Belfort de la ville militaire à la ville industrielle, l'histoire d'une urbanisation

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Coeurdacier De Gesnes Alizée

Belfort du XIIe siècle à aujourd’hui : De la ville militaire à la ville industrielle.

Histoire de l'urbanisme 1850-2000


Plan : Introduction

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I/ Belfort, une place forte à défendre

p 3 -8

1/ La ville avant Vauban : origine et Moyen-Age

p3

2/Belfort dans la deuxième moitié du XVIIe siècle

p3

3/L ’œuvre de Vauban et la ville au XVIIIe siècle

p4

4/Belfort à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle

p6

II/ II/ Belfort, ville industrielle

p 8 -10

1/ les rapports usine/cité

p8

2/ Le plan d’extension et d’embellissement de Belfort

p8

3/ Politiques de logement liées au développement industriel

p 9

4/ Philosophie du bonheur ouvrier : les jardins et cités-jardins

p 10

III/ Belfort, nouveaux enjeux urbains

p 11 -12

1/ L’entassement urbain post deuxième guerre mondiale

p 11

2/ La gentrification et privatisation du centre historique et commercial p 12 IV/ conclusion

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Sources

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Introduction Belfort est une ville française située dans le nord-est de la France, en Franche-comté. Elle est le chef lieu administratif du Territoire de Belfort. Il s'agit de la ville la plus densément peuplée de la région, avec presque 3 000 habitants au kilomètre carré. Son aire urbaine comptait 113 507 habitants en 2011, ce qui la classait 82ème plus grande aire urbaine de France. Ainsi Belfort à une réelle résonance urbaine sur le territoire français et elle est une porte d’entrée aujourd’hui ouverte vers l’Alsace et L’Allemagne. Mais elle est cependant souvent associée à une mauvaise image en raison de ses problèmes urbains et sa déprise industrielle. « Belfort, ville militaire, ville ouvrière, ville austère. » C’est ainsi que Jean-Louis Romain exprime les clichés, les idées conçues, formulés sur Belfort, dans son livre l’usine et la cité sur lequel se base en grande partie ce dossier. En effet, Belfort est façonné par une histoire urbaine complexe dont résulte son urbanisation et qui a produit une ville souvent remise en question. Tout d’abord marquée par son instabilité politique et ses enjeux militaires, Belfort va devenir un place forte, une ville frontalière enfermée dans ses remparts. Puis au fil des siècles, c’est son histoire industrielle qui façonnera la ville, étant à l’origine de la construction de nombreux logements et du développement économique et urbain de la ville. Cependant comme toute ville ouvrière, suite à la faillite de certaines entreprises et à la déprise industrielle, ainsi qu' à un changement d’idéal de vie, Belfort est confronté à de nouveaux enjeux urbains qu’elle peine à surmonter. Ce qui lui coûte une réputation de ville austère. Pour comprendre les enjeux actuels qui se jouent dans l’urbanisme de Belfort il faut revenir sur son histoire, celle de sa formation urbaine, les liens qui ce sont tissés entre usine et ville, puis sur les projets urbains d’après guerre et leur échec ( gentrification du centre et stigmatisation des grands ensembles) . Pour finir nous pourrons ainsi mettre en perspective les projets actuels mis en place pour redynamiser et valoriser la ville, ainsi qu’analyser les enjeux que la ville doit aujourd’hui relever. Si Belfort est indissociable de son industrialisation, son urbanisme est indissociable de son histoire politique, industrielle, et économique. C’est pour cela qu’il faut savoir comment elle s’est formée afin de comprendre les faits urbains qui ont été produits. Ainsi on peut se poser la question directrice qui serait : comment les enjeux militaires et l’industrie ont façonné la ville que nous connaissons aujourd’hui ? Et quels sont les enjeux pour l’avenir de l’urbanisme de Belfort ?

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I/ Belfort, une place forte à défendre 1/ La ville avant Vauban : origine et Moyen-Age La situation géographique de Belfort découle des enjeux du territoire présent. Belfort s’est installée dans ce qu’on appelle la trouée de Belfort puisqu’elle se situe entre le massif des Vosges et le Jura, et est protégée de part et d’autre par des collines qui façonnent son paysage urbain encore aujourd’hui (La colline de la Miotte au Nord-Ouest, du Salbert au Nord, de l’Arsot au NE, des Perches au sud.). Elle s’implante également sur une importante voie de circulation, formant alors la porte d’entrée de Bourgogne et d’Alsace (terme de André Gilgert) , donc un lieu de passage mais également un lieu à défendre. Ainsi elle devient très vite une ville fortifiée. Même si on trouve des traces d’occupations humaines à Belfort dès la Préhistoire et tout au long de l’antiquité, Belfort n’est alors pas vraiment une ville, mais un lieu de passage, puis elle devient au Moyen-Age une petite bourgade fortifiée. On a peu de traces de l’existence de Belfort avant le XIII e siècle. La première mention faite se trouve dans un traité datant de 1226, qui montre que la ville est une création du Comte de Montbéliard au XIe siècle. Les deux premiers siècles de la vie de Belfort, sont marqués par l’instabilité politique et l’insécurité des campagnes. C’est seulement à la fin du XVe siècle que va s’instaurer une ère de calme et de prospérité. Cependant, c’est au fil du Moyen-Age, malgré cette période troublée, qu’elle acquerra la physionomie urbaine qu’elle conservera en grande partie jusqu’au changement majeur opéré par Vauban au 17e siècle. Un dessin de 1565, fait acte de la forme urbaine de Belfort à cette époque. Il est le premier document graphique que l’on connaît aujourd’hui. On y constate qu’à cette époque Belfort est avant tout un château servant de refuge pour les paysans de la région. Quelques maisons sont construites dans les bourgs au pied du château, mais elle ne s’étend pas ou très peu en dehors des remparts. Une première enceinte protège la petite ville et le château, puis une deuxième enceinte encercle les champs vivriers. 2) Belfort dans la deuxième moitié du XVIIe s En 1675, Belfort est définitivement française et des changements majeurs dans son évolution commencent à s’opérer. La ville s’agrandit au pied du château. L’arrière du château est fortifié pour encercler la ville. A partir du XVe siècle, les citadins abandonnent les vieux bourgs pour la ville dite basse. La ville colonise peu à peu la plaine. La ville basse se crée à partir de nouvelles rues qui sont dessinées parallèlement à l’escarpement. (image) l’Hermine, dessinateur et écrivain , écrit et dessine Belfort en 1675 et confirme que « cette ville était très peu de chose en ce temps là. En Effet ce n’était qu’un trou, des rues étroites, sales, mal pavées, des maisons mal batties et obscures, en un mot, la plus triste et désagréable demeure du monde » La ville basse n’avait à cette époque plus de fortifications, seulement une simple muraille, et 2 portes permettaient d’accéder à la ville dont seulement l’une d’entre elle était ouverte , la porte principale de la ville qui franchissait la rivière, la Savoureuse. La savoureuse, tout comme l’escarpement a déterminé la forme urbaine de Belfort, relativement coincée par sa topographie et sa géographie. Lorsque Vauban est chargé de l’urbanisme de Belfort, Belfort est encore une petite bourgade de 550 habitants dont l’urbanisme est le résidu de constructions successives le long des rues et des remparts, ou encore de la rivière mais sans jusque là de planification de la ville. « La ville est au bas de cette montagne, directement sous le château, consistant en 122 maisons fort serrées et quelques 550 personnes à tout compter. La ville n’est fermée que d’un petit mur de cloître fort mauvais 3


flanqué de deux ou trois méchantes tours qui ne peuvent servir à la fortification […]. Comme la ville est fort petite de soi, il faut de nécessité l’agrandir si l’on veut la rendre capable de pouvoir contenir quelques troupes » Extrait du Manuscrit de Vauban.

On constate donc que jusqu’ autour des années 1675 , Belfort est une petite ville. Elle va prendre plus d’ampleur par la suite, à cause de son rôle militaire dans la stratégie française politique qui veut faire de Belfort une véritable place forte qui permettrait de garder et d' assurer la défense de l’entrée en France, vers la Franche-Comté et le reste du territoire. Chargé par le roi, c’est Vauban qui sera l’auteur des plans des nouveaux remparts et de la ville nouvelle ( comme à Besançon et Neuf-Brisach) 3) L ’œuvre de Vauban et le XVIIIe siècle Belfort connaît des transformations profondes au XVIIIe siècle aussi bien dans son urbanisme, dans sa population, et dans sa gouvernance/son administration. La ville de Vauban à pour ligne directrice et fondement majeur l' idée de défense et donc le plan résultant est issu du dessin des fortifications. Les travaux des fortifications s’étendent de 1687 à 1705. En effet, Vauban dessine autour de l’ancienne ville, non centrée dans les fortifications, une ligne de rempart en forme de pentagone, et marquée par des tours ainsi que deux portes qui permettent l’accès à l’ouest et au Nord (respectivement la porte de France et la porte de Brisach). A l’intérieur de l’enceinte , une grande étendue est réservée pour l’agrandissement de la ville. C’est la ville neuve de Belfort qui s’étend au-delà du Canal. « dans la nouvelle enceinte les rues sont tirées au cordeau et les maisons d’une égale symétrie , la vieille ville est au-dessus, au pied de la hauteur » Extrait des mémoires de Vauban après 1705.

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Le plan de la ville établit en 1776 par Taverne de Longchamps permet de constater l’évolution urbaine de Belfort suite à l’intervention de Vauban. La ville neuve prévu par Vauban ne suffit pas, la ville fortifiée devient vite trop exiguë suite au fort afflux de populations, militaires et constructeurs qui sont restés suite à la constructions des fortifications. La population s’est multipliée par 4, passant de 1000 habitants au début du XVIIIe siècle, à 4000 à la fin de ce dernier. Comme le contenant (c’est à la ville fortifié) ne peut plus accueillir le contenu (c’est à dire la population en augmentation constante) la ville commence à se développer et se construire extra-muros. Les faubourg de Belfort se dessinent donc à cette époque et sont encore visibles aujourd’hui de même qu’une partie des fortifications de Vauban. Très vite le développement de la ville extra-muros est pris en charge par les bourgeois de la ville qui décident de réglementer l’extension de la ville et de la contraindre selon certains axes majeurs (parmi eux le le faubourg de France, qui est en prolongation de la porte de France à l’Ouest) L’article d’urbanisme écrit par l’hôtel de ville de Belfort en avril 1749 , définit les grandes orientations et règles d’urbanismes qui s’appliqueront dans les faubourgs de Belfort. Par exemple , il est demandé que les maisons qui doivent composer le faubourg soient bâties au-delà du grand pont de la porte de France, sur les deux alignements marqués sur le plan. Les maisons donnant sur le faubourg doivent être uniformes, d’un étage seulement, entre le rez de chaussé et la mansarde, et les murs devront être en maçonnerie et d’une certaine épaisseur précise. Ces bâtiments doivent former une rue rectiligne et régulière de 9 toises ( soit 17,5 m) pour la rue de Besançon et de 7 toises (13,65m) pour la rue de Paris. La rue devra être pavée par ceux qui bâtiront sur la moitié de sa largeur. Un cadre juridique est mis en place afin de contrôler les projets de constructions dans le faubourg, tout projet doit faire l’objet d’un dépôt de plan à l’hôtel de ville afin d’être validé, si il est conforme au plan général établi. Voir en annexe le plan du Faubourg de l’ingénieur Baudoin de 1749.

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On voit donc se mettre en place à Belfort une forte envie de contrôler et de valoriser l’urbanisme qui jusqu’à Vauban était plus le résultat de constructions hasardeuses que celui d’une planification urbaine. Des règlements d’urbanismes très stricts se mettent en place, notamment : - le règlement pour l’exemption attaché aux maisons qui s’établissent dans la ville neuve - le texte concernant la couverture des toits , celui concernant les façades des maisons... Ainsi que de nombreuses réglementations qui sont formulées, relatives à la propreté et la salubrité publique ( interdiction pour les porcs de paître dans les rues, interdiction de jeter des immondices, réglementation des fumiers , bail de « nettoiement » de la ville. ) 3) Belfort à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. L’urbanisme de Belfort ne connaît pas de changements majeurs, pendant une grande partie du XIX e siècle. Le seul changement et grande innovation qui permettra à Belfort de mieux se connecter au territoire français est la mise en place d’une voie de chemin de fer et d’une gare (construite en 1858). La ligne de chemin de fer relie Belfort à Paris (via Vesoul) , à Lyon (via Besançon) et à Mulhouse. C’est à la fin de la guerre en 1870 que Belfort connaîtra une nouvelle vague de renouveau, suite à l’affluence importante de population alsacienne. Belfort va connaître un bouleversement urbain sans précédent, tant au niveau démographique, économique qu’au niveau spatial. Sur les plans réalisés en 1870 , on distingue nettement deux villes : la ville fortifiée au sein du pentagone et la ville basse constituée des Faubourgs et de la gare, séparée toutes deux par la rivière la Savoureuse, et des glacis. Sur les plans de 1889 et de 1894 on constate une densification des espaces hors des fortifications, principalement entre la voie ferrée et la Savoureuse, entérinée par l’arrivée des populations alsaciennes. Au delà de la voie ferrée les bâtiments construits sont d’ordre industriel. D’ailleurs la société alsacienne de construction mécanique s’installe à Belfort en 1880, en dehors des remparts, qui deviendra par la suite l’entreprise Alsthom et permettra l’enrichissement de Belfort et la transformation de sa population en une population essentiellement ouvrière qui persiste encore aujourd’hui. Belfort devient une ville frontière et le chef lieu du département du territoire de Belfort formé en 1871 ce qui va entraîner deux nouveaux changements urbains. Le système défensif est complété par des forts sur les collines entourant Belfort, ce qui fait que la distinction entre le bourg ancien et les faubourgs est encore plus marquée. La vieille ville, déjà très contrainte dès le milieu du 18e n’évolue pas en terme d’urbanisme et de construction car le tissu médiéval est déjà trop contraint et n’a pas de possibilité d’évolution à l’intérieur des remparts. Alors qu’en opposition, les Faubourgs ne cessent de se développer entre la Savoureuse et la ligne de chemin de fer et s’étalent en longueur. Ils commence petit à petit a encercler les fortifications. 3 faubourgs sont fortement marqués, distribuant la ville « nouvelle » à partir de la porte de France , et qui forment une patte d’oie à partir de cette dernière , le faubourg de Monbéliard , le faubourg de France et le faubourg des Vosges. On trouve également quelques constructions relatées sur un plan de 1910 de l’autre coté de la voie ferrée suivant deux avenues, le faubourg de Lyon et le faubourg des Vosges. Belfort devient peu à peu une ville industrielle ( industries mécaniques et textiles) et un centre administratif du fait de sa situation territoriale. Les grands traits de Belfort se dessinent à cette époque sous l’impulsion de l’immigration des populations alsaciennes, et resteront en place.

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Plan de 1910, de J-B Schmitt. On voit clairement apparaître sur ce plan deux centralités qui se créent. A l’est se trouve la ville historique, à l’intérieur des remparts, encore très fortement marquée au début du 20ème siècle. La voie ferrée forme une rupture urbaine, le long de laquelle se développe la ville industrielle. Elle suit un faubourg montant vers le nord, reliant le centre historique à l’usine : c’est le faubourg des Vosges. 7


II/ Belfort, ville industrielle 1/ les rapports usine/cité La formule « l'Alsthom c’est Belfort, et Belfort c’est l’Alsthom » est toujours d’usage courant. En effet, Belfort est une de ces villes dans lesquelles le couple usine et agglomération semble indissociable. Son évolution industrielle permet de comprendre son développement et réciproquement. Cependant contrairement à sa ville voisine Mulhouse, où c’est le dynamisme de la bourgeoisie qui a créé l’industrie, à Belfort l’usine s’est implantée, et a construit la ville, plus exactement le faubourg des Vosges et ses quartiers environnants. Les politiques urbaines de Belfort sont fortement liées à l’industrie ainsi qu’au paternalisme des grandes industries belfortaines (Alsthom, Bull). On parle généralement de l’usine au singulier car à l’échelle belfortaine, c’est l’Alsthom qui a eu le plus impacte sur la ville, même si on ne peut pas nier l’impact de Bull (autrefois D.M.C ) ainsi que de l’usine Peugeot, située à Sochaux qui est le deuxième employeur des belfortains. La question du logement est liée à la ville, mais ses besoins en qualité et quantité dépendent des besoins de l’usine pour sa main d’œuvre. Ainsi se développe dans la politique d’Alsthom une volonté d’offrir des logements décents et d’encadrer ses ouvriers afin d’éviter les révoltes populaires et obtenir de meilleurs résultats de travail. La ville se dote, en plus des logements, d’équipements sociaux, culturels, sportifs et administratifs au cours du temps. L’offre en logement et en équipement de Belfort est le reflet de la vie industrielle. Ce rapport entre usine et ville est encore d’actualité, visible notamment dans les mesures d’embellissement de la ville qui ont pour finalité de rendre la ville plus attractive pour une population active de jeunes cadres, ingénieurs et universitaires. 2/ Le plan d’extension et d’embellissement de Belfort En 1921, la ville réalise un plan d’extension et d’embellissement de Belfort, dessiné par Monsieur De Saint Maurice, architecte, dans le cadre de la loi Cornudet de 1919. La loi Cornudet est une des premières lois de planification urbaine, qui a pour objectif d’obliger les villes de plus de 10 000 habitants de se doter d’un plan de planification urbaine pour la reconstruction des villes . Elle vise notamment les villes du Nord et de l’Est dont Belfort. La planification se fait à l’échelle urbaine. Le plan associe grands tracés de voies et implantation de cités jardins résidentielles. Il vise à créer une structure urbaine capable de réconcilier plusieurs siècles d’urbanisme en un ensemble lisible. Le plan planifie sur la durée et cherche à anticiper les besoins en logements produits par le développement industriel. C’est également dans le cadre de cette législation qu’apparaît la planification de l’Esplanade et de son quartier environnant, dessiné sur ce plan d’extension et d’embellissement. L’esplanade devait pouvoir accueillir les fêtes et les manifestations, car Belfort manquait de lieux de rassemblement, et prendrait place sur l’espace laissé après la destruction du mur d’enceinte au nord. La réalisation de l’Esplanade faisait donc partie d’une volonté politique et urbanistique large et cohérente avec son développement industriel. Elle devait être conçue comme un lien et une transition entre la ville administrative, commerçante et bourgeoise et le Faubourg des Vosges ouvrier. Créant ainsi un nouveau centre pour la ville et pour toute les classes sociales. C’est pour cela qu’elle est bordé en 1927 par la maison du peuple, symbole des politiques sociales et industrielles de Belfort. De part et d’autre, une rangée d’immeuble monumental borde la place, réalisée à partir de 1929. Ces logements sont construits par l’office des HLM (organisme né en 1929 suite à la mutation des office de HBM). Le but premier de ces immeubles était de loger confortablement les officiers. La première tranche de ces immeuble de HLM est achevée en 1939. La construction de l’ensemble, quant à lui, sera suspendue et réellement achevée en 1952.

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Déjà mis à l’épreuve par la crise de la fin des années 1930, qui va freiner la mise en place du plan d’extension et d’embellissement de la ville, la deuxième guerre mondiale va provoquer son abandon. Cependant, les intentions urbaines prévues dans le plan d’extension et d’embellissement persiste même après la deuxième guerre mondiale car les visées du plan semblent très justes au regard du territoire. La ville était jusque là une multitude de quartiers juste acollés mais qui n’avait pas de réelle cohérence dans son ensemble. Suite à la réalisation de ce plan, on commence à élaborer une pensée stratégique de l’urbanisme, articulant forme urbaine d’ensemble avec l’échelle intermédiaire des cités-jardins. Un rôle central est donné aux espaces publics. 3/ Politiques de logement liées au développement industriel Belfort à la veille de la Révolution comprend 275 maisons et s’est largement développé dans ces Faubourgs. C'est dans le faubourg des Vosges que le lien indéniable entre développement du logement ouvrier et développement industriel se tisse. En effet, c’est pour loger les ouvriers des usines de DMC (puis Bull) et de la Société Alsacienne de Construction Mécanique (SACM qui deviendra l'Alsthom) qui s’implantent sur ce site en 1870, que le quartier du faubourg des Vosges naît. Son extension très rapide lui a valu un développement anarchique, sans plan d’urbanisme. Cependant des initiatives patronales cherchent à maîtriser ce territoire et contrôler l’offre en logement ouvrier. Ce qui va déboucher sur des politiques et des initiatives de constructions de cités ouvrières. Ainsi une partie des terrains acquis par la SCAM est réservée à l’édification de cités ouvrières dès 1881. Les premiers occupants de ces cités sont des Alsaciens arrivés à Belfort avec l’entreprise. Tout un quartier est bâti le long de l’Avenue des Vosges et plus généralement entre la place du marché et l’usine. Ces cités sont constituées de maisonnettes avec petit jardin. Les maisons sont conformes à des règles nouvelles de salubrité et d’aération de l’espace (aux idées hygiénistes qui se sont développées en France), et possèdent un accès à l’eau et des toilettes intérieures. La filiation avec les cités ouvrières mulhousiennes est évidente. Cette première tranche de cités sera très occupée par les ouvriers et abritera près de 800 personnes en 1910. Cependant, ne répondant plus aux objectifs de densification et de confort des années 60, ils seront détruits au profit d’immeubles collectifs. Une deuxième tranche de cité ouvrière «alsacienne» est entreprise entre 1921 et 1926 (encore utilisée aujourd’hui et très prisée suite à sa rénovation). Cette fois, ce sont des pavillons plus «luxueux» destinés aux cadres qui sont réalisés le long de la rue principale du quartier (l’Avenue d’Alsace). Cependant vu la demande croissante en logement amenée par la croissance de l’usine, les cités ouvrières du début du siècle se révèlent vite insuffisantes. La municipalité et le département soutenus par la SACM, contribuent à la création et au développement des HBM. De nombreux projets financés par l’usine et la collectivité publique, voit le jour dans ce cadre, à partir de 1920. C’est le cas pour le quartier Dardel, au nord de l’Alsthom, qui est complété en 1950 par 250 logements en immeubles collectifs . En …. , l’office HLM est créée et produit 797 logements en contrat avec l’usine et la SAFC. Le régime d’accession à la propriété amène le projet de quartier de la Méchelle, située de l’autre coté de la voie ferrée, qui forme une véritable rupture urbaine. Ce quartier est réalisé en 1953 sous l’impulsion de la Société Immobilière des Trois Chênes qui réalise 61 maisons individuelles et 2 immeubles collectifs. L’accession à ces logements est basée sur un principe de prêt bonifiés destinés aux ouvriers de l’usine. Par conséquent, un recensement effectué en 1987, indique que l’Alsthom est propriétaire de 941 logements directement (dont 703 appartements et 59 villas) et à aider au développement de plus d’un millier de logements. Ce développement urbain rapide suite au développement de l’usine est suivi par des mesures importantes de la municipalité en terme d’équipement dès la fin du XIXe siècle (création d’écoles primaires et secondaires en 1876 et 1982 ainsi qu’une École Normale d’Instituteurs en 1881, puis par la suite des écoles techniques et 9


d’apprentissage pour former de futurs ouvriers qualifiés à partir de 1907). Un point d’honneur est donné à l’éducation de la classe ouvrière dans une volonté paternaliste, par le bureau municipal de Belfort. M Strauss, ancien ministre de l’Hygiène a déclaré que Belfort se classait parmi les premières villes de France pour ses œuvres scolaires. La coopération entre municipalité et industrie va avoir une grande inertie en terme d’équipement urbain, et de production de logements pour la ville .En effet les besoins en main-d’œuvre qualifiée des industriels et les besoins sociaux des salariés ont produit la ville de Belfort et ses enjeux actuels. Le cadre administratif n’a cependant pas éliminé les contradictions entre les classes sociales mais à permis, grâce à l’encadrement paternaliste des ouvriers, a en enlevé une partie. 4/ Philosophie du bonheur ouvrier : les jardins et cités-jardins Ces mesures urbaines, nées du rapport entre ville et industrie, sont cependant à insérer dans un ensemble plus large couvrant tous les champs des besoins sociaux, ce qu’on appelle d’usage les «œuvres sociales». Les mesures prises par l’usine pour les ouvriers ne se résument pas à l’offre en logement et en infrastructure. Il en résulte toute les actions visant à offrir un meilleur cadre de vie pour les ouvriers. On peut citer dans cette démarche la création de jardins ouvriers, démarche découlant d’un «paternalisme éclairé» qui considère que l’ouvrier qui travaille la terre passe moins de temps dans les cafés et donc n'est pas amené à prendre part dans les révoltes et luttes ouvrières. La SACM incite alors dans cette veine à cultiver la terre. Cette initiative s’inscrit dans une pensée plus globale qui se développe à travers la cité jardin théorisée par Ebenezer Howard en 1898, qui met en avant l'idéal de vivre à l’air libre et plus proche de la nature, ce qui est en opposition avec la ville industrielle, et donc polluée. Ainsi se crée un paradoxe puisqu’on cherche à offrir, à travers les jardins ouvriers et les cités jardins, de la nature à des ouvriers qui passent la plupart de leur temps à l’usine. Ce qu’on cherche à leur proposer, c’est un échappatoire à la vie industrielle et un accès à ce qui est considéré comme un idéal de vie : avoir une maison et un bout de terre à cultiver, malgré les conditions de travail parfois difficiles. En 1920 , l’association des jardins ouvriers est créée et l’usine met en accessibilité des terrains cultivables pour les ouvriers. Il se développe, à travers ces actions sociales, une philosophie du bonheur ouvrier à travers le jardin et le logement, dans les années 1920. Elle devient un credo qui perdure dans les politiques de la ville et de l’industrie. Cette philosophie s’inspire en partie de celle des industriels mulhousiens, pionniers en la matière. Belfort voit naître dans ce contexte de nouveaux quartiers de maisons individuelles entourées de jardin sous l’impulsion de deux acteurs majeurs de Belfort, les députés radical-socialiste Edmond Miellet et Jean Baptiste Saget (Saget est entre autres à l’origine de la création de l’office départemental de HBM. Parmi ces quartiers d’habitations, on peut citer le quartier des Barres , la première cité jardin conçue par l’office d’ HBM à partir de 1922, les lotissements de l’Arsot, bâti en 1927, les cités jardins implantées sur le flanc sud de la butte de la Miotte, ou encore les cités-jardins de la Pépinière, construite de 1928 à 1939, le plus vaste quartier pavillonnaire de Belfort, qui , à cause de sa proximité avec la gare, sera en majorité détruit pendant la seconde guerre mondiale. Ces quartiers ont participé à l’extension urbaine de la cité car ils sont tous construits sur des terrains jusque là inexploités. Les habitations étaient construites selon un modèle standardisé constitué de deux maisons jumelées, mitoyennes. Le logement comprenait une entrée différenciée et possédait 3 à 5 pièces, et le tout-à l’égout. Ces logements étaient de grande qualité et sont toujours des pavillons appréciés aujourd’hui. Au total, le programme des cités-jardin a permis l’érection de plus de 1000 logements entre 1922 et 1930. Ces réalisations à loyers modérés, ont contribué à résoudre en très grande partie, le problème de logement ouvrier qui s’est posé avec le développement de l’usine, et ont donné à l’urbanisation de Belfort un de ses caractères les plus emblématiques.

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III/ Belfort, nouveaux enjeux urbains 1/ L’entassement urbain post deuxième guerre mondiale La première période de la reconstruction (1944-1955) ne transforme pas la structure globale du tissu urbain. Elle est surtout consacrée à la réparation des dommages de la guerre (comme la reconstruction du quartier de la Pépinière, et des abords de la voie ferrée, …). Les autres opérations urbaines s’inscrivent dans la suite du plan Saint-Maurice (construction de la deuxième tranche de logement de l’esplanade) et des petites constructions sont réalisées dans les interstices entre tissus sédimentaires des faubourgs et voie ferrée. Cependant la forte demande en logement au début des années 50 incite la ville à s’inscrire dans le courant de construction de ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité), c’est à dire la construction de beaucoup de logements, sur de nouveaux terrains dans les plus brefs délais. En effet malgré les efforts mis en place par la municipalité pour la reconstruction à la sortie de la guerre, le nombre de logement reste largement insuffisant, et de nombreux Belfortains attendent toujours de pouvoir quitter leur logement vétuste et insalubre. De plus, au-delà des destructions de la guerre, les années 50 sont marquées par une croissance démographique, de péri-urbains venu chercher du travail en ville, et de nombreuses naissances. Il s’ouvre alors à cette époque de grands chantiers d’habitat social, c’est l’aire des «grands ensembles belfortains» . Ces deux grands quartiers de grands ensembles, le quartier des Résidences et des Glacis, regroupent à eux deux près du tiers de la population de Belfort dans les années 80. C’est le début de l’entassement urbain à Belfort. On ne se rend alors pas compte à cette époque de ce que cela va engendrer par la suite. Les grands ensembles de Belfort n’échapperont pas à la crise française des grands ensembles et à la stigmatisation de ces derniers. En premier lieu sont construites les Résidences sur des terres agricoles réservées dans le plan d’embellissement de 1921 à une cité-jardin. On reprend le plan de Saint Maurice mais on en modifie la typologie de bâti. L’époque n’est plus à une philosophie du bonheur ouvrier et de la cité-jardin mais plutôt à une construction moderne et standardisée permettant d’offrir un logement confortable au maximum de personnes. Ainsi sort de terre, sur ce terrain vierge de toute construction, 50 immeubles, de 3 à 19 étages destinés à loger 12000 personnes. Fin 1963, la majorité des logements est construite, et en 1965, le boulevard de ceinture, repris du plan d’embellissement de 1921, sera terminé. Le quartier des Résidences est définitivement achevé en 1973, et se présente comme une ville à lui seul, car il comporte des groupes scolaires, des commerces, des équipements sportifs,… La population des Résidences est à ses débuts très diversifiée ( 44 % d’ouvriers, 40 % d’employés et de cadres moyens,...), et la vie culturelle et associative du quartier est très active. Mais cela ne dure qu’un temps, puisque dès les années 70, une grande partie de la population rêve de pavillonnaire et quitte les grands ensembles, qui ont produit une architecture peut appréciée, uniforme et dense. Les Résidences devient alors le lieu de concentration d’une population immigrée, auquel il faut ajouter son isolement géographique ainsi que les problèmes posés par le vieillissement rapide des immeubles, qui vont faire des résidences un quartier stigmatisé. Des opérations sont lancées dès les années 80 pour pallier à ces problèmes urbains, notamment par l’office d’HLM à la fin des années 80 qui lance une opération de réhabilitation, qui reste néanmoins peu concluante. De la même manière, est réalisé dans un deuxième temps, le quartier des Glacis, programmé dans les années 1950, et construit très rapidement entre 1968 et 1977. Sur les 1800 logements prévus, seuls 1000 logements sont construits en 1974. Il est selon Jean Louis Romain, sans doute le quartier le plus mal conçu et le moins vivable de la ville. Il était destiné à accueillir les familles modestes expulsées du centre (voir partie suivante) et combler le manque de logements qui n’avait pas pu être satisfait par la construction des Résidences. Au delà de la concentration de logements plus importantes qu’aux Résidences, ce qui manque cruellement ici ce sont les équipements, ce qui fait rapidement des Glacis une cité «dortoir» pas très bien vue et vécue. La fin de Belfort en temps que ville militaire se fait sentir. La reconquête et le rachat des terrains militaires et des casernes dont celle de Gérard et Bougenel signe la fin du rôle militaire historique de Belfort, qui est 11


devenu totalement une ville industrielle, à l’industrie en perpétuelle croissance. Par conséquent, la demande importante en main d’œuvre et en logement perdure. Sous les effets de la nouvelle politique urbaine, la procédure de ZUP est abandonnée au profit d’une procédure de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) caractéristique de la période suivante. Ainsi, le quartier Gerard et le quartier Bougenel naissent entre 1970 et 90 suite à une cession des terrains militaires inutilisés au ministère de l’Équipement et du Logement. Ils découlent de la création de ZAC visant à bâtir des terrains inexploités afin de répondre à la demande toujours croissante de logement. Ces quartiers et notamment celui de Bougenel souffrent de soucis de conception qui vont leur coûter une certaine stigmatisation qu’on leur connaît aujourd’hui. En effet le quartier de Bougenel s’organise autour de la place de Franche-Comté, qui est excentrée par rapport aux voies de passage ce qui en fait un lieu peu fréquenté et au lieu d’attirer du monde dans le quartier le replie sur lui-même. La grande uniformité du bâti a également conduit ce quartier ainsi que sa grande concentration de classe sociale défavorisée à moyenne l’a également conduit à devenir un quartier prioritaire pour la ville aujourd’hui. Ces quartiers avaient pour vocation de renforcer le rôle central de l’espace entre le faubourg de Montbéliard et celui des Vosges, mais le dessin des espaces trop centré sur les périmètres de chaque opération (périmètres de ZAC) n’a pas réellement réussi à renouer le tissage entre les nouveaux quartiers et les autres parties de la ville plus anciennes, comme la vieille ville et le centre ville commercial. 2/ la gentrification et privatisation du centre historique et commercial La ville est polarisé en 1870 suite à la construction de la gare. Deux centres d’influence se créent , le centre historique ,et à l’ouest, de l’autre coté de la rivière le centre Gare. Entre ces deux pôles d’influence se construit alors le centre commerçant de Belfort, constitué pendant de nombreuses années d’une seule rue très large tracée pour rejoindre le plus rapidement possible un centre de l’autre, le Faubourg de France. En 1981, suite à la constatation des problèmes que peuvent poser les voitures en ville (éveil des consciences à partir des années 50/60) le faubourg de France est rendu entièrement piéton, ce qui malgré la réticence première des commerçants a favorisé le développement de boutiques. Cette rue a changé de statut privatisant l’espace de circulation pour les achats piétons en boutique et a amené à un certain embourgeoisement du centre ville. Le centre commerçant de Belfort est l’endroit le plus attractif aujourd’hui pour les belfortains. Accolé au centre ville et à la place de la République (vue en première partie) , se trouve la vieille ville de Belfort. Elle s’articule majoritairement autour de la place d’Armes, place excentrée par rapport aux axes de circulation qui lui confère une atmosphère particulière et en a fait son charme. Son cachet touristique indéniable aujourd’hui est très récent et découle d’une politique de rénovation et de gentrification du centre. La vieille ville a été très endommagée pendant le siège de 1870 et laissée pendant une longue période à l’abandon. Dans les années 1950-60, ce quartier avait une très mauvaise réputation, il était devenu un endroit mal famé dans lequel avaient élu résidence les travailleurs immigrés d’Afrique du Nord et espagnols qui ne trouvaient pas d’autres logements décents. En 1955, à la suite d’écroulements d’immeubles, une grande partie des logements sont déclarés insalubres et une rénovation de ces bâtiments est entreprise en 1969. Cette rénovation portait sur la mise aux normes de plus de 700 logements, dans des bâtiments anciens qui devaient être préservés pour garder le cachet de la ville historique, reflet de l’urbanisation passée. Pour se faire, la population locale a été expropriée et à la suite de la rénovation la classe sociale de la population à radicalement changé. Le centre ville de Belfort est devenu le quartier des populations aisées, qui ont réinvesti la ville. On assiste donc dans les années 1980/90 à un phénomène de gentrification, qui suit un phénomène de mise en valeur du centre ville et une mise à l’écart des classes sociales défavorisées.

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Conclusion Belfort qui, à la veille de la révolution, renferme 275 maisons s’est largement développé dans ses Faubourgs. Elle est avant tout un lieu militaire, mais elle a également développé en même temps que son urbanisme des activités industrielles (Fourneau et Forges notamment dans les faubourgs), des activités commerciales (grâce notamment aux nouvelles voies de circulation vers Lyon et Paris). Elle ne fait cependant pas l’unanimité sur son caractère de place forte car pour beaucoup les fortifications de Vauban sont insuffisantes en cas de réel attaque. La ville va largement se développer sous l’impulsion du développement industriel. Tout au long du XXe siècle c’est grâce aux politiques de logement liées aux besoin de main-d’œuvre pour l’industrie que de nombreux nouveaux quartiers constitués essentiellement de cité jardin voient le jour. La ville n’a cessé de s’agrandir et de construire sur de nouveaux terrains notamment après la deuxième guerre mondiale. Cependant, Belfort n’a pas connu de fort étalement urbain comme de nombreuses grandes villes dans les années 70, dû à la rétrocession de plus de 30 hectares de terrains de l’Armée ainsi que le déclin de certain secteurs industriels qui a ouvert de nouveaux terrains dans la ville à l’urbanisation. Le développement urbain est donc endogène, il se fait sur lui même ce qui permet d’éviter un trop grand étalement urbain mais également de retisser de nouveaux liens entre les quartiers très différenciés qui se sont développés en «taches urbaines». Ce développement a, pour ne citer que lui, permis d’installer l’université en centre ville. Mais l’existence de ces sites interroge sur les problèmes généraux de la centralité et sont au cœur des projets d’urbanisme actuel tournés vers l’habitat comme vers l’entreprise. L’avenir de la ville de Belfort reste cependant incertain car les entreprises peinent à survivre et, comme nous avons pu le voir, si les liens entre Belfort et urbanisme sont si forts, la déprise industrielle aurait pour cause de remettre en question les deux derniers siècles d’urbanisme. La ville devra alors s’adapter et se réinventer afin de conserver son attractivité pour le travail. D’autres constatations ont pu être relevées dont le problème posé par les grands ensembles. Alors qu’aux Glacis comme dans d’autres quartiers une des solutions avancées serait de détruire, aux Résidences un projet de renouvellement urbain a été lancé. Il est, pour la municipalité, un atout considérable pour changer l'image du quartier. L'objectif de cet ambitieux projet est de préparer l'avenir et valoriser les atouts du plus grand quartier de Belfort. Il prévoit entre autres la rénovation de 528 logements, de l’ensemble scolaire et de la piscine municipale pour redynamiser le quartier. Concernant son centre historique, Belfort possède un patrimoine reconnu et classé qu’il est important de préserver et qui permet l’attractivité de Belfort. Malgré les problèmes de gentrification qu’a provoqué la rénovation, celle-ci a permis de rendre Belfort plus touristique et de revaloriser son image de ville «austère». Dans cette continuité d’idée, la ville a pris des couleurs ce qui la rend plus chaleureuse. Cette initiative revient à l’architecte municipal Robert Gironde qui lance en 1980 le début de la mise en couleur des façades qui se fera par petites touches jusqu’à nos jours. Cette initiative ne se contente pas des façades du centre ville mais également à celles des tours et des barres des cités HLM. Pour finir, un des derniers enjeux d’urbanisme contemporain auquel est confronté la ville, lié à la fois à la valorisation de son image mais aussi à son passé industriel, est de devenir une ville durable, plus verte. Depuis 2014, la Ville de Belfort est intervenue sur tout ce qui fait la qualité du cadre de vie: qualité des aménagements urbains, propreté, espaces verts et fleurissement, préservation de notre environnement… Ce qui était très important en 1920, avec les cités jardins qui créent un environnement paysagé agréable, a été mis à l’épreuve après la deuxième guerre mondiale. L’environnement est aujourd’hui au cœur de la plupart des projets urbains. Des questions touchant la conservation des ambiances paysagères dans les quartiers et l’amélioration des connexions entre espace résidentiel et espaces naturels de proximité se développent. Voici les enjeux d’urbanisme pour la ville de Belfort de demain, enjeux issus de son histoire militaire et industrielle qui a façonné la ville jusqu’ à aujourd’hui et qui va continuer à avoir des répercutions pendant de nombreuses années.

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Sources Livres et documents : ROMAIN Jean-Louis , Belfort, l’usine et la cité, Besançon, édition Cêtre, octobre 1993 Archives Départementales du Territoire de Belfort, L' évolution urbaine de Belfort du Moyen-âge au début du XXe siècle, par Christine Riffiod, Marie Antoinette Vacelet, Patrick Margueron , publié par les Archives du Territoire de Belfort, entre 1979 et 1983. Sources en ligne : Site de la bibliothèque municipale de Belfort [http://bm.mairie-belfort.fr/default/apres-1945-la-grandemutation.aspx?_lg=fr-FR# ] Site de la ville de Belfort [https://www.belfort.fr/ ] Images : Image 1 : plan issue du site de la BNF, https://gallica.bnf.fr/ Image 2 : plan issue du site de la bibliothèque municipale de Belfort , http://bm.mairie-belfort.fr/ Image 3 : plan provenant des Archives Départementales du Territoire de Belfort. Images de couverture : Photographies issues de la bibliothèque municipale de Belfort , http://bm.mairiebelfort.fr/

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