Dossier: Bucovine, vers une politique de patrimoine paysager

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Table des matieres 1. Introduction sur Bucovina – page 1 2. Les lois de protection actuelles – page4 3. L’initiative de l’OAR – page 6 La problematique- page 9 4. Les acteurs – page 10 L’OAR – L’Ordre des Architectes de Roumanie – page 11 La population – page 13 5. CONCLUSION – page 14 References – page 15


1. Introduction sur Bucovina Ca qu’on appelle aujourd’hui Bucovina correspond à un territoire qui se trouve entre deux pays : Roumanie et Ukraine. L’appellation originaire de la region était « Le pays en haut » (Tara de Sus) du Pays de Moldavie (Tara Moldovei) qui la dessine comme l’extrémité de nord-ouest de l’ancien pays. Le nom de Bucovina a été donne à ce territoire en 1775 quand il a passe sous l’empire Habsbourg et ou il a reste pendant 144 ans. Le nom lui-même signifie « le pays des hêtres » qui fait référence à ses grandes ressources forestières. Historiquement, Bucovina, et notamment Bucovina de Sud (la partie sous territoire roumain), a été un point stratégique de passage a travers les montagnes, utilise soit par les populations migratoires pour aller en Transylvanie ou en Pannonie soit par les armées médiévales et modernes. Avec le temps ces dynamiques ont donné une mixité des ethnies : roumaine, ruthène, huzule, juive, allemande, polonaise, hongrois et lipovaines. Bucovina présent un relief assez particulier qui se situe entre colline et montagne et prend la forme d’une série des collines parallèles qui descendent de l’ouest à l’est, « obcine », mais aussi des larges vallées, des hauts montagnes, des belles collines, des dépressions intra montagnes etc. Sur cette structure variée la nature a produit des différents écosystèmes surtout sous la forme des forets.



Le contexte historique et le fond naturel ont été les deux facteurs déterminants qui ont crée ça qu’on peut appeler le paysage1 de Bucovina. Ce paysage est formé par des petits villages, des collines, des montagnes, des forets, des champs pour l’agriculture, des rivières etc. Il s’agit alors d’un territoire très varié, avec des images très différentes où la nature domine, où la plupart des agglomérations anthropiques sont rurales. Un regard plus attentif voit qu’il ne s’agit ici pas d’un rapport divergent homme-nature, mais d’un rapport convergent, ou l’interaction entre les deux se produit d’une manière constructive et pas destructive à travers notamment l’agriculture et la sylviculture. En Bucovina, les différentes pratiques traditionnelles qui concernent l’habiter en général montre la modalité dont l’homme se sert des ressources de la nature d’une manière sensible, avec une permanente optimisation de l’usage. Ces pratiques de symbiose avec la nature sont le résultat d’une longue évolution temporale qui mélange la mixité ethnique avec l’usage de l’espace. Au delà de ce rapport homme-nature on trouve aussi spécifique pour Bucovina l’agencement de ses habitants en petites communautés. A partir de la relation homme-nature, et notamment hommeressources, on peut voir comme l’occupation du territoire de manière dispersée, chaque famille au milieu de son terrain. Ce caractère intériorisé est aussi renforce par l’histoire des grandes migrations, ou les familles devaient aussi se protéger contre les invasions2. Chaque ménage était, donc, une forteresse en soi-même. Avec le temps, notamment sous la période de l’empire, les communautés ont évolué dans des villages et plus tard dans des vraies villes. La particularité ici, quand même, reste dans la continuité temporelle de ces caractéristiques concernant le paysage et la société à travers les obstacles de l’histoire3. Telle est l’image que le paysage de Bucovina évoque. Il ne s’agit pas alors, du point de vue du patrimoine, ni d’une réservation naturelle (comme on ne se trouve pas dans l’unicité d’un environnement naturel) ni d’une zone archéologique (sauf quelques exceptions dispersées, la region n’est pas sous la marque d’une grande civilisation) mais d’une spécificité qui sorte des deux mondes et qui est visible dans le paysage. Cette spécificité a trouvé son chemin à travers le temps. Ses traces, malgré tous les courants d’opposition, peuvent être repérées dans le paysage d’aujourd’hui.

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Ici par le mot paysage on comprend l’ensemble des éléments naturelles et artificieux qui par leur interaction constituent une unité. La nuance de ce mot dans cette situation plus particulièrement est celle de la notion de qualité attribuée à l’ensemble. Pouvoir parler d’un paysage de Bucovina annonce un phénomène d’attribution de valeur. 2

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CAMILAR, Mihai, “Bucovina – ghid turistic”, ed. Ad Libri, Bucuresti, 2006

Les obstacles vus ici sont les grands événements historiques nationaux et internationaux qui ont été générateurs des métamorphoses de la société et de son territoire : les guerres mondiales, le communisme, la révolution industrielle etc.


2. Les lois de protection actuelles La situation actuelle, au niveau du patrimoine, tourne autour les monastères inscrits sur la liste de protection UNESCO. « Le plus étendu Etat roumain du Moyen Age unifie au XIVe siècle par la reconquise antimongole et par les guerres contre les royaumes de Pologne et de Hongrie, la Moldavie arrive a son apogée sous les règnes de croisades antiottomanes d’Etienne le Grand (1457-1504) et de Pierre Rares (1527-1538 ; 1541-1546). C’est en même temps l’époque d’une unique synthèse artistique don la plus remarquable réalisation est la série des églises a peintures extérieures. C’est un phénomène artistique unique en Europe car les façades sont complètement recouvertes par la peinture d’une iconographie spécifique, dont le programme est domine par quelques thèmes obligatoires (l’Hiérarchie de l’église, le Jugement Dernier, l’Arbre de Jessee, l’Hymne Acathyste). Il s’agit d’une série de monuments historiques compacte du point de vue chronologique, des fondations princières et nobiliaires décorées à peinture extérieure datant des années 30 et 40 du XVIe siècle. »4 Les monastères font parte de cette liste des le début en 1993 sous la position 598. Originairement sur la liste on trouvait 7 monastères, auxquelles s’ajoute en 2010 la huitième, Sucevita. Pour le territoire de Bucovina, elles représentent une carte d’identité au niveau international. Elles peuvent être vues comme des objets, car il s’agit des églises avec des peintures murales, donc elles peuvent être, dans une certaine mesure, dissociées de leur environnement pour être regardées comme des objets autonomes. Cet acte d’abstraction trouve sa logique dans l’histoire à travers plusieurs phénomènes. Tout d’abord, au moment de leur conception, elles sont nées de la volonté des rois comme sacrifice pour leurs victoires militaires et pas d’une vraie nécessité du peuple. Ensuite, en qualité des monastères, elles présentent un caractère plutôt intérieur, comme unité autonome5. Enfin, une dernière caractéristique reste dans la forme architecturale de l’église : forme close avec des grands murs de protection, composition de l’espace intérieur, matériel « noble » utilise, la pierre6. Ca ne veut pas dire qu’il s’agit d’une totale dissociation entre les monastères et les villages. Les monastères ont évolué petit à petit à s’intégrer dans le cadre de la société comme des lieux de culte, de religion, mais aussi de refuge (en cas d’attaque ) ou même d’éducation (en manque d’écoles). Au niveau

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Fragment de la description des Eglises de Moldavie, de la liste mondiale de patrimoine UNESCO, position 598, page 5. 5

Le contexte de l’affirmation se pose plutôt dans l’époque moderne, dans le cadre d’un phénomène d’éloignement entre la communauté et l’église. On observe une rupture entre le mode de vie moderne des habitants, et celui « archaïque » des communautés monastiques et des paroisses locales. Référence : Delumeau, Jean, In asteptarea zorilor – un crestinism pentru maine, Ed. Polirom, 2006 6

La plupart des ménages sont en bois, un matériel périssable.


architectural, on peut observer de similarités entre les deux typologies au niveau de la silhouette, de la technologie de la toiture et aussi au niveau des décorations symboliques. Quand même, cette distinction peut être tracée dans les textes des lois de protection et conservation. Juridiquement, les monastères et les églises appartiennent aux communautés monastiques et aux paroisses qui dépendent plus généralement de l’Eglise métropolitaine de Moldavie et Suceava7. La gestion de ces monuments est faite par la Direction Nationale des Monuments, Ensembles et Sites Historiques (dans le cadre du ministère de la Culture) et de la Commission Départementale pour les monuments, Moldavie, qui vont aussi payer pour les différents travaux. Il s’agit alors soit des organisations religieuses, soit des organismes assez particulières de l’état mais qui, dans les deux cas, peuvent avoir un seul rôle : celui de conserver les objets existants dans la meilleure modalité possible. Et c’est vrai, jusqu’au présent, ces organismes ont maintenu les églises en bon état. Au niveau national, l’Institut National du Patrimoine donne une liste de 517 monuments pour le district de Suceava avec une proportion de 35% de monuments d’intérêt national et 65% monuments d’intérêt local8. Pour la zone de Bucovina, la liste de monuments est évidement réduite, mais ca qu’on peut observer en regardant cette liste est d’abord leur caractère généralement disperse, comme des points d’épingle sur une vaste masse, et ensuite leur mauvais état : manque d’études ou d’autre forme de documentation, manque d’un programme ou d’un plan général de restauration/conservation/mise en valeur, des monuments en dégradation.

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Fragment de la description des Eglises de Moldavie, de la liste mondiale de patrimoine UNESCO, position 598, page 13 8

Source: http://www.suceava.djc.ro . Directia Judeteana pentru Cultura si Patrimoniu National Suceava.


3. L’initiative de l’OAR

La démarche faite par l’Ordre des Architectes de Roumanie, filiale de Suceava9, commence par une observation très simple : la dégradation du paysage de Bucovina dans le prisme d’un développement chaotique des villes et des villages. Il faut mettre en évidence la prise de position adopté par l’ordre des architectes pour l’attribution de valeur patrimoniale pour le paysage de Bucovina et aussi pour la modification de la situation actuelle, prise de position qu’on va analyser dans un chapitre suivant. Les objectifs de cette démarche multidisciplinaire initiée par l’ordre des architectes comprend 3 pôles : connaitre le patrimoine architectural traditionnel et sa relation avec les dynamiques contemporaines, créer des modèles de construction inspirées par l’architecture traditionnelle, établir des politiques d’intervention et des règles d’urbanisme pour la region10.

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Représenté par Constantin Gorcea et Silvia Oostveen

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OOSTVEEN, Sivlia, GORCEA, Constantin, Bucovina un peisaj cultural in transformare, Ordinul Arhitectilor din Romania Filiala Nord-Est, Asociatia Heritage, Bucuresti, 2011


La première action dans cette démarche a été une étude fait sous la forme d’un workshop avec des étudiants venant de plusieurs pays sur un territoire-pilot, les villages Manastirea Humorului, Poiana Micului et Plesa. Comme toute première action, le but initial a été d’identifier d’une coté les traces de l’architecture11 traditionnelle et d’une autre ses transformations dans la société contemporaine. Ensuite, avec l’aide d’une enquête sociologique, d’élaborer une cartographie de la société qui habite cet espace.

Dans ce territoire des 3 villages, un potentiel émergeant, identifié initialement d’une manière intuitive et puis prouvé avec les études, a été le tourisme comme moteur économique. Les qualités de l’environnement, le paysage rural, la nourriture traditionnelle et les grands objectifs touristiques ont été les facteurs déterminants pour un tourisme léger de type individuel. L’étude a pris en compte cette activité qui commence à prendre forme de plus en plus souvent dans le territoire. 11

Ici architecture vue comme ensemble de l’intervention à plusieurs échelles et a plusieurs formes, dans le contexte paysager


Apres une étape initiale de repérage des différents éléments traditionnels a plusieurs échelles et formes (paysage, ménage, arts et métiers, constructions paysagères), une deuxième étape de l’étude analyse les transformations de ces éléments et découvre d’abord une première correspondance avec les principales périodes historiques du pays. L’évolution se sépare en trois grandes périodes : une première période de l’architecture traditionnelle (15e siècle jusqu’au début de 20e siècle) qui se manifeste sous la forme d’une lente évolution, une deuxième période sous le régime communiste avec une typification des villages et une industrialisation de l’agriculture et une troisième qui correspond au derniers 20 ans du capitalisme12. Une des choses plus importantes que l’étude montre est le fait que les pratiques traditionnelles qui datent de la première période ont encore des traces dans l’usage de l’espace contemporain malgré les « obstacles » de l’histoire. Un des exemples est l’organisation du ménage en forme ferme, qui à l’ origine est une forme de protection contre les envahisseurs. Au delà, même si l’architecture de la maison a changé, l’architecture des annexes, donc des espaces secondaires, a reste la même : la même technologie, les mêmes matériaux, la même forme.

Une deuxième remarque sortant de l’étude sociologique13 est la rupture entre deux générations, deux régimes, deux économies. Le premier groupe est constitué en majorité par les personnes âgées qui ont eu leur enfance avant la période communiste et qui sont enracinés dans une culture de la tradition. Le deuxième groupe se constitue par le reste de personnes, les groupes des personne de moyenne âge et ceux de petite âge qui ont vécu soit dans la période communiste soit dans la période d’après et qui n’ont pas un système des valeurs bien cadre, mais plutôt un mélange.

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Sans entrer en détails, certains analystes politiques et philosophes ont observe que la Roumanie au présent souffre d’une double annulation : la première a été pendant le régime communiste et la deuxième pendant le régime néo-capitaliste. L’argument balance principalement entre le manque d’outils pour s’adapter à ce nouveau régime et l’implantation d’une mentalité de refus de système. MIHALI, Ciprian, Stafia spatiului public, essai en Phonebox, editeur Alina Serban, publication du projet Ars Telefonica, 2008. 13

Réalisé par sociologue drd. Monica Iancau et sociologue Anthropologue Camelia Butuliga. Les phrases suivantes reprennent les conclusions de l’étude.


L’étude sociologique montre aussi une volonte pour développer la branche touristique de la zone, mais cette volonte se manifeste de manière individuelle ou chaque ménage construit une autre maison pour accueillir les touristes. La maison représente en général une mauvaise réplique d’une maison traditionnelle qui évoque plutôt le mot « rustique » que le mot « traditionnel ». Cette revitalisation prend aussi d’autres formes : la nourriture traditionnelle ou les diverses activités fermières comme des activités de loisir. Les personnes intéressées par la branche touristique ont déjà l’intuition qu’un développement qui met en valeur les traditions va créer des bonnes dynamiques économiques. Au niveau administratif la situation est très mauvaise : manque d’infrastructure au niveau des réseaux édilitaires de canalisation et d’alimentation d’eau, manque des structures des rues, donc des conditions qui normalement empêchent le développement touristique de la zone, mais qui au même temps maintiennent les prix des terrains très bas. Les habitants considèrent qu’ils sont seuls dans le développement touristique de la region. Ils évoquent aussi le caractère déséquilibré des lois qu’ils sont obligés à respecter qui soit sont trop restrictives soit manquent en totalité. L’étude se finit avec une observation faite sur les politiques actuelles mises en place : la zonetampon dessinée autour de la monastère Humorului, qui est une zone de protection de premier degré, correspond à la zone du plus intensif développement de derniers vingt ans14. Conforme l’étude cette zone contrevient à tout critère d’analyse (densité, hauteur, matériaux, couleurs, volume etc.). Ce phénomène montre le fait que même s’il s’agit d’une politique de protection des monuments avec une extension a l’entourage, la prise en compte des règlements ce fait que pour l’objet lui-même seulement. Et cet échec des lois en face de la pratique pose plusieurs questions qui seront l’objectif pour le chapitre suivant. La problématique Dans le contexte d’un habitat précaire du point de vue économique mais riche en termes des valeurs patrimoniales et ressources naturelles la question de fond qui se pose est « Comment créer une dynamique qui d’une coté protège sa spécificité et d’une autre stimule son développement ». L’embouteillage dans le système administratif montre l’hypothèse d’un autre système de développement qui se manifeste à la fois à petite échelle, de la famille, et à grande échelle, comme phénomène qui prend ampleur. Vu qu’il y a déjà une volonté vers la protection de l’esprit du lieu, ce système, plus difficile a saisir, peut être le point clef de cette équation.

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Conclusions faites par arch. Razvan GORCEA. OOSTVEEN, Sivlia, GORCEA, Constantin, Bucovina un peisaj cultural in transformare, Ordinul Arhitectilor din Romania Filiala Nord-Est, Asociatia Heritage, Bucuresti, 2011


4. Les acteurs Pour pouvoir saisir les différentes dynamiques de l’espace, il faut d’abord regarder les acteurs impliqués commençant avec les autorités qui ont la pouvoir d’exécution. Dans ce cas il s’agit d’un grand système formé d’une manière arborescente qui commence avec les ministères et qui se fini avec les petites institutions avec des attributions des rôles très spécifiques. La différence entre ce système et d’autres ne reste pas dans la forme mais dans la manière dont les différents sujets circule, donc l’organisation. On peut observer comment cette dichotomie des institutions se fait en coupant la circulation transversale de l’information, tout en laissant une circulation de type central. Ensuite, ce phénomène de son cote crée des limites d’intervention pour les éventuels projets d’une institution. Pour donner un exemple, au niveau de la question du patrimoine, la responsabilité entière appartient au Ministère de la Culture et Cultes, mais de son coté le Ministère crée des nouvelles institutions : l’Institut National des Monuments qui est chargé principalement de l’inventaire des monuments, l’Office National des Monuments qui est chargé principalement de la gestion financière, le Comite National des Monuments Historiques qui est en charge principalement d’élaboration des normes de protection, qui ensuite ont des différentes filiales au niveau local15. On peut observer alors une séparation qui constitue un point d'arret dans le processus de la protection. Ca qu’on voit aussi dans cette séparation est une vision sur les monuments historiques comme concept entièrement défini et donc qui exclut la possibilité des nouvelles types de monuments. La protection des monuments historiques est aussi mise en séparation des autres domaines de l’administration comme le tourisme ou l’économie, le seul lien étant dans le cadre du Comité de Monuments Historiques une seule personne qui appartient au Ministère de Transport, Construction et Tourisme. Il reste alors sur les épaules d’une seule personne de porter les liens interministériels. Sans entrer en détails, ce système arborescent descend jusqu’au niveau local où les autorités se divise entre systèmes administratifs comme la préfecture le conseil du district et les mairies, systèmes des gestions des ressources naturelles comme les forets, systèmes de protection du patrimoine etc. Pour y donner une échelle, Manastirea Humorului est un village qui occupe une surface de 9628 ha, dont 7653 ha sont des forets, et a une population de 3656 personnes16. La mairie de Manastirea Humorului comprend un personnel de 20 personnes donc 0.54% de la population totale en temps qu’un village de 3600 personnes en France comprend un chiffre de 2.08%17. On peut voir alors que le manque de personnel dans le système administratif local crée une plus grande dépendance des systèmes administratifs supérieurs. En tournant l’attention sur les autorités supérieures on découvre déjà une contradiction entre la préfecture qui est l’organisme délibératif et exécutif du district, organise d’une manière centralise autour du préfet, et le conseil du district, organise dans une table ronde ou chaque personne s’occupe

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Loi nr. 422 / 18 juillet 2001 concernant la protection des monuments historiques.

16

Référence site de la mairie de Manastirea Humorului, www.manastirea-humorului.ro

17

Freneuse(78840): 3600 habitants dont 75 personnels de la mairie dont un chiffre de 2.08%.


d’un certain domaine, qui est aussi l’organisme délibératif et exécutif du district18. Un regard plus attentif dans chacun de ces organismes va observer que leur structure est presque la même avec un groupe de 3-5 personnes en tète et une séries des partitions en domaines d’activité. Ensuite en regardant la liste des domaines d’activités on peut observer d’abord le manque des domaines d’activités culturelles, dont le patrimoine, et ensuite le manque d’un organisme d’urbanisme, sauf une seule position d’architecte chef dans le conseil. On parle alors du développement mais seulement dans le sens économique, en oubliant d’autres champs comme le tourisme l’urbanisme et le patrimoine. On se trouve alors en face d’un système lourd de type centraliste, fragmenté dans une infinité d’institutions et d’organismes qui souvent se trouvent dans une relation contradictoire ou confuse. La rupture entre les institutions exécutives et les institutions « techniques » montre une relation de domination du champ politique19 sur les autres domaines et pas une relation d’égalité.

OAR – l’Ordre des Architectes de Roumanie Au niveau national l’ordre des architectes représente l’organisme qui réunit tous les architectes avec droit de la signature, en total environ 4400 membres. L’activité principale de l’ordre des architectes est l’administration du droit de signature des architectes et la gestion du tableau national des architectes. « L’ordre des architectes est une organisation professionnelle de droit privé, apolitique, d’intérêt public, avec un patrimoine et un budget propre, autonome et indépendante, établie conformément a la loi 184/2001 concernant l’organisation et l’exécution de la profession du architecte. »20 On peut voir alors que l’ordre des architectes constitue un acteur indépendant du champ général politique. Même s’il s’agit d’une activité d’intérêt public, la gestion des architectes ne représente pas une activité d’intérêt national majeur. Pour cette raison la perception du champ politique, et in extenso du public en général, sur l’activité de l’ordre des architectes est celle d’une activité marginale. La position faible des architectes et des urbanistes dans l’administration publique en combinaison avec la perception sur l’activité de l’ordre des architectes peintent une image confuse de l’architecte dans la société21. En plus, l’architecte, dans l’économie nationale, représente un prestataire des services, donc une personne qui répond à une demande, et pas la personne avec l’initiative. Dans cette logique il

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Référence sites de la Préfecture de Suceava, http://www.prefecturasuceava.ro/, et du Conseil du District Suceava, http://www.cjsuceava.ro. 19

Ici champ politique fait références aux personnes qui ont une formation des politiciens et qui, donc, ont plutôt la mission de porte-parole des opinions publiques et pas d’élaborer des projets ni de donner des solutions a des problèmes spécifiques. 20

21

En traduction libre. Source, le site web de l’ordre des architectes: http://www.oar.org.ro

Cette affirmation est empirique en manque des études faites sur ce sujet, mais il y a des autres arguments qui la soutiennent : l’image des architectes qui sorte de la période communiste, la mauvaise connaissance du métier par le grand public, etc.


peut paraitre bizarre, dans un premier regard, pour l’ordre des architectes de prendre l’initiative pour un tel projet. Quels sont les motifs, alors, de cette initiative ? D’abord, dans la contradiction entre le système administratif et les architectes, l’ordre prend position pour montrer la nécessité pour l’architecture et l’urbanisme dans la société moderne. Sous la logique du projet, qui pose la question sur une vraie nonfonctionalite, se trouve une autre logique qui met en évidence une problème beaucoup plus grave au niveau national qui est la manque de lien transversal entre les institutions et plus généralement entre les différentes métiers ou les formations professionnelles. Le deuxième motif représente la création de la possibilité de production pour les architectes et les urbanistes roumains. Une statistique faite par l’Université Ion Mincu montre le fait que seulement 15% de ses étudiants travaillent dans le domaine de l’architecture après la fin de leur étude. La manque des concours d’architecture et la mauvaise législation de la licitation publique génèrent une spirale ou le prix des projets baisse, phénomène qui l’ordre des architectes balance en créant une autre légitimité. Le troisième motif, qui fait référence à la dimension morale de la formation des architectes, est le signal d’alarme tire pour la dégradation du paysage de Bucovina. Le patrimoine architectural roumain, la couche de base pour le système éducatif architectural et un des plus importants éléments d’identité nationale, se constitue pour la plupart des formes de l’architecture vernaculaire rurale, et pas des monuments22. A la fin, même si l’initiative de l’ordre des architectes représente une possible solution pour le futur de la region, le fait d’être dans un langage assez technique et le fait d’avoir une position plus ou moins secondaire dans l’opinion publique décrivent une situation dramatique. Quand le lien, normalement fait par le champ politique, entre projet et la population manque il faut le retrouver dans un autre endroit sous un point de vue autre.

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CURINSCHI VORONA, Gheorghe, Istoria arhitecturii in Romania, Ed. Tehnica, 1981, Bucuresti


La population Un dernier type d’acteur de cette équation est la population, qui pour l’étude fait par l’ordre des architectes représente les 3600 habitants des 3 villages. Cette population a comme des activités de base : l’exploitation forestière, l’agrotourisme, le commerce, l’agriculture, l’artisanat. Il s’agit d’une population rurale, avec un niveau d’éducation relativement bas, qui habite dans une basse densité (1.73 hab. /ha a l’intérieur des villages). L’étude ne montre pas ni une croissance signifiante de la population, ni une croissance économique de la region. Au même temps l’étude montre une réorientation générale de la population vers le tourisme légère et une volonte générale pour l’amélioration de la zone dans la même direction. On peut affirmer que le tourisme est perçu par cette population comme un vrai moteur économique qui peut compléter les autres branches existantes. L’étude montre encore deux choses : une absence d’activité du cote des autorités administratives et encore une défiance des lois de protection du patrimoine faits qui indiquent la présence d’un système économique secondaire. Cette présence est confirmée aussi par cette relativement brusque réorientation vers le tourisme, changement qui se produit chaque fois il y a une injection du capital. Comment peut-on, alors, saisir ce deuxième système ? Doina Petrescu offre une perspective sur cette problème dans son article « Tactiques de Faux Migration »23. Dans cet article Doina Petrescu explique la logique des immigrants qui partent pour travailler a l’étranger et qui n’y restent pas mais reviennent pour continuer leur vie dans leur lieu de naissance. Ca que 10 ans avant était un phénomène marginale, aujourd’hui la « fausse migration » a pris ampleur. Ca qui se passe a l’échelle européenne est un déplacement du capital d’un système a un autre d’une manière libre a travers les personnes qui font ce mouvement d’aller retour. Avec cette nouvelle source économique à disposition, les familles commencent à construire une petite affaire chez eux. Mais l’injection du capital ne vient pas tout seul. Expression de meilleures conditions économiques de vie, des éléments décoratifs étrangers sont reproduits d’une manière générale. Ce désir de l’expression publique du niveau personnel du succès se fait impulsivement et souvent le résultat final représente un mélange des éléments traditionnels, qui vient de l’éducation reçue pendant l’enfance, et les éléments « expressifs ». 23

PAVILION, journal for politics and culture, no. 15, Handlung. On Producing Possibilities. The reader of Bucharest Biennale 4, Artphoto Asc., 2010


5. CONCLUSION

Du point de vue des politiques du patrimoine et du paysage on se trouve dans une étape initiale, quand l’esprit de la civilisation se base encore sur une éthique utilitariste : un grand potentiel versus un développement chaotique. L’étude fait par l’ordre des architectes montre l’inefficience du système administratif et surtout des lois de la protection, qui ont produit l’effet inverse de leur formulation. Au même temps, avec la présence d’un deuxième système économique les enjeux pour le développement futur de la région tournent de plus en plus autour la population. D’une manière prospective, le présent dossier montre vers la fructification de la relation habitantarchitecte, commençant avec l’élaboration d’un meilleur système de communication et d’échange. Les nouvelles politiques pour le patrimoine et le paysage ne seront pas des lois mais des petits projets.


REFERENCES • • • • • • • • •

OOSTVEEN, Sivlia, GORCEA, Constantin, Bucovina un peisaj cultural in transformare, Ordinul Arhitectilor din Romania Filiala Nord-Est, Asociatia Heritage, Bucuresti, 2011 CURINSCHI VORONA, Gheorghe, Istoria arhitecturii in Romania, Ed. Tehnica, 1981, Bucuresti PAVILION, journal for politics and culture, no. 15, Handlung. On Producing Possibilities. The reader of Bucharest Biennale 4, Artphoto Asc., 2010 MIHALI, Ciprian, Stafia spatiului public, essai en Phonebox, editeur Alina Serban, publication du projet Ars Telefonica, 2008 Description des Eglises de Moldavie, Liste de patrimoine mondiale UNESCO, position 598 Convention UNESCO 1993 Convention europeene du paysage ZAHARIA, Catherine, Notes de cours, Politiques du paysage et du patrimoine, ENSAPLV, 2011 Delumeau, Jean, In asteptarea zorilor – un crestinism pentru maine, Ed. Polirom, 2006

REFERENCES GENERALES • •

CHOAY, Francoise, Allegorie du patrimoine, Paris : Le Seuil, coll. « La couleur des udees », 1996 CRIVEANU Irina, KOVACS, Kazmer, ZAHARIADE Ana Maria, L’architecture de l’espace nonconstruit, UAUIM, 2010

SITES WEB • • • •

http://www.oar.org.ro http://www.cjsuceava.ro http://www.prefecturasuceava.ro/ http://www.suceava.djc.ro


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