Cimetière & Tourisme

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CIMETIÈRE & TOURISME Q U E L E S T L’AV E N I R D E S CIMETIÈRES DANS UNE SOCIÉTÉ OU LA TRANSMISSION DU PAT R I M O I N E N ’ E S T P L U S ASSURÉE ?

MÉ MO IRE DE FIN D’ÉTU D E S A L I S O N B RÉTÉC HÉ


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« Une histoire que nous racontons sur nousmêmes ne peut être racontée qu’au passé. Elle se déroule à l’envers à partir du lieu ou nous nous trouvons, non plus acteurs dans l’histoire mais spectateurs qui ont choisi de parler. » Tout ce que j’aimais, SIRI HUSTVEDT


SOMMAIRE

1 INTRODUCTION

6 1_ Les cimetières, lieux d’incubation de la mémoire collective 1.1_ L’évolution des cimetières et de nos rites d’inhumation 1.2_ La signification des lieux et sépultures funéraires 1.3_ Comprendre les cimetières par leurs mémoires

24 2_ Le Patrimoine, nécessaire à la création d’une identité collective 2.1_ Le Patrimoine : qu’est ce que c’est ? 2.2_ La perte du Patrimoine dans nos cimetières 2.3_ L’importance cruciale de conserver ce patrimoine


3_ Le tourisme comme moteur de la transmission 3.1_ Les attentes du tourisme contemporain 3.2_ Le Patrimoine éléments clé du tourisme 3.3_ Le tourisme de niche, moteur d’un tourisme de transmission

47 CONCLUSION

49 ANNUAIRE

53 BIBLIOGRAPHIE

SOMMAIRE

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INTRODUCTION

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Du plus loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours été entourée de beaucoup de personnes créatives. Ces gens que j’admirais faisaient de leur art un passe temps. Les années ont passées et l’idée d’en faire plus qu’un passe temps est arrivée. Je voulais plus que ça, j’ai décidé d’en faire mon métier. Je suis arrivée à l’École de Design en voulant faire du graphisme. J’y ai passé les trois premières années qui ont pour l’instant été les meilleures de toute ma vie aussi bien d’un point de vue intellectuel qu’humain. L’enseignement que j’y ai reçu m’a fait m’ouvrir sur un nombre incalculable de sujets. J’ai très vite réalisé que le design était un outil primordial qui pouvait s’appliquer à absolument tout les sujets, à partir du moment ou j’étais capable de trouver la place du designer. La quatrième année au contraire à été difficile. Nous devions commencer l’année par un stage à l’étranger. J’ai eu à ce moment là une grosse remise en question sur moi même et mon futur et mon voyage s’en est trouvé retardé. Je me suis alors retrouvée avec beaucoup de temps libre. J’avais toujours aimé visiter des cimetières, seule ou avec ma famille étant plus jeune. Mais je n’en ai jamais autant visité que durant ces quelques semaines avant de partir. C’était des lieux calmes, qui m’apportaient un appaissement instantané. Au fil des visites, j’ai remarqué que ces cimetières abritaient un savoir qu’on ne prenais que rarement la peine de découvrir. Puis vint le moment de la rentrée, le retour à la réalité. Le master dans lequel j’étais entrée ne me plaisait pas. Je ne me sentais plus à l’aise avec toutes ces applications, ces sites internets, ces écrans... Je me suis (re)mise à peindre, à dessiner, à tisser, à coudre. Tout ce que je pouvais fabriquer avec mes mains, je le faisait. Le choix d’un sujet de PFE approchait. L’idée du cimetière ne m’est revenue que tardivement. C’est un sujet difficile

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« Quel est l’avenir des cimetières dans une société ou la transmission du patrimoine n’est plus assurée ? » Nous aborderons l’évolution des cimetières et des rites d’inhumation depuis l’antiquité pour se rendre compte de l’ampleur de l’histoire qu’ils contiennent. Nous découvrirons ensuite le Patrimoine, de quoi celui-ci est constitué et en quoi il est un élément primordial de l’identité collective, puis nous terminerons par une analyse du tourisme et de son importante relation avec le Patrimoine. Nous verrons par quel biais l’un et l’autre sont des éléments nécessaires à un bon fonctionnement mutuel. Finalement je vous présenterai la problématique de mon projet de fin d’études.

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INTRODUCTION

d’approche d’un point de vue de designer et c’est donc un sujet qui a été difficile à faire accepter. Mais c’était le projet dont j’avais besoin, avec ce dernier j’allais pouvoir me détacher de tout ce qui est numérique pour mieux y revenir au terme du projet. Grâce à mes analyses, mes recherches et mes excursions sur le terrain, j’ai découvert une nouvelle facette du métier auquel on me formait depuis cinq ans. Une facette qui me fascine et dans laquelle je me sens à l’aise. Ce mémoire aborde les cimetières dans leurs moindres détails. Je les ai analysé depuis leurs créations jusqu’à nos jours, pour comprendre leurs rôles, ce qu’ils contenaient et l’importance qu’ils avaient eu dans l’évolution de nos sociétés. En tant que designer en Information Design, mon rôle a été d’identifier les informations que contenaient les cimetières et celles qui ne devaient absolument pas se perdre. Il a fallu ensuite trouver des mécanismes qui permettraient de perpétuer cette transmission de patrimoine dans notre société qui se détache de plus en plus de ce genre de lieux d’histoire et de recueillement. Dans ce mémoire je tenterai de répondre à la question :


MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES

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QUEL EST L ’ AV E N I R D E S CIMETIÈRES DANS UNE SOCIÉTÉ OU LA TRANSMISSION D U PA T R I M O I N E N’EST PLUS ASSURÉE ?

A L I S O N B R É T É C H É / 2 016

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1_ LES CIMETIÈRES, LIEUX D’INCUBATION DE LA MÉMOIRE COLLECTIVE

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1.1_ L’évolution des cimetières et de nos rites d’inhumation Depuis le début de l ’humanité, l ’Homme a dû faire face à la mort. Pour l ’aider dans cette épreuve, il a mis en place des rites funéraires qui vont évoluer au fil des siècles en fonction de son mode vie, de ses coutumes, de sa religion, de ses symboles et de sa culture. A l ’époque de l ’antiquité, les vivants ne doivent pas côtoyer les morts. La Loi des XII Tables1 interdit, pour des raisons hygiéniques, l ’inhumation à l ’intérieur des villes. Les morts sont donc enterrés dans des catacombes2 ou des hypogées3, à l ’intérieur de nécropoles qui étaient principalement situées le long des routes. En Gaule Romaine, les lois et les habitudes d’inhumations n’ont pas changé : les « cimetières » se trouvent toujours situés à l ’extérieur des villes. Le sens du mot « cimetière », ici, à un sens différent de celui que l ’on connait aujourd’hui. Les morts ne bénéficiaient pas de sépultures à proprement parler, aucune stèle, croix ou marque quelconque indiquant leurs présences. Les cimetières à cette époque n’étaient ni plus ni moins que de grands champs. À partir de la christianisation des peuples, les habitudes changent radicalement. Lors de leur mort les chrétiens souhaitent la protection des saints, ils cherchent donc à se faire enterrer au plus près des lieux de cultes. Les nécropoles4 vont peu à peu être 1

Loi des Douzes Tables, écrite entre 451/449 av. J.-C. Premier corpus de lois romaines écrites.

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Catacombes, grottes souterraines utilisées depuis l’Antiquité comme lieu de sépulture.

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Hypogées, tombes souterraines.

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Nécropoles, espaces funéraires antique regroupant des sépultures.

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Nécropoles en ruines.

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délaissées au profit des basiliques funéraires, construites à la périphérie immédiate des villes. Le cimetière tel qu’on le connait prend naissance au Moyen-Âge, les morts ne sont plus repoussés aux portes de la ville mais enterrés en plein cœur de celle-ci, autour des églises. À partir du XIIe siècle, des murs sont construits tout autour des cimetières et des croix sont placées en leur centre. Les inhumations à l’intérieur des églises se font rares et sont seulement réservées aux gens importants (bourgeois, seigneurs, ecclésiastiques, souverains). Ils usent de leurs pouvoirs et de leur argent pour se voir attribuer une place au sein de l ’Eglise pour l’éternité. Ces cimetières sont des lieux consacrés, c’est à dire officiellement institués par l ’Eglise. Certaines personnes en sont donc exclues : les juifs, les excommuniés, les hérétiques, les suicidés et les enfants morts sans être baptisés. Malheureusement, un problème d’odeurs va très vite faire son apparition. Les émanations des corps en décomposition sous les églises deviennent insupportables.

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Plusieurs solutions sont donc mises en place afin de supprimer ces effluves. Les corps devant être enterrés sous le dallage des églises vont être, tout d’abord, enterrés dans les cimetières. Une fois les corps entièrement décomposés, les ossements seront placés dans l ’Eglise. L’autre solution était de placer les corps dans des pourrissoirs qui permettaient de recueillir les ossements une fois la décomposition terminée. Sous l’Ancien Régime, le rapport à la mort change, les populations n’apprécient plus cette promiscuité avec les cimetières. La principale raison de ce changement est dûe aux odeurs des cadavres en décomposition. Les fosses communes, à cette époque, sont immenses, elles font généralement une dizaine de mètres de profondeur et peuvent contenir jusqu’à 2000 cadavres enterrés à même la terre, simplement recouverts d’un linceul. En 1737, le parlement de Paris décide de réagir et demande aux médecins de la ville de mener une enquête au sujet de ces émanations. Les résultats sont sans appel, les cimetières vont donc retrouver leurs places aux portes de la ville. C’est une opération très ambitieuse pour la ville de Paris puisque cela va lui prendre 20 ans avant d’en venir à bout. À la fin du siècle des lumières, les intellectuels s’intéressent de plus en plus à l’inhumation des morts dans les églises. Enormément d’essais vont être écrits durant cette période. Les plus importants seront ceux de deux docteurs : M.Maret1 et Pierre Toussaint Navier2 . Le 25 juin 1773, la situation devient de plus en plus 1

Mémoire sur l’usage où l’ont est d’enterrer les morts dans les églises et dans les enceintes des villes, 1773

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Réflexions sur les dangers des exhumations précipitées et sur les abus des inhumations dans les églises, 1775.

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L’Église de Saulieu, ou a eu lieu l’épidemie.

préoccupante. La Gazette de France1 publie un article sur l’accident de Saulieu2. Une femme morte de la peste a été enterrée sous la nef de l’église et son cercueil malencontreusement ouvert durant son inhumation. La peste va se répandre à l’intérieur de l’édifice, là où 40 enfants préparaient leur communion. C’est, en tout, 200 personnes qui vont mourir en quelques jours.

L’épidémie est grave, les inhumations à l’intérieur des églises vont être sérieusement remises en question. C’est le 10 mars 1776 qu’une déclaration royale y interdit toute nouvelle sépulture et rend donc obligatoire pour tout le monde les inhumations à l’intérieur d’un cimetière. L’acquisition 1

La Gazette de France, le plus ancien journal de France. En activité de 1631 à 1915.

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Saulieu, commune française situé dans le département de la Côte-d’Or (21), en Bourgogne.

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d’emplacements particuliers et la construction de monuments devient donc dorénavant possible, trois sortes de concessions1 sont disponibles : perpétuelles, trentenaires et temporaires. Les morts vont commencer à être enterrés dans des cercueils plutôt que des linceuls. C’est à cette époque que les grands cimetières parisiens de notre époque actuelle (Montmartre et le Père-Lachaise) vont apparaître et que les anciens grands cimetières vont disparaître. Comme par exemple le cimetière des Innocents qui va être fermé pour des raisons d’insalubrité. Le cimetière ne mesurait que 120 mètres de long sur 60 mètres de large et c’était le plus grand cimetière de Paris. Les conditions d’inhumations étaient épouvantables, en service depuis près de 1000 ans les sols étaient complètement saturés. Il y avait une surélévation de plus de 2 mètres par rapport aux rues adjacentes. Ce qui devait se produire arriva, un des murs d’enceinte s’écroula, et des centaines de cadavres se déversèrent dans les caves et sous-sols des immeubles entourant le cimetière. Il fût rasé et les os transportés dans un ossuaire : les catacombes de Paris venaient de naître. Durant la Révolution, les cimetières ne sont plus gérés par l’Église mais par les communes. En 1801, Napoléon approuve cette décision et va encore plus loin en les ouvrant au public. Le cimetière est désormais un lieu dont on prend soin, on l’embellit avec des compositions florales et paysagères. C’est le cas du Père-Lachaise qui va devenir le premier grand jardin de la capitale. La mutation du cimetière va encore plus s’accentuer avec l’autorisation de la crémation en 1889. Au XXe siècle, le culte du cimetière se développe et de nouvelles concessions apparaissent : cinquantenaire et centenaire. 1

Concession funéraire, emplacement dans un cimetière dont achète l’usage pour une durée dans le temps bien précise.

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Gravure, du cimetières des Innocents.

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Exemple de cortèges en pleine rue.

Les enterrements des populations aisées sont impressionnants par les moyens déployés : un cortège, composé de la famille vêtue de noir, d’un corbillard décoré de tentures tiré par des chevaux également habillés, conduit le mort de son domicile à l’église. La modernité va très vite remplacer ces rites. Les corbillards deviennent motorisés car les chevaux sont trop lents face à la densité de la circulation. Mais cela ne va pas toucher que les corbillards, ce sont tous les métiers liés au monde funéraire qui vont être chamboulés (les cochers, les couturières, les religieux ...) notamment par le fait que les gens vont de moins en moins mourir chez eux. De nos jours, le manque de place et les nouveaux rites d’inhumations comme la crémation, font apparaître de nouveaux cimetières : les cimetières-parcs, les tours-cimetières, les columbariums sont en train de voir le jour.

Les rites funéraires sont pensés pour les vivants. Ils ne

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cessent de se modifier en fonction de l’évolution de notre société et de nos besoins. Nous pouvons en être témoins aujourd’hui avec la part croissante de la crémation en France (33% en 2014). Cette évolution entraine une reconfiguration des cimetières aussi bien dans la conception que dans l’esthétique des sépultures funéraires.

1.2_ La signification des cimetières et de nos rites d’inhumations Les cimetières sont des endroits que l’on peut qualifier de deux manières qui semblent totalement antinomiques. C’est un lieu de souvenir, de par les personnes qui y sont enterrées, mais également un lieu d’oubli. Les morts sont enterrés, pleurés. Les années passent, les gens viennent de moins en moins au cimetière, pour au final ne plus venir du tout. Un visiteur qui passera devant une tombe n’en lira que son nom. Sans quelqu’un pour la raconter, son histoire est oubliée. En tant qu’espace signifié, le cimetière est là pour donner un sens à la mort - c’est le concept. Mais c’est aussi un espace signifiant - mise en image du concept, puisqu’on y retrouve de nombreux symboles aussi bien militaires, politiques, laÏques que religieux. Au Moyen-Âge, les cimetières étaient situés en plein coeur des villes. C’était par conséquent, des lieux très animés qui abritaient souvent des marchés, des foires et même des habitations. Malgré sa qualité de lieu sacré, les populations du Moyen-âge n’ont pas peur des morts. Les prêtres, par exemple y tenaient des sermons, les médecins y trouvaient des herbes, les écrivains y proposaient leur services, des marchands y avaient leurs échoppes.

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Gravure d’un mendiant du Moyen-Age.

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D’autres activités plus surprenantes prenaient place dans les cimetières. Par exemple à LyonA où les prostituées y exerçaient leur métier, les ivrognes venaient y danser et festoyer. Cette terre où reposaient les morts était donc génératrice d’espaces sociaux. Cependant, la nuit, l ’ambiance à l ’intérieur des cimetières prenaient une forme totalement différente. C’était l ’endroit où les clochards, les malades et les voyous venaient se cacher une fois la nuit tombée. Malheureusement, les animaux s’y promenaient aussi en liberté, ce qui entraîna beaucoup de dégradations, notamment de la part des cochons qui déterraient les cadavres. Ce lieu qui était un endroit de cohabitation entre les vivants et les morts, va devenir exclusivement réservé aux morts, à partir du XVIIIe siècle. Le cimetière devient un lieu clos et sacré. C’est à partir de cette période que les sépultures funéraires vont évoluer. Les morts vont être enterrés individuellement et vont donc se distinguer des autres par une pierre tombale. C’est le début des sépultures pour le grands public. Il y a bien longtemps que les personnes importantes, bénéficiaient déjà de sépultures personnelles. Dès l ’Antiquité, ces gens étaient enterrés dans des tombeaux à leur effigie ou alors près de bustes. Bien évidemment, au début du XIXe siècle, les tombes sont très

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simples. Il ne s’agit bien souvent que d’une simple dalle de pierre levée ou couchée. Puis les hommes vont s’approprier ce lieu et en faire un art. Ils vont construire sarcophages, bustes en marbre, bronzes, stèles, colonnes, cryptes et chapelles. Les familles peuvent donc rendre hommage à leurs défunts et faire partager tout leur amour et affection suite à leurs pertes. C’est le culte des tombeaux. Sépulture : action de mettre en terre un mort. Le mot découle du latin sepelire qui signifie ensevelir. La sépulture c’est aussi le lieu où l’on enterre les morts, elle comportent des inscriptions qui sont là pour identifier le mort. En affichant ainsi son identité, il garantie sa survie. Selon Roman JakobsonB, un linguiste du XXe siècle, la sépulture est un « shifter », elle prend une forme différente en fonction de chaque visiteur et du contexte de la visite. Les objets funéraires qui composent les sépultures, sont là pour marquer la frontière entre les vivants et les morts. C’est par le biais de ces objets que naît l’imaginaire dans l’esprit des vivants. J’emploie ici le mot “imaginaire”, puisque la sépulture a la capacité de transformer le sentiment de perte en un sentiment de conservation. La place des objets funéraire est donc primordiale, c’est en quelque sorte la seconde peau du mort. Son corps est oublié pour laisser place à la tombe, le cerceuil est vide mais à la lecture de l’objet funéraire, notre imaginaire remplit ce vide. La encore le signifiant devient le signifié. « Contempler l ’objet funéraire, c’est l ’habiter, c’est se pétrifier, c’est se confondre à lui, s’y introduire pour y découvrir et partager un instant la vie immobile des morts. » URBAIN, 1978

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Différents objets funéraires pour décorer les tombes.

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Le culte moderne des morts, qui est un culte du souvenir attaché au corps est en pleine phase d’évolution. Nos rites funéraires sont déjà en train de changer face à l’importance croissante de la crémation. Les cendres qui proviennent de ces crémations, ne sont pas systématiquement mises au cimetière. Elles peuvent également être emportées dans la famille qui préfère le souvenir du mort dans la sphère privée. Mais les cendres sont également, très souvent dispersées. Nous sommes donc façe à une absence de signes. Allons nous revenir à la mort anonyme, comme il en était coutume pendant la plus grande partie de notre histoire ?

1.3_ Comprendre les cimetières par leurs mémoires Les cimetières sont des lieux de receuillement, c’est indéniable. À trop vouloir protéger ses lieux, nos défunts et les familles en deuil, nous en faisons des lieux ou règne l ’oubli. La mémoire collective que rassemble les cimetières en leur sein, n’est que très rarement mise en avant. Traverser un cimetière est pourtant une manière totalement novatrice dans la manière d’appréhender l ’Histoire locale. « Les lieux de mémoire n’ont aucun sens en eux-mêmes, la mémoire des lieux n’est que celle que les sociétés y mettent et y voient. Les lieux de mémoires sont d’abord une construction sociale. » ROGER BRUNET

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La mémoire collective désigne les souvenirs que partage une collectivité. C’est à partir de ses souvenirs que se forme l’identité sociale de chacun. L’identité sociale est un concept qui a été mis en place par John TurnerD et Henri TajfelE en 1970. Ils ont mis en évidence que la mémoire collective joue un rôle très important dans la construction de son identité, de notre image de soi. « L’histoire nous procure des récits qui nous disent qui nous sommes, d’où nous venons et où nous devrions aller. » HILTON La mémoire collective a une fonction narrative, elle batît des normes et des valeurs. Elle est collective, il y a donc transmission à travers les membres d’un même groupe. Un sentiment d’appartenance et de cohésion nait de cette transmission. C’est un savant mélange de savoirs appris et construits. Cette mémoire s’étoffe donc avec les années, elle est vivante. « Si la mémoire collective puise dans les souvenirs, ses derniers sont en retours influencés par le grand récit collectif. » FRANCIS EUSTACHE Les cimetières sont des lieux d’incubation pour la mémoire collective. Malheureusement nos visites dans ces lieux se font de plus en plus rares. Les cimetières sont devenus hostiles et synonyme d’ennui pour une très grande partie de la population. Nous avons perdu notre intérêt pour les cimetières. Ce devoir de mémoire que l’on a enseigné à nos grands-parents quand ils étaient jeunes, n’est plus réellement transmis de nos jours. L’éducation n’est pas la seule chose qui a influencé notre

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Le Grenier du Siècle à Nantes, rasseblement de mémoire collective.

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perte d’intérêt pour ces lieux. La religion tient ici une grande place : une personne catholique doit honorer ses morts. Il y a une symbolique du corps après la mort très importante et pour lui rendre hommage, elle doit se rendre au cimetière. Elle s’y rendra toutes les Toussaints, par exemple, le jour de la fête des morts. Une personne laïque, n’a pas le même rapport à la mort. Pour honorer une personne décédée, elle ne ressent pas spécialement le besoin d’aller sur sa tombe. Les cimetières font peur. Les sépultures remplissent trop bien leurs rôles. Nous n’y voyons plus une porte pour accéder aux souvenirs, à l’histoire mais plutôt une porte qui mène directement à un cadavre. La mémoire collective qui se trouve dans les monuments funéraires du cimetière est donc totalement oubliée. Cette mémoire immobile qui nous est destinée, à nous les habitants mobiles, n’est plus transmise. La non transmission de cette histoire collective, entraine une perte de cohésion. Nous ne connaissons plus notre passé et nos comportements s’individualisent. « De nos jours, le cimetière on en parle guère, on le connait guère, on le fréquente peu ou plus, on le craint ou on en rit. C’est dans tous les cas une façon de le taire et de la cacher. » URBAIN

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L e j u g e m e n t d e r n i e r , F R A A N G E L I C O, 14 3 5

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2_ L E PA T R I M O I N E , NÉCESSAIRE À LA CRÉATION D’UNE IDENTITÉ COLLECTIVE

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2.1_ Le Patrimoine : qu’est ce que c’est ? En 2500 générations, nous nous sommes développé sur l’ensemble du globe. Nous ne cessons d’évoluer, mais une question fondamentale ne cesse de revenir. Qu’est ce qu’un être humain ?

Les réponses à cette question se trouvent dans le Patrimoine que nous partageons tous. Le Patrimoine est une sorte de répertoire de l’humanité. Des milliers de témoignages, des milliers de façons différentes de répondre aux questions essentielles et de faire face aux défis, auxquels nous serons confrontés un jour ou l’autre. Le mot «Patrimoine» peut être couplé avec de nombreux termes, patrimoine génétique, patrimoine politique, patrimoine bancaire... Nous allons ici nous attarder sur le patrimoine culturel.

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L’évolution selon MATT GROENING

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C’est un terme qui a été mis en place par André MalrauxH, ministre français des affaires culturelles, en 1959. Pour A. Malraux et les personnes qui vont lui succéder, la culture est réduite à un privilège de classe. C’est essentiellement un loisir, ce qui entraîne malheureusement une distribution de cette culture très inégale à travers toutes les strates de la population. Cette distribution ou redistribution de la culture est effectuée par le biais de médiateurs. Les premiers médiateurs, à qui nous avons affaire dès le début de notre vie, sont notre famille et les écoles.

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Le patrimoine n’est pas naturellement culturel. Pour qu’un large public s’y intéresse, il doit être façonné et structuré. Un travail de création de services va le transformer et permettre une adaptation aux multiples désirs des populations. À ce stade, nous pourrions même parler de consommateurs. La culture est devenu un outil de consommation à part entière. C’est également un outil d’enseignement et de communication très important dans la formation de son identité. Il permet de délivrer de nombreuses valeurs telles que la citoyenneté, la solidarité, la justice ... La culture est synonyme de civilisation. Le patrimoine est donc considéré comme un héritage. L ’héritage c’est la transmission. Le patrimoine est vivant. Il se nourri de chacune de nos expériences, de chacune de nos interactions. « Je crains que l ’humanité se réveille un jour sans se souvenir de tout ce qu’elle a perdu. » MARGARET MEAD La transmission est primordiale. On transmet des savoirs, des gestes, des organes, des biens, des richesses... La transmission c’est l ’élément clé de l’éducation. Notre planète est comme une sorte de très grande famille qui va apprendre de ses erreurs grâce à l ’héritage de ses ancêtres. Sans connaissance de notre histoire, nos erreurs se répéteront à l ’infini.

2.2_ La perte du patrimoine dans nos cimetières

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Nous venons de le voir, le patrimoine est partout. Malheureusement, il est des lieux où ce patrimoine est oublié. Prenons les cimetières, comme celui de la Miséricorde à Nantes, c’est un cimetière qui a été crée en 1793. Depuis plus de 200 ans, il a accueillit bon nombre de personnes en son sein. Il a également été le spectateur de l’évolution de la ville de Nantes. C’est un endroit qui regorge de savoir et de témoignages mais c’est aussi un lieu qui peut être difficile à appréhender. De par son austérité extérieur, il est souvent mis sous silence. Le cimetière offre pourtant une multitude de d’usages au patrimoine. 1_ Poser un regard sur le passé, sur le vécu d’une personne ou d’un groupe de personne. 2_ Une meilleure compréhension du présent, en fonction des actes et opinions de notre passé. 3_ Apprendre tout simplement. 4_ Admirer les différents styles de monuments funéraires en fonction des âges et des modes de l’époque. 5_ Revivre certaines émotions passées.

Pour que le visiteur puisse apprécier le patrimoine d’un cimetière, il faut que ce dernier possède une certaine communication. Une communication qui doit allier l’ancien (l ’histoire) et le moderne (le loisir). Cette «commercialisation» du patrimoine culturel est délicate. Elle peut entraîner aussi bien sa disparition que sa survie. La cohabitation entre ces deux temporalités doit prendre en

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compte le changement de nos sociétés. C’est à dire l’engagement croissant dans un monde virtuel. Suivi, invariablement d’une rupture avec le rapport de la mémoire. Un manque d’intérêt pour le passé qui met l’instantanéité en avant. L’histoire ne doit cependant pas être mésestimée. C‘est grâce à elle que les actes et paroles de nos ancêtres restent présents dans nos mémoires. « [la mémoire]Elle nous rend actuel ce que le temps à coutume de détruire.» PAPE NICOLAS V

Depuis 1980, la France voit naître la génération Y. Une génération née avec Internet ou juste avant. Ces personnes n’ont vécu aucuns moments clés de l’histoire, comme les guerres ou les grandes révolutions dans nos moeurs ( le droit de vote pour les femmes en 1944, Mai 68, la dépénalisation de l’avortement en 1975... ). En Occident, nous vivons donc dans un monde ou la paix, la lutte contre le racisme, le sexisme, sont des choses, qui nous semble acquises pour une grande partie de la population. Notamment en France, moi la première, je n’arrive pas à concevoir que mon pays puisse un jour, retourner en guerre. J’ai été habitué à un confort de vie et de paix relative qui m’ont fait oublier tout ce par quoi la France est passé. Nous n’étions pas nés quand d’autres ont dû se battre pour leurs droits. Notre modernité semble nous désintéresser de nos traditions. Traditions et modernité ne sont pourtant pas des termes contraires.

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Apeuçu du cimetière de la Miséricorde à droite.

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2.3_ L’importance cruciale de conserver ce patrimoine Le Patrimoine présent à l’intérieur des cimetières ne doit pas être obligatoirement associés à la religion et à la mort. Le Patrimoine se veut représentant du savoir. Malgré l’omniprésence de la mort à l’intérieur des cimetières, il faut selon moi quelque peu l’occulter. Ne pas complètement l’oublier mais la mettre en arrière plan. Tout simplement parce que la mort à une signification différente en fonction de la religion à laquelle on appartient ou non. Pour l’Islam et le Christianisme, la mort signifie le passage des défunts au paradis si respect de la religion il y a eu. Le Judaïsme est quelque peu différent. C’est une religion qui célèbre la vie, pour eux il n’y a pas de paradis ni d’enfer après la mort. Ce sont deux endroits qui sont identiques, ils se trouvent tous les deux sur Terre. Le Bouddhiste et l’hindouiste ne croit pas au paradis mais au Nirvana, un endroit ou le défunt fusionne avec l’Univers. Ce n’est donc pas ce qui nous intéresse ici. Le Patrimoine duquel nous voulons apprendre, représente l’histoire de tous, indépendemment de leurs appartenance à une religion particulière. J’aimerais faire une parenthèse sur la culture tzigane. La mort et notamment le deuil sont étonnants au sein de cette culture. Une fois qu’une personne est décédé, toutes ses affaires personnelles sont brûlées. La famille ne va garder que quelques petits objets en souvenir. Le défunt est ensuite enterré, à l’intérieur d’une sépulture qui est en règle générale grandiose. Mais suite à cet enterrement, la famille n’évoqueras plus le souvenir ou même le nom du défunt. Je trouve cette coutume extremement étonnante et interessante. Le défunt n’est plus mentionné mais ce n’est pas pour autant qu’on l’oublie. Bien au contraire, les tombes sont toujours entretenus comme au premier jour. Signe que le défunt est toujours présent dans l’esprit de sa famille.

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To m b e t z i g a n e a u c i m e t i è r e d e Va l l e t .

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présent dans l’esprit de sa famille. La culture tzigane contraste beaucoup avec la mienne. Comme nous venons de le voir, nous occidentaux, célébrons nos morts, évoquons leur souvenirs sans taboux. Mais nous avons également une tendance à oublier rapidement leur lieux de repos et par extension leur existence. Le Patrimoine est présent à l ’intérieur de cimetières, des lieux qui sont tous les jours un peu plus invisible. Il a pour conséquent, besoin qu’on lui confère une attractivité artificielle. Nous devons le rendre visible et intéressant aux yeux des visiteurs. L’immatérialité de l ’histoire que contient le cimetière est, de nos jours, seulement traduite par le biais de sépultures funéraires. Rappelons nous que l ’objet funéraire est une frontière, une porte qui s’ouvre sur l’imaginaire. Malheureusement cette présence architecturale n’est plus suffisante. Les cimetières ont donc besoin d’un apport matériel, ils doivent devenir tangible, pour devenir visibles et désirables. « Je ne suis pas de ceux qui désespèrent du présent et jettent un regard de regret sur le passé. Le passé est passé, mais il faut le fouiller avec soin, avec sincérité, s’attacher non pas à le faire revivre, mais à le connaître pour s’en servir. » EUGENE VIOLLET-LE-DUC

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3_ LE TOURISME COMME MOTEUR DE LA TRANSMISSION

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3.1_ Les attentes du tourisme contemporain Les Grecs pratiquaient déjà le tourisme, il nommait cette pratique « l ’autopsie », que l ’on pourrait traduire par « le voir par soi-même ». Mais c’est au XVIIIe siècle que naissent les bases du tourisme culturel avec la création du Grand Tour. Le Grand Tour était à l ’origine un voyage effectué par les jeunes gens de la haute société, pour compléter leurs éducations à la suite de l ’obtentiond’un diplome. Ces jeunes gens effectuaient ce Grand Tour en approximativement une année, accompagné d’un ou plusieurs tuteurs. Le toursime à depuis évolué. Ce n’est plus une étape qui nous est imposé à un moment dans notre éducation. Le tourisme est de nos jours considéré comme un loisir. Une personne décide de visiter un lieu, une ville ou un musée car cela touche un sujet qui lui plaît. Elle veut se faire plaisir en découvrant un nouveau cadre ou bien de nouvelles informations. Cependant, le tourisme est toujours utilisé comme un outil d’apprentissage. Nombreuses, sont les écoles à proposer des sorties scolaires touristique dans le but d’approfondir un sujet d’étude avec les étudiants. Le musée vient compléter l’école dans sa mission d’intégration sociale1. Le touriste comtemporain va en règle général visiter des sites qui sont connus. Ils sont connus car de nombreuses informations sont disponibles pour le touristes en amont de la viste, comme des brochures, des livres, des guides ou bien des sites internet. Le touriste contemporain à donc des désirs et des attentes particulières des lieux qu’il va aller visiter. Un imaginaire s’est crée dans son esprit. L’importance de ses supports de promotion est primordiale pour mettre en valeur un site touristique et lui permettre de remplir sa mission. 1

Tourisme et Patrimoine, Valéry Patin, La Documentation Française, 2012

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Certains sites, ne sont donc plus adaptés aux attentes du touriste contemporain. Étant donné l ’axe de mes recherches, Je vais prendre comme exemple, le cimetière de la Miséricorde à Nantes. Les cimetières ont été crées pour répondre aux besoin que l ’ont avait d’enterrer nos morts. Ces lieux, n’ont jamais vraiment été considérés comme des lieux touristique. Hormis les visites de proches des défunts, peu de personnes s’y rendent par manque d’intêret et superstition. À Nantes, aucune mesure n’ont été prise pour donner à ce lieux de nouveaux usages adaptés à notre société contemporaine. Quelques passionnés tentent de faire vivre le savoir présent dans l ’enceinte de ce cimetière. C’est le cas d’Eric LhomeauL, écrivain nantais et passioné par l ’histoire de la ville de Nantes. Il organise avec la ville de Nantes, plusieurs fois par an des visites guidées au cimetière de la Miséricorde et d’autres cimetières nantais comme la Bouteillerie. Malheureusement, ces visites ne sont que peu mise en avant. Sans une structure de promotion et de visite plus adaptés, elles resteront occasionelles et ephémères.

3.2_ Le patrimoine élément clé du tourisme Il y a généralement une opposition entre patrimoine et tourisme. Le Patrimoine, c’est quelque chose de précieux. Un savoir, des lieux qu’ils faut à tout prix protéger et sauvegarder. Le Tourisme au contraire, est bien souvent synonyme de surfréquentation, de dégradations du à tout ce passage et par au final une dénaturation des sites visités.

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« La fréquentation transforme un lieu qu’il serait vain de vouloir figer. » ARTHUR PEDERSEN

Malgré ces définitions contraires, le patrimoine ne peut en aucun cas survivre sans le tourisme. Si un lieu conteneur de patrimoine est surprotégeret mis dans un cocon de protection, il en devient invisible. Si en 1963, les grottes de Lascaux avaient été définitivement fermés suite aux dégradations entrainés par un flots de visiteurs trop importants. Ces grottes seraient de nos jours totalement effacées de nos mémoire. Heureusement pour nous et pour le savoir qu’elles contiennent, une autre solution à été choisie. La construction d’une réplique taille réelle à été mise en place. Au bout de 13 ans de travaux, les grottes sont maintenant visibles sans aucune restrictions. C’est un bel exemple, c’‘est un site qui a su servir de la modernité pour conserver et valoriser la transmission de son patrimoine sans en affecter la qualité. D’autres lieux n’effectuent pas ses changements et deviennent des ruines dont personnes ne se souvient. La qualité patrimoniale d’un lieu, n’est donc pas seulement définis par le lieu. Mais également par sa manière de lire et de pratiquer ce patrimoine, autrement dis de la communication mise en place. Pour que le touriste ne dénature pas le lieux de par sa fréquentation, il faut qu’une approche dynamique se mette en place entre conservation et fréquentation. Des limites doivent être fixées et des moyens doivent être mis en places pour permettrent aux évolutions du site de voir le jour. Par leurs présences, les touristes donnent vie aux lieux qu’ils visitent. Ils sont témoins de l’histoire de ces lieux, conteneurs

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Peintre au travail pendant la construction de la rĂŠplique de LASCAUX.

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Grotte de Lourdes, ou pendent les béquilles des miraculés.

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de patrimoine. De par leurs visites, ils contribuent à rendre ce lieu vivant et visible pour de futurs vistiteurs. Ils entretiennent inconsciemment, la vitalité de la mémoire présente dans le patrimoine qu’on leur montre. Les touristes n’apprennent pas tous de la même manière des lieux patrimoniaux qu’ils visitent. Certains ne percoivent pas la même quantité d’informations au même moment. Ils vont également tous avoir une interprétations des faits qu’il leur sont exposés différentes, en fonction de leurs savoirs et vécus. Mais peut importe, mémoire est faite ! Le processus de transmission a été réalisé, la mémoire, le patrimoine et le lieu peuvent ainsi continuer de vivre aussi bien dans nos esprits qu’en réalité.

3.3_ Le tourisme de niche, moteur de d’un tourisme de transmission La visite de cimetières, ne fait pas partie du tourisme conventionnel. Hormis bien sur quelques magnifiques exceptions comme le cimetière du Père Lachaise à Paris ou bien le cimetière d’Highgate à Londres, la visite de cimetière plus menus par contre, ne fait partie d’aucun programme touristique. On pourrait se dire que cela à un rapport avec la religion et que les gens s’en désintéressent. Cela n’a pourtant aucun rapport, puisque le tourisme de pélerinage est un tourisme très actif. Pourtant, comme les cimetières, le tourisme religieux n’est pas quelque chose que l’ont peut trouver dans des agences touristique. Hormis bien entendu quelques exceptions très connues comme Lourdes ou le Mont-St Michel.

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Parlons, du tourisme de réalité. C’est une forme de tourisme dont le but est d’éprouver des réalités pénibles. Les visites les plus populaires que l’ont peu qualifier de tourisme de réalité sont les visites de favelas à Rio, des maisons closes à Bangkok ou bien des slums1 à Bombay. Certaines associations se servent de ce tourisme pour lui donné un caractère militant comme l’US Global Exchange2 qui proposent des Reality Tour en Afghanistan. Le tourisme qui correspond le mieux au cimetière est par définition, le nécrotourisme. C’est un tourisme qui se focalise sur la mort de certaines personnes. En France et dans le reste du monde, énormément de sites font partis de ce tourisme. La ville tout entière d’Oradour sur Glanes3 est devenu un musée pour commémorer le massacre qu’elle a subit durant la seconde guerre mondiale. Ground Zero4 à New-York est je pense la parfaite alliance entre nécrotourisme et conservation du patrimoine. Une fois les tours détruites, le gouvernement aurait pu reconstruire des tours en essayant d’oublier cette tragédie. Mais non, il a choisit de faire de ce malheur un atout et une force. En construisant Ground Zero, les Etats-Unis ont su créer une structure qui permettra la transmission de cet évènement dans la mémoire de tous. Cependant, les cimetières en tant que tels sont toujours très peu promus au rang de sites touristique. La ville de Quetzaltenango, au Guatemala, souhaite pourtant transformer son cimetière en attraction touristique, durant les nuits de pleines lunes. Elle a réussi à obtenir l’aide d’une agence de tourisme et de l’office de tourisme. 1

Slums : bidonvilles

2

Us Global Exchange : association de défense des droits de l’Homme

3

Oradour Sur Glanes, ville de Haute-Liège qui a vu sa population se faire entièrement massacré par les allemands, le 10 juin 1944. 4

Ground Zero, situés à l’emplacement exact ou les tours du World Trade Center se sont écroulées le 9 septembre 2001 à New-York.

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C’est quelque chose de très rare. Ces initiatives sont pour la plupart très peux suivit. Selon le Docteur Philippe Stone, directeur de l’Institut de Recherche sur le Nécrotourisme, les lieux comme les cimetières permettraient aux touristes de ressentir de l’empathie. Un nouveau moyen de réfléchir à la mort en dehors du cadre religieux traditionnel. On pourrait même aller jusqu’à qualifier ça de pélerinage laïque. En allant visiter les cimetières, il ne s’agit pas d’aller volontairement à la rencontre de sensations désagréables. Mais plutôt de se retrouver face aux souvenirs présent à l’intérieur de ses lieux. Ces lieux sont une mémoire, il rendent l’histoire immédiate et accessible.

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Plaque commémorative dans le village d’Oradour sur Glanes.

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CONCLUSION

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Nous vivons tous dans une société où l’instantanéité est reine. Une ère où la course à la modernité fait rage. Parfois au détriment de notre passé et même de notre présent. Les cimetières ont bien évolués depuis l’Antiquité, notre vision d’eux n’a également cessée d’évoluer. Nous les avons placés à l’entrée des villes loin des vivants, puis au centres de nos villes, sous nos églises. Nous y faisions nos marchés et nos promenades pour peu à peu les oublier. Les cimetières sont devenus des lieux froids qui inspirent de la peur. Beaucoup sont en train de sombrer dans l’oubli, les gens ne voient plus aucun espoir ni utilité dans ces endroits immobiles qui ne cessent de prendre de la place. Hélas, en oubliant ces lieux, c’est une part importante de notre mémoire collective que nous choisissons de ne pas connaître. Or notre passé et celui de nos ancêtres est ce qui nous aide à nous forger une identité sociale. Toutes ces vies vécues, tous ces nouveaux savoir-faire font partie à une très grande échelle du Patrimoine de l’Humanité, lequel doit être transmis. C’est une ressource précieuse, il faut la préserver, au contraire du tourisme, synonyme de passage, qui semble être un outil de destruction massive. Pourtant le patrimoine ne peut absolument pas survivre sans tourisme. Si personne ne vient visiter ces lieux porteurs de mémoire, il sombrera dans l’oubli. C’est pourquoi le tourisme qui est considéré comme un loisir, est également un puissant outil d’apprentissage. Mon rôle de designer ici, est donc de conférer une attractivité «artificielle» à ces lieux qui n’attirent plus et qui pourtant sont porteurs d’un très grand savoir. Je vais devoir réfléchir à la manière d’exposer la mort au public, développer ce tourisme atypique sans tomber dans le voyeurisme morbide.

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« Quel est l’avenir des cimetières dans une société où la transmission du patrimoine n’est plus assurée ? » J’aimerais remercier ma mère Valérie sans qui ce mémoire n’aurait été qu’enchaînement de fautes d’orthographe, ma soeur Elisa qui m’a supporté durant cette longue et tumultueuse écriture de mémoire, puis Darius avec qui il est toujours très enrichissant d’échanger et Arnaud mon ami qui m’a suivi et épaulé pendant ces cinq années d’études. Merci.

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CONCLUSION

La problématique de mon projet de fin d’études s’est donc naturellement posé :


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A

OLIVIER ZELLER Gérant d’une sociéte, il a contribué à de nombreuses publications sur l’histoire de Lyon du Moyen -Âge à nos jours.

B

ROMAN JAKOBSON Linguiste et philosophe russe. Pionnier dans l’analyse structurelle du langage, de la poésie et de l’art.

C

JEAN DIDIER URBAIN Sociologue et ethnoloque français spécialiste en tourisme. Auteur de « La société de conservation, étude sémiologique des cimetières d’occident ».

D

JOHN TURNER Psychologue social anglais, pionnier dans la théorie de l’identité sociale.

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HENRI TAJFEL Psychologue social anglais, connu pour ses travaux sur l’aspect cognitifs des préjudices et l’identité sociale.

F

FRANCIS EUSTACHE Chercheur français en neuropsychologie et en imagerie cérébrale, spécialisé dans l’étude de la mémoire et de ses troubles.

G

H

ANDRÉ MALRAUX

MARGARET MEAD Anthropologue américaine, elle a populariser les les apports de l’anthropologie culturelle aux États-Unis et dans le monde occidental.

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E


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I

PAPE NICOLAS V Pape de 1447 à 1455, il mit fin au schisme de l’antipape Félix V. il est également le fondateur de la Bibliothèque vaticane.

J

EUGENE VIOLLET-LE-DUC Architecte français, il est connu pour ses restaurations de construction médiévales et pour sa participation à la construction de la Statue de la Liberté.

K

ERIC LHOMEAU Écrivain nantais, spécialiste sur l’histoire de Nantes. Il a écrit de nombreux livres sur les cimetières de Nantes et plus particulièrement sur le cimetière de la Miséricorde.

L

ARTHUR PEDERSEN Expert en tourisme et lieux protégés. Il a travaillé avec l’UNESCO ou il était responsable du «World Heritage Centre’s Tourism Programme».

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HUGUES-BERNARD MARET Homme politique et diplomate français. Auteur de l’ouvrage «Mémoire sur l’usage où l’ont est d’enterrer les morts dans les églises et dans les enceintes des villes», 1773.

N

PIERRE TOUSSAINT NAVIER Docteur en médecine à Reims. Auteur de l’ouvrage «Réflexions sur les dangers des exhumations précipitées et sur les abus des inhumations dans les églises», 1775.

O

ROGER BRUNET Géographe français, professeur des universités et directeur de recherches du CNRS.

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M


BIBLIOGRAPHIE

53

LIVRES - Valéry Pantin, Tourisme et Patrimoine, La Documentation Française, xx2012 - Olivier Lazzarotti, Des lieux pour mémoires, Armand Colin, 2012 - Jean Didier Urbain, La société de conservation, étude sémiologique des cimetières d’occident, Langages et Sociétés, 1978 - Claude Jean & Kahn Landais, Quinze lieux de mémoire, Ouest éditions, 1991 - André Chabot, Le petit Monde d’Outre Tombe, Cheval d’attaque, 1978 - Françoise Choay, Le Patrimoine en questions : anthologie pour un combat, Seuil, 2009 - Jean-Yves Duyck, Communiquer un patrimoine culturel : le cas de la commercialisation de la Corderie Royale de Rochefort, Management Prospective, 2008 - Pascal Moreaux, Études sur la mort, L’Esprit du temps, 2009 - Cynthia Mauro, Choisir la crémation aujourd’hui, L’esprit du temps, 2007 - Jean-Claude Garnier, Promenade dans quelques cimetières autour du monde, L’esprit du temps, 2009 - Pascal Moreaux, Quelques aspects de l’histoire funéraire dans la civilisation judéo-chrétienne en France, L’esprit du temps, 2004 - Isabelle Dubois, Le cimetière de demain : granit au souvenir, L’esprit du temps, 2009 - Olivier Zeller, La pollution par les cimetières urbains, Société française d’histoire urbaine, 2002

BLOGS - Marion Erard & Océane Izard, Post Mortem 3.0 http://post-mortem-3-0.com/?mort_sujets=la-mort - Inconnu, Nature-Lauriere, http://www.nature-lauriere.asso.fr/9a3athanor3/cimeti-re-1.pdf

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54

- Inconnu, « Qu’est-ce qu’une concession funéraire ? », Service-Public, 2015 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31001 - Inconnu, « Le cimetière, évolution d’une tradition à travers les âges ! », Lestelle Bétharram, http://www.lestelle-betharram.fr/histoire/lestelle-histoirepatrimoines-cimetiere.html - Inconnu, « Les cimetières », SPPEF http://www.sppef.fr/les-cimetieres/ - Bertrand Bouard, « Diversité des cultures, diversité des rites mortuaires », Mondomix, 2011 http://www.mondomix.com/news/d-une-mort-a-l-autre - Maryvonne de Saint-Pulgent, « Le Patrimoine au risque de l’instant », Mediologie, Inconnu http://mediologie.org/cahiers-de-mediologie/11_transmettre/stpulgent.pdf - Laure Cailloce, « Comment se construit la mémoire collective ? », lejournal.cnrs, 2014 https://lejournal.cnrs.fr/articles/comment-se-construit-la-memoire-collective - Agnès Rousseaux, « Nous allons perdre la moitié du patrimoine culturel de l’humanité »,Bastamag, 2011 http://www.bastamag.net/Nous-allons-perdre-la-moitie-du

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BIBLIOGRAPHIE

ARTICLES


WW




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