Cultures en île-de-france
#7
décembre 2018
Une publication D’ARCADI Île-de-france
LE THÉÂTRE LYRIQUE EN ÎLE-DE-FRANCE DE 2011 À 2016 Diffusion, productions et acteurs
SOMMAIRE page
Présentation
02. Objectifs 02. Contexte 04. Objet et périmètre de l’étude 04. Méthodologie
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Données globales pour les cinq saisons Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
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08. Des niveaux différenciés de diffusion du théâtre lyrique selon les lieux 16. Spécificités de la diffusion du théâtre lyrique sur les territoires franciliens
Les productions de théâtre lyrique
24. Les répertoires 31. Les formes des productions 32. Circulation sur le territoire francilien 38. Artistes et équipes artistiques
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Production et coproduction du théâtre lyrique
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44. Les acteurs de la production du théâtre lyrique en Île-de-France 47. Le montage des productions
Évolution sur cinq saisons
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57. Évolution de la diffusion 61. Évolution des modalités de coproduction
Pour une analyse partagée des résultats de l’observation
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Encourager le développement des actions de médiation dédiées au théâtre lyrique Glossaire page
ÉQUIPE RÉDACTIONNELLE ET SCIENTIFIQUE : • Stéphanie Molinero (responsable de l’observation culturelle, Arcadi Île-de-France) : direction éditoriale et coordination, participation à l’alimentation de la base de données, traitement des données et rédaction ; • Pauline Vessely, (chercheuse associée, Laboratoire CERLISCentre de recherche sur les liens sociaux, UMR 8070-Paris Descartes, CNRS, Sorbonne Nouvelle) : alimentation de la base de données, participation au traitement des données et à la rédaction. • Cécile Prévost-Thomas (chercheuse, Laboratoire CERLIS - Centre de recherche sur les liens sociaux, UMR 8070-Paris Descartes, CNRS, Sorbonne Nouvelle) : référente scientifique ; • Marion Langlois de Septenville (conseillère accompagnement opéra, Arcadi Île-de-France) : participation au comité de suivi ; • Séverine Albe-Tersiguel (chargée d’études Équipements, IAU Île-de-France) : cartographie. LES MEMBRES DES STRUCTURES PROFESSIONNELLES AYANT PARTICIPÉ AU COMITÉ DE SUIVI DE L’ÉTUDE : • Alexandra Bobès, pour Les Forces musicales ; • Aurélie Foucher et Catherine Kollen, pour Profedim (Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique) ; • Marie Hédin-Christophe (jusqu’en juin 2018) et Louis Presset, pour la Fevis (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés) ; • Christian Lalos, pour le SNSP (Syndicat national des scènes publiques) ; • Laurence Lamberger-Cohen, pour la Rof (Réunion des opéras de France). NOUS REMERCIONS CHALEUREUSEMENT : • Agnès Princet et Isabelle Counil (SACD) pour la transmission de données sur les spectacles du périmètre de l’enquête ayant fait l’objet d’une déclaration à la SACD ; • Gaëlle Petit (Onda), pour la transmission de la liste des équipes soutenues par l’Onda sur la temporalité de l’enquête ; • Bruno Colin (Opale), pour son aide technique sur les bases de données.
Directeur de la publication et rédacteur en chef : Nicolas Cardou, directeur par intérim d’Arcadi Île-de-France Communication, coordination graphique et secrétariat de rédaction : Gersende Girault, directrice de communication ; Hélène Thomas, chargée de communication et Charlotte Samson, assistante de communication (Arcadi Île-de-France) Graphisme : EFIL - www.efil.fr Impression : Corlet
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Édito Observer pour connaître, connaître pour comprendre, comprendre pour agir Enquêter en se confrontant au réel afin de percer la façon dont il est structuré, telle est l’une des missions essentielles pour savoir où se situer et comment agir. Pour contribuer à répondre à ces questions au cœur des besoins exprimés par les acteurs culturels, la mission Observation menée par Arcadi vous propose une nouvelle étude à travers ce « Cultures en Île-de-France ». Dans une région où les contrastes territoriaux tendent parfois aux clivages, où la densité des acteurs en présence pour les arts et la culture se révèle déterminante pour les dynamiques nationales, observer est incontournable.
Le théâtre lyrique : des professionnels engagés, des formes en besoin de coopération Observer devient d’autant plus essentiel lorsque l’étude porte sur le théâtre lyrique et musical qui comprend l’opéra. Ces formes pluridisciplinaires par essence appellent à un regard tout à fait singulier, par la diversité des métiers qu’elles convoquent, par l’ampleur souvent complexe des plateaux ou des processus de création, par la spécificité autant que la richesse en termes d’action culturelle qu’elles offrent… et ainsi par les modèles économiques qui la composent. De fait, pour trouver place dans un certain nombre de programmations, ces esthétiques exigent une prise de risque aux dimensions toutes particulières qui, pour la création contemporaine relève bien souvent de moyens publics. Pour être pris, ce risque doit être partagé entre des équipes artistiques protéiformes et des lieux dont il faut souligner l’indispensable complémentarité et l’engagement d’autant plus résolu dans un contexte de limitation des budgets artistiques. Nous avons souhaité cette observation ouverte et active. Porter l’attention et la subtilité que requiert la compréhension d’un paysage où chaque projet est différent, en associant ceux qui les créent, les produisent et les diffusent, c’est-à-dire les professionnels et leurs réseaux. Partager avec eux les objectifs et la méthode de cette étude puis leur donner la possibilité d’en interpréter les résultats. Que cet éditorial soit l’occasion de les remercier pour ce travail partenarial et leur contribution dans ce processus.
Les missions d’Arcadi en résonance avec cette étude Que cet éditorial permette enfin de dire toute la fierté que l’équipe d’Arcadi, agence culturelle d’Île-de-France, a aussi de vous présenter ce travail scientifique et participatif démontrant par la preuve que les missions d’observation, de ressources et de soutien que nous menons trouvent sens. Nul doute que cette étude constituera un point d’appui pour que les réseaux professionnels sachent mieux défendre le théâtre lyrique avec toutes ses spécificités et les faire valoir auprès des pouvoirs publics. D’ailleurs, ils ont souligné dans plusieurs verbatims intégrés dans l’étude le rôle déterminant joué par notre établissement au bénéfice de ce domaine artistique. En effet, l’Île-de-France a disposé, depuis les années 1990 avec Ifob et Arcadi, d’une intervention opérationnelle servant spécifiquement les partenariats, l’apport en production, en diffusion et en action culturelle et l’accompagnement des projets lyriques sur ce territoire. Cette mission permise par le financement de l’État et de la Région s’est révélée complémentaire des collectivités, le soutien aux projets devant être nécessairement pluriannuel, en réactivité et en relation étroite avec le terrain. Que cette ressource ouvre donc de nouvelles perspectives à ces missions ainsi qu’à l’action des professionnels, artistes, diffuseurs, médiateurs, qui font vivre l’ardente diversité du théâtre musical et lyrique afin d’élargir encore les publics en Île-de-France.
02 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Présentation Objectifs
Production Une production correspond à un « spectacle ». Il s’agit d’un projet artistique qui met en scène une œuvre, qu’elle soit inédite ou ancienne. Elle fait intervenir une ou plusieurs équipes artistiques et est produite financièrement par une ou plusieurs structures qui peuvent être différentes des équipes artistiques créatrices. Dans cette étude, une « production » diffusée dans un lieu n’est pas nécessairement produite ou coproduite par le lieu diffuseur.
Cette observation vise à dresser un panorama des productions de théâtre lyrique franciliennes : diffusion, dimension économique, caractéristiques artistiques, etc. Nous souhaitons éclairer la circulation de ces productions, les logiques économiques mais aussi esthétiques qui se dessinent – ou non – comme caractéristiques de ce secteur. En associant dès le début du projet d’observation des acteurs professionnels du monde lyrique, ce travail tend également à rendre compte de leurs questionnements et préoccupations.
Contexte Les travaux portant sur l’opéra et l’art lyrique – nous reviendrons sur la terminologie choisie pour le périmètre de cette étude – soulignent tout d’abord que ce champ artistique souffre de points de vue contradictoires, de représentations préconçues qui rendent difficile son observation et son objectivation1. Cette étude tend à apporter un éclairage supplémentaire sur l’art lyrique pour déconstruire des préjugés. Ensuite, rappelons qu’il s’agit d’un champ bien établi, institutionnalisé de longue date. Toutefois, les modes de diffusion, les formes esthétiques évoluent depuis la fin des années 80 au rythme des politiques culturelles mettant au cœur de leurs actions la démocratisation de la culture (et plus particulièrement des pratiques perçues comme élitistes). Quels ont été les effets de ces mesures? Vers quel(s) modèle(s) l’art lyrique se dirige-t-il? Quels changements peut-on observer aujourd’hui ? On parle régulièrement d’un « renouveau de l’art lyrique », comme le rappelle Pierre Jamar, renouveau qu’illustre, entre autres, la multiplicité des « acteurs de la “vie lyrique” » financés par l’État2. Bien évidemment, en Île-de-France comme ailleurs, si le soutien public de l’État concerne aussi bien les administrations centrales que déconcentrées (Drac) du ministère de la Culture, il faut impérativement ajouter et mettre au devant le rôle des collectivités territoriales, moteurs essentiels pour la diversification des formes et des lieux de représentation. Le lyrique, est aussi accompagné par d’autres opérateurs publics, nationaux, comme l’Onda, la SACD ou territorialisés comme cela est le cas des agences culturelles régionales comme Arcadi Île-de-France. La multiplicité des opérateurs, des diffuseurs, des programmateurs, des producteurs, mais aussi des formes artistiques, des montages financiers, etc. est au cœur de notre étude. À travers une approche quantitative nous souhaitons mettre en lumière cette diversité pour en comprendre les fondements et les enjeux.
1. L’étude proposée par Les Forces musicales revient notamment sur plusieurs idées reçues concernant l’opéra : Portrait socioéconomique des opéras et festivals d’art lyrique en région, 2017. Voir également les travaux de Pierre Jamar, de Florence Forin, Xavier Dupuis et Frédérique Patureau. 2. Jamar Pierre, « L’expérience lyrique : uniquement à l’opéra ? L’illusion d’unicité entre le genre musical opéra et la catégorie pratique art lyrique », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 10 | 2006, mis en ligne le 11 février 2008, consulté le 1er octobre 2016. URL: http://traces.revues.org/142; DOI: 10.4000/traces.142
Présentation
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The Lighthouse - Le Phare La Grande Fugue, Ars Nova ensemble instrumental, direction musicale de Jean-Michael Lavoie et mise en scène d’Alain Patiès. © DR
04 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 En effet, de nombreuses études font état de défis économiques, artistiques et structurels interrogeant le secteur. L’enquête réalisée par l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) pour la Rof met en avant des « dynamiques structurantes entre contraintes et innovation »3. Elle identifie trois stratégies qui animent l’opéra et sa conception des « variables artistiques » : celle de « l’éclectisme », celle de « l’esthétisme » et celle de « l’hybridation »4. Toutes trois amènent à des mutations des productions lyriques, tant sur le plan artistique qu’économique. La Fevis, dans l’enquête menée en 20165 souligne une grande hétérogénéité de ses adhérents par leur taille, leur budget, etc., ainsi qu’une évolution récente « préoccupante » avec un nombre de représentations en chute entre 2014 et 2016. Ces premiers éléments révèlent le lien intime entre dimensions esthétiques, économiques et politiques. Comment l’art lyrique est-il traversé par ces évolutions ? Ces quelques analyses posées sur l’art lyrique sont un cadre réflexif important pour notre étude qui vise à rendre compte des réalités économiques, esthétiques et sociologiques de la diffusion et de la production du théâtre lyrique en Île-de-France. Elles témoignent également d’une réelle inquiétude, ou du moins d’une attention particulière, portée par les professionnels de la « vie lyrique » à une meilleure compréhension des enjeux qui traversent ce secteur.
Objet et périmètre de l’étude Le chantier d’observation porte sur le secteur francilien du théâtre lyrique, entendu comme l’ensemble des productions artistiques où théâtre, musique et voix sont imbriqués et sont au centre du projet artistique. Ces productions font appel à des instrumentistes, des chanteurs lyriques présents sur scène, parfois des acteurs, incluent des formes diverses de narrativité et mobilisent éventuellement d’autres disciplines artistiques (danse, arts plastiques…). Notre corpus exclut par ailleurs : les productions non professionnelles, les comédies musicales6 et les spectacles musicaux sans voix. Signalons que cette étude se consacre aux saisons allant de 2011/2012 à 2015/2016 soit cinq saisons et concerne uniquement les productions de théâtre lyrique ayant bénéficié sur cette période d’une diffusion en Île-de-France. Elle s’intéresse aux lieux de diffusion dédiés ou non dédiés au spectacle vivant et inclut des structures privées qui ont programmé sur au moins une des cinq saisons une production de théâtre lyrique.
Méthodologie Cette enquête s’appuie sur l’analyse quantitative d’une base de données. Sa construction a été élaborée en collaboration avec les partenaires de l’étude, au sein d’un comité de suivi, dont le but est de mieux cerner les attentes des acteurs de terrain. 3. OPC/Rof, L’art lyrique en région. Démarche prospective sur les opéras du Grand Est et de Nouvelle-Aquitaine dans le contexte de la réforme territoriale, rapport d’étude, 2017, p. 26. 4. Ibid., p. 65-67. 5. Chiffres clés des ensembles de la Fevis – Données 2016, 2017. 6. Les comédies musicales, au-delà de leurs spécificités esthétiques, relèvent d’un modèle socio-économique très éloigné de celui de l’opéra et de l’art lyrique (cf. par exemple Dupuis Xavier, Labarre Bertrand, « Le renouveau du spectacle musical en France », Culture études, 2013/6 (n° 6), p. 1-12). C’est pourquoi il a été décidé de les écarter du périmètre de l’enquête.
Présentation
05
Un comité de suivi constitué de représentants des structures professionnelles du secteur a donc été constitué, dès le début du projet d’observation. Le comité de suivi s’est régulièrement réuni durant les phases de construction et de réalisation de l’étude. Cette observation a ainsi bénéficié du regard de ces professionnels aussi bien dans la méthode de recueil des données que sur les analyses quantitatives proposées. Ils ont participé également à la rédaction de ce document via l’intégration de verbatims leur permettant de réagir (en leur nom ou en donnant la parole à certains adhérents de leur structure) à certaines problématiques, à certains enjeux, soulevés par la lecture des données quantitatives. Une analyse des résultats de l’observation, partagée par les membres du comité de suivi, est également proposée en fin de document, ainsi qu’une ouverture sur la question des publics et de la médiation, par Cécile Prévost-Thomas et Pauline Vessely, chercheuses associées à cette observation.
Laurence Lamberger-Cohen, Rof « La Réunion des Opéras de France constitue un centre de ressources essentiel sur l’art lyrique et chorégraphique. Elle mène en effet depuis 2007 un recueil annuel de données - éléments financiers, emplois, activité et fréquentation de 25 maisons membres -, disposant ainsi de données homogènes sur une période de 10 ans. Cette base de données, partagée avec l’État, les collectivités territoriales et les professionnels du secteur, est unique en Europe. La démarche collaborative engagée par Arcadi vient enrichir le chantier de l’observation des théâtres lyriques pour l’Île-de France : lieux de diffusion, productions, compositeurs et auteurs… Elle vient également enrichir les liens établis avec et entre les membres du comité de suivi grâce au dialogue instauré, aux échanges nourris, à la place faite à la pluralité des approches notamment. Une démarche à poursuivre pour envisager le partage d‘expériences entre maisons d’opéra et lieux de diffusion du théâtre lyrique ou une complémentarité des réseaux de production et de diffusion ».
Œuvre composite Ont été considérées comme « œuvres composites » les propositions faisant à la fois appel à des œuvres déjà existantes et à un travail de création artistique.
7-8. Voir glossaire p. 68.
La base de données contient les items suivants : • Titre du spectacle ; • Lieu de diffusion ; • Saison ; • Date de début / Date de fin ; • Nombre total de représentations ; • Jeune public7 ; • Nombre de personnes présentes sur le plateau ; • Nom de l’œuvre ou des œuvres (qui peut/peuvent être différente-s de celui du spectacle) ; • Siècle de l’œuvre ; • Nature de la production (création8 ou œuvre composite) ; • Compositeur (en indiquant dans une autre colonne son siècle ou « création » s’il s’agit d’un compositeur contemporain -au sens « vivant »- ayant créé la musique) ; • Auteur (avec les mêmes indications que pour le compositeur dans une colonne supplémentaire) ; • Directeur musical ; • Metteur en scène ; • Compagnie, ensemble, formation vocale et instrumentale ; • Coproducteurs (nombre et noms).
06 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Arcadi disposait d’une base assez exhaustive des spectacles diffusés en Île-de-France sur la saison 2011/2012 qui a été vérifiée, nettoyée et complétée. Pour les quatre autres saisons, nous nous sommes basés sur les programmations d’un échantillon d’une centaine de lieux que possédait également Arcadi. Ces éléments ont été complétés par d’autres sources : • Une base de données fournie par la SACD recensant les spectacles pour lesquels une déclaration a été effectuée auprès de ses services ; • Une base de données transmise par la Rof sur les productions programmées au sein des établissements membres de la Rof pour les années 2014, 2015 et 2016 ; • Une base de données mise à disposition par la Fevis et issue de sa dernière observation auprès de ses adhérents ; • Les dossiers de demande d’aide soumis à Arcadi pour les périodes concernées ; • Des recherches sur les livrets de programmation des lieux, les sites des compagnies, etc.
Le Crocodile trompeur / Didon et Enée, La vie brève, direction musicale de Florent Hubert, mise en scène de Samuel Achache et Jeanne Candel. © DR
Bien que nous ayons eu le souci tout au long de la collecte des informations d’être le plus exhaustifs possible, nous savons que certaines initiatives privées, faute de traces, n’ont pu être intégrées à l’étude (nous pensons par exemple à « Opéra en plein air » ou encore à certaines représentations de théâtre lyrique proposées notamment par le Palais des Congrès à Paris). Il est également possible que des représentations se produisant dans des lieux de diffusion du secteur marchand, ou non, aient échappé à notre recension. Néanmoins, les différentes sources d’information et les croisements effectués, ainsi que les recherches complémentaires, assurent une forme de représentativité aux résultats contenus dans la suite de ce document.
Données globales pour les cinq saisons
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DONNÉES GLOBALES POUR LES CINQ SAISONS 3 505 représentations 239 lieux de diffusion
dont l’Opéra national de Paris, qui représente près de 30 % des représentations (1 033 sur 3 472)9.
467 productions de 10
234 compositeurs
253 directeurs musicaux
18
12
différents identifiés13 14
dont 102 (43 %) compositeurs vivants15.
Le répertoire19 du
19e siècle
361 auteurs
représente le tiers des productions diffusées et des représentations sur la période considérée20.
16
299 metteurs en scène
17
théâtre lyrique11
dont 54 (11,5 %) affichées « jeune public ».
9. L’Opéra national de Paris (ONP) est un établissement constitué de deux lieux principaux de diffusion (le Palais Garnier et l’Opéra Bastille). Les résultats concernant l’ONP, sans autre mention contraire, engloberont les activités de l’établissement, et donc de ces deux lieux de diffusion. Les résultats ne préciseront par ailleurs pas dans quel espace précis de l’Opéra Bastille (scène principale ou amphithéâtre) se sont déroulées les représentations, bien que nous ayons conscience que ces deux espaces, de par leur configuration, ne sont pas amenés à recevoir les mêmes types de productions. 10-11. Voir glossaire p. 68. 12. Dans un souci de lisibilité de ce document de synthèse, nous utiliserons le masculin – plutôt que l’écriture inclusive – pour l’ensemble des groupes professionnels cités qui incluent évidemment des hommes et des femmes. 13. Hors musiques traditionnelles (compositeur inconnu) et créations collectives. 14. Dont 85 compositeurs d’œuvres originales encore vivants, 16 ayant travaillé à partir d’œuvres déjà existantes, un compositeur ayant fait les deux. 15. La proportion des compositeurs vivants et morts a été calculée ici sans tenir compte ni du nombre de productions par compositeur ni du nombre de représentations pour les compositeurs vivants ou morts (voir détails infra, p. 39). 16. Cette information n’a pas été obtenue pour 15 productions, et pour trois autres, les auteurs sont multiples, inconnus ou regroupés au sein d’un collectif (pour une seule production dans ce dernier cas). 17. Cette information n’a pas été obtenue pour 35 productions. Deux productions ont été mises en scène par un « collectif ». 18. Pour 70 productions, il n’y avait pas de direction musicale ou l’information est manquante. 19. Voir glossaire p. 68. 20. Nous le verrons plus loin dans le détail mais notons dès à présent que même en ne prenant pas en compte les représentations de l’ONP, le répertoire du 19e siècle reste celui qui a été le plus joué sur la période considérée.
08 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
LES LIEUX DE DIFFUSION DU THÉÂTRE LYRIQUE EN ÎLE-DE-FRANCE Cette première partie a pour objectif d’aborder la question de la diffusion du théâtre lyrique via son inscription dans des lieux et des espaces géographiques : quels types de lieux ont diffusé du théâtre lyrique entre 2011 et 2016 en Île-de-France et dans quelle mesure ? Comment ces représentations se sont-elles réparties sur le territoire francilien ? Existe-t-il en Île-de-France des territoires plus investis que d’autres dans cette discipline artistique ?
Des niveaux différenciés de diffusion du théâtre lyrique selon les lieux La moitié des lieux recensés programme du théâtre lyrique de façon exceptionnelle. Ces 123 lieux « exceptionnels » ont proposé 476 représentations, soit 13,5 % des représentations franciliennes.
Afin de débuter notre exploration des lieux de diffusion du théâtre lyrique sur le territoire francilien, nous proposons de les examiner à travers leur niveau de diffusion, mesuré à la fois par le nombre de productions programmées et par le nombre de représentations.
Les lieux de diffusion exceptionnelle 118 lieux sur les 239 recensés n’ont programmé qu’une seule production de théâtre lyrique sur l’ensemble de la période. Cinq lieux ont mis à l’affiche deux productions lyriques sur la même saison, mais aucune au cours des autres saisons considérées. On peut ainsi dire que la moitié des lieux recensés (123 exactement, sur 239) programme du théâtre lyrique de façon tout à fait exceptionnelle. Autrement dit, ces 123 lieux sont l’illustration de la pénétration de cette discipline dans des lieux non dédiés ni au théâtre lyrique, ni plus globalement au spectacle vivant. Ces 123 lieux de diffusion « exceptionnelle » sont composés de : • 46 théâtres de ville21 (soit plus du tiers des théâtres de ville ayant diffusé du théâtre lyrique sur la période considérée) ; • 9 théâtres privés parisiens (soit 60 % de l’ensemble des théâtres privés recensés22) ;
21. Voir glossaire p. 68. 22. On remarque que ces théâtres privés, à l’exception du Théâtre de la Clarté à Boulogne-Billancourt, sont tous des théâtres privés parisiens.
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
09
• Un Centre dramatique national23 (sur quatre CDN franciliens ayant diffusé du théâtre lyrique sur la période24) ; • 15 autres lieux dédiés à la diffusion de spectacles (soit 75 % de ces autres lieux) ; • 52 lieux non dédiés à la diffusion de spectacles (78 % des lieux non dédiés à la diffusion de spectacles), dont : - 5 lieux de formation musicale (sur 6 recensés) ; - 20 équipements culturels ou socio-culturels (71 % de ces équipements) et 27 autres lieux, principalement des salles des fêtes, gymnases, châteaux, musées, espaces en plein air, sur 32, soit 85 % de ces autres lieux non dédiés. Ces 123 lieux ont proposé sur la période considérée un nombre total de 476 représentations, soit 13,5 % des représentations franciliennes.
Autre lieu dédié à la diffusion de spectacle vivant A été considéré ici comme autre lieu dédié à la diffusion de spectacles tout lieu dont l’activité principale est la diffusion de spectacles et qui n’est ni un théâtre de ville, ni une scène labellisée, ni un théâtre privé. On retrouve dans cette catégorie quatre types de profils : des salles de diffusion musicale (Salle Gaveau, Salle Pleyel…), des compagnies disposant d’un lieu de diffusion (Théâtre de l’Épée de Bois, Péniche Opéra…), des établissements culturels de la Ville de Paris (CENTQUATRE-Paris, Maison des Métallos, Théâtre de la Ville…) et des lieux parisiens de diffusion de spectacles financés par la Ville de Paris et d’autres partenaires publics financiers (Théâtre de la Bastille, Théâtre du Rond-Point…).
Marie Hédin-Christophe, Fevis « Les lieux dits “exceptionnels” dans cette étude, qui représentent les scènes programmant ponctuellement des productions lyriques et qui comptabilisent plus de 13 % des représentations franciliennes sur les cinq saisons, représentent une population essentielle dans la programmation du lyrique. Ces productions, particulièrement coûteuses financièrement compte-tenu du nombre de qualifications artistiques convoquées, doivent continuer à retenir toute l’attention de ces lieux. Or, les théâtres de ville et autres lieux pluridisciplinaires sont supposés être compétents dans la sélection artistique de tout type de projet, et de toute discipline. Des formations, des systèmes de présentation de projets doivent se développer pour permettre d’acquérir ou d’entretenir ces compétences. »
23. Voir glossaire p. 68. 24. Ces quatre CDN sont le Théâtre de Sartrouville, le Théâtre des Amandiers de Nanterre, le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et le Théâtre de Gennevilliers.
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Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Traviata - Vous méritez un avenir meilleur, Direction musicale de Florent Hubert et Paul Escobar, mise en scène de Benjamin Lazar, conception de Judith Chemla, Florent Hubert et Benjamin Lazar. © Pascal Gély
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Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
Les lieux « phares » et les lieux fidèles au théâtre lyrique Parmi les 116 autres lieux de diffusion, 19 d’entre eux ont programmé du théâtre lyrique au moins une fois sur chacune des cinq saisons considérées.
Lieux ayant programmé du théâtre lyrique chaque saison entre 2011/2012 et 2015/2016
Nombre de représentations de théâtre lyrique
Nombre de productions de théâtre lyrique (reprises comprises)
Moyenne des séries25
Lieux
Ville
Opéra national de Paris - Opéra Bastille
Paris
781
83
9,4
Opéra national de Paris - Palais Garnier
Paris
252
26
9,6
Théâtre des Champs-Élysées
Paris
122
26
5
Théâtre des Bouffes du Nord
Paris
109
13
8,4
Massy
94
44
2
Montigny-le-Bretonneux
90
31
3
Versailles
67
24
3
Paris
56
12
4,6
Vitry-sur-Seine
27
9
3
Beynes
18
13
1,4
Opéra de Massy, Scène conventionnée26 27
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale Opéra royal de Versailles Théâtre du Châtelet Théâtre Jean Vilar La Barbacane, Scène conventionnée
Poissy
18
11
1,6
Théâtre Claude Debussy - Espace Charentonneau
Théâtre de Poissy
Maisons-Alfort
15
8
1,9
Centre des Bords de Marne, Scène conventionnée
Perreux-sur-Marne (Le)
11
11
1
Théâtre de Chelles, Scène conventionnée
Chelles
11
8
1,4
Théâtre Jean Arp, Scène conventionnée
Clamart
10
7
1,4
Fontainebleau
10
10
1
Théâtre Alexandre Dumas
Théâtre municipal de Fontainebleau
Saint-Germain-en-Laye
8
8
1
Théâtre Alphonse Daudet
Coignières
5
5
1
Meaux
5
5
1
Théâtre Luxembourg - Espace Caravelle
Le tableau ci-dessus regroupe des lieux en Île-de-France programmant régulièrement du théâtre lyrique avec certaines spécificités : • La tête de pont, l’ONP, avec ses deux lieux de diffusion et un niveau particulièrement élevé de représentations, de productions et de représentations par spectacle (entre 9 et 10 représentations en moyenne par production). On remarque que même si l’activité de diffusion du théâtre lyrique est plus intense à l’Opéra Bastille qu’au Palais Garnier, ce dernier présente un nombre de représentations bien supérieur aux autres lieux de diffusion. • Six établissements ayant proposé un nombre de représentations et de productions moindre que l’ONP mais plus conséquent que dans les autres lieux : au moins 50 représentations sur les cinq saisons et plus de 10 productions proposées au public. • Onze autres lieux avec des niveaux de représentations moindres (avec un maximum de 27 représentations sur la période, pour le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine)28, mais une programmation régulière de théâtre lyrique, nous amenant à les considérer comme les lieux « fidèles » au théâtre lyrique en Île-de-France. 25-26-27. Voir glossaire p. 68. 28. On note que le Théâtre Roger Barat d’Herblay a présenté sur la période 14 productions de théâtre lyrique pour 28 représentations, soit un niveau similaire aux lieux dont il est question ici. Il n’est cependant pas inclus au tableau car il n’a pas diffusé de théâtre lyrique sur une des saisons couvertes par cette étude.
12
Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Ici, les moyennes globales des séries par lieu n’excèdent pas trois représentations, et tournent plutôt autour d’une ou deux. Ces lieux sont, par ailleurs, tous des théâtres de ville, conventionnés pour trois d’entre eux. Ces onze lieux fidèles ont proposé sur la période 138 représentations de théâtre lyrique, soit 4 % des représentations.
Onze lieux « fidèles » au théâtre lyrique ont proposé au moins une production par saison, pour un total de 138 représentations, soit 4 % des représentations. Les lieux « phares » ont proposé sur les cinq saisons au moins 50 représentations de théâtre lyrique et plus de 10 productions de théâtre lyrique, ils concentrent 55 % des représentations franciliennes sur la période considérée.
Ainsi, parmi les lieux qui proposent régulièrement des spectacles de théâtre lyrique, nous pouvons en distinguer huit qui sont particulièrement actifs dans sa diffusion et que nous nommerons les lieux « phares » de la diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France. Nous pouvons par ailleurs ajouter parmi ces lieux « phares » l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et l’Opéra Comique, fermés pour travaux en 2015/2016 mais qui pour autant affichent un nombre de représentations et de productions conséquent, de même volume que les autres lieux « phares ». Les dix lieux « phares » sont ainsi ceux qui ont proposé sur les cinq saisons au moins 50 représentations et plus de 10 productions de théâtre lyrique.
Les lieux « phares » de la diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France Lieux
Ville
Nombre total de représentations
Opéra national de Paris
Paris
1 033
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Paris
207
Opéra Comique
Paris
147
Théâtre des Champs-Élysées
Paris
122
Théâtre des Bouffes du Nord Opéra de Massy, Scène conventionnée Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Opéra royal de Versailles Théâtre du Châtelet
Paris
109
Massy
94
Montigny-le-Bretonneux
90
Versailles
67
Paris
56
Ces lieux « phares » concentrent 1 925 représentations, soit 55 % des représentations franciliennes. On constate parmi ces lieux « phares » une diversité de profils. Certains sont des établissements publics ou sont largement soutenus par des collectivités publiques (État et/ou collectivités territoriales), d’autres présentent une logique économique plus mixte. Leurs statuts sont variés (association, EPIC, SASU, SARL…), leur mode de contractualisation avec les équipes également, allant de la production directe à la coréalisation en passant par le contrat de cession. Ne présentant pas tous les mêmes configurations techniques, ils proposent des conditions d’accueil des productions et du public variables. Enfin, leur ligne artistique les amène à accueillir des projets de natures différentes.
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
13
Les lieux intermédiaires
95
lieux « intermédiaires » affichent un total de 966 représentations, soit 27,5 %.
Les 95 lieux restants affichent un nombre total de 966 représentations, soit 27,5 %. Il s’agit d’un ensemble de lieux hétérogènes avec des niveaux de représentations très différents (de 2 à 101) ayant programmé chacun entre 2 et 14 productions. On retrouve dans cet ensemble de lieux : • 59 théâtres de ville (dont 10 conventionnés) pour 401 représentations ; • 3 CDN et 8 Scènes nationales29 (SN) pour 162 représentations ; • 6 théâtres privés pour 189 représentations ; • 5 autres lieux dédiés au spectacle vivant pour 150 représentations30 ; • 14 lieux non dédiés au spectacle vivant pour 64 représentations.
Tableau de synthèse - Catégories et nombre de lieux du théâtre lyrique en Île-de-France Nombre de lieux
Nombre de lieux "fidèles"
Nombre de lieux "intermédiaires"
Nombre de lieux "exceptionnels"
Phares dont ONP
10 2
-
-
-
Théâtres de ville dont Scènes conventionnées
116 17
11 3
59 10
46 4
Scènes nationales
8
-
8
-
Centres dramatiques nationaux
4
-
3
1
Lieux ou théâtres privés
15
-
6
9
Autres lieux dédiés à la diffusion de spectacles
20
-
5
15
Catégories de lieux
Lieux non dédiés à la diffusion de spectacles
66
-
14
52
Total
239
11
95
123
%
100 %
5 %
40 %
51 %
N.B. : Lieux « phares » : 4 % des lieux.
Niveaux de diffusion, statuts et catégories des lieux Nous sommes ainsi en présence d’un nombre de lieux agissant pour le théâtre lyrique en Île-de-France aux statuts divers et aux niveaux de diffusion variés pour cette discipline. Les modèles de diffusion sont différents (avec des longueurs de séries très variables d’un lieu à l’autre), sans évoquer les modalités de contractualisation avec les équipes artistiques, que nous ne traiterons pas dans ce document mais qui sont elles aussi sans aucun doute très hétérogènes. L’observation de ces différents niveaux de diffusion au sein de ces lieux nous a permis de dégager quatre typologies : les lieux « phares », les « fidèles », les « intermédiaires » et les lieux de diffusion « exceptionnelle ». 29. L’Apostrophe à Cergy, La Coupole à Combs-la-Ville, La Ferme du Buisson à Noisiel, Les Gémeaux à Sceaux, la MAC de Créteil, la MC93 à Bobigny, le Théâtre 71 à Malakoff et le Théâtre de l’Agora à Évry. 30. Le niveau des représentations dans cette catégorie est porté par deux lieux, la Péniche Opéra mais surtout le Théâtre Artistic Athévains, avec deux très longues séries représentant à elles deux près d’une centaine de représentations.
14
Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Dans le tableau précédent, nous avons également fait apparaître ces lieux, regroupés cette fois-ci selon leur statut et leur proximité avec le spectacle vivant à travers des catégories telles que « théâtres de ville », « théâtres privés », « lieux non dédiés à la diffusion de spectacle vivant »… Précisons ici combien ces catégories de lieux peuvent recouvrir des réalités distinctes. Les théâtres de ville par exemple forment une catégorie qui fait sens en termes de statut, de fonctionnement, de reconnaissance autour de problématiques et d’enjeux communs (notamment au sein du SNSP), mais cette catégorie n’englobe pas moins des lieux très hétérogènes. En effet, au-delà du fait que certains théâtres de ville jouissent d’un conventionnement, ils se distinguent les uns des autres par leur(s) capacité(s) d’accueil, leur(s) configuration(s) et contrainte(s) technique(s), mais également par leur marge de manœuvre financière31. Autre exemple : les lieux non dédiés. La diffusion dans ces lieux non dédiés ne semble pas être associée à une logique privée, le soutien public, via la participation dans le montage des productions, de collectivités ou de théâtres eux-mêmes subventionnés y est important. Parmi les lieux non dédiés au spectacle vivant, on peut mentionner la place particulière du Casino d’Enghien-les-Bains, qui propose régulièrement des spectacles de théâtre lyrique au sein de son théâtre32.
Christian Lalos, SNSP « Le Syndicat national des Scènes publiques est une organisation syndicale regroupant des scènes publiques permanentes et festivalières. Notre syndicat a diligenté une étude en 2016 qui a révélé une programmation musicale à hauteur de 30 % dont 8 % de musiques dites “savantes”. Cette nouvelle étude témoigne de la place qu’occupent les théâtres dits de ville dans la programmation régulière de la musique lyrique (petites formes et grandes formes, jeune public et adultes) en Île-de-France, de par leur vocation pluridisciplinaire et leur présence sur l’ensemble du territoire francilien. Ces différentes scènes publiques financent (via des achats et des coproductions) la création et la diffusion d’œuvres de répertoire et originales. La contribution de notre réseau à ce secteur est ancienne, régulière et fidèle : elle permet à un public de proximité d’avoir accès à des tarifs raisonnables à des œuvres musicales de haute exigence et de qualité. Notre fort engagement dans ce champ artistique, avec tous les enjeux et les risques qu’il comporte au regard des spécificités disciplinaires, a pu se développer dans le temps grâce au soutien en production et diffusion d’Arcadi et ne pourrait être pérennisé sans l’intervention de la puissance publique. Cette réussite est quasi unique en Europe ».
31. Nous renvoyons, pour un portrait économique plus précis des théâtres de ville franciliens, au Cultures en Île-de-France n°5 : Approche de l’activité des théâtres de ville franciliens (2012-2013). Un portrait économique des scènes publiques permanentes, Arcadi Île-de-France, décembre 2015. 32. Cette observation peut être mise en parallèle avec le fait que les établissements de jeux bénéficient, depuis la loi de finances de 1995 précisée dans le décret n° 97-663 du 29 mai 1997, d’un abattement fiscal au titre des « manifestations culturelles de qualité ».
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
15
La cartographie des lieux de diffusion que nous proposons en p. 2223 rend compte de cette double entrée, puisqu’elle fait aussi bien apparaître les lieux selon l’intensité de leur activité de diffusion (en reprenant les catégories de lieux « phares », « fidèles », « intermédiaires » et « exceptionnels ») que selon leur statut (théâtre de ville, théâtre privé, Scène nationale, Centre dramatique national, autre lieu de diffusion, lieu non dédié). Nous utiliserons, par la suite, les catégories de lieux les plus largement usitées et qui sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Catégories de lieux : nombre de représentations, nombre de lieux et longueur moyenne des séries Catégories de lieux Phares dont ONP Théâtres de ville dont Scènes conventionnées
Nombre de représentations
% nombre de représentations
Nombre de lieux
Série moyenne
1 925 1 033
55 % 29,5 %
10 2
6 9,5
712 120
20 % 3,5 %
116 17
1,8 1,8 3,5
Scènes nationales
112
3 %
8
Centres dramatiques nationaux
58
1,5 %
4
5,2
Théâtres privés
326
9,5 %
15
12,5
Autres lieux dédiés à la diffusion de spectacles
211
6 %
20
6,2
Lieux non dédiés
161
5 %
66
1,6
3 505
100 %
239
3,8
Total
Note : la série la plus longue affiche 86 représentations, la moyenne est de 3,8 représentations par série, la médiane33 à deux représentations.
Marie Hédin-Christophe, Fevis « On constate que la moyenne des représentations par série est faible, ce qui s’explique par une forte disparité entre de longues séries produites par exemple à l’Opéra de Paris, et les autres productions. Même si ces chiffres n’intègrent pas la diffusion hors région et hors territoire national, le manque d’opportunités de diffusion par projet artistique pèse sur les artistes eux-mêmes qui souhaiteraient pouvoir tourner leurs productions de manière plus importante. »
33. Voir glossaire p. 68.
16
Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Spécificités de la diffusion du théâtre lyrique sur les territoires franciliens Les spécificités de la diffusion sur le territoire francilien seront observées en comparant : • Les répartitions géographiques, par département, des lieux du théâtre lyrique et avec ceux du spectacle vivant en général ; • Les répartitions géographiques, par département, des représentations de théâtre lyrique et avec celles des spectacles en général34.
Localisation des lieux de diffusion du théâtre lyrique et niveau de diffusion Département
Nombre de lieux
% nombre Nombre de % de de lieux représentations représentations
Paris (75) sans ONP
53 51
22 % 21 %
2 323 1 290
66 % 37 %
Yvelines (78)
34
14 %
335
9,5 %
Hauts-de-Seine (92)
41
17 %
268
8 %
Essonne (91)
22
9,5 %
163
5 %
Val-d’Oise (95)
25
10,5 %
132
3,5 %
Val-de-Marne (94)
20
8,5 %
111
3 %
Seine-et-Marne (77)
26
11 %
96
3 %
Seine-Saint-Denis (93) Total
18
7,5 %
77
2 %
239
100 %
3 505
100 %
La localisation géographique des lieux de diffusion du théâtre lyrique est à mettre au regard de l’implantation territoriale des lieux diffusant du spectacle vivant en général (qu’ils soient des lieux dédiés à la diffusion, ou pas).
La forme de « hiérarchie » Paris/petite couronne/grande couronne observée pour les spectacles en général, se vérifie beaucoup moins pour le théâtre lyrique.
L’implantation géographique des 775 lieux de diffusion régulière de spectacle vivant identifiés lors d’une précédente observation35 faisait apparaître une part équivalente de lieux de diffusion dans les départements de petite et grande couronne (environ 10 % pour chaque département de petite couronne et 8 % pour ceux de la grande couronne), Paris concentrant 38 % de ces lieux. En ce qui concerne le théâtre lyrique, la part des lieux parisiens est plus faible (22 % contre 38 %). Corrélativement, la part des lieux de diffusion du théâtre lyrique dans les autres départements a tendance à être plus importante que celle observée pour l’ensemble des spectacles. Il s’agit d’une tendance générale qui se décline différemment selon les départements : les parts prises par les lieux diffusant du théâtre lyrique en grande couronne en général, mais de façon plus prononcée encore dans les Yvelines que dans le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne, sont plus élevées que celles qu’on observe pour les spectacles en général. Ce constat est également valable pour les Hauts-de-Seine (10 % des lieux de spectacle vivant, 17 % des lieux du théâtre lyrique). En revanche, les parts des lieux diffusant du théâtre lyrique en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne sont plus faibles que celles observées pour les spectacles en général.
34. Nous nous appuierons pour ce faire sur certains résultats publiés dans le Cultures en Île-de-France n°4 : Les spectacles en Île-de-France (2011/2012). État des lieux, Arcadi Île-de-France, décembre 2014. 35. Voir Cultures en Île-de-France n° 4, Arcadi Île-de-France, décembre 2014, notamment la carte centrale p. 20-21.
17
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
La forme de « hiérarchie » Paris/petite couronne/grande couronne observée pour les spectacles en général, se vérifie ainsi beaucoup moins, au niveau des lieux de diffusion du théâtre lyrique. Paris occupe la première place mais de façon moins évidente. L’implantation des lieux pour le théâtre lyrique favorise la grande couronne. Nous évoquons ici le nombre de lieux, mais les résultats sont similaires si nous observons leur niveau d’activités de diffusion du théâtre lyrique, mesuré au nombre de représentations de cette discipline. Paris est toujours largement en tête, avec les deux-tiers des représentations, mais la part prise par Paris dans la diffusion du théâtre lyrique est moins importante que celle observée pour l’ensemble des spectacles sur la saison 2011/201236.
Xavier Adenot, Directeur de production, Opéra de Massy « L’Essonne est en quatrième position en nombre de représentations par département, grâce à l’Opéra de Massy qui est le seul lieu “phare” en Essonne. Il est précédé par le 78 et le 92 : départements caractérisés par une importante population de CSP supérieures. À l’inverse, le 93 est en dernière position. Et le résultat du 91 serait encore plus faible s’il n’y avait pas la proposition de l’Opéra de Massy. D’où l’importance de soutenir la diffusion dans les départements moins “élitistes”. »
Par ailleurs, on observe un niveau de représentations de théâtre lyrique relativement élevé dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine (respectivement 9,5 et 8 % des représentations de cette discipline), ainsi que, dans une moindre mesure, en Essonne (avec 5 % des représentations franciliennes). Ainsi, la part des représentations de théâtre lyrique dans ces trois départements est plus élevée que celle prise par les spectacles, en général, sur ces mêmes territoires. Les parts des représentations de théâtre lyrique sur les départements restants (Val-de-Marne, Val-d’Oise et Seine-Saint-Denis) sont identiques (entre 2 et 3,5 %) et restent proches de la part prise par les spectacles en général dans ces trois départements. Sans négliger le rôle prépondérant de Paris dans la diffusion du théâtre lyrique, on remarque que trois autres départements (dont deux en grande couronne) réservent une place particulière au théâtre lyrique. Ce constat peut être lié à un passé culturel différent, à des volontés politiques particulières, ou encore à des maillages territoriaux différenciés. Par ailleurs, des spécificités territoriales apparaissent clairement lorsqu’on croise les niveaux de représentations par département et par catégories de lieux, comme on le voit dans les deux tableaux ci-dessous.
Nombre de représentations par département et types de lieux Département Phares Théâtres de ville dont Scènes conventionnées
75
78
92
91
95
94
77
93
Total
1 674
157
-
94
-
-
-
-
1 925
117 17
141 20
129 47
46 9
90 8
97 7
51 11
41 1
712 120
Scènes nationales
-
-
44
11
20
4
8
25
112
CDN
-
18
32
-
-
-
-
8
58 326
Théâtres privés
306
-
20
-
-
-
-
-
Autres lieux dédiés
202
3
-
-
-
1
5
-
211
24
16
43
12
22
9
32
3
161
2 323
335
268
163
132
111
96
77
3 505
Lieux non dédiés Total
36. L’étude portant sur la saison 2011/2012 et sur 518 lieux de diffusion chiffrait à 81 % la part des représentations de spectacles s’étant déroulées à Paris, tous les autres départements franciliens portant une part équivalente de représentations (entre 2 et 3,5 %). Voir Cultures en Île-de-France n° 4 : Les spectacles en Île-de-France (2011/2012). État des lieux, Arcadi Île-de-France, décembre 2014, p. 11.
18
Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Le tableau suivant permet de rendre compte de la place de chaque catégorie de lieux sur chaque territoire :
Répartition des représentations selon le département et la catégorie des lieux Département
75
78
92
91
95
94
77
Phares
72 %
47 %
-
58 %
-
-
-
93 -
Théâtres de ville dont Scènes conventionnées
5 % 0,7 %
42 % 6 %
48 % 17,5 %
28 % 5,5 %
68 % 6 %
87 % 6 %
53 % 11 %
53 % 1 %
Scènes nationales
-
-
16,5 %
7 %
15 %
4 %
8 %
32,5 %
CDN
-
5 %
12 %
-
-
-
-
10,5 % -
Théâtres privés
13 %
-
7,5 %
-
-
-
-
Autres lieux dédiés
9 %
1 %
-
-
-
1 %
5,5 %
-
Lieux non dédiés
1 %
5 %
16 %
7 %
17 %
8 %
33,5 %
4 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
Total
Lecture : 72 % des représentations parisiennes ont eu lieu dans un lieu « phare ».
Paris Les lieux parisiens de diffusion du théâtre lyrique se retrouvent majoritairement parmi les lieux « phares » et les théâtres privés. En plus de l’Opéra de Paris, on retrouve cinq autres lieux « phares » à Paris. Parmi les 14 théâtres privés parisiens recensés, 5 ont proposé chacun sur la période plus de 20 représentations de théâtre lyrique. Deux d’entre eux ont programmé une seule production lyrique, pour deux longues séries de plus de 20 représentations. Il s’agit du Théâtre du Lucernaire et de l’Essaïon, pour deux productions « jeune public » : Jacques Offenbach et la mouche enchantée et La voilà la voix de Lola.
Théâtres de ville 5 % Autres lieux dédiés 9 %
Lieux non dédiés 1 %
Phares 72 %
Théâtres privés 13 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux à Paris
37. Voir glossaire p. 68.
Si les séries ont tendance à être plus longues dans les théâtres privés, ces deux exemples sembleraient les orienter également vers le jeune public et/ou le répertoire de l’opérette (entendu au sens large). Les trois autres théâtres privés parisiens ayant proposé plus de 20 représentations sur la période et plusieurs productions sont les suivants : • La Comédie Saint-Michel, ayant programmé deux productions estampillées « jeune public », qui sont les deux productions que nous venons de citer, La voilà la voix de Lola ayant été programmé deux fois sur deux saisons différentes ; • Le Théâtre Marsoulan, qui a proposé quatre productions différentes de lyrique, une adaptation de l’opéra Hänsel et Gretel, La Belle Hélène d’Offenbach, un Rigoletto et un spectacle créé à partir de deux œuvres de Gioachino Rossini ; • L’Espace Cardin, qui quant à lui, a proposé trois productions : un Hänsel et Gretel, une Traviata et Le Pont des soupirs de Jacques Offenbach. Les autres théâtres privés parisiens recensés ont programmé une ou deux productions de théâtre lyrique, pour une à neuf représentations (pas de très longues séries donc). Les 12 spectacles à l’affiche présentent une plus grande diversité de répertoires : 5 œuvres du 19e siècle, 2 du 18e siècle (dont un Mozart) mais également deux œuvres du 20e siècle, deux créations et une œuvre composite37. Ainsi, si les théâtres privés parisiens les plus actifs en matière de diffusion de théâtre lyrique présentent une programmation dont la couleur « jeune public » et « répertoire du 19e siècle » est assez nette, cela est moins le cas des autres théâtres privés parisiens, qui programment plus ponctuellement des spectacles faisant appel à des répertoires plus diversifiés.
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
19
Les théâtres de ville parisiens, peu nombreux à la base, sont cinq à avoir programmé du théâtre lyrique sur la période : le Théâtre Dunois, conventionné pour le jeune public, Le Monfort (festival des opéras traditionnels chinois essentiellement), le Théâtre Mouffetard, le Vingtième Théâtre et l’Espace Paris Plaine, dédié au « jeune public ». On y retrouve des séries plus longues que celles observées pour l’ensemble des théâtres de ville franciliens. En effet, les séries pour ces théâtres parisiens sont en moyenne de 6,5 représentations, la série moyenne pour l’ensemble des théâtres de ville franciliens étant de 1,8. Au-delà du répertoire traditionnel chinois déjà mentionné pour le Montfort, ces lieux portent une attention particulière à la création avec cinq créations originales (aux côtés d’une œuvre composite et d’une œuvre du 18e siècle). Les seize autres lieux de diffusion de spectacles parisiens sont tous, à l’exception de la Cité de la Musique/Philharmonie de Paris et la Péniche Opéra38, des lieux programmant exceptionnellement du théâtre lyrique (une seule fois, rarement deux ou trois fois, sur la période considérée) et pour des séries qui, sauf exception, ne dépassent pas les cinq représentations. On compte enfin 24 représentations dans onze lieux parisiens non dédiés au spectacle : en plein air (Bercy Village, Quartier Grange aux belles, Stade Thiéré), en conservatoire et dans des lieux culturels tels que musées et bibliothèques.
Les Yvelines et l’Essonne
Lieux non dédiés 5 % CDN 5 %
Autres lieux dédiés 1 %
Phares 47 %
Théâtres de ville 42 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux dans les Yvelines
Ces deux territoires présentent une caractéristique spécifique : contrairement aux autres départements ils abritent un ou plusieurs lieux « phares » (l’Opéra royal de Versailles et le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, pour les Yvelines, l’Opéra de Massy pour l’Essonne). On compte 23 théâtres de ville dans les Yvelines qui ont programmé au moins une fois du théâtre lyrique, dont certains « fidèles » déjà mentionnés plus haut (La Barbacane, Scène conventionnée, le Théâtre de Poissy, le Théâtre Alexandre Dumas et le Théâtre Alphonse Daudet) ainsi que plusieurs autres théâtres qui, sans avoir programmé du théâtre lyrique à chaque saison étudiée, ont néanmoins proposé au moins dix représentations (l’Onde à Vélizy-Villacoublay, la Ferme de Bel Ébat à Guyancourt et le Théâtre du Vésinet). En Essonne, on retrouve moins de théâtres de ville que dans les Yvelines (13) et aucun lieu « fidèle ». Certains théâtres de ville ont une diffusion du théâtre lyrique un peu plus dense que d’autres, comme par exemple le Théâtre de Corbeil-Essonnes ou encore celui de Longjumeau, mais globalement, les théâtres de ville de ce département programment du théâtre lyrique de façon occasionnelle et pour des petites séries (1 ou 2 représentations en général). Ces deux départements jouissent également pour le théâtre lyrique de la présence de scènes labellisées : un CDN pour les Yvelines (le Théâtre de Sartrouville) et une Scène nationale pour l’Essonne (le Théâtre de l’Agora), dont les niveaux de diffusion sont équivalents. Aucun autre lieu dédié à la diffusion du spectacle vivant39 n’a été recensé pour l’Essonne, et pour les Yvelines ce sont deux salles dites de « musiques actuelles » (le Scarabée à La Verrière et Le Sax à Achères), qui ont proposé trois productions de théâtre lyrique sur la période : deux créations et une œuvre composite, toutes trois de petites formes (entre trois et sept artistes au plateau), dont deux « jeune public ».
38. Devenue La Pop en mars 2016, mais que nous nommons dans ce document Péniche Opéra, au vu de la période de l’étude. 39. Voir glossaire p. 68.
20 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Les lieux non dédiés à la diffusion du spectacle vivant occupent une place un peu plus significative en Essonne que dans les Yvelines (respectivement 9 % et 7 % des représentations dans le département).
SN 7 %
Lieux non dédiés 7 %
Phares 58 %
Théâtres de ville 28 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux en Essonne
En Essonne, ces lieux non dédiés sont des lieux « exceptionnels », affichant une seule programmation sur la période considérée, en dehors du Centre culturel et médiathèque La Marque (devenu le Marque-P@ge), qui a proposé deux créations (pour une représentation chacune). Les autres lieux non dédiés en Essonne sont les suivants : le Gymnase Cornuel à Lardy, Le Ludion à Villemoisson-sur-Orge, la MJC Fernand Léger à Corbeil-Essonne, les salles Georges Pompidou à Epinay-sous-Sénart et Pablo Picasso à La Norville, ainsi que la salle polyvalente du Plessis Pâté. Dans les Yvelines, hormis le Centre de musique baroque de Versailles (trois productions accueillies pour quatre représentations au total) et l’auditorium de Viroflay (deux productions accueillies pour cinq représentations), les lieux non dédiés ont proposé une seule production, pour une seule représentation : le Château de Maisons-Laffitte, l’École nationale de musique, de danse et de théâtre de Mantes-la-Jolie, le Pôle culturel du Chesnay ; La Lanterne de Rambouillet a proposé une seule production, mais pour quatre représentations.
Les autres départements franciliens
Lieux non dédiés 8 %
SN 4 %
Autres lieux dédiés 1 %
Théâtres de ville 87 %
Pour les autres départements, on retrouve toujours les théâtres de ville en tête en termes de diffusion pour le théâtre lyrique, presque toujours majoritairement mais avec des différences assez nettes. Par exemple leur rôle est prédominant dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne. Dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne, les théâtres de ville représentent en effet respectivement 87 et 68 % des représentations de théâtre lyrique, alors que pour les trois départements (92, 93, 77), la part des théâtres de ville sur le nombre de représentations correspond à la moitié environ des représentations.
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux dans le Val-de-Marne
SN 15 %
Théâtres de ville 68 %
Lieux non dédiés 17 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux dans le Val-d’Oise
Dans le Val-de-Marne, sans les théâtres de ville, parmi lesquels on retrouve trois lieux « fidèles » au théâtre lyrique, la diffusion de cette discipline n’aurait reposé que sur quatre lieux : la MAC de Créteil, le Studio-Théâtre d’Alforville et deux équipements culturels municipaux non dédiés (à Vincennes et à Champigny-sur-Marne). Dans le Val-d’Oise, on constate également une forte implication des théâtres de ville, dans leur ensemble, et même si on ne retrouve pas de lieu « fidèle », on remarque le rôle du Théâtre Roger Barat d’Herblay dans la diffusion du théâtre lyrique, qui concentre à lui seul plus du quart des représentations ayant eu lieu sur la période dans les théâtres de ville du Val-d’Oise. On relève par ailleurs, pour ce département, huit autres lieux de diffusion du théâtre lyrique sur la période considérée : la Scène nationale L’Apostrophe et sept lieux non dédiés aux profils différents : trois centres culturels (à Mériel, Ermont et Roissy-en-France), l’Abbaye de Royaumont, le casino d’Enghien-les-Bains, la salle des fêtes de Deuilla-Barre et les rues de Cergy-Pontoise. Les Hauts-de-Seine ne bénéficient pas de la présence de lieu « phare »40, mais de deux Scènes nationales (Les Gémeaux à Sceaux et le Théâtre 71 à Malakoff), deux CDN (le Théâtre des Amandiers de Nanterre et celui de Gennevilliers), ainsi qu’un théâtre privé (on ne retrouve des théâtres
40. L’ouverture de la Seine Musicale en avril 2017 viendra peut-être modifier ce paysage dans les années à venir, même si sa programmation musicale sur la saison 2017/2018 ne semble pas accorder une place prépondérante au théâtre lyrique.
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
CDN 12 %
Théâtre privé 7,5 %
Théâtres de ville 48 %
Lieux non dédiés 16 %
SN 16,5 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux dans les Hauts-de-Seine
CDN 10,5 %
Lieux non dédiés 4 %
Théâtres de ville 53 %
SN 32,5 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux en Seine-Saint-Denis
SN 8 %
Autres lieux dédiés 5,5 %
Théâtres de ville 53 %
Lieux non dédiés 33,5 %
Répartition des représentations selon la catégorie de lieux en Seine-et-Marne
21
privés que dans les Hauts-de-Seine et à Paris) et des théâtres de ville. Ces derniers représentent presque la moitié des représentations, avec une part plus forte qu’ailleurs sur la région pour les représentations ayant eu lieu dans une Scène conventionnée. On en compte cinq sur le département : la Maison de la Musique à Nanterre, le Théâtre Jean Vilar à Suresnes, le Théâtre Firmin Gémier / La Piscine à Sceaux, le Théâtre de Vanves et le Théâtre Jean Arp de Clamart, théâtre « fidèle » au théâtre lyrique. En Seine-Saint-Denis, on constate l’absence de lieu « fidèle » parmi les quatorze théâtres de ville listés, avec une activité de diffusion un peu plus intense dans deux théâtres de ville : l’Espace Paul Éluard de Stains (dans le cadre de la diffusion des productions de la compagnie Le Carrosse d’Or en résidence) et Le Forum du Blanc-Mesnil, avant qu’il ne ferme ses portes. C’est dans ce département que la part des représentations relevant de Scènes nationales (à vrai dire d’une seule pour le 93) est la plus forte, avec le tiers des représentations de théâtre lyrique dans le département qui se sont déroulées à la MC93 de Bobigny. On note également 10 % de représentations pour le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (CDN) et deux lieux non dédiés, pour trois représentations : le Conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers et le Musée d’Histoire vivante de Montreuil. Sur le territoire de la Seine-Saint-Denis, il nous faut enfin mentionner le travail effectué par le Nouveau Théâtre de Montreuil au niveau du théâtre musical. Si les productions de « théâtre musical » proposées par ce CDN ne rentraient pas, pour la période considérée, dans le périmètre de notre observation, notons que le Nouveau Théâtre de Montreuil a programmé depuis des productions de théâtre lyrique. En Seine-et-Marne, 53 % des représentations ont eu lieu dans un des sept théâtres de ville ayant programmé du théâtre lyrique, dont le Théâtre de Chelles, conventionné et « fidèle » au théâtre lyrique, mais également le Théâtre municipal de Fontainebleau, le Théâtre Luxembourg - Espace Caravelle de Meaux, La Ferme des communes à Serris, le Centre culturel et sportif Saint-Ayoul de Provins, l’Espace Charles Vanel de Lagny-sur-Marne et l’Espace Nino Ferrer de Dammarie-les-Lys. Sont également présents sur ce territoire pour assurer une diffusion au théâtre lyrique deux Scènes nationales - La Coupole à Combs-la-Ville et La Ferme du Buisson à Noisiel -, et un lieu dédié aux cultures et musiques du monde : l’Espace Prévert – Scène du Monde à Savigny-le-Temple. On compte enfin 16 lieux non dédiés au spectacle, sur un total de 26 lieux diffuseurs de théâtre lyrique recensés sur la période. Il s’agit ici d’une spécificité du territoire de la Seine-et-Marne, tant au niveau du nombre de lieux non dédiés au spectacle vivant qu’au niveau de l’activité de ces mêmes lieux (centres culturels, gymnases, salles des fêtes, château et plein air), qui représentent le tiers de la programmation de théâtre lyrique sur le département.
Marie Hédin-Christophe, Fevis « Au plan territorial, on ne peut que regretter que la part des représentations soit si faible dans certains départements franciliens, alors que les lieux d’accueil sont relativement bien dispersés sur le territoire. Il reste donc à sensibiliser, ou à doter financièrement les lieux, pour une meilleure présence de ces répertoires dans le 94, le 93, le 95 et le 77. »
22 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Les lieux de diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France
23
Le théâtre lyrique en île-de-france LIEUX DE DIFFUSION Lieux phare Autres lieux Scène nationale ou Centre dramatique national Théâtre de ville - Scène conventionnée Théâtre de ville Théâtre privé Autre lieu dédié Lieu non dédié Intensité de la diffusion Lieu fidèle Lieu intermédiaire Lieu exceptionnel
N
0 © IAU Îdf 2018
3 km
Sources : Arcadi Île-de-France (2018), Fevis (2017), Rof (2017), SACD (2017)
24 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
LES PRODUCTIONS DE THÉÂTRE LYRIQUE Quelles sont ces « productions » – ou spectacles – en jeu dans les éléments relatifs à la diffusion : formes41,répertoires, trajectoires sur le territoire francilien, équipes artistiques en présence ? Quelles en sont notamment les particularités artistiques et esthétiques ? Notons d’ores et déjà que 467 productions différentes de théâtre lyrique ont été jouées durant la période observée (certaines sur plusieurs saisons), pour un total de 3 505 représentation. 54 de ces productions, soit 11,5 %, sont affichées « jeune public ». Par ailleurs, chaque saison, une centaine de productions a été proposée au public francilien. On constate également une dynamique à la baisse sur l’ensemble de la période et plus particulièrement entre 2014/2015 et 2015/2016. Nous reviendrons sur ces évolutions en dernière partie de notre étude.
467
productions différentes de théâtre lyrique ont été jouées durant les cinq saisons observées, environ une centaine par saison.
Les répertoires Le tableau suivant présente les répertoires (saisis via le siècle de création des œuvres) de ces 467 productions.
Effectifs et pourcentages des productions et des représentations selon le répertoire Siècle 17e
Nombre de % de Nombre de productions productions représentations 31
7 %
190
% de représentations 5,5 %
18
82
18 %
627
18 %
19e
150
32 %
1 126
32 %
20e
75
16 %
550
16 %
Création
69
15 %
482
14 %
Œuvre composite
45
10 %
503
14 %
Traditionnel
15
3 %
27
0,5 %
467
100 %
3 505
100 %
e
Total
Comme annoncé dans les données globales, le répertoire du 19e siècle reste largement représenté (un tiers des productions, un tiers des représentations environ), loin devant les autres répertoires. 41. Nous utiliserons ici le terme de « forme » dans le sens de « format ». Le terme de « forme » est plus vaste que celui de « format » (on pourrait penser à la structure de l’œuvre), mais il est plus souvent utilisé par les acteurs du secteur.
Les productions de théâtre lyrique
25
Existe-t-il des répertoires davantage programmés que d’autres selon les catégories de lieux ? Le poids du répertoire du 19e siècle est-il en lien avec les choix de programmation des lieux « phares » ?
Le répertoire du 19e siècle reste largement représenté avec un tiers des productions et un tiers des représentations environ.
Les répertoires selon les catégories de lieux Le tableau ci-dessous donne à voir les répartitions des productions par catégorie de lieux, selon le répertoire convoqué. Autrement dit, il permet de visualiser les choix de programmation, mesurés aux répertoires des productions, pour chaque catégorie de lieux.
Répartition des productions selon leur répertoire dans chaque catégorie de lieux de diffusion Œuvres composites Traditionnel
17e
18e
19e
20e
Créations
Phares dont ONP sans ONP
8 % 2 % 11 %
19 % 20 % 18 %
35 % 50 % 28 %
22 % 24 % 20 %
10 % 4 % 14 %
6 % 1 % 9 %
-
100 % 100 % 100 %
Théâtres de ville dont SC
7 % 4 %
16 % 21 %
21 % 17 %
15 % 19 %
20 % 23 %
16 % 17 %
6 % -
100 % 100 %
Scènes nationales
15 %
22 %
4 %
15 %
15 %
22 %
7%
100 %
CDN
9 %
-
9 %
27 %
46 %
9 %
-
100 %
-
10 %
57 %
10 %
10 %
14 %
-
100 %
Autres lieux dédiés
3 %
10 %
24 %
3 %
45 %
14 %
-
100 %
Lieux non dédiés
2 %
19 %
24 %
6 %
28 %
19 %
2 %
100 %
Théâtres privés
Total
Lecture : 8 % des productions diffusées dans les lieux « phares » appartiennent au répertoire du 17e siècle.
Détaillons les résultats du précédent tableau selon les catégories de lieux. Les lieux « phares » du théâtre lyrique, dans leur globalité, mettent largement en avant les productions issues du répertoire du 19e siècle. Viennent ensuite loin derrière celles du 20e et du 18e siècles, puis les créations et le répertoire du 17e siècle et enfin les œuvres composites.
17 8 % e
Œuvres composites 6 % 19e 35 %
Créations 10 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les lieux « phares » 18e 19 % 20e 22 %
26 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Cet ordre de mise en visibilité des répertoires dans les lieux « phares » reste identique que l’on tienne compte ou pas des productions proposées par l’Opéra national de Paris. Les chiffres ne sont néanmoins pas identiques et les différences entre répertoires beaucoup moins marquées lorsqu’on observe les productions diffusées dans les lieux « phares » hors ONP.
Œuvres composites 9 % 17e 11 %
19e 28 %
Œuvres 17e composites 2 % 1 % Créations 4 %
Créations 14 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les lieux « phares » hors ONP
Répartition des productions selon le répertoire à l’ONP
18e 20 %
20e 20 %
18e 18 %
19e 50 %
20e 24 %
Même si ce sont les productions liées au répertoire du 19e siècle qui y sont les plus diffusées, la programmation des théâtres de ville apparaît plus équilibrée en termes de répertoires. Ce « rééquilibrage », par rapport aux lieux « phares », privilégie les œuvres composites et surtout les créations, qui, dans cette catégorie de lieux, sont les productions les plus souvent diffusées aux côtés de celles du répertoire du 19e siècle. Notons que le 17e siècle y est aussi peu (voire encore moins) représenté que dans les lieux « phares».
17e 7 %
Traditionnel 6 %
19e 21 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les théâtres de ville
18e 16 %
Créations 20 %
Œuvres composites 16 % 20e 15 %
Les productions de théâtre lyrique
27
Sans oublier leur « faible » importance en termes de diffusion, on peut souligner que les choix de programmation des Scènes nationales et des Centres dramatiques nationaux franciliens ne se portent pas vers le 19e siècle. Les productions issues de ce répertoire sont les moins fréquentes dans ces deux types de lieux (qui n’ont par ailleurs proposé aucune œuvre traditionnelle, et pour les CDN, aucune du 18e siècle). Alors que les Scènes nationales présentent des productions se référant aux autres répertoires de manière assez équivalente, les CDN privilégient les créations, ainsi que le répertoire du 20e siècle. Enfin, la part consacrée au répertoire du 17e siècle est la plus élevée dans les Scènes nationales, avec 15 % des productions diffusées. Traditionnel 7 %
19e 4 %
18e 22 %
17e 15 %
19e 9 % 17e 9 %
Œuvres composites 9 %
Créations 15 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les Scènes nationales
Répartition des productions selon le répertoire dans les CDN
Créations 46 %
Œuvres composites 22 %
20e 15 %
20e 27 %
Les théâtres privés ont proposé quant à eux des productions très majoritairement issues du répertoire du 19e siècle. Viennent ensuite les œuvres composites, puis, à un niveau identique, les créations et les productions issues des répertoires des 18e et 20e siècles.
Créations 10 % 18e 10 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les théâtres privés
20e 10 % 19e 57 % Œuvres composites 14 %
28 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Tout Neuf ! Compagnie minute Papillon, direction musicale de Violaine Fournier et mise en scène de Cyrille Louge. © Lionel Blancafort
Les productions de théâtre lyrique
29
Presque la moitié des productions diffusées dans les autres lieux de diffusion du spectacle vivant relève de créations originales, un quart des productions diffusées appartient au répertoire du 19e siècle, devant les œuvres composites et le répertoire du 18e siècle.
18e 10 %
20e 3 %
17e 3 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les autres lieux dédiés au spectacle
Créations 45 %
Œuvres composites 14 %
19e 24 %
On retrouve, dans ce même ordre, ces quatre principaux répertoires parmi les productions diffusées dans les lieux non dédiés, avec une part nettement moins forte accordée aux créations.
20e 6 %
18e 19 %
17e 2 %
Répartition des productions selon le répertoire dans les lieux non dédiés au spectacle vivant
Créations 28 %
Œuvres composites 19 %
19e 24 %
Si on observe la répartition des répertoires non pas par production mais par représentation, on obtient des résultats proches. On voit tout de même apparaître quelques nuances, notamment pour les théâtres de ville pour les créations originales, où la part des productions (20 %) est plus faible que celle des représentations (27,5 %). On pourrait y distinguer une volonté de proposer des séries plus longues pour les créations originales que pour les œuvres du répertoire, et/ou l’effet d’une circulation de ces mêmes créations dans le réseau des théâtres de ville.
30 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
On pourrait faire un constat similaire en direction des lieux non dédiés à la diffusion de spectacles, pour les œuvres composites (qui représentent 19 % des productions diffusées dans ces lieux et 34 % du nombre de leurs représentations).
C’est dans les lieux « phares » que l’offre des répertoires des 17e, 18e, 19e et 20e siècles est la plus élevée, les théâtres de ville proposant davantage de créations et d’œuvres composites.
L’offre de répertoires Au regard de l’importance de chaque catégorie de lieux en termes d’intensité de diffusion, les réalités de choix de répertoires proposés aux spectateurs peuvent contredire les résultats ci-dessus. En effet, ce n’est pas parce que 46 % des productions de théâtre lyrique diffusées en CDN sont des créations originales que cette offre y est plus importante qu’ailleurs. Ou encore, au regard du poids de l’ONP en termes de diffusion, ce n’est pas parce que les parts des créations originales y sont relativement faibles, que leur nombre n’y est pas plus important qu’ailleurs. Pour le savoir, il s’agit maintenant d’observer comment les différents répertoires se répartissent dans les différentes catégories de lieux. Autrement dit les lieux « phares », moteurs de la diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France, sont-ils ceux dans lesquels chaque répertoire est le plus diffusé ?
Répartition des productions selon la catégorie de lieux de diffusion pour chaque répertoire Œuvres composites Traditionnel
17e
18e
19e
20e
Créations
Phares dont ONP
50 % 5 %
47 % 16 %
55 % 25 %
57 % 20 %
25 % 3 %
22 % 1 %
-
43 % 14 %
Théâtres de ville dont SC
34 % 5 %
30 % 9 %
24 % 5 %
29 % 9 %
36 % 10 %
42 % 11 %
81 % -
25 % 8 %
Scènes nationales
9 %
6 %
1 %
4 %
4 %
8 %
13%
4 %
CDN
2 %
-
1 %
3 %
5 %
1 %
-
2 %
-
2 %
7 %
2 %
2 %
4 %
-
3 %
Théâtres privés
Total
Autres lieux dédiés
2 %
3 %
4 %
1 %
12 %
5 %
-
5 %
Lieux non dédiés
2 %
12 %
9 %
4 %
17 %
17 %
6 %
11 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
Total
Lecture : 50 % des productions diffusées sur la période et issues du répertoire du 17e siècle ont été proposées par les lieux « phares ».
Le nombre de productions proposées par les lieux « phares » est le plus élevé pour les répertoires des 17e, 18e, 19e et 20e siècles. Les théâtres de ville sont ceux qui ont programmé le plus de productions de création musicale originale et d’œuvres composites. Par ailleurs, la répartition des représentations montre des résultats similaires à ceux des productions programmées selon le répertoire et le type de lieux. C’est donc bien dans les lieux « phares » que l’offre des répertoires des 17e, 18e, 19e et 20e siècles est la plus élevée. En revanche, ce sont dans les théâtres de ville que l’offre de créations et d’œuvres composites est la plus forte.
31
Les productions de théâtre lyrique
Les formes des productions Associé largement dans les mentalités aux grandes formes opératiques, le théâtre lyrique intègre également des formes plus légères, interrogeant un certain nombre de professionnels. Les développements suivants ont pour objectif de situer la place de ces différentes formes dans le paysage francilien.
Proposition de catégorisation des formes Le tableau suivant présente les informations que nous avons réussi à obtenir, pour 403 productions (sur les 467), sur le nombre d’artistes mobilisés pour les représentations, en comptant les musiciens interprètes, qu’ils soient sur le plateau ou en fosse.
Formes des productions (informations brutes)
Les « petites formes » représentent environ 20 % des productions proposées sur la période étudiée, les « moyennes » environ 30 % et les « grandes » 50 %.
Nombre de productions
%
De 1 à 4
28
7 %
De 5 à 9
50
12 %
De 10 à 14
37
9 %
De 15 à 30
38
9 %
Plus de 30
8
2 %
De 2 à 5 + ensemble
12
3 %
De 6 à 9 + ensemble
13
3 %
De 14 à 20 + ensemble
8
2 %
De 4 à 6 chanteurs + chœur
4
1 %
Chanteurs, chœur et ensemble (et éventuellement danseurs, figurants…)
12
3 %
Chanteurs avec un orchestre (et éventuellement danseurs, figurants…)
52
13 %
Chanteurs, chœur et orchestre (et éventuellement danseurs, figurants…)
141
35 %
403
100 %
Total
Note : les informations n’ont pas été obtenues pour 64 productions
Partant de ces informations, nous avons mis en place un regroupement assez « vaste » car le nombre exact d’artistes présents pour le spectacle n’est pas toujours explicité : on parle parfois de cinq chanteurs et un ensemble ou de quatre solistes, un chœur et un orchestre. Par ailleurs, notre typologie ne repose pas sur une catégorie clairement établie pour le théâtre lyrique pour lequel on ne dispose pas de définition fixe d’une « petite » ou « grande » forme. Nous avons donc construit les bornes suivantes : • De 1 à 10 personnes au plateau : petite forme ; • De 11 à 30 personnes : moyenne forme ; • Plus de 30 personnes : grande forme.
Formes des productions (après regroupement) Forme
Nombre de productions
%
Petite
78
19 %
Moyenne
124
31 %
Grande
201
50 %
Total
403
100 %
Ainsi, les « petites formes » représentent environ 20 % des productions proposées sur la période étudiée, les « moyennes » environ 30 % et les « grandes » 50 %.
32 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Formes et répertoires Quelles sont les relations entre formats des productions proposées et répertoires convoqués? Chaque répertoire renvoie évidemment à des esthétiques propres qui se reflètent dans la forme. Toutefois il est intéressant d’étudier les choix de mise en scène qui révèlent également des réalités économiques.
Répartition des productions selon leur répertoire et leur forme 17e
19e
20e
Œuvres Créations composites
Petite
4 %
8 %
12 %
13 %
48 %
37 %
Moyenne
55 %
35 %
17 %
31 %
32 %
46 %
Grande Total
Presque la moitié des créations musicales originales sont des « petites formes ».
18e
41 %
57 %
71 %
56 %
20 %
17 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
100 %
Historiquement, mais cela se vérifie encore aujourd’hui, les répertoires des 18e, 19e et 20e siècles sont majoritairement associés à des grandes formes alors que celui du 17e siècle fait principalement appel à des formats intermédiaires. Les créations musicales originales sont au nombre de 69 : 20 % d’entre elles sont liées à des spectacles de très petite forme (de 1 à 4 artistes au plateau). 28 % ont impliqué entre 5 et 9 artistes au plateau. Presque la moitié des créations musicales originales sont donc des « petites formes ». Un constat similaire peut être effectué à l’égard des œuvres composites, même si leur format tend un peu plus vers des niveaux intermédiaires que les créations musicales originales : un quart d’entre elles rassemblent entre 5 et 9 artistes, 22 % entre 10 et 14 et 12,2 % entre 1 et 4 artistes. Plus de la moitié des œuvres composites a donc impliqué moins de 15 artistes au plateau.
Circulation sur le territoire francilien Comment ces productions ont-elles circulé, sur la période observée et sur le territoire francilien ? Formes et répertoires, notamment, ont-ils une incidence sur les trajectoires des productions en Île-de-France ?
Retour sur les niveaux de diffusion Si nous avons exploré les niveaux de diffusion dans les différentes catégories de lieux de diffusion, aborder la question de la circulation des productions nécessite au préalable de rendre compte également du niveau de diffusion des productions42. 42. Nous ne savons pas, c’est ici une des limites de cette étude dont le périmètre est celui de l’Île-de-France sur cinq saisons, si ces productions ont tourné, ou pas, dans d’autres régions françaises, voire à l’international, sur la temporalité prise en compte dans cette étude et/ou sur d’autres temporalités.
Les productions de théâtre lyrique
33
Nombre de représentations par production
Près d’un tiers des productions a été joué une ou deux fois sur la période en Île-de-France. Plus de la moitié des productions affiche au maximum cinq représentations en Île-de-France au cours des cinq saisons observées.
Nombre total de représentations
Nombre de productions
%
1
84
18 %
2
58
12 %
3
51
11 %
4
27
6 %
40
9 %
5 Entre 6 et 10
128
27 %
Entre 11 et 20
47
10 %
Entre 21 et 29
19
4 %
Entre 30 et 40
9
2%
Entre 88 et 152
4
1 %
467
100 %
43
Total
Près d’un tiers des productions a été joué une ou deux fois sur la période en Île-de-France. Plus de la moitié des productions affiche au maximum cinq représentations en Île-de-France au cours des cinq saisons observées. A contrario, treize productions (moins de 3 %) ont été présentées au moins 30 fois sur la période considérée.
Essai de caractérisation des productions les plus diffusées C’est tout d’abord la diversité des répertoires, des formats, du nombre et de la nature des producteurs ainsi que ceux des diffuseurs, qui caractérise ces treize productions. Néanmoins, nous pouvons tenter de regrouper ces productions en quatre sous-ensembles relativement homogènes. Un premier groupe est formé par les trois productions portées par l’Opéra national de Paris, en coproduction pour deux d’entre elles avec des partenaires européens, diffusées uniquement à l’Opéra Bastille et qui font partie des productions ayant été les plus jouées sur la période considérée parce qu’elles ont fait l’objet de reprises à l’Opéra national de Paris. Elles sont par ailleurs toutes les trois de grandes formes et présentent trois œuvres du répertoire opératique « classique » : La flûte enchantée, La Bohème et La Traviata.
Autoproduction Une autoproduction est une production portée financièrement par un seul acteur économique impliqué dans le projet artistique.
Un deuxième groupe émerge autour des quatre productions à destination du jeune public, qui ont d’autres caractéristiques communes. Il s’agit en effet de quatre autoproductions, ayant impliqué deux compagnies, la compagnie Minute Papillon pour Grat’moi la puce que j’ai dans l’Do et Peau d’Âne et la compagnie Paris Lyrique pour La Voilà la Voix de Lola et Jacques Offenbach et la mouche enchantée. Ces quatre productions empruntent à un répertoire musical et/ou à des œuvres littéraires déjà existants et sont toutes des petites, voire de toutes petites formes (deux, trois ou sept artistes). Elles n’ont
43. Notons que le nombre particulièrement élevé de productions ayant été jouées entre 6 et 10 fois s’explique par le fait qu’on retrouve ici un nombre important de productions de l’Opéra national de Paris (même s’il a proposé par ailleurs des séries plus courtes et des séries plus longues).
34 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
cependant pas suivi les mêmes modes de diffusion : trois d’entre elles ont été présentées dans quatre ou cinq lieux de diffusion différents, la dernière ayant joué dans plus d’une vingtaine de lieux franciliens. Par ailleurs, les productions portées par la compagnie Paris Lyrique ont tourné à Paris et dans les Hauts-de-Seine, dans des lieux privés mais également dans des théâtres de ville, alors que celles de la compagnie Minute Papillon ont davantage circulé sur le territoire francilien, et plus spécifiquement dans des théâtres de ville et des lieux non dédiés à la diffusion de spectacle vivant. Un troisième groupe peut être identifié autour de productions portées par une compagnie, mais ayant également bénéficié de l’apport d’autres coproducteurs (entre deux et sept), essentiellement des théâtres. On retrouve trois compagnies derrière ces quatre productions : La Compagnie des Petits Champs pour Monsieur de Pourceaugnac, La vie brève pour Le Crocodile Trompeur/Didon et Énée et Les Brigands pour Croquefer et l’Île de Tulipatan et La Grande-Duchesse de Gerolstein. Il s’agit de compagnies introduites dans le réseau des aides publiques44. Les quatre productions qui nous intéressent ici sont toutes de format intermédiaire (entre 12 et 24 artistes mobilisés), ont été diffusées dans au moins trois départements franciliens différents, des théâtres de ville essentiellement mais également, et ce pour toutes les productions, dans un ou plusieurs lieux « phares », soit pour la (ou les) première(s) représentation(s) francilienne(s), soit pour la deuxième programmation après une première dans un théâtre de ville francilien (pour les productions des Brigands). Enfin, un dernier petit groupe rassemble deux productions, qui se trouvent être toutes deux des œuvres composées par Joseph Haydn - Il mondo della luna et Lo Speziale -, la première par la compagnie Manque Pas d’Airs et la seconde par le Théâtre Artistic Athévains. Il s’agit de deux productions rassemblant respectivement six et dix artistes et même si Lo Speziale a été joué dans six lieux situés dans quatre départements franciliens différents, son niveau de diffusion en Île-de-France s’explique par deux grandes séries réalisées au Théâtre Artistic Athévains. C’est ce que l’on observe également pour Il mondo della luna, et ce pour une seule mais très grande série réalisée au Théâtre Mouffetard. Ainsi, pour résumer, on retrouve parmi les productions ayant été les plus diffusées : • Des productions portées par l’ONP et ayant fait l’objet de reprise ; • Des productions « jeune public » autoproduites ayant été jouées dans différents lieux franciliens ; • Des productions au format intermédiaire portées par des structures bien insérées dans le réseau de diffusion public du théâtre lyrique ; • Des productions du répertoire dont l’intensité de la diffusion s’explique surtout par le fait qu’elles aient bénéficié de très longues séries. 44. Ces trois compagnies sont et/ou ont été aidées à des niveaux différents par l’intervention publique, mais ont toutes, a minima, été soutenues par Arcadi Île-de-France pour au moins un de leurs projets.
Les productions de théâtre lyrique
35
Fugue La vie brève, direction musicale de Florent Hubert et mise en scène de Samuel Achache. © Christophe Raynaud de Lage
36 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Trajectoires des productions sur le territoire francilien Un nombre élevé de représentations ne signifie pas nécessairement qu’il y ait eu circulation sur le territoire, comme l’illustrent certaines des 13 productions ayant été jouées en Île-de-France au moins 30 fois durant les cinq saisons considérées. Les 467 productions ont été présentées en moyenne dans 1,92 lieu (minimum 1 et maximum 24), avec une médiane à un lieu. On compte 315 productions programmées une fois par un seul diffuseur, soit plus du deux-tiers des productions recensées (ce qui ne signifie pas qu’elles n’aient pas tourné ailleurs qu’en Île-de-France). Près de 20 % d’entre elles, ont été présentées à l’Opéra national de Paris. Plus du tiers de ces 315 productions a été diffusé à Paris uniquement (Opéra de Paris compris). Sans l’Opéra de Paris, ce sont 117 productions, soit le quart des productions totales qui n’auraient été jouées qu’à Paris, dans le même lieu. 70 productions ont été programmées dans deux lieux franciliens distincts, près de la moitié dans un seul département (Paris, le plus souvent). 42 productions ont été jouées dans trois lieux différents, pour 38 d’entre elles, dans plus de quatre lieux distincts. Ce sont les 80 productions qui ont été programmées dans au moins trois lieux différents qui feront l’objet d’un éclairage dans le paragraphe suivant.
Aucune logique spécifique de circulation sur le territoire ne semble se dégager[…] Les spectacles qui ont tourné sur plusieurs saisons sont très minoritaires, 391 productions (soit 83 %) ont été diffusées sur une seule saison, 59 (soit 12,5 %) ont tourné en Île-de-France sur deux saisons.
Aucune logique spécifique de circulation territorialisée ne semble se dégager : c’est là ou l’activité de diffusion est dense que l’on retrouve les productions qui ont le plus circulé. Par ailleurs, pour l’Île-de-France, les spectacles qui ont tourné sur plusieurs saisons sont très minoritaires. En effet, 391 productions (soit 83 %) n’ont été diffusées que sur une seule saison, 59 (soit 12,5 %) sur deux saisons.
Les 80 productions présentées dans au moins trois lieux de diffusion différents Elles ont été jouées pour un minimum de trois représentations et un maximum de 36 (la moyenne se situant à 13,8, la médiane à 9), sur une saison au minimum et cinq au maximum (la moyenne étant de 1,8, la médiane de 2,5). Sur ces 80 productions notons que : • 39 productions ont tourné sur une seule saison (soit 48,75 %), mais 24 d’entre elles, soit une majorité, affichent des représentations sur la première ou la dernière saison concernée par l’enquête (il est donc possible que ces productions aient circulé en 2010/2011 ou en 2016/2017) ; • 26 productions (32,5 %, environ un tiers) ont tourné pendant deux saisons ; • 10 productions (12,5 %) pendant trois saisons ; • Enfin, 3 productions ont été présentées sur quatre saisons, deux sur chacune des saisons concernées par l’étude.
Les productions de théâtre lyrique
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Ces 80 productions ont été portées par près de trois coproducteurs en moyenne (minimum un producteur, maximum huit coproducteurs).
Les structures dont une production a fait l’objet d’une « bonne » circulation sur le territoire francilien ont très majoritairement bénéficié d’un soutien public.
On constate par ailleurs une surreprésentation des petites formes et des formes intermédiaires45 : • 26 productions avec moins de 10 artistes au plateau (32,5 %) ; • 15 productions entre 10 et 19 artistes, plus précisément entre 10 et 15 artistes (19 %) ; • 21 productions entre 20 et 30 artistes (26 %) ; • 18 productions mobilisant plus de 30 artistes (format chanteurs et orchestre et très souvent chœur, 22,5 %). Les productions « jeune public » sont également plus présentes que dans l’ensemble de l’échantillon ; on en dénombre 21, soit plus du quart des productions (contre 11,5 % de productions « jeune public » au global). Le répertoire du 19e siècle46 est sous-représenté dans ces 80 productions et, dans une moindre mesure, celui du 18e siècle47. Les œuvres composites48 et les créations originales49 sont surreprésentées. Les équipes artistiques aidées financièrement et/ou accompagnées par les institutions culturelles franciliennes50 sont très présentes parmi ces 80 productions. Parmi les 74 productions pour lesquelles nous avons une information fiable, on relève une forte présence d’équipes artistiques ayant bénéficié d’un soutien financier de la Drac Île-de-France, et/ ou d’un soutien de la Région Île-de-France via une Pac (Permanence artistique et culturelle), et/ou d’un accompagnement de l’Onda et/ou d’Arcadi. En effet, ce sont 50 productions sur ces 74 (soit 67 %) qui ont bénéficié d’une ou de plusieurs de ces formes de soutien. Les productions franciliennes restantes ont très souvent été coproduites par un théâtre subventionné. Ainsi, les productions ayant fait l’objet d’une « bonne » circulation sur le territoire francilien ont très majoritairement bénéficié d’un soutien public51. On remarque par ailleurs que les 80 productions dont il est question ici ont été largement diffusées au sein du réseau des théâtres de ville franciliens : près de 84 % des productions (67 sur 80) ont été diffusées dans un ou plusieurs théâtres de ville, 41 % (33 sur 80) dans une ou plusieurs Scène(s) conventionnée(s). Presque la moitié de ces productions (46 %) a également été présentée dans au moins un des lieux « phares » du théâtre lyrique en Île-de-France52.
45. Les détails qui suivent ont été rendus possibles car l’information précise sur le nombre d’artistes mobilisés « en plateau » pour ces productions a pu être obtenue. Ils ont été comparés aux formats de l’ensemble des productions du périmètre de l’étude, cf. p. 31. 46. 22,5 % des 80 productions qui nous intéressent, contre 32 % des 467 productions de l’étude. 47. 14 % des 80 productions contre 18 % des productions totales. 48. 18,75 % des 80 productions contre 10 % des productions totales. 49. 18,75 % des 80 productions contre 15 % des productions totales. 50. Ou nationales, mais déclinées sur le territoire francilien. 51. Parmi ces 80 productions, 38 ont été soutenues par Arcadi, soit 47,5 %. 52. Hormis le Théâtre du Châtelet et l’Opéra Garnier, tous les autres lieux « phares » ont accueilli au moins une des 80 productions qui nous intéressent particulièrement ici.
38 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Artistes et équipes artistiques Quelles sont les équipes artistiques au cœur de la production du théâtre lyrique, quels auteurs, compositeurs, metteurs en scène, directeurs artistiques ont été mobilisés et quelles analyses peut-on extraire de cet état des lieux ?
Les équipes artistiques Les productions ont impliqué, pour 399 d’entre elles (information manquante pour 68 productions), l’intervention de 281 orchestres, compagnies et ensembles musicaux et vocaux, dont 70 compagnies et 86 ensembles indépendants.
399
productions ont mobilisé 281 orchestres, compagnies et ensembles musicaux et vocaux.
Parmi les orchestres et chœurs les plus actifs en termes de diffusion, on retrouve en premier lieu l’orchestre permanent de l’Opéra de Paris (ainsi que son chœur), mais également la Maîtrise des Hauts-de-Seine, chœur d’enfants officiel de l’Opéra national de Paris, d’autres formations orchestrales et vocales : l’Ensemble instrumental des Hauts-de-Seine, l’orchestre de l’Opéra de Massy, le Chœur et l’Orchestre des Musiciens du Louvre, l’Orchestre national de France, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre national d’Île-de-France, l’Orchestre Prométhée, le Chœur et l’Orchestre de Radio France, l’Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise, Accentus ainsi que l’Ensemble intercontemporain, que l’on présente, de par ses liens étroits avec l’Ircam, avec les formations orchestrales, bien qu’il s’agisse d’un ensemble. On retrouve également parmi les structures les plus actives en termes de diffusion des compagnies et ensembles indépendants, parmi lesquels : • Des compagnies nationales de théâtre lyrique et musical : l’Arcal, La Péniche Opéra, l’Opéra Éclaté (labellisé à la fin des années 1990) ; • Des compagnies ou ensembles soutenus (a minima) par l’État via la Drac Île-de-France et/ou la Région Île-de-France via la Pac53 : Les Cris de Paris, les ensembles 2e2m, Le Balcon et TM+54, Les Paladins, l’ensemble Court-Circuit, Opera Fuoco, la compagnie Sandrine Anglade, l’ensemble Fuoco E Cenere, Grand Magasin, l’Orchestre-Atelier Ostinato, la grande majorité de ces équipes ayant été également soutenues par Arcadi ; • Des compagnies ou ensembles ayant bénéficié du soutien d’Arcadi : Les Brigands, les compagnies Manque Pas d’Airs, Minute Papillon, Walpurgis, Ars Nova Ensemble Instrumental55, la Compagnie des Petits Champs, Opéra.3, La Piccola Compagnie, Le Poème Harmonique, la compagnie Chœur en scène, T&M-Paris, le Quatuor Varèse, Le Carrosse d’Or ; • Des compagnies ou ensembles qui ne semblent pas avoir bénéficié des dispositifs franciliens précédemment cités, mais qui peuvent avoir fait l’objet d’un soutien public autre, éventuellement ailleurs qu’en Îlede-France (certaines de ces structures sont non franciliennes, voire étrangères). Certains ont joué dans les lieux « phares » du théâtre lyrique en Île-de-France, comme l’ensemble Justiniana, l’ensemble Matheus, le Concert Spirituel ou encore l’ensemble Balthasar-Neumann Ensemble & Chor, que l’on retrouve aux côtés d’autres structures comme les Arts Florissants, l’ensemble Almaviva, le Vengeur masqué,
53. Les données dont nous disposons pour la Pac concernent les années 2015 et 2017. Nous connaissons également les compagnies ou ensembles conventionnés par la Drac Île-de-France pour l’année 2018, et avons extrapolé ces données sur l’ensemble de la période de notre étude. 54. Ces quatre structures ont bénéficié du label Cerni, Compagnie et ensemble à rayonnement national et international. 55. Ars Nova a également fait l’objet d’un accompagnement de l’Onda, tout comme les ensembles 2e2m et Court-Circuit précédemment cités.
Les productions de théâtre lyrique
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les Tréteaux lyriques, les Frivolités Parisiennes, Opéra Côté Chœur, la compagnie du Loup-Ange, et les compagnies Paris Lyrique, L’Envolée lyrique, Opera 2001 (Espagne), La Volute et Une Autre Carmen. Au-delà des équipes artistiques, les productions observées font intervenir compositeurs, auteurs, metteurs en scène et directeurs musicaux.
Les compositeurs, auteurs, metteurs en scène et directeurs musicaux
C’est parmi les compositeurs qu’on retrouve le plus de diversité en observant les productions les plus diffusées.
Rouages essentiels de la production artistique, compositeurs, auteurs, metteurs en scène et directeurs musicaux n’investissent pas de la même manière le théâtre lyrique. En effet, les metteurs en scène et directeurs musicaux peuvent être amenés à travailler sur les œuvres des auteurs et compositeurs contemporains aussi bien que sur celles inscrites au répertoire. Ainsi, en étudiant un état de la concentration de ces différents acteurs, nous chercherons ici, au-delà d’un simple descriptif des compositeurs, auteurs, metteurs en scène et directeurs musicaux « les plus joués », à rendre compte des possibilités qu’offre le secteur du théâtre lyrique aux créateurs contemporains. Parmi les 234 compositeurs recensés, toutes époques confondues, 21 (soit 9 %) ont écrit la musique d’au moins cinq productions diffusées sur la période, 24 (et un collectif, soit 11 %) celle d’une ou de plusieurs productions ayant été représentées au moins 30 fois. Parmi les 361 auteurs, 1556 (soit 4 %) ont écrit des œuvres ayant fait l’objet d’au moins cinq productions sur la période et ils sont 3257 (soit 9 %) à avoir écrit un (ou plusieurs) livret(s) de productions ayant fait l’objet d’au moins 30 représentations. Parmi les 299 metteurs en scène, 858 (soit 3 %) ont mis en scène au moins cinq productions sur la période et 21 d’entre eux (soit 7 %) ont mis en scène des productions ayant fait l’objet d’au moins 30 représentations. Enfin, parmi les 253 directeurs musicaux recensés, 1159 (soit 4 %) ont dirigé au moins cinq productions durant la période, et 25 (soit 10 %) ont dirigé des productions ayant fait l’objet de plus de 30 représentations. Deux constats principaux peuvent être tirés de ces informations : • Selon les indicateurs retenus (plus de cinq productions et plus de 30 représentations), on remarque que parmi les créateurs (compositeurs, auteurs, metteurs en scène et directeurs musicaux) c’est au niveau des compositeurs que la concentration est la moins élevée. Autrement dit, c’est parmi les compositeurs qu’on retrouve le plus de diversité en observant les productions les plus diffusées ; • On ne peut que remarquer, parmi les noms cités, la fréquence faible d’auteurs et de compositeurs contemporains vivants ainsi que la rare présence des femmes.
56. Parmi lesquels on ne retrouve aucun auteur contemporain : Ludovic Halévy et Henri Meilhac, Lorenzo Da Ponte, Richard Wagner, Charles-Ferdinand Ramuz, Emmanuel Schikaneder, Felice Romani, Francesco Maria Piave et Victor Hugo, Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, Nahum Tate, Hugo von Hofmannsthal et Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. 57. Parmi lesquels on retrouve en plus des auteurs déjà cités, quatre auteurs contemporains - Violaine Fournier, Philippe Dorin, Françoise Krief et Ève Delfiner- et également Carlo Goldoni, Adelheid Wette, Molière, Salvatore Cammarano, Bertold Brecht, Alfred Duru et Henri Chivot, Étienne Tréfeu, Adolphe Jaime, Jacopo Ferretti, Jules Barbier et Michel Carré et Charles Perrault. 58. Robert Carsen, Laurent Pelly, Olivier Desbordes, Bernard Jourdain, Giorgio Lalov, Jacques Osinski, Roberta Matelli et Emmanuel Marfoglia. 59. William Christie, Philippe Jordan, Dominique Rouits, Christophe Grapperon, Jérémie Rhorer, Maxime Pascal, Daniel Oren, David Stern, Dominique Trottein, Jean-Christophe Spinosi et Jérôme Correas.
40 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Monsieur de Pourceaugnac Théâtre des Bouffes du Nord, direction musicale de William Christie et mise en scène de Clément Hervieu-Léger © Brigitte Enguerand
Les productions de théâtre lyrique
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Ce sont ces deux derniers constats qui nous amènent aux deux développements suivants consacrés aux compositeurs vivants de musique originale et au « genre » du théâtre lyrique.
Les productions aux musiques originales et écrites par un (ou plusieurs) compositeur(s) vivant(s) représentent 18 % des productions et 16 % des représentations.
Les compositeurs vivants de musique originale
Nous faisions état, dans les données globales, de 234 compositeurs différents identifiés, dont 102 compositeurs vivants. Parmi eux, 85 (soit 36 %) ont produit uniquement des œuvres originales, 16 ont travaillé à partir d’une ou de plusieurs œuvres déjà existantes, un compositeur s’étant livré aux deux exercices. Les 86 compositeurs vivants de musique totalement originale se sont investis dans 83 productions60, soit 18 % des productions pour 16 % des représentations. Dans le palmarès des compositeurs les plus diffusés, aussi bien en termes de productions que de représentations, on retrouve sans étonnement les compositeurs parmi les plus connus du répertoire du théâtre lyrique : Wolfgang Amadeus Mozart (compositeur le plus représenté avec 35 productions et 263 représentations), suivi par Giuseppe Verdi, Gioachino Rossini, Georges Bizet, Jacques Offenbach, Henry Purcell, Giacomo Puccini, Richard Wagner, Igor Stravinsky, Richard Strauss, Georg Friedrich Haendel, Jean-Baptiste Lully ou encore Gaetano Donizetti, Jean-Philippe Rameau, Benjamin Britten, Claudio Monteverdi, Joseph Haydn… C’est seulement à la 28e place des compositeurs dont les œuvres ont été le plus programmées qu’on retrouve le premier compositeur vivant, Alexandros Markeas, pour 80 millions de vues, Antigone recrucifiée et Courte longue vie au grand petit roi ! Huit autres compositeurs vivants ont écrit les musiques de deux productions diffusées : Coralie Fayolle, pour Lady Godiva, opéra pour un flipper et Le roman de Renart, Isabelle Aboulker pour Les Fables enchantées et Antoinette, la poule savante, John Adams pour Nixon in China et A Flowering Tree, Michaël Levinas pour La Métamorphose et Le Petit Prince, Philip Glass pour Les Enfants terribles et Einstein on the Beach, Thierry Machuel pour Le Duplicateur et Les Lessiveuses, Matteo Franceschini pour Zazie et Les Époux et enfin Tom Johnson pour Inventer de nouvelles erreurs et L’opéra de quatre notes. Si on étudie cette fois-ci les productions les plus représentées, on y retrouve une première création musicale originale en 23e place, écrite par Graziane Finzi, Peau d’âne et en plus de ceux que nous venons de mentionner, plusieurs autres ayant écrit la musique d’une production ayant été représentée au moins dix fois : Bruno Gillet, Aldo Brizzi, Betsy Jolas, Reinhardt Wagner, Michèle Reverdy, Marybel Dessagnes, JeanMarc Singier et Frédéric Verrières. Ces constats nous permettent de situer la place des compositeurs vivants au sein du théâtre lyrique et, plus généralement, celle accordée à la création musicale contemporaine, aux côtés du répertoire.
60. Le nombre de productions inférieur à celui des compositeurs s’explique par le fait que certaines créations musicales originales ont été écrites par plusieurs compositeurs vivants. À noter qu’en Île-de-France, il est assez rare qu’un compositeur vivant ait écrit la musique de plusieurs productions diffusées sur les cinq saisons de l’étude (cela concerne neuf compositeurs).
42 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Marie Hédin-Christophe, Fevis « Nous nous félicitons de la diversité de répertoires (baroque, création contemporaine) et du nombre de compositeurs vivants dans les résultats de cette étude. Ainsi, en complément du travail des grands lieux de référence et malgré une sérieuse prédominance du 19e siècle, la diversité et la créativité des productions lyriques est réelle autant dans Paris intra muros qu’en région. Cette même diversité se retrouve dans les effectifs, et il n’est pas anodin de souligner que si un tiers des productions impliquent un large effectif (chanteurs solistes, chœur et orchestre), 28 % comptent moins de 14 personnes impliquées. Ces petites formes permettent un rayonnement du répertoire dans de nombreux lieux au budget plus modeste. »
Le genre du théâtre lyrique
Sur l’ensemble des spectacles présentés sur les cinq saisons étudiées on constate une forte sous-représentation des femmes dans l’ensemble des métiers artistiques de création, que ce soit les metteurs en scène (23 % de femmes), les directeurs musicaux (14 %), les compositeurs (6 %) ou les auteurs (10 %). Ces résultats font écho aux différentes enquêtes menées dans le secteur du spectacle vivant. L’étude de l’Adami par exemple, publiée en juillet 2016, passe au crible 996 productions données en France et souligne que seulement 28 % des artistes engagés dans le domaine du spectacle vivant sont des femmes. Un pourcentage qui descend à 10 % pour la musique jazz, et augmente à 38 % en musique classique. L’enquête Où sont les femmes ? réalisée depuis 2012 par la SACD porte sur les 102 théâtres, orchestres et opéras subventionnés étudiés. En 2016, les pourcentages de la représentation féminine parmi les artistes programmés dans ces institutions sont les suivants : 2 % de compositrices, 5 % de librettistes.
On constate une forte sous-représentation des femmes dans l’ensemble des métiers artistiques de création : metteurs en scène (23 % de femmes), directeurs musicaux (14 %), compositeurs (6 %) ou auteurs (10 %).
La SACD poursuit son étude en rappelant « quelques chiffres parlants : dans les spectacles programmés par les théâtres nationaux, parmi les artistes impliqués, la part des femmes s’élève à 23 % ; au Festival d’Avignon, cette part monte à 29 % et dans les Centres dramatiques nationaux et régionaux, à 30 %. En musique, on ne compte que 7 % de femmes parmi les artistes (compositrices, chorégraphes, metteures en scène, librettistes, cheffes d’orchestre, solistes) programmés dans les festivals, dans les orchestres nationaux et dans les opéras. Dans les huit opéras qui en France ont présenté plus de dix spectacles cette saison, parmi les artistes impliqués, il n’y avait que 15 % de femmes. »61 Cette faible présence féminine soulignée par cette étude se traduit également pour le théâtre lyrique francilien et sur la période de l’étude, par une faible visibilité des artistes femmes. Ainsi, si l’on se concentre sur les artistes metteurs en scène, directeurs musicaux, compositeurs ou auteurs dont cinq spectacles ou plus ont été représentés sur l’ensemble des cinq saisons, une seule femme émerge ; il s’agit de la metteure en scène Roberta Matelli.
61. https://www.sacd.fr/les-femmes-dans-la-culture-les-chiffres-2016, dernière consultation le 28/03/2018.
Les productions de théâtre lyrique
43
Rappelons que sur les 467 productions recensées, 83 (soit 18 %) ont été écrites par des compositeurs vivants. Sans surprise, on compte très peu de femmes parmi les compositeurs morts. Sur les 28 compositrices recensées, seules trois ne sont plus vivantes. Les répertoires non contemporains sont en effet quasiment exclusivement masculins : il faut attendre les œuvres du 19e siècle pour voir apparaître des compositrices, mais même dans les créations musicales actuelles, elles n’excèdent pas les 22 %. Côté metteurs en scène, les femmes sont proportionnellement plus représentées dans les productions d’œuvres composites. Le répertoire jeune public semble plus investi par les femmes metteures en scène (41,5 % des effectifs), mais elles restent tout de même sous-représentées (par rapport à la proportion de femmes dans la population française). Les coproducteurs ne semblent pas s’engager de la même manière dans les projets des hommes et des femmes. Les projets portés par des hommes metteurs en scène sont plus souvent produits ou coproduits par une ou plusieurs maison(s) d’opéra que les mises en scène féminines (30 % des metteurs en scène hommes et 15 % des metteures en scène). Les femmes semblent par ailleurs davantage compter sur l’appui financier de compagnies – sans doute les leurs (25 % des femmes ont une compagnie pour coproducteur contre 19 % des hommes). On peut également se questionner sur l’influence de la variable genrée sur les trajectoires des spectacles et sur le type de lieux de diffusion – et par extension – les publics qu’ils touchent. Ainsi, les mises en scène masculines sont largement plus représentées dans les lieux « phares » que les féminines (47 % des metteurs en scène hommes ont été programmés dans un lieu identifié comme « phare » contre 29 % des metteures en scène). Les femmes sont plus présentes que les hommes dans les autres lieux dédiés (8,5 % des metteures en scène contre 3,7 % des metteurs en scène) et dans les lieux de formation musicale (2,8 % contre 1,5 %).
44 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
PRODUCTION ET COPRODUCTION DU THÉÂTRE LYRIQUE Les équipes productrices jouent un rôle prépondérant dans la création de spectacles de théâtre lyrique. Quelles sont-elles, sur la période considérée et sur le territoire francilien ?
Les acteurs de la production du théâtre lyrique en Île-de-France 486 structures productrices et/ou coproductrices de théâtre lyrique ont pu être identifiées pour 419 productions62. Sans évoquer pour le moment l’intensité de leur activité de production, on retrouve parmi ces 486 structures : • 158 théâtres (franciliens, ou pas, certains européens, voire internationaux), soit environ un tiers des producteurs et/ou coproducteurs ; • 128 ensembles et compagnies, soit un quart des producteurs et/ou coproducteurs ; • 54 maisons d’opéra, françaises, européennes et internationales ; • 44 festivals, eux aussi français et internationaux ; • Les 35 autres structures peuvent difficilement être rassemblées sous une même catégorie. On retrouve ici des collectivités territoriales, des associations, des organismes à but lucratif, des fondations, des lieux de formation… Ces différentes structures et types de structure n’ont pas le même mode d’intervention dans le montage des productions. Sur les 486 producteurs et coproducteurs différents recensés, on en compte 327 engagés sur une seule production (soit les deux-tiers environ). 166 producteurs ou coproducteurs se sont engagés sur plusieurs projets : • 74 sur 2 productions pour la période ; • 37 sur 3 productions ; • 13 sur 4 productions ; • 11 sur 5 productions ; • 12 pour 6 productions ; • 4 pour 7 ; • 3 pour 8 ; • 2 pour 9 ; • et 10 producteurs ou coproducteurs pour 10 productions et plus.
62. Information manquante pour 46 productions, soit 10 % environ. Les pourcentages présentés dans cette sous-partie ont été calculés sur la base de ces 419 productions.
Production et coproduction du théâtre lyrique
486
structures productrices et/ou coproductrices de théâtre lyrique ont pu être identifiées pour 419 productions.
327
producteurs ou coproducteurs se sont engagés sur une seule production durant la période, soit les deux-tiers environ.
42
producteurs ou coproducteurs se sont engagés dans au moins cinq productions sur la période, soit en moyenne dans au moins une production par saison.
45
42 producteurs ou coproducteurs se sont donc engagés dans au moins cinq productions sur la période, soit en moyenne dans au moins une production par saison. On retrouve parmi ces 42 producteurs et coproducteurs : • 4 maisons d’opéra franciliennes : l’ONP, l’Opéra Comique, l’Opéra de Massy, l’Opéra royal de Versailles ; • 7 maisons d’opéra « en région » : l’Opéra de Reims, l’Opéra de Saint Étienne, l’Opéra d’Avignon, l’Opéra de Rouen Normandie, l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, l’Opéra de Lille, l’Opéra de Marseille ; • 2 maisons d’opéra européennes : la Royal Opera House de Londres, l’Opéra de Lausanne ; • 6 théâtres franciliens, dont deux Scènes nationales et une Scène conventionnée : le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines/Scène nationale, la MC93/Scène nationale de Seine-Saint-Denis, le Centre des bords de Marne/Scène conventionnée d’intérêt national, le Théâtre des Champs-Élysées, le Théâtre du Châtelet, le Théâtre des Bouffes du Nord ; • 4 théâtres « en région », dont deux Scènes nationales : Les 2 Scènes/ Scène nationale de Besançon, le Théâtre de Caen, La Coursive/ Scène nationale de La Rochelle, le Théâtre du Capitole de Toulouse ; • 4 théâtres européens : Les Théâtres de la ville de Luxembourg, le Théâtre Royal de la Monnaie, le Teatro Real de Madrid, le Gran Teatre del Liceu de Barcelone ; • 11 ensembles et compagnies, avec parmi elles une majorité de structures soutenues par les politiques culturelles franciliennes : - l’Arcal, Compagnie nationale de théâtre lyrique bénéficiaire de la Pac ; - les ensembles Le Balcon et 2e2m, tous deux ayant obtenu le label Cerni-Compagnies et ensembles à rayonnement national et international, l’ensemble 2e2m, bénéficiant par ailleurs d’une Pac ainsi que d’un soutien de la part de l’Onda ; - l’opéra Éclaté, nommée à la fin des années 1990 Compagnie nationale de théâtre lyrique et musical, aujourd’hui rattachée à la Scène conventionnée pour le Théâtre et le Théâtre musical de Figeac ; - T&M-Paris, ayant été soutenu par la Région Île-de-France via la Pac, mais également par la Drac Île-de-France et Arcadi ; - les compagnies Minute Papillon et Les Brigands, ayant fait l’objet d’un soutien de la part d’Arcadi ; ainsi que Les Frivolités Parisiennes, Opéra Côté Chœur et Le Renouveau lyrique, cette dernière structure produisant des spectacles diffusés en Île-de-France essentiellement au Théâtre du Casino d’Enghien-les-Bains ; • Et cinq structures plus spécifiques : le Centre Lyrique Clermont-Auvergne, le Centre de musique baroque de Versailles, le Palazzetto Bru Zane, l’Ircam et le Festival d’Aix-en-Provence. On note enfin que même en l’absence de festival dédié au théâtre lyrique en Île-de-France, ces derniers jouent un rôle important dans la production de cette discipline. Parmi les festivals, c’est celui d’Aix-en-Provence qui a le plus contribué à la coproduction des spectacles qui nous intéressent ici. On retrouve ensuite, à des niveaux similaires d’engagement en coproduction : • Des festivals franciliens : le Festival Baroque de Pontoise, le Festival d’Automne à Paris et feu le Festival d’Île-de-France ;
46 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Orfeo / Je suis mort en Arcadie La vie brève, direction musicale de Florent Hubert et mise en scène de Samuel Achache et Jeanne Candel. © Jean-Louis Fernandez
Production et coproduction du théâtre lyrique
47
• Plusieurs autres festivals français, de musique dite classique et/ ou contemporaine essentiellement, parfois des festivals pluridisciplinaires ou orientés vers une autre discipline artistique : le Festival Musica Nigella (Pas-de-Calais), le Festival Jean de la Fontaine (Château-Thierry), le Festival de musique baroque d’Ambronay (Ain), le festival Musica de Strasbourg, le Festival de théâtre de Figeac (Lot), celui de Saint-Céré (dans le Lot également, dédié à l’opéra), le festival pluridisciplinaire « jeune public » À Pas Contés (Dijon), le Festival baroque de Sablé-sur-Sarthe, le Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières, le Festival Radio France Occitanie Montpellier, le Festival de danse et des arts multiples de Marseille (FDAmM) ; • Des festivals européens : le Festival de Salzbourg (Autriche), le Festival Archipel-Genève (Suisse), le Chekhov International Theatre Festival (Moscou), le Theaterfestival Boulevard de Hertogenbosch (Pays-Bas), le Festival de la Comunidad de Madrid, l’Athens & Epidaurus Festival (Grèce), le Norfolk and Norwich Festival (UK), l’Edinburgh International Festival, le Napoli Teatro Festival Italia ; ainsi que trois festivals plus lointains, le Spring Festival in Tokyo, le Singapore International Arts Festival et enfin le Spoleto Festival de Charleston (USA).
Le montage des productions Quels types de collaborations s’opèrent pour financer les productions du théâtre lyrique ? Ces montages financiers ont-ils un impact sur la diffusion de spectacles sur un territoire donné ? Comprendre ce mécanisme économique apporte un autre éclairage aux éléments précédemment analysés.
Nombre de producteurs par productions Nombre de producteurs
Nombre de productions
% nombre de productions
Non réponse
48
Hors %
1
156
37,2 %
2
114
27,2 %
3
60
14,3 %
4
37
8,8 %
5
22
5,3 %
6
12
2,9 %
7
7
1,7 %
8
5
1,2 %
9
1
0,2 %
10
2
0,5 % 0,5 %
11
2
15
1
0,2 %
Total
467
100 %
Une grosse majorité des productions, 64 %, a été portée par un ou deux producteurs. Plus d’un tiers des productions a été porté par un seul producteur, un autre gros tiers par deux ou trois coproducteurs, le petit tiers restant par davantage de partenaires de coproduction, le nombre de productions baissant au fur et à mesure que le nombre de coproducteurs augmente.
48 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Les productions portées par un seul producteur
156
productions sur 419 ont été produites par un seul acteur, soit plus du tiers des productions recensées sur la période.
56
productions diffusées en Île-de-France entre 2011/2012 et 2015/2016 sur 467 (soit 13 %) ont été produites par une seule compagnie ou un seul ensemble.
Ces 156 productions ont impliqué 84 producteurs uniques. On doit souligner ici la place singulière de l’Opéra national de Paris qui produit 40 spectacles ; soit un quart des productions portées par un seul acteur et plus de la moitié des productions soutenues par une maison d’opéra seule. Ce sont en outre 75 productions qui ont été portées uniquement par une maison d’opéra, soit près de la moitié des productions financées par un seul acteur. Les 35 productions portées par une maison d’opéra autre que l’ONP ont engagé deux maisons d’opéra franciliennes, l’Opéra Comique et l’Opéra royal de Versailles, mais également neuf maisons d’opéra hors Île-de-France, sept maisons d’opéra européennes et neuf maisons d’opéra internationales (opéras chinois et vietnamien). 30 % des productions portées par un seul acteur sont des autoproductions issues de compagnies, près de 6 % l’ont été par un ensemble, soit au total 56 autoproductions émanant d’une compagnie ou d’un ensemble : • 5 compagnies françaises, 23 franciliennes, 2 européennes et 2 internationales ; • 7 ensembles franciliens et un dernier non francilien. 10 % des productions (16) ont été portées par des théâtres : • Trois théâtres parisiens, dont le Théâtre du Châtelet et le Théâtre des Champs-Élysées qui ont chacun porté seul cinq productions, ainsi que le Théâtre Artistic Athévains, pour une production ; • Un théâtre de grande couronne francilienne (Herblay) et un théâtre new-yorkais. Les productions financées uniquement par un acteur privé, un festival ou encore unes collectivité territoriale sont beaucoup plus marginales. 48 % des productions financées par un seul acteur économique le sont par une compagnie seule ou un ensemble ou par une maison d’opéra. Ce sont ces deux formes de montage de production que nous allons explorer.
Les autoproductions portées par une compagnie ou un ensemble
56 productions diffusées en Île-de-France entre 2011/2012 et 2015/2016 sur 467 (soit 13 %) ont été produites par une seule compagnie ou un seul ensemble. Elles ont concentré 583 représentations, soit environ 17 % des représentations totales de théâtre lyrique sur la période. Le nombre de ces autoproductions sur les quatre premières saisons est relativement stable (18 pour la saison 2011/2012, 11 en 2012/2013, 17 en 2013/2014 et 19 en 2014/2015) mais accuse une chute en 2015/2016 avec sept autoproductions seulement. Les 39 ensembles et compagnies autoproducteurs ont, pour une très grande majorité, proposé une seule autoproduction durant la période considérée. Une compagnie, celle du Renouveau lyrique, a produit sept spectacles, la compagnie Minute Papillon quatre, l’ensemble Le Balcon et les compagnies L’Envolée lyrique et Les Frivolités Parisiennes ont chacun autoproduit trois spectacles et enfin, les compagnies Opéra Côté Chœur et Opéra 2001 ont autoproduit chacune deux productions sur
Production et coproduction du théâtre lyrique
49
la période. Les 32 autres ensembles et compagnies (soit 82 % des structures autoproductrices) ont produit une seule proposition de théâtre lyrique diffusée sur la période considérée. Ces autoproductions sont caractérisées par quatre éléments dont le premier est la surreprésentation des petites formes63. On compte en effet, dix productions ayant mobilisé entre un et quatre artistes au plateau et 13 entre cinq et neuf ; près de la moitié des autoproductions relève de la (très) petite forme. On rappelle que presque un tiers des petites formes a été autoproduit. Deuxième élément : la surreprésentation du « jeune public ». 13 autoproductions accompagnées par une compagnie ou un ensemble sont affichées « jeune public », ce qui représente près d’un quart de ces dernières, alors que les productions « jeune public » représentent 11,5 % de l’ensemble des productions (54 « jeune public » au total). Plus précisément encore, on observe une surreprésentation du « jeune public » ayant bénéficié d’un très bon niveau de diffusion en Île-deFrance. Sur les 13 autoproductions « jeune public », six affichent plus de 20 représentations, dont La Voilà la voix de Lola, de la compagnie Paris Lyrique qui, toutes productions confondues, est celle qui comptabilise le plus de représentations (152). On observe également deux productions respectivement à 88 et 89 représentations : Grat’moi la puce que j’ai dans l’Do, de la compagnie Minute Papillon, et Jacques Offenbach et la mouche enchantée, de la compagnie Paris Lyrique une fois encore. Il s’agit de trois petites formes, comme la grande majorité des autoproductions « jeune public », pour lesquelles on connaît le format. Celle qui comptabilise le plus d’artistes, Tout est vanité proposée par Les Cris de Paris, rassemble 14 artistes « au plateau » (à partir de 11 ans). On rappelle que le nombre moyen de représentations pour le théâtre lyrique « jeune public » est de 14. Les autoproductions « jeune public » dont il est question ici affichent une moyenne de 32 représentations. Enfin, quatrième et dernière caractéristique : la surreprésentation des créations musicales originales, des œuvres composites ainsi que du répertoire du 19e siècle. Environ 20 % des autoproductions de compagnies ou d’ensembles sont des créations musicales originales alors qu’elles représentent 15 % des productions. Ce chiffre est le même pour la part des œuvres composites (qui représentent 10 % des productions). Le répertoire du 19e siècle est également surreprésenté, puisque 41 % des autoproductions des compagnies ou ensembles sont des œuvres appartenant à ce répertoire, contre 32 % de l’ensemble des productions. Les autres répertoires sont sous-représentés, plus particulièrement celui du 20e siècle (5 % des autoproductions de compagnies ou d’ensembles, contre 15 % de l’ensemble des productions). Par ailleurs, ces 56 autoproductions ont été jouées, en moyenne, dans un peu plus de lieux (2,7 en moyenne) que l’ensemble des productions de théâtre lyrique (1,92 lieu en moyenne pour les 467 productions) ; mais les écarts sont faibles et la médiane identique (1 lieu).
63. Pour les 48 productions pour lesquelles nous avons l’information.
50 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Parmi la centaine de lieux qui a accueilli ces productions64, on retrouve essentiellement des théâtres de ville65, dont certaines Scènes conventionnées66 et des lieux non dédiés à la diffusion de spectacles67, mais également, dans une moindre mesure, des lieux « phares »68 et des théâtres privés69. Ces autoproductions n’ont été jouées dans aucune Scène nationale et aucun CDN d’Île-de-France.
Marie Hédin-Christophe, Fevis « Les compagnies et ensembles indépendants sont particulièrement représentés dans cette étude, notamment au titre de leur rôle de producteur, puisque 30 % des productions portées par un seul producteur le sont par une équipe artistique indépendante, soit 56 autoproductions sur les cinq ans. Ce chiffre est à comparer aux 65 productions portées notamment par des ensembles qui ont été co-produites. Environ 45 % des productions franciliennes lyriques auxquelles les ensembles participent sont des autoproductions. Les contributions du Palazetto Bru Zane, du CMBV, des festivals sont essentielles pour soutenir ce travail des compagnies. Ces productions autoproduites correspondent à 583 dates, soit 17 % des représentations totales. Cette réalité montre leur dynamisme mais pousse à l’inquiétude, car les lieux qui programment ces équipes deviennent donc très souvent des lieux de diffusion, sans avoir les moyens d’investir ou de co-investir. C’est pourquoi les lieux qui accueillent ces projets sont quasiment intégralement des théâtres de ville et Scènes conventionnées. La prise de risque artistique et financière devrait pourtant être partagée, surtout dans le cadre de productions lyriques particulièrement complètes dans les disciplines qu’elles convoquent. Or, une simple diffusion ne pousse pas non plus le partenaire à s’approprier et faire rayonner le projet. Les outils qui permettent et encouragent la coproduction, comme Arcadi, sont donc essentiels ».
Les 75 productions portées par une seule maison d’opéra
75
productions diffusées en Île-de-France entre 2011/2012 et 2015/2016 (soit 18 %) ont été produites par une seule maison d’opéra.
Représentant 18 % des productions, elles présentent des caractéristiques spécifiques. Si on peut constater de forts écarts entre le nombre minimum (1) et maximum (33) de représentations pour ces productions, leur moyenne est plus élevée que la moyenne générale (8,3 pour les productions de maisons d’opéra, contre 7,5 pour l’ensemble des productions). La médiane est plus élevée (7 représentations) que la médiane globale (5) et est relativement proche de la moyenne. Cela signifie qu’il s’agit de productions qui, globalement, présentent des niveaux de représentations relativement similaires. Enfin, ces productions relèvent, de manière attendue, de la grande forme (presque la totalité des productions portées par une maison d’opéra) ainsi que du répertoire du 19e siècle (44 % des autoproductions de maisons d’opéra, contre 32 % des productions totales). Les parts des répertoires du 18e et du 20e siècles sont proches de celles qu’on observe au global. En revanche, le répertoire du 17e siècle y est sous-représenté (1,3 % des productions de maisons d’opéra contre 7 % des productions totales), ainsi que les créations musicales originales (1,3 % des autoproductions contre 10 % des productions totales), les œuvres composites étant presque absentes de ces autoproductions (on en comptabilise trois sur la période).
64. Certains lieux en ont accueilli plusieurs (28 lieux exactement). Ce sont ceux qui seront cités dans les prochaines notes de bas de page. 65. L’Orange Bleue d’Eaubonne, Le Nickel à Rambouillet, les Théâtres de Poissy et du Vésinet, le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Cyr-L’École, le Théâtre Pierre-Fresnay-Ermont-sur-Scènes et l’Espace Sarah Bernhardt de Goussainville. 66. La Barbacane à Beynes, le Théâtre Jean Arp de Clamart et le Théâtre Jean Vilar de Suresnes. 67. Dont une grande majorité de centres culturels : le Centre culturel Jacques Prévert à Villeparisis, le Centre culturel Yves Montand à Livry-Gargan, le Centre culturel et sportif Saint-Ayoul à Provins, La Ferme Corsange, Centre culturel de Bailly-Romainvilliers, le Centre culturel Marcel Pagnol à Bures-sur-Yvette et le Centre culturel Jean Vilar de Marly-le-Roi ; ainsi que le Théâtre du Casino d’Enghien-les-Bains. 68. L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, le Théâtre du Châtelet et le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines. 69. La Comédie Saint-Michel, le Théâtre de la Clarté, l’Espace Pierre Cardin et le Théâtre Marsoulan.
Production et coproduction du théâtre lyrique
51
Les coopérations dans les montages des productions Les coproductions
263 productions, soit 62 %, ont fait l’objet d’une coopération entre plusieurs acteurs dans le montage de la production. Ce sont au total 624 engagements en coproduction qui sont relevés sur la période et répartis comme suit :
62 %
des productions ont fait l’objet d’une coopération entre plusieurs acteurs dans le montage de leur production.
Nature des coproducteurs et nombre de coproductions Nombre de productions coproduites Maisons d’opéra
147
Théâtres
146
Compagnies
108
Ensembles
65
Festivals
48
Acteurs privés
37
Collectivités territoriales
18
Centres nationaux de création musicale (la Muse en circuit, le GMEM de Marseille et Césaré)
5
Autres
48
Total des engagements
624
Total des productions
263
Lecture : 147 productions ont été coproduites par une ou plusieurs maison(s) d’opéra et/ou par une ou plusieurs autre(s) structure(s) d’une autre nature.
Catherine Kollen, Profedim « Sous la diversité des productions et diffusion, co-existent en Île-de-France différents cercles de production de théâtre lyrique, qui sont chacun cohérents en termes de technique, de notoriété des artistes, de coûts et de prix des places, mais avec peu de porosité d’un cercle à l’autre sauf exception : • Les spectacles produits par les grands théâtres parisiens, en coproduction avec des opéras et festivals nationaux et internationaux – représentés à Paris mais peu en petite et grande couronne, notamment pour des questions de coûts ; • Les spectacles coproduits et tournant dans les Scènes nationales, théâtres de ville, théâtres parisiens de taille moyenne ou petite (y compris l’académie et le service jeune public de l’ONP dont l’économie se rapproche de ce cercle), Centres nationaux de création musicale, opéras de taille moyenne en région, festivals - en y incluant aussi des organismes tels que le Centre de musique baroque de Versailles et la Fondation Royaumont. C’est ce deuxième cercle qui permet l’irrigation des territoires d’Île-de-France au-delà de Paris. Dans ce réseau moins fortuné par rapport aux coûts de l’art lyrique, et moins spécialisé, les productions qui sont en itinérance sont souvent portées par des équipes artistiques ou lieux indépendants, en partenariat avec les lieux de diffusion de ce cercle. L’étude pointe l’importance du soutien public à la production pour une meilleure diffusion. L’articulation à rechercher en Île-de-France serait entre des équipes artistiques et des lieux disposant à la fois de budget de coproduction pour ce type de réseau et d’aide à la diffusion de la part des lieux. Le soutien d’Arcadi est aussi essentiel pour rapprocher des lieux moins spécialisés de spectacles de théâtre lyrique, d’autant plus dans un contexte de baisse budgétaire où les théâtres de ville ont été contraints de baisser le nombre de représentations et le format des spectacles lyriques accueillis. Cet accompagnement à la production et à la diffusion est également essentiel pour l’action culturelle, afin de soutenir des répertoires innovants ».
52 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016 Gianni Schicchi La Co[opéra]tive, direction musicale d’Emmanuekl Olivier et mise en scène de Benoît Lambert. © Simon Gosselin
Production et coproduction du théâtre lyrique
53
56 % des coproductions (147) ont engagé une (ou plusieurs) maisons d’opéra. Ce chiffre est sensiblement le même pour les théâtres, dont l’apport en coproduction concerne 55,5 % des productions observées. 41 % des productions (109) ont engagé des compagnies en coproduction. Un quart des productions (65) ont été coproduites par un (ou plusieurs) ensembles. Les maisons d’opéra, les théâtres, les compagnies et les ensembles sont ainsi les quatre types d’acteurs les plus fréquents dans le montage des productions de théâtre lyrique. Il ne faut pour autant pas négliger le rôle des opérateurs privés (37 engagements en coproduction) ainsi que celui des festivals, pourtant peu présents en Île-de-France qui ne compte pas de festival dédié au théâtre lyrique (48 engagements en coproduction). Le chiffre relativement élevé pour la catégorie « Autres » s’explique par la réunion de deux acteurs assez fortement impliqués dans la production de théâtre lyrique que sont le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) et le Palazzetto Bru Zane. Les « autres » coproducteurs sont des lieux de formation, des réseaux, des centres musicaux et des opérateurs de nature très diverse : médias, Caisse des dépôts, Acsé… Sur la question de la coproduction, les collectivités territoriales sont plus en retrait, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles ne jouent pas un rôle important dans le financement du théâtre lyrique. Elles peuvent en effet s’investir économiquement dans le fonctionnement des compagnies et ensembles, des théâtres et autres diffuseurs. La liste, ci-dessous, présente de manière plus détaillée, les types de coproducteurs ayant été engagés dans plus de dix coproductions :
Nature des coproducteurs engagés dans plus de dix coproductions Types de coproducteurs Maisons d’opéra françaises (hors Île-de-France) Compagnies franciliennes Théâtres européens Maisons d’opéra européennes Théâtres français (hors Île-de-France, SN, CDN et labellisés) Scènes nationales françaises (hors Île-de-France) ONP Ensembles français (hors Île-de-France) Théâtres parisiens Ensembles franciliens Festivals français (hors Île-de-France) Compagnies françaises (hors Île-de-France) Opéra Comique Théâtres de ville franciliens CNTLM(1) Scènes nationales Île-de-France Festivals européens Associations françaises Scènes conventionnées franciliennes Centres franciliens(2) Opéra de Massy Centres européens(3) Lieux de formation français(4) Entreprises privées françaises Compagnies européennes
Nombre de coproductions
%
81 56 45 44
10 % 8 % 6 % 5,6 %
43
5,4 %
34 33 30 29 29 27 25 24 24 23 19 16 15 15 15 12 11 11 11 11
4,3 % 4,2 % 3,8 % 3,7 % 3,7 % 3,4 % 3,2 % 3 % 3 % 2,9 % 2,4 % 2 % 1,9 % 1,9 % 1,9 % 1,5 % 1 % 1 % 1 % 1 %
(1) CNTLM : Compagnies nationales de théâtre musical : Arcal, Opéra Éclaté et Péniche Opéra. (2) Centres franciliens : Ircam, CMBV, Centre français de promotion lyrique. (3) Centres européens : Palazzetto Bru Zane de Venise, Concertgebouw Brugge et Centro cultural de Belem (Lisbonne). (4) Lieux de formation français : IIM de Charleville-Mézières, Académie européenne de musique du Festival d’Aix-en-Provence, École normale de musique de Paris, Campler (Perpignan), Université d’Angers, Créa-Centre d’éveil artistique, École nationale de musique de danse et de théâtre de Mantes-la-Jolie en Yvelines et CRR de Jouy-le-Moutier dans le Val-d’Oise.
54 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
On constate une forte présence des partenaires européens qui peut laisser imaginer une circulation européenne de certaines productions. Nous le verrons par la suite, les structures européennes s’associent le plus souvent à des lieux « phares » du théâtre lyrique en Île-de-France, comme l’Opéra national de Paris. Lorsque la production des spectacles est plus locale, elle se concentre, d’après les résultats, autour des compagnies, ensembles et théâtres franciliens.
Les coopérations
Les combinaisons les plus fréquentes entre structures coproductrices sont les suivantes :
Les maisons d’opéra sont au cœur des coopérations dans le montage des coproductions.
Configurations de coproductions observées pour plus de cinq productions Types de coproducteurs
Nombre de productions
% nombre de productions
Maisons d’opéra (2 ou plus)
29
11 %
Maison(s) d’opéra et théâtre(s)
28
10 %
Théâtre(s) et compagnie(s)
22
8 %
Compagnies et maison(s) d’opéra
14
5 %
Théâtre(s) et autre(s)(1)
10
4 %
Maison(s) d’opéra et autre(s)(2)
8
3 % 2,7 %
Compagnie(s), théâtre(s) et ensemble(s)
7
Compagnie(s) et ensemble(s)
7
2,7 %
Maison(s) d’opéra et festival(s)
7
2,7 %
Compagnie(s), théâtre(s) et maison(s) d’opéra
6
2,3 %
Maison(s) d’opéra et ensemble(s)
6
2,3 %
Autres coopérations
119
46 %
263
100 %
Total
(1) Les « autres » coproducteurs étant ici des lieux de formation musicale (pour quatre productions), Radio France (trois coproductions avec le TCE), le CMBV, le Palazzetto Bru Zane et un réseau, une société en participation, autour de la Co[opéra]tive, créé en 2014 et qui associe quatre théâtres (les Scènes nationales de Quimper, de Dunkerque, de Besançon et le Théâtre impérial de Compiègne). (2) Le Palazetto Bru Zane (6), le CMBV (1) et l’IRCAM.
Les maisons d’opéra sont au cœur de ces coopérations : on les retrouve dans sept des douze combinaisons observées. Les coproductions entre plusieurs maisons d’opéra et maison(s) d’opéra et théâtre(s) arrivent en tête, à ex-aequo, des modalités de coopération économique les plus fréquentes. Elles sont donc des supports économiques incontournables du théâtre lyrique. Les coopérations entre compagnies et théâtre(s) forment la troisième modalité la plus fréquente. Les coopérations réunissant plusieurs structures de même nature, hors celles qui réunissent plusieurs maisons d’opéra (deux, le plus souvent, mais jusqu’à cinq) sont peu fréquentes : on comptabilise quatre productions regroupant deux compagnies, trois autres réunissant deux acteurs privés et enfin cinq productions associant deux, trois ou quatre théâtres (pour une production). En tentant d’aller davantage dans le détail, en distinguant les inscriptions géographiques des structures et en faisant apparaître les noms
Production et coproduction du théâtre lyrique
55
des structures les plus actives, aucun modèle de coopération ne se dégage clairement. Le tableau ci-dessous, présente les modalités les plus fréquentes de coopérations.
Les types de coopérations les plus fréquentes dans le montage des productions de théâtre lyrique Types de coproducteurs ONP / Maison d'opéra européenne
Nombre de productions
% nombre de productions
14
5,3 %
Maison d'opéra française hors Île-de-France / Théâtre parisien
6
1,2 %
ONP / Scène nationale francilienne
5
1,9 %
ONP / Festival européen
4
1,8 %
Maison d'opéra française / Compagnie française
3
1,1 %
Théâtre de ville francilien / Lieu de formation français
3
1,1 %
Ensemble francilien / Compagnie francilienne
3
1,1 %
Maison d'opéra française / Ensemble français
3
1,1 %
Maison d'opéra française / Opéra de Massy
3
1,1 %
Opéra Comique / Maison d'opéra européenne
3
1,1 %
ONP / Maison d'opéra européenne / Maison d’opéra internationale
3
1,1 %
Compagnie francilienne / Scène nationale française / Scène conventionnée francilienne
3
1,1 %
Théâtre parisien / Autre structure(2)
3
1,1 %
(1)
(1) Notons que ces coproductions entre l’ONP et la MC93 ainsi que, pour l’une d’elles, le Théâtre de SaintQuentin-en-Yvelines, ont eu lieu dans le cadre de l’Atelier lyrique de l’ONP et ont fait l’objet d’une diffusion en dehors des murs de l’ONP ou dans son amphithéâtre. (2) On retrouve ici les trois coproductions du TCE et de Radio France.
Un nombre de coproducteurs élevé semble garantir un meilleur niveau de diffusion.
Coproduction et diffusion
Il s’agit ici de savoir si le nombre de coproducteurs peut être mis en relation avec le niveau de diffusion d’une production. Ainsi, bénéficier d’un nombre plus élevé de coproducteurs « garantit-il » une meilleure diffusion ? Cet exercice éprouve la limite du périmètre spatio-temporel de l’observation, mais tentons néanmoins d’en rendre compte pour le territoire francilien.
Moyennes et médianes de représentations et de diffuseurs par production selon le nombre de coproducteurs Nombre de producteurs
Nombre de productions
Moyenne nombre de représentations
Médiane nombre de représentations
Moyenne nombre de diffuseurs
Médiane nombre de diffuseurs 1
1
156
9,2
5
1,85
2
114
6
5
1,6
1
3
60
7,9
5
2,2
1
4
37
7,7
6
2,9
2
5
22
4,5
2,5
1,9
1
6
12
9,5
9
2,4
1
7
7
9,4
8
2
1
8
5
16,2
8
6,2
6
De 9 à 15 coproducteurs
6
4,5
3
1,8
1,5
56 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
D’après le tableau précédent, on peut souligner l’existence (relative) d’un lien entre le nombre de partenaires en coproduction et le niveau de diffusion des productions. En dehors des productions portées par une seule structure dont nous avons déjà largement fait état, il semble en effet que plus le nombre de coproducteurs est élevé, plus le nombre de représentations franciliennes des spectacles est important. Une bascule semblant s’effectuer entre les coproductions à quatre et les coproductions à six, où l’on constate une hausse significative du nombre des représentations (mais pas, ou dans une bien moins grande mesure, du nombre des diffuseurs franciliens). Les chiffres faibles de la diffusion pour certaines des 22 productions à cinq coproducteurs, de même que pour les six productions rassemblant le plus de coproducteurs s’expliquent sans doute par une diffusion forte hors Île-de-France. Pour résumer, un nombre de coproducteurs élevé semble garantir un meilleur niveau de diffusion.
Tableau récapitulatif des structures productrices et coproductrices PRODUCTEURS Nature des producteurs
Nombre de productions en tant que producteur unique
Maisons d’opéra
75
Théâtres dont théâtres de ville franciliens (avec Scènes conventionnées) dont théâtres de ville franciliens (sans Scènes conventionnées)
COPRODUCTEURS %
Nombre d’engagements en coproductions
%
48 %
147
24 %
16 1
10 % 0,6 %
146 40
23 % 6,4 %
1
0,6 %
24
3,8 %
Compagnies
46
30 %
109
17 %
Ensembles
10
6 %
65
10 %
Autres
3
2 %
48
8 %
Festivals
1
1 %
48
8 %
Acteurs privés
4
2 %
37
6 % 3 %
Collectivités territoriales
1
1 %
19
Centres nationaux de création musicale
0
0 %
5
1 %
156
100 %
624
100 %
Total
Lecture : 147 productions ont été coproduites par une ou plusieurs maison(s) d’opéra et par une ou plusieurs autre(s) structure(s) d’une autre nature.
Évolution sur cinq saisons
57
ÉVOLUTION SUR CINQ SAISONS Sur les cinq saisons étudiées, les évolutions souvent peu linéaires, rendent difficile la généralisation de grandes tendances. On peut toutefois dégager quelques lignes d’évolution, tant en termes de diffusion qu’en termes de montage de production.
Évolution de la diffusion Vue d’ensemble On constate une tendance à la baisse, irrégulière, du nombre de représentations, avec une différence importante de presque 300 représentations, entre 2011/2012 et 2015/2016. Nombre de représentations
Saison
On constate une tendance à la baisse du nombre de représentations entre 2011/2012 et 2015/2016.
Nombre de lieux
Nombre de productions
2011/2012
880
115
138
2012/2013
674
86
110
2013/2014
658
87
110
2014/2015
705
89
115
2015/2016
588
98
93
Pour la saison 2015/2016, il est important d’indiquer que deux lieux « phares » de la diffusion du théâtre lyrique étaient en travaux : l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et l’Opéra Comique. Ils cumulent à eux deux une centaine de représentations sur les autres saisons. Par ailleurs des grèves ont perturbé plusieurs représentations à l’Opéra national de Paris. Néanmoins, cela ne suffit pas tout à fait à expliquer la baisse du nombre de représentations alors que le nombre de lieux, lui, augmente. Pour comprendre la baisse relative du nombre de représentations, il faut examiner les évolutions des niveaux de représentations par types de lieux.
Nombre de représentations de théâtre lyrique par saison et catégorie de lieux Saison 2011/2012
Saison 2012/2013
Saison 2013/2014
Saison 2014/2015
Saison 2015/2016
Nombre de représentations total
Phares
406
399
391
406
323
1925
Théâtres de ville dont SC
176 19
137 29
116 20
169 36
114 16
712 120
Scènes nationales
25
32
11
3
41
112
CDN
21
17
0
10
10
58 326
Théâtres privés
100
16
99
77
34
Autres lieux dédiés
114
49
18
10
20
211
Lieux non dédiés
38
24
23
30
46
161
880
674
658
705
588
3 505
Total
58 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
C’est au niveau des théâtres de ville que l’on peut constater une baisse globale du nombre de représentations qui, conjuguée à celle observée dans les lieux « phares », explique la baisse du nombre total de celles-ci entre 2014/2015 et 2015/2016.
Nombre de lieux ayant diffusé du théâtre lyrique par saison et catégorie de lieux Nombre de lieux 2011/2012
Nombre de lieux 2012/2013
Nombre de lieux 2013/2014
Nombre de lieux 2014/2015
Nombre de lieux 2015/2016
Phares
10
10
10
10
8
Théâtres de ville dont Scènes conventionnées
66 10
54 12
50 10
54 8
38 8
Scènes nationales
4
4
4
2
7
CDN
2
3
0
2
3
Théâtres privés
8
2
3
4
5
Autres lieux dédiés
8
3
6
2
9
Lieux non dédiés
17
10
14
15
28
Total
115
86
87
89
98
C’est au niveau des théâtres de ville que l’on peut constater une baisse globale du nombre de représentations. Le nombre de lieux non dédiés a particulièrement augmenté entre 2014/2015 et 2015/2016.
L’augmentation du nombre de lieux de diffusion s’explique principalement par le nombre de lieux non dédiés qui a particulièrement augmenté entre 2014/2015 et 2015/2016. Si l’on pousse un peu l’étude de cette catégorie, on constate que le nombre de lieux de formation musicale et celui des équipements culturels ou socio-culturels est relativement stable sur les cinq saisons observées. En revanche, le nombre de lieux non dédiés tels que les salles des fêtes, les gymnases, musées, lieux de patrimoine et espaces en plein air a particulièrement augmenté entre 2014/2015 et 2015/2016, passant de sept à 17. Hormis la catégorie « phares », qui reste stable sur la période hors fermeture pour travaux, le nombre de lieux a également augmenté pour toutes les autres catégories sauf pour les théâtres de ville. La baisse du nombre de représentations dans ces lieux est corrélée au fait qu’un nombre réduit de théâtres de ville ait proposé du théâtre lyrique en 2015/2016. La baisse du nombre des théâtres de ville entre les saisons 2014/2015 et 2015/2016 concerne plus particulièrement trois départements. Il s’agit tout d’abord des Yvelines, avec 14 théâtres de ville diffuseurs de théâtre lyrique en 2014/2015 et seulement neuf en 2015/2016. Le Val-de-Marne, quant à lui, est passé de sept théâtres de ville à trois entre 2014/2015 et 2015/2016) et enfin les Hauts-de-Seine où l’on compte 13 théâtres de ville en 2014/2015 contre neuf en 2015/2016. En observant de plus près la programmation de théâtre lyrique des théâtres de ville entre 2014/2015 et 2015/2016, on constate que le nombre moyen de représentations par théâtre de ville reste inchangé, de même que la répartition des formes accueillies ainsi que des répertoires proposés (la part des créations et des œuvres composites reste similaire). La seule différence notable concerne la part des productions « jeune public » programmées : elles représentaient 26 % des productions proposées par les théâtres de ville en 2014/2015, leur part passe à 34 % en 2015/2016. On peut ainsi dire que les théâtres de ville qui ont continué à proposer du théâtre lyrique lors de la saison 2015/2016 l’ont fait, globalement,
Évolution sur cinq saisons
59
de manière identique à la saison précédente, en accentuant la part des productions « jeune public ». Les informations à notre disposition permettent de supposer une relation entre ces baisses et le contexte plus général de financement de la culture par les collectivités territoriales. Sans pouvoir le démontrer de manière systématique sur le périmètre de l’étude, on peut tout de même noter qu’entre 2015 et 2016, les villes de plus de 100 000 habitants ont connu une baisse de leurs budgets culturels70. De même, entre 2014 et 2015, le rapport de branche des entreprises artistiques et culturelles71 fait état, à périmètre constant, d’une réduction des effectifs et de la masse salariale, signe d’une réduction des financements pouvant également avoir une incidence sur les choix de programmation des lieux culturels. Ce constat général relatif aux financements du spectacle vivant a-t-il une répercussion sur les formes des productions proposées aux publics ? L’accentuation de la programmation des productions « jeune public » pointée entre 2014/2015 et 2015/2016 au niveau des théâtres de ville s’observe-t-elle sur l’ensemble des propositions de théâtre lyrique ?
Évolution de la diffusion du théâtre lyrique « jeune public »
On observe une dynamique positive à l’endroit des productions « jeune public ».
On retrouve bien à l’échelle régionale une dynamique positive à l’égard des productions « jeune public », et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, le nombre de productions « jeune public » programmées est plus élevé sur les deux dernières saisons (20 en 2014/2015 et 18 en 2015/2016) que sur les trois premières, où ce sont entre 13 et 17 productions qui ont été proposées chaque saison. En lien avec cette hausse mais également avec les niveaux de programmation des productions « tout public », la part que représente le jeune public dans les productions programmées chaque année a également augmenté sur les deux dernières saisons de l’enquête (d’environ 12 % de productions « jeune public » sur chacune des trois premières saisons, on passe à 17 et 19 % sur les deux dernières). Le nombre de représentations « jeune public » et la part qu’elles représentent sur l’ensemble de l’offre de théâtre lyrique ont connu une forte augmentation en milieu de période72, plus précisément à la saison 2013/2014. C’est à la saison suivante qu’on constate une augmentation du nombre de productions. On pourrait y voir l’effet d’une demande accrue de « jeune public » se matérialisant en 2013/2014 par une augmentation du nombre de représentations, puis, l’année suivante, par une augmentation des productions programmées ainsi que du nombre de représentations, la dynamique déjà à l’œuvre sur la saison précédente se poursuivant.
70. Sur un échantillon représentant un tiers des villes de plus de 100 000 habitants, on constate que : « la moitié d’entre elles affiche des budgets culturels en fonctionnement en baisse entre 2015 et 2016. Cette baisse atteint plus rarement les 10 % que pour les départements (…) Du fait de la place majoritaire des villes dans le financement culturel, l’impact sur les politiques territoriales d’une telle tendance à la baisse est particulièrement saisissant ». Observatoire des politiques culturelles, Note de conjoncture sur les dépenses culturelles des collectivités territoriales (2015-2017), janvier 2017. 71. Afin de neutraliser les effets de nomenclature et les changements de convention collective liés à l’extension du périmètre de la CCNSVP ayant conduit à une hausse importante du nombre de structures relevant de la CCNEAC, nous réfléchissons à périmètre constant, c’est-à-dire sur les 3 574 structures que l’on peut suivre de 2011 à 2015. On constate une baisse des effectifs et de la masse salariale entre 2014 et 2015, alors que pour les années précédentes, les chiffres étaient globalement en augmentation. Rapport de branche des entreprises artistiques et culturelles 2016. 72. Moins de 150 représentations sur chacune des deux premières saisons, entre 161 et 185 sur chacune des trois dernières, qui ont représenté environ 15 % du nombre de représentations de théâtre lyrique sur chacune des deux premières saisons, contre un peu plus de 25 % de l’ensemble des représentations sur chacune des trois dernières saisons observées.
60 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Évolution des formes
Le nombre des productions de « petites formes » reste relativement stable sur la période mais leur part au sein des productions et des représentations a tendance à croître. Les grandes formes occupent une place stable. C’est au niveau des formes intermédiaires que des évolutions à la baisse sont constatées.
On ne sera pas étonné, au vu de la forte connexion entre productions « jeune public » et « petites formes », que les dynamiques en jeu pour les productions « jeune public » se retrouvent lorsqu’on observe la diffusion des « petites formes ». En effet, même si le nombre des productions de « petites formes » reste relativement stable sur la période (entre 18 et 25 selon les saisons), leur part au sein des productions a tendance à croître (passant de 17 % des productions en 2011/2012 à 25 % en 2015/2016), de même que leur part de représentations, dépassant les 30 % sur les deux dernières saisons observées. Ce ne sont pour autant pas les « grandes formes » qui pâtissent de la part plus élevée prise au cours de la période par les « petites formes ». Certes, le nombre des productions « grande forme » accuse une baisse entre 2014/2015 et 2015/2016, qu’on peut attribuer en partie à la fermeture pour travaux de l’Opéra Comique. Pour autant la part des grandes formes ne chute pas entre ces deux dernières saisons et, sur la période globale, elle a même tendance à croître (passant d’environ 35 % sur les deux premières saisons à plus de 45 % sur chacune des trois dernières). Le nombre de représentations des « grandes formes » est légèrement plus faible en 2015/2016 que sur la saison précédente (une autre conséquence de la fermeture de l’Opéra Comique). Le niveau des représentations des « grandes formes » a légèrement augmenté sur la période (276 représentations en 2011/2012, 290 en 2015/2016). Quant à la part prise par les représentations des « grandes formes » sur l’ensemble de l’offre de théâtre lyrique, elle a même plutôt tendance à croître. Ainsi, en Île-de-France et sur la période considérée, les grandes formes occupent une place stable, avec même plusieurs indicateurs en légère hausse. C’est en fait au niveau des formes intermédiaires que des évolutions à la baisse sont constatées, tant en termes de nombres de productions73 et de représentations74 qu’en termes de part prise par les formes intermédiaires dans l’ensemble de l’offre de théâtre lyrique75 ; tous les indicateurs sont à la baisse sur la période, et ce de manière régulière76. Si l’idée selon laquelle les petites formes s’installent de plus en plus dans le paysage du théâtre lyrique francilien est confirmée, en revanche, la diffusion des grandes formes n’est pas impactée par les évolutions en cours sur le territoire francilien : ce sont les formes intermédiaires qui semblent pâtir de la plus grande diffusion des petites formes.
73. Passant de 64 productions en 2011/2012 à 27 en 2015/2016. 74. Passant de 389 représentations en 2011/2012 à 116 en 2015/2016. 75. Les formes intermédiaires représentaient 47 % des productions et 45 % des représentations en 2011/2012, elles ne représentent plus que 29 % des productions et 20 % des représentations en 2015/2016. 76. La fermeture de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet en 2015/2016 explique en partie ce constat particulièrement saillant entre les saisons 2014/2015 et 2015/2016 car ce théâtre a proposé sur les autres saisons des productions qui relèvent le plus souvent de ce format intermédiaire. Cela ne peut toutefois pas expliquer en totalité la dynamique observée, ni pour les différences constatées entre les deux dernières saisons de l’étude ni, bien évidemment, pour les précédentes.
Évolution sur cinq saisons
61
Évolution des modalités de coproduction Le nombre moyen de producteurs et de coproducteurs par production est stable sur la période : pour chaque saison il se situe entre 2,2 et 2,7.
Les coproductions sont passées de 53 % des productions diffusées en 2011/2012 à 67 % en 2015/2016.
Si l’on observe uniquement les productions ayant bénéficié de l’apport de plusieurs producteurs, on retrouve la stabilité observée au global. En effet, chaque production ayant fait appel à plusieurs coproducteurs a réuni, en moyenne, entre 3,2 et 3,8 coproducteurs. Si le nombre réel de coproductions n’a pas augmenté sur la période (on compte environ 60 coproductions chaque saison), on remarque cependant que la part des coproductions, sur l’ensemble des productions, croît régulièrement et de manière assez significative : les coproductions sont passées de 53 % des productions diffusées en 2011/2012 à 67 % en 2015/2016. Il y a donc eu entre 2011/2012 et 2015/2016 une augmentation de la part prise par les productions faisant appel à plusieurs partenaires de production. Qu’en est-il des productions ne faisant appel qu’à un seul producteur ? Elles sont, en toute logique, dans une dynamique inverse de celle observée pour les coproductions. Plus précisément, le nombre d’autoproductions77 portées par un ensemble ou une compagnie a peu évolué durant la période : on compte chaque saison entre 11 et 19 autoproductions issues d’un ensemble ou d’une compagnie, mais leur part au sein des productions a légèrement tendance à augmenter (13 % en 2011/2012, 16 % en 2015/2016).
Les maisons d’opéra sont davantage présentes en fin de période qu’en début de période dans les processus de coproduction.
77. Voir glossaire p. 68.
C’est au niveau des productions portées par une seule maison d’opéra que les évolutions sont les plus importantes : on en comptabilise 25 sur la saison 2011/2012, puis 20, 22, 12 et 7 sur les saisons suivantes. De plus, la part que prennent ces productions baisse sensiblement durant la période observée de 18 % en 2011/2012, les productions portées par une seule maison d’opéra ne représentent plus que 7,5 % des productions en 2015/2016. On note que cet affaiblissement de l’engagement des maisons d’opéra en tant que producteur unique concerne moins l’Opéra national de Paris que les opéras non franciliens et les opéras européens et internationaux. Il n’y a cependant pas de désengagement constaté des maisons d’opéra dans le processus de production du théâtre lyrique. Elles sont même davantage présentes en fin qu’en début de période dans les processus de coproduction (32 coproductions ayant associé au moins une maison d’opéra en 2011/2012, 37 en 2015/2016). On peut donc expliquer la baisse du nombre de productions portées par une seule maison d’opéra par un engagement plus fort de ces maisons dans des coproductions. On pourrait aussi supposer que les productions portées par une seule maison d’opéra non francilienne auraient connu en fin de période une diffusion sans passage par l’Île-de-France. Par ailleurs, sur l’ensemble de la période, les autres structures coproductrices de théâtre lyrique (compagnies, théâtres, ensembles, structures privées…) se sont globalement engagées dans autant de coproductions en début qu’en fin de période. Ainsi, à partir des évolutions constatées entre 2011 et 2016, c’est au niveau des maisons d’opéra que semblent se dessiner de nouvelles formes de coopérations dans le montage financier des productions.
62 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Pour une analyse partagée des résultats de l’observation PAR LES MEMBRES DU COMITÉ DE SUIVI
Les résultats présentés dressent un paysage du théâtre lyrique francilien aux réalités plurielles, tant du côté des acteurs impliqués, des projets présentés aux publics que des espaces de diffusion et des modalités de production des spectacles. Leur analyse ne peut de ce fait qu’être nuancée, contrastée. Dans ce secteur, foisonnant en Île-de-France avec chaque année une centaine de productions à l’affiche, on voit néanmoins apparaître une constante : l’importance du soutien public dans l’existence du théâtre lyrique. On l’observe aussi bien du côté des lieux de production et de diffusion, très majoritairement soutenus directement ou indirectement par les politiques publiques, que des équipes artistiques qui portent les projets de théâtre lyrique, aidées là aussi de manière directe ou indirecte par la puissance publique. Les résultats de cette observation doivent ainsi pouvoir interroger l’ensemble des acteurs professionnels du secteur mais également les acteurs institutionnels et politiques y œuvrant. Le terme désignant l’objet de cette observation - théâtre lyrique - a été choisi afin de rendre compte de l’ensemble des réalités esthétiques qu’il recouvre. Nous envisagions à l’origine de réaliser une étude sur « l’opéra », mais cette terminologie nous a semblé trop restrictive et surtout, souvent associée dans les esprits aux « maisons d’opéra ». Nous souhaitions élargir notre regard aux autres espaces de diffusion du théâtre lyrique, dont l’existence était certes une évidence mais que l’observation a permis - outre l’identification - de mesurer le poids. La présence et l’activité de ces lieux non dédiés à l’activité lyrique, à commencer par les théâtres de ville franciliens, posent la question de leur complémentarité avec les lieux spécialisés, au niveau de la diffusion des productions. C’est là notamment que l’on doit apporter toutes les nuances nécessaires que permettent les constats posés. On ne peut, par exemple, pas dire que le théâtre lyrique existe uniquement dans ses lieux spécialisés mais il faut néanmoins garder en tête le poids de l’Opéra national de Paris et celui des huit autres lieux « phares » de la diffusion du théâtre lyrique en Île-de-France. On ne peut pas non plus affirmer que ce sont les grandes formes et les œuvres majeures du répertoire lyrique, notamment celles du 19e siècle, qui sont jouées dans les lieux spécialisés alors que les autres lieux se chargeraient de la diffusion des autres propositions de théâtre lyrique, notamment les créations originales. Ce ne serait néanmoins pas tout à fait injustifié : les résultats montrent le rôle des lieux « phares » dans
Pour une analyse partagée des résultats de l’observation
63
Orfeo / Je suis mort en Arcadie La vie brève, direction musicale de Florent Hubert et mise en scène de Samuel Achache et Jeanne Candel. © Jean-Louis Fernandez
64 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Votre Faust La Cage, direction musicale de Laurent Cuniot (TM+) et mise en scène d’Aliénor Dauchez. © Victor Tonelli
la diffusion des grandes formes et des œuvres du répertoire, tandis que, notamment, les théâtres de ville sont plus actifs dans la diffusion des œuvres de création originale. C’est donc à une réalité contrastée que nous faisons face, nous engageant à ne pas penser le théâtre lyrique comme un univers figé, structuré autour de catégories de lieux aux identités artistiques clairement définies et distinctes. Ainsi, plutôt que d’envisager les programmations des types de lieux comme complémentaires les unes des autres, les résultats de l’observation encouragent à se questionner sur les articulations possibles entre les différentes logiques et contraintes (financières, techniques, politiques) des lieux de diffusion du théâtre lyrique sur le territoire francilien (voire sur l’ensemble du territoire français). Ces articulations pourraient même contribuer à offrir aux productions une meilleure diffusion. En effet, les niveaux de diffusion sont très faibles pour un nombre élevé de productions : peut-on imaginer une réponse à cette situation à travers une meilleure articulation des programmations de théâtre lyrique ? La constitution de réseaux de diffusion, dont il resterait à définir les acteurs (de même nature, ou pas ?), le périmètre (sur l’ensemble de la région Île-de-France ou de façon plus localisée ?) et l’objet (l’ensemble des productions de théâtre lyrique ou une partie d’entre elles – créations originales, formats intermédiaires… ?), pourrait être une réponse adaptée à la réalité de la diffusion en Île-de-France, à la pluralité des propositions artistiques et des lieux de diffusion potentiels. Par ailleurs, les résultats concernant les liens entre création originale, petite forme et « jeune public » peuvent questionner. On rappelle que, sur l’ensemble des productions observées, 11,5 % sont identifiées comme « jeune public », que 19 % sont des petites formes (jusqu’à 10 artistes) et que les créations musicales originales représentent 15 %. Sur ces trois segments de la production de théâtre lyrique, les corrélations sont assez fortes : la moitié des productions « jeune public » sont des petites formes, les grandes formes « jeune public » sont très minoritaires. Près du tiers des créations musicales originales sont des productions « jeune public » qui sont, pour les trois-quarts d’entre elles, des petites formes. Le lien entre création originale et « jeune public » peut s’expliquer par la relative jeunesse des propositions « jeune public » dans le théâtre lyrique mais pose dans le même temps la question du développement possible d’un répertoire contemporain de théâtre lyrique « jeune public ».
Pour une analyse partagée des résultats de l’observation
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Les évolutions constatées montrent également que la production de théâtre lyrique a orienté ses nouvelles propositions en direction du « jeune public » vers des petites formes, plus facilement diffusables et surtout moins coûteuses que des formes plus développées. Or, dans la volonté de rajeunir et de renouveler les publics du théâtre lyrique, on pourrait imaginer des propositions « jeune public » investissant davantage la grande forme (de la même manière que les productions « tout public » ont investi la petite forme). Cette question relative aux grandes formes pourrait par ailleurs se poser pour l’ensemble des créations originales. Sans prendre en compte les productions « jeune public » mais uniquement les créations originales « tout public », on remarque que la grande forme (plus de 30 artistes) est minoritaire, elle concentre 22 % des créations originales (et la moitié des productions en général). Certaines analyses déjà produites et notamment celles de Florence Forin78, font état de la difficulté tant des artistes que des directeurs de lieux à faire le pari artistique et financier de la création de grande forme. Ainsi, favoriser la création de nouvelles grandes formes nécessiterait sans doute de repenser le montage de ces productions, qui ferait peser la prise de risque artistique et financière sur un nombre assez élevé d’acteurs pour que chacun puisse y consentir à son niveau. Il s’agirait plus globalement de réfléchir aux conditions du soutien aux compositeurs vivants, voire même plus spécifiquement aux compositrices, les femmes étant encore très largement sous-représentées dans le secteur. Cette idée nous amène à un dernier constat qui transparaît à la lecture des résultats. Ces derniers soulignent le rôle essentiel des maisons d’opéra dans le montage des productions de théâtre lyrique. Ils font également état d’une multitude de formes de coopération entre toutes les structures engagées dans la production du théâtre lyrique : les maisons d’opéra, mais également les théâtres (labellisés ou non), les compagnies, les ensembles, les festivals, pour ne citer que les structures productrices les plus fréquentes. Si les coopérations existent bel et bien dans le montage des productions de théâtre lyrique, il ne semble pas exister de réels modèles de coproduction, qui pourraient chacun associer des configurations similaires de coproducteurs en vue de monter des projets artistiques aux caractéristiques communes (répondant notamment aux contraintes techniques des lieux de diffusion) et permettant de travailler leur modèle de diffusion dès l’étape du montage de la production. Nous l’avons vu dans les constats effectués, un nombre élevé de coproducteurs semble garantir une meilleure diffusion des productions, bien que certaines autoproductions puissent jouir d’un niveau élevé de diffusion. La perspective visant une plus forte structuration des possibles coopérations dans le montage des productions amène une série de questions qu’il faudrait résoudre avant de pouvoir aller plus loin dans l’analyse : quels types de coopérations - entre quelles structures, de même nature ou de nature différente, évoluant dans le même espace géographique, ou pas - serait-il intéressant de voir se développer ? La nouvelle carte des régions françaises, à la suite des différentes réformes institutionnelles et des dernières lois impactant la vie culturelle et artistique française amènent les maisons d’opéra « en région » à réfléchir à de nouvelles formes de coopération. Si le dynamisme du secteur est réel, les évolutions constatées en Île-de-France sur la dernière saison de l’étude amènent néanmoins à rester vigilant sur son avenir et sur la manière dont chacun, à son niveau et avec ses propres contraintes, peut contribuer à répondre aux différents enjeux que ce travail d’observation a permis d’éclaircir ou de mettre à jour. 78. Forin Florence, La création lyrique en France à l’aube du XXIe siècle. L’exemple de la commande d’État, Mémoire de Master 2 de recherche en Musicologie, sous la direction de Danièle Pistone, Université Paris-Sorbonne, 2014, p. 109-113.
66 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
ENCOURAGER LE DÉVELOPPEMENT DES ACTIONS DE MÉDIATION DÉDIÉES AU THÉÂTRE LYRIQUE
PAR CÉCILE PRÉVOST-THOMAS ET PAULINE VESSELY (LABORATOIRE CERLIS CENTRE DE RECHERCHE SUR LES LIENS SOCIAUX, UMR 8070-PARIS DESCARTES, CNRS, SORBONNE NOUVELLE)
Au cours des années 2010, le théâtre lyrique a connu plusieurs mutations artistiques, économiques et sociologiques observées par les professionnels du secteur (Rof et Fevis) sur l’ensemble ou une partie du territoire hexagonal. Proposer un focus dédié à la diffusion des productions d’art lyrique en Île-de-France sur cinq saisons, de 2011 à 2016, nous a permis de mesurer différentes évolutions qui corroborent et complètent ces études tout en soulignant la spécificité de ce territoire singulier. Si l’on observe une forte concentration des représentations dans des lieux « phares » dont huit sur dix sont parisiens, dans l’héritage d’un passé dont les traces esthétiques (répertoire des siècles passés, dont celui du 19e largement surreprésenté) et les empreintes sociologiques (public parisien et élitaire) sont toujours tenaces, l’augmentation de la diffusion de productions lyriques dans les lieux non dédiés traditionnellement à l’art lyrique comme des musées – autres lieux de patrimoine – ou des espaces en plein air, constatée sur les deux dernières saisons de l’enquête, correspond bien à la tendance actuelle que connaissent l’ensemble des arts vivants de se produire hors les murs habituels afin de séduire, de sensibiliser ou de fidéliser de nouveaux publics que ceux qui ont pour habitude de fréquenter les lieux consacrés, quelles que soient les disciplines étudiées (théâtre, danse, musique, etc.). Cette ouverture à des contextes de réception variés interroge la place des publics dans les enjeux de diffusion et de production des spectacles lyriques en Île-de-France. Comment ces transformations influent-elles sur la perception de l’opéra par les publics (ou sur l’identité même de ces publics) ? Comment l’opéra s’inscrit-il dans les pratiques culturelles des franciliens au regard des inégalités territoriales mises en avant par l’enquête ? Comment « implanter » l’opéra dans des territoires qui souffrent d’une offre limitée, du fait d’une présence insuffisante d’équipements culturels ou d’un manque d’engagement des programmateurs pour le spectacle lyrique ?
Encourager le développement des actions de médiation dédiées au théâtre lyrique
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Par ailleurs, la dynamique positive constatée à l’égard des productions « jeune public » s’inscrit dans la lignée politique de la priorité donnée au développement de l’éducation artistique et culturelle (EAC) même si l’on peut aussi imaginer un engouement partagé pour une dépense de coûts moindres engendrés par ce type de production de forme plus modeste en termes de matériel, de costumes, d’artistes mobilisés, de durée d’exploitation, etc. À ce titre, on peut souligner que les activités de médiation constituent un réel enjeu économique du champ lyrique. Face à la difficulté de diffuser et faire tourner des spectacles, les dispositifs de médiation et d’EAC permettent souvent d’assurer une stabilité financière à des équipes toujours sur le fil.
Action de médiation proposée par le Centre de musique baroque de Versailles avec la compagnie Arcal Lyrique Direction Catherine Kollen. © DR
En 1990, Florence Patureau présentait l’opéra comme un vrai défi79. Trente ans plus tard, celui des années 2020 sera probablement celui d’arriver à conjuguer plus encore une dynamique artistique qui ferait une part grandissante aux œuvres de notre temps (puisqu’elles représentent aujourd’hui moins d’un quart des productions et des représentations, la majorité d’entre elles étant représentées par les petites formes) associée à une accessibilité au répertoire lyrique pour le plus grand nombre. Ce défi pourrait ainsi être relevé à travers une offre plus régulière, plus équilibrée et plus pérenne sur l’ensemble du territoire francilien afin que la plupart des lieux de programmation du théâtre lyrique, ne le soient plus seulement de manière exceptionnelle et que ceux qui n’en programment pas encore soient intéressés par le développement de cette forme esthétique. Un tel programme devrait pouvoir être porté par une politique volontariste capable de poursuivre le travail mené depuis une dizaine d’années par de nombreux acteurs de terrains, dans les lieux reconnus (Opéra national de Paris, Opéra Comique, maisons d’opéra) avec des manifestations telles que Tous à l’Opéra!, portée par la Rof qui a fêté sa 12e édition en mai dernier ou des lieux non dédiés tels que les centres commerciaux avec par exemple le festival Opéra Côté Cour qui anime depuis sept ans le Cour Saint-Emilion à Bercy Village. Les activités menées par l’industrie cinématographique partie à la conquête du public de l’opéra présent et en devenir depuis 2008 pèsent aussi dans la balance pour toucher les spectateurs au plus près des territoires (en partenariat avec l’Opéra national de Paris, le développement de Viva l’opéra! propose des spectacles diffusés en direct dans les cinémas UGC depuis les théâtres lyriques participant à cette collaboration). Néanmoins, les activités de médiation spécifiquement dédiées au genre lyrique, le développement de plus en plus conséquent des programmes relevant de l’EAC (Dix mois d’école et d’opéra), le renouvellement démocratique des formations dédiées à l’art lyrique (Maîtrise populaire de l’Opéra Comique), l’ouverture des lieux et le développement grandissant de programmation hors les murs de formats réduits qui ne dénaturent pas les œuvres (Ring de Poche proposé par l’Orchestre français des Jeunes) sont autant de nouveaux défis à poursuivre afin de rendre enfin l’opéra réellement populaire sur l’ensemble du territoire francilien et au-delà, l’Opéra Bastille n’ayant peut-être pas su finalement relever seul ce défi qui lui était pourtant attribué avant même son ouverture il y a déjà trente ans !
79. Florence Patureau, « Le défi Opéra », dans Les Malheurs d’Orphée, Culture et profit dans l’économie de la musique, Robert Wangermée (dir.), Bruxelles, Pierre Mardaga, 1990, p. 313-322.
68 Le théâtre lyrique en Île-de-France de 2011 à 2016
Glossaire Autoproduction
Une autoproduction est une production portée financièrement par un seul acteur économique impliqué dans le projet artistique.
Autre lieu dédié à la diffusion de spectacle vivant
A été considéré ici comme autre lieu dédié à la diffusion de spectacles tout lieu dont l’activité principale est la diffusion de spectacles et qui n’est ni un théâtre de ville, ni une scène labellisée, ni un théâtre privé. On retrouve dans cette catégorie quatre types de profils : des salles de diffusion musicale, des compagnies disposant d’un lieu de diffusion, des établissements culturels de la Ville de Paris et des lieux parisiens de diffusion de spectacles financés par la Ville de Paris et d’autres partenaires publics financiers.
Centre dramatique national - CDN
Les Centres dramatiques nationaux (CDN) sont des structures dirigées par un ou plusieurs artistes directement concernés par l’art dramatique. Il leur est confié une mission d’intérêt public de création dramatique, dans le cadre d’une politique nationale de développement de l’art du théâtre. 38 CDN sont répartis sur l’ensemble du territoire national.
Création
Sont considérées dans ce travail comme créations les productions qui mettent en scène une œuvre musicale originale.
Jeune public
Un spectacle jeune public s’adresse spécifiquement à un public d’enfants et/ou d’adolescents, souvent accompagné d’adultes qui les encadrent.
Médiane
La médiane partage la série de valeurs en deux parties de même effectif.
Œuvre composite
Ont été considérées comme œuvres composites les propositions faisant à la fois appel à des œuvres déjà existantes et à un travail de création artistique.
Production
Une production correspond à un spectacle : un projet artistique qui met en scène une œuvre, qu’elle soit inédite ou ancienne. Elle fait intervenir une ou plusieurs équipes artistiques et est produite financièrement par une ou plusieurs structures qui peuvent être différentes des équipes artistiques créatrices. Dans cette étude, une production diffusée dans un lieu n’est pas nécessairement produite ou coproduite par le lieu diffuseur.
Répertoire
Le répertoire constitue une catégorie d’œuvres partageant un certain nombre de traits communs : une même époque, un même courant artistique, un même compositeur, un même instrument, les mêmes qualités techniques requises, un même style, etc. Nous avons décidé pour cette étude d’atteindre les répertoires à partir des siècles de création de l’œuvre interprétée.
Scène conventionnée - SC
L’association des Scènes conventionnées les définit comme suit : « Les Scènes conventionnées sont des établissements professionnels dédiés au spectacle vivant, bénéficiant d’un lieu spécifiquement équipé et d’un projet artistique et culturel porté par un directeur autonome dans ses choix artistiques, accompagné par une équipe professionnelle lui permettant d’inscrire son projet et son fonctionnement sur un territoire. »
Scène nationale - SN
Label accordé par le ministère de la Culture à des théâtres publics français. Une Scène nationale est un lieu de production et de diffusion de la création contemporaine dans le domaine du spectacle vivant.
Série
Nombre de représentations ayant lieu dans le cadre de la diffusion d’une production dans un même lieu.
Théâtre de ville
Lieux de diffusion pluridisciplinaire de spectacle vivant majoritairement financés par les communes et intercommunalités.
Théâtre lyrique
Ensemble des productions artistiques où théâtre, musique et voix sont imbriqués et sont au centre du projet artistique. Ces productions font appel à des instrumentistes, des chanteurs lyriques présents sur scène, parfois des acteurs, incluent des formes diverses de narrativité et font éventuellement appel à d’autres disciplines artistiques (danse, arts plastiques…).
Collection Cultures en Île-de-France En 2012, Arcadi Île-de-France a lancé la série de publications « Cultures en Île-de-France », afin de mieux diffuser les données recueillies, les analyses produites et leurs mises en perspective. Tout est mis en œuvre pour qu’elles soient au service de l’action, c’est-à-dire qu’elles constituent un point de départ pour une réflexion collective et partagée avec l’ensemble des acteurs concernés.
Cultures en Île-de-France #1 Décembre 2012
Cultures en Île-de-France #2 Février 2013
Territoires de la danse en Île-de-France
La diffusion des spectacles de danse en Île-de-France de 2003 à 2012
Cultures en Île-de-France #3 Février 2014
Cultures en Île-de-France #4 Décembre 2014
La culture au tournant métropolitain. Ce que l’intercommunalité fait de la culture en petite couronne francilienne
Les spectacles en Île-de-France (2011/2012). État des lieux
Cultures en Île-de-France #5 Décembre 2015
Cultures en Île-de-France #6 Juin 2016
Approche de l’activité des théâtres de ville franciliens (2012-2013). Un portrait économique des scènes publiques permanentes
Diversité musicale et répartition territoriale dans les théâtres de ville franciliens
Arcadi Île-de-France est un établissement public de coopération culturelle pour les arts de la scène et de l’image en Île-de-France (EPCC) créé par la Région Île-de-France et l’État (Drac Île-de-France). Il accompagne dans la durée les porteurs de projets dans les domaines des arts de la scène (chanson, danse, opéra et théâtre) et des arts numériques, en leur apportant des aides financières et un soutien au développement professionnel, afin d’améliorer la production, la diffusion et la reprise des projets d’une part, et de soutenir le développement et la structuration des équipes, d’autre part. L’établissement encourage la recherche artistique, les démarches innovantes, la mutualisation, les évolutions et les nouvelles pratiques propres au secteur artistique et culturel, et contribue à la réflexion sur les problématiques qui le traversent. Dans le cadre de sa mission d’observation culturelle, il initie, coordonne et réalise des études. Il soutient la conception et la mise en œuvre de projets de sensibilisation, de médiation et d’action artistique et culturelle à destination des publics franciliens, à travers la mission Médiateur culturel dans les lycées d’Île-de-France et le dispositif Passeurs d’images. Il organise Némo, Biennale internationale des arts numériques - Paris / Île-de-France.
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Contact
Stéphanie Molinero, responsable de l’observation culturelle : stephanie.molinero@arcadi.fr
Arcadi Île-de-France
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