Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles
DÉPOT À BRUXELLES X
Libertes!
BELGIQUEBELGIE PP 1/2345 BXL X
JANVIER 2008 – N°440 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL
UN BILAN POUR 2007 VENEZUELA LES QUESTIONS D’UN RÉFÉRENDUM
GÉORGIE DES MEURTRIERS COURENT TOUJOURS
É D ITO R I A L
LES ARCHIPELS DE LA PERDITION L
e 5 décembre dernier, la Cour suprême des États-Unis entamait ses auditions sur la légalité de la loi de 2006 qui a officialisé les «commissions militaires» établies à Guantánamo depuis 2002 et mis hors-jeu les juridictions civiles américaines en les empêchant d’examiner les requêtes en habeas corpus déposées par des «combattants ennemis» étrangers détenus par les États-Unis. Il s’agit de la procédure qui permet à un avocat de faire comparaître immédiatement son client devant un tribunal, afin de pouvoir contester la légalité de sa détention, voire de recouvrer la liberté. Cette procédure n’est pas seulement une garantie de procès équitable donnée aux détenus, mais elle implique aussi l’obligation pour tout gouvernement de rendre des comptes devant le pouvoir judiciaire. Pendant six ans, les violations des droits humains se sont multipliées : transferts secrets de prisonniers (restitutions), tortures, disparitions forcées, détentions arbitraires et traitements cruels, le tout sur fond de procédures judiciaires inéquitables.
C’est parce que Guantánamo se situe sur l’île de Cuba que la base américaine a pu devenir le cœur et l’archétype d’un système horsla-loi de détention de prisonniers au nom de la «guerre contre le terrorisme». L’administration Bush a en effet estimé qu’en vertu de la jurisprudence américaine, jamais des tribunaux ordinaires ne pourraient examiner des requêtes introduites par des ressortissants étrangers détenus hors du territoire américain. À l’heure où ce numéro est bouclé, nul ne sait si la Cour suprême des États-Unis aura déclaré illégale la loi de 2006. Ce que l’on sait, par contre, c’est que, du 10 au 14 décembre, alors que des juges américains auditionnaient des avocats, les autorités françaises accueillaient en grande pompe les plus hautes autorités d’un État qui ne s’est jamais payé le luxe de sauver les apparences. Certes, on se doutait que la libération, en juillet dernier, des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien injustement détenus (et torturés) pendant huit ans (voir l’éditorial du Libertés! n°436 de septembre 2007) faisait partie d’un troc destiné à permettre à Mouammar Kadhafi et son régime de redevenir ouvertement fréquentables. Mais personne n’aurait cru que, pendant cinq jours d’une éternité insupportable pour ses innombrables victimes, le Guide libyen de la Révolution allait à ce point user et abuser du tapis rouge ainsi déroulé pour «allumer le feu» et dresser un écran de fumée autour d’un système où les prisonniers sont des fantômes, les femmes violées des coupables à «réhabiliter», l’exécution une norme, la torture un climat et les «tribunaux» des ectoplasmes. Rideau. e Pascal Fenaux
Toute l’équipe de Libertés! vous souhaite une pétillante année 2008 ! Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • libertes@aibf.be • www.libertes.be • Éditeur responsable : Sven Pitseys • Rédacteur en chef : Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Valérie Denis, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Marc Saint-Upéry et Julien Winkel • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : Des moines birmans et Irene Khan, la secrétaire générale d’Amnesty International, lors de la journée mondiale d’action pour le Myanmar. Londres, 6 octobre 2007. © Amnesty International
CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE MEMBRE/DONATEUR(TRICE) Madame Michele Ligot : mligot@aibf.be H je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse) Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . H Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre H Je répartis le montant de : H ma cotisation H de mon abonnement sur toute l’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 € (prix de la cotisation ou de l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 € ou plus. Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la somme de : H 2,5 € H 5 € H . . . . . . . . € (toute autre somme de mon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06 Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date: . . . . . . . . Signature:
SOMMAIRE ACTUEL
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DOSSIER
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I Venezuela : Les questions d’un référendum I Paroles : «Les oligarques se sont constitué des fortunes dans les mines» I Insolites-Brèves
UN BILAN POUR 2007 I La solidarité, combien de divisions ? I e-Activisme I Myanmar et Soudan, même combat I Femmes, l’année des bilans I RDC, un pays à reconstruire I Des jeunes pour un projet citoyen I Bougie Nights I Des comptes
MOUVEMENT
I Formations : Ouvrir à la diversité
ISAVELIVES.BE
I Lettres du mois I Bonnes nouvelles
CULTURE/AGENDA
Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)
I L’homme qui n’existe pas I Le prix de la liberté I La machine-prison
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ACTU EL ÉTATS-UNIS PREUVES DÉTRUITES Selon le New York Times du 7 décembre dernier, la CIA a détruit en 2005 des vidéos montrant «des agents de la CIA en 2002» faisant subir des «techniques d’interrogatoires sévères» à des «suspects de terrorisme, notamment Abou Zoubaydah» (un membre influent du réseau d’Oussama ben Laden). Les enregistrements ont été détruits notamment «parce que les officiers étaient inquiets du risque sur le plan légal pour les employés de la CIA». e
PAKISTAN ÉTAT D’URGENCE «LEVÉ» Le 15 décembre, avant les élections législatives et provinciales de ce 8 janvier, le président pakistanais Pervez Musharraf a levé l’état d’urgence qu’il avait restauré le 3 novembre (voir Libertés ! n°439 de décembre 2007). Sous ce régime d’exception, les autorités avaient pu, hors de tout contrôle de la Justice, arrêter plus de 5 000 opposants - libérés entretemps, à l’exception d’une trentaine, évincer les plus hauts magistrats du pays qui contestaient le pouvoir de Pervez Musharraf et la légalité de sa réélection du 6 octobre. Cependant, la levée de l’état d’urgence risque de ne rien changer, puisque le gouvernement a rendu impossible tout recours judiciaire contre les mesures prises sous ce régime d’exception, en particulier l’éviction des hauts magistrats hostiles au régime. e
TUNISIE JOURNALISTE EMPRISONNÉ Le 4 décembre, le journaliste indépendant Slim Boukhdir a été condamné à un an de prison par un tribunal de Sakiet Ezzit (Sfax) pour «insulte à un magistrat dans l’exercice de ses fonctions», «atteinte à la moralité publique» et «refus de présenter sa carte d’identité». Slim Boukhdir avait été arrêté le 26 novembre 2007 alors qu’il venait récupérer son passeport à Khaznadar, la banlieue de Tunis où il réside. Son procès a été observé par les membres d’une délégation d’Amnesty International en visite en Tunisie, ainsi que par des membres d’organisations tunisiennes de défense des droits humains et un représentant diplomatique de l’ambassade des États-Unis à Tunis. Pendant l’audience, les avocats de la défense ont fait valoir une série d’irrégularités dans les rapports de police et d’interrogatoire, demandant au tribunal de procéder à un contre-interrogatoire d’autres témoins. Cependant, le juge l’a refusé, en violation des droits de la défense. e
SRI LANKA ATTENTATS ET REPRÉSAILLES AVEUGLES Début décembre, la police sri-lankaise a arrêté plus de 1 000 Tamouls en réaction, semble-t-il, aux attentats-suicides perpétrés à Colombo le 28 novembre et dont le gouvernement attribue la responsabilité aux Tigres de la Libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Arbitraires et discriminatoires, ces arrestations ont été rendues possibles par les pouvoirs d’exception que se sont octroyé les autorités. Les personnes arrêtées risquent d’être détenues dans des conditions inhumaines et sans pouvoir exercer leur droit à la défense. e
Un Vénézuélien lit des affiches en faveur du oui à la réforme constitutionnelle proposée par référendum par le président Hugo Chávez. On reconnaît, entre autres, Fidel Castro, Ernesto Che Guevara et le guérillero communiste vénézuélien Fabricio Ojeda. Caracas, 29 novembre 2007 © AFP /Juan Barreto
VENEZUELA
LES QUESTIONS D’UN RÉFÉRENDUM Le 3 décembre 2006, Hugo Chávez était réélu président du Venezuela par 60% des suffrages exprimés. Un an plus tard, le 2 décembre 2007, 51% des Vénézuéliens ont rejeté par référendum son projet de réforme constitutionnelle. Comment expliquer ce «retournement» ? Rencontre avec Marc Saint-Upéry, journaliste, traducteur et éditeur français installé en Amérique du Sud.
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n décembre 2006, Hugo Chávez avait gagné une nouvelle fois – et à nouveau proprement – les élections présidentielles, tandis que l’opposition, derrière Manuel Rosales, reconnaissait sa défaite, laquelle venait confirmer sa défaite au référendum révocatoire du 15 août 2004. Or, depuis, Chávez a multiplié les initiatives provocatrices, voire dangereuses. Une première bourde, a priori bénigne, a été, le 27 mai 2007, de ne pas renouveler les droits d’émission du groupe privé Radio Caracas Televisión (RCTV). Légalement, Chávez en avait le droit. Sauf qu’en reconnaissant vouloir se venger de l’attitude pro-putschiste adoptée par RCTV en 2002, il a non seulement démontré que la vengeance était un plat qui se mangeait très froid, mais il a aussi pris à rebrousse-poil une très grande majorité d’électeurs chavistes qui tiennent à leurs telenovelas. Dès janvier 2007, Hugo Chávez s’est fait octroyer pour 18 mois les pleins pouvoirs dans une série de domaines par une Assemblée nationale exclusivement composée d’élus de son parti, le Movimiento V República (MVR) et de petits partis alliés, l’opposition ayant boycotté le scrutin législatif du 4 décembre 2005. Parmi les amen-
dements ou nouveaux articles constitutionnels proposés, l’un aurait dû permettre à Chávez de se représenter indéfiniment, ce dernier ne se privant pas d’annoncer régulièrement son intention de rester président jusqu’en 2031, voire jusqu’en 2050. Ce n’est pas tant ce dernier point qui a inquiété de nombreux Vénézuéliens, mais le fait qu’il soit couplé avec d’autres articles bien plus problématiques. Ainsi, le président devait obtenir le pouvoir de créer de toutes pièces des «territoires fédéraux» en lieu et place des régions, sans qu’il soit fixé de limite claire à cette prérogative. Or, les «territoires» ne sont pas gouvernés par des mandataires élus au suffrage universel mais nommés par décret présidentiel. Il était aussi prévu que le président puisse procéder aux promotions militaires à tous les échelons, ce qui a créé un sérieux malaise au sein d’une institution militaire globalement loyaliste. Enfin, contrairement à la rédaction de la «constitution bolivarienne» de 1999 qui avait fait l’objet d’intenses concertations avec la société civile et qui intégrait 90 % des remarques et propositions des ONG des droits humains, le projet de décembre 2007 n’a pas vraiment été discuté. Or, la nouvelle formulation de
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ACTU EL l’article concernant la déclaration d’états d’exception réduisait pratiquement à néant tout contrôle législatif et judiciaire sur leur durée et leurs modalités, supprimait une partie des droits de la défense et restreignait drastiquement la liberté de la presse. Certes, d’autres articles étaient positifs (lutte contre les discriminations ethniques, limitation de la durée du temps de travail, garantie d’une série d’avantages sociaux, etc.), mais beaucoup de Vénézuéliens ont eu l’impression qu’ils n’étaient qu’un «leurre». Dans la nuit du 2 au 3 décembre, après de longues heures de rumeurs et de tensions au sein du camp chaviste, Hugo Chávez a d’abord reconnu sa défaite. Mais, le mercredi 5 décembre, il est réapparu à la télévision flanqué de tout l’état-major militaire pour déclarer que les opposants à sa réforme constitutionnelle avaient remporté une «victoria de mierda». Outre que le propos n’était pas des plus élégants, Chávez a voulu démentir les rumeurs selon lesquelles l’armée aurait fait pression pour qu’il reconnaisse sa défaite. L’ennui, c’est que cette démonstration ostentatoire de force a plutôt convaincu du contraire et qu’elle semble bien confirmer que la défection – en novembre - du général Raúl Baduel, son ancien ministre de la Défense, a fait des vagues. À Caracas et dans de nombreux bastions populaires, le non et l’abstention l’ont emporté et 3 millions d’électeurs chavistes de 2006 se sont évaporés. Et, le 6 décembre, devant des cadres du MVR, Chávez a prononcé un discours dans lequel il s’en est pris à ses électeurs. «Dans l’État de Miranda, nous avons perdu. Dans la capitale [Caracas], nous avons perdu. J’ai pris note. Ils ont une dette envers moi. On va voir s’ils vont me la payer.» Ensuite, il a attaqué ses propres militants: «Je vais devoir
quitter le gouvernement en 2013 parce vous (sic) n’avez pas approuvé la réforme.» Malgré le tollé, il a conclu : «Vous pouvez raconter ce que vous voulez, mais vous n’avez aucune excuse !» Loin de se réconcilier avec ses 3 millions d’électeurs perdus, il risque plutôt de les confirmer dans leur choix de s’être abstenu ou d’avoir voté non. Le référendum de 2007 est instructif. La question de savoir si, en tant qu’individu, Chávez est un démocrate sincère ou un aspirant dictateur a peu d’intérêt : son régime «bolivarien» n’est pas une dictature. Certes, pour pallier la pénurie de certains produits de base, une administration a le monopole de l’importation de ces produits et elle est entièrement contrôlée par des colonels et des généraux, ce qui fait irrésistiblement penser à l’Algérie de l’époque du FLN – parti unique et bras civil de l’armée. Et que penser de la gestion opaque de la rente pétrolière, en dépit de la redistribution – anarchique – qu’elle permet ? Mais le risque de dérive autoritaire est pour l’instant contrebalancé par l’existence d’une société civile vénézuélienne à la fois participative et traditionnellement irrévérencieuse et critique. Par-delà des inégalités et tensions sociales terribles, le Venezuela n’a jamais vécu les putschs militaires sanglants des pays du «cône sud». La société vénézuélienne ne manque, semble-t-il, pas de ressources pour résister à la tentation autoritaire, que ce soit chez Chávez ou dans certains secteurs de l’opposition. C’est pourquoi nombre de Vénézuéliens qui s’étaient opposés au coup d’État antiChávez d’avril 2002 ont voulu empêcher le même Chávez de passer en force ce 2 décembre 2007. e Propos recueillis par P. Fenaux
L’INSOLITE NU S’Y FAIRE «Le nu ne constitue un objet d’art que dans les tableaux de la Renaissance», avait soutenu un procureur grec dans un procès qui a finalement débouché sur la relaxe du directeur de la Foire internationale d’Art contemporain. Michalis Argyros était poursuivi à Athènes pour avoir exposé une vidéo montrant une masturbation féminine sur fond d’hymne national. À la suite de la dénonciation d’un visiteur choqué par cette vidéo réalisée par l’artiste gréco-américaine Eva Stefani, la police avait arrêté en juin dernier Michalis Argyros dans les locaux d’Art Athina pour «obscénité» et «atteinte aux symboles nationaux». Il avait passé une nuit en garde à vue, ce qui avait provoqué le tollé des milieux artistiques locaux. Le 13 décembre, le tribunal correctionnel a finalement relaxé Michalis Argyros au nom de la liberté d’expression, contre l’avis du parquet qui réclamait sa condamnation, estimant que cette vidéo n’avait «aucun sens». e (AFP)
PAROLES UKRAINE
«LES OLIGARQUES SE SONT CONSTITUÉ DES FORTUNES DANS LES MINES» Près de 200 travailleurs sont morts en 2007 dans les mines de charbon de la région du Donbass, dans le sud-est de l’Ukraine. L’accident minier le plus grave de l’histoire du pays s’est produit le 18 novembre, lorsque 101 mineurs ont trouvé la mort suite à une explosion dans la mine de Zasyadko. Au-delà des risques inhérents au travail souterrain, la mauvaise gestion de nombreuses mines ukrainiennes explique pourquoi elles sont parmi les plus dangereuses du monde. C’est ce qu’explique Anatoliy Akimochkin, premier président du Syndicat indépendant des Mineurs d’Ukraine, qui dénonce aussi le développement de mines clandestines.
D
ès 1978, l’ex-URSS avait décidé de délaisser la production de charbon dans le Donbass pour donner la priorité à d’autres régions, comme le Kazakhstan. Plus aucune mine n’a donc été ouverte en Ukraine, l’investissement y a diminué et les mines existantes ont commencé à disparaître. Lorsque l’Ukraine est devenue indépendante en 1991, le gouvernement avait d’autres priorités que le réinvestissement dans le secteur minier. De plus, si 1,6 milliard d’euros étaient prévus pour les restructurations, cet argent a été détourné, voire investi dans des entreprises qui n’existaient pas… Les
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l Une femme pleure sur le cercueil d’un mineur de fond tué lors du coup de grisou survenu dans une mine de Donetsk, le 20 novembre dernier qui a fait 89 morts. AFP / Alexander Khudoteply oligarques se sont constitué des fortunes grâce aux détournements de fonds publics. Pour chaque million de tonnes extrait, la moyenne est de quatre travailleurs morts en Ukraine [avant l’accident de novembre 2007], sans compter le taux de décès consécutifs aux maladies professionnelles ou aux accidents du travail, ce dernier étant l’un des plus élevés au monde. Le matériel de mauvaise qualité et les conditions géologiques très difficiles des mines ukrainiennes expliquent en partie ces accidents, mais la façon de calculer les salaires est elle aussi en cause : les travailleurs sont payés en fonction du
nombre de tonnes de charbon extraites, ce qui les incite parfois à négliger les consignes de sécurité pour avoir plus de rendement. Il faudrait les rémunérer à l’heure. Dans les mines appartenant à l’État, le salaire moyen des mineurs de fond n’est que de 250 euros, et de 65 euros pour les travailleurs de surface. L’un des avantages du mineur de fond est de pouvoir prendre sa retraite après 20 ans de travail, mais environ 60 % d’entre eux continuent à travailler car les pensions sont trop basses pour vivre décemment. Les risques sont encore plus grands dans les mines illégales des régions de Donetsk et Lougansk, là où il y a du charbon proche de la surface du sol. Elles sont creusées dans le jardin d’une maison, dans une cour, dans un bois, etc. Il suffit de quelques personnes pour faire fonctionner ce genre de mine… et de la protection monnayée de personnes influentes au sein des autorités. Le travail y est très dur parce qu’il s’effectue principalement à la main, à l’aide d’outils primitifs. Certains mineurs acceptent d’y descendre car il n’y a guère d’autre travail dans la région, d’autres quittent les mines légales pour travailler dans ces mines clandestines car les salaires y sont payés au jour le jour et sont un peu plus élevés puisque l’employeur ne paie pas de taxes et n’investit pas dans la sécurité. J’ai déjà vu des femmes et des enfants de huit ans travailler dans certaines mines clandestines. e Propos recueillis par Samuel Grumiau
DOSSIER
UN BILAN POUR 2007 Comme chaque année, la section belge francophone d’Amnesty International (AIBF) fait le bilan des activités et actions de ses permanents, de ses militants, de ses groupes locaux et de ses coordinations. L’année 2007 a été riche en événements, bonnes nouvelles, déceptions, découragements mais aussi colères salvatrices. Si les nouvelles sont relativement bonnes sur le terrain de la lutte contre la peine de mort (voir Libertés! n°438 de novembre), avec un nombre toujours croissant de pays abolissant de facto ou de jure la peine capitale, des États comme la Chine ou l’Iran ont hélas emprunté un chemin inverse en s’en prenant en outre particulièrement aux mineurs d’âge. Mauvaises nouvelles également, les «reprises en main» particulièrement musclées opérées par les régimes militaires ou crypto-militaires au Myanmar (Birmanie) et au Pakistan. Mais, heureusement, d’excellentes nouvelles sont venues apporter une éclaircie dans un ciel plombé. Que l’on songe à la libération de deux des quatre «individus» en danger (la Mexicaine Magdalena García Durán et la Congolaise Coquette Nsinga) qu’Amnesty avait «sélectionnés» pour son Opération Isavelives.be lancée début novembre. Les pages qui suivent sont une version résumée du Bilan 2007. Pour celles et ceux qui voudraient le consulter, ce document est téléchargeable sur le site d’AIBF (voir ci-après).
Le siège de l’Organisation des Nations unies. New York, 18 septembre 2007 © AP GraphicsBank
LA SOLIDARITÉ, COMBIEN DE DIVISIONS ? En 2008, on célébrera le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. De quoi s’interroger sur l’impact qu’a encore cet outil sur les droits humains dans le monde.
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l y a de quoi être sceptique sur l’impact qu’a encore la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Comme nous le disait récemment un représentant du ministère belge des Affaires étrangères : «Aujourd’hui, un tel texte ne rassemblerait jamais assez de voix pour être adopté aux Nations unies, tant les divergences sont grandes». À la fin des années 80, la chute du «rideau de fer» et le démantèlement négocié du régime d’apartheid, la chute des tyrannies d’Europe centrale et les conférences nationales de transition démocratique esquissées dans de nombreux pays d’Afrique avaient suscité d’énormes espoirs, certains n’hésitant pas à prédire la fin d’ONG comme Amnesty. Mais, dès 1994, il a fallu rapidement
déchanter, le génocide perpétré au Rwanda sonnant le glas des espérances d’une humanité qui aurait tourné le dos à ses pires démons.
OFFENSIVE IDÉOLOGIQUE AMÉRICAINE Aujourd’hui, le monde apparaît plus divisé que jamais. Les États-Unis ont ouvert des brèches colossales dans le droit humanitaire et les droits humains. En autorisant la torture (et pas seulement à Guantánamo) et en lançant une offensive «culturelle» sans précédent pour justifier ces pratiques (voir la série 24 Heures), les Américains ont enclenché un processus infernal qui se retourne contre tous les Occidentaux, accusés de double langage s’ils abordent la question des droits fondamentaux. En justifiant des pratiques
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DOSSIER abominables au nom des droits humains et au nom de la lutte contre le «terrorisme», les USA ont tragiquement disqualifié le vocabulaire des droits humains aux yeux de larges secteurs des opinions publiques non occidentales. C’est ce qui rend d’autant plus appréciables les actions de nos groupes locaux, comme ceux qui militent pour des prisonniers injustement détenus dans les prisons «off-shore» américaines et qui montrent ainsi que tous les Occidentaux ne partagent pas les valeurs de l’actuelle administration américaine. Cette offensive idéologique des séries américaines provoque également des changements d’attitude chez nous. De même qu’un clip du rappeur 50 Cent peut ruiner des années d’efforts pour sensibiliser les jeunes au respect des femmes, une aventure de Jack Bauer risque de convaincre toute une génération que la torture est légitime et efficace dans certains cas (1).C’est pourquoi Amnesty a participé à la réalisation du film d’animation Do It Yourself et de son dossier pédagogique sur l’utilisation de la torture par la CIA. Ce matériel est distribué gratuitement aux enseignants qui en font la demande. Les signaux envoyés par les États-Unis par leur façon de mener la «guerre contre le terrorisme» ont été malheureusement captés cinq sur cinq par des gouvernements qui n’attendaient que cela, que l’on songe à la Russie, la Chine, la Mauritanie et bien d’autres États.
RÉGRESSION EUROPÉENNE Forteresse aux pieds de laquelle viennent mourir des milliers d’Africains cherchant une vie un peu meilleure, l’Union européenne (UE) s’enfonce dans une logique sécuritaire qui menace le respect de droits fondamentaux que l’on croyait acquis. Elle a ainsi permis que son territoire soit survolé par des vols de la CIA destinés à transférer des prisonniers vers des États où la torture est, sinon autorisée, en tout cas tolérée voire pratiquée, comme en Égypte ou en Syrie. Différents rapports du Conseil de l’Europe et du Parlement européen) sont venus confirmer ce qu’Amnesty affirmait déjà depuis un certain temps. Un effet pervers de cette politique est l’augmentation de la xénophobie. Amnesty a ainsi élargi aux Roms son action contre les discriminations en
BOUGIE NIGHTS La bougie est probablement l’un des symboles les plus connus d’Amnesty. Pourtant, peu de gens savent que c’est en Belgique que ce produit dérivé a trouvé son jardin d’Éden…
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n 2007, les ventes de bougies Amnesty en Belgique francophone devraient se chiffrer à 120000 unités. Un chiffre d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’en France, il s’en vend à peu près cinq fois moins pour une population de 63 millions d’habitants… Quelles que soient les raisons d’un tel engouement, cette situation fait bien les affaires d’une ONG comme Amnesty qui, plus que d’autres peutêtre, cherche à s’assurer un financement le plus autonome possible, de manière à garantir la conduite indépendante de ses missions, campagnes et enquêtes. Avec une participation de 15,5 % dans son budget annuel, les bougies contribuent donc de manière significative à ce bon fonctionnement et se déclinent dès lors en une multitude de variantes oscillant entre le basique monochrome et le haut de gamme parfumé… Ce commerce, véritablement primordial, nécessite d’ailleurs l’implication de plusieurs permanents affectés à la centralisation de la gestion des stocks, au travail de sensibilisation et de distribution via des canaux spécifiques comme les écoles et les entreprises et à la gestion de stands promotionnels lors de grands événements. Un renfort est également apporté, depuis 2006, par le projet Bénébou (de la contraction de «bougies» et «bénévoles») dont le principe consiste à contacter 8 000 membres et donateurs en leur proposant de prendre 12 bougies et de les vendre. Ainsi, en 2007, ce sont 2 300 Bénébous qui ont répondu à l’appel pour un total escompté de 30 000 bougies vendues. Ceci dit, les bougies ne sont pas les seules à faire l’objet d’un «commerce au service des droits humains» de la part d’Amnesty, puisque à côté d’elles, on trouve également des produits aussi divers que des bics, stylos, post-it et autres tee-shirts assurant eux aussi leur part de rentrées pour Amnesty. Les cartes postales, quant à elles, en plus de garantir une marge bénéficiaire assez importante, permettent de faire la promotion des artistes belges qui les illustrent. e
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Europe. À cet égard, la mise en place d’une Agence européenne des Droits fondamentaux, bien qu’intéressante, ne permettra pas de s’attaquer à des violations parfois encore importantes. Le désir de n’offenser aucun État souverain a été tel qu’il donne parfois l’impression que l’Agence a été créée pour protéger les États membres plutôt que leurs citoyens, que ce soit leurs minorités ou les victimes de plus en plus nombreuses de la traite des êtres humains. Ce n’est pas tant la Commission européenne que le Conseil des Ministres qui dirige l’UE. Ces derniers représentant avant tout les intérêts de leur propre pays, une grande partie du travail de lobbying de notre section est dirigée vers eux ainsi que vers les eurodéputés belges. Ceux-ci n’ont pas hésité à se mobiliser, notamment sur les exécutions capitales en Iran, certaines interventions s’avérant décisives.
LA BELGIQUE AUSSI Les élections législatives de juin 2007 ont été l’occasion pour les deux sections belges d’Amnesty (francophone et flamande) de rencontrer les partis démocratiques et de leur rappeler nos propositions sur, entre autres, l’asile, la responsabilité des entreprises, la lutte contre le terrorisme, la situation dans les prisons et, last but not least, la violence conjugale, un de nos axes prioritaires. L’«explorateur» Didier Reynders a ainsi intégré certaines de nos propositions dans sa note de synthèse. Nos préoccupations ont également été mises en avant par la Secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan. Elle a profité de l’honoris causa qui lui était décerné en mars dernier par l’Université de Gand pour rencontrer le Premier ministre sortant et le cabinet de la Ministre sortante de la Justice. Au menu, la législation anti-terroriste (illustrée par la condamnation d’un Belge accusé de soutenir une organisation armée turque d’extrême gauche), l’enfermement des mineurs de familles de demandeurs d’asile déboutés et la situation dans les centres fermés. Ces rencontres nous ont permis de marquer notre opposition à des mesures, adoptées ou proposées, comme le projet de loi sur les services de renseignements, projet finalement rejeté suite aux pressions de la société civile. Nous avons également insisté sur la nécessité de refuser de travailler avec des services de renseignements qui ont recours à la torture. Amnesty se prépare à lancer – fin 2008 – une campagne permanente sur la «dignité» et la lutte contre les atteintes aux droits économiques, sociaux et culturels, qui produisent ou entretiennent la pauvreté. Des partenariats ont été noués avec des associations comme ATD Quart Monde et, le 17 octobre, lors de la Journée internationale pour l’Éradication de la pauvreté, nous avons accompagné des personnes vivant dans la pauvreté chez le président de la Chambre, Herman Van Rompuy. Nous avons également lancé un appel à signer la «Déclaration de Solidarité», afin de faire pression sur les chefs d’État et les Nations unies.
RENFORCER LE MILITANTISME Ce qui distingue Amnesty de beaucoup d’autres organisations, c’est qu’elle est une organisation de membres (2 200 000 membres et sympathisants à travers le monde). L’engagement individuel n’est pas une valeur morte, même si nous devons nous adapter au monde d’aujourd’hui et trouver des manières d’agir et de sensibiliser qui correspondent aux
DOSSIER j Mudawi Ibrahim Adam, un défenseur soudanais des droits humains, dans les locaux d’Amnesty. Bruxelles, janvier 2007. © Bruno Brioni
MYANMAR ET SOUDAN, MÊME COMBAT La Birmanie et le Soudan sont revenus sur le devant de la scène. Si les situations de ces deux pays sont a priori différentes, on peut néanmoins y déceler plusieurs points communs, parmi lesquels le rôle de la Chine…
S
nouveaux publics à mobiliser. Amnesty reste en Belgique un mouvement relativement jeune (les membres ont en moyenne la trentaine) et nous allons investir davantage en direction des adolescents. Les actions publiques et médiatiques sont une marque de fabrique d’Amnesty en Belgique. Une vingtaine de manifestations et d’actions médiatiques ont été organisées ces derniers mois sur le Soudan, la Birmanie, la RDC, l’Iran, etc., le tout accompagné de visites d’ambassades et de rencontres avec le ministère belge des Affaires étrangères. Un bon nombre de ces dossiers concerne des défenseurs des droits humains qui, bien souvent, risquent leur vie pour dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux dans leur pays. La solidarité internationale constitue la colonne vertébrale du travail d’Amnesty. Grâce à votre soutien, elle se renouvelle chaque jour. e Philippe Hensmans, directeur Pour télécharger la version intégrale du Bilan 2007 d’AIBF : http://www.amnestyinternational.be/pdf/aibf_bilan2007.pdf (1) Selon le New Yorker, même le Pentagone s’est inquiété de l’effet contre-productif de la série sur les jeunes recrues américaines.
uite à la répression féroce qui a frappé, depuis le mois de septembre 2007, les soulèvements populaires birmans, Amnesty en collaboration avec l’ONG Actions Birmanie a décidé d’interpeller le gouvernement belge, alors membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour que celui-ci fasse pression non seulement sur le Myanmar et sa junte, mais aussi sur l’Inde et la Chine, que l’on sait très influents dans cette région du monde et surtout très soucieux de l’équilibre d’une zone déjà fragilisée par les 200 000 réfugiés postés de l’autre côté de la frontière thaïlandaise depuis de nombreuses années. Cependant, la Chine, à l’instar de la Russie, autre membre permanent du Conseil de sécurité disposant d’un droit de veto, rechigne à bousculer son allié birman et dont l’armée, qui plus est, risque d’être renforcée par le tout nouvel hélicoptère indien Advanced Light Helicopter dont la gamme d’armements pourrait recenser, entre autres, un lance-roquettes fabriqué par les Forges de Zeebruges, célèbre entreprise liégeoise d’armement. Interpellées à ce sujet par Amnesty, les autorités wallonnes ont affirmé avoir pris toutes les mesures nécessaires pour éviter un tel cas de figure. Mais la transparence dans ce domaine particulier n’est pas un des points forts au sud de notre pays... Le sort du Myanmar paraît donc encore bien incertain… Le tableau qu’offre le Soudan présente d’étranges similitudes avec la Birmanie. Un conflit politique camouflé en guerre interethnique et qui s’enlise, une population qui souffre, 200 000 morts, plus de 2 millions de déplacés, 200 000 réfugiés au Tchad, des répercussions sur des pays voisins (Centrafrique et Tchad), un risque massif de déstabilisation de la région, et la forte influence de la Chine. Omniprésente en Afrique et au Soudan où elle consent à des prêts gigantesques sans garantie en termes de respects des droits humains, la Chine joue ainsi un rôle néfaste. Les autorités soudanaises affectionnent certaines provocations comme, par exemple, lors de la visite de l’ambassade du Soudan à Bruxelles, où les représentants d’Amnesty se sont vus demander qui étaient les Janjawids, ces tristement célèbres milices arabes qui sèment la terreur au Darfour avec la complicité du gouvernement soudanais... Une région (le Darfour) qui a ainsi fait l’objet, le 29 avril 2007, d’une action organisée place de la Monnaie à Bruxelles par Amnesty dans le cadre de la journée de sensibilisation, de mobilisation et d’action en faveur du Darfour. Mais ici encore, malgré une forte mobilisation, on semble bien loin d’une véritable solution pour le Soudan, tandis que le déploiement de la force de maintien de la paix décidé par l’ONU se heurte aux atermoiements de la communauté internationale et à l’obstruction du Soudan… «Bonne nouvelle» tout de même, en mai 2007, après vingt mois d’enquête, des mandats d’arrêt ont été lancés à l’encontre d’Ahmad Harun et Ali Kushayb par la CPI, pour des crimes commis entre août 2003 et mars 2004 au cours de plusieurs attaques attribuées aux forces armées soudanaises et aux Janjawids sur quatre villes du Darfour occidental (Kodoom, Bindisi, Mukjar, Arawala). e
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DOSSIER RDC
UN PAYS À RECONSTRUIRE En République démocratique du Congo, huit ans de conflits armés ont causé la mort de près de 4 millions de personnes. Si les premières élections démocratiques de juillet (législatives) et d’octobre (présidentielles) 2006 avaient laissé présager une amélioration de la situation, l’échec du brassage de l’armée et des milices, couplé à un processus de réconciliation nationale basé sur l’impunité, ont ramené le pays des décennies en arrière.
D
epuis septembre 2007, au Nord-Kivu, les combats font rage entre les milices du général Laurent Nkunda et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), illustrant l’échec du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) des milices au sein des troupes gouvernementales. Pourtant, un grand nombre de membres des groupes armés avaient répondu favorablement à celui-ci en se rendant massivement dans un ensemble de centres de réception où le choix leur était donné entre l’intégration au sein de la nouvelle armée nationale et la réinsertion dans la vie civile. Malheureusement, mis en œuvre sans réelle volonté politique, le DDR s’est révélé inefficace, laissant de nombreux anciens combattants complètement désœuvrés alors qu’ils se voyaient également menacés de mort par leurs anciens généraux, hostiles au programme. En danger et sans moyens de subsistance, les miliciens n’ont bien souvent pas eu d’autre choix que de reprendre des armes que tiennent également toujours un nombre important d’enfants soldats, autres grands oubliés du DDR
L’ARMÉE GUÈRE MIEUX LOTIE... Du côté des FARDC, la situation n’est pas plus reluisante. Sous-payés, continuant de défendre des intérêts particuliers, les militaires seraient responsables de la majorité des atteintes aux droits humains signalées actuellement au Congo. Viols, pillages et usage d’esclaves sexuelles sont ainsi redevenus monnaie courante dans un pays dont le système judiciaire, dévasté par des années de conflit, garantit une impunité de fait aux militaires ou aux miliciens coupables de ce genre de délits. Les
forces de sécurité, quant à elles, seraient responsables des cas d’arrestations arbitraires, de torture et de meurtres à l’égard d’opposants au président Joseph Kabila ayant eu lieu pendant et après la campagne électorale 2006-2007. Les craintes d’Amnesty, maintes fois répétées depuis plusieurs années, se trouvent ainsi confirmées de bien triste manière. Très tôt en effet, notre organisation avait averti les gouvernements occidentaux du fait que les élections libres n’étaient qu’un début. Il importait donc, pour assurer un «après» serein, de reconstruire le système judiciaire, le système d’éducation et de garder l’armée dans ses casernes tout en réformant les forces de police. Il n’en a rien été... Cependant, malgré ce constat quelque peu décourageant, Amnesty continue de travailler pour le Congo. Notre association soutient ainsi deux ONG au Sud-Kivu. L’une d’elle, la SOFAD, travaille en faveur des femmes victimes de viol. L’autre, l’Arche d’Alliance, s’occupe des enfants recrutés par les forces armées. Enfin, nous avons également effectué un intense travail de lobbying auprès des autorités (sous forme d’échanges avec l’ambassade du Congo notamment). Pour que ce cycle de violences prenne un jour fin et que le Congo puisse se reconstruire... e
l Des enfants soldats fraîchement démobilisés du Front de Libération du Congo. Beni, 2004. © AP GraphicsBank
DES JEUNES POUR UN PROJET CITOYEN Depuis 2006, le programme jeunesse d’Amnesty planche sur un projet ambitieux nommé «Citoyens du Monde». Objectif : mettre écoles et maisons de jeunes en contact avec les ONG.
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n a des idées du côté d’Amnesty Jeunes. Et des ambitions aussi. Depuis 2006, on y travaille ainsi au projet «Citoyens du Monde» dont l’objectif est de mettre les écoles et les maisons de jeunes en contact avec différentes ONG suivant un modus operandi d’une simplicité enfantine : chaque école ou maison de jeunes choisit une ONG et entame une correspondance avec cette dernière. Sur base de ce que les jeunes ont appris des activités de celle-ci, ils créent ensuite un projet qui sera présenté lors d’un concours final dont la date a été fixée au 5 mars 2008. Les lauréats 8 Libertés ! Janvier 2008
gagneront le droit de se rendre dans le pays d’origine de leur organisation d’adoption afin de se rendre compte par eux- mêmes du travail qu’elle effectue sur le terrain. Qui sait dès lors si l’Athénée Jean Absil de Bruxelles, par exemple, ne se retrouvera pas bientôt au Cameroun afin d’assister au travail de «son» ONG engagée dans la lutte contre l’homophobie ? Parallèlement à ce concours, le programme Jeunesse d’Amnesty vient également de sortir un petit conte, intitulé Chen, une lumière dans la nuit, traitant des droits humains en Chine. Écrit par Roland d’Hoop (responsable du programme jeunesse) et illustré par Pascal Lemaître (dessinateur ayant publié de nombreux livres pour enfants), ce «Récit Express» à destination des enfants constitue un outil utile pour sensibiliser les plus petits à une problématique qu’aborde également un volumineux dossier pédagogique réalisé, quant à lui, pour les élèves du secondaire. e
DOSSIER VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES L’ANNÉE DES BILANS
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n 2005, un sondage réalisé pour Amnesty International a révélé qu’un couple belge sur trois connaît, dans son entourage, des cas graves de violence conjugale. Un constat alarmant qui justifie à lui seul, si besoin en était, le Plan national belge de Lutte contre la violence à l’égard des femmes développé par le gouvernement fédéral depuis 2004 et qui touche à sa fin cette année. À l’heure des bilans, AIBF peut se féliciter du rôle qu’elle a joué dans le bon déroulement de cette entreprise ambitieuse, entre autres via ses groupes locaux. Cependant, bon nombre de mesures prises dans ce cadre (comme la présence de magistrats de référence en la matière dans chaque arrondissement judiciaire) devraient devenir structurelles pour être vraiment efficaces. Sans parler des moyens à accorder aux associations de terrain. Au plan international, une enquête estime qu’une femme sur trois a subi des relations sexuelles forcées ou d’autres formes de mauvais traitements au cours de son existence. Un exemple est Ciudad Juárez, dans l’État mexicain de Chihuahua. Depuis 1993, plus de 400 filles et jeunes femmes y ont été assassinées, dont au moins un tiers après avoir subi de graves violences sexuelles, sans que les autorités locales enquêtent sur ces meurtres. Une situation que nous avons dénoncée lors de notre visite à l’ambassade du Mexique, le 8 mars 2007, en compagnie de Marisela Ortiz, responsable de l’association Nuestra Hijas le Regresso a Casa. Enfin, en 2008, Amnesty interpellera ses interlocuteurs et partenaires sur la question des droits sexuels et reproductifs des femmes. e
l Marisela Ortiz lors du rassemblement organisé devant l’ambassade du Mexique. Bruxelles, 8 mars 2007. © AIBF / Sabina Jaworek
E-ACTIVISME
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etour aux sources et nouvelle étape technologique. C’est le sens du nouveau programme Isavelives.be qui vient de faire entrer Amnesty dans l’ère de l’e-Activisme tout en remettant les «individus en danger» au centre des actions.Le site Internet (www.isavelives.be) fédère depuis novembre toute une série de modes d’actions accessibles aux militants comme aux sympathisants. Premièrement, l’«Opération Isavelives.be», qui refond des anciennes «Opérations Courage». Deuxièmement les différents appels mondiaux, qui permettent toujours aux militants et sympathisants d’envoyer des lettres en faveurs des individus, lettres également disponibles dans le mensuel Libertés! Troisièmement, les Actions urgentes, jadis accessibles à l’adresse www.amnesty.be, sont désormais rapatriées vers le site www.isavelives.be. On peut désormais être informé presque en temps réel du suivi d’une action et de son issue. Enfin, un service par SMS (disponible au numéro 3313) permet de recevoir chaque semaine un message proposant d’agir en faveur d’un cas. e
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DOSSIER
COMPTES 2006 Les comptes 2006 ont été approuvés lors de l’Assemblée Générale d’Amnesty International des 5 & 6 mai 2007. Si nous n’avions qu’un seul mot à écrire ce serait : MERCI ! Votre soutien financier ravive la flamme de l’espoir. Votre générosité nous offre les moyens de poursuivre, d’améliorer voire d’étendre nos campagnes et actions. Votre engagement nous motive à donner le meilleur de nous-mêmes dans une cause qui malheureusement se confronte chaque jour à de nouvelles violations. Grâce à VOUS, la défense des droits humains peut continuer...
3 986 207 €
CHARGES
RÉCOLTE DE FONDS
Actions : 46%
RÉCOLTE DE DONS
RECHERCHE ET SOUTIEN INTERNATIONAL
Recherche : 26%
26 %
46 % (3,6 %)
1 832 720 € 144 257 €
Il s’agit essentiellement de soutien aux défenseurs locaux des droits humains partout dans le monde.
CAMPAGNES ET SENSIBILISATION
(20 %)
785 460 €
C’est vraiment le cœur du travail d’Amnesty : la sensibilisation du public et des pouvoirs publics aux problématiques des droits humains via l’information, la formation et l’action. En 2006 ce sont non seulement les campagnes «Halte à la violence contre les femmes» et «Stop Torture» qui ont mobilisés les ressources d’Amnesty, mais également «le contrôle des armes légères» et les exactions commises à Guatanamo.
COMMUNICATION
(9 %)
362 534 €
Ce poste comprend diverses revues et outils audio-visuels à destination du grand public, des médias et de nos membres : notre magazine Libertés!, les communiqués et conférences de presse, Amnesty interne,... .
ACTIONS LOCALES
(4 %)
168 764 €
Les groupes locaux d’Amnesty promeuvent des actions locales d’information et de sensibilisation aux droits humains dans le cadre des différentes campagnes.
PROVISIONS
(9 %)
371 705 €
Cet argent à été réservé pour des actions futures dans le cadre des nouvelles campagnes «Individus en danger» et «Le respect des droits économiques, sociaux et culturels».
10 Libertés ! Janvier 2008
243 956 €
MATÉRIEL PROMOTIONNEL (9 %)
365 585 €
Ces dépenses financent nos publications (rapport annuel et pays) ainsi que l’achat et la promotion des bougies et des objets vendus au profit d’Amnesty International.
RECRUTEMENT
(6 %)
227 404 €
Il s’agit ici de nos équipes de sensibilisation qui sillonnent Bruxelles et la Wallonie afin de recruter de nouveaux membres. En 2006, 6.800 nouvelles personnes ont ainsi adhéré aux valeurs et au travail d’Amnesty.
7%
278 281 €
Frais liés à la bonne gestion administrative de notre section.
3 986 207 €
Cotisations : 11%
Divers : 1 %
Subsides : 14 %
Collecte de fonds : 73 %
1 038 261 €
Les fonds sont alloués au Secrétariat International à Londres qui poursuit un travail de recherche et de lobbying actif. 400 personnes s’y investissent au quotidien et constituent le centre nerveux du travail d’Amnesty.
ACTIONS AIDES DIRECTES
(6 %)
PRODUITS
Collecte de fonds : 21%
836 945 €
Un trimestriel Amnesty en Action vous informe régulièrement de nos campagnes en cours, des actions et des thématiques dont nous nous occupons.
ADMINISTRATION Administration/ Gestion : 7%
21 %
Trois modes de collecte de fonds contribuent à assurer les rentrées financières de sorte à assurer à Amnesty son indépendance d’actions :
73 %
2 889 843 €
• DONS (57 %) • VENTE BOUGIES ET MATÉRIEL PROMOTIONNEL(16 %)
2 282 243 €
RÉCOLTE DE FONDS
607 600 €
COTISATIONS
11 %
457 856 €
SUBSIDES
14 %
586 524 €
1%
51 984 €
DIVERS
AMNESTY OFFRE DES GARANTIES DE TRANSPARENCE SUR SES COMPTES ANNUELS • En conformité avec la nouvelle loi sur les asbl, les comptes, bilan et budget d’Amnesty sont présentés selon les nouveaux critères de la comptabilité normalisée des sociétés. • Ceux-ci sont examinés chaque année par un réviseur d’entreprise indépendant avant d’être soumis à l’Assemblée générale pour approbation. Les comptes de 2006 ont été approuvés les 5 et 6 mai 2007. • Un contrôle du Ministère des Finances a lieu dans le but d’établir et de suivre le dossier d’agrément fiscal : celui-ci a été renouvelé en 2007 pour une durée de 6 ans. • Amnesty est membre fondateur de l’AERF: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds. A ce titre, elle se soumet à son code déontologique, incluant une série de prescriptions de présentation des comptes en vue de garantir leur transparence pour l’ensemble de ses sympathisants (voir le site http://www.vef-aerf.be)
MOUVEMENT CERCLE BENENSON
MARDI 15 JANVIER 2008 LA SITUATION DES MUSULMANES EN BELGIQUE LES MONOLOGUES VOILÉS D’ADELHEID ROOSEN À l’instar des Monologues du vagin dans lesquels elle a elle-même joué à Amsterdam, Adelheid Roosen a – pendant de longs mois – interviewé plus de 70 femmes originaires de pays islamiques vivant en Europe. Elle nous propose 12 monologues d’une exceptionnelle intensité, drôles, poétiques, émouvants, qui nous offrent le rare privilège d’entrer – en musique – dans l’intimité de femmes musulmanes, sans fausse pudibonderie ni voyeurisme. La représentation sera suivie d’un débat animé par Françoise Guillitte (Programme Femmes d’Amnesty) en présence de : Firouzeh Nahavandy : professeure de sociologie à l’ULB et directrice de l’Institut de Sociologie et du Centre d’Études de la Coopération internationale et du Développement. Jamila Drissi, Morgiane el Bousi et Myriam Youssef : comédiennes des Monologues voilés. e Lieu : Théâtre de Poche, chemin du Gymnase 1a - 1000 Bruxelles (Bois de la Cambre) Entrée : 10 € (au lieu de 15 €) pour les adultes et 7,5 € (au lieu de 10 €) pour les moins de 26 ans. Réservation : 02 649 17 27 ou reservation@poche.be
MERCREDI 30 JANVIER 2008 COMMENT DEVIENT-ON BOURREAU ? Selon des idées reçues, la torture a pour objectif de faire parler la victime. Pour Françoise Sironi, l’intention du tortionnaire est de faire taire. Le bourreau produit de la déculturation par la peur et le silence. Les militaires reconnaissent d’ailleurs que cette méthode est très peu fiable pour l’obtention d’aveux. Les «techniques» de torture ne sont pas choisies au hasard (voir les manuels rédigés par les tortionnaires). Comment devient-on bourreau ? Quels sont donc les mécanismes psychologiques mis en oeuvre par les tortionnaires ? Comment combattre les constructions des bourreaux? Une soirée en compagnie de Françoise Sironi, maître de conférences en Psychologie clinique et en Psychopathologie à l’Université Paris VIII. Elle a créé une nouvelle approche, la psychologie géopolitique clinique, qui montre l’étendue de la psychopathologie directement liée aux violences collectives, tant chez les auteurs que chez les victimes. Publications récentes : Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture et Psychopathologie des violences collectives. e Lieu : Hôtel de Ville de Bruxelles – Salle des Conférences – Grand-Place, 1000 Bruxelles Entrée : 5 € (adultes) ou 2 € (étudiants et demandeurs d’emploi) Réservation souhaitée : 02 538 81 77 ou cerclebenenson@aibf.be
Sophie Ypersiel, responsable du Programme Formations d’AIBF. Bruxelles, 12 décembre 2007. © Bruno Brioni
GROS
PLAN
FORMATIONS
OUVRIR À LA DIVERSITÉ Mises en place depuis 2002, les formations Amnesty rencontrent un succès grandissant. Destinées à tous les types de publics et se déclinant sous forme d’un enseignement pratique et/ou théorique, elles ont permis, en 2007, de former pas moins de 175 personnes. Rencontre avec Sophie Ypersiel, responsable du programme.
T
u es la responsable du programme formations. Peux-tu expliquer pourquoi Amnesty a décidé de se lancer dans ce type d’activité ? L’idée de base ayant présidé à la création du programme formations Amnesty est venue du constat, en 2001, que le mouvement était dans une phase de changements assez importants. Un Conseil international venait d’avoir eu lieu à Dakar. Au cours de cet ICM (International Council Meeting), Amnesty avait décidé d’élargir sa mission et de travailler sur une palette de sujets beaucoup plus large. Il était dès lors impératif de réorganiser le travail effectué et, surtout, de le professionnaliser, même si tout fonctionnait déjà de manière très satisfaisante. Concrètement, l’idée de base était de former le personnel interne (les permanents) et les militants (groupes locaux, coordinations) afin de leur procurer des outils pouvant faciliter leur travail et le rendre plus performant. Au début, cela s’est concrétisé par un ensemble de formations ciblées sur l’amélioration des compétences (animation de réunion, prise de parole en public, conception d’un site Internet). Cependant, progressivement, le programme a évolué et, à l’heure actuelle, nous centrons également nos efforts sur les campagnes menées par Amnesty comme la
peine de mort, la torture ou les violences conjugale, ainsi que sur les thématiques abordées par le mouvement, comme l’homosexualité ou les réfugiés. Ce qui veut dire que l’offre de formations s’est élargie ? Oui, mais il y a plus important puisque nous avons aussi élargi le champ du public visé en nous ouvrant aux «individus», au grand public... Si certaines formations sont toujours réservées aux membres, il y en a de plus en plus qui sont ouvertes à tout le monde. Aujourd’hui, les formations sont donc accessibles aux militants, au personnel interne et au grand public... Tout à fait. Nous avons ouvert l’accès de certaines formations au grand public parce que nous sommes convaincus qu’il y a moyen de faire agir les gens autrement qu’au sein de la structure classique d’Amnesty incluant les groupes locaux ou les coordinations, même si cela reste bien évidemment très important. Notre credo est donc de considérer que des individus «isolés» peuvent aussi s’engager grâce à des actions faciles, qui leur parlent, notamment par e-mail ou par sms. Le but
Libertés ! Janvier 2008 11
MOUVEMENT des formations est dès lors d’informer ces personnes pour faciliter l’action de ces personnes. Quelles seront les formations proposées en 2008 ? Il y aura bien sûr, comme je l’ai déjà dit, les formations liées aux campagnes, qui sont très importantes à l’heure actuelle. Parmi elles, on retrouvera celles qui sont centrées sur les violences conjugales, le combat contre la torture, la peine de mort et, c’est crucial, la dignité humaine et les droits fondamentaux. Je tiens vraiment à insister sur ce dernier thème parce qu’il fera l’objet d’une campagne internationale de la part d’Amnesty fin 2008, début 2009. De plus, ce thème se situe clairement dans l’optique de diversification des sujets traités par Amnesty dont j’ai parlé plut tôt. En 2001, notre mouvement a en effet décidé d’élargir son champ d’action aux droits économiques, sociaux et culturels, parce qu’elle est convaincue que pour que la dignité humaine soit respectée, il faut que l’ensemble de la population puisse avoir accès à ces mêmes droits. Très clairement, l’idée ici est qu’il existe un lien fort, une interdépendance, entre la violation de ces droits économiques sociaux et culturels et la violation, dans la foulée, d’autres droits. Par exemple, pour cette campagne, nous nous intéresserons aux violations entraînant et renforçant la pauvreté. Dans ce cadre, ce sont donc deux formations que nous proposerons sur le thème de la dignité humaine et des droits fondamentaux. L’une d’elles se déroulera à Bruxelles (le 12 avril 2008 de 10h00 à 16h00 dans les locaux du Secrétariat national d’Amnesty) et l’autre à Liège (4 octobre 2008, en un lieu encore à déterminer). Et puis, à côté de cela, il y aura les formations centrées sur les «compétences»... Oui. Pour ce genre de formations, les thématiques abordées tourneront autour du fait, par exemple, de parler d’Amnesty en public, de parler de la peine de mort ou encore de faire découvrir la
Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, font un travail d’action et de sensibilisation aux droits humains. Pour vous y joindre, contactez votre régionale.
SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 – Fax : 02 537 37 29 www.amnesty.be SECRÉTARIAT INTERNATIONAL Easton Street 1, London WC1X ODW United Kingdom – 00 44 207 413 5500 AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16 RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY BRABANT WALLON Jean-Philippe CHENU – chemin de la Terre Franche 13, 1470 Genappe – 010 61 37 73 jpchenu@aibf.be BRUXELLES Tanguy PINXTEREN – Rue de la Flèche 16 A 1000 Bruxelles – 02 513 77 10 tpinxteren@aibf.be
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mission et le fonctionnement d’Amnesty, puisque beaucoup de gens connaissent ce nom mais ne savent pas vraiment ce qu’il recouvre. Enfin, la question de la vente des bougies Amnesty, qui est un sujet très important en Belgique (NDR : la Belgique est le numéro un mondial en matière de vente de bougies Amnesty), sera également envisagée au travers d’une réflexion sur le «rapport à la vente» de chacun, le message d’Amnesty dans ce cadre, ainsi qu’en explorant une série de pistes pour que les bougies se «vendent d’elles-mêmes». On parle beaucoup des formations mais finalement assez peu des formateurs... Peux-tu nous dire un mot à ce sujet ? Nous avons une équipe de dix formateurs bénévoles qui ont été spécialement recrutés pour leurs compétences pédagogiques et leur motivation visà-vis de l’action d’Amnesty. C’est grâce à eux que notre programme est ce qu’il est. Certains d’entre eux sont formateurs à l’extérieur, d’autre pas. Mais ils ont tous en commun de travailler de plus en plus, au sein d’Amnesty, en partenariat avec une personne de référence spécialisée dans la thématique abordée par la formation. Ainsi, bien souvent, au cours d’une formation, la personne de référence sera là pour parler du contenu de la formation tandis que le formateur sera présent pour l’animer aux moyens d’outils pédagogiques appropriés. Pour conclure, si une personne veut s’inscrire à une formation Amnesty, comment doit-elle s’y prendre ? Soit en se rendant sur le site Internet d’Amnesty, où elle aura la possibilité de consulter le programme et de remplir un formulaire d’inscription (http://www.amnestyinternational.be/doc/rubrique7 .html), soit en téléphonant au secrétariat d’Amnesty au 02 538 81 77. Les demandes doivent nous parvenir au plus tard quatre semaines avant le début de la formation. e Propos recueillis par Julien Winkel
HAINAUT OCCIDENTAL Myriam DELLACHERIE – rue Basse Couture 20, 7500 Tournai – 069 22 76 18 mdellacherie@aibf.be HAINAUT ORIENTAL Nicole GROLET – av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle 071 43 78 40 ngrolet@aibf.be LIÈGE Christiane PIVONT – rue Bellevue 66, 4020 Liège christiane.pivont@tiscali.be 04 343 89 76 Christine BIKA – Responsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11, 4000 Liège – du lundi au samedi de 13 h 00 à 17 h 30 04 223 05 15 LUXEMBOURG Daniel LIBIOULLE – Avenue de la Toison d’Or 26 6900 Marche en Famenne – 084 31 51 31 dlibioulle@aibf.be NAMUR Romilly VAN GULCK – Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe – 071 88 92 51 rvangulck@aibf.be
FESTIVAL PAROLES D’HOMMES ÉDITION 2008
La 7e édition du festival «Paroles d’hommes» aura lieu du 20 janvier au 2 février 2008 à Herve, Dison, Soumagne et Verviers, en partenariat avec le CAL de la Province de Liège, le Centre culturel de Dison, le Centre culturel régional de Verviers, le CHAC de Herve et le Groupe 115 d’Amnesty. Dimanche 20 janvier 2008 à 11h30 : Inauguration à l’espace de l’Hôtel de Ville de Herve. Mardi 22 janvier 2008 à 20h15 : Khiam, adaptation du livre de Véronique Rugirrello Khiam prison de la honte - Récits d’une résistance à 22 ans d’occupation israélienne au Sud-Liban et débat avec Véronique Rugirello. Mise en scène de Roda Fawaz, avec Laurent Denayer, Marie D’Huyvetter, Maxime Donnay, Roda Fawaz. Mercredi 23/01/2008 à 20h00 : À l’espace Duesberg de Verviers: Le silence des Mères, une pièce de Pietro Pizzuti, interprétée par la Compagnie Biloxi 48 (Valérie Bauchau, Suzy Falk et Nicole Valberg) et mise en scène par Christine Delmotte. Jeudi 24 janvier 2008 à 20h15 : A l’Espace de l’Hôtel de Ville de Herve : Persépolis, un film de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, avec les voix de Chiara Mastroianni, Simon Abkarian, Danielle Darrieux, Catherine Deneuve et Gena Rowlands. Mercredi 30 janvier 2008 à 20h15 : A l’Espace de l’Hôtel de Ville de Herve: Caramel, un film réalisé par Nadine Labaki, avec Nadine Labaki, Ismaïl Antar, Yasmine Elmasri Jeudi 31 janvier 2008 à 20h15 : Au Grand Théâtre de Verviers: Brundibar, un opéra avec 6 musiciens et un chœur de 50 enfants dirigés par Michel Jaspar. Mis en scène de Renzo Eliséo et Patrick Donnay. En 1939, Hans Krasa présenta Brundibar pour la première fois dans un orphelinat juif. Déporté au camp de Terezin, Hans Krasa y retravailla Brundibar avec des enfants. Sur les 150 000 enfants de Theresienstadt, seuls 100 survécurent. Vendredi 1er février 2008 à 20h15 : A l’Espace de l’Hôtel de Ville de Herve : Si c’est un homme, de Primo Lévi. Prix du meilleur seul en scène 2006. Samedi 2 février 2008 à 20h15 : A l’espace Duesberg de Verviers : Eros Y Muerte, un concert d’Angélique Ionatos, en collaboration avec le Centre culturel régional et les associations grecques de la région. Du 20 janvier au 3 février 2008 : À la Maison du tourisme de Herve : Vie quotidienne en Irak, une exposition du photographe Ahmad Abdullah et du réalisateur Tahir Alwan. e Renseignements : Patrick Donnay (0475 806 399) et www.parolesdhommes.be Réservations : CHAC (087 660 907)
IS AV ELIV ES . B E B O N N ES N O UV EL L ES Dans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâce au travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrent qu’une action de masse peut avoir des résultats pour un meilleur respect des droits humains.
ARABIE SAOUDITE GRÂCE ACCORDÉE Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a accordé sa grâce à une femme qui avait été condamnée à 6 mois de prison et 200 coups de fouet après avoir été victime d’un viol collectif (Libertés! n° 439 de décembre 2007). La condamnation de cette jeune femme de 19 ans avait provoqué un tollé international. Bien qu’elle ait été violée par un groupe de sept hommes, la jeune femme dont l’identité n’a pas été révélée avait été condamnée en octobre 2006 à 90 coups de fouet pour s’être trouvée dans une voiture en compagnie d’un «inconnu». Contestée en appel, cette condamnation avait été portée le 14 novembre à 200 coups de fouet et six mois de prison. Rappelons cependant que l’avocat de la victime, Abdul Rahman al Lahem, avait été convoqué devant une commission disciplinaire le 5 décembre, pour avoir publiquement critiqué le traitement inéquitable de sa cliente par le système judiciaire. Après la première condamnation de celle-ci, en novembre 2006, Abdul Rahman al Lahem avait déclaré : «cette affaire résume tous les grands problèmes du système judiciaire en Arabie saoudite». Au moment de boucler ce numéro de Libertés!, rien n’indique que l’avocat ne risque plus la radiation. e
NEW JERSEY (USA) ABOLITION DE LA PEINE DE MORT Le 13 décembre, l’Assemblée de l’État du New Jersey a adopté un projet de loi abolissant la peine de mort, texte adopté par 44 voix pour et 36 contre. Le New Jersey devient ainsi le premier État des États-Unis à abolir par un vote la peine capitale depuis 40 ans. Le Sénat de cet État avait déjà adopté le 10 décembre ce projet de loi qui substitue à la peine capitale la détention à perpétuité. Le texte a été promulgué par le Gouverneur du New Jersey, Jon Corzine. e
GÉORGIE
QUI EST DERRIÈRE LE MEURTRE DE SANDRO GIRGVLIANI ? S
andro Girgvliani, un agent de banque, est décédé en janvier 2006 après avoir été violemment passé à tabac par des agents du Ministère de l’Intérieur. Bien que quatre policiers aient été reconnus coupables et condamnés à des peines de sept à huit ans de prison, Amnesty International craint que les commanditaires ne courent toujours. Le 27 janvier 2006, des agents du Ministère de l’Intérieur ont enlevé Sandro Girgvliani et son ami Levan Bukhaidze, les ont emmenés au village d’Okrokana, près de Tbilissi, et les ont passés à tabac. Levan Bukhaidze a survécu à ses blessures mais pas Sandro Girgvliani, dont le cadavre a été découvert près d’un cimetière le lendemain de l’enlèvement. De source officieuse, l’enlèvement et le passage à tabac feraient suite à une dispute survenue quelque temps auparavant entre les deux jeunes Géorgiens et des officiers du Ministère de l’Intérieur dans un café de Tbilissi. En mars 2006, le Ministère de l’Intérieur avait annoncé l’arrestation de quatre suspects. Cependant, au vu de nombreux témoignages selon lesquels ce sont des officiers de l’Intérieur qui auraient commandité le double passage à tabac, les ONG de défense des droits humains demandent que l’enquête soit reprise et son champ élargi. Une proposition de résolution présentée par plusieurs partis d’opposition et demandant une enquête spéciale a été rejetée par le Parlement en février 2007. e
La mère de Sandro Girgvliani avec une photo de son fils © Amnesty International
MODÈLE DE LETTRE
OUZBÉKISTAN FIN D’ISOLEMENT Le 10 décembre, Ikhtior Khamroïev, sans doute emprisonné pour une durée de trois ans à cause de ses opinions, est sorti du cachot où il était enfermé depuis dix jours. Le lendemain, il a reçu la visite de son père, le défenseur des droits humains Bakhtior Khamroïev, qui a indiqué à Amnesty International qu’Ikhtior avait bien confirmé avoir été battu et enfermé dans une cellule disciplinaire, et qu’il s’était coupé à l’abdomen afin de protester contre les mauvais traitements qu’il avait subis. Bakhtior Khamroïev a déclaré à Amnesty International que son fils avait perdu du poids mais qu’il semblait malgré tout en assez bonne forme. Il aurait par ailleurs vu sa cicatrice à l’abdomen, d’une longueur de trois centimètres. Bakhtior Khamroïev a remercié les membres d’Amnesty International de leur soutien. e
Monsieur le Président, Sandro Girgvliani, un cadre bancaire, est décédé de ses blessures en janvier 2006 après avoir été violemment passé à tabac par des agents du Ministère de l’Intérieur dans un village proche de Tbilissi. Bien que quatre policiers aient été reconnus coupables et condamnés à des peines de sept à huit ans de prison, Amnesty International craint, sur foi de nombreux témoignages, que les véritables commanditaires du crime, des officiers, ne courent toujours. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je demande aux autorités géorgiennes de mener une enquête impartiale, indépendante et minutieuse. Je demande également que toute personne jugée responsable d’avoir ordonné ce crime fasse l’objet d’un jugement rapide, transparent et équitable. En espérant des progrès rapides dans cette affaire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Libertés ! Janvier 2008 13
IS AV ELIV ES . B E RWANDA
MODÈLE DE LETTRE
UN DÉFENSEUR EMPRISONNÉ APRÈS UN PROCÈS INÉQUITABLE F
rançois-Xavier Byuma, défenseur des droits humains et président de l’ONG Turengere Abana, purge une peine de 19 ans suite à un jugement rendu le 27 mai au terme d’un procès manifestement inéquitable. En effet, le président du tribunal qui a prononcé la peine était lui-même accusé de viol par l’ONG Turengere Abana qui enquête sur les violations des droits de l’enfant, y compris les violences sexuelles. En mai 2007, l’ONG a rendu publics les résultats d’une enquête qui concluait que le viol d’une jeune fille de 17 ans avait été commis par le juge, par ailleurs président d’un tribunal tradi-
tionnel gacaca dans le district de Bilyogo, à Kigali. Dès le 3 mai, FrançoisXavier Byuma avait reçu une citation à comparaître devant le tribunal gacaca pour entraînement au maniement d’armes à feu, agression sur une Tutsi et «participation à une attaque». Lors du procès qui a débuté le 13 mai, le tribunal a refusé de prendre en compte la demande de dessaisissement introduite contre le juge. En outre, Amnesty nourrit de sérieux doutes quant à la fiabilité des témoins à charge entendus durant le procès, d’autant que François-Xavier Byuma a été empêché de faire entendre les témoins de la défense. e
Madame la Secrétaire exécutive, François-Xavier Byuma, défenseur des droits humains et président de l’ONG Turengere Abana, a été condamné le 27 mai dernier à une peine de 19 ans suite à un procès manifestement inéquitable. En effet, le président du tribunal gacaca qui a prononcé la peine est lui-même accusé par l’ONG Turengere Abana de viol sur une jeune fille de 17 ans et Amnesty nourrit de sérieux doutes quant à la fiabilité des témoignages à charge, d’autant que les témoins de la défense n’ont pas été entendus. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je demande que François-Xavier Byuma soit rejugé lors d’un nouveau procès en accord avec les normes internationales d’équité. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vous prie de croire, Madame la Secrétaire exécutive, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LETTRE À ADRESSER À : Madame Domitile Mukantaganzwa Secrétaire exécutive du Service national des Juridictions Gacaca Service national des Juridictions Gacaca BP 1874 Kigali, Rwanda Fax : +250 586 647
COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Rwanda Avenue des Fleurs, 1 - 1150 Woluwe-Saint-Pierre Fax : 02 763 07 53 - ambarwanda@gmail.com
COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?
TARIFS POSTAUX
Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.
Lettres (jusqu’à 50 grammes) Europe : 0,80€ (Prior) ou 0,70€ (Non Prior). Reste du monde : 0,90 € (Prior) ou 0,75 € (Non Prior) La surtaxe aérienne est incluse (étiquette requise).
LIBYE
MODÈLE DE LETTRE
DÉTENU POUR AVOIR PLANIFIÉ UNE MANIFESTATION D
étenu à la prison d’Aïn Zara (Tripoli), le défenseur des droits humains Idriss Boufayed a été arrêté en février 2007 alors qu’il planifiait une manifestation pacifique dans la capitale libyenne. C’est un prisonnier d’opinion. Alors résidant en Suisse où il a obtenu le statut de réfugié, il avait publiquement critiqué les autorités libyennes. Après qu’il eut obtenu un passeport et reçu l’assurance de l’ambassade de Libye à Berne qu’il ne courait aucun risque, Idriss Boufayed était retourné dans son pays en septembre 2006. Cependant, il fut arrêté le 5 novembre 2006 et détenu au secret jusqu’au 29 décembre, date à laquelle il fut relâché sans inculpation. Début février 2007, Idriss Boufayed et
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trois autres citoyens libyens annoncèrent sur des sites Internet internationaux leur intention de manifester pacifiquement à Tripoli. Prévue le 17 février, cette manifestation devait commémorer le premier anniversaire de la répression meurtrière d’une manifestation qui s’était déroulée à Benghazi, dans l’est du pays. Mais, le 16 février 2007, il était arrêté à son domicile de Gheryan.Idriss Boufayed et 13 autres personnes sont accusés, entre autres, de détention d’armes, d’incitation à la manifestation et de contacts avec des puissances ennemies. Le procès est désormais soumis à la Cour de Sûreté d’État spécialement instituée en août 2007 pour juger les actes à caractère politique. e
Votre Excellence, Réfugié en Suisse, le défenseur des droits humains Idriss Boufayed était retourné en Libye en septembre 2006 avec l’assurance de n’y courir aucun danger. Cependant, il a été arrêté le 16 février 2007 – en compagnie de 13 autres personnes – alors qu’il projetait une manifestation pacifique à Tripoli pour commémorer une manifestation violemment dispersée un an plus tôt à Benghazi.Jugé par la Cour de Sûreté d’État, il est accusé, entre autres, de détention d’armes, d’incitation à la manifestation et de contacts avec des puissances ennemies. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui considère que Driss Boufayed est un prisonnier d’opinion, je vous demande sa libération immédiate et inconditionnelle. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vous prie d’agréer, Votre Excellence, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LETTRE À ADRESSER À : Son Excellence Muammar Kadhafi Guide de la Révolution Bureau du Guide de la Révolution Tripoli, Libye Email : info@algathafi.org
COPIE À ENVOYER À : Avenue Victoria, 28 – B -1000 Bruxelles Fax : 02 640 90 76 – E-mail : Libyan_bureaubr@yahoo.com
C U LT U R E AGENDA THÉÂTRE ON RELIGION On Religion propose une réflexion à la fois pertinente et provocante sur les questions complexes de la foi et de la religion dans notre société. Une histoire humaine, émouvante et théâtrale qui s’inspire de conversations avec des philosophes, théologiens, scientifiques ou croyants de tous bords. La compagnie On Theatre, dont Mick Gordon est le directeur artistique, s’est donné l’objectif d’explorer les préoccupations fondamentales de notre vie moderne. Elle a déjà à son actif : On Ego (comment le cerveau crée-t-il une perception de soi ?), On Love (comment fonctionne l’amour ?) et On Death (comment mourir peut-il nous apprendre à vivre ?). Joué en anglais par la Compagnie On Theatre, mis en scène par Mick Gordon et surtitré en français. e Au Théâtre de Poche, Bois de la Cambre, Chemin du Gymnase 11, 1000 Bruxelles, du 12 au 16 février 2008 à 20h30. Réservations : 02 649 17 27 – reservation@poche.be Dans le cadre d’Europalia-Europe, en coproduction avec le British Council.
HARD COPY «Une comédie cynique sur le harcèlement moral en entreprise». Douce, Belle, Blanche et Rose travaillent dans un bureau. Elles se retrouvent chaque lundi matin pour discuter de leur weekend. Trois d’entre elles se liguent peu à peu contre la nouvelle du groupe et déchaînent une violence verbale et physique. À travers leur conflit, elles incarnent les clichés principaux de notre société. Hard Copy dénonce un phénomène universel : le harcèlement moral, ici entre femmes. Les acteurs donnent au public une image où l’homme est témoin des actes d’une femme dont il découvre les fantasmes, les joies, les rêves et les peurs. Un texte d’Isabelle Sorente, mis en scène par Babetida Sadjo, mis en musique par Piotr Paluch et interprété par Elise Harou, Julie Quiriny, Charlotte Van Dongen et Laura Vossen. e Salle Lumen, chaussée de Boondael 36 - 1050 Bruxelles (Ixelles, à côté du Flagey), du 24 janvier au 23 février 2008 à 20h30 (du mercredi au samedi), ainsi que les lundi 4 et mardi 5 février 2008. Réservations : 070 660 601 - www.ticketnet.be - Prix des places : 12 € (moins de 26 ans : 10 €)
Les membres d’Amnesty bénéficieront du TARIF PRÉFÉRENTIEL DE 7 € sur présentation à la caisse du présent numéro de Libertés! et après avoir effectué leur réservation par mail uniquement via le site www.mekeskidi.be
L’HOMME QUI N’EXISTE PAS
L
es détentions extraterritoriales et illégales menées par les États-Unis au nom de la «guerre contre le terrorisme» sont un secret de polichinelle. Les temps sont donc mûrs pour qu’Hollywood s’empare du sujet. Thriller politique, Rendition conte les déboires d’un innocent, victime d’une grôôôsse bavure. Ingénieur chimiste d’origine égyptienne, marié à une américaine blonde comme les blés, Anwar est cueilli à l’aéroport au retour d’un congrès international. Dans le plus grand secret, il est exfiltré et confié aux geôles d’un pays arabe ami, parce qu’on le soupçonne d’avoir conseillé les auteurs d’un attentat suicide. Anéantie, sa brave épouse fait tout ce qu’elle peut - c’est-à-dire rien - pour sortir son mari du néant dans lequel on l’a englouti. Porté par un excellent casting, le film ne démérite pas. Les arguments de l’administration américaine apparaissent dans toute leur brutalité, et la torture, en plus d’être inhumaine, se révèle inefficace et même contre-productive. Dommage que la réalisation du film manque de personnalité et souffre d’une progression dramatique très linéaire malgré l’imbrication d’une intrigue secondaire. L’inévitable happy end, assez peu crédible, n’arrange rien. Reste au crédit du film un bon «divertissement» (?) et la mise en lumière d’une pratique qui, après les révélations des exactions d’Abou Ghraïb, était encore jugée nécessaire par 35 % des Américains. e Gilles Bechet
Rendition de Gavin Hood, avec Reese Witherspoon, Jake Gyllenhaal et Meryl Streep, sortie le 9 janvier
LE PRIX DE LA LIBERTÉ
E
lle en veut Angie. Cette fois-ci, elle ne se laissera plus faire. Lassée d’être toujours celle qui se fait virer, elle décide de monter un bureau de recrutement temporaire. Une activité dans laquelle elle a sa petite expérience, d’autant que les rues de Londres, comme celles de toutes les grandes villes occidentales, regorgent d’étrangers prêts à payer de leur personne pour des boulots peu qualifiés et souspayés. En abordant l’économie parallèle de la sous-traitance du point de vue des (petits) exploiteurs, Ken Loach désamorce les discours de dénonciation les plus prévisibles. Après tout, l’exploitation de ces travailleurs est une longue chaîne à laquelle l’ensemble de la société participe. Angie exploite pour ne plus être exploitée. En se montrant résolue, impitoyable et aussi compétitive que ses concurrents, elle ne fait qu’appliquer à la lettre la logique de l’esprit d’entreprise. Comme souvent chez Loach, le film existe d’abord par ses personnages qui se révèlent pleins de contradictions et de doutes. Généreuse quand elle ouvre les portes de sa maison à une famille d’Iraniens sans papiers, Angie peut se monter cassante et insensible quand elle distribue les boulots de la journée comme on jetterait un morceau de viande à une meute de chiens. Cette femme-là a un côté Rosetta. En moins âpre. La fibre maternelle, peut-être. Attachant portrait de femme, portrait de classe aussi, le film se balade de l’autre côté de la norme, dans cette zone grise entre légalité et illégalité où la liberté devient une marchandise qui s’achète, se négocie. Et qui a son prix. e G.B. It’s a Free World, de Ken Loach, sortie le 16 janvier, Prix du Meilleur Scénario au Festival de Venise 2007
LA MACHINE-PRISON
I
l est en Syrie un lieu magnifique, Palmyre, célébré pour la beauté de ses ruines antiques, visité chaque année par de nombreux touristes. Mais sa prison a longtemps été une machine à broyer les hommes. Mostafa Khalifé y a passé plus de dix années de silence et d’enfer sur lesquelles il nous livre aujourd’hui un témoignage
rare. Arrêté à son retour au pays après des études de cinéma en France, le jeune homme se trouve plongé au cœur d’une terrible répression. À la fin des années 70, le régime d’Hafez el-Assad s’oppose aux Frères musulmans. Mostafa Khalifé, grec-catholique, n’est membre d’aucune organisation interdite ou suspecte. Simplement, il a été dénoncé pour «avoir tenu des propos désobligeants sur le régime et son président» alors qu’il se trouvait à l’étranger. Dans La Coquille, sous-titré Journal d’un prisonnier politique syrien, il raconte le quotidien de ces hommes maintenus dans des conditions d’une incroyable violence. Les tortures succèdent aux tortures. Pour survivre il lui faut se bâtir une coquille, d’autant que les prisonniers se méfient les uns des autres. Il décrit aussi la technique de mémoire développée par les prisonniers pour tenir notamment le décompte des jours passés, la comptabilité des entrées, les sorties, parfois des exécutions. Nul ne sort indemne. À la coquille forgée en prison, viendra s’ajouter une autre : un dégoût et une lassitude de vivre dont il ne se débarrassera jamais totalement, même en liberté. Libéré en 1994, Mostafa Khalifé vit à l’étranger. Son livre sera publié prochainement en arabe. e Suzanne Welles La Coquille, Mostafa Khalifé, Actes Sud, 258 p., 21,80 €
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