ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MONTPELLIER
Mutations urbaines à Barcelone : de la réalité et de la fiction
A propos de La ville des Prodiges d’Eduardo MENDOZA
MÉMOIRE DE MASTER EN ARCHITECTURE PRÉSENTÉ PAR MME MANCERON ANNA SOUS LA DIRECTION DE M VIALA LAURENT
22 JANVIER 2020
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MONTPELLIER
Mutations urbaines à Barcelone : de la réalité et de la fiction A propos de La Ville des Prodiges d’Eduardo MENDOZA.
MÉMOIRE DE MASTER EN ARCHITECTURE PRÉSENTÉ PAR MME ANNA MANCERON
SOUS LA DIRECTION DE M. LAURENT VIALA
Jury ⎯ ⎯ ⎯ ⎯
M. Dominique CROZAT, Professeur d’université, Université Paul Valéry, Montpellier III Mme Hélène GUERIN, Maîtresse de conférences associée, ENSAM Mme Khedidja MAMOU, Maîtresse de conférences, ENSAM M. Laurent VIALA, Maître de conférences, ENSAM
22 janvier 2020
Remerciements
Je remercie VIALA Laurent, mon directeur de mémoire, qui a suivi mon travail depuis le commencement et à su me guider afin de mener ma recherche a bien. Je remercie ma famille et Loic pour leur soutien moral tout au long de ma recherche. Je remercie mes ami.e.s pour leur aide et leur regard qui m’a permis de faire évoluer cette recherche au fil des mois. Je remercie ma mère et Léo pour le temps qu’ils m’ont accordé et la rigueur dont ils ont fait preuve concernant la relecture de ma recherche.
Sommaire
Introduction
1. Grandes étapes de la transformation urbaine de Barcelone
9
15
1.1 La transformation urbaine de Barcelone : portrait d’une ville évolutive
17
1.1.1 De 1500 à 1850 : les évolutions d’une ville fortifiée
17
1.1.2 Le plan Cerda : prémices d’une métropole moderne
22
1.1.3 Barcelone au XXème siècle : une ville d’après les grands évènements
28
1.1.4 Naissance d’un nouveau mouvement architectural Catalan : émergence du
« modernismo »
30
1.2 La place des grands évènements dans la transformation d’une ville
34
1.2.1 Regards croisés : enjeux et évolution des modes de faire
34
1.2.2 Expositions Universelles et Jeux Olympiques
37
1.2.3 La naissances d’architectures « symboliques »
50
2. Les représentations de Barcelone dans la littérature
55
2.1 Barcelone comme nouvelle capitale littéraire
57
2.1.1 Les différents auteurs emblématiques de Barcelone
57
2.1.2 Les paysages de Barcelone : source d’inspiration du roman policier
60
2.1.3 Les mythes littéraires Barcelonais : des images qui lui colle à la peau
63
2.1.4 Une critique sociale omniprésente dans la littérature
2.2 Le Barcelone de Mendoza
67
70
2.2.1 Barcelone comme paysage littéraire de Mendoza
70
2.2.2 1888 : Une ville de progrès
74
2.2.3 1929 : Un ville construite et modelée par le pouvoir public
76
3. Le développement de Barcelone au prisme d’une critique sociale
81
3.1 Barcelone « ville des prodiges » : naissance d’un mythe ?
83
3.1.1 Evolution d’un personnage qui représente cette ville des prodiges
83
3.1.2 La dénonciation d’une société inégalitaire
85
3.1.3 Une vérité de tout temps grâce à une oeuvre picaresque ?
87
3.2 Des expositions et des lieux en héritage : Barcelone d’hier à aujourd’hui
88
3.2.1 Impact et modes de vies des Barcelonais entre 1888 et 1929
88
3.2.2 Le Barcelone supposée de Mendoza
91
3.2.3 Comment la ville continue d’évoluer de nos jours autour des vestiges de ses grands
évènements marquants ?
93
Conclusion
97
Bibliographie
101
Index des illustrations
104
Table des matières
105
Introduction Barcelone, considérée aujourd’hui comme étant la capitale de la Catalogne, évolue dans un cadre idéal. Entourée par la mer et la montagne, elle ne cesse de s’étendre depuis que ses murailles sont tombées entre 1854 et 1856. Des suites à de nombreuses évolutions des savoir- faire, qu’elles soient industrielles ou architecturales, la ville connaît une croissance démographique et économique si importante qu’elle se voit obligée de mettre en place dès 1857 un plan d’expansion urbaine. Le plan Cerda est l’impulsion urbaine dont la ville à besoin à ce moment- là pour s’ épanouir. Des suites de cette nouvelle respiration que la ville prend urbanistiquement parlant, Barcelone décide de se lancer dans l’organisation de grands évènements, qui par la suite auront un impact plus que majeur sur elle. Que ce soit d’un point de vue urbain ou par rapport à ses nouvelles relations extérieures. Barcelone veut devenir plus puissante.
Entre 1888 et 1929, qui sont les dates des deux expositions Universelles qu’elle organise,
Barcelone grandit, s’étend, voit naître de nouvelles infrastructures, fait appel à de nombreux architectes de renom afin de se moderniser d’un point de vue architecturale.
e nombreuses architectures que l’on
qualifie au ourd’hui de s mboliques ont vu le our à ce moment m me permettant à la ville d’au ourd’hui d’avoir un certain patrimoine et de continuer à faire vivre la mémoire de ses grands événements marquant.
u fait que arcelone propose un pa sage urbain si riche de nombreu auteurs de romans
en tous genres se sont servis de la ville pour faire vivre leur fiction et fa onner cette manière.
énéralement se sont des auteurs originaires de
arcelone à leur
arcelone m me qui se sont permis de
transmettre leur propre mémoire de la ville dans leurs romans tout en faisant na tre certains m thes littéraires, qui aujourd’hui continue d’avoir un impact sur l’image de Barcelone.
« L’analyse et la critique littéraire se prêtent particulièrement bien au motif de l’architecture. Les métaphores entre la littérature et l’architecture ne manquent pas : tel un architecte, un auteur est créateur de son oeuvre, il en conçoit les fondations, voit évoluer la structure de son travail, et finit par habiter, explicitement ou plus subtilement, le projet qu’il a formé ou qu’il voit se dérouler sous la plume. Que son ouvrage soit fictionnel ou autobiographique, l’auteur s’y investit en travaillant ou retravaillant des souvenirs, des fantasmes, des observations, des topoï ou des mythes connus de tous. » (HUGUENY-LEGER Elise, Littérature et architecture : construction, mémoire et imaginaires, revue édition littéraire, Volume 42, Numéro 1, 2011, p. 7–10)
Élise Hugueny-Léger
9
L’architecture et la littérature sont deux domaines intimement liés. Ils se nourrissent l’un de l’autre
pour pouvoir évoluer. L’architecture dans un premier temps a besoin d’être retranscrite à travers des mots pour pouvoir être perçu di éremment et perdurer dans le temps, alors que la littérature a besoin de ce cadre qu’o rent les di érents paysages urbains la ville qu’ils habitent pour permettre aux lecteurs de se projeter plus aisément, et donner un sens aux di érents écrits. La littérature, « si elle est un outil précieux de lecture et de compréhension des textes, l’architecture est aussi une thématique privilégiée des oeuvres littéraires : les motifs architecturaux (qu’il s’agisse de la ville, de l’immeuble ou de la cathédrale, qu’ils englobent le cosmique, l’imaginaire ou le concret) parsèment la littérature et sont souvent associés à des structures narratives ou poétiques subtilement façonnées. Par ailleurs, l’entreprise littéraire est apte à utiliser des métaphores de construction et de destruction pour proposer une certaine vision du monde »1 mais aussi pour donner une certaine image à la ville. En général ce sont les métropoles d’une certaines superficie qui sont les plus propices à tre e ploité par les auteurs principalement gr ce à leur histoire et à la mémoire collective qu’elles conservent. Barcelone, Londres, Madrid, Paris, … sont régulièrement thé tre d’oeuvres romanesques qui donne une tout autre image au villes que celle que l’on peut connaître.
Dans un premier temps ici la question était de voir comment est-ce que l’architecture pouvait
avoir un rôle majeur dans la littérature romancière. À la suite de multiples recherches, on a pu constater que plusieurs recherches sur la question avaient déjà été faites et que le plus intéressant était de tenter de voir comment est-ce qu’un auteur a réussi à faire perdurer la mémoire de certains grands événements d’une ville tout en mettant en avant dans ses romans la manière dont celle ci à évoluer au fil du temps. Pour cela, c’est sur le roman « la ville des prodiges » écrit en 1986 par Eduardo Mendoza que l’analyse va s’appuyer. Eduardo Mendoza fait partie des auteurs ayant le plus écrit sur la ville de Barcelone. Ayant exercé dans celle-ci, il est le mieux placé pour la retranscrire au travers divers genres littéraires, allant du roman picaresque au roman policier. Dans son roman, la ville est à la fois un décor dans lequel le lecteur se balade, mais elle est aussi un personnage à part entière. Mendoza fait un parallèle entre Onofre Bouvila, jeune homme de 13 ans et la ville de Barcelone, tous deux évoluent de la même manière et à la m me vitesse. l est possible alors de parler de personnification de la ville chose qui n’est pas rare dans la littérature romancière. Il raconte la Barcelone qu’il connaît, celle de ses grands événements, sa prodigieuse expansion et la manière dont elle connaît un second sou e tout en mettant en avant une certaine inégalité sociale.
Dans ce mémoire il sera alors question d’essayer de comprendre les di érentes mutations
urbaines qu’a connu la ville de Barcelone entre 1888 et 1929, c’est-à-dire, entre les deux grands évènement majeurs qui ont marqué son histoire. Comment est-ce que l’auteur retranscrit l’histoire tout en écrivant une fiction universelles de 1
omment l’évolution urbaine de la ville de et
se traduit elle dans le roman de duardo
arcelone liée au endo a
e positions
l est aussi question
HUGUENY-LEGER Elise, Littérature et architecture : construction, mémoire et imaginaires, revue édition littéraire
10
de mettre en avant les impacts que peut avoir la littérature romancière sur l’image d’une ville. Un auteur, en écrivant un roman en utilisant la ville comme personnage à part entière est capable de faire naître ce que l’on appelle un « mythe littéraire ». Ce mythe peut avoir un véritable impact de taille sur l’image d’une ville, qu’il soit mélioratif ou péjoratif. Il est vrai de dire que « la littérature contemporaine permet de porter un regard plutôt juste sur la ville et la société d’aujourd’hui. Elles mettent ainsi, dans la majorité des cas, la ville au centre de leurs intrigues, permettant ainsi de comprendre son organisation urbanistique, architecturale et sociale. Elles o rent également la possibilité de faire ressortir les points essentiels qui font de la ville ce qu’elle est que ce soit les points positifs comme négatifs. our finir elles peuvent mettre en lumière les attentes souhaitées pour la ville de demain. »2 Une autre notion qui sera abordée ici est celle de la critique sociale faite par Eduardo Mendoza tout au long de son roman. Il retranscrit par écrit la mémoire collective de Barcelone, mais ne se prive pas de mettre en avant ses défauts et le fait que ce soit une ville qui avant tout, est construite et modelée par un pouvoir public qui est omniprésent à l’époque.
fin de répondre au mieu à la problématique dans un premier temps il est important de
comprendre l’histoire de l’évolution urbaine de la ville de Barcelone depuis la mise en place de ses murailles usqu’à ce que la ville commence à s’épanouir réellement des suites à la première e position Universelle en 1888. Il faut aussi comprendre qu’est-ce que sont les grands évènements, ce qu’ils représentent et les di érents impacts qu’ils peuvent avoir dans une ville. Toute une partie est donc consacrée à retracer l’histoire de arcelone et à définir à la fois les grands évènements en règle générale mais plus particulièrement ceu qui ont eu lieu à
arcelone en
et
.
ans un second
temps il sera question de comprendre l’importance qu’à la ville dans les romans, comment celle-ci trouve t elle sa place comment le réel et la fiction évoluent ensemble. l sera aussi question de comprendre qui sont les auteurs qui ont participé à la création et la propagation de certains mythes littéraires concernant la ville de Barcelone. Également il s’agira de comprendre en quoi Barcelone présente un cadre parfait pour les auteurs, que ce soit de polars ou encore de roman classique. La notion de critique sociale faite à travers la littérature sera aussi abordée afin de mieu comprendre comment Eduardo Mendoza perçoit Barcelone et contribue à lui façonner une nouvelle image malgré lui. ans un dernier temps le parallèle entre l’histoire et la fiction sera mis en avant afin de montrer comment la ville de Barcelone s’est épanouie depuis la réalisation de ses grands évènements jusqu’à aujourd’hui et comment
endo a dans son roman s’appuie sur tous ces faits.
ans cette dernière partie c’est la
arcelone qui est bien connue au ourd’hui qui sera mise en avant afin de comprendre comment partie de très peu elle a réussi à devenir si forte et comment elle réussit à faire perdurer tout ce qu’elle a acquis avec le temps.
PERRET Audrey, 2018, Entre réel et fiction, ambiances architecturales et urbaines dans les représentations littéraires de Londres chez Boyd, McEwan et Ballard, ENSA Montpellier, Mémoire dirigé par L.Viala 2
11
12
Figure n°1 - Vue aérienne de Barcelone. Source : Capture d’écran google maps
13
1. GRANDES ÉTAPES DE LA TRANSFORMATION URBAINE DE BARCELONE.
15
16
1.1 La transformation urbaine de Barcelone : portrait d’une ville évolutive « La forme d’une ville change plus vite, on le sait, que le cœur d’un mortel. » Paraphrase de Baudelaire faite par Julien Gracq.
1.1.1 De 1500 à 1850 : les évolutions d’une ville fortifiée
arcelone ville c tière d’ spagne s’est vue confinée entre ses murailles durant près de
et demi.
eu périodes distinctes se sont succédées à ce moment là. La première entre
que l’on qualifie au ourd’hui comme
siècles et
époque d’immobilisme mais aussi de transformations lentes et
silencieuses » . La seconde entre la fin de la guerre de succession d’ spagne en
et
est
plut t qualifiée comme une période de rupture des équilibres et de transformations accélérée » .
1500 - 1714 n cette fin du
ème
ème siècle la capitale catalane reste plut t marquée par les désastres
qui ont pu tre causés par la guerre civile de capitale se retrouvent confrontées à des avec l’ensemble du monde
.
’est à ce moment là que la
atalogne et sa
histoires faite de relations comple es et souvent très tendues
ispanique qui est en pleine e pansion » . Joaquim
homme politique espagnol a qualifié ces divers épisodes historiques entre la
adal historien et
atalogne et arcelone de
la atalogne avec l’empire et la atalogne contre l’empire .
n ce qui concerne
moderne de la ville
arcelone plus particulièrement les données du premier recensement
fotgatge de
» een comparaison avec celle du relevé cadastral de
soit
ans plus tard permettent de conna tre su samment bien l’évolution de la population et du b ti de la ville durant ces deu siècles bien que celle ci se soit montrée plut t stable. Les peu de changements e ectués concernent tout autant le tissu urbain que les activités économiques au sein des remparts arcelonais. Le tissu urbain de cette époque qui réunit habitations populaires activités artisanales ou encore des commerces plus spécifiques en cette période presque pré industrielle reste ma oritairement dominé par une t pologie bien précise
celle de la
maison artisanale » . Les maisons mito ennes
installées sur des parcelles plut t étroites réussissent à con uguer un re de chaussée occupé par un
3
Jesus de la Torre Monmany, « Barcelone », collection « Portrait de ville », page 15.
4
Ibid, page 15.
5
Ibid.
Les otgatge sont des documents permettant de recenser la population présente dans un espace géographi ue définie. l ser ait également la distribution des impost l épo ue du Pere . 6
7
définir
ibid.
17
commerce ou encore un atelier tandis que les deux étages supplémentaires sont réservés aux logements. En règle générale ce sont des maisons unifamiliales, mais celles-ci ont tout de même la possibilité d’évoluer « grâce à une surélévation ou à l’intégration d’une parcelle voisine »8 afin de venir héberger une seconde famille. Il est vrai que di érents auteurs sont venus confirmer le fait que cette typologie a permis pendant assez longtemps de pouvoir répondre à divers changements
dus aux
transformations démographiques et celle de l’économie urbaine. ne des transformations ma eures de arcelone au
ème siècle reste l’édification de la nouvelle
façade maritime et portuaire. Après de multiples tentatives de constructions de la muraille du côté de la mer et de digues de protection en
puis
et enfin
c’est finalement en
que ces
deux projets voient le jour. La construction de cette muraille du côté du littoral, sur environ 1,5 km de long vient marquer l’achèvement de la mise en place des fortifications arcelonaise qui furent commencées au moyen- ge. Cette nouvelle muraille va venir o rir un nouvel espace de promenade en haut des remparts, ce qui va permettre une mise en valeur du bâti présent à l’intérieur de celle-ci : les îlots, les terrains, les maisons alentour. Également une nouvelle porte de ville plutôt monumentale est aménagée en même temps à l’Est, avec une grande place-esplanade qui va venir concurrencer le cœur symbolique de la ville qui usqu’alors était identifiée à la vieille place
aint Jaume.
Cette période est aussi marquée par
l’intensification de la construction d’établissements hospitaliers et religieu »9 dans le Raval qui traduit directement la croissance urbaine intra muros de la ville.
’ensuit également entre
et
naissance des premières institutions d’enseignements universitaires au sein de ces fortifications. après de multiples révoltes catalanes un redressement économique s’amorce. l se traduit
la n par
l’intensification de l’activité portuaire la modernisation des fabriques de te tiles ainsi que par la prospérité de l’intérieur du pays » .Le
ème siècle est finalement catégorisé par une militarisation rampante de la
ville confirmé par le renforcement des remparts une création de fortifications au sommet de la colline du Montjuic mais aussi par de multiples projets visant à terme à protéger le port tout en surveillant la ville de la Barcelone. Bien que la typologie de la « maison artisanale » reste, il ne faut pas manquer de prendre en
compte le fait que les quartiers de la ville se distinguent les uns par rapport aux autres. Les données cadastrales de
ont permis de réaliser un plan de s nthèse de la structure urbaine arcelonaise au
début du XVIIIème siècle. De cette synthèse ressort « une vraie polarisation de la vie urbaine et des densités »11.
8
Ibid.
9
Ibid, page 16.
10
Ibid, page 17.
11
Ibid.
18
Figure n°2 - Plan de Barcelone avec ses murailles et du port, 1813 Source : Portrait de ville : Barcelone , cité de l’architecture et du patrimoine/IFA, Barcelone, 2012, collection « portrait de ville », numéro spécial d’archiscopie, n 117, page 18.
19
1714 - 1850
1714 est une date importante pour Barcelone, malgré les fortes pertes en matière
d’infrastructures et les quelque 5 000 morts, elle restera marquée dans la mémoire collective des Catalans. Cette date marque le point de départ d’un dynamisme urbain intense « qui s’appuie sur un développement tant économique que démographique »12. Cette nouvelle dynamique sera en totale opposition avec les blocages hérités du siècle d’avant. La ville rentre à ce moment-là avec force dans une période préindustrielle et va connaître énormément de profonds changements dans le secteur du Raval, de Sant Pere et de la Ribera. Les causes de ses transformations se trouvent être une irruption de fabriques dans les espaces urbains ainsi que l’évolution beaucoup plus rapide que prévue des typologies d’habitations afin de pouvoir accueillir une nouvelle population croissante.
La décision des nouvelles
autorités de la ville - des militaires notamment - d’implanter une citadelle dans la zone sud du quartier de la Ribera »13 va avoir une première conséquence plutôt brutale. Elle entraînera la démolition d’une importante partie de ce quartier (« soit 1200 logements qui abritaient environ 6000 personnes, c’est-àdire 17% de la ville de l’époque »14 ). Cette construction, symbolisant principalement la force du nouveau pouvoir de la ville va avoir de fortes conséquences sur l’orientation de l’évolution urbaine de la ville. À partir de 1730, c’est le modèle de la « maison artisanale » qui va se transformer. L’apparition de
porte d’entrée et d’escaliers, donnant accès aux étages supérieurs, rend les locaux d’activités du rez-dechaussée indépendants des habitations. Ces évolutions sont les prémices du modèle d’habitations barcelonaises actuelles, et vont être la première étape d’un nouveau type « qui dissocie progressivement habitat populaire et lieu de travail pour pouvoir loger plusieurs familles »15. À ce moment-là également, les pratiques artisanales commencent petit à petit à laisser place à l’industrie, et vont voir naître le monde ouvrier. En 1753, un nouveau quartier voit le jour, celui de la Barceloneta, installé en face du port. Il est basé sur la restructuration d’un « taudis », déjà existant, et va permettre d’amorcer par la suite « la configuration moderne du front portuaire et du littoral urbain »16. C’est un projet de l’ingénieur militaire Juan Martin Cermeno qui se développe sur un triangle d’environ 16 hectares. Il borde le port côté Sud et est l’hypoténuse qui se trouve être face au large. Il sera perçu à la fois comme une extension de la vieille ville mais aussi comme un quartier portuaire. Pour le quartier du Raval, qui lui sera pendant longtemps perçu « comme un espace suburbain éloigné du centre »17 il devient à la fin du principales transformations urbaines de la ville.
ers
ème siècle la scène des
commence la démolition des murailles
intérieures de la ville, des suites à la construction dès 1770 des architectures baroques et néoclassiques les palais de la irreina de
o a de
arch de eus qui vont permettre de renforcer l’attrait des avenues
et rééquilibrer les dynamiques urbaines. En 1824 c’est le Passeig de Gracia, un grand boulevard reliant
13
Ibid, page 18. ibid.
14
Ibid.
15
Ibid, page 21.
16
Ibid, page 19.
17
Ibid.
12
20
Barcelone (toujours emmuraillée à ce moment-là) à la petite ville de Gracia situé 1,8 km plus loin, qui voit le jour. C’est un des plus grands axes de la ville de Barcelone mais c’est également un noyau urbain qui a permis à la ville de commencer à se développer doucement à l’extérieur de ces remparts.
Si aux alentours de 1804 la ville de Barcelone comptait à l’intérieur de ses murailles environ 104
établissements industriels employant près de 12 000 ouvriers, dans les années 1830 le nombre passe à 341. Cette augmentation se lit également pour la population qui passe de 100 000 à 120 000 qui va doubler en 1860 pour atteindre les 240 000 habitants. Cette croissance si importante est principalement due à une « densification brutale des anciens tissus urbains une dégradation des conditions de vie et aux dysfonctionnements urbains divers » 18 intra-muros. Après une première tentative de démolition des murailles en 1843 qui s’est soldée par un échec, ça ne sera que plusieurs années plus tard que la ville aura la chance de pouvoir se désenclaver suite à la démolition de celles-ci.
18
Ibid, page 23.
21
1.1.2 Le plan Cerda : prémices d’une métropole moderne
’est en
lors de la fin de la construction de la seconde muraille qui est à l’époque intégrée
à ce qui est au ourd’hui le quartier du aval que le processus urbain des quatre siècles qui vont suivre débute.
’est dans un périmètre très restreint environ
ville vont avoir lieu. ascual
m
que les premières transformations de la
uite à un coup d’ tat de la part du général
ado va se voir nommé gouverneur de
nouvelles transformations urbaines de la ville de
’donnell en uin
le géographe
arcelone. l sera alors l’instigateur de toutes les
arcelone gr ce à son avis favorable concernant la
démolition complète des murailles qui encerclent la ville et à la réalisation d’un plan d’e pansion de celle ci.
’est en
la m me année que le coup d’ tat que les murailles seront finalement démolies dans
leur totalité.
uite à cet évènement marquant de l’histoire barcelonaise une éclosion urbaine que l’on pourra
qualifier d’e traordinaire va avoir lieu entre
et
.
près plusieurs propositions re etées
concernant les plans de la nouvelle e pansion de la ville c’est finalement ldefons
erda qui va se voir
choisi pour la réalisation de son plan. es idées pour concevoir une nouvelle ville sont élaborées à partir de la collecte patiente de données statistiques publiées dans ses monographies antérieures et de ses anal ses urbaines » . l a pour volonté de répondre au
di érentes conditions sociales qui sont
engendrées et dues au changement économique qui lui m me est lié au développement et au progrès technologique qui ne cessent d’accroitre plus les années passent. l cherche à réaliser un espace qui va tre à la fois vivable confortable et pratique ce qui le met en totale opposition avec la vieille ville dite ville intra muros
qui elle est basée sur un plan beaucoup plus congestionné et donc propice à toutes
sortes d’épidémies à l’époque. a proposition se voit novatrice bien qu’elle ne soit pas la première qui sera faite lors de ce concours le plan
erda est innovant de par sa nouvelle vision d’ensemble
principalement. l e ectuera dans le cadre de la mise en place de nouveau idéau urbains des études très précises concernant les conditions de vie économiques et sociales des
arcelonais de l’époque
ainsi que la topographie du terrain qui n’est pas forcément évidente sur ce site. l utilise di érents mécanismes uridiques tels que la
reparcellation
et appliquera également une notion d’égalitarisme
importante en proposant les m mes équipements pour tous au travers d’un lot qu’il viendra répéter et tramer tout autour de la vieille ville.
Les innovations technologiques ne cessent de se développer et de prendre de la place dans la
ville.
fin de suivre l’évolution de celle ci il va favoriser l’utilisation des machines à vapeur comme mo ens
de déplacements ma eurs au sein de la ville. our permettre ceci il va choisir de dessiner des rues et des avenues de largeur plus importantes que celle qui sont dé à e istantes.
’est un choi stratégique
qui facilitera la circulation ainsi que l’accès à la ville depuis n’importe quelle direction. ldefons
erda va
réinventer arcelone avec son plan novateur. u travers de ce nouveau plan il va essa er de mettre en
19
Ibid, page 27.
22
place sa « théorie générale de l’urbanisation20 » sur laquelle il a travaillé durant de nombreuses années. Il s’attache également lors de l’élaboration de ce plan à créer de nombreux espaces extérieurs de qualité qui pourront venir accueillir di érents usages. L’objectif étant de mettre en place des espaces confortables et de loisirs quotidiens tout en favorisant le contact avec la nature. Ces di érents espaces extérieurs permettent de structurer le nouveau plan urbain. Dans un premier temps ils viennent structurer les îlots urbains qui sont principalement des immeubles de logements avec une fonction publique au rezde-chaussée. Dans un second temps ces espaces extérieurs seront hiérarchisés en fonction de leur niveau d’usages. our finir ldefons
erda
intégre dans son projet urbain les lignes directrices majeures
du grand territoire de la plaine de Barcelone21 ». C’est ainsi que la diagonal « Gran Via » et celle du « Paseo San Joan » ont pris tout leur sens.
L’ilot de Cerda
Qu’est-ce que sont réellement le plan de Cerda et son îlot ? C’est un plan qui vient chercher la
diminution du caractère hiérarchique volumétrique de la ville en y posant des îlots qui entretiennent un rapport égalitaire entre eu . lus précisément c’est un carré de est venu diviser en trois afin d’obtenir neuf lots de voies de
mètres de c tés qu’ ldefonso
mètres de c tés. l vient ensuite
erda
insérer des
mètres de large entre chaque nouvel lot et chanfreine leurs coins. La trame permet de
presque doubler le pourcentage d’espace dédié à la voirie dans les quartiers qui sont pourtant plus ou moins développés en automobile à l’époque les rues du quartier de l’ nsache sont environ
mètres
plus larges en moyenne que les rues de ce que l’on considère comme la vieille ville. Le fait de chanfreiner les coins de ces lots va de pair avec les voiries plus larges cela libère un espace plus large au niveau des carrefours des rues et permet donc aux véhicules de tourner plus aisément. De plus ces carrefours créent des petites places qui sont alors témoins de l’émergence d’architecture un peu di érente et qui permettent de traiter les coins autrement. utre point important les rues qui trament son plan sont elles aussi structurées de manière très précise est de
ldefonso
mètres la largeur des trottoirs est de
mètres.
erda contr le la distance entre les arbres celle ci
mètres et celle des voies réservées au véhicules est de
e s stème d’ lots creu apporte donc une nouvelle fonction au centre libère de l’espace au
sol permet de créer des espaces végétalisés un peu plus denses et sert aussi d’apport lumineu gr ce à son s stème de patios. Les lots eu ont une largeur comprise entre
et
mètres ce qui permet de
mettre en place des habitations traversantes afin de bénéficier des e ets lumineux du patio.
L’ lot pensé par ldefonso
erda en
est un modèle d’urbanisme e tr mement bien ré échi
dont l’aménagement intérieur n’a cessé d’évoluer au fil des années et de s’adapter au di érents besoins des di érents temps qu’il a traversé. Aujourd’hui les îlots restent identiques d’un point de vue de façades e térieures mais ils ont quand m me vu leurs t pologies mutées et se diversifier. u ourd’hui il e iste des Ildefons Cerda publie en 1867 son travail théorique appelé « Théorie générale de l’urbanisation et application de ses principes et doctrines à la restructuration et l’extension de Barcelone ». 20
21
Ibid, page 27.
23
îlots traversés, des îlots à cours ou à patios, des îlots qui sont pleins, des îlots à impasse ou encore des îlots à venelles distributives. C’est di érentes mutations ont permis à la ville de Barcelone de continuer à se développer tout en suivant les principes qu’Ildefonso Cerda avait voulu suivre au départ. C’est-à-dire qu’elle a continué de se transformer en répondant toujours aux di érentes conditions sociales engendrées par les évolutions économiques et les progrès technologiques au fil des di érentes époques qu’elle a connues.
24
Figure n°3 - Plan original de l’Ilot de Cerda. Source : Museu d’Historia de la Ciutat, Barcelona
Figure n°4 - Detail avenue Plan Cerda Source : Museu d’Historia de la Ciutat, Barcelona
25
1859 PLANO DE LOS A Autor: Ildefons CerdĂ 26
fig. 11 Eixample central 1925 Josep Gaspar Figure n°5 - Plan Cerda, extansion Barcelone. Source : Museu d’Historia de la Ciutat, Barcelona.
ALREDDORES DE LA CIUDAD DE BARCELONA Y PROYECTO DE REFORMA Y ENSANCHE Font: B.C. / M.H.C. / I.M.H/ Escala 1: 10.000 Mida Original: 77 x 116 cm 27
1.1.3 Barcelone au XX ème siècle : une ville d’après les grands évènements
« En moins d’un siècle et demi, une ville médiévale est devenue la capitale du modernisme. » Jean Noel Mouret.
Depuis un peu plus d’un siècle et suite aux grands évènements qu’elle a hébergé, Barcelone est
devenue une référence en matière d’architecture et de design urbain22 . Elle doit son succès en partie grâce à l’impulsion initiale du plan d’Ildefonso Cerda. Depuis sa création, l’Ensanche est investi par les modernistes sur les traces de Gaudi et de Puig i Cadafalch. De nos jours encore se poursuit cet attachement pour la création urbaine avec des architectes tels que Miralles, Moneo ou encore Bohigas. ’est ce qui permet de créer une nouvelle richesse architecturale des architectures qualifiées de symboliques », au sein de la ville de Barcelone, et qui sont perçues comme un patrimoine primordial par les habitants. Cette richesse devient plus ou moins agent et témoin des di érentes transformations de la ville, qu’elles soient économiques, technologiques ou encore culturelles. Il est aussi vrai que depuis 1880, l’urbanisme Barcelonais se développe de manière ponctuelle et toujours en prenant appui sur de grands évènements tels que les deux expositions universelles de 1888 et 1929 ainsi que plus récemment les Jeux Olympiques de 1992.
Les grands travau d’équipements et d’infrastructures qui furent
directement ou indirectement
liés au site des Jeux olympiques de 1992 ont été l’occasion d’une véritable mutation urbaine avec pour corollaire d’importantes retombées concernant la notoriété internationale de Barcelone »23 . Le succès de ce que l’on a appelé
Le modèle barcelonais
autant en matière d’architecture qu’en matière
d’urbanisme s’inscrit à ce moment précis et va se développer réellement à partir des années 1990. Le déclencheur de l’ensemble des transformations importantes du post-1992 est lié à la transformation de l’avenue de la diagonale entre la place
lories et la mer.
l’origine cette diagonale était prévue dans le
plan d’extension de Cerdà comme un axe majeur traversant d’est en ouest, sur 8km de long »24. Cet axe, qui dessine la trame urbaine moderne de la ville, fut réellement concrétisé en 1995 lors des premières transformations du quartier de Poble Nou. Les 3 derniers kilomètres de cette diagonale, qui jusqu’à présent n’avaient pas été achevés à cause de con it avec les trames suburbaines et industrielles dé à e istantes ont pu finalement gr ce au Jeu
l mpiques de
et les débuts du modernisme tre
aménagés de manière convenable.
Le design urbain est un processus. ’est un cadre qui définit les éléments dans un ensemble de places de blocs et de rues dans une ville. Le design urbain fait d’une ville une architecture de pa sage et d’urbanisme fonctionnel et séduisant définition de http parisregards.fr quelle est la definition du design urbain . 22
23
Ibid, page 51.
24
Ibid, page 52.
28
Figure n°6 - Vue aérienne Barcelone, constat de l’évolution urbaine de la ville. Source : capture d’écran google maps.
29
1.1.4 Naissance d’un nouveau mouvement architectural Catalan : l’émergence du « modernismo »
« Le modernisme catalan fut d’abord la transformation d’une culture régionale traditionaliste en une culture nationale moderne. » Joan Fuster, écrivain.
Durant cette période de révolution industrielle et à la suite de la mise en place du plan d’Ildefons
Cerda émerge un nouveau mouvement architectural qui vient s’inscrire dans la tendance de l’art nouveau en Europe. Dans la continuité de la « Renaixença » (Renaissance en catalan) le « modernismo » (modernisme en espagnol) voit le jour dans les années qui suivirent les débuts de la construction de l’e tension barcelonaise imaginé par . erda. Le modernisme catalan est finalement défini comme étant le résultat d’un bouillonnement artistique et de la fièvre constructrice qui suivit la démolition des murailles et de l’impulsion donnée par le plan Cerda » qui à terme multiplie la taille de la ville par 20 et o res alors aux architectes et artistes de l’époque de l’espace neuf et libre pour s’exprimer en toute impunité. Dans les années 1860, les terrains vagues (environ 1100 hectares),qui jusqu’à présent encerclaient les murailles, c’est-à-dire ce que l’on nomme aujourd’hui « vieille ville »,
et qui étaient considérés à ce moment-là
comme des terrains militaires se voient construits. La révolution industrielle de l’époque à Barcelone lui donne l’envie de choses nouvelles et d’optimisme, c’est exactement ces envies qui vont servir de déclencheur et marquer une nouvelle ère
moderne .
une époque o
l’innovation l’e périmentation
et le développement qu’il soit économique politique o encore en lien avec la création de nouveau biens matériels », la ville se voit prise en main par la grande bourgeoisie Barcelonaise. E ectivement, ce nouveau mouvement est entrepris et soutenu par la bourgeoisie catalane qui souhaite « a rmer son élan de modernité, exprimer son identité catalane et démontrer sa richesse ». D’ailleurs, il n’est pas faux de dire que le modernisme est un « style urbain et bourgeois » à la fois bien que celui-ci est une personnalité su samment forte pour qu’il soit également possible de le considérer comme un mouvement autonome. Le modernisme catalan a pour ambition première de transformer la société catalane du moment en une société à la fois moderne et nationale. Il ne va pas simplement toucher le domaine de l’architecture c’està dire qu’il va se faire ressentir de manière plus générale dans celui des arts c’est à dire également la peinture, la sculpture, les arts décoratifs ou encore la littérature. Ses principales caractéristiques concernant le domaine de l’architecture seront : l’utilisation de références « di uses » à l’architecture gothique catalane, l’omniprésence des éléments décoratifs et ornementaux faisant référence avec plus ou moins d’insistance à la végétation usages des motifs orau en masse des lignes courbes des couleurs en façades et en intérieurs ainsi que l’utilisation de méthodes de construction traditionnelles catalanes afin de s’inscrire de manière plus forte dans l’identité de celle ci.
n ce qui concerne les
matériaux, ce sont le fer forgé, les tuiles vernissées, la briquette et la céramique qui sont privilégiés et pour les techniques de construction plus traditionnelles ce sera celle de la voûte catalane ou encore les 30
structures métalliques qui seront favorisées. Ces nouvelles tendances architecturales auront alors la volonté de rompre avec les critères traditionnels de l’époque et seront plus dans la recherches de nouvelles
formes d’édifications
afin de pouvoir privilégier l’esthétique du b ti.
positionnement dans le temps
tant donné son
il est légitime d’imaginer que le modernisme catalan est
directement lié à la réalisation des deux expositions universelles qui ont eu lieu à Barcelone respectivement en 1888 et 1929, ce qui n’est pas réellement le cas. En réalité c’est un mouvement qui va résulter
des avancées techniques dérivées
tels que l’électricité les chemins de fer ou encore la
machine à vapeur. Ces avancées vont permettre l'évolution des modes de vie de la population et finalement tre a l origine du développement de ses villes. arcelone voit venir s installer des industries qui vont créer de nouveau besoins et permettent donc au architectes de venir s’e primer librement tout en répondant au nouveau besoins que créent ces nouvelles technologies de l’époque. dans l’ nsache plus particulièrement dans le quartier de la
’est d’ailleurs
reta à pro imité du paséo de
la ma orité des édifices modernistes ont été édifiés à ce moment là.
racia que
es suites à la mise en place du
plan Cerda, il fut nécessaire de construire ce quartier-là. Entre 1900 et 1915 les commandes de la part de la bourgeoisie arcelonaise ne cessent d’accro tre et de vrais chefs d’oeuvres architecturau voient le our. L’ob ectif de ses nombreuses commandes étant de mettre en avant la richesse et le prestige social du commanditaire en édifiant des b timents tou ours plus originau les uns que les autres avec des caractères spectaculaires. moderniste tels que Josep
uis i
’est de cette manière que les architectes emblématiques de cette époque
ntoni gaudi
Lluis
adafalch
omenech i
ontaner
ainsi que
ont pu s’e primer librement et permettre à des architectures
s mboliques de voir le our tout en s mbolisant aussi la puissance de leur commanditaire. architectes à la renommée au ourd’hui incontestée sont qualifiés de
es trois
génies du modernisme catalan .
ne anecdote d’ailleurs intéressante raconte que lors de la réalisation de commandes de b timents modernistes une attention toute particulière était portée en ce qui concerne les portes et les fen tres. La fonction s mbolique de celle ci était très importante étant donnée qu’elle marquait la
frontière entre le
monde e térieur et intérieur . La bourgeoisie a alors à l’époque porté un oeil très attentif à ces détails là. Les fen tres étaient ce qui leur permettait d’observer sans tre vue gr ce à la transparence de celles ci qui montraient l’ouverture au monde extérieur alors que les portes, elles, au contraire étaient plutôt vue comme un s mbole de solidité et d’austérité qui permettait leurs ouvertures uniquement pour les quelques privilégiés faisant également partie de la haute société.
n conclusion c’est un mouvement que l’on qualifiera d’autonome qui en catalogne se voit
renforcé et singularisé selon la renaissance catalane
aspects bien précis qui sont son et
développement dans la continuité de
le fait qu’il tombe au moment o à
arcelone il e iste un
pressant besoin d’évolution et de rénovation à la fois politique et sociale et l’in uence du plan erda qui multiplie la taille de la ville par 20 et qui o re au architectes et au artistes de quoi s’e primer . l est donc juste de dire que le modernisme est un mouvement éclectique qui à cette époque aura eu une très grande in uence sur l’architecture arcelonaise.
’est d’ailleurs à la fin de cette époque moderniste que 31
l’architecte Josep Puig i Cadafalch déclara « Nous tous avons obtenu un art moderne à partir de notre art traditionnel, le décorant avec des matériaux beaux et nouveaux et adaptant l’esprit national aux nécessités contemporaines ».
C’est en parallèle de l’émergence et de l’évolution de ce mouvement moderniste que les deux
expositions Universelles de Barcelone ont vue le jour en 1888 et 1929. Deux architectes qui font partie des trois
in uents de ce mouvement sont d’ailleurs à l’origine de chacune de ses manifestations
respectivement celle de 1888 pour Lluis Domenech i Montaner et celle de 1929 pour Josep Puig i Cadafalch. Ce sont ses manifestations qui ont permis à ce nouveau style architectural de s’a rmer dans la ville. Aujourd’hui encore les bâtiments emblématiques de ses trois grands architectes sont visibles dans les rues de Barcelone et sont un symbole. Elles représentent de manière physique la mémoire de cette époque qui a marqué la ville et lui a permis de connaître l’essor dont elle est plus ou moins victime de nos jours.
32
Figure n°7 - Sagrada Familia, Antonio Gaudi, Barcelone. Source : BASSEGODA I NONELL Joan - VIVAS Pere - PLA Ricard, Gaudi toutes les oeuvres.
33
1.2 La place des grands évènements dans la transformation d’une ville
La ville de Barcelone a connu di érentes périodes d’essor entre le Moyen- ge et de nos jours
grâce à son commerce par la Méditerranée et son développement industriel. Mais « du côté urbanistique, ce développement s’est produit à coups d’évènements internationaux : l’Exposition Internationale de 1888, celle de 1929 et les Jeux Olympiques de 1992. »25 Ces événements ont servi à ouvrir la ville que ce soit vers la mer ou tout simplement l’étranger tout en complétant les infrastructures urbaines et en les améliorant notamment en ce qui concerne les équipements culturels ou encore le domaine des mobilités.
1.2.1 Regards croisés : enjeux et évolutions des modes de faire
La réforme de ces grands événements a créé un nouvel intérêt de la part des pays du monde
entier. De plus en plus de villes se sont portées volontaires pour accueillir et organiser que ce soit des Jeux Olympiques ou encore des expositions universelles chez elles. Il est vrai que ce que l’on peut aussi qualifier de
méga événement
est un vrai atout pour elles ils apportent une visibilité e tr mement
importante et un tourisme de masse dans la ville organisatrice qui n’est pas négligeable. La notoriété que peut apporter un évènement international autant médiatisé est aujourd’hui un des éléments les plus importants. C’est ce qui pousse les villes à déposer leur candidature pour devenir ville d’accueil. Pour ces villes qui cherchent à se construire une nouvelle image ou encore qui cherchent à se repositionner sur la carte du monde et à attirer de nouveaux investisseurs internationaux, les o res de biens culturels et/ou sportifs sont alors un enjeu majeur. Pour citer un exemple, il y a la ville de She eld, située dans le nord de l’ ngleterre qui s’est servie des Jeu
l mpiques d’été en
afin de transformer son image de
cité
d’acier » en celle de « cité sportive ».
« Depuis le XIXe siècle, les grands événements ont représenté un moyen pour les villes de
témoigner de leur modernité ainsi qu’un levier pour le développement urbain »26 . Les transformations urbaines qui sont nécessaires à l’accueil de ces manifestations ont également un réel intérêt aux yeux des villes qui sont plus ou moins marquées par leur passé industriel. Étant donné que les nouveaux aménagements doivent être livrés à une date bien précise, ces grands événements agissent comme des accélérateurs sur les projets de développement urbain et permettent aux villes d’accueil de se développer dans des délais beaucoup plus rapides qu’en temps normal. Notamment la ville de Barcelone s’est servi des Jeux Olympiques en 1992 dans le but d’accélérer sa transformation urbaine. Plus les années passent et plus les enjeux internationaux, économiques et urbains prennent de l’ampleur. Si lors de la
25
SEGUI Ilinas Miguel, 1993, Barcelone ou le poids des grands évènements et des jeux olympiques de 1992 dans la modernisation d’une métropole
26
Citation article https://urbanistesdumonde.com
34
première Exposition Universelle de Barcelone en 1888 la volonté première était de mettre en avant les nouveaux savoirs et modes de faire, lors de la mise en place des Jeux Olympiques de 1992 celle-ci va surtout tourner autour des dimensions économiques et infrastructurelles. Il est aussi vrai que depuis le début du XIXème siècle, les villes se servent des grands
évènements pour témoigner de leur modernité. Du fait que de plus en plus de villes tentent de se servir de ces
méga événements
afin d’évoluer les organisations internationales qui sont là pour décider
l’attribution des compétences sont encore plus pointilleuses. n e et, par exemple le Comité International l mpique ou encore la
sont là pour évaluer avec bien plus de précision les di érents projets qui se
font concurrence. Il va de soi, que pour être retenues il est demandé aux futures villes organisatrices de répondre à diverses requ tes. remièrement il faut que celles ci soient en possession d’infrastructures nécessaires à l’organisation d’une manifestation de cette ampleur.
ans un second temps elles doivent
aussi répondre à di érents critères tels que : la capacité et la qualité des infrastructures sportives, l’e cacité du s stème de transport au sein de la ville la capacité h telière adaptée à une clientèle internationale et permettant d’héberger un nombre de visiteurs plus important qu’en temps normal. l est aussi impératif qu’elles puissent assurer une ouverture au médias internationau qui vont permettre de renvoyer une image positive de l'événement. Il est aussi indispensable de pouvoir assurer une sécurité sans failles durant toute la durée de l’évènement. ans l’idéal d’une organisation de grand événement à des fins économiques et de
développement, il existe quatre enjeux essentiels qui sont au cœur de la problématique de cette organisation.
remièrement il
a un en eu civique l’idée étant de profiter de cette manifestation pour
mettre en place des festivités visant à rendre la ville plus conviviale et chaleureuse. l est important que chacun y trouve son compte, pas seulement les touristes ou bien les téléspectateurs, mais aussi les cito ens locau . L’idée étant de prendre en compte tout le monde afin que ces grands évènements profitent à tous et soient aussi confortables pour les locau que les visiteurs temporaires. eu ièmement il y a un enjeu environnemental. E ectivement réduire l’empreinte écologique est devenu plus ou moins l’ob ectif de tout pro et concernant les grands évènements. outes les villes du monde tentent d’adopter des s stèmes plus innovants les uns que les autres. enter de gérer l’eau et les déchets de manière plus durable ou encore minimiser les dépenses énergétiques sont au cœur de chaque nouveau projet. Il est vrai que dans cette optique là en des Jeu
l mpiques.
la durabilité a été mise en place de manière définitive au c ur
r ce à l’initiative
ne
place dans un cahier des charges pour des Jeu
lanet
l mpic
plus de
ob ectifs ont été mis en
l mpiques durables. roisièmement il
développement urbain qui aura par la suite le plus fort des impacts sur la ville.
a un en eu de
ur le long terme c’est
celui qui se ressentira et se conservera le plus longtemps. E ectivement, beaucoup de villes souhaitant tre organisatrices ne sont pas en capacité de le faire elles manquent d’infrastructure ou encore ont une image qui ne convient pas au attentes. Les grands évènements sont l’occasion pour ces villes de modifier leur stratégie urbaine et régénérer leurs villes en leur o rant de nouvelles infrastructures et une nouvelle image.
’est lors de la seconde
position niverselle de
arcelone en
que celle ci s’est 35
servi de la réalisation de l’événement pour venir aménager tout le site du parc de
ont uic afin de lui
donner vie et permettre à la ville de se développer d’un côté qui jusqu’à présent était plus ou moins laissé de côté. Quatrièmement il y a un enjeu d’infrastructures qui vient répondre aux besoins et aux demandes d’amélioration d’une ville. En e et ces grands événements sont directement liés à la construction de nouveaux aéroports, nouvelles gares, nouveaux équipements sportifs et à la mise en place de nouvelles mobilités ou encore de bâtiments permettant l’augmentation des capacités hôtelières.
Pour conclure, il est évident que depuis toujours les grands évènements ont eu un impact
important pour les villes organisatrices et ceux à di érents niveaux. Plus les années sont passées et plus les enjeux ont évolué même s’ils ont conservé dans le fond la même intention première qui était celle de permettre à une ville de se montrer et donc de mettre en avant sa puissance.
36
1.2.2 Exposition Universelles et Jeux Olympiques
« Quoique la notion d’Exposition universelle, l’idée même du concours, fut née en France, c’est à Londres que s’ouvrit la première en 1851 ; Paris eu la sienne en 1855. »27 Eduardo Mendoza.
Qu’est-ce qu’une exposition universelle au sens propre du terme ? C’est une vitrine artistique,
Les Expositions Universelles
industrielle et technologique d’un pays. C’est un évènement qui sert à promouvoir les di érentes avancées des di érents pays en mettant en avant leurs nouveaux savoir-faire. Il existe le BIE qui est le ureau nternational des
positions qui a été créé en
et qui définit cet événement comme
une
manifestation qui, quelle que soit sa dénomination, a un but principal d’enseignement pour le public, faisant l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les besoins d’une civilisation et faisant ressortir dans une ou plusieurs branches de l’activité humaine les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir. »
Il est tout aussi vrai que l’on pourrait considérer ces évènements comme des microcosmes
éphémères servant à la présentation d’un univers qui se veut symbolique et souvent créé de toutes pièces pour éblouir et vanter les capacités d’un pays. Ce sont des manifestations importantes, capables de servir de synthèse entre quelque chose de rationnel qui se veut lié au cadre technologique, technique et innovant d’une époque mais aussi quelque chose qui se rapprocherait plus de l’imaginaire en transportant le spectateur dans un monde de rêveries plus modernes mais contrôlé.
La première vraie exposition universelle a eu lieu à Londres, en 1851, dans le Hyde Park, avec
comme principale volonté celle de promouvoir les savoir-faire techniques et artistiques de la Grande Bretagne. Elle sera inaugurée par la jeune reine Victoria mais c’est Henri Cole, un fonctionnaire britannique qui a émis l’idée d’internationaliser cet événement dans une perspective d’échanges commerciaux et de progrès entre les nations. vant a les e positions universelles
he great e hibition of the
or s of
industry of all nations » marquent un tournant dans le milieu des foires d’industries. Elle connut un vrai succès, plus de 6 millions de visiteurs venant des quatre coins du monde recensés, pas moins de 13 800 exposants participants sur environ 7,5 hectares, permettant la représentation de plus de 40 pays. ette première e position universelle a permis à toutes les classes sociales de se mélanger et de profiter des progrès technologiques. Quatre thématiques mises en avant pour le coup : les matières premières,
27
Eduardo Mendoza, « La ville des prodiges », 1986, citation page 44.
37
Figure n°8 - Cristal Palace, première Exposition Universelle, Londres 1851. Source : Tallis’ History and Criticism of the Crystal Palace. 1852
38
les machines, les produits manufacturés et les objets d’art. Les principaux objectifs d’une exposition de cette envergure sont, d’abord un moyen d’éducation pour tous mais aussi une manière de développer les goûts des classes moyennes et d’élever moralement les milieux ouvriers tout en n’oubliant pas de di user les évolutions technologiques et donc la puissance de chaque pays. À ce jour plus une soixantaine d’expositions universelles ont eu lieu un peu partout dans le monde depuis la première en 1851. Ces manifestations étaient aussi une occasion de mettre en avant les forces vives (les forces vives sont des personnes physiques ou morales dont les atouts et les actions contribuent à améliorer la société, favorisant l’équilibre sociétal d’un pays, sa stabilité et sa valeur économique) du pays hôte tout en exposant le dynamisme des di érents pa s. Les e positions universelles ont fini par devenir un genre de mini concours poussant chaque pays participant à faire naître des innovations toujours plus impressionnantes les unes que les autres tout en les faisant perdurer dans le temps. Ce sont aussi toutes ces architectures d’un nouveau genre qui ont permises aux villes d’évoluer sur le plan urbanistique et d’être refaçonnées.
Barcelone 1888
En ce qui concerne la ville de Barcelone, sa première Exposition Universelle a eu lieu en 1888
entre le 8 Avril et 9 décembre, même si elle ne fut inaugurée o ciellement que le 10 mai de cette même année. Ce fut la première à être organisée en Espagne. Le fait que celle-ci n’ait pas lieu dans la capitale espagnole à d’ailleurs à l’époque créé beaucoup de polémiques et de con its entre les deu villes. La mairie de
adrid ve ée de se faire devancer par arcelone à décidé de leur refuser toute aide financière
pour la mise en place de ce grand évènement, obligeant la ville à mettre le chantier en suspens de manière temporaire et à reporter la date d’ouverture. Le coût d’un pareil événement étant assez élevé (environ 1,7 million d’euros pour celle-ci), ce sont les plus riches industriels barcelonais ainsi que la bourgeoisie de la ville qui ont contribué financièrement pour le bon déroulé de la réalisation de cette première exposition qui allait permettre à Barcelone de renforcer son image de ville puissante comme elle le souhaitait.
Après la démolition de la citadelle en 1868, le parc de la citadelle devient un parc urbain en 1872
après que l’architecte Josep Fontesere Mestre fut choisi pour repenser ce lieu qui jusqu’alors était pour les Barcelonais uniquement symbole de répression. Lorsque Rius i Taulet, le maire de Barcelone décida de céder ce lieu à l’ingénieur galicien ugenio . errano de
asanova afin d’en faire l’espace d’accueil
de ce nouveau projet, le parc de la Citadelle était déjà un parc urbain plus ou moins aménagé avec une cascade. Près de 380 000 m2 de parc urbain sont alors à ce moment-là complètement repensés par un conseil de 8 personnes sous la direction de Eugenio R.Serrano de Casanova. Étant donnée l’expansion économique que connaît la ville à cette période-là, les deux thématiques retenues pour cette première Exposition sont alors celui des Beaux-arts et celui des arts industriels. Elle accueillera à terme plus d’une
39
Figure n°9 - Affiche premiere Exposition Universelle de Barcelone, 1888 Source : Portrait de ville : Barcelone , cité de l’architecture et du patrimoine/IFA, Barcelone, 2012, collection « portrait de ville », numéro spécial d’archiscopie, n 117, page 29.
40
Figure n°10- Photo d’archive, arc de triomphe 1888. Source : http://bipt.univ-tlse2.fr/VOIR/barcelone88/expo_barsa.html
41
42
Figure n°11- Plan d’archive, site exposition Universelle 1888. Source : http://bipt.univ-tlse2.fr/VOIR/barcelone88/expo_barsa.html
43
vingtaine de pays di érents, tous représentés au sein de ce nouveau parc urbain qui aujourd’hui est un des parcs les plus visité de la ville de Barcelone.
Aujourd’hui sont encore visibles trois oeuvres considérées comme emblématiques de cette
première Exposition Universelle et qui sont des endroits qui permettent à la ville de Barcelone de pouvoir faire vivre et développer son tourisme : L’arc de Triomphe en brique présent à l’entrée de l’enceinte fait par l’architecte Josep Vilaseca i Casanovas (1848 - 1910), le café-restaurant a l’allure gothique qui aujourd’hui est le musée de la Zoologie mais qui est surtout connu sous le nom plus populaire de « Château des trois dragons » réalisé par Louis Domenech i Montaner (1850 - 1923) et la serre faite de verre et de fer par Josep Amargos i Samaranch (1849 - 1918). Ce sont trois des premières architectures qui seront par la suite qualifiées de
s mboliques
car elles renvoient à la mémoire de cet événement
marquant dans l’histoire de l’évolution et de la transformation urbaine de la ville de Barcelone.
Barcelone 1929
La seconde Exposition Universelle de Barcelone à lieu en 1929 sur la Colline du Montjuic.
Inauguré le 10 Mai 1929 et clôturé le 15 Janvier 1930, elle sera bien plus simple à mettre en place que la première car elle bénéficie tou ours des retombées de
.
elle ci aura un impact sur l’aménagement
urbain de la ville ainsi que sur le plan mis en place des années plus tôt par Ildefons Cerda car elle impliquera l’abandon de certains projets prévus initialement à cet endroit précis. E ectivement, la « plaza esapana » ne se modèlera pas comme il était prévu mais fera partie des aménagements nouveaux liés à cette nouvelle Exposition Universelle, elle sera la limite physique et symbolique entre la ville et celle-ci. Les thématiques cette année sont le sport, les industries et l’art. À cette e gie, le site est pour le coup structuré en trois zones sur la colline : en bas de celle-ci se trouvent di érents palais dont celui des transports, au niveau intermédiaire seront visibles les pavillons nationaux, le palais des arts, le pavillon royal et le palais national et en haut la visite se termine sur le nouveau stade. Pour un coût d’environ 130 millions de pesetas cette Exposition permettra à la ville de di user une nouvelle fois l’image de son industrie catalane à l’étranger et de médiatiser ses nouveaux savoirs tout en s’a rmant dans son rôle de capitale Catalane indépendante. Ce sont di érents architectes qui ont également permis à cet évènement d‘exister, mais principalement à Josep Puig i Cadafalch (1867 - 1956) considéré comme un des architecte emblématique du « modernisme catalan » et Guillemn Bousquets (1877 - 1956).
Cette seconde Exposition aura permis à l’époque à la ville de modeler un nouveau quartier et lui
aura apporté un nouvelle mobilité car pour cette occasion la ville de Barcelone met en place deux funiculaires afin de permettre au visiteurs de circuler sur la colline de manière plus aisée.
u ourd’hui
encore il est possible de venir contempler ces architectures qui sont preuves de l’existence de ce grand événement marquant pour la ville. Il est possible de visiter : le palais national aussi connu sous le nom de « Museo Nacional de Arte de Cataluña », le Palais de l’Agriculture qui est aujourd’hui reconverti en « Mercat de les Flors », le « pueblo espanol » qui est un petit quartier extrêmement prisé par les touristes, le 44
Figure n°12 - Pêle-mêle affiches seconde Exposition Universelle de Barcelone, 1929. Source : https://www.abebooks.co.uk/maps/EXPOSICION-INTERNACIONAL-BARCELO-
NA-1929/11112144437/bd
45
Figure n°13 - Plan d’archive, site exposition Universelle 1929. Source : Diari Oficial de l’Exposició
46
pavillon Allemand qui fut détruit avant d’être reconstruit à l’identique quelques années plus tard tant il était porteur d’un symbole fort pour l’art nouveau à l’époque et la « plaza espana » avec ses fontaines magiques qui aujourd’hui sont un des points les plus attractifs de la ville.
Les Jeux Olympiques
En ce qui concerne les Jeux Olympiques, aujourd’hui ce sont des rencontres sportives
internationales majeures qui ont lieu tous les quatre ans (des années paires toujours) dans di érentes grandes villes dans le monde. Il existe les Jeux Olympiques d’été et les Jeux Olympiques d’hiver. Les premiers ont eu lieu durant la période de l’antiquité avant de conna tre une reconversion entre la fin du ème siècle et la fin du
ème siècle afin de devenir ceu qu’ils sont actuellement. ls ont connu une
reconversion en 1894 lorsque Pierre de Coubertin fonde le Comité International Olympique, aussi appelé CIO. Les tout premiers Jeux Olympiques modernes auront lieu à Athènes en 1896 et
en 1924 à
Chamonix pour ceux d’hiver. Dans le courant du XXème siècle ces manifestations sportives font se voir évoluer et suivre les di érentes évolutions techniques, économiques ou encore politiques du monde. D’ailleurs, à leurs débuts ces compétitions étaient uniquement réservées aux amateurs, interdisant strictement l’accès aux professionnels et ce jusqu’en 1981. C’est cette année-là que les règles ont changé et que les tendances se sont inversées, les jeux olympiques se sont ouverts aux professionnels. On note aussi que les Jeux Olympiques au cours du temps se sont féminisés à tel point que de nos jours ils atteignent une quasi-parité. En suivant également les évolutions et les changements sociaux, les Jeux Olympiques se sont ajustés en mettant en place les Jeux Paralympiques pour les personnes en situation de handicap ainsi que les Jeux Olympiques de la jeunesse pour les jeunes athlètes ayant entre 14 et 18 ans, mais également en créant aussi un bon nombre d’épreuves mixtes.
Barcelone 1992
En 1992, du 25 juillet au 9 août se sont déroulés les premiers Jeux Olympiques espagnol dans la
ville de Barcelone et ont accueilli plus de 9000 athlètes représentant près de 170 pays di érents. À cette occasion et pour pouvoir accueillir toutes les infrastructures nécessaires au bon déroulé de cet événement la ville a dû se transformer. En e et, du parc de Ciutadelle (qui avait accueilli l’Exposition Universelle de 1929) jusqu’au Port à côté de la plage de la Barceloneta (sur près de 8km) les aménagements urbains et les nouvelles installations ont été nombreuses. Quatres zones furent aménagées pour répondre aux besoins, toutes situées à des endroits servant de frontière entre « la ville formalisée et la périphérie chaotique ». Le quartier de Vall d’Hebron, une vallée vide, est devenu un grand parc sportif doté d’espaces verts en plein air et d’installations fermées. La partie haute de la Diagonal, seulement perçue comme une route à ce moment-là s’est transformée en un regroupement d’installations sportives universitaires et privées. Le Montjuïc qui a été le site olympique par excellence 47
avec notamment le stade, avait subi un début d’urbanisation pour l’exposition universelle de 1929. Et enfin le dernier site qui est celui de
ova caria qui a servi de village ol mpique et qui l est encore
aujourd’hui.
ris en main par les architectes
riol
ohigas né en
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omènech
et appu é par de nombreu architectes de renoms qui ont fait na tre de nouvelles architectures s mboliques pour la ville le pro et devait tre capable après avoir accueilli un événement si fort de s’intégrer à la concentration urbaine comple e de arcelone. ans l’ob ectif de cette métamorphose de la ville et face à la réussite dont elle a fait preuve c’est l’urbaniste
riol ohigas i
uardiola qui a dit que Le
secret fut de penser l’événement comme une métamorphose urbanistique intégrale et non comme la mise en place d’une vitrine temporaire . La ville s’est également vue équipée d’un nouveau réseau moderne de tram a s pour cette occasion l’aéroport a lui aussi subit un réaménagement complet afin d’ tre plus fonctionnel et pouvoir recevoir autant de monde ainsi qu’une opération de canalisation des égouts a été mise en place.
r ce à cet événement sportif moteur de grands changements urbains
dans la ville à ce moment là
arcelone a pu s’ouvrir vers la mer et renouer avec elle. Les Jeu
l mpiques de
marquent un avant et un après dans l’histoire récente de arcelone. La démarche
urbanistique mise en oeuvre à
arcelone lors des Jeu a permis de m ler pro et de ville et pro et
ol mpique. arcelone a su en tirer profit. l n’est pas fau de dire qu’au delà des grands travau et de la transformation urbaine que la ville a connu en
elle a également connu une réussite sociale et
politique forte qui n’ont fait qu’embellir l’image de la ville et faire parler d’elle à l’internationale une nouvelle fois.
u ourd’hui il est possible de se balader dans le village
l mpique afin de profiter de ses
installations urbaines tout à fait agréables et de contempler certaines de ces architectures iconiques comme la our des télécommunications de
ont uic réalisé par
ou encore le alau an Jordi de rata so a i née en
antiago
alatrava alls née en
qui est au ourd’hui considéré comme un des
chefs d’oeuvres de l’architecture moderne.
48
Figure n°14 - Affiche Jeux Olympiques 1992. Source : http://www.cdusport.com/affiches-jeux-olympiques-1896-2012-100
49
1.2.3 La naissance d’architectures « symboliques »
Dans un premier temps qu’est-ce qu’une architecture symbolique ? « C’est une architecture qui émet une idée acceptée de tous, ou encore un lieu commun qui parle à tout le monde. Elle va pouvoir exprimer des choses en tant que telles, comme elle est. Elle peut être représentative et évoquer, soit le contenu d’un bâtiment, soit un élément que tout le monde va pouvoir venir lire facilement. »28 Il y a deux manières de voir ces architectures symboliques. Premièrement comme celles qui vont venir faire travailler l’imaginaire de l’usager, du spectateur, qui vont venir jouer avec le spectateur. Deuxièmement elles sont là pour venir rendre hommage à l’histoire, à des hommes, des évènements, des courants ou des pensées. Elle n’est, dans ce cas-là, plus parlante à cause de la forme qu’elle a, mais surtout à cause de son emplacement qui fait écho à di érents événements historiques. Il se peut même que parfois ces architectures s mboliques finissent par tre considérées comme faisant partie intégrante du patrimoine de la ville. Une architecture symbolique est donc en résumé un élément qui va venir faire travailler l’imaginaire et/ou ramener à l’histoire. On peut donc dire que mémoire et imaginaire collectif font la paire en ce qui concerne ces architectures considérées comme étant emblématiques.
Depuis la première exposition universelle de Londres en 1851 jusqu’à la plus récente à Milan en toutes ces manifestations de grande ampleur ont vu une quantité impressionnante de figures
architecturales naître. Ce sont des constructions qui ont pour la plupart d’entre elles laissé une trace existentielle dans les villes qui les ont vu le jour. Elles sont là comme preuves de l’existence de ces évènements, preuves des progrès de leurs époques. Elles font partie intégrante du patrimoine d’une ville. Elles transmettent l’histoire en plus des avancés de l’époque de leurs constructions. Ce sont des symboles à la fois pour la ville d’accueil comme pour le pays qui leur a permis d’exister, mais également pour les progrès qu’elles représentent.
Des suites de ces multiples événements importants au sein de la ville de Barcelone, que ce soit
les deux expositions universelles (1888 - 1929) ou encore les jeux olympiques (1992), des architectures que l’on peut qualifier de
s mboliques
ont vu le our.
e sont des édifices qui ont principalement été
construit dans le but de répondre aux besoins de ses grands événements.Ils sont devenus les symboles de ces manifestations par la suite. Aujourd’hui encore, ces architectures renvoient à l’histoire et à la mémoire de tout ça. Par exemple l’arc de triomphe qui a servi d’entrée lors de la première exposition universelle et qui aujourd’hui est un des monuments les plus vus par les touristes, ou encore le pavillon allemand de la seconde guerre qui est un bâtiment lourd d’histoire. Celui-ci a d’ailleurs été détruit en avant d’ tre reconstruit à l’identique entre
et
afin de préserver sa mémoire et de
conserver le témoignage de la naissance d’une architecture moderne à l’époque. Aujourd’hui ces architectures sont très importantes pour la ville de Barcelone, elles représentent le patrimoine d’une ville 28
éfinition tiré de l article architecture symboli ue , e trait du numéro
de la re ue . itation de Amélie Rousseau.
50
qui a accueilli à deux reprises le progrès et l’innovation. Elles sont les vestiges d’évènements qui ont marqué et transformé la ville, qui ont eu un impact sur la mémoire de celle-ci et qui font aujourd’hui partie intégrante de son patrimoine. La première consistait à
es édifices qui sont par la suite devenus des s mboles ont eu deu vies.
tre une illustration du progrès et de l’innovation du pa s auquel elles
appartenaient, la seconde consiste à faire perdurer leur mémoire dans le temps.
u ourd’hui le tourisme dans la ville de arcelone tourne énormément autour de tous ces édifices. ais ce n’est pas le cas uniquement pour cette capitale
atalane il est au ourd’hui possible d’aller voir
de nombreuses architectures considérées comme s mboliques un peu partout dans le monde il
a par
exemple à Paris la Tour Ei el réalisé par Gustave Ei el lors de l’Exposition universelle de 1889 on encore l’unité d’habitation de réalisé par le
erlin aussi connu sous le nom de
orbusier en
également à l’occasion d’une
orbusierhaus position
ou
niverselle.
ohnmaschine es architectures
sont des s mboles que l on retrouve dans les villes mais également ailleurs elles sont aussi très souvent représentées dans les oeuvres littéraires car elles représentent l’histoire et la mémoire des villes qui les abritent.
E ectivement depuis bien des siècles la ville de arcelone conna t de multiples transformations
et évolution. l n’est pas fau de dire que c’est une ville qui en se libérant de ses murailles s’est épanouie et à commencer à faire concurrence à la capitale Espagnol qu’est Madrid. Bien qu’elle n’est pu lui prendre sa place, Barcelone est aujourd’hui considérée comme la capitale Catalane. Des suites à ses nombreu grands événements qui ont permis à la ville de s’épanouir de s’étendre et de se montrer arcelone a su s imposer à la fois dans le monde réel mais également dans un univers un peu di érent qui est celui de la littérature. De fait, aujourd’hui, en plus de faire partie des villes les plus visitées dans le monde elle fait également partie de celle qui sont le plus utilisés par les auteurs en matière de pa sages littéraires.
51
Figure n°15 - Tour Eiffel, Paris. Source : photo personnelle.
52
Figure n°16 - Palacio de Cristal, Madrid. Source : photo personnelle.
53
2. LES
REPRÉSENTATIONS DE
BARCE-
LONE DANS LA LITTÉRATURE.
55
56
2.1 Barcelone comme nouvelle capitale littéraire « Barcelone est bien plus que la capitale de la Catalogne. » Mathias Esnard
2.1.1 Les di érents auteurs emblématiques de Barcelone (Mendoza, Marsé, Montalban)
« Barcelone est une ville étonnante, une ville anarchiste, une ville révolutionnaire et faite de
révolution »29 . C’est une ville qui se veut propice à la création d’images mentales. Ses di érents paysages sont une source d’inspiration inépuisable pour les auteurs originaires de là-bas. Encerclée par deux rivières30 et coincée entre mer et montagne, Barcelone est une ville indépendante qui se développe seule. Du fait de son indépendance, tout passe par son port qui est lui-même décrit comme un microcosme primordial dans les œuvres de beaucoup d’auteurs qui ont écrit sur cette ville si riche. Jean Noël Mouret s’attache même à dire que « Barcelone ce n’est pas un lieu, mais une ambiance. »31 Il est vrai que pour qu’une histoire ait l’air réelle, pour qu’elle parle au lecteur et que celui-ci soit transporté dans le cadre qui lui ait décrit il faut qu’il puisse sentir et comprendre la géographie et l’histoire de celui ci. fin de permettre un voyage des plus agréables, les auteurs s’inspirent de faits existant, de lieux réels, de leurs expériences personnelles suite à leur propre expérimentation d’une ville, de leurs propres pratiques des di érents lieux dont ils font usage pour rythmer leurs écrits. Barcelone n’échappe pas à cette règle et représente une vraie mine d’or pour les écrivains, que ce soit pour son histoire très riche, pour son architecture moderne, symbolique et souvent atypique, son ambiance ou encore ses quartiers si présents et définis.
Parmi ces auteurs les plus connus et emblématiques, Barcelone rythme les œuvres de Manuel
Vasquez Montalban32, Juan Marsé33 où encore Eduardo Mendoza34 . Tous les trois sont des auteurs nés à Barcelone à l’époque qui succède la seconde Exposition Universelle de 1929. La ville se trouve en pleine transformation et vient de connaître un tremplin important médiatiquement parlant. L’image de la ville vient de changer et les modes de vie également. À cette époque, le modernisme commence à émerger réellement et l’industrialisation entraîne de très fortes agitations sociales partout dans la ville. Ces auteurs qui après avoir vécu de nombreuses années au sein même de cette ville qui ne dort jamais, ont appris à la connaître et ont eu l’occasion de l’appréhender de di érentes manières. Juan Marsé, dans un premier temps, grandit, lui, sans mère dans les bas-fonds de Barcelone, il devient joaillier à l’âge de 16
30
Maialen Berasategui, journaliste littéraire, Barcelone par les écrivains. Les deux rivières qui encercle Barcelone sont le Besos et le Llobregat.
31
Jean Noel Mouret, « Le gout de Barcelone », 2002, citation page 10.
32
Manuel Vasquez Montalban 1939 - 2003.
33
Juan Marsé née le 8 Janvier 1933, toujours vivant.
34
Eduardo Mendoza née le 11 janvier 1943, toujours vivant.
29
57
ans puis finit par partir faire son service militaire o il écrit son premier roman Ultimas tardes con Teresa » en
inspiré de ses plus eunes années.
ant grandi dans cette
arcelone d’après guerre il
s’inspire de ce qu’il a pu voir et vivre afin de donner ustement un tableau asse personnel de cette période dans ses romans et peindre son propre portrait de cette ville.
anuel asque
ontalban lui
conna t une vie bien di érente. ssu d’un milieu modeste et fils d’un modiste et militant du rencontre son père que lorsque celui ci sort de prison à ses ournalisme il décide de militer comme son père pour le avoir obtenu une condamnation pour
ans.
de un guardaespaldas arcelone.
ipl mé dans le milieu du
et termine donc en prison en
après
’est dans la prison de Lérida qu’il écrit son premier essai
Informe sobre la información . inalement en détective epe arvalho dans son roman
ans.
il ne
il fait na tre son personnage emblématique le
Yo maté a Kennedy. Impresiones, observaciones y memorias
qui va évoluer au travers de toute une série de romans policiers se déroulant à
ontalban a lui la particularité de faire vivre son hobb pour la cuisine dans ses oeuvres au
travers de son personnage qui est à la fois détective et gastronome. l se sert également de sa série de romans noirs pour donner une critique culturelle sociopolitique et historique des années d’après guerre de la ville que lui a pu conna tre.
uant à duardo
endo a qui est considéré comme l’auteur le plus
représentatif de sa génération et le plus emblématique de la ville de
arcelone il conna t une enfance
plus aisée que ses confrères. près avoir vécu sur arcelone étudié à Londres puis travaillé à e c’est finalement en
peu avant la mort du général rancisco ranco qu’il publie son premier roman
La verdad sobre el casa Salvota qui ustement prend place dans cette ville o il a grandi. que
or
endo a sort son roman le plus important.
récompensé par la ville de arcelone
ais c’est en
onsidéré comme un chef d’ uvre et
La ciudad de los prodigios
est un roman picaresque
qui se
déroule entre les deu e positions universelles et qui met en avant à la fois les transformations ph siques de la ville comme celles sociales et politiques.
ette
uvre qui place la ville de arcelone au c ur du
récit est une critique née de l’esprit de l’auteur et appu ée puis argumentée par son e périence personnelle au sein des rues de cette ville si riche en pa sages. n parlant de son roman La ciudad de los prodigios aussi de la lointaine mérique que arcelone puisqu’il à vécu à
e
endo a et l’écriture de
ophie avar e plique dans un de ses articles que
’est
endo a con u le pro et La ciudad de los prodigios, son roman de or de
à
. l à pu
acquérir la distance caractéristique de
son oeuvre distance ironique en général mais aussi vis à vis de la ville.
duardo
endo a est un
arcelonais incontestablement mais un arcelonais qui ne noue pas ses tripes à celles de la ville. » appu ant le fait qu’il soit considéré comme un auteurs très représentatif de
arcelone.
ans ce m me
article elle a rme en parlant ce coup ci des trois auteurs cités précédemment qu’ils sont membres tous trois de la génération dite de posguerra que leur production fictionnelle est ainsi marquée par un pro et commun celui de la récupération de la mémoire des temps traumatiques de la période franquiste que les cercles d’élites et de puissants démocrate ont voulu e acer période qui est aussi celle de leur
35
Roman Picares ue Roman popularisé en Espagne au V e si cle, dans le uel un héros pau re raconte ses a entures. définition de l internaute
36
Sophie Savary, article « omment les polars barcelonais mod lent l imaginaire de la ille ? » 2007
58
enfance »37 . Elle a rme donc que ces trois auteurs, issus de la même époque, tentent, au travers de leurs di érents écrits et de leurs styles propres, de renvoyer leur image de la Barcelone qu’ils ont connu tout en prenant appui sur des facteurs bien réels.
Bien entendu ces trois auteurs ne sont pas les seuls à avoir fait vivre la ville de Barcelone et à
avoir participé à l’écriture de son image littéraire, ils sont une multitude à avoir raconté la ville au travers de di érentes époques. En plus des auteurs Barcelonais de souche, de nombreux auteurs étrangers se sont confrontés à cette ville frondeuse et tumultueuse. C’est Pierre Ducrozet qui a rme d’ailleurs concernant la ville de Barcelone qu’« elle à été plus commentée que Madrid » qui est pourtant la capitale du pays. Il explique également dans son dernier livre Barcelone : Histoire, promenades et dictionnaires publié en 2018 que chaque auteur écrit dans sa langue. Pour les trois auteurs cités précédemment, la langue utilisée lors de la rédaction de roman est le castillan38 alors que par exemple certains auteurs tels que Josep Maria où encore Jaume Cabré, eux, utilisent le Catalan lors de l’écriture. Les auteurs sont aussi d’accord pour dire qu’il est primordial pour eu d’écrire dans la langue dans laquelle ils pensent afin de vraiment retranscrire leur Barcelone au mieux.
37
Sophie Savary, article « Comment les polars barcelonais modèlent l’imaginaire de la ville ? » 2007
38
Le castillan est l langue o ficielle de l Espagne.
59
2.1.2 Les paysages de Barcelone : source d’inspiration du roman policier et roman noir
« Force est de reconnaitre que rares sont les écrivains amoureux de Barcelone qui n’ont pas consacré tout ou partie de leur oeuvre au genre. » 39 Jean-Noël Mouret
Dans un premier temps il est important de comprendre ce qu’est un roman avant d’essayer de
s’attaquer aux di érents sous-genres qu’il englobe et de comprendre pourquoi les paysages urbains détiennent un r le important voire primordial pour certains d’entre eu .
n roman est par définition
uvre fictionnelle en prose habituellement asse longue qui présente plusieurs événements importants et fait vivre dans un conte te des personnages donnés comme réels fait conna tre leur ps chologie leur destin et leurs aventures »40 . Il se divise par la suite en di érents genres littéraires qui vont venir chacun avoir des sous-genres avec des critères qui leur sont propres. Un des genres littéraires qui fait le plus appel au pa sages urbains des villes et finalement celui du roman policier plus précisément celui du roman noir qui est aussi plus populairement appelé
polar . Le polar
s’impose à la fin des années
1960 » il « qualifie d’abord les films policiers puis un peu plus tard les romans. Polar viendrait du terme grec polis, qui désigne à la fois la cité, les institutions et la ville précisent Audrey Bonnemaison et Daniel ondanèche dans leur essai Le Polar, « idées reçues »41 . Pour autant, l’utilisation de ce terme n’a pas davantage permis d’élaborer une définition de ce genre littéraire. Le polar en e et, constitue un espace de créativité sans limite et il peut se décliner de diverses façons. Détection, suspense, étude de mœurs, noir aventures chronique sociale politique fiction thriller autant de t pes de récits di érents qui, tous, peu ou prou se rattachent au tronc originel »42 . Il est vrai que le roman noir a considérablement évolué depuis ses débuts au milieu du XXème siècle et a vu ses paysages évoluer également, « les campagnes Londonienne de certaines aventures de
herloc
olmes ont progressivement cédé la place au
espaces urbains »43 et certaines grandes villes sont devenues des paysages que l’on retrouve fréquemment dans les polars. Jean Noël Blanc dans Polarville distingue d’ailleurs le roman policier classique du polar en disant qu’une « distinction fondamentale doit être établie entre le roman policier classique et le roman policier de type roman noir » parce que « dans le premier, la ville importe peu » alors que « le roman noir, lui, accorde une importance considérable à la ville »44. E ectivement, la ville au ourd’hui o re « un cadre adapté et idéal à l’élaboration de la trame policière. Elle favorise en outre un ancrage appréciable dans le réel »45 ce qui rend l’histoire plus simple à s approprier pour le lecteur tant le 39
Citation de Jean Noel Mouret dans son livre « le goût de Barcelone », page 10. Il fait ici référence au genre du roman policier.
40 41
éfinition de l internaute. Essai publié en 2009.
42
J.Tulard et C.Mesplède, Policier Roman, Encyclopédia Universalis (en ligne).
43 44 45
itation de EL VE
illes, 200 , Larchitecture picares ue d Eduardo mendoza dans el mysterio de la cripta embrujada.
Jean Noel Blanc, Polarville, citation page 10. itation de
illes el Vecchio.
60
cadre rapporte à quelque chose qu’il connaît et dans lequel il peut se projeter. Sophie Savary ajoute également que « Le « monde » d’un roman est construit par emboîtement d’éléments réels « objectifs » reconstruits par l’écriture (ex : les Expositions Universelles de Barcelone décrites par Mendoza dans La ciudad …) et par des éléments issus du seul monde de l’auteurs, qui relèvent du référent subjectif (ses images, son histoire, ses fantasmes, son éducation, ses amis et rencontres ) toujours enchâssé dans une réalité sociale réelle. »46.
E ectivement, l’usage de paysages urbains connus dans ce genre d’écriture permet au lecteur
de suivre l’enquête tout en apprenant à connaître certains aspects d’une ville. Jean Noël Blanc souligne d’ailleurs que « l’attention et la place que les auteurs de polars accordent à la ville est disproportionnée par rapport aux normes d’écriture de ce genre littéraire »47. E ectivement, aujourd’hui la ville prend plus de place dans le roman policier que parfois l’histoire en elle-même, elle devient alors parfois un personnage à part entière. Elle n’est plus seulement utilisée comme décor qui rythme le récit mais elle évolue en même temps que l’intrigue avance, la ville devient de plus en plus souvent motrice du rythme de l’enqu te. Jean
o l
lanc s’attache à appu er l’importance de la ville et du r thme qu’elle in ige à
l’histoire dans les polars de nos jours en écrivant « voila en e et une littérature qui vise à l’e cacité, et qui, pour ce faire n’a ni place ni temps à perdre (…) et pourtant elle s’o re le luxe de consacrer des pages entières à l’évocation de lieux urbains »48.
Parmis les villes que les auteurs a ectionnent particulièrement lorsqu’il s’agit de l’écriture de
roman noir, il y à la belle Barcelone. C’est Sophie Savary qui explique dans son article « comment les polars barcelonais modèlent l’imaginaire de la ville » que « La ville de Barcelone est l’une des villes les plus utilisé dans les romans noirs et policiers. » pour la simple et bonne raison que ce qui en fait un paysage propice à ce genre d’écriture sont « sa réalité ses problèmes et ce qui l’identifie . lle va encore plus loin dans la ustification de l’utilisation de la ville de arcelone en maintenant que
à travers ce genre de ville
et de ce genre de vie intramuros, il est bien simple pour le lecteur de pointer, décrire ou encore décortiquer le « coté sombre » de l’être humain » et que donc « la ville sombre et dont nous connaissons au travers des chroniques urbaines des problèmes (sociaux important sur la ville) est plus propice » à la rédaction de ce genre de fiction.
ectivement la ville de Barcelone de par son histoire, ses quartiers, sa
condition (entre mer et montagne) et surtout grâce à son port qui est un espace urbain souvent mis en avant à cause des problèmes sociaux mais aussi économiques qu’il engendre dans la ville fait d’elle « la ville du roman noir par excellence »49. Son port et ses quartiers plus populaires habités par une classe sociale plus démunie et donc qui fait face à beaucoup plus de violence, à la prostitution ou encore qui donne à voir des paysages insalubres constitués d’une multitude d’espaces restreints o rant des opportunités pour se cacher, avoir des courses-poursuites atypiques etc. répondent totalement aux besoins des auteurs de romans policiers. E ectivement, Nadine Puig, dans son article « La ville en 46
Sophie Savary, citation article « Barcelone par ses paysages contée : pertinence du dialogue entre romans et récits d’habitants », 2004.
47
Ibid, citation page 14.
48
Ibid, citation page 14.
49
Paco CAMARASA 1950 -2018
61
littérature », a rme qu’aujourd’hui « le roman policier est urbain ou n’est pas… et bien souvent, l’auteur délaisse les quartiers chics pour une géographie urbaine périphérique. C’est ainsi que les quartiers deviennent le décor approprié pour situer les intrigues et autres meurtres sanguinaires ».
Un des auteurs de polars Espagnols le plus connu et considéré comme emblématique de la ville
de Barcelone est Eduardo Mendoza, il utilise très fréquemment les paysages Barcelonais comme décor de ses nombreux romans policiers, mais pas que. Par exemple El misterio de la cripta embrujada, écrit en 1978. Il s’agit dans ce polar de lire l’histoire d’un personnage qui n’a rien d’un enquêteur classique mais qui est plut t at pique qui est réquisitionné pour retrouver deu
eunes filles qui ont disparu dans un
pensionnat de Barcelone. Mendoza dans son roman permet au lecteur de visiter la ville sous tous ses aspects en passant des bas-fonds de la ville jusqu'à l’intérieur de ses quartiers les plus chics. Il se sert également de la déambulation de son personnage dans la ville dans le cadre de son enquête pour montrer certains aspects de Barcelone et dénoncer les dérives de l’époque « pré-post-franquiste » dont il s’inspire largement. Mais également dans son oeuvre La ville des prodiges, il utilise uniquement le paysage Barcelonais pour raconter l’histoire de son personnage principal qui est Onofre Bouvila, un jeune de 13 ans lorsqu’il arrive dans la grande ville. E ectivement ce roman n’est pas exactement un roman noir bien que son personnage trempe dans le monde de la pègre barcelonaise et nous permette d’explorer les côtés les plus sombres de cette ville. Pour permettre au lecteur de s'approprier au mieux ce roman et pour mettre en avant ce côté réel indispensable, Mendoza cite tout au long de son livre une multitude de lieux barcelonais existant, par exemple : « Numéro 4 de la calle del Musgo » (VP, page 36), « dans la rue basse de San Pedro » (VP, page 150), « plaza del Pino » (VP, page 287) où encore « située dans la partie haute de la Bonanova » (VP, page 379). Le fait de citer favorise l'ancrage dans la réalité et répond donc aux critères du roman noir bien qu’il ne soit pas considéré comme tel. Ici le lecteur peut alors plus facilement faire travailler son imaginaire et se projeter dans cette ville qui lui est racontée.
Les auteurs, en plus de se servir de Barcelone comme paysage littéraire ont tendance à façonner
l’image de la ville un peu à leur guise. E ectivement, il n’est pas rare d’entendre des légendes ou d’avoir des préjugés sur un lieu uniquement à cause de ce que les auteurs ont pu écrire. Ils ont la capacité de transmettre des ambiances ou encore des images qui par la suite collent à la peau de ces villes. La ville de Barcelone, dont de nombreux auteurs ont pris appui dans leurs romans, ne déroge pas à cette règle et se retrouve victime de ces mythes littéraires sortis tout droit de la tête de ces auteurs qui ont pris appui sur certains aspects pas toujours mélioratifs de la ville.
62
2.1.3 Les mythes littéraires Barcelonais : des images qui lui colle à la peau
arcelone étant une ville que beaucoup d’auteurs se sont appropriés afin de faire na tre leurs
romans celle ci s’est retrouvée à un moment confronté à la naissance de m thes littéraires la concernant ce sont des m thes qui sont repris plusieurs fois par la littérature.
elon la terminologie d’ ndres
inagos dans éfinitions du m the concernant les m thes littéraires il est vrai de dire qu’ en plus d’ tre un lieu de ra onnement d’un m the prée istant la littérature peut devenir un lieu d’élaboration de nouveau
m thes puisque certains te tes littéraires constituent e ectivement les te tes fondateurs
d’histoires que des reprises successives ont ancré dans la mémoire.
es scénarios nés comme te tes
littéraires et perpétués entre autres par d’autres te tes littéraires constituent des m thes proprement littéraires .
’est e actement ce qui est arrivé à la ville de arcelone principalement au quartier du aval
qui est très vite devenu le
arrio hino dans la littérature. u ourd’hui encore ce nom persiste bien que
le quartier en lui m me ne soit plus e actement le m me qu’à l’époque de la naissance de ce m the.
omme dit précédemment les auteurs aussi bien fran ais qu’espagnols ont réussi avec les
années à ancrer dans les m urs des réputations et des images censées représenter la ville de arcelone et l’image qu’ils ont d’elle ou encore celle qu’ils veulent montrer avar appuie ces propos en disant qu’il est vrai que
à leurs lecteurs.
ophie
certains de ces m thes ont été enfantés par la
littérature et ont donné naissance à un champ imaginaire structurant de la ville fictionnelle et de la ville réelle »50 . lle donne pour e emple le cas du
arrio
hino
de arcelone en précisant que
ce m the
est en fait très précisément le fruit de l’interpénétration de la ville réelle et de la ville fictionnelle puisqu’il se fonde sur une réalité territoriale enrichie par l’imaginaire de quelques écrivains »51. littéraire concernant la ville de
arcelone le plus connu et celui du
arrio
hino
ectivement le m the qui est en fin de
compte le surnom donné au quartier du aval qui est un quartier du centre la ville plus précisément il est le quartier représentant la ne soient détruites en ournal espagnol rues du
.
ciudad antigua
l’origine le m the du
l escandolo en
aval comme étant
la ville qui e istait dans les murailles avant que celles ci arrio
ou le ournaliste
hino
est né d’un article écrit dans le
adrid ransisco avait décrit dans celui ci les
étroites et mal éclairées fréquentées par les marins et les filles de oie
vaguement colorées de lanternes en guise d’enseignes comme un quartier chinois surpeuplé et louche .
ectivement à l’époque la pro imité avec le port et suite à l’augmentation colossale de la population
à cause de l’industrie ce quartier était plut t un quartier populaire o
logeaient ma oritairement les
migrants en recherche d’emploi ou a ant l’ambition de faire fortune et les ouvriers. uite à la démolition des murailles et à la délocalisation des familles un peu plus aisées
le quartier du aval est devenu une
zone surpeuplée, liée au port et à l’industrie qui, pendant des siècles, ont voisiné directement avec les
50
SAVARY Sophie, 2006, Une carte amoureuse de Barcelone. Promenade littéraire , La pensée de midi
51
Ibid.
63
logements exigus où a uaient les migrants venus chercher un emploi et tenter la fortune »52 . Le positionnement du port par rapport au quartier à cette période a donc favorisé les trafics en tous genres drogues alcool tabacs et les marins avaient pour habitudes de venir fréquenter les auberges ainsi que les cabarets qui s’ trouvaient en grand nombre. que
’est l’auteur
arco qui lui parle du quartier en disant
de tous c tés le long des murs des centaines de prostituées vous hélaient au passage
rlan sur un ton similaire qui a oute que
l odeur de la rue était a reuse.
et
ac
l’horrible présence de la
misère se m laient les vapeurs nocturnes des bars enfumés et des dancings pouilleu qui renouvelaient leurs mètres cubes d air en prévision de la nuit suivante . ls décrivent un quartier sale pauvre et mal fréquenté.
’est e actement à cette image là que renvoie le m the du
endo a dans son roman lui décrit ce quartier comme étant mal famé de
arcelone.
n
arrio
hino .
duardo
un quartier du plus mauvais aloi le plus
trouvait des thé tres o rant des spectacles osés et sans esprit des
tavernes crasseuses et agitées une fumerie d’opium de bas étages à quatre sous les bonnes étaient dans la ville haute près de allcarca
et des bordels sinistres. Là se rendaient seulement la lie de
arcelone et quelques marins récemment débarqués dont la plupart ne rembarqueraient amais. Là vivaient seulement des prostituées des pro énètes des ru ans des contrebandiers des délinquants page
. l fait également para tre l’idée que ce quartier est per u par les habitants comme un
microcosme à part entière en appu ant la description de celui ci
’était comme un tat indépendant
on en était venu à émettre des billets à ordre qui circulaient comme de l’authentique papier monnaie il avait aussi un code très strict on rendait une ustice sommaire et très e cace on ne s’étonnait pas de rencontrer de temps en temps un pendu se balan ant au linteau de la porte d’un lieu de plaisir page
. La ville de arcelone en plus d’ tre connue pour cette image asse pé orative liée à ce premier
m the est aussi souvent assimilée à la prostitution en étant personnifiée de la sorte prostituida .
’est
ophie
avar qui appuie ce propos en écrivant que
arcelona ciudad
tout les romans et pas
seulement le genre policier ou noir font ressurgir les m thes de la ville tant ceu de t pe universel qui contribuent à construire continuellement le concept m me de la ville que ceu spécifiques à une ville particulière »53 mais également que « ce m the itinérant dans les diverses générations de villes fictionnelles à contaminé la ville entière au point d’en recouvrir parfois l’intégralité de l’image l’une des métaphores de
arcelone est celle de la prostituée
il est encore au ourd’hui vigoureu malgré les
attaques qu’il à subies pendant la période franquiste et surtout depuis les années d’avoir vu des auteurs emblématiques corroborer cette image négative de la capitale plus particulièrement
duardo
»54 .
ais à défaut
atalane d’autres
endo a a permis à la ville de rena tre sous un nouveau our.
ectivement dans La ciudad de los prodigios
endo a dépeint l’image de arcelone comme étant une
ville innovante et en plein progrès qui se développe et essaie de changer ustement son image de ville sale et mal fréquentée. ien que le m the du 52
arrio
hino
soit un tout de m me présent dans son
Citation de J.Aroca
53
Sophie Savary, article « Comment les polars barcelonais modèlent l’imaginaire de la ville ? » 2007
54
Sophie Savary, article « Comment les polars barcelonais modèlent l’imaginaire de la ville ? » 2007
64
roman, l’image d’une ville nouvelle se créant à ce moment est beaucoup plus forte et prend le dessus. Eduardo Mendoza fait donc naître le nouveau mythe de Barcelone comme ville prodigieuse.
Les romans ne sont pas uniquement source de naissance de mythes et légendes en tous
genres, ils ne sont pas là uniquement pour raconter une histoire ou encore raconter des lieux. Les auteurs, au travers de leurs œuvres, viennent critiquer la société et l’état contemporain des villes dont ils racontent l’histoire. E ectivement, dans le genre du roman policier, il n’est pas faux de dire que beaucoup d’auteurs sont ancrés dans la réalité de l’époque à laquelle ils écrivent ou encore dans celle de leurs souvenirs. La littérature, en plus de raconter un lieu, dénonce très souvent les inégalités sociales et n’hésite pas à cacher la critique d’une société qui va mal entre ses lignes.
65
Figure n°17 - Ruelle du Barrio Chino de Barcelone. Source : Joan Alvado (2008).
66
2.1.4 Une critique sociale omniprésente dans la littérature
« ’oeuvre de fiction est un miroir de la société, elle accompagne l’homme et son milieu de vie
travers le temps et l’espace.
’est ainsi que le paysage urbain est
devenu un élément récurent du roman » adine uig.
Une ville n’est pas uniquement un élément géographique, c’est aussi un espace où la société
prend une place primordiale. « La ville re ète la structure de la société »55 , e ectivement, la ville est faite pour les habitants et eu font partie intégrante d’une société qui se développe de manière di érente en fonction de la structure qui l’entoure. Dans les romans, certains auteurs s’attachent à développer une image plus ou moins pé orative de cette société afin de venir transmettre dans la plupart des cas leur propre vision de ce que sont la ville et la société à l’époque où ils en parlent. « L’oeuvre de fiction est un miroir de la société, elle accompagne l’homme et son milieu à travers le temps et l’espace. C’est ainsi que le paysage urbain est devenu un élément récurent du roman »56, en e et, c’est dans les années 1970, lorsque l’âge d’or du roman éclate que les thématiques politiques et sociales voient le jour. Certains auteurs comme Juan Marsé ou Eduardo Mendoza s’attachent à la récupération de la mémoire dans leurs écrits qui prennent alors un tournant de roman« social »57. Dans ces romans qui sont ancrés dans la réalité sociale d’une époque bien précise où dans celle des souvenirs d’un auteur, les thématiques qui reviennent les plus fréquemment sont : les inégalités économiques et sociales, la pauvreté et ses corollaires (famine, chômage, insalubrité, promiscuité au sein d’un logement), les conditions de travail, la santé (alcoolisme, épidémie de maladies, mortalités précoces), la violence (familiale, criminelle ou encore politique) et la répression sociale. Sophie Savary, dans un de ses articles appuie notamment le fait que les romans noirs sont également un support important de la critique sociale dans la littérature en a rmant que « La seconde attirance pour la face noir du monde est la récurrence des thèmes sociau qui peuvent tre considérés comme véritable marqueur du genre notamment du roman noir
les divers mécanismes du pouvoir l’e ploitation la violence les problèmes sociau tels
l’immigration inséparable du racisme la globalisation et ses misères associées les d sfonctionnements de la chose publique (tels les scandales urbanistiques et immobiliers) que l’on retrouve dans plusieurs roman de Montalban, où dans la ciudad de los prodigios de Mendoza. » 58
Pour la ville de Barcelone, comme vue précédemment, les auteurs se sont attachés à créer une
image sale de celle-ci en travaillant principalement autour du « Barrio Chino » qui est le quartier le plus di cile à cette époque. En e et, au sein de ce quartier les inégalités sociales sont omniprésentes et les 55
Nadine Puig, citation article : la ville en littérature.
56
Nadine Puig, article la ville en littérature
Le roman social est une oeu re littéraire ui dénonce, généralement par le biais d une fiction réaliste, des probl mes sociau et leurs e ets sur les personnes o groupe ui en sont ictimes, issu de classe populaire la classe ou ri re le plus sou ent, mais aussi la paysannerie . 57
58
Sophie Sa ary, article omment les polars barcelonais mod lent l imaginaire de la ille ? » 2007
67
auteurs ne le cachent pas à leurs lecteurs, mais ce n’est pas le seul endroit de Barcelone qui recèle de nombreuses inégalités, méritant d’être mis en avant et critiqué. Avant la chute des murailles Barcelonaise, le développement de la ville se faisait exclusivement en intra-muros, après 1856 la ville est plus libre et commence à s’étendre et se développer ailleurs. Selon Mendoza il est clair que « le processus d’agrandissement de la ville selon une grande opération urbanistique à libéré la ville de son carcan (les murailles) et permis aux habitants aisés du Casco entassés dans un lieu insalubre et archaïque, de trouver la respiration digne de leurs ambitions et de leur besoin d’extension. Le processus d’Eixample n’est rien de moins que la construction d’une seconde ville que la bourgeoisie du 19ème et 20ème siècle s’est accaparée. »59
D’ailleurs, dans son roman picaresque on retrouve une critique sociale très
présente, notamment en ce qui concerne la thématique immobilière, directement liée au nouveau développement urbain de la ville, et celle des conditions de vie et de travail des ouvriers. Cette notion d’appropriation urbaine faite par la bourgeoisie est une thématique également très récurrente tout au long de son roman ; c’est elle qui, en e et, permet au lecteur de lire l’évolution spatiale de la nouvelle ville que devient Barcelone.
« C'était pour ceux qui travaillaient à l’air libre que la situation s’avérait la plus douloureuse. Les
ouvriers de l’Exposition universelles connaissaient des conditions indicibles dans l’enceinte ouverte sur la mer et non protégées du vent. Cependant que dans d’autres endroits comparables, comme le port, le travail s’était provisoirement arrêté, à l’Exposition on continuait à travailler à un rythme croissant. Qui plus est, les revendications des maçons ne recevaient pas de réponse satisfaisante, raison pour laquelle ils décidèrent de faire grève. » (VP, page 103), tout au long de son roman, Eduardo Mendoza met en avant les conditions de vie déplorables des ouvriers travaillant sur les chantiers de la construction des expositions universelles de Barcelone ou encore dans le nouveau port. Dans cet extrait il décrit les conditions de travail ouvrières lors de l’hiver de l’année 1887. Il met également en avant le fait que malgré les nombreuses revendications faites par les hommes rien ne change, ils ne sont pas entendus, et ceux malgré le fait qu’ils soient indispensables à la ville. E ectivement, sans ses ouvriers, l’Exposition Universelle n’aurait jamais vu le jour, et pourtant, ces hommes sont mis de côté et pas entendu, on les laisses dans des conditions qui sont déplorables et invivables. Quelques pages plus tard il nous fait également part d’un mouvement mis en place par les femmes ce coup ci afin d’essa er de se faire entendre par les politiques de la ville : « sur la plage, où habitaient les ouvriers sans foyer et leurs familles, la situation en vint à des extrémités critiques. Une nuit, plutôt que de mourir, les femmes prirent les enfants dans leurs bras et commencèrent à marcher. Les hommes préférèrent ne pas les suivre, pensant de raison que leur présence changerait le caractère de la marche. Les femmes et les enfants traversèrent le pont de fer qui unissait la plage au parc de la Citadelle et marchèrent entre les pavillons à moitié construits jusqu’à arriver au palais des Beaux-Arts. » (VP, page 109). Bien que tout au long du roman on retrouve de nombreux passages parlant de grèves, de mouvements anarchistes ou encore de
Thèse Sophie Savary : Imaginaire d’une ville : Barcelone par ses paysages. Une étude géolittéraire (2005), citation extraite du livre la ciudad de los prodigios (1986), E.Mendoza, page 102. 59
68
manifestations organisées par les ouvriers, la situation ne change pas, les conditions de vie et de travail restent les mêmes et l’inégalité sociale présente à Barcelone à cette époque reste intacte.
Barcelone est une ville qui est considérée comme étant une capitale littéraire qui a inspiré et
inspire aujourd’hui encore de nombreux auteurs, de par son paysage atypique qui leur permet de faire naître des personnages et des histoires marquantes, mais aussi grâce aux nombreux mythes et interrogations qu’ils suscitent chez leurs lecteurs. Bien que beaucoup se soient attaqués à la retranscription plus ou moins exacte de la belle Barcelone, il n’est pas faux de dire que c’est Eduardo Mendoza qui en reste l’auteur le plus emblématique et le plus représentatif, surtout pour son époque. En e et en plus de nous livrer une histoire qui est un mélange entre réalité et fiction
endo a nous livre
surtout sa propre vision de sa Barcelone qu’il a connue en étant plus jeune et qu’il prend plaisir à dépeindre au travers de ses di érents personnages ; il s’attache à cette notion de mémoire et est resté ancré dans une réalité de l’époque prodigieuse de sa ville natale.
69
2.2 La Barcelone de Mendoza
Comme vu précédemment, e ectivement Barcelone est une ville dont la géographie et les
paysages ont été expérimentés et raconté par de nombreux auteurs, mais Eduardo Mendoza en reste le plus emblématique. D’origine Barcelonaise, il a eu l’occasion d’arpenter la ville sous toutes ses coutures, a ant travaillé au sein de la police scientifique durant trois années la ville n’a aucun secret pour lui.
ette
expérience lui a permis de se rendre compte que certains quartiers ne sont pas réellement le théâtre de la mixité sociale. Mais cette expérience lui a tout de même permis de comprendre comment cette ville évolue sans cesse. Au travers de son roman la ville des prodiges, il livre aux lecteurs sa propre Barcelone et sa propre vision des évolutions urbanistiques de la ville. Son roman étant clairement le récit d’une Barcelone vue au travers de ses deux grands évènements majeurs qui sont l’Exposition Universelle de 1888 et celle de 1929. Son personnage Onofre Bouvila et son ascension vont permettre à l’auteur de faire vivre pleinement ses manifestations, de leurs mises en place à leurs inaugurations respectives, au lecteur qui va pouvoir comprendre et voir comment cela se passe. Mendoza se base à la fois sur des faits relatant une histoire bien précise et réelle mais aussi sur son propre souvenir de la Barcelone de cette époque.
2.2.1 Barcelone comme paysage littéraire de Mendoza
Depuis son premier roman60 en 1975, Eduardo Mendoza n’a cessé de raconter la ville de
Barcelone dans ses écrits. Etant d’origine Barcelonaise, il connaît
la ville mieux que personne et
s’attache à retranscrire dans ses romans la Barcelone de son enfance, celle dans laquelle il a grandi et que lui a vu se transformer. Elle est son principal paysage littéraire et au travers de ses romans il permet au lecteur de comprendre comment cette grande ville fonctionne. Dans son roman la ville des prodiges, les discours historiques sont très nombreux : ils projettent la ville dans une temporalité linéaire qui est orientée, dans une chronologie qui répond à l’avant et à l’après. Cela vient donner un sens à l’histoire et appu er le c té réel et non plus fictionnel du roman. ’est ce qui permet au lecteur de mieu comprendre la géographie de la ville et ses multiples transformations urbaines.
Sophie Savary, qui a longuement étudié la géographie de Barcelone dans les romans, explique
de manière claire qu’il est possible de penser qu’au travers de « la ciudad de los prodigios », Mendoza nous aide à aborder une autre facette de cette ville. Ce n’est plus celle d’une ville façonnée par ses traumatismes, ses révolutions et ses combats menés pour obtenir la liberté, c’est celle façonnée par ses réalisations modernes qui sont le fruit d’une industrialisation précoce pour l’Espagne telles que les deux 60
Ici il est fait référence au premier roman policier écrit par Eduardo Mendoza en 1975, la verdad sobre el caso Salvota.
70
Expositions universelles (1888 - 1929). Mendoza en dénommant la ville de cette manière dans son roman a pour objectif premier de rendre compte de deux visions de Barcelone. Dans un premier temps une ville, celle des prodiges, qui est valorisée de manière positive. Dans un second temps celle des prodiges mais vue de manière plutôt ironique, c’est-à-dire des calamités. La ville des prodiges est surtout celle qui va exister entre le 19ème et le 20ème siècle, entre la réalisation de ses deux grands évènements qui vont marquer Barcelone et son urbanisme. C’est une période historique qui se voit également marquée par la contradiction, entre les progrès et la régression à tous les niveaux, qu’ils soient sociaux, politiques, technologiques, etc.
Il est connu qu’Eduardo Mendoza s’attache à tourner ses romans de manière parodique, c’est-à-
dire qu’il cherche à détourner certains faits de la réalité afin d’en faire ressortir les aspects qui le dérange et les dénoncer ou encore les critiquer à sa manière. C’est pour cela que son roman n’est considéré ni comme roman noir, ni comme roman social, mais plutôt comme roman picaresque. Sophie Savary explique également que dans le roman de Mendoza « toutes les réalisations et merveilles qui apparaitront dans le roman sont à prendre comme telles mais aussi avec distance, en adoptant le mouvement intellectuel binaire qui consiste à mettre systématiquement en perspective ce qui est dit avec ce qui est dit ailleurs »61, sous-entendu qu’il reste nécessaire voire même essentiel pour le lecteur de faire la part des choses entre la réalité décrite mais transformée par
endo a ainsi que la part de fiction qui est
essentielle afin de faire vivre l’histoire et permettre à son personnage de se développer. L’auteur retranscrit alors une réalité de arcelone qui finalement s’avère tre uniquement la sienne racontée en fonction de son vécu, de sa propre manière d’appréhender cette ville et son évolution à travers le temps en fonction de sa mémoire. Mendoza se sert de son expérience, de sa perception et ses souvenirs pour façonner une image plutôt personnelle de la Barcelone qu’il présente dans son roman.
Le roman reste cependant proche de la réalité comme vu précédemment et vient décrire à
merveille la grandeur et la beauté de la réalisation de la première Exposition Universelle de 1888. Il se raccroche aussi à la réalité lorsqu’il raconte tout ce qui traite des conditions de vie ouvrières ainsi que celles de leurs familles : « certains d’entre eux, ceux qui n’avaient pas de foyer, passaient la nuit dans les rues proches de la place, à la belle étoile, enveloppés dans des couvertures pour les plus heureux, dans des feuilles de journaux pour les autres ; les enfants dormaient dans les bras de leurs pères ou de leurs frères » (VP, page 459). La révolution, le mouvement anarchiste bien présent à cette époque et les changements qu’ont apportés la mise en place de l’électricité urbaine, l’archaïsme des di érents réseaux urbains de la ville ou encore les tensions présentes au sein des relations humaines sont des thématiques que Mendoza s’attache également à mettre en avant dans son livre. Les deux expositions universelles apportent alors deux visions de la ville di érente dans le roman. Celle de 1888, la première, o re une vision qui est marquée par le progrès qui change à la fois les perceptions de la ville mais aussi les modes de vie de chacun. C’est d’ailleurs une vision qui est assez proche de celle que Walter Benjamin a décrite pour Paris. La seconde Exposition Universelle de 1929, elle, va plutôt o rir une image de la ville construite 61
Thèse Sophie Savary : Imaginaire d’une ville : Barcelone par ses paysages. Une étude géolittéraire, 2005.
71
et modelée par le pouvoir public, une ville écrite par la bourgeoisie de Barcelone dans le but de renvoyer une image toute autre, de renvoyer une image de puissance. À la suite de ce roman, la métaphore de la ville prodigieuse n’est plus concernée par le temps,
elle endosse un r le atemporel avant de devenir une marque essentielle qui finit par tre qualifié de vérité de tout temps et dont les politiques de la ville se servent pour valoriser l’image de leur belle et grande Barcelone. Elle devient une ville productrice de prodiges qui alimentent son mythe et sa nouvelle image. C’est une appellation qui sera reprise par les médias, les institutions, la littérature touristique, etc. En cours de route une grande partie de sa signification va dispara tre puisqu’en e et le sens ironique n’est absolument jamais mis en valeur. Cette appellation sert aujourd’hui uniquement à mettre en avant la ville, la valoriser et exposer de manière positive ses réalisations sur les deux derniers siècles.
u ourd’hui c’est donc une notion qui est vraie mais qui doit comme toute réalité
appréhendée au travers de toutes ses facettes. Cependant Sophie Savary a rme tout de m me que
tre le
ton évidemment ironique du narrateur signale à nouveau qu’il n’est pas dupe de la vanité de cette ville, vanité qui est l’un des traits essentiels relevés par d’autres auteurs »62 .
62
Thèse Sophie Savary : Imaginaire d’une ville : Barcelone par ses paysages. Une étude géolittéraire, 2005.
72
Figure n°18 - Plage de la Barceloneta, Barcelone 2019. Source : Photo personelle.
Figure n°19 - Barcelone vue depuis la colline du Montjuic. Source : https://fr.hotels.com/go/espagne/activites-relaxantes-barcelone
73
2.2.2 1888 : Une ville de Progrès
ans les 200 premières pages de son roman, Eduardo Mendoza nous parle d’une
Barcelone à l’époque de son premier grand événement, lors de la construction de sa première exposition universelle. Mendoza nous raconte comment Barcelone est devenue une ville prodigieuse et comment est ce que ce premier grand événement a finalement vu le our malgré les multiples di cultés qu’il a rencontré. La préoccupation principale de Mendoza est la récupération de la mémoire, celle des temps traumatiques de la période franquiste. Sa « quête du sens de son monde passe par l’écoute et l’expression de ses expériences personnelle, ses émotions et obsessions, mais pas seulement : il se documente aussi très précieusement à partir d’archives, de lecture spécialistes urbanistiques ou d’histoire de l’art. »63
E ectivement, après avoir étudié l’évènement en lui-même et avoir lu ce roman, il est tout à fait
uste d’a rmer que Mendoza s’attache à retranscrire les faits réels de cette époque. Lorsque son personnage Onofre Bouvila fait ses premiers pas dans cette capitale Catalane, il se retrouve livré à luim me sur le site de cet évènement ma eur pour arcelone qu’il arpente anal se et apprend par coeur. ’est dans les premières pages qu’il raconte comment est ce que cette
position à vue le our et gr ce
à qui : « Don Eugenio Serrano de Casanova était un Galicien établie en Catalogne (…) comme il n’était pas homme à laisser les idées se faner il fit ses plans et demanda à l’a untamiento l’autorisation d’organiser à Barcelone ce qu’il avait vu faire dans d’autres villes. » (VP, pages 43-44). Dans son oeuvre, Mendoza s’attache à faire constamment un parallèle entre les faits de l’époque et ce qu’il en reste au ourd’hui
cela lui permet de raconter cet événement tout en a ant le recul nécessaire pour que le
lecteur puisse comprendre qu’il ne raconte pas seulement l’histoire d’un personnage imaginaire mais surtout celle de l’évolution de Barcelone : « Ce parc s'appela et continue à s’appeler « le parc de la citadelle . n
quand
nofre
ouvila
mit le pied on était en train d’ édifier ce qui allait tre
l’enceinte de l’Exposition Universelle. C’était le début ou la mi-mai de cette année-là. » (VP, page 43). Ce qui est intéressant dans ce roman, c’est le fait que Mendoza réussisse si aisément à associer des personnages de l’histoire de l’époque à des personnages créés de toutes pièces pour sa fiction arcelone traversait une importante crise financière pro et.
errano de
asanova alla trouver l’alcade
L’argent initial s’épuisait on dut abandonner le ius
aulet.
page
. Lorsqu’il raconte au
lecteur la mise en place de cette première Exposition universelle, il livre des détails concernant les di cultés financières de la ville tout en
associant des noms de personnes qui ont réellement été acteurs
de cet événement à cette époque-là : « en octobre 1887, la municipalité de Barcelone fut autorisée à émettre un emprunt de trois millions de pesetas pour couvrir le déficit de l’ café restaurant était presque terminé
position.
cette date le
le palais de l’industrie très avancé et dé à on commen ait à
construire ce qui serait l’Arc de triomphe. » (VP, page 86). En ce qui concerne l’Exposition en elle-même
63
Sophie Savary, citation article « Barcelone par ses paysages contée : pertinence du dialogue entre romans et récits d’habitants », 2004.
74
et les bâtiments construits spécialement pour l’occasion, Mendoza livre à ses lecteurs des détails extrêmement précis à di érents moments dans son roman : « le palais des Beaux-Arts mesurait quatrevingt-huit mètres de long sur quarante et un de large ; sa hauteur était de trente-cinq mètres, compte non tenu des quatre tours achevées par des coupoles couronnées d’autant de statues de la Renommée. page
. l donne à la fois des détails de dimensions afin de leur donner une échelle mais
également des détails architecturaux en décrivant parfois assez précisément certains monuments et en laissant paraître les évolutions dans ce domaine : « C’est arc, qu’on peut encore admirer de nos jours, était de brique apparente et de st le mudé ar.
figuraient les écus des provinces espagnoles celui de
Barcelone formait la clef. Il y avait également deux frises, une de chaque côté ; des reliefs y représentaient deux scènes : l’adhésion de l’Espagne à l’Exposition universelle de Barcelone (en souvenir des désaccords intervenus) et Barcelone en position de remercier les nations étrangères pour leur participation. » (VP, page 137). Ce qui permet au lecteur de se projeter plus aisément et de visualiser les bâtiments.
Pour faire le parallèle entre la Barcelone d’aujourd’hui et celle de l’époque, il s’attache à préciser
tout au long du roman si oui ou non ces bâtiments sont encore debout, si le paysage mis en place pour cet évènement est un paysage que l’on peut retrouver en allant se balader sur le site de nos jours. Ces descriptions permettent également de retranscrire la réalité de la ville en permettant au lecteur de se positionner avec précision : « Ce palais, aujourd’hui détruit, se trouvait à la droite de l’allée de San Juan, quand on entrait par l’Arc de Triomphe, sur le sommet formé par l’allée de San Juan et la calle del Comercio, c’est-à-dire hors du parc, mais dans l’enceinte de l’Exposition universelle. » (VP, page 109). Mendoza transporte le lecteur au sein même de l’exposition, il crée une promenade à l’intérieur de celle-ci afin de la laisser voir
sur l’allée an Juan se dressait le palais de ustice qui e iste encore le palais des
Beaux-Arts, celui de l’Agriculture, et celui des Sciences, qui ont disparu. Deux colonnes marquaient l’entrée du parc proprement dit. Au sommet de chacune, il y avait un groupe en pierres sculptées. L’un représentait le commerce ; l’autre, l’industrie (…) ces deux colonnes sont encore visibles. »(VP, page 137). C’est au travers des ses di érentes descriptions données au lecteur qu’il retranscrit la mémoire de cet évènement et nous en livre sa vision. C’est également de cette manière qu’il décrit la nouvelle Barcelone, une Barcelone pleine de progrès et qui surpasse la capitale de l’Espagne à ce moment précis et puis un facteur très important in uen ait encore l’opinion publique
que la première
position
Universelle d’Espagne s’ouvrit à Barcelone et non à Madrid. » (VP, page 47). Lorsqu’il se souvient de ce moment où la ville a fait un énorme pas vers le progrès, il raconte au travers d’un personnage annexe, qui vit sur la partie haute du quartier de la Bonanova64, qu’avant cette première exposition la ville était dans le noir, que c’est cet évènement qui a apporté la lumière à Barcelone : « je regardais vers le bas, vers arcelone dans l’espoir de voir un incendie étant donné que sans a la ville restait obscure au point qu’il était impossible, de ma tour de guet, de deviner que là-bas dans le lointain il y avait une ville populeuse. Ensuite est venue la lumière électrique et les choses ont changé » (VP, page 388). C’est 64
Ce quartier de Barcelone si situé entre le quartier de Gracia et la montagne du Tibidado au Sud de la ville.
75
comme ça que la Barcelone prodigieuse voit petit à petit le jour dans le roman, en plus d’être la première ville Espagnol à accueillir un événement de cette envergure, elle fait d’énormes progrès technologiques et architecturaux à ce moment-là.
La première Exposition Universelle est décrite par Mendoza comme quelque chose de prodigieux
que la ville réussit à mettre en place malgré les multiples di cultés auxquelles elle fait face. Mais il ne s’arrête pas là, son roman raconte également au lecteur comment est-ce que la deuxième Exposition voit le our plus tard en
et comment la ville se développe sous l’in uence du pouvoir public entre
et 1929.
2.2.3 1929 : Une ville construite et modelée par le pouvoir public
epuis la chute des murailles en niverselle la ville de
et usqu’à l’inauguration de la seconde
arcelone n’a cessé d évoluer urbainement parlant.
position
ectivement, suite à de
multiples évènements, mais surtout à l’industrialisation, la population de la ville s'est vu augmenter de manière tellement importante que Barcelone a dû s’étendre de plus en plus. En dehors de son évolution urbaine remarquable ses grands événements qui ont marqué l’histoire de la ville ont également permis à Barcelone de se créer une nouvelle image, la mettant en valeur aux yeux du reste du monde, lui o rant alors de nouveaux accords commerciaux avec l’étranger tout en lui permettant de se développer toujours plus d’un c té urbain.
ien que ces deu
positions
niverselles aient eu les m mes ob ectifs en
matières d’évolution, elles n’ont pas été construites ni pensées de la même manière. En e et, la première comme vue précédemment, a servi d’essai et d’ouverture à la ville en lui o rant une nouvelle image de ville de progrès, de ville prodigieuse. La seconde a comme intention de fond de renforcer l’image de arcelone comme celle d’une ville très puissante et presque autonome tout en faisant du bénéfice. i les intentions entre la première et la seconde ne sont pas identiques c’est parce qu’entre
et
le
pouvoir public renforce son emprise sur la ville et décide de la modeler de manière di érente.
Mendoza raconte dans les dernières pages de son roman
la légende de la naissance de cette
seconde Exposition ainsi que la construction de celle-ci. Il écrit que : « dans les premières années de ce siècle le diable enleva un beau our un financier barcelonais à son bureau et le porta à travers les airs jusqu’au promontoire de Montjuich ; comme le jour était clair, il vit de la tout Barcelone, du port à la sierre de
ollcerola et du rat au esos la ma eure partie des
mètres carrés que comprenait le
plan Cerda avaient alors été construits (…) Faisons une Exposition universelle à Montjuich, se dit-il. Une position universelle qui ait autant de succès et rapporte autant de bénéfices que celle de
.
n
achevait alors d’éponger à force de sacrifices le déficit laissé par cette manifestation et la ville gardait 65
Ici il est fait références au roman la ville des prodiges, écrit en 1986 par Eduardo Mendoza.
76
seulement le souvenir de la splendeur et des fêtes. » (VP, pages 453-454). Bien que cette légende soit agrémentée de données réelles, la seconde exposition ne voit pas le jour de cette manière, c’est l’architecte et militant politique Josep Puig i Cadafalch qui en est l’instigateur. En e et, ici Mendoza tente de dénoncer le fait que cette Exposition soit majoritairement le produit de la bourgeoisie qui cherche uniquement à ren ouer la ville.
Après le souvenir positif laissé par celle de 1888 et malgré les dettes, la ville a besoin de cette
nouvelle manifestation pour confirmer sa place de capitale catalane. ien que les relations avec
adrid
ne soient pas les meilleures, Barcelone s’obstine une nouvelle fois et parvient en totale autonomie à montrer ce dont elle est capable. « C'était sur ces fondations de sou rance, d’appauvrissement et de rancoeur que Barcelone construisait l’Exposition qui devait surprendre le monde. » (Vp, page 456) ici Mendoza met en avant le fait que malgré les di cultés de 1888, Barcelone s’attache à vouloir surprendre et à garder sa place. Il critique également le fait que la bourgeoisie de l’époque ne tient guère compte des situations précaires déjà bien présente à Barcelone et qu’au lieu de s’occuper de sa population, ses priorités sont à ses relations avec le monde extérieur.
« Les travaux de l’Exposition universelle de Barcelone avançaient désormais à toute vapeur ; une
fois de plus la dette rongeait les finances municipales.
ont uich était la blessure par laquelle l’économie
de la ville perdait son sang. » (VP, page 463) cette seconde Exposition Universelle, dirigé par les plus grands de Barcelone reste un gou re financier la ville une nouvelle fois tombe dans les travers des dettes mais parvient tout de même à paraître plus grandes que les autres villes européennes « a côté d’eux, par contraste apparaissent peu à peu les pavillons étrangers
récemment con us ils re étaient les
tendances contemporaines de l’architecture et de l’esthétique. » (VP, page 464). Mendoza appuie alors le fait que Barcelone soit prodigieuse et plus puissante que les autres.
Barcelone a donc connu deux grands évènements qui lui ont permis de devenir plus grande.
Bien que chacune ait laissé un trou dans les caisses de la ville et ai vu le jour pour di érentes raisons, ce fut à chaque fois une grande réussite. « En dépit de la censure, personne ne se privait de comparer l’Exposition de 29 à celle de 88 ; sur la première retombée les critiques les plus acerbes ; de la seconde en revanche tout le monde faisait six caisses ; personne ne voulait se souvenir des problèmes qu’elle avait suscités en son temps des disputes et des animosités d’alors du déficit dont elle avait accablé la ville. » (VP, 504) Eduardo Mendoza conclu son roman de la sorte et conforte la ville, mais n’hésite pas à maintenir l’idée que Barcelone s’est construite sous la censure et que ses conditions sociales n’en restent pas moins a ectées. lle est prodigieuse mais elle a vu le our sous l’in uence d’un pouvoir public omniprésent.
77
Figure n°20 - Photo d’archive, palais des arts 1888. Source : http://bipt.univ-tlse2.fr/VOIR/barcelone88/expo_barsa.html
78
Figure n°21 - Photo d’archive, fontaine magique de Montjuic, 1929. Source : http://bipt.univ-tlse2.fr/VOIR/barcelone29/barsa29.html
79
80
3. LE DÉVELOPPEMENT DE BARCELONE AU PRISME D’UNE CRITIQUE SOCIALE
81
82
3.1 Barcelone « ville des prodiges » : naissance d’un mythe ? 3.1.1 Evolution d’un personnage qui représente cette ville des prodiges
Onofre Bouvila est le personnage principal du roman La ville des prodiges d’Eduardo Mendoza.
Quand il arrive dans la ville de Barcelone, ce n’est qu’un enfant de 13 ans qui à décidé de quitter son village pour suivre les traces de son père et aller se confronter à la grande ville. Il rêve d’une vie di érente et de faire fortune en venant travailler à Barcelone. Il arrive lors de la construction de la première position niverselle en celle de ma tre
sans un sou en poche. e fil en aiguille il se retrouve dans une auberge
raulio. L’auberge en question bien qu’elle ne soit pas un palace elle a toute
les
commodités nécessaires mais lui su t pour vivre plus confortablement. près avoir cherché sans rel che un travail dans cette grande ville, Onofre comprend la di culté de la t che et demande à l’aubergiste de lui prolonger gratuitement son séjour en attendant qu’il puisse le payer. Celui-ci accepte voyant l’investissement et l’acharnement dont fait preuve le eune gar on. ans cette auberge il rencontre la fille du propriétaire
elfina qui après l’avoir vu rencontrer des di cultés pour trouver un travail va lui proposer
de travailler pour son petit ami qui fait partie d’un groupe anarchiste. C’est à ce moment-là que le jeune homme de 13 ans va se retrouver à faire partie d’un mouvement politique qui va lui demander de tracter pour répandre la propagande auprès des ouvriers travaillant sur le chantier de cette première Exposition niverselle. u moment o cette opportunité se présente à lui tout va aller mieu pour lui. l va pouvoir s’épanouir dans cette grande ville pleine de promesses qu’est Barcelone.
ans ce roman qui est qualifié de picaresque il est question de suivre l’évolution du personne
d’ nofre ouvilla qui parti de rien va finalement réussir à devenir un homme important au sein de la ville de
arcelone. l est agrant également que la ville de
arcelone réalise plus ou moins le m me e ploit
entre la mise en place de sa première Exposition Universelle et sa seconde (entre 1888 et 1929). Le personnage évolue en même temps que la ville, il progresse comme elle a pu le faire aussi. Leur évolution à tous les deu est intimement liée. l serait presque possible de dire que le personnage d’ nofre n’est en réalité rien de plus qu’une personnification de la ville et que l’utilisation de ce gar on ne sert qu’à mettre en avant les évolutions impressionnantes de la ville en l’espace de moins de 50 ans. En e et le fait qu’ duardo
endo a attribue à son roman le genre picaresque et non policier ou fantastique
en dit beaucoup sur ses intentions. Le Larousse e plique que par définition les romans picaresque sont des « oeuvres littéraires dont le héros traverse toutes sortes d’aventures qui sont pour lui l’occasion de contester l’ordre social établi.
il nous apprend également que les caractères communs à ce genre
littéraire sont le fait que très souvent il est question d’une autobiographie fictive d’un personnage le personnage en question qui est qualifié de
picaro
66
que
vit des aventures ou pratique des métiers
Le picard est un « antihéros », vagabond sans illusions et sans scrupules, un marginal qui poussé par la faim, cherche à se faire une place dans la société et emploie tout les moyens pour subsister ruse, ourberie, ol, etc , absence de sentiments éle és, en particulier l amour. définition Larousse 66
83
successifs l’entrainant à se frotter aux diverses classes sociales ». Ici le personnage d’Onofre Bouvila va e ectivement vivre mille aventures et déambuler un peu partout dans la ville de Barcelone, permettant au lecteur de dresser son portrait ainsi que celui de la ville. C’est en déambulant et en permettant au lecteur de dresser un portait que celui ci comprend que l’autobiographie de ce personnage fictif n’est autre qu’une manière de parler de la ville et de la façon dont celle-ci grandit et prend de plus en plus de place en Espagne grâce aux di érents con its qu’elle vit ou grands évènements qu’elle organise.
« Tous s’accordaient à dire que c’était un grand homme qui avait disparu. La ville a contracté
auprès de lui une dette de reconnaissance éternelle, dit un journal d’alors. Il a symbolisé mieux que quiconque l’esprit d’une époque qui aujourd’hui est un peu morte avec lui, dit un autre. Sa vie active commença avec l’Exposition universelle de 1888 et s’est éclipsée avec celle de 1929, observa un troisième. » (VP, page 502). C’est dans ces dernières lignes du roman d’Eduardo Mendoza que le lecteur confirme tout ses soup ons concernant le lien entre la ville et
nofre
ouvila. n e et, tout au long du
roman, chaque fois que le personnage connaît un succès, la ville en connait un également, à chaque épreuve, à chaque victoire, rien n’est laissé au hasard. Onofre incarne pleinement la ville de Barcelone et l’explosion qu’elle a connu entre 1888 et 1929. Durant ses 41 années, Onofre s’attache à passer par toutes les classes sociales afin de devenir un homme meilleur et de s’épanouir il touchera à la fois à l’immobilier au trafics illégau
à la naissance du cinéma à la propagande à la réalisation d’e ploits
technologiques… Tout au long du roman il s’approprie tous les milieux et di érents domaines propices à l’évolution dans ses années-là, il aide le lecteur à voir comment la ville a grandi et a réussi à prendre l’ampleur qu’elle à a l’heure actuelle. Barcelone prend de l’ampleur lors de la première Exposition Universelle de 1888, Onofre Bouvila réalise le même exploit ; « L'exposition Universelle lui revint à la mémoire ; il pensait à Onofre Bouvila et associa sans le vouloir les deux images : celle de la manifestation et celle du jeune provincial qui essayait de faire son chemin par tous les moyens à sa portée. » (VP, page 168).
En plus de permettre au lecteur de déambuler dans la ville de Barcelone et de découvrir ses
di érentes évolutions d’un œil plus impliqué et romancé, le personnage d’Onofre Bouvila et ses multiples expériences dans tous les domaines permettent au lecteur de se faire une idée un peu plus précise des di érentes classes sociales et de leurs vies de l’époque. Cette autobiographie de la ville permet de voir que Barcelone a beau connaître de folles évolutions dans les domaines technologiques et urbains, il n’est pas faux pour autant de dire qu’elle connaît une régression d’un point de vue social. Avec l’expansion de l’industrialisation, la ségrégation des classes est encore plus visible et Mendoza s’attache à le mettre en avant tout autant qu’il met en avant les extensions urbaines de la ville dans laquelle il a grandi lui aussi.
84
3.1.2 La dénonciation d’une société inégalitaire
« Ce sont les spatialités interactives des individus en société qui trament la réalité social et instituent le monde » Michel Lussault.
Comme vu précédemment, le roman picaresque est à la fois un outil permettant au lecteur de
déambuler dans la ville et de comprendre comment celle-ci se compose et s'épanouit, mais également de percevoir les di érentes qualités et défauts de la société dans laquelle le fameux picaro évolue. « Le modèle littéraire, devenu matrice d'écriture mais également matrice d'interprétation, invite à concevoir la ville non comme somme d'espaces, de matériaux et d'hommes, mais d'abord comme ensemble de rapports sociaux. » (JN Blanc, Polarville, page 102)
En e et, Mendoza se sert ici de son expérience personnelle et de son personnage pour critiquer
la société Barcelonaise au début du 20ème siècle. Ayant grandit dans cette ville et l’ayant arpenté dans tous les sens lorsqu’il travaillait pour les services criminelles de la ville, il est donc particulièrement bien placé pour en livrer une critique, bien que celle-ci lui soit propre. Son roman, malgré le fait qu’il soit o ciellement reconnu comme étant de genre de picaresque, trouve énormément de point commun avec le genre du polar.
ien qu’il ne soit pas possible de le qualifié de la sorte il reste néanmoins possible
d’analyser le roman en se référant au caractéristiques des deux genres. Onofre Bouvila est un picaro mais c’est aussi un personnage qui incarne la ville à proprement parler, c’est-à-dire, comme dit précédemment qu’il n’est autre qu’une personnification de la ville qui permet au lecteur de déambuler librement tout en observant ce qu’il se passe dans les rues de Barcelone. Il se balade dans les grandes avenues, sur les grandes places, dans les ruelles, les quartiers ayant mauvaise réputation, aux abords du quartier industriel, sur les sites des grands évènements, il fréquente la vermine, la bourgeoisie, traine au niveau du port, dans le Barrio Chino, dans les quartiers chic.. Tous ces lieux sont des cadres permettant de comprendre comment fonctionne la société Barcelonaise et quels sont justement ses dysfonctionnements, ils permettent de faire des comparaisons et de comprendre que Barcelone et une ville où la misère reste presque plus présente que la richesse. Bien que les murailles soient tombées et que la ville ait connu une extension urbaine formidable, les personnes sans moyens restent malgré tout enfermés dans ces murailles qui au ourd’hui ne sont plus ph siques mais financières et sociétales. finit par raser les murailles.
n va enfin pouvoir respirer se dirent les arcelonais.
n
ais la réalité avait pas
changé : avec ou sans murailles, l’exiguïté de la ville restait la même. » (VP, page 209). Les tarifs des nouvelles parcelles et des nouvelles constructions représentaient des sommes bien trop importantes pour les familles de classes moyennes, « Le problème de l’habitat était e rayant ; le prix astronomique du logement dévorait l’essentiel des revenus des familles » (VP, page 208).
85
Eduardo Mendoza met également l’accent sur le fait que les politiques de la ville n’essaie pas
réellement faire changer les choses pour ces personnes de classes sociales moyennes, pour ces travailleurs ayant une famille « La politique économique du gouvernement ne contribuait pas à améliorer les choses.
La fermeture des usines et les licenciements massifs imprévisibles s’a outèrent au
éau
qui s’acharnaient déjà sur la classe laborieuse. » (VP, pages 201-202). C’est à ce niveau-là que se situe réellement la critique sociale et qu’il met un accent fort sur les inégalités de vie présente dans cette ville qui se vend comme étant forte puissante en pleine e pansion. ien que la ville en surface re ète une image de ville nouvelle et en plein développement, Mendoza, lui, dans son roman, ne retransmet pas réellement cette image là et explicite le fait que l’image de cette Barcelone si belle et propre n’est qu’une mise en scène : « À la veille de l’inauguration de l’Exposition universelle, les autorités avaient promis de nettoyer Barcelone des indésirables. Depuis quelques temps, nos autorités montrent un particulier empressement à nous délivrer de ce éau des vagabonds ru ans et gens de mauvaise vie qui, ne pouvant exercer leurs criminelles industries dans les petites localités, cherchent une sauvegarde transitoires dans la confusion des villes populeuses ; et, si elles ne sont pas parvenues à déraciner tous les cancers sociaux qui, pour le déshonneur de cette capitale cultivée, continuent à la miner et la ronger, elles ont beaucoup avancé dans cette tâche si di cile, dit un journal de cette époque. À présent, il y avait des ra es toutes les nuits.
page
.
la veille de l’inauguration de la première
position
Universelle de 1888, Mendoza met l’accent sur cette mise en scène orchestrée par la municipalité de la ville afin de la rendre plus présentable. l fait dans son roman l’étalage d’une collection d’humanité qui se trouve tre souvent plus préoccupée à s’enrichir et à servir sa propre glorification qu’à se préoccuper du bien-être général et à tenter d’aider la société à progresser.
ualifier arcelone de
ille des rodiges
est alors vraiment ustifié
n prenant en compte
que dans son roman Mendoza met plus en avant les inégalités sociales de la ville et les défaillances urbaines de celle-ci, n’est-il pas plus juste de dire que les mots qu’il choisit pour parler de Barcelone ne sont rien d’autre qu’une caricature
ne ville des prodiges non pas par ses e ploits technologiques et
ses capacités à s’étendre si rapidement mais plut t une ville des prodiges car elle réussit à camou er tout ce qui ne fonctionne pas avec aisance, à enfouir et renier les inégalités sociales qu’elle entretient depuis tou ours
arcelone est une ville qu’ duardo
endo a décrit comme a ant deu faces il
a celle qui
est montrée au reste du monde grâce à ses grands événements et il y a celle qui est perçue par les personnes la pratiquant de l’intérieur, il y a celle que lui a pratiqué durant des années.
86
3.1.3 Une vérité de tout temps grâce à une oeuvre picaresque ?
Barcelone ville des prodiges, est-il correcte de dire qu’Eduardo Mendoza à réussit à lui seul à
remodeler l’image de la ville grâce à son oeuvre ? Il reste aujourd’hui le seul écrivain à avoir eu un impact littéraire aussi positif sur cette ville qui à pourtant vue un bon nombres d’auteurs s’attacher à essayer de transmettre une image péjorative et sale de Barcelone.
Eduardo Mendoza se sert de son roman pour parler de Barcelone sans tabous, il réussit à
démontrer à la fois tout les progrès urbains et technologiques de la ville depuis que celle-ci à pris pour initiative de remodeler son image en dehors de ses frontières mais également à mettre en avant les défauts et les soucis qu’elle conserve dans le fond et dont elle ne se détache pas. Ce mythe qu’il fait naitre malgré lui est à la fois une caricature et une vérité. Entre 1888 et 1929, Barcelone c’est transformée en une ville moderne qui à su attirer le reste du monde, se montrer, évoluer, s’étendre. Mendoza dans son roman explique qu’avant la destruction des murailles « au milieu du XIXè siècle, la superficie de erlin de
arcelone était de et Londres de
d’une surface de
hectares. .
la m me époque
hectares c’est à dire di fois plus grande que celle de page
arcelone est de
hectares
me une ville apparemment petite comme lorence disposait
d’habitants par hectare est également révélatrice arcelone.
aris disposait de
à
aris
à
erlin
arcelone. La densité à Londres
à
alors qu’après tout les e orts qu’elle à fait en
la superficie de
hectares ce qui est presque similaire à la ville de
aris par e emple qui
finalement n’a pas tant évolué que
a en termes de surface. La mise en place du plan
erda et
l’extension urbaine de la ville accentué par l’organisation des deux Expositions Universelles ont permit à Barcelone de s’épanouir et de prouver les prodiges dont elle est capable malgré les inégalités qu’elle cache dans ses ruelles étroites.
u ourd’hui la ville de arcelone se repose sur cette image qu’ duardo
son roman
cela avait été
relativement un siècle économe en guerres
nouveautés
un siècle de prodiges.
page
.
endo a fait na tre dans
très riche au contraire en
on roman est au ourd’hui une référence en
termes de littérature fictionnelle qui retranscrit l’histoire d’une ville. La mémoire de la arcelone prodigieuse d’ duardo
endo a vit au travers de ses
pages et permet au lecteur de conna tre
arcelone
autrement que grâce à son mythe du Barrio Chino qui a énormément attiré l’attention lorsque la ville a commencé à s’industrialiser. Ici Mendoza met en avant la modernisation de la ville et o re à Barcelone une image neuve qui perdure dans le temps.
87
3.2 Des expositions et des lieux en héritage : Barcelone d'hier à aujourd’hui
3.2.1 Impact et modes de vies des Barcelonais entre 1888 et 1929 « C'était l’année 1887, l’autre siècle, tu te rend compte : Barcelone était un village, il n’y avait ni lumière éléctrique, ni tramways, ni téléphone ; c’était l’époque de l’Exposition universelle. » Eduardo Mendoza (VP, page 437)
Entre 1888 et 1929, bien que les conditions de vie des habitants ne soient toujours pas
confortables pour tous, celle-ci se sont nettement améliorées. En e et, les Expositions Universelles de 1888 et 1929 permettent à la ville de s’épanouir et de jouir de nouvelles technologies qui aujourd’hui sont indispensables au confort de l’homme. En se modernisant, les modes de vies habituels des habitants de Barcelone évoluent et ont un impact positif à la fois sur la qualité et le confort de leurs quotidiens mais également sur la manière de pratiquer la ville.
Avant la première Exposition Universelle, les Barcelonais ne connaissent pas les conforts
apportés par l'électricité, ni même par toutes autres sources d’énergies comme celles qui sont courantes de nos jours. E ectivement, au XIXème siècle, les foyers s’éclairaient à la lampe à pétrole ou encore à la bougie et les femmes cuisinaient au charbon, ce qui n’est pas des plus confortable ni pratique. Aucune autre sorte d’énergie existait à cette période-là, même les linges étaient nettoyés dans les lavoirs publics à la main dans les rues de Barcelone. C’est en 1888, lors de ce grand évènement que l’électricité va faire sa première apparition, elle va apparaître dans toutes les grandes avenues principales telles que la Rambla ou encore Gran Via. Cette nouvelle ressource devient également accessible pour presque tous les habitants de la ville de Barcelone. Cela lui permet d’égaliser les autres capitales européennes en termes de modernité. L’apparition de l’électricité va également permettre à la ville de renforcer sa sécurité dans les rues, principalement la nuit et améliorer les conditions hygiéniques en apportant une nouvelle qualité de vie aux Barcelonais. Cette nouveauté a considérablement impacté le mode de vie des habitants de Barcelone de l’époque. L’arrivé de l’électricité à Barcelone a également un impact sur les transports de la ville. En e et, en même temps que celle-ci, le tramway fait son apparition dans les rues Barcelonaises. Mendoza dans son roman met en avant la manière dont le quotidien des habitants s’est amélioré depuis 1888 en usant de la notion du temps. Avec l’arrivée des transports en commun, la question de l’heure prend une place presque primordiale 88
dans le quotidien de ces Barcelonais tout en devenant une nouvelle distraction ; « Un tramway mû par l’énergie électrique ne dépendait plus de la santé, voir de la bonne volonté de quelques miles pour accomplir son trajet avec une précision d’horloge ; désormais, les usagers du tramway s’amusaient à se dire : Sachant l’heure qu’il est, je sais combien de temps il faut pour qu’arrive le tramway. » (VP, page 361).
Économiquement et culturellement parlant la ville connaît également des retombées. vec un déficit de plus de
millions de pesetas d
à l’organisation de ce premier grand
évènement, la ville se reconstruit de manière di cile. Mais malgré ça, l’exposition de 1888 marque l’entrée de Barcelone dans le monde moderne, elle donne une impulsion créatrice et dynamique aux nouvelles générations, actrices de la ville du futur. Des suites à cette première Exposition Universelle de 1888, l’aménagement urbain de l’Eixample et des communes qui se trouve en périphérie se poursuit, produisant alors une vague d’immigration des espagnols qui se retrouvent attirés par l’industrialisation de la ville et l’o re d’emplois. Ainsi, au début du XXe siècle, Barcelone voit sa population doubler, atteignant un million d’habitants en 1930, ce qui laisse à supposer que malgré les inégalités sociales toujours bien présentes, la modernisation de Barcelone à cette époque-là apporte une nouvelle qualité de vie et donc de nouveaux modes de faire pour les Barcelonais.
En ce qui concerne celle de 1929, tout comme celle de 1888, mais un peu plus, elle est
un préte te pour repenser et planifier la ville future pour montrer les progrès urbains et industriels de la ville au reste du monde tout en e posant la culture catalane au regard de tous afin de propulser Barcelone vers la modernité. Elle est surtout une occasion de relancer son activité industrielle à une échelle nationale mais aussi internationale tout en mettant en valeur l’art et la culture traditionnels espagnols. Le fait que le sport fasse partie des thèmes principaux permet à la ville d’acquérir de nouvelles infrastructures et donc de se développer dans cette branche là également. Cela à un impact sur les modes de faire des habitants dans le sens où la pratique du sport devient plus courante et améliore la condition physique des habitants, cela améliore donc de nouveau les caractéristiques de santé à Barcelone.
Un nouveau transport fait son apparition de nouveau lors de cette seconde exposition. La
ville installe un funiculaire qui permet d’améliorer le confort des touristes pour la durée de l’exposition mais également pour les habitants qui voient le temps de trajet réduit une nouvelle
89
fois lorsqu’ils se déplacent dans la colline du Montjuic67 . Montjuïc devient dès lors un pôle dynamique et un poumon vert de la ville, accueillant par la suite la foire de Barcelone.
La création de nouveaux logements à l’occasion de cet événement a permis d’accueillir
les nombreux visiteurs en 1929 mais également de loger les habitants vivant dans des situation précaires par la suite. Cette exposition donne alors aux Barcelonais une nouvelle qualité de vie. Mendoza dans son roman, des suite à ses deux grands évènements n’hésite pas à dire que « Barcelone était à présent une ville énorme et complète. » (Vp, page 458).
Entre 1888 et 1929, la qualité de vie des habitants de Barcelone s’est considérablement
améliorée. La modernisation et la nouvelle urbanisation de la ville a permis de faire évoluer les modes de faire et à rendu la ville bien plus agréable aux quotidiens. L’apport de nouvelles infrastructures, de nouveaux logements, parcs, etc donne une seconde vie à Barcelone qui respire à nouveau. Ces deux évènements seront un tremplin pour la ville qui renouvelle l’expérience de la modernisation et de la transformation urbaine plus tard en 1992 avec l’organisation de ses premiers Jeux Olympiques, qui eux aussi auront un impact fulgurant sur les modes de vie des Barcelonais et sur l’image moderne de cette ville qui ne cesse de s’épanouir depuis 1888.
67
Site où à lieux l’Exposition Universelle de 1929.
90
3.2.2 La Barcelone supposée de Mendoza
Comme dit précédemment, les grands évènements permettent à la ville de se refaire une image,
d’appuyer son côté prodigieux et de faire perdurer le mythe qu’à fait naître Mendoza lors de l’écriture de son roman en 1986. Les modes de faire évoluent, la ville devient moderne et s’étend entre 1888 et 1929, mais comment est-ce que toutes ses évolutions vont perdurer dans les années qui suivent ?
« Comment voyez-vous justement cette métamorphose de Barcelone en ville super touristique? Je le vis comme un citoyen et comme un observateur de l’évolution des villes qui se retire pour écrire. Mon premier roman a été précisément une étude de la formation de la Barcelone moderne. Maintenant, je suis fatigué et je ne sais plus si je veux encore écrire sur Barcelone. Je pense qu’elle perd effectivement une partie de son âme. Je ne sais pas non plus si une ville doit avoir une identité ou pas, ou si Barcelone n’est pas en train de devenir l’imitation d’une carte postale que recherchent les touristes. » Extrait interview Eduardo Mendoza - L’orient littéraire, numéro 162
Dans son roman, Eduardo Mendoza fait l’étalage de toutes les transformations urbaines que la
ville de Barcelone connaît grâce à sa modernisation qui est directement due à l’organisation des deux Expositions Universelles. Il permet au lecteur, à travers ses 505 pages, de déambuler et de comprendre à la fois comment celles-ci ont vu le jour mais aussi ce qu’elles ont apporté de neuf et de positif à la ville, tout en dénonçant les lacunes et les inégalités que celle-ci conserve. Mais en plus de faire une critique de sa ville, il démontre principalement au lecteur la facilité que connaît Barcelone lorsqu’il s’agit d’évoluer et de se moderniser.
E ectivement, Mendoza suppose que la ville ne va pas s’arrêter là, que la ville à soif de devenir
toujours plus grande et plus puissante. Il met souvent en avant le fait que la ville cherche à s’embellir, à paraître plus propre pour répondre au mieux aux attentes des visiteurs qui se déplacent pour l’occasion ; « on avait demandé aux propriétaires d’immeubles de restaurer les façades ; à ceux qui avaient des voitures, de les nettoyer et de les repeindre ; à tous, d’habiller convenablement leur domesticité. Pour s’occuper des visiteurs étrangers, l’ayuntamiento avait sélectionné cent gardes municipaux, ceux qui avaient l’air le plus éveillé, et les avait obligés à apprendre le français en quelques mois. » (VP, page 156). La municipalité de Barcelone fait tout pour transformer son image. C’est un de ses principaux objectifs et tous les moyens sont bons pour réussir. L’extrait le plus parlant dans son roman, qui met en avant l’importance d’une image de ville propre et respectable est celui-ci : « À la veille de l’inauguration de l’Exposition universelle, les autorités avaient promis de nettoyer Barcelone des indésirables. Depuis quelques temps, nos autorités montrent un particulier empressement à nous délivrer de ce fléau des vagabonds, ruffians et gens de mauvaise vie qui, ne pouvant exercer leurs criminelles industries dans les petites localités, cherchent une sauvegarde transitoires dans la confusion des villes populeuses ; et, si elles ne sont pas parvenues à déraciner tous les cancers sociaux qui, pour le déshonneur de cette 91
capitale cultivée, continuent à la miner et la ronger, elles ont beaucoup avancé dans cette tâche si difficile, dit un ournal de cette époque.
présent il
avait des ra es toutes les nuits.
p page
. l
fait référence aux e orts mis en œuvre pour que la misère qui reste présente dans la ville ne soit pas visible lors de cet évènement qui a pour vocation première de montrer Barcelone sous son meilleur jour.
« La ville dégage une image di érente auprès des visiteurs et des habitants. Les premiers la
qualifient de vivante accueillante créative attractive et liée au activités culturelles et au loisirs alors que pour les seconds c’est une métropole cosmopolite cultivée belle intelligente innovante avec un déficit sociale et des di cultés pour trouver un emploie.
68
En e et, comme supposé dans le roman, la
arcelone du visiteur de passage n’est pas la m me que celle de l’habitant à l’année.
e que la ville
montre est di érent en beaucoup de points de ce qui se déroule réellement dans les rues.
’est pour a
que
endo a tout au long de son roman appuie le fait que
arcelone ne ure que par son image. l
suppose au lecteur que l’identité de Barcelone n’est pas une vraie identité.
duardo
endo a laisse donc sous entendre que arcelone tend à devenir une ville d’image faite
pour plaire et séduire les personnes qui viennent la visiter.
ue son identité est faite des vestiges de ses
grands évènements mais qu’elle ne risque pas de perdurer dans le temps mais que la ville et vouée à évoluer encore de manière fulgurante. L’
position niverselle resta ouverte usqu’au
La cl ture fut plus simple que l’inauguration l’ ndustrie.
e
décembre
.
eum à la cathédrale et brève cérémonie au palais de
lle avait duré deu cent quarante cinq ours et été visitée par plus de deu millions de
personnes. Le co t de sa construction s’est élevé à cinq millions si cent vingt quatre mille si cent cinquante sept pesetas et cinquante si centimes.
ertaines installations purent tre récupérées pour
d’autres usages. Le solde de la dette fut énorme et pesa sur la municipalité de
arcelone pendant de
nombreuses années. emeura aussi le souvenir de ournées de splendeur et l’idée que arcelone si elle le voulait pouvait redevenir une ville cosmopolite. financières que la ville rencontre lors de sa transformation
page
algré les multiples di cultés
endo a souligne le fait qu’elle a réussi et que
seul le souvenir de sa réussite en résulte. l admet que arcelone à toutes les capacités pour devenir une vraie capitale touristique à l’avenir.
e qui ne loupera pas étant donné qu’au ourd’hui elle fait partie des
villes Européennes les plus visitées au monde.
Marie Allanic. Barcelone, 1888-1992: les évènements éphémères comme moteur du développement urbain et touristique. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. 68
92
3.2.3 Comment la ville continue d’évoluer de nos jours autour des vestiges de ses évènements marquants ?
« Parmi ces événements, nous retiendrons trois événements internationaux éphémères ayant eu lieu à des périodes différentes de l’Histoire moderne et contemporaine de la ville : Expositions Universelles de 1888 et 1929, et Jeux Olympiques de 1992. Événements à enjeux différents : industriels, culturels ou sportifs, ils ont néanmoins tous trois contribué la transformation de la ville de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle, propulsant ainsi la capitale catalane au rang de quatrième destination touristique d’Europe derrière Londres, Paris et Rome. »
Marie Allanic.69
Barcelone aujourd’hui continue d’évoluer en suivant les traces laissées par ses grands
évènements que Mendoza nous décrit avec talent et précision dans son roman La ville de Prodiges. Il est vrai qu’elle continue d’évoluer et s’attache à maintenir son image de ville des prodiges. Comme dit précédemment sa superficie est au ourd’hui bien plus grande que ce que les habitants auraient pu s’imaginer un jour, sa population ne cesse de croître d’années en années, le tourisme est omniprésent, et son port est devenu un des ports les plus réputés. u ourd’hui l’image de arcelone est belle puissante. Ce que Mendoza avait plus ou moins prédit s’est réalisé. L’organisation d’un troisième événement d’ampleur internationale à Barcelone (les Jeux Olympique de 1992) est également un tournant dans l’histoire de la ville. On peut a rmer que Barcelone est une aujourd’hui une des plus grande métropole de rang international, rivalisant à juste titre avec les capitales européennes.
u ourd’hui dans la ville de
arcelone toutes les architectures s mboliques de l’époque qui
découlent de ces grands évènements sont devenues des sources de revenus pour la ville, ce sont les principales attractions touristiques. lles sont des s mboles de l’histoire et du progrès de arcelone que personne ne pensait capable d’organiser un évènement si important et impactant en
. u ourd’hui le
tourisme de la ville est principalement ciblé autour de ces édifices et de nombreu circuits touristiques sont mis en place afin de n’en rater aucun lors d’un sé our.
es grands évènements ont permis à la ville
de faire appel à des architectes de renom, notamment lors des Jeux Olympiques de 1992, ce qui fait que l’identité architecturale un peu excentrique de la ville s’est vue propulser et que l’architecture est devenu son poumon. ls ont également permis à la ville d’urbaniser les derniers quelques quartiers laissés usqu’ici à l’abandon. Le front de mer a aussi connu un remaniement afin de faciliter sa conne ion à la ville grâce à di érents espaces publics.
outes ces transformations urbaines qu elles soient liées au
Expositions Universelles ou aux Jeux Olympiques ont permis à Barcelone de devenir la ville qu’elle est
Barcelone, 1888-1992: les évènements éphémères comme moteur du développement urbain et touristique. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. 69
93
aujourd’hui. Tous les bâtiments emblématiques ayant vu le jour à l’occasion de ses di érentes manifestations sont aujourd’hui les représentants de l’identité Barcelonaise dans le monde entier.
D’un point de vue économique et suite aux années franquistes, Barcelone et ses habitants se
sont vus a aiblis et appauvris. L’arrivée du régime socialiste puis des Jeux Olympiques lui a permis de retrouver la ferveur qu’elle avait connue en l mpiques de
après l’
position niverselle. Le bilan financier des Jeu
est positif et la ville s’en sort avec un bénéfice proche des
millions de pesetas.
De plus, l’événement fait basculer Barcelone dans une tertiarisation de l’économie et la propulse alors sur la scène des centres d’a aires internationaux, avec l’ouverture d’un World Trade Center en 1999. Celui-ci se situe à proximité directe du port où viennent s’implanter toutes les nouvelles entreprises et où vont s’organiser des congrès d’ordre national mais aussi international.
Bien que dans un premier temps tous les aménagements urbains que la ville a réalisé n’aient été
encouragés principalement par des motifs politiques et une volonté de faire voir Barcelone en dehors des frontières espagnoles, cela a eu un impact positif sur la qualité de vie des barcelonais et cela se ressent encore aujourd’hui. Les aménagements liés au plan Cerda sont aujourd’hui d’autant plus agréables qu’à l’époque et apportent à la ville un charme qui lui est propre et qu’elle ne partage avec aucune autre ville. Aujourd’hui, ce qui « attire les visiteurs à Barcelone est un mélange de plusieurs facteurs : éléments historiques, éléments modernes, bonne o re en terme de gastronomie et d’hôtellerie, nombreuses infrastructures propices à la détente et à la tranquillité... La renommée de la ville se fait non seulement par sa maitrise de l’urbanisme, mais aussi par l’intérêt qu’elle porte à d’autres secteurs. »
En ce qui
concerne les bâtiments emblématiques restants de nos jours et qui sont les plus prisés par les friands de tourisme architectural, il y a : le barrio gothico (la vieille ville), l’arc de triomphe, le parc de la citadelle, la colline du Montjuic, le pavillon Allemand ainsi que le village olympique qui se situe entre la colline du Montjuic et le front de mer.
L’activité touristique de Barcelone représente aujourd’hui près de 12% du PIB de la Catalogne, de
nombreux visiteurs viennent découvrir le centre-ville, se logent dans des hôtels, ce qui apporte des capitaux à la ville non négligeable. Cela a d’ailleurs permis, entre autres, de reprendre les travaux de la construction de la Sagrada Familia, laissée inachevée par Gaudí à sa mort en 1926. Tout le patrimoine architectural qu’il a laissé à Barcelone représente une identité assez forte pour la ville, mais surtout o re un grand nombre d’activités pour les touristes curieux de voir ou visiter les plus grands chefs-d'œuvres de son époque.
Marie Allanic. Barcelone, 1888-1992: les évènements éphémères comme moteur du développement urbain et touristique. Architecture, aménagement de l’espace. 2016) 70
94
Figure n°22 - Arc de Triomphe, Barcelone 2019. Source : photo personnelle.
95
96
Conclusion e voyageur qui arrive pour la premi re fois
arcelone remarque vite o finit la
vieille ville et où commence la nouvelle. Les rues sinueuses deviennent droites et plus larges ; les trottoirs plus spacieux ; de plus grands platanes font une ombre agréable ; les constructions ont plus d’allure ; beaucoup s’étonnent, croyant avoir été transportés magiquement dans une autre ville. » Eduardo Mendoza, VP page 207
Tout au long de cette recherche, l’intention première était de comprendre comment l’image de la
ville peut avoir un impact dans le domaine littéraire ? Mais également comment l’évolution urbaine de la ville de Barcelone liée aux expositions universelles de 1888 et 1929 se traduit dans le roman d’Eduardo Mendoza ? En analysant l’œuvre picaresque La ville des prodiges d’Eduardo Mendoza, qui utilise la ville de arcelone comme cadre ph sique tout en la personnifiant au travers de son personnage principal il est possible d’a rmer qu’un lien existe bel et bien entre littérature romancière et architecture. De nombreuses recherches ont été menées sur le sujet et ont permis d’a rmer que l’architecture, mais principalement les paysages urbains o erts par une ville, sont des éléments essentiels à l’écriture d’une fiction riche.
’est
ophie
avar qui après avoir mené plusieurs recherches sur le su et a rme dans
son article « comment les polars barcelonais modèlent l’imaginaire de la ville » que « le projet du ». Elle confirme alors le fait qu’ duardo
endo a tout comme de nombreu auteurs originaires de arcelone a
pour volonté première lors de l’écriture de son roman de conserver la mémoire collective Barcelonaise que lui connaît personnellement. Il cherche à rendre compte d’une réalité ; qu’elle soit sociale de par la critique sociale qu’il fait de la ville qu’il fait tout au long de son roman mais également urbaine de part sa mise en avant constante des progrès et de l’expansion prodigieuse de la ville entre 1888 et 1929.
Aujourd’hui Barcelone en plus d’être une métropole Européenne très importante, elle est
également devenue une capitale littéraire qui o re de nombreuses promenades littéraires aux amoureux de la littérature. En e et de nombreu auteurs tels que
ontalban
asque ou encore
endo a la font
vivre à travers leurs écrits et permettent à la mémoire collective de celle-ci de perdurer dans le temps. ien qu’il soit possible de constater que les auteurs aient pour habitudes de fa onner l’image de la ville selon leur propre expérience, il n’en reste pas moins aujourd’hui que c’est une ville qui conserve cette image de
arcelone prodigieuse que
endo a lui donne et qui a su se ressaisir de ses atouts afin de
devenir une des villes les plus réputées à notre époque. L’apport des grands événements de 1888, 1929 et 1992 ont permis à Barcelone d’être toujours plus grande et de s’étendre toujours plus loin. Ils ont également permis à la ville de s’a rmer dans cette nouvelle ère moderne qui naît peu après la révolution industrielle. Le fait de faire venir des architectes de renom de construire de nouvelles infrastructures d apporter tou ours plus à la ville fait qu’au ourd’hui de nombreuses architectures s mboliques quadrillent 97
Barcelone et sont les témoins de son histoire. Mendoza dans son roman ne manque pas de mettre en avant ces multiples édifices a ant vues le ours lors de la première et de la seconde e position niverselle il les décrit avec précisions plus remarquée et commentée de l’
e et d’eau devrait tre l’attraction principale la curiosité la position comme la fontaine magique l’avait été de l’
position
précédente. l était situé sur une butte si bien qu’on pouvait le voir de n’importe qu’elle partie de l’enceinte il consistait en un bassin de cinquante mètres de diamètre d’une capacité de cubes et en plusieurs ets d’eau proprement dits chevau et éclatés par
mètres
litres d’eau actionnés par cinq pompes de
ilo atts d’énergies électriques qui rendaient possible de continuels
changements de forme et de couleur. Le et d’eau et les fontaines alignées de chaque c té de la promenade centrale de l’
position utilisaient en deu heures autant d’eau qu’il s’en consommait en un
our entier dans tout arcelone
page
.
es multiples descriptions permettent alors au lecteur
de se rendre compte de la réalité dont Mendoza use dans son oeuvre. Il permet au lecteur de voir et de conna tre la ville de arcelone sans amais
avoir mis les pieds. duardo
endo a bien que son oeuvre
picaresque soit une fiction s’inspire totalement de l’histoire vraie de arcelone il retranscrit à ses lecteurs sa propre arcelone celle que lui conna t et dans laquelle lui m me a évolué étant plus eune. n utilisant son personnage
nofre ouvila il o re une balade dans cette arcelone qu’il qualifie de prodigieuse. l
apprend au lecteur comment la ville a connu un second sou e à la suite de la destruction de ses murailles et comment celle ci s’est reconstruite en partant de rien en s’appu ant sur le plan imaginer par ldefonso erda.
a fiction prend place lors de la construction de la première
s’achève lors de l’inauguration de la seconde en puissante.
entre temps
position
niverselle en
et
arcelone est devenue une ville
arcelone dit il la voi brisée par l’émotion comme elle est belle
t dire que quand e
l’ai vue pour la première fois il n’ avait presque rien de tout ce que nous vo ons en ce moment
La
campagne commen ait ici m me les maisons étaient minuscules et ces quartiers populeu étaient des villages continuait il avec volubilité les vaches paraissaient sur l’étendue de l’ nsanche que ’invente.
page
.
tu dois croire
eu ci sont les derniers mots d’ nofre ouvila. vec émotions il dit que
arcelone tout comme lui n’est partie de rien et qu’avec les années elle est devenue belle et grande elle a grandi et s’est épanouie tout comme lui.
ce moment la
arcelone et
nofre se séparent ils
redeviennent deu personnages à part entiers après n’avoir fait qu’un.
ette recherche aura alors permis d’a rmer mais surtout de confirmer les liens qu entretiennent
l’architecture et la littérature. L’impact qu’ils ont l’un sur l’autre.
lle aura permis d’appu er que les
pa sages urbains riches en histoire sont une source riche pour les auteurs et que ceu ci ont un impact direct sur l’image qu’elles renvoient.
n e et au ourd’hui il est courant de lire que l’architecture et la
littérature voient leurs processus de création
tre plus ou moins identique.
ue les mots sont
indispensables à la création d’une architecture riche et que c’est cette richesse qui construit le patrimoine des villes que l’on conna t à notre époque. 98
Bibliographie
Livres
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Articles
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- HUGUENY-LEGER Elise, 2011, Littérature et architecture : construction, mémoire et imaginaires - MAGRINYA Francesc et MARZA Fernando, 2009, Quand Cerda fait rimer intensité avec qualité ran ois tratégies arcelonaise reconfigurer la ville entre pro ets urbains partiels et urbanisme de grands évènements
- NADIM Roxana, 2005, Témoignages oubliés sur Barcelone, capitale littéraire : La naissance d’un mythe chez les romanciers français au lendemain de la première guerre mondiale (1925 - 1935)
- PUIG Nadine, 2003 mis à jour en 2007, La ville en littérature - ROSEMBERG Muriel, 2006, L’expérience géolittéraire de la ville chez Julien Gracq (La forme d’une ville).
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- SAVARY Sophie, 2006, Une carte amoureuse de Barcelone. Promenade littéraire , La pensée de midi 101
- SAVARY Sophie, 2004, Barcelone par ses paysages contée : pertinence du dialogue entre romans et récits d’habitants
- SEGUI Ilinas Miguel, 1993, Barcelone ou le poids des grands évènements et des jeux olympiques de 1992 dans la modernisation d’une métropole
- VASSEUR Edouard, 2005, Pourquoi organiser des expositions universelles ? Le « succès » de l’exposition universelle de 1867
- SERT Hugo, 2014, Errances et mélange des genres : la Promenade littéraire en question - TULARD Jean, MESPLÈDE Claude, POLICIER ROMAN , Encyclopædia Universalis
Mémoire - Thèses
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- LE ROUILLE Lucille, 2015, L’influence des expositions universelles sur la transformation des villes contemporaines, ENSA Nantes, Mémoire
- PERRET Audrey, 2018, Entre réel et fiction, ambiances architecturales et urbaines dans les représentations littéraires de Londres chez Boyd, McEwan et Ballard, ENSA Montpellier, Mémoire dirigé par L.Viala
- SAVARY Sophie, 2005, Imaginaires d’une ville : Barcelone par ses paysages. Une étude géolittéraire, Panthéon Sorbonne-Paris I, UFR de Géographie, Thèse de doctorat dirigée par Y. Luginbühl
Sites internet
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- http://www.mediatheque.cat/culturecat/lexposition-universelle-de-1888/ - https://www.lindependant.fr/2017/07/25/jo-92-il-y-a-25-ans-aujourd-hui-barcelone-prenait-son-envol, 3036980.php
- https://www.la-croix.com/Actualite/Sport/A-Barcelone-l-heritage-des-Jeux-olympiques-de-1992-esttoujours-vivace-_NG_-2013-01-26-904026
- https://www.liberation.fr/sports/2017/07/10/jo-de-barcelone-une-metamorphose-historique_1582939 - https://www.hcchotels.com/fr/blog/1992-lexplosion-touristique-a-barcelone/ - https://www.barcelonabusturistic.cat/fr/village-olympique - http://www.slate.fr/story/121685/barcelone-argent-transforme-or - https://www.youscribe.com/page/ebook/polar-noir - https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/roman_noir/176586 - http://yspaddaden.com/2013/02/25/la-ville-des-prodiges-eduardo-mendoza/ - http .mediathequeouestprovence.fr cms articlevie id profil id - http://bipt.univ-tlse2.fr/VOIR/barcelone88/expo_barsa.html (photos archives)
Vidéos - Audios
- « la ciudad de los prodigios » (eduardo mendoza) (la mitad invisible - La 2, 24/03/12 (https:// www.youtube.com/watch?v=k5m5-nHZBOg)
- La compagnie des auteurs, Garrigou-Lagrange Matthieu, barcelone par les écrivains (1/4), https:// www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/barcelone-par-les-ecrivains-14-barceloneest-une-fete
Revues
- BADDOURA Rita, L’orient littéraire, 6 juillet 2017, numéro 133, Eduardo Mendoza : ambassadeur littéraire malgré lui
- HELMLINGER Julien, 2003, Barcelone : capitale espagnol du polar noir - Portrait de ville : Barcelone , cité de l’architecture et du patrimoine/IFA, Barcelone, 2012, collection « portrait de ville », numéro spécial d’archiscopie, n 117
- Remica (Recherches régionales sur le Midi de la France et la Catalogne). E ets spatiaux de la croissance économique à Barcelone. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 48, fascicule 2, 1977. Barcelone et la Catalogne. pp.171-190
103
Index des illustrations
Figure n°1 - Vue aérienne de Barcelone. Figure n°2 - Plan de Barcelone avec ses murailles et du port, 1813. Figure n°3 - Plan original de l’Ilot de Cerda. Figure n°4 - Detail avenue Plan Cerda. Figure n°5 - Plan Cerda, extansion Barcelone. Figure n°6 - Vue aérienne Barcelone, constat de l’évolution urbaine de la ville. Figure n°7 - Sagrada Familia, Antonio Gaudi, Barcelone. Figure n°8 - Cristal Palace, première Exposition Universelle, Londres 1851. Figure n°9 - Affiche premiere Exposition Universelle de Barcelone, 1888. Figure n°10 - Photo d’archive, arc de triomphe 1888. Figure n°11 - Plan d’archive, site exposition Universelle 1888. Figure n°12 - Pêle-mêle affiches seconde Exposition Universelle de Barcelone, 1929. Figure n°13 - Plan d’archive, site exposition Universelle 1929. Figure n°14 - Affiche Jeux Olympiques 1992. Figure n°15 - Tour Eiffel, Paris. Figure n°16 - Palacio de Cristal, Madrid. Figure n°17 - Ruelle du Barrio Chino de Barcelone. Figure n°18 - Plage de la Barceloneta, Barcelone 2019. Figure n°19 - Barcelone vue depuis la colline du Montjuic. Figure n°20 - Photo d’archive, palais des arts 1888. Figure n°21 - Photo d’archive, fontaine magique de Montjuic, 1929. Figure n°22 - Arc de Triomphe, Barcelone 2019.
104
Table des matières
Remerciements
5
Sommaire
7
Introduction
9
1. Grandes étapes de la transformation urbaine de Barcelone
15
1.1 La transformation urbaine de Barcelone : portrait d’une ville évolutive
17
1.1.1 De 1500 à 1850 : les évolutions d’une ville fortifiée
17
1500 - 1714
17
1714 - 1850
20
1.1.2 Le plan Cerda : prémices d’une métropole moderne
22
L’ilot de Cerda
23
1.1.3 Barcelone au XXème siècle : une ville d’après les grands évènements
28
1.1.4 Naissance d’un nouveau mouvement architectural Catalan : émergence du « modernismo »
30
1.2 La place des grands évènements dans la transformation d’une ville
34
1.2.1 Regards croisés : enjeux et évolution des modes de faire
34
1.2.2 Expositions Universelles et Jeux Olympiques
37
Les Expositions Universelles
37
Barcelone 1888
39
Barcelone 1929
44
Les Jeux Olympiques
47
Barcelone 1992
47
50
2. Les représentations de Barcelone dans la littérature
55
2.1 Barcelone comme nouvelle capitale littéraire
57
2.1.1 Les différents auteurs emblématiques de Barcelone (Mendoza, Marsé, Montalban)
57
2.1.2 Les paysages de Barcelone : source d’inspiration du roman policier
1.2.3 La naissance d’architectures « symboliques »
60
2.1.3 Les mythes littéraires Barcelonais : des images qui lui collent à la peau
63 105
2.1.4 Une critique sociale omniprésente dans la littérature
67
2.2 Le Barcelone de Mendoza
70
2.2.1 Barcelone comme paysage littéraire de Mendoza
70
2.2.2 1888 : Une ville de progrès
74
76
3. Le développement de Barcelone au prisme d’une critique sociale
81
3.1 Barcelone « ville des prodiges » : naissance d’un mythe ?
83
3.1.1 Evolution d’un personnage qui représente cette ville des prodiges
83
3.1.2 La dénonciation d’une société inégalitaire
85
87
3.2 Des expositions et des lieux en héritage : Barcelone d’hier à aujourd’hui
88
3.2.1 Impacts et modes de vies des Barcelonais entre 1888 et 1929
88
3.2.2 Le Barcelone supposée de Mendoza
91
2.2.3 1929 : Un ville construite et modelée par le pouvoir public
3.1.3 Une vérité de tout temps grâce à une oeuvre picaresque ?
3.2.3 Comment la ville continue d’évoluer de nos jours autour des vestiges de ses grands évènements marquants ?
93
Conclusion
97
Bibliographie
101
Index des Illustrations
104
Table des matières
105
106
Barcelone est considérée aujourd’hui comme la capitale de la Catalogne, entourée par la mer et la montagne, elle évolue dans un cadre idéal. Des suites de la chute de ses murailles en 1856 elle connaît un second souffle et réussit à s’épanouir. L’organisation de ses deux expositions Universelles en 1888 et 1992 lui permet d’évoluer et de se montrer comme une ville puissante. Aujourd’hui Barcelone, en plus d’être une métropole Européenne très importante, est également devenue une capitale littéraire qui offre de nombreuses promenades littéraires aux amoureux de la littérature. Grands nombres d’auteurs la font vivre à travers leurs écrits et permettent à la mémoire collective de celle-ci de perdurer dans le temps. Grâce à Mendoza et son roman La ville des prodiges qu’il écrit en 1986, aujourd’hui c’est une ville qui est connue et reconnue comme étant la Barcelone prodigieuse. Tout au long de cette recherche, l’intention première était de comprendre comment l’image de la ville peut avoir un impact dans le domaine littéraire ? Mais également comment l’évolution urbaine de la ville de Barcelone liée aux expositions Universelles de 1888 et 1929 se traduit dans le roman d’Eduardo Mendoza ?
Barcelona, considerada hoy como la capital de la Cataluña, rodeado de la mar y la montaña, evoluciona en un entorno ideal. Tras de la caída de sus muros en 1856, conoce un segundo viento y logra florecer. La organización de sus dos Exposiciones Universales en 1888 y 1929 le permite de evolucionar y mostrarse como una ciudad potente. Hoy Barcelona, ademas de ser una metrópolis europea muy importante, también se ha convertido en una capital literaria que ofrece muchos paseos literarios para los amantes de la literaturia. Un gran numero de autores lo hacen realidad a travers de sus escritos y permiten que su memoria colectiva dure en el tiempo. Gracias de Eduardo Mendoza y su novela La ciudad de los Prodigios que escribe en 1986, hoy es una cuidad conocida como la prodigiosa Barcelona. A lo largo de esta investigación, ¿la principal era entender como la imagen de la ciudad puede tener un impacto en el campo literario? Pero también ¿como se traduce el desarrollo urbano de la ciudad de Barcelona vinculado a las Exposiciones de 1888 y 1929 en la novela d’Eduardo Mendoza?