Indus 22

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L’INDUS Le journal de l'APIEP

Dossier L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

Retour de stage Actus

N° 22

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L’INDUS N° 22 > Sommaire

Sommaire septembre 2018 p. 5

Édito.

p. 4

DR.

Dossier : L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

p. 7

Pourquoi le transhumanisme ? p. 5 Inventer une médiation heureuse entre l’Homme et la machine intelligente p. 7 Transhumanisme : La médecine et l’ingénierie sont-elles réconciliables ? p. 11 Transhumanisme et dispositifs médicaux ? p. 13

DR.

Quel avenir pour l’humanité ?

p. 15

Court retour de conférence et réflexion libre sur le transhumanisme p. 18

Actus Dérégulation et tentatives d’atteinte au monopole p. 20

p. 11

DR.

Retour de stage p. 21 En bref p. 23 Tests p. 25

DR.

p. 23

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Édito

22

DR.

Chères lectrices, chers lecteurs,

Pour cette rentrée 2018/2019, je souhaite aux nouveaux étudiants en pharmacie de découvrir nos métiers formidables, et parfois méconnus que vous aspirerez à faire plus tard.

Bien qu’une grande partie d’entre vous voit encore l’entrée en pharmacie comme un échec, il est important de découvrir toutes les fantastiques possibilités de métiers qui s’offrent à vous, que ce soit dans les secteurs officinaux, hospitaliers, ou les nombreuses missions dans le milieu industriel. À travers les événements qu’elle organise, l’APIEP a pour but de créer et de consolider les liens entre les étudiants et le monde de l’Industrie Pharmaceutique. Dans cette continuité, nous avons le plaisir de vous annoncer la tenue du 33e Forum de l’Industrie Pharmaceutique les 14 et 15 novembre 2018, dans le Hall d’Honneur de la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry.

Concernant ce numéro du journal, nous avons décidé de construire un dossier sur un sujet encore discret et pourtant d’importance grandissante : le transhumanisme. J’espère donc que le dossier que nous vous avons conçu saura répondre à vos interrogations sur ce sujet multidisciplinaire qui pourrait révolutionner notre façon de concevoir la santé.

Il est maintenant temps pour moi de rendre mon poste à la tête de la rédaction de ce journal. Je remercie infiniment tous les professionnels, professeurs et étudiants qui ont participé à faire grandir ce journal, toujours dans la volonté d’aider les étudiants dans le choix de leur métier futur. Je remercie aussi mon équipe qui a toujours su travailler et s’investir dans ces quatre numéros, ainsi que tous les membres de l’APIEP, actifs comme anciens, qui m’ont beaucoup soutenu.

L’INDUS Numéro 22 Un grand merci à nos fidèles partenaires qui nous perPublication de l’APIEP mettent de publier et distribuer gratuitement ce journal Septembre 2018 • é Paris-Sud 11 Faculté de Pharmacie - Universit de qualité. enay-Malabry Chât 5, rue J-B. Clément • 92290 Je souhaite bon courage à Ruslan Abrashitov pour e-mail : apiep.pharma@gmail.com • www.apiep.net la suite dans cette mission pas toujours évidente, mais Directeur de la publication : Ruslan Abrashitov vraiment épanouissante. Je souhaite aussi beaucoup Rédacteurs : Dossier « L’inspiration transhumaAbrashide réussite à notre nouveau bureau pour l’organisation niste et l’industrie de santé », Ruslan ergel et dem Van en Juli : s étudiant de la 33e édition du Forum de l’Industrie Pharmaceutique tov • Articles aud lation et tenrégu « Dé : s Actu • Mich Yannick Ruslan Abrashiet de tous les autres évènements. tatives d’atteinte au monopole »,

Ours :

Spoljar • News : tov • Retour de stage : Thomas ashitov Abr lan Rus Léa Gouache-Brakha et s imu Cron l Pau : ure Couvert kha Partenariats : Léa Gouache-Bra , ainsi qu’à tous aide leur pour s teur relec Merci aux tout au long ance confi nos partenaires pour leur de l’année. es : Conception & réalisation graphiqu : 2114-7388 Nadine Gautier-Quentin • N° ISSN

Au revoir et bonne rentrée à tous !

Jules Barsacq, Ancien rédacteur en Chef de L’Indus.

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L’INDUS N° 22 > Dossier : L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

Pourquoi le transhumanisme ?

Le transhumanisme est pour notre époque ce que le fordisme était pour le début du vingtième siècle. Pour rappel, en ce qui concerne le fordisme, il a d’abord été conceptualisé en trouvant son expression dans la littérature, le cinéma, l’imaginaire collectif. Puis il est devenu une réalité pratique impactant le mode de production, l’économie et le quotidien et enfin une nouvelle manière de faire, incontestable et ancrée dans les fondements de la civilisation occidentale.

Par Ruslan Abrashitov, Rédacteur en chef du journal L’INDUS

Le

transhumanisme

est

beau-

coup plus qu’un délire de geek,

Comprendre le transhumanisme

vulgarisé par les mass-médias pour faire rêver et divertir. il

s’agit

d’un

instrument

de

bascule civilisationnelle, dont nous ne faisons que commencer à saisir l’importance.

La rédaction de L’INDUS a pris le choix de s’aventurer sur ce terrain si sujet aux spéculations à cause de l’importance que prend ce concept dans notre société moderne, mais aussi mu par un sentiment de responsabilité vague mais certain. Il s’agit d’une forme de responsabilité intellectuelle. On ne peut plus se permettre de rester à côté d’un tel phénomène et nous souhaitons, avec le peu de ressources dont nous disposons, contribuer à informer une génération de futurs professionnels de santé se souciant des grands enjeux de demain.

Quelques mots sur le transhumanisme. Essayer de comprendre le transhumanisme ne revient pas à décortiquer une politique d’entreprise sur quinze ans ou une stratégie de développement d’un état. Bien que le transhumain semble être inévitable, il n’a rien de concret ou de prévisible. Il s’agit de saisir une tendance, un mythe qui au fur et à mesure de notre progrès technique s’inscrit de plus en plus dans la réalité.

Le mythe de l’Homme transformé, augmenté, qui inspire et fait rêver le monde moderne serait impossible sans le mythe fondateur de la civilisation gréco-romaine, celui de Prométhée. La maîtrise du feu a été pour l’homme l’élément déclenchant de la maîtrise de la nature, le début de sa transformation au profit de l’homme, et l’apparition de l’industrie. Le transhuma-

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nisme, la transformation de l’Homme non pas par la maîtrise de ses ressources mais par le changement ayant lieu dans son essence serait impossible sans cette étape de maîtrise industrielle. Il serait maladroit de considérer le transhumanisme comme une avancée technique et logique, une forme de progrès inévitable 2.0…

Le terme comporte en soi la notion de transformation, de dépassement et de modification profonde de notre nature initiale - un progrès scientifique classique, quel que soit son niveau ne rentre pas dans cette définition.

Rendre à César ce qui est à César Considérons la situation.

Nous avons un sujet intéressant dont le traitement exhaustif prendrait bien plus que la dizaine de pages d’un dossier. Cependant il ne s’agit

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pas que d’un sujet intéressant - le transhumanisme est notre sujet intéressant. Je m’explique.

Le transhumanisme n’étant pas une chose simple, il se trouve donc à la frontière entre plusieurs disciplines, plus encore entre plusieurs domaines. Il s’agira de jongler entre d’un côté ce qui est voulu/imaginé par le public dont l’appétit croissant (entretenu par la science-fiction et inversement proportionnel à la culture scientifique) pousse à demander toujours plus. De l’autre côté il faudra, pour une minorité technocrate, juger ce qui est techniquement réalisable (et le réaliser), ainsi que juger ce qu’on considère comme acceptable éthiquement, et enfin, si le contexte le permet, légiférer en conséquence en réfléchissant et anticipant au maximum afin de poser les bases pour les avancées futures.

De ce point de vue, le transhumanisme se retrouve dans la

ligne de mire d’un professionnel de santé tel que le pharmacien - il se rangera à côté des ingénieurs, médecins, informaticiens, philosophes et juristes ; il participera au projet transhumain dès la conception, à la réalisation en passant par la légifération.

L’Indus s’adressant en priorité aux futurs pharmaciens industriels, j’espère que le dossier principal de ce numéro aidera le lecteur à voir plus clair et l’incitera à développer sa réflexion personnelle sur le sujet.

L’approche Nous ne sommes pas là pour traiter le sujet de manière détaillée sous tous ses nombreux aspects - notre ambition réside dans la volonté de donner au lecteur des outils intellectuels nécessaires pour la compréhension de ce phénomène qui sera omniprésent d’ici quelques dizaines d’années.

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C’est pour cela que nous avons fait le choix de vous donner un regard transdisciplinaire et transgénérationnel sur ce phénomène.

Ainsi, ce dossier se composera de l’article du Pr Maricourt, PhD et enseignant en école d’ingénieur, qui vous donnera des bases nécessaires pour l’appréhension globale de l’inspiration transhumaniste dans l’industrie de santé; d’un article de M. Romain Bodinier, bio-ingénieur, doctorant et jeune chercheur, qui nous fera une prospection sur la coopération entre les ingénieurs et les médecins de demain ; d’un article du Dr Aymeric Lebon, professionnel de l’industrie pharmaceutique, qui traitera le sujet du DM transhumaniste. Enfin nous finirons le dossier par deux articles des étudiants de quatrième année de la faculté de pharmacie, de styles différents, mais sélectionnés tous les deux pour la pertinence de leurs propos.

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Inventer une médiation heureuse entre l’Homme et la machine intelligente Denis Maricourt, Docteur ès Lettres, est Chef du département Humanités, Sciences humaines et sociales à l’IPSA (Institut Polytechnique des Sciences Avancées).

Il a récemment collaboré à la rédaction de l’ouvrage collectif Création, créativité et innovation dans la formation et l’activité d’ingénieur, coll. Ingénieurs au xxie siècle, UTBM, 2018.

La

plupart des débats actuels

Le salut par NBIC?

sur l’idéologie transhumaniste ou sur la puissance algorithmique de l’intelligence artificielle

(IA) inspirent souvent de

l’inquiétude voire un sentiment d’impuissance devant ce qui ressemble à un tsunami technologique imminent et imparable. Les optimistes y voient une seconde Renaissance dans l’histoire de l’humanité tandis que les plus pessimistes y perçoivent un basculement des civilisations vers la création d’une communauté humaine inégalitaire, individualiste et peut-être suicidaire. Penser cette révolution scientifique et sociale exige d’abord de mieux maîtriser les émotions qu’elle provoque et de s’accorder ensuite sur le sens que nous donnons à l’intelligence humaine et à notre volonté de cohésion sociale.

Certes, depuis plusieurs décennies, les laboratoires de recherche en intelligence artificielle se sont évertués à recopier l’intelligence humaine par des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives) en se concentrant sur la plasticité cérébrale de nos 86 milliards de neurones, mais plus cette recherche avance et plus elle mesure l’ampleur de notre ignorance de ce qu’est l’intelligence humaine, un ensemble de fonctions (réseau neuronal, appareil sensitif) capable d’appréhender le réel, de le conceptualiser et de s’adapter à lui librement. À l’horizon de certains programmes de recherche, la génération des ingénieurs et scientifiques nés à la fin du xxe siècle, souvent nourrie par l’imaginaire de la science-fiction, a la convic-

tion qu’une amélioration de l’espèce humaine est possible grâce à l’adjonction de machines auto-apprenantes et supervisées. Une symbiose cohérente entre l’Homme et la machine ouvrirait ainsi la voie vers une amélioration continue des individus et du bien-être des sociétés. Tel est le versant le moins utopique du projet transhumaniste que portent des scientifiques (généticiens, cybernéticiens et spécialistes de l’IA) accompagnés par les moyens techniques et financiers que les GAFAM1 , les BATX2 ou des institutions d’État mettent à leur disposition. Dans le secteur de la santé, cet élan se manifeste dans des défis socio-techniques qui formulent autant de questions de prospective. Parmi ces chantiers, ceux de la télémédecine et de la collecte des données de santé paraissent être les plus représentatifs des enjeux sociétaux des prochaines décennies.

1. GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) le gigantisme de ces groupes industriels du numérique, très investis dans les biotechnologies par l’intermédiaire de leurs filiales (Calico et Verily par exemple, chez

Programme ETAPES : un aperçu de l’avenir?

Google), les empêche aujourd’hui d’échapper aux volontés de régulation des

Depuis le 15 septembre 2018, la consultation d’un méde-

États, au contraire de milliers de start-up privées.

2. BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi)

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cin par écrans interposés est possible en France (dénommé programme ETAPES).

Cet acte médical répond aux besoins d’une population moins accessible aux services de santé pour diverses raisons (déserts médicaux, engorgement de certaines spécialités). Il préfigure, à long terme, d’autres formes de consultation à distance entre un patient et une IA supervisée (ou non) par un praticien. Traditionnellement, la visite chez son médecin référent forme une conversation

intime entre une conscience savante et une conscience qui souffre. Au terme de la rencontre, certes, des informations ont été échangées, l’enquête du médecin a permis l’établissement d’un diagnostic et le choix ou la prolongation d’une thérapie consentie par le patient. Mais cette consultation directe va bien au-delà du simple contact audio-visuel. Elle est tactile, olfactive, et exprime des ressentis. Elle parle de difficultés familiales ou de pénibilité au travail, du plaisir des vacances ou des caprices de la météo, et autorise de rapides digressions pendant le quart d’heure imparti avec une personne de confiance, autant d’éléments que la téléconsultation aura peutêtre peine à reproduire et qui constitue la richesse d’un rapport humain.

Avec l’émergence de technologies d’IA d’aide au diagnostic et à la décision thérapeutique, la télémédecine des années 2030 promet de redéfinir le statut du patient et celui du soignant.

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L’Homme et l’IA : vers une nouvelle relation de soin La relation de soin entre une machine et un humain n’est pas récente : les algorithmes du web nous guident depuis plus de 20 ans vers des solutions d’automédication plus ou moins adaptées à notre profil et approuvées ou non par un forum d’usagers de ce système parallèle de santé. L’internaute se transforme parfois en expert de sa propre maladie. L’utilisateur d’un smartphone peut désormais s’appuyer sur l’assistance médicale d’un robot conversationnel (les bots ou chatbots) comme MedWhat ou comme l’application Babylon Health, une plateforme téléphonique de conseil médical personnalisé et automatisé, testé actuellement par le système de la santé publique du RoyaumeUni (National Health Service) auprès de 1,2 millions de personnes au nord de Londres.

L’individu commence donc à obtenir les moyens techniques qui lui permettront d’être acteur de sa propre santé, à l’image des approches médicales non curatives (médecine des 4P personnalisée, préventive, prédictive et participative) ou des prescriptions épigénétiques3. De son côté, le personnel de santé se voit assisté, voire remplacé peu à peu par des dispositifs connectés et/ou robotisés. Il inaugure l’impression désagréable d’être coincé malgré lui au centre d’une jeune interface Homme-machine.

Au mois d’avril 2018, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a autorisé une IA à formuler un dia-

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gnostic à la place d’un clinicien : le logiciel IDx-DR fournit une décision de dépistage de la rétinopathie diabétique à partir de la photo d’un œil.

Cet exemple de commercialisation de dispositifs médicaux dotés d’IA est appelé à se multiplier dans les années à venir et exigera des professionnels de santé de nouvelles compétences (une connaissance du fonctionnement et des limites de l’IA, notamment) et un nouveau statut de médiateur dans l’interaction homme-machine.

L’Intelligence Artificielle reste un analyseur performant de données, mais c’est avant tout l’humain qui l’approvisionne en données de qualité protégées et anonymisées et c’est lui qui produit son algorithme. C’est encore l’humain qui identifie les déviations de jugement de la machine, ses fameux biais cognitifs. Mais l’usage des machines dites « intelligentes » reste méfiant parce que la manipulation de ces « boîtes noires » manque de transparence. Le professionnel de santé semble dépossédé de son savoir et l’usager de santé est placé, à son insu, dans une relation mécanique et automatisée.

Certains laboratoires de R&D l’ont bien compris puisqu’ils incorporent, dès la conception d’un système algorithmique, la capacité de celui-ci à se rendre non pas « convivial » mais au moins pratique à utiliser par des néophytes.

Ainsi, des chercheurs de l’université de Stanford ont modélisé un réseau complexe d’interactions médicamenteuses (projet Decagon4) et l’ont confié à une IA qui prédira les risques d’effets secon-

daires de la prise de paires de médicaments. Le développement même de ce projet envisage d’emblée l’adaptation rapide et facile de cet outil aux besoins d’un médecin, puis, plus tard, aux attentes d’un public plus large.

Dans le domaine des diagnostics par IA (en téléradiologie notamment), l’apprentissage statistique profond proposera sans doute aux praticiens davantage d’options thérapeutiques, mais il n’est pas toujours sûr que la machine puisse libérer du temps humain à la prise de décision ou à la relation avec le patient. Des supercalculateurs comme le logiciel Watson d’IBM promettent de personnaliser la recherche d’un traitement contre le cancer en confron-

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tant les données personnelles du malade (dont les analyses de sang ou de salive, les biopsies liquides) avec toute la littérature médicale en temps réel sur le sujet, mais l’hôpital n’a pas toujours les moyens financiers ou logistiques d’alimenter l’IA en données (en analyses génomiques individualisées, par exemple).

De leur côté, les praticiens n’ont pas toujours le temps de contrôler la fiabilité de résultats massifs obtenus rapidement par la machine.

Big Data : clé de voûte de la bascule?

Ainsi, le développement d’une télémédecine intelligente et de systèmes d’IA dans les activités de consultation, d’expertise, d’assistance d’un professionnel

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ou de surveillance d’un patient, est tributaire de l’organisation d’une production de données fiables, standardisées, sécurisées et protégées en droit. Enjeu de société majeur, cette vaste numérisation des données humaines suscite l’attention des pouvoirs publics dans de nombreux pays.

En Inde, par exemple, le programme Aadhaar d’identification biométrique (empreintes digitales et scanners d’iris de 1,13 milliard d’individus) qui devait faciliter l’accès aux

soins hospitaliers ou aux prestations sociales, a connu de graves dysfonctionnements.

En France, la question de la collecte des données par une industrie du numérique de santé a été placée au cœur des défis choisis par le Conseil de l’innovation, le 18 juillet 2018, lors de son installation sous l’égide de 2 ministères (économie et finances ; enseignement supérieur, recherche et innovation).

Une enveloppe de 30 millions d’euros sur trois ans a été prévue pour aider au financement de start-up innovantes et décloisonner la recherche publique et privée. Il faut espérer que ce big data individualisé, au service de la santé publique, soit utilisé à bon escient. À l’image des algorithmes qui accordent une « note sociale » au citoyen chinois, une « note de confiance » de l’utilisateur de Facebook ou une « note de solvabilité » du client d’une banque, on peut redouter l’établissement d’une « note de santé » du citoyen calculée sur la base de son espérance de vie, de son taux d’invalidité ou de son hygiène de vie. Une vigilance éthique et démocratique devra accompagner l’ensemble de ces projets.

3. Cf. Joël de Rosnay, La symphonie du vivant, Comment l’épigénétique va chan-

ger votre vie, 2018.

4. Modeling polypharmacy side effects with graph convolutional networks, Marinka Zitnik, Monica Agrawal, Jure Leskovec in Bioinformatics, Volume 34, Issue 13, 1 July 2018, Pages i457–i466.

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Vers le transhumain Réparer l’humain, puis l’améliorer grâce aux technologies… le programme transhumaniste déployé dans la Silicon Valley dans les années 1980 régénérait l’antique ambition de transcender la nature humaine. Les fragilités du mammifère humain y étaient inventoriées telle une kill list promise au succès avant la fin du siècle. Au fil de réparations obtenues grâce à de fulgurants progrès de l’ingénierie médicale, l’Homme s’attaque maintenant à tout ce qui fait son imperfection, des tares de la naissance jusqu’aux causes du vieillissement voire de la mortalité, entraînant une multitude de questions sociétales : la maîtrise de la fécondation et de l’évolution du génome ; la conception de dispositifs visant à satisfaire les désirs, parmi lesquels divertissement et sédentarité occupent une place déterminante ; la géolocalisation et l’analyse de nos comportements empêchant tout fourvoiement sur une route inconnue ou dans des goûts inhabituels. Plus profondément, l’objectif économique et moral des sociétés développées est tenté d’emprunter au transhumanisme ses intentions : pourchasser toute forme de hasard, en détruire l’imprévisibilité et installer les existences dans un modèle préventif et prédictif ennuyeux et hypercontrôlé.

Il appartiendra à la collectivité des intelligences humaines de décider d’un projet de vie harmonieux avec les intelligences artificielles.

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Transhumanisme : La médecine et l’ingénierie sont-elles réconciliables ?

Romain Bodinier est un jeune doctorant de l’Université de Genève, il a suivi la formation Master 2 mSSB de l’Université d’Evry, ainsi que la formation « Bio-ingénieur » de l’Université Technologique de Compiègne.

Le transhumanisme n’est plus un fantasme, il est temps d’en parler. Mais qu’est-ce donc ?

Julian Huxley, biologiste de formation invente le terme en 1957 et le définit par : « la réalisation la plus aboutie des possibilités de l’homme… devenir le directeur général de la plus grande entreprise de toutes, celle de l’évolution ».

L’Homme s’extrait de son évolution biologique grâce au contrôle qu’il prend dessus par la technologie.

L’Homme biologique devient Homme technologique.

L’idée derrière n’est guère nouvelle, de nombreux scientifiques et philosophes ont fantasmé de dépassements des capacités humaines, mais jamais leurs réalisations n’ont été si « possibles ».

Le transhumanisme est à la

croisée de deux mondes que peu de chose rassemblent : la médecine et l’ingénierie.

La médecine a pour but la restauration de la fonction initiale des tissus biologiques.

Sa philosophie réside dans la conservation de l’homéostase de l’organisme pour la santé du patient. De l’autre côté, l’ingénierie a pour but le progrès à tout prix. Sa philosophie est celle de l’efficacité et du confort pour ceux qui peuvent l’acquérir.

La médecine restaure et l’ingénierie améliore.

Mais la confrontation entre les deux ne s’arrête pas là, elle est plus profonde, elle oppose aussi des modèles économiques divergents.

Le transhumanisme est à la croisée de deux modèles économiques antithétiques.

Le serment du Conseil de l’Ordre des médecins stipule « je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire » or c’est directement en opposition avec l’ingé-

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nierie, dont le mantra est de dépasser la version technologique précédente ou celle d’un concurrent pour le profit et la gloire.

L’ingénierie a toutes les dérives et tous les avantages du système qui a vu son essor : le capitalisme. C’est-à-dire un progrès rapide mais une distribution inégale.

La médecine est au chevet du patient, l’ingénierie est à celui de l’argent.

Malgré les différends, la technicité de la médecine actuelle ne peut plus se passer de ses experts que sont les ingénieurs.

Comment les faire cohabiter alors dans les hôpitaux et lieux de soins ?

Les cas actuels qui ne font pas débat sont les suivants : le sujet de l’amélioration vise le traitement d’une maladie ou l’efficacité du diagnostic.

Dans ce cas toutes les avancées technologiques sont les bienvenues : nouvelles techniques d’imagerie ou nouvelles sondes/ outils, ou bien prothèses.

L’INDUS N° 22 > Dossier : L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

Les difficultés apparaissent lors d’interventions qui permettent de dépasser la fonction initiale et deviennent de la médecine de « confort/luxe » : ingénierie génétique, prothèse plus performante que l’appendice initial, et plus tard l’arrivée de la numérisation des processus cognitifs.

Mais ce que manquent aux deux ce sont les compétences de l’autre, la relation patient/ médecin d’un côté et la technique de l’autre.

La cohabitation harmonieuse ne se fera que quand les deux cursus seront mixés.

En d’autres termes la création d’une langue commune avec des valeurs communes. La fusion des deux mondes ne va pas être sans conséquence sur les comités d’éthique autour de la question de la santé.

La médecine et l’ingénierie ne

connaissent pas de frontièresmais les gouvernements oui.

Si les questions vont rester épineuses, c’est parce qu’elles vont impacter directement d’autres secteurs.

Une population « plus performante », « moins malade », est un atout pour un gouvernement dans un univers de concurrence globalisée.

La véritable difficulté du transhumanisme c’est demander à une fraction de la population à la gouvernance de décider entre gain /croissance et éthique/santé.

Les deux ne sont réconciliables que si le « pourquoi » (l’éthique) passe avant le « comment » (la technique).

Une réflexion globale est en cours, elle s’articule et s’articulera différemment dans chaque pays en fonction des spécificités culturelles et des

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approches techniques diverses, mais dans l’ensemble, elle prendra une direction commune — celle de la redéfinition de l’humain, tout court.

Chaque avancée technologique de l’humanité a toujours a toujours redéfini la notion de frontière entre nous, nos capacités et l’outil.

Mais aujourd’hui l’outil ne nous est plus externe mais interne.

Les avancées technologiques continues nous questionneront encore plus sur la définition de l’Homme tout court.

Transcender notre condition d’être biologique a-t-il un sens ? Est-ce même simplement possible par la technologie ? La question n’est donc finalement pas de savoir si la médecine et l’ingénierie sont réconciliables mais : En quoi l’Homme technologique est-il toujours un Homme ?

L’INDUS N° 22 > Dossier : L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

Transhumanisme et dispositifs médicaux Pouvons-nous réconcilier les technologies élaborées dans une visée transhumaniste et l’univers du dispositif médical ? Nous est-il possible de leur trouver un objectif commun ?

Par Aymeric Lebon, Consultant Senior, Strategiqual SAS

Le transhumanisme ou les sciences au service de l’humain 2.0 Le terme « transhumanisme » est souvent considéré comme un synonyme d’« amélioration humaine ».

Ce courant apparu à la fin des années 1950 tend à se structurer en un mouvement au début des années 1980. Cette manière de penser est basée sur la conviction que les humains sont actuellement dans une phase intermédiaire de leur développement. Effectivement, le «transhumain » correspondrait à un état situé entre l’humain et le « post-humain ». Le post-humain posséderait des capacités de base dépassant largement celles des humains actuels et ne serait donc pas considéré comme un humain selon nos standards actuels.

Par exemple, ce post-humain serait résistant à la maladie, aurait une jeunesse éternelle, aurait un contrôle sur ses désirs, sur ses humeurs et ses états mentaux. Il serait capable de ne pas ressentir la fatigue, la haine ou le stress ainsi qu’avoir une grande capacité pour les sentiments de plaisir, d’amour, d’appréciation de l’art et la sérénité.

Le transhumanisme pouvant alors être défini par ce que Max More décrit finalement comme la promotion de l’amélioration de la condition

humaine à travers des technologies d’amélioration de la vie, ayant pour but l’élimination du vieillissement et l’augmentation des capacités intellectuelles, physiques ou psychologiques.

Est-il possible de rapprocher technologies transhumanistes et les dispositifs médicaux tels que nous les connaissons aujourd’hui ?

Afin de discuter de ces deux notions que sont le transhumanisme et les dispositifs médicaux il convient dans un premier temps de s’accorder sur la définition de l’un et l’autre de ces éléments. En ce qui concerne le transhumanisme, nous venons d’en rappeler la définition. En ce qui concerne les dispositifs médicaux, nous considérerons dans notre développement la définition récemment introduite par le Règlement Européen 745/2017, que nous pourrions résumer ainsi, dans le contexte qui nous intéresse : tout instrument, appareil, équipement, logiciel destiné par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins de contrôle, de traitement ou d’atténuation d’une maladie, d’une blessure ou d’un handicap ou en compensation de ceux-ci ou au remplacement ou à la modification d’une

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structure ou fonction anatomique ou d’un processus ou état physiologique ou pathologique.

Nous constatons alors que ces deux définitions mènent à des objectifs divergents. Les technologies transhumanistes visent avant tout à améliorer l’Homme sain, exempt de tout handicap ou maladie. En d’autres termes, l’objectif du transhumanisme est de créer des technologies conduisant à l’Homme 2.0 : plus rapide, avec une force musculaire accrue, vivant plus longtemps ou avec une meilleure capacité de cicatrisation. Des exemples de technologies tels que des exosquelettes sont déjà en développement et en test.

Quant à eux, les dispositifs médicaux visent avant tout à corriger un handicap ou concourir au traitement d’une maladie. D’ailleurs, d’un point de vu réglementaire à proprement parlé, on

L’INDUS N° 22 > Dossier : L’inspiration transhumaniste et l’industrie de santé

constate que les technologies transhumanistes sont totalement exclues de la définition du dispositif médical.

Par conséquent, rapprocher les termes « dispositifs médicaux » et « transhumanisme » apparait comme antinomique bien que certaines situations, que nous allons exposer ciaprès, nous montrent que toute frontière est toujours poreuse.

Régulation des technologies transhumanistes Si les dispositifs médicaux font l’objet d’une réglementation exigeante et totalement explicite quant aux modalités nécessaires à leur mise sur le marché, il apparaît que les technologies transhumanistes échappent aujourd’hui à cette régulation. Étant tout au plus considérées comme des produits de bien-être dans certains cas. Une question que pourrait alors soulever la recherche sur les technologies transhumanistes porterait sur les essais réalisés sur les êtres humains afin d’élaborer ces technologies et d’en confirmer la performance et la portée. Heureusement, en Europe, depuis l’adoption de la Déclaration d’Helsinki en Juin 1964, la recherche médicale impliquant les êtres humains a instauré un cadre éthique pour cette pratique garantissant la préservation de l’intérêt humain.

Le débat sur la régulation des technologies transhumanistes en santé semble n’en être qu’à ses débuts. En effet, une des thématiques principales de la réflexion transhu-

maniste en santé porte sur la recherche de l’immortalité de l’être humain ou tout du moins, sur la capacité à repousser la mort en réduisant voire en corrigeant totalement le vieillissement cellulaire. À ce titre, pourrons-nous considérer qu’il s’agit ici de corriger un processus physiologique et par conséquent garantir l’intégration de ces technologies prometteuses dans les réglementations existantes ? Il nous faudra attendre que le régulateur se prononce sur cette composante.

Convergences des technologies transhumanistes et des dispositifs médicaux.

Si la vision purement réglementaire exposée précédemment tend à conclure que les technologies transhumanistes ne peuvent être considérées comme des dispositifs médicaux, certains exemples nous incitent à penser le contraire.

Une situation que nous pourrions en effet considérer comme borderline entre ces deux définitions existe lorsque des dispositifs sont utilisés pour corriger des fonctions physiologiques ou un handicap physique et que ces dispositifs conduisent à obtenir des performances humaines supérieures à celles d’un homme « standard ». Dans ce contexte, dispositifs médicaux et technologies transhumanistes se rejoignent même si l’objectif initial demeure bien de concourir à l’atténuation d’un handicap, par exemple.

C’est d’ailleurs ce que pro-

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meut le courant de la biomécantronique transhumaniste, science appliquée interdisciplinaire qui vise à intégrer des éléments mécaniques et électroniqus dans le vivant.

Le mot de la fin Une dernière différence fondamentale entre technologies transhumanistes et dispositifs médicaux porte sur les processus d’innovation attenant à ces derniers. En effet, les dispositifs médicaux visent à répondre à un problème médical non résolu ou à améliorer une situation de prise en charge. Les technologies transhumanistes font appel à la spéculation et à une vision, plus ou moins éthique, de ce que pourrait devenir l’Être Humain 2.0. Elles se fondent sur les connaissances médicales existantes mais aussi sur un grand nombre d’hypothèses.

Cependant, dans certaines perspectives comme la suppression de handicaps physiques, nous avons démontré la convergence de ces deux visions du monde.

Aussi nous est-il autorisé de penser que la vision transhumaniste serait déja une belle opportunité afin d’atteindre son objectif — trouver des solutions et des innovations pour élaborer des dispositifs médicaux améliorant la prise en charge des maladies et des handicaps.

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Quel avenir pour l’humanité ?

Par Julien Vandemergel, étudiant en 4e année de la faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry

Les problématiques du transhumanisme Dès le premier instant de notre vie, nous sommes mis au contact de la technologie pour notre santé, afin de l’évaluer et si besoin, de la restaurer. Rien de plus banal qu’une échographie pour une femme enceinte, la mesure de la glycémie chez un diabétique, ou encore porter des lentilles de contact. Notre société a su intégrer la technologie dans l’univers médical, via des dispositifs médicaux, des prothèses toujours plus performantes, des organes parfois totalement artificiels ou encore via des outils diagnostiques connectés, toujours dans l’objectif de restaurer ou d’évaluer un état de santé.

Et si demain nous utilisions la technologie pour augmenter nos capacités basales, décupler notre espérance de vie voire même devenir immortels ? Et si la technologie devenait un outil transitionnel pour notre espèce ?

Le genre humain s’apprête peut-être à devenir obsolète, nous nous approchons d’une nouvelle ère où les limites de la condition humaine actuelle ne pourraient devenir que de lointains souvenirs ? Devons-nous y voir une menace pour notre espèce ou la promesse d’un monde meilleur ?

Le changement est-il prévisible ?

Si nous nous penchons sur l’histoire de l’espèce humaine et le développement technique qui lui est associé, nous pouvons, de notre point de vue de contemporain, identifier une accumulation des connaissances technologiques. En effet, chacune des générations naît avec plus de moyens que la précédente, et ceci depuis des milliers d’années. À l’époque où nous étions des chasseurs-cueilleurs, il apparait facile d’imaginer les connaissances se transmettant de génération en génération, comment planter tel arbre, comment ouvrir certains fruits à coque, comment assurer la pérennité de la plantation pendant l’hiver, comment chasser tel animal…

Et quelques milliers d’années plus tard, nous sommes toujours dans la même dynamique, nous nous appliquons

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à transmettre notre connaissance à chacune des générations qui nous succèdent, à la différence près, que cette connaissance est bien plus riche et bien plus spécialisée.

Cependant, si les premiers chasseurs-cueilleurs s’étaient interrogés sur ce que nous nous transmettrions quelques milliers d’années plus tard, pensez-vous qu’ils aient pu envisager rien qu’une infime partie de ce que nous produisons aujourd’hui ? Et si nous étions les chasseurs-cueilleurs de ce que sera devenue l’espèce humaine d’ici quelques milliers d’années ?

Un transhumaniste et l’inconnu Nick Bostrom, philosophe suédois, co-fondateur de l’AMT, devenue aujourd’hui Humanity+, est un défenseur des pensées trans et post-humanistes. Il intervient fréquemment sur des sujets comme le clonage,

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l’intelligence artificielle ou le téléchargement de l’esprit. À l’image du transhumaniste qu’il est, Nick Bostrom refuse de croire que notre espèce ait atteint un quelconque aboutissement, il considère que nous sommes destinés à évoluer encore, à nous perfectionner. À travers ses nombreuses conférences, il tente d’expliquer pourquoi nous devons nous questionner sur l’évolution de notre espèce et comment nous devrions la cadrer. Néanmoins, notre évolution est un sujet considérablement vaste et complexe, c’est pourquoi nous restons confrontés à la difficulté de son évaluation.

Lorsque certains considèrent qu’il est nécessaire de réaliser des projections réalistes du futur, d’autres considèrent que nous devrions faire abstraction de nos prédictions pour la préparation et la planification du futur de notre espèce. Nick Bostrom considère cette dernière opinion extrême comme erronée. En effet, s’il semble impossible de prédire précisément l’évolution de notre espèce, exclure un scénario permettrait déjà d’atteindre un certain degré de prévisibilité. « Il y a un énorme fossé entre savoir exactement ce qui va arriver et n’avoir aucune idée de ce qui va se passer. Notre emplacement épistémique actuel est un endroit offshore dans ce fossé » Pour rappel - on estime aujourd’hui que 99,9% des espèces ayant existé sur Terre sont déjà éteintes. Il semble difficile de concevoir l’avenir de l’humanité sans considérer l’hypothèse de l’extinction. Et l’extinction d’une espèce peut se réaliser de deux manières,

soit en évoluant en une espèce suffisamment éloignée, soit en disparaissant. Seulement, l’extinction de l’espèce humaine semble être très peu étudiée, il est concevable que la publication d’un tel genre d’ouvrages (cependant existants) subisse un biais, conséquence du sujet angoissant qu’ils peuvent traiter. Si l’espèce humaine survit aujourd’hui à de nombreux incidents naturels (éruptions volcaniques, tsunamis, cyclones…), il s’avèrerait que ce soit l’évolution de notre technologie qui puisse causer notre extinction. Nous pouvons envisager, par exemple, la dérive des biotechnologies et l’apparition d’agents pathogènes hors du commun ou la classique et si chère à la science-fiction hypothèse de l’apocalypse thermo-nucléaire.

De l’accueil administratif vers la singularité Dans notre quotidien, l’intelligence artificielle dite « simple » permet aujourd’hui de simplifier nos tâches quotidiennes, à l’image de SIRI chez Apple, ou d’Alexa chez Amazon, ne demandant pour la recherche d’une information que la formulation d’une question.

Ainsi, Pepper est un robot implanté dans la mairie du XVe et permettant l’accueil des administrés afin de les orienter dans l’établissement et pouvant également répondre à leurs interrogations les plus simples. Malgré un protocole de communication parfois simpliste et restreint, ces IA pourraient un jour devenir les ancêtres d’intelligences artificielles bien plus abouties.

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Une hypothèse intéressante quant à la possibilité de la création d’une super-intelligence est le téléchargement de données d’un cerveau humain vers un ordinateur.

Il s’agirait de comprendre et d’enregistrer le réseau tridimensionnel neuronal constitué de plusieurs milliards de cellules et de leurs innombrables liaisons, puis de le transférer à un ordinateur après émulation. Reconstituer la complexité du cerveau humain -c’est le défi ambitieux que se sont fixé certaines entreprises comme Blue Brain, en Suisse.

La singularité est une hypothèse qui a été émise et qui énonce, qu’un jour, l’humanité connaîtra un développement technologique exceptionnellement rapide, créant des changements radicaux pour la condition humaine.

Dans cette hypothèse, l’intelligence humaine que nous connaissons aujourd’hui sera largement dépassée et l’être humain perdra le contrôle politique de son destin. La singularité a été rattachée à l’intelligence artificielle par le statisticien IJ Good, dès 1965 : « Laissez une machine ultra-intelligente être définie comme une machine qui peut surpasser de loin toutes les activités intellectuelles de l’homme, puisque la conception des machines est l’une de ses activités intellectuelles, une machine ultra-intelligente pourrait concevoir des machines encore meilleures ; il y aurait alors incontestablement une « explosion d’intelligence », et l’intelligence de l’homme serait laissée loin derrière. »

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Hypothèse d’extinction par l’évolution Une autre hypothèse menant à l’extinction de notre espèce serait l’évolution de celle-ci. En effet, l’apparition de nouveaux caractères, via la manipulation génétique de cellules germinales par exemple, pourrait être à l’origine d’une nouvelle espèce.

Si la plupart des technologies d’amélioration humaine n’ont pas été le centre d’attention de la littérature sur l’éthique, le génie génétique a, lui, été le sujet d’un important débat.

Au sein de ce débat, les risques de la manipulation de cellules germinales sont très souvent évoqués et étoffés d’hypothèses judicieusement construites. Le point de vue transhumaniste oppose naturellement à ces inquiétudes l’immensité des avantages potentiels qui pourraient résulter de telles manipulations.

Pour certains, la manipulation génétique des embryons conduirait l’homme à considérer l’enfant comme un produit, à en évaluer sa qualité à travers des attentes définies et ainsi à en diminuer l’intérêt pour celui-ci lorsqu’il n’atteindrait pas le degré de qualité souhaité. Les transhumanistes s’accordent pour définir l’aboutissant de cette hypothèse comme fondamentalement mauvais et non-souhaitable. Ils contestent cet argument en évoquant l’exemple de la fécondation in vitro, qui malgré l’intervention de l’artificiel et de la volonté, ne semble en rien réduire le respect et l’amour que les parents portent à leurs enfants.

Notre espèce pourrait être largement remaniée par le développement des technolo-

gies. En premier temps, dans la continuité de ce que nous connaissons, mieux réparer l’homme puis par la suite augmenter ses capacités cérébrales notamment, mais corporelles également. C’est probablement dans cette optique que Google a créé l’entreprise Calico, axée sur la santé et le bien-être. Elle se concentre tout particulièrement sur l’étude du vieillissement et l’intérêt des biotechnologies dans l’augmentation de l’espérance de vie. Le vieillissement est aujourd’hui un enjeu considérable pour les industries de santé, elles sont nombreuses à investir dans la recherche à ce sujet afin de comprendre ce mécanisme qui semble être partagé avec la majorité des espèces appartenant au vivant.

S’il est possible que de mauvaises conséquences découlent de la manipulation génétique, il est également envisageable que des conséquences positives découlent de celle-ci. L’apport positif de la manipulation génétique n’est que très rarement discuté, malgré le potentiel inestimable qu’elle pourrait constituer. Aujourd’hui, laisser se développer une maladie génétique semble être généralement accepté, traiter les conséquences d’une anomalie génétique reste dans nos sociétés la solution de référence pour pallier les difficultés que le malade peut rencontrer, envisager de corriger la cause, par manipulation, demeure une solution inenvisageable.

Le caractère irréversible de ces manipulations génétiques est alarmant, le fait qu’elles puissent persister sur des générations et des générations reste le garde-fou principal de cette pratique. En état actuel

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de nos connaissances, nous ne sommes pas suffisamment intelligents, et nous ne le serons peut-être jamais, pour évaluer l’impact qu’aura, après plusieurs générations, une modification génétique réalisée par l’homme. C’est ici que les transhumanistes précisent qu’une manipulation génétique peut être annulée par une autre manipulation génétique. Effectivement, rien n’indique qu’une modification génétique, s’avérant finalement nuisible, ne soit pas rectifiable par la suite, d’autant plus que notre maîtrise de la génétique est loin d’avoir atteint son paroxysme.

En guise de conclusion Nous avons développé, installé et accepté la technologie dans notre quotidien afin qu’elle puisse nous accompagner dans différentes tâches, et nous nous en sommes, sans nul doute, sortis plus forts et plus productifs. Le transhumanisme ne serait donc que la poursuite de cet ère numérique, animée par la négation du genre humain comme création aboutie, voyant notre espèce comme vouée à évoluer et étant loin d’avoir dévoilé l’ensemble de ses capacités.

De nombreuses hypothèses peuvent-être avancées quant à l’avenir de notre espèce, dont l’extinction et l’évolution… Nous sommes-nous suffisamment interrogés sur les différents chemins que l’humanité pourrait prendre ? Ne devrions-nous pas concentrer nos efforts et nous efforcer de devenir acteurs de notre évolution pour en prévenir les pires finalités ? Et si ce que nous entreprenions pour éviter le pire, ne finisse que par nous guider vers celui-ci ?

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Court retour de conférence et réflexion libre sur le transhumanisme Par Yannick Michaud, étudiant en 4e année de Pharmacie, à la faculté de Châtenay-Malabry

Nathanaël Jarassé, chercheur à l’Institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR), était invité lors de la première édition des Speak Up! Talks.

Lors de son intervention, M. Jarassé insistait sur la nécessité de tempérer les attentes de l’imaginaire collectif en terme de « Grand Spectacle ». Ainsi, il expliquait que les progrès les plus impactants peuvent se résumer à la possibilité de « fixer une prothèse de bras directement sur l’os » ou « dévier des nerfs pour améliorer la commande de prothèses robotiques » … En somme, des perspectives très heureuses pour les patients conérnés. Cependant, ces avancées semblent être assez anecdotiques, si on les compare au large éventail de ce que la science-fiction nous propose, ce qui explique les attentes démesurées du Grand Public.

Le séquençage de l’ADN ou le Southern Blot impressionnent moins qu’IronMan. Les risques potentiels pointés du doigt pourraient donc connaître le même sort que « l’épidémie des vols cybernétiques » et la « grande peur de l’an 2000 » qui étaient le substrat majeur des débats aux plateaux télé à une époque, avant que le réel ne calme l’imaginaire.

Ainsi, si j’avais à retenir quelque chose de cette confé-

rence, c’est la citation de Roland Barthès, habilement inséré par M. Jarassé dans son exposé : « La science va vite et en droit chemin, mais les représentations collectives ne suivent pas ».

Réflexion libre Joseph a 53 ans. Nous sommes à la fin du xixe siècle. La classe populaire peine à envisager d’échanger sa force de travail contre une monnaie qui sera conservée par un établissement bancaire. Joseph souffre d’une maladie grave qui ne lui permettra pas d’atteindre 55 ans.

Nous sommes maintenant à l’orée des années 1990. Le débat portant sur les risques des paiements en ligne fait rage.

Joseph souffre de la même maladie. Elle lui sera maintenant fatale à l’âge de 62 ans.

Enfin, nous sommes en 2018.

Le paiement se fait sans contact, par smartphones, lesquels comportent, pour un grand nombre d’entre nous, toutes les données « sensibles » et personnelles imaginables : et Joseph vivrait plus vieux s’il était né moins tôt.

Les technologies n’ont jamais été qu’un moyen. L’histoire aurait pu avoir un visage différent, parfois à quelques individus près, et leurs intentions et actions derrière l’utilisation

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de ces outils. Dans le cas de la santé, il est très probable que les avancées futures, à l’image des grandes découvertes passées, puissent métamorphoser le diagnostic, la prise en charge et les résultats thérapeutiques, dans une mesure que nous pouvons très difficilement évaluer pour l’instant.

En supposant l’existence d’une ou plusieurs découvertes de l’ampleur de celle d’Internet ou de l’aviation dans le domaine de la santé, le bénéfice sera immense. Le développement exponentiel des moyens, mis dans les mains de l’Homme actuel et futur est-il un danger pour la survie de l’espèce ? Dans quelle mesure pouvons-nous parler de transhumanisme, en s’intéressant essentiellement à la présence ou non de corps étrangers électroniques « connectés » dans nos corps, quand ces débats, souvent sur Facebook, sont nourris via des smartphones - appareils électroniques siamois, nous rappelant tout ce qui est trop encombrant à mémoriser pour ne pas le déléguer à « autre chose », à l’heure où la facilité sonne à la porte de la raison.

« Le corps est la prison de l’âme. » Le fantasme de l’immortalité et des possibilités ouvertes par la jeunesse éternelle sont

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présents dans les préoccupations humaines, et ce aussi loin que nous pouvons remonter. Si les aspects moraux et philosophiques sont extrêmement complexes et polarisants, la peur de la vieillesse, et surtout de la mort, rassemble les opinions. S’il était possible, en 2097, ne serait-ce que d’obtenir un corps éternellement jeune, sous couvert d’anonymat total, les antagonistes du débat sus-cités se snoberaient dans la file d’attente d’un « Panaceum-center », sous le regard narquois de Joseph.

La possibilité de « réparer les erreurs » de la Nature nous donnerait le pouvoir de promouvoir une égalité sociale plus réelle que ce que nous suggèrent les statistiques de l’espérance de vie en fonction de la place parmi les autres, ou de l’origine géographique.

Celui ou celle qui a perdu son bras dans un accident, risque fort de dépasser ses éventuels blocages moraux, à l’idée de ne plus renverser son café, de la main gauche, sur ses chaussures à scratchs. Sans parler de la disparition du cancer, du VIH ou du diabète.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Nul besoin de citer les chapitres les plus sombres de l’Histoire pour réaliser que l’humain a déjà été capable du pire à l’aide des outils créés pour, parfois, permettre le meilleur. Les scandales sanitaires attestent d’une réelle dangerosité de certains excès de confiance, expériences hasardeuses ou acharnements

irrationnels. Le diagnostic de certains virus permet le bioterrorisme et l’idée de l’apparition d’une imprimante 3D, accessible à tous, capable de créer des armes de destruction massive me fait déjà regretter d’avoir écrit cette phrase…

Les sourires sur les brochures des assurances santé seraient moins convainquant dans l’hypothèse d’un progrès spectaculaire des techniques diagnostiques face à une stagnation du niveau thérapeutique, et le choix éthique s’alourdit proportionnellement à l’ampleur de ses conséquences.

« L’obscurité la plus dense n’est jamais loin de la lumière la plus vive. » Concernant les possibilités de « cyborginisation » de l’Homme, est-on toujours humain et « naturel » lorsqu’on s’est affranchi des limites biologiques, et donc des peurs et instincts inhérents à l’existence de ces limites ?

Par exemple, le traitement des problématiques dramatisées dans la série Black Mirror offre un regard apocalyptique sur ce que les technologies débridées pourraient produire.

Joseph pourrait, en 3012, ne pas être né, ou être interrompu en cours de vie pour une histoire d’allèle, sur décision d’un algorithme jugé juste par des gens morts depuis longtemps.

« Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. » C’est une réponse partielle et partiale, mais si on s’en tient aux faits, le progrès n’est pas évitable. Il n’est bien sûr

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pas possible de prendre en compte les inventions n’ayant jamais atteint le grand public ou même une réalisation concrète, mais dans un monde pour l’instant majoritairement mû par des considérations capitalistes et économiques, il est très dur de faire ployer des géants tels que Google, Facebook, Amazon ou autres mastodontes idéologiques et financiers, capables de poursuivre leurs buts, nonobstant les injections politiques.

Dès lors, dans le contexte de cette réponse subjective, la question du transhumanisme et ses miracles ou déboires dépend surtout de ce que ces géants, ou ce que les petits doigts aux bouts de leurs longs bras feront de ces pouvoirs. En tant que professionnels de Santé, nous serons peut-être amenés à être une légion de phalanges.

Or un bras dont les doigts refusent de serrer ne peut pas presser de gâchette.

En guise d’ouverture Quelques soient les risques et les bénéfices de l’inspiration transhumaniste dans l’industrie de santé, il existe de fortes chances que notre potentiel décisionnaire, en tant que membre quelconque de la communauté humaine (mais aussi en tant que futur professionnel de santé), se réduira aux “choix de société”, qui se préparent sur plusieurs années selon un cahier de charge résumant un plan du développement de 3 ou 4 conglomérats d’entreprises multinationales.

En attendant, restons éveillés !

L’INDUS N° 22 > Actus

Dérégulation et tentatives d’atteinte au monopole Des enquêtes et des négociations sont en cours pour l’ouverture du monopole de dispensation pharmaceutique de l’OTC aux grandes surfaces, et plus particulièrement à l’enseigne Leclerc.

Par Ruslan Abrashitov, Étudiant en 4e année de Pharmacie, Faculté de Châtenay-Malabry.

Équation à plusieurs inconnues, cette question est abordée par des acteurs différents.

Les acteurs réglementaires, administratifs, membres des syndicats, lobbyistes et représentants de commerce s’y mêlent sans rendre le processus plus clair.

Arguments pour le démantèment...

D’après le PDG de Leclerc, dans une interview donnée à France 3, ce dernier assure pouvoir vendre des médicaments OTC de 10 à 15% moins chers qu’en officine, dans un circuit classique. Il se justifie par la rhétorique suivante : « Acheter des médicaments moins chers, cela se négocie auprès des laboratoires […], qui eux, sont des marchands ». Tout se résumerait donc à la théorique régulation du marché selon les mécanismes de l’offre et de la demande, dans un monde où un homme d’affaires pourrait toujours s’arranger avec un autre homme d’affaires.

De son côté se range l’Autorité de la concurrence. Il s’agit d’une autorité administrative indépendante française chargée d’assurer le respect de l’ordre économique en luttant contre les pratiques anticoncurrentielles. Elle mène

actuellement une enquête concernant le fonctionnement concurrentiel dans le secteur du médicament. Il y a trois ans, le gain de cause n’a pas été obtenu, l’agence s’étant prononcée favorable à la vente des médicaments disponibles sans ordonnance à l’extérieur de l’officine. Aujourd’hui la charge est renouvelée avec des forces nouvelles, l’Autorité de la concurrence ayant pris en compte un changement important dans le gouvernement.

Persistance du monopole Cependant, du côté des défenseurs du monopole, les arguments sont solides.

L’un des arguments est le fait que l’on peut trouver sur le marché pharmaceutique actuel, de l’OTC à des prix préférentiels évoqués par des partisans de la dérégulation. Ainsi, les prix bas qui composent la clé de voûte de l’argumentation pour le démantèlement du monopole, sont accessibles au sein de certaines pharmacies, indépendantes ou faisant partie de groupements. Les médicaments à bas prix bas bénéficient dans ce cas de toute l’assurance du circuit pharmaceutique établi.

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Par ailleurs, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, témoigne du soutien qu’est accordé au monopole par le ministère de la Santé. Le ministère se souciant essentiellement de la santé publique, et de la sécurité d’usage procurée par le circuit actuel, il est peu probable que ce dernier soit mis en cause. En guise d’exemple de réussite du modèle actuel en France, on peut citer le niveau extrêmement bas de contrefaçon des médicaments, comparé au reste du marché européen.

L’USPO (Union des Syndicats des Pharmaciens de l’Officine), décrédibilise également la grande distribution en matière de dispensation des médicaments OTC, en rappelant les scandales que cette dernière a connu (en guise d’exemple l’affaire Lactalis).

Elle souligne également son incohérence vis-à-vis des objectifs de santé publique, qui devraient à l’avenir s’appuyer sur la distribution au sein du réseau pharmaceutique, avec toutes les contraintes que cela comporte.

L’INDUS N° 22 > Retour de stage

Retour de stage Da Volterra est une société de biotechnologie privée dont le siège est à Paris, en France. La société a été créée en 2000 par le professeur Antoine Andremont dont les recherches sont dédiées à la compréhension de l’impact des antibiotiques sur la flore intestinale. Il est l’un des leaders d’opinion les plus renommés dans le domaine de la résistance aux antibiotiques et un pionnier dans la conception de stratégies pour lutter contre la résistance aux antibiotiques.

Notre principal produit DAV132 est un nouveau dispositif médical à associer à des traitements antibiotiques pour prévenir les perturbations du microbiote intestinal.

Thomas Spoljar, 6e année de faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry, Master Market Access et évaluation médico-économique.

L’évaluation médico-économique s’est imposée ces dernières années en France comme dans d’autres pays face à la croissance des dépenses de santé.

Son objectif est d’établir le bénéfice d’un produit ainsi que ses coûts sur une période donnée pour permettre aux décideurs publics de juger si le bénéfice est suffisant au vu de l’impact économique potentiel qu’aura ce produit.

Cet impact est en général apprécié grâce à l’ICER, exprimé en euros par QALY (année de vie ajusté à la qualité) qui permet d’estimer combien une année supplémentaire en bonne santé pour un patient coûtera aux payeurs (le système de santé par exemple).

C’est ce rapport qui détermine l’efficience d’un produit.

Mon stage a consisté en grande partie à concevoir un modèle médico-économique pour estimer cet ICER et

mieux comprendre comment le produit pourrait se comporter une fois commercialisé. Les études médico-économiques se basent en général sur des données d’essais cliniques qui sont ensuite extrapolées pour prédire le comportement du médicament une fois sur le marché. Dans notre cas, le produit concerné est actuellement en phase précoce de développement, les essais cliniques ne sont pas encore réalisés. C’est donc un enjeu extrêmement intéressant d’essayer d’obtenir une estimation la plus cohérente possible des « outcomes » de notre produit, en considérant les limites de notre étude.

Ce qui permet de réaliser une telle étude sans avoir de résultats cliniques complets c’est le fait que notre produit soit préventif et que, de par son mécanisme d’action, il n’ait aucun effet indésirable.

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Il est donc possible de prédire son comportement en testant plusieurs hypothèses d’efficacité et en considérant pour simplifier que la personne développera ou non la pathologie.

Au début il a donc fallu effectuer un certain nombre de recherches pour définir l’environnement dans lequel se situe actuellement notre produit, concernant les coûts des stratégies thérapeutiques, des médicaments, des résultats d’efficacité, des analyses sur des bases de données en vie réelle… Mais aussi prédire son environnement dans plusieurs années, quand le produit arrivera sur le marché, en fonction des essais cliniques en cours.

Grâce à ces différentes informations, j’ai travaillé avec un polytechnicien pour créer un programme informatique qui modélise le produit en vie

L’INDUS N° 22 > Retour de stage

réelle. Ce modèle permet de prédire, en comparant avec ou sans notre produit, le nombre de survivants, la médiane de survie, les coûts par patients et l’ICER. Ce modèle est utilisé comme première approche de ce que pourrait représenter le produit en vie réelle et est important dans une optique stratégique de design d’essais clinique futurs par exemple.

Quand ils seront disponibles, les futurs résultats d’étude de bases de données ou des essais cliniques, remplaceront les données de la littérature et amélioreront la robustesse de notre modèle.

Ce stage a été extrêmement formateur par sa polyvalence.

Au déla de nombreuses autres missions m’ont été confiées allant de revues de la littérature à des négociations avec des contacts extérieurs, en passant par des conférences sur les dispositifs médicaux, des réflexions d’accès au marché pour le produit, des recherches pour le design d’essais cliniques (par exemple comment mesurer au mieux la qualité de vie dans cette pathologie).

Ce stage m’a permis de découvrir la diversité des tâches que pouvaient couvrir l’évaluation médico-économique, alliant des compétences médicales, pharmaceutiques, économiques et statistiques, et de découvrir le Market Access à un stade précoce d’un produit, avec une vision stratégique et non opérationnelle.

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L’INDUS N° 22 > En bref

En bref

Par Léa & Ruslan

La PMA pour tous

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Dans le monde, 5 personnes meurent chaque minute à cause de l’obésité. Cette maladie touche plus de 1,4 milliard de personnes dans le monde et les prévisions de l’OMS sont alarmantes. D’ici 2030 plus de 3,3 milliards de personnes devraient être touchées. C’est donc un fléau mondial dont une des solutions réside peut-être dans un nouveau médicament en développement.

Notre organisme est composé de deux types de cellules graisseuses, les adipocytes blancs qui stockent les graisses en triglycérides, difficiles à éliminer par notre corps et les adipocytes bruns, surtout présents chez les mammifères hibernant et le nouveau-né (pour conserver sa chaleur). Ces derniers sont capables de brûler les graisses plus facilement pour produire de l’énergie. Les chercheurs ont donc mis au point un dispositif transdermique contenant de la rosiglitazone capable de modifier le métabolisme des adipocytes blancs en adipocytes bruns. Les résultats des essais sur des souris obèses sont significatifs, avec une diminution de plus de 20% de la masse graisseuse. Bien qu’il existe déjà des médicaments à base de cette molécule, ils s’accompagnent d’effets secondaires graves comme des maux d’estomac ou des fractures. Le dispositif transdermique permet d’administrer la molécule directement dans les graisses par des micro-aiguilles et ainsi d’éviter ces complications.

On remarque également une diminution du glucose chez les souris diabétiques de type 2, cette maladie touchant près de 500 millions de personnes dans le monde. Toujours en développement, le médicament devrait rentrer en essais cliniques dans les prochaines années.

DR.

Un patch pour lutter contre l’obésité

Le 11 juillet 2018 le Conseil d’État, plus haute juridiction des ordres administratifs, a rendu son rapport sur l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes homosexuelles. Bien que l’institution ne prenne pas parti pour ou contre, elle souligne tout de même que d’un point de vue juridique rien n’empêche l’élargissement de la PMA aux couples de femmes.

Cette avancée pourtant peu médiatisée est importante. En effet, le Président avait fait de cette loi une promesse lors de sa campagne.

Cependant, le projet reste dans l’ombre après de nombreuses hésitations face à la forte opposition et des questions moralement légitimes formulées par l’opposition. Ce rapport pourrait donc servir d’appui juridique et bioéthique. Le conseil propose la reconnaissance des deux mères en matière juridique et le remboursement par la Sécurité Sociale pour permettre un accès égalitaire à la procédure. Cependant le Conseil souligne toujours son opposition à la GPA. Aujourd’hui en Europe de plus en plus de pays votent en faveur de cette loi à l’image de l’Angleterre, des Pays-Bas, d’Espagne, ou encore de la Belgique.

Source : France Bleu

Source : Science et Avenir

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L’INDUS N° 22 > En bref

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Après l’affaire du Tareg en 2013 et la falsification des résultats de l’essai clinique par la filière japonaise de Novartis, le valsartan est de nouveau au centre de l’attention.

En effet, depuis fin juin 2018 nous sommes témoins d’un rappel mondial de certains génériques pouvant contenir de la NDMA. Cette substance est classée par l’Organisation Mondiale de la Santé dans les molécules cancérogènes. Même si le risque est minime la menace est non négligeable pour plus de 1,3 million de français en hypertension.

Cette impureté provient de la matière première fabriquée par un laboratoire chinois, et a été signalée par l’EMA. Ainsi tous les génériques ne sont pas concernés car les laboratoires, notamment français, retravaillent la molécule.

Il n’y a donc aucun risque pour les génériques Biogaran ou Zentiva. Malgré le danger, il est conseillé de continuer son traitement et demander conseil à son pharmacien. Un numéro vert est mis à disposition par l’ANSM pour répondre aux interrogations des patients.

DR.

Valsartan, rappel mondial de médicaments

analogue du princeps présenté comme une innovation scientifique, mais étant parfois qu’un simple isomère.

Le laboratoire Allergan a fait preuve d’inventivité, en transférant un certain nombre de brevets à la tribu amérindienne « Saint Regis Mohawk Tribe », État de New York. Motivés à défendre les brevets face à la concurrence des starting-blocks, prêts à copier les formules des traitements, les industriels se sont servis d’une impasse législative. En effet, les tribus amérindiennes bénéficient d’une certaine immunité économique, la loi fédérale ne s’appliquant pas sur leur territoire. Elles ne peuvent pas être attaquées ou poursuivies en justice si elle détiennent les brevets.

Ainsi la formule ne peut pas être génériquée, la justice et les concurrents économiques du laboratoire Allergan restent perplexes, et la tribu est prête à faire fonctionner son office des brevets à plein temps.

Courtisé par les entreprises technologiques et les laboratoires pharmaceutiques, ce territoire si particulier deviendra peut-être un offshore de propriété intellectuelle et un pays de cocagne riche en perspectives et investissements ?

Sources : ANSM, Le Monde

Méthodes de luttes pour les brevets, l’inventivité et les amérindiens Quel est le rapport entre la défense des intérêts économiques des firmes pharmaceutiques et les tribus amérindiennes ?

Parfois, les laboratoires sont prêts à aller loin pour défendre leurs brevets et éviter que ceuxci tombent dans le domaine publique.

En tant que méthodes « classiques » de lutte pour le brevet, on peut en citer au moins trois.

Ainsi, un laboratoire est capable de verser des sommes importantes aux fabricants des génériques, pour que ces derniers retardent au maximum le lancement des copies.

Il est aussi possible qu’un laboratoire incite les médecins à prescrire le princeps plutôt que le générique, ou qu’il lance sur le marché un

Source : Decideurs Santé, Pharmacie et Biotechnologies.

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L’INDUS N° 22 > Tests

S'entraîner au TAGE MAGE En partenariat avec la FNEGE

1. Compréhension d’un texte écrit C’est un rêve commun aux éducateurs, aux managers, aux parents : trouver le secret de la motivation.

Au fond, vouloir motiver les autres relève d’une bonne intention. A l’heure où il n’est plus de mise de contraindre et de commander, il s’agit de pousser autrui à agir sans le forcer. Simplement en le stimulant et en l’encourageant.

Or, disons-le d’emblée, malgré les décennies de recherches sur la motivation, les études n’ont pas abouti à un résultat probant. À lire les manuels (sérieux) de psychologie du sport, d’éducation, de gestion des ressources humaines, on retrouve pourtant quelques règles fondamentales pour « gérer » les motivations.

Il est vain, admet-on aujourd’hui, de rechercher une clé ultime des motivations. Car chaque activité complexe (étude, sport, travail…) combine une multitude de motifs qui s’enchevêtrent. Le jogger qui s’entraîne à la course des heures durant est mû par plusieurs mobiles : le goût du dépassement de soi, la volonté de « décompresser » après le travail, le plaisir de la compétition, etc.

Un élève qui accumule les mauvaises notes ne peut durablement s’investir à l’école ; un employé qui ne reçoit aucune gratification, un sportif qui ne progresserait jamais seront vite démobilisés. C’est pourquoi, gérer les motivations suppose de savoir fixer des objectifs accessibles et des buts concrets, ouvrant à des récompenses matérielles et symboliques pour entretenir la motivation.

Le milieu est essentiel. La motivation ne peut s’appuyer que sur la seule volonté individuelle, toujours fragile. Les sportifs, les musiciens le savent bien : la motivation découle en grande partie de l’existence de clubs, de stages, des lieux de rencontre où une personne peut vraiment entretenir de nouvelles sources de motivation. L’entraînement solitaire, les injonctions personnelles pèsent de peu de poids face à un milieu hostile ou indifférent à ses projets.

Le leadership est un autre facteur de la motivation. Le coach, l’éducateur, le manager ont une influence déterminante sur la motivation d’autrui : positivement ou négativement. Il existe plusieurs types de leadership, charismatique, paternaliste, autoritaire, démocra-

tique… contrairement à une idée reçue il n’y a pas, au regard de la motivation, de style plus ou moins bon de leadership. Tout dépend de l’activité considérée, de la psychologie des participants, du cadre social.

Il semble que le critère central soit la motivation du leader lui-même et l’exemple pratique qu’il donne. On influe plus sur autrui par ce que l’on fait que par ce qu’on dit. Les véritables chefs qui savent entraîner leurs troupes sont ceux qui s’impliquent, participent, contrôlent, et sont eux-mêmes passionnés par ce qu’ils font.

Comment le texte présente-t-il le leadership ?

1. Il résulte de 50% de persuasion et 50% d’exemple.

2. Le leadership doit être adapté à la compétence et à l’autonomie des personnes.

3. À chaque époque, il y a un style de leadership dominant.

A. 1+2+3 C. Uniquement 2 E. 1+2

B. 1+3 D. Ni 1, ni 2, ni 3

. Calcul 2 Les pièces de 0,50 $ et 0,20 $ pèsent respectivement 10 g et 8 g. Combien doit-on avoir de pièces pour disposer d’une somme de 46 $ correspondant à un poids de 1280 g ?

A. 56 B. 146 C. 135 D. 154 E. 92

. Raisonnement & argumentation 3 À la caisse d’un supermarché trois clientes attendent pour régler leur achat. Elles ont toutes les trois la même robe mais de couleur différente. Une dame porte un chapeau et une autre des lunettes. La dame blonde porte une robe rouge. La dame à lunettes est brune. La dame rousse est en deuxième position. La dame qui porte une robe verte n’est pas entre les deux autres. La dame qui porte un chapeau est en première position.

Quelle conclusion peut-on tirer ?

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L’INDUS N° 22 > Tests

A. La dame brune est en première position.

B. La dame au chapeau est blonde.

C. La dame aux lunettes ne porte pas la robe verte.

D. Les couleurs des robes sont le bleu, le vert et le rose.

E. La dame en troisième position porte la robe bleue.

alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en clients C. plus les gens supportent moins d’être pris en otage et traités en usager anonyme alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en client D. moins les gens supportent d’être pris en otages et traités en usagers anonymes alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en clients E. moins les gens ne supportent pas d’être pris en otages et traités en usagers anonymes alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en clients

4. Conditions Minimales Quelle est la valeur de x ?

1. x est un multiple de 7.

2. x est un multiple de 11 et x est inférieur à 100.

Vous répondrez : A. Si l’information (1) permet à elle seule de répondre à la question, et si l’information (2) à elle seule ne permet pas de répondre à la question.

B. Si l’information (2) permet à elle seule de répondre à la question, et si l’information (1) à elle seule ne permet pas de répondre à la question.

C. Si les deux informations (1) et (2) ensemble permettent de répondre à la question, et aucune séparément ne le peut.

D. Si chaque information permet séparément de répondre à la question.

E. Si les deux informations ensemble ne permettent pas de répondre à la question.

6. Logique Quel chiffre remplace le point d’interrogation ?

81632

3612

71428

A. 4816 B. 47852 D. 93 E. 248

186 217 ?

124 62

61224

C. 159

Le TAGE MAGE est une marque déposée par la FNEGE.

. Expression 5 Indiquez la formulation la plus correcte et la plus claire pour exprimer le sens du passage souligné.

Le choix A reprend la formulation initiale.

Plus le taux de syndicalisation baisse en France, plus les grèves se limitent aux entreprises du secteur public (SNCF,EDF,RATP,etc.) et plus les gens ne supportent pas d’être pris en otages et traités en usagers anonymes alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en clients.

Plus de d’informations sur : www.tagemage.fr La préparation en ligne officielle du TAGE MAGE : www.prepmyfuture.com/tagemage

A. plus les gens ne supportent pas d’être pris en otages et traités en usagers anonymes alors que par ailleurs ces mêmes entreprises proclament leur intention de les traiter en clients B. plus les gens ne supportent pas d’être pris en otages et traités en usagés anonymes

Solutions : 1. D / 2. B / 3. B / 4. C / 5. D / 6. E

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