Work-Place Studio Mumbai

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WORK-PLACE STUDIO MUMBAI éditions Archizoom





WORK-PLACE STUDIO MUMBAI éditions Archizoom

Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition Work-Place produite par Studio Mumbai pour la Biennale d’Architecture de Venise en 2010, puis présentée du 4 mars au 23 avril 2011 à Archizoom, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Published in conjunction with the exhibition Work-Place produced for the Venice Architecture Biennale in 2010 and presented from the 4th of March until the 23rd of April in the Archizoom’s gallery at the Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne.


Exposition / Exhibition Commissariat général / Curator Bijoy Jain - Studio Mumbai Direction Archizoom / Archizoom Director Cyril Veillon Comité Archizoom / Archizoom board Harry Gugger, Dieter Dietz, Jeffrey Huang - professeurs EPFL Conception et montage / Design and set-up Samuel Barclay, Tejaram Suthar, Kartharam Suthar - Studio Mumbai Administration et coordination d’événements / Administration and events coordinator Carole Schwab Logistique, planning et production / Logistic, planning and production Jean-Robert Gros Conception graphique / Graphic design Atelier Poisson Traductions / Translations Josephine Macintosh Montage / Setting up of the exhibition Patrick Ayer, Steve Berger, Stefania Boggian, Jérôme Clot, Maxime Florean, Mickaël Pinheiro, Bérénice Pinon, Benjamin Schütz, Livia Wicki Vidéo / Video Charles Brepsant edition Editeur / Editor Cyril Veillon Conception graphique / Graphic design Atelier Poisson Photographies / Photographs © Studio Mumbai sauf : Hélène Binet (pp. 28, 29, 30, 31, 40, 41, 46, 47, 51, 52, 54, 55, 56, 57, 58 (sauf image en bas à gauche), 59, 60, 61 (image du haut), 62, 63, 64, 65 (image du haut), 66 (sauf image en bas à droite), 67, 68) / Ariel Huber (pp. 15, 16, 18, 19, 20, 21, 70, 73 (image du bas), 94) / Thomas Jantscher (couverture + pp. 14, 17) Traductions / Translations Isabelle D. Taudière (F), Josephine Macintosh (GB) Relecture / Proofreading Nadja Maillard (F), Josephine Macintosh (GB) Photolitho Scan graphic, Nyon Impression et reliure / Printing and binding Presses Centrales, Lausanne Publié par / Published by Archizoom, EPFL ENAC, Lausanne, Switzerland http://archizoom.epfl.ch ©2011, Archizoom EPFL, Studio Mumbai, photographers, the designer and authors. All right reserved. Archizoom est une unité de l’Institut d’Architecture de la Faculté ENAC ; elle bénéficie du soutien financier des entreprises Holcim, Getaz Romang et Makro Art. Archizoom is part of the Architecture Institute of the ENAC Faculty. Additional funding is provided by the companies Holcim, Getaz Romang and Makro Art.

Printed in Switzerland / Imprimé en Suisse

ISBN : 978-2-8399-0874-0


AVANT-PROPOS Cyril Veillon / directeur Archizoom « On peut certes avoir des idées bien arrêtées sur ce que devrait être l’architecture, mais encore faut-il comprendre pourquoi les choses se font d’une certaine façon et pas d’une autre. » Cette observation de Bijoy Jain, architecte fondateur de Studio Mumbai, révèle l’un des principaux enseignements que je retiens de l’exposition Work-Place, qui recompose le fascinant laboratoire de construction d’un atelier d’architecture. En visitant l’exposition, nous comprenons que l’architecte adopte ici une position respectueuse des contingences du lieu – son histoire et son écosystème – et qu’il se met à l’écoute du savoir-faire des artisans de la construction. Il garde une position modeste, affirmant par ailleurs son rôle d’organisateur de l’espace, capable de tourner toute résistance à son avantage et de saisir l’essence d’un projet de construction avant d’en déterminer la forme architecturale. Les maquettes, prototypes et matériaux exposés composent le chaos apparent d’un atelier d’architecture, mais en y regardant bien pourtant, on voit s’établir des relations minutieusement équilibrées qui forment un tout. Une chambre improvisée entre des étagères et des carreaux posés au sol, un fragment de mur à l’échelle 1:1 se double d’un banc… l’installation Work-Place distille ses multiples possibilités, comme si chacun pouvait s’asseoir là, et participer au processus de construction collaborative du bureau d’architecture Studio Mumbai. Studio Mumbai est une infrastructure composée de quelques architectes et d’une centaine d’artisans – charpentiers, maçons, plombiers, électriciens ou tailleurs de pierre – engagés à plein temps dans le bureau. Leur travail est basé sur un dialogue constant : « En Inde, pays de 1,2 milliard d’habitants, la plupart des constructions se font sans architectes, et cela ne les empêche pas d’être humaines au sens le plus large. Cette réflexion est aussi un des aspects les plus critiques de notre travail… » relève Bijoy Jain. Par cette publication, nous souhaitons prolonger la portée de l’exposition en montrant les principales réalisations de Studio Mumbai. Pour décrire ces images, nous nous référons à la conférence inaugurale que Bijoy Jain a donnée à Archizoom le 3 mars 2011. Il ne s’agit donc pas ici d’une analyse exhaustive des bâtiments, mais d’une sélection d’exemples concrets qui apportent quelques clés de lecture sur cette architecture exceptionnelle. C’est également pour nous une manière de rendre hommage au travail des collaborateurs de Studio Mumbai et de les remercier pour l’intérêt et la générosité dont ils ont fait preuve envers Archizoom. L’exposition a été montée par Sam Barclay, architecte associé de Studio Mumbai, accompagné par les charpentiers Kartharam et Tejaram Suthar, et assisté par les étudiants en architecture de l’EPFL. Ce projet a été possible grâce au constant soutien du Conseil de direction d’Archizoom, de la direction de l’architecture à l’EPFL et de nos sponsors. Je remercie également les personnalités invitées pour la série de conférences organisée autour de l’exposition : Robert Mangurian, architecte et professeur à l’école d’architecture SCI-Arc en Californie, et ancien professeur de Bijoy Jain ; Martin Rauch, artiste devenu pionnier de la terre battue traditionnelle appliquée à la construction contemporaine ; Emilio Caravatti, architecte italien qui développe des projets de construction en coopération avec la population et l’organisation sociale de villages au Mali. L’architecte Diébédo Francis Kéré, invité pour ce cycle, a malheureusement été retenu, au dernier moment, au Burkina Faso suite aux événements politiques d’avril. Cette exposition et ce cycle de conférences auront sans aucun doute touché les étudiants en architecture et les visiteurs, sensibles à ces différentes approches d’une architecture basée sur l’expérimentation, à la fois éthique, philosophique et pragmatique.

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FOREWORD Cyril Veillon / director, Archizoom “We can have set ideas on what architecture should be, but this does in no way diminish the value of understanding why things are made one way rather than another.” This observation made by Bijoy Jain, the architect and founder of Studio Mumbai, reveals one of the principal teachings I have retained from the WorkPlace exhibition, which reconstitutes the engaging construction laboratory that is an architecture studio. While visiting the exhibition, we come to understand that this setting sees the architect adopting a respectful position in the face of the site’s contingencies – its history and its ecosystem – and attentively learning from the artisan’s skills and knowledge. He maintains a humble disposition, yet stands his ground as orchestrator of the space, able to turn any resistance to his advantage and capturing the essence of the project’s construction before deciding upon its architectural form. The models, mock-ups and materials exhibited express the chaos of architecture studios, however it is upon closer inspection that we realise that there are well thought-out and minute relationships balancing each part of the whole. From a room improvised from shelves and tiles placed on the floor to a fragment from a wall that doubles as a bench, the Work-Place installation expresses versatility – as if anyone could just decide to sit there and participate in Studio Mumbai’s collaborative construction process. Studio Mumbai is composed of a few architects and nearly a hundred craftsmen – carpenters, masons, plumbers, electricians, and stonecutters – all working full time. Their work is based on a constant dialogue: “In India, a country with a population of 1.2 billion, the majority of construction is carried out without architects, which does not prevent them from being human in the largest sense. This reflection also forms part of one of our work’s most critical aspect…” reveals Bijoy Jain. Our motivation for creating this publication is to extend the exhibition’s reach by showcasing Studio Mumbai’s distinct achievements. The descriptions that accompany the images are based on the inaugural lecture given by Bijoy Jain at Archizoom on 3rd March 2011. They are not detailed analyses of the buildings, but a selection of the key moments from the lecture and concrete examples of Studio Mumbai’s exceptional architecture. It is also an opportunity for us to honour the work that Studio Mumbai does and to thank them for the interest and generosity they have shown towards Archizoom. The exhibition was installed by Sam Barclay, associate architect of Studio Mumbai, who was accompanied by Kartharam and Tejaram Suthar, two carpenters from Studio Mumbai, and with the help of the EPFL architecture students. This project was made possible by the constant support of the Archizoom board, the EPFL architecture department direction, and our sponsors. I would also like to thank the speakers invited to the conference organised for the exhibition : Robert Mangurian, architect and professor at the SCI-Arc architecture school, California, and Bijoy Jain’s old professor ; Martin Rauch, artist-turned-pioneer of the application of traditional clay in contemporary construction ; Emilio Caravatti, Italian architect who develops construction projects in cooperation with the population and social organisation of villages in Mali. The architect Diébédo Francis Kéré, who was also invited, was unfortunately kept away in Burkina Faso following the political developments of April there. This exhibition and the associated conferences will undoubtedly remain in the minds of the architecture students and the visitors for its distinct approaches to architecture based on experimentation that is at once ethical, philosophical and pragmatic.

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Atelier Studio Mumbai, prÊparation pour l’exposition de la Biennale de Venise Studio Mumbai workshop, preparation for the Venice Biennale Exhibition.

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INTRODUCTION de l’exposition Harry Gugger / architecte, professeur EPFL Nous avons tous, un jour ou l’autre, éprouvé ce sentiment particulier face à un bon film. La salle vient tout juste de s’éteindre, le film commence à peine, et nous voici aussitôt plongés dans l’intrigue, captivés. Puis, en ressortant de la séance, il nous faut un moment pour retrouver nos marques dans le monde, avec ses soucis, ses responsabilités et ses plaisirs. Il est hélas trop rare que l’architecture parvienne à susciter une atmosphère de ce genre. Il n’est pour s’en convaincre qu’à regarder autour de nous. On serait bien en peine de trouver le moindre endroit, le moindre espace capable de créer une atmosphère aussi singulière, aussi envoûtante que celle d’un bon film. Or c’est exactement le sentiment qui m’a saisi l’année dernière, à la Biennale d’Architecture de Venise. En franchissant le seuil de l’espace d’exposition de Studio Mumbai, je me suis immédiatement trouvé transporté en Inde, dans un lieu inconnu et pourtant familier. Il y avait là le désordre caractéristique d’un atelier de travail, mais étrangement, chaque élément semblait parfaitement à sa place. Jusqu’aux ventilateurs accrochés au plafond, dont le ronronnement s’intégrait impeccablement au décor. J’ai tout de suite compris que j’aimerais plus que tout faire venir cette exposition ici, à Archizoom, projet qui, à ma grande satisfaction, a remporté l’adhésion inconditionnelle de mes collègues du Conseil de direction. Mais, au-delà de cette atmosphère puissante, pour quelles raisons tenais-je donc tant à présenter cette installation à l’EPFL ? D’un côté, je me demandais ce qu’elle pourrait donner dans notre espace d’exposition assez neutre. Garderait-elle tout son caractère et s’imposerait-elle avec autant de force que dans le magnifique environnement de l’Arsenal de Venise ? D’un autre côté, il me semblait important de rappeler le message inhérent de l’exposition dans notre école. La maquette est un outil de travail de première importance pour l’architecte. Un atelier des maquettes est indispensable pour former correctement nos étudiants et, de fait, pour pratiquer notre métier. Notre responsabilité est de garantir à nos jeunes étudiants l’accès à un atelier des maquettes équipé, et de leur faire comprendre ces conditions de travail propres à notre profession. Quel est donc le message que nous transmet cette exposition ? Je cite : « Studio Mumbai a transporté toute une partie de son matériel de travail pour reconstituer son atelier dans cette installation : maquettes, prototypes, outils, matériaux, meubles, etc. Cette attention portée au détail procède d’une volonté de disposer dans l’espace un catalogue précis de ce qui constitue un atelier d’architecture vu comme un laboratoire de construction. Le projet Work-Place ne se veut pas une vitrine de la production architecturale de Studio Mumbai, mais propose un lien direct avec son approche pragmatique de la discipline architecturale. » Écoutez ça : « une approche pragmatique de la discipline architecturale » ! Ne sommes-nous donc pas des gens très pragmatiques, en Suisse ? Et n’est-ce pas là la qualité même qui est à la base du succès de l’architecture suisse ? N’est-il pas évident qu’en Suisse, plus que nulle part ailleurs, les architectes continuent de travailler en étroite et fructueuse collaboration avec un secteur du bâtiment de qualité exceptionnelle ? Le secret de notre réussite ne tient-il pas au fait que nous nous efforçons toujours de ne pas être de simples concepteurs, mais aussi, d’une certaine façon, des constructeurs ? C’est précisément là tout ce qui caractérise la démarche de Studio Mumbai. Studio Mumbai incarne la synthèse de la pensée conceptuelle, de la conception et du savoir-faire constructif en un seul et même processus, dans un seul et même lieu. Ici, en Occident, nous appellerions cela la réinvention des Bauhütte du Moyen-Âge.

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Dans cette exposition, vous découvrirez que cette démarche débouche sur des résultats aussi extraordinaires qu’étonnants. Il serait faux de penser que cette approche n’est réservée qu’à des solutions raffinées et coûteuses. Permettez-moi à nouveau de citer : « Studio Mumbai développe des projets dans une relation étroite avec le contexte et le lieu, en s’inspirant de savoir-faire traditionnels, de techniques de construction locales et de matériaux vernaculaires. Ces projets font preuve d’une grande ingéniosité pour répondre aux défis propres à la limitation des ressources. » Je suis intimement convaincu que cette approche deviendra de plus en plus essentielle et sera également appliquée avec bonheur dans des projets à grande échelle dans un avenir nécessairement dominé par la raréfaction des ressources.

introduction to the exhibition Harry Gugger / architect, EPFL professor We all know that special feeling when you go to the movies and happen to watch a good film. The lights dim and switch off, and we are immediately immersed in the plot as the film starts. And as you leave the cinema afterwards it takes a while until you find your way back into your own world with your own worries, duties and pleasures. It is unfortunately very rare that architecture is capable to evoke such atmosphere. Look at our auditorium here, look around the campus, can you point to a place, a space that creates a special atmosphere as powerful as a good movie does? I experienced such a moment when I visited the Biennale for Architecture in Venice last year. I entered Studio Mumbai’s exhibition and was immediately taken to an unknown yet familiar place somewhere in India. The usual chaos of a workplace was on display but things felt in perfect order. Even the fans on the ceiling were buzzing in proper Indian manner. I knew immediately that I would love to have this exhibition here at Archizoom and was very happy to find the full support of my colleagues on the board. But for what reasons, besides the powerful atmosphere, did I want the exhibition to come to the EPFL ? On the one hand, I was interested to see how the exhibition would behave in our rather generic exhibition space. Would the exhibition keep its quality and appear as powerful as in the wonderful environment of the Arsenale in Venice? On the other hand, I felt it important to bring the inherent message of the exhibition to our school. It is a sheer coincidence that we open the exhibition at the moment when we have to fight for the obvious here at the EPFL. When we have to fight for a model workshop to be at our disposal whenever it is needed to educate our students properly and, in fact, to practice our profession. I consider it a lucky moment that we open this exhibition with its clear mission at a moment when our young and inexperienced students show a better understanding of the conditions of our profession than do some of our faculty and administration. So what is the message of the exhibition? I quote : “Studio Mumbai actually brought a part of its work material over for the exhibition : models, prototypes, tools, materials, furniture, etc. This attention to detail stems from a wish to catalogue within the space what transforms an architecture studio into a laboratory for construction. The exhibition does not seek to showcase Studio Mumbai’s architectural production ; instead it lays bare a pragmatic approach to the discipline of architecture.” Listen to that : “A pragmatic approach to the discipline of architecture” ! Are we not very pragmatic people

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in Switzerland ? And is it not that quality that is the basis of Swiss architecture’s success ? Is it not the fact that we, architects in Switzerland, unlike elsewhere, still work in a very close and fruitful relationship with a construction industry of exceptional quality? Isn’t the secret of our success the fact that we still try not to be mere designers but also builders in some way ? And this is exactly what Studio Mumbai is about. Studio Mumbai stands for the reunification of conceptual thinking, design and craftsmanship in one process, in one place. Here in the West we would call this the reinvention of the Bauhütte in the way they existed in the Middle Ages. In the exhibition you will discover that this approach leads Studio Mumbai to extraordinary and stunning results. It would be wrong to think that this approach is reserved for exquisite and costly solutions only. I quote again : “At Studio Mumbai projects are developed through careful consideration of place and a practice that draws from traditional skills, local building techniques and materials and an ingenuity arising from limited resources”. I truly believe that this approach will become increasingly important and apply be successfully to large-scale projects in a future bound to be dominated by scarcity.

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Mumbai pendant la mousson. Mumbai during the monsoon time.

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Work-Place Archizoom, EPFL, Lausanne, Switzerland 2011 14


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Work-Place 12th International Architecture Exhibition, Venice Biennale, Italy 2010 22


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studio mumbai architects Notre environnement immédiat est un espace que nous créons et habitons de façon inconsciente. Nous pouvons rendre cet espace très familier, ou choisir au contraire de nous ouvrir à des éléments inconnus qui nous poussent à réagir et à réévaluer nos repères. Les sources d’inspiration ne manquent pas : il suffit de faire preuve d’observation et d’attention. On peut certes avoir des idées bien arrêtées sur ce que devrait être l’architecture, mais encore faut-il comprendre pourquoi les choses se font d’une certaine façon et pas d’une autre. Studio Mumbai est une infrastructure humaine composée d’artisans hautement qualifiés et d’architectes qui conçoivent et construisent directement leurs ouvrages. Ce groupe, qui s’est constitué au fil du temps, partage un environnement issu d’un processus itératif, où les idées sont vérifiées à l’aide de prototypes à grande échelles, de maquettes, d’études de matériaux, d’esquisses et de dessins. Nous développons nos projets en portant une attention minutieuse au site et en mettant en œuvre une pratique inspirée de savoir-faire traditionnels, de techniques de construction locales et de matériaux vernaculaires, déployant une ingéniosité imposée par la limitation des ressources. L’essence de notre travail tient aux rapports étroits qui s’établissent entre terrain et architecture, ce qui exige de tenir compte de la présence de l’environnement dans le rythme des saisons. Inspirés par les conditions de vie réelles, nous observons la complexité des relations en jeu dans chaque projet de construction, en faisant abstraction de tout présupposé et de tout préjugé. Nous nous efforçons de privilégier l’intuition et de rechercher un espace afin d’amorcer un dialogue. Par cette méthode, la matière observée se révèle naturellement. Notre démarche consiste à montrer qu’il est possible, voire souhaitable, de construire en s’appuyant sur un dialogue collectif, un échange de connaissances qui passe par l’imagination, la complicité et la modestie. Our immediate environment is a space that we subconsciously create and inhabit. We can make this space very familiar, or we can expose ourselves to unfamiliar elements that provoke our response and re-evaluation. There are many sources of inspiration : one only has to observe closely. It is possible to have set ideas of what architecture should be, but first we need to understand why things are a certain way. Studio Mumbai is a human infrastructure of skilled craftsmen and architects who design and build the work directly. Gathered through time, this group shares an environment created from an iterative process, where ideas are explored through the production of large-scale mock-ups, models, material studies, sketches and drawings. Here projects are developed through careful consideration of place and a practice that draws from traditional skills, local building techniques, materials, and an ingenuity arising from limited resources. The essence of our work lies in the relationship between land and architecture, it requires coming to terms with the presence of the environment through the succession of seasons. Inspired by real life conditions, we observe the complexity of relationships within each project without any assumption or prejudice. Our attempt is to remain intuitive and look for a space to initiate a dialogue. It is through this practice that the matter being observed naturally reveals itself. The endeavour is to show the genuine possibility in creating buildings that emerge through a process of collective dialogue, a face-to-face sharing of knowledge through imagination, intimacy, and modesty.

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PROJETS PROJECTS

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In-Between Architecture Victoria & Albert Museum, London, United Kingdom 2010 28


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Reading Room Nagaon, Maharashtra, India 2003 32


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Tara House Kashid, Maharashtra, India 2005 36


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Leti 360 Resort Leti, Uttaranchal, India 2007 42


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Palmyra House Nandgaon, Maharashtra, India 2007 46


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Belavali House Belavali, Maharashtra, India 2008 54


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Utsav House Satirje, Maharashtra, India 2008 60


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House on Pali Hill Bandra, Mumbai, India 2008 64


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Copper House II Chondi, Maharashtra, India 2010 70


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LÉGENDES CAPTIONS

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Commentaires transcrits de la conférence donnée par Bijoy Jain, à l’occasion de l’ouverture de l’exposition Work-Place / Commentary transcribed from the lecture given by Bijoy Jain for the opening of the WorkPlace exhibition

In-Between Architecture p.28 Victoria & Albert Museum, London, United Kingdom / 2010

Cette installation a été présentée dans l’une des salles des plâtres du Victoria & Albert Museum de Londres où Studio Mumbai a transporté un fragment de Bombay reproduit, en plâtre justement. Ce projet explore les interstices laissés entre les bâtiments existants. Il s’agit d’étudier un habitat condensé, une maison composée d’espaces à usages multiples : lieux de vie communautaire, lieux de refuge, de contemplation et de culte. Ils forment une série d’espaces proportionnés à même de s’adapter aux besoins émotionnels et personnels de l’individu. Il s’en dégage une impression de souplesse en même temps que d’ordre, de calme et de dignité.

« Nous cherchions un espace désorganisé à l’extrême et à première vue inhabitable. Celui-ci se compose de deux structures non autorisées, à deux pas de notre atelier : une étroite allée coincée entre deux murs et une enceinte d’habitation. Notre point de départ pour ce projet reposait sur la dualité du paysage urbain de Bombay : d’un côté, les plans officiels de la ville, de l’autre, la réalité des interventions spontanées et illégales. Nous nous intéressons à cette architecture interstitielle. Pénétrer dans un salon tout en marchant dans la rue n’est pas dénué de charme, ni découvrir comment espace public et privé s’interpénètrent. Nous avons observé ces caractères spatiaux et la façon dont l’homme peut créer de l’espace dans des conditions extrêmes. Cette maison peut loger huit personnes sur pas plus de 10 mètres carrés, avec des espaces intérieurs et extérieurs, et des pièces de repos. Elle ressemble un peu à une ville miniaturisée à l’intérieur de cette petite surface. Malheureusement, tandis que nous étions en train de travailler sur cette structure, le modèle original a été démoli car le terrain a été vendu à un promoteur pour faire place à des immeubles. Les habitants vivaient là depuis trois générations et nous voulions témoigner de l’humanisation de cet espace. » The installation was placed in one of the Cast Courts of the V&A museum. Studio Mumbai brought into the museum a fragment of Mumbai made in plaster. The proposal explores architectural spaces formed between the boundaries of existing buildings. This is a distilled architectural study of a dwelling, a home of multifunctional spaces consisting of communal living environments, places of refuge, contemplation and worship. They are a series of intimately proportioned spaces that are able to adapt to personal and emotional needs. They inspire versatility as well as order, calm and dignity.

“We were interested in a place where there is extreme chaos and which seems impossible to live in. There are two unauthorised structures: a path between two walls and a compound close to our studio. What we were interested in was the fact that there is a duality in the urban landscape of Mumbai: one is the official plans of the city and the other includes the unofficial, illegal structures and situations that exist. We are interested in these places formed in-between architecture. There is beauty in how you are able to walk through someone’s living room, within a street, and the way that the private and the public seem juxtaposed. We observed the spatial qualities, and how man can create space in very extreme conditions. This is a house for eight people and it is 10 square meters. There are outdoor and indoor areas, sleeping places… It is a bit like a tiny city inside this small space. What was hard was that as we were working on this structure, the original one was being ripped down because the land was being sold to a developer for high-rise buildings. The people had been there for three generations and we wanted to document the humanisation of that space.”

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Reading Room p.32 Nagaon, Maharashtra, India / 2003

A l’abri d’un immense banyan, une extension en ossature bois est rattachée à une maison existante. L’ensemble de la structure est enveloppé de filets d’ombre blancs, destinés à l’agriculture, qui laissent pénétrer l’air et la lumière.

« Studio Mumbai s’attache systématiquement à relever tous les caractères inhérents à un site, afin d’en tirer le meilleur parti lors de la réalisation architecturale. L’idée de ce filet d’ombre nous a ainsi été inspirée par la présence de cet arbre immense, qui fait office de parasol. Si l’arbre disparaît, le bâtiment perd sa raison d’être. Cet exemple montre comment il est possible de tirer parti des contraintes matérielles et climatiques. Notre approche est en réalité très passive. Tout ceci se fait pendant la phase de réalisation et naît autant d’un besoin que de l’économie de moyens et des contraintes temporelles. Nous nous efforçons de garder en permanence un regard curieux, à l’affût de détails qui pourraient paraître futiles à d’autres. Il s’agit de se placer dans un état d’esprit ouvert afin d’être réceptif. » Protected under a large Banyan Tree, a timber frame addition is knitted to an existing house. White agricultural shade net wraps the structure, allowing light and air to permeate the space.

“Studio Mumbai relentlessly documents a site’s continuous conditions in order to use these opportunities in the process of making architecture. We can only use this net because of the very large tree that acts as an umbrella. Take the tree away and the building fails. This example shows how material and climatic conditions can work together and to each other’s advantage. It is a very passive approach. All of this happens during the process of

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making, arising out of a need, out of economy of means, out of time constraints. We try to maintain a constantly observant eye, seeking potential in things that others may dismiss as unimportant. It all stems from the idea of being open to receive.”

Tara House p.36 Kashid, Maharashtra, India / 2005

Une maison familiale abritant plusieurs générations, construite autour d’un jardin tropical. Sous le jardin, une nappe phréatique vient remplir d’eau une pièce secrète, véritable citerne qui couvre les besoins domestiques et permet d’arroser les jardins toute l’année.

« La phase de terrassement n’a rien d’anodin. Dès que l’on creuse, le sol révèle toujours quelque chose. Dans ce cas précis, à une vingtaine de mètres à peine de la mer, nous avons trouvé un puits d’eau douce. Etant donné la densité de l’eau de mer, l’eau douce s’accumule en sous-sol. Nous avons fait de cette particularité le cœur de notre projet. Nous avons travaillé en collaboration avec un maître puisatier qui, grâce à ses dons de sourcier, trouve instinctivement les points d’eau. Il n’a besoin d’aucun outil de mesure pour savoir ce qui se cache sous la surface et se laisse simplement guider avec une extraordinaire précision, par son intuition. On peut toujours articuler un projet sur une intuition et y croire, à condition toutefois d’apprendre à l’écouter. Ce principe est à la base de notre démarche, consistant à reprendre indéfiniment notre ouvrage jusqu’à ce qu’il soit en parfaite résonance avec nous, physiquement et mentalement. Je parle de ce puits d’eau douce comme du nombril de la structure : une très grande pièce dont le toit percé d’ouvertures laisse entrer la lumière et la pluie. La pièce est une sorte d’horloge qui enregistre les cycles de la lune et des marées, sans devoir se tourner vers la mer, car la marée haute laisse des marques sur le mur. Comme en témoigne le plan d’ensemble, la maison protège ce nombril, qui constitue son point de départ. Tout, dès lors, concourt à préserver cette source. Il s’agit plutôt d’aller vers l’eau que de la faire venir à soi par des canalisations. On établit alors avec le site un rapport particulier, par la vue, l’odorat et les conditions ambiantes, et ce rapport devient lui-même une façon de traiter le site avec attention. Cette notion d’attention et de respect du lieu est essentielle dans notre démarche. »

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A multi-generational family house built around a tropical garden. Beneath the garden, a secret room fills with water from a subterranean aquifer, providing water for the house and gardens throughout the year.

“The act of cutting the ground to build is extremely important. When you make the cut, something is revealed. Here, just a few tens of meters away from the sea, a sweet-water well was found. Sweet-water is balanced by the density of the saltwater and accumulates underground. We used this condition as the crux of the project. We worked with a master well-builder who has tacit knowledge of where to dig for water. He has developed this innate understanding of what lies underneath the ground, sensing his way to water with minute precision, without measuring tools. You can base your project on a sense and having faith in it, but you have to develop a practice for that sense. And that’s our whole idea of making things, of doing it again and again, until it becomes an intrinsic part of our thought and body. I call this sweet-water well the belly-button of the structure; a very large room with holes in the ceiling that lets light and rain enter. The room is a kind of clock that registers the movement of the moon and tide. One can know how high the tide is just by checking the level of water in it or looking at the marks on the wall that signify especially high ones – all without looking at the sea. From looking at the house’s plan, we see that it protects the belly-button; it is its foundation. Everything then responds to this one action of protecting this source of water. You have to go to the water, rather than having it come to you through pipes. You develop a relationship via sight, smell and condition, which in turn becomes a way of caring. This idea of care and consideration when making things is very important to us.”

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Leti 360 Resort p.42 Leti, Uttaranchal, India / 2007

Leti 360 est une petite station d’altitude située sur un éperon rocheux de l’Himalaya indien. Perché à 2300 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à neuf kilomètres de la première route carrossable, le site n’est accessible que par un étroit sentier pédestre. Enchâssées dans un écrin de terrasses cultivées, cinq structures de pierre, bois et verre ouvrent sur le vaste panorama de montagnes, de forêts et de vallées de torrents.

« L’une des particularités de cette réalisation est qu’il ne s’agit pas d’une construction destinée à rester solidement et définitivement implantée sur son site. Dans dix ans, le terrain devra être restitué aux paysans. Cette intervention doit donc pleinement respecter l’esprit du lieu. Plusieurs éléments ont été fabriqués dans l’atelier de Studio Mumbai, puis transportés sur place par des porteurs. Il a donc fallu concevoir leurs dimensions, leur configuration et leur assemblage en gardant à l’esprit qu’ils devraient être portés à dos d’homme. Une grande partie des matériaux de construction ont toutefois été prélevés tout près du site. Voilà qui peut sembler très primitif par rapport au type d’édifice que nous construisons généralement. L’important ne tient ici ni à la sophistication ni à l’archaïsme, mais bien davantage à l’état d’esprit dans lequel on entreprend le processus de réalisation. Je pense que ce principe peut prévaloir, quels que soient l’emplacement et la culture. » Leti 360 is a small resort set on a promontory in the Indian Himalayas. Situated at 2300 meters above sea level and nine kilometres from the nearest motorable road, the site is accessed via a narrow walking path. Set into existing agricultural terraces, five stone, wood, and glass structures open out onto expansive views of mountains, forests and river valleys.

“One of the conditions of this building is that it is not a construction that will be cast in place and permanent. After ten years, the land has to be given back to the farmers. So this intervention has to respect the location fully. Parts of the building were made in Studio Mumbai’s workshop and then carried by porters to the site. So the dimensions, the propositions, the joints, had to be designed in such a way that took into account the fact that they would have to be carried. But a large part of the building material was found very close to the building site. All this seems very primitive compared to what we usually build. But it is not sophistication or primitivism that counts. It is the ethos or the spirit that you hold in the process of making which is fundamental, and I think this idea can be translated to whatever location and culture.”

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Palmyra House p.46 Nandgaon, Maharashtra, India / 2007

Située dans les environs de Bombay sur la mer d’Arabie, Palmyra House a été conçue comme un refuge. La maison se compose de deux volumes en bois noyés dans une plantation de cocotiers en exploitation.

« Nous n’avions aucune typologie de départ pour bâtir à l’intérieur de cette cocoteraie densément plantée. La particularité la plus intéressante était ici cette magnifique canopée, qui s’étire comme un toit au-dessus du site : la moitié de notre travail était déjà fait ! La végétation réglait la question de l’ombrage. Les plantations sont là depuis des siècles et ont une histoire. Nous essayons de traiter le paysage dans le même esprit qu’un vieil édifice ou une ville ancienne, avec la même sensibilité pour ce qui a existé à cet endroit et ce qui y subsiste. Après une phase d’observation minutieuse, nous intervenons en veillant à préserver l’énergie du lieu. Nous exploitons les contraintes de manière à amplifier l’espace. C’est un processus lent, qui privilégie l’atmosphère qu’un bâtiment peut dégager – dépasser les simples fonctions d’abri et de protection pour créer quelque chose de plus magique, qui vit et respire. C’est ce potentiel de l’architecture à transcender ses propres limites physiques qui nous intéresse. » Le plâtre « Le plâtre appliqué dans la Palmyra House a été développé pour donner l’impression que sa texture et sa couleur graphite proviennent de l’ombre du toit. Nous avons beaucoup de soleil en Inde et l’ombre est perçue non comme une perte de lumière, mais comme une façon de s’en protéger. Pour moi qui ai étudié en Occident où des architectes comme Le Corbusier et le mouvement Moderne dans son ensemble nous ont appris à faire pénétrer la lumière dans le bâti, c’est là une perspective intéressante, car il s’agit ici, au contraire, de gérer une absence de lumière ou de la tamiser. D’une certaine manière, ceci contribue à mettre en valeur les conditions extérieures. » Located outside of Mumbai on the Arabian Sea, Palmyra House is built as a refuge. The house consists of two wooden volumes set inside a functioning coconut plantation.

“We did not have a typology of how we would build inside this dense coconut plantation. What was interesting was this fabulous existing canopy that acts as a roof: half of our work was essentially done; the sun was taken care of by this existing vegetation. The plantations have been here for ages and they have a history.

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We seek to treat landscape in the same way old buildings and old cities are viewed, with the same sensitivity for what has been here, and to what can continue to exist. We observe carefully and then make an intervention, retaining the energy. We use limitations in a way that allows expansion. It is a slow process, what is important is the quality a building can evoke – going beyond shelter and protection to something more magical that lives and breathes. We are interested in that potential of architecture, where it transcends its own physical limitations.” The plaster “The plaster was developed following the idea that this texture and graphite colour comes from the shadow that is created by the roof. We have lots of sun in India, so shade is seen as a way of escaping it – not as a loss of light. This was interesting for me, having studied in the West, where architects like Le Corbusier and the whole of modernism taught us how to let light in – and here it is about the absence or dimming of the light, which in a sense heightens the condition found outside.”

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5m Palmyra House - first floor plan: 1:250

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N

8. Sitting Room 9. Bathroom 10. Bedroom


Belavali House p.54 Belavali, Maharashtra, India / 2008

Le plan de la maison épouse les terrasses de la rizière, ouvre sur une vaste esplanade avec piscine offrant une vue panoramique sur les montagnes.

« La maison est implantée sur un champ dont l’exploitation est maintenue. Pour nous, l’intérêt du projet résidait dans la symbiose de ces deux fonctions : agriculture et habitat. Nous nous sommes donc efforcés de réduire au mieux l’empreinte au sol de ce lotissement de deux hectares essentiellement consacré à la riziculture. Tout comme pour la maison Palmyra nous avions profité de l’ombrage des cocotiers, nous avons ici exploité les manguiers existants pour abriter le bâtiment du soleil et du vent. Ce qui permet de laisser la maison ouverte aux quatre vents même au plus fort de la saison des moussons, sans pour autant l’exposer aux intempéries.

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Nous effectuons un relevé du site afin de bien le comprendre. Cette phase de repérages et de mesures donne le sens de l’espace qui devient une peau et pénètre l’inconscient : on peut alors fermer les yeux et ressentir la présence enveloppante des choses. Ensuite, lors du dessin et de la fabrication, on sent la présence de l’arbre, du rocher, la quantité d’air et d’espace. Cette approche est très importante car, dès lors, au lieu de travailler sur un plan à deux dimensions, on envisage le site en volume. Je reprends souvent cette démarche à titre d’exercice : mesurer physiquement un site revient à le soumettre à une enquête. Au-delà des cotes, il s’agit de se familiariser avec l’environnement. C’est encore une façon d’établir un rapport sensible au lieu. » A single-roof plane moves through a series of mango trees. The undulating ground plane follows terraced rice paddies, leading out to a large terrace, a pool, and views of the mountains.

“This house is in an agricultural field, which we kept for rice farming. For us, the interest lay in the symbioses of these two conditions: farming and living, so we tried to minimise the footprint on this five-acre lot primarily used for rice farming. Like using the coconut trees as a source of shadow for the Palmyra House, we used the existing mango trees to provide shade and shelter from the wind. It is then possible to physically open the house during the very extreme climatic conditions of the monsoon and still stay protected. We measure the site in order to understand it. You get a sense of the space by doing these types of markings or measurements. You understand it as an envelope that surrounds you and it becomes part of your subconscious: you can close your eye and have a sense of things. So when you draw and when you make things, you have the sense of a tree, a rock, the amount of air space, and that’s very important because it becomes more threedimensional as opposed to studying a two-dimension plan. I do this as an exercise: physically measuring the site is like doing a survey of it. More than a measurement, it is to get familiar with the surroundings. Again, it is a way of establishing a relationship.”

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Utsav House p.60 Satirje, Maharashtra, India / 2008

Sur un plateau aride, quatre murs de basalte profondément ancrés dans le sol entourent une cour intérieure ombragée, où la vie se déploie entre bassins, pavillons et jardins. On a barren plateau, four black basalt walls set low into the ground enclose a shaded courtyard, within which pools, pavilions and gardens provide shelter for living.

House on Pali Hill p.64 Bandra, Mumbai, India / 2008

Une maison existante sur un terrain tout en longueur a été réalignée pour ouvrir sur un jardin de quartier. Des arbres, du bois, des paravents, des treilles fleuries, du verre et des rideaux enveloppent la maison, la transformant en un lieu intime en retrait de la ville. An existing house on a narrow site was realigned to open onto a community garden. Trees, wood screens, planted trellises, glass, and curtains wrap the house to form an enclosure, providing privacy and refuge from the city.

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Copper House II p.70 Chondi, Maharashtra, India / 2010

Le projet a commencé avec la construction d’un puits artésien : les déblais de l’excavation ont été utilisés pour surélever la maison afin de la préserver des crues pendant les fortes moussons. La maison s’insère dans une clairière, au cœur d’une épaisse forêt de manguiers. Les pièces sont librement réparties autour d’un espace central pour former une cour protégée, assurant une certaine sécurité aux occupants tout en constituant une interface harmonieuse avec le paysage environnant. De fines feuilles de cuivres protègent la structure des pluies ; à l’état neuf, elles reflètent le paysage et, au fil du temps et des saisons, elle se patineront en un vert-de-gris pour se fondre à l’environnement.

« L’un de nos artisans savait exactement où il trouverait de l’eau. Je sais que tout cela peut paraître étrange et mystique, mais c’est pourtant une réalité. Nous étions en plein été et les nappes phréatiques étaient au plus bas, mais nous avons bel et bien trouvé de l’eau.

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Dans cette clairière, la maison est à l’abri de la pluie, car pendant la mousson, le dais de feuillage s’épaissit et crée en fait une protection supplémentaire. Du coup, les vitrages et les fenêtres devenaient superflus. » The project begins with the making of an artesian well : soil from the excavation is used to create a high ground for the house in case of flooding during the heavy monsoon. The home sits in a clearing within a dense grove of mango trees. Rooms are loosely arranged around a central space to create a protected courtyard, securing the inhabitants while mediating with the surrounding landscape. Thin copper sheet is used to make the structure waterproof from the rains, initially reflecting the landscape, and through the passage of time and seasons, patinas into a verdigris to be absorbed by the environment.

“One of our artisans knew exactly where we would find water. I know this all sounds strange and mystical, but it is a fact. He marked exactly the point where he would find water. It was the peak of summer, the water table was at its lowest, and we hit water. Having the house in this clearing screens it from the rain – because the density of the leaves on the trees increases during the monsoon, greater protection is actually created and thus no glazing or windows are needed.”

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Projects

Upcoming Projects

> 2011 Trinity Guest House Kochin, Kerala, India

> 2011 Studio Mumbai Compound Home, workshop, studio, and staff housing for the Studio Mumbai community on a 6 acre plantation site. Chondi, Maharashtra, India

Copper House II Chondi, Maharashtra, India > 2008 House on Pali Hill Bandra, Mumbai, India Utsav House Satirje, Maharashtra, India Belavali House Belavali, Maharashtra, India Research Center Pune, Maharashtra, India > 2007 Palmyra House Nandgaon, Maharashtra, India Leti 360 Resort Leti, Uttaranchal, India > 2006 Bungalow 8 Mumbai, Maharashtra, India > 2005 Tara House Kashid, Maharashtra, India > 2003 Reading Room Nagaon, Maharashtra, India Kapadia House Satirje, Maharashtra, India

> 2011 - 2012 Hamied House Multi-generation family home nestled inside a gently terraced mango orchard. Kankeshwar, Maharashtra, India Magis Design and development of a series of furniture. Torre di Mosto, Venice, Italy Ahmedabad House New home within an existing family compound. Ahmedabad, Gujarat, India Avasara Women’s Campus Women’s leadership academy and secondary boarding school campus situated on a 20 acre site in rural Maharashtra. Maharashtra, India Kottayam House Guest house and home on a plantation site in South India. Kottayam, Kerala, India Saatrasta Spaces for living and working occupying the site of an abandoned warehouse. Mumbai, Maharashtra, India Parekh House Vacation home in the country outside Mumbai city. Chondi, Maharashtra, India

Carrimjee House Hillside vacation home for a family from Mumbai. Kankeshwar, Maharashtra, India Dasgupta House Addition to an existing single family home on a hillside in Goa. Goa, India > 2012 Satrije Community Center Swimming pool and community center for a local village outside Mumbai. Satrije, Maharashtra, India META - Chile Initiative by the Chilean government, the building will be small pavilions with cultural programs. Every building will be located in a singular position along the pacific coastline, so it can operate as a strategic element for the urban development. Every pavilion commissioned to 10 different international architects. Concepcion, Chile Cliff Dwelling Small dwelling on a steep rocky hillside overlooking the Arabian Sea. Kashid, Maharashtra, India Kankeshwar House Residential compound on a gently sloping site outside Mumbai. Kankeshwar, Maharashtra, India Kollam Resort Small hotel and resort at the head of a peninsula in the backwaters of Kerala. Kollam, Kerala, India > 2011 - 2013 Namjoshi House Rural second home on a gently sloping site. Kankeshwar, Maharashtra, India

www.studiomumbai.com Bijoy Jain, Architect / Priya Jain, Management / Arish Sheth, Management / Samuel Barclay, Architect / Jack Wilson, Intern Architect / Jeevaram Suthar, Carpenter / Poonaram Suthar, Carpenter / Jayesh Pandurang Gharat, Site In-Charge / Pandurang Sitaram Gharat, Mason / Bhaskar Y Raut, Site In-Charge / Tejaram Suthar, Carpenter / Kartharam Suthar, Carpenter / Dharmaram Suthar, Carpenter

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Exhibitions

Awards

Lectures

> June 2011 - January 2012 Botanical Follies Pha Tad Ke Botanical Garden, Laos

> 2010 Inside Outside Architect of the Year Award

> February 18 - July 31, 2011 Indian-Highway Musée d’art contemporain de Lyon (MAC), France

Special Mention for Installation : Work-Place 12th International Architecture Exhibition, Venice Biennale 2010

> 2011 March 3 Inaugural lecture exhibition Work-Place Archizoom, EPFL, Lausanne, Switzerland

> March 4 - April 23, 2011 Work-Place Archizoom, École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), Switzerland > August 29 - November 21, 2010 Work-Place 12th International Architecture Exhibition : la Biennale di Venezia, Italy > 2010 In-between Architecture 1:1 Architects Build Small Spaces Victoria & Albert Museum London, UK > June 5 - August 21, 2010 Learning from Vernacular Rossiniere, Switzerland > March 2010 GA Houses Project Exhibition Copper House II GA Gallery, Tokyo, Japan > May 12 - September 5, 2009 Global Award for Sustainable Architecture Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris, France > December 8 - 20, 2008 High-Tech & Tradition Tokyo Design Center Tokyo, Japan

Finalist for the 11th Cycle of Aga Khan Award for Architecture > 2009 Global Award for Sustainable Architecture from the Locus Fund & Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris Merit Recognition in Design : Palmyra House Design for Asia Award 2009 from Hong Kong Design Centre

> 2010 November 23 Winterthur Züricher Hochschule für Angewandte Wissenschaften Zurich, Switzerland November 20, 21 Reanimation of Architecture Piran Days of Architecture October 24 Days of Oris Zagreb, Croatia

> 2008 Award for Emerging Architects (Commended) : Palmyra House Architectural Review

August 28, 29 Engadin Art Talks Zuoz, Switzerland

> 2007 Design Excellency Award : Leti 360 Design for Asia Award 2007 from Hong Kong Design Centre

April 28 - 30 Architecture and Equilibrium ASA/UIA Forum Bangkok, Thailand > 2009 August 7 - 9 Edge – Paracentric Architecture Alvar Aalto Akademia : 11th International Alvar Aalto Symposium Helsinki, Finland April 3 - May 2 Parallax The Creative Directors : National Architecture Conference Melbourne, Australia

Bijoy Jain a étudié l’architecture à Washington University, St. Louis, et à SCI-Arc, Los Angeles. Il a travaillé à Los Angeles et à Londres dans des bureaux d’architectes et comme indépendant. Il est retourné ensuite vivre à Mumbai où il a fondé Bijoy Jain & Associates en 1996 puis Studio Mumbai en 2005. The architect Bijoy Jain studied at Washington University, St. Louis, and at SCI-Arc, in Los Angeles. He worked in Los Angeles and London, both for other architects and independently. He then returned to live in Mumbai where he founded Bijoy Jain & Associates in 1996, and Studio Mumbai in 2005.

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ARCHIZOOM EPFL Faculté de l’Environnement Naturel, Architectural et Construit ENAC Bâtiment SG (SG 1212) 1015 Lausanne Switzerland Tel +41 21 693 32 31 archizoom@epfl.ch http://archizoom.epfl.ch

ISBN 978-2-8399-0874-0


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