Rapport de PFE: Parc des Animaux Disparus

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Le Parc des Animaux Disparus Aleksander Rokosz

Rapport de PFE sous la direction de Stephane Thomasson & Jean-Baptiste Guillaume groupe 2 -Site sensible, Art et Architecture

ENSAPVS 2016



Avant-propos

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La Big Three

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Grande Faune de l’ancienne Europe Importance dans l’histoire et la culture polonaise Disparition Restitution

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La Forêt de Niepołomice

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Situation géographique Histoire Nature Flore Faune Bison d’Europe Parcelle

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Parc des Animaux Disparus

Intentions Animaux Centre Éducatif Centre de Recherche Chambre d’hôtes Démarche

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Annexe 49 Bibliographie 62

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Żubr

Bison d’Europe Bison bonasus

Le bison d’Europe est un mammifère ruminant de la famille des

Bovidés. C’est une des deux espèces du genre Bison, l’autre étant le Bison américain. Le poids moyen d’environ 700 kg (, et la taille peut atteindre 1,80 m, voire 2 m, au garrot et jusqu’à 3 m de long. C’est le plus gros mammifère terrestre d’Europe.

Commun durant toute la préhistoire, il a failli être exterminé par

la chasse, le dernier spécimen sauvage étant survécu en Pologne jusqu’à 1919. Les scientifiques polonais ont miraculeusement réussi de restituer sa population à partir de 12 reproducteurs issus des parcs zoologiques. Désormais protégé, il est peu à peu réintroduit en Europe depuis les années 1950. 1 7


Tur

Aurochs Bos primigenius

L’aurochs est une espèce disparue de bovidé, ancêtre des races

actuelles de bovins domestiques et appartenant au genre Bos. L’aurochs était plus grand que les races actuelles de bovins mesurant de 1,60 à 1,80 mètre au garrot pour les mâles, et d’environ 1,50 mètre pour les femelles, le poids pouvait atteindre 800 à 1 000 kg.

L’Aurochs a été « reconstitué » par les frères Heck, pendant l’entre-

deux-guerres. La race de vache primitive issue de leur croisement sélectif est connu sous le nom de Aurochs de Heck ou Néo-Aurochs. 2

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Tarpan

Tarpan

Equus ferus gmelini Le Tarpan est un équidé sauvage européen éteint, considéré comme l’ancêtre de la plupart des races actuelles de chevaux. D’après les rares photographies prises avant l’extinction de l’espèce, il s’agissait d’un petit cheval d’environ 1,30, à la robe gris souris. Le tarpan a été «reconstitué» par Tadeusz Vetulani, un scientifique polonais et désormais appelé Konik Polski et par les frères Heck - Cheval de Heck. Ces chevaux issus de races domestiques sont différents par leur héritage génétique et leur morphologie du Tarpan sauvage. « Tarpan » vient d’un mot turkmène, signifiant « cheval sauvage ». 3

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P

endant les trois premières années de mon éducation à l’ENSA Val-deSeine, la quasi-totalité de mes projets étaient situés à Paris ou dans ses environs. Ces exercices m’ont appris à travailler dans des situations « tendues » du contexte dense parisien, nécessitant aussi bien des solutions efficaces pour répondre à la course à l’espace, la lumière et l’intimité qu’une bonne connaissance du PLU variant d’un quartier a l’autre. Ensuite, au début de mon Master, j’ai changé de structure de projet. Au semestre 7 j’ai eu la chance de partir en Corée du Sud dans le cadre du projet « Paris-Séoul et retour ». Pendant le séjour à Seoul j’ai eu l’opportunité de découvrir la vision orientale de l’architecture, intimement liée à la nature. Enfin, au semestre 8, j’ai été placé dans une situation quasi-professionnelle lors du projet « Groupe 1 - Face à une situation réelle de conception architecturale ». L’enjeu de ce projet (concevoir un nouveau musée d’art à Reims), le travail en équipe, l’accès a toute la documentation officielle du concours, les rencontres avec les différents acteurs du projet, ont constitué une expérience pédagogique proche de la réalité de notre futur métier. Enrichi de ces compétences, cette dernière année de Master se présente comme un moment opportun pour faire preuve de mes acquis mais également pour expérimenter de nouvelles formes et stratégies architecturales. Passionné par la nature, j’ai voulu travailler sur un projet se situant en dehors des zones urbaines, en affrontant des enjeux différents de ceux étudiés jusqu’à maintenant à l’école. Je me suis intéressé au sujet de la Grande Faune de l’ancienne Europe, plus particulièrement aux trois espèces ayant disparus le plus récemment, à savoir le Bison D’Europe, l’Aurochs et le Tarpan. Si la première a été miraculeusement sauvée de

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l’extinction, les deux autres se sont éteintes définitivement… Mais est-ce vraiment le cas ? Le progrès technique ne permettra-t-il de recréer ces animaux ? Il s’avère que des travaux sur leur reconstitution ont déjà été initiées. Pour mon projet j’ai donc voulu créer un Parc des Animaux Disparus, ensemble composé principalement de deux parties : une réserve d’observation des animaux en état semi-sauvage avec un Centre Educatif et un Centre de Recherche dédié à la protection des bisons d’Europe et à la restitution des aurochs et des tarpans. Si à première vue ce projet peut sembler utopique, je veux démontrer par l’intermédiaire de ce rapport, qu’en plusieurs étapes, la reconstitution et la réintroduction de ces espèces sont envisageables. Dans un premier temps, je souhaite exposer au lecteur français, probablement étranger à ces trois animaux énigmatiques, leur rôle dans l’histoire de l’Europe et notamment de la Pologne, ainsi que l’importance de leur protection/reconstitution. Dans un deuxième temps, j’expliquerai le choix du site qui se trouve dans la Forêt de Niepołomice, une ancienne forêt primaire et domaine de chasses des Rois polonais, située à 25km de Cracovie, dans la Pologne du Sud. Je parlerai de son histoire et de ses enjeux géographiques et naturels. Enfin, dans la troisième partie je présenterai quelles sont mes intentions dans le projet en décrivant les éléments du programme ainsi que mon approche théorique.

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1 Big Three de

l’Ancienne Europe Une courte histoire de la vie et de la mort des bisons d’Europe, des aurochs et des tarpans

Grande Faune de l’Ancienne Europe

Dans les temps préhistoriques, l’Europe était la terre de la Grande Faune. Les forêts et les prairies de l’ancien continent étaient traversées par des troupeaux des mammouths, bisons d’Europe, aurochs, tarpans, cerfs, rhinocéros laineux toujours suivis par les prédateurs tels que les lions, les hyènes

et les ours des cavernes. Les peintures rupestres laissées en héritage par nos ancêtres témoignent encore de cette prolifération des animaux. Cependant l’expansion de l’Homme combinée au réchauffement climatique a mis fin à l’ère des géants. Bien que la majorité de la Grande Faune a disparu du paysage

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européen, quelques représentants de la faune de vieux contient ont survécu jusqu’aux temps modernes. On peut encore admirer des cerfs, des élans, des ours ou des chevaux de Przewalski, quand d’autres espèces victimes de la chasse abusive, comme le légendaire aurochs et le petit cheval sauvage tarpan, n’ont eux survécu que dans les récits historiques. Dans cadre de mon projet, je me suis uniquement intéressée aux trois espèces qui ont disparu le plus récemment, à savoir le bison d’Europe, l’aurochs et le tarpan. Ce choix s’explique

par plusieurs raisons. Tout d’abord, étant des espèces ayant disparus récemment, leur retour à la vie, nécessitant l’acquisition d’un matériel génétique de bonne qualité et la manipulation d’ADN, est plus facilement envisageable. Ensuite, grâce aux gravures, rares photos et descriptions historiques, nous disposons d’un nombre important d’informations sur la biologie de ces animaux, dont nous connaissons l’habitats, le comportement, l’aspect physique, etc. Par conséquent l’impact de ces animaux sur l’environnement actuel est davantage prévisible.

Importance dans l’histoire et la culture polonaise

Vu d’ici, les bisons d’Europe, aurochs et tarpans peuvent sembler des animaux assez exotiques. Néanmoins ce sont des animaux communément connus dans les pays de l’Europe centrale, là où ils ont survécu le plus longtemps. Sans mentionner l’importance de ces animaux dans l’histoire de la civilisation - la domestication des aurochs a donné naissance aux vaches, celle du tarpan aux chevaux, il existe des pays, comme

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la Pologne, où les bisons d’Europe, les aurochs et les tarpans n’ont pas été oubliés. Dans les tribus slaves, les bisons d’Europe et les aurochs étaient considérés comme des animaux puissants et majestueux, qui représentaient le culte de la force, du pouvoir et du courage. Les amulettes faites à partir de leurs cornes, peaux ou fourrures étaient considérées


comme particulièrement puissantes. Au Moyen Age, ils sont devenus des animaux héraldiques, symbolisant la sagesse, la force et la dignité, dont on garde les traces dans les noms et sur les blasons des villes (Zambrów, Turawa). Ils apparaissent aussi dans les arts décoratifs, la poésie, la ittérature, la musique et les proverbes. Le bison, appelé « l’empereur de la forêt », et l’aurochs étaient les gibiers préférés des rois polonais, faisant partie (avec le cerf, l’ours et le sanglier) de la Venatio Magna – la Grande Chasse. A l’heure actuelle, c’est surtout l’image du bison d’Europe qui est très forte, peut-être même plus présente qu’auparavant. Le bison d’Europe apparait sur des logos des institutions, banques, étiquettes d’alcool, timbresposte, pièces de monnaie … dont les exemples les plus connus sont la fameuse Żubrówka, la vodka à l’herbe de Bison, et la bière Żubr. Enfin, le bison d’Europe est le seul animal que nous avons réussi à préserver. Après une lutte dramatique pour sa préservation, il est devenu une vraie fierté nationale. Mis à part quelques proverbes utilisés encore couramment (« pij żur, będziesz silny jak tur », « mange de la soupe et tu deviendras fort comme un

Idole du Zbroutch representant le dieu slave a quatre tetes - Svetovid, sur la partie en haut a droite on remaruqe une corne de bison d’Europe, elle etait un objet important dans les croyances slaves servant de recipiant magique pour la divination Lewel Joachim, gravure isssue «Narody na ziemiach słowiańskich przed powstaniem Polski» 4

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aurochs ») ou la voiture Tarpan (connue comme probablement la création la plus laide de l’industrie de voitures polonaise),

Affiche realisé par l’agnece BETC Euro RSCG, 2007

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l’aurochs et le tarpan sont aujourd’hui moins présents dans la culture polonaise.


D i spa ri t i on Trois espèces, trois histoires de disparition différentes. Dans l’ordre chronologique, c’est l’aurochs qui a disparu le premier, le dernier spécimen s’étant éteint en 1627. Le Tarpan, s’est lui éteint à la fin du XIXe siècle. Quant au bison d’Europe, son dernier représentant sauvage meurt en 1917. Le point commun de ces trois tragédies est qu’elles se terminent toutes en Pologne ou en

XIXe

Ukraine. Alors que dans des autres pays européens, ces animaux sont devenus très vite des créatures légendaires (en Angleterre le tarpan avait déjà disparu 8000 ans av. J.-C, le bison 3000 ans av. J.-C, et l’aurochs 1000 ans av. J.-C, tandis qu’en France l’aurochs et le bison ont survécu jusqu’au Moyen Age), en Pologne ils sont restés relativement nombreux jusqu’à’ la fin de la Renaissance. Les Rois

siècle

XVIII siècle e

XVIIe siècle XVIe

siècle

Xe

siècle

Aire de répartition des Bisons d’Europe au fil des siècles

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polonais, inquiets de la disparition de leur gibier préféré, ont mis en place des lois rigoureuses protégeant les animaux de la Venatio Magna. Les animaux les plus protégés étaient l’aurochs et le bison, que seul le Roi avait le privilège de chasser. Malheureusement, malgré les tentatives de protection, la dernière vache d’aurochs disparait en 1627 dans la Forêt de Jaktorów. Ce sont ensuite les tarpans qui ont partagé le même destin. Déjà très rares au XVIIIe siècle, on en a attrapé les derniers spécimens dans la Forêt de Białowieża en 1780 pour les placer dans le parc à gibiers du comte Zamoyski. En 1808, en raison de la famine et la pauvreté dans la région de Biłgoraj, le comte Zamoyski a décidé de donner les tarpans aux paysans locaux, qui les ont

soit mangés, soit croisé avec des chevaux domestiques. Disparus en Pologne, les tarpans ont survécu encore quelques décennies dans les steppes ukrainiennes jusqu’aux années 1880. Le bison d’Europe a eu un peu plus de chance. Après les partages de la Pologne, la Forêt primaire de Białowieża, dernier grand bastion de la nature en Europe, s’est retrouvée sur le territoire de l’Empire Russe. Les bisons sont devenus les animaux favoris du Tsar Aleksander Ier qui a ordonné leur stricte protection. Il semblait ainsi que la survie de l’espèce était assurée. Malheureusement la Première Guerre Mondiale a décimé la population de bisons d’Europe dont le dernier spécimen sauvage est tué par un braconnier peu après la fin de la guerre en 1919.

Restitution Dans l’entre-deux guerres, différentes tentatives de réintroduire ces trois espèces ont eu lieu en Europe. Les aurochs et les tarpans se sont éteints définitivement, aucun spécimen n’ayant survécu, même en captivité. Deux tentatives de leur recréation ont eu

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lieu parallèlement en Allemagne et en Pologne dans les années 30. L’aurochs étant toujours le symbole de la puissance germanique, il a suscité l’intérêt due führer lui-même. Soutenus par Hitler, les frères Heck ont mené des travaux, en développant l’idée du zoologiste


polonais Feliks Jarocki, qui consistait à croiser sélectivement des races bovines primitives pour se rapprocher le plus du phénotype (l’apparence physique) de l’aurochs. Ils ont réussi à créer une race de grandes vaches appelées Aurochs de Heck ou Néo-Aurochs. De l’autre côté de la frontière, à partir de 1936, le scientifique polonais Tadeusz Vetulani menait des recherches similaires, en se concentrant uniquement sur les tarpans. Il a récupéré les descendants des chevaux offerts par le comte

race aux apparences de tarpan appelée Konik Polski (Petit Cheval Polonais). Il faut néanmoins reconnaître que ni les Aurochs de Heck ni les Konik Polski ne peuvent, toutefois, être considérés comme génétiquement identiques aux espèces disparues, malgré un phénotype très proche ou quasi-similaire. Aujourd’hui ces hybrides soulèvent de grands débats entre scientifiques : une partie des chercheurs les considèrent comme des races artificielles (voir même des supercheries !), d’autres essayant de

Zamoyski dans des villages de la région de Białowieża. Il a ensuite choisi ceux qui ressemblaient le plus aux tarpans et les a recroisés entre eux pour créer une

les introduire dans des parcs naturels comme des substituts aux aurochs et aux tarpans.

Reconstitution par la sélection par croisement des individus ayant le phénotype ou génotype se rapprochant le plus de l’espèce ancestrale.

Reconstitution par clonage, l’ADN fossile est prélevé de tissu original et ensuite place dans l’ovule de l’espèce le plus proche génétiquement. L’embryon est ensuite introduit chez la mère porteuse, donatrice de l’ovule.

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Les cas du bisons d’Europe est différent. Même si le dernier spécimen sauvage est mort en 1919, quelques bisons ont survécu dans des enclos privés, principalement en Pologne et en Allemagne. En août 1923 est créée la Société internationale pour la protection du bison d’Europe pour assurer la survie de l’espèce. Seize pays sont à l’époque représentés et organisent des échanges de reproducteurs afin d’éviter la consanguinité et d’augmenter la population vivant en captivité. Le défi était quasiment

succès dans la reproduction des bisons. A l’heure actuelle le bison jouit du statut de trésor national. En Pologne vivent plus de 1 500 individus, dont certains parmi les plus grands troupeaux sauvages vivant en liberté dans la Forêet de Białowieża (578) et dans les montagnes de Bieszczady (344)5. Plus de 5 500 bisons vivant en Europe et en Asie, la population n’est plus menacée par l’extinction mais reste tout de même très fragile en raison de la petite diversité de gènes. D’un certain point de vue, le bisons d’Europe commence à être

impossible à relever - il fallait recréer la population à partir de seulement 12 spécimens épargnés par la guerre et provenant des lignées fiables. Après la Seconde Guerre Mondiale c’est la Pologne qui devient le gestionnaire de European Bison Pedigree Book (« livre des pédigrées du bison d’Europe ») et qui a le plus de

victime du succès de sa reproduction. La population polonaise se développe tellement bien que les grandes forêts qui accueillent les bisons commencent à être saturées. Cela pose de réelles questions : faut-il les transférer ailleurs ? Faut-il enlever les vieux individus inutiles dans la reproduction ?

L

e bison d’Europe est donc la seule espèce de la Grande Faune de l’ancienne Europe ayant véritablement survécu jusqu’à nos jours. Néanmoins l’espèce nécessite une protection particulière, une suivie génétique et un contrôle permanent de sa populations. Quant aux aurochs et tarpans, ils ont été pourchassés jusqu’à l’extinction,

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aucun spécimen n’ayantest survécu, même en captivité. En revanche, nous disposons de leurs « substituts », les races artificielles d’Aurochs de Heck et Konik Polski. Même s’ils sont physiquement très proches de l’espèce originale, ces races ne sont, en réalité, que des grandes vaches et des poneys sauvages.


A l’heure actuelle, les scientifiques ont déjà décrypté le séquençage du génome de l’aurochs et du tarpan à partir de leur - ADN fossile. On commence à entendre de plus en plus parler de la recréation de ces espèces. Par exemple, a été fondée en 2008 la Fondation Polonaise pour la Restitution de l’Aurochs dirigée par Ryszard Słomski, professeur de l’Université de sciences naturelles de Poznań. Comme il l’explique, « jusqu’à récemment, on estimait qu’il était impossible de créer un organisme dans un laboratoire.

preuve de nos capacités biotechnologiques ? Dans le cas des bisons, aurochs et tarpans, ce ne seraiet pas le cas. Ces grands herbivores étaient autrefois indispensables dans le fonctionnement de leurs environnements. Remplissant le rôle d’énormes tondeuses et de producteurs d’engrais naturels, ils empêchaient la croissance trop élevée des plantes et aidaient à la sauvegarde des pâturages et clairières, et par conséquent de la faune et de la flore de ces environnements.

Maintenant, ces doutes n’existent plus. La création de chromosomes est possible. C’est seulement une question de temps ». Il ajoute que « l’introduction de l’aurochs dans les forêts polonaises sera possible d’ici quelques dizaines d’années »6.

D’une point de vue moral, on peut également s’interroger sur la responsabilité de l’Homme à l’égard de ces espèces disparues. Le naturaliste Gilbert Cochet, expert pour la biodiversité au Conseil de l’Europe, considère que l’ « on arrive à une époque où l’homme se regarde dans le miroir et se dit : « C’est moi qui ai fait le vide… ». Qu’il cherche à se rattraper est louable à 100 % ! »7.

Quel serait l’intérêt de faire revivre ces animaux ? Ne serait-ce qu’une satisfaction de notre curiosité et une

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2 La Forêt

de Niepołomice Le site

S i t u a t i o n g é o g r a p h i q u e La Forêt de Niepołomice est située en Pologne du Sud, dans la région appelée la Voïvodie de Petite Pologne (Małopolska), à l’est de Cracovie, au bord de la ville de Niepołomice. Le centre de Cracovie et la place du marché de Niepołomice ne sont séparés que par 25

kilomètres de l’ancienne route royale. Les alentours de Niepołomice sont riches en patrimoine historique et culturel. Tout d’abord la ville de Cracovie, la deuxième ville de Pologne, inscrite sur la liste de l’Unesco, est un centre culturel, universitaire et économique important dans cette

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partie de l’Europe. A quelques dizaines de kilomètres, se trouvent les mines de sels de Wieliczka et de Bochnia, classées aussi au patrimoine mondial. La ville de Niepołomice est connectée à Cracovie aussi bien par le réseau routier, que ferroviaire. L’Autoroute A4 traversant la Pologne de l’Est en Ouest, liant l’Allemagne et l’Ukraine, passe au Sud de la Forêt de Niepołomice. Cette configuration place Cracovie à 5-6h de route de Berlin, Vienne, Prague, Budapest ou Lviv.

protégé et une économie en développement constituent la philosophie et la réalité de Niepołomice d’aujourd’hui. Même si petite, Niepołomice est une ville très vivante, surtout les week-ends quand les Cracoviens y font leurs escapades. La ville s’est dépliée autour du Château royal et ses jardins, récemment rénovés, abritant une partie des collections royales de Cracovie aussi bien qu’un hôtel et un centre de conférences. Dans la ville se trouvent aussi une place de marché abondante en restaurants et

22 000 habitants, une histoire liée à la royauté, une ambiance chaleureuse et amicale d’une petite ville – voilà les traits caractéristiques de Niepołomice. L’éducation, l’histoire, un milieu naturel

cafés, une église renaissance, un grand centre équestre aux pieds de château, un observatoire astronomique et Le Centre Régional de la Musique et de la Parole.

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H i s t o i r e de

la

Forêt

de

Niepołomice

Le nom de Niepołomice vient du celui de la Forêt, « niepołomny » siginifiant « invincible, infranchissable » dans l’ancien polonais. En effet, située entre le fleuve Vistule et la rivière Raba, protégée par des vastes marécages, la Forêt de Niepołomice demeure longtemps une forêt primaire presque impénétrable. Abondante en grand gibier, elle devint très vite l’endroit favoris des rois pour la chasse. Au cours de la première moitié du XIVe le roi Casimir le Grand fonda le Château Royal et la ville de Niepołomice. Pendant la Renaissance, le château devint la seconde résidence royale, les rois y séjournèrent pour s’échapper de la cour de Cracovie, fuir des épidémies mais surtout chasser les aurochs, les bisons et les ours. Les chasses qui se déroulaient dans la forêt devinrent légendaires et changèrent même le cours de l’histoire polonaise. Avec la délocalisation de la capitale de Cracovie à Varsovie en XVIe siècle, même si les rois continuèrent à chasser occasionnellement dans la Forêt, le château perdit son statut de résidence secondaire. Ensuite, après les partages de la Pologne en 1795, les Autrichiens qui occupèrent ces terrains pendant plus d’un siècle commencèrent une

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déforestation progressive de la forêt. Le vieux peuplement des arbres fut abattu et remplaça le pin. Le XXe siècle fut pour la Forêt une période très destructive. Elle connut les dévastations de la guerre et devint un témoin silencieux des nombreux crimes commis sur la population polonaise et juive dont les monuments commémoratifs se trouvent encore perdus entres les arbres. Dans la période d’après-guerre, sous la directive de l’état communiste, le fort développement de l’industrie lourde, en particulier dans les environs de Cracovie, conduisit à un nouvel affaiblissement des peuplements du à la forte pollution. A l’heure actuelle, la foret est gérée par le Domaine Forestier de Niepołomice, et elle est l’objet d’un programme de repeuplement. La Forêt de Niepołomice, surnommée les « poumons verts de Cracovie » est devenu l’endroit où les Cracoviens s’échappent du vacarme de la ville. Les routes délaissées par l’ancienne sylviculture sont devenues aujourd’hui des allées pour faire de la randonnée, du cheval, du vélo ou du roller.


1340-1350

Casimir le G rand

Le roi Casimir le Grand décide de fonder une deuxième résidence royale à l’extérieur de Cracovie au bord de la Forêt de Niepołomice.

1 5 2 7

Bona

Autriche-Hongrie

Après les partages de la Pologne, Cracovie avec Niepołomice se trouvent sous le gouvernement autrichien. Pour les besoins de l’industrialisation, les vieux arbres sont coupés et remplacés par le pin.

1939-45

Sforza

Lors de l’épidémie a Cracovie, le roi Sigismund le Vieux et son épouse la reine Bona se sauvent a Niepołomice. Chassant l’ours, la reine Bona tombe avec son cheval et perd son enfant. Cet accident mettra ensuite fin a la dynastie jagellone en Pologne.

1 5 8 0

1795-1917

Ad olf

Hitler

Pendant la Deuxième Guerre Mondiale la forêt témoigne plusieurs exécutions des Juifs et des soldats polonais fusillés par les nazis. Ces lieux sont commémorés avec des monuments et des cimetières perdus entre les arbres.

Ste fan Bathory

En chassant l’aurochs, le roi Stefan Bathory s’éloigne de ses compagnons et se retrouve seul devant la bête. Heureusement, la jeune fille du forestier donne bon coup avec une arbalète, tue l’aurochs et sauve la vie du roi.

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N a t u r e

de la Forêt de Niepołomice Même si la forêt n’a plus rien de l’énorme forêt primaire médiévale, elle demeure encore la plus grande forêt de la région de la Petite-Pologne et un important refuge naturel. La forêt fait partie du réseau Nature 2000, un programme qui « rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent »8. Même si encore sujet d’une modeste sylviculture, la forêt redevient de plus en plus naturelle. Les traces des anciens usages y sont encore visibles. Toute la superficie de la forêt est découpée par un réseau de routes perpendiculaires bitumées, une grande partie a aussi été améliorée par un système de canaux. Néanmoins on y trouve encore des endroits très marécageux, s’y trouvent des bras morts de la Vistule, et y sont présentes la faune et flore typique des terrains humides. La forêt se situe dans la vallée de la Vistule, le terrain est plutôt plat a l’exception de quelques petites collines (max 230mASL).

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F

l

o

r

e

La forêt se compose de deux domaines forestiers denses occupant une superficie totale de 10 758ha. Le plus grand, situé au Sud, est dominé par le Pin, pendant que la partie Nord, développée dans les bras morts de la Vistule, se compose majoritairement des feuillus. La composition générale de la Forêt de Niepołomice est la suivante: le pin occupe 66,6% de la superficie forestière, ensuite le chêne - 19,3%, l’aulne - 10,6%, puis d’autres espèces 6,3% comme le mélèze, l’épicéa, le hêtre, le frêne, le charme, le bouleau, et le tilleul. L’âge moyen des arbres est de 65 ans. Les nombreuses zones humides présentent une importante panoplie de plantes de berges, de marais et aquatiques telles que la canneberge, le nénuphar jaune ou la salvinia flottane. La forêt abrite aussi une vaste tourbière au centre de domain de Sud9.

Pin Sylvestre Pinus sylvestris

Chene Pédonculé Quercus robur

Aulne Glutineux Alnus Glutinosa

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Meleze d’Europe

Charme

Larix decidua

Carpinus betulus

Epicea

Bouleau blanc

Hetre

Tilleul a Grandes Feuilles

Picea Abies

Betula verrucosa

Fagus sylvatica

Tilia grandifolia

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F

a

u

n

e

La Forêt de Niepołomice est depuis des siècles la maison de nombreux animaux. De ce fait, elle était le domaine de chasses préféré des Rois polonais. Même aujourd’hui elle se caractérisiez par une richesse relative du monde animal. Dans la forêt on peut observer plus de 175 espèces d’oiseaux. Parmi eux se trouvent des espèces protégées comme: le Gobemouche à collier, les différents especes des pics, le Martin-pêcheur, l’Aigle romarin, le Balbuzard pêcheur, la Cigogne noire… Dans les zones humide, surtout pendant la saison des amours, on peut rencontrer de nombreux amphibiens et des serpents tels que la Couleuvre ordinaire ou la Coronelle lisse. La forêt abrite également certains grands mammifères comme le chevreuil (dont la population dans la forêt est estimée à environ 2300), le cerf (environ 350) et le sanglier (300). Sporadiquement on observe des loups et des élans10.

Sanglier Sus scrofa

Chevreuil

Capreolus capreolus

Cerf élaphe

Cervus elaphus

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Balbuzard pĂŞcheur Pandion haliaetus

Elan

Alces alces

Grand-duc Bubo bubo

Loup

Canis lupus

Coulevre

Cigogne noire

Natrix natrix

Ciconia nigra

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B i s on d’ Eu rop e dans la Forêt de Niepołomice

La Forêt de Niepołomice cache un secret. Au cœur de la forêt, loin des principaux chemins, se trouve une zone strictement protégée, entourée d’un mur en béton haut de 2 mètres, derrière lequel se trouve une réserve de bisons d’Europe. La population de bisons étant génétiquement fragile et très vulnérable aux maladies, cette réserve fait partie d’un strict programme national de la protection des bisons. La réserve de Niepołomice, vaste de 70 ha, est la maison d’une petite famille d’une trentaine d’animaux, qui vivent ici dans un isolement presque absolu. Le centre n’est pas et ne sera pas visitable, le contact avec l’homme y est réduit au minimum. Les seules possibilités de voir les bêtes, c’est à travers les fissures dans le mur ou depuis un arbre. Mais si on a la chance de voir juste quelques silhouettes cachées sous l’ombre des pins, ou entendre des meuglements et bruits de sabots, c’est une expérience presque magique. En plus, pour s’y rendre il faut traverser la forêt et

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connaitre exactement l’endroit, puisqu’au vue du calme nécessaire aux animaux, le chemin n’est pas vraiment indiqué. De cette expérience est née mon idée de créer un centre d’observation de bisons dans la forêt de Niepołomice. En Pologne il en existe déjà quelques-uns, mais ils ne présentent pas une grande valeur architecturale ou éducative.


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P a r c e l l e En faisant mes premières recherches, je suis tombé sur un article de la presse locale expliquant que l’idée d’un tel enclos de présentation avait déjà été soulevée11. Par manque de moyens, le projet n’a jamais été développé. J’ai décidé donc de contacter les autorités du domaine forestier de Niepołomice, le gestionnaire de la forêt, pour m’informer

de la parcelle se trouve la nouvelle station Szarów de train régional, permettant d’arriver au centre de Cracovie en 30 min. Elle se trouve aussi dans une des rares clairières et, grâce au canal latéral, elle est moins humide que les autres parties de la forêt. En forme comparable à un trapèze équilatéral, ses dimensions sont : grande base – 260 m, la petite base – 210 m et

sur ce projet abandonné. Le forestier responsable M. Michal Gos, m’a renseigné sur la localisation envisageable d’un tel enclos en s’intéressant véritablement à l’idée de mon parc des bisons. La parcelle retenue était celle marquée 98f.

les côtés latéraux – 115 m. La superficie totale s’élève à 2,98 ha.

Cette parcelle située à environ 1.5km du centre de la ville de Niepołomice présente plusieurs avantages. Tout abord elle est desservie par la route nationale DK 75, venant de la ville de Niepołomice et traversant la forêt pour rejoindre l’autoroute A4 au Sud. La parcelle qui est aujourd’hui un terrain de sport très délaissé, se trouve à proximité de l’entrée usuelle de la forêt et bénéfice d’un parking d’une capacité d’environ 60 places. A 2 km

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Dans mon opinion, faire un petit enclos similaire aux autres centres déjà existant en Pologne n’est pas à la hauteur du potentiel que présente la forêt de Niepołomice. Ainsi j’ai décidé d’agrandir cette parcelle et de prendre un terrain presque dix fois plus grand pour y proposer une nouvelle formule d’un parc d’observation. De cette façon, j’arrive à avoir un terrain vaste de 230 ha, délimité au nord par la ville de Niepołomice, à l’Est par la route Nationale 75, au Sud par la voie ferrée et à l’Ouest par une route. Néanmoins je vais garder la parcelle 98f comme le centre du parc.


98

37

f


Densité urbaine bâti

Dessertes et accès voie principale voie secondaire voie ferroviaire sentier

Densité de la végétation clairière végétation dense

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Simulation de la répartitions des animaux zones de présence fréquente

Hydrographie cours d’eau zone inondable

Topographie 205mASL 210mASL 215mASL 220 mASL

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40


3

Parc des Animaux Disparus Le projet

I n t e n t i o n s Avec ce projet je voudrais créer un lieu où le public serait sensibilisé à l’importance de la protection de la nature. Espérant que le contact avec ces majestueux géants permettra au parc de remplir principalement deux fonctions. Premièrement il constituera une Réserve des bisons, aurochs et tarpans, où le public pourra observer et se renseigner sur ces animaux. Deuxièmement il

accueillera un Centre de Recherche sur la protection et la restitution de ces espèces. Mon intention est de créer un cadre le plus naturel possible. Le programme se dévoile en 4 parties : • • • •

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Le Centre éducatif La Réserve d’observation Le Centre de recherche L’espace chambre d’hôtes


A n i m a u x Le parc sera concentré autour des trois animaux décrits dans la première partie de ce travail : le Bison d’Europe, l’Aurochs et le Tarpan. Le premier existe toujours, les deux autres étant disparus, on ne dispose que de leurs « substituts ». Au début du fonctionnement du parc on y placera de vrais bisons d’Europe et de « faux » aurochs et tarpans donc des Aurochs de Heck et des Konik Polski. Ils seront ensuite remplacés par des « vrais » aurochs et tarpans quand le programme de leur reconstitution sera mis en place. Les animaux vivront en état semi-sauvage dans la partie du parc appelé Réserve (environ 220ha) qui pourra accueillir jusqu’à 60-70 animaux. Cette zone sera un espace d’accès restreint à l’exception du parcours visiteur et de pistages avec guide spécialisé. En visitant cette partie, il ne faudra pas oublier que malgré leurs apparences et la domesticité relative, ces animaux peuvent être dangereux pour les humains. En visitant le parc il faudra suivre quelques règles de sécurité.

En plus de la Réserve, quelques spécimens (8-10) de chaque espèce seront placés dans les trois enclos de présentation entourant le Centre Éducatif afin de garantir une observation plus facile.

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Les animaux sont habitués aux hommes, voir même domestiqués et donc leur élevage sera assez similaire à l’élevage de vaches et de chevaux à l’air libre. Chaque enclos disposera donc de : - deux types de mangeoire, une destinée aux foin et herbes, et une pour le fourrage (mixte avec des céréales, légumes, glands…) - un abreuvoir - un abri - un espace protégé pour les veaux - des éléments pour se frotter - un bain de sable - un espace boisé/espace clairière13 Les enclos seront sécurisés par un système de clôture d’au moins 2m de haut, par une clôture double ou par un système clôture + clôture électrique. Le parc nécessitera également un poste de vétérinaire, un système d’enclos piège pour attraper les animaux et un stockage de nourriture. La présence des grands animaux aura aussi de l’impact sur la nature. Ainsi certaines parties du bois se raréfieront, de nouvelles clairières apparaîtront, les cours d’eaux prendront progressivement des voies naturelles.


règlement du

PARCOURS VISITEUR

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1. Rester sur le chemin, qui est ouvert tout au long de l’année sauf pendant la saison de reproduction 2. Garder au moins 50 mètres de distance avec les animaux 3. Ne pas nourrir les animaux 4. Laisser les animaux choisir librement leur chemin ; ne pas s’approcher et ne pas marcher derrière eux. 5. Garder plus de distance avec les veaux et les poulains

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C e nt re E d u c at i f Après avoir traversé la porte d’entrée et ayant choisi sa formule de visite, le visiteur se rend vers le Centre Educatif. Avant d’y pénétrer, il longe 2 enclos de présentation. La rareté des clairières dans la forêt implique une forme compacte, occupant possiblement le moins de surface. La bâtiment, déplié en deux parties : en rez-de-chaussée vitré et en bloc en bois foncé, crée une impression d’une ferme flottante au-dessus de la prairie. La forme d’une simple ferme s’inspire de l’architecture rurale. Ensuite, une douce descente l’emmène à l’intérieur du musée. Grace à ce décaissement, le visiteur se retrouve en véritable tête-à-tête avec la bête. Le rez-de-chaussée étant en retrait par rapport au bloc supérieur, crée un espace ou les animaux peuvent venir s’abriter du soleil, de la pluie, de la neige. Ainsi le visiteur se situe en contact très proche avec les animaux, ce qui peut avoir aussi une dimension symbolique – l’homme se retrouve égal à l’animal. Le rez-de-chaussée du Centre éducatif étant complètement vitré, permet un contact perpétuel avec les animaux et la nature. En montant à l’étage, le visiteur arrive devant une grande baie vitrée qui

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permet une vue panoramique sur l’enclos des bisons. A ce niveau il a le choix de tourner à droite et visiter l’exposition permanente ou se diriger à gauche, vers l’auditorium et l’atelier éducatif. L’auditorium est en même temps une salle de cinéma, salle de spectacles ou salle de conférence scientifique selon les besoins. L’atelier éducatif, se trouvant de l’autre côté de l’auditorium, assure des activités pour les plus petits autour du thème des animaux disparus. Arrivant dans l’exposition on passe à l’espace sombre, ou les lumières créent une ambiance magique. A l’aide d’un système de rétroprojecteur, les murs de l’exposition accueillent des projections des bisons, aurochs et tarpans. La visite se divise en 3 parties : Nature : partie qui présente des informations sur la biologie des trois espèces, leurs aspects physiques, leurs comportements etc.. Histoire : présente l’histoire des trois espèces et leur signification pour l’homme ; des temps préhistoriques jusqu’à aujourd’hui, on découvre les peintures rupestres, la domestication des aurochs et tarpans, les croyances des


peuples slaves, les chasses légendaires, la présence dans la culture populaire. Restitution : partie dédiée à la restitution des animaux, présente le travail des scientifiques, les principes du clonage et du croisement sélectif. On essaye de répondre à la question de leur impact sur la nature d’aujourd’hui et de l’importance de leur protection.

Ayant quitté la salle d’exposition, le visiteur est invité à faire le tour des enclos de présentation. Il sort du musée par la sortie nord et arrive sur la place des mangeoires. Cette espace, le prolongement extérieur du musée, constitue aussi un abri pour les animaux venant se nourrir avec le fourrage. Dans chaque enclos se trouve également une mangeoire couverte au foin.

R é s e r v e Le visiteur peut ensuite se rendre à l’espace Réserve et traverser le parcours d’observation, faisant le tour des endroits les plus intéressants du parc. Le long de ce parcours il y a la possibilité de voir les animaux dans leur environnement naturel. Ce parcours est doté de quelques

cachettes et miradors pour mieux profiter du cadre naturel. Pour les visiteurs désirant une expérience plus « sauvage » le Parc propose une formule de tours guidés pour traquer les animaux à l’aide d’un guide spécialisé.

Chambres d’hôtes Enfin le Parc offre aussi la possibilité de passer la nuit dans la réserve des animaux. Hors du parcours des visiteurs, au bord d’une clairière se trouve un ensemble de chambres d’hôte. Inspirés des miradors d’observation, ces bâtiments sont conçus comme des

cadres sur la nature. Chaque habitat se situe à une hauteur différente et permet une vision singulière sur la nature - la clairière, souvent visitée par les animaux, devient une véritable scène pour les habitant de l’hôtel.

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Centre de Recherche LLe Parc accueille aussi le Centre de Recherche sur la Protection de Bison d’Europe et sur la Restitution des Aurochs et Tarpan. C’est ici qu’on mène les travaux de bio-ingénierie pour extraire les cellules et faire revivre les animaux. Le bâtiment étant caché entre les arbres et hors du parcours des visiteurs, les scientifiques disposent d’un cadre serein de travail. Le Centre de Recherche se compose de différentes zones : accueil, administration, laboratoires et tour d’habitation. L’espace central étant le laboratoire de l’analyse, les autres parties s’organisent autour et sont reliées par des passerelles en verre. Le laboratoire d’analyse est connecté d’un côté au laboratoire de prélèvement où les scientifiques extraient les tissus appropriés pour la manipulation génétique, et de l’autre côté d’un laboratoire dédié aux opérations chimiques. L’administration contient trois bureaux, une salle de réunion et une archive/ bibliothèque. Le Centre dispose aussi d’une tour d’habitation avec quelques chambres pour les scientifique/stagiaires. Le bâtiment s’ouvre par des grandes

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baies vitrées à l’ouest et à l’est, permettant d’introduire la forêt à l’intérieur, au Sud une seule ouverture souligne l’entrée. Dans le but de préserver le plus des arbres, ce bâtiment est composé de plusieurs modules chacun d’une largeur constante « d’une demi cabane ». Par contre il peut s’allonger ou se rétrécir en longueur selon l’emplacement des arbres à préserver.


D é m a r c h e Je voudrais que mon architecture ne se cache pas, mais qu’elle dialogue ouvertement avec son environnement. Ainsi je n’ai pas cherché à l’enterrer ou la faire disparaitre, mais au contraire, créer des repères dans le parc, tout cela dans un grand respect envers l’environnement. Dés lors de la construction il est souhaitable d’avoir le moins de débris, si possible seulement biodégra-

de ressources renouvelables et la main d’œuvre locale. Le système de chauffage est aussi écologique : soit en utilisant la biomasse, soit le granulé du bois et en plus des puits canadiens. Les bâtiments étant presque entièrement en matériaux biodégradables, on peut imaginer qu’un beau jour, en ayant du succès dans la réintroduction des bisons, aurochs et tarpans, nous n’aurons plus besoin de ce

dables. A part le béton et le verre, tous les bâtiments sont conçus en matériaux naturels : structure en bois massifs, isolation en fibre de cellulose et bardage en bois. C’est un choix qui permet l’emploi

type d’institution. Laissée à elle-même elle sera très vite absorbée par la nature.

Les typologies des bâtiments s’inspirent de l’architecture rurale locale. En augmentant, en divisant et en répétant ces éléments locaux, j’arrive à créer de nouvelles formes qui répondent aux besoins du programme. Ainsi mon architecture, même si nouvelle, n’est pas étrangère au site et réponds aux conditions climatiques.

Élévation latérale d’une cabane typique de la Petite Pologne

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X

~2.5

Centre de Recherche, Miradors, DĂŠpendances

Centre Educatif

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er.com/blog/burnt-is-the-new-b lack/ rchitiz p://a : htt rce sou

Le matériau choisi pour le bardage et faisant l’unité esthétique des bâtiments du parc est le bois carbonisé. Le procès de la production est simple, organique et peut se faire sur le chantier. Les planches du bois, brulées au degré désiré, laissent l’humidité s’échapper. Après le frottage et le nettoyage, le bois carbonisé devient un produit très durable. Le bois ainsi obtenu est paradoxalement résistant au feu, à l’eau et aux insectes. En n’utilisant que le bois, le feu et l’eau (éventuellement des huiles de finition) on évite tout traitement chimique lourd14. Ce traitement du bois transmet aussi un double message. D’un côté les brûlures de bois rappellent le passé douloureux de la forêt de Niepołomice avec les chasses, la déforestation, les atrocités de la guerre, l’industrie abusive... Mais c’est aussi un message positif : c’est maintenant que la forêt et tous ses animaux disparus peuvent renaitre de leurs cendres.

49


1. Bison d’Europe, Wikipedia.fr https://fr.wikipedia.org/wiki/Bison_d%27Europe 2. Aurochs, Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurochs 3. Tarpan, Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarpan 4. Idole de Zbroutch, Wikipedia.pl, https://pl.wikipedia.org/wiki/%C5%9Awiatowid_ze_Zbrucza 5. Portail sur le Bison d’Europe (pl) http://www.zubry.com/ 6. PAWLICKA Danuta, Tur - wymarły 400 lat temu - ożyje? Poznańscy naukowcy już nad tym pracują! [ L’Aurochs - disparu depuis 400 ans - va-t-il renaître? Les scientifiques de Poznań ont déjà commencé les recherches], Głos Wielkopolski, 01.01.2013 7. CARPENTIER Laurent, La renaissance des mammouths, Le Monde Magazine, 03.04.2009 8. Portail sur le projet européen Natura 2000, http://natura2000.gdos.gov.pl/strona/natura-2000w-polsce 9. SITARZ Wojciech, Ekosystemy Lądowe - Puszcza Niepołomicka [Ecosystèmes terrestres - La Foret de Niepołomice], UJ, 30.04.2010 10. Portail sur la Foret de Niepołomice (pl) http://www.puszczaniepolomicka.pl/ 11. GÓRSKA Anna, Niepołomice: chcą pokazać turyście zagrodę żubrów, [ Niepołomice: on veut montrer les bisons au touristes], Gazeta Krakowska, 26.05.2011 12. Projet Bison d’Europe aux Pays-Bas a Kraansvlak (en, nl), http://www.wisenten.nl/en 13. GWIŻDŻ Ryszard, MŁYNARCZYK Bogusław, Ośrodek Hodowli Żubrów w Niepołomicach [Centre National d’Elevage de Bison d’Europe a Niepołomice], European Bison Conservation Newsletter Vol 1, 2008 14. BARLEY Luke, Burnt Is The New Black: Why Charred Wood Is So Hot Right Now [ Le brûlé devient a la mode: d’où vient la popularité du bois carbonisé ?], Architizer, 05.09.2013

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Annexes

Protection du Bison d’Europe en Pologne Analyse du site Photographies Intentions Programme Esquisse du projet Croquis de recherche

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Répartition des forêts en Pologne

Programme de protection du Bison d’Europe

espaces boisés majeurs

troupeaux en liberté

centre national d’élevage du bison

autres enclos

8

Légende Organisation de la Réserve de bisons d’Europe a 1-5. Paturages Niepołomice

Programme de reintroduction du Konik Polski

6. Dépendance

troupeaux en liberté

1-5. paturages 7. Isolement 8. Tour d’observation

6. depandances

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~ 30 7. enclos d’isolement 8. tour d’observation


Varsovie

Berlin A4

Kiev

Cracovie/Niepołomice Lviv

Prague Bratislava

Cracovie - une métropole connectée aux réseaux européens

Cracovie Niepołomice

Skawina

Wieliczka

Bochnia

Un territoire riche en culture organisé autour de l’ancienne Capitale de la Pologne

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A l’intérieur de la Foret

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Espace didactique 1800m2

Espace recherche 650m2

• expositions • atelier didactique • auditorium

• laboratoire génétique

Espace observation 230ha

Espace hébergement 60m2

• miradors • enclos de présentation • parcours visiteur

• chambres d’hotes

Organisation du Parc

Transformer le paysage par les animaux

Différents dispositifs d’observation

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Programme

MIRADOR 36m2

MIRADOR 36m2 RESERVE 230ha

REGIE 9m2

MAGASIN 16m2

AUDITORIUM 144m2

CAISSE/INFO 10m2

ACCUEIL 100m2

VESTIAIRE 20m2

EXPOSITION PERMANENTE 289m2 SANITAIRES 49m2

ENCLOS PRÉSENTATION 1,52ha

EXPOSITION TEMPORAIRE 100m2

STOCKAGE 25m2

GARDIEN 9m2

LENTRETIEN 16m2

RESTAURANT 100m2

TECHNIQUE 64m2 VETERINAIRE 25m2 SANITAIRE 2 STOCKAGE 4m 9m2 ATELIER DIDACTIQUE 81m2

DIRECTION 12m2

BUREAU 12m2

BUREAU 12m2

BUREAU 12m2

BUREAU 12m2

Premier essaie de volumétrie, vue sur le Centre Éducatif

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VETERINAIRE 25m2

GRANGE TECHNIQUE 2

CUISINE 16m2 SALLE DETENTE 16m2


ARCHIVES 49m2 CHAMBRE 20m2

PARKING 0.24ha

DIRECTION 16m2 CHAMBRE 20m2 SANITAIRES 25m2

BUREAU 12m2

CHAMBRE 20m2 DEPART GUIDES 16m2

ENTREE DU PARC 25m2

TECHNIQUE 25m2

RECEPTION 16m2

CHAMBRE 25m2

CHAMBRE 25m2

BUREAU 12m2

ENTRETIEN 6m2

CHAMBRE 25m2

CHAMBRE 20m2

BUREAU 12m2

VESTIAIRE 9m2 SALLE COMMUNE 36m2

SALLE DE REUNION 30m2

HALLE D’ENTREE 36m2 SAS 4m2

LABORATOIRE OUVERT/ANALYSE 81m2 LABORATOIRE DE PRELEVEMENT 40m2 ENCLOS PRÉSENTATION 1,5ha

LABORATOIRE CHIMIQUE 40m2

ENCLOS PRÉSENTATION 1,5ha

EQUIPEMENT 16m2

CHAMBRE FROIDE 9m2

CHAMBRE NOIRE 4m2 PREPARATION CHIMIQUE 9m2

GRANGE TECHNIQUE 81m2 STOCKAGE DES ALIMENTS 144m2

Premier essaie de volumétrie, vue sur une chambre d’hôtes

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Esquisse - Centre Educatif

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Esquisse - Centre de la Recherche

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Bibliographie ASSOCIATION ARTHEN, ANIMAUX & NATURE : Le tarpan, un cheval d’antan, 1711.2015 BARLEY Luke, Burnt Is The New Black: Why Charred Wood Is So Hot Right Now [ Le brûlé devient a la mode: d’où vient la popularité du bois carbonisé ?], Architizer, 05.09.2013 CARPENTIER Laurent, La renaissance des mammouths, Le Monde Magazine, 03.04.2009 DURAND Marc-Antoine, Étude pour une étable de 120 vaches laitières MAD-architecture, GÓRSKA Anna, Niepołomice: chcą pokazać turyście zagrodę żubrów, [ Niepołomice: on veut montrer les bisons au touristes], Gazeta Krakowska, 26.05.2011 GWIŻDŻ Ryszard, MŁYNARCZYK Bogusław, Ośrodek Hodowli Żubrów w Niepołomicach [Centre National d’Elevage de Bison d’Europe a Niepołomice], European Bison Conservation Newsletter Vol 1, 2008 HOWARD Brian Clark, Extinct Species That Could Be Brought Back [Les animaux disparus pourront être bientôt ramener a la vie], http://news. nationalgeographic.com/news/2013/03/pictures/130305-bring-back-extinctspecies/ JODIDIO Philip, 100 Contemporary Wood Buildings, [100 Bâtiments Contemporains en Bois], Taschen, 15.12.2015

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LUBAŃSKI Andrzej, Ośrodek Hodowli Żubrów w Smardzewicach [Centre National d’Elevage de Bison d’Europe a Smardzewice], Kampinoski Park Narodowy, 2005 OLECH Wanda, sous rédaction de, Hodowla żubów, Poradnik utrzymania w niewoli [Élevage de Bison d’Europe, Manuel d’élevage en captivité], Stowarzyszenie Miłośników Żubrów, Varsovie, 2008 PAWLICKA Danuta, Tur - wymarły 400 lat temu - ożyje? Poznańscy naukowcy już nad tym pracują! [ L’Aurochs - disparu depuis 400 ans - va-t-il renaître? Les scientifiques de Poznań ont déjà commencé les recherches], Głos Wielkopolski, 01.01.2013 SITARZ Wojciech, Ekosystemy Lądowe - Puszcza Niepołomicka [Ecosystèmes terrestres - La Foret de Niepołomice], UJ, 30.04.2010 Projet Bison d’Europe aux Pays-Bas a Kraansvlak (en, nl) http://www.wisenten.nl/en, Portail sur la Foret de Niepołomice (pl) http://www.puszczaniepolomicka.pl/

Portail sur le Bison d’Europe (pl) http://www.zubry.com/ Réserve Bisons d’Europe - Sainte-Eulalie (fr) http://www.bisoneurope.com/en/

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M

erci à mes professeurs, notamment à M. THOMASSON pour tous ses conseils inappréciables et pour avoir la curiosité et la patience pour me suivre dans ce projet, et merci. Merci également à M. GUILLAUME pour m’avoir accompagné pendant tout ce dernier semestre.

M

erci à mes proches, d’ici et d’ailleurs, qui m’ont supporté le long de cet année. Merci à mes parents d’avoir le courage d’aller faire et des photos et de relevés au cœur de la Foret de Niepołomice, malgré la neige et la pluie. Enfin merci à Catherine BACHEROT et Maxime FRADET pour leur aide inestimable dans la rédaction de ce rapport.



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