Rentrée Littéraire 2007 Bibliothèque
départementale des Deux-Sèvres
La rentrée littéraire est l’occasion pour la fiction de revenir sur le devant de la scène et les éditeurs ont encore beaucoup produit cette année avec pas moins de 727 romans publiés entre le mois d’août et le mois d’octobre, contre 683 en 2006 et 488 il y a 10 ans. Le réel, le fait d’actualité ou l’autobiographie romancée sont au centre de cette rentrée littéraire et quand les auteurs ne s’attachent pas à décrire des faits précis, ils s’attachent à décrire une société souvent cruelle ; qu’elle aborde la mémoire ou l’histoire, la fiction de la rentrée s’ancre profondément dans le quotidien. Cette sélection : elle est le résultat de lectures qui ont commencé au mois de juin grâce à la librairie « Les mots vagabonds » qui a fourni les exemplaires avant impression des éditeurs (services de presse). Ces 45 romans sont ceux que nous avons aimés parmi les 110 titres qui ont été lus par le comité de lecture. Le comité de lecture : il était composé de 26 personnes issues des bibliothèques des Deux-Sèvres, du Pays de Gâtine et du Conseil général. Ces personnes avaient répondu à notre appel pour devenir critiques littéraires d’un jour et ont lu en moyenne 9 livres chacune. La journée « Rentrée littéraire » : nous nous sommes ensuite réunis et nous avons échangé autour de nos auteurs favoris, ceux dont on attend impatiemment le dernier roman, les nouveaux, les stars, puis vinrent… nos coups de cœurs, nos « oui bon pas mal », nos « pour un premier roman c’est vraiment chouette, vivement le deuxième », nos « j’avais mieux aimé le premier », nos déceptions et nos « ah non, c’est insupportable ». Au cours de cette journée, un espace convivial d’information et de partage s’est créé, dédié à la présentation de nouveaux romans et surtout au plaisir de parler littérature. Cette publication : avec elle, nous prolongeons ce moment d’échange et nous espérons mettre à votre disposition un guide pour naviguer dans les méandres de la rentrée littéraire. Nous vous souhaitons de belles lectures…
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Les belles choses que porte le ciel Mengestu, Dinaw Albin Michel
Larsson, Stieg Actes Sud
A 36 ans, Sepha Stephanos se fait une raison : sa vie n’est pas celle qu’il avait rêvée. Il a fui l’Ethiopie et tient une épicerie minable à Washington. Ses seuls amis sont deux Africains dont il partage la nostalgie du continent et il se passionne pour la littérature. Mais l’arrivée d’une jeune femme blanche et de sa fillette métisse vont bouleverser cet équilibre précaire...
C’est fini ! Avec ce troisième tome, il faut quitter nos personnages au terme d’une histoire toujours aussi bien menée ! Trois volumes, plus de 1 800 pages, et pas un instant d’ennui !
Dans chacun des trois tomes, l’auteur, au travers de ses personnages, mène de front plusieurs enquêtes ou recherches, mais son récit est si bien structuré qu’à aucun moment on ne se perd. Avec des sujets parfois austères, Larsson a fait une histoire captivante grâce à un sens de l’intrigue et à une galerie de personnages attachants. Si vous n’avez pas encore succombé à l’engouement général pour cette série, vous savez ce qui vous reste à faire !
des séquelles, qui vous brise. En gros, une véritable négociation de la dignité humaine. Ce qu’on retient surtout, c’est cette humiliation dont on ne se remet pas. Un livre très bien documenté, où l’on sent une histoire vécue non surmontée.
Coup de cœur
Roman émaillé de contes traditionnels qui nous plongent dans la culture vietnamienne et asiatique. La délicatesse du style n’occulte pas la gravité de sujets tels que l’immigration et les traumatismes de guerre. Belle écriture, très poétique. Premier roman.
Millénium T3 La Reine dans le palais des courants d’air
Larsson a très habilement créé un «couple» improbable d’enquêteurs, qui, de fait, passe très peu de temps ensemble. Les rencontres entre eux sont rares, attendues et essentielles.
Coup de cœur
Coup de cœur
Elle va alors découvrir la guerre, le totalitarisme et comprendre les souffrances de Nam et du peuple vietnamien.
Le Désert de la grâce
Pujade-Renaud, Claude Actes Sud Nous sommes en 1712. Voilà longtemps que le monastère de PortRoyal des Champs est persécuté. Françoise de Joncoux déchiffre, recopie et préserve ses manuscrits. Plusieurs voix se croisent : celles qui ont fait Port-Royal et celles qui l’ont fréquenté. Nous découvrons, au fur et à mesure des pages, la vie à l’abbaye ainsi que les personnages célèbres qui y ont séjourné : Racine, Jacqueline Pascal (sœur de Blaise)…
Le roman est à l’image du titre : sensible, délicat, simple. Cette jeune femme qui emménage près de chez lui va réveiller chez Stephanos le désir de réussite, l’amour de la vie ; Naomi, la fillette mystérieuse et attachante, y sera pour beaucoup. Le roman entrecroise les scène de déchéance (aujourd’hui) et les passages chargés d’espoir (hier), et malgré la chute attendue, on se prend justement à espérer… Les belles choses que porte le ciel ne sont peut être pas accessibles, mais elles nous font tendre vers le meilleur de nous-mêmes et du monde.
Le nid du serpent
Gutierrez, Pedro Juan Albin Michel Avoir 17 ans dans un quartier populaire en déshérence de Cuba, c’est éprouver la « fureur de vivre » propre à l’adolescence… mais en pleine révolution castriste, face à la censure et à l’embargo, l’énergie du narrateur s’exprime dans une sexualité puis dans une écriture rageuses et dénuées de sentimentalisme. La double initiation de l’adolescent, auprès de créatures de la nuit cubaine, lui permettra d’échapper à la tentation de la violence, par l’accès à la littérature, et au fatalisme de son entourage. Sa liberté ne sera pas une compagne facile... comme le suggèrent une écriture crue et un rythme aussi haletant que le souffle d’un personnage sans cesse en mouvement.
Premier roman
On suit, sur près de dix ans, la quête des personnages et particulièrement le cheminement de MarieCatherine Racine dont la voix est ici ressuscitée. Un roman historique où la fiction et le réel se mélangent pour notre plus grand plaisir et dont la grâce n’habite pas que le titre !
Je suis morte et je n’ai rien appris La Princesse et le pêcheur Huy, Minh Tran Actes Sud
Lam est une adolescente d’origine vietnamienne née française. Elle fait la rencontre de Nam, vietnamien lui aussi, récemment arrivé en France. Lam ne connaît rien de son pays d’origine, jusqu’au jour où elle y fait un voyage en famille.
Rentrée Littéraire 2
Colléter, Solenn Albin Michel
Pour suivre son petit ami, Laure Godin a intégré une prépa dans un établissement huppé et étiliste de Neuilly, où le bizutage est de rigueur. Elle se retrouve confrontée à une violence dure et gratuite qu’elle endure avec colère, mépris, puis terreur et incompréhension. Témoin de la défenestration d’un élève, elle tente de mener l’enquête… Le livre coup de poing de Solenn Colleter ou l’enfer du bizutage : attention il s’agit là du bizutage qui vous laisse
Le Privilège des rêveurs Janicot, Stéphanie Albin Michel
Caleb qui dirige une équipe de baseball, a épousé Salomé alors que celle-ci arrivait en Amérique avec son demi-frère Guillaume 20 ans auparavant. Grâce à Caleb, Guillaume est devenu une star du base-ball et Salomé est écrivain. Après avoir fêté une victoire, Caleb provoque un accident duquel il ressort handicapé. L’équilibre familial entre Caleb, Salomé et leur fille Judith est bouleversé. Chacun, tour à tour, livre son point de vue et révèle ses failles et ses espoirs. Un beau roman sur la difficulté d’aimer, la répétition au travers des générations des mêmes blessures.
Rentrée Littéraire
Maintenant d’âge mûr, enseignant dans un couvent de jeunes filles, il tombe follement amoureux d’une participante beaucoup plus jeune que lui. Il décide de lui écrire pour lui déclarer sa flamme, mais en lui racontant les personnages de la pension dans laquelle il vivait lorsqu’il avait son âge. Ces trois personnages, l’étranger, l’historien et Raoul, étaient alors aussi âgés que lui aujourd’hui et ont en commun d’avoir vécu une vie et de s’en être raconté une autre, l’une et l’autre entremêlées d’histoires d’amour. Dans une langue lumineuse, teintée de mélancolie, les personnages poignants vivent des drames intérieurs avec l’histoire tourmentée d’Haïti pour toile de fond. Ils emportent le lecteur qui quitte le livre, après l’avoir lu d’une traite, ébloui.
Cochon d’Allemand Romer, Knud Allusifs
Ceinture jaune
Freling, Philippe Arlea Un enfant de 10 ans, mal aimé dont on ne connaît pas le nom (sans doute parce qu’il a à se déterminer lui-même), découvre et pratique avec bonheur le judo, comme il découvre et pratique avec bonheur tous les aspects du monde que, l’âge aidant, il vient à rencontrer. Tissée autour d’une amitié forte et silencieuse avec un autre garçon dont il ne sait rien, excepté qu’il lui ressemble, sa pratique du judo lui donne des repères, de l’espoir et de la fierté : là, il découvre que le monde ne le rejette pas toujours.
Coup de cœur
L’amour avant que j’oublie Trouillot, Lyonel Actes Sud
Le narrateur n’a jusqu’alors vécu l’amour qu’en songe, à travers une jeune fille qui l’a éconduit de nombreuses années auparavant.
Bref ce petit roman (les petits récits sont une spécialité des Allusifs) est vraiment une belle découverte.
Sackville-West, Vita Autrement
Rose et Walter forment un couple d’âge mûr jouissant de tout le confort et de toute la respectabilité de la très bonne société anglaise, mais leur union n’a jamais été consommée. Rose se consume d’amour pour un mari froid qui lui préfère son chien. Durant un weekend de Pâques, deux tragédies vont cependant les rapprocher. Petit roman très « british » sur la bourgeoisie anglaise.
Excellent élève en quête d’affection, ce garçon sait nous toucher, nous émouvoir au fil de ses pensées et de son évolution. On devine ses choix futurs, on voudrait l’aider à les assumer, bref, l’auteur met au monde ce personnage attachant qu’on accompagne un bout de chemin avec émotion. Premier roman
L’enfance de l’auteur, dans une petite ville danoise quelques années après la Seconde guerre mondiale. Fils d’une mère allemande et d’un père danois, il est le souffre douleur de l’école et vit dans une peur permanente. Que ressent-on quand on se fait traiter de « cochon d’Allemand » à chaque récréation ? Comment sa mère a-t-elle fait pour tenir, elle qui avait fuit le nazisme après avoir tout perdu ? Autour de cet univers, marqué par un père amoureux de sa femme mais désemparé, l’auteur nous fait découvrir une extraordinaire galerie de portraits de sa famille, et c’est ce qui fait, en plus d’une écriture vive et pleine d’humour, la réussite de ce livre.
Plus jamais d’invités !
Zoli
Mac CANN, Colum Belfond
L’homme hermétique
Martin, Lionel-Edouard Arléa Nous sommes au sein d’une famille de gens simples, ceux dont on ne raconte pas l’histoire parce qu’il y a peu à dire des vies ordinaires. Et pourtant, l’hérédité y est lourde à porter : le diabète, « le miel qui coule dans les veines », se transmet de mère en fils. Ainsi Paul, obèse, alcoolique, usé par trop de travail, le cœur et la parole enfermés, s’est isolé à l’intérieur de lui-même pour se protéger du monde extérieur. Il est devenu « l’homme hermétique ». Ce sont ses proches qui racontent son lent processus de dégradation en monologues dont la charge émotive est liée à la force des mots choisis avec soin, à l’écriture charnelle, terriblement vivante, aux métaphores si « réelles ».
C’est l’épopée d’une femme Rom au travers d’une histoire jalonnée par la folie des hommes durant la première moitié du 20ème siècle. Orpheline, elle sera élevée par un grand-père qui franchira un pas vers la modernité en lui apprenant à lire et à écrire, et en grandissant, elle va briller par ses chants et ses poèmes. Sa route va croiser celle d’un homme qui l’aime et cherche à aider son peuple, mais qui va la trahir, et la faire bannir. S’ensuivra une errance qui peut probablement s’apparenter à celles que subissent des peuples à deux pas de chez nous. Notre regard sur les populations nomades ne peut qu’être changé par cette histoire très documentée au fil d’une écriture limpide. Zoli est une aventure qui met en résonance la différence et la tolérance au travers du destin d’une femme qui veut rester libre entre tradition et modernité, avec en toile de fond l’histoire contemporaine de l’Europe.
Rentrée Littéraire 3
Coup de cœur
qui lui offrent un soutien dans sa quête. Ce roman fait pardonner ses imperfections en synthétisant, dans un récit court, qu’il réussit à rendre distrayant et surprenant, les thèmes de la maladie, un deuil, les méfaits de l’alcoolisme, l’immigration.
Jouer avec le feu
Un verre de lait s’il vous plaît
Lamarche, Phil Bourgois
Wassmo, Herbjorg Gaïa
Une petite ville dans l’est des Etats-Unis, trois adolescents, trois copains et une arme à feu ; la dramaturgie est très vite installée et il s’ensuit un roman captivant, qui se lit d’une seule traite. L’intrigue est très bien construite et les thématiques abordées sont passionnantes : la culpabilité, la haine de soi, la construction identitaire, les relations entre deux communautés (les « natifs » et les nouveaux arrivants).
Un martyr de notre temps Leftah, Mohamed Différence
« Un martyr de notre temps » est un recueil de nouvelles qui nous plongent dans des intimités faites de guerre, de violence ou d’amour en demi-teinte, au cœur d’un Maghreb partagé entre mille et une nuits et société contemporaine. En quelques pages, un univers est créé, les traits des personnages sont brossés, dans un art de la parole tout oriental, qui dépayse et emmène le lecteur. La dernière nouvelle met en abîme les six précédentes dans un hommage au potentiel créateur de l’écriture.
Coup de cœur
Reste tout de même, à la fin, ce sentiment bizarre sur le problème des armes à feu aux Etats-Unis : l’auteur reste neutre sur cette question et n’apporte ni réponse ni point de vue… volontairement ou involontairement ? On ne peut s’empêcher de penser à Mickael Moore et à « Bowling for Columbine »… Roman très instructif sur les rapports ambigus des américains avec les armes à feu.
texte à des histoires d’amour, à des histoires de solitude, mais aussi à de beaux moments de tendresse. Plein d’ironie, d’autodérision, l’auteur multiplie les mises en abymes, les clins d’œil, les réflexions philosophiques autour d’une chaussure que l’on finit par avoir présente à l’esprit comme un vrai personnage de roman. La boucle se bouclerait presque…
Dorte, 15 ans, vit pauvrement en Lituanie avec sa mère russe, sa sœur Véra et le souvenir de son père d’origine lituanienne, maintenant mort. Avide d’un avenir meilleur à l’étranger, croyant à de vagues promesses d’emplois richement payés susceptibles d’améliorer le quotidien du foyer, elle est entraînée, à son corps défendant, entre les mains d’odieux trafiquants de femmes. L’auteur, à partir de ce récit engagé, tiré d’authentiques témoignages, nous livre toute sa révolte face au sort inhumain que subissent certaines femmes dans nos démocraties occidentales, sans que cela émeuve un voisinage ou certains pouvoirs publics.
Un roi sans lendemain Donner, Christophe Grasset
Henri Norden, scénariste (anagramme de Donner) est sollicité pour un film sur Louis XVII. Il entame des recherches sur l’histoire de sa vie et de sa mort et découvre l’importance de Jacques-René Hébert (fondateur du Père Duchesne) dernier geôlier du petit roi. L’auteur nous narre ainsi ces biographies croisées et nous fait vivre avec vivacité et originalité ces moments.
Elle livre le destin de Dorte dans une écriture d’une froideur clinique, à la limite du soutenable, où seules les rêveries de la jeune fille, qui sont les refuges imaginaires qu’elle trouve en Dieu ou dans ses souvenirs d’enfance avec son père, aide le lecteur à la suivre jusqu’au bout de l’enfer où elle est plongée.
Intrigue à l’anglaise Goetz, Adrien Grasset
L’enfant de marbre Leftah, Mohamed Différence
Le narrateur, Ahmed, se rend avec son épouse au cimetière le jour de la Toussaint. Ils s’attardent sur la tombe d’un enfant mort-né qu’Ahmed identifie à celui que le couple a abandonné à l’hôpital, sans même un regard, vingt ans auparavant. Replongeant dans un deuil qu’il n’a pas achevé, il retourne le lendemain au cimetière pour en savoir plus sur la tombe découverte la veille, et retombe dans les affres de l’alcoolisme avec des compagnons de hasard
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Palermo solo
Fusaro, Philippe La Fosse aux ours Le Baron est une rumeur qui circule dans la ville blessée de Palerme… Condamné par la mafia pour avoir battu à mort un garçon d’un autre clan, il paie sa dette de sang en vivant reclus dans une suite du Grand hôtel et des palmes. Il a la quarantaine, et commence alors pour lui une vie d’angoisse et de solitude dans une cage dorée. Sa seule sortie autorisée se fait le 2 novembre, jour de la fête des morts où il peut se recueillir sur les tombes de sa famille dans son petit village de Castelvetrano. Livre étrange et original.
La chaussure sur le toit Delecroix, Vincent Gallimard
Une petite fille se réveille en pleurs au milieu de la nuit. Dans son cauchemar, un ange triste saute du toit d’un immeuble parisien et perd une chaussure. Le lendemain matin, celle-ci se trouve bien là. Chacune des dix nouvelles qui suivent ce prologue donne une version possible des faits…. Autour de cette chaussure lancée sur un toit, des récits sont relatés par les yeux des personnages qui vivent alentour…cette chaussure est le pré-
Trois mètres de toile manquent à la tapisserie de Bayeux, qui décrivent les derniers rebondissements de l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant. Que représentaientils ? Les historiens se perdent en conjecture. Une jeune conservatrice du patrimoine, Pénélope Breuil, est nommée au musée de la tapisserie à Bayeux, alors que la directrice du musée, dont elle est l’adjointe, va être victime d’un attentat… Roman mené tambour battant, où l’enquête se mêle aux recherches historiques. Tout est fictif mais on se laisse prendre avec plaisir aux péripéties de cette jeune Pénélope Breuil, à la personnalité bien affirmée… Bref, que du bonheur pour ceux qui aiment les romans d’action. Et en plus, on finit par avoir réellement envie d’aller à Bayeux !
Tiano-Moussafir, Joëlle Intervista
Irina Sasson a presque 101 ans. A l’hôpital, sa petite fille est à son chevet… Entre mémoire des jours passés, un peu comme des couplets de chanson, on retrouve un refrain, celui d’une recette qui, au fil des pages, se complète… Et ainsi, en suivant ce rythme, on découvre une belle histoire de femme qui termine sa vie et tout plein d’espoir ! Ce n’est sans doute pas anodin qu’un auteur, qui a écrit des pièces de théâtre et radiophoniques, se mette à écrire un roman qui chante, véritablement ! Cette recette de cuisine est comme une chanson, un refrain, une rengaine… Comme une chanson dont on se rappelle petit à petit les paroles, les airs… Et comme on se rappelle de la chanson, on se rappelle de tout ce qui l’entoure et les souvenirs reviennent… Roman plein de poésie qui surprend par son rythme et son écriture, à laquelle on adhère avec plaisir. Quant au gâteau : des biscuits Thé brun et une crème moka, ce doit être pas mal, non ?
Le lendemain Gabrielle Magellan, Murielle Julliard
Après la mort de Gilles, son amant, Gabrielle se retrouve face au vide de son existence ; contrairement à la femme de Gilles, elle n’a personne avec qui partager légitimement sa peine. Elle fait alors la connaissance d’un séduisant trio familial : Eli, David et leur fils Florian et tombe sous leur charme. Mais quand l’amitié se change en une attirance réciproque, difficile pour les personnages de s’y retrouver. Un roman sur la complexité du désir et des sentiments amoureux.
De manière à connaître le jour et l’heure Cauchy, Nicolas Laffont
Dans un bel hôtel particulier parisien, toute la famille est rassemblée autour de Jean, le père, pour célébrer un magistral coup financier. Une semaine plus tard, tout le monde est à nouveau réuni, cette fois autour du cercueil de Jean. Tour à tour, chacun des membres de la famille se confie à lui une dernière fois pour essayer de comprendre son geste, recherchant dans les secrets de famille les plus enfouis une explication à cette mort soudaine et solitaire. Roman remarquable par sa construction. Jean décide de mourir puis, chaque chapitre relate par la voix d’un membre de sa famille, les secrets, les non-dits…
This is not a love song Coup de cœur
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L’enchanteur et illustrissime gâteau café-café d’Irina Sasson
Ton silence est un baiser Labayle, Denis Julliard
Un virus inconnu menace la terre entière. Les deux héros du roman, Maud et Franck, font partie des chercheurs qui luttent contre ce fléau. Ils sont amants depuis plusieurs années et réussissent à garder leur passion intacte en évitant que le quotidien ne vienne la détruire. Maud va faire une proposition qui va lui attirer la foudre de la communauté scientifique et la condamnera. Très beau roman d’amour avec, en toile de fond, les batailles de laboratoires se souciant peu des malades.
Blondel, Jean-Philippe Laffont
Un trentenaire revient passer une semaine chez ses parents, alors qu’il est maintenant installé avec femme et enfants en Angleterre. Il a quitté brusquement la France en crise d’adolescence et a réussi outre Manche. Il s’ennuie, méprise un peu ses parents, son frère, ses anciens amis. Mais sa belle-sœur va lui révéler un secret concernant son meilleur ami qu’il a abandonné en partant et presque oublié. Le passé va ressurgir, ses convictions vont être ébranlées. Roman très agréable à lire, qui traite de l’amitié et du souvenir.
Ground Xo
Cayre, Hannelore Métailié Troisième volume des aventures de l’avocat calamiteux, Christophe Leibowitz, personnage de Commis d’office et Toiles de maître. Il vivote maintenant en sous-louant un cabinet à une trentaine d’avocats encore plus fauchés et mal partis que lui. Cela donne assez d’argent pour vivre et assez de marge pour boire, pour boire trop même. C’est alors qu’il apprend la mort de sa tante quelque part en Charente. Lors de l’enterrement, il découvre avec stupeur qu’il est en partie propriétaire des cognacs Berthier. Voyant là une occasion d’arrêter, enfin, un métier qui le désespère, >
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il décide de créer, en France, une mode du Cognac pour les truands ; ce serait bien le diable, avec son carnet d’adresses de dealer, s’il ne trouvait pas l’oiseau rare, capable de lui pondre le rap qui fera fureur…
Coup de cœur
Revoilà donc le ton Hannelore Cayre : humour très noir, vivacité, méchanceté étincelante. On n’aime pas Hannelore Cayre pour ses intrigues ou sa gentillesse. On l’aime (ou on la déteste) pour son écriture ciselée ; pour sa façon de croquer ses personnages à la manière d’une caricaturiste, en en amplifiant avec une méchanceté et un talent réjouissants les défauts.
Le temps de la sorcière Thorarinsson, Arni Métailié
Einar est journaliste, en rupture avec l’alcool et en ménage avec une perruche, dans une ville où l’a muté un supérieur mondain soucieux de la rentabilité immédiate de son journal… Confronté à un accident qui n’a pas l’air d’être un crime, à la disparition d’un collégien acteurvedette d’un club de théâtre et aux contraintes de bouclage de la rubrique imposée par son rédacteur en chef, Einar mène son travail et sa vie très loin de l’image du héros bondissant ! Le lecteur découvre avec le journaliste les problèmes socio-économiques de la région et les appétits politiques qui s’en nourrissent, grâce à un scénario très habile où se croisent intrigues majeures et secondaires tout aussi ciselées. Les personnages sont attachants et l’humour nonchalant de l’antihéros invite à aborder ce polar avec le même plaisir que ceux de Chandler ou Hammet.
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donc à corps perdu dans un avenir qui l’écorche. Il n’y a pas d’angélisme dans cet itinéraire réaliste d’un homme-enfant qui porte un regard candide mais éclairant sur notre société. Le descriptif du lien douloureux et fragile que l’on peut garder avec le pays que l’on a quitté, et la rancœur grandissante des proches qu’on y a laissé, est très marquant.
New thing Wu, Ming Métailié
Fiction ou documentaire? Une chose est sûre, New thing est un roman engagé : New York 1967, un tueur en série assassine des musiciens de Jazz afro-américains de la nouvelle « vague » qu’ils nomment entre eux « New thing ». Ce courant musical, qui sera dénommé plus tard « Free jazz » accompagne les revendications et le développement des mouvements politiques. Ce roman mêle habilement personnages de fiction et personnages réels, et fait preuve d’une connaissance historique, politique et musicologique de cette époque qui force le respect. Une très belle plongée dans l’univers de la musique du 20ème siècle. Musiciens cités dans le livre et quelques albums antérieurs à 1967, pour se faire une petite idée de la fameuse « new thing »… - Ornette Coleman « Free Jazz » 1961 - Albert Ayler/Don Cherry « Vibrations » 1964 - Archie Shep « Fire Music » 1965
De Gaulle en maillot de bain
Cortanze, Gérard de Plon Né dans les années 1950, l’auteur nous fait suivre chaque étape de sa jeune vie en l’illustrant par des actualités de l’époque. Il nous fait revivre le début de la machine à laver, le premier homme dans l’espace, la première télévision avec des émissions pour la jeunesse, les problèmes de logements trop étroits dans la région parisienne, les premières HLM construites en 1960, avec une salle de bain pour chaque appartement. A recommander pour les jeunes lecteurs de plus de 50 ans qui vont revivre leur jeunesse, et aux vieux lecteurs de moins de 20 ans qui vont apprendre beaucoup sur l’évolution du progrès, (on ne parlait pas encore de téléphone portable, ni d’I POD!). Le titre, amusant, vient d’une expression de l’époque des années 1960 du genre « ma maîtresse en maillot de bain ! »…
Mazareh mon amour Crowther, Yasmin Rivages
Maryam est iranienne et vit en Angleterre depuis plus de 30 ans. Elle a un mari aimant et une fille, Sara. Au décès de sa plus jeune sœur, Maryam et sa famille reçoivent le jeune Saeed orphelin de 12 ans. Avec lui, reviennent les bribes du passé, les douleurs et les humiliations. Alors que Sara essaie de sauver Saeed qui tente de se tuer, elle perd son bébé. Après ce drame, Maryam se sent coupable et repart en Iran pour y voir plus clair dans sa vie. Belle histoire d’amour et d’exil
À écouter aussi “Four for Trane”. Reprise de Compos de J. Coltrane - Sun Ra « Jazz in silhouette » 1958 - Pharoah Sanders « Tauhid » 1966 - John Coltrane “A love supreme” 1964 Le free Jazz n’étant pas l’ambiance sonore idéale pour lire un roman, suggestion personnelle : - Miles Davis/Coltrane « Kind of blue » 1959
Retour au pays
Maquillages
Lev quitte son pays pour la Grande Bretagne, où il espère trouver un avenir professionnel. Veuf et père d’une petite fille restée au pays, chez sa grand-mère, Lev trouve sur le chemin de son intégration des obstacles difficiles à surmonter : difficultés matérielles bien sûr, mais aussi culturelles (c’est l’Europe, mais une autre Europe !), affectives aussi car depuis la mort de sa femme il est désarmé et déstabilisé. Heureusement, Lev aura la sagesse de s’enrichir de ses rencontres, ce qui lui permettra de s’acheminer vers son «grand projet». Conscient qu’il doit aller de l’avant, Lev se jette
Enquête policière menée par le commandant Bizek et le magistrat Jonas Barth sur le meurtre d’une jeune fille portugaise retrouvée morte dans un bois, dont la vie était apparemment sans histoire. Les rouages de la police et de la justice sont finement décortiqués dans cette intrigue à rebondissements, où la fiction a des parfums d’actualité.
Tremain, Rose Plon
Halphen, Eric Rivages
Ecriture agréable d’un auteur qui sait de quoi il parle. Le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin de ce roman qui n’est pas seulement une description technique mais qui relate aussi des états d’âme et des rapports humains sensibles.
Coup de cœur
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Le canapé rouge Rendez-vous dans le 18e
Lamar, Jake Rivages
Ayant fuit une situation humiliante (son cousin lui ayant pris sa future femme le jour même de son mariage), un américain est installé à Paris depuis 8 ans. Il joue du piano dans une crêperie, a une compagne qu’il aime et adore son quartier. Un jour, le cousin haï débarque à Montmartre : il est aux abois, n’est plus l’homme sûr de lui. Il demande à son cousin de retrouver sa femme. Roman sur les immigrés noirs américains à Paris dans le 18ème. Belle description de ce quartier, vision d’un américain sur les parisiens avec une émouvante réflexion sur l’exil et sur les différents ressentis du racisme suivant les lieux où l’on se retrouve. L’intrigue riche en rebondissements fait que l’on s’attache aux personnages. Bon roman policier avec une écriture pleine d’humour. Comme toujours chez Rivage, l’écriture est originale.
Le rapport de Brodeck Claudel, Philippe Stock
Le métier de Brodeck consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal. Un groupe de notables du village lui demandent d’établir un inquiétant rapport, sans ajouter de détails inutiles…. S’il y a un roman où le destin personnel s’articule à l’histoire des hommes, c’est bien celui-là : si Brodeck est le personnage central du livre, en réalité, la guerre y est mise en scène au travers du quotidien d’un petit village de montagne quelque peu oublié. L’auteur nous présente des personnages dont les comportements ne sont ni simples ni stéréotypés, comme pour nous rappeler que les circonstances peuvent conduire n’importe lequel d’entre nous à des lâchetés, des trahisons voire à des crimes. Il s’agit également d’un formidable roman sur la place de l’histoire dans la mémoire des hommes, et sur celle de chacun au milieu de la folie collective.
Lesbre, Michèle Wespieser
Sans nouvelles de Gyl qu’elle avait naguère aimé, la narratrice part sur ses pas. Dans le transsibérien, à la faveur de ses rencontres, des paysages qui défilent et de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu’elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l’attendre sur son canapé rouge au fond de l’appartement d’où elle ne sort plus guère. Ce roman, d’une très belle écriture, nous mène sur les traces d’une femme au pas incertain mais au sens aigu de la poésie du quotidien. Ce roman semble poser la question de la pérennité de l’amour : comment peut-on continuer à aimer malgré les séparations, les deuils, les trahisons ? La capacité d’un être à aimer est-elle réellement inépuisable ? La relation entre Anne, la narratrice, et Clémence, la femme au canapé rouge, est centrale, bien que paraissant au premier abord secondaire. C’est de cette relation touchante et forte, que renaîtra la possibilité d’un amour, ou plutôt, la possibilité d’aimer à nouveau.
Les bois dormants Juhel, Fabienne Rouergue
A la veille de la rentrée des classes, une jeune mère de famille atteinte d’une tumeur au cerveau tombe dans le coma. Alors que son entourage la croit inconsciente, elle reste sensible aux bruits, aux lectures que les infirmières lui font. Elle nous entraîne dans un monde intérieur, traversé d’humour et de fantaisie. Petite, elle a été cette enfant s’échappant de l’école et du monde réel pour se réfugier dans les bois. L’état comateux la fait basculer dans un autre universtemps où tout se brouille : souvenirs vécus, hôpital, rêves, figures de contes… Un sujet difficile mais servi par une écriture poétique et très belle.
On s’embrasse pas ? Monnerau, Michel Table ronde
Bernard revient en Charente, dans son village natal, après 15 ans d’errance et de voyages. Son père est mort entre temps ; sa mère et sa sœur sont restées dans la maison d’enfance. C’est un solitaire misanthrope qui va voir sa mère mourir et observer ses contemporains sans aucune complaisance. Roman pessimiste mais très fin dans l’observation de l’âme humaine.
Rentrée Littéraire 7
Zoyâ Pirzâd Zulma Quand on découvre que Zardjou, l’homme qui remet en question la vie d’Arezou, est marchand de serrures, on peut y voir l’ironie d’un signe plus subtil qu’il n’y paraît. Les apparences sont trompeuses ; on entre avec plus de vigilance et
Dans un roman d’une richesse et d’une vigueur exceptionnelles, Zoyâ Pirzâd brosse à la fois le portrait d’une société iranienne pleine de contradictions et celui d’une femme passionnante, drôle et attachante.
Coup de cœur
Rentrée Littéraire On s’y fera
de curiosité dans une belle histoire d’amour. À travers le destin d’une femme active, divorcée, partagée entre sa mère et sa fille, trois générations s’affrontent dans un monde où règnent depuis longtemps les interdits et le non-dit. On suit Arezou, au bord du rire ou des larmes, sous la neige, espérant avec elle profiter enfin d’une certaine beauté de la vie.
Les vivants et les ombres Meur, Diane Wespieser
Dans ce roman, nous rencontrons une narratrice étonnante puisqu’il s’agit d’une maison, un domaine situé en Galicie, région partagée aujourd’hui entre l’Ukraine et la Pologne. Notre demeure va nous conter l’histoire de ses habitants entre 1770 et 1891, avec quelques figures centrales, un homme Jozef, sa femme Clara, ses filles Urzula, Violetta et Zozia, et enfin leur arrière-petite-fille Tessa. Bien sûr, au travers des hommes et des femmes, c’est l’histoire d’une époque et de ses déchirements dans une province cosmopolite. Tout est vu depuis le domaine, et tout ce qui se passe au-delà du regard est raconté par les lettres, les souvenirs des habitants, les journaux. Mais une maison est comme un être humain, elle a du mal à se souvenir de son enfance, des années qui ont suivi sa construction. Et quand elle devient une vieille propriété elle vit dans un état de somnolence et capte des bribes, des instants. Les vivants ont sur elle un avantage qu’elle leur envie : leurs drames, leurs désirs et leur mobilité. Les femmes surtout la fascinent. Condamnées comme elle à la réclusion dans la sphère domestique, elles sont réduites, de mère en fille et de tante en nièce, à attendre l’amour en scrutant l’horizon. Avec Des vivants et des ombres vous aurez le plaisir de lire un texte dense, foisonnant, servi par une très belle écriture. Un vrai plaisir littéraire.
Nous remercions pour leur participation au comité de lecture : Marie-Claire Ailleaume, médiathèque de Parthenay Isabelle Berthelot, bibliothèque de Boismé Anne-Marie Chouc, bibliothèque de Fenioux Laure Copin, BDDS Françoise Conil, BDDS Catherine Cotard, BDDS Sylvie Deborde, bibliothèques intercommunales La Crèche/ Saint-Maixent Laurence Gabard, BDDS Sylvie Gadat, médiathèque de Melle Yves Gassot, BDDS Madé Guitton, Conseil général Karine Farineau, Pays de Gâtine Edith Lebras-Delfour, Conseil général Michèle Lacroix, BDDS Jean-Jacques Monturier, Conseil général Brigitte Picard, Saint-Aubin le Cloud Marianne Redan, bibliothèques intercommunales La Crèche/ Saint-Maixent Huguette Rocton, bibliothèque de Fenioux Brigitte Thiéfaine, BDDS Roch Touzé, Pays de Gâtine Corinne Verdin, Conseil général Odile Verstraeten, médiathèque de Moncoutant Stéphanie Visage, BDDS Nicole Vrignaud, médiathèque de Chauray