PRATIQUE | AMÉNAGEMENT
CONTRASTER POUR MIEUX ÉCLAIRER texte charlotte fauve | photos alia bengana
ÉTAT DES LIEUX Vétuste, mono-orienté, bas de plafond avec des pièces en enfilade, l’appartement repéré par Henry présentait de gros défauts. La flèche du plancher était telle qu’une bille déposée au sol dévalait tout le séjour ! Tout était donc à refaire… Mais le logement était bien situé, un avantage de taille pour ce photographe de guerre en permanence entre gare et aéroport, qui recherchait à Paris un pied-à-terre suffisamment grand pour que deux personnes puissent y vivre et travailler confortablement. Après avoir consulté plusieurs architectes, le reporter rencontre Alia Bengana grâce à une connaissance commune : « C’est la seule à avoir été directe sur certains problèmes, notamment la hauteur sous plafond, se souvient-il. Elle n’espérait gratter que deux centimètres, quand d’autres me promettaient n’importe quoi. » Un gage de confiance pour Henry, à la recherche d’une personne sûre pour suivre le chantier en son absence. www.avivremagazine.fr | architectures à vivre
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RÉPONSE DE L’ARCHITECTE Pour maximiser la luminosité, le plan est clarifié et fluidifié en décloisonnant au maximum les espaces. Alia Bengana décide aussi de jouer sur les contrastes : le vestibule, aveugle et repeint en bleu nuit, s’ouvre en entonnoir sur un salon qui n’en paraît que plus lumineux. Même parti pris dans le couloir : désormais peintes en bleu, les embrasures des murs porteurs tranchent avec les tons immaculés, rythmant le passage en créant un bel effet d’enfilade, du canapé jusqu’au lit. Henry ne possédant que peu de mobilier, des meubles modulables optimisent chaque pièce : des menuiseries escamotables transforment le séjour en cuisine/salle à manger, tandis que la chambre d’amis se mue en espace de travail grâce à un bureau rabattable. Dans le même esprit, de discrets rangements multifonctions se cachent un peu partout, à l’instar du banc-placard qui fait office de marchepied vers le balcon.
DÉTAILS « J’aimais l’idée de réinterpréter l’image de la chambre noire dans le lieu de vie d’un photographe », explique l’architecte. À cet effet, buanderie et local technique sont disposés de biais, éclairant le couloir par l’entremise d’une œuvre d’art : à la manière d’une camera obscura, une combinaison de deux lentilles donne à voir, miniaturisée et renversée, la pièce située de l’autre côté du mur. Marqué par sa visite des thermes de Vals, les célèbres bains thermaux dessinés par Peter Zumthor, Henry souhaitait retrouver dans sa salle de bains la noirceur du gneiss utilisé en Suisse, son pays d’origine. L’option étant trop coûteuse, Alia Bengana a finalement opté pour une pierre de Chine qu’elle a mariée avec des zellige, petits carreaux émaillés marocains.
architecte Alia Bengana (Thomas Buckenmeyer collaborateur) localisation Paris (8e) année de réalisation 2014 bâti d’origine 1790 études 4 mois / travaux 7 mois surface 86 m² SP matériaux utilisés chêne massif (sol) / inox (cuisine) / plaquage chêne (cuisine, bibliothèque du séjour, bureau du séjour) / métal brut (bibliothèque du séjour) / multipli Koskisen (bibliothèque de la chambre d’amis, bureau escamotable, lit sur-mesure, banquette, tête de lit) / médium peint (placard sur-mesure et portes) / pierre Bluestone layée de Chine (salle de bains) / zellige (salle de bains et toilettes) / plâtre (plafonds et murs) / laine de pierre (isolation phonique) / chêne (menuiseries) fournitures lampes Flos / sanitaires et lavabos Duravit / robinetterie Cristina Ondyna / évier Franke / cuisine, bibliothèques, meubles escamotables, tête de lit et placards dessinés sur-mesure par l’architecte voir carnet d’adresses page 174
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