parti ELDR à la Commission européenne et des représentants de la jeunesse libérale européenne (LYMEC, la « European Liberal Youth »). Tous les deux ans, le Congrès élit le Président, les Vice-présidents et le Trésorier, et adopte les résolutions politiques et le programme électoral pour les élections du Parlement européen. Environ 500 délégués et invités assistent régulièrement au Congrès. Le Conseil de l’ELDR est le deuxième organe décisionnel le plus important. Il se réunit au minimum deux fois par an. Les délégués des partis qui en sont membres à part entière sont autorisés à parler et agir au nom du Parti ELDR. Le Conseil approuve les comptes annuels, le budget, les cotisations et autres formes de financement. Il approuve les candidatures des nouveaux membres et nomme le Secrétaire général. L’adhésion au Parti ELDR est ouverte à tous les partis politiques en Europe qui approuvent la Déclaration de Stuttgart. Il y a trois catégories de membres au sein de l’ELDR pour les partis politiques. Les partis membres de plein droit participent pleinement à

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toutes les activités et travaux politiques du Parti. Ils ont le droit de faire valoir leur opinion, y compris de présenter des propositions de résolutions lors des réunions du Congrès et du Conseil ELDR via leurs délégués. Ils ont le droit de voter et d’amender les textes politiques tels que les résolutions et le programme électoral, ainsi que celui de voter et de présenter des candidats pour les élections du Bureau du Parti. Ils sont invités à participer aux sessions de formation, particulièrement à celles sur les campagnes électorales, partageant les bonnes pratiques de campagne aux niveaux local et national, ainsi qu’à participer aux formations sur des domaines politiques bien spécifiques. Ils peuvent demander, et recevoir, des financements pour des projets faisant la promotion de leur parti ou des idées libérales au sein d’une perspective européenne dans leur pays. Les membres affiliés et observateurs ne jouissent pas de toute cette gamme d’options pour participer à la vie du Parti (droits de parole mais pas droits de vote) mais ils peuvent décider à tout moment de demander à devenir membre de plein droit. En 2011 a été créé le statut de membre individuel associé. En tant que premier parti politique européen, ELDR offre aux individus la possibilité (sans obligation d’être adhérent à un parti membre de l’ELDR) de devenir directement adhérents du Parti libéral européen.

Organisations et think tanks libéraux dans le monde > La famille libérale en Europe – le Parti ELDR et ses membres Vous souhaitez entrer en contact avec vos partis frères libéraux en Europe ? Jetez un œil à la base de données complète des partis libéraux membres du Parti ELDR, des Libéraux dans les parlements et les gouvernements en Europe : http://members.eldr.eu/

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Le groupe parlementaire Le groupe libéral ADLE au Parlement européen est une alliance de parlementaires représentant les partis membres de l’ELDR et autres partis démocratiques. Avec ses 85 membres (dont 72 sont issus de partis membres de l’ELDR), il s’agit du troisième groupe le plus important du Parlement européen. www.alde.eu/fr/ L’organisation de jeunesse Comme le Parti ELDR, LYMEC a été fondé en 1976 en tant que « Liberal and Radical Youth Movement of the European Community ». En tant qu’organisation de jeunesse du Parti ELDR et de son groupe parlementaire ADLE au Parlement européen, les Jeunesses libérales européennes LYMEC cherchent à promouvoir les valeurs libérales, et soutiennent le développement d’une meilleure compréhension politique et éducative des jeunes à travers l’Europe. Impliquant des membres de 58 organisations dans 33 pays, LYMEC se compose d’Organisations membres et de Membres individuels. Leur but principal est de créer une Europe libérale et fédérale. www.lymec.eu Il y a divers autres groupes interparlementaires libéraux également dénommés ADLE tels qu’à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ou au Comité des Régions de l’UE. > Liberal International et les partis libéraux dans le monde Liberal International Les partis libéraux dans le monde vous intéressent, et vous aimeriez entrer en contact et échanger idées politiques et bonnes pratiques ? Contactez Liberal International (www.liberal-international.org), l’organi­ sation mondiale regroupant les partis libéraux. Fondé en 1947, LI est devenu

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le réseau principal prônant le Libéralisme, renforçant les partis libéraux et faisant la promotion d’une démocratie libérale dans le monde entier. Jeunesse libérale internationale International Federation of Liberal Youth est l’organisme international regroupant les organisations de jeunesse libérales. Vous trouverez plus d’informations sur les jeunes libéraux internationaux IFLRY sur www.iflry.org > Éducation et formation politique libérale L’expertise politique et les manières de la mettre en œuvre vous intéressent ? Contactez des fondations et think tanks actifs dans la formulation de politiques libérales et dans la formation à la vie des partis politiques. Fondé en 2007, le Forum Libéral Européen (ELF) www.liberalforum.eu est la fondation politique libérale de la famille des Libéraux. ELF rassemble des think tanks et des fondations et instituts politiques libéraux de toute l’Europe pour observer, analyser et contribuer au débat sur les questions de politique publique européenne, et sur le processus d’intégration européenne via l’éducation, la formation, la recherche et la promotion de la citoyenneté active au sein de l’UE. En suivant le lien ci-dessous, vous trouverez la liste des organisations membres du Forum Libéral Européen www.liberalforum.eu/about_members La fondation libérale allemande « Friedrich Naumann Stiftung für die Freiheit » (Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté), www.freiheit. org, publie une base de données reprennant les principaux think tanks libéraux à travers le monde.

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La base de données est en allemand mais facile d’accès. On peut rechercher les think tanks soit par leur nom, soit par leur pays. http://crm.freiheit.org/ ThinkTank/

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Avec le soutien du Parlement europĂŠen


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