Poétique de la Mélancolie
Poética de la Melancolía
Luis Alberto Hernández
Farinier de l’Abbaye de Cluny - Bourgogne
Luis Alberto Hernández Catalogue de l’exposition Poétique de la Mélancolie Poética de la Melancolía
Farinier de l’Abbaye CLUNY
15 mars - 8 mai 2017
Couverture: Portes de l’Eternité
D’une rive à l’autre, du monde nouveau vers un monde disparu, mélancolie…
L’abbaye de Cluny accueille pour quelques semaines les œuvres du peintre vénézuélien Luis Alberto Hernández dans sa prestigieuse salle d’exposition du Farinier des moines. Cette présentation est le fruit du grand effort réalisé par deux associations humanitaires françaises, Carora France et FRAVEN pour susciter l’intérêt et les moyens du public en faveur du peuple du Venezuela, qui souffre et qui, pour autant, est capable de prodiges. Après des expositions dans le monde entier, dont une récente à New-York, l’artiste vient poser ses toiles à Cluny, pour un parcours d’art sacré, un dialogue audacieux avec les élévations de ce chef-d’œuvre de l’architecture profane, le grand grenier de l’abbaye, au cœur du monument emblématique de l’art roman. Cet ensemble de toiles est organisé autour d’un thème, la mélancolie. Comment ne pas voir la parenté immédiate entre ce choix et Cluny ? Comment ne pas éprouver ce sentiment, à la fin d’une découverte de cette abbaye qui n’en n’est plus une, de ce patrimoine dont on conserve miraculeusement les vestiges, qui garde une histoire dont les clefs se méritent, tout comme le sens des œuvres du peintre Luis Alberto Hernández est une quête, une exploration des hauteurs de l’âme humaine. Cluny est un lieu où le discours habituel tient dans l’évocation d’une grandeur passée, d’une architecture extraordinaire. Il est rare qu’on se laisse aller à l’émotion, au regret, au lâcher prise des sentiments. C’est peutêtre ce que cette exposition provoquera chez les visiteurs rencontrant ces toiles, découvrant leurs noms sur les cartels. Bien sûr, Luis Alberto Hernández est un artiste majeur de son pays. Maîtrisant parfaitement les diverses techniques picturales, il les utilise tour à tour pour aller au cœur de la réflexion existentielle : tout naturellement il se confronte aux différentes philosophies et religions et leur emprunte des expressions artistiques, des réponses qu’il représente dans ses œuvres aux titres poétiques. C’est bien cette profondeur et en même temps cette ouverture vers les autres courants qui l’ont fait missionner par l’UNESCO. Le fait même d’aller vers l’autre et l’ailleurs, de les étudier pour les comprendre, d’emprunter leurs plus belles formes d’art, de philosophie, comme le fait Luis Alberto Hernandez est clunisien. Souvenons-nous des moines partant de la grande abbaye pour créer des monastères dans les terres lointaines, en Europe centrale, en nouvelle Castille, en Palestine... et ramenant vers la maison mère les influences artistiques qui font aujourd’hui tout l’intérêt des fresques de Berzé ou des sculptures de Moissac. Au cœur de l’immense monastère de Cluny, aux longues galeries, aux blancs badigeons rehaussés d’ocre, à deux pas de la Maïor Ecclesia meurtrie, le Farinier abrite sous sa charpente médiévale les œuvres d’un artiste que les moines de Cluny auraient compris. Et nous, laissons nos yeux aller des toiles aux élévations majestueuses du clocher, du tilleul d’Abélard à la Tour ronde, puis au-delà à la ligne des crêtes du ban sacré, pour y voir ces marcheurs au loin, des moines sans doute de retour d’un prieuré, ou ce cavalier digne et inspiré. Nul doute qu’au pays de Lamartine, la mélancolie est un art de vivre. N’est-ce pas lui dont la famille est originaire de Cluny ? N’a-t-il pas arpenté ces campagnes, forêts et bocages, y cultivant une émotion qui lui valut ses plus beaux vers ? Parfois joyeux, parfois mélancolique comme aimait l’être notre XIXème siècle… Peut-être l’avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques
François-Xavier Verger Administrateur de l’abbaye de Cluny et de la chapelle des moines de Berzé-la-ville
Des Mots et leurs Symboles
Nécessité de l’absolu
Necesidad de lo absoluto
Dans la sombre tristesse de la réalité mélancolique qui, en son sens le plus profond et le plus essentiel, révèle une dimension spirituelle, réside une nécessité suprême appelant à l'abandon de l'existence extérieure ; un désir irrépressible de fuir le superficiel afin de favoriser l'immersion dans le mystère qui mène à l'élévation. La nécessité intime qui habite l'âme mélancolique aspire à la pleine réalité puisqu'il s'agit, en dernière instance, du désir de Dieu. Et cette inquiétude générée par la mélancolie a fait de ma pratique artistique l'axe crucial, soulagement tout autant que protection, qui m'a soutenu et permis de doter l'ensemble de l'œuvre que je réalise d'une dimension transcendante. C'est de ce voyage intérieur que traitent les notes que je vous offre ici.
En la sombría tristeza de la realidad melancólica, que en su sentido más profundo y esencial revela una dimensión espiritual, anida una necesidad suprema que lleva al abandono de la existencia exterior; un deseo irrefrenable de huir de lo superficial para propiciar la inmersión en el misterio que conduce a lo elevado. Esta necesidad íntima que habita el alma melancólica aspira a la integración en la realidad plena, porque se trata, en última instancia, del anhelo de Dios. Y este desasosiego al que lleva la melancolía ha hecho de mi práctica artística el punto crucial en que me he sostenido, como alivio y cobijo para dotar de algún sentido trascendente al conjunto de la obra que realizo. De este viaje interior tratan las anotaciones que ahora les ofrezco.
Réaliser une œuvre d'art est une expérience unique. Pour cela, le calme, ou le trouble intérieur, est indispensable, car il confère à l'œuvre l'impulsion qui lui donne vie, c'est la condition nécessaire pour engager ce défi que représente l'entrée dans l'autre réalité, autrement dit le passage de l'état ordinaire de la perception quotidienne à la situation artistique : le moment où vient la révélation ; l'instant où, comme en état de grâce, l'être atteint à son point maximal de liberté, submergé dans son propre néant, en communion avec l'essentiel. L'être choisit les nécessités de l'âme, se laisse porter par le rythme propre de son cœur, avec tous les risques que cette décision présuppose et implique, pour ensuite, avec crainte, guidé par une force puissante sur laquelle ma volonté n'a plus de prise, parcourir de nouveau cet abîme muet qui me réclame. Et c'est ainsi, avec des fulgurances d'intuition, des peurs, de la dévotion et de l'innocence que l'œuvre commence à s'entretisser. Il n'est plus alors d'autre choix que de refléter ma trajectoire spirituelle et humaine dans ce que je fais. Ensuite réapparaîtront la fatigue et l'affliction.
Realizar una obra de arte es una experiencia única e irrepetible. Para ello es indispensable el sosiego o la turbación interior que otorgue a la obra el impulso que le da vida; es la condición necesaria para emprender el desafío de adentrarme en esa otra realidad, esto es, pasar del estado ordinario de la percepción habitual al de situación artística: ese momento en que la revelación ocurre; ese instante en que, como en un estado de gracia, tu ser asiste a su punto máximo de libertad, sumergido en su propia Nada, en comunión con lo esencial. Tu ser optando por las necesidades del alma; dejándose llevar por el propio ritmo del corazón, con todos los riesgos que esta decisión implica y presupone, para entonces, con temor recorrer de nuevo ese abismo callado que me reclama, guiado por una fuerza poderosa sobre la cual no tengo ninguna voluntad. Es así, con puntadas de intuición, con temores, devoción e inocencia como comienza la obra a entretejerse. Y aquí ya no hay más elección que reflejar tu trayectoria espiritual y humana en lo que hagas. Después, reaparecerán el cansancio y la depresión.
Luis Alberto Hernández
Luis Alberto Hernández
A gestes tremblants, je retourne sur mes propres pas, et c'est comme revenir à l'abandon, de nouveau surgit l'angoisse de ne pas savoir ce qui va se passer, de nouveau la désolation. Néanmoins, j'emprunte le sentier, humble et disponible, avec la détermination de qui a compris la valeur intrinsèque de la prière. Ouvert aux voix secrètes qui me guident, je m'apprête à affronter mes batailles intérieures. Combien de douleurs n'hébergent-elles pas... C'est, selon ce que je crois comprendre maintenant, une angoisse véritable sinon sacrificielle qui surgit lorsqu'on aspire à transcender la banalité, et qui peut mener l'individu à l'effondrement ou à la prostration. De cette fragilité de l'âme surgiront des formes en lambeaux, des fragments, des vacillements, qui attendront leur configuration définitive pour construire ce qui, peut-être, parviendra à intéresser, c'est-à-dire à toucher, à pénétrer la sensibilité de celui qui lui accordera un regard chaleureux et généreux. Mais c'est là un espoir risqué, je le sais. Qui aurait besoin de ces images, élaborées au plus profond de mon imaginaire ?
Con gestos temblorosos vuelvo sobre mis propios pasos, y es como regresar al abandono, otra vez la angustia de no saber qué pasará, y de nuevo brota la desolación. Sin embargo, transito el sendero humilde y dispuesto, con la determinación de quien ha comprendido el valor intrínseco de la oración. Abierto a escuchar las voces secretas que me guían, me dispongo a realizar batallas interiores. Cuánto dolor albergan... Es, según creo entender ahora, un cierto sino sacrificial angustiante que surge cuando se aspira trascender la banalidad y que puede llevar a un individuo al hundimiento y la postración. De esta fragilidad del alma surgirán formas hechas jirones, fragmentos, vacilaciones, que aguardarán su disposición definitiva para construir lo que quizá alcance a interesar, es decir, adentrarse, penetrar, la sensibilidad de quien le otorgue una mirada cálida y generosa. Pero es una arriesgada esperanza, lo sé. ¿Quién necesita de estas imágenes elaboradas en lo más profundo de mi imaginario?...
Je reviens encore et encore à mes motifs, comme on revient à sa rêverie personnelle, à ses désirs les plus enfouis et à ses peurs afin de résoudre des sujets restés sans réponse. Souvent mes traces disparaissent, dissimulées entre des couches superposées tels d'antiques parchemins empilés par le temps, occultant le sacré. Elles attendront la sensibilité de quelqu'un capable d'entrevoir le mystère suprême, ne serait-ce qu'un instant. Mais cette impulsion qui fait se mouvoir l'œuvre restera une perception illusoire dans la symbolique chiffrée de ma peinture, devenue énigmatique et déconcertante. Fréquemment, je m'interroge autour de ce qui tant me réclame : qu'est-ce que le sacré ? Fatalement, personne ne saura répondre à cette question déchirante. Néanmoins, de nouvelles images naîtront et je chercherai la façon de l'exprimer dans un langage qui reflète les intuitions que je thésaurise au fond de moi.
Regreso a mis motivos una y otra vez, como se regresa a la propia ensoñación, a los deseos más recónditos y los miedos para resolver asuntos inconclusos. Mis huellas a menudo desaparecen ocultas entre capas superpuestas como folios antiguos apilados por el tiempo obliterando lo sagrado. Ellas aguardan la sensibilidad de alguien capaz de atisbar ese misterio supremo, aunque sólo sea un instante. Pero ese impulso que mueve la obra será una percepción ilusoria dentro de la simbólica cifrada de mi pintura, que se ha vuelto enigmática y desconcertante. Con frecuencia me interpelo acerca de lo que tanto me reclama: ¿qué es lo sagrado?... Fatalmente, nunca podré responder a esta pregunta que lacera. No obstante, nacerán imágenes nuevas y buscaré la manera de expresarlo con un lenguaje que refleje las intuciones que atesoro en mi interior.
Avec l'obsession de qui tente de revenir à l'expérience originaire, je poursuis une essence fuyante que je ne parviens pas à saisir en entier (la réalité de l'expérience sacrée est inexprimable artistiquement). Ainsi, mon œuvre tend à dire l'indicible, et ce paradoxe obsessionnel qui répond aux impulsions les plus exigeantes de l'intimité ne trouve d'autre forme expressive que la métaphore. « Par la métaphore, le sens des éléments concrets utilisés pour accomplir l'œuvre est " porté " ( phore ) " au-delà " ( meta ) Porter au-delà le sensible et le mondain signifie rapprocher l'Autre Monde » nous a dit Murena1.
Con la obsesión de quien intenta regresar a la experiencia originaria, persigo una esencia escurridiza que no termino de atrapar del todo (la realidad de la experiencia sagrada es inexpresable artísticamente). Y así, mi obra acontece en ese decir de lo indecible, y esta paradoja obsesiva que responde a los impulsos más exigentes de la intimidad no encuentra otra forma expresiva más que la metáfora. “En la metáfora se ‘lleva’ (fero)‘más allá’ (meta) el sentido de los elementos concretos empleados para hacer la obra (…) Llevar más allá lo sensible y lo mundano significa traer más acá al Otro Mundo” nos ha dicho H. A. Murena1.
Malgré tout, mon silence ne se satisfait pas du mutisme ; il évoque l'éloquence au milieu de la nuit obscure de la création pour exprimer avec chagrin un éloignement qui a un caractère de mystère. Je connais cette réalité, je l'ai vécue. Peu d'expériences sont comparables à cet état de suspension qui éveille en moi un sentiment particulier de perception du monde. C'est, en définitive, la conscience de réalités plus profondes au cœur desquelles la douleur et la tristesse signalent la nature de la véhémence créative. Mais le but de cette souffrance est d'être sa propre transcendance et non sa glorification : c'est pourquoi je m'efforce de l'interpréter, de connaître sa signification pour m'élever au-dessus d'elle.
Pese a todo, mi silencio no se satisface en la mudez; evoca la elocuencia en medio de la noche oscura de la creación para expresar con pesadumbre una lejanía que tiene carácter de misterio. Conozco esa realidad, la he vivido. Pocas experiencias son comparables a ese estado de suspensión que despierta en mí un sentido especial de percibir el mundo. Es, en definitiva, la conciencia de unas realidades más profundas donde el dolor y la tristeza señalan la naturaleza de la vehemencia creativa. Pero la finalidad de este sufrimiento ha de ser su propia trascendencia y no su glorificación; por eso me esfuerzo en interpretarlo, en conocer su significado para elevarme por encima de él.
L'œuvre se développe lentement, geste après geste, elle avance vers sa configuration selon un plan inconscient. Toute trace, depuis la première tache, suggère un sentier et pourra composer une forme accordée aux métaphores qui donnent vie à l'œuvre pour proposer leur vérité, celle qui constitue son impulsion et son sens le plus profond. Chaque toile achevée est à peine un détail de cette œuvre unique sur laquelle je travaille sans arrêt et qu'il me faudra assurément poursuivre durant le reste de ma vie. C'est la métaphore par laquelle Jorge Luis Borges nous rappelle que tous les livres d'un auteur s'avèrent être toujours le même livre. Lorsque s'installe en moi cette certitude, de nouveau surgit la précarité. Je regarde l'horizon et vérifie la distance abyssale qui me sépare de mon destin irrévocable. Combien de fragilité dans cette persistance douloureuse à emprunter à tâtons ce chemin aride et tourmenté. Les choses semblent alors si insuffisantes... la mélancolie s'empare de nouveau de mon âme ; et, dans ces conditions, il n'y a aucune expérience de la réalité, aussi intime soit-elle, qui garantisse une réalisation de mes intentions libre de doute et d'insatisfaction. Cet état d'esprit laisse à découvert les limitations, je ne suis pas en possession d'un génie capable de convier à volonté l'émerveillement premier nécessaire à capter l'image germinale : le territoire insondable dans lequel habite la promesse de l'œuvre devient parfois nébuleux.Dans mes tentatives d'entrevoir sa nature la plus cachée, je suis souvent revenu aux images de l'enfance pour renouer avec cet enfant peureux que je fus, toujours enveloppé d'une solitude obscure, aspirant à un rayon de soleil qui illuminerait ma perplexité, en permanence plongé dans une tristesse muette.
La obra crece lentamente, gesto a gesto avanza hacia su configuración según el plan inconsciente. Cualquier trazo sugiere un sendero desde la primera mancha, y éste puede componer una forma acorde con las metáforas que dan vida a la obra para proponer su verdad, esa que constituye su impulso y más hondo sentido. Cada tela terminada es apenas un detalle de esa obra única en que se trabaja constantemente y que, de seguro, habrá de consumir el resto de la vida. Es la metáfora con que Borges nos recuerda que todos los libros de un autor resultan ser siempre el mismo libro. Cuando se instala en mí esta certeza de nuevo sobreviene la precariedad. Miro el horizonte y verifico la distancia abismal que me separa de mi inapelable destino. Cuánta fragilidad en este penoso empeño de transitar a tientas este camino árido y tormentoso. Entonces las cosas se vuelven tan insuficientes… de nuevo me toma el alma la melancolía; y en esta condición no hay experiencia de la realidad, por más íntima que sea, que asegure un ejercicio de mis propósitos ajeno a la duda y la insatisfacción. Este estado de ánimo deja al descubierto las limitaciones: no soy poseedor de una genialidad capaz de propiciar a voluntad el asombro inicial para atrapar la imagen germinal; el territorio insondable donde habita la promesa de la obra a menudo se torna nebuloso.En la tentativa de vislumbrar su naturaleza más recóndita, muchas veces retorné a las imágenes de la infancia para reencontrarme con aquel niño temeroso que fui, siempre rodeado de una soledad oscura, anhelando un rayo de luz que iluminara mi perplejidad; envuelto permanentemente en una tristeza callada.
Le temps de la création arrive aussi d'une façon étrange et fascinante. Il s'agit d'un vécu temporel qui gomme le souvenir du passé et l'espérance du futur pour me mettre face à un moment de suspension, où tous les temps sont le maintenant. Cette expérience suppose une continuité singulière, au cœur de laquelle événements vécus et rêves forment un présent entrelacé - à la différence du temps linéaire qui évoque un écoulement mécanique avec sa séquence implacable de pertes et d'oublis. L'instant de la création implique une rupture avec la perception habituelle du temps. Percevoir cet état intemporel dans lequel l'œuvre surgit suppose une conscience d'unité avec la Totalité dans ce continuum illimité du présent éternel. Les mystiques ont affirmé qu'il n'existe aucun lieu hors ce moment et que l'homme a créé l'illusion du temps parce qu'il a peur de la mort. Selon cette affirmation, c'est l'inexorabilité de la mort qui, dans le processus du temps, rend unique et grandiose chaque instant de création.
También el tiempo de la creación transcurre de una manera extraña y fascinante. Se trata de una vivencia temporal que borra el recuerdo y la esperanza del futuro para colocarme ante un momento de suspensión en que todos los tiempos son el ahora. Esta experiencia supone una continuidad singular en la que acontecimientos vividos y soñados configuran un presente entrelazado; a diferencia del tiempo lineal que evoca un fluir mecánico con su secuencia implacable de pérdidas y olvidos. El instante de la creación resulta una ruptura con la normal percepción habitual del tiempo. Percibir ese estado intemporal en que acontece la obra supone el atisbo de una conciencia de unidad con la Totalidad, dentro de ese continuum ilimitado del eterno ahora. Los místicos han afirmado que no hay lugar alguno fuera de este momento, y que el hombre ha creado la ilusión del tiempo porque teme a la muerte. Según esta afirmación, en el proceso del tiempo lo inexorable de la muerte es lo que hace único y grandioso cada instante de la creación.
Par cette sorte de confession intime, j'ai souhaité vous offrir quelques fragments de mon épopée personnelle. Ce que je vous ai exposé ici est le témoignage vivant d'un aperçu de la plénitude et de la splendeur de la Totalité, à laquelle nous sommes liés essentiellement et de manière indissoluble. Dans les instants d'accord les plus décisifs et les plus amoureux avec la création, l'impulsion de plénitude me rappelle souvent la nécessité d'absolu dont souffre l'homme d'aujourd'hui, et plus je suis conscient de cette réalité, plus est avivée en mon être la nécessité de me réintégrer à l'unité essentielle qui comble le monde. C'est la raison pour laquelle je continue à m'interroger, face au miroir de mon œuvre, sur le sens le plus profond de l'existence, dans sa relation avec ce qui la transcende. Un exercice spirituel, en somme, toujours plein de risques et de renouveau, qui m'a fait envisager la beauté comme un des déploiements de la proximité du Divin.
En esta suerte de confesión íntima he querido ofrecerles algunos fragmentos de mi épica personal. Lo que aquí les he expuesto es el testimonio vivo de un atisbo de la plenitud y el esplendor de la Totalidad, a la que esencialmente estamos ligados de manera indisoluble. En los instantes de trato más decisivos y amorosos con la creación, el impulso de la plenitud a menudo me recordó la necesidad de absoluto que padece el hombre hoy; y mientras más consciente he sido de esta realidad, más se ha avivado en mi ser la necesidad de reintegrarme a la unidad esencial que colma al mundo. Por ello continúo interrogándome ante el espejo de mi obra, acerca del más hondo sentido de la existencia en su relación con lo que la trasciende. Un ejercicio espiritual, en suma, siempre de riesgo y renovación que me ha planteado la Belleza como uno de los despliegues de la proximidad de lo Divino.
San José de Los Altos, novembre 2016
San José de los Altos, noviembre de 2016.
1 Murena, H. A., La metáfora y lo sagrado, Editorial Tiempo Nuevo, S. A., Buenos Aires, 1973. Murena (1923-1975) à Buenos Aires. Co-directeur de la maison d’édition Monte Avila (Caracas) . Il a ainsi participé à la diffusion de la pensée allemande de l’Ecole de Francfort : J. Habermas, T. Adorno, H. Marcuse et M. Horkheimer. Murena a été le premier traducteur à l’espagnol de l’œuvre de Walter Benjamin
1 Murena, H. A., La metáfora y lo sagrado, Editorial Tiempo Nuevo, S. A., Buenos Aires, 1973.
Pour Restituer la Parole Sacrée
Des Subtilités Secrètes
Du Langage Oublié
Dialogue de l’Esprit
De l’Insondable Silence
De l’Harmonie Intérieure
De la Tradition Vivante
Des Textes Essentiels
Les trois mélancolies
Las tres melancolías
La lumière et la nuit Il y a la lumière et la nuit, l'ombre et encore la lumière, le noir relatif de la caverne ou de la chambre et la flamme vacillante d'une lampe, et partout le défilement incessant d'images. Ces visions produites par notre imagination sont des rêves en quête d'écran sur lequel se matérialisent ou des signes en quête d'auteur ou au moins d'une main pour les transcrire sur la feuille sombre mais éclairée d'or avec une plume trempée dans l'encre noire. Et à nouveau, litanie du temps qui ourle ses vagues et pourtant ne passe pas, il y a quelque chose qui illumine l'œil qui déchiffre. Et il y encore la nuit, celle du signe qui fait écho au noir central de la pupille où s'origine le regard et où se perd le possible. Dans ce noir solaire s'échangent les informations avant qu'elles ne deviennent sens. Parfois, elles se voient rejeter dans les limbes d'un oubli précaire. Entre ces deux tremblements, là où une sorte d'hésitation force le silence, on entend, dans le lointain de la pensée, craquer la surface de la terre. Alors nous devenons ce que nous sommes depuis toujours, mais nous nous efforçons d'oublier pour ne pas trop avoir peur, des sismographes de l'improbable, des capteurs de forces irascibles, en un mot, des hommes.
Las luces y la noche Las luces y la noche, la sombra y de nuevo la luz, la oscuridad relativa de la cueva o de la habitación la llama vacilante de una lámpara y por doquiera el incesante desfile de imágenes. Esas visiones, nacidas de nuestra imaginación son sueños en búsqueda de una pantalla en donde plasmarse o signos en busca de un autor o, por lo menos, una mano que los transcriba sobre la hoja oscura pero alumbrada por el oro con una pluma bañada en tinta negra. Y, de nuevo, como la letanía del tiempo que levanta sus olas pero no pasa, algo ilumina el ojo que descifra. Y de nuevo retorna la noche, la del signo que responde a la oscuridad central de la pupila en donde nace la mirada y se pierde lo posible. En esa oscuridad solar, se intercambian informaciones antes de devenir sentidos. De vez en cuando, se encuentran rechazadas hacia los limbos de un precario olvido. Entre esos dos temblores, en donde una suerte de vacilación impone silencio, se oye, en el lejano pensamiento, crujir la superficie de la tierra. Devenimos entonces lo que somos desde siempre pero tratamos de olvidar para no tener demasiado miedo, es decir sismógrafos de lo improbable, captores de fuerzas irascibles; en una palabra, devenimos hombres.
Signe et promesse Chaque tableau de Luis Alberto Hernández est l'apparition sur un fond noir de signes aux allures de promesse et de don. Ces signes sont ici portés par mystère plus profond que le noir qui le porte. Tracés par une main à la fois ferme et hésitante, ils exhibent leurs couleurs sur un fond d'or qui parle la langue d'un soleil déclinant. Leur tracé est porté par une affirmation et pourtant, un à un, il semble qu' au lieu de représenter ou de parler la langue d'un dieu, ils appellent un dieu ou une divinité, une force ou un souffle, à venir se glisser en eux. Car pour nous atteindre, il leur fait parvenir à s'élancer, et s'envoler de cette surface picturale sur laquelle certes ils paradent mais où ils semblent aussi retenus prisonniers, pour nous joindre nous, hommes précaires mais qui savent par tous les pores de leur peau qu'ils participent, encore et toujours et même contre leur gré, à l'aube du mystère. Luis Alberto Hernández est le peintre de ce soulèvement du signe non pas tant pour qu'il dissémine le sens qu'il retiendrait en son sein, mais pour qu'il parvienne à travers la transparence de l'air jusqu'à la nuit de l'œil. Le signe, ici, appartenant à des langues réelles tout autant que rêvées, parcourt inlassablement les méandres de ses significations possibles. En se soulevant sous la force créatrice de la peinture, il entre alors dans le champ de l'espérance là où l'homme attend et entend que le possible embrase le réel. Peintre méditatif ayant pris conscience, il y a longtemps, de la faiblesse de notre raison et de la puissance de nos affects pour nous aider à nous orienter dans l'existence, il sait que les modalités d'une apparition, entendons d'une vision, d'une révé-
Signo y promesa Cada cuadro de Luis Alberto Hernández es la aparición sobre un fondo negro de signos que parecen promesas y dones. Vienen de un misterio más profundo que la oscuridad que lo produce. Pintados por una mano a la vez firme e indecisa, muestran sus colores sobre un fondo de oro que habla el idioma de un sol declinante. Su trazado constituye una afirmación pero, sin embargo, cada uno de ellos, en vez de representar algún dios o hablar su idioma, parece invitar a un dios o a un ser divino, a una fuerza o un soplo, a deslizarse entre ellos; ya que, para llegarnos, deben poder lanzarse, despegar de la superficie pictórica sobre la cual claramente desfilan pero también parecen estar detenidos; para llegarnos, a nosotros, humanos precarios pero que sabemos a través de todos los poros de nuestra piel, que participamos todavía y siempre, aún contra nuestra voluntad, en el alba del misterio. Luis Alberto Hernández es el pintor de esa sublevación del signo, no tanto para que disemine el sentido que contiene como para que logre llegar a la noche del ojo a través del aire transparente. El signo que pertenece a idiomas tanto reales como soñados, recurre incansablemente los meandros de sus posibles significados. Levantándose e impulsado por la fuerza creadora de la pintura, entra en el campo de la esperanza donde el hombre espera y exige que lo posible abrace lo real. Pintor pensativo, Hernández se ha dado cuenta desde hace largo tiempo de la debilidad de nuestra razón y la fuerza de nuestros afectos para ayudarnos a orientar nuestra existencia; sabe que las modalidades de una aparición, digamos una visión o aun una revelación
-lation, sont indécidables. Les prophètes pouvaient moins prédire une manifestation divine qu'inciter à se préparer à sa venue. Le peintre ne peut qu'enregistrer les traces des retraits du divin en les faisant exister, ces traces, sous la forme de manifestations lumineuses et colorées qui leur donnent une apparence de vie intense incalculable. Le peintre est celui qui associe, au point de les confondre, les aveux de l'absence et les schèmes plastiques de la présence. Pourtant cette présence et cette absence ne sont pas à comprendre comme des manifestations directes du divin. Bien au contraire, ce sont des appareils de capture dans lesquels ce qui doit être capturé est moins la forme d'un dehors sans énigme que la part du secret dans l'attente des hommes. L'attente n'est pas attente de quelque chose mais hésitation perpétuelle, c'est-à-dire constitution d'une tension psychique dans laquelle s'éprouve et le signe et la possibilité du sens.
no se pueden decidir de antemano. Los profetas no podían tanto predecir una manifestación divina como incitar a preparar su venida. El pintor no puede más que grabar las huellas de la retirada de lo divino materializándolas de una manera luminosa y florida que les da vida intensa e incalculable. El pintor es quien asocia hasta el punto de confundirlos, el reconocimiento de una ausencia con los esquemas plásticos de la presencia. Sin embargo, esa presencia y esa ausencia no deben entenderse como manifestaciones directas de lo divino. Por el contrario, son sistemas de captura de lo secreto en la espera del hombre más que una apariencia externa sin misterio. La espera no es la espera de algo sino una perpetua indecisión, la constitución de una tensión psíquica que permite percibir el signo y la posibilidad de un sentido.
Révélation En peignant, il semble que Luis Alberto Hernández ne fait que poser et poser encore cette question : « Que faut-il pour que le ciel exulte et que l'œil se pare de visions ? » Ce qu'il sait, c'est que l'œil ne distingue la couleur que si elle est mêlée au trait, que si elle est peuplée de signes. Ce qu'il sait aussi, c'est que le divin peut venir à nous, mais qu'il le fait sous une forme qui n'est pas nécessairement déchiffrable à même la peau des choses. Cette forme, si elle est difficile à « saisir », c'est moins à cause d'un discrédit qui porterait sur la consistance de cette peau qu'à cause d'un décalage interne au vivant. Tous, vivants que nous sommes, hésitons. Il y a d'une par les manifestations de nos passions, manifestations irrésistibles de notre élan vital et d'autre part, il y a la passion, cette force sourde qui emplit l'attente par laquelle nous existons. Démêler cet écheveau est une tâche impossible et nécessaire. Impossible, parce qu'il n'y a pas d'espoir que la table soit rase ni que le ciel soit plein. Nécessaire, parce que c'est dans les interstices entre trace et regard, entre attente et espérance, entre manifestations secondaires de la lumière et plis de l'ombre que quelque chose a lieu. Ce qui a lieu est la révélation a minima que le signe est vide par nécessité et charnel par mission. Qu'il prétende dire le divin ou l'enclore, rien ne vient s'y restreindre, sinon l'idée plastiquement attractive qu'il est signe et qu'en tant que signe il incarne notre attente. Ce qui a lieu dans chacune de ces toiles, c'est la révélation de ce que le signe vide est le moyen le plus efficace pour arrimer l'ambition du geste aux éclats de la vision.
Revelación Cuando pinta, pareciera que Luis Alberto Hernández no hace sino preguntar repetidas veces : « ¿Qué se precisa para que el cielo exulte y la vista se enriquezca de visiones? » Lo que sabe es que los ojos no distinguen el color sino cuando está entrecortado de trazos y poblado por signos. También sabe que lo divino puede llegar hasta nosotros pero que lo hace de una forma que no necesariamente se puede leer sobre la piel de las cosas. Es difícil captar esa forma; no tanto por el descrédito posible que pesa sobre el espesor de dicha piel como por un desfase interno de lo que vive. Todos nosotros, porque vivimos, vacilamos. Por una lado, manifestamos nuestras pasiones, frutos irresistibles de nuestro élan vital; por otra parte, existe la pasión, esa fuerza secreta que llena la espera que nos hace vivir. Desenredar la madeja es una tarea a la vez imposible y necesaria. Es imposible porque no se puede esperar que la mesa esté rasa ni que el cielo esté pleno. Necesaria porque es en los intersticios entre espera y esperanza, entre manifestaciones secundarias de la luz y los pliegues de la sombra que algo pasa. Lo que tiene lugar es que el signo es vacío por necesidad y carnal por misión. Cuando pretende hablar de lo divino o encerrarlo, nada lo restringe salvo la idea, plásticamente seductora que es signo y que, como signo, encarna nuestra espera. Lo que ocurre en cada uno de estos cuadros es la revelación que un signo vacío es el modo más eficaz de estibar la ambición del gesto a los destellos de la visión.
Images-signes Voir n'est pas une activité de l'œil seul, mais une activité de la pensée en ce qu'elle sait que l'œil éperdu d'attente est pris dans le même mouvement immobile auquel sont assignées les choses. L'homme certes se réjouit d'exister, mais une voix en lui ne cesse de clamer son angoisse et son refus d'avoir été jeté là et abandonné. .
Imágenes-signos Ver no es solamente una actividad del ojo, es también una actividad del pensamiento que sabe que el ojo, en su loca espera, se siente prisionero del mismo inmóvil movimiento asignado a las cosas. Es cierto que el hombre se regocija de existir; pero una voz interior no para de clamar su angustia y su rechazo de haber sido echado en donde está y abandonado.
Murmure de source vive, c'est dans ce creuset que se forme le chant de la mélancolie première. Nul n'échappe à ce doute sur la nécessité qu'il y aurait d'être au monde. C'est pourquoi la mélancolie conduit à envisager l'existence d'une sorte de seconde vue qui passerait par l'acceptation forcée de cette situation. Alors oscillant entre deux murs, l'existence s'exhibe auréolée de couleurs parfois barbares. Il existe une troisième mélancolie qui se manifeste lorsque devient évident pour chacun qu'il doit accepter de reconnaître que le « vrai » monde ne se trouve ni ici ni ailleurs, mais qu'il se manifeste comme l'ensemble des données réelles et rêvées qui circulent entre l'un et l'autre. Cet entre-deux est la dimension du monde dans laquelle à travers les images et les signes, se croisent les trois mélancolies. Leur entrelacement en nous est la source possible du partage entre ceux qui créent des formes et ceux qui les accueillent. Luis Alberto Hernández a su pousser la reconnaissance au point ultime de l'aveu en créant des entités visuelles qui ne sont ni des signes ni des images mais des « images-signes ». D'une certaine manière, seule cette entité psychique qui se renouvelle en lui et grâce à lui, à chaque tableau, permet à des entités visibles d'atteindre leur but : être la flèche qui va nous transpercer. Visés par ces images-signes et les visant en retour, nous nous approchons de cette révélation : découvrir comment, en nous, ces trois mélancolies s'entrelacent pour nous faire vibrer.
Ese murmullo de manantial es el crisol en donde nace el canto de la melancolía original. Nadie escapa a la duda sobre la necesidad de existir en este mundo. Es por ello que la melancolía lleva a contemplar la existencia de otra visión que sería aceptar por fuerza esa situación. Y entonces, oscilando entre esos dos muros, la existencia se exhibe aureolada de colores una que otra vez bárbaros.Existe una tercera melancolía que aparece cuando cada uno se da cuenta que debe aceptar que el mundo “verdadero” no está ni aquí ni en otra parte pero se manifiesta como conjunto de elementos reales y soñados que circulan entre ambos. Ese entre-dos es la dimensión del mundo en donde, a través de las imágenes y de los signos, se cruzan las tres melancolías. Su entretejido en nosotros es, posiblemente, el origen del reparto entre los que crean formas y los que las acogen. Luis Alberto Hernández ha sabido llevar el reconocimiento hasta el punto extremado de la confesión creando entidades visuales que no son ni signos ni imágenes sino « imágenes-signos ». De cierto modo, esa entidad psíquica que se renueva en él y gracias a él en cada cuadro, permite a entidades visibles alcanzar su objetivo : ser la flecha que nos va a atravesar. Apuntados por esas imágenes-signos, a la vez que apuntándolas, nos aproximamos a una revelación: como, en nosotros, se entretejen esas tres melancolías para hacernos vibrar.
Visions C'est de ces allers-retours entre signe et visée que se constituent les visions. Car il n'y a pas d'autre but au fait de peindre que de faire exister sur une surface précaire ce qui s'élabore dans la nuit du crâne, que de faire exister les visions qui s'y animent, que de faire voir à travers telle ou telle image le fait même que la vision est une possible extase. C'est pourquoi les signes sont en quelque sorte vides par principe, en tout cas les signes picturaux puisqu'ils sont susceptibles de réitérations infinies, sans pour autant être exempts de variations intenses en particulier lorsqu'ils sont hantés par la couleur. C'est en tout cas à cette extrémité que Luis Alberto Hernández conduit la peinture, en ce point où ce qui vacille devient appel. Vides, ces signes le sont comme toute promesse lorsqu'elle naît, est vide. Elle ne s'emplit que de la voix des chants, que de la trace du geste, que de la sensation de la caresse, que de l'éclat des couleurs. Gonflés de nuit et hurlant de couleur, brûlés d'absence et ivres de soleil, ces signes vides naissent de la nuit pour lutter contre la nuit et se parent d'or pour braver l'indifférence du soleil. Cette manière d'être vide est donc tout à fait singulière, elle qui constitue la signature de Luis Alberto Hernández dans le champ élargi de la pratique picturale aujourd'hui.
Visiones Las visiones nacen de esas idas y vueltas entre signos y miras, ya que pintar no tiene otra meta sino darle existencia sobre una superficie precaria a lo que se elabora en la noche del cráneo, darle vida a las visiones que allí se animan, dar a ver, a través de tal o tal imagen, el hecho que la visión es una posibilidad de éxtasis. Esa es la razón por la cual los signos son, de algún modo, en principio, vacíos; en todo caso los signos pictóricos ya que pueden ser repetidos indefinidamente a la vez que sometidos a intensas variaciones, especialmente cuando están encantados por el color. En todo caso Luis Alberto Hernández lleva la pintura a tal extremo, al punto donde lo que vacila se vuelve llamamiento. Estos signos son como toda promesa: cuando nace, está vacía. No se llena sino con la voz de los cantares, el trazo de los gestos, la sensación de la caricia, el destello de los colores. Hinchados de noche y gritando sus colores, quemados por la ausencia y ebrios de sol, esos signos nacen de la noche para luchar contra ella y se adornan de oro para desafiar la indiferencia del sol. Ese modo de ser vacío es, por consiguiente, totalmente singular: constituye la firma de Luis Alberto Hernández en el ancho campo de la práctica pictórica de hoy.
Jean Louis Poitevin Paris,14 décembre 2016
Jean-Louis Poitevin Paris, 14 de diciembre de 2016
Luis Alberto Hernández BIOGRAPHIE Luis Alberto Hernández est né le 15 novembre 1950 à Puerto La cruz (Etat Anzoategui) Venezuela. A l’âge de quinze ans il quitte sa ville natale et va vivre à Caracas (Capitale). Il entreprend des cours de dessin au Centre Francisco Pimentel et poursuit des études à l’Université Centrale de Caracas (UCV), diplômé de cette université en art et littérature, il est également élève à l’Ecole d’Art Cristobal Rojas de Caracas, (Ecole des Arts visuels), ainsi qu’au CEGRA (Centre d’Etudes pour les Arts Graphiques). Parallèlement, il poursuit des études de théologie à l’Institut Théologique, Institut des religions. Il participe ainsi à de nombreuses conférences d’histoire, analyse de l’art, critique d’art et esthétique. Luis Alberto Hernández a été professeur d’histoire de l’art pendant plusieurs années au Venezuela. Il anime des ateliers pour enfants en difficultés. En 1987, il réalise sa première exposition individuelle « Poétique du Sacré » dans une Galerie de Caracas, depuis lors il ne cesse de présenter son œuvre au-delà des frontières du Venezuela, Italie, Suisse, Espagne, Angleterre, Allemagne, France, Etats-Unis d’Amérique, Sharjah et Dubai, Egypte, le Sultanat d’Oman, Tunisie, Colombie, Cuba et l’Equateur. Quelques expositions individuelles : En France : Cité Internationale des Arts de Paris 1996, Centre Culturel Jacques Brel de Thionville 2000, UNESCO, Paris 2002, Crypte Sainte- Eugénie, Biarritz 2005, Cloître des Billettes, Paris 2009, En Allemagne : l’Université de Constance 1997, Wissenschaftszentrum, Bonn, 1997, Haus Volker museum, musée de Bonn, 2000, En Espagne, Centro Civic Pati Llimona, Barcelone 1999, Musée des Beaux- Arts de Gérone 2001, Aux Etats-Unis, New York Galerie Salomon 2015/2016 Quelques expositions collectives : Biennale de Sharjah UAE, 1999, Dubai, 1999, Muscat, 2000, Le Caire, Mahrès, Tunisie, La librairie Alexandrie, Centre d’Art Contemporain Frank Popper, (71) Marcigny, 2011 Plusieurs personnalités de différentes disciplines (historiens de l’art, anthropologues, ethnologues, philosophes, sociologues, poètes et écrivains) ont entouré ses œuvres par leurs écrits : François Delprat, Jean-Louis Poitevin, Gaston Diehl, Jean François L’Altrange, Jean-Philippe Mounier, Gloria Bosch, Menene Gras Balaguer, Arno Dopychai, Elizabeth Weisser, Frère Alfonso Fausone, Zouzi-Chebbi Mohamed Hassen, Talal Moualla, Perán Erminy, Felix Suazo, Ashraf Aboul-Yazit, et le soutien de Bélgica Rodriguez. Certaines de ses œuvres figurent dans les collections permanentes : Librairie d’Alexandrie, Egypte, Archive Libri d’artista, Milan, Italie, Collection d’art latino-américain, Université de Sussex, Angleterre, Librairie diocésaine de Cologne, (Allemagne), Musée des Beaux Arts, Sharjah UAE, Ambassade du Venezuela à Paris, Casa de las Americas, La Havane, Cuba, Musée d’Art Contemporain de Caracas, Musée des Beaux-Arts, Caracas, Musée des Beaux-Arts, Merida (Venezuela). Plusieurs se trouvent également dans des collections privées et Fond international d’art.
Catalogue des œuvres
Le gardien de la parole Technique mixte et feuille d´or sur toile:- 195 x 130 cm Paris, 2006
Échos de silences Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
De la parole oubliée Technique mixte et feuille d´or sur toile -195 x 130 cm Paris, 2006
Après le Silence Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
Pour restituer la parole sacrée Technique mixte et feuille d´or sur toile - 30 x 195 cm Paris, 2006
Portes de l’Eternité Technique mixte et feuille d´or sur toile -100 x 80 cm Paris, 2006
Du langage oublié Technique mixte et feuille d´or sur toile - 130 x 195 cm Paris, 2006
Des mots et leurs symboles Technique mixte et feuille d´or sur toile - 80 x 101 cm Paris, 2008
Dialogue de l'Esprit Technique mixte et feuille d´or sur toile -130 x 195 cm Paris, 2006
Correspondances avec la nuit Technique mixte et feuille d´or sur toile - 80 x 101 cm Paris, 2008
Un instant profond Technique mixte et feuille d´or sur toile - 130 x 195 cm Paris, 2008
Des textes essentiels Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2008
Des subtilités secrètes Technique mixte et feuille d’or sur toile - 195 x 130 cm Paris, 2008
De la tradition vivante Technique mixte et feuille d´or sur toile - 80 x 101 cm Paris, 2008
Du rêve céleste Technique mixte et feuille d´or sur toile - 101 x 80 cm Paris, 2006
Des offrandes Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
Des chants immortels Technique mixte et feuille d´or sur toile- 101 x 80 cm Paris 2006.
Aux portes du rêve Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
De l'harmonie intérieure Technique mixte et feuille d´or sur toile - 101 x 80 cm Paris, 2006
Le jardin du mot (Installation) Technique mixte et feuille d´or sur toile - 2.60 x 5.00 cm Venezuela, 2011
De la parole magique Technique mixte et feuille d´or sur toile- 101 x 80 cm Paris, 2006
Livre de la sagesse Technique mixte et feuille d´or sur papier 62 x 42 x 15 cm - Venezuela, 1998
La voie symbolique Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
Labyrinthe (Installation) Technique mixte et feuille d´or sur toile 4.30 x 4.30 cm - Venezuela, 2016
De l’insondable Silence Technique mixte et feuille d´or sur toile - 100 x 80 cm Paris, 2006
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P e la
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PAROLE, PAROLE ...
La parole magique, parole d’espérance
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PALABRA, PALABRA ...
La palabra mágica y de esperanza
Demande Que l’on croit ce que l’on dit Que l’on dise ce que l’on croit Que l’on aime ce que l’on fait Que l’on aime les autres.
Elle révèle d’insoupçonnables énergies Créant d’incroyables synergies
Que pide Creamos lo que decimos Digamos lo que creemos Amemos lo que hacemos Y amemos a los otros.
Revela insospechables energías Creando increíbles sinergías
Elle permet La rencontre improbable de tableaux, Oeuvres d’un artiste vénézuélien, Qui ont traversé l’océan avec des chapiteaux, œuvres d’artistes européens, Qui ont traversé le temps.
a
gic
gi Ma
Permite El encuentro improbable de los cuadros, Obras de un artista venezolano, Que han cruzado el mar, con los capiteles, Obras de artistas europeos, Que han atravesado el tiempo.
Réunis comme par magie En parfaite harmonie Au Farinier dans l’Abbaye de Cluny.
Reunidos como por magia En perfecta armonía En el Harinero de la Abadía de Cluny.
Elle transmet un message optimiste
Transmite un mensaje optimista
par le truchement de cette exposition Dans le langage universel de l’Art.
A través de esta exposición En el idioma universal del Arte.
« Quand il y a volonté, il y a chemin » Un rêve peut se transformer en projet Et devenir Réalité. Et comme par enchantement La poétique de la Mélancolie Devient un remède à la Mélancolie.
«Cuando existe la voluntad, se encuentra el camino» Un sueño puede volverse proyecto Y hacerse Realidad. Y, como por encanto La poética de la Melancolía Se vuelve remedio a la Melancolía.
Sabine Turenne
Monique Descheirder
CARORA FRANCE
FRAVEN
Remerciements :
Centre des monuments nationaux, Abbaye de Cluny François-Xavier Verger, administrateur Virginie Goutayer, adjointe à l’administrateur Mairie de Cluny Henri Boniau, Maire et l’équipe des services techniques de la Mairie de Cluny Académie de Mâcon Jean-Michel Dulin, président d’honneur, membre du conseil d’administration Guy Fossat Jean-Paul Gollin Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Cluny Pierre-Olivier Laffay Entreprise Ducerf Yves Ducerf Thibault Chastagnier Lycée La Prats de Cluny Sandrine Cambos, Delphine Lacharme (professeures d’espagnol) Les membres de France-Venezuela (FRAVEN), les membres de Carora-France qui par leur soutien ont permis de réunir les conditions requises pour l’exposition des œuvres Luis Alberto Fernandez. « Poétique de la mélancolie » Elvira Andueza, Alexia Alvarez, Judith Alvarado-Migeot, Astrid Avendano, Cecira Armitano Jacqueline Bayol, Maria Barreto, Jean- Luc et Moraiva Barisain, Patrick Barrow, Daphné Bernard, Milagros Castro, Margarita Cadenas, Alexis Cardenas, Pierre Cagninacci, Ilsen Castillo, Laurence Caraffini, André Couloux, Marie-Chantal Cassagnou, Jimena Cristo, Carlos Cruz-Diez, Adriana Cruz, Carlitos Cruz-Delgado, Denise et François Delprat, Jérôme Descheirder, Madeleine Dal-Pont, Jacques et Cécile Fabre, Mariela Franco, Ben Ami Fihman, Maria Teresa et Michel Fisson, Guislaine Flores, Esther Francis, Sonia Garcia, Christian Girault, Carlos Gonzalez Tarbay, Eliane Hubard, Frédérique Jeangeorge, Inés Jorgensen, Xavier de Keghel, Juan Francisco LLoan, Jean-Louis Luppino, Jeanne Muñoz, Michelle Padellec, César Paiva Mata, Frédéric Pariente, Pura Penichet-Jamet, Marie-Claude et Carlos Parra-Pérez, Jean-Louis Poitevin, Gisèle Pradier, Marie-Thérèse Prével, André Pertuzio, Guadalupe Pulido, Eric Reibel, Michelle et Pierre Roger, Estefania Rosas, Guy Rousseau, Reinaldo Rojas, Teresa Rojas, Nadya Berlin, Milena Salerno, Franz Spath, Georges Silva, Joanna Slesack, Hailey et Christophe Soto, Sabine Turenne, Serge Turenne, Jocelin Lugo, Séverine et Domingo Valles, Francine Vincent, Hermelinda Villalobos, Humberto et Alejandra Morales, Williams Montesinos, Monique Nicolas.
Jean Sentenac, président directeur général Axens Group, IFP Group Technologies, Energies Nouvelles Michelle Padellec, Abadenn Multilingues Le conseil d’Administration bénévole de France-Venezuela, (loi 1901) pour le développement des échanges socio-culturels et éducatifs entre la France et le Venezuela : Carlos Parra-Pérez, président, César Paiva Mata, Trésorier, André Couloux trésorier- adjoint, Frédéric Pariente, secrétaire général ; Pierre Roger, délégué de Fraven au Venezuela ; Monique Descheirder, coordinatrice générale Le conseil d’administration bénévole de Carora-France : Sabine Turenne, présidente, Domingo Valles, Jean-Michel Dulin, Reinaldo Rojas, Armand Genoux, Sandrine Cambos, PierreOlivier Laffay, Manon de Beauregard, Marie-Claude Duperrier et Nicole Petit-Jannet Organisation et Coordination : Sabine Turenne (Carora-France) et Monique Descheirder (France-Venezuela - FRAVEN) A toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont donné « le souffle » à Carora-France et France-Venezuela pour réaliser cette exposition. Merci ! Publication Académie de Mâcon - ISSN 2275-4547 Collection Libre Format Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres Hôtel Senecé - 41 rue Sigorgne - 71000 Mâcon Tél: 09 75 60 45 35 - academie.macon@wanadoo.fr - www.academiedemacon.fr Membre de la Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts www.inter-academies.fr
Dépôt légal: Mars 2017 - Copyright ©
Chef de publication: Sabine Turenne Rédacteurs: Luis Alberto Hernández, Jean-Louis Poitevin, Monique Descheirder, Sabine Turenne Traduction: carlos Parra-Pérez, Inés Jorgensens Crédit photo: Carlos Fuguet Conception graphique: Emmanuelle Laurent Imprimé par: RAFAL-REPRO - Cluny (71)
AC DÉMIE M CON de
Prix: 5 € - ISBN 979-10-92085-29-7