Le délaissé industriel, un patrimoine réservoir de projet pour l’AgglOrléans Val de Loire [Bâti, mémoire, avenir.] Alice Perrin - Virginie Tutel PFE ENSAG juin 2015
Transformation de la vinaigrerie Dessaux : revitalisation par la mémoire d’une friche “patchwork” Requalification des laboratoires Sandoz à Orléans : un délaissé support de dialogue avec le paysage, entre passé et avenir
Directeur d’études & Responsable du Master Aedification-Grands territoires-Villes : Patrick Thépot Maître-assistante associée : Luna d’Emilio / Assistante : France Laure Labeeuw
Le délaissé industriel, un patrimoine réservoir de projet pour l’AgglOrléans Val de Loire [Bâti, mémoire, avenir.]
Transformation de la vinaigrerie Dessaux : revitalisation par la mémoire d’une friche « patchwork » Requalification des laboratoires Sandoz à Orléans : un délaissé support de dialogue avec le paysage, entre passé et avenir Alice Perrin - Virginie Tutel PFE ENSAG juin 2015
Membres du jury Aysegül Cankat Bénédicte Chardon Clemence Dupuis Delamarzelle Guy Desgrandchamps Hubert Guillaud Halimatou Mama Awal Hania Prokop Mina Saidi Shahrouz Françoise Very Directeur d’études et Responsable du Master Aedification-Grands territoires-Villes : Patrick Thépot Maître-assistante associée : Luna d’Emilio Assistante : France Laure Labeeuw
Remerciements
Nous tenons à remercier l’ensemble de nos enseignants, assistants et intervenants de master 1 et 2 pour leurs suivis, leurs conseils, leurs connaissances et leurs soutiens. Nous remercions également M. Colmet Daâge, président de l’association « présence de Jean Tschumi » et M. Scheyder, chargé d’opérations des études urbaines de la ville d’Orléans, pour le temps qu’ils nous ont accordé et les précieux documents qu’ils nous ont fourni. Merci aussi à la DRAC Centre et à Sébastien Caire de nous avoir donné les éléments qui nous ont permis d’avancer au mieux nos projets. Merci également à Hervé Patureau, chef de projet SCOT à l’AUAO, pour les échanges que nous avons eu sur l’avancement de nos travaux. Enfin nous remercions particulièrement nos proches qui ont pris le temps de relire et corriger l’ensemble de notre mémoire.
Sommaire
Introduction Chapitre 1 : La mémoire et l’histoire comme outil d’intervention pour l’AgglOrléans Val de Loire I // La Mémoire : de la spatialité à l’outil de projet
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1 : La mémoire et l’architecture 2 : la mémoire comme outil de projet
II // Orléans : Histoire et Mémoire
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1 : Orléans : un territoire aux différents atouts 2 : Orléans : méconnaissance du patrimoine bâti industriel 3 : Les bâtis délaissés rattachés à l’Histoire et à l’avenir
III // L’intervention
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1 : Bonne connaissance de l’Histoire 2 : lisibilité des interventions 3 : exigence de sympathie avec l’édifice (intervention raisonnée)
Chapitre 2 : 1 histoire, 2 mémoires, 2 délaissés, 2 interventions
I // Transformation de la vinaigrerie Dessaux : revitalisation par la mémoire d’une friche « patchwork »
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1 : L’état des lieux : le quartier et son histoire 2 : Les différentes approches 3 : De l’acceptation à l’appropriation
II // Requalification des laboratoires Sandoz à Orléans : un délaissé support de dialogue avec le paysage, entre passé et avenir
1 : L’état des lieux et son acceptation par la sélection 2 : Première appropriation : un nouvel écho d’est en ouest 3 : Seconde appropriation : réinstaurer un dialogue avec le paysage
Conclusion
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111 123 137
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Introduction
Le « délaissé » est un sujet qui permet d’aborder différentes questions vu au cours de nos cinq années d’études : l’espace, la ville, le territoire, la densification. C’est pourquoi nous y portons un intérêt particulier. «La seconde partie du siècle dernier, la croissance des villes s’est faite sur des terrains libres, sur des greenfields, des terrains d’herbe, c’étaient des périphéries à envahir… C’était la ville qui s’agrandissait comme une tâche d’huile, toujours davantage… Aujourd’hui la tendance n’est plus une croissance par extension, par l’explosion, mais plutôt par le contraire, par implosion, plutôt par l’art de compléter la ville. La croissance aujourd’hui dans les villes est vue comme une croissance sustainable, qui doit faire avec l’utilisation des friches industrielles, des terrains vagues, des terrains laissés libres par des chemins de fer qui se transforment…» Dans ce propos, Renzo Piano introduit plusieurs notions. Il remarque différents types de délaissés, aux typologies et aux qualités distinctes, et les notions de faire avec le « déjà-là », de recyclage et de réemplois. Le lieu d’étude auquel nous nous sommes s’intéressés plus particulièrement est celui des «friches industrielles», délaissés majeur de notre siècle induit par l’évolution des industries et la délocalisation des sites de production. 8
Piano Renzo p.293 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création.
Le robert Collège 1997 p.573
Robert Philippe p.99 L’Archéologie industrielle en France, n°45
La friche industrielle se définie comme un «terrain occupé par des usines à l’abandon » . C’est un délaissé possédant un patrimoine bâti. La particularité architecturale de ce patrimoine est d’être composée par de grands espaces pensés pour l’accueil de machines volumineuses qui évoluent au fil du temps. Des volumes qui nous sont aujourd’hui impensables à reproduire dans le tissu dense de la ville, mais nous sont donnés à révéler. « Un architecte finalement réalise un travail qui consiste à orchestrer des contraintes, et ces contraintes sont plus grandes mais aussi plus riches lorsqu’il s’agit de patrimoine industriel. L’histoire de l’architecture est l’histoire des édifices qui ont été transformés, réaménagés, augmentés, surélevés, etc. (…) Cette capacité d’intervention s’exerce au profit de la réhabilitation. » Le travail de l’architecte est bien de recycler, réhabiliter -transformer- ce patrimoine peu mis en valeur. Ce patrimoine raconte une histoire et fonde l’identité des lieux, des villes. La prise de conscience du potentiel de redéveloppement est relativement récente. L’agglomération d’Orléans Val de Loire, lieu de réflexion choisi pour ce projet de fin d’études, pâtis aujourd’hui de ce manque d’identité. Agglomération dynamique, nous y avons constaté une prise de conscience quant à l’importance d’exploiter ces espaces délaissés pour limiter l’étalement urbain. Mais le potentiel de ce patrimoine en lien avec la Loire est à mettre en valeur. Pour cela nous utiliserons les outils de la mémoire et l’Histoire afin de déterminer un processus d’intervention. Il permettra de transformer ces délaissés pour (re)créer une identité forte, accroître la visibilité ainsi que l’attractivité de cette agglomération.
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Chapitre 1 : La mémoire et l’Histoire comme outil d’intervention pour l’AgglOrléans Val de Loire
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Une inscription dans l’Histoire pour une continuité de la ville. Des mémoires pour s’ancrer aux sites. Des interventions pour révéler l’avenir au travers du passé.
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I // La Mémoire : de la spatialité à l’outil de projet
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De manière générale « La mémoire est la propriété de conserver et restituer des informations.» Elle est liée à notre capacité de stocker des souvenirs. Notre mémoire peut être « une mémoire à court terme », c’est-à-dire qu’on oublie très vite : en quelques secondes, minutes. Elle peut également être liée à « un oubli progressif, qui peut s’étendre sur des années ; c’est la mémoire à long terme ». C’est à cette mémoire à long terme que nous nous attacherons plus particulièrement car elle conserve des souvenirs qui peuvent être révélés des années plus tard. La mémoire est une «aptitude à se souvenir en particulier de certaines choses dans un domaine donné», un «ensemble des faits passés qui reste dans le souvenir des hommes, d’un groupe». Elle peut être individuelle ou collective. Elle s’associe à l’espace pour mieux ancrer les souvenirs. Elle peut constituer l’identité d’un lieu, d’une personne ou d’une culture. La mémoire a besoin de spatialité pour perdurer. Elle peut s’appuyer sur l’existant ou être le support de la conception du projet.
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p.787-794 Encyclopaedia Universalis, Corpus 14 «lyophilisation-météorites»
ibid.
1 : La mémoire et la spatialité - La mémoire collective et individuelle -
Halbwachs Maurice p.58 La mémoire collective
D’après Maurice Halbwachs, nous possédons tous, deux types de mémoire. L’une est collective, c’est celle que nous partageons avec un groupe de personne. L’autre est individuelle, elle est propre à chacun, à nos émotions et nos ressentis. Ces deux types de mémoire sont intimement liés. Il explique que l’homme est un être social. Il fait toujours parti d’un groupe, que ce soit sa famille, ses amis, ses collègues, etc. En ce sens nous faisons partie de groupes sociaux tout au long de notre vie. Tous nos souvenirs sont alors partagés avec d’autres personnes. Il est par exemple plus facilement possible de reconstituer des souvenirs lorsqu’on est plusieurs à les partager. Il s’agit là d’une de nos mémoires collectives. Elle est dépendante du groupe. Tant que le groupe persiste, elle persiste. Mais dès que le groupe est dissout, alors elle tend à disparaître. «La durée d’une telle mémoire était donc limitée, par la force des choses, à la durée du groupe.» La mémoire collective joue un rôle déterminant en architecture dans la conception d’un projet. En effet lorsque nous bâtissons pour des maîtres d’ouvrages, le projet a également un impact pour les habitants de la ville ou du village. Sa présence servira d’ancrage pour la mémoire, mais également de repère et d’assise pour les autres habitants. De plus d’autres éléments, déjà présents sur le site, servent déjà à cela. Il est donc essentiel de comprendre et de s’emparer de la mémoire collective de ces personnes pour concevoir un projet, un espace, un lieu, afin de faciliter son intégration et de conserver l’âme des 15
Schéma et illustration de la mémoire collective
Schéma et illustration de la mémoire individuelle
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lieux tout en répondant aux demandes et besoins des maître d’ouvrages. La mémoire individuelle quant à elle est propre à chacun de nous. En effet dans la mesure où nous appartenons à plusieurs groupes en même temps et que nous subissons plusieurs influences nous développons alors notre propre avis et nos propres sentiments. Ce sont nos ressentis des ambiances olfactives, lumineuses et sonores qui confèrent à notre mémoire sa part d’individualité. C’est la mémoire individuelle d’un architecte qui va déterminer sa sensibilité et ses références dans la conception d’un projet. Elle permet également d’expliquer la diversité de propositions données par plusieurs architectes pour un même édifice. La mémoire individuelle a besoin de se raccrocher à des mémoires collectives pour persister, alors que la mémoire collective, elle, enveloppe plusieurs mémoires individuelles. On comprend donc pourquoi les architectes ont besoin de la mémoire collective, tout en faisant appel à leur mémoire individuelle. Cela permet de facilité l’intégration du projet tout en lui restituant des qualités sensibles. - La mémoire et l’espace La mémoire est très fortement liée à l’espace. On peut même affirmer que l’homme utilise l’espace pour conserver des souvenirs depuis des millions d’années. Les orateurs grecs se servaient d’une succession d’espace comme moyen mnémotechnique afin de retenir les textes qu’ils devaient réciter. Audelà de cet ars memorativa on se rend compte que la mémoire est nécessairement lié à l’espace dès lors que l’on essaie de se remémorer un souvenir. Faites 17
Dessin du souvenir d’un espace d’enfance entre un buisson et un mur
Photographie des bains des Docks de Jean Nouvel
Dessin du souvenir des bains des Docks quatre ans après
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Bachelard Gaston p.28 La poétique de l’espace
Halbwachs Maurice p.209 op.cit. p.15
Marot Sébastien p.76 L’art de la mémoire, le territoire, et l’architecture
l’expérience en fermant les yeux, vous constaterez que pour vous remémorer ce souvenir vous visualiserez l’espace -de façon plus ou moins précise- dans lequel vous vous trouviez à ce moment-là. En effet pour que nos souvenirs se fixent, la mémoire a besoin de la stabilité de l’espace qui ne bouge pas durant un instant T. Cela lui permet d’enregistrer et de stocker des souvenirs dans le temps. Gaston Bachelard précise « C’est par l’espace, c’est dans l’espace que nous trouvons les beaux fossiles […] les souvenirs sont immobiles, d’autant plus solides qu’ils sont mieux spatialisés. » Mais nos souvenirs ne s’ancrent pas sur n’importe quels espaces. Ils se rattachent à des espaces de notre quotidien, des espaces dans lesquels nous avons partagé un moment important de notre vie. « C’est sur l’espace, sur notre espace […] qu’il faut tourner notre attention ; c’est là que notre pensée doit se fixer, pour que reparaisse telle ou telle catégorie de souvenirs. » Ainsi notre maison, notre quartier, notre ville, où nous vivons depuis longtemps, renferment bon nombre de nos souvenirs. Ils sont les lieux de nos souvenirs, de nos habitudes. Ils forgent notre identité puisque nous nous identifions aux endroits où nous vivions en y associant nos souvenirs. En modifiant l’espace, un peu ou beaucoup, c’est une partie de nos souvenirs qui s’envolent avec. En supprimant des espaces, il n’existe plus la structure qui nous rappelle nos souvenirs, on ne reconnait plus l’endroit, on ne peut plus s’y reconnaitre. Il est donc important de ne pas faire table rase lors de la construction d’un projet. Sébastien Marot explique que lorsque le cadre d’origine de la mémoire (lieu de notre enfance) est complètement lissé, et transformé alors « il n’offre quasi plus de prise à cette mémoire aux quelles l’esprit puisse s’accrocher pour se reconstruire et se conforter 19
Médiathèque de la Corderie : Conservation de la cheminée qui est un élément d’accroche de la mémoire collective
Préservation de l’ambiance des lieux
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Pélissier Alain p.53 Reichen et Robert
Castaldi Éric p.150 L’Archéologie industrielle en France, n°45
dans le sentiment de son identité. » L’édification tenant compte du “déjà-là“, et qui en conserve tout ou partie, permet de laisser des accroches à la mémoire collective des habitants qui s’y identifient. La préservation d’une partie des ambiances des lieux permet également de partager la mémoire collective et l’imaginaire de ce lieu avec les nouveaux usagers. «Raser, purement et simplement, ces constructions fantasmagorique, quand cela est possible (ce qui n’est pas toujours le cas), revient à détruire une mémoire par le vide, sous prétexte de rendre un site à son état de nature. Au contraire, l’ouvrir au public, c’est faire partager un imaginaire compréhensible par tous, tant ces lieux sont spectaculaires.» Il faut laisser des accroches à la mémoire en générant différents types d’espaces qui permettent plusieurs appropriations et plusieurs pratiques. Ce sont la stabilité et la diversité des espaces créés par l’homme qui permettent de se souvenir du passé, de ce qui fait notre identité. «Il semble que (le besoin de mémoire) soit devenu un réel besoin de la société. » - La mémoire des lieux La mémoire se fixe sur des espaces pour subsister. Le lieu est un espace très précis. De ce fait nos souvenirs s’accrochent mieux, et notre mémoire a plus de chance de perdurer.
Marot Sébastien p.52 op.cit. p.19
Un lieu peut être analysé comme la mémoire d’un homme. Il y a plusieurs couches, plusieurs épaisseurs qui s’organisent en fonction du temps. Des bribes du passé sont parfois émergentes, parfois enfouis pour un certain temps, et d’autres disparaissent, tout comme nos souvenirs. Les souvenirs se fixant dans des lieux, alors « l’épaisseur d’espacetemps, de transparence en opacités, est plus ou moins 21
Photographie de l’ancienne fontaine place de Martrois à Orléans, 2008
Photographie de la nouvelle fontaine place du Martrois à Orléans, 2013
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disponible au voyage de la mémoire. » La ville, comme lieu, s’articule également au travers de son épaisseur. Même si elle est très ancienne, elle garde des traces en surface qui ne sont pas encore effacées par le temps. On peut prendre ici l’exemple des fontaines ou des lavoirs. Même s’ils changent de formes pour se moderniser parfois, la présence de l’eau et son aspect social sont toujours présents, et ils restent des repères dans la ville. Par ses constructions successives -par emboitement, empilement, agrandissement- la ville renferme nos mémoires. C’est donc le lieu construit de la mémoire collective. Certains souvenirs perdurent au fil du temps, tandis que d’autres disparaissent avec les années. Tout comme notre mémoire sélectionne nos souvenirs, il est important dans des projets (de ville ou d’édifice) de sélectionner des éléments que l’on choisit de faire perdurer, et d’autres qui vont s’évanouir, afin d’éviter une rupture brutale avec la ville et une perte de repères et d’identité des habitants. Pour qu’un lieu continue d’être le support de la mémoire collective et que les gens se l’approprient, il faut garder suffisamment de repères. Mais, c’est également en créant de nouveaux repères que le lieu peut perdurer en accueillant de nouvelles mémoires. Les ambiances jouent également un rôle important. Des jeux de luminosités, de matières, d’odeurs, des bruits, marquent notre mémoire et fixent une image forte du lieu dans nos souvenirs. Comme évoqué précédemment, notre mémoire individuelle est liée à nos impressions sensibles. Si nous n’éprouvons rien en parcourant un espace, qu’aucun élément ne fait appel à nos sens, qu’il n’y aucune appropriation possible, alors aucun souvenir ne sera stocké dans notre mémoire individuelle. Donc il n’y aura pas de mémoire collective du lieu. Pour qu’un lieu ait un sens, il est donc important qu’il intègre des accroches matérielles et sensibles. Il est d’autant plus intéressant 23
Schéma des éléments conservés dans la Savonnerie Heymans
Schéma des nouveaux usages du site de la Savonnerie Heymans
Photographie de la Savonnerie Heymans depuis le parc 3D dans une ancienne structure de béton
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de préserver celles qui sont déjà présentes sur le lieu dans la mesure où cela évite que la mémoire collective ne se perde. Par la présence de ces traces, elle est renouvelée, donc elle perdure. On évite ainsi une perte d’identité tout en offrant de nouveaux éléments pour les souvenirs à venir. C’est ce que réalise l’agence MDW Architecture avec la Savonnerie Heymans à Bruxelles. Ils ont conservé quelques éléments forts du site. Ils les ont rendus appropriables en leurs donnant de nouveaux usages. Et ils ont construit de nouveaux édifices. Ils allient passé et comtemporain. Ainsi la mémoire du lieu perdure. - La mémoire et l’Histoire Par la suite, nous évoquerons les notions d’Histoire et de mémoire dans la conception d’un projet. Il est donc important de définir quels sont leurs liens et leurs différences, afin de comprendre leurs rôles.
Halbwachs Maurice p.130 op.cit. p.15
L’Histoire écrite tente d’être objective. Elle ne prend pas en compte les ressentis des gens. Elle donne un cadre rigide avec des éléments communs à tous les membres d’un pays, une ville, une région…, en donnant des dates précises. « C’est qu’en général l’histoire ne commence qu’au point où finit la tradition, au moment où s’éteint où se décompose la mémoire sociale. » S’appuyer sur la mémoire écrite permet d’inscrire un projet dans un cadre qui touche le plus grand nombre, de l’inscrire dans une continuité concrète de la ville. Mais cela serait bien sur incomplet car l’Histoire écrite ne prend pas en compte le caractère social de la ville ou d’un site. La mémoire collective, elle, enveloppe l’histoire vécue et non celle écrite dans les livres. 25
Elle est plurielle. Il peut y avoir plusieurs mémoires collectives pour un même lieu à un instant T, mais une seule histoire. Elle comprend les habitudes, les coutumes, d’une époque. Elle intègre l’être social, et la manière de vivre, de percevoir, d’habiter un territoire, une ville, un site… C’est pourquoi elle est essentielle pour nous dans la conception du projet. Elle permet de compléter les manques et les impasses de l’histoire écrite. Nous savons donc maintenant que la mémoire et la spatialité sont intimement liées. L’une dépend de l’autre pour perdurer. De même, il est important de s’appuyer sur la mémoire collective, afin de faire émerger la mémoire des lieux, pour la conception d’un projet. Dans cette logique, nous nous sommes demandées, comment cette mémoire collective peutelle devenir un outil de projet sans tomber dans la patrimonialisation ?
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2 : La mémoire comme outil de projet - Le passage d’un état des lieux vers un autre Desgrandchamps Guy p.25 Architecture et modestie
« L’activité de projet s’inscrivant dans cette tentative, cette responsabilité et cette dimension, qui consiste à prendre un sol dans un état donné et à installer progressivement une nouvelle situation de ce même sol, attitude qui implique la connaissance, le respect, le sens du relatif par rapport à l’absolu de la forme ou de l’objet pour lui-même.» . L’utilisation de la mémoire comme outil de projet s’établit, pour nous, par la notion de passage d’un état des lieux du territoire vers un autre comme le mentionne Guy Desgrandschamps dans le livre Architecture et modestie. C’est également la transmission de la mémoire des lieux. L’architecte devient un passeur, et l’architecture une passerelle entre le passé et l’avenir. Cette transition s’opère en trois étapes. La première est l’état des lieux. Elle permet d’avoir une bonne connaissance du lieu. Elle regroupe la connaissance historique, les mémoires collectives, et l’archéologie architecturale. La compréhension du lieu induit la deuxième étape qui est l’acceptation. On admet que des éléments sont déjà-là , que le site est composé de traces et de plusieurs couches successives. Se pose la question de ce que l’on conserve et de ce que l’on abandonne afin de mettre en valeur l’essentiel. L’acceptation implique une sélection. Enfin, l’édification nous amène à la troisième étape, l’appropriation. Comment transformer, requalifier, réemployer les éléments, déjà présents, qui sont porteurs de mémoire? Comment s’articulent-ils avec les nouveaux éléments? La mémoire comme outil nous amène donc à (re)questionner l’espace, le programme, et les typologies d’un site. 27
ÉTAT DES LIEUX
ACCEPTATION
COUCHES TRACES HISTOIRE
SELECTION SENSATIONS SYMBOLES
PASSAGE
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APPROPRIATION
TYPOLOGIE ? FORME ? ÉCHELLE ?
Schéma de la notion de passage et ses trois étapes
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La mémoire révélée par la génèse du projet Checkpoint Chalie de Peter Eisenman
Les traces mises en volumes dans la projet Checkpoint Charlie de Peter Eisenman
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- L’archéologie architecturale du site -
Lempereur Hubert p.4-13 L’architecture: y aller par quatre chemins = Architecture a roundabout route. : portrait de l’architecte en archéologue, n°10
Debarge Didier p.47 Métamorphoses, la réutilisation du patrimone de l’âge industriel dans la métropole lilloise
C’est une étape qui permet de mieux comprendre les lieux d’interventions. Il s’agit d’assimiler le fonctionnement des lieux, les ambiances qu’ils laissent transparaitre, les éventuels usages, afin de faire émerger l’essentiel à la transmission de son histoire et de sa mémoire collective. Pour Hubert Lempereur, l’archéologie est une sorte d’investigation, une «[...]entreprise systématique de compréhension et de mesure de la production matérielle de l’Homme.» . Lorsque l’on commence un projet à partir d’un édifice existant, il est d’autant plus important d’en faire son archéologie pour pouvoir sélectionner dans l’acception ce que l’on garde ou pas. Cela passe par le relevé, le redessin, la lecture d’écrits, l’arpentage des lieux. Tous ces éléments combinés nous aident à mieux comprendre la pensée architecturale initiale et le rôle qu’elle peut jouer dans le nouveau projet. Redessiner le réel, c’est comprendre ce qui a été nécessaire à l’édification et à la conception des objets sur lesquels on intervient L’ensemble de ces éléments collectés devient la matière première pour l’architecte. Ce sont des archives à réinterpréter. Didier Debarge parle de « la découverte comme invention » , et précise qu’en faisant l’archéologie du site il est « souvent dans un état qui ne donne pas à lire d’emblée, pour laquelle l’observation des espaces non construits [...] contribue à la compréhension du principe industriel d’origine. » Cela signifie que l’archéologie permet de révéler parfois des espaces oubliés. Ils peuvent être source d’inspiration et reprendre corps dans un nouveau projet. C’est le travail que réalise Peter Eisenman dans son projet d’archéologie fictive Checkpoint Charlie de Berlin. Le déjà-la est donc déterminant, puisque c’est lui qui va permettre par le 31
biais de l’archéologie, de mettre en avant différents états d’un lieu et de les utiliser pour concevoir le projet architectural à venir. Comme le montre Hubert Lempereur dans L’architecture : y aller par quatre chemins , l’archéologie est à considérer comme un moteur d’invention, le “déjà-là” est la source, la ressource du nouveau projet.
id.
- Traces, couches et conservation Cette démarche s’inscrit dans la compréhension des couches qui composent un lieu à toutes les échelles, principe développé par André Corboz dans son palimpseste . Il évoque l’importance de décortiquer le lieu afin de le comprendre et de l’appréhender dans sa globalité, pour ancrer le projet de façon plus forte et plus logique au sein du territoire. Au travers de l’ensemble des couches historiques du lieu un certain nombre de traces subsistent et laissent transparaitre plus ou moins les souvenirs du passé. Comme l’évoque Guy Amsellem « Les couches d’architecture sont des strates de mémoires. Ce n’est pas par hasard que Freud, dans son beau texte sur Rome, utilise l’image de la construction d’une ville comme métaphore des mécanismes inconscients. Dans le psychisme humain, nous dit-il, “Rien ne se perd. Tout subsiste, au moins à l’état de traces”.» Ces traces concrètes issues du site peuvent susciter l’imagination de l’architecte. Elles amènent une certaine poésie au lieu. Mais pour que ces traces, au travers des couches, restent qualitatives pour le projet nous devons aborder la notion de conservation. Qu’est-ce que l’on doit conserver ? Que doit-on supprimer ? Le travail d’archéologie, évoqué précédemment, nous 32
CORBOZ André Le Territoire comme palimpseste et autres essais
Amsellem Guy p.7 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
rambert Francis p.11 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
permet de sélectionner les traces que nous conservons ou revalorisons, ainsi que les éléments du “déjà-là” pour savoir lesquelles nous sublimons dans le projet. Un regard critique et objectif permettra de ne pas s’encombrer d’éléments pouvant être anecdotiques. Cela nous amène à un état d’acceptation du site. Nous en connaissons toutes ses qualités, ses traces, ses ambiances, ses usages, sa conception… Nous avons sélectionné toutes une matière d’imagination pour pouvoir réinventer et redonner une nouvelle vie au site. « Ce renouvellement urbain nous plonge dans l’ère de la superposition, du palimpseste, il ouvre le champ de la réinterprétation, voir celui de la réinvention. » Le projet peut commencer à se dessiner. Comment cette matière va nourrir le projet ? Comment se l’appropriet-on ? - Le réemploi /appropriation -
Huygen Jean-Marc p.11-12 La poubelle et l’architecture, vers le réemploi des matériaux
L’appropriation du lieu se fait par le réemploi et la transformation. « Le réemploi est l’acte par lequel on donne un nouvel usage à un objet existant tombé en désuétude, qui a perdu l’emploi pour lequel il avait été conçu et fabriqué. [...] Le réemploi est bien sûr une récupération, une économie : l’objet obsolète trouve encore de l’usage ou un nouvel usage. Mais la différence avec la récupération se trouve dans la posture du réemployeur : l’objet devient nouveau matériau, riche des traces de son ancien usage » . Il s’agit donc de réemployer des édifices ou partis d’édifices en leur donnant un nouvel usage. Tout ce qui a été choisi d’être conservé sert de matière première pour la nouvelle édification. La notion de réemploi nous fait tendre vers une pertinence d’usage, un aspect économique, écologique de la construction. La démolition et 33
La tour Tack un patrimoine vĂŠcu : de la brasserie au centre de production de projets culturels
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Reichen Bernard p.129 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
Amsellem Guy p.7 op.cit. p.32
l’apport de nouveaux matériaux sur le site entrainent une production de l’énergie grise plus importante que dans le réemploi. Bernard Reichen mentionne « C’est “l’énergie grise“ (la matière mise en œuvre dans l’acte de construire) qui est considéré par rapport à l’énergie blanche (énergie consommée). Le “déjà-la“ et le “faire avec“ s’impose à tous, c’est une autre façon de penser la modernité qui s’installe dans les champs de l’urbanisme et de l’architecture. La reconversion a mis en évidence un patrimoine méconnu.». Ainsi, cela permet de valoriser un patrimoine en le rendant accessible par de nouveaux usages, et évite qu’il ne tombe en ruine. Il devient patrimoine vécu. En transformant un édifice déjà présent, nous faisons perdurer la mémoire collective du lieu. « Transformer les édifices, c’est refuser d’effacer les mémoires qu’ils recèlent. » . L’architecte rempli son rôle de passeur de la mémoire et inscrit le projet dans la continuité de l’histoire du site. L’édifice par son nouvel usage rentre alors dans un nouveau cycle d’utilisation. Ainsi, la mémoire par les trois étapes de la consolidation, devient un outil très intéressant dans la conception d’un édifice entrant dans un nouveau cycle. C’est pourquoi, par la suite, nous nous appuierons dessus pour le développement de nos projets.
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II // Orléans : Histoire et Mémoire
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La Beauce, vue sur l’ancien aérotrain
FOCUS
CARREFOUR Les pays et paysages de urbaine orléanaise DEl’aire PAYSAGES
BEAUCE
RATIONN L’AGGLOMÉRATION
PERCHEE CH
GÂTINAIS
ORLÉANAIS O R É AN AN A AII S
O RRLÉA OR RORLÉANS L ÉANS É AN ÉA AN S
L LOIRE
GÂTINEE NORD TOURANGELLEE
L’AIRE LL’ A R E URBAINE URB UR BAIN E
Entre Beauce et Sologne, terres agricoles et grandes forêts, entre berges de la Loire et coteaux du Loiret, la ville d’Orléans s’inscrit à la rencontre de plusieurs grandes entités géographiques aux paysages contrastés.
PUISAYE
SO O SO OGN GN E GN SOLOGNE VITICO VI V T C O LEE
VITICOLE
G RA RGRANDE AN A N D E SSO O LOG G SOLOGNE
PAYS FORT S O
Les quais de Loire et le paysage ligérien
La Sologne et son paysage boisé
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1 : Orléans : un territoire aux différents atouts Orléans est une ville de près de 114 286 habitants et son agglomération se compose de 22 communes. La construction de la ville et de son agglomération s’articule de part et d’autre de son fleuve, la Loire. C’est donc le paysage ligérien qui est au cœur du développement de la ville, de l’Histoire, des mémoires, et de son patrimoine. Il partitionne et réunit la ville en son centre. Au Nord, nous trouvons un paysage de grandes plaines, la Beauce « grenier de la France », où sont cultivées de nombreuses céréales et des cultures maraichères. Au Sud, nous observons un paysage boisé avec de petits bocages, la Sologne, très renommé pour la chasse et son gibier. L’ensemble de ces trois entités paysagères définissent en partie l’identité de l’agglomération et lui confère sa qualité de vie. A seulement 1h30 de Paris en voiture ou en train, Orléans se trouve dans le pôle économique du bassin parisien. Sa forte connexion avec la capitale en fait une agglomération très attractive, tout en offrant le cadre de vie agréable d’une ville à taille humaine. Au cours des dernières années, la ville n’a cessé d’attirer de nouveaux habitants. Capitale de la région Orléans Val de Loire, elle tend à conforter ce statut en continuant d’être attractive pour les entreprises. On compte, dans l’agglomération, sept filières d’excellences (avec de grandes enseignes) regroupées en quatre pôles importants, valorisées autour d’un nouveau projet de labellisation “French Tech“. Elle cherche à mettre en avant son savoir-faire.
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Orléans : pôle économique du bassin parisien 293000 HAB AMIENS
657000 HAB
LA SEINE
ROU UEE N ROUEN
314000 HAB
397000 HAB
AIRE R E UR UURBAINE R BA B A IN IN E PARISIENNE PA AR N 160 12 1 2 126 60 0 0000HHAB
CAEN N
LLEEALENÇON NÇÇ O N
RREIMS
CHÂLONS-ENLO S E N N CHAMPAGNE AMP AM A M MPA MP PA P A
190000 0 HAB
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339000 0 HAB
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LE MANS M S
417000 HAB LÉAA S ORLÉANS AUXERRE U
47 4 7
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BLOISS
TOURS OU
NE NEVERS
40
Les sept filières d’exellences de l’agglomération Orléans Val de Loire
PARIS
ORLEANS
NEVERS NANTES
0
1
2km
CLERMONT FERRAND
Logistique Industrie graphique électronique Cosmétique/Pharmaceutique écotechnologie Mécanique Agroalimentaire 41
ORLÉANS
SAINT-NAZAIRE
NANTES
ANGERS
TOURS
GIEN
BLOIS S
NEVERS
VAL DE LOIRE
Patrimoine mondial de L’UNESCO
Le paysage ligérien d’Orléans
Le patrimoine classé et protégé d’Orléans
L’art dans la ville : le FRAC Centre et L’Orléanoïde
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Orléans possède également un patrimoine important avec notamment le val de Loire classé au patrimoine de l’UNESCO. Il y a aussi beaucoup de constructions qui sont classées ou sous zones de protection. L’art y est particulièrement mis en avant. Orléans accueil le FRAC centre – comprenant Archilab – et l’ESAD – école supérieur d’art et de design d’Orléans – très bonne école d’art graphique. Tout ceci lui a valu le label “ville d’art et d’histoire“. Cependant, cela n’empêche pas la collectivité de démolir une partie importante de son patrimoine qu’elle ne sait pas revaloriser. Elle tend à détruire et faire disparaitre partiellement son patrimoine industriel lié à la Loire ou même son patrimoine moderne.
On constate néanmoins que les élus s’intéressent d’une certaine façon à ce patrimoine au travers d’un atlas des friches, réalisé en 2014, qui fait prendre conscience de tous les élus les potentiels d’espaces disponibles que l’agglomération possède. Vingt-deux friches sont répertoriées, dont sept possèdent encore des constructions. Ceci nous amène à constater qu’un patrimoine qualitatif est encore présent sur ces sites et est souvent menacé de destructions. Il nous semble important de revaloriser ce patrimoine qui est désormais à considérer. 43
Ensemble des friches répertoriées dans l’Atlas en 2014
44
2 : Orléans : méconnaissance du patrimoine bâti industriel
Castaldi Éric p.100 L’Archéologie industrielle en France, n°45
Perrault Dominique p. 67 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
Orléans a déjà depuis quelques années commencées une réflexion, et entreprit des actions pour son évolution en limitant l’étalement urbain. La ville se (re)construit sur elle-même en ré-exploitant ses sites en friches. D’après notre constat vis-à-vis de ces sites, leur choix a été de démolir pour reconstruire. Choix poussé par l’idée d’une simplicité ou par un manque d’intérêt à ce qui est déjà là? Un jugement préconçu qu’énonce Eric Castaldi, celui de la page blanche : « Moi je voulais simplement dénoncer cette notion de choix préalable qui opposait en fait la prise en compte des éléments existants et une utilisation d’un terrain réputé vierge. […] L’intérêt peut ce niché partout. Voilà alors que justement avec cette opposition dans l’esprit d’un certain nombre de gens, c’est un prétexte, un préalable pour simplifier les situations. On commence par raser, à rendre virtuel le site comme si c’était une manière d’avoir les mains libres pour pouvoir faire ce que l’on veut. En réalité c’est le contraire, s’il n’y a plus de contrainte il n’y a plus de créativité non plus. La page blanche n’existe pas, n’existe jamais, c’est toujours une vue de l’esprit.» C’est cette ”vue de l’esprit” que l’on remet en cause aujourd’hui. Comme nous l’avons vu auparavant, les délaissés sont support de l’Histoire et de mémoires. Ils sont déjà intégrés à la ville, dans le tissu mais surtout dans la mémoire collective des habitants. Perdre cette mémoire, cette attache, pour créer un nouvel édifice, cela-a-t-il vraiment un sens? Alors que l’on peut valoriser ce qui est déjà là, le transformer sans enlever la ”relation aimante” dont nous parle Dominique Perrault. « Le fait de capitaliser un patrimoine –certes à l’abandon ou dans un état qui 45
n’est pas excellent-, c’est surtout le fait qu’il soit là qu’il soit prêt des transports en communs, qu’il soit intégré dans la ville, qu’il soit déjà là dans l’œil des population. Le mouvement de transformation ne part pas de la table rase pour l’érection de grands bâtiments, mais part plutôt d’un paysage urbain qui va être requalifié et sur lequel nous allons porter un regard qui va avoir une certaine tendresse. Et cette espèce de relation aimante envers ce qui existe a quelque chose d’assez délicieux dans la transformation urbaine ». Effectivement, comme le dit Patrick Bouchain, ces délaissés ne sont plus rentables. Ils sont entre deux cycles de vie. C’est un instant clé où il est possible d’intervenir et de les modifier de manière à leur donner une autre rentabilité, celle de la mémoire et de l’Histoire comme on vient de le voir. Il s’agit d’une rentabilité symbolique mais aussi écologique, social. C’est le nouveau modèle de la ville du XXIe siècle. Plus compact, la ville part à la reconquête, à la réappropriation. C’est le temps du recyclage et de la réutilisation. C’est ce que nous évoque Francis Rambert dans son article « La pérennité à l’aune du provisoire » : « Il y a une logique à transformer le patrimoine construit, la densification de la ville y pousse, la réflexion sur la durabilité y conduit. C’est sans doute cela la nouvelle expérimentation spatiale, technique et programmatique du XXIe siècle, dans une équation économique indispensable à résoudre…» (p11) Toute dépense d’énergie aujourd’hui est à mettre dans “l’équation“ planète, homme, économie… Démolir est une dépense d’énergie importante, un coût considérable, et une perte mémorielle déplorable. Les délaissés sont une ressource présente partout - et peut être inépuisable - dans un monde en crise de ressources et en transition énergétique. Le 46
Bouchain Patrick p.178 Construire autrement, comment faire?
Rambert Francis p. 11 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
Amsellem Guy p.7 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
recyclage des bâtiments existants peut se faire selon différentes modalités décrites par Guy Amsellem. « La réutilisation, liée à l’émergence d’un nouvel usage ou à l’attribution d’une nouvelle fonction ; la réhabilitation qui consiste à améliorer un bâtiment parce que ses occupants ou ses usages ont évolué, sans toutefois modifier sa fonction est essentielle : la reconversion, qui résulte d’un changement dans la fonction essentiel de l’édifice et requièrent une compatibilité fonctionnelle et symbolique du nouveau projet avec l’ancien. » Transformer les édifices : c’est faire perdurer les mémoires qu’ils renferment, c’est utiliser une ressource localement présente, c’est respecter notre planète, une économie d’énergie. C’est aussi être dans un nouveau cycle de vie, le nôtre, tout en protégeant l’Histoire, les mémoires qui font l’identité d’un bâtiment, d’un quartier, d’une ville.
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2 4
1
5
Les sept bâtis industriels délaissés
7
ZONE CULTUELLE AQUAE SEGETAE
6
FAUBOURG SUPPOSÉ
FAUBOURG SUPPOSÉ AQUEDUC
0
1
2km
1 : La vinaigrerie Dessaux et l’Antiquité
ENCEINTE 1480-1566
CONTOUR DU CENTRE-VILLE ACTUEL FAUBOURG SUPPOSÉ
CLOÎTRE CANONIAL
CATHÉDRALE SAINTE-CROIX
ENCEINTE HÔPITAL GÉNÉRAL
1513
PREMIÈRE ENCEINTE
2
4e SIÈCLE
14 SIÈCLE
PONT DES TOURELLES
CHÂTELET 14 e SIÈCLE
LOIRE FORT DES TOURELLES 14e SIÈCLE
FAUBOURG SUPPOSÉ
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ÉDIFICE DE SPECTACLE
FORUM DEUXIÈME ENCEINTE e
12e SIÈCLE
NÉCROPOLE
1466-1480
MAISON DE VILLE
17e SIÈCLE
QUE GALLO-ROMAINE
EIRLA E
3
TOUR-NEUVE
DÉBUT DU 13e SIÈCLE
QUAIS ET ZONE PORTUAIRE GALLO-ROMAINE ATTESTÉS
3 : Les bâtis délaissés rattachés à l’Histoire et à l’avenir Les bâtis sont support de notre mémoire individuelle et collective. Mais ils sont également témoins de l’Histoire. Une histoire bien définie correspondant à une période précise. Chacune d’elle est visible dans les édifices par son écriture architecturale, ses matériaux, ses procédés constructifs. Les sept édifices encore présents, repérés dans l’atlas des friches pourraient être un moyen pour Orléans de se réaffirmer alors qu’elle subit aujourd’hui une crise identitaire. La diversité de ce patrimoine redynamisé conduit nos mémoires au cours du fil de l’Histoire de la ville. La plus ancienne des friches serait la Vinaigrerie Dessaux liée au commerce sur la Loire. Au XVIIème siècle, le fleuve est alors un véritable carrefour commercial entre l’Atlantique, le Rhône et Paris. Avec cet édifice, on peut remonter dans l’Histoire bien plus loin. Construit sur l’ancien mur d’enceinte Gallo-Romain, celui-ci nous ramène au IVème siècle, à l’époque où la ville devient capitale d’une nouvelle cité détachée des Carnutes. Le site des Groues, quant à lui, marque le passé militaire d’Orléans, de 1884 jusqu’aux années 50. Après cette période justement, le centre-ville est en pleine reconstruction suite aux bombardements de la seconde guerre mondiale. On voit alors arriver de nouveaux modes constructifs avec Pol Abraham et le béton préfabriqué. C’est le début de l’implantation des bâtiments de l’époque moderne. Durant cette période de nombreuses grandes entreprises s’implantent. Parmi elles on retrouve les délaissés d’aujourd’hui: le siège de l’usine d’Ambert, l’usine Michelin et les 49
La Reconstruction et les années 50
RECONSTRUCTION 1944-1961 AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DE GAULLE
1 RECONSTRUCTION DU PONT JOFFRE 1958
SANDOZ 1951 La Reconstruction et les nouveaux procédés de mise en œuvre du béton réalisés par Pol Abraham
2 : Le site militaire des Groues
50
3: L’usine Michelin
4 : L’usine d’Ambert 5 : Les laboratoires Sandoz
51
Le nouveau quartier La Source et les années 70-80 RECONSTRUCTION DE LA GARE 1965
ORLÉANS 1
6 : L’ancien centre informatique EDF
PARC FLORAL 1963
UNIVERSITÉ 1967
LA SOURCE ORLÉANS II 1962
LYCÉE VOLTAIRE 1968
EDF SITI 1966-1974
7 : Locaux de l’entreprise IBM
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MITTMANN Elke p.4 L’archéologie industrielle en France, n°62
laboratoires Sandoz conçus par Jean Tschumi. Ce dernier a une présence éminente au bord de la Loire. Ces laboratoires « témoigne du développement de l’industrie pharmaceutique dans cette agglomération, devenue en moins de cinquante ans l’un de ses plus grands pôles nationaux. » Le bâtiment EDF, conçu par les architectes de l’Atelier Montrouge en 1966, quant à lui, est témoin de l’extension de la ville sur la pleine agricole pour un nouveau quartier Orléans 2. Aujourd’hui appelé La Source, il fut construit afin d’accueillir l’université et des ensembles de logements pour les rapatriés d’Algérie. Dans cette même période, et jusqu’aux années 80, d’autres grandes entreprises viennent s’installer dans l’agglomération. IBM fait appel aux architectes Andrault et Parat. Ce dernier délaissé remarquable est situé dans la commune Combleux à proximité de son centre historique protégé. Il offre un bâtiment en poteau poutre très libre, et jouit de magnifiques vues sur le bord de Loire. L’ensemble de ces bâtiments délaissés, pour certain depuis plus longtemps que d’autres, marque l’Histoire et l’identité d’Orléans. Chacun d’entre eux possède ses qualités propres. Leurs transformations permettraient de garder la mémoire collective, de mettre en valeur l’Histoire, ainsi que de renouveler la ville
53
“ L’architecture est un art de la transformation ” Marc Mimram / conférence FRAC centre, 2014
54
III // L’intervention
55
La conduite de la réhabilitation de ces friches industrielles, accueillant de nouveaux programmes, est propre à chaque intervention. Chaque bâtiment, chaque friche est unique. Renzo Piano préfère au mot réhabilitation le terme “transformation”. Intervenir sur une friche industrielle, c’est la transformer pour accueillir de nouveaux usages. Cette transformation procure au bâtiment, non pas une prolongation de sa vie, mais une autre vie. Toute transformation doit se faire aujourd’hui, avec une sensibilité, un respect des architectes envers ce patrimoine. Philippe Louguet dans un article de la revue “L’archéologie industrielle en France” énonce un consensus d’intervention que l’on décrira par trois grands axes donnant ainsi une base pour chaque transformation.
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louguet Philippe p.13 L’Archéologie industrielle en France, n°49
1 : Bonne connaissance de l’Histoire L’architecte doit pour chaque projet prendre connaissance et analyser le site. La bonne connaissance de celui-ci lui permet une intégration à son environnement et détermine les contraintes motrices du projet. Lorsqu’un architecte travaille sur un bâtiment existant, sa bonne connaissance de celui-ci est indispensable. Cette connaissance doit être au-delà du diagnostic technique et fonctionnel. Ce diagnostic est certes important, mais il est incomplet au regard de la mémoire du lieu. Il doit être complété par la connaissance qui confère à l’architecte sa légitimité culturelle : la connaissance historique. C’est donc l’occasion pour les architectes de revendiquer cette complexité. castaldi Eric p.96 L’Archéologie industrielle en France, n°45
« L’archéologie industrielle, est une nécessité absolue car pour pouvoir identifier les points de contact […] entre le programme et le site, il faut connaître le site et cette connaissance est le préalable indispensable à l’action sur ce site. Toute la difficulté est de savoir jusqu’où ce préalable est un élément moteur pour continuer à faire vivre ces lieux. La continuité interdit d’arrêter ou de figer les choses mais la question est de savoir à quel moment elle devient paralysante. Moi je veux la voir comme un outil pour avancer pour continuer l’histoire du lieu qui en avait une auparavant. » L’architecte a donc le rôle de faire la transition entre l’Histoire et le futur. Après transformation, le projet doit pouvoir raconter une histoire passée et la continuer. Car comme nous l’avons vu auparavant les friches s’inscrivent dans l’histoire d’un quartier, de la ville, d’un territoire et ne doivent pas perdre le témoignage qu’elles expriment aujourd’hui. Cette histoire permet 57
de se raccrocher au contexte à différentes échelles. Bien connaître l’histoire du lieu permet également de comprendre son fonctionnement, la conception des espaces donnés et leurs différentes évolutions subis. Comment transformer ces espaces sans les connaître et les comprendre ? Révéler leurs dispositions d’origine, les mettre en valeur avec de nouveaux usages appropriés. Eric Castaldi précise qu’en transformant une friche industrielle nous travaillons sur un bâtiment qui contient l’Histoire, une histoire qu’il est important de connaître pour la mettre en valeur sans pour autant la figer. Il est important de faire la part des choses, bien connaître l’Histoire doit être un outil permettant la transformation de la friche, et non l’enrayement, la muséification de ces friches industrielles.
58
2 : lisibilité des interventions
lempereur Hubert p.4-13 op.cit. p.31
rambert Francis p.11 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création.
Afin de valoriser l’Histoire, de garder la mémoire tout en ne tombant pas dans la muséification, il est important de garder une lisibilité des différentes interventions. La conservation permet de transmettre l’Histoire. Mais à travers cette question de la conservation, se pose celle de la patrimonialisation. Hubert Lempereur l’évoque et la qualifie de dangereuse puisqu’elle tend à nous faire conserver tous les fragments du passé par le seul prétexte qu’ils appartiennent à l’Histoire et sont donc sacrés. Elle nous empêche d’avoir une vision objective sur ce qui reste sur le site et brouille la lisibilité de ce qui constitue l’essentiel de l’histoire des lieux. Plus encore, la patrimonialisation nous empêcherait d’avancer et aurait pour effet de maintenir le projet dans une pensée historique cloisonnée, ne prenant pas ou trop peu en compte les questions contemporaines. On ne serait plus dans la notion de “passage” vu précédemment mais dans celle de la muséification. Il met en avant l’importance d’avoir une « vision décomplexée des logiques de sauvegardes et de transformations » afin de ne pas rester figé dans le passé et de pouvoir lier ce dernier avec le présent. Chaque intervention permettant une nouvelle transformation est la trace d’un nouveau scénario. Il est important de pouvoir faire la différence entre chaque scénario, car ceux-ci sont les témoins de leur histoire. « Ainsi stimulé, l’architecte devient “l’auteur” d’un nouveau scénario où la mutation peut aussi prendre figure de transgression. Une démarche qui évoquerait, toutes proportions gardées, celle de l’artiste. » 59
Ljubljanski grad dialogue entre l’ancien et le contemporain
Ljubljanski grad Novembre 2012
60
chemetoff Alexandre p.102 L’Archéologie industrielle en France, n°45
Ne pas reproduire ce qui est déjà-là mais le conserver si c’est utile et possible. Il ne faut pas chercher à retrouver l’état initial, ni gommer les traces témoignant de cet état. La lisibilité des interventions permet de mettre en valeur le patrimoine conservé en faisant ressortir les éléments existants. Le château de Ljubljana en Slovénie pourrait illustrer cette idée. Contrairement à ce qui se fait en France le plus souvent la réhabilitation du château de Ljubljana ne recherche pas l’état initial. Les interventions sont marquées par des choix de matériaux, de procédés très modernes. Ceci permet une bonne distinction entre le ”nouveau” et l’existant. De plus, l’opposition entre les deux permet une mise en valeur mutuelle. C’est une discussion, un échange, une vision tournée vers l’avenir sans pour autant perdre son histoire. Alexandre Chemetoff parle de “transformation prospective” . « Ce que je trouve intéressant dans les projets comme par exemple celui de LU à Nantes ou de la Condition publique à Roubaix, c’est cette façon de faire émerger le projet comme un lieu d’échange, de culture, de connaissances et finalement placé la mémoire dans une situation, une proposition prospective. Ce que j’aime bien, c’est ça, c’est l’idée qu’on sort de l’exception “protectrice” pour rentrer dans une transformation prospective. » En marquant la présence de notre intervention, on tourne le bâtiment vers l’avant, vers l’avenir, sans pour autant cacher le passé, l’Histoire. Nous devons nous approprier l’espace pour le faire vivre, espace conçu dans un scénario précédant, transformé en vue d’un autre scénario.
61
Intervention minimale, Pleskot Josef Centre technologique mondial de la conception à Ostrava, République Tchèque
62
3 : exigence de sympathie avec l’édifice (intervention raisonnée)
louguet Philippe p.13 L’Archéologie industrielle en France, n°49
Le troisième point est celui que Philippe Louget nome ”l’exigence de sympathie avec l’édifice”. C’est l’idée de se limiter strictement aux interventions nécessaires compte tenu des nouvelles affectations. C’est en quelque sorte le premier principe de l’architecture industrielle. Elle a pour base la rationalité, et constitue une architecture singulière. Elle offre des bâtiments à l’architecture inattendue liée à la fonction de l’édifice. Rien n’est de trop et n’est fait gratuitement. L’intervention doit être minimale, en respect avec le bâtiment, l’architecture et la transformation. Réutiliser au maximum ce qui est déjà-là. C’est l’idée également du réemploi et du recyclage mentionné précédemment (Ch.1-I-2). C’est l’utilisation d’éléments présents tels quels ou modifiés pour créer un nouvel usage, un nouveau scénario. De plus, des traitements trop grandiloquents renforceraient leur caractère institutionnel - aidé souvent déjà par leur échelle - et les rendraient plus étanches aux populations. Alors qu’une intervention minimale, alliée à la recherche de mixité fonctionnelle - gage de leur dimension urbaine - facilite l’intégration durable des édifices dans la ville et leur appropriation. Une intervention trop brutale ferait perdre les repères de la mémoire collective. Cette mémoire qui reste présente par une intervention raisonnée permettra une meilleure intégration.
63
64
Chapitre 2 : 1 Histoire, 2 mémoires, 2 délaissés, 2 interventions.
65
“ Je cherche en même temps l’éternel et l’éphémère ” Georges Perec / la Vie mode d’emploi, 1978
66
Notre volonté a été de choisir deux lieux très différents afin de montrer qu’avec une méthode nous pouvons avoir des applications contrastées. Le choix en particulier s’est porté sur deux délaissés industriels qui sont proches de la Loire. Ils s’inscrivent dans le tissu urbain et l’Histoire d’Orléans. Chacun témoigne d’une époque différente. Le premier, ancienne vinaigrerie Dessaux, date du XXème et s’établit sur l’ancienne enceinte Gallo-Romaine. Le second, édifice de l’époque moderne, est conçu par Jean Tschumi pour les laboratoires Sandoz. Les 2 délaissés se différencient par leurs implantations. La vinaigrerie se trouve dans le tissu bâti dense du centre ancien, avec une superficie d’environ 3300m2. Après de grandes extensions au début du siècle, elle évolue en subissant successivement des démolitions ponctuelles. Les laboratoires, quant à eux, s’implantent sur la rive sud de la Loire entre un tissu pavillonnaire et un groupement de grands ensembles. Sa superficie est douze fois supérieure à celle de la vinaigrerie avec un site d’environ 39600m2. Les constructions des deux lieux choisis sont très différentes aussi bien dans leur état de conservation que dans leurs écritures architecturales. Ce qui nous conduit aux 2 interventions.
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0
5 3
5
D B
2
Construction / requalification A - après 1983 B- 1994 C- 2006 D-2012
C C
0
C C
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Démolition 1 - après 1961 2- 1971/77 3- 1984/88 4- après 1988 5- 2011
D A
2 4 4 4 3
1
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Vinaigrerie Dessaux 1901 68
Construction 1- 1951/53 2- 1960/62 3- 1962/68 4- 1968 5- 1981 6- 1988
0
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150m
4 5 6
4
1 6
3 3
2 3
0
Laboratoires Sandoz 1953 69
“ Dis-moi, n’as-tu pas observé, en te promenant dans cette ville, que d’entre les édifices dont elle est peuplée, les uns sont muets ; les autres parlent ; et d’autres enfin, qui sont les plus rares, chantent ? ” Paul Valéry / Eupalinos ou l’architecture, 1924
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I // Transformation de la vinaigrerie Dessaux : revitalisation par la mÊmoire d’une friche "patchwork"
71
9
Friche Usine Dessaux
8
Rue de Bourgogne
7
1/ Siège de la Région Centre 2/ Résidence universitaire 3/ Restaurant CROUS 4/ Tour Blanche: Service archéologique de la ville
6
5/ Salle Eiffel 6 / Le 108: Maison Bourgogne
1
7/ Centre Chorégraphique National
2
8/ L’hôtel Dupanloup : centre universitaire de recherche
5 3 4
9/ école d’art : Institut d’Arts Visuels
0
50
100
Quartier Dessaux : - Rue de Bourgogne - Le 108 - Rue Saint-Flou / Tour blanche
Nouveaux programmes : - Siège de la Région Centre - Résidence universitaire - Restaurant CROUS
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1 : Etat des lieux : le quartier et son histoire
La vinaigrerie Dessaux date du début du XXème siècle. La friche industrielle, support de projet, est une des premières extensions. Son activité cessant, cette entreprise laisse en héritage une friche qui s’inscrit dans le tissu du quartier Bourgogne-République. Aujourd’hui en pleine restructuration, ce quartier se situe entre la Loire et la cathédrale. Ce centre ancien fait peau neuve, les façades sont révélées, notamment celles à pan de bois. Le secteur piéton est étendu. Cette extension est marquée dans l’espace de la ville par un nouveau pavage. De nouveaux programmes ont été implantés : une résidence universitaire, des bureaux et un restaurant du CROUS… Le quartier est animé par la rue de Bourgogne, ancienne voie romaine, s’inscrivant sur un axe EstOuest. Rue au caractère très vivant et chargée d’histoire. C’est notamment la rue par laquelle Jeanne d’Arc fit son entrée à la nuit tombée le 29 avril 1429. Le quartier acquis son caractère commerçant et industriel au cours du XVIIème siècle grâce à la Loire. Ce fleuve est un véritable carrefour entre l’Atlantique, le Rhône et Paris. Les denrées en transit, notamment le sucre, sont transformées à Orléans, puis repartent en bateau. En 1704 apparaissent les premiers bâtiments de la raffinerie Guinebaud, qui occupent par la suite la totalité de l’îlot. Mais le blocus continental imposé par la Marine anglaise sous le règne de Napoléon initie le déclin des sucreries. Charles Dessaux installe dans l’usine en 1815 sa vinaigrerie « Dessaux & fils ». Cette entreprise fut créée 26 ans plus tôt. En plein essor, ce 73
Gravure de Charles Pensée, [juin 1829] Vue d’Orléans prise de la rive gauche de la Loire sur la levée des Capucins.
Quartier Dessaux, vue aérienne. [1973].
Le hall des expéditions, 17 rue de la Tour neuve, vue intérieure.
74
commerce est lié encore une fois à la Loire. Les bancs de sable de celle-ci faisant échouer les bateaux, le vin piquant est alors transformé en vinaigre à Orléans. En pleine croissance du marché, l’usine s’agrandit dès 1891, date de construction du hangar Eiffel (hall des expéditions et stockage). La construction de l’édifice, en 1901, est aujourd’hui le sujet de la transformation. L’arrivée du chemin de fer puis de l’automobile marque la fin de la suprématie du commerce fluvial. A l’exception des usines Dessaux, l’ensemble des usines quitte le centre ancien. Cette situation privilégiée pour l’entreprise Dessaux durera jusqu’à son rachat par l’entreprise Amora en 1964. Cette dernière continuera l’exploitation du site pendant 19 ans. L’acquisition des bâtiments par la mairie marquera la fermeture définitive de l’usine. Commence alors la transformation du quartier. Près d’un hectare de ce périmètre appartient à l’usine. Reste encore cette friche, “patchwork” du temps. Mitoyenne de la « salle Eiffel », elle est cernée à l’ouest par la rue Saint-Flou, à l’est par la rue de la Tour Neuve, et au nord par la rue du Chêne Percé. Friche Vinaigrerie Dessaux
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76
2 : Les différentes approches
rambert Francis p.71 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création.
« Alors que certains leur objecteraient une forme d’obsolescence, il est important a contrario d’accélérer leur évolution et leur recyclage en capitalisant la qualité objective de la construction et l’intelligence de la conception. Les architectes qui reprennent ainsi la main sont mis au défi de tirer profit de la situation initiale en entrant dans la logique structurelle de la première œuvre ».
Annexes pages 2, 3, 4
Ce siècle d’existence marque les trois ensembles bâtis de la friche par l’addition de différents procédés constructifs et la multiplicité des matériaux employés. Ces empilages font de ce lieu un véritable “patchwork” temporel, structurel et matériel. En effet cette diversité : mur en colombage, murs de pierre, charpente bois ou métallique, poteaux–poutres béton et remplissage brique, rend la friche complexe et attractive. Chacun de ces éléments est spécifique, et plusieurs sont particulièrement à valoriser. Différents programmes sont prévus pour cette réhabilitation. Chacun sera adapté pour valoriser le patrimoine dans lequel il s’installe.
Le “patchwork”structurel et matériel de la Vinaigrerie
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RESTAURANT
BAR LOGEMENTS ATELIERS
Schémas : Mixité programmatique
Schéma origine de la forme du bâti : - Cadastre Napoléonien 1823 - Principe de transformation du bâti en usine
0 78
50
100
Rattachement au quartier par les dispositifs
Le parti pris phare pour la réhabilitation de ce site, est de garder, tout ce “patchwork” témoin du temps et de l’histoire. Le nouveau projet, à la fois contemporain de cette histoire et appuyé sur cet héritage, vient “s’insérer dedans” et “s’appuyer contre”. Les différents programmes viennent se loger dans les structures conservées. Elles deviennent alors support de projet. Afin de rendre ce corps bâtis plus accessible et appropriable, une mixité programmatique vient s’implanter en s’appuyant sur un cloisonnement existant. Les deux édifices mitoyens de la salle Eiffel accueille un restaurant et un café. Le troisième volume d’une longueur d’environ 70 mètres, pour une largeur variant entre 15 mètres au nord et 8 mètres au sud est divisé en trois entités. Sa forme tout en longueur, est issue d’un découpage cadastral et d’une succession de constructions transformées en un seul corps d’usine. Il est réoccupé par un programme mixte, alliant espace publique, logements, ateliers / salle d’exposition. Deux dispositifs permettent la circulation du projet et son rattachement au quartier. Le premier créant un lien avec le haut du quartier au Nord-Ouest, par l’arrivée piétonne depuis la rue bourgogne. Le deuxième relie le projet avec le parking à l’Est, en créant ainsi un lien avec le Sud du quartier jusqu’à la Loire. 79
Distribution par la coursive et la rue intérieur
Étage
REZ-DE-Chaussée
80
Une rue intérieur au rez-de-chaussée met les différents espaces en dialoguent. Elle prend naissance à la porte d’entrée d’origine qui retrouve ses dimensions, située au nord de l’édifice, à l’angle de la rue du Chêne Percé et de la rue Saint-Flou. Parallèle à cette dernière, la rue intérieure reste sur le niveau du rez-de-chaussée, desservant ainsi les logements et la terrasse du café. En franchisant cette porte on accède à un espace public, théâtre de l’art urbain, où peuvent se croiser habitants, artistes, curieux… et passants. Le marquage au sol nous guide en direction de la terrasse du café. La rue devient passage, elle se rétracte pour retrouver des proportions à taille humaines. Le long des logements, un dispositif de seconde peau forme un léger biais. Ce trompe-l’œil crée un effet de perspective donnant la sensation d’une distance plus courte. Il constitue des alcôves à chaque entrée de logements offrant un espace de rangement pour les objets du quotidien. Une intervention contemporaine en façade vient faire le trait d’union entre passé et présent. Une coursive articule les circulations verticales et horizontales en façade Est. Elle dessert, depuis le parking, l’ensemble des programmes. Cette nouvelle structure est installée en parallèle du mur GalloRomain à une distance respectueuse de celui ci (3 mètres minimum). Ce recul créé un dialogue entre la légèreté de la coursive et le caractère massif du mur. Il révèle une forme de respect du contemporain pour l’histoire. Une privatisation s’effectue progressivement au cours de l’ascension de cette coursive. Comme toutes nouvelles structures liées à l’intervention, la coursive prend une matérialité métallique. Cette matérialité offre une légèreté et révèle une lisibilité des interventions. Certaines ouvertures existantes en façade étaient marquées par cette matérialité. Ce matériau s’est imposé pour les interventions contemporaines. 81
Vue depuis la rue intérieur, théâtre de l’art urbain, le marquage au sol nous guide en direction de la terrasse
Vue depuis la rue intérieur, l’alcôve permet le rangement de vélos 82
Vue depuis le parking, la coursive permet le lien avec l’Êdifice
Vue depuis la coursive desservant les logements au dernier ĂŠtage 83
“Patchwork” de fenêtres composant la façade
84
En effet, les ouvertures d’origine sont marquées par des linteaux en brique créant un arc surbaissé tandis que celles réalisées au fil du temps sont soulignées par un linteau métallique. Toutes ces baies sont ré ouverte pour laisser rentrer la lumière. On lit en façade un “patchwork” témoin du temps et du vécu. Les ouvertures créées gardent les proportions des existantes et se distinguent par leurs linteaux métalliques. Ainsi, elles complètent le “patchwork”.
85
Rue de la Tour Neuve
Entrée & Accueil
Salle Eiffel
Cuisine
Restaurant
Parking
Terrasse
Café Cave
Flou
aint-
Rue S
RESTAURANT / rez-de-parking 0 1
86
5
10
3 : De l’acceptation à l’appropriation
- Bâti Rue de la Tour Neuve - Le restaurant Annexe page 5
Le premier volume bâti du site, situé en front de rue de la Tour Neuve, est un bâtiment d’habitation en pierre, aux façades enduites. Une toiture métallique fait la liaison avec le deuxième édifice, et abrite un grand volume intermédiaire sous une charpente fine et légère. Protégée par cette toiture, une partie de la façade possède toujours son mur en colombage en très bon état. La programmation du restaurant permet la mise en valeur de ce mur. La configuration du bâtiment rend possible une entrée depuis la rue, ainsi qu’un espace d’accueil et la cuisine. Sous le volume offert par cette charpente, une salle à manger sera aménagée. Elle disposera d’un grand espace pour accueillir de nombreuses tables et mettre en valeur ces éléments architecturaux remarquables.
Photographie actuelle : Mur en colombage protégé par la toiture en structure métallique 87
Toilettes restaurant
Café Cuisine & économat
Toilettes
Romain
oMur Gall
Café bar & salle
u nt-Flo
ai Rue S 88
CAFé / rez-de-parking 0
1
5
Annexes pages 5 & 6
Petit Dominique. p.107 Revue archéologique du Centre de la France, 1986, vol. 25, n° 1,
- Bâti Rue Saint Flou - Le café Les deux autres bâtis ont la particularité de prendre appuis sur l’ancien mur d’enceinte GalloRomain. Le travail de recherche archéologique fait par Dominique Petit, permet d’en connaitre les dimensions. « La ville d’Orléans a décidé le réaménagement des anciennes Usines Dessaux situées sur 1,5 ha à l’angle Sud-Est du Castrum du Bas-Empire. Alors que les projets d’urbanisme sont en cours d’élaboration, une première campagne a été entreprise. […] Au IVe siècle, la muraille du castrum est construite parallèlement à la voie, à quelques mètres à l’Ouest. Le mur est effectivement présent sur 42 m de long et son élévation conservée est de 8 m au maximum. Sa largeur à la base est de 3 m. » Le parement, caractéristique de l’époque GalloRomaine est constitué d’une alternance de trois rangs de petites pierres calcaires et de briques liées au mortier rose. Son intégration dans le bâti a protégé le mur d’une destruction complète, même s’il a subi de nombreux percements. C’est à l’intérieur du bâti, au sud, que le mur est plus visible. Il sépare le bâti en deux volumes distincts. Un premier le long de la rue Saint-Flou, avec le potentiel d’accueillir un espace café. Deux salles s’inscrivent dans la hauteur et donc bénéficient toutes deux de la visibilité de ce mur rappelant la limite historique de la ville. Au niveau de la rue, le bar est adossé au mur ce qui le met en scène. 89
Toilettes
o-Romain
mur Gall
e Passerell
Salle Café
café / REZ-De-Chaussée 0 90
1
5
Vue intérieur du café au rez-de-chaussée, le bar s’appuie sur le mur GalloRomain
Au contraire, à l’étage c’est une certaine distance prise par rapport à celui-ci qui va lui donner son importance. L’aménagement en recul permet la circulation, qui débouche sur une passerelle. Ce recul est aussi l’occasion de distinguer les ouvertures de type niche présentes au ras du plancher. Elles seront valorisées par un éclairage. Un aménagement plus « cosy » avec des fauteuils et des tables basses accentue la majestuosité du mur. La deuxième partie, de l’autre coté du mur, donne sur l’intérieur de l’ilot. Elle est liée au premier bâti par le volume couvert, la salle du restaurant. Sa position d’entre deux lui vaut une qualification plus technique. Ainsi, elle contient la partie cuisine, l’économat et les sanitaires. Deux percements sont créés afin de pouvoir accéder à ces derniers.
91
Système constructif poteau-poutre béton / remplissage brique / soubassement béton
Coursive
Café
Espace d’articulation des différents édifices et de la rue.
REZ DE Chaussée
Restaurant
Parking Café Flou aint-
Rue S
rez-de-parking
92
Photographies actuelles
Annexes pages 5, 6 & 11
- Usine - La terrasse café Le dernier édifice est construit avec un système de poteau-poutre béton et d’un remplissage brique, sur un soubassement béton. La première partie au sud du bâtiment comprend trois trames structurelles. Elle est l’espace d’articulation entre les deux premiers édifices, le reste du bâtiment et les espaces extérieurs (rue et parking). Le demi niveau existant sur une trame et demie permet de reprendre la pente du terrain et devient la terrasse du café. Les grandes ouvertures existantes comprises dans la structure sont ré-ouvertes à leurs maximums, donnant ainsi une terrasse extérieure ouverte mais couverte. La liaison entre la terrasse et le café se fait par la passerelle existante, qui traverse le volume libre sur deux niveaux. Les cloisons de briques sont conservées, notamment celle au nord qui sépare la terrasse du reste du bâtiment. La cloison est constituée de briques traditionnelles sur le bas. Sur le haut, les briques sont de dimension plus importantes et de couleurs nuancées. L’accès à la terrasse se fait donc depuis la salle haute du café, mais également depuis la coursive extérieure côté parking, grâce à la réouverture de la porte existante au linteau de brique dans le mur gallo-romain. L’accès est possible depuis la rue intérieure par un nouveau percement dans la cloison de brique. Au niveau de la rue SaintFlou, un nouveau percement est créé sur la dernière trame, marquant l’entrée au café et constituant une transversalité. 93
Schémas : le duplex réduit la hauteur pour un volume à taille humaine.
Appropriation de la coursive 94
- Usine - logements du Rez-de-Chaussée -
Annexes pages 6, 7 & 11 à 15
Les quatre trames structurelles suivantes sont cloisonnées pour créer trois logements au niveau rezde-chaussée (niveau haut de la rue Saint-Flou). Les grands volumes entre structures offrent la possibilité de logements généreux en duplex. Cette division de la hauteur gagne une optimisation de surface et crée un volume à taille humaine. Le premier T5 bis d’une surface d’environ 150m2, est aménagé de manière à être accessible PMR. Les deux suivants T4bis sont presque symétriques et font environ 115m2. L’entrée depuis la rue interne permet l’appropriation de la coursive comme espace extérieur. De grandes ouvertures sont créées en façade Est, en plus des ouvertures conservées et ré-ouvertes, de manière à optimiser l’arrivée de la lumière. Un espace de sas marque l’entrée. Il est créé par l’escalier qui se retourne pour passer au dessus et d’une cloison de rangement qui le sépare de la cuisine. Il aboutit sur le grand volume double hauteur du salon. Une ouverture dans la cloison en alignement de l’escalier donne un accès direct à la cuisine. Permettant une entrée de lumière en second jour depuis la rue intérieure, une ouverture horizontale est disposée au dessus du plan de travail. La cuisine ouverte sur la salle à manger peut être cloisonnée de manière à être indépendante. A l’étage, l’espace nuit à une double orientation Est/ Ouest induite par l’espace regagné au dessus de la rue interne. Ainsi deux chambres sont situées à l’Ouest de l’arrivée des escaliers et une chambre parentale avec salle d’eau à l’Est. Le T5 bis est organisé dans une logique similaire. Une chambre parentale avec salle d’eau est présente au rez-de-chaussée de manière à être PMR. A l’étage trois chambres et une pièce d’eau sont desservies depuis une mezzanine ouverte sur la pièce de vie. 95
Niveau 1
Niveau 0 Coursive
2 3
r
eu ntéri
Rue i
t4bis / duplex / REZ-De-Chaussée 0 96
1
5
Vue depuis l’entrée sur le séjour
Vue du séjour
97
Schéma : le volume coupé par la mezzanine permet des espaces plus intimes.
Niveau 0
7 8
t3bis / étage 0 98
1
5
Annexes pages 8 à 13
- Usine - logements à l’étage A l’étage du bâtiment, dans les mêmes trames structurelles et les trois premières trames au Sud (au dessus de la terrasse du café), s’inscrivent cinq autres logements. Les circulations sont rejetées à l’extérieur du bâtiment, permettant ainsi la conception de logement à double orientation Est et Ouest. Le volume moins important en hauteur ne permet pas la typologie de duplex. Mais celle-ci étant tout de même assez conséquente, elle est favorable à un système de mezzanine. Ce système offre un espace supérieur appropriable et plus d’intimité au volume. La toiture est aménagée pour permettre à chaque logement d’avoir une terrasse. C’est par cette mezzanine qu’une ascension séquencée vers l’extérieur est possible. Ainsi deux escaliers aux proportions plus abordables sont créés. Les surfaces des logements varient entre 60 et 130 m2, mezzanine comprise. Le même principe d’aménagement est utilisé pour tous avec quelques variantes s’adaptant aux proportions induites par la trame existante. L’entrée à l’Est donne directement sur la pièce de vie. A l’Ouest les pièces de nuit desservies par une distribution accordent une certaine intimité à celle-ci et aux pièces d’eau. Les cuisines ouvertes sur la pièce de vie pourraient également devenir indépendantes par une simple cloison. Celles-ci sont situées en parallèle des salles d’eau, une variante est proposée pour deux logements lorsque la trame plus étirée ne le permet pas. Elles sont alors en prolongement des pièces de vie. 99
Vue depuis le jardin d’hiver
Niveau Mezzanine
t3bis / ĂŠtage 0 100
1
5
Pour bénéficier d’un espace extérieur, la toiture terrasse est aménagée et donne alors de la vue sur la Loire et sur la cathédrale. Une structure à deux pans, reprenant ainsi la morphologie des toits environnants, vient abriter une partie de la terrasse en jardin d’hiver. Sa matérialité métallique la marque comme étant une des interventions contemporaine. Cette structure sert également de tuteur aux plantes grimpantes depuis les bacs disposés en garde corps. Cette végétation rappelle l’état actuel du bâtiment, approprié pas les lierres. Un moucharabieh permet l’intimité entre chaque espace, et sert de support aux plantes grimpantes. Il devient assise ou bac à fleur par une ondulation. Les deux derniers logements plus au nord déclinent l’idée de mezzanine en l’adaptant aux chambres. Ainsi la chambre pour enfant vient se superposer à la première de manière à dégager l’espace au sol, créant un espace jeu en bas et un espace nuit sur la mezzanine.
101
Le conditionnement, rue Saint-Flou, intérieur du bâtiment, rez de chaussée, nord-ouest, Cl.Jacques et Malnoury©, début du XX°s. - Inventaire général Centre, ADAGP
Photographie actuelle
Conservation du grand volume
102
Annexes pages 6, 7, 11, 14 & 15
- Usine - l’espace atelier & Exposition Les cinq dernières travées au nord du bâtiment conservent la volumétrie d’origine. Sous les poutrelles béton qui rythment le plafond, était disposé autrefois l’atelier d’emballage des bouteilles de vinaigre. Aujourd’hui l’escalier en béton monte le long de sa cloison en brique et domine toujours le volume. Sa conservation procure un accès à la salle d’exposition aménagée à l’étage. Celle-ci s’inscrit dans le grand volume de la pièce. Elle est également accessible depuis la coursive. Au rez-de-chaussée, deux ateliers viennent s’insérer à l’intérieur de la structure sur quatre trames. La trame libre offre un recul par rapport à l’escalier et l’accès à la coursive. La structure légère et les façades vitrine favorisent un éclairage et une transparence des deux ateliers. Cela conserve aussi une visibilité du grand volume. La nouvelle structure est également métallique la distinguant ainsi de l’existante. Chaque atelier est composé sur deux trames. L’une garde la grande hauteur pour l’aménagement d’un espace de travail à grande échelle. L’autre trame divise la hauteur en deux par une mezzanine. Elle dégage ainsi deux espaces de travail plus appropriés aux activités traditionnels. Un mur habité sépare les deux ateliers, permettant ainsi l’installation de sanitaires, des escaliers et des rangements à l’étage.
103
Rue du Chêne Percé
t-Flou n i a S Rue
Ateliers / REZ-De-Chaussée 0 104
1
5
Photographie actuelle
Vue depuis la rue intérieur sur l’escalier
105
Insertion du Projet dans le quartier
106
107
« Les laboratoires d’une usine de produits chimiques doivent prendre la forme d’un immeuble de bureaux et tendre vers l’architecture domestique davantage que vers l’expression du programme industriel spatialisé. » Gubler Jacques, Jean Tschumi, architecture, échelle, grandeur, 2008, p.60
108
II // Requalification des laboratoires Sandoz à Orléans : un délaissé support de dialogue avec le paysage, entre passé et avenir
109
Photographie de la forme initiale des laboratoires, 1953
Terrasse Corniche 3ème étage 2ème étage 1er étage Entre-sol Rez-de-Chaussée 0
10
20m
Composition horizontale et verticale de la structure sur la façade Est
0
10
20m
Corniche marquant la toiture
Rupture avec l’horizon Élévation Socle Légèreté
110
Croquis synthétique des grands principes de composition
1 : L’état des lieux et son acceptation par la selection Les laboratoires Sandoz se sont implantés en 1953 à Orléans suite à la fermeture d’une usine à Saint-Louis à cause de la guerre. Sandoz choisit cette ville pour pouvoir être le long de la Loire et pour la chasse en Sologne. Il fait alors appel à Jean Tschumi avec qui il collabore depuis leur projet du pavillon suisse de 1936. Tschumi, architecte suisse, s’est formé en dessinant du mobilier à échelle 1 :1. C’est pour cela qu’il accorde une grande importance aux dessins de détails dans ses projets. Il est alors chargé de dessiner la première grande unité de fabrication des laboratoires. Gubler Jacques p.60-61 Jean Tschumi, architecture, échelle, grandeur
L’unité pharmaceutique « tel un parallélépipède isolé, surgira sur les rives de la Loire […] Dans son isolement superbe derrière les hauts platanes du quai, l’usine propose une démonstration qui illustre le nom et stimule les performances de l’entreprise de maçonnerie : Le Béton armée S.A. […] D’une part ce rectangle de base permet d’organiser en superposition l’organigramme spécialisé de la production pharmaceutique. D’autre part, il rend autonome le traitement plastique de l’enveloppe. Cet isolement monumental autorise l’architecte à chercher des précédents dans l’architecture classique, comme Perret le veut. » Ainsi, l’architecte compose l’édifice avec un socle sur pilotis, surmonté de trois niveaux priori semblables. Leur composition transcrit un sentiment d’élévation par effet d’optique, réalisé avec l’augmentation progressive de la taille des ouvertures en montant. Le dernier de ces niveaux est surmonté d’une corniche. Un attique, composé de voutes, vient surplomber le bâtiment et dialoguer avec le ciel. 111
Les différents détails dessinés par J. Tschumi et leur mise en œuvre du toit au RDC
7,5 2,5 7,5 7
Trame de composition des plans
Coupe schématique de la desserte des laboratoires
7,5 2,5 7,5
112
Ibid. p.11-12
Ibid. p.62-63
Annexe page 16
Annexe page 17
Jean Tschumi accorde une grande importance à une organisation spatiale fonctionnelle composée d’une trame régulière de poteaux. Ces derniers découpent le parallélépipède avec une allée centrale de 2,50m et des unités de 7,50m par 7m de large, correspondant aux dimensions d’un laboratoire. L’architecte accorde une grande importance au dessin des détails du bâtiment. «Tschumi s’exerce néanmoins à dessiner grandeur nature les plis d’aluminium d’une marquise ou le profil d’une corniche de béton armé. [...] Pour lui la construction de l’angle, l’usage mixte des matériaux, la logique du plan et de la section proviennent d’un même calcul. Il aurait souscrit à l’aphorisme de Livio Vacchini, “dans l’architecture pas de détail : toutes choses sont d’égale importance”.» Il s’attarde à «coffrer l’ossature en de subtils profils, à développer la préfabrication des éléments de remplissages, allèges et claustra. Il varie la granulométrie et introduit des effets chromatiques. Sous les fenêtres les allèges sont teintées d’un agrégat de porphyre ocre rouge. Le traitement d’angle survient en une solution subtile. [...]La construction de l’angle découle de la rencontre de deux pilastres croisés à 90° ». En découle des espaces avec de grandes qualités, notamment le dernier niveau. Un réfectoire lumineux offre une vue panoramique sur la ville. Par ailleurs, Jean Tschumi a également dessiné les plans de l’extension réalisée dans la continuité de l’édifice en 1963. Sa composition s’intègre parfaitement à la première partie. Après le travail de Jean Tschumi, en 1968, l’entreprise fait une première extension vers l’ouest pour s’agrandir et répondre à de nouveaux besoins. Parallèlement, de petites unités viennent se greffer et entrainent un déplacement des usages tels que pour le réfectoire qui passe du dernier étage au rezde-chaussée. Une dernière extension sera réalisée 113
Extensions successives des Laboratoires conduisant à un monobloc
4 5 6
4
1 6
3 3
2 3
0
50 100m 0
50Trois volumes 100 150m perpendiculaires à la Loire
à gauche, projet de l’ARENA, 2011 JARDIN DES PLANTES à droite, projet du Lab’O, 2015
0
50
100
150m
RESTAURANT
BUREAUX PARC À VÉLOS VESTAIRES ET TECHNIQUES
114
STOCKAGE LOGISTIQUE
PARKING PAYSAGER HÔTEL
Distribution des programmes sur le site d’Est en Ouest
en 1988 avant la vente des laboratoires à la société FAMAR quelques années plus tard. L’organisation générale du site est donc passée d’un parallélépipède perpendiculaire à la Loire à un groupement parallèle. Dans ce monobloc, on retient quand même trois volumes intéressants à conserver car ils sont bien perpendiculaires au fleuve.
Annexe page 18
En 2011, un premier projet est initié sur ce site par l’agglomération. Il s’agit d’un grand complexe sportif et de spectacles contribuant à la disparition totale de l’ensemble des bâtiments présents sur les lieux. Suite à une volonté de préserver l’édifice de Jean Tschumi l’association “présence de Jean Tschumi” évita sa destruction et il est aujourd’hui en cours d’inscription au patrimoine. Cela stoppa le projet de l’ARENA. Actuellement, un nouveau projet moins abrasif, nommé Lab’O, est en cours. Il s’agit d’implanter un incubateur d’entreprises spécialisées dans le domaine du numérique et des filières d’excellences de l’agglomération. La proposition faite dans ce mémoire s’appuie donc sur le développement de ce dernier projet en le remettant en question avec l’apport d’activités complémentaires.
Organisation fonctionnelle du site
RESTAURANT
LOGISTIQUE HOTEL BUREAUX
BOXS
Il s’agit d’insérer une mixité programmatique pour tenter d’offrir une plus grande pérennité au projet. En plus des espaces dédiés aux échanges et au travail des start-ups, le site accueille de la restauration au dernier niveau du bâtiment deTschumi. Ce programme remet en avant l’usage initial de la toiture, ses qualités premières, et permet d’ouvrir les lieux à de potentiels nouveaux investisseurs. Les espaces de stockage sont rapprochés des bureaux et d’un axe de livraisons. Le projet intègre un complexe hôtelier afin de pouvoir accueillir des intervenants lors de séminaires. Un espace paysagé fait la transition à l’Ouest entre la zone d’activité et le tissu pavillonnaire. Il prend place dans la zone à très haut risque d’inondations. 115
0
10
116
Dém.
Rénovation
Dém.
30m
RUE L’ÎLE ARRAULT
Démolition
AVENUE DU CHAMPS DE MARS
En attente
RUE MARCHAIS
Temps 1 : 2015-2016
D2020
- Quatre temps pour transformer le site et passer d’un état du lieu à un autre -
Plan de 1959 annexe page 19
Dans un premier temps, rendre accessible le Tschumi aux nouvelles entreprises, et lui redonner la lecture de sa face arrière. La destruction de l’extension de 1968 est déjà programmée pour cet été 2015. L’espace perpendiculaire à la Loire est cependant préservé. Cela permet de remettre en place une circulation à l’emplacement de l’ancienne rue l’île Arrault. Un pré-verdissement vient marquer le futur emplacement de la nouvelle entrée du Tschumi. Enfin des travaux de réhabilitation sont fait dans ses cinq premiers niveaux afin qu’ils accueillent dès 2016 les premières start-up. Dans un second temps, sublimer le dernier niveau, le rendre accessible depuis l’extérieur et aménager la partie au centre du site. Au cours des deux premières années, le site continue à se développer. Des espaces de restauration s’installent au dernier niveau du Tschumi. La tour d’accès à ce dernier, marquant la nouvelle entrée de l’incubateur, se construit et s’élève. L’ancienne entrée sert désormais de simple accès au jardin privatisé pour les entreprises. Enfin les nouveaux espaces de stockage sont aménagés. En 2018, les éléments stockés prennent place dans leurs nouveaux locaux, et le restaurant est ouvert et accessible au public.
Développement du site dans le temps p.102-106
Dans un troisième temps, aménager la zone inondable et connecter avec le site avec la ville. Trois ans après le début de son activité, c’est une première rotation pour quelques entreprises en incubation. Cela implique une plus forte entrée d’argent permettant de s’occuper de l’autre moitié du site. On commence par démolir le corps de bâti en zone fortement inondable. On réalise ensuite une démolition partielle de la 117
0
10
118
Installation entreprises et restaurant
30m
Aménagement box stockage et logistique
AVENUE DU CHAMPS DE MARS
Stockage temporaire
RUE MARCHAIS
Temps 2 : 2016-2018
RUE L’ÎLE ARRAULT
D2020
Temps 3 : 2019-2022 Zones inondables Niveau 2
Niveau 1
Niveau 0
Constructions préservées dans les zones à risques faibles
Démolition partielle
RUE MARCHAIS
Démolition
AVENUE DU CHAMPS DE MARS
Niveau 3
0
10
30m
RUE L’ÎLE ARRAULT
D2020 119
0
10
120
Rotation des entreprises
30m
AVENUE DU CHAMPS DE MARS
Construction Hotel
RUE MARCHAIS
Aménagement garage vélo
Temps 4 : 2022-2025
RUE L’ÎLE ARRAULT
D2020
partie Est de l’extension de 1988 afin d’augmenter les percés visuelles et la porosité du site vers la Loire. En parallèle, les aménagements paysagers et le travail de connexion avec la ville sont mis en place. Un chemin guide les piétons de la sortie du bus jusqu’au centre de gravité du projet. En 2022, le site commence à dialoguer avec son contexte et est prêt pour accueillir un hôtel. Dans un dernier temps, faciliter les échanges avec l’extérieur. Six années après le démarrage de l’incubateur, l’ensemble des entreprises changent. C’est un roulement très important avec le départ des entreprises bien lancées et l’arrivée de nouvelles. Le projet fini de se développer avec l’aménagement d’un parc cyclable et la construction de l’hôtel. L’arrivée de ce dernier permet de faciliter l’ouverture du site en faisant venir le reste du monde dans son enceinte. L’ensemble du projet sera alors complètement en fonction en 2025 à la fin du troisième cycle de rotation des entreprises. Pour arriver à ce résultat, il faut transformer le site avec deux appropriations. L’idée première est que les bâtiments passent d’un état monobloc tournés vers l’édifice de Jean Tschumi à plusieurs unités indépendantes avec deux points forts qui viennent dialoguer d’Est en Ouest. C’est un travail d’écho entre le premier édifice des laboratoires, et un nouvel élément construit.
121
Du monobloc tourné vers l’Est
à un ensemble de volumes dialoguant d’Est en Ouest
122
2 : Première appropriation : un nouvel écho d’Est en Ouest Pour étudier la formalisation de cet écho, il a fallu avoir une bonne connaissance de l’histoire du lieu. Un travail de recherche a donc été effectué dans les archives de Chaillot, les archives municipales d’Orléans, et auprès de l’association « présence de Jean Tschumi ». Cela conduit à faire l’archéologie du site. La lecture de différents plans historiques, le redessin et l’analyse de lieux ont mené à l’émergence de différentes mémoires. - La première mémoire est celle de deux accès L’un d’eux, encore présente dans les tracés du cadastre, a disparu (rue l’île Arrault cf. p.116). L’autre est un passage uniquement interne au site, encastrée, et tellement étroit, qu’il est à peine visible de l’avenue du champ de mars. Ces deux accès parallèles sont réactivés et remis en valeur dans le projet. Chacun d’eux longe un élément fort du projet et contribue au nouvel écho qui se met en place sur le site. Il ne s’agit pas ici de trouver une symétrie. Chaque voie a son mode de déplacement : celle longeant l’incubateur est ouverte aux camions durant les heures de livraisons alors que l’autre, le long de l’hôtel n’est accessible qu’en cycles ou à pieds
123
Plan de l’extension de 1968 marquant la disparition de la rue l’île Arrault
Plan de l’extension de 1988 avec prolongation de la desserte longeant celle de 1968
état actuel de l’entrée Nord et Sud de la rue l’île Arrault état actuel de l’entrée Nord et Sud de la desserte interne
124
Les différents flux de circulations : connecter le site à la Loire et à la ville
Flux piéton Bandes et pistes cyclables Voies carrossables Circulation des livraisons en camion 5
0 10
30
Arrêt de Bus
60m
5
5 125
Maquette du projet d’origine
Schéma de localisation de la dalle
Schémas de principe : de la dalle disparu au cadre
126
- La seconde mémoire mise en œuvre est une trace du tout premier édifice -
Annexe page 19
Elle a disparu lorsque la couche de le l’extension de 1968 s’est construite. Comme on peut le voir sur la maquette et sur le plan paysager de 1959, une dalle biseautée venait couvrir une zone d’expédition au niveau du rez-de-chaussée. Il s’agit donc de venir révéler cet élément du passé en la faisant émerger du sol jusqu’au point le plus haut de l’édifice. Cela vient alors former un cadre s’ouvrant vers la façade du Tschumi. Elle permet également de desservir l’ensemble des niveaux sans être obliger de rentrer directement dans les espaces de travail. Son recule permet de contempler la façade d’origine ainsi que la profusion d’entreprises différentes qui travaillent et se construisent à chaque niveau. L’observateur porte un regard sur les entreprises d’avenir au travers d’une émergence du passé à l’écriture contemporaine. La mise à distance ainsi que la couleur et la matérialité très différente de ce cadre permet d’avoir une bonne lisibilité de l’intervention comme nous l’évoquions dans la partie III du chapitre 1. Enfin, ce cadre transforme la face arrière de l’édifice en une nouvelle façade avant. Il marque l’emplacement de la nouvelle entrée. L’ancienne entrée devient un accès au jardin Est qui se privatise. En changeant l’entrée de côté, le bâtiment de Jean Tschumi s’ouvre au site et peut désormais commencer à dialoguer avec lui. La façade Est reste néanmoins la vitrine du Lab’O exposée à la ville.
127
Schéma de principe : accroche de la tour à l’existant
Coupe des Laboratoires et de la tour Est
0 128
5m
0 5 15 0 5
15
30m
15
30m
0 5
15
30m
30m
0 5
Façade avant, accès et entrée principale actuelle Façade avant, accès et entrée principale du projet
0 5 15 0 5
15
30m
30m
129
plan hotel bis
20 x 0,152 = 3,045
20 x 0,152 = 3,045
5
4
3
2
1
0
1:200
Schéma de principe de la formation de l’écho
0
5
10m
W-94
Plan de l’hôtel
Coupe du second cadre
0
2 0
130
002:1
2 ruot epuoc
1
6 2
3
4
12m 5
Un second cadre s’élève en réponse au premier. Il s’ouvre sur un aménagement paysager, la ville pavillonnaire et l’hippodrome au loin. Il se déploie vers les projets d’avenir. La naissance de sa forme est le résultat du croisement d’une extension de 1988 et de la prolongation des axes biaisés de la première tour. Emerge ainsi la seconde tour qui marque l’entrée du site depuis le parking et celle de l’hôtel. Sa forme en entonnoir appelle à entrer au cœur du projet. La grande hauteur sous plafond offerte appelle à s’élever pour admirer la vue. Enfin sa matérialité et son épaisseur, identique au premier cadre, viennent matérialiser l’écho sur le site. Les deux tours se font face. Elles dialoguent et se répondent en happant et dirigeant les flux humains de l’une à l’autre. Le reste de l’enveloppe de l’extension de 1988 est simplement refaite dans un matériau lisse afin de pouvoir accueillir l’hôtel. Il s’agit de conserver la structure déjà présente qui peut être réutilisée. Les deux cadres sont accompagnés par un marquage au sol matérialisant leur lien et leur connexion. Il est continu entre l’intérieur et l’extérieur des cadres. Au centre, se trouve un troisième édifice. Le passage de cet écho vient scinder le bloc de l’extension de 1968 en deux parties inégales servant pour le stockage. Au Nord se trouve des boxes louables par les entreprises. Leurs façades, côté avenue, permettent l’appropriation et l’affichage des différentes enseignes. Au Sud, dans un même langage, la structure existante est recouverte d’une nouvelle enveloppe et offre un volume important pour accueillir du stockage de logistique.
131
Vue des deux cadres qui se rĂŠpondent
132
Vue depuis la passerelle des espaces de stockage et du cadrage sur l’Êdifice de J. Tschumi
133
0 10
30
60m Plan masse
Coupe avec la rĂŠpartition des programmes et les diffĂŠrents points de vues
134
Une passerelle se trouve au croisement des deux axes qui structure l’écho. Elle est à l’articulation du dialogue Est-Ouest et d’une coulée végétale allant jusqu’à la Loire. Elle vient marquer la connexion du site avec son environnement, par la continuité du sol entre les cadres et la continuité visuelle entre les pavillons et la Loire. - La troisième mémoire est réanimée dans les laboratoires Les anciens laboratoires conservent leur esprit d’expérimentations et de productions en accueillant les principaux programmes de l’incubateur. On y transforme des entreprises naissantes. Elles évoluent en expérimentant leurs idées. Elles s’agrandissent quand cela marche, pour plus tard s’exporter et s’implanter ailleurs. En écho à cette profusion d’activité on retrouve un espace plus calme avec l’hôtel.
135
ORLÉANS CENTRE
Des percées visuelles pour retrouver une porosité du site entre le tissu pavillonnaire et la Loire
0
50
100m
Connexion avec le reste de l’Europe par voies JARDIN DES PLANTES cyclables longeant la Loire
Orléans 0
Budapest
136
50
100
150m
3 : Seconde appropriation : réinstaurer un dialogue avec le paysage
Le site avec les premiers laboratoires Sandoz, avant de former un monobloc, s’implantait perpendiculairement à la Loire. Il s’agit donc de retrouver cette lecture perpendiculaire sur le terrain actuel et de valoriser la vue sur la Loire comme l’offrait l’ancien réfectoire. En plus des percées réalisées par les démolitions abordées auparavant (Chap.II-Partie II-1), des chemins sont tracés et viennent se connecter aux promenades sur les digues de Loire. Un aménagement cyclable est prévu afin faciliter l’accès au site (carte p.125). Cela le connecte à la route 6 de la Loire à vélo et Eurovélo, allant de Nantes jusqu’à Basel, et un jour jusqu’à Bucarest.
137
Vue de la tour Ouest avec ses ouvertures sur le paysage et son rapport au site
Recherches de la forme des ouvertures c么t茅 Loire pour la tour Est
Vue de la tour Est avec ses ouvertures sur le paysage et son rapport au site
138
Annexe page 20
- Il faut ensuite s’élever pour contempler différents paysages Dans la tour Ouest, à mesure que l’on monte, on découvre un paysage de plus en plus lointain. On commence par voir la zone pavillonnaire pour finir par apercevoir l’hippodrome. De l’autre côté on contemple l’axe Est-Ouest qui nous mène jusqu’au cadre du Tschumi. Ce n’est qu’une fois arrivé au dernier niveau que l’on perçoit une mosaïque horizontale du paysage ligérien. Ce paysage est fragmenté par une succession de petites fenêtres carrées telles des extraits de fresque. La tour Est, dans sa profondeur, porte le regard sur un paysage plus proche. Elle donne sur la façade des premiers laboratoires d’un côté, et sur l’ensemble du site de l’autre. En montant par les escaliers pour accéder au restaurant, on découvre niveau par niveau un ensemble de fragments. Ils donnent à lire le paysage de la Loire du sol jusqu’au ciel.
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Photographies de la toiture terrasse d’origine avec ses grandes baies et les percements des voûtes
Coupe de la toiture avec l’ajout actuel Vue de l’actuelle toiture
140
- Tout en haut du bâtiment de Jean Tschumi se trouve la nouvelle Terrasse panoramique d’Orléans Autrefois l’attique accueillait le réfectoire des laboratoires. Il présentait de nombreuses qualités aujourd’hui dissimulées par des agrandissements. Au travers de photographies d’époque et d’anciens plans, la toiture retrouve son usage de restauration, et ses ambiances lumineuses. L’usage et les ambiances jouent un rôle important dans le passage de la mémoire du lieu en invoquant nos impressions sensibles. Les faux plafonds sont retirés afin de laisser apparaitre les voutes. Les claustras encore présents sur la façade donnant sur le site sont préservés et restaurés. Les vitrages à l’Est retrouvent leurs alignements d’origine au niveau de poteaux. Cela permet de restituer les dépassés de toiture et leurs percements circulaires. Ces ouvertures offrent une vue panoramique sur la Loire, la Cathédrale, le centre ancien, le sud de la ville et le jardin des plantes. Cependant elles donnent également à voir deux grands ensembles édifiés juste en face, laissant moins place à l’évasion. C’est pourquoi un filtre visuel et lumineux se déploie à 1,30m du bord de la terrasse. Ce recule conserve le principe de l’attique et facilite l’entretient. Le filtre se compose d’une série de lames métalliques autoportantes dont l’écartement et l’orientation varient en fonction des vues que propose la terrasse. Leur finesse et leur matière jouent avec la lumière par des jeux d’ombres et de réflexions, constituant des ambiances différentes au fil des journées et des saisons. Enfin l’alignement de ces lames, parallèlement à la façade, donne deux grandes directions au regard : la Loire au Nord, et le jardin au Sud.
141
Vue des jeux d’ombres faites par le filtre sur la terrasse
142
élévation du filtre visuel
Schéma de direction des vues Nord et Sud données par le filtre
W-89 plan lame filtre 1:50
W-89 plan lame filtre 1:50 0
5cm
0
1
3
5m
élévation sur filtre élévation zoom surzoom filtre
Plan des lames métalliques du filtre visuel
143
Plan d’aménagement de la toiture
9
café/bar
10
S-04
réfectoire
cuisines
restaurant
S-04
144
10
30m
E-02
0
Schéma d’orientation du regard
8
7
6
5
Annexe page 22 Annexe page 21
La Terrasse se déploie en trois unités distinctes. Au Sud un espace aménagé et accessible à l’ensemble du personnel qui souhaiterait réchauffer son repas et manger. Au Nord un restaurant accompagné de son café-bar est ouvert au publique. Et au centre se trouve les cuisines et sanitaires. Le bar propose des assises confortables qui invitent à la contemplation du paysage en direction de la cathédrale. Le restaurant, quant à lui, est fragmenté par une succession de panneaux métalliques perforés. Ils créent des espaces plus intimes et dirigent le regard vers la terrasse ou le reste du site. L’ensemble des panneaux sont sur rails permettant ainsi une reconfiguration de l’espace en fonction des besoins.
Vue sur les façades des espaces de stockage rappelant le langage des containers
Enfin les derniers éléments qui dialoguent avec la Loire sont les espaces de stockages. Leurs enveloppes reprennent l’écriture de containers empilés. Ainsi, elles évoquent l’ancien commerce sur le fleuve avec une écriture plus contemporaine.
145
SchÊma de l’orientation de la vue sans mobilier
Vue du restaurant 146
Schéma de l’orientation de la vue avec l’aménagement
Vue du café sur la Loire 147
148
Une coursive permet la distribution verticale de la Vinaigrerie. La toiture est aménagée comme jardin d’hiver donnant sur le paysage.
Ces 2 interventions sont très différentes. Cependant, la méthode commune conduit à des approches similaires. Les projets préservent la mémoire des lieux en devenant des patrimoines vécus. Leurs mixités programmatiques offrent une meilleure appropriation pour qu’ils perdurent le plus longtemps possible. Enfin, la mise en valeur des éléments conservés et ajoutés se fait par la lisibilité des diverses interventions. On note particulièrement la mise en œuvre d’une desserte verticale indépendante ainsi que la valorisation, depuis les toitures, des vues sur la ville et son paysage.
L’incubateur développe une tour de distribution avec ses ouvertures sur le paysage donnant accès à la toiture.
149
Conclusion
Comme nous avons pu le voir, il existe différentes manières d’envisager la mémoire dans un projet. Dans tous les cas, il s’agit de mettre en avant une mémoire collective, celle du plus grand nombre. La mémoire que nous mettons en avant comme outil de projet, au travers du passage, permet de revitaliser un site, évitant ainsi de tomber dans une muséification systématique. Cet outil est applicable à des friches très différentes, comme nous pouvons le voir au travers de nos deux exemples. Néanmoins, il n’y a pas de techniques préconçues pour toutes les friches. Il y a simplement une méthode pour apprendre à comprendre l’existant et un consensus d’interventions pour le respecter. En effet, dans ces projets de revitalisation, de transformation, tout dépend de l’Histoire, de la mémoire, de la structure, du lieu, du bâti, du déjà là, et de la mémoire individuelle de l’architecte passeur. C’est ce qui va permettre de révéler ce patrimoine et de lui redonner vie. En réinvestissant ce patrimoine pour qu’il devienne un patrimoine vécu, nous renforçons son lien avec son grand paysage - la Loire - au travers des vues, des activités, de son Histoire. La Loire par sa position centrale dans la ville, occupe une place importante pour son identité. Avec ce nouveau patrimoine industriel animé, l’agglomération Orléans Val de Loire vient 150
affirmer son identité face aux différents châteaux de la Loire. La Loire et ce patrimoine fondent sa particularité axée sur son paysage et son histoire, revitalisés. Bouchain Patrick p.172 Construire autrement, comment faire?
Robert Philippe p.99 L’Archéologie industrielle en France, n°45
de Portzamparc Christian p.15 Un bâtiment, combien de vie? La transformation comme acte de création
« Toute construction, aujourd’hui, “projette”, à son insu et malgré elle, le délaissé de demain. On dissémine un abandon qui se déplace à mesure que l’on en trace la carte. » La question des friches et des délaissés demeure une interrogation perpétuelle. La ville se renouvelle sans cesse. Demain, de nouvelles friches, de nouveaux délaissés, avec de nouvelles problématiques, s’offrent à nous. Nos projets euxmêmes ne seraient-ils pas les nouvelles friches de demain ? Philippe Robert exprime une problématique intéressante à ce sujet « Pour terminer je voudrais évoquer quelque chose qui me tient à cœur : c’est le patrimoine de demain. […] Je propose cette idée : s’occuper aussi de l’architecture que nous produisons aujourd’hui de façon à pouvoir un jour contribuer à cette continuité dans les traces du passé. » Cela implique de penser des espaces avec des structures suffisamment libres pour permettre de laisser la possibilité d’un nouveau cycle aux bâtis. Nos deux projets ont l’avantage d’offrir une structure permettant un nouveau scénario et laissant présager la possibilité de se recycler plus tard. Leur mixité programmatique contribue également à une facilité de transformations. Vinaigrerie d’hier, logements, café… d’aujourd’hui, et demain : commerces, usine, jardins… Laboratoire pharmaceutique d’hier, laboratoire d’idée, restaurant… aujourd’hui, et demain : entreprises, jardins, espace commercial…
«Le durable c’est le transformable» 151
Bibliographie
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L’ensemble des images non répertoriées ci-dessous sont des illustrations réalisées par nos soins. Médiathèque de la Corderie, p.20 Baert Thierry, Féru Cécile, Linters Adriaan, Maury Gilles, Mons Dominique, Terrier Didier (dir.), Métamorphoses, la réutilisation du patrimone de l’âge industriel dans la métropole lilloise, Fribourge-enBrisgau, LEPASSAGE, 2013 Photographie de l’ancienne fontaine place de Martrois à Orléans, 2008, p.22 http://www.arphp.info/siteweb/article.php3?id_article=278 Photographie de la nouvelle fontaine place du Martrois à Orléans, 2013, p.22 pierre noel, plnphotographies.com Savonnerie Heymans, p.24 MDW architecture, http://www.mdw-architecture.com/ Checkpoint Chalie de Peter Eisenman, p.30 image archdaily, www.archdaily.com/429925/eisenman-s-evolutionarchitecture-syntax-and-new-subjectivity/ La tour Tack, p.34 Baert Thierry, Féru Cécile, Linters Adriaan, Maury Gilles, Mons Dominique, Terrier Didier (dir.), Métamorphoses, la réutilisation du patrimone de l’âge industriel dans la métropole lilloise, Fribourge-enBrisgau, LEPASSAGE, 2013 http://www.toerismekortrijk.be/fr/node/181 154
Photographie Orléans, p.36 http://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_urbaine_d%27Orl%C3%A9ans Photographie La Beauce, p.38 Google street view Les pays et paysages de l’aire urbaine orléanaise, p. 38 Catalogue : Orléans en 2025 l’expo Orléans : pôle économique du bassin parisien, p.40 Catalogue : Orléans en 2025 l’expo Le paysage ligérien d’Orléans, p.42 Catalogue : Orléans en 2025 l’expo Le patrimoine classé et protégé d’Orléans, p42 extrait du rapport ZPPAUP orléans L’art dans la ville : le FRAC Centre et L’Orléanoïde, p.42 http://www.frac-centre.fr/_en/ http://www.groupe-laps.org/keyframes Ensemble des friches répertoriées dans l’Atlas en 2014, p.44 extrait de l’atlas des friches réalisé par l’AUAO Cartes historiques, p.48, 50, 52 Catalogue : Orléans en 2025 l’expo Photographie Vinaigrerie façade Est et Ouest, p.48 , 68, 75 Caire Sébastien décembre 2011 Photographie de la Reconstruction, p.50 photographie de A. Jaques archives départementales du Loiret Photographie friche, p50-51 et 52 extrait de l’atlas des friches réalisé par l’AUAO 155
Photographie Ljubljanski grad, p 60 Photographie de Dunja Wedam http://www.visitljubljana.com/file/980578/lj-grad-1-wedam.jpg Centre technologique mondial de la conception à Ostrava, République tchèque, Pleskot Josef, p.62 - http://www.ceskatelevize.cz/zpravodajstvi-ostrava/kultura/177427dolni-oblast-vitkovice/ - http://www.ex-centric.eu/cs/galerie/josef-pleskot-v-gongu#foto-image-0 - http://bydleni.idnes.cz/foto.aspx?r=architektura&c=A131011_115941_ architektura_web&foto=WEB4e79b4_P201310100674701.jpg Gravure de Charles Pensée, p.74 http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vue_d’Orl%C3%A9ans_prise_de_ la_lev%C3%A9e_des_Capucins_par_Charles_Pens%C3%A9e.jpg Quartier Dessaux, vue aérienne. [1973], p.74 Photographie de la Gendarmerie Nationale. Archives municipales d’Orléans, 3Fi793. Photographie Le hall des expéditions, 17 rue de la Tour neuve, vue intérieure, p.74 Cl.Jacques et Malnoury©, 2ème moitié du XX°s. Inventaire général Centre, ADAGP Cadastre Napoléonien 1823, p.78 Archives municipales d’Orléans, Le conditionnement, rue Saint-Flou, intérieur du bâtiment, rez de chaussée, nord-ouest, p.102 Cl.Jacques et Malnoury©, début du XX°s. - Inventaire général Centre, ADAGP Photographie de la forme initiale des laboratoires, 1953, p.110 photographie d’archive extraite du dossier d’inscription de la DRAC Centre Photographie d’archives référencés à la cité de l’architecture, p.112 156
Photographie des claustras, p.112 dossier d’inscription au patrimoine de la DRAC Centre Projet de l’ARENA, 2011, p.114 image de Jaques Ferrier Architecture Projet du Lab’O, 2015, p.114 http://www.orleans.fr/actualites/fiche/le-labo-incubateur-numerique-aorleans.htm Maquette du projet d’origine, p.126 Photographie transmise par l’association «présence de Jean Tschumi» Connexion avec le reste de l’Europe par voies cyclables longeant la Loire, p.136 http://www.eurovelo6-france.com/ Photographies de la toiture terrasse d’origine, p.140 Photographie transmise par l’association «présence de Jean Tschumi» Coupe et photographie de la toiture, p.140 dossier d’inscription au patrimone de la DRAC Centre
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«Ce qui caractérise d’abord un espace, c’est la quantité de temps de vie qu’il a pu contenir»
Gaston Bachelard