Perspectives pour l’éducation citoyenne
aux services écosystémiques
des arbres et des forêts en milieu urbain
Remerciements Cette étude a été réalisée par l’Association Les Petits Débrouillards Grand Est pour l’établissement AgroParisTech Nancy dans le cadre du consortium Des Hommes et Des Arbres piloté par la Métropole du Grand Nancy. Marie Baudier, Ameline Bunle, Marieke Blondet, Meriem Fournier, Claude Millier, Lucile Ottolini, Lata Soccalingame ont formé le comité de pilotage. Nous avons tenté de coucher sur papier cinq années
de discussions partagées dans les couloirs d’autres projets. Nos intuitions sont ici enrichies par une méthode rigoureuse d’enquête auprès des structures et des habitants du territoire. Ameline Bunle, Lucile Ottolini et Lata Soccalingame ont rédigé et coordonné la réalisation de l’étude. Vanessa Ganzitti a mis en page la publication finale.
Nous remercions chaleureusement : • Les 64 personnes qui ont répondu au questionnaire Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt. • Le Centre social La Clairière, le Centre Social Jolibois, le CILM Champ-le-Bœuf, la MJC Haut du Lièvre, l’Association des Travailleurs Maghrébins en France à Nancy, l’Association du Buisson Ardent, la MJC Beauregard, l’Association Jeunes et Cités, ASAE Francas, pour leur relai du questionnaire Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt auprès de leurs adhérents. • Les 353 personnes qui ont répondu aux Porteurs de Parole à Épinal, Lunéville, Maxéville, Nancy, Toul, Vandœuvrelès-Nancy entre les mois d’avril et
septembre 2018. •B astien Allier, Giulia Bonomi, Yves Charpentier, Cécile Courtois, Arthur Demonet, Gwenddyd Durand, Inès El Founi, Laura Galichet, Muriel Grégoire, Sandrine Huck, Xavier Jacob-Guizon, Rémi Noël, Morgane Ottolini, Aloys Schmesser et Marina Schubnel, pour leur animation des Porteurs de Parole. •L es ambitieux porteurs des projets de médiation environnementale cités dans le rapport ; ils ont, par leur ambition, la mise à disposition de la documentation de leurs projets, et leurs réponses à nos questions, incarné des solutions enthousiasmantes. 3
Un territoire d’expérimentation au service d’un projet de société Dans un courrier en date du 3 janvier 2018, le Premier Ministre Édouard Philippe a fait part de sa décision d’attribuer un soutien du programme d’investissements d’avenir à la préparation du projet « Des Hommes et des Arbres, les racines de demain ». Porté par un Consortium de 75 partenaires publics et privés du Sud Lorraine et coordonné par la Métropole du Grand Nancy en lien avec la Communauté d’Agglomération d’Épinal, ce projet a été pré-sélectionné parmi plus de cent candidatures à l’échelle nationale.
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Dans une approche à la fois sociétale, économique et environnementale, « Des Hommes et des Arbres » mobilise chercheurs, entreprises et citoyens et veut montrer comment un territoire et ses partenaires peuvent expérimenter et proposer de nouvelles formes de coopération « où hommes et arbres se rendent mutuellement service ». Cette ambition collective vise à apporter des réponses concrètes, notamment aux défis posés par le changement climatique et ses conséquences sur le bien-être des habitants. L’une des originalités de la démarche est de s’appuyer sur une « Fabrique des Hommes et des Arbres » : un réseau collaboratif associant le grand public à la conception des projets, mais également à la valorisation des services rendus par la forêt et, plus largement, par le végétal, grâce à l’organisation d’initiatives économiques, scientifiques et culturelles. Faire partie des 24 territoires retenus par l’État (sur 117 candidatures initiales) va permettre au consortium du Sud Lorraine d’accélérer l’émergence et la concrétisation de ses actions. Sur 10 ans, celles-ci viseront notamment à : • engager les citoyens dans la connaissance et la mise en valeur du capital forestier, • promouvoir une filière bois régionale durable et performante, • créer des jardins et forêts dédiés à la santé (sylvothérapie), • travailler grâce à la forêt et aux plantes à la qualité de l’air, de l’eau et des sols, • mieux comprendre et maîtriser les risques sanitaires en forêt (maladie de Lyme).
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le territoire d’expérimentation
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Le Sud Lorraine dispose de toutes les compétences nécessaires à l’évaluation des services offerts par ce capital végétal, à l’expérimentation sur des sites « démonstrateurs » et à la généralisation de prototypes (pour les techniques de construction bois par exemple).
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Perspectives pour l’éducation citoyenne aux services écosystémiques des arbres et des forêts en milieu urbain
sommaire
introduction
Partie 01
enjeux méthodologiques
Partie 02
méthode et résultats
Partie 03
P. 8
P. 12
P. 22
synthèse et propositions pratiques
P. 54
annexes
P. 64
9
intro
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Faire naître un projet d’innovation territo- services écosystémiques posent quesriale sur les thématiques de la forêt et du tions et doivent être discutés comme tels. bois nécessite de prendre conscience des L’innovation d’abord, la notion est proenjeux économiques et politiques, mais blématique parce qu’elle laisse à penser aussi sociaux et environnementaux, qui une création inédite, nouvelle, une invention. y sont attachés. Mettre en synergie en- Or dans le cas qui nous occupe, l’histoire jeux économiques, politiques, sociaux et des relations entre les hommes et les environnementaux est au cœur de la né- arbres est plus vieille que notre mémoire. cessaire transition qui nous fait face en Il faut donc d’abord faire l’effort d’éloice début de gner cette 21ème siècle. tentation Les notions d’innovation territoriale l’inédit dansà Cette étude inscrit cette et de services écosystémiques posent notre usage ambition sys- questions et doivent être discutés de la notion d’innovation. témique dans comme tels. Dès lors, sa méthode apprendre d’enquête et d’analyse. Plus précisément, l’objet de ensemble comment évolue la densité notre étude est de participer à construire forestière à la campagne et en ville, au une vision complexe via une attention gré de quels choix en matière de gestion toute particulière aux enjeux sociaux ils sont modifiés, poser la question de la et politiques. Le fil est mince, nous es- manière dont les usages individuels et sayons de le tenir entre la mise en évidence collectifs des forêts urbaines évoluent, de ces enjeux tout en éclairant le fait, sont des questions qui permettent de qu’eux aussi relèvent de dimensions récupérer des prises sur la gestion territoriale des arbres et de la forêt. économiques et environnementales. Dans cette ambition générale, aucune Autrement dit l’innovation sociale est naïveté n’a guidé notre démarche. Les entendue comme la construction de notions d’innovation territoriale et de liens nouveaux entre habitants, usagers,
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entreprises marchandes, associations, recherche, pouvoirs publics et environnement. La commande de cette étude était d’identifier les éléments nécessaires à une offre médiation culturelle, éducative et scientifique dans le projet DHDA. Pour cela, nous avons convenu qu’il fallait à la fois identifier les spécificités du territoire cible et les conditions de réalisation d’expériences réussies et menées par ailleurs. De cette analyse, nous devions formuler une série de recommandations et propositions précises et illustrées d’exemple concrets. Sur le plan méthodologique, notre
La nature en ville est-elle une faveur esthétique pour urbains en manque de repères, comme elle est souvent caricaturée ? Où les urbains ont-ils conscience de la fragilité qu’engendrent leurs modes de vie sur les écosystèmes par ailleurs chéris ?
démarche s’est concentrée sur deux échelles. La première est individuelle, au plus près des habitants et des familles du territoire notamment dans les quartiers identifiés par la politique de la ville. La seconde échelle est organisationnelle, au plus près des projets collectifs et institutionnels. Notre première échelle nous a amené à enquêter sur ce que pensent et ce que font les habitants du territoire cible. Nous avons réalisé un travail d’enquête tentant de répondre à des questions très pratiques :
Comment les habitants selon leur profession, leurs loisirs, leur âge ou encore milieu économique, -autrement dit selon leurs déterminants sociaux- utilisent-ils les forêts et les arbres ?
Quelles images et représentations en ont-ils ? Qu’en pensent-ils ? Les aiment-ils autant chez eux que loin de leurs lieux de vie ?
Les représentations et les usages se rejoignentils ou entrent-ils en contradiction ? Et si oui, sur quels points ? Les ruraux font-ils tous leur bois pour l’hiver ? Et savent-ils bien choisir les coupes ?
Les habitants des quartiers à proximité des forêts sont-ils ceux qui utilisent le plus les forêts qui les bordent ?
Autant de questions qui sont à la base de notre enquête, décrite plus loin. 12
La seconde échelle nous a amené à traiter des expériences en cours, parfois longues de plusieurs dizaines d’années et concernant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
De ces projets quels sont les éléments de synthèse que l’on peut identifier ?
Quels sont leurs modèles économiques ? Comment les décisions, l’information et la gestion de ces projets sont-elles organisées ?
Quels sont les enjeux pédagogiques et de compétences nécessaires pour leurs acteurs ?
Quelles sont les bases sociales mobilisées ?
Ces questions ont servi de base à un travail analytique dans lequel nous nous efforçons d’identifier les conditions de reproductibilité aux projets de médiation du projet DHDA.
Le travail analytique confronté au travail d’enquête nourrit une série de propositions pratiques, formulées au regard de projets et ressources déjà existants sur le territoire cible. Repartir de ce que font et pensent les habitants, pour l’enrichir d’expériences réussies par ailleurs a pour objectif de voir se réaliser des projets plus performants. Le lien aux communautés utilisatrices étant déterminant dans le succès de projets innovants.
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partie
01 Enjeux mĂŠthodologiques
les représentations sociales de la forêt
P. 12
Lier représentations sociales, pratiques, usages et savoir-faire
P. 14
P. 15
penser et faire, avoir accès
problématiques des relations
documenter, recenser
P. 17
P. 18
Les représentations sociales de la forêt multiples, largement invisibles
La première ambition de ce travail est de fournir des éléments de compréhension des représentations sociales de la forêt et des arbres, qui sont les objets du projet DHDA.
tants pensent de la forêt et des arbres aujourd’hui. Comprendre les représentations sociales est la première étape du dispositif sur lequel nous construisons des propositions d’action de médiation.
Les représentations sociales renvoient au L’enquête sur les représentations sociales vocabulaire des sciences sociales. Nous est construite sur une hypothèse centrale. désignons ici ce que pensent les per- Les représentations sociales sont multiples sonnes, les visions, imaginaires, valeurs, et hétérogènes. Selon les groupes auxquels sentiments ou compréhensions qu’elles appartiennent les personnes, il y a une forte ont d’un objet ou d’une situation. L’idée est hétérogénéité. Ces différences peuvent être qu’au sein d’un même groupe, ici les habi- dues à l’âge, au milieu socio-économique et tants du terriprofessionnel toire du projet, et (…) l’ambition ici a été de construire d’origine d’apparteil y a des visions partagées -ou une enquête sur les représentations nance, le lieu de résidence, au contraire sociales qui se voulait la moins différenciées pour les facexclusive (…) d’un même teurs sociaux. objet -ici la forêt et les arbres-. Nous cherchons Les expériences personnelles, profesici à mettre en lumière ce que les habi- sionnelles, soit des facteurs personnels, 16
influencent également les représentations sociales des habitants. Lors des enquêtes sur les représentations sociales, un biais important est que les groupes enquêtés sur-représentent généralement l’une ou l’autre catégorie sociale. Mais également que les communautés identifiées sont sur-représentées. Parmi ces biais, on peut penser à l’absence des enfants et des jeunes dans les enquêtes[1]. Dans le cas du consortium Des Hommes et des Arbres (DHDA), le biais serait de ne faire des enquêtes qu’au salon du bois et de l’habitat[2]. Ici, les habitants spinaliens, propriétaires, et intéressés par le bois seraient sur-représentés. Enfin un autre écueil que nous souhaitions éviter est le manque d’attention aux représentations sociales des habitants des quartiers politiques de la ville. Nous souhaitons ici enquêter sur les personnes qui ont une pratique de loisirs gratuits et à proximité de leurs lieux de vie.
Ainsi, l’ambition ici a été de construire une enquête sur les représentations sociales qui se voulait la moins exclusive des catégories généralement exclues des outils d’écoute d’opinion. Un autre parti pris motive de commencer par s’intéresser à ce que pensent les gens des arbres et de la forêt. L’évaluation d’impact met en évidence que les facteurs d’impacts socio-économiques des projets d’innovation dépendent fortement du lien des innovations[3] à des communautés[4]. Les communautés ici désignées sont les usagers des innovations. Tenir compte de ce que pensent les communautés d’habitants du territoire pour construire un projet d’ampleur comme DHDA est donc une préoccupation utilitariste du projet.
Le projet DHDA aura d’autant plus d’impact que son lien sera fort aux usagers et acteurs de la région.
Hormis dans les enquêtes sur l’école, l’éducation ou les problématiques spécifiques à la jeunesse Plus important salon régional consacré à la filière économique du bois, événement annuel (3) Qu’elles soient techniques, technologiques, matérielles ou sociales (4) Méthode ASIRPA, Évaluer les impacts socio-économiques de la recherche de l’INRA via le développement d’une approche originale : le projet ASIRPA 2016 (1) (2)
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Lier représentations sociales, pratiques, usages et savoir-faire Comprendre ce que font les personnes et mettre en lien ce qu’ils pensent et font
Comprendre ce que pensent les habitants du territoire cible n’est néanmoins qu’une première étape. Il faut ensuite mettre en regard ce que font les personnes, comprendre leurs usages, pratiques, ressources et savoir-faire. Ce sont différents outils et méthodes d’enquête qui permettent de comprendre ces usages. 18
Dans cette seconde étape, plusieurs similarités rejoignent la précédente. Les personnes n’ont pas les mêmes pratiques selon leurs groupes sociaux d’origine et d’appartenance et leurs trajectoires individuelles. Garantir la représentativité des enquêtes est donc ici aussi important.
Un autre biais de l’attention aux usages des personnes individuelles. Ni les entreprises personnes est la normativité des grilles de l’économie marchande, ni les associad’enquête. Une partie des pratiques est tions et les acteurs sociaux, ni les institutions normalisée publiques socialement, Parmi les cibles du projet, nous nous n’ont fait partie d’autres marde nos préocg i n a l i s é e s , sommes focalisés sur les familles et cupations. les personnes individuelles. voire invisibilisées. L’ambiCe rapport tion est ici de contribuer à donner des élé- peut donc contribuer à la définition d’indiments réalistes des pratiques et utilisations cateurs et de métriques de mesures des de la forêt et des arbres par les habitants pratiques, usages et savoir-faire de la forêt du territoire cible aujourd’hui. Elle ne peut et des arbres des habitants du territoire être qu’actuelle compte tenu des objectifs cible au début du projet. Ils pourront être de la fabrique Des Hommes et des Arbres. actualisés, améliorés dans les étapes En effet, le projet a pour ambition de contri- futures du projet DHDA. buer à la transformation des pratiques. Parmi les cibles du projet, nous nous sommes focalisés sur les familles et les
penser et faire, avoir accès inégalités d’accès et d’usage
On ne saurait décrire les usages et les pratiques sans essayer d’en décrire les conditions d’accès. Qu’est-ce qui conditionne la capacité à entretenir une parcelle de bois privée ? Qui sait aujourd’hui cuisiner à partir de produits forestiers et comment l’ont-ils appris ? Quelles compétences les personnes ont-elles l’impression de devoir maîtriser pour aller se promener en forêt ? Les habitants savent-ils reconnaître les arbres à proxi-
mité de chez eux et connaissent-ils les dispositifs qui en déterminent l’entretien et la gestion ? Ne les découvrent-ils que lorsque l’arbre est coupé ? Comment l’habitant sait-il s’il peut participer à la gestion, l’entretien et le replantage des arbres de son quartier ou de sa forêt ? Ces questions permettent de mettre en évidence les nombreuses inégalités d’accès entre les personnes. Ainsi, paradoxalement, 19
sur le Plateau de Haye dans la Métropole on peut avoir accès à une parcelle de bois, du Grand Nancy, les habitants des quar- comment peut-on apprendre aujourd’hui à tiers limitrophes du Haut-du-Lièvre, des sélectionner les coupes à réaliser chaque Aulnes et de Champ-le-Bœuf se pro- année ? Enfin, on demande aux enfants mènent moins souvent dans la forêt de de se remettre aux activités de bricoHaye que les lages, mais habitants du où peuvent-ils Les problèmes d’inégalités d’accès apprendre à Centre-Ville de Nancy. Ils portent autant sur les ressources découper des sont pourplanches avec que sur les savoir-faire. tant les plus une scie ? proches de la forêt. La proximité géographique ne condi- Le pari est de connaître les conditions tionne donc pas mécaniquement l’accès d’accès aux activités et aux pratiques, aux ressources. pour mieux comprendre les inégalités et les freins à ceux-ci. Tout autant pour les De même, les actions menées par le Jardin compétences et savoir-faire nécessaires Botanique et les Parcs du Centre-Ville de à nos ambitions de démultiplication des Nancy ont permis d’inclure les habitants pratiques. Il s’agit alors d’identifier des des quartiers limitrophes dans la gestion groupes et mécanismes qui seraient les et l’entretien des parcs. Mais peu d’actions plus importants à cibler dans un proanalogues sont proposées aux habitants gramme à volonté inclusive. des quartiers populaires des communes du Grand Nancy. Plus encore, aucun programme équivalent n’est proposé dans les autres agglomérations du territoire cible. Les problèmes d’inégalités d’accès portent autant sur les ressources que sur les savoir-faire. Les exemples développés ci-dessus pourraient s’appliquer à la transmission des compétences et des informations. Comment les habitants peuvent-ils être informés des risques liés aux pollutions de sols, pourtant de plus en plus décrits que ce soit en ville ou à la campagne ? Si
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problématiques des relations entre sciences, économie, sociétés et environnement
Depuis une trentaine d’années, les travaux de la sociologie des sciences, de l’histoire des sciences, et des études sociales des sciences ont mis en évidence la manière dont les sciences, l’économie et la société sont imbriquées. Ici, l’ambition d’inclusion sociale que nous portons s’étend à la production de connaissance. Quelles sont les conditions d’inclusion des habitants et des savoirs d’expérience et locaux dans la production de la connaissance académique du projet DHDA ?
de soulever plusieurs questions sur lesquelles nous souhaitons revenir.
Les expériences de conférences de citoyens, d’expertise pluraliste ou de recherche participative sont des formats d’inclusion à différentes étapes de la production de connaissance. Dans différents formats de connaissances également, de recherche très fondamentale pour la recherche participative, à des formats plus appliqués et finalisés pour l’expertise pluraliste. Les conférences de citoyens offrent une autre perspective, celle de la participation à la délibération scientifique. Ces dispositifs sont des ressources d’ores et déjà utilisées depuis de nombreuses années sur le territoire. Ils permettent
Parallèlement, la montée de la problématique environnementale et la crise climatique ont rebattu les termes des enjeux des débats socio-techniques. Les vingt prochaines années sont cruciales pour la fin du 21ème siècle[1]. Comment intégrer le contexte et les enjeux de la crise climatique dans le projet?
La première question est celle de l’ambition de production de connaissances du projet. Quelle connaissance pour quels objectifs ? De quelles connaissances le projet TIGA va-t-il avoir besoin ? Comment le plus grand nombre de catégories socioprofessionnelles pourra-t-il participer à cette réflexion sur les choix de connaissances ?
C’est dans un tel programme d’analyse systémique que nos propositions doivent s’inscrire. Les cadres institutionnels sont ceux des sciences, de l’économie marchande, pourtant les enjeux dominants sont sociaux et environnementaux.
Rapport du GIEC 2018 disponible sur www.ipcc.ch/sr15
(1)
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documenter, recenser les expériences, compétences, innovations sociales, mapping réseau local de ressources
Le quatrième étage du diagnostic esquissé dans ce rapport se construit dans une analyse de cas de médiations environnementales et sociales. L’objectif est de pouvoir répondre à une série d’enjeux soulevés par l’étude des représentations sociales, et l’étude des usages et des pratiques. En confrontant problèmes observés à des études de cas d’expériences réussies, nous cherchons à identifier les facteurs de succès déterminants pour une éventuelle reproductibilité dans DHDA.
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Les expériences réussies sont déployées en Europe ou dans le monde, en région ou dans le Nord de la France. Elles ont quelques mois ou des dizaines d’années, la plus ancienne a presque un siècle. Elles sont institutionnelles, étatiques ou régionales, communautaires ou associatives, privées ou marchandes. Dans chacune des études de cas, nous identifions des bonnes pratiques, matérielles ou immatérielles, sociales ou environnementales.
Plus particulièrement, les axes d’analyses de ces bonnes pratiques ont été : • Identification des enjeux éducatifs et pédagogiques • Identification des enjeux sociaux et d’inclusion des communautés d’habitants • Identification de modèles économiques et de financement inspirés de l’économie sociale et solidaire • Identification des modèles juridiques et de gouvernance
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partie
02 mĂŠthode et rĂŠsultats
A/ méthode
P. 24
questionnaire
P. 26
Étude de cas
B/ principaux résultats
P. 30
P. 34
A/ méthode Porteurs de parole : les représentations sociales des Habitants du territoire cible
Le but de ce projet est de mieux connaître d’un objet ou d’une situation. Les repréles représentations qu’ont les participants sentations font référence au concept de de différents objets. Ces objets sont les représentation sociale tel que développé arbres, la forêt, la nature, que ce soit dans les sciences sociales. L’idée est qu’au sein en ville, à la campagne, ou d’un même au milieu des Le but de ce projet est de mieux groupe, ici deux, en péri- connaître les représentations qu’ont les habitants urbain. territoire les participants de différents objets. du cible, il y a des Nous utilisons visions partaici le vocabulaire de représentations pour gées, ou différenciées d’un même objet, désigner ce que pensent les personnes, ici la forêt et les arbres (cf. partie introleurs visions, imaginaires, valeurs, sen- ductive). Autrement dit, les représentations timents ou compréhensions qu’elles ont sociales renvoient à l’idée qu’un arbre est 26
constitué de la vision que nous en avons. Les participants à nos activités, qu’ils soient jeunes, adultes, urbains ou ruraux, sont interpelés en tant qu’habitants du territoire cible. Notre objectif est de mieux comprendre quelles représentations les habitants ont des objets pré-cités. Du mois de mai au mois de septembre 2018, douze Porteurs de Paroles ont été organisés à Nancy, Maxéville, Toul, Lunéville, Vandœuvre-lès-Nancy, Épinal et Saint-Diédes-Vosges. Les lieux d’intervention ont été choisis de manière à faire varier les âges, genres, lieu d’habitation et milieux socioéconomiques des répondants. 353 personnes ont répondu à au moins une des neuf questions posées. Quinze anima-
teurs formés à la médiation scientifique ont organisé les sessions de Porteurs de Parole. Le document en annexe dresse un état des lieux de la répartition des réponses selon les questions. Connaître les représentations sociales nous permet de mieux préciser quels thèmes pourraient être prioritaires dans le travail de médiation Des Hommes et des Arbres. Cela permet également de préciser le niveau d’appropriation et les principales dimensions des enjeux mobilisées par les habitants. La notion de service écosystémique, centrale dans les préoccupations de la fabrique DHDA est au cœur de plusieurs questions du Porteur de Parole.
maxéville nancy lunéville toul vandœuvre
saint-diédes-vosges
épinal
353 personnes
par ville
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questionnaire Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt
Quels usages de la forêt pour les habitants des quartiers populaires urbains ? En apprendre plus sur les représentations sociales des personnes n’est pas suffisant si ce n’est pas articulé à leurs usages. Que font-ils en forêt ou des arbres ? Les voientils, s’y déplacent-ils souvent ? Comment utilisent-ils les ressources produites ? Comment en créent-ils de nouvelles par la transformation ? Qu’est-ce qui, selon eux, pourrait modifier leurs pratiques ? Pour répondre à ces questions, le Porteur de Parole a été complété d’un questionnaire. Soixante-quatre personnes âgées de 11 à 62 ans ont répondu à une trentaine de questions. Adressé par le biais de structures socio-culturelles situées dans des quartiers politiques de la ville situés à proximité de zones forestières, le questionnaire et les résultats sont présentés dans le détail en annexe. De nombreux travaux soulignent les inégalités entre accès et usages selon le milieu socio-économique. Les travaux des sociologues, notamment ceux de Pierre 28
Bourdieu[1], ont été pionniers pour mettre en évidence les liens entre pratiques culturelles et milieu socio-économique. Sans parler du coût matériel d’accès à certaines pratiques, d’autres coûts peuvent les rendre peu accessibles. Pourtant, dans les sciences de l’environnement, peu de travaux existent sur d’éventuels liens entre le rapport à la nature et à l’environnement selon le milieu socio-économique. Aussi, nous voulions en apprendre plus sur ce que font les habitants de ces quartiers des forêts et zones arboricoles à proximité desquelles ils vivent. Une observation est à la base de cette hypothèse, il s’agit du Plateau de Haye, quartier politique de la ville historique de trois communes de la métropole du Grand Nancy. Au cours des vingt dernières années, le Plateau de Haye a connu des plans de réaménagements urbains succes-
sifs. Situé à la limite entre les communes et le massif forestier de Haye, il est littéralement un quartier de démarcation entre les communes et la forêt. La zone forestière a elle aussi fait l’objet de plusieurs réaménagements. Une zone de loisirs sportifs a été aménagée dans le Parc de la Sapinière. Plus loin, le Parc d’agrément de Chample-Bœuf est une zone de loisirs aménagée pour les enfants et les familles, plus au cœur du quartier du Plateau. Il est installé sur une ancienne carrière de fer dont l’exploitation s’est arrêtée au 19ème siècle. Le Parc de la Sapinière est donc la porte d’entrée sur la forêt depuis le Plateau et plus loin, les autres quartiers de la ville. Le parc est connu de tous les coureurs à pied de l’agglomération pour être l’un des plus prisés, avec le Parc de la Pépinière et le canal, plus au Centre-Ville. Les promeneurs et propriétaires de chiens utilisent également largement le parc. Pourtant, depuis quinze ans que les animateurs Petits Débrouillards y travaillent l’été,
ils constatent que les habitants des quartiers du Plateau, pourtant plus proches géographiquement que les habitants du Centre-Ville, se rendent peu dans le Parc, et encore moins dans le massif ouvert par le Parc. Ils s’en approchent, utilisent les bancs à l’entrée du Parc et le terrain de football pour les plus jeunes, seuls ou grâce aux clubs sportifs, mais y entrent peu. Nous voulions donc aller au-delà de cette observation de terrain, la confirmer ou l’infirmer. Si elle se trouvait confirmée, le questionnaire devait nous permettre d’apporter des éléments d’explication : pourquoi les habitants les plus proches du Parc et de la forêt n’en sont pas les principaux usagers ? Plus avant, est-ce également le cas pour d’autres quartiers politiques de la ville ? Autrement dit, est-ce que le milieu socioéconomique des habitants crée des inégalités d’usage des arbres, de la forêt et de leurs ressources ?
La Reproduction, Éléments d’une théorie du système d’enseignement, 1970 Ou encore L’amour de l’Art, les musées et leurs publics, 1972
(1)
29
30
questions
64
personnes
entre
11& 62 ans
30
45,3%
hommes
33,6%
femmes
répartition des réponses aux questions par sexe
<25 ans
22,3%
25-45 ans
>65
ans
27,6%
38,5%
12%
45-65 ans
répartition des réponses aux questions par âge 31
étude de cas innovations sociales et médiation
Un troisième outil méthodologique vient compléter notre dispositif, les études de cas. Nous avons sélectionné des projets de médiation, ils sont principalement éducatifs, naturalistes, économiques, culturels, agricoles ou arboricoles. Mais leur nature de projets de médiation en fait des projets frontière. Ici, une entreprise à but lucratif a un projet social affirmé et déployé, les projets éducatifs sont des projets de citoyenneté en démocratie, la production agri- ou arbori-cole place la protection de l’environnement et de la biodiversité et l’insertion sociale au cœur de sa démarche. En bref, une dimension n’exclut ni ne prend le pas sur l’autre, c’est pourquoi nous les regroupons sous la catégorie de projets de médiation. Les projets étudiés sont à différents stades de réalisation, certains sont en cours de32
puis plusieurs dizaines d’années, d’autres depuis quelques mois. Ils touchent plusieurs dizaines de milliers de personnes ou quelques dizaines. Leurs caractéristiques sont donc variées, et ils ne sont pas strictement équivalents. Les écoles de la forêt au Danemark, en Allemagne et dans les pays anglo-saxons sont le premier cas. Il s’agit de dispositifs éducatifs historiques pour les enfants en âge d’aller à l’école maternelle. Le principe est de faire classe en forêt, en utilisant la forêt. Initiées à la fin des années 1920 aux États-Unis d’Amérique, le dispositif est exporté dans les années 1950 au Danemark par la pédagogue Ella Flatau. Aujourd’hui plus de 1000 Forest Kindergarten[1] existent en Allemagne. Le développement des écoles de la forêt en Allemagne, au Royaume-Uni et en Australie s’est fait de
pair avec le développement de formations professionnelles, de structures certificatrices et d’activités de recherche. Notre étude de cas s’est focalisée sur ces accompagnements institutionnels permettant le développement de pratiques pédagogiques réflexives et à destination du plus grand nombre d’enfants.
Le second cas sont les forêts comestibles, projets agricoles concentrés ; il s’agit de maximiser les interactions entre les arbres et les plantes pour permettre une autogestion du milieu à long terme. À michemin entre foresterie et agriculture, les forêts comestibles maximisent l’importance des dialogues inter-professionnels. Dans
Jardins d’enfants de la forêt
(1)
canada
royaume-uni danemark belgique allemagne France
australie
pays étudiés où se développent des écoles de la forêt cette étude de cas, nous avons inclus l’analyse du modèle de la ferme en permaculture du Bec-Helouin. Cette ferme modèle a formalisé des activités de maraîchage biologique manuel permettant l’emploi d’une personne à temps plein. Dans ce second cas, les conditions de succès économique et écologique ont retenu notre attention. Comment un projet de production peut-il intégrer les meilleures pratiques environnementales tout en
permettant à ses producteurs de créer leur propre activité professionnelle ? Le troisième cas sont les pratiques de bushcaring, de préservation, d’entretien et d’usages des ressources environnementales par les communautés d’habitants. Nous avons étudié le guide de bushcaring de la région des Blue Mountains, dans l’État des Nouvelles-Galles-du-Sud en Australie. Les actions de soixante groupes 33
de volontaires sont coordonnées par un plan Le dernier cas est l’action d’une SCOP public. Ce cas a été approfondi par l’étude implantée dans l’agglomération lilloise : des programmes de woofing, il s’agit Les Saprophytes. Depuis 2007, ce collectif de volontariat dans un réseau mondial d’urbanistes organise des actions de de fermes biologiques, en contrepartie médiation originales. Les enjeux sont audu gîte et du tant sociaux, couvert. Plus (…) les pratiques de bushcaring, de q u ’ é c o n o proches de miques et nous, et dans préservation, d’entretien et d’usages éducatifs. À le même des ressources environnementales l’échelle de groupe, les quartiers par les communautés d’habitants. actions de urbains, Les travail d’entretien des sentiers et de bali- Saprophytes accompagnent les habitants sage coordonnées par le Club Vosgien et dans le développement de projets de prole Parc Naturel du Ballon des Vosges. Ils duction arboricole, agricole et sylvicole. De concernent aujourd’hui des publics de ce cas, nous nous sommes attachés à déretraités, plutôt ruraux. Nous souhaitions crire le fonctionnement économique ainsi étudier la possibilité d’y intégrer des com- que les partenariats institutionnels. munautés urbaines et de jeunes adultes, dans des pratiques de woofing forestier. Société Coopérative et Participative, statut juridique
(2)
conclusion méthode Des études de cas, nous avons cherché à identifier plusieurs caractéristiques : leurs budgets et modèles économiques, les moyens matériels, écologiques et humains mobilisés, la nature juridique des structures porteuses et de coordination, les liens institutionnels, les bénéficiaires et usagers, leurs sanctions, les processus décisionnels et leurs objectifs. 34
Nous ne reviendrons pas ici plus en détail sur chacune des études de cas, mais concentrerons notre présentation sur les conditions de ‘‘reproductibilité’’ dans le projet DHDA. Aussi pour chacune des études de cas nous nous concentrerons sur les questions transversales à travers lesquelles nous les avons abordées :
Quels modèles économiques pour des innovations sociales sur le territoire ? Le modèle du financement public est-il dominant, et quelles sont ses alternatives ? Sous quels modèles juridiques sont organisées les innovations sociales étudiées ?
Quels partenariats et quels soutiens institutionnels aux projets d’innovation sociale ?
Si le financement public doit être envisagé comme tari, d’autres formes de soutiens peuvent favoriser voire être nécessaires, quelles sont-elles?
Quels enjeux pédagogiques et éducatifs pour des projets de médiation des arbres et de la forêt ?
Comment relever ces enjeux en touchant le plus grand nombre et en dehors des contextes éducatifs relevant de l’éducation nationale (école, collège, lycée) ? La formation professionnelle et tout au long de la vie doit aussi trouver ses offres ?
Quels impacts sociaux ont les dispositifs étudiés ? À quelles questions sociales peuvent-ils répondre, et comment ? Quels sont les groupes et les communautés qui peuvent être mobilisés ? Cette question particulièrement, a été abordée au regard des enjeux locaux. Quels sont les groupes qui aujourd’hui, bénéficient le moins, des ressources de la forêt et des arbres ? Par quels mécanismes pourraient-ils être intégrés ?
L’analyse croisée des résultats des Porteurs de Parole, des questionnaires et des études de cas doivent permettre de confronter les représentations sociales, les usages des habitants du territoire cible à des démarches existantes de médiation réussies.
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B/ principaux résultats 1. Représentations sociales de la forêt et des arbres Les réponses aux Porteurs de Parole sont extrêmement riches et assez diverses. Le nombre de répondants et la répartition des réponses permettent de dégager plusieurs éléments.
forêt et des arbres dans la vie quotidienne et l’imaginaire des personnes, les réponses soulignent très majoritairement leurs rôles positifs et souvent indispensables. En En ville comme à la campagne, les ville comme Le premier est arbres et la forêt urbaine et rurale à la campagne, les que l‘opposition entre ville embellissent les paysages, amènent arbres et la et campagne, fraîcheur, biodiversité et sérénité. forêt urbaine et rurale entre quartiers populaires péri-urbains et quartiers embellissent les paysages, amènent résidentiels du Centre-Ville ne soutient pas fraîcheur, biodiversité et sérénité. différentes appréciations de la forêt, de la Ils permettent de : nature et des arbres. Plusieurs questions interrogeaient le rôle de la proximité et de la 36
se sentir mieux physiquement • se reposer • mieux respirer • s’isoler du bruit
améliorer l’ e s p a c e • embellissent • amènent de la fraîcheur • colorent
se sentir mieux psychologiquement • se détendre • se ressourcer • s’apaiser
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À la campagne, sait-on mieux aimer les arbres ?
5
OUI • plus sauvages • moins parqués
6
NON
• on en a moins donc on les apprécie • utilisation de la chimie, pesticides
on les aime différemment
On ne sait pas mieux aimer les arbres en ville ou moins à la campagne (questions 5 et 8). Ils sont d’autant plus indispensables en ville, que le mode de vie, le rythme urbain sont perçus comme sources d’excès. Alors les arbres permettent de ‘‘ralentir le rythme’’. Les arbres, les forêts urbaines sont perçus comme donnant un équilibre de vie aux hommes et aux femmes en ville. À la campagne, on ne les aime pas plus, mais différemment. On les aime différem38
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ment, et ils sont différents de nos arbres et forêts urbaines. Plus ‘‘sauvages et moins décloisonnés’’, ils suscitent des images différentes, malgré une valence positive équivalente. Ainsi, ce n’est pas le caractère urbain ou rural des ressources qui en conditionne notre appréciation (question 7). Les arbres et la forêt aimés sont tant dans les Vosges, que dans les parcs et rues des villes, ils sont partout. ‘‘Partout où nous savons les
regarder’’, et partout où ils s’imposent et viennent casser les ordres établis. L’image de la nature reprenant ses droits s’impose ici en arrière-plan.
permet l’émergence, dans l’argumentation des réponses notamment, d’éléments non ciblés initialement. Mais ils sont alors suffisamment nombreux pour constituer un second élément des représentations sociales des habitants du territoire DHDA. En bref, la gestion de la nature et des arbres ne protègent pas une ressource dont ils ont un besoin crucial.
Ce premier ensemble des perceptions très majoritairement positives de la forêt et des arbres n’est pas accompagné d’un romantisme idéal. Les conditions de protection, d’entretien et de gestion de ces ressources sont rapidement pointées. Les personnes Un troisième ensemble de représentapointent que si les ressources sont indis- tions sociales se dégage des réponses aux pensables en ville, elles imposent des choix, Porteurs de Parole. Notre rapport devait de ‘‘dé-bétonner’’, ‘‘dé-minéraliser’’. Elles répondre à la question des besoins de imposent une ‘‘bonne gestion’’ (impliquant médiation relativement aux services école choix des espèces, des lieux et leur en- systémiques. Les réponses apportent sur tretien), que celle-ci doit ‘‘associer les habi- ce point des éléments très intéressants. tants’’ (question 8). Les arbres et la forêt, Les personnes connaissent la notion de qu’ils soient en ville ou en campagne, sont services éco-systémiques (questions 2, 3 perçus comme fragiles et menacés (ques- et 9). Les fonctions désignées sont nomtion 3). Dans breuses, mulla ruralité, ‘‘la tiples. Elles utiles chimie’’, ‘‘les Les prises de conscience sont de la sont pesticides’’et responsabilité de chacun (…) d’en- individuelle‘‘l’artificialisa- tretenir des ressources qui ne sont ment (pertion des sols’’ sonnellement, sont poin- pas, aujourd’hui protégées à la me- f a m i l i a l e tés comme sure du besoin que l’on en a, et des ment), collecmenace. En tivement (bien services qu’elles nous apportent. ville, ce sont commun, les choix de économiquegestion et d’aménagement, les arbres vont ment). Sur le plan économique, c’est une bien, ‘‘si on les laisse aller bien’’. ressource matérielle pour les foyers, mais aussi pour les entreprises. Elles ne se réCela serait le second enseignement des sument en aucun cas aux usages humains. représentations sociales. Les prises de Ils servent à maintenir l’écosystème et de conscience sont de la responsabilité de ressources aux autres espèces. chacun, individuellement et collectivement (les entreprises, les exploitants, les services publics) d’entretenir des ressources qui ne sont pas, aujourd’hui protégées à la mesure du besoin que l’on en a, et des services qu’elles nous apportent. Ce second ensemble de réponse est d’autant plus surprenant, qu’à l’inverse du premier, aucune question n’interrogeait directement l’avis des personnes sur la gestion des ressources. Le dispositif de questions ouvertes
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et toi, elle te sert à quoi la forêt de tes rêves ?
25 ressources ÉCONOMIQUES
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• bois de chauffage • faire du papier
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fragile et menacée • chasse (risque si non régulation) • risques de pollution • risques antennes-relais
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s’isoler • des autres • des activités non choisies • côté paisible
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se ressourcer • se régénérer • s’isoler du bruit, de l’agitation • autre rythme de vie
15
18
ressources
diverses
• ressources arboricoles • ressources pour l’équilibre d’un éco-système • fleurs, champignons, fruits…
5
divers • respirer • promenades, sport • famille
petits tracas
• pas de réseau • allergies, pollen • salissant, maladies…
Sur le plan immatériel, les fonctions de stimulation de l’imaginaire, d’inscription dans une histoire personnelle de l’enfance à l’âge adulte sont soulignées. Les arbres animent la vie des enfants, et permettent aux adultes de se souvenir de leur enfance. La figure de la cabane est ici omniprésente dans les réponses. Sur le plan collectif, la nature est le lieu de fixation d’une histoire locale et d’une écologie sociale. Les deux Guerres Mondiales se donnent encore à voir dans les forêts vosgiennes. La tempête de 1999 et les dégâts qu’elle a causé aux forêts et aux arbres sont évoqués par
les participants. Les arbres et la forêt sont indissociables des souvenirs individuels et collectifs, ils ne sont pas vierges d’histoire. La notion de service éco-systémique de la forêt et des arbres est mobilisée dans la pluralité des réponses. Ces services écosystémiques sont tant écologiques, que sociaux, économiques, ou immatériels.
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2. Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt Les réponses aux questionnaires complètent et approfondissent celles du Porteur de Parole. Ici encore, la valence très majoritairement positive de ce qu’apportent les arbres et la forêt est soulignée. Les arbres sont ‘‘beaux, rassurants, apaisants’’ ‘‘utiles, nécessaires et indispensables’’. En revanche, les qualificatifs tels que ‘‘effrayants, terrifiants, dangereux’’ sont rejetés, tout comme celui de ‘‘pas pour vous, pour les autres’’. Et ces qualificatifs sont apposés autant pour les arbres idéaux, que pour les arbres à proximité immédiate du lieu de vie. Les répondants mangent et apprécient manger des produits issus de la forêt. Plutôt que quotidiennement, c’est durant les vacances qu’ils en profitent. Lorsque la consommation est plus fréquente, la moitié des personnes récoltent ce qu’ils mangent dans les forêts à proximité de chez eux, et l’autre moitié au marché ou dans les circuits courts. Ici les champignons reviennent en premier lieu et le plus souvent. Les myrtilles, mûres et baies suivent avant les noix, marrons et noisettes. Cuisiner les produits de la forêt est une pratique familiale, les choix des produits et les recettes sont des compétences transmises par les parents et grand-parents. Après l’alimentation, l’usage principal est le chauffage domestique. D’autres usages sont cités, comme la préparation de boissons et la construction, mais ils étaient plus pratiqués par les générations précédentes que par les répondants. La principale explication donnée à l’arrêt d’usages entre deux générations est le fait de ‘‘ne pas savoir’’. Les personnes ne savent pas faire, ne savent 42
pas choisir les ressources, connaissent mal les risques. Les conditions d’accès à la forêt viennent ensuite dans les explications données à ne pas continuer à utiliser une ressource comme ses propres parents. Ce problème de l’accès aux connaissances nécessaires à la pratique est appuyé par la réponse à une autre question, les personnes ne savent pas comment et auprès de qui apprendre le bûcheronnage. La construction de cabane étant ressortie des Porteurs de Parole, nous l’avons intégrée dans le questionnaire. Ici, si presque 70% des personnes ont construit une cabane dans leur enfance, lorsqu’elles ont des enfants, seulement la moitié d’entre eux en construisent. S’il est difficile d’interpréter les raisons de ce déclin, il peut faire écho à la diminution des opportunités de jeux de plein air et de construction décrites par les spécialistes de la jeunesse.
Les répondants se rendent en forêt plusieurs fois par an
35% une fois par an
12%
Les répondants se rendent en forêt régulièrement, pour plus de 35% d’entre
eux plusieurs fois par an et seulement 12% une seule fois par an. Les personnes vont d’abord en forêt pour se détendre, randonner, faire du sport, c’est le premier usage décrit. En second lieu, les activités artistiques, la photographie et le dessin sont évoqués. La troisième
motivation évoquée est la récolte de produits et la collecte de bois de chauffage. Une fois sur deux, les personnes pratiquent ces activités dans la forêt la plus proche de chez eux. Mais pour un quart des situations, ils changent de forêt, tout en restant à proximité.
Parmi les freins aux usages, on peut évoquer le fait que : ayant déjà eu de mauvaises expériences sans en forêt
mauvaise expérience
55%
40
%
chasse motocross et quads déchets abandonnés
Les mauvaises expériences décrites sont de trois registres, la chasse dans 60% des situations évoquées, viennent ensuite les motocross et quads, puis les déchets abandonnés. Cette réponse
souligne la nécessité de ne pas sousestimer la nécessité de limiter ces mauvaises expériences si il y avait une volonté de multiplier les usages en forêt.
3. Innovations et médiation Les systèmes de gestion locale associent des groupes et des communautés[1] Le Bush australien est constitué de forêts, bois, sous-bois et broussailles. Dans la région péri-urbaine des BlueMountains située à l’Est de Sydney dans
l’État du Victoria, le Bush est entretenu par les communautés des villages à proximité. Les associations d’habitants des villages des Blue Mountains se sont 43
créées en 1987[1]. Cinq années après le début de travail des premiers groupes, le conseil des villes locales a créé un programme de bushcaring pour accompagner et coordonner l’action des groupes. Son objectif est de faciliter le travail des groupes. La collectivité locale soutient le travail des groupes de volontaires. Le programme soutient les groupes par l’allocation de ressources supplémentaires, budgétaires et matérielles, mais aussi par la formation aux techniques de régénération du bush et à la sécurité. Les actions de gestion ne concernent pas uniquement la réalisation de tâches d’entretiens. Les décisions associées à la gestion, comme la définition des zones prioritaires, du programme d’action, ou
encore de la répartition des ressources sont à la charge du groupe. Chaque groupe est le référent sur son territoire de bush. Un des éléments-clés de l’action des groupes de bushcaring est la circulation des savoirs. L’urbanisation de la zone des Blue Mountains est un phénomène récent, et la population ne cesse d’augmenter. Parallèlement, les phénomènes dûs au réchauffement climatique s’accentuent : incendies, assèchement des sols, perte de biodiversité, maladies des végétaux… Aussi les connaissances sur le bush et son entretien doivent évoluer en permanence. Les groupes de bushcaring sont également associés à la création de ces connaissances.
Bushcare volunteering programs New South Wales, Australia
[1]
Formation de médiateurs dont le savoir-faire est l’échange de pratiques Des programmes de recherche partici- Le conseil ne définit par le programme pative de recensement de la biodiversité d’action des groupes de bushcaring, cela sont réalisés. Les groupes sont associés est de leur responsabilité. En 2015, une à la collecte des données environnemen- soixantaine de groupes était en activité. tales. Les pratiques d’entretien reposent Les groupes travaillent en moyenne une sur des connaissances issues de la journée par mois, réparties en deux pratique. La demi-journées. remontée des En 2015, une soixantaine de groupes La contribuexpériences tion du béné(de buschcaring) était en activité. de terrain volat est estides bushmée à 30$/ carers est importante. Une newsletter heure, cela représente un gain total de mensuelle est produite par les groupes, 250 000$ annuels de bénévolats réalisés une rubrique est dédiée aux bonnes dans la zone des Blue Mountains. Cette pratiques. Chaque bushcarer peut sou- contribution économique des groupes mettre un article à la newsletter. Un de bushcarers volontaires n’est donc programme mensuel de conférences et pas anecdotique pour la collectivité. Une de débats est également élaboré par les partie de cette somme économisée est groupes de bushcaring. réinvestie par la collectivité dans le sou44
tien qu’elle apporte aux groupes.
leur environnement. La sociabilité est autant inter-personnelle qu’écologique.
Un guide de bushcaring a été élaboré au début des années 2010, celui-ci a Aujourd’hui, le programme de volontariat été édité et est largement diffusé. De connait un tel succès qu’il a été étendu nombreuses activités communautaires à plusieurs autres États australiens. En sont organisées par les groupes de bush- 2010 un manifeste du bushcaring pour caring, de l’échange de pratiques à la la moitié du 21 ème siècle a été établi. participation Pour garantir à des prol’engagement Aujourd’hui, le programme grammes de des groupes, formation en de volontariat connait un tel succès des récompassant par penses et qu’il a été étendu à plusieurs l’organisation distinctions autres États australiens de moments des bénéconviviaux. voles sont Ces moments communautaires per- remises chaque année à l’occasion d’un mettent aux groupes de bushcaring événement annuel. Les mécanismes de d’être des lieux centraux de la sociabi- récompense et de reconnaissance du lité des nouveaux habitants des Blue travail des groupes sont donc centraux Mountains. Les groupes permettent aux pour garantir l’engagement. volontaires de rencontrer de nouvelles personnes, mais également de découvrir
Tenir compte des grandes disparités du territoire et démarche inclusive Parmi les spécificités du projet DHDA, figurent les caractéristiques territoriales. Il s’y trouve d’importantes disparités entre les habitants et leurs conditions de vie. Le point n’est pas de citer les disparités, comme une exergue à l’impossibilité de construire une action cohérente. Il s’agit plutôt de revenir sur les clivages pour les constituer en points d’attention du projet. Dans les cas étudiés, une dimension importante est l’attention aux groupes d’habitants dans leur diversité. Nous revenons ici sur deux de ces clivages, générationnels, sociaux, et apportons quelques propositions pour soutenir la construction d’une identité
positive des études de cas : • Favoriser l’inter-générationnel Le premier clivage est générationnel, et il n’est pas propre au territoire. Mais nous pouvons l’aborder à travers l’angle des publics des associations du territoire. Le Club Vosgien est une importante fédération de clubs de marche et de randonnée. Outre la marche, le club réalise une importante action d’entretien des sentiers et de balisage de ceux-ci[1]. De même, les associations environnementalistes locales comptent de nombreux adhérents. Dans ces deux associations, dont l’action est centrale au projet DHDA, les adhé45
rents sont plutôt âgés[2]. Les explications sont sans doute multiples, parmi elles, on peut penser à la transformation de l’engagement associatif des jeunes décrit depuis plusieurs années par les spécialistes de la jeunesse. L’évolution de l’engagement associatif ne signifie pas qu’il y ait aujourd’hui moins d’engagement des jeunes, mais que celui-ci prend d’autres formes. Ici, articuler organisations de jeunesses et associations à l’expérience longue serait déterminant. Des alliances et partenariats entre le Club Vosgien, les associations affiliées à France Nature Environnement et les associations étudiantes nancéennes et spinaliennes et notre association Les Petits Débrouillards pourraient répondre à la problématique. Le collectif lillois Les Saprophytes construit un programme d’action pour toutes les générations des quartiers pauvres de la métropole. Dans les programmes de bushcaring, les actions sont construites de manière à favoriser l’inter-générationnalité. Les familles, les associations de jeunesse,
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les écoles et les lycées sont intégrés dans la programmation des groupes de bushcaring. À l’Université de Lancaster, au Nord de l’Angleterre, le jardin partagé, en permaculture, de même que la forêt comestible aménagée depuis cinq ans sont accessibles à tous les habitants de la ville, ils sont entretenus par les étudiants de l’Université. •L a construction d’une identité positive Un élément important des différents cas d’étude est la dimension d’attachement des communautés et groupes d’acteurs aux ressources, à leur environnement, et à la place de l’environnement dans celui-ci. On ne peut pas opposer les ressources environnementales aux autres ressources, car dans la vie quotidienne, dans les usages et les pratiques, et dans l’imaginaire et les représentations sociales, les ressources environnementales sont pleinement enchâssées aux autres ressources. L’arbre et la forêt en ville, à proximité de la ville, des habitations, des loisirs ou du
travail sont imbriqués les uns aux autres. commencent tous leurs programmes Dans cette vision écosystémique des d’action par la découverte avec les habiressources naturelles, les programmes tants, et la construction d’expositions arde conservation et d’entretien s’ap- tistiques[5] sur les ressources naturelles puient sur des valeurs comme la fierté du quartier. Dans les quartiers pauvres et l’attachement. Pour pouvoir prendre et villages ruraux, les opportunités de part à un provalorisation gramme de On ne peut pas opposer les ressources de l’enviconservation ronnement environnementales aux autres res- sont netteou d’entretien des arbres de sources, car (…) les ressources ment moins la forêt, que environnementales sont pleinement nombreuses ce soit dans dans les enchâssées aux autres ressources. que les quartiers centre-villes de Roubaix, et zones toudans le bush des Blue Mountains aus- ristiques bénéficiant plus des actions traliennes ou dans les campagnes sinis- publiques et privées de promotion de trées du Nord de l’Angleterre, il faut que l’espace[6]. La première dimension sur les personnes partagent une vision posi- laquelle une identité positive se construit tive des ressources naturelles. est celle du lien entre nos modes de vie, nos impacts et capacités pour la forêt et Le travail réalisé par les associations locales les arbres. L’identité positive doit s’attade Land Art, telles que Vent des Forêts cher dans un premier temps à faire le en Meuse pourrait accompagner des lien entre les personnes et leur environassociations locales dans l’accueil et nement proche. l’animation d’expositions artistiques en forêt. Le Land Art est une activité de • Work on legacy création artistique en forêt ou à proxi- En Australie, les programmes de mité, mobilisant l’utilisation de matières bushcaring travaillent sur le lien des premières issues de la forêt. Les œuvres communautés aborigènes aux forêts aud’art créées sont fortement intégrées jourd’hui au centre des parcs nationaux. dans le paysage forestier, et viennent Les croyances des aborigènes, leurs pramettre en valeur les paysages. tiques et savoir-faire ancestraux d’entretien de la forêt sont aujourd’hui transmis • Attachement to trust and forrest aux groupes de bushcaring. C’est une Or cette vision, si elle peut s’imposer, autre dimension de la construction d’une être construite socialement et collecti- identité positive, une dimension tempovement[4], n’en est pas moins construite relle. Enquêter et partager les systèmes ou restaurée à travers les programmes. de gestion et d’entretien des commuDans les quartiers pauvres de la Métro- nautés qui nous ont précédé. Cela perpole lilloise, le collectif Les Saprophytes met également d’inscrire la nature à
Le Massif vosgien est l’un des plus balisé de France grâce à cet important vivier Malgré cela, il n’existe pas de données sur l’âge moyen des adhérents des deux mouvements Cf. rapports injep [4] Les mesures d’opinion montrent aujourd’hui une forte préoccupation pour la nature et l’environnement [5] Pluri-médias, photos, vidéos, dessins, textes… [6] Référence travaux investissement public zones rurales & quartiers pauvres [1] [2] [3]
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travers le temps. À New-York et dans techniques. La confiance en soi et la plusieurs grandes villes américaines, communication sont les compétences des anthropologues de l’environnement principales à développer pour les entravaillent à des enquêtes permettant fants en âge maternelle. La forêt et de mettre en lumière l’évolution de la les bois sont les lieux d’apprentissage. place de la nature en ville. Ces enquêtes L’acquisition d’indépendance et le dévesont participatives, des habitants y parti- loppement de l’estime de soi sont au cipent, et donnent lieu à des expositions cœur des compétences cibles. La résolocales ensuite. lution de problèmes, le travail en équipe C’est également une préoccupation du tra- sont favorisés dans les projets. Les resvail de l’association Vent des Forêts. Les sources de la forêt sont utilisées pour artistes sont attentifs, par leur démarche acquérir des concepts abstraits comme artistique, à soutenir la construction les mathématiques et la communication. d’identités collectives. En 2018, ils ont travaillé avec l’artiste Patrick Neu à la Cet enjeu, articulé avec les réponses production de petites pièces à grande à l’enquête sur les usages et la forêt, échelle, et incite à cibler celles-ci particulièont pu être La forêt et les bois sont des lieux rement les affichées en forêts périd’apprentissage. forêt par les urbaines. Ce promeneurs sont celles directement, là ou cela faisait le plus qui accueillent les pratiques les plus sens pour eux. quotidiennes. Les villages des Blue Mountains l’ont compris en développant des circuits balisés à proximité directe • Proudness in preoccupation of des villages, en s’appuyant sur les habiconservation tants et mettant à leur disposition des Ces deux exemples nous permettent de kits de communication faciles d’usage. mettre en évidence une troisième dimen sion à la construction d’une identité positive. La fierté et la préoccupation environneLa dimension de reconnaissance inter- mentale ne sont pas des données fixes. individuelle, les connaissances et savoir- Les programmes de médiation doivent faire de tous les groupes sont valorisés se donner pour ambition de les favoriser, dans ces programmes. Ils reposent sur la pour ensuite favoriser l’engagement des préoccupation à valoriser l’émergence des habitants et groupes d’acteurs. Dans les savoirs non officiels, non institutionnels et cas étudiés, trois dimensions importent non dominants. Ceux-ci, au contraire, dans la construction de cette identité sont plutôt au service de l’émergence positive : le lien entre les hommes et des premiers. Les connaissances scienti- les arbres, à travers le temps, et dans la fiques mobilisées le sont en dialogue avec reconnaissance de tous les savoirs. les connaissances des anciens employés municipaux des espaces verts ou des garde-forestiers retraités. Dans un autre registre, le modèle des écoles de la forêt porte des objectifs pédagogiques larges, tant sur les compétences sociales et personnelles que 48
Aller voir ailleurs: mobilité et voyages d’étude Un facteur important de tous les cas étudiés est la mobilité. Toutes ces innovations en matière de médiation sont en lien avec des projets, initiatives portés ailleurs. Nous souhaitons ici revenir sur les fonctions de la mobilité, ainsi souligner les enjeux qui peuvent être repris dans le projet DHDA. Le premier enjeu est quasiment celui que ce rapport tente d’incarner : la formation, l’accès à l’information, l’inspiration dans d’autres initiatives. Les expériences internationales sont souvent à l’initiative des projets développés. Le modèle des écoles de la forêt des pays nordiques a d’abord vu le jour aux États-Unis à la fin des années 1920[1], avant d’être im-
portée au Danemark dans les années 1950 par la pédagogue Ella Flatau. Plus contemporains, les projets du collectif Les Saprophytes dans le Nord ou la forêt comestible de l’Oasis de Sérendip dans le centre de la France se sont développés après des voyages d’études pour les porteurs de projet. Dans les expériences d’agriculture urbaine en Amérique du Nord, et dans l’historique forêt comestible anglaise. La mobilité ici permet de s’inscrire dans une histoire plus large que celle de son propre projet. Elle permet de trouver les ressources et la confiance que la réalisation de projets tout aussi ambitieux que le sien sont possibles. La mobilité
La première Laona’s Forrest School a vu le jour en 1927 dans le Wisconsin.
[1]
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participe à la formation d’un imaginaire positif et favorable au développement de projets.
tion. Pour finir sur ce point, la mobilité et la sortie d’un contexte quotidien ne s’organisent pas uniquement dans les voyages d’études. Fournir aux acteurs une formation par l’exemple, de documentation des projets portés à l’étranger est un autre exercice de mobilité. La mobilité intellectuelle doit elle aussi être organisée. Ainsi la Ferme du Bec-Hellouin organise-t-elle des soirées débats consacrées à des échanges sur des projets.
Le second enjeu de la mobilité s’ancre dans les phases suivantes de développement des projets. La mise en lien interprojet permet alors aux porteurs de réaliser le travail réflexif, d’évaluation et d’amélioration de leurs dispositifs. La démarche d’évaluation est cruciale, l’inscription dans des réseaux internationaux offre Nous dégades res- L’évaluation des projets garantit autant geons un sources à une leur amélioration que leur reconnais- troisième enévaluation jeu à la mobisance, ainsi que leur pérennité. favorables. lité. Il émerge L’évaluation de la mise en par les pairs est en effet ancrée dans regard de l’étude de cas des écoles de la les pratiques, les problèmes concrets forêt avec les résultats de l’étude sur les des porteurs de projets. Elle permet usages et représentations sociales. On aux porteurs de projets de prendre de la apprend alors que les enfants se rendent distance sur leur quotidien en s’immer- en forêt, principalement en famille. Ils geant dans un autre contexte, de regar- y vont plusieurs fois par mois pour la der son action dans un autre contexte. majorité d’entre eux. En revanche, les forêts sont peu investies par les proL’évaluation par les pairs n’est pourtant fessionnels de l’animation de jeunesse. pas exclusive dans les réseaux interna- Les préoccupations liées à la sécurité tionaux. Ceux-ci permettent de mutua- des enfants, particulièrement dans la liser des ressources au service d’une manipulation d’outils coupants (scies, évaluation scientifique et technique des couteaux, clous…) sont un frein à cet projets. L’évaluation scientifique des investissement. écoles de la forêt a permis de conforter l’expérience positive des enfants, enseignants et animateurs, ainsi que des parents. Si ceux-ci constataient les bénéfices quotidiens de l’École, des évaluations en sociologie, pédagogie et psychologie ont permis de caractériser plus précisément ces bénéfices. Ainsi, des études ont permis de mettre en évidence les bénéfices sur les troubles de l’attention, le sommeil et la diminution du stress des enfants. Les écoles de la forêt ont réalisé un L’évaluation des projets garantit autant important travail pour garantir la séculeur amélioration que leur reconnais- rité des enfants, sans limiter l’accès à sance, ainsi que leur pérennité. La mobi- la forêt comme espace éducatif. Nous lité est une des clés favorisant l’évalua- proposons donc d’engager un tel travail 50
en associant des associations d’éducation populaire et la direction territoriale de Jeunesse et Sport, pour développer des formations et outils au service des animateurs et structures pouvant multiplier leurs activités éducatives en forêt. Depuis 2011, l’Eurométropole de Stras-
bourg a soutenu une première étape à un travail analogue en accompagnant une classe de maternelle à réaliser des sorties en forêt et en réalisant un manuel de l’École du Dehors[1].
www.ecoconseil.org/decouvrir-nos-actions/accompagnement-de-projet/a-l-ecole-du-dehors
[1]
Des projets construits sur financements privés et auto-financement Le fonctionnement économique et les ressources des cas étudiés méritent que l’on s’y arrête. Les projets ne sont pas construits sur des modèles de financement public ou para-public. Cela prend d’autant plus de sens dans le cadre de la réflexion sur le DHDA, projet porté par les collectivités territoriales, donc des institutions publiques, mais dont les ambitions sont notamment la diversification des ressources économiques mobilisées. Ressources publiques et privées sont mises à contribution pour favoriser à terme l’autofinancement des projets. Ainsi, dans les études de cas, aucun projet ne fonctionne uniquement sur des fonds publics. Celui qui en est le plus dépendant est l’expérience du bushcaring en Australie. Mais pour comprendre l’économie du bushcaring, il faut aller plus loin que les ressources allouées au fonctionnement. En effet, les groupes communautaires produisent eux-mêmes de la richesse par leur service d’entretien des écosystèmes en périphérie des communes. Permettant ainsi aux communes de réduire, voire de ne pas engager de frais d’entretiens des écosystèmes dans leurs budgets. Il s’agit ici d’une forme assez classique de
financement des projets, par les services produits pour la communauté. Une seconde forme de financement n’en est pas moins classique, il s’agit du recours au financement privé. Ici les projets sont financés par des fondations privées ou entreprises du secteur marchand. Si le soutien classique par des institutions privées dont la principale mission est le soutien de projets, comme c’est le cas pour des fondations privées. D’autres modalités d’accès au financement doivent être imaginées. Dans la même configuration que le cas précédent, le collectif Les Saprophytes à Roubaix peut réaliser des missions d’entretien des espaces verts d’entreprises, contre service donc. La dernière caractéristique des projets étudiés est l’autofinancement des projets. Ici non plus, il ne s’agit pas moins d’une forme classique. Le développement du secteur de l’économie sociale et solidaire ces dernières années met en évidence l’extrême fécondité de projets à forte valeur sociale et environnementale ajoutée. On peut néanmoins distinguer deux principales manières de réaliser l’autofinancement dans les projets étudiés : la production 51
de biens (alimentaires, réparation, agricoles ou arboricoles…) et la formation. Ces projets développent des techniques, démarches innovantes, aussi leurs services en formation sont appréciés. Une partie non négligeable de l’activité de la ferme du Bec-Hellouin est l’accueil et la formation de stagiaires. Tous ne deviennent pas gérants d’exploitations, mais ils peuvent venir acquérir des compétences très particulières, adaptées à une large palette d’usage. Les Saprophytes ont développé un large catalogue
de formation des particuliers, familles et enfants des quartiers de leurs actions. Dans les jardins de permaculture et la forêt comestible de l’Université de Lancaster[1], les étudiants financent 40% de leur projet par la vente des produits agricoles qu’ils ne consomment pas eux-mêmes. Il est important de noter que l’autofinancement des projets est anticipé dès avant leur création.
https://www.permaculture.org.uk/our-work
[1]
Décision-Concertation-Participation Une caractéristique commune à toutes les études de cas est leur attention pour les questions de gouvernance, de concertation et leurs formats participatifs. Aussi surprenant que cela paraisse, y compris dans des configurations très institutionnelles (le bushcaring des Blue Mountains est coordonné par l’État des Nouvelles Galles du Sud, les 140 écoles de la forêt anglaises sont publiques). Aussi, dans chacun de ces projets, la gouvernance inclut à minima des membres usagers (parents dans le cas des écoles de la forêt, bushcarers en Australie…). La participation à la gouvernance peut se réaliser par deux processus. Soit dans la participation formelle aux instances décisionnelles des projets (conseils d’administration, bureaux), soit par la participation aux travaux de décision des futurs des projets. Plus haut, nous évoquions l’importance 52
accordée aux démarches d’évaluation, cela va de pair avec les démarches prospectives, de décision de l’évolution des projets. Ainsi, Les Saprophytes élaborent les projets d’aménagement des quartiers dans lesquels ils interviennent avec les habitants de ces quartiers, en prenant pour point de départ leurs besoins et habitudes, mais aussi leurs idées pour le développement du quartier. Les démarches et outils de la participation se sont largement développés au cours des vingt dernières années. Développés initialement dans les espaces de l’altermondialisme[1], ils ont ensuite été diffusés dans les secteurs publics et privés, et sont aujourd’hui encore au cœur de l’actualité. Parmi les conditions de succès de ces dispositifs[2], l’indépendance par rapport aux institutions est déterminante. La transparence et la garantie de l’égal traitement de toutes
les propositions sont une autre condition importante. Finalement, ces procédures sont celles du succès de nombreuses démarches de négociation. Deux formats participatifs à la prise de décision retiennent ici notre attention. Il s’agit des conférences de citoyens et des conférences de consensus. Les conférences de consensus permettent de dégager des séries de propositions de groupes de tailles importantes[3]. Ici
l’apport est politique, portant sur les décisions de gestion de projet. Les conférences de citoyens permettent quant à elles, de confronter savoirs experts aux savoirs des habitants, tout en garantissant une importante productivité[4]. Cette fois, l’apport principal est sur les connaissances et les savoirs d’usage. Il s’agit de garantir un lien fort entre les savoirs professionnels des experts et les savoirs d’expérience des usagers et des habitants.
Yves Sintomer, Porto Alegre, l’espoir d’une autre démocratie, 2005 Rarement aboutis, comme le soulignait Chantal Jouanno en janvier 2019 à l’occasion de la publication du rapport de la CNDP pour l’organisation d’un grand débat citoyen. > https://www.liberation.fr/france/2019/01/15/chantal-jouanno-sur-le-grand-debat-cettefacon-de-faire-ne-correspond-pas-a-nos-recommandations_1703099 [3] En 2016, le Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle a organisé à Nancy une conférence de consensus rassemblant plus de 350 responsables associatifs ont participé à une conférence de consensus et ainsi abouti à une série de propositions à destination du Conseil Départemental. [4] Yannick Barthe, Michel Callon, Pierre Lascoumes, Agir dans un monde incertain, 2001 [1]
[2]
Information-communication : aller au-delà des résultats et des ambitions sur la gestion et les incertitudes Les deux derniers axes d’analyse dégagés sont plus thématiques que méthodologiques. Ici, il a été frappant de constater que les informations communiquées dans les projets étudiés portent autant sur les risques et les incertitudes que les éléments positifs et stabilisés. Pour certains des projets, ils trouvent leur initiative dans la gestion des risques. Le bushcaring australien est déterminant pour prévenir la propagation des incendies annuels dans les communes habitées. Plus indirectement, mais néanmoins factuellement, le plan des gestions urbaines établi par la Ville de Melbourne, avec la participation des habitants est inscrit dans un contexte de lutte contre les conséquences du réchauffement climatique.
À la fin des années 1990, l’équipe du centre de sociologie de l’innovation de l’École des Mines de Paris a travaillé sur les enjeux de communication dans un contexte d’incertitudes scientifiques, techniques et économiques fortes. Leur apport central est l’importance de mettre en évidence les incertitudes. L’importance et la productivité, car leurs travaux sur l’étude des controverses mettent en évidence, à rebours du présupposé, la productivité des controverses. Celles-ci permettent d’éviter de réduire trop rapidement le périmètre des options considérées dans un projet. Leurs recommandations quant à la mise en visibilité des incertitudes sont plus 53
que jamais d’actualité dans un contexte de crise climatique et de la biodiversité. Cela va largement modifier les écosystèmes forestiers régionaux dans les pro-
chaines années. Il est possible d’accompagner les acteurs à la gestion de ces incertitudes.
Pour un travail de réflexion critique public sur les méthodes et les outils de réflexion L’expérience du bushcaring enseigne Reconnaître la multiplicité et l’imbricaque l’entretien et les gestions locales tion des enjeux et porteurs d’enjeux ne associent des groupes et communautés doit pas masquer les importantes inébénévoles. Par des systèmes de déléga- galités entre les porteurs d’enjeux. Les tion et de reconnaissance du bénévolat, acteurs économiques, industries privées les pouvoirs publics peuvent déléguer à et les collectivités territoriales du projet des groupes et communautés bénévoles DHDA ont en l’état, de plus importants des fonctions indispensables à l’entre- pouvoirs pour prendre les décisions tien et à la connaissance des écosys- relatives à la répartition et à la gestion tèmes régionaux. Le contexte du chan- des ressources de la forêt et des arbres. gement climatique et de l’effondrement C’est une autre dimension issue de de la biodivercette étude, sité induisent Le contexte du changement climatique les habitants de nouvelles ouhaitent et de l’effondrement de la biodiversité sparticiper contraintes à à la gestion induisent de nouvelles contraintes à ces choix. Et environneplus encore, la gestion environnementale. mentale. les usages de la forêt et des L’ambition du projet DHDA doit cadrer la arbres ne peuvent pas être pensés uniforme des projets de médiation. Ceux-ci quement sur le plan économique, ni au doivent être globaux dans leurs objec- simple bénéfice des humains, ici les pertifs. La notion écosystémique, axe fort sonnes pensent que les usages doivent du projet DHDA peut soutenir une telle permettre de maintenir et protéger les structuration. D’autant plus que l’étude écosystèmes, mais aussi ne pas empiéter que nous avons menée sur les représen- sur les usages des autres espèces. tations sociales des habitants donne à voir que cette notion, dans ses caractéristiques Aussi, une manière de répondre aux de services multiples sont tout à fait com- attentes des gens, à la préoccupation et pris des habitants. Néanmoins, les travaux à la connaissance qu’ils manifestent des de la philosophe Virginie Maris, médaille enjeux écosystémiques, serait de réalide bronze du CNRS en 2018, soulignent ser un travail critique public de la notion. les ambiguités et limites de la notion de services épistémiques[1]. 54
Questions sanitaires : toxicité des sols et des ressources Cet axe d’analyse prolonge le précédent, la communication des incertitudes et controverses. Pourtant elle souligne un paradoxe, la prise en compte du risque climatique et environnemental masque l’invisibilité des risques sanitaires. Si notre rapport se nourrit d’études de cas internationales, il s’inscrit dans les problématiques du territoire du DHDA. Soit un territoire post-industriel, dont les activités passées ont laissé sur le territoire des pollutions. Les conflits militaires de la Première et de la Seconde Guerres Mondiales ont, elles aussi laissées leur lot de pollutions dans les Vosges par exemple.
Le développement urbain actuel induit lui aussi son lot de pollution des sols contemporains. Reconnaître le caractère pollué de l’environnement est nécessaire, sans être une fatalité. La pollution
peut être considérée comme une ressource, à minima comme le cadre dont il faut tenir compte. Les risques liés à l’usage des pesticides et des intrants chimiques ont été largement mis en lumière ces dernières années, mais plutôt sur l’angle de ceux utilisés par les agriculteurs. Les risques liés à l’emploi des intrants chimiques dans le cadre domestique et familial sont eux restés moins visibles. Il pourrait en être de même pour la pollution des sols. Les jardins familiaux, de quartiers ou communautaires sont ici des cibles privilégiées d’une information sur la toxicité des sols. Dans les projets étudiés d’agriculture urbaine, ou d’agriculture sur des sols pollués, il est frappant de constater que la question des pollutions est totalement absente. À l’inverse de celle de la gestion du risque climatique. C’est une faiblesse de ces études de cas. Former les urbains à l’agriculture urbaine est une formidable opportunité, néanmoins la pratique de cette agriculture, si elle doit favoriser des pratiques environnementales durables, doit également tenir compte des risques sanitaires pour les consommateurs.
Association Vent des Forêts http://ventdesforets.com/oeuvres/ http://ventdesforets.com/oeuvre/angelot/ [3] Manuel de l’École du dehors https://fr.calameo.com/read/001128614290c8621be82 [1] [2]
55
partie
03 Synthèse et propositions pratiques
Développement d’une offre large de loisirs
P. 57
Réappropriation des forêts urbaines comme espaces publics et sociaux
P. 58
Construire une dynamique collective, dynamique entre les membres du consortium avec et pour les habitants
Développer la co-gestion des espaces forestiers
P. 60
P. 59
L’issue de notre rapport est prescriptif. Tenant compte des résultats du dispositif d’enquête décrits précédemment, nous pouvons formuler 22 propositions regroupées autour de 4 enjeux. Le premier est l’ambition du développement d’une offre large de loisirs forestiers. Le second est la réappropriation des forêts urbaines comme espaces publics et sociaux. Le troisième enjeu vise la construction d’une dynamique collective entre les membres du consortium avec et pour les habitants. Enfin, le quatrième enjeu porte plus sur les moyens d’atteindre les ambitions pré-citées. Il s’agit de développer la gestion participative des espaces forestiers.
58
1. Développement d’une offre large de loisirs • Identification et accompagnement de médiateurs dans les associations, accompagnement par un programme de formation axé sur l’échange de pratiques, la valorisation des compétences des groupes et collectifs de participants à leurs activités. • Mise en place de programmes de soutien à l’engagement des jeunes et étudiants au service du loisir forestier, et ainsi développer des programmes de form’action permettant la mise en œuvre de médiation de Pair à Pair. • Définir des objectifs ambitieux sur le plan quantitatif du nombre de bénéficiaires des programmes d’animation culturelle et éducative, (ex 10% d’une classe d’âge, 20% des habitants d’un territoire…). • Créations d’expositions en forêt sur l’histoire sociale et économique de la forêt il y a 30, 50 et 70 ans avec les collèges et les entreprises forestières du consortium DHDA. • Programmations d’animations culturelles sur les controverses scientifiques et incertitudes liées aux causes et aux impacts du réchauffement climatique et
à la perte de la biodiversité sur la forêt et les arbres. • Organisation d’un rassemblement annuel et festif des membres du consortium et des participants aux activités culturelles promues, sous forme d’une fête de la forêt accueillie chaque année par une agglomération différente du consortium (Nancy, Lunéville, Épinal, Saint-Dié-des-Vosges). • Développement de voyages d’études pour les professionnels des structures socio-éducatives membres du consortium. • Développement d’une offre de loisirs éducatifs en forêt : camps trappeurs pour les plus jeunes, colonies en forêt pour les adolescents, stages de survie en forêt pour les adultes… Avec un accent sur les loisirs familiaux dans le but de renforcer les mécanismes de transmission. • Création de kits d’animation facile d’accès pour les hébergements touristiques (gîtes, chambres d’hôtes…).
59
2. Réappropriation des forêts urbaines comme espaces publics et sociaux • Développer le balisage physique et numérique des chemins des forêts urbaines et péri-urbaines par les habitants et usagers de la forêt, aider les propriétaires forestiers à créer des signalétiques simples et ludiques pour les promeneurs. • Soutien à la mise en place de lieux de vie communautaires déjà existants, souhaitant multiplier leur offre culturelle et d’action, les cafés et bars culturels sont des lieux cibles ici. • Soutenir l’organisation de mini-camps d’été dans les forêts locales pour les enfants et familles des quartiers populaires des grandes agglomérations du territoire. •O rganisation d’un concours et d’ateliers 60
cabane avec les entreprises de la construction-bois, les associations environnementalistes et les collectifs d’animation de rue, a l’instar du Festival de Cabane au Luxembourg. • Développement et promotion des formations techniques aux savoir-faire forestiers : cuisine avec les produits de la forêt, identification et utilisation des ressources forestières (champignons, baies, feuilles…), préparer et sélectionner le bois de chauffage (mission déjà réalisée par l’ONF), construire des jouets dans la forêt. • Mettre en oeuvre un cycle de formation continue professionnel pour les médiateurs, animateurs , éducateurs afin de faciliter les sorties en forêt.
3. Construire une dynamique collective, dynamique entre les membres du consortium avec et pour les habitants • Continuité du bulletin d’information mensuel des initiatives et projets DHDA, ouvrir une rubrique d’expression aux membres du consortium entreprises de l’économie marchande, collectivités, associations, administrations publiques et habitants, et mise en place d’un programme de communication virtuel et papier ; l’objectif est de permettre à toutes les structures du consortium d’avoir une vision globale des initiatives tout au long du déroulement du projet.
• Mise en place d’un camion de Biohack-lab mobile facilitant l’analyse de la qualité des sols dans les lieux péri-urbains et villages ruraux. Le camion se déplacera dans les écoles rurales et proposera des animations en soirée dans les villages et permettra de faire le lien entre les structures déjà intervenantes en milieu rural et le programme de recherche participative. Il sera équipé de matériel de récupération des laboratoires publics de recherche.
• Programmes de communication entre les associations et les habitants sur tout le territoire permettant les échanges de pratiques et remontées d’informations, en lien avec La Fabrique et le Conseil Scientifique.
• Mise à disposition d’outils de communication sur les espèces végétales et animales présentes dans les forêts et parcelles privées avec les propriétaires forestiers.
• Valoriser la contribution économique du bénévolat dans le budget du projet DHDA. • Mise en place de projets de recherche participative en partant des préoccupations des habitants. Les problèmes d’identification et de résolution de la pollution des sols pour l’agriculture familiale, peuvent servir de première thématique pour un programme de recherche participative avec des habitants, développement d’un outil d’évaluation des impacts socio-économiques des projets en intégrant des critères environnementaux pourrait être un second volet, en impliquant des structures volontaires du consortium.
• Élargir le travail de la Fabrique par un double travail de coordination et de fédération des acteurs : > de la réappropriation sociale de la forêt : jardins partagés, collectifs informels, groupes de citoyens et d’usagers, Club Vosgien et sections locales > de l’éducation à la transition : en créant un conseil scientifique mixte associant chercheurs (dont des chercheurs en sciences humaines et sociales), experts publics et administrations de gestion publique et structures d’éducation à l’environnement. Ce conseil aurait deux missions : la formation des acteurs socio-culturels et la création d’outils de formation.
61
4. Développer la gestion participative des espaces forestiers • Pour la gestion des forêts publiques, développer des contrats de gestion participative forestière avec des associations et collectifs de médiation environnementale, sur le modèle des contrats de rivière mis en place par les Agences de l’Eau. • Développement de jeux de rôles et de simulation sur la gestion forestière. En s’appuyant sur les exemples des jeux de simulation développés sur les négociations climat, permettant aux participants d’écrire des scénarios de gestion tenant compte des cadres institutionnels, enjeux économiques et sociaux liés à la gestion forestière. • Développement de programme d’engagement de bénévoles de woofing forestier en partenariat avec les propriétaires de forêts privées et publiques et les associations de jeunesse du consortium. •C réation de lieux d’hébergement et
62
d’engagement des bénévoles non institutionnels et peu coûteux pour quelques jours ou quelques semaines. Les associations de jeunesse, environnementalistes et le Club Vosgien pourraient coordonner ces programmes. • Organisation d’une conférence de citoyens annuelle liée au programme de décision DHDA, permettant d’accompagner la montée en compétence de citoyens et aux membres du consortium DHDA de bénéficier des propositions des habitants. La conférence de citoyens pourrait être adossée à l’élaboration des politiques publiques de gestion de la forêt et du bois. • Organiser la montée en expertise et en connaissance des acteurs par le développement d’outils de médiation sur les enjeux contemporains de la forêt, par exemple : adaptation des milieux, résilience, inégalité environnementale etc. Soutenir une offre pédagogique constante et innovante.
conclusion Le propos de ce rapport est de souligner Le tableau est complexe, certaines données que les enjeux de médiation aux services sont contradictoires entre elles. Pour écosystémiques des arbres et la forêt ne autant il est plein de forces et d’opportupeuvent pas être des réponses uniques. nités. À chacun des enjeux du territoire, Les enfants ne construisent plus de ca- des exemples d’initiatives réussies et se banes, ils se rendent plusieurs fois par prolongeant depuis plusieurs dizaines mois en forêt, ils s’y rendent seuls ou en d’années peuvent répondre. Les écoles famille, les structures socio-éducatives de la forêt sont des exemples d’initiatives éducatives en développent leurs peu d’offre Les enjeux de médiation aux services forêt, c u l t u r e l l e écosystémiques des arbres et de la résultats sur les apprenen forêt. Les jeunes forêt ne peuvent pas être des réponses tissages et le uniques. bien-être des adultes et enfants sont les adultes aiment la forêt et les arbres, ils l’aiment plus qu’encourageants. tant en ville que dans les campagnes. Ils souhaitent que des choix ambitieux en Partir des pratiques des habitants et matière de préservation soient réalisés. les mettre en dialogue avec les études Pourtant, leur principale activité en forêt de cas souligne que la dimension des est la pratique de la randonnée et d’acti- projets de médiation doivent soutenir la vités sportives. Lorsqu’ils pratiquement démultiplication des outils. Les outils du le bûcheronnage ou des activités de projet doivent permettre aux structures récolte des produits de la forêt, ils ne et habitants du territoire de construire savent plus où les apprendre, ni com- eux-mêmes activités culturelles et acment se protéger des risques liés à ces tions éducatives. activités.
63
« À cause de la pollution, du nutella , toute cette végétation ne suffira pas à sauver la planète.» ®
Porteur de parole Ă&#x2030;pinal
annexes
Les résultats des réponses au questionnaire Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt
P. 66
porteurs de parole - statistiques
P. 74
porteurs de parole - résultats
P. 76
liste des études de cas
P. 80
Connaître, aimer, utiliser les arbres et la forêt âge et nombre de répondants nombre 5 4 3 2 1
11 12 13 22 23 25 26 27 28 29 31 32 33 35 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 51 52 53 54 57 58 60 61 62 âge
à quelle distance environ est la forêt la + proche de chez vous ?
quels sont les arbres les + proches de votre lieu de vie ?
18,8%
fruitiers
entre 5 et 10km
haies sapins résineux
6,3%
feuillus
entre 10 et 20km
65,6%
1,6%
- de 5km
+ de 20km
je ne sais pas 0
10
20
30
40
7,8%
50
je ne sais pas/ pas sûr(e)
pour vous, les arbres, c’est plutôt… nombre 50
Utile, nécessaire, indispensable
40
Rassurant, apaisant, calmant
30
Esthétique, beau, décoratif
20
Loin, pas pour vous
10
Effrayant, terrifiant, dangereux
0 ++
+
neutre
-
--
pour vous, la forêt, c’est plutôt…
6,3%
21,9%
le beau, l’art
le calme contre la tempête
est-ce que ce classement est aussi valable pour la forêt la + proche de chez vous ? 12,5% je ne sais pas
6,3% non
43,8% utile, un réservoir…
9,4%
81,3%
activités sportives, la dépense physique
OUI
18,8% l’imagination, les contes / légendes
avez-vous déjà mangé des produits de la forêt ? 4,7%
3,1%
je ne sais pas
non
si oui, à quelle fréquence en mangez-vous ? 17,2%
19%
plusieurs fois par an
moins d’une fois par an
6,9% une fois par mois
92,2% OUI, j’ai déjà mangé des produits de la forêt et des arbres
13,8% une fois par an
43,1% plusieurs fois par mois
si oui, où les récoltez-vous ou où vous fournissez-vous ? Dans la forêt la + proche Dans un parc En vacances / week-end Proche maison ou travail Au marché Au supermarché AMAP Dans les Vosges Famille Chez mes amis Par mes amis Parcelle qui m’appartient Producteur-trice Maison de famille Magasin produits locaux
si oui, à quelle(s) saison(s) trouvez-vous les produits de la forêt que vous mangez ? Automne
Hiver
Printemps
Été
0
10
20
30
40 nombre
0
10
20
30
40
50
nombre
69
pouvez-vous citer des plats ou des recettes composés de produits de la forêt ?
• ail des ours • tisane de tilleul ou d’aubier de tilleul • oseille sauvage • tisane serpolet • carvi pour accompagner la fondue • pignes de pin au feu de bois
• omelette aux champignons / girolles • beurre à la truffe • risotto aux champignons • tourte aux cèpes
• tarte aux mûres • tarte aux brimbelles • gâteau aux noisettes ou noix
• Asperges • chataîgnes grillées • fraises des bois • salade cévenole • soupe orties • pissenlits • faines grillées • salade agrémentée de cresson ou d’oxalis • framboises
vos grands-parents et parents cuisinaient-ils avec des produits de la forêt ?
• sanglier mariné
• confiture de mûres • confiture d’églantines • confiture de gratte-cul • confiture de Prunelles • confiture de cynorhodon
• sirop de fleurs • sirop de cornouilles • liqueur de bourgeons de sapin • sirop de sapin • eau de vie de gentiane
si oui, quel(le(s)) recette(s) ou plat(s) réalisaient-ils ?
15,5% je ne sais pas
8,6%
champignons
tarte au sirop
non
75,9%
toasts de nombrils de venus
OUI
16,9% je ne sais pas
5,1% souhaiteriez-vous apprendre à cuisiner Les produits de la forêt et des arbres ?
non, je n’ai jamais mangé de produits de la forêt ou des arbres
78% OUI 70
pour quelle(s) raison(s) n’en avez-vous jamais mangé ? je n’en ai jamais eu l’occasion
ces produits sont trop chers
je trouve cela dangereux
je ne sais pas
avez-vous d’autres usages (qu’alimentaires) des produits de la forêt ?
savez-vous comment vos grandsparents et parents utilisaient les produits de la forêt et des arbres ? Je ne sais pas
Non Je ne sais pas Soin Boissons
Soin
Chauffage Constructions
Boissons
Eau de rivière
Chauffage
Décoration Eau de bouleau Récolte de matériaux
Constructions Eau de rivière
Déguisement Composition florale
0
10
20
Cuisine 0
30
10
20
30
40
nombre
nombre
pour les usages que vous ne continuez pas, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
s’ils utilisaient du bois pour se chauffer, et réalisaient euxmêmes leur bûcheronnage, le faites-vous également ?
7,7% 3,8% pas le temps
13,5% logement pas équipé ou collectif
15,4% je ne sais pas choisir les produits
17,3% non, je ne sais pas
trop loin
5,8% c’est trop dangereux
34,6% je ne sais pas le faire
3,2% 69,8% non
je ne sais pas
3,2% petit bois
3,2% juste bois scié livré ou refendu
6,3% autres
12,7% oui
1,9% on trouve les mêmes produits au supermarché
71
si oui, pouvez-vous classer ces raisons (1 étant votre raison première) ? nombre 10 8 6
1
4
2
2
3 4
0 tradition et goût du bois
Économiques
Écologiques, meilleur pour l’environnement
sinon, pourquoi ne faites-vous pas de bûcheronnage ?
chauffage de meilleure qualité
où peut-on apprendre à réaliser des activités de bûcheronnage en forêt ? (réponse unique)
Pas de technique Je ne sais pas choisir le bois
Je ne sais pas
Trop compliqué
Auprès des garde-forestiers
Trop loin Personne ne vous l’a appris
Auprès des voisins
Je ne sais pas
Auprès de la famille
Pas propriétaire
École de sylviculture
(droit d’affouage difficile à avoir)
Pas le temps
Mes amis
Pas besoin J’en fait 0
10
20
30
connaissez-vous des entreprises dont l’activité s’appuie sur les produits du bois et de la forêt ?
Nous avons une formation 0
10
20
30
avez-vous déjà construit une cabane dans les bois ?
10,9% je ne sais pas
67,2%
31,3%
32,8%
non
non
57,8% OUI
72
OUI
vos enfants construisent-ils des cabanes dans les bois ?
28,1% oui
43,8%
28,1%
non concerné
non
si oui, comment et où ont-ils appris ?
si non, pourquoi vos enfants ne construisent pas de cabane dans les bois ?
Dans les livres
C’est trop loin de chez nous
En ACM À l’école
C’est trop dangereux, risqué Ils n’ont jamais souhaité le faire
En famille
Je ne sais pas
Avec les copains
Trop petits
Je ne sais pas
On ne sait pas faire
Par eux-mêmes 0
5
10
15
Cabane déjà construite 0
2
4
6
8
à quelle fréquence vous rendez-vous en forêt ?
35,9% + d’une fois par mois
37,5%
14,1%
12,5%
quelques fois par an
une fois par mois
une fois par an
73
5,4% peur de me perdre
3,6%
vous iriez plus souvent en forêt si…
5,4% autres
1,8%
si elle était accessible
accès + facile/ transport en commun
19,6%
vous connaissiez mieux les chemins
10,7% + de temps
17,9% c’était moins loin
16,1%
19,6%
mieux fréquenté et sans chasseur
je ne sais pas
lorsque vous allez dans une nouvelle forêt, comment connaissez-vous les chemins ?
9/12
9/12
11/12
12/12
9/12
4/12
Je ne sais pas
j’y vais en club
je consulte les panneaux
je regarde sur internet ou portable
j’achète des cartes
l’habitude
?
pour quelles activités principales vous rendez-vous en forêt ? (donnez un ordre de préférence)
nombre 50 40 30 20 10 0
pratique de sport, promenade…
autres loisirs
récolte de produits de la forêt 1
74
2
jeux
chasse
3
4
5
AUTRES
où pratiquez-vous ces activités ? nombre 40 30 20 10 0
dans la forêt la + proche
dans le parc le + proche
dans une autre forêt pas loin
je change souvent
je ne sais pas
avez-vous déjà eu de mauvaises expériences en forêt, dans les bois ?
jamais
4,7% je ne sais pas
40,6% oui
54,7% non
si oui, vous avez déjà eu une/des mauvaise(s) expérience(s) de …
40%
84%
52%
motocross quads
chasseur
déchets
?
12%
12%
12%
4%
mauvaise rencontre
je ne sais pas
se perdre
insecte
75
porteurs de parole statistiques
408 rĂŠpondants
302 rĂŠpondantes
76
39%
22%
28%
11%
moins de 25 ans
entre 25 et 45 ans
entre 45 et 65 ans
plus de 65 ans
questions 1. Des bains de nature, pour quoi faire ? 2. Et toi, il sert à quoi l’arbre de tes rêves ? 3. Et toi, elle sert à quoi la forêt de tes rêves ? 4. La forêt, elle te sert à quoi ? 5. À la campagne, sait-on mieux aimer les arbres ? 6. Peut-on aimer les arbres en ville ?
7. Ici, où sont les arbres ? 8. En ville, vit-on mieux avec les arbres ? 9. Mon + beau souvenir avec un arbre, c’est…
0
25
50
75
100
125
nombre de réponses initial
77
porteurs de parole résultats 47 question 1. des bains de nature pour quoi faire ? 14 prendre conscience de la nature, s’éloigner de la ville
25 se ressourcer santé mentale, bien-être, sérénité, calme (14) respirer (5) santé (6)
1 ne rien faire
3
4
se laver, diminuer la consommation d’eau
se déconnecter du travail
21 question 2. et toi, il sert à quoi l’arbre de tes rêves ? 3 manger des fruits
3
3 histoire locale, écologie sociale (conflits, gestion, tempête…)
pas de rêve
7 cabane (4), ombre (1), Maison (2)
2 contes et légendes
1 vivre mieux, rêver
1 c’est ma femme
78
1 maintenir l’environnement
118 question 3. et toi, elle te sert à quoi la forêt de tes rêves ?
25/118
18/118
ressources économiques
respirer (10), balades, promenades, sport, famille (3)
(bois de chauffage, papier)
18/118
17/118
15/118
fragile et menacée
se ressourcer
s’isoler
(chasse=risque si non régulation, pollution, antennes-relais)
(se régénérer, s’isoler du bruit, de l’agitation, autre rythme de vie)
(des autres, des activités non choisies, côté paisible)
15/118
5/118
4/118
1/118
ressources diverses
pas de réseau, allergies, pollen, salissant, chenilles processives, maladie de lyme
humidité, ombre en ville et en campagne
la vie, la terre
(arboricoles, fleurs, champignons, habitat des animaux, fruits, animaux à manger/ chasse, équilibre d’un écosystème)
12 question 4. la forêT, elle te sert à quoi ?
9/12 me ressourcer, respirer
1/12 exister
1/12 l’éducation
1/12 pique-niquer
réfléchir, décider (2) protéger l’environnement/ sols/biodiversité (2) 79
23 question 5. à la campagne, sait-on mieux aimer les arbres ? 5 oui plus sauvages, moins parqués
10 non on en a moins donc on les apprécie, utilisation de la chimie, pesticides
6 on les aime différemment
2 hors sujet
5 question 6. peut-on aimer les arbres en ville ?
1 mais on bétonne
oui
4 pour lutter contre la pollution, pour l’esthétique, les couleurs ombrage, fraîcheur, lutte contre la chaleur
19 question 7. ici, où sont les arbres ?
13 PARTOUT quand on sait regarder (5), partout il faut les conserver (3), partout où ils poussent (5)
2 les vosges
2 les parcs urbains
1 parcs et campagnes
80
35 question 8. en ville, vit-on mieux avec les arbres ? 6
12
oui
mieux respirer, diminue la pollution de l’air
mais nécessite une bonne gestion (choix des espèces, entretien, lieux), gestion avec les habitants
6 diminuer la température, se protéger de la pluie
6 libérer spatialement, physiquement dé-bétonner, dé-minéraliser, bien-être
4 amener les animaux, Biodiversité
1 non trop compliqué à maîtriser
46 question 9. mon + beau souvenir avec un arbre, c’est…
voyages
8/46 17/46
12/46
souvenir de l’enfance
travail de gestion
jeux et cabanes, grimper, bled, bonbons à la sève
avant et après la tempête de 1999
6/46
gestion forestière élagueurs
2/46
grimper, cabanes, câlins adultes, vélo, collecte d’insectes, observation des oiseaux
fruits, cerises, ombre 81
liste des ĂŠtudes de cas
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• École de la Forêt au Danemark, Royaume-Uni, Allemagne, Australie, Espagne et France • Forêts comestibles en Angleterre • Ferme du Bec Hellouin, LE BEC HELLOUIN (26) - France • Oasis de Serendip, Eurre (26) - france • Programmes Australiens de Bushcaring - Australie • Scoop Les Saprophytes, Lille (59) - france • Jardin participatif en permaculture de Lancaster University - Angleterre • Fédération des Clubs Vosgiens, Strasbourg (67) - france • Parc Naturel Régional du Ballon des Vosges, Munster (68) france • Association Vent des Forêts, Fresnes-au-Mont (55) - france • Festival des Cabanne - luxembourg
les petits débrouillarDs grand est Fondé en 1986, le mouvement Les Petits Débrouillards cible tous les publics et plus particulièrement les jeunes, en développant la prise de conscience du caractère complexe des relations entre sciences et sociétés. Il le fait autour d’activités et d’expériences scientifiques et techniques. Dans leurs actions, Les Petits Débrouillards sont guidés par des convictions et des valeurs éducatives partagées : • Aider à la découverte de toutes les sciences et technologies, à partir de l’expérimentation ludique et concrète, qui permet de rendre visibles des concepts ou des notions parfois abstraits. • Donner le goût de la démarche scientifique faite de curiosité, de recherche de vérité, de liberté d’initiative. Cette démarche expérimentale se réfère au quotidien et invite à prendre conscience de la portée et des limites de ses propres affirmations. En favorisant l’implication active dans la vie de la société, dévelop84
per le sens du partage, de la solidarité et du respect de l’autre dans un esprit d’ouverture au monde. • Entretenir et cultiver la pratique et le plaisir de la connaissance, de l’échange, de la prise de parole et du débat. • Développer l’esprit critique des citoyens et citoyennes en questionnant les sciences et les technologies ainsi que leur rôle dans l’évolution de nos sociétés. Le mouvement Les Petits Débrouillards est sensible aux initiatives qui permettent de rendre plus efficaces les actions citoyennes, renforçant une démarche participative et solidaire aux niveaux national, européen et international. • Agréments : organisme d’intérêt général à caractère éducatif et culturel, entreprise solidaire, association de jeunesse et d’éducation populaire, associations éducatives complémentaires de l’Enseigne-
ment Public, organisation européenne non gouvernementale de jeunesse. Association agréée service civique ; formation professionnelle et volontariat européen. • Reconnaissance : partenaire du Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère de la Culture, Ministère de l’Éducation nationale, Ministère chargé de l’Enseignement Supérieur, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
du Conseil National de la Jeunesse et de l’Education Populaire, du Centre de Recherche et d’Informations pour le Développement, du Collectif Inter-associatif pour la Réalisation des Activités Scientifiques et Internationales, du Collectif Français pour l’Éducation à l’Environnement vers un Développement Durable de la fédération des acteurs de la solidarité, de la fondation pour la recherche sur la Biodiversité.
• Membres actifs du Conseil Supérieur de la Recherche et de la Technologie,
Les Petits Débrouillards Grand Est, ce sont, en 2018 :
Coordonnées Les Petits Debrouillards Grand-Est Siège Inter-Régional La Piscine 5 avenue de Metz 54320 Maxéville 03 83 96 38 94 contactge@lespetitsdebrouillards.org www.lespetitsdebrouillards.org
• 12 antennes territoriales •A nimé par 24 salariés permanents, 200 vacataires et 80 volontaires, 20 élus bénévoles, 600 bénévoles et un Conseil Scientifique. • Plus de 1000 partenaires, collectivités, associations, maisons de quartiers, écoles, 0NG et associations internationales partenaires. Partenariats avec plusieurs universités et organismes de recherche. • 44 000 enfants et jeunes bénéficiaires de nos activités, de la maternelle à la terminale. •F ormation des jeunes adultes, dans et hors l’université (animation scientifique, médiation, TIC), animation de débats sciences et société, encadrement d’activités de pratique de culture scientifique et technique pour les enfants, jeunes et grand public, accompagnement de projets culturels, coordination d’événements et de manifestations, mise en place d’échanges internationaux et interculturels, réalisation d’expositions, livres, multimédias, malles et outils pédagogiques itinérants. • Ingénieurie pédagogique et de formation, innovation dans les dispositifs d’intermédiation sciences société. • Nous agissons partout allant au devant de nos publics.
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agroparitech Depuis 1825, Nancy abrite l’école formant les ingénieurs forestiers français. En 1964, l’École Nationale des Eaux et Forêts a été fondue dans l’ENGREF ; en 2007, cette dernière est devenue école interne d’AgroParisTech. Dédié à l’enseignement supérieur et à la recherche sur la forêt, le bois et la gestion des milieux naturels, le centre de Nancy est l’une des 8 implantations d’AgroParisTech. Il intervient dans les formations supérieures de gestion forestière et gestion des milieux naturels ouverts et boisés, il pilote le Mastère Spécialisé Forêt, nature et société, il participe au master Forêt, agronomie, gestion de l’environnement et à l’école doctorale Ressources procédés, produits et environnement avec l’Université de Lorraine. Il est associé à l’école doctorale Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de gestion.
Coordonnées Centre AgroParisTech de Nancy 14 rue Girardet 54042 Nancy Cedex Tél. : +33 (0) 3 83 39 68 00 Fax : +33 (0) 3 83 30 22 54
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