Cyclisme et gastronomie Distance Cycling Club

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Cyclisme et Gastronomie 5 juillet - 10 Juillet 2015

retour sur six sorties dans les dolomites Alexandre Licata pour le Distance Cycling Club


Manger, rouler... Une affaire de gourmandise. À

première vue, la comparaison peut paraître naïve, voire un peu même illogique. Un peu comme une pizza sans sauce tomate ou un plat de pâtes au ketchup. Et pourtant. Si les goûts et les couleurs, ça se discute pas, tout le monde aime bien manger. Dans le DCC, je ne doute pas qu’on aie deux trois fins gourmets (je me permets ici de citer un plat de lasagnes aux couleurs de l’italie concocté par Ernest lui-même, d’une originalité et d’une réus-site certaine. Brian m’en est témoin). Mais il me semble que le véritable appétit qui nous anime tous ici, c’est la faim de la route, le goût de la Distance... Voilà qui introduit en substance le séjour en Italie que je viens d’achever (prenez ceci pour un apéritif, la suite arrive). Il était donc prévu depuis un peu plus d’un mois que j’aille visiter l’Exposition Universelle 2015 de Milan, puis passer une semaine plus au nord, au creux des Dolomites, au-dessus du Lac de Garde. Plus précisemment au Lac de Molvéno. L’occasion était trop belle de commuler ma première Exposition Universelle et mes premiers tours de roues dans les Alpes Italiennes. Le thème de l’Exposition Universelle: Nourrir la planète - Énergie pour la vie. Tiens tiens, voilà qu’on parle déjà de nourriture, de manger...

Après donc deux jours à arpenter les allées de l’Expo, à en avoir des crampes aux jambes et à muscler l’estomac (ou l’inverse, c’est selon), on reprend la papamobile (j’oubliais, c’est vacances en famille) pour aperçevoir, au bout de 400 km environ, les silhouettes majestueuses des premiers cols. La carte du menu arrive. Ça monte, c’est beau, c’est bleu, c’est vert, c’est gris (Copyright Matthieu). Arrivée à Molveno. La vu du Lac en redescendant d’Andalo est tout bonnement fantastique. On croise quelques cyclistes, certains affûtés, d’autres moins. Mon regard se porte sur les moins affûtés. «S’il le fait, je peux le faire». Forcément, quand on sait pas encore ce qu’on va manger, on regarde l’assiette des autres. C’est donc avec pas mal d’excitation et d’ap-préhension que je décroche les vélos de la papamobile. J’ai faim mais j’ai déjà peur de la crise de foie. En attendant, on jauge le terrain, l’humidité. On est là depuis même pas une heure, et la météo passe du ciel bleu à l’orage. Les monts alentors changent de visage. On passe du vert-bleu-gris au noir et blanc. Le ton est donné. Météo changeante, il va falloir faire gaffe. Il en a été ainsi sur l’ensemble du séjour, à un jour près. Très beau le matin/la journée, orageux et grosses gouttes le soir. Choisissez votre place à table.

Récapitulons: la carte du menu est à peu près connu, l’assaisonnement a l’air franchement relevé, mais l’expérience gastronomico-cycliste s’annonce exquise. Voilà qu’arrivent déjà les antipasti...

Ci-contre: Le menu, nature ou salé. Photos couleurs


Jour 1 - Le repas est servi. 29,4km - 1h26 - 819M d+

A

vant de partir pour l’italie, j’avais un peu repéré les routes, élaboré des itinéraires. Cette première sortie était l’occasion de tester un des deux parcours construits sur Strava. Alors un peu comme on découvre la gastronomie locale, on prend le temps. On essaie de savourer le moindre virage, de comprendre où mène telle ou telle route, d’identifier des lieux comme on enregistre des saveurs nouvel-les. Les sens sont en éveil. Ayant décidé de faire toutes mes sorties de bon matin (levé 6h départ 6h30 / 7h), je me réveille en même temps que la faune et la flore aux alentours. La fraîcheur des routes à l’ombre des grands sapins et des sommets est parfaite. Quelques rayons de soleil viennent réchauffer tout ça et donner un peu d’énergie post petit déj’. J’arrive au bout du lac, la route borde alors la montagne et j’aperçois au loin la vallée, il Val di Non. Cette portion de faux-plat fut la seule que j’ai consacrée à «la perf’», en découvrant très vite qu’un segment était établi sur ce côté du lac. Ça me permettait de pousser à fond sur le retour, d’avoir aussi le sentiment de m’entraîner, ou du moins d’entretenir ma condition physique. Il faut dire que cette portion là s’est révélée piégeuse car interminable bien que très charmante. L’option «contre la montre» était donc une bonne alternative.

Une fois passé le tunnel, je commence à descendre sérieusement. Je me demande alors si je suis toujours sur la bonne route, si j’ai pas loupé un croisement. Ce serait bête de se tromper de route, et de devoir remonter un col tout entier... Avec du recul, je crois que j’avais encore trop le cerveau en mode fixe, où chaque erreur de parcours se paie à la force des mollets. Quand on sait pas, on demande. Un peu comme lorsque l’on hésite entre deux plats. Autant demander l’avis d’un connaisseur. C’est donc avec mon italien niveau bac que je demande à un petit vieux bien du coin de me donner la direction, en lui montrant également le nom des villages écrits sur un petit bout de papier glissé dans ma poche du jersey. Rien n’y fait. J’ai beau comprendre en substance ce qu’il me dit, je comprends pas vraiment où tourner, si la route dont il me parle monte ou descend. Je le remercie poliment comme si j’avais tout compris (histoire de pas passer pour un touriste, ce que je suis bien malgré moi) et fait marche arrière. Ayant bien compris que tourner en rond en cherchant un pseudo parcours connu ne me mènerait à rien, je décide donc de continuer l’exploration. Je roule au jugé, au flair, comme un sanglier cherche sa truffe. Sauf que moi, je sais pas vraiment quelle truffe je cherche.

Arrivé à un croisement qui me semblait indiqué par mon guide du jour, je décide de prendre la petite route qui monte. Ça peut pas faire de mal, et puis comme ça j’aurais une belle vue sur la vallée une fois arrivé en haut... Les yeux plus gros que le ventre. L’appel du dénivelé m’emmène alors sur une ascension raide. Je pose le pied à terre une fois à l’ombre, histoire de reprendre des forces. Une pom’pote, deux gorgées d’eau et ça repart. Je finis par arriver au restaurant Erica, où je dégusterai deux jours plus tard une pizza à base de ricotta/speck/funghi délicieuse. Après une pause photo, je continue à monter jusqu’au refuge d’Alpenrose, à 1160m. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre, cette montée m’a un peu cassé à vrai dire. Et les freins ne me donnent pas vraiment confiance dans la descente. Ça grince, ça couine, j’ai l’impression que ça peut lâcher à tout moment. Je rentre au camping sain et sauf, un petit coup de Strava et je visualise mon parcours pour mieux envisager celui de demain. Désormais, j’utiliserais une carte routière (équipement papamobile) avant chaque sortie. Que ce soit pour un menu entrée-plat-dessert ou pour un repas à la carte. L’après-midi, saut en parapente (merci le team papamobile) pour une vue GPS sans pareil.

L’addition ici https://www.strava.com/activities/339349127

Ci-contre: Antipasti relevés


Jour 2 - À boire et à manger. 65,2km - 2h44 - 1810M d+

J’

attaque cette deuxième sortie avec appétit. Et pour cause, cette fois-ci, je sais ce que je vais manger. Une grande descente à l’aller, jusqu’à un lac rafraîchissant, et une grande montée au retour. En somme, l’itinéraire prévu pour la veille. Plat réchauf-fé vous dites? Non, pas tant que ça. La descente se révèle magnifique, je maîtrise mieux mes freins même s’ils sont pas mieux réglés qu’hier. L’atmosphère matinale des montagnes m’enivre de nouveau, et devient mon plat préféré. De quoi devenir boulimique. Arrivé à la moitié de la descente vers la vallée, je passe sur un pont à plusieurs dizaines de mètres au dessus d’un cours d’eau. C’est beau. Comme prévu lors de mon analyse cartographique du petit déjeuner, je tourne à gauche et m’apprête à traverser deux tunnels en pleine route nationale. Quelle fut donc ma surprise de voir une pista ciclista se dessiner au bord de la route, 50m avant le premier tunnel! Protégée par des barrières, la voià qui esquive le tunnel. C’était pas sur la carte. Je roule ainsi à flanc de montagne, à l’ombre, à la fraîche de la roche et des arbres encore humides. Seul sur une petite route aux lignes jaunes, tortueuse pour respecter le volume de la montagne. Je me laisse guider par ces deux spaghettis longs de 4km, j’en profite pour baisser le rythme. Ce serait dommage de ne pas profiter d’une chose pareille.

C’est aussi comme ça que j’envisageais mes sorties à vélo de cette semaine. Rouler un peu pour la perf’, beaucoup pour les photos je dois le recon-naître, pour le plaisir avant tout. Du cyclotourisme quoi. Au détour d’un virage intérieur (contre la montagne donc), la vallée se dévoile, tout juste réveillée, la tête dans le brouillard. C’est toujours très beau. La piste cyclable tombe sur une épingle à cheveu de la nationale que je viens d’éviter. Je m’engage dans une courte course poursuite entre les voiture au milieu des lacets, petit péché de gourmandise sans conséquence. Me voilà dans la vallée, je vais jusqu’au lac. Pas aussi beau que prévu. Même les petits villages n’ont rien de bien original. Les petites pistes cyclables cachées au milieu des vergers sont par contre assez chouettes. Les agriculteurs locaux s’affairent de bon matin sur leurs machines, j’hésite à voler une pomme au détour d’un virage esseulé. Elles sont vertes, un peu rougeâtres pour les plus hautes. Mais je ne connais pas -encore- quelle variété pousse dans le coin. Je me contenterai d’une banane Colombienne dans le supermercato du coin. Une pause pipi/plein d’eau dans le café juste derrière, un Mars et ça repart. Circulez, y a rien à voir.

Je me remets en selle pour regoûter à la douceur du jour. La piste cyclable n’est pas plus dure à monter qu’à descendre. La remontée vers le lac de Molveno, par contre, s’annonce un peu plus corsée. Il fait déjà plus chaud, et je sais pas si mes jambes vont tenir. Au final, la patience a le dernier mot. Jamais vraiment sur le gros pignon, je grimpe tranquillement en repassant devant la maison du papi d’hier. Il est pas là, je n’aurais pas l’occasion de le saluer avec un grand sourire de satisfaction. Pas grave. Je me concentre pour pousser à fond après le tunnel de Nembia, instant perf’ de la journée histoire de bien transpirer. La sortie s’achève tranquillement, au programme de la journée: sieste et baignade au lac. J’en ai pris plein les yeux, je m’étonne de la distance parcourue ce matin. 65km, je pensais faire moins. À vrai dire, j’ai pas vraiment l’impression d’être allé bien loin. Pour demain, je chercherai un lac un peu plus loin, un peu plus caché pour combler ma faim des kilomètres. L’appétit vient en mangeant. Tiens, on me dit dans l’oreillette que le conducteur de la papamobile souhaite se mettre à table de bonne heure également demain matin. C’est sans doute l’occasion de revoir mes plans...

L’addition ici https://www.strava.com/activities/340154678

Ci-contre: Primo piatto en changeant de plateaux


Jour 3 - Premier service. 14,8km - 1h02 - 426M d+

P

uisque mon père s’est décidé à m’accompagner pour ma sortie du matin, il a fallu mettre à jour la carte. Au menu: tour du Lac de Molveno. Deux jours plus tôt, lors du saut en parapente, on a pu voir tout les deux qu’un chemin en terre longeait l’autre côté du lac (côté ouest). C’est décidé, ce sera un parcours typiquement cyclocross. Moitié route, moitié gravel road. Il y en aura pour tous les goûts. Enfin, c’est ce que je pensais... N’ayant pas vraiment eu le choix, j’ai laissé le Gitant TCX à mon père, chaussé en pneus CX. La veille au soir, après la séance atelier pour faire quelques réglages sur la machine, c’est atelier «clipsage et déclipsage». Il aura fallu une petite vingtaines de minutes à mon père pour réussir à clipser et déclipser correctement, avec des chaus-sures Chrome un peu usées. Sans tomber. Bravo. C’est aussi l’occasion pour moi de sortir avec le fixe. Un peu de freestyle sur de la terre avec l’EXS, j’ai déjà fait, ça passe en étant un tantinet technique et sans rouler comme un bourrin. J’en profite pour monter un pignon de 21 à la place du 17. Ratio du jour: 49x21. Ce sera tout pour la recette mécanique. Levé 7h, petit déjeuner au calme et départ 8h. On roule tranquille jusqu’au bout du lac, ça passe vite. On prend l’intersection arrivé au niveau de la première auberge, et on tombe sur le Laghetto

di Nembia. Pause pour les jambes, pour les fesses. Pause photos aussi. Le cadre est parfait. Il est déjà temps de s’attaquer au retour, c’est parti pour le fun. Ou presque. Le chemin s’avère plus accidenté que prévu. On a pas vraiment emmené les bons couverts. Essayez de manger une côte de boeuf avec un couteau à beurre, c’est pareil. Les quelques con-naisseurs du circuit qui passent en VTT nous regardent incrédules. Tant pis. N’empeche que c’est beau, et puis on a quelques panoramas sympa depuis un côté du lac pas accessible en voiture. C’est déjà ça de gagné. Au final, une boucle de 15km avalée en une heure, sans compter les pauses. Découverte d’un circuit vraiment cool à condition d’être un peu mieux équipé. À refaire avec le cyclocross, ça peut passer. Deuxième petit-déj’ de la journée (le grand air, ça creuse!) une fois arrivé au camping. On discute déjà du programme de l’après-midi. Le but: rejoindre un petit lac caché dans la vallée d’à côté.

Voilà qui réveille mon appétit...

L’addition ici https://www.strava.com/activities/341223599

Ci-contre: Secondo piatto, première partie.


Jour 3 - Second service. 36km - 1h30 - 867M d+

À

peine le temps de digérer l’en-cas du matin, voilà qu’il faut se remettre à table. Avec plaisir. En effet, l’idée me trottait dans la tête depuis un ou deux jours, quand la team papamobile pensait déjà faire un tour des Dolomites de Brenta, celles qui surplombent le lac de Molveno. L’occasion est ici toute trouvée pour faire un petit prélude. Au menu: direction le Lago di Lamar, qui s’annonce magnifique. Pour consommer ça, le but est de partir avant la papamobile et se faire rejoindre le plus tard / le plus loin possible. Une sorte de contre la montre. je connais bien la route, ça a pas l’air très compliqué niveau itinéraire. Ça monte visiblement quelques kilomètres avant la fin, ça risque de piquer... J’avale le tour du lac et la descente vers la vallée, route bien connue, avec un arrière goût de routine loin d’être déplaisant. Faut dire, difficile de se lasser de la bordure du lac et de la piste cyclable. Désormais, à la fin de la descente, je prends à gauche pour faire cap vers le Nord. Je longe alors le Lago di Toblino, lui-même relié au Lago di Santa Massenza. Un chemin de graviers, ponctué de quelques pontons de bois, se dessine alors le long de la nationale, beaucoup trop riche en camions et voitures à 80km/h. Décidément, les Italiens mettent les petits plats dans les grands

pour satisfaire la gourmandise des cyclistes. Eau bleu turquoise, légère brise, ombre des cyprès et même un château en presqu’île pour parfaire le paysage. Tout va bien. La piste cyclable se met même à éviter la nationale quand ça commence à monter. Je déguste dans le bon sens du terme. Jusqu’à Vezzano. Ici, pas le moindre cenmètre carré d’ombre à se mettre sous la dent, pas le moindre vent pour venir rafraîchir cette après-midi brûlante. Et voilà que ça monte. Ça monte sévère même. C’était sur la carte, et pourtant. Et pourtant on me sert des lacets à l’arrabiata dont je me serais bien passé. Premier coup de téléphone de la team papamobile pour dire qu’ils sont presque arrivés. Obligé de poser le pied à terre, sensation désagréable. Les bouchées de pédales sont un peu trop grosses, donc l’un dans l’autre le coup de téléphone à l’ombre est salvateur. Je remets le couvert et ça grimpe sec désormais. Je me réfugie à l’ombre d’un verger pour m’empifrer d’une barre de céréales, et vider le peu d’eau qu’il me reste dans mon bidon. Le doute s’installe. J’ai peur de pas finir mon assiette. Ai-je eu les yeux plus gros que le ventre une fois de plus? Dans ces moments-là, je pense qu’on a tous plus ou moins une phrase, une punchline, un moto, une parole divine, une voix... Appelez ça comme vous voulez. Chacun ses

références. Fais-le, ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai. Vous me direz, y a mieux. Ou quel est le rapport? Pourquoi il vient nous parler de superstition alors qu’on parle pas de la même force. Ici la seule force valable, c’est celle des cuisseaux. Mais c’est sans doute aussi dans la tête. Alors pour moi, c’est Maître Yoda qui fait office de coach mental quand ça coince. Je remonte donc en selle et pédale avec envie et motivation... Le temps de quelques kilomètres seulement. Arrivé à Ciago, la chaleur étouffante me pousse à poser pied à terre et à appeler le team pour com-mander un rappatriement véhiculé. On me dit alors que j’ai bien fait, que je sais même pas ce qui m’attend un peu plus loin. En effet, il s’avèrera que la route se raidit encore plus avant de pouvoir carresser les lacs. Difficilement envisageable à vélo je l’admets (cette pente qui me rappelle d’ailleurs la montée pour la Route des Crêtes...), mais quand même. Je suis déçu. cette sortie a un goût amer. Il reste encore quelques kilomètres de route au fond de l’assiette. Bon, c’est les vacances, et j’oublie assez vite une fois un vrai repas avalé (sandwich mortadelle plus salade mixte accompagnée d’une Moretti bien fraîche). Pour le lac, les photos internet étaient bien contractuelles. Magnifique.

L’addition ici https://www.strava.com/activities/341245684

Ci-contre: Secondo piatto, seconde partie. (désolé, ces photos ont été prises après ma sortie et sur le retour. Je n’avais pas d’appareil sur moi pendant la sortie. Pour les besoins du report je les mets quand même parce qu’elles valent le coup)


Jour 4 - Le repas sain (ou le Saint repas, c’est selon) 76,9km - 3h59 - 2355M d+

N

ous sommes jeudi, jour du... Jour de rien du tout en fait. C’est pas grave, passons. J’ai bien digéré le repas d’hier malgré tout. Aujourd’hui, c’est le vrai contre la montre - contre la papamobile. Et celui-ci, la carte me le décrit plus difficile encore. Au menu: Une ascension dès la sortie du caming pour sortir de Molveno et monter jusqu’à Andalo. Puis une grande redescente vers la vallée nord, jusqu’à Cles. Plusieurs itinéraires possible, selon si je passe à l’ouest ou à l’est de la nationale... Si je passe à l’ouest, ça grimpe (je suis au pied des dolomites de Brenta), mais la route est belle. Si je passe à l’est, c’est bien plus plat et c’est moins joli. Je croise les informations, je mélange les cartes. Google me propose ce duo-là, et Strava me traduit la carte en cycliste. Il m’invente des tracés hors des routes, apparemment empruntables à vélo... Et ce, même pour l’ascension du Passo di Carlo Magno. Bizarre... Je me fie quand même à Strava, en me disant que je découvrirai encore d’autres pistes cyclables en guise de friandises. Me voilà parti, il est 7h du matin. L’ascension jusqu’à Andalo se fait tranquil-lement, pas besoin de tout gaspiller maintenant. Surtout qu’une fois de plus, la descente qui suit, à l’ombre de la forêt, est somptueuse. Arrivé dans la vallée, je commence par prendre la fameuse nationale, puis aperçois un panneau indiquant une

Ps: je suis arrivé une demi heure avant la papamobile, elle-même partie 3h après moi. Facile, certes.

piste cyclable sur la droite. C’était pas -vraiment- sur la carte. Par confiance, je suis ces indications et me laisse guider. Résultat, pas si surprenant avec du recul, je me retrouve sur ce même genre de petite piste cachée, bitumée et entretenue. Petits tunnels pour passer en dessous de la voie ferrée, tout va bien. Quand l’appétit va, tout va. La suite jusqu’à Cles est un peu ternie par une route que j’ai dû partager avec les voitures et camions, entre zone commerciale et nationale... L’industrie de la pomme est clairement à l’honneur. Me voilà à la pointe nord de mon trajet. Et là c’est la seconde surprise, je vous laisse deviner... Une piste cyclable, dans le mille. Je pense à celles que j’ai eu l’occasion d’arpenter en Belgique. C’est plus qu’agréable de rouler sur des parcours loin des voitures, au calme, au frais, sur une route de qualité. C’est bête à dire mais j’ai jamais vu ça par chez nous, où il faut sans cesse se contenter d’une pauvre bande sur le bas côté de l’asphalte. Il y a encore du travail les copains. Je roule donc ainsi sur presque 20 kilomètres. Je prends le temps. Photos, boisson, plaisir. Je sais que le plat de résistance arrivre. Autant profiter. Me voilà donc à Dimaro. Je quit-te le bord du Torrente Noce et fais une pause pour me découvrir (j’ai l’habitude de partir avec un genre de jersey long en dessous du maillot, un

truc technique de chez kipsta, pas vraiment fait pour le vélo mais qui mafoi marche très bien). J’ai bien raison. Il est déjà presque 10h, le soleil tape. On rempli le bidon à la fontaine de la place, et ça repart. Ça grimpe pas mal, mais la route est belle, lisse. À la première épingle à cheveux, la piste cyclable annoncée par Strava se révèle être un chemin de terre, ça sent le VTT à plein nez et puis y a des travaux au bout de 2km qu’ils disent. Bon, et bien soit. Ascension du Passo di Carlo Magno, jamais vraiment sur le gros pignon. Ceux qui ont déjà fait les cols Italiens savent ce qu’il en est: ces panneaux bleus qui comptent les kilomètres à l’envers jusqu’au sommet, com-me un compte à rebours. Si la première partie de l’ascension, plus raide, est avalée sans broncher, la seconde moitié est presque interminable. C’est presque plat, à chaque virage je me dis c’est bon, après ça redescend. Ben non. Du coup on reste sagement sur sa selle et on pédale au rythme des panneaux bleus. Une fois passé le col, 2 petits kilomètres de descente me font apprécier l’arrivée à Madonna di Campiglio. Village de montagne magnifique s’il en est, avec ses bars et chalets. Je profite d’un deuxième petit déj de champion au Bar Suisse, à base de chocolat maison, croissant et jus de fruis pressé. Amen.

L’addition ici https://www.strava.com/activities/342472877

Ci-contre: Produits locaux.


Jour 5 - La cerise sur le Stelvio 45.1km - 3h05 - 2013M d+

D

emain, c’est le grand départ avec un grand D. Ça fait des mois que l’idée me trotte dans la tête, et quelques jours que je me dis ce serait bête de passer à côté. Et puis t’en as trop rêvé pour ne pas le faire. Ce dont je parle, vous savez ce que c’est. Cette spécialité du Nord de l’Italie, cette légende locale qui se savoure dit-on, qu’on déguste paraît-il. J’ai nommé le Passo dello Stelvio. Si j’avais dans l’idée de le faire en fixe il y a des mois de ça, je dois bien me rendre à l’évidence. Je sais pas à quoi je me frotte, autant se calmer de suite. Samedi dernier, les copains Matthieu JP et Brian l’ont gravi depuis le versant Est. Ça puis le reste. Le Gavia, le Tonnale... Je me dis déjà que je fais pâle figure en ayant commandé un «simple» aller-retour en haut du Stelvio. Quoiqu’il en soit, je me lève à 4h du matin ce vendredi pour arriver assez tôt à Bormio. Au réveil, les jambes sont plutôt en forme, mais je flippe comme un gamin devant des épinards. Je prends la route à 5h à bord de la papamobile. Le GPS m’indique 3h de route. Feu. Voilà que je passe par le Tonnale. Je pense aux copains, surtout quand je redescends. C’est raide comme pas possible, ils ont dû en chier pour ce dernier col. Puis j’arrive au pied du Gavia. La route est ouverte. Mais au volant de la Volvo, je me demande ce que je fous là. Si j’ai le droit

de faire en voiture ce que les autres ont fait à vélo. N’empêche. J’arrive en haut du Gavia , complètement sans voix. Il est 7h du matin, il fait 5°C et le paysage est à couper le souffle. Je m’arrête plusieurs fois pour profiter de l’instant. Vélo ou pas. Je croise des marmottes tous les 10 mètres. Inoubliable. Bref, passons aux choses sérieuses, on est là pour parler vélo. Je reprend mes esprits dans la descente, je commence à me mettre mentalement dedans. J’arrive à Bormio à 8h30, j’en mène pas large, c’est rien de le dire. Je vais dans un café histoire de me réveiller après 3h30 de route. Je suis un zombie. Je passe au supermarché pour acheter quelques bananes de survie. Je reprends le volant, me gare sur un autre parking, je m’habille. Je suis prêt, il est 9h. J’ai en tête les conseils prodigués par les copains la veille. Le Ventoux c’est une blague à côté. Temporise tes efforts au maximum, bois le plus pos-sible, et bananes prêtes à êtres dégainées. Allez Allez Allez! Non sérieux je flippe. J’attaque la traversée de Bormio, je suis transi par la peur de l’inconnu, l’humilité vis-à-vis de mes propres capacités, et le trac de devoir me prouver quelquechose, ça m’était rarement arrivé. Pourtant, je ne suis pas là pour enquiller les kilomètres. Puis-je encore parler de Distance alors que je m’apprête à rouler 20

bornes à l’aller et 20 au retour? Premier kilomètre. Le fameux panneau bleu donne le départ réel: «20km». Je roule tellement lentement... Je ne verrais pas le sommet avant un bon moment. D’ailleurs, ai-je pris le bon côté du Stelvio? Celui que j’ai vu partout, en photos, en vidéos, celui auquel je pense à chaque fois? Et si je me trompais de versant pour l’ascension, mon effort aura-t-il le même goût? Stelvio par Bormio, Stelvio quand même? J’ai presque l’impression de tricher. Kilomètre 18: passage par un petit tunnel, je double deux trois cyclistes, le sourire aux lèvres mais concentré plus que jamais. Ces 3 premiers kilomètres jusqu’au 17 passent assez vite, je suis surpris. Sans doute ai-je trop la tête ailleurs pour me concentrer sur l’essentiel. Jusqu’au kilomètre 15, je suis serein, pas grand monde sur la route. Premiers lacets. Chaque virage est ponctué par une petite pancarte. Dimanche se déroulera le ReStelvio, course cycliste sponsorisée Mapei. Alors à chaque virage, j’ai droit à un petit rappel du palmarès de l’équipe des années 90. Pantani, Cadel Evans, Bartoli, Freire, Museeuw et j’en passe... Comme un chemin de croix. Ca ferait presque passer le temps... Kilomètre 13. J’aperçois presque tout. Des

tunnels jusqu’à la première série de lacets. Le repas est sous mes yeux. Ou plutôt au dessus. C’est immense. Je me fais doubler par un cycliste tout équipé. Full total comme je dis parfois. Le mec sent le neuf, rien ne dépasse, ni sur son ensemble Quickstep ni sur le vélo. Ça pour-raît être un pro que ça m’étonnerai pas. Moi, avec mon maillot Molteni, je fais pâle figure. J’ai l’impression d’être tout aussi dépassé que l’époque à laquelle mon jersey fait référence. Un peu plus loin, 3 autres cyclistes, avant de me doubler, m’interpellent sur mon maillot, ils ont l’air sereins, grand sourires... Bordel. Quoiqu’il en soit, je décide de me laisser doubler à chaque fois, sans broncher. On va pas jouer les fiers sur un col que l’on ne connaît pas. Je vais pas jouer les frimeurs. Chacun son rythme, chacun son Stelvio. Kilomètre 11. Les motos qui passent sans cesse à côté deviennent gênantes. Mais on ne peut pas leur en vouloir. Chacun veut sa part du Stelvio. Les tunnels à moitié ouverts sur la vallée font du bien, il y fait frais. Kilomètre 10. C’est l’heure des spaghettis. Ça s’enroule. Je regarde en haut avant de baisser les yeux sur ma roue avant et avaler les lacets. Ça passe bien, et à vrai dire je ne m’y attendais pas. J’arrive presque en haut de cette protion en

ayant moi-même doublé quelques paires de cyclistes. J’ai de l’entrain, j’ai toujours faim. Le pourcentage s’adoucit tandis que la température chauffe. J’arrive sur un faux plat assez long. Kilomètre 7. Je suis sur un plateau, je viens de passer la première difficulté. Je ne sais pas ce qui m’attends encore, mais je sais que c’est pas finit. Hors de question d’avoiner en pensant que le plus dur est fait. En regardant une dernière fois en bas, je me dis que je suis peut-être du «bon» côté du col, celui dont j’avais les images en tête. Cool. Kilomètre 6. Après être passé devant la petite église, j’aperçois les derniers lacets, difficile à déchiffrer. Ils sont moins dessinés que les précédents, et pourtant, ça a l’air raide. Très raide. Les petites silhouettes des cyclistes déjà plus haut semblent à l’arrêt. Regain d’humilité, je temporise. Merci Brian. Je bois même quand j’ai pas soif. Quand je ne pense plus à rien, je pense à boire. Kilomètre 5. Les choses sérieuses commencent. En effet, ça monte sec. Je me fais dépasser par des mecs en forme, qui me toisent du coin de l’oeil en danseuse. Je me concentre, je suis bien sur le vélo. Je me dis que je n’ai toujours pas posé le pied à terre, et me mets au défi de

ne pas le faire jusqu’à l’arrivée au sommet. C’est con, mais dans ce genre de situation on se fixe des objectifs à court terme. Chaque cycliste un peu plus lent est un but à atteindre. Pour le sommet, on verra plus tard. Le but est de ne pas s’arrêter. Kilomètre 3. Putain, c’est raide. Mon corps chauffe même si la température extérieure baisse. Les quelques courants d’air font du bien, j’alterne entre le cul sur la selle et debout, en danseuse. J’écoute mon corps comme on écoute son estomac lors d’un gros geuleton. Si tu sens que ça pas-se, vas-y, sinon, tu fais une pause. Mais ça va. Kilomètre 2. Je regarde devant, un peu plus haut. J’ai du mal à voir l’arrivée, c’est bizarre. Je m’attendais pas à ça comme sommet. Je vois un refuge et un téléphérique. Comment ça, je suis pas censé arrivé tout en haut? Kilomètre 1. Ultimo kilometro que c’est écrit en gros, noir sur jaune sur une banderole jaune. Voilà qu’un gars passe à ma hauteur. Bonjour! qu’il me fait, en français. Je lui réponds avec le même sourire. Je ne saurais dire pourquoi, mais je me mets alors à m’accrocher à sa roue comme un mord de faim. Il l’a senti et accélère. Merde, j’ai provoqué une petite course inutlie? Je me sens con, il voulait sans doute finir son Stelvio tran-


quille. Tant pis, j’ai assez de force dans les jambes pour le suivre. C’est mon péché mignon du jour. L’effort pour lequel j’ai temporisé pendant 2h30. Les panneaux bleus deviennent jaunes: 600m, 500m, 400m, 300m, 200m... Mon compagnon de fortune, carotte malgré lui, s’échappe. Il a plus de jus que moi et en remet un coup. Il ne veut clairement pas me voir traîner dans les parages. 100m, 50m, 25m, 10m... Ligne blanche. Me voilà arrivé. Je ne sais pas où je suis. Je ne comprends pas. C’est vraiment bizarre, mais je ne sais pas où aller, que faire. Partout, des cyclistes, seuls ou à plusieurs. Des motards par dizaines. Des magasins de souvenir, des stands de hot dogs et autres panini... Tout le monde s’affaire. Il y a une douce effervescence que je ne comprends pas. À vrai dire, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Aussi, je ne sais pas où aller, où m’arrêter, car lors des 20 derniers kilomètres, je savais très bien où je devais me rendre. Tout en haut. Plus maintenant. J’ai envie de pisser mais rien ne semble abriter le moindre chiotte. Les gens se toisent du regard, ou plutôt me toisent du regard. J’ai pas l’impression d’être à ma place au milieu de tous ces gens qui se prennent au sérieux. Avec du recul aussi, je pense que si j’avais été accompagné à ce moment, j’au-

rais été bien mieux. Je m’arrête finalement devant un stand, commande un panino prosciuto et le dévore comme un vagabond au milieu de tous ces fins gourmets de la montagne. Quand même, il me faut un souvenir, un truc à ramener, immortaliser l’instant. Je demande alors à un compagnon de route qui m’a dépassé plus tôt de me prendre en photo devant le panneau Passo dello Stelvio. Lui qui est arrivé depuis de bonnes minutes maintenant, me lance un «You look tired!» C’est quoi cette question? Je viens de me frapper le Stelvio, il me semble que c’est normal. Je réponds poliment en disant que je ne réalise pas bien ce que je viens de faire. Deux photos et puis s’en va. En fait, je suis le même zombie que ce matin au café si ça se trouve. Tant pis, je sais au fond que je viens de faire quelquechose dont je me croyais difficilement capable. Un restaurant-bar me laisse gentiment utiliser les toilettes, j’en profite pour remplir le bidon. Je tape dans l’une des deux bananes emportées, j’enfile mon jersey long par dessous. C’est parti pour la descente, debout sur les freins. Je me fais quand même assez plaisir sur les portions plus droites. Quelques mecs

toujours aussi sérieux me dépassent après les virages comme si j’étais un débutant. Bon j’avoue, j’ai pas encore la science de la descente, ni des kilomètres, ni des grand cols. N’empêche qu’en arrivant à Bormio, je me sens fier. Je l’ai fait et c’est ce qui compte. Tout ça peut paraître naïf je le conçois. Mais bon, j’ai ponctué ma semaine à vélo de la meilleure des manières possible au vu de mon emploi du temps des vacances. Le retour en papamobile fut un long sup-plice de 4h, ayant voulu contourner le Gavia, bloqué de nombreuses fois derrière des bus ou camping-cars dans les lacets. Horrible. Mais j’ai eu longuement le temps de penser aux copains ayant achevé le Tour d’Ortles, pour qui j’ai un immense respect.

Le repas est fini, j’ai bien mangé.

L’addition ici https://www.strava.com/activities/343928802

Ci-contre: Dolce e Limoncello.



Digestif À

l’heure de sortir de table, faisons les comptes: Distance totale parcourure en 5 jours: 267,4 km. Temps passé sur le vélo: 13H46min. Dénivelé positif accumulé: 8290m. En gros, je me dis que j’ai fait en une semaine ce que les copains peuvent faire -ou font- en une sortie. Et c’est là l’un des objectifs du DCC. Ces sorties où les chiffrent s’allongent, s’envolent. Et pourtant. J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire lors d’un précédent essai sur la distance au quotidien, je ne suis toujours pas convaincu que l’épreuve de la distance en one-shot me donne envie. Par peur peut-être, par manque de motivation sans doute. Quoiqu’il en soit, je pense avoir accompli une performance (le mot est peut être un peu fort mais je n’ai que ça qui me vient) qui rime avec Distance. D’un point de vue des chiffres certes, mais aussi d’un point de vue sensations. Car j’ai pris plaisir à prendre mes distances avec ma pratique habituel-le du vélo. J’ai découvert le vélo à vitesse sur des parcours qui en valaient la peine. J’ai découvert qu’il peut être agréable de laisser son corps respirer au lieu de lui proposer un effort constant. Tout ce que je pensais faisable en fixe se révèle forcément tout aussi logique à faire en route. Tout dépend de ce que l’on cherche. Si l’on souhaite manger à sa faim, ou bien pour l’expérience gastronomique

singulière, pour perdre du poids, ou au contraire se muscler les cuisseaux... Mais la distance, elle, est peut-être une notion commune à toutes les possibilités qu’offre le vélo, quelle que soit sa pratique. Alors forcément, on fait la part belle au vélo de route et aux vitesses, c’est logique. C’est donc à ces deux conceptions que je m’en tiens jusqu’à présent, par expérience. La distance est donc une source de plaisir éminente. Un puits à sensations qui se laisse apprivoiser au fil des kilomètres. Une notion à laquelle on prend goût. Lors de cette semaine, j’ai donc découvert la distance dans son sens métaphorique. J’étais simplement loin de mes habitudes et mes certitudes cyclistes, et ça fait du bien de voir qu’on avance. Je peux désormais apprécier à sa juste valeur chaque excursion en route et chaque sortie en fixe. Chaque chose à sa place, avec une marge de créativité pour sortir des sentiers battus: une grande distance ou un grand col uniquement en fixe, du vélotaf urbain ou du chill en route... Dosez comme vous le voudrez. C’est comme la gastronomie italienne. Prenons les pâtes. On aura beau les manger en sauce, seules ou en accompagnement, al dente ou pas as-sez cuites, avec une multitude d’ingrédients en fonction des localités, en soupe... On parle toujours de

pâtes. Les goûts et les couleurs ça se discute pas. Il faut simplement satisfaire son appétit en restant créatif. Tout est une histoire de bon goût. Et la distance est, à n’en plus douter, une variante aux saveurs multiples.



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