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N¡35 - DŽcembre 1999

EXPLOS : FONT VIVE, CUL FROID ET GICLARD MODƒLISATION DE LA CROISSANCE DES BULLES

FONDE PAR DENIS PARISIS

HISTORIQUE SUR LA PLONGƒE SOUTERRAINE FRAN‚AISE

SIFON BULLETIN DES COMMISSIONS PLONGEE SOUTERRAINE DÕILE-DE-FRANCE


Sommaire N¡ 35 Edito

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Lu pour vous

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Le Fil dÕariane

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Litige au gouffre Berger

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Compte rendu Font-Vive 1998

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Fontaine de Cul Froid

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Le Giclard

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PlongŽe et spŽlŽologie

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Physiologie de la maladie de dŽcompression

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Annonce du 10i•me Festival de PlongŽe Souterraine dÕële de France

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Aper•u historique sur la plongŽe souterraine fran•aise

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ModŽlisation de la croissance des bulles lors de la dŽcompression et calcul thŽorique de m-values (premi•re partie)

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Bulletin dÕabonnement

(en derni•re de couverture)

Couverture : Anne sous le charme du ProtŽe - Markarova Spila - Croatie Photo : Christophe DEPIN

Responsable commission plongŽe souterraine FFS Ile de France : Philippe BRUNET, 21, rue Louis Fablet 94200 Ivry sur Seine. RŽpondeur : 01 46 72 03 62 Responsable commission plongŽe souterraine FFESSM Ile de France : Philippe WOHRER, 6, rue Jean Mace 75011 Paris, TŽlŽphone : 01 43 56 09 59

RŽdaction : Philippe BRUNET avec, Christophe SOHIER. On participŽ ˆ lÕŽlaboration de ce numŽro : Pierre BOUDINET, Christophe DEPIN Mise en page : Christophe SOHIER (sohier@lurpa.ens-cachan.fr) Routage : Jean-Yves LEGRAND Correspondance et abonnement : Philippe BRUNET 21 rue Louis Fablet - 94200 Ivry sur seine. (phbrunet@club-internet.fr) Abonnement annuel : 50 francs - R•glement ˆ lÕordre de ÇCOSIF plongŽeÈ.

Bulletin de liaison rŽservŽ aux seuls licenciŽs FFS et FFESSM - ISSN en cours

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EDITO Voici enfin le numŽro 35, datŽ de dŽcembre 1999. CÕest le dernier numŽro du millŽnaire il correspond au dernier de lÕabonnement, pensez au renouvellement. Vous trouverez en derni•re page un bulletin dÕabonnement pour les numŽros 36 ˆ 38. En fonction des alŽas du routage et de la poste, vous recevrez peut-•tre ce numŽro dŽbut janvier. LÕarticle de Jean-Claude FRACHON ÒAper•u historique sur la plongŽe souterraine fran•aiseÓ, nous rappelle que n™tre activitŽ ˆ dŽbutŽ au cours de la fin de ce millŽnaire. Est-ce que ce nouveau millŽnaire verra la rŽglementation de la plongŽe souterraine ? En effet les textes en prŽparation sur la plongŽe aux mŽlanges, ainsi que les textes de rŽglementation de la plongŽe souterraine Žtablis par la CMAS nous obligent ˆ se poser ces questions. De plus on peut trouver sur le serveur national de la FFESSM (nouvellement ouvert), des pages consacrŽes ˆ la commission nationale souterraine. On y trouve pour la premi•re fois, rŽdigŽ sur un site officiel fran•ais, des r•gles de sŽcuritŽs relative ˆ notre activitŽ (tr•s fortement inspirŽes de celles dŽfinies par la CMAS). Ce numŽro voit la diffusion de trois compte-rendus dÕexploration : ÒFont-ViveÓ, ÒLa Fontaine du Cul FroidÓ et ÒLe GiclardÓ. Ces compte-rendus nous montrent que notre activitŽ ÒExplosÓ nÕest pas seulement lÕexploration de la superbe source au fin fond de la for•t vierge ou la plongŽe au Trimix dans le S99 ˆ 100m avec 24h de dŽcompression. Beaucoup de sources fran•aise ÒconnuesÓ sont pas ou mal topographiŽes, cette activitŽ importante car elle participe ˆ lÕaugmentation de la connaissance de nos cavitŽs. SII FO O N participe ˆ cette diffusion et compte sur vous pour nous faire parvenir vos topos et vos compterendus. En prŽparation il y a le compte-rendu de lÕexpŽdition ÒMŽxique 1999Ó et le compte-rendu de lÓexpŽdition ÒCroatie 1999Ó dont la photo de couverture est extraite. Vous trouverez Žgalement dans ce numŽro deux articles ˆ contenus scientifiques. Certains trouveront O N ce doit de faire Žcho ˆ ce type dÕarticles et nous rappel en particuliers leurs contenus ardus. Mais SII FO que les mod•les de dŽcompression sont loin dÕ•tre simples et complets. Le 22 janvier 2000, aura lieu le 10i•me Festival de PlongŽe souterraine dÕële de France (voir lÕannonce page 19). CÕest avec plaisir que lÕon accueil la mise en place de ce festival par une nouvelle Žquipe, en nÕoubliant pas le travail formidable et de grande qualitŽ effectuŽ par les Žquipes prŽcŽdantes.

O N . Les outils de communicaJe terminerait par lÕapparition prochaine dÕun site internet pour SII FO tions moderne et en particulier internet, vont nous permettre de vous proposer un certains nombre de services dÕinformation complŽmentaires de la publication papier. On y retrouver en autre la base de donnŽes intŽgrale de lÕensemble des articles parus, des liens sur des serveurs et la diffusion dÕinformations rapide. Pour terminer, je profite de cet Ždito pour souhaiter de passez de bonnes f•tes de fin dÕannŽe et toute O N vous souhaite une bonne annŽe 2000. lÕŽquipe qui participe ˆ lÕŽlaboration de SII FO

Christophe SOHIER

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LU POOUR VOOUSS Pierre Boudinet Souterrains et carri•res dÕAnnetsur-Marne, J. et P. Pallu, DMI Ždition, 1995 Outre un historique sur lÕextraction du gypse et la fabrication du pl‰tre, on y trouve des informations gŽologiques, et des explications sur les dangers liŽs aux anciennes carri•res. Il nÕy a aucune mention de galeries noyŽes pouvant intŽresser le spŽlŽonaute. Ce livre concerne toutefois les membres de notre communautŽ dans la mesure o• on peut sÕinformer sur le milieu souterrain, et dŽcouvrir la riche culture qui lui correspond. Han sur Lesse et ses grottes, G. Deflandre, Didier Hatier, 1989 CÕest un magnifique livre de culture, destinable au grand public aussi bien

quÕaux spŽlŽos. Un point fort en est lÕiconographie, et la clartŽ du propos. Il y a bien sur des explications fort intŽressantes sur le fonctionnement du karst. La Dent de Crolles et son rŽseau souterrain, CDS38, 1997 Comme le prŽcŽdent, il sÕagit dÕun magnifique livre de culture. Outre des photographies en relief (si on sait loucher !), on y trouvera des informations intŽressantes sur lÕhistorique de la dŽcouverte de ce grand rŽseau complexe. Des personnes telles que F. Petzl ou P. Chevalier y ont travaillŽ. Cela permet de mieux saisir lÕesprit spŽlŽo. C™tŽ scientifique, lÕinformation est rŽcente, et donc susceptible de complŽter dÕautres ouvrages moins rŽcents. Ë propos du coloriage de cartes, des itinŽraires de ballade, et de lÕŽquipement en fixe ATTENTION : Ne pas se laisser aller trop loin sous terre et dŽpasser ses limites ! Autonomie et prudence !

LOT DU BOIS / PISSIEUX EXPƒ CROATIE 4 membres de lÕAVENS (94) ont rejoints lÕŽquipe de F. Vasseur, aidŽe de Belges et de Croates. Une quinzaine de grottes et sources ont ŽtŽ explorŽes dans la rŽgion de Lika. Les principales explos sont les sources de Majerovo vrelo (arr•t ˆ -65m apr•s un passage ˆ -92m, 500 m) et Izvor sinjac (arr•t ˆ -102 m). Durant la 2•me semaine les franciliens ont prospectŽ en descendant vers le sud, principalement sur lÕ”le de Hvar. Certains plongeurs ont eu la chance dÕobserver les fameux protŽs. Christophe Depin

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faire part de jonction, outsider gagnant. Une tr•s bonne nouvelle spŽlŽo dont nous ne revenons pas nous-m•me. Depuis le congr•s sur Margeriaz o• la grotte du Lot du Bois a ŽtŽ prŽsentŽe , nous avons avancŽ. Nous avons doublŽ le dŽveloppement. Et samedi dernier, bingo jack pot belote rebolote et dix de der ! Une pointe pourtant mal engagŽe nous menŽ droit sur le rŽseau de Pissieux. Jonction faite ! Preuve incontestable : le fil dÕAriane posŽ par P. Maniez il y a quelques annŽes. En rajoutant les quelques 500m

La plongŽe sous-marine ˆ lÕair, P.Foster, Presses Universitaires de Grenoble, 1993 Ceux dÕentre-nous qui doivent acquŽrir des connaissances thŽoriques en plongŽe (Physiologie) le liront avec profit. Les illustrations sont plut™t claires, et lÕexposŽ un peu plus complet que celui de certains manuels Òpour apprendre rapidement et facilement de quoi passer les dipl™mes de la plongŽe loisirÓ. The Physiology and Medicine of Diving, P. Bennett, D. Elliott, W.B. Saunders Company Ltd, 1993 Cet ouvrage est de haut niveau et rŽdigŽ en anglais. Inaccessible sans quelques connaissances de base. Cependant, on peut y trouver des renseignements de premi•re main qui nÕont pas encore ŽtŽ dŽformŽs par diffŽrents intermŽdiaires. La lecture de la partie ÒdŽcompressionÓ est vivement conseillŽe ˆ une Žpoque o• existent des logiciels de dŽcompression, utilisables sans en comprendre les mŽcanismes ! ð

topographiŽs dans le premier siphon du pissieux, lÕensemble contient 5800m topographiŽs. Le rŽseau pŽn•tre de 2800m dans le massif depuis son extr•mitŽ nord. Cette Žtape regonfle a bloc notre motivation. Plus de 2km de galeries explorŽes post-siphon par Patrick sont dŽsormais accessible a notre aviditŽ topographique. Ce tremplin nous rapprochera des siphons de Tanne Froide. Le parcours du collecteur pourra nous faire comprendre ou et comment se connectent les rŽseaux des Biolles et Squelettes. On va pouvoir grimper all•grement les 600m de dŽnivelŽ nous sŽparant du fond de la tanne des Biolles... Sur ce vieux Margeriaz battu, spittŽ, retournŽ depuis des annŽes, nous avons lÕillusion que les explorations vont seulement commencer demain. Alors on est content, et on vous en fait part.

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Jean Bottazzi (Liste de diffusion : speleos-fr@sophia.inria.fr, 23 Jul. 1999 )

GOUDOU Dimanche, en plongeant le siphon amont de lacariŽre Bernard Gauche a jonctionnŽ les siphons avals de Goudou (8 siphons entre les deux). Au terme de 220m de premi•re dans le S1 de lacariŽre (qui fait 570 de long), il a retrouvŽ un fil dÕariane qui est certainement celui du sieur Beluche (toutes mes excuses pour lÕorthographe) dans le S8 de Goudou. Sebastien Colette (SpŽlŽo Club de Souillac)

LA GRANDE TRAVERSƒE DU GOUDOU Les 4 et 5 aožt derniers, notre ami FRan•ois Beluche du Groupe SpŽlŽo PlongŽe du Camping Club de France a rŽalisŽ la premi•re traversŽe intŽgrale Igue de la carri•re -


LITIGEE AU GOUFFFREE BERGEER Le 11 avril 1995, le Conseil municipal de la ville dÕEngins adoptait un arr•tŽ municipal rŽglementant lÕacc•s au gouffre Berger.

sitions (des articles 1, 2 et 3,) doivent •tre annulŽes pour erreur de droit. Ò

Parmi les dŽcisions prises, un certain nombre de points ont ŽtŽ contestŽs par la fŽdŽration fran•aise de spŽlŽologie et un recours aupr•s du tribunal administratif vient dÕaboutir le 13 octobre 1999.

Article 1¡ : Les articles 1,2,3 et le premier alinŽa de lÕarticle 4 de lÕarr•tŽ n¡ 4/1995 du maire dÕEngins, en date du 11 avril 1995 sont annulŽs.

La fŽdŽration Žtait reprŽsentŽe ˆ lÕaudience par Pascal Vautier et le CDS 38 par madame Hermequet. Le tribunal a considŽrŽ : Òque, sÕil appartient au maire,... de rŽglementer, dans lÕintŽr•t de la sŽcuritŽ des personnes qui y pŽn•trent, lÕacc•s au gouffre Berger, il ne tient dÕaucune disposition lŽgislative, le pouvoir de subordonner cet acc•s ˆ la dŽlivrance dÕune autorisation prŽalable; que d•s lors et sans quÕil soit besoin dÕexaminer les autres moyens de requ•tes, les dispo-

Igue de Goudou. EntrŽ dans la cavitŽ vers onze heures du matin, il devait revoir le jour le lendemain vers 3 heures du matin apr•s avoir parcouru quelques 2500 m•tres et franchi huit siphons successifs dont un de plus de 600 m•tres. Il a re•u lÕaide de plusieurs porteurs et de deux plongeurs, Pierre Laureau, de Dijon, et Bertrand Tixier, et le soutien amical de Jasmine et Daniel Teyssier prŽsents ˆ Goudou lors de ce vŽritable exploit. (La lettre du spŽlŽo-club de Paris, Septembre 1999, n¡177)

DES NOUVELLES DU RESSEL 1 km de premiere. 580 m dans la branche principale du S5 et environ deux cents metres dans un branche lateral. Enfin le S2 et S1 sont maintenant connectes sous lÕeau=>deux cent metres de premiere. Resultats des courses. Le portage entre le s1 et s2, les avez un peu decourages de

Le tribunal dŽcide :

Article 2 : Le surplus des requ•tes susvisŽes est rejetŽ. Article 3 : le prŽsent jugement sera notifiŽ au ComitŽ DŽpartemental de SpŽlŽologie de lÕIs•re, au ComitŽ spŽlŽologique rŽgional Rh™ne-Alpes, ˆ la FŽdŽration Fran•aise de SpŽlŽologie et ˆ la commune dÕEngins. DŽlibŽrŽ ˆ lÕissue de lÕaudience du 6 octobre 1999. Vous trouverez ci-dessous articles annulŽes :

faire une autre expe lÕannee prochaine. Cependant la decouverte de cette connexion sous lÕeau entre les deux siphons, dans laquelle ils peuvent passer en scooter, les a remonte a bloc donc lÕannee prochaine nouvelle expe, avec certainement, lÕutilisation dÕun recycleur de type RI-2000 ventral dans lee s5 (pas pour le s1).

les

Art 1 : Lieux : LÕentrŽe pour visite du gouffre BERGER et des gouffres de ses rŽseaux annexes situŽs dans les prairies et for•ts communales section A parcelles 2 et 46 lieu-dit La Sure est soumis ˆ autorisation prŽalable dŽlivrŽe par la mairie dÕEngins. Art 2 : Calendrier : Cette autorisation sera donnŽe dans la limite des possibilitŽs du calendrier ˆ toute Žquipe qui aura prŽsentŽ une demande respectant le prŽsent arr•tŽ. Ce calendrier est gŽrŽ par la commune dÕEngins. Les mois de visite autorisŽs sont : juillet, aožt, septembre et octobre. Exceptionnellement des visites ˆ caract•re spŽcial pourront •tre autorisŽes dans des conditions particuli•res ˆ examiner cas par cas. Art 3 : Conditions : Chaque Žquipe sollicitant une autorisation de descente devra faire partie dÕun club de spŽlŽologie adhŽrent ˆ la fŽdŽration spŽlŽologie de son pays, et en fournir lÕattestation ˆ lÕinscription prŽalable. LÕautorisation dŽfinitive sera accordŽe si au moins un mois avant la date de son arrivŽe, lÕŽquipe autorisŽe fournit :

non secouriste. Legalement on nÕa pas le droit de dŽtenir ou dÕadministrer de lÕO2. Quand au contr™le des bouteilles, il me semble mais je n en suis pas sur que lÕon soit obligŽ de passer par un societe de location. Gilles VINAS (Liste de diffusion : aqua-tek@aquanaute.com)

Yann Chevolot, 13 Sep 1999.

ComplŽment

RƒGLEMENTATION 02

De plus la tva sur lÕO2 mŽdical tombe ˆ 5.5 % maintenant quÕil faut une ordonnance.

La reglementation sur lÕadministration dÕO2, en France, considere depuis deux ans lÕoxyg•ne comme un medicament. Il ne peut donc etre administrŽ que sous avis medecale. Il faut metre un bemole a cette loi : elle nÕest appliquŽ que depuis le debut de lÕannŽe. Des derogation ont ŽtŽ rajoutŽ pour que de simple secouristes puissent administrŽ de l oxygene. Il nÕy a pas a ma connaissance de dŽrogation pour des plongeurs

Christophe DEPIN

LES AMIGOS POURSUIVENT LEUR EXPLORATION La derni•re semaine dÕavril, les Òamigos de pittsburg, PensylvanieÓ ont poursuivi lÕexploration du cŽnote Tortuga. Ce syst•me a ŽtŽ explorŽ lors dÕune derniŽre expŽdition en aožt 1992. Les participants Žtaient Allen

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Jonashaitis, Randy Jonhson, Steve Gerrard, Ivan Capelli, Cliff Keck, Sam Ferra et Don Redinger. LÕexploration sÕest poursuivi gr‰ce aux efforts de Mary et Ivan Capelli, Cliff Keck, Jim Kalka et Don Redinger lors de divers voyage en 1993, 1994 et 1995. Le rŽseau comporte de lÕeau douce et de lÕeau salŽe et atteint la profondeur de 30 m. Les divers passages ont suggŽrŽ divers appellations telles que ÒFirst run strikeÓ ÒRoundaboutÓ ÒBelly rubberÓ, ÒMaryÕs lookouÓ ÒSamÕs shortcutÓ, ÒDeep silt passageÓ, ÒTime saverÓ, ÒAmigos hidewayÓ, ÒGlory runÓ et ÒBlack hills de la tortugaÓ. Le dŽveloppement de la cavitŽ dŽpasse 1200 m•tres et comporte ˆ la fois des salles gŽantes, des Žtroitures, des effondrements et de nombreux sujets de rŽflexionÉ

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- attestation dÕassurance collective ou individuelle garantissant pou chacun de ses membres, le dŽdommagement des frais occasionnŽs par un sauvetage Žventuel ; - le groupe sÕengage ˆ respecter la dŽlibŽration du Conseil Municipal du 2 dŽcembre 1994 en dŽposant un ch•que de caution de 10 000 francs. Celui ci pouvant •tre utilisŽ ˆ rembourser les frais occasionnŽs par un Žventuel sauvetage en cas de dŽfaillance ou dÕinsuffisance de lÕassurance et ˆ respecter lÕensemble du prŽsent arr•tŽ - une liste nominative prŽcisant lÕannŽe de naissance des membres du groupe participant ˆ la descente. Art 4 : Composition du groupe : Aucun membre non adhŽrent du club autorisŽ ou non inscrit sur la liste nominative fournie, ne pourra prendre part ˆ la descente sauf prise en charge Žcrite signŽe du responsable du groupe et transmise en mairie avec attestation. Nous avons re•u les comptes rendus par le biais de la FFS dans les plus brefs dŽlais.

Le coin des annonces Un heureux ŽvŽnement Nathalie et Laurent ROUCHON sont heureux de vous annoncer la naissance de ALIXE le 20 septembre 1999. Vends volume nŽopr•ne Swissub Taille 5, ŽquipŽ d'une poche dorsale TrŽs bon Žtat - 4000 F Brigitte, Christophe & Pierre FLAHAUT 10, av. du gal d'andignŽ 49500 SegrŽ TŽl : 02.41.92.17.66

A vendre une bouteille de plongŽe 9 litres, rŽŽpreuve de mai 99, avec robinet type Poseidon, neuf et protection de robinet. Prix : 800 Frs FrŽdo Tel:01.30.71.54.70 et 06.86.71.35.39

Adresses internet

P. Boudinet

Pour la nouvelle loi sur le sport. respectueuse de la libertŽ des spŽlŽos? http://www.jeunesse-sports.gouv.fr/francais/loisport.htm Le site de lÕubs, et des Žv•nements susceptibles dÕintŽresser les fran•ais journŽe 99 de spŽlŽo scientifique le sa 20 11 99 http://www.speleo.be/ubs/scientifique/index.htm

Christian Dodelin ð

ARCHƒODROME DE BOURGOGNE Depuis vingt ans, lÕArchŽodrome de Bourgogne, situŽ sur lÕaire de Beaune-Tailly (A6), propose ˆ ses visiteurs de remonter le temps et de partir ˆ la rencontre des civilisations du passŽ. Le temps fort de cette anniversaire a ŽtŽ lÕorganisation au mois de mars du Festival ArchŽo Virtua consacrŽ ˆ la reconstitution archŽoligique en image de synth•se. Ce festival a permis de prŽsenter de nombreuses reconstitutions en 3D que le public est invitŽ ˆ dŽcouvrir tout au long de lÕŽtŽ. Gr‰ce aux images virtuelles, les visiteurs pourront ainsi conna”tre des civilisations disparues et parcourir les sites les plus pretigieux du monde. Des images stŽrŽoscopiques

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en trois dimensions et en relief, rŽalisŽes par le mŽcŽnat technologique et scientifique dÕEDF, transportent ainsi les spectateurs au coeur de lÕEgypte des Pharaons, dans la Gr•ce antique ou parmi les frondaisons dÕun jardin disparu du Ch‰teau de Versailles.

les chefs-dÕoeuvre disparus crŽŽs par les plus anciennes civilisations.

Mais peut-•tre avez-vous r•vŽ de visiter la grotte Cosquer, noyŽe sous les eaux de la MŽditerranŽe au coeur des calanques ? A lÕarchŽodrome, elle vous dŽvoiler ses inestimables tŽmoignages du gŽnie artisitique des hommes prŽhistoriqueÉ

INFOS BLOCS TORÕTEC

Les films et cŽdŽroms primŽ au Festival ArchŽo Virtual sont prŽsentŽs tout au long de lÕŽtŽ. Des animations sur ordinateurs permettront aussi de mieux comprendre lÕint•ret des images virtuelles pour les archŽologues mais aussi pour le public, heureux de dŽcouvrir

(extrait de : ÒlÓAutoroute des VacancesÓ, ŽtŽ 1999, page 8, revue offerte par la SociŽtŽ des Autoroutes Paris-RhinRh™ne).

Suite aux probl•mes rencontrŽs sur les blocs ÒTORÕTECÓ livrŽs aux magasins DECATHLON, dont le robinet Žtait ŽquipŽ dÕun joint torique mal adaptŽ. La sociŽtŽ ROTH tient ˆ nous informer que toutes les bouteilles incriminŽes ont ŽtŽ rŽcupŽrŽes et remise en conformitŽ par le remplacement du robinet. Les bouteilles ÒTORÕTECÓ sur le marchŽ sont en parfait Žtat de fonctionnement et dÕutilisation.

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MARQUAGE BLOCS ET GONFLAGE Suite aux derni•res directives europŽenne (application dŽcembre 1999), lÕautorisation de gonflage des blocs dŽpend du type de poin•on, de la date de premi•re Žpreuve ainsi que de lÕindication de la nature du gaz. Gonffage autorisŽ : - Blocs poin•on t•te de cheval, - Blocs poin•on CE apr•s le 6/4/98 avec nature du gaz et pression de chargement ˆ 15¡. Gonflage interdit : - Blocs poin•on CE avant le 6/4/98 avec nature du gaz et pression de chargement ˆ 15¡, - Blocs poin•on CE sans nature du gaz et pression de chargement. dÕapr•s CTN info N¡32/juilletaožt 1999.


Exploration

COOMPTTE REENDU FONT-VIIVEE 1998 Philippe BIGEARD - Claude BRUNEL - Franck ICHKANIAN

ExpŽdition nationale subventionnŽe par la CNPS, FFESSM et la CRPS - IDF Depuis des dŽcennies cettte rŽsurgence situŽe dans le piŽmont ArdŽchois ˆ GROSPIERRES nÕa cessŽ dÕ•tre capricieuse. Beaucoup de plongeurs et dÕŽquipes nÕont pu franchir le laminoir donnant acc•s au rŽseau. La principale difficultŽ est lÕobstruction par lÕapport dÕalluvion en volume du laminoir. LÕobligation de passer en dŽcapelŽ sŽv•re reprŽsente un point chaud pour toutes explorations, si ce dŽp™t de gravier nÕest pas totalement ŽliminŽ et stabilisŽ. LÕŽquipe FONT-VIVE 98 a donc optŽ pour entamer une dŽsobstruction rendant plus ˆ lÕaise la sŽcuritŽ des plongeurs au cours des plongŽes. Le probl•me Žtait le volume de gravier. Une demi-journŽe nous aura suffit pour fabriquer un engin de dŽsobstruction appelŽ suceuse et baptisŽe MONICA (on se demande pourquoi !). Le dŽbut du chantier de dŽsobstruction ˆ la suceuse se fera pendant le week-end de lÕAscension. Gr‰ce ˆ la contribution et le savoir-faire dŽterminant du RESSAC, qui ont construit la suceuse avec les (moyens du bord) cette premi•re sŽance a permis de dŽterminer plus prŽcisŽment les besoins pour un matŽriel plus adaptŽ. Quelques mois de prŽparatifs seront nŽcŽssaires pour amŽliorer la suceuse et amŽnager lÕacc•s de la vasque. Sur place les infatigables membres du RESSAC organisent la logistique de base : - Autorisation aupr•s de la mairie - Un tracto-pelle aura ŽtŽ nŽcŽssaire pour terrasser le chemin accŽdant ˆ la vasque

- Un gros compresseur de chantier (250 m3/h) sera mis ˆ disposition par Mr Serge BRAD de GROSPIERRES - Un tracteur avec remorque sera utilisŽ pour remonter les blocs et gravier et les Žvacuer - Ils rŽaliseront aussi le chariot ˆ bloc

camps en compagnie des Locaux et Visiteurs. LÕapproche entreprise pour reprendre les explorations de cette source permet de pratiquer notre activitŽ en faisant dŽcouvrir toutes les richesses connexes ˆ lÕexploration pure : Le contexte environnemental, humain et historique, et de permettre ˆ tous les participants de sÕimpliquer en totale collaboration avec les Locaux.

CÕest ainsi que notre camps dÕune semaine en MONICA la grosse suceuse (photo : C. DEPIN). Novembre prend place. Le dŽbut des opŽrations commencent par Participants lÕinstallation au bord de la vasque, abri, compresseurs et la confection de la ligne RESSAC (Club spŽlŽo de de tuyaux de la suceuse.

GROSPIERRES)

Suite aux premiers essais ož les raccords cŽdaient sous la pression, la solution est trouvŽe en utilisant de la chambre ˆ air, du texair et du grillage ˆ poule, rustique mais efficace! De nombreuses ruptures ou obstructions de MONICA ponctueront les sŽances en plongŽe qui dureront jusquÕˆ 3 heures dÕaffilŽ par Žquipier. Le niveau tr•s bas du dŽbit de la source ne nous a pas permis de travailler dans des conditions optimum, toutes les plongŽes se sont faites avec visibilitŽ nulle, la source inversant son courant ˆ cause du dŽbit prŽlevŽ par la suceuse. Les gros blocs seront remontŽs ˆ lÕaide dÕun chariot de super marchŽ ŽquipŽ de skis et tractŽ de la surface par un tracteur. RŽmy HELCK assurera la garde du site la nuit. La fin du camps sera consacrŽe ˆ rendre au site son aspect naturel et ˆ faire quelques amŽnagements Une grosse bouffe Ò CECEDEFIENNE digne du roi ZORBEC Ò cl™turera le

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J.P GIANGIORDANO (QUAD Maintenance surface), H. FABRE, X. DE BOURNET (Tracto pelle), R. HELK (Gardes nocturnes (Fra”ches)), S. BRAD (Compresseur de chantier), T. RIQUE (PrŽsident du RESSAC), M. LEROY, J.F BRUN, J. THIRION, M. HELCK Infirmi•re, C. BRUNEL dit Ò BUBU Ò (Tracteur - Abri)

Plongeurs F. et A. BELUCHE, S. CESARANO, P.E DESSEIGNE, B. TIXIER, B. GLON, PH. BIGEARD, F. ICHKANIAN, C. DUFAUT, M. FERRANTE, PH. MOYA, CH. DEPIN, F. BADIER, A. DUTEILLET, KIKI et JOSETTE ICHKANIAN Pierre GUIGON, 75 ans Papet vigneron, un des premier spŽlŽo de la commune ˆ participer au pompage de 1965 et a assistŽ ˆ presque toutes les plongŽes ˆ FONT-VIVE, propriŽtaire du parking et de la rive gauche du ruisseau. Maurice ANDRE, ancien maire, fŽru dÕarchŽologie a participŽ au pompage de 1965. ð

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Exploration

FONTAIINE DE CUL FROOID.

INDREE (36)

Site. (idyllique... !) La rŽsurgence en contre bas de la route, sÕouvre aux pieds dÕun talux rocheux et elle se dŽverse en cascades dans la rivi•re. La vasque, peu profonde (1.8 m), laisse Žchapper une eau claire et fra”che. Des Žcoulements mineurs se rŽpartissent sur la droite de la vasque. Pour ceux qui prŽfŽrent la p•che, elle regorge de sandres, de sillures et de brochets. A chacun son plaisir.

Contexte HydrogŽologique. La Fontaine de Cul Froid sÕinscrit dans le rŽseau de la Ò Roche Noire Ò o• la rivi•re perd une partie de ses eaux et forme une rivi•re souterraine qui se termine par un siphon. Le dŽbit de la perte est infŽrieure ˆ celui de la rŽsurgence. Donc un autre (ou dÕautres) apport alimente le flux. La roche est composŽe de calcaire ˆ silex de lÕoxfordien moyen. Un systŽme de failles axŽes Nord Sud se remarque au niveau des Rochers de la Dube. (constituŽs de calcaires rŽcifaux de lÕoxfordien supŽrieur). Une faille plus prononcŽe, sud-est nord-ouest, traverse le lit de la rivi•re ˆ cent mŽtres en amont de la rŽsurgence. Une fracturation semble se superposer au parcours Žventuel des eaux.

Ò HISTORIQUE Ò. En 1967, Bertrand LEGER (et oui, encore lui !) plonge pour la premi•re fois ˆ Cul Froid. Il sÕarr•te ˆ la seconde Žtroiture. En 1972, une coloration est effectuŽe dans la grotte de la Roche Noire o• des pertes de lÕAnglin forment une rivi•re souterraine. (C LORENZ et le SpŽlŽo Club Chatelleraudais) Trente trois heures plus tard les eaux de Cul Froid se teintaient de vert. Ca communique !

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Pierre-eric Deseigne En 1987, la vasque sÕest rebouchŽe et la tentative dÕy replonger Žchoue. (P JOLIVET, T DELAGE, T BOUE). Arr•tez de lancer des cailloux dans lÕeau ! ! ! En 1989, nouvel essai, nouvel Žchec.(SC Chatelleraudais) Un dŽblayage ˆ la pelle mŽcanique, pas moins, est entrepris et lÕŽtroiture dÕentrŽe est enfin libŽrŽe. Tu mÕŽtonnes. ! ! ! A lÕautomne, soit 22 ans apr•s LEGER, T DELAGE en bi 9 litres dŽcapelŽ, parvient non sans mal au terminus. Une semaine plus tard, trois plongeurs reviennent ˆ lÕassaut des deux Žtroitures. JP PEDERGNANA et T BOUE passent la premi•re. T BOUE deblaie la seconde, la franchie et sÕarr•te 2 m•tres plus loin sur un important dŽpos glaiseux, soit dans une touille monstrueuse. En dŽcembre, JP PEDERGNANA et T BOUE sÕen retournent dans les eaux glacŽes de lÕIndre, ˆ cette pŽriode. T BOUE franchit ˆ nouveau la seconde Žtroiture, il avance de 10 m•tres environ, fixe son fil tant bien que mal, apper•oit un croisement et sÕen retourne dans la purŽe de poix. JP PEDERGNANA Žchoue sur lÕŽtroiture. Neuf jours plus tard, T BOUE plonge seul et ajoute 10 m•tres de plus ˆ son prŽcŽdent terminus. Longueur totale dŽveloppŽe, environ 40 m•tres. Depuis plus de nouvelle majeure, connue ! Cul Froid glisse dans lÕoubli.

ET MAINTENANT ? 14 juillet 1999, dix ans plus tard, dŽlaissant les festivitŽs et les lampions, premi•re plongŽe dans la vasque. De nombreux rochers, petits et tr•s gros, encombrent le passage. Des dalles de ciment se m•lent ˆ ce foutoir minŽral. Un nettoyage commence avec un bi 12 litres sur le dos, pas tr•s confortable ! Il est possible dÕentrevoir la continuitŽ mais une colonne et les nombreux

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cailloux interdisent lÕaccŽs au conduit. La galerie et de forts dŽp™ts de vase et dÕargile sont visibles. Un courant marquŽ pousse le plongeur vers la surface, pas assez pour le dŽcourager. Petite dŽsobstruction. 15 a™ut Temps pluvieux mais cÏur heureux, nous revenons sur place. Deux plongŽes sont consacrŽes ˆ dŽsobstruer lÕentrŽe, facilitŽes par lÕutilisation dÕun narguilŽ et dÕun seau en mŽtal. Ces quelques heures de travail ouvrent le passage. Sous une pluie battante, nous troquons la combinaison en nŽoprŽne contre une to”le, moins encombrante. Sanglage ˆ lÕanglaise, bi 7 litres en place, le plongeur accroche le fil et il se glisse dans lÕŽtroiture, tr•s Žtroite et tr•s viscieuse. Ca racle de partout mais •a passe ! ! ! A lÕŽpoque, nous ne connaissons pas lÕhistorique de la cavitŽ et nous osons croire dans un Žlan dÕoptimisme na•f ˆ la virginitŽ des lieux. La galerie se prolonge, pas de fil en place. De la premi•re ! Whaouuu ! Quel pied ! Des tonnes dÕargile dŽgringolent du plafond. Moins dr™le ! La progression prudente dans cette conduite intime sÕimpose. La visibilitŽ est bonne tant que lÕon avance. DerriŽre, cÕest le brouillard total, la ˆ la bouillasse. Le retour sÕavŽre des plus folichonÉ Au bout de 10 m•tres, on arrive dans une salle o• une longue chevelure de fines racines se balance dans le courant. Du plus joli effet, elles ondulent langoureusement. Imaginez un retour sans visibilitŽ, voir sans fil et la rencontre avec cet Žcheveau fillamenteux ! DeuxiŽme surprise, un fil cassŽ et vieux, tra”ne au plafond. Plus de premi•re. Mais le plaisir ne faiblit pas. La seconde Žtroiture se prŽsente, toute aussi accueillante et chaleureuse. Encore lˆ, des Žboulis de blocs noirs encombrent lÕaccŽs. A priori pas franchissable. Sauf peut •tre pour un super cador, une


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Photo : P.E. Deseigne

grande pointure, un dieu de la plongŽe spŽlŽo. Quoi pas pour nous ! La t•te casquŽe sÕenfonce le plus loin possible. Un fil bien tendu et tout aussi vieux sÕen va et nargue le plongeur timide et prudent. Bravo pour le prŽdŽcesseur qui a pu se faufiller dans ce trou de souris. A oui, pour bien situer le contexte psychologique des plongeurs, chaque mouvement noie la galerie dans dÕŽpais nuages de touille. Les manos sont ˆ peine lisibles. Le reste du temps et les deux autres plongŽes seront consacrŽes ˆ Žlargir une fois encore lÕaccŽs ˆ la suite. Les retours comme prŽvu, sÕeffectuent au fil. Comme nous lÕaimons, ce bon gros fil tendu, blanc et solide. Les sorties dans la pŽnombre totale (les lampes sont pourtant allumŽes) sont sportives. LÕŽtroiture dÕentrŽe (et de sortie) oblige le plongeur a se contorsionner en Z pour pouvoir enfin regagner la surface. Les bequets se jettent sur les tuyeaux et autres fils, un rŽgal. Nous aurons m•me droit aux applaudissements chaleureux de randonneurs intriguŽs. Le rouge monte aux joues, heureusement dissimulŽes par la cagoule. Qui a dit que les spŽlŽos Žtaient les travailleurs de lÕombre ? 11 Septembre. Apr•s avoir glanŽs des informations sur la rŽsurgence, nous voila de retour. Bien dŽcidŽ ˆ aller voir de lÕautre c™tŽ ce qui si passe. Deux objectifs sont fixŽs : le premier est dÕaller le plus loin possible, tient cÕest Žton-

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nant ! Le deuxi•me est de rŽduire, dÕatomiser, dÕŽparpiller la premi•re Žtroiture. Non mais !

fŽerique mais peu prometteur semble pourtant vouloir offrir un potentiel sous estimŽ.

Premi•re plongŽe. CÕest reparti, pieds en avant, cahin caha, •a passe. Le fil se dŽroule et nous suivons du coin de lÕÏil lÕancienne cordelette, teintŽ par le temps. Elle sÕarr•te en effet rapidement. Ca y est, ˆ priori, on pointe.

Nous sommes parvenus ˆ dŽgager lÕentrŽe des blocs superflus, dÕune pente instable, dÕune arche de pierre fissurŽe et dÕune colonne sans pieds pendu en son milieu. La feue premi•re Žtroiture laissera dans les souvenirs de ceux qui lÕont connue, un souvenir inoubliable. Bilan tr•s positif. Mais les traditionnelles questions sur la suite affluent! Le mŽlange profondeur croissante/ Žtroiture/manque de visibilitŽ, permettra t il de progresser encore longtemps?

DŽpucelage de premi•re, il Žtait temps. Le palpitant sÕexcite. La galerie sÕŽlargie confortablement (4x1), les talus dÕargile aussi... Dix m•tres plus loin, le sol se dŽrobe et un beau puit de 5 par 3 m•tres sÕouvre sous nos yeux incrŽdules. Chaque amarage soulŽve des volutes de poussiŽre. Descendre, encore et encore. Arr•t ˆ -17, sur autonomie. DŽjˆ ! Nous appercevons la suite, plus bas. Retour dans la mouise, complŽte. Instruments totalement illisibles. Amour dŽmesurŽ pour le fil blanc. Nous dŽsŽquipons lÕancien fil, cÕest plus prudent, vu le contexte. Entre temps, lÕŽtroiture dÕentrŽe se vide rapidement des monceaux de cailloux inutiles... Cela devient de plus en plus prŽsentable. Seconde plongŽe du week end. Un fil m•trŽ et ŽtiquetŽ est mis en place, le prŽcŽdent sera enlevŽ au retour. Tant pis pour la visi, nous fon•ons plein p™t vesr le puit. Bille en t•te, nous dŽgringolons vers le terminus de la veille. DŽpassŽ, nous atteignons le bas du puit vers 21 m. Cul de sac? Non, ˆ gauche, plein ouest, une ouverture permet de continuer, toujours en pente, le plongeur se faufile ˆ travers ce rŽtrŽcissement. Un virage ˆ gauche, nous remet vers le sud, ˆ nouveau. La galerie dŽcoupŽe de 2x3m est constituŽe dÕune jolie roche marron. Et toujours autant dÕargile... A -25, la galerie dŽbouche sur un deuxi•me puit. La pente sÕenfonce, vision jusquÕˆ 32 mŽtres environ. Ce sera pour une autre fois, hŽlas. Le temps du retour a sonnŽ. Amarrage du fil, -27, un dernier coup dÕÏil et demi tour. Retour dans la crasse absolue. Ca cogne souvent, merci le casque. La joie innonde lÕesprit. Apr•s cette course de 60 m•tres, cette modeste premi•re suffit ˆ nous enchanter. Bien que jugŽe impŽnŽtrable et stressante, cette petite rŽsurgence ˆ lÕaspect

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Enfin les avis divergent sur ce trou, qualifiŽ injustement par certain de pire trou de chiotte jamais vu dans toute vie de spŽlŽo et de plein de charme par les autres. Pour conclure et sans vouloir jouer les gros bras, ce jolie petit trou de chiotte ne sera jamais une classique, jamais un siphon Žcole, jamais un siphon ˆ touristes, jamais une plongŽee ˆ prendre ˆ la lŽgŽre. Les plus alarmistes pourraient le qualifier de tr•s dangereux, tout est relatif. Ou lui donner une notte de six sur une Žchelle de sept pour la qualitŽ supŽrieure de sa touille. Ils nÕauraient pas vraimnet tort. Comme le disent nos mamans et nos femmes avant chaque dŽpart : Òfait bien attention ˆ toi, mon petitÓ. Cela a le don de nous Žnerver et pourtant, elles ont raisons. Bibliographie : Plein Gaz. Bulletin du CLAC. Remerciements : Aux plongeurs qui ont ouverts la voie. A P WHORER pour son aide. A Mr TRICOCHE pour ses informations. A Mr FRANCHEAU pour ses tuyeaux et ses bierres. A Mr et Mme COMTE pour le g”te.(beau papa et belle maman dÕun plongeur). A nos Žpouses pour supporter nos abscences Žgoistes et rŽpŽtŽes. A la FFESSM, pour le pr•t du materiel. Et ˆ la nature pour le pr•t immense de ce terrain de jeux extraordinaire. Plongeurs ayant participŽs aux plongŽes : Philippe Whorer. Pierre-eric Deseigne. Compte rendu BULLES MANIAC. Septembre 1999 ð


Exploration

LE GICLARDD Commune : Saint Pierre de Chartreuse Pierre BOUDINET

X = 874.38 Y = 343.03 Z = 1000 Voici un descriptif de la suite de mon travail, effectuŽ toujours en solitaire.

Lundi 12/07/199 : - topographie du haut de la premi•re casacade jusquÕˆ la salle dÕeffondrement, - rŽalisation dÕune boucle topographique dans la salle dÕeffonfrement, - visite au-delˆ de cette salle, galerie aquatique, arr•t sur siphon.

Mardi 13/07/1999 : - a nouveau, bouclage de la salle, la prŽcŽdente boucle ne fermant pas tr•s bien (inversion dÕune visŽe), - topographie au-delˆ de cette salle. Arr•t bien avant le siphon ( lŽgŽre fluctuation du niveau dÕeau et sca-

phandre abandonnŽ avant la salle, obligeant ˆ la prudence)

Description de la suite de la cavitŽ Apr•s la premi•re escalade, la galerie reste peu large (env. 80 cm). Au bout de 15 m et dÕun siphon, on arrive sur une seconde cascade (hauteur sous plafond env. 3 m, due ˆ lÕŽrosion rŽgressive). Les strates, subhorizontales, sont bien visibles. LÕeau est toujours prŽsente bien sur. Apr•s une Žtroiture due ˆ un effondrement de strate, on arrive au bout de 40 m dans une salle dÕeffondrement elliptique de diam•tre approximatif moyen 9 m. En rive droite ˆ env. 5 m de

haut commence un dŽpart de galerie supŽrieure dÕo• suinte un peu dÕeau. La suite se trouve en face de lÕarrivŽe dans la salle, le niveau dÕeau y est ŽlevŽ, avec des voutes rasantes et passages siphonants. La galerie reste de taille modeste (pas plus de 80 cm de large). Quelques concrŽtions (stalactites) existent dans certaines zones non siphonantes. Le plafond reste bas. Au bout dÕenviron 150 m apr•s la salle commence franchement le S3. CavitŽ esthŽtiquement pas dŽsagrŽable, m•me si la recherche de la beautŽ nÕest pas lÕobjectif principal des travaux qui sont en cours.

Remarques : - comme dŽjˆ indiquŽ, il sÕagit de topographie et non de premi•re : Bertrand LƒGER y est venu en 1984, - les dŽnivelŽs ont ŽtŽ estimŽs et non mesurŽs prŽcisemment; cela entraine une erreur de bouclage assez grande sur la topo de la salle (18%), car son sol nÕest pas plan, - depuis octobre 1998, quelquÕun a creusŽ le S1 afin dÕen abaisser le niveau et de le vider. Il reste quand m•me une partie siphonnante, dans la zone la moins facile, - selon des renseignements aimablement fournis par Philippe CABREJAS, le S1 a dŽjˆ ŽtŽ creusŽ un peu avant 1991. Au cas o• quelquÕun lirait ces lignes et serait intŽressŽ par une collaboration plut™t quÕune compŽtition, travailler en commun reste possible, voire souhaitable pour la sŽcuritŽ de certains travaux.

Bibliographie complŽmentaire : Scialet n¡20, CDS 38, 1991. ð

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Opinion

PLOONGƒƒE ET SPƒƒLƒƒOLOOGIIE Pierre Boudinet.

Les lignes qui suivent sont un peu le complŽment de ÒRŽflexions dÕun amateurÓ, paru dans Sifon n¡ 33. La pratique de la PlongŽe SpŽlŽologique exige non seulement la ma”trise de techniques particuli•res, mais aussi la poursuite constante dÕune rŽflexion sur lÕaspect humain des choses : On se trouve en effet plongŽ dans une bi-fŽdŽralitŽ o• circulent de multiples concepts souvent antagonistes. Il est difficile de se situer et dÕeffectuer le cas ŽchŽant ses choix. Bien que souvent prŽsentŽe comme une mesure de sŽcuritŽ, la grŽgaritŽ est Žgalement le reflet de ceux qui plongent pour le contact social. DÕautres motivations (travaux de recherche, plaisir esthŽtique, ...), et surtout lÕimperfection des rapports avec les autres, me semblent autant de raisons dÕagir en solitaire. Le travail en Žquipe nÕest pas si facile, il demande certaines qualitŽs particuli•res comme, par exemple de limiter ses ambitions et de respecter les motivations des autres. De plus, si les buts ne sont pas clairs, et si chacun nÕest pas autonome dans les taches qui lui sont dŽvolues, le dŽsordre et le retard arrivent vite. Pratiquer seul permet de prendre son temps pour rŽsoudre les probl•mes rencontrŽs : Il nÕy a personne pour sÕimpatienter ou critiquer. Si la critique (sorte de regard extŽrieur) est tr•s souhaitable pour progresser, elle me semble bien trop souvent tenir de la jalousie ou du

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conformisme dans le monde de la plongŽe. Agir en groupe implique la prise de responsabilitŽs vis-ˆ-vis dÕautres personnes, et il y a un fort risque de subir des tracas judiciaires en cas de probl•me. Celui qui nÕest ni un dŽbutant total en recherche dÕencadrement, ni un cadre tr•s expŽrimentŽ et dipl™mŽ, peut y voir une incitation ˆ pratiquer seule. En dernier lieu, le travail en solitaire simplifie le lien entre les efforts fournis et le rŽsultat obtenu. Comme toute activitŽ humaine, la PlongŽe SpŽlŽologique nÕŽchappe pas ˆ des rapports de ÒsupŽrioritŽ-infŽrioritŽÓ entre individus, ou groupe dÕindividus. Sur le plan des faits, cela se traduit par des publications plus ou moins importantes sur des travaux plus ou moins importants. Tout cela contribue ˆ la dynamique de lÕactivitŽ. Il faut travailler et publier. Sur le plan des Žmotions, un risque important peut exister : plonger dans une telle cavitŽ parce quÕuntel en est incapable, ou pour lui prouver quÕon le peut aussi, appara”t comme une ordalie au rŽsultat bien hasardeux. Essayer dÕimpressionner les autres, ou de se laisser impressionner par eux, nÕest pas mieux : cela risque dÕarr•ter par dŽcouragement des travaux, grands ou petits, dont la poursuite aurait pu •tre intŽressante. Il faut donc ne laisser aucune place ˆ la jalousie. La PlongŽe SpŽlŽologique est le carrefour de deux mondes : Celui de la

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plongŽe, et celui de la spŽlŽologie. Des diffŽrences existent entre ces deux mondes, et donc des raisons dÕavoir des prŽfŽrences pour lÕun ou lÕautre. Sur le plan institutionnel : la FFS accepte les membres individuels (leur ensemble est assimilŽ ˆ un club pour les votes au niveau dÕun CDS). Pour disposer dÕune licence FFESSM, il faut •tre membre dÕun club, de plus de dix membres en principe. Dans un club, il y a une mise en commun de moyens, mais aussi de motivations tr•s hŽtŽrog•nes, et la confusion possible entre bŽnŽvolat et prestation de service. Cette confusion est dÕailleurs partiellement entretenue par le minist•re de tutelle). Sur le plan esthŽtique : les efforts ˆ fournir pour aller chercher la beautŽ ne sont pas de m•me nature sous terre et dans lÕeau. La palette des couleurs est diffŽrente, et sa pauvretŽ relative sous terre est compensŽe par lÕimportance du relief. LÕŽclairage, lÕacoustique, les Žchelles de temps, ne sont pas les m•mes pour des mondes qui nÕŽvoquent pas au grand public les m•mes sentiments. Traiter des diffŽrences concernant lÕapprentissage demanderait plus de papier que permis. Deux mondes engendrent deux conceptions diffŽrentes de ce quÕest lÕactivitŽ : SpŽlŽologie en milieu noyŽ pour les uns, plongŽe en galerie pour les autres... Les uns voient la plongŽe comme un moyen supplŽmentaire de progression et dÕinvestigation, les autres voient les contraintes imposŽes par la galerie comme une chance de perfec-


tionner le matŽriel et les techniques de plongŽe.

sans doute que Òtout •a, cÕest parler pour ne rien dire !Ó

Cette derni•re conception demande de la prudence ˆ celui qui la dŽfend : La plongŽe SpŽlŽologique ne pas doit devenir un prŽtexte ˆ utiliser des choses dont on nÕa pas prŽalablement la ma”trise en eaux libres.

Toutefois, dŽfinir les probl•mes permet dÕŽviter de sÕenliser dans des querelles improductives et-ou fratricides. DŽfinir ses libertŽs et son champ dÕaction permet de mieux les dŽfendre. Actes de protection qui se font par rapport aux choix des agissements dÕautres, et non dans lÕabsolu...

Au sec, il est plus facile dÕaborder le milieu souterrain et de le comprendre. En ce sens, la pratique de la SpŽlŽologie Òs•cheÓ est difficilement dissociable de celle de la PlongŽe SpŽlŽologique. En galerie, la profondeur est un dangereux leurre : appelant ˆ dŽpasser les limites courantes de la ÒplongŽe loisirÓ, elle peut attirer des personnes qui ne sont pas ˆ leur place sous terre. Il y en a qui plongent pour la dŽfonce : vertige, visite au royaume de la narcose...

Souvent, on ne peut se rendre compte que quelquÕun est dans lÕerreur que parce que lÕon a commis la m•me erreur auparavant. Si quelquÕun vous dit quÕil a ÒpassŽ une Žtroiture en dŽcapelŽÓ, cÕest peut•tre que lÕŽtroiture Žtait tr•s sŽv•re, ou que la personne Žtait tr•s maladroite. ð

Je termine par deux remarques dont le but est, de relativiser la fa•on dont on per•oit les autres :

Plonger ˆ lÕair au-delˆ de trente m•tres est un probl•me compliquŽ : il sera toujours trop tard si lÕon rebrousse chemin, car les paliers interdisent de sortir aussi vite que lÕon est rentrŽ. En cas dÕincident, il faut •tre rapide car lÕair est consommŽ plus vite. Par ailleurs, les facultŽs intellectuelles sont rŽduites et surtout trompeuses (surestimation). Le risque mortel dÕessoufflement est accru. La profondeur sert souvent ˆ mŽdiatiser les choses. Il ne faut jamais oublier que dÕautres param•tres moins tapageurs, quantifient aussi lÕengagement des plongŽes : la turbiditŽ, le froid, la longueur, lÕŽtroitesse, lÕŽtat du fil Žventuellement prŽsent... SÕils ont eu la patience de me supporter jusquÕici, certains lecteurs trouveront

Un bout de nappe apr•s un couscous bien arrosŽ

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Physiologie

PHYSIOLOOGIIE DE LA MALADDIE DE DƒCOOMPREESSION

Depuis plus dÕun si•cle, les chercheurs savent que lÕexposition ˆ une pression ŽlevŽe peut blesser ou tuer. Progressivement, ils commencent ˆ comprendre les mŽcanismes sousjacents. LÕhŽlicopt•re atterrit de bon matin, sous un ciel noir. Rapidement, un de ses occupants fut conduit au caisson hyperbare de lÕUniversitŽ de Duke, au Centre MŽdical de Durham, en Caroline du Nord. Le patient, un avocat de 42 ans, en vacances avec son amie, Žtait somnolent, et avait une Žruption sur lÕabdomen. De ce que nous savions dŽjˆ de son cas, nous suspections Žgalement une embolie gazeuse cŽrŽbrale. Sept heures plus t™t, en fin dÕapr•smidi, il avait fait surface sur la c™te de Caroline du Nord, se sentant bien apr•s sa seconde plongŽe de la journŽe. 45 minutes plus tard il commen•a ˆ avoir des maux de t•te, des vertiges, des troubles de la marche, des picotements sur le ventre. Sa vue se ÒrefermaÓ, selon ses propres termes, et il se sentit nausŽeux. En rentrant ˆ son h™tel, il se perdit en route, devint incohŽrent et, pendant un moment, ne reconnut plus son amie. Apr•s un examen neurologique, le patient et une infirmi•re spŽcialisŽe furent enfermŽs dans lÕune des chambres hyperbares permettant de traiter son Žtat. Dans le caisson, la pression fut augmentŽe ˆ 2.8 fois la pression atmosphŽrique puis, sur une pŽriode de 6 heures, ramenŽe par paliers ˆ 1 atmosph•re pendant que le patient respirait de lÕoxyg•ne pur. CÕest le traitement classique pour la plupart des formes de maladie de dŽcompression (terme

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Par Richard E. Moon, Richard D. Vann et Peter B. Benett. Scientific American, aožt 1995, pp.54-61 Traduit par Ga‘l Monvoisin et Philippe Wohrer. regroupant les diffŽrentes maladies liŽes ˆ des bulles de gaz dont souffrent de temps en temps les plongeurs, les ouvriers travaillant avec de lÕair comprimŽ et dÕautres). Le lendemain, une imagerie par rŽsonance magnŽtique du cerveau de lÕhomme confirmait nos craintes ˆ propos des bulles : il apparaissait des zones punctiformes dÕexc•s de liquide dans le cerveau, suggŽrant un Ïd•me des tissus provoquŽ par les bulles. Apr•s environ une semaine de ce quÕil appelait ÒdŽsorientation visuelleÓ et mis ˆ part des sympt™mes liŽs ˆ lÕoreille interne qui finirent par guŽrir, le plongeur rŽcupŽra totalement, comme la plupart des patients qui ont eu de graves probl•mes de ce type et ont ŽtŽ recomprimŽs en caisson. Finalement, ce qui rendit ce cas important pour nous fžt la mani•re dont il confirma lÕhypoth•se que nous Žtions en train de formuler sur le r™le du cÏur dans les maladies de dŽcompression. Les thŽories classiques impliquaient rarement cet organe, mais un examen apr•s traitement de ce plongeur montra quÕil avait une anomalie cardiaque connue sous le nom de foramen ovale permŽable, une sorte de conduit ˆ travers lequel les bulles peuvent passer dans le sang artŽriel. Une fois dans les art•res, les bulles peuvent obstruer le flux sanguin vers les organes vitaux, en particulier le syst•me nerveux central (cerveau et moelle Žpini•re).

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Un hŽritage mŽdical exceptionnel Le traitement de ce vacancier et particuli•rement la dŽcouverte de son anomalie cardiaque fut, en un sens, typique de lÕhistoire de cette maladie. Depuis deux si•cles que des gens respirent de lÕair comprimŽ, des chercheurs ont rassemblŽ (souvent comme rŽsultat dÕaccidents dont furent malheureusement victimes ces audacieux) un remarquable registre de la fa•on dont le corps humain rŽpond aux stress pour lesquels il nÕest pas adaptŽ. Depuis le potentiel narcotique de lÕazote sous pression et la toxicitŽ de lÕoxyg•ne sous pression, jusquÕaux effets de lÕhypothermie et aux Žtranges sympt™mes de la pression sur le syst•me nerveux central, la plongŽe a crŽŽ un riche et unique domaine de connaissances mŽdicales. De tous ces troubles, le plus frŽquent et encore imparfaitement compris est la maladie de dŽcompression. La cause sous-jacente (des bulles dans le sang ou les tissus) Žtait Žtablie d•s 1877, et la maladie a ŽtŽ beaucoup ŽtudiŽe depuis. Le premier ˆ impliquer les bulles de gaz dans cette maladie fžt le physiologiste fran•ais Paul Bert. Il prouva que les bulles Žtaient composŽes dÕazote ; du fait que lÕoxyg•ne est mŽtabolisŽ par les cellules des tissus, il ne pose habituellement pas de probl•me lors de la dŽcompression.


Ce qui rendit cette maladie possible fut lÕinvention de la pompe ˆ air et, peu apr•s, en 1841, du caisson, une chambre pressurisŽe classiquement utilisŽe pendant la construction des tunnels ou les fondations des ponts, sous les rivi•res. Les ouvriers devaient entrer dans le caisson par un sas et travailler dans une atmosph•re dÕair comprimŽ qui emp•chait les fuites. Ensuite, quand les ouvriers Žtaient dŽcomprimŽs ˆ une atmosph•re, ils dŽveloppaient souvent des douleurs articulaires et parfois des probl•mes plus graves : engourdissements, paralysies, pertes de contr™le vŽsical ou intestinal et parfois la mort. Ce fut au pont de Saint Louis, construit au dŽbut des annŽes 1870, que la maladie de dŽcompression re•ut son nom familier de ÒbendsÓ (N.d.t.. : courbures, en anglais). Les ouvriers atteints de maladie de dŽcompression marchaient souvent avec le dos en peu vožter, ˆ la mani•re des femmes ˆ la mode de lÕŽpoque qui appelaient cela la Courbure Grecque (voir figure 1). En tout, pr•s de 600 hommes travaill•rent dans les caissons de St Louis. La maladie de dŽcompression avec atteinte neurologique, la forme la plus grave, toucha 119 dÕentre eux ; 14 moururent. Parmi les blessŽs se trouvait Alphonse Jaminet, le mŽdecin des ouvriers, qui,

apr•s avoir quittŽ le caisson un soir, fut pris de vertiges, devint incapable de parler et souffrit de douleurs des membres et de paralysie dÕun bras et des deux jambes. Il surŽleva ses jambes et but du rhum, et, en moins dÕune semaine, ses sympt™mes disparurent. Bizarrement, beaucoup des cas les plus graves de maladie de dŽcompression guŽrissaient spontanŽment. Par contre, certains ne disparaissaient pas et laissaient les victimes infirmes ˆ vie. Ë c™te de ces cas graves, il y eut beaucoup plus dÕincidents moins marquŽs, gŽnŽralement des probl•mes articulaires. Le pont de Brooklyn, construit ˆ peu pr•s en m•me temps que le pont de St Louis, eut aussi des victimes. 20 hommes moururent, et beaucoup plus eurent des probl•mes neurologiques durables. Washington Roebling, lÕingŽnieur en chef, fut paralysŽ et dut superviser la construction du pont de son lit. Les traitements modernes de la maladie de dŽcompression remontent aux observations faites au XIXe si•cle que, lorsque les hommes atteints rŽ-entraient dans le caisson pressurisŽ, leurs bends sÕamŽlioraient souvent (consŽquence de la rŽduction de taille des bulles). Ë peu pr•s au m•me moment, Bert rapporta que lÕinhalation dÕoxyg•ne pur aidait ˆ rŽduire les signes de bends chez les animaux. De nos jours, pratiquement tous les traitements comprennent une recompression et une dŽcompression lente avec inhalation dÕoxyg•ne. Bien quÕune recompression plusieurs heures ou m•mes jours apr•s le dŽbut des sympt™mes puisse provoquer une amŽlioration, une issue favorable est beaucoup plus souvent obtenue quand la recompression est dŽbutŽe rapidement.

Qui est Òˆ risquesÓ?

figure 1: le nom de bends vient de la posture a la mode a l'epoque victorienne.

AujourdÕhui, le groupe des gens ˆ risques sÕest Žtendu aux plongeurs, aux travailleurs en caissons, aux pilotes qui sont soumis ˆ des chutes de pression quand ils volent ˆ hautes altitudes et aux astronautes qui portent des v•tements de lÕespace ˆ basse pression quand ils quittent leurs vŽhicules. Aux Etats-unis pr•s de 900 cas sont rapportŽs chaque annŽe chez les plongeurs amateurs. Bien que lÕon ne connaisse pas, m•me chez les

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plongeurs amŽricains, lÕincidence de la maladie de dŽcompression, il a ŽtŽ estimŽ que les plongeurs amateurs du monde entier sont atteints dÕenviron un incident sur 5000 ˆ 10.000 plongŽes. Chez les plongeurs professionnels, souvent exposŽs ˆ des pressions supŽrieures pendant des temps plus longs, le taux passe ˆ environ un incident pour 500 ˆ 1000 plongŽes. Ce qui est peut-•tre le plus dŽconcertant ˆ propos de ces cas est que la plupart dÕentre eux ne peuvent •tres considŽrŽs comme consŽquences normales dÕune plongŽe tŽmŽraire. Pour Žviter les accidents, les plongeurs utilisent des tables de dŽcompression ou des ordinateurs de plongŽe qui leur donnent la profondeur et le temps pendant lequel ils peuvent rester sous lÕeau sans risque exagŽrŽ. Ces tables ont ŽvoluŽ depuis les travaux du dŽbut du si•cle fait par le physiologiste anglais John S. Haldane. Les tables dÕHaldane et les suivantes ont ŽnormŽment rŽduit ˆ la fois lÕincidence de la maladie de dŽcompression et le nombre de cas graves. Cependant, presque la moitiŽ de tous ces cas de maladie de dŽcompression touchent des plongeurs qui affirment avoir plongŽ dans les limites spŽcifiŽes par une table standard (ou par un algorithme dÕordinateur, qui sont tous dŽrivŽs des m•mes formules que celles des tables). Une des raisons pour lesquelles la maladie de dŽcompression a ŽtŽ si lente ˆ livrer ses secrets est que ce nÕest pas une affection unique, mais plut™t une somme de pathologies plus ou moins liŽes. Le terme Òmaladie de dŽcompressionÓ dŽsigne ˆ la fois la maladie ellem•me et les embolies artŽrielles gazeuses. Les deux sont provoquŽs par les bulles, et diffŽrent surtout par la mani•re dont le gaz est entrŽ dans le corps et, dans une certaine mesure, par leurs sympt™mes. LÕembolie gazeuse artŽrielle se produit quand une obstruction sur lÕarbre bronchique emp•che le gaz se dilatant dans les poumons de sÕŽchapper. Classiquement, cette situation se produit quand un plongeur dŽbutant ou pris de panique bloque sa respiration tout en remontant rapidement. Comme la pression autour du corps du plongeur dimi-

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nue, les gaz pulmonaires se dilatent et peuvent lŽser cet organe et passer dans le sang. Ce syndrome peut Žgalement rŽsulter dÕun blocage partiel sur lÕarbre bronchique, causŽ par un asthme ou une infection respiratoire. En suivant le flux sanguin, ces bulles sont emportŽes vers la circulation artŽrielle et souvent vers le cerveau. LÕobstruction du flux sanguin, qui soit trouble le fonctionnement du tissu cŽrŽbral, soit le tue immŽdiatement, est lÕexplication la plus probable des sympt™mes habituels : brutale perte de conscience, convulsions, et paralysie de la partie droite ou gauche du corps. Les observations cliniques sugg•rent, cependant, que les mŽcanismes sous jacents ˆ la maladie aillent au-delˆ dÕune simple obstruction du flux sanguin. Par exemple, lÕŽtat de certains patients sÕamŽliore par la recompression, puis inexplicablement se dŽtŽriore - longtemps apr•s que toute bulle a pu persister. Des Žtudes faites sur animaux, par Desmond F. Gorman et ses associŽs ˆ lÕUniversitŽ dÕAdŽla•de en Australie, ont dŽmontrŽ quÕapr•s une embolie gazeuse il reste une rŽduction faible mais constante du flux sanguin dans le cerveau, m•me apr•s que toutes les bulles aient ŽtŽ ŽpurŽes. Il est facile de penser que cette persistance de pathologie pourrait •tre provoquŽ par les dommages causŽs par ces bulles sur lÕendothŽlium (les parois des vaisseaux sanguins) et lÕaccumulation ultŽrieure de globules blancs, qui pourrait obstruer le flux directement ou indirectement par la libŽration de mŽdiateurs chimiques. DÕautre part, la maladie de dŽcompression est la consŽquence des bulles qui se forment au sein m•me des tissus. Le gaz inerte qui provoque ce phŽnom•ne (azote ou hŽlium en gŽnŽral) entre dans le corps pendant la plongŽe par les poumons et, aux hautes pressions des profondeurs ocŽanes, se dissout dans le sang. La circulation transporte ce gaz dissous aux capillaires, dÕo• il diffuse vers les tissus. Cette diffusion - aussi bien vers les tissus pendant la descente quÕen dehors dÕeux lors de la remontŽe est rapide dans la moelle Žpini•re et le cerveau car les capillaires sont proches les uns des autres et ces organes ˆ une bonne irrigation sanguine. Ce sont des Òtissus rapidesÓ dans lesquels le flux

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sanguin est le contr™leur principal de lÕŽchange de gaz inerte. Sur ce crit•re, les articulations sont dites Òtissus lentsÓ. Ils sont moins irriguŽs, donc la pŽnŽtration et lÕŽlimination du gaz est moins rapide. Dans les muscles squelettiques, les Žchanges de gaz inertes varient beaucoup. Le flux sanguin dans les muscles dÕun plongeur au repos et au froid est bas, mais peut •tre multipliŽ par dix chez un plongeur ŽchauffŽ par un effort.

LÕŽpuration de lÕazote. Les tissus corporels dÕun plongeur respirant de lÕair, lorsquÕil fait surface, contiennent une grande quantitŽ dÕazote en exc•s (voir figure 2). Normalement ce gaz absorbŽ pendant la plongŽe est ŽpurŽ par le sang et transportŽ jusquÕaux poumons, o• il est expirŽ. Quand la pression de tous les gaz dissous dans les tissus est supŽrieure ˆ la pression ambiante autour du plongeur, les tissus sont dits sursaturŽs. Pendant cette pŽriode, des bulles peuvent se former, comme lorsque lÕon ouvre une bouteille de boisson gazeuse. Effectivement, en utilisant des techniques ˆ ultra sons, les

chercheurs ont observŽ des bulles dans les vaisseaux sanguins des plongeurs ou des pilotes soumis ˆ de brusques dŽcompressions aussi faibles que 0.3 atmosph•res. Paradoxalement, les bulles ne semblent pas se former dans le sang luim•me. Des expŽriences effectuŽes en premier par le grand-p•re de Charles Darwin, Erasmus, ont montrŽ que, quand il est enfermŽ dans son rŽservoir habituel - un vaisseau sanguin - le sang ne bulle pas, m•me en cas de forte dŽcompression. Ces observations ont ŽtŽ confirmŽes dans notre laboratoire, o• nous nÕavons pas pu dŽtecter de bulle dans du sang contenu dans une veine isolŽe m•me soumis ˆ une dŽcompression de 122 atmosph•res. Quelque chose intervient donc, en plus de la sursaturation, pour former des bulles. DÕautre part, des Žtudes aux rayons X ont mis en Žvidence des poches de gaz dans les articulations des membres ainsi que dans et autour de la colonne vertŽbrale, m•me sans dŽcompression. Ces poches se forment du fait dÕune adhŽsion visqueuse entre les surfaces de tis-

figure 2: La pression d'azote dans les tissus augmente ou diminue a differents taux pendant et un peu apres une plongŽe, en fonction, principalement, du flux sanguin dans les tissus affectŽs. Ici sont presentes les pressions dans 5 tissus ayant des "demitemps" differents (temps necessaire a l'azote pour atteindre la moitie de sa pression maximum dans le tissu). Lorsque la pression du gaz dissous est supŽrieure a la presison ambiente, le tissu est dit sursaturŽ. La sursaturation est une condition sine qua non ˆ la formation de bulles, pouvant conduire a des problemes de decompression. Ces courbes ne sont que des approximations de comportements gazeux dans des tissus rŽels, c'est en fait bien plus complexe et encore mal compris.

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sus en mouvement. Un exemple en est le ÒcraquementÓ dÕune articulation, formation audible et disparition dÕune bulle. Le gaz rŽsiduel de ces poches peut agir comme le noyau ˆ partir duquel les bulles responsables de la maladie de dŽcompression se forment. Ces noyaux sont ˆ lÕextŽrieur du syst•me vasculaire (transportant le sang), mais quand ils grossissent, ils pourraient rompre de petits capillaires et, de cette fa•on, essaimer des bulles dans la circulation sanguine. Un phŽnom•ne liŽ ˆ cela peut •tre observŽ dans un verre de bi•re, dans lequel des bulles ont tendance ˆ se former ˆ partir des fentes remplies de gaz le long du bord. Les sympt™mes tr•s divers de maladie de dŽcompression sont dus aux multiples combinaisons de bulles intra-vasculaires ou extra vasculaires. La douleur dÕun membre, par exemple, est probablement due ˆ des bulles comprimant les terminaisons nerveuses et Žtirant des tissus autour des articulations. LÕengourdissement ou la paralysie sont causŽs par la prŽsence dans la moelle Žpini•re de bulles qui physiquement dŽsorganisent les cellules nerveuses et leur circulation. La toux et la g•ne respiratoire (bends cardiorespiratoires, ou ÒchokesÓ) sont provoquŽes par le grand nombre de bulles de gaz veineuses encombrant les capillaires pulmonaires.

plongeurs amateurs immŽdiatement apr•s leurs excursions sous-marines et avons dŽcouvert que les bulles sont extr•mement frŽquentes dans le syst•me veineux, le ventricule droit du cÏur et lÕart•re pulmonaire. De telles bulles veineuses sont probablement sans danger puisquÕelles sont normalement filtrŽes par le rŽseau capillaire pulmonaire et expirŽes ensuite. Mais sÕil y a trop de ces bulles, la capacitŽ de filtration des capillaires pulmonaires peut •tre dŽpassŽe, permettant aux bulles de passer dans le syst•me artŽriel. DÕautre part, une anomalie cardiaque peut permettre aux bulles de passer directement du cÏur droit au cÏur gauche (court-circuitant la circulation pulmonaire), avec plus ou moins le m•me rŽsultat. Des bulles passant dans le sang artŽriel de cette fa•on pourraient atteindre le cerveau, troubler la vision, la parole, la pensŽe, le caract•re ou la conscience. Le plus frŽquent de ce type dÕanomalie cardiaque est le foramen ovale permŽable, une petite ouverture entre les oreillettes droite et gauche du cÏur (comme nous avions dŽtectŽ chez le vacancier que nous avions traitŽ en 1988), prŽsent chez 10 ˆ 20 % de la population. En utilisant une technique appelŽe Žchocardiographie -doppler, le foramen ovale peut •tre dŽpistŽ en

Ë c™tŽ de ces effets directs, il appara”t maintenant quÕil pourrait exister Žgalement des effets indirects. Comme des corps Žtrangers, les bulles peuvent activer le syst•me de coagulation, augmentant le blocage du flux sanguin. Il a ŽtŽ prouvŽ par Charles A. Ward, de lÕUniversitŽ de Toronto, que le responsable en Žtait le ComplŽment, un groupe de molŽcules circulant dans le sang et important pour combattre les infections.

observant les bulles qui passent de lÕoreillette droite vers la gauche (voir figure 3). Une autre anomalie plus rare connue sous le nom de communication inter auriculaire, peut avoir plus ou moins les m•mes effets. En 1986 nous avons commencŽ ˆ chercher systŽmatiquement un foramen ovale permŽable chez tous les patients admis pour traitement de maladie de dŽcompression. Si lÕexistence de lÕanomalie augmente les risques de maladie de dŽcompression, avions-nous raisonnŽ, alors elle devait •tre plus frŽquent chez les plongeurs qui ont ŽtŽ atteints. Et en effet, nos travaux ont montrŽ quÕun foramen ovale permŽable peut •tre dŽtectŽ chez pr•s de 50 % des plongeurs qui ont souffert de formes neurologiques graves de maladie de dŽcompression, ce qui sugg•re que les individus porteurs de cette anomalie cardiaque ont 5 fois plus de chance dÕ•tre atteint de graves probl•mes de dŽcompression. Bien que cela ne constitue pas une preuve dŽfinitive, cette corrŽlation statistique nous a encouragŽ ˆ continuer ˆ Žtudier ce mŽcanisme.

De curieux sympt™mes neurologiques Un autre domaine de recherche prometteur concerne les deux formes principales de maladie de dŽcompression

Un raccourci vers les art•res Bien quÕelles soient impliquŽes dans toutes les formes de maladie de dŽcompression, les bulles par elles-m•mes ne signifient pas trouble. De fait, nous et dÕautres chercheurs, tels que Richard Dunford du Centre MŽdical de Virginia Mason ˆ Seattle, avons utilisŽ des appareils ˆ ultra sons pour examiner des

figure 3: Le sang veineux, en bleu, est separŽ du sang arteriel, en rouge, dans un coeur normal, et emportŽ par pompage, dans les capillaires pulmonaires d'o• elles sont eliminŽes. Au moins 10 % de la population a une fine ouverture (le foramen ovale permŽable), entre l'atrium gauche et le droit. Cela permet aux bulles de passer dans le sang arteriel et de causer des domages au cerveau et aux autres organes.

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neurologique (cŽrŽbrale et mŽdullaire). Elles ont des groupements de sympt™mes diffŽrents, les blessures de la moelle Žpini•re retentissant en gŽnŽral surtout sur la moitiŽ basse du corps : faiblesse des jambes, perte de sensation ou diminution du contr™le intestinal et vŽsical. Les bulles cŽrŽbrales, par contre, se manifestent gŽnŽralement par une hŽmiplŽgie (paralysie dÕun c™tŽ du corps), une difficultŽ ˆ parler, une diminution de vigilance, des changements de caract•re ou des convulsions. Ces sympt™mes cŽrŽbraux sont relativement rares. En fait, un des principaux myst•res de la maladie neurologique de dŽcompression est : pourquoi la moelle Žpini•re est-elle beaucoup plus souvent atteinte que le cerveau. La forme cŽrŽbrale de maladie de dŽcompression semble •tre causŽ par des bulles qui entrent dans le cerveau via le sang artŽriel. Ces bulles peuvent avoir plusieurs origines, comme discutŽ ci-dessus. Les Žtudes menŽes par James Francis, de la Marine Royale Britannique et, dÕautre part, par G. Pezeshkpour, Drew Dutka, John M. Hallenbeck et Ed T. Flynn, de lÕInstitut de Recherche MŽdicale de la Marine AmŽricaine, dŽmontrent que la maladie de dŽcompression mŽdullaire est le plus souvent causŽe par des bulles se formant dans la moelle Žpini•re elle-m•me. Une hypoth•se qui semble expliquer les diffŽrences ˆ la fois de frŽquence et de lieux de formation de bulles est centrŽe sur le fait que la moelle Žpini•re est sujette ˆ des mouvements continuels, ce qui comme pour les articulations, pourrait provoquer la formation de noyaux bullaires par adhŽsion visqueuse. De plus, la moelle Žpini•re est compl•tement enfermŽe dans une membrane de tissu conjonctif relativement inŽlastique. En partant de cette constatation, Brian A. Hills, alors ˆ lÕUniversitŽ du Texas, ˆ Houston, et Philip B. James, de lÕUniversitŽ de Dundee en Ecosse, ont prŽsentŽ des preuves expŽrimentales, en 1982, que le dŽveloppement de bulles au sein de la moelle Žpini•re pouvait augmenter la pression et causer une rŽduction secondaire du flux sanguin, augmentant les dommages causŽs par les bulles.

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Rendre la plongŽe plus sžre RŽduire le risque dÕavoir des bulles dans le syst•me veineux pourrait sembler une bonne idŽe puisque le nombre de bulles passant dans le syst•me artŽriel par le biais de passage trans-pulmonaire ou dÕun foramen ovale permŽable serait diminuŽ. Dans ce but, des remontŽes plus lentes ou avec interruptions peuvent se rŽvŽler utiles. Des Žtudes sur animaux ont montrŽ une diminution du nombre de bulles quand la pression est diminuŽe ˆ un taux correspondant ˆ une vitesse de remontŽe de 9 m•tres par minute, au lieu de 18 m•tres par minutes, vitesse traditionnellement enseignŽe aux plongeurs. En pratique, il peut •tre tr•s difficile pour un plongeur en pleine eau, surtout un dŽbutant, de remonter si lentement. Une autre mani•re dÕarriver pratiquement au m•me rŽsultat est dÕinterrompre la remontŽe avec un Ò arr•t de sŽcuritŽ Ò de quelques minutes ˆ une profondeur de 5 ou 6 m•tres. (De tels arr•ts se font par dŽfinition ˆ la fin de plongŽes assez br•ves pour ne pas exiger de paliers sur les tables de dŽcompression classiques). RŽcemment Donna Uguccioni, faisant maintenant partie du D.A.N (Divers Alert Network), a montrŽ quÕun arr•t de sŽcuritŽ de 3 minutes ˆ 6 m•tres rŽduit les bulles veineuses de 50 %. De plus, la remontŽe lente et les arr•ts de sŽcuritŽ pourraient donner aux tissus neurologiques ˆ Žchanges rapides, comme le cerveau ou la moelle Žpini•re, suffisamment de temps pour Žliminer les gaz inertes en exc•s, rŽduisant de cette fa•on le degrŽ de sursaturation et la possibilitŽ de croissance des bulles. Une autre fa•on de diminuer la tension dÕazote dissous, qui induit la formation de bulles, est de respirer de plus fortes concentrations dÕoxyg•ne. Quand la pression dÕazote est plus forte dans les tissus que dans le sang, le gaz diffuse vers le sang, dÕo• il peut •tre transportŽ jusquÕaux poumons et ŽliminŽ. Plus la diffŽrence de pression est forte, plus le gaz peut •tre extrait rapidement. LÕinhalation dÕoxyg•ne est bŽnŽfique, en augmentant cette diffŽrence de pression. M•me si des bulles se sont formŽes, lÕoxyg•ne reste valable, parce que leur

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Žlimination dŽpendant de la diffŽrence entre la pression dÕazote dans la bulle et celle des tissus alentour. Cet effet est connu depuis pr•s dÕun si•cle et a conduit ˆ plusieurs applications diffŽrentes de lÕoxyg•ne en plongŽe, ˆ la fois dans et en dehors de lÕeau. Pratiquement toutes les plongŽes de loisirs se font avec de lÕair comprimŽ ordinaire, mais certaines plongŽes spŽcialisŽes ou avec techniques avancŽes nŽcessitent lÕutilisation de mŽlanges de gaz avec des taux dÕoxyg•ne diffŽrents des 21 % habituels. Par exemple, les plongeurs respirent parfois de lÕoxyg•ne pur aux paliers quand ceux-ci sont obligatoires. Des scientifiques, des professionnels et un nombre croissant de plongeurs amateurs utilisent un air enrichi appelŽ mŽlange ÒnitroxÓ avec 32 ou 36 % dÕoxyg•ne. La proportion plus forte dÕoxyg•ne permet au plongeur de rester un peu plus longtemps ˆ une profondeur donnŽe sans avoir besoin dÕeffectuer de paliers de dŽcompression, ou, au choix, de garder le m•me profil avec un risque moindre de maladie de dŽcompression. Les profondeurs limites sont importantes avec ces mŽlanges enrichis en oxyg•ne, parce que lÕoxyg•ne dans un mŽlange respiratoire peut provoquer de dangereux effets toxiques quand sa pression exc•de 1.5 ˆ 1.7 atmosph•res. Par exemple, un mŽlange ÒnitroxÓ ˆ 32 % dÕoxyg•ne ne permet pas de descendre plus bas que 37 m•tres. La toxicitŽ de lÕoxyg•ne peut se manifester de diverses fa•ons, dont la plus sŽrieuse est la crise convulsive gŽnŽralisŽe, qui peut conduire ˆ la noyade.

Calculer des tables plus sžres Comment relions-nous la connaissance de la physiologie de la maladie de dŽcompression avec des tables de dŽcompression et des algorithmes dÕordinateur de plongŽe plus sžrs et plus efficaces ? Incorporer des idŽes concernant les mŽcanismes physiologiques dans les mod•les mathŽmatiques peut permettre de minimiser les risques mŽdicaux lors des excursions sousmarines. Les mod•les classiques estiment la pression de gaz inerte dans diffŽrents types de tissus perfusŽs ˆ


diffŽrentes vitesses. Il est admis que des bulles se forment quand les tissus deviennent sursaturŽs pour un facteur donnŽ, en gŽnŽral proche de deux. Ce type de mod•le a ŽtŽ inventŽ par Haldane, il y a pr•s dÕun si•cle. La base dÕapproche a ŽtŽ affinŽe de nombreuses fois depuis des annŽes, mais nÕest toujours pas enti•rement satisfaisante. Des dŽveloppements rŽcents, malgrŽ tout, ont amŽliorŽ le mod•le ou promettent de le faire. La plus grande avancŽe a peut-•tre ŽtŽ la simple notion quÕŽviter la maladie de dŽcompression est plus une question de probabilitŽ quÕune dŽmarcation claire entre la sŽcuritŽ et le risque. Cette idŽe, dŽveloppŽe au milieu des annŽes 1980 par Paul K. Weathersby, Louis D. Homer et Flynn de la Marine amŽricaine, est basŽe sur des mod•les qui estiment la probabilitŽ de maladie de dŽcompression pour toutes plongŽes donnŽes. Pour •tres correctement construits, les mod•les nŽcessitent de grandes bases de donnŽes avec des dŽtails prŽcis sur des centaines de plon-

gŽes qui ont abouti ˆ une maladie de dŽcompression, et sur des milliers qui se sont bien terminŽs. De telles bases de donnŽes sont gŽnŽralement difficiles et cožteuses ˆ obtenir ; heureusement, les ordinateurs que beaucoup de plongeurs portent maintenant peuvent aider. Ces ordinateurs mesurent et enregistrent les profondeurs avec prŽcision, rŽvisent en continu les calculs dÕazote dans les tissus, et peuvent transfŽrer les informations dans de vrais ordinateurs en surface. LÕintŽr•t de la mŽthode probabiliste est son approche plus rŽaliste de la notion de sŽcuritŽ. Tout comme pour le ski ou la conduite en voiture, la plongŽe a des risques qui peuvent •tres rŽduits mais jamais ŽliminŽs. Ainsi, la sŽcuritŽ, dans ce contexte, peut •tre ramenŽe ˆ la probabilitŽ dÕ•tre atteint de maladie de dŽcompression quÕun plongeur est pr•t ˆ accepter. Un jour, les ordinateurs de plongŽe basŽs sur ces mod•les probabilistes reflŽteront cette rŽalitŽ en permettant aux plongeurs de fixer la probabilitŽ qui leur convient et de conduire leurs plongŽes en consŽquence.

IdŽalement, ces mod•les seront sensibles aux variations individuelles. Les mod•les courants, quel que soit leur degrŽ de sophistication, sont valables uniquement pour le plongeur Ò moyen Ò. Pour quelques plongeurs, comme le touriste que nous avons traitŽ en 1988, un terrain mŽdical particulier ou dÕautres facteurs signifient que ces mod•les ne doivent pas •tre utilisŽs. M•mes des plongeurs sans probl•mes peuvent •tres sujets ˆ la fatigue, au stress, aux variations immunologiques et ˆ dÕautres facteurs qui peuvent influencer la tolŽrance dÕun jour ˆ lÕautre. Le but ˆ atteindre pour les prochaines dŽcennies sera dÕamŽliorer ces mod•les en leur permettant de protŽger une plus grande majoritŽ de personnes, de mani•re plus frŽquente. Les plongeurs, les travailleurs en caisson, les pilotes et les astronautes attendent ce bŽnŽfice, bien Žvidemment. Mais aussi toute personne intŽressŽe par la mani•re dont le corps humain rŽagit aux stress environnementaux et physiologiques les plus violents que son habitat peut lui procurer. ð

10 FESTIVAL DE PLOONGƒƒE SOUTTERRAIINE DÕëLEE DE FRANNCEE IéMEE

ÒAu delˆ des siphonsÓ OrganisŽ par les commissions Ile de France de plongŽe souterraine FFS/FFESSM

le samedi 22 janvier 2000 Le th•me de ce 10i•me festival a pour but de mettre lÕaccent sur les progressions noyŽes qui conduisent le plongeur ˆ nouveau vers une galerie Òs•cheÓ et qui oblige ˆ redevenir spŽlŽologue. Le titre du festival a ŽtŽ empruntŽ ˆ lÕouvrage de Henri SALVAYRE. Les principaux invitŽs et intervenants de ce festival sont : Henri SALVAYRE, professeur en hydrogŽologie et auteur de lÕouvrage ÒAu delˆ des siphonsÓ. Bernard GAUCHE, Jean-Marc LEBEL, David WOLOZAN, Rick STANTON, Freddo POGGIA Il se dŽroulera ˆ la salle Jean Dame, 17 rue L•opold Belland - 75009 Paris Premi•re partie de 14h ˆ 19h Divers intervenant prŽsenteront leurs travaux, rŽcits dÕexplorations et autres diaporamas. Deuxi•me partie de 19h30 ˆ 22h Festival de lÕimage enti•rement consacrŽ aux films tournŽs sous terre.

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Historique

APEER‚‚U HISTORIIQUEE SUR LA PLOONGƒƒE SOUTTERRAIINE FRANN‚AIISE par Jean-Claude FRACHON

RŽsumŽ Ð La plongŽe en siphon constitue dŽsormais une technique spŽlŽologique ˆ part enti•re. Son efficacitŽ est le fruit dÕacquis successifs depuis une quarantaine dÕannŽes.

(Extrait de ÒCent ans de spŽlŽologie fran•aiseÓ, Actes du Symposium dÕhistoire de la splŽlŽologie, Millau, 1-2 juillet 1988, Spelunca mŽmoires n¡17, FFS, Paris 1993, pp. 161-164 Coordinateur Ph. BRUNET et Cl. CHABERT

Quelques timides tentatives en apnŽe ou en scaphandre Ç pied lourd È ont prŽcŽdŽ les premi•res plongŽes en scaphandre autonome, ˆ partir de 1945 (G.R.S., de Lavaur, É). Les explorations se limitent alors aux zones dÕentrŽe. Il faut attendre les annŽes 1950 pour que M. Letr™ne et le Clan des Tritons Lyonnais mettent au point un matŽriel et des techniques spŽcifiques aux siphons : ils feront Žcole durant plus de 20 ans, et leurs rŽsultats annoncent la spŽlŽoplongŽe moderne (longueurs explorŽes supŽrieures ˆ 100 m). Ë partir des annŽes 1960, la spŽlŽoplongŽe prend son essor. Les plongŽes sÕallongent (800 m ˆ Port-Miou, par le G.E.P.S.) et on sÕattaque ˆ des siphons ŽloignŽs de lÕentrŽe (gouffre Berger par le S.-C. Seine). Les explorations postsiphon deviennent classiques (30 km au Verneau par la S.H.A.G.). LÕactivitŽ se structure en Ç commission È nationale, surtout dans les annŽes 1970 o• J.-C. Frachon crŽe les stages et le pŽriodique Info-PlongŽe. Dans les annŽes 1980, on entre dans lÕ•re des Ç spŽlŽonautes È. Le matŽriel employŽ est de plus en plus sophistiquŽ (mŽlanges gazeux notamment). Les plongŽes atteignent des longueurs record, plusieurs kilom•tres parfois (G.L.P.S., B. LŽger, C. Touloumdjian, F. Le Guen). Les profondeurs atteintes sont colossales (-200 ˆ Vaucluse, par J. Hasenmayer).

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Michel Letr™ne (S.C. Lyon), au Ç trou de lÕabime È (39, Saint-Claude), c™te atteinte - 45 m, photo Le progr•s.

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La plongŽe en siphon sÕest considŽrablement dŽveloppŽe en France, surtout depuis 1970, et constitue dŽsormais une technique spŽlŽologique ˆ part enti•re. Mais lÕefficacitŽ actuelle de cette discipline nÕa ŽtŽ obtenue quÕau prix de t‰tonnements et dÕacquis successifs, au cours dÕune quarantaine dÕannŽes.

LES PRƒMICES De la pŽriode qui prŽc•de lÕapparition du scaphandre autonome, nous ne retiendrons que de rares incursions en apnŽe, sans appareillage (telle celle de A. Janet ˆ Caussols en 1892) 6, ou plus rarement en scaphandre Ç pied lourd È, comme Ottonelli ˆ Vaucluse en 1878 3. Ces sŽances mouvementŽes nÕeurent dÕailleurs que de maigres rŽsultats.

LES PIONNIERS LÕemploi du scaphandre autonome est devenu classique, du moins pour une Žlite, apr•s la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, entre 1946 et 1950, le Groupe de Recherches Sous-marines de Toulon 3, puis G. de Lavaur 4 sÕaventurent dans les zones dÕentrŽe de quelques rŽsurgences, parfois jusquÕˆ - 40 ou - 60 m (Vaucluse, Chartreux, Saint-Georges). Citons, ˆ la m•me Žpoque, les activitŽs des Fran•ais H. Lombard et A. Galerne 9, et surtout le fameux Cave Diving Group britannique, fondŽ par Balcombe et Sheppard en 1946 7. Leurs incursions demeurent timides, certes, mais il sÕagit lˆ dÕÏuvres de pionniers, dans un univers totalement nouveau, avec des moyens tr•s restreints. Si de Lavaur met au point des v•tements isothermes en nŽopr•ne, le reste de lÕŽquipement est, lui, issu direc-

tement de la plongŽe subaquatique en mer et demeure peu adaptŽ aux exigences du milieu souterrain. Cette pŽriode est dÕailleurs marquŽe dÕaccidents significatifs ˆ cet Žgard : 6 morts en siphon entre 1950 et 1959, ce qui est considŽrable, rapportŽ au tr•s faible nombre des plongeurs de cette Žpoque. Ces dŽc•s ont pour causes quatre dŽfaillances physiologiques sans doute liŽes au froid (hydrocutions ?), lÕavarie de matŽriel et lÕŽgarement dž ˆ une faute technique (absence de fil dÕAriane).

LE CLAN DES TRITONS Il faut attendre les annŽes 1950, avec le Clan des Tritons Lyonnais conduit par M. Letr™ne, pour voir sÕŽlaborer un matŽriel et une procŽdure spŽcifique aux siphons 11 : bi-monobouteilles, dŽvidoir, Žclairage ŽtancheÉ Cette

Michel Letr™ne (S.C. Lyon), au Ç trou de lÕabime È (39, Saint-Claude), c™te atteinte - 45 m, photo Le progr•s.

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recherche sera concrŽtisŽe, entre 1955 et 1960, par des plongŽes parfois supŽrieures ˆ 100 m de longueur, comme ˆ La Balme (Is•re) ou aux Vitarelles (Lot). Certes, dans le m•me temps, les plongeurs amŽricains obtiennent des rŽsultats encore plus spectaculaires (alors totalement ignorŽs en France), dans les siphons de Floride o• les conditions de plongŽe sont idŽales : ainsi, Wakula Spring est explorŽ sur 228 m de distance et 73 m de profondeur, d•s 1957É Mais le mŽrite de M. Letr™ne et de son Žquipe est dÕavoir systŽmatisŽ une mŽthode dÕexploration, enseignŽe lors du Ç camp de plongŽe È tenu en 1956, et imitŽe sans changement notable, en France comme ˆ lÕŽtranger, durant plus de 20 ans. En ce sens, M. Letr™ne fait vŽritablement figure de prŽcurseur de la spŽlŽo-plongŽe moderne.

LA SPƒLƒO-PLONGƒE Ë partir des annŽes 1960, lÕampleur des siphons explorŽs sÕaccro”t considŽrablement : des longueurs de 200 ou 300 m, des profondeurs de 20 ˆ 50 m ne sont plus rares. Ainsi, ˆ Port-Miou (Bouchesdu-Rh™ne), le Groupe dÕƒtudes et de PlongŽes Souterraines atteint 800 m de distance, sous la conduite de J.-L. Vernette. Pourtant, le matŽriel, sÕil a gagnŽ en fiabilitŽ, nÕa pas changŽ de conception. Seule la mentalitŽ du plongeur a ŽvoluŽ : le siphon est dŽmystifiŽ et lÕexplorateur utilise plus rationnellement la rŽserve dÕair dont il dispose. Le nombre des accidents est dÕailleurs en diminution, relativement ˆ lÕaccroissement des plongeurs et de leurs activitŽs : 5 morts seulement de 1960 ˆ 1969 (1 coincement en Žtroiture, 1 dŽfaillance physiologique, 3 causes inconnues), auxquels sÕajoutent 2 rescapŽs (1 Žvanouissement en plongŽe et 1 blocage post-siphon apr•s rupture du fil dÕAriane). Cette Žpoque correspond aussi ˆ la structuration de lÕactivitŽ au plan national : une commission spŽcialisŽe est crŽŽe au sein de la F.F.S., dÕabord dirigŽe par G. de Lavaur de 1963 ˆ 1965, puis H. Garguilo de 1965 ˆ 1968, enfin R. Lacroux de 1969 ˆ 1971. Des enqu•tes montrent que le nombre des

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Bertrand LŽger en 1969

plongeurs souterrains fran•ais est passŽ de moins dÕune vingtaine en 1960 ˆ plus de 60 en 1970 8. On sort des balbutiements de lÕapr•sguerre, la plongŽe souterraine sÕaffirme comme moyen dÕexploration et dÕŽtude du monde souterrain. Dans certaines rŽgions tr•s prospectŽes depuis longtemps (Jura, CaussesÉ), on peut m•me la considŽrer, conjointement avec la dŽsobstruction, comme le seul espoir de Çpremi•reÈ importante. Ainsi, nous avons calculŽ que, dans le dŽpartement du Jura, le total des galeries post-siphon dŽcouvertes par plongŽe entre 1968 et 1977 reprŽsentait une fois et demie celui des galeries dŽcouvertes par les techniques traditionnelles pendant la m•me pŽriode.

Sifon 35

Avec les annŽes 1970, ces tendances vont se renforcer. Apr•s deux ans dÕinactivitŽ, la Commission PlongŽe de la F.F.S. est reprise en 1973 par J.-C. Frachon 5 : il va dŽvelopper lÕinformation entre plongeurs, en crŽant Info-PlongŽe (50 fascicules parus), et surtout instaurer des stages annuels de formation, ˆ partir de 1976, pour Žlever le niveau technique des plongeurs et accro”tre la sŽcuritŽ. Le nombre des pratiquants se multiplie : il quintuple en une dizaine dÕannŽes et passe ˆ pr•s de 300. Les rŽsultats les plus spectaculaires sont alors enregistrŽs dans lÕexploration de rŽseaux exondŽs derri•re siphon : ce sont bien dŽsormais des spŽlŽologues qui pratiquent la plongŽe, et plus seulement des plongeurs sÕaventurant sous


terre. Quelques Žquipes, essentiellement en Bourgogne et en Franche-ComtŽ, sÕen font une spŽcialitŽ : SpŽlŽo-Club du Jura, SpŽlŽo-Club de Dijon et surtout SociŽtŽ HŽtŽromorphe des Amateurs de Gouffres de Besan•on. Ce dernier club sÕillustre, sous la conduite de Y. Aucant, dans lÕexploration du plus long rŽseau mondial post-siphon, celui du Verneau (Doubs) qui dŽpasse 30 km de dŽveloppement pour 387 m de dŽnivellation 1.

LES SPƒLƒONAUTES

DÕautre part, on voit se multiplier les plongŽes tr•s ŽloignŽes des entrŽes de cavitŽs, notamment en fond de gouffres : citons celles du Berger (Is•re) ˆ - 1122 (J. Dubois et B. LŽger en 1968), du gouffre Pierre (Haute-Garonne) ˆ 580 (J.-L. Vernette et B. Sapin en 1969), de P•ne Blanque (Haute-Garonne) ˆ 380 (J.-C. Frachon en 1970), du Petit Saint-Cassien (Var) ˆ - 320 (G.E.P.S. en 1971), de Bury (Is•re) ˆ - 355 (R. Jean et J. Dubois en 1973), etc.

LÕexploration post-siphon obtient encore de beaux rŽsultats, comme ˆ Gournier (Is•re) o• le SpŽlŽo-Club de Dijon atteint + 690 m au terme de 9 km de rivi•re, ou ˆ Bourrugues (PyrŽnŽesAtlantiques) o• F. Poggia parvient ˆ 705 m en solitaire, apr•s le franchissement de 3 siphons ˆ - 305 m. La plongŽe en fond de gouffre devient courante, voire banale, apr•s celle de P. Penez ˆ 1455 au gouffre Jean-Bernard (HauteSavoie), le plus profond du mondeÉ

Par ailleurs, les distances parcourues en siphon sÕaccroissent notablement. DÕabord le fait dÕŽtrangers, comme lÕAllemand J. Hasenmayer ou les Suisses du Groupe LŽmanique de PlongŽe Souterraine de Lausanne (O. Isler, C. Magnin), puis des Fran•ais, comme C. Touloumdjian ou B. LŽger, ces plongŽes atteignent et dŽpassent parfois le kilom•tre. Mais on demeure encore loin des exploits amŽricains en la mati•re, telle la jonction de 2074 m entre Cisteen Sink et Orange Grove, rŽussie d•s 1972 10.

Mais cÕest surtout les plongŽes de longue distance qui marquent cette pŽriode. Une nouvelle panoplie de matŽriel est mise au point, sans rapport avec tout ce qui a prŽcŽdŽ : v•tements secs, Žclairage halog•ne, bouteilles de fort volume et ˆ 300 bars de pression, mŽlanges gazeux, vŽhicules de propulsion, etc. Le cožt et la complexitŽ de cet Žquipement le rŽservent ˆ quelques techniciens de tr•s haut niveau, dont lÕŽlite est aujourdÕhui europŽenne. Citons les plongŽes de C. Touloumdjian au Bestouan (Bouches-du-Rh™ne) sur 2050 m, celles de B. LŽger ˆ la Bourne (Dr™me) sur 2220 m en 7 siphons dont un dŽpasse 1880 m, celles de J. Hasenmayer au Ressel (Lot) sur 2380 m, dont 1700 m entre -40 et -70 m, ou encore celles dÕO. Isler ˆ la Doux de Coly (Lot), sur 3100 m ˆ - 50 m en moyenneÉ

Malheureusement, les accidents deviennent plus nombreux en valeur absolue : de 1970 ˆ 1979, on dŽnombre 14 accidents ayant fait 19 victimes (13 morts, 5 blessŽs et 1 rescapŽ). Mais si on rapporte ces chiffres ˆ ceux des pratiquants et de la frŽquentation des siphons, 5 ˆ 6 fois supŽrieurs ˆ ceux de la dŽcennie prŽcŽdente, il sÕagit en fait dÕune diminution du taux dÕaccidents. Toutefois, leur nombre incite les dirigeants fŽdŽraux ˆ structurer les secours en la mati•re (rencontres nationales organisŽes dans le Jura par Y. Aucant et J.-C. Frachon) et ˆ mettre au point un matŽriel spŽcifique (brancard-sac Žtanche ŽlaborŽ par D. Andr•s et divers collaborateurs).

Les annŽes 1980 vont, quant ˆ elles, voir se dŽvelopper un vŽritable engouement Ç spŽlŽonautique È. LÕaction de la Commission PlongŽe de la F.F.S., o• D. Andr•s puis C. Locatelli ont pris le relais de J.-C. Frachon, assure une formation de base et suscite lÕŽmulation par ses stages, ses publications et la structuration des secours 2.

Conjointement, on note lÕapparition dÕun Ç tourisme È en spŽlŽo-plongŽe : au m•me titre quÕen spŽlŽologie traditionnelle, beaucoup sont tentŽs par la visite de Ç classiques È, on sÕŽchange des fiches topos, et un pourcentage de plus en plus ŽlevŽ de plongeurs nÕa jamais tentŽ de Ç premi•re È et se borne ˆ visiter des siphons connus.

Sifon 35

On pouvait craindre que lÕŽlŽvation du niveau des plongŽes et la banalisation de lÕactivitŽ ne sÕaccompagnent dÕune recrudescence des accidents. Les statistiques confirment cette crainte : on dŽcompte en effet 22 interventions ayant fait 25 victimes (dont 17 morts) de 1980 ˆ juin 1988, soit un accroissement voisin de 50 % par rapport aux accidents de la dŽcennie prŽcŽdente. DÕautre part, on note des types dÕaccidents nouveaux : plusieurs dŽc•s de plongeurs confirmŽs, par dŽcompression au retour de plongŽes profondes ; plusieurs dŽc•s par panne dÕair dans des siphons longs, ayant surtout affectŽ des plongeurs moyennement expŽrimentŽs, au retour de visite de Ç classiques È trop longues pour eux ; et un nombre important de ruptures de fils dÕAriane anciens utilisŽs pour les visites ou les reprises dÕexploration. Il y a lˆ mati•re ˆ rŽflexionÉ On est loin des timides essais de lÕapr•s-guerre, voire de ce qui Žtait considŽrŽ comme un exploit il y a seulement 5 ans : la durŽe des plongŽes se compte dŽsormais en heures (11 h dÕimmersion au grand goul de Bourg-SaintAndŽol, o• lÕAllemand P. Schneider atteint - 140 en 1985 !), on Žlabore des tables de dŽcompression spŽcifique ˆ la spŽlŽologie, on fait appel ˆ lÕŽlectronique, certains concoctent des mŽlanges gazeux hors commerce, on flirte de plus en plus couramment avec le kilom•tre de longueur et les 100 m de profondeurÉ DÕune simple technique spŽlŽologique visant au franchissement dÕun obstacle noyŽ, quÕon espŽrait le plus court possible, la spŽlŽo-plongŽe devient une discipline en soi, purement aquatique. Elle contribue ˆ la connaissance des syst•mes noyŽs, sur des distances comparables ˆ celles des galeries exondŽes parcourues par le spŽlŽologue traditionnel. Nous nÕen voulons pour preuve que les 5240 m plongŽs en Australie par lÕŽquipe fran•aise de F. Le Guen, ou la cote - 205 m atteinte ˆ la fontaine de Vaucluse par lÕAllemand Hasenmayer. LÕ•re des Ç spŽlŽonautes È a dŽbutŽÉ

23


BIBLIOGRAPHIE

DISCUSSION

1. AUCANT, Y. et al. (1985) : Le Verneau souterrain, SHAG, 169 p.

X - Ë propos des pionniers, vous semblez ne pas avoir eu connaissance des plongŽes au scaphandre Le Prieur en 1942, ˆ la rivi•re de Saint-Pierre (commune de Verri•res, Aveyron) et au Boundoulaou (commune de Creissels, Aveyron), par J. Birebent et M. Couderc (sans grands rŽsultats dÕailleurs), non plus que des plongŽes en apnŽe en 1942, de nouveau ˆ la rivi•re de Saint-Pierre, par J. Canac qui parvint jusquÕau fond ensablŽ, puis en 1945 ˆ la rivi•re souterraine du Ch‰teau de La Caze (commune de Laval-du-Tarn, Loz•re) par J. Canac et G. Daguerre qui pass•rent un court siphon puis une vožte mouillante plus longue, et dŽcouvrirent un ruisseau souterrain dans lequel ils nag•rent pendant plusieurs m•tres. Pourquoi Žgalement ne pas avoir rappelŽ les plongŽes de Casteret, tout cela se trouve dans la littŽrature ?

2. COMMISSION PLONGƒE F.F.S. (depuis 1974) : Info-PlongŽe, circulaire dÕinformation - 50 fascicules parus, juin 1988. COMMISSION PLONGƒE F.F.S. (1978) : Siphon 78, 123 p. COMMISSION PLONGƒE F.F.S. (1979) : Siphon 79, 111 p. 3. COUSTEAU, J.-Y., DUMAS, F. (1954) : Le monde du silence, Žd. de Paris, 370 p. 4. de LAVAUR, G. (1963) : Les premiers pas de la plongŽe souterraine - Spelunca bull. n¡ 4, pp. 7-13. 5. FRACHON, J.-C. (1977) : La plongŽe spŽlŽologique en France, Spelunca bull. n¡ 2, pp. 67-71. 6. JANET, A. (1898) : LÕEmbut de Caussols - Spelunca mŽm. n¡ 17, pp. 165-180. 7. JASINSKI, M. (1965) : PlongŽe sous la terre, Flammarion, 248 p. 8. LACROUX, R. (1970) : Compte rendu du premier colloque national de plongŽe souterraine - Spelunca bull. n¡ 2, pp. 115-119. 9. LAURéS, M. (1952) : Les plongŽes souterraines dÕHenri Lombard dans la rŽgion de Montpellier - Annales de SpŽlŽologie, VII-1, pp. 13-30. 10. LƒGER, B. (1975) : O• en est la plongŽe souterraine fran•aise? Intertroglophile, bull. G.S. Massat (Ari•ge) n¡ 3, pp. 1-15 11. LETRïNE, M. (1955) : PlongŽes souterraines - Bull. du ComitŽ National de SpŽlŽologie, n¡ 4, pp. 330.

24

QUELQUES GRANDS SIPHONS FRAN‚AIS La notion de longueur en siphon est mal dŽfinie. En effet, des poches dÕair peuvent tron•onner un parcours noyŽ, que certains considŽreront pourtant comme un seul et unique siphon : cÕest le cas, par exemple, du Trou Madame composŽ en fait de 7 siphons dont le plus long mesure 1285 m. Ë lÕinverse, certaines galeries immergŽes se subdivisent en plusieurs branches, dont le dŽveloppement cumulŽ dŽpasse largement la longueur du trajet accompli de lÕentrŽe au point extr•me : cÕest le cas des conduits noyŽs de la fontaine de N”mes (3500 m), de Cabouy-Pouymessens (3200 m), du Frais-Puits (3000 m), etc. De ce fait, on pourra contester le bien-fondŽ de telle ou telle cote indiquŽe dans le tableau ci-dessous : il ne faut accorder ˆ ces chiffres quÕune valeur indicative, destinŽe uniquement ˆ prŽsenter une sŽlection de plongŽes remarquables accomplies ces dix derni•res annŽes. ð

CAVITƒ

LONG.

PROF.

PLONGEUR

DATE

Doux de Coly - (24, La Cassagne)

3100 m

- 32

O. ISLER

1984

Trou Madame (46, CŽnevi•res)

2525 m

- 22

B. LƒGER

1979

Source du Ressel - (46, Marcillac)

2380 m

- 70

J. HASENMAYER

1981

Source de Bourne - (26, Beaufort)

2220 m

Source de Port-Miou - (13, Cassis)

2200 m

Source du Bestouan - (13, Cassis)

2050 m

Source de la Loue - (25, Ouhans)

1720 m

Creux Jannin - (52, Cusey)

- 82

1981

B. LƒGER

1981

C. TOULOUMDJIAN

1983

O. ISLER

1985

1720 m

F. LE GUEN

1986

Cabouy-Pouymessens - (46, Rocamadour)

1685 m

C. TOULOUMDJIAN

1975

Grotte de la Balme - (38, La Balme)

1360 m

F. POGGIA

1986

Fontaine de N”mes - (30, N”mes)

1280 m

P. PENEZ

1985

Frais-Puits - (70, Quincey)

1270 m

- 33

F. LE GUEN

1985

Source de Landenouse - (46, Cadrieu)

1240 m

- 88

J. HASENMAYER

1981

Golet du Groin - (01, Artemare)

1220 m

Fontaine Saint-Georges - (46, Montvalent)

1070 m

- 71

ƒvent de la Guigonne - (07, Saint-Rem•ze)

1070 m

- 43

Gouffre de Nonceuil - (21, Francheville)

1060 m

Petit Goul - (07, Bourg-Saint-AndŽol)

1020 m

Fontaine de Vaucluse - (84, Font. de V.) Grand Goul - (07, Bourg-Saint-AndŽol)

B. LIGER

1984

F. LE GUEN

1979

F. LE GUEN

1983

B. LEBIHAN

1986

- 113

B. LƒGER

1982

- 205

J. HASENMAYER

1983

- 140

J. SCHNEIDER

1985

Source de la Touvre - (16, Touvre)

- 125

H. FOUCART

1987

Fontaine des Chartreux - (46, Cahors)

- 99

F. LE GUEN

1981

Sifon 35

300 m

- 48

B. LƒGER


ThŽorie

MODƒLIISATTION DE LA CROOISSANNCEE DES

MODELISATION DE LA CROISSANCE DES BULLES LORS DE LA DECOMPRESSION ET CALCUL THEORIQUE DE M-VALUES

BULLEES LOORSS DE LA DƒCOOMPREESSION ET CALCUL THƒORIIQUEE DE M-VALUEES Première partie Pierre Boudinet

(PREEMIIéREIndividuel E PARTTIFFS E) du 91

Pierre BOUDINET

1-INTRODUCTION Le modèle du volume critique a été l’un des premiers utilisés, notament par Haldane [1-P.Bennett, D.Elliott,1993], pour construire des procédures de décompression. Il s’est assez rapidement révélé insuffisant [2-P.Bennett, D.Elliott,1993], et d’autres modélisations ont été effectuées [3-P.Bennett, D.Elliott, 1993]. S’est aussi dégagée l’idée de décrire la quantité maximale de gaz inerte admissible par les tissus par des “M-values” [4-P.Bennett, D.Elliott, 1993]. L’aspect dynamique du processus de décompression semble actuellement bien pris en compte par les théories de microbulles circulantes [5-P.Bennett, D.Elliott, 1993],[6-J.P. Imbert, 1996]: Les bulles ont une taille et une position temporellement variables. Je propose un modèle théorique quantitatif et non seulement qualitatif concernant la croissance des bulles. A l’instar de [7-P.Bennett, D.Elliott, 1993], ce modèle est dynamique car on se préoccupe de l’évolution au cours du temps de la taille des bulles. Dans la mesure où on s’intéresse plus à la taille maximale des bulles qu’à leur emplacement, et où on cherche à calculer des “M-values”, ce modèle est apparentable à un modèle de volume critique. Il s’agit toutefois d’un calcul théorique de Mvalues, et non de déterminer simplement celles-ci à partir d’autant d’autres données expérimentales. En ce qui concerne la simple exposition à l’azote, le modèle, une fois calé convenablement, semble en bonne adéquation avec la réalité. Il permet en outre de mieux expliquer certains faits, notament l’efficacité des paliers à l’oxygène pur et l’existence d’un “délai de grace” en cas de remontée rapide. En ce qui concerne l’exposition double à l’azote et à l’hélium, le modèle oblige à une meilleure description des quantités maximales admissibles de gaz inertes, et des échanges de gaz inertes. Il montre que la tolérance aux gaz inertes n’est pas une donnée immuable, mais dépend notament du mélange utilisé durant la décompression. Le modèle confirme que la tolérance à un mélange hélium-azote est moins élevée que la tolérance à l’azote seul. Les resultats quantitatifs fournis ne sont pas éloignés des procédures de décompression existantes, mais il convient de rester prudent.

2-MODELISATION PHYSICO-MATHEMATIQUE On s’intéresse à l’évolution de la taille d’une bulle supposée sphérique et isolée dans un milieu supposé isotrope. Afin de prendre en compte les contraintes exercées sur la bulle par les tissus environants, et les effets éventuels de la tension superficielle, on suppose que la pression intérieure à la bulle est un peu plus élevée que la pression ambiante: Si Pf désigne la pression ambiante, elle vaut Pf+∆P, où ∆P est un gradient de pression transbullaire (supposé constant pour simplifier).

Sifon 35

25


Les tensions globales d’azote PtN2 et d’hélium PtHe dans le milieu environnant la bulle sont supposées varier exponentiellement selon les équations suivantes (1): PtN2=PiN2exp(-t/tN2)+xN2Pf(1-exp(-t/tN2)) PtHe=PiHeexp(-t/tHe)+xHePf(1-exp(-t/tHe)) PiN2 et PtHe sont les tensions globales initiales en azote et hélium, et xN2 et xHe les fractions molaires en azote et hélium du mélange actuellement consommé. En l’absence d’autre gaz inerte, (dont il faudrait tenir compte), 1-xN2-xHe désigne la fraction molaire en oxygène du mélange actuellement consommé. t désigne le temps, et t N2 et tHe les périodes caractéristiques d’échange d’azote et d’hélium entre la zone proche de la bulle et le mélange consommé. Ces périodes caractéristiques n’ont aucune raison d’être égales: Elles pourraient être voisines si c’est la perfusion par le flux sanguin qui limite les échanges de gaz inerte autour de la bulle considérée, et tHe sera plus court que tN2 si c’est la diffusion à travers certains tissus qui limite les échanges. La pertinence ou non de lois exponentielles sera examinée ultérieurement. Le concept de “tension globale” est introduit pour rendre compte du fait qu’une partie des gaz inertes existe en solution, et une partie sous forme gazeuse: L’effet des autres bulles sera pris en compte ultérieurement par une méthode type “champ moyen”. Pour une bulle sphérique de rayon R, on a: 3

d(4πR PbN2/3kT)/dt=ΦN2 3

d(4πR PbHe/3kT)/dt=ΦHe PbN2 et PbHe désignent les pressions partielles d’azote et d’hélium dans la bulle, et les seconds membres des équations représentent les nombres de molécules par unité de temps (flux) d’azote et d’hélium rentrant dans la bulle. k est la constante de Boltzmann et T la température absolue. La démarche de résolution du problême est trés différente de celle de [8-L.Landau, E.Lifchitz, 1984]. Comme R dépend du temps, le calcul exact des flux est impossible sans résoudre une équation de diffusion qui est une équation différentielle aux dérivées partielles avec conditions aux limites dépendant du temps et de la position. En supposant que le processus est assez lent pour approcher la solution par une solution relative à des conditions aux limites à R fixe, il est possible de réaliser l’approximation quasi-statique suivante: 2

avec JN2=KN2 αN2(PlN2-PbN2)/R

2

avec JHe=KHeαHe(PlHe-PbHe)/R

ΦN2=4πR JN2 ΦΗe=4πR JHe

désignent les coefficients de diffusion de l’azote et de l’hélium, et αN2 et αHe leurs solubilités. PlN2 et PlHe désignent les tensions d’azote et d’hélium à une distance importante de la bulle. A priori, elles différent de PtN2 et PtHe comme déja signalé: KN2 et KHe

Si ν désigne la densité numérique de bulles, la conservation du nombre total de molécules de N2 et He implique que:

26

Sifon 35


3

αN2PtN2=αN2PlN2+4πR νPbN2/3kT 3

αHePtHe=αHePlHe+4πR νPbHe/3kT En posant η=αHe/αN2

m=KHe/KN2

3

QN2=4πR PbN2/3αN2kT(Pf+∆P) 3

QHe=4πR PbHe/3αN2kT(Pf+∆P)

et SiN2=PiN2/(Pf+∆P) SiHe=PiHe/(Pf+∆P)

On obtient le systême différentiel (2) suivant: 1/3

dQN2/dx=(QN2+QHe) [SiN2exp(-x/XN2)+xN2(1-exp(-x/XN2))(Pf/(Pf+∆P))-QN2-QN2/(QN2+QHe)] 1/3

dQHe/dx=µη(QN2+QHe) [SiHeexp(-x/XHe)+xHe(1-exp(-x/XHe))(Pf/(Pf+∆P))-QHe/η-QHe/(QHe+QN2)] x désigne une nouvelle grandeur proportionnelle à t, mais donnant un système plus commode à résoudre. Comme on le verra par la suite, l’unité de temps, et donc certaines quantités comme ν, fait partie des paramètres ajustables du modèle. XN2 et XHe sont définis de telle façon que: x/XN2=t/tN2 x/XHe=t/tHe La résolution numérique de ce systême , avec des conditions initiales données, donne l’évolution temporelle de QN2 et QHe, et donc de R. R commence par croitre lorsque les gaz inertes situés à l’extérieur de la bulle viennent nourrir celleci. Vient un moment où leur tension devient égale à leur pression partielle dans la bulle. Le flux de gaz inertes vers la bulle s’annulle, et R cesse de croitre, atteignant ici un maximum. Ensuite, du fait que les tensions en gaz inertes dissous au dehors de la bulle diminuent, le gradient entre la bulle et son extérieur s’inverse et R diminue. Bien évidement, le maximum atteint par R est d’autant plus élevé que les saturations initiales en gaz inertes le sont. Si on suppose que pour une décompression non-pathologique, R ne doit pas dépasser une certaine limite (hypothèse identique à celle d’un volume critique), alors QN2+QHe ne doit pas non plus dépasser une certaine limite Qc. Cela correspond à une limite supérieure pour les saturations initiales en gaz inertes. Cette limite apparait donc comme calculable, et non plus seulement mesurable. Il suffit de connaitre Qc et la période du compartiment considéré. Qc peut en principe s’obtenir de données concernant des expositions à saturation: Considérant le cas d’expositions à l’azote, on a: SiN2 limite=1+Qc Considérant le cas d’expositions à l’hélium seul, on a:

Sifon 35

27


Qc=η(SiHe limite-1) On peut déduire de [9-P.Bennett, D.Elliott, 1993] que SiN2=1.365 et SiHe=1.397 à faible profondeur, d’où Qc=0.365 et η=0.92. Les valeurs de η issues des solubilités aqueuses et graisseuses [10-B.Broussolle, 1992] sont 0.68 et 0.22, l’accord apparait donc comme plutôt bon compte-tenu de la complexité des tissus, qui ne sont pas simplement un mélange d’eau pure et de lipides. Lorsqu’on a affaire à une limitation par diffusion des échanges de gaz inertes, on a XHe=XN2/µ. Dans le cas d’une limitation par perfusion, on a XHe=(ηt/ηs)XN2, où ηs désigne la valeur de η pour le

sang et ηt celle du milieu environnant la bulle.

3-RESULTATS CONCERNANT L’EXPOSITION A L’AZOTE J’ai calculé des M-values (tensions maximales d’azote supportables sans dommages) théoriques, et les ai comparé avec succés aux résultats de procédures de décompression courament utilisées, et issues de données expérimentales. La comparaison entre les prédictions du modèle et des données déja courament utilisées peut être effectuée en considérant le cas des tables MN90. Leurs M-values sont des coefficients de sursaturation critique (∆P=0) et sont publiquement connus. Toutefois, ces tables ne sont pas complêtement adaptées à la plongée-travail. J’ai donc préféré considérer le cas des tables du ministère du travail. Les paramètres exacts sous-jacents à ces tables [11-Journal officiel de la République Française] ne sont pas publiquement connus. En s’inspirant de [12-H.Juvenspan, C.Thomas, 1992] et de l’examen de quelques profils de décompression, on peut toutefois déterminer facilement un modèle de Mvalues qui leur correspond bien: On note M la valeur maximale de la tension d’azote supportable sans dommages, et on suppose qu’elle est proportionnelle à P f+∆P. On découpe l’organisme en un certain nombre de compartiments (ne correspondant à aucune localisation précise dans l’organisme) de demi-périodes à l’azote T. Le tableau 1 donne les valeurs de M à la pression Pf=1b. On a indiqué pour comparaison les coefficients de sursaturation critique Sc des tables militaires MN90 (aussi utilisées par la FFESSM), voir [13-B.Broussolle, 1992]. ∆P=0.3b est une valeur raisonnable, elle conduit à un bon ajustement (pour des expositions à l’hélium, en profondeur, ∆P pourrait être plus élevée).

Les M-values théoriques issues du modèle ont été calculées par essais successifs, et en imposant l’échelle de temps de façon que, pour la demi-période à l’azote 20’, le resultat théorique soit identique à celui issu du tableau 1. Le meilleur choix apparait être Qc=0.115 (cela correspond, concernant l’azote, à une M-value de surface de 1.45 pour un compartiment de période infinie). Le tableau 2 permet alors d’apprécier l’efficacité du modèle. L’écart entre les prévisions et les données issues du tableau 1 figure sur la dernière ligne du tableau 2. Il ne dépasse pas 7% dans le pire des cas. Le tableau 3 indique, pour chaque compartiment, la date à laquelle Q atteint sa valeur maximale Qm. Les résultats semblent en accord avec la pratique: A la saturation critique, aucune bulle de taille pathogène ne peut se former en moins de trois minutes, quelle que soit pour cette bulle la rapidité des transferts de gaz inerte. D’autre part, une bulle à taille pathogène met environ 30 minutes pour se former dans le cas où les transferts de gaz inerte sont le plus lents. Cela correspond tout à fait à l’existence d’un délai de grace de 3 minutes

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aprés une remontée rapide, et au fait que la majorité des accidents de décompression surviennent dans un délai inférieur à 30 minutes. Concernant l’exposition à l’oxygène pur, il est bien connu (“Oxygen Window-Fenêtre d’oxygène”, voir [14-P.Bennett, D.Elliott, 1993]) que la durée des paliers de décompression est diminuée, et que la décompression est de meilleure qualité: L’absence d’azote dans le mélange utilisé accélère l’élimination de l’azote tissulaire et sanguin. A cet effet bénéfique est parfois partiellement opposé l’effet vasoconstricteur de l’oxygène, qui diminue la perfusion de certains tissus et par conséquent retarde l’élimination de l’azote; C’est la raison pour laquelle la demi-période du compartiment C120 est doublée dans la partie “inhalation d’oxygène en surface” des tables MN90. Pour évaluer la façon dont l’inhalation d’oxygène pur influe sur la décompression, j’ai déterminé l’évolution temporelle de Q pour quelques compartiments pour une saturation initiale en azote correspondant aux valeurs du tableau 1. Afin d’examiner les éventuels effets de la vasoconstriction, j’ai effectué le calcul pour des demi-périodes égales ou plus élevées que la demi-période nominale (tableau 4). Lorsque la demi-période est égale à sa valeur nominale, la valeur maximale de Q est largement inférieure à Qc. Cette taille maximale ne dépasse Qc que lorsque la demi-période devient beaucoup élevée que la demi-période nominale (76 minutes pour C40 par exemple). Cela signifie que non-seulement l’utilisation d’oxygène pur permet de désaturer plus vite, mais aussi que que lors d’une décompression à l’oxygène pur, les tissus deviendraient en apparence plus tolérants à l’azote. Tableau 1 Nom du compartiment C5 C17 C10 C15 C20 C30 C40 C50 C60 C80 C100 C120 C160 C200

T (minutes) 5 7 10 15 20 30 40 50 60 80 100 120 160 200 240

M pour une pression de 1b Sc correspondant 2.72 2.72 2.54 2.54 2.28 2.38 2.10 2.20 1.90 2.04 1.73 1.82 1.69 1.65 1.63 1.61 1.59 1.58 1.59 1.56 1.58 1.55 1.56 1.54 1.55 1.55 1.55

Pour quinze compartiments de demi-périodes à l’azote croissantes, figurent les tensions maximales d’azote tolérables sans dommages à une pression Pf de 1b pour une décompression voisine des tables MT92. Elles sont notées M, ∆P vaut 0.3b et on a indiqué les valeurs voisines Sc utilisées dans les tables MN90. T désigne la demi-période, c’est à dire la date à laquelle les échanges gazeux sont à moitié réalisés.

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Tableau 2

C5 C7 PiN2 103Qm

PiN2 103Qm

PiN2

C15 C30

C40

C50 C60

C80

C100 C120 C160 C200 C240

2.72 2.54 2.28 2.10 1.73 1.69 1.63 1.59 1.59 1.58 1.56 1.55 1.55 1.55 128

148

142

147

90

96

85

94

100

2.64 2.38 2.18 2.00 1.80 1.74 1.70 1.67 1.63 1.61 1.59 1.57 1.55 1.54 115

115

117

116

118

117

118

118

116

119

118

120

118

119

2.55 2.34 2.17 1.99 1.78 1.73 1.69 1.66 1.62 1.60 1.58 1.55 1.54 1.53

103Qm 101

Ecart

C10

107

114

113

110

113

114

112

110

113

112

108

112

113

3.3% 6.7% 5.1% 5.0% 3.5% 3.0% 3.7% 5.0% 2.5% 1.3% 2.0% 0.7% 0.7% 1.3%

Pour les quinze compartiments du modèle, et pour une saturation initiale en azote variable, sont 3 indiquées (à un facteur 10 prés) les valeurs maximales Qm prises par Q au cours de son évolution temporelle. En grisé figurent les saturations initiales pour lesquelles Qm s’approche au mieux de la valeur Qc=0.115. La dernière ligne indique l’écart entre les meilleures valeurs théoriques et celles du tableau 1, l’écart ne dépasse pas 7%. Pour C30, Qm vaut 0.115 quand PiN2 vaut 1.79, et pour C160, Qm vaut 0.115 quand PiN2 vaut 1.56. Tableau 3

C5 5.2

C7 6.3

C10 7.5

C15 9.3

C20 C30 C40 C50 C60 C80 C100 C120 C160 C200 C240 10.7 12.8 14.7 15.9 17.3 19.6 21.3 23.1 25.5 27.6 29.4

Pour chacun des quinze compartiments du modèle, lors d’une décompression à l’air avec une tension initiale en azote à la limite pathogène, sont indiquées les dates (en minutes) auxquelles Q prend sa valeur maximale. Pf=1b. Tableau 4 Nom C10

Demi-période 10' 15'

C10 C10

17.5'

0.114

0.0

20'

0.132

0.0

40' 70'

0.117 0.108

0.8 0.0

75.2'

0.115

0.0

80'

0.120

0.0

120' 240'

0.118 0.115

0.8 0.0

C10

C40 C40 C40 C40 C120 C120

30

Qm 0.114 0.096

xN2 0.8 0.0

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Pour trois des quinze compartiments utilisés pour le modèle, ce tableau indique les modifications observées lors de l’évolution de la taille des bulles lorsqu’on remplace l’air consommé pendant la décompression par de l’oxygène pur. La tension initiale est à chaque fois la tension maximale tolérable par le compartiment pour une décompression ordinaire. Qm représente la valeur mximale prise par Q lors de son évolution temporelle. Le calcul a été effectué pour différentes demi-périodes pour envisager le cas d’une vasoconstriction plus ou moins intense due à l’oxygène pur. On a aussi indique pour comparaison le cas de l’air. Même lorsque la demi-période est sensiblement rallongée, Qm reste plus basse avec de l’oxygène pur qu’avec de l’air.

Références [1] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 344 à 354. [2] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, page 354. [3] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 361 à 363. [4] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 359 à 361. [5] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 454 à 480. [6] J.P. Imbert, Sifon N°28, Théorie des microbulles, décembre 1996, pages 15 à 21. [7] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, page 406. [8] L.Landau, E.Lifchitz, Physique Théorique, tome 8 Physique Statistique, Editions Mir, 1984, pages 583 à 587. [9] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 371,372 et 389. [10] B.Broussolle, Physiologie et médecine de la plongée, Ellipses, 1992, page 654. [11] Journal officiel de la République Française, brochure 1636. [12] H.Juvenspan, C.Thomas, Plonger aux mélanges, Editions Eau Noire, 1992, pages 68 à 73. [13] B.Broussolle, Physiologie et médecine de la plongée, Ellipses, 1992, page 580. [14] P.Bennett, D.Elliott, The physiology and medicine of diving, W.B.Saunders Company, 1993, pages 391 à 397.

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