Libertés - Novembre 2008

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Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles

NOVEMBRE 2008 – N°448 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

DEVENEZ UN DÉFENSEUR DES DROITS HUMAINS PRÉSIDENTIELLE US ABOLITIONNISTES DANS L’EXPECTATIVE

MOUVEMENT JOURNÉE CONTRE LA PAUVRETÉ

DÉPOT À BRUXELLES X

Libertes!

BELGIQUEBELGIE PP 1/2345 BXL X


É D ITO R I A L

ESPOIR ET INQUIÉTUDE P

ourquoi une élection présidentielle américaine suscite-telle toujours autant d’intérêt hors des frontières des États-Unis ? Après tout, ne s’agit-il pas ici que d’un exercice démocratique qui relève strictement de la vie politique intérieure de ce pays ? À cette question, la réponse semble couler de source. Bien que concurrencés par la Chine, les États-Unis restent la première puissance en termes de géostratégie et de géopolitique. Il est donc normal que les opinions publiques et les responsables politiques des pays tant alliés qu’hostiles aux États-Unis appréhendent avec espoir ou inquiétude (quand ces sentiments ne sont pas mêlés) l’issue d’un scrutin qui, tous les quatre ans, décide de la continuité ou de la rupture dans la politique étrangère américaine. Cela dit, cela fait très longtemps que la présidentielle américaine n’a plus nourri de sentiments aussi forts dans de larges secteurs d’opinion. En cause, les incroyables bouleversements apportés – de façon violente – dans l’ordre diplomatique international depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration de George W. Bush en janvier 2001. Les attentats du 11 septembre 2001 ont libéré au

sein de cette administration des forces extrêmement hostiles au multilatéralisme et aux institutions internationales. Cette hostilité s’est manifestée dans le recours à des pratiques qui vont à l’encontre de normes internationales censées garantir toute une série de valeurs inscrites dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Au nom de la lutte contre le terrorisme, les États-Unis ont, bon an mal an, participé à la banalisation du recours à la torture, de l’instauration de justices d’exception, de la confusion de plus en plus trouble entre combattants et civils, du recours accru à la peine capitale, etc. L’intérêt éprouvé par les opinions du monde entier pour l’issue de cette présidentielle américaine s’explique aussi par le rôle de parangon de la liberté et de la démocratie qu’ont toujours – sincèrement ou pas – voulu tenir les États-Unis dans le monde. Si certains se sont toujours opposés à «l’Amérique», de plus en plus d’autres citoyens de par le monde en sont venus s’y opposer à cause du décalage entre sa vision d’elle-même et la réalité de sa politique extérieure. N’est-ce pas au nom de la défense de la liberté et de la démocratie que Washington a si souvent foulé ces mêmes valeurs aux pieds ? Si pour d’autres enfin, la conscience qu’a «l’Amérique» d’elle-même est tout simplement légitime, il ne faut pas être grand clerc pour supposer que ces derniers ont dû se sentir bien seuls ces dernières années. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que les deux candidats en lice aient tenu à se distinguer d’une façon ou d’une autre de l’administration sortante. Le vainqueur aura-t-il la volonté de développer une politique s’inscrivant davantage dans l’esprit de la DUDH ? e Pascal Fenaux

Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • libertes@aibf.be • www.libertes.be • Éditrice responsable : Christine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Valérie Denis, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Françoise Dieryck et Françoise Guillitte • Iconographie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : © AIR • Erratum : Dans notre numéro d’octobre (n° 447), en page 12, nos lecteurs auront constaté que la légende était identique à celle de la page 13. Il fallait lire : «Dans le nord-est du Sri Lanka, des policiers inspectent les lieux où a été assassiné S. Suhirda Rajan, un journaliste sri-lankais indépendant. Trincomalee, 24 janvier 2006. © AFP». Toutes nos excuses pour cette erreur technique.

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE MEMBRE/DONATEUR(TRICE) Madame Michele Ligot : mligot@aibf.be je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse) Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toute l’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation ou de l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus. Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la somme de : 2,5 e 5e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06 Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date: . . . . . . . . Signature:

SOMMAIRE ACTUEL

■ Présidentielle américaine : Les abolitionnistes

dans l’expectative ■ Troy Davis : Attente Insoutenable ■ Insolites-Brèves

DOSSIER CAMPAGNE DE FIN D’ANNÉE DEVENEZ UN DÉFENSEUR DES DROITS HUMAINS ■ Des droits universels ? Pas pour tout le monde ■ Témoignage : Être défenseuse au Kivu ■ Opération Isavelives.be ■ Campagne 2008 : C’est aussi dans votre région

MOUVEMENT

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La pauvreté est une violation des droits humains Le Japon doit quitter le clan des barbares Félicien Rops et les droits humains Le 10 décembre, c’est aussi, encore et toujours à Bruxelles !

ISAVELIVES.BE

■ Lettres du mois : Nigeria, Turquie

et Arabie saoudite

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■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA

■ Au fond du lac ■ Palestine rêvée, Palestine cachée ■ Pologne juive et insurgée Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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ACTU EL IRAN CYNISME ET DUPLICITÉ Le 16 octobre, Hossein Zabhi, Procureur général adjoint aux Affaires judiciaires, avait déclaré que l’État iranien n’exécuterait plus de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient âgées de moins de 18 ans. Mais, deux jours plus tard, Hossein Zabhi précisait ses propos en rappelant que le qisas (ou réparation) – une procédure judiciaire considérée par le gouvernement iranien comme une question entre deux parties civiles - «ne relevait pas du gouvernement mais de la partie civile». De ce fait, ces condamnations ne sont pas susceptibles de grâce ou d’amnistie de la part du Guide suprême. Il y a au moins 130 mineurs délinquants dans les quartiers des condamnés à mort en Iran. e

CROATIE ASSASSINATS MAFIEUX Le 23 octobre, le propriétaire et ex-rédacteur en chef de l’hebdomadaire croate indépendant Nacional, Ivo Pukanic, et le directeur marketing de l’hebdomadaire, Niko Franjic, étaient assassinés dans un attentat à la voiture piégée. Ivo Pukanic, souvent lié par la presse croate à la mafia locale, s’était fait un nom en publiant en 2003 une interview de l’ex-général croate, Ante Gotovina, alors qu’il était recherché par le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslave qui l’avait inculpé de crimes de guerre commis durant la guerre serbo-croate de 1991-95. Ces derniers mois, la capitale croate a été le théâtre de plusieurs assassinats à caractère mafieux qui ont conduit au limogeage des ministres de l’Intérieur et de la Justice. e

MYANMAR (BIRMANIE) OPPOSANTS CONDAMNÉS Un an après la répression brutale du soulèvement des moines bouddhistes en Birmanie, six militants de la Ligue nationale pour la Démocratie (NLD) de l’opposante Aung San Suu Kyi ont été condamnés, le 24 octobre, à des peines de 3 à 12 ans de prison pour avoir encouragé et participé aux manifestations contre le régime. Win Mya Mya, un responsable du parti à Mandalay, a été condamné à 12 ans de prison, tout comme Kan Tun, un autre membre du parti. Min Thu, autre membre de la NLD, s’est vu infliger la plus lourde peine de 13 ans d’emprisonnement. Environ 200 membres de ce parti ont été interpellés pendant et après le mouvement de protestation de septembre 2007, consécutif à une brusque augmentation des prix et au passage à tabac de religieux. e

MEXIQUE SILENCE ET AMNÉSIE Quarante ans après les faits, la lumière n’a jamais été faite sur le massacre commis à La Plaza de Las Tres Culturas à Tlatelolco, Mexico, le 2 octobre 1968, quelques jours avant l’ouverture des Jeux olympiques de 1968. Le massacre a commencé vers 18h00, lorsque des policiers, des soldats et des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur les étudiants à l’arme lourde depuis des véhicules blindés et des chars. Quarante-quatre corps ont finalement été remis par le gouvernement – dix d’entre eux n’ont toujours pas été identifiés. e

Jon Corzine, gouverneur du New Jersey, signe la loi abolissant la peine capitale et la remplace par la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Trenton, 17 décembre 2007. © APGraphicsBank

PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE

LES ABOLITIONNISTES DANS L’EXPECTATIVE En 2007, les États-Unis se plaçaient à nouveau dans le peloton de tête des pays qui exécutent dans le monde, aux côtés de la Chine, de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et du Pakistan. Le prochain président des États-Unis pourrait-il avoir un impact sur la situation de la peine de mort dans son pays ?

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es deux candidats à la présidence des États-Unis se sont prononcés en faveur du maintien de la peine de mort. Pas de surprise. Bien imprudent serait celui (ou celle) qui, briguant un poste politique important, se déclarerait abolitionniste ! Aucune chance d’être élu. Ce qui nous a surpris par contre, c’est le fait qu’au cours de leur campagne électorale, les deux candidats se soient élevés contre la décision de la Cour suprême fédérale du 25 juin 2008. La Cour, que l’on peut pourtant difficilement considérer comme progressiste, a, par cinq voix contre quatre, invalidé une loi de l’État de Louisiane autorisant la peine de mort pour les violeurs d’enfants. La Cour a estimé que le viol seul (lorsque le crime n’a pas entraîné la mort) ne pouvait pas être puni de mort. Les deux candidats s’en sont émus. Si Barack Obama devenait le prochain président des États-Unis, il serait sans doute moins contraint de donner des gages à une majorité d’Américains favorable à la peine capitale. Le rôle du président des États-Unis est cependant relativement restreint dans ce domaine. Certes, c’est à lui qu’il incombe de signer l’ordre d’exécution des personnes condamnées par la justice fédérale. Mais seulement trois personnes ont été exécutées sous le régime de la justice fédérale.

Une autre sphère d’influence est sans conteste la nomination des juges à la Cour suprême. Ces neuf hauts magistrats ont un rôle prépondérant et les divers présidents ont généralement choisi des juges qui étaient en accord avec leur propre vue de la justice et de la politique. On voit assez fréquemment que les décisions de cette Cour se prennent à cinq voix contre quatre et on peut donc légitimement se dire que même le choix d’un seul juge peut se révéler lourd de conséquences… La peine de mort aux États-Unis est avant tout l’affaire des États. Dans une affaire récente, les autorités fédérales et le président Bush en personne (!) sont intervenus pour rappeler aux autorités du Texas qu’elles devaient tenir compte d’une décision de la Cour Internationale de Justice enjoignant les autorités texanes de ne pas exécuter un ressortissant mexicain, José Ernesto Medellín Rojas, avant de s’assurer qu’il avait bénéficié d’un procès équitable alors que ses droits consulaires n’avaient apparemment pas été respectés. Le Texas n’en a eu cure et José Medellín a été exécuté le 5 août dernier, en violation du droit international. Certains éléments peuvent cependant nous inciter à l’optimisme. En effet, sur 50 États de l’Union, 38 appliquaient la peine de mort ou l’avaient conservé dans

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ACTU EL leur législation jusqu’en 2007. Ce chiffre est tombé à 36 depuis lors. Le New Jersey a aboli la peine de mort et l’État de New York a rejeté toutes les tentatives récentes de la restaurer. Les derniers États à avoir aboli la peine de mort avant le New Jersey sont l’Iowa et la Virginie occidentale en 1965. Martin O’Malley, le gouverneur du Maryland s’est déclaré abolitionniste. Il a vainement tenté de faire abolir la peine de mort dans son État en avançant l’argument financier. Pour lui, depuis 1978, si le Maryland avait aboli la peine de mort, il aurait économisé environ 22 millions de dollars et cette somme aurait pu financer 500 policiers ou des traitements médicaux pour 10 000 toxicomanes. Par ailleurs, on note une tendance nette à la baisse du nombre de condamnations à mort. Il y a eu 300 condamnations à mort en 1986 contre 110 environ en 2007. Bien qu’aux États-Unis, les jurés qui sont opposés à la peine de mort soient exclus des jurys dans les cas où la peine capitale peut être requise, on observe de plus en plus de réticences chez les jurés à prononcer des peines capitales. On peut avancer deux raisons à cela : 1° la possibilité de condamner une personne à la réclusion à vie sans possibilité de libération (la vraie perpétuité) ; 2° les doutes dans l’opinion publique quant à l’équité des procès et à la «fiabilité» et l’efficacité du système judiciaire. Les nombreux cas de personnes arrachées au couloir de la mort (non pas grâce au système mais malgré lui) indiquent que le système judiciaire américain est entaché d’irrégularités.

En septembre 2007, la Cour suprême fédérale avait annoncé qu’elle allait se pencher sur la légalité de l’utilisation de l’injection létale. En conséquence, les exécutions avaient été suspendues temporairement dans un certain nombre d’États. Malheureusement, au printemps 2008, la Cour suprême a rendu son avis et a conclu que cette méthode n’était pas contraire à la Constitution américaine qui interdit les châtiments «cruels et inhabituels». L’an dernier, cinq États – l’Arizona, le Kentucky, le Texas, la Virginie et l’État de Washington – ont reçu une aide fédérale de 7,8 millions de dollars destinée à financer des tests ADN dans le cadre du réexamen d’affaires où leur usage pourrait permettre de disculper des condamnés. Ceci est un fait important dès lors que, sur les 130 personnes sorties du couloir de la mort, un certain nombre ont été innocentées grâce à des tests ADN. Cependant, même si le nombre d’exécutions est en diminution, il y a lieu de tempérer notre optimisme. À la date du 16 octobre 2008, 27 personnes avaient déjà été exécutées cette année. Le soutien à la peine capitale reste majoritaire dans l’opinion américaine. Une évolution favorable ne pourrait intervenir qu’à la faveur d’évènements internes, car la pression internationale semble avoir assez peu d’impact. Preuve en est la position inébranlable des autorités américaines face à toutes les tentatives internationales de faire adopter un moratoire sur les exécutions comme première étape vers l’abolition de ce châtiment d’un autre âge. e Françoise Dieryck, Coordination USA

L’INSOLITE DES PHOQUES AUX LAPINS Depuis la fin de l’apartheid, l’île de Robben Island (de Robbeneiland, «L’Île aux Phoques» en afrikaans) était devenue l’une des principales attractions touristiques d’Afrique du Sud. Située face au Cap, l’île abrite en effet une ancienne colonie pénitentiaire dont la devise était «Ons dien met trots» («Nous servons avec fierté»). Ses «pensionnaires» les plus illustres étaient des militants anti-apartheid et des cadres de l’ANC comme Nelson Mandela, Govan Mbeki (père de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki) ou encore Jacob Zuma, nouveau président de l’ANC. Depuis quelques mois, l’île est envahie par des milliers de lapins. Elle sera fermée au public du 1er au 16 novembre, le temps d’exterminer «humainement» cette population qui menace la végétation et le pénitencier où Mandela vécut 18 de ses 27 années de détention. e (D’après Courrier International)

TROY DAVIS

ATTENTE INSOUTENABLE Le 24 octobre dernier, une cour d’appel fédérale américaine suspendait l’exécution de Troy Davis prévue le 27 octobre à Jackson (Géorgie). Cet Afro-Américain a patienté dans le couloir de la mort pendant 17 ans pour un meurtre qu’il a toujours nié. Le 23 octobre, plusieurs rassemblements avaient été organisés à Atlanta (capitale de la Géorgie), San Francisco, Washington, aussi Chicago, New York et Dallas, mais aussi à Milan, Belfort, Strasbourg et Bruxelles, à l’initiative d’Amnesty international.

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n 1991, Troy Davis, un Afro-Américain de 40 ans, était reconnu coupable du meurtre de Mark Allen MacPhail, un policier blanc de 27 ans, abattu dans le parking d’un Burger King à Savannah, en Géorgie, le 19 août 1989. Troy Davis était également reconnu coupable d’avoir agressé Larry Young, un sans-abri attaqué juste avant l’assassinat du policier. Lors du procès, Troy Davis avait reconnu s’être trouvé sur les lieux, mais avait nié avoir agressé Larry Young ou tiré sur l’agent MacPhail. L’arme du crime n’a jamais été retrouvée et la scène ne portait pas d’empreintes digitales ni de traces ADN. Un autre homme, Sylvester Coles, témoin à charge dans le procès contre Davis, se serait même vanté ensuite d’avoir tiré ce soir-là. La Cour d’appel compétente pour la Géorgie a publié, ce 24 octobre, un arrêt accordant «une suspension temporaire de l’exécution». La Cour demande aux parties de lui

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Veillée devant le Palais de Justice. Bruxelles, 23 octobre 2008. © Bruno Brioni

remettre leurs conclusions dans les quinze jours, à l’issue desquels elle aura elle-même dix jours pour se prononcer sur un éventuel renvoi de l’affaire en première instance. Les cours d’appel fédérales se prononcent uniquement sur la forme. C’est le tribunal devant lequel l’affaire sera éventuellement renvoyée qui décidera si Troy Davis peut bénéficier d’un nouveau procès. Selon la Cour d’appel, Troy Davis doit notamment démontrer qu’il «peut présenter des preuves fondant sa réclamation». Le 14 octobre, la Cour suprême des ÉtatsUnis avait rejeté sa requête, rendant son exécution imminente. Le lendemain, un juge de Géorgie avait rédigé un ordre d’exécution pour le 27 octobre. C’est la troisième fois que Troy Davis apprend quelques jours - voire quelques heures, fin septembre - avant son exécution qu’elle est finalement suspendue. Si la cour d’appel décide, à terme, de rejeter la requête, ses

avocats pourront à nouveau tenter de saisir la Cour suprême américaine avant qu’une nouvelle date d‘exécution ne soit fixée. Jusqu’à aujourd’hui, les éléments convaincants de cette affaire ont été pratiquement ignorés, laissant la Géorgie susceptible de tuer un homme innocent. Si jamais l’exécution de Troy Davis devait finalement advenir, le combat pour l’abolition de la peine de mort subirait un sinistre revers, tandis que le Jackson créé en 1967 par Johnny Cash et June Carter se recouvrirait d’un manteau de brume. Hélas de saison. e P.F. Pour plus d’informations sur Troy Davis, lire le rapport (en anglais) intitulé USA : «Where is the justice for me ?», The case of Troy Davis, facing execution in Georgia, février 2007: www.amnesty.org/en/library/info/AMR51/ 023/2007


DOSSIER

CAMPAGNE DE FIN D’ANNÉE

DEVENEZ UN DÉFENSEUR DES DROITS HUMAINS Le 10 décembre 1948, à l’Assemblée générale des Nations unies, 48 États indépendants (l’heure n’était pas encore à la décolonisation) adoptaient la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). En trente articles, ce texte sans précédent reconnaissait les droits et les libertés de chaque individu. Soixante ans plus tard, si les avancées ont été nombreuses et déterminantes (songeons à la mise sur pied de la Cour pénale internationale), le défi reste de taille, sans compter que rien n’est jamais irréversible. La DUDH proclame le droit imprescriptible à l’éducation et à la santé ; la liberté d’opinion, d’expression et d’association ; l’interdiction de la torture ; le droit à la sécurité sociale, au travail, à une rémunération équitable et à un niveau de vie suffisant, etc. Néanmoins, ce texte ne serait qu’un document s’il n’était pas défendu pour faire respecter, protéger et réaliser ces droits fondamentaux. C’est pourquoi Amnesty International propose à chacun et à chacune, avec sa campagne de fin d’année 2008, de devenir défenseur et défenseuse des droits humains. Dans ce dossier, nous vous proposons bref état des lieux du débat relatif aux droits humains, une rencontre avec une défenseuse venue de RDC, quatre cas de défenseurs en danger (Opération Isavelives.be) et, enfin, un avant-goût de notre campagne de fin d’année 2008.

L’Assemblée générale des Nations unies, réunie au Palais de Chaillot le 12 décembre 1948, deux jours après l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Paris, décembre 1948 © AFP

DES DROITS UNIVERSELS ? PAS POUR TOUT LE MONDE Cela fait 60 ans que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies. Alors que l’on s’apprête à faire de ce 10 décembre 2008 un événement à la hauteur de ce texte, le débat reste intense quant à sa valeur, aux avancées qu’il a induites et à ce que certains qualifient de «droit-de-l’hommisme» obtus.

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e 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait par 48 voix contre 8 abstentions la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. D’emblée, le vote de la résolution 217 A (III) suscita un certain de nombre de questions et aussi d’oppositions. Les oppositions, exprimées lors des débats par les représentants abstentionnistes, portaient précisément sur… l’universalité de ces droits. Par exemple, les pays du bloc soviétique ne se reconnaissaient précisément pas dans certains droits énoncés à l’Article 2 de la Charte(1), tandis que des États comme l’Arabie saoudite et le Yémen adhéraient difficilement au principe d’égalité absolue entre

genres et entre religions. Enfin, abstentionniste marquant, la République d’Afrique du Sud ne s’identifiait évidemment pas à un texte évoquant le refus de toute distinction «de race et de couleur», elle qui venait d’inscrire officiellement la politique de ségrégation raciale – l’apartheid – dans sa Constitution. Outre les oppositions déclarées et évoquées ci-dessus, de nombreux observateurs et militants des droits humains de cette époque émettaient également de sérieuses critiques. Ces dernières ne portaient pas sur l’universalité radicale de la lettre de la DUDH, bien au contraire. Ce qui était mis en cause, c’était l’hypocrisie de certains pays signataires (France, Royaume-Uni, Belgique…) prompts à adopter

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DOSSIER solennellement un texte d’une générosité sans précédent dans la diplomatie internationale, mais violemment opposés à accorder les droits politiques, culturels et syndicaux aux populations de leurs colonies d’Afrique et d’Asie, sans même parler de leur droit – impensable à l’époque – à l’autodétermination. Il n’empêche que ce texte, bien que dénué de toue portée juridique véritable, posait un jalon de première importance. Aujourd’hui encore, certains secteurs intellectuels et d’opinion dénoncent la «naïveté» de vouloir «imposer» le respect des droits humains en tout lieu et en tout temps. D’un côté, les «relativistes culturels», quand ils ne sont pas franchement racistes, estiment que certaines sociétés sont fondamentalement imperméables et indifférentes aux notions universelles de droits et de libertés. D’un autre côté, les «développementalistes» - de gauche comme de droite – estiment que certains pays ne sont pas assez «développés» pour se payer le luxe de la liberté individuelle ou d’association. Au nom de la modernisation autoritaire, ils seront donc tentés de soutenir des régimes économiquement performants et justifiant leurs performances par, précisément, le refus des droits individuels et la sacralisation de l’émancipation nationale ou de la cause du peuple. Pour certains, la «parenthèse» militaire anticommuniste au Chili (1973-1990) fut un moindre mal. Pour d’autres encore, les trois décennies de dictature baasiste en Irak furent un mal nécessaire contre le sous-développement et l’instabilité «chronique» de ce pays. Pour d’autres enfin, même s’il se fonde sur la négation des droits syndicaux et culturels, le «socialisme de marché» développé en Chine est également une étape nécessaire sur le chemin de la modernisation. Or, comme l’indique la tragédie irakienne, c’est l’absence de justice sociale et de libertés politiques, ainsi que l’éradication physique des forces vives politiques et intellectuelles après 1968, qui expliquent pour partie le chaos politique, humanitaire et sanitaire de l’Irak postérieur à l’invasion américaine du printemps 2003. En 2008, alors que la démocratie parlementaire semble en crise un peu partout en Europe, certains remettent en cause cette démocratie et son socle proclamé : les droits humains. Le philosophe français Alain Badiou, par exemple, rencontre un succès étonnant depuis la publication d’un pamphlet(2) radicalement antidémocratique et tenté par la violence politique au nom d’une conception surprenante du bien commun. Mais, un autre philosophe, français également, développe une critique, plus recevable car moins violente. Pour Marcel Gauchet, aujourd’hui, «le problème, c’est le triomphe des droits individuels et l’éclipse des collectifs, qu’il s’agisse des masses, des classes ou des nations». À lire son interview(3), on a plutôt l’impression qu’il dénonce davantage la floraison de revendications individuelles et égoïstes dans des démocraties «paralysées» que le droit d’association, d’expression et d’opposition. Bref, soixante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le débat ne risque pas de s’éteindre. Qu’il ne nous fasse tout simplement pas renoncer à l’avancée la plus audacieuse et aussi la plus fragile de ce texte : l’universalité des droits et l’universalité du droit à s’organiser pour conquérir ces droits. e Pascal Fenaux

TÉMOIGNAGE

ÊTRE DÉFENSEUSE AU KIVU Justine Masika Bihamba est la fondatrice et coordinatrice de l’association Synergie des Femmes, basée à Goma, dans le Nord-Kivu. Cette ONG congolaise vient en aide aux femmes victimes des violences sexuelles exercées par les diverses factions armées qui ravagent cette province de l’est de la République démocratique du Congo. Rencontre.

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ustine, vous êtes de passage à Bruxelles, quelle est la situation actuelle à Goma ? La situation n’est pas bonne là-bas Il y a environ 800 000 déplacés, toujours des recrutements d’enfants soldats et des viols de femmes. Il y a trop d’insécurité. Et les femmes sont en première ligne, ce sont elles qui s’occupent de tout : les hommes qui travaillent ne sont pas payés, les femmes doivent se débrouiller au péril de leur vie, malgré les viols, attaques et autres épreuves et humiliations.

La Conférence sur la Paix s’est tenue en janvier dernier. En ressentezvous les effets ? La situation a empiré depuis la Conférence sur la Paix. En effet, on n’a pas dit ce qui devait être dit. Et les responsabilités n’ont pas été posées. La guerre du Rwanda s’est propagée en RDC et Laurent Nkunda(1) est proKagame. Les accords de Nairobi ne sont pas appliqués et on a toujours des problèmes de mauvaise gouvernance. Depuis les élections, rien n’a été fait pour changer les choses. On espère des élections locales pour 2009 mais on a surtout l’impression que certains ne souhaitent pas qu’elles aient lieu. Pourquoi ? Ce serait un vrai pas vers une démocratie, et de ça, ils ne veulent pas. Tous ces éléments posés, on ne peut qu’être inquiet. Vous semblez pourtant croire au programme Amani(2) ? Oui, on voudrait y croire car ce serait l’idéal pour retrouver la paix. L’abbé Apollinaire Malu Malu(3) tente le maximum. Il essaie, mais il dispose de trop peu de moyens. Son crédit international lui sert, malgré

(1) «Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation». (2) Circonstances, 4. De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Nouvelles Éditions Lignes, 2007. (3) «Les droits de l’homme paralysent la démocratie», Libération, 16 février 2008.

POUR LES INTERNAUTES

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ous pouvez télécharger le Passeport des Droits humains réalisé par AIBF. Il reprend les trente articles de la DUDH, illustrés par des dessins que Jean-Michel Folon avait réalisés pour Amnesty International. http://www.passportdesdroitshumains.be De même, sur le site Internet du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, il est possible de télécharger le texte intégral de la DUDH en 337 langues, dont l’abkhaze, l’amharique, le romanche, le wallon et le yiddish… http://www.unhchr.ch/udhr/navigate/alpha.htm

6 Libertés ! Novembre 2008

Le défenseur iranien Emadeddin Baghi, soumis à un cycle interminable de périodes de détention et de liberté. © Private


DOSSIER j Justine Masika dans les jardins de Front Line. Bruxelles, 9 septembre 2008. © AIBF

le fait qu’il ne soit pas assez soutenu par le gouvernement congolais, lequel ne montre pas l’exemple. Prenez l’industrie minière : le Nord Kivu est le grenier du Congo. Or, on n’a rien gagné avec les nouveaux contrats, tout a été pensé en faveur du gouvernement ou de l’extérieur, mais pas pour la population. Comment voulez-vous retrouver la sécurité ? Que voulez-vous dire par «l’extérieur» ? Des mines de Walikalé partent chaque jour 32 «rotations» vers le Rwanda, alors que la population sur place subit des conditions de vie insupportables : pas d’écoles, pas de sanitaires, pas d’infirmeries, etc. Que faites-vous à Synergie ? Les femmes ignorent leurs droits et, de toute façon, on ne les respecte pas. Nous voulons leur redonner la place qu’elles méritent, surtout à celles qui ont subi toutes ces injustices. Synergie existe depuis 2003 et s’occupe de la prise en charge de victimes de la violence au niveau médical, psychosocial, judiciaire, ainsi que de leur réinsertion économique. Comment travaillez-vous concrètement ? Nous avons 35 conseillères dans les villages. Elles sensibilisent, identifient les victimes et les écoutent. Elles le font au péril de leur vie et elles sont constamment menacées par des groupes armés qui estiment qu’elles dénoncent les exactions qu’ils commettent. Il faut les protéger autant que possible et on essaie de les renforcer avec le soutien des réseaux communautaires existant sur place. Nous formons ainsi une complémentarité de ressources, de forces et de compétences avec plusieurs ONG de femmes sur le terrain. Travaillez-vous également avec les auteurs des exactions ? Il ne faut pas seulement travailler avec les femmes, mais aussi avec les auteurs de viols. Seulement, 80 % des auteurs de viols sont des porteurs d’armes. On a donc organisé des réseaux communautaires avec tous les acteurs de terrain et on leur a expliqué combien il est important de travailler sur les violences, parce qu’une femme violée est une femme rejetée par sa communauté et il faut la remettre sur pied. Nous aidons donc ces femmes en les informant de leurs droits, en leur donnant des kits de 72 heures. Nous insistons également sur l’importance de la sensibilisation et la vulgarisation du droit international qui est censé les protéger(4). Depuis 2003 on a accompagné 8 000 femmes. Mais, seulement 220 ont osé porter plainte et nous n’avons obtenu que 68 jugements. Pourquoi ? Il y a beaucoup d’ingérence des autorités locales dans le système judiciaire. Un auteur de viols est peut-être le beau-frère du président du tribunal, alors

il ne sera pas poursuivi. La distance entre l’endroit où les faits sont commis et le lieu où la justice est rendue est aussi un obstacle. Sans parler des représailles extrêmement fréquentes et le manque de moyens qui paralyse le bon cours de la justice. J’ai moi-même été attaquée le 18 septembre 2007. Le 20 du même mois, j’ai porté plainte, mais il fallait que je verse cinq dollars pour qu’on enregistre ma plainte. On m’a ensuite demandé 10 dollars pour le déplacement. Il a fallu fournir le papier et les stylos pour l’enregistrement, etc. J’ai abandonné ! Autre problème : les frais d’exécution d’un jugement. La femme victime doit verser 15% de ce qu’elle touchera de dommages et intérêts dans les comptes du Trésor public, ce qui est évidemment impossible. Amnesty International doit nous aider dans le plaidoyer que nous sommes en train de développer pour mettre fin à cette mesure. Que peut-on faire encore pour vous aider ? Le fait de vous intéresser à nous, c’est déjà beaucoup. Il est important d’avoir du soutien d’Amnesty et de la communauté internationale. Cela nous donne davantage confiance en nous : nous sommes reconnues par nos paires et cela peut nous protéger si on essaie de nous attaquer. Il ne faut pas que la situation des femmes dans l’est de la RDC soit ignorée. Financièrement, nous fonctionnons avec très peu de moyens. Le soutien de l’ONG irlandaise Front Line nous permet de garder un contact hebdomadaire avec nos conseillères sur le terrain, alors que, parfois, toutes les communications sont interrompues. Nous rechargeons leur carte de GSM chaque mois. Et cela peut parfois leur sauver la vie. e Propos recueillis le 9 septembre à Bruxelles par Françoise Guillitte Voir aussi le rapport qu’Amnesty a publié le 29 septembre dernier : Nord Kivu : No End to War on Women and Children (AFR 62/005/2008) http://www.amnestyinternational.be/doc/IMG/pdf/AFR_62_005_2008_ext_fra_web.pdf

(1) Chef du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP). Voir Libertés ! n° 436 de septembre 2007. (2) Il s’agit du Programme de sécurisation et reconstruction des Kivu, né de l’accord négocié entre le gouvernement de la RDC, les groupes armés et la communauté internationale. «Amani» signifie «paix» en swahili. (3) Président de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les Provinces du Nord et du Sud-Kivu. Voir son interview dans Libertés ! n° 444 de mai 2008. (4) La Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, la Résolution 1325 du Conseil de sécurité qui porte sur la participation des femmes aux processus de rétablissement et de consolidation de la paix, et la Résolution 1820 qui exige de toutes les parties à des conflits armés qu’elles mettent immédiatement et totalement fin à tous actes de violence sexuelle contre des civils.

Libertés ! Novembre 2008 7


DOSSIER

CHINE

RWANDA

HU JIA «FREEBORN»

FRANÇOIS-XAVIER BYUMA

L

e défenseur des droits humains Hu Jia, lauréat du Prix Sakharov de la liberté de pensée 2008, a réalisé le documentaire Prisoners in the Freedom City. Assigné à résidence pendant plus de 200 jours, il a filmé son quotidien, les allers et venues des policiers chargés de sa surveillance et de la filature de sa femme. Le 27 décembre 2007, Hu Jia a été arrêté à son domicile suite à ses interventions par webcam devant le Parlement européen le 26 novembre 2007 et lors d’une cérémonie organisée par Reporters Sans Frontières le 5 décembre 2007. Le 28 janvier 2008, Hu Jia a été formellement inculpé d’incitation à la subversion. Il reste privé du droit de consulter son avocat, d’être en contact avec sa famille et de recevoir des soins médicaux, alors qu’il doit impérativement suivre tous les jours un traitement pour une maladie du foie, liée à son infection par le virus de l’hépatite B. Son épouse, Zeng Jinyan, est toujours assignée à résidence avec leur bébé. Elle n’est pas autorisée à quitter son domicile, sa ligne de téléphone a été coupée et sa connexion à Internet bloquée.

L

e défenseur rwandais des droits humains, François-Xavier Byuma, a été condamné à dix-neuf ans d’emprisonnement en mai 2007, à la suite d’un procès manifestement inéquitable. Il a été jugé coupable d’avoir reçu une formation aux armes à feu, d’avoir agressé une femme tutsie et d’avoir participé à une attaque durant le génocide de 1994. François-Xavier Byuma est le président de l’association Turengere Abana. L’organisation enquête sur les violations des droits de l’enfant, y compris les cas de violence sexuelle et de travail forcé.

OÙ ÉCRIRE ? Turengere Abana, BP 952, Kigali, Rwanda

CONSEILS POUR L’ÉCRITURE :

Amnesty International est très préoccupée par leur situation.

Écrivez en français ou en anglais. Vous pouvez indiquer vos coordonnées et mentionner Amnesty International.

OÙ ÉCRIRE ?

EXEMPLE DE MESSAGE :

Hu Jia and Zeng Jinyan Room 542, Block 76 BOBO Freedom City Dong Guo Yuan Tongzhou Qu Beijing 101100 Republic of China

Cher François-Xavier, Les activistes du monde entier demandent que vous ayez droit à un autre procès, un procès équitable. Nous pensons à vous. [vos noms et vos prénoms] http://www.isavelives.be/fr/node/2502

CONSEILS POUR L’ÉCRITURE : Écrivez en français, en anglais ou en mandarin. Vous pouvez indiquer vos coordonnées et mentionner Amnesty International.

EXEMPLE DE MESSAGE : Nous travaillons pour votre libération. Vous avez tout notre soutien. Nous pensons à vous, à votre femme et à votre enfant. [vos noms et vos prénoms] http://www.isavelives.be/fr/node/2506

8 Libertés ! Novembre 2008

CAMPAGNE 2008

C’EST AUSSI DANS VOTRE RÉGION

P

lusieurs villes accueilleront celles et tous ceux qui veulent se joindre aux événements de lancement de la campagne de fin d’année organisés à Bruxelles et en Wallonie. La plupart de ces villes ont décidé de parrainer l’un des quatre défenseurs en danger de l’Opération Isavelives.be (voir ci-dessus). L’événement hébergé par la ville d’accueil s’organisera autour d’un de ces quatre cas. D’une part, un «micro-trottoir» organisé interpellera les habitants et leur demandera de partager leur perception des articles de la DUDH. D’autre part, un


DOSSIER

IRAN

HONDURAS

RONAK SAFARZADEH

JESSICA GARCIA

L

a mère de Ronak s’est rendue auprès des autorités judiciaires pour tenter de savoir pourquoi elle n’avait pas de nouvelles de sa fille, mais au lieu de lui répondre, les fonctionnaires l’ont frappée. Prisonnière d’opinion, Ronak Safarzadeh, Kurde iranienne, est détenue à Sanandaj depuis le 9 octobre 2007. Membre de l’ONG Azar Mehr, basée à Sanandaj, elle participe activement à la Campagne pour l’égalité qui lutte contre la discrimination à l’égard des femmes dans le droit iranien. Un juge aurait déclaré qu’elle avait été arrêtée pour «atteinte à la sécurité nationale en participant à des attaques à Sanandaj et pour appartenance au PJAK» (un groupe armé kurde d’opposition). La Campagne pour l’égalité dément vigoureusement toute participation de Ronak Safarzadeh à d’autres activités que la promotion et la défense des droits des femmes.

OÙ ÉCRIRE ? Ronak Safarzadeh, Zendan-e Zanan (= Prison des Femmes) Khiaban-e Ershad, Sanandaj - Kordestan Province, Islamic Republic of Iran

CONSEILS POUR L’ÉCRITURE : Écrivez en français, en persan, en arabe ou en anglais. Pas de cartes à caractère religieux. Vous pouvez indiquer vos coordonnées et mentionner Amnesty International.

EXEMPLE DE MESSAGE : Nous sommes très nombreux à penser à vous partout dans le monde. Recevez nos salutations les plus respectueuses, [vos noms et vos prénoms] http://www.isavelives.be/fr/node/2507 stand de signatures de pétitions sera installé et les personnalités politiques et culturelles locales seront invitées à nous rejoindre.

DATES ET LIEUX : 17/11 – BRUXELLES (WOLUWE S-L) Wolubilis, Avenue Paul Hymans 251 - 1200 Bruxelles – À 17h00 Attention ! À 19h00, projection de La Pomme, un film de la réalisatrice iranienne Samira Makhmalbaf 19/11 – LIÈGE Place des Carmes – À 17h00 20/11 - NAMUR Place du Vieux Marché aux Légumes – À 17h00 21/11 - OTTIGNIES Devant l’Hôtel de Ville – À 18h30 (à confirmer) 22/11 – CHARLEROI Devant l’Hôtel de Ville – Ville Haute – À 17h00 24/11 – VERVIERS Devant l’Hôtel de Ville – À 17h00 (à confirmer) 25/11 – MONS Devant l’Hôtel de Ville – À 17h00 (à confirmer)

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essica García, responsable d’un groupe de Garifuna, dans le village de San Juan Tela (département d’Atlántida, dans le nord du Honduras) est la cible d’une campagne de harcèlement, visant manifestement à la pousser à céder des terres occupées par les Garifuna depuis plusieurs générations à une société immobilière, qui a le projet d’en faire une station touristique. Au Honduras, cela fait des années que les groupes indigènes, comme la communauté garifuna, se battent pour le respect de leurs droits sur les terres qu’ils occupent depuis plusieurs générations. Les ressources naturelles présentes sur le territoire, notamment le bois, sont exploitées par des entreprises nationales et internationales. Les terres occupées par les Garifuna sont convoitées par des sociétés qui veulent en faire des complexes touristiques, ce qui nuirait aux traditions, à la culture et au mode de vie de ce peuple, ainsi qu’à l’environnement dans lequel il vit. Le projet de construction d’un complexe touristique doté d’un terrain de golf 18 trous sur les terres garifuna est perçu comme un danger pour l’environnement puisqu’il puiserait de manière très importante dans les réserves locales d’eau. Finalement, ces projets risqueraient de causer la fin de tout un peuple.

OÙ ÉCRIRE ? Organización Fraternal Negra Hondureña (OFRANEH) Bo. Independencia, esquina opuesta Escuela Luis Landa, La Ceiba, Atlántida, Apt. 341 Honduras

CONSEILS POUR L’ÉCRITURE : Écrivez en français ou en espagnol. Vous pouvez indiquer vos coordonnées et mentionner Amnesty International.

EXEMPLE DE MESSAGE : Estimada Jessica, Te envío toda mi solidaridad con tu trabajo en defensa de las comunidades Garífunas. Saludos atentos, [vos noms et vos prénoms] http://www.isavelives.be/fr/node/2508

Libertés ! Novembre 2008 9


MOUVEMENT NOS FORMATIONS Nous arrivons tout doucement à la fin du programme des formations 2008. Nous espérons que celui-ci aura répondu au mieux à vos attentes. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires éventuels à ce sujet en envoyant un e-mail à formations@aibf.be Voici les derniers modules que nous vous proposons en 2008 : 6 novembre de 19h00 à 22h00 Découvrir Amnesty 8 novembre de 10h00 à 15h00 Parler de la peine de mort 15 novembre de 09h30 à 16h30 Mission et fonctionnement d’Amnesty 15 novembre de 10h00 à 15h00 Une bougie se vend d’elle-même Toutes ces formations auront lieu à Bruxelles. Attention : pour participer au module «Parler de la peine de mort», il est nécessaire de bien connaître le sujet ou d’avoir participé précédemment à la formation «Peine de mort». Si vous souhaitez participer à la campagne bougies en vendant des produits Amnesty sur nos stands, nous vous suggérons de vous inscrire au module «Une bougie se vend d’elle-même». Son contenu portera sur la manière de vendre tout en restant cohérent(e) avec ses valeurs personnelles ; la conciliation entre vente et sensibilisation ; les bonnes pratiques pour rendre les stands attractifs ; le discours à tenir pour accrocher, informer, sensibiliser et vendre. De quoi bien vous préparer à cette activité et donc… vous permettre d’y prendre du plaisir aussi ! e Pour vous inscrire dès maintenant et/ou obtenir des détails concernant le contenu de tous les modules, rendez-vous sur notre site Internet : http://www.amnesty.be/formations Pour tout renseignement, n’hésitez pas à nous contacter par e-mail à formations@aibf.be ou par téléphone au 02 538 81 77, de préférence les mardi, jeudi et vendredi.

DEVENEZ FORMATEUR/TRICE BÉNÉVOLE POUR AMNESTY ! Vous êtes motivé(e) par nos campagnes en faveur des droits humains ? Vous avez des aptitudes pédagogiques et/ou une expérience en formation d’adultes ? Vous avez des compétences en prise de parole en public et en communication ? Dans ce cas, votre profil correspond à celui que nous recherchons pour étoffer notre dynamique équipe de formateurs bénévoles ! Pour avoir un aperçu du type de module que nous proposons à nos membres/donateurs/sympathisants, nous vous suggérons de consulter notre programme des formations 2008 sur notre site à l’adresse suivante : http://www.amnesty.be/formations Un atout supplémentaire: avoir un intérêt et/ou des compétences pour la réalisation de cours en ligne. Disponibilités : en soirée et le week-end (surtout le samedi). Fréquence à définir ensemble. Intéressé(e) ? Merci de bien vouloir nous envoyer votre curriculum vitae ainsi qu’une lettre de motivation pour le 15 novembre au plus tard à l’attention de Sophie Ypersiel, par e-mail à formations@aibf.be ou par courrier à Amnesty International Belgique francophone, Service Formations, Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles. e

10 Libertés ! Novembre 2008

LA PAUVRETÉ EST UNE VIOLATION DES DROITS HUMAINS Le 17 octobre dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’Élimination de la Pauvreté, le Réseau belge de lutte contre la Pauvreté organisait des manifestations un peu partout en Belgique, tandis que les militants d’Amnesty International distribuaient des dazibaos dans les principales gares du pays.

P

lus de 850 millions de personnes sur la terre souffrent de la faim. Près de 11 millions d’enfants meurent chaque année avant d’avoir atteint leur cinquième année. Plus de 100 millions de personnes n’ont pas accès à l’école primaire et des milliers de petits paysans sont chassés de leurs terres chaque jour. Si divers soient-ils, ces exemples ont un point commun. Derrière ces chiffres, il y a le destin de personnes dont les droits à l’alimentation, à l’éducation ou à un logement adéquat ont été bafoués. Il leur manque souvent les moyens nécessaires pour se défendre. La pauvreté ne signifie pas seulement vivre avec des moyens en dessous d’un certain seuil minimal. C’est la conséquence de violations des droits humains et c’est une atteinte à la dignité humaine. C’est pourquoi, il apparaît essentiel de soutenir les personnes qui en sont victimes afin qu’elles puissent faire valoir leurs droits. Même dans les pays riches, certaines personnes n’ont pas accès à l’éducation, aux soins de santé ou au logement. Les gouvernements imputent souvent ces problèmes à un manque de ressources. De fait, de nombreux individus font l’objet d’une discrimination systématique. Quant à ceux qui se situent en marge de la société, ils sont fréquemment laissés pour compte. Les institutions financières internationales ont imposé à certains pays des conditions qui ont réduit l’accès à l’éducation et à la santé pour les

personnes vivant dans la pauvreté. Ailleurs, des projets de développement à grande échelle ignorant totalement la question des droits humains se sont traduits par des privations de logement généralisées. Dans de nombreux pays, les autorités gouvernementales n’exercent aucun contrôle relatif au respect des droits humains dans les activités des entreprises. Elles laissent progresser la pollution de l’environnement et l’exploitation à tout va. Le non-respect des droits économiques, sociaux et culturels n’est pas une question de ressources insuffisantes, mais une question de justice. Les droits humains sont interdépendants. Lorsqu’un droit est bafoué, d’autres le sont aussi inévitablement : par exemple, sans liberté d’expression, il ne peut y avoir de droit à l’éducation. Même si de grands progrès ont été effectués pour faire des droits économiques, sociaux et culturels une réalité, il reste encore beaucoup à faire pour que tout le monde ait le droit de vivre dans la dignité.

QUE SONT LES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS ? Il y a soixante ans, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme proclamait qu’un large éventail de droits s’appliquait à tous les êtres humains, sans exception. Ils comprennent non seulement la liberté d’expression, le droit de ne pas subir des tortures et des mauvais traitements, mais également – ce qu’on oublie trop souvent – les droits à

«LE JAPON DOIT QUITTER LE CLAN DES BARBARES»

A

u Japon, le nombre d’exécutions est en augmentation, 13 personnes ayant été exécutées en 2008, soit le chiffre le plus élevé depuis 33 ans. Actuellement, quelque 102 prisonniers attendent dans le quartier des condamnés à mort au Japon. Parmi eux, Hakamada Iwao attend son exécution depuis 1968. Le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la Peine de mort, Amnesty international manifestait devant l’ambassade du Japon et y mettait en scène le théâtre silencieux de condamnés attendant leur exécution dans le couloir de la mort. e © Bruno Brioni

Pour plus d’infos sur le cas d’Hakamada Iwao : http://www.isavelives.be/fr/node/2145


MOUVEMENT CERCLE PETER BENENSON

Comme ailleurs dans le monde, des centaines de manifestants indiens manifestent lors de la Journée internationale pour l’Élimination de la Pauvreté. New Delhi, 17 octobre 2008. © AI l’éducation, à un logement décent, ainsi que d’autres droits économiques, sociaux et culturels. Les droits économiques, sociaux et culturels forment un vaste ensemble de droits garantis par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et par d’autres traités régionaux et internationaux légalement contraignants. Pratiquement chaque pays du monde est partie à un traité contraignant qui garantit ces droits. Ces derniers comprennent : les droits du travail, notamment des conditions d’emploi équitables, la protection contre le travail forcé ou obligatoire, ainsi que la possibilité de se syndiquer ou de former des syndicats ; le droit à l’éducation, et notamment à une éducation primaire gratuite et obligatoire. L’éducation doit en outre être suffisamment disponible, accessible, acceptable et adaptée aux personnes concernées ; les droits culturels des minorités et des peuples autochtones ; le droit à la santé, qui est le droit au meilleur état de santé physique et mentale possible, et qui implique que l’individu dispose de conditions de vie saines et ait accès à des soins de santé satisfaisants ; le droit à un logement adéquat, y compris la sécurité légale de l’occupation et la protection contre les expulsions forcées ; le logement doit en outre être abordable, habitable, correctement situé et acceptable ; le droit à une nourriture suffisante, qui signifie notamment ne plus souffrir de la faim et avoir accès ou pouvoir accéder à une alimentation adéquate d’un point de vue quantitatif et qualitatif; le droit à l’eau, qui couvre, entre autres, la possibilité d’accéder (physiquement et économiquement) à une eau salubre en quantité suffisante, ainsi qu’à des dispositifs d’assainissement adéquats.

QUI EST RESPONSABLE ? Les États – les gouvernements nationaux – assument la principale responsabilité en matière de réalisation des droits humains. Les gouvernements doivent respecter les droits des populations – ils ne doivent pas les enfreindre. Ils doivent protéger les droits des populations – en veillant à ce que d’autres personnes ou entités ne bafouent pas ces

droits. Finalement, ils doivent réaliser ces droits, c’est-à-dire en faire une réalité dans la pratique. Les ressources à la disposition des différents gouvernements sont très variables. Le droit international admet que la pleine réalisation des droits économiques, sociaux et culturels ne peut être obtenue que progressivement, avec le temps. Toutefois, les gouvernements ont pour obligation immédiate de respecter et de protéger ces droits, ainsi que de garantir l’absence de toute discrimination. L’insuffisance de ressources n’est pas une excuse. Même si les gouvernements peuvent avoir besoin de temps pour faire des droits économiques, sociaux et culturels une réalité, cela ne signifie pas qu’ils ne doivent pas agir. Ils doivent prendre des mesures en vue de la concrétisation de ces droits. Ils doivent s’acquitter en priorité de leurs «obligations fondamentales minimales», c’est–à-dire satisfaire l’essentiel de chacun de ces droits. Ainsi, pour ce qui touche au droit à l’éducation, une obligation fondamentale vise la mise en place d’une éducation primaire gratuite. Les gouvernements ne doivent exercer aucune discrimination, que ce soit dans la législation, la politique ou la pratique. Ils doivent également donner la priorité aux catégories de populations les plus vulnérables lorsqu’ils allouent des ressources. Par ailleurs, quand ils agissent en-dehors de leurs frontières, les États ont pour obligation de respecter, protéger et réaliser les droits économiques, sociaux et culturels. Ces obligations s’étendent aux actions qu’ils entreprennent par le biais d’organisations intergouvernementales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Comme l’indique la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, «tous les organes de la société» ont des responsabilités en matière de droits humains. À l’échelle mondiale, les entreprises ont un rôle toujours plus important en matière de réalisation ou, au contraire, de déni des droits humains. Amnesty International s’est engagée à souligner la responsabilité des entreprises dont les actions portent atteinte à ces droits. En se mobilisant le 17 octobre dans le cadre de la Journée internationale pour l’Élimination de la Pauvreté, les militants d’Amnesty International ont donné un premier coup d’envoi à un thème qui occupera AI dans les prochaines années. e AIBF

27 NOVEMBRE – BRUXELLES «NOUVELLE PRÉSIDENCE AUX ÉTATS-UNIS : L’HÉRITAGE DE GEORGES W BUSH» Le 04 novembre 2008 : «Election Day» Les citoyens américains se rendront aux urnes pour élire le prochain président des États-Unis. La course à l’investiture démocrate a créé la surprise, les élections présidentielles suscitent également l’effervescence nationale et internationale. Au lendemain de ces élections, nous vous proposons une discussion sur les conséquences que ces élections auront en matière de politique intérieure et de politique étrangère des États-Unis. Quels espoirs, quelles attentes ? Changement ou continuité ? Plusieurs spécialistes nous exposeront leur point de vue. En présence de Jean-Paul Marthoz (journaliste indépendant, ancien directeur européen de l’Information à Human Rights Watch et enseignant à l’UCL et à l’IHECS), Willy Vandervorst (journaliste à la RTBF) et un(e) journaliste correspondant(e) américain(e) basé(e) à Bruxelles. e À 20h00 à l’Hôtel de ville de Bruxelles (Salle des conférences), Grand Place, 1000 Bruxelles Entrée : 5 e (adultes) 2 e (étudiants et demandeurs d’emploi) réservation souhaitée auprès d’Ingrid Plancqueel au 02 538 81 77 ou cerclebenenson@aibf.be

10 DÉCEMBRE - SCHAERBEEK «LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SEXUALITÉ» Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de l’Homme et à l’occasion du 60e anniversaire de la DUDH, l’incontournable, polyvalent et multiprimé comédien «belge d’origine berbère et maroxellois» Sam Touzani, joue pour Amnesty International (dont il est l’un des parrains) son spectacle Liberté, Égalité, Sexualité. Ce spectacle de Bernard Breuse et Sam Touzani, mis en scène par Ruud Gielens, est une coproduction du Koninklijke Vlaamse Schouwburg (KVS), du Théâtre Royal de Namur / Centre dramatique et de Comedia Spirit. Sur un mode humoristique – possible uniquement à condition d’abandonner les idées sclérosées, Liberté, Égalité, Sexualité est une réflexion sur notre identité humaine universelle, que l’on ne peut ramener à une identification à la race, la couleur ou le sexe. C’est une ode à la liberté, qui ne se définit pas par ce qui nous distingue de l’autre, mais bien par ce qui nous rapproche de l’autre. e À 19h00 au Centre Culturel de Schaerbeek, rue de Locht 9193, 1030 Bruxelles (Schaerbeek) Entrée : 12 e (prix plein) – 9 e (étudiants et demandeurs d’emploi) – 1,25 e (article 27) – Réservations au Centre Culturel de Schaerbeek : 02 245 27 25 – www.culture1030.be

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MOUVEMENT

FÉLICIEN ROPS ET LES DROITS HUMAINS D

e Félicien Rops (1833-1898), on ne retient souvent qu’un visage, celui du Rops sulfureux, du dandy, du peintre de la femme en manipulatrice. Ce que l’on sait moins, c’est que ce brillant dessinateur fut avant tout un observateur attentif – souvent incisif, parfois attendri – des gens et des mœurs de son époque. Dans sa correspondance, il se dit «étourdi comme un hanneton, insouciant comme un moineau» et aussi «pas utile au bien de l’État». Et pourtant, né en pleine révolution industrielle, il voit les conditions misérables de la classe ouvrière et il va s’inspirer du climat social de son temps pour relater la réalité de ses contemporains et stigmatiser la bêtise et l’hypocrisie. Il écrira: «Je passe mes jours à me contenir et j’ai de furieuses envies de briser d’un coup de tête cette martingale de conventions avec lesquelles les sociétés civilisées tiennent en bride les natures primitives…» C’est ainsi que se retrouvent dans son œuvre toutes les grandes questions qui ont jalonné le XIXe siècle et qui sont encore bien présentes aujourd’hui : l’homosexualité, la misère, la peine de mort, la condition de la femme, la violence conjugale, Félicien Rops, La peine de mort, 1863. la liberté de la presse, etc. Collection Musée Félicien Rops, Le musée provincial Félicien Rops a décidé de célébrer à sa manière, le 60e anni- Province de Namur. versaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en créant un parcours de visite «Félicien Rops et les droits humains» au sein des salles consacrées à l’artiste namurois. Une sélection de ses œuvres traitant des droits humains sont ainsi expliquées, replacées dans leur contexte et prolongées par un commentaire sur la situation dans le monde au en ce XXIe siècle. Ce parcours, préparé en collaboration avec Amnesty International, est destiné à tous, visiteurs individuels et groupes scolaires. L’initiative est parrainée par le réalisateur Benoît Mariage. Pour ce dernier, «Rops, c’est une vision libre, singulière et sans fard du monde qui l’entoure. Nous qui mettons souvent tant d’énergie dans la pratique de notre art à plaire ou nous faire aimer, nous devrions méditer sur l’œuvre de Rops. Jamais on ne sent chez lui cette volonté de plaire ou de se faire aimer comme s’il se sentait trop responsable de son travail et qu’il en comprenait l’importance sociale. À ce titre, c’est un exemple. L’associer aujourd’hui à la lutte pour la défense des droits de l’Homme, c’est aussi reconnaître sa responsabilité d’artiste engagé.» e Musée provincial Félicien Rops, rue Fumal 12, 5000 Namur – 081 77 67 55 – rops@ciger.be – www.ciger.be/rops Le parcours est détaillé dans une plaquette bilingue français-néerlandais (28 p.) en vente à l’accueil du musée : 4,50 e – Visites guidées d’une heure au tarif de 40 e par groupe + 4,5 e d’entrée au musée. Réservation obligatoire : 081 77 67 55

REJOIGNEZ-NOUS LE 10 DÉCEMBRE ! Rendez-vous au musée dès 17h00, le mercredi 10 décembre 2008, pour le lancement officiel de ce nouveau programme, en présence du réalisateur Benoît Mariage, parrain de l’opération. Au programme: allumage des bougies Amnesty dans le jardin du musée; parcours dans les salles (départ des visites: 17h00, 18h00 et 19h00), en-cas préparé par le Perron de l’Ilon, entreprise namuroise de formation par le travail (EFT). À 20h00, à la Maison de la Culture, Concert d’URBAN TRAD (en 1ère partie : Seb Duthoit – guest star, N’Faly Kouyate). Les bénéfices de ce concert seront reversés à Amnesty International. Tarif du concert : 12 e en prévente à la Maison de la Culture (081 77 67 73) du lundi au vendredi de 11h00 à 17h30, le samedi de 10h00 à 12h00. Le soir du concert : 16 e, 30 minutes avant le début du set. Pour plus d’informations sur cette soirée : 081 77 67 55

ATTENTION !

LE 10 DÉCEMBRE, C’EST AUSSI, ENCORE ET TOUJOURS À BRUXELLES ! 17H00 – BOUGIES DE LA LIBERTÉ Comme chaque année, le mercredi 10 décembre 2005 à 17h00, Amnesty International organisera sa désormais traditionnelle Nuit des «Bougies de la Liberté». Militants, bénévoles et sympathisants participeront à l’illumination d’un bon millier de bougies. Où ? Dans les jardins du Botanique, rue Royale 236 - 1210 Bruxelles (Saint-Josse-tenNoode). Transports : Trams 92 et 94 — Métro Botanique – Bus 61

20H30 – CONCERT D’ARNO À L’ANCIENNE BELGIQUE Cette année, à l’occasion du 60e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme par l’Assemblée générale des Nations unies, Amnesty International Belgique francophone (AIBF), Amnesty International Vlaanderen (AIVL) et l’Ancienne Belgique unissent leurs efforts pour accueillir ARNO. À 19h00, ouverture du bar ! Tickets : 30 e en prévente et 32 e le soir du concert. Infos tickets : 02 548 24 24 Accès : Boulevard Anspach 110 –1000 Bruxelles Transports : Trams 3, 4, 31, 32 et 33 – Bus 29, 38, 46, 47, 48, 63, 66, 71 et 95

12 Libertés ! Novembre 2008

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, font un travail d’action et de sensibilisation aux droits humains. Pour vous y joindre, contactez votre régionale. SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 www.amnesty.be SECRÉTARIAT INTERNATIONAL Easton Street 1, London WC1X ODW United Kingdom 00 44 207 413 5500 AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16 RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY BRABANT WALLON Jean-Philippe CHENU chemin de la Terre Franche 13 1470 Genappe 010 61 37 73 – jpchenu@aibf.be BRUXELLES Le poste de coordinateur est vacant ! Pour des renseignements sur le profil requis avant d’envoyer un CV, écrire à Antoine CAUDRON – Amnesty International, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ou envoyer un e-mail à acaudron@aibf.be HAINAUT ORIENTAL Nicole GROLET av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle 071 43 78 40 – ngrolet@aibf.be LIÈGE Jean-Pierre ANDRÉ 04 387 51 07 – jpablegny@yahoo.fr Christine BIKA Responsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredi de 13h30 à 17h30 04 223 05 15 bureaudeliege@aibf.be LUXEMBOURG Daniel LIBIOULLE Avenue de la Toison d’Or 26 6900 Marche en Famenne 084 31 51 31 dlibioulle@aibf.be NAMUR Romilly VAN GULCK Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe 071 88 92 51 rvangulck@aibf.be WALLONIE PICARDE Marie NOËL Rue Cheny 1, 7536 Vaulx 069 77 66 13 – 0499 13 57 25 mnoel@aibf.be


IS AV ELIV ES . B E B O N N ES N O UV EL L ES Dans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâce au travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrent qu’une action de masse peut avoir des résultats pour un meilleur respect des droits humains.

CHINE HU JIA PRIX SAKHAROV Le Prix Sakharov pour la Liberté de l’esprit du Parlement européen a été décerné cette année à Hu Jia. La cérémonie de remise du Prix aura lieu le 17 décembre, également à Strasbourg. Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, a déclaré: «en décernant le Prix Sakharov à Hu Jia, le Parlement européen reconnaît de façon ferme et résolue la lutte quotidienne pour la liberté de tous les défenseurs chinois des droits de l’Homme». Dissident chinois et défenseur des droits humains, celui qu’Amnesty International considère comme un prisonnier d’opinion avait été longtemps pressenti pour recevoir le Prix Nobel de la Paix 2008. Les autorités chinoises n’ont pas caché leur mécontentement. e

IRAN EXÉCUTION ANNULÉE La peine de mort prononcée contre Hossein Haghi, un mineur délinquant, a été annulée par le responsable du pouvoir judiciaire iranien en septembre 2008. Ce jeune homme devra être de nouveau jugé par la 71e chambre du tribunal pénal de Téhéran. Reconnu coupable de l’assassinat de Mehdi Khalili, Hossein Haghi avait été condamné à mort le 8 février 2004, à titre de qisas («réparation», voir p. 3), par la 74e chambre d’un tribunal pénal. Le 25 juin 2004, la Cour suprême avait confirmé la condamnation à mort et l’avocat d’Hossein Haghi avait déposé une requête en révision. Bien que celle-ci ait été rejetée, l’affaire avait été réexaminée et renvoyée devant la 33e chambre de la Cour suprême par le responsable du pouvoir judiciaire. Cette instance a confirmé la condamnation à titre de qisas («réparation»), avant de soumettre son jugement au responsable du pouvoir judiciaire pour approbation. En septembre 2008, ce dernier a annulé cette condamnation et renvoyé l’affaire devant la 71e chambre du tribunal pénal de Téhéran afin que Hossein Haghi soit rejugé pour le même chef d’accusation de meurtre. Celui-ci demeure emprisonné à Téhéran dans l’attente de son nouveau procès. e

CUBA ARTISTE LIBÉRÉ Le 29 août, Gorki Águila a été libéré à l’issue d’un procès devant un tribunal municipal de La Havane. Il a été acquitté des charges de «dangerosité» mais reconnu coupable de désobéissance civile, une infraction moins grave. Gorki Águila a également été condamné à une amende de 600 pesos cubains (une vingtaine d’euros). Gorki Águila, musicien du groupe Porno Para Ricardo, avait été arrêté à La Havane le 25 août. Les paroles des chansons de Porno Para Ricardo sont très critiques à l’égard du gouvernement cubain. Le groupe n’est pas autorisé à se produire en public et ses titres ont été bannis de la télévision et de la radio cubaines. e

NIGERIA

DÉTENTION INDÉFINIE P

atrick Okoroafor avait 14 ans en mai 1995 lorsque lui-même et six autres personnes ont été arrêtés et accusés de vol et d’enlèvement, crimes qu’il nie avoir commis. Plus tard, la police les a inculpés tous les sept de vol. Patrick Okoroafor aurait été torturé durant sa garde-à-vue. Sa mère a certifié au tribunal qu’il était à la maison lorsque le délit a été perpétré. Le 30 mai 1997, alors âgé de 16 ans, Patrick et les six autres personnes ont été condamnés à mort par un tribunal qui n’accepte pas le droit à l’appel. Patrick Okoroafor et Chidiebere Onuoha, un autre condamné âgé de 15 ans au moment des faits, ont envoyé une pétition au Gouverneur militaire de l’État d’Imo, implorant la clémence pour une question d’âge. Seule la sentence de Patrick Okoroafor a été commuée en prison à vie. Les six autres, y compris Chidie-

bere Onuoha, désormais âgé de 17 ans, ont été fusillés en place publique le 31 juillet 1997. Mineurs au moment des faits, Patrick Okoroafor et Chidiebere Onuoha n’auraient jamais dû être condamnés à mort, selon les normes internationales. En 2001, une juridiction a qualifié la condamnation de Patrick Okoroafor d’illégale, de nulle et de non avenue, mais il reste en détention à durée indéterminée dans la prison d’Aba. En 2006, la Haute Cour fédérale a décrété qu’elle n’avait pas de compétence pour cette affaire. Patrick Okoroafor a maintenant 28 ans et a passé la moitié de sa vie en prison pour un crime qu’il a toujours nié avoir commis. La détention a détérioré son état de santé et il souffre de crises d’asthme que les responsables pénitentiaires reconnaissent comme «fréquentes et menaçantes pour sa vie». e

Lire aussi sur isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2520

MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Gouverneur, Patrick Okoroafor avait 14 ans en mai 1995, lorsqu’il a été arrêté avec six autres personnes pour vol et enlèvement, crimes que Patrick Okoroafor nie avoir commis. Il aurait été torturé durant sa détention préventive. Le 30 mai 1997, tous les sept ont été condamnés à mort. Seule la sentence de Patrick Okoroafor a été commuée en prison à vie et les six autres condamnés ont été fusillés en place publique le 31 juillet 2007. Patrick Okoroafor, qui est aujourd’hui âgé de 28 ans, a passé la moitié de sa vie en prison où sa santé s’est fort détériorée. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande la libération immédiate et inconditionnelle de cet homme tout en exprimant de sérieuses craintes pour sa santé. Espérant une réponse favorable à ma requête, je vous prie d’agréer, Monsieur le Gouverneur, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Monsieur le Gouverneur de l’État d’Imo Son Excellence le Chef Ikedi Godson Ohakim Bureau du Gouverneur, Government House, Owerri, État d’Imo, Nigeria

POUR RECEVOIR OU CONSULTER LES LETTRES DU MOIS :

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Ambassade du Nigeria Avenue de Tervueren, 288, 1150 Bruxelles Fax : 02 762 37 63 – E-mail : ambnigeria@belgacom.net

Libertés ! Novembre 2008 13


IS AV ELIV ES . B E TURQUIE

MILITANT PARALYSÉ À VIE L

MODÈLE DE LETTRE

© Private

e 7 octobre 2007, des militants – comme victimes et comme suspects. S’il est parmi lesquels Ferhat Gerçek – reconnu coupable, Ferhat Gerçek risque 15 vendaient un magazine (légal) de ans de prison. Les policiers inculpés le sont en gauche, lorsqu’ils ont été pris à parti par la rapport avec l’usage excessif qu’ils ont fait de police. Au plus fort de l’altercation, la police la force. Des lacunes dans l’enquête laissent a ouvert le feu. Ferhat Gerçek, touché au dos, craindre que l’auteur du coup de feu sur est paralysé à vie. Selon l’acte d’accusation, les Ferhat Gerçek pourrait échapper à la justice. policiers ont agi en état de légitime défense, Il y a également des soucis à se faire pour le mais aucun rapport d’expertise n’a été procès à venir qui devrait débuter le 24 produit pour étayer ce fait. L’avocat de Ferhat décembre 2008. Selon l’avocat de Ferhat Gerçek déclare que le Procureur n’a pas mené Gerçek, l’un des témoins de la fusillade est d’enquête criminelle, ce qui serait arrivé lors également poursuivi par la justice et risque d’une procédure normale. Une preuve une peine de prison similaire. Tout semble cruciale, le tee-shirt que portait Ferhat Gerçek fait pour décourager d’autres témoins potenlorsqu’il a été touché, a été égarée par la tiels à se manifester. Amnesty a appris que police. En outre, plusieurs policiers présents deux personnes qui avaient été témoins de la sur les lieux de la fusillade ont participé à scène et avaient fourni les premiers soins à l’enquête. L’acte d’accusation considère Ferhat Gerçek ont également été poursuiautant Ferhat Gerçek que sept policiers vies. e Lire aussi sur isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2521

Monsieur le Procureur, Le 7 octobre 2007, Ferhat Gerçek, un militant de gauche, a reçu une balle dans le dos tirée par un policier lors d’une altercation avec la police, le laissant paralysé à vie. Selon l’acte d’accusation, les policiers ont agi en état de légitime défense, mais aucun rapport d’expertise n’a été produit. Il n’y a pas eu d’enquête criminelle et une preuve cruciale, le tee-shirt que portait Ferhat Gerçek quand il a été touché, a disparu, tandis qu’un témoin oculaire est lui aussi poursuivi par la justice. Le procès devrait s’ouvrir le 24 décembre 2008 et, s’il est reconnu coupable, Ferhat Gerçek risque 15 ans de prison. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, j’appelle les autorités turques à assurer à Ferhat Gerçek un procès équitable. Espérant une réponse favorable à mes requêtes, je vous prie d’agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Monsieur le Procureur de Bakirkoy, Rahmi Tan Bakirkoy Cumhuriyet bassavcisi, Bakirkoy Adliye Sarayi 34144 Osmaniye Bakirkoy, Istanbul, Turquie

COPIE À ENVOYER À : Ambassade de Turquie, Rue Montoyer, 4, 1000 Bruxelles Fax: 02 514 07 48 – E-mail: info@brugge-turkishconsulate.be

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?

TARIFS POSTAUX

Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

Lettres (jusqu’à 50 grammes) Belgique: 0,54e; Europe: 0,80e; reste du monde: 0,90e. La surtaxe aérienne est incluse (étiquette requise).

ARABIE SAOUDITE

EXÉCUTIONS ET FLAGELLATIONS IMMINENTES S

Sabir, ont été condamnés à respectivement ept personnes, dont deux adoles1500 et 1250 coups de fouet à administrer en cents, risquent l’exécution ou la public, en plus de leurs peines de prison. Ils flagellation à tout moment. Leur avaient respectivement 15 et 13 ans lors des peine a été confirmée en juillet dernier par faits. Sultan Bin Sulayman Bin Muslim alla Cour de Cassation de La Mecque et les cas Muwallad et Issa bin Muhammad ‘Umar doivent être présentés au Conseil judiciaire Muhammad ont tous deux été condamnés à suprême. Si elles étaient approuvées, les mort pour des délits commis alors qu’ils sentences pourraient être rapidement exécuavaient 17 ans. tées. Arrêtés en 2004 et inculpés de vol et Au moins 71 personnes ont été exécutées en d’attaque, les sept hommes ont été battus Arabie saoudite en 2008. Les procès sont pour obtenir des aveux durant leur détensouvent inéquitables et ne correspondent en tion au secret par la police de Médine. En rien aux normes de base internationales. février 2008, le tribunal général de Médine a L’Arabie saoudite est un État partie à la condamné à mort cinq d’entre eux : Sultan Convention internationale des Droits de l’enBin khalid Mahmud al-Maskati, Yusef Bin fant qui prohibe expressément l’exécution Hassan Bin Salman al-Muwallad, Qassim des délinquants juvéniles. e Bin Ali Bin Ibrahim al- Nakhli, Sultan Bin Sulayman Bin Muslim al-Muwallad et Issa Pour plus d’informations, voir le rapport bin Muhammad Umar Muhammad. Les Saudi Arabia : Affront to Justice: Death deux autres, Bilal Bin Muslih Bin Jabir alPenalty in Saudi Arabia (MDE 23/027/2008) Muwallad et Ahmad Hamid Muhammad publié par Amnesty le 14 octobre dernier. Lire aussi sur isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2522

14 Libertés ! Novembre 2008

MODÈLE DE LETTRE Votre Majesté, Arrêtées en 2004, sept personnes, y compris deux adolescents, risquent l’exécution ou la flagellation à tout moment. Cinq d’entre eux – Bin khalid Mahmud al-Maskati, Yusef Bin Hassan Bin Salman al- Muwallad, Qassim Bin ‘Ali Bin Ibrahim al- Nakhli, Sultan Bin Sulayman Bin Muslim al-Muwallad et Issa bin Muhammad ‘Umar Muhammad ont été condamnés à mort en février 2008. Les deux autres, Bilal Bin Muslih Bin Jabir al- Muwallad et Ahmad Hamid Muhammad Sabir, ont été condamnés à respectivement 1 500 et 1 250 coups de fouet à administrer en public, en plus d’une peine de prison. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International. Je vous exprime ma préoccupation quant au risque d’exécution des cinq hommes et vous prie instamment de commuer la sentence en un châtiment plus humain. Dans l’espoir d’une issue favorable à cette affaire, je vous prie de croire, Votre Majesté, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Sa Majesté le Roi Abdullah Bin Abdul Aziz Al-Saud, Gardien des deux Saintes Mosquées, Bureau de Sa Majesté le Roi, Royal Court, Riyad, Arabie saoudite Fax : (via le Ministre de l’Intérieur) +966 1 403 1185

COPIE À ENVOYER À : Ambassade d’Arabie saoudite Avenue Franklin Roosevelt, 45, 1050 Bruxelles Fax : 02 647 24 92 – E-mail : beemb@mofa.gov.sa


C U LT U R E AGENDA THÉÂTRE JE M’APPELLE RACHEL CORRIE Je m’appelle Rachel Corrie est la création en langue française de My name is Rachel Corrie, spectacle créé en 2005 par Alan Rickman d’après les écrits, correspondances et courriels de Rachel, rassemblés par ses parents peu après la mort tragique de leur fille à 23 ans. Après un immense succès à Londres, elle est créée pour la première fois en langue française au Théâtre de Poche. Rachel est née et a grandi à Olympia (État de Washington) dans une famille de la classe moyenne. Très tôt, elle développe une conscience politique. Lors d’un voyage en Russie, peu après la chute du régime soviétique, Rachel franchit un pas en travaillant aux côtés d’autres volontaires dans des centres de santé mentale. Cette expérience sera décisive pour la suite de son parcours. En 2001, Rachel étudie les arts et les relations internationales à l’Evergreen State College. C’est à cette période qu’elle décide de s’engager comme volontaire au sein du Mouvement de Solidarité internationale (ISM) qui lutte pour les droits des familles palestiniennes dans la bande de Gaza. Ses premiers courriers sont éloquents : elle y décrit la désolation de cette région, les cadavres qu’il faut déplacer, les tireurs embusqués, les maisons criblées de balles, les bulldozers qui détruisent les habitations de civils palestiniens mais ses correspondances relatent aussi la chaleur de ses rencontres avec les familles palestiniennes chez qui elle séjourne, avec qui elle prend les repas, discute, et tente de mettre des mots sur le quotidien de ce chaos ambiant. Le 16 mars 2003, Rachel meurt écrasée sous la pelle d’un bulldozer israélien alors qu’elle tentait, en s’interposant, d’empêcher la destruction de l’habitation de deux familles palestiniennes. Si la thématique du conflit israélo-palestinien sert de trame de fond au spectacle, Je m’appelle Rachel Corrie se veut avant tout le reflet d’un questionnement et d’une réflexion sur l’engagement citoyen au travers de l’histoire personnelle de Rachel Corrie. Cécile Vangrieken, dirigée par Jasmina Douïeb, marche dans les traces de cette jeune fille et parcourt les étapes importantes de sa vie qui ponctuent progressivement son engagement dans l’activisme. Les réflexions profondes et poétiques qui sillonnent les journaux intimes de Rachel témoignent, depuis son enfance, de la naissance et de l’évolution de ce sentiment d’empathie, toujours plus puissant, qui la pousse à abandonner son cocon familial pour découvrir l’Autre. Tantôt naïve et bercée d’illusions, tantôt lucide et remplie de colère face à cette capacité que possèdent les hommes à se détruire l’un l’autre, Rachel au fil de ses remises en question, tente cependant de continuer à croire en l’humanité et à sa volonté de construire un monde plus juste. e Au Théâtre de Poche, Bois de la Cambre, Chemin du Gymnase 1A, 1000 Bruxelles, du 14 novembre au 6 décembre 2008 à 20h30. Relâche les dimanches et lundis. En partenariat avec le Théâtre Al-Kasaba de Ramallah (Palestine)

AU FOND DU LAC

J

uan a embouti la voiture familiale contre un poteau. Pendant toute une journée, l’adolescent, quasi mutique, va errer dans une petite ville portuaire du Yucatán à la recherche de la pièce qui fera redémarrer son auto. Sur son chemin, il croise une galerie de personnages calés dans leur monde. Il y a un vieux garagiste fatigué, une jeune mère qui rêve de chanter du rock et un ado fondu de Kung-Fu. Comme dans un film de Jarmush, le temps s’écoule lentement, les plans sont larges, la caméra statique, et ils capturent des scènes qui oscillent au bord du burlesque. Juan ne parle pas beaucoup alors les gens qu’il croise pensent pouvoir lui demander quelques menus services : endormir le bébé, partager un repas ou promener le chien. Amorcé par le suspense de la réparation (va-t-il trouver la pièce ?), le film nous laisse subtilement voir que c’est en lui-même que Juan a quelque chose à réparer. Que cette quête au ralenti est une fuite pour échapper à la réalité. À la mort de son père. Avec des moyens très simples, le jeune réalisateur mexicain se concentre sur son histoire et sur ses personnages, réussissant un film souvent drôle, touchant quand il le faut, et toujours juste. e Gilles Bechet Lake Tahoe de Fernando Eimbcke, sortie nationale le 5 novembre

PALESTINE RÊVÉE, PALESTINE CACHÉE

L

es médias nous raccourcissent la mémoire. La Palestine s’identifie par la force des choses à un pays occupé avec ses check-points, avec des gosses qui lancent des pierres contre des bulldozers, avec des missiles et des ceintures explosives. Mais il y avait un pays auparavant, rêvé par les uns et habité par d’autres. Ce double pays fait l’objet d’une exposition au Musée de la Photo de Charleroi. On y voit des photos du XIXe siècle prises par les Occidentaux. En noir et blanc, parfois colorisées par après, elles montrent des paysages grandioses, des édifices religieux et civils et très peu sa population. Pour faire bonne mesure, quelquesuns de ces clichés, typiques de l’exotisme colonial fort prisé à l’époque, mettent en scène des chameliers au bivouac ou des femmes en robe d’apparat autour d’un plateau à thé. Comme si les lieux et les gens n’étaient perçus que comme les vestiges d’un âge d’or biblique. Tous les clichés de cette Palestine inventée ont été rassemblés par l’historien Palestinien Elias Sanbar, qui y rajoute trois photos personnelles, témoins d’un retour à sa maison natale à Haïfa et sur les traces de son exil vers le Liban. En contrepoint de ce passé idyllique, ce sont d’autres Palestiniens qui apparaissent dans les clichés puisés dans les fonds d‘archives des Nations Unies chargées de Palestiniens. On y voit des villages de toiles ou de tôle, des files de gens qui prennent la route, entassés dans des camions ou marchant en horde, des ballots posés sur la tête. Des gens forcés de fuir ces paysages paisibles où ils étaient visiblement de trop. e G.B. Palestine inventée, jusqu’au 18 janvier 2009, Musée de la photo de Charleroi, Avenue Paul Pastur 11, 6032 Mont-sur Marchienne, du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00.

POLOGNE JUIVE ET INSURGÉE

E

n avril 1943, sur les 400 000 Juifs que les nazis ont entassés dans le ghetto instauré à Varsovie, plus de 300 000, lorsqu’ils ne sont pas morts de faim et de maladie, ont été déportés vers les camps d’extermination. Le 13 avril, quelque 600 combattants juifs de toutes obédiences politiques se réunissent au sein de la ZOB (Zydowska Organizacja Bojowa ou Yidishe Kamf Organizatsye, «Organisation juive de Combat») et déclenchent une insurrection qui, pendant un mois, va se heurter à une effroyable répression dont peu réchapperont parmi les 70 000 derniers Juifs du ghetto. C’est cette insurrection que l’auteur narre de l’intérieur. Et pour cause. Simcha Rathajzer, surnommé «Kazik» (diminutif polonais de Kazimierz) en était l’un des commandants. Kazik a organisé l’exfiltration des rares rescapés en empruntant les égouts vers le «côté aryen» de Varsovie. Plus tard, Kazik et son mouvement ont organisé le sauvetage des Juifs encore terrés dans la capitale. Lors du déclenchement de l’insurrection nationale de 1944, Kazik rejoint les rangs de la résistance polonaise et affronte une nouvelle fois l’occupant nazi, avant d’intégrer la cellule controversée des Nokmim, ces «vengeurs» traquant et «liquidant» certains responsables nazis dans le chaos de la capitulation allemande. En 1947, contrairement à son camarade de combat Marek Edelman, Simcha «Kazik» Rathajzer (avec les rares survivants de sa famille) émigrera en Palestine, où il se nommera désormais Simha Rotem. Ce témoignage brut, spontané et parfois empreint de naïveté adolescente offre une perspective rare sur le combat et la survie des Juifs de Pologne pendant le génocide. e P.F. Kazik, Mémoire d’un combattant du Ghetto de Varsovie, Ramsay, 275 p, 22 e Ce livre est en vente sur la Boutique en ligne d’Amnesty : http://www.amnesty.be/boutique/catalog/

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