IA_Décrire la forme de la croissance urbaine de Tanger, entre 1885-1956

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D écri r e la fo r m e d e la crois s a n ce urbaine de Tanger, ent re 1885-1956

Travail de Fin d’Etude de Isra Abdelaoui en vue de l’obtention du diplôme d’Architecture Promoteur : Victor Brunfaut Faculté d’Architecture La Cambre Horta, Université Libre de Bruxelles Année académique 2019-2020



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Remerciements La réalisation de ce mémoire a été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner ma gratitude. Je voudrais tout d’abord remercier mon promoteur, Victor Brunfaut, pour sa disponibilité et surtout pour ses judicieux conseils qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Je désire également remercier Mr. Nourdine Badraoui et Mme. Mary-Rahma Homman qui m’ont fourni les outils nécessaires à la réussite des recherches de mon mémoire. Je voudrais également adresser toute ma reconnaissance à ma famille ainsi qu’à mes amis qui ont été là pour moi durant toutes ces années d’études. Leur soutien inconditionnel et leurs encouragements ont été d’une grande aide.


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Avant-propos Ce mémoire entre dans le cadre de l’obtention du diplôme de Master en Architecture à Bruxelles. Il étudiera les formes de la croissance urbaine de la ville de Tanger.

1. Ville ancienne, emblème de la ville historique arabe.

L’idée de ce mémoire de recherche est venue du constat que la ville de Tanger, sa médina1 et l’extension de la ville, diffère des autres villes du Maghreb par ses caractéristiques singulières héritées d’un parcours historique unique. En effet, la métropole est en partie le résultat d’un lieu fort convoité par de nombreuses nations qui se sont querellés pour l’obtenir et qui y ont laissé des traces aujourd’hui encore palpables. Durant le deuxième quadrimestre de l’année 2018, j’ai participé à l’atelier Terrain d’Architecture qui m’a permis de travailler sur la médina de Larrache, au Maroc, pour laquelle j’ai pu réaliser le relevé et l’analyse spatiale. Ensuite, au premier quadrimestre de l’année suivante, j’ai choisi de poursuivre l’option Architecture, Développement et Patrimoine (ADP) abordant la question du post-colonialisme dans les pays du Maghreb et autres pays anciennement colonisés. Le travail effectué m’a ainsi permis de comprendre comment et en quoi l’architecture coloniale a pu influencer le développement de ces pays occupés.

2. BRUNFAUT Victor, TERLINDEN, Bertrand, “The Territory of the Grand Tetouan as Linear City: Between Description and Project” : Urban Planning , Volume 5, Issue 2, 2020, Publisher: Cogitatio, p.218–228

Enfin, cette année, j’ai à nouveau choisi l’atelier Terrain d’Architecture qui aborda la question de la ville linéaire de Tétouan, au Maroc. Le concept de la ville linéaire remonte à la fin du XIXe siècle, et il s’agit du célèbre projet de « ciudad lineal » conçu par l’ingénieur espagnol Arturo Soria y Mata pour le développement suburbain de Madrid. Le territoire proposé fait l’objet de la « première ville linéaire d’Afrique » proposée par Soria y Mata en 1913.2 À travers cela, j’ai ainsi pu explorer ce territoire, annexé à la ville de Tanger, et sur lequel nous avons appliqué notre analyse sur base du concept de « palimpseste » consistant à analyser le territoire sur base de couches physiques, sociales, culturelles, historiques et superposées au fil du temps.


Avant-Propos

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Les raisons pour lesquelles j’ai choisi Tanger comme sujet de mémoire sont diverses. Tout d’abord, Tanger est la ville d’origine de mes parents et dans laquelle j’ai passé toutes mes vacances d’été et ce depuis ma naissance. Cette cité du détroit me tient donc énormément à cœur de par les souvenirs que j’en ai gardé. De plus, les longues et multiples balades que j’ai effectuées à travers les ruelles et quartiers de la ville m’ont offert les plus belles richesses culturelles et historiques de Tanger, mêlant architecture espagnole, française ou encore art déco. Cette « Tanger Internationale3 » constituée de cette richesse multiculturelle architecturale a toujours attisé ma curiosité qui n’a fait que s’accentuer au fur et à mesure de ma progression dans mes années d’études d’architecture. Aujourd’hui, j’ai la chance d’aborder cette dimension d’analyse afin de trouver réponse à mes questions et ainsi comprendre comment la ville de Tanger s’est développée à travers le temps et les divers occupants étrangers de l’époque qui y ont laissé leurs empreintes. Cependant, l’aboutissement de ce travail n’a pas été sans complications. En effet, la disponibilité de données fiables et à jour fut l’un de mes premiers obstacles. Il m’a également été particulièrement difficile, voire impossible, de me procurer des informations pertinentes liées à la période précise sur laquelle je me concentre, c’est-à-dire la période colonial allant de 1850 à 1956.

3. Architecture coloniale au nord du Maroc. Site de la Mediterranean Memory, http://www. medmem.eu/fr/notice/ SNR00029, (page consultée le 16 avril 2020)


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Table des

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matiéres

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Avant-propos

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Introduction

Première

partie

: Le

contexte

I. Présentation de la ville de Tanger I.I. Contexte géographique et étymologie I.II. Approche historique de la ville de Tanger I.III. Deux ordres : Ancienne ville «intra-muros» et nouvelle ville « extra-muros»

15 15 20 26

II. Morphologie de l’ancienne ville «intra-muros» II.I. Les remparts, portes et bordjs II.II. Les quartiers II.III. Les voiries II.IV. Les espaces plein-vide

28 29 34 34 36

Deuxième partie : Cas d’étude Forme de la croissance urbaine de l’extra-muros I. Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville I.I. Période avant « le protectorat espagnole », 1885-1912 I.II. Période pendant « le protectorat espagnole », 1912-1924 I.III. Période de la « zone international de Tanger », 1924-1956 II. Le palimpseste de la nouvelle ville « extra-muros»

39 39 55 58

III. Analyse comparative des tissus entre différents occupants.

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Conclusion

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Lexique

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Iconographie

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Bibliographie

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Fig.1 : croquis dans la médina vu sur le port, élaboration personnelle


Introduction « Connaître une ville n’est pas simple, surtout quand elle est vaste et que chaque époque est venue déposer sans trop de précaution sa marque sur celle des générations précédentes. Mais à ce premier objectif indispensable pour comprendre les villes il faut les considérer avec plaisir, se mêle vite une autre ambition : participer modestement à l’élaboration d’une connaissance en mêlant, de manière impure, l’approche historique, la géographie, le travail cartographique, l’analyse architecturale, l’observation constructive et celle des modes de vie. »4 Cette citation met ici en évidence ce que je considère comme étant les fondements nécessaires à mon travail d’analyse sur Tanger. En effet, avant de préciser mes intentions et pouvoir cibler mes recherches, j’ai besoin, pour cela, d’approfondir mes connaissances sur la ville avant d’y introduire le concept « le territoire comme palimpseste 5 » établi par André Corboz qui superposera et mettra en exergue les diverses dimensions qui constituent la métropole. Cette citation m’a ainsi apporté une piste vers un moyen efficace d’appréhender les villes et les attributs qui les composent.

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4. PANERAI, Philippe, DEMORGON, Marcelle, DEPAULE, Jean-Charles, Analyse urbaine, Marseille, Editions Parenthèses Print, 1999, p.6.

5. CORBOZ, André, SEBASTIEN, Marot, Le territoire comme palimpseste et autres essais, Besançon, Editions de l’Imprimeur Print, 2001

Ainsi l’écrivain et essayiste, Olivier Mongin parle du principe de la « ville palimpseste », dans son ouvrage « la condition urbaine, la ville à l’heure de la mondialisation ». La ville palimpseste est capable de se construire au fil du temps, par couches successives et sédimentation mémorielle. Le territoire est en cours de construction, de destruction et de reconstruction, et les anciennes tracés de cette ville sont visibles sur la nouvelle trame urbaine. La ville est comme un palimpseste urbain, elle est une superposition à la fois temporelle et spatiale, mais aussi sociale.6 Tout d’abord, Tanger a connu une longue période de colonisation, trouvant ses débuts en 1471 jusqu’en 1956 lors de l’indépendance du Maroc. Les occupations coloniales s’établiront en premier lieu au sein de la partie intra-muros* de la ville, la médina. C’est vers la fin du XIXe que le questionnement sur le problème de surpopulation au sein

6. MONGIN, Olivier, La condition urbaine, la ville à l’heure de la mondialisation, Éd. du Seuil, 2007


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Introduction

de la médina se pose. C’est ainsi que la ville se développera extra-muros*, au-delà de l’ancienne ville. C’est à partir d’un plan espagnol datée de 1885, nommée Croquis de Tanger y sus alrededores, que l’on voit émerger les textes et les plans concernant les premiers édifices établis au-delà des remparts.

7. Horizons Maghrébins ,Le droit à la mémoire, 31-32, Année 1996, p.17-23

Ensuite, la crise de Tanger, en 1905, était une crise internationale opposée à la domination coloniale des puissances européennes au Maroc, crise qui sera d’abord résolue par la Conférence d’Algésiras et démissionnée à la demande de l’Allemagne. Par la suite, le 18 décembre 1923, la France, l’Angleterre et l’Espagne signent une convention relative à l’organisation de la zone de Tanger qui marque le début de ladite Zone Internationale de Tanger.7 Mon travail de recherche s’étend ainsi à partir de 1885, marquant l’apparition des premiers édifices extra-muros, jusqu’en 1956, date symbolique de l’indépendance du Maroc. C’est à cette période que les occupants étrangers quittèrent définitivement le pays, laissant ainsi le nouveau Royaume du Maroc indépendant et maître de ses propres terres. Ce mémoire de recherche tente de décrire le mode de croissance urbaine de la ville extra-muros de Tanger durant cette période d’occupation. Cependant, nous ne pouvons développer la croissance urbaine extra-muros sans étudier la médina, point de départ du développement de la ville de Tanger. À partir de cela, nous allons ainsi tenter de répondre à la problématique suivante : « la croissance extra-muros de la ville de Tanger présente-t-elle des formes de continuités entre les différentes occupations ? ». Ce mémoire aura par conséquent comme ambition d’analyser les différentes formes de tracés du tissu urbain et les modèles de développement de ses différentes occupations étrangères durant la période allant de 1885 à 1956. L’intention de cette analyse est de comprendre et d’identifier s’il existe des formes d’homogénéité ou d’hétérogénéité structurelles entre les diffé-


Introduction

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rents tracés issus de la colonisation anciennement établie sur le territoire. L’objectif de ce mémoire est d’identifier les tracés que la ville de Tanger a hérité de ses occupants, décomposer ces derniers et comprendre les acteurs, les facteurs et leurs modes de développement afin de finalement tenter de répondre à ces interrogations : quels étaient les projets territoriaux de ces occupants ? Existe-t-il, ou non, des formes de continuités entre ces divers projets territoriaux ? Pour cela, je compte analyser chacun de ces tracés successifs par période pour ensuite superposer les résultats obtenus tel un « palimpseste » du tissu urbain. Cette étude a en partie été menée à travers un travail de recherche cartographique du tracé urbain antérieur de Tanger et, munie de cartes et de textes antérieurs, j’ai ainsi mené mon analyse en superposant les diverses strates étudiées et j’ai tenté d’en faire ressortir des éléments de réponses et de données utiles à la progression de mon travail. Dans ce cas, comme le souligne P. Panerai dans l’ouvrage Analyse urbaine : « le travail cartographique s’impose alors comme un des moyens majeurs d’appréhender le territoire : une cartographie sélective qui met en évidence des dimensions, des formes et des positions, qui suscite des comparaisons, qui révèle des tracés, qui dévoile des permanences8». Les éléments de réponses obtenues ont été parachevé à travers une recherche bibliographique rigoureuse, en particulier grâce aux projets de recherche d’Antonio Bravo Nieto9 liés à l’étude du patrimoine et de l’architecture en Afrique du Nord. Abdelaziz Elldrissi reprend les travaux de Bravo Nieto dans son ouvrage Tanger, croissance urbaine d’une ville internationale : de l’opportunité d’un observatoire de la Medina qui témoigne des phases de développement de l’extension de la nouvelle ville en explicitant les divers projets territoriaux établis pour la ville de Tanger durant le 20e siècle.

8. Panerai, et al. Analyse Urbaine. Editions Parenthèses, 1999, p.46

9. BRAVO NIETO, Antonio, ABDELAZIZ, Elldrissi, Tanger, croissance urbaine d’une ville internationale : De l’opportunité d’un observatoire de la Medina, Actes du séminaire, Tanger espace de convivialité multiculturel, 2009


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10. CAUSA Honoris, André Corboz, http://www. unige.ch/evenements/ dies/2003/pdf/corboz. pdf, (page consultée le 3 mars 2020)

Introduction

De plus, mon travail de recherche s’est également établi autour de l’ouvrage d’André Corboz, nommé « le territoire comme palimpseste et autres essais ». Le docteur Honoris Causa (dont André Corboz est titulaire) a ainsi défini le territoire comme palimpseste : « le territoire comme surface est un héritage du XIXe siècle, époque où les nations se sont définies : cette dénomination signifie une aire géographique constituée à une époque et en une contrée données, par et pour une société donnée : une telle définition admet donc, voire institue, un rapport fixe entre une entendue géographiquement définie, et le groupe social déterminé qui l’occupe : il y a correspondance bi-univoque entre cette surface et ses occupants. D’où deux caractères complémentaires: la délimitation (qui protège contre l’extérieur) et l’appropriation (de la surface protégée) : dans ces conditions, le territoire est une superficie clôturée habitée par une société homogène10» , cette citation m’a fait comprendre qu’une époque est constituée d’un certain groupe social, dont le territoire et ses occupants sont complémentaires. Enfin, en regroupant toutes les informations récoltées, j’ai utilisé le concept de palimpseste afin de croiser et superposer ces données et ainsi tenter de faire ressortir des éléments de réponse. Cependant, un travail d’analyse nécessite une investigation in situ mais cette année académique a été marquée par un évènement exceptionnel qu’est la pandémie Covid-19. La progression d’une étude à distance en cette période de crise n’a pas été évidente et ne m’a malheureusement pas permis de me rendre sur place, à Tanger, afin de compléter et enrichir mon travail de recherche et de cartographie. Cette étape manquante, qui se montrait pourtant cruciale, constitue la limite principale de mon mémoire en ne me permettant ainsi pas d’explorer quelques aspects et angles d’analyse mais laissant ainsi une ouverture vers une progression postérieure de mon travail.


Introduction

Finalement, l’exploitation de l’ensemble de ces plateformes de données conjuguée au concept de palimpseste m’a tout de même permis de développer des axes d’études vers un vaste champ de réflexion et guidant ainsi mon travail sur la croissance urbaine de la ville de Tanger. Dans un premier temps, j’entame ce travail par une présentation de la ville de Tanger. Il est nécessaire de comprendre le contexte géographique et historique de la ville. Je parle plus précisément de l’histoire de Tanger en spécifiant les différentes périodes historiques et les évènements déterminants qui ont marqué son histoire. Il est important de déterminer comment ses différentes périodes ont affecté le développement de la ville et comment cette dernière s’est établie. Il est également indispensable de décrire la morphologie de la médina, pour ensuite pouvoir développer la seconde partie de l’analyse, la ville extra-muros. Ensuite, dans un second temps, nous allons tout d’abord aborder le développement urbain de la nouvelle ville en trois périodes spécifiques, qui ont a eu un impact majeur sur la croissance urbaine. Dans cette partie, nous avons récolté des cartes et textes historiques correspondant à ces époques, pour pouvoir mieux comprendre le tracé de ce développement urbain. Par la suite, nous tenterons de les redessiner afin d’intégrer globalement l’évolution urbaine de cette période, en utilisant le concept de palimpseste. On peut clairement identifier les éléments urbains de chaque époque, ce qui nous permet d’avoir une compréhension plus profonde de la forme urbaine qui se développe selon chaque époque. Je me suis munis d’anciennes cartes pour pouvoir faire cette analyse. Finalement, nous analyserons et comparons les tissus urbains entre les différents occupants.

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Première partie : Le contexte

Fig.2 : croquis de la médina vu sur le port, élaboration personnelle


I. P résentation I.I. Contexte

de la ville de

T anger

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géographique et étymologie

Tanger, porte d’entrée de l’Afrique, située à environ 15 kilomètres de l’Espagne, ladite « perle du nord » est une métropole située à l’extrême nord-ouest du Maroc et du continent Africain. Seconde capitale économique, chef-lieu de la préfecture Tanger-Assilah et capitale de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, cette dernière s’étend sur une superficie de 373 kilomètres carrés Par sa position unique et stratégique, Tanger est longée 48 kilomètres de littoral, d’une part, par l’océan Atlantique sur 24 km et, de l’autre, par la mer méditerranée sur 24 km, face au détroit de Gibraltar. Elle est également délimitée par les villes de Tétouan, Assilah, Sebta et est située en périphérie des montagnes du Rif* (fig.3). La métropole est également logée à l’intersection de deux collines dont l’une, à l’ouest, où se situe la kasbah et, à l’Est, le cap Malabata, dit « point de passage du détroit de Gibralatar11 ». La baie de Tanger est par ailleurs formée par le cap Malabata qui s’étend au Sud au-delà de laquelle nous pouvons apercevoir la présence de collines dont le celle du Charf*(fig.4).

11. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.3.

Fig.3 : Carte géographique du Maroc. Avec situation de Tanger, élaboration personnelle


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Présentation de la ville de Tanger

Origine et étymologie La nomination de la ville trouve ses origines au cinquième siècle avant J-C. dans la mythologie berbère et grecque. Tanger fut reconnue sous le nom de « Tingis » ou « Tingé ». Tingis fut le nom de la fille d’Atlas ainsi que la veuve d’Antée. Elle aurait également eu un fils avec Hercule, nommé Sophax. Ce dernier fonda ainsi le port de la ville qu’il nomma en l’honneur de sa mère, « Tingis ». La ville fut également le berceau de célèbres artistes étrangers tels que les peintres français Henri Matisse ou Eugène Delacroix ou encore le romancier américain Paul Bowles et l’auteur français Henri Amic qui décrira Tanger en disant : « Tanger ne ressemble plus à la pittoresque cité marocaine que j’ai visitée avec tant d’intérêt en 1878 ; c’est maintenant une ville cosmopolite. Les Espagnols, les Français et les Ita-

Fig.4 : Carte géographique nord du Maroc et situation de Tanger, élaboration personnelle


Présentation de la ville de Tanger

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liens y sont plus nombreux que les Marocains. Les rues sont envahies par les changeurs 12». Cet extrait souligne la ville cosmopolite qu’est devenue Tanger à partir de son occupation et met ainsi en lumière cette présence multiculturelle issue d’une histoire en partie écrite par ces occupants dont des indices manifestes en témoignent toujours aujourd’hui. Topographie Le contexte particulier de Tanger localise la ville à l’intérieur du relief, sur le plateau du Marchan, encadrée, à l’Ouest, par le massif du Djebel el-Kebir (Grande Montagne), abouti, à l’est, par le Cap Spartel atteignant une altitude de 315 mètres. Tanger se terminent sur les détroits de Gibraltar avec des falaises formant le Cap Malabata et Cap Altares. Leur altitude la plus élevée atteint les 400 mètres.13 Enfin, entre les falaises du Cap Malabata et Cap Spartel, la dépression de l’oued Souani se trouve entre ces deux caps, qui s’ouvrent sur la baie de Tanger. Le point d’altitude domine Tanger et offre une vue magnifique sur toute la ville à différentes hauteurs: la Montagne du Djebel el-Kebir qui fait de 250 mètres de hauteur, le Charf 100 mètres de hauteur et Tanja El Bahlia 50 mètres de hauteur.(fig.5)

12. Panerai, et al. Analyse Urbaine. Editions Parenthèses, 1999. p.6.

13. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.6.

Fig.5 : Coupe sur le relief de Fahs, élaboration personnelle


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14. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.7.

Fig.6 : Carte des oueds de Tanger, élaboration personnelle

Présentation de la ville de Tanger

Hydrographie La ville de Tanger est irriguée par plusieurs Oued* dont cinq principaux. Tout d’abord, l’Oued Souani, l’Oued Mghogha et l’Oued qui forment ensemble le seul et même Oued ElHalq. Additionnés de l’Oued Lihoud, ces derniers se jettent dans le détroit. Ensuite, nous avons l’Oued Chatt qui se jette dans la baie de Tanger, à 3 kilomètres du cap Malabata.15

Oued

Climat Enfin, les conditions climatiques de la ville de Tanger sont fortement variables et principalement maritimes. En cause, sa localisation à la jonction de deux mers ainsi qu’au sein du passage étroit du détroit qui influencent dont fortement les températures.


Fig.7 : Tanger vue ciel

Présentation de la ville de Tanger

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15. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.25-27.

16. BRUCE E., Stanley, DUMPER, Michael, Cities of the Middle East and North Africa : a Historical Encyclopedia, Santa Barbara, Calif., Oxford: ABC-Clio, 2005. Print, p.345-346.

17. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.34,37,40.

18. Iain Finlayson, Josh Shoemak, “Tangier: City of the Dream.” 1 Feb. 2015: 59–. Print, p.26.

19. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921, p.46-49

20. Peacock, A. C. S. Islamisation : Comparative Perspectives from History, Edinburgh: Edinburgh University Press, 2017. Print, p.193

I.II. Approche

historique de la ville de

Tanger

L’histoire de la ville de Tanger a traversé une période riche en rebondissement.15 Afin d’arriver à mieux cerner son identité, je vais pour cela jalonner la période historique de la ville depuis sa création. J’exposerai également chronologiquement les différents périodes significatives allant de l’époque coloniale à l’indépendance de la ville. Tout d’abord, Tanger fut fondée dans les environs du Xe siècle avant J-C. comme colonie phénicienne.16 Les vestiges uniques d’une vaste nécropole, dont les tombes creusées dans la roche sont apparentes sur le plateau de Marchan, témoignent toujours aujourd’hui de la présence des phéniciens à cette époque. Par la suite, au Ve siècle avant J-C., ce sont les Carthaginois qui viendront prendre le dessus en développent la ville comme un port d’envergure de leur empire.Ensuite, Tanger devient une cité romaine dès l’an 38 et la ville restera sous occupation romaine durant quatre cents années. Il n’en reste aujourd’hui comme vestige uniquement un aqueduc situé sur la rive gauche de l’Oued Lihoud.17 En 429, des milliers de ravageurs occupèrent la ville de « Tingis » sous les ordres de l’empereur Geiséric.18 Ensuite, en 533, Tingis est reprise par l’empire byzantin avant d’appartenir, d’après divers témoignages, aux Goths, juste avant l’arrivée de l’Islam, au VIIe siècle. L’apparition de l’Islam, en 707, au Maroc, fut confrontée à la présence du judaïsme, du christianisme et du paganisme. Le christianisme fut particulièrement présent au Nord-Ouest du pays et c’est Mous ben Noceïr qui participera à la propagande de la religion islamique et qui fera peu à peu disparaître le christianisme. Il enseignera les phrases coraniques et établira des lois islamiques dans les régions qu’il occupa19. Cependant, les habitants, malgré qu’ils soient convertis à l’Islam, furent tout de même traités comme des païens et des esclaves pour les intérêts économiques du califat.20 Les musulmans occupèrent le pays jusqu’en 1471. Ensuite, la période coloniale fut marquée par divers occupants. Tout d’abord, les portugais occupèrent Tanger de


Approche Historique

1471 à 1661. Ils prirent tout d’abord la ville de Ceuta en 141521 où ils convertirent la mosquée principale en cathédrale, embelli par diverses rénovations. Ils y développèrent également des maisons dans un style « européen », des chapelles ainsi que des monastères. Au XVIIe siècle, sous l’union personnelle des couronnes, les possessions portugaises passèrent sous domination espagnole. Tanger, grâce à sa position unique et stratégique, devint rapidement une ville commerciale importante. Tanger sera finalement cédée aux anglais en 1662 et qui occupèrent la ville jusqu’en 1684. La ville fit partie de la dot de Catherine de Bragance, épouse du roi Charles II qui décrira la ville comme « joyau d’une immense valeur dans le diadème royal»22. Par la suite, dix-sept des espaces religieux portugais seront pillés et détruits par les anglais, n’en laissant finalement qu’un seul couvent pour le peu de chrétiens catholiques toujours présents dans la ville. L’Angleterre est ainsi un fait accompli. En 1656, et depuis de nombreuses années déjà, l’Angleterre aspirait à ce merveilleux endroit du détroit. Cependant, Tanger devint rapidement le refuge de catholiques et obtint une charte ainsi qu’une garnison qui la mirent à titre égale des anglais23. Néanmoins, les corps religieux furent confisqués et presque la totalité des habitants portugais et juifs furent chassés par peur de leur loyauté.24 Durant cette période, le régiment de la ville de Tanger fut presque incessamment attaqué par certains résidents qui se considéraient comme des moudjahidines* bataillant pour une guerre sainte. Les anglais profitèrent de cette occasion pour renforcer de manière remarquable la défense portugaise. Ils envisagèrent également de perfectionner le port en y construisant un mole, ce qui permettrait à la ville de porter le même statut que Gibraltar qui jouera, plus tard, dans la stratégie navale anglaise. Avant que les anglais ne prévoient de débuter des travaux de fortification, les portugais avaient déjà encerclé la ville de murailles défensives et de tours. Les anglais ajoutèrent à cela de nouvelles tours, doublèrent la

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21. Iain Finlayson, Josh Shoemak, “Tangier: City of the Dream.” 1 Feb. 2015: 59–. Print, p.26.

22. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.60-69,71.

23. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.70-71..

24. Iain Finlayson, Josh Shoemak, “Tangier: City of the Dream.”, 1 Feb. 2015: 59–. Print, p.26-27.


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25. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.78-80.

Fig.8 : part of Tangier from above, without the water-gate, 1669

26. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.84.

27. Iain Finlayson, Josh Shoemak, “Tangier: City of the Dream.”, 1 Feb. 2015: 59–. Print, p.31.

Approche Historique

longueur du mur ouest et, parmi tous les travaux réalisés par ces derniers, le plus laborieux fut la construction du môle*. Les travaux débutèrent en août 1663(fig.8).25 À cette époque, la population tangéroise ne comptait qu’environ 700 personnes. Le siège de la métropole se resserrait et, finalement, l’évacuation fut établie par les anglais qui détruisirent les installations principales de défense ainsi que le môle. Avant que le Maroc n’occupe la ville le 7 février 1684, les troupes de Lord Dartmouth avaient détruit la ville

et ses installations portuaires sur une durée de 5 mois. Parmi toutes les restaurations effectuées par les portugais et les anglais, la quasi-totalité de l’équivalent de 2 siècles de travail disparu.26 Sous la domination marocaine de 1684 à 1912, Ali ibn Abdallah ainsi que son fils, Ahmed Ibn Ali, vinrent à la tête de la ville jusqu’en 174327 et repeuplèrent Tanger d’habitants berbères issus de la campagne périphérique. En tant que maître de la ville, Ali Ibn Abdallah fut responsable de sa réhabilitation. Il rétablit les remparts de la villes, bâtit de


Approche Historique

nouvelles mosquées, etc. La construction de l’enceinte de la ville fut réalisée durant la période d’avril-mai 1684.28 En 1790, les espagnoles attaquèrent Tanger. Cependant, la ville s’étant développée jusqu’en 1810, la population atteignit 5000 citoyens. Depuis le 18e siècle, Tanger devint le siège diplomatique du Maroc et les États-Unis y établirent leur premier consulat sous l’autorité de George Washington. En 1821, la bâtisse de l’ambassade de Tanger devint le premier bien immobilier acquis dans un pays étranger par les États-Unis . Ensuite, en 1828, la Grande-Bretagne bloqua le port menacé par des pirates.

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28. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.85

Par la suite, dans le contexte de volonté de conquérir l’Algérie, la France déclara la guerre à la tolérance du Maroc envers Abd El-Kader. Le 6 août 1844, Tanger fut ainsi bombardée par la flotte française dirigée par le prince de Joinville. Plus tard, les remparts endommagés furent réparés par des ingénieurs anglais. Cependant, la France gagna à Isly et cela mit fin au conflit aux conditions françaises.29

29. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.103, 120

Vers la fin du19e siècle, les conditions géographiques stratégiques de Tanger firent de la ville le cockpit de la confrontation diplomatique et commerciale européenne.30 Vers 1870, Tanger fut le siège des ambassades et des consulats étrangers au Maroc. Néanmoins, seulement 400 sur 20.000 résidents étrangers furent hébergés. Ensuite, en 1905, la ville devient de plus en plus sous influence française et c’est ainsi que l’empereur Guillaume II engendra une crise internationale qui faillit confronter son pays et la France dans une guerre car ce dernier fut en faveur de l’indépendance du Maroc afin d’acquérir l’Empire allemand. La conférence d’Algésiras permit de sortir de l’impasse a transféré les moyens formatifs de la police de Tanger ainsi que le travail de collecte des douanes à la communauté internationale. Cependant, le soutien ferme de la Grande-Bretagne à la France mit fin aux espoirs allemands. En 1907, les équipements portuaires restaurés furent terminés. Durant les années précédant la Première Guerre Mondiale, la population tangéroise fut es-

30. TBENSOUSSAN, David, Il Était Une Fois Le Maroc: Témoignages Du Passé Judéo-Marocain, Québec: Éditions Du Lys, 2010,


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31. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.115, 117.

32. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.112.

33. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.164,204-205.

34. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.112.

Approche Historique

timée à 40.000 habitants dont la moitié étaient musulmans, un quart étaient juifs et un quart étaient chrétiens. Parmi les résidents européens, quasiment le trois quart étaient des artisans et ouvriers espagnols.31 Ensuite, sous l’occupation de 1912 à 1924, le Maroc fut distribuée entre la France et l’Espagne en 1912.32 Le Maroc espagnol s’étalaient sur la partie extrême nord et sud du pays alors que le Maroc français s’étalait sur le territoire central restant. Par la suite, Moulay Hafid, dernier sultan du Maroc, fut déporté à la Kasbah de la ville de Tanger, au palais du Sultanat, juste après qu’il ait abdiqué de manière forcée par son frère Moulay Yusef.33 Le 27 novembre 192, le territoire fut rattaché à l’espace espagnol par la convention franco-espagnole.34 La zone internationale fut établie de 1924 à 1956. Sous la gestion conjointe de la France, l’Espagne et le RoyaumeUni, Tanger devint zone internationale en 1923 sous la convention internationale signée à Paris le 18 décembre 1923 dont les ratifications furent échangées le 14 mai 1924 à Paris. Le 13 septembre 1924, la convention fut enregistrée dans le « Recueil des Traités de la Société des Nations ». Ensuite, la convention fut révisée en 1928. Ensuite, toujours en 1928, les gouvernements italien, portugais et belge se sont joints à la convention et le gouvernement néerlandais y adhère à son tour en 1929. La zone internationale de Tanger couvre ainsi 373 km2. Par la suite, à la Seconde Guerre Mondiale, nous pouvions compter environ 50.000 résidents dont 30.000 musulmans, 12.000 juifs et 8.000 européens alors que le nombre d’ouvriers espagnols est en baisse.

Néanmoins, le 14 juin 1940, l’armée espagnole occupa la ville de Tanger. Bien que les nationalistes espagnols aient appelé à l’annexion de « Tànger español », le régime de Franco estima ouvertement l’occupation comme moyen de guerre nécessaire et temporaire. En novembre 1940, un désaccord diplomatique entre la Grande-Bretagne et l’Es-


Approche Historique

pagne en raison de l’abolition des institutions internationales de la ville de Tanger a fourni une nouvelle garantie pour les droits britanniques et les espagnoles promirent de ne pas renforcer la région. Le 11 octobre 1945, le territoire retrouva ainsi sa position d’avant-guerre. Ensuite, en juillet 1952, le protectorat tenu une réunion dans la capitale de Rabat afin de discuter autour de l’avenir de la zone internationale. Après avoir rétabli sa pleine souveraineté en 1956, la ville de Tanger compta environ 40.000 musulmans, 31.000 chrétiens et 15.000 juifs.35 Finalement, le Maroc trouva son indépendance en 1956 mais, avant cela, le 6 novembre 1955, Antoine Pinay, le ministre français des affaires étrangères, et Sidi Mohammed Ben Youssef, signent l’accord La Celle-Saint-Cloud stipulant l’indépendance du Maroc et que le Soudan reviendra sur le trône sous Mohammed V. Ce dernier reviendra triomphalement à Rabat. Le 2 mars 1956, après que Paris ait signé la déclaration commune afin d’abolir le traité de protectorat de 1912, le Maroc enfin à son indépendance définitive et les troupes évacuèrent enfin la ville de Tanger.

25

35. Dominique AUZIAS, Jean-Paul LABOURDETTE, « TANGER – côte Atlantique – le Rif », City Guides Monde, Petit Futé, 2018-2019


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I.III. La ville en deux ordres : Ancienne médina « intra-muros » et nouvelle ville « extra-muros Comme de nombreuses villes du Nord de l’Afrique, les villes du Maroc ont la particularité d’être organisée sur une structure en deux ordres. D’une part, nous avons la médina et, de l’autre, nous avons la « ville nouvelle », ville européenne. En fonction des différentes nations qui ont occupé Tanger, la métropole s’est construite avec une succession de couches particulières (fig.9).

36. GIOVANNONI, Gustavo, L’urbanisme Face Aux Villes Anciennes, Seuil, 1998, p.9.

La médina de Tanger, dense et désordonné, se développe tel un amphithéâtre le long de la colline et se découvre sur la baie de la ville. Pendant plusieurs siècles, même si Tanger fut encerclées par une muraille de protection, elle assure tout de même une structure sociale vivace. Tanger existe telles que sont décrites les villes anciennes par Giovanni dans l’ouvrage L’urbanisme Face Aux Villes Anciennes : « La ville ancienne est caractérise par ses limites, la lenteur de son rythme de vie, la petite échelle des pleins et des vides qui forment sont tissu, la solidarité dans la proximité des éléments de son bâti dont aucun n’est doté d’autonomie mais dont chacun se trouve rapport aux autres dans une relation d’articulation ou, dit autrement, de contextualité ».36 Cependant, lors du processus de fabrication des architectes et urbanistes européens qui développent des villes nouvelles, ces derniers soulignent l’expansion des ports dans lesquelles on pourrait y exporter les richesses issues de la colonisation et qui pourrait être utilisés comme desserte aux importations, le tout sur urbanisation établie sur un réseau d’avenues et de boulevards offrant un front de contrôle. Dans le même ouvrage de Giovanni décrivant les villes nouvelles : « L’urbanisation moderne est, au contraire, caractérisée par son dynamisme et ses possibilités d’extension illimitée, par l’échelle plus grande et maillage plus large de ses tissus, par la rapidité de son rythme de vie lié au mouvement(automobile) et surtout par son rôle qu’y jouant les communications et l’intégrant des une logique territoriale et non plus seulement locale. Les villes moderne répondent aussi aux nouvelles exigences démographique, hygiéniques, institutionnelles et comportementales des sociétés


La ville en deux ordres

27

de masses, mais qui continue d’accueillir une forme, différente, de contextualité sous les noms de quartier nouveaux ou de quartier d’extension, etc. ».37 Ensuite, pour cet auteur, Gustavo Giovanni, le rapport compatible de ces deux ordres est réduit à l’agencement de deux termes qui peuvent être exprimés par cette expression : « dissocier en s’unissant ». Autrement dit, distinguer ces deux ordres tout en conservant leurs caractéristiques particulières mais les faire correspondre en même temps en les combinant. Il est important de ne pas négliger que c’est bien la ville nouvelle qui se surajoute à la ville ancienne. Il est également important d’appréhender le passé historique de Tanger afin de comprendre son développement. Pour cela, il faudrait intégrer la forme de l’ancienne ville car c’est à partir de cela que la nouvelle ville prend racine. Il est nécessaire de bien interpréter la trame urbaine existante afin de comprendre comment la nouvelle vient est venue se racoler aux abords de la médina.

T anger

37. GIOVANNONI, Gustavo. L’urbanisme Face Aux Villes Anciennes, Seuil, 1998. p.10.

Fig.9 : plan des deux ordres de la ville de Tanger, élaboration personnelle


28

38. Encyclopédie de L’Agora, de Médina, http://agora.qc.ca/ Dossiers/Medina, (page consultée le 13 avril 2020)

II. Morphologie

de l’ancienne médina

«

intra-muros

»

« La médina, en arabe, c’était la ville intégrée et intégrante, unité sociale de référence, habitat exclusif, référence à la consolidation du sédentarisme. Espace perméable aux noyaux ruraux environnants qui la nourrissent, et aux activités marchandes qui la soutiennent, malgré les remparts qui la ferment et la protègent de la menace des envahisseurs. A l’intérieur de ses murailles germine un tissu social vivant, avec ses passions d’amour et de guerre, capable de construire, au fil de l’histoire, ses propres signes d’identité et la traduction des modes de vie à travers la création littéraire et artistique, ainsi que par l’expression architecturale et artisanale. » 38 La médina de la ville accueillait diverses communautés qui coexistent toujours en paix. De cette manière, minarets et clochers se superposent dans le paysage. En effet, les mosquées, les églises et les synagogues confèrent à la ville une caractéristiques cosmopolite et un charme authentique. C’est dans cette ancienne ville que nous trouvons les consulats internationaux, les sites d’enseignement ainsi que les centres culturels issues nationalités.39

39. Dominique AUZIAS, Jean-Paul LABOURDETTE, « TANGER – côte Atlantique – le Rif », City Guides Monde, Petit Futé, 2018-2019

40. CHAHBOUN, Houda, L’espace Du Commerce Dans La Ville Marocaine Contemporaine: Le Cas De Tanger, Université libre de Bruxelles, Faculté d’architecture, Brunfaut Victor, 2009, p.16.

Centre historique de Tanger, c’est dans la médina qu’ont lieux les activités traditionnelles. Divers installations alentours définissent l’ancienne ville et l’un des éléments centraux est la Grande Mosquée. Ensuite, les logements sont reliés à un réseau de ruelles exigües et les rues commerciales sont reliée à des placettes dédiées à accueillir les souks*. De cette façon, nous disons que l’organisation spatiale contemporaine de la médina est issue du rapport entre la communauté arabe et le secteur économique. Selon E. Wright, géographe, « le marché, al Souk, en tant que quartier central des affaires, est le seul signe distinctif le plus remarquable des villes musulmanes ».40 La médina s’est conçue sur une forme quadrilatère et s’élève au Nord-Ouest du port, face au sommet de Malabata, s’élevant progressivement vers un sommet surmonté d’une grande kasbah*. La largeur de la muraille Est-Ouest est de


Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

350m et sa longueur Nord-Sud est de 550m. Sa superficie est de 25 hectares. Entourée d’un rempart, elle atteste du passage de chaque développement à travers les époques. Dans la partie haute, ses résidents sont principalement musulmans et, dans la partie basse, résident des juifs, des musulmans ainsi que des espagnols modestes.41

II.I. Les remparts, portes

29

41. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.130.

et bordjs

L’enceinte de la médina, et la kasbah qu’elle renferme, couvre une superficie de 2.200 mètres. Elle a été réalisée en maçonnerie avec la présence de créneaux* et de chemins de balades. À l’Ouest, l’espace inférieur est bordé d’un rempart sur 350 mètres dont l’aspect semble moins ancien. Les murailles de la ville couvriraient presque toute la métropole de « Tingis », autrement dit, Tanger. Cependant, il ne reste actuellement aucune ruine de ces remparts anciennement réalisés en pisé* par les premiers envahisseurs arabes. La majorité des murailles toujours présentes aujourd’hui remontent en majorité à la période portugaise allant de 1471 à 1661. Les murs ont été renforcé et, par endroits, rétablis par les anglais entre 1661 et 1684. De plus, des réhabilitations récentes y ont été réalisées et des fortifications ont été effectuées par des sultans alaouites à partir du moment où les musulmans se sont réapproprié la ville.42 Le côté Nord du rempart s’étend jusqu’au sommet de la falaise sur une longueur totale de 600 mètres avec un bordj* à chaque extrémité. L’un d’eux surplombe la rade ainsi que le détroit et, le second, est situé sur l’extrémité opposée (fig.10). La longueur du côté Ouest est de 750 mètres et s’étend en une quasi ligne droite entre ce dernier bordj et une tour d’angle, à savoir le « Bordj » des Irlandais (Tour des Irlandais). Une autre quasi ligne droite s’étend en directions du Nord-Ouest et du Sud-Est, face au cimetière. Il y a quelques années, une partie de la muraille de l’enceinte, le long de la Kasbah, a été renforcée par des contreforts sous forme d’arcades.43

42. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.132.

43. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.132.


30

Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

Le mur doublant l’enceinte de cette face-ci prend naissance aux environs de l’ancienne Légation française. Elle se sépare de cette muraille de la ville, s’étend sur environ 20 mètres à l’Ouest, puis s’oriente vers le Sud , fermant ainsi le Marchéaux-Grains (Rahbat ez Zraa), puis passe par Bâb el Marshan, longe le jardin de l’ancienne Légation allemande et, enfin, s’oriente vers le Sud-Est qui est obstrué par Bâb el Fahs située parallèlement à la muraille jusqu’au Bordj des Irlandais.

44. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.133.

Une partie de la muraille, sur laquelle se sont établies de échoppes, relie celle-ci à une fortification et sépare le Souk el Barghazin de la rue de Fès. Partant de la Tour des Irlandais, cette partie de l’enceinte s’étend vers le Nord-Est sur une longueur de 250 mètres, et se dirige par la après, suite à un parcours irrégulier, vers un Bordj dominant la rade et le détroit, sur une longueur de 600 mètres. Cette dernière tranche de la muraille a été établie postérieurement à l’occupation des portugais.44 Les portes L’enceinte est constituée de plusieurs « bâb », autrement dit, des « portes ». Nous pouvons énumérer un total de 11 portes : Bâb el Kasbah (Bâb el Marshan), Bâb Jdida (ou Bâb el médina), Bâb Rahbat Zraa, Bâb Fendek Zraa, Bâb el Fahs, Bâb el Merikan, Bâb Dar Dbagh, Bâb el-Marsa, Bâb el Assa, Bâb Bhar et, enfin, Bâb Haha. Tout d’abord, Bâb el Kasbah est située à proximité de l’angle Nord-Ouest est offre un accès vers la Kasbah et se déploie sur le Souk el-Berghazîn menant au plateau du Marshan. Cette porte est également nommée « « Bâb el Marshan » sur quelques plans et croquis et nous savons également que ce sont les résidents de la Kasbah qui l’ont nommé ainsi durant l’occupation anglaise où certains la nommait encore « Peterborough Gâte ». Élevée en 1860 durant la bataille hispano-marocaine, cette dernière à la capacité de bloquer l’accès au plateau de Marshan. Ensuite, Bâb Jdida, également reconnue sous la nomination de Bâb el médina, est localisée dans le rue de l’Italie, longeant la muraille de fortification.


Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

31

M édina

Bordjs Bâb 1/8 000

Rempart Fig.10 : plan de la médina avec ses portes, bordjs et rempart, élaboration personnelle

Nous pouvons énumérer 5 portes situés sur partie de l’enceinte doublée par un mur, allant de l’ancienne Légation française jusqu’à la Tour des Irlandais. Premièrement, nous avons Bâb Rahbat Zraa communiquant à la rue du Télégraphe-Anglais et placée au sommet de l’ancienne Légation française. Ensuite, nous avons Bâb el Fahs, construite vers les années 1900 et localisée sur la Place du 9 avril, place célèbrement connu par la présence du Grand Marché (Grande Socco ou Souk el Barra) . Ensuite, un mur longitudinal relie Bâb Rahbat Zraa à Bâb el Fahs, allant de la muraille à l’enceinte, était constitué d’une porte menant au Soûq es-Semmarîn (rue Smarine ou rue de Fès). Ensuite, du côté Sud-Est de l’enceinte de la ville, cette-dernière est percée d’une unique porte, Bâb el Merikan, construite en 1911. Elle a substituée une porte dérobée de la muraille de l’enceinte anciennement bouché par de grosses pierres. Elle est située au bout de la rue ou se situe l’ancien Consulat américaine, aujourd’hui occupé par un musée.45

45. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.135.


32

Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

Par la suite, Bâb Dar Dbagh (Porte de la Tannerie), d’un aspect très ancien, doit son nom à l’existence d’une tannerie. Elle est située un peu plus au bas de la tour circulaire, proche d’un escalier principal. Elle est surplombée par un chemin de balade pentu et visible depuis les créneaux. Nous avons également Bâb el-Marsa (Porte Navale) reliant la métropole avec la présence du port et des échoppes douanières. La muraille située au Nord de la ville ne possède qu’une seule porte. Il s’agit de Bâb Raha édifiée en mars 1920. Implantée proche du coin Nord-Est de la Kasbah et une de ses faces se déploie sur une place nommée « Bit el-mal » (Place devant la Kasbah) et, de l’autre côté » elle se déploie et domine du haut de la falaise sur Gibraltar. Les habitants ont pour habitude de s’y prélasser en adirant le paysage incroyable qu’offre la mer et la côte andalouse. C’est de là que la nomination « Bâb Raha » trouve ses origines, signifiant « Porte du Repos ». 46. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.136.

Enfin, les deux portes restantes, Bâb el Assa est localisée dans la rue Bâb el Assa, face à Bâb Bhar et, la seconde porte est localisée entre Bâb Bhar et rue Amrah.46 Les Bordjs La ville de Tanger est protégée par un système défensif nommé les « bordjs ». Les plus remarquables sont le bordj N’am, le bordj Dar el Baroud, le bordj Salam, le bordj Hajoui, le bordj Ben Amar et la Tour des Irlandais équipés efficacement en armement. La présence de canons au sommet des bordjs ont été amené vers 1880 de Gibraltar. Ils ont été fournis par une troupe d’artilleurs formés par un anglais. Le nom du bordj N’am est issu de la mémoire des autruches enfermées dans le bordj, anciennement nommé « Bordj Ben Dahman ». Un autre bordj nommé Bordj Ben Amar est situé proche de ce dernier, surplombant Bâb Marshan. Ce bordj défend l’entrée de la Kasbah et dirige le plateau de Marshan.


Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

Ensuite, la Tour des Irlandais est une fortification sur base carrée, établie à l’angle Sud-Ouest de l’enceinte. Actuellement, nous pouvons y observer aucune porte ni fenêtre ainsi qu’une couronne démolie. La Tour des Irlandais était utilisée aux musulmans travaillant dans le commerce d’artillerie. Il existe 4 forts composant l’enceinte du côté de la rade. Nous avons le bordj Dar el-Barouud, le bordj Salaam et le bordj Hajoui.47(fig.10)

33

47. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.136-138.

Fig.11 : Tanger Socco el Barra, porte de Bab el Fahs, 19e siècle


34

II.II. Les quartiers

Dans les médinas, les quartiers étaient délimités et fermés par des portes. Cependant, à Tanger, les différents quartiers de la ville s’empiètent les uns sur les autres. La médina est divisée en 5 quartiers : Dar Baroud, Kasbah, Beni Ider, Wad Ajaran et Yenn Captan (fig.12).

M édina

Kasbah Yenn Captan Wad Ajardan Dar Baroud Ben Ider

1/8 000

Fig.12 : plan de la médina et ses quartiers, élaboration personnelle

La rue Siaghine est la rue principale de la médina et s’étend à l’Ouest en passant par la Rue Smarine (Rue de Fès) et le Souk el Barra. Elle s’étend également à l’Est par le petit socco nommé Souk ed Dakhel et mène du côté de la Grand Mosquée menant également vers Bâb el-Marsa situé face à la mer.

II.III. Les voiries Cette allée centrale passe à travers presque en ligne droite l’entièreté de la médina. Il s’agit de l’un des plus anciens passage de la ville et est représentée sur des plans issus de la période portugaise. À chaque extrémité, du Nord au Sud, et inversement, quelques rues y aboutissent dont les plus


Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

majeurs la Rue Amrah menant au Petit Socco ainsi que la rue menant du Petit Socco à Bâb el Merikan. Cet axe principal dessert ainsi l’entièreté de la médina. De plus, un réseau de petites rues sans nominations claires issues du quartier Beni Ider, au Sud, claires vient compléter cet ensemble.48 Ensuite, à la sortie de Bâb el Merikan, en passant par la Rue d’Amérique, nous pouvons y localiser un cimetière juif situé juste en face. Nous avons également le Grand Socco (Souk el Barra), large carrefour où s’entrecroisent le vaste réseau de routes et petites rues desservant les quartiers périphériques telles que la Route de San Fransisco, Rue de la Kasbah, Rue d’Angletterre, Rue de la plage, Rue d’Italie ou encore la Rue du Portugal. Ces deux dernières s’étendent le long des remparts de la médina. Enfin, la rue principale est assez large afin d’apporter une quantité de lumière suffisante. Cependant, les rues secondaires sont trop exigües et possèdent donc peut d’apports de lumière. Les villes du Maroc sont généralement composées de multiples places et souks. Elles possèdent également tout autant de corpo-

35

48. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.143.

Fig.13 : plan de la médina et ses axes, élaboration personnelle

M édina

Axe secondaire 1/8 000

Axe principal


36

II.IV. L’espace plein et vide

rations de travailleurs dont leur organisation fut perturbée dans la ville de Tanger par l’afflux d’européens. Le Souk ed Dakhel (Petit Socco) est situé entre la Rue de Siaghine et la Rue de la Grand-Mosquée. Auparavant, elle fut occupée par les Baqqalin (commerçants) et, aujourd’hui, nous pouvons y trouver de nombreux cafés modernes, des magasins et échoppes pour touristes ainsi que des banques et encore d’autres commerces. Ce souk devint tel un point de rencontre multiculturel où ont lieu les affaires et autres accords commerciaux. Avant tout cela, dans le Souk ed Dakhel, la Rue des Chrétiens et la Rue du Commerce s’étendaient jusqu’au centre-ville dans lesquelles nous pouvions trouver des commerces espagnols et juifs les longeant. Nous pouvons également mentionner le Fondaq Er-Rouchdi, lieu où se vendaient les objets d’occasion retransformés afin d’être vendus aux européens. Aujourd’hui, la Rue Siaghine (Rue des Orfèvres) possède encore un certain aspect similaire à ce que c’était à l’époque c’est-à-dire diverses boutiques de bijoux, d’horlogers ou encore d’orfèvrerie. Nous pouvons également observer la présence de grands équipement de commerces ainsi que religieux tels qu’une église, un couvent espagnol, une synagogue et une mosquée. Ensuite, nous avons le Souk es Semmarîne, marché couvert, situé sur la prolongation Ouest de la Rue Siaghine où nous n’y trouvons plus les anciens maréchaux-ferrants mais une rue dans laquelle des boutiques européennes se sont installées. Ce marché couvert est installé entre Bâb el Fahs, au Sud et le Souk el Houth (marché aux poissons).49(fig.13)

49. Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.181.

Ensuite, les équipements religieux sont fondamentaux dans l’organisation de la médina. En effet, presque toutes ces constructions sont installées le long des voiries principales de la médina. Ces derniers attestent en partie de la richesse culturelle de la ville de Tanger. En ce qui concerne la mosquée présente, nous ne pouvons échapper au caractère moderne des mosquées de la ville. Cette caractéristique s’argumente par l’évacuation de la ville par les anglais à partir de 1684. Il y existe un ensemble de 7 mosquées dont 3 sont situés hors de l’enceinte et, les 6 autres, sont d’un gabarit


Morphologie de l’ancienne médina « intra-muros »

plus petit et ne possèdent pas de minaret. Ainsi, nous avons : la mosquée de Khotba ou encore Djama el Kebir (Grande Mosquée) située dans la médina, mosquée el-Djdida, mosquée Sidi Ahmed Ben Nâcef et, enfin, la mosquée el-Kasbah. Cependant, il existait tout de même encore d’autres mosquées installées en dehors de la médina. Par la suite, à l’époque, concernant les synagogues, ces dernières était plus nombreuses que les mosquées, au moins 15. Nous n’observons aucune expression artistique dans leur architecture dont la synagogue de Rebbi Mordokhaï, synagogue de Souiri, synagogue de Nahon, synagogue de Mousa, synagogue de Perez, synagogue de Barchilon ou encore la synagogue de Judah Cohen. Ensuite, au sujet des églises de Tanger, le dogme catholique appliquée dans la ville se fait dans 2 églises et 4 chapelles, dont une seule est située dans la montagne, en dehors de la ville. La plus importante d’entre elles est l’église de l’Immaculée-Conception, située dans la rue de Siaghine, édifiée en 1880. Nous avons également l’église du Sacré-cœur de Jésus, nommée également « église des Sables », située plus bas dans le Boulevard de la Dette. Elle fut construite il y a une douzaine d’année. Enfin, concernant les fonctions funéraires, il existes deux cimetières musulmans, un cimetière juif, un cimetière protestant et trois cimetières catholiques aux alentours de la médina.

37


Deuxième partie : Cas d’étude For me

de la croissa nce u r ba i n e de l’e x t ra-m u ros

Fig.14 : croquis vu sur la médina et son port, élaboration personnelle


I. Développement de la croissance urbaine de la nouvelle

39

Le travail présenté dans cette partie approfondira les différents mécanismes du processus de création d’une nouvelle ville, et la création de cette nouvelle ville est généralement définie comme un processus rapide et concentré. Notre objectif est de contribuer à la connaissance de cette nouvelle ville en étudiant cet objet de recherches par ordre chronologique. Par conséquent, les termes les plus fréquemment utilisés dans la constructions des nouvelles villes coloniales au Maroc sont : nouveau, moderne, sanitaire, infrastructure, équipements, vitesse, grandeur et largeur. Pour introduire ce travail, nous proposons une analyse des travaux écrits antérieurs, des cartes et des plans. Ainsi toutes les villes historiques du Maroc, sont composées de deux entités urbaines: la médina qui est « l’ancienne ville » et la ville nouvelle, la première est toujours entourée de remparts et la seconde est développée en dehors des anciennes remparts. Nous avons déjà mentionné dans la première partie de la approche historique qu’au début du 20e siècle, le Maroc était divisé entre la France et l’Espagne. Le Maroc était colonisé par le protectorat espagnole à l’extrême nord du pays, tandis que le protectorat français colonisait le reste de la région centrale. Tanger est la seule ville du nord du Maroc avec des caractéristiques très spécifiques en matière de la croissance et la planification urbaines. Ces circonstances particulières sont le résultat d’accords juridiques qu’impliquent les réglementations internationales adoptées très tôt, ce qui signifie que les autorités consulaires de plusieurs pays, notamment la France, l’Angleterre et l’Espagne, sont intervenues dans les affaires Tangéroises. Cependant, dans ce panorama cosmopolite, considéré comme une caractéristique fondamentale et déterminante du Tanger coloniale, la note la plus intéressante est que malgré la législation spécifique et l’importance qui en résulte de l’influence diplomatique française et britannique, la plupart de son architecture et de son urbanisme sont d’origine espagnole et dont l’Espagne est responsable.50

50. BRAVO NIETO, Antonio, ABDELAZIZ, Elldrissi, Tanger, croissance urbaine d’une ville internationale : De l’opportunité d’un observatoire de la Medina, Actes du seminaire, Tanger espace de convivialité multiculturel, 2009, p.49.


40

Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

Afin de mieux comprendre la croissance urbain de l’extra-muros de Tanger, nous avons étudier trois périodes spécifiques, qui ont eu un impact important sur la croissance urbaine, durant la période avant « le protectorat espagnole », de 1885- à 1912, ensuite la période pendant « le protectorat espagnole », de 1912 à 1924 et pour finir la période de la « zone international de Tanger », de 1924 à 1956. Dans cette partie, nous avons récolter des cartes historiques correspondant à ces époques.

I.I. Période avant « le protectorat espagnole », 1885-1912 La transformation de la ville de Tanger à la fin du XIXe siècle. Tanger marquera le début d’une ère de développement urbain unique au Maroc. Le poids de la colonie européenne a non seulement changé son habitat, mais aussi son économie, ses institutions, ses coutumes et son apparence. Le grand connaisseur des relations entre le Maroc et l’Europe, Jean Louis Miège, a même évoqué la spéculation immobilière dès les années 1890. Il a souligné que dans certains cas, le prix du foncier dans le Marshan avait augmenté de trente en vingt ans.51 Antonio Bravo Nieto déclare dans son travail que, le développement de la ville a même conduit à la nécessité de réaliser une sorte de cadastre de plus de 2500 propriétés de la ville. Cette tâche a été commandée par le comité de santé, qui avait un demi-siècle de vie, et a été commandée par le consul, recommandé par le Dr Severo Cenaro comme vice-président.

51. LOPEZ GARCIA, Bernabé, Les Espagnols De Tanger, Atelier international d’études méditerranéennes, UAM, 2012

Jusqu’au milieu du 19e siècle, Tanger se décrit comme une ville entourée de remparts, ne montrant aucun signe d’extension, tout développement urbain trouve sa place dans l’intra-muros de la ville. A cette époque, l’intra-muros de la ville comptait plus de 5 000 habitants. Notre analyse débutera en 1885, car les premiers constructions en dehors de l’enceinte de l’ancienne ville sont visible à partir de la carte de 1885. Avant ceux-là, aucune


Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

construction n’était visible à l’extérieur de l’enceinte de la médina.(fig.15: Croquis de Tanger et de ses environs 1885-1886). Dans l’histoire urbaine de Tanger, il faut commencer par son dynamisme en tant que capitale diplomatique exceptionnel dans le Maroc. A partir du 19e siècle, divers marchands européens et représentations consulaires d’autres pays s’y installent, érigeant diverses constructions sur son tissu urbain. Le consulat espagnol a été installé par Francisc Pérez Arroyo, à la fin du 18e siècle. Il ont également construit érigés une variété d’édifices religieux dans la médina, dont il convient de souligner l’église de l’Immaculée Conception, qui a été construite entre 1880 et 1881. Le plan a été élaboré par l’architecte espagnol Anfbal Alvarez et la direction d’Antonio Alcayne. Portée par de puissants marchands et des classes sociales bourgeoises, la vitalité commerciale affichée par cette ville a également influencé la construction d’une autre série de bâtiments privés en rénovation, en adoptant de nouveaux types et styles décoratifs et qui changer certaines rues importantes de ce noyau urbain.52 À la fin du 19e siècle, notamment depuis 1880, la Médina de Tanger a réalisé d’importantes interventions architecturales de style européen, notamment la transformation de certaines de ses rues et la construction de bâtiments modernes. La médina a perdu certaines caractéristiques traditionnelles d’une certaine manière. L’un des arrondissements où l’on ressens le plus cette pénétration européenne est la rue Siaghine et le Petit Socco(Souk Ed Dakhel), qui est l’axe principal, reliant la ville et le port. La croissance anormale de la médina musulmane et les travaux urbains engendrés par la rénovation urbaine ont conduit à la création de la première organisation internationale pour traiter les problèmes urbains à Tanger, La soi-disant Commission d’Hygiène et de propreté fondée par le médecin espagnol Cenarro entre 1883 et 1884, qui a pris en charge diverses responsabilités liées à l’hygiène de la ville, qui est entre autres, la construction de zones piétonnes, de voiries, d’égouts, l’approvisionnement en eau et d’éclairage électrique. En 1898, le premier conduite d’égout extra-muros a été conçue dans le Grand

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52. BRAVO NIETO, Antonio, ABDELAZIZ, Elldrissi, Tanger, croissance urbaine d’une ville internationale : De l’opportunité d’un observatoire de la Medina, Actes du seminaire, Tanger espace de convivialité multiculturel, 2009, p.49.


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53. BRAVO NIETO, Antonio, Arquitectura y urbanismo español en el norte de marruecos, Junta de Andalucía, Consejería de Fomento y Vivienda, 2000, p.121123.

Fig.15 : plan de 1885, croquis de Tanger, Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa

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Socco(Souk el Barra), à partir de cet endroit le conduit principal a été conduit dans la mer. La ville continue de croître et des capitalistes espagnols entreprirent des travaux et ils ont pris la responsabilité de fournir l’électricité à la population en 1890, en même temps, ils encouragent les architectes catalans de venir visiter Tanger en 1891. L’architecte Antoni Gaudi en venu la même année à Tanger pour concevoir les plans architectural du célèbre bâtiment des missionnaires franciscains.53 Le programme architectural des missions franciscaines à Tanger.

L’une des caractéristiques majeures de l’architecture franciscaine est son intégration au sein du tissu urbain traditionnel des médinas marocaines ainsi qu’à la périphérie tel que le quartier San Francisco, à Tanger. Plus tard, l’aménagement urbain issu de la colonisation a pu trouver des constructions existantes correctement renforcées. La ville de Tanger fut le centre urbain des commissions franciscaines au Maroc et c’est chez elle que les chantiers les plus remarquables ont été réalisés.


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Les toutes premières informations nous guident vers l’année 1886 lorsque le premier consulat espagnol y a été établi. Ensuite, proche de lui, la Chapelle du Bienheureux fut érigée et aménagée. Mais encore avant cela, en 1872, la construction d’une grande église fut projetée. Ainsi, l’ancien consulat suédois fut racheté et l’architecte Álvaro Rosell fut chargé de proposer un nouveau programme. Finalement, l’église fut une construction intégrée dans un bloc et dont nous n’avions aucune idée de sa présence à l’extérieur. Cependant, ce projet fut résigné et c’est l’architecte Manuel Aníbal Álvarez qui réalisé le projet final commandité par le gouvernement espagnol ainsi que par les fonds d’Obra Pía. Ce financement justifie cette commande dont le chantier a débuté en 1880 sous la gestion d’Antonio Alcayne. Ensuite, Aníbal Álvarez conçu une seconde église dans un style mauresque-mudéjar et dont la façade donnait sur la rue, à l’opposé du projet précédent (L. Carbonero et Sol Meras, 1881; pp. 507-508). Cette église fut érigée au nom de l’Immaculée Conception et fut le bâtiment religieux catholique majeur de la ville. La cathédrale et la tour servait de point de repère dans la ville. Les franciscains trouvèrent leurs intérêts dans de multiples domaines tels que le secteur de la santé et de l’hygiène. C’est pour cela qu’en 1881 ils avaient déjà établi une forme de gîte à petite échelle pour les patients espagnoles au sein de la Kasbah. Par la suite, la nécessité d’un bâtiment de plus grande échelle à guidé Antonio Alcayne vers un premier projet d’hôpital en 1853. Enfin, en mai 1886, il réalise un hôpital espagnol encore plus grand. Le chantier fut dirigé par Fray José Rodríguez, religieux laïc, qui a participé aux aspects décoratifs. Le chantier a débuté en mai 1887 et s’est achevé en novembre 1888, dans la partie extra-muros de la ville, à San Francisco. Dans ce même projet, Antonia Alcayne a projeté un nouveau quartier avec des habitations à bas prix afin de subvenir aux besoins de la population prolétaire espagnole. Ce projet de cité ouvrière fut l’un des fantasmes du Père Lerchundi et, en parallèle, le projet le plus inquiétant

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car il fut dénoncé par le secteur immobilier de la ville de vouloir s’enrichir sur le dos de la population populaire. Finalement, le projet fut établi sur un terrain financé par Lerchundi dans le quartier San Francisco avec un total de 109 espaces constructibles afin d’accueillir des habitations faites de bois. Cependant, seuls 35 habitations furent construites pour finalement finir démolies par le Père Cervera. Ensuite, les activités pédagogiques furent également un point développé par les franciscains. Tout d’abord, il se fit sentir nécessaire d’édifier une école pour filles. Ainsi, une école catholique espagnol vit le jour en 1883, établie sur deux étages et dirigée par franciscains. Cependant, une seule école ne fut pas suffisante et c’est ainsi qu’Antonio Alcayne dirigea une seconde et plus grande école établie sur trois étage et localisé sur l’une des pointes de la ville en 1886. Il existait également d’autres centralités éducatives à Tanger construites par les franciscains tel que la nouvelle école secondaire San Buenaventura par Antonio Alcayne en 1886, établie sur deux étages et dans un style formel néo-gothique. Le chantier sera achevé en 1892. Enfin, encore d’autres d’établissements virent le jour tel que l’école des Arts et Métiers en 1888. Par la suite, l’explosion démographique catholique à Tanger mena à l’un des projets les plus remarquables jamais réalisé dans la ville, c’est-à-dire la mission catholique dirigée par Antonio Gaudí. Le rapport que ce dernier entretenait avec le région Nord du Maroc s’éclaircit par les intérêts économiques du marquis de Comillas. Autour de tout cela, la création d’une grande église ainsi qu’un établissement missionnaire fit son apparition. Ainsi, le Conseil des Dames de l’Immaculée Conception tenta de récolter des fonds financiers tout en faisant la promotion d’un périple de A. Gaudí dans la ville de Tanger en 1891 et sans oublier la mise en place postérieure du projet entre 1892 et 1893. Évidemment, il est difficilement possible de comparer les œuvres éclectiques et historicistes des architectes franciscain avec la projection d’A. Gaudí. Cependant, nous pouvons en déduire deux conclusions


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évocatrices. Tout d’abord, la projection d’A. Gaudí fut une projection idéaliste et peut-être pas appropriée à la réalité urbaine de Tanger. Néanmoins, il a réussi à mettre en relief le besoin d’édifier une nouvelle église ainsi qu’une nouvelle mission afin de substituer l’église débordant de l’Immaculée Conception, ainsi que l’habitation de la mission. L’implantation de ce complexe n’est pas parfaitement vérifiée mais il se pourrait qu’il fût implanté sur un espace extra-muros et acquis par le Père Lerchundi en 1895. C’est dans ce même lieu que les écoles Alfonso XIII ont été édifiées. Dans tous les cas, A. Gaudí laissa tomber son idée car il était très difficile, voire impossible, d’obtenir les finances nécessaires lorsqu’A. Alcayne réalise une nouvelle cathédrale et un couvent en 1895. Le projet de ce dernier représente la manière dont Lerchundi avait mis de côté l’idée d’A. Gaudí et prévu l’édification définitive et concrète du projet. Le chantier fut prévu pour plusieurs années mais, en 1904, Francisco Serra fini le chantier du couvent du Saint-Esprit dans le quartier San Francisco ; Ensuite, les œuvres issues des franciscains caractériseront de manière permanente une grande partie de la ville de Tanger durant le début du 20e siècle. Durant ces années-ci, Fray Francisco Serra se chargera de l’établissement et de la gestion de multiples constructions. En 1907, il débuta une habitation de mission avec une pension ainsi que l’église du Sacré-Cœur de Jésus, implantée proche de la mer, là où un tronçon du boulevard sera construit. Fray Francisco Serra s’est également appliqué sur les écoles Alfonso XIII établies extra-muros, proches de la médina, grâce aux financements du marquis de Casa Riera. Néanmoins, la gestion du chantier fut prise en main par le Frère Francisco Serra et la gestion de deux pâtés de maisons, finalisés en 1913, fut prise en main par son ordre religieux. Enfin, nous pouvons souligner multiculturalité et le caractère international de la ville, également caractérisée par la présence de divers cultes et coutumes dont chacun

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54. BRAVO NIETO, Antonio, Arquitectura y urbanismo español en el norte de marruecos, Junta de Andalucía, Consejería de Fomento y Vivienda, 2000, p.189193.

55. BRAVO NIETO, Antonio, Arquitectura y urbanismo español en el norte de marruecos, Junta de Andalucía, Consejería de Fomento y Vivienda, 2000, p.121123.

56. VERDUGO, Claude, « Ville de Tanger - Enquête urbaine », Bulletin économique et social du Maroc, n° 78, 1958, p.184,191.

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établissait ses propres établissements appropriés. 54 En revanche, dans les dernières années du 19e siècle, l’expansion de la ville au-delà des remparts avait déjà commencé, ce qui indique que la médina ne fournissait pas suffisamment d’espace pour les besoins de logement qu’elle engendrait. Autour de l’enceinte de la médina, une rue ou une bande urbaine composée de divers bâtiments s’est formée, prenant la forme d’une ceinture autour de la médina, où de nombreux habitations ont été construits pour les Espagnols de condition médiocre, mais aussi d’autres plus impressionnants pour les classes les plus aisées, on peut retrouver ses bâtiments dans la rue de Tétouan. Ce fait prouve à la fois le boom démographique de la ville et la sécurité de pouvoir construire en dehors des fortifications de la médina, ce qui fait que le modèle Tangérois dépasse les autres villes marocaines qui restent enfermées à l’intérieur des remparts de la ville. 55 En 1885, on aperçoit sur le croquis de Tanger et de ses environs(fig.15.), que les premiers tracés de sentier ou pistes se font à partir de la place du Grand Socco(Souk el Barra) en face de Bâb el Fahs, qui est l’une des entrées principales de la médina, plusieurs routes sont tracés vers l’arrière-pays à partir de cette place. Le port et les activités du Grand Socco ou Souk el Barra, qui se situe au carrefour des routes de Fès et de Tétouan, donnent naissance à un habitat morcelé le long de Marshan. À la fin du 19e siècle l’installation des administrations et d’ambassades se font dans de magnifiques parcs et la fréquence des visites anglaises dans la ville s’est considérablement accrue. L’emplacement et le climat conquièrent tous les propriétaires, la montagne du Marshan est entourée de parcs.56 Dans la vue d’ensemble en 1896(Fig.13), on peut voir la médina et le port. La kasbah se trouve plus élevée que le reste des quartiers de la médina. C’est difficile à dire de ce point de vue, s’il y a déjà un développement urbain le long de la plage.(fig.16 : Vue d’ensemble par la commission marocaine-1896 ). Au début du 20e siècle, l’importance des échanges di-


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plomatiques et commerciaux entre le Maroc et l’Europe font de Tanger une ville diplomatique.57 Comment nous l’avons déjà cité, le nouveau Tanger à ramener l’immigration européenne et fait déborder Tanger au-delà de ses murs d’enceinte de la médina. Des quartiers différents l’un de l’autre ont été créés, tout d’abord à l’ouest de la médina, le Marshan et le Chemin de la Montagne vers le Djebel kebir. Au sud-ouest de la médina on trouve un autre quartier qui est San Francisco, au sud qui est le Madhi et enfin au sud-est de la médina, la Plage de Tanger. Du Grand Socco partent plusieurs voies qui, tant qu’elles sont bordées d’habitations, peuvent entre qualifiées routes ou chemins, mais qui après, ne sont plus que des pistes. La première à droite en sortant de la ville est la route du Marshan, puis en allant de l’ouest à l’est par le sud, la route de la Montagne aboutissant au Cap Spartel, le chemin de San Francisco, le chemin du Madhi et la route de Fez.58 Selon Jean-Louis MIÈGE, le Marshan fut la première extension de la vieille ville en dehors des remparts, elle porte donc le nom de la famille locale. À la sortis de la porte Kasbah(Bâb Marshan), il y a des ravissantes habitations de “familles juives”.59 Antonio Bravo Nieto a souligné dans ses travaux que depuis 1905, le gouvernement marocain mène des recherches sur les grands travaux publics de Tanger. Par conséquent, une société allemande est responsable de la construction du port et de la construction de réseaux d’égouts et de drainage résidentiels. La société a égale-

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57. VERDUGO, Claude, « Ville de Tanger - Enquête urbaine », Bulletin économique et social du Maroc, n° 78, 1958, p.184,191.

58.COUSIN, Albert, « Tanger... / Albert Cousin », A. Challamel (Paris) Bibliothèque nationale de France, 1902, P.11

59. MIÈGE, Jean-Louis., BOUSQUET, Georges., DENARNAUD, Jacques., Tanger : Porte entre deux mondes, Courbevoie: ACR édition, p.128

Fig.16 : panoramie de Tanger en 1896, Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa


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ment réalisé des travaux de remplissage près du port où sera construite l’avenue de l’Espagne, qui couvrira les maisons de Renshhausen et les maisons du Kursaal français, qui deviendront l’un des principaux espaces urbains de la ville. Cette fois-ci, on fait une extension orientée vers la plage et la mer. Dans la première décennie du 20e siècle, la médina était surpeuplée et saturée. Ceux qui vivaient dans la médina étaient principalement, les musulmans, les Juifs et les colonies occidentales, qui sont principalement composés d’Espagnols. Les gens ressentaient le besoin de construire une nouvelle ville. Ils ressentaient le besoin de construire une nouvelle ville. Sur le plan réalisé en 1906, nous pouvons voir que les bâtiments ont largement dépassé les murs de l’ancienne ville et ainsi des structures résistantes grouillaient autour des routes principales de la ville. L’année 1906 fut une année charnière, ce n’est qu’après la signature de « l’Acte International d’Algésiras» que certains pouvoirs de la mission diplomatique s’implantant à Tanger et furent reconnus en matière d’urbanisme et de construction urbaine. On peut même dire qu’entre 1880, qui l’année de la Convention de Madrid et 1906, Tanger vivait déjà sous le régime des concessions accordées aux missions diplomatiques.60 Néanmoins, il semble que ni dans la médina, ni dans sa zone périphérique une nouvelle ville sera construite. Il n’y a aucune planification d’intervention dans les plans d’urbanisme ou d’expansion de la ville.

60. ASSAYAG, Isaac J, Tanger... un siecle d’histoire, Origines, transformation...Histoire du Boulevard Pasteur, Editions Marocaines et Internationales ed, Tanger, 1981, P.44.

De même, Antonio Bravo Nieto a souligné qu’il n’y a pas de politique sociale claire visant à résoudre le problème du logement de la classe la plus modeste, qui sont en partie d’Espagnole. Car à cette époque, seul le Père Lechundi proposait de construire des logements sociaux. Il a donc construit sur le terrain de San Francisco un quartier pour les ouvrières espagnoles et des logements sociaux. Le père Lerchundi fessait parti des missionnaires franciscains. L’architecte de cette construction était « d’Antonio Alcayne ». Le plan de 1906 ou le plan de 1907 est crucial


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pour comprendre l’expansion antérieur de Tanger, car la nouvelle ville sera déterminée par des réseaux de voiries et les bâtiments qui l’entourent. Par conséquent, ces voiries s’intégreront dans le squelette de la structure moderne de la ville de Tanger. Des premiers bâtiments se construisaient autour de la médina. Ces bâtiments s’étendant vers l’ouest jusqu’au quartier de Hasnona (elle est également appelé le quartier de Hamona) et aux environs du plateau Marshan. Depuis le début de cette année, il y a eu diverses ambassades étrangères, hôtels et autres bâtiments isolés qui y se sont implanté sur ce site et ils sont entourés de jardins. On peut dire que la classe la plus représentative de Tanger a créé un certain espace urbain prestigieux, mais il n’y a pas de plan de ville établie à l’avance par l’organisation urbaine de Tanger. Des croquis radiaux de routes et de sentiers partent de Grande Socco, formant un angle de 90 degrés entre la route de montagne à l’ouest et la route de Fès au sud, et il existe d’autres routes intermédiaires à proximité des quartiers de San Francisco et de Souani. Le réseau de voiries déterminera la structure radiale antérieur de la zone d’extension entre les routes Sidi Bouarrakia, San Francisco, l’Angleterre, La Hollanda, Fès et la rue de Vienne Street. Entre la route de Fès et la plage au sud-est, qui sera plus tard le boulevard Pasteur, s’étend le terrain « de Frasquito le Sévillan »(Fig.15), achetés en 1870. A cette époque, il n’y avait que des jardins potagers sur ces terres, et il y avait déjà de nombreux bâtiments en maçonnerie dans la première zone de la plage. Au cours de la première décennie du 20e siècle, la ville comptait environ 20 000 habitants, dont 2 000 européens, principalement espagnols. Plus tard, elle est devenue la ville la plus européenne du Maroc. Les maisons de la médina ont été fortement affectées par la spéculation. L’ancienne ville de Tanger avait un caractère mixte, dans lequel se juxtaposent les habitations juives, musulmanes et européennes. D’après Jean-louis Miège, la visite du sultan Hassan en 1889 dans la médina, ne lui avait pas plus. C’est le sultan lui-même qui a demandé de faire

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construire une nouvelle ville européenne sur le plateau de Marshan. De nombreux promoteurs, entrepreneurs et voyageurs sont attirés par ce développement et le rôle stratégique de la ville. Pour comprendre le nombre des colons espagnols dans la population totale de Tanger, il est intéressant de voir le tableau (fig.17) des habitants de la ville au début du 19e siècle.61

Fig.17 : Tableau de la population de Tanger en 1900

Albert Cousin cite dans son travail, les nouveaux quartiers en dehors de la médina. Les nouveaux quartiers sont : le quartier du Marshan, quartier Hamona(Hasnona) et la montagne, quartier San Francisco et de Boubana, quartier du Madhi, quartier de la plage et le quartier du Souani. 61. LOPEZ GARCIA, Bernabé, Les Espagnols De Tanger, Atelier international d’études méditerranéennes, UAM, Awraq. Revista de análisis y pensamiento sobre el mundo árabe e islámico contemporáneo, 5-6 (Madrid, 1 y 2 semestre de 2012), p. 13-14.

Le quartier du Marshan a été s’établie par une nouvelle route menant au plateau de Marshan, la route est « Passéo Cenarro », on peut voir cette route sur la carte en 1906(fig.18). La voirie fait une longueur d’environ 600 mètres, passant devant l’ambassade d’Allemagne, le cimetière chrétien(Mekabar en-Nzara) qui se trouve à l’arrière de l’ambassade d’Allemagne, la fabrique de ciga-


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rettes et de cigares, puis la route se dirige vers l’ouest, la route monte en pente douce. Si au croisement on continuait tout droit, au tomberait sur la rue du télégraphe anglais, qui longe l’enceinte de la ville jusqu’à la porte du Kabsah(ou Bâb Marshan) et se termine à l’hôpital israélien. C’est sur le plateau du Marshan qu’on trouve l’hôpital français, mais aussi l’hôpital Anglais et ils sont entourés par de nombreuse villa. Nous allons présenter le prochain quartier qui est, le quartier de Hasnona et la montagne. Cette route de montagne qui aussi appelé sur la carte(fig.18) « Camino del monte », part du Grand Socco près de l’ambassade d’Allemagne, il y a un grand cimetière musulman juste à côté de l’ambassade, au-delà du cimetière on arrive enfin dans le quartier de Hasnona. Le long de cette route nous trouvons de nombreuses maisons d’habitation, le consulat espagnol, le moulin d’un israélite, beaux jardins, légation de Belgique et légation d’Autriche-Hongrie. Après avoir passé la légation belge, la route traverse la « rivière des juives », qui l’oued Lihoud, la route sur traverse sur un

Fig.18 : plan de Tanger de 1906


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grand pont qui a été construites en 1901. Arriver de l’autre côté du pont, la route est encore carrossable durant des centaines de mètres. La route est bordée d’eucalyptus, après le pont la route atteint « la montagne », qui est un endroit charmant et ombragé avec de nombreuses villas, notamment celles. Une des villas les plus connues à cet endroit est la ville de M. Perdicaris, l’Américain. En longeant la route de la montagne, on atteint le cap Spartel, qui le point le plus extrême d’Afrique, où convergent les eaux de l’océan Atlantique et du détroit de Gibraltar. Ensuite sur la carte(fig.19), nous avons le quartiers San Francisco et de Boubana. La route San Francisco part du Grand Socco. Elle se situe entre le cimetière musulman et le temple protestant, en continuant une boulangerie se situe sur la gauche, qui a été fondée en 1900. On arrive sur des sites établis par les franciscains, notamment des écoles professionnelles et des lieux qui sont habités par des ouvrières espagnoles. Sur cette route nous trouvons l’hôpital espagnol, l’ambassade britannique et à la fin de la route, nous avons trouvé un nouveau marché bœufs et des terrains vacants. Si nous continuons sur cette route, nous entrerons dans la plaine de Boubana, où un bel hippodrome a été installé. À proximité de cet endroit, il y a un lieu appelé les « Trois Saints », qui appartenait à monsieur Firth, un Français. Il a établi une ferme entre les mains de monsieur Levison, qui était lui un Britannique(fig.19). (Fig.13: Plan de Tanger, Soulèvement réalisé par la Commission du Corps EM de l’armée au Maroc; Zincographie du dépôt de guerre, Espagne, commission géographique du Maroc, 1906) Le quartier suivent est le quartier du Madhi. Le quartier début de l’hôtel villa de France, sur notre droite, nous trouvons le temple protestant et juste après l’ambassade britannique. Par la suite on trouve la propriété Benchimol et la villa Bonnet. Un nouvelle ambassade de France est en construction sur la carte(fig.19) séparée des ambassades américaine et russe par un chemin étroit entre les haies. Ce sentier reliera la route de Fès près de la hôtel Villa Valentina et continuera jusqu’à Souani.


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Le quartier de la plage. En quittant l’ancienne médina par Bab Dar Dbag (Porte de la Tannerie), nous passons par le cimetière israélien à droite, la rue du Portugal mène au Grand Socco. De Bâb Dar Dbag nous marchons le long de la mer, on passe devant le théâtre Rico Romeo, la villa de Petri et ses magasins, des maisons d’habitation qui longent la plage, devant l’hôtel Cecil et la propriété de monsieur Blanchet et celle de Gautsch. On arrive à l’oued Tanja(la rivière de Tanger) et de l’autre côté du oued, on aperçoit la magnifique villa de M. Harris. (fig.19: plan de Tanger, 1906) Pour finir nous avons le quartier du Souani. En traversant les dunes entre les propriétés Blanchettes et Gautsch. La route de Tétouan part de la plage et passe devant les propriétés de Blanchettes, sur la carte de 1907(fig.20), la route de Tétouan est visible autant que sentier. Ce sentier nous conduit au quartier de “Souani”, qui a emprunté son nom à un village voisin. Il y a plusieurs usines à

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Fig.19 : plan de la ville de Tanger 1906


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Souni, comme l’usine de fabrique de tuiles, briqueterie, four à chaux, fabrique de crin végétal. Sur la carte(Fig.15) on aperçoit aussi des terres cultivées. Tout ce lieu a été fondées par le Français, Gautsch, il y a quelques maisons et de nombreux jardins, parmi lesquels il y a des ers, des figuiers et même des vignes. Une petite route allant vers l’ouest, connectera Souani avec la route de Fès.62 (fig.20: plan de Tanger, 1907) Depuis l’année 1910, les bâtiments autour de l’ancienne ville débordant, par exemple, la maison de Mnebhi qui a été construite par l’architecte espagnol Diego Jiménez, qui se trouve sur le plateau du Marshan(fig.20). L’architecte Diego Jiménez marquera les différentes étapes de l’architecture à Tanger, jusqu’à l’indépendances du Maroc.

62. COUSIN, Albert, « Tanger... / Albert Cousin », A. Challamel (Paris) Bibliothèque nationale de France, 1902, P.11-15

Au cours de ces années, le Comité des travaux publics de Tanger a mené des travaux d’urbanisation, comme le réseau d’égouts du plateau de Marshan, mais n’a pas élaboré de plans d’aménagement et d’extension de la ville. Cependant, cette situation a été signée en 1912 par «l’accord de protection de l’État». La séparation du Maroc entre la France et l’Espagne respecte l’autonomie de Tanger. Tanger est considérée comme une troisième région qui a un «statut international». Cette mesure vise à empêcher l’administration mise en place par les Espagnols, d’intervenir dans la ville du nord du Maroc. Avec la signature du « statut international » qui sera poussé jusqu’en 1924, le développement urbain de Tanger s’est réalisé sans suivre aucun plan d’aménagement pendant cette période. Par conséquent, sous le contrôle des ingénieurs municipaux espagnols, l’expansion de la ville a été renforcée. Cependant, il convient de noter que le véritable moteur de la croissance urbaine de Tanger est l’investissement spéculatif, le libre marché du sol et la construction urbaine de la ville considérée comme des industries rentables. Au fil du temps, l’un des aspects les plus marquants de la nouvelle ville de Tanger était les affaires urbaines. L’un d’entre eux était le boulevard Pasteur, où le bâtiment de la dette marocaine a été construite, en 1910.


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Fig.20 : plan de Tanger en 1907

I.II. Période pendant « le protectorat espagnole », 1912-1924 Selon Antonio Bravo Nieto, sur un plan datant de 1915, on retrouve déjà le tracé du plan d’alignement du Boulevard Pasteur et de ses rues adjacentes, car il s’agit du premier projet d’agrandissement partiel connu, qui fait par le bureau de travaux Municipaux. Malencontreusement, je n’ai trouvé aucun plan datant de cette année-là. Dans tous les cas, le boulevard Pasteur n’apparaîtra pas sur la carte de 1906-1907,(fig.20). Après la Première Guerre mondiale, la famille Toledano, qui est une famille juive, a vécu dans les premiers blocs d’habitations sur le boulevard Pasteur, entre 1920 et 1925. Ce plan urbanistique de la ville de 1915, suggère une nouvelle extension pour la ville pour s’étendre vers l’est, qui est la direction de la plage. Cette direction d’extension est différente de la direction d’origine, qui plus du côté ouest de la ville, Marshan, Souani. Jusque-là, il a été l’axe de croissance pour les occident. Dans son croquis, on peut voir une large route qui peut couvrir plusieurs logements sur plusieurs étages.


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L’ingénieur Domingo Meseguer a réalisé un plan d’urbanisme pour la ville de Tanger, en 1921, où l’on découvre un nouveau plan de planification urbaine, le projet de « lotissement ». Il est réalisé sur le territoire de la plage. La conception du projet consiste d’une bande élargie qui longue la plage, qui ensuite divisée en ilots de triangulaire ou trapézoïdale. Des lignes coupées en croix qui se situent entre l’avenue de l’Espagne, le boulevard Mohammed V et l’avenue de Londres.(fig.21) En revanche, on voit parfaitement comment est dessiné le boulevard Pasteur sur le plan de D. Meseguer, mais aucun bâtiments est déjà réellement construit sur le boulevard. Ce plan a servi à déterminer définitivement les mesures d’intervention urbaine avant le Plan de Prost en 1925, car il représentait l’état réel de Tanger avant la mise en œuvre du dernier plan. Néanmoins, de la fin du 19e siècle au début du 20e siècle, le chemin de fer sera l’un des thèmes qui ont incité l’Espagne à agir au Maroc. Selon Bravo Nieto, on pense que des villes comme Tanger, Ceuta ou Melilla deviendront le début ou la fin des routes à travers l’Afrique,

Fig.21 : Domingo Meseguer S. Chef de section, «Tanger, Maroc. Plans de population»,1921


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raccourcissant ainsi la distance séparant les métropoles françaises et britanniques de leurs colonies centrales. Durant ces années, l’idée du désert transsaharien a été adoptée par Duponchel en 1875, Rolland en 1890 et De Courten en 1898, ce sont des ingénieurs qui ont admis qu’ils voulaient que le sultan du Maroc utilise leur projet de chemin de fer entre Tanger, Fès et Marrakech. En effet, avant la mise en œuvre du protectorat espagnol, la région de la capitale diplomatique impériale a conclu une série d’accords et de décisions, aboutissant au chemin de fer Tanger-Fès. Cela est dû notamment à l’accord franco-allemand du 4 novembre 1911. L’accord du 18 mars 1914 lance finalement les travaux, confiant leur recherche et leur construction à deux entreprises financières, une française et une espagnole. Mise en œuvre du projet couvrant 310 kilomètres de voies ferrées. En raison de la suspension de la guerre, les travaux ont repris lentement en 1919, puis sont revenus à la normale en 1921. Le premier protocole est entré en vigueur le 27 novembre 1912, période pendant laquelle les diplomates français et espagnols sont parvenus à un accord. Après des sanctions judiciaires françaises et espagnoles, le sultan a finalement signé une convention accordant la cession du chemin de fer le 18 mars 1914. Toutefois, ce n’est que le 26 juin 1916 que les deux entreprises créent la compagnie ferroviaire

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Fig.22 : plan général des chemins de fer


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63.BRAVO NIETO, Antonio, Arquitectura y urbanismo español en el norte de marruecos, Junta de Andalucía, Consejería de Fomento y Vivienda, 2000, p.53.

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franco-espagnole de Tanger à Fès. Le passage de la zone du chemin fer est relativement peu accidenté et il n’y a pas de difficulté primordiale de construction.63

I.III. Période de la « zone international de Tanger », 1924-1956 Le Décret de 1925 apporte à la ville de Tanger une direction d’« Administration Internationale », c’est-à-dire un sanctuaire de fonds de capitaux. En effet, Tanger connaîtra des financements dans le secteur immobilier et deviendra ainsi une ville propice à l’installation des banques suite à la guerre. Tanger connaître une période de quatre années, de 1498 à 1952, durant laquelle la ville connaître une période de construction d’édifices disproportionnés. Depuis cela, malgré le potentiel de sa position stratégique favorable au flux touristique, la ville manquait tout de même de conscience envers son caractère spécifique et unique.64

64. VERDUGO, Claude« Ville de Tanger - Enquête urbaine », Bulletin économique et social du Maroc, n° 78, 1958, p.184.

Ensuite, selon Bravo Nieto, dès que que Décret de 1924 fut signé, le contrôle politique française sur les constitutions de la ville de Tanger serait renforcé et le pouvoir diplomatique eu son dernier mot. Ainsi, le plus urbanistique de la ville a été confiée à l’architecte « Henri Prost », initiateur de grand croquis au Maroc. Cependant, cette dénomination allait à l’encontre de l’article 35 du Statut International mentionnant que l’ingénieur communal se devait d’être espagnol et, ainsi, il se devait d’assumer la responsabilité de l’établissement du projet. Concernant les travaux de H. Prost, nous pouvons souligner que ses conditions de travail dans la ville de Tanger furent fortement différentes de ses travaux antérieurs. Tout d’abord, la tâche lui fut tardivement accordée et la ville se développait déjà depuis la fin du 19e siècle, soit 25 ans. Ensuite, le travail de l’architecte réalisé ne fut pas réellement un projet mais plutôt un avant-projet pas encore achevé qui constituait en un plan composé de lignes générales dont les ingénieux municipaux ont constam-


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ment continué à réviser par la suite. Le plan d’aménagement urbanistique de la ville de Tanger par H. Prost est composé d’un programme riche est ambition. Tout d’abord, son projet comprend une vaste place avec un plateau en belvédère surplombant le port et le détroit de Gibraltar ainsi qu’une proposition pour l’élaboration du futur parc El Marshan. De plus, il propose aussi un plan d’aménagement pour un carrefour entre les axes déjà existants et des rues proposées. Il proposera également des projets tels que l’aménagement du port et du front de mer, la réorganisation du réseau viaire, l’aménagement de quartiers, de jardins publics ou encore la délimitation de zones franches. Ensuite, il présentera deux projets caractéristiques. Le premier projet consiste en un viaduc entre Marshan et M. Salah et le second projet est conçu pour édifier un pont et des murs de soutènement entre la route de Hasnona et la route de la montagne. Enfin, il proposera un projet urbanistique d’aménagement pour la ville future de Tanger. Néanmoins, il est important de rappeler que la ville a rencontré une période cruciale de son développement urbain entre 1925 et 1940. En effet, durant cette période, quatre ingénieux communaux espagnol, responsables de la direction des chantiers de la ville, appliquèrent le plan urbanistique de développement proposé par H. Prost.

Fig.23.a

Fig.23.b

Fig.23.a :Prost Henri, «1921-1929. Aménagement de la ville de Tanger : vue d’une carte topographique (éch. 1/5000e)» Fig.23.b :Prost Henri, «1921-1934. Aménagement de la ville de Tanger : étude des principales interventions sur fonds de carte»


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Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

Une grande partie de la ville, telle qu’elle est définie aujourd’hui, est le résultat des agencements et des améliorations apportées par ce dernier. Ensuite, concernant l’établissement du plan, voici le point de vue des ingénieurs

Fig.24 : Prost Henri, «1921-1934. Aménagement de la ville de Tanger : plan d’aménagement pour le futur parc, n.d.»

communaux qui l’appliquèrent : « Sa réalisation n’est ni complète, ni précise, car elle n’a jamais été achevée ». D’après José Ochoa Benjumea, responsable des Travaux Municipaux en relation avec le plan de H. Prost, durant huit années, de 1932 à 1940 : « Seul est resté le squelette et en plus désarticulé ». Ensuite, selon Asfs Viladeval, en 1953, qui a été architecte communal, il affirma sans aucun doute qu’il s’agissait d’un avant-projet pour un schéma directeur et non pas d’un plan finalisé, avec lequel le texte juridique pour son application fut manquant. L’un des aspects les plus spécifiques de ce plan d’aménagement de Tanger est son mode de gestion des sols, sous l’influence des projets de style français, mis en place par l’Association Syndicale des Propriétaires. Ces associations furent établies pour un espace urbain délimité et donné sur lequel une construction était prévue. Ainsi, les propriétaires se regroupaient afin de composer un syndicat dirigé par les ingénieurs communaux et les terres devinrent propriété commune. Le plan de développement fut attentivement étudié et, par la suite, le terrain constructible, issu du réajustement de la structure sectorielle, fut proportionnellement distribué. Dans tous les cas, l’avant-projet d’H. Prost a été mis en pratique sur une ville en pleine expansion avec, en par-


Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

ticulier, la médina en pleine saturation avec un pourtour urbain qui encerclait complètement la ville ancienne dont les édifices longeaient autour des axes partant du Grand Socco et dont plusieurs édifices du secteur de Hasnona et de Marshan, ainsi que des édifices plus isolés situés dans le prolongement de ces axes radiaux. L’avant-projet s’est également appliqué sur divers projets antérieurs tel que le tronçon formé par les alignements dans le secteur de la plage et du Boulevard du Pasteur et encore d’autres boulevards voisins. Sans surprise, H. Prost s’est occupé des voiries et des anciens alignements. Il s’est également occupé de réorganiser le secteur Sud et Sud-Ouest de la ville, lieux où il a réalisé la réelle extension de la ville car c’est dans ce secteur qu’il avait une marge de manœuvre plus grande. C’est à cet endroit qu’une réelle extension fut prévue avec des formes de blocs bâtis diverses et variées en taille tout comme en forme. Ces derniers étaient dispersés sur de multiples voies principales renforcées par des structures circulaires qui se rassemblaient dans des noyaux principaux. Ensuite, durant toute cet intervalle où l’avant-projet de H. Prost est appliqué, la domination espagnole influence la ville également à travers l’architecture. Nous avons Diego Jiménez qui, dans le champ privé, est l’architecte phare des bourgeois de Tanger et édifiera leurs bâtisses durant le XXe siècle, jusqu’en 1956. Nous avons également Viladevall Marfa, Martinez Chumillas, Navarro Borras, Aquinaga Blanc, Ruiz Rivas, Fernandez Shaw ou encore Valera Jiménez, ingénieur. Dans le secteur public, des architectes espagnols laisseront leurs empreintes sur des opérations architecturales telles que des écoles Alfonso XIII par Francisco Ferreras et Fray Francisco Serra en 1913, des hautes écoles par Luis Blanco Soler et Rafaël Bergamfn en 1929-1930, un laboratoire par Blanco Soler en 1933, un hôpital par Juan Arrate, Cruz Lopez Muller ainsi que José Maria Bustin-

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duy, la résidence del Monte et la Banque d’Espagne par Zabala Lafora, la Place du Taureau par l’ingénieur Rodrigalvarez en 1954 ou encore le Consulat d’Espagne et la Cathédrale de Tanger par Luis Martinez Feduchi. Il faut également souligner les nombreux travaux des ingénieux communaux espagnols qui ont marqué le visage de Tanger, tel que le développement de l’Avenue d’Espagne réalisée durant les années 1930 par Somoza et Ochoa Benjumea. Soulignons également quelques projets captivants, et utopiques pour certains, tel que le funiculaire, par O. Benjumea, qui permet de gravir la montagne afin de valoriser le secteur du tourisme. Néanmoins, le paysage architectural de la ville de Tanger est caractéristique par la grande hétérogénéité de ses édifices. Cela est en parti explicable par le fait que les architectes français, anglais et italiens y travaillèrent également, en parallèle des espagnols. C’est de cette manière que l’architecte communal de la ville, Viladevall, décrit durant les années 1940 l’architecture de la ville, relevant la qualité architecturale anglaise. Cependant, il rappela également que la majorité des projets furent sous la responsabilité des espagnols. L’application de l’avant-projet de H. Prost se poursuit également après les années 1950. Néanmoins, ses lacunes ont conduit à l’organisation d’un concours international en juin 1948 pour le développement et la projection d’un nouveau plan d’aménagement urbanistique de Tanger. Au total, 19 projets se sont lancés dans le concours et seuls 4 peuvent être sélectionnés. Le 17 février 1949, les jurés ont rendu leur décision et les résultats furent très clairs sur la division du pouvoir sur les diverses influences qui distinguèrent les constitutions de la ville de Tanger. De cette façon, le franças Fournier des Corats fut l’heureux gagnant tandis que l’équipe espagnole constituée des membres de la Direction Générale de l’Architecture, Francisco Prieto Moreno y Pardo, Pe-


Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

dro Bidagor Lasarte, Manuel Munoz Monasterio et Rodolfo Garda Pablos, se fit attribuer le second prix ex-aequo à l’italien Mario Messina. Enfin, le quatrième prix fut

Fig.25

Fig.26

Fig.27

Fig.28

décerné à l’équipe française constituée de Mr et Mme. Cordier, Brunerie, Monteier et Tran Van. Voici les trois propositions d’aménagement pour la ville de Tanger : M. Fournier des Corats, gagnant du premier prix, distribua le travail en deux parties distinctes. Tout d’abord, la première partie portait sur l’aménagement urbanistique et l’embellissement de la partie existante de Tanger. Ensuite, la seconde partie portait sur l’étude de Tanger en lui apportant divers éléments majeurs et nécessaires pour n’importe quelle métropole et ainsi pouvoir lui offrir un nouveau visage. Ensuite, l’équipe des espagnole, constituée des architectes de la Délégation de Travaux Publics de Tétouan, Juan Arrate, José Marfa Bustinduy et Cruz Lopez Muller,

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Fig.25 : plan du premier prix M.Fournier les Corats, p.27 Fig.26 : plan d’avant projet M.Fournier des Corats, apparition générale, p.28.

Fig.27 : planimétrie générale du projet d’urbanisation de M. Mario Messina, p.32 Fig.28 : Deuxième prix, plan général de gestion présenté par «Anteo» p.29


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fut spécialement nominée pour son avant-projet du secteur indigène réalisé sous la devise « Sidi Bou Arrakia » qui respectait le modèle type de la médina suivant un croquis fortement désordonné et une forme d’architecture dite populaire au Sud-Ouest de Tanger. Cet avant-projet est intervenu sur le croquis de H. Prost en procédant à une disposition orthogonale plus large des blocs bâtis situés à l’Est et présentant ainsi une ville soumise à l’idée de zonage et à l’idée d’apporter plus d’espaces verts et habitations avec jardin qui diffèrent du modèle tangérois type composé d’expansion de blocs bâtis. Ensuite, le second prix présentait un quartier musulman au Sud de la ville, dans le quartier Souani. Ce dernier serait relié à la médina par une voirie piétonne afin que la circulation soit facilitée entre les quartiers de la ville tout en gardant la ville « radialement ségrégée ». La forme typologique de ce quartier s’exprimait sous forme de blocs bâtis irrégulier selon la topographie avec une centralité culturelle pour étudiants ainsi qu’un souk, résultant ainsi d’une image architecturale constituée sur une forme de régionalisme méditerranéen présent et mettant en valeur les finitions de parements et les arcades composées de jardins. Par conséquent, la réalisation effective du plan final a été concrétisée. Fournier des Carats fut responsable du centre-ville de Tanger, Mario Messina se chargea de la zone industrielle, les architectes espagnoles de la Direction Générale d’Architecture s’occupa des zones résidentielles et, enfin, Le Cordier prit la responsabilité des quartiers arabes. Tout ceci brisa le critère unitaire mais, en parallèle, cela eu son influence sur l’aspect international de la ville de Tanger. Entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’indépendance du Maroc, l’implication espagnole s’est appliquée notamment dans le secteur de l’immobilier et en particulier auprès des villas édifiées dans les espaces résidentiels de la ville. L’une des contributions les plus intéressantes, mais non réalisée, fut le projet « Chicavilla par Secundino Zuazo Ugale. Son croquis consistait en une ville satellite, dans le quartier de Djema al Mokra, d’une superficie de


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50 ha qui aurait la capacité d’accueillir 146 villas dans un contexte verdurisé de jardins et de voiries confortables. Ce projet fut validé le 17 février 1948. D’après le rapport d’un magazine espagnol nommé « Arquitectura Casas De Campo Decoración », les médiaux internationaux s’intéressèrent à Tanger grâce à son aspect commercial et la présence de son port comme opportunités de tremplin économique pour la zone méditerranéenne ainsi que ses zones résidentielles voir industrielles. Cependant, il existe une problématique prenant le dessus. Il s’agit de l’afflux d’étrangers, non pas uniquement des touristes mais également des habitants de classe sociale supérieure prêts à participer à l’économie du pays. Malgré que des quartiers bien établis avec la présence de constructions luxueuses à la hauteur de grandes métropoles européennes, les zones résidentielles de la ville manquent d’esthétique globale cohérente ainsi que d’une coexistance harmonieuse des bâtis et de leurs jardins. Afin de trouver solution à cette problématique, le projet « Chicavilla » vient composer une réelle ville urbaine dans le projet d’aménagement urbain de la ville. Cette zone est entourée d’importantes masses

Fig.29 : plan d’une ville satellite de Tanger «chicavilla»


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65. Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.36

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verdurisées et de villas ainsi que d’un ensemble d’édifices essentiels à l’expansion d’une ville pragmatique de ce projet de jardin-ville. Dans l’établissement de cette ensemble urbanisé, des conditions élémentaires s’imposèrent. Tout d’abord, donner à la ville un réseau viaire commode et lui faciliter les accès les côtes. Ensuite, organiser les constructions collectives dans un seul noyau créant ainsi une centralité essentielle à la ville et le tout adapté à la topographie, imposant ainsi les tracés des routes. Divers financiers ont investi dans ce projet dirigé par l’architecte espagnol D. Secundino de Zuazo Ugalde. Finalement, Chicavilla sera l’un des lieux favoris propice au cadre de casino.65 D’après Bravo Nieto, l’aménagement Californie, quartier réalisé durant les années 1950, entre la montagne et le quartier Marchan, est un autre bon exemple. Ce projet de l’architecte Francisco Navarre Barras et de la direction d’Asis Viladevall présente un ensemble de pavillons de style méditerranéen avec une tour circulaire latérale. Diverses autres opérations eurent lieu tel que l’aménagement Atlantic situé au Sud de Tanger, à Beni Makada. Il s’agit d’un ensemble bâti résidentiel constitué de pavillons modestes pour accueillir des employés et financé par la Banque Immobilière du Maroc. Dans d’autres cas, les opérations architecturales n’étaient pas réalisées dans des zones résidentielles mais sur des pavillons isolés tel que le projet de Casto Fernandez Shaw en montagne, dans l’intérêt de la Compagnie Rentfstica. Finalement, nous marquerons les caractéristiques de la ville de Tanger développés à partir de la fin du 19e siècle par une importante opération internationale dans son aspect politique et urbanistique. Cette influence cosmopolite est tout d’abord palpable dans la médina, un des premiers lieux du Maroc à exprimer l’influence européenne. Par la suite, cette influence sera visible dans la totalité des édifices construits extra-muros et beaucoup d’entre eux s’établiront sans plan urbanistique. Les in-


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génieurs communaux ont organisé la ville sur des plans incomplet et c’est à partir de 1925 qu’ils travailleront en superposant l’avant-projet d’H. Prost jusqu’au milieu des années cinquante. La réelle motivation de l’édification de la ville de Tanger fut le dynamisme et son économie et du secteur immobilier grâce auquel elle a pris le dessus sur les autres villes du Nord du Maroc.

Fig.30 : groupe de la direction général de l’architecture à Tanger

D. Francisco Prieto Moreno, directeur générale de l’architecture, échange avec d’autres architectes lauréats du concours d’urbanisation de la ville de Tanger lors d’un déjeuner. De gauche à droite: Muñoz Monasterio, Mezina, Bendaham, Prof. Mario, Messina, Prieto Moreno, Fournier des Corats, De Pablo, Cordier et Bidagor.66 Dès le début de l’indépendance, le rapatriement des résidents étrangers soulage une plus grande quantité de maisons. De nouvelles forment d’occupations font leur apparition tels que les bidonvilles, les zones résidentielles et même la relocalisation des médinois vers des bâtiments remis par les colons. Le développement urbanistique désordonné est le résultat de cette période coloniale et, dès l’indépendance, les nombreux essais d’aménagements des politiques ont été le point de départ de la mise en place de nouvelles positions qui sont encore difficiles

66. Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.37


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67. EL FELLAH Mourad, mode d’extension des villes et mutation de l’espace rural, mémoire ENA , 1996

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à appréhender pour la réintégration de la ville dans son contexte régional. La problématique concernant l’exode rurale s’additionnait à la problématique foncière qui a fortement favorisé l’expansion de cette anarchie. Tout d’abord, la situation foncière de la ville met en évidence que 50% de terres sont non bâties et localisées à l’intérieur de la métropole et, de plus, appartenaient à des sociétés privées ainsi qu’à des ménages européens. En effet, malgré qu’ils aient été rapatriés et après l’indépendance du Maroc, ces ménages sont tout de mêmes restés les possesseurs de leurs terres. En conséquence, un tissu irrégulier s’est établi dans la ville ainsi que l’établissement temporaires des habitants ruraux sur ces terres non-bâties .67

68. CHAHBOUN, Houda, L’espace Du Commerce Dans La Ville Marocaine Contemporaine: Le Cas De Tanger, Université libre de Bruxelles, Faculté d’architecture, Brunfaut Victor, 2009, p.15.

Ensuite, concernant le développement démographique et les problématiques sociales, la démarche de d’économie active pour la ville de Tanger dans le secteur du tourisme, industriel, commercial, etc. a engendré un exode rural important de la région du Nord du Maroc vers la métropole. Cela a déclenché la nécessité de nouveaux logements ainsi qu’une expansion urbaine mettant en évidence la sédimentation sociale graduelle du centre-ville européen vers plusieurs périphéries de la nouvelle métropole. Suite à l’indépendance, les divers problèmes de blocages fonciers ont déclencher des dissolutions provisoires du manque d’habitations. Enfin, l’État tenta de de reloger les habitants ruraux en leurs offrant des terres bon marchés. Cette démarche de reloger ces habitants ne fut pas inclue dans un mécanisme de planification urbanistique globale et s’est ainsi terminée sur un échec.68


Développement de la croissance urbaine de la nouvelle ville

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II. Le

palimpseste de la nouvelle ville

Dans cette partie-ci, je me suis munis d’anciennes cartes pour pouvoir faire cette analyse. Nous tenterons de les redessiner afin d’intégrer globalement l’évolution urbaine de cette période. On peut clairement identifier les éléments urbains de chaque époque, ce qui nous permet d’avoir une compréhension plus profonde de la forme urbaine qui se développe selon chaque époque. Ce travail a comme but d’extraire certaines caractéristiques morphologiques des tissus urbains. La structure du réseau viaire contribue à former le tissu urbain. Ces structures du réseau viaire sont introduites par des caractéristiques de continuité, discontinuité, centralité, proximité, etc., tous ces éléments contribuent à formation du tissu urbaine. Par conséquent, nous étudierons progressivement les projets urbains, les formes de lotissement, le développement du bâti et ces structures viaires. De cette sorte, nous allons analyser comment différents projets territoriaux s’articulent entre eux. De comprendre s’il y a continuité ou discontinuité dans le maillage du tissu urbain entre les différentes époques et occupants.

69. PANERAI, Philippe, DEMORGON, Marcelle, DEPAULE, Jean-Charles, Analyse urbaine, Marseille, Editions Parenthèses Print, 1999, p.70

Avant d’analyser de ce tissu urbain, nous devons d’abord comprendre ce qu’est un tissu urbain. Selon Philippe Panerai, le tissu urbain, la forme urbaine ou morphologie urbaine renvoient tous aux dimensions spatiales de la ville. Le tissu urbain est composé de la superposition ou de l’imbrication de trois éléments qui est le réseau de voies, les découpages fonciers ou parcellaires et les constructions bâtis.69 Ainsi le réseau viaire rassemble les caractéristiques de la rue, son tracé, sa rencontre sur la place et ses connexions avec d’autres éléments importants de la ville. Tandis que le parcellaire prouve que l’organisation est originaire des structures socio-économiques du territoire, qui a une influence importante sur les caractéristiques des bâtiments et l’emplacement des bâtiments sur leurs parcellaires. Enfin, le bâti est constitué de construction aux caractéristiques physiques et architecturales diverses, mais leurs fonctions et utilisations sont également très différentes. Ces trois éléments du tissu urbain sont différents l’une des autres, car elles ne conservent


Le Palimpseste de la nouvelle ville

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pas leurs traces de la même manière. Ainsi les tracés des structures viaires et des parcelles ont une inertie temporelle bien supérieure à celle des bâtiments. La structure des bâtis peut changer dans le temps et peuvent être bien plus récente. Par suite, nous définissons le tissu urbain comme des fragments spatiaux de l’espace urbain caractérisés par une homogénéité morphologique et il est généralement défini par des éléments structurels qui introduisent des effets de coupure ou de discontinuité avec les tissus adjacents. Ce type d’homogénéité morphologique fournit généralement une sorte de logique de fonctionnement des tissus, qui à son tour est homogène, pour correspondre à une unité urbaine pertinente pour la planification et la gestion urbaine. Paola Viganò développe « les matériaux urbains » qui est un outil d’analyse et de conception pour comprendre la ville fragmentée. Les «matériaux urbains» sont des éléments spécifiques des villes en strates. Selon Viganò, les matériaux urbains essaient d’identifier un ensemble urbain qui conservent un certain degré de généralité, qui peuvent être étudiées sous différents angles. Ils sont liés les uns aux autres de diverses manières, mettant en évidence les relation entre eux qui sont initialement pas évidente. Le processus de superposition, tell un palimpseste, permet de réorganiser des relations complexes en une série de relations simples et ordonnées. Ce processus nous permet de lire et d’analyser en superposant des territoires urbains. Ainsi la conception par couche mais en rigueur la possibilité de structurer un ensemble de fragments localement et par étapes successives. De cette façon, la conception en couches peut mettre en évidence les caractéristiques fragmentées de la ville et de son territoire. La cohérence entre les parties et le tout ne peut être prouvée que dans la mesure où elles sont séparées les unes des autres. 70

Pour notre analyse nous avions déterminé nos martiaux urbains de la sorte que la topographie, la plage et les

70. VIGANO Paola, La città elementare, Volume 7 de Biblioteca di architettura Skira, Skira, 1999


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cours d’eau(oued) fassent partie du substrat. Les autres matériaux urbains que nous avions définis sur les plans sont les terres cultivées, le chemin de fer, les voiries, les parcelles et bâtis. Nous avions limité notre périmètre d’analyse, par rapport au développement des anciennes cartes historiques. Sur les anciens plans, la croissance urbaine n’allait pas au-delà de l’oued Lihoud qui se trouve sur le plateau de Marshan, à l’ouest de la médina. À l’est de la médina la croissance urbaine s’est développé le long de plage et s’arrête plus au moins juste après l’oued Melaleh. À l’intérieur du territoire, vers le sud, la croissance urbaine s’arrête au quartier de Souani, plus précisément à l’oued Souani. À partir de c’est trois points nous avions délimité notre périmètre d’analyser.

Fig.31 : plan cadrage cas d’étude

T anger

Les villes on connut leur extension au début de 20e siècle. C’est l’explosion démographique urbaine qui a causé la naissance de villes nouvelles et la croissance des villes existantes. En règle générale, il est rare que la ville reste inchangée très longtemps. La plupart des villes changent constamment dans leur tissu et leur structure. Ainsi les


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formes matérielles de chaque ville, possède une architecture considérée comme typique à elle-même et qui constitue une grande partie de son tissu urbain. C’est vers la fin du 19e siècle, que la nouvelle ville de Tanger a commencé à se construire hors des murs de la médina. À ce moment-là, les colonisateurs ont commencé à construire la ville nouvelle au loin des rues étroites et animées de Médine. L’analyse territoriale sera réalisée à une échelle macro. Comme nous l’avions déjà cité auparavant, nous débuterons notre analyse en 1885, car les premières constructions en dehors de l’enceinte sont visibles à partir du plan de 1885, voir sur la carte ci-dessous. Cependant dans les textes historiques, il citait que les premières structures viaires partant à partir de la place du Grand Socco, qui est la place la plus importante en dehors de la médina. C’est sur cette place que les Jbela venaient vendre leur produit locaux. Dans les textes historiques du chapitre précédent, il mentionnait la médina ne fournissait pas suffisamment d’espace pour les besoins

Fig. 32. : plan de la ville de Tanger 1850, élaboration personnelle

Mer Méditerrannée

Port de Tanger Arrière pays

Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco


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de logement. Il était donc nécessaire de construire hors le rempart, une rue ou une bande urbaine composée de divers bâtiments s’est formée, prenant la forme d’une ceinture autour de la médina. La bande urbaine est illustrée sur le schéma ci-dessous(fig.33). Pour le schéma qui suit, nous avons utilisé sur le plan croquis de 1885. Dans le schéma ci-dessous, on aperçois quatre sentiers tracé à partir de l’emplacement du Grand Socco et un chemin qui longe l’enceinte de la médina partant vers le plateau de Marshan. Ces chemins relient la médina à Bâb el Fahs et à l’arrière-pays de Tanger. On voit que l’axe principale de la médina la rue de Siaghine, a une connexion direct avec le port de Tanger et l’arrière-pays de Tanger. Ces tracés sont les fondations de la structures viaire de la nouvelle ville de Tanger. Au début du 20e siècle, différents quartiers ont été créé, le premier quartier qui a su se développer hors le rempart est le quartier de Marshan. Ce quartier se développe le long de la structure rurale préexistante de Marshan. Sur ce plateau, de nombreuses villas ont été construite pour Fig.33 : schèma de la ville de Tanger 1885, élaboration personelle Mer Méditerrannée

Marsh

an

Port de Tanger M o n ta g n e

Connexion au Port Grand Socco

hi

n

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Fès

Bande urbaine

Sa

cis

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Axe Principale Médina

n Fra

M

Nouvelle structure viaire


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les Européens, de classe aisée. Ce quartier s’est développé sans aucun projet urbain, aucun plan n’a été établi à l’avance. On constate que sur le plan 1885(fig.34), que le bâti est fragmenté sur le territoire de Marshan. L’emplacement de ces bâtis est lié à la topographie de ce territoire. Selon les textes, le découpage des îlots et du parcellaire est conditionné par une urbanisation, rapide et sans contrôle. Par la suite, d’autres constructions se sont réalisés le long des axes préexistants, comme la route menant à la montagne. On aperçoit aussi du bâti qui est morcelé entre les routes du Madhi et de Fès. En conclusion, si l’on s’appuie sur le texte antérieur, des sentiers ont été tracés hors la médina allant vers l’arrière du pays, ensuite sur la carte de 1885, plusieurs constructions se font le long de ces axes préexistants. Par conséquent plusieurs tracés de voiries partant des axes précédents, en particulier vers la plage. Enfin, des bâtiments sont construits le long de ces structures viaires. Nous avons constaté que la plupart d’entre eux sont des habitats spontanés. Aucun découpage de parcelle n’apparaît sur le plan de 1885. (fig.34) Fig.34 : schèma de la ville de Tanger 1885, élaboration personelle Mer Méditerrannée

Marsh

an

Port de Tanger

Médina

M o n ta g n e

Bâti Nouvelle structure viaire Bande urbaine

Fès

hi

n

ad

Fra

Axe Principale Médina

o

M

n Sa

c cis

Connexion au Port Grand Socco


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Pour l’image ci-dessus, il faut revenir au contenu principal du plan 1907, qui ont été établies par des espagnoles. Ce plan a été tracé avant le protectorat espagnol, mais en termes d’architecture, l’Espagne a une grande influence sur la ville. La plupart des constructions ont été effectués par des espagnoles. Des constructions de plus grande envergure ont été réalisées autour de la médina, principalement des ambassades ou des consulats européens. D’autres sont dédiés aux équipements publics, tels que les hôpitaux, les écoles, les industries, etc. Au sud-ouest de la médina se construit un autre quartier, le quartier San Francisco. Ce quartier a été principalement construit par des missionnaires franciscains d’Espagne. Fray Francisco Serra sera responsable de la conception et de la gestion des différentes structures. Un autre quartier construit est Souani, qui est construit le long des routes Madhi et Fès. Un nouvel axe principal a été construit le long de la plage, à partir de Bâb el Marsa. Des bâtiments beaucoup plus massifs sont construits du côté de la baie de Tanger. Il y a une grande quantité de terres cultivées derrière le quartier de Sounai sur le plan de 1907. Ces terres bordent l’oued de Souani, ainsi de nombreuses usines se trouvent à Souni près des terres agricoles. De nouvelle structure viaire sont visible sur le plan de 1907(fig.35). Par conséquent, le plan de 1907 était crucial pour comprendre l’expansion initiale de Tanger, car la nouvelle ville serait déterminée par le réseau viaire et les bâtiments qui l’entourent. De cette façon, ces voiries s’intégreront dans le squelette de la structure moderne de la ville de Tanger. On peut dire que la classe la plus représentative de Tanger a créé un certain espace urbain prestigieux, sur le plateau de Marshan et le long de la plage. Mais à l’époque, l’organisation de la ville de Tanger n’avait encore élaboré aucun plan d’aménagement ou développement. Nous avions surtout affaire à une urbanisation spontanée. Sur le plan de 1921, de L’ingénieure espagnole Domingo Meseguer a réalisé un plan d’urbanisme pour la ville de Tanger. On découvre le premier plan de planification urbaine, comme projet urbain, un projet de « lotissement ». Ce projet de lotissement, est réalisé sur le territoire de la


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Fig.35 : schèma de la ville de Tanger 1907, élaboration personelle

Médina Bâti Nouvelle structure viaire Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco

Fig.36 : schèma de la ville de Tanger 1921, élaboration personnelle Mer Méditerrannée

Marsh

an

Port de Tanger

Médina Projet d’extension du port

M o n ta g n e

Projet de lottisement Structure viaire Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco

Fès

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Axe Principale Médina

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ge


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plage de Tanger. La conception du projet consiste d’une bande élargie qui longue la plage, qui ensuite divisée en ilots de triangulaire ou trapézoïdale. (fig.36 :Tanger planos publication, 1921). Au même niveau, il met en œuvre un projet autour du port. L’ingénieur Domingo Meseguer, a été le premier à proposer un plan de développement pour la ville de Tanger. A Tanger dans les années 1930, toutes les forces coloniales étaient là, donc le pouvoir y était si fort qu’il fallait mettre en place un comité pour gérer la ville et superviser l’hégémonie de l’un ou de l’autre. Il ne faut pas oublier que dans les années 1925-1940, la ville a connu une phase de fort développement urbain, au cours de laquelle quatre ingénieurs de la ville espagnols étaient chargés de gérer les travaux de la ville. Le plan de 1935 nous montres cette croissance de développement, qui se fait sur le plateau de Marshan et vers le sud de la médina le quartier de Souani. Les ingénieurs espagnols, ont appliqué le plan d’urbanisme proposé par Henri Prost. Sur la mise en œuvre de ce plan, sa réalisation n’a été ni complet, ni précise parce qu’il n’a jamais été menée à terme. Selon l’espagnole José Ochoa Benjumea, qui était le directeur des affaires municipales de la ville, durant 1932-1940. Seul le squelette reste du plan d’Henri Prost et en plus désarticulé. Dans tous les cas, l’avant-projet de Prost est appliqué à une ville déjà en développement. Henri Prost tracé son projet sur le plan de Domingo Meseguer, on aperçoit sur le plan un croquis d’avant-projet. Sur le croquis de Prost, ici-dessous, on perçoit un aménagement urbain le long de baie de Tanger et qui rentre vers l’intérieur du territoire. Il met en liens le quartier de Marshan et le nouveau projet d’aménagement. Si l’on compare le projet de Prost à celui du plan de 1935, il est claire que seule les grandes lignes ont été reprit. La trame proposée par Herni Prost pour l’aménagement de la baie, n’a pas été complètement reprise.


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Fig.37 : plan schématique d’aménagement de la ville, d’avant-projet, d’Henri Prost ,1921-1934, élaboration personnelle

Port

Mer Méditerrannée

Médina Axe secondaire Axe Principale Structure viaire existant Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco Fig. 38 : plan schématique d’aménagement de la ville, d’avant-projet d’Henri Prost ,1921-1934, élaboration personnelle

Port

Mer Méditerrannée

Médina Axe secondaire Axe Principale Structure viaire existant Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco


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Le Palimpseste de la nouvelle ville

La figure ci-dessous montre schématiquement le plan d’Henri Prost. Il propose un plan d’extension pour la baie de Tanger, à l’est de la médina. Prost relie la structure viaire existant au nouveau plan d’extension. Les voiries sont tracées de cette manière pour qu’elle suive les courbes du territoire. Par conséquent, l’axe principal fait le tour d’une partie de la montagne du Charf, en suivant les courbes de la topographie, formant une boucle sur elle mémé. L’axe principal est situé au centre de la baie de Tanger, cet axe fait en sorte de relier toutes les axes secondaires, former deux points de polarité. L’une des polarités se trouve à l’arrière-pays et l’autre près de la baie de Tanger. Prost avait comme intention de réalisé une d’extension intensive de blocs de logements. Sur l’esquisse de Prost, en proposant une plus grande disposition orthogonale des blocs situés à l’Est du territoire, offrant ainsi une image de la ville plus soumise tout d’abord au principe de division et avec plus d’espaces verts et des maisons avec jardin, en contradiction avec le modèle actuel de Tanger, extension intensive des immeubles d’habitation. La structure de ces deux cadres est très différente l’une de l’autre. L’avant-projet de Prost se poursuivra même après les années 1945, mais ses lacunes ont incité un concours international à se tenir en juin 1948 pour réaliser un nouveau plan d’urbanisme pour la ville de Tanger. Quatre projets étaient retenus. Le vainqueur du concours fut le Français Fournier des Corats. Le second prix était dédié à une équipe espagnole formée. Un second prix ex aequo, était pour l’italien Mario Messina et la quatrième place pour une équipe d’architectes française. Sur l’image ci-dessus de 1948, par O.Serrane, il fessait également parti du concours international, mais il n’a pas été retenu. O.Serrane a établi une extension vers l’est de la ville, et nous pouvons voir une grille orthogonale, ensuite des lignes diagonales se superposant sur ce tissu. Par conséquent, nous superposerons toutes les cartes historiques que nous venons de présenter, afin d’intégrer globalement l’évolution urbaine de toutes les périodes qu’elle couvre, en utilisant le concept de palimpseste. Nous sommes capables d’identifier clairement les éléments urbains de chaque époque, ce


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Fig. 39 : plan d’aménagement de la ville O.Serrane 1948, élaboration personnelle

Port

Mer Méditerrannée

Médina Axe secondaire Axe Principale Structure viaire existant Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco

qui nous permet de comprendre plus profondément la forme urbaine qui se développe à chaque époque. C’est pourquoi André Corboz a cité dans son ouvrage, : « Le territoire, tout surchargé qu’il est de traces et de lectures passées en force, ressemble plutôt à un palimpseste...les habitants d’un territoire ne cessent de rature et de récrire le vieux grimoire des sols » Afin d’observer les palimpsestes des territoires urbains contemporains, sur le thème le plus décontracté, le territoire a priori est divisée en au moins deux nombres: les villes historiques et les extensions urbaines aux limites incertaines. Le palimpseste de la ville de Tanger, avant 1885, nous révèle qu’il avait aucune structure en dehors des murailles de la médina. Seuls quelques sentiers était tracé en dehors des murs de la médina. Qui reliait la médina au Cap Spartel et des autres chemins menant au sud. En 1885, on voit les premières constructions en dehors de la muraille, des constructions qui sont morcelées sur le plateau de Marshan. En conséquence, nous


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apercevons des bâtiments fragmentés le long de la structure routière au sud-ouest de la médina. Ainsi, sur le plan de 1885, l’expansion des voiries est visible. Sur le plan de 1885, des artères ont été prolongée jusqu’à Marshan et les premiers tracés de route vers la plage de Tanger. Sur le plan de 1907, on peut voir une énorme croissance de bâtis, en particulier à l’ouest et au sud de la médina. À l’ouest, les bâtiments ne s’étendent pas au-delà de l’oued Lihoud. En raison du terrain, le bâtiment est dispersé sur le plateau de Mashan. Vers le sud-ouest de la médina, plusieurs bâtiments sont regroupés pour former des îlots, qui sont dispersés le long de la route. Par conséquent, nous avons vu des bâtiments plus denses et massifs, vers le long de la plage de Tanger. Les sentiers s’étendent vers le Cap Spartel et la montagne du Djbel Kebir. En 1921, l’expansion se fait principalement le long de la plage de Tanger. Il s’agit du premier plan de lotissement établi par l’espagnol Domingo Meseguer à Tanger. Par conséquent, nous pouvons voir plus de voiries à l’est de la ville. En 1935, on peut voir le projet d’Henri Prost sur le plateau de Mashan. Le tissu urbain de la ville se structure plus vers l’Est. Le bâtiment se développe vers Marshan et vers le sud de la ville. En 1949, la ville de Tanger, établit un concours de lauréate pour la ville. La trame proposée est plus régulière et contrôle.

Tanger Avant 1885 1/45 000

Fig.40 : plan de la ville de Tanger avant 1885, élaboration person-


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Tanger 1885 1/45 000

Fig.41 : plan de 1885, croquis de Tanger, Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa

Topographie Plage Oued

Bâtis Existant Voirie Principale Existant Voirie Secondaire Chemin de fer Extension Voirie Principale Extension Voirie Secondaire Fig.42 : plan de la ville de Tanger 1885, élaboration personnelle


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Tanger 1907 1/45 000

Fig.43 : plan de Tanger en 1907

Fig.44 : plan de la ville de Tanger 1907, élaboration personnelle

Le Palimpseste de la nouvelle ville


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Tanger 1921 1/45 000

Fig.45 : Domingo Meseguer S. Chef de section, «Tanger, Maroc. Plans de population»,1921

Topographie Plage Oued

Bâtis Existant Voirie Principale Existant Voirie Secondaire Chemin de fer Extension Voirie Principale Extension Voirie Secondaire Fig.46 : plan de la ville de Tanger 1921, élaboration personnelle


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Tanger 1935 1/45 000

Fig.47 : plan de 1935 Tanger

Fig.48 : plan de la ville de Tanger, 1935, élaboration personnelle

Le Palimpseste de la nouvelle ville


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Tanger 1949 1/45 000

Fig.49 : Tanger et les quartiers extra-urbains

Topographie Plage Oued

Bâtis Existant Voirie Principale Existant Voirie Secondaire Chemin de fer Extension Voirie Principale Extension Voirie Secondaire Fig.50 : plan de la ville de Tanger 1949, élaboration personnelle


T anger

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1/45 000

Topographie Plage Oued

Bâtis Existant Route Principale Existant Route Secondaire Chemin de fer

Avant 1885

Extension Route Principale Extension Route Secondaire Fig. 51 : plan de Tanger avant 1885, élaboration personnelle

1885

Fig. 52 : plan de Tanger 1885, élaboration personnelle

1907

Fig. 53 : plan de Tanger 1907, élaboration personnelle

Le Palimpseste de la nouvelle ville


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1921

Fig. 54 : plan de Tanger 1921, élaboration personnelle

1935

Fig. 55 : plan de Tanger 1935, élaboration personnelle

1949

Fig. 56 : plan de Tanger 1949, élaboration personnelle


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III. A n a ly s e

c o m pa r at i v e d e s t i s s u s u r b a i n s e n t r e d i f f é r e n t s o c c u pa n t s

Nous analyserons le dernier plan, qui est le plan de rue de 1950(fig.57.). C’est le dernier plan établi avant l’indépendance du Maroc, en 1956. Enfin, nous avons pu analyser les différentes formes de parcelles de ce tissu urbain, et ainsi comprendre la morphologie du tissu urbain de chaque occupant étranger à cette époque. Dans ce territoire marocain, il est considéré comme vaste et primitif, aux perspectives illimitées et il est évident qu’ils occupent tout l’espace dont ils avaient besoin. Par conséquent, pour les architectes et les urbanistes, la nouvelle ville est une excellente occasion de mettre en œuvre ce qu’ils considèrent comme moderne et innovant basé sur des principes scientifiques, des procédures et des techniques expérimentales pratiques. Cependant, la nouvelle ville semble mettre davantage l’accent sur la création, la mise en œuvre et la construction de choses qui n’existaient pas auparavant. Contribuez à faire de ces nouvelles villes un modèle de modernité coloniale. L’urbanisme des grandes villes se caractérise par de grands axes tracés sur le territoire, et qui bordent d’immense structure. Le concours a favorisé le développement de la planification urbain et c’est un jury qui représentant la volonté collective du concours, il a été appliqué à tous les grands projets. La structure urbaine est généralement héritée du réseau et du secteur de parcelle antérieurs. C’est le résultat de la juxtaposition et de la superposition de formes urbaines dans le temps. Certains tissus sont propices à l’évolution des formes urbaines, tandis que d’autres sont plus rigides. Nous avons tracé le plan des rues de 1950 sur la carte ci-dessus. En 1950, la majeure partie de la ville était déjà en développement. L’avant-projet d’Henri Prost est le fondement en matière de planification urbaine, bien qu’une série de plans aient été élaborés depuis le plan Prost. Selon les architectes et urbanistes du concours de 1948, ils s’étaient énormément appuyé sur l’avant-projet du plan de Prost.


Analyse comparative des tissus urbains entre différents occupants

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Fig. 57 : plan d’aménagement de la ville de 1950, élaboration personnelle

Mer Méditerrannée

Médina Axe Principale Axe secondaire Axe Principale Médina Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco

Fig. 58 : plan d’aménagement de la ville, deux tissu urbains de 1950, élaboration personnelle

Mer Méditerrannée

Médina Tissu urbain Français Axe Principale Axe secondaire Tissu urbain Espagnol Axe Principale Axe secondaire Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco


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Analyse comparative des tissus urbains entre différents occupants

Comme nous l’avons déjà mentionné, le Maroc a été colonisé par le protectorat espagnol dans la partie la plus nord du pays, tandis que le protectorat français a colonisé le reste de la région centrale. Le territoire occupait différents occupants, ceci dit ce sont les espagnoles qui détenaient la ville avant 1924. Par conséquent, ce sont eux qui ont façonné le développement de la ville pendant cette période. Mais depuis 1924, Tanger est devenue une zone internationale, et depuis lors, les Français peuvent aussi diriger la ville de Tanger. La majeure partie du développement urbain de la nouvelle ville a été élaboré par les ingénieurs et architectes espagnols, avant 1924. Mais en 1924, les Français ont également commencé à diriger sur la ville de Tanger, faisant ainsi des plans d’extensions de la nouvelle ville. Ils ont réalisé un plan d’extension pour le territoire Est de la ville. Le plan présenté ci-dessous montre que la partie ouest de la ville, a été construit par les Espagnoles. Par conséquent, le Territoire de l’Est a été réalisé par les Français. On distingue deux tissus urbains dont la trame urbaine diffère l’un de l’autre. Par conséquent, nous avions fait un zoom sur le territoire ouest de la ville(fig.59). Nous voyons un tissu urbain qui est irrégulier. Aucun plan d’aménagement n’a été élaboré pour cette partie du territoire et la ville s’est développée par nécessiter sanitaire et par le besoin de logement. La croissance urbaine sur ce terrain était rapide et incontrôlée. Cela dit, on voit que les axes majeurs de ce tissu suivent les lignes de la topographie. La plupart des constructions construites sont des habitats informels. L’habitat informel est caractérisé par des structures fragmentaires sur le territoire, apparaisFig. 59 : tissu urbain élaboré sous protectorat espagnol de 1950, élaboration personnelle

Fig. 60 : tissu urbain élaboré sous la zone international de 1950, élaboration personnelle


Analyse comparative des tissus urbains entre différents occupants

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sant dans des formes isolées, ce sont des structures qui deviennent parfois plus denses avec le temps. Ce tissu urbain se caractérise par une grande hétérogénéité des bâtiments et des parcelles. Les parcelles des habitats informels sont généralement grandes et de forme variable. Les bâtis sont morcelés sur le territoire. Ainsi, trois projets territoriaux se retrouvent sur ce territoire. Tout d’abord, le projet sur le Plateau de Marshan, qui est la première véritable expansion hors les murs de la médina. En conséquence, les missionnaires franciscains ont achevé la majeure partie du développement du quartier de San Francisco à la fin du 19e siècle. Nous en avons déduit qu’autour de la médina, un grand nombre d’ambassades et consulats étrangères y ont établi leurs bases. Évidemment, en analysant, la figure 59, aucune trame urbaine n’a été préétablie pour ce territoire. Le territoire Est de la ville s’est développé beaucoup plus tard, sur un terrain peu courbé. Les grandes lignes de l’extension à l’Est de la ville, ont été repris du plan de Prost, Fig.61 : plan projet territoriaux de 1950, élaboration personnelle

Mer Méditerrannée

Médina Projet Marshan Projet légations Projet franciscaines Axe Principale Axe secondaire Axe Principale Axe secondaire Bande urbaine Connexion au Port Grand Socco


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Analyse comparative des tissus urbains entre différents occupants

1924, mais pas complètent. Ainsi, le lauréat du premier prix de 1948, Fournier des Corats, a repris comme base le plan de Prost pour établir son aménagement urbain. Nous retrouvons une majorité des tracés établie du plan de Corats et Prost pour cette partie de territoire. La trame établie par Henri Prost consiste, de grands axes principaux élargis, avec des ilots devisés en forme rectangulaire ou triangulaire. Les grands axes sont ensuite des fois reliées entre elle-même par des points de polarités. L’intention de cette extension était de fournir des structures beaucoup plus massives et plus denses que le territoire Ouest de la ville(fig.61). Grâce à cette analyse de ce tissu urbain, nous constatons que les figures 59 et 60 sont très différentes les unes des autres en matière de maillage, nous arrivons à la conclusion que le tissu urbain est hétérogène. Les articulations sont faibles et il y a un contraste énorme entre les deux tissus. Cependant, les articulations de ces deux tissus sont continuées. Le plan de développement proposé pour l’Est renoue avec la structure préexistante du territoire de l’Ouest. Mais dans l’ensemble global, le tissu urbain de la ville de Tanger n’est pas continu, il y a une discontinuité entre les deux tissus. Les structures de ces deux trames sont très différentes l’une de l’autre.


Analyse comparative des tissus urbains entre différents occupants

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Conslusion À travers cette recherche, je conclue que chaque ville, quelle que soit sa forme matérielle, possède une forme urbaine type reconnue et qui constitue sa forme morphologique. À l’époque, Tanger fut la capitale diplomatique du Maroc et cela permet ainsi de contextualiser la vivacité de cette ville exceptionnelle et comprendre l’intérêt qu’ont porté diverses personnalités étrangères. La situation géographique de Tanger fut un des aspects les plus important. En effet, elle s’ouvre sur le détroit de Gibraltar, et constitue la porte d’entrée vers l’Afrique. Compte tenu de la position stratégique de la ville, elle attisait la courtoisie des multiples empires. Tout d’abord, je me suis interrogée sur les aspects historiques de la ville. Ainsi, Tanger a connu de nombreux occupants de nationalités différentes et chacun d’eux a laissé une marque témoignant de son passage sur le territoire et dont chaque opération marque une époque spécifique. Ensuite, j’ai analysé la morphologie de l’ancienne ville de Tanger, autrement dit, la « médina ». Il était essentiel de comprendre sa croissance urbaine car la ville nouvelle vient se greffer au rempart de ce tissu ancien. C’est à partir de Bâb el Fahs, que les premières traces de voiries apparaissent hors des murs défensifs. Ainsi, Tanger s’est établie sur base de deux ordres : nous avons la médina qui constitue l’ordre « intra-muros » et la ville nouvelle qui constitue l’ordre « extra-muros », marquant leur complémentarité. Il me semble ainsi intéressant de distinguer ces deux ordres tout en conservant leurs spécificités, mais les faire correspondre en même temps en les combinant afin de comprendre leur(s) relation(s). Il est nécessaire d’interpréter correctement la trame urbaine existant afin de comprendre comment la nouvelle vient est venue se racoler aux abords de la médina. Puis, je me suis interrogée sur l’évolution de la croissance urbaine de la nouvelle ville. La nouvelle ville se développe


Conslusion

sur trois périodes distinctes, ce qui a eu un impact significatif sur la croissance urbaine. Tout d’abord, nous avons la période avant « le protectorat espagnole », allant de 1885-1912. À partir de cette période, nous remarquons que la médina était saturée et qu’il y avait une nécessité d’augmenter la superficie habitable. Il a donc fallu construire à l’extérieur des remparts de la médina. À noter qu’il n’y a eu aucun plan ou projet d’urbanisme au 19e siècle. Le plateau de Marshan conclut que la ville se développe selon un modèle organique issu de structures rurales préexistantes. En ce qui concerne la division des voiries, des îlots et du parcellaire, ceux-ci sont conditionnés par une urbanisation accélérée et informelle et dont la forme est le seul résultat d’un raisonnement économique. Ensuite, durant le « protectorat espagnol », de 1912 à 1924, les premiers plans de division territoriale ont été élaborés par l’ingénieur espagnol D. Meseguer en 1921. À cette époque, une grande partie du territoire de la ville était déjà développée. Enfin, pendant la « zone internationale de Tanger », de 1924 à 1956, ce ne sont pas seulement les espagnols qui dirigeaient le développement de la ville. En effet, Henri Prost, un urbaniste français, a proposé une projection de plan de développement pour la ville. Le projet était plutôt un avant-projet qu’une conception bien définie. Cela dit, le plan de H. Prost a servi de base pertinente au concours qui a eu lieu en 1948. Par la suite, durant le protectorat espagnol, l’Espagne a entrepris dans le Nord du Maroc l’expansion de nombreuses infrastructures afin de moderniser le pays. Avant le statut international de Tanger, une grande partie du développement de la ville fut dirigé par les espagnols. Un grande partie du territoire s’est également développé informellement et n’avait aucun plan de planification avant le plan de D. Meseguer.

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Conslusion

À parti de 1912, les français contrôlaient également le territoire. Prost et Fournier de Corats sont responsables de la création du maillage urbain à l’Est de la ville. Il proposa une trame urbaine plus régulière et maîtrisée. D’après toutes mes analyses, j’observe une ville qui fonctionne tel un palimpseste où les lignes anciennes ne se sont jamais complètement effacées. Ainsi, les traces antérieures restent en mémoire dans les traces présentes. Mon travail de palimpseste m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement et l’évolution du tissu urbain de la nouvelle ville qui s’articule avec la médina. Ensuite, je me suis concentrés sur la cartographie historique de la nouvelle ville afin d’établir mon analyse. Ainsi, dans mon étude du cas de la croissance urbaine de la nouvelle ville, j’ai pu observer certaines anomalies dans le tissu urbain tel que la discontinuité entre les différents territoires fondés par les divers occupants internationaux. L’analyse comparative entres ces différents quartiers révèle une inégalité morphologique flagrante qui se reflète dans le tissu urbain de Tanger. Il existe un déséquilibre dans la structure morphologique de la ville. Les articulations sont faibles et il y a un contraste énorme entre les deux tissus espagnole et français. Je peux ainsi conclure que les articulations et les relations entre les différentes formes urbaines présentent une discontinuité et une hétérogénéité dans le tissu urbain de la nouvelle ville. Cette analyse à échelle urbanistique (macro) me pousse à me poser des questions à échelle humaine (micro) : existet-il des continuités spatiales au sein des différents quartiers fondés par les divers occupants ? Existe-t-il des continuités d’un point de vue architectural issus des divers occupants au sein de la nouvelle ville ? Comment est-ce que les marocains se réapproprient aujourd’hui ces espaces et cette architecture ?


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L exique * Bâb : porte * Baqqalin : magasinier * Bled : le territoires, * Bordj : en Afrique du Nord, lieu fortifié, fort * Dâr : maison * Dawla : le pays * Derb : placette * Derb : rue, impasse * Djdida : nouveau, nouvelle * Ed-Dakhel : à l’intérieur * El Barra : à l’extérieur * Fondouk, Fondaq : entrepôt et hôtellerie de marchands, caravansérail * Guezzarîn : un boucher * Houth : poissonniers * Jbel : montagne * Jotia : marché, brocante * Kasbah : forteresse, citadelle * Kashab : citadelle et palais d’un souverain, parties hautes et fortifiées d’une ville * Kbîr : grand * Khaddarîn : marchands de legumes * Lihoud : juif * Makhzen : l’état, le gouvernement, administration * Marsa : le port, la marine * Médina : ancienne ville arabe


Lexique

* Mekabar : cimetière * Moudjahidines : est un combattant d’une armée islamiste * Oued : cours d’eau * Souk : marché * Wilaya : la province, l’État * Créneaux : un créneau est une ouverture au sommet d’un rempart * Pisé : c’est la partie d’une agglomération, situé à l’intérieur d’une enceinte * Extra-muros : c’est la partie d’une agglomération, situé à l’extérieur d’une enceinte. * Rif : C’est la région montagneuse du nord du Maroc, située dans la partie nord des montagnes du Moyen Atlas. Il s’agit d’une chaîne de montagnes qui s’étend de la péninsule de Tingitane au nord du Maroc * Charf : La colline du charf est une colline à Tanger, au nord du Maroc. Son altitude est de 93 mètres audessus du niveau de la mer et il surplombe la ville entre la Méditerranée et l’Atlantique * Môle : C’est une énorme structure, généralement en pierre, utilisée comme jetée, brise-lames ou chaussée entre des endroits séparés par l’eau.

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Iconographie Figure 1 croquis dans la médina vu sur le port, élaboration personnelle, 2020 Figure 2 croquis de la médina vu sur le port, élaboration personnelle, 2020 Figure 3 carte géographique du Maroc, avec situation de Tanger, élaboration personnelle, 2020 Figure 4 carte géographique nord du Maroc et situation de Tanger, élaboration personnelle, 2020 Figure 5 coupe sur le relief de Fahs, élaboration personnelle, 2020 Figure 6 carte des oueds de Tanger, élaboration personnelle, 2020 Figure 7 Arnaud Villard,Tanger vue ciel, image numérique, site consulté le 26 mai 2020, https://www.acad.asso.fr/arnaud-villard-_tanger-vue-ciel/ Figure 8 Hollar Václav, 1607-1677, part of Tangier from above, without the water-gate / W. Hollar delineavit et sculpsit personnelle, image numérique, site consulté le 12 mars 2020, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b85954474.item Figure 9 plan des deux ordres de la ville de Tanger, élaboration personnelle, 2020 Figure 10 plan de la médina avec ses portes, bordjs et rempart, élaboration personnelle, 2020 Figure 11 Antonio Cavilla, 19e siècle, Tanger Socco el Barra, porte de Bab el Fahs, image numérique, site consulté le 6 janvier 2020, https://antoniocavilla.blogspot.com/2015/04/escenas-delzoco-de-tanger.html Figure 12 plan de la médina et ses quartiers, élaboration personnelle, 2020 Figure 13 plan de la médina et ses axes, élaboration personnelle, 2020


Iconographie

Figure 14 croquis vu sur la médina et son port, élaboration personnelle, 2020 Figure 15 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, 1886 janvier, croquis de Tanger y sus alrededores, site consulté le 16 janvier 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/ i18n/catalogo_imagenes/grupo.cmd?path=189697&texto_ Figure 16 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, 1896, Tanger : Panoramica, site consulté le 16 janvier 2020, http:// bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/consulta/ resultados_ocr.cmd Figure 17 LOPEZ GARCIA, Bernabé, «TABLEAU 6 POPULATION DE TANGER EN 1900», Les Espagnols De Tanger, Atelier international d’études méditerranéennes, UAM, Awraq. Revista de análisis y pensamiento sobre el mundo árabe e islámico contemporáneo, 5-6, p.13-14. Figure 18 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, «plan de Tanger de 1906»,1906, document graphique, site consulté le 24 avril 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/iniciar_descarga.cmd http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/descargarImprimir.cmd?id=descarga_67608-1586116603890&multiple=false&idGrupo=67608 Figure 19 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, «plan de la ville de Tanger 1906»,1906, document graphique, site consulté le 24 avril 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/ i18n/catalogo_imagenes/iniciar_descarga.cmd http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/descargarImprimir.cmd?id=descarga_67603-1586116714955&multiple=false&idGrupo=67603 Figure 20 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, «plan de Tanger en 1907»,1907, document graphique, site consulté le 26 avril 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/iniciar_descarga.cmd http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/descargarImprimir.cmd?id=descarga_67604-1586112544506&multiple=false&idGrupo=67604 Figure 21 Domingo Meseguer S. Chef de section, «Tanger, Maroc, Plans de population»,1921, document graphique, site consulté le 12 janvier 2020, https://www.ign.es/web/catalogo-cartoteca/

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Iconographie

resources/html/002300.html Figure 22 BRAVO NIETO, Antonio, «plan général des chemins de fer », Arquitectura y urbanismo español en el norte de marruecos, Junta de Andalucía, Consejería de Fomento y Vivienda, 2000, p.54 Figure 23.a Prost Henri, «1921-1929. Aménagement de la ville de Tanger : vue d’une carte topographique (éch. 1/5000e)», document graphique, site consulté le 18 avril 2020, https://archiwebture. citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_PROST/inventaire/ document-16804 Figure 23.b Prost Henri, «1921-1934. Aménagement de la ville de Tanger : étude des principales interventions sur fonds de carte», document graphique, site consulté le 18 avril 2020, https:// archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_PROST/ inventaire/document-16804 Figure 24 Prost Henri, «1921-1934. Aménagement de la ville de Tanger : plan d’aménagement pour le futur parc», document graphique, site consulté le 18 avril 2020, https://archiwebture. citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_PROST/inventaire/ document-16804 Figure 25 M.Bertuchi, « plan du premier prix M.Fournier les Corats», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.27 Figure 26 M.Bertuchi, « plan d’avant projet M.Fournier des Corats, apparition générale», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.28 Figure 27 M.Bertuchi, « planimétrie générale du projet d’urbanisation de M. Mario Messina.», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.32 Figure 28 M.Bertuchi, « Deuxième prix, plan général de gestion présenté par Anteo», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.29 Figure 29 M.Bertuchi, «plan d’une ville satellite de Tanger, chicavilla», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.36


Iconographie

Figure 30 M.Bertuchi, «groupe de la direction général de l’architecture à Tanger», Cortijos Y Rascacielos, Arquitectura Casas De Campo Decoración, N.° 55, 1950, p.37 Figure 31 plan cadrage cas d’étude, élaboration personnelle, 2020 Figure 32 plan de la ville de Tanger 1850, élaboration personnelle, 2020 Figure 33-34 schèma de la ville de Tanger 1885, élaboration personnelle, 2020 Figure 35 schèma de la ville de Tanger 1907, élaboration personnelle, 2020 Figure 36 schèma de la ville de Tanger 1921, élaboration personnelle, 2020 Figure 37-38 plan schématique d’aménagement de la ville, d’avant-projet d’Henri Prost ,1921-1934, élaboration personnelle, 2020 Figure 39 plan d’aménagement de la ville O.Serrane 1948, élaboration personnelle, 2020 Figure 40 plan de la ville de Tanger avant 1885, élaboration personnelle, 2020 Figure 41 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, 1886 janvier, croquis de Tanger y sus alrededores, site consulté le 16 janvier 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/ i18n/catalogo_imagenes/grupo.cmd?path=189697&texto_ Figure 42 plan de la ville de Tanger 1885, élaboration personnelle, 2020 Figure 43 Biblioteca Virtual del Ministerio de defensa, «plan de Tanger en 1907»,1907, document graphique, site consulté le 26 avril 2020, http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/iniciar_descarga.cmd http://bibliotecavirtualdefensa.es/BVMDefensa/i18n/ catalogo_imagenes/descargarImprimir.cmd?id=descarga_67604-1586112544506&multiple=false&idGrupo=67604

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Iconographie

Figure 44 plan de la ville de Tanger 1907, élaboration personnelle, 2020 Figure 45 Domingo Meseguer S. Chef de section, «Tanger, Maroc, Plans de population»,1921, document graphique, site consulté le 08 mars 2020, https://www.ign.es/web/catalogo-cartoteca/ resources/html/002300.html Figure 46 plan de la ville de Tanger 1921, élaboration personnelle, 2020 Figure 47 Mapnall,plan de 1935 Tanger, document graphique, site consulté le 17 mai 2020, http://mapas.owje.com/img/Mapa-dela-Ciudad-de-Tanger-Marruecos-1943-11003.jpg Figure 48 plan de la ville de Tanger 1935, élaboration personnelle, 2020 Figure 49 «Tanger et les quartiers extra-urbains»,Tanger et sa zone / Résidence générale de la République française au Maroc, E. Leroux (Tours), 1921,p.122 Figure 50 plan de la ville de Tanger 1949, élaboration personnelle, 2020 Figure 51 plan de Tanger avant 1885, élaboration personnelle, 2020 Figure 52 plan de Tanger 1885, élaboration personnelle, 2020 Figure 53 plan de Tanger 1907, élaboration personnelle, 2020 Figure 54 plan de Tanger 1921, élaboration personnelle, 2020 Figure 55 plan de Tanger 1935, élaboration personnelle, 2020 Figure 56 plan de Tanger 1949, élaboration personnelle, 2020 Figure 57 plan d’aménagement de la ville de 1950, élaboration personnelle, 2020 Figure 58 plan d’aménagement de la ville, deux tissu urbains de 1950, élaboration personnelle, 2020


Iconographie

Figure 59 tissu urbain élaboré sous-protectorat espagnol de 1950, élaboration personnelle, 2020 Figure 60 tissu urbain élaboré sous la zone international de 1950, élaboration personnelle, 2020 Figure 61 plan projet territoriaux de 1950, élaboration personnelle, 2020

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