LES MAISONS DE RICHARD NEUTRA INTIMEMENT LIÉES À LEUR ENVIRONNEMENT, À LA NATURE by Anaïs Vigneron

LES MAISONS DE RICHARD NEUTRA INTIMEMENT LIÉES À LEUR ENVIRONNEMENT, À LA NATURE Un rapport au site à plusieurs échelles

ENSAG Master 1 Les Pensées du projet. L’architecture comme discipline 13 mai 2015 Etudiante Vigneron Anaïs Directeur d’étude Philippe Deletraz

Page de couverture 1 James Moore House, Ojai, California, 1952, Julius Shulman. Source : Tumblr, The way of the samvrai, [en ligne] Adresse URL http:// wayofthesamvrai.tumblr. com/post/97477563413/ wandrlust-james-moorehouse-richard-neutra

SOMMAIRE

6 - 11

12 - 25

Introduction Chapitres I Kaufmann House 1 - Environnement lointain 2 - Environnement proche ou en limite 3 - Environnement intérieur

26 - 37

II Tremaine House 1 - Environnement lointain 2 - Environnement proche ou en limite 3 - Environnement intérieur

38 - 47

III Stuart Bailey House 1 - Environnement lointain 2 - Environnement proche ou en limite 3 - Environnement intérieur

48 - 49

Note supplémentaire

50 - 53

Conclusion

54 - 57

Biographie

58 - 59

Bibliographie

Otto Wagner, Source de l’image : Steph’s art stuff, [en ligne] Adresse URL : https://stschmidt04. wordpress.com/2014/03/ 16/art-nouveau-jugend stil-vienna/ 1

Rudolf Schindler, Source de l’image : [en ligne] Adresse URL : Wikipédia, http:// en.wikipedia.org/wiki/ Rudolph_Schindler_ (architect) 2

Erich Mendelsohn, MDR kultur, [en ligne] Adresse URL : http://www.mdr. de/kultur/schocken128 _showImage-4_zc1db9e3ac.html 3

Adolf Loos, Propuestas in consultas, [en ligne] Adresse URL : https://sancheztaffurar quitecto.wordpress. com/2008/09/20/adolfloos-1870-1933/

INTRODUCTION « Même si l’architecture de Neutra est souvent considérée comme étant « une machine dans le jardin », pour lui, la vraie « machine dans le jardin » était l’être humain, dont l’expérience quotidienne pouvait être mesurée par sa relation à l’environnement. »1 Richard Neutra a un rapport très fort avec la nature, il a développé cette caractéristique par ses rencontres, ces voyages, ces expériences professionnelles à travers le monde. C’est de cette caractéristique essentielle dans son travail que nous allons développer l’analyse de trois de ses maisons, la Kauffman House ou Desert House, la Tremaine House et la Bailay House ou Case Study House #20. Trois maisons différentes par leurs stratégies d’intégration, leurs propriétaires, leurs sites, leurs type de construction, mais qui représentent bien le travail de Richard Neutra dans le rapport qu’il entretient avec le site du projet et la nature.

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. Page 7. 1

Philippe BOUDON, « NEUTRA RICHARD - 1892-1970 », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 4 février 2015. URL : http:// www.universalis.fr/ encyclopedie/ richard-neutra/ 2

Louis Sullivan, Wikipedia, [en ligne] Adresse URL : http:// en.wikipedia.org/ wiki/Louis_Sullivan 5

Frank Lloyd Wright, Wikipedia, [en ligne] Adresse URL : http:// en.wikipedia.org/wiki/ Frank_Lloyd_Wright 6

Richard Neutra, Wikipedia, [en ligne] Adresse URL : http:// en.wikipedia.org/wiki/ Richard_Neutra 7

Tout d’abord, pour introduire cette question de l’intégration du projet dans son site, il faut se renseigner sur l’architecte, comprendre qu’est ce qui a permis à Richard Neutra d’avoir ce lien si fort avec la nature. Richard Neutra est né à Vienne en Autriche, en 1892. Il fit ses études à la Technische Hochschule de Vienne, où il eut comme professeur l’architecture d’Otto Wagner. Il lui enseigna une architecture « qui tendait alors à épurer cet art de toute surcharge ornementale et à rechercher la beauté dans les simples proportions.» 2 Dans cette école il rencontra Rudolf Schindler de cinq ans son aîné, avec qui il continua plus tard à travailler. Il eut ensuite des expériences professionnelles en Europe, durant quelques années. Il alla à Zurich où Il travailla chez Gustav Ammann un architectepaysagiste qui lui apprit beaucoup sur les plantes, les arbres et la 7

De gauche à droite, Frank Lloyd Wright, Richard Neutra, Sylva Moser, and new baby, Kameki Tsuchiura, Nobu Tsuchiura, Werner Moser au violon et Dione Neutra dans le salon à Taliesin, 1924. Richard Neutra: Promise and Fulfillment, 1919-1932, p. 52. 8

Haut : Miller House, 1937. Bas : Temple de Katsura, villa de Kyoto. L’utilisation du verre permet l’interconnexion entre l’intérieur et l’extérieur réalisés dans l’architecture japonaise par d’autres moyens. [en ligne] Adresse URL : https://sites.google.com/ site/eljardinjapones/ el-jardin-japones-y-suinfluencia-en-occidente/ la-inspiracion-japonesade-richard-neutra 9

Taliesin, How Frank Lloyd Wright Worked, [en ligne] Adresse URL : http://entertainment. howstuffworks.com/ arts/artwork/frank-lloydwright4.htm 10

relation au site. C’est là une des premières prise de conscience de la nature. Il ira ensuite à Berlin où il rencontra l’architecte Erich Mendelsohn. En 1923 Richard Neutra et Rudolf Schindler, poussés par leur professeur Adolf Loos, émigrent aux Etats-Unis. Ils partent pour ce grand territoire à la nature diverse qui est aussi le lieu des nouvelles technologies et le fief des grands architectes tel que Louis Sullivan3 ou Frank Lloyd Wright. Richard Neutra va travailler chez William Holabird et Martin Roche à Chicago, la firme, à l’époque, était reconnu dans le développement des premiers gratte-ciel, dans la même démarche que Louis Sullivan. C’est par ces rencontres que R. Neutra va poursuivre son travail sur l’acier, un élément très présent dans ses projets.

Louis Henry Sullivan, né le 3 septembre 1856 à Boston et mort à Chicago le 14 avril 1924, est un architecte américain. Il est associé à la première génération de gratte-ciel américains car la technologie de l’acier permettait des bâtiments plus grands et plus spacieux qu’il ne l’était possible précédemment. Il est un des maîtres de l’école de Chicago en architecture. 3

En 1924, Richard Neutra va avoir une courte expérience de quatre mois à Taliesine, l’école d’architecture de Frank Lloyd Wright. C’est une expérience marquante pour R. Neutra, tout d’abord pour l’enseignement que lui apporte F. L. Wright puis par l’école elle même. Celle-ci est profondément encrée dans sont site désertique, elle se réfère aux matières et couleurs de son environnement, c’est pour l’architecte une réelle prise de conscience. On peut à nouveau faire le lien avec ses maisons dans le desert de Californie, la Desert House plus connu sous le nom de Kauffman House à Palm Spring. Cette rencontre avec Frank Lloyd Wright, à aussi été le moment où le jeune R. Neutra s’intéresse au Japon, un pays et une culture que son professeur connait bien et qui lui enseigne les principes de cette architecture si différente de la leur. R. Neutra accorde de plus en plus d’importance à cette notion d’intégration du projet dans son site et c’est par cette découverte de la culture nippone qu’il va en faire l’une des caractéristiques principales de son architecture. «Plus encore que Wright, l’architecture japonaise traditionnelle marquait Neutra. {…} C’est, en effet, après son arrivée aux Etats-Unis, en 1923, et sa rencontre avec le maître, que Neutra avait effectué 9

Chuey House, 1956, Los Angeles, Californie. [en ligne] Adresse URL : http://www. moderndesign.org/ search/label/mid%20 century%20 architecture?updatedmax=2012-03-06T13:44: 00-08:00&maxresults=20&start=8&bydate=false 11

Kronish House, 1955 Los Angeles, Californie. [en ligne] Adresse URL : https://spfaust. wordpress. com/2012/04/25/kronishhouse-neutraarchitectural-modernistclassic-saved-fromwrecking-ball/ 12

Perkins House, 1955, Pasadena, Californie. [en ligne] Adresse URL : http://www. moderndesign.org/ search/label/mid%20 century%20 architecture?updatedmax=2012-03-06T13:44:0008:00&maxresults=20&start=8&bydate=false 13

Lovell House 1927 - 1929 https://www.facebook. com/photo. 14

plusieurs voyages d’études au Japon, soit juste après le retour de Wright de Tokyo. {…} C’est certainement du Japon que Neutra avait rapporté cette haut idée de la nature, dont tout le respect est visible dans son architecture, avec toujours cette même volonté d’intégration. {…} Il y avait trouvé la source de ce qu’il avait lui-même dénommé le «Bioréalisme» soit le réalisme de la nature en opposition au «réalisme des dollars au mètre carré».4 Il va finir par s’installer en Californie et travailler à son compte en 1926. «Je sentais que la Californie du Sud était un don de Dieu. C’était un pays neuf subtropical, plein d’enseignement sur le plan climatique, les conditions étaient réunies pour l’avènement d’une nouvelle architecture, plus proche des exigences biologiques, un nouveau mode de vie. Et je fis de mon mieux pour la lancer.»5 Il travaillera un temps avec Rudolf Schindler sur quelques projets mais se concentra plutôt sur la réalisation de villas luxueuses et plus modestes autour de Los Angeles jusqu’à la fin de sa vie. Il fut connu et reconnu surtout pour son travail autour de ces maisons Californiennes et est désormais une figure de l’architecture moderne Californienne. Par l’apprentissage de ses expériences, ses rencontres et ses voyages, Richard Neutra a mis en place des principes forts et caractéristiques de son architecture.

La Mouvance américaine - Richard J.Neutra - Site internet pages-perso, lien URL : http://laurent. buchard.pagespersoorange.fr/Japonisme/ MOUV.htm) 4

Richard Neutra, Life and Shape, AppleTon-Century Croft, New York, 1962, page 213- 214. 5

Dans ce mémoire il est question de parler de la place capitale dans son travail de la nature et de l’intégration de ses projets dans leurs sites. C’est par un ensemble de dispositifs architecturaux correspondant à plusieurs thèmes tel que la structure, les matériaux, le plan du projet, la lumière, l’aspect esthétique, le rapport au sol, le mobilier et des principes architecturaux forts que nous allons analyser en quoi ces maisons s’intègrent à leur environnement. Cette intégration s’opère à partir de trois échelles, celle de l’environnement lointain avec le rapport au paysage puis l’environnement en limite avec l’intérieur et l’extérieur de la maison, comme la terrasse et pour terminer l’environnement intérieur de la maison et ces liens avec le site. 11

SOURCE archdaily,[en ligne] Adresse URL : http:// www.archdailycom/ 104112/ad-classicskaufmann-house-richardneutra/ LÉGENDE Photographie de la Kaufmann House, 1

Plan d’origine de la maison. 2

I - KAUFMANN HOUSE La Kaufmann House réalisée entre 1946 et 1947 à Palm Spring en Californie est l’une des maisons les plus célèbres de Richard Neutra. Elle est située dans un site bien particulier appelé « badlands » soit les mauvaises terres. « C’est un terme géographique désignant des espaces arides et hostiles à tout habitat »1. Ces « badlands » sont devenues très prisées des stars hollywoodiennes, elles se voient recouvertes de golfes, de piscines et de projets d’architectes connu tel que Albert Frey, Craig Elwood, John Lautner et d’autres. Ces terres sont la représentation d’une réussite foncière et sociale, Neutra l’appelait «la grandiose friche ».

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. 1

La maison est organisée à partir d’un plan en croix, comme c’est souvent le cas dans les projets de Richard Neutra. Elle comprend au nord, deux chambres d’amis les «guests houses» avec leurs salles de bain privées. Un patio relie les chambres au cœur de la maison : la salle à manger et le salon. À l’est on trouve la chambre principale la «master bedroom » ainsi que son dressing. À l’ouest c’est la partie pour les employés, il y a leurs chambres accompagnées d’une salle de bain, il y a ensuite une remise puis la cuisine, le garage et l’entrée de la maison. Au sud c’est l’espace extérieur avec la terrasse, le jardin et la piscine. C’est une maison de vacance, que les propriétaires, Edgar Kaufmann et sa femme, utilisent uniquement quelques mois durant l’hiver. Cette maison est faite pour vivre « dedans / dehors », en effet, certain accès, passages ou circulations et même pièces sont extérieures ou simplement couvertes. C’est une maison atypique par son site auquel elle s’intègre par plusieurs stratégies.

SOURCE Andrew Kroll, Maisons Résidentiel Californie verre modernisme Richard Neutra Acier Pierre, AD architecture Classics, 16 JANVIER 2011, site URL : http://www.archdaily. com/104112/ad-classicskaufmann-house-richardneutra/ LÉGENDE Vue du Sud, accès à la maison depuis la rue, le portail et le portillon. Flore désertique et roche blanche, environnement typique Californien. 3

Vue du Sud, accès à la maison depuis la rue, portillon. 4

Vue du Sud-est, passage couvert de l’entrée, salon et gloriette. On voit bien le paysage montagneux en fond et en contre bas le jardin avec la piscine. 5

Vue de l’est, l’aile des invités avec le patio à droite, la gloriette à l’étage et à gauche la galerie qui accède à la grande chambre. On voit à nouveau le jardin et le paysage montagneux. 6

Environnement lointain Nous débutons par l’intégration dans son environnement lointain, c’est à dire dans le paysage. La maison kaufmann s’installe dans un terrain rocailleux aux pieds des montagnes, dans un climat plutôt aride. C’est donc un paysage plutôt sec à la flore particulière. Le jardin est dessiné et aménagé par l’architecte, il utilise les plantes de la flore Californienne, c’est à dire des plantes désertiques comme les Joshua tree, les cactus. Il va aussi beaucoup utiliser les roches environnantes en les plaçant sous les gouttières (ce qui fait référence à la chute d’eau de la Falling Water de F. L. Wright) ou de manière aléatoire sur le site. Selon les propres termes de Richard Neutra, il qualifie la Kaufmann House de « grande villa - moderniste -, une sorte d’avion argenté posé sur un tapis vert au milieu de rochers soigneusement répartis dans un - paysage lunaire - »2

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. page 61. 2

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. page 57. 3

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 15. 4

L’environnement extérieur, soit le jardin, s’organise par rapport au plan en croix de la maison, celui ci permet d’avoir plusieurs jardins et cours reliés à la maison. Pratiquement chaque pièce est entourée par le jardin ce qui permet à la maison de se fondre dans le paysage plus simplement. «Le jardin traverse en mouvement souples, presque sans qu’on le remarque, l’ensemble de la maison»3 Par ce plan en croix qui permet de croiser la nature dans toutes les pièces on peut faire référence au «Raumplan» de Loos. En effet, Richard Neutra a «reprit l’élément psychologique du Raumplan qui établit un lien entre les émotions, la forme et les matériaux, mais y ajouta la nature».4 Pour que l’émotion soit ressentit il fallait que la maison soit totalement ouverte sur la nature, au contraire de certaine maisons moderniste où les fenêtres sont découpées dans un murs, ici les fenêtres sont les murs qui laissent rentrer directement la nature. En plus de ce lien fort établit avec la nature, Richard Neutra propose des vues spectaculaires aux habitants, d’où la création de la 15

SOURCE Redessin personnel de la Tremaine House. LÉGENDE Schéma du Plan en croix de la Kaufmann house. Échelle 1/500

gloriette. C’est un espace intérieur / extérieur, accessible par des escaliers extérieur, c’est l’endroit de contemplation du grand paysage. L’intégration de la maison dans le paysage passe aussi par le fait que la maison elle même s’ouvre sur le paysage qui l’entour et lui accorde une réelle importance.

Schéma des espaces exterieurs et intérieurs de la maison. Blanc : intérieur Gris : extérieur On observe que les espaces intérieurs sont entourés par la nature sur pratiquement toutes les façades. Échelle 1/500 8

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Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 65. 6

Malgré le jardin qui entour la maison de tous les côté, la structure est tout de même apparente. Pour que le projet ne vienne pas gêner la vision du paysage l’architecte a choisi de peindre la structure apparente extérieur d’une couleur argenté « Neutra voulait bien tromper mais son objectif n’était pas de masquer les matériaux (…) La raison de sa manipulation était l’œil humain. Son objectif était physiologique: puisque l’argent reflétait et diffusait la lumière, il réduisait l’impact visuel d’un élément, et le regard risquait moins d’être dévié de sa trajectoire vers la nature, le paysage et le ciel. »5 C’est par plusieurs dispositifs architecturaux tel que le choix d’une flore adaptée au site désertique, un plan en croix qui permet d’être connecté dans chaque pièces à la nature et le choix esthétique de peindre la structure pour la fondre dans le paysage, que Richard Neutra réussi donc à intégrer cette maison dans le paysage. C’est une intégration plutôt artificielle dans ce paysage car l’architecte use de «tromperie» pour avoir l’impression d’être dans la nature alors que ce site est recrée de toute pièce. En effet, il faut rappeler que ces terres sont des «badlands» soit à la base des déserts, il n’y a pas une nature verdoyante, Richard Neutra a tenter d’en recréer une artificielle. « Malgré sa beauté, cette maison reste une étrangère en plein désert»6

12 9

Gloriette,terrasse couverte avec la vue sur le grand paysage. On observe la continuité du sol et du plafond qui est traité avec la même matière, le bois. 10

Passage extérieur couvert, il mène à l’entrée de la maison, on remarque les escaliers extérieurs qui monte à la gloriette puis en fond le salon. 11

Gloriette vue de l’intérieur du côté abrité. 12

Environnement proche ou en limite En effet, Richard Neutra met en place plusieurs dispositifs architecturaux pour dissiper la limite entre l’intérieur et l’extérieur de la maison, il réussi à instaurer un vrai espace «dedans/dehors».

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. 7

Pour cela il travail sur le thème du rapport au sol, il va traiter le sol intérieur et extérieur dans le même matériau. On va pouvoir lire une continuité entre l’intérieur et l’extérieur. Il n’y a pas non plus de différence de hauteur de sol. L’architecte va procéder à la même technique pour le plafond, il va se prolonger en porte à faux sur l’extérieur. Pour toujours plus de continuité entre l’intérieur et l’extérieur, Richard Neutra a inventé le principe du poteau « patte d’araignée». Ces poteaux sont une extension de la poutre intérieure de la maison qui rejoint une colonne en dehors du champs du toit. Cet élément structurel et esthétique permet de prolonger l’intérieur de la maison à l’extérieur. « Les - Pattes d’araignée - permettent une osmose entre le paysage et la maison.»7 Richard Neutra a un rapport particulier avec les fenêtres, elles permettent elles aussi de dissiper cette limite intérieure extérieure. Dans ce projet l’environnement est aride et les propriétaires habitent uniquement la maison durant une période courte. Les fenêtres sont donc pratiquement toujours ouvertes et sont uniquement là pour fermer la maison lors du départ. Dans cette optique, Richard Neutra peut installer des fenêtres à châssis fins car les fenêtres n’ont pas le rôle d’isoler. Dans un second temps, les châssis des fenêtres sont placés à l’intérieur du sol et du plafond afin de voir un minimum le cadre, ainsi il n’y a pas de gêne dans la perception de la nature. La fenêtre n’est plus là pour cadrer le paysage, mais pour que la perception de la nature soit direct. Un dispositif très particulier à Richard Neutra permet d’être à l’intérieur comme à l’extérieur, c’est la gloriette, un espace placé 19

SOURCE Redessin personnel de la Tremaine House. http://designaddicts.com. au/platform/2012/06/18/ kaufmann-desert-houseby-richard-neutra-1947-isfor-sale/?lang=fr LÉGENDE Gloriette avec la cheminée en pierre d’Utah qui se prolonge à l’extérieur, véritable espace demande dehors. 13

Passage qui relie l’aile des invités au salon, à l’origine il y avait un patio protégé. 14

Schéma des espaces tampons, qui marquent la limite entre l’intérieur et l’extérieur. Blanc : intérieur Gris clair : extérieur Gris foncé : espaces en limite entre l’intérieur et l’extérieur On observe que les espaces de limites très présent dans ce projet et particulièrement au sud, ils permettent de circuler dans les différentes ailes de la maison tout en étant protégé du soleil. Échelle 1/500 15

au dessus du salon accessible depuis un escalier extérieur. « il s’agit du petit volume couronnant la maison »8 d’après les mots de Neutra. Cet endroit est protégé non pas par des murs mais par des lames de métal, des persiennes, qui permettent de se protéger du vent et du soleil tout en étant directement dehors. Cet espace est un belvédère sur la maison qui permet de contempler le paysage, c’est donc dans son principe que cet espace propose à nouveau de dissiper cette limite entre l’intérieur et l’extérieur. Il reprend l’idée des terrasses sur le toit, des Pueblos du Nouveau Mexique et d’Arizona (il admirait leur technique de construction qui résistaient à des climats arides.)

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. 8

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Dans le même principe on retrouve les passages couverts extérieurs et les patios. Ce sont là aussi des espaces tampons entre l’intérieur et extérieur. Ils relient les pièces des extrémités au centre de la maison, c’est un moment à part où l’on passe de l’intérieur à l’extérieur. Cet espace protège la personne par un porte-à-faux qui vient faire de l’ombre, par des persiennes en métal et pour le cas du patio au nord il l’accompagne d’un bassin de nymphéa pour rafraîchir lors des passages. Ces espaces permettent de rafraîchir la maison car ce sont aussi des brises soleil, ils permettent à la maison de s’auto-ventiller. L’habitant à toujours l’impression d’être dehors ce qui permet une vrai intégration dans cet environnement proche ou en limite. «Comme d’habitude, la limite entre le dedans et le dehors est abolie, mais ici dans la Desert House, de manières diverses et particulièrement raffinées»9

SOURCE http://designaddicts.com. au/platform/2012/06/18/ kaufmann-desert-houseby-richard-neutra-1947-isfor-sale/?lang=fr LÉGENDE Intérieur de la chambre parentale avec le rideau qui suis le mobilier et s’intègre dans le plafond. On voit aussi le mobilier bas dans les tons chaud et matériaux bois. 16

Galerie qui arrive de la chambre parentale pour rejoindre le salon, on peut voir la galerie couverte qui amène à l’aile des invités. 17

Vue depuis le salon sur le port à faux qui prolonge l’intérieur du salon en terrasse extérieur couverte, le sol et le plafond ont les mêmes couleurs et donne un impression de continuité. 18

Environnement intérieur L’espace intérieur parfois très dissipé dans l’espace semi intérieur et extérieur à plusieurs stratégies qui permettent à la maison de s’intégrer dans son site. Comme dans le jardin Richard Neutra a choisi une flore adaptée à l’environnement par ses couleurs, les matériaux choisis sont en rapport avec l’environnement extérieur de la maison. Par exemple l’architecte a utilisé de la pierre claire montée à sec qu’il appelle « Utah des Kaufmann ». Elle a une couleur douce qui s’accorde bien avec les couleurs des autres matériaux tel que l’acier, le verre, le plâtre blanc et le bois. Ce matériaux naturel est aussi une manière de faire correspondre l’intérieur avec les pierres de l’extérieur plutôt claires elles aussi.

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Pour le système structurel de la maison, le but était de minimiser le nombre de supports verticaux, ce qui permet d’avoir beaucoup d’ouverture sur le paysage depuis l’intérieur, pour cela il a réalisé un mélange de bois et d’acier pour la structure. C’est par sa connaissance sur l’acier, qu’il s’est faite lors de ses expériences professionnelles à Chicago, ainsi que la construction américaine essentiellement en bois, qu’il a trouver un assemblage très efficace. L’espace intérieur s’intègre facilement avec son environnement par de simples idées comme par avec le mobilier. Richard Neutra a volontairement choisi et placé des meubles bas, en ce qui concerne les meubles haut, ils ne touchent pas le plafond ce qui permet d’avoir une continuité dans les espaces et une lumière qui se propage facilement au plafond. « Le soffite surbaissé de l’intérieur du séjour fait que le plafond est balayé de lumière ».10 De plus, le choix des couleurs du mobilier est important, les couleurs sont toutes dans la même gammes et se rapprochent de celles du site, de la nature environnante. C’est à dire les ton crème, blanc cassé, vert, argenté et plusieurs sortes de bois. Le mobilier est volontairement placé au centre des pièces ou dans l’alignement, par exemple pour le salon et la salle à manger les 23

SOURCE Photographie prise du livre, Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 185. LÉGENDE Vue d’une des salles de bain, présence d’un miroit en angle droit avec la fenêtre, on voit le reflet de la nature dans le miroirs. 19

meubles sont alignés avec la cheminée pour libérer les espaces de circulations et s’ouvrir sur le paysage pour avoir ce sentiment d’être totalement dehors. Parmi le mobilier il y en a un avec qui il a une relation particulière, c’est le miroirs. « Neutra se servait de miroirs presqu’aussi souvent que la peinture argent, ce que l’on rattache habituellement à son goût pour les surfaces brillantes comme le verre, le metal et l’eau.»11 Dans la maison Kaufmann et dans bien d’autre il place le miroir au-dessus du niveau de la tête, à l’angle droit avec une fenêtre, ce stratagème permet de voir dehors, les arbres et le ciel, tout en regardant dedans.

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Vue depuis la salle à manger avec la galerie de la suite parentale à gauche et le salon à droite. Au centre on retrouve la cheminée en pierre d’Utah qui se prolonge jusque dans la gloriette. 20

SOURCES<< Susan Chamberlin, Tremaine Garden: A Mid-Century Modern Classic, octobre 2001, [en ligne] Adresse URL http://www.pacifichorti culture.org/articles/ tremaine-garden-a-midcentury-modern-classic/ Photographies de Russell Beatty http://www.archigraphie. eu/ LÉGENDE Photographie de la Tremaine House, vues du sud depuis le bas du terrain, on peut voir la végétation luxuriante. 1

Photographie de la Tremaine House, vues du sud depuis le bas du terrain, on peut voir la végétation luxuriante. 2

Photographie aérienne de la maison, prise à partir de google map. 3

Plan d’origine de la maison.

II - TREMAINE HOUSE «Par contraste, la Tremaine House de Santa Barbara se fond complètement dans sont site à l’ombre d’immenses chênes. La critique Ester McCoy écrivit que cette maison, conçue au même moment que la Kaufmann House «parachevait les recherches de Neutra sur l’esprit du pavillon». Alors que la Kaufmann House est une composition compliquée, la Tremaine House semble jouer sur une note plus pure.»1 La Tremaine House a un site très particulier, il est proche de la mer, isolé et planté de chênes sur plus de deux hectares,de plus, le terrain a une pente assez marquée. C’est une maison plutôt discrète où l’on aperçoit uniquement les extrémités des poutres blanches et un grand mur de pierre depuis la façade sur rue.

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Jusqu’en 1940 Neutra va essentiellement travailler avec l’acier, il va finir par réutiliser le béton et ce projet, la Tremaine House, est l’une de ses maisons les plus remarquable en béton. C’est aussi l’une des maison où Richard Neutra a le plus participé, il a sélectionné le mobilier, les couleurs des pièces, dessiné du mobilier spécial pour la maison, c’est pour l’architecte la maison qui a été une de ses plus grande expérience de création.« L’union entre l’expression architecturale et le système structural fait de cette maison une œuvre unique dans la carrière de Neutra »2

À l’opposé de la Kaufmann House, la Tremaine House a été pensée comme la résidence principale d’un couple et de leurs trois enfants. La maison a aussi un plan en croix mais plus centralisé et connecté entre toutes les ailes. Les propriétaires souhaitaient plus de contact entre les différentes pièces, Neutra a donc fait des espaces qui s’entremêlent et peuvent être réorganisé au besoin par des cloisons coulissantes en bois et verre. Cette maison comme tout le travail de Richard Neutra, fait parti du mouvement moderniste mais elle a été la première à donner autant 27

SOURCE Redessin personnel de la Tremaine House. LÉGENDE Schéma du Plan en croix deTremaine House, la croix est plus centralisée, soit les ailes plus facilement accessible. Échelle 1/500

d’importance au lien entre le jardin, qui était une vrai création, et la maison une prouesse architecturale. À l’époque il était révolutionnaire de réussir une si belle intégration dans un environnement comme celui là.

Schéma des espaces exterieurs et intérieurs de la maison. Blanc : intérieur Gris : extérieur On observe que les espaces intérieurs sont entourés par la nature sur deux façades, soit nord/ sud soit est / ouest. Échelle 1/500

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Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 205. 4

Environnement lointain

Susan Chamberlin, Tremaine Garden: A Mid-Century Modern Classic, octobre 2001, [en ligne] Adresse URL http://www. pacifichorti culture.org/articles/ tremaine-garden-amid-century-modernclassic/ 5

«Neutra à écrit quelques pages très sensibles sur le génie de ce lieu dans «Mystery and Realities of the Sites» et il est impossible de ne pas être frappé par sa présence ensocelante».3 Ce projet, assez emblématique du travail de Richard Neutra, est l’exemple même d’une intégration dans le site réussi. Avant même d’arriver à la maison le chemin d’accès est envoûtant, il est ombragé d’une série de chênes californiens, «les seules sensations sont l’odeur de l’océan et le bruissement des feuilles de chêne. Le terrain est ponctué « d’énorme bloccs de pierre tels des sculptures d’Arp» avait noté Neutra».4 L’un des points essentiels de la maison est son jardin, un travail long et méticuleux, conçu par l’architecte paysagiste de Santa Barbara Ralph T. Stevens, un an après que la maison fut achevée. Le site d’origine fait plus de 2,5 hectares, il est planté de chênes et est très pentu vers le nord. Richard Neutra a donc dû travailler en consultation avec Forest, un organisme qui s’est occupé de faire des enquêtes sur le site afin d’examiner les arbres existants. Richard Neutra avait donc dès le début une contrainte énorme avec le site. Il fallait faire les plans de la maison en fonction des arbres à conserver soit du site. C’est déjà une première étape dans l’intégration de la maison dans son environnement que de le respecter. «Plutôt que de dégager le site de sa végétation de sorte que le bâtiment semble comme un objet sculptural vierge (comme il était typique de faire dans le mouvement modernisme à l’époque), les

SOURCES Susan Chamberlin, Tremaine Garden: A Mid-Century Modern Classic, octobre 2001, [en ligne] Adresse URL http://www.pacifichorti culture.org/articles/ tremaine-garden-a-midcentury-modern-classic/ Photographies de Russell Beatty http://friendsofsdarch. photoshelter.com/image/ I0000yahuotZdQ2I http://friendsofsdarch. photoshelter.com/galleryimage/Richard-Neutra/ G0000FHtBGo0tCBc/ I00009MoXkBQCVT8 LÉGENDE 7

Vue de la terrasse.

Vue de la chambre depuis le jardin, l’arbre à droite a du être conservé il était déjà sur le terrain, il a influencé la forme de la maison. 8

Vue de la maison depuis la rue, le volume à droite est l’entrée du garage et le volume à gauche est l’entrée de la maison. Là aussi la maison est envahi par la nature. 9

Vue du jardin depuis la bas du terrain, à droite la galerie d’art et sur son toit la terrasse. On peut voir une nature débordante et la maison à gauche qui dépasse à peine. 10

arbres ont été utilisés pour embrasser et même faire un écran à la maison.»5 La Tremaine House a elle aussi un plan en croix ce qui permet d’avoir plusieurs jardins associés à des pièces, c’est le travail qu’a réalisé Ralph T. Stevens de personnaliser ces jardins suivant la fonction de la pièce. Par exemple le salon est ouvert sur le grand paysage et a une vue sur la mer, les montagnes et le jardin en contre bas. Du côté de « la pièce de divertissement » c’est plutôt une prairie accompagnée de la piscine. Les chambres quant à elles sont plongées dans une nature verdoyante et chargés, la chambre parentale a la vue sur les montagnes. La maison semble encore plus enfoncée dans la nature ce qui est dû à la conservation de plusieurs arbres assez haut et du remblais. «L’intégration de la maison dans le grand paysage et même déjà dans le terrain, a été une vraie étape de la maison. Le terrain est montagneux et en pente, il a donc fallu faire plusieurs remblais ce qui permet à la maison d’avoir des terrasses à différents niveau et de pouvoir placer la nature tout autour de la maison.»6

Susan Chamberlin, Tremaine Garden: A Mid-Century Modern Classic, octobre 2001, [en ligne] Adresse URL http://www. pacifichorti culture.org/articles/ tremaine-garden-amid-century-modernclassic/ 6

En effet, ce remblais a permis de réaliser une galerie d’art au niveau bas et d’utiliser la toiture de celle-ci comme une terrasse au niveau de la maison, lorsque le remblais est végétalisé il déborde de plantes de la flore californienne tel que de l’aloès, des yuccas, des agaves, des Kleinia Spiky bleu des sortes de plantes grasses colorés et ce qui ressemble à de la mousse verte du zoysia. Les plantes ne sont pas les seuls éléments qui ont permis à la maison de s’intégrer dans ce site, Neutra a utilisé pour les marches de l’escalier extérieur qui mène à la maison, du grès, la roche sur laquelle la maison est installée et en a placé aussi dans le jardin. C’est une roche très présente dans la région de Santa Barbara où se trouve la maison. En plus de s’intégrer à son site direct, la maison est orienté vers l’océan et les montagnes, elle est ainsi ouverte sur le grand paysage. A l’opposé de la Kaufmann House la Tremaine House n’essaye pas de se fondre dans le paysage mais plutôt de se laisser recouvrir et de 31

SOURCE https://fansinaflashbulb. wordpress com/2010/04/ 30/julius-shulman/ LÉGENDE Vue depuis la terrasse dans le salon. 11

se dissimuler dans la végétation abondante. On peut l’observer par la différence de couleur et de matériaux entre le béton blanc, qui est bien plus voyant, et la fine structure d’acier peinte d’une couleur argenté qui permet de mieux se dissimuler. La stratégie est différente mais le site joue un rôle très important. Les deux sites s’opposent, l’un est dans les bad-lands où la nature est désertique et rocailleux et l’autre est sur une colline verdoyante plantée de chênes face à l’océan.

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 63. 7

Vue depuis l’intérieur du salon sur la terrasse. 12

Vue entre les persiennes et les fenêtres du salon, espace de transition.

Environnement proche ou en limite

Vue depuis la terrasse des persiennes et du porte à faux de la toiture.

L’intégration de la maison dans son site passe aussi par les transitions entre l’espace extérieur et l’espace intérieur, encore une fois Richard Neutra utilise des dispositifs architecturaux pour créer ces espaces en limite.

C’est tout d’abord par la structure qui fonction par «Un ensemble de piller de béton supportant les longues poutres frontales, sur lesquelles reposent des traverses en porte à faux qui à leur tour soutiennent un toit extrêmement mince. Le tout en béton armé pour luter contre le feux de forêt que cette structure permet une ventilation continue et une lumière ambiante.»7 Cette structure permet par son porte à faux d’abriter une partie des terrasses qui entourent la maison. On peut donner l’exemple de la grande terrasse de 17 mètres de long du côté du salon, qui vient prolonger l’espace intérieur avec l’aide de la toiture. Pour permettre une continuité visuelle entre l’intérieur et l’extérieur, la terrasse est en terrazzo comme le sol intérieur. De plus, le chauffage central est intégré dans le sol de la maison ainsi que dans celui de la terrasse et ce jusqu’à son extrémité. C’est donc jusque dans les sensations que Richard Neutra cherche à dissiper la différence entre l’espace intérieur et extérieur pour une meilleur intégration. Sur la façade ouest proche du salon, on retrouve les mêmes types 33

d’aménagements avec en plus un dispositif verticales. Ce sont les persiennes pivotantes en noyer, elles permettent d’agrandir l’espace intérieur vers l’extérieur grâce à leur emplacement en limite du porte à faux ce qui crée un espace «dedans/dehors.» Proche des chambres ont trouve un passage couvert par la galerie d’art, cet espace amène à un jardin particulier planté de fougère. C’est un des jardins que les Tremaine on souhaité planté de fougère pour apporté de la fraicheur et un ombrage particulier dans la maison. Par cet exemple on comprend bien que l’intérieur de la maison fonctionne avec l’extérieur, les jardins.

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 205 8

Redessin personnel de la Tremaine House. LÉGENDE Vue depuis l’intérieur de la maison, à droite les fenêtres ouvertes sur le jardin et au centre des plantes qui rappellent je jardin. 15

Vue depuis l’intérieur de la maison, on voit la salle à manger à droite et les fenêtres à gauche qui donne sur la terrasse. 16

Schéma des espaces tampons, qui marquent la limite entre l’intérieur et l’extérieur Blanc : intérieur Gris clair : extérieur Gris foncé : espaces en limite entre l’intérieur et l’extérieur. On observe que les espaces de limites sont très présent dans ce projet et ils entourent pratiquement toute la maison. Échelle 1/500 17

Environnement intérieur Richard Neutra a pour ce projet beaucoup participé à l’aménagement intérieur et surement trop pour les propriétaires, qui ne considéraient plus vraiment cette maison comme «leur» foyer. Mise à part cette forte présence de l’architecte dans ce projet, son travail sur l’intérieur de la maison a été fait dans un objectif d’uniformisation des espaces et de son intégration dans le site. Neutra a pensé l’intérieur de la maison par les choix bien précis de tous les matériaux, les couleurs, les formes et même les retouches à faire sur le mobilier du commerce. En ce qui concerne le choix des matériaux, il a utilisé beaucoup de bois comme pour les lames en noyer extérieures, de l’aluminium comme dans pratiquement tous ses projet pour les châssis des fenêtres et de la pierre comme celle du jardin. «Neutra a choisi (...) une pierre locale pour monter les murs et créer un jeu de textures. Pas de plâtre dans la maison. Tous les châssis des ouvertures sont en aluminium, posés le plus soigneusement sur les piliers de béton».8 Pour le mobilier il a dessiné spécialement la chaise «Boomerangue» qui est toujours en bois dans les mêmes tons que le bois extérieur et intérieur, ce mobilier sert de salon pour la maison mais aussi pour 35

SOURCE Susan Chamberlin, Tremaine Garden: A Mid-Century Modern Classic, octobre 2001, [en ligne] Adresse URL http://www. pacifichorticulture.org/ articles/tremaine-gardena-mid-century-modernclassic/ LÉGENDE Vue depuis l’angle de la fenêtre de la suite parentale on voit très bien comme la chambre baigne dans la nature. 18

Vue depuis l’intérieur de la maison, la salon avec le poteau en acier inoxydable. 19

l’extérieur, il est accordé avec les autres meubles de la maison pour une question d’uniformité. C’est la même idée pour la table basse et les chaises «Camel». La structure de la maison ne suit plus une tram bien précise comme la Kaufmann House, elle est beaucoup plus libéré de cette contrainte et se permet pour répondre aux problèmes structurels de placer des piliers porteurs en acier inoxydable. Il y a l’exemple de celui placé à l’angle sud- est de la salle de séjour, il permettait selon, Richard Neutra, de dématérialiser la colonne afin que le regard tourne autour d’elle et réunisse les volumes au lieu de les séparer. Par la même occasion des solutions structurelles permettaient d’être plus ouvert sur le paysage et donc de laisser entrer la nature dans la maison. C’est par exemple le cas dans la chambre parentale, la nature entre facilement grâce à des fenêtres d’angles basses sans châssis d’angle, c’est simplement un joint qui réunie ces deux grandes parois de verre, il n’y a pas de murs qui vient couper l’angle de vue ni de poteau. « La chambre principale est particulièrement impressionnante car le niveau du sol monte presque jusqu’à l’appui des fenêtres, créant une vision vivante et fortement présente d’une nature vibrante sous le soleil»9

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 205 9

SOURCE [en ligne] Adresse URL http://esotericsurvey. blogspot.dk/2013/05/ csh-20-neutra.html Archigraphie, Problématiques et solutions-rapport au site, [en ligne] Adresse URL http://www.archi graphie.eu/?page_id=215 LÉGENDE Vue d’ensemble de la maison depuis le Nordouest, c’est l’entrée de la maison. 1

Croquis de la maison dessiné Richard Neutra. 2

Plan d’origine avec extension de la Case Study House # 20.

III - BAILEY HOUSE OU CASE STUDY HOUSE #20 Avant d’être la Bailey House, ce projet était plus connu sous le nom de Case Study House # 20. C’est en 1945 que Richard Neutra va participer au programme des Case Study Houses1 lancé par John Entenza. Cette maison, plutôt modeste en comparaison aux deux précédentes, est située sur un terrain de 2,5 hectares de prairies et de bois donnant sur l’Océan Pacifique, le terrain est partagé avec d’autres CSH du programme. John Entenza était le propriétaire du terrain. Finalement c’est Stuart Bailey un jeune père de famille trentenaire, à l’époque, qui va acheté une parcelle de terrain avec sa femme et leur enfant. Les nouveaux propriétaires étaient intéressés par la maison aussi pour son attrait financier. En effet, le programme avait permis de standardiser certaines pièces et équipements ce qui réduisait considérablement le prix du projet.

Voir la Note Supplémentaire page 48-49. Résumé sur le Case Study House programme. 1

Archigraphie, Problématiques et solutions-rapport au site, [en ligne] Adresse URL http:// www.archi graphie.eu/?page_ id=215 2

La maison bien plus petite que la Kaufmann House et la Tremaine House, elle a un plan en L avec la salle à manger et le séjour orientés vers le sud et ouvert sur un patio «social» délimité par des Eucalyptus géants. Les deux chambres ont leurs propre jardin privatif ouvert sur l’ouest. La structure de la maison est construite à partir d’un système classique poteaux et poutres en bois, acier et verre. «La tram de la maison plutôt étroite, permet de ménager un ensemble de continuités et de transparences au travers du projet. Elle autorise également le détachement des éléments.»2 Le système structurel n’est pas mis en avant dans le projet, la structure n’a de présence ni forte, ni rythmique. Richard Neutra souhaitait vraiment dans ce projet travailler sur l’espace et non la structure. L’architecte avait pensé la maison pour qu’elle puisse accueillir des extensions pour les futurs enfants et suivant les nouveaux moyens de la famille. Richard Neutra va finalement ajouter deux extensions à la maison, l’une en 1950 et l’autre en 1958. 39

SOURCES [en ligne] Adresse URL http://esotericsurvey. blogspot.dk/2013/05/ csh-20-neutra.html Pintereset, https://www. pinterest.com /search/pins/?q= CASE%20STUDY Blogspot, http:// pc.blogspot.fr/2013/11/ baily-house-by-richardneutra.html Redessin personnel de la Bailey House. LÉGENDE Vue depuis le sud sur le jardin avec au premier plan la piscine et au second plan la maison en forme de L.

Richard Neutra a dans sa carrière réalisé des villas luxueuses pour des propriétaires fortuné, les terrains étaient souvent grandioses, généreux et de taille considérable, l’intégration dans ces sites pouvait se faire plus facilement et il y avait peu de contraintes. Avec cette participation au CSH Neutra montre que son architecture n’est pas uniquement pour les plus aisés et que le fait d’avoir un petit budget, un terrain plus restreint et une maison plus compacte n’est pas un problème pour lui mais plutôt une belle occasion. Avec ce projet de Case Study House, l’architecte réussi à faire une petite maison extensible avec le temps, qui est raisonnable dans son prix et s’intègre encore une fois avec subtilité dans son environnement. Cette maison a moins d’éléments esthétique et superflue qui font qu’elle s’intègre parfaitement dans son site mais elle réussi tout de même à s’intégrer et plutôt simplement.

Vue depuis l’ouest, on voit le mur en pierre qui est en fait le foyer de la cheminée.

Environnement lointain

Schéma des espaces exterieurs et intérieurs de la maison. Blanc : intérieur Gris : extérieur On observe que les espaces sont plutôt entourés par la nature. Échelle 1/500 6

Malgré le peu de moyen, le site est magnifique, c’est un terrain boisé, planté d’eucalyptus géants, avec la vue qui surplombe l’Océan Pacifique. Ce site a donc déjà une grande qualité c’est qu’il n’a pas besoin d’être aménagé, la maison peut être construite au milieu de ces immenses arbres qui viendront lui faire un peu d’ombre. Ce site a une gamme de couleur précise avec ces eucalyptus, c’est à dire des coloris naturel autour du vert, du marron, en passant par le blanc cassé, des tons que l’on va retrouver aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison. Par rapport à ces coloris et aussi par rapport à une économie de moyens, Neutra a choisi de faire une structure apparente en bois et acier. Le bois est donc apparent ce qui permet à la maison de s’intégrer parfaitement dans ce site boisé. Le deuxième éléments visible depuis l’extérieur dans le paysage c’est la cheminée en brique qui dépasse de la toiture. Cet élément plutôt 41

SOURCES Blogspot, http:// pc.blogspot.fr/2013/11/ baily-house-by-richardneutra.html Redessin personnel de la Bailey House. LÉGENDE Vue de haut du garage. 7

Vue du nord est, séjour. 8

Schéma du plan en L de la maison. Échelle 1/1000 9

minéral et donc naturel vient s’intégrer dans les coloris jaune orangé de la roche existante sur le site. De manière générale la maison s’intègre dans ce paysage aisément car elle à pratiquement toutes ses façades ouvertes sur le paysages. « Si elle n’offre qu’une façade modeste sur la rue, elle s’ouvre vers l’arrière sur un jardin par de vastes parois de verre coulissantes, créant un lien visuel et spatial direct entre les pièces de séjour, les chambres et l’extérieur.»3 Le seul aspect fermé et massif qui fait écran à la nature reste la cheminée ou les quelques murs en bois. Les immenses baies coulissantes permettent une ouverture très généreuse et une maison traversante. On peut lire comme deux dalles suspendues au milieu des arbres. Les porte à faux de toiture permettent d’augmenter ce sentiment de transparence. «Ce que j’aime dans cette maison, commentait récemment le Dr Bailey en montrant les arbres derrière les murs de verre, c’est qu’il n’y a pas de maison.»4

Elisabeth A.T. Smith, Case Study Houses — 1945 -1966 l’impulsion califorienne, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. Page 42. 3

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. Page 69. 4

Environnement proche ou en limite Cette Case Study House reprend les éléments caractéristiques du travail de Neutra dans ses espaces en limite, dedans/dehors. Par exemple, l’ensemble de la toiture est en porte à faux ce qui crée toute autour de la maison une galerie couverte mais extérieure en lien direct avec la nature. Cette galerie à pour fonction de protéger du soleil, et Neutra a comme dans d’autres projet placé des éclairages dans cette toiture ce qui permet de dissiper la limite entre l’espace intérieur et l’espace extérieur. Ce sont ces éléments que l’on retrouve automatiquement dans les villas ou même les projets publics de Neutra quelque soit la taille du projet. L’une des caractéristiques manquante, en revanche, est la relation avec l’eau, il n’y a pas de miroirs réflecteur ou de piscine, le seul lien 43

SOURCES Blogspot, http:// pc.blogspot.fr/2013/11/ baily-house-by-richardneutra.html Pintereset, https://www. pinterest.com /search/pins/?q= CASE%20STUDY Redessin personnel de la Bailey House. LÉGENDE Vue vers le «patio de récéption» 10

Vue sud est, séjour.

et qui est peut être le plus logique et naturel est la vue sur l’Océan Pacifique. Par économie de moyen et pour une question structurelle les châssis des fenêtres ne sont pas inclus dans le plafond mais dans la poutre qui vient marquer une limite entre l’intérieur et l’extérieur de la maison. Malgré cela Neutra a tout de même utilisé un système de baies coulissantes impressionnant par sa taille, pour oublier cette limite. Il y a trois grandes baies vitrées de 3,60 mètres de large par 2,40 mètres de haut en acier, elles permettent d’ouvrir totalement le séjour sur la terrasse et donc sur l’extérieur directement dans les eucalyptus géants. On comprend que ce projet n’était pas l’occasion d’éblouir les stars Hollywoodiennes comme la Kaufmann House, mais plutôt de convaincre la classe moyenne ou moins fortunée, qu’il était possible de créer des espaces architecturalement beaux et qui s’intègre dans son environnement avec peu de moyen. Neutra l’expliquait à travers, par exemple, la fabrication de pièces standardisées comme ici les baies vitrées, ou par le regroupement d’équipements comme le chauffage et la plomberie qu’ils achetaient pour plusieurs maison réduisait largement les coûts. Plus qu’une réponse à un programme, Neutra montre à quel point l’architecture moderne peut être une solution pour l’ensemble de la population.

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 197. 5

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. Page 68. 6

Dans cette CSH Neutra a travaillé sur un système de plan particulier «la maison à quatre cours», ce qui permet à chaque pièce d’avoir un espace extérieur attribué et donc une relation directe et intime avec l’environnement. «-Les quatre cours- extérieur étaient consacrées à la réception, aux enfants, aux repas et au travail, ce qui doublait en fait la taille de la maison»5 Ces espaces extérieurs sont finalement vue comme des vrais espaces donc ils deviennent une continuité de l’intérieur. Ce principe fort représente bien le rapport important qu’entretient Richard Neutra avec la nature. Par cet exemple on comprend que « Sa recherche concernait l’espace, non la structure»6 à l’opposé de plusieurs participant au programme CSH.

SOURCE Blogspot, http:// pc.blogspot.fr/2013/11/ baily-house-by-richardneutra.html LÉGENDE Vue depuis la chambre parentale. 13

Vue depuis la chambre de l’enfant. 14

Vue depuis la cuisine.

Environnement intérieur Neutra a fait dans cette maison, comme dans la Tremaine House, un gros travail d’aménagement intérieur. Tous les placards, les portes, les poteaux, la structure apparente et le mobilier sont en bois comme son apparence expérience. Ce choix esthétique permet à la maison de ne pas attirer l’œil sur son mobilier depuis l’extérieur et ainsi laisser la maison se fondre dans le paysage. Neutra insistât sur cette caractéristique que monsieur Bailey remettait en question. «-M. Bailey, les placards doivent rester discrets. Si vous les peignez en blanc, je retirerai mon nom de ce projet.- Ils restèrent brun foncé.»7

Communication entre Richard Neutra et le propriétaire Mr Bailey. Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. 7

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 53. 8

La maison a un rapport au sol particulier, il y a une terrasse du côté du séjour, mais pour ce qui est du traitement du sol, la nature prend le dessus, il y a simplement une petite dalle par endroit qui déborde pour marquer une entrée devant une porte fenêtre, sinon c’est une plinthe, celle du châssis de la fenêtre marque la limite avec l’extérieur. Le sol est uni dans toute la maison, dans une matière plutôt minéral ce qui permet de faire une continuité naturelle avec le jardin. Dans chacune des pièces la plus grande part des murs sont vitrés, ils deviennent alors transparent et on a le sentiment d’être totalement dehors. Pour que la nature reste dans le champs de vision Neutra plaça la cheminée entre des parois de verres. «Neutra déplaça même les cheminées du centre de la maison vers le dehors, comme pour la faire participer au glissement de l’espace vers le terrain environnant. Les cheminées sont souvent disposées perpendiculairement à une paroi de verre pour que la nature reste toujours visible.» 8

NOTE SUPPLÉMENTAIRE Le programme Case Sudy Houses - 1945

Résumé du chapitre, Case Studies du livre : Peter Gössel et Gabrielle Leuthäuser, Architecture du XXeme siècle, Hozenzollernring, Taschen, 2001, 448 pages. C’est à Los Angeles, Après la seconde guerre mondiale, qu’une période de grand boom industriel, l’un des plus grand de son histoire, permet à la ville d’évoluer très rapidement. Los Angeles accueille des centaines de milliers de personnes, il faut donc réorganiser le ville et proposer plus de logement en très grand nombre. Ce besoin rapide de logement entraine la réorganisation de la circulation ce qui crée en parallèle de nouveaux lotissements. Tout 48

SOURCE Elisabeth A.T. Smith, Case Study Houses — 1945 -1966 l’impulsion califorienne, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. LÉGENDE Carte de Los Angeles et ses alentours avec emplacement des Cases Study Houses 1

va tellement vite que ces immenses lotissements sont « lamentables et monotones » tous en longues rangée les uns semblables aux autres. C’est donc à ce moment là, qu’une nouvelle génération va s’inquiéter de l’avenir de l’architecture. Elle a une vision plus sociale de l’architecture, elle pense que celle-ci est un élément essentiel de l’urbanisme moderne. Cette génération de personnes ne se réfère pas à un idéal de villa, comme le fait Le Corbusier avec « la villa radieuse » ou comme le fait Franck Lloyd Wright avec « broadacre city », mais voit l’habitation comme Ludwig Mies Van Der Rohe, c’est à dire : une ossature métallique, des plans d’ensemble transformable, une habitation ouverte et vaste. Comme le service public ne s’en ai pas chargé c’est un homme très engagé dans l’architecture qui va organiser le « Case Study House Program » en janvier 1945. C’est John Entenza, propriétaire du magasine « Arts & Architecture ». Très rapidement des maisons sont publiées et des prototypes construits, le publics s’y intéresse beaucoup et ils sont nombreux à visiter. À ce moment là c’est ce qui ce construit de mieux en Californie. Les maisons avaient pour caractéristique « de se détourner de la route et s’ouvraient sur des cours intérieures à l’abri des regards, sans perdre leur lien avec le paysage ». Les cuisines avaient une importance et un rôle totalement différents car elle n’étaient plus dans une petite pièce éloignée mais ouverte, intégré au salon, séjour, soit dans l’espace d’habitation. Au niveau de la construction, de nombreux éléments de construction standardisés furent développés et ils utilisèrent des semi-produits industriels et commercialisées. À cette période de nombreux architectes très doués réussir à faire de vraies projets à partir de ce « Case Study House Program ». On parlera de Craig Ellwood, Raphael Soriano, Pierre Koenig et donc de Richard Neutra. 49

SOURCE CASA BUCERIUS de Richard Neutra, http:// www.despiertaymira. com/index.php/2013/01/ casa-bucerius/ LÉGENDE Bucerius House, Navegna, Tessin, Suisse. 1

CONCLUSION Une citation résume assez bien le travail de Richard Neutra dans le rapport qu’il souhaite entretenir avec la nature dans ses projets de villas «Neutra créa un nouveau type de villa qui fut très imité: les bâtiments clairs et bas, dont les vitrages spacieux, les réflecteurs solaires marquants et les murs-miroirs placés de manière avisée laissent la nature entrer subtilement à l’intérieur de l’habitat. Les entrées restent sobres et sans grande recherche architecturale; mais si l’on ouvre la porte discrète et souvent cachée, le regard traverse l’habitation et retrouve le paysage au travers de la paroi de verre qui lui fait face. Selon Neutra, on peut créer un «point d’encrage de l’âme» en incorporant l’architecture à l’environnement; le bonheur n’est possible que dans un lieu qui «porte toujours en lui une parcelle d’éternité».»1 Richard Neutra avait ses théories sur la nature, pour lui c’était dans le code génétique de l’homme que d’être en contact physique avec la nature, il a donc toujours exprimé ses théories dans son architecture et à l’écrit, comme dans son livre « Senses and the Setting». «La théorie2 expliquait pourquoi les hommes avaient besoin d’un contact physique avec la nature et l’extérieur, pourquoi ils devaient sentir le vent, voir l’eau, les nuages filant dans le ciel, et même pourquoi il possédaient un sens inné de l’horizontalité. Il n’est ainsi pas étonnant que l’architecture de Neutra réponde à ces préoccupations.»3 Ces trois exemples de maisons choisis parmi des centaines d’autres réalisées nous permettent de comprendre cette démarche d’intégrer par plusieurs dispositifs architecturaux, les maisons dans leur nature environnante. Ce n’est pas un effet de mode de l’époque au contraire, c’est simplement une caractéristique du travail de Richard Neutra, mais un raisonnement pensé à partir de théories comme celle du code génétique. Richard Neutra a toute sa vie cherché à théoriser cette idée qu’il avait de la nature, il l’a fait par la rédaction

Peter Gössel et Gabrielle Leuthäuser, Architecture du XXeme siècle, Hozenzollernring, Taschen, 2001, 448 pages. 1

Neutra acceptait l’hypotèse selon laquelle le code génétique de l’homme avait évolué à partir des savanes de l’est africain, vastes plaines ouvertes seulement ponctuées de quelques bouquets d’arbres. Cette hypothèse avait des conséquences dramatique pour la conception architecturale. Avant tout, les humains devaient être capable de s’orienter dans leur environnement, et pour ce faire avaient besoin de tous leur sens. Les horizons plats et les montagnes distantes, par exemple, leur permettaient de reconnaître des limites et stimulaient la cpacité à évaluer les distances.» Citation du livre: 2«

Barbara Mac Lamprecht,  Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. Page 45. 3

de ses livres4 et dans son architecture. On observe une évolution dans sa manière de penser l’architecture, la nature prend de plus en plus d’ampleur sur ses projets et la structure est de moins en moins rigide pour répondre aux aspects du site. Richard Neutra traduit son travail par le fait que la nature est nécessaire à l’homme et l’architecture est là pour permettre de lier l’homme à son environnement. L’architecte a pu entreprendre ce travail, de lien avec la nature dans son architecture grâce au fait d’être en Californie du Sud. C’est un climat doux et tropical ou il fait toute l’année un temps parfait, la question de l’isolation n’était alors pas posée.

« Senses and the Setting» «Nature Near» Édité en 1971 «Amerika»1930, «Mysteries and Realities of the Site» 1951, «Life and Shape» 1962. 4

Barbara Mac Lamprecht, Neutra, Hozenzollernring, Taschen, 2009, 96 pages. Page 87. 5

Comment Richard Neutra aurait pu exprimer son rapport si fort à la nature dans un lieu où le climat nécessite des contraintes de construction et d’isolation par exemple? On peut donner l’exemple de la Bucerius House à Navegna dans le Tessin en Suisse qu’il a réalisé en 1966. C’est l’une de ces dernières belles réalisation. Cette maison se trouve dans les Alpes Suisse où la neige vient recouvrir le jardin, cette maison et d’autre en Europe «on donné à l’architecte la possibilité de forger, avec des moyens extraordinaires, une relation beaucoup plus exigeante avec une «nature» nettement moins suave et même imprévisible, les Alpes suisses.» 5

BIOGRAPHIE 8 Avril 1892 Richard Neutra né à Vienne en Autriche. 1914 Il découvre les portfolios de Wasmuth de Franck Lloyd Wright, publiés en 1910. 1917 - 1919 Richard Neutra termine ses études et devient architecte. Il se rétablit de la malaria et de symptômes de la tuberculose dans une maison de convalescence à Stäfa, près de Zurich. Il va rencontrer Dione Niedermann qui deviendra son épouse. Il travaille chez Gustav Ammann un architectepaysagiste qui va lui apprendre beaucoup sur les plantes, les arbres et la relation au site. 1921 Il rejoint l’office municipal des travaux publics de Luckenwalde. Il devient l’architecte - assistant d’Erich Mendelsohn, qui l’emploie quelques temps à Berlin. 1922 Richard Neutra épouse Dione Niedermann avec qui il aura trois enfants, Franck (1924), Dion (1926) et Raymond (1939) 1923 Richard Neutra émigre aux Etats-Unis où Il travaille chez William Holabird et Martin Roche à Chicago. 1924 Il travaille brièvement chez Frank Lloyd Wright à Taliesin.

1926 Il va finalement s’installer définitivement en Californie et devient architecte indépendant, il travaillera un temps avec son compatriote Schindler notamment pour leur projet pour le concours de la Société des nations à Genève. Ils fondent le Group of Industry and Commerce, qui conçoit les appartements Jardinette, à Los Angeles.

1927-1929 Réalisation de la Lovell Health House, Los Angeles, Californie, la première maison à ossature complète et légère en acier construite en Amérique.

1929 Participation au CIAM2 où il est le représentant américain à Bruxelles. 1930 Il commence un tour du monde par le Japon où il visite la maison de Kees van der Leeuw. Il va à Berlin donner des conférences dans le bâtiment du syndicat des ouvriers construit par Mendelsohn. Il est invité par Ludwig Mies van der Rohe à enseigner au Bahaus de Dessau. Il rencontre Lyonel Feininger, Paul Klee, des théoriciens «gestalistes» et rencontre son mécène Cornelius can der Leeuw. C’est une année où « il avait été exposé à de nouveaux modes de pensée et pu affirmer le sien »3

1932 Première VDL Research House, la maison de famille de Neutra à Silver lake, Californie. Il est le seul architecte de la côte ouest à participer à l’exposition des travaux de R. Neutra à la plus célèbre exposition sur l’architecture moderne organisé à New York par le Museum of Modern Art. On retrouve aussi les architectes Mies van der Rohe, Oud, Gropius et le

Photo de la page de couverture du Time magasine de Août 1949. Source:Time, Richard J. Neutra - Aug. 15 1949, [en ligne] Adresse URL http: //content.time.com /time/ Les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne. Barbara Mac Lamprecht, Neutra complete work, Hozenzollernring, Taschen, 2010, 464 pages. 3

Corbusier. 1934-1935 Réalisation de la Beard house, Los Angeles, Californie, construite à partir du système Palmer un nouveau système structurel en acier utilisant des panneaux d’acier. 1937-1948 Il réalise plus d’une soixantaine de projets essentiellement des maisons et des appartements en Californie mais aussi des projets publics. 1947 la Kaufman Desert House, 1948 la Tremaine House et la Stuart Bailey House, la case study house # 20, 1948. 1949 Il fait la couverture du Time magasine. Jusqu’en 1969 Il est restera au sommet de son art et réalisera des dixaines de projets par ans voir plus. 16 avril 1970 Mort de Richard Neutra lors d’une visite en Europe. 1977 Attribution post mortem de la médaille d’or de l’American Institute of Architects, la plus haute récompense décernée par l’AIA.

Alessandra Coppa, Adolf Loos, 24 Ore Cultura, Pero, 2013, 120 pages. Andrew Kroll, Maisons Résidentiel Californie Béton Los Angeles Richard Neutra acier, AD architecture Classics, 18 JANVIER 2011, site URL : http://www.archdaily. com/104713/ad-classicslovell-house-richardneutra/ Archigraphie, Problématiques et solutions-rapport au site, [en ligne] Adresse URL http://www.archi graphie.eu/?page_id=215 Arthur Drexler et Thomas S.Hines, The architecture of Richard Neutra - From international style to California modern, The Museum of Modern Art, Library of Congress Catalogue Card, 1989, 114 pages. Art et Architecture,PDF des portfolio des CSH à l’époque.[en ligne] Adresse URL http://www. artsandarchitecture.com /index.html August Sarnitz, Loos, Hozenzollernring, Taschen, 2003, 96 pages. Barbara Mac Lamprecht, Neutra complete work, Hozenzollernring,Taschen, 2010, 464 pages.

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Quatrième de couverture 1

Peter Gössel et Gabrielle Leuthäuser, Architecture du XXeme siècle, Hozenzollernring, Taschen, 2001, 448 pages.

RÉSUMÉ «Neutra créa par exemple un nouveau type de villa qui fut très imité: les bâtiments clairs et bas, dont les vitrages spacieux, les réflecteurs solaires marquants et les mursmiroirs placés de manière avisée laissent la nature entrer subtilement à l’intérieur de l’habitat. Les entrées restent sobres et sans grande recherche architecturale; mais si l’on ouvre la porte discrète et souvent cachée, le regard traverse l’habitation et retrouve le paysage au travers de la paroi de verre qui lui fait face. Selon Neutra, on peut créer un «point d’encrage de l’âme» en incorporant l’architecture à l’environnement; le bonheur n’est possible que dans un lieu qui «porte toujours en lui une parcelle d’éternité».» 1 C’est à travers trois exemples de villas emblématiques du travail de Richard Neutra, La Kaufmann House, la Tremaine House et la Bailey House, que je souhaite montrer le lien permanent qu’il entretient avec la nature. L’architecte moderniste met tout en œuvre pour que son architecture soit en lien continue avec la nature. Pour que le projet s’intègre à son environnement direct, que la limite entre l’intérieur et l’extérieure de la villa soit dissipée, floue, et que l’intérieur se rattache aisément à la nature par ces couleurs ou ces matières.