De la Morpho-Mimésis : Kesra El Olya, une architecture furtive

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Dédicace Je dédie ce travail à tous ceux qui me sont chers : A ma maman à qui je dois tant et tout, symbole de courage et de sacrifice, je souhaite que ce travail soit un témoignage de ma profonde affection et reconnaissance. A mon cher père pour son affection infini et son soutien incorporable, avec mes sentiments d’amour et de respect les plus chaleureux. A mes frères Karim et Samy, que j’aime. A ma grand mère Omi Saida, que Dieu la garde et la protège. A tous mes amis qui m’ont toujours encouragé, et qui je souhaite plus de succès. A tous ceux que j’aime.

Amira Ftaita


Remerciements «La valeur d’un homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir.» (Albert Einstein)

Mes remerciements s’adresse à : Mme Ferdaws BELCADHI la directrice de ce mémoire d’architecture pour la qualité de son encadrement, sa disponibilité, sa persévérance et ses précieux conseils et recommandations qui m’ont incité à donner le mieux de moi même. Mr Zouhaier ABBES mon co-directeur de mémoire pour sa disponibilité, sa générosité, son soutient moral et encouragement sans limite et qu’il puisse trouver dans ce mémoire une partie des efforts donnés. Tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce travail en particulier tous les enseignants qui ont participé à ma formation à l’ENAU, les gens qui m’ont fourni des informations ou des documentations, les habitants de Kesra El Olya pour leurs chaleureux accueil, ils m’ont reçu chez eux avec générosité et m’ont facilité la collecte de l’information.


Sommaire

I.

Avant-propos Introduction

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Etat de l’art

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Problématique

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Méthodologie

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Pour une approche sensible d’une architecture topique

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CHAPITRE 1 Présentation du modèle d’analyse de l’espace triptyque

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1- L’espace triptyque

17

2- Contexte spatio-temporel

21

3- Qualification des facteurs intervenants

24

CHAPITRE 2 Les villages Berbères : Un cadre d’analyse spatio-temporel du l’espace triptyque

II.

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1- Les villages berbères, un prototype d’application

27

2- Les villages berbères, une diversité d’expression

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A la recherche du génie dans le village berbère de Kesra el Olya

34

CHAPITRE 1 Lecture d’un corpus : Application du modèle

35

1- Milieu Naturel

36

2- Milieu Humain

45

3- Milieu Spirituel

48


CHAPITRE 2 Du territoire au lieu : Les modes d’interaction

III.

51

1- Mode d’occupation de l’espace

52

2- Mode de partition de l’espace

56

3- Mode de construction de l’espace

59

4- Mode d’expression de l’espace

64

De la consonance à la dissonance au village berbère de Kesra el Olya

69

CHAPITRE 1 Consonance à travers les traces matérielles

70

1- Échelle du territoire

72

2- Échelle du quartier

75

3- Échelle architecturale

78

4- Échelle de la cellule

83

CHAPITRE 2 Dissonance à Kesa el Olya

IV.

84

1- Un espace avatar

88

2- Une culture persistante

92

A la reconstitution de la modalité perdue

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CHAPITRE 1 Du désordre à l’ordre

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1- Mimésis

95

2- Camouflage

98

3- Furtivité

1 100

4- Tentative de récupération de la mémoire perdue

1 106

CHAPITRE 2 Régénération relationnelle au village de Kesra El Olya : Parcours d’échange, de rencontres et de découvertes

1 108


Avant-propos

«Par le sens du mystère, je comprends l’expérience de certains endroits et de certaines époques où toute la nature semble être en contact avec une présence, un génie, une puissance.» ( Richard Aldington, images of desire, 1919 )

Ce mémoire traite d’un sujet amorcé au cours de l’atelier thématique du premier semestre de 1

la 5eme année : Le Genius Loci ou encore le génie du lieu. Il s’intéresse à l’influence du lieu sur son architecture en imposant ses spécificités et cela en se référant aux « écoles régionales » dans leur préservation de ce génie par sa conceptualisation en éléments stimulants dans le processus de création de nouvelles idées. Il exige un travail in situ par rapport à un contexte spécifique et un état existant pour arriver à concevoir une architecture qui exprime la forme de son lieu et réalise sa matérialisation. Ici, l’architecture devient un processus configurateur de territoire. Pour cela, il s’agit de partir d’un lieu stimulant ou d’un territoire complexe de notre choix en l’abordant avec une dimension sensible et poétique. Observer ses principes imposants et ses interactions avec le contexte à travers une analyse objective et conceptuelle pour arriver à en extraire son génie traduit dans les potentiels de la situation repérée. Le village berbère de Kesra El olya constitue ainsi notre champs d’investigation.

1 Genius Loci : Est une notion développée par Christian Norberg-Schulz, devenue base de la phénoménologie de l’architecture qui étudie la relation entre les individus et l’environnement.

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Introduction Ce mémoire a pour objectif de mettre en évidence les effets de l’espace et des créations architecturales sur l’homme ainsi que l’influence de l’environnement sur ses processus de 1

production de ses espaces de vie. Cette question a été soulevée par Christian Norberg-Schulz dans ses ouvrages « Existence, Space and Architecture» en 1971 ainsi que « Système logique de l’architecture» en 1963. Dans ce cadre, notre choix s’est porté sur les villages berbères de crête. En effet, les villages berbères en Tunisie portent en eux un charme mystique et ceci a suscité l’intérêt de plusieurs architectes, chercheurs et étudiants. Kesra El Olya est un lieu qui nous transporte dans un même état d’esprit à chacune de nos visite. Ce village mystérieux qui nous renvoi à l’histoire de siècles vécus, a été objet de plusieurs mémoires d’architecture élaborés par d’anciens étudiants. Un état de l’art est donc nécessaire afin de déterminer de quelle manière ce lieu a été traité, de nous positionner par rapport aux réflexions menées et de projeter l’apport ajouté à ces recherches. En effet, les travaux élaborés ont traité le village selon trois thèmes principaux : Le développement durable pour sauvegarder le savoir-faire en vue de disparition, l’eau et son rapport à

l’architecture en vu d’une exploitation intelligente des

ressources naturelles, en plus de l’écotourisme afin de préserver un équilibre écologique du village. Nous constatons que ces thèmes ont privilégié essentiellement dans leurs études le cadre physique et naturel. Ils ont insisté sur l’intérêt du potentiel géologique et topographique du lieu. Cependant, nous nous plaçons ici dans une autre réflexion, qui consiste à aviser que ce village affleuré dans les hauteurs ne se réduit pas seulement à une conformation physique, mais qu’il existe un ensemble de paramètres, notamment culturels et spirituels qui se fusionnent pour devenir responsables de sa genèse, donnant un espace triptyque (Une œuvre finale produite par une interaction de trois composantes). 2

Ma vision qui découle d’ailleurs de celle de Lévi Strauss, entrevoie deux propositions : Premièrement, l’être humain fait partie intégrante de la nature, et il ne saurait en être dissocié que de façon artificielle ou illusoire. Deuxièmement, la diversité des cultures est à l’origine de toute création et de tout progrès. C’est précisément parce que l’être humain et son esprit font partie de l’esprit du lieu qu’ils peuvent le penser et le connaitre. Dans ce sens Lévi Strauss avance que : «L’esprit ne peut comprendre le monde que parce qu’il est un produit et une partie de ce monde» (1953,163) Ainsi le Locus est beaucoup de chose à la fois. Ce n’est plus un esprit, mais un ensemble de relations. 1 Christian Norberg-Schulz : Architecte, historien et théoricien de l’architecture parvenu à dégager une anthropologie sur le génie du lieu.

2 Lévi Strauss : Est un anthropologue français et l’une des figures fondatrices du structuralisme. Il a travaillé sur plusieurs thèmes notamment les rapports entre nature et culture.

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Etat de l’art Après avoir consulté tous les mémoires s’intéressant à Kesra El Olya, nous avons pu dégager les trois thèmes évoqués précédemment : 1- D’abord, un intérêt particulier est porté sur la thématique du développement durable. On retrouve l’idée que la fragilité du génie local assiste à une crise identitaire à cause d’une dégradation architecturale provoquée par une connaissance disparue. L’intention consistait à promouvoir et à sauvegarder un savoir-faire vernaculaire en créant une base solide dans une société autogérée et ce à travers un centre de revalorisation professionnelle des métiers anciens et un centre de formation professionnelle dédié à la pierre. 2- Ensuite une réflexion est orientée par rapport aux ressources naturelles notamment les ressources d’eau à Kesra, en tant qu’élément à fort potentiel mais resté détacher de son contexte bâti et donnant lieu à un patrimoine négligé à Kesra. Il était donc nécessaire pour eux de concevoir un projet reflétant les différents concepts de l’eau afin de créer une ville exemplaire à la protection des ressources d’eau et ce à travers un pavillon d’eau, un centre de détente et de cure thermale. 3- Enfin, une vision est soulevée par rapport à l’Écotourisme comme solution au problème de la mémoire disparue et du village au bord de l’abandon suite au manque des ressources financières. Pour cela, ils ont valorisé l’héritage menacé avec une intervention architecturale qui exploite les spécificités de la région par un centre culturel, un centre d’accueil de chasse et des loisirs de montagne et une structure d’accueil. Ces travaux ont su dégager les spécificités du lieu. Ils ont pris le choix d’aller dans une démarche prenant en considération plus le caractère naturel que le caractère culturel conformé par une relation entre homme et nature.

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Problématique L’implantation humaine est la concrétisation d’un lieu. Ce dernier devient l’expression de son existence à travers l’interaction de plusieurs paramètres. Ces paramètres résultent de l’espace

triptyque

qui

génère le fondement de l’architecture vernaculaire et

notamment des villages berbères. La fusion de ces paramètres donne naissance à un caractère particulier et spécifique à chaque lieu. Un caractère unique et généré sur mesure, permettant d’affirmer une singularité d’expression. A Kesra El Olya, cette signature prodigieuse résulte dans son architecture paradoxale à double face. L’envie d’être à la fois introverti et extraverti. D’une part, il s’agit d’un village déclaré avoir franchi le temps pour avouer être un gardien protecteur de ses premiers habitants berbères. Un refuge, couronné sur les hauteurs par nécessité profonde afin d’accueillir une tribu pleine d’audace et devenir leur forteresse de défense en temps de guerre. Un village qui cherche à exprimer une position de dominance par sa présence physique en liant des relations étroites avec le territoire. D’autre part, en le parcourant de l’intérieur et en étudiant son architecture à plusieurs échelles, on se rend compte que son coté défensif et sécuritaire ne l’a pas empêché d’exprimer sa culture et de la rendre apparente à travers des formes concrètes. Au contraire, son attitude d’inscription dans le territoire lui a permis de conserver son rapport avec le cosmos. Ce caractère spécifique à Kesra lui a assuré une consonance, facteur d’une persistance durable durant des siècles. Une consonance aujourd’hui en phase de dissonance provoquée par une anomalie générée par le temps, paramètre d’oubli et de perte à Kesra. Toutes les caractéristiques de l’espace et de la concrétisation du lieu sont aujourd’hui perdues. Elles se développent hors de son contexte d’une manière standard. Ce temps en quête de mondialisation, d’évolution et de réforme, refuse de loin cette signature singulière et authentique, produisant une architecture de laideur. Une architecture qui prétend être à l’air de son époque mais qui a éjecté son génie du lieu au risque d’engendrer une disparition.

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Dans ce cadre, on se demande comment une population ancienne a-t-elle formulé son espace triptyque pour arriver à produire une telle prouesse, et de quelle manière le territoire a servi pour composer un espace contextuel ? Comment peut-on faire de l’architecture un moyen de régénération relationnel et historique ? L’objectif étant de concevoir une architecture favorisant les interactions entre l’environnement et le village valorisant le Genius Loci, tout en facilitant les échanges, les rencontres et la découverte.

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Méthodologie Cette étude est fondée sur le modèle de l’espace triptyque, qui consiste à considérer que l’espace est formé de trois paramètres. Il est appliqué au village berbère de Kesra El Olya, afin d’affirmer l’hypothèse selon laquelle un lieu n’est pas une succession d’objets matériels mais aussi d’objets culturels et cela dans le but de dégager le génie maîtrisé qui identifie ce village en abordant son architecture phénoménologiquement par des perceptions sensibles et une analyse tant objective que subjective des situations. - La première partie expose une réflexion sur les paramètres responsables de la genèse de l’espace triptyque. Par une réflexion nourrie par des préceptes de la sémiotique, nous démontrons que tout village vernaculaire émane d’une conception qui fait interagir tous les paramètres du lieu. Cette conception exprime à la fois la spécificité et la singularité de chaque lieu et génère par la suite une diversité plurielle. - La deuxième partie examine le village de Kesra El Olya comme modèle d’application de l’espace triptyque pour arriver à traduire le génie de ce lieu et présenter ainsi sa consonance. Le premier chapitre présente une analyse objective qui étudie chacune de ses composantes suivie d’un examen de leurs interactions au niveau du deuxième chapitre. - La troisième partie démarre par un repérage de la consonance à travers une analyse menée à plusieurs échelles où on développe davantage la culture et son interaction avec l’espace pour passer ensuite à la détection de la dissonance présente aujourd’hui dans le village. - La dernière partie développe une approche conceptuelle du génie déterminé précédemment et cela à travers une étude de référenciation qui porte intérêt à des situations similaires à travers des analyses de cas où l’architecte se trouve dans des contextes sensibles avec l’obligation de récupérer la mémoire de l’état ancien. Ceci nous permet d’apporter une réponse architecturale à la problématique posée.

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Partie 1 Pour une approche sensible d’une architecture topique

1 Topique : Relatif à un lieu et à un endroit précis.

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1


Une architecture topique est une architecture relative à un lieu spécifique faisant d’elle un produit d’expression traité dans l’espace. Ainsi, nous intervenons moyennant une réflexion appuyée par certains architectes et philosophes dénonçant l’espace architectural non pas comme un objet physique mais comme un fait social contextualisé dans une culture le plaçant comme une masse homogène où toute action matérielle est provoquée par des réactions immatérielles. Norberg-Schulz L’espace est un objet d’interprétation, ce qu’on appelle «Signification architecturale». Il s’agit d’une pensée fondée par Schulz sur la base de la réflexion de Heidegger, là où il lie plus précisément, l’étude de la signification à l’étude de l’être et aborde la phénoménologie de l’architecture en s’intéressant à la1 dimension existentielle en relation au lieu. « Chaque être indépendant a son génie, son esprit gardien. Cet esprit donne vie à des peuples et à des lieux, il les accompagne de la naissance à la mort et détermine leur caractère ou leur essence» ( Genius Loci, 1981, 18) Levi Strauss Par cette pensée, je me dirige vers Levi Strauss qui rajoute le paramètre culturel et affirme que l’esprit humain et sa pensée font partie intégrante de la nature. C’est à travers son travail sur la parenté et sur les mythes qu’il arrive à mettre à jour des structures affirmant que la culture est base de toute diversité et de tout génie. « Les différences sont extrêmement fécondes, c’est seulement à travers la différence que le progrès s’est accompli» ( Myth and meaning, 1978, 16) Alvar Alto

1

Ainsi ceci m’oriente vers le grand architecte Alvar Alto qui se considère comme humaniste et dit « L’architecture doit être au service de l’homme». C’est pourquoi son intérêt est de construire pour le petit homme en le plaçant donc au centre de la conception architecturale. C’est ainsi qu’il arrive à une démarche poétique.

1 Alvar Alto : Est un architecte, dessinateur , urbaniste et designer Finlandais adepte du fonctionnalisme et de l’architecture organique.

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Chapitre 1

Présentation du modèle d’analyse de l’espace triptyque

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1- L’espace triptyque : 1

Hjelmistev présente l’espace comme une composition d’une figure existante qui est «la forme» dans laquelle correspond une substance qui lui impose une identité abstraite. Ainsi l’espace n’est plus une structure figée, car il se balance entre le monde matériel et le monde immatériel. De là, ce n’est plus une question de voir l’espace et de l’analyser, mais de le lire, le comprendre et percevoir son architecture. Donc, cette théorie nous conduit directement au processus du sémiose et à la rencontre d’ensembles signifiants avec des contenus de signification. L’une organise les expressions signifiantes ( forme ) et l’autre plus abstraite organise les contenus signifiés ( substance ). Cette réflexion nous pose directement dans l’univers de l’architecture vernaculaire pleine de sens, loin de se considérer comme une simple conformation physique. Une architecture qui différencie l’espace bâti à celle reconnue par l’usager.

1.1 Signe, signifiant et signifié : « Le sémiologue est celui qui voit du sens où les autres voient des choses » ( Umberto Eco, Le signe, 1988)

Plusieurs sont les théoriciens et les anthropologues qui assimilent l’espace architectural comme un signe. En effet, il s’agit d’une sphère aussi bien complexe que puissante. Il permet de percer les différents visages du cosmos. En effet, le signe est quelque chose qui renvoi à autre chose que lui-même, il prend une signification pour notifier une matière, pour établir du sens à une réalité. Cela avise que chaque forme porte en elle une raison de sa genèse, ce n’est pas une simple question d’esthétique. Le signe désigne le total, c’est une entité physique à deux faces : Il unit un concept et une image.

1 Hjelmistev : Est un linguiste Danois qui a prolongé les réflexions sur la sémiologie sur la base de Saussure.

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1

Le signifiant est une réalité physique, il s’agit d’une empreinte existante. Saussure énonce que nous sommes des héritiers d’un monde où tout est signifiant, et c’est ce qui a crée la signification, car c’est elle qui nous renvoie au signifié, à la réalité psychique, à cette représentation mentale de la chose, au message à tirer derrière ce qui est matériel. Et c’est l’espace qui traduit cette composition de signifiant et signifié à travers une finalité produite à partir d’un dénouement de paramètre vu et perçu. C’est par cette étude que nous sommes arrivés à assimiler une métaphore que l’espace est une composition d’espace triptyque : Une œuvre composée de trois parties.

« Ce n’est pas les formes physiques qui définissent un lieu mais c’est la forme socioculturelle qui domine » ( Amos Rapoport, Pour une anthropologie de la maison, 1972 )

L’hypothèse est de considérer que toute forme spatiale étant le résultat de l’interaction de l’homme avec son milieu naturel. L’espace n’est pas seulement, uneaddenda de paramètres dictant la genèse d’une forme spatiale mais il s’agit d’un ensemble de liens entre des lois naturelles et des codes culturels, produisant une architecture qui occupe la place qui lui convient et qui est conforme à son concept. « L’harmonie complète entre la chose, la forme et la place où se trouve cette forme non seulement 2

géographiquement, mais cosmiquement. » ( Hassan Fathy, Construire avec le peuple, 1969)

Figure 1 : Représentation de l’espace triptyque Source: Auteur

1 SAUSSURE : Un linguiste Suisse, reconnu comme fondateur du linguistique moderne et celui qui a établie les bases de la sémiologie. 2 Hassan Fathy : Architecte et auteur Égyptien de plusieurs ouvrages notamment « Construire avec le peuple »

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1.2 Genèse de la forme vernaculaire :

1

Une étude réalisée par Mr Ali Djerbi sur Djerba et son architecture, affirme que ce corpus vernaculaire et loin d’être une simple matérialité, mais plutôt une perception qui stimule un plaisir sensoriel dû à la symbiose présente entre le paramètre humain, naturel et spirituel. « [... ] Sa beauté consistant alors dans sa finalité même qui, affranchie de toute association directe avec l’organique, le spirituel, le symbolique, demeure une totalité close, faisant apparaître son but, sa destination à travers toutes ses fores et transformant en beauté, par la musique de leurs rapports, ce qu’elles ont de purement utilitaire » ( Ali Djerbi, 2011, p.12 )

Il rattache toute genèse de forme à l’homme qu’il l’a conçu. Pour lui, il s’agit de traces, d’évidence et de preuve de celui qui a occupé l’espace. C’est une manifestation symbolique

de

l’existence

humaine.

Il

abolit

l’idée

que

la

fragmentation,

l’articulation et la configuration des éléments constitutifs d’une forme, sont de simples données physiques. Ils sont surtout tributaires d’idéologie présente chez l’homme : Vouloir imprimer sa marque dans l’espace à travers des règles culturelles.

Figure 2 : L’architecture imprime la culture Source: Auteur

1 Ali DJERBI : Architecte auteur de l’architecture vernaculaire de Djerba : Pour une approche sémio-anthropologique.

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« L’architecture est à la fois matérielle et spirituelle que nous appréhendons à travers son expression sensible » ( Ali Djerbi, 2011, p.12 )

Ali Djerbi affirme qu’à Djerba la plupart des bâtiments, que ce soit des maisons, des mosquées ou des ateliers, ne sont pas seulement un ensemble de masses blanches inscrit dans un décor oasien. Ce sont plutôt des finalités faisant apparaître leur but à travers leurs formes concrétisées par l’homme, pour exprimer ses manifestations existentielles. Leur architecture dispose d’une variété de formes et de substances pour matérialiser l’expression de sa culture. Ainsi les us et les coutumes ritualisées sont traduits en objets concrets. L’entité sociale djarbienne a donné forme à son existence par un dispositif de signes et de symboles en forgeant un modèle structuré idéologique dicté par son fondement religieux devenu des normes de sa tradition et transformant toute composante formelle en un champ d’expression.

Figure3 : Forme exprimant une substance Source: L’architecture vernaculaire de Djerba

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1.3 Contexte spatio-temporel : Cette

formule

d’espace

triptyque

constituée

respectivement

de

trois

catégories

phénoménologiques relatives à l’environnement géographique, aux caractéristiques de la nature humaine et à la dimension spirituelle qui structure la pensée, n’est applicable que dans un cadre spatio-temporel bien précis.

1.3.1 Cadre spatial : « [... ] Les protagonistes de ce spectacle démontrent un talent admirable en adaptant leurs bâtiments à la nature environnante. Au lieu de tenter de conquérir la nature comme nous le faisons, ils acceptent les changements climatiques et le défi de la topographie. » ( Bernard Rudofsky, Architecture sans architecte, 1964 )

Bien que Ali Djerbi évoque cette tri-partialité dans son livre l’Architecture vernaculaire de 1

Djerba : Pour une approche sémio-anthropologique, Bernard Rudofsky l’oriente et l’expose pour les villages vernaculaires. En effet quand on dit vernaculaire, on désigne ce qui est propre au pays. Construire en cohérence avec un lieu géographique, c’est surtout porté une attention particulière aux caractères physiques d’un site.

Figure 4 : L’architecture vernaculaire en cohérence avec son espace Source: Auteur

1 Bernard Rudofsky : Architecte auteur Australien du livre architectre without architects.

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« [... ] Nous sommes en présence de formes et de configurations élémentaires de l’espace où les 5 éléments naturels, le minéral, le végétal, l’eau, l’air et la lumière convergent en symbiose pour concrétiser la matérialité de l’espace et signifier en même temps la présence d’une spiritualité incommensurable. » ( Ali Djerbi, 2011, 20 )

1.3.2 Cadre temporel : « L’architecture vernaculaire révèle ce qu’il y a d’essentiel à un moment donné de l’humanité » ( Bernard Rudofsky, Architecture sans architectes, 1964 )

Cette citation renvoie à la notion du temps. L’architecture vernaculaire répond aux besoins sociaux et culturels propre à une époque bien déterminée.

Figure 5 : Photographie de Matmata

Figure 6 : Plan aérien de Ghdemes

Source: Pinterest

Source: Pinterest

Les représentations graphiques rappellent un relevéaarchéologique figé. Les lieux de ces 1

architectures vernaculaires semblent presque fictifs, comme desamondes passés donc immobiles. 1 Fictif : Qui n’existe qu’en apparence.

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« Cette architecture exclu le particularisme et l’extravagance pour mettre en valeur la cohésion et la cohérence communautaire tellement nécessaire à la survie du groupe » ( Bernard Rudofsky, Architecture sans architectes, 1964 )

Il est normal que cette architecture paraisse comme étant une fraction d’une vie passée. Avant on construisait pour un groupe, pour une tribu. On construisait selon une vision commune. Ils sont tous concernés par les aspects de vie de la tribu, car ce qui commandait c’était la tradition. C’est la force de loi et tous la respectent d’un commun accord. Elle est acceptée et obéie. Elle émane une autorité collective qui sert de discipline. « On se réfère à une époque antérieur où tout était stable et organisé et toutes les maisons quasi identiques d’esprit » ( Hassan Fathy, Construire avec le peuple, 1969 )

Figure 7 :Des maisons quasi identiques d’esprit Source: Auteur

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1.4 Qualification des facteurs intervenants : 1

Amos Rapoport classifie l’espace triptyque en deux facteurs intervenants. L’espace vernaculaire reflète les conditions physiques propre à son environnement ainsi que les attitudes culturelles, ce qui offre une large variété de solutions aux besoins fondamentaux de la conception de la maison.

Facteurs

Facteurs

déterminants

Modifiants

1.4.1 Facteurs déterminants ( socio-culturels ) : Chaque société opère un choix spécifique quant aux normes et aux formes de ses institutions. Elle interprète de manière culturelle ses besoins fondamentaux tels que la nécessité de s’abriter, de se nourrir ou d’avoir des relations sociales. Elle donne sa propre définition du temps, de la pauvreté, de l’intimité, du niveau toléré et définit le statue de la femme et des enfants, tout cela correspond aux formes d’habitations. Ces facteurs sont essentiellement : L’origine ethnique, caractère physique, spiritualité, structure sociale et le niveau technologique.

Figure 8 : Normes socioculturelles Source: Auteur

1 Amos Rapoport : Anthropologue et chercheur sur le rôle et l’influence de la culture sur la genèse de la maison. Son livre s’appelle: Pour une anthropologie de la maison.

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« Ce qui décide finalement de la forme d’une habitation et modèle les espaces et leurs relations, c’est la vision qu’un peuple à de la vie idéale » ( Amos Rapoport, Pour une anthropologie de la maison, 1972 )

A.Rapoport ne sous-estime pas l’importance des facteurs climatiques et techniques. Ce sont des données qui modifient la forme et ne la déterminent pas.

1.4.2 Facteurs modifiants ( La nature physique du site ) : La genèse des villages vernaculaires se base toujours sur l’idée de l’harmonie avec la nature plutôt que de conflit et de conquête. Cette attitude génère du respect et un hommage pour le site. Les constructions se fondent dans le paysage et expriment l’attitude de respect par le choix, des matériaux et des formes. La nature prépare le site et l’homme l’organise de manière à satisfaire ses désirs et ses besoins. Ce qui permet de modifier un environnement sont : La situation, la géomorphologie, le climat, la faune et la flore et les ressources naturelles.

« L’importance du site est prouvée par l’attachement presque mystique des civilisations primitives et même paysannes à la terre, attachement dont témoignent les précautions avec lesquelles on traite la terre et avec lesquelles on y place les maisons » ( Enrico Guidoni, Architecture primitive, 1975 )

L’emplacement géographique offre des possibilités et non des impératifs. Il revient à l’homme de déterminer le mode de vie ou l’habitat et non seulement au site ou au climat. Les maisons ne sont pas le résultat de forces physiques, d’autant plus que les formes changent souvent dans des régions où les aspects physiques n’ont pas changé.

Conclusion Pour conclure, chaque village vernaculaire est doté de son ADN qui l’identifie en tant que tel et qui le singularise à un autre, pour au final arriver à avoir une multitude d’expressions aussi riche les unes que les autres.

Figure 9 : Chaque village comporte un ADN Source: Pinterest

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CHAPITRE 2 Les villages berbères : Un modèle didactique

Figure 10 : Zriba El Olya Source: Pinterest + travail personnel

Figure 11 :Takrouna Source: Pinterest + travail personnel

Figure 12 : Kesra El Olya

Source: Auteur

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1- Les villages berbères, un prototype d’application : Notre réflexion d’espace triptyque se focalise sur les villages berbères. Les pays du grand Maghreb offrent un très bel exemple de cette architecture en symbiose aussi bien avec leur milieu qu’avec l’être qui les a conçu. Faite de Ksour (villages fortifiés) et de Casbah, qui ont trop longtemps été délaissées et peu considérées.

« A l’instant où l’espace est occupé, il cesse d’être une étendue pour devenir lieu » ( Jean Louis Guigou, Ces territoires qui se dessinent, 2002 )

Figure 13 : Plusieurs prototypes de maisons Source: Maisons Tunisiennes 1

Les villages berbères ne sont pas simplement une succession d’espaces physiques différents par leurs caractéristiques naturelles, mais ils sont une suite de lieux que les habitants ont conformé selon leur convenance. Une convenance diverse suivant leurs modes de vie, ce qui a contribué à une apparition de plusieurs types d’habitat preuve de cette relation d’espace triptyque qui a abouti à une finalité, toute aussi évidente que surprenante. Ces maisons organisées différemment d’un lieu à un autre justifiées par le relief, la géomorphologie, le climat et surtout la défense. 1 Maisons Tunisiennes : Ouvrage de Claude et jean Perron traitant l’architecture rurale de Tunisie.

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1.1 Présentation des villages berbères : La genèse des villages berbères n’était pas simplement pour un but de s’installer mais plutôt une obligation pour des raisons de survie. C’est une population qui cherche à s’échapper du massacre en se réfugiant dans les hauts plateaux, loin des cotes qui présentent un danger. Il s’agit d’une forme de résistance.

Figure 14 : Carte géographique montrant l’emplacement des Berbères au X siècle Source: Google + travail personnel

Ils se sont toujours installés dans des endroits très difficiles d’accès mais appropriés et choisis pour leur défense. Ces lieux représentent un obstacle naturel à la pénétration des ennemies.

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Figure 15 : Carte géologique montrant les différentes altitudes Source: Google + travail personnel


1.2 Les villages berbères en Tunisie : Les villages berbères en Tunisie sont classés en deux grandes catégories : Des villages implantés au sud du pays et d’autres implantés sur les crêtes.

Villages de montagne

Villages sahariens

Figure 16 : Cartes de tout les villages berbères de Tunisie Source: Google + travail personnel

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2- Les villages berbères, une diversité d’expression : Cette combinaison de facteurs intervenants développe dans ces villages des similitudes et des différences. Suite à l’application de la formule de l’espace triptyque sur trois villages sahariens, on peut conclure que l’aspect défensif est omniprésent et reste le facteur fondamental et la raison principale de l’occupation du village.

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2.1 Les villages Sahariens : Par contre, c’est le paramètre naturel qui se charge de la diversité des matériaux de construction et du mode d’implantation par rapport à la nature de la roche. Le Djebel a varié de composition ( roche dur, roche sableuse...) ce qui a entraîné une différenciation sur l’attitude entreprise (excavation, fouille, extraction...)

31


Par rapport aux trois villages de crête zriba, takrouna et jradou, ce n’est pas la composition du djebel qui a entraîné la diversité car ils présentent tous des montagnes rocheuses mais c’est sa forme qui impose de multiples modes d’implantations.

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2.2 Les villages de montagne :

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Partie 2 A la recherche du gÊnie dans le village Berbère de Kesra el Olya

34


CHAPITRE 1 Lecture d’un corpus : Application du modèle

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1 Milieu Naturel

Figure 41 :Territoire Source: Auteur

Le paramètre naturel désigne la notion de territoire avec sa connotation physique.

1.1 Situation géographique : Dans les montagnes du haut-tell, le village est perché à 1100m d’altitude, au bord d’une montagne appelée ‘’Djebel Kesra’’. Bien qu’à ce moment nous nous trouvons à Kesra Jdida, un accès obligatoire, nous sentons déjà l’âme d’un village numide constitué par des habitations fortifiées. Une trace si présente et distinctive de nos ancêtres les berbères.

Figure 43 : Position de Kesra

Source: Auteur

Figure 42 : Kesra au nord-Ouest de la Tunisie Source: Google

Figure 44 : Djebel Kesra à 1100 m d’altitude 36

Source: Auteur


Figure 45 : Plan de situation de Kesra el Olya et son accès par rapport à Kesra Jdida Source: Auteur

Ce village aux couleurs ocre et doré, contraste avec les champs verts et garde encore les traces de civilisation antérieure tels que les Autochtones, les carthaginois, les romains, les byzantins et les arabes. Il a porté plusieurs noms durant des siècles qui décrivaient son histoire et sa morphologie.

Figure 46 : Coupe schématique du plateau de Kesra Source: Auteur

LA CHUSIRA : Le nom de la fille du roi sassanide, qui était atteinte d’une maladie pulmonaire, elle fut conseillée de suivre une cure dans une région où l’air et l’eau seraient sains et abondants. HAMMADAT EL KISSERA : Par rapport au plateau énorme de la table de calcaire. KESRA : Ça veut dire galette. Il s’applique au plateau et au village qui le flanque.

Kesra El alya Le village Berbère

Kesra Jdida Le nouveau village

Plaines Figure 47 : Coupe sur Djebel Kesra Source: Auteur

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1.2 Géomorphologie :

« Imaginez par la pensée la coupure d’un plateau de 500 à 600m de développement ayant la forme d’un arc de cercle taillé à pic. Ces rochers forment des séries de gradins qui descendent 1

jusqu’à la vallée » (J.Montels, 1889, 2)

Kesra fait partie du haut-tell de Tunisie; région au sol rocheux. Un rocher taillé naturellement donnant l’impression d’une œuvre humaine. Particulièrement à travers des gradins sculptés d’une hauteur de 20m, prêt à accueillir des maisonnettes collées les unes aux autres comme les pièces de puzzle. Il s’agit d’une attitude adoptait envers ce site par une population qui cherche un moyen de s’y installer.

Figure 48 : Coupe sur le plateau de Kesra Source: Auteur

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1 Jule Montels : Un voyageur qui a visité Kesra et auteur du livre Exursion el Tunisie


Figure 49 : Coupes présentant une fente dans le rocher

Source: Auteur

Ce rocher représente la peau du site et se distinct par sa cohérence et son harmonie. A travers lui, on sent la grandeur et la fortune de la nature. Bien que ce rocher forme une alliance et une chaine bien continue, il nous transporte dans son univers en ouvrant des unités de passage entre ses interstices. Elles prennent un enchaînement précis et permettent de diriger les pas du visiteur.

1.3 Climat : Le climat continental est l’un des traits qui marque le plus Kesra. On y trouve donc des températures extrêmes avec un vent soufflant de la partie haute du rocher après avoir franchie des montagnes aux sommets enneigés. L’ingéniosité d’implantation utilise ce rocher comme écran protecteur. Les sinuosités du terrain permettent une atténuation considérable du vent.

Figure 50 : Coupe du rocher protecteur contre le vent Source: Auteur

39


1.4 Faune et Flore : 1.4.1 Flore:

De part sa sa situation géographique, sa structure géologique et son climat, un

Kesra

écosystème

présente

typique.

Elle

Plaines

prend soin d’un paysage distinct à double textures et instaure un cycle de vie entre un caractère rocheux et un autre très fertile.

Rocher

Ce contraste qu’offre ce village entre ces deux mondes impose un équilibre atteint depuis des siècles,

Relief

qui est si parfait, qu’il donne l’illusion d’une image édénique.

Figure 51 : Différentes calques du paysage de Kesra Source: Auteur

« Sur ces gradins où des siècles ont accumulé la terre végétale, s’étalent des jardinets microscopiques »(Jules Montels, 1889, 7) Au cours de notre visite, au plus près de ce rocher dégageant une impression de robustesse, il était possible d’apercevoir quelques lueurs de vies accrochées entre ses fissures. Des plantes sauvages y poussent et

forment

des

minis

jardinets

superposés. Encore un pas en avant et les odeurs du thym, de lavande et de romarin faisait sentir.

Figure 52 : Plantes sauvages Source: Auteur

40


De l’autre côté, on distingue des terres agricoles sur les plateformes les plus basses du village. Des oliviers, des figuiers et des céréales. Ces terres ont donné des productions singulières à la région. L’autre avantage de ces arbres et de ces forêts est qu’ils jouent le rôle d’une couverture végétale enveloppant une partie du rocher pour le dissimuler des regards.

Céréales Figuiers Plantes irriguées Oliviers

Figure 53 : Forêt présentant un obstacle visuel Source: Auteur

1.4.2 Faune: « Lorsque le dernier animal disparaîtra, l’homme mourra de chagrin » ( citation inconnu ) Les animaux font partie intégrante du paysage à Kesra, On y retrouve principalement des animaux domestiques qui prennent une place centrale auprès des habitants. Ils leurs servent de réserve nutritive ou les accompagnent et les aident à assumer les différentes tâches nécessaires à leur existence. La relation étroite avec l’animal émane du lien spirituel qui leur lie avec lui et que nous qualifions de relation symbiotique.

41 Figure 54 : Relation entre l’homme et l’animal Source: Auteur


1.5 Les ressources naturelles : « L’eau sort de tous cotés par les interstices du rocher et se glissant sur les surfaces planes des gradins, elle y forment des bassins toujours alimentés » (Jules Montels, 1889, 7)

L’eau est omniprésente à Kesra. Le bruit de son écoullement joue une symphonie. L’eau de source et l’eau de pluie ne partagent pas le même point de départ mais partagent une destination commune. Figure 55 : Calque de l’eau Source: Auteur

1.5.1 Eau de pluie: « Contempler l’eau, c’est s’écouler, c’est se dissoudre, c’est mourir » (G.Bachelard, 1942) Ce village connait des mises en scènes réalisées grâce à l’eau de pluie. Elle se forme sur la haute plateforme et s’écoule au travers de cette table de rocher de 20m formant ainsi l’un des plus beau spectacle naturel en se transformant en cascades d’eau. Celle-ci se dissimule par la suite en se déversant de gradin à gradin pour animer l’espace et le rendre dynamique et meurt à la fin pour imposer son devenir à tout le paysage en irriguant les champs.

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Figure 56 : Parcours de l’eau de pluie Source: Auteur


1.5.2 Eau de source:

Figure 57 : Parcours de l’eau de source Source: Auteur

A kesra l’eau impose son rythme. Sa résonance varie en fonction de la situation. A la placette, on parle d’eau pleine d’énergie ou violente avec la présence de trois points de source qui se calment à mi-chemin pour devenir muette à la fin en partant chercher la mort : Union de l’eau et de la terre. (voir figure 57) « L’eau prend la forme des récipient dans laquelle elle est placée, et la couleur des lieux qu’elle traverse » (G.Bachelard, 1942) L’eau de source est captée, guidée, contrôlée et entretenue à travers des réalisations. Une quête d’élément insaisissable. C’est ainsi qu’elle prend une forme géométrique à travers les bassins. (voir figure 58 et 59)

Figure 58 : Les bassins de Kesra

Source: Auteur

43 Figure 59 : Parcours de l’eau sous la terre

Source: Auteur


Synthèse : Kesra el Olya est un village doté d’un potentiel naturel riche, combinant ainsi trois critères essentiels : la protection (offerte grâce à ces tables de rocher), la terre fertile et l’eau. Cette composition d’élément a formé un paysage d’une extrême unicité. Par suite, les hommes qui l’ont habité ont su décorer ses signes pour tirer parti de ses potentialités. Elle est devenue le lieu idéal pour s’installer à l’abri des regards tout en gardant son autonomie.

44 Figure 60 : Le territoire idéal pour s’installer Source: Auteur


2 Milieu Humain :

Figure 61 : Cadre de vie social Source: Auteur

Lorsque le paramètre humain s’ajoute au paramètre naturel, on parle donc d’étude de cadre de vie social. Les traces relatives aux interventions de l’homme observaient à Kesra, remontent essentiellement à 23 siècles auparavant : ce village fût occupé par les berbères. Leurs traces matérielles ayant traversé le temps nous ont donné la preuve de l’existence d’une population qui a honoré ses terres. Ainsi, nous procéderons à une analyse des données caractéristiques de ces indigènes afin de comprendre leur histoire culturelle et le rôle que joue cette culture dans le fondement et l’apparition du génie du lieu de Kesra.

45


2.1 Origine ethnique : Les Berbères ne se désignent pas par le nom Berbère mais plutôt par Amazigh et se distinguent par des dénominations diverses.

Amazigh = Homme Libre

Figure 62 : Image d’une Berbère Source: Le guide de la culture berbère

L’étude des origines se distingue en deux catégories : Les origines légendaires : Depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, des récits circulaient parmis les savants et les mythographes. Pour Ibn Khaldoun, les Berbères sont les enfants de Canaan fils du Cham, fils de Noé, leur aïeul se nommait Mazigh.

Les origines anthropologiques : Les Berbères sont les enfants de l’homme Machta el Arbi apparu au Maghreb à partir de 10 000 ans avant J-C et de l’homme Capsien venu au Maghreb en 800 avant J.-C. Selon les ethnologues, les œuvres d’art Capsiennes sont à l’origine de l’art Berbère avec une parenté dans les décors.

2.2 Structure sociale : La structure sociale du village berbère de Kesra est basée sur des groupements familiaux et la préservation de leur race devient le code d’honneur qui les lies. Ainsi, pour arriver à se protéger, ils préfèrent vivre en groupe en partageant un environnement commun.

Figure 63 : Groupe et non individus Source: Auteur

Chaque famille constitue une fraction. Celle-ci apparait comme l’unité sociale la plus étroite qui puisse se concevoir dans un système où tous les groupes sont conçus sur le modèle de groupement familial.

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Chaque cellule est une fraction Figure 64 : La tructure Sociale est un système tissé à base d’unités liées pour créer un tissu Source: Pinterest La famille étendue est la cellule de base de la société berbère traditionnelle. Elle réunit dans la même maison plusieurs générations et plusieurs ménages. Ces maisons sont regroupées autour d’une cour commune et continuent à vivre sous l’autorité d’un doyen, qui régit leur vie économique et sociale. Ici, l’obéissance fait partie des valeurs de base. Doyen de la famille

1 Houch = 3 dars Figure 65 : Trois familles partagent le même Houch Source: Auteur

2.3 Niveau technologique : Le niveau technologique des habitants de Kesra est issu du patrimoine traditionnel immatériel qui a conservé tous ses aspects originaux jusqu’à nos jours. Il s’agit d’un système de savoir-faire destiné spécialement à la femme. Pour les berbères, la charpente de la société est structurée autour d’elle. C’est le support sur lequel repose toute la vie économique. Pendant que les hommes travaillent les champs, la femme est matrice de leur culture : elle s’investit dans des activités valorisant les ressources locales et les arts culturels tels que le tissage, Halfa, les bijoux, etc.

Figure 66 : La femme berbère productrice de sa culture Source: Auteur

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3 Milieu Spirituel : LIEU Une combinaison de paramètres naturels, sociaux et spirituels donne naissance à un lieu. En effet, la dimension symbolique est très vivace chez les Kesarois et imprègne une grande partie de leur quotidien et des rites collectifs. « La seule possibilité de donner un sens à son existence, c’est d’élever sa relation naturelle avec le monde à la hauteur d’une relation spirituelle » (A.Schweitzer, The philosophy of civilization, 1923)

3.1 Les religions Berbères : Le paganisme Les berbères avaient une religion fondée sur le culte des forces de la nature telle que l’eau sous toutes ses manifestations (pluie, source, rivière,etc) et les montagnes. Ils sacralisaient leur environnement tels des divinités que l’on vénère. En effet, à Kesra, même si les religions ont évolué on devine encore la force de la nature qui imprègne les habitants et ce, surtout à l’endroit où rocher et eau se combinent ce qui la rend très symbolique pour ses habitants. (Grande placette) Figure 67 : Plan de la Placette Source: Auteur

L’Islam Aujourd’hui, les berbères de Kesra sont tous musulmans et croient en un Dieu unique. Ils sont très attachés à la religion islamique et cela est visible par les nombreux marabouts existant dans le village l’entourant de tous les côtés, formant ainsi un cercle de protection spirituel.

Figure 68 : Plan de situation ech 1/20000 Source: Auteur

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Figure 69 : Cérémonie de sacrifice Source: Auteur

3.2 Les rites et cérémonies agraires: Depuis longtemps, les berbères étaient des paysans, l’agriculture occupe une place importante pour leur subsistance. C’est pourquoi, des fêtes et des cérémonies sont organisées pour des occasions et selon chaque cycle: labours et moissons. Afin d’obtenir des récoltes abondantes, des sacrifices sont parfois réaliser. « Quand le sang a coulé, le malheur est passé» ( Citation inconnue ) Ces dernier se font essentiellement sur le rocher. Une superstition prétendait que c’est en absorbant le sang que le sacrifice serait accepté et la bénédiction serait établie.

3.4 Tatouage et symbole: Le tatouage traditionnel berbère est un phénomène social qui faisait partie intégrante des coutumes et des traditions de Kesra. Il rythmait la vie des individus et commémorait les épisodes importants de la vie des hommes et des femmes et de leur communauté. Le tatouage ancrait les croyances et les rites du passé dans leur quotidien. Il indiquait aussi leur appartenance à un village défini et leurs origines. C’est une marque de distinction.

Figure 70 : Le tatouage chez les femmes berbères Source: Auteur

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Synthèse :

Figure 71 : Structure social à Kesra el Olya Source: Auteur

Figure 73 : Djebel Kesra Source: Auteur

Figure 74 : Structure des rochers Source: Auteur

Figure 72 : Religion fondé sur la force de la nature Source: Auteur

L’étude de l’espace triptyque de Kesra el olya laisse penser que l’environnement physique fournit des possibilités et des limites. Cette société berbère porteuse d’une tradition et d’une éthique, respecte la nature et l’environnement. Un respect qui a incité à ne rien changer mais à se noyer dedans tel un caméléon formant le génie de ce paysage où l’homme ne peut s’extraire de la nature qui l’entoure. Un génie résultant de l’opération des facteurs déterminants et modifiants qui se combinent.

Figure 75: Ils se sont noyer dans le paysage Source: Auteur

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Figure 76 : Fusion des paramètres résultant une consonance Source: Auteur


CHAPITRE 2 Du territoire au lieu : Les modes d’interaction

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Introduction Dans ce chapitre, nous allons voir que l’alliance de l’espace triptyque stipule une manière d’exploiter et de sculpter ce territoire afin d’arriver à une configuration spatiale qui révèle une intention.

1 Les Modes d’occupation de l’espace : Kesra a cessé d’être une suite d’espaces physiques, pour devenir une suite de lieux que les habitants ont conformé selon leurs convenances. Elle révèle la relation des hommes avec la nature à travers son mode d’occupation. En effet l’homme s’exprime à travers la nature ; Elle est son langage. Notre étude se concentre sur les berbères et leurs manières de manier l’espace. Nous nous focalisons donc sur l’ancien noyau du village, qui ressemble de loin à une forteresse mais qui de près s’avère bien plus que cela.

Figure 77 : Plan de situation de Kesra El Olya 52

Source: Auteur


Figure 78 : Plan du parcours à Kesra Source: Auteur

Afin de bien montrer et illustrer nos constatations, des justifications sont révélées à travers un parcours débutant de notre point d’arrivée avec des points d’arrêts distinctifs. La balade commence entre les interstices du rocher qui représentent une limite concrète des deux côtés. Nous avons l’impression de pénétrer dans des fissures énormes, séparant le village en plusieurs parties. Ici le rocher joue un rôle d’orientation ; Suivre simplement son cheminement permet de se retrouver. A l’arrivé à la grande placette, l’ancien noyau apparait percher sur le sommet et semble être en lutte avec la nature. Un duel avec le rocher qui a créé la beauté du lieu. Il a su devenir ami avec l’environnement et cela ne semble tenir du hasard. Dès lors le rocher est passé de contrainte à qualité. Il est devenu pour ses habitants un moyen de protection : Enceinte du village.

Figure 79 : Passage entre les fissures du rocher Source: Auteur

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« L’endroit est au centre de la scène et l’architecture à l’arrière plan. » ( Bernard Dort, Le lieu de la représentation, 1979) Ceci est bien mis en évidence tant par son rapport d’échelle que à celle de l’échelle humaine.

Figure 80 : Échelle humaine Vs Échelle du rocher Source: Auteur

Figure 81 : Un sentiment d’être à l’extérieur du village alors que nous sommes à l’intérieur Source: Auteur

L’implantation des habitations suivent les lignes directrices du terrain en s’accrochant aux gradins. Elle forme alors des maisons étagées, protégées chacune par sa propre table de rocher.

Figure 82 : Des maisons étagées Source: Auteur

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Figure 83: Village en forteresse Source: Auteur


Figure 84 : Plan du parcours à Kesra Source: Auteur

En continuant notre parcours, nous pouvons voir de près les composantes du village et la manière avec laquelle les berbères se sont incrustés dans le rocher. Ils n’ont pas cherché à modifier le milieu, ils ont plutôt habité le paysage en se métamorphosant avec, tel un Caméléon en se noyant dans la masse. Ce village a été bâti selon leur quotidienneté. Chaque ligne exprime l’être qui l’a fait. Comme dit Raverau «C’est un habit sur mesure». Le rocher a pris soin de devenir le bouclier protecteur des demeures, devenu ainsi la texture du village. Il camoufle tellement bien les habitations qu’il est difficile de reconnaitre l’élément primaire du site, la maison ou le rocher.

Figure 85 : Roche = Texture Source: Auteur

D’autre part, cette ingéniosité apparait dans la manière de prouver cette métamorphose en utilisant la pierre comme socle de la maison, de façon à tailler une partie du rocher pour pouvoir débuter sa construction. L’effet de Caméléon se dévoile dans le micro détail par les plantes sauvages qui ne se limitent pas à pousser entre les interstices du rocher mais arrivent même aux habitations, ainsi on ne distingue plus les frontières.

Figure 86 : Roche = Bouclier Source: Auteur

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Figure 87 : Plan du parcours à Kesra Source: Auteur

2 Mode de partition de l’espace : «

L’homme découpe le continuum de la substance spatiale et lui donne forme en

l’organisant » (Sébastien BAUDOIN, 2009, 5 ) Une répartition spatiale est un signifié. C’est-à-dire qu’il est le résultat d’une cohérence de l’unité de pensée de la société berbère. La genèse d’une forme spatiale renvoie à un code socio-culturel. A Kesra,

l’étude de l’ancien noyau montre une organisation sociale

intimiste.

Notre balade au centre du noyau montre la relation existante entre toutes ces habitations. Nous avons vu une connexion formant un réseau unifié, qui risque en perdant l’une de ses composantes à corrompre un enchaînement exprimant leurs êtres. Un enchaînement démonstratif permettant de décrypter leur formation.

Noyau familial = Fraction Figure 88 : Ensemble de fraction rythmée

Source: Auteur

Ainsi tout démarre de plusieurs noyaux familiaux qui partagent un rythme, une surface et une hiérarchie. Toutes ces fractions se rassemblent jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de discerner leurs limites. Seul un tracé extérieur se dégage formant ainsi une masse qui va se juxtaposer à d’autres masses pour finalement former la Dachra de Kesra. Une masse

Cohésion des masses

Lésion des fractions Dachra

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Figure 89 :Mode de configuration de la Dachra Source: Auteur


Cette connectivité ne peut pas être interrompue. Même pas par la nature du relief sur lequel ils se sont intégrés. Une masse doit toujours exister et garder son alliance même sur deux strates différentes. Ainsi, elle se réparti sur plusieurs niveaux formant des étagés.

Figure 90 : Une masse sur deux strates différentes

Source: Auteur

Figure 91 : Plan de répartition des quartiers à Kesra ech: 1/ 5000 Source: Auteur

Bien que la Dachra garde son aspect uni, elle présente une répartition. Elle n’est apparente qu’à travers les yeux de ses habitants. La répartition des quartiers suit les strates du site qui n’obeit pas à d’ordre ethnique, familiale ou patriarcale. Chaque habitant forge l’image qu’il a de son quartier selon un repère ou un indice marqué par la nature qui devient la direction à suivre.

Figure 92 : Coupe sur les strates de Kesra présentant les quartiers Source: Auteur

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A notre visite, nous avons sillonné à travers plusieurs ruelles dans lesquelles nous ressentions l’espace devenir intime au fur et à mesure que nous nous y enfoncions. La sensation d’être observée, particulièrement dans les ruelles les plus étroites, nous rendent mal alaise. D’où en établissant une étude des interstices, nous nous sommes rendue compte que les ruelles sont sélectives. Elles se répartissent en espace publique, semi-publique ou privée et cela par la largeur qui devient de plus en plus restreinte.

Figure 93 : Ruelles sélectives Source: Auteur

L’ancien noyau s’articule autour des chemins labyrinthiques qui peuvent paraître inquiétants pour l’étranger. Il préfère repasser par un lieu public ayant une vue dégagée contrairement à l’habitant qui est familiarisé à ces ruelles étroites.

Parcours visiteur

Parcours habitant

Figure 94 : Différents parcours Source: Auteur

58 Figure 95 : Sentiment d’être sous observation

Source: Auteur


3 Mode de construction de l’espace :

Le mode de construction révèle des matériaux faisant partie des ressources potentielles du territoire qui s’adaptent au contexte. Chaque habitation est une association de paramètres : Naturel, social et symbolique. L’acte de bâtir à Kesra est loin d’être un acte machinal: C’est une action dimensionnelle. Selon plusieurs enquêtes réalisées sur place, la construction commence par une pratique très spécifique avant la pose de la 1ere pierre sur le sol. Dhbihet el aatba consiste à faire un sacrifice permettant l’écoulement du sang à l’endroit exacte du futur seuil d’entrée. C’est un rituel pour la bénédiction et contre le mauvais œil guaratissant la stabilité spirituelle intérieure de la construction.

Figure 96: Dhbihet el aatba Source: Auteur

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Figure 97 : Image sur une ouverture Source: Auteur

3.1 Toiture et ouverture : La toiture est une combinaison parfaite de plusieurs couches la rendant spécifique dans son village. Elle reflète l’image d’une architecture ancestrale, notamment par ses troncs d’arbres de sapin jouant le rôle d’une dalle et qui doivent nécessairement dépasser le mur de 50 cm. Des troncs coupés et taillés à la main, recouverte par une couche de Frech qui se fusionne et se solidifie avec la Tourbe du dessus : Une terre extraite des fouilles en rigole. Acrotère Tourbe Frech

Koussa

Ouverture

Figure 98 : Coupe sur Houch Source: Auteur

Les ouvertures n’ont rien d’ordinaire. Elles sont toutes surmontées d’une branche d’arbre d’olivier appelé Koussa. Elle porte une fonction esthétique originale à la façade de l’habitation mais elle est surtout utilisée pour jouer le rôle structurant du mur comme un linteau.

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Figure 99 : Image sur une toiture un Sabat Source: Auteur


Les murs de Kesra sont très particuliers. Ils sont constitués de pierres extraitent du rocher, censée participer au pouvoir de la montagne. Ils sont variés et expriment une habilité et une maitrise profonde du savoir faire-local. Un savoir-faire qui s’est perpétué durant des siècles pour devenir une esthétique tectonique renvoyant à une vraie leçon de stabilité. Observer les façades de près, croiser quelques murs en état de ruine ne peuvent qu’accroître notre curiosité vis-à-vis de cette technicité. Le mur est une structure porteuse qui est représentée par différentes couches superposées. L’agrégat est la première technique de formation. Elle est souvent posée comme assise d’inauguration pour compléter le soubassement réalisé avec le Frech. Par-dessus, les pierres sèches y sont posées et forment plusieurs rangées présentant à l’intérieur des pierres de liaison. Pour finir, une seconde couche d’agrégat est rajoutée permettant la liaison avec le Frech de la couverture.

Figure 100 : Mur comme tectonique expressive Source: Auteur

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Figure 101 : Image sur un mur en pierre sèche

Source: Auteur

3.2 Mur de pierre sèche: La maçonnerie de pierre sèche est l’une des techniques existantes à Kesra qui donne son caractère particulier. Il s’agit d’un assemblage de blocs de pierres taillés à la force des mains en plusieurs rangées selon l’épaisseur du mur. Ce dernier varie entre 0.6 m et 1m sans l’ajout de mortier à liant ou moellon entre les interstices. Leur taillage se fait selon une géométrie rectangulaire avec une particularité qui consiste à couper les assises horizontales par la pose verticales : C’est la construction en harpe.

ech: 1/10000

Figure 102 : Houch Haj Dey construit en pierre sèche Source: Auteur

Un mur de pierre sèche doit toujours comporter des pierres de liaison qui possèdent un rôle structurant: C’est un stabilisateur. C’est une longue pierre qui s’enfonce dans l’épaisseur du mur. Ainsi, elle recouvre les pierres de construction en les solidarisant les unes aux autres sous l’effet de son poids. Elles permettent de créer un lien entre les deux parements du mur afin d’assurer une cohésion interne. Elles peuvent aussi servir comme pierre d’angle pour permettre la continuité avec l’autre face du mur.

En face

En Coupe

En dessus Figure 103 : Constitution du mur en pierre sèche Source: Auteur

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4 Pierre de liaison 1 Pierre de fondation 2 Pierre de construction 5 Pierre de couverture 3 Pierre de remplissage


Figure 104 : Image sur un mur en moellon Source: Auteur

3.3 Mur de moellon: Le second système constructif de Kesra est le mur porteur de moellon. Constitué de petites pierres de construction, elles sont jointes par un enduit de liant. Le mur commence avec une base de 0.7 m d’épaisseur lorsqu’il prend assise sur le terrain. Il s’amincit en s’élevant pour atteindre une épaisseur de 0.4 m.

ech: 1/10000 En face

En Coupe

En dessus

Figure 105 : Différentes vues d’un mur en moellon Source: Auteur

Les moellons sont empilés pour avoir le moins d’espace possible. On y rajoute des éclats de roche non traité : Cailloux ou rejets de taille qu’on appelle Fourrage afin de coller les blocs entre eux. Pour un bon aspect esthétique des parements, les parties les plus régulières et plates des blocs sont mis à l’extérieur des murs.

Figure 106 :Houch en ruine en pierre avec moellon Source: Auteur

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4 Mode d’expression de l’espace : En dépassant leamonde nouménal, l’expression nous introduit dans le mondeaphénoménal en manifestant l’ordre de la pensée par la perception. A ce stade le signe devient le véhicule d’information qui manifeste un système de la pensée d’une société donnée. Pour arriver à décrypter ce système idéologique, il faut d’abord s’orienter vers une observation des composantes d’expressions matérialisées comme des modèles de paradigmes. « C’est à travers le mode d’expression que nous pouvons percevoir la synthèse que réalise une communauté dans la matérialisation de sa culture» ( Ali Djerbi, 2011, 131 ) La collectivité berbère de Kesra a forgé un modèle intimement lié à son environnement naturel et structuré par un système dicté par ses valeurs et ses mœurs. Ainsi elle est arrivée à exprimer les principes de sa pensée lui dictant la nature de son comportement à travers des composantes formelles perceptibles dans l’espace architectural.

4.1 Expression du contrôle : Tout l’espace conçu à Kesra exprime une vérité visible manifestant un sentiment de prise de contrôle de tout l’environnement avoisinant. Un sentiment de dominance, de force et d’emprise sur un territoire en risque d’irruption donnant ainsi un système de configuration extrêmement réfléchi qui découle d’une loi morale. Une loi de prudence, de prévoyance et de réserve appliquée à l’ensemble du comportement social. Ceci est prononcé à travers la structure du noyau ancien qui, par sa cohésion, donne des façades urbaines continues. Ces dernières bloquent toutes les vues à l’intérieur de la Dachra, mais offrent quelque fois des dents creuses jouant le rôle de percée. Elles permettent de diriger la vision vers des endroits spécifiques du paysage de Kesra. Il s’agit d’un système de maitrise établie ayant un but défensif.

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Figure 107 : Façade urbaine présentant des percées Source: Auteur


Figure 108 : Façade d’une maison

Source: Auteur

4.2 Expression de la modestie : Dans le but de maintenir la cohésion du groupe, les habitants évitent toute forme de disparité sociale. Ainsi aucun signe de richesse n’est exposé de l’extérieur. L’expression de l’art architectural est loin d’être prestigieuse ou impose un décor somptueux. Elle n’utilise pas de matériaux noble tels que le marbre, la pierre de taille ou encore la céramique. Elle n’exprime ni la puissance des réalisations antiques, ni la hardiesse des cathédrales médiévales. Pour finir, cette architecture est à la recherche de simplicité, de sobriété et de modestie. Le berbère ôte toute extravagance et rejoint le coté humble et naturel. C’est un homme qui a simplifié les objets et non pas les idées. « On n’applique pas les règles du Parthénon à une maison d’homme simple» ( André Raverau, 2003, 54 ) Les façades principales des maisons sont la preuve de cette éthique omniprésente dans cette société grâce à une morale préexistante donnant une architecture adaptée à leurs besoins.

Figure 109 : Expression de la façade Source: Auteur

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Les modes d’interactions produit de l’espace triptyque assignent à l’espace un caractère typique qui se résume en génie du lieu. Ce caractère s’est avéré être la manière dont les berbères de Kesra El Olya se sont inscrit dans le territoire afin de lui doter une vocation défensive en établissant une forteresse avec une allure dominante. Ce génie porte trois attitudes particulières : Le Mimésis, le camouflage et la furtivité.

66 Figure 110: Attitudes adoptées Source: Auteur


Ils constituent dans notre cas d’étude un rapport relationnel avec le paysage. Ceci va être l’objet d’une étude explicative dans la quatrième partie du rapport. Ils représentent le meilleur moyen de s’inscrire dans un site en gardant une position de résistance et de faire de Kesra un lieu d’appartenance pour ses habitants. Cette synthèse est un résumé d’application de ces attitudes pour chaque mode d’interaction.

67


Kesra est une trace matérielle qui atteste des volumes où l’homme les a construit pour une occasion afin de répondre à un besoin. Le besoin d’abriter une tribu et de créer une citadelle protectrice en temps de guerre. Il s’agit d’une inscription spatio-temporelle. La mimésis qui consiste à tisser une connexion relationnelle avec le territoire, le camouflage qui se sert du contexte environnant pour se dissimuler et enfin, la furtivité qui intéragie avec le milieu dans un but d’intégration tout en préservant sa discrétion. Ce sont les concepts adoptés. Ils proviennent d’un sentiment partagé et d’un comportement menant les berbères à s’éloigner des autres pour être près des leurs, produisant une architecture qui ne cherche pas la grandeur, l’impressionnant où le théâtrale. Un village loin d’être conçu comme un spectacle, mais comme une forteresse. Des concepts inscrits dans un processus d’échange avec le territoire manifestant des procédés de défense remarquables en utilisant l’environnement comme atout.

Figure 111 : Les concepts de la forteresse établis à Kesra Source: Auteur

L’homme de cette société, conduit par sa sagesse de survie a réussi à créer le sublime et l’idéal. Sa morale basée sur la modestie et la discrétion, a permi à leur architecture de s’effacer tout en gardant sa présence physique.

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Partie 3 De la consonance à la dissonance au village berbère de Kesra El Olya

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CHAPITRE 1 Consonance à travers les traces matérielles

«Ils étaient toute une bande, une fine équipe. Ils se connaissaient. Il avaient, déteignant les uns aux autres, des habitudes communes, des goûts, des souvenirs communs. Ils avaient leurs vocabulaires, leurs signes. Trop évolués pour se rassembler parfaitement mais sans doute, pas encore assez pour ne pas s’imiter plus ou moins consciemment» ( George Perec, les choses, 1965 )

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Nous avons souligné dans le chapitre précédant que Kesra El Olya adopte des stratégies de dissimulation et profite de l’environnement naturel comme potentialité pour forger une carapace de défense. Ceci dit, le village présente aussi une autre caractéristique qui n’est visible qu’une fois à l’intérieur de son noyau authentique et mettant son génie du lieu en paradoxe : A l’extérieur il est introverti par son coté forteresse et protecteur. Tandis qu’au centre du noyau et avec la présence de l’homme, Kesra se transforme en espace extraverti. Un espace où la culture s’exprime par la beauté d’une société qui reflète le témoignage d’une culture perpétuellement vivante tant que le facteur humain reste présent sur ses terres.

Figure : La culture est exprimée à travers l’homme en relation avec son espace Source: Auteur

Dans ce chapitre nous démontrons l’autre caractéristique de ce lieu et cela par la méditation au fondement du rapport de l’homme avec son environnement. Il représente les signes faisant de Kesra el Olya un village en consonance et persistante durant des siècles. 1

Une lecture de proxémie permet une observation de l’homme faisant de l’espace un produit culturel spécifique. Cette lecture aborde différentes échelles et différentes configurations architecturales.

1 Proxémie: L’étude des distances sociales avec l’espace introduite par l’anthropologue américain Edward T. Hall.

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1 Échelle du territoire : L’étude du territoire est perçue à travers le paysage qui englobe toutes les composantes. Pour arriver à une volonté de savoir, il faut d’abord l’étudier, l’analyser et comprendre comment ce territoire a été adapté au mode de vie des habitants pour que l’espace est arrivé à mettre en scène son ergonomie. Observer

Remarquer

Analyser

Figure 112 : Phases d’étude d’un territoire Source: Auteur

La placette semble être l’endroit idéal pour une étude de proxémie. Elle représente le cœur battant du village profitant de la richesse du paysage pour modéliser plusieurs scénographies. Une diversité repérée suite à un ‘‘Brain storming’’ est classée en deux catégories : Un paysage naturel et un paysage humain en œuvre pour mettre en scène la beauté d’une culture en interaction avec la nature.

Rocher

Cascades d’eau

Visiteurs

Collines

Village

Végétations Habitants Sources d’eau

Figure 113 : Vue sur la grande placette Source: Auteur

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La nature a toujours été une source d’attraction notamment dans cette placette où l’eau est devenue un élément intrigant. Son mouvement perpétuel permet de dynamiser l’espace poussant les visiteurs à manifester plusieurs comportements: Chercher les sources, découvrir les cascades, suivre le parcours de l’eau dans les bassins... Poussant ainsi les gens à utiliser l’espace. Réellement l’eau œuvre sur les fantaisies de l’imagination et permet en quelque sorte de rendre visite à l’inconscient. Sa dimension spirituelle lui procure un caractère sacré à travers son aptitude à soigner le corps et l’âme : Eau médicinales, eau diluviales... D’où l’intérêt porté à la placette est devenu une scène de spectacle réactive.

L’homme et l’espce intéragissent

Figure 114 : Les différentes scénarios d’un visiteur Source: Auteur

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Cette scène de spectacle fait participer les habitants à cette scénographie à travers le dialogue silencieux des corps qui permettent l’expression d’être ensemble: - Les femmes d’habitude confinées dans la maison, se procurent une occasion de sortir et de se retrouver en s’approvisionnant en eau au près des sources. - Elles partagent des tâches communes (laver la laine, les tapis... dans les bassins). Ce sont des actes de cohérence et de partage. La placette n’est autre qu’un lieu de rencontre, un lieu où la culture apparait à travers la présence de l’habitant.

Partage d’activités en collectivité

La source devenue un lieu de distraction

Les bassins représentent un loisir pour les enfants

Un lieu de repos pour les homme après le travail

Figure 115 : Les différents scénarios d’un habitant Source: Auteur

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2 Échelle du quartier : L’habitat est regroupé en plusieurs masses qui forment la Dachra et se définissent ainsi par la projection spatiale de l’unité sociologique, toujours liée par des rapports de voisinage, d’entraide et de sang. «La combinaison entre modèle résidentiels et organisation territoriale renvoie au système des relations de parenté et d’alliance, ainsi qu’aux règles de coopération dans le travail. Plus généralement, le procès d’occupation humaine du territoire et les types d’utilisation de ressources actualisant ce procès mettant en évidence la forme d’ensemble des rapports sociaux telle qu’elle transparaît à travers les modes d’appropriation collective de ces ressources» ( André Bourgeot )

En effet la population berbère partage le même train de vie, les mêmes morales, les mêmes valeurs et mœurs. Tout est dérivé de l’unicité, du partage et de l’entraide. Cela explique la raison pour laquelle chaque noyau familial occupe une entité spatiale reliée à sa pair. La structure des quartiers est un reflet apparent de la cohésion sociale. Une affinité qui va permettre une dynamique des relations sociales.

Figure 116 : Constitution du quartier Source: Auteur

Ruelles Dans les quartiers de ce village, les ruelles sont des extensions de chez soi. Elles font parties de la maison et se définissent par un caractère semi-public. C’est le lieu de communion, là où les sentiments de joie et de douleur sont partagés. L’appropriation des interstices a mené à la création d’espaces de vie sociale qui fait de l’architecture à la fois un produit et un instrument de cohésion.

Figure 117 : Appropriation d’un fragment de quartier Source: Auteur

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Cette appropriation est répartie dans le temps chez la société berbère. Tandis que les hommes partent de bon matin aux champs avoisinants, les femmes, elles, se retrouvent dans les ruelles considérées comme des espaces annexes à leurs maisons. Ainsi, elles partagent ensemble des travaux domestiques tout en restant proche de leurs habitations. Une fois le soleil couché, une mutation de l’espace s’opére pour que les hommes et les enfants deviennent les seuls occupants de ces ruelles.

La journée

Figure 118 : Appropriation des placettes par les femmes Source: Auteur

L’après midi

Figure 119 : Appropriation des placettes par les hommes et les enfants Source: Auteur

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Figure 120 : Espace de vie social Source: Auteur


Escaliers Les escaliers sont considérés comme des ruelles de part l’implantation de ce village sur du terrain très accidenté. Elles permettent l’acheminement d’un plateau à un autre afin d’accéder aux différents quartiers. Elles n’échappent pas à la règle de l’appropriation surtout qu’elles offrent une vue dégagée sur le paysage environnant se transformant ainsi en des stations prêtent à accueillir des spectacles naturels. Par le fait qu’elles soient l’unique accès, elles deviennent des points de vente où l’habitant le plus proche réserve sa place et l’aménage avec un stand. A l’exemple de l’escalier rajouté par les français Draj El Ain.

Figure 121 : Appropriation des escaliers

Source: Auteur

Placettes Les placettes sont multiples dans la Dachra. Elles permettent à cette structure de respirer tout en offrant à ses habitants un espace où la tradition et la culture apparaissent et jouent un rôle majeur dans son expression à travers l’architecture. Ces placettes sont réellement des lieux de production où la femme berbère produit sa Oula d’huile d’Olive grâce à des moulins traditionnels en pierres « Guergeba»

Figure 122 : Placettes comme lieu de production Source: Auteur

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3 Échelle architecturale : L’architecture de Kesra est composée principalement d’habitations et de quelques monuments de culte tels que les mausolées et les cimetières. Les espaces relatifs aux activités productives ne sont presque pas existants. Le tissage, la poterie et tout artefacts existent dans des ateliers rattachés au houch de chaque maison où la femme y est la principale productrice. Quelques décennies en arrière des équipements culturels commencent à apparaître dans le village. Ils restent insuffisant pour une population qui souffre sur le plan économique. Elle se trouve dépendante du nouveau village Kesra Jdida où l’infrastructure économique et sociale est plus developpée.

Figure 123 : Différents équipement existants à Kesra Source: Auteur

3-1 Les habitations Il existe plusieurs modèles d’habitation qui se multiplient dans le village. Ainsi on retrouve des maisons à un étage renfermant principalement le noyau d’habitation. Des maisons à deux étages constituent la majorité des cas. Cela dépend de la constitution de la famille dans le houch ou des espaces réservés à la récolte. C’est pourquoi ces maisons sont qualifiées d’espace évolutif.

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Le houch est considéré comme le fragment essentiel de l’ensemble de la structure spatiale. Il constitut une entité complexe qui reflète le système relationnel de la famille de Kesra et traduit la synthèse de son mode de vie, qui cherche à s’adapter continuellement à son environnement. Celui-ci apporte une organisation spatiale qui semble répondre à des fonctions techniques et spirituelles pour ses habitants. Au fil du temps ces réponses sont devenues une dimension culturelle. Ainsi nous pourrons examiner cette architecture à travers les codes relatifs aux spécificités socioculturelles déjà identifiés dans les chapitres précédants.

Houch Ben Trouba Les houchs de Kesra obéissent à des impératifs liés à la famille et à l’activité économique de ses membres. Des impératifs traduits par la montée en étage sur des terrains accidentés. Houch Ben Trouba

est composé

de deux

étages. Son plan nous révèle la présence d’un certain nombre de sous espaces particuliers, déterminés pour chaque catégorie d’activité

Figure 124 : Façade Sud-Ouest

Source: Auteur

nécessaire à cette vie de groupe.

Le RDC ou encore «Rwa» s’organise au tour d’une cour couverte de dalle en Oued et reposant sur des colonnes. Il s’agit du premiers espace qui abrite la porte d’entrée servant d’écurie et de cuisine, abritant les bestiaux et aménagée par des «Ahwadh» (pour la nourriture des bestiaux). La cour n’obéit pas aux lois de la centralité. Elle épouse généralement la forme du terrain d’implantation. Deux autres pièces employées pour le stockage du foin et de la Oula ne dépassant pas la largeur de 2,5 m.

1 Cour

2 Stockage du foin

3 Stockage Oula Figure 125 : Plan RDC

Source: Maison traditionnelle + travail personnel

Figure 126 : Image sur la cour Source: Auteur

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L’étage réservé à l’hébergement familial est accessible par un escalier en pierre qui amène vers deux chambres s’ouvrant sur un patio à étage assurant l’aération et la fraicheur. Chacune héberge une famille représentant une sous entité de la famille patriarcale.

Figure 127 : Coupe Source: Maison traditionnelle + travail personnel

4 Patio

5 Gouja

6 Chambres

Figure 128 : Plan Étage

Source: Maison traditionnelle + travail personnel

Houch Haj Dey Contrairement à la précédente, cette maison est répartie sur trois plateformes épousant ainsi le relief accidenté du terrain. Elle présente les mêmes répartitions mais avec quelques différences au niveau du sous-sol où l’escalier mène vers deux cellules appelées « Masref». L’une sert au stockage du céréale et l’autre à la conservation de l’huile dans des amphores.

Cave 1 Entraine- Ecurie 2 Patio 3 Vide patio 4 Chambre

5 Lit 6 Provisions 7 Gouja 8 Masref

Figure 129 : Plan Houch Haj Dey Source: Maison traditionnelle + travail personnel

RDC

Étage

A l’étage, près des escaliers, un coin de préparation est aménagé afin d’accueillir un four à pain ou « Gouja». Il s’agit d’un élément indispensable dans les maisons berbères en paticulier et toutes les maisons rurales en général. 80


Figure 130 : Coupe

Source: Maison traditionnelle + travail personnel

Remarque : L’habitat berbères est le résultat d’une évolution à partir d’un modèle très modeste. Il n’est pas pré-conçu. Il dépend de l’évolution de la famille et anticipe l’ajout d’autres chambres construites près de l’unité élémentaire à l’étage. L’orientation sert de guide de formation du houch. La disposition des chambres et le terrain en pente sont responsables de la formation irrégulières de la cour.

Figure 131 : Évolution de l’espace habitable chez les maisons Berbères Source: Auteur

Les toitures des maisons de Kesra sont très distinctives car elles ne possèdent ni coupoles ni voûtes. Elles se présentent comme des terrasses superposées sur plusieurs niveaux et débutant du plateau le plus élevé. Ces terrasses occupent une fonction particulière différente selon les saisons. C’est donc le besoin qui a imposé leur forme en leurs confiant la mission de s’occuper de la Oula. Des toitures sur lesquelles sèchent les récoltes, le couscous, la chriha et les condiments préparés par les femmes.

Figure 132 : Toitures plates sur les qu’elles sèchent les récoltes Source: Auteur

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3-2 Architecture de culte Kesra comporte sept marabouts qui entourent le village. Selon les habitants, ils ont été construit à l’époque Mouahidite. Ils se présentent toujours isolés des autres habitations et où certains d’eux s’élèvent et sert de repère pour les cimetières.

Figure 133 : Plan de situation: Des marabouts à l’extérieur du village Source: Auteur

Figure 134 : Façade du marabout N°6 Sidi Kalfallah Source: Mémoire + travail personnel

Leur architecture se caractérise par une forme carré, comportant à l’intérieur quatre poteaux en pierre enduite, supportant une coupole en Tirch: Il s’agit d’une pierre de calcaire répondue par sa légèreté dans la construction des ouvrages. Figure 135: Plan du marabout Sidi Kalfallah Source: Mémoire + travail personnel

Les travées latérales entourant le centre sont couvertes de voûtes. Seuls les marabouts se caractérisent par la présence de coupoles et de voûtes dans tout le village, marquant ainsi une architecture inhabituelle à celle qui définie Kesra. Figure 136 : Coupe du marabout Sidi Kalfallah Source: Mémoire + travail personnel

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4 Échelle de la cellule : Le plan de chaque houch nous révèle la présence d’un certain nombres de sous-espace appelé aussi bit engrammés dans leur contexte. C’est la base à partir de laquelle le reste des entités spatiales vont se conformer à leurs tours en se multipliant en d’autres bits. Elles répondent aux besoins des autres couples de la famille et obéissent aux différents codes qui transforment l’organisation aléatoire en une syntaxe spatiale précise. L’échelle de la cellule est défini sur la base de la longueur des troncs d’arbres qui supportent la dalle. C’est pourquoi elle se présente sous une largeur réduite par rapport à la longueur présentée.

Figure 137: Plan d’un Houch Source: Auteur

Figure 138: Bit simple Source: Auteur

Mais

la

conformation

de

ces

sous

unités n’est pas seulement un résultat des matériaux de construction utilisés. Il s’agit de quelque chose de plus complexe car la matérialité reste toujours liée au modèle idéel responsable de l’organisation des espaces pour nous présenter des codes de communication du sens.

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Ainsi le bit est une cellule de vie basique qui regroupe des sous entités cruciales à la famille. - Un espace de repos et de sommeil. - Un espace polyvalent de jour pour des activités variées de la femme berbère. Il s’agit d’une segmentation d’un espace qui affecte des activités restreintes au noyau du couple et qui n’implique pas les autres membres de la famille élargie.

Figure 139 : Plan Bit aménagé Source: Auteur

A droite de l’entrée, nous observons un aménagement

par

une

Doukana

:

Soubassement de 60 cm de hauteur servant de lit. A 20 cm de la Doukana des percements sont visibles dans le mur, servant d’armoire de rangement d’objets ou des bijoux de la femme. Un tronc d’arbre d’olivier «Chamess» est accroché à la manière des solives à 150 cm du lit, servant de porte couvertures.

Figure 140 : Les sous Espace de repos Source: Auteur

A gauche de l’entrée, une sous unité servant d’espace d’accueil et de détente. Il s’agit d’un espace consacré à la production artisanale dédiée à la femme et comportant tout son matériel

de

travail.

On

y

trouve

la

«Sadea» pour la confection du «Margoum», des outils pour le travail de la laine et la confection des ustensiles en argile. On trouve près des coins du bit des jarres placées afin de conserver du Kouskous, de la farine et la Oula Figure 141 : Les sous Espace de production Source: Auteur de chaque famille

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CHAPITRE 2 Dissonance à Kesra el Olya

«N’as tu pas observé en te promenant dans cette ville, que entre les édifices dont elle est peuplée, le uns sont muets, les autres parlent, et d’autres enfin qui sont les plus rares, chantent?»

( Paul Valery, Eupalinals, 1921 )

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Figure 142 : Image de l’ancien noyau de Kesra Source: Auteur

Des siècles se sont écoulés depuis cette architecture en consonance, une architecture de maturité et de pudeur, et ce n’est qu’aujourd’hui que l’on commence à percevoir les traces du temps sur le paysage de Kesra. Des marques qui s’assombrissent et qui pèsent lourd sur le présent et le future du village, au risque d’engendrer une brèche sur les empreintes du passé. D’un passé glorieux, triomphal, fier et honoré de ses origines et de son appartenance. « Une monstruosité qui dépare tout en détruisant l’harmonie du paysage. Une fausse note d’ophicléide dans un orchestre d’élite. » ( J.Montels, 1889, 12 ) On parle donc de fission temporelle inaugurée par un changement ardent. Vital pour ses habitants mais tellement empressé au point de foudroyer une mémoire, un reste et même une relique. Elle a dépassé le degré de la cicatrice et est arrivée à l’image d’un village souffrant. « Si j’apporte à Louxur des arbres d’extrême Orient, esthétiquement ils ne s’intègrent pas dans notre paysage, c’est comme ça que je vois le mot esthétique » ( Hassan Fathy )

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Figure 143 : Image de la nouvelle extension de Kesra Source: Auteur

Il s’agit de deux photos prises dans le même endroit mais d’orientation différentess. L’une montre une ascension de forme et de fond : Un village un peu plus dans les hauteurs faisant un pacte avec la nature pour accéder à la beauté supérieure. L’autre allant vers le bas en se camouflant d’avantage derrière la verdure pour atténuer cette hideur étrangère, apatride et inconnue en vue d’une invasion massacrante. Mais le plus dur, c’est que cette image présente la porte d’entrée du village, sa vitrine extérieure. Un paysage tellement banale que si on imagine cette scène sans le rocher qui lui sert d’arrière plan, on arrive facilement à l’associer à n’importe quel autre endroit. Mais où est donc passé l’authenticité de ce village ? Et qu’a t-on fait de sa singularité ? Pour quelle raison a-t-on changé l’espace ? Et où se trouve la culture dans tout ce désordre ?

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1

1Un espace avatar : Avant

la

colonisation,

Kesra

el

Olya

marques

d’un

portait

uniquement

les

village

forteresse,

enfoncé

dans

les

sommets de la montagne, enveloppé par la texture du rocher et de la pierre. Un village en consonance.

Figure 144 : Schéma Plan de Kesra Près-coloniale Source: Auteur

2

Après la colonisation, les français ont sculté l’escalier Draj el Ain dans le rocher afin de permettre aux habitants d’accéder au sommet du plateau. Suite à cela, un nouveau

quartier

s’ajoute

au

village

( Bhira ) du coté du Nord Ouest. Il s’agit d’une extension

égarée

distancée

comme

de

l’ancien

pour

noyau,

marquer

un

début, nouveau et douteux. Le réseau routier GP12 a permis la liaison de Kesra à d’autres villes. Une adoption de nouveaux matériaux voit le jour. Figure 145 : Schéma Plan de Kesra Post-coloniale Source: Auteur

3 Une extension qui ne cesse de se propager, pour se glisser d’un plateau à l’autre, arrivant ainsi à devenir elle même la vitrine du village. La jonction des deux noyaux, ancien et nouveau, se fait à la placette, devenue ainsi le centre de tout le village.

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Figure 146 : Schéma de Kesra actuelle Source: Auteur


Par la morphogenèse, nous avons réussi à déterminer le facteur responsable de cette transfiguration, à la fois formelle et esthétique. Une transfiguration qui s’est installée juste après l’indépendance permettant à Kesra de s’ouvrir sur le monde extérieur, de s’extérioriser et de se relier aux villes avoisinantes. A cet instant t, tout le village s’oriente vers une dissonance destructrice qui contraste son génie pour passer vers l’universalisation via la route GP12, qui représente un facteur essentiel de passage de l’authenticité vers la conformité. Ces habitants rejettent l’architecture identitaire de jadis qui est devenue pour la plupart un processus complexe, notamment la technique de pierre sèche. Cette route a ouvert une porte sur la mondialisation et une fission à l’intérieur du village. D’où l’expression architecturale de Kesra El Olya perd de plus en plus ses repères et ses attitudes. Ce qu’elle gagne en modernité, elle le perd en originalité et en appartenance au milieu. Elle se détache de plus en plus de son patrimoine et de la civilisation dans laquelle elle est produite.

Fusion

Consonance

Extériorisation

Dissonance

Persistance

Disparition

89 Figure 147 : Kesra en dissonance Source: Auteur


Figure 148 : Plan de Kesra El Olya Source: Auteur

1.1 Abandon de la cohésion : La nouvelle extension a métamorphosé Kesra el Olya notamment à travers sa structure sociale qui part d’une organisation intimiste par le rapprochement des masses à une organisation tramée par des habitations isolées les unes des autres.

Figure 149 : D’une organisation organique à une organisation en trame

Source: Auteur

Une transfiguration qui a de suite touché les interstices du village partant de ruelles sinueuses intérieures à des rues plus larges et plus rectilignes.

Figure 150 : Transformation des ruelles sinueuses en de rues larges

Source: Auteur

90 Figure 151 : Le Nouveau quartier ‘‘ Bhira’’

Source: Auteur


1.2 Abandon de l’aspect Caméléon : Le désordre amené par temps a donné une architecture nouvelle qui engendre la laideur, car cette société n’a plus l’équilibre des anciens. En effet le bâti de l’homme est conçu comme une éphémérité indissociable de sa vie puisque sa durée d’existence est tributaire de celle de son occupant. Le bâti naît, vieillit puis meurt provoquant une dissonance. Celle-ci a touché d’une façon directe l’aspect esthétique préservé depuis des siècles à Kesra, rejetant ainsi sa peau de caméléon pour effacer à la fois son atout défensif mais aussi sa clé d’harmonie avec l’environnement. On a renoncé à l’utilisation de la technique de pierre sèche en la remplaçant par la brique et le béton. Les façades ne partagent plus l’unité avec le rocher mais elles prennent désormais

plusieurs

couleurs

à

travers les briques utilisés comme décoration. Les portes en bois deviennent de plus en plus rares à Kesra, même dans les maisons anciennes détrônées par des portes en fer surélevées par des tuiles comme marquage d’entrée.

L’aspect original des ouvertures a subi une déformation notamment à travers leurs dimensions mais aussi les matériaux utilisés comme l’aluminium.

91 Figure 152 : Façade urbaine de Kesra aujourd’hui Source: Auteur


2 Une culture persistante : La société de Kesra el Olya a conscience des formes de désordre qui la menace. Malgré la dissonance de son espace, cette population est resté fidèle à toute forme de rituels, d’arts et de croyance qui ont su survivre jusqu’à nos jours. On parle d’une tradition de résistance et d’omniprésence de la culture dans toutes les formes d’expression collective. Comme l’exprime ces photos, ces petites tâches du quotidien, tel que préparer le pain, aller au Ain pour s’approvisionner en eau ou encore s’occuper du bétail, ne sont des preuves d’une culture qui persiste malgré désordre et qui ne se retrouve plus dans son nouveau milieu. Kesra vit une rupture entre l’espace et la culture, une sorte de dualité, ou encore une culture qui ne s’est pas retrouvée dans l’évolution du présent.

Figure 153 : Fidélité Source: Auteur

92

Figure 154 : Omniprésence

Figure 155 : Tradition de résistance

Source: Auteur

Source: Auteur


Partie 4 A la reconstitution de la modalitĂŠ perdue

93


CHAPITRE 1 Du désordre à l’ordre

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L’étude de Kesra El Olya nous a éclairé sur les attitudes adoptées dans son architecture : La mimésis, le camouflage et la furtivité qui représentent trois modes de relation avec l’environnement. Ainsi sa dimension marquante qui découle de la loi morale. Une loi de défense, de protection appliquée à l’ensemble du comportement social tout en exprimant une culture persistante. D’où l’esthétique se réfère à des règles en concordance avec cet état d’esprit. Une esthétique qui tourne vers l’inaperçu en utilisant la nature comme atout. Mais ces attitudes ne se présentent pas comme de simples concepts. Il s’agit d’une expression ou encore d’un ensemble de caractère adopté pour une stratégie particulière. Il est donc de notre devoir d’étudier de près ces comportement pour arriver à mieux cerner ses raisons. La défense est-elle toujours le seul propice où y a-t-ils d’autres raisons pour qu’une architecture choisisse cette position ? Comment un projet utilise t-il une architecture contextuelle pour se rendre méconnaissable ? Dans cette partie, nous allons porter intérêt sur la manière dont l’architecture se réinvente grâce à la nature en s’intéressant de plus près à ces trois attitudes dégagées au cours de nos recherches : Le mimésis, le camouflage et la furtivité

1 La mimésis : La mimésis est l’art de la représentation car l’art façonne et non imite. En effet, elle ne reproduit pas l’existant d’où elle ne peut pas être qualifiée par le terme imitation. Celle-ci va plutôt interagir et créer des relations avec l’objet réel. Elle doit inventer et cela en s’inspirant de l’œuvre originale tout en préservant son rapport avec elle.

1.1 Mimésis à l’époque antique : A l’époque de la Grèce antique, la beauté était recherchée dans le corps humain comme étant la belle création de Dieu. L’homme avait suivi sa proportion humaine et l’avait appliqué sur toute la face du bâti jusqu’au moindre détail près : Architecture de la colonne. Il s’agit de la dimension anthropomorphique.

Figure 156 : Homologie du l’architecture à la tri-partialité du corps humain Source: Google + travail personnel

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1.2 Mimésis à l’époque contemporaine : Aujourd’hui la mimésis a évolué pour laisser la nature objet de perfection faire part de la création. On parle donc du biomimétisme. C’est lorsque la nature s’avère être une inspiration pour conduire à la conception d’un environnement bâti-durable. Elle mise essentiellement sur l’aspect morphologique et sculptural de l’objet en lui ajoutant des couleurs et des textures adéquates, non pas pour se masquer derrière une forme naturelle, mais c’est pour un soucis d’intégration au territoire. Mimésis : Pour un minimum d’impact sur l’environnement

1.2.1 Single Pole House en Danemark : Il s’agit d’un projet de conception architecturale de Konrad Wjcik, étudiant en architecture et architecte d’intérieur, qui cherche à installer de manière organique des espaces de vie dans les forêts sans perturber la beauté naturelle de la nature.

La raison : Créer des espaces de vie et insérer une communauté de maisons dans le paysage naturel demande généralement une déforestation massive. Cette conception a pu à elle seule résoudre un double problème en créant une structure qui n’aura aucun impact sur la nature, mais qui va au contraire se fondre dans le paysage sans être encombrante.

Figure 157 : La solution pour limiter la déforestation Source: Archdaily

96 Figure 158 : Image du projet

Source: Archdaily


Le projet s’est inspiré directement de son milieu d’inscription en allant même vers une représentation de son environnement constitué d’arbres, meilleur refuge naturel. La mimésis ne s’est pas arrêtée à la forme mais aussi à la fonction rappelant aux gens que l’arbre a bel est bien une fonction de refuge.

Figure 159 : Mimésis de la structure de l’arbre Source: Archdaily

1.2.2 Centre de bien-être Bergoase en Suisse : Ce projet réalisé par l’architecte Mario Botta avait comme parti de construire sans construire afin de donner un fort impact expressif et très respectueux du village environnant.

La raison : Créer une architecture qui se fond

dans son milieu sans venir interrompre

l’impact visuel de la montagne avoisinante. Ainsi le grand volume abritant toutes les fonctions disparaît dans la terre où seule la couverture est visible par des structures ressemblant à ce qui Figure 160 : Coupe Schématique Source: Auteur

l’entoure pour partager l’espace avec les arbres.

Ces structures sont conçus sur le modèle des feuilles avec des

formes anguleuses pour

affirmer la présence du nouveau. Ainsi, elles laissent passer la lumière tels des lucarnes qui Figure 161 : Métaphore de la feuille

communiquent avec l’extérieur.

Source: Architecte

Figure 162 : Image du projet Source: Archdaily

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2 Le camouflage : Le camouflage est un ordre de style. C’est l’art de se rendre méconnaissable, et par extension de servir dans une vision naturaliste de l’état des lieux pour y dissimuler un abri. Cette attitude se rattache au site pour y rechercher ses caractéristiques spécifiques et les injectées dans le projet, en le formulant dans le même contexte. Il s’agit d’une sorte de mimésis mais liée à l’ordre du visuel en adoptant les même couleurs, textures, matériaux et morphologies pour disparaitre.

Figure 163 : L’attitude du camouflage Source: Pinterest

Camouflage : Minimiser l’étalement et offrir une vue dégagée

Musée d’histoire aux Lucs sur Boulogne : Ce bâtiment emblématique, vert et bronze, lauréat du prix Roux Dorlut en 2006, a été réalisé par un collectif d’agences d’architectes tels que : Atelier du pont, ignacio prego, Jean Bocabeille et Koz et Philéas. Il déjoue les codes du monumentalisme au profit de l’ouverture spectaculaire et discrète sur le paysage.

La raison : Le projet doit se situer en milieu rural dans un site boisé très peu construit, préservé et classé «espace naturel sensible», résultant ainsi un bâtiment en enfouissement, fait de morceau de territoire, d’autant que le terrain accuse une déclivité naturelle, propice à l’encastrement partielle.

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Figure 164: Image du projet Source: Archdaily


L’enchâssement : L’enchâssement est le 1er concept utilisé pour dissimuler le bâtiment dans le paysage face à la beauté du site, fondant avec la prairie sur laquelle il est posé. Les façades Sud, Est et Ouest ont été masquées pour ne laisser que la façade nord comme visage de l’Historial.

Figure 165 : Une seule façade visage Source: Archdaily + travail personnel

La traversée : Pour que le bâtiment devienne expressif et qu’il soit relié au reste du paysage, l’entrée se fait par une travée mettant en scène le parcours du parking jusqu’à l’entrée et offrir aux visiteurs une pongée progressive dans le sol. Cette traversée à l’air libre permet de poursuivre la promenade sans interruption des vues et offrir simultanement une vision sur l’objet de visite.

Figure 166 : Image de la travée Source: Pinterest

Figure 167 : Plan d’implantation

La 5 eme façade :

Source: Archdaily + travail personnel

L’enchâssement du projet dans la pente a permis à la toiture d’être perceptible de l’extérieur, d’où l’idée de concevoir une 5eme façade pour intégrer le bâtiment dans le paysage par un mimésis des espaces naturels proches. Sa dimension importante va ainsi disparaitre sous cette couverture en plans inclinés supportant une couche fine de végétation changeante au fil des saisons.

Figure 168 : La 5eme façade Source: Archdaily

99


3 La furtivité : La furtivité est une caractéristique

d’un engin

militaire conçu afin d’avoir une signature réduite et indétectable par les radars. Pour être le plus discret possible, la cible doit tenir compte de plusieurs facteurs. On parle de discrétion visuelle et acoustique en respectant les régimes de tromperie par la géométrie et par les matériaux.

Figure 169 : Image d’avions furtifs Source: Pinterest

La furtivité aéronautique est transposée également en architecture. Ainsi elle s’inscrit dans un processus réactif d’échange. Elle n’est pas un moyen d’échapper au lieu mais permet d’engager une mécanique relationnelle avec l’environnement qui l’entoure à plusieurs niveaux. Il s’agit en effet d’une attitude qui cherche par la rapidité à échapper aux regard et à passer inaperçu.

Ce caractère permet à une architecture de s’effacer tout en gardant sa présence physique en utilisant à la fois le mimésis et le camouflage. Ainsi elle va se servir de la forme et de la couleur du site non seulement pour se défendre mais pour nouer des relations avec lui. 3.1 Furtivité : Ne pas rivaliser avec une mémoire

Le musée Tirpitz, Danemark : Le musée invisible réalisé par l’équipe BIG est une transformation et un agrandissement de bunker datant de la seconde guerre mondiale en un complexe culturel comportant quatre expositions au sein d’une structure parfaitement intégrée au paysage.

100

Figure170 : Image du projet Source: Archdaily


La raison : Le site présente une cicatrice laissée par la guerre dans une région du Danemark. Un bunker est une forme réalisée par les nazis visant à se défendre contre les invasions. Il se présente comme un objet monumental en béton de 3.5 m d’épaisseur et convertie en 1991 en musée d’histoire.

Le paradoxe : La contrainte dans ce projet était de créer un nouvel élément qui ne rivalise pas le patrimoine. D’où l’idée de contrecarrer cette présence obscure avec son paradoxe «l’absence» par un volume invisible qui disparaît dans le sable et en parallèle crée un dialogue dynamique entre l’ancien et le nouveau, le naturel et l’artificiel. L’un est fermé et dépasse

le

sol,

l’autre

est

ouvert

sur

l’environnement, transparent et découpé dans le

Figure 171 : Projet noue des relations avec le territoire Source: Archdaily

paysage.

Figure 172 : Paradoxe entre les deux bâtiments

Source: Auteur

La traversée : Les traversées crées sont faites pour garder la dominance du bunker et sa priorité dans ce site de façon à ce que le visiteur le remarque uniquement de loin comme le seul repère. C’est en traversant qu’il se retrouve entre les murs enterrés dans les dunes et descendant pour se retrouver dans une clairière centrale. Cette galerie semblable à une oasis ouverte dans le sable relie l’édifice à la terre et à cette héritage sombre offrant une expérience mémorielle et sensorielle dans un passé douloureux.

Figure 173 : Mettre en valeur le monument patrimonial Source: Auteur

101 Figure 174 : Le visiteur devient furtif Source: Auteur


3.2 Furtivité : Pour une immatérialité de la matière

3.2.1 AZO Sequiera, the dovecote : Ce projet été à la base un vieux pigeonnier qui se trouve dans la cour de la maison, réformé par le studio portugais AZO sequeira architectos associados pour devenir une maison de jeux pour les enfants et un balnéaire pour desservir la piscine au RDC.

La raison : Il fallait un moyen d’éviter le volume principal fait en pierre qui ne devait pas être détruit pour garder son esthétique ancienne ainsi que sa symbolique d’abri pour les oiseaux. Le parti était de réaliser une structure qui abrite une nouvelle fonction mais qui ne dérange pas l’existant. Pour arriver à cette immatérialité, l’idée a été inspirée par la magie, les rêves et les souvenirs d’enfances. D’où l’idée de projeter la cabane dans l’arbre par une cabane qui somble flotter au dessus des murs de pierres existants du site.

Figure 175 : Maison dans l’arbre Source: Architecte

Réalisé ce flottement a demandé de faire un volume en béton brut avec un toit en pignon soutenu par un mur en béton central à peine visible de l’extérieur.

Figure 176 : Mur en béton central Source: Archdaily

La furtivité de la matière est visibles à travers la perception. Bien que le volume est réalisé en béton, il a été coffret par des planches en bois donnant l’impression d’un jeux de paradoxe entre un volume lourd posé sur le sol et un autre léger flottant dans les airs grâce à cette fine lame de lumière entre deux renforçant ainsi la fantaisie du lieu.

102

Figure 177 : Image du projet Source: Archdaily


Figure 178 : Paradoxe entre les deux volumes Source: Auteur

3.2.2 Les bureaux de Zamora par Campo Baeza, Espagne : Ce projet est un challenge réussi par Campo Baeza qui s’est lancé le défie de construire avec l’air pour faire un ensemble de bureau dans la ville de Zamora.

La raison : Se site est un mémorial, se trouvant face à une cathédrale ainsi qu’un ancien couvent dont il a la charge de respecter cette mémoire et de la mettre en valeur dans un projet contemporain.

Baeza a érigé une solide boite murale en pierre faite à partir de la mémoire de la cathédrale : La même pierre, enracinée dans le sol à ciel ouvert. A l’intérieur une boite en verre faite pour l’avenir comme une serre composée d’air. Un verre reflétant les murs massives et anguleuses donnant un volume non existant en surface mais bel et bien présent pour accentuer la beauté de la pierre. Figure 179 : Reflet du mur sur le verre

Figure 180 : La boite en verre dans la boite en pierre Source: Auteur

Figure 181 : Paradoxe des textures Source: Architecte

Figure 182 : Image du projet Source: Archdaily

103


Synthèse : Les projets analysés partagent tous des raisons communes, construire en continuité avec le contexte d’insertion : Contexte paysager ou contexte historique. L’environnement voisinant passait toujours en priorité pour arriver à avoir un rapport entre ce qui est antécédent et ce qui va suivre.

Le rapport au sol : Le rapport au sol est un moyen d’exprimer un dialogue sensible avec le contexte du milieu. Ceci est appelé la tension tectonique. Ainsi, il peut être lourd pour une occupation intense du sol ou léger pour libérer le terrain. Les exemples de projets ont montré la décision prise par chaque architecte, considérée être la plus favorable en faveur de son lieu.

Source: Auteur

Figure 183 : Tension tectonique Source: Archdaily

La relation avec l’environnement : Construire en furtivité est une attitude qui engage de fort relations avec le territoire. Il peut très bien s’effacer, devenir inapercevable mais garder simultanément un moyen de préserver son processus réactif à différentes échelles. La traversée est donc le moyen le plus commun d’autorisé cette liaison directe en faveur d’un antécédent qui garde son droit de dominance.

104 Figure 184 : Travée Source: Auteur


La 5 eme façade: La 5 eme façade est un concept permettant à une architecture d’intégrer son contexte. Utilisé généralement comme un moyen de camouflage sauf qu’il n’est pas assimilé pour un but de se cachet et de disparaitre, mais surtout pour diminuer le pouvoir de la forme externe en vue de se fondre avec le milieu. Il offre au site une deuxième fonction sans venir interrompre son cosmos.

Figure 185 : 5 eme façade Source: Auteur

Figure 186 : Projet De Lemos

Figure 187 : Stone Desert Home Figure 188: Cabin Knapphullet

Source: Archdaily

Source: Archdaily

Source: Archdaily

Les matériaux Furtifs: Construire dans un lieu de mémoire, un lieu où chaque détail porte une valeur par sa pierre, sa forme, sa couleur, demande une attention particulière. Ce qui compte dans ces projets, c’est mettre en valeur l’existant et cela grâce aux matériaux utilisés à tendance furtif qui ne dérange pas la mémoire mais plutôt accentue sa perception.

Figure 189 : Matériaux furtifs Source: Auteur

Photo 1 : Ce projet en ruine complété par un volume transparent laissant apparaître l’horizon n’est autre qu’une solution furtive pour améliorer l’existant sans lui porter atteinte. Photo 2 : Le volume à effet miroir a permis à cette édifice d’exprimer sa continuité à travers une illusion optique créée grâce à ce matériau.

105 Figure 190 : Musée château barrière Source: Archdaily

Figure 191 : Maurice durufle music school Source: Archdaily


4 Tentatives de récupération de la mémoire de Kesra :

Figure 192 : Image du musée Source: Auteur

La dissonance installée à Kesra, à fait réagir les responsables du patrimoine pour générer ainsi des tentatives de revalorisation de la mémoire en perte et du génie en disparition.

4.1 Musée du patrimoine de Kesra El Olya : Le musée du patrimoine est un bel exemple de cet effort qui a porté ses fruits, et cela à travers la promotion du tourisme culturel à Kesra. Faite par l’architecte tunisien Mohamed Belhama en 2009. L’un des facteurs majeurs de cette réussite est le respect de la mémoire et cela à travers les concepts tirés précédemment.

Figure 193 : Plan de situation

- Le rapport au sol : Le musée semble naître du sol et cela grâce a son implantation qui est creusée dans le rocher.

- La relation avec l’environnement : L’édifice prend une position de dominance, faisant partie de la façade urbaine du village qui est perceptible de la grande placette.

- Les matériaux furtifs : Est cela à travers sa construction en pierres locales récupérées des vestiges. Une couverture esthétique qui lui a permis de se noyer dans la masse d’où d’exprimer l’esthétique du caméléon.

RDC

Etage Figure 194 : Plans du musée

Source: Ministère de l’equipement + Auteur

106 Figure 195 : Vue terrasse Source: Auteur


4.1 Maison d’hôtes Dar Hlima : Figure 196 : Plan de situation Source: Auteur

La deuxième tentative récente, est sous forme d’une maison d’hôte ‘‘Dar Hlima’’, conçu par l’architecte Hichem Ksouri, concrétisée grâce à l’association Kolna Tounes et le soutien de la délégation de l’Union Européenne en 2018. L’intention se résume sur le sauvegarde d’un ancien édifice (huilerie) faisant partie du patrimoine bâti par une réhabilitation, tout en préservant la spécificité de l’architecture locale et du savoir faire constructif.

Les concepts utilisés pour faire de ce projet une réussite sont :

-La relation avec l’environnement : Le projet offre une immersion dans la vie quotidienne de la population locale. Non seulement par une esthétique architecturale mais aussi les fonctions comme le restaurant ‘‘Les saveurs de Kesra’’ et l’exposition des collections de tapis artisanaux.

Figure 197 : Façade ‘‘ Dar Hlima’’

Source: Auteur

- Matériaux furtifs : Tout

comme

le

musée,

l’édifice

respecte

l’esthétique caméléon de Kesra en se noyant aussi dans la masse mais en ajoutant une touche de modernité affirmant qu’elle est a l’air de son temps.

Figure 198 : Image d’une chambre

Source: Auteur

-Édifice catalyseur : Son autre but de conception c’est qu’il puisse devenir un catalyseur montrant qu’il est le fruit d’une initiative réussite pour devenir une référence pour les futurs entrepreneurs.

Figure 199 : Image de l’intérieur

Source: Auteur

107


CHAPITRE 2

Régénération relationnelle au village de Kesra El Olya : Parcours d’échange, de rencontres et de découvertes

108


Kesra El olya :

Une architecture furtive

Suite à l’étude menée précédemment sur les trois modes de relations avec l’environnement, il s’est avéré que le caractère furtif intègre en lui même tous les paradigmes du morpho-mimésis et du camouflage qui ne peuvent pas lui être dissociés.

Mimésis + Mimésis

Camouflage

Camouflage = Furtivité

D’où le génie de Kesra El Olya qui découle de l’interaction de l’espace triptyque, résulte dans son architecture furtive. C’est en adoptant ces deux modes qu’elle est arrivée à exposer sa furtivité et cela à travers son rapport au sol, sa relation avec l’environnement, sa cinquième façade et ses matériaux furtifs. L’envie de s’inscrire dans un processus d’échange avec l’environnement par le morpho-mimésis tout en cherchant à s’effacer avec le camouflage. Cela a donné une architecture contextuelle qui s’engage avec le territoire des rapports en corrélation. C’est un village qui s’accorde avec son milieu pour donner une attitude expansive tout en préservant sa discrétion.

Figure 200 : Kesra en furtivité Source: Auteur

109


Observations : Le choix du programme à Kesra el Olya doit être bien réfléchi et bien étudié sur tout les plans, car elle a besoin non seulement d’un projet far à la hauteur de son paysage, mais surtout d’un projet qui doit être la clé de secours de sa confusion architecturale. Kesra est un village éveillé, résistant et énergétique grâce à la présence du facteur humain : Aussi bien les habitants que les visiteurs. Ainsi on se propose de faire une enquête sur l’ensemble de leurs circuits, des ruelles traversées et des points d’arrêts majeurs.

Circuit visiteur : La plupart des visiteurs font parties d’une randonnée organisée. Le parcours entreprit débute par la grande placette, avec comme premier point d’arrêt le café près des sources. Passant ensuite par le musée et la Casbah, élément historique pour finir par descendre par Draj el Ain et se retrouver à l’entrée de l’ancien noyau. Le problème constaté est que cette visite n’intègre ni la découverte du patrimoine architectural ni du patrimoine immatériel. Aucune relation d’établie entre le visiteur et l’habitant.

Figure 201 : Circuit visiteur Source: Auteur

Circuit habitant : Le circuit des habitants débute de la même manière que celle des visiteurs en passant également par la grande placette pour ensuite prendre différents chemins entres les ruelles sinueuses du village.

110

Figure 202 : Circuit habitant Source: Auteur


Proposition : Régénération relationnelle au village de Kesra El Olya : Parcours d’échange, de rencontres et de découvertes Le projet proposé respecte essentiellement de l’espace triptyque. En effet, il va intégrer le naturel, le social et le spirituel, et cela dans un programme qui se manifeste à travers un parcours séquentiel. L’objectif de ce parcours et de relier le génie du lieu au génie de l’humain.

Figure 203 : Parcours séquentiel Source: Auteur

Il est travaillé comme un ensemble de scénographies pour découvrir les temporalités et les qualités spatiales du patrimoine matériel et immatériel de Kesra El Olya. La furtivité est le parti architectural du parcours en raison de préserver le génie repéré. Elle est exprimée sous forme d’une simulation progressive à l’intérieur de la culture berbère inapercevable de l’extérieur mais manifestante à l’intérieur. Le parcours est traité de deux manière : En relation avec le paysage et en relation avec le bâti. Car le paramètre naturel représente à Kesra un atout et une sollicitation de visite. Par conséquent, il est utilisé comme un potentiel pour l’intégrer en tant qu’élément du programme, un élément de spectacle, un élément de promenade et d’animation et surtout un guide vers la Dachra. Il ne se réduit pas seulement en paysage mais c’est lui le pilote du projet. 111


Remarque :

Draj El Ain

Plateau +1020m

S3

S2 S1

Café

S : Séquence 112

Placette Les cascades d’eau bloquent le passage de la placette lors des saisons de pluie, imposant aux passants d’engager un autre parcours.


Dachra

Musée de patrimoine

S4

S5

Casbah

Habitations

Figure 204 : Les différents points du parcours Source: Auteur

113


Le projet entreprend au long de son parcours cinq échelles différentes :

Cette partie est dédiée a l’accueil des visiteurs. La nature devient au service du rapport entre celui-ci et l’habitant. A travers elle, des espaces furtifs sont crées pour exposer et déguster les produits du tiroir. Une furtivité par :

- La 5 eme façade - Le rapport au sol

Dans

le

but

d’attirer

les

visiteurs

et

leur

faire

découvrir leur patrimoine matériel et immatériel, une partie de l’ancien noyau est ajouté au parcours. Il s’agit de la partie du projet qui récupére la mémoire perdue de ces habitants.

Le passage vers le quatier se fait par la travée.

Cette partie est destinée aux habitations de Kesra qui prennent aujourd’hui des mesures de rénovations sans se soucier de la préservation du génie de ce lieu. Des houchs abandonnés ont été sélectionnés avec l’intention de concevoir une nouvelle réponse architecturale en gardant le génie de la furtivité grâce aux matériaux utilisés.

Des matériaux furtifs

Inclure le visiteur dans le quotidien de l’habitant est

le

motif de ce parcours. L’idée est de concevoir un espace qui soit la vitrine de chaque habitation. A l’intérieur se trouve un espace de production artisanale. Cette cellule non seulement elle permet d’attirer les visiteurs au quartier à la recherche d’une culture mais aussi à l’habitant qui cherche une source de revenu.

114

Une vitrine attractive


Le parcours comprend cinq séquences. Chacune représente un programme particulier.

Séquence 1 : Repérage séquentiel Il

s’agit

du

point

d’arriver,

dominance paysagère est

la

préservée et

intégrée dans le parcours pour devenir un spectacle multidirectionnelle.

Repérage programmatique Il s’agit d’un point d’arrêt destiné à la méditation et au repos avec la présence d’un espace de consommation. Figure 205 : Photomontage Source: Auteur

115

114 Figure 206 : Simulation du projet Source: Auteur


Séquence 2 : Repérage séquentiel Les escaliers taillés dans le rocher représente un des caractère de se lieu. Ainsi, le cadre montagneux de Kesra offre à ses visiteurs un nouveau type d’escalade, sous-forme d’une balade verticale par des escaliers qui se forment entre les bassins d’eau.

Repérage programmatique Ces escaliers sont à la fois un loisir crée dans l’esprit des randonneurs et un moyen de plonger dans le paysage à plusieurs niveaux .

Séquence 3 :

Figure 207 : Photomontage de l’escalade Source: Auteur

Repérage séquentiel Au cours de l’escalade, des points d’arrêts sont signalés par des grottes à l’intérieur du rocher. Camouflés par les cascade d’eau, ces espaces sont crées pour confronter l’homme à la nature dans un décor furtif en relation avec son environnement.

Repérage programmatique Elles abritent des fonctions commerciales : - Expo/ vente des produits du tirroir - Escapes aménagés annexes du café

Figure 208 : Grottes Source: Auteur

116

Figure 209 : Photomontage d’une Grotte Source: Auteur


Séquence 4 : Repérage séquentiel

Cette séquence représente la fin de l’escalade du table de rocher de 20 m de hauteur et le passage de l’échelle du territoire à l’échelle du quartier. La liaison est établie par une travée à l’intérieur du roche qui promet la transition vers l’ancien noyau grâce au cadrage de la Casbah.

Repérage programmatique

Cette partie est une continuité des points de ventes des produit de la région.

Séquence 5 :

Figure 210 : Photomontage de la travée Source: Auteur

Repérage séquentiel Une fois passé à l’échelle du quartier, cette séquence traite le bâti de Kesra sur un fragment de l’ancien noyau, avec l’intention de restituer l’ordre et prévenir cette architecture d’une possibilité de disparition. Suite à des constations et des enquêtes réalisées sur place, ces houchs sont pour la plupart rénovés en deux manière: - En préservant l’aspect extérieur en pierre - Après démolition total de l’habitation Le but de cette séquence et d’imaginer des espaces qui récupèrent la mémoire de ce lieu et son génie furtif à travers une conception contemporaine, qui s’adapte aux besoins de ses habitants et au nouveau contexte temporel. Figure 211 : Rénovation Source: Auteur

117


Etat des lieux Houch 1

Houch 2

Figure 212 : Repérage des houchs abandonnés

118

Source: Auteur


Houch 4

Houch 3

119


120

Figure 213 : Plan houch 1 ech: 1/200

Figure 215 : Plan houch 2 ech: 1/200

Source: Auteur

Source: Auteur

Figure 214 : Coupe houch 1 ech: 1/200

Figure 216 : Coupe houch 2 ech: 1/200

Source: Auteur

Source: Auteur


Figure 217 : Plan houch 3 ech: 1/200

Figure 219 : Plan houch 4 ech: 1/200

Source: Auteur

Source: Auteur

Figure 218 : Coupe houch 3 ech: 1/200 Source: Auteur

Figure 220 : Coupe houch 4 ech: 1/200 Source: Auteur

121


Il s’agit de chercher une conception qui pourrait être une inspiration pour ses habitants en terme d’une vision contemporaine apportée à Kesra pour intégrer son moment tout en immortalisant son architecture in situ.

Repérage programmatique Les habitants de Kesra s’approprient les ruelles pour exposer leurs produits. D’autres consacrent une partie de leurs maisons pour exercer une activité commerciale tel que fabrication des pâtisseries locales. En hiver à cause des conditions climatiques sévères, c’est habitants dans l’obligation d’arrêter le travail.

Figure 221 : Stands de vente Source: Auteur

La réponse architecturale donnée est d’inverser la cellule qui était un espace de production à l’intérieur du houch pour l’extérioriser. Elle est désormais la vitrine de chaque habitation. Une cité artisanale avec un aspect s’inspirant des boutiques pour attirer les visiteurs (futurs clients).

122

Figure 222 : Cellules inversées Source: Auteur


Conclusion :

Ce mémoire n’est qu’un essai de recherche sur le génie de kesra el olya, un lieu mythique qui a su conserver sa consonance à travers le temps. Par l’application du modèle de l’espace triptyque, il s’avère que son génie réside non seulement dans les lieux mais qu’il se combine avec le génie humain des habitants qui ont crée une relation d’échange avec l’environnement par le morpho-mimésis pour la rendre furtive. Cette furtivité a permis à Kesra de se préserver au fil des siècles grâce à sa signature discrète née à partir d’un échange avec le territoire qui a permis à sa présence physique de s’estamper sans autant empêcher sa culture de s’extérioriser dans son noyau. L’objet de notre projet n’est pas d’imiter ce qui a été produit à Kesra par les anciens berbères mais de garder le fond et projeter une vision réformatrice et contemporaine. Créer un parcours d’échange, de rencontre et de découverte à kesra, en gardant une relation fortifiant-fortifié, par une régénération relationnelle, est une réponse visant à récupérer la mémoire matérielle et immatérielle mutilée par une dissonance ressentie.

123


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Architecture sans architectes: brève introduction à

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124


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Shusira : Un centre de formation des techniques de

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Conférence - Xavier RAVEL, Approche de La Programmation Architecturale, le 9 Février 2019 - Regard sur le patrimoine de Mr Fekher Kharrat, le 20 Avril 2019

Vidéo - Conférence sur le principe mimétique (2019)

126


Table des matières: Avant-Propos ropos Introduction Etat de l’art Problématique Méthodologie

8 9 10 1 11 1 13

PARTIE 1 : Pour une approche sensible d’une architecture topique

14

Chapitre 1 : Présentation du modèle d’analyse de l’espace triptyque 1- L’espace triptyque

16

1.1 Signe, signifiant et signifié 1.2 Genèse de la forme vernaculaire « Cas de L’architecture de Djerba» 1.3 Contexte spatio-temporel 1.3.1 Cadre spatial 1.3.2 Cadre temporel

1.4 Qualification des facteurs intervenants 1.4.1 Facteurs déterminants ( socio-culturels) 1.4.2 Facteurs modifiants ( la nature physique du site)

Chapitre 2 : Les villages Berbères : Un cadre d’analyse spatio-temporel du l’espace triptyque 1- Les villages berbères, un prototype d’application 1.1 Présentation des villages Berbères : 1.2 Les villages Berbères en Tunisie :

2- Les villages berbères, une diversité d’expression : 2.1 Les villages Sahariens : 2.2 Les villages de montagnes :

PARTIE 2 : A la recherche du génie dans le village berbère de Kesra El Olya Chapitre 1 : Lecture d’un corpus : Application du modèle 1- Milieu Naturel 1.1 1.2 1.3 1.4

Situation géographique Géomorphologie Climat Faune et flore 1.4.1 Flore 1.4.2 Faune

1.5 Les ressources naturelles 1.5.1Eau de pluie 1.5.2 Eau de source

Synthèse

2 Milieu Humain 2.1 Origine ethnique 2.2 Structure sociale 2.3 Niveau technologique

3 Milieu Spirituel 3.1 Les religions berbères 3.2 Les rites et cérémonies agraires 3.1 Tatouage et symbole

Synthèse

17 17 19 21 21 22 2 24 24 25 26 27 28 2 29 30 3 3 31 33 3 34

35 36 36 38 3 39 40 40 41 4 42 42 4 43 44 45 46 4 46 47 48 4 48 49 4 49 50

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Chapitre 2 : Du territoire au lieu : Les modes d’interactions 1Mode d’occupation de l’espace 2 Mode de partition de l’espace 3 Mode de construction de l’espace 3.1 Toiture et ouverture 3.2 murs de pierre sèche 3.2 murs de moellon

4 Mode d’expression de l’espace 4.1Expression du contrôle 4.2 Expression de la modestie

Planche de synthèse PARTIE 3 : De la consonance à la dissonance au village berbère de Kesra El Olya Chapitre 1 : Consonance à travers les traces matérielles 1- Échelle du territoire 2 Échelle du Quartier 3 Échelle architecturale 3.1 Les habitations 3.2 Architecture de culte

4 Échelle du la cellule

Chapitre 2 : Dissonance à Kesra El Olya 1Un espace avatar 1.1Abandon de la cohésion 1.2 Abandon de l’aspect Caméléon

2 Une culture persistante PARTIE 4 : A la reconstitution de la modalité perdue Chapitre 1 : Du désordre à l’ordre 1- Le mimésis 1.1Misésis à l’époque antique 1.2 Mimésis a l’époque contemporaine 1.2.1 Single Pole house en Danemark 1.2.2 Centre de bien être Bergoase en Suisse

2 Le camouflage 3 La furtivité 3.1 Furtivité : Ne pas rivaliser avec une mémoire 3.2 Furtivité : Pour une immatérialité de matière 3.2.1 AZO Sequira, the dovecote 3.2.2 Les bureaux de Zomora par Campo Baeza, Espagne

Synthèse

4 Tentatives de récupération de la mémoire de Kesra 4.1 Le musée du patrimoine de Kesra 4.2 La maison d’hôte ‘‘ Dar Hlima’’

Chapitre 2 : Régénération relationnelle au village de Kesra El Olya : Parcours d’échange, de rencontres et de découvertes Kesra El Olya : une architecture furtive Observations Proposition

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51 5 52 56 59 5 60 62 6 63 6 64 64 6 65 66 69

70 72 75 78 78 82 83 85 88 90 91 92 93 94 95 95 96 96 97 98 9 100 100 1 102 1 102 103 104 106 106 107 108 109 111 111


Tables des figures : Figure 1 : Représentation de l’espace triptyque ( Source : Auteur ) Figure 2 : L’architecture imprime la culture ( Source : Auteur ) Figure3 : Forme exprimant une substance ( Source : L’architecture vernaculaire de Djerba ) Figure 4 :L’architecture vernaculaire en cohérence avec son espace ( Source : Auteur ) Figure 5 : Photographie de Matmata ( Source : Pinterest ) Figure 6 : Plan aérien de Ghdemes ( Source : Pinterest ) Figure 7 :Des maisons quasi identiques d’esprit ( Source : Auteur ) Figure 8 : Normes socioculturelles ( Source : Auteur ) Figure 9 : Chaque village comporte un ADN ( Source : Pinterest ) Figure 10 : Zriba El Olya ( Source : Google + travail personnel) Figure 11 : Takrouna ( Source : Google + travail personnel) Figure 12 : Kesra El Olya ( Source : Google + travail personnel) Figure 13 : Plusieurs prototypes de maisons (Source: Maisons Tunisiennes) Figure 14 : Carte géographique montrant l’emplacement des Berbères au X sc ( Source : Google + travail personnel) Figure 15 : Carte géologique montrant les différentes altitudes( Source : Google + travail personnel) Figure 16 : Cartes de tous les villages berbères de Tunisie ( Source : Google + travail personnel) Figure 17 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 18 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 19 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 20 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 21 : (Source : Auteur) Figure 22 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 23 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 24 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 25 : (Source : Auteur) Figure 26 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 27 : (Source: Maisons Traditionnelles) Figure 28 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 29 : (Source : Auteur) Figure 30 : (Source: mémoire d’architecture) Figure 31 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 32 : (Source : Auteur) Figure 33 : (Source : Auteur) Figure 34 : (Source : Auteur) Figure 35 : (Source: Maisons Traditionnelles) Figure 36 : (Source : Auteur) Figure 37 : (Source : Auteur) Figure 38 : (Source : Auteur) Figure 39 : (Source: Evolution d’un habitat) Figure 40 : (Source : Auteur) Figure 41 :Territoire (Source : Auteur) Figure 42 : Kesra au nord-Ouest de la Tunisie (Source : Auteur) Figure 43 : Position de Kesra (Source : Auteur) Figure 44 : Djebel Kesra à 1100 m d’altitude (Source : Auteur) Figure 45 : Plan de situation de Kesra el Olya et son accès par rapport à Kesra Jdida (Source: Auteur) Figure 46 : Coupe schématique du plateau de Kesra (Source : Auteur) Figure 47 : Coupe sur Djebel Kesra (Source : Auteur) Figure 48 : Coupe sur le plateau de Kesra (Source : Auteur) Figure 49: Coupes présentant une fente dans le rocher Coupe sur le plateau de Kesra (Source: Auteur) Figure 50 : Coupe du rocher protecteur contre le vent (Source : Auteur) Figure 51 : Différentes calques du paysage de Kesra (Source : Auteur)

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Figure 52 : Plantes sauvages (Source : Auteur) Figure 53 : Foret présentant un obstacle visuel (Source : Auteur) Figure 54 : Relation entre l’homme et l’animal (Source : Auteur) Figure 55 : Calque de l’eau (Source : Auteur) Figure 56 : Parcours de l’eau de pluie (Source : Auteur) Figure 57 : Parcours de l’eau de source (Source : Auteur) Figure 58 : Les bassins de Kesra (Source : Auteur) Figure 59 : Parcours de l’eau sous la terre (Source : Auteur) Figure 60 : Le territoire idéal pour s’installer (Source : Auteur) Figure 61 : Cadre de vie social (Source : Auteur) Figure 62 : Image d’une Berbère ( Le guide de la culture berbère ) Figure 63 : Groupe et non individus (Source : Auteur) Figure 64 : Structure Sociale est un système tissé à base d’unité liée pour créer un tissu (Source : Auteur) Figure 65 : Trois familles partagent le même Houch (Source : Auteur) Figure 66 : La femme berbère productrice de sa culture (Source : Auteur) Figure 67 : Plan de la Placette (Source : Auteur) Figure 68 Figure 68 : Plan de situation ech 1/20000 (Source : Auteur) Figure 69 : Cérémonie de sacrifice (Source : Auteur) Figure 70 : Le tatouage chez les femmes berbères (Source : Pinterest + travail personnel) Figure 71 : Structure social à Kesra el Olya (Source : Auteur) Figure 72 : Religion fondé sur la force de la nature (Source : Auteur) Figure 73 : Djebel Kesra (Source : Auteur) Figure 74 : Structure des rochers (Source : Auteur) Figure 75: Ils se sont noyer dans le paysage (Source : Auteur) Figure 76 : Fusion des paramètres résultant une (Source : Auteur) Figure 77 : Plan de situation de Kesra El Olya (Source : Auteur) Figure 78 : Plan du parcours à Kesra (Source : Auteur) Figure 79 : Passage entre les fissures du rocher (Source : Auteur) Figure 80 : Échelle humaine Vs Échelle du rocher (Source : Auteur) Figure 81 : Un sentiments d’être à l’extérieur du village alors qu’on est à l’intérieur (Source : Auteur) Figure 82 : Des maisons étagées (Source : Auteur) Figure 83: Village en forteresse (Source : Auteur) Figure 84 : Plan du parcours à Kesra (Source : Auteur) Figure 85 : Roche = Texture (Source : Auteur) Figure 86 : Roche = Bouclier (Source : Auteur) Figure 87 : Plan du parcours à Kesra (Source : Auteur) Figure 88 : Ensemble de fractions rythmés (Source : Auteur) Figure 89 :Mode de configuration de la Dachra (Source : Auteur) Figure 90 : Une masse sur deux strates différentes (Source : Auteur) Figure 91 : Plan de répartition des quartiers à Kesra ech: 1/ 5000 (Source : Auteur) Figure 92 : Coupe sur les strates de Kesra présentant les quartiers (Source : Auteur) Figure 93 : Ruelles sélectives (Source : Auteur) Figure 94 : Différents parcours (Source : Auteur) Figure 95 : Sentiment d’être sous observation (Source : Auteur) Figure 96: Dhbihet el aatba (Source : Auteur) Figure 97 : Image sur une ouverture (Source : Auteur) Figure 98 : Coupe sur Houch (Source : Auteur ) Figure 99 : Image sur une toiture un Sabat (Source : Auteur) Figure 100 : Mur comme tectonique expressive (Source : Auteur) Figure 101 : Image sur un mur en pierre sèche (Source : Auteur) Figure 102 : Houch Haj Dey construit en pierre sèche (Source : Mémoire d’architecture + Travail personnel) Figure 103 : Etapes de pose de la pierre sèche (Source : Auteur) Figure 104 : Image sur un mur en moellon (Source : Auteur) Figure 105 : Différentes vues d’un mur en moellon (Source : Auteur) Figure 106 :Houch en ruine en pierre avec moellon (Source : Auteur)

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Figure 107 : Façade urbaine présentant des percées (Source : Auteur) Figure 108 : Façade d’une maison (Source : Auteur) Figure 109 : Expression de la façade (Source : Mémoire d’architecture + Travail personnel) Figure 110: Attitudes adoptées (Source : Auteur) Figure 111 : Les concepts de la forteresse établi à Kesra (Source : Auteur) Figure 112 : Phases d’étude d’un territoire (Source : Auteur) Figure 113 : Vue sur la grande placette (Source : Auteur) Figure 114 : Les différentes scénarios d’un visiteur (Source : Auteur) Figure 115 : Les différentes scénarios d’un habitant (Source : Auteur) Figure 116 : Constitution du quartier (Source : Auteur) Figure 117 : Appropriation d’un fragment de quartier (Source : Auteur) Figure 118 : Appropriation des placettes par les femmes (Source : Auteur) Figure 119 : Appropriation des placettes par les hommes et les enfants (Source : Auteur) Figure 120 : Espace de vie social Figure 121 : Appropriation des escaliers (Source : Auteur) Figure 122 : Placettes comme lieu de production (Source : Auteur) Figure 123 : Différents équipement existants à Kesra (Source : Auteur) Figure 124 : Façade Sud-Ouest (Source : Auteur) Figure 125 : Plan RDC (Source : Maison traditionnelle + travail personnel) Figure 126 : Image sur la cour (Source : Auteur) Figure 127 : Coupe (Source : Maison traditionnelle + travail personnel) Figure 128 : Plan Étage (Source : Maison traditionnelle + travail personnel) Figure 129 : Plan Houch Haj Dey (Source : Maison traditionnelle + travail personnel) Figure 130 : Coupe (Source : Maison traditionnelle + travail personnel) Figure 131: Évolution de l’espace habitable chez les maisons Berbères (Source : Auteur) Figure 132 : Toitures plates sur les qu’elles sèchent les récoltes (Source : Auteur) Figure 133 : Plan de situation (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 134 : Façade du marabout N°6 Sidi Kalfallah (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 135 : Plan du marabout Sidi Kalfallah (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 136 : Coupe du marabout Sidi Kalfallah (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 137 : Plan d’un Houch (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 138 : Bit simple (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 139 : Plan Bit aménagé (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 140 : Sous Espace de repos (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 141 : Sous Espace de production (Source : Mémoire + travail personnel) Figure 142 : Image de l’ancien noyau de Kesra (Source : Auteur) Figure 143 : Image de la nouvelle extension de Kesra (Source : Auteur) Figure 144 : Schéma Plan de Kesra Près-coloniale (Source : Auteur) Figure 145 : Schéma Plan de Kesra Post-coloniale (Source : Auteur) Figure 146 : Schéma de Kesra actuelle (Source : Auteur) Figure 147 : Kesra en dissonance (Source : Auteur) Figure 148 : Plan de Kesra El Olya (Source : Auteur) Figure 149 : D’une organisation organique à une organisation en trame (Source : Auteur) Figure 150 : Transformation des ruelles sinueuses en de rues larges (Source : Auteur) Figure 151 : Le Nouveau quartier ‘‘ Bhira’’ (Source : Auteur) Figure 152 : Façade urbaine de Kesra aujourd’hui (Source : Auteur) Figure 153 : Fidélité (Source : Auteur) Figure 154 : Omniprésence (Source : Auteur) Figure 155 : Tradition de résistance (Source : Auteur) Figure 156 : Homologie du l’architecture à la tri-partialité du corps humain (Source : Auteur) Figure 157 : La solution pour limiter la déforestation (Source : Archdaily) Figure 158 : Image du projet (Source : Archdaily) Figure 159 : Mimétisme de la structure de l’arbre (Source : Archdaily) Figure 160 : Coupe Schématique (Source : Auteur) Figure 161 : Métaphore de la feuille (Source : Archdaily) Figure 162 : Image du projet (Source : Archdaily)

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Figure 163 : L’attitude du camouflage (Source : Google) Figure 164 : Une seule façade visage (Source : Archdaily+ travail personnel) Figure 165 : Image de la travée (Source : Archdaily+ travail personnel) Figure 166 : Plan d’implantation (Source : Archdaily+ travail personnel) Figure 167 : La 5eme façade (Source : Archdaily) Figure 168 : Image du projet (Source : Archdaily) Figure 169 : Image d’avions furtifs (Source : Pinterest) Figure 170 : Image du projet (Source : Archdaily) Figure 171 : Projet noue des relations avec le territoire (Source : Archdaily) Figure 172 : Paradoxe entre les deux bâtiments (Source : Auteur) Figure 173 : Mettre en valeur le monument patrimonial (Source : Auteur) Figure 174 : Le visiteur devient lui aussi furtif (Source : Auteur) Figure 175 : Maison dans l’arbre (Source : Archdaily) Figure 176 : Mur en béton central (Source : Archdaily) Figure 177 : Image du projet (Source : Archdaily) Figure 178 : Paradoxe entre les deux volumes (Source : Auteur) Figure 179 : Reflet du mur sur le verre (Source : Archdaily) Figure 180 : La boite en verre dans la boite en pierre (Source : Archdaily) Figure 181 : Paradoxe des textures (Source : Archdaily) Figure 182 : Image du projet (Source : Archdaily) Figure 183 : Tension tectonique (Source : Auteur) Figure 184 : Travée (Source : Auteur) Figure 185 : 5 eme façade (Source : Auteur) Figure 186 : Projet De Lemos (Source : Archdaily) Figure 187 : Stone Desert Home (Source : Archdaily) Figure 188: Cabin Knapphullet (Source : Archdaily)

Figure 189 : Matériaux furtifs (Source : Auteur) Figure 190 : Musée château barrière (Source : Archdaily) Figure 191 : Maurice durufle music school (Source : Archdaily) Figure 192 : Image du musée (Source : Auteur) Figure 193 : Plan de situation (Source : Auteur) Figure 194 : Plans du musée (Source : Auteur) Figure 195 : Vue terrasse (Source : Auteur) Figure 196 : Plan de situation (Source : Auteur) Figure 197 : Façade ‘‘ Dar Hlima’ (Source : Auteur)’ Figure 198 : Image d’une chambre (Source : Auteur) Figure 199 : Image de l’intérieur (Source : Auteur) Figure 200 : Kesra en furtivité (Source : Auteur) Figure 201 : Circuit visiteur (Source : Auteur) Figure 202 : Circuit habitant (Source : Auteur) Figure 203 : Parcours séquentiel (Source : Auteur) Figure 204 : Les différents points du parcours (Source : Auteur) Figure 205 : Photomontage (Source : Auteur) Figure 206 : Simulation du projet (Source : Auteur) Figure 207 : Photomontage de l’escalade (Source : Auteur) Figure 208 : Grottes (Source : Auteur) Figure 209 : Photomontage d’une Grotte (Source : Auteur) Figure 210 : Photomontage de la travée (Source : Auteur) Figure 211 : Rénovation (Source : Auteur) Figure 212 : Repérage des houchs abandonnés (Source : Auteur) Figure 213 : Plan houch 1 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 214 : Coupe houch 1 ech: 1/200 (Source : Auteur)

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Figure 215 : Plan houch 2 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 216 : Coupe houch 2 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 217 : Plan houch 3 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 218 : Coupe houch 3 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 219 : Plan houch 4 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 220 : Coupe houch 4 ech: 1/200 (Source : Auteur) Figure 221 : Stands de vente (Source : Auteur) Figure 222 : Cellules inversĂŠes (Source : Auteur)

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