BILAN 2008
SOMMAIRE
EDITO
3 | L’année 2008 : persévérer pour ne pas oublier …
ET LES PLUS PAUVRES DANS TOUT CELA ?
CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES 6 | Le «Supermarché des actions» 7 | Un coup de pouce à la justice internationale 8 | L’olympisme au défi des droits humains 10 | La DUDH fête ses 60 ans ! 11 | La dignité passe par un respect de tous les droits
C'est à chaque fois la même histoire : chaque conflit, chaque déflagration dans le monde touche d'abord les plus faibles, les plus démunis, celles (car une majorité de femmes sont à compter parmi les victimes) et ceux qui comptent «pour du beurre» dans la géopolitique et les plans des généraux.
AIBF EN ACTION 12 | Amnesty prépare la relève 13 | Congo : réagir contre le chaos
Tout notre travail, depuis la création d'Amnesty a consisté précisément à penser à ces personnes-là précisément, et à tenter de leur venir en aide le plus efficacement possible. L'évolution de la mission d'Amnesty, qui essaye de mieux coller à l'indivisibilité des droits humains, va dans cette direction ; en un sens, nous réaffirmons en permanence que lorsqu'on a la volonté de diriger un peuple (ou l'humanité...), c'est celui-ci, jusqu'à l'individu le plus pauvre et le plus illettré, tout en bas, qui reste le seul évaluateur sérieux des politiques que l'on mène en son nom. Dans ce sens, Amnesty, si elle reste non-partisane, n'est pas vraiment impartiale. Et à l'heure où la crise financière et économique frappe encore une fois les plus démunis, c'est encore plus vrai : nous serons toujours du côté des «petits». Ce sera le sens de la grande campagne «Dignité» qui démarrera l'année prochaine. En espérant vous y trouver à nos côtés.
Christine Bika Présidente
14 | Formez, formez, il en restera toujours quelque chose 14 | Le cercle Benenson creuse son sillon 15 | Les Benebous dopent les ventes de bougies 16 | Mobilisation contre les armes 17 | Bonnes nouvelles
COMPTES
LES LIBERTÉS SE LISENT AUSSI Le Bilan 2008 est le rapport d’activités d’Amnesty International Belgique francophone (AIBF) réalisé par le programme Collecte de Fonds et le mensuel Libertés! • Rue Berckmans 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • Éditrice responsable : Christine Bika • Supervision : Pascal Fenaux et Jean-Marie Pierlot • Rédaction : Samuel Grumiau (avec Pascal Fenaux) • Maquette : RIF • Mise en page : Valérie Bodart • Impression : Unijep, avenue Georges Truffaut 42, 4020 Liège • Couverture : River Rocks Park, Seventeen Mile Rocks, Brisbane, Australie, octobre 2005. © Stefan Jannides Amnesty est membre fondateur de l’AERF (Association pour une éthique dans les récoltes de fonds).
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
L’ANNÉE 2008 : PERSÉVÉRER POUR NE PAS OUBLIER …
Au Japon, le nombre d’exécutions est en augmentation, 13 personnes ayant été exécutées en 2008, soit le chiffre le plus élevé depuis 33 ans. Le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la Peine de mort, Amnesty international manifestait devant l’ambassade du Japon. © Bruno Brioni
Cinq cent cinquante : c'est le nombre de communiqués de presse que nous avons publiés entre le premier janvier 2008 et fin novembre de cette année... Cela montre à quel point l'actualité des droits humains a été chaude ces derniers mois, mais aussi combien nous oublions vite les événements qui viennent passagèrement attirer notre attention. Qui se souvient aujourd'hui, par exemple, de la dérive ethnique des conflits postélectoraux qui a ensanglanté le Kenya fin 2007-début 2008 ? Qui se rappelle la rupture de la trève au Sri Lanka en janvier, rupture qui a relancé les combats entre les Tigres tamouls et le gouvernement et entraîné son flot de violations massives contre des civils ? Qui s'intéresse encore aujourd'hui aux expulsions massives d'immigrants de Libye, pourtant chargée par l'Union européenne de sous-traiter les flux migratoires provenant d'Afrique subsaharienne ? En alignant ces faits, on se rend compte à quel point nous sommes pris par le rythme de l'actualité, un événement
chassant l'autre. Et encore... une toute petite partie seulement de ces communiqués ont été diffusés par la presse, qui elle-même est lue par de moins en moins de citoyens. Les conséquences de cela peuvent être graves: l'oubli est la pire des choses pour les victimes, car il est un allié de poids pour l'impunité, cette tare qui nourrit tous les abus. C'est un défi de taille pour des organisations comme Amnesty International, car il nous faut à la fois répondre aux exigences de cette actualité sans cesse changeante (on ne comprendrait pas que notre association ne réagisse pas illico sur tout ce qui se passe dans le monde) et continuer, persévérer, suivre tout simplement ces dossiers sur le long terme. Nous avons donc tenté, en 2008, de trouver notre chemin entre ces exigences contradictoires. Les crises se sont succédé, certaines de ces crises ayant un caractère quasi permanent. Mais nos écrans de télé-vision ont surtout été occupés pendant des semaines
par l'événement médiatique par excellence : les Jeux olympiques de Pékin (voir plus loin). Loin de représenter une occasion d'interpeller les autorités chinoises sur les violations des droits humains commises en Chine et ailleurs (l'ancien «Empire du Milieu» est devenu l'acteur le plus incontournable sur une bonne partie des continents), nos représentants gouvernementaux sont allés à Canossa, soucieux de protéger leurs intérêts économiques. Alors, pour sensibiliser l'opinion, nous avons essayé jour après jour, semaine après semaine, d'attirer l'attention sur des situations parfois oubliés ou vite disparues des unes de nos journaux. Vous trouverez ci-après un petit portfolio de ces activités. ■
Philippe Hensmans Directeur
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➜ Guantánamo n’a pas encore été fermé. Officiellement, le programme de «restitutions» et de détentions secrètes de la CIA est toujours opérationnel. De même, de nouveaux fronts de la «guerre contre le terrorisme» se sont ouverts, notamment en Afrique de l'Est, tandis que la torture et les mauvais traitements sont toujours pratiqués au Pakistan et en Afghanistan, mais aussi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Arabie saoudite, Égypte, Irak et Tunisie, entre autres). Enfin, et surtout, des gouvernements européens continuent de transférer des personnes soupçonnées d'être des terroristes vers des pays qui pratiquent la torture en toute impunité. Dès lors, le 26 juin, quelques jours avant que la France n’assume la présidence du Conseil des Ministres de l’UE, Amnesty organisait une manifestation devant le Parlement européen. Ceux qui ont autorisé ou favorisé les atteintes aux droits humains depuis le début de la «guerre contre le terrorisme» doivent rendre des comptes. P.F. ➜
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Il y a six ans, les autorités américaines transféraient les premiers détenus de la «guerre contre le terrorisme» vers le centre de détention de Guantánamo Bay. Pour marquer cette date, Amnesty International a remis au gouvernement des États-Unis plus de 1 100 signatures de parlementaires de pays européens et du reste du monde appelant à la fermeture de Guantánamo. La fermeture de ce centre de détention est une étape cruciale pour mettre fin au recours de plus en plus fréquent aux détentions illégales dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Amnesty International a toujours condamné les actes de terrorisme qui font des milliers de morts et de blessés civils. Cependant, ce n’est qu’en renforçant le système de défense des droits humains que l’on pourra arriver à se prémunir véritablement des attaques terroristes, pas en l’affaiblissant en recourant à des pratiques illégales. Le 11 janvier 2008, militants et sympathisants des sections francophone et flamande d’Amnesty International se sont retrouvés dans le Pentagone. Plus exactement, ils ont défilé à Bruxelles, de la place de la Liberté jusqu’à l’ambassade des États-Unis pour rappeler leur demande de fermer Guantánamo. En compagnie de parlementaires fédéraux, une délégation d’Amnesty Belgique a été reçue par l’ambassade. P.F. - Photo © AIBF
CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
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En 1991, Troy Davis, un Afro-Américain de 40 ans, était reconnu coupable du meurtre d’un policier blanc, le 19 août 1989. L’arme du crime n’a jamais été retrouvée et la scène ne portait pas d’empreintes digitales ni de traces ADN. Un autre homme, Sylvester Coles, témoin à charge dans le procès contre Davis, se serait même vanté ensuite d’avoir tiré ce soir-là. Le 23 octobre, plusieurs rassemblements ont été organisés aux Etats-Unis, partout dans le monde et à Bruxelles, à l’initiative d’Amnesty international. Le lendemain, une cour d’appel fédérale américaine suspendait l’exécution de Troy Davis prévue le 27 octobre à Jackson (Géorgie). Selon la Cour d’appel, Troy Davis doit notamment démontrer qu’il «peut présenter des preuves fondant sa réclamation». C’est la troisième fois que Troy Davis apprend quelques jours - voire quelques heures, fin septembre - avant son exécution qu’elle est finalement suspendue. P.F. Photo © Bruno Brioni
Le 26 avril dernier, Amnesty International Belgique francophone tenait son assemblée générale à l’Espace Senghor de Gembloux. Le mouvement sacrifiait au rite des rencontres, happenings et débats. L’année 2008 fut néanmoins l’occasion de «marquer le coup» des 60 ans de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en organisant trois concerts mémorables à l’Aula Magna de Louvain-la-Neuve. Ici, Stef Kamil Carlens, frontman et leader de Zita Swoon, en clôture magistrale des concerts de Louvain-la-Neuve. P.F. - Photo © Fabrice Kada
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
LE «SUPERMARCHÉ
DES ACTIONS» telle ou telle action est ou a été proposée. Les internautes peuvent également s’abonner gratuitement à une lettre d’information électronique envoyée une fois par semaine par Isavelives.be. À ce jour, 4 800 personnes se sont inscrites pour recevoir cette lettre d’information, qui suggère aussi d’autres actions. Les anciennes Opérations Courage, qui proposent d’envoyer directement une carte de soutien aux individus en danger sans s’adresser aux gouvernements incriminés, trouvent également leur place dans l’activisme électronique mis en place par AIBF, sous la forme des Opérations Isavelives.be. Le site Isavelives.be reprend par ailleurs une trentaine de cas pour lesquels l’expertise d’Amnesty conduit à penser qu’une action sur le long terme sera nécessaire. La moitié d’entre eux est adoptée par des groupes locaux d’AIBF. © AIBF
AIBF a également imaginé la distribution d’actions urgentes par Lancé en 2007, le centre d’actions Isavelives.be connaît un succès important. SMS. Les gens peuvent s’abonner à Il a pour objectif d’offrir un maximum de moyens d’actions à un éventail sans ce service en envoyant un SMS contenant le message «AU» vers le cesse plus large de militants… et d’encourager les internautes à devenir des 3313. Ils reçoivent alors une fois membres actifs d’Amnesty. par semaine un SMS leur proposant d’agir en faveur d’un cas. Celui qui décide d’agir répond au SMS en donnant ses coordonnées. L’activisme électronique a la cote auprès des sympathisants Celles-ci sont renvoyées vers notre opérateur, qui les encode dans d’Amnesty. Avec une moyenne de 500 visiteurs par jour, notre sa base de données. Une fois par semaine, notre équipe rédige site Isavelives.be attire tant les militants chevronnés que les une lettre qui est envoyée à la représentation diplomatique du internautes désireux de participer de temps à autre à une action pays interpellé, elle est signée par la présidente d’AIBF et virtuelleen faveur des droits humains. Il regroupe tous les types d’intervenment par les abonnés SMS qui ont accepté le cas proposé. À ce tion demandés par Amnesty : les actions urgentes (qui demeurent jour, 750 personnes sont abonnées à ce type d’actions urgentes. l’une des techniques les plus efficaces utilisées par notre associaAvec un coût d’1 € par SMS reçu ou envoyé, cette forme de milition), les demandes d’actions pour les individus en danger (IED), tantisme permet également une récolte de fonds pour Amnesty. les «lettres du mois» proposées dans le mensuel Libertés!, les pétitions, etc. L’idée est de simplifier et d’accélérer au maximum À l’avenir, le site Isavelives.be veut favoriser les possibilités le travail de rédaction et d’envoi de lettres ou de pétitions aux autode contact entre les coordinations et les internautes, entre les rités : en un clic de souris, les internautes peuvent imprimer une militants et le Secrétariat national (SN), etc. Par exemple, si des lettre, signer une pétition virtuelle, transmettre la proposition groupes locaux ont mené et filmé une action intéressante, d’action à des amis, … originale ou efficace, ils pourront les envoyer et, après sélection, Amnesty les mettra en ligne. Amnesty souhaite développer En recourant à l’e-activisme, Amnesty veut non seulement susciter Isavelives.be pour que les militants puissent lui communiquer davantage d’actions, mais aussi permettre aux membres comme en ligne leurs activités, leurs éventuels résultats, ce qui nous aux activistes d’un jour d’être informés presque en temps réel permettra d’améliorer les actions proposées. ■ du suivi de leur action et de leur issue : pour maintenir leur motivation, il est important que les membres et les sympathisants sachent si leur action a été payante ou pas. Ce type d’actualisation est disponible directement sur le site Isavelives.be, à l’endroit où
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
UN COUP DE POUCE À LA JUSTICE INTERNATIONALE Le combat contre l’impunité est une priorité de l’action d’Amnesty. Quand les juridictions nationales sont défaillantes, ce combat passe par le renforcement de la justice internationale. Le Statut de Rome qui crée la Cour pénale internationale (CPI), la première juridiction internationale permanente chargée de poursuivre et punir les individus accusés de crime de guerre, de crime contre l’humanité et/ou de génocide, est entré en vigueur le 1er juillet 2002. Selon ce Statut, les États parties acceptent de conserver la responsabilité première d’enquêter sur ces crimes et d’en poursuivre les responsables devant leurs tribunaux nationaux, mais ils laissent la CPI intervenir en cas d’incapacité ou de refus de ces tribunaux. Jusqu’à présent, 108 États ont ratifié ce Statut. Amnesty mène de nombreuses actions de lobbying auprès des autres États afin qu’ils reconnaissent à leur tour la CPI. À ceux qui refusent de ratifier le Statut de Rome, Amnesty demande à tout le moins d’accepter de transposer dans leur droit pénal national les définitions faites par la
Radovan Karadzic (d) lors de sa première comparution devant le TPIY. La Haye, 31 juillet 2008. © AFP/Jerry Lampen
CPI du crime de guerre, du crime contre l’humanité et du crime de génocide. Notre mouvement se mobilise également pour que les gouvernements livrent leurs ressortissants quand ceux-ci font l’objet d’un mandat d’arrêt lancé par la CPI. C’est le cas notamment de l’Ouganda, un État partie au Statut de Rome, mais qui refuse d’arrêter deux responsables de l’Armée de libération du Seigneur, un mouvement rebelle qui a longtemps commis les pires atrocités dans le nord de ce pays. Le même combat est mené par Amnesty concernant deux hauts dirigeants soudanais qui font eux aussi l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI : Ahmad Harun, ministre du gouvernement, et Ali Kushayb, un leader Janjawid (les Janjawids sont des milices connues pour les massacres, les viols et les déportations qu’elles commettent depuis 2003 au Darfour).
Le 14 juillet 2008, le procureur de la CPI a demandé aux juges de cette Cour d'émettre un mandat d'arrêt à charge d'Omar el-Béchir, le président du Soudan, pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Notre section mène un intense lobby auprès de la Belgique, membre du Conseil de sécurité cette année, afin que celui-ci n’utilise pas un article du Statut de Rome qui lui permettrait d’interrompre une action de la CPI. Plusieurs groupements de pays (comme la Ligue arabe) mettent en effet la pression sur le Conseil pour qu’il agisse en ce sens concernant el-Béchir. Enfin, pour conclure sur la CPI, le premier procès devant la CPI débutera le 26 janvier 2008 et verra enfin jugé le chef de milice congolais Thomas Lubanga. Le combat contre l’impunité passe aussi par le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. Amnesty appuie la position des autorités belges et hollandaises dans les discussions de l’Union européenne avec ses pays voisins comme la Serbie et la Croatie afin que ces deux États livrent leurs criminels de guerre au TPI. L’arrestation de l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, est un encouragement en ce sens, d’autant qu’elle permet la prolongation de la durée de vie du TPI au-delà de 2010, la date prévue par le Conseil de sécurité de l’ONU pour l’échéance de ses travaux. Les actions de lobby d’AIBF nécessitent des dizaines de visites aux ambassades, coups de téléphone aux plus hautes autorités, envoi de lettres de la part des dirigeants de notre section ou de nos militants, pétitions, etc. Nous collaborons aussi avec d’autres associations ou institutions pour sensibiliser le grand public à la justice internationale. En 2008, AIBF a par exemple participé à un séminaire sur ce thème au fort de Breendonk, à une conférence avec l’Ordre francophone des avocats du Barreau de Bruxelles sur l’état des législations de compétence universelle (dix ans après le mandat d’arrêt du juge Garzon contre Pinochet), et elle a invité un spécialiste de la justice internationale lors de son assemblée générale. ■
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
Des policiers chinois en patrouille sur la Place du Potala, l’ancien palais des Dalaï-lamas (arrière-plan). Lhassa, 26 mars 2008. © AP/Andy Wong
L’OLYMPISME AU DÉFI DES DROITS HUMAINS Les Jeux olympiques ont permis à Amnesty d’attirer l’attention mondiale sur les violations massives des droits humains commises en Chine. Si les valeurs olympiques ont été bafouées, quelques éléments encourageants sont à souligner. Dans son allocution de clôture des Jeux olympiques de Pékin, le président du CIO (Comité international olympique), notre compatriote Jacques Rogge, a déclaré que ces jeux avaient été vraiment «exceptionnels». Sur ce point, au moins, Amnesty et CIO sont d’accord, même si pour notre association, l’aspect «exceptionnel» des Jeux de 2008 réside dans l’ampleur inouïe des violations des droits humains qu’ils ont suscitées. Les autorités chinoises ont constamment privilégié les apparences et négligé les valeurs olympiques en continuant de persécuter et punir les militants et les journalistes pendant les JO. Amnesty accuse également le CIO d’avoir terni l’héritage qu’auraient pu avoir ces Jeux en matière de droits humains, en fermant les yeux sur les violations. Pendant la période des Jeux, Amnesty a recensé des violations systématiques à l’encontre des militants pacifiques et des journalistes en Chine : incarcération et condamnation pour avoir demandé l’autorisation de manifester dans les zones
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prévues à cet effet ; emprisonnement ou arrestation arbitraire de journalistes et de militants chinois ayant voulu donner des informations sur les violations des droits humains commises dans le pays ; refus d’autoriser des auteurs de pétitions et des militants à manifester pacifiquement dans les zones prévues pour les manifestations par le gouvernement dans des parcs aux alentours de Pékin. Le 18 août, les autorités chinoises ont indiqué qu’elles avaient reçu 77 demandes de manifestations concernant 149 personnes, mais que 74 de ces demandes avaient été «retirées», deux «suspendues» et une «interdite». La justice chinoise a poursuivi des activistes qui avaient évoqué les violations des droits humains avant ou pendant les JO. Un exemple : celui de deux femmes âgées, Wu Dianyuan (79 ans) et Wang Xiuying (77 ans). Elles ont été accusées de «troubles à l’ordre public» et astreintes à une année de «rééducation par le travail» après avoir demandé l’autorisation de manifester dans l’une des zones officielles prévues à cet
effet. Ces femmes essaient de se faire entendre des autorités depuis qu’elles ont été expulsées de leur domicile en 2001 pour laisser place à un projet de construction. Les autorités ont statué qu’elles n’auraient pas à purger leur peine de «rééducation par le travail» tant qu’elles se «comporteraient correctement», mais que des restrictions seraient néanmoins apportées à leur liberté de mouvement. Contrairement à d’autres mouvements, Amnesty ne demandait pas un boycott des JO. Notre stratégie consistait plutôt à ne pas affronter de face le régime afin de laisser une place au dialogue dans un futur proche, lorsque l’effervescence des Jeux aura disparu. La campagne «Chine» d’AIBF s’est concentrée sur quatre grands points : la peine de mort, l’accessibilité à la justice, la protection des défenseurs des droits humains et la censure sur Internet. Chaque thème a fait l’objet de très nombreuses actions par les groupes locaux et par le site Isavelives.be. Plusieurs cas individuels ont été mis en avant en tant que symboles de
ces thèmes, comme celui de Hu Jia. Assigné à résidence pendant plus de 200 jours, ce défenseur des droits humains a réalisé le documentaire Prisoners in the Freedom City en filmant son quotidien, les allées et venues des policiers chargés de sa surveillance et de la filature de sa femme. Le 27 décembre 2007, Hu Jia a été arrêté à son domicile suite à ses interventions par webcam devant le Parlement européen le 26 novembre 2007 et lors d’une cérémonie organisée par Reporters Sans Frontières le 5 décembre 2007. Hu Jia a été condamné le 3 avril 2008 à trois ans et demi de prison pour «incitation à la subversion de l’État et du système socialiste» et à un an de privation de ses droits politiques. En octobre, le Parlement européen a dès lors décidé de remettre le Prix Sakharov à Hu Jia.
également mobilisés pour notre campagne, notamment les scouts de Belgique qui ont choisi les droits humains en Chine comme thématique pour leur camp. Annoncée le 28 octobre, la «Global Network Initiative» associe Yahoo!, Google et Microsoft. Cette initiative est entre autres le résultat d’un gros dérapage de Yahoo!, qui avait fourni à la justice chinoise des données qui ont mené à la condamnation à dix ans de prison du journaliste Shi Tao, accusé de «divulgation illégale de secrets d’État à l’étranger». Les signataires du code d’éthique se sont engagés à adopter l’interprétation la plus restrictive des lois sur la censure, et à combattre la surveillance des échanges sur leurs réseaux, bien que cette initiative reste en-deça des attentes d’AI. Selon Amnesty, la Chine, qui aurait le plus grand nombre de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés dans le monde, utilise les logiciels de filtrage les plus perfectionnés pour contrôler les 111 millions d'utilisateurs chinois de l'Internet.
Notre section a tout mis en œuvre pour obtenir la collaboration du COIB (Comité olympique et interfédéral belge) dans la campagne, sans grand succès malheureusement. Lorsque nous lui avons demandé de se prononcer publiquement en faveur des droits humains, le COIB a refusé sous prétexte qu’il doit suivre l’attitude du CIO en la matière. Refus également lorsque nous lui avons demandé de pouvoir dispenser aux athlètes belges sélectionnés pour les JO une petite formation sur les droits humains afin qu’ils partent en Chine en toute connaissance de cause. Nous aurions voulu transmettre aux athlètes Des toxicomanes se voient imposer une cure de désintoxication par une policière dans un centre de sevrage de la province un dossier d’information sur la du Yunnan. Kunming, 8 juillet 2005. © Guang Niu/Getty Images question, mais là aussi nous nous sommes heurtés à une fin de non recevoir de la part du COIB. Certains athlètes, contactés individuelleEn Belgique, l’événement le plus visible de la campagne d’AIBF ment, ont toutefois accepté d’affirmer haut et fort leur attachement a été la manifestation du 3 mai organisée devant les portes de au respect des droits humains. C’est le cas notamment de la l’ambassade de Chine, à Bruxelles. Environ 1 500 personnes ont coureuse Veerle Dejaeghere. participé à cette action au cours de laquelle plusieurs pétitions ont été déposées à l’ambassade. Amnesty s’est également associée Pour que les prochains JO soient réellement «exceptionnels», à trois autres associations pour sensibiliser les participants aux Amnesty a invité le CIO à tirer les 20 km de Bruxelles aux violations des droits humains en Chine. enseignements des Jeux de Pékin Un géant gonflable était installé non loin de la ligne de départ, en intégrant dans le processus de vêtu d’un t-shirt demandant la libération de Hu Jia. Plus tôt dans candidature et dans les contrats l’année, Amnesty s’était fortement mobilisée pour dénoncer les avec la ville hôte des indicateurs violations des droits humains commises au Tibet et dans la région concrets et mesurables de l’imautonome ouïghour du Xinjiang. pact des Jeux sur les droits humains. ■ Tout au long de l’année 2008, Amnesty est demeurée très présente dans les médias belges pour dénoncer les violations des droits humains en Chine. Les groupes locaux se sont eux aussi très largement mobilisés pour soutenir la campagne, tout comme les groupes écoles. Amnesty a transmis aux enseignants un dossier pédagogique sur la Chine et de nombreux débats sur les droits humains en Chine ont été organisés aux quatre coins de la Communauté française, en présence des spécialistes de ce pays au sein d’AIBF. Un DVD concernant le travail d’Amnesty et la peine de mort en Chine a servi de base à de nombreuses sensibilisations dans les écoles belges. Les mouvements de jeunesse se sont
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
LA DUDH FÊTE SES 60 ANS ! C’était une révolution. En 1948, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme est la première reconnaissance universelle du fait que les libertés et les droits fondamentaux sont inhérents à tout être humain. Soixante ans après son adoption, des progrès ont été accomplis, mais des organisations comme Amnesty demeurent indispensables pour défendre ses 30 articles.
© AIR
Le 10 décembre 1948, à Paris, 48 des 56 Etats indépendants réunis à l’Assemblée générale des Nations unies adoptent la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Elle n’a subi aucun vote négatif, mais huit Etats se sont abstenus (l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Union soviétique et ses satellites). Malgré leurs divergences de vues sur certains points, les auteurs de la DUDH, originaires de différentes régions du monde, sont donc parvenus à mettre au point le premier texte relatif aux libertés fondamentales commun à tous les êtres humains. Elle se présente comme «un idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations». Comme les autres résolutions déclaratives de l’ONU, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme n’est donc pas source d’obligation pour les Etats, elle n’est pas contraignante sur le plan légal. Ses 30 articles ont toutefois servi de point de départ à d’autres textes internationaux et régionaux qui le sont, à des constitutions et lois d’un grand nombre de pays. A l’heure actuelle, la DUDH est le document le plus traduit au monde, elle existe en plus de 330 langues différentes… dont le romanche, l’abkhaze, le wallon et le yiddish ! Au sortir de la deuxième guerre mondiale, l’adoption de la DUDH a suscité l’espoir de bon nombre de défenseurs des droits humains quant au respect non seulement des droits civils et politiques mais également des droits économiques, sociaux et culturels. Pourtant, soixante ans après l’adoption de la DUDH, le monde reste marqué par l’injustice, l’inégalité et l’impunité. Il existe de belles avancées (comme la création de la Cour pénale internationale), mais de graves violations des droits humains sont quotidiennement commises et les engagements pris en 1948 ne représentent trop souvent que des espoirs déçus pour des millions d’êtres humains. L’article 3 de la DUDH stipule que «tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne», mais on sait qu’au moins 1 252 personnes ont été exécutées par l’Etat en 2007, dans 24 pays différents. L’article 5 affirme que «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants», mais Amnesty a recueilli des
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informations sur des cas de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants dans 81 pays en 2007. On pourrait multiplier ces exemples pour tous les articles de la Déclaration. En cette année de célébration du soixantième anniversaire de la DUDH, Amnesty se concentre sur le travail qui reste à accomplir pour que la promesse de droits humains universels et indivisibles devienne réalité. Notre vision est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la DUDH. Amnesty ne souffle donc pas 60 bougies sur un gâteau pour fêter cet anniversaire, mais mène une nouvelle campagne pour défendre les 30 articles de la DUDH. En Belgique francophone, cette Campagne est consacrée à quatre défenseurs des droits humains et individus en danger pour lesquels nous demandons à chacun d’intervenir : Hu Jia en Chine, François-Xavier Byuma au Rwanda, Ronak Safarzadeh en Iran et Jessica Garcia au Honduras. Les actions en leur faveur sont disponibles dans le numéro de novembre du mensuel Libertés! et sur le site Isavelives.be. Une série de microtrottoirs a également été enregistrée et montre de vrais citoyens belges réagir à des violations explicites (et mises en scènes) des droits humains. Enfin, on peut télécharger le Passeport des Droits humains réalisé par AIBF. Il reprend les trente articles de la DUDH, illustrés par des dessins que Jean-Michel Folon avait réalisés pour Amnesty International. Plus de 320 000 exemplaires de ce passeport ont également été diffusés pendant l’année 2008, rien qu’en Belgique francophone. ■
«TOUT INDIVIDU A DROIT À LA VIE, À LA LIBERTÉ ET À LA SÛRETÉ DE SA PERSONNE»
http://www.passportdesdroitshumains.be
CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
LA DIGNITÉ PASSE PAR UN RESPECT DE TOUS LES DROITS C’est en 2009 que verra le jour la nouvelle campagne permanente d’Amnesty : la campagne «Dignité». Son but : insister sur l’indivisibilité des droits humains afin de prévenir et faire cesser leurs violations qui, inéluctablement, induisent et accroissent la pauvreté.
Depuis 2001, Amnesty a élargi son champ d’action pour y inclure la défense des droits économiques, sociaux et culturels. Pour notre association, ces droits sont indissociables des droits civils et politiques : la violation d’un type de droits entraîne la violation des autres. Si l’on prend par exemple la violation du droit à un niveau de vie suffisant pour assurer son bien-être en termes de logement, qui se traduit dans beaucoup de pays par un développement massif des bidonvilles, on constate qu’il facilite la violation de nombreux autres droits (comme celui à l’éducation), un développement de la violence conjugale, de mouvements de protestation (parfois réprimés en recourant à des violations des droits civils et politiques), … L’un des objectifs de la campagne «Dignité» sera de développer un nouveau concept,
celui de «l’empreinte des droits humains», afin de mesurer l’impact de toutes les actions sur le respect des droits humains, à l’image du concept d’empreinte écologique. La mesure de l’empreinte des droits humains pourra s’appliquer aux acteurs de tous les niveaux de pouvoir : des institutions financières internationales à l’autorité communale, de la grande multinationale à la petite entreprise, etc. La façon de mesurer impartialement cette empreinte n’est pas encore définie, l’un des projets d’Amnesty © AIR est de consulter des acteurs économiques et politiques afin d’avoir leur avis sur ce sujet. Une section pourrait par exemple demander à ses groupes locaux de contacter ses autorités communales afin de débattre avec elles de la façon dont leur empreinte sur les droits humains pourrait être définie, calculée, … À terme, l’objectif est que chaque acteur de la vie économique ou politique puisse être redevable des conséquences de ses actes sur le respect des droits humains, entre autres pour renforcer la responsabilité des entreprises (dans un premier temps, la campagne s’intéressera plus particulièrement aux entreprises extractives, souvent proches de contextes générateurs de violations des droits humains). Un deuxième projet lié à la campagne sera de développer dans chaque section d’Amnesty une «caravane de la dignité».
Selon les pays, cette caravane prendra peut-être la forme d’un bus, d’une roulotte, d’un wagon de train ou d’un autre moyen de transport, mais l’idée est à chaque fois la même : aller à la rencontre des acteurs de terrain, écouter les détenteurs des droits, les associations locales qui luttent contre la pauvreté, susciter le débat, sensibiliser à l’indivisibilité et l’interdépendance des droits humains. Amnesty n’a pas pour objectif de concurrencer les associations qui travaillent depuis bien plus longtemps qu’elle sur le terrain de la pauvreté, avec bien plus d’expertise en cette matière, mais de collaborer avec elles pour lutter en faveur du respect de tous les droits. Ce sera aussi une façon pour Amnesty de toucher un nouveau public. Amnesty veut aussi user de son influence pour obtenir l’adoption d’un protocole additionnel au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, afin de donner force de loi à ce Pacte. Les États seraient alors obligés de dégager les moyens nécessaires au respect de ces droits, sous peine de pouvoir être attaqués en justice par ceux qui n’en bénéficieraient pas. Obtenir la condamnation d’un État qui aurait omis par exemple de construire suffisamment d’écoles gratuites pour garantir un bon niveau général d’éducation ne serait alors plus une utopie… Déjà, le 17 octobre 2008, à l’occasion de la Journée internationale pour l’Élimination de la Pauvreté, le Réseau belge de lutte contre la Pauvreté organisait des manifestations un peu partout en Belgique, tandis que les militants d’Amnesty International distribuaient des dazibaos (jounaux muraux) dans les principales gares du pays. ■
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AIBF EN ACTION
AMNESTY PRÉPARE LA RELÈVE De l’éducation aux droits humains à l’action en faveur des victimes, tout est mis en œuvre pour impliquer les jeunes dans l’action d’Amnesty. L’année 2008 fut celle de l’apothéose pour le projet «Citoyens du Monde» mis en place par le secteur jeunesse d’AIBF. Entamé en 2006, ce projet proposait aux écoles et maisons de jeunes de nouer des liens avec des ONG qui défendent les droits humains sur le terrain. Les groupes de jeunes ont ensuite réalisé un projet créatif sur l’ONG avec laquelle ils étaient en contact : certains ont réalisé un film, d’autres une pièce de théâtre, une exposition, des chansons, etc.
au cas (par exemple s’il s’agit de victimes jeunes), d’éviter les cas potentiellement traumatisants, etc. Le site www.amnesty-jeunes.be propose une grande variété d’actions et d’informations adaptées au langage des jeunes : kit de l’agitateur, espace photos, journaux des groupes écoles, témoignages de victimes, «dazibaos» (journaux affiches), … L’une des grandes campagnes de notre section, la campagne Chine, a été adaptée pour permettre aux jeunes
Les meilleurs projets ont été récompensés par un voyage sur le terrain dont le but était notamment de ramener un reportage sur les défenseurs des droits humains. 25 jeunes sont ainsi partis durant l’été 2008 au Burkina Faso, au Congo, en Argentine et au Guatemala. Cerise sur le gâteau : leurs reportages seront diffusés en décembre sur Plug-RTL. L’éducation des jeunes aux droits humains est une grande priorité pour Amnesty. En Belgique francophone, nous comptons 80 groupes dans les écoles, avec une moyenne de 10 à 15 élèves par groupe. Comme les autres groupes locaux, les «groupes écoles» reçoivent du secrétariat national des propositions d’actions en faveur de victimes de violations des droits humains, mais elles sont plus ponctuelles, adaptées au calendrier scolaire. Amnesty sélectionne également les actions à destination des jeunes afin de susciter une identification
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proposées pour sensibiliser les jeunes (épreuves ludiques, quiz, journée sportive, …). Elles ont porté leurs fruits car une bonne centaine de jeunes se sont déplacés pour participer à la grande manifestation du 3 mai devant l’ambassade de Chine. Cette année, une autre priorité du programme jeunesse d’Amnesty est la thématique de la lutte contre la torture. Le projet se base sur un film inspiré par un manuel de torture de la CIA réalisé dans les années 70 dans le but d’enseigner la torture aux dictatures sud-américaines. Dans ce court-métrage, tout est au départ assez banal, comme dans un livre de recettes de cuisine : la victime est symbolisée par un poisson, on explique comment le découper, le traiter, puis les choses dégénèrent progressivement… L’idée est de symboliser la déshumanisation de la victime par le bourreau, une victime qui finit par être considérée comme une chose, un poisson. Un site (http://www.do-it-yourself.be/) a été créé pour soutenir ce projet. Il propose un dossier pédagogique sur la torture, une réflexion sur les liens possibles entre la torture et certaines séries télévisées (style «24 heures chrono») ou jeux vidéos, etc. Le secteur jeunesse de notre section utilise plusieurs canaux pour garder le contact avec les jeunes durant et après les actions ou campagnes, par exemple via la Lettre Jeunes à laquelle se sont abonnées près de 2.000 personnes. RDV sur le site www.amnestyjeunes.be pour tous les détails sur Amnesty et ses jeunes militants… ■
d’y trouver leur place. Le projet, intitulé «JO Pékin : Allez les droits humains», se basait sur une information solide : un dossier pédagogique, un DVD sur la peine de mort en Chine, une synthèse sur la situation des droits humains dans ce pays. Plusieurs actions ont été
© AIBF
AIBF EN ACTION
Un enfant congolais originaire de Rugari a trouvé refuge dans un camp qui accueille 40 000 personnes déplacées, à l’est de la RDC. Kibati, 2 novembre 2008. © UNHCR/P. Taggart
CONGO : RÉAGIR CONTRE LE CHAOS Un rapport d’enquête d’Amnesty a révélé les horreurs vécues par les civils dans l’est du Congo. Il mène à des actions de soutien envers les victimes et les défenseurs des droits humains. Une mission d’Amnesty a enquêté durant trois semaines au NordKivu sur les violations des droits humains dont sont victimes les femmes et les enfants. Son rapport passe notamment en revue le sort des enfants soldats dans l’est du Congo. Si un grand nombre d’enfants enlevés par des groupes armés pour combattre comme soldats ont été libérés et rendus à leur famille, la moitié d’entre eux ont ensuite été de nouveau recrutés par des groupes armés : leur expérience précédente fait de ces adolescents des recrues intéressantes et leur laisse donc courir un plus grand risque d’être embrigadés de force. Les enfants soldats qui tentent de s’enfuir sont tués ou torturés, parfois devant les autres enfants, à titre dissuasif. D’autres adolescents, arrêtés par l’armée congolaise car soupçonnés d’être des combattants de groupes armés, ont indiqué aux enquêteurs d’Amnesty qu’ils avaient été maltraités et torturés aux mains des militaires. La mission a obtenu sur place la libération de quelques ex-enfants soldats détenus dans les cachots des autorités congolaises. Le rapport d’Amnesty dénonce aussi le fait que les groupes armés et les forces gouvernementales continuent de violer, parfois en groupe, les femmes de tous âges, sans épargner les petites filles et les femmes âgées. Ces viols sont souvent commis en public et devant les membres de la famille, y compris les enfants. Si un mari ou un père intervient, il est torturé et tué sur le champ. Cette barbarie sème un climat de terreur généralisée qui aboutit à la destruction de la vie en société : comment les habitants d’un village pourraient-ils vivre ensemble «comme avant» après avoir été les témoins (et parfois les acteurs forcés) du viol des mères,
grand-mères, enfants ? L’armée gouvernementale se rend aussi coupable de viols. Une fille de 16 ans a raconté à la mission qu’elle avait été enlevée par deux jeunes officiers et détenue dans un camp militaire du Nord-Kivu pendant plusieurs jours. Dans ce camp, elle était violée toutes les nuits par l’un des officiers. Des missions d’enquête telles que celles d’Amnesty sont indispensables pour faire connaître au monde les atrocités commises dans l’est du Congo : trop souvent, les victimes se taisent car elles risquent les pires représailles si elles réagissent. Ces missions sont toujours annoncées officiellement auprès des autorités d’un pays, leur présence sur le terrain est donc un avertissement pour ces autorités. En quelque sorte : «Attention, toutes les atrocités que vous commettrez ou laisserez commettre seront révélées au monde, et vous pourrez en être tenus responsables devant les instances internationales». La mission a aussi pu rencontrer des défenseurs des droits humains, qui courent généralement de grands dangers quand ils opèrent sur le terrain. Plusieurs d’entre eux sont soutenus par Amnesty International et plus particulièrement la section belge francophone, depuis le retour de la mission à laquelle participait Françoise Guillitte, responsable du programme Droits des Femmes à AIBF. C’est le cas notamment de Justine Masika, fondatrice de l’association d’aide aux femmes Synergie, basée à Goma. Alors qu’elle était absente, des hommes armés ont pénétré chez elle, frappé ses enfants et harcelé sexuellement l’une de ses filles. Une action de soutien à Justine Masika a été lancée par Amnesty sur le site Isavelives.be. En plus de la dénonciation des violations des droits humains ainsi que du soutien aux victimes et à leurs défenseurs, Amnesty mène un intense lobbying sur le plan diplomatique. Notre action a notamment permis le maintien de l’embargo international sur les ventes d’armes à la RDC, alors qu’un projet visait à l’assouplir. ■
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AIBF EN ACTION
FORMEZ, FORMEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE L’éducation aux droits humains est permanente, tant pour former les nouveaux militants que pour permettre aux anciens de «suivre le mouvement». Chaque année, Amnesty propose à ses membres, donateurs et sympathisants de participer à des formations pour en savoir plus sur le mouvement, sur ses campagnes et sur les différents thèmes abordés en vue de défendre les droits humains. Certaines de ces formations s’adressent aux seuls membres pour les préparer efficacement à leur action bénévole : prise de parole en public, comment vendre davantage de bougies (en y prenant du plaisir !), comment discuter du sujet de la peine de mort, etc. D’autres formations touchent un public plus large que celui des membres : mission
et fonctionnement d’Amnesty, thématique de l’homosexualité et des droits humains, protection des réfugiés, luttes contre les violences conjugales, contre la torture, … Il existe aussi des formations générales aux droits humains à destination des enseignants, des responsables de mouvements de jeunesse ou des responsables de groupes-écoles d’AIBF.
© AIBF
Les formations servent également à permettre à tous de «suivre le mouvement» dans ses évolutions. Par exemple, un des derniers grands virages négociés par Amnesty concerne l’élargissement de son champ d’action à la sphère des droits économiques, sociaux et culturels. Comme déjà indiqué dans ce rapport, Amnesty lancera une campagne sur ce thème en 2009. Pour en savoir plus à ce sujet, notre section a organisé cette année une nouvelle formation, intitulée «Dignité humaine et droits fondamentaux». ■
© Irving Teitelbaum
LE CERCLE BENENSON CREUSE SON SILLON
En 2008, une vingtaine de conférences et d’événements culturels ont été organisés par le Cercle Peter Benenson. Le travail dans l’urgence a ses attraits et ses nécessités, mais il serait handicapé s’il ne s’accompagnait de moments de recul et de mise en perspective que les médias ne permettent pas toujours.
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C’est dans cet esprit qu’a été créé voici trois ans le Cercle Peter Benenson, ainsi nommé en mémoire du fondateur d’Amnesty International. Ce Cercle aura organisé une vingtaine d’événements cette année 2008, répartis entre rencontres précédées d’un moment de culture (pièce de théâtre, film, concert, …) et conférences. Après chaque événement, un «drink» est organisé pour que le public puisse s’entretenir en toute convivialité avec les orateurs, artistes, responsables d’Amnesty, etc. Quelques «grands noms» ont accepté notre invitation en 2008, parmi lesquels Albert Jacquard, venu s’entretenir avec le public sur le thème «pauvreté et droits humains». Le 10 décembre, c’est le comédien et metteur en scène Sam Touzani, parrain d’Amnesty, qui a joué son spectacle «Liberté, Égalité, Sexualité» à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits
de l’Homme. Un peu plus tôt, le 17 novembre, les mélomanes auront pu écouter le virtuose autrichien Alfred Brendel, qui offrit un concert à Amnesty peu avant de prendre sa retraite musicale. Tous ces événements permettent à Amnesty de toucher un public qui n’est pas toujours le sien. Le Cercle Benenson donne aussi l’occasion à Amnesty de traiter de thèmes importants qu’elle n’aborde pas au quotidien. En octobre, le public namurois a ainsi pu assister à une conférence sur la montée des populismes en Europe. Fin novembre, le Cercle organisait une rencontre concernant les conséquences de l’élection de Barack Obama en matière de politiques intérieure et étrangère des États-Unis. Au total, quelque 2 000 personnes se déplacent chaque année pour assister aux événements du Cercle, organisés dans toute la Communauté française. ■
AIBF EN ACTION
LES BÉNÉBOUS DOPENT LES VENTES DE BOUGIES La vente des bougies d’Amnesty est en hausse constante depuis quatre ans. Un succès dû notamment à l’apparition d’une nouvelle espèce de militant : le «Bénébou».
dernier). Le reste des bougies est vendu principalement par les stands tenus par Amnesty en région bruxelloise entre le 15 octobre et le 15 décembre.
La bougie, symbole d’Amnesty, est aussi son produit phare dans la génération de revenus : avec plus de 100 000 unités écoulées en 2007, la vente de bougies représente près de 80 % des rentrées d’argent liées au matériel promotionnel pour Amnesty en Belgique francophone. Ces rentrées interviennent à hauteur de 17 % dans le budget de la section. Elles justifient l’implication de plusieurs employés permanents affectés à la gestion des stocks, au travail de sensibilisation et de distribution via des canaux comme les écoles et les entreprises ainsi qu’à la gestion de stands promotionnels lors de grands événements. Ce sont les 75 groupes locaux d’Amnesty qui se taillent la part du lion dans ces ventes, avec environ 50 000 bougies écoulées. Vient ensuite le projet «Bénébous» (de «béné» comme « bénévole» et «bou» comme «bougie») : Amnesty contacte ses membres et donateurs pour leur proposer de prendre chez eux une boîte de 12 bougies à vendre auprès de leurs amis et connaissances. Ce projet, lancé en 2006, a permis d’écouler 30 000 bougies en 2007, un chiffre qui pourrait être battu cette année car environ 3 000 Bénébous ont accepté l’invitation (contre 2 300 l’an
Les ventes en bougies sont en constante augmentation ces dernières années. Outre le dynamisme des militants et des stratégies de vente, cette évolution est due à la diversification de l’offre : pas moins de 16 types de bougies sont actuellement disponibles auprès de la section belge. La traditionnelle bougie rouge demeure en tête des ventes (environ 15 000 unités l’an dernier), mais le grand public se tourne de plus en plus vers les bougies parfumées ou rustiques, idéales pour décorer les tables lors des fêtes de fin d’année. ■
SE RENFORCER PAR LES DONATEURS L’indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics est une condition indispensable à la crédibilité d’Amnesty. Pour développer ses activités, notre association n’a donc pas le choix : elle doit garantir sa récolte de fonds auprès des donateurs. Aux deux programmes habituels de collectes de fonds, Yekes (recrutement dans les lieux publics) et Kyses (porte-à-porte) s’est ajouté cette année celui du «rallye-café», qui consiste à envoyer les démarcheurs à la rencontre des consommateurs dans le secteur Horeca. Ce nouveau programme, testé en juillet, a généré des résultats au-delà des espérances puisque 300 donateurs ont été recrutés à Bruxelles en à peine 30 jours. Au total, les trois programmes auront permis d’attirer quelque 6 000 nouveaux donateurs en 2008, ce qui porte le nombre de membres et donateurs à plus de 50 000. Amnesty est très attentive à ne pas surcharger le public avec des demandes de dons. Elle coordonne donc ses planifications avec les autres ONG pour ne pas occuper les endroits publics «stratégiques» au même moment ni trop souvent. À la différence de certaines associations, Amnesty refuse par ailleurs de recourir aux agences commerciales : nos recruteurs sont tous formés par Amnesty et se tiennent régulièrement au courant de nos grandes campagnes afin de pouvoir répondre à toutes les questions. ■
Soutenez notre action : compte 001-2000070-06 15 | BILAN 2008
AIBF EN ACTION
MOBILISATION CONTRE LES ARMES armée ou sont expulsées de leur foyer, chassées de leurs terres, violées, torturées ou mutilées. Pour Amnesty, le constat est évident : le commerce irresponsable des armes alimente les conflits, la pauvreté et les graves violations des droits humains. Notre association s’est donc engagée avec d’autres au sein d’une campagne internationale, «Contrôlez les armes», qui a pour Chambre des Représentants. Bruxelles, avril 2007. but d’obtenir des © Belga/Aude Vanlathem Nations Unies l’adoption d'un traité sur le commerce des armes. En octobre 2008, une victoire était Par ce traité, les États s’engageraient à ne enregistrée dans le combat pour pas exporter d’armes vers des pays où elles peuvent être utilisées pour des violations l’adoption d’un traité international des droits humains ou du droit internasur le commerce des armes. Sur le tional huma-nitaire. La campagne a connu plan belge, par contre, c’est plus un succès ce 31 octobre 2008, lorsque 147 États ont voté en faveur d’un tel traité, une décevant. augmentation par rapport aux 139 États qui avaient adopté, en octobre 2006, une Chaque jour, plus de 1 000 personnes première résolution ouvrant le processus sont tuées directement par armes à feu. vers cet instrument. Seuls les États-Unis et Plusieurs milliers d’autres meurent le Zimbabwe ont voté contre. indirectement en raison de la violence
En septembre, Amnesty avait publié un rapport sur les transferts d’armes dans le monde, dans le but d’appuyer la campagne «Contrôlez les armes». Ce rapport étudie notamment neuf conflits qui ont été nourris par des flux d’armes non contrôlés. Il met en évidence la situation au Tchad où de nombreuses armes ont été exportées, en dépit de la situation très chaotique dans la région. La Belgique est très concernée par ce rapport car celui-ci avance l’éventualité d’une livraison de blindés au départ de la Belgique dans l’est du Tchad, à la frontière avec le Darfour. Notre section a pris contact avec le ministère de l’économie de la Région wallonne, qui a indiqué qu’une exportation a vraisemblablement eu lieu mais au départ de la France. La section française d’Amnesty suit à présent cette affaire auprès de ses autorités. Amnesty s’est également mobilisée au sujet de la loi belge sur les armes, votée en 2006 et qui représentait une nette avancée vers un meilleur contrôle des armes dans notre pays. Conférence de presse, sensibilisation des parlementaires et envoi massif de lettres n’auront malheureusement pu empêcher un pas en arrière sous la forme d’une modification de la loi pour faciliter les conditions de détention d’une arme à feu en Belgique. ■
QUI CONTACTER À AIBF ? Téléphone général : 02 538 81 77 E-mail général : aibf@aibf.be
ACCUEIL accueil@aibf.be COLLECTE DE FONDS Jean-Marie PIERLOT jmpierlot@aibf.be FORMATIONS Sophie YPERSIEL sypersiel@aibf.be
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E-ACTIVISME ET ACTIONS URGENTES Clarence JAMESON cjameson@aibf.be
MATÉRIEL PROMOTIONNEL ET CAMPAGNE BOUGIES Jean-Michel VERLINDEN jmverlinden@aibf.be
JEUNESSE Roland D’HOOP rdhoop@aibf.be
PRESSE ET FEMMES Françoise GUILLITTE fguillitte@aibf.be
LIBERTÉS! – LE MENSUEL Pascal FENAUX pfenaux@aibf.be
RECRUTEMENT Dounia MELIANI dmeliani@aibf.be
LOBBY ET RELATIONS EXTÉRIEURES Montserrat CARRERAS mcarreras@aibf.be
RÉFUGIÉS Estelle DUBOST edubost@aibf.be
SITE WEB Brian MAY bmay@aibf.be SOUTIEN AUX COORDINATIONS Arnaud COLLIGNON acollignon@aibf.be SOUTIEN AUX GROUPES Antoine CAUDRON acaudron@aibf.be
BONNES NOUVELLES
BONNES NOUVELLES SYRIE
MYANMAR (BIRMANIE)
OUZBÉKISTAN
UN DÉFENSEUR AMNISTIÉ
7 PRISONNIERS D’OPINION LIBÉRÉS
UN DÉFENSEUR AMNISTIÉ
Le 23 septembre, au moins sept prisonniers d’opinion ont été libérés, parmi lesquels U Win Tin. Incarcéré depuis 19 ans, il était l’un des plus anciens prisonniers d’opinion birmans. Le sort des quelque 2100 prisonniers politiques toujours maintenus derrière les barreaux au Myanmar demeure toutefois une source d’inquiétude, même si des rumeurs circulent selon lesquelles le gouvernement du Myanmar pourrait accorder la «grâce» à quelque 9000 prisonniers à l’approche des élections prévues en 2010. On ignore toutefois si ce chiffre englobe les 2100 prisonniers politiques évoqués ci-dessus. U Win Tin a refusé d’être gracié par le gouvernement, ce qui aurait signifié qu’il avait été incarcéré pour un motif légitime. Il a donc été libéré sans condition.
Le défenseur des droits humains Saïdjakhon Zaïnabitdinov a été libéré le 4 février à la faveur d’une amnistie présidentielle. Il purgeait une peine de sept années d’emprisonnement, prononcée en janvier 2006 à l’issue d’un procès qui s’était déroulé dans le secret, pour diverses infractions, en particulier «diffamation» et «diffusion d’informations visant à engendrer la panique». Président d’Apelliatsia (Appel), un groupe indépendant de défense des droits fondamentaux, il avait été témoin, en tant qu’observateur, de manifestations qui avaient dégénéré à Andijan, dans l’est du pays, les 12 et 13 mai 2005. Des soldats avaient apparemment tiré sans discrimination sur la foule, blessant ou tuant de nombreuses personnes, des civils sans armes pour la plupart. D’après le gouvernement, 170 personnes ont été tuées, mais des sources officieuses, dont Apelliatsia, ont estimé le nombre de victimes à au moins 500. Les médias internationaux avaient relayé la version des événements donnée par Saïdjakhon Zaïnabitdinov, très différente de celle des autorités ouzbèkes.
Aref Dalilah © AP Photo/Bassem Tellawi
Âgé de 68 ans et ancien doyen de la faculté d’Économie de l’Université de Damas, Aref Dalilah a été libéré le 7 août par une amnistie présidentielle. Il avait été condamné pour «tentative de modification de la constitution par des moyens illégaux» en juillet 2002 et pour avoir participé au «Printemps de Damas», la brève période de relative tolérance consécutive à l’accession au pouvoir du président Bachar el-Assad en 2000. Il est resté sept ans derrière les barreaux, la plupart du temps maintenu à l’isolement, et son état de santé s’est gravement détérioré. A sa sortie de prison, Aref Dalilah a affirmé qu’il continuait le combat : «Nous nous battons ensemble pour la justice et la démocratie. Cette lutte se poursuit.» U Win Tin © Private
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BONNES NOUVELLES
Baranovici à lutter contre la toxicomanie et d’autres problèmes sociaux. L’organisation de concerts rock avait suscité l’hostilité de la police bélarusse. La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a demandé aux autorités ukrainiennes de ne pas extrader Igor Koktych au Bélarus et le Procureur général ukrainien a répondu aux lettres des militants d’Amnesty International en citant explicitement la décision de la CEDH.
lesquelles Fouad Mourtada a été maltraité par la police durant son interrogatoire doivent toujours faire l’objet d’une enquête.
IRAN
LIBÉRÉE SANS CAUTION
MAROC
INTERNAUTE GRACIÉ © François Bergeron
NIGER
RÉDACTEUR EN CHEF LIBÉRÉ Le 6 février 2008, Ibrahim Manzo Diallo, rédacteur en chef du bimensuel indépendant Aïr Infos, a été remis en liberté provisoire par la Cour d’appel de la ville de Zinder (dans l’est du Niger). Il était détenu depuis plus de quatre mois sans avoir été jugé, en raison de ses liens présumés avec la rébellion touareg. Il a déclaré : «Je dois surtout remercier sincèrement du fond du coeur Amnesty International qui s’est mobilisée pendant ma détention. Grâce à la pression internationale […], ils ont fini par me libérer. Un grand merci aux membres d’AI. Toute ma famille leur dit aussi merci.»
Fouad Mourtada, un jeune informaticien et internaute marocain de 26 ans a été remis en liberté mardi à la faveur d’une grâce royale. Il avait été condamné en février à une peine de trois ans d’emprisonnement et à une amende de 10000 dirhams (environ 880 euros) pour avoir créé le profil du prince marocain Moulay Rachid sur le site Facebook. Deux délégués d’Amnesty International avaient assisté au procès de Casablanca qu’ils avaient déclaré non conforme aux normes internationales d’équité. Pour Amnesty, les affirmations selon
Interpellée le 12 avril, Khadijeh Moghaddam a été libérée le 16 avril, sans qu’elle doive verser une caution astronomique de 70000 euros initialement exigée. Khadijeh Moghaddam participe activement à la Campagne pour l’égalité, qui vise à recueillir un million de signatures iraniennes sur une pétition demandant l’abrogation des dispositions juridiques discriminatoires envers les femmes. Elle fait aussi partie du Comité des mères, et de l’organisation des Mères pour la paix. En outre, depuis de nombreuses années, Khadijeh Moghaddam mène activement campagne pour la protection de l’environnement.
UKRAINE / BÉLARUS
EXTRADITION SUSPENDUE Igor Koktych, actuellement détenu en Ukraine, ne risque plus une extradition immédiate vers le Bélarus (Biélorussie), où il risquait d’être victime de torture ou d’être condamné à la peine capitale à l’issue d’un procès inéquitable. Igor Koktych, musicien de rock, est accusé du meurtre d’une proche à Baranovici (Bélarus), en janvier 2001. Or, avant son arrestation, il aidait les jeunes de
Campaign for Equality
© www.helpfouad.com
VOICI DIFFÉRENTS MOYENS D’APPUYER FINANCIÈREMENT LE TRAVAIL D’AMNESTY : • Faites un don ponctuel (à partir de 30 €, vous bénéficiez d’une attestation fiscale) – n° de compte 001-200070-06 • Soutenez-nous régulièrement par un ordre permanent : demandez notre formulaire par téléphone au 02 543 79 80 ou par e-mail : jmpierlot@aibf.be • Devenez membre (vous recevez chaque mois notre publication Libertés! et vous avez le droit de vote à l’Assemblée Générale) : la cotisation est fixée à 14,87 € (non déductible fiscalement) – tout don complémentaire donne droit à une attestation fiscale lorsqu’il atteint 30 €. • Achetez (et offrez !) une bougie Amnesty : visitez notre Boutique en ligne http://www.amnestyinternational.be/boutique/ • Envisagez d’inclure Amnesty dans votre testament (le legs en duo permet d’éviter à vos proches de payer d’importants droits de succession et d’offrir à Amnesty des moyens supplémentaires de préserver les droits des générations futures). Demandez notre brochure explicative par téléphone au 02 543 79 80 ou par e-mail : jmpierlot@aibf.be
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CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES
COMPTES 2007 Les comptes 2007 ont été approuvés lors de l’Assemblée Générale d’Amnesty International Belgique francophone ce 26 avril 2008. MERCI ! Merci à VOUS membres, donateurs, militants, groupes locaux, régionales et coordinations. Merci pour votre enthousiasme, mobilisation et soutien. Vous êtes les chaînons essentiels des actions urgentes et des campagnes que mènent Amnesty International. Votre soutien financier et votre activisme, nous ont permis, cette année encore de défendre les Droits Humains partout dans le monde. Une défense qui se soldent souvent par de «bonnes nouvelles»…
CHARGES 3 867 572 €
Actions & Campagnes
1 605 590 €
41,5 %
1 412 181 €
(88 %)
En 2007 Amnesty International a mobilisé ses ressources sur des campagnes internationales et nationales :
Récolte de Fonds
21,5 %
846 940 €
3 modes de collecte de fonds contribuent à assurer les rentrées financières de sorte d’assurer à Amnesty son indépendance d’actions :
(25 %)
209 781 €
Un trimestriel vous informe régulièrement de nos campagnes en cours, des actions et des thématiques dont nous nous occupons.
Matériel promotionnel
(46 %)
387 110 €
Ces dépenses financent nos publications (rapport annuel et pays) ainsi que l’achat et la promotion des bougies et des objets vendus au profit d’Amnesty International.
Recrutement
Commerce des armes
1 120 030 €
Les fonds sont alloués au Secrétariat international à Londres qui poursuit un travail de recherche et de lobbying actif. 400 personnes s’y investissent au quotidien et constituent le centre nerveux du travail d’Amnesty. De plus une partie de la somme est reversée directement à d’autres sections afin de poursuivre leurs activités (sections du sud notamment).
Récolte de dons
En 2007 Amnesty International Belgique francophone a investi
Campagnes et sensibilisation
Recherche et soutien international 29%
(29 %)
250 049 €
Le commerce des armes non réglementé provoque des ravages dans le monde entier. Chaque année, des milliers de personnes sont tuées, blessées, violées ou chassées de chez elles à cause des armes. Amnesty International s’est associée à Oxfam et au Réseau d’action international sur les armes légères (RAIAL) dans le cadre de la campagne mondiale Contrôlez les armes.
Il s’agit ici de nos équipes de sensibilisation qui sillonnent Bruxelles et la Wallonie afin de recruter de nouveaux membres. En 2007, 7 200 nouvelles personnes ont ainsi adhéré aux valeurs et au travail d’Amnesty.
En savoir plus : www.controlarms.org/fr
Frais liés à la bonne gestion administrative de notre section.
Guerre contre le terrorisme : la justice
Administration
8%
3 867 572 €
PRODUITS
La «guerre contre le terrorisme» a provoqué l’érosion de toute une série de droits humains. Des États ont recours à des pratiques interdites depuis longtemps par le droit international, qu’ils essaient de justifier en invoquant la sécurité nationale. http://www.amnesty.org/fr/counter-terror-with-justice
Récolte de Fonds
Internet est un formidable outil qui permet de partager avec d’autres ses idées et d’exercer sa liberté d’expression. Mais les initiatives visant à restreindre son utilisation se multiplient.
74 %
• Dons • Vente bougies et matériel promotionnel Cotisations
Internet et droits humains
Subsides Divers
321 367 €
2 845 810 € 2 185 747 € 660 063 €
9%
342 010 €
14 %
553 731 €
3%
126 021 €
http://www.amnesty.org/fr/campaigns/irrepressible-info
Halte à la violence contre les femmes La violence contre les femmes, souvent sous-estimée, est rarement punie. Les femmes et les fillettes subissent des violences de façon disproportionnée, en temps de paix comme en temps de guerre. Ces actes peuvent être le fait de l'État, du groupe social ou de la famille. http://www.amnesty.org/fr/campaigns/stop-violence-against-women La liste des campagnes & actions est longue : peine de mort, stop torture, agir contre la violence dans le monde entier (Soudan, Myanmar, RDC, Chine, Etats-Unis, Mexique…), droit d’asile, droits économiques, sociaux et culturels, individus en danger… En Belgique aussi Amnesty est intervenue : asile, responsabilité des entreprises, lutte contre le terrorisme, situation dans les prisons belges, violence conjuguale.
Communication
(12 %)
193 409 €
Ce poste comprend diverses revues et outils audio-visuels à destination du grand public, des médias et de nos membres : notre magazine «Libertés!», les communiqués et conférences de presse, Amnesty interne,...
AMNESTY OFFRE DES GARANTIES DE TRANSPARENCE SUR SES COMPTES ANNUELS • En conformité avec la nouvelle loi sur les ASBL, les comptes, bilan et budget d’Amnesty sont présentés selon les nouveaux critères de la comptabilité normalisée des sociétés. • Ceux-ci sont examinés par un Réviseur aux Comptes indépendant avant d’être soumis à l’Assemblée générale pour approbation. Les comptes ont été approuvés ce 26 avril 2007. • Un contrôle du Ministère des Finances a lieu dans le but d’établir et de suivre le dossier d’agrément fiscal (renouvelé en 2007 pour une durée de 6 ans). • En tant que membre de l’association pour une éthique dans la collecte de fonds, AIBF s’engage à respecter le code déontologique de cette organisation. Notre association est par ailleurs soumise chaque année à un contrôle de gestion. En 2007, AIBF a reçu la note la plus élevée : 4 sur 4 = excellent. Pour en savoir d’avantage sur cet organisme : www.vef-aerf.be
Produits
3 867 572 €
Dépenses
Subsides: 14 %
Divers: 3 %
Administration: 8 %
Cotisations: 9 %
Récolte de fonds: 74 %
Collecte de fonds: 22 %
3 867 572 € Campagnes et actions: 41 %
Recherche et soutien international: 29 %
19 | BILAN 2008
LES LIBERTÉS S’ÉCRIVENT AUSSI ! Chaque mois, Libertés!, le périodique d’Amnesty International Belgique francophone, fait le tour de l’actualité des droits humains et propose des actions concrètes. Au-delà d’articles d’actualité, Libertés! propose un dossier de fond et invite les membres et les lecteurs occasionnels à réfléchir et à prendre un recul raisonnable et lucide par rapport à la déferlante d’informations à laquelle nous soumettent les médias écrits, audiovisuels et électroniques. La version imprimée de Libertés! est envoyée automatiquement à tous les membres d’AIBF en ordre de cotisation. Le mensuel d’Amnesty International est également accessible en ligne à l’adresse www.libertes.be. De même, chaque numéro est intégralement et gratuitement téléchargeable au format PDF.
En 2008, Libertés! a couvert plusieurs dossiers brûlants, parmi lesquels : Février : Caucase - L’emprise russe Mars : Belgique - Regards sur la traite Avril : Japon - Airs martiaux Mai : Les conflits emmurés Juin : JO 2008 - Ombres chinoises Septembre : Iran - Femmes entre chien et loup Octobre : Sri Lanka - Le huis clos
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