Libertés - Décembre 2008

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Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles

DÉCEMBRE 2008 – N°449 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

BILAN 2008 AMNESTY NOUS EST CONTÉ

SOUS-MUNITIONS LA TRAGÉDIE DU LAOS

10 DÉCEMBRE LA DUDH A 60 ANS ARNO FÊTE ÇA !

DÉPOT À BRUXELLES X

Libertes!

BELGIQUEBELGIE PP 1/2345 BXL X


É D ITO R I A L

MALAISE EN INDE L

e 26 novembre, Bombay, capitale économique de l’Inde, était le théâtre de plusieurs attaques de commandos armés, d’affrontements et de prises d’otages. Au moment de mettre ce numéro de Libertés! sous presse, le bilan humain était de plus de 150 personnes tuées. Les circonstances de cette flambée de violence restent à ce jour extrêmement confuses, tandis que l’identité des assaillants et des commanditaires laisse songeur. Un communiqué revendiquant la responsabilité des attaques a été diffusé par les Moudjahiddines du Deccan (nom indien du plateau qui couvre le sud de l’Inde), mais les spécialistes des islamismes radicaux, des renseignements et du sous-continent indien se montrent pour le moins perplexes. Les attaques du 26 novembre, pour horribles et criminelles qu’elles soient, n’en surviennent pas moins dans un contexte intérieur volatil. Outre des inégalités sociales criantes qui jettent une ombre sur un miracle économique réel, la vie politique indienne est travaillée depuis le début des années 90 par l’activisme antimu-

sulman de plusieurs formations ultranationalistes hindoues, dont certaines sont regroupées au sein du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du Peuple indien). Vu la récurrence des attentats commis ces dernières années en Inde (ainsi qu’au Cachemire) et attribués à des groupuscules islamistes, il est probable que le BJP ou d’autres partis politiques antimusulmans aient le vent en poupe lors des prochaines élections législatives (prévues au printemps 2009). L’Inde et le Pakistan ne se sont jamais vraiment remis de la partition violente (1) qui, en 1947, a donné naissance à ces deux États jumeaux, au prix d’un million de morts, de la fuite de 7 200 000 musulmans vers le Pakistan et d’un nombre équivalent d’hindous et de sikhs vers l’Inde. Aujourd’hui, l’Inde compte toujours une population musulmane de 142 millions d’âmes. Cette minorité (14 %) est fortement présente à Bombay, ainsi que dans l’État voisin du Gujarat, là où, en 2002, plus de 2 000 musulmans furent tués lors de violences plus que probablement provoquées par des membres du BJP, au pouvoir dans cet État). Six ans après les faits, aucune véritable enquête n’a été menée et plus de 5 000 familles déplacées vivent toujours dans des conditions «inhumaines» au Gujarat. Les récents événements ne devraient pas arranger les choses. Or, sans une justice rapide, indépendante et efficace, l’atmosphère politique de l’Inde risque de devenir suffocante, surtout à quelques encablures d’élections cruciales. e Pascal Fenaux (1) Voir notre dossier «L’équation pakistanaise», Libertés !, décembre 2007.

Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • libertes@aibf.be • www.libertes.be • Éditrice responsable : Christine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet • Iconographie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : River Rocks Park, Seventeen Mile Rocks, Brisbane, Australie, octobre 2005. © Stefan Jannides

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE MEMBRE/DONATEUR(TRICE) Madame Michele Ligot : mligot@aibf.be je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse) Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toute l’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation ou de l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus. Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la somme de : 2,5 e 5e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06 Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date: . . . . . . . . Signature:

SOMMAIRE ACTUEL

■ Bombes à sous-munitions : Fragments de lâcheté ■ Paroles : Mauritanie : «Ma soeur était enceinte

de trois mois et a perdu son bébé» ■ Insolites-Brèves

DOSSIER Bilan 2008 : Amnesty nous est conté ■ Persévérer pour ne pas oublier ■ L’olympisme au défi des droits humains ■ Le «supermarché des actions» ■ Un coup de pouce à la justice internationale ■ Guerre contre le terrorisme ■ Congo : Réagir contre le chaos ■ Amnesty prépare le relève

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MOUVEMENT

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ISAVELIVES.BE

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■ C’était votre tournée ■ Dix jours de Libertés

■ Lettres du mois : Sri Lanka, Turkménistan et

Israël / Territoires occupés palestiniens ■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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■ L’impossible retour ■ Bienvenue, si on le vaut bien ■ Des pépins dans la Grande Pomme

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ACTU EL TCHÉQUIE RACISME ANTI-ROMS Lors d’un rassemblement dans la ville de Litvinov le 17 novembre, des manifestants associés au Parti des travailleurs, mouvement tchèque d’extrême droite, ont scandé des slogans hostiles aux Roms. Selon des articles de presse, après la manifestation, ils ont tenté de se rendre dans le quartier majoritairement rom de la ville, armés de pierres, de pétards et de cocktails Molotov, dans l’intention d’attaquer la communauté rom. e

OUZBÉKISTAN PRIX MARTIN ENNALS 2008 Le 20 novembre, Moutabar Tadjibaïeva, militante des droits humains en Ouzbékistan, a reçu le prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains 2008. Remise en liberté le 2 juin 2008, elle a été autorisée à se rendre à l’étranger et à assister à la cérémonie internationale qui se déroulera à Genève dans le prestigieux musée Ariana. Elle avait été condamnée à une peine de huit années d’emprisonnement pour avoir ouvertement critiqué l’attitude du gouvernement lors du massacre d’Andijan, en 2005, dans le cadre duquel des centaines de civils non armés ont été blessés et tués. La situation en Ouzbékistan fera l’objet d’un Examen périodique universel (EPU) du Conseil des Droits de l’Homme en décembre. e

NICARAGUA VIOLENCE POLITIQUE Au cours des jours qui ont précédé les élections du 9 novembre, des violences impliquant des sympathisants des deux principaux partis politiques du pays ont secoué la capitale Managua et d’autres villes. Le 18 novembre, des centaines de sympathisants du Front sandiniste de Libération nationale (FSLN) et du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, opposition) se sont affrontés dans les rues de Managua, au moyen de bâtons, de pierres, de mortiers artisanaux, de fusils et de machettes. De nombreuses personnes, dont une vingtaine de journalistes, ont été blessées. Les affrontements se sont poursuivis après les élections, dans un climat d’accusations de fraudes électorales. e

CONGO KINSHASA DESCENTE AUX ENFERS Le 20 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies décidait d’autoriser le déploiement de 3 000 soldats supplémentaires pour renforcer les troupes déjà présentes en République démocratique du Congo. Cette décision faisait suite à la reprise des combats dans l’est de la RDC et l’avancée de la rébellion de Laurent Nkunda. Pour Amnesty International, «il s’agit d’un premier pas positif, mais la mise en œuvre de cette décision est le seul point qui importe vraiment. La population de RDC attend depuis longtemps cette petite lueur d’espoir – elle a besoin de toute urgence de voir ces soldats sur le terrain, pour les protéger des attaques.» De fait, les informations affluent quant à la poursuite des homicides, des viols et des enlèvements d’enfants. Le 25 novembre, AIBF a manifesté à Bruxelles en faveur d’une protection internationale des populations civiles congolaises. e

Ce père de famille laotien vient de perdre deux de ses enfants, tués par bombes à sous-munitions non explosées. À l’arrière, un cratère qui date des années 70. © Bruno Brioni

BOMBES À SOUS-MUNITIONS

FRAGMENTS DE LÂCHETÉ Quarante ans après la guerre du Viêt-Nam, le Laos subit encore les conséquences de cette guerre qui a vu une grande partie de son territoire recouvert de bombes à sous-munitions. On estime que 5 à 30% de celles-ci n’ont pas explosé... Un traité vient d’être signé interdisant l’utilisation de ces armes.

L

es bombes à sous-munitions peuvent contenir jusqu’à près de 300 petites bombes. Avant l’impact, la bombe lâche ces 300 bombes qui sont censées exploser un peu partout. Cependant, et selon les chiffres d’ONG internationales, de 5 à 30 % des minibombes n’explosent pas immédiatement à l’impact au sol. Tout comme les mines anti-personnel, ces munitions sont très actives après les conflits et touchent principalement les populations civiles. Après trois années de discussions, en 1997, le traité d’Ottawa mettait fin à l’utilisation des mines anti-personnel responsables également de la misère de la population civile. Dix ans après, c’est au tour des bombes à sous-munitions. Le 28 mai 2008, un traité a été signé à Dublin pour interdire ce type d’armes. À ce jour, le triste record du nombre de bombes semées sur son territoire est détenu par le Laos, la Bosnie, l’Irak, l’Afghanistan et le Liban. Cent onze pays, dont la France et le Royaume-Uni, sont signataires du nouveau traité. Petit bémol, les plus gros producteurs d’armes (USA, Chine, Russie, Inde, Pakistan et Israël) ont refusé de le signer. Dans ces conditions, comment se réjouir totalement de la signature d’un traité où les acteurs principaux sont aux abonnés absents ? Des voix s’accordent à dire qu’à un moment donné, ces pays non signataires devront dans la pratique s’aligner sur les autres. La pression des pays signataires comme la Grande-Bretagne, qui a un poids significatif sur le plan international, sera telle que lorsqu’un des pays non signataires voudra utiliser ce type d’armement, il y réfléchira à deux fois. C’est par ce type de lobbying que cela devrait porter ses fruits..

L’espoir reste vif de voir ce texte inciter les pays non signataires à emboîter le pas. L’avenir nous le dira. Reste qu’aujourd’hui, ces bombes tuent encore et toujours comme au Laos où des enfants prennent ces bombes pour des jouets. Au Liban, depuis deux ans, des équipes de démineurs des Nations unies nettoient la macabre cours de récréation des grands enfants après une guerre éclair qui a vu une pluie de bombes venue d’Israël s’abattre sur le territoire libanais. On estime qu’un million de petites bombes ont été lâchées par Israël durant la guerre de 2006 qui opposa l’État juif à la milice libanaise chiite du Hezbollah. Des soldats de la paix y laissent leur vie, comme ce fut le cas cette année pour un soldat belge. Depuis 2006, près de 14 000 bombes non explosées ont été neutralisées par les démineurs belges présents au Liban dans le cadre de la Force intérimaire des Nations unies (1).

DES BOMBES AMÉRICAINES TUENT ENCORE AU LAOS Au sud du Laos, la province de Savannakhet – la plus peuplée du pays – conserve les vestiges les plus intéressants de la fameuse piste Ho Chi Minh (voie de ravitaillement utilisée par les forces nord-vietnamiennes pendant la guerre d’Indochine et par la suite durant la période américaine). Pour la petite histoire, les bombardiers B-52 décollaient des bases aériennes stationnées en Thaïlande pour bombarder le Viêt-Nam du Nord et le long de la piste Ho Chi Minh. Au retour, les pilotes avaient l’ordre de vider leur chargement sur les zones civiles de l’est du Laos près de la piste Ho Chi

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ACTU EL Minh. Aujourd’hui, le pays détient le triste record du pays à avoir reçu le plus grand nombre de bombes par habitant. Entre 1963 et 1975, 2 millions de tonnes de bombes ont été larguées sur le pays dont près de 30 % n’ont pas explosées. Dans son édition du 23 avril 2008, le Vientiane Times relatait une nouvelle triste histoire d’enfants tués par une bombe non explosée dans la région de Savannakhet. À l’heure de midi, la tranquillité du village de Phonchai s’est brusquement arrêtée. Une explosion vient de retentir près des champs. Le spectacle est apocalyptique : deux enfants sont morts et deux autres sont grièvement blessés par des éclats d’obus. Les programmes d’information aux risques (assurés par le gouvernement laotien et par des ONG internationales) sont très ardus, d’autant plus que l’extrême pauvreté amène la population à s’équiper de détecteurs pour aller vendre par la suite les métaux déterrés (environ 1500 kips - 0,30 e - pour un kilo de métal). Les enfants sont les premières victimes selon les statistiques fournies par les Nations unies : plus de 45 % des personnes impliquées dans la recherche de métal sont des enfants âgés de moins de 18 ans. De plus ces petites bombes s’apparentent à une balle de tennis qui ont été fatales aux enfants de Phonchai.

Quelques mois après, nous retrouvons dans le village un père qui a perdu deux de ses enfants dans l’explosion. Assis sur une natte dans sa maison en bois sur pilotis, il tente avec ses deux derniers enfants, témoins de l’explosion, de nous raconter cet événement. À l’évocation de cette douloureuse matinée, les enfants sont incapables de lâcher le moindre mot. Les visages restent fermés, les larmes commencent à couler. Plein d’amertume, le père nous accompagne sur le lieu de l’explosion, à 500 mètres de la maison. Tous les villages de la région garde les stigmates des bombardements de l’époque. Quarante ans après, les cratères font partie intégrante du paysage laotien. «Les enfants étaient près d’un cratère lorsque l’explosion a eu lieu. Je ne sais pas exactement ce qu’ils faisaient. Arrivé sur place, les éclats avaient atteint la poitrine, le front, le bassin... C’était comme une scène de guerre. Deux enfants étaient déjà morts et deux autres allaient mourir sur la route les menant vers l’hôpital.» La haine dans les yeux, le père ajoute : «aujourd’hui, quand j’entends un bruit comme une explosion je pense directement que d’autres enfants meurent.» e Bruno Brioni (1) La présence des Casques bleus belges de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) vient d’être prolongée jusque fin décembre 2009.

L’INSOLITE VOCATION RATÉE Un Indonésien jugé pour une série de meurtres particulièrement horribles profite de sa forte notoriété pour enregistrer un disque de chansons pop qu’il compose en prison, selon la presse indonésienne. Verry Idham Henyansyah, connu sous le surnom de Ryan, est passible de la peine de mort pour avoir tué 11 personnes, dont un très jeune enfant. Il a été interpellé en juillet après la découverte de sacs contenant des morceaux humains. Dix corps ont ensuite été retrouvés enterrés derrière la maison de ses parents. «On m’a proposé un contrat d’enregistrement. Je l’ai déjà signé», a annoncé l’accusé à la sortie de la première audience de son procès, selon le site d’information Kompas.com. Il a ajouté que l’album compterait 12 morceaux mais n’en a pas révélé la teneur. L’un de ses avocats, Maître Nyoman Rae, a précisé que Henyansyah a entamé les enregistrements en juillet. «C’est réellement une affaire en or. Tout ce qui touche à l’histoire de Ryan est commercialisé sous forme de livres ou de cassettes», a cru pouvoir conclure l’avocat. e © Belga

PAROLES MAURITANIE

«MA SOEUR ÉTAIT ENCEINTE DE TROIS MOIS ET A PERDU SON BÉBÉ» En Mauritanie, la torture est utilisée pour extorquer des «aveux» durant la garde-à-vue mais également pour humilier et punir des détenus incarcérés dans des prisons, qu’ils soient politiques ou de droit commun.

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ans un rapport rendu public ce 3 décembre, Amnesty International dénonce la torture pratiquée par l’appareil sécuritaire de la République islamique de Mauritanie. La torture est profondément ancrée dans la culture de forces de sécurité qui agissent dans une totale impunité depuis plusieurs décennies, d’autant que le premier gouvernement jamais élu démocratiquement (en mars 2007) a été renversé par un coup d’État en août 2008 et que le Président Abdallahi et son premier ministre sont toujours en résidence surveillée. Les techniques de torture recensées par Amnesty International au cours de ses missions de recherche sont très nombreuses et comprennent notamment la privation de sommeil, les brûlures de cigarette, la suspension des détenus à une barre métallique (technique dite du «jaguar»), les coups et la torture psychologique. Ces techniques de torture sont souvent utilisées simultanément afin de contraindre le détenu à passer aux «aveux». «À mon arrivée à l’école de police, un commissaire m’a dit que je détenais des informations qui intéressaient les autorités. Il m’a demandé de les confirmer et, si jamais je refusais de le faire, il avait les moyens de me contraindre à le faire. Je lui ai dit que je dirais toute la vérité. Puis, il a lu une liste de noms et m’a demandé si je les connaissais, je lui ai répondu : ‘Non’. Il m’a dit que j’allais avouer et il a appelé des tortionnaires et il leur a demandé de s’occuper

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Centre de détention de Dar Naïm, 7 mars 2008. © AI de moi jusqu’à ce que je sois disposé à reconnaître tout ce qu’il me demandait. Ils se sont mis alors à me torturer.» Un enseignant, accusé de lien avec des organisations islamistes et arrêté le 2 mai 2005. «On m’a conduit dans une maison privée où j’ai été détenu pendant trois jours. À mon arrivée à la villa, j’ai été déshabillé, on m’a couché par terre sur le ventre, des menottes ont été mises à mes mains et on a attaché mes chevilles, mes pieds ont été soulevés et les personnes responsables de cet acte ont attaché mes mains à mes pieds, puis des coups ont été administrés sur la plante des pieds et sur tout le corps. Au bout du troisième jour, on m’a emmené à l’école de police où j’ai été à nouveau torturé, le nombre de séances de mauvais traitements variait entre un à trois par jour, cela a duré 15 jours.» Un commerçant accusé de complicité avec des militaires ayant fait une tentative de coup d’État et arrêté à Nouakchott le 25 septembre 2004. «Ils ont utilisé ma soeur pour me faire avouer. Elle a été amenée au commissariat par les policiers. Ils lui ont montré la salle de torture, ensuite ils l’ont emmenée dans un autre bureau où ils lui ont demandé d’enlever son voile. Puis, ils ont commencé à la battre. Ma soeur est restée vingt jours en détention, elle était enceinte de trois mois et a perdu son bébé à la prison. Nous avons été traités d’une manière très dure, privés de nourriture pendant trois jours. Ils nous ont placés en isolement total et nous ont menacés de nous frapper. Alors, j’ai avoué.» Un homme, arrêté à Rosso (au sud du pays) pour un crime de droit commun en décembre 2004. e P.F. À LIRE : Mauritanie – La torture au cœur de l’État (AFR 38/009/2008)


DOSSIER

BILAN 2008 :

AMNESTY NOUS EST CONTÉ Comme chaque année, Amnesty International Belgique francophone (AIBF) fait le bilan des activités et actions de ses permanents, de ses militants, de ses groupes locaux et de ses coordinations. L’année 2008 n’a pas manqué de moments forts. Un des caps incontournables de cette année fut évidemment la tenue des Jeux olympiques de Pékin, des JO dont la médiatisation permit de reparler de la situation des droits humains (individuels, politiques, économiques, sociaux et culturels) en République populaire de Chine. Autre événement majeur, le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, autour duquel Amnesty axe sa campagne actuelle. Dans un contexte souvent dramatique, cette année 2008 a vu quelques avancées majeures. Que l’on songe à l’adoption, à Dublin, le 29 mai 2008, d’un texte de compromis pour un traité interdisant les bombes à sousmunitions par les représentants de quelque 110 pays, même si manquent les principaux pays producteurs et utilisateurs de sous-munitions (États-Unis, Russie, Chine, Corée du Nord, Inde, Iran, Israël et Pakistan. Ce projet devrait être signé à Oslo en décembre 2008. Et que l’on songe à l’amnistie et à la libération, le 7 août dernier, d’Aref Dalila, prisonnier d’opinion syrien âgé de 68 ans et ancien doyen de la faculté d’Économie de l’Université de Damas. Les pages qui suivent sont une version expurgée du Bilan 2008. Le document complet est téléchargeable sur le site d’AIBF.

Au Japon, le nombre d’exécutions est en augmentation, 13 personnes ayant été exécutées en 2008, soit le chiffre le plus élevé depuis 33 ans. Le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la Peine de mort, Amnesty international manifestait devant l’ambassade du Japon. © Bruno Brioni

PERSÉVÉRER POUR NE PAS OUBLIER Cinq cent cinquante : c’est le nombre de communiqués de presse que nous avons publiés entre le premier janvier 2008 et fin novembre de cette année... Cela montre à quel point l’actualité des droits humains a été chaude ces derniers mois, mais aussi combien nous oublions vite les événements qui viennent passagèrement attirer notre attention.

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ui se souvient aujourd’hui de la dérive ethnique des conflits postélectoraux qui a ensanglanté le Kenya fin 2007-début 2008 ? Qui se rappelle la rupture de la trêve au Sri Lanka en janvier, rupture qui a relancé les combats entre les Tigres tamouls et le gouvernement et entraîné son flot de violations massives contre des civils? Qui s’intéresse encore aujourd’hui aux expulsions massives d’immigrants de Libye, pourtant chargée par l’Union européenne de sous-traiter les flux migratoires provenant d’Afrique subsaharienne ? En alignant ces faits, on se rend compte à quel point nous sommes pris par le rythme de l’actualité, un événement chassant l’autre. Et encore... une toute petite partie seulement de ces communiqués ont été diffusés par la presse, qui ellemême est lue par de moins en moins de citoyens. Les conséquences de cela peuvent être graves : l’oubli est la pire des choses pour les victimes, car il est un allié de poids pour l’impunité, cette tare qui nourrit tous les abus. C’est un défi de taille pour des organisations comme Amnesty International, car il nous faut à la fois répondre aux exigences de

cette actualité sans cesse changeante (on ne comprendrait pas que notre association ne réagisse pas illico sur tout ce qui se passe dans le monde) et continuer, persévérer, suivre tout simplement ces dossiers sur le long terme. Nous avons donc tenté, en 2008, de trouver notre chemin entre ces exigences contradictoires. Les crises se sont succédé, certaines de ces crises ayant un caractère quasi permanent. Mais nos écrans de télévision ont surtout été occupés pendant des semaines par l’événement médiatique par excellence : les Jeux olympiques de Pékin (voir plus loin). Loin de représenter une occasion d’interpeller les autorités chinoises sur les violations des droits humains commises en Chine et ailleurs (l’ancien «Empire du Milieu» est devenu l’acteur le plus incontournable sur une bonne partie des continents), nos représentants gouvernementaux sont allés à Canossa, soucieux de protéger leurs intérêts économiques. Alors, pour sensibiliser l’opinion, nous avons essayé jour après jour, semaine après semaine, d’attirer l’attention sur des situations parfois oubliées ou vite disparues des unes de nos journaux. e Philippe Hensmans, directeur

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DOSSIER i À 100 jours des Jeux olympiques, 1500 personnes s’étaient donné rendez-vous devant l’ambassade de Chine, pour rappeler aux autorités chinoises les engagements pris lors de l’attribution de l’organisation des JO 2008. Bruxelles, 3 mai 2008. © Bruno Brioni

L’OLYMPISME AU DÉFI DES DROITS HUMAINS Les Jeux olympiques ont permis à Amnesty d’attirer l’attention mondiale sur les violations massives des droits humains commises en Chine. Si les valeurs olympiques ont été bafouées, quelques éléments encourageants sont à souligner.

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ans son allocution de clôture des Jeux olympiques de Pékin, le président du CIO (Comité international olympique), notre compatriote Jacques Rogge, a déclaré que ces jeux avaient été vraiment «exceptionnels». Sur ce point, au moins, Amnesty et CIO sont d’accord, même si pour notre association, l’aspect «exceptionnel» des Jeux de 2008 réside dans l’ampleur inouïe des violations des droits humains qu’ils ont suscitées. Les autorités chinoises ont constamment privilégié les apparences et négligé les valeurs olympiques en continuant de persécuter et punir les militants et les journalistes pendant les JO. Amnesty accuse également le CIO d’avoir terni l’héritage qu’auraient pu avoir ces Jeux en matière de droits humains, en fermant les yeux sur les violations. Pendant la période des Jeux, Amnesty a recensé des violations systématiques à l’encontre des militants pacifiques et des journalistes en Chine: incarcération et condamnation pour avoir demandé l’autorisation de manifester dans les zones prévues à cet effet; emprisonnement ou arrestation arbitraire de journalistes et de militants chinois ayant voulu donner des informations sur les violations des droits humains commises dans le pays ; refus d’autoriser des auteurs de pétitions et des militants à manifester pacifiquement dans les zones prévues pour les manifestations par le gouvernement dans des parcs aux alentours de Pékin. Le 18 août, les autorités chinoises ont indiqué qu’elles avaient reçu 77 demandes de manifestations concernant 149 personnes, mais que 74 de ces demandes avaient été «retirées», deux «suspendues» et une «interdite».

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La justice chinoise a poursuivi des activistes qui avaient évoqué les violations des droits humains avant ou pendant les JO. Un exemple : celui de deux femmes âgées, Wu Dianyuan (79 ans) et Wang Xiuying (77 ans). Elles ont été accusées de «troubles de l’ordre public» et astreintes à une année de «rééducation par le travail» après avoir demandé l’autorisation de manifester dans l’une des zones officielles prévues à cet effet. Ces femmes essaient de se faire entendre des autorités depuis qu’elles ont été expulsées de leur domicile en 2001 pour laisser place à un projet de construction. Les autorités ont statué qu’elles n’auraient pas à purger leur peine de «rééducation par le travail» tant qu’elles se «comporteraient correctement», mais que des restrictions seraient néanmoins apportées à leur liberté de mouvement. Contrairement à d’autres mouvements, Amnesty ne demandait pas un boycott des JO. Notre stratégie consistait plutôt à ne pas affronter de face le régime afin de laisser une place au dialogue dans un futur proche, lorsque l’effervescence des Jeux aura disparu. La campagne «Chine» d’AIBF s’est concentrée sur quatre grands points : la peine de mort, l’accessibilité à la justice, la protection des défenseurs des droits humains et la censure sur Internet. Chaque thème a fait l’objet de très nombreuses actions par les groupes locaux et par le site Isavelives.be. Plusieurs cas individuels ont été mis en avant en tant que symboles de ces thèmes, comme celui de Hu Jia. Assigné à résidence pendant plus de 200 jours, ce défenseur des droits humains a réalisé le documentaire Prisoners in the Freedom City en filmant son quotidien, les allées et venues des policiers chargés de sa surveillance et de la filature de sa femme. Le 27 décembre 2007, Hu Jia a été arrêté à son domicile suite à ses interventions par webcam devant le Parlement européen le 26 novembre 2007 et lors d’une cérémonie organisée par Reporters Sans Frontières le 5 décembre 2007. Hu Jia a été condamné le 3 avril 2008 à trois ans et demi de prison pour «incitation à la subversion de l’État et du système socialiste» et à


DOSSIER un an de privation de ses droits politiques. En octobre, le Parlement européen a dès lors décidé de remettre le Prix Sakharov à Hu Jia. En Belgique, l’événement le plus visible de la campagne d’AIBF a été la manifestation du 3 mai organisée devant les portes de l’ambassade de Chine, à Bruxelles. Environ 1 500 personnes ont participé à cette action au cours de laquelle plusieurs pétitions ont été déposées à l’ambassade. Amnesty s’est également associée à trois autres associations pour sensibiliser les participants aux 20 km de Bruxelles aux violations des droits humains en Chine. Un géant gonflable était installé non loin de la ligne de départ, vêtu d’un t-shirt demandant la libération de Hu Jia. Plus tôt dans l’année, Amnesty s’était fortement mobilisée pour dénoncer les violations des droits humains commises au Tibet et dans la région autonome ouïghour du Xinjiang. Tout au long de l’année 2008, Amnesty est demeurée très présente dans les médias belges pour dénoncer les violations des droits humains en Chine. Les groupes locaux se sont eux aussi très largement mobilisés pour soutenir la campagne, tout comme les groupes écoles. Amnesty a transmis aux enseignants un dossier pédagogique sur la Chine et de nombreux débats sur les droits humains en Chine ont été organisés aux quatre coins de la Communauté française, en présence des spécialistes de ce pays au sein d’AIBF. Un DVD concernant le travail d’Amnesty et la peine de mort en Chine a servi de base à de nombreuses sensibilisations dans les écoles belges. Les mouvements de jeunesse se sont également mobilisés pour notre campagne, notamment les scouts de Belgique qui ont choisi les droits humains en Chine comme thématique pour leur camp. Annoncée le 28 octobre, la «Global Network Initiative» associe Yahoo!, Google et Microsoft. Cette initiative est entre autres le résultat d’un gros dérapage de Yahoo!, qui avait fourni à la justice chinoise des données qui ont mené à la condamnation à dix ans de prison du journaliste Shi Tao, accusé de «divulgation illégale de secrets d’État à l’étranger». Les signataires du code d’éthique se sont engagés à adopter l’interprétation la plus restrictive des lois sur la censure, et à combattre la surveillance des échanges sur leurs réseaux, bien que cette initiative reste en deçà des attentes d’AI. Selon Amnesty, la Chine, qui aurait le plus grand nombre de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés dans le monde, utilise les logiciels de filtrage les plus perfectionnés pour contrôler les 111 millions d’utilisateurs chinois de l’Internet. Notre section a tout mis en oeuvre pour obtenir la collaboration du COIB (Comité olympique et interfédéral belge) dans la campagne, sans grand succès malheureusement. Lorsque nous lui avons demandé de se prononcer publiquement en faveur des droits humains, le COIB a refusé sous prétexte qu’il doit suivre l’attitude du CIO en la matière. Refus également lorsque nous lui avons demandé de pouvoir dispenser aux athlètes belges sélectionnés pour les JO une petite formation sur les droits humains afin qu’ils partent en Chine en toute connaissance de cause. Nous aurions voulu transmettre aux athlètes un dossier d’information sur la question, mais là aussi nous nous sommes heurtés à une fin de non recevoir de la part du COIB. Certains athlètes, contactés individuellement, ont toutefois accepté d’affirmer haut et fort leur attachement au respect des droits humains. C’est le cas notamment de la coureuse Veerle Dejaeghere. Pour que les prochains JO soient réellement «exceptionnels», Amnesty a invité le CIO à tirer les enseignements des Jeux de Pékin en intégrant dans le processus de candidature et dans les contrats avec la ville hôte des indicateurs concrets et mesurables de l’impact des Jeux sur les droits humains. e Samuel Grumiau

LE «SUPERMARCHÉ DES ACTIONS» Lancé en 2007, le centre d’actions Isavelives.be connaît un succès important. Il a pour objectif d’offrir un maximum de moyens d’actions à un éventail sans cesse plus large de militants… et d’encourager les internautes à devenir des membres actifs d’Amnesty.

L

’activisme électronique a la cote auprès des sympathisants d’Amnesty. Avec une moyenne de 500 visiteurs par jour, notre site Isavelives.be attire tant les militants chevronnés que les internautes désireux de participer de temps à autre à une action en faveur des droits humains. Il regroupe tous les types d’intervention demandés par Amnesty : les actions urgentes (qui demeurent l’une des techniques les plus efficaces utilisées par notre association), les demandes d’actions pour les individus en danger (IED), les «lettres du mois» proposées dans le mensuel Libertés!, les pétitions, etc. L’idée est de simplifier et d’accélérer au maximum le travail de rédaction et d’envoi de lettres ou de pétitions aux autorités: en un clic de souris, les internautes peuvent imprimer une lettre, signer une pétition virtuelle, transmettre la proposition d’action à des amis, etc. Les anciennes Opérations Courage, qui proposent d’envoyer directement une carte de soutien aux individus en danger sans s’adresser aux gouvernements incriminés, trouvent également leur place dans l’activisme électronique mis en place par AIBF, sous la forme des Opérations Isavelives.be. Le site Isavelives.be reprend par ailleurs une trentaine de cas pour lesquels l’expertise d’Amnesty conduit à penser qu’une action sur le long terme sera nécessaire. La moitié d’entre eux est adoptée par des groupes locaux d’AIBF. AIBF a également imaginé la distribution d’actions urgentes par SMS. Les gens peuvent s’abonner à ce service en envoyant un SMS contenant le message «AU» vers le 3313. Ils reçoivent alors une fois par semaine un SMS leur proposant d’agir en faveur d’un cas. Celui qui décide d’agir répond au SMS en donnant ses coordonnées. Celles-ci sont renvoyées vers notre opérateur, qui les encode dans sa base de données. Une fois par semaine, notre équipe rédige une lettre qui est envoyée à la représentation diplomatique du pays interpellé, elle est signée par la présidente d’AIBF et virtuellement par les abonnés SMS qui ont accepté le cas proposé. À ce jour, 750 personnes sont abonnées à ce type d’actions urgentes. Avec un coût d’1 e par SMS reçu ou envoyé, cette forme de militantisme permet également une récolte de fonds pour Amnesty. À l’avenir, le site Isavelives.be veut favoriser les possibilités de contact entre les coordinations et les internautes, entre les militants et le Secrétariat national (SN), etc. Par exemple, si des groupes locaux ont mené et filmé une action intéressante, originale ou efficace, ils pourront les envoyer et, après sélection, Amnesty les mettra en ligne. Amnesty souhaite développer Isavelives.be pour que les militants puissent lui communiquer en ligne leurs activités, leurs éventuels résultats, ce qui nous permettra d’améliorer les actions proposées. e S.G.

PAS DE BILAN SANS COMPTES RENDUS Vous pouvez consulter les comptes d’Amnesty International Belgique francophone en allant à l’adresse URL : http://www.amnestyinternational.be/pdf/aibf_comptes2007.pdf Il s’agit des comptes 2007 approuvés lors de l’Assemblée générale d’Amnesty International Belgique francophone du 26 avril 2008. Vous pouvez également télécharger la version intégrale du Bilan 2008 à l’adresse URL : http://www.amnestyinternational.be/pdf/aibf_bilan2008.pdf Merci à vous membres, donateurs, militants, groupes locaux, régionales et coordinations. Vous êtes les chaînons essentiels des actions urgentes et des campagnes que mène Amnesty International. e

Hu Jia, défenseur chinois condamné en décembre 2007 à trois ans de prison. Plusieurs parrains d’AIBF le soutiennent, parmi lesquels Thomas Gunzig, Akro, Armelle Gysen, Pietro Pizzuti, Laurence Bibot, etc. © AIR

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DOSSIER

UN COUP DE POUCE À LA JUSTICE INTERNATIONALE Le combat contre l’impunité est une priorité de l’action d’Amnesty. Quand les juridictions nationales sont défaillantes, ce combat passe par le renforcement de la justice internationale.

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e Statut de Rome qui crée la Cour pénale internationale (CPI), la première juridiction internationale permanente chargée de poursuivre et punir les individus accusés de crime de guerre, de crime contre l’humanité et/ou de génocide, est entré en vigueur le 1er juillet 2002. Selon ce Statut, les États parties acceptent de conserver la responsabilité première d’enquêter sur ces crimes et d’en poursuivre les responsables devant leurs tribunaux nationaux, mais ils laissent la CPI intervenir en cas d’incapacité ou de refus de ces tribunaux. Jusqu’à présent, 108 États ont ratifié ce Statut. Amnesty mène de nombreuses actions de lobbying auprès des autres États afin qu’ils reconnaissent à leur tour la CPI. À ceux qui refusent de ratifier le Statut de Rome, Amnesty demande à tout le moins d’accepter de transposer dans leur droit pénal national les définitions faites par la CPI du crime de guerre, du crime contre l’humanité et du crime de génocide. Notre mouvement se mobilise également pour que les gouvernements livrent leurs ressortissants quand ceux-ci font l’objet d’un mandat d’arrêt lancé par la CPI. C’est le cas notamment de l’Ouganda, un État partie au Statut de Rome, mais qui refuse d’arrêter deux responsables de l’Armée de libération du Seigneur, un mouvement rebelle qui a longtemps commis les pires atrocités dans le nord de ce pays. Le même combat est mené par Amnesty concernant deux hauts dirigeants soudanais qui font eux aussi l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI : Ahmad Harun, ministre du gouvernement, et Ali Kushayb, un leader Janjawid (les Janjawids sont des milices connues pour les massacres, les viols et les déportations qu’elles commettent depuis 2003 au Darfour). Le 14 juillet 2008, le procureur de la CPI a demandé aux juges de cette Cour d’émettre un mandat d’arrêt à charge d’Omar el-Béchir, le président du Soudan, pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Notre section mène un intense lobby auprès de la Belgique, membre du Conseil de sécurité cette année, afin que celui-ci n’utilise pas un article du Statut de Rome qui lui permettrait d’interrompre une action de la CPI. Plusieurs groupements de pays (comme la Ligue arabe) mettent en effet la pression sur le Conseil pour qu’il agisse en ce sens concernant el-Béchir. Enfin, pour conclure sur la CPI, le

l Radovan Karadzic lors de sa première comparution devant le TPIY. La Haye, 31 juillet 2008. © AFP/Jerry Lampen

premier procès devant la CPI débutera le 26 janvier 2008 et verra enfin jugé le chef de milice congolais Thomas Lubanga. Le combat contre l’impunité passe aussi par le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. Amnesty appuie la position des autorités belges et hollandaises dans les discussions de l’Union européenne avec ses pays voisins comme la Serbie et la Croatie afin que ces deux États livrent leurs criminels de guerre au TPI. L’arrestation de l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, est un encouragement en ce sens, d’autant qu’elle permet la prolongation de la durée de vie du TPI au-delà de 2010, la date prévue par le Conseil de sécurité de l’ONU pour l’échéance de ses travaux. Les actions de lobby d’AIBF nécessitent des dizaines de visites aux ambassades, coups de téléphone aux plus hautes autorités, envoi de lettres de la part des dirigeants de notre section ou de nos militants, pétitions, etc. Nous collaborons aussi avec d’autres associations ou institutions pour sensibiliser le grand public à la justice internationale. En 2008, AIBF a par exemple participé à un séminaire sur ce thème au fort de Breendonk, à une conférence avec l’Ordre francophone des avocats du Barreau de Bruxelles sur l’état des législations de compétence universelle (dix ans après le mandat d’arrêt du juge Garzon contre Pinochet), et elle a invité un spécialiste de la justice internationale lors de son assemblée générale. e S.G.

GUERRE CONTRE LE TERRORISME

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l y a presque sept ans, les autorités américaines transféraient les premiers détenus de la «guerre contre le terrorisme» vers le centre de détention de Guantánamo Bay. Amnesty International a toujours condamné les actes de terrorisme qui font des milliers de morts et de blessés civils. Cependant, ce n’est qu’en renforçant le système de défense des droits humains que l’on pourra arriver à se prémunir véritablement des attaques terroristes, pas en l’affaiblissant en recourant à des pratiques illégales. Le 11 janvier 2008, militants et sympathisants des sections francophone et flamande d’Amnesty International défilaient à Bruxelles, de la place de la Liberté jusqu’à l’ambassade des États-Unis pour 8 Libertés ! Décembre 2008

rappeler leur demande de fermer Guantánamo. En compagnie de parlementaires fédéraux, une délégation d’Amnesty Belgique était reçue à l’ambassade. Guantánamo n’a toujours pas été fermé et les interrogations sont multiples quant à la façon dont le président américain élu, le démocrate Barack Obama, honorera sa promesse de fermer la base. D’autant que le programme de «restitutions» et de détentions secrètes de la CIA est toujours opérationnel et que des gouvernements européens continuent de transférer des personnes soupçonnées d’être des terroristes vers des pays qui pratiquent la torture en toute impunité. Dès lors, le 26 juin, Amnesty organisait une manifestation devant le Parlement européen. e P.F.


DOSSIER CONGO

RÉAGIR CONTRE LE CHAOS Fin septembre 2008, Amnesty rendait public un rapport d’enquête rappelant les horreurs vécues par les civils dans l’est du Congo. Quelques semaines plus tard, cette région était à nouveau plongée dans le chaos et Amnesty demande désormais une protection internationale pour les populations civiles du Kivu.

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ne mission d’Amnesty a enquêté durant trois semaines au Nord- Kivu sur les violations des droits humains dont sont victimes les femmes et les enfants. Son rapport passe notamment en revue le sort des enfants soldats dans l’est du Congo. Si un grand nombre d’enfants enlevés par des groupes armés pour combattre comme soldats ont été libérés et rendus à leur famille, la moitié d’entre eux ont ensuite été de nouveau recrutés par des groupes armés : leur expérience précédente fait de ces adolescents des recrues intéressantes et leur fait donc courir un plus grand risque d’être embrigadés de force. Les enfants soldats qui tentent de s’enfuir sont tués ou torturés, parfois devant les autres enfants, à titre dissuasif. D’autres adolescents, arrêtés par l’armée congolaise car soupçonnés d’être des combattants de groupes armés, ont indiqué aux enquêteurs d’Amnesty qu’ils avaient été maltraités et torturés aux mains des militaires. La mission a obtenu sur place la libération de quelques ex-enfants soldats détenus dans les cachots des autorités congolaises. Le rapport d’Amnesty dénonce aussi le fait que les groupes armés et les forces gouvernementales continuent de violer, parfois en groupe, les femmes de tous âges, sans épargner les petites filles et les femmes âgées. Ces viols sont souvent commis en public et devant les membres de la famille, y compris les enfants. Si un mari ou un père intervient, il est torturé et tué sur le champ. Cette barbarie sème un climat de terreur généralisée qui aboutit à la destruction de la vie en société : comment les habitants d’un village pourraient-ils vivre ensemble «comme avant» après avoir été les témoins (et parfois les acteurs forcés) du viol des mères, grandmères, enfants? L’armée gouvernementale se rend aussi coupable de viols. Une fille de 16 ans a raconté à la mission qu’elle avait été enlevée par deux jeunes officiers et détenue dans un camp militaire du Nord-Kivu pendant plusieurs jours. Dans ce camp, elle était violée toutes les nuits par l’un des officiers. Des missions d’enquête telles que celles d’Amnesty sont indispensables pour faire connaître au monde les atrocités commises dans l’est du Congo : trop souvent, les

l Un camp du Nord-Kivu prévu pour accueillir 6000 personnes et submergé par 40000 nouveaux déplacés. Kibati, 2 novembre 2008. © UNHCR/P. Taggart

victimes se taisent car elles risquent les pires représailles si elles réagissent. Ces missions sont toujours annoncées officiellement auprès des autorités d’un pays, leur présence sur le terrain est donc un avertissement pour ces autorités. En quelque sorte : «Attention, toutes les atrocités que vous commettrez ou laisserez commettre seront révélées au monde, et vous pourrez en être tenus responsables devant les instances internationales». La mission a aussi pu rencontrer des défenseurs des droits humains, qui courent généralement de grands dangers quand ils opèrent sur le terrain. Plusieurs d’entre eux sont soutenus par Amnesty International et plus particulièrement la section belge francophone, depuis le retour de la mission à laquelle participait Françoise Guillitte, responsable du programme Droits des Femmes à AIBF. C’est le cas notamment de Justine Masika, fondatrice de l’association d’aide aux femmes Synergie, basée à Goma. Alors qu’elle était absente, des hommes armés ont pénétré chez elle, frappé ses enfants et harcelé sexuellement l’une de ses filles. Une action de soutien à Justine Masika a été lancée par Amnesty sur le site Isavelives.be. En plus de la dénonciation des violations des droits humains ainsi que du soutien aux victimes et à leurs défenseurs, Amnesty mène un intense lobbying sur le plan diplomatique. Notre action a notamment permis le maintien de l’embargo international sur les ventes d’armes à la RDC, alors qu’un projet visait à l’assouplir. e S.G.

AMNESTY PRÉPARE LA RELÈVE De l’éducation aux droits humains à l’action en faveur des victimes, tout est mis en oeuvre pour impliquer les jeunes dans l’action d’Amnesty.

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’éducation des jeunes aux droits humains est une grande priorité pour Amnesty. En Belgique francophone, nous comptons 80 groupes dans les écoles, reliés entre autres par la Lettre Jeunes à laquelle se sont abonnées près de 2 000 personnes. Comme les autres groupes locaux, les «groupes écoles» reçoivent du secrétariat national des propositions d’actions en faveur de victimes de violations des droits humains, mais elles sont plus ponctuelles, adaptées au calendrier scolaire. L’année 2008 fut celle de l’apothéose pour le projet «Citoyens du Monde» mis en place par le secteur jeunesse d’AIBF. Entamé en 2006, ce projet proposait aux écoles et maisons de jeunes de nouer des liens avec des ONG qui défendent les droits humains sur le terrain. Les meilleurs

projets ont été récompensés par un voyage sur place et dont le but était notamment de ramener un reportage destiné à être diffusé sur Plug-RTL. Cette année, une autre priorité du programme jeunesse d’Amnesty fut la thématique de la lutte contre la torture. Le projet se base sur Do It Yourself, un film inspiré par un manuel de torture de la CIA réalisé dans les années 70 dans le but d’enseigner la torture aux dictatures sudaméricaines. Dans ce court-métrage, tout est au départ assez banal, comme dans un livre de recettes de cuisine : la victime est symbolisée par un poisson, on explique comment le découper, le traiter, puis les choses dégénèrent progressivement… Un site (http://www.do-it-yourself.be/) a été créé pour soutenir ce projet. e S.G.

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MOUVEMENT CERCLE PETER BENENSON 10 DÉCEMBRE - SCHAERBEEK «LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SEXUALITÉ» Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de l’Homme et à l’occasion du 60e anniversaire de la DUDH, l’incontournable, polyvalent et multiprimé comédien «belge d’origine berbère et maroxellois» Sam Touzani, joue pour Amnesty International (dont il est l’un des parrains) son spectacle Liberté, Égalité, Sexualité. Ce spectacle de Bernard Breuse et Sam Touzani, mis en scène par Ruud Gielens, est une coproduction du Koninklijke Vlaamse Schouwburg (KVS), du Théâtre Royal de Namur / Centre dramatique et de Comedia Spirit. e

C’ÉTAIT VOTRE TOURNÉE «Devenez un défenseur des droits humains», telle est la proposition d’Amnesty International à l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, tel est le thème de sa campagne de fin d’année.

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e 10 décembre 1948, à l’Assemblée Générale des Nations Unies, 48 États (sur les 58 représentés à l’ONU) adoptaient la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Les États s’engageaient à respecter ce texte, qui, au fil du temps, est devenu loi que ce soit sous la forme de traités, de droit international coutumier, de principes généraux, d’accords régionaux ou de législations nationales. Ces droits déclinés en 30 articles par la DUDH, des hommes et des femmes risquent leur vie pour les défendre, les faire respecter, les protéger. Amnesty International a donc proposé à chacun et à chacune, de participer à sa campagne de fin d’année 2008, et de devenir à son tour défenseur(e) des droits humains.

À 19h00 au Centre Culturel de Schaerbeek, rue de Locht 9193, 1030 Bruxelles (Schaerbeek) Entrée : 12 e (prix plein) – 9 e (étudiants et demandeurs d’emploi) – 1,25 e (article 27) – Réservations au Centre Culturel de Schaerbeek : 02 245 27 25 – www.culture1030.be

ON RECRUTE ! UN COORDINATEUR RÉGIONAL BÉNÉVOLE POUR BRUXELLES Les groupes locaux bénéficient du soutien de «coordinations régionales». Composées d’une ou plusieurs personnes, ces coordinations fédèrent les groupes dans leur région pour des actions communes, apportent aux groupes un soutien méthodologique et organisationnel et ont souvent un rôle de porte-parole pour la presse locale ou régionale. Elles assurent aussi l’encadrement de membres individuels. Leurs responsables sont nommés par le Conseil d’administration, et jouissent d’un soutien particulier du Secrétariat national (réunions de formation, transmission d’information, consultation sur les stratégies à mettre en œuvre,...). Compétences requises : Capacités en organisation, en communication et en formation. Connaissance de la dynamique de groupe. Maîtrise des principaux outils informatiques. Il est important par ailleurs : - d’être disponible parfois en soirée et le week-end - d’être capable de travailler de manière indépendante - de posséder une aisance relationnelle, de la diplomatie et un sens de l’écoute Le Coordinateur régional est l’un des cadres bénévoles d’Amnesty International. Il s’agit d’une fonction dotée d’un pouvoir décisionnel, très riche en contacts et valorisante au sein du mouvement. e Envoyez votre CV et une lettre de motivation à : Antoine Caudron – Amnesty International Rue Berckmans 9 – 1060 Bruxelles acaudron@aibf.be

10 Libertés ! Décembre 2008

© Bruno Brioni

Tournée d’événements médiatiques régionaux, tournage de micro-trottoirs, vidéos sur Internet, affichage surprise dans un certain nombre d’endroits, stands de vente de bougies dans les gares, les stations de métro, les grands magasins, parrainage d’individus en danger, ce fut l’occasion de rejoindre et de soutenir l’action d’Amnesty en faveur du respect des droits fondamentaux énoncés dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Du 17 au 26 novembre, la tournée régionale d’AIBF a sillonné la Wallonie et Bruxelles, en s’arrêtant à Woluwe-Saint-Lambert, Liège, Namur, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Charleroi, Mons et Verviers. La campagne de fin d’année se terminera en apothéose à l’Ancienne Belgique de Bruxelles (voir ci-contre) avec un concert d’Arno. e


MOUVEMENT 10 DÉCEMBRE À BRUXELLES LA DUDH FÊTE SES 60 ANS 17h00 – BOUGIES DE LA LIBERTÉ Comme chaque année, le mercredi 10 décembre 2008 à 17h00, Amnesty International organisera sa désormais traditionnelle Nuit des «Bougies de la Liberté». Militants, bénévoles et sympathisants participeront à l’illumination d’un bon millier de bougies. Où? Au Square Breughel l’Ancien, au coeur du quartier des Marolles, en contrebas du Palais de Justice. Transports : Bus 27 et 48 — Trams 92 et 94 — Métro Porte de Hal

© Bruno Brioni

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Comme ici, à Mons, les villes visitées par Amnesty se sont officiellement jointes aux événements de lancement de la campagne, en parrainant un individu en danger de l’Opération Isavelives.be, en l’occurrence l’Iranienne Ronak Safarzadeh, menacée pour son combat en faveur des droits des femmes en Iran http://www.isavelives.be/fr/node/2297

20h30 – CONCERT D’ARNO À L’ANCIENNE BELGIQUE Cette année, à l’occasion du 60e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme par l’Assemblée générale des Nations unies, Amnesty International Belgique francophone (AIBF), Amnesty International Vlaanderen (AIVL) et l’Ancienne Belgique unissent leurs efforts pour accueillir ARNO. À 19h00, ouverture du bar ! e Tickets : 30 ¤ en prévente et 32 e le soir du concert. Infos tickets : 02 548 24 24 Accès : Boulevard Anspach 110 – 1000 Bruxelles Transports : Trams 3, 4, 31, 32 et 33 – Bus 29, 38, 46, 47, 48, 63, 66, 71 et 95

LE 10 DÉCEMBRE, C’EST AUSSI À NAMUR Rendez-vous au musée Félicien Rops dès 17h00, le mercredi 10 décembre 2008, pour le lancement officiel du Parcours dédié au 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, en présence du réalisateur Benoît Mariage, parrain de l’opération. Au programme : allumage des bougies Amnesty dans le jardin du musée; parcours dans les salles (départ des visites: 17h00, 18h00 et 19h00), encas préparé par le Perron de l’Ilon, entreprise namuroise de formation par le travail (EFT). Musée provincial Félicien Rops, rue Fumal 12, 5000 Namur – 081 77 67 55 – rops@ciger.be - www.ciger.be/rops Le parcours est détaillé dans une plaquette bilingue français-néerlandais (28 p.) en vente à l’accueil du musée : 4,50 e – Visites guidées d’une heure au tarif de 40 e par groupe + 4,5 d’entrée au musée. Réservation obligatoire : 081 77 67 55 À 20h00, à la Maison de la Culture, Concert d’URBAN TRAD (en 1ère partie : Seb Duthoit – guest star, N’Faly Kouyate). Les bénéfices de ce concert seront reversés à Amnesty International. e

© Bruno Brioni

Tarif du concert : 12 e en prévente à la Maison de la Culture (081 77 67 73) du lundi au vendredi de 11h00 à 17h30, le samedi de 10h00 à 12h00. Le soir du concert : 16 e, 30 minutes avant le début du set. Pour plus d’informations sur cette soirée : 081 77 67 55

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MOUVEMENT j Anna, Seven Years on the Frontline de Masha Novikova (Prix spécial du Jury). À Beslan, où Anna Politkovskaïa était revenue un an après la prise d’otage de septembre 2004. © DR

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, font un travail d’action et de sensibilisation aux droits humains. Pour vous y joindre, contactez votre régionale. SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 www.amnesty.be

DIX JOURS DE LIBERTÉS

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL Easton Street 1, London WC1X ODW United Kingdom 00 44 207 413 5500

Des dizaines de films, des débats, des expos, des concerts et des performances devant plus de 15000 personnes. En octobre dernier, le Flagey a fait le plein pour la dernière édition du Festival des Libertés, organisé par Bruxelles Laïque et soutenu par Amnesty International.

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16

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RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

endant dix jours, le festival – qui en est à sa septième édition – a mélangé les genres, l’art, la politique et le social. Le festival confirme l’urgence de regarder des films documentaires pour voir, entendre le monde d’aujourd’hui dans toute sa complexité, ses confrontations et ses injustices. Un monde de propagande comme celle qui a vendu avec la guerre en Irak aux Américains avec des méthodes déjà mises en oeuvre lors de la guerre du Viêt-Nam et de toutes celles qui ont suivi comme le montre War Made Easy. Une propagande délirante comme celle du régime autocratique du Turkménistan où un livre écrit par le premier président est devenu la mesure de toutes choses. Shadow of the Holly Book ne raconte pas une fable mais l’hallucinante réalité avec des vraies gens et surtout des vraies entreprises (Bouygues, Siemens, Caterpillar et bien d’autres) qui se compromettent dans cette mascarade pour remplir leurs comptes en banque. Un monde d’indifférence aussi. L’indifférence suffisante des autorités mexicaines face aux centaines de femmes assassinées et disparues à Ciudad Juarez. Baja Juarez leur redonne la parole. L’indifférence, notre indifférence face à la prolifération des caméras de surveillance sur la voie publique. Un moindre mal ou un dangereux engrenage ? Every step you take cadre l’Angleterre, pays le plus filmé, sans pouvoir trancher la question. Des films pour parler autrement d’une réalité qu’on croit connaître. La Palestine. Dans Slingshots Hip Hop (Prix du Festival des Libertés), c’est le Hip hop palestinien et son groupe emblématique DAM qui racontent leur émergence. Tombés dans le chaudron du hip hop américain sans comprendre un mot d’anglais, des jeunes arabes israéliens de la ville de Lod ont commencé à faire couler leur flow en arabe. Au départ, leur propos n’avait rien de politique, juste une fascination pour les berceuses martiales du gangsta rap issu des bas-fonds de Los Angeles, et un remède contre le désoeuvrement et l’humiliation quotidienne. Une de leur chansons (Meen Erhabe, Qui est terroriste ?) s’est diffusée comme une traînée de poudre dans tous les Territoires et même jusqu’à la télé israélienne. Anna, Seven Years on the Frontline (Prix spécial du Jury) de Masha Novikova dresse un portrait vibrant de la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée pour s’être intéressée de trop près à la barbarie sévissant en Tchétchénie. Partagée entre l’horreur et la colère, elle témoigne des sévices quotidiens vécus par les populations civiles, de l’angoisse suscitée par les disparitions, mais aussi de la souffrance des jeunes recrues russes envoyés au casse-pipe

12 Libertés ! Décembre 2008

avec obligation de résultats. Relayés par le travail des activistes de terrain, les témoignages courageux de la journaliste jettent une lumière vacillante face à la brutalité et à l’impunité de la machine de guerre russe. Quelques articles peuvent-ils changer quelque chose ? s’interrogeait la journaliste. Elle a eu la réponse. Rejeter l’étouffante indifférence, arrêter de se plaindre et résister. Voilà ce qu’elle attendait de ses compatriotes. L’appel est plus que jamais valable. En plantant leurs caméras là où on ne les attendait pas, deux films dénouent les liens entre l’Europe et l’Afrique. L’Europe rêvée des Africains et l’Europe fermée aux Africains. Barcelone ou la Mort (Mention spéciale du Jury) de Idrissa Guiro nous emmène à Thiaroye-sur-Mer, un petit village du Casamance. C’est là, face aux flots de l’Atlantique que des jeunes africains rêvant d’un avenir meilleur s’embarquent sur une barque de pêche pour une dangereuse traversée jusqu’aux Canaries. Un jeune homme rentré chez lui après une tempête se souvient de son voyage dantesque et ne pense qu’à repartir, un autre revenu des États-Unis tente d’ouvrir les yeux aux jeunes candidats à l’exil. Au Togo, le football est le ciment du peuple. Ce n’est certes pas Faure Gnassingbe, élu en 2005 après, un scrutin entaché d’irrégularités et de graves violences, qui peut se poser en rassembleur. Quand l’équipe nationale se qualifie pour la coupe du monde 2006 en Allemagne, le pays est gagné par l’euphorie. Dans Togo (Prix de la Ligue des Droits de l’Homme), Pierre Morath et Nicholas Peart observent population de la capitale saisie par la fièvre du ballon rond. Un entrepreneur local installe une salle pour visionner les matchs qui s’annoncent grandioses, des supporters font le pied de grue devant l’ambassade pour arracher les quelques visas disponibles et les devins interrogent les oracles pour connaître l’étendue de la victoire. La dure réalité du football alliée à l’incompétence de la fédération togolaise ont scellé le sort de l’équipe. Comme un lendemain de la veille, la population se retrouve avec le même régime et les mêmes dirigeants. Le rêve sera pour la prochaine fois. La fenêtre sur le monde entrouverte par le festival se refermera malheureusement assez vite. Les possibilités de diffusion sont assez réduites dépendant de la bonne volonté affichée par l’une ou l’autre télévision. Du côté de notre chaîne publique francophone, les ouvertures semblent assez minces en raison d’une réticence à diffuser des films documentaires sous-titrés. Une raison de plus pour revenir l’année prochaine. e Gilles Bechet

BRABANT WALLON Jean-Philippe CHENU chemin de la Terre Franche 13 1470 Genappe 010 61 37 73 – jpchenu@aibf.be BRUXELLES Le poste de coordinateur est vacant ! Pour des renseignements sur le profil requis avant d’envoyer un CV, écrire à Antoine CAUDRON – Amnesty International, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ou envoyer un e-mail à acaudron@aibf.be HAINAUT ORIENTAL Nicole GROLET av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle 071 43 78 40 – ngrolet@aibf.be LIÈGE Jean-Pierre ANDRÉ 04 387 51 07 – jpablegny@yahoo.fr Christine BIKA Responsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredi de 13h30 à 17h30 04 223 05 15 bureaudeliege@aibf.be LUXEMBOURG Daniel LIBIOULLE Avenue de la Toison d’Or 26 6900 Marche en Famenne 084 31 51 31 dlibioulle@aibf.be NAMUR Romilly VAN GULCK Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe 071 88 92 51 rvangulck@aibf.be WALLONIE PICARDE Marie NOËL Rue Cheny 1, 7536 Vaulx 069 77 66 13 – 0499 13 57 25 mnoel@aibf.be


IS AV ELIV ES . B E B O N N ES N O UV EL L ES Dans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâce au travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrent qu’une action de masse peut avoir des résultats pour un meilleur respect des droits humains.

IRAN DÉFENSEUR LIBÉRÉ Le prisonnier d’opinion Abbas Lisani a été libéré de la prison de Yazd (centre de l’Iran) le 29 octobre 2008, après avoir purgé deux peines consécutives dont le total s’élevait à trente mois d’emprisonnement. Pendant sa détention, ce défenseur bien connu des droits de la minorité azérie a observé plusieurs grèves de la faim afin de protester contre son transfert à la prison de Yazd et la sévérité avec laquelle il y était traité. Il a alors été privé des permissions de sortie qui lui étaient normalement accordées par le droit iranien. Le 7 octobre 2008, Abbas Lisani a été conduit dans les locaux des services de renseignement à Yazd, où il a été interrogé pendant dix heures au sujet de ses projets après sa libération. Quelques jours avant qu’Abbas Lisani ne soit libéré, le procureur général et les services de renseignement d’Ardebil ont informé ses proches qu’il serait de nouveau arrêté s’il participait à un quelconque événement ou mouvement organisé dans une ville azérie. e

SUÈDE/ÉRYTHRÉE RAPATRIEMENT FORCÉ REPORTÉ Le 31 octobre, un représentant du Comité contre la Torture a demandé aux autorités suédoises de ne pas renvoyer Terhas Mlash Abraha en Érythrée tant que cet organe des Nations unies n’aurait pas fini d’examiner son dossier. Cette femme a été remise en liberté le jour même et il n’existe actuellement aucun risque qu’elle ne soit renvoyée de force en Érythrée. Si Terhas Mlash Abraha est renvoyée en Érythrée, elle risque d’être arrêtée arbitrairement ou torturée pour s’être soustraite au service militaire obligatoire et avoir demandé l’asile à l’étranger, ce qui représente, aux yeux des autorités érythréennes, une trahison envers le pays. e

MALAISIE BLOGUEUR LIBÉRÉ Un tribunal malaisien a ordonné la remise en liberté du blogueur Raja Petra Kamarudin, estimant que son arrestation, effectuée au titre de la Loi sur la Sécurité intérieure, était anticonstitutionnelle. Blogueur et rédacteur en chef du site d’information en ligne Malaysia Today, Raja Petra Kamarudin avait été appréhendé le 12 septembre dernier pour menace à la sécurité nationale et activités susceptibles de «causer des tensions au sein de la société multiraciale et multiconfessionnelle du pays». «Je suis vraiment content que cela soit terminé, a déclaré Raja Petra Kamarudin à propos de sa libération. Je suis très fatigué. La décision du juge prouve que ma détention n’était pas justifiée. Nous devons nous battre et obtenir l’abolition de la Loi sur la Sécurité intérieure.» e

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SRI LANKA

JOURNALISTE MUSELÉ PAR UNE LOI «ANTITERRORISTE» J

ayaprakash Sittampalam Tissainayagam (J. S. Tissainayagam) est détenu depuis plus de 7 mois dans le cadre de la loi relative à la prévention du terrorisme, alors qu’il n’a fait qu’exercer ses activités légitimes de journaliste. Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion. Il souffre de graves troubles oculaires et risque de perdre la vue s’il ne reçoit pas le traitement spécialisé dont il a besoin. Le 7 mars 2008, J. S. Tissainayagam a été arrêté alors qu’il se rendait au centre de détention du Service d’enquête sur le terrorisme (TID) afin de recueillir des informations sur l’interpellation, la veille, de l’un de ses collègues et de l’épouse de celui-ci. Aucun mandat d’arrêt n’a été présenté à J. S. Tissainayagam. Le journaliste a introduit un recours devant la Cour suprême. Lors de l’audience tenue le 27 mars, cette dernière a ordonné un réexamen de l’affaire. Ce réexamen a eu lieu le 31 mars. Les autorités gouvernementales ont alors présenté au président de la Cour suprême un mandat d’arrêt, en affirmant que J. S Tissainayagam agissait pour le compte des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) et qu’il pouvait être détenu en toute légalité durant 90 jours. Le 7 juin, le journaliste a été condamné à trois mois de détention. Enfin, le

© Private 25 août, J. S. Tissainayagam a été inculpé devant une haute cour en vertu de la Loi n° 49 de 1979 relative à la prévention du terrorisme, pour des faits liés à la publication dans le magazine North Eastern Monthly d’articles traitant des conséquences des troubles à Sri Lanka sur la vie civile et politique. e

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MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Président, Jayaprakash Sittampalam Tissainayagam (J. S. Tissainayagam) est détenu depuis plus de 7 mois dans le cadre de la loi relative à la prévention du terrorisme, alors qu’il n’a fait qu’exercer ses activités légitimes de journaliste. Il souffre de graves troubles oculaires et risque de perdre la vue s’il ne reçoit pas le traitement spécialisé dont il a besoin. Le 7 juin, il a été condamné à 3 mois de détention supplémentaires et, le 25 août, il a été inculpé de complicité avec les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui le considère comme un prisonnier d’opinion, je demande sa libération immédiate et inconditionnelle. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Son Excellence le Président Mahinda Rajapaksa Secrétariat du Président Colombo 1, Sri Lanka Fax : +94 11 2446657

COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Sri Lanka, Rue Jules Lejeune, 27, 1050 Bruxelles Fax : 02 344 67 37 — E-mail : sri.lanka@skynet.be

Libertés ! Décembre 2008 13


IS AV ELIV ES . B E TURKMÉNISTAN

MODÈLE DE LETTRE

«DISPARITIONS FORCÉES» ET PROCÈS INIQUES B

oris Chikhmouradov, ancien ministre des Affaires étrangères du Turkménistan, a été condamné à 25 ans d’emprisonnement lors d’un procès à huis clos le 29 décembre 2002. Sa peine aurait été commuée en détention à perpétuité le lendemain par le Conseil du Peuple. Son frère, Konstantin Chikhmouradov, s’est pour sa part vu infliger une peine de 17 ans d’emprisonnement. Les deux hommes, avec 57 autres personnes, ont été déclarés coupables de participation à un attentat en 2002 contre le président Saparmourad Niazov. Depuis l’arrestation de son mari, Tatiana Chikhmouradova a écrit à plusieurs reprises aux pouvoirs publics afin d’évoquer le cas de son époux et de son beau-frère. Elle n’a obtenu aucune réponse.

La femme de Konstantin Chikhmouradov, Ayna, s’est également adressée aux autorités. Elle se rend régulièrement au service d’application des peines afin de s’enquérir du sort de son mari et de Boris Chikhmouradov , mais elle n’a, elle non plus, reçu aucune réponse. Invité à l’université de Columbia (New York, États-Unis) en 2007, le président Gourbangouly Berdymoukhammedov a été interpellé sur le sort de Boris Chikhmouradov et d’un autre prisonnier ; son interlocuteur lui a demandé si les deux hommes étaient encore vivants. «Je n’interviens pas dans cette affaire, a répondu le président, mais je suis convaincu qu’ils sont en vie». Il s’agit-là du seul élément qui donne encore une raison d’espérer à Tatiana et Ayna Chikhmouradova. e

Monsieur le Président, Boris Chikhmouradov, ancien ministre des Affaires étrangères et son frère Konstantin ont été condamnés respectivement à 25 et à 17 ans de prison. La peine de Boris aurait été prolongée en prison à vie. Ils ont été reconnus coupables d’implication dans une attaque à main armée en 2002 contre le président Saparmurad Niyazov. Depuis l’arrestation de son mari, Tatiana Chikhmouradova n’a plus eu de nouvelles de son mari et de son beau-frère. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je demande à connaître le sort et le lieu de détention de Boris et Konstantin Shikhmuradov et des 57 autres personnes qui ont disparu. Je vous prie de faire en sorte que les condamnés aient droit à un nouveau procès et que les responsables de leur «disparition» soient traduits en justice. Dans l’espoir d’une réponse favorable à ma requête, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Le président Berdymoukhammedov, 744000, g. Ashgabat Apparat Prezidenta, Prezidentu Turkmenistana, Turkménistan Fax : +993 12 35 51 12

COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Turkménistan, Boulevard Reyers, 106 1030 Bruxelles Fax : 02 648 19 06 – E-mail : turkmenistan@skynet.be

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COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?

TARIFS POSTAUX

Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

Lettres (jusqu’à 50 grammes) Belgique: 0,54e; Europe: 0,80e; reste du monde: 0,90e. La surtaxe aérienne est incluse (étiquette requise).

ISRAËL / TERRITOIRES OCCUPÉS PALESTINIENS

DÉTENUES SANS JUGEMENT S

alwa Salah et sa cousine Sara Siureh, toutes deux âgées de 16 ans, sont maintenues en détention administrative en Israël sans inculpation ni jugement depuis juin 2008. Les deux adolescentes, qui auront 17 ans ce mois-ci, ont été arrêtées par des soldats israéliens chez elles, à Bethléem, en Cisjordanie occupée, dans la nuit du 4 au 5 juin 2008. Un commandant militaire israélien a ordonné leur placement en détention administrative sans inculpation ni jugement pour 4 mois. Aucune disposition n’a été prise pour les traduire en justice. Le 5 octobre, leur détention administrative a été prolongée de 3 mois, jusqu’au 3 janvier 2009. L’armée israélienne accuse Salwa Salah et Sara Siureh d’avoir pris part à des activités constituant une «menace pour la sécurité», mais elle n’a apporté aucun

élément à l’appui de ces affirmations. Les deux adolescentes sont par conséquent dans l’impossibilité de les contester devant la justice. Les mineurs palestiniens ne bénéficient pas des garanties juridiques et procédurales s’appliquant aux Israéliens âgés de moins de 18 ans. Ils sont en revanche soumis aux règlements et procédures militaires de l’armée israélienne, qui ne sont pas conformes à la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant, à laquelle Israël est pourtant partie. Les deux jeunes filles sont incarcérées dans la prison de Damoun, dans le nord d’Israël, alors qu’en vertu des dispositions de la Quatrième Convention de Genève, elles devraient être détenues dans les territoires palestiniens occupés. Quelque 275 enfants palestiniens sont actuellement incarcérés dans des prisons israéliennes. e

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2717

14 Libertés ! Décembre 2008

MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Président, Salwa Salah et sa cousine Sara Siureh, toutes deux âgées de 17 ans, se trouvent depuis juin en détention administrative, dans la prison de Damoun au nord d’Israël, sans inculpation ni jugement, contrevenant ainsi doublement à la quatrième Convention de Genève. Il y a en outre discrimination flagrante entre mineurs palestiniens et israéliens, ces derniers échappant à la prison jusqu’à 18 ans. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande la libération des deux jeunes filles, à moins qu’elles ne soient inculpées d’infractions reconnues et jugées rapidement en accord avec les normes internationales ratifiées par Israël. Espérant une issue favorable à cette affaire pénible, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : M. Shimon Pérès, Président de l’État d’Israël Bureau du Président 3, Rue Hanassi, Jérusalem 92188, Israël Fax : +972 2 561 1033 – E-mail : s_peres@netvision.net.il

COPIE À ENVOYER À : Ambassade d’Israël, Avenue de l’Observatoire, 40 1180 Bruxelles Fax : 02 373 56 17 – E-mail: consul@brussels.mfa.gov.il


C U LT U R E AGENDA THÉÂTRE

L’IMPOSSIBLE RETOUR

P

our Soraya, une Palestinienne née à Brooklyn, le droit au retour est une question de principe et de dignité. Sous le couvert d’un visa de touriste, elle revient en Cisjordanie avec l’intention de s’y installer. Dès son arrivé à l’aéroport, elle comprend ce que veut dire être palestinienne en Israël. À Ramallah, elle rencontre Emad, un jeune homme qui, lui, rêve de quitter ce pays en devenir où il vit comme dans une prison. C’est la rencontre d’une exilée de l’extérieur avec un exilé de l’intérieur. Décidée à prendre ce qu’on lui refuse, Soraya opère un retrait musclé du dépôt bancaire que son grand-père avait abandonné à une banque palestinienne pour cause d’exil en 48. En fuite, elle continue jusqu’en Israël où, à Jaffa, elle retrouve la maison de son grand-père, habitée par une artiste israélienne. L’incompréhension est mutuelle. Elle sait qu’elle ne récupérera pas sa maison, elle attendait une reconnaissance de la dépossession. En vain. Porté par une actrice principale qui n’avait jamais fait de cinéma, Le Sel de la Mer est un récit tonique et décomplexé aux personnages immédiatement attachants, une ode à la liberté racontée et filmé avec légèreté et évidence. L’écriture, tout en nuances, s’appuie sur les non-dits pour renforcer sans lourdeur les moments d’émotions, comme dans la belle séquence dans les ruines du village arabe de Dawayima, à côté du nouveau village juif d’Amatzia. e Gilles Bechet Le sel de la mer d’Annemarie Jacir, sortie de 10 décembre

LES ORIGINES DE LA VIE Coralie, scientifique reconnue, nous livre avec un minimum d’honnêteté intellectuelle une conférence sur : «Les origines de la vie». Bien entendu, cette conférence est purement scientifique et Coralie ne sort jamais de son sujet, surtout si c’est pour parler d’elle... Pour la toute première fois, Thomas Gunzig montera sur la scène du Théâtre de Poche aux côtés de sa complice Isabelle Wéry pour répondre aux quelques questions suivantes : Qui sommesnous ? D’où venons-nous ? Pourquoi vivons-nous ? Y a-t-il un début ? Y a-t-il une fin ? Comment les femmes font-elles pour sentir si bon ? Et à quoi les enfants peuvent-ils bien servir ? En primeur, voici quelques extraits subtilisés à la conférence qui vous révélera, en décembre prochain, le secret des origines de la vie... «Ça fait quatre milliards et demi d’années que la vie est apparue à la surface de la terre et quoi qu’on puisse en penser, la multiplicité de ses formes ressemble plus à un étalage de prétentieux gadgets de luxe qu’à l’expression d’un véritable talent». «Au moment où cette infecte salope de Lucy se dit qu’elle en avait assez d’être une putain de guenon de sa mère et qu’il était temps de devenir une femme, et que la plus grande partie de sa descendance humaine allait devenir de pauvres petits bonshommes terrorisés et de pauvres petites bonnes femmes et que quoi qu’on en dise il n’y en a pas un seul pour une seule fois donner l’exemple». «Je ne sais pas si, quand mon père a rencontré ma mère, il y a eu l’apparition de ce sentiment, vous savez... Ce truc libre de droit dont on se sert dans les publicités et tout, dont on se sert pour vous faire regarder la télé... L’amour...». «Assez mystérieusement, malgré son sang-froid, sa couleur de crotte de nez et son contact visqueux, c’est un être vivant qui attire plutôt la sympathie. Sans doute parce que sa façon de nager la brasse nous fait penser à la piscine que la piscine nous fait penser aux vacances et que les vacances nous font penser à une période de l’année un peu plus propice à la reproduction... Mais oui... Tout est dans tout...». e Du 12 au 27 décembre 2008 à 20h30 (relâche les dimanches et lundis) Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000 Bruxelles – Réservations : 02 649 17 27 ou reservation@poche.be

BIENVENUE, SI ON LE VAUT BIEN

A

urélia Aurita est une auteure de BD atypique. Révélée par un diptyque d’autofiction érotique Fraise et chocolat, elle continue à se mettre en images pour cette fois-ci raconter ses démêlés administratifs avec le Japon. Compagne de Frédéric Boilet, dessinateur français établi à Tôkyô, elle avait déjà séjourné à de nombreuses reprises au Pays du Soleil Levant. Partie pour un nouveau séjour, elle achète 1984 pour livre dans l’avion. À Narita, la réalité dépasse la fiction. Emmenée à part, elle est questionnée par des employés de douanes obtus et méfiants qui lui refusent le visa culturel qu’elle sollicite pour ne lui accorder qu’un visa de séjour touristique de 90 jours, réduit dans les faits à un mois. Derrière cette anecdote racontée avec rage et humour, Aurélia Aurita, elle-même d’origine sino-cambodgienne, fustige le rapport ambigu qu’entretient le Japon, ou plutôt ses autorités, avec les résidents étrangers. Comme le note Michel Temman dans sa postface, Le Japon (où près d’un quart de la population aura plus de 63 ans dans moins de 10 ans) se recroqueville sur son île, attendant on ne sait quoi. Pas chiche, Aurelia nous fait partager son goût pour les mets les plus improbables de la cuisine japonaise. Les Shirako sont des beignets de sperme de morue. On doute cependant qu’une consommation, même immodérée, de ces délices arrive à réveiller le taux de natalité. Ça se saurait. e G.B. Aurelia Aurita, Je ne verrai pas Okinawa, Les Impressions nouvelles, 80 pages, 12 e

DES PÉPINS DANS LA GRANDE POMME

I

l y a des gens qui sont supposés ne jamais se rencontrer. La magie du cinéma le rend possible. Prenons d’un côté Walter, prof d’unif vieillissant englué dans la routine et de l’autre, Tarek et Zainab, un couple de clandestins. Lui est syrien, elle est sénégalaise. Tous deux espèrent se fondre dans l’anonymat de New York. De leur rencontre improbable naît une relation de curiosité qui vire à l’amitié. Quand Tarek se fait arrêter pour une peccadille et est envoyé dans un centre de rétention pour illégaux, Walter se découvre une cause à défendre, des sentiments à exprimer. Pour ce libéral bon teint, la confrontation à l’arbitraire de la justice et au traitement peu amène réservé aux illégaux agit comme le révélateur d’une réalité cachée. A l’instar de ce grand cube en brique posé dans un quartier délabré du Queens dont rien n’indique à l’extérieur qu’il abrite un centre fermé où croupissent trois cents personnes en attente d’expulsion. Tom McCarthy déroule son histoire avec une certaine naïveté assumée tout en laissant les grands violons au placard. The Visitor n’est pas un film politique, mais une histoire d’amour et d’amitié plaquée sur une réalité que beaucoup d’Américains ignorent. C’est une invitation à sortir de sa coquille pour découvrir l’inconnu. C’est aussi la preuve qu’un djembé peut faire des miracles. e G.B. The Visitor de Tom McCarthy, sortie de 17 décembre

Libertés ! Décembre 2008 15


LE CALENDRIER AMNESTY 2009

F916 Amnesty «Elle était une fois» 19,90 € (Frais de port : 3,56 €)

BON DE COMMANDE À renvoyer à Amnesty International – Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles ou par fax au 02 537 37 29 (en MAJUSCULE svp) Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° : . . . . . . . . Bte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal : . . . . . . . . . Localité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tel. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Référence Calendrier Amnesty «Elle était une fois»

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Prix de l’unité

F 9 1 6

Montant

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NOS BOUTIQUES : Rue Berckmans,9 à 1060 Bruxelles Rue Souveraint Pont,11 à 4000 Liège

Participation aux frais postaux et administratifs

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L 12 08

PAR COURRIER : Amnesty International, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles


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