N°1
Les carnets
Le rendez-vous mensuel en ligne d’une heure dédié aux pratiques professionnelles en bibliothèques
Wikimédien en résidence Valorisation, éditorialisation, contribution, diffusion de la connaissance, les GLAM - acronyme de Galleries, Libraries, Archives and Museums - ont tout autant à apporter aux différents projets portés par Wikipédia qu’à profiter de la visibilité offerte aux collections.
Intervenants Pourquoi un wikimédien en résidence ?
Ce qu’il faut retenir
Wikipédia existe depuis un peu plus de 20 ans. Il s’agit selon les classements du cinquième ou septième site le plus visité au monde. Sur le seul Wikipédia français, on compte près d’un demi-milliard de visites par mois. De fait, il s’agit d’un véritable enjeu de visibilité pour les établissements culturels. Pour autant, les établissements ont également un rôle à jouer notamment au travers de leur expertise quant à la gestion et la validation de l’information. La mission d’un wikimédien en résidence est d’une part d’enrichir et de créer des contenus et d’autre part de former les personnes. Wikipédia, ce ne sont pas que des contenus, mais également des bénévoles. En France, plus de 22 000 personnes prennent part chaque mois à l’amélioration et l’enrichissement du site. À Clermont-Ferrand, afin de créer une émulation, ce sont les professionnels qui seront d’abord formés. Puis, ceux-ci pourront à leur tour former les publics, développer leurs compétences numériques et faire en sorte qu’ils ne soient plus seulement consommateurs mais consom’acteurs.
Revoir la visioconférence en entier Guide sur l’ouverture des données publiques culturelles Wikipédia:GLAM
Pour aller plus loin
Wikimedian in residence/Creating a Wikimedian in Residence position
Le 11/ 12
Diffusé le 23 septembre 2021
Accueillir des résidences est une réelle opportunité pour les établissements de promouvoir leurs projets et collections et de provoquer une émulation tant au sein des équipes qu’auprès des usagers. Pierre Tribhou est conservateur des bibliothèques, responsable de la Bibliothèque du Patrimoine de Clermont Auvergne métropole. Il a lui-même été « wikimédien en résidence » aux Archives nationales où il a pu notamment mettre en place des outils pour faciliter la contribution et le suivi des projets GLAM pour l’établissement.
Nicolas Vigneron est wikimédien en résidence à la Bibliothèque du Patrimoine de Clermont Auvergne métropole. Il participe aux projets wikimédia depuis 17 ans et a effectué plus de 3 millions de contributions. Il a collaboré avec le Musée de Bretagne, la Bibliothèque nationale de France et de nombreuses autres institutions.
Comment mettre en place la résidence ?
Hors les murs et plus visible
D’une première expérience réussie aux Archives nationales, Pierre Tribhou a souhaité recréer cet environnement autour du partage de la connaissance au sein des équipes de la métropole de Clermont-Ferrand. Il s’agissait tout d’abord d’observer les possibles points de friction, mais également de saisir les opportunités. Le contexte de la crise sanitaire a favorisé les projets numériques. Les nombreux événements annulés durant cette période ont, en outre, permis le financement d’un poste par des reliquats de budget. Enfin, la candidature de Clermont-Ferrand Massif Central au titre de capitale européenne de la Culture a offert la possibilité de voir émerger des projets innovants. Parmi les étapes clés de la mise en place de cette résidence en octobre 2020, deux sont particulièrement signifiantes : la préparation et l’envoi d’une note au président de la métropole puis la clarification du statut juridique des données patrimoniales, entérinée par une délibération.
Si les wikimédiens en résidence sont courants à l’international et en particulier dans les pays anglo-saxons, ce n’est pas encore le cas en France. Il y avait, nous l’avons vu, un contexte favorable à cette résidence, mais certaines données ont pu encourager la prise de décision. Par exemple, le nombre de vues de certaines images issues du fonds patrimonial augmentait sans commune mesure après qu’elles aient été publiées sur Wikipédia. Il s’agit pour les établissements d’être présents là où se trouvent les visiteurs. La Bibliothèque du Patrimoine dispose d’un budget annuel conséquent pour ses numérisations. Pour autant, le service diffusion numérique ne concentre pas seulement ses moyens sur la seule numérisation comme son nom l’indique. Tout comme une bibliothèque physique, une bibliothèque numérique doit voyager hors les murs. Ainsi, les métadonnées d’Overnia, la bibliothèque numérique de Clermont Auvergne métropole sont également agrégées par Gallica et Biblissima.
Le site de Wikimédia France
Nicolas Vigneron. #Wikidata #OpenRefine #Musee #Toulouse [vidéo en ligne]
WikiMOOC : apprenez à contribuer sur Wikipédia ! Xavier Cailleau. «Un wikimédien en résidence en Auvergne et une première en France pour une collectivité locale et une université»
De la bonne diffusion et réutilisation des contenus sur Internet. Espace ressource sur les droits d’auteurs et les différentes licences.
Le management en bibliothèque Redécoupages administratifs, baisse des financements, mutation des pratiques culturelles, rôle social de plus en plus invoqué, innovations techniques et sociales : autant d’enjeux qui poussent les bibliothécaires à faire évoluer leur expertise. En pratique, comment cela est-il vécu sur le terrain ?
Intervenants Quelles sont les nouvelles compétences attendues en bibliothèque et est-ce difficile de les développer ?
Ce qu’il faut retenir
De nouvelles compétences sont recherchées en bibliothèque. Selon l’échelle territoriale sur laquelle intervient le réseau de bibliothèques, la coopération et l’animation de territoire sont attendues de manière de plus en plus prégnantes. D’autres compétences sont difficiles à trouver ou à former en interne : la communication ou l’accompagnement des personnes en situation de précarité par exemple. Faut-il alors remettre en question la formation et le recrutement des bibliothécaires ? La reproduction des profils professionnels lors des concours de la fonction publique territoriale fait entrevoir une uniformisation des compétences, ce qui pourrait paradoxalement freiner l’évolution des compétences présentes en bibliothèque. La réforme de la fonction publique territoriale assouplit le recours aux contrats de droits privés mais cette procédure ne fait pas l’unanimité et ne permet pas pour autant de pallier complètement ces besoins.
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Pour aller plus loin
Guide thématique de ressources en ligne de l’ENSSIB Ce guide en ligne se propose de rassembler une documentation à la fois pratique et théorique utile à toute personne en charge d’un établissement, d’un service, ou simplement d’une équipe.
Le 11/ 12
Diffusé le 28 octobre 2021
Anne Cizeron est responsable du réseau de lecture publique de Loire Forez Agglo. Elle a participé au développement du réseau depuis ses débuts. Mise en réseau fonctionnelle et politique ou élargissements successifs du réseau ont été des enjeux conséquents en matière de management.
Ronan Lagadic a participé à la conception et à l’élaboration de la politique de lecture publique de Valence Romans Agglo de 2013 à 2021. Il a ainsi suivi de près les évolutions des attentes à la fois professionnelles et politiques envers les bibliothèques : changements d’échelle, innovations et montées en expertise ont été des défis réguliers.
La fonction publique est-elle attractive ?
L’intelligence collective est-elle une solution de management pérenne ?
Par ses spécificités de rémunération, par les temps de travail propres aux bibliothèques et par la très forte contrainte des concours pour pérenniser les recrutements, la fonction publique territoriale est peu attractive. Les plus jeunes générations rechercheraient une souplesse dans leur carrière professionnelle qui semble peu compatible avec le statut de fonctionnaire. Paradoxalement, l’attachement au statut de fonctionnaire semble inébranlable. Si les concours sont assez couramment décriés, les collaborateurs, et a fortiori les syndicats, entendent que le statut soit protégé. L’enjeu est, bien sûr, d’éviter de garder dans la précarité des collaboratrices et collaborateurs employés sur des contrats de droit privé, ce qui est plus souvent le cas sur des postes de cadre d’emploi catégorie C. Si beaucoup apprécient la stabilité qu’apporte le statut, il apparaît toutefois que, dans certains cas, l’engagement qu’il implique (absence de droits au chômage, évolution très lente de la paie, peu de mobilité) ne correspond pas aux attentes de toutes et tous.
Christophe Pérales (dir.). Conduire le changement en bibliothèque. Villeurbanne : Presses de l’ENSSIB, 2018. 180 p. Ce volume apporte des éléments de réponses pratiques, tirées de réalisations concrètes et propose une réflexion plus générale sur les modalités du management en bibliothèque.
Plébiscitée dans la littérature professionnelle, l’intelligence collective n’est pas évidente à mettre en place sur le terrain. D’une part, les collaboratrices et collaborateurs n’ont pas forcément envie de s’investir sur des projets collectifs et l’on retrouve souvent les mêmes personnes impliquées dans les projets d’intelligence collective. D’autre part, il est absolument nécessaire de cadrer précisément ce qui peut réellement relever de l’intelligence collective et ce qui est imposé. Enfin, il y aurait une échelle limite à partir de laquelle ces méthodologies sont impossibles à mettre en place. Chronophage, parfois jusqu’à nécessiter un poste dédié comme sur le réseau de Valence Romans Agglo, l’innovation en bibliothèque via l’intelligence collective nécessite d’être pratiquée en permanence afin de créer une culture collective, ce qui peut représenter une surcharge de travail pour l’équipe de direction.
Le management en bibliothèque, revue Hors-Texte de l’Association Genevoise des Bibliothécaires et Documentalistes, n°113, 2017
La Transition bibliographique Le programme «Transition bibliographique» – placé sous l’égide de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (ABES) et de la Bibliothèque nationale de France (BnF) – a été mis en place en 2015. L’objectif est d’adapter les catalogues des bibliothèques au web de données.
Intervenants Pourquoi un nouveau format de données ?
Ce qu’il faut retenir
La Transition bibliographique est tout à la fois un nouveau code de catalogage, un nouveau format d’échanges de données de bibliothèques et un programme interministériel porté par le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Elle s’est construite face aux nouveaux usages du web. La structuration de l’information dans les catalogues des bibliothèques est l’héritière de celle des catalogues à fiches. Or, la dichotomie entre notices bibliographiques et notices d’autorités n’est plus adaptée aux usages contemporains. Les réflexions portées par les instances internationales et notamment l’IFLA se sont tournées vers la façon d’aborder la description des documents ; plutôt que de décrire le contenant, il s’agit à présent de décrire le contenu. Cela aboutit, de facto, à une nouvelle façon de modéliser l’information. Le modèle de référence retenu LRM met ainsi en avant la notion d’entités.
Revoir la visioconférence en entier Le site de la Transition bibliographique Le groupe système de données : page de recommandations
Pour aller plus loin
Bibliostratus – présentation et documentation
Le 11/ 12
Diffusé le 25 novembre 2021
Il se déploie en trois volets : publication et adoption d’un nouveau code de catalogage ; information et conseil aux bibliothèques et aux éditeurs de logiciels pour l’évolution des applications ; accompagnement de la communauté française de la documentation par des actions de sensibilisation et de formation.
Aude Le Moullec-Rieu est adjointe à la cheffe de service diffusion des métadonnées de la Bibliothèque nationale de France et participe de fait activement au programme «Transition bibliographique».
Quels sont les objectifs de la Transition bibliographique ?
Quelles sont les dernières réalisations dues à la Transition bibliographique ?
L’objectif le plus souvent cité est l’amélioration de la visibilité des collections. Il s’agit de faire en sorte que les collections soient plus facilement identifiées, mieux référencées par les moteurs de recherche afin de rencontrer les utilisateurs à l’endroit même où ils se trouvent. Les résultats qui remontent dans les moteurs de recherches sont les entités et non les ouvrages tels qu’ils sont actuellement décrits dans les catalogues. Le modèle LRM permet les liens entre différentes entités ce qui va permettre de proposer des ressources supplémentaires aux utilisateurs. Cette structuration des données permet d’améliorer l’expérience de recherche dans les catalogues. L’idée est de faire ressortir les données des catalogues, de permettre l’interopérabilité de ces données, afin qu’elles puissent être réutilisées, enrichies et qu’elles viennent nourrir d’autres bases de données. Cela peut provoquer l’invention de nouveaux services comme la géolocalisation par exemple.
Le programme «Transition bibliographique» est complexe. Cela concerne les documents catalogués mais aussi la façon dont sont décrits les sujets. En ce sens, la réforme Rameau fait partie de la transition bibliographique, en visant notamment à simplifier l’indexation des ouvrages. La transition bibliographique passe par des éléments très concrets, comme la restructuration ou la création de nouvelles zones, telle la zone 214 qui permet, par exemple, de créer une distinction entre l’adresse de l’éditeur et celle du distributeur. Le catalogue Data BnF, qui est une des réalisations les plus aboutie en France, constitue un autre modèle de référence pour la mise en avant des entités. Le fichier national d’entités est également un cas tout à fait parlant. Base commune entre la BnF et l’ABES, son objectif est de mutualiser la création des entités et de proposer un réservoir de données réutilisables.
6e journée professionnelle organisée par le groupe Systèmes & Données du programme Transition bibliographique
Formations : consulter l’onglet « actualités » du site de la Transition bibliographique
Développer des collections inclusives De plus en plus attentives aux besoins des personnes, les bibliothèques souhaitent ouvrir leurs espaces, leurs ressources et leurs services à tous les usages. D’une conception historiquement rattachée à l’accessibilité, la notion «d’inclusion» révèle aujourd’hui une multitude de démarches qui ont pour L’association Signes de Sens intervient dans le champ de l’accessibilité dans la culture et la lecture en adoptant des démarches de codesign et de co-construction.
Intervenants Peut-on parler d’une évolution de ce que recouvre la notion d’inclusion ? Historiquement, la notion d’inclusion faisait référence aux personnes en situation de handicap et à l’accessibilité des lieux et des services. Une conception de plus en plus large de la notion d’inclusion propose de partir des contraintes que les publics peuvent rencontrer pour accéder aux lieux et aux services afin de rendre ceux-ci plus accueillants pour toutes et tous. Ainsi, les améliorations ou changements induits ne sont pas conçus uniquement pour répondre à des besoins spécifiques, mais pour permettre à toutes et tous d’utiliser les ressources.
Ce qu’il faut retenir
Revoir la visioconférence en entier
Pour aller plus loin
Talia de Rugeriis. Lutte contre les stéréotype de genre : quel rôle pour la bibliothèque jeunesse ? master Politique des bibliothèques et de la documentation, Villeurbanne, ENSSIB, 2021, 158 p.
Le 11/ 12
Diffusé le 16 décembre 2021
point commun de chercher à s’adapter afin d’intégrer l’ensemble des personnes, avec leurs particularités culturelles, physiques et sociales.
La Bibliothèque Municipale Internationale de Grenoble (BMI) est un service historique et inédit du réseau des bibliothèques de Grenoble : elle développe des collections et services multilingues. Véritable projet politique, culturel et éducatif, la BMI interroge son rapport aux usagers en permanence, à mesure des évolutions sociétales et culturelles.
Talia de Rugeriis a rédigé sous la direction de Mina Bouland, responsable de la commission jeunesse de l’Association des Bibliothécaires de France, son mémoire de master Politique des bibliothèques et de la documentation à l’Enssib, et l’a présenté en juin 2021. Ce mémoire interroge la légitimité des bibliothèques jeunesse dans la lutte contre les stéréotypes de genre.
Comment promouvoir l’inclusion dans les bibliothèques ?
Une posture inclusive est-elle contraire aux obligations des fonctionnaires ?
Sans avoir nécessairement mis ce terme sur leurs pratiques, beaucoup de professionnels ont déjà une posture inclusive. Améliorer l’inclusion dans un service passe avant tout par des postures individuelles, ouvertes et accueillantes, sans jugement pour les personnes qui entrent dans les bâtiments. Par ailleurs, certains choix collectifs assez courants améliorent déjà l’inclusivité : les critères d’acquisition de documents qui visent la diversité et la représentativité par exemple. Ainsi, acquisitions, valorisations et communications sont déjà des postures engagées. Néanmoins, ces gestes et postures n’ont pas nécessairement besoin d’être formulés et avancés politiquement. Bien sûr, le soutien des politiques publiques permet de mettre en place des actions d’envergure et de les communiquer à un plus large public. Mais chaque professionnel peut, à titre individuel puis en équipe restreinte, s’interroger sur ses pratiques et vérifier qu’elles tendent à n’exclure personne.
Comment passer d’une action individuelle à un projet d’équipe ou de service, voire à une politique publique ? La problématique revient souvent et les réponses dépendent beaucoup des spécificités locales. On peut s’interroger sur la notion de militantisme dans la profession : le terme ne fait pas l’unanimité, mais est parfois revendiqué. Les notions de devoir de neutralité et de réserve sont difficiles à tenir en toute transparence par les bibliothécaires. Les choix sont omniprésents en bibliothèques : dans les acquisitions, dans les accueil des publics, dans les actions culturelles, et ils ne peuvent pas être totalement neutres. Leur légitimité est fondée par le fait qu’ils répondent à des attentes des publics. Ainsi, la posture militante est parfois nécessaire localement, mais elle peut souvent s’appuyer sur des programmes nationaux qui visent à lutter contre contre les inégalités.
Site internet de l’association Signes de Sens qui est également une plateforme de ressources pour les membres du réseau.
Florence Salanouve (dir.). Agir pour l’égalité : questions de genre en bibliothèques. Villeurbanne : Presses de l’ENSSIB, 2021. 200 p.
Librairie multilingue de Voiron Abrakadabra : des livres en vingt langues destinés aux enfants, adolescents et adultes, ainsi que des jeux, des animations et des stages de langue.
Développer le rôle social et éducatif de la bibliothèque : formation proposée par l’ Enssib les 26 et 27 septembre 2022.
Le 11/ 12 Le rendez-vous mensuel en ligne d’une heure dédié aux pratiques professionnelles en bibliothèques
> La Parenthèse : dites-nous tout. De « comment aménager un espace pour les adolescents » à « développer des collections inclusives » en passant par « le montage d’un plan d’urgence », toutes vos interrogations sont bienvenues et feront le programme du 11/12, notre rendez-vous mensuel sur les pratiques professionnelles en bibliothèques. N’hésitez pas à renchérir les suggestions de vos collègues : plus un sujet est plébiscité, plus il a de chance d’être programmé.