Architecture ICONIQUE

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ARCHITECTURE

ICONIQUE

à l’aide de la promotion urbaine.

La reproduction de «l’effet de Bilbao»


ARCHITECTURE

ICONIQUE

à l’aide de la promotion urbaine.

La reproduction de «l’effet Guggenheim» Mémoire élaboré dans l’atelier : L’Architecture comme système de relations

Aleksandar LAZAROV Enseignants : Danielle MARTIN Marion Pascale

École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg 2015

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ÂŤ Put me on the map, give my industrial city a second chance, make me a the centerfold of the Sunday supplements, the cover of in-flight magazines, the backdrop for fashion shoots, give me an iconic landmark, give mearchitectural- Shock and Awe!Âť Charles Jencks, The Iconic Building

FIG1: HEYDAR ALYIEV CENTER, Zaha Hadid 2


SOMMAIRE: 1. AVANT-PROPOS ………………...…p.04 2. INTRODUCTION ……………………p.06 3. MÉTHODE ET OUTILS………………p.10 4. PROBLÉMATIQUE ……….…………p.13 A. DEFINITION DE L`ARCHITECTURE « ICONIQUE » …….…………..…………………p.13 i. Caractéristiques Spatiales .......p.22 ii. Caractéristiques Symboliques ……………..………p.29 iii. L'architecture Et Les Medias …p.42 B. LE "MARKETING" DES VILLES…..……..…p.45 i. Les Stratégies De Marketing Des Villes ……...………………p.46 ii. Utilisation De L'architecture ''Iconique''…….………………p.49 iii. La Régénération Urbaine Comme Un But:………………...…p.52 iv. Standardisation = Différenciation ……………….………p.70 C. IMPACT SUR LA VILLE ………………...…p.73 i. Impact Économique ……….…p.74 ii. Impact Touristique ………...…p.77 iii. Impact Socio-Culturel ……..…p.86 iv. Impact Environnemental …….p.89

5. CONCLUSION …..…………………p.101 6. BIBLIOGRAPHIE…………….……p.102 7. ICONOGRAPHIE……………..……p.104

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AVANT-PROPOS Les pays, régions et villes mondiales se distinguent tous par une identité, culture et des caractéristiques sociales et économiques qui leurs sont propres. Des villes telles que Paris, New York et San Francisco, par exemple, sont largement identifiées et identifiables de par leur patrimoine et leur culture spécifique. La Tour Eiffel et le Palais de Versailles symbolisent Paris, New York est indissociable de ses gratte-ciels et de la Statue de la Liberté, et le Golden Gate Bridge représente San Francisco. Reconnues par tous, utilisées dans les médias et les films ; l’histoire et l’architecture de ces villes ont été commercialisées et en sont devenues les emblèmes. Leur cas est comparable à un produit, comme par exemple Coca Cola, qui a réussi à imposer son nom dans le monde, à créer sa propre identité. Comme un produit, les villes peuvent aussi promouvoir leur '' marque'', leur mode de vie et leur culture, créant ainsi une image qui les rend uniques par rapport aux autres villes. Les villes évoquées ont bien réussi à se faire démarquer grâce à la technique du « marketing urbain ». L'architecture, quand elle est utilisée de manière stratégique, peut servir d’outil permettant de créer une telle identité. Elle peut créer des espaces uniques attirant le grand public, des touristes, des résidents et respectivement des capitaux, ainsi que des commerces. Cependant, d’autres villes n'ont pas réussi à se faire distinguer de par leur image dans le monde, échouant dans leur conquête de popularité et d’attraction économique. Ces villes qui, dans leur volonté de créer une image qui leur est propre et unique grâce à l'architecture emblématique, en utilisant le modèle de l’effet Guggenheim'' et cela sans avoir au préalable une bonne politique urbaine pour le futur de la ville, sont tombées indéniablement dans un effet de mimétisme non voulu. Dans l’effort de se faire démarquer tout en utilisant comme source première une culture et un patrimoine qui leur sont propres, elles ont fait appel à des architectes de renommée mondiale, ces derniers utilisant toujours le même style et la même réflexion architecturale, sans prendre en considération ce qui fait la spécificité de la ville où ils s’implantent. En tant qu’étudiant étranger, ressortissant d'un petit pays, dont la culture et les villes sont peu connues du grand public, et où la pratique architecturale crée des pastiches d’édifices célèbres sans avoir une bonne compréhension des motifs à leur origine, je suis très intéressé par le « marketing » des villes, l’effet Guggenheim et l'architecture comme un ou til de démarcation et de promotion urbaine. Mes études à Strasbourg, une ville qui se trouve au cœur de l’Europe, m’ont donné l’opportunité de mener une étude sur ce sujet, de visiter et bien comprendre le cas des villes, qui ont su sortir du lot grâce à l’architecture emblématique, étudier leurs problèmes urbains et économiques, et les outils utilisés pour les résoudre.

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FIG 3, Vatican

FIG 4, Sheffiels, zone industrielle

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INTRODUCTION «Globalization destabilizes and redefines both the way architecture is produced and that which architecture produces. Architecture is no longer a patient transaction between known quantities that share cultures, no longer the manipulation of established possibilities, no longer a possible judgement in rational terms of investment and return» Rem Kolhaas «S,M,L,XL»

De prime abord, il convient d’analyser quelques notions de grande importance pour la thématique, notamment celle du « marketing urbain », de l’identité et image de la ville, de la globalisation, de l’architecture « iconique » et de «l’effet Guggenheim ». Le « marketing des villes » constitue un ensemble d’actions servant à construire une image positive de la ville et à la communiquer au sein de divers groupes cibles à travers des visuels, narratives et des évènements locaux et internationaux, pour que la ville gagne d'avantage de sa compétitivité. 1 Les objectifs du « marketing » des villes sont d’attirer des investisseurs et des touristes, de renforcer l’identité locale et l’identification de leurs citoyens. Ainsi, le « marketing » est un moyen d’améliorer l'image interne et externe de la ville. La ville en soit n'est pas un produit marqueté, mais divers aspects de celle-ci peuvent être promus comme place à vivre ou à travailler, comme une destination touristique ou une possibilité d'investissement.

Le « marketing » est constitué par des composants spatiaux tels que des bâtiments, des monuments historiques, le patrimoine, des espaces publics, ainsi que la communication qui les rend visibles dans les médias et la conscience des gens. D'après Kavartzis, les composants se divisent en primaire (spatiales et non-spatiales), secondaire et tertiaire. 2 Mes recherches m’ont amené à privilégier le composant primaire non spatial et le composant tertiaire. La communication spatiale est un ensemble d'interventions visant l'amélioration de la qualité physique de la ville, y compris les grands projets urbains et le développement de l'infrastructure. On peut inclure dans cette catégorie la construction des bâtiments « iconiques ». Le composant tertiaire concerne principalement l'image de la ville, renforcée par les médias. Kavartzis définit trois techniques de « marketing » : à travers une personne (c’est le cas avec l'architecture de Gaudi à Barcelone), le développement de grands projets urbains comme le 1 2

Kavaratzis,M. & Ashworth G.J. (2007) « Partners in Coffeeshops,Canals and Commerce: Marketing the City of Amsterdam.Cities » Kavaratzis,M. & Ashworth G.J. (2007) « Partners in Coffeeshops,Canals and Commerce: Marketing the City of Amsterdam.Cities »

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musée de Guggenheim à Bilbao et l'organisation des évènements internationaux, tels que les Jeux Olympiques3. Ce mémoire a pour but d’étudier la deuxième technique. Elle se caractérise par son expression spatiale évidente. Des projets de ce type changent l'environnement par leur présence et sont aussi des catalyseurs pour les investissements futurs et le développement du commerce. D’après Kavartzis, la création de l'identité d'un endroit est marquée par des perceptions et des images. Ici, les médias jouent un rôle très important. Ils peuvent influencer le grand public et par conséquent changer la perception de cet endroit.4 La concurrence croissante entre les villes mondiales les a mené à se distinguer l'une de l'autre à travers des stratégies de « marketing' » urbain. L'architecture « iconique » peut être utilisée pour le renforcement de l’image de ces villes, car elle est une sorte d'expression de l'identité. L'objectif le plus important du « marketing » est la création de l’identité de la ville, qui peut lui servir de publicité, mais en même temps cette identité doit correspondre à celle des habitants de la ville. Lynch donne une définition de l'identité comme la mesure dans laquelle une personne peut reconnaître un endroit ou s’en rappeler comme étant distinct des autres. 5 Cette identité peut être renforcée par plusieurs facteurs : un évènement culturel, la nature etc., mais cette recherche sera axée sur l'identité urbaine créée par une image bien identifiable à travers un bâtiment « iconique ». L'environnement bâti d'une ville peut parfois jouer le rôle de symbole facilement identifiable. Les bâtiments et les infrastructures existants ont un pouvoir et une valeur symbolique tangible. C'est le cas de Rome, de Florence ou de Venise. Ces villes ont bien promu leur patrimoine et c'est ce dernier qui donne actuellement envie aux gens de les visiter. Toutefois, les villes qui possèdent une telle richesse architecturale historique ne sont pas nombreuses. C'est pourquoi ces villes ont décidé de mener une politique de « marketing » qui s'appuie sur la création d’espaces mémorables, de l'architecture « iconique ». L’architecture a été utilisée comme outil servant à promouvoir les villes, en recréant l’image donnée de certains endroits. Les stratégies de régénération urbaine et de marketing des lieux servent justement à donner un sens publicitaire à l’architecture. Divers bâtiments ont réussi, grâce à leur design, à donner à certains endroits et espaces une symbolique très forte. Ces mêmes bâtiments sont non seulement devenus des « icônes architecturales », mais sont aussi des éléments qui attirent des 3

Kavaratzis,M. & Ashworth G.J. (2007) « Partners in Coffeeshops,Canals and Commerce: Marketing the City of Amsterdam.Cities » Kavaratzis,M. & Ashworth G.J. (2007) « Partners in Coffeeshops,Canals and Commerce: Marketing the City of Amsterdam.Cities » 5 Lynch, K. « The Image of the City », Cambridge, MIT Press, 1960 4

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investisseurs, des touristes et qui génèrent de l’emploi. Pendant les deux dernières décennies, l'architecture « iconique » ou emblématique est devenue un choix très pratiqué par les développeurs urbains. C'est grâce à quelques grands succès architecturaux que certaines villes à l’image initiale peu attrayante regagnent en force et énergie vitale. L’un des meilleurs exemples qui puisse être donné est le Musée de Guggenheim à Bilbao, conçu par Frank Gehry. Ce projet a aidé la ville à passer d'un lieu en baisse industrielle à un centre mondial de la culture et des industries créatives. L'architecture « iconique » est une bonne représentation de la ville parce qu'elle doit incarner son histoire, sa culture, sa politique, son économie et ses aspects sociaux. Grâce à ces « icones » identifiables, les villes trouvent leur place sur la carte mondiale et deviennent rapidement reconnues. L’iconicité dans l'architecture est définie en termes de notoriété et de la signification symbolique et esthétique particulière, telle qu'elle est appliquée aux bâtiments, espaces et même dans certains cas aux architectes. L’architecture « iconique » peut être définie comme la célébrité d’un bâtiment dans la profession (entre architectes, urbanistes, ingénieurs, etc.) qui pourrait s'étendre au grand public en raison de ses valeurs esthétiques, symboliques ou historiques particulières. L’approbation par le public des bâtiments qui attirent l'attention grâce à une certaine provocation esthétique signifie que la différence est applaudie et célébrée et non la conception, l'approche contextualisée de l’environnement et la valorisation du patrimoine. Le sujet principal abordé sera celui du phénomène de « l'architecture iconique » et son impact sur les différents domaines de la ville. « L'Effet de Guggenheim », « la starchitecture » (star+architecture) et « les starchitectes » (star+architecte) composent un ensemble de notions qui sert à mieux comprendre les effets de l'architecture « iconique » contemporaine Parmi les principaux avantages de cette stratégie de marketing c'est d’un côté l’image du pouvoir et de la richesse de la ville donnée et, de l'autre côté l’image touristique attirante, une image qui peut être très facilement transmise par les médias publics. Pour cette raison les développeurs urbains sont toujours à la recherche de l'architecture la plus extravagante susceptible de provoquer « l'effet WOW » et de contribuer à la popularité de la ville. Cependant, l'architecture « iconique » est touchée également par la globalisation et par conséquent elle est susceptible de jouer un rôle néfaste sur la culture, les traditions et valeurs locales, mais aussi sur la masse populaire. De façon générale, les villes pionnières de ce concept sont principalement celles qui, historiquement, ont souffert le plus du déclin du secteur industriel. Ce sont surtout des villes

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industrielles, qui dans le passé étaient des centres économiques florissant. Mais avec leur métamorphose de centres de production à centres de consommation, ces villes ont perdu leur attractivité. Elles sont à la recherche d'une nouvelle image destinée à les représenter comme un havre culturel et économique. Les arts, la musique et les divers évènements culturels promeuvent la modernité de la ville. Ainsi, les villes doivent se transformer en « centre de loisirs ».6 Devenir une destination touristique est un objectif important. La grande fréquentation touristique est bénéfique à l’image de la ville- plus elle est visitée, plus sa popularité augmente. De plus, ces dernières années le tourisme est devenu une branche importante de l'économie de chaque pays. D'après les statistiques la croissance mondiale du tourisme est de 4.7% par an et ce dernier a généré en 2000 plus de 11,7 % du PIB mondial et près de 200 millions d'emplois. En 2020, le nombre des voyageurs internationaux est prévu de grimper à 1.6 milliards générant ainsi deux milliards dollars de revenus.7 Tout cela explique l'orientation des villes vers les loisirs et les stratégies de consommation au lieu de celle de production. Le phénomène étudié de manière approfondie dans les cas d'études sera celui de « l'effet de Guggenheim ». C'est une notion très importante parce qu'elle démontre dans quelle direction les villes ont orienté leur futur développement. Tel est le cas de la ville de Bilbao en Espagne. Au début des années 80, Bilbao était une ville industrielle en pleine prospérité économique. Mais la ville a subi une décentralisation industrielle importante la dirigeant vers une baisse économique. La décision prise par les gouvernants de la ville a été une réorientation vers les industries créatives. Cela a été atteint par un majeur développement urbain marqué par la construction du musée Guggenheim, un bâtiment énigmatique, conçu par l'architecte Frank O. Gehry. Ce bâtiment est censé être le seul catalyseur du succès de la ville. A présent Bilbao est une grande destination touristique européenne et un centre culturel à l’échelle mondiale.

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Lynch, K. The Image of the City. Cambridge, MIT Press, 1960 Plaza,B. Evaluating the Influence of a large Cultural Artifact in the Attraction of Tourism: The Guggenheim Museum Bilbao Case, Urban Affairs Review, Vol.36 pp.264-274, 2000 7

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METHODE et OUTILS Pour déterminer l’effet réel apporté par l’introduction d’un bâtiment « iconique » dans le milieu urbain questionné l’analyse sera concentré surtout sur des bâtiments publics à cause de leur liaison plus étroite au public et de leur politique à communiquer leurs données statistiques et financières. La problématique sera développée en quatre catégories concernant les quatre impacts du bâtiment « iconique », notamment le développement économique, touristique, environnemental et l'impact socio-culturel. En tenant compte du fait que l’architecture « iconique » est principalement utilisé dans les plans de régénération urbaines, mais aussi pour populariser les villes et les rendre plus attractives avec le but d'attirer plus d'investissements dans la ville, créant ainsi de nouvelles possibilités commerciales, l’étude va commencer par l'analyse de l'impact économique qui est produit par le « symbole » créé. La conception de ce type de « monuments » de modernes est pilotée que par l'intérêt économique. L'impact observe les effets économiques du projet sur les économies régionales. Grâce à l'existence des bâtiments emblématiques plusieurs villes et même plusieurs pays peuvent améliorer le bien-être économique de leurs habitants et assurer aussi une bonne nouvelle image de l'économie de la ville. Pour bien comprendre l'importance du bâtiment étudié, une comparaison sera faite à partir de la situation économique de la ville avant et après la construction de « l'icône ». Pour ce faire, des statistiques économiques officielles de la ville et aussi des études sur ce sujet déjà publiés serons étudiés. Cela donnera une bonne idée pour le développement de la ville en termes de profit économique. Les effets directs, indirects et induit vont être étudiés afin d’arriver à une conclusion générales

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L'impact touristique est la deuxième catégorie la plus importante à étudier à cause de sa liaison directe à l'impact économique. Les données qui seront étudiées pour comprendre les effets touristiques, notamment économiques, sont les informations statistiques du tourisme dans la ville. On va prendre en compte l’évolution du nombre des touristes, les emplois occupés dans les domaines liés directement et indirectement au tourisme. Pour cela des études, des rapports et des publications officielles seront utilisés. La popularité de la ville comme une destination touristique est aussi une question importante qui va être abordé.

Le troisième impact sur lequel on va se concentrer est ceux de l'environnement. Il consiste également à la modification de l'état du site, le développement des infrastructures et l'amélioration liée à l'espace public. Dans cette catégorie on va se concentrer sur la comparaison des cartes et

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des photos aériennes de la ville qui montrent l’évolution des espaces publics et les changements les plus importants dans la ville. En même temps, de l'étude de la vue aérienne de la ville, on sera capable de visualiser les ruptures existantes dans le tissu urbain. Les développements importants qui agissent comme des supports de l’architecture « iconique » seront présentés. L'étude de l'effet sur l'atmosphère de la ville s'appuiera sur des photos et l'expérience personnelle des villes que j'ai visitées. Une comparaison des différentes parties de la ville sera nécessaire pour que l'existence d'une différence dans l'échelle et le style architectural devienne évidente. De plus l'horizon sera étudié, ce qui est de la visibilité du bâtiment et si sa silhouette est vraiment un accent évident dans l'horizon à travers des coupes schématiques de la ville. Dans la catégorie de l’impact socio-culturel l’étude est axée sur la représentation de la culture de la ville. Est-ce que les symboles incarnés par le bâtiment sont propres de la ville et ses habitants? Dans quelle mesure le bâtiment a changé l’identité du lieu ? Comment les habitants sont influencés par cette nouvelle construction et peuvent-ils s’identifier à elle? On va rechercher la question de la culture dans la ville et comment elle est influencée par le nouvel équipement public.

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Les questions pour lesquelles on cherchera une réponse sont les suivantes : 1. Quel impact l’architecture « iconique » a sur les différents domaines de la ville? 2. Quel pouvoir esthétique et économique possède-t-elle ? Comment l'insertion d'un bâtiment « iconique » peut influer sur les différents secteurs de la vie des habitants, l'état économique de la ville, le nombre des visiteurs etc ? Comment la ville peut changer son image auprès du monde par la construction d'un nouveau symbole ? Ce symbole doit exprimer le nouveau esprit de la ville, donc devenir une « icone ». Quelle contribution apporte-t-il au développement social et culturel de son milieu ? Quelles conditions doivent être présentes pour reproduire « l'effet Guggenheim» dans les autres villes. Dans quelle mesure est la contribution à transformer la ville et à renforcer la compétitivité de la région ?

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DEFINITION DE L`ARCHITECTURE « ICONIQUE » Contrairement aux autres arts, l'architecture est celle qui est directement reliée à la vie humaine quotidienne. Donc, c'est l'architecture qui représente au mieux la culture humaine, la socialisation, la religion et l'histoire de la société.8

« The decline of belief and the growth

of pluralism has led to the anomaly of icons without a socially sanctioned iconography», Charles Jencks7

Elle est représentée dans la vie humaine comme une forme "emblématique" parce qu'elle comporte les caractéristiques uniques de l'environnement et celles de l'endroit spécifique. En effet la notion de l'architecture « iconique » peut être décrite de différentes manières. Cela prend plus de sens si on se penche sur la signification linguistique du mot « icône ». D'après le dictionnaire français une icône est un « signe qui est dans un rapport de ressemblance avec la réalité extérieure ». Cette définition restreint notre recherche à certains bâtiments. Malgré que l'on puisse qualifier le Colisée à Rome ou les Pyramides en Égypte comme des bâtiments iconique, ils ne sont pas du tout représentatifs de la culture contemporaine. Ainsi, on doit bien distinguer les monuments historiques des bâtiments représentatifs de la société actuelle. Et cela, même s’il est difficile de bien définir les édifices représentatifs d'une culture qui est en train de se développer et pour laquelle on ne peut donner que certains indices. Les gens changent, de même que l’histoire. Aujourd’hui l'architecture symbolique est représentée par de nombreuses typologies et programmes différents. De l’architecture mémorielle (l'architecture religieuse), on arrive à l'architecture du pouvoir, tels que châteaux et forteresses. Plus tard, le développement des sciences et la révolution industrielle ouvrent de nouveaux horizons dans le domaine de l'architecture : l'architecture des monuments emblématiques, celle qui manifeste le progrès industriel et technologique des nations. Les exemples d’une telle architecture sont nombreux, notamment la Tour Eiffel, la Statue de la Liberté, l'Atomium à Bruxelles, le Gateway Arch à St. Louis... A la suite du boom industriel et de la seconde guerre mondiale est intervenu le boom financier accompagné par l'architecture moderniste, créant ainsi de nouvelles conceptions et changeant la manière dont l'architecture a été développée. C'est à ce moment-là que les premiers gratte-ciels ont été construits, symboles de l'essor économique de la société.

Sudjic, D. “Can we still believe in iconic buildings?”, in Prospect Magazine, June 19, 2005(consulté le 16,02.2014) Disponible à: http://www.prospectmagazine.co.uk/features/canwestillbelieveiniconicbuildings 8

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Les cathédrales représentaient le symbole de l’architecture d’antan, la religion étant omniprésente. religieuse sur panneau de bois, Actuellement les architectes s’intéressent naturellement souvent rehaussée de métal précieux à d’autres sujets. Ainsi on peut qualifier de «cathédrales » contemporaines les bureaux, les ou de pierreries, à valeur symbolique musées, les centres commerciaux et de loisirs. Ceci est et sacrée. Représentation artistique de la divinité ou de sujets à caractère étroitement lié à l'évolution de la société occidentale, d'une société religieuse on est passé à une société de religieux »dans le dictionnaire loisirs et de consommation. Qui pourrait s'expliquer par le CNTRL transfert important d'argent de l'église au secteur privé. Charles Jencks en donne un excellent exemple avec le centre commercial Selfridges à Birmingham qui occupe non seulement métaphoriquement, mais aussi littéralement la place de l'église dans la ville.9 La société moderne est guidée par les affaires et l'argent remplaçant ainsi la religion et la foi. La vie humaine ne tourne plus autour de la religion, du monde spirituel et immatériel. Elle est devenue aujourd’hui plus profane, le centre d'intérêt des gens est devenu plus proche de la vie quotidienne, plus simple et facile à atteindre. Le matérialisme prime le sacré. « Dans l'Église d'Orient, peinture

« ...Au sein d’une société postchrétienne, de surcroît capitaliste, le bâti devient un signe. Commercialement, un logo. L’architecture, une icône... » Jencks

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Jencks, Charles,«The iconic building: the power of enigma»,Londres,Frances Lincoln Ltd,2005;

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Cela explique pourquoi les bâtiments contemporains « iconiques » ne sont pas religieux, mais constituent plutôt une partie intégrante de notre monde économique et culturel. Le programme réel des édifices « iconiques » est souvent incertain au moment de leur conception. Ils abritent souvent des galeries d'art, de musées ou des salles de concert. C’est une architecture qui a des fonctionnalités « publiques » très vastes. Un bon exemple est le musée MAS à Anvers. Le but de l'immeuble n’était pas inscrit dans le projet initial. En effet, le conseil municipal avait décidé que la ville avait besoin d'une « icône », d’un nouveau symbole pour attirer les gens, peu importe la fonction du bâtiment. C’est seulement vers la fin de sa construction que l'idée de s’en servir pour abriter le musée a émergée.

« Il est important de réaliser la situation nuancée d'aujourd'hui et de voir que les forces opposées produisent le bâtiment emblématique (de déclin de la religion, montée du consumérisme) plus un moment de libertés, la créativité, l'ordinateur (ainsi que l'effondrement chez les jeunes de tout engagement aux traditions) » Jencks

Le terme n’existe officiellement dans le dictionnaire français. Il provient d’anglais et il est d'usage courant pour ceux qui travaillent dans le domaine de l'architecture et est aussi utilisé considérablement par les médias publics. La nécessité d’utiliser exactement cette notion provient de la signification plus précise et correcte, qui pourra mieux définir la spécificité de ce phénomène. L'idée a deux caractéristiques déterminantes Premièrement, « iconique » signifie célèbre, au moins pour certains milieux et, deuxièmement, un jugement de l'iconicité est aussi un jugement symbolique ou esthétique. L’icône architecturale est dotée d'une signification esthétique particulière et sert à représenter une culture ou une époque. C'est cette combinaison unique de la célébrité avec le symbolisme et la qualité esthétique qui crée l'icône. « Dans l'Église d'Orient, peinture

religieuse sur panneau de bois, souvent rehaussée de métal précieux ou de pierreries, à valeur symbolique et sacrée. Représentation artistique de la divinité ou de sujets à caractère religieux» dans le dictionnaire CNTRL 10

D’après la définition donnée par le dictionnaire CNTRL ci-dessus, une icône signifiait à l'origine une représentation (telle qu’une image, une figure, un portrait, une illustration, et même une statue). L'Église de l'Orient l’a transformée en une représentation des personnages sacrés, un objet de vénération, elle-même considérée comme sacrée. L’iconicité a été largement appliquée, à travers l'histoire de l'art, aux statues antiques, aux portraits d’athlètes victorieux, aux statues et bustes commémoratifs.10

Dictionnaire CNTRL- dans la définition du mot « ICONE »

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L'architecture « iconique » reprend certains aspects de l’objet iconique, comme les peintures religieuses byzantines, donnant ainsi une touche philosophique à l'objet qu'elles représentent11. Cela signifie que le sens philosophique d'une icône doit porter le signe de l'objet qu'elle représente.

« The iconic building shares some certain

aspects both with an iconic object, such as s Byzantine painting of Jesus… » Charles Jencks, The Iconic Building

Souvent le design iconique est défini, par différentes sources contemporaines, comme l’image qui est fixé par la société à ce qu’un objet doit ressembler. Les générations postérieures prolongent la même compréhension du design des objets12. Aujourd’hui on pourrait considérer que l'architecture contemporaine est une reproduction des notions de base de tous ces styles architecturaux. Mais d’après moi, ce qui est le plus représentatif de l'architecture contemporaine est la chasse de la célébrité instantanée. C'est pourquoi l'appellation « architecture des consommateurs » y correspond bien. L'architecture iconique du passé est représentée surtout par des bâtiments mémoriels et de croyance. En revanche, l'architecture contemporaine est représentée par différents types de bâtiments comme des immeubles de bureaux, centres commerciaux, établissements culturels, établissements d'enseignement et équipements publics. Aujourd'hui chaque projet doit être emblématique, il doit être capable de se promouvoir luimême grâce à son architecture extravagante. L’objectif principal, attirer l’attention du public sur le projet avant même sa construction, débute ces 15 dernières années. Pour cette raison embaucher un architecte ou un cabinet d'architectes de renommé mondiale afin de conduire et suivre l’élaboration du projet est devenu une pratique courante. La forte concurrence du marché de l’architecture pousse les acteurs de ce domaine à plus d’avant-gardisme et d’innovation vis-à-vis de leurs concurrents. Ceci, afin de créer un projet qui atteint les limites du développement actuel et parfois même le dépasser et surpasser. Aller jusqu’au bout devient une action indispensable. Tout cela démontre l’évolution des intérêts de nos contemporains. La vie moderne ne se déroule plus autour de la cathédrale ou autour de la mairie. Les zones d’intérêt sont plus élargies, exigeant que les bâtiments mettent à la disposition du public des programmes divers et plus enrichis qui peuvent répondre à chaque nécessité. Tout cela démontre les différences entre l'ancienne ville et la ville contemporaine, la première est une ville d'une « mono centralité » et la deuxième, une ville de plusieurs polarités. La problématique principale de ce mémoire est d’essayer de comprendre comment cet effort de transformer l'architecture contemporaine en une 11 12

Dans le dictionnaire CNTRL www.archnet.org/ forum

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architecture symbolique, emblématique et même « iconique », change le bien-être de la ville et de ses habitants. Comment elle est utilisée pour le développement futur de la ville et dans quelle mesure elle l’affecte. « On the one hand, to become iconic a building must provide a new and condensed image, be high in figural shape or gestalt, and stand out from the city. On the other hand, to become powerful it must be reminiscent in some ways of unlikely but important metaphors and be a symbol fit to be worshipped…» Charles Jencks, The Iconic Building

Dans son livre « The Iconic Building » Charles Jencks définit l'architecture emblématique comme celle qui peut être reconnue instantanément en dessinant la forme du bâtiment, avec seulement quelques traits simples. Cela évoque le fait que la conception doit être inoubliable et donner une grande impression aux spectateurs afin qu'ils puissent s'en souvenir. Selon l'auteur, l'architecture est réduite à une image et fait appel à l'imagination du spectateur.13 Dans un certain sens, l’édifice est perçu par ces images et les photos, compris plutôt comme un décor urbain, une scène pour des spectacles urbain, et parfois c’est lui-même qui se transforme en un spectacle.

William King déclare qu'il n'y a pas de définition générale du bâtiment « iconique » sauf le fait qu'aucun d'entre eux est créé dans l'objectif d'être « iconique »14. Une définition assez connue de l'architecture ''iconique'' est celle-ci de Sklair, professeur à l'École économique de Londres qui la définie en termes de notoriété et de l'importance symbolique ou esthétique particulière appliquée aux bâtiments, les espaces et dans certains cas aux architectes eux-mêmes 15 . La notoriété et l'importance peuvent être mesurées par les sondages et les enquêtes publiques, mais cela pose de nouveaux de nouveaux obstacles. Ils ne pourront pas en attester complètement parce que ce sont des thermes qui sont compris différemment par chaque individu, affecté par sa propre vision et son propre goût. L’iconicité pourrait également être définie à travers le pragmatisme. Par exemple Patterson a choisi la manière pragmatique pour définir les bâtiments iconiques et a désigné tous les bâtiments créés par des lauréats Pritzker.16 En réalité, les architectes et le public ont une différente 13

JENCKS, Charles, «The iconic building: the power of enigma», Londres, Frances Lincoln Ltd,2005; King, W. « What Really Makes Them Iconic? », in Modern Day Iconic Buildings, publié le 18.04.2008, consulté le 18.01.2014, disponible à : http://ezinearticles.com/?Modern-Day-Iconic-Buildings---What-Really-Makes-Them-Iconic?&id=2983327 15 SKLAIR, Leslie; ''Iconic architecture and capitalist globalization'', CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006 16 PATTERSON, M. « The Role of the Public Institution in Iconic Architectural Development, Urban Studies 49(15): 3289-3305 (November 2012) 14

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perception de ce que peut être qualifié d’iconique. Dans son cas d’étude de l’arche de Saint Louis aux États-Unis, Hélène Lipstadt fait la distinction entre le « canonique » et « l’iconique ». Le « canonique » comporte tout ce qui est le plus valorisé et recherché par les architectes et les professionnels, tandis que le statut d’« iconique » est accordé par les personnes extérieures aux milieux architecturaux. 17 Dans sa thèse elle propose l’idée que dans certains cas les architectes sont contraints d’attribuer le statut « canonique » aux bâtiments considérés comme « iconiques » par le public. Ainsi cette étude propose une nouvelle compréhension de certaines œuvres, notamment le Musée Guggenheim à Bilbao ou même les gratte-ciels en Chine.18 Tenant compte de cela, clairement on peut voir que les notions d’esthétique dans l’architecture ne sont plus influencées seulement par les professionnalistes, mais les habitants et le public sont le jury final qui va attribuer le statut d’icône. Afin de pouvoir appréhender au mieux la spécificité de l’architecture iconique, il convient d’étudier les deux types d’architecture présentés par Venturi dans son œuvre « Learning from Las Vegas » : « le canard » 19 et « le hangar décoré »19. Il en donne la définition suivante: « Quand les systèmes architecturaux d’espace, de structure et de programme sont submergés et déformé par une forme symbolique d’ensemble, nous nous trouverons devant un type de bâtimentdevenant-sculpture que nous appellerons canard… »19

« Quand les systèmes d’espaces et de structure sont directement au service du programme et que l’ornementation est appliquée indépendamment d’eux, nous l’appellerons alors le hangar décoré. »19

Les auteurs introduisent l’idée de l’image venant avant le la structure et le programme dans le processus de la conception. Les bâtiments s’appuient sur l’émotion en utilisant des formes symboliques et représentatives associées dans le mémoire du spectateur. LIPSTADT, H,”Co-making the Modern Monument: the Jefferson National Expansion Memorial and Saarinen’s Gateway Arch” dans le livre par MUMFORD, E., “Modern Architecture in St. Louis”, WASHINGTON UNIVERSITY AND POSTWAR AMERICAN ARCHITECTURE, 1948-1973 17

LIPSTADT, H,”Co-making the Modern Monument: the Jefferson National Expansion Memorial and Saarinen’sGateway Arch” dans le livre par MUMFORD, E., “Modern Architecture in St. Louis”, WASHINGTON UNIVERSITY AND POSTWAR AMERICAN ARCHITECTURE, 1948-1973 19 Venturi, V, Izenour, S, Scott Brown, D. « L'enseignement de Las Vegas », Editions Mardaga, 2007 18

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FIG 5 : Le « canard » et le « hangar décoré »

Il s’en suit qu’il faut bien distinguer le sens mimétique du terme et le restreindre à son utilisation courante dans les discussions de l'architecture d'aujourd'hui- une référence au symbolisme et à l'expression de la différence, le spéciale et l'unique. Tout cela correspond au "statut d'icône" des bâtiments remarquables, des espaces et de leurs sites. Bien que les deux formes du « statut d'icône » aient une signification symbolique, ce sont les structures institutionnelles qui dominent le temps et leur public, les espaces et les architectes qui les rendent célèbres, et qui fournissent les explications pour leur iconicité et leurs qualités esthétiques et symboliques.20 Cependant, dans le contexte de la mondialisation capitaliste, à moins que ces qualités soient acceptables pour le capitalisme transnational, il est peu probable que des icônes architecturales à grande échelle puissent être construites, étant donné les risques financiers qu’implique leur réalisation.21 Davarpanah, S, “A Query on the Impact of Place on the Formation of Iconic Buildings in Architecture”, Eastern Mediterranean University, January 2012, Gazimağusa, North Cyprus 21 Sklair, L. « Iconic architecture and capitalist globalization », CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006 20

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Les caractéristiques qui suivent et qu’on pourrait attribuer aux icônes provoquent le syndrome « wow »; elles peuvent créer autant de bruit que de communication; il n'y a rien d’inhérent dans le design d’une icône, ce à quoi elle ressemble et sa signification sont essentiels22. Elles sont formées autant par le cadre (la société, la culture, la présentation) que par le contenu. Elles incarnent des facteurs humains, une conception émotive et sont, en tant que telles, dotées d’un certain degré de monumentalité. Elles sont sensuelles, mais en même temps légères, elles projettent de translucidité. Elles incarnent la perfection, une densité et une personnalité énigmatique, qui leur permettent de remplacer les symboles ou les signes. Ce sont les caractéristiques les plus générales qui sont attribuées aux « icônes » par les auteurs John Stilgoe et Aaron Betsky.23 …un signe est iconique dès qu'il possède « quelques propriétés de l'objet représenté » dictionnaire CNTRL

FIG6: La Tour Effelle comme un objet

22 23

FIG 7 L’Arche de Saint-Louis comme un accessoire urbain

Jencks, Charles,«The iconic building: the power of enigma»,Londres,Frances Lincoln Ltd,2005; BETSKY, A et STILGOE, J, “Icons Magnets of Meaning”, Chronicle Books, San Francisco, 1997

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En énumérant ces signes distinctifs, on pourrait facilement être désorienté et ne plus savoir s’il s’agit d’un objet artistique ou d’une sculpture. En effet, l’architecture « iconique » est exactement cela. Elle n’est pas perçue par le public comme un bâtiment avec un certain programme, mais au contraire comme une sculpture urbaine qui donne un nouveau sens à l’espace urbain. Elle est transformée d’un édifice à une carte postale et considérée par les visiteurs comme accessoire de la ville. C’est le cas du « canard ». L’extérieur est plus apprécié de ce qui se trouve à l’intérieur.

FIG 8 La Tour Eiffelle comme un objet

FIG 9 Les Pyramides du Louvre comme un accessoire

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CARACTERISTIQUES SPATIALES Dans un contexte architectural, le bâtiment « iconique » se démarque de la ville par « An iconic building is created to make son style et sa forme. Parfois, il est même en fort a splash, to make money, and the contraste avec l'environnement et le style architectural normal criteria of valuation do not de la ville. Parfois, cela peut conduire à une rupture dans apply» le tissu urbain. Ce qui rend un bâtiment ''iconique'' c’est Charles Jencks, The Iconic Building son design unique, ses valeurs symboliques et sa conception. Cette architecture doit se démarquer de son environnement, que ce soit pour des raisons historiques, touristiques, commerciales ou religieuses - c'est sa caractéristique principale. Parfois, on y arrive grâce à la forme, l'échelle ou des idées extraordinaires ou innovantes. Parfois un tel design peut être perçu comme non esthétique, ne pas répondant aux images qui sont déjà acceptées dans la société comme une canonne. En accord avec le style de l’architecte Frank Gehry, le bâtiment du musée Guggenheim à Bilbao est un produit de la technologie la plus avancée à l’époque de sa création. En raison de la complexité mathématique qu’il utilise durant sa conception, Gehry a décidé de travailler avec un logiciel de pointe conçu initialement pour l'industrie aérospatiale. Le logiciel CATIA, lui permet d’introduire fidèlement son concept dans la structure et de faciliter la construction. Ce logiciel, ainsi que des visualisations modernes ont été fortement utilisés dans le design structurel et architectural. Les simulations sur ordinateur ont joué un rôle primordial dans la création des formes organiques, des formes que les architectes n’avaient pas la possibilité de créer et même d’imaginer construire dans le passé. Au cours des six années suivantes, l’architecte a mené une opération qui était caractérisée par une coordination unique de la main à l’œil qui a dirigé le processus de transformation un croquis dans un modèle informatique 3D d’un bâtiment qui exprimait tous les qualités de l’esquisse initiale de l’architecte.24 Même si le bâtiment est très novateur, il s’inscrit très bien dans la ville grâce à son emplacement paysagée qu'il est sculpté dans la pente de toiture et à la suite plus sensible à la topographie vallonnée de la ville. Ces ambitions ont coïncidé avec la détermination propre de Gehry de pousser les limites du postmodernisme. Quand il a remporté le projet du musée, Gehry espérait de ne pas créer un pastiche historique, quelque chose qui était fréquemment pratiquée dans les villes historiques européennes pendant cette période. Ainsi, il s’est trouvé inspiré par la forme des poissons qui 24

Bruggen, Coosje Van. « Frank O. Gehry: Guggenheim Museum Bilbao » New York, NY: Guggenheim Museum Publications. 1997

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peuplaient la planète bien avant l’apparition de l’homme.25 Quand il les a dessinés et les a étudiés, il a réalisé qu'ils avaient une forme architecturale et semblaient être toujours en mouvement, même quand ils étaient statiques. Il a développé cette idée en introduisant des courbes de plus en plus audacieuses. Pour le revêtement extérieur du bâtiment, l'architecte a choisi le titane après avoir écarté d'autres matériaux. Bien que le bardage métallique ait été longtemps la signature des œuvres de Gehry, le musée de Guggenheim était le premier projet où il a utilisé le titane. Dans sa recherche d'une finition en métal sensible aux changements des conditions de lumière, il a trouvé que la surface réfléchissante du titane était idéale. La finition des feuilles de titane offre un effet rugueux et organique, en ajoutant les changements de couleur des matériaux en fonction des conditions météorologiques et de la luminosité. Le titane et ses alliages sont relativement de nouveaux métaux industriels, car ils sont utilisés seulement depuis 1952, principalement en génie chimique et dans le domaine de la recherche spatiale. Le Musée Guggenheim de Bilbao est le premier bâtiment à être recouvert de panneaux de titane gigantesques. Gehry a fait le choix du titane essentiellement pour des raisons esthétiques, en effet grâce à ses capacités de réflexion de la lumière et de couleur, le titane est un matériel qui possède une stabilité mécanique et chimique exceptionnelles garantissant une durée de vie d’au moins une centaine d'années 26 . Les deux autres matériaux utilisés dans la construction, le calcaire et le verre, se trouvent en parfaite harmonie, et ont contribué à la réalisation du projet architectural, devenu par la suite une véritable icône de la ville à travers le monde grâce à son fort impact visuel. Vers la ville, la façade est recouverte de pierre calcaire de l'Andalousie formant un dialogue entre ses volumes solides et l'environnement urbain. Alors que le musée est un monument spectaculaire, avec une volumétrie émergeant de la rivière, au niveau de la rue, il est tout à fait modeste et n’accable pas ses environs traditionnels. Vers la rivière, les éléments métalliques sont plus dynamiques exprimant ainsi la fluidité de l'eau, des éléments de la nature donnant l’impression de fleurs, des figures de bateaux et même des représentations de poissons (les poissons sont fréquents dans le répertoire de Gehry, par exemple la sculpture sur la côte de Barcelone). Tandis que son élévation sud rectiligne reprend le style des résidences et des bureaux du 19e et début du 20e siècle, la façade nord donnant sur la rivière a des formes rappelant des voiles marines relâchées ou de formes courbées d’un bateau naviguant sur le flux de la rivière27.

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Bruggen, Coosje Van. « Frank O. Gehry: Guggenheim Museum Bilbao » New York, NY: Guggenheim Museum Publications. 1997 STAMMERS, S. « La question Musée Guggenheim », publié 09.2006… 27 Bruggen, Coosje Van. « Frank O. Gehry: Guggenheim Museum Bilbao » New York, NY: Guggenheim Museum Publications. 1997 26

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FIG 10 Le Musée Guggenheim à Bilbao, les matériaux FIG 11 Vue d’en haut du Musée Guggenheim à Bilbao

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FIG 13 Vue de la rue vers le Musée Guggenheim à Bilbao

FIG 12 Vue de la rue vers le Musée Guggenheim à Bilbao FIG 14 Vue du Musée Guggenheim à Bilbao

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Gehry a utilisé un riche répertoire de matériaux et de langages, alternant pierre, verre et métal formant ainsi une composition étudiée qui produit de sensations différentes en fonction du positionnement du spectateur. Au premier contact avec le bâtiment de l'ouest au long de la rive, on aperçoit un groupe de volumes en forme de boîte revêtue de pierre. Un volume métallique d’orientation horizontale semble flotter sur eux. Il est suivi par un autre volume dramatique assimilable à la proue d'un bateau, qui est suivi par une paroi en verre, construit sur une structure métallique. Ensuite, une série de volumes allongés simulant un poisson forment la grande galerie, qui est accompagné par un immense escalier de pierre menant jusqu’au pont De la Salva. Un autre élément urbain important est la circulation le long de la rivière Nervion. En utilisant un étang en face du musée, l'architecte reflète le secteur riverain, et grâce à la circulation théâtrale et dynamique, donne l'impression que la rivière atteint le bord du bâtiment. On pourrait considérer comme défaut l’absence d’un espace public dans le secteur riverain. Toutefois, la sensation est différente en venant de la ville. Alors que les formes métalliques se distinguent clairement des rues étroites traditionnelles, l'échelle urbaine est modifiée et devient moins monumentale. Les visiteurs sont accueillis par des volumes de pierre, dont les fenêtres dialoguent avec les autres bâtiments environnants rectangulaires. Une grande place publique, extension qui couvre la route passant sous le complexe, organise les volumes et sert de prélude au bâtiment. Cleo Broda définit l'architecture iconique comme une structure à grande échelle dont la conception révolutionnaire la rend immédiatement identifiable par le public.28 Elle ajoute également qu'elle doit être créée par un architecte renommé. Le terme de « starchitecte» est utilisé pour désigner les architectes célèbres que les médias ont transformés en idoles du monde de l'architecture et même auprès du grand public. La célébrité est associée principalement à la nouveauté, l’innovation et l’avant-garde. Souvent ce sont des architectes qui ont un style identifiable et des traits reconnaissables qu’ils utilisent pour la conception de leurs projets. Le bâtiment emblématique du musée Guggenheim est utilisé comme référence par Cleo Broda, son design révolutionnaire démontrant la nouvelle perception dans l'architecture.29 L’image mémorable, l’authenticité et la modernité sont des caractéristiques importantes contribuant à la mémorisation du bâtiment emblématique par le spectateur. Ce sont deux caractéristiques que l’on retrouve dans le projet de ce musée. En effet, la visibilité et la grande échelle du musée sont 28 29

BRODA, C,“An examination of a series of small structures against the criteria for defining iconic architecture”, publié le 18,07,2006, à BRODA, C,“An examination of a series of small structures against the criteria for defining iconic architecture”, publié le 18,07,2006, à

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considérées par la critique comme l’assise principale lui permettant de dominer la ville30. Le caractère unique de la construction et sa popularité lui donnent de nouvelles utilités économiques, politiques et sociales. Sa modernité, la technologie utilisée et la période de sa construction sont les caractéristiques principales d’un bâtiment emblématique qui change la perception. De plus, les matériaux et le Déconstructivisme remarquable représentent la diversité complète de ce bâtiment et en même temps correspondent au contexte de l’endroit. Le contraste entre l'ancienne architecture de Bilbao et le cadre moderne du musée Guggenheim renforce l'image remarquable de la ville. La forme spéciale, le style de l’architecte, les matériaux utilisés, ainsi que la couleur grise plaques métalliques forment une image mémorable dans l'esprit de l'observateur. L'architecture est l'outil pour représenter l'essor économique et le développement de l'endroit de sa construction. Cependant, d’après Norberg-Schulz l'architecture ne donne pas une vision complète de la ville, mais unifie certains de ses aspects dans un nouvel ensemble symbolique.31 Même s'il est évident que les bâtiments et les espaces emblématiques doivent être situés dans des endroits fixes, le degré de leur iconicité n'est pas fixe et n’est certainement pas limité à un cadre géographique. Le bâtiment du musée Guggenheim était nommé par l’architecte Phillip Johnson comme « le plus grand bâtiment de notre temps »32. Analogiquement à tous les projets conçus par Frank Gehry, la structure de celui-ci est sculptée par des contours organiques nonrépétitives. Le bâtiment reprend le Décontructivisme, un style qui se caractérise par la manipulation et la distorsion des formes géométriques traditionnelles. D’après Kent le bâtiment réduit la prospérité de l'architecture pour construire une « icône ». Néanmoins, la forme extraordinaire du musée Guggenheim le rend plutôt monumental qu’iconique. Il critique la manière dont Frank Gehry a placé le musée Guggenheim en ignorant tous les aspects de l’endroit, notamment l'histoire, la société, la culture et l'identité fondamentale de Bilbao. Mais à mon avis, sa conception innovante, la modernité, la technologie et les matériaux utilisés pour créer sa forme spectaculaire, rendent le projet du musée impressionnant. Cependant, Gehry n'a pas tenu compte des bords de la rivière et des piétons dans l’espace public.33 Davarpanah, S, “A Query on the Impact of Place on the Formation of Iconic Buildings in Architecture”, Eastern Mediterranean University, January 2012, Gazimağusa, North Cyprus 310 NORBERG-SCHULZ, C,“Intentions in Architecture”, M.I.T. Press, 1965, Cambridge, MA 32 Tyrnauer, Matt "Architecture in the Age of Gehry", Vanity Fair, August 2010, accessed Avril 15, 2014 33 Kent, E. (n.d.). Guggenheim Museum Bilbao,Central Bilbao on the waterfront.Retrieved December 14, 2011, from Project for Public Space(PPS)Hall of Shame: http://www.pps.org/great_public_spaces/one?public_place_id=827 30

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15 : Vue du Pont De La Salva vers le Musée Guggenheim à Bilbao FIG 16 Vue de la rivière vers le Musée Guggenheim à Bilbao

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CARACTERISTIQUES SYMBOLIQUES La forme géométrique, les matériaux et le concept expriment la culture et les traditions du lieu, où le bâtiment « iconique » est construit. Elle doit représenter la croyance, les qualités socio-culturelles, les signes religieux et les caractéristiques de son site34.

Dans une société postchrétienne dominée par le capitalisme, le bâtiment devient un signe, le logo et la marque commerciale de la ville. C'est une icône. L’émergence de cette nouvelle architecture, qui est associée au symbole et à la sculpture, a été provoquée par la transformation de la société. Les architectes ne produisent pas d'images, mais des sculptures, de statues 34

Davarpanah , S. « A Query on the Impact of Place on the Formation of Iconic Buildings in Architecture », Eastern Mediterranean University, Gazimağusa, North Cyprus, 2012

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informes, d’où vient la nécessité de les doter d’un sens. D'une part, pour être qualifiée comme « iconique » l’architecture doit se démarquer de la ville et d'autre part, elle doit rappeler des métaphores dans certains aspects et doit être un symbole approprié. Il est important de comprendre l'évolution de la situation actuelle et les forces qui produisent le bâtiment « iconique » – le déclin de la religion et l’augmentation de la consommation, la liberté de création, l'ordinateur et l'abandon des traditions par la nouvelle génération.35 L'architecture « iconique », comme l’indique cet adjectif, est l'architecture qui a une image attractive pour les consommateurs. Elle attire les gens grâce à sa conception originale, à l'espace qu'elle crée et les émotions qu’elle suscite au sein du public. Ce n’est plus ce qui se trouve à l’intérieur de ces édifices qui attire les visiteurs, mais plutôt leur design extravagant. « When a building is as good as this, fuck the art! » Philip Johnson

Selon Juan Ignacio Vidarte, directeur général du Musée Guggenheim, l’extérieur du bâtiment devait être de la même qualité que son contenu, et d’une importance égale à celle des œuvres qu'il accueillerait.36 37

C'est pourquoi la conception doit être vraiment « It is a building that is more originale et mémorable permettant aux gens d’identifier famed for its external le lieu par cet édifice. Tout comme les gens associent appearance than its inner Paris à la Tour Eiffel, New York au Crysler Building, spaces. But what an external Dubaï au Burj al-Arab, Sydney à son opéra etc. Ce appearance! » sont des bâtiments qui sont devenus non seulement les Sharon Stammers 37 symboles principaux de la ville, mais ont également changé de manière irréversible son paysage. Ils ont donné des indications pour de futures constructions autour d'eux. Leur image est si puissante qu'elle est transmise à d'autres bâtiments et devient un manuel pour les futurs architectes. Leur beauté est telle qu'ils ne symbolisent plus l'esprit de l'endroit où ils sont construits, mais représentent des qualités internationales qui les rendent appréciés dans le monde entier.

35

Jencks, C. « The iconic building is here to stay » London: Routledge, 2006 http://www.euskadi.net/-/contenidos/informacion/06_revista_euskaletxeak/en_ee/adjuntos/69_18_19_i.pdf 37 Stammers, S. “No.3: The Guggenheim Museum”, in MONDO, issue 32 Sep 2006, consulté le 24.11.2013, 36

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FIG 17 ReprĂŠsentation symboliques du Gherkin, Londres 31


Ce qui est remarquable à propos des bâtiments emblématiques, c'est qu'ils montrent le niveau de développement culturel et économique, mais en même temps, ne nous disent rien de précis. J’entends par là que les visiteurs sont laissés à leur imagination pour voir et comprendre individuellement la conception. Ce qui les rend riches en interprétation. Un bon exemple en est la caricature de l'Opéra de Sydney par des étudiants en architecture australiens. Ainsi c’est ce qui les transforme en une source infinie de significations différentes, évoluant en fonction de l’époque. Cela signifie qu'ils seront toujours modernes et appréciés.

FIG18 Caricature de l'opéra à Sydney

FIG19 Caricature de la chapelle à Ronchamp

La forme géométrique du musée Guggenheim, caractérisée par des mouvements courbés, a été développée horizontalement à la rivière de Bilbao, tenant compte de la masse volumique de l'environnement. Gehry a généré des bâtiments modernistes avec trois caractéristiques principales – le spécial, l’unique et l’aléatoire. Malgré que les courbes du bâtiment semblent être créées au hasard, l'architecte explique que le caractère aléatoire des courbes est conçu pour mieux capter la lumière. Quand le musée a été inauguré en 1997, il a été immédiatement salué comme l'un des bâtiments les plus spectaculaires au monde dans le style de Déconstructivisme 38 . D’après la critique, le musée Guggenheim n'a pas pris en considération l'histoire, la socio-culture ou l’espoir 38

Lecture critique de 'Iconic Building' de Charles Jenks par J.-P. H., le 15/06/2007 http://www.pss-archi.eu/article-13.html

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des habitants de Bilbao. Sinon, la forme dynamique et géométrique de la masse a représenté l'avenir optimiste de Bilbao qui a été le point principal du projet architectural. En effet, cette différenciation est l'une des caractéristiques servant avant tout à définir la nouvelle identité de la ville par le musée Guggenheim à Bilbao et a également créé un nouveau sens dans le domaine de l'architecture. L'approche phénoménologique du musée expose une nouvelle vision de l'homme à jouer avec les attributs du lieu et à façonner l’environnement. L’architecture « iconique » doit être capable de représenter la place et la culture qui l'ont créée. L'architecture symbolise la présence humaine et dépend de l'expérience spatiale. Elle doit donc rappeler, ou représenter, quelque chose dans l'esprit du spectateur. La représentation symbolique est un élément clé de la définition d'un lieu précis à un moment donné. Norberg considère que le but d'un bâtiment est de transformer son site en endroit significatif et de découvrir de nouvelles définitions possibles.39

« SYMBOLE: Objet,

image, signe ou comportement manifestant, figurant ou évoquant quelque chose » CNTRL

Les formes sculpturales du musée proviennent de diverses origines. Les habitants de Bilbao comparent le musée du Guggenheim à une sirène. D'autres descriptions données des volumes abstraits qui forment le bâtiment sont une rose, un poisson qui saute et tourne et plus bizarrement Marilyn Monroe. Toutefois, situé dans une ville portuaire industrielle, il était destiné à ressemble à un vaisseau. Ces panneaux brillants et réfléchissants rappellent des écailles de poisson.40 Même si le concept original de Gehry était évident, le bâtiment est actuellement comparé à un bouquet de queues de poisson. «20th Century World Architecture» définit le projet comme l'architecture publique contemporaine qui brise de façon ludique le moule rectiligne, ajoutant qu'il bouleverse de nombreux principes architecturaux du 20e siècle, surtout la soumission de la forme à la fonction.41

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Norberg-Schulz, C, « Intentions in Architecture » (pp. 53-58), The M.I.T Press, 1968; Sharon Stammers, No.3: The Guggenheim Museum issue 32 Aug / Sep 2006 41 »(“Buildings that changed the world - The Guggenheim Museum, Bilbao“ 40

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FIG 20 Représentation symboliques du Musée Guggenheim à Bilbao

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La représentation joue un rôle assez important pour l’impact visuel fort du Guggenheim. Charles Jencks considère que la forme énigmatique du bâtiment est l’attrait principal pour les visiteurs. Une réflexion sur place et la découverte de ses attributs spécifiques s’avèrent nécessaires pour comprendre le côté « iconique » du bâtiment. Ses formes bizarres et non-conventionnelles présentent de nombreux de signes encourageant les visiteurs à réfléchir sur le sens, à lire le bâtiment comme un livre et le percevoir en fonction de leur sensibilité. Les différents volumes utilisés par Gehry projettent plusieurs images et poussent les « lecteurs » à trouver son histoire cachée. Comme Jencks le démontre lui-même, en voyant le bâtiment comme des poissons ou une sirène – l’on peut se raconter son histoire, se faire une lecture individuelle, même si elle ne sera jamais la réponse complète et adéquate de la construction. Cependant, la critique affirme que la conception de Gehry à Bilbao est une sensation unique, car elle ne ressemble en rien à une galerie d'art classique ou aux éléments d’architecture précédemment rencontrés. Avec son toit de titane, se fondant et montant par-dessus les ponts et digues qui bordent la rivière de Bilbao, le musée Guggenheim ressemble plus à un accident de train qu’à un bâtiment. Frank Gehry a atteint une nouvelle perception architecturale en transcendant et innovant les éléments de base, notamment les matériaux, la structure, la lumière et même la couleur dans son chef-d'œuvre de Guggenheim. Le musée est perçu comme une nouvelle cathédrale contemporaine. La foi a changé dans le monde et les bâtiments « iconiques » ne sont plus les cathédrales mais les musées par exemple. C'est le nouveau symbole de la culture. « L'icône » exprime la symbiose entre l'architecture et les médias- elle privilégie le spectaculaire sur la fonction. Les utilisateurs du bâtiment sont considérés principalement comme les touristes et visiteurs qui consomment le spectacle architectural! Parfois, la réponse instantanée est négative parce que l'esthétique architecturale pourrait provoquer le spectateur, ce qui est dans la nature de « l'icône » selon Jencks. Ces réponses montrent la tension qu’une conception esthétique radicale peut engendrer, lorsqu’elle est créée pour attirer l'attention des médias internationaux et des touristes. Aujourd'hui la recherche de la singularité s’oppose à celle de la multiplicité. Les musées sont de plus en plus désireux de disperser leur progéniture. Les galeries Tate de Londres ont inauguré des antennes à Liverpool et Cornwall. D'autres exemples internationaux, le Louvre de Paris et le Guggenheim de New York vont ouvrir des annexes à Abu Dhabi au cours des deux prochaines années, respectivement conçus par Jean Nouvel et Frank Gehry.

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Suivant cette tendance, en mai 2010, le Pompidou a ouvert sa première antenne dans la ville de Metz. Bien que Metz soit seulement à une distance de 80 minutes en train de Paris, culturellement la distance est plus grande. Le gouvernement, dans l'esprit de la décentralisation, espère que le Centre Pompidou-Metz aura un effet comme celui observé à Bilbao sur une région dont les industries minières et de métaux traditionnels sont en déclin. «Ce qui est en jeu ici » déclaré le président Sarkozy, « n’est ni plus ni moins qu'une nouvelle renaissance de la Lorraine.»42 Le centre Pompidou-Metz peut être considéré comme le bâtiment le plus énigmatique construit en France en dehors de Paris dans les dernières décennies. Le projet a été longtemps présent dans les médias à cause de son architecture extravagante et aussi parce que c’est le premier essai d’une décentralisation du fameux Centre Pompidou. Tout comme son prédécesseur construit à Paris et inauguré en 1977, le nouveau Centre Pompidou-Metz nous présente une architecture extraordinaire, novatrice sur son temps et son environnement. Renforçant les qualités de l’espace qu’il occupe et se déclare comme un véritable moteur pour la ville et la région messine. «En avançant sur le parvis et dans les jardins qui relieront le centre-ville de Metz et la gare au Centre Pompidou-Metz, le visiteur découvrira un édifice aux tons clairs et lumineux, puissant et léger à la fois, invitant à s’abriter sous son toit protecteur. Nous avons imaginé une architecture qui traduise l’ouverture, le brassage des cultures et le bien-être, dans une relation immédiate et sensorielle avec l’environnement.» Shigeru Ban et Jean de Gastines 43 L’œuvre par Shigeru Ban présente des spécificités peu communes qui rendent le bâtiment exceptionnel et qui lui donnent le droit d’être nommé bâtiment « iconique ». L’édifice est conçu dans la forme d’un grand hexagone, qui est traversé par les trois volumes des galeries principales. Un dialogue s’instaure entre les deux centres en reproduisant certains langages architecturaux comme la porosité, la translucidité, les installations visibles et plus spécialement en ce qui concerne les notions d'ouverture sur sa ville. La référence au Centre parisien la plus évidente dans le musée de Metz est sans doute la flèche qui tend le toit du Centre. Elle est le point le plus haut de l'architecture en dépassant de quelques mètres le sommet du toit. Elle fait exactement 77 mètres de hauteur en référence à l'année de l'inauguration du Centre parisien.44 42

Centre Pompidou-Metz By Shigeru Ban Architects & Jean De Gastines Architectes, France, The architectural review, 24 March 2014, Will Hunter, accessedé 02.12.2014 43 Shigeru Ban et Jean de Gastines (http://www.centrepompidou-metz.fr/une-architecture-unique ) 44 Centre Pompidou-Metz By Shigeru Ban Architects & Jean De Gastines ArchitecteS, France, The architectural review, 24 March 2014, Will Hunter, accessedé 02.12.2014

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FIG 21 Proposition initiale dans le concours pour le Centre Pompidou Metz FIG 22 Projet réalisé du Centre Pompidou à Metz

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FIG 23 Principe de la structure du Centre (l’hexagone, inspiré par le chapeau chinois)


L’aspect visionnel le plus exceptionnel du bâtiment est son toit. Sa structure est entièrement réalisée en bois. La charpente est constituée par des modules de lamellés collés qui se croisent formant des hexagones inspirée du chapeau chinois. Il a fallu dix mois pour préparer et quatre mois pour installer le treillis de bois, qui comprend 18 kilomètres de poutres en bois lamellécollé, une technique inventée il y a 100 ans. La géométrie a été entièrement modélisée en utilisant un logiciel de forme exploratoire45. Les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines ont choisi le bois parce que c’est un matériau inépuisable et facilement recyclable. Le concept de Ban pour la structure du toit a été inspiré par de minces bandes de bambou dans un chapeau conique de paysan chinois qu'il avait trouvé. Il a été frappé par la beauté de l'architectonique et par le tissu complexe d'hexagones et de triangles. Ban avait présenté son concept du « chapeau » dans le concours de design international tenu en 2003, le remportant face à des concurrents comme Herzog & de Meuron et Foreign Office Architects. La couverture est composée d’une membrane étanche à base de fibre de verre et de téflon. Cet élément irremplaçable du design assure l’étanchéité, créant un environnement naturellement tempéré et une lumière parfaitement homogène pendant la journée et les différentes saisons, assurant ainsi aux œuvres les meilleures conditions d’exposition et de conservation. En outre, la membrane ne laisse pénétrer que 15% de lumière. Dans la journée, le toit est opaque. Les photographies dans la presse montrent une masse éclatante attrayante, mais l’absence de transparence totale proposée initialement est une déception. De loin, le bâtiment fait sensation aux yeux des spectateurs. La forme avant-gardiste du bâtiment a inspiré plusieurs surnoms, notamment. Des images de champignon ou chapeau chinois sont évoquées par certains, tandis que d’autres y voient la nuit une lanterne translucide.

FIG 24 Représentations symboliques du Centre Pompidou-Metz

Le maillage donne la possibilité de franchir de grandes distances, jusqu’à 40 mètres 46. Cette charpente en bois est l’une des plus grandes et des plus complexes réalisées à ce jour. Des études aérauliques en soufflerie étaient nécessaires pour contrôler les performances. En même temps le maillage offre une autonomie de la structure du toit, qui repose sur quelques appuis s’inscrivant dans la forme fluide du toit et disparaissant ensuite. La toiture possède une géométrie 45 46

Etherington, R, « Centre Pompidou-Metz by Shigeru Ban », DeZeen magazine, 17.02.2010, visiter le 07.11.2014, Etherington, R, « Centre Pompidou-Metz by Shigeru Ban », DeZeen magazine, 17.02.2010, visiter le 07.11.2014,

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organique formée par des courbes et contre-courbes qui entourent les différents éléments du bâtiment. Ce dispositif permet de perdre l’image du bâtiment traditionnel en forme de boîte rectangulaire. En effet, le centre est plutôt perçu comme un ensemble de différents éléments géométriques qui flottent librement dans l’espace et qui sont unis par la toiture qui les embrasse légèrement. Au lieu d'être une simple boîte, le musée est un lieu de rencontre sous un grand toit, extension du parc environnant. L’absence de parois facilitant la circulation, la façade est composée de volets de verre qui peuvent être facilement enlevés. Le grand chapiteau déborde les galeries pour créer une espèce de passerelle autour du Centre. Ce faisant, le toit vient inclure l'espace extérieur dans le volume du bâtiment. À ce propos, Shigeru Ban a dit: « [ ... ] je souhaitais que les espaces intérieurs se prolongent sous la toiture vers l'extérieur. Je ne voulais pas d'un bâtiment sculptural qui donne aux visiteurs l'impression qu'ils n'ont pas le droit d'entrer.»47 Sous cette grande toiture les trois galeries en forme de tubes parallélépipédiques sont superposées. Ils sont orientés vers les vues les plus emblématiques de la ville de Metz- La Cathédrale, la Gare et le Parc de la Seille, offrant ainsi une liaison entre l’espace intérieur et la ville. Une telle disposition des volumétries des galeries donne l’impression aux spectateurs qu’elles flottent dans l’espace. Une magnifique légèreté est évoquée transmettant une force spectaculaire à l’image. Le rapport intérieur-extérieur donne l’impression d’une fluidité et continuité de l’espace. Le rez-de-chaussée est partout vitré, donnant une vue de l’intérieur vers l’extérieur et inversement, diminuant ainsi les limites de l’espace. La notion d'ouverture du centre est mise en avant par cette caractéristique. De plus, l'architecte utilise dans sa version du Centre Pompidou un élément récurrent de ses réalisations: les volets de verre. Fermés, ils forment un mur vitré complet, et quand ils sont ouverts, ils décloisonnent complètement l'aire qu'ils entourent. Ainsi, les espaces intérieurs et extérieurs sont complètement connectés. En arrivant de la gare, du côté de la façade principale, il apparaît un amas de matériaux industriels en désordre total : portes vitrées roulantes, feuilles translucides ondulées, planches blanches, escaliers métalliques de secours. C’est un échec de ce qui devrait être un signe de bienvenue. En outre, les matériaux et les systèmes-bois, plastique, métal, verre, grilles concurrentes et modules, entrent en collision, procurant la sensation de non considération. L’architecte explique que sa première intention pour le projet était mettre en œuvre un bâtiment à mi-chemin entre deux phénomènes mondiaux. Le premier, le musée Guggenheim, qui d’après la critique ne propose pas de bons espaces intérieur propice aux expositions. Le deuxième, la reconversion d’anciens bâtiments industriels comme galeries d’art proposant un espace mieux 47

Centre Pompidou-Metz By Shigeru Ban Architects & Jean De Gastines Architectes, France, The architectural review, 24 March 2014, Will Hunter, accessedé 02.12.2014

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adapté, mais proposant une neutralité architecturale, comme le Tate Modern à Londres. Au final, il a voulu créer un bâtiment parfaitement conçu pour l’exposition et la consommation d’art mais laisser aussi une forte impression architecturale dans la mémoire des visiteurs. 48 Un caractère fonctionnel apparaît dans le projet. La volumétrie des trois galeries du Centre messin est radicalement axée sur leur fonction d'exposition les rendant visuellement simples et rejetant les formes artistiques qui sont utilisées dans le musée Guggenheim de Bilbao.

FIG 25 Structure du toit en bois

FIG 26 Façade Nord-Est du Centre Pompidou Metz

L’architecte a longtemps étudié les structures en bois. Si des modules triangulaires convenaient mieux pour la solidité de la structure, ils produisaient des intersections trop complexes. C’est pourquoi il a choisi les modules hexagonaux qui offrent une simplicité des joints. La structure du toit a été assemblée par le tissage de six faisceaux en un hexagone, un concept novateur faisant référence dans le monde de la construction. De plus, l’hexagone est le symbole géométrique de la France. Le Centre Pompidou-Metz est entouré de deux jardins et d’une terrasse. Celle-ci en pente douce fournit un lien piétonnier en liaison avec la station de chemin de fer. Partiellement arboré, il possède les mêmes dimensions que la Piazza devant le Centre Pompidou. En revanche, le jardin sud est une zone privée qui peut être utilisé comme une terrasse en été, il y a de plus une autre zone densément planté de bouleaux. En tant que concept, le projet est convaincant et séduisant : des volumes de forme libre en surmontés d’un grand et beau toit. Pourtant, la simplicité et la légèreté de l'idée se perdent dans 48

. Source : "Centre Pompidou-Metz / Shigeru Ban Architects" 27 Mar 2014. ArchDaily. Accessed 02 Dec 2014. http://www.archdaily.com/?p=490141

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l'exécution. On ne peut pas vraiment lire l'empilement des tubes à l'intérieur, procurant la sensation de quelque chose inachevée. La circulation interne est disjointe. Le toit, confondu avec les volumes cubiques intérieurs, devient pesant. L'architecte utilise une caractéristique 'high-tech' pour créer un bâtiment « iconique » utilisant une forme superficielle et qui sera plus facile à identifier par le public. C’est pourquoi je me demande: Quel est le rapport entre le chapeau chinois, le Centre Pompidou, la culture et l’histoire messine et pourquoi le construire en France? Le grand chapeau chinois est difficile à défendre comme étant une nécessité fonctionnelle faisant ressortir l'esthétique du bâtiment. On peut aussi s'interroger sur l'utilité de la flèche de 77 mètres. Il s'agit clairement d'un geste architectural d'apparat, probablement destiné à rendre le bâtiment facilement repérable de loin, étant caché derrière la gare, incitant les voyageurs à sortir de l'autoroute. Tout comme le Centre George Pompidou à Paris, le projet messin a pour particularité de présenter une architecture contemporaine audacieuse dans un environnement historique. En revanche, contrairement au site parisien, l’antenne messine n'est pas directement en contact avec le patrimoine architectural de la ville. Elle se situe derrière les lignes de chemin de fer, dans le quartier de l'amphithéâtre qui reste en friche. Ce faisant, la rupture de style n’est pas du tout visible et le dialogue entre le nouveau et l’ancien est abandonné. La valeur patrimoniale du quartier impérial messin n'entre pas en contradiction avec le développement moderne du nouveau quartier car celui-ci est bien caché derrière la ligne symbolique des rails de chemin de fer. De cette façon, l'organisation se soustrait à la problématique de l'insertion de l'architecture moderne dans le patrimoine urbain bâti. Malheureusement, ce faisant la ville a perdu un contraste intéressant, présent à Paris et aussi reproduit par le Musée Guggenheim à Bilbao. Ainsi, l’on pourrait se poser la question du résultat de l’« l’icône » chinoise insérée dans le style historique messin.

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L'ARCHITECTURE ET LES MEDIAS Sortie de sa représentation et du domaine professionnel, l’icône donne un nouveau potentiel explicatif à l'architecture. L’iconicité dans ce domaine peut être considérée non seulement comme un jugement de l'excellence ou l'unicité, mais aussi comme un certain niveau de célébrité dans la culture populaire. Dans les conditions de la mondialisation capitaliste, l'iconicité est un élément clé de ce que Sklair a appelé « la culture idéologique de la consommation ». Ces réflexions donnent un nouveau sens du mot «iconique » : une incitation à dépenser de l'argent.49 La capacité de conférer le statut d'icône à un bâtiment, un espace ou un architecte est une ressource importante que le capitalisme transnational peut mobiliser pour faciliter l'assimilation du grand public à l’idéologie du consumérisme : inciter les gens à dépenser et ensuite maximiser les profits des sociétés. C’est en ces termes que nous pouvons expliquer le phénomène d'icônes délibérément fabriqués dans l'ère de la globalisation, où ceux qui possèdent et contrôlent les projets architecturaux annoncent leur statut d'icône à l’avance, afin de correspondre à l'idéologie du consumérisme.50 Dans les sociétés postindustrielles, le capital symbolique joue un rôle important, possédant un grand potentiel, il ajoute une valeur supplémentaire aux processus économiques C’est la raison pour laquelle la construction d’une nouvelle image urbaine, grâce à la culture, est un facteur majeur dans le développement économique des villes 51 . La marque, ainsi créée, propage la réputation et le côté unique des lieux afin d’attirer des visiteurs, des résidents, des entreprises et de nouveaux investisseurs. Tous nécessaires pour la revitalisation et la diversification de l’économie locale. Les équipements publics et plus particulièrement des musées comme le Guggenheim à Bilbao, le Louvre-Lens, le Centre Pompidou-Metz s’appuient sur des expositions populaires et des architectes mondialement reconnus (des « starchitectes ») pour attirer des visiteurs et renforcer l’image de la ville. Pour mieux comprendre la complexité de la transformation d’un bâtiment en célébrité internationale et en véritable organisme de « marketing », on doit soulever le problème de la publicité générée par le bâtiment en question, en raison de la visibilité globale générée de la ville.

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Sklair, Leslie; ''Iconic architecture and capitalist globalization'', CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006 Sklair, Leslie; ''Iconic architecture and capitalist globalization'', CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006 51 Plaza,B, Gonzalez-Casimiro,P, Moral-Zuazo, P et Waldron, C, « Culture-Led City Brands As Economic Engines: Theory And Empirics », ACEI working paper series, October 2013, http://www.scholars-on-bilbao.info/list.php?var=list 50

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Après la création de la marque de l'endroit son image est de plus en plus modifiée et communiquée en dehors des limites géographiques grâce aux « chaînes de brand ». L'un des composants de ces chaînes sont les médias. À travers des revues d’architecture jusqu'aux grands journaux comme le New York Times, les médias jouent le rôle d'un distributeur de l'image et de l'information. Elle reflète l’image du lieu, mais en même temps le transforme en choisissant quels sont les aspects à promouvoir. Les médias doivent choisir le bon sujet leur permettant de vendre leurs publications. D’où la tendance à faire des reportages sur des thématiques existantes et déjà reconnues. Cela crée un recyclage de la même information diffusant de plus la même image. Ainsi, cette utilisation des mêmes histoires dans les « chaînes de brand » mène au développement de la marque de grande valeur. A l’instar des films, de la musique et de la littérature, les images de bâtiments emblématiques sont reproductibles, se caractérisant par de fortes économies d'échelle au stade de la reproduction. Par exemple, bien que le coût initial d’enregistrement d’une chanson soit important, celui de la reproduction ne l’est pas. Dans le même esprit, une fois que le bâtiment « iconique » est construit, les reproductions de son image sont presque gratuites grâce à l'ère numérique. Dans le cas du Musée Guggenheim à Bilbao, son image est diffusée par de nombreux média : publications en ligne, clips vidéo musicaux, sur les comptes Facebook, Flickr etc. Tout comme les produits de la culture, les images de consommation peuvent provoquer une haute dépendance du public. Dans le cas du marketing des lieux, plus la diffusion d'images de l'architecture de Frank Gehry est large, plus ces images saisissent la conscience collective et plus le public voudra les voir.52 L'architecture elle-même, une pièce non reproductible de l'art, dote la marque d’un caractère unique, tandis que les médias diffusent des représentations à des rythmes accélérés. La demande pour ces images augmente à mesure que les consommateurs les absorbent. L'accumulation d'images renforce la demande croissante pour le lieu, fortifiant ainsi la marque et, finalement, attirant des touristes. Ainsi, le nom de Bilbao et du musée Guggenheim sont liés à d'autres circuits comme l'organisation mondiale Guggenheim, les designs de Frank Gehry etc. Si les médias font un reportage sur l'une de ces thématiques, il est probable que le nom du musée Guggenheim sera mentionné et à la suite le nom de Bilbao. De nouvelles connections sont établies et le processus d'accumulation d'images et d'information recommence. Cela explique pourquoi les villes en concurrence comptent sur des architectes renommés pour établir leur marque. 52

« Culture-Led City Brands As Economic Engines: Theory And Empirics », ACEI working paper series, October 2013, http://www.scholars-on-bilbao.info/list.php?var=list

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Dans une étude menée par B. Plaza sur l'impact des publicités sur le nombre de visiteurs du musée Guggenheim, il apparait que des changements positifs dans la visibilité en ligne du musée s’accompagnent de changements positifs et pertinents dans le tourisme à Bilbao. Cet impact touche 25 à 28% du total des visiteurs nationaux pour la période 1998-2005 et 16 à 20% du total des visiteurs étrangers. Les reportages augmentent rapidement à partir de 2006 jusqu'en 2010. Ce comportement entraîne une augmentation des visites de Bilbao, qui est estimée entre 35 à 40% pour les visiteurs nationaux et entre 24 à 29% pour les visiteurs étrangers dans la période 2008-2010. Ces chiffres montrent que l’on peut attribuer à la publicité environ 240.000 touristes.53 L'architecture fait dorénavant partie de la culture POP. Les gens s'intéressent à ce qui se passe sur la scène architecturale mondiale. L'architecture a évolué vers la culture POP consciemment. La Pop culture reflète les préférences du grand public. C'est un mouvement qui a commencé avec Archigram et Archizoom, deux groupes qui ont tenté de rendre l'architecture plus proche des gens ordinaires, pour le faire sortir du cercle étroit de la communauté architecturale et devenir une partie de quelque chose de plus large.54 Venturi est l'un des premiers à proposer que l'architecture commencer à tendre vers la culture visuelle populaire du paysage urbain contemporain. Selon lui, en absorbant des formes populaires et des images, l'architecture retrouverait son rôle en tant que facteur de goût populaire. 55 L'architecture, jusqu'à un certain moment, a été individualisée, les architectes s’envoyant des messages, plus obsédés par l’idée de transmettre leurs propres compréhensions et vue philosophique sur l'espace et le temps, la création de leurs propres monuments intellectuelle et artistique, que de considérer les besoins du public de masse.56 Mais la nécessité de correspondre au goût populaire a rendue l'architecture vraiment «populiste», ainsi l'architecture est retournée à la base de la culture visuelle populaire et offert à nouveau ses formes et son esthétique aux personnes dans toutes les versions possibles. Comme tout ce que fait partie de la culture POPulaire, il est facile de comprendre pourquoi les médias sont si intéressés par l'architecture. Les architectes des bâtiments populaires eux-mêmes sont devenus célèbres, ils sont entrés dans le domaine de la culture populaire et ainsi ont eu la possibilité de dicter ce qui sera moderne et populaire demain. Tel est le cas de Rem Kolhaas qui a fait une marque de son nom non seulement dans le marché de l'architecture, mais aussi au-delà.

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« Culture-Led City Brands As Economic Engines: Theory And Empirics », ACEI working paper series, October 2013, KONRAD, D. « POP Phenomena in Architecture » 55 Venturi, V, Izenour, S, Scott Brown, D. « L'enseignement de Las Vegas », Editions Mardaga, 2007 56 KONRAD, D. « POP Phenomena in Architecture » 54

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LE "MARKETING" DES VILLES: La globalisation de l'économie et l'importance croissante des services fondés sur le savoir sont les raisons pour lesquelles les villes avaient besoin de se transformer d'un lieu de production à un lieu de consommation. Dans le même temps, cela a conduit à la hausse des besoins dans des secteurs tels que les loisirs, le tourisme, les services d'affaires et le commerce de détail. Ceci a mené à de graves problèmes économiques entrainant le déclin des villes qui avaient une grande base industrielle développée contrairement à d'autres qui avaient une économie plus diversifiée. « Cities are competing against each other for icons and are using international architects to drum up the “something different”» Robert Booth, The Iconic Building

Malgré les critiques de ce type de marketing, les villes doivent en tenir compte puisqu’elles n'ont pas grand choix. Si elles ne le font pas, d'autres villes le feront, attirant encore plus de capitaux et de visiteurs. Donc les villes sont coincées dans un scénario sans fin. Ces projets ont pour but de vendre l'image de la reprise économique, l'esprit d'entreprise et la compétitivité à l'ère de la mondialisation croissante. Bien que des problèmes soient causés par des projets phares comme la gentrification, ou bien par l'absence de considération pour les besoins de l'habitant, il y a également quelques effets positifs. Tous les résidents peuvent bénéficier de l'évolution de l'infrastructure qui accompagne les grands projets et les emplois nouvellement créés. L'avantage économique est incontestable. La question est de connaitre l’importance de son impact de sorte qu’il affecte autant de parties de la ville que possible. Le niveau surélevé de touristes dans la ville est un autre impact positif, ceux-ci injectant dans l'économie locale et notamment les petites et moyennes entreprises. La fierté citoyenne des gens va croître si le bâtiment « iconique » réussit à devenir un symbole de la ville. Les gens l'accueilleront dans leur vie quotidienne. Ainsi, il sera un symbole important non seulement pour la ville, mais aussi pour ses citoyens. Des bâtiments de ce genre peuvent offrir une nouvelle perception de la ville et rendre les espaces publics plus agréables pour ses habitants. La mondialisation a multiplié les changements globaux des ressources, des capitaux et des personnes. Elle a intensifié la concurrence entre les villes pour avoir de l'attention, de l'influence, des marchés, des investissements, des entreprises, des visiteurs, des talents et des événements importants. La marque de la ville, qui est considérée comme un instrument stratégique de compétitivité, devient une pratique courante. On commercialise l'histoire de la ville, la qualité du

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lieu, le style de vie, et la culture pour le prestige ou le pouvoir afin d'accumuler du capital dans un environnement concurrentiel.57

LES STRATEGIES DE MARKETING URBAIN:

Une ville doit adopter les bonnes stratégies afin de se démarquer avec succès. La réussite de la marque d’une ville dépend largement de l'identification des caractéristiques distinctives de la ville en question et qui la définissent. Les particularités d'une ville sont : les qualités fonctionnelles 57

Riza, Müge; Doratli, Naciye; Fasli, Mukaddes; ''City Marketing and Identity'';Procedia - Social and Behavioral Sciences 35,2012

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et non-fonctionnelles. Cela comprend, entre autres, l'aspect de la ville, son histoire, ses attractions culturelles, sa démographie, son économie et sa gouvernance, l'expérience des gens et leur perception de la ville. Le consensus sur l'identité et les valeurs fondamentales d’une ville, ainsi que la relation entre les autorités et le grand public58, sont l'un des facteurs clés pour la réussite du marketing de la ville. Les grands événements sont considérés comme une occasion précieuse pour la diffusion des valeurs de la ville hôte. Le plus grand défi pour la ville et sa marque consiste à créer différent profils, immatériels ou pas, représentant les différents groupes sociaux qui contribuent à son bon fonctionnement. La marque de la ville doit se préoccuper de la façon dont la culture, l'histoire, la croissance économique, le développement social, l'infrastructure ainsi que l'architecture, le paysage et l'environnement, peuvent former une identité vendable qui soit acceptable par chacun. Cela signifie que la marque de la ville va inévitablement conduire à des conflits, menant à terme à la compréhension et l'identification de la ville. La construction de l'identité et les valeurs fondamentales d'une ville deviennent les aspects les plus contestés de la marque. Étant donné que de nombreuses villes possèdent des caractéristiques très semblables il est important de présenter une stratégie de la marque afin de créer des valeurs uniques, permettant de distinguer une ville d'une autre. Alors que les autorités de la ville ont leurs propres aspirations et dans la plupart des cas, sont responsables de la mise en œuvre stratégique de la marque, les gens communiquent leur expérience de la ville à diverses occasions et sous diverses formes, agissant en tant que «ambassadeurs » de la ville. Ils traduisent souvent leurs perceptions (imagerie, sentiments, évaluations et jugements) en fonction de leur propre compréhension de la ville. La théorie et la pratique du marketing urbain indiquent que le développement du tourisme est un élément important renforçant l'identité du lieu et contribuant à sa promotion. Chaque ville possède une identité bien distincte, composée de souvenirs et d’images, influencées par les monuments, les bâtiments et les espaces dans la ville. Les places sont des entités complexes composées de nombreuses caractéristiques: l'environnement, l'aménagement urbain, l'histoire, la culture, la politique, etc. Une marque de lieu, un peu comme un produit ou une marque d'entreprise, fait la synthèse de ces éléments dans une image unifiée et organisée, qui signale le contenu et la différentiation.59 On distingue trois approches principales pour promouvoir une ville, qui sont devenus des 58

Ashworth,G.J. « The Instrument of Place Branding.How is it done? European Spatial Research and Policy »,Vol.16, No.1, 2009 Kavaratzis, M., & Ashworth, G. J. (). « City Marketing: An Effective assertion of identity or a transitory marketing trick? », 2005 ,Tijdschrift voor Economische en Sociale Geografic, 96(5), 506-514 59

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outils nécessaires: la première représente de vastes campagnes culturelles comme les Jeux Olympiques ou le nom « Capital de la culture », la deuxième est la restauration et la promotion du patrimoine, et la troisième approche est marquée par la construction des bâtiments « iconiques ». Mon étude sera axée sur la troisième approche.60 Le « marketing » se développe sur l’appui de trois facteurs majeurs– l'image, la modernité et l'authenticité.

L’IMAGE: L’environnement dans lequel le bâtiment est créé doit avoir un impact positif, grâce à la présence de « l'icône » celle-ci influençant la perception que les gens auront de l'endroit. La nouvelle image d'une ville est dictée par une expérience distinctive, créé par la forme unique des lieux. Le bâtiment « iconique » rend le lieu original, générant une nouvelle image unique et augmentant les qualités de la ville. La MODERNITE est, ce qui représente la société à un moment donné. On doit l’inclure dans la conception du bâtiment. L’époque référence est une qualité intrinsèque de la modernité. Pour qu'un bâtiment soit moderne, il doit suivre l’évolution du monde et les nouveautés qui apparaissent. Chaque innovation comprenant la qualité esthétique, peut représenter la nouvelle perception pour l'homme. Tel est le cas de la Tour Eiffel. Elle a montré les nouvelles possibilités d'utilisation du fer pour la construction. C'est un chef d’œuvre architectural et elle est la dominante de la ville. Mais si elle avait été construite plus tard dans le temps et l’absence d'innovation ne lui aurait pas permis de devenir une structure « iconique ».

L’AUTHENTICITE: L’aspect socio-culturel est une composante importante de la définition de bâtiment «iconique». Le public doit se connecter à l'édifice et établir une relation avec lui, il doit représenter la culture de l'environnement. Il devrait être représentatif de la valeur symbolique de la ville.61 Le but principal de la promotion sert à l'articulation des villes dans le monde entier. A l'ère de la globalisation, cela signifie que les villes sont moins isolées de l’extérieur, elles sont en concurrence pour soutenir les investissements. Dans la globalisation, les villes sont équivalentes à un produit, elles sont commercialisées et offertes sur le marché mondial. Par conséquent, chaque ville essaie de se présenter comme un lieu unique et merveilleux. Si une ville veut être couronnée de succès, elle a besoin de pouvoir économique et d'une image attractive. Pour cette raison, le marketing doit combiner l'histoire et la culture, la croissance économique et le développement social, l'architecture et l'infrastructure urbaine dans une identité vendable. 60

Plaza,B, Gonzalez-Casimiro,P, Moral-Zuazo, P et Waldron, C, « Culture-Led City Brands As Economic Engines: Theory And Empirics », ACEI working paper series, October 2013, http://www.scholars-on-bilbao.info/list.php?var=list 61 Piatkowska, Ksenia; ''Economy and architecture. The role of architecture in process of building the economic potential of space''; Humanities and Social Sciences Review, Vol.1, No. 2, 2012, pp. 549-555

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UTILISATION DE L'ARCHITECTURE « ICONIQUE » Une des conséquences de la globalisation contemporaine est la transformation de la pratique architecturale et sa composition structurelle. A la suite de l’augmentation de la popularité d’une agence d’architecture, sa clientèle devient de plus en plus internationale intégrant des corporations transnationales. Cela a permis aux agences d’architecture de développer un portfolio de projets globaux devenant par la suite des noms renommés dans l’industrie. Leurs dirigeants sont des architectes devenus très populaires sur la scène architecturale et qui grâce à leurs renommée individuelle sont devenus de plus en plus riches et célèbres, de vraies vedettes de l’architecture contemporaine (des « starchitectes »62) Le produit des « starchitectes », la « starchitecture », doit être considéré dans le contexte des processus contemporains de la globalisation et de l’économie politique des villes mondiales. Comme Leslie Sklair l’écrit, le monde contemporain est dirigé par des groupes de personnes ou de corporations qui tous ensembles forment la « classe capitale transnationale ». Ce sont des politiciens, des médias responsables de la promotion architecturale et des professionnels de l’architecture avec une clientèle internationale. C’est eux qui décident du bâtiment et de son lieu de construction. Ces groupes fonctionnent dans des réseaux complexes à travers lesquels ils contribuent à une consommation globale orientée vers une certaine marque.63 En terme plus général, les relations entre la consommation et le travail des architectes sont maintenues par ce que Sharon Zukin nomme « l’infrastructure critique » 64de la consommation. Ce sont des revues comme Architectural Digest et de mode de vie qui influencent le goût de leurs lecteurs. La compréhension architecturale, est limitée à un certain visuel esthétique d’un bâtiment ou un environnement, en utilisant des graphismes somptueux. Tout cela nourrit le grand marché de la presse, inculquant le même goût esthétique aux lecteurs et augmentant et confirmant le statut des bâtiments « iconiques » et leurs architectes. Ce contexte forces les architectes à créer un design plus commercial, qui sera tout de suite acceptée par les médias et le public pour que le cycle de production et de promotion puisse prolongé à fonctionner. A l’autre extrémité les villes sont en compétition pour promouvoir un climat désirable d’affaires afin d’attirer d’investissement supplémentaire. A la suite de ces tendances 62

Derudder, B, , Hoyler , M, Taylor, P et Witlox, F, « International Handbook of Globalization and World Cities »,2012, Edward Elgar Pub, United Kingdom 63 Sklair, Leslie; ''Iconic architecture and capitalist globalization'', CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006 64 Zukin, S. « The Cultures of Cities », Blackwell, Oxford, 1995;

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globales les grands redéveloppements urbains, la reconstruction de l’image urbaine, la régénération des anciennes friches industrielles, la construction de nouveaux centres d’affaires, des salles de spectacles et des centres culturelles sont devenus les nouveaux ambassadeurs des villes dans le monde. Ils sont désignés à assurer nouvelle infrastructure économique qui est mieux adapté aux besoins de l’économie post-industrielle : des services d’affaires, de divertissement, des attractions touristiques, de consommation. C’est dans ce contexte les bâtiments « iconiques » sont devenus un outil indispensable dans la compétition d’acquérir un statut mondiale à travers la promotion d’une ville par eux-mêmes et l’effet de célébrité et du spectacle apporté à la suite. Juste comme les « starchitectes » tirent leur gloire de leurs projets bâtis, du même le potentiel du capital symbolique du milieu bâti des villes mondiales est associé aux « starchitectes », « starchitecture » et son consommation».65 Les villes tirent de nombreux de bénéfices de l’image acquise par les nouveaux développements urbains, leurs centres d’affaires et culturelles qui sont des sites principaux pour l’architecture « iconiques ». Les belles images, leur promotion et amplification dans les médias deviennent des canalisateurs d’avantages pour la ville. C'est ainsi que les dernières attirent l'attention afin qu'elles puissent devenir plus populaire dans la société. Cela conduit à une augmentation de touristes, d'investissements, de la qualité de vie et etc. Ils aident à sa transformation dans un acteur majeure dans l’établissement de ce qui est moderne et populaire. Par conséquent, nous pouvons voir la concurrence entre les villes. Zukin souligne que la création d'images est un élément clé présentant les villes dans leur transition de l'industrie vers les services. L'accent est mis sur leur économie symbolique et des représentations mettant l'accent sur l'image 66 . Bien que Zukin ait reconnu que les villes ont toujours eu l'économie symbolique c’est dans les trois dernières décennies qu’elle a pris plus d'importance. Étant donné que les structures physiques permettent de réaliser des formes et des indices symboliques ils peuvent ainsi acquérir un rôle opérationnel dans la création de la marque. Trois types de bâtiments-signaux se distinguent: les bâtiments de « trophée, indiquant le nom, la gloire et le prestige de leurs propriétaires, bâtiments « exclusifs » visant à exclure et segmenter le marché et enfin les bâtiments « emblématiques » promouvant un climat favorable à l'investissement en vue d’attirer les investisseurs étrangers. Les bâtiments « trophées » ou de « signature » relient la valeur culturelle de l'architecture à la valeur économique des terrains

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Derudder, B, , Hoyler , M, Taylor, P et Witlox, F, « International Handbook of Globalization and World Cities »,2012, Edward Elgar Pub, United Kingdom 66 Zukin, S. « The Cultures of Cities », Blackwell, Oxford, 1995;

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qu’elles occupent. 67 Bien que ni «le trophée», ni l'image des bâtiments ne produisent pas directement d’argent, ils sont censés avoir un effet indirect sur la prise de bénéfices par la création d’une illusion des entreprises et des villes florissantes. Ils peuvent servir comme des moyens de renforcer le succès commercial pour le développement à côté du bâtiment (bureaux, centres commerciaux, résidentiel, loisirs), ils peuvent agir comme génératrice de l'investissement en faisant les endroits plus visibles et en attirant des activités extérieures 68 . Ainsi les bâtiments symboliques (signature, trophées et emblématiques) peuvent jouer un rôle substantiel comme des signes de sécurité et d’attractivité respectivement pour les investisseurs et les touristes.

« EFFET GUGGENHEIM»- cette notion exprime le cas du Musée Guggenheim à Bilbao- une ville qui était dans un affaiblissement industriel, mais qui a réussi à passer avec sucés du statut de ville industrielle à une ville culturelle fleurissante.68

La compréhension des structures architecturales comme des actifs à promouvoir les lieux met au centre des stratégies l’architecture «iconique». De la même manière que les bâtiments de «signe» aussi les bâtiments « iconiques » jouent un rôle dans la représentation des lieux comme attrayants pour l'investissement, pour le tourisme et pour les résidents principalement. Les stratégies des villes ciblent la population mobile, en particulier touristique et d'affaires pour qui le marketing crée une notion de destinations attrayantes, désirables et agréables pour la réalisation de loisirs et de besoins commerciaux.

En ce qui concerne l'économie symbolique Zukin a mis l'accent sur le rôle des stratégies culturelles qui s'appuie sur la puissance des symboles visuels et ainsi créer une base matérielle pour la fabrication69. Zukin a fait valoir que ces méthodes, permettant de déclarer une certaine puissance, sont utilisés par les villes américaines et d'Europe occidentale dans la concurrence pour des grands projets de développement. Dans le cadre de cette pratique Zukin mentionne l'investissement de la ville dans des projets prestigieux tels que les musées d'art - des projets qui tournent souvent à des compétitions afin que la ville construit l'architectural la plus signifiante. L'environnement physique et en particulier la création de nouveaux paysages urbains ont été plusieurs fois reconnu comme un élément important dans la promotion de la ville et des pratiques entrepreneuriales. Les villes et les lieux semblent de prendre beaucoup plus de soin pour créer une image positive et de haute qualité, cherchant une architecture et des formes de design urbain

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Zukin, S. « The Cultures of Cities », Blackwell, Oxford, 1995 Piatkowska, Ksenia; ''Economy and architecture. The role of architecture in process of building the economic potential of space''; Humanities and Social Sciences Review, Vol.1, No. 2, 2012 69 Zukin, S. « The Cultures of Cities », Blackwell, Oxford, 1995 68

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qui répondent à ce besoin.70 L’architecture « iconique » est généralement coûteuse, mais c’est possible à l'avenir qu’elle retourne l’investissement donnant beaucoup d'avantages à son environnement. Si une pièce exceptionnelle d'architecture est créée principalement pour transformer une zone urbaine, une acuité considérable doit être accordée à l'intérêt politique et symbolique, attention aux matériaux et le but pour lequel il a été créé71. Ce bâtiment spectaculaire reflète d'abord l'architecture de haute classe avec un appel très esthétique. Bien qu’il peut conduire à la régénération urbaine, il faut garder à l'esprit qu'il ne répond pas expressément au processus urbain mais sert comme un canal diffusant une certaine croyance dans certains acteurs d’une revitalisation.

LA REGENERATION URBAINE COMME UN BUT La politique de régénération a commencé après le déclin de la société industrielle dans les années 50, décalée de la société capitaliste. Les villes industrielles ont perdu leur attractivité pour les investissements et des mesures d’urgences ont dû être prises rapidement. La réponse a été de grands projets de développement urbain. Mais aujourd'hui, ce type d'investissement est considéré comme une «panacée» urbain72. L'objectif principal de ce type de projets a été la résolution des problèmes de chômage et de dégradation urbaine, causés par le déclin de l’industrie, la baisse des valeurs de propriété et l'image négative de la ville. Le principal problème de ce type de grands projets urbains, c'est qu'ils concernent essentiellement la fourniture de nouveaux ports pour l'investissement, afin d'attirer plutôt les résidents de haute revenu ou de fournir une base sûre pour le tourisme urbain, que directement améliorer la qualité de vie pour tous les résidents urbains. Pour être en mesure de fournir la commercialisation nécessaire pour ces grands projets dans la plupart des cas, ils envisagent un projet « iconique » au sein de la revitalisation, un sort de « chef-d’œuvre » qui devrait donner un objet de la publicité nécessaire. Ce «chef-d’œuvre» est conçu comme un nouveau symbole de la ville qui pourrait changer la manière dont la ville est perçue de l’extérieure. Mais en contradiction, le bien-être des habitants n’est pas toujours pris en considération. Une grande partie de ces projets « iconiques » sont détestés par la population et leur construction est perçue comme une intrusion antidémocratique dans le paysage urbain.

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Harvey, D. « The Condition of Postmodernity ». Oxford: Blackwell, 1989 Ponzini, Davide, "Bilbao effects and narrative defects" , Cahiers de recherche du Programme Villes & territoires, 2010, 72 Ponzini, Davide, "Bilbao effects and narrative defects" , Cahiers de recherche du Programme Villes & territoires, 2010, 71

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FIG 27. Position de Bilbao en Espagne FIG 28 Le centre du Bilbao dans l’agglomération

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Le Pays Basque est situé sur le bord nord de la péninsule ibérique. Il est l'un des 17 régions autonomes espagnoles. La riche culture et la tradition de l'autonomie régionale ont souvent conduit à une relation compliquée avec le gouvernement central à Madrid. Le Pays Basque est divisé en trois provinces. Bilbao est la ville principale et capitale de la province de Biscaye. La région métropolitaine de Bilbao est formée par la ville de Bilbao et plusieurs municipalités environnantes. En 2005, la ville de Bilbao a 350.000 habitants et la région métropolitaine de 900 000 habitants. De la population de 1,15 million de la province, 80 pour cent vivent dans la région métropolitaine de Bilbao et une troisième dans la ville de Bilbao. Bilbao est non seulement la plus importante ville basque, mais elle est aussi la plus grande agglomération sur la côte atlantique de l'Espagne et la sixième plus grande région métropolitaine en Espagne. Jusqu'à l'ère de l'industrialisation Bilbao est restée une petite ville. Au début du 19ème siècle, elle avait une population de non plus de 10.000. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, Bilbao se développe rapidement en une ville industrielle, basée sur l'exploitation des gisements de fer à proximité. Le charbon a été transporté par mer au long de la côte pour alimenter la révolution industrielle. Fer, industries de l'acier et la construction navale se développe rapidement. Au tournant du siècle, la croissance industrielle a été accompagnée par le développement de grandes entreprises du secteur des services, en particulier dans le commerce et la finance. L'exploitation minière, les activités industrielles et portuaires ont été concentrées le long de la rivière. Dans une évolution progressive vers la mer, ils ont occupé presque toute la rive gauche du Nervión par la fin des années 1970. Parallèlement à cette expansion industrielle, les villages voisins ont été rapidement transformés en villes de la classe ouvrière. Le fleuve est devenu une frontière socioéconomique forte qui prévaut encore. Bien que les municipalités de la Rive Gauche soient devenues associées à des usages industriels et de logements de la classe ouvrière, la rive droite a été développée à un rythme plus lent, surtout pour les classes moyennes. Bilbao a connu une deuxième phase d'industrialisation dans les années 1950 et 1960, sur la base de l'industrie lourde et le rôle de Bilbao comme l'une des principales villes industrielles de l'Espagne a encore été renforcée. La demande de main-d'œuvre a été accueillie par une immigration massive de régions espagnoles moins développés, principalement de l'Andalousie. En 20 ans, la population a presque doublé de 216.000 en 1950 à 410.000 en 1970.

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La CRISE : Les premiers symptômes d'une crise industrielle et urbaine remontent aux années 70, lors de l’entrée en récession de l'économie mondiale provoquée par le choc pétrolier de 1973. Alors que le chômage était presque inexistant jusqu'au début des années 70, il a atteint un record de 25% dans la première la moitié des années 80. Dominée par les industries lourdes, telles que l'acier, les chantiers navals, et la construction de machines, l’économie de Bilbao a été particulièrement touchée par la crise. Entre 1975 et 1995, la région métropolitaine a perdu près de 60 000 emplois manufacturiers, soit la moitié des emplois industriels existant. L’emploi dans le secteur manufacturier a chuté de 46 à 27 %. La crise de l'emploi a eu un impact démographique direct. La population a commencé à baisser vers 1980, correspondant au déclin de la production intervenu en 1975. La cause principale de cette décroissance était le retour de nombreux travailleurs dans leur région d'origine. Cette baisse n'a pas été également répartie, mais concentrée dans les zones de la classe ouvrière, notamment les municipalités de la Rive Gauche. Ainsi, celles-ci ont perdu entre 10 et 20 % de leur population. Les facteurs de cette répulsion étaient les suivants: 

La disparition d'emplois;

La baisse du standard, la dégradation de l’habitat;

L'image erronée de ces quartiers ;

La communauté de Bilbao avait souffert d'une grave dégradation de l'environnement à la suite des activités industrielles dans la région. L’air, l’eau et le sol ont été gravement pollués. Les déchets industriels et les eaux usées domestiques étaient rejetées dans la rivière sans traitement jusqu'à la fin des années 80. La Nervión présentait des risques toxiques pour les habitants. Par conséquent, un total de 340 hectares de sites industriels est devenu de friches dans la région.73 Le processus de régénération de Bilbao était complexe et multidimensionnel impliquant un grand nombre d'acteurs et d'intérêts. L'urgence de la situation à Bilbao et les zones environnantes a provoqué des débats pour la meilleure stratégie et les actions à entreprendre pour démarrer la régénération. La stratégie initiale a évolué depuis le début des années 90 vers une approche plus axée sur des projets de redéveloppement urbain. Les participants et les chercheurs ont conclu que l'autonomie de la région basque a été un élément clef dans le processus de régénération. Les gouverneurs locaux étaient ceux qui possédaient le pouvoir à mener une politique adaptée à la situation. Le débat a été lancé par le gouvernement basque qui était concerné par l'état de la ville 73

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principale de la région. Le «Plan stratégique pour la revitalisation de la région métropolitaine de Bilbao" a été finalement convenu en 1991 74 . Celui-ci a favorisé une approche intégrée de la régénération. Une agence spécialisée « Bilbao Metrópoli-30 » a été fondée en 1991 afin de faciliter le processus de régénération et de promouvoir les objectifs fixés par ce plan. Afin de pouvoir affronter cette baisse urbaine, des interventions flexibles et intégrées ont été recherchées. Cela a conduit à l'élaboration d'un schéma directeur prévoyant axé sur des projets qui se sont révélés efficaces dans d’autres pays. Par exemple, ils ont étudié trois villes espagnoles qui avaient développées des plans de rénovation urbaine centrés sur l'organisation d'événements majeurs. Barcelone a accueilli les Jeux olympiques et a investi dans une réorganisation substantielle des zones industrielles et portuaires délaissées de la ville. La même année, Séville a accueilli l'Exposition internationale et Madrid est devenu la Capitale culturelle de l'Europe. Ainsi, dans les années 1990, Barcelone, Madrid et Séville se sont placées sur la scène internationale. L'approche de Bilbao a été fortement influencée par l’expérience de ces villes. D'autres leçons ont été tirées des pratiques antérieures d'autres villes désindustrialisées, utilisant leurs sites au bord de la mer, par exemple Glasgow au Royaume-Uni. L'objectif principal était de stopper le déclin et rétablir Bilbao, pour la transformer en ville principale de l'axe atlantique européen. Spatialement, le plan territorial a identifié quatre «zones d'opportunité» pour la régénération. Pour créer une nouvelle image de prospérité, d’architectes de renommée mondiale comme Norman Foster ont été engagés pour tous les projets importants. En outre, d'importants investissements d'infrastructure ont été faits, notamment dans le domaine du transport et de l'assainissement. Une autre agence de développement - Bilbao Ria 2000 - a été créée en 1992, chargée de mener les projets de régénération dans les «zones d'opportunité» à Bilbao. Sa mission principale était de gérer la revitalisation des sites abandonnés, autrefois occupés par les ports et les industries ou par des infrastructures de transport. La régénération des zones désignées «d'opportunité» ( Abandoibarra, Zorrozaurre, Ametzola / Eskurtze, Miribilla et Morro;75) a été réalisée par Bilbao Ria 2000, qui a investi un total de 560 M € entre 1997 et 2006 : Le schéma directeur pour le redéveloppement a été élaboré par l'architecte Cesar Pelli, qui avait également conçu le plan du secteur riverain Battery Park à New York. Toutefois, le secteur privé était trop prudent dans ses investissements dans la région. Des investissements du secteur public étaient nécessaires pour redonner de la confiance en Bilbao. Le développement le plus connu sur le site est le musée emblématique Guggenheim conçu par l'architecte Frank Gehry. Il a ouvert ses portes en 1997, attirant plus d'un million de visiteurs pendant la première année. Il est 74 75

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devenu immédiatement une grande attraction touristique. Le coût de 144 M € pour cet investissement risqué, a été entièrement financé par le secteur public. D'autres développements majeurs sur le site d’Abandoibarra étaient ceux du Centre de Conférence Euskalduna et d’un nouveau centre commercial, coûtant 72 millions d’euros, et construits sur l'ancien chantier naval.76 D’autres investissements importants étaient injectés dans le transport de la région métropolitaine, ayant pour objectif d'améliorer l'accessibilité de la ville. L'investissement dans le transport public local a été marqué par l'inauguration du métro avec des stations conçues par l'architecte Norman Foster 77 . Ce projet était particulièrement important pour la FIG 29 Site du futur musée Guggenheim transformation de Bilbao. Il a été le premier grand projet réalisé, donnant confiance aux résidents que la reprise était possible. La première ligne du métro, allant au centre-ville le long de la rive droite, a été inaugurée en 1995. Une deuxième ligne couvrant la Rive Gauche a été lancée quelques années plus tard. Les lignes de bus ont été également modernisées. L'aéroport a été élargi par un nouveau terminal conçu par l'architecte Santiago Calatrava. Une extension substantielle du port a été construite. De nouvelles installations sur le bord de la mer ont remplacé la plupart des anciennes. L'objectif étant d'améliorer l'accessibilité de Bilbao pour les passagers et les marchandises. On a assisté à une réorientation des emplois du secteur industriel vers le secteur tertiaire. En 2005, la proportion de la main-d'œuvre employée dans le secteur manufacturier était de 22 %, ce qui représentait moins de la moitié en 1975 (46 %). En revanche, la part des personnes employées dans le secteur des

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services a augmenté à plus de 2/3 de la main-d'œuvre.78 Le taux de chômage a baissé grâce à la création de nouveaux emplois dans la ville. En 2004, 10,6 % de la population active étaient officiellement au chômage.79 La rénovation urbaine a été au centre des politiques de régénération. Malgré ses problèmes initiaux et de la domination du secteur public, la régénération d’Abandoibarra avec son musée emblématique Guggenheim est largement considérée comme un succès et Abandoibarra attire désormais les investissements du secteur privé. Plusieurs études ont tenté d'évaluer les effets du secteur touristique qui a reçu une forte impulsion de l'inauguration du Musée Guggenheim en 1997. Avis sur «l'effet Guggenheim" sur Bilbao et de l'économie des régions sont toutefois divisés. D'un point de vue, il est un fait que le tourisme à Bilbao a fortement augmenté. Il y avait aussi une forte augmentation du nombre de passagers de l'aéroport de 1,4 millions en 1994 à 3,8 millions en 2005. Le Guggenheim seul a attiré une moyenne de 1 million de visiteurs par an depuis son ouverture. L'emploi dans le secteur des services a énormément augmenté, mais les effets directs du tourisme culturel ne sont pas immédiatement évidents. Selon les calculs, un peu moins de 1000 emplois ont été directement créés dans des régions liées au tourisme de l'économie à la suite de l'expansion du tourisme culturel à Bilbao (Plaza, 2007). Toutefois, l'ampleur de nombre de touristes ajoutée certainement a créé de nombreux points de vente plus petits de services, bars, boutiques, cafés, petits hôtels, restaurants, guides, des souvenirs de touristes et ainsi de suite. Le coup indirect sur les effets de la ville sont extrêmement large d’incommensurable. Le nombre de visiteurs d'affaires à Bilbao a également augmenté considérablement. Le nombre de participants aux conférences qui arrivent dans la ville a décuplé pour atteindre 178 000 par an au cours de la dernière décennie.

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FIG 30 Le site de Miribilla el Morro avant le réaménagement

FIG 31 Le site de Miribilla el Morro après le réaménagement

FIG 32 Le site d’ Abandoibarra avant et après la construction du Musée Guggenheim

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FIG 33 Le site d’Ametzola avant et après le réaménagement

Comme Bilbao en Espagne, Metz est illustré dans l’imagination des gens comme un territoire industriel, malgré que ce soit une ville d’un fort commerce développé et qu’une seule grande implantation industrielle se trouve dans le domaine de la ville. Même s’il ne s’agit pourtant pas de bâtiments industriels à proprement parler, certes, les silos du port, situés en entrée de ville le long de l’autoroute, ont un impact fort, ont modifié la perception du territoire en ce sens. Comme Metz Métropole se trouve en Lorraine et la Lorraine est définit par des terres d’industrie, de mines

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et de sidérurgie cela a donné un fort impact sur l’identité de la ville. 80 En fait, la ville Metz présente beaucoup plus de couches culturelles qui sont réellement connus aux visiteurs. La ville dispose d’une histoire assez vielles, débutant il y a 3000 ans. À différentes reprises, elle est passée de la juridiction française à celle allemande pour ne devenir définitivement française qu'avec la fin de la deuxième guerre mondiale. C’était une préposition pour le développement d’une architecture assez diversifiée et une histoire riche important aux français et allemands. L'architecture de la vieille ville, en particulier celle du quartier impérial, reste imprégnée d’une forte influence allemande. Metz souffre d'un problème d'identité, avoir circulé au cours des siècles entre la domination allemande et française. Il était sous la domination germanique pendant 700 ans, jusqu'au 17ème siècle, puis sous la gouvernance d'Allemagne dans le période 1871-1918, et de nouveau entre 1940 et 1944. Metz et la région messine ont subi longtemps l’indifférence du public européen et même français. Son territoire fait l’objet de nombreux de clichés dans la perception des visiteurs potentiels que la ville a longtemps essayé d’attirer. Metz et son région étaient déterminés par des stéréotypes d’une ville froide et grise, ville militaire, ville de garnison ou la tristesse et toujours la compagnonne. Entre «une Terre inconnue » et « la Sibérie française », les qualificatifs sont parfois, eux aussi, durs à entendre. 81 L’identité de la ville est assez complexe et ne se donne pas facilement à voir. Une certaine dualité est présente entre ville française et ville allemande, entre messine et européenne, ville frontalière, une ville avec un centre blanc et à la fois noire qui symbolise la paix et la guerre, étant une belle ville souffrant d’une mauvaise image. A cause de cette profondeur de l’identité réelle présente dans la ville, de cette complexité que le territoire est perçu incorrectement et pas de tout compris par les gens de l’extérieur. Évidemment c’est le période récent qui a façonné l’image le rôle de défense de l’État qui a durablement définit l’image et l’identité du territoire. La fonction militaire fait indéniablement partie de l’identité de l’agglomération et qui s’incarne par les différentes vagues de restructurations militaires depuis 30 ans.82 Metz est une ville de 120 000 habitants en réunissant une quarantaine de communes. Mais, en fait, ce n’est pas la taille de la ville qui donne des avantages mais c’est sa disposition géographique. Elle occupe une position privilégiée en Europe se trouvant à proximité d’Allemagne, du Luxembourg et de la Belgique, ce que lui confère un statut d’exception. De plus, son territoire est croisé par des grandes lignes de circulation européenne. C’est un vrai carrefour « Quelle Identité Pour l’Agglomération Messine ? » accedé le 08.12.2014, http://www.metzmetropole.fr/medias/_images_contenu/identite/CODEV/rapport_identite%CC%81_territoire.pdf 81 « Quelle Identité Pour l’Agglomération Messine ? » accedé le 08.12.2014, http://www.metzmetropole.fr/medias/_images_contenu/identite/CODEV/rapport_identite%CC%81_territoire.pdf 82 .« Quelle Identité Pour l’Agglomération Messine ? » accedé le 08.12.2014, http://www.metzmetropole.fr/medias/_images_contenu/identite/CODEV/rapport_identite%CC%81_territoire.pdf 80

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de l’Europe. De nos jours, elle a cependant été durement touchée par les différentes crises qui ont frappé ses entreprises autant dans le secteur textile, sidérurgique que celui du charbon. Metz a perdu sa fonction militaire au cœur de l'Europe et a tenté de diversifier son économie. Dans son désir de revitalisation de la région Metz compte profiter de sa situation géographique et se tourner vers une activité plus culturelle. La ville a fait beaucoup d’efforts pour se revitaliser, dans un premier temps, l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco de son quartier allemand. Elle s’est orienté vers la promotion culturelle et de son patrimoine. En 30 ans, Metz et son agglomération ont investi de nouveaux champs culturels comme la réhabilitation de l’Arsenal et du patrimoine des Trinitaires en salles de concert, la création d’évènements culturels nationaux comme l’Été du Livre et La Nuit blanche et la multiplication des événements culturels dans les communes de l’agglomération, la mise en place de nouveaux équipements publics comme le Kinépolis et le Théâtre du Saulcy ou la construction de la nouvelle médiathèque de Borny, les réalisations de la Maison de Robert Schuman et des Jardins fruitiers de Laquenexy etc. « Passer d’une image industrielle à une image de capitale tertiaire d’une région industrielle »83

« Quelle Identité Pour l’Agglomération Messine ? » accedé le 08.12.2014, http://www.metzmetropole.fr/medias/_images_contenu/identite/CODEV/rapport_identite%CC%81_territoire.pdf 83

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Avec la transformation des villes d’un lieu de production à une place de consommation et de spectacle urbain, la ville de Metz se centre sur la promotion du tourisme urbain ou « l’architourisme ». Le tourisme peut offrir des emplois permanents et contribue fortement à l’image positive de la ville. La ville possède un grand capital de monuments intéressants et une capitale majeure historique et patrimoniale.84 La construction d’un nouveau centre des congrès, idéalement positionné en sortie de gare, va offrir un accueil de grandes manifestations nationales et internationales, en développant la part du tourisme d’affaire. La ville mise surtout sur le développement des équipements culturels qui vont diversifier la vie culturelle dans la région et qui peuvent jouer le rôle d’une locomotive forte pour sa revitalisation et popularisation. La reconversion de l’Arsenal en salle de spectacle et le future Boite à Musique sont les nouvelles composantes de l’identité de la ville. Mais le plus grande projet qui présent et le plus grand enjeu de la ville est le Centre Pompidou-Metz- la première antenne du Centre Pompidou à Paris. « Le centre culturel sera plus qu’un musée, ce sera le cœur battant d’un ville en mouvement.»85 Dominique Gros, Maire de Metz L’ouverture de cette antenne est un espoir pour reproduire « l’effet Guggenheim ». Exactement comme le Guggenheim, le Centre Pompidou est inscrit dans un projet d’urbanisme plus large qui met à jour la régénération du quartier de l’amphithéâtre. Le terrain avait servi comme un site de foire, de gare de marchandise et aussi de terrain militaire. Aujourd’hui il reste délaissé ouvrant une rupture majeure dans le centre de la ville. En même temps la friche offre une liaison directe avec le centre historique se trouvant juste derrière la gare. Le choix pour la construction d’une antenne de centre Pompidou provient d’une volonté de décentralisation qui s'inscrit dans la politique de rayonnement régional menée par le ministre de la culture. 86 En France, l’idée de créer de nouveaux pôles d’intérêt est née de la nécessité de décentraliser la culture. En effet, pour des raisons historiques et relatives presque tout est concentré à Paris, et les petits musées du reste de l’Hexagone n’ont jusqu’à présent jamais pu égaler les grandes institutions culturelles de la capitale en popularité. Dans cette initiative s’inscrit le Projet du centre Pompidou-Metz et aussi l’antenne du Louvre à Lens. C’est très bien visible la 84

« Metz 2030 : UNE VILLE ATTRACTIVE, DURABLE ET SOLIDAIRE » accedé le 08.12.2014 sur http://www.metz-entete.fr/sites/all/themes/metz/pdf/synthese_des_orientations.pdf 85 Dominique Gros, Maire de Metz, Source : « Centre Pompidou Metz : une nouvelle « étoile » est née ! », 08.04.013, accedé le 08.12.2014 sur http://voyages.ideoz.fr/centre-pompidou-metz-exposition-inauguration/ 86 « Centre Pompidou Metz : une nouvelle « étoile » est née ! », 08.04.013, accedé le 08.12.2014 sur http://voyages.ideoz.fr/centrepompidou-metz-exposition-inauguration/

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volonté des monopoles français de la culture somme le Louvre et Le Centre Georges Pompidou à élargir son influence internationale. Comme preuve on peut considérer l’extension future du Louvre d’Abou Dhabi. C’est dans le même esprit que Metz et Lens ont été choisi comme de site pour des extensions- les deux sont des villes frontalières qui peuvent attirer des visiteurs international grâce à leurs positions géographiques stratégiques. La décision de l’ouverture d’une antenne provient de la rencontre de deux ambitions. Celle du Centre Pompidou à Paris à sortir de l’espace parisien et élargir son influence prenant en compte les politiques des grandes institutions américaines comme le Guggenheim. Et celle de la ville de Metz voulant donner une place plus importante à la culture pour le développement général qui était gravement touché par la crise et la désindustrialisation du début du XXe siècle et en même temps la région de la Lorraine qui manque d'institution publique d'art contemporain. Pour Metz la volonté de ce projet provient du désir de créer un bâtiment « iconique » qui pourra représenter visuellement la région. Au deuxième plan était le programme culturel. La ville subissant de l’image négative avait besoin d’un symbole fort qui pourrait devenir le représentatif de la richesse et la culture messine en promouvant les qualités et les politiques de la ville. La controverse et le facteur « WOW » étaient des objectifs principaux du projet en l’inscrivant dans la politique mondiale de l’architecture iconique qui dore l’image de leurs villes. La construction s’inscrivait parfaitement dans l’engagement de redynamisation du territoire et revalorisation du quartier de l’Amphithéâtre.87 Tout comme Bilbao et le Musée Guggenheim, le Centre Pompidou-Metz s’insère dans un projet urbain concernant l’ancienne friche du quartier de l’Amphithéâtre et comme à Bilbao, on ne pourra parler de l’« effet Pompidou » qu’au regard d’une synergie entre projet culturel et projet urbain. Le site se développe sur une surface totale de 50 hectares en lisière du centre-ville au sud de Metz. C’est un projet d'urbanisme ambitieux décidé par la municipalité en 1996 qui s’étend sur un ensemble foncier anciennement affecté à la gare de marchandises, à l’ancienne foireexposition et à des terrains militaires. Les usages du site ont sans cesse changées pendant les différentes époques de l’histoire de la ville- voie romaine, faubourg au Moyen Age, glacis au XVIe siècle, place forte au XVIIIe siècle, puis gare de marchandises (depuis 1905). Aujourd’hui le site reste délaissé, ouvrant un trou dans le tissu urbain de la et il donne une impression de vide et d’intemporel alors qu’aux alentours les quartiers sont bien définis et fortement marqués par leurs usages.

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MONTEFIORI, S« Metz, la Bilbao française », 31 MAI 2012, Courrier International, accédé le 08.12.2014, http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/31/metz-la-bilbao-francaise?page=2#page_2

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Le renouvellement urbain est une nouvelle pratique de l’aménagement qui s’inscrit dans 65


une nouvelle appréhension globale de la ville et renvoie plus forte l’image des villes à la recherche de reconstruire la symbolique des territoires. En termes de méthodes, ce type de projet se distingue de celui de la création à partir de rien. Il s’agit ici de développer ou redévelopper une ancienne ville, dont la réussite repose sur l’articulation des différents quartiers de la ville. Ce sont les cas de Metz et de Bilbao. En effet, si les exemples du Centre Pompidou-Metz ou le Guggenheim, se présentent comme un symbole ou une « icône » culturelle, ils ne doivent pas apparaître comme un implant dans le tissu urbaine, mais plus tôt une extension naturelle de la ville. On peut s’interroger sur la question de l’habitation et la capacité d’un tel projet à agréger les éléments constitutifs d’une ville en développement, La conjugaison d’habitations, d’infrastructures économiques nouvelles, de loisir culturel et autres facilités sont de plus grande importance. Après une étude des projets c’est bien visible que la fonction de rassemblement de certaines de ces programmes est essentielle : musée, de bureaux, palais des congrès, commerces, habitat, espaces verts, etc., tous ensemble se présentant comme un centre moderne de la vie sociale ou une nouvelle agora donnant accent sur l’échange des connaissances.

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À Metz, la configuration de l’aménagement de la ZAC laisser supposer à un fonctionnement autonome de ce nouveau quartier, une sorte de « ville dans la ville » qui à la suite pourra conduire à l’occurrence d’une ville fragmentée. En effet, le site du quartier est coupé du centre-ville par une « frontière » ferroviaire créée par la gare à côté. La question de la forme de la ville et de l’intégration du projet aux quartiers centraux marqués par les héritages culturels est renvoyée au débat par l’aménagement de ce nouveau quartier. L’organisation de l’espace est un élément essentiel, en ce sens où elle doit être au service de la cohésion sociale et la mixité urbaine, le développement économique, la reconquête des quartiers en déclin, avec l’exigence de lien entre les quartiers et les territoires. Alors que l’aménagement a souvent contribué par le passé à replier des opérations sans continuité, aujourd’hui on doit lutter contre la fragmentation urbaine. Un élément vital et nécessaire à la réussite du projet est sa cohabitation spatiale dans la ville, dont dépend l’impact sur le fonctionnement de l’espace, pour les citoyens et pour les visiteurs et les touristes.

FIG 34 Le site du Quartier de l’Amphithéâtre, avant la construction du Centre Pompidou Metz

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FIG 35 La Standardisation de l’architecture dans le monde

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STANDARDISATION vs. DIFFERENCIATION Un gros problème qui devrait préoccuper les gens est la possibilité de la standardisation des villes plutôt que les rendre uniques. Dans la recherche de la promotion, les villes tendent de reproduire «l'effet Guggenheim», à créer à nouveau et à nouveau la même formule. Néanmoins, cela crée une saturation du marché et la mise en service des mêmes architectes internationaux de style unique. À la suite, un cadre global de standardisation est établi à la place de créer une différenciation – étant l'essence de l'identification de la « marque urbaine ». Charles Jencks montre que la reproduction sérielle des immeubles « iconiques » qui sont des porteurs de la signature forte de leur architecte, dans un moment donné elle va homogénéiser les identités visuelles des villes et à la suite diminuer les bénéfices au niveau de la compétitivité entre les villes.88

FIG 36. Le centre Guggenheim à 1) New York, 2) Bilbao, 3) Abu Dhabi, 4) Vilnius

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Jencks, Charles,«The iconic building: the power of enigma»,Londres,Frances Lincoln Ltd,2005

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C'est le cas avec l'architecte de renommée mondiale Frank Gehry. Après la construction du Guggenheim à Bilbao et son succès incontestable, il avait reçu encore 200 invitations pour construire un monument de signature dans d'autres villes. Bien qu'il leur ait refusé, quelques années plus tard, il a construit la salle Disney Concert à Los Angeles, qui a été achevée en 2003. Elle possède presque les mêmes signes architecturaux extérieurs comme le Guggenheim, créant ainsi deux bâtiments presque identiques dans deux villes radicalement différentes, supposant des différentes démarches architecturales. Après la création du musée Guggenheim à Bilbao en tant qu'une antenne de l'original construit à New York par Frank Loyd Wright, la même organisation a été approchée par de nombreuses villes comme Bilbao, dans leur besoin d’une nouvelle image et de régénération urbaine, pour la construction d'une antenne du célèbre musée sur leur territoire. Aujourd'hui, il y en a un en construction à Abu Dhabi, conçu par Frank Gehry et le design de Zaha Hadid a récemment été sélectionné pour la branche à Vilnius, en Lituanie. Un exemple récent en France de cette formule est la construction de la filiale du Centre Georges Pompidou à Metz. Donc, une question qui s’impose est celle de savoir quand cette stratégie urbaine cessera d'être efficace et peut-elle être reproduite partout, peu importe la situation ou l'histoire et le contexte du lieu? Dans le cadre des initiatives agressives du « marketing » de la ville, les bâtiments « iconiques » qui ont réussi à développer nécessairement une forte association à l'endroit, sont ceux-ci qui possèdent une forme immédiatement reconnaissable et distinctive. L’émergence de bâtiments accrocheurs doit être située dans une configuration politico-économique plus large qui voit la ville en concurrence avec les autres pour la «reconnaissance de sa marque» et le capital mobile. C'est une des raisons pour lesquelles la communauté académique désapprouve ce type de projets phares. L'autre raison, c'est qu'ils sont la cause d’une gentrification dans la ville. Cela est provoqué par la nature de ces projets. Ils sont destinés à un lieu précis dans la ville et par les effets induits sur le site créent une séparation territoriale et économique entre les classes. Les projets attirent les résidents à haut revenu et les autres sont repoussés par l'augmentation des loyers et les prix de l'immobilier. Ceci induit à la concentration des investissements directs dans certaines zones affectant ainsi les communautés environnantes. Lorsqu'un architecte devient emblématique à cause d’un bâtiment particulier et fait ensuite plusieurs de bâtiments qui ressemblent à l'icône original, cela pourrait bien être considéré comme un répétitif de la représentation. L'attribution d’un tel statut d'icône sur les bâtiments suivants peut être confondue dans le contexte du « canard » ou le « hangar décoré ». En effet, ce sont les

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circonstances prises en compte pour justifier le rejet de l'iconicité et remettre en question les architectes de signature marqués. Une telle répétition est la raison pour que les bâtiments dans le cadrage de l'architecture emblématique commencent à s'annuler. «Gehry is peppering the world with Bilbao Guggenheim lookalikes and if you've seenone building by Calatrava or M eier, you've seen them all» Faires89

Par contre, ce que est le plus contradictoire à cette citation et le fait qu’il est beaucoup plus probable que les gens qui sont excités par un seul bâtiment de Gehry, Calatrava ou Meier soient encouragés à chercher leurs autres bâtiments à la place de penser qu'ils les ont tous vu. C'est là que les symboles et l'esthétique des icônes architecturales permettent d'atteindre avec succès le croisement de la sphère professionnelle vers la publique.89

Les villes ont beaucoup plus à offrir au visiteur que d'être séduit par un bâtiment spectaculaire. Si de nouveaux bâtiments emblématiques ont été conçus pour exister isolés dans une zone touristique ou une zone régénérée sans relation à la ville ou de la communauté, leur longévité en tant que destination touristique est mise en question. L’échec pourrait venir d'un manque de liens culturels ou de contexte à la communauté, le soutien insuffisant de l'infrastructure, les seuils de l'ennui étant atteints grâce à la normalisation mondiale ou d'une absence de toute expérience authentique.

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Sklair, Leslie; ''Iconic architecture and capitalist globalization'', CITY, VOL. 10, NO. 1, Avril 2006

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IMPACT SUR LA VILLE

En générale les bâtiments « iconiques » sont des moteurs économiques, sociaux, touristiques, environnementaux, commerciaux et touristiques dans la ville contemporaine90. Les quartiers autours de ces bâtiments deviennent plus désirables comme lieux de résidence, de commerces et de bureaux. Qu’importe si le bâtiment construit est publique ou privé, il devient un atout de la communauté. Ils possèdent de nombreux avantages, offerts à la ville, et peuvent se transformer au moteurs de développent future pour la ville et la région.

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« Starchitects, Emblematic buildings and their effects on urban economic », IESE Business School-University of Navara, 2009,

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IMPACT ECONOMIQUE L'impact économique observe les effets économiques du projet sur les économies régionaux. Grâce à l'existence des bâtiments emblématiques plusieurs villes et même des pays peuvent améliorer le bien-être économique de leurs habitants et assurer aussi une bonne nouvelle image de la ville. Jencks soutient cette idée quand il a dit : '' Si la ville peut obtenir le bon architecte au moment droit créatif dans sa carrière, et prendre le risque économique et culturel, il peut doubler l'investissement initial dans environ trois ans. Il peut changer le sort de la région industrielle en déclin. ‘‘91 1. Effets directs92 - est défini comme les bénéfices nets directs associés à la construction et l'exploitation de l'immeuble; • effet positif sur l'emploi dans la région; • impact positif sur les revenus générés par la construction du bâtiment et son fonctionnement; • une plus grande contribution aux budgets des collectivités locales sous forme de taxes et droits; • capacité à attirer davantage d'investissements et d'autres ressources pour les collectivités locales; 2. Effets indirects93 - impacts indirects sont les effets économiques additionnels, générés par les activités que le service ceux qui sont directement impliqués dans la construction et l'exploitation de l'immeuble: • emplois supplémentaires dans le secteur manufacturier pour les entreprises ou organisations dans les bâtiments emblématiques; • l'amélioration des infrastructures urbaines et de l'emploi généré par son développement; • revenus générés par les entreprises situées autour des bâtiments emblématiques; • meilleure image de l'entreprise située dans le bâtiment emblématique et renforcé la motivation des employés travaillant dans un tel bâtiment; • vente de souvenirs; 91

Jencks, Charles,«The iconic building: the power of enigma»,Londres,Frances Lincoln Ltd,2005 « Starchitects, Emblematic buildings and their effects on urban economic », IESE Business School-University of Navara, 2009, 93 « Starchitects, Emblematic buildings and their effects on urban economic », IESE Business School-University of Navara, 2009, 92

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Les effets indirects peuvent créer un impact positif sur la ville beaucoup plus important que les autres deux effets. Ils s'expriment par les revenues générées par des commerces situées proche de l'icône. Les concernés sont les hôtels, les restaurants et les commerces. Aussi on peut bien voir un effet positif sur le marché immobilier dans les alentours- une augmentation des intéressés de logements, des clients à haut revenue et par la suite généré une augmentation des prix. Les bureaux et les lieux de travails, les entreprises gagnent une image plus positives, les employés sont plus motivés à travailler dans un milieu qui est plus esthétique et créatif.

3. Effets induits94 - Effets induits se réfère aux avantages nets associés aux changements du revenu disponible des ménages, créé par la construction et l'exploitation de l'édifice emblématique. 94

« Starchitects, Emblematic buildings and their effects on urban economic », IESE Business School-University of Navara, 2009,

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Au niveau des effets induits, les bâtiments iconiques sont des catalyseurs de développement urbain. Par la création d'emplois et fournissant des salaires plus élevées pour les employés, ils affectent la qualité de vie des habitants des communautés. Ils se manifestent par une consommation plus fréquente, induisant ainsi à la mise en place de plus d`emplois dans le secteur de production de biens de ce fait des services sont créés qui se reflètent positivement sur les taxes payés. Les employeurs qui louent des offices dans des bâtiments iconiques ou autours d'eux sont surtout des grandes entreprises qui donnent des salaires plus élevées à leurs employés attirant ainsi des gens à haut revenue.95

Les événements de grande échelle ou des projets architecturaux emblématiques pourraient accroître l’activité touristique et également augmenter le marché de l'emploi. Les supplémentaires comprennent des emplois bien rémunérés. Étant donné que le revenu d'emploi peut augmenter la 95

« Starchitects, Emblematic buildings and their effects on urban economic », IESE Business School-University of Navara, 2009,

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qualité de vie des habitants, il s'agit d'un empiétement positif. Cela apportera un cycle de vertu. Par exemple, le développement du tourisme ne sera pas uniquement un créateur d’emplois. Il permettra également d'augmenter les opportunités d'investissement et par la suite d'améliorer le niveau de vie des personnes. C'est la raison pour laquelle les gouvernements feront de leur mieux pour rendre les villes plus plaisante, changer leur apparence, comme les trottoirs, les parcs de stationnement, des toilettes publiques et ainsi de suite. Les changements sont vraiment bons pour la population locale et les touristes. En outre, le gouvernement est également invité à changer le trafic et les routes de la ville. Les bonnes installations de la ville peuvent encore attirer plus de touristes. Plus il y aura de touristes plus il y aura de l’activité commerciales ainsi qu’une augmentation du recouvrement des impôts par le gouvernement. D'autre part, après une forte demande par des investisseurs le prix du terrain local et des logements serait progressivement augmenté. Pour les propriétaires des terrains et des logements c’est un effet économique positif. Néanmoins, pour les acheteurs, ce sera un des effets économiques négatifs, car ils doivent payer plus cher pour le logement. Par ailleurs, les populations locales doivent payer plus d'impôts pour l'infrastructure supplémentaire.

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IMPACT TOURISTIQUE L'un des effets qui le plus facile à voir dans une petite période de temps est l'augmentation des touristes dans la ville. Les icônes sont des aimants pour les touristes à la recherche d'un spectacle architectural. Les bâtiments « iconiques » peuvent devenir des destinations touristiques lui-même.96 Les avantages sont bien visibles- un niveau élevé des touristes dans la ville, qui créent de grandes investissions dans la ville. Les petits commerces, les restaurants et les hôtels sont influencés directement par les visiteurs extérieurs. Comme le nombre de touristes augmente, l'argent injecté dans la ville augmente de pair. L'hôtellerie et les restaurants, le commerce et les industries culturelles sont directement touchés par le changement des taux de visites dans la ville. À la suite de l'augmentation de touristes dans la ville elle-même se rend visible dans la conscience mondiale. Une conséquence importante représentant le début d'un cycle sans fin- plus de touristes égale plus de popularité en tant que destination touristique, ce qui apporte encore plus de nouveaux touristes Les hôtels sont plus favorisés par les touristes étrangers qui sont les visiteurs les plus fréquents. Les effets qui sont produits par le secteur touristique est toujours assez positif et c'est pourquoi les villes essaient d’attirer la plus grande quantité possible. Un autre effet positif et l'augmentation et l'amélioration des services qui sont proposées aux touristes. Un avantage pour lequel les habitants sont assez favorisés. Avec le développement du tourisme aussi les relations entre les habitants sont en transformation. Grâce à l'exposition à d'autres cultures, ils deviennent plus ouverts-d ‘esprit, il devient nécessaire d'apprendre d'autres langues qui reflète positivement sur le niveau moyen de l'éducation. La valeur augmentée des sites touristiques liés à l'histoire est une cause pour le renforcement des traditions dans la région et aussi leur préservation dans le temps pour les générations futures. Toutes ces circonstances sont une bonne préposition pour l'augmentation du sens de fierté des habitants, un renforcement de l'identité de la ville et une popularisation dans le monde des villes fréquentées par de grande quantité d'étrangers. L’architecture emblématique peut changer et améliorer la qualité de vie des personnes. Elle peut aussi donner une chance aux gens de comprendre de cultures et de coutumes divers parce qu’elle attire généralement de nombreux touristes de tous les bouts du monde. Cependant, il apportera également des problèmes sociaux causés par des incompréhensions. 96

.( Piatkowska, K. « Economy and architecture.The role of architecture in process of building the economic potential of space », Humanities and Social Sciences Review, Vol.1, No. 2, 2012, pp. 549-555 http://www.universitypublications.net/hssr/index.html )

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Dans le contexte de l'étude des effets économiques et touristiques d'une architecture « iconique » dans un lieu spécifique, le musée Guggenheim donne un très bon exemple. Avant son inauguration la ville a maintenu que de petits musées d'art qui ont attiré moins de 100 000 visiteurs par an, une grande partie de qui étaient des habitants de Bilbao.

Diagramme des impacts sur les quatre domaines à Bilbao Après l'ouverture du musée Bilbao s'est positionné comme une destination majeure en Espagne. Autrefois, la plus grande partie des visiteurs extérieurs étaient celle d'affaire qui ont participé dans des présentations aux cantre de congrès. Entre les années 1997 et 2004 le taux des visites dans la ville a augmenté par 6% par an. Après une lecture des statistiques des nuitées dans la ville en comparant la situation avant et après la construction du musée on peut lui attribuer une augmentation de 740 904 nuitées par an. C'est un chiffre assez croyable en sachant que les

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visiteurs du musée sont environ 800 000 par an et 80% d'eux sont des étrangers qui doivent se loger. Diagramme du cycle d’argent dans la ville de Bilbao A part de son but principalement orientés vers le tourisme, la mission du Guggenheim était à générer de l'activité économique supplémentaire dans la ville en favorisant des demandes pour les entreprises déjà présentes ou en créant de nouveaux emplois dans la région. Le taux du chômage dans la ville a baissé énormément depuis 1997 de 25% jusqu'à 10%. Malgré qu'on ne puisse pas attribuer ce changement uniquement au musée c'est sûr qu'il a fonctionné comme un catalyseur de nombreux de nouveaux emplois à cause de l'augmentation des demandes locales. D'après les études économiques on attribue à la revitalisation totale de 4 547 emplois qui sont liés directement ou pas à l'activité du musée. Les statistiques montrent que les emplois dans l'hôtellerie ont augmentés de 415 en 1997 à 932 en 2004.

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D'après une méthode économique développée par Xavier Greffé, on détermine le lien entre le nombre des emplois créés et le nombre de touristes. D'après lui pour chaque 10 000 de visiteurs 1,15 emplois directs (dans le musée), 0,62 emplois indirects (dans le domaine de l'architecture et la construction et restauration) et 3,84 emplois induits (dans l'hôtellerie, restauration, guides touristiques, etc.) sont créés. En sachant que les visiteurs sont environ 800 000 les nouveaux emplois directs sont 92, les emplois indirects- 58 et les emplois induits sont 23897. Le musée Guggenheim a créé un fort impact économique dans la région. Par son activité en 2012 il a contribué à la génération de 294,6 millions d'euros de PIB et a maintenu 6 324 emplois. Les visiteurs ont dépensé de 27,6 millions d'euros dans le musée pour des billets, dans la boutique, des visites guidées et pour des souvenirs. Les dépenses effectuées en dehors du bâtiment sont égalent à 306,5 millions d'euros en 2012, dont les bénéficiaires les plus grands sont l'hôtellerie, la restauration, les commerces, autres activités culturelles dans la ville et le transport98. 97

PLAZA, B, « The Return of The Investment of the Guggenheim Museum Bilbao »,2006, International Journal of urban and Regional research, v.30, p. 452-467, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.14682427.2006.00672.x/abstract;jsessionid=15832C363D94E0D049F2E6B50548870D.f02t01 98 (Étude sur l’impact économique de l’activité du Musée Guggenheim Bilbao – Estimation 2012, B+I Strategy,

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Metz représente un bel exemple français du développement touristique d’une ville accusant un déficit d’image et confrontée à des difficultés crées par la crise de la sidérurgie et démantèlement d’installations militaires. L’appel à des architectes parmi les plus prestigieux de la planète est en effet de plus en plus utilisé par les décideurs locaux français dans un effort de reconversion économique de création de nouvelles identités. L’inauguration du Centre Pompidou a fait Metz entrer dans le réseau des villes disposant d’un lieu contemporain à « triple marque », c’est-à-dire celle de l’architecture de renom, créée par un architecte mondialement reconnu et celle du Centre Pompidou qui vise à produire à Metz l’effet que l’architecte F. Gehry et la fondation Guggenheim ont produit à Bilbao et que l’agence d’architecture japonaise Sanaa et le Louvre s’apprêtent à produire à Lens. Dans la volonté d’une régénération urbaine et une promotion nationale et internationale des villes, le tourisme devient un enjeu très important. Réussir à attirer des populations nationales et internationales vers une destination nouvelle définira un succès plausible pour le territoire. En outre, il est aussi un instrument, utilisé pour accomplir des projets touchant par son véritable impact économique des populations locales et régionales. Le tourisme enfin peut être compris comme un alibi qui il permet la réalisation de projets qui risqueraient de paraître trop ambitieux à l’échelle de la population strictement régionale.99Le Centre Pompidou a fait un fort impact sur l’état économique de Metz. Dès son ouverture la ville expérience une renaissance touristique et à la suite économique. Pour l’année 2011 le centre a attiré de 552 000 de visiteurs qui ont effectué des dépenses dans la ville dont l’impact économique est égal à 38 millions d’euros.100 Le centre Pompidou était fréquenté par plus de 475 000 visiteurs restant le 1er lieu d'exposition en France, hors région Île de France par rapport des visites. 24% des visiteurs sont étrangers qui viennent essentiellement de Belgique, du Luxembourg et d’Allemagne. La clientèle du Grand Est a de même doublée, celle en provenance de la région parisienne a triplé. La proportion de Britanniques a doublé, tandis que les touristes du Sud de l’Europe sont en croissance de 28 %. La clientèle d’Amérique du Nord a bondi de 32 % en août et celle d’Asie de 26 % sur les mois de juillet et août. D’après les statistiques 59% sont des primo visiteurs, 42% ont prévu ou ont effectué des dépenses en Lorraine, 40% des visiteurs étrangers ont passé au moins une nuit à Metz et 66% des visiteurs sont allés ou prévoient de visiter la cathédrale.101 http://prensa.guggenheim-bilbao.es/src/uploads/2013/03/Estudio-de-Impacto-Econo%CC%81mico-2012-FR.pdf ) 99

Gravari-Barbas, M. « Tourisme et villes, tourismes en ville », dans La France en villes, Atlande, 2010. ETUDE BAROMETRIQUE DES PUBLICS DU CENTRE POMPIDOU‐METZ En 2012 101 http://www.metzmetropoledeveloppement.fr/site/projet_demain_3.php 100

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Preuve d’un regain d’intérêt est la fréquentation de l’Office de Tourisme de Metz qui avait augmenté de 67. Selon ceci, on peut déjà constituer que l’image de Metz serait désormais propulsée au rang des destinations touristiques d’exception. On peut clairement voir les effets positifs suivants l’inauguration du centre messin. La cathédrale de Metz a connu une hausse de fréquentation de 50 %. Les visites à l'office du tourisme ont doublé, et les commerçants estiment que 35 à 40 % des visiteurs de Pompidou ont ensuite fréquenté les restaurants et boutiques de la ville.102 Tout ceci montre que Metz a bénéficié d'un important effet multiplicateur de l'investissement culturel. Dans l’étude menée sur les parcours des visiteurs du Centre Pompidou à Metz on peut facilement distinguer les zones de plus grand bénéfice par les touristes. Le centre et la Cathédrale 102

CASTELLO-LOPES, D « Metz, le Bilbao français »,Le Monde.fr, 09.03.2012 , accédé le 08.12.2014, http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/09/metz-le-bilbao-francais_1655771_3246.html#fxCpO2xHqFXGsCqM.99

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forment les deux polarités du centre-ville, le cadrage touristique dans lequel l’offre touristique est mieux développée et favorisée par des grands flux de visiteurs. L’impact immédiat est visible surtout dans les domaines directement liées au tourisme. Après l’inauguration du Centre Pompidou 46% des commerçants et des restaurateurs et 75% des hôteliers ont déclaré avoir reçu un impact positif sur leur activité. La clientèle dans la ville a augmenté de 39%. Plus de visiteurs pour le centre Pompidou envisage plus de visiteurs pour les autres attractions messines. La cathédrale de Metz a connu une hausse de fréquentation jamais vue de 50 %. 75% des visiteurs du centre déclarent se rendre en centre-ville en marge de leur visite. Le centre et la Cathédrale étant les deux pôles d’attraction les plus distingués dans la ville forment une zone privilégiée pour les et les offres de commerce et du tourisme. Dans la figure à gauche les

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commerces qui ont ressenti un impact sur leur activité montrent un périmètre bien distinguable dans le centre dans lequel les activités sont positivement affectées dès l’ouverture du centre. Tout cela mène à un effet amortisseur de la crise pour l’économie de la ville en offrant une clientèle renouvelée grâce à l’attractivité renforcée de la ville et son centre. Plus d’un visiteur sur deux vient pour la première fois au Centre Pompidou-Metz et plus d’un visiteur sur deux déclare se rendre à Metz dans l’objectif principal le visiter. 95% des visiteurs comptent revenir au Centre Pompidou et Metz avec 80% de recommandation positives de l’offre touristique présente. L’évolution du chiffre d’affaires chez les acteurs économiques locaux d’une part, et celle de l’impact perçu chez ces derniers d’autre part donnent une image claire de l’évolution du dynamisme urbain depuis l’ouverture du Centre Pompidou. Trois lieux polarisateurs sont déjà existants- la cathédrale, le Centre Pompidou et la gare. Ils sont reliés par un maillage d’axes qui sont fortement fréquentés. La densité augmentant vers le rayon de la Cathédrale confère l’existence d’un parcours bien définit, provenant du Centre Pompidou et la gare qui trouve sa destination finale dans le site de la Cathédrale. Cet édifice, visible depuis les galeries d’exposition du centre culturel, apparaît d’être encore le point de ralliement pour les visiteurs. Cette attractivité du site est un facteur explicatif des résultats obtenus pour les commerces et restaurants situés dans le quartier de la cathédrale. À cause du stade tôt dans la construction de l’Amphithéâtre, le quartier n’est pas encore devenu un pôle attractif pour les visiteurs et cela explique le manque de commerces positivement affecté par le musée. Le quartier n’est pas encore un espace plaisant pour passer le temps libre. Cela explique aussi le nombre de visiteurs baissant du Centre Pompidou. Pour pouvoir attirer de nouveaux visiteurs l’insertion d’un bâtiment « iconique » n’est pas le seul facteur majeur. Il peut promouvoir la ville et les changements qui prennent place sur son territoire, mais pour maintenir les résultats positifs la ville doit assurer l’infrastructure d’accompagner et renforcer la présence du projet « iconique ». En comparant à Bilbao, Metz n’avais pas investi assez dans le transport et l’amélioration de l’environnement urbain. Cela se traduit dans la manque d’un impact sur les différent domaines de la ville comme la commerce, la restauration et etc. Le périmètre autour de la cathédrale qui est fortement affecté montre la présence de qualité esthétique dans l’environnement dans le quartier Impérial et la présence de plusieurs d’attractions. Le futur développement de l’Amphithéâtre doit assurer ces facteurs qui ne sont pas encore présents, afin d’accomplir les objectifs donnés de la stratégie urbaine.

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IMPACT SOCIO-CULTUREL

Puisque les bâtiments iconiques ont une grande contribution à l'image identifiable d'une ville ou un lieu103, on peut suggérer qu'ils peuvent indirectement influencer le sentiment de bienêtre et la satisfaction des résidents et des visiteurs, ainsi qu’il existe une relation entre l'image du lieu et qualité de vie. Tout d'abord l'architecture iconique est un outil qui peut créer une sorte de face-lift urbaine, crée un nouveau visage de la ville qui sera plus approuvé par la publique, les entreprises ou par les touristes. Si le bâtiment est marqué par un design assez extraordinaire et esthétique, s'il est représentatif de la culture et l'histoire de la ville, il peut se transformé en un symbole de la ville et même du pays. C’est ainsi que la ville a la vraie opportunité à augmenter sa popularité au niveau du pays, mais aussi dans tout le monde. C'est une bonne manière en principe de se démarquer des autres villes qui sont toutes ensemble dans une compétition pour des ressources financières et aussi humaines. Ce genre d'architecture montre le potentiel de la ville comme un lieu d'innovations à la fois techniques et créatives. A cause de la difficulté technique et le grand nombre d'obstacles empêchant une telle structure c'est une sorte de déclaration pour le 103

Jencks, Charles,«The iconic building: the power of enigma»,Londres,Frances Lincoln Ltd,2005;

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développement future de la ville et de la région, la politique menée par les autorités et les ressources à leur disposition. Un effet positif d'une icône réussit est la fierté provoquée dans les habitants, la nouvelle identité qui est aimée par la plus grand partie des résidents et surtout une publicité qui doit pousser les gens en dehors à visiter la ville, et même faire en sorte que les grands entreprises aient envie de venir investir dans la ville. Une architecture forte crée toujours un espace urbain unique par sa nature et peut devenir un centre secondaire. C'est une place de rencontre, pour passer son temps libre ou une place d'évènements culturels à différente échelle. Quel que soit le programme du bâtiment, il devient une place culturelle et parfois une institution culturelle qui peut influencer les gens fortement par les exposant aux tendances culturelles mondiales. Beaucoup de centres culturels mènent des programmes éducatifs orientés vers les enfants et les jeunes, mais aussi vers les adultes. De bons exemples sont le centre Pompidou à Metz et le Musée Guggenheim à Bilbao, mais il y a encore beaucoup d’autres institutions qui essaient de créer ses propres centres éducatifs. Tout cela a un impact positif sur le niveau d'éducation d’habitants. À la suite d'un impact économique dans la région de Bilbao un impact sur la culture et la société est trop visible. Tout d'abord, c'est la perception changée de la ville. Elle n'est plus la ville grise industrielle, mais au contraire, elle s'est transformée dans un centre culturel et un lieu désirable à passer son weekend là-bas. Le musée Guggenheim a positionné Bilbao sut la scène mondiale de la culture. Cela est prouvé par les proportions des visiteurs d'extérieur de la ville. Neuf sur dix des visiteurs du musée viennent du reste d'Espagne ou le monde. 65% de visiteurs proviennent des autres communautés indépendantes d'Espagne, 17% de la France, 8% du Royaume Uni, 7% des États-Unis et 7% de l'Italie. Cela signifie la popularité acquise par la ville et son image transformée dans un qui est plus désirable. Au même temps le musée a eu un impact favorable sur la psychologie de ses habitants.104 Comme une évidence de la perception transformée de l'image de la ville et sa marque c'est important a mentionné que la ville était nommée la ville la moins séduisante de tous les quinze villes générales en Espagne et l'importance de son développent économique était classée 56e parmi les autres villes européennes en 1973105. Après la construction du musée son développement économique tourne à 360 degrés et en 2013 la ville était nommée le 4e la plus attirante des investissements internationaux parmi les villes de l'Europe du Sud et la 7e parmi les 104

(Entretient avec le directeur du Musée Guggenheim Bilbao Juan Ignacio Vidarte, Elkarrizketa, v. 69 ,2005, http://www.euskadi.net//contenidos/informacion/06_revista_euskaletxeak/en_ee/adjuntos/69_18_19_i.pdf ) 105 « The Vision Of A Guggenheim Museum In Bilbao », Harvard Design School, http://www.gsd.harvard.edu/images/content/5/3/538928/fac-pub-pollalis-case-BilbaoG-CaseA.pdf

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villes de taille moyenne de toute l'Europe106. Tout cela donne de nouvelles possibilités pour les habitants de la ville. Aujourd'hui les employés de cette région sont ceux avec la valeur ajoutée la plus haute de toutes les villes régionales. Une transformation de l'occupation des employés et bien visible. Le nombre des employés occupés dans le secteur de l'industrie a baissé en revanche du nombre dans le secteur des services, la santé, l'éducation et surtout dans le secteur du tourisme et l'hôtellerie. À cause de l'impact économique des activités liées au musée Guggenheim et le développement culturel de la région les investissements dans la culture ont augmentés considérablement. Dès 1990 jusqu'à 2005 le budget investi dans la culture est plus de deux fois plus élevés avec la plus grande partie désignée pour la création culturelle et l'héritage culturel de la région. Cela a influencé les habitants considérablement en posant la région à la 2e place en fréquentation des galléries, à la 2e place en fréquentation des musées et à la première place en lisant des livres. Grâce aux taux des employés plus élevée les habitants de la région basque sont les deuxièmes qui dépensent le plus pour des loisirs et des biens culturels107. À la fin on doit mentionner l'impact culturel direct du musée Guggenheim. Dans le sens d'un musée mondial, dans le complexe des programmes nombreux éducatifs ont été présentés. Pour l'année 2010 quarante programmes ont trouvé leur public dans le musée. 640 309 personnes ont participé dans eux. En même temps le musée enrichisse la culture de ses habitants à travers ses expositions internationales en les explosant à l'art mondial et une culture multinationale.108

106

http://www.bilbaointernational.com/en/bilbao-comes-in-the-fourth-place-of-the-most-attractive-cities-for-foreign-investments/ Plaza, B, Tironi, M. et Haarich, S, (2009) 'Bilbao's Art Scene and the “Guggenheim effect” Revisited', European Planning Studies, 17: 11, 1711 — 1729, http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09654310903230806#.VGh_NvnF-2o 108 Report annuel de l’activité du musée Guggenheim Bilbao, 2011, http://www.guggenheim.org/guggenheim-foundation/annual-reports 107

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IMPACT ENVIRONNEMENTAL Bien que se mémoire est concentré sur les effets des bâtiments "iconiques" on doit bien comprendre que les effets, soit positifs, soit négatifs, ne sont pas créés uniquement par un bâtiment. En effet chaque grand projet architectural est toujours soutenu par un grand développement urbain qui doit aider à la transformation de la région ou de la ville. Ça serait naïf de croire qu'un seul bâtiment sans aucune infrastructure construite au préavis peut avoir n'importe quel effet. La construction du Musée Guggenheim a été précédée par la mise en service du métro à Bilbao, un grand aménagement urbaine des anciens lieux associés à l'industrie portuaire. Aussi tous cela a été accompagné par la construction de nouveau terminale de l'aéroport et aussi beaucoup d'autres améliorations dans la ville. La création d'un nouveau symbole peut changer l'atmosphère dans la ville, la manière comment les gens la perçoivent. Le résultat peut être à la fois positif et assez négatif. Au debout de l'exploitation de la tour Gherkin à Londres, les résidents de la ville ne pouvaient pas s'habituer à sa présence dans l'espace urbaine. Au temps de sa construction c'était la tour la plus haute en Angleterre et en Europe. Les résidents de la ville ne pouvaient pas créer une liaison culturelle à ce que le bâtiment extraordinaire a représenté. Et c'est normal parce que le but du bâtiment était plutôt se démarquer de la ville, créer une diversification dans la silhouette urbaine. Le bâtiment ne représente pas du tout les caractéristiques de la place où il est situé. Le même design peut être reproduit par tout dans le monde et avoir le même effet. Les gens ont lui attribuer le nom Gherkin, qui veut dire le cornichon, à cause de sa forme bizarre qui n’a aucun rapport ou discours assez profond avec les bâtiments autour. Aujourd'hui cette tour est l'un des symboles les plus populaires de la ville dans le monde. En prenant en compte l’architecture déjà présenta dans la ville de Bilbao et voulant créer une symbiose entre l’existant et le nouveau-construit musée Guggenheim Gehry a utilisé un riche répertoire de matériaux et de langages, alternant pierre, le verre et le métal dans une composition étudiée qui produit des sensations différentes de l'endroit où vous le voyez. Le premier contact avec le bâtiment de l'ouest le long de la rive, un groupe de volumes en forme de boîte revêtu de pierre accueille. Un volume métallique de proportions horizontales semble flotter sur eux. Il est suivi par un autre volume dramatique semblable à la proue d'un bateau, qui est suivi par une paroi de verre, construit sur une structure métallique. Ensuite, une série de volumes allongés simulant un poisson forment la grande galerie, qui est accompagné par un immense escalier de pierre menant jusqu’au pont De la Salva.

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Un autre élément urbain important est la circulation au long de la rivière Nervion. En utilisant un étang en face du musée l'architecte reflète le secteur riverain à côté, et grâce à la circulation de façon théâtrale et dynamique, donne l'impression que la rivière atteigne le bord du bâtiment. Ce qu’on peut montrer comme un défaut est le manque d’un espace public dans le secteur riverain. Toutefois, une sensation différente est vécue en venant de la ville. Alors que les formes métalliques se distinguent clairement des rues étroites traditionnelles, comme l'on aborde l'échelle urbaine est modifié et devient moins monumental, et les visiteurs sont rencontrés par des volumes de pierre, dont les fenêtres dialogue avec les autres bâtiments environnants rectangulaires. Une grande place publique, une expansion qui couvre une route passant sous le complexe, organise les volumes et sert de prélude au bâtiment. La place devant le Musée et l'entrée principale se trouvent alignés avec Calle Iparraguirre- une des rues principales qui traverse en diagonale le centre de Bilbao- étendant le centre-ville jusqu'à la porte du Musée.109 Ne voulant pas construire un bâtiment qui prédominera le centre historique de Bilbao, Gehry l’a disposé en horizontale en répondant mieux à l’environnement. Il est surtout visible depuis les rues orthogonales du site qui mènent jusqu’à lui et créent des contrastes magnifiques. Le nouveau passage de l’autoroute mené sous la colline en face du site du musée donne une vue spectaculaire vers le bâtiment « iconique » en révèlent la plus grande richesse de la ville. Le Pont De la Salva qui était reconstruit pour mieux répondre à l’architecture emblématique à côté fonctionne comme une porte symbolique vers le centre.

COUPE NORD-SUD DU CENTRE DE BILBAO COUPE LONGITUDINALE

COUPE EST-OUEST AU LONG DE LA RIVIÈRE FIG 37 : Photo aérienne de Bilbao avant la construction du Musée Guggenheim

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http://www.guggenheim-bilbao.es/en/the-building/outside-the-museum/

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Photo aĂŠrienne de Bilbao avant la construction du MusĂŠe Guggenheim

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Photo aérienne de Bilbao après la construction du Musée Guggenheim

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La zone de réaménagement le plus emblématique et bien connu est Abandoibarra, qui est situé dans un emplacement privilégié dans le centre de Bilbao. Elle était constituée par des friches industrielles anciennement occupé par le port et l'infrastructure ferroviaire sur le bord du fleuve dans des lieux centraux. Le projet pour son réaménagement comprenait la création d'un nouveau cœur urbain de Bilbao avec un accent sur les nouveaux investissements. Le projet Abandoibarra est la pièce centrale des schémas de réaménagement urbain de Bilbao. Cette zone de 35 hectares, autrefois occupés par les activités portuaires, la construction navale et les infrastructures de transport, avait été une barrière physique coupant le centre de Bilbao de la rivière, mais suite à la reconstruction du site un contact favorable et une porosité vers la fleuve Nervion était créé en enrichissant les aspects esthétiques du centre. Sur le site se trouve le Musée Guggenheim, la tour Iberdrola, le parc República de Abando, le musée maritime et aussi un centre de congrès et nombreux de commerces. Tous ces équipements ont transformé la friche dans un nouvel centre culturel de la ville. Depuis les années 1990, Bilbao Ria 2000, est devenu responsable du site et a investi € 184 000 000 jusqu'en 2004. L'objectif original était de récupérer le site abandonné et d'en faire un nouveau centre fonctionnel capable d'attirer les investissements locaux et internationaux. Un autre objectif était de servir comme un symbole de la transformation de Bilbao d’une ancienne ville industrielle dans un déclin à un nouveau centre revitalisé, métropole post-industrielles adaptée au 21ème siècle. L’autre site qui était totalement transformé est Ametzola / Eskurtze: La région au sud du centre de Bilbao dominé par les développements résidentiels de haute densité. Le projet consistait à surmonter les divisions physiques telles que coupures de chemin de fer profondes. Avant le terrain était occupé par une gare ferroviaire qui à la suite du déclin industriel de la ville, n’était pas pleinement utilisé. Ametzola a retrouvé sa place centrale dans la zone urbaine en 1998, grâce à la création d'un parc couvrant 32,000m², qui est destiné à servir comme la ceinture verte de cette partie de la ville. L'ouverture de la nouvelle station Ametzola du métro qui relie la zone avec les autres parties de la ville et propose un service quotidien de plus de 6000 passagers. De même, la construction de 750 maisons individuelles et 150 maisons contribue à accroître le nombre de logements dans la région.110 Les sites de Miribilla et Morro étaient des zones minières abandonnées sur les pentes vallonnées au sud-est de Bilbao pour lesquelles un projet était prévu visant à récupérer ces domaines grâce à la construction de nouveaux logements. Miribilla a reçu un nouveau visage paysager et aussi un équipement fréquenté : Aréna Bilbao.

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http://www.bm30.es/plan/stat/prs5_uk.html

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L’exemple du Centre Pompidou-Metz s’inscrit dans une stratégie de production d’un capital valorisable qui pourra valoriser l’organisation d’une nouvelle offre touristique qui redéploye le patrimoine de la ville autour de cette innovation culturelle. Pour l’heure, la phase de construction sur le terrain et l’examen des articles de presse ne permettent pas réellement de mesurer la politique touristique qui sous-tend le projet messin. La ville expose son projet en affiche, à la maison du projet, dans la presse, dans les brochures touristiques, etc. Mais par rapport à l’ampleur et l’ambition du projet développé, les questions de gouvernance touristique ne semblent pas d’avoir été réellement abordées, tout comme la question de la promotion et de la commercialisation adaptées à la problématique spécifique de la ville, les questions de projections économiques en terme d’emplois, d’activités commerciales, et surtout en terme d’équipements touristiques spécifiques. Le Schéma Régional de l’économie touristique et des loisirs 2007-2012 affiche la volonté de faire émerger deux destinations de courts séjours urbains sur Metz et Nancy, la région est avant tout traverser plus que visiter. Face à cet exemple d’une ville en construction/reconstruction, la politique touristique fait défaut.111 Le site du quartier de l’Amphithéâtre est un projet phare et symbolique de la dynamique de l’agglomération de Metz. Il s’étend sur 50 hectares derrière la gare TGV de Metz, à moins de 50 km de 3 pays frontaliers. Les premiers équipements majeurs sur site sont le Parc de la Seille et les « Arènes » (Palais Omnisport), inaugurés dès 2002. La visibilité apportée par le Centre Pompidou est utilisé pour le fonctionnement des commerces dans le quartier et aussi pour le centre de Congrès. Il sera d’une capacité́ de 1 200 places, complétera, début 2017, l’offre de services de l’agglomération et en fera un vecteur de développement économique dans le cadre du tourisme d’affaires à visée internationale. Les équipements publics sont prévus d’une surface de 32 251 m2, let bureaux et les commerces de 127 839 m2 et de logements collectifs de 136 523 m2. Le projet urbain de la partie Ouest a été dessiné par l’Agence Nicolas Michelin & Associés. La ligne directrice du projet est la mixité et l’association des valeurs environnementales à celles d’un urbanisme convivial sur les 25 hectares. L’agence prévoit la construction de 265 000 m2 de commerces, de bureaux, d’équipements et de logements, dans une juxtaposition tant horizontale que verticale dans les bâtiments. Le Quartier de l’Amphithéâtre deviendra un centre de vie, réunissant toutes les fonctions urbaines sur un même lieu. Le site sera accessible à pied depuis la gare, grâce à une passerelle reliant le parvis du Centre Pompidou-Metz, est directement relié au centre-ville de Metz en moins de 10 minutes. Il sera également un lieu stratégique de de la ville grâce à la connexion prévue par le Transport Collectif «METTIS» en exploitation dès 2013. 111

: FAGNONI, E. « Nouveaux territoires urbains de la culture - Metz et le Centre Pompidou », Université Paris IV– Sorbonne (IUFM), consulté le 26.06.2014, disponible à : http://geographie.ens.fr/IMG/file/PCEU/Fagnoni.pdf

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CARTE DU RAYON DE LA GARE À METZ AVANT LA CONSTRUCTION DU CENTRE POMPIDOU 1998

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CARTE DU RAYON DE LA GARE À METZ APRÈS LA CONSTRUCTION DU CENTRE POMPIDOU 2013

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Le premier à sortir de terre est l’îlot B2. Situé au pied du Centre Pompidou-Metz, l’îlot B2, bénéficie d’un emplacement stratégique et son accessibilité et dotée d’une visibilité exceptionnelle. Il accueille 1 000 m2 de commerces et 10 000 m2 d’habitations, dont des logements sociaux, les sièges de différentes institutions et 16 000 m2 de bureaux de qualité pour l’implantation de grandes entreprises. Il est complété par un parking de plus de 400 places. Pour sa conception et sa construction, près de 68 millions d’euros sont investis. RUPTURES entre le cCentre Pompidou et ole cente

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FIG.38 Plan stratégique pour la liaison entre les espaces publiques

L’objectif du projet urbain est la liaison du centre-ville au quartier de l’Amphithéâtre. Il vient en complément, en prolongement du centre et non en rivalité. La Transition est faite par une rue courbée qui devient une extension naturelle de centre-ville en reliant les espaces urbaines majeures dans le nouveau quartier à ceux-ci au centre. L’essai de franchir la coupure créée par les voix ferrées reste encore mal aboutit. La continuité et la liaison contextuelle entre les deux parties devisées par la gare manque totalement. Le refus de choisir un site pour l’antenne de l’institution parisienne dans un contact plus direct au patrimoine messin limite la complexité (possible) qui pourra enrichir le projet et la ville. Le contraste possible entre nouveauté et patrimoine, le discours entre passé et futur sont délaissés

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pour assurer l’attractivité questionnable du nouveau quartier. C’est une perte majeure pour la ville et ses habitants d’une nouvelle couche culturelle et symbolique. En termes de la connexion de l’Amphithéâtre, le projet donne l’impression d’une stratégie assez bien menée, mais en fait, le site reste encore coupé au nord par la gare et à l’est par le talus ferroviaire. Le dernier créer un obstacle entre le quartier et le parc de la Seille. C’est aussi une perte grave pour le projet qui met en question les qualités de ce projet. La communication visuelle qui pourra être favorable entre le Centre Pompidou et Les Arènes de Metz n’est pas existante et personnellement je trouve comme un défaut dans le projet urbain. En étudiant les le bâtiment par des coupes à travers la ville, visiblement on peut voir le sens du sommet qui atteint 77m, mais en réalité la structure reste invisible du centre de Metz, en dépourvoyant même d’une référence visible entre les deux parties. Les deux espaces sur les deux côtés de la gare restent séparées même en termes du sentiment qu’ils donnent aux visiteurs. Comme cela un accent grave est mis plutôt sur la gare qui devient une porte transitoire entre le Metz ancien et ce quartier de futur. À la suite, plusieurs de nouvelles ruptures sont créées- coupure des espaces, du contexte urbain, des infrastructures et des programmes publics. À la suite de nombreux de questions qui restent sans une propre résolution, deux réalités parallèles sont créées.

COUPE EST-OUEST SU SITE DU CENTRE POMPIDOU

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COUPE NORD-SUD SU SITE DU CENTRE POMPIDOU


En comparant les deux cartes de la ville en haut, la première de 1998, et la deuxième de 2014, on peut voir l’échelle de l’opération urbaine. Au contraire de celle menée à Bilbao, à Metz elle est limitée surtout dans le quartier de l’Amphithéâtre. Cela pose la question de l’échelle nécessaire qu’on doit aborder pour avoir des impacts cherchés par un bâtiment de telle ampleur. À Bilbao, les opérations de redéveloppement urbaine étaient dispersés partout dans la ville, en créant de plusieurs de polarités, mais qui sont mieux inscrit dans le tissu urbain, en créant une fluidité et un rapport favorable antre le centre et les nouveaux espaces urbains.

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CONCLUSION Dans un monde où la concurrence entre les villes pour des capitaux et des ressources humaines est augmentée par la globalisation, les stratégies urbaines pour le futur développement urbain devient une nécessité. « L'effet Guggenheim » est une stratégie qui est réussie, contribuant un impact énorme sur la régénération des villes en déclin et leur promotion en tant que centre de prospérité. Néanmoins, la construction d'un tel projet doit être accompagnée par des réorganisations nécessaires pour que la stratégie réussisse. Après la comparaison des deux cas de Bilbao et de Metz, on peut enregistrer les différences entre eux afin d'arriver à une conclusion que l'architecture « iconique » ne peut pas seule générer la régénération urbaine. Bien qu'elle sera capable de produire certains bénéfices pour la ville, notamment augmentation des touristes dans la ville, un impact positif sur les commerces et un intérêt élevé, sa construction ne suffit pas pour créer des effets permanents. Comme Bilbao, une politique claire doit être élaborée afin d'arriver au succès de Bilbao. Contrairement, Metz n'a pas établi de bons principes pour son développement à ce moment. Le positionnement mal choisit, sans aucune relation avec le centre de la ville, et en même temps son site restant encore une zone vide, expliquent les résultats, bien que positifs, loin de ceux-ci visibles à Bilbao. Quand même, l'architecture « iconique » reste un facteur principal pour le développement de l'identité d'une ville. Si elle réussisse à transcender la culture et les traditions de la société qui l'a construit, elle pourrait donner de nouveaux sens de l'espace public et rendre la ville plus présente pour ses habitants. Grâce à sa forme provocatrice, ses qualités esthétiques et la modernité qu'elle représente, elle se transforme en « icône » mondiale, qui impacte le gout des spectateurs et marque une nouvelle perception architecturale. Les bâtiments « iconiques » comme le musée Guggenheim, l'opéra de Sydney, le Gherkin, le stade Olympique à Beijing et beaucoup d'autres, ont influencé tous ses spectateurs et les architectes. Leurs formes et principes sont reproduits de nombreux fois, changeant l'architecture partout le monde. À cause de la globalisation, ces bâtiments « iconiques » deviennent des exemples internationaux, influençant les gens dans tout le monde. Leurs architectes se transforment en célébrités, dictant la manière de laquelle l'architecture de demain sera conçue. Cette concurrence établie entre les villes et entre les nations, mais aussi entre les architectes de renommé mondiale, devient le moteur véritable de l'innovation architecturale et urbaine, inspirant le futur de nos villes et notre environnement.

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ICONOGRAPHIE : FIG1. Dessin de la couverture : CARLO STANGA, http://www.morgangaynin.com/blog/?p=1811; FIG2. http://www.designboom.com/wp-content/uploads/2013/12/zaha-hadid-heydar-aliyevcenter-designboom-03.jpg FIG3. http://www.maxisciences.com/rome/wallpaper/page_2.html FIG4. http://www.manchesterconfidential.co.uk/i/2IL/ITA_H.jpg FIG5. Venturi, V, Izenour, S, Scott Brown, D. « L'enseignement de Las Vegas », Editions Mardaga, 2007 FIG6. http://www.shutterstock.com/s/tall+person/search.html FIG7. : http://tripwow.tripadvisor.com/tripwow/ta-0107-9596-5154 FIG8. http://tripwow.tripadvisor.com/tripwow/ta-0107-9596-5154 FIG9. http://www.hautestreet.com/nadin-naumann/ FIG10. http://www.socialdesignmagazine.com/fr/site/architettura/frank-owen-gehrymuseo-guggenhaim-di-bilbao.html FIG11. http://en.wikipedia.org/wiki/Guggenheim_Museum_Bilbao FIG12. http://azbatsea.blogspot.fr/ FIG13. http://spain.aricaustermann.com/03/guggenheim-bilbao/ FIG14. http://en.wikipedia.org/wiki/Frank_Gehry FIG15. http://www.ufunk.net/artistes/guggenheim-bilbao-egon-schiele-claesoldenburg/ http://www.ufunk.net/artistes/guggenheim-bilbao-egon-schiele-claesoldenburg/

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FIG16. http://www.lest-eclair.fr/france-monde/entre-le-guggenheim-et-bilbao-lemariage-miraculeux-dure-ia0b0n322312 FIG17. Jencks, C. « The iconic building is here to stay » London: Routledge, 2006 FIG18. Jencks, C. « The iconic building is here to stay » London: Routledge, 2006 FIG19. Jencks, C. « The iconic building is here to stay » London: Routledge, 2006 FIG20. Jencks, C. « The iconic building is here to stay » London: Routledge, 2006 FIG21. http://www.centrepompidou-metz.fr/en/international-competition FIG22. http://www.pedagogie.acnantes.fr/1394099178805/0/fiche___ressourcepedagogique/&RH=1352884328376 FIG23. http://www.centrepompidou-metz.fr/une-architecture-unique/la-toiture FIG24. http://www.lorrainecafe.fr/discussions/centre-pompidou-metz-uneidentit%C3%A9-menac%C3%A9e.6301/ FIG25. http://www.panoramio.com/photo/37842421 FIG26. http://archrecord.construction.com/projects/portfolio/archives/1007pompidoumetz-1.asp FIG27. http://mercapoint.com/index.php?page=search/images&search=bilbao+spain+ map&type=images FIG28. http://multieconomie.org/Turismo/Cities/Europe/Bilbao.aspx FIG29. http://www.lest-eclair.fr/france-monde/entre-le-guggenheim-et-bilbao-lemariage-miraculeux-dure-ia0b0n322312 FIG30. http://www.blogseitb.com/bilbao/tag/bilbao-basket/ FIG31. http://blogs.deusto.es/RSanSalvador/bilbao-city-region-a-metropolitan-area/ FIG32. http://www.eldiario.es/norte/euskadi/bizkaia/ocaso-artifices-milagrobilbaino_0_140686119.html FIG33. : http://www.museumofthecity.org/urban-renewal-and-the-lasting-impressions-onthe-city-of-portland/ FIG34. http://www.metropolismag.com/Point-of-View/March-2014/Whats-So-Newabout-Koolhaass-Biennale/ FIG35. http://www.guggenheim.org/abu-dhabi FIG36. http://www.guggenheim.org/ FIG37. FAGNONI, E. « Nouveaux territoires urbains de la culture - Metz et le Centre Pompidou », Université Paris IV– Sorbonne (IUFM), consulté le 26.06.2014, disponible à : http://geographie.ens.fr/IMG/file/PCEU/Fagnoni.pdf FIG38.

http://www.centrepompidou-metz.fr/le-quartier-amphi

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Dans un monde en pleine globalisation, la concurrence entre les villes les a poussées à aller jusqu’au bout pour gagner du prestige, attirer d’investissements, de résidents et de touristes. Plusieurs stratégies urbaines ont été élaborées afin de produire une image bien distinguable de la ville, basée sur son histoire, sa culture, son patrimoine et son mode de vie. Marquetées comme des produits, les villes sont contraintes à réinventer leur identité afin de pouvoir affronter leurs concurrents, se rendant ainsi plus attractives pour les résidents, les touristes et les investisseurs. Pour réaliser cet objectif, les villes en déclin urbain se tournent vers la construction d’une image favorable, qui pourrait servir comme logo ou symbole de leur marque sur le « marché mondial ». La construction du Musée Guggenheim et son impact favorable sur l’économie et la prospérité de Bilbao, étaient le catalyseur de plusieurs stratégies d’autres villes axées sur la conception d’un bâtiment qualifié d’« iconique ». « L’effet de Bilbao » étant une stratégie populaire, a été utilisée à plusieurs reprises comme moteur urbain, même si des fois elle n’a pas mené au succès attendu. Cela indique qu’une stratégie du développement urbaine plus approfondie est nécessaire pour que la ville questionnée puisse réussir sa campagne de marketing, tout en devenant une marque bien identifiable. Quelles étaient les opérations qui avaient assuré la régénération stratégique de Bilbao? Quels sont les impacts sur l’état économique, environnemental, touristique et culturel de la ville suite à la construction d’un projet « iconique »? Comment cette stratégie est-elle réalisée à Metz avec la construction du Centre Pompidou-Metz? Quels sont les enjeux d’une « icône » architecturale?

Aleksandar LAZAROV ÉNSA STRASBOURG 105


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