Alexandrins #9

Page 1

Le délégué russe apporte un courant d’air froid... >P. 3

La transformation de la ville vue à travers les pare-brises des taxis.

On est ce qu’on mange...

>P. 10 - 11

>P. 14

>P. 7-8


SOMMAIRE LFAY 03| L’hiver russe en Afrique 07| Courir après le Bonheur; un mince exploit

Hanoi 09| Les Hanoiens s’abonnent à la santé 10| Les taxis mètrent la transformation de Hanoi 12| Le climat de Hanoi, ils en ont parlé..

Le monde 13| Le 5ème Régiment à la défense sur le cyber-front 14| Les vétérans du végétarisme Responsables de publication: Rédactrices en chef : To Thu Phuong et Ngo Huong Giang Philippe LeBadezet Thierry Cadart Brice Lequeux

Equipe rédactrice : Lucie Ménage, Tran Thanh Mai, Le Hoang Bao Khanh, Morgane Bocquet, Martin Boulo, Vu Yen Ba, Nguyen Phuong Thao, Brewen-Hai LePort, Sophie Tabet, Nguyen Minh Anh, Nguyen Vuong Mai, Martin Munoz-Ledo Equipe de maquettistes : Nguyen Hong Ha, Bui Le Huy, Nguyen Do Quyen, , Le Nguyen Phong Equipe de photographes : Hoang Nguyen Khanh Linh, Gopala Reeshva Neesha, , Hoang Thuy Trang, Doan Chan May, Célia Minh Vigan Avec la participation des élèves de la 5ème

Un mot de la part des rédactrices-en-chef L’été relance la bataille, cette année, avec un feu deux fois plus puissant. L’attaque se révèle évidemment très violente. D’une force implacable, elle corrode progressivement la motivation des troupes opposantes, les réduisant à des miettes d’hommes dépourvus d’âme... Pour les élèves, la bonne partie de l’été de commence pas avant les vacances. Mais bien avant d’atteindre ce nirvana temporel, nous devons faire face à d’innombrables défis présents, au cours du mois restant, parmi lesquels se trouvent les évaluations, la chaleur, les préparations de fin d’année, encore la chaleur, etc.… même si tout cela est récurrent ; des problèmes auxquels nous faisons face chaque année scolaire. Le seul obstacle qui semble infranchissable reste pourtant le changement. « Rien n’est permanent, sauf le changement », déclarait Héraclite d’Éphèse il y a très longtemps. Bien évidemment, l’existence n’est pas ce qu’elle est sans une fin. Un crayon, même un bon, ne l’est pas pour toujours et la même loi universelle s’applique à nos relations. Chaque année, nous sommes obligés de quitter au moins une personne de l’établissement – qui peut ne pas être notre meilleur(e) ami(e) forcément, mais une présence à laquelle nous nous sommes déjà “habitués” et dont l’absence serait pareille à une pièce qui manque dans un puzzle. On se dit « Dommage! Peut-être aurais-je pu être son ami(e). » A cela s’ajoute un petit regret qui subsiste environ une journée. Ensuite, nous nous adaptons, nous oublions et finalement, nous nous contentons de la fine connexion qui nous relie avec nos ancien(ne)s camarades : les réseaux sociaux. Telle est la triste réalité. À la fin de cette année, le club journal se sépare de cinq membres de la famille au total, qui partiront pour leurs études supérieures : Tran Thanh Mai, Lucie Ménage, Hoang Thuy Trang, Morgane Bocquet, Nguyen Hong Ha. Que faire de ces multiples adieux ? Nous ne possédons pas la réponse, mais sachez que, tout changement n’est pas mauvais. Avec cela, les rédactrices en chef vous souhaitent une bonne lecture du numéro 9 des Alexandrins et également une joyeuse fin d’année que nous espérons inoubliable avec le tout premier bal de promotion dans l’histoire du LFAY. (A suivre dans le numéro de juin). Veuillez prendre un moment pour nous envoyer vos opinions sur ce numéro à notre adresse email: clubjournal.eleves@lfay.com.vn Bonne lecture!


LFAY

3

Un hiver Russe en Afrique MNU vu à travers délégué de la Russie

Une session de

M

ardi 6 mai, le matin, il pleuvait fortement sur Hanoi. Le délégué de la Fédération de Russie arriva à la salle 9 du Lycée Français Alexandre Yersin en tenant son parapluie et sa pochette de cuir noirs. Comme lui, tous les délégués étaient bien vêtus dans leurs costumes et les filles étaient plus radieuses que jamais, notamment la déléguée des Etats-Unis (Tô Thu Phuong) et la Co-Présidente du Conseil de Sécurité du Modèle des Nations Unies (Tran Thanh Mai). 8h30, enfin le moment que le délégué russe attendait ; le début de la conférence. Malgré un laps de temps court de recherches sur le sujet dont le Conseil allait débattre, le Russe présentait un regard de certitude prépondérante. Le sujet adopté par le Conseil portait sur la question de l’intervention de l’ONU dans la République démocratique du Congo (RDC), un sujet non vital pour le plus grand pays du monde, mais qui néanmoins nécessitait beaucoup d’investigation, de rigueur, et d’implication pour contribuer à l’amélioration de la situation conflictuelle en RDC. La Présidente du Conseil, Le Hoang Bao Khanh, appela les membres du Conseil à prendre place. A part la Russie, onze délégués étaient également présents : l’Argentine (Bui Le Huy), le Chili (Nguyen Minh Chau), la Chine (Morgane Bocquet), les Etats-Unis (To Thu Phuong), la France (Rémi Drogoul), le Luxembourg (Ngo Huong Giang), le Royaume-Uni (Vu Yen Ba), le Rwanda (Brewen Le Port), le Tchad (Pham Vu Anh Quan) et le Nigéria (Doan Chan May). Mme la Présidente commença à appeler chaque membre du Conseil pour qu’ils puissent adresser leur discours d’ouverture . On commença par ordre alphabétique, c’était désormais l’ambassadeur Bui Le Huy d’Argentine qui allait adresser le premier discours d’ouverture du MNU de toute l’histoire du LFAY. A sa dénomination, l’ambassadeur d’Argentine sursauta d’émotion et d’effroi. Tremblant et le cœur battant à une vitesse extravagante, il se présenta devant le Conseil et commença son discours d’une minute. Tour après tour, chaque délégué exprima explicitement ses intérêts face à la crise qui se déroulait dans la RDC, surtout l’ambassadeur du Rwanda qui, avec un ton nonchalant et serein, communiqua au Conseil l’importance du rôle que jouait son pays dans le conflit congolais en soulignant que c’était également un conflit régional. C’était au tour de l’ambassadeur de la Russie. Ayant déjà effectué le protocole du discours plusieurs fois auparavant, il prit sa feuille avec un geste atonique et marcha lentement vers le podium,

les yeux du

prit une grande bouchée d’air et commença à expirer les affections diplomatiques qu’avait son pays pour la nation en conflit. Il joua sur la voix, les gestes et fit du contact visuel, or quand le russe porta ses yeux sur le regard de Mme la Présidente Le Hoang Bao Khanh, elle frappa sur la table et dit : « 30 secondes ». Il fallait conclure et conclure vite mais avec un style diplomatique. Soudain il se rappela de la devise de la République démocratique du Congo et finit avec : « Continuons de soutenir le peuple congolais pour qu’il puisse vivre sa devise républicaine : Justice, Paix, Travail ! » Ayant fini le dernier discours d’ouverture avec l’ambassadeur du Nigéria, Mme la Présidente déclara que le débat informel, d’un temps de deux heures et demie, commençait. Le débat informel est une période dans laquelle les délégués modifient et unissent leur résolution brouillon pour créer une résolution commune pour ensuite la soumettre à la Présidence du Conseil de Sécurité . Evidemment, l’ambassadeur russe demanda l’appui et coopération de son fidèle allié dans le Conseil ; la Chine. Il demanda également l’appui et coopération aux ambassadeurs d’Argentine et du Chili pour forger une résolution quasi implacable, originale et innovatrice, qui traiterait des sujets non abordés dans la résolution n°2147 . Le diplomate russe voulait attirer d’autres pays pour soutenir son document. Mais quand il alla se présenter devant les autres collègues, un lobby avec tous les pays « occidentaux » s’était déjà créé. En effet, les pays membres du lobby étaient les EtatsUnis, le France, le Royaume-Uni, le Luxembourg et l’Australie ainsi que tous les membres africains du Conseil, c’est-à-dire le Nigéria, le Tchad et le Rwanda ! Trois pays clés pour résoudre une crise africaine. Tentant d’être le plus diplomatique possible, le Russe s’approcha de son homologue rwandais. Avec un ton très persuasif, l’ambassadeur russe commença à l’ensorceler avec des arguments en critiquant les idées que les pays occidentaux proposaient ; des idées répétitives déjà abordées dans la résolution n°2147 créée deux mois seulement auparavant. Le Rwandais analysait, approuvait mais surtout il hésitait, or le Russe pouvait lire sur le visage de son collègue rwandais l’influence des pays occidentaux qui l’absorbait. L’homme slave donna à son collègue rwandais une copie de sa résolution et celui-ci répondit : « Je l’analyserai et on verra… » Cette phrase dans le langage diplomatique voulait dire : « Désolé, mais je suis avec les autres. » C’était la triste condition diplomatique dans laquelle se trouvait la Russie ; toujours méprisée, toujours le méchant, toujours celui qui avait tort ! Mais l’ambassadeur de la Fédération de Russie

discours d’ouverture: discours en début de séance qui permet à un pays d’exprimer sa prise de position résolution: un document rédigé par plusieurs pays contenant des ordres, des remarques et des suggestions pour résoudre une affaire à l’échelle internationale. Pour soumettre une résolution, il faut au moins que cinq pays l’approuvent. 3 résolution n°2147: résolution à l’issue du Conseil de Sécurité en mars 2014 sur le sujet de la République démocratique du Congo. 1 2


4

LFAY

n’allait pas rester les bras croisés. Non ! Avec seulement trois pays coopérateurs, il put construire une résolution qui allait répondre à toutes les nécessités du peuple congolais tourmenté par la guerre. Il fallait travailler vite, pas de minutes à perdre ! On prit la résolution du délégué russe comme base qui traita les aspects humanitaires et d’infrastructures à long terme. On divisa l’équipe en deux ; les délégués sud-américains travaillaient sur le développement futur de la République démocratique du Congo, c’est-à-dire l’aspect économique. Les délégués russe et chinois travaillaient sur la question des « minerais de sang », et la contrebande des minerais précieux et hydrocarbures. Ces sujets n’étaient, en aucune circonstance, apparus dans la résolution officielle de l’ONU. Le quatuor international finit donc sa résolution après avoir fait des recherches lassantes, et veillant au respect du code de mise en page tourmenteur. Les signataires de la résolution, soumise par la Russie, étaient bien sûr l’Argentine, le Chili et la Chine avec même le Luxembourg, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Enfin, mais vraiment enfin, ce fut le moment que le Russe attendait ; le débat formel. C’est-à-dire, le moment où tous les délégués s’affrontent, attaquent la résolution des autres et défendent la leur. L’ambassadrice du Royaume-Uni commença à lire la résolution qu’elle avait créée avec son lobby clause par clause. Consultant la résolution 2147, le délégué russe commença déjà par cibler les causes répétitives énoncées par le Royaume Uni. Après la lecture de la résolution, l’Anglaise poursuivit avec un discours qui proposait au Conseil de voter en faveur de sa résolution. Ayant terminé, elle n’accepta pas de répondre à des points d’informations , un moment que le Russe voulait utiliser pour remettre en question les déclarations de l’ambassadrice anglaise. Par la suite, Mme la Présidente nomma l’ambassadeur des EtatsUnis pour citer son discours en faveur de la résolution. Celle-ci quitta son siège, et marcha lentement jusqu’au podium, les hauts talons de ses chaussures résonnèrent dans la salle comme si elle voulait déclarer au monde son omniprésence. Arrivée au podium, elle commença à prononcer son discours. Le Russe était toutes oreilles, se préparant pour ouvrir l’offensive contre l’Américaine. Ayant terminé sa déclaration, elle accepta de répondre aux points d’informations, le Russe tressaillait de joie. Quand Mme la Présidente demanda si un délégué avait un point d’information à déclarer, le Russe sursauta sur son siège comme un ours qui s’acharne sur sa proie, et prit donc la parole. Il commença par lui demander s’il était utile de débattre des clauses déjà traitées deux mois auparavant, si elle était consciente que sa résolution ne traitait pas la totalité des aspects humanitaires et d’infrastructures à long terme. Le Russe ressentit que l’Etatsunienne était plongée dans un trou interminable d’insécurité et pour aggraver sa situation, le Russe lit les clauses qui se trouvaient déjà dans la résolution 2147 mais qui se répétaient dans la résolution de l’Américaine point d’information: question posée par un autre délégué

4

afin de convaincre le Conseil de cette redondance. Ayant subi sans pitié l’inquisition russe, la déléguée étatsunienne retourna à sa place avec une furie monumentale, elle fit découvrir son visage mortel à l’ambassadeur russe, et sur ses yeux menaçants on pouvait lire : « Si je pouvais, je larguerais sur ton pays tout mon arsenal atomique ! » Le Russe lui répondit avec un petit sourire qui voulait dire : « Chérie, c’est moi qui est atomique… » Le diplomate slave continua son offensive en se présentant devant le Conseil pour annoncer son discours contre la résolution, et accepta de répondre à des points d’information. Avec la résolution 2147 en main, il renchérit sur l’absence d’innovation de l’autre parti. Le délégué russe cru qu’il avait bien mis dans la tête de toutes les personnes présentes le nombre 2147, or ce n’était pas vraiment le cas. Il soumit également des amendements pour éliminer les clauses répétitives ; quelques-unes furent éliminées mais, malgré les arguments, les preuves et le temps limité, le résultat obtenu ne satisfaisait pas le diplomate slave. Lors du vote pour l’adoption de la résolution, le Russe se trouva confronté à une situation professionnelle et morale ; soit voter contre la résolution qu’il jugeait presque inutile, qui comportait des clauses dans une résolution récente, soit voter pour car elle était créée avec de bonnes intentions et contenait des idées nobles quoique non-innovatrices. Dans une telle situation la solution la plus sage fut de s’abstenir ; voter ni pour, ni contre. Personne n’était contre la résolution, néanmoins, un nombre infime de pays se sont également abstenus ; par conséquent elle fut adoptée. On distribua la dernière résolution montée par la Russie, le Chili, l’Argentine et la Chine et ensuite on procéda au repas du midi. Pendant cette petite ellipse, le Russe relut sa résolution, notamment la partie construite par ses co-équipiers sud-américains. L’ambassadeur alla discuter avec ses collègues latino-américains et leur déclara qu’il allait amender leur résolution en éliminant les clauses répétitives. A cette déclaration, les Sud-américains sursautèrent de surprise et demandèrent des explications. L’homme russe comprit la réaction des deux ambassadeurs, néanmoins il leur expliqua que si leurs clauses n’étaient pas éliminées, alors le lobby rival les utiliserait contre la résolution. Il savait qu’au moment où il était en train de faire face à cet évènement inattendu, le lobby rival, notamment les Etats-Unis et le Luxembourg, forgeait une attaque contre sa résolution. L’ambassadeur du Chili était furieuse envers son homologue russe mais elle céda. Pour la concilier, l’ambassadeur russe lui expliqua que lors du débat, elle avait tout à fait le droit de voter contre ces décisions car la résolution représentait les intérêts de tous les membres du groupe pour répondre à la crise en question. 1h30, le soleil sorti de sa cachette nuageuse, l’ambassadeur de la Fédération de Russie avait préparé pendant l’heure du repas tous les arguments, défenses ainsi que des contre-attaques afin


LFAY

de riposter à l’offensive du rival qui avait une heure pour se préparer. Le deuxième « round » de négociations allait débuter. Deux lutteuses approchaient de l’arène diplomatique, c’étaient les déléguées des Etats-Unis et du Luxembourg. Elles marchaient avec confiance et détermination, sur leur visage de femme se peignait un sourire qui ressemblait au croissant de lune. Elles avaient une énorme certitude de leur victoire et humiliation sur leur rival. Ce qu’elles ne savaient pas c’était l’anticipation du Russe de toute leur offensive. Comme l’a dit Sun Tzu dans L’art de la guerre : « Si tu connais ton ennemi et que tu te connais toimême, n’aie aucune crainte pour les mille batailles qui viendront. »

Le débat informel À gauche, les pays contruisant la première résolution, à droite les pays étayant la deuxième

Quand le match des mots commença, c’était au tour de Tran Thanh Mai d’assumer le rôle de l’arbitre. Mme la Présidente désigna alors le délégué de la Fédération de Russie pour lire sa résolution. Clause par clause il lit la résolution. Ayant terminé de la lire, il improvisa par la suite son discours et se déclara ouvert à tout point d’information. La déléguée du Luxembourg commença l’attaque ; elle commença à utiliser les mêmes arguments que le Russe contre la propre résolution de ce dernier en citant même les clauses de la résolution 2147 qui se trouvaient dans le document en débat. L’ambassadeur des Etats-Unis sentait la victoire, elle s’imaginait qu’elle appuyait sur le bouton pour envoyer ses missiles atomiques sur la Russie. Ayant prévu l’attaque, l’ambassadeur russe mit un sourire et dit : « Le délégué de la Russie est tout à fait d’accord avec la délégué du Luxembourg, et proposera même de les faire supprimer ». Ceci créa du sursaut dans le Conseil et de la froideur dans la déléguée du Chili. Selon les anticipations du Russe, cette simple phrase détruisit au moins un peu plus de 50% de l’offensive du parti rival ; cette phrase a permis de dévier le débat en faveur du Russe. Néanmoins l’autre partie de l’offensive lui était encore un peu obscure. Ce fut la fin de l’offensive américanoluxembourgeoise. Un autre grand diplomate, l’ambassadeur du Rwanda, prit la parole pour questionner la Russie sur une clause qui dénonçait son gouvernement pour blanchissement des minerais de contrebande, en affirmant que le Rwanda avait contribué au combat des frontières entre son pays et la République démocratique du Congo. Néanmoins le délégué russe répondit : «

5

C’est une ONG qui vous a dénoncé, et non pas les gouvernements qui ont rédigé la résolution. Mais on prend en compte cette dénonciation. Néanmoins si le Gouvernement rwandais se déclare innocent, le délégué du Rwanda ne devrait avoir aucune crainte si l’ONU ouvre une investigation sur ce sujet. » Le Russe sentait que le Rwandais allait riposter avec un argument du style : « Ce que propose le délégué du Russie est tout à fait inutile. » Ce qui fut presque le cas, le Rwandais poursuivit : « Le délégué de la Russie n’est-il pas conscient que de telles solutions vont coûter d’énormes sommes d’argent ? » Il fallait exterminer l’africain et il répondit : « De l’argent ? Mais l’argent c’est ce qu’il manque le moins! L’ONU a d’énormes quantités d’argent ! Le délégué de la Russie est en train de comprendre alors que le délégué du Rwanda est en train de dire que l’ONU est une institution incapable qui ne sert à rien. » Le Rwandais fut choqué, il ne s’attendait pas à une telle contre attaque ; le chasseur était devenu le chassé. Finalement quand personne n’avait plus rien à contredire, le Russe reprit sa place. A cause du manque de temps pour débattre, Mme la Présidente voulut faire passer les discours contre la résolution défendue par le Russe. L’ambassadeur d’Australie monta sur le podium et fit ses déclarations. Il remit en question une clause qu’il jugeait trop superficielle ainsi que presque utopique ; celle-ci demandait à ce que la population de la région tourmentée par le conflit puisse obtenir un accès total à l’eau. Après une discussion étendue, le Russe approuva que de la précision n’affecterait pas sa résolution, au contraire, elle l’améliorait beaucoup. Un amendement fut soumis à la présidence par rapport au sujet de l’accès total à l’eau et fut approuvé. Après un dernier amendement par le Nigéria, on commença à voter. Le Russe voulait encore une fois s’adresser au Conseil de Sécurité afin que les membres puissent voter en faveur de ses amendements, mais le temps ne le lui avait pas permis. Finalement pour terminer le débat, on procéda à l’adoption de la résolution ; 0 vote d’abstention, 12 votes pour et 0 contre. Tous les membres du Conseil votèrent la résolution.

“l’offensive americano-luxembourgeoise”


6

LFAY

Pour le Russe, ce fut un succès malgré les amendements qui ne furent pas adoptés ou supprimés selon la volonté de ce dernier.

De gauche à droite: la Chine, la Russie, le Chili et l’Argentine

Pour clore la conférence, on procéda à la cérémonie des diplômes. Même si celle-ci ne fut pas très cérémonieuse, chaque délégué reçut son diplôme de participation. Par la suite les présidentes attribuèrent à deux délégués des diplômes spéciaux ; la déléguée du Royaume-Uni reçut le prix du délégué le plus diplomatique et le délégué du plus grand pays du monde reçu le prix du meilleur délégué. Pour respecter la tradition du MNU, les Présidentes demandèrent de voter pour les délégués les mieux vêtus. Ce prix fut attribué au délégué des Etats-Unis dans la catégorie femme et pour la catégorie homme ce fut le délégué, croyez-le ou pas, le délégué de la Fédération de Russie. On continua avec des prix rigolos comme le prix des délégués qui semblent faire un bon couple, décerné à Bui Le Huy et Nguyen Minh Chau, le prix du délégué qui représentait le mieux son pays, décerné au délégué du Rwanda. Mais le prix le plus bizarre fut celui du prix du délégué le plus irritant, les lecteurs ne devraient pas trouver de difficulté pour cibler cette personne. C’était en effet son excellence l’ambassadeur de la Fédération de Russie, fier d’avoir représenté son chef bien aimé … Vladimir Poutine ! - Martin Munoz Ledo (Photos par Le Hoang Bao Khanh)

Photo de groupe avant que les délégués repartent en cours


HANOI

7

Courir apres le bonheur : un mince exploit ! 24h vous emmènent loin… Le 30 avril a vu un coureur à pied vietnamien relever le défi suivant : courir la plus grande distance possible en 24h au parc Thong Nhat (parc de la Réunification). Une prouesse aussi prodigieuse que gentiment absurde...

Avec 176km de distance totale parcourue, Cao Ngoc Ha franchit le seuil important des 100 Miles (160 km), quoiqu’il ne soit pas parvenu à atteindre son objectif de 200 km. Accompagné de son « équipe d’intervenants », qui ont assumé leur rôle jusqu’à la dernière seconde, toujours en train de courir avec lui, de l’approvisionner en nourriture et en boisson, Ha finit son ultra marathon le 1er mai à minuit, avec un grand sourire de champion, qui transperce la nuit humide, à peine éclairée par des réverbères.

après avoir trouvé des amis « qui partagent cette même passion ». Notons qu’il a décroché le premier prix dès sa première participation au Semi-marathon annuel des Red River Runners à UNIS l’année dernière.

Le coureur était à mi-chemin de son défi lors de notre interview. N’ayant qu’un temps limité de repos, à savoir 10 minutes après un certain nombre de tours, il répond aux questions, tout en se ravitaillant d’un morceau de pain au blé complet. A midi, le soleil réapparu semble faire Nous voudrions penser qu’une raison se cache oublier que Ha a déjà traversé la première moitié du trajet derrière cela. Espère-t-il sensibiliser les Vietnamiens à une sous l’averse la nuit, couvrant ainsi 106 km. Pourtant, il cause ? Il s’avère que Ha le fait pour son propre plaisir, explique que le plus difficile a été ses chaussures trop minces « Mon travail quotidien est très ennuyeux, donc courir me – qu’il a désormais changées – de sorte que chaque permet de soulager mon stress », explique-t-il. Ayant pas lui provoquait « une douleur extrêmement vive, ce qui effectué 80 fois le même chemin sans arrêt, les mêmes augmentait le désir d’abandonner à plusieurs moments. Avec images défilant à chaque tour à vous donner le vertige, une expression souriante qui se défend de trahir le moindre serait-ce la définition du « plaisir » des coureurs de longue signe de fatigue, un membre de l’équipe de soutien – nommé distance ? Ha a de la chance de ne pas être tombé dans les Dung – n’a pas eu tort de plaisanter sur le fait que Ha est pommes, alors qu’il n’a eu qu’une heure de sommeil avant né en 1982 mais court comme s’il était né en 1992. Tout son l’épreuve. physique rappelle celui d’un athlète professionnel : maigre aux os saillants, toute trace de graisse réprimée, et les Jusqu’où alors cette activité procure-t-elle une muscles en relief juste aux bons endroits. L’équipe de soutien le matin du 1er mai satisfaction personnelle ? La théorie du Runner’s High (Euphorie du coureur) énonce que le sport, et plus particulièrement la course de longue distance, à haute intensité, crée le sentiment de planer. Ha plane-t-il pour autant ? Pas tout à fait. Il avoue qu’après l’effort, il s’est senti dispos, léger, éprouvant du plaisir. Si le coureur lui-même ne parvient pas à l’identifier, alors ce Runner’s High est-il un mythe ou une réalité ? A part son expérience avec l’équipe d’athlétisme au lycée, treize années auparavant, Ha ne s’est jamais adonné à la course à pied régulièrement jusqu’en novembre 2013,

© Vu Hy Facebook : Hội những người thích chạy đường dài


HANOI

8

Alexandrins : Y-aurait-il une blessure qui vous arrêterait ? Ha : Une fois que l’on fait ce genre de course, on ne pense pas à cela. © Luc Phuong Anh Facebook : Hội những người thích chạy đường dài

Cependant, au bout de vingt-et-une heures d’effort, sa tactique de « somnambulisme » se révèle inefficace. « Il était trop épuisé, il n’en pouvait plus. Donc de 8h à 10h environ, il a dû rattraper son sommeil », a confié Dung. D’ailleurs, sur la page FB dédié au Groupe de personnes aimant les courses longues distances (Hôi nhung nguoi thích chay duong dài), Ha commente : « Le but principal dans l’épreuve de 24h est de mesurer la distance que l’on peut effectuer en 24h, mais pas forcément sans dormir. D’ailleurs, j’avais les pieds qui me faisaient mal ; à quoi cela servirait-t-il de rester éveillé si l’on ne pouvait pas courir, d’autant plus que dormir est très bon pour la récupération. » © Ngo Huong Giang

Le coureur heureux avec son bol de nouilles instantannées au repos

Alexandrins : Avez-vous des « mantras » personnels qui vous aident pendant l’effort ? Ha : Bien sûr ! Quand je suis au milieu du tour, je me dis « allez, juste un dernier tour ! ». Je me concentre toujours sur le tour que je dois compléter à ce moment-là et surtout ne pas trop réfléchir au trajet et aux heures qui restent encore devant moi, ce qui rendrait l’effort plus difficile. Alexandrins : Le manque de sommeil vous a-t-il affecté ? Ha : Evidemment. La nuit, j’ai couru en dormant. Mais pendant deux périodes, pas toute la nuit bien sûr, sinon, cela se serait mal passé (rires). © Nguyen Tien Dat Facebook : Hội những người thích chạy đường dài

Ha dort dans un environnement calme le soir au parc.

Sa force mentale se traduit d’autant plus par sa détermination. En effet, les ampoules sur ses orteils, tous recouverts d’un pansement ne l’ont pas empêché de courir.

A 22h, Ha repart et voit plus que jamais la fin approcher et toute l’équipe a les jambes flageolantes. Mais l’annonce du dernier tour leur insuffle de la force dans les jambes, dans un sprint brutal de plus de 17km à l’heure. La joie de l’endurance ou de la dernière ligne droite ? Ha, loin de s’effondrer, refuse l’offre de ses amis de le ramener chez lui en voiture, et opte pour son vélo. Il est conseillé aux marathoniens normaux de prendre au moins quelques jours de repos. Pourtant, notre ultra-marathonien semble s’y opposer en courant 8,4km le lendemain soir, sous prétexte qu’il s’agit d’une récupération active, qui lui permet en même temps de vérifier s’il a contracté une blessure importante. Il répond dans l’entretien post-épreuve qu’« heureusement que je n’ai que des courbatures au niveau des muscles fessiers ».

Certes, ce n’est pas le pire endroit où il puisse avoir Alexandrins : Comment vous y êtes vous pris pour faire mal… cela ? Que compte-t-il effectuer après ce challenge ? Ha Ha : Je ferme les yeux pendant un instant, tout en courant. vient de déménager aux Etats Unis et est presque sûr de Nous laissant méditer sur sa technique pionnière, Ha se lève participer aux marathons de Chicago et de Boston. Il prévoit promptement, sans chanceler, pour se lancer de nouveau même une course de 36 heures en décembre, comme quoi dans le chemin répétitif autour du parc, avec une vitesse nous nous demandons si l’athlète ne courra pas le risque de plus de 9km/h. Et comme l’athlète lui-même le déclare d’ hyper euphorie… : «Une fois en mode de course, on continue en serrant les dents, et on s’occupe des autres choses après. » - Ngo Huong Giang


HANOI

9

Les Hanoiens s’abonnent à la santé Les clients qui fréquentent la librairie de Trang Tien sont au courant de la transformation de ce bâtiment il y a moins d’un an. À la place de l’habituelle papeterie remplie d’élèves en uniforme au troisième étage, les familiers découvrent à présent une salle de gym bondée de personnes pédalant à toute vitesse sur un vélo stationnaire. Cela fait un moment déjà que ce phénomène se reproduit dans tous les recoins de Hanoi. Fff. Fff. Fff. À intervalles réguliers, la respiration des athlètes amateurs comble le silence de la grande salle de gym aux grandes vitres brillantes. Elle se mêle au bruit sonore des gorgées d’eau essoufflées de ceux qui achèvent à l’instant leur routine. Personne n’en est probablement perturbé, puisque tous se perdent dans la musique électro en provenance des écouteurs suspendus sur leurs oreilles. Plus loin, les dos se courbent et les muscles se tendent sous des poids. Des jambes chaussées de Nike courent sur le tapis roulant, pas une seule indication qu’elles se lassent et s’arrêteront bientôt. Les lumières fluorescentes éclairent la fatigue crispant les visages et les débardeurs s’imbibant de sueur, se collant sur les poitrines haletantes. Telle est la scène qu’offre une salle de sport. Depuis 2010, les Hanoïens sont spectateurs d’une multiplication effrénée des clubs de gym dans leur ville. Pour beaucoup, ces lieux deviennent aussi familiers que le lieu de résidence ou le lieu de travail. Ils apparaissent, nombreux, aux intersections des rues, entre deux boutiques de vêtements, ou s’étalent sur la totalité d’un étage d’un centre commercial. Il en existe de toute sorte pour toute clientèle : pour les adolescents, pour les adultes, pour ceux qui ont de l’argent en abondance à dépenser, pour ceux qui sont limités par un budget. Avec la variété des salles aujourd’hui, tout le monde peut tirer profit des services les plus basiques qu’elles peuvent offrir. Elles se différencient notamment par leurs services complémentaires, par exemple être guidé par un professionnel au quotidien, avoir accès à une piscine couverte ou des rafraîchissements sur place. Certaines offrent aussi des cours de Yoga, où, dans un endroit isolé du club de gym, les femmes se détendent en s’immobilisant dans des positions incroyables où jambes et bras et cou s’entrecroisent. Effectivement, les salles de sport se portent bien, attirant la population comme un aimant et se multipliant dans tous les arrondissements de la capitale à la vitesse de la lumière. Mais alors, pourquoi avoir choisi les salles de gym ? N’est-ce pas plus économe et plus pratique de s’entraîner à la maison ? Ou courir dehors, autour des lacs dont ne manque pas Hanoi ? Le gérant du centre Elite Fitness Ben Dô cite une étude conduite par des scientifiques américains en 2013 pour répondre à ces questions. « En réalité, les résultats des entraînements s’améliorent lorsqu’on les fait avec quelqu’un d’autre. Travailler avec une personne qui partage les mêmes

buts augmente la motivation et pousse à se perfectionner. » May Doan, élève de Première ES, confirme ce constat : « Regarder les autres s’entraîner autour de moi me met dans l’ambiance, ils aspirent à la même chose que moi et je veux les imiter. » Sa camarade de classe, Uyen Nguyen, ajoute que courir dehors est « beaucoup trop dangereux » et qu’il existe « des obstacles, par exemple un trottoir mal bâti ou des gros chiens qui empêchent de se concentrer et être tranquille pour s’exercer. » Par chance, j’ai rencontré Bao Ngoc, une ancienne élève de filière S du Lycée français Alexandre Yersin qui, finissant sa séance d’entraînement à Elite Fitness, n’était que trop disposée à répondre à mes questions. « Puisque tu as payé une somme considérable pour la carte d’adhésion, tu as plus de discipline, tu viens t’entraîner plus régulièrement pour ne pas gaspiller cet argent, affirme-t-elle. Enfin, je trouve aussi que c’est un moyen d’élargir mon réseau social. Je peux rencontrer beaucoup de personnes intéressantes dans les salles de gym, des personnes que je n’aurais pas l’occasion de connaître si je reste dans ma sphère amicale et professionnelle. » En effet, pendant les pauses, les gens s’éparpillent, font connaissance et se regroupent pour partager leurs expériences à la gym et pour discuter, en fonction de l’âge, du dernière tube d’Eminem ou de la hausse du prix de l’essence. Un entraîneur au centre NShape Fitness révèle que les clients se rendent à la gym pour les équipements de gymnastique—exerciseurs elliptiques, tapis roulant, machines de musculation pour en nommer quelques uns. Selon lui, « ces machines augmentent la productivité et permettent d’atteindre les objectifs plus rapidement que les simples pompes à la maison. » Jonathan Renard, élève de 1ère S au lycée, indique que « les exercices sont plus variés dans une salle de gym. » On ne voit jamais de concentration de personnes dans la zone destinée aux vélos elliptiques ou dans celle destinée aux rameurs, mais plutôt une dizaine ici et une douzaine là. Une heure plus tard, ces deux zones s’échangeront leurs effectifs. Peu à peu, les salles de gym augmentent en nombre et grignotent de plus en plus d’espaces dans une ville déjà bien pleine. M. Ben Dô déclare : « Une des principales préoccupations d’aujourd’hui est la santé. Tout le monde s’attache à avoir une bonne santé, qui permettrait de mieux travailler et de profiter de la vie. Aller à la gym est alors une bonne solution. Les salles de gym répondent simplement aux


10

HANOI

besoins naissants de la communauté. » Mme Nguyen Minh Ha, cliente chez California Fitness and Yoga Center, renchérit : « Si on n’est pas en forme, on ne peut rien faire aujourd’hui. Notre monde mettant un accent sur le travail qui s’avère exténuant, les activités physiques à la gym réduisent également le stress. » © Doan Chan May

Bao Ngoc ajoute : « Après la santé, c’est le désir de s’embellir qui incite les gens à s’entraîner. On attend des changements physiques : on espère maigrir, prendre du muscle et se tonifier. » De même, Jonathan Renard affirme que les changements dû aux entraînements à la gym lui donnent plus de confiance en terme d’apparence. Le marché de la remise en forme à Hanoi ne semble pas près de s’essouffler avec de plus en plus adhérents. Le réseau Elite Fitness vient d’inaugurer son cinquième centre sur les hauteurs du Vincom tandis que la salle Fusion BodyWorks, plus modeste, continue à accueillir en moyenne 100 clients chaque mois. C’est le cas pour la majorité des salles de sports, et la compétition est acharnée entre celles-ci pour les mentions « meilleurs équipements », « meilleur service à la clientèle », « le plus de succursales », ce qui ne peut que profiter à la population hanoïenne. -Le Hoang Bao Khanh-

A la gym, les doigts travaillent aussi.

Qui d’autre connaît mieux Hanoï et toutes ses rues que ceux qui y errent à longueur de journée ? Peu de personnes, sans doute, peuvent mieux vivre la ville que les chauffeurs de taxis. Ceux qui bravent les embouteillages et les policiers pour traverser la ville d’un bout à l’autre. Ceux dont le travail est de rencontrer et servir hanoïen après hanoïen. Ecoutons leurs histoires. 5 heures de l’après-midi : les véhicules grouillent et la rue est bondée. Un taxi, pourtant, erre tranquillement. Le regard du chauffeur se promène sur les piétons, cherchant un client possible. Derrière lui, le frein d’une autre voiture crisse. Sans doute, derrière le volant, quelqu’un jure, priant le chauffeur de taxi d’accélérer. Celui-ci l’ignore. Ayant aperçu une jeune femme sur le trottoir se dirigeant avec des pas certains vers la route, il ralentit davantage. La voiture derrière crie de nouveau, plus violemment. Crie encore. Et encore. Le taxi n’a d’autre choix que d’avancer un peu plus rapidement, dépassant légèrement le chemin droit dans lequel s’avance la cliente. Celle-ci saute du trottoir, se faufile entre les véhicules… et rentre dans un autre taxi, plus près d’elle. La voiture hurle encore, et le chauffeur de taxi sans client, résigné, accélère.

Pas simple, d’être un chauffeur de taxi. La lutte pour la clientèle s’aggrave, d’un jour à l’autre. M. Duong Anh, qui travaille pour le groupe ABC depuis 7 ans, nous en révèle la cause : l’augmentation des marques. « Avant, si je me souviens bien, il n’y avait qu’une dizaine de marques de taxi à Hanoi. Récemment, j’ai lu un article disant qu’il en existe maintenant environ 165 différentes ! » Cette lutte qui s’intensifie n’est que rarement agréable, mais chacun la vit à sa manière… « Plus de marques, moins de clients ? » Hoang travaille depuis 3 ans pour le groupe Mai Linh. Il s’agit sans doute du plus grand groupe de taxis au Vietnam, qui déploie ses véhicules dans toutes les grandes villes du pays, y compris bien sûr la capitale où il domine avec ses voitures


HANOI vertes. À l’intérieur des Mai Linh, y compris la voiture de Hoang, les fenêtres de derrière sont recouvertes de règlements, rappelant aux clients d’éviter les oublis, un autocollant avec le numéro du taxi en vert est placé sur la vitre, et une photo du chauffeur, au visage solennel, en chemise et cravate, est positionnée au-dessus du taximètre ; le tout pour donner une impression de légitimité à la marque. Très peu de personnalisation de la part du chauffeur : seulement une bouteille de La Vie pour se déshydrater. Tout pour une apparence professionnelle. Et pourtant, malgré l’estime auprès des clients que Mai Linh construit grâce à cette discipline, ce n’est pas facile pour Hoang de gagner sa croûte sous cette marque. « La compétition est intense car il y a trop de voitures, se plaint-il. Or il y a de moins en moins de clients, parce qu’on vit une période difficile en ce moment. » Bui Huy Hoang, chauffeur de taxi pour Taxi Vic, opine de même sur la recherche difficile des clients. « La vie dans ce métier est dure, il faut que je travaille 12 heures par jour. » Cette fatigue paraît évidente à la vue des longues files de taxis garés à midi dans les petites ruelles, hors de la vue des policiers. Les chauffeurs, à l’intérieur, font la sieste, ouvrant la fenêtre et leurs jambes pendant hors du véhicule. Mais certains portent un regard plus positif. M. Duc, chauffeur de taxi de Taxi Group, l’un des deux grands groupes de Taxi avec Mai Linh, trouve que les nouvelles marques qui apparaissent ne sont pas des rivaux considérables. « Souvent, les clients veulent prendre un taxi connu pour des raisons de sécurité : ils ont peur d’être arnaqués, ou kidnappés. Je ne crains que la compétition avec les grandes marques comme ABC, Thanh Nga… » D’ailleurs, selon lui, le nombre de clients n’a pas diminué sur la décennie pendant laquelle il a travaillé comme chauffeur : « Avant, peu de gens prenaient le taxi, uniquement les gens riches. Les autres se déplaçaient en vélo ou en bus car ils ne voulaient pas dépenser trop d’argent. Maintenant, le prix du taxi n’est pas trop cher ; tout le monde peut le prendre ! » L’augmentation des taxis, dans cette perspective, ne serait alors que la réponse à une demande croissante des Hanoïens. Si les chauffeurs rencontrés ne sont pas du même avis sur la facilité d’obtenir des clients, au moins opinent-ils tous pour affirmer que ces derniers sont généralement respectueux du chauffeur, et suivent les règles, telle que l’interdiction de fumer. Des clients assez dangereux peuvent toutefois survenir le soir à Hanoi, raconte Huy Hoang : « Ils sont parfois tellement saouls, ou du type gangster, et ne payent pas. » Mais il s’agit d’exceptions, et non pas de la norme.

11

revenu. » Le taxi hanoïen peut facilement se fondre dans le paysage automobile banal.

© To Thu Phuong

Parmi les autres problèmes urbains naissant à Hanoi : les policiers, ceux qui tentent de réguler une circulation de plus en plus agitée. Les chauffeurs de taxi sont réputés pour être des conducteurs dangereux selon les autorités, tordant les règles de conduite routière pour servir leurs fins commerciales. Les chauffeurs, eux, envisagent les policiers comme une réincarnation du mal cherchant simplement à extorquer une somme considérable d’argent par des règles draconiennes. « Ils nous accordent à peine des rues à Hanoi où on peut s’arrêter pour laisser les clients débarquer, et pour cela je me fais souvent arrêter par la police…, avoue Hoang. D’ailleurs, puisqu’il n’existe pas de lieu d’arrêt fixe, je dois me déplacer de manière inutile sur une grande distance en attendant un client qui appelle et qui tarde à apparaître. » Ce qui entraîne un gaspillage considérable d’essence, donc d’argent pour un chauffeur qui se débat déjà avec les questions financières. Pour contourner les lois routières, plusieurs techniques doivent être maîtrisées. Dans la rue Ly Quoc Su, l’une des rues où il est interdit de s’arrêter et de se garer, un taxi clignote comme si le véhicule souffrait d’un problème mécanique. En un clin d’œil, la voiture s’arrête, avant qu’un client n’en descende en un éclair. Immédiatement, la voiture reprend le chemin. Bien sûr, la discrétion ne doit pas manquer pour ces « ruses ». Si, par malheur, un officier repère le taxi, les techniques de négociation doivent tout de suite être mises en jeu. Toute sanction financière, même peu fréquente, laisse une marque considérable sur le salaire du mois du chauffeur. Ainsi ne paraît-il pas surprenant que les provinces, où la vie est moins chère, manquent aux chauffeurs non-originaires de Hanoi. « Pour gagner de l’argent, c’est évidemment mieux de rester à Hanoi, mais chez moi, à la campagne, on profite mieux de la vie », déclare Hoang. Huy Hoang, qui rencontre pas mal d’obstacles dans sa carrière de chauffeur, avoue qu’il succombe aux vices de Hanoi. « Je partage un appartement avec d’autres conducteurs, et parfois, nous nous perdons tous dans des activités illégales comme les jeux d’argent… » Mais l’expérience peut différer. Si Huy Hoang vit assez mal sa vie de chauffeur à Hanoi, An Thanh, lui, reste l’optimiste Une ville qui grandit du groupe. « Je suis fier d’être chauffeur de taxi : je gagne ma Si le nombre de marques de taxi augmente, c’est qu’il croûte en travaillant réellement. Je fais un effort pour repérer traduit une expansion rapide de la ville elle-même, fait tout à les moments où les clients sont propices. Ma famille est fait connu des chauffeurs de taxi aussi bien que de tout habitant heureuse, j’ai un revenu stable. Je suis né à Hanoi, et j’ai de Hanoi. Les problèmes routiers concomitants ne surprennent totalement envie d’y rester, sans changer de personne non plus. « Le trafic routier est très difficile, partage profession. » Hanoi, de tous ces témoignages, semble présenter Huy Hoang. Le bâti à Hanoi change si vite que ça me donne le deux façades : d’abord une ville pleine à craquer qui fait vertige. Beaucoup de projets en construction sont abandonnés suffoquer les chauffeurs luttant dans ses routes infernales ; puis à mi-chemin, et très peu de nouveaux clients naissent donc de une ville qui s’épanouit, qui grandit, qui multiplie les ces projets. » Toutefois, Nguyen An Thanh, conducteur pour opportunités par sa croissance. Sans doute faut-il de l’habileté Hanoi Group, est d’une opinion complètement contraire. « Même si les déplacements au sein de Hanoi sont de plus en pour un chauffeur de taxi pour voir la deuxième façade. plus difficiles à cause du trafic, le nombre croissant d’habitats - Vu Yen Ba et l’expansion de la ville constituent de nouvelles sources de


12

HANOI

Les Hanoiens connaissent bien le climat qui change sans cesse de leur ville. Le tempérament de la capitale fait souvent l’objet d’inquiétude des habitants, et la météo se révèle un sujet de conversation particulièrement passionnant chez eux. A la suite d’un Têt particulièrement chaud, suivi de la plus longue période d’humidité que Hanoi n’ait jamais connue, le climat de la capitale devient rapidement le thème le plus discuté entre proches.

U

n jour, nous nous hasardons à faire remarquer le beau temps de Hanoi à la famille Nguyen, aimable, accueillante et une des nombreuses victimes du climat hanoien.

La grand-mère se montre optimiste : « C’est vrai qu’il fait beaucoup moins humide que le mois dernier. Ma gorge commençait à en souffrir énormément. » Elle tousse une, deux, trois fois pour souligner son propos. Le grand-père, qui prend un plaisir fou à éduquer la grandmère dans tout domaine, déclare: « Tu appelles ca une bonne nouvelle? Le temps sec qu’il fait maintenant, moi, je n’en veux pas. Ma peau craque sous le soleil, je ne peux même plus aller dehors pour prendre une tasse de thé chez les voisins! » Il se met alors à se frotter doucement le visage, et se vêt d’une mine de douleur digne d’un acteur de cinéma. « Bah, sécheresse ou humidité, c’est la même chose, ricane l’oncle, en désignant les remontées capillaires qui envahissaient peu à peu nos murs. Mais il faut avouer que l’humidité gâche drôlement le décor. » Toute la famille frémit devant les moisissures qui jouent désormais le rôle de papier peint de leur maison. Et ce n’est pas seulement les murs qui sont détruits: les meilleures paires de chaussures sont graduellement sacrifiées sur l’autel de ce temps atroce, et sur tous les vêtements apparaissent des taches. Le seul avantage de l’humidité? Le sol devient tellement glissant que l’on se croit constamment sur une patinoire. La mère, elle, acquiesce. Elle fait remarquer que Hanoi n’a que deux saisons : Une saison humide, une saison sèche. Mais les saisons en elle même ne sont pas le problème. « Les Hanoiens ont survécu à pire. C’est le changement brusque entre deux périodes si extrêmes qui causent des dégâts. » Elle fait une liste : les toux de grand-mère, la peau sèche de grand-père, les murs ornés de moisissures « Sans parler de mes cheveux ! Impossible de les dompter sous cette humidité, et je perds chaque mois une fortune pour obtenir une coiffure qui ne ressemble pas à un nid. » Ajoutons tout de même un autre des grands problèmes de ces transitions : les coupures d’électricité. Face à cela, la coiffure paraît être un problème mineur. A chaque fois qu’il y a une coupure, la vie devient une catastrophe. En observant autour de nous, il est facile de voir que notre humeur devient épouvantable. De plus, la chaleur nous conquiert, tout le monde devient agressif, tout le monde a une peau brillante comme du diamant, tout le monde se plaint et on entend le son des feuilles en guise d’éventails en papier. Il est plus difficile de se concentrer, de parler ou même de bouger. La situation devient encore plus mauvaise quand on ne peut

Illustration par Reeshva Neesha plus charger nos téléphones, nos iPods, nos iPads et qu’on est obligé de regarder les écrans s’éteindre, un à un, misérable dans notre impuissance. Pouvez-vous vous représenter cette image horrible dans vos têtes ? Beaucoup ont la même idée. Certains disent qu’ils dormiraient, prendraient une douche, boiraient de l’eau froide, d’autres disent qu’ils sortiraient de chez eux, resteraient immobiles à imaginer être au Pôle Nord pour avoir une sensation de fraicheur. Pourtant, ces méthodes ne peuvent pas toujours nous aider à éviter cette hantise, nous sommes encore touchés par la contrainte de ne pas avoir la motivation de faire quoi que ce soit lorsque nous travaillons ou étudions. La grand-mère essaye de voir le bon côté des choses. « Au moins, il fait plus frais qu’avant. A ton âge, je me brûlais dans la chaleur, et il n’y avait pas de climatisation, comme maintenant. L’humidité n’améliorait pas les choses non plus, et les enfants suaient partout dans la rue. » Le grand-père lance, moqueur : « Tu te trompes sincèrement si tu penses qu’il faisait moins frais avant, ma chère. La température mondiale – oui, pas seulement celle de Hanoi - a augmenté à une vitesse agaçante depuis, et je peux te désigner le coupable : ta climatisation. » Il obtient des « hmmm » approbateurs de la part de son public, et grand-mère se résout à ne plus jamais prendre la parole devant grandpère. Après un moment de silence, le père conclut que les changements climatiques sur la planète sont entièrement de notre faute. « Votre mode de vie, les enfants, votre mode de vie endommage cette planète énormément. » Ainsi, il se perdit dans un long discours sur le réchauffement climatique, les effets de l’Homme sur le réchauffement climatique, et ce que nous devons faire pour éviter le réchauffement climatique en tant que bons citoyens. « Economisez de l’énergie, tout le monde. Ne soyez pas dépendants des nouvelles inventions comme la climatisation, etc. Il faut surtout que vous compreniez l’issue. Prendre conscience du problème est la première étape vers sa résolution. » Et tout ensemble, nous hochons la tête sagement, nos cheveux baignant dans le vent des ventilateurs qui fonctionnent à leur capacité maximale. - Nguyen Phuong Thao et Nguyen Vuong Mai -


LE MONDE

Il est parfois important de faire une pause au milieu du tumulte de la technologie moderne, et d’essayer de voir les problèmes à travers les yeux de la future génération.

Source: http://en.wikipedia.org/wiki/ File:AmandaToddVideo.jpg

Avec l’utilisation permanente des nouvelles technologies de communication, la violence peut se retrouver sur Internet. On parle alors de cyber-harcèlement. La victime perçoit le cyberharcèlement comme pire que le « classique » (dans la cour de récréation, dans la rue…), surtout si le harceleur reste anonyme. Dans les deux cas, les victimes peuvent connaître des situations graves. Elles ont peur et deviennent dépressives. « Je ne me serais pas suicidé […], la mort est une solution permanente à un problème temporaire. » « J’aurais prévenu mes parents et la police. » (Céline) Tel était le profil de la plupart des réponses des élèves de 5ème B à la question suivante : Que feriez-vous dans le cas d’Amanda Todd ? Celle-ci était une adolescente canadienne qui s’est suicidée en 2012, à la suite de trois années de cyber harcèlement et bien qu’elle ait suivi une psychothérapie et ait été hospitalisée Elle a posté quelques mois avant son décès une vidéo sur YouTube racontant ce qu’elle a vécu. Le mois dernier, un homme néerlandais soupçonné du harcèlement d’Amanda a été interpellé aux Pays-Bas.

Capture d’écran de la vidéo sur YouTube

parait presque inébranlable : « Si cette fille s’est suicidée, ça prouve malheureusement qu’e lle n’était pas assez courageuse. » (Thien) ou « Le suicide n’est pas nécessaire et ne le sera jamais […], Le harceleur ne connaîtra rien sur moi et rien ne pourra m’offenser. » Enfin, presque tous se réfèrent à leurs proches, ou la police, ou le CPE pour leur venir en aide. Théoriquement, les 5èmes ont bien en tête ce qu’il faudrait faire, et parlent même de « retrouver » le harceleur et de « lutter » contre lui. « Peut-être qu’une partie de cette situation est la faute d’Amanda ? » Quoique toute la classe ne connaisse pas toute la portée de la situation de cette jeune fille, certains élèves ont simplement oublié le fait que si l’adolescente a reçu un traitement psychologique et qu’elle a changé d’école plusieurs fois, cela signifie que ses parents connaissaient le problème. Ces réponses soulignent-elles notre impuissance à tous, si nous étions vraiment sous pression ? D’autant plus que trois personnes ont suggéré de déménager dans un autre pays ou de ne plus aller à l’école… D’autre part, un élève qui souhaite rester anonyme dans le lycée a été cyber harcelé. « Je jouais sur un site. Et puis un jour, on a hacké mon compte. Cette personne commença à insulter les modérateurs, alors ils me bannirent. J’ai ressenti de la haine envers le hacker, je sentais que ceci était injuste puisque je n’avais rien fait et ensuite de l’acceptation. », confie-t-il. C’est pourquoi les 5èmes vous invitent à agir avant qu’il ne soit trop tard. 40% des élèves déclarent avoir été victimes d’une agression en ligne ; 26% des situations traitées en 2012 par le numéro vert national en France pour la protection des mineurs sur Internet concernaient le cyber-harcèlement. On peut retrouver le cyber-harcèlement sous de nombreuses formes : intimidations, insultes, moqueries, menaces en ligne, propagation de rumeur, piratage de comptes, usurpation d’identité digitale, création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe, publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture, etc.

D’après les réponses, la plupart des élèves ont conscience de la gravité du suicide et pensent qu’ils n’auront jamais recours à la mort. « Je ne vais pas me suicider, je vais vivre comme je suis. » (Praneuf Minh H). De leurs Comment éviter le cyber-harcèlement ? Premièrement, ne donne jamais des réponses se dégage très souvent une grande confiance en soi. Chez plusieurs, celle-ci informations confidentielles, telles que ton mot de passe, ton adresse ou ton numéro de

13

téléphone. Ne donne pas de renseignements concernant quelqu’un d’autre si tu n’aimes pas qu’on donne tes informations confidentielles. Sois prudent avant d’allumer ta webcam. La personne de l’autre côté peut prendre des photos ou filmer sans ta permission et afficher le tout en ligne. Deuxièmement, n’ouvre ni ne télécharge aucun mail ni aucune pièce attachée provenant d’un inconnu. Ne réagis jamais à des spams ou à du courrier en chaine. Ne transfère pas l’adresse email d’un ami. Tu ne sais pas ce que ton destinataire a l’intention d’en faire. Accepte seulement des personnes que tu connais sur ta liste de contact sur les réseaux sociaux. Pour résumer, agis sur Internet de la même façon que tu agirais dans la vie réelle. Reste poli en toute circonstance et n’envoie pas de message qui pourrait blesser. Ce qui t’amuse peut ne pas du tout faire rire les autres et peut les affecter négativement. Si tu es victime du cyber-harcèlement : Ne reste pas seul avec ce problème. Confie-toi à quelqu’un, de préférence un adulte (ex : tes parents, un professeur). Ce qui t’est dit n’est pas à prendre à cœur, ce qui t’arrive n’est pas de ta faute. La joie du harceleur ne sera que plus brève. Le modérateur du site où on te harcèle peut bloquer le responsable. Tu peux également bloquer la personne toi-même et refuser ses mails indésirables. Si elle persiste, crée une nouvelle adresse mail. Pense éventuellement à fonctionner avec deux adresses, une pour les proches et l’autre pour un cercle de connaissance plus large et pour s’inscrire sur des réseaux sociaux. Si le harcèlement se prolonge et dans les cas graves, tu peux porter plainte à la police. Tu devras néanmoins être en mesure de fournir des « pièces à conviction ». Apprends à mémoriser une conversation et/ou à faire des captures d’écran de sessions de chat ou de photos indélicates. Préviens tes parents si tu ne l’as pas encore fait. Ils pourront t’accompagner au bureau de police. Les classes de 5ème ont créé des affiches et des films sur le sujet du harcèlement qui se trouvent en ligne. Source : agircontreleharcelementalecole.gouv.fr ; clicksafe.be - Nguyen Phuong Thu et Munoz-Ledo Arriaga Emilia Maria –


LE MONDE

14

Au 21ème siècle, une conscience alimentaire prend forme: se nourrir n’est plus un problème de survie, mais un souci moral et de respect de l’environnement. Ainsi, le monde s’oriente progressivement vers un régime végétal qui, selon l’opinion publique, est plus bénéfique pour notre santé et celle de la biosphère. Comment « digérer » cette information ? Le végétarisme va-t-il nous sauver tous ? « Cela dépend. » affirme M.Truong, un spécialiste de l’alimentation…

Photo par To Thu Phuong

anger de la viande ou non ? « Tout dépend de votre absolument délicieuse) nous demande souvent : « Pourquoi manges-tu propre manière de vivre » conclut M. Truong de la viande quand tu peux vivre sans ? ». avant que l’on le quitte, en nous donnant un livre décrivant les composants chimiques de chaque produit alimentaire trouvé au Vietnam. Ensuite, notre professeur d’anglais explique qu’elle est végétarienne depuis sa naissance, du fait de sa religion : l’hindouisme. Nous avons également rencontrés un élève et un professeur du Lycée français qui ont tous deux abandonné la viande ; « Il n’y a rien d’étrange, dit-elle. Comme vous le savez, environ 60% à 70% des Indiens sont végétariens, ceux qui suivent la religion hindoue. Mme. Gopi et Clément Cotelle. Par rapport à celle-ci, nous refusons de tuer et de manger des animaux, « Comment résister à de belles et les produits qui leur sont liés. ». Née dans une côtelettes de veau ou à un savoureux rôti de famille pratiquant le végétarisme depuis longtemps, elle a grandi dans cet environnement. « En Inde, la bœuf ? » est une des questions très souvent posées nourriture végétarienne est très variée et elle est à Clément, actuellement élève de la Seconde A, et suffisante pour remplacer la viande. Dans la cuisine un des partisans végétariens du LFAY. « Si j’avais indienne, de nombreux plats offrent les protéines et envie de manger de la viande, je le ferais, personne autres vitamines nécessaires à la santé des hommes. ne me l’interdit, avoue-t-il. Voir une carcasse de « Les lentilles ou autres féculents » en sont un bon poulet, un morceau de viande rouge qui dégouline, exemple, ajoute-elle, en nous faisant saliver par la maintenant, je trouve que c’est dégoutant. Je ne suite avec la description des repas indiens rêve pas de manger de viande. ». Pendant le repas (végétariens, bien sûr) méconnus de nous jusqu’à ce de midi, Clément, partisan dévoué du végétarisme jour. devant sa lunch box végétarienne (qui est


LE MONDE

15

L’ASSIETTE VÉGÉ TARIENNE DE CLÉMENT: UN CHOIX ÉQUILIBRÉ? COMPARAISON: Gratin de pomme de terre et de viande hachée Calorie: 184kcal Lipides:12g Glucides: 8g Cholestérol: 41mg Protéine: 11g

Pomme de terre Calorie: 94kcal Lipides : 0,1g Glucides: 21g Cholestérol: 0mg Protéine: 2g

Gratin d’aubergine à la Mozzarella Calorie: 100kcal Lipides : 21g Glucides: 10g Cholestérol: 25mg Protéine: 12g

LÉGUMES + GRAISSE Œuf Calorie: 160kcal Lipides : 11,6g Glucides: 0,5g Cholestérol: 470mg Protéine: 13g

FÉCULENTS

PROTÉINE

Valeurs nutritionnelles dans 100g de chaque aliment.

Nem végétarien Calorie: 100kcal Lipides : 3,5g Glucides: 25 g Protéine: 5g

COMPARAISON: Nem avec viande de porc Calorie: 191kcal Lipides : 3g Glucides: 28g Protéine: 13g

Illustration par Ngo Huong Giang

Une des raisons est aussi liée à la religion : tous les dieux et déesses hindoues possèdent des compagnons-animaux, qui leurs sont associés, pour nous inciter à les respecter et à nous empêcher de les tuer. L’hindouisme interdit donc le sacrifice animal comme d’ailleurs le bouddhisme, tradition née de la religion hindoue. Cette religion stipule que même une vache est considérée comme un animal sacré. « Nous prions et honorons les serpents, les vaches, les éléphants, etc. Différents festivals sont organisés en l’honneur de chacun d’entre eux », précise Mme Gopi.

trouvent dans les produits animaux les nutriments qui leurs manquent. Cela peut être aussi une source importante de revenus avec notamment la vente des sous-produits comme le cuir et la laine.

En conclusion, la question du végétarisme est, comme plusieurs d’autres problèmes, une affaire strictement personnelle. Ce choix alimentaire découle de coutumes et religions, de goût, de mode de vie mais aussi de niveau de vie. Le consensus scientifique général étant mixte: les humains sont, en effet, des omnivores. Cela indique que nous avons la capacité de nous adapter à toutes sortes de régimes équilibrés. La seule chose que nous devons Imaginez un monde végétarien, dans lequel les 280 millions donc garder en tête ? Le respect de l’environnement (ne pas en consommer de tonnes de viande annuelles seraient quasiment bannis. Ainsi moins une quantité excessive et éviter le gaspillage) et de nos camarades (peu imde surfaces seraient cultivées, donc moins de pesticides utilisés. De porte leurs croyances ou façon de manger). plus, la biodiversité, la qualité de l’eau et les espaces sauvages en profiteraient. Il y aurait aussi moins de rejets en CO2 car les ruminants en sont les plus grands producteurs. L’impact - Tô Thu Phuong & Sophie Tabet environnemental et économique seraient-ils uniquement positifs ? Rien n’est moins sûr…

En effet, alors que le changement alimentaire semble facile pour les citadins des pays développés, les ruraux des pays les plus pauvres

Note : Les données sont théoriques et ne prennent pas en compte des valeurs nutritionnelles de tous les ingrédients d’un plat, mais seulement de ceux écrits entre crochets. La proportion de chaque ingrédient dans un plat peut varier selon les individus. Informations à consommer avec prudence. Sources de l’illustration: Tableau de composants chimiques des produits alimentaires vietnamiens, Nha xuat ban y hoc, 1972 / Internet


Adresse: Shop 1: Meo Shop, 178/180 num 113B Nguyen Luong Bang, Dong Da, Hanoi Shop 2: Nhà cây, 83B Tran Quoc Toan, Hoan Kiem, Hanoi


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.