"Los Orishas" Religion Afro - cubaine

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Los Orishas

Alia Gachassin



Los Orishas

Alia Gachassin



La Santeria, qu'est-ce que c'est exactement ? La Santeria est le nom donné à Cuba pour la religion Yoruba, ancienne religion africaine pratiquée par les Yorubas du Nigeria. Lorsque les Yorubas ont été emmenés de force, en tant qu'esclaves, dans les Caraïbes, entre les années 1770 et 1840, ils y ont introduit leur religion. Une fois arrivés dans le Nouveau Monde, les Africains asservis ont été convertis de force au catholicisme. Ils ont toutefois refusé d'abandonner complètement leurs traditions Yorubas. Ils ont donc élaboré une nouvelle forme de culte à partir des pratiques de ces deux religions. On appelle ce procédé le syncrétisme. Ils désiraient conserver un culte qui respecte leurs anciennes croyances sans rejeter celles inculquées sur le continent d'Amérique. De ce fait, les esclaves ont attribué, aux saints catholiques, une double identité : à chaque saint correspondrait une divinité africaine. Chacune possèderait des caractéristiques et des pouvoirs particuliers. Par exemple Oshun en Yoruba correspond à la Vierge Marie. Encore aujourd'hui, la Santeria est très présente à Cuba avec ses coutumes, ses croyances et ses rites.

Los Orishas, les messagers de la Santeria Passionnée par le métissage et l'histoire de Cuba, Alia Gachassin depuis plusieurs années, en explore un aspect spécifique: les danses afro-cubaines, au travers de la danse et de la photographie. Dans cet univers, existent les Orishas, figures mythologiques divines issues de la religion appelée Santeria à Cuba. Dans cette série de photographies, Alia Gachassin a voulu mettre en scène les principaux Orishas dans leur milieu naturel en les représentant dans une attitude qui leur est propre. Chaque divinité représente certains caractères de l'être humain : l'amour, la joie, l'agressivité, la virilité, la mort, la douceur, la maladie,... Ces figures mythologiques possèdent également des attributs spécifiques, des danses, des rythmes et des chants caractéristiques qui les définissent les unes par rapport aux autres. On les reconnaît également aux couleurs qui leur sont propre. Les danses afro-cubaines racontent différentes histoires des Orishas (patakin ou contes). Ces danses, en plus de demander une maîtrise technique, exigent de théâtraliser chaque dieu et déesse, d'où l'intérêt de bien connaître leurs caractéristiques pour s'imprégner de leur personnalité. Les danses afro-cubaines sont souvent intégrées dans la salsa cubaine sous forme de danse libre (salsa suelta) lorsque la musique y invite les danseurs par une référence rythmique ou par le chant. Sur un plan religieux, par l'intermédiaire des Babalow (prêtres cubains), il est possible de communiquer avec les Orishas, par des offrandes, des sacrifices, des divinations, des prières, des chants. Ces procédés aident les adeptes de cette religion à mener une vie matérielle et spirituelle meilleure à Cuba. Le but profond de la Santeria est de permettre à l'homme un mieux être afin qu'il soit en accord avec luimême, avec la nature et autrui.


Elegua Cette divinité masculine, représentée par les couleurs noire et rouge, est connue pour ouvrir et fermer les chemins des humains. Toutes les cérémonies de Santeria commencent et terminent par ses chants. Il existe 21 chemins d'Elegua. Cette figure divine est caractérisée par plusieurs attributs, notamment le garabato (crochet-bâton) qui symbolise l'ouverture et la fermeture des chemins des hommes. Elegua est souvent représenté avec un cigare et des bonbons dans une sacoche qu'il porte en bandoulière. Vous ne le verrez jamais, ou rarement, sans son chapeau de paille, des herbes de guinée et des jouets d'enfant comme des sifflets, des billes. Habillé de noir et rouge, il porte une chemise et un pantalon qui lui arrive sous ses genoux. Il est coiffé d'un foulard noir qu'il porte comme un bandana. Ainsi, tous ses vêtements sont ornés de grelots. Sa danse est souvent comparée à un enfant qui sautille, dont les expressions sont rapidement changeantes. Il va sautiller sur un pied allant d'avant en arrière puis inversement. Ses bras s'ouvrent et se referment vers le bas tout en roulant ses épaules pour symboliser l'ouverture et la fermeture des chemins. Plusieurs jours et nombre correspondent à Elegua : les lundis et les mardis ainsi que les jours qui tombent le 3 de chaque mois. Sa fête est le 1er janvier et le 3 juin de chaque année. Il est représenté par le Saint Enfant Jésus d'Atocha. Ce culte trouve ses origines en Espagne à Atocha, près de Madrid durant l'occupation mauresque durant le XVe siècle. Certains catholiques emprisonnés dans le pays, ne pouvaient recevoir de visites. Ils manquaient d'eau et de pain. Les femmes envoyaient alors des enfants, qui eux seul pouvaient entrer dans le lieu où se trouvaient les hommes. Ils y pénétraient avec des seaux remplis d'eau et de pain. Jésus s'est, à son tour, déguisé en enfant pour pouvoir leur venir en aide.



Shango Shango est le dieu le plus connu des divinités Yoruba. Il porte une chemise et un pantalon qui sont rouges et noires. Sa ceinture a des franges rouges et blanches. Shango peut, selon les représentations, porter une couronne. Ainsi ses couleurs dominantes sont le rouge, le noir et le blanc. Il est le dieu des éclairs, de la force, de la virilité ainsi que de la danse, de la bataille. Il est un des fils de Yemaya. Il est généralement représenté tenant dans ses mains deux machettes. Une coupe ainsi qu'une épée accompagnent, la plupart du temps, sa représentation. Lorsqu'il danse, il ouvre démesurément les yeux et tire la langue. Il agite hautement sa hache et se touche les testicules avec les mains. Il s'agit d'une danse érotique et guerrière pour symboliser la virilité. Shango n'a qu'une seule date de fête, qui est le 4 décembre. Il trouve son égal, dans la religion catholique, chez Sainte Barbe ; une femme. Son père, riche édile païen, décide de la marier. Elle refuse et veut se consacrer à Jésus. Pour la punir, son père l'enferme alors dans une tour à deux fenêtres. Un prêtre chrétien, déguisé en médecin réussit à s'introduire dans la tour et la baptise. Lorsque le père apprend cela, il lui tranche la tête afin de la punir de s'être fait baptiser



Oggun Dieu de la guerre, du métal, de la montagne, des outils de travail, il est chanté en deuxième dans les cérémonies de la Santeria. Oggun est le patron des mécaniciens, des ingénieurs et des soldats. C'est pourquoi il est toujours représenté avec des instruments de travail et des armes en métal, mais surtout avec une machette. Il est torse nu et porte un pantalon ainsi qu'une jupe faite de feuilles de palmier. Ses couleurs sont le violet, le noir et le vert. Sa danse exprime le travail de la forge, le travail dans les champs et la guerre. Sa danse est très profonde et peut être agressive lorsqu'il fait des gestes imitant la coupe d'herbe haute ou lorsqu'il fait semblant de menacer les gens proches de lui en agitant ses bras. Il est célébré les mardis ainsi qu'avec le chiffre 3 et ses multiples. L'équivalent de Oggun dans la religion catholique est Saint Pierre. Il a comme attribut les clés du royaume des cieux. Son jour de fête est le 29 juin.



Oshosi Ce dieu est le patron de ceux qui rencontrent des soucis avec la justice. Il est aussi considéré comme magicien et devin, puis guerrier, chasseur et pêcheur. C'est le dieu de la chasse par excellence. Il est un des fils de la déesse Yemaya. Il est toujours représenté avec un arc et des flèches, ainsi qu'avec divers objets relatifs à la chasse, comme une canne à pêche ou un trophée de chasse. Vous remarquerez que son costume, souvent dans les bleus et jaune-orangés est similaire à ceux Elegua et de Oggun. Il porte une jupe en feuilles de palmier. Son sac est en peau de tigre. Il va danser en imitant l'utilisation de ses attributs ; c'est-à-dire qu'il va mimer le tir des flèches avec un arc, par exemple. Il crie régulièrement pour symboliser l'homme qui part à la chasse. Ses jours sont les lundis et les mercredis. Il est fêté tous les 4 de chaque mois. La culture Yoruba dit qu'il gouverne le mardi. Dans la religion catholique, son équivalent est Saint Norbert, né vers 1080 à Xanten en Allemagne, sur les rives du Rhin. C'était un prêtre fondateur de l'ordre des chanoines norbertins.



Oshun Déesse des rivières, elle est également celle de l'amour et de la maternité. Elle symbolise la beauté, la coquetterie ainsi que la sexualité féminine. Elle accompagne souvent Yemaya. Elle est représentée avec un éventail en plumes, un miroir, ainsi que des colliers et de l'or. Parfois, on remarque à ses côtés des coquillages et des crevettes. Sa couleur principale est le jaune, qui rappelle l'or qu'elle porte. Son costume conjugue volontiers les couleurs cornaline et le vert émeraude. Oshun a plusieurs danses, sensuelles pour la plupart. La déesse glisse souvent ses mains le long de son corps tout en gardant les paumes ouvertes vers l'extérieur. Elle bouge son bassin afin de mettre en évidence son pubis. Elle rit souvent, tout comme Yemaya. Elle n'a qu'un jour qui la symbolise, le samedi. Toutefois, plusieurs nombres lui sont attribués : le 5, le 10, le 15 et le 25. Dans la religion catholique, Oshun correspond à la Vierge Marie. A Cuba, une église, la Carida del Cobre, lui est dédiée.



Babalu Ayé Il s'agit du dieu des hommes malades. Il symbolise les maladies physiques telles que la lèpre, la variole, les maladies vénériennes et la peste. Il représente aussi les maladies mentales. C'est pourquoi on peut le voir représenté avec des béquilles, accompagné d'un chien et d'un chacal, symbolisant la fidélité. Il est souvent représenté torse nu avec un pantalon déchiré dans les couleurs brunes et blanches. Lorsque ce dieu danse, il mime le fait qu'il enlève les maladies de son corps, ce qui crée une danse très mouvementée dans laquelle on perçoit de fortes tensions. Il danse les genoux fléchis et le buste dirigé en direction du sol. Il est célébré le 17 décembre. Son équivalent dans la religion catholique est Saint Lazare. Selon l'Evangile de Saint Jean, c'est un personnage de la Bible tombé gravement malade ; il meurt soudainement. Ses deux surs, Marie et Marthe, appellent alors Jésus afin qu'il vienne le sauver. Deux jours plus tard, Jésus, sur les lieux, crie à Lazare de ressusciter : le miracle se produit.



Yemaya Déesse de la maternité universelle, il est dit que c'est la mère de tous les Orishas et qu'elle est née avec la Terre. C'est la maîtresse des eaux salées. De ce fait, ses couleurs sont le bleu ainsi que le blanc, pour rappeler l'écume. C'est aussi pourquoi elle porte une tunique bleue bordée de blanc, pour symboliser les vagues. Elle possède un éventail fait de plumes de colombe décoré de coquillages et d'escargots bleus. Elle porte 7 bracelets en argent. Sa danse est douce et sensuelle. Elle imite les vagues de la mer et tourbillonne sur elle-même pour symboliser l'eau agitée. Elle rit durant sa danse et change rapidement de mouvements. Yemaya n'a qu'une date qui est le 7 septembre. Dans la religion catholique, Yemaya est la Vierge de la Regla. En Algérie, des Pères de l'Eglise auraient demandé, au temps de Saint-Augustin, qu'une statue d'une vierge noire soit sculptée et placée dans une chapelle pour les protéger. Lorsque celle-ci fut attaquée, les moines se sont enfuis en Espagne en prenant la statue avec eux. Installée face à la mer, c'est dès ce moment qu'ils ont commencé à vouer un culte à cette vierge. Elle devient rapidement la patronne des marins. C'est pourquoi elle a été aussi adoptée comme sainte patronne du village pittoresque de Regla, situé au nord-est de la Baie de La Havane.



Obatala Père de plusieurs Orishas, il représente l'intelligence et la créativité. Il vit au sommet des montagnes. Il est perçu comme étant le Créateur de la terre et de l'humanité. A ses côtés se trouvent souvent un éléphant, un boa, un gorille ainsi qu'un léopard, un iruke avec des crins de cheval. On y remarque aussi du coco, du beurre de cacao, ainsi qu'une colombe blanche. Il est le père des pensées et des rêves. Il est aussi maître de l'argent et du métal blanc. Il est coiffé d'une couronne ornée de 16 plumes de perroquet. Il porte des habits blancs, qui est sa couleur fétiche. Par-dessus ceux-ci, il porte toujours une écharpe rouge en bandoulière. Lorsqu'il danse, il imite les personnes âgées. Ses mouvements, de ce fait, sont lents. Il est en position fléchie. Il secoue son iruke, ce qui symbolise le nettoyage spirituel. Le dimanche est son jour de célébration ainsi que le 24 septembre. Dans la religion, il est représenté par la Vierge de l'Ordre religieux de Notre-Dame-de-la-Merci fondé par Pierre Nolasque au XIIIe siècle. Cet Ordre a été fondé pour racheter les chrétiens captifs et réduits en esclavage par les pirates maures. Aujourd'hui, l'Ordre aide tous les captifs au sens large, visitant notamment les prisonniers et les malades.



Oya Déesse du vent et de la tempête, elle est mariée à Shango mais les deux époux sont en mauvais terme, c'est pourquoi ils ne peuvent jamais être placés côte à côte. Elle est la gardienne des cimetières et des enterrements. Elle est toujours représentée avec un iruke noir composé de coquillages, de raphia et de crins de cheval. Cet attribut ressemble à un « petit fouet » qui est le symbole d'une descendance noble. Elle porte une robe avec les couleurs de l'arc-en-ciel dont la jupe est en raphia. Le foulard qu'elle porte autour de la tête est de mêmes couleurs que sa robe. Sa couronne est ornée de plumes de perroquet. On comprend alors que ses couleurs sont toutes celles que l'on trouve dans l'arc-en-ciel. Divinité énergique, elle agite frénétiquement son iruke par des mouvements rotatifs afin de symboliser les tornades et les tempêtes, ce qui reflète son tempérament et la relation houleuse avec son mari Shango. Son jour est unique dans l'année et sa date tombe le 9 février. Sa représentation dans la religion catholique est la Vierge de la Candelaria. Ce nom a été attribué de la Vierge Marie lors de son apparition à deux indigènes de l'île des Canaries. Depuis, la Vierge de la Candelaria est une figure détachée de celle de la Vierge Marie. Elle est ainsi devenue la patronne des îles canaries.




Edition Lausanne 2017 Photographe crĂŠatrice du projet Alia Gachassin Textes Charlotte Steiner www.aliaphoto.com - aliagachassin@aliaphoto.com www.aliasalsa.ch - info@aliasalsa.ch





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