Utopia

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UTOPIA La carte moderne, celle que nous connaissons aujourd’hui où le nord se situe dans la partie supérieure de l’image, et le sud dans la partie inférieure, n’a pas toujours eu cet aspect. Rappelons-nous qu’à l’époque médiévale, il n’était pas étonnant de voir cette même carte renversée, ou encore orientée différemment. Dans le fond, nous pouvons avancer que la carte telle qu’elle est actuellement n’est peut être que le fruit d’analyse économique, où les pays dits ‘‘du Nord’’ seraient en grande partie les forces économiques mondiales, et les pays ‘‘du Sud’’ rempliraient leur rôle de pays sous-développés économiquement parlant. En 1516, Thomas More écrit Utopia, un livre en deux parties, livre où un personnage rapporte son expérience en tant que citoyen de l’île d’Utopia. « Ce qui est rare, c’est une société sainement et sagement organisée » écrit l’auteur avant de parler de cette île qui est LA société organisée de la sorte. « En Utopie, les lois sont en petit nombre ; l’administration répand ses bienfaits sur toutes les classes de citoyens, le mérite y reçoit sa récompense ; et, en même temps, la richesse nationale est si également répartie que chacun y jouit en abondance de toutes les commodités de la vie. » Dans ce nouveau monde, tout est dessiné de telle sorte que l’égalité est de prime dans chacune des 54 villes qui composent l’île. DÉRIVE La ville est construite sur un modèle fonctionnaliste, où toutes les zones sont délimitées ; zone de travail, de loisir, de vie, d’activité... La ville devient ennuyeuse et se transforme en un obstacle à la vie où le quotidien devient banal et rythmé par les habitudes de ces occupants. Les situationnistes parlent de la dérive comme d’un jeu pratiqué collectivement, par la réappropriation ou la transformation du quotidien, ou encore en contrant le plan bien établi des villes (zones d’activités, de vie, de travail …). Debord dit d’ailleurs à ce sujet qu’il faut adopter un « comportement ludique constructif. » L’urbanisme unitaire est alors le jeu de la dérive, ou tout du moins une des possibilités pratiquée par les situationnistes, dont les règles pourraient être définie en trois points : urbanisme comme lieu d’art intégral / possibilité de rencontre / construction de ‘situations’ : moment de vie singuliers et éphémères. Rompre avec le quotidien en créant des moments de vie allant à l’encontre des plans de la ville. MARCHE L’expérience de la ville, l’expérience du paysage, l’expérience de la carte, l’expérience de la marche comme vecteur critique. Walter Benjamin dit du marcheur urbain qu’il « va herboriser sur le bitume », où un jeu entre la marche et le temps s’impose. La flânerie est, au XVIIIéme siècle, pratiquée par des marcheurs qui sont alors accompagnés par des tortues tenues en laisse. Rupture avec le présent. L’acte de la marche et ce qu’il peut en ressortir ; un témoignage, une carte, une action, naissent de cette volonté première si bien expliquée par les Situationnistes : créer une situation de rupture, créer des moments de vie, de rencontre, provoquer l’art pour aller à l’encontre de la ville. CARTE Par l’expérience de la marche et du terrain, une carte se dresse devant nous ; une carte psychique, dans un premier temps, puis dans un second temps, c’est une carte physique que nous tenons entre nos mains. La carte, une source de repérage, de conflit, d’information, de projection, de création... Véritable paysage déplacé, la carte est une ‘mise à plat’ de l’expérience vécu dans un paysage. Elle est, et ce sous toutes les formes envisageables et possibles (vidéo, impression, dessin, volume...), l’aboutissement de la dérive - d’une dérive physique tirée d’une expérience de la ville ou du paysage, mais aussi d’une dérive mentale et psychologique. Alex Chevalier, Utopia, publié dans Les Espaces des Paysages, ed ESACM, 2013


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