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Chapitre II : Atmosphère au-delà de l’image de l’architecture

II.1 Atmosphère esthétique : Phénoménologie

Depuis les années 1970 en Allemagne, l'atmosphère va étre un nouveau champ de recherche en philosophie en esthétique en art et en architecture. Malgré que c’est un nouveau thème mais sa présence est depuis toujours : l’atmosphère nous entoure, nous fait sentir tel espace de telle façon, nous pousse vers telle ou telle personne, fait que nous nous sentons bien là plutôt qu’ici.

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Il n’y a rien de plus universel, direct et partagé que l’atmosphère, mais ce n’est que récemment que son importance a été reconnue grace à la nouvelle phénoménologie allemande qui " se donne pour mission de rendre la pensée capable de conceptualiser l'expérience vécue involontaire "1 selon Hermann Schmitz.

La recherche atmosphérique préfère se concentrer sur l'environnement, non pas au sens écologique, mais au sens des choses qui nous entourent, des choses qui se déroulent autour de nous, ou des choses danslequels nous déployons notre existence. Il s'agit de décrire l'effet basique mais imperceptible de l'atmosphère sur nous, ces lieux sont pleins de sentiments des autres, de nous-mêmes et des lieux, et de comprendre comment l'atmosphère nous place dans le monde.

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i) Hermann Schmitz : La nouvelle Phénoménologie

Connu comme philosophe allemand auteur des livres « Brève introduction à la phénoménologie » et « Atmosphères » , H.Schmitz est considéré comme le père fondateur de la recherche sur l’atmosphère en philosophie et il a servi à G.Bohme de référence importante pour ses premiers essais sur le concept d’atmosphères . Cette « nouvelle phénoménologie qui s’est apparue au cours de l’année 2009 en Allemagne est considéré comme une version moderne revisitée de la phénoménologie traditionnelle mise auparavant par Husserl .

En effet , pour H.Schmitz la théorie de la nouvelle phénoménologie se base principalement sur deux notions importantes en philosophie qui sont le corps ressenti et le corps matériel en les considérant comme base de la conception de l’expérience humaine . D’ailleurs dans son livre « brève introduction à la nouvelle phénoménologie » il essaie de schématiser un parcours qui lui fait rencontrer les concepts alors décisifs d’expérience vécue involontaire, d’implication affective, d’atmosphère, de chair ou d’émancipation et de situation personnelles.

Figure30: schéma synthétique sensation dans le temps Source: auteur 39

H.Schmitz voit que l’atmosphère est un concept primaire qui sert principalement à soutenir sa conception des émotions qu’il comprend non pas comme une circonstance objective qui se répand sur une large zone d’espace , mais c’est plutôt la spatialité et

la corporéité en fusion

Dans ce cadre , il insiste sur la dynamique du corps ressenti et de son interconnexion avec les environs ainsi que sur la dimension communicative et la relation qui s’établit entre le corps et l’environnement qui l’entoure . En fait il caractérise les atmosphères comme « les demi choses » , puisqu’elles ne sont pas mesurables donc il s’agit moins de caractéristiques d’un espace (ambiances ) et plus d’une implication affective (sentiment et émotions)

Figure31: espace et corps à la chapelle Saint Bénois Source: Pinterest

Cela nous permet de conclure que ce philosophe , en étudiant les atmosphères , s’est basé non pas sur la dimension corporelle présente du corps (corps matériel ) mais sur la conscience et les sensations qui émanent du corps (corps ressenti) afin de théoriser une nouvelle phénoménologie qui traite les expériences humaines et spatiales .

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Figure33: espace et lumière à la chapelle Saint Bénois / source : Archdaily

ii) Gernot Bohme: atmosphère comme manière de redéfinition de l’esthétique :

En fait c'est autour de la théorie de la perception que tourne la redéfinition de l'esthétique .La tâche de la nouvelle esthétique, dit-il, est « de développer la perception en tant que modalité de la présence corporelle et prendre en considération l'impact affectif de l'objet de la perception. »1

Il affirme que c'est par la présence corporelle que je peux définir ma perception tout en la teintant d'une coloration affective.

Le sentiment atmosphérique d’une présence constitue le phénomène fondamental de la perception basé sur la corporalité d’un sujet et l’existence d’un objet de ce fait on peut conclure qu’il s’agit moins d’une expérience de pensée mais c’est plutôt une immersion dans l’expérience perceptive. Böhme a conclu que l’atmosphère n’est pas la projection d’un état d’âme dans les environnants ou une sensation qui nous prend (quelque chose d’ordre subjectif ) mais « c’est plutôt une expérience sensible , c’est le caractère de quelque chose qui nous affecte émotionnellement , on ne peut la connaitre qu’en s’y exposant »

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iii) Juhani Pallasmaa : l’architecture atmosphérique : témoin sensible de l’être au monde

La réfl exion architecturale de J. Pallasmaa est, au début de sa carrière, focalisée sur les aspects visuels et formels de l’architecture, pour se transformer au fi l du temps en « une approche multi sensorielle, existentielle et expérientielle », dans laquelle la « rencontre personnelle avec l’architecture » s’impose comme une exigence essentielle.

En eff et, il assimile l’expérience spatiale vécue des atmosphères à une spatialité enveloppante qui nous émane en insistant surtout sur la communication par les sensations cutanées, kinesthésiques et proprioceptives.

C’est à travers les images mentales qu’on a, l’association des souvenirs, des sensations corporelles et de la mémoire que se fait la perception de l’atmosphère. C’est pour cette raison qu’il insiste sur l’importance de l’image poétique et la

Figure35: Espace architecturale Source: auteur

Figure36: schéma synthétique de l’approche de J.Pallasma source : auteur

considère comme « un lieu de l’authenticité de l’expérience humaine ».1 De ce fait , J.Pallasmaa met l’accent, dans un premier temps, sur le sixième sens de l’Homme au sein de l’espace en la considérant comme une perception synesthésique

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et infra consciente puisque elle fusionne plusieurs facteurs multi sensoriels comme les sentiments , l’atmosphère , les tonalités spatiales affectives et le vécu corporel .

Cette perception simultanée dépasse les 5 sens d’Aristote (orientation, stabilité, mouvement, durée, continuité, échelle, équilibre) pour être connue par une « première impression globale » qui combine un espace existentiel et un espace mental de la mémoire.

Dans un deuxième temps, il insiste sur l’important rôle de l’architecte comme concepteur d’atmosphères. Il dit que « Les architectes prennent quantité de décisions qui définissent l’atmosphère d’un lieu et ils le font le plus souvent inconsciemment. Bien entendu, un bon architecte intériorise son projet au point d’en dessiner une situation vécue et pas seulement une ligne sur du papier ». 2

Figure37: composition de l’atmosphère du Lieu / source : auteur

De même pour le processus de la conception architecturale, il caractérise le projet, en cours de pensée et d’idée, comme une unité à un caractère d’atmosphère propre à elle, qui se projette vers nous, en prenant compte de travailler sur l’intuition de l’atmosphère plutôt que sur une approche théorique.

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II.2 Atmosphères, ambiances ?

Dans plusieurs pensées, articles ou même dans notre langage quotidien on emploie les deux mots « ambiance » ou « atmosphère » automatiquement comme s’ils sont deux synonymes : Définition atmosphère selon le dictionnaire Larousse : Ambiance morale ou intellectuelle propre au lieu dans lequel on se trouve. Définition ambiance selon larousse : Atmosphère d'un lieu, d'une réunion, d'une fête... On peut remarquer qu’il s’agit presque d’un même sens linguistiquement . Cependant en architecture, ces deux termes, malgré leurs ressemblances (en champ sémantique ) , ont de différentes caractéristiques et sens .

Figure38: lumière et silence de Louis Kahn / Source : Archdaily

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I sense Light as the giver of all presences and material as spent Light what is made by Light casts a shadow and the shadow belongs to Light

Lorsqu’on évoque l’ambiance en architecture c’est plus attachée à une activité : il y a l’ambiance sonore, l’ambiance lumineuse, l’ambiance colorée, l’ambiance humide ou sèche… Il est même possible ainsi de définir le nombre de décibels, le nombre de lux, l’hygrométrie comme la température, tout s’y mesure. on peut créer une ambiance dans un espace en faisant un dosage bien précis et homogène de lumière , son , matériau , vitrage ou autres

En architecture , quand on dit «atmosphère» -qui a déjà été pour longtemps discuté - , une certaine ambigüité règne . On peut souligner deux définitions : les qualités architecturales ou l’expérience initiale et immédiate d’un espace.

L’atmosphère, jusqu’à preuve du contraire, ne se mesure pas, elle s’apprécie, se goûte, on l’aime ou on ne l’aime pas. L’atmosphère n’est définie dans aucun cahier des charges, dans aucun programme, elle n’existe pas. Contrairement à l’ambiance, l’atmosphère reste floue, indéfinissable, mystérieuse et ouverte. C’est d’elle que dépendent la surprise et l’émotion.

Figure39: Ombre et Lumière / source : Google

I sense Light as the giver of all presences and material as spent Light what is made by Light casts a shadow and the shadow belongs to Light Louis Kahn - Light Matters

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46 Après tout, l’atmosphère est quelque chose de personnel , vague , éphémère , et difficile à capturer sur texte ou sur design , impossible à définir ou même analyser ou comme a dit Wigley « l'atmosphère est précisément ce qui échappe à l'analyse ». Malgré tout ça , l’atmosphère reste l’essence de l’architecture après une période où la programmation , les données DATA et l'image ont régné en maître

Quand un projet se dessine, il prend forme lentement et l’atmosphère s’en dégage petit à petit, à chaque fois différente. Ce type de démarche s’éloigne du concept. L’architecture, dans sa quête d’autonomie et dans sa soumission au tout technique, se durcit, s’éloigne de ce flou atmosphérique, d’où cette notion d’ambiance et non plus d’atmosphère. En effet , pour certains architectes , la production d’atmosphères ou la concrétisation d’atmosphères qu’ils veulent transmettre aux usagers au sein d’un projet est égale aux ambiances comme produit final ou « finition » du projet. De ce fait l’atmosphère devient un concept opératoire et c’est ce qu’on va développer au cours du deuxième chapitre.

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II.3 Atmosphères fantasmagoriques / imaginaires :

Figure41: fantasmagorie et imaginaire Source: pinterest avec modifi cation de l’auteur

What is your perception of reality ? Is it the ability to capture , process and make sense of the information received ?

If you can see , hear , taste or smell something does that make it real ? or is it simply the ability to FEEL !

Défi nition selon le dictionnaire Larousse : Ce qui est fantasmagorique est provoqué par une illusion, créée par des eff ets spéciaux ou par une production de l'esprit. Une apparition fantasmagorique peut prendre la forme d'ombres ou de phénomènes surnaturels.

Image mentale et narration

Notre capacité innée à saisir des atmosphères et des tonalités affectives (moods) est comparable à notre capacité à projeter dans notre imagination les cadres émotionnellement suggestifs d’un roman tandis que nous le lisons. monde extérieur

espace intérieur de la pensée

Lorsque nous lisons un grand roman, nous ne cessons de construire les décors dans lesquels l’histoire se déroule, et ses situations, tels que les mots de l’auteur les suggèrent ; nous passons sans effort ni difficulté d’un cadre à l’autre, comme s’ils préexistaientsous forme de réalités physiques à notre acte de lecture. Les scènes semblent être véritablement là, en attendant que nous y entrions, et avançons d’une scène du texte à la suivante.

Figure42: le Lieu de la pensée Source: auteur

Il est remarquable que nous ne fassions pas l’expérience de ces espaces imaginaires sur le mode d’images, mais dans leurs pleines spatialités et atmosphère. La même plénitude vaut pour les rêves : ce ne sont pas des images, car ce sont des espaces, ou des quasi-espaces, et des expériences vécues en imagination ; mais ce sont des espaces entièrement produits par notre imagination.

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La poésie du Lieu : Gaston Bachelard

Il a introduit le concept d’imagination matérielle et a essayé d’abord de classer la rêverie de la poésie selon les quatre éléments du feu, de l’eau, de l’air et de la Terre. il a poursuivi en soulignant que seule la naissance de l’imagerie poétique dans l’étude de la conscience personnelle, c’està-dire la phénoménologie de l’imagination, peut restituer la subjectivité Il est clairement désigné en raison de la nature changeante de l’image poétique .

Les images sensorielles suggérées par la littérature semblent être une sorte

Figure43: image réel / image mentale ou imaginée Source: Google avec modifi cation de l’auteur

d’atmosphère imaginative. « On voit les choses d’abord, on les imagine ensuite,on combine, par l’imagination, des fragments du réel perçu, des souvenirs du réel vécu, mais on ne saurait atteindre le règne d’une imagination foncièrement créatrice.»1

N’oublions pas qu’au moment de la perception , la mémoire ,les souvenirs , les images mentales , l’imaginaire de l’Homme sont déclenchés et stimulés soit par une odeur très spécifique ou par une lueur de lumière ou même par toute la combinaison des matériaux de lumière d’ombres de sons de cadrage qui composent le Lieu (stimulus) Dans le cas d’un concepteur d’espace , de créateur d’atmosphères ou des dites ambiances , architectes partout dans le monde , l’imaginaire est sollicité dès le départ du processus de conception .

Tout d’abord ça commence toujours par une idée maitresse , une image d’enfance . , un sentiment d’ancrage au site ou par un concept phare ou meme un objectif à atteindre (usage du lieu ) , l’imaginaire se construit petit à petit . Ainsi, certains architectes vont introduire dans les images qu’ils produisent une dimension sensible pour une approche multi-sensorielle du lieu qu’ils conçoivent.

L’ambiance représentée révèle l’architecture projetée en sollicitant nos différents sens puisqu’elle fait référence aux expériences personnelles vécues. Ce caractère personnel de la perception de l’ambiance induit un questionnement sur sa représentation.

Finalement, nous croyons que c’est par ces petits éléments, qui donnent de la vie au bâtiment projeté, c’est-à-dire à l’ambiance au singulier, qu’une place est faite pour laisser un monde imaginaire se glisser dans la représentation.

Figure44: atmosphère dans le temps Source: auteur 51

II.4 Homme –Atmosphère – Espace

Il est important de spécifier que l’interaction via l’architecture entre l’Homme et l’espace (Mileu , Lieu) s’établit à travers ses atmosphères , de ce fait cette partie va traiter tout d’abord la relation Homme-Espace comme sujet/objet ensuite Architecture-Espace comme expérience du Lieu et par la fin l’aura de l’Homme en tant que transmetteur entre Architecture et ses atmosphères , Le Milieu et ses expériences et l’Homme comme récepteur .

i. Sujet/Objet :

Dans les études d’atmosphères on parle souvent d’objet et de sujet , deux dualités inséparables puisque la perception d’atmosphère est conditionnée par la présence de ces deux éléments. En eff et , pour Böhme , l’atmosphère devient partagée et intersubjective , elle est placée avant la constitution des sujets , médiane , et avant la constitution de l’objet , c’est un entre deux , une relation de liaison entre deux facteurs : le sujet et l’objet : « ce qui est ressenti avant tout est toujours d’ordre atmosphérique. » C’est vers l'infra que l'on est conduit en tenant compte d’expériences qui se situent au-delà de la séparation entre le monde et le sujet.

Figure45: le triangle d’interaction Source: auteur

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Le philosophe Martin Heidegger lie indissociablement espace et condition humaine : « Nous parlons de l’homme et de l’espace, ce qui sonne comme si l’homme se trouvait d’un côté et l’espace de l’autre. Mais l’espace n’est pas pour l’homme un visà-vis. Il n’est ni un objet extérieur ni une expérience intérieure. Il n’y a pas les hommes, et en plus de l’espace ». 1

Lorsque nous entrons dans un espace, l’espace entre en nous, et l’expérience est essentiellement un échange et une fusion entre l’objet et le sujet.

L’Américain Robert Pogue Harrison, un spécialiste de littérature, énonce cela de manière poétique : « Dans la fusion du lieu et de l’âme, l’âme est autant un contenant du lieu que le lieu un contenant de l’âme, les deux sont soumis aux mêmes forces de destruction ». 2

Figure46: your atmospheric color : installation artistique le fl ou d’atmosphère de Oliafur Elisasson Source: olafureliasson.net/archive/artwork/ WEK100285/your-atmospheric-colour-atlas

2: Pogue Harrison (R.), Gardens : An Essay on the Human Condition, Chicago, London, The University of Chicago Press, 2008, p. 130. 1: Heidegger, «Bâtir habiter penser», 1951, in Essais et conférences, traduction A. PRÉAU, Paris, Gallimard, 1958, p. 186-188. 53

ii. l’expérience de l’espace :

Architecture au jour de l’expérience

L’expérience et l’architecture se permettent d’exister. L’architecture est le « là » de l’expérience, elle lui fournit un cadre pour participer à son environnement. L’expérience est la raison d’être de l’architecture, elle permet de transformer une partie de l’espace en lieu. Vivre, ressentir et nommer une atmosphère permet de dire « il se passe quelque chose ici » et d’en définir les contours.

Toutes les expériences que nous avons fait dans un lieu bien précis, à une date bien précise, entourées d’êtres bien précis. John Dewey a appelé cet espace , l’environnement d’expérience ; toute expérience existe dans l’environnement qui la façonne. Partant du principe que chaque corps a un échange permanent avec l’environnement, cela affectera notre état d’existence, et l’environnement définit un environnement, ne serait-ce que par sa température, son humidité, son odeur.

Figure47: processus perceptif Source: auteur

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De plus l’environnement influe non seulement physiquement sur notre corps mais aussi sur l’objet même de l’expérience. L’architecture ou le contexte spatial étant une des parties de l’environnement.

Pour comprendre cela, imaginez le fait d’écouter un ami chanter la même chanson dans une église, au sommet d’une montagne, dans notre appartement ou sur l’autoroute. Si la chanson reste la même, le lieu lui donnera une note différente. Cette empreinte peut être due à des caractéristiques sociales et culturelles, mais bien évidemment aussi aux spécificités de ces lieux

Ceci est facilement repérable quand il s’agit d’un chant parce que le son est transformé par l’endroit où il est chanté, du fait de la résonance, réflexion, absorption du son. Ou encore un tableau de peinture . Il ne s’agit pas seulement de la lumière qui l’éclaire mais de l’interaction entre l’oeuvre, source d’expérience, et l’atmosphère unique du lieu qui l’accueille. Un lieu teinte toute œuvre de sa climatique.

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Plus encore qu’une simple enveloppe, les lieux offrent de possibles moments d’expérience. , John Dewey, énonce qu’un édifice prend le statut d’oeuvre uniquement au moment où un être humain en fait l’expérience. « De l’avis de tous, le Parthénon est une grande œuvre d’art. Il ne prend toutefois un statut esthétique que lorsqu’il devient objet d’expérience pour un être humain. » Ainsi s’il nous est impossible de définir l’architecture, Dewey propose que pour la nommer « architecture », celle-ci requiert une expérience.

L’atmosphère exprimant le climat particulier d’un lieu; c’est-à-dire sa tonalité propre contenant tout ce qui le compose et leur manière de se comporter ensemble. À son tour, elle se trouve nuancée par le milieu, par le temps qu’il fait, ceux qui l’occupent ainsi que par ce que l’histoire ou l’humeur de chacun induit. L’architecture passant d’élément de l’environnement de l’expérience à objet de l’expérience devient à son tour nuancée par l’ensemble du milieu.événement/ avénement dont on ne ressort pas indemne

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iii. le 6ème sens :

Nous allons nous arrêter quelques instants sur la dimension anatomique de notre appareil sensoriel, pour mieux comprendre comment s’ancre dans le corps cette dimension sensorielle des expériences architecturales. Le système sensoriel est un ensemble de récepteurs, cellules sensibles, capables de capter et de convertir différentes formes d'énergie à partir de stimuli, et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces impulsions nerveuses, ou sensations, sont ensuite interprétées par le cerveau pour permettre la perception. Les impulsions nerveuses sont ensuite codées et transmises à différentes zones du cerveau, spécialisées dans le traitement de divers stimuli.

Cette situation conduit à l'imprécision des contours de nos organes des sens.Nos organes des sens sont généralement trop restreints aux cinq sens les plus courants: le goût, l'odorat, l'ouïe, la vue et le toucher.Nos organes des sens sont traités selon les trois catégories suivantes La classification serait plus appropriée :

-Perception externe : vision, audition, odorat, goût et équilibre vestibulaire. -Endosensibilité : Sensibilité des organes internes, des vaisseaux sanguins et de . l'endothélium. - La sensorialité proprioceptive : sensibilité des muscles, tendons et articulations

En outre de ça lorsqu’on évoque la sensorialité et spécifiquement nos 5 sens , il est aussi important de mentionner que pour faire l’expérience d’un Lieu à travers ses atmosphères , la perception de l’espace se passe tout d’abord à travers notre aura (ou la 6ème sens ) .

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Synthèse

En fait, nous pouvons définir l'aura ou notre intuition comme un ordre de débordement perceptif et émotionnel, qui respire et se répercute en subjectivité. Pour s'exprimer, il a besoin d'un observateur disponible afin de le percevoir physiquement et l’enregistrer. Au sens large, les choses peuvent être ressenties dans le corps du sujet percevant. Aura, l’enveloppe d'existence, ébranle la sensibilité de l'objet. Parce qu'elle combine des domaines subjectifs et objectifs, elle peut être défini comme une réalité intermédiaire : l'état ontologique de l'atmosphère

De même, l’atmosphère est un échange entre des propriétés matérielles ou existantes du lieu et le règne immatériel de la perception et de l’imagination humaines. Néanmoins, les atmosphères ne sont pas des « choses » physiques ou des faits, puisque ce sont des « créations » humaines relatives à l’expérience.

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Figure49: schéma de synthèse : les diff érentes formes d’atmosphère Source: auteur

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P a r t i e I I : A t m o sp h è re : D e l a c o m p r é h e n s i o n v e r s l a c o n c e p t u a l i s a t i o n

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Introduction de la partie :

Les objets architecturaux et les vides qui composent l’espace urbain créent également une atmosphère. Elle est différente de l’atmosphère de l’espace ou du projet car elle est à une autre échelle. C’est une fonction de la « taille, taille, proportion, qualité » des objets architecturaux liés à la personne qui les perçoit. Ces objets réfléchissent la lumière, produisent des ombres, guident ou bloquent le vent, réfléchissent, convertissent et absorbent le son et produisent du son par l’activité. Par conséquent, ils donnent une atmosphère particulière à chaque espace urbain

62 Puisque les questions que nous voulons aborder dans cette partie , telles que la façon dont l’atmosphère est présente dans et par l’architecture et comment en tant qu’architecte on peut «construire» des atmosphères , ne peuvent pas être répondu dans un sens purement rationnel , on a senti la necessité de rechercher et d’investiguer dans les détails ambiantales ainsi que atmosphériques des différents projets architecturales comme la reflexion d’une lueur de lumière sur l’eau , la mémoire des lieux visités , le mouvement des arbres , la silhouette d’une

demoiselle dans une robe satin la nuit et un temple de pierre, lumière et eau dessiné par P.Zumthor .

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64 Figure50: musée KunstHaus Bregenz de Peter Zumthor : Source: Livre Atmosphère de P.Zumthor

Chapitre III Atmosphère un concept opératoire

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