Mémoire Alexis Gambey - Architecture de paysage - Landscape Architecture

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SILO N°5

Multiplicité scénique, paysages pour un silo. Alexis Gambey


Gambey Alexis Silo n°5 - Multiplicité scénique, paysages pour un silo.

Travail dirigé présenté dans le cadre de la maîtrise en architecture de paysage Dirigé par Philippe Poullaouec-Gonidec

Université de Montréal Faculté de l’aménagement 27 avril 2017 Crédit photos : Alexis Gambey sauf contre-indications



R


REMERCIEMENTS Premièrement, je tiens à remercier chaleureusement Philippe Poullaouec-Gonidec, mon directeur de maîtrise, pour m’avoir guidé à travers le cheminement de ce projet et m’avoir donné une vision globale de la construction de mon mémoire. Son précieux appui m’a permis dans un premier temps de voir plus loin dans le cheminement de mon projet, mais aussi de comprendre dans un deuxième temps quel sera le courant théorique et conceptuel dans lequel mon étude s’inscrit. Philippe m’a donc soutenu dans ma démarche et m’a permis d’aller au-delà de mes connaissances afin de présenter un projet à la hauteur de mes capacités. Ensuite, je remercie Aldo Sylvestre de m’avoir consacré du temps lors de la visite du silo n°5 ainsi que pour la précieuse documentation qu’il a bien voulu me fournir. Je tiens également à remercier l’ensemble du corps professoral qui, tout au long de ma formation de maîtrise, m’a permis d’acquérir les connaissances nécessaires à la réalisation de ce projet. Au-delà, je remercie également tous mes professeurs de mes formations successives, aussi bien en France lors de mon apprentissage en tant qu’horticulteur, qu’au Québec lors de mon baccalauréat et ma maîtrise en architecture du paysage. Ensuite, je tiens à remercier mes parents pour le soutien apporté lors de mes études, autant sur le plan financier que moral, et pour leurs encouragements tout au long de mon parcours. Pour finir, je remercie également toutes les personnes qui m’ont soutenu dans la rédaction de ce mémoire et qui ont contribué indirectement à l’élaboration de celui-ci. Ce mémoire constitue un témoignage de tous les enseignements que j’ai acquis lors de mes différentes formations. Il constitue donc l’état actuel de l’ensemble de mes connaissances. La conception graphique, les illustrations, la mise en page ou encore les ambiances développées, qui démontre ma faculté de représentation d’un projet. Je considère donc ce document comme un témoin de mes capacités, c’est-à-dire mon portfolio.


RÉFAC

S’inscrivant dans le paysage de Montréal, mon mémoire traite d’une intervention en contexte urbain et plus précisément sur le développement de la ville, il convient donc d’en exposer ma vision. Étant à la fois un lieu d’habitation, de travail, mais aussi de loisir, la ville constitue le support de notre mode de vie et est ainsi le reflet de nos habitudes. Par conséquent, son aménagement et sa forme doivent être propice à notre développement en tant qu’homme moderne. C’est alors dans ce sens que la ville apparait comme une expérience à vivre tant au niveau social, culturel qu’environnemental. En premier lieu, la ville doit être intégrée dans le contexte géographique dans laquelle elle se trouve. Ainsi, elle doit refléter son intégration dans son milieu naturel, à l’instar de la ville de Copenhague et sa connexion au fleuve par différents aménagements en est un exemple parfait. Cette connexion doit être exploitée et mise en valeur pour être traduite, par la suite, en tant qu’expérience pour l’usager. L’omniprésence de la nature en ville en fait un attrait certain et crée alors des espaces dont l’expérience est incomparable à la qualité de vie des habitants. La présence de la nature en fait d’ailleurs une ville intégrée, mais aussi durable par l’utilisation de ressources renouvelables, en symbiose avec le milieu dans lequel elle se trouve et non pas comme un parasite qui puise dans celui-ci et le dégrade. Cette notion de durabilité est alors essentielle dans l’élaboration d’une proposition de design et permet un respect des générations futures.


Ces espaces publics, créés par cette omniprésence de la nature, en font des lieux de rencontre et facilitent l’inclusion sociale. La conception des espaces publics dans une ville devrait alors considérer l’interaction sociale et culturelle comme un des enjeux majeurs dans le processus de design. Ainsi, la ville en tant qu’expérience apparaît comme évidente, considérant l’évolution de la dynamique démographique. Ainsi, elle doit être pensée pour favoriser l’intégration par une redéfinition de l’échelle et de la vocation des rues. Une réappropriation de l’espace par le piéton est alors essentielle au développement des lieux publics comme vecteur de sociabilité. Dans un deuxième temps, la ville doit également être une expérience culturelle pour les usagers. L’apprentissage, comme caractéristique humaine sans limite, doit être une partie intégrante de la ville de demain. Dès lors, elle devient le support culturel de notre expérience et de notre éducation. L’accessibilité à la culture est donc un des points primordiaux dans ma conception de la vision de la ville expérientielle. Tant au niveau des musées, des évènements ou encore des expositions dans les lieux publics, ce pan culturel doit être accessible à tous et être partie intégrante de la programmation des villes. En conclusion, la ville doit être perçue comme un laboratoire d’expériences aussi bien pour la population qui y vit, que pour les aménagistes qui la conçoivent. La diversification des expériences doit alors être un facteur clé de développement de l’espace créant ainsi une ville diversifiée et expérimentale.


INTRODUCTION Depuis sa fermeture en 1995, le silo n°5 est au cœur de diverses controverses en matière de conservation du patrimoine. D’abord voué à être démoli, puis finalement conservé, ce monument est aujourd’hui au cœur du questionnement sur sa vocation future. Pourtant, le silo n°5 porte des valeurs historiques et culturelles qui lui ont valu le titre d’édifice fédéral du patrimoine reconnu et qui font de lui un des derniers témoins de l’époque industrielle de Montréal. Son rôle dans le paysage urbain est alors essentiel à la compréhension de l’histoire de la ville. Dans un même temps, la vocation industrielle du Havre de Montréal, dont le silo fait partie, est en plein déclin économique. Les pressions sont fortes, tant au niveau culturel qu’immobilier, la question du réaménagement et du changement de vocation du quartier sont alors essentielle et permettront d’intégrer ce bâtiment dans un plan directeur. Ainsi, le sujet de mon mémoire portera sur l’aménagement d’un espace public qui mettra en valeur du silo n°5. Dès lors, mon travail débutera par une large analyse contextuelle et historique du quartier, permettant de définir les enjeux reliés à


N l’aménagement de cet espace, à l’échelle du quartier, de la ville et de la Communauté Métropolitaine de Montréal. Ainsi, cela nous permettra de définir une nouvelle vocation pour le secteur et de proposer alors un plan directeur appuyé par une vision prospective de la ville. Cette proposition permettra d’intégrer le silo n°5 dans un contexte plus large tout en considérant les tendances futures tant au niveau social, économique, que environnemental. La seconde partie de ce document traitera du silo n°5 et de sa mise en valeur dans un espace public. On commencera donc par une analyse contextuelle et historique portant sur le monument, ce qui nous amènera aux assises théoriques de notre proposition. Cellesci seront guidées par le concept de ruine, prévalant sur le silo n°5, et nous permettront de comprendre son intégration dans le paysage. Ainsi, cette contextualisation permettra une proposition ancrée par des assises théoriques répondant alors à la problématique développée. En quoi l’aménagement d’un espace public permettrait la mise en valeur et la conservation d’une ruine industrielle ? Le mémoire aboutira alors à une critique du projet répondant, d’une part à la problématique, et d’autre part à ma vision de la ville.


ÉTHODOLOGI

Ma proposition de design se démarque par un double niveau d’intervention. Tout d’abord, un regard à l’échelle du quartier permet de comprendre l’intégration du silo n°5 et de déterminer sa vocation future. Ainsi, ce premier degré d’intervention aboutit sur un macro design du quartier permettant de définir une programmation pour notre site. Le micro design sera alors centré sur la vocation du silo n°5 incluant, comme on le verra par la suite, le quai Bickerdike. Dès lors, une méthodologie adaptable aux deux échelles a été déterminée. Au préalable, une analyse contextuelle et historique permet de faire le lien entre l’état actuel des lieux et l’histoire du site. On comprend alors quels sont les grands gestes du territoire qui ont marqué ce site. Cette analyse contextuelle permet également de cerner des problématiques importantes. Par la suite, une lecture des enjeux du paysage est nécessaire, aussi bien au niveau du quartier que de la Communauté Métropolitaine de Montréal. Cela permet, d’une part de documenter les différentes problématiques du lieu et de confirmer nos analyses, et d’autre part de comprendre à quelle vocation le site sera voué à l’avenir.

Macro design Analyse

Analyse

territoriale

théorique

Assises

de la

proposition

Proposition d’aménagement


Ces lectures permettent alors de définir une vision d’aménagement appuyée par un contexte théorique permettant de confirmer la faisabilité et la pertinence de la proposition. Dès lors, les assises conceptuelles permettent un projet, d’une part ancré dans le contexte, et d’autre part assure une fiabilité et une justification de celui-ci. Cela permet alors de définir les assises de la proposition tels que les objectifs, la programmation et les intentions d’aménagement répondant aux problématiques et enjeux du territoire. Cela donne suite à une proposition d’aménagement qui sera décrite dans le détail. Cette méthodologie permet alors d’avoir une proposition s’appuyant sur le contexte, pertinente face aux enjeux du territoire, justifiée par des assises conceptuelles fortes et validée par des objectifs et une programmation. Cette démarche méthodologique de projet est alors appliquée aux deux échelles permettant d’ancrer nos propositions dans le site et de répondre aux enjeux du territoire. Le contexte théorique évolue alors suivant l’échelle et la vision d’aménagement proposée. Chaque projet est alors différent et permet une approche propre au site et ancrée dans son milieu. Les propositions d’aménagement sont donc variées et diversifiées proposant alors des expériences différentes et uniques.

Micro design Analyse

Analyse

contextuelle

théorique

Assises

de la

proposition

Proposition d’aménagement



LOCALISATION Vieux-Port de Montréal

Canal de Lachine Gare de triage Silo n°5

Limites d’intervention Quai Bickerdike

Autoroute Bonaventure Habitat 67


OMMAIR

01

UN CHANGEMENT DE VOCATION DU TERRITOIRE D’ICI 2050. Un contexte industriel fort.

21

Le développement du quartier.

21

État des lieux.

28

Prise en compte des enjeux. La société du Havre développe le territoire.

33

La CMM limite l’étalement urbain.

34

La ville de demain, la ville post-carbone.

02

33

LE DÉVELOPPEMENT D’UN NOUVEAU MODE DE VIE. Les assises de la proposition.

37

43

Vision d’aménagement.

43

Intentions d’aménagement.

46

Développement de la vision du projet.

49

Les réseaux.

49

La trame bâtie.

56

Les espaces publics.

63


03

LA RUINE, CONSIDÉRATION THÉORIQUE DU SILO N°5. Contexte socio-culturel. Contexte théorique.

79 87

Notion de patrimoine et de monument.

87

La conservation du patrimoine.

91

Parti-pris.

95

Le silo n°5 comme ruine industrielle. La mise en valeur de son état comme point de départ.

04

95 101

UNE MISE EN VALEUR PAR OPPOSITION À SA VRAIE NATURE. Concept d’aménagement.

105

Objectifs d’aménagement. Assises conceptuelles. Concept d’aménagement. Programmation du site.

105 107 110 114

Détails de la proposition de design. Caractérisation de l’espace scénographique. Composition de l’espace.

117 117 127

Ambiances développées.

143

Temps routinier. Temps récréatif estival. Temps récréatif hivernal. Temps évènementiel.

144 152 160 168



01 Un changement de vocation du territoire d’ici 2050.



19

Afin de mieux comprendre les enjeux actuels du site du silo n° 5, mais aussi en vue d’une meilleure intégration du projet d’aménagement, une prise de recul est nécessaire. Après avoir abordé le site dans son ensemble, il m’est apparu nécessaire d’intégrer ma proposition dans une vision globale permettant le développement d’un plan directeur à l’échelle du quartier. Étant donné la vocation industrielle encore fortement présente sur le site, cette vision se veut être prospective. Ainsi, mon plan directeur prend ses assises dans la ville du futur, soit dans 50 ans. Elle répond ainsi à des enjeux actuels, mais également aux problématiques de demain, où les énergies fossiles seront de plus en plus rares. Afin de comprendre le contexte, on débutera par une analyse historique permettant de cerner l’évolution du territoire et son état actuel. Celle-ci sera appuyée par des extraits d’une analyse sensible permettant de définir les assises de la proposition d’aménagement. Par la suite, on cherchera à comprendre les enjeux actuels du territoire, à l’échelle du Havre de Montréal et de la Communauté Métropolitaine de Montréal. Cela permettra de situer notre proposition dans les enjeux du territoire. On s’orientera, par la suite, sur la configuration des villes de demain et de leurs enjeux, permettant alors d’appuyer notre étude sur des théories scientifiques. Enfin, on développera notre plan d’aménagement, proposant un mode de vie innovant et répondant aux enjeux de la ville du futur. Ces assises conceptuelles seront alors ancrées dans la mémoire du site permettant de définir une vocation précise et cohérente pour le silo n° 5.


1834 1. La construction du canal de Lachine propulse l’industrialisation de Montréal en créant un lien maritime avec la région des Grands Lacs.


Un contexte

industriel fort.

Le développement du quartier. L’industrialisation de Montréal a débuté par la construction du canal de Lachine, commanditée par le gouvernement britannique en 1821. Cet ouvrage, de 14 km, a permis de relier l’océan Atlantique à la région des Grands Lacs, évitant ainsi les rapides de Lachine. Sa réalisation permet, par la suite, à de nombreuses industries de s’implanter sur les rives du canal, profitant alors de la ressource en eau pour l’énergie hydraulique ou pour leurs systèmes de refroidissement. Au-delà d’être utilisé comme matière première, le canal permet aux industries de profiter d’un accès privilégié pour le transport des matières premières. Ce premier geste vient scinder le territoire en deux parties, créant ainsi une barrière forte entre l’île de Montréal et le quartier du Sud-Ouest (Société du Havre de Montréal, 2004). Par la suite, en 1854, est érigé le pont Victoria, évitant ainsi les traversées en canot ou sur la glace, il devient alors le premier lien ferroviaire entre l’île de Montréal et le reste de l’Amérique. Considéré comme la 8e merveille du monde, il était, à l’époque, un des plus longs ponts ferroviaires (Choquette, 1987). Ainsi, ce sont plus de 3000 ouvriers qui ont participé à la construction de l’ouvrage. Ceux-ci, en raison de faibles moyens de transport, étaient logés dans le village de Victoriatown, construit sur les marécages remblayés par l’excavation du canal de Lachine (Société du Havre de Montréal, 2004). Composé seulement de quatre rues, ce village était considéré comme un ghetto complètement isolé du reste de l’île de Montréal (Société du Havre de Montréal, 2004).

21


1910 2. Le début de la construction du silo n°5 marque l’arrivée de Montréal dans le commerce du grains.


23

Bien que ce lien ferroviaire a créé une avancée dans l’industrialisation de la ville, c’est plus largement la construction de la voie ferrée entre l’est et l’ouest du Canada en 1881 qui a propulsé le commerce des céréales à Montréal (Desjardins, 2007). De plus, les accords du Col du Nid du Corbeau ont favorisé le transport du grain par une baisse des tarifs ferroviaires pour les céréales (Hallé). Ainsi, Montréal ne se contente plus de fournir les Antilles en céréales comme en 1770, mais devient le grenier à blé de l’Europe (Société du Havre de Montréal, 2004). Face à l’industrialisation rapide de Montréal, la ville doit se doter d’infrastructures adéquates. On assiste alors à la formation du Vieux-Port tel que nous le connaissons aujourd’hui, par la construction de la quai Bickerdike en 1896, puis de la jetée Alexandra, King-Edward et Jacques Cartier respectivement en 1899, 1902 et 1904. Le commerce du grain prend alors de l’ampleur, le port ne peut plus fonctionner avec des silos démontables, de la même façon que les hivers précédents. Ainsi, le silo n° 1 est construit en 1901, faisant face au marché Bonsecours. Il est rapidement suivi en 1906, par la construction de l’élévateur B, actuelle partie centrale du silo n° 5, puis par sa première annexe en 1924 (Société du Havre de Montréal, 2004). En 1926, Montréal devient alors le plus grand port céréalier du monde accueillant plus de 27 % du blé des États-Unis pour l’exportation vers l’Europe (Hallé).


1941

3. La gare de triage vient scinder le territoire urbain et soutient la vocation industrielle du site.


25

C’est par l’implantation de la gare de triage du Canadian National Railway Company (CN) que le territoire à l’étude subit sa seconde fracture urbaine. Son implantation favorise l’établissement de nombreuses industries ceinturant alors le village de Victoriatown. Le site est alors pris dans un enchevêtrement de voies ferrées : la cour de triage au sud, les voies traversant l’ensemble du VieuxPort à l’ouest et les voies rejoignant le quai Bickerdike au nord. (Société du Havre de Montréal, 2004). À partir de 1941, on voit apparaître des silos à grains privés destinés à sa transformation telle que Farine Five Roses, les silos de la Canada Maltage en 1969 et les silos de Cereal Food en 1976. En même temps, on érige l’annexe B du silo n° 5, la plus imposante de toutes, accueillant environ 44 silos (Société du Havre de Montréal, 2004). Deux ans plus tard, on note une baisse d’activité dans le Vieux-Port de Montréal, causée par l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent. Ainsi les navires peuvent atteindre la région des Grands Lacs pour recevoir leur chargement de grains. Montréal est alors détrônée par des grandes villes américaines, telle que Chicago, pour l’exportation des céréales (Desjardins, 2007). Le silo n° 1 est, par la suite, détruit ouvrant ainsi une fenêtre sur le Saint-Laurent et le silo n° 5 fermera ses portes en 1995. Aujourd’hui, l’Europe est autonome dans sa production agricole, le blé canadien est alors acheminé vers l’Asie. Le port de Vancouver prend alors le relais sur le Vieux-Port de Montréal en matière d’exportation de céréales (Hallé).


4. Le quartier accueil l’Exposition universelle de 1967, marquant le territoire par l’arrivée de l’automobile.

1973


27

Le développement de l’automobile marque un tournant majeur pour la ville de Montréal, mais impose au territoire de grands gestes d’envergure qui se révèlent aujourd’hui négatifs. Ainsi, pour l’Exposition universelle de 1967, la ville de Montréal redéfinit son entrée de ville en construisant l’autoroute Bonaventure, traversant le Havre de Montréal. Le site accueille également un stade de plein air ainsi que des stationnements pour l’exposition. Le village de Victoriatown est alors démantelé pour faire place à l’exposition. Le secteur prend alors un virage culturel avec le stade de plein air et par l’implantation en 1968 du musée d’art contemporain de Montréal (Société du Havre de Montréal, 2004). Face aux nombreuses transformations du territoire que le site a subi, un état des lieux actuel s’impose.


5. La trame urbaine est complètement destructurée.

6. Des stationnements à perte de vue delimités par des barrières fortes comme la voie ferrée.

État des lieux. La vocation culturelle du site a entièrement disparu favorisant

l’implantation

de

zones

industrielles.

Ainsi l’échelle des bâtiments et la typologie de la rue ne laissent que très peu de place aux piétons, favorisant les transports routiers de marchandises et destructurant complètement le site (fig. 5 et 6). Il est saturé de grands stationnements pour le casino ainsi que quelques usines de transformation alimentaire. En contrepartie, on peut noter de fortes influences sur le territoire à l’étude (fig. 7 et 8). Tout d’abord, le site subit une forte pression aussi bien de Griffintown,


7. De fortes pressions urbanistiques ceinturent le territoire à l’étude.

29

8.  On remarque des pressions immobilières dans le quartier du Sud-Ouest qui a subi une augmentation de sa population de 9,2 % en 5 ans. (De Rosa, 2017).

de Pointe-St-Charles que du Vieux-Port au niveau du développement immobilier. Ensuite, la proposition d’implantation d’une station de SLR (Système leger sur rail) au coin des rues Wellington et Bridge (https://www. cdpqinfra.com/fr/Reseau_electrique_metropolitain) renforce le changement de vocation du site à des fins résidentielles. Pour finir, la mise en œuvre d’un plan directeur pour l’ensemble du Vieux-Port, incluant le silo n° 5 pour le 375e anniversaire de Montréal, pousse à réfléchir sur la vocation touristique du secteur. Le site tend alors vers une migration de ses industries vers le port commercial à l’est de Montréal, laissant place au développement d’un nouveau quartier.


9. De multiples barrières physiques, à attenuer, ceinturent l’ensemble du site.

Concernant les infrastructures du site, l’autoroute agit aujourd’hui comme une frontière dans le quartier créant ainsi des no man’s land, des espaces sousutilisés (fig. 10). Bien que l’autoroute ait subi un rabaissement de sa structure dans le centre-ville de Montréal, des efforts sont encore à considérer pour notre secteur. Il s’agit alors de revoir la localisation de l’entrée de la ville de Montréal créant ainsi des 10. L’autoroute Bonaventure constitue une frontière forte dans le quartier, créant des espaces sous-utilisés.

conditions favorables au développement d’un quartier. La voie de chemin de fer, traversant le port, constitue la ligne principale est-ouest du CN. Avec, en moyenne, deux passages par jour, cette voie ferrée apparaît comme une contrainte à gérer sur le site. Une révision des horaires de passage serait propice aux développements futurs. Quant au canal de Lachine, fermé en 1970 pour les activités économiques, il est rouvert en 2002 pour la navigation de plaisance. Ce changement de vocation en fait un lieu très convoité des touristes et promeneurs et constitue un attrait important pour ces abords. Enfin, la gare de triage est aussi une contrainte à gérer par les nuisances provoquées. Bien que son activité ait diminué, elle reste toujours active et nécessaire.


31

11. Les silos à grains comme temoins de l’évolution du territoire fluvial et céréalier de Montréal.

Les silos apparaîssent alors comme les derniers

site, passant de village ouvrier, à un site industriel, et

survivants de cette glorieuse époque industrielle (fig.

servant ensuite de support à l’Exposition universelle de

11 à 15). Ils marquent le paysage aussi bien par leur

1967.

monumentalité, leur grandeur que par leur importance comme témoins de l’histoire du quartier et de Montréal en général. Ils sont les dernières preuves de la prospérité économique dans le commerce des céréales, mais aussi les témoins de l’évolution de la vocation du

Le site aspire alors à une nouvelle vocation, à un développement d’un nouveau quartier s’appuyant sur les infrastructures existantes, qu’elles soient ferroviaires, routières ou industrielles et en tenant compte de son contexte historico-industriel.


12. Le silo Farine Five Roses est considéré comme un symbole culturel de Montréal.

13. Le silo de la Canada Maltage est relié au silo Farine Five Roses et au silo n°5 par un reseau de convoyeurs aériens.

14. Le silo Cereal Food, structure plus discrète par son integration dans le paysage du canal de Lachine.

15.  Le silo n°5, témoin du commerce du grain et de l’activité industrielle du Vieux-Port de Montréal.


Prise en

AVR

compte des enjeux.

La société du Havre développe le territoire. Face à cet état des lieux, la société du Havre émet un plan d’action avec la volonté de rapprocher la ville du fleuve. Pour cela, elle a développé trois axes stratégiques principaux concrétisés par un plan de programmation. Sa vision d’ensemble est définie par la volonté de : « Renforcer la vocation du Havre comme habitat urbain de qualité, comme milieu de vie complet et diversifié sur le plan social et comme pôle dynamique créateur d’emplois, notamment par une requalification urbaine des secteurs déstructurés au sud du centreville ; Concevoir la vocation récréative, culturelle et touristique du Havre de sorte qu’elle se développe en harmonie avec l’objectif de créer un milieu de vie de qualité pour les résidents actuels et futurs ; Améliorer substantiellement l’accessibilité au Havre et au fleuve en misant sur le développement du transport en commun, de réseaux piétonniers et cyclables et de parcs linéaires » (Société du Havre de Montréal, 2004, p11).

33


A la vue de ces axes stratégiques, la société du Havre

Cette vision de la société du Havre définit les volontés

de Montréal prévoit pour le secteur un enfouissement

politiques reliées à ce secteur. Cette programmation,

de l’autoroute Bonaventure passant sous le canal

projetée sur 25 ans, amorce quelques pistes de

de Lachine ainsi que deux lignes de tramway : la

solutions face aux différentes contraintes du site.

première de la station de métro Champs-de-Mars

Afin de définir une vision d’ensemble du quartier, il

au parc Jean-Drapeau en longeant l’ensemble du

est important de comprendre le contexte à l’échelle

Vieux-Port, la seconde reliant la station Champs-de-

de la Communauté Métropolitaine de Montréal afin

Mars à la station de métro Peel, longeant également

de saisir les orientations en termes d’expansion, de

le Vieux-Port. Ce plan de transport permet à la fois

transport et d’environnement.

une connexion du Vieux-Port avec le parc récréatif Jean-Drapeau, mais aussi avec le reste de la ville de

La CMM limite l’étalement urbain.

Montréal, un fort atout pour le développement urbain. La société du Havre prévoit dans notre secteur l’implantation d’un développement immobilier à forte densité appuyé par une riche mixité d’usage sur le quai Bickerdike. Au niveau des attraits touristiques, la société propose la construction d’un centre de foire

Afin d’assurer une compétitivité et une attractivité dans une perspective durable, Le Grand Montréal s’est défini trois grands défis principaux : •• Une croissance d’environ 530 000 personnes et de 150 000 emplois d’ici 2030 ;

d’envergure internationale ainsi qu’une promenade

•• Une optimisation et un développement des

linéaire s’étendant de l’île des Sœurs jusqu’au pont

réseaux de transport en commun afin de densifier

Victoria impliquant un léger retrait de l’autoroute

l’urbanisation ;

Bonaventure dans les terres (Société du Havre de Montréal, 2004).

•• Une mise en valeur des atouts naturels et bâtis ;


35

Ainsi les objectifs de la CMM sont définis par trois

la préservation des paysages d’intérêts métropolitains,

orientations : un milieu de vie durable, un réseau de

la protection du patrimoine bâti et une mise en valeur

transport en commun performant et structurant, et

du milieu bâti, naturel et des paysages à des fins

une protection et mise en valeur de l’environnement.

récréotouristiques (Communauté métropolitaine de

Tout d’abord, afin de répondre à un milieu de vie

Montréal, 2010).

durable, la CMM veut orienter 40 % de la croissance de la ville dans un rayon de 1 km des stations, actuelles et projetées, permettant un développement du territoire de façon durable et intégré. La CMM prévoit également une augmentation de la surface des terres de culture. Au niveau des transports, elle prévoit d’augmenter de 30 % la part des déplacements en transport en commun par une modernisation et un développement de son réseau. De plus les nœuds de transport devront créer des centralités favorisant ainsi la mobilité active à l’échelle métropolitaine. Pour l’environnement, la CMM oriente ces propositions vers

Aussi bien la société du Havre que la CMM, toutes deux ont des ambitions et des objectifs liés à une démarche prospective de la ville. Ainsi, considérant la vocation actuelle du site et les problèmes environnementaux des sols pollués, de nombreuses années seront donc nécessaires à la transformation du site. Ma proposition d’aménagement reposera donc sur une vision de la ville dans 50 ans. À partir de là, il est nécessaire de réfléchir à la ville de demain tant au niveau économique, social, environnemental que culturel.



La ville de demain, la ville post-carbone. Il est nécessaire de constater que les villes sont responsables à 70 % des émissions de gaz à effets de serre de la planète, et consomment les deux tiers de l’énergie mondiale. Elles devront ainsi s’adapter aux changements climatiques, mais aussi atténuer leurs émissions. Trois principales sources touchent particulièrement la ville : les transports sont responsables de 13 % des émissions mondiales, la production énergétique de 26 % et la consommation des bâtiments résidentiels et commerciaux de 8 %. Ainsi, l’élaboration d’un quartier bien conçu permet une réduction de 45 % des émissions par rapport à un quartier actuel, nos critères de design seront alors orientés pour maximiser la durabilité environnementale, sociale et économique. Plusieurs facteurs influencent les émissions de gaz à effets de serre. Tout d’abord l’implantation géographique de la ville par rapport à ces ressources naturelles influe sur le type de matières premières utilisées à la création énergétique. Une production locale permettrait de réduire considérablement les émissions de gaz à effets de serre. De plus, l’implantation géographique agit sur les comportements de consommation. En effet, les émissions des pays développés sont largement supérieures aux émissions de pays en développement. Le dernier facteur est la typologie urbaine et la densité de population, une concentration de personne permet une maximisation de l’espace et réduit ainsi les distances à parcourir pour la population. Une proximité des services et un maillage des transports publics efficaces favorisent ainsi la réduction de gaz à effets de serre. Notre proposition devra alors intégrer une forte densité de bâti, un réseau de transport durable tout en restant intégré dans son contexte.

37


Au vu de ces facteurs, les villes concentrent principalement leur plan d’action sur 5 volets : •• L’aménagement et le développement par la limitation de l’expansion urbaine, une réduction des besoins de déplacement et une augmentation Devant les tendances actuelles de l’aménagement du

de l’efficacité énergétique de la ville. •• L’environnement bâti par une utilisation de matériaux

écoénergétiques,

de

technologies

d’approvisionnements alternatives et de pratiques visant la réduction de la consommation. •• Les infrastructures urbaines par une réduction des impacts des réseaux d’approvisionnement en énergie et des systèmes d’assainissement et de distribution d’eau. •• Le transport par le développement des transports publics, l’utilisation de technologies plus propres et une promotion des déplacements non motorisés.

territoire, mais aussi en regardant les défis liés aux changements climatiques, la ville de demain devrait se détacher de sa consommation d’énergie fossile actuelle pour tendre vers un modèle durable. Ainsi, la ville de demain devra être post-carbone, c’est-à-dire une ville qui rompt toute dépendance à l’utilisation massive des énergies fossiles tels que le pétrole, le gaz ou le charbon (Theys, Videlenc, 2015). Par conséquent, le passage vers la ville de demain ne se fera pas sans instabilité, ni conséquences ou contraintes importantes. Cette transition énergétique implique d’une part une augmentation des prix de

•• La séquestration du carbone par la suppression

l’énergie, et d’autre part, une crise climatique décisive

des gaz à effets de serre de l’atmosphère en misant

pour la sauvegarde de nos villes. Ainsi cette transition

soit sur des puits de carbones naturels tels que les

nous propose d’ouvrir des perspectives intéressantes

boisés et les rivières, soit sur une revalorisation

et innovantes. Cette évolution devra répondre autant

énergétique de ces gaz (UNO-Habitat, 2011).

que possible aux enjeux suivants (fig. 16) :


Enjeux t

vie Or g

a

iaux alités sociale s soc ine - Inég ux rba je ion u En nisat

s te de e ss au

39

Mod ed e

vironne ux enres aux consémentau e j quen En mpératu ces x

inc on nu es

e l iqu tionna om erna onnt int

ec Innovation - Emplois - hnic Pos itio o-é nn c em e

16. Cette transition energétique nous amène vers des solutions innovantes et intéressantes à mettre en oeuvre.

H

En vue d’une transition énergétique, l’enjeu technico-

de vie, des organisations urbaines différentes, une

économique est primordial prenant en compte

réductions des inégalités, donc finalement des types

l’innovation, les restructurations industrielles et

de sociétés plus durables. Pour finir, la priorité est

de l’emploi, le financement des investissements

l’enjeu environnemental, par une augmentation des

et le positionnement international. L’enjeu social

températures de 4 à 6 °C, dont les conséquences,

donne la possibilité d’aller vers de nouveaux modes

sont encore inconnues (Theys, Videlenc, 2015).



02 Le dÊveloppement d’un nouveau mode de vie.


Vivant Milieu de vie

Attirant Destination touristique

Nouveau mode de vie

Durable Écosystème urbain viable

Intégré Quartier connecté 17. À travers ces lignes directrices, le quartier développé propose un nouveau mode de vie.


Les assises de la proposition.

Vision d’aménagement. En vue du contexte, des pressions sur le territoire et des volontés politiques, le développement d’un quartier semble être la solution la plus appropriée pour le site. Ainsi, la proposition ira au-delà des tendances actuelles avec le développement d’un nouveau mode de vie. Celui-ci répondra aux enjeux actuels du site, mais aussi aux enjeux de la ville de demain. La vision définit alors un nouveau mode de vie autour de quatre lignes directrices (fig. 17). Tout d’abord, le premier objectif est de créer un milieu de vie animé par une multiplicité d’espaces publics diversifiés, une trame urbaine dynamique, une forte densité d’habitation et une diversité de fonctions propices au fonctionnement d’un milieu urbain. Ainsi, en jouant sur ces paramètres, l’intention est d’établir un espace résidentiel, de travail, de loisirs et de culture permettant une proximité forte au sein du quartier, une centralité qui permettra une diminution des flux de transport, réduisant alors les émissions de gaz à effets de serre. De plus, ces paramètres impliquent une vie sociale forte, animée reposant sur cette trame urbaine favorisant le développement d’une économie locale et rentable, induisant ainsi un quartier vivant.

43


Ensuite, le second objectif est de créer une destination touristique à l’échelle de la ville, de la Communauté Métropolitaine de Montréal et plus largement à l’échelle du Québec. Cette attractivité sera alors rendue possible par une programmation culturelle, événementielle, sportive et récréative forte. L’intégration de divers parcs sur le site, ainsi que des centralités dans les silos à grains, favorisera cette visibilité culturelle en étant le support à cette programmation variée. Cela permettra ainsi une attractivité considerable du quartier, favorisant les déplacements locaux, mais s’ouvrant également sur le reste de la ville. L’objectif est donc de voir le site comme une destination en tant que telle, la programmation apparaît alors comme un élément essentiel à développer. La troisième intention est de créer un milieu de vie durable à travers ces réseaux et ces développements immobiliers. Ainsi, notre proposition vise à un détachement de notre dépendance à l’automobile, par la mise à disposition d’infrastructures de transports actifs. De plus, la proximité des destinations à l’intérieur du site permet de limiter les flux de transport vers l’extérieur du quartier. Une attention particulière sera consacrée au bâtiment permettant alors une faible empreinte écologique que ce soit à la construction ou lors de l’occupation. De plus, les bâtiments soutiendront, par leur design, l’autonomie énergétique et alimentaire par une production in situ. Pour finir, le quartier se veut également durable, par ces multiples biotopes représentatifs des nombreux espaces publics différents sur le site. Le quartier tend alors, par son efficacité et sa durabilité, à devenir un écosystème urbain viable.


Le dernier objectif est l’intégration de ce quartier dans les mailles existantes de la ville de Montréal. Une attention particulière sera, d’une part, portée à l’intégration de nouvelles infrastructures de transport dans le respect du contexte actuel, et d’autre part au raccordement de ces nouvelles lignes au réseau existant. La proposition tend également à une mise en valeur du contexte fluvial et céréalier, présent depuis la formation du site, par une réhabilitation des silos à grains et par une mise à profit de l’environnement fluvial à des fins récréatives. L’objectif est alors de connecter le futur quartier dans son contexte existant, favorisant ainsi son insertion comme milieu de vie. Cette vision s’organisant autour d’un nouveau mode de vie, répond aussi bien aux enjeux de la société du Havre, de la Communauté Métropolitaine de Montréal, qu’aux enjeux de la ville de demain. Son intégration dans le tissu urbain, sa proximité, son indépendance énergétique et agricole sont des facteurs favorisant le développement d’un nouveau mode de vie durable.

45


Intentions d’aménagement. La ville se développe suivant un système de trois composantes interconnectées et dépendantes les unes des autres : la trame bâtie, les réseaux et les espaces publics. Notre vision prendra appui sur ces trois composantes et sur leurs interrelations pour définir notre proposition d’aménagement.


Tout d’abord, la trame bâtie se révèle être le support de production énergétique et agricole en plus de supporter une activité économique, culturelle, récréative et sociale forte. La trame bâtie est alors un des piliers essentiels à une vie urbaine animée et vivante.

La seconde composante, les réseaux, sont support de déambulation, de marchabilité et de mobilité. Adaptables à des flux multifonctionnels, ces réseaux doivent être agréables, d’une échelle adaptée et efficace répondant à une ville du futur par sa rapidité dans les flux, mais lente par sa proximité.

Pour finir, la troisième composante, les espaces publics, sont le support de la vie urbaine démontrant la vitalité du quartier. Une diversification de ces milieux permet une variété de vie sociétale et de milieu de vie, favorisant ainsi la diversité tant au niveau fonctionnel, social ou écologique.

Notre vision est alors définie par des principes de design, lesquels se répercutent sur ces trois composantes et définissants en détail notre vision. La partie suivante présente le fonctionnement de ces trois composantes de la ville et leurs relations entre elles, démontrant la cohésion de la proposition et sa justification face aux enjeux cités précédemment. Chaque critère de design est alors défini par des principes cohérents dans la vision du plan directeur.

47


18. La ligne de tramway en rouge et la ligne de SLR en bleu se connectent au réseau de métro existant (en orange et vert).


Développement de la vision du projet.

Les réseaux. Adaptabilité des réseaux existants. Le plan directeur propose tout d’abord une réutilisation des infrastructures existantes suivant le principe de l’adaptabilité. Ainsi, la voie de chemin de fer nord-sud, traversant le Vieux-Port, sera aménagée afin d’accueillir une ligne de tramway, les horaires de passages des trains de marchandises seront alors adaptées. Cette ligne reliera la station Berry-Uqam, en longeant l’ensemble du Vieux-Port, traversant ensuite, notre site d’intervention pour relier par la suite la station Charlevoix. Cette ligne de transport vient alors pallier au manque d’accessibilité du Vieux-Port (Vieux-Port de Montréal, 2016), en intégrant le site à l’étude dans le réseau de transport en commun actuel. Ensuite, une réutilisation de la voie de chemin de fer est-ouest est actuellement à l’étude pour accueillir le SLR, permettant de relier le site à la rive sud du fleuve Saint-Laurent avec l’Université de Montréal, en passant par l’Université McGill (https://www.cdpqinfra.com/fr/Reseau_electrique_metropolitain) permettant un lien entre les différents pôles de la ville (fig. 18).

49


Positionnement stratégique des stations. Dans les principes de connectivité et de mobilité, le site sera équipé de trois stations de tramway sur la ligne nord-sud et d’une station multimodale, où tramway et SLR se rencontrent. Les stations sont alors localisées stratégiquement suivant des centralités culturelles, économiques et récréatives.

Démantèlement de l’autoroute Bonaventure. Une relocalisation de l’entrée de ville permet une atténuation de la fracture urbaine de l’autoroute Bonaventure connectant alors le nord et le sud du site d’intervention. Un démantèlement de l’autoroute Bonaventure est alors prévu, créant un boulevard urbain perméable avec une circulation régulée permettant une redéfinition du caractère urbain.


51

La trame de circulation automobile. Le plan directeur propose une hiérarchisation favorisant ainsi les circulations piétonnes et cyclables. Actuellement, la trame automobile existante est particulièrement faible, mais permet une intégration du site dans son contexte urbain. Afin de limiter la présence de l’automobile sur le site, la trame actuelle sera préservée dans son intégralité appuyée par la présence de stationnements souterrains à des endroits stratégiques. Ceux-ci permettent alors de créer un milieu de vie piéton où la voiture est complètement absente du reste de la trame urbaine. De plus, ces stationnements accueilleront des stations d’autopartages de véhicules écologiques. Les voies automobiles reposeront alors sur une activité économique forte permettant une vie de quartier.


Des rues commerciales structurantes. La trame est définie par des artères commerciales structurant le quartier. Celles-ci seront piétonnes, d’une largeur variable entre 12 et 22 m permettant une vie active importante appuyée par un développement commercial au rez-de-chaussée des bâtiments. Elles sont alors adaptées à la marchabilité et à la proximité pour le piéton, reliant alors des nœuds importants dans le quartier. Une circulation pour livraison sera autorisée à certaines heures de la journée.

Des ruelles vertes revisitées. Un

réseau

de

ruelles

vertes

permet

une

déambulation entre les voies commerciales, et agit comme raccourci entre celles-ci. S’inspirant des ruelles vertes de Montréal, elles sont piétonnes et agissent comme un réseau d’espaces verts permettant une biodiversité biologique.


Vision axée sur la marchabilité. Le développement de ce réseau de transports permet une liaison vers les quartiers adjacents tout en favorisant la marchabilité dans le quartier. Ainsi, notre proposition définit un quartier entièrement accessible dans un rayon de 400 m, soit 7 à 8 min de marche, d’une station de transport en commun à une autre. Cette piétonisation du site est propice à une durabilité au niveau des transports, se détachant complètement de la dépendance à l’automobile par une proximité des services.

53

Amélioration du transport actif. La

connectivité

du

site

est

améliorée

par

l’aménagement de lien entre le silo n° 5, le quai Bickerdike et la pointe de la cité du Havre. De plus, l’aménagement de pistes cyclables le long du boulevard Bonaventure ainsi que l’accessibilité aux cyclistes sur l’ensemble du site, permet des connexions au réseau existant. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de promouvoir le transport actif et de permettre une rupture avec les énergies fossiles.



19. Cette ambiance démontre la vitalité du quartier par une architecture diversifiée, par des concours d’architecture, des espaces publics importants et surtout un espace voué au piéton. L’intégration d’une gestion de l’eau fait partie intégrante des propositions d’aménagement des espaces publics.

55


40 % Commerces, bureaux,

La trame bâtie.

institutions publiques...

40 % 20 %

Habitations de tailles variables

Flexibles

Une mixité de fonctions. Le plan directeur aspire à une mixité de fonctions en développant 40 % des surfaces bâtis à une vocation commerciale, institutionnelle ou de bureaux, 40 % à vocation résidentielle et 20 % flexible. Cela permet tout d’abord une forte activité sur le site, appuyée par une variation des dimensions des locaux disponibles, mais aussi une forte densité de population. Le plan directeur prévoit 7500 personnes sur une superficie de 380 000 m2 habitable. Environ 190 000 m2 sont considérés comme des espaces flexibles permettant une adaptation de locaux aux besoins du quartier. Cette flexibilité permettra également une durabilité du modèle.

Diversité architecturale. La trame bâtie sera définie par une diversité architecturale permettant une dynamique dans le paysage urbain. Ainsi, le développement des bâtiments sur concours permettra d’accueillir les meilleurs concepts en termes de design urbain écologique, de plus, cela apportera une variation de rythme, de matériaux et de couleurs dans le paysage urbain. Enfin, les rez-de-chaussée actifs favoriseront une forte activité économique propice à une vie de quartier.


Hauteurs variables.

Production in situ.

Dans un objectif de confort, une variation des

L’utilisation

hauteurs de bâtiments est préconisée. Celle-

l’aménagement des toits. Ainsi, le plan directeur aspire

ci permettra d’une part une dynamique dans

à développer un tiers de ces toits par une végétalisation,

le paysage urbain, mais au-delà, favorisera

un second tiers par une production d’énergie solaire

la lumière naturelle. Ainsi la hauteur des

ou autre, et le dernier par une production agricole bio-

bâtiments dépendra de leur orientation et de

intensive sous serres. Cela permet une productivité

leur relation avec les autres édifices.

énergétique et agricole des bâtiments réduisant ainsi

des

bâtiments

sera

optimisée

par

l’impact environnemental des transports d’énergies et de denrées alimentaires. Cela répond aux enjeux de la CMM, c’est-à-dire l’augmentation de 30 % des surfaces agricoles, tout en soutenant l’intention d’un milieu de vie durable. Le premier tier de toits végétalisés permet également une adaptabilité des besoins, pouvant alors évoluer vers une production agricole ou énergétique.

57


Optimisation des cours intérieures.

Transparence des façades.

Les bâtiments seront développés afin d’intégrer

Afin de maximiser la lumière naturelle, une transparence

une cour intérieure encadrée par le cadre bâti. Ces

des façades est préconisée. La technologie Low E avec

dernières permettent alors une appropriation par

argon, permet une optimisation de la consommation

les résidents par l’aménagement d’espaces verts,

d’énergie utilisée pour le chauffage. Ce type de fenêtre

de jardins communautaires ou autres suivant les

permet une maximisation des rayons du soleil l’hiver

besoins. Cette végétalisation permet alors de limiter

donc favorise chaleur et luminosité tandis qu’en été,

les îlots de chaleur sur le site en créant des îlots de

cela limite la quantité de chaleur tout en laissant entrer

fraîcheur. De plus, cette configuration du bâti favorise

la lumière naturelle (http://www.grouperoyalty.com/fr/

la lumière naturelle dans les habitations permettant

quest-ce-que-le-low-e-avec-argon). Cette technologie

l’amélioration du confort des résidents.

permet alors de réduire la quantité d’énergie donc la réduction de gaz à effet de serre tout en améliorant le confort des résidents.


Durabilité des matériaux. Étant donné que de nombreux bâtiments ne seront pas maintenus, une réutilisation des matériaux in situ sera favorisée. De plus, le développement de la trame urbaine devra répondre aux critères de la certification LEED, dans l’objectif d’avoir une haute qualité environnementale, favorisant ainsi leur durabilité et répondant aux enjeux de la ville du futur.

59 Gestion des déchets intégrée. La

gestion

des

déchets

aujourd’hui

est

une

problématique importante aussi bien dans les lieux publics que dans les ménages. Ainsi, une gestion des déchets directement sur le site permet une amélioration considérable des conditions sanitaires. Trois poubelles différentes, recyclage, compost et domestique, seront installées à des points stratégiques permettant de recueillir l’ensemble des déchets. Ceuxci seront alors directement envoyés à des centres de gestion de déchets via un réseau souterrain permettant alors des rues propres en tout temps.



20. Les unités d’habitations permettent une production agricole pour le quartier et également énergétique, démontrant ainsi son autonomie. Des cours intérieures permettent des espaces semi-privés tout en favorisant la lumière naturelle dans les appartements.

61


Multicentralité sportive

Multicentralité évènementielle

Multicentralité culturelle

Multicentralité touristique 21. Une réhabilitation des silos en multicentralité permet une mise en valeur des édifices et de leur histoire.


Les espaces publics. Création de multicentralité. Les silos étant considérés comme des témoins de l’histoire du site, le plan directeur prévoit leur réhabilitation permettant à la fois une nouvelle fonction, mais aussi une mise en valeur de ces repères culturels. Ainsi, les silos aspirent à un réaménagement en lieu public agissant alors comme des multicentralités (fig. 21). Ces silos sont mis en valeur par des axes urbains vivants et par une programmation dynamique. Ainsi, le silo de Cereal Food, à l’ouest, sera converti en centralité sportive, utilisant le bassin adjacent comme support d’activités et sa structure comme installation sportive telle que gymnase, piscine, centre d’escalade… Le second silo, Farine Five Roses, sera une multicentralité événementielle. Étant déjà un repère visuel par son enseigne, il sera alors un repère culturel par sa programmation : théâtre, opéra, concert, cinéma… Le silo de la Canada Maltage accueillera une multicentralité culturelle par sa réhabilitation en une bibliothèque et un musée, rappelant ainsi l’histoire de l’industrie de Montréal. Le dernier pôle est une centralité touristique par l’aménagement du quai Bickerdike qui mettra en valeur le patrimoine tangible et intangible du silo n° 5, développer par la suite dans la seconde partie de ce mémoire. Ces centralités permettent d’une part la mise en valeur du patrimoine et d’autre part de constituer des points d’intérêts à l’échelle de la ville et de considérer le quartier comme une destination.

63


22. Création d’une promenade linéaire permettant une reconnexion avec le contexte fluvial.


65

Création d’un parc riverain. Afin de mettre en valeur le contexte fluvial, du site, une promenade linéaire permettra une proximité du public avec le contexte (fig. 22). Cette promenade linéaire sera propice au développement d’activités tel que des bains portuaires, le développement de patinoires ou de structures de kayakisme. De plus, ce parc améliore la qualité de vie du quartier par une accessibilité au milieu naturel.


23. Les interludes permettent une diversité d’espaces publics écologiques permettant une cohésion sociale dans le quartier.


Aménagement des interludes. La trame urbaine développée est caractérisée par une base orthogonale et personnalisée par un retrait des bâtiments

permettant

d’une

part

d’éviter des corridors de vents et d’autre part de créer des espaces propices à une vie urbaine active et vivante.

Ces espaces, de tailles variables, sont alors flexibles dans leur programmation et sont définis par leur

67

environnement bâti. Ainsi, un espace entouré de bâtiments commerciaux sera édifié comme une place tandis qu’un espace proche d’une école primaire sera aménagé en parc pour enfant. Cela permet une multitude d’espaces publics de typologie et de programmation différentes.

Ceux-ci favorisent alors l’interactivité et la sociabilité au sein du quartier et créer des espaces appropriables par la population.


Ces espaces, dans leur matérialité,

Une gestion des eaux pluviales

Cette multitude d’espaces publics

doivent

surfaces

sera intégrée directement sur

est caractérisée par une forte

ainsi

ces espaces publics. Des noues

végétalisation créant ainsi autant

réseaux

paysagères devront recueillir l’eau

de biotopes que de lieux publics

souterrains de la ville de Montréal.

des toits et de la rue afin de la traiter

différents,

partiellement puis de l’acheminer

biodiversité et la durabilité du plan

vers des bassins de rétentions.

directeur (fig. 23).

favoriser

perméables,

les

limitant

l’engorgement

des

favorisant

alors

la

Ceux-ci seront alors directement intégrés à l’espace public tel des Water Squares développer par la firme De Urbanisten à Rotterdam (http://www.urbanisten.nl/ wp/?portfolio=waterpleinen).

Parc de quartier. L’aménagement de ce parc de quartier a un double rôle ; d’une part, il permet de créer une zone tampon entre la gare de triage et le quartier tout en créant un lien écologique entre le canal de Lachine et le Saint-Laurent, d’autre part, il permet la proximité d’un grand parc public reconnectant les résidents avec la nature, tout en proposant une programmation de parc avec promenades, aires gazonnées… Ainsi, il s’intègre dans un réseau d’espaces verts et permet de répondre au besoin de puits de carbone en milieu urbain (fig.24).


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24. La création de ce parc vient alors créer un lien écologique entre le canal de Lachine et le Fleuve SaintLaurent.



25. La promenade riveraine est un des espaces publics les plus importants dans la programmation du quartier. Ainsi, il s’intègre en tenant compte du contexte dans lequel il s’inscrit, tout en offrant une possibilité de tirer profit de celui-ci.

71



Silo n° 5. Le développement de la multicentralité du silo n° 5 est le sujet de mon mémoire et sera alors traité dans la seconde partie de l’ouvrage. Les principes développés précédemment proposent une vision nouvelle de la ville du futur. Notre proposition s’inscrit bel et bien dans une optique post-carbone, où une productivité énergétique et agricole in situ permet de réduire les émissions de gaz à effets de serre. De plus, le développement du transport en commun et des infrastructures de transport actif permettent un virage vers une ville verte. Ainsi, le développement d’un nouveau mode de vie s’inscrit dans l’aménagement d’une ville écologique où la végétation est abondante, la proximité est favorisée, les déplacements sont efficaces favorisant un milieu de vie social complet, actif et vivant. Cela permet alors une adaptation aux besoins futurs, dans le respect des infrastructures existantes et avec une flexibilité quant aux futurs besoins. Le site démontre ainsi une programmation attractive pour la population, mais aussi pour le tourisme en intégrant des centralités rayonnantes à l’échelle de la ville. C’est dans cette optique que l’aménagement du silo n°5 sera conçu. Il agira alors comme un site touristique rayonnant à l’international, mettant de l’avant les valeurs patrimoniales du silo n° 5, tout en étant intégré dans son contexte. Ainsi la vocation de parc du silo est claire permettant une proposition intégrée dans le 26. Plan directeur du nouveau quartier.

paysage urbain actuel et futur.

73



03 La ruine, considération théorique du silo n°5.


Depuis sa fermeture en 1995, face à sa conservation, le silo n°5 a suscité beaucoup de controverses. Malgré un fort engouement pour sa démolition, qui dégagerait, selon certains, les vues vers le fleuve dixit les promoteurs immobiliers, la conservation du silo n°5 est soutenue par sa protection comme édifice fédéral du patrimoine (Ibanez, 2013). Par la suite, en 2012, Héritage Montréal organise des visites du silo n°5, qui provoque l’admiration de l’ensemble des participants séduits par la vue panoramique et son imposante beauté. Ces visites constituent une première étape visant à changer les perceptions du silo n°5, la phase suivante étant la consultation publique qui a eu lieu en janvier 2016, préconisant sa mise en valeur. Ainsi ces deux premières phases aboutiront à l’élaboration d’un plan directeur pour le Vieux-Port de Montréal, incluant la Pointe-aux-Moulins. Le silo apparaît donc comme un objectif majeur de revitalisation du Vieux-Port puisqu’il constitue la seule partie non aménagée. La question de sa démolition étant écarté, sa vocation future est alors à l’ordre du jour. Ainsi le silo n°5 s’inscrit aujourd’hui dans des enjeux de développement et de paysage urbain selon Héritage Montréal : « Développement urbain : Un cas qui met en évidence les enjeux de réconciliation entre l’économie, le développement immobilier et le patrimoine. Paysage urbain : Un cas qui soulève des questions de relation avec le cadre urbain, son caractère, son échelle et ses qualités patrimoniales. » (Héritage Montréal, 2016)


Ainsi, la seconde partie de mon travail dirigé traitera du silo n°5, notamment de sa mise en valeur et de sa mise en scène dans le paysage urbain par l’aménagement du quai Bickerdike. Mon propos débutera par un petit historique du silo qui en démontrera ses valeurs patrimoniales, architecturales et environnementales, valeurs qui comme on le verra par la suite sont sujet à controverses. Cette section abordera les concepts de patrimoine et de monument qui permettra par la suite de réfléchir sur ces deux notions et sur les enjeux de conservation qui rentrent en ligne de compte. Ceux-ci permettront d’aboutir au concept de ruine, notion applicable au silo n°5, et de leur intégration dans le paysage que ce soit dans les parcs paysagers anglais du XVIIIème siècle ou dans les parcs contemporains. Cela nous permettra d’émettre, par la suite, une proposition d’aménagement centrée sur la mise en valeur de sa nature de ruine, tout en créant un aménagement axé sur l’expérience de l’usager. La population est alors un des vecteurs clés de la pertinence de la proposition de design.

77


27. Le silo n°5, aujourd’hui laissé à l’abandon, était l’un des plus importants de Montréal.


Contexte socio-culturel. L’eau apparaît importante dans l’histoire industrielle de Montréal. Tout d’abord, voie d’accès elle constitue une source de refroidissement pour les industries, puis devient par la suite une source d’énergie. En outre, en 1821, la création du canal de Lachine permet la navigation des navires entre l’embouchure du St-Laurent et les Grands Lacs. Ainsi, l’eau devient un réseau de voies de communication facilitant les échanges commerciaux notamment pour le commerce du blé. L’essor de ce commerce s’envole en 1886 avec l’achèvement d’une voie de chemin de fer entre Vancouver et Montréal. Les terres du Québec perdant de leur fertilité, le blé est donc produit en Ontario et dans les prairies américaines puis est acheminé par la suite jusqu’à Montréal où il est stocké dans les silos à grains. Il est ensuite conduit en Angleterre par voie maritime faisant de Montréal le grenier à blé de la Grande-Bretagne (Ibanez, 2013). Pour répondre à la forte demande européenne, Montréal doit se doter d’infrastructures capables d’accueillir un plus fort volume de céréales. Ainsi, l’élévateur B du silo n°5 est érigé en 1902 pouvant ainsi contenir un million de boisseaux de grains. Avec une structure en acier et des silos rectangulaires, cet élévateur semble être, à cette époque, une prouesse technique. Le manque d’espace de stockage pose de nouveau problème en 1921 puis est résolu par la construction de l’annexe 1 et 2. Par la suite, avec la création de la voie maritime du St-Laurent, le Vieux- Port de Montréal doit répondre aux besoins de plus gros navires et construit donc l’annexe B1 en 1957. Cette nouvelle extension, pouvant contenir jusqu’à 1 500 000 boisseaux de grains, permet d’être ininflammable par sa matérialité en béton (Ibanez, 2013). Le silo cessera ses activités en 1995, du fait de la baisse des exportations de blé. Dès lors, la question de sa démolition, afin d’éviter les coûts de réhabilitation et d’entretien, apparaît comme une évidence.

79


28. La présence de la voie ferrée a permis au silo de jouer un rôle majeur dans le transit des céréales vers l’Europe.


Pour éviter sa démolition, le gouvernement du Canada classe le silo n°5 en tant qu’édifice fédéral du patrimoine reconnu (Ibanez, 2013), sa protection étant seulement limitée à son emprise spatiale. L’évaluation du BEEFP (Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine) est définie suivant les critères d’association historique, architectural et environnemental. L’association historique détermine la valeur associative du monument, c’est à dire, l’importance de celui-ci dans l’évolution de la collectivité (Parc Canada, 2012) : « L’élévateur B1, en tant qu’élément de l’ensemble de l’élévateur no 5, est un très bon exemple d’un bâtiment industriel associé au thème de l’exportation des céréales au Canada. À partir de 1880, le commerce des céréales a pris une ampleur exceptionnelle. Durant plusieurs décennies, le blé demeurera le principal produit d’exportation à transiter par le port de Montréal et l’un des principaux moteurs de l’économie canadienne. La Grand Trunk Railway Company a initié le projet de l’élévateur no 5 en 1903 et, en 1922, elle en a cédé la propriété à la Commission du havre de Montréal, prédécesseur du port de Montréal. » (Parc Canada, 1996) Ainsi la valeur du silo n°5 est reconnue pour son rôle dans l’histoire de l’économie canadienne. Il représente donc aujourd’hui un symbole de l’ère industrielle de Montréal.

81


29. Ces formes purement fonctionnelles démontrent de la valeur du silo.

L’intérêt

architectural

détermine

la

valeur

physique de l’édifice dans sa conception et dans sa réalisation. Comprenant à la fois la valeur fonctionnelle, l’exécution et les matériaux et le travail du concepteur, la valeur architecturale rend compte de la technicité des monuments (Parc Canada, 2012). Ainsi l’intérêt architectural du silo n°5 est défini par : « Ses qualités esthétiques et de sa conception fonctionnelle

très

efficace.

D’un

style

nettement utilitaire, le bâtiment marque la maîtrise des techniques de construction des silos en béton armé. La légère ondulation de l’enveloppe de béton révèle la fonction de cette structure gigantesque dont l’allure massive est allégée uniquement par les deux étages vitrés de son sommet. » (Parc Canada, 1996)


Pour finir, la valeur environnementale est évaluée selon le rôle du monument dans le paysage urbain actuel soit son emplacement, son cadre et son point d’intérêt. Cette valeur définie l’importance du bâtiment dans son contexte et sa symbolique dans le paysage dans lequel il s’inscrit (Parc Canada, 2012) : « L’élévateur B1, en tant qu’élément de l’ensemble de l’élévateur 5, renforce le caractère industriel du port de Montréal où il est situé et est un repère bien connu dans la ville. » (Parc Canada, 2016)

30. Le silo n°5 constitue un témoin important de l’apogée industrielle de Montréal.

83


Ainsi les valeurs listées par Parc Canada révèlent le caractère industriel du silo n°5 et son rôle identitaire dans le Vieux-Port de Montréal. Mais ces valeurs énoncées précédemment par le gouvernement fédéral ne sont pas partagées par l’ensemble de la population. Effectivement, la notion de patrimoine industriel, pour la population, sous-entend des notions de laideur, de saleté, voire même de pollution (Gauvreau, 2012) et le silo n°5 n’y échappe pas. La consultation publique sur l’avenir du Vieux-Port a permis alors de prendre connaissance de l’avis de la population. Par le biais d’un forum sur le site internet de la consultation publique, celle-ci a pu s’exprimer sur le sujet. On peut donc scinder en deux parties le point de vue de la population. Une première le considère comme un patrimoine à conserver représentant l’ère industrielle de Montréal : « Les écluses et les silos, en particulier l’extraordinaire Silo 5, sont des témoins majestueux d’une époque glorieuse du Vieux-Port » (Avenir Vieux-Port Montréal, 2016) Cette partie de la population envisage le silo sous un angle mémoriel seulement, considérant très peu sa valeur iconique dans le vieux port de Montréal. Pour la seconde partie de la population qui aborde seulement l’impact visuel du silo, ce monument apparaît comme un bâtiment à détruire : « Le détruire pour en faire un accès au fleuve de la population. » (Avenir Vieux-Port Montréal, 2016) Cette citation est une des nombreuses de cet avis. Le silo est donc perçu comme un obstacle visuel bloquant les vues sur le fleuve St-Laurent.


31. La population ne percoit que très peu les valeurs portées par le silo n°5.

On peut remarquer que la population ne perçoit pas la valeur réelle reconnue du silo soit son intérêt architectural et historique. Le silo est seulement perçu comme un monument représentant une époque de développement de Montréal, mais en aucun cas son rôle et son architecture, ne sont mis de l’avant. D’un point de vue des artistes, la valeur historique, notamment

son

économique,

la

monumentalité,

rôle

dans

le

développement

valeur

architecturale,

ces

formes

par

sa

géométriques

gigantesques, et la valeur environnementale, du fait de son caractère industriel dans le vieux port, sont reconnues (Ibanez, 2013). Le Corbusier, lui-même, était émerveillé par la monumentalité de ces formes géométriques (Le Corbusier, 1966). Ainsi mon travail dirigé portera sur la mise en valeur de ce patrimoine industriel. Révéler sa forme, sa matérialité, son histoire sera un de mes principaux objectifs. Afin de mieux cerner le contexte patrimonial du monument, il est important de définir certains concepts.

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Contexte

théorique.

Notion de patrimoine et de monument. D’après l’énoncé patrimonial précédemment vu, le silo n°5 est tout d’abord perçu comme un patrimoine. L’UNESCO définit donc dans sa convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel deux types de patrimoines : le patrimoine naturel et le patrimoine culturel. Le patrimoine naturel est constitué des monuments naturels, des formations géologiques et des sites naturels. Le silo n°5 est donc inscrit dans la catégorie du patrimoine culturel définie par : « Les monuments : œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d’éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science. Les ensembles : groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science. Les sites : œuvres de l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. » (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, 1972, p. 3)

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Le silo n°5, si l’on considère sa définition, est inscrit dans la catégorie des monuments, premièrement par sa valeur architecturale, par sa structure de caractère archéologique industrielle, mais aussi par ses valeurs historiques, architecturales et environnementales citées précédemment. Le silo s’inscrit aussi dans la notion de patrimoine industriel défini par TICCIH (Comité international pour la conservation du patrimoine industriel) comme étant : « Les vestiges de la culture industrielle qui sont de valeur historique, sociale, architecturale ou scientifique. Ces vestiges englobent : des bâtiments et des machines, des ateliers, des moulins et des usines, des mines et des sites de traitement et de raffinage, des entrepôts et des magasins, des centres de production, de transmission et d’utilisation de l’énergie, des structures et infrastructures de transport aussi bien que des lieux utilises pour des activités sociales en rapport avec l’industrie (habitations, lieux de culte ou d’éducation) » (TICCIH, 2003, p. 1)


Au regard de la définition, on peut considérer que les limites de la notion de patrimoine industriel pour le silo n°5 vont au-delà de son emprise spatiale. Ainsi sont définis comme patrimoine industriel tous les lieux et infrastructures utilisés pour les activités industrielles liés au silo n°5 tels que la voie ferrée, les quais, les convoyeurs… Selon ce comité, le patrimoine industriel possède de nombreuses valeurs. Tout d’abord, il apparaît être le témoin d’activités qui ont eu et qui ont, encore aujourd’hui, des répercutions importantes. Contrairement à la nomination par le gouvernement du Canada, TICCIH rend compte de la valeur sociale du patrimoine industriel en donnant un sens identitaire aux hommes et aux femmes, il est donc le témoin d’une population. Ensuite, le patrimoine industriel possède des valeurs au niveau scientifique, technique ou encore esthétique. Pour finir, il représente la rareté de savoir-faire, de typologies de sites ou de paysages (TICCIH, 2003), tel est le cas pour le site du silo n°5 dans son contexte. Le patrimoine industriel a une étroite relation avec la nature et la culture dépendant principalement de ressources naturelles, énergétiques et de production dans ces procédés. Il regroupe à la fois des dimensions matérielles et des dimensions immatérielles par le savoir-faire, la mémoire et la vie sociale des ouvriers et de leur communauté (ICOMOS, 2011).

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Ainsi, le patrimoine industriel revêt plusieurs enjeux qu’il est important de considérer selon ICOMOS : « Étudier et comprendre les constructions, sites, aires et paysages industriels et leur valeur patrimoniale. Assurer la protection et la conservation efficaces des constructions, sites, aires et paysages du patrimoine industriel. Conserver constructions, sites, aires et paysages du patrimoine industriel. Présenter et communiquer les valeurs patrimoniales des constructions, sites, aires et paysages du patrimoine industriel pour sensibiliser le public et les entreprises et soutenir l’éducation et la recherche.» (ICOMOS, 2011) Face à ces enjeux, la conservation du silo n°5 apparaît alors primordiale. Ainsi, on se posera maintenant sur la notion de monument, qualification abordée dans la définition du patrimoine culturel de l’ONU. Dans sa définition, un monument est un bâtiment érigé dans un objectif de remémoration d’un événement, d’un site ou d’une personne pour un public. Il a comme fonction de préserver l’identité d’une communauté, c’est une défense contre le traumatisme de l’existence. Il est ainsi érigé de façon intentionnelle. Aujourd’hui cette définition de monument va plus loin et concerne également les édifices qui suscitent un étonnement, un émerveillement par leur force technique (Choay, 1999). Ainsi le silo n°5 est concerné par le deuxième volet de la définition par sa monumentalité et sa matérialité brute.


La conservation du patrimoine. La notion de monument historique apparaît plus tard et concerne un plus large champ d’édifice. Érigé de façon non intentionnelle, c’est un objet de savoir dans une conception linéaire, il a, par conséquent, une valeur dans le rappel du passé (Choay, 1999). Le silo n°5 s’inscrit donc dans cette notion de monument historique puisque son rôle premier n’était pas la remémoration, mais bien la manutention du grain. C’est par la suite, avec le déclin industriel de Montréal que sa valeur est apparue. À la suite à ces définitions, différentes valeurs peuvent être énoncées suivant la théorie de Aloïs Riegl démontrant ainsi différentes façons de conserver les monuments. Cet historien d’art différencie deux types de valeurs, elles-mêmes sous-divisés :

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Valeur de remémoration : •• Valeur de remémoration de l’ancienneté : la valeur 32. Ruskin: conservation des édifices dans leur authenticité.

du monument est constituée de sa vieillesse, mais aussi des marques laissées par le temps, donc dans son aspect non moderne. La valeur est ainsi fondée sur la dégradation (Riegl, 1984). •• Valeur de remémoration historique : le monument représente

un

stade

particulier

dans

le

développement d’un domaine de notre société. La valeur historique veut alors arrêter toute dégradation du monument, mais conserver la valeur ajoutée par 34. Viollet-Le-Duc : méthode de conservation basée sur une restauration dans l’état d’origine.

le temps (Riegl, 1984). Cette vision prend appui sur la théorie de Ruskin qui considère que la conservation est fondée sur l’authenticité. Il faut donc conserver d’une part les édifices dans leur état actuel, mais aussi la valeur ajoutée par la nature sur l’édifice au cours du temps (Choay, 1999) •• Valeur de remémoration intentionnelle : la valeur est définie par l’action de figer le monument dans son état originel (Riegl, 1984). Ce point de

33. Boito: Restauration des édifices en contraste avec le batiment originel.

vue s’appuie sur la théorie de Viollet-Le-Duc qui voyait l’architecture comme un tout homogène, conservant les bâtiments par leur restauration dans l’état d’origine, une restauration qui se fond dans le monument (Choay, 1999).


Valeur de contemporanéité : •• Valeur d’usage : édifice ancien qui continue d’être pleinement utilisé •• Valeur d’art : cette valeur se divise en 2 catégories : −− Valeur d’art de nouveauté : l’édifice doit plaire aujourd’hui, donc sans trace de vieillissement. L’édifice doit donc être restauré pour démontrer un caractère nouveau. −− Valeur d’art relative : cela consiste en la mise en valeur actuel d’art par l’ajout d’éléments modernes dans les œuvres anciennes (Riegl, 1984). Cette vision s’inspire de la théorie de Boito qui conçoit la restauration d’un édifice comme un dernier recours après épuisement de tous les moyens de sauvegarde tel que l’entretien et les réparations et consolidation non exposée à la vue. Selon lui, s’il y a lieu de restaurer un édifice, cela doit se faire dans un style différent du monument et ne doit pas passer pour originel (Choay, 1999). Aujourd’hui, la valeur du silo est concrétisée par sa capacité à être un témoin de l’ère industrielle. Le caractère décrépit, abandonné, rouillé, sa valeur historique, architecturale et environnementale, suscite la nécessité de démontrer sa valeur de remémoration historique. Ainsi la conservation de son état actuel apparaît comme évidente.

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35. Mon parti pris est de redonner un nouvel usage au silo n°5: celui d’une ruine intégrée dans un parc paysager.

RUINE

USAGE


Parti-pris.

Le silo n°5 comme ruine industrielle. Actuellement, par son manque de conservation, mais aussi par sa perte d’usage il y a de cela plus de 20 ans, le silo n°5 peut être associé à une ruine industrielle, à comparer au Colisée de Rome comme le mentionne Pierre Thibault dans la présentation de sa proposition pour le silo n°5 (Radio Canada, 2016). Ma proposition de travail dirigé sera de mettre en valeur le silo n°5 en lui donnant un nouvel usage, un nouveau statut, celui de ruine (fig. 35). Selon Le Blanc, la ruine est définie comme étant une construction qui a perdu une part de sa forme et sa substance originelle faisant en sorte que sa structure fonctionnelle a été perdue (Le Blanc, 2010).

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36. La rouille démontre une domination de la nature sur l’édifice.

On peut distinguer 3 auteurs principaux qui ont une vision distincte de la ruine industrielle : •• Pour Simmel, la ruine est l’expression de la volonté de l’esprit, c’est à dire la créativité du concepteur confrontée aux forces de la nature : la ruine, entité construite par l’homme, apparaît alors comme l’expression du rapport de force entre l’homme et la nature. On se retrouve ainsi avec l’opposition de la nature et de l’esprit. •• Smithson, précurseur du Land-Art, a une vision bien différente. Il voit la ruine industrielle comme un reste de notre propre développement, mais aussi la mémoire de celui-ci. Il s’agit alors d’assumer nos restes et de donner ainsi une valeur à toute chose, même celle qui n’en ont pas. •• La dernière vision est celle de Walter Benjamin qui considère la ruine comme un fragment d’une entité perdue. Ce fragment possède des valeurs et une forme qui lui sont propres. La reconstitution, à partir de ces fragments singuliers, apporte une nouvelle entité avec son propre sens et sa propre forme. La ruine forme alors le squelette pour reconstituer une nouvelle entité plutôt que la reconstitution d’une entité perdue. (Braae, 2015)


Ainsi je souhaiterai inscrire le silo n°5 dans la vision de Simmel considérant que la ruine actuelle du silo est soumise aux forces de la nature par un abandon total de sa fonction (fig. 36). Cette opposition du monument à la nature met en avant les valeurs culturelles portées par le silo n°5. Cette notion de valeur culturelle apparaît au XVIIIème siècle avec l’utilisation de la ruine dans les jardins. Plusieurs auteurs de l’époque ont écrit sur le sujet, dont le premier Thomas Whately qui, dans son ouvrage, Observations on modern gardening, élabore une esthétique des jardins modernes basée sur le rapport entre le feuillage, la verdure, les rochers et les fabriques pour créer, selon lui, un pittoresque exotique. Il consacre ainsi un chapitre entier aux constructions à insérer dans les jardins, dont les ruines. Pour l’auteur, elles ont pour effet de stimuler l’imaginaire en nous portant au-delà du visible, de ce que l’on perçoit réellement de la ruine. Ces dernières retiennent notre curiosité, dans un premier temps, par leur état actuel et ensuite sur leur état passé, sur leur vocation antérieure notamment : « Elles font naître des idées que les bâtiments, eux-mêmes, s’ils subsistaient, ne produiraient jamais » (Mortier, 1974, p. 108) L’auteur définit ainsi le plaisir éprouvé à la vue de la ruine comme une relation entre notre intelligence et notre sensibilité, une connexion qui présuppose « le respect du passé et l’amour des belles choses » (Mortier, 1974, p. 108).

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Ce bâtiment qui tombe en ruine donne alors à voir un contraste fort entre son état présent et son état antérieur, nous laissant le plaisir d’en faire la comparaison. Selon Whately, les marques de la nature apportent une valeur importante supplémentaire pour l’intégration de la ruine relevant ainsi son effet dans le paysage (Mortier, 1974) : « Rien ne peint avec plus d’énergie le désastre dans un lieu qui fut autrefois habité, que ces changements produits par la seule force de la nature » (Mortier, 1974, p. 108). Cet auteur voit ainsi la ruine comme un artifice capable de susciter l’imagination du promeneur. L’édifice est alors porteur de valeur culturelle que notre regard est capable de percevoir à travers les restes de la ruine. C’est dans ce sens que Jean-Marie Morel perçoit la ruine. Pour lui, plus les ruines sont imposantes par leur grandeur, leur monumentalité, plus elles enrichissent le site. Leur intégration dans un aménagement pittoresque a pour rôle de captiver le regard (Mortier, 1974), supposant ainsi un aménagement pour mettre en valeur la ruine. Morel partage l’avis de Whately sur l’effet que la nature a sur les ruines. Elle s’infiltre dans les fondations, investit les murs, la mousse et l’herbe poussant sur l’édifice démontre la vétusté du vestige améliorant ainsi l’expérience (Mortier, 1974). http://photographicsouth.blogspot.ca/2010/10/barnsley-garden-mansion-ruins.html


Le troisième auteur à s’exprimer sur l’intégration de la ruine dans les jardins partage une vision similaire aux deux premiers. Girardin voit la ruine qui appelle à l’imagination et à la réminiscence. Selon lui, les ruines sont remarquables par leurs tons de couleurs, leurs variétés de formes et par la verdure qui les ornent. Pour finir, Girardin souligne que les ruines ont non seulement un rôle esthétique dans les jardins, mais aussi une « participation culturelle, une fonction référentielle » (Mortier, 1974, p. 111). Ainsi les ruines dans les jardins ont à la fois un rôle esthétique, culturel, mais aussi référentiel. Intégrées dans un contexte de parc, elles doivent être marquées par une nature dominante qui accentue leur propre valeur. Actuellement les parcs intégrants des ruines industrielles, s’inspirent justement de ces principes des jardins du XVIIIème évoqués plus tôt. Chan relève ainsi trois utilisations distinctes de la ruine industrielle dans les parcs d’aujourd’hui relevant ainsi une déficience dans leur intégration : la première est l’utilisation de la ruine comme arrière-plan ou comme support d’activités récréatives dans un parc, l’exemple le plus marquant serait le Landscape Park Duisburg-North en Allemagne qui utilise les structures pour une utilisation contemporaine. La deuxième utilisation est pour l’expérience émotionnelle de la place, tel est le cas dans le Gas Works Park à Seattle. Le troisième usage est celui de l’utilisation de la ruine en tant que ruine, laissant de côté l’histoire du site, comme dans Mill Ruins Park à Minneapolis (Chan, 2009). À travers ces trois utilisations, l’auteur souligne la faible mise en valeur de l’histoire du lieu. Celleci est souvent exprimée à travers l’affichage de panneaux ou tout simplement omise, favorisant un usage récréatif nouveau sans considération de l’histoire antérieure du site. Ainsi la vision contemporaine de l’intégration de ruines dans les parcs est perçue comme un oubli de l’histoire pour l’attractivité du public. Selon l’auteur, la ruine perd sa signification lors de son intégration dans les parcs, elle n’a plus de sens.

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La mise en valeur de son état comme point de départ. Considérant la notion de patrimoine historique, je propose une conservation de l’édifice suivant la valeur de remémoration historique évoquée par Riegl. Cela permettra d’une part de conserver, l’édifice dans son état actuel, mais aussi de rendre compte de la valeur ajoutée par le temps. Celle-ci constitue un élément clé dans la perception du silo par la valorisation du caractère industriel de l’édifice marquant ainsi l’histoire du silo et du Vieux-Port de Montréal. Dans cette lignée, l’état rouillé, délabré, désuet, intensifié par les traces du temps, renforce la perception industrielle passée qu’évoque le silo. C’est dans la vision de Simmel que l’édifice apparaît le plus pertinent. L’abandon de celui-ci a laissé la nature s’enraciner sur le bâtiment laissant entrevoir la relation de l’homme et de la nature. Ainsi la végétation jouera un rôle important dans la mise en valeur des caractéristiques physiques de l’édifices et dans la mise en scène du silo n°5. L’aménagement des alentours devra, par conséquent, mettre en valeur l’histoire de la ruine, les valeurs qu’elle porte et évidemment la ruine en elle-même. Une attention particulière sera portée à l’aménagement pour ne pas utiliser la ruine comme un artifice au milieu d’un parc, mais de la voir comme un élément architectural capable de donner un sens à l’espace autour. La ruine constituerait alors le cœur de l’aménagement qui n’aurait plus de sens sans ce monument.

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04 Une mise en valeur par opposition Ă sa vraie nature.


Enjeux Objectifs

CMM

Havre de Montréal

Mettre en valeur son patrimoine bâti

Créer un milieu de vie pour les habitants du quartier

Mise en valeur du silo n°5

Ville de Montréal Devenir une des premières destinations touristiques

Milieu favorisant une vie de quartier

Miser sur les atouts uniques pour le développement touristique

Multicentralité touristique à différentes échelles


Concept d’aménagement. Objectifs d’aménagement. Cette mise en valeur du silo n°5 par l’aménagement d’un parc public permet la création d’une multicentralité touristique rayonnant à l’échelle du quartier et de la ville tout en offrant un parc attractif visant à améliorer l’offre touristique de la métropole. Le caractère unique de l’espace renforcé par la présence du silo n°5, en fait un site propice au développement programmatique réaffirmant ainsi la vocation culturelle de la ville. Par conséquent, la proposition de la création d’un parc public répond aux enjeux de la ville de Montréal de devenir une des premières destinations touristiques urbaines en Amérique du Nord par la redéfinition d’un espace culturel créatif. La programmation forte du parc et sa modulabilité en font un site propice au développement culturel attirant des évènements d’envergure internationale. Cette ambition répond encore une fois aux enjeux de la ville (Ville de Montréal, 2006). Ensuite, la création d’un parc vient ajouter un milieu favorable au développement d’une vie de quartier. Sa situation géographique et contextuelle en fait un site attractif du fait de sa proximité avec l’eau et de la sérénité des lieux. L’exploitation des qualités intrinsèques du lieu, la mise en valeur du contexte maritime et historique seront donc le fil conducteur du design de l’espace. Cela permet de répondre aux enjeux du Havre de Montréal de développer la vocation récréative, culturelle et touristique du site en lien avec la création d’un milieu de vie de qualité pour les résidents du quartier (Société du Havre, 2004).

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37. La domination de la nature sur le silo est une composante intrinsèque du lieu qui se doit d’être conservée.

Pour finir, la création de cet espace sera avant tout basée sur la valorisation du silo n°5, ce qui répond à la fois aux enjeux de la CMM de mettre en valeur ses atouts bâtis (Communauté métropolitaine de Montréal, 2010), mais aussi à ceux de la ville de Montréal de miser sur ses atouts uniques pour le développement de la ville (Ville de Montréal, 2006). Une mise en scène de l’édifice prendra place dans le parc à travers différentes stratégies de mise en valeur. L’objectif sera alors de rendre compte du caractère intrinsèque du lieu sans en dénaturer son expression actuelle. Ainsi, une accentuation de l’impact du passage du temps sur l’édifice apparaît comme primordiale.


Assises conceptuelles. Comme évoqué précédemment, la ville de Montréal a connu une forte expansion due au développement de ses infrastructures industrielles, et plus particulièrement dans le commerce des céréales. La ville rayonne donc aujourd’hui au niveau international grâce à ce fort développement historique. Ainsi, le silo n°5 apparaît comme un témoin de cette époque industrielle prospère et un des derniers symboles intacts dans le Vieux-Port de Montréal. Son emplacement géographique en fait alors un des éléments les plus marquants de ce lieu touristique. Cette révolution industrielle du début du XXème siècle est caractérisée par des notions de productivité, d’efficacité, de mécanisation et de mouvement. Le silo n°5 apparaît alors comme un héritage de cette mécanisation du travail. On peut ainsi dire que ce mouvement d’industrialisation a imposé un rythme de vie basé sur le temps mécanique. Par opposition, on retrouve le temps naturel rythmé par des cycles biologiques tel que les saisons, le jour et la nuit…

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38. Une préservation et la mise en valeur de l’édifice dans son état guidera alors notre proposition d’aménagement.


En outre, par le biais de l’industrialisation, le temps mécanique est venu bouleverser le temps naturel par l’intensification de l’agriculture, l’utilisation importante des matières premières… Selon le Global Footprint Network, en 2016, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la terre est capable de renouveler à partir du 8 août, fonctionnant alors à crédit. Les conséquences sont alors un dérèglement des écosystèmes ce qui résulte en un épuisement des matières premières, une érosion des sols, une disparition des espèces... (WWF, 2016) Depuis sa fermeture, le silo n°5 est soumis au temps naturel, définition propre de la ruine définie précédemment. Le temps naturel succède alors au temps mécanique par une soumission totale de l’édifice à la nature. On le voit à travers les photographies qui démontrent des dépôts de rouilles sur la structure, une végétation spontanée aux abords (fig. 37 et 38). La ruine est alors le médium de l’expression de la nature et donc du temps naturel.

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Concept d’aménagement. L’intention est donc de mettre en valeur le silo n°5 à travers le développement d’un paysage contrastant fortement avec celui-ci (fig. 39). Tout d’abord, la proposition tend à une accentuation du temps naturel sur l’édifice. Cette intention envers le silo adhère au courant de pensée actuel où la place de la nature et du patrimoine constitue des éléments clés du paysage urbain. Cette démarche s’inscrit dans la vision de RCR Architectures, récipiendaire du prix Pritzker en 2017, qui conçoivent des espaces en relation avec l’architecture, créant ainsi un dialogue entre le nouveau et le vieux, valorisant une relation avec le paysage, tout en prenant compte du passage du temps et de l’histoire du bâtiment (http:// labarcrarquitectes.cat/en/idea/). Ensuite, en contraste avec le silo soumis au temps naturel, l’intention de projet est de développer un paysage régi par le temps mécanique. Celui-ci sera alors considéré comme une métaphore de l’ère industrielle de Montréal.

39. Une opposition du temps naturel avec le temps mécanique pernettra une mise en valeur du silo n°5.


Cette intention se traduit par le développement

•• Le plan intermédiaire : Composé du silo n°5,

d’un paysage scénographique défini par les

constitue les assises culturelles, comme

espaces scéniques du paysage urbain. La

témoin du développement de la ville, mais

proposition repose alors sur des bases de

aussi le décor de Montréal, comme point de

compositions des parcs et jardins par un travail

repère dans le Vieux-Port. Son évolution, à

des différents plans (fig. 40) :

peine perceptible, tend vers un climax du

•• L’arrière-plan : C’est un plan immuable défini par le profil de la ville de Montréal et du Mont-

temps naturel. •• Le premier plan : Ce plan est défini par notre

Royal, soit du territoire. Ce troisième plan sera

proposition

d’aménagement.

Un

paysage

toujours présent et constitue les fondations

mécanique sera alors aménagé par la création

territoriales de la ville.

d’une scénographie du paysage.

40. le développement d’un paysage scénographique permettra une mise en scène des espaces scéniques du paysage urbain.

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Le concept d’aménagement se base ainsi sur les théories de Cedric Price, affirmant que l’architecture doit évoluer dans le temps suivant les usages. Il conceptualise les Free Space comme des espaces vides de toutes obstructions, caractérisés par une indétermination spatiale prête à accueillir n’importe quelle situation, à n’importe quel moment. L’imprévisibilité et l’instabilité sont des caractéristiques inhérentes à la nature humaine et doivent donc se refléter dans les espaces publics. Le concept d’espace évolutif constitue alors une qualité première de la typologie urbaine. Pour aller plus loin, Price développe le projet Fun Palace où une trame modulable et ouverte permet de créer une usine de divertissement. Le Fun Palace est composé principalement de colonnes structurelles et de bâtiments, le reste de l’espace est définit comme Free Space support d’usages variables et temporaires. Ainsi la proposition s’appuie sur ces bases théoriques pour créer un parc urbain modulable dans le temps, suivant les différents rythmes sociaux de la population. Le paysage s’adapte par une modulation de ces formes suivant quatre temps : •• Temps routinier •• Temps récréatif estival •• Temps récréatif hivernal •• Temps événementiel Ce développement en quatre temps permet d’avoir une programmation forte appuyée par une configuration de l’espace propice au développement de cette programmation. Ainsi l’espace scénographique évolue proposant à l’usager une expérience qui fluctue à travers le temps. Le passant entretient alors une relation différente avec l’espace qu’il côtoie et perçoit ainsi le contexte avec un regard renouvelé à chaque passage.


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Programmation du site. Comme évoqué précédemment, cet espace scénographique est capable de se moduler suivant quatre temps définis. Cette automatisation du paysage permet une programmation variée et appuyée par une modulation appropriée. Cela permet, d’une part, de multiplier les expériences vécues par l’usager en proposant un paysage en mouvement continuel tout en répondant aux besoins de la population. Ainsi, l’aspect de la socialisation et de la programmation en fait un des premiers atouts du parc. Ces temporalités paysagères seront développées selon des tendances sociétales fortes déterminées par l’occupation de la population sur le site : •• Temps routinier : Défini comme le temps de tous les jours, l’espace est modulé en fonction de nos habitudes journalières telles que la promenade, les activités sportives quotidiennes ou encore la relaxation. L’espace sera donc défini en conséquence. •• Temps récréatif estival : Ce temps se module en saison estivale, principalement en fin de semaine et en période de vacances scolaires et de tourisme. Sa configuration permet d’accueillir des groupes d’amis, des familles ou encore des sportifs pour toutes sortes d’activités programmées ou non sur le site. Cet espace mise donc sur une programmation forte démontrant ainsi une attractivité importante. •• Temps récréatif hivernal : Cette disposition qui prend place dans une dynamique similaire au temps précédent, se modulera les fins de semaine et en période de relâche scolaire. Sa configuration permettra une forte programmation hivernale propice au développement touristique du Vieux-Port. •• Temps événementiel : Cette modulation de l’espace s’inscrit dans l’objectif de proposer un nouvel espace de diffusion culturel d’envergure internationale. Sa configuration se développera lors de grands évènements, attirant une forte population et sera optimisée spatialement suivant cette programmation. La figure 41 démontre une répartition de l’ensemble de la programmation suivant les quatre temps définis.


Temps

Temps

Temps

Temps

routinier

estival

hivernal

évènementiel

Culturelle Expositions temporaires Marchés Spectacles, concerts, théatre Festivals

Récréative Baignade Glissades Patin à glace Jeux d’eau Activités sportives Pique-nique Bronzage

Contemplation Relaxation Promenade 41. Une programmation riche et variée permet un multiplication des expériences.

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Détails de la

proposition de design.

Caractérisation de l’espace scénographique. Le silo comme médium du temps naturel. Comme développé précédemment, le silo est le support d’une végétation naturelle, d’une réappropriation de l’édifice par la nature. Il sera alors sécurisé permettant une promenade informelle le long de son pourtour, mais également un belvédère à son sommet. Une vue à 360 degrés s’offre à nous, permettant de voir, d’une part le nouveau quartier proposé, mais aussi l’ensemble de la ville de Montréal, qui compose le troisième plan. Sur le reste du site, une végétation spontanée prend alors place laissant la nature créer ce mélange végétal. Peuplier, bouleau, verge d’or… seront des végétaux parmi tant d’autres que l’on pourra possiblement retrouver du fait de leur capacité à coloniser les milieux délaissés. Une biodiversité forte et imprévisible viendra alors s’installer démontrant alors les bienfaits écologiques du temps naturel.

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Le silo devient alors un témoin du temps naturel qui s’écoule, s’opposant totalement à l’aménagement mécanique qui prend place sur le quai Bickerdike. Dans ce sens, une expression du temps naturel prend place sur l’eau opposant alors les formes de l’aménagement du temps mécanique, à un retour à la nature. Cette plateforme permet d’accentuer cette dualité tout en créant un espace naturel renforçant la soumission du silo (fig. 42). Une promenade longeant l’édifice permet de rendre compte de la mise en scène du temps naturel dans l’espace. 42. Une mise en scène du temps naturel vient appuyer la mise en valeur du silo n°5.


La mise en valeur du silo n°5, hormis cette opposition au temps mécanique, sera une intention majeure dans notre proposition de design. Pour cela, une étude de précédent m’a permis de ressortir quelques grands principes de mise en valeur de ruines dans un parc. Pour cela, j’ai choisi deux parcs développés sur d’anciennes industries lourdes et qui sont à l’heure actuelle, les deux seules ruines industrielles intégrées dans un parc public. Cette étude de précédents nous aura permis de faire ressortir quelques pistes d’intentions concernant la mise en valeur d’une ruine industrielle dans un parc, mais aussi de comprendre l’intégration de celle-ci. Les pages suivantes présentent les deux projets en question et émettent les principes mis en œuvre pour l’intégration de ces ruines industrielles.

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UISBURG PAR

LATZ & PARTNER Le parc de Duisburg-Nord, localisé dans la vallée du Rhin, est un ancien fourneau où l’on travaillait l’acier. Fermé en 1985, le site fait l’objet d’un concours en 1989, remporté par la firme Latz & Partner, pour la réhabilitation du site dans une vision de conservation de l’essence du lieu. Dans le concept développé par les aménagistes, le paysage est composé de deux strates d’informations qui doivent être traitées différemment. Chacune a une relation différente avec l’environnement créant ainsi une mise en scène du paysage :

https://www.cclr.org/duisburg-nord-landscape-park

•• Les éléments extravertis : Les qualités de ces espaces proviennent des éléments extérieurs et non de leurs qualités intrinsèques. Ces espaces extravertis ouvrent des fenêtres et dessinent l’attention sur des caractéristiques spéciales de l’environnement. Ils mettent ainsi en valeur les espaces intravertis, ils ne se suffisent donc pas à eux-mêmes. •• Les éléments intravertis : Ces espaces ont leurs propres informations, leurs propres qualités, ils se suffisent donc à eux même. L’expérience de ces espaces est alors intrinsèque à l’objet et permet donc une mise en scène par les éléments extravertis du paysage.

http://www.latzundpartner.de/


À partir de ce concept, une mise en scène des éléments du paysage prend place permettant ainsi de proposer une expérience hors du commun. Le parc est alors composé de cinq couches distinctes réutilisant les éléments qui composent ce paysage : •• « Railway Park » : promenades surélevées sur des talus reprenant le tracé des voies ferrées, considérées comme la structure du site. •• « Water Park » : Promenades rabaissées suivant les canaux, auparavant utilisés comme système de refroidissement. Une mise en scène de l’eau prend alors place sur cet espace permettant en même temps une récupération écologique des eaux de pluie. •• « The Town Promenade » : Promenades au niveau du sol permettant une approche différente du site. •• « Vegetation Patches » : Cette couche végétale permet une mise en valeur du site par une adaptation des plantes au pH, aux différents types de contaminants du sol… Une mise en scène végétale prend place sur le site variant ainsi les espaces et diversifiant la programmation •• « Connecting Elements » : Ces systèmes permettent de lier les divers éléments du paysage par différents moyens, qu’ils soient olfactifs, visuels, acoustiques ou encore physiques (Latz, 2016).

Par l’étude de ces différentes caractéristiques, les principes qui émergent sont les suivants : •• Réutilisation des structures industrielles dans leur brutalité, leur état actuel pour une nouvelle utilisation •• Récupération des matériaux du site comme matières premières •• Mise en scène des éléments structurant le paysage industriel •• Mise en scène des composantes du paysage rappelant son affectation passée •• Mise en valeur de l’aspect abandonné du site, principalement à travers la végétation. https://www.pinterest.com/pin/347832771193086641/

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AS WORKS PAR

RICHARD HAAG Situé à Seattle, sur les rives du lac Union, le Gas Works Park est développé sur une ancienne raffinerie de pétrole, faisant de lui un des premiers parcs post-industriel. Haag prend le parti de considérer la structure comme une nouvelle forme d’art moderne permettant ainsi un changement des perceptions et finalement la conservation des structures dans leur état.

http://www.pbs.org/video/2365684562/

http://www.amusingplanet.com/2015/08/gas-works-park-in-seattle.html


Haag s’inspire alors de la vision de la nature des Japonais en comparant la structure d’acier à un refuge et le contexte terrestre à une perspective qui met en valeur la ruine. Les formes sensuelles et sculpturales de la terre sont alors opposées à la brutalité de l’architecture, la beauté des cylindres et la géométrie émanant de l’âge industriel. Ainsi, une opposition du Ying et du Yang prend place à travers les surfaces dures et actives de la structure, à la tranquillité et à la passivité de l’espace autour, créant ainsi un jeu de complémentarité par l’opposition d’expériences et de points de vue. Les structures sont ainsi mises en valeur par ce fort contraste rappelant le rôle de celle-ci : elles nous rappellent à la fois notre utilisation pionnière des matières premières, mais aussi leur impact sur notre environnement (Satherley, 2016).

Face à ce concept et cette forte mise en scène de la ruine, les principes retenus sont les suivants : •• Évocation de l’histoire du site par un marquage avec des objets •• Mise en valeur des vues depuis le site •• Mise en valeur de la ruine par un fort contraste •• Décontamination in situ formant ainsi un relief remarquable sur le site •• Utilisation des structures comme support d’activités.

http://richhaagassoc.com/studio/projects/gas-works-park/

123


Aménagement d’une double scène. La proposition d’aménagement se développe en deux espaces scénographiques régis par leurs relations à leur environnement, notamment avec leur ouverture visuelle sur les différents plans du paysage. Ces deux espaces, illustrés sur la figure 43, sont totalement autonomes l’un de l’autre et développent une vision différente de la mécanicité du paysage. La première scène, au nord du site, est définie par son ouverture visuelle sur le plan intermédiaire et l’arrière-plan. Un panorama sur la ville de Montréal et sur le silo n°5 s’offre au regard tout en étant proche du contexte fluvial et maritime du Vieux-Port. Sa proximité avec le fleuve est un atout considérable dans une ville où la population n’a que trop peu d’accès à l’eau. C’est donc en exploitant ces caractéristiques que cette scène sera développée. Ainsi un jeu de modulation du sol prend place selon un axe vertical permettant alors une relation différente avec le cadre urbain et une proximité avec l’eau évoluant au fil du temps. Ce jeu de niveaux change alors notre perception du site et en fait un espace incontournable par sa programmation développée.


Le second espace entretient une relation tout à fait différente avec son contexte. Sa proximité avec la structure monumentale du silo n°5 obstrue la totalité des vues vers l’arrière-plan. Le silo prend alors une importance grandissante par son caractère naturel accentué. Ainsi, cette scène du paysage mise sur sa proximité avec le silo pour permettre la mise en valeur de celui-ci par un mouvement horizontal de l’espace jouant ainsi sur les différentes perspectives visuelles vers le silo. La modulation des espaces permet alors de développer différentes relations avec le silo n°5 et une totale mise en valeur de l’édifice. Cette configuration permet également de moduler une variété d’espaces suivant les besoins programmatiques.

43. Le quai est divisé en deux espaces,, guidés par les relations du site avec son environnement.

125


Langage de forme. Le langage de forme développé repose sur l’idée qu’à travers ce jeu de plans, un élément important a été oublié malgré le fait qu’il soit un facteur important du développement de la ville de Montréal. Le fleuve Saint-Laurent est en effet un vecteur primordial dans le commerce des céréales, c’est donc un élément caractéristique de l’histoire du silo. Ainsi l’utilisation de formes douces, fluides, et sinueuses évoque l’appui d’une proposition d’aménagement qui vient se déposer sur le contexte fluvial immuable. Ces formes arrondies créées également un contraste avec la rigidité de la trame orthogonale du quartier développant ainsi des ambiances diverses. De plus, ce langage permet un contraste important avec la rigidité des quais, une caractéristique importante des paysages industriels. Ces quais supportaient auparavant, mais encore aujourd’hui dans le port de l’est, les industries qui ont fondé Montréal, à l’image du Silo n°5. De plus, la sinuosité des courbes permet un glissement fluide des différents espaces développés, créant ainsi un espace plus dynamique et plus adaptable dans son utilisation. Les courbes sont également propices aux balades en forêt, aux patinoires l’hiver ou encore à divers marchés. Ainsi, le langage de la première scène est travaillé suivant l’axe nord-sud, en parallèle au silo, ce qui permet de créer des effets visuels avec des angles de vues remarquables le long de l’aménagement. La scène secondaire est orientée vers le Saint-Laurent et permet alors une mise en valeur de sa portée vers l’horizon et du rapport de la ville de Montréal avec son fleuve (fig. 44).

44. Le langage de forme sinueux, reprend les courbes des vagues du fleuve Saint-Laurent, tout en contrastant avec le caractère rectiligne des quais.


Composition de l’espace. Définition d’une trame de fond. Chaque espace scénographique est établi sur une toile de fond, c’est-à-dire un décor fixe dans le temps sur lequel repose des éléments mobiles. Cette toile de fond est alors le médium de l’expression du temps mécanique et doit supporter une forte adaptabilité afin de répondre à une programmation, à une modulation

45. Une trame de fond vient contextualiser l’espace sur lequel le paysage mécanique s’installe.

des formes et à une mise en valeur des caractéristiques du site (fig. 45).

127


Tout d’abord, dans le premier espace

nous entourent. La matérialité des espaces

scénographique,

densément

minéralisés est en pavés de granit ce qui

arborée vient encadrer le site permettant

permet à la fois une perméabilité des sols

d’orienter ainsi le regard vers le silo n°5.

ainsi qu’une productivité par des plaques

Des

ouvertes

podoélectriques permettant de transformer

permettent une filtration de la lumière

l’énergie cinétique des usagers en énergie

en créant des espaces diversifiés selon

électrique, alimentant ainsi les besoins du

l’ensoleillement (fig. 46). La topographie,

parc (https://technologie-innovation.fr/viha-

légère par sa pente, mais forte par sa

concept-trottoirs-production-electricite-

hauteur, vient créer des arêtes et des axes

marche).

percées

une

zone

stratégiquement

de vues différents sur les espaces qui

46. Un encadrement végétal arborescent vient cadrer les vues vers le silo n°5.


La seconde scène, caractérisée par son ouverture visuelle, met en avant cette réciprocité avec le territoire. Ainsi, un rabaissement de 3 m de l’ensemble de la scène permet une connexion directe avec le contexte. Cette descente d’escalier permet la création d’un amphithéâtre sur la nature de Montréal (fig. 47). La vague adjacente aux escaliers vient alors appuyer l’impression de glissement vers l’eau, en plus de devenir un élément programmatique fort. Le peu de végétation marquant cette scène permet une ouverture toale du paysage. La matérialité en bois permet une dynamique de l’espace chaleureuse appuyée par un ensoleillement fort.

47. Une esplanade en bois permet une ouverture sur le fleuve Saint-Laurent et le Vieux-Port de Montréal.

129


Une construction compose également la trame de fond, permettant une offre de restauration tout au long de l’année. Il sert également de bâtiments de service proposant, par exemple, une location de patins l’hiver, tout en mettant à disposition des 48. Le batiment vient soutenir une activité économique tout en étant utile au fonctionnement du parc comme point de service.

toilettes pour le public (fig. 48). L’édifice reprend les formes courbes, tandis que sa matérialité en bois et sa transparence le lie avec le contexte naturel dans lequel il se trouve. Ces formes élancées en font un bâtiment intégré dans son environnement tout en mettant en valeur le contexte dans lequel il se trouve (fig. 49). Des rampes permettent un accès au toit, valorisent les vues sur le silo tandis que la

49. Sa forme et sa matérialité, mettent en valeur le silo n°5 et ouvrent des points de vues vers Habitat 67.

montée d’escalier est orientée vers Habitat 67, qui est également un édifice patrimonial.


Pour finir, cette toile de fond est appuyée par une trame de circulation fixe. Ce réseau propose une expérience unique par un ensemble de passerelles au-dessus de la seconde scène. Celle-ci change alors notre perception du contexte et permet un point de vue, aussi bien sur le fleuve et la ville de Montréal que sur le silo n°5. Les passerelles rejoignent à la fois les rives est et ouest tout en créant deux grandes promenades linéaires pour atteindre le nouveau quartier développé. L’encadrement de cette promenade varie suivant le temps développé permettant la création d’un espace dynamique. Un axe central est conservé et accentué à ciel ouvert tout au long des différents temps. Cette perspective permet un axe de vue important tout en ne donnant aucune délimitation dans le parc. Basée sur le principe des Ha Ha, la scène deux est alors rabaissée laissant place à une vue directe sur le fleuve (fig. 50). 50. La trame de circulation s’appuie sur un contexte visuellement riche et permet des points de vues interessants.

131


Les modules déplaçables. La scène principale est composée de cinq plateformes mobiles de grandes envergures permettant de diversifier l’expérience à travers le temps.

Ces modules proposent alors cinq

expériences distinctes tant dans leur matérialité, leur topographie que dans leur ambiance. Ils seront alors présentés, démontrant ainsi la diversité d’ambiances proposées. Ces modules sont alors construits comme des bacs de plantation avec une structure en béton armé composé d’un parement en acier corten, rappelant l’industrialisation passée. Un système de réseaux de rails permet de déplacer les modules de façon automatisée, alimenté par l’énergie électrique. La configuration des différents temps se fait alors de façon fluide et autonome.


Module A : Surface totalement engazonné, permettant une flexibilité dans la programmation de l’espace et rejoignant le concept de Free Space développé par Cedric Price. Suivant son emplacement dans le temps, ces espaces gazonnés libres sont essentiels dans la programmation d’un parc permettant à la population de se les approprier.

51. Ce premier module de gazon permet un appropriation libre de l’espace par les utilisateurs.

133


Module B : Composé d’une forêt, il constitue un îlot de fraîcheur important sur le site tout en proposant un regard différent des usagers sur la forêt. Cette plateforme, surélevée de 45 cm, propose, d’une part, des assises confortables autour de cet écosystème, mais permet également une épaisseur de substrat suffisant à la croissance de ce type de végétation. Une topographie est modélisée permettant une plus grande diversité de végétation tout en permettant de créer des jeux de percées visuelles à travers cette topographie. Ce module accueillera ainsi une forêt composée d’espèces indigènes, s’inspirant de la composition des érablières laurentiennes qui composent l’île de Montréal : •• Betula alleghaniensis

•• Tsuga canadensis

•• Fagus grandiflora

•• Larix laricina

•• Acer rubrum

•• Tilia americana

•• Abies balsamea

52. La forêt, bordée par des bancs de chaque coté, est un écosystème important dans le parc.


Module C : Espace surélevé de 45 cm, ce qui permet d’une part de créer des assises au pourtour et d’autre part d’accueillir une végétation arborescente. Une plaine gazonnée légèrement vallonnée prend place, créant des espaces plus ou moins ensoleillés cadrés par une végétation arborescente éparse. Celleci prend tout son éclat au printemps par le déploiement de la floraison des Prunus serrulata.

53. Ce module prend toute son ampleur par la floraison des cerisiers à fleurs au printemps créant ainsi un module coloré.

135


Module D : Cet espace est considéré comme une grande assise, un élément de mobilier à part entière. Composé d’une grande plateforme de bois, une couche de bouleau, Betula alleghaniensis, vient se superposer contrastant ainsi avec la couleur naturelle du bois. Ce module, de 45 cm de haut, permet une programmation libre tout en accueillant des espaces ombragés. 54. Cette large assises en bois permet un appropriation libre par les utilisateurs.


Module E : Cette plateforme est composée d’une plaine engazonnée agrémentée par des arbres isolés. Présentant une légère topographie permettant la plantation d’arbres de grand développement, ce module propose des espaces de détente avec un ensoleillement diversifié proposant une programmation libre. Les espèces végétales ont été choisies pour leur système racinaire traçant répondant aux critères techniques ainsi que pour leur grand déploiement : •• Betula papyrifera •• Alnus glutinosa •• Tilia americana •• Acer rubrum •• Fagus sylvatica 55. Cette plaine gazonnée permet une programmation libre dans des ambiances plus ou moins ombragées.

137


Végétation mobile. Afin d’appuyer les ambiances créées par ces modules amovibles, une trame végétale vient se superposer permettant de multiplier la diversité du décor. Afin de s’adapter au changement de temps, cette trame végétale est mobile via un système de rail. Chaque arbre a son propre bac de plantation de 2x2x1,5 m, soit 6m3, en dessous du niveau du sol et sont donc disposés sur un système de rail permettant de les déplacer. Au niveau du sol, un système de clapet permet à la fois le déplacement des arbres tout en permettant de marcher dessus. Cette trame végétale s’adapte alors complètement à la modulation du paysage et permet d’appuyer les intentions envisagées. Cette trame sera donc développée lors de la présentation des différents temps. Les espèces arborescentes choisies doivent ainsi répondre à différents critères techniques : un système racinaire traçant et une hauteur de charpentière élevée. •• Betula papyrifera •• Alnus glutinosa •• Tilia americana •• Acer rubrum •• Fagus sylvatica

56. Les arbres sont plantés dans des bacs de plantation en béton sur des rails permettant une mobilité de ceux-ci.


Mobilier. En vue de la proposition développée, le mobilier doit

Le mobilier se développe suivant les temps sociaux

lui aussi répondre à la modulation des plateformes.

proposés et permet une flexibilité totale. Sa

La modélisation du mobilier doit alors permettre une

matérialité en bois rappelle notre relation à la nature

adaptabilité totale de l’espace. Pour cela, le principe

et contraste avec la matérialité industrielle de l’acier

est de créer un équipement rétractable dans le sol,

corten. Le mobilier est alors développé en harmonie

permettant aussi le déplacement des modules. Le

avec le contexte, et est uniforme sur l’ensemble du

mobilier est alors au niveau du sol et monte à une

site.

hauteur de 45 cm à l’aide de vérins hydrauliques.

Bancs : Des bancs sont proposés sur la totalité du lieu. Si certains sont liés aux différents modules, d’autres se développent suivant les temps. Les bancs s’adaptent alors aux formes développées suivant l’aménagement proposé.

Plateaux : Des grands plateaux de 5x20 m sont disposés dans l’aménagement. Cette grande échelle répond d’une part à la monumentalité du site, du contexte, mais permet également une utilisation libre de ceux-ci.

139


Abris : Ce mobilier est développé pour répondre aux besoins de kiosques lors des évènements tels que des marchés, des expositions ou autres. Ce kiosque est composé d’une plaque d’acier soutenu par deux poteaux permettant de rentrer dans le sol lorsqu’ils ne sont pas utilisés.

Chaises longues : Ces chaises individuelles sont développées sur un rail permettant de bouger le long d’un axe suivant les envies des utilisateurs. Ces chaises isolées ou groupées, permettent une flexibilité suivant les besoins. De plus, selon les conditions d’ensoleillement, ces chaises tournent sur elles-mêmes suivant un axe, permettant une adaptation ludique et conviviale.


141



Ambiances

développées.

La modulation, l’adaptabilité et la flexibilité de tous ces éléments permettent de créer divers paysages et différentes expériences pour les usagers. Ainsi, chaque élément est pensé pour être adaptable et jouer un rôle clé dans les quatre scénographies développées. La partie suivante démontrera comment les éléments se modulent entre eux pour créer des espaces variés à travers les quatre temps suivants : •• Temps routinier •• Temps récréatif estival •• Temps récréatif hivernal •• Temps évènementiel

143


Temps routinier. Comme énoncé précédemment, le temps routinier est le temps de la vie quotidienne. Il concerne les habitants du quartier résidentiel tout proche tels que les promeneurs solitaires, les familles, les personnes âgées, ainsi que la population active des bureaux voisins. La programmation proposée répond alors aux attentes d’un calme profond régnant dans le parc à travers de nombreux espaces de cocons. Des points de vue sont privilégiés, l’espace scénique est mis en l’avant valorisant les différents plans du paysage. Ainsi ce temps repose sur la quiétude, la sérénité et les habitudes de la vie quotidienne. Trois ambiances différentes sont développées sur le site dans les deux espaces scénographiques.


57. Ce temps routinier propose un réseau de promenades à travers une diversité de paysages.

Dans un premier temps, la configuration du parc, par ses courbes, permet une déambulation à travers les ambiances des modules regroupés dans la partie est du quai. La sinuosité permet

58. Un cadrage des vues vers le silo permet une mise en valeur de celui-ci par un jeu d’ouvertures et de fermetures visuelles.

à la fois une promenade plus longue, mais une dynamique dans le parcours dont la fin ne se dévoile pas (fig. 57). Ainsi un jeu de hauteur se met en place, les modules de 45 cm à 2 m laissent entrevoir des percées visuelles sur des éléments intéressants tels que le silo, Habitat 67 ou encore la ville de Montréal. Encadré d’une part par la topographie et par la végétation, ces percées sont accentuées par un jeu de hauteurs des espèces, une diversification de la densité de végétation, de la densité de feuillage permettant une multiplicité des ambiances naturelles (fig. 58).

145


Cette idée s’appuie sur un jeu topographique dans les plaines de gazon en créant de nombreux espaces différents. Des points de vue à plus de 2,5 m sont développés tout en restant à une échelle humaine par l’étendue du paysage. Cette configuration permet une multiplicité d’espaces cocons différents permettant à la population de les investir selon leurs envies (fig. 59). Au bout de la promenade, un espace libre s’offre à nous permettant d’admirer la vue et l’ouverture vers le fleuve et la ville de Montréal. Des chaises longues,

59. Les ambiances végétales développées agissent comme des petits cocons à travers l’ensemble du site.

décrites précédemment, longent la bordure de l’eau et permettent de se relaxer dans un contexte paisible. La seconde partie de la deuxième scène accueille un miroir d’eau qui reflète la silhouette du silo n°5 (fig. 60). Une mise en scène de l’édifice prend alors place par un jeu d’ouvertures et de fermetures de l’espace. Les points de vue sont accentués par la trame arborescente qui, de part son alignement orthogonal, vise à diriger le regard vers le bâtiment patrimonial. Ainsi, le temps naturel est opposé au temps mécanique par un jeu de mise en scène de l’espace. Dans ce contexte, l’eau apporte calme et sérénité, le tout combiné à une trame arborescente et à un mobilier, créant ainsi l’ambiance recherchée.

60. Une mise en scène du silo dans un miroir d’eau apporte un regard nouveau sur l’édifice.


147



Silo n°5

Convoyeurs à grains chargeant et déchargeant les bateaux

Passerelles reliant le parc Promenade linéaire

Miroir d’eau Grands bancs de 5 x 20 m Passerelle offrant un point de vue à 360 Esplanade s’ouvrant sur le fleuve Descente vers le fleuve Promenade à travers les ambiances végétales Plan d’ensemble du temps routinier. 0

20

50

100

149



La promenade propose un parcours à travers les différents modules laissant apparait ici et là des percées visuelles sur le silo n°5. Un jeu de topographie des modules et un cadrage de la végétation permet une mise scène de l’édifice. Le miroir d’eau, en arrière-plan sur la perspective, apporte un point de vue nouveau sur le monument. Une série de bancs développée permet quelques arrêts tout au long de cette promenade.

151


Temps récréatif estival. Le temps récréatif estival correspond au temps libre de la population c’est-à-dire les fins de semaine, les vacances scolaires ou encore les jours fériés. Ce temps est caractérisé par une animation forte, une occupation de l’espace importante nécessitant un besoin d’espaces aussi nombreux que diversifiés et actifs. Ainsi notre aménagement vise une population hétérogène, tel que groupes d’amis, famille avec enfants ou un groupe de touristes. Le site doit alors être également attractif

61. Un large espace permettant une appropriation libre des ambiances végétales.

pour attirer un public international lors de la forte période d’occupation touristique de Montréal. Ainsi la programmation, qu’offre le site, est essentielle à l’image de Montréal et à son rayonnement international.

62. Une maximisation des vues sur le silo à travers des ouvertures visuelles diversifiées.


Tout d’abord, l’espace ouest de la scénographie principale

La seconde scène, quant à elle, change totalement

est composé d’une grande aire pavée, entourée par la

d’aspect. Une majorité de l’espace se rabaisse au niveau

végétation des différents modules et de la trame fixe

de l’eau créant alors un amphithéâtre donnant une

(fig. 62). Ce grand espace accueille une plantation dense

animation à la scène, en mettant en valeur le troisième

appuyée par un mobilier répondant à une diversité

plan. Entre la passerelle et le rabaissement de la scène, une

d’ambiance végétale. Cet espace pavé est donc considéré

relation à l’eau évolue pour descendre progressivement

comme une large promenade bordée par des plaines

à son contact. Des bains portuaires prennent place alors

engazonnées, plus ou moins arborées permettant non

dans l’espace (fig. 64). Un jeu de hauteur de profondeur

pas de programmer l’espace, mais de le structurer pour

des bassins permet une relation différente avec l’eau et

permettre son appropriation par la population. Les

une accessibilité à un large public. Le rabaissement de la

utilisateurs peuvent ainsi vivre l’espace comme ils le

scène laisse apparaître un bâtiment permettant à la fois

souhaitent en s’appropriant la topographie, la végétation

d’accueillir des services sanitaires appropriés ainsi qu’un

et le mobilier selon leurs envies. Des percées visuelles

bar / café répondant à un besoin de restauration. Des

viennent également créer un jeu d’ouvertures et de

chaises longues mobiles font également partie du décor

fermetures de vues vers le silo n°5 mettant en valeur sa

pour admirer les vues ou profiter du soleil.

structure imposante dans le paysage (fig. 63).

63.  L’esplanade s’ouvre sur le troisième plan dévoilant ainsi le bain portuaire.

153


Le dernier espace correspond à l’immense bassin qui fait face au silo n°5. Il se transforme alors en parc aquatique pour la population avec une diversité d’ambiances aquatiques (fig. 65). Entre jeux d’eau, brume, eau calme, se créent des espaces intimes et ludiques en symbiose avec la végétation développée. L’alignement des arbres dirige le regard vers le silo n°5 dont le temps naturel contraste complètement avec l’intensité de l’animation du site. Le silo se retrouve alors face à l’opposé même de sa nature actuelle lui redonnant son statut de monument.

64. En ce temps estival, le miroir d’eau se transforme pour laisser place à diverses ambiances aquatiques.


155



Silo n°5

Convoyeurs à grains chargeant et déchargeant les bateaux

Passerelles reliant le parc Promenade linéaire Bains portuiaires de profondeurs variables Bassin d’expériences aquatiques

Esplanade au niveau de l’eau

Espace pavé mi-ombragé avec des larges bancs Batiment estival proposant restauration et commodités techniques Plan d’ensemble du temps estival. 0

20

50

100

157



65. La deuxième scène prend tout son sens en été où des bains portuaires se développent sur l’espace. Ainsi l’esplanade devient fortement active par sa grandeur et sa liberté de programmation. La passerelle vient slalomer dans les airs au dessus du bassin permettant des vues imprenables sur le silo n°5 et la ville de Montréal.

159


66. La composition des modules crée la plus grand patinoire de Montréal.

Temps récréatif hivernal. L’hiver au Québec est présent la moitié de l’année, une prise en compte de cette donnée météorologique est essentielle dans la programmation de l’espace. Ainsi, la population visée est similaire au temps récréatif estival, c’est-à-dire une population du quartier, de Montréal et touristique. La programmation du parc devient de ce fait un attrait important. L’espace aménagé reprend ainsi les éléments naturels marquants des hivers québécois. La construction d’une patinoire de 400 m de long, la plus grande de Montréal et même du Québec deviendra un pôle d’attraction de la population (fig. 67). Les modules déplaçables se retrouvent alors au centre de l’espace, permettant un aménagement circulaire tout en fournissant des assises. Les patineurs se retrouvent alors dans un grand espace ouvert sur une patinoire aux formes courbées permettant à la fois une découverte progressive des lieux, mais aussi un encadrement des vues vers le silo n°5. Des patins peuvent être loués dans le bâtiment principal, permettant une large accessibilité. Ensuite, la trame arborescente mobile est agencée de façon à favoriser un ensoleillement maximal sur le site (fig. 68). Le soleil se levant à l’est et se couchant à l’ouest, un regroupement des arbres sur l’axe nord – sud permet une maximisation de l’ensoleillement. Ainsi, les journées froides en hiver sont agrémentées par une patinoire continuellement au soleil.


67. L’orientation des arbres maximise l’ensoleillement du site.

La patinoire est englobée dans un espace créant ainsi une promenade circulaire (fig. 69). Celle-ci est plus ou moins délimitée de la patinoire par quelques arbres et arbrisseaux et permet une déambulation agréable sur le site. Un mobilier permet également d’accueillir des évènements tels que des marchés hivernaux, animant l’espace lors des soirées d’hiver. Cette promenade aboutit sur la seconde scène, à

68. Une grande promenade vient ceinturer la patinoire permettant une déambulation libre.

peine aménagée, laissant le contexte environnant s’exprimer de lui-même. Une glissade est créée sur la pente en bois adjacente aux marches (fig. 70). Variant d’une pente de 5 à 30 %, un large public peut s’y aventurer descendant une hauteur de 3,5 m. Au bas de la pente, les chaises longues de l’été sont conservées, permettant de profiter des rayons de soleil forts ainsi que des vues sur l’englacement du fleuve Saint-Laurent.

161


69. La topographie crée une grande glissade dans la neige aboutissant vers sur l’espalande donnant sur le fleuve.

La programmation du site en hiver incite à se reconnecter à la nature tout en offrant une configuration propice à l’amusement des petits et grands. Les promenades le long du quai permettent également une reconnexion avec la nature ainsi qu’une mise en valeur de la monumentalité du silo n°5 par l’opposition de sa brutalité à la trame arborescente dentelée par la chute des feuilles en automne.


163



Silo n°5

Convoyeurs à grains chargeant et déchargeant les bateaux

Passerelles reliant le parc Promenade linéaire Promenade scinturant la patinoire Glissade dans la pente de bois recouverte de neige

Esplanade

Patinoire Batiment proposant un service de restauration et une location de patins Plan d’ensemble du temps hivernal. 0

20

50

100

165



70. La neige, le froid et le soleil sont trois éléments incontournables au fonctionnement de ce temps. La patinoire, se développe largement autour des modules, permettant une large zone de déambulation et d’amusement. Les assises en bois et en acier, ceinturent l’espace permettant de prendre une pause dans cette promenade hivernale. La canopée arborescente permet un ensoleillement maximal de l’espace tout en ouvrant des vues importantes sur le monument et la ville de Montréal.

167


Temps évènementiel. Que ce soit des évènements tels que spectacles, concerts, installations artistiques ou cinéma de plein air, cela demande une configuration spéciale de l’espace pour permettre ce type d’activités. Ainsi, ce temps propose une typologie adaptée pour ce type d’occupation. La population visée n’est donc plus seulement les habitants du quartier, mais un large public montréalais et touristique visant à donner une image culturelle à ce parc. Cette scène existe essentiellement par une programmation forte, non pas de l’espace, mais culturellement. Elle se doit alors d’être un facteur de propulsion de la ville de Montréal internationalement comme vecteur de diffusion de la culture. Ainsi, festivals, théâtre, congrès, marchés, expositions, concerts, spectacles devraient être des évènements clés pour le fonctionnement de la place. Le parc est donc composé de deux scènes distinctes permettant

d’accueillir

différents

évènements

tels qu’énoncés ci-dessus (fig. 72). Les deux scènes évènementielles reprennent la forme des scénographies afin d’avoir un cadrage à la fois sur le silo n°5, le plan intermédiaire et sur le troisième plan.


La configuration de la scène donnant sur la ville de Montréal permet, avec des escaliers, de profiter de la topographie pour créer un amphithéâtre urbain. De plus, une passerelle permet d’accéder à la scène ce qui offre une approche différente permettant ainsi des vues inusitées sur l’événement qui s’y déroule. La seconde scène, donnant sur le silo, permet une grande ouverture visuelle sur celui-ci. Le monument fera alors l’objet d’un éclairage mettant en valeur ses formes, son emprise à la nature ainsi que sa monumentalité (fig. 73). Cela permettra alors de le

71. La création de deux scènes de spectacles permet une attractivité forte du site.

mettre en valeur et de l’opposer à un site actif, en mouvement continuel. Une stratégie de végétation est mise en place encadrant visuellement les deux scènes. Même si les arbres ne jouent pas le rôle d’antibruit, ils constituent tout de même une barrière visuelle et

72. Une large ouverture permet de voir le silo mis en scène par un éclairage adapté.

physique entre le quartier et les différentes scènes développées. Une trame végétale en bosquet permet également de créer des espaces ouverts ombragés accueillant le mobilier, tout en dirigeant le flux circulatoire lors de grands événements (fig. 74). La végétation arborescente fixe également un cadre qui se démarque des autres endroits tels que la place des festivals, par sa réciprocité avec la nature et son adaptabilité au changement.

169


Le mobilier est alors pensé pour ce type de programmation par la mise en place de grandes plateformes, agissant comme assise dans l’espace et appropriable par les usagers (fig. 75). Des abris se développent également dans l’espace servant de point de vente, de kiosque d’expositions ou d’informations. Cet espace est alors entièrement dédié aux 73. Un encadrement végétal permet de créer une zone tampon entre les scènes et les habitations.

événements, lui donnant le statut de site culturel. Cette programmation va ainsi dans le sens des objectifs visés, de faire du parc une image de marque, touristique pour la ville de Montréal.

74. Le mobilier se développe en répondant aux besoins évènnementiels par des kiosques et de nombreux bancs.


171



Silo n°5

Convoyeurs à grains chargeant et déchargeant les bateaux

Passerelles reliant le parc Promenade linéaire Scène de spectacle Amphithéatre

Scène de spectacle Assises au milieu de bosquets éclairés Kiosque Bâtiment proposant un service de restauration

Plan d’ensemble du temps évènementiel. 0

20

50

100

173



75. Appuyé par une forte programmation, le temps évènementiel prend son ampleur lors de soirées importantes. Une mise en scène de l’espace prend place laissant ainsi le silo s’illuminer dans la pénombre. L’encadrement par la végétation permet alors un large espace pouvant accueillir beaucoup de monde en créant un lieu intime s’ouvrant sur l’élément le plus marquant du paysage.

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ONCLUSIO

Ces différentes propositions d’intervention sur le territoire répondent nettement aux enjeux développés par la ville de Montréal et de la CMM. Tout d’abord, la proposition de macro design est parfaitement intégrée, tant dans le contexte géographique, par sa liaison de tramway et de SLR avec les quartiers voisins, que dans l’histoire du quartier. Ces multicentralités développées dans les anciens silos permettent une reconnexion avec l’histoire du quartier par une mise en valeur des édifices, mais agissent également comme repères visuels et culturels. De plus, l’exploitation du potentiel des caractéristiques intrinsèques au site en fait alors un projet connecté à son contexte limitrophe. Ensuite, ces multicentralités agissent comme des pôles d’intérêts publics de diffusion d’art, de culture, de savoirs et de loisirs. Elles s’affirment alors dans le territoire montréalais comme des entités d’attraction de la population améliorant ainsi la visibilité du quartier dans la ville. Elles sont donc d’intérêt économique par la création d’emplois, social par des lieux rassembleurs et environnemental par leur accessibilité via les transports actifs. Ainsi, tous les éléments sont réunis pour favoriser une vie de quartier forte permettant alors un lieu de vie attractif et agréable. L’échelle du site et sa vocation principalement piétonne et cyclable, en font un quartier à taille humaine où la place de l’homme est considérable. Le développement de nombreux espaces publics va alors dans ce sens, créant des lieux différents où se développent une programmation forte et variée. Celle-ci est alors favorisée par l’occupation mixte des bâtiments permettant alors une vie de quartier continue au fil du temps.


Ces espaces publics sont alors supportés par une forte végétalisation de l’espace et une gestion écologique des lieux. Entre production alimentaire et énergétique in situ, gestion des eaux pluviales et des déchets, le quartier devient alors un site écologique démontrant son autonomie sur le territoire. De plus, sa faible dépendance automobile appuie cette autarcie économique, sociale et environnementale. Ce nouveau quartier démontre ainsi tous les critères de développement de la ville de demain et permet un quartier avant-gardiste dans la région de Montréal. Cela démontre alors la possibilité de voir de façon innovante le territoire au niveau du développement durable tout en restant connecté au reste de la ville. C’est ainsi que notre proposition répond aux différents enjeux, que ce soit ceux de la ville de Montréal, de la CMM ou de la société du Havre. Ce développement va contre les principes d’étalement urbain en proposant un modèle de quartier intégré, socialement et économiquement, tout en conservant ces assises historiques et culturelles. Quant à l’aménagement du silo n°5, son intégration est fondée et appuyée par l’élaboration d’un plan directeur. Les assises contextuelles en font alors un espace intégré dans son milieu, par une mise en valeur importante du silo n°5. Les principes mis de l’avant sont alors propices à sa conservation, mais permettent également de démontrer les qualités propres à l’édifice. Tout d’abord, le contraste fort entre le paysage mécanique mobile et le caractère immuable du temps naturel crée une dualité mettant en opposition le silo et le parc. Cela permet alors de rendre compte de l’importance du silo tant dans l’aménagement du site, mais aussi dans son intégration au paysage urbain en général.

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Ensuite, la mise en scène du silo dans l’aménagement permet une mise en valeur des qualités du monument et lui redonne une place importante dans l’espace. Des jeux d’ouvertures et de fermetures visuelles, un cadrage des vues vers le silo ou encore son reflet dans le miroir d’eau sont quelques-uns des principes développés pour cette scénographie. De plus, le développement d’un belvédère permet une compréhension du contexte géographique dans lequel le silo est inscrit. Les vues vers le Vieux-Port de Montréal, vers le fleuve Saint-Laurent ou encore vers le Mont-Royal démontrent les assises géographiques de la ville de Montréal. Pour finir, le développement d’un paysage mécanique reflète l’histoire industrielle de Montréal. L’aménagement proposé est donc une métaphore de la vocation industrielle passée de l’édifice mettant alors en scène cette mécanisation de l’époque. Ainsi, sa mise en scène du silo dans le projet permet, d’une part d’en faire un élément emblématique de Montréal, et d’autre part un patrimoine important à conserver. Les modestes interventions sur le silo n°5 en lui-même, permettent alors de faibles coûts de réhabilitation et en fait alors un projet abordable et rentable économiquement pour la ville de Montréal. La création d’un parc permet alors une visibilité du quartier à l’échelle internationale. Les interactions du site avec son contexte, à travers différents temps, en fait un lieu unique à travers le monde, appuyant alors l’attractivité touristique de Montréal. Sa programmation forte et variée permet également un site attirant par sa vivacité continuelle et son adaptation aux différents besoins sociétaux. Cette adaptabilité permet alors un large champ de possibilités s’ouvrant sur le parc et redéfinit clairement la notion de parc urbain.


Ces propositions de design, à ces deux échelles, permettent d’appuyer ma vision de la ville comme expérience. L’abondance d’espaces publics hétérogènes, la multiplicité des lieux de vies et la vocation piétonne du site en font un lieu expérientiel où la place de l’homme et de ses interactions prennent une place considérable. À l’échelle du microdesign, l’expérience apparaît alors comme une intention clé sans laquelle l’espace n’aurait plus de sens. L’expérience donne ainsi une vocation forte à l’espace, tant au niveau du silo n°5 et de sa reconquête par la nature, que sur le site en lui-même par l’adaptabilité de l’espace. Chaque temps développé provoque alors une expérience différente à travers les saisons permettant alors un nombre infini de modulations de l’espace public. Cette approche de la ville permet alors une diversité de lieux provoquant un large panel programmatique rendant le site attractif. Dans ma proposition, les différents temps sont réglés suivant des dynamiques sociétales dépendant alors de la situation géographique, de la vocation du milieu et de nombreux facteurs sociétaux. Une réflexion sur ces différents temps permettra alors une plus grande ouverture du paysage et permettrait de répondre aux besoins clés de la population. Ce modèle pourrait être ainsi approprié dans le domaine de l’architecture et du design urbain permettant une adaptation aux changements climatiques et donc aux dynamiques sociales que celui-ci provoque. Cette vision permettra alors de créer des paysages éphémères, qui s’adaptent aux besoins immédiats de la population.

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Le silo n°5, patrimoine historique et emblématique du Vieux-Port de Montréal, est aujourd’hui laissé à l’abandon. Il est la figure de proue d’un quartier industriel en déclin, qui, à l’horizon 2070, subira une reconfiguration majeure et un changement de vocation considérable. L’édifice constitue alors le moteur de développement d’un projet d’aménagement d’un parc urbain modulable. La malléabilité de l’espace produit ainsi différentes scénographies paysagères révélant les qualités intrinsèques du silo.

Grain silo n°5, an historic and symbolic heritage of Montréal Old-Port, is today abandonned. It is the figurehead of an industrial district in decline, which by 2070, will undergo major reconfiguration and avocation changes. The monument then becomes the beating heart of an adjustable urban park plan. The space’s flexibility produces different landscapes scenographies which unveils the silo’s inherent qualities.


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