Li apppsy 2016 3

Page 1

FÉDÉRATION NATIONALE DES PSYCHOLOGUES PRATICIENS D’ORIENTATION PSYCHANALYTIQUE DE BELGIQUE

Lettre d’information n°3/2016 juillet-août-septembre

Editeur responsable : Francis Martens

Adresse : rue du Président, 53 1050 Bruxelles

Editorial La Loi De Block sur la psychologie clinique et la psychothérapie • p. 2 : « Un putsch législatif », Francis Martens • p. 4 : Réponse provisoire aux questions inquiètes de certains, Ria Walgraffe Nouveaux Affiliés • p. 4 Annonces • p. 5 : Activités proposées ou organisées par nos membres

Editorial Chèr(e)s Collègues, Chèr(e)s Ami(e)s, En cette fin d’été ensoleillée, je vous souhaite une excellente rentrée. Et comme cela arrive souvent lors d’une rentrée, il y a du nouveau ! Dorénavant ce sera Cédric Boussart, un tout nouveau membre de notre association, qui se chargera de notre Lettre d’information. Nous vous invitons dès lors à lui adresser vos articles, comptes rendus, annonces, questions… ou tout souhait concernant celleci, par mail à cedricboussart@gmail.com. Dans une nouvelle rubrique, nous vous ferons régulièrement part des nouveaux affiliés que nous avons eu le plaisir d’accueillir. Outre les annonces d’activités organisées par nos membres, vous lirez un écrit musclé de notre cher Président autour de la nouvelle loi de Maggy De Block. Il sera suivi d’un bref texte qui répond provisoirement aux questions inquiètes de certain(e)s d’entre vous concernant la poursuite légitime de leur pratique psychothérapique. Merci aussi de noter déjà dans votre agenda la date de notre prochaine Assemblée Générale extraordinaire qui se tiendra le 8 décembre 2016 au « Repos des Chasseurs » à Watermael-Boisfort. Cordialement, Pour le Bureau, Ria Walgraffe-Vanden Broucke, Secrétaire sortante


La loi De Block sur la psychologie clinique et la psychothérapie Un putsch législatif La loi De Block sur la psychothérapie et la psychologie clinique

Une loi-programme de juin 2013 due à Maggie De Block, alors Secrétaire d'état à l'immigration et à l'asile, privait les étrangers régularisés pour motifs humanitaires de tout droit à l'aide sociale. Mais un arrêt de 2015 de la Cour constitutionnelle invalidait ce texte en tant que violant la Constitution belge (article 23) via l'exclusion d'une catégorie d'étrangers séjournant légalement sur le territoire «du droit de mener une vie conforme à la dignité humaine». Ce peu de souci des prescrits de la loi, ce genre de mesures démagogiques, ne sont pas pour rien dans l'aura people de l'actuelle Ministre de la santé. En ne publiant pas sur le portail internet du gouvernement fédéral la liste des membres de son cabinet, en se refusant à la communiquer au citoyen qui en fait la demande, elle viole également la loi sur la transparence administrative. Mais peu lui chaut. Elle ne répond pas au courrier. Le respect n'est pas son fort, pas plus que la vérité. Légiférant sur la psychothérapie et la psychologie clinique, on aurait pu s'attendre à ce qu'elle consulte les principaux intéressés («stakeholders» dans son jargon) et dès lors la seule fédération nationale reconnue composée exclusivement de psychologues cliniciens psychothérapeutes. Non seulement elle n'en fit rien mais elle refusa catégoriquement de recevoir l'Association des psychologues praticiens d'orientation psychanalytique (APPPsy). A la Commission santé du Parlement, elle prétendit néanmoins avoir pris contact. Sa porte-parole (Els Van Cleemput) poussa le bouchon plus loin en invoquant deux rencontres avec l'APPPsy !

En réalité, Maggie De Block ne prend avis que de ceux qui sont déjà du sien. Elle ne s'embarrasse guère de nuances. Elle sait déjà où elle va. Cette ancienne médecin de famille fait plutôt penser à une gardienne de musée qui, à la faveur d'un retournement politique, serait devenue conservatrice en chef. Elle avait toujours détesté ce méli-mélo d'expressionnisme, impressionnisme, pointillisme, quattrocentisme, laethem-saint-martisme, symbolisme, e tutti quanti. Aussitôt en poste, elle avait classé les tableaux par couleurs et par tailles - éliminant les hybrides – ce qui avait vidé beaucoup de salles et permis de les convertir en surfaces commerciales – allégeant de cette façon le budget de l'État. Ainsi de la psychomotricité : une pratique inclas-sable entre psychique et somatique. Ce désordre ne saurait constituer une profession à part entière – même si cette dernière existe et que son cursus de formation est reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles. À ce jour (août 2016), la Fédération des étudiants francophones (FEF) et l'Union professionnelle belge des psychomotriciens francophones (UPBPF) – voués à disparaître – menacent la ministre d'une action en justice. Étonnamment, les orthopédagogues dont la pratique est pour le moins aussi hybride que celle des psychomotriciens, se voient au contraire promus par la ministre au premier rang des professions de la santé. Le cursus de formation, il est vrai, est organisé exclusivement dans les universités du nord du pays. Plus symptomatique encore s'avère le sort inattendu des psychothérapeutes : une profession carrément rayée de la carte par la ministre VLD au profit de l'«acte psychothérapie», réservé désormais aux seuls médecins, psychologues et orthopédagogues, sur le modèle techno-médical standardisé de la prescription d'une série de séances répondant à une pathologie donnée. Il s'agirait, selon Maggie De Block, de promouvoir une psychologie clinique de première ligne en synergie avec la médecine générale et débouchant éventuellement sur une prise en charge plus spécialisée (les spécialistes de l'anorexie,

2


par exemple). Cette filière – ignorant la spécificité des diverses psychothérapies – donnerait lieu au remboursement partiel d'un nombre limité d'actes «evidence based»: c'est-à-dire ayant fait statistiquement leurs preuves en matière de symptômes. On ne pourrait que se féliciter d'une collaboration accrue du psychologue et du généraliste s'il ne s'agissait en réalité d'un assujettissement au modèle techno-médical dont le psychologue clinicien devient la «petite main» plutôt que le nécessaire partenaire (il dépend significativement désormais des Commissions médicales provinciales). Il faut noter aussi que les pionniers de l'«evidence based medecine» eux-mêmes mettent en garde contre une pratique dont l'exercice machinal peut mener à l'oubli du patient. Et l'on sait combien celui-ci est au centre du processus psychothérapeutique. Si d'un côté des techniques médicales standardisées aisément quantifiables, se prêtant bien au formatage managérial, s'avèrent aptes à traiter des organes qui font souffrir et à nous sauver quelquefois la vie, de l'autre les psychothérapies accompagnent des souffrances qui peuvent rendre malade et nous empêcher carrément de vivre. Ainsi de l'état dépressif. À ce niveau, le parcours est strictement individuel et peu évaluable a priori quant à la durée. D'où l'importance de structures inter-disciplinaires de qualité, souples et peu onéreuses, comme les Services de santé mentale (SSM). L’OMS estime que la dépression est en passe de devenir la seconde cause d’invalidité au monde. Les statistiques la voient corrélée en premier avec la solitude, en second avec le chômage. Les enquêtes sociologiques attestent que le nombre de consultations en psychiatrie croît avec la pauvreté et la rupture du lien social. L'état dépressif en outre, tout comme le stress, peut intervenir en tant que facteur déclenchant de maladies graves que nous aurions sans cela pu éviter. La littérature scientifique enfin témoigne de ce que le meilleur traitement connu de la dépression consiste entre une association de médicaments et de psychothérapie. En

contrepoint, un nombre incalculable de recherches expérimentales attestent que 33% des effets thérapeutiques – toutes interventions et pathologies confondues – dépendent de la prise en compte de la qualité relationnelle entourant les soins, de leur intelligibilité et de la bientraitance qui les accompagne. Inversément, l’ignorance de cette dimension peut faire échouer les traitements en principe les plus adéquats. Last but not least, la littérature scientifique souligne que le facteur déterminant en matière de psychothérapie s’avère la personne même du thérapeute ainsi que son expérience plutôt que sa référence à un modèle théorique particulier. D'où l'importance de ménager la possibilité de multiples chemins (outre la médecine, la psychologie et l'orthopédagogie) pour accéder à la profession de psychothérapeute. Mais de ces questions de fond, de l'équation santé mentale-santé sociale, Madame De Block se soucie autant qu’un poisson d’une pomme — pressée comme elle est de «mettre de l’ordre» avec pour seules balises un corporatisme archaïque et une vision managériale étrangère aux enjeux sociétaux. Dans son système, un psychologue aura la possibilité de boucler sa formation complémentaire à la psychothérapie durant ses cinq ans d'études. Par contre, un travailleur social chevronné, s'étant découvert une fibre de psychothérapeute et s'étant longuement formé, n'aura pas le droit d'exercer. Une formation personnelle exigeante à la psychothérapie, l’inclusion de celle-ci dans une visée sociétale, sa non réduction à un «acte technique», s’avèrent essentielles pour une politique réaliste en matière de santé. C’est cette perspective qui animait la loi sur la psychothérapie, votée en avril 2014 par tous les partis, Vlaams Belang et N-VA exceptés. Il s'agissait en réalité de l'aboutissement d'une quinzaine d'années de discussions et d'ajustements mutuels ayant mobilisé toutes les parties prenantes. Une fin de législature imminente n'ayant pas permis à Laurette Onkelinx de préparer les arrêtés d'exécution, il appartenait à Maggie De Block de le faire. Elle a préféré saccager sans vergogne un chantier prometteur, avec le soutien des psycho-

3


logues les plus naïvement corporatistes ainsi que du MR et du CDNV ravalant sans état d'âme leur vote de 2014. La nouvelle loi, votée majorité contre opposition, est parue au Moniteur le 29 juillet dernier. Francis Martens

Réponse provisoire aux questions inquiètes de certains Plusieurs d’entre vous ont manifesté, à juste titre, leur inquiétude face à la nouvelle loi de Maggy De Block, se demandant s’ils pourraient continuer leur pratique de psychothérapeute , n’ayant pas fait 2 ans de stage, par exemple, ou n’ayant pas le diplôme de psychologie clinique etc… ou encore si une formation en cours, auprès d’un organisme privé qui n’est pas une Haute Ecole (Ifisam par ex.) avait encore du sens. Comme il n’y a toujours pas d’arrêtés d’application de cette nouvelle loi, ni de mesures transitoires claires, actuellement ce sont toujours les mesures antérieures qui valent, ce qui signifie en clair que vous pouvez chacun et chacune continuer sur votre lancée. A ce sujet, voici la réponse formulée par une personne du SPF Santé qu’une de nos collègues a reçue :

“Chère Madame, La nouvelle législation entrée en vigueur ce 01/09/2016 définit à quelles conditions on peut porter le titre de psychologue ou orthopédagogue clinicien et à quelles conditions on peut exercer la psychologie ou l’orthopédagogie clinique et la psychothérapie. Pour la psychothérapie il n’y a donc pas de critère pour porter un titre (« psychothérapeute ») ni d’obligation d’obtenir un agrément.

Juste des conditions d’exercice. Ce n’est qu’en cas de contrôle (par exemple suite à une plainte de patient) que le praticien devra démontrer qu’il était bien en droit d’exercer et qu’il a respecté les conditions de la loi. Ces conditions d’exercice de la psychothérapie (et les autres informations concernant les professions et pratiques en santé mentale) se trouvent sur notre site web à la page suivante : http://www.health.belgium.be/fr/sante/p rofessions-­‐de-­‐sante/professions-­‐de-­‐la-­‐ sante-­‐mentale En espérant avoir répondu à votre question. » Nous vous invitons vivement à consulter les informations publiées sous ce lien… Vous constaterez que les diverses instances pour la reconnaissance des droits acquis ne sont pas encore fonctionnelles… en ce qui concerne la psychologie clinique. Par ailleurs l’APPPsy, partenaire de la CAOP (Confédération des Associations d’Orientation Psychanalytique) qui regroupe notamment des non psychologues, elle-même membre de la Coupole francophone comprenant les diverses orientations psychothérapiques reconnues à l’exception des cognitivo-comportementalistes qui n’ont pas voulu en faire partie, continue à réfléchir sur la meilleure tactique pour défendre ses membres. Suite au prochain numéro… Ria Walgraffe

Nos nouveaux affiliés Bienvenue parmi nous à Danielle BASTIEN, Yves BIBROWSKI, Geneviève BRUWIER, Anne ENGLERT, Celestina FANARA, Damien HOMBROUCK et Stéphanie JAAX en tant que membres effectifs ; Laurence AUDOUARD et Emilie MOGET nous rejoignent comme membre adhérent.

4


Annonces

Activités organisées par nos membres •

8 octobre 2016 : le Groupe de Travail de Liège organise une journée de débats autour du thème suivant

Dignité/Indignité Regards croisés entre psychanalyse et anthropologie Renseignements : Evelyne Tysebaert (evetys@scarlet.be) Clôture des inscriptions le 1/10/2016 •

15 octobre 2016 : à l’occasion des 10 ans de présence de l’Ecole Escale à Parhélie

Matinée de réflexion autour de l’interface Pédagogie et Clinique Avec Claude Fortemps, Licencié en Politique de Formation et Psychopédagogie De 9h30 à 13h00, au Centre Communautaire du Parc Crousse, rue au Bois, 11 à 1150 Woluwé-Saint-Pierre. Renseignements, Aloïse Richel +32479625570 et Dominique Brodkorn +32475426280. Inscriptions : domibrod@gmail.com •

22 octobre à Liège, journée

Psychanalyse, jazz et psychodrame Organisée par le CERP (Centre d’Etudes de la Relation Thérapeutique) http://www.bsp-ebp.be/wp-content/uploads/2016/07/Jazz-programmed%C3%A9finitif.pdf Téléphone : 0476/36 13 31 •

22 octobre 2016 : journée de conférences et ateliers :

L’accompagnement psycho-affectif du bébé de la conception à la petite enfance Renseignements : www.apan2016.be

• 27 octobre 2016 : l’UNPLib organise son colloque annuel de rentrée sous le thème :

Les Professions libérales en pleine mutation : comment faire face aux défis de demain ? Actualités sociales, fiscales, économiques et sociales suivies d’une table ronde sur l’avenir de nos professions. 18h à l’Auditorium ING, Bruxelles •

26-27-28 octobre 2016 : Congrès européen organisé par la LBFSM

Les débordements de la santé mentale Renseignements et inscriptions : http://www.lbfsm.be/

5


Programmes pour l’année académique 2016-2017 •

Ecole Belge de Psychanalyse : progamme des conférences 2016-2017

Les conférences du vendredi « Au repos des chasseurs », av. Charle-Albert 11, 1170 Watermael-Boisfort www.bsp-ebp.be/wp-content/uploads/2016/08/affiche-2016-2017-br.pdf

l’Association pour la Psychothérapie Psychanalytique de Couple et de Famille – APPCF organise son programme de l’année 2016-2017 sur le thème de :

"La question des transmissions" La première matinée- déjeuner de l'APPCF aura lieu le samedi 29 octobre et sera consacrée à : "La transmission psychique dans la famille" et "Une clinique d'un symptôme voyageur". Renseignements et inscriptions : www.appcf.be

Le SSM-ULB organise durant l’année 2016-2017 une formation intitulée :

Sensiblisation à la clinique du passage à l’acte par l’acte sexuel transgressif Renseignements et inscription : 02 650 59 79 ou formations@ssmulb.be

La Société Belge de Psychanalyse poursuit son cycle de séminaire de lecture :

Lire Freud aujourd’hui Renseignements : http://www.psychoanalyse.be Pour Bruxelles, Jacqueline Blockmans (blockmansj@yahoo.fr) Pour Liège, Arlette Lecoq (arletteulalie@gmail.com)

Le centre Chapelle aux Champs organise une

Formation aux cliniques du traumatisme Renseignements : http://chapelle-aux-champs.be/formations/

6


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.