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la fôret amazonienne
L’impressionnant tapis vert, qui recouvre 90% de la surface de la Guyane, laisse libre court à l’imagination et participe grandement à l’image que l’on a du département. Elle regorge d’une multitudes d’espèces animales et d’une flore d’une richesse incroyable. Pourtant impénétrable par nous autres, simples visiteurs, la forêt amazonienne abrite depuis des siècles des peuples Amérindiens et Noirs Marrons en son cœur.
Jugée inhospitalière et cause de maladies par les colons, elle est évitée tout au long de la période coloniale et rentre dans l’imaginaire des guyanais comme un territoire inexploré. Les Amérindiens sont ses premiers habitants, s’y réfugiant pour éviter l’arrivée massive des européens et reculant de plus en plus en son cœur au fur et à mesure des années. Par la suite, les populations des Noirs Marrons, esclaves en fuite des plantations au Surinam, occuperont sa partie Ouest et y trouveront refuge. Son immensité leur permettra d’échapper aux chasses à l’homme des colons dirigées contre eux.
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Aujourd’hui encore, quelques groupes Amérindiens et Bushinenge, les descendants des Noirs Marrons, habitent la forêt amazonienne. Exclus de la dynamique qui s’empare de tout le pays, leur mode de vie et leurs traditions sont aujourd’hui menacés par la pression européenne et la mondialisation qui s’étend dans tout le département.
“Elle est objet de culte pour les Amérindiens, refuge dangereux pour les Bosh negroe, obstacle naturel à vaincre pour le colon, prison végétale impitoyable pour les bagnards, rêve mythique de fortune pour le chercheur d’or. Mais elle est un dénominateur commun en Guyane” 1
La forêt amazonienne est puissante et inspire grandeur et aventures Elle est la barrière naturelle rêvée pour la colonie, lorsqu’elle installe le bagne en Guyane au XIXème siècle. Tentés de s’enfuir, les bagnards seront vite rattrapés par l’obstacle que forme ce massif vert, imposant et surtout comparable à un véritable labyrinthe.
Enfin, le sol de la forêt recèle d’or. Découvert en 1854, sa présence entraîne, jusqu'à aujourd'hui encore, des recherches effrénées pour piller la forêt de son métal dorée. Elle est aussi une source de matériaux inestimable et procure depuis toujours à ses habitants un grand nombre d’essences d’arbres, que ces derniers ont appris à utiliser à leur avantage. On recense au sein de la forêt plus de 5500 espèces végétales, dont plus d’un millier d’arbres. 2
1 2 2007 3 MOUREN-LASCAUX Patrice, “La Guyane”, Edition Karthala 1990, p.91 Atlas Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane, “Atlas des paysages de Guyane”, VUE D’ICI & ARUAG,
Dans la forêt guyanaise les arbres poussent droits et élancés, ils atteignent des hauteurs qui varient de 45 à 50 m. Matériaux idéal pour la construction, le bois est aussi utilisé pour construire les pirogues, pour la décoration des maisons et pour des objets du quotidien. Ressource inestimable et en profusion, il est exploitable par tous et pour chacun. Malgré cela, la filière bois en Guyane reste trop peu existante, freinée par les difficultés rencontrées à la rationaliser et l’impossibilité du convoyage fluviale. La procédure obligatoire pour son exploitation, la protège mais ne facilite pas le développement d’une filière conséquente, pourtant indispensable à la Guyane
La forêt est aujourd’hui protégée par l’ONF, l’Organisme Nationale des Forêts, qui agit pour préserver cette ressource, précieuse et dont le renouvellement nécessite une certaine attention. Cet organisme veille à ce que la présence des guyanais en Amazonie ai un impact minimal, voir si possible, positif. Il se bat également pour que la matière première sortant de cette exploitation forestière soit dédiée exclusivement à la Guyane et au marché guyanais. Quelques entreprises possèdent le monopole sur ce marché et l’État finance de moins en moins l’ONF. De ce fait, il n’y a pas de mise en concurrence, le bois est de moins en moins accessible, que ce soit en terme de matière première ou économiquement parlant.
De ce déficit, des problèmes plutôt inquiétants apparaissent. La filière béton a pris de l’ampleur et règne aujourd’hui dans le domaine de la construction. Les constructions en bois se font de plus en plus rare et le paysage urbain perd de sa tradition.
“Le climat et les faibles densités humaines ont laissé libre court à une végétation remarquable dont le survol donne le sentiment, parfois tout à fait justifié, que l’on a affaire à l’une des rares régions du monde où l’on peut observer le moutonnement quasi infini formé par la cime colorée de magnifiques arbres, partis à la recherche du soleil” 4
La forêt alimente l’imaginaire commun et entretient les légendes et les mythes sur la Guyane. Seule une infime partie de son immensité est jusqu’aujourd’hui accessible et connue. Personne ne connaît réellement la forêt... Elle seule sait ce qu’elle renferme entre ses branchages et ses racines.
La forêt amazonienne en Guyane, Guyane, 1994 ©Paul Kali
“En pirogue sur le Maroni”, Guyane, 1985 ©Paul Kali