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Revue d’Histoire Révisionniste (1990-1992) http://vho.org/F/j/RHR/


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 1, mai - juin - juillet 1990 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes • • • • • • • • • • • •

R.H.R., Éditorial, pp 5 à 8 Serge Thion, LE RÉVISIONNISME A CHAUD, pp 9 à 15 Ernst Zündel, L'HOLOCAUSTE EN JUGEMENT, pp 16 à 37 Mondher Sfar, CHAMBRE À GAZ, ENFER SACRÉ DE FAUST, pp 38 à 50 Robert Faurisson, LE SECOND RAPPORT LEUCHTER, pp 51 à 114 Mitkiewicz, Deane, LE RAPPORT MITKIEWICZ du 7 septembre 1943 ou L'ARME DU TYPHUS, pp 115 à 128 André Martin: RÉFLEXIONS DE SEPTEMBRE, pp 129 à 140 Henri Roques, OÙ EN EST LA THÈSE DE NANTES ?, pp 141 et 142 Robert Faurisson, L'AFFAIRE NOTIN, pp 143 à 146 I.H.R., CHURCHILL ET PEARL HARBOUR, pp 147 à 149 Serge Thion, VAE VICTIS: James BACQUE, Other losses, pp 150 à 160 (Compte rendu de ) R.H.R., LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE, pp 161 à 174


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Éditorial (1) La première livraison de la Revue d'Histoire Révisionniste paraît dans des circonstances historiques exceptionnelles. Le «Mur de Berlin» s'est écroulé, «Yalta» est remis en cause, l'Union soviétique admet que «Katyn» n'est pas un crime allemand, comme feignaient de le croire les juges de Nuremberg, mais un crime soviétique. Moscou commence à ouvrir ses archives et ses charniers. Depuis 1945, Moscou, avec l'approbation tacite des Alliés, dissimulait les «registres mortuaires» d'Auschwitz. Les révisionnistes et, en particulier, Robert Faurisson et Ernst Zündel, dénonçaient publiquement en 1988 cette rétention de documents. En 1989, Gorbatchev a bien voulu accorder le droit au Comité International de la Croix-Rouge de consulter enfin ces registres. D'après les indices jusqu'ici recueillis, il ne fait pas de doute que le véritable chiffre des morts d'Auschwitz sera considérablement inférieur à celui de 8 millions, comme l'affirmait un document officiel de la République française ; à celui de 4 millions, comme l'indique le monument de Birkenau ; à celui de 3 millions, comme le confessait «le commandant d'Auschwitz» ; à ceux de 1 600 000, de 1 250 000 ou de 800 000 comme le prétendent certains auteurs tels que Yehuda Bauer, Raul Hilberg ou Gerald Reitlinger. Ce chiffre dépassera-t-il de beaucoup celui de 74 000 qui, d'après ce qu'en dit la presse, représenterait le total des morts enregistrées ? Les vérités du procès de Nuremberg et, à l'autre bout du monde, du procès de Tokyo, sont aujourd'hui revues et corrigées. Jamais peut-être, depuis l'époque de la Renaissance, n'a-t-on à ce point revu, corrigé, rectifié un pareil ensemble de vérités historiques reçues ou imposées. Le dogme du communisme s'effondre. Le dogme de l'Holocauste est en péril. Tandis qu'à l'Est on change, à l'Ouest on a plutôt tendance à préserver les acquis. Trop d'interdits y pèsent encore sur la recherche historique. On y songe à voter des lois spécifiques contre le révisionnisme, c'est-à-dire contre le droit au doute et à la recherche. Trop de fonds d'archives restent fermés aux chercheurs, en particulier le fonds, extraordinairement riche, du Service International de Recherches situé à Arolsen (Allemagne) et qui relève du Comité International de la Croix-Rouge, sis à Genève ; en 1978, devant la montée du révisionnisme, les Alliés, l'État d'Israël et quelques autres pays ont institué un redoutable barrage pour soustraire ces archives à la curiosité des historiens et l'on est allé jusqu'à dissoudre la «Section historique» de cet organisme. Il faudra rouvrir cette «Section historique». Un organisme international qui se prétend neutre doit recouvrer sa neutralité. Parmi les archives à ouvrir, citons pêle-mêle celles qui touchent à des sujets aussi divers que : la réalité du camp de Treblinka, l'histoire des relations constantes, pendant la guerre, des autorités du III e Reich avec des organismes juifs européens, américains ou palestiniens en vue de l'émigration des juifs hors d'Europe (Europa Plan , etc.) ; la nature exacte des efforts déployés par Churchill et Roosevelt pour entraîner les États-Unis dans une guerre contre le Japon et l'Allemagne ; le nombre véritable des déportés résistants et des déportés politiques, raciaux et non raciaux ; l'affaire Rudolf Hess ; l'Épuration ; la livraison par les Alliés de civils et de militaires russes, après la guerre, à la police militaire soviétique ; la déportation des Allemands de l'Est européen ; le traitement des vaincus par les vainqueurs ; la conduite des procès pour «crimes de guerre», etc. Le monde arabo-musulman et certains pays du Tiers Monde, accédant à plus d'indépendance et de dignité, refuseront de cautionner une sorte d'histoire officielle artificiellement bâtie par ceux qui, jusqu'ici, détenaient presque exclusivement richesses et connaissances. Venus de ce monde ou de ces pays, des chercheurs indépendants remettront en cause le dogme de l'Holocauste, parmi quelques autres dogmes que les sociétés humaines se forgent de siècle en siècle, dans tous les pays et dans tous les temps.


4 La R.H.R. est ouverte aux auteurs français et étrangers de toute opinion, sans exclusive. Elle publiera des documents et des études relatifs à la seconde guerre mondiale, base sur laquelle s'est fondé, dès 1945, le monde où nous vivons. Mais le révisionnisme ne se cantonne pas dans le temps et toute période de l'histoire l'intéresse, y compris l'actualité. * ** Quelle meilleure illustration de l'actualité du révisionnisme que les événements de Roumanie ? L'article de Serge Thion montre que si sur le sujet on s'est laissé aller, dans la classe politique et chez les journalistes, à des extravagances, la réaction saine et naturelle qui consiste à s'interroger ensuite sur ces extravagances a été quasi instantanée. On a déliré, puis, très vite, on s'est fait révisionniste. Le procès Ceaucescu aura été un raccourci du procès de Nuremberg et «Timisoara», un condensé d'Auschwitz (p. 9-15). Lorsque s'écrira l'histoire du révisionnisme, il est probable qu'on parlera du «révisionnisme d'avant Zündel» et du «révisionnisme d'après Zündel». La figure d'Ernst Zündel, un Allemand établi au Canada, est centrale. Les deux énormes procès qui lui ont été intentés, en 1985 et 1988, ont provoqué une sorte de fracture dans l'édifice de l'Holocauste. On lira le bouleversant récit qui est fait du procès de 1988 par E. Zündel en personne (p. 16-37). Depuis longtemps, les intellectuels du monde arabo-musulman s'intéressaient au révisionnisme. Aujourd'hui, Mondher Sfar, d'origine tunisienne, franchit le pas et entre de plain pied dans un domaine où il devient indispensable que s'exprime, à son tour, la subtilité d'esprit des intellectuels de la double culture, islamique et européenne (p. 38-50). Ahmed Rami, de son côté, Berbère d'origine marocaine et vivant à Stockholm, a repris le flambeau transmis par Ditlieb Felderer. Avec une vigueur peu commune, il a réussi, par ses publications et par son action à la tête de Radio Islam, à lancer un débat historique aux répercussions internationales (voy. rubrique «Suède», p. 172-174). Fred Leuchter, ingénieur américain spécialisé dans les systèmes d'exécution capitale aux États-Unis, avait soumis en 1988 au tribunal de Toronto un rapport technique de 193 pages sur les présumées chambres à gaz d'exécution situées à Auschwitz, Birkenau et Majdanek. Ce rapport contenait les résultats d'analyse d'échantillons confiés à un laboratoire américain. La conclusion était venue : il n'avait jamais pu exister de telles chambres à gaz dans ces trois camps. Aujourd'hui, la R.H.R. publie, en avant-première, la version française d'un second Rapport Leuchter portant, cette fois-ci, sur les présumées chambres à gaz d'exécution situées à Dachau, Mauthausen et au Château de Hartheim. Pour ces trois emplacements d'Allemagne et d'Autriche, la conclusion est la même que pour les trois camps de Pologne. Robert Faurisson a rédigé la préface de ce rapport et sa bibliographie critique (p. 51-114). Toute livraison de la R.H.R. contiendra un document inédit. Le rapport Mitkiewicz a été tenu secret pendant trente ans par les Américains. Il décrit les modes de combat que la résistance polonaise a pu utiliser contre les civils et les militaires allemands en 1943. La propagation du typhus a été l'une des armes employées. Quand on se décidera à écrire une histoire générale des épidémies de typhus durant la seconde guerre mondiale, on mesurera l'étendue des ravages provoqués par ces épidémies, et par quelques autres, dans toute l'Europe en guerre. Ce que les Alliés, à la libération des camps allemands, ont photographié ou filmé consistait pour l'essentiel en un choix, bien compréhensible pour l'époque, de vues montrant des malades, des moribonds ou des morts, victimes de ces épidémies. L'Allemagne, qui se battait sur deux fronts, sans compter le front aérien, luttait aussi sur le front du typhus. Il n'y a que les moralistes pour condamner les «crimes de guerre» des vainqueurs ou des vaincus comme si la guerre elle-même n'était pas, à elle seule, le plus grand des crimes (p. 115-128). On accable aujourd'hui Staline parce que le monde communiste s'effondre mais on épargne les autres vainqueurs de la seconde guerre mondiale parce que leurs pays restent forts. Roosevelt, il est vrai, a beaucoup perdu de son crédit. Churchill est de plus en plus contesté. De


5 Gaulle paraît moins grand. Les progrès de la recherche historique nous font découvrir leur cynisme ou leur machiavélisme dans la préparation ou la conduite de la guerre (p. 147-149). Sur le comportement des Américains et des Français à l'égard des prisonniers de guerre ou de certains civils allemands après le 8 mai 1945, le livre du Canadien James Bacque fournit des informations qui ne sont certainement pas à l'avantage du général Eisenhower et du général De Gaulle. Et cela à l'heure où le grand public apprend de quelle manière, à l'Est, on a cruellement traité les civils et les militaires allemands vers la fin de la guerre et après la guerre : les vaincus ont repeuplé les camps de concentration et la plus forte déportation qu'ait connue l'histoire, et l'une des plus cruelles, a été celle de ces millions de civils allemands chassés de l'Est par les Russes, les Polonais, les Tchèques (p. 150-160). Pour le profane qui n'a du révisionnisme que l'image qu'en proposent les grands moyens d'information, il est probable que c'est la dernière partie de cette livraison de la R.H.R. qui suscitera le plus d'étonnement. Cette partie commence à la page 161. Nous y renvoyons le lecteur. Ceux qui s'imaginaient que les historiens avaient, pour l'essentiel, fixé les traits de notre époque, sont en train de découvrir depuis quelque temps qu'il n'en était rien. On commence enfin à écrire l'histoire de la seconde guerre mondiale. Les révisionnistes se chargeront, pour leur propre part, de contribuer à cette renaissance de l'esprit critique et de répondre au besoin, irrépressible malgré tous les interdits, de savoir «ce qui s'est vraiment passé». C'est en ce sens qu'on a pu dire du révisionnisme historique qu'il est la grande aventure intellectuelle de la fin de ce siècle, de la fin de ce millénaire. La Rédaction Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 5 à 8


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LE RÉVISIONNISME A CHAUD Serge Thion Nombreux auront été ceux qui ont passé quelques fiévreuses journées, en décembre 1989, à «zapper» les journaux télévisés et à sauter d'une radio à l'autre pour avoir des nouvelles fraîches de Roumanie et tâcher de suivre les événements au plus près. On sait bien que dans tout pays privé d'une presse multiple — notez que je n'utilise pas le terme de «presse libre», ces deux termes étant à peu près inconciliables dans la pratique — les rumeurs circulent sans frein. Pour peu que s'ajoute à cela un état de guerre, elles se déchaînent sans limite. La Roumanie offrait, et depuis très longtemps, un beau champ d'expérience pour qui aurait voulu s'intéresser au phénomène de la rumeur. On allait donc voir la presse à l'œuvre, non seulement la presse occidentale mais la presse des pays de l'Est, agités désormais par la glasnost, que l'on rend généralement par «transparence». La plus grosse affaire fut peut-être celle de la ville où les événements avaient commencé, Timisoara. Les caméras nous montraient quelques corps exhumés d'un charnier et les chiffres tombaient, très précis, 4 350 morts. On pouvait se demander comment il était possible d'exhumer en une nuit autant de corps. Mais ensuite, les chiffres allaient monter. La Securitate avait arrêté, disait-on, des milliers de manifestants, et les avaient froidement massacrés. On arrivait ensuite au chiffre de 12 000 morts, pour une répression qui avait duré, semblait-il, 48 heures et qui avait clairement échoué puisque les gens étaient toujours dans la rue et que les usines étaient en grève ; 12 000 morts et les gens toujours dans la rue ! Il y avait des gens pour nous dire cela sans broncher, à la radio et à la télévision. Certains étaient même sur place, à Timisoara. Aucune répression au monde n'a atteint un tel chiffre dans un tel laps de temps. Aucun reporter n'a été terrassé par le sentiment de l'absurde. A Bucarest, les chiffres se gonflaient aussi d'heure en heure. On arrivait rapidement à 5 000 morts. Pourtant, les images qui nous parvenaient en direct montraient quelques maladroits bidasses qui tiraillaient un peu au hasard sur des fenêtres. Les chars tiraient de rares rafales de mitrailleuse. Les hommes de la Securitate, dont l'armement était, nous disait-on, bien supérieur, tiraient de-ci de-là quelques rafales de PM. On n'a pas vu un seul char tirer un seul coup de canon. Ils auraient pourtant vite réglé le problème avec quelques obus bien placés. Les commentateurs nous dirent alors que l'armée manquait de munitions. On avait pourtant vu sur des images des piles de caisses d'obus. Et si les chars en avaient tiré, la télévision n'aurait pas manqué de nous les montrer. C'est très joli à voir, un char qui tire des obus ; ça fait de la belle image. On voyait en même temps les dégâts causés à la ville de Panama par l'intervention américaine : c'était autrement sérieux, des quartiers entiers étaient rasés. On comptait les civils tués par centaines. Les Américains ont même utilisé pour la première fois en opération réelle le dernier bijou de la technique du meurtre de masse, le bombardier «furtif» F 117. Il n'a pas été montré à la télévision. C'est dommage pour le spectacle. Bref, il n'y avait pas besoin d'être un grand stratège pour voir que la gueguerre de Bucarest, menée par quelques poignées de soldats sans instruction, sans officiers sur le terrain, sans téléphone de campagne et sans héroïsme outrancier, ne pouvait pas faire beaucoup de victimes. Quelques-unes frappées au hasard, tout au plus. Les chiffres atteignirent 10 000 pour la seule ville de Bucarest, au moment même où les médecins occidentaux disaient que les hôpitaux avaient la situation bien en main et qu'il n'y avait pas besoin de personnel supplémentaire. L'agence Tass annonçait de son côté l'arrivée imminente d'une colonne de chars de la Securitate qui venait attaquer l'immeuble de la télévision. Ces chars ne se sont jamais matérialisés. Pour qui sait un peu à quoi une vraie guerre ressemble, on assistait à des combats d'opérette, n'engageant qu'une fraction infime de l'armée, qui servaient à l'évidence à masquer les tractations intenses qui se déroulaient entre les héritiers du défunt régime et dont on a vu les résultats par la suite.


7 La veille de Noël, la télévision hongroise annonça 60 000 morts et 300 000 blessés, à un moment où cela était déjà palpablement faux. Ces chiffres étaient aussitôt repris sans l'ombre d'une réserve par l'ensemble de la presse occidentale. On allait d'ailleurs aussitôt les reprocher à Ceaucescu lors de son procès-bidon. Le premier chef d'accusation et de condamnation allait être le «génocide» de 60 000 morts. Ahurissement du Conducator quand il s'entend jeter ce chiffre à la figure. Il ne savait pas encore qu'il allait être le premier condamné de l'histoire à être exécuté pour «génocide» individuel. Mais le révisionnisme est là. Il est dans toutes les têtes. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat, qui nous avait habitués à moins de sobriété lors de ses anciens ébats journalistiques, s'est dépêché de citer le chiffre du ministère de la Santé, 500 morts à Bucarest, et de rappeler qu'on n'avait vu qu'une soixantaine de corps ensemble à Timisoara. Ce qui fait, si l'on accepte que ces chiffres sont un peu sous-estimés, que l'on ne dépasse sans doute pas de beaucoup le millier de morts pour la première semaine de la nouvelle révolution roumaine (Le Monde du 29 décembre cite les chiffres du ministère roumain de la Santé : 776 morts recensés, 1 600 blessés hospitalisés). C'est considérable, mais c'est heureusement soixante fois moins que les chiffres entérinés par le nouveau pouvoir et utilisés pour justifier l'assassinat de l'ancien dictateur. De plus, une certaine proportion de ces morts et blessés doit être attribuée à l'armée et aux partisans civils, surtout à leur nervosité et leur incompétence militaire. On a même entendu Kouchner se justifier à la télévision en insistant sur le fait que c'était une bonne nouvelle, que cela signifiait beaucoup moins de deuils et de peine que ce que l'on avait cru. Il reprenait ainsi mot pour mot ce que le professeur Faurisson avait écrit, il y a dix ans, lorsqu'il avait fait part de sa conviction que les chambres à gaz n'avaient pas existé. Les autres canards ne nous ont pas été épargnés. La vieille rumeur, qui avait déjà fait surface dans la presse plusieurs mois auparavant, selon laquelle les leaders de l'insurrection de Brasov, en 1987, avaient été soumis à des «radiations», à leur insu, et qu'ils en étaient morts quelques mois plus tard, s'est trouvée réactualisée. Sans la moindre preuve, évidemment, alors qu'il aurait été si facile de nous montrer ces installations homicides dans les palais désormais occupés par le peuple. L'organisation «Médecins du Monde» (créée par le même Kouchner) a aussi entériné la rumeur de l'empoisonnement des eaux de la ville de Sibiu. Cette rumeur a pourtant couru chaque grande ville roumaine, tant le phantasme de la toute-puissance diabolique de la Securitate a fait vivre les Roumains dans la terreur. Apparemment, les hôpitaux de Sibiu ont soigné plusieurs cas d'intoxication mais personne n'est mort de cet «empoisonnement». Le plus énorme canard était sans doute celui des «mercenaires arabes». Certes, les Roumains ont vécu plusieurs siècles sous le joug ottoman. Pour eux, l' «ennemi héréditaire» est le Turc, bien davantage que le Russe ou le Hongrois. Il est probable que le «terroriste arabe» qui joue le rôle de premier plan que l'on sait dans l'imaginaire occidental se soit surimposé à une figure terrorisante de Turc issue du passé. Peu importe ici. La plupart des envoyés spéciaux en Roumanie ont rapporté comme du bon pain les nouvelles selon lesquelles des «bataillons» de Syriens, de Libyens, et même de Palestiniens et d'Iraniens — comme par hasard les ennemis «officiels» de l'Occident — préparaient des offensives contre la révolution. La télévision nous a montré un cadavre, marqué «terrorist» au crayon à bille, qui pouvait raisonnablement passer pour un Arabe, en dépit du fait évident que nombre de Roumains, au physique méditerranéen, peuvent facilement ressembler à des Arabes. Un médecin roumain, le chef de l'hôpital des urgences, nous a même dit qu'on les reconnaissait facilement et que des blessés de la Securitate, sous l'empire de la drogue, avaient prononcé des mots qui n'étaient pas roumains. A la suite de ces rumeurs, complaisamment rapportées par une presse qui était bien en peine de fournir le premier élément de preuve, sauf celle d'une immonde «chasse aux Arabes», certaines chancelleries ont commencé à sonder l'opinion en parlant d' «ingérences étrangères» qui pouvaient peut-être justifier une intervention. Roland Dumas a même parlé, avec une mâle assurance, de «brigades internationales». Cet excité prenait-il la Roumanie pour les Comores ?


8 Toutes ces âneries ont été scrupuleusement rapportées par les médias, surtout par l'audiovisuel, comme si elles étaient des faits vérifiés. Certains commentateurs ont été forcés, la mine contrite, de reconnaître que les chiffres avaient été exagérés mais, comme le disait l'un d'entre eux, «c'est toujours comme ça dans ce genre de circonstances». Ce fut la même chose, l'année précédente, avec le tremblement de terre en Arménie où les chiffres initiaux (100 000 morts) furent ensuite réduits d'un facteur 10 (sauf chez certains nationalistes arméniens). L'horreur du régime, on nous la montre par les résidences des Ceaucescu. Ces salopards vivaient dans un confort luxueux. J'attends qu'une révolution nous montre ici comment vivent nos présidents et nos ministres … On nous a même dit que la fille du dictateur, Zola, «pesait la viande de ses chiens dans une balance en or», balance que malheureusement nous n'avons pas vue … On nous dit aussi qu'on a trouvé, dans une ville de province, toutes les fiches que la Securitate avait rédigées sur les citoyens. Horreur et damnation ! Que les chers citoyens français s'avisent donc d'aller demander communication de leur fiche à la police ! Quelles fiches ? Une démocratie tenir des fiches comme un vulgaire totalitarisme ? De tels propos sont indécents. Ce régime roumain était abominable. Il l'était depuis très longtemps. Il mentait énormément. Ses successeurs se sont empressés de mentir aussi beaucoup. Et la presse leur a emboîté le pas sans la moindre réticence. Le révisionnisme, c'est aussi à chaud, devant le poste de télévision, devant l'article de journal encore humide de son encre, qu'il faut le pratiquer. N'attendons pas vingt ou quarante ans. Tous ces mensonges, ces travestissements de la réalité ont un but immédiat : nous décerveler chaque jour un peu plus pour obtenir de nous ce qu'aucun Ceaucescu n'a pu obtenir de son peuple, quels que soient les rudes moyens qu'il a employés : nous faire croire ce que la raison d'Etat nous susurre en agitant les petites marionnettes qu'on appelle journalistes. (29 décembre 1989) A ces quelques lignes, rédigées «à chaud», les semaines écoulées ont apporté d'amples confirmations. Beaucoup de journalistes ont été contraints de revenir sur leurs affirmations, en se cherchant toutes les excuses du monde. Le mythe qui affirme qu'un journaliste ne donne que des informations vérifiées et recoupées a été piteusement abandonné au nom des «circonstances». Même son de cloche — c'est le cas de le dire — chez Jean-François Kahn (émission «Arrêt sur enquête» du 5 janvier 1990 sur France-Culture) qui a expliqué que les chiffres sont toujours exagérés, que c'est une façon symbolique pour les gens de dire que le drame qu'ils vivent est affreux, que les chiffres ne traduisent dans le fond que la souffrance des subjectivités. Pour un peu, JFK nous ferait croire que les journalistes prennent leurs chiffres dans la rue. Il n'a fait aucune allusion au passé et à ses chiffres symboliques. On sait pourtant qu'il n'en est rien et que seule l' «autorité» est une source valable. On a vu ainsi en janvier, alors que tous les renseignements d'origine médicale donnaient des chiffres situés entre 1 000 et 2 000 morts, les journaux continuer à donner le chiffre de 10 000, «de source diplomatique», ce qui désignait évidemment, pour les journalistes français, l'ambassade de France. Il fallait conforter l'image d'une «révolution» roumaine, sœur de la nôtre, et justifier la noria des hommes politiques français faisant le pèlerinage de Bucarest pour les besoins de leur image médiatique. Le chiffre de 60 000, qui avait servi à fusiller Ceaucescu, devait de même être conservé à tout prix. La nouvelle direction roumaine le collait alors à la totalité de la période Ceaucescu, ce qui n'est jamais qu'une absurdité de plus, un mensonge historique tout frais, qui fera sûrement carrière puisque la presse occidentale l'a repris sans sourciller. Le plus incroyable canard a fini par exploser. Déconfits, les journalistes de la télévision ont été obligés d'avouer que le spectacle des «corps suppliciés» de Timisoara était un montage pur et simple. Il a fallu montrer de très brefs extraits d'un film en allemand où la directrice de la morgue et un médecin légiste de Timisoara ont expliqué qu'un individu avait déterré des corps et monté toute cette mise en scène. L'individu en question est parfaitement identifié par la


9 directrice de la morgue. Mais curieusement les télévisions françaises n'ont pas donné l'identité du maquilleur de cadavres ni enquêté sur la façon dont elles étaient tombées dans ce piège grossier. D'ailleurs, à l'embarras des journalistes se mêlait comme un soupçon de sens critique qui tendait à faire croire qu'il y avait peut-être quelque chose de vrai derrière cette désinformation et qu'il ne fallait donc pas leur en tenir rigueur. On aura rarement vu un tel chefd'œuvre de tartufferie. La politique, hier comme aujourd'hui, c'est la manipulation des émotions. Mais les vastes opérations de ces dernières années (le Cambodge, l'Ethiopie, le Liban, l'Arménie, la Roumanie, etc.) se caractérisent toutes par une dimension nouvelle : le camouflage des opérations politiques derrière le paravent des causes humanitaires. Une opération qui a pour but de sauver des vies humaines, de soigner et de nourrir, est au-dessus de toute critique. Jusqu'au fin fond du plus petit village, les gens sont requis de faire des gestes symboliques qui les engagent bien audelà de leurs opinions ou de leurs volontés réelles. (6 février 1990). P.S.— D'après Le Monde du 1er février 1990, l'acte d'accusation contre quatre grotesques comparses du couple Ceaucescu fait le bilan des événements de décembre : 689 morts et 1 200 blessés, et quelques disparus. Les accusés «étaient tout simplement inculpés de "complicité de génocide"». Après une forte inflation, le terme de génocide subit une dévaluation presque totale. La mauvaise monnaie chasse la bonne. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 9 à 15


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L'HOLOCAUSTE EN JUGEMENT Ernst Zündel face au tribunal de Toronto Le texte que nous reproduisons ci-après en traduction est un document à l'état brut. Il a été rédigé par un homme du nom d'Ernst Zündel à la fin du mois d'avril 1988, soit quelques jours avant la condamnation qui fut infligée à cet éditeur canadien par la cour d'appel de Toronto pour délit d'opinion ou, plus précisément, pour avoir diffusé une brochure vieille de quinze ans qui met en lumière quelques-unes des tromperies les plus flagrantes de l'histoire officielle du «génocide des juifs» durant la seconde guerre mondiale. Le traducteur franco-canadien a procédé à des adaptations du texte initial ou intégré des explications supplémentaires lorsque les exemples ou les faits cités risquaient de ne pas être facilement compréhensibles pour un lecteur français, de surcroît non familiarisé, peut-être, avec le thème de l' «Holocauste». Ernst Zündel est âgé de 50 ans. Citoyen allemand installé au Canada depuis une vingtaine d'années, il a créé à Toronto une petite maison d'édition. Il n'a jamais oublié sa patrie d'origine. Avec un courage indomptable, et malgré des persécutions continuelles, il se consacre à la dénonciation de ce qu'il considère comme des mensonges et des calomnies qui, depuis la fin de la guerre, sont déversés quotidiennement sur l'Allemagne. Parmi ces mensonges figure l'accusation, aujourd'hui contestée par un nombre croissant d'historiens, selon laquelle les Allemands auraient exterminé systématiquement, et sans laisser de traces de leur gigantesque crime, environ six millions de juifs durant la dernière guerre : c'est ce qu'on nomme généralement l'Holocauste (de ολος : tout entier, et καυστος : brûlé). Cette accusation est au premier rang des préoccupations d'E. Zündel, comme de la plupart des historiens révisionnistes du monde entier. Mais, pour comprendre cet homme de cœur et de courage, il faut savoir que, pour lui, l'accusation d'holocauste n'est pas seulement une imposture ou le résultat d'une simple propagande de guerre, mais un crime. C'est en effet, dit-il, au nom de l'Holocauste que les crimes commis par les Alliés occidentaux et soviétiques, ainsi que les immenses souffrances physiques et morales infligées après la guerre à des millions d'Allemands ont été en quelque sorte justifiés ou à tout le moins tenus pour inévitables ou nécessaires. L'holocauste supposé d'Auschwitz, ajoute-t-il, plaide pour l'holocauste bien réel de Dresde des 13 et 14 février 1945 perpétré par l'aviation angloaméricaine ; quant aux descriptions imaginaires des «gazages» de Buchenwald ou Treblinka, elles servent à expliquer, sinon à excuser, au nom d'une sorte de juste retour des choses, l'interminable suite de pillages, de viols et d'atrocités commis par les hordes soviétiques lors de leur invasion de l'Allemagne en 1945. En France, on a du mal à imaginer le long cortège d'horreurs qui a accompagné pendant trois ans — de 1945 à 1947 — l'expulsion de 14 millions d'Allemands hors de leurs terres et de leurs maisons ; on estime à 2 millions ceux d'entre eux qui périrent, le plus souvent de faim, de froid, de misère ou d'épidémies dans des camps qui avaient été ouverts en toute hâte et considérablement agrandis. Des provinces entières, uniquement peuplées d'Allemands, furent ainsi vidées de leurs habitants, les gens jetés sur les routes, à pied, sans nourriture, sans cesse à la merci d'une populace déchaînée ou de troupes soviéto-asiates qu'on avait gonflées de haine par une propagande où le «génocide des juifs» tenait une place importante. Les nations sont comme les hommes : elles ont besoin de justifier les crimes qu'elles commettent (le vol de provinces entières, telles que la Silésie, la Prusse orientale ou les Sudètes, après en avoir systématiquement chassé ou massacré les habitants) par des crimes encore plus grands qu'elles imputent à leurs victimes, ces crimes fussent-ils imaginaires comme l'Holocauste. C'est au nom de celui-ci que des tribunaux ne cessent encore aujourd'hui d'infliger des années de prison à des vieillards d'autant plus innocents que l'impossibilité scientifique du crime qu'on leur impute est


11 maintenant démontrée par le rapport d'expertise Leuchter et un nombre considérable de récentes études, même si le grand public n'en sait rien. Il ne faut donc pas dire que l'Holocauste appartient au passé. La communauté juive, ou plus exactement ceux qui prétendent parler en son nom, continuent à défendre avec acharnement une légende qui semble indispensable à leur bonheur, comme si la seule possibilité de l'inexistence du plus grand massacre de l'histoire contemporaine leur était insupportable ou intolérable. Or des voix juives autorisées, telles que celle de l'historien juif J.G. Burg, n'hésitent pas à dénoncer l'histoire officielle d'un prétendu Holocauste. On ne saurait dire non plus que l'Holocauste remonte à la dernière guerre et que celle-ci est bien finie, car cette guerre et sa propagande restent présentes et constituent un thème incessamment ressassé par la télévision et les médias du monde entier. Quant à la guerre contre le mensonge, elle n'aura, elle, pas de fin. Le témoignage qu'on va lire est celui d'un homme qui se présente comme un combattant de la vérité : il réclame justice pour son peuple. Il s'appelle Ernst Zündel. L. V. LE PROCÈS DE TORONTO : LA NARRATION QUE NOUS EN AVONS RECUEILLIE AUPRÈS DE ERNST ZÜNDEL. Chers lecteurs et amis, «Tout est consommé» — Une légende touche à sa fin. Pourquoi faut-il que ce mot de la Bible me revienne à l'esprit de façon lancinante alors que la première phase du procès, si éprouvante pour les nerfs, est maintenant derrière moi ? Les pièces d'artillerie verbale que j'avais mises en batterie dans la salle du tribunal afin de détruire une fois pour toutes la supercherie de l'Holocauste se sont tues depuis l'après-midi du mardi 26 avril 1988. Un immense complexe mensonger qui a été édifié pendant la guerre et propagé dans le monde entier par les ennemis de l'Allemagne — tout particulièrement par de puissantes associations sionistes mais aussi par la «Psychological Warfare Division», la célèbre division anglaise de guerre psychologique — est en train de s'effondrer. Le coup de grâce a été donné dans la salle d'audience n° 4-6 au 4ème étage de la cour d'appel de Toronto, au cœur de la métropole des médias canadiens et de la capitale de la province d'Ontario. La salve a été tirée par un Américain qui est actuellement au monde l'unique spécialiste consacrant une partie de son activité à la construction, au fonctionnement et à l'entretien de chambres à gaz conçues pour l'exécution d'êtres humains. Son nom : Fred Leuchter. Sa macabre profession : exécuter des condamnés à mort par le moyen du gaz, de l'électrocution ou de l'injection. J'ai trouvé cet homme après une quête de neuf ans, liée à de longs détours et parsemée de beaucoup de difficultés, avec l'aide du révisionniste français, le professeur Faurisson. C'est ce dernier qui, à l'occasion d'une rencontre d'historiens à Los Angeles en 1979, m'avait convaincu que le cœur de la supercherie de l'Holocauste résidait dans l'imputation faite aux nazis d'exécutions massives par le moyen des chambres à gaz. Cela, je ne l'ai jamais oublié. J'avais déjà eu l'occasion d'envoyer des équipes de prises de vues ainsi que des photographes et des chercheurs à Auschwitz, Majdanek, Treblinka …, car depuis des années je n'avais plus le droit de m'y rendre moi-même. J'avais aussi reçu des résultats de tests effectués sur des pierres et échantillons prélevés à Auschwitz, Majdanek …, mais toujours sous une forme insuffisamment professionnelle. J'avais consulté des historiens et des chercheurs qui connaissaient Auschwitz à fond : Ditlieb Felderer, par exemple, un chercheur suédois connaissant parfaitement les camps dits d'«extermination», ou le Dr Lindsey qui, au moment où il prit sa retraite, dirigeait au sein de la


12 prestigieuse firme américaine Dupont de Nemours, le département des recherches chimiques. J'avais lu des centaines de livres, articles ou études sur l'Holocauste et discouru infatigablement du sujet. Je m'étais usé les lèvres sur ce sujet des chambres à gaz mais, comme par un fait exprès, je tombais souvent sur des sourds. Le thème devenait verbiage et finissait en de stériles discussions sur des sujets annexes. Comme un bon joueur de football, je gardais pourtant la balle au pied. Peut-être est-ce là mon atavisme souabe ? Le professeur Faurisson, que j'appelai à nouveau à l'aide avant le début de la nouvelle procédure devant la cour d'appel, m'envoya une liste des prisons américaines qui avaient utilisé ou utilisaient encore des chambres à gaz pour l'exécution des condamnés [le professeur communiqua à E. Zündel sa correspondance des années 70 avec les responsables de six de ces pénitenciers]. LA PRÉPARATION DE L'EXPERTISE Par notre avocate, je fis envoyer une lettre et un questionnaire à tous les directeurs des prisons concernées pour réunir des informations sur le mode d'exécution par le gaz. A ma surprise, je reçus quelques réponses. De là se développa une intéressante correspondance avec ces experts en mise à mort d'êtres humains par le moyen des chambres à gaz, mais toujours par l'entremise de mon avocate ; nul ne devait savoir, bien entendu, pourquoi je m'intéressais si fort aux chambres à gaz. Finalement, l'un de ces correspondants nous donna le nom et l'adresse de son ingénieur qui, dans l'Etat du Missouri, entretenait «ses» chambres à gaz et qui, justement, travaillait à une transformation de celles-ci. Il s'agissait de Fred Leuchter. Je pris contact avec cet expert. Entre-temps, le professeur Faurisson arriva de France à la rescousse et partit en mission rigoureusement secrète à Boston où résidait Leuchter, pour examiner cet homme sur toutes les coutures et découvrir sa position sur le thème épineux de l'Holocauste : Croyait-il en la version standard de l'Holocauste comme elle est habituellement donnée par Hollywood, avec ses gazages massifs et son génocide des juifs ? Si oui, cela pouvait devenir dangereux pour nous. Je passais des heures sur les nerfs jusqu'à ce qu'enfin, à 9 heures du soir, me parvienne l'appel de Boston ; je reconnus la voix qui m'était devenue familière avec son fort accent français. Le professeur Faurisson me présentait son rapport et le cœur me manqua : L'homme qui était l'expert en chambres à gaz pour l'Amérique croyait en l'holocauste ; il ajoutait foi aussi aux gazages de masse, voire même à la méthode ! Malgré ses connaissances professionnelles — et comme presque tous les hommes de notre planète — il acceptait «en gros» l'histoire officielle de l'Holocauste telle qu'elle est présentée par la propagande. Seul le nombre de 6 millions le déconcertait quelque peu. Il s'était posé des questions à ce sujet, mais il s'était finalement dit que les Allemands, qui ont réalisé beaucoup de performances techniques, avaient sans doute trouvé une solution qu'on n'avait pas cherché à approfondir. Le professeur Faurisson avait emporté à Boston le matériel, photos, diapos, plans de construction, etc. d'Auschwitz qu'il laissait au spécialiste pour étude jusqu'au lendemain. Il m'appela encore une fois plus tard pour me dire qu'une autre entrevue était convenue pour la journée du lendemain, à la fin de laquelle il m'appellerait à nouveau pour savoir si, en fin de compte, je demanderais à F. Leuchter d'entreprendre une expertise. Les heures de cette journée se traînèrent pour moi interminablement. Enfin l'appel arriva et j'écoutai les explications du professeur. Les frais d'une analyse d'expert étaient horriblement élevés, car le spécialiste travaillant sur contrats d'Etat était habitué à de telles sommes. Je confirmai néanmoins ma décision d'expertise et priai le professeur d'inviter l'expert à Toronto, ce qu'il fit. Les frais pour le voyage, l'hôtel et le temps de travail proprement dit pourraient se


13 monter à près de 3 000 dollars US pour un week-end. Cela me donnait un avant-goût de ce que la suite me réservait. L'expert vint à Toronto, étudia les plans des camps, écouta mes explications, examina les modèles que j'avais fait faire à l'échelle pour le complexe d'Auschwitz. Il étudia aussi les photos de D. Felderer et le film de J. Neumann (qui est mon spécialiste vidéo). Il écouta les explications de D. Felderer sur les photos qui avaient été faites dans les différents camps, toutes choses qu'il n'avait pas jusque-là prises en considération. Il reconnaissait avoir été abusé par les médias puisqu'il n'avait pas, lui, l'expert en chambres à gaz, éprouvé le besoin de procéder à des recherches sur l'exactitude de la version officielle. Je lui demandai alors s'il pouvait, non seulement entreprendre les analyses sur place en Pologne, mais aussi aller chercher les échantillons de pierre, procéder aux mesures nécessaires et relever d'autres caractéristiques que je lui demandais. Il me promit d'entreprendre la mission malgré les dangers qu'elle comportait. Il me remit alors une évaluation des frais qui me coupa le souffle. La somme grossièrement estimée dépassait de beaucoup ce que je pouvais me procurer. La situation était encore aggravée par le fait que, outre le procès en cours, les autorités fédérales allemandes avaient, sans donner de raison, bloqué mon compte postal à Stuttgart, si bien que j'étais provisoirement privé de ressources sur le front de ravitaillement allemand. N'ayant tout simplement pas l'argent, je fus contraint de laisser repartir l'ingénieur à Boston. Je lui promis toutefois de le rappeler dans les jours suivants, après avoir essayé de résoudre le problème financier. Ces jours suivants furent bien entendu remplis d'agitation, de difficultés, de pressantes requêtes et d'appels à tous mes soutiens. Ni Dieu, ni Diable ne savent ce que je fis pour obtenir les prêts ou dons nécessaires ! Et le pis était qu'en raison du secret je ne pouvais donner à mes correspondants qu'une faible idée de l'emploi que je ferais de cet argent. En fin de compte, seule une fraction de la somme nécessaire put être réunie. Je résolus malgré cela de ne pas laisser passer une chance aussi exceptionnelle. Il fallait que cet expert se rende à Auschwitz et à Majdanek. L'EXPERTISE A LIEU : LA PHASE POLONAISE La décision prise, je me mis au travail de planification. Jour et nuit, les appels se succédaient, les plans étaient revus et repensés, affinés. Les réservations d'avions, hôtels, autos, tout devait être préparé jusque dans les moindres détails, et cela derrière le rideau de fer. Les visas nécessaires à l'équipe devaient être obtenus en Amérique, au Canada, en Pologne, et peutêtre même en Allemagne de l'Ouest, car le groupe serait international. Peu à peu, j'eus en mains tous les fils de cet écheveau et tout finit par se mettre en place : en Pologne nous attendaient des amis pour nous aider en cas de besoin. Dans les bagages, nous avions des biens d'échange, tels que bas, chaussettes, café et surtout ces dollars en petites coupures si prisés des Polonais. Notre équipe s'envola à la date fixée et se regroupa comme prévu à Francfort afin de poursuivre le voyage en commun jusqu'en Pologne. Elle se composait d'un ingénieur (Fred Leuchter), d'un technicien (dessinateur/métreur), d'un interprète polyglotte (allemand, anglais, français, polonais et yiddish), d'un photographe vidéo et de la femme de l'ingénieur, dont la présence enlevait à notre groupe ce qu'il avait de trop professionnel et devait servir de diversion, afin que les échantillons de pierres puissent être prélevés et emportés sans difficultés. Dès lors, tout se passa comme prévu. Entre l'équipe et Toronto, il ne devait y avoir aucun contact téléphonique afin de n'attirer de difficultés à personne, ici ou là-bas, de la part de la police secrète. Tout paraissait se dérouler normalement et alors que le procès se poursuivait à Toronto, les jours et les heures me semblaient une éternité. Brutalement, je reçus un appel d'une station aérienne américaine avec la nouvelle que le fils de l'ingénieur avait trouvé la mort dans


14 un accident de la circulation. Ce fut une nouvelle émotion qui me mit au bord du découragement, car j'étais sûr qu'à l'annonce de cette nouvelle Fred Leuchter reviendrait toutes affaires cessantes aux U.S.A. Tout était remis en question et je pensai même à une feinte de l'adversaire. Je téléphonai au centre de l'US Air Force à Washington, à Boston, aux grandsparents, à Ottawa, au Ministère des Affaires étrangères de Washington, à l'Ambassade américaine à Varsovie, à l'attaché militaire. Finalement, on retrouva trace de l'équipe sur le terrain du camp de concentration de Majdanek. La radio polonaise avait passé l'avis de recherche sur toutes les stations. Leuchter et sa femme furent durement touchés par ce coup du sort et pourtant l'ingénieur eut le courage de terminer son travail dans l'enceinte du camp avec un soin opiniâtre. C'est seulement après qu'eut lieu le voyage de retour par Varsovie. Personne ne demanda la raison qui avait conduit notre équipe en Pologne. Il n'était question que du fatal accident. Le jour suivant s'effectua le retour sur le continent américain ; 90 % des objectifs de la mission avaient été réalisés. Les échantillons partirent tout de suite au laboratoire, les films furent développés, les cartes et les plans mis au net. Un vidéo-film fut monté qui montrait clairement comment les échantillons avaient été pris. Nous voulions aussi présenter ce film au tribunal. Mais tout cela avait pris du temps. Je pressai Leuchter d'accélérer la remise de son rapport et finalement le premier compte rendu fut transmis par télécopieur. Page après page, l'appareil nous donnait à Toronto ce que l'ingénieur avait introduit dans sa machine quelques secondes auparavant à Boston. Les 3 000 dollars que nous avions encore dépensés au dernier moment pour l'achat de cet appareil en valaient la peine. Dorénavant, d'autres ingénieurs, chimistes et experts pourront étudier et analyser le rapport et en faire éventuellement des critiques. Nul ne pourra l'ignorer. RETOUR DEVANT LE TRIBUNAL Après notre retour devant le tribunal de Toronto, une autre semaine de travail intensif s'ensuivit au cours de laquelle le rapport fut encore vérifié dans tous ses détails. L'auteur revint encore à Toronto pour les derniers contrôles et, dans la nuit précédant la comparution de F. Leuchter devant le tribunal, tout fut emmagasiné dans notre ordinateur. Je ne dormis que quelques heures et d'autres camarades travaillèrent toute la nuit. Le matin à 7 heures, j'avais en mains un rapport d'expertise de 192 pages. A 8 h 30, six copies étaient faites et reliées. A 9 h 30, notre minibus quittait notre quartier-général en direction du tribunal. A 10 heures, mon avocat se leva de son siège et demanda à être entendu par le juge en l'absence des jurés, comme l'exige la loi anglo-saxonne quand le juge doit décider d'un important point de procédure. Tous parurent abasourdis. Un silence sépulcral tomba sur la salle d'audience. Seuls les représentants des associations juives sur les bancs du public parurent quelque peu agités quand mon avocat demanda au juge la permission d'admettre nos experts comme témoins. Ce qui s'est alors passé dans la salle d'audience, je ne peux encore malheureusement pas le décrire jusqu'à ce que la procédure soit complètement terminée, et cela par ordre exprès du juge. Le juge finit par décider que F. Leuchter serait partiellement entendu comme témoin ; celuici était autorisé à décrire le travail qu'il avait réalisé pour mon compte et à dire quels résultats il avait obtenus et à quelles conclusions il était parvenu. Il pouvait même montrer dessins et photos, mais il ne pouvait alléguer les résultats d'analyses car il n'était pas chimiste, mais ingénieur. L'essentiel était atteint, même si cela m'obligeait à faire venir personnellement à Toronto le chef du laboratoire qui avait entrepris ou contrôlé les analyses, ce qui entraînait d'autres frais


15 (200 dollars de l'heure en plus des frais de voyage). Je frémissais, mais pouvait-on, à cause de ce nouvel obstacle, échouer si près du but pour 3 000 dollars ? Tandis que F. Leuchter procédait à ses premières déclarations, nos pourparlers avec le laboratoire de Boston allaient bon train. A nouveau des places d'avion devaient être retenues en catastrophe et il fallait que notre service de liaison avec l'aéroport fonctionne impeccablement, car cette fois les minutes comptaient et nos adversaires n'auraient été que trop satisfaits de constater que l'expert en chimie ne s'était pas présenté à temps à la barre. Entre-temps, F. Leuchter exposait, dans un langage étonnamment bref et précis de scientifique, sa méthode de travail et les résultats obtenus ; ses explications étaient visualisées par des plans, photos, cartes au moyen d'un rétro-projecteur. Il en arriva ensuite à la conclusion. Je retins ma respiration. Que dirait le juge ? Mais déjà mon avocat, Douglas Christie, demandait à F. Leuchter : «Monsieur Leuchter, avez-vous encore quelque chose à nous dire sur la chambre à gaz d'Auschwitz I ? [celle que l'on fait visiter aux touristes - Note du traducteur]. Sur sa construction ? Réponse : «Après les examens les plus approfondis, ma ferme conclusion d'ingénieur est que jamais dans cette installation, ni pendant la guerre ni aujourd'hui, des hommes n'ont pu être gazés de la façon qui est décrite dans la littérature et les films sur l'Holocauste.» D. Christie l'interrogea ensuite sur les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. La réponse tomba, tout aussi écrasante pour les tenants de l'Holocauste : «Là aussi, il est impossible que quelqu'un ait jamais été gazé !» Suivirent les questions relatives aux investigations qui avaient été faites à Majdanek. Dans cet ancien camp, F. Leuchter n'avait trouvé que des chambres à gaz construites ou transformées après la guerre, dans lesquelles tout est impossible, aussi bien la technique même des gazages que les chiffres des prétendues victimes donnés par la propagande sioniste. Sur les bancs du public occupés par les représentants des associations juives s'était élevée une bruyante agitation. Quelques-uns quittèrent la salle, non sans soulever des protestations. J'étais comme médusé. Pour la première fois depuis la guerre, là, sous mes yeux, à Toronto, au Canada, les imposteurs et les calomniateurs de l'Allemagne étaient jugés et condamnés par un autre tribunal que celui où nous étions : par le tribunal de l'Histoire. Nous faisions l'Histoire. Nous faisions ici ce qu'un gouvernement allemand — s'il y en avait eu un digne de ce nom — aurait déjà dû faire depuis plus de quarante ans : abattre le criminel mensonge d'une extermination des juifs voulue et planifiée par les Allemands. Mais j'étais fier de notre équipe, fier de notre cercle de camarades qui avaient rendu possible cet immense travail. Ma gorge se serra lorsque F. Leuchter se contenta de mentionner les analyses faites en laboratoire : sur ordre du juge, il ne devait pas les commenter. Malgré tout, il précisa, de cette voix d'ingénieur étonnamment claire et dépourvue de toute passion, plus habituée à mesurer des faits que des sentiments, qu'il était parvenu à ses conclusions à raison de 60 % à la fois pour ce qu'il avait vu et pour ce qu'il aurait dû voir et n'avait pas vu dans ce qu'on présente à nos contemporains comme étant des chambres à gaz. Pour le reste, ses conclusions résultaient, à environ 30 %, des calculs scientifiques effectués et, à seulement 10 %, des analyses faites sur les échantillons de pierres, briques et béton. Un expert reste précisément un expert. Aux yeux d'un expert en chambres à gaz, des morgues ou des crématoires ne peuvent avoir été des chambres à gaz homicides ; encore moins cet expert verra-t-il des chambres à gaz homicides dans de simples chambres à gaz pour la désinfection de vêtements, de linge et de matelas ; des chambres de ce type existaient en effet dans la plupart des camps comme dans tous les dépôts de l'armée allemande.


16 C'est le 20 avril 1988 à Toronto que l'impossibilité scientifique de l'Holocauste aura été prouvée. Trois autres témoignages jouèrent un rôle important. Le premier fut celui d'un ancien auxiliaire autrichien de la Commission d'enquête alliée d'après-guerre, Emil Lachout, qui commenta le fameux document Müller. Ce document du 1er octobre 1948 montre que, dès cette date, la Commission d'enquête des vainqueurs avait renoncé à croire aux gazages de Buchenwald, Dachau, Ravensbrück, Mauthausen, etc. (13 camps au total). Oui, mais voilà : à l'époque on ne parlait guère que de ces camps : la plupart des commandants et de nombreux «coupables» avaient «avoué» ! On les avait d'ailleurs pendus pour cela. En outre, les témoignages des «rescapés» étaient nombreux, si bien que les preuves d'exterminations de masse prétendument perpétrées dans ces camps paraissaient aux falsificateurs de l'époque beaucoup plus solides que celles des camps de Belzec ou Chelmno, par exemple, que personne ne connaissait. Même d'Auschwitz on parlait relativement peu. Certes, l'ancien commandant Rudolf Höss (ne pas confondre avec Hess) avait «avoué» lui aussi, mais les Russes et les Polonais interdisaient toutes visites des lieux aux Occidentaux et n'avaient d'ailleurs pas encore procédé aux «aménagements» nécessaires indispensables en vue de la future ouverture du camp aux touristes, qui n'aura lieu qu'en 1956. Quoi qu'il en soit, les falsificateurs se virent contraints, dans les années 1960-1961, de renoncer aux gazages de Buchenwald, Dachau, etc., pour les transférer en quelque sorte dans seulement six camps dits «d'extermination», tous situés au-delà du rideau de fer, en Pologne où s'était rendue notre équipe. Rappelons qu'il s'agit d'Auschwitz, Treblinka, Majdanek, Sobibor, Belzec et Chelmno. Aujourd'hui encore, seuls ces camps sont qualifiés «d'extermination» tandis que le renoncement aux gazages de Buchenwald, Dachau, … semble définitif. Mais il n'en était pas de même, bien au contraire, en 1948 et le témoignage Lachout, quarante ans plus tard à la barre du tribunal de Toronto, eut le mérite de nous faire revivre les erreurs et ratages que les falsificateurs eurent à surmonter avant de stabiliser quelque peu la légende à son stade actuel. Le deuxième témoignage fut celui d'un expert en photos aériennes. Durant toute la guerre, l'aviation alliée avait pris des milliers de clichés des camps, et en particulier d'Auschwitz qui était un centre industriel important. En 1979, le Gouvernement américain commit sans doute l'erreur de laisser publier quelques-unes de ces photos dont la précision est stupéfiante. L'expert que j'avais mandaté sut démontrer et attesta que ces photos, pourtant prises durant l'été 1944, c'est-à-dire à une époque où, selon la légende, l'extermination était à son niveau le plus élevé, ne nous montrent rien de ce que nous décrit l'histoire officielle : pas de foules ou de masses humaines devant les chambres à gaz, mais des prisonniers isolés qu'on distingue parfaitement en train de se déplacer à proximité des prétendues chambres à gaz ; pas de charniers à ciel ouvert, ni la moindre trace de ces flammes et fumées sortant de gigantesques cheminées et «qu'on voyait à des kilomètres à la ronde» ! Pas même, et c'est un comble, les deux célèbres bunkers transformés en chambres à gaz et dont parle toute la littérature exterminationniste. Les deux bunkers n'existent pas en tant que tels. Le troisième témoignage fut celui d'un expert en chimie analytique, le D r J. Roth, celui-là même que j'avais fait venir en toute hâte, le matin, de Boston. Mon cœur battit plus fort quand il commenta l'analyse des 32 échantillons de pierres et les traces de ferro-cyanure qu'il y avait trouvées. Il avait trouvé 1 050 milligrammes par kilo dans l'échantillon provenant de la chambre à gaz de désinfection des vêtements où les poux et parasites étaient gazés au Zyklon B, un produit à base d'acide cyanhydrique qu'on utilisait, rappelons-le, dans toutes les armées européennes durant la guerre pour détruire les poux, qui sont l'agent de transmission du typhus (le DDT n'a été introduit par les Américains qu'à la fin de la guerre). En revanche, sur les échantillons provenant des prétendues chambres à gaz homicides, là où précisément les Allemands sont censés avoir utilisé ce même et dangereux insecticide, le Zyklon B, pour gazer des centaines de milliers ou des millions de gens, l'expert n'avait ou rien trouvé, ou détecté des


17 traces à peine décelables. Le plus haut résultat se situait à 7,9 milligrammes par kilo, ce qui s'explique d'ailleurs parfaitement par le fait que les prétendues chambres à gaz (en réalité des chambres froides pour les cadavres) avaient fort bien pu être elles-mêmes l'objet d'une désinfection au Zyklon B. A Auschwitz, on a gazé des poux pour protéger les hommes contre les terribles épidémies de typhus qui, sur le front de l'Est et à Auschwitz même (surtout durant l'été 1942), sévirent souvent de terrible façon. Mais, pour les deux experts éminents que sont l'ingénieur F. Leuchter et le Dr J. Roth, il est scientifiquement impossible d'avoir gazé, comme on l'affirme, des êtres humains à Auschwitz, c'est-à-dire dans les lieux où l'on apprend aux jeunes Allemands que leurs pères commirent l'un des plus grands massacres de l'histoire. Il faut avoir vu, vu de ses propres yeux, comment se passent aujourd'hui les visites guidées des musées de Dachau, Buchenwald, Mauthausen, … là où pourtant les propagandistes de l'extermination reconnaissent eux-mêmes qu'il n'y eut jamais de gazages. Des groupes de jeunes Allemands et d'écoliers sont envoyés massivement dans ces musées, sur recommandation du Ministère de l'Instruction publique, pour y entendre les harangues de guides professionnels chargés de transmettre la légende à la nouvelle génération. Le tout est habillé d'un discours de type moralisateur, où l'on entend sans cesse les mots de paix, de vérité, d'amour entre les hommes et de «plus jamais ça». DÉLAISSONS PROVISOIREMENT LE PROCÈS POUR LE RAPPEL DE QUELQUES FAITS DE BASE NÉCESSAIRES A UNE BONNE COMPRÉHENSION Les circonstances m'ont fait bousculer l'ordre de passage des témoins pour vous donner en priorité les grandes nouvelles. Je serai donc plus concis sur les autres témoins, ce que je regrette, car leurs déclarations furent, elles aussi, remarquables, parfois exceptionnelles. Mais je craindrais de vous fatiguer, chers lecteurs et amis, et d'autres développements plus détaillés viendront en leur temps. Le procès de Toronto aura aussi montré combien nos contemporains, et parmi eux parfois des hommes de science ou des spécialistes, étaient rapidement — et le plus souvent presque immédiatement — convaincus, puis frappés par l'impossibilité de l'Holocauste. Il leur suffisait de pouvoir réfléchir tout en ayant accès à autre chose qu'à la version officielle, c'est-à-dire à des études, rapports, plans et documents précis qui ont été longtemps inaccessibles et le demeurent souvent encore aujourd'hui. Ceux qui découvrent brutalement la vraie nature de l'Holocauste, mais aussi le côté si souvent aberrant des détails du génocide, éprouvent généralement une sorte de stupeur qui s'exprime sous les formes les plus inattendues : tel cet ancien journaliste devenu révisionniste — jadis spécialiste d'un antinazisme de sex-shop si usuel dans la profession — qui finissait par dire avec colère à un défenseur de la légende : Mais si c'est être nazi que d'affirmer, preuves à l'appui, l'inexistence d'une extermination des juifs pendant la guerre, j'aime mieux être nazi que de rester un imbécile. Sur les 6 millions de juifs soi-disant exterminés, 4 à 5 millions auraient été «gazés» dans les six camps cités plus haut. En réalité, dans ces six camps, on évalue aujourd'hui à 35 000 [1] le nombre de juifs morts, de maladie, des conditions résultant de la vie dans les camps et surtout des épidémies, le typhus en particulier, qui sévissait à l'état endémique à l'est de l'Europe : d'où l'importance des désinfections au Zyklon B. Le chiffre de 35 000 morts, rien que parmi les juifs, est certes considérable et il englobe bien entendu certaines victimes d'excès individuels. Ces excès étaient d'ailleurs presque toujours commis par la célèbre «Häftlingsführung» (encadrement formé de détenus), uniquement composée d'internés et qui contrôlait dans la pratique toute la vie interne des camps où la SS n'avait pas d'accès réel.


18 Mais en dehors de ces 4 ou 5 millions de «gazés», l'histoire officielle nous apprend qu'environ 1 million de juifs auraient été en outre fusillés par les troupes allemandes entrant en Russie, essentiellement par les «Einsatzgruppen» (ainsi en arrive-t-on pour l'essentiel au chiffre de 6 millions !). Ces Einsatzgruppen (groupes d'intervention) étaient effectivement un corps spécial chargé de lutter contre les partisans soviétiques et ils étaient répartis en quatre groupes A, B, C et D du nord au sud sur les arrières de l'immense front russe. Mais, selon la légende, ces unités auraient été aussi chargées, selon des ordres verbaux (!), de fusiller et d'exterminer systématiquement tous les juifs qu'elles pouvaient trouver. Certes les quatre groupes ne représentaient au total que 3 000 hommes (soit quatre groupes d'environ 700 hommes), mais ils n'étaient apparemment pas suffisamment occupés par la terrible guerre des partisans russes, puisqu'ils sont censés avoir fusillé, comme cela, en plus … un nombre indéterminé de centaines de milliers de civils juifs. Comment a-t-on appris cet extraordinaire crime qui s'ajoute en quelque sorte à celui des gazages, tout en le complétant ? Comme pour tout ce qui concerne l'Holocauste : moins par des documents (il en existe mais ils sont à revoir de près) que par les témoignages, et surtout par les aveux obtenus au cours des procès qu'après la guerre les vainqueurs de l'Allemagne, devenus justiciers, imposèrent aux vaincus. Dans tous les ouvrages suffisamment documentés sur l'Holocauste, on aime en général à prouver les crimes attribués aux «groupes d'intervention» par les aveux signés le 5 novembre 1945 par le général Ohlendorf qui commandait le groupe d'intervention D en Ukraine. Ohlendorf «confessa» que, rien que sous son commandement, 90 000 juifs avaient été liquidés dans les premiers mois de la guerre en Russie. Certes, il se rétracta par la suite et contesta farouchement ses aveux en invoquant les tortures dont il avait été l'objet. Il fut exécuté en 1951 seulement, malgré ou peut-être à cause des protestations que la condamnation à mort de cet homme, dont la noblesse morale paraissait incontestable, avait soulevées dans divers milieux. Je conclurai cette longue échappée en dehors de la salle d'audience de Toronto par la remarque que la légende des «fusillades» attribuées aux Einsatzgruppen constitue une histoire encore peut-être plus fantastique que celle des «gazages» dans les six camps polonais. Elle commence à être l'objet d'une révision profonde même dans Holocaust and Genocide Studies. RETOUR DEVANT LE TRIBUNAL DE TORONTO. AUTRES TÉMOINS — AUTRES EXPERTS. Revenons à Toronto en nous efforçant de mieux respecter l'ordre de passage des témoins de la défense devant la barre. Il nous faut d'abord mentionner cet autre témoin à sensation que fut Ivan Lagacé, expert en crémation, qui a déjà inhumé ou incinéré plus de 10 000 corps. Ivan Lagacé est directeur du crématorium de Calgary au Canada. A l'origine, il croyait, lui aussi, à la version standard de l'Holocauste. Aussi fut-ce un choc pour ce spécialiste de constater combien les chiffres de crémation donnés par Raul Hilberg, «le pape juif de l'Holocauste», dans son énorme ouvrage La Destruction des juifs d'Europe, étaient si massivement impossibles et sans commune mesure avec la capacité réelle des crématoires d'Auschwitz. Ivan Lagacé prouva à l'aide des registres de son crématoire, dont le type et la conception étaient si étrangement proches de ceux d'Auschwitz pourtant construits en 1943, qu'on ne pouvait guère procéder à plus de trois crémations par four et par jour. Il parla de la nécessité de pauses de refroidissement entre les crémations, faute de quoi on endommage les revêtements ignifuges des fours ; d'où des réfections qui obligent ensuite à ne plus effectuer que deux crémations par jour durant environ un mois. Comment aurait-il pu en être autrement à Auschwitz ? Le Bon Dieu aurait-il fait une exception à ses lois naturelles parce qu'il s'agissait de l'Holocauste ?


19 Mais surtout Ivan Lagacé était furieux, furieux contre les mensonges que dès l'école primaire, puis à l'université, il avait acceptés pour vrais sans les vérifier, furieux aussi sans doute contre lui-même pour la naïveté avec laquelle il avait cru, lui un spécialiste, à une histoire dont l'absurdité et le grotesque lui paraissaient maintenant aveuglants. Il se refusa à commenter longuement la nauséabonde histoire des gigantesques fosses où des milliers d'hommes étaient censés brûler dans une sorte de vision d'enfer tandis qu' «on reversait sur le brasier à l'aide de "cruches" métalliques fixées au bout d'une longue tige», pour réactiver la flamme, la «graisse fondue» des cadavres qui avait été recueillie dans des «rigoles» spécialement «aménagées» à cet effet» !! (Georges Wellers, Maître de Recherches au C.N.R.S., président de la Commission historique du Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris, auteur du livre Les Chambres à gaz ont existé, Gallimard, 1981, dans une lettre du 23 avril 1986, portant en-tête du C.D.J.C., adressée à un révisionniste — Témoignages encore plus impressionnants, et dans le même sens, par Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix 1986 dans son autobiographie La Nuit, éd. de Minuit, 1956). Après I. Lagacé vint le dramatique témoignage de l'historien Udo Walendy qui était devenu pour moi un maître à penser depuis que j'avais eu connaissance de son livre en deux volumes, Wahrheit für Deutschland [Vérité pour l'Allemagne]. Dans un langage où la chaleur de cœur ne réussissait pas toujours à s'effacer derrière la sécheresse des faits, ce Prussien évoquait l'énorme masse de souffrances, d'assassinats et d'exactions en tous genres qui furent après la guerre le lot de tant de millions d'Allemands, souffrances qu'on a même parfois essayé de justifier en osant invoquer une sorte de pendant à l'Holocauste. Puis U. Walendy fit des révélations surprenantes sur les méthodes du chef de Département anglais de propagande, Sefton Delmer, et sur les falsifications de documents et de photos réalisées par les services alliés des sections de guerre psychologique. Les interruptions du procureur se firent de plus en plus nombreuses et haineuses : rien d'étonnant à cela car ce n'est pas souvent que des informations de ce genre s'entendent dans un pays anglo-saxon. Que dire du témoignage du professeur français R. Faurisson dont j'ai déjà indiqué cidessus le rôle fondamental qu'il joua dans cette affaire ? Maître incontesté de l'ensemble du mouvement révisionniste mondial, le professeur Faurisson nous gratifia à la barre d'un feu d'artifice intellectuel, d'un exposé de synthèse sans pareil sur les falsifications et les mensonges de l'Holocauste. La somme et la qualité de ses connaissances sont proprement stupéfiantes. J'étais fier de pouvoir donner une plate-forme publique à l'exposé de ses travaux dont l'importance est mondiale et qui ont contribué de façon si déterminante à l'écroulement du mythe de l'Holocauste. Un autre témoin à surprise fut Bill Armontrout, le directeur d'une des plus importantes prisons américaines pour grands criminels, située dans l'Etat du Missouri. Il était le responsable officiel des exécutions par gazage dans son institution. Il montra avec précision les énormes précautions à prendre et la complexité technique des installations nécessaires au gazage d'un seul condamné. On ne pouvait, en l'écoutant, s'empêcher de penser par comparaison au grotesque des descriptions officielles qui nous sont données pour les gazages d'Auschwitz. On se souvient que, selon le témoignage cité dans tous les livres d'histoire —celui de Höss, le commandant du camp —, les commandos juifs chargés de retirer les cadavres entraient dans la chambre à gaz «immédiatement» après la mort des victimes en mangeant et en fumant et sans être apparemment incommodés. Ou encore, on se souvient des SS grimpant à une échelle et jetant le Zyklon B à travers une méchante trappe en bois, à 20 mètres des fenêtres de l'hôpital SS tout proche. Ou encore, dans un registre différent, l'histoire ne se situe plus à Auschwitz mais dans d'autres camps du type Belzec ou Sobibor dont il ne reste plus rien, les «nazis» ayant fait disparaître toutes traces, ce qui est plus commode (c'est la théorie des commandos, effaceurs de traces et qui ne laissent eux-mêmes aucune trace). Dans lesdits camps, on n'utilisait pas le dangereux insecticide Zyklon B, mais les gaz d'échappement de moteurs Diesel ! (Hilberg, Reitlinger, Poliakov et tous les grands auteurs exterminationnistes nous le


20 racontent). Cette fois, tous les scientifiques seront d'accord pour admettre qu'il aurait été inutile de prendre des précautions avant de rentrer dans la chambre à gaz, les gaz d'échappement de Diesel étant, certes, irritants, ainsi que chacun peut le constater dans les embouteillages, mais peu dangereux car contenant une proportion très faible d'oxyde de carbone (CO), seul toxique. Pourquoi donc les nazis n'ont-ils pas eu l'idée d'utiliser dans ces camps exclusivement les gaz d'échappement de moteurs à essence, plus riches en CO et donc plus toxiques ? Mais laissons ces contradictions que les exterminationnistes s'efforcent de résoudre en nous expliquant que l'exécution des gazages était laissée à l'initiative de subordonnés et qu'en conséquence il y avait des erreurs ou des bavures. Ils ne peuvent d'ailleurs rien dire d'autre puisque, pour le plus grand massacre de l'histoire humaine, on n'a pas retrouvé un seul document probant en provenance de la hiérarchie. Je dirais, quant à moi, que ces subordonnés n'étaient pas si peu doués que cela pour avoir réussi à faire disparaître en trois ans l'équivalent de toute la population suisse, sans que personne ne s'en aperçoive avant les procès de l'aprèsguerre que les vainqueurs mirent en place contre les vaincus. Venons-en au dernier témoin dont la déclaration créa peut-être la plus grosse surprise parmi les représentants des médias présents dans la salle. Je veux parler du témoignage de David Irving, l'historien anglais universellement connu. David Irving a certes toujours été un historien non conformiste, mais il n'était pas révisionniste. Il est l'auteur d'une sensationnelle biographie d'Hitler dont la publication, en 1977, a provoqué un important débat entre historiens «officiels» de l'Establishment ouestallemand, débat qu'on a appelé près de dix ans plus tard «der Historikerstreit» (la querelle des historiens), mais où nul historien officiel n'ose mettre en doute la vérité établie de l'Holocauste. Or, depuis la parution de son livre, D. Irving s'était consacré à une étude critique du phénomène de l'Holocauste et j'avais même été en relation avec lui à ce sujet. Mais de là à imaginer ses déclarations à Toronto, ce fut aussi pour moi une sensation. David Irving reconnut que, dans sa biographie d'Hitler, il s'était trompé sur treize points fondamentaux qu'en 1977 il tenait encore pour incontestables. Avec un courage étonnant et une conscience professionnelle peu commune, il expliqua ce changement par le fait que les historiens sont aussi des hommes et que, lui aussi, s'était laissé influencer et aveugler par l'opinion universellement admise en matière d'Holocauste. Cet historien de réputation mondiale vivait la même aventure que celle que m'avait rapportée le professeur Faurisson à propos d'un autre grand historien français, Michel de Boüard. Ce dernier, doyen honoraire de la faculté de Caen, membre de l'Institut et ancien déporté de Mauthausen, déclarait en 1986 : Dans la monographie sur Mauthausen que j'ai donnée (…) en 54, à deux reprises je parle d'une chambre à gaz. Le temps de la réflexion venu, je me suis dit : où ai-je acquis la conviction qu'il y avait une chambre à gaz à Mauthausen ? Ce n'est pas pendant mon séjour au camp car ni moi ni personne ne soupçonnions qu'il pouvait y en avoir, c'est donc un «bagage» que j'ai reçu après la guerre, c'était admis. Puis j'ai remarqué que dans mon texte — alors que j'appuie la plupart de mes affirmations par des références — il n'y en avait pas concernant la chambre à gaz … CONCLUSION Non, il n'y avait pas plus de chambre à gaz à Mauthausen qu'il n'y en a eu à Auschwitz et autres lieux. Il n'y a eu qu'une imposture, qui a contribué à faire accepter par le peuple allemand la mutilation de son territoire et un nombre incalculable de souffrances. C'est contre cette imposture que nous avons combattu de toutes nos forces. Mon cercle d'amis, notre équipe de défenseurs ont été, des mois durant, journellement en action. Personne n'aurait pu mieux faire.


21 Grâce à vous tous, mes chers amis, connus et parfois inconnus, nous sommes enfin libres de la malédiction du génocide des juifs qui pèse depuis si longtemps sur le peuple allemand. Car il ne faut pas vous y tromper : ayant vécu si longtemps parmi les Canadiens français et anglais, je sais par expérience personnelle à quel point les sentiments antiallemands sont façonnés par une minorité de gens haineux, des sentiments qui sont continuellement entretenus sous l'habile déguisement de sentiments «antinazis». Qu'importe ce que jurés et juges décideront de mon destin. Cinquante ans de mensonges et de haine ne peuvent sans doute pas être effacés rapidement par des faits et des témoignages, si brillants ou irréfutables soient-ils. Mais par vous, mes amis, la victoire est déjà nôtre. De tout cela, je vous remercie. Bonne chance et que vive l'Allemagne de demain ! ERNST ZÜNDEL (avril 1988) ___________________________________________ [1] NDLR — Le chiffre de 35 000 juifs morts dans ces six camps est certainement très inférieur à la réalité, mais il faut reconnaître qu'on ne possède encore aujourd'hui aucun chiffre précis en ce domaine puisque le Service International de Recherches d'Arolsen, la Croix-Rouge et l'Etat d'Israël gardent secrètes les statistiques dont ils disposent. Le Service International de Recherches est allé jusqu'à supprimer sa «Section historique» du jour où, en 1978, il est apparu que ses documents ne pouvaient plus que renforcer la thèse révisionniste. Le S.I.R. est allé jusqu'à s'interdire toute publication de statistiques sur le nombre des morts dans les camps de concentration. Jusque-là il produisait des statistiques soigneusement mises à jour année après année. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 16 à 37


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CHAMBRE À GAZ, ENFER SACRÉ DE FAUST Mondher Sfar Quel étonnant destin que celui de la «chambre à gaz» ! D'un simple dispositif d'hygiène, la voici transformée en instrument de mise à mort, et qui plus est, de mort massive, se chiffrant par millions de personnes. L'exploit ne s'arrête pas là. La «chambre à gaz» est vite transformée en un enclos de régénération raciale, lieu saint, fétiche, où se déroule le mythe des origines raciales et adoré comme tel. Voici que s'ouvre alors devant nous la question des concordances d'inspiration entre nationalisme racial juif et national-socialisme : la «chambre à gaz» apparaît comme le lieu de convergence des deux idéologies «ennemies». Mais elle s'avère être aussi le lieu mythique révélateur de leur genèse commune. La controverse qui oppose les révisionnistes aux tenants de la thèse du «génocide» des juifs dans les «chambres à gaz» des camps de concentration hitlériens semble s'enliser de plus en plus dans les sables mouvants de l'idéologie. Les faits réels ne servent plus qu'à étayer des intérêts politiques et dans l'opinion publique le débat a cessé depuis longtemps d'être historique pour n'y voir qu'un combat idéologique. Le révisionnisme est de plus en plus repoussé dans le camp du racisme, de l'antisémitisme et du nazisme. L'amalgame atteint son sommet quand on reproche au révisionnisme de vouloir nier l'existence d'une politique nazie antijuive, de minimiser les souffrances des victimes et de leurs familles, ou de nier l' «enfer» du milieu concentrationnaire en période de guerre. D'un autre côté, les tenants de la thèse du Génocide, terrorisés à l'idée d'un débat historique public sur la véracité ou la plausibilité du Génocide, n'ont plus eu d'autre choix, pour répondre aux multiples interrogations qui ont surgi au sein même des milieux juifs les plus divers, que d'élever le Génocide à la dignité d'un mythe reconnu et revendiqué comme tel le plus officiellement du monde, et sur la foi de quoi on déclare qu'il est désormais interdit aux juifs d'en douter et que tout questionnement à son sujet sera traité comme «obscénité». Cette évolution nous étonne d'autant moins que le fond de la question du Génocide se situe somme toute sur le terrain idéologique avant même celui de la critique historique proprement dite. Et, en effet, la thèse du Génocide est fondamentalement une affirmation d'ordre idéologique, en ce sens que reconnaître la possibilité de mettre à mort une «race», c'est reconnaître que la «race» a une existence objective susceptible d'être objet d'anéantissement. Le révisionnisme rejette à la fois l'idée et le fait du Génocide comme impossibilités matérielles parce que le Génocide est surtout une impossibilité idéologique, et il est une impossibilité idéologique parce que la race est un concept mythique qui n'a de réalité que pour un esprit mythique, non pour un esprit positif et scientifique. Tout crime sur une «race» est un crime mythique, non pas par absence d'acte criminel mais par absence de l'objet identifié comme «race» victime du crime. Une «race» ne peut être mise à mort que mythiquement, car on ne peut mettre à mort un objet mythique que mythiquement parlant. L'évolution récente de l'idéologie génocidaire vers une mythologisation déclarée de l'Holocauste ne fait que constater la réalité mythique effective du Génocide. Le débat historique véritable avancé par le révisionnisme prend tout son sens avec la critique idéologique du Génocide comme préalable à la critique proprement historique. Clarifier le débat, c'est aussi déterminer le véritable enjeu de la question révisionniste. Les tenants de la théorie génocidaire ont réussi à faire passer dans l'opinion publique l'idée que la controverse fait opposer deux camps bien distincts, d'un côté les juifs, de l'autre les non juifs. Cette distinction est inappropriée et vise en fait à camoufler le vrai enjeu du débat qui oppose deux camps irréductibles à l'intérieur du judaïsme, et qui sont, d'un côté, les tenants d'un judaïsme nationaliste racial, de l'autre, les protagonistes d'un judaïsme mosaïste universaliste.


23 L'idée du Génocide a été inventée par le mouvement juif racial dans le but de vaincre le judaïsme européen émancipé et assimilé, en lui faisant croire que la vérité éclatante du Génocide fait de la «race» juive une donnée incontournable et qu'il serait vain de nier le fait racial juif en se comportant comme juif émancipé. Judaïsme nationaliste racial contre judaïsme émancipé, tel est le vrai enjeu du révisionnisme. Le révisionnisme est d'abord une affaire juive, et c'est aux juifs eux-mêmes d'assumer leur responsabilité dans ce débat où ils sont directement mis en cause en tant que citoyens et en tant qu'humains. La remise en question de la citoyenneté et de l'humanité des juifs émancipés remonte à la fin du siècle dernier en Europe centrale, avec le développement de l'idéologie raciale mystique et d'inspiration néo-romantique allemande au sein des mouvements de jeunesse juive. Le nationalisme racial juif est né dans ce milieu idéologique dont le mot d'ordre est la renaissance raciale völkisch. Du côté allemand, l'idéologie aryenne s'est mise à la recherche d'une identité qu'elle a cru perdre avec le développement industriel et le mode de vie libéral bourgeois. Du côté «sémite», l'émancipation et l'assimilation des juifs dans le milieu politique et social européen a été ressentie par les racistes juifs comme une perte d'authenticité qu'ils ont cherché à restaurer au moyen de la seule idéologie à leur portée, l'idéologie raciale mystique völkisch néo-romantique. Il serait intéressant de signaler ici la mise en garde faite dès 1898 par une grande figure de la pensée juive moderne, Achad Ha'Am (U. Ginzberg), dans un article intitulé «Nietzschéisme et Judaïsme» où il dénonce l'idéologie «nietzschéenne» qui a submergé la littérature juive moderne de son époque et «s'est emparée d'une partie de la jeunesse juive». Et de remarquer que «La simple introduction d'une matière étrangère (dans le judaïsme) ne suffit pas ; une assimilation de cette dernière à notre caractère national doit précéder plutôt cette introduction» [1] . Le problème a été ainsi clairement posé : il y a danger pour le judaïsme d'assimiler l'idéologie romantique allemande. Et ce danger réside dans le contenu éthique de celui-ci : la «volonté de puissance» qui ne se soucie pas des faibles et l'idéal du «surhomme» contraire à la maîtrise de l'instinct animal, de l'aspiration à la vérité, à la justice et à «tout ce que le judaïsme nous a implanté dans le cœur» (Ibid. p. 242). L'idéologie romantique allemande continuera de fait à inspirer en profondeur la jeunesse et les intellectuels juifs autant qu'allemands. C'est dans ce vivier que l'idéologie raciale nationale völkisch se développera. Les mouvements de jeunesse nationalistes juifs et allemands ne se distingueront plus que par la couleur de leurs drapeaux et leurs insignes, tout en étant chacun convaincu de réaliser le rêve de son authenticité völkisch. Les partis politiques, quant à eux, suivent le même chemin et recrutent leurs cadres dans les véritables pépinières que constituent ces mouvements de jeunesse nationalistes. L'idéologie est une, et il est difficile de dire qui des Allemands ou des juifs - à supposer que cette distinction ait eu un sens - ont contribué le plus à l'élaboration de ce qui s'appellera génériquement le national-socialisme. Signalons à titre d'exemple l'apport au début du siècle du juif hassidique Martin Buber de la théorie du Blut und Boden (le Sang et le Sol) qui sera reprise par les nazis sans qu'il faille encore une fois ici nécessairement parler d'emprunt qui aurait supposé deux entités, juive et aryenne, distinctes. Autre exemple, la contribution juive à la naissance du mouvement national-socialiste hitlérien en Allemagne. Ce mouvement n'a pas vu le jour en 1919 avec l'apparition du Parti Ouvrier Allemand qui deviendra en 1921 le Parti Ouvrier Allemand National-socialiste. Cette appellation de «national-socialisme» a été le fait du Parti ouvrier sioniste Hapoël Hazaïr se proclamant du Volkssozialismus, appellation originaire et équivalente à National-socialisme. L'idéologie nazie proprement dite a été de fait formulée pour la première fois par le juif sioniste Viktor Ch. Arlosoroff dans son manifeste du Parti national socialiste juif, édité sous le titre de Der jüdische Volkssozialismus (Le National-socialisme juif), paru à Berlin en 1919, année même de l'adhésion d'Hitler au Parti Ouvrier Allemand, et deux ans avant que ce parti n'ait pris


24 son appellation national-socialiste. Dans ce manifeste juif nazi, Arlosoroff a exposé tous les ingrédients idéologiques dont s'inspirera le mouvement hitlérien : l'antiinternationalisme et l'antibolchevisme : «Le principe national est le seul qui puisse rendre possible la ligue inter nationes. Le socialisme cosmopolite a capitulé malgré le succès momentané du bolchevisme», appelant pour la «lutte pour l'existence» de la nation juive (p. 11), contre les partis se réclamant de «l'héritage du mouvement assimilatoire des Lumières», mouvement imbu d'une «aspiration obscure pour une humanité non raciale», au profit de la Révolution nationale balayant l'ancien monde : «les Partis révolutionnaires se dressent au sein des peuples sains en une opposition ardente à l'(ordre) existant, dans une haine excitée contre tout l'ancien, pour l'écroulement de tout ce qui est devenu» (p. 13). Pour Arlosoroff, ce nouveau socialisme völkisch sera un tournant dans l'histoire aussi bien du socialisme juif que du socialisme en général : «Ce socialisme juif représente un nouveau socialisme non seulement dans notre vie, mais aussi dans le socialisme en général» (p. 71). L'on comprend, dans ces conditions, pourquoi Hitler, qui a souscrit à ce programme idéologique, aurait été obligé d'utiliser pour son nouveau parti l'appellation national-socialiste au lieu de celle, plus appropriée, de völkssocialiste pour éviter manifestement tout malentendu gênant. Désormais, l'idéologie raciale a organisé ses troupes en deux camps ayant juré ensemble d'en découdre avec l'idéologie libérale humaniste et universaliste. Pour les «aryens» comme pour les «juifs», le but sera de fonder un nouvel ordre de société dont l'élément moteur est la race, l'obstacle majeur à vaincre étant les juifs assimilés qui ont réussi à prendre racine à l'intérieur de la société allemande en tant que citoyens allemands de plein droit. La position de ceux-ci d'intégrés à la société allemande fait d'eux des éléments intrus dangereux aussi bien pour la race aryenne que pour la race juive. Le judaïsme intégré à la société allemande serait, aux yeux des nationaux-judaïques, une «solution» illusoire et temporaire à la question juive. La vraie solution ne pourra être qu'une «solution finale» organisée en trois étapes : 1) la constitution du judaïsme en race pure à l'instar de la race aryenne, 2) sa «séparation» des autres races et, enfin, 3) son émigration vers la Palestine. Ce fut là le programme de Theodore Herzl, inventeur de l'expression «solution finale à la question juive» («endgültige Lösung der Judenfrage») (in Der Kongress, article du 4 juin 1897). L'alliance stratégique conclue entre le national-judaïsme et le national-socialisme allemand ne s'est jamais démentie jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Quand Hitler a pris le pouvoir, l'événement a été salué par les nationaux-judaïques allemands comme une victoire définitive sur le judaïsme assimilé et comme l'avènement d'une ère nouvelle qui allait voir s'accomplir la solution finale à la question juive. Ces nationaux-judaïques se sont alors engagés dans une politique de collaboration active avec Hitler pour mener à terme cette solution finale. L'éclatement de la guerre a cependant empêché la poursuite de celle-ci selon le programme initial. Les juifs sont devenus des prisonniers otages de la guerre. De fait, la prise du pouvoir par Hitler a marqué la fin de la mission du national-judaïsme en Allemagne. Désormais, c'est le régime nazi qui a pris le relais dans l'accomplissement des objectifs fondamentaux du national-judaïsme : la dénaturalisation des juifs allemands et leur judaïsation forcée. Les Lois raciales allaient officialiser et systématiser les revendications des sionistes. L'alliance stratégique qui marque l'existence même des deux mouvements juif et aryen a scellé le destin du judaïsme en Europe. Les racistes juifs poussaient même vers l'affrontement, comme l'ont fait l'organe du sionisme allemand, la Jüdische Rundschau, ou les écrits incendiaires de Jacob Klatzkin, l'ami intime de Nahum Goldmann. Cette alliance stratégique allait même trouver son couronnement dans le refus sioniste de mener la campagne électorale contre Hitler aux côtés des autres juifs allemands. Quand Hitler a accédé enfin au pouvoir, Robert Weltsch, chef du sionisme allemand, n'a pas hésité à exprimer sa «fierté» et son sentiment de «supériorité» et de «triomphe» devant les premières mesures antijuives des nazis.


25 Les sionistes ont véritablement délégué à Hitler le soin de mettre fin à l'espoir nourri par le judaïsme européen depuis la Révolution française de s'intégrer à la communauté humaine et civile européenne. Il est tout à l'honneur du judaïsme libéral émancipé d'avoir combattu dès leur apparition les sionistes et leur idéologie raciale nazie. Toute la stratégie développée par le national-judaïsme a été centrée sur la remise en question de l'émancipation juive en faveur d'une nouvelle identité fondée, au nom de l' «identité» juive, sur l'idéologie völkisch. Cette stratégie montre clairement que l'ennemi des sionistes n'a pas été le nazisme, leur frère dans l'idéologie, mais le judaïsme émancipé. Le sionisme s'est simplement servi des nazis pour leur faire faire le «sale boulot» à leur place. C'est ce qu'affirme Nahum Goldmann, en des termes à peine voilés, dans son Manifeste écrit en 1934 pour la convocation d'un Congrès Juif Mondial (qui verra le jour deux ans après), où il constate qu'il était «nécessaire» aux juifs d'avoir eu à expérimenter la «manière la plus drastique et la plus tangible» avant d'arriver à la conscience de leur unité raciale ; et que les «conditions psychologiques» n'arrivent à mener le «processus d'unification» des juifs qu'à travers «toutes les difficultés naturelles et concevables». Et Goldmann d'expliquer ces difficultés de «travail pédagogique» que les dernières années ont «accompli», et il poursuit : «La dégradation rapide et presque inconcevable dans son étendue de la situation des juifs dans presque tous les pays, la mise en danger de l'existence d'une grande partie du peuple juif, l'anéantissement de leurs moyens d'existence les plus élémentaires et la négation de leurs droits de vivre à travers la renaissance d'un mouvement antisémite démesuré, tout cela a créé une situation où toutes les conditions pour la réalisation de l'idée du Congrès sont réunies et où apparaît la possibilité de faire, contre toute opposition, de l'unification d'au moins la majorité de la juiverie (Judenheit) du monde une perspective proche et actuelle» [2] . En confiant le «travail pédagogique» et la préparation des «conditions psychologiques» aux nazis, Goldmann a pu désormais, et quelques mois seulement après l'accès de ceux-ci au pouvoir, se consacrer au «travail politique» : l'unification politico-raciale de la «juiverie» à travers le monde. Goldmann sait que le judaïsme émancipé, la vraie «opposition» à ce projet délirant, ne pourra résister longtemps à la logique de l'antisémitisme et à la vocation de celui-ci de «rejudaïser» le juif émancipé. Goldmann se trouve en fait aux commandes d'une stratégie de guerre qui aurait effrayé un Clausewitz. Sur le plan politique, plus Goldmann attaque le régime nazi, plus celui-ci rabat du gibier dans le camp sioniste ; et sur le plan idéologique, plus il combat l'antisémitisme, mieux il le réalise. Cette stratégie politique nous montre la réalité de la lutte livrée par les nationauxjudaïques contre les nazis. Il ne s'agit pas d'un combat au sens vrai du mot, mais d'une provocation. 1) Loin de vouloir la disparition des nazis, ils les ont aménagés jusqu'à leur accession au pouvoir, et ce n'est que le jour où ils y ont accédé qu'ils ont organisé une campagne de propagande antinazie d'une rare violence dans le but de radicaliser la politique antijuive du nouveau régime. Cela explique par exemple la «propagande d'atrocités» (Greuelpropaganda) que les nationalistes juifs ont provoquée durant les premiers mois du nouveau régime. 2) Loin de vouloir combattre l'antisémitisme, les sionistes ont poussé à la réalisation de ses objectifs originaires : faire des juifs une race et faire de cette race une communauté inassimilable et inintégrable, et dont les intérêts spirituels, politiques et économiques doivent rester différents de ceux du reste de l'humanité. Il est désormais possible de voir plus clair dans le concept fondamental de Génocide créé durant la guerre pour désigner l'œuvre criminelle imputée au régime national-socialiste. Les développements antérieurs nous permettent de tracer ici la généalogie de ce concept clé de Génocide. La doctrine völkisch aryenne ou juive exige la restauration de la pureté raciale aussi bien sur le plan biologique que culturel. Dans ce sens, tout ce qui peut mettre en péril l'intangibilité du principe racial constitue un «crime contre la race». Cette définition est celle-là même qui a été retenue par Raphaël Lemkin pour son néologisme créé en 1944 : Génocide, et


26 adoptée officiellement par l'ONU, au nom de la communauté internationale. Ainsi, ce nouveau concept racial ruine-t-il pour la première fois dans l'histoire du monde occidental les fondements de l'idéologie occidentale libérale, de l'universalisme de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, de l'Humanisme de la Renaissance et des Lumières du XVIIIème siècle. Mais l'ennemi immédiat visé par ce nouveau concept de Génocide, c'est le judaïsme émancipé, émancipé des préjugé raciaux moyenâgeux. Pour les racistes juifs, le judaïsme libéral est coupable de Génocide biologique et culturel contre le judaïsme. Une telle logique du Génocide implique l'inadéquation même du concept vis-à-vis du nazisme. Tout d'abord, le régime national-socialiste a, contrairement au judaïsme émancipé, respecté les distinctions de race à travers même son hostilité raciale, une hostilité interprétée par le sionisme comme une marque d'estime et de respect pour la racialité juive. Ensuite, un projet d'extermination physique des juifs ne peut constituer un crime aussi fondamental que celui que commet le judaïsme libéral par sa négation idéologique de la racialité juive. L'extermination physique ne peut porter atteinte au judaïsme en tant qu'entité raciale que sur le plan matériel, non sur le plan moral ou idéologique. Loin de constituer un danger pour le judaïsme racial, l'extermination peut même contribuer à le fonder, et ce, selon deux modalités. Premièrement, l'extermination peut constituer une preuve théorique - négative - de l'existence de la race. Cette possibilité a été effectivement exploitée systématiquement par le judaïsme dès la prise de pouvoir par Hitler et c'est grâce à elle que le judaïsme libéral a basculé dans le camp de l'idéologie völkisch, surtout à partir de la fin de la guerre. Seconde modalité : l'extermination physique peut constituer l'acte de fondation mythique de la race en faisant de la mise à mort un sacrifice de type cosmique ou encore une régénération shamanique. Dès que les bruits ont commencé à courir vers 1942-1943 sur le sort «fatal» des juifs d'Europe, le terme d'Holocauste est né [3]. Terme ambigu, certes, mais il annonce clairement une expérience supranaturelle que le judaïsme était censé vivre. La fin de la guerre et les Procès de Nuremberg achèvent de consacrer le Génocide comme expérience fondatrice de la «race» juive enfin reconnue par l'Occident après plus d'un siècle et demi d'assimilation. Le Génocide marque alors la renaissance de l'idéologie raciale qui se promet d'être, cette fois-ci, «douce». Comme tout nouveau produit supranaturel, la nouvelle «race» juive a cherché à construire sa mythologie. Le mythe du caractère biologique de la race a été construit sur le mode de la dissection bioraciale. En s'attaquant au corps du juif pour le disséquer biologiquement et le déconstruire, l'aryen a prouvé expérimentalement et «scientifiquement» la racialité biologique du juif. En dépeçant le corps du juif en cheveux juifs, dents juives, graisse juive, cuir juif, savon juif, fumée juive, etc., l'aryen a mis entre les mains des nationalistes juifs le jeu de Logo qui leur a permis de reconstruire «le» juif. De même, le mode de mise à mort lui-même participe à cette œuvre de régénération. Tuer un juif avec une balle dans le corps ou la pendaison ne peut constituer un meurtre racial. Le mode de mise à mort doit faire partie du «rituel» du crime racial. Toute la thèse génocidaire repose sur ces présupposés mythiques. L'aphorisme en vigueur est : sans «chambre à gaz», point de Génocide. La mise à mort par le gaz est un Génocide par excellence, non pas parce que les «chambres à gaz» tueraient plus massivement que toute autre technique - ce qui est loin d'être prouvé - mais parce que ce sont les cellules biologiques «juives» qui apparaissent être visées et spécifiquement «traitées» par le gaz. Le gaz tue ce qui est juif dans le juif. Le gaz agirait spécifiquement sur le juif, comme le ferait un pesticide sur telle ou telle catégorie d'insecte. C'est ainsi que la «chambre à gaz» est devenue de plus en plus la pièce essentielle de l'idéologie génocidaire en tant que preuve de l'existence d'un crime spécifiquement antijuif, comme si n'importe quelle autre arme aurait été moins spécifiquement antijuive, ou que la «chambre à gaz» n'aurait pu servir que contre des juifs. Il est remarquable que la littérature génocidaire


27 n'envisage l'hypothèse de l'usage des «chambres à gaz» par les nazis contre des non juifs qu'à titre exceptionnel et dénie la destination spécifique des vraies «chambres à gaz» comme installations conçues pour la désinfection hygiénique et non pour la désinfection raciale. Ce sont là autant d'éléments constitutifs du mythe qui servent à fonder l'unicité, l'incomparabilité, l'incommensurabilité, etc. du Génocide. Mais l'explication première à cette unicité revient à la nature du phénomène génocidaire en lui- même en tant que re-fondateur et régénérateur völkisch de la race, ce qui n'était manifestement pas le cas du génocide arménien, cambodgien, etc. Désormais, le Génocide acquiert une valeur théologique d'une force et d'une ampleur comparables aux mythes fondateurs de toute religion. Mais ici, il n'est guère question de péché originel ouvrant la voie à l'historicité - on a assez vite rejeté l'idée de l'Holocauste, trop proche de la dialectique chrétienne du péché-rédemption - mais plutôt d'un authentique remake du mythe faustien dans sa version nietzschéenne. Les petits groupes de la jeunesse allemande juive de la fin du siècle dernier, férus de l'idéologie ambiante du «surhomme», de l'Umwertung aller Werte (la transformation de toutes valeurs) et de la «volonté de puissance» ne soupçonnaient pas qu'ils jouaient la première scène de la tragédie du Héros romantique allemand et qu'ils allaient réussir à la mener à terme avec plus de conviction, plus d'intelligence et plus de bonheur que leurs camarades «aryens». Le prophétique Achad Ha'Am a prévenu, en vain, ses coreligionnaires contre leur renonciation à la fidélité à Dieu et leur conclusion d'un pacte avec le Démon. Croyant devoir réaliser l'idéal nietzschéen en rêvant du Volk juif et de Sion, le judaïsme confia l'accomplissement de cette tâche aux forces infernales des purificateurs des races. Faust a été enchaîné à Méphisto ; il a beau condamner l'œuvre de son nouveau génie, il sait que celui-ci a travaillé et travaille encore aujourd'hui pour lui. Faust est devenu l'ombre de Méphisto, son double. Mais au moment où Faust croit avoir enfin retrouvé son identité - qu'il a cherchée au fond d'une «chambre à gaz» et non dans les enseignements de la Thorah et de ses Prophètes au moment où le juif a retrouvé Sion-le-Boden et sa Race-le-Blut, son aliénation est à son comble, son identification avec l'idéologie «aryenne» est accomplie et son divorce d'avec sa vocation messianique universaliste est consommé. Tel est le tragique de Faust : sa victoire est sa défaite. Mais Faust sait aussi qu'à l'origine de sa victoire il y a une trahison scellée par un pacte diabolique. Le juif de l'Holocauste est un être travaillé par la mauvaise conscience dont il ne peut se débarrasser qu'en la retournant contre l'Autre. Là où il jette son regard, il voit la figure de son mauvais génie. L'Humanité entière prend figure pour lui de Méphisto, parce que Méphisto est en lui. Se regarder lui-même dans la glace est devenu pour lui un calvaire insupportable. La «chambre à gaz», lieu cosmique de la genèse du juif de l'Holocauste, est entourée d'un interdit sacré. C'est là où le Diable a fait de lui un être à son image : une race, l'Autre de l'Humanité. C'est là où le juif a cru retrouver son identité. La «chambre à gaz» est devenue un lieu aussi insupportable que la glace dans laquelle il se mire. Elle est l'Enfer sacré qui a scellé le destin de Faust à Méphisto. Elle est le lieu même de l'Interdit, là où l'Evénement eut lieu. La «chambre à gaz» est là où, pour accomplir son Acte, Méphisto prononce la formule sacralisatrice : Hier ist kein Warum (Ici on ne demande pas pourquoi) [4]. La «chambre à gaz» est l'Innommable, «or, l'Innommable, c'est Dieu dans la religion juive» [5]. La «chambre à gaz» a été à l'origine d'un «hiatus inscrit dans la nature du monde» (Ibid.). Cette rupture dans le cours cosmique du monde se fait dans la Douleur/Jouissance comparable à «la jouissance qui s'empare des mystiques quand, saisis par Dieu, ils le voient et fusionnent avec lui» (Ibid., p. 153). C'est alors que, dans la «chambre à gaz», l' «horreur pure est proche de la jouissance pure. Du moins, l'une et l'autre ne sont-elles pas sans rapport ; même si l'idée nous est insupportable» (Ibid.). Quand Faust et Méphisto se mettent à dépecer le juif pour le tuer


28 cellule après cellule au moyen du gaz, c'est un acte aussi jouissif que douloureux, «même si l'idée nous est», à nous êtres humains, «insupportable». La fornication dans la douleur est fondatrice, comme tout acte cosmique, de l'Être. Mais que l'on ne s'y trompe point, il n'y a là rien d'obscène. L'obscène vrai est plutôt, nous explique Claude Lanzmann, celui qui demanderait le pourquoi de ce qui nous paraîtrait l'absolue obscénité, car «il y a une obscénité absolue du projet de comprendre» (in Hier ist kein Warum, op. cité, p 279). Faust est encore une fois scandalisé par sa propre image renvoyée par l'Autre. La logique faustienne est d'une implacable rigueur ; elle ne recule devant rien. Faust s'érige en gardien jaloux de l'Enfer sacré où il accomplit son Œuvre. N'y ont accès que ceux qui répètent après lui la formule sacramentelle : «Hier ist kein Warum». Mais Faust sait aussi que l'Histoire travaille contre lui, que les forces qu'il a déchaînées ne peuvent être arrêtées par une formule aussi magique que celle de «Hier ist kein Warum». Faust sait que la négation porte sa propre négation et que le refus du pourquoi entraîne aussitôt cette non moins légitime interrogation : «Pourquoi refuser le pourquoi ?». A cela il répond avec la même sérénité : on doit refuser aussi bien ce «pourquoi du refus du pourquoi» (Lanzmann, ibid.). Le refus du pourquoi et du comment et de ses interminables questionnements relègue la raison humaine au musée des «obscénités». Au Crépuscule du Dieu Yahvé succède le Crépuscule de la Raison. Faust est arrivé au terme de son destin. La boucle est bouclée. Ahad Ha'Am l'a, en vrai Prophète, parfaitement reconnue et prévue il y a à peine un siècle. Il est encore temps pour le judaïsme de renoncer à la chimère d'une identité aussi illusoire que contre nature et de retrouver sa vocation messianique universelle, celle que lui a indiquée la Thora et les Prophètes. Il doit renoncer à l'adoration fétichiste de la «chambre à gaz», comme il a renoncé jadis à l'adoration du Veau d'Or. Cette aventure avec Méphisto, il la partage avec l'Aryen qui eut, lui, comme mauvais génie un Méphisto... juif. L'Aryen et le Juif, ombres mythiques parmi les mythes, se retrouvent tour à tour Méphisto et Faust. C'est peut-être là le véritable enseignement de la Tragédie. L'Homme a quelque chose du Diable qui est authentiquement humain. C'est une raison suffisante pour cesser de jouer aux personnages du Mythe, et retrouver l'Humanité qui ne porte d'autre masque que celui de sa peau : un masque déjà suffisamment tragique par lui-même... [1] [2]

«Nietzscheanismus und Judentum», in Ost und West, 2ème année, 1902, p. 152. Der Jüdische Weltkongress, Seine Aufgaben und Ziele, (Le Congrès Juif Mondial, Ses tâches et ses buts), Genf, Paris 1934, p. 7. [3] Un des tout premiers usages du mot «Holocauste» se trouve dans une publication du Congrès Juif Mondial : «World Jewish Congress (British Section) : National Conference Oct. 23rd and 24th, 1943. Report of the Executive Officers and Proceedings, London 1943», p. 11. Primo Levi, inventeur de cette expression, l'explique comme règle d'or enseignée par les [4] SS d'Auschwitz aux déportés arrivant sur le Lieu, expression reprise à son compte par Claude Lanzmann dans un article du même intitulé paru in La Nouvelle Revue de Psychanalyse, «Le Mal», n° 38, automne 1988, reproduit in Au Sujet de Shoah, un Film de Claude Lanzmann, Belin, Paris 1990, p. 279), aussitôt reprise par Faust pour perpétuer sa nouvelle Alliance. [5] Elisabeth Huppert, Voir (Shoah), in Au Sujet de Shoah, op. cité, p. 150. Revue d'Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 38 à 50


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LE SECOND RAPPORT LEUCHTER (Dachau, Mauthausen, Hartheim) Préparé à la demande de Ernst Zündel 15 juin 1989 Le premier rapport Leuchter (1988) portait sur Auschwitz, Birkenau et Majdanek. La partie essentielle de ce rapport a été publiée dans une traduction française (Annales d'Histoire Révisionniste, nº 5, été-automne 1988, p. 51-102). Il ne pouvait être question de publier l'ensemble, considérable, des pièces annexes. Le second rapport Leuchter (1989) porte sur Dachau, Mauthausen et Hartheim. Nous n'en publions ici que la partie essentielle, à l'exclusion de tous plans, schémas et pièces annexes. Nous lui ajoutons une préface et une bibliographie critique dues au professeur Faurisson. Le troisième rapport Leuchter (1990) portera sur la chambre à gaz d'un pénitencier américain. Vu les difficultés de traduction de ces textes au caractère essentiellement technique, seul fait foi le texte original anglais.

PRÉFACE Fred A. Leuchter est un ingénieur américain ; âgé de 46 ans, il vit à Boston où il s'est spécialisé dans l'étude et la fabrication des systèmes d'exécution capitale dans certains pénitenciers de son pays. Il a notamment mis au point la modernisation de la chambre à gaz du pénitencier de Jefferson City (Missouri). Ernst Zündel est allemand ; âgé de 50 ans, il vit à Toronto où, après une brillante carrière de graphiste et de publicitaire, qu'il a dû abandonner à cause de graves ennuis et du boycottage que lui ont valu ses opinions révisionnistes, il s'est presque entièrement consacré à la lutte contre le mensonge de l' «Holocauste». Je l'ai assisté dans cette lutte, notamment à l'occasion de deux procès qui lui ont été intentés à l'instigation d'une association juive du Canada, en 1985 et 1988. Le premier procès a duré sept semaines et s'est achevé par une condamnation à quinze mois de prison pour «publication de fausse nouvelle» (sic). Ce procès a été cassé en raison d'erreurs graves commises par le juge Hugh Locke. Le second procès a duré quatre mois et, cette fois-ci, E. Zündel a été condamné à neuf mois de prison par le juge Ron Thomas. Ce second procès pourrait, lui aussi, être cassé pour un motif identique. En 1988, E. Zündel a demandé à F. Leuchter de se rendre en Pologne pour y examiner «les présumées chambres à gaz d'exécution» dans les trois camps d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek. La conclusion de ce premier rapport Leuchter est formelle : il n'a jamais existé de telles chambres à gaz dans ces trois camps. En 1989, E. Zündel a demandé à F. Leuchter de se rendre en République Fédérale d'Allemagne pour y examiner «la présumée chambre à gaz d'exécution» de Dachau, près de Munich, ainsi qu'en Autriche pour y examiner, près de Linz, «les présumées chambres à gaz d'exécution» de Mauthausen et du château de Hartheim. La conclusion de ce second rapport, qu'on va lire ci-dessous, est tout aussi formelle : il n'a jamais existé de telles chambres à gaz en ces trois points d'Allemagne et d'Autriche. On a dit du révisionnisme qu'il est la grande aventure intellectuelle de la fin de ce siècle. Cette aventure a commencé en réalité dès le lendemain de la seconde guerre mondiale avec la publication des travaux de Maurice Bardèche et de Paul Rassinier et s'est poursuivie avec la publication en 1976 de l'ouvrage magistral de l'Américain Arthur Robert Butz, The Hoax of the


30 Twentieth Century , la publication en 1979 de Der Auschwitz Mythos de l'Allemand Wilhelm Stäglich et la première conférence internationale, en 1979 à Los Angeles, de l'Institute for Historical Review. Dans les années 80, grâce, en particulier, à l'action d'E. Zündel, le révisionnisme a connu un tel développement que, selon toute vraisemblance, les historiens de l'avenir parleront du révisionnisme historique avant et après E. Zündel. D'une certaine manière, ces deux actions judiciaires - qui sont un déshonneur pour le Canada - auront tout changé. E. Zündel avait promis en 1985 que son procès, même s'il devait le perdre, tournerait au procès du procès de Nuremberg et que les calomniateurs de l'Allemagne y connaîtraient leur Stalingrad. Il ne s'est pas trompé. Avant Ernst Zündel Contrairement à ce que s'imagine le grand public, jamais les accusateurs de l'Allemagne n'ont songé à prouver l'existence des chambres à gaz. Cette existence, ils l'ont tenue pour prouvée. Selon Serge Klarsfeld lui-même : Il est évident que dans les années qui ont suivi 1945 les aspects techniques des chambres à gaz ont été un sujet négligé parce que personne n'imaginait qu'un jour on aurait à prouver leur existence (Le Monde Juif , janvier-mars 1987, p. 1). Lors des procès de Nuremberg, de Jérusalem, de Francfort comme lors de bien d'autres procès retentissants, dont celui de Klaus Barbie en 1987, on n'a pas davantage cherché à prouver l'horrible accusation qui continue de peser sur le grand vaincu. Ces mascarades judiciaires ont été comme des procès de sorcellerie où les accusés eux-mêmes et leurs avocats, à de rares exceptions près, n'ont pas pu ou n'ont pas voulu remettre en cause le tabou du siècle : celui de la magique chambre à gaz, laquelle défie toutes les lois de la physique et de la chimie. Même Jacques Vergès, courageux mais non héroïque, s'est gardé d'exiger la moindre preuve de l'existence des chambres à gaz auxquelles on ose prétendre que Klaus Barbie aurait envoyé les enfants d'Izieu. Dans ces procès dits de «crimes de guerre» ou de «crimes contre l'humanité», des nations qui se disent civilisées ont bafoué les règles élémentaires de la criminalistique. Pour illustrer ce point, prenons l'exemple d'un crime quelconque commis en France. Supposons dans ce cas l'existence d'une arme, d'un cadavre et d'un assassin (ou présumé tel). Sauf exception, la justice française pourra être amenée à exiger quatre rapports de routine : 1. une étude in situ (sur le terrain) de tout ce qui a pu être trouvé en fait de corps et d'objets suspects ; 2. une expertise de l'arme du crime ; 3. un rapport d'autopsie ; 4. un procès-verbal de la reconstitution du crime en présence de l'accusé. A supposer que l'accusé soit passé aux aveux, jamais un magistrat ne décidera que, puisque aveu il y a, on ne souscrira pas à ces formalités. D'ailleurs un aveu n'a, par lui-même, pas grande valeur juridique ; l'aveu doit être vérifié et confirmé. Or jamais, en près d'un demi-siècle, on n'a satisfait à ces exigences élémentaires quand il s'est agi, non pas d'un crime banal perpétré à l'encontre d'une seule personne avec une arme ordinaire (arme blanche ou arme à feu), mais d'un crime «sans précédent» censé avoir été perpétré à l'encontre de millions de personnes avec une arme extraordinaire qu'aucun juge n'avait encore vue de sa vie : la «chambre à gaz», véritable abattoir chimique aux prouesses industrielles.


31 Les premiers procès contre les Allemands accusés d'avoir été employés dans des camps munis de chambres à gaz ou de camions à gaz ont commencé à la fin de 1943 en Union soviétique (procès de Kharkov et de Krasnodar). Ils continuent à ce jour, spécialement en Israël avec le procès Demjanjuk. Or, encore aujourd'hui, après 46 ans de tels procès, on ne possède : 1. aucune étude in situ de tout ce qui a pu être trouvé en fait de corps et d'objets suspects ; 2. aucune expertise concluant que telle pièce ou tel camion a servi pour des gazages homicides ; 3. aucun rapport d'autopsie concluant à un assassinat par gaz-poison ; 4. aucun procès-verbal de reconstitution (ou simulacre) d'une opération de gazage homicide. Dans le cadre d'un procès dit du Struthof-Natzweiler (Alsace), il y a bien eu expertise de la «chambre à gaz» et autopsie des cadavres de «gazés» conservés à l'hôpital civil de Strasbourg, mais, dans un cas comme dans l'autre, le professeur René Fabre, toxicologue, a conclu négativement. Dans le cas de Dachau, il y a bien eu une forme d'expertise conduite par le capitaine Fribourg, de l'Armée française, mais, alors que le rapport concluait à la nécessité de poursuivre l'examen de la pièce baptisée provisoirement «chambre à gaz», cet examen n'a pas été poursuivi. Au cours de l'instruction du procès intenté à Rudolf Höss et à d'autres responsables du camp d'Auschwitz, le juge d'instruction Jan Sehn a confié à l'Institut d'expertises judiciaires de la rue Copernic, à Cracovie, l'étude de six fermetures en zinc censées provenir de ce qu'il appelait les orifices de ventilation de la chambre à gaz du Krematorium II à Birkenau. S'y ajoutait l'expertise de 25,5 kg de cheveux ainsi que d'objets métalliques mêlés à ces cheveux. La présence d'acide cyanhydrique ou de ses composés avait été constatée (Rapports d'expertise du D r Jan Z. Robel en date du 15 décembre 1945). Rien là que de très normal. Les Allemands utilisaient souvent l'acide cyanhydrique, sous la forme de Zyklon B, pour désinfecter locaux, vêtements, objets. En Pologne, comme dans toute l'Europe en guerre, on collectait les cheveux jusque dans les salons de coiffure pour la confection de textiles, après désinfection. Mais le paradoxe est que, disposant d'un tel institut de recherches, la justice polonaise n'a jamais, apparemment, procédé aux recherches élémentaires dans les pièces qualifiées de «chambres à gaz» homicides. Des transports de justice ont bien eu lieu à l'occasion de certains procès et notamment celui de Francfort (1963-1965). Le scandale est qu'on y a examiné certains points du camp d'Auschwitz mais non les prétendues chambres à gaz qui étaient pourtant là, soit en l'état d'origine (sic), soit à l'état de ruines tout à fait parlantes (voy. Wilhelm Stäglich, Le Mythe d'Auschwitz, La Vieille Taupe, 1986). Une reconstitution, qui est par définition un simulacre, aurait été facile à réaliser à Birkenau et elle aurait immédiatement fait apparaître le caractère grotesque des accusations de gazage. On tourne parfois à Birkenau des films hollywoodiens prétendant retracer l'arrivée de convois de juifs sur la rampe de Birkenau, à proximité des bâtiments des crématoires censés contenir (a) un vestiaire de déshabillage des victimes ; (b) une chambre à gaz homicide ; (c) une salle contenant cinq fours crématoires à trois bouches chacun. Chaque fournée de victimes s'élevait, nous dit-on, à 2 000 personnes et il y avait plusieurs fournées par jour pour chaque crématoire. La reconstitution donnerait lieu immédiatement à de fantastiques embouteillages vu la dimension des bâtiments et la configuration des alentours. L'engorgement des crématoires serait spectaculaire : à supposer qu'il faille une moyenne d'une heure et demie pour incinérer un cadavre, on se retrouverait encore, au bout de ce laps de temps, avec 2 000 - 15 = 1 985


32 cadavres sans aucun emplacement pour les entreposer avant leur incinération ! La «machinerie de mort» s'arrêterait dès le premier gazage. Il faudrait huit jours et huit nuits pour incinérer ces 2 000 cadavres ; encore un four crématoire ne peut-il pas fonctionner ainsi jour et nuit en continu. Venons-en à la question des témoins. Dans tous ces procès, des personnes sont venues se présenter en témoins vivants de l' «Holocauste» et des chambres à gaz. Comment ces personnes avaient-elles, pour leur propre compte, échappé aux chambres à gaz ? Leur réponse était bien simple : elles avaient toutes uniformément bénéficié d'un miracle. Chaque survivant était un miraculé ; le plus souvent, comme il était passé successivement par plusieurs camps d'extermination, ce survivant représentait même à lui seul une somme de miracles. Les membres des «Sonderkommandos» battaient tous les records ; normalement, selon leur récit, les Allemands les gazaient eux aussi tous les trois mois, ce qui fait qu'au bout du compte deux ans de séjour à Auschwitz et Birkenau pouvaient représenter pour ces personnes un total de sept ou huit miracles consécutifs. Il est rare que des avocats ou des magistrats aient osé marquer leur surprise devant cette prolifération de miracles. Le champion de la chambre à gaz, Filip Müller (l'immortel auteur de Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz, préface de Claude Lanzmann, éd. Gérard Watelet, 1980), eut quelques ennuis avec le tribunal de Francfort à ce sujet, mais il trouva la parade : l'histoire de la liquidation chronique des membres du «Sonderkommando» n'était, voulut-il bien reconnaître en grand seigneur, qu'une légende. Il est consternant que le grand public, les historiens et les magistrats se laissent à ce point abuser par les prétendus témoins de l' «Holocauste». Simone Veil se présente généralement en témoin vivant et en preuve vivante de l'extermination des juifs à Auschwitz ; or, si elle est la preuve vivante de quelque chose, c'est bien de ce que les Allemands n'exterminaient pas les juifs à Auschwitz. Simone Veil, sa mère et l'une de ses sœurs ont toujours été ensemble : à Drancy, à Auschwitz, à Bobrek (sous-camp d'Auschwitz) et à Bergen-Belsen ; c'est dans ce dernier camp qu'elles ont eu à souffrir du typhus ; la mère de S. Veil en est morte ; elle avait, ainsi que ses deux filles, survécu à Auschwitz ; une autre de ses filles survécut à Ravensbrück. Personnellement, je n'appelle pas «témoin» celui qui se présente comme tel, à moins qu'il n'ait passé victorieusement devant un tribunal l'épreuve du contre-interrogatoire sur la matérialité même des faits qu'il rapporte. Je demande qu'on me lise ici avec attention : en aucun procès un prétendu témoin de «gazages» n'a été contre-interrogé sur la matérialité même d'un gazage auquel il disait avoir participé ou assisté. Même dans le procès des Allemands Tesch et Weinbacher, condamnés à mort et exécutés pour avoir fabriqué ou vendu du Zyklon B, le témoin Charles Sigismond Bendel a échappé à ce type de contre-interrogatoire (voy. William B. Lindsey, «Zyklon B, Auschwitz, and the Trial of Dr. Bruno Tesch», The Journal of Historical Review, automne 1983, p. 261-303). Les avocats ont eu pour principe et pour ligne de défense d'éviter le tabou de la chambre à gaz et de se contenter de dire que leurs clients, eux, n'avaient gazé personne. Après Zündel Avec l'arrivée d'E. Zündel, le voile de toutes ces impostures s'est déchiré. Cet homme a eu l'audace de ne pas se laisser intimider. Il a montré que le roi était nu. Il a confondu les fripons. Les experts et les témoins de l'accusation ont essuyé là une sévère défaite. Et E. Zündel, passant à la contre-offensive, a administré une superbe leçon aux historiens et aux magistrats : il leur a montré comment il aurait fallu faire. Il aurait fallu en quelque sorte commencer par le commencement, ce qui, comme on le sait, est parfois difficile à faire. Cherchant d'abord et avant tout à établir la matérialité des faits, il a envoyé à ses frais en Pologne un expert des chambres à gaz et son équipe. Cet expert a prélevé des échantillons des sols, des murs, des plafonds de ces prétendues chambres à gaz et il les a fait analyser par un laboratoire américain.


33 J'ai raconté ailleurs comment experts et témoins de l'accusation ont été mis à mal lors des procès de 1985 et de 1988 à Toronto (voy. Robert Faurisson, «Le Révisionnisme au Canada/Les procès Zündel», Annales d'Histoire Révisionniste, été-automne 1988, p. 31-49). Je n'y reviendrai pas. Je voudrais seulement préciser ici qu'il ne s'agit pas là de ma part d'un jugement subjectif. La preuve que je dis vrai réside dans le fait qu'au procès de 1988 l'expert numéro un de l'exterminationnisme, le professeur Raul Hilberg, a refusé de revenir témoigner tant il gardait un cuisant souvenir de sa défaite de 1985 : il l'avoue dans une correspondance qui aurait dû rester confidentielle mais dont nous avons eu vent et qu'il a bien fallu révéler. Quant au Dr. Rudolf Vrba et autres témoins de 1985, ils ne sont pas non plus revenus au procès de 1988 ; le procureur Pearson, prié par le juge Thomas de dire s'il viendrait des «survivants», a dû répondre piteusement (j'étais présent) qu'il n'en viendrait pas cette fois-ci. Par pitié pour eux, je n'évoquerai pas ici en détail, comme je l'ai déjà fait dans l'article susmentionné, les prestations en 1988 de l'expert Charles Biedermann, un homme honnête apparemment et intelligent mais mal préparé, et du professeur Christopher Browning qui, lui, devait donner une triste image de ce que peuvent être certains universitaires américains : ignorances confondantes, naïveté sans bornes, goût de l'argent et absence de scrupules ; voilà un professeur d'université qui n'a pas hésité à se faire payer 150 dollars de l'heure par le contribuable canadien pour venir à Toronto accabler un homme - E. Zündel - en raison d'une opinion, et contribuer à le jeter en prison : le crime d'E. Zündel était d'avoir publié au Canada une étude vieille de quatorze ans (Did Six Million Really Die ? ), librement diffusée en Grande-Bretagne et dans la patrie même de Ch. Browning : les Etats-Unis. A mes yeux, l'un des principaux mérites du premier rapport Leuchter aura été de rendre éclatant le simple fait ... qu'aucune expertise de l'arme du crime n'existait encore. Depuis que ce rapport a été révélé, en avril 1988, il ne s'est pas trouvé une seule personne, y compris parmi celles qui manifestaient leur fureur, pour lui opposer un autre rapport qui aurait été établi dans le passé (je ne parle pas, bien entendu, des expertises ordonnées par le Polonais Jan Sehn, qui ont esquivé le sujet). Quant à ceux qui critiqueraient des points de ce rapport, je les invite à établir ou à faire établir leur propre rapport et nous comparerons. Il reste encore une solution préconisée par F. Leuchter lui-même dans sa conférence de février 1989 à Los Angeles lors du 9ème congrès international de l'Institute for Historical Review : la constitution d'un comité international d'experts sur le problème des chambres à gaz. Dès 1982, l'historien français Henri Amouroux, que j'avais mis au courant de mes propres recherches, me confiait qu'il souhaitait cette solution ; il me disait en propres termes que, ce qu'il appelait de ses vœux, c'était une «commission internationale et surtout pas nationale» tant, en France, à son avis, les spécialistes manquaient d'ouverture d'esprit sur la question des chambres à gaz. Les autorités polonaises, à moins d'un brusque appétit de «glasnot», s'opposeront de toutes leurs forces à une enquête de ce genre, comme elles s'opposent à tout accès normal aux archives du Musée d'Etat d'Auschwitz et, en particulier, aux registres de décès (Totenbücher) laissés par les Allemands et qui permettraient de se faire une idée du nombre réel des morts d'Auschwitz : «Si nous faisions des fouilles et si nous ne trouvions aucune preuve de l'existence de chambres à gaz, les juifs nous accuseraient, nous autres Polonais, d'avoir supprimé les traces» : telle fut la réponse en 1987 de Tadeusz Iwaszko, directeur des archives du musée, au journaliste français Michel Folco, et cela en présence du pharmacien Jean-Claude Pressac, ami de Serge Klarsfeld. [1] Il est probable que le premier rapport Leuchter restera longtemps le premier et le dernier mot sur la question des chambres à gaz d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek. Il a certainement ses défauts puisque, aussi bien, il s'agit de l'œuvre d'un pionnier en la matière et qu'on n'a jamais encore vu de pionnier éviter toute possibilité d'erreur, mais il a le mérite d'ouvrir un champ de recherches particulièrement fertile.


34 Le second rapport Leuchter Le second rapport Leuchter constitue, lui aussi, une œuvre de pionnier mais, cette fois-ci, sur la question des chambres à gaz de Dachau, de Mauthausen et de Hartheim.¶Je n'avais pas accompagné F. Leuchter et son équipe à Auschwitz, Birkenau et Majdanek. C'est moi qui avais eu l'idée, en 1977, de préconiser l'étude des chambres à gaz américaines (utilisant l'acide cyanhydrique) pour montrer l'absurdité des prétendues chambres à gaz allemandes (utilisant le Zyklon B, un insecticide qui est essentiellement de l'acide cyanhydrique aussi). J'espérais, sans trop y croire, qu'un jour un spécialiste des chambres à gaz américaines pourrait se rendre à Auschwitz pour y réaliser l'expertise physique et chimique qui aurait dû être conduite dans toute enquête juridique ou historique normale. En 1979, lors du premier congrès international de notre Institute for Historical Review, je m'étais ouvert de cette idée auprès de quelques personnes et, en particulier, d'Ernst Zündel. Dans les années qui suivirent, j'abandonnais tout espoir. Il faut dire que, même auprès des révisionnistes, je ne trouvais pas grand intérêt pour mon idée, qui peut-être paraissait trop hardie ou trop chimérique. E. Zündel, lui, n'abandonna ni cette idée, ni l'espoir de réussir. Dans la préface du premier rapport Leuchter, j'ai raconté comment, grâce à lui et à l'avocate canadienne Barbara Kulaszka, j'ai pu rencontrer à Boston l'ingénieur F. Leuchter et comment s'organisa l'expédition polonaise. Pour l'expédition en RFA et en Autriche, je faisais partie de l'équipe de Fred Leuchter. Dans le rapport qu'on va lire, ce dernier nous livre évidemment toutes les informations nécessaires sur les membres de cette équipe et sur la nature et le résultat de sa mission. -DachauDe 1945 à 1960, la propagande des Alliés et leurs tribunaux nous avaient certifié que des chambres à gaz homicides avaient fonctionné à Dachau, à Mauthausen et à Hartheim. Apparemment, ni les preuves, ni les témoins, ni les aveux ne manquaient. On insistait particulièrement sur la chambre à gaz de Dachau et sur ses victimes. La propagande américaine avait été si tonitruante que, s'il existe aujourd'hui un pays au monde où les gazages de Dachau passent pour être aussi avérés que les pyramides d'Egypte, ce sont bien les Etats-Unis. Au procès de Nuremberg, une journée décisive avait été celle de la projection d'un film sur les camps de concentration allemands où le summum de l'horreur avait été atteint avec une vue de la chambre à gaz de Dachau : le commentateur expliquait le fonctionnement de la machinerie qui était censée gazer «probablement cent personnes à la fois». On ne dira jamais assez combien ce film - d'une longueur de 6 000 pieds «choisis» sur 80 000 pieds - a frappé les imaginations, y compris celles de la plupart des accusés allemands. Il est probable que, plus que tout l'ensemble du procès, les deux événements qui ont le plus contribué à exciter l'opinion contre les vaincus ont été, d'abord, la projection de ce film, puis l'espèce de confession publique, devant le tribunal, du témoin Rudolf Höss, «le commandant d'Auschwitz». Aujourd'hui, l'on sait que cette confession avait été «dictée» : la substance en avait été inventée par l'imagination malade d'un juif britannique qui avait fait partie des arrestateurs et des tortionnaires de Rudolf Höss (voy. R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», A.H.R., printemps 1987, p. 137-152). Mais l'histoire des gazages de Dachau, elle aussi, avait été fabriquée de toutes pièces et il fallut attendre 1960 pour que les défenseurs de l' «Holocauste» en conviennent. Le 19 août 1960, dans Die Zeit, Martin Broszat reconnaissait qu'il n'y avait jamais eu de gazage homicide dans ce camp. Cet historien, deux ans auparavant, avait, pour sa courte honte, publié la «confession» de Rudolf Höss en la présentant comme authentique et digne de foi : il s'agissait cette fois-là des mêmes aveux, pour l'essentiel, que ceux obtenus par les Britanniques mais,


35 comme ces derniers avaient entre-temps livré Höss aux communistes polonais, la version Broszat n'était rien d'autre qu'une concoction et une amélioration à la sauce polonaise des inventions britanniques ! (En 1972, Martin Broszat allait devenir directeur de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich). Aujourd'hui, tout visiteur de la chambre à gaz de Dachau peut lire sur un panneau amovible l'inscription suivante en cinq langues : CHAMBRE A GAZ - «chambre de douche» camouflée - ne fut jamais utilisée [la version américaine est plus explicite (depuis quelques années) : GAS CHAMBER - disguised as a «shower room» - never used as a gas chamber]. Comme ce panneau est mobile, les cinéastes en mal de sensations peuvent le retirer et filmer ou photographier la pièce sous tous les angles en persistant à dire qu'il s'agit d'une chambre à gaz qui a effectivement servi à gazer des détenus. Je ne sais s'il faut admirer ici le cynisme des autorités du Musée de Dachau ou la naïveté des visiteurs. La formule du panneau n'a aucun sens dans la réalité. En 1980, dans mon Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire (La Vieille Taupe, p. 197-222), je pense en avoir fait la démonstration. J'y raconte comment j'ai réduit à quia Barbara Distel, responsable du musée, et le Dr Guerisse, président (aujourd'hui décédé) du Comité international de Dachau, sis à Bruxelles. Quand on demande à ces personnes comment il se fait que les Allemands n'aient pas trouvé le temps de terminer cette petite chambre à gaz commencée en 1942, la réponse est que les détenus employés à la construction ont saboté ou boycotté le travail. Mais comment ces détenus, qui jamais de leur vie n'avaient pu voir une arme qui n'existait nulle part au monde (une chambre à gaz pour cent personnes à la fois), pouvaient-ils savoir, dès le début des travaux, qu'une fois ces travaux achevés on aurait là une chambre à gaz homicide ? S'agit-il là d'un miracle de la divination personnelle et de la transmission de pensée ? Les détenus, pendant trois ans, s'étaient-ils passé le mot ? Les Allemands leur avaient donc confié une mission ultrasecrète sans se soucier de la mener à bien ? Et puis, comment Barbara Distel et le Dr Guerisse savent-ils qu'il s'agit d'une chambre à gaz inachevée ? Peuvent-ils nous énumérer ce qui manque pour que d' «inachevée» cette chambre à gaz devienne «achevée» ? Où ont-ils puisé leurs connaissances techniques ? Ont-ils déjà vu des chambres à gaz «achevées» ? Où et quand ? Lors de notre visite du 9 avril 1989, nous avons, Fred Leuchter, Mark Weber et moi-même été filmés par Eugen Ernst d'abord dans la chambre à gaz, puis, à la sortie de celle-ci, sur une esplanade en plein air. C'est sur cette esplanade que nous décidions d'enregistrer nos commentaires de la visite. Les touristes qui venaient eux-mêmes de visiter la «chambre à gaz» nous apercevaient et quelquefois s'arrêtaient et prêtaient l'oreille. F. Leuchter put faire son rapport en paix, à un léger incident près provoqué par un touriste qui, sur un ton agressif, me demanda si nous n'étions pas en train de douter de la réalité de cette chambre à gaz. J'éludais sa question et il s'éloigna. Quand vint mon tour et celui de Mark Weber de commenter notre visite devant la caméra, les touristes commencèrent à s'attrouper en trop grand nombre. Certains se montraient déjà un peu nerveux. Nous aurions pu interrompre notre rapport et le poursuivre en un autre point du camp. Je décidais de rester sur place et d'exploiter la situation. Après tout, nous avions là en face de nous un public rêvé : tous ces gens venaient de «voir une chambre à gaz» et risquaient de raconter ultérieurement à leurs amis : «On ne saurait contester l'existence des chambres à gaz ; j'en ai vu une moi-même à Dachau». J'engageais donc avec les visiteurs une sorte de débat improvisé. Je leur faisais notamment remarquer qu'ils n'avaient nullement visité une chambre à gaz mais un local que Madame Barbara Distel, directrice du musée, baptisait de ce nom. Cette dame se permettait là une grave accusation à l'appui de laquelle elle n'apportait aucune preuve (les quelques photos ou papiers affichés dans une pièce précédant la chambre à gaz ne démontraient rien du tout). Mais qui osait lui demander des preuves ? Apparemment personne. Je mettais ces touristes en garde contre la tentation d'aller raconter à


36 leur entourage qu'ils avaient vu à Dachau une chambre à gaz ; en réalité, ils n'avaient rien vu de tel. Sur ma lancée, je leur révélais qu'il n'y avait eu, pour nous autres révisionnistes, aucune chambre à gaz homicide, y compris à Auschwitz, ni aucune politique d'extermination des juifs. Le tout prit l'allure d'une sorte de happening. Certains visiteurs se montraient hostiles, d'autres favorables ; tous paraissaient soit indignés, soit intéressés. Un jeune Allemand estima que, pour de tels propos, je méritais la prison. Les plus hostiles trouvèrent l'échappatoire habituelle : «Chambres à gaz ou pas, cela revenait au même» : argument qu'un Français ne peut que trouver étrange vu qu'en France Jean-Marie Le Pen a été lourdement condamné par les tribunaux, à la requête d'organisations juives, pour avoir précisément dit cela. La magique chambre à gaz est le pilier central de la religion de l' «Holocauste». Ce ne sont pas les révisionnistes qui, des chambres à gaz, font toute une affaire mais les tenants de cette religion ; c'est donc à ces derniers qu'il faut demander des explications sur leur attachement à la chambre à gaz. Ils sont d'ailleurs logiques dans leur raisonnement ; sans elle, c'est-à-dire sans le système de destruction spécifique, il devient impossible de prouver l'existence d'une destruction systématique et spécifique des juifs. Sans chambre à gaz, il n'y a plus de génocide. Et, sans génocide, l'histoire de la communauté juive ressemble à l'histoire de toute autre communauté humaine en proie aux horreurs de la seconde guerre mondiale. Eugen Ernst a su filmer une bonne partie de ce happening qui m'a permis de donner ma première conférence publique en Allemagne sur le tabou des chambres à gaz et du génocide : juste en face de la fausse chambre à gaz de Dachau, un des hauts lieux du Culte. - Mauthausen La minuscule chambre à gaz de Mauthausen n'a jamais eu beaucoup de fidèles pour la défendre. Elle est indéfendable. En près d'un demi-siècle, je ne vois guère que deux personnages pour avoir vraiment essayé de nous faire croire à sa réalité : l'Autrichien Hans Marsalek et le Français Pierre-Serge Choumoff. Dans leurs diverses publications, ils s'abstiennent prudemment de montrer une véritable photo de l'intérieur de la pièce. La raison en est simple : cette pièce a toutes les apparences d'une simple salle de douches et l'on n'aperçoit pas le moindre élément matériel qui donnerait à penser qu'il s'agit d'une chambre à gaz homicide avec toute la machinerie qui, en pareil cas, serait indispensable. Marsalek et Choumoff ne montrent rien du tout ou bien - très rarement - reproduisent en photo l'extérieur de l'une des deux portes (deux portes à une chambre à gaz, c'est-à-dire un redoublement délibéré des problèmes d'étanchéité !), ou bien encore ils laissent vaguement apercevoir un petit fragment de l'intérieur. En 1978, lors de ma première visite, j'avais demandé à deux responsables du musée, et en particulier au directeur, ancien détenu espagnol, pourquoi, parmi tant de cartes postales du camp proposées aux touristes, il ne s'en trouvait aucune montrant ladite chambre à gaz. La réponse avait été : «Ce serait trop cruel !» Réponse surprenante quand on songe que tous les musées de camps de concentration, y compris celui de Mauthausen, sont souvent comparables à ces «musées des horreurs» qu'on voit dans les foires et quand on sait que l'antinazisme de sexshop est l'un des commerces les plus florissants du «Shoah business», dénoncé par bien des juifs. Lors de la même visite, j'avais aussi voulu savoir pourquoi, dans la chambre à gaz ellemême ou dans le musée, on ne découvrait aucun document, aucune expertise établissant que cette pièce à apparence de douche était, paraît-il, une chambre à gaz homicide. Le directeur du camp avait eu l'audace de me répondre que le texte de l'expertise était bel et bien reproduit dans la chambre à gaz elle-même. C'était faux. Il dut en convenir et me parla d'une expertise qui se trouvait à Linz, sans autre précision. On pense bien que, si une telle expertise avait existé, le


37 texte en serait reproduit dans tous les ouvrages consacrés à Mauthausen et dans toutes les bibliographies de l' «Holocauste». Lors de notre inspection du 10 avril 1989, un incident allait se produire avec les autorités du camp. Nous nous étions rendus sur place de bonne heure le matin afin de permettre à F. Leuchter d'opérer ses prélèvements d'échantillons sans trop de risques. Il n'eut pas plutôt achevé ce travail, qui provoquait un bruit effrayant, que des groupes de visiteurs commencèrent à se succéder dans la chambre à gaz. Il s'agissait surtout d'enfants des écoles qu'on endoctrine ainsi de façon systématique dans la honte et la haine de ce que les Allemands et les Autrichiens des générations antérieures sont supposés avoir fait pendant la guerre (l'Autriche est le pays d'élection de Simon Wiesenthal). Les guides, c'est-à-dire les officiels du musée ou les professeurs, prodiguaient sur la chambre à gaz et son fonctionnement des explications stéréotypées mais contradictoires en bien des points. Sans nous donner le mot, nous commençâmes, Mark Weber et moi-même, à interroger devant la caméra d'Eugen Ernst l'un des officiels du musée, celui qui nous paraissait le plus compétent. D'abord assez sûr de lui-même, le malheureux, pressé de questions, dut admettre en fin de compte qu'on ne savait pas trop bien comment cette chambre à gaz avait fonctionné. Il se révéla qu'au cours des années le mensonge avait pris des formes extrêmement variées. On avait successivement imposé aux visiteurs trois versions contradictoires de la procédure du gazage : • procédure nº 1 : le gaz venait du plafond par les pommes de douches (encore existantes) ; cette version, nous dit l'officiel, fut abandonnée quand des gens eurent fait remarquer que, vu le peu de hauteur, il aurait suffi aux victimes d'apposer leurs mains sur ces pommes pour les obturer et empêcher ainsi l'arrivée du gaz ; • procédure nº 2 : le gaz venait du plafond (et il en repartait au moment de l'évacuation) par une sorte d'ouverture de cheminée (encore existante) située dans la partie Ouest ; l'officiel ne sut pas nous dire pourquoi cette version allait être abandonnée à son tour ; • procédure nº 3 : le gaz venait par un mince tuyau perforé situé sur la paroi Est à environ 80 cm du sol, c'est-à-dire qu'il venait de la partie diamétralement opposée à celle de la procédure nº 2 ; il n'existait plus aucune trace de ce tuyau, ni même de l'orifice par lequel il serait provenu d'une salle adjacente où se préparait le gaz ; la salle adjacente était totalement nue et ne recélait rien qui pût donner la moindre idée de sa fonction. Tout cela était déjà troublant mais le plus troublant était peut-être que la seule explication indiquée sur une plaque de métal dans la chambre à gaz était celle de la procédure nº 2. Je le fis remarquer à l'officiel, qui nous expliqua qu'il s'agissait d'une «erreur» : la procédure décrite sur cette plaque n'était plus la bonne. Je lui fis observer que la procédure nº 3 (celle actuellement retenue comme vraie) se heurtait à une considérable invraisemblance physique. Placé à 80 cm de hauteur, le tuyau perforé, même s'il avait été partiellement inséré dans la paroi pour résister à la pression des corps, aurait été obstrué par les corps des victimes comprimées dans la chambre à gaz : comment le gaz se serait-il diffusé normalement pour tuer toutes les victimes dans l'ensemble de la chambre à gaz ? L'officiel finit par répondre qu'il n'était pas un scientifique et que son explication était celle que fournissait dans son livre ... Hans Marsalek. Quelques minutes après son départ, il nous expédia deux agents de police (?) qui nous intimèrent l'ordre de cesser toute prise de vues : on pouvait tout photographier à Mauthausen, nous apprirent-ils, sauf ... la chambre à gaz et le four crématoire. Pourtant, nul panneau n'en avertissait les touristes qui, de toute façon, photographiaient par milliers ces deux emplacements au vu et au su des autorités du camp. A Mauthausen, j'ai eu le sentiment que les autorités du camp vivaient dans une sorte de fièvre obsidionale ; elles paraissent hantées par les progrès du révisionnisme en Autriche et par l'action en ce sens de personnes comme Emil Lachout, Gerd Honsik et Walter Ochensberger (je voudrais au passage rendre ici hommage à la mémoire d'un autre Autrichien, Franz Scheidl, qui a publié dans les années 60, à compte d'auteur, toute une série d'études sous le titre général de


38 Geschichte der Verfemung Deutschlands (Histoire de la diffamation de l'Allemagne), laquelle est restée peu connue, même de bien des révisionnistes).

- Hartheim Le château de Hartheim se remarque de loin au milieu d'une plaine. Pour un endroit censé avoir servi aux crimes les plus secrets, il est vraiment impossible à dissimuler. Ce château a été, avant et pendant la guerre, une sorte d'asile et il l'est resté aujourd'hui. Il contient une petite pièce d'apparence inoffensive dont on se demande bien pourquoi on a décidé de la qualifier de «chambre à gaz» homicide. Il s'agit là de l'une des inventions les plus effrontées de la religion de l' «Holocauste». Je ne lui vois aujourd'hui qu'une utilité : à ceux qui se moquent des superstitions religieuses du passé comme si notre époque était plus éclairée et plus intelligente que les époques passées, je dirais volontiers : Allez visiter la chambre à gaz du château de Hartheim et, après cela, venez me dire si vous ne vous sentez pas humiliés d'être ainsi pris pour des naïfs par ceux qui osent affirmer qu'il s'agit là d'une ancienne chambre à gaz. Je ne connais aucune publication qui reproduise une photo de cette minuscule «chambre à gaz», qualifiée par Hans Marsalek, dans la version anglaise de la confession qu'il est censé avoir recueillie de Franz Ziereis, commandant de Mauthausen, de : grande installation de gazage où, selon les estimations de Ziereis, on extermina entre 1 et 1,5 million de personnes [!]. L'Intifada révisionniste Le désarroi actuel des défenseurs de l' «Holocauste» a de curieux effets. Jusqu'à la fin des années 70, ces derniers croyaient détenir, avec Auschwitz, Birkenau et d'autres camps situés en Pologne, de solides preuves de l'existence des chambres à gaz et donc du génocide des juifs. Jusqu'à cette époque, ils pouvaient se permettre de dire qu'il y avait eu des exagérations et que les camps situés hors de l'actuelle Pologne ne possédaient certainement pas ou probablement pas de chambres à gaz. A partir du début des années 80, sous la pression des écrits révisionnistes, les chambres à gaz de Pologne et, en particulier, celles d'Auschwitz et de Birkenau parurent de plus en plus douteuses. Dans un mouvement comparable à celui de l'intégrisme religieux ou politique, les exterminationnistes préconisèrent un retour à la foi et à la doctrine des origines. Ils se remirent à affirmer qu'il avait certainement existé des chambres à gaz à Mauthausen, à Sachsenhausen, à Ravensbrück, à Neuengamme, au Struthof-Natzweiler et peut- être même à Dachau. Je renvoie là-dessus à l'ouvrage d'Adalbert Rückerl, Hermann Langbein, Eugen Kogon et 21 autres auteurs, NS-Massentötungen durch Giftgas, Fischer Verlag, 1983 (en français, Les Chambres à gaz, secret d'Etat , éd. de Minuit, 1984). Dans le cas de Mauthausen, des gens comme Claude Lanzmann ou Yehuda Bauer allèrent jusqu'à la rétractation. En 1982, ce dernier avait clairement écrit : «aucun gazage n'a pris place à Mauthausen». Quant à Claude Lanzmann, il avait été tout aussi net : en 1986, à l'occasion d'un violent débat à «Radio Europe-1», sur l'affaire Roques, il avait marqué son désaccord avec le ministre Michel Noir qui s'était permis de parler de la chambre à gaz de Mauthausen. Il avait fermement repris le ministre sur ce point : jamais, lui dit-il, il n'y avait eu de chambre à gaz dans ce camp. Tout cela n'empêcha pas Y. Bauer et C. Lanzmann d'affirmer plus tard qu'il avait bel et bien existé une chambre à gaz à Mauthausen (pour la rétractation de Y. Bauer, voy. les p. 33-34 de l'indigente plaquette publiée en 1989 par le Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes sous le titre : Das Lachout-«Dokument», Anatomie einer


39 Fälschung ; pour la rétraction de C. Lanzmann, on lira la lettre qu'il a publiée dans Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 97). Ces rétractations, ces brusques changements de cap, ces explications constamment changeantes constituent une preuve supplémentaire de ce que la chambre à gaz et le génocide ne sont qu'un mythe : un mythe ne cesse de fluctuer au gré des opinions dominantes et des nécessités du moment. Les exterminationnistes d'aujourd'hui n'ont plus guère que deux refuges, deux points où ils espèrent pouvoir ancrer leur foi : le «camion à gaz» et «Treblinka». Sur le premier point, je leur annonce que le Français Pierre Marais va prochainement publier une étude intitulée : Le Problème des camions à gaz . Sur le second point, je leur annonce qu'ils vont perdre «Treblinka» comme ils ont perdu «Auschwitz». A l'avenir, les tenants de l' «Holocauste» conserveront leur argent, leur puissance, leur capacité de produire des films, de célébrer des cérémonies, de construire des musées : des films, des cérémonies, des musées de plus en plus vides de sens. Ils multiplieront les moyens de répression contre les révisionnistes par les coups et blessures, les campagnes de presse, les procès, le vote de lois spéciales. Ils multiplieront aussi, cinquante ans après la guerre, les poursuites contre ceux qu'ils appellent les «criminels de guerre». Les révisionnistes, eux, leur répliqueront par des études historiques ou des ouvrages scientifiques et techniques. Ces ouvrages, ces études seront nos pierres, notre Intifada. Quant aux juifs eux-mêmes, ils auront le choix : ou bien ils suivront l'exemple des rares d'entre eux qui ont eu le courage et le mérite de dénoncer la légende, ou bien ils cautionneront l'activité histrionique des Elie Wiesel et des Samuel Pisar et les chasses aux sorcières dans le style de Simon Wiesenthal. David Irving, qui s'est tout récemment rallié à nos positions, vient de déclarer : La communauté juive doit faire son examen de conscience. Elle propage quelque chose qui n'est pas vrai. (The [London] Jewish Chronicle, 23 juin 1989). On ne saurait mieux dire. Robert FAURISSON août 1989 ***

RAPPORT En mars 1989, M. Ernst Zündel, de Toronto, Canada, m'a demandé d'enquêter sur trois (3) présumées chambres à gaz et sur des fours crématoires situés en Allemagne et en Autriche. Ces installations que les Allemands auraient fait fonctionner pendant la seconde guerre mondiale se trouvent à Dachau, en Allemagne, et à Mauthausen et au château de Hartheim, tous deux près de Linz, en Autriche. Le résultat de ces enquêtes et analyses médico-légales à Dachau, Mauthausen et Hartheim devaient aboutir à un rapport technique et à une étude médico-légale sur l'efficacité du fonctionnement des installations susmentionnées en tant que chambres à gaz destinées à des exécutions. Bien que de nombreux historiens reconnus semblent accepter aujourd'hui l'idée que ces installations n'ont jamais fonctionné en tant que chambres à gaz d'exécution, M. Zündel voulait dissiper tout doute à venir et montrer scientifiquement de manière certaine si ces installations avaient ou n'avaient pas été utilisées en tant qu'installations d'exécution par le gaz et s'il avait jamais été possible de les utiliser en tant que telles Pour répondre à la demande de M. Zündel, j'ai entrepris cette enquête et cette évaluation scientifiques. Le dimanche 9 avril


40 1989, je suis arrivé à Dachau avec l'équipe suivante : Carolyn Leuchter, en tant que secrétaire et technicienne ; le professeur Robert Faurisson, conseiller et consultant ; Mark Weber, historien et spécialiste d'histoire contemporaine de l'Europe ; Tijuda Rudolf, interprète ; Steven Devine, technicien ; Eugen Ernst, opérateur de cinéma ; et Kenneth Ernst, assistant opérateur. Le jour suivant, le lundi 10 avril, nous avons inspecté Mauthausen et le château de Hartheim, près de Linz, en Autriche. Ce rapport et mes conclusions résultent de cette enquête conduite à Dachau, Mauthausen et Hartheim.

OBJECTIF DE CE RAPPORT L'objectif de ce rapport, ainsi que des enquêtes qui l'ont précédé, est de déterminer si les présumées chambres à gaz de ces trois (3) endroits spécifiques, l'un (1) en Allemagne et les deux (2) autres en Autriche, à savoir Dachau, Mauthausen et le château de Hartheim, pouvaient avoir fonctionné d'une manière quelconque avec, pour résultat, l'exécution par le gaz de personnes ou de groupes de personnes. Instruit du fait que bien des historiens reconnus semblent aujourd'hui d'accord pour dire qu'aucune de ces installations n'a jamais fonctionné en tant que système d'exécution par le gaz, l'auteur est aussi conscient de ce que, immédiatement après la prise de ces emplacements par les Américains au cours de la seconde guerre mondiale, on a affirmé que ces locaux avaient servi à des exécutions de masse par le gaz, assertion qui fut largement répercutée dans la presse internationale de l'époque. C'est pour éliminer à l'avenir tout doute ou toute question que cette enquête a été entreprise et ce rapport, rédigé. Notre objectif inclut l'enquête et l'inspection sur place des installations matérielles, la conception de ces installations et une description des procédures présumées de gazage appliquées lors des exécutions présumées. On a aussi estimé le nombre maximum de personnes qui pouvaient entrer dans ces présumées chambres à gaz et estimé le temps nécessaire à la ventilation. Notre objectif n'inclut nullement la détermination d'un nombre quelconque de personnes qui périrent ou furent tuées par des moyens autres que le gazage et ne cherche pas à déterminer si un «Holocauste» s'est vraiment produit. De plus, il n'entre pas dans les intentions de l'auteur de redéfinir l' «Holocauste» en termes historiques, mais simplement de fournir des informations et des preuves scientifiques obtenus sur les lieux mêmes et d'exprimer une opinion fondée sur toutes les données disponibles en matière scientifique, technique, quantitative quant au but et à l'utilisation aussi bien de ces présumées chambres à gaz d'exécution que des crématoires qui se trouvent dans les lieux que nous avons examinés.

DONNÉES DE BASE L'enquêteur principal et auteur de ce rapport est un ingénieur spécialisé dans la conception et la fabrication d'installations destinées aux exécutions et, en particulier, il a étudié et conçu des installations utilisées aux Etats-Unis pour l'exécution, par le gaz cyanhydrique (gaz «Zyklon B»), de personnes condamnées. L'enquêteur a inspecté les présumées chambres à gaz d'exécution en Pologne et il est l'auteur d'un rapport sur ces installations : An Engineering Report on the Alleged Execution Gas Chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland (1988), Samisdat Publishers Ltd. [«Rapport technique sur les présumées chambres à gaz homicides d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek, Pologne (1988)», Annales d'Histoire Révisionniste nº 5, été-automne 1988, p. 51102]. L'auteur a été reconnu par un tribunal canadien comme expert en technique de chambre à gaz et il a déposé à la barre de ce tribunal sur la non-existence de chambres à gaz d'exécution dans ces lieux de Pologne.


41 L'enquêteur a examiné les installations à Dachau, en Allemagne, et à Mauthausen et au château de Hartheim, en Autriche ; il a pris des mesures et prélevé des échantillons pour analyse. En outre, il s'est procuré les brochures officielles qui sont en vente publique dans les trois (3) musées qui se trouvent sur place et il a examiné ces publications. Il a également pris en considération les documents qui traitent de la procédure d'utilisation du gaz cyanhydrique («Zyklon B») pour la désinsectisation.

CHAMP D'INVESTIGATION Le champ d'investigation de ce rapport comprend une inspection matérielle et les données quantitatives récoltées à Dachau, Mauthausen et Hartheim, les publications trouvées sur place dans les trois (3) musées et un examen des échantillons prélevés à des fins d'analyse à Mauthausen. Pour des raisons qu'on trouvera expliquées plus loin, aucun échantillon n'a été prélevé à Dachau ni à Hartheim. En outre, on a utilisé pour ce rapport des données concernant les chambres à gaz de conception américaine et les protocoles d'opération utilisés lors des exécutions par le gaz aux Etats-Unis, provenant des connaissances personnelles de l'enquêteur et de son expérience dans ce domaine, ainsi que les connaissances acquises lors de son enquête sur les présumées chambres à gaz de Pologne. De plus, on a pris en considération les procédures d'opération et les équipements qui sont utilisés dans les installations de désinsectisation. En utilisant toutes les données susmentionnées, l'enquêteur a limité le domaine de son étude au point de savoir si les présumées chambres à gaz en question à Dachau, Mauthausen et au château de Hartheim auraient pu accomplir les exécutions de masse (l'extermination) d'êtres humains en utilisant le gaz «Zyklon B» (acide cyanhydrique).

RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS Après une étude des publications disponibles, un examen et une évaluation des installations qui existent à Dachau, Mauthausen et au château de Hartheim, compte tenu de la connaissance qu'il possède, en tant qu'expert, sur les critères de construction indispensables pour faire fonctionner une chambre à gaz, et compte tenu des connaissances que lui a apportées l'étude effectuée antérieurement sur les présumées chambres à gaz de Pologne, l'auteur ne trouve aucune preuve qu'aucune de ces installations, c'est-à-dire celles de Dachau, Mauthausen ou du château de Hartheim, où l'on a fréquemment prétendu que se trouvaient des installations d'exécution par le gaz, ait jamais été utilisée en tant que telle ; l'auteur estime en outre qu'en raison de la conception et de la fabrication de ces installations, celles-ci n'ont jamais pu être utilisées en tant que chambres à gaz d'exécution.

MÉTHODE Les procédures utilisées dans l'étude et dans les analyses médico-légales qui ont abouti à ce rapport sont les suivantes : 1. Une étude générale de la documentation disponible ; 2. Une inspection sur place et un examen médico-légal des installations en question, comprenant le relevé des données matérielles (mesurage et analyse de la construction) et le prélèvement d'échantillons matériels (carrelage et mortier) qui ont été rapportés aux Etats-Unis pour analyse chimique ;


42 3. La prise en considération de données logistiques enregistrées et visuelles (sur place) ; 4. Les données acquises lors de l'étude antérieure des présumées chambres à gaz à Auschwitz I, Birkenau et Majdanek en Pologne ; 5. Une compilation des données ainsi fournies ; 6. Une analyse des renseignements obtenus et une comparaison de ces renseignements avec les renseignements reconnus et avérés relatifs à la conception, à la procédure et à la logistique et les nécessités afférentes à la conception , à la fabrication et à la mise en action des véritables chambres à gaz qui sont actuellement utilisées aux Etats-Unis ; 7. La prise en considération des analyses chimiques des matériaux qui proviennent des lieux-mêmes ; 8. Les conclusions fondées sur les preuves ainsi accumulées.

LE «RAPPORT LEUCHTER» Le Rapport Leuchter, qui formait la base de la déposition de l'auteur en tant qu'expert au procès d'Ernst Zündel à Toronto, Ontario, le 20 avril 1988, est une étude des installations prétendument destinées au gazage à Auschwitz, Birkenau et Majdanek, en Pologne. Ce rapport contient les données définitivement établies, en matière d'utilisation de chambres à gaz, quant à la conception et aux procédures de fumigation à l'acide cyanhydrique, le «Zyklon B» ; il décrit la conception et le protocole d'utilisation de chambres à gaz destinées à l'exécution, les chambres à gaz américaines, les effets médicaux et toxiques de l'acide cyanhydrique ; il contient un bref historique des présumées chambres à gaz allemandes en insistant notamment sur les caractéristiques de leur conception, et un examen de la technique des fours crématoires, y compris une étude des taux maximum de crémation. En outre, on y trouve une étude des considérations médico-légales relatives aux composés cyanurés et aux crématoires.¶La documentation contenue dans les paragraphes évoqués plus haut du Rapport Leuchter (1988) est un complément nécessaire du présent rapport.

LES LIEUX : DACHAU, MAUTHAUSEN ET LE CHÂTEAU DE HARTHEIM Ces lieux sont considérés séparément et ensemble, puisque Dachau et Mauthausen ont parfois été décrits comme des camps qui fournissaient des prisonniers au château de Hartheim où ils étaient, dit-on, exécutés. Dachau L'installation qui, dit-on, servait à Dachau aux exécutions se trouve dans un bâtiment appelé «Baracke X». Cette installation a été construite en 1942 et contenait un crématoire à quatre (4) moufles. Il a été construit principalement pour remplacer le crématoire plus petit et plus ancien à deux (2) moufles qui se trouve à proximité. Le bâtiment comprenait aussi une morgue, des enceintes de fumigation (chambres de désinsectisation), des zones de travail correspondantes et


43 une pièce identifiée par une inscription au-dessus de la porte comme «Brausebad» (salle de douche). C'est cette salle de douche qu'on prétend avoir été une chambre à gaz et dont les touristes aujourd'hui apprennent qu'elle était la «chambre à gaz». La présumée chambre à gaz a une surface d'environ 427 pieds carrés (40 m 2 ) et un volume d'environ 3 246,7 pieds cubes (90 m 3 ). C'était à l'origine une salle de douche mais elle semble avoir été modifiée un certain temps après la prise de Dachau par les Américains. Le plafond actuel se trouve à environ 7,6 pieds (2,30 m) du sol et contient quelque dix-sept (17) fausses pommes de douche, fabriquées à partir de ce qui a dû être une feuille de zinc soudée. En outre, il porte environ huit (8) appareils d'éclairage encastrés qui n'étaient pas protégés contre les explosions. Il comprend également deux (2) ouvertures censées avoir servi à déverser le gaz [sous forme de granulés de «Zyklon B»]. Ces ouvertures sont des vidoirs de vide-ordures avec, du côté intérieur, des grilles. Elles mesurent 15,75 pouces x 27,25 pouces (40 cm x 69,21 cm). Elles ont été soudées en position ouverte vers l'extérieur. Cette présumée chambre à gaz contient aussi un orifice de ventilation qui a manifestement été ajouté après la construction. Les murs sont carrelés et le plafond est fait de ciment peint en blanc. Il y a aussi, dans le sol, deux (2) canaux d'évacuation de 20,5 pouces x 26 pouces (52 cm x 66 cm), qui sont connectés aux autres évacuations à travers le bâtiment et le camp. Il y a deux (2) portes, comportant des emplacements pour recevoir des joints d'étanchéité, comme c'est le cas pour beaucoup de portes en Europe. Il semble, d'après la construction, que la présumée chambre à gaz était originellement une salle de douche, comme on en trouve dans tous les autres camps où nous avons enquêté. Les fausses pommes de douche sont fabriquées à partir d'une feuille de métal roulée en cylindre et en cône, avec un type de pomme que l'on trouve dans les arrosoirs de jardin. L'extrémité est scellée et n'a pas de filetage. Elles ne sont pas connectées, et ne peuvent non plus être connectées à aucune tuyauterie. Elles sont construites pour apparaître, lorsqu'on les observe d'en bas, comme des pommes de douche qui fonctionnent. Le plafond qui contient les pommes de douche factices semble avoir été ajouté après la construction d'origine. Le plafond est fait de béton, coulé autour des fausses pommes de douche. C'est typiquement une construction avec dalle de béton suspendu. Le document nº 47 du 79ème Congrès des Etats-Unis, 1ère session, comporte une enquête sur Dachau. Dans ce document, on dit que la chambre à gaz a un plafond situé à 10 pieds (3 m) du sol et contenant des tuyaux de laiton pour l'introduction du gaz dans la chambre. Le plafond actuel, comme nous l'avons dit, n'est qu'à 7,6 pieds (2,30 m) du sol et ne comprend aucune des installations pour introduire le gaz qui sont décrites dans le document nº 47. Directement au-dessus de la salle de douche se trouvent les tuyaux pour le chauffage et la vapeur, ce qui s'accorde avec le système habituel approprié pour amener de l'eau chaude à une salle de douche. Aujourd'hui, ces tuyaux ne peuvent pas être vus dans la salle de douche. Leur existence, cependant, se confirme si, à partir d'un corridor interdit qui se trouve derrière la salle de douche et qui n'est visible que depuis une fenêtre à l'arrière du bâtiment, l'on observe les tuyaux qui entrent dans la zone de la salle de douche. Il est inepte et extrêmement dangereux de placer des tuyaux chauds contenant de la vapeur à haute pression au-dessus d'une pièce qui contiendrait un gaz potentiellement explosif. A l'une des extrémités de la pièce, l'orifice de ventilation a été clairement rajouté. Les orifices qui auraient, dit-on, servi pour l'introduction du «Zyklon B» ne diffèrent pas des ouvertures que l'on trouve dans les appartements pour faire descendre les ordures vers l'incinérateur, et ils ont été manifestement ajoutés après le carrelage d'origine des murs. Ces deux modifications sont faciles à discerner lorsqu'on regarde le remplacement inégal des carreaux intérieurs et des briques extérieures. A l'une des extrémités de la pièce, on trouve deux (2) boîtes électriques encastrées, avec des grilles, ce qui ne devrait pas se trouver dans une pièce contenant un gaz potentiellement explosif. Il n'existe aucun moyen de rendre étanche la pièce pour éviter des fuites de gaz et il n'y a pas de système pour évacuer le gaz après usage ni de cheminée d'évacuation convenable (il faut généralement un


44 minimum de 40 pieds, soit 12 m de haut). Les portes ne sont étanches ni au gaz ni même à l'eau. Elles sont seulement résistantes à l'eau. Il n'y a pas de système pour faire circuler ou évaporer (par chauffage) un gaz vers la pièce ou à l'intérieur de la pièce. Si l'on utilisait l'orifice improprement conçu pour l'introduction du «Zyklon B», cela empêcherait une évaporation correcte du gaz à partir des granulés de «Zyklon B» en raison de l'insuffisance de la surface qui serait exposée à l'air. La plus grande partie, sinon même la totalité, des granulés de «Zyklon B» resterait dans le vidoir en raison de son ouverture angulaire qui est insuffisante pour déverser les granulés. Sur un panneau situé à l'intérieur de la présumée chambre à gaz, les fonctionnaires du musée de Dachau spécifient [en anglais] : CHAMBRE A GAZ camouflée en «salle de douche» - n'a jamais été utilisée en tant que chambre à gaz. [L'inscription en français se lit : CHAMBRE A GAZ «chambre de douche» camouflée - ne fut jamais utilisée.] Un examen de la présumée chambre à gaz montre clairement, cependant, que cette installation a été construite pour être une salle de douche, utilisée seulement dans ce but. Les modifications apportées à la pièce, qui comprennent l'addition du plafond, des fausses pommes de douche, des orifices d'admission d'air et d'introduction de gaz, ont été réalisées à une époque beaucoup plus tardive que la construction d'origine de la «Baracke X» et de la salle de douche, et pour des raisons et par des personnes qui sont inconnues à l'auteur. Il n'a pas été possible de prélever des échantillons dans cet endroit en raison du grand nombre de touristes qui circulaient dans la présumée chambre à gaz. Il faut noter que cette présumée chambre à gaz n'aurait contenu qu'environ quarante-sept (47) personnes si l'on utilise la règle des 9 pieds carrés (80 cm 2 ) par personne, qui relève de la pratique standard des ingénieurs pour les sytèmes de circulation d'air. Sans un système d'évacuation de l'air ou sans fenêtres, il faudrait au moins une semaine pour une ventilation par simple convection. Cette estimation est fondée sur le fait que les chambres à gaz américaines ont besoin de vingt (20) minutes pour leur ventilation en renouvelant complètement l'air deux fois par minute, et qu'un minimum de quarante-huit (48) heures est nécessaire pour ventiler après fumigation un bâtiment pourvu d'un grand nombre de fenêtres. Une inspection des quatre (4) nouveaux moufles du crématoire de la «Baracke X» a montré que, bien qu'ils aient été déjà allumés, aucun d'entre eux n'a jamais beaucoup servi, en supposant qu'il ait jamais servi. Ces fours fonctionnaient au charbon. Après une enquête approfondie de la présumée chambre à gaz située dans la «Baracke X» à Dachau, le présent enquêteur affirme catégoriquement, au mieux de ses connaissances techniques, que cette installation n'aurait jamais pu être utilisée en tant que chambre à gaz d'exécution. C'était en fait une salle de douche (Brausebad) telle qu'elle était originellement dénommée par les Allemands. Mauthausen La présumée chambre à gaz du camp de concentration de Mauthausen se trouvait entre l'hôpital, le crématoire et la prison. De même que pour Dachau, certains historiens reconnus, ainsi que les révisionnistes, estiment le plus souvent qu'elle n'a jamais servi à des exécutions. La présumée chambre à gaz a une surface d'environ 150 pieds carrés (14 m 2 ) et un volume de 1 164 pieds cubes (32 m 3 ). Le plafond se trouve à environ 7,8 pieds (2,38 m) de hauteur et contient une tuyauterie et des pommes de douche en état de fonctionnement. Il y a dans le sol un drain d'évacuation d'environ 8 pouces x 8 pouces (20 cm x 20 cm) et, sur le mur nord-ouest, des tuyaux de chauffage. Les murs sont recouverts d'un carrelage de céramique. Il y a deux portes, avec un emplacement pour le joint d'étanchéité comme on en trouve sur beaucoup de


45 portes en Europe. Au plafond du côté ouest, on trouve un prétendu conduit de gaz mais on ne peut vérifier la destination de ce conduit car le sol de la pièce qui est au-dessus a été refait. De plus, une pièce adjacente aurait servi, dit-on de chambre de contrôle pour l'admission du gaz (apparemment il ne s'agissait pas de «Zyklon B» sous sa forme solide mais de véritable gaz cyanhydrique). Il n'existe aucune installation sur place pour assurer cette fonction et il n'existe pas non plus de preuve qu'on aurait enlevé une telle installation. Les fonctionnaires du musée sont extrêmement confus et incohérents en ce qui concerne le fonctionnement et ils ont proposé une série d'explications variées sur la façon dont le gaz était introduit à l'intérieur de la chambre. Les fonctionnaires du musée ont ainsi successivement expliqué que le gaz était introduit : 1. par l'intermédiaire de pommes de douche fixées en hauteur ; 2. par un tuyau situé dans un coin éloigné de la pièce ; 3. par un tuyau perforé, qui n'existe plus aujourd'hui. L'éclairage n'est pas à l'abri des explosions mais simplement résistant à l'eau. Il n'y a rien qui indique que la prétendue chambre de contrôle ait jamais existé. L'installation est entièrement sous terre, de même que la morgue, l'hôpital et la prison. Dans l'installation se trouvait aussi une zone où l'on gardait les prisonniers condamnés et qui étaient exécutés par balle. D'après la façon dont elle est construite, celle installation semble avoir été conçue, et plus tard utilisée, seulement en tant que salle de douche. On n'y trouve aucun élément qui pourrait prévenir les fuites de gaz ; l'éclairage n'est pas à l'abri des explosions ; le drain d'évacuation permettrait des fuites vers les égouts et rien n'est prévu pour l'introduction du gaz ou l'évacuation du mélange gaz/air après une exécution. On trouve en outre des tuyaux de chauffage à vapeur d'eau (radiateurs) sur le mur nord-ouest de la chambre, qui auraient très probablement provoqué une explosion si du gaz cyanhydrique avait été introduit dans la pièce. Enfin, toutes les pommes de douche sont en état de fonctionnement et la conception générale est incontestablement celle d'une salle de douche. Considérations médico-légales à Mauthausen Quatre (4) échantillons ont été choisis pour être prélevés dans la présumée chambre à gaz de Mauthausen à des fins médico-légales et rapportés aux Etats-Unis pour analyse chimique. Chaque échantillon a fait l'objet d'une analyse détaillée à la recherche de ferro-cyanures en conformité avec les procédures standardisées utilisées lors des analyses précédentes d'échantillons provenant de Auschwitz I et de Birkenau. Il résulte de ces analyses et de la comparaison avec les résultats connus d'analyses de ferro-cyanures non dissous que cette présumée installation de chambre à gaz n'a jamais été exposée à des concentrations répétées de cyanure nécessaires à des exécutions : prenant pour référence l'échantillon de contrôle de la chambre de désinsectisation nº 32 de Birkenau, qui comprenait 1 050 mg/kg, la plus grande concentration trouvée à Mauthausen a été de 32 mg/kg, ce qui indique qu'à un certain moment dans le passé le bâtiment a fait l'objet d'une fumigation. Cela indique clairement que cette installation n'était pas une chambre à gaz. Après une enquête approfondie, le présent enquêteur a déterminé qu'il n'était pas possible de procéder dans cette installation à des exécutions par le gaz. Au mieux des connaissances techniques de cet enquêteur, ce local n'aurait jamais pu être utilisé pour des exécutions par le gaz et n'a jamais été utilisé en tant que chambre à gaz d'exécution. A côté de l'installation se trouve la zone de la morgue, qui contient une unité de réfrigération pour maintenir les cadavres au froid. Cette morgue contient aussi une pièce de dissection et un


46 crématoire, qui sont tous adjacents et reliés à l'hôpital. Le crématoire existant contient un four à un (1) moufle. Dans une pièce contiguë, on trouve les traces d'un autre four crématoire à un (1) moufle qui a été enlevé. Le moufle existant montre les signes d'un usage très important, ce qui est normal dans un camp de cette taille avec seulement deux (2) moufles. Les deux unités fonctionnaient au charbon. On peut noter (en utilisant la règle des 9 pieds carrés [80 cm2 ]) que cette présumée chambre à gaz n'aurait contenu que dix-sept (17) personnes. Dépourvue d'un système d'évacuation, il faudrait, de l'avis du présent enquêteur, au moins une semaine pour ventiler la pièce, pour les mêmes raisons que celles qui ont été exposées à propos de Dachau. Château de Hartheim L'installation consiste en une pièce maçonnée adjacente à une tour d'un château vieux de plusieurs siècles. Ce château avait été donné par la Couronne au service de santé mentale d'Autriche et s'est trouvé placé ensuite sous le contrôle du gouvernement allemand lorsqu'il a pris la direction du gouvernement de l'Autriche et du service de santé mentale autrichien. Cette installation avait été utilisée comme hôpital psychiatrique et elle a conservé le même usage sous le contrôle allemand. On a dit que des exécutions de masse par le gaz ont été menées dans cet endroit sur des prisonniers que l'on transférait à cet effet depuis Dachau et Mauthausen. La présumée chambre à gaz était une pièce située au rez-de-chaussée, contiguë à l'une des tours du château. Cette pièce a une surface de 192 pieds carrés (17,8 m 2 ) et un volume de 1 728 pieds cubes (48,3 m 3 ). Elle a un plafond voûté qui atteint environ 8,9 pieds (2,70 m) à son point le plus élevé. L'installation possédait une (1) porte et une (1) fenêtre, bien qu'on ait pratiqué maintenant une ouverture rectangulaire donnant sur une pièce adjacente. Il n'existe aucun système pour l'introduction du «Zyklon B» ni pour évacuer le gaz après usage. La pièce a aujourd'hui été complètement refaite. On a récemment plâtré les murs et le plafond. Il y a trois (3) revêtements de sol neufs les uns au-dessus des autres. On a même transformé la porte en porte de cellule du type de celles que l'on trouve dans les institutions psychiatriques modernes avec un œilleton de surveillance. La fenêtre est réputée être la fenêtre d'origine, mais elle laisserait fuir le gaz si elle était utilisée dans ce but. Ni la porte ni la fenêtre ne sont prévues pour recevoir des joints d'étanchéité. On dit que tous les appareils de gazage ont été retirés en janvier 1945. En vérité, il n'y a pas eu de matériel de gazage vu que les murs sont extrêmement épais, ce qui est caractéristique de l'architecture et de la construction des châteaux, et il n'aurait pas été facile de les percer pour installer des orifices pour l'introduction du gaz et pour la ventilation. Dans cette pièce et dans celle qui lui est contiguë on trouve des plaques à la mémoire de ceux qui, dit-on, sont morts par gazage à cet endroit. Le château est aujourd'hui occupé par des appartements. On peut déduire de la construction que cet endroit ne pourrait abriter une installation où l'on aurait réalisé des exécutions par le gaz, les murs étant trop épais pour y installer un matériel de gazage. Certainement, en raison de la construction de la pièce, tout changement serait visible et difficile à cacher. Il n'y a aucune trace d'une éventuelle cheminée pour l'évacuation du mélange gaz/air et il n'y a pas de moyen d'en installer une. La fenêtre aurait certainement laissé fuir de grandes quantités de gaz mortel. Nous n'avons prélevé aucun échantillon sur place parce que les lieux ont été considérablement transformés, ce qui aurait incontestablement faussé les résultats de l'analyse. On peut noter (en utilisant la règle des 9 pieds carrés [80 cm2 ]) que la présumée chambre à gaz n'aurait contenu que 24 personnes environ. Dépourvue d'un système d'évacuation, cette pièce aurait nécessité au moins une semaine pour être ventilée (cf Dachau). A la suite d'un examen approfondi, mené sur place, le présent enquêteur affirme catégoriquement, au mieux de ses connaissances techniques, que cette installation n'a jamais été utilisée et n'aurait jamais pu être utilisée pour des exécutions par gazage. L'utilisation


47 véritable de cette pièce reste inconnue au présent enquêteur. Si l'on compare cette pièce à celle qui lui est symétrique de l'autre côté, il se pourrait qu'elle ait servi d'entrepôt. Il n'existe pas de crématoires attenants à cet endroit. Il est assez étonnant de constater que les publications officielles du musée affirment que Dachau et Mauthausen, qui étaient dotés tous deux d'installations égales ou meilleures que celle du château de Hartheim, envoyaient des détenus à Hartheim pour y être gazés. On peut se demander pourquoi cela se serait produit puisque la prétendue installation de Hartheim aurait été si difficile à construire, et qu'elle était si petite et si loin de Dachau (200 km). Si l'on s'appuie sur toutes les preuves qui sont disponibles, il devient tout à fait clair qu'aucune installation pour le gazage n'a jamais existé dans aucun de ces endroits.

ÉQUIPEMENT SPÉCIALISÉ : INEXISTANT Au cours de toutes les enquêtes effectuées par l'auteur du présent rapport en Pologne, en Allemagne et en Autriche, il n'a jamais été possible de trouver une construction ou un équipement qui soit spécifique d'une chambre à gaz. On ne trouve pas de cheminées ayant la hauteur nécessaire, pas de ventilateurs, pas de générateurs de gaz, pas de prises d'air préchauffé, aucune peinture spéciale ou matériau d'étanchéité sur les murs, le sol ou les plafonds, aucune installation de sécurité pour ceux qui feraient fonctionner ces installations, et aucune conception matérielle cohérente qui aurait été utilisée de manière permanente dans ces présumées chambres à gaz. On ne conçoit pas le fait que les Allemands, dotés d'une technologie hautement développée pour les chambres de désinsectisation, n'auraient jamais appliqué cette technologie aux présumées chambres à gaz d'exécution.

CONCLUSION Après avoir étudié toute la documentation et examiné tous les emplacements à Dachau, Mauthausen et au château de Hartheim, cet enquêteur a établi qu'il n'avait existé aucune chambre à gaz d'exécution dans aucun de ces endroits. Le présent enquêteur affirme, au mieux de ses connaissances techniques, qu'on ne peut pas sérieusement considérer que dans ces emplacements, qu'il a inspectés, les présumées chambres à gaz aient été à l'époque utilisées ou puissent aujourd'hui fonctionner comme des chambres à gaz d'exécution. Fait à Malden, Massachusetts, le 15 juin 1989 FRED A. LEUCHTER, Jr. Ingénieur en chef Fred A. Leuchter Associates 231 Kennedy Drive Unit nº 110 Boston, Massachusetts 02148 617/322-0104 ***

BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE établie par Robert Faurisson (Le premier rapport Leuchter - II. Dachau - III. Mauthausen - IV. Hartheim - V. Le problème des chambres à gaz)


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I Le premier rapport Leuchter Fred A. Leuchter, An Engineering Report on the Alleged Execution Gas Chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland, 1988, 193 p. Ce rapport avait été préparé pour Ernst Zündel ; il a été enregistré à son procès (Toronto, Canada, 1988) au titre de «pièce à conviction soumise à examen» (lettered exhibit) ; il contient en copie les certificats originaux d'analyse des échantillons de briques et de mortier prélevés à Auschwitz et à Birkenau. Fred A. Leuchter, The Leuchter Report : The End of a Myth, préface de Robert Faurisson, Samisdat Publishers Ltd., 1988, 132 p., imprimé sous licence aux États-Unis, P.O. Box 726, Decatur, Alabama 35602 USA ; édition illustrée du rapport original ; les résultats d'analyse des briques et du mortier sont présentés sous la forme de graphiques. Fred A. Leuchter, «Rapport technique sur les présumées chambres à gaz homicides d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek», Annales d'Histoire Révisionniste, nº 5, étéautomne 1988, p. 51-102, préface de Robert Faurisson. Cet article ne reproduit que l'essentiel du rapport, ainsi qu'un graphique et huit tableaux. II Dachau Doc. L-159 (langue d'origine : anglais) : Document nº 47 du 79ème Congrès, 1ère session, Sénat des États-Unis : «Rapport, en date du 15 mai 1945, fait par une commission spéciale du Congrès adressé au Congrès des États-Unis, après la visite des camps de concentration de Buchenwald, Nordhausen et Dachau : situation dans les camps et cruautés qui y ont été commises» (cote d'audience : USA-222), TMI [2] , XXXVII, p. 621 :

Un trait distinctif du camp de Dachau était la chambre à gaz pour l'exécution de prisonniers et les installations relativement élaborées pour les exécutions par balles. La chambre à gaz était une grande pièce située au centre du bâtiment du crématoire. C'était une construction de béton. Ses dimensions étaient d'environ 20 x 20 pieds et le plafond était d'une hauteur de quelque 10 pieds ! Deux murs, qui se faisaient face, comportaient des portes étanches par lesquelles on pouvait emmener les prisonniers condamnés dans la chambre à gaz et les en retirer après exécution. L'introduction du gaz dans la chambre était contrôlée par le moyen de deux valves sur l'un des murs extérieurs et, sous les valves, il y avait un petit œilleton muni d'un verre au travers duquel l'opérateur pouvait voir mourir les victimes. Le gaz était introduit dans la chambre par des tuyaux aboutissant à des dispositifs en laiton perforés de trous et fixés au plafond. La chambre était d'une dimension suffisante pour exécuter probablement cent hommes à la fois. •

Section OSS, 7ème Armée (États-Unis) (langue d'origine : anglais), Dachau Concentration Camp , préface du colonel William W. Quinn, 1945, p. 33 :

CHAMBRES A GAZ [pluriel] : Les internés qui étaient amenés au camp de Dachau exclusivement pour exécution étaient, dans la plupart des cas, des juifs et des Russes. Ils étaient amenés dans l'enceinte, alignés près des chambres à gaz et ils étaient passés en revue de la même façon que les internés qui venaient à Dachau pour y être emprisonnés. Ensuite, on les conduisait en rangs vers une pièce et ils devaient se déshabiller. Chacun recevait une serviette et un morceau de savon comme s'ils allaient prendre une douche. Durant toutes ces opérations, rien ne leur laissait supposer qu'ils allaient être exécutés, vu que la routine était la même pour tous les internés à leur arrivée dans le camp. - Ensuite, ils entraient dans la chambre à gaz. Au-dessus de


49 l'entrée, en grosses lettres noires, était écrit «Brause Bad» (douches). Il y avait environ 15 pommes de douche, suspendues au plafond, d'où sortait alors le gaz. Il y avait une grande chambre dont la capacité était de 200 et cinq plus petites chambres, chacune d'une capacité de 50. L'exécution prenait approximativement 10 minutes. De la chambre à gaz, la porte conduisait au Crématoire où les corps étaient transportés par les internés choisis pour ce travail. Les cadavres étaient alors placés dans 5 fours, à raison de deux ou trois corps à la fois. •

Mission Militaire Française auprès du 6ème groupe d'armées, Guerre chimique, nr 23/Z, Chambre à gaz de Dachau, Rapports du capitaine Fribourg , 5 et 17 mai 1945, 5 p., 6 planches, 1 photo (25 mai 1945) (langue d'origine : français). Le capitaine Fribourg, après un examen d'une journée à Dachau, n'est parvenu dans son rapport à aucune conclusion définitive. Il a considéré qu'une seconde visite serait nécessaire pour découvrir le système de circulation du gaz toxique et les communications possibles avec les chambres à gaz de désinfection situées à proximité. Il a aussi préconisé un sondage de tous les murs. Capitaine P.M. Martinot, 23 mai 1945 (langue d'origine : anglais). Rapport sur les conditions dans les camps de prisonniers, dicté par le capitaine P.M. Martinot le 23 mai 1945, p. 226, Archives Nationales américaines à Suitland, Maryland, R.G. 153, 19-22 BK 37, US War Department, War Crimes Office, Judge Advocate General's Office :

Un témoin oculaire m'a parlé de l'extermination massive de juifs qui étaient envoyés dans une chambre à gaz à raison de 500 à la fois et, de là, dans le crématoire, et l'opération était répétée jusqu'à ce que le convoi tout entier de plusieurs milliers de personnes fût liquidé. Au camp d'Auschwitz, la même chose avait lieu mais sur une bien plus grande échelle, avec six crématoires fonctionnant nuit et jour pendant plusieurs jours. Témoin : Wladislaus Malyszko. •

Quartier Général de la 3ème Armée (États-Unis) (langue d'origine : anglais), Équipe nº 1 du Service de Renseignements sur le matériel ennemi, Service de la Guerre Chimique, 22 août 1945, Rapport du S gt Joseph H. Gilbert au Major James F. Munn : Sujet : Chambre à gaz de Dachau, p. 3 :

Sur la base des interviews ci-dessus rapportées et aussi sur la base de l'inspection même de la chambre à gaz de Dachau (apparemment elle n'a pas été utilisée), l'opinion du soussigné est que la chambre à gaz n'a pas répondu aux buts d'exécution et qu'aucune expérimentation n'y a jamais eu lieu. Vu le fait que beaucoup d'informations sûres ont été fournies aux Alliés par d'anciens détenus en ce qui concerne la malaria ainsi que les expériences [de résistance] aux hautes pressions et à l'eau froide, il est raisonnable de supposer que, si de telles expérimentations sur le gaz avaient pris place, on disposerait d'informations similaires. •

Doc. PS-2430 (langue d'origine : anglais) : Nazi Concentration and Prisoner-of-War Camps : A Documentary Motion Picture, film projeté devant le Tribunal de Nuremberg le 29 novembre 1945, TMI, XXX, p. 470 :

Dachau-Usine d'horreurs [...] Voici, suspendus en rangées bien ordonnées, les vêtements des prisonniers asphyxiés dans la mortelle chambre à gaz. On les avait persuadés de retirer leurs vêtements sous le prétexte de prendre une douche pour laquelle on leur avait fourni serviettes et savon. Voici le «Brausebad» - la salle de douche. A l'intérieur de la salle de douche : les conduits de gaz. Au plafond : les fausses pommes de douche. Dans la pièce de l'ingénieur : des tuyaux d'admission et d'échappement. Boutons de commande pour contrôler l'entrée et la sortie du gaz. Un


50 volant pour régler la pression. Du cyanure en poudre était utilisé pour produire la fumée mortelle. De la chambre à gaz, les cadavres étaient transportés au crématoire. •

Philipp Rauscher, Never Again/Jamais Plus , Munich, 1945 (?) (langues d'origine : anglais et français) ; contient un plan de la zone du crématoire ; p. 24 :

La chambre à gaz avait été construite pour les exécutions en masse. On y employait le gaz asphyxiant Cyclon B. •

Doc. NO-3859/64 et 3884/89 (langue d'origine : allemand) : 28 pages de documents et de plans (1942) au sujet de la «Baracke X» (Staatsarchiv Nürnberg) ; aucun de ces documents ne laisse supposer l'existence d'une chambre à gaz. Doc. PS-3249 (langue d'origine : allemand) : témoignage sous serment d'un détenu tchèque, le docteur en médecine Franz Blaha, 9 janvier 1946, TMI, XXXII, p. 62 :

Beaucoup d'exécutions se firent par les gaz, les fusillades ou les piqûres, à l'intérieur même du camp. La chambre à gaz fut achevée en 1944, et le Dr. Rascher me chargea d'examiner les premières victimes. Sur les huit ou neuf personnes qui se trouvaient dans la chambre à gaz, il y en avait trois encore en vie ; mais les autres semblaient mortes. Leurs yeux étaient rouges et leurs visages boursouflés. Beaucoup d'internés furent par la suite tués de cette façon ; après on les transportait au four crématoire où je devais examiner leur denture à cause de l'or. Deux jours plus tard, le 11 janvier 1946, le Dr. Franz Blaha témoigna à la barre du Tribunal de Nuremberg. L'avocat général américain, Thomas J. Dodd, lut son témoignage. Ni l'accusation ni la défense ne demandèrent au témoin d'explication au sujet de la chambre à gaz. Fort probablement, le président du tribunal, le Britannique Lord Justice Lawrence, n'aurait pas autorisé pareille demande d'explication, vu que, implicitement, «notification judiciaire» (judicial notice) avait été prise de l'existence des chambres à gaz comme l'attestaient les rapports officiels des différentes commissions alliées d'enquêtes sur les «crimes de guerre» (article 21 du Statut du TMI) et vu que les questions estimées trop indiscrètes n'étaient pas réellement permises. Par exemple, quand le Dr. Blaha se vit poser une question difficile par M e Alfred Thomas, avocat d'Alfred Rosenberg, Lord Justice Lawrence l'interrompit pour lui dire : «Il s'agit ici d'un procès rapide» (TMI, V, p. 198). Encore cette traduction officielle n'est-elle pas exacte. Le président du tribunal a utilisé le mot d' «expeditious» (IMT, V, p. 159), lequel signifie «expéditif». La même faute de traduction figure dans la version française de l'article 19 du Statut du TMI, qui définit la procédure comme devant être «rapide» alors qu'en fait elle devait être «expéditive». •

Sir Hartley Shawcross, procureur général britannique au Tribunal de Nuremberg, le 26 juillet 1946, mentionne (langue d'origine : anglais) «les chambres à gaz et les crématoires» non seulement d'Auschwitz et de Treblinka mais aussi de Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Majdanek et Oranienburg (TMI, XIX, p. 456). Ce procureur est toujours en vie (1989) et habite Londres. Lieutenant Hugh C. Daly, 42nd «Rainbow» Infantry Division/A Combat History of World War II , Army and Navy Publishing Company, Baton Rouge, Louisiane, 1946 (langue d'origine : anglais) :

Les prisonniers [étaient] entassés dans les chambres à gaz [pluriel] pour mourir [...]. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont morts de cette façon à Dachau [...] ; le système d'assassinat par gaz continuait (p. 99). A la page 105, une légende de photo porte :


51 Tués par gaz, ces cadavres sont entassés dans une pièce d'entrepôt en attente de leur crémation, mais on avait fermé les fours par manque de charbon». •

M.G. Morelli (père dominicain), Terre de détresse , Bloud et Gay, 1947, p. 15 (langue d'origine : français) :

J'ai posé des yeux pleins d'épouvante sur ce sinistre hublot d'où les bourreaux nazis pouvaient paisiblement voir se tordre les gazés misérables. A la page 73 : De temps en temps, on prélevait, dans cette foule de malheureux [du block des invalides] les éléments d'un convoi qui seraient dirigés sur une chambre à gaz quelconque. •

Monseigneur Gabriel Piguet (évêque de Clermont-Ferrand), Prison et déportation, éditions Spes, p. 77 (langue d'origine : français) :

Je fis un court séjour au bloc 28, occupé par 800 prêtres polonais [...]. Plusieurs de leurs vieux prêtres, jugés inutilisables, étaient passés par la chambre à gaz. •

«Le Document Müller», 1er octobre 1948 (langue d'origine : allemand). Voy. Annales d'Histoire Révisionniste nº 4, printemps 1988, p. 12. Selon l'Autrichien Emil Lachout, la police militaire alliée et ses auxiliaires autrichiens recevaient régulièrement copie des rapports rédigés par les commissions d'enquête alliées sur les camps de concentration. Ces rapports servaient pour la recherche des «crimes de guerre». Le 1er octobre 1948, le commandant Anton Müller et son second, Emil Lachout, expédièrent la lettre circulaire suivante de Vienne à toutes les parties intéressées :

Les commissions d'enquête alliées ont établi à ce jour qu'il n'y a pas eu d'êtres humains tués par gaz-poison dans les camps de concentration suivants : Bergen-Belsen, Buchenwald, Dachau, Flossenbürg, Gross-Rosen, Mauthausen et ses camps annexes, Natzweiler, Neuengamme, Niederhagen (Wewelsburg), Ravensbrück, Sachsenhausen, Stutthof, Theresienstadt. Dans ces cas, on a pu prouver qu'il y avait eu aveux extorqués et faux témoignages. Il y a lieu d'en tenir compte lors des enquêtes et auditions de criminels de guerre. Ce résultat d'enquête devra être porté à la connaissance des anciens détenus des camps de concentration qui lors d'auditions font des déclarations sur l'assassinat de personnes, en particulier de juifs, par gaz-poison dans ces camps. Au cas où ils persisteraient dans leurs dires, on les assignera pour faux témoignage. •

Gerald Reitlinger, The Final Solution : The Attempt to Exterminate the Jews of Europe, 1939-1945 , Londres, Jason Aronson Inc., 1987 (l'édition originale est de 1953), p. 134 (langue d'origine : anglais) :

Ainsi, en fin de compte, chaque camp de concentration allemand eut sa chambre à gaz en quelque sorte, bien que leur utilisation se révélât difficile. La chambre de Dachau, par exemple, a été préservée par les autorités américaines d'occupation pour servir de leçon, mais sa construction fut entravée et son utilisation réduite à quelques victimes d'expérimentation, des juifs ou des prisonniers de guerre russes confiés par la Gestapo de Munich. •

Stephen F. Pinter, Lettre sur «Les atrocités allemandes», Our Sunday Visitor, 14 juin 1959, p. 15 (langue d'origine : anglais) :

J'ai passé 17 mois à Dachau après la guerre en tant que procureur [ou : avoué ?] attaché au ministère de la Guerre américain et je peux certifier qu'il n'y avait pas de chambre à gaz à Dachau.


52 •

Martin Broszat, Institut d'histoire contemporaine de Munich, Lettre à Die Zeit, 19 août 1960, p. 16 (langue d'origine : allemand) :

Ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald, des juifs ou d'autres détenus n'ont été gazés. La chambre à gaz de Dachau n'a jamais été complètement terminée et mise «en service». •

Common Sense, (New Jersey, USA), 1er juin 1962, p. 2, publié d'après Combat, Londres, GB (langue d'origine : anglais), «La fausse chambre à gaz» :

Le camp devait avoir une chambre à gaz, alors, comme il n'y en avait pas, on décida de dire que la douche en avait été une. Le capitaine Strauss [de l'armée américaine] et ses prisonniers s'attelèrent à ce travail. Auparavant il y avait des dalles jusqu'à environ quatre pieds [1,20 m] de haut. On prit des dalles identiques dans la salle de séchage voisine pour les mettre au-dessus de celles de la douche et un nouveau plafond, plus bas, fut réalisé au sommet de cette seconde série de dalles qu'on équipa d'entonnoirs métalliques (pour les entrées de gaz). •

Paul Berben, Histoire du camp de concentration de Dachau (1933-1945), Bruxelles, Comité international de Dachau, 1976 (langue d'origine : français) (l'édition originale est de 1968). Comme l'indique la jaquette, il s'agit de «L'Histoire Officielle» du camp. Cet ouvrage de 329 pages ne contient, sur la chambre à gaz, que quelques alinéas, particulièrement confus, aux pages 13 et 201-202. La chambre à gaz aurait été conçue, à des fins homicides (?), dès le début de 1942 mais, en avril 1945, à la libération du camp, elle n'avait toujours pas fonctionné en tant que telle «suite, dans une certaine mesure, semble-t-il, [souligné par moi] au sabotage effectué par l'équipe de détenus chargés de l'installation» (p. 13) ! Ce qui est troublant, c'est que cette équipe de détenus semble avoir été chargée de l'installation, à cet endroit, d'une chambre de désinfection à partir d'octobre 1944 : «En octobre de 1944, le kommando "Montages et réparations" prélevé sur celui du chauffage ("Kesselhaus" [chaufferie]) reçut mission d'installer les conduites de la chambre à gaz» (p. 202). «Pendant l'hiver de 1944-45 l'équipe de désinfection procéda [en ce lieu], avec l'autorisation du médecin-chef SS, à la désinfection au gaz de monceaux de vêtements grouillant de vermine» (p. 13). On me permettra une hypothèse et quelques questions : • HYPOTHÈSE : Cette mystérieuse pièce de Dachau qui, pour des raisons évidentes données par Fred Leuchter, n'a pas pu servir à gazer des hommes n'aurait-elle pas été, dans un premier temps, une douche (d'où l'inscription «Brausebad» située à l'extérieur) et, dans un second temps, à partir de la fin de 1944, une chambre de désinfection ? L'équipe de la chaufferie n'aurait-elle pas transformé une douche en chambre de désinfection (et l'inscription «Brausebad» aurait été laissée à l'extérieur) ? Cette désinfection ne se serait-elle pas faite à la vapeur d'eau ? A Auschwitz, les désinfections se pratiquaient soit dans des chambres à gaz (fonctionnant, par exemple, au Zyklon B), soit dans des chambres à vapeur. On aurait ainsi eu, à Dachau, une batterie de quatre petites chambres à gaz (Zyklon B) et une chambre à la vapeur d'eau : toutes pour la désinfection des vêtements. • QUESTIONS : 1. Un panneau installé dans la pièce porte, à l'attention des visiteurs, l'inscription suivante : « CHAMBRE A GAZ "chambre de douche" camouflée - ne fut jamais utilisée». Pourquoi cache-t-on aux visiteurs que cette pièce a bel et bien été utilisée mais... pour la désinfection des vêtements ?


53

• •

2. Derrière cette chambre, on soustrait à la curiosité des visiteurs toute la partie du bâtiment où se trouve une énorme conduite isolée, un volant comme de chaudière et d'autres éléments de chaufferie ; on en a un vague aperçu dans le film de Nuremberg (voy. ci-dessus PS-2430) et, aujourd'hui, on peut apercevoir cette partie à travers les vitres de la partie arrière du bâtiment. Pourquoi interdit-on aux visiteurs l'accès normal à cette partie ? Est-ce parce qu'il serait trop évident à certains spécialistes de l'isolation et du chauffage que l'installation d'ensemble est relativement banale ? Pourquoi la salle d'où provenait apparemment l'énorme conduite isolée est- elle fermée à toute visite ? 3. Paul Berben ne cite manifestement pas toutes les sources dont il dispose pour retracer, à sa façon, l'histoire de cette mystérieuse pièce. Il se contente surtout de renvoyer à un témoignage, celui d'un certain Karl Nonnengesser. Pourquoi ? Encyclopedia Judaica, Jérusalem, 1971, art. «Dachau» (langue d'origine : anglais) : Des chambres à gaz [pluriel] furent construites à Dachau mais jamais utilisées. Nerin E. Gun, The Day of the Americans, New York, Fleet, 1966, après p. 64 (langue d'origine : anglais), une légende photographique porte :

La «douche». Photographiée par Gun [ancien détenu] avec une caméra volée. C'était, bien sûr, la chambre à gaz. Voy. aussi : « 3 166 [détenus] furent gazés » (p. 129) et les deux photos précédant la page 129 ; celles-ci montrent deux différentes chambres à gaz, dont l'une fonctionnant avec une «bombe» (sic) de Zyklon B ! •

Earl F. Ziemke (professeur d'histoire à l'université de Géorgie), The U.S. Army in the Occupation of Germany, 1944-1946 , Washington D.C., Center of Military History U.S.Army, 1975, p. 252 (langue d'origine : anglais), mentionne «la chambre à gaz» comme si elle avait fonctionné. G. Tillion, Ravensbrück, Seuil, 1973, p. 249-251 (langue d'origine : français). G. Tillion maintient fermement qu'il y avait une chambre à gaz à Dachau et que celle-ci a fonctionné. Elle reproche à Martin Broszat d'avoir écrit dans Die Zeit qu'il n'y avait pas d'inscription «Brausebad», mais M. Broszat n'avait rien écrit de tel (voy. ci-dessus). Elle présente le rapport du capitaine Fribourg comme établissant sans aucun doute l'existence et le fonctionnement de cette chambre à gaz, mais le capitaine Fribourg n'avait, lui non plus, rien écrit de tel (voy. ci-dessus). Paul W. Valentine, «WW II Veteran Recalls His Sad Duty at Dachau», The Washington Post , 21 avril 1978, B3 (langue d'origine : anglais) : interview de «George R. Rodericks, jeune capitaine de l'armée américaine au mois de mai 1945 quand son unité eut pour mission de dénombrer les cadavres à Dachau [...], assistant du général adjoint de la 7ème Armée en Allemagne [...], commandant de l'Unité Statistiques 52 chargée de la tenue des inventaires du personnel américain». Ce G.R. Rodericks, censé être un statisticien, fournit des chiffres extravagants de cadavres (20 000 entassés dans un entrepôt) et de fours à gaz (50 à 60) et parle d' «installations de "douches" où [les prisonniers] étaient exécutés par le gaz». Arthur Suzman et Denis Diamond, Six Million Did Die/The truth shall prevail, Johannesburg, Publication du Comité des représentants juifs d'Afrique du Sud, 1978, 2ème édition (langue d'origine : anglais). En p. 117 figure une citation extraite d'un «rapport sur le camp de concentration de Dachau [...] signé de C.S. Coetzee et de R.J. Montgomery qui visitèrent le camp le, ou aux environs du, 7 mai 1945» :


54 La chambre à gaz, de 20 pieds sur 20, offre toutes les caractéristiques d'une salle de douches commune ordinaire avec environ cinquante pommes de douche dans le toit, un plafond en ciment et un sol en ciment. Mais il n'y a pas la ventilation habituelle et les pommes déversaient du gaz-poison. On a remarqué que les portes, tout comme la petite fenêtre, étaient garnies de caoutchouc et qu'il y avait un œilleton protégé par un verre placé à un endroit pratique pour permettre au contrôleur de voir à quel moment le gaz pouvait être arrêté. De la chambre de mort une porte mène au crématoire. Nous avons fait l'inspection du système compliqué des boutons de commande et des tuyauteries qui menaient à la chambre. Derrière le crématoire il y avait un lieu d'exécution pour ceux qui devaient être fusillés par balle ; et il y avait bien des signes que cet endroit avait fréquemment servi. A la p 122, une légende porte : Des victimes de la chambre à gaz de Dachau étaient entassées jusqu'au plafond dans le crématoire. Le doc. L-159 est cité aux pages 127 et 129. •

Comité international de Dachau, Konzentrationslager Dachau, 1933-1945, 1978, 5ème édition (langue d'origine : allemand) ; p. 165 :

Camouflée en salle de douches, la chambre à gaz n'a jamais servi. Des milliers de détenus à exterminer furent envoyés dans d'autres camps ou au Château de Hartheim, près de Linz, pour y être gazés. •

Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'Histoire, Paris, La Vieille Taupe, 1980 (langue d'origine : français). L'auteur traite, aux p. 204209, de la correspondance qu'il a échangée en 1977 et 1978 avec Barbara Distel, directrice du Musée de Dachau, et le Dr. A. Guerisse, président du Comité international de Dachau de Bruxelles, et de l'impossibilité dans laquelle ces personnes se sont trouvées de lui fournir la moindre preuve de l'existence d'une chambre à gaz d'exécution à Dachau. Robert Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet , 2 ème édition, Paris, La Vieille Taupe, 1980. A la p. 62, l'auteur analyse le témoignage de Fernand Grenier contenu dans l'ouvrage de ce dernier, C'était ainsi (1940-1945), Editions sociales, 7ème édition, 1970, et rapporté en ces termes (p. 267) :

A côté des quatre fours crématoires qui ne s'éteignaient jamais, une chambre : des douches avec, au plafond, des pommes d'arrosoir. L'année précédente [1944] on avait remis à cent vingt enfants de huit à quatorze ans une serviette et un savon. Ils étaient entrés tout joyeux. On ferma les portes. Des douches s'échappèrent des gaz asphyxiants. Dix minutes après, la mort avait tué ces innocents que les fours crématoires réduisaient en cendres une heure après. •

René Lévesque, Memoirs, Toronto, McClelland & Stewart Limited, 1986, p. 192-193 (langue d'origine : anglais) :

Avant de mettre au travail leurs prisonniers [à Dachau], les Allemands leur enlevaient tout ce qu'ils possédaient, y compris leurs dents en or. Puis ils les faisaient travailler jusqu'à la mort, surtout la dernière année quand les rations ont commencé à se raréfier. Au bout du chemin on les envoyait aux «bains» (Baden), des cabanes de pauvre apparence reliés à un réservoir par quelques tuyaux. Quand les bains étaient pleins à craquer on ouvrait le gaz et ensuite, quand les derniers gémissements avaient cessé, on transportait les cadavres vers les fours de la pièce voisine. - Quand ces nouvelles


55 parvinrent au Québec, et pendant quelque temps encore, les gens se refusèrent à y croire. Des histoires pareilles, qui dépassaient l'entendement, rencontraient beaucoup de scepticisme... Je peux vous dire que c'était bien vrai pourtant, que la chambre à gaz était réelle dans son irréalité cauchemardesque. Les pourvoyeurs étaient partis, en essayant de sauver leur peau, laissant derrière eux leur dernier chargement de cadavres, nus comme des vers dans leur drap mortuaire fait de boue. * Ces 28 références ne constituent que l'esquisse d'une bibliographie de la prétendue «chambre à gaz» de Dachau. Un chercheur aurait à conduire des investigations au Musée de Dachau et dans différents centres de recherches des Etats-Unis ou de l'Allemagne pour y étudier les sténogrammes des procédures d'instruction judiciaire et des procès contre, par exemple, Martin Gottfried Weiss ou Oswald Pohl. On pourrait également collationner les photographies censées représenter la ou les chambre(s) à gaz de Dachau ; trois de ces photographies sont bien connues : 1. Celle d'un G.I. portant un casque et contemplant les chambres de désinfection censées, à l'époque de la photographie, représenter les chambres à gaz homicides de Dachau ; 2. Deux G.I. en bonnet de police face à la «douche» (Brausebad) censée, ensuite, avoir été la chambre à gaz ; 3. Quelques G.I. ainsi que des sénateurs ou représentants américains visitant l'intérieur de ladite «chambre à gaz». Complément [1990] : •

Yad Vashem, Encyclopedia of the Holocaust, New York, MacMillan, 1990, art. «Dachau», rédigé par Barbara Distel, directrice du Musée de Dachau (langue d'origine : anglais) :

A Dachau il n'y a pas eu de programme d'extermination par le gaz-poison [...]. En 1942 une chambre à gaz a été construite à Dachau mais elle n'a pas été mise en service.

III Mauthausen Doc. PS-499, 8 mai 1945. Une partie de ce document est constituée d'un «Exposé sur les différents types de meurtre des détenus dans le camp de concentration de Mauthausen» (langue d'origine : allemand) ; p. 2 :

Chambre à gaz.¶Les détenus malades, faibles et inaptes au travail étaient, de temps en temps, gazés ; s'y ajoutaient des prisonniers politiques à supprimer. On comprimait dans la chambre à gaz jusqu'à 120 détenus nus et on introduisait alors du «Cyklon B». La mort ne survenait pas avant des heures. A travers une vitre dans la porte du local, les assassins SS surveillaient le processus. •

Doc. PS-2285, 13 mai 1945. Déposition sous serment du lieutenant-colonel Guivante de Saint-Gaste et du lieutenant Jean Veith, tous deux appartenant à l'Armée française, (langue d'origine : anglais), TMI, XXX, p. 142 :

Ces prisonniers «K» étaient aussitôt dirigés sur la prison. On leur retirait leurs vêtements et on les menait aux «salles de douches» [pluriel]. Cette salle de douches, située dans les caves de la prison, à proximité du four crématoire, était spécialement conçue pour l'exécution de prisonniers soit par balle, soit par asphyxie. On utilisait à cet effet une toise tout à fait spéciale. Le prisonnier était placé sous cette toise qui automatiquement lui lâchait une balle dans la nuque dès qu'elle atteignait le sommet du crâne.¶Lorsqu'un arrivage de prisonniers «K» était trop important, au lieu de perdre


56 du temps à les mesurer, on les exterminait par asphyxie au moyen de gaz envoyé dans la salle de douches par les canalisations d'eau. Le texte original de cette déposition sous serment est, curieusement, en anglais. Les auteurs n'en ont été ni interrogés, ni contre-interrogés devant le tribunal. Le procureur américain, Colonel Robert G. Storey, en a donné lecture le 2 janvier 1946. La traduction française officielle est fautive (TMI, IV, p. 270). •

Doc. PS-1515, 24 mai 1945 (langue d'origine : allemand). Prétendue «Déposition du commandant du camp de concentration de Mauthausen, le colonel SS (Standartenführer) Franz Ziereis». Dans sa forme originale, ce document de dix pages, tapé à la machine en allemand, ne porte pas de signature. Il mentionne ceci : Franz Ziereis, couché sur une paillasse, blessé à l'estomac et au bras gauche par deux balles, a fait la déclaration suivante en réponse à des questions que lui posaient deux personnes du Service de Renseignements («Intelligence Confidence»). Franz Ziereis a été interrogé pendant six à huit heures, puis il est mort. Cette séance de torture a pris place en présence du général américain Seibel, commandant de la 11ème Division blindée (toujours vivant, en 1989, à Defiance, dans l'Ohio). L'un des deux interrogateurs était Hans Marsalek, ancien détenu, qui habite actuellement [1989] à Vienne, en Autriche, haut fonctionnaire dans la police et auteur de nombreux ouvrages sur Mauthausen : Par ordre du SS-Hauptsturmführer Dr. Krebsbach, une chambre camouflée en salle de bains a été construite dans le camp de concentration de Mauthausen. Les détenus étaient gazés dans cette salle de bains camouflée [...]. En réalité la chambre à gaz a été construite à Mauthausen par ordre du SS-Obergruppenführer Glücks, qui faisait valoir qu'il était plus humain de gazer des prisonniers que de les fusiller.

Cette «Déposition» est parfois entrecoupée de remarques de la part des interrogateurs, par exemple sur l' «arrogance insolente» de Ziereis. Elle se termine par les mots suivants : «De plus, Ziereis déclare que, selon ses estimations, quelque 16 000 000 (??) de personnes ont été mises à mort dans l'ensemble du territoire de Varsovie, de Kowno, de Riga et de Libau». Pour les propos qu'aurait tenus Ziereis sur le Château de Hartheim, voy. ci-dessous «Château de Hartheim». Sur une page supplémentaire on peut lire : «Ne pas utiliser 1515-PS - Cette déclaration a été corrigée et remplacée.Voy. = 3870-PS.». Signé : D. Spencer. •

Doc. PS-2176, 17 juin 1945. «Report of Investigation of Alleged War Crimes [Rapport d'enquête des crimes de guerre présumés]» du major Eugene S. Cohen, Investigating Officer [Officier chargé de l'instruction], Office of the Judge Advocate [Bureau du Commissaire du gouvernement] (3ème Armée américaine) (langue d'origine : anglais). On en trouve des extraits dans TMI, XXIX, 308-314. Ce rapport semble être le principal document concernant Mauthausen et le Château de Hartheim. On peut le trouver aux Archives nationales de Washington, Record Group 238, «US Councel for the Prosecution of Axis Criminality Nuremberg Papers [Documents de Nuremberg du Conseil américain pour la poursuite des crimes de l'Axe]», Boîte 26, mais un grand nombre des documents ou pièces à conviction n'étaient pas disponibles à l'époque de notre recherche. Les pièces 75 et 77 sont supposées être des déclarations faites par Ziereis. La pièce 216 est un «Spécimen de gaz-poison utilisé dans la chambre à gaz de Mauthausen et de Gusen nº 1 et nº 2» (en réalité, une boîte de désinfectant Zyklon B). Doc. F-274, avant octobre 1945 (langue d'origine : français). Rapport officiel du gouvernement français, TMI, XXXVII, p. 118 :

[...] déportés politiques [tués] dans les chambres à gaz de Mauthausen.


57 •

Doc. PS-2223, 3 août 1945 (?) (langue d'origine : anglais). «Report of Investigation of Alleged War Crimes [Rapport d'enquête des crimes de guerre présumés]». Parmi une vingtaine de rapports ou dépositions sous serment, un rapport daté 13/14 février 1945 sur l'interrogatoire de deux déserteurs polonais, tous deux anciens membres de l'armée polonaise, qui racontent leurs expériences à Mauthausen et à Gusen :

Une chambre à gaz d'une capacité de 200 prenait soin de beaucoup d'autres victimes ; beaucoup de femmes, parmi les patriotes tchèques, soupçonnées de sabotage et se refusant à livrer des renseignements, y ont été gazées. •

Doc. PS-2753, 7 novembre 1945 (langue d'origine : allemand). Témoignage d'un SS, Aloïs Höllriegl, TMI, XXXI, p. 9 :

Le bruit qui accompagnait le processus du gazage m'était familier. Le 4 janvier 1946, au tribunal, le procureur adjoint américain, le colonel John Harlan Amen, fit subir un interrogatoire à Aloïs Höllriegl. Aucune question ne fut posée sur le mécanisme du gazage. Les «aveux» d'Aloïs Höllriegl sur les gazages de Mauthausen jouèrent le même rôle que les «aveux» de Rudolf Höss sur les gazages d'Auschwitz. Dans les deux cas, l'interrogatoire a été conduit par Amen dans l'intention d'accabler Ernst Kaltenbrunner. •

Résumé d'instruction TMI, 20 novembre 1945 (langue d'origine : anglais). Des officiers français, après leur tentative d'évasion de camps de prisonniers de guerre furent transférés à Mauthausen, TMI, II , p. 59 :

Quand ils arrivèrent au camp, ils furent, soit fusillés, soit conduits à la chambre à gaz. •

Doc. PS-2430, (langue d'origine : anglais) : Nazi Concentration and Prisoner-of-War Camps : A Documentary Motion Picture, film projeté le 29 novembre 1945, TMI, XXX, p. 468. A la différence de l'extrait du film qui traite de Dachau, l'extrait relatif à Mauthausen ne contient aucune vue d'une quelconque «chambre à gaz». Le film se contente de montrer un lieutenant de vaisseau américain de Hollywood, en Californie, qui affirme que des gens ont été exécutés par le gaz dans le camp : parmi eux, un officier de l'armée américaine fait prisonnier par les Allemands. Doc. PS-3846, 30 novembre et 3 décembre 1945 (langue d'origine : anglais). Interrogatoire de Johann Kanduth, ancien détenu, TMI, XXXIII, p. 230-243 :

Ils étaient tués d'une balle dans la nuque. Il y avait aussi des femmes. Certaines étaient tuées dans la chambre à gaz [...]. [Gissriegl] avait conduit les malades à la chambre à gaz [...]. Altfudisch [...] conduisait les femmes vers la pièce où elles se déshabillaient ; ensuite, il amenait les 30 suivantes. Elles devaient aller à la chambre à gaz [...]. Un registre [était] tenu des prisonniers du camp de concentration de Mauthausen qui étaient tués par balle, gaz, crémation ou par injections [...]. [Ces notes] sont vraies, à savoir que 2-3 000 ont été tués dans les chambres à gaz ou dans les transports ; nous n'en connaissons pas le nombre exact [...]. Kaltenbrunner [lors d'une visite] entra en riant dans la chambre à gaz. Puis les gens étaient amenés des cachots pour être exécutés ; trois sortes d'exécutions avaient alors lieu : la pendaison, la mort par une balle dans la nuque et la chambre à gaz ; après cette démonstration et quand les vapeurs s'étaient dissipées, nous devions enlever les corps. L'interrogatoire fut lu par le procureur adjoint américain, le colonel John Harlan Amen le 12 avril 1946 dans l'intention d'accabler Kaltenbrunner (TMI, XI, p. 333-334).


58 •

Doc. PS-3845, 7 décembre 1945 (langue d'origine : allemand). Déposition sous serment d'Albert Tiefenbacher, ancien détenu, TMI, XXXIII, p. 226, 227, 229 :

Réponse : Des femmes tchèques ont été gazées mais nous n'avons pas obtenu la liste de leurs noms. Ce n'est pas moi qui m'occupais des livres [...]. Question : Vous souvenez-vous de la chambre à gaz camouflée en maison de bains ? R. : Oui, nous aidions toujours à extraire les morts de la chambre à gaz. Q. : Il n'y avait pas de douches dans la chambre ? R. : Si. En principe de l'eau froide et de l'eau chaude en sortaient mais le débit de l'eau pouvait être réglé de l'extérieur et la plupart du temps on arrêtait l'eau chaude. A l'extérieur de la pièce, il y avait le réservoir à gaz et deux tuyaux conduisaient de là à la salle.Il y avait une fente à l'arrière et le gaz s'échappait de cette fente. Q. : Le gaz ne venait jamais des douches ? R. : Toutes les douches étaient bouchées. C'était juste pour donner l'impression que les prisonniers entraient dans une salle de bains. [...] Q. : Vous souvenez-vous des 800 dernières personnes qui ont été tuées à coups de bâton ou par noyade ? R. : Oui, je sais comment on conduisait les gens à la chambre à gaz, et de l'eau chaude et de l'eau froide étaient déversées sur eux, et ensuite ils devaient se mettre en ligne et on les battait jusqu'à ce qu'ils meurent [...]. Q. : Kaltenbrunner était-il avec [Himmler pour visiter Mauthausen] ? R : Kaltenbrunner est un type brun, je le connais du crématoire, mais je ne peux pas dire s'il était avec Himmler. Je me souviens de Himmler à cause de son monocle. [On se souviendra que Himmler portait des lunettes. ] Un très court fragment de la déposition sous serment de A. Tiefenbacher a été lu au tribunal par le colonel Amen à Kaltenbrunner, le 12 avril 1946, fragment dans lequel il prétendait qu'il avait vu Kaltenbrunner trois ou quatre fois à Mauthausen. Kaltenbrunner répliqua que c'était «absolument faux» (TMI, XI, p. 332-333). Le tribunal n'a pas requis la comparution d'A. Tiefenbacher. •

TMI, VI, p. 281, 29 janvier 1946.(langue d'origine : français). Témoignage de F. Boix, un Espagnol réfugié en France et déporté à Mauthausen. Il mentionne «la chambre à gaz» de Mauthausen. Doc. PS-3870, 8 avril 1946 (langue d'origine : allemand). Déclaration de Hans Marsalek, faite plus de dix mois après la mort de Ziereis, 23 mai 1945. Voy. ci-dessus PS-1515. TMI, XXXIII, p. 279-286. Hans Marsalek jura que :

Franz Ziereis a été interrogé par moi en présence du commandant de la 11ème Division blindée (Division blindée américaine) Seibel ; l'ancien prisonnier et médecin Dr. Koszeinski ; et en présence d'un autre citoyen polonais, d'un nom inconnu, pendant une durée de six à huit heures. L'interrogatoire a pris place dans la nuit du 22 au 23 mai 1945. Franz Ziereis était grièvement blessé - son corps avait été traversé de trois balles - et il savait qu'il allait bientôt mourir, et il m'a dit les choses suivantes : [...] Une


59 installation de gazage a été construite dans le camp de concentration de Mauthausen par ordre de l'ancien docteur de la garnison, le Dr. Krebsbach, et camouflée en salle de bains. Des prisonniers étaient gazés dans cette salle de bains camouflée [...]. Le gazage des prisonniers était fait sur la vive recommandation du SS-Hauptsturmführer Dr. Krebsbach [...]. L'installation de gazage de Mauthausen avait été en fait construite sur ordre du SS-Obergruppenführer Glücks, parce qu'il estimait qu'il était plus humain de gazer les prisonniers que de les fusiller. Une partie de cette déclaration a été lue par le procureur adjoint Amen le 12 avril 1946 (TMI, XI, p. 339-342). Kaltenbrunner protesta et insista pour que Hans Marsalek vienne à la barre en vue d'une confrontation mais ce dernier ne vint jamais. Le fait est d'autant plus étrange que Hans Marsalek était en 1945-1946 le témoin n° 1 et l'expert n° 1 de Mauthausen. Il est aujourd'hui l'historien officiel du camp. Il n'a jamais été interrogé ni contre-interrogé devant un tribunal sur l'opération même de gazage à Mauthausen. Pour ce qui concerne ce qu'aurait dit Ziereis, selon H. Marsalek, sur le Château de Hartheim, voy. ci-dessous «Château de Hartheim». •

Sir Hartley Shawcross, procureur britannique auprès du TMI, 26 juillet 1946 (langue d'origine : anglais), mentionne «les chambres à gaz et les fours» non seulement à Auschwitz et à Treblinka mais aussi à Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Majdanek et Oranienburg (TMI, XIX, p. 456). Il vit encore à Londres [1989]. Simon Wiesenthal, KZ-Mauthausen, Linz & Vienne (Autriche), Ibis Verlag, 1946 (langue d'origine : allemand). L'auteur reproduit ce qu'il nomme les «aveux» du commandant de Mauthausen, p. 7-13. En réalité, il reproduit le doc. PS-1515, mais partiellement et avec d'étranges modifications ; par exemple, le chiffre de 16 000 000 de personnes mises à mort dans l'ensemble du territoire de Varsovie, de Kowno, de Riga est réduit par S. Wiesenthal à «10 000 000» (p. 13) [3] . Voy. également ci-dessous «Château de Hartheim». Gerald Reitlinger, The Final Solution, op. cit., p. 474 :

Le 8 mai, lorsque les troupes de Patton entrèrent dans le camp, Ziereis fut identifié dans l'enceinte du camp et on lui tira dans l'estomac. Les aveux qu'il fit avant de mourir furent recueillis par un détenu en présence d'officiers américains qui ne comprenaient pas l'allemand et ne sont donc pas très dignes de foi. •

Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, Presses Universitaires de France, 1968 (langue d'origine : français). A la page 541, l'auteur de cette thèse de doctorat, une juive, écrit qu'en dépit des aveux de SS post bellum et de quelques «témoignages» faisant état d'une chambre à gaz dans le camp de Mauthausen, elle n'y croit pas et estime que de telles allégations «paraissent de l'ordre du mythe». Elle dit aussi qu'un grand nombre de détenus nient l'existence d'une telle chambre à gaz mais malheureusement elle ne donne pas le nom de ces détenus. En raison de son incrédulité, O. Wormser-Migot a été vivement persécutée ; elle a été dénoncée particulièrement par Pierre Serge Choumoff. Vincente et Luigi Pappaleterra, novembre 1979, Storia Illustrata(mensuel), p. 78 (langue d'origine : italien). Ils prétendent qu'aux douches les prisonniers étaient inondés, non par de l'eau, mais par un gaz mortel qui jaillissait des petits trous. La nature du gaz n'est pas spécifiée. Encyclopedia Judaica, Jérusalem, 1971, art. «Mauthausen» (langue d'origine : anglais) :

On tuait aussi des prisonniers au moyen de piqûres de phénol dans l'installation d'euthanasie de Hartheim jusqu'à ce qu'une chambre à gaz fût construite à Mauthausen.


60 •

Evelyn Le Chêne, Mauthausen, Pierre Belfond, 1974 (traduit de l'anglais), p. 74 :

La chambre à gaz de Mauthausen était remplie d'oxyde de carbone, qui était pompé du fourgon à gaz au moment nécessaire. •

Edith Herman, «Thirty years later "death camp" horror an indelible memory [Trente ans plus tard, l'horreur des "camps de la mort", une mémoire indélébile]», Chicago Tribune, 4 mai 1975, section 1 (langue d'origine : anglais) :

[Mayer] Markowitz avait 26 ans le 4 mai 1945, trois ans après son arrivée à Mauthausen, un «camp de la mort» situé en Autriche. Il n'y avait pas de chambre à gaz en ce lieu, et peut-être était-ce pire, en quelque sorte. •

Dr. Charles E. Goshen, docteur en médecine (professeur à l'école universitaire d'ingénieurs de Vanderbilt). «Était capitaine dans le Service sanitaire de l'armée américaine à l'époque des faits qu'il raconte»), The Tennessean, 23 avril 1978 (langue d'origine : anglais) :

Les morts de juifs nous ont amenés à examiner les chambres à gaz. Nous avons trouvé une petite chambre hermétique au sous-sol de la prison principale et, à l'intérieur, plusieurs réservoirs, vides et pleins, de HCN, un gaz très mortel Nos amis prisonniers nous ont dit que la chambre avait eu deux usages différents. Les lundis, mercredis et vendredis pour désinfecter la literie et les vêtements de leurs poux ; les mardis, jeudis et samedis pour exécuter des prisonniers. Les trois victimes de chambre à gaz que nous y avons trouvées avaient été manifestement tuées juste avant la fuite des troupes SS. •

Pierre Serge Choumoff, Les Chambres à gaz de Mauthausen (La vérité historique, rétablie par P.S. Choumoff, à la demande de l'Amicale de Mauthausen), Paris, Amicale, 1972 (langue d'origine : français). Aux pages 17-28, l'auteur traite de la chambre à gaz. La pièce adjacente avait été une pièce de contrôle pour l'arrivée du gaz. La nature du gaz n'est pas spécifiée. Une brique chaude était apportée dans la cellule de gazage. Le gaz était introduit dans la chambre à gaz par un tuyau laqué blanc percé de trous (p. 19). Il est significatif que l'auteur, comme tous ceux qui traitent de ce sujet, évite de fournir des photos de ladite chambre à gaz excepté deux : l'une montre l'extérieur de l'une des deux portes et l'autre présente, avec un effet de grossissement destiné à la rendre dramatique, une toute petite partie de l'intérieur de la chambre à gaz. Il y a aussi la photo d'une boîte de Zyklon B. Aux pages 83-87, l'auteur s'en prend vivement à Olga Wormser-Migot. Hans Marsalek, Die Geschichte des Konzentrationslagers Mauthausen : Dokumentation, Österreichische Lagergemeinschaft Mauthausen, Vienne, 1980, réédition, 1ère publication en 1974 (langue d'origine : allemand) ; p. 211 :

Avant les gazages, un sous-officier SS faisait chauffer une brique dans l'un des fours du Krema et l'apportait dans une petite pièce compartimentée et située près de la chambre à gaz. Cette chambre à gaz contenait une table, des masques à gaz et l'unité d'introduction du gaz reliée à la chambre à gaz au moyen d'un tuyau. La brique chaude était posée au bas de l'unité d'introduction du gaz : ceci avait pour but d'accélérer le processus de transformation des cristaux de «Zyklon B» en gaz liquide. Quand le gaz dans la chambre était suffisant, la mort par suffocation intervenait au bout de 10 à 20 minutes.


61 Quand un docteur SS, qui surveillait l'opération au travers d'un œilleton aménagé dans l'une des deux portes de la chambre à gaz, s'était assuré que les gens étaient bien morts, la chambre à gaz était débarrassée du gaz au moyen de ventilateurs qui l'aspiraient pour le rejeter à l'air libre. Le processus complet du gazage pour un seul groupe, comprenant environ 30 personnes, depuis le déshabillage, le prétendu examen médical, la mise à mort, l'évacuation du gaz et le ramassage des cadavres, prenait environ une heure et demie à deux heures et demie. Hans Marsalek est considéré comme l'historien «officiel» de Mauthausen. Voy. cidessus, doc. PS-1515 et PS-3870. •

Yehuda Bauer, A History of the Holocaust, Institute of Contemporary Jewry, Université hébraïque de Jérusalem, assisté de Nili Keren, Franklin Watts Publ., Toronto, 1982 (langue d'origine : anglais) ; p. 209 :

Bien qu'il n'y ait pas eu de gazages à Mauthausen, beaucoup de juifs, ainsi que des non juifs, sont morts dans ce camp par un processus que les nazis appelaient «l'extermination par le travail». En 1988, Yehuda Bauer a déclaré qu'il avait fait là une «erreur» qui serait corrigée dans les éditions futures de son livre (Dokumentations Archiv des österreichischen Widerstandes, Das Lachout-«Dokument», Anatomie einer Fälschung, Vienne, 1989, p. 33-34 qui cite une lettre de Y. Bauer du 2 septembre 1988). •

Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, Francfort, S. Fischer, 1983 (langue d'origine : allemand) ; traduction française : Les Chambres à gaz, secret d'Etat, éd. de Minuit, 1984, p. 222 :

Dans le camp principal, installé en août 1938 à l'Est de Linz, on a commencé en automne 1941 à construire une chambre à gaz dans la cave de l'infirmerie auprès de laquelle se trouvaient aussi les crématoriums. C'était une pièce sans fenêtres de 3,80 m de long et 3,50 m de large camouflée en salle de douche. Un dispositif de ventilation y avait été installé. Les parois étaient en partie carrelées et les deux portes pouvaient être fermées hermétiquement. Tous les commutateurs et robinets pour l'éclairage, la ventilation, l'alimentation en eau et le chauffage se trouvaient hors de la chambre. D'une pièce voisine, dénommée la «cellule des gaz», le gaz était dirigé dans la chambre par un tuyau émaillé qui, sur le côté du mur, c'est-à-dire du côté qu'on ne pouvait apercevoir, était ouvert par une fente d'environ un mètre de long. On peut voir encore aujourd'hui les restes de cette installation de gazage. Il est faux qu'on puisse «voir encore aujourd'hui les restes de cette installation de gazage». •

Pierre Serge Choumoff, Les Assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen, camps de concentration nazis en territoire autrichien, Amicale des déportés de Mauthausen, 1987 (langue d'origine : français). Il s'agit pour l'essentiel de la même étude que celle qui a été publiée en 1972, mais le désordre est plus grand. P.S. Choumoff, ingénieur de métier, témoigne d'une extrême confusion pour ce qui concerne les chambres à gaz. Il ne fournit aucune preuve ni aucun détail technique qu'on serait en droit d'attendre de la part d'un ingénieur, mais se contente d'en appeler aux habituels récits de «témoins» (Kanduth, Ornstein, Roth, Reinsdorf, ...). Il semble considérer que la seule présence d'insecticide «Zyklon B» dans le camp est une preuve de l'existence de gazages homicides. Choumoff évalue à au moins 3 455 le nombre des personnes qui ont été gazées dans les prétendues chambres à gaz de Mauthausen.


62 •

Michel de Boüard (ancien détenu de Mauthausen), doyen honoraire de la faculté de Lettres de l'université de Caën, membre du Comité d'Histoire de la seconde guerre mondiale, membre de l'Institut : Déclaration faite lors d'une interview accordée à OuestFrance, 2-3 août 1986, p. 6 (langue d'origine : français) :

Dans la monographie sur Mauthausen que j'ai donnée dans La Revue d'histoire de la Seconde Guerre mondiale en 54, à deux reprises je parle d'une chambre à gaz. Le temps de la réflexion venu, je me suis dit : où ai-je acquis la conviction qu'il y avait une chambre à gaz à Mauthausen ? Ce n'est pas pendant mon séjour au camp car ni moi ni personne ne soupçonnions qu'il pouvait y en avoir, c'est donc un «bagage» que j'ai reçu après la guerre, c'était admis. Puis j'ai remarqué que dans mon texte - alors que j'appuie la plupart de mes affirmations par des références - il n'y en avait pas concernant la chambre à gaz... •

La plaque exposée dans la chambre à gaz de Mauthausen [en avril 1989] est ainsi rédigée (version française) :

La Chambre à gaz - camouflée en salle de douches. A travers un tuyau d'aspiration se trouvant dans le coin de droite le gaz cyclon B y pénétrait. C'était exécuté dans une petite salle de maniement. Peu avant le 29 avril 1945 le tuyau d'aspiration avait été démonté par les SS. Lors de l'enquête faite par l'équipe de Fred Leuchter le 10 avril 1989 sur la «chambre à gaz» de Mauthausen, un fonctionnaire du musée déclara que l'explication figurant sur la plaque à propos du tuyau d'aspiration était inexacte. Il expliqua que le gaz était, en réalité, introduit par un tuyau perforé provenant d'une pièce voisine. Le tuyau n'était plus là et on ne retrouvait plus de traces de son existence. Le fonctionnaire déclara que la première explication fournie sur le fonctionnement de la chambre provenait de détenus, qui avaient dit que le gaz entrait dans la chambre par les pommes de douche ; cette explication, disait-il, avait été abandonnée depuis longtemps. •

Complément [1990] : Yad Vashem, Encyclopedia of the Holocaust, op. cit., art. «Mauthausen» (langue d'origine : anglais). Cette encyclopédie récente est extrêmement vague sur le sujet de la chambre à gaz de Mauthausen ; p. 948, 950 :

[...] la chambre à gaz [...] était déguisée en salle de douches [...]. [Des femmes tchèques] furent emmenées en groupes à la chambre à gaz. * Il s'agit là d'une esquisse de bibliographie sur la prétendue «chambre à gaz» de Mauthausen. Un chercheur aurait à conduire des investigations dans les archives du Musée de Mauthausen et dans différents fonds d'archives des États-Unis et d'Allemagne.

IV Château de Hartheim Doc. PS-1515, 24 mai 1945, op. cit. :

[Franz Ziereis est censé déclarer : ] Par ordre du Dr. Lohnauer et du Dr. Re[na]ult, les professionnels du crime, non amendables, étaient classés comme malades mentaux et envoyés à Hartheim près de Linz où ils étaient exterminés au moyen d'un système spécial du Hauptsturmführer Krebsbach [...] Le SS-Gruppenführer Glücks donnait l'ordre de désigner comme malades mentaux les prisonniers faibles et de les tuer par le gaz dans une grande


63 installation. Là, environ 1-1 1/2 million de personnes ont été tuées. L'endroit en question se nomme Hartheim et il est situé à 10 km en direction de Passau [...]. Les [fous] étaient emmenés à l'Institution provinciale (Landesanstalt) de Hartheim près de Linz. Je compte [moi, Franz Ziereis] qu'avec au moins 20 000 détenus, en même temps que les vrais malades mentaux, il a dû y avoir au cours de l'année, d'après mon estimation (car j'ai vu les piles de dossiers dans la cave), environ 4 millions de gazés. L'établissement en question à Hartheim utilisait l'oxyde de carbone. La pièce en question était carrelée et camouflée en salle de bains. L'exécution de ce travail n'était pas confiée aux SS, à l'exception du Dr. L[ohnauer] et du Dr. Reyna[u]d, mais aux officiers de police. •

Doc. PS-2176, 17 juin 1945, op. cit., pièce à conviction 213. Cette pièce n'a pu être retrouvée aux Archives nationales de Washington. Elle émanait d'un détenu du nom de Adam-Golebsk ou Adam Golebski. Evelyn Le Chêne la mentionne (Mauthausen, 1971, op. cit., p. 104-107) et Pierre Serge Choumoff est censé la reproduire dans une traduction française (Les Chambres à gaz de Mauthausen , 1972, op. cit., p. 40-42). Selon ce qu'indiquent Evelyn Le Chêne et Pierre Serge Choumoff, l'auteur de cette pièce prétend que le 13 décembre 1944 il s'est rendu, en compagnie de vingt détenus de Mauthausen, au château de Hartheim pour transformer tout l'emplacement en home d'enfants. Leur travail a duré 18 jours. Il a vu une pièce qui avait l'apparence d'une petite salle de bains ; la porte en fer était isolée avec du caoutchouc ; la fermeture était formée par des verrous-leviers massifs et dans la porte il y avait un petit hublot rond. Les murs de cette pièce étaient couverts à moitié avec des carreaux. Il y avait six douches. De cette pièce une porte similaire menait à une autre petite chambre où se trouvait l'appareillage pour le gazage, bouteilles à gaz et différents compteurs. Doc. F-274, avant octobre 1945, op. cit., p. 176 :

Des détenus étaient emmenés de Mauthausen au Château de Hartheim pour y être gazés. •

Doc. PS-3870, 8 avril 1946, op. cit. :

[Franz Ziereis est censé déclarer : ] Sur l'ordre du Dr. Lohnauer, les professionnels du crime, non amendables, étaient expédiés comme malades mentaux à Hartheim près de Linz où ils étaient anéantis au moyen d'un système spécial du SS-Hauptsturmführer Krebsbach [...]. Le SSGruppenführer Glücks donna l'ordre de classer comme mentalement dérangés les prisonniers faibles et de les tuer dans une installation de gazage qui existait au Château de Hartheim près de Linz. Là, environ 1-1 1/2 million d'êtres humains ont été tués [...]. Le nombre de prisonniers qui ont été mis à mort à Hartheim m'est inconnu, mais le nombre de victimes à Hartheim est d'environ 1-1 1/2 million en tenant compte des civils qui étaient livrés à Hartheim. • •

Simon Wiesenthal, KZ Mauthausen, 1946, op. cit.. De même que pour Mauthausen l'auteur reproduit le PS-1515 mais avec d'étranges différences. Gerald Reitlinger, The Final Solution, 1971 (édition originale en 1953), op. cit., p. 141 :

Des centaines de détenus de Dachau, aryens ou juifs, ont été gazés au Schloss Hartheim au début de 1942, après avoir été jugés uniquement sur leur passé politique. •

Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, 1968, op. cit.. L'auteur mentionne Hartheim de manière extrêmement vague en tant que lieu d' «extermination» (p. 154, 538, 540).


64 • •

Encyclopedia Judaica , 1971, op. cit., art. «Mauthausen» : voy. citation ci-dessus. Evelyn Le Chêne, Mauthausen, 1971, op. cit. Voy. ci-dessus doc. PS-2176, pièce à conviction 213. Un plan du rez-de-chaussée de Hartheim, réalisé par l'auteur, se trouve en page 105. Pierre Serge Choumoff, Les Chambres à gaz de Mauthausen, 1972, op. cit. Voy. cidessus doc. PS-2176, pièce à conviction 213. Un plan du rez-de-chaussée de Hartheim se trouve à la p. 38. Il est censé provenir d'un détenu de Mauthausen : Bahier. Il est daté «Linz, 6 septembre 1945» et se trouve dans les dossiers de la Police criminelle de Linz (réf. T.G.B. N.R.K. 2081/85). Lucy S. Dawidowicz, The War Against the Jews, 1933-1945, New York, Bantam Books, 1975 (langue d'origine : anglais) ; p. 178-179 :

Les malades désignés à la mort... étaient alors transférés à l'un des six centres d' «euthanasie» (à Bernburg, Brandenburg, Grafeneck, Hadamar, Hartheim et Sonnenstein)... La procédure était pratique, simple et tout à fait trompeuse. En groupes de vingt à trente, les patients étaient introduits dans une chambre camouflée en salle de douches. C'était une pièce ordinaire, équipée de portes et de fenêtres étanches, dans laquelle on avait posé des conduites de gaz. Le récipient de gaz comprimé et les appareils de réglage étaient situés à l'extérieur. Conduits vers l'intérieur de la chambre sous le prétexte de prendre une douche, les malades étaient gazés par le docteur de service. Aucune source n'est indiquée pour la description de ce processus. •

Hans Marsalek, Die Geschichte..., 1980, op. cit., p. 213 :

Dès qu'un groupe se trouvait dans la chambre à gaz, les portes d'acier étaient fermées, le gaz introduit et les victimes tuées. Ensuite la pièce était ventilée à l'aide de ventilateurs. L'auteur ne précise pas la nature du gaz employé. Il ajoute que l'Allemand Vincenz Nohel a avoué, avant d'être pendu par les Américains, que 30 000 personnes avaient été tuées au Château de Hartheim au cours de l' «Action Euthanasie». •

Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, NS-Massentötungen..., 1983, op. cit. Dans ce livre, qui est censé passer en revue tous les gazages de masse, Hartheim n'est mentionné que dans le chapitre consacré à l'euthanasie (voy. p. 62, 76-79) ; ni le type de gaz employé (CO ?), ni le nombre total des victimes ne sont clairement précisés. Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews , 1985, op. cit., p. 872-873. L'auteur, qui ne mentionne aucune chambre à gaz pour Mauthausen, affirme que Hartheim était l'un des nombreux «instituts d'euthanasie pourvus de chambres à gaz utilisant du monoxyde de carbone pur en bouteille». Pierre Serge Choumoff, Les Assassinats par gaz... , 1987, op. cit., ne donne aucune précision sur la chambre à gaz de Hartheim. Il écrit que, d'après les aveux de l'Allemand Vincenz Nohel, 8 000 détenus en provenance de Mauthausen et de Gusen ont été gazés au Château de Hartheim. Hans Marsalek, Hartheim, Establishment for Euthanasia and Gassing : Accessory Camp to the KZ (Concentration Camp) of Mauthausen (version abrégée pour la Communauté autrichienne du camp de Mauthausen, traduit en anglais par Peter Reinberg), 4 p. Disponible au Château de Hartheim [1989]. Cet opuscule fait état du gazage à Hartheim de 30 000 personnes au moyen de gaz «Zyklon B». Complément [1990] :


65 •

Yad Vashem, Encyclopedia of the Holocaust , op. cit. Cette encyclopédie en quatre volumes ne contient pas d'entrée s.v. «Hartheim», mais seulement des mentions qui se rencontrent aux pages 342, 452, 632, 952, 968, 1129 et 1408. Le type de gaz employé à Hartheim aurait été non pas le Zyklon mais l'oxyde de carbone (p. 1129). Les victimes, en plus des malades mentaux, auraient été des internés transférés de Dachau (p. 342) et de sous-camps de Mauthausen comme Gusen (p. 632) ou Melk (p. 968). V 1988 : Des historiens juifs face au problème des chambres à gaz

Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), Paris, 1968 (langue d'origine : français). Une section de cette thèse est intitulée : «Le Problème des Chambres à Gaz» ; elle représente l'équivalent de trois pages (entre les p. 541 et 545). L'auteur ne croit pas à l'existence de chambres à gaz à Dachau ni à Mauthausen. Lucy Dawidowicz, The War Against the Jews 1933-1945, New York, Bantam Books, 1975 (langue d'origine : anglais). L'auteur ne mentionne pas de chambres à gaz ou de gazages à Dachau ni à Mauthausen. Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, édition revue et définitive, New York, Holmes & Meier, 1985 (langue d'origine : anglais). Dans cet ouvrage «définitif» en trois volumes et 1 274 pages, Hilberg ne fait nulle part mention de chambres à gaz ou de gazages à Dachau ni à Mauthausen. Arno J. Mayer, Why Did the Heavens Not Darken ? - The «Final Solution» in History, New York, Pantheon Books, 1988 (langue d'origine : anglais) ; p. 362-363 :

Les sources pour l'étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses [...]. La plus grande partie de ce que l'on sait est fondée sur les dépositions des officiels et des exécutants nazis lors des procès d'après-guerre et sur le souvenir des survivants et des spectateurs. Ce genre de témoignage est à filtrer avec soin vu qu'il peut être influencé par des facteurs d'une grande complexité. Les journaux intimes sont rares, ainsi que les documents authentiques relatifs à la fabrication, la transmission et la mise à exécution de la politique d'extermination. Mais des preuves nouvelles peuvent encore être mises à jour. Des journaux privés et des papiers officiels sont susceptibles de venir à la surface. Etant donné qu'Auschwitz et Majdanek, tout comme les quatre centres d'extermination totale, ont été libérés par l'Armée rouge, les archives soviétiques peuvent fort bien livrer des indices et des preuves quand elles seront ouvertes. En outre, des fouilles à l'emplacement des lieux d'extermination ainsi que dans leurs environs immédiats peuvent aussi apporter de nouveaux renseignements.

1]

Le 8 août 1989, E. Zündel écrivit à M. Gorbatchev pour lui dire que le contreinterrogatoire de Charles Biedermann lui avait confirmé la détention par l'Union soviétique des registres mortuaires d'Auschwitz. Il est probable que, de leur côté, le Comité International de la Croix-Rouge et les organisations juives, alarmés par cette confirmation, ont cherché à court-circuiter les révisionnistes. Toujours est-il que, cinq semaines plus tard, l'Union soviétique autorisait le CICR de Genève à venir consulter ces registres, qui feront sans doute apparaître que le total des morts d'Auschwitz a été d'environ 74 000, et non de 4 000 000 comme l'affirment les autorités du Musée d'Auschwitz, ou de 1 600 000 comme le prétend Yehuda Bauer, ou de 1 250 000 comme l'écrit Raul Hilberg, ou de 700 000 à 800 000 comme l'avançait G. Reitlinger. Le sigle TMI (Tribunal Militaire International) renvoie à la version française des débats et


66 2] des documents du Procès des grands criminels de guerre allemands (Nuremberg 19451946). Le sigle IMT (International Military Tribunal) renvoie à la version américaine, laquelle n'est pas à confondre avec la version britannique. A la page 53 de ce même livre, l'auteur reproduit un dessin réalisé par lui et censé montrer 3] trois détenus exécutés par les Allemands à Mauthausen. C'est une invention. Le dessin a été fait à partir d'une photo de trois soldats allemands fusillés comme «espions» par un peloton d'exécution américain et publiée dans Life Magazine, 11 juin 1945, p. 50. Revue d'Histoire Révisionniste n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 51 à 114


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LE RAPPORT MITKIEWICZ du 7 septembre 1943 ou

L'ARME DU TYPHUS Le rapport que nous publions ci-dessous fait partie d'un document qui porte sur les activités en Pologne de l'Armée secrète polonaise durant les quatre premiers mois de l'année 1943. Rédigé en anglais et daté du 7 septembre 1943, il émane du colonel Mitkiewicz, officier de liaison auprès des chefs d'état-major alliés à Washington (Polish Liaison Officer to the Combined Chiefs of Staff). Il s'adresse au brigadier General John R. Deane. L'Armée secrète polonaise était dirigée de Londres par le général Sikorski, lequel devait trouver la mort dans un accident d'avion à Gibraltar, le 4 juillet 1943. Cette armée n'est pas à confondre avec celle du Comité polonais de libération nationale ou «Comité de Lublin», fondé en juillet 1944 et d'obédience communiste. L'auteur du rapport a peut-être voulu tracer un portrait flatteur de la résistance polonaise mais l'aveu de certains échecs témoigne d'un souci d'exactitude ; en tout cas, il donne une idée du caractère impitoyable de la lutte menée de part et d'autre. Sans les justifier le moins du monde, il convient de chercher à comprendre de quel œil l'armée et l'administration allemandes pouvaient voir ces «résistants», qu'ils appelaient des «terroristes». Des colons allemands avaient été installés dans des territoires qu'ils considéraient comme allemands et que les Polonais, de leur côté, tenaient pour polonais. Quant à l'armée allemande, elle voyait dans le territoire polonais la base arrière du formidable corps de bataille engagé sur le front russe et qui, déjà au début de 1943, commençait à refluer dans des conditions difficiles. Quelle armée, quelle administration civile ou militaire auraient pu, dans la même situation, tolérer des sabotages, des exécutions, des incendies volontaires, des destructions de toutes sortes ? Ce n'est pas faire l'apologie du «terrorisme» ou de la «répression» que de dire que l'un entraîne nécessairement l'autre. En Pologne et en Ukraine, le typhus était endémique : il y avait là comme un front de plus sur lequel les Allemands essayaient, tant bien que mal, de lutter dans les villes, dans les villages, dans les ghettos et dans les camps. Himmler le dira plus tard : J'ai perdu des milliers de mes meilleurs SS du fait de ces épidémies [de typhus] (Norbert Masur, «My Meeting with Heinrich Himmler», Moment, décembre 1985, p. 49, traduction de En Jood talar med Himmler [Un juif parle avec Himmler], Stockholm, Bonnier, 1946). Or, l'Armée secrète s'efforçait, elle, de répandre le typhus chez les militaires et les civils allemands, comme on le verra, ci-dessous, à la page 128. Elle utilisait aussi le poison sous différentes formes et, en particulier, par l'envoi de colis empoisonnés en Allemagne. Le colonel Mitkiewicz rapporte le fait sans le commenter. Apparemment, les responsables britanniques, américains et français de l'état-major interallié ne trouvaient pas d'inconvénient à l'utilisation de tels procédés [1] . Sous sa forme originale, le document se présente comme une lettre accompagnée de deux pièces : celle que nous reproduisons et une autre pièce décrivant l'ordre de bataille des formations allemandes en Pologne d'après des données recueillies en mars/avril 1943 avec corrections d'après des données du 1er juillet 1943. Le document a été tenu secret pendant trente ans. On le trouve aux «National Archives» de Washington ; ses références complètes sont les suivantes : • Record Group (RG) 218, Archives of the Joint Chiefs of Staff


68 •

Box 701, «Geographic File 1942-1945, CCS 231.5 Poland (9/21/43) to CCS 381 Poland (6/30/43), Sec. 2»,

File folder CCS 381 Poland (6/30/43) Sec. 1, «Military Organization of Poland as Factor in General European Planning». Sec. 1 : Correspondence from 6/30/43 thru 11/4/43»,

Report dated September 7, 1943, from Colonel Mitkiewicz to General Deane. ***

RAPPORT SUR L'ARMEE SECRETE POLONAISE Pour la période : année 1942 à avril 1943 A. Situation en Pologne Occupée /pour la période : janvier à avril 1943/ I. Attitude des autorités allemandes envers la Pologne La politique d'extermination mise en place par les Allemands contre les Polonais et les juifs s'intensifie progressivement. Le plan d'action allemand vise en particulier à : 5. exploiter la main-d'oeuvre locale au maximum pour satisfaire les besoins de guerre du Reich, au moyen de : a. la mobilisation et l'enrôlement de force dans l'armée allemande des Polonais qui habitent les régions occidentales du pays. /y compris les hommes de la classe 1900/; b. l'incorporation de la main-d'oeuvre se trouvant dans le reste du pays pour la déporter vers le Reich et l'Est. 6. combattre et liquider toute trace de résistance clandestine organisée en Pologne en usant des plus sévères représailles. Les représailles sont fondées sur le principe de la responsabilité collective / exécutions massives, incendies de villages etc./ ; 7. germaniser les territoires polonais grâce à un système de déportations en masse/et d'exécutions en cas de résistance/. Au cours des quatre premiers mois de 1943, les Allemands, tirant parti de l'attitude antipolonaise de la Russie soviétique, ont entamé une campagne intensive pour canaliser les sentiments populaires des Polonais à l'encontre de la Russie soviétique. Ils espéraient par ce moyen parvenir à une réelle collaboration, en particulier à une collaboration de nature politique. Les autorités d'occupation ont renforcé cette campagne par un certain nombre d'actions telles que : a. une tentative pour créer un Protectorat polonais - semblable au Protectorat tchèque - et pour organiser une légion polonaise ; b. la promesse de normaliser la situation dans le pays ; c. la promesse d'un traitement identique pour les travailleurs allemands et les travailleurs polonais déportés vers l'intérieur du Reich/les mêmes rations alimentaires/. L'affaire des "tombes de Katyn" ["graves of Katyn"] a été l'un des moyens envisagés par la propagande allemande pour servir ce plan.


69 En réponse à ces mesures, le peuple polonais a entièrement approuvé les décisions du gouvernement polonais à Londres et refusé toutes propositions de collaboration. II. Terreur allemande en Pologne. Statistiques. 1. Camps de concentration en Pologne. a. Oswiecim [Auschwitz] - Plus de 640 000 prisonniers ont péri dans ce camp entre le moment de sa création et la fin de 1942. Selon les derniers renseignements, il resterait encore environ 40 000 prisonniers. b. Majdanek - Environ 27 000 personnes sont internées dans ce camp. 2. Déportations. Des déportations massives, souvent accompagnées d'exécutions, ont eu lieu récemment : a. dans la province de Lublin ; b. dans la province de Bialystok (40 000 personnes ont été déportées de la ville de Bialystok) ; c. dans la ville de Radom, dont toute la population a été déportée, et, récemment, en Lituanie. 3. Ghettos juifs de Pologne. Les ghettos de Kobryn, de Luniniec et de Brzesc ont été complètement liquidés.¶Les ghettos de Varsovie, de Baranowicze, de Molodeczno et les villes de Galicie et de Volhynie [région du N.-O. de l'Ukraine] ont été partiellement liquidés. B. Actions militaires et méthodes d'organisation I. Organisation militaire. L'une des récentes mesures prises par l'Armée secrète polonaise a été de développer l'organisation de son réseau militaire principalement dans les régions Est et Ouest du pays. L'état-major du Q.G. a été complété par l'adjonction de personnel nouveau. Simultanément, des exercices tactiques secrets ont été organisés pour les cadets. II. Opération militaire de centralisation. Un programme d'organisation et de centralisation est en cours afin d'incorporer dans les rangs de l'Armée secrète polonaise toutes les organisations paramilitaires qui jusque-là n'ont pas encore pris part aux activités de l'armée. III. Formation militaire. Une école de formation d'officiers d'infanterie a donné son premier cours en juin 1942. Elle a réuni 150 groupes d'élèves. Les groupes sont en général de 4 ou 5 élèves. Une nouvelle session a commencé en juillet pour une autre série d'élèves officiers d'infanterie. Le premier cours d'élèves sous-officiers a débuté au même moment. Une vaste formation militaire pour les jeunes des deux sexes a été engagée. Dans des centres spécialisés, on enseigne aux jeunes filles le métier d'infirmière et celui d'agent de liaison. Une seconde école de conduite automobile s'est ouverte au milieu de l'année 1942. La formation assurée aux élèves de la première école s'est révélée satisfaisante. IV. Production d'explosifs. Un certain nombre de localités fabriquent des grenades de deux types (grenades à main à action retard et à action immédiate). V. Publications de nature militaire.


70 Des modes d'emploi ont été publiés pour l'utilisation du matériel allemand d'artillerie et d'infanterie. Il existe aussi des manuels de description et d'utilisation d'autres matériels allemands comme les panzer, le matériel de génie et de transmission. Un bon nombre de publications militaires paraissent maintenant en Pologne, telles que : Bulletin d'Information" ["Information Bulletin"], qui paraît sous forme d'hebdomadaire en 24 000 exemplaires, de bihebdomadaire en 8 000 exemplaires, de mensuel en 11 000 exemplaires et 6 000 exemplaires. "Agence de Presse" ["Press Agency"], hebdomadaire qui passe en revue l'actualité. Il est distribué à toutes les publications clandestines, dont le nombre dépasse la centaine. C. Sabotage, activités de diversion et de représailles en Pologne. (pour la période du 1er mars 1942 au 1er avril 1943) I. Les activités ci-dessus sont effectuées par des groupes de guérilla et des équipes de sabotage appartenant à l'Armée secrète polonaise. Les unités de l'armée régulière destinées à d'autres tâches ne participent pas à ces activités. II. Finalité générale et objectifs des activités de sabotage. 4. Désorganisation des transports militaires allemands ; 5. Diminution de la production de matériel de guerre allemand ; 6. Sabotage et destruction de la production agricole allemande ; 7. Désorganisation de l'administration allemande d'occupation en Pologne ; 8. Démoralisation de l'armée allemande et de la population allemande au moyen : a. de propagande subversive, b. d'actes de représailles. III. Zone d'activité : La Pologne, le Troisième Reich et les régions occidentales de l'U.R.S.S. situées derrière les lignes allemandes. IV. Résultats. Les comptes rendus et données statistiques fournis ci-après sont partiels et ne constituent pas le tableau complet des résultats des activités décrites, en raison de : a. L'insuffisance des moyens techniques de communication dont dispose notre organisation à l'intérieur du pays [et] le danger de surcharge du réseau de communications à l'intérieur de la Pologne ainsi qu'entre la Pologne et Londres ; b. Les difficultés de passage en direction ou à partir de la Pologne orientale et le strict contrôle de toute la circulation entre le Troisième Reich, la Pologne occidentale et centrale. 1. Activités de sabotage (pour la période allant de l'année 1942 à mai 1943). a. Chemins de fer


71 Locomotives 2 085 Wagons endommagés 7 007 Wagons incendiés 167 Transports ferroviaires incendiés 142 Transports d'armes endommagés 227 Perturbations d'horaires de chemins de fer en direction de l'ouest 152 Perturbations de communications télégraphiques et téléphoniques du système ferroviaire 144 b. Production de matériel de guerre • A l'usine "Avia" de Varsovie, 1 532 séries de casiers à bombes ont eu des défauts de fabrication (hors d'usage) ; • A la poudrerie de "Pionki", la quantité d'explosifs mis au rebut pour défaut de fabrication a égalé la production d'un mois ; • A la Oberhütte Stahl Gliwice, la production d'obus antichars a été arrêtée pour pénétration insuffisante ; • A la fonderie "Pokoj", la production d'acier est tombée à 30 % de la production antérieure par suite d'activités de sabotage ; • A l'usine "Ostrowiec" de Varsovie, la production de locomotives est tombée à 30 % de la production antérieure. Fours à sole hors d'état Puits de pétrole obstrués

2 7

Le matériel suivant a été endommagé dans un certain nombre d'usines : 362 moteurs 76 courroies de transmission 901 machines diverses 342 tours 14 chariots 12 772 kg matières premières textiles 242 instruments divers 104 machines automatiques 17 568 heures-hommes l'usure forcée d'instruments a été accrue et a causé la perte de L'équipement suivant a été endommagé dans les mines : tubes rails conducteurs de courant chariots pompes dynamos Les matériels divers suivants ont été détruits : pontons de caoutchouc zinc allié fer acier matériaux spéciaux outils

645 m 25 m 1 261 11 2

25 18 tonnes 108 tonnes 102 tonnes 897 kg 344 kg


72 carburant 4 929 tonnes lubrifiants 21 135 kg bois destiné à la fabrication d'hélices d'avions 470 tonnes hélices terminées 686 caoutchouc 40 tonnes outils mécaniques 28 tonnes pièces d'artillerie lourde défectueuses 600 Entre février et avril 1943, les produits suivants ont été détruits : carburant 3 300 litres alcool 40 000 litres Huile 300 litres mélanges gazeux divers 200 mètres cubes succédané de coton 450 000 livres c. Divers Ont été incendiés : casernes 1 dépôts d'aviation 1 garages appartenant à l'armée 2 ateliers de l'armée 1 magasins d'intendance 3 voitures détruites 301 ponts de chemin de fer détruits 9 2. Activités d'autodéfense (pour la période de janvier à avril 1943). Neuf attaques à main armée ont été déclenchées contre des prisons allemandes afin de libérer des soldats de notre Armée secrète ou des membres d'organisations subversives. attaques réussies 7 attaques sans succès 2 Au total, environ deux cents hommes ont été libérés. Aux attaques mentionnées ci-dessus, il faut ajouter, pour avril 1943 : l'attaque d'une prison allemande près de Cracovie, au cours de laquelle 120 prisonniers ont été libérés, l'attaque d'une garnison de police allemande dans la ville de Wysokie Mazowieckie, où des soldats de l'Armée secrète polonaise emprisonnés ont été libérés. 3. Activités de représailles (pour la période de janvier à avril 1943) a. les personnes suivantes ont été liquidées : janvier février mars avril Agents de la Gestapo : 50 16 27 Allemands - au cours de combats et à l'occasion 20 d'attentats : 100 18 Membres du comité de déportation : -

b. Du poison a été administré :

janvier -

février dans 189 cas

mars dans 132 cas

avril dans 105 cas


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Diffusion du microbe de la fièvre typhoïde et de poux vecteurs du typhus :

janvier

février

mars

avril

dans quelques centaines de cas.

mars avril Envoi de colis empoisonnés vers l'Allemagne : janvier février 57 20 c. Outre les cas mentionnés ci-dessus, les officiers allemands suivants ont été liquidés en avril 1943 : Le Général Krüger - chef du Département de Police et des SS et adjoint au Gouverneur Frank ; Le 16 avril 1943 - Kurt, chef du Service National de Sécurité ; Le 8 avril 1943 - Hoffman, chef du Bureau du Travail de Varsovie ; Le 13 avril 1943 - Dietz, adjoint de Hoffman. Et avec Dietz, 27 agents de la Gestapo. d. Une succession de menaces personnelles ont été exercées sur des Allemands, suivies de liquidation. Résultats très satisfaisants. e. En riposte aux déportations qui ont eu lieu dans le district de Zamosc (du 26 au 28 novembre 1942), des représailles ont été exercées en décembre [1942] et janvier 1943. Résultats : Le village de Cieszyn, installé de fraîche date avec des colons allemands, a été incendié (soixante-quatre familles allemandes et huit S.S. sont morts) [2]. Plusieurs autres colonies destinées à des colons allemands ont également été réduites en cendres. En réaction à nos activités de représailles, les Allemands ont entrepris, le 2 novembre 1943 [sic], une gigantesque chasse à l'homme dans les régions susmentionnées avec l'intention de prendre au piège la population civile et nos groupes de partisans. Un détachement polonais spécial (300 soldats) a été engagé ; il a attaqué les Allemands aux abords de Lasowice et empêché cette chasse à l'homme. Le 4 novembre 1943 [sic], les renforts allemands suivants ont quitté Lublin : 5 compagnies d'infanterie, un bataillon S.S. et des blindés. Nos détachements ont cessé le combat pour aller se cacher dans les forêts. Nos pertes : 24 morts, quelques blessés, 360 prisonniers. Pertes de l'ennemi : plus de 40 morts. _________________________________ La Résistance française a utilisé de tels procédés ; voy. Paul Milliez, Médecin de la 1] liberté (Entretiens avec Igor Barrère, préface de Jean Lacouture), Seuil, 1980, p. 55, et Françoise Marcus, «Au cœur du combat, le Comité médical de la Résistance», Le Quotidien du médecin, 23 août 1984, p. 4. Le professeur Milliez en a également parlé à la télévision française. Si le fait était avéré, quelle différence, au chiffre près, pour l'historien avec le massacre 2] d'Oradour qui aura lieu le 10 juin 1944 en France (642 morts) ? (NDLR).


74 Revue d'Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 115 à 128


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RÉFLEXIONS DE SEPTEMBRE sur l'agression contre le professeur Faurisson et sur une loi contre le révisionnisme André Martin Ces lignes ont été écrites quelques jours après l'agression et reflètent donc l'émotion du moment. -IDans son ensemble, la grande presse a beaucoup minimisé l'agression commise à Vichy le 16 septembre 1989 contre le professeur Faurisson. Dans certains cas, elle a vicieusement désinformé. Exemple : On sait qu'un jour de 1987, à Lyon, pour protester contre la déformation de ses propos par la presse, le professeur Faurisson avait refusé d'ouvrir la bouche et de prononcer un seul mot devant une caméra de FR3 et que, pour mettre fin à l'insistance suspecte des journalistes, il avait détourné de la main l'objectif de la caméra. Ce sont ces images d'archives que «Soir 3» diffusait le 16 septembre 1989, en expliquant qu'après avoir «agressé» ses reporters, le professeur avait été «agressé à son tour». Il s'agit là d'un procédé de désinformation désormais classique, mais malheureusement très efficace, qui consiste à donner une importance égale à des événements inégaux. En la circonstance, «Soir 3» mettait habilement dans l'esprit de ses auditeurs que l'agression dont R. Faurisson avait été victime n'était pas beaucoup plus grave que la prétendue «agression» dont on montrait l'image. On insinuait également que l'universitaire avait l'antériorité des «agressions», qu'il était responsable de l'engrenage de la violence, qu'il «récoltait ce qu'il avait semé» (selon le mot de François Léotard), et qu'il n'avait donc que ce qu'il méritait. La désinformation était complétée par le fait que la «grande presse» a soigneusement évité de montrer le visage martyrisé de R. Faurisson. Comme tout cela faisait suite à dix ans d' «information» de la même qualité, on comprend comment le public est informé. Discrétion B.C.B.G. de la classe politique. On me parle d'un maire [Claude Malhuret]. Pouvait-il décemment faire moins ? Quant aux autorités religieuses, Dieu était aux abonnés absents. Pour bien apprécier, il suffit de se rappeler les commentaires en d'autres circonstances, ou d'imaginer qu'un des grands prêtres de la Shoah ait été agressé. Même sans revendication, les autorités morales, les politiciens responsables, les politologues compétents et les journalistes intègres n'auraient pas manqué d'y voir une signification. Mais avec une revendication ! Car il y a eu un communiqué de revendication, dans lequel les trois loubards revendiquent leur judaïté. Ce communiqué n'a pas été sérieusement mis en doute. Je dois à la vérité et à la prudence de préciser immédiatement que les autorités juives ont condamné l'agression, tout en affirmant ou en laissant entendre que l'extrême droite en portait la responsabilité. Mais peut-être n'ai-je pas le droit de parler de «loubards», et peut-être vais-je attirer les foudres de la nouvelle Inquisition. Je n'ai pourtant pas écrit que tous les loubards étaient juifs, ni que tous les juifs étaient des loubards. Mais un juif qui revendique sa judaïté peut-il être traité de loubard ? J'avoue néanmoins que je n'ai pas écrit «loubard» par hasard. Car des loubards sont des têtes brûlées incontrôlées. Or, je veux ignorer certains propos ambigus et croire qu'ils ont agi de leur propre initiative et isolément... sous réserve, bien sûr, qu'ils étaient trois contre un sexagénaire. La théorie de l'acte isolé est l'hypothèse diplomatique choisie par la commission Warren. Mais elle n'élude pas certaines réalités. Il y a tout d'abord la nécessaire préparation de l'agression, par le repérage des lieux, de la victime et de ses habitudes. Le ballon dégonflé confirme la préméditation ; car les agresseurs faisaient semblant de jouer au ballon pour mieux approcher leur victime. Il y a la violence et la


76 précision dans l'exécution, qui révèlent des hommes parfaitement entraînés. Où ? Quand ? Comment ? Il y a que Madame Laurent Fabius et le journal Libération avaient révélé depuis plusieurs années l'existence de milices juives, tolérées en toute illégalité [1] par les gouvernements français qui s'agitent en alternance. Une autre réalité, volontairement travestie par le communiqué qui parle de «correction», et totalement occultée par la grande presse, c'est que ses agresseurs voulaient tuer, et que le professeur Faurisson ne doit la vie sauve qu'à l'intervention de pêcheurs qui se trouvaient là par hasard. Il y a également que les agresseurs courent toujours, et que, malgré un signalement précis, les polices de M. Joxe ne font pas beaucoup de zèle pour les retrouver. Réalité encore que la nature des blessures infligées au professeur. J'ai toujours cru, et je crois toujours, que les histoires d'enseignement, de vengeance et de représailles talmudiques que racontaient Drumont, Rohling, Charles, Brenier, Labroue et les autres, avant que n'intervienne enfin la loi Marchandeau en 1939, n'étaient que phantasmes de maniaques antisémites. Que ne prétendraient-ils pas aujourd'hui, en mêlant habilement le vrai et le faux ? Le vrai, c'est qu'Israël se définit lui-même comme le Peuple de la Parole, le peuple qui sait la puissance de la parole et son rôle dans l'accomplissement du Destin d'Israël. Le faux, c'est qu'Israël ne conçoit pas que ce destin puisse être autre chose que l'empire du monde. Le faux, c'est que le dogme de l'Holocauste entre dans un plan. Le faux, c'est qu'en refusant les vérités révélées par les grands prêtres de la Shoah, en réfléchissant par lui-même et en refusant de se taire, le professeur Faurisson s'était rendu doublement odieux et devait être puni. Et que cette punition devait le frapper dans le siège de sa pensée coupable et dans l'organe de sa parole impie. Heureusement que personne ne croit plus à ces fables. Le déroulement de l'agression n'est que coïncidence. Mais ce qui ne peut être nié, ce sont les accusations insensées et vengeresses distillées depuis des années contre le professeur Faurisson en particulier, et contre l'école révisionniste en général. Plus habiles, mais également dangereux et terriblement efficaces, les sous-entendus doucereux et les propos accablés. Tout cela constitue un véritable encouragement au meurtre [2] , dont on voudrait absoudre par avance les exécutants. Cette fois, il ne s'agit plus de fables, mais de faits bien établis et suffisamment récents pour que le public s'en souvienne, et puisse au besoin en retrouver les preuves, dans la presse en général, et dans le journal Le Monde, en particulier. Je dis que tous ceux, juifs et non juifs, qui ont fait certaines déclarations et signé certains articles, ont commis plus que des mensonges et plus que des imprudences. Car on ne peut leur faire l'injure de croire qu'ils étaient totalement inconscients des possibles conséquences de leurs campagnes diffamatoires [3]. Je veux bien croire que personne n'a donné l'ordre formel d'exécuter ce gêneur de Faurisson. Mais je dis qu'il y a des gens qui portent la responsabilité morale de l'agression de Vichy. Même si BRUNO ne FRAPPA pas lui-même, a-t-il vraiment bonne conscience ? Je prends acte des communiqués condamnant l'agression. Mais il y a ceux qui continuent imperturbablement leur sale besogne de désinformation et de haine, en même temps que leurs facéties de «consciences». Mais il y a la technique qui consiste à encourager un acte irréversible et à le condamner hautement après qu'il a été commis. Mais il y a la technique qui consiste à se partager les rôles. Tout leur bel humanisme ne consisterait-il qu'à supprimer le contradicteur, tout en dénonçant la «violence» ? - II Il n'y aurait que deux façons de faire taire R. Faurisson : le tuer ou recourir à «la force injuste de la loi». Le hasard, qui fait paraître leurs articles le 18 septembre, en page 2 du Figaro


77 intitulée «Opinions», c'est-à-dire dans le numéro qui relate l'agression du 16, est vraiment très malicieux et très cruel avec les duettistes Jouanneau et Rovan. Le premier titre son article par une affirmation : «Une loi est nécessaire». Il aurait été plus exact de titrer : «Une loi antirévisionniste est nécessaire», ou bien «Pour une loi antirévisionniste», puisque c'est ce que l'auteur vient réclamer, plus que démontrer. Le second titre son article : «Pour un colloque mondial d'historiens». Le temps serait-il venu de renoncer enfin aux dogmes, aux anathèmes et aux assassinats, pour une étude sérieuse et une discussion véritable ? Et, pour commencer, la grande presse va-t-elle enfin donner la parole à ceux qui réclament ce débat depuis si longtemps ? Hélas, le titre est trompeur. Après avoir argumenté contre la loi répressive, sans que l'on comprenne très bien si c'est pour se donner bonne conscience ou par coquetterie, pour démontrer toute sa perspicacité et toute sa virtuosité, l'auteur rejoint Me Jouanneau en réclamant, lui aussi, une loi antirévisionniste. En fait de deux «opinions», il n'y en a qu'une et, ce jour-là, le titre de cette deuxième page du Figaro était une duperie. Il faut reconnaître qu'il y a des gens bizarres, qui mettent un point d'honneur à résoudre des problèmes difficiles. Il y en a qui préfèrent la facilité. Une loi antirévisionniste simplifierait diantrement le travail des avocats et des romanciers exterminationnistes, puisqu'ils n'auraient plus à se soucier le moins du monde des démonstrations de ces gêneurs de révisionnistes. Condamnation automatique et honoraires assurés pour un minimum de temps et de travail. Le moindre stagiaire y suffirait. La fortune sans peine. Était-il vraiment nécessaire de faire deux articles distincts ? A-t-on voulu donner plus de poids aux exigences exterminationnistes ? A-t-on voulu tromper le lecteur pressé, en lui faisant croire à une véritable «pluralité» d'opinions mais en lui servant le pluralisme réservé à ceux qui sont d'accord sur l'essentiel - le pluralisme du «point de détail», en quelque sorte ? Si ces deux auteurs, avec leurs deux articles qui commencent par s'opposer apparemment, s'accordent au fond pour réclamer tous deux une loi répressive, que vient faire ce «colloque mondial d'historiens» suggéré par M. Rovan ? C'est que la future loi a besoin de cette mise en scène et de cet alibi. Si la loi qui doit interdire de douter de la réalité des chambres à gaz et de l'extermination de six millions de juifs intervenait avant le colloque réclamé par M. Rovan, il est évident que les «débats» seraient régis par la loi, qu'aucune communication ne pourrait aller à l'encontre et que les conclusions des «débats» résultant de la loi seraient donc connues d'avance. Même les historiens les plus serviles hésiteraient à se compromettre et à se déshonorer de la sorte, et i l est douteux que le «colloque» puisse avoir lieu dans ces conditions. Il faut donc que, dans l'esprit de son promoteur, ce colloque intervienne avant la loi. Mais il nous livre également le fond de sa pensée en réclamant déjà cette loi, démontrant ainsi qu'il ne suppose pas un instant que les débats puissent conclure à l'inverse de ce qu'il croit - l'existence des chambres à gaz - et de ce qu'il demande - la loi répressive. Les naïfs penseront qu'il n'y a là rien que de très logique. Que M. Rovan est si sincèrement et si profondément persuadé de la réalité de l'Holocauste qu'il est normal qu'il n'envisage pas d'autre hypothèse. Que cette certitude serait plutôt sympathique et démontrerait l'absence de toute malice. De même et plus généralement, on pourrait alléguer que, si les exterminationnistes étaient malhonnêtes et trompaient sciemment le public, ils ne proposeraient pas de colloque. Que leur proposition de colloque est donc gage de leur bonne foi. Mais le petit mot clé, le petit mot code, le mot signal et ralliement est reporté en note : «pamphlet » [4] .Et c'est là que cette bonne foi peut être mise en doute, car le mot «pamphlet» ainsi utilisé par Monsieur Rovan signifie que les historiens révisionnistes ne sont pas de vrais historiens. Que les travaux révisionnistes ne


78 comptent pas. Que tous les écrits qui contredisent le Dogme ne sont que des pamphlets qui s'excluent eux-mêmes d'un colloque sérieux. Mais les lecteurs avertis savent ce que les lecteurs du Figaro ne savent pas. Ils savent par exemple que, pour reprendre le titre d'un texte signé du professeur Faurisson, «les révisionnistes proposent un débat public» depuis l'origine. Ils savent aussi qu'il y a déjà eu deux colloques à la Sorbonne, en 1982 et 1987. Deux colloques aux frais du contribuable. Deux colloques dans un cadre propre à inspirer confiance au bon peuple. Mais deux colloques dont les historiens révisionnistes étaient exclus, en vertu du mot d'ordre célèbre : «On doit discuter sur les révisionnistes... ; on ne discute pas avec les révisionnistes.» Aux siècles obscurs de l'antisémitisme, on croyait qu'un véritable débat [5] devait confronter thèse et antithèse, pour tenter de faire progresser la connaissance. On sait aujourd'hui, grâce aux tenants de l'Holocauste, que les meilleurs débats ont lieu entre gens de même avis. Qu'ils ne consistent pas à réunir les représentants autorisés d'avis réellement opposés pour confronter loyalement preuves et arguments, mais à partager les rôles entre gens de connivence, en prenant soin d'écarter tout véritable contradicteur pour ne débattre que de détails. A ce point de l'analyse, il faut en revenir au communiqué des trois loubards. Les commentaires parcimonieux et gênés de la grande presse se sont étonnés de l'amalgame qui rend Robert Faurisson «responsable» de l'affaire du Carmel d'Auschwitz. Or, dans un long article consacré à l'historique de cette affaire, l'Evénement du jeudi a expliqué comment, Mgr Glemp refusant de se plier aux exigences des émissaires juifs, ceux-ci ont imaginé de contourner l'obstacle par une commission. Mais une commission soigneusement élaborée, triée sur le volet, dont la quasi-totalité des membres était déjà acquise aux thèses de ceux qui se prétendent les représentants de la communauté juive mondiale, puisque précisément les personnalités retenues pour composer cette commission étaient choisies parce qu'elles étaient déjà d'accord pour s'aligner sur leurs exigences. La raison discursive est remplacée par la sélection préalable de ceux qui sont admis à débattre et le critère de cette sélection est l'accord préalable des sélectionnés sur des conclusions connues et admises à l'avance. Ce n'est pas une gazette fasciste qui le dit. C'est l'Evénement du jeudi, qu'il est impossible de suspecter d'antisémitisme. Voilà bien le point commun entre l'affaire du Carmel, Faurisson et les «débats» tels qu'ils sont conçus par les tenants de l'Holocauste [6]. Mais les similitudes ne s'arrêtent pas là, car il faut savoir exploiter l'avantage : on exige le respect de «l'accord signé à Genève», qu'on exhibe comme un argument d'autorité, comme on exige le «respect de la chose jugée» à Nuremberg. Ou comme on parle des «condamnations» de R. Faurisson. -IIIOn a multiplié les procès contre les révisionnistes. Curieusement, ce sont ces procès et les articles caricaturaux ou diffamatoires dont ils sont l'occasion dans la «grande» presse qui font soupçonner au public l'existence et la véritable nature du révisionnisme. Mais ces procès se soldent parfois par des résultats inverses de ceux escomptés. Par exemple, quand les magistrats reconnaissent le sérieux et la probité du professeur Faurisson et confirment les droits de la libre recherche historique, là où on espérait la création d'une jurisprudence inverse. Mais cela n'est possible qu'à deux conditions. Il faut tout d'abord qu'il y ait encore des magistrats intègres, qui essaient de faire correctement leur travail ou, plus exactement, qui essaient de faire leur travail le moins mal possible, compte tenu du monde où nous vivons. Alors, quand les pressions sont trop fortes, ils modulent habilement leurs arrêts pour sauver l'essentiel, en proclamant la liberté des historiens. Voilà où nous en sommes, deux siècles après la proclamation de la séparation des pouvoirs, et plus de quarante ans après que notre pays eut été libéré. Il faut que les magistrats fassent leur devoir presque en se cachant, en rusant, en s'excusant. Il faut ensuite que la loi permette au juge intègre de rester dans le cadre légal. Cette loi interdit aujourd'hui l'injure raciale.


79 En principe, il appartient aux accusateurs de «démontrer» que telle démonstration révisionniste qui les gêne est une injure raciale, et non point œuvre d'historien. Et les juges apprécient souverainement. S'ils veulent absoudre, il leur suffit de ne pas être convaincus par l'accusation. S'ils veulent condamner, il leur faut se persuader, par exemple, que la démonstration technique de Leuchter est une injure raciale. Au contraire, si demain une loi interdit expressément de mettre en doute l'existence des chambres à gaz et la réalité de l'Holocauste de six millions de juifs, même les plus intègres des juges n'auront plus aucune échappatoire. Le texte de la loi se substituera à leur libre arbitre de juges encore un peu libres aujourd'hui. Ils seront demain des juges encore un peu moins libres. Ils devront s'incliner. Ou laisser leur place à d'autres. Ce que les magistrats ont refusé, le 26 avril 1983 [arrêt de la 1 ère chambre de la cour d'appel de Paris, section A], on a essayé de l'obtenir d'historiens complaisants par une voie détournée. A deux reprises, en 1982 et 1987, les résultats se sont retournés contre ceux qui croyaient bien avoir mis toutes les chances de leur côté. Le troisième colloque qu'on nous annonce récompensera-t-il enfin la ténacité des tenants de l'Holocauste ou bien ceux-ci donneront-ils une fois encore des arguments à leurs contradicteurs en général, et à Robert Faurisson en particulier ? Ce n'est pas pour rien qu'on a voulu réduire ce dernier au silence avant un troisième colloque que certains voudraient «décisif». Or, quoi de plus «décisif» que les résultats «irréfutables» d'un colloque mondial d'historiens ? Et quoi de plus «irréfutable» qu'un débat faussé, quand ceux qu'on doit convaincre pour leur faire voter la loi qu'on attend d'eux sont convaincus d'avance, pour de tout autres raisons que la raison discursive ? Remarquons bien que la mise en scène du colloque est néanmoins indispensable, car elle est destinée à l'opinion publique. Ce n'est plus la qualité des débats qui compte, c'est leur mise en scène qui sert d'alibi à ceux qui se déclareront convaincus par les débats. Cette mise en scène est pareillement destinée à la postérité : on la pressera de ne retenir que la conclusion des «débats», sans chercher à en connaître le contenu. C'est le procédé de Nuremberg. On nous prie d'oublier les débats faussés, pour nous incliner devant la solennité de l'événement. Tribunal Militaire International, Colloque Mondial d'Historiens : bonnet blanc et blanc bonnet, entre les mains d'acteurs d'autant plus convaincants qu'ils contrôlent les éclairages et qu'ils tiennent la critique. Que dis-je ? La mise en scène et jusqu'au spectacle luimême s'effacent devant la magie des mots, «International», «Mondial». Diable, ce doit être sérieux ! Comment de si augustes personnages pourraient-ils se tromper ? Ou pourquoi voudraient-ils nous tromper ? On nous parle beaucoup de l'Europe économique de 1993. Mais, curieusement, on ne nous dit presque rien des autres aspects du problème, et notamment de l'espace judiciaire européen. La réaction naturelle et saine serait de penser qu'il ne devrait subsister dans l'Europe de demain que les vérités qui résisteraient à la suppression des frontières. Ce seraient les vérités naturelles, fondatrices du droit naturel. Cela se traduirait par l'harmonisation des législations sur les lois de plus grande liberté. Nous assistons au phénomène exactement inverse. Mais il n'est pas facile de dire à un peuple auquel on a répété qu'il était le plus spirituel de la terre, dont on a flatté l'esprit frondeur, qu'on va l'obliger à croire aux chambres à gaz parce que les Allemands y sont déjà contraints par une loi pour justifier le sort qui leur est fait depuis plus de quarante ans. Peut-on dire au peuple «vainqueur» qu'on va lui appliquer la loi imposée aux vaincus de 1945... sans lui faire comprendre qu'il n'est pas le véritable vainqueur ? Au contraire, une loi bien française (enfin, presque...) servira à l'éducation des barbares : si le peuple le plus spirituel de la terre, si le peuple qu'on a, depuis deux siècles, persuadé qu'il était champion de la «liberté», juge nécessaire (par députés interposés !) une loi antirévisionniste, c'est bien la preuve que les Allemands coupables de leur histoire pour l'éternité n'ont rien à dire contre la leur. Mieux, l'existence de la loi dite française justifiera l'application plus sévère ou le renforcement de la loi dite allemande.


80 Au point où nous en sommes, deux siècles après la glorieuse Révolution, après plus d'un siècle de démocratie représentative, et avec ce que nous savons de nos «représentants», de leur probité et de leur indépendance, je serais surpris qu'ils ne votent pas un jour prochain la loi qu'on attend d'eux. Ce sera la revanche du mensonge qui, faute de pouvoir s'imposer par un débat loyal, se fera imposer par la force publique. Là où les magistrats pouvaient parfois proclamer les droits de la recherche historique, la nouvelle loi le leur interdira et le mécanisme légalo-judiciaire les contraindra à condamner, quand bien même leur conscience leur soufflerait que la vérité est révisionniste. Octobre 1989 [1]

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Pour faire bref, il faut rappeler qu'en date du 14 octobre 1986 Libération publiait une photo ainsi légendée : «cet homme sur le toit, avec son arme, près de la synagogue de la rue N-D. de Nazareth, dans le 3ème arrondissement de Paris, fait partie d'un groupe de jeunes juifs en Kippa, armés de pistolets et de fusils, qui se réclament d'une milice juive, le «Regroupement des fidèles». C'était hier, dernier jour du Kippour.» Quant à M me Fabius, on a rapporté d'elle, sans qu'elle les démente, ces propos devant le club «Socialisme et Judaïsme» : «Extraordinaire nouveauté dans le comportement politique, la gauche a permis à des milices juives de s'installer dans des quartiers à Paris, mais aussi à Toulouse, à Marseille, à Strasbourg [et d'avoir] des contacts réguliers avec le ministre de l'Intérieur...» (Le Monde, 7 mars 1986, p. 8). Les révisionnistes peuvent constater qu'il n'est pas question de Vichy. Les premières persécutions avaient manifestement pour but de faire «craquer» R. Faurisson, de la dépression nerveuse au suicide. Ce qui aurait été le crime parfait. Un petit professeur de province, qui a voulu jouer au grand, dépassé par les événements, dont les nerfs et le cerveau fragiles ne résistent pas aux justes sanctions nécessitées par son entêtement dans l'erreur... Quand la persécution dispose de moyens gigantesques, sinon publics, elle est terriblement efficace (plus d'un est rentré dans le rang à sa seule menace). Si Robert Faurisson n'a ni cédé, ni craqué (pas plus qu'avant lui Paul Rassinier), il connut des moments difficiles (comme, avant lui, Paul Rassinier). Mais il les a merveilleusement surmontés. Dès lors, le suicide étant exclu, les campagnes de presse ne pouvaient avoir d'autre but que le meurtre. Comment peuvent réagir des jeunes gens qui n'étaient pas nés entre 1933 et 1945, qui ne connaissent donc cette période que par ce qu'on leur en raconte, et que l'on s'applique à persuader qu'ils sont menacés d'être les prochaines victimes d'une résurgence imminente du nazisme ? Le professeur Faurisson avait bien vu le ghetto moral dans lequel les enferment certains de leurs aînés, et espérait aider les jeunes juifs à en sortir par la vérité. Ce sont les inventeurs et les profiteurs de ce ghetto moral qui accusent le professeur Faurisson d'antisémitisme. Notons qu'à l'inverse des religions révélées, à commencer par le judaïsme, il n'y a pas de «vérité» révisionniste mais une recherche permanente de la vérité, à laquelle chacun, juif ou non juif, peut participer. Il y avait donc là, pour chacun, à commencer par le jeune juif, l'occasion d'être l'artisan de sa propre libération. De quoi s'agit-il ? Après avoir qualifié les révisionnistes d'insensés et de furieux, M. Rovan poursuit :«Aucune condamnation ne les empêchera jamais de travestir leurs réunions de propagande raciste en séminaires scientifiques». Mon dictionnaire consulté indique : • insensé : qui a perdu la raison ; • raison : faculté au moyen de laquelle l'homme peut connaître, juger et déterminer sa conduite d'après cette connaissance. Selon M. Rovan, les révisionnistes sont donc privés de la faculté essentielle qui distingue l'homme des animaux.


81 Puis, écrivant le nom de Rassinier, M. Rovan fait un renvoi en note : «Paul Rassinier, déporté de la Résistance à Buchenwald, avait publié à son retour, au terme d'un itinéraire politique mouvementé, un pamphlet intitulé Le Mensonge d'Ulysse dans lequel il niait l'existence du génocide». Je ne connais pas les travaux historiques de M. Rovan. Mais je n'ai pas besoin de cela, et j'ai assez de raison pour constater que cette phrase contient deux trouvailles d'expression: • La première consiste à parler d' «itinéraire politique mouvementé» pour insinuer dans l'esprit du lecteur l'idée que ce Rassinier serait une sorte d'olibrius instable ou opportuniste qui aurait varié, soit par manque de maturité, soit par intérêt, par rancune peut-être. Or, c'est exactement l'inverse qui est vrai. On voit que les résumés de M. Joseph Rovan ne sont pas toujours exacts, du moins quand il s'adresse aux lecteurs du Figaro. • La seconde tient au mot «pamphlet», qui désigne un écrit outrancier, déformant la vérité par passion partisane, voire par hostilité aveugle. Dès lors, ce genre de document ne peut être ni un témoignage ni une étude ni un travail dignes d'intérêt, ni de quelque valeur que ce soit : il s'exclut lui-même du débat raisonnable et ne peut être, au mieux, qu'une curiosité quasi ethnologique témoignant du «racisme» des révisionnistes. Quand on qualifie de «pamphlet» le très remarquable travail de Rassinier (qui eut l'immense mérite d'indiquer une voie nouvelle aux recherches, quand bien même il travaillait isolé, sans moyens et malgré l'hostilité des profiteurs de la Résistance, et qui pressentit si bien la vérité que même la plupart des sectateurs de l'Holocauste reconnaissent aujourd'hui qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz sur tout le territoire de l'ancien Reich) et quand on qualifie Rassinier d'ancêtre des révisionnistes, il n'y a plus qu'à continuer : «pamphlets», les travaux révisionnistes sur le Journal d'Anne Frank , lequel redevient un remarquable témoignage authentique. Pamphlet, le travail d'Henri Roques. Et ainsi de suite. [5] Il faut reconnaître que le Peuple de la Parole connaît la valeur des mots. «Colloque» n'est pas «débat». Les révisionnistes n'ont eu de cesse de proposer un débat, que la langue française définit comme la confrontation d'avis opposés. M. Rovan, quant à lui, ne propose qu'un colloque, que la langue française définit comme un entretien entre plusieurs personnes, sans que cela implique qu'elles soient d'un avis différent. Un procédé de désinformation très répandu consiste à vider un mot de son sens courant pour lui en donner un autre. C'est la «langue de bois»... vieille de trois mille ans. Mais il suffit parfois de jouer avec les nuances tout à fait officielles entre deux mots : malheur aux naïfs. [6] Pour preuve on se reportera à la célèbre formule : «Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu'il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n'y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l'existence des chambres à gaz.» C'était en page 23 du Monde du 21 février 1979, et c'était signé de trente-quatre historiens. «Obligé» ! L'histoire et l'intelligence sont en de bonnes mains. ______________________________________ Revue d'Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 129 à 140


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OÙ EN EST LA THÈSE DE NANTES ? Henri Roques Le 18 janvier 1988, le tribunal administratif de Nantes avait confirmé l'annulation de la soutenance de ma thèse, annulation décidée par le ministre R.P.R. Alain Devaquet et annoncée lors d'une conférence de presse tenue le 2 juillet 1986 [1]. J'ai immédiatement interjeté appel devant le Conseil d'Etat. Deux années ont passé et la plus haute juridiction administrative française n'a pas encore rendu son arrêt. Néanmoins, il est intéressant de relever l'avis exprimé publiquement par M. Didier Truchet, professeur à la faculté des sciences juridiques de Rennes : (...) l'administration a agi trop tard ; en avril 1986 encore, elle invitait l'intéressé à venir retirer son diplôme définitif. La décision attaquée était à mon avis illégale (Revue juridique de l'Ouest, 1988, 1, p. 25). Donc, en ce début de 1988, le dossier de l'université de Nantes devant le Conseil d'Etat apparaissait déjà peu solide. Depuis, il est devenu encore plus fragile. L'affaire de la thèse de Nantes est même devenue un argument électoral. En effet, le révisionnisme occupe les esprits de nos hommes politiques. En février 1989, lors de la campagne précédant les élections municipales dans le XIème arrondissement de Paris, M. Devaquet était opposé au socialiste Georges Sarre, initiateur de la proposition de loi du 2 avril 1988 visant à réprimer le révisionnisme. M. Devaquet n'a pas craint, dans un tract intitulé «Lettre ouverte à Beate Klarsfeld», présidente du comité de soutien à Georges Sarre, de revendiquer la décision d'annulation de ma soutenance de thèse. Curieusement, M. Devaquet omettait complètement de signaler dans son tract l'enquête administrative du recteur qu'il avait ordonnée et les prétendues irrégularités de forme révélées par l'enquête et sanctionnées par l'université. Il fournissait ainsi la preuve la plus flagrante de son excès de pouvoir. M. Devaquet n'est plus ministre. L'université de Nantes se retrouve devant le Conseil d'Etat en présence de deux éléments nouveaux : l'avis juridique autorisé de M. Truchet et l'intervention abusive d'un ministre. En mauvaise position, elle engage, en avril 1989, une nouvelle procédure qui tentait de me faire inculper pour «fraude dans les examens et concours publics», en m'impliquant tardivement dans une action déjà engagée contre le professeur Jean-Claude Rivière, mon rapporteur de thèse, et contre une employée des services administratifs de l'université de Nantes, qui, finalement, ont bénéficié l'un et l'autre de la prescription. Le Parquet requérait, le 12 septembre 1989, la poursuite de l'information contre moi au motif que les recours que j'avais exercés devant la juridiction administrative s'inscrivaient «dans un processus visant à [me] voir reconnaître indûment un titre universitaire». Le 14 septembre 1989, le juge d'instruction «dit n'y avoir lieu à plus ample informer». Le Parquet général n'est pas de cet avis et décide de poursuivre l'information. La chambre d'accusation de la cour d'appel de Rennes ne suit pas le Parquet général dans sa réquisition et, par son arrêt du 11 janvier 1990, confirme l'ordonnance du 14 septembre 1989 concluant au classement de l'affaire. Je n'ai plus qu'à attendre sereinement la décision du Conseil d'Etat. ____________________________________________ [1] L'affaire de la thèse de Nantes a fait l'objet d'un article intitulé «De l'affaire Gerstein à l'affaire Roques», publié dans les Annales d'Histoire Révisionniste nº 3, automne-hiver 1987, p. 103-125. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 141 et 142


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L'AFFAIRE NOTIN Bernard Notin, 40 ans, marié, cinq enfants, maître de conférences à l'université Lyon-III (dite Jean-Moulin) est dénoncé dans le journal Le Monde du 28/29 janvier 1990, p. 9, par Edwy Plenel pour une étude publiée dans la revue Economies et Sociétés (Hors série n° 32, Presses Universitaires de Grenoble, revue publiée avec le concours du CNRS , août 1989 [achevé d'imprimer : décembre 1989], p. 117-133). L'étude est jugée raciste, antisémite et révisionniste par ce journaliste. Elle contient, en particulier, le passage suivant sur les chambres à gaz : Le réel passe alors en jugement devant l'irréel. Le thème, historique, des chambres à gaz homicides, est très révélateur de ce procès. Les preuves proposées pour en démontrer l'existence évoluent au gré des circonstances et des époques mais s'extraient d'une boîte à malices comprenant trois tiroirs. Tout en bas : la visite des locaux (peu crédibles). Au milieu : l'affirmation des vainqueurs (elles ont existé). En haut : les on-dits (histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui…). Au total on en postule l'existence, et qu'importe la réalité de cette réalité. On reconnaîtra là le fondement de toute tyrannie. Dénoncent également cette étude le directeur de la revue, Gérard Destanne de Bernis, lequel déclare : Mon avis est qu'il faut un verrou quelque part, ainsi que le bureau de l'ISMEA (Institut des Sciences Mathématiques et Économiques Appliquées). Quant à M. Frédéric Poulon, professeur à l'université de Bordeaux-I et coordonnateur du numéro, il déclare : C'est une affaire que je regrette profondément. Mais il y a une question grave de liberté d'expression. Je ne me désolidarise pas de Bernard Notin. Une pétition, partie de lecteurs employés à la Banque de France, circule dans toutes les universités contre B. Notin. Antoine d'Antume, professeur d'économie à l'université Paris I, déplore qu'une revue scientifique se fasse l'écho de thèses qui ne sont absolument pas scientifiques. Olivier Favereau, professeur d'économie à l'université Paris X-Nanterre, déclare : […] les faurissonistes sont à la recherche d'une reconnaissance académique. Ils veulent accréditer l'idée que ce sont des thèmes dont les scientifiques débattent. Il est grave que cette publication ait eu lieu dans un cadre universitaire. Frédéric Poulon est «mis à l'écart» et son séminaire suspendu. Le MRAP engage une action pénale en précisant que «cette décision a été prise à la demande de Gérard Destanne de Bernis, directeur de la revue et membre du mouvement». Ce dernier demande aux bibliothèques de retirer du prêt aux lecteurs l'exemplaire litigieux d'Économies et Sociétés et d'en arracher l'article de B. Notin. Les Presses Universitaires de Grenoble vont imprimer un nouveau tirage de la revue sans l'article incriminé qui sera remplacé par une page d'explication sur le scandale. De jeunes juifs envahissent le cours de B. Notin ; ils sont accompagnés de deux déportées et de personnalités juives de Lyon, dont le Dr Marc Aron qui déjà, en 1978/79, avait organisé des manifestations contre le professeur Faurisson. Des caméras filment la scène. B. Notin est séquestré, insulté. Il se tait. Michel Noir, maire de Lyon, condamne le maître de conférences et déclare que, pour sa part, il ne peut rester insensible à l'idée d'une «spécialité lyonnaise» de la falsification de l'histoire : allusion à l'affaire Faurisson en 1978/79, à l'affaire Roques en 1985 (deux membres du jury de thèse étaient lyonnais : le Père P. Zind et Jean-Paul Allard) et à certains journaux et tracts d'étudiants, en 1987, à l'occasion du procès Barbie. On découvre que B. Notin est membre du Conseil scientifique du Front National. M. François Kourilsky, directeur général du CNRS, décide de supprimer la subvention du CNRS à la revue Économies et Sociétés. Dans une lettre au Monde, Mme Madeleine Rebérioux, professeur d'histoire à l'université Paris VIII et vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme, dénonce le poids accru de la


84 Nouvelle Droite dans l'université. B. Notin conserve son calme. Il proteste contre l'invasion de son cours. Il précise que, pour lui : Il n'a jamais été question de nier les souffrances que les juifs et beaucoup d'autres ont subies du fait de la seconde guerre mondiale. Mais ni les événements du passé, ni les situations présentes ne sauraient échapper au débat et à la critique dans des revues faites pour cela. L'Union des Etudiants Juifs de France demande «la radiation du corps enseignant» du maître de conférences. Le bureau puis le conseil d'administration de l'université Lyon-III condamnent les prises de position révisionnistes de B. Notin. Le conseil de la faculté de droit où ce dernier est chargé de cours, pleinement respectueux de la liberté d'expression inhérente à l'institution universitaire, n'en est que plus à l'aise pour condamner ses déviations qui conduisent au racisme et au révisionnisme et, en l'espèce, pour dénoncer avec force la teneur d'un article qui s'inspire de cette misérable idéologie. Les cours de B. Notin sont supprimés par Laurent Boyer, doyen de la faculté de droit : la sanction financière s'élève ainsi, pour cet universitaire à salaire unique, à environ 30 000 F par an. Pierre Vialle, président de l'université Lyon-III, fait savoir à B. Notin qu'il n'entend pas porter plainte contre les manifestants juifs. Il exprime, dans un communiqué, l'émotion et la consternation du bureau de l'université et sa «condamnation des thèses révisionnistes et du racisme». B. Notin prend la décision de renoncer au concours de l'agrégation en économie. Il est contraint de présenter sa démission du conseil scientifique de son université où il représentait l' IAE (Institut d'Administration des Entreprises). Cette démission était nécessaire pour que la ville de Lyon accepte à nouveau de faire siéger l'un de ses représentants au conseil d'administration de l' IAE . Le conseil municipal nomme à ce poste Maître Alain Jakubowicz, adjoint délégué au respect des droits de l'homme et l'un des avocats des parties civiles au procès Barbie en 1987. Le rabbin de Lyon promet, discrètement, que, si B. Notin retire sa plainte pour séquestration, les juifs ne reviendront plus manifester. Ces derniers obtiennent du recteur le prêt du grand amphithéâtre commun à Lyon-II et Lyon-III pour une exposition de la Shoah. B. Notin reçoit l'appui moral de collègues à travers la France. Sur le plan financier, il est seul face au MRAP et aux frais considérables d'un procès qui exige deux avocats, l'un à Lyon et l'autre à Paris. ___________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 143 à 146


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CHURCHILL ET PEARL HARBOUR Traduit de l'américain. Extrait de la I.H.R. Newsletter nº 69 de novembre 1989 A la 9ème conférence de l'Institute for Historical Review, en février 1989, l'historien britannique David Irving annonçait aux congressistes que «dans les archives britanniques il n'y a[vait] pas la moindre page d'un message japonais déchiffré par les Britanniques» dans les semaines et les mois qui ont précédé Pearl Harbour. Cela malgré le fait que la Grande-Bretagne et ses alliés du Commonwealth avaient consacré d'importantes ressources à l'interception et au décryptage des messages codés japonais aussi bien diplomatiques que militaires. D. Irving a déclaré à la conférence qu'il croyait que la raison de cette absence importante dans les archives était que les Britanniques avaient décrypté le code JN-25 de la flotte opérationnelle japonaise que les Américains ont été incapables de déchiffrer pendant plusieurs années après Pearl Harbour, et que l'inexistence de ces interceptions fournirait la preuve accablante que les Britanniques avaient connaissance de l'attaque imminente. Un peu plus tard, l'hypothèse de D. Irving était confirmée par une source autorisée, le capitaine Eric Nave, officier de renseignements australien qui divulgua, dans son autobiographie inédite, que les Britanniques avaient été capables de lire le JN-25 dès 1940 et qu'on avait fourni à Winston Churchill une «abondance de renseignements précis» concernant les projets japonais de lancement d'une attaque surprise le 7 décembre 1941. E. Nave formulait la question suivante : «Churchill voulait-il à ce point faire entrer l'Amérique dans la guerre que délibérément il cacha à Roosevelt la nouvelle que le détachement spécial [japonais] avait pris la mer et qu'une attaque serait déclenchée pour le 7 décembre ?» (toutes les citations sont extraites de The Independent [Londres] du 9 mars 1989). Eric Nave, qui est âgé aujourd'hui de 90 ans et qui habite Melbourne, avait été envoyé au Japon dans les années 20 par la marine australienne, puis avait participé à la création de la section japonaise de l'Ecole britannique du Code et du Chiffre. Il passa seize années à décrypter les codes de la marine japonaise avant Pearl Harbour, dont les trois dernières au Bureau allié d'Extrême-Orient de l'Ecole du Code et du Chiffre à Hong-Kong et à Singapour. Après la guerre, E. Nave devint directeur de l'agence de renseignements australienne. Dans le Codebreaker Extraordinary dont il fut le co-auteur avec un ancien officier de renseignements britannique, James Rusbridger, E. Nave révèle que les Britanniques avaient connaissance depuis le 1er décembre de l'appareillage de la force d'intervention japonaise depuis sa base des îles Kouriles le 26 novembre, de son ravitaillement en mer prévu pour le 4 décembre et de ses ordres d'attaque pour le 8 décembre (le 7 décembre à Hawaï, en raison de la ligne internationale de changement de date). E. Nave décrit ainsi ses impressions du 1 er décembre 1941 : A ce moment-là mon travail était terminé. Au cours des seize dernières années, j'avais décrypté tous les codes navals japonais. Je supposais naturellement que Churchill s'était assuré que tous ces décodages vitaux étaient partagés avec son grand ami et allié Roosevelt et que déjà les Américains étaient bien conscients qu'une force d'intervention japonaise se trouvait dans le Pacifique depuis plus d'une semaine et qu'une attaque était organisée pour le 7 décembre, soit sur Hawaï soit sur les Philippines. L'importante autobiographie d'E. Nave, qui consolide la thèse révisionniste selon laquelle Pearl Harbour ne fut pas une surprise, ne sera cependant pas publiée en Grande-Bretagne ; son éditeur pressenti, Bodley Head, a reçu un avertissement du Comité D-Notice du ministère de la Défense l'informant que la publication du livre serait «préjudiciable à la sécurité nationale». Bodley Head a été sans aucun doute également dissuadé par la perspective d'une interdiction selon la nouvelle loi britannique relative aux Secrets d'Etat qui, mêlée aux lois sévères contre la diffamation, permettra à l'Etablissement d'interdire toutes sortes de découvertes historiques


86 malvenues. A ce jour, l'I.H.R. n'a rien appris de précis quant au projet de publication de Codebreaker Extraordinary hors de Grande-Bretagne. La traîtrise et l'infamie que D. Irving et E. Nave prêtent à Winston Churchill n'innocentent bien sûr pas pour autant Franklin Roosevelt : à part l'éventualité pour Franklin Roosevelt d'avoir été averti clandestinement par Winston Churchill, les chercheurs révisionnistes tels que George Morgenstern, Percy Greaves, Harry Elmer Barnes et John Toland ont démontré que Washington n'avait pas la moindre raison d'être surpris par l'attaque de Pearl Harbour et que Roosevelt et ses conseillers firent preuve de négligence criminelle en cachant des informations capitales au commandement américain local. En tout cas, les révélations d'E. Nave et les recherches en cours de David Irving sur la culpabilité de Churchill, qui trompait l'Amérique pour la faire entrer «dans la guerre par la petite porte», démontrent la faillite des historiens de cour qui assuraient que, depuis longtemps, le dossier de Pearl Harbour n'avait plus rien de secret et que tout avait été dit. __________________________________________ Bibliographie : • Harry Elmer Barnes, Pearl Harbor after a Quarter of a Century • John Toland, Infamy : Pearl Harbor and Its Aftermath • Rear Admiral Robert Theobald, The Final Secret of Pearl Harbor : The Washington Contribution to the Japanese Attack. Tous ces ouvrages peuvent être obtenus auprès de l'I.H.R. (Institute for Historical Review), 1822 1/2 Newport Blvd., Suite 191, COSTA MESA, Ca. 92627, U.S.A. ____________________________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 147 à 149


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VAE VICTIS Compte rendu de Serge Thion James BACQUE, Other losses. An Investigation into the Mass Deaths of German Prisoners at the Hands of the French and Americains After World War II [Autres pertes. Enquête sur les morts en masse de prisonniers allemands aux mains des Français et des Américains après la seconde guerre mondiale], Toronto, Stoddard, 1989, xxi-248 p. Lorsque prend fin la guerre en Europe, le 8 mai 1945, l'histoire de l'horreur de ces temps-là ne s'arrête pas. Dans les jours qui précèdent l'effondrement du Reich, le général commandant en chef des forces alliées du théâtre européen prend une décision discrète, et même quasiment secrète. Eisenhower en effet décide que les prisonniers de guerre allemands ne seront plus des prisonniers de guerre, et comme tels couverts par les Conventions de Genève signées en 1929 par les Etats-Unis, mais du «Personnel ennemi désarmé» (Disarmed Enemy Forces, ou DEF), qui, lui, n'ayant aucun statut légal, n'est pas couvert par les Conventions de Genève, qui font obligation à la Puissance qui détient les prisonniers de les traiter convenablement et de les nourrir comme elle nourrit ses propres hommes de troupe, de leur permettre de recevoir du courrier et des visites du Comité International de la Croix-Rouge chargé de faire des rapports secrets à la puissance qui détient les prisonniers comme à celle, dite puissance protectrice, dont ils relèvent. Pour plus de sûreté, les Américains décident d'ailleurs à ce moment-là, le 9 mai 1945, au lendemain de la reddition allemande, de ne plus reconnaître la Suisse comme représentante de cette puissance protectrice, en lieu et place de l'Allemagne, en vertu du raisonnement suivant : il n'y a plus d'Etat allemand, c'est le gouvernement militaire allié qui prend sa place. Par rapport aux Conventions de Genève, les Alliés sont donc juge et partie, et parfaitement libres d'appliquer la politique de leur choix. On aurait tort de penser qu'il s'agit là d'arguties juridiques. Le sort des prisonniers soviétiques pendant la guerre en témoignerait à lui seul. L'URSS n'étant pas signataire des Conventions de Genève, les Allemands étaient libres de traiter les prisonniers soviétiques beaucoup plus durement qu'ils ne le firent avec les prisonniers occidentaux. Ces derniers avaient droit au courrier et, surtout — ce qui a sauvé d'innombrables vies — aux colis envoyés par les familles ou les Croix-Rouges. On sait aussi que les prisonniers soviétiques survivants furent massivement accusés de trahison et déportés en Sibérie après la guerre, en compagnie d'un bon million de prisonniers allemands, eux aussi désormais dépourvus de protection. Au cours des six premiers mois de 1945, les Alliés firent ainsi de très nombreux prisonniers, dont plus de 5 millions tombèrent aux mains des seuls Américains. Une partie fut libérée assez vite mais plusieurs millions restèrent captifs, soit comme «personnel ennemi désarmé», soit comme «prisonnier de guerre». Le 4 août 1945, ces derniers furent subrepticement classifiés comme «personnel ennemi désarmé», ce qui permit, sur instruction directe d'Eisenhower, de réduire les rations alimentaires. La ration du soldat américain était de 4 000 calories mais celle des prisonniers de guerre tournait autour de 1 500, ce qui assure juste la survie (c'est celle, par exemple, des camps de concentration viêtnamiens). La ration du «personnel ennemi désarmé» descendait à 1 000 ou 900 calories. On rassemblait ces prisonniers dans des camps improvisés, habituellement des champs que l'on entourait de barbelés. Il n'y avait pas d'abri. Des directives disent clairement qu'il ne fallait pas leur donner de baraquements. On refusa de fournir des tentes, dont l'armée américaine avait des surplus énormes. Pas d'eau ou un peu, rationnée, très peu de nourriture, pas de soins médicaux, aucuns travaux d'hygiène. Les prisonniers, qui comprenaient non seulement des soldats, souvent très jeunes, mais aussi des civils, des femmes et des enfants, ont commencé à mourir, surtout de maladies vite provoquées par la sousalimentation. Ce fut ce que James Bacque appelle les «camps de la mort lente». Ce n'étaient plus les Allemands ou les Japonais, ou le Goulag, c'étaient les Américains, appliquant la même


88 méthode de base : la faim. Ce n'est pas sans raison que le général Patton jugeait que le général Eisenhower appliquait aux Allemands «les méthodes de la Gestapo» (p. 143). C'est un peu par hasard que l'auteur, le Canadien James Bacque, est tombé sur ce problème. Quand il a commencé à fouiller la question, il s'est aperçu qu'un épais voile de propagande mensongère avait recouvert depuis le début une sinistre réalité : les Américains et les Français, qui avaient réclamé aux Américains la livraison de centaines de milliers de prisonniers de guerre à titre de réparation, avaient si mal traité ces prisonniers que ceux-ci avaient péri en masse. Sept à huit cent mille morts peut-être, ou même davantage. Il semble impossible de parvenir à des chiffres sûrs. Une bonne partie des documents ont disparu ou sont introuvables. L'auteur a fouillé les archives historiques aux Etats-Unis ; il a sondé les archives militaires françaises au fort de Vincennes et les archives fédérales à Coblence. Avec des documents très disparates, il conduit des calculs très compliqués sur la valeur desquels je me sens incapable de formuler une opinion. Mais il n'est nul besoin de s'attarder sur les chiffres pour voir, aussi bien d'après les décisions politiques du gouvernement militaire américain que d'après les témoignages des internés allemands ou des rapports d'un délégué du CICR [Comité International de la Croix-Rouge], ou encore de certains Français qui vivaient à proximité des camps, qu'il s'est passé là une catastrophe humaine, parfaitement orchestrée par les responsables alliés, De Gaulle y compris, et généralement acceptée par ceux, dans l'opinion et dans l'armée, qui savaient et qui auraient pu protester. Mais à l'époque, qui aurait parlé pour des prisonniers allemands ? On peut même dire que ces prisonniers étaient innocents puisque tous ceux qui pouvaient être soupçonnés de crimes par les Alliés avaient été au préalable soustraits du nombre de ces prisonniers et mis dans les camps de concentration qui venaient de se vider. L'ouvrage de Bacque choisit de ne pas parler de ces détenus soupçonnés de nazisme, ni des prisonniers faits par l'URSS, ni du sort des réfugiés de l'Est. Les victimes, là, se chiffrèrent en millions. Après la fin des hostilités, rappelons-le. La civilisation avait vaincu la barbarie et le barbare gisant au sol ne méritait à l'évidence que des coups de pied. Nous devons en être fiers. Le rôle des Français est particulièrement peu reluisant. Ils auraient eu environ 1 600 camps répartis entre la France et la zone d'occupation française en Allemagne. Les forces françaises auraient fait 280 000 prisonniers. Les Français auraient demandé 1 700 000 prisonniers à leurs alliés américains, mais le nombre total n'aurait pas dépassé les 800 000. Tous ces chiffres sont imprécis parce que les documents sont peu explicites et que la brochure écrite par le général Buisson, chef du service chargé des prisonniers de l'Axe, Historique du service des prisonniers de guerre de l'Axe (1943-1948), publié en circulation restreinte par le ministère de la Défense nationale en 1948, montre surtout que le général était un «statisticien agile», d'après ce qu'en dit James Bacque. D'après les calculs de l'auteur, le nombre de morts dans ces camps se situe entre 167 000 et 314 000. Il remarque que la question a été soulevée dans la presse française, timidement dans Le Figaro des 22 et 29 septembre 1945, par Serge Bromberger, et plus nettement par Jacques Fauvet dans Le Monde du 30 sept.-1er octobre 1945 (voir ci-après). Mais les autorités militaires ont noyé le poisson et la presse a abandonné la question. Les journalistes sont rarement curieux, quoi qu'on en pense. L'auteur consacre d'ailleurs un chapitre entier («Mythes, mensonges et histoire») à la façon dont cette question a été occultée et recouverte, surtout à usage de l'opinion allemande, d'un mythe fort opportun, au terme duquel tous les prisonniers manquants devaient forcément se trouver aux mains des Soviétiques ou morts en Sibérie. Cette croyance conserve tout son crédit aujourd'hui encore en Allemagne. Ce livre est un ouvrage pionnier. Il est probable que toutes les archives n'ont pas été mises à contribution. Les archives militaires américaines sont dispersées sur au moins une soixantaine de bases à travers tout le pays. Les documents «déclassifiés» [ouverts au public] le sont au hasard du bon vouloir des autorités, on l'a vu en d'autres circonstances. En France même, il y aurait sûrement encore beaucoup de recherches à faire. Enfin, il faut rappeler que le Comité International de la Croix-Rouge à Genève, qui a fait des inspections à l'époque, au moins dans certains camps, a refusé de communiquer ses rapports à M. Bacque.


89 «Other Losses», «Autres pertes», est la catégorie statistique mystérieuse où disparurent, non seulement sur le papier, mais aussi dans la réalité, des centaines de milliers d'hommes dont le seul crime était d'avoir perdu la guerre, victimes de la basse vengeance des vainqueurs. Pour ceux que cette notion intéresse, cela répond certainement à la définition des crimes contre l'humanité. Nous attendrons avec curiosité de voir qui, parmi les défenseurs patentés des victimes de crimes contre l'humanité, se dressera pour réclamer, quarante-cinq ans après, justice et réparation. *** Archives du service historique de l'armée de terre à Vincennes Référence : 7-P-40 COMITÉ INTERNATIONAL DE LA CROIX-ROUGE Agence centrale des prisonniers de guerre Délégation en France Paris VIII e, 128, Faubourg Saint-Honoré 26 Septembre 1945 Monsieur le Général de Gaulle Président du Gouvernement Provisoire de la République Française Rue St-Dominique PARIS Mon Général, En date du 3 Septembre je vous ai prié de me faire l'honneur de m'accorder une audience en vue de vous entretenir de la situation des prisonniers de guerre allemands en mains françaises. Ces prisonniers sont au nombre de 600 000. 200 000 sont dès maintenant inaptes au travail, soit : a) 50 000 parce qu'ils sont rapatriables au sens des Conventions (amputés, aveugles, fous, tuberculeux avancés, etc.) b) b) 150 000 parce qu'ils souffrent de sous-alimentation grave. La situation des 200 000 prisonniers de guerre ci-dessus mentionnés est si précaire tant au point de vue alimentaire que sanitaire et vestimentaire, qu'on peut dire, sans être pessimiste, qu'ils ne supporteront pas les rigueurs de l'hiver. Pour illustrer la situation générale je me permets de vous signaler le cas du camp de Thorée près de la Flèche sur lequel vous trouverez ci-joint un reportage photographique. Ce camp de Thorée contient 20 000 prisonniers de guerre environ. 13 000 sont, quoique sous-alimentés, aptes au travail. 7 000 sont gravement malades, soit : a) 2 000 sont dans un tel état que quels que soient les soins qui leur seront apportés ils mourront probablement d'ici l'hiver (les médecins allemands eux-mêmes ont renoncé à les soigner). b) 2 000 sont des cachectiques qui peuvent être récupérés par une alimentation appropriée, en particulier injections intraveineuses de plasma sanguin. c) 3 000 sont en état d'insuffisance grave mais peuvent être récupérés par suralimentation ordinaire. (le jour de la visite d'un de mes délégués, il y a eu 20 décès au camp de Thorée pour lesquels le Commandant du camp ne trouvait même plus de cercueils). Ce camp de Thorée donne dans ses proportions une image un peu exagérée de l'ensemble. Pour remédier à cette situation il est nécessaire qu'une action énergique soit entreprise d'urgence.


90 Je me permets — puisque je suis plongé dans ce problème depuis plus de 3 mois — de vous suggérer les mesures suivantes : 1) Surseoir à tout nouveau transfert de prisonniers jusqu'au moment où l'Administration sera capable d'absorber régulièrement de nouveaux contingents de prisonniers, 2) Rapatrier d'urgence tous les prisonniers de guerre non récupérables qui habitent dans les zones françaises, américaines et britanniques, après entente avec les différentes Autorités militaires, 3) Suralimentation régulière des prisonniers de guerre récupérables et mise au travail graduelle de ces prisonniers en vue de faire face aux demandes de main d'œuvre. 4) 4) Répartition sur un nombre restreint de prisonniers de guerre des moyens alimentaires et vestimentaires dont dispose actuellement l'Intendance (Les prisonniers de guerre couchent en général à même le sol et ont en moyenne 1 couverture pour 4). Ainsi la charge que représentent pour l'Administration française les soins et l'alimentation de 200 000 bouches inutiles disparaîtrait et la catastrophe qui menace d'éclater serait évitée. Le Comité International de la Croix-Rouge se met à l'entière disposition de l'Administration Française pour l'aider dans la mesure de ses modestes moyens dans sa lourde tâche. Le Comité International de la Croix-Rouge dispose des reliquats de fonds appartenant à la Croix-Rouge allemande, de dons qui ont été faits au Comité par les prisonniers de guerre allemands en mains américaines aux Etats-Unis, et de dons faits par les prisonniers de guerre en mains françaises. Avec ces différentes sommes le Comité est disposé à acheter des aliments, des médicaments et des vêtements pour les prisonniers de guerre allemands en mains françaises. Puis-je me permettre, pour faciliter notre tâche, de vous proposer ce qui suit : 1) Le Comité International de la Croix-Rouge a mis à la disposition de la Délégation de Paris, 3 camions et un stock important de médicaments, Pour entreprendre des actions de secours, nous avons besoin d'essence. J'ai demandé et obtenu du Ministre de la Guerre, lors de l'audience qu'il a bien voulu m'accorder le 7 septembre, une attribution mensuelle de 8 000 litres d'essence. Nous n'avons pu cependant entreprendre depuis cette date aucune action de secours, car malgré mes demandes réitérées nous n'avons pas encore reçu la première de ces attributions mensuelles [1] .2) Le Comité est disposé à acheter les stocks de colis entreposés à Genève et qui sont la propriété du Ministère des Prisonniers, déportés et Réfugiés. Peut-être le Gouvernement français pourrait-il nous donner les stocks qu'il détient à Genève et alors nous pourrions, avec l'argent que nous pensions consacrer à cet achat, essayer de nous procurer des vêtements. Un de mes délégués va partir aux Etats-Unis en vue d'acheter sur place des stocks de vêtements usagés. Au point de vue Droit International, la Puissance détentrice ne peut pas se libérer des obligations découlant de la Convention de Genève, ainsi que le Comité l'a fait connaître aux différents Gouvernements intéressés par son mémorandum du 21 août 1945. Ensuite de ce mémorandum j'ai été invité à rencontrer le Commandant en Chef des troupes d'occupation américaines. Le Lieutenant GUY a été avisé téléphoniquement que j'aurais désiré vous entretenir de ce problème avant d'en parler avec le Commandant en Chef américain. Je quitte Paris pour Francfort demain soir 27 septembre, et jusqu'au moment de mon départ je suis à votre disposition pour le cas où vous désireriez me voir. Veuillez agréer, Mon Général, l'assurance de ma très haute considération et de mon entier dévouement. JP. PRADERVAND, Chef des délégations du CICR. Cette lettre porte : - le cachet de réception de l'Etat-Major de Guerre daté du 1er octobre 1945 sous le nº de répertoire 55676 ; - l'inscription manuscrite suivante : «Essence pour la Cx


91 rouge – Communiquer à 1er Bureau» ; - le cachet de réception de l'Etat-Major de l'Armée daté du 4 octobre 1945. *** Le journal Le Monde avait eu le courage de publier dans sa livraison du 1er octobre 1945 un article de Jacques Fauvet sur le sort dramatique des prisonniers allemands. Nous reproduisons ci-après l'intégralité de cet article. NE PAS LES IMITER …

Un prisonnier, même allemand, est un être humain «Comme on parle aujourd'hui de Dachau, dans dix ans on parlera dans le monde entier de camps comme …» Notre correspondant cite celui de Saint-Paul d'Égiaux. Mais il apparaît que ce jugement est valable pour beaucoup des camps ou des dépôts français de prisonniers de l'Axe.¶«Cet autre, nous écrit-on, compte actuellement un effectif de 17 000 hommes et nous a été remis par les Américains au début de juillet. Depuis, deux cimetières de 200 tombes chacun ont été remplis. En ce moment, la mortalité s'élève à dix hommes par jour». Ici : «2 100 hommes, 600 cas d'œdème, 40 % des hommes souffrent de la dysenterie». Là : «Alimentation misérable, morbidité et mortalité élevées». Un ordre personnel du ministre de la Guerre interdisant l'entrée de ces camps, force nous est de faire confiance à des témoignages écrits ou oraux. L'autorité militaire ne conteste d'ailleurs pas la gravité de la situation. Elle s'efforce d'y remédier, mais l'accroissement continu des effectifs ne facilite pas sa tâche. * La France avait, au 15 septembre, 700 000 prisonniers de l'Axe, dont 371 000 étaient au travail et 40 000 juste bons à être rapatriés. C'est l'intendance qui a la charge de ravitailler les camps, les dépôts et les entreprises où les prisonniers sont en nombre important. Il existe une ration de base dont on s'accorde à dire qu'elle est juste suffisante pour ne point mourir trop vite. Les chefs de dépôts avaient, jusqu'au 1er septembre, le loisir de la compléter par des achats faits au commerce local. Mais, à supposer qu'ils y aient mis de la bonne volonté, il est peu probable que cette source leur ait fourni de sérieux appoints. Aussi bien une récente décision vient-elle de les autoriser à utiliser des denrées contingentées de l'intendance. Une amélioration serait déjà observée. Nous en serions à 1 006 calories. Les chiffres n'ont d'ailleurs aucun sens en cette matière. Des rations théoriques sont prévues, que les fantaisies de l'approvisionnement et les mystères de cuisine réduisent dans une large mesure. Nous avons connu des gardiens allemands qui se nourrissaient sur les rations des prisonniers. On voudrait être sûr que des Français ne se laissent pas aller à les imiter. Quoi qu'il en soit, le résultat est là. Les prisonniers meurent en trop grand nombre. Et non point de maladie, mais de faim. Ceux qui sortent des camps sont pour beaucoup inaptes au travail. Et l'on ne saurait mieux s'exprimer que cet ingénieur des houillères du Nord qui refusait de faire de la mine «un centre de convalescence pour prisonniers éthiques ou éclopés». Il y avait alors 2 000 inaptes pour 14 000 travailleurs de fond». Le reproche ne saurait d'ailleurs porter que sur le régime des prisonniers des camps ou des grosses entreprises ; celui des Allemands employés dans les petites exploitations agricoles, ou industrielles étant égal, sinon parfois supérieur, à celui des ouvriers français. Le problème de l'alimentation supposé résolu, il reste celui de l'habillement. C'est à l'Allemagne qu'il incombe de vêtir les prisonniers. Mais il n'y a plus d'Allemagne. Des collectes vont être organisées outre-Rhin. A défaut d'autorités politiques, les évêques seront touchés par la voie du Vatican. Si ces démarches demeurent vaines, des réquisitions seront ordonnées. Les couvertures enfin font


92 défaut. Au seuil de l'hiver, il n'y en a pas une par homme. Et l'autorité militaire a peu d'espoir d'en obtenir. * Il est entendu qu'une discrimination doit être faite entre les criminels de guerre coupables des pires horreurs et les prisonniers de guerre qui doivent être traités comme tels. La convention de Genève, en son article 11, prescrit de nourrir ceux-ci comme le sont les troupes de dépôt. L'Allemagne, objectera-t-on, n'a pas toujours, et particulièrement sur ce point, respecté cette convention. Mais quand bien même l'eût-elle plus amplement violée, il ne paraît point que nous soyons justifiés à suivre son exemple. On a souvent dit que le meilleur service que nous pouvions rendre à nos adversaires était de leur ressembler, assurés qu'ils peuvent être ainsi de nous retrouver au tribunal de l'histoire. Mais c'est à une idée plus haute de sa propre dignité que la France se doit d'être fidèle. Il serait regrettable que la presse étrangère fût dans l'obligation de nous le rappeler. Sans doute n'est-il point question pour un pays exsangue d'offrir aux prisonniers qu'il emploie un régime de bien-être et d'abondance dont beaucoup de ses citoyens sont privés. Mais il est un minimum à assurer à un être humain, fût-il allemand et prisonnier. Et il ne paraît point que la Croix-Rouge, témoin irrécusable, estime que l'ayons atteint. Nos correspondants estiment n'avoir pas lutté et souffert pour que se perpétue l'offense faite à l'homme par des actes ou des faits qu'ils ont réprouvés en d'autres temps, en d'autres lieux. La loi du talion, qui a pour nom moderne celui de représailles, est étrangère à notre tradition. Il est un dernier argument qui paraîtrait plus convaincant s'il n'était quelque peu entaché d'intérêt. Ces prisonniers, nous les avons demandés et obtenus pour nous aider à produire et à reconstruire. Et pour cela seulement. Le paysan, lui, sait qu'on n'obtient pas de travail sans nourrir la bête. On ne peut croire que l'État soit moins avisé lorsqu'il s'agit d'êtres humains. JACQUES FAUVET [1] En marge de cet alinéa figure la mention manuscrite «C'est fait». ____________________________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 150 à 160


93

LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE France Radio Renaissance, station de radio locale située en Seine-et-Marne, a diffusé une série de quatre entretiens avec R. Faurisson. Ces entretiens sont disponibles en cassettes (Radio Renaissance, 95.3 FM, BP nº 1, 77880 Grez-sur-Loing, 16.1. 64 45 60 57). Le parlementaire Bernard Schreiner a interrogé M. Arpaillange sur les mesures qu'il pouvait prendre pour empêcher de telles initiatives. Le ministre de la justice a répondu que le révisionnisme pouvait tomber indirectement sous le coup de la loi et que, pour sa part, il ne manquerait pas de demander éventuellement aux autorités judiciaires d'engager des poursuites pénales (Journal Officiel, Radio [radios privées : Seine-et-Marne] 20450 ; 20 novembre 1989). Pierre Guillaume, responsable des éditions de La Vieille Taupe (BP 9805, 75224 Paris Cédex 05), a été condamné en cause d'appel à une amende de 50 000 F pour une page de la troisième livraison des Annales d'Histoire Révisionniste. Cette page consistait en la traduction d'un article publié dans The Journal of Historical Review : aux États-Unis, une telle publication ne saurait faire l'objet de poursuites. Alain Guionnet, responsable de Revision (11, rue d'Alembert, 92130 Issy-les-Moulineaux), a été condamné par la cour d'appel de Versailles à un mois de prison ferme pour avoir apposé des auto-collants d'une part contre la circoncision et, d'autre part, contre le mythe des chambres à gaz («Rapport Leuchter : Finies les chambres à gaz»). Il est rarissime qu'en cause d'appel on puisse être condamné à une peine de prison ferme pour «délit de presse». Robert Faurisson a été dépossédé de sa chaire d'enseignement à l'université Lyon-2 et affecté au Centre national d'enseignement à distance aux termes d'un arrêté pris par Lionel Jospin, ministre de l'Education nationale. La décision ministérielle, datée du 7 mars 1990, a été signalée à l'intéressé par une simple photocopie de l'arrêté glissée dans une enveloppe. Ce n'est que le 9 avril que R. Faurisson a ainsi appris, sans que rien n'ait transpiré des manœuvres de l'université Lyon-2 et du ministère de l'Éducation nationale, que, par effet rétroactif, sa chaire lui avait été enlevée dès le 1er janvier 1990 ! Il n'est pas d'exemple dans l'histoire de l'université française qu'un professeur titulaire de sa chaire ait été dépossédé de celle-ci, sinon pour des motifs d'une extrême gravité et au terme d'une longue procédure administrative et disciplinaire. Le 16 septembre 1989, R. Faurisson avait été la victime d'une tentative d'assassinat : la sixième agression physique en onze ans. Le 14 février 1990, il a été débouté, en première instance, de sa plainte en diffamation contre Georges Wellers qui le traitait de «falsificateur de l'histoire» ; le tribunal a estimé que G. Wellers pouvait être de bonne foi. Après avoir déclaré qu'il n'appartient pas aux tribunaux de juger de la véridicité des travaux historiques, les magistrats (MM. Diet, Pluyette et Breillat) n'ont pas craint de s'ériger en juges de l'histoire et de fonder leur décision sur la «notoriété» des faits retenus par G. Wellers et sur quelques documents allemands dont ils ne se sont pas rendu compte que la traduction, soumise par G. Wellers, avait été grossièrement tronquée et falsifiée. Ils ont aussi appuyé leur jugement sur l'existence d'une loi allemande… qui n'existe tout simplement pas ! M. Faurisson envisage une réplique appropriée. Le 6 février 1990, Olivier Mathieu, sa compagne et l'un de ses amis ont été violemment frappés sur le plateau de «Ciel mon mardi !» (TF 1) par des amis de Jean-Pierre Pierre-Bloch pour avoir dit : «Faurisson a raison : les chambres à gaz, c'est du bidon» et pour avoir demandé à Jean-Pierre Pierre-Bloch s'il était prêt à observer une minute de silence à la mémoire des deux millions de civils allemands morts vers 1945/46 lors des gigantesques déportations des populations allemandes de l'Est par les Soviétiques, les Polonais, les Tchèques. Le 28 février 1990, Fritz Becker a été condamné par la cour d'appel de Metz à trois mois de prison avec sursis et 20 000 F d'amende en raison d'écrits révisionnistes.


94 La presse anarchiste et libertaire s'inquiète de la répression judiciaire et médiatique contre les révisionnistes et multiplie les articles sur la question : voy. L'Anarchie (Alliance Ouvrière Anarchiste), de Raymond Beaulaton, (BP 85, 72004 Le Mans Cédex) ; Libre Examen (Groupe anarchiste affilié à l'Alliance Ouvrière Anarchiste), de Didier Pomares (9, rue Jean Bullant, 66000 Perpignan) ; L'Homme libre, de Marcel Renoulet (BP 205, 42005 Saint-Étienne Cédex 1). L'Union des Athées est agitée de tendances diverses, révisionnistes et antirévisionnistes. De petits groupes de toutes tendances, à Paris et en province, publient et diffusent des écrits, des tracts, des posters de nature révisionniste. Certains de ces écrits sont parfois traduits et diffusés en Allemagne et en Europe de l'Est. Le 29 mars 1990, Maître Éric Delcroix, avocat au barreau de Paris, s'est vu interdire par le président de l'université de Rouen le droit de tenir une conférence sur la loi antiraciste de 1972. L'interdiction a «soulevé un tollé» chez les étudiants (Paris-Normandie, 30 mars 1990). Pour le cas de Bernard Notin, voir ci-dessus p. 143. DE NOS CORRESPONDANTS PERMANENTS A L'ÉTRANGER Allemagne Trois prises de position officielles face au révisionnisme : – Le 23 octobre 1989, le président R. von Weisäcker fait répondre par le Dr. Franz Spath à Ernst Otto Cohrs de Rottenburg, que dans l'affaire des six millions, des chambres à gaz et du Rapport Leuchter, il ne peut rien dire lui-même, que cette affaire (présentée par O. Cohrs) contredit toutes les connaissances scientifiques jusqu'ici admises. «Néanmoins, le président fédéral suivra avec beaucoup d'attention la discussion sur le sujet» (der Herr Bundespräsident wird jedoch die Diskussion hierüber sehr aufmerksam verfolgen). – Le 4 février 1990, le ministre de la Justice fait répondre par M. Böing au Dr. Klaus Jordan, de Wuppertal, que nier le meurtre de millions de juifs constitue un outrage ou une atteinte à la mémoire des morts, condamnable en justice. Mais il ajoute : «Pour ce qui est de l'expertise de Fred Leuchter, il s'agit d'une enquête scientifique» (eine wissenschaftliche Untersuchung). Il ajoute qu'une évaluation du «Leuchter-Report» au point de vue pénal n'est pas de la compétence du ministère de la Justice. Cette appréciation ne peut être entreprise que par les autorités compétentes pour les poursuites pénales. «Je n'ai pas connaissance de quelconques mesures de ce genre.» – le 13 mars 1990, nouvelle lettre de M. Böing en réponse à une demande d'éclaircissement : «Je suis d'accord avec vous : en ce qui concerne le "Leuchter-Report" proprement dit, il s'agit d'une enquête scientifique (eine wissenschaftliche Untersuchung)». Pour le reste de la documentation, qu'il n'a pas entièrement lue, M. Böing ne sait si elle tomberait ou non sous le coup de poursuites. «Mais cette constatation ne concerne pas — je le souligne expressément — le "Leuchter-Report". En ce qui concerne le "Leuchter-Report", le ministère de la Justice n'a pas connaissance de ce que la diffusion de cette documentation […] est interdite en République fédérale.» De récentes décisions judiciaires ont été prises en faveur des révisionnistes assignés devant les tribunaux (affaire Udo Walendy pour le Rapport Leuchter et affaire Kögel à Remscheid). Argentine L'adoption d'une «loi contre la diffamation» par le gouvernement, issu du Parti radical, récemment renversé, a temporairement refroidi l'ardeur des révisionnistes du pays. Des batailles judiciaires ont montré que la loi avait été conçue aux fins de poursuivre et de


95 condamner à des amendes les personnes morales, laissant ainsi une échappatoire aux individus. Les personnes privées peuvent, et apparemment elles le font, publier des livres comme Mein Kampf et même Les Protocoles des Sages de Sion, sans être inquiétées. Australie De John Bennett : Les médias australiens font assez souvent allusion aux activités des révisionnistes de France, du Canada et des Etats-Unis. D'importants journaux australiens, comme The Australian, ont évoqué les recherches de Robert Faurisson et d'importantes revues comme Quadrant et The Bulletin ont consacré de longs articles au révisionnisme ; la plupart du temps ces articles sont hostiles, ce qui est inévitable lorsqu'on met en doute un dogme qui touche à la religion. A la fin de 1989, une chaîne de télévision nationale a diffusé de brèves interviews de Robert Faurisson et d'Ernst Zündel au cours d'une émission consacrée à l'Holocauste et, récemment, l'unique journal du soir de Melbourne a mentionné un incident qui s'est produit à la télévision française et qui a dégénéré en bagarre lorsqu'un écrivain de droite [Olivier Mathieu] a dénoncé la croyance aux chambres à gaz. Mais si les activités des révisionnistes de France, du Canada et des Etats-Unis sont parfois mentionnées chez nous, en revanche ces pays ne font pour ainsi dire jamais état des activités révisionnistes en Australie. Ces dernières années, pourtant, les progrès du révisionnisme ont été très significatifs en Australie et, de plus en plus, la question de l'ampleur de l'Holocauste y est manifestement appelée à faire l'objet d'un débat. Dans les lettres que je reçois, un grand nombre de correspondants, y compris d'importantes personnalités australiennes, commencent à exprimer leur doute au sujet de la version officielle de l'Holocauste, mais ne se prononcent pas publiquement. En raison de la position que j'occupe en tant que président de l'A.C.L.U. (Australian Civil Liberties Union ou Ligue australienne pour les libertés civiles), le révisionnisme a déjà fait l'objet d'un large débat en Australie en 1979 et 1980 lorsque, après avoir lu The Hoax of the Twentieth Century (L'Imposture du Xe siècle) du professeur Arthur Butz, j'ai fait savoir que j'acceptais la thèse de ce révisionniste qui mettait en cause l'orthodoxie officielle. Je suis passé sur trois des quatre plus importantes chaînes de télévision australienne et j'ai publié des lettres dans des revues nationales telles que The Bulletin, Quadrant et The National Times. En 19781980, le journal influent de Melbourne, The Age, a fait paraître trois longs articles sur la controverse ainsi que plusieurs lettres. Le Herald de Melbourne ainsi que plusieurs stations de radio ont évoqué le sujet. La plupart du temps, les thèses révisionnistes étaient présentées de manière hostile et il m'était difficile d'obtenir un droit de réponse aux attaques. Cette difficulté à obtenir des droits de réponse s'est accentuée ces dernières années et il semble que les diatribes de tous ordres deviennent de plus en plus injurieuses et virulentes. Ainsi, récemment, Phillip Adams, journaliste à The Australian, le seul quotidien national de l'Australie tout entière, est allé jusqu'à écrire que j'avais pris la relève de Julius Streicher, le rédacteur de Der Stürmer. Persuadé que la persévérance et l'exercice d'une constante pression sur une période donnée sont indispensables lorsqu'il s'agit de combattre une croyance religieuse, j'ai adressé une réponse qui, comme on pouvait le prévoir, n'a pas été publiée. Les attaques qui me sont portées sont déclenchées en raison de la très large diffusion d'écrits révisionnistes que j'envoie par courrier au titre de l'A.C.L.U. La plupart des hommes politiques, des journalistes et des écoles ont reçu de la documentation révisionniste. Bien des révisionnistes sont, comme David McCalden, Douglas Christie et moi-même, d'origine écossaise, et Robert Faurisson, lui, est de mère écossaise. L'obstination passe pour être un trait de caractère courant chez les Ecossais. L'obstination et la persévérance sont certainement nécessaires dans ce genre de combat.


96 Quand Robert Faurisson affirme que le révisionnisme historique est la grande aventure intellectuelle de la fin de ce siècle et que les choses vont en s'arrangeant pour le révisionnisme mais en s'aggravant pour les révisionnistes, cela se confirme aussi en Australie. L'A.C.L.U. a publié une brochure intitulée Your Rights [Vos droits] qui fournit à ses lecteurs un certain nombre de conseils juridiques sur divers sujets comme la liberté d'expression, les pouvoirs de la police, les droits des consommateurs, les droits de la famille et les droits du locataire, jusqu'à l'édition de 1984 qui a comporté une documentation sur le révisionnisme historique. Un sioniste a entamé une procédure pour stopper la diffusion de l'édition de 1984 de Your Rights mais j'ai finalement réussi à diffuser une seconde série de cette édition. Le procès a eu pour effet de rendre publiques les thèses révisionnistes. Depuis cette date, chaque édition annuelle de la brochure évoque le problème du révisionnisme dans les analyses qu'elle présente des menaces qui pèsent sur la liberté d'expression. J'ai eu quelques difficultés à assurer la diffusion de Your Rights sur l'ensemble du pays mais on peut se procurer la brochure auprès de la plupart des marchands de journaux australiens. Dans une édition récente comprenant un chapitre intitulé «La Censure des opinions dissidentes», nous avons traité de la question du pouvoir du lobby sioniste et de ses tentatives pour réduire au silence le révisionnisme historique en Australie. Tout récemment, un célèbre journaliste de radio, Howard Sattler, a recueilli une longue interview de Fred Leuchter. En France, Jour J, quotidien juif, dans sa livraison du 8 mars 1990, sous le titre «Les révisionnistes du bout du monde», a qualifié cette interview de «longue» et de «complaisante». Autriche Le révisionnisme est interdit d'expression en Autriche. E. Zündel a été reconduit à la frontière. D. Irving également. Walter Ochensberger, de Feldkirch, Gerd Honsik et Emil Lachout, de Vienne, sont poursuivis en justice. Herbert Schweiger a été condamné à un an de prison ; son avocat, Maître Herbert Schaller, est menacé de poursuites et il pourrait être exclu du barreau pour avoir personnellement pris devant le tribunal des positions révisionnistes. Belgique V.H.O. (Vrij Historisch Onderzoek), revue révisionniste, diffuse à partir d'Anvers livres, revues, audio et vidéocassettes qui ont trouvé une large audience en région francophone et en région flamande. La Belgique est, après l'Allemagne, le pays d'Europe où l'activité dite «samizdat révisionniste» est la plus développée. Certains textes, diffusés dans le milieu universitaire, sont de haute qualité ; c'est le cas du texte intitulé «Le débat sur le révisionnisme est inévitable / «Chambres à gaz» : des opinons contradictoires». A l'U.L.B. (Université Libre de Bruxelles) a été organisé un séminaire sur «le révisionnisme ou les négateurs de la Shoah». A cette occasion, les étudiants ont proposé un débat en présence d'historiens révisionnistes ; il leur a été répondu qu'on n'accorde pas la parole aux révisionnistes, classés parmi les «savants fous». Olivier Mathieu est assigné en justice par Maurice Sarfatti (Serge Dumont), journaliste au Vif–L'Express. Le 3 avril, au palais de justice de Bruxelles, à l'occasion du huis-clos où le juge entend les parties préalablement à la décision éventuelle de poursuite, Jean-Michel Hennebert a manifesté le désir d'être lui aussi poursuivi pour son refus de croire aux chambres à gaz. J.M. Hennebert, professeur de lycée, contraint, en 1988, à abandonner son emploi en raison de son engagement révisionniste, est connu pour ses opinions d'extrême gauche. David Irving devait tenir une conférence à Anvers le 10 mars 1990. Quelques jours avant la date prévue, sous l'effet de pressions policières, l'exploitant de la salle a dû renoncer à accueillir le conférencier par crainte de manifestations antirévisionnistes.


97 Prochainement, aux éditions Houtekiet, paraîtra le livre de Gie van de Berghe, De uitbuiting van de Holocaust (L'Exploitation de l'Holocauste). L'auteur croit à l'Holocauste mais estime qu'il existe une «exploitation politique de l'extermination des juifs» (politieke exploitatie van de dodenuitroeiing) (De Standaard, 26 mars, p. 6 et 27 mars, p. 7). La communauté juive de Belgique est en émoi. Brésil Le révisionnisme, en 1988 et 1989, a connu un progrès spectaculaire avec le succès de librairie remporté par un livre de S.E. Castan, Holocaust : German or Jewish ?, publié chez Revisao Editora Ltda. (Caixa Postal nº 10 466, Porto Alegre, Rio Grande do Sul, Brésil, Cep.90 001). La version portugaise de cette bombe révisionniste a déjà fait l'objet à ce jour de plus de 25 éditions et, dans un Etat du Brésil, a compté parmi les best-sellers pendant dix semaines consécutives. Elle a été vendue selon des méthodes modernes par des libraires indépendants qui ont eu recours au porte à porte et au démarchage systématique des revendeurs. Cette vente était appuyée par une promotion soutenue à l'aide de grandes affiches en couleur reproduisant la page de garde du livre. L'éditeur a, depuis, publié une série d'autres titres en portugais sur les opérations bancaires, sur le sionisme ainsi que sur le Rapport Leuchter, intitulé Acabo O Gas !… O Fim De Um Mito. Ce dernier livre en est à sa troisième édition et une traduction anglaise de Holocaust : German or Jewish ? est aujourd'hui mise en vente. Les médias ont d'abord fait le silence autour de ces publications mais se sont ensuite vus contraints, en raison du succès de librairie, à réaliser de nombreuses interviews dans tout le pays et à faire des reportages pour la télévision, ce qui a entraîné les réactions prévisibles de menaces et de violence, ainsi que l'interdiction de ces ouvrages dans les foires aux livres. S.E. Castan qui est un homme d'affaires particulièrement tenace, est parvenu, dans le cadre de ses activités d'édition, à remporter d'importantes victoires judiciaires. L'étude de Robert Faurisson sur le Journal d'Anne Frank vient d'être publiée en portugais. Canada L'auteur révisionniste à succès, James Bacque, dont le livre, Other Losses : Eisenhower's Death Camps (Toronto, Stoddard, 1989, XXI-248 p.), a provoqué une forte impression sur le public dans sa perception du rôle de l'Amérique durant la seconde guerre mondiale, a engagé des tournées de conférences (Voy. ci-dessus p. 150). Doug Christie, l'avocat de Ernst Zündel, défend actuellement un ancien capitaine de gendarmerie, Imre Finta, dans un procès qui est le premier intenté au Canada pour crime de guerre selon la toute nouvelle législation retenant la rétroactivité de la loi. Ernst Zündel a perdu son procès en appel. Il est condamné à neuf mois de prison pour avoir diffusé Did Six Million Really Die ?, une brochure due à un auteur britannique, Richard Harwood, et librement diffusée en Grande-Bretagne depuis quinze ans. Mis en liberté sous caution, E. Zündel a porté son cas devant la Cour suprême du Canada qui décidera si, constitutionnellement, une loi ancienne fondée sur un édit royal britannique du XIIIe siècle et interdisant la propagation de «fausses nouvelles» est toujours valable dans un État moderne doté d'une Charte des Droits qui garantit en principe la liberté d'expression. Si E. Zündel échouait, il serait immanquablement extradé vers l'Allemagne. Chili Le Dr. Miguel Serrano, ancien ambassadeur attaché aux services diplomatiques du Chili, a écrit la préface du Rapport Leuchter publié en espagnol sous le titre Fin de una Mentira.


98 Cameras de Gas : Holocausto Judio, Informe Leuchter. La version espagnole de l'«Édition sudaméricaine» a été augmentée, pour l' «Édition européenne», d'une préface de l'historien britannique David Irving. Espagne La CEDADE a édité le Rapport Leuchter, avec une préface de D. Irving et une étude introductive de R. Faurisson. Pour présenter le rapport, quatre séances publiques ont été organisées en novembre 1989 à Barcelone, Madrid, Algesiras et Santander, au cours desquelles le texte a été présenté par David Irving. El Independiente et Ya se sont faits l'écho du succès remporté par ces quatre séances. ABC, journal conservateur et partisan déclaré de l'État d'Israël, s'est montré très critique. El Pais, qui est l'équivalent du Monde, a passé l'événement sous silence. La chaîne de télévision d'Etat, la TVE, a diffusé le film Shoah en quatre émissions et à des heures matinales, si bien que le film est passé presque totalement inaperçu en Espagne. C. Lanzmann a élevé une protestation auprès de la TVE. Violeta Friedmann, originaire de Transylvanie, naturalisée Vénézuélienne et résidant en Espagne depuis 1985, a définitivement perdu son procès contre Léon Degrelle à qui elle reprochait d'exprimer des doutes sur l'existence des chambres à gaz. Ce dernier a eu gain de cause en première instance, en appel et, dernièrement (le 9 décembre 1989), devant le Tribunal Suprême. Les magistrats espagnols estiment que la contestation de la réalité de l'Holocauste fait partie des droits de l'homme. Le principal révisionniste espagnol, Enrique Aynat Eknès, connu pour ses articles dans la revue espagnole Revision et dans la revue américaine, The Journal of Historical Review, vient de publier un livre, El diario ABC y el Holocausto (Le journal ABC et l'Holocauste), sur la manière dont, en 1945, le journal ABC a rendu compte de la découverte des camps allemands et des premiers procès de «criminels de guerre». En 1990 paraîtra son ouvrage sur ce qu'il est convenu d'appeler «les Protocoles d'Auschwitz», c'est-à-dire sur les trois «rapports» qui ont donné naissance au mythe d'Auschwitz sous la forme officielle du fameux War Refugee Board Report, publié en novembre 1944 par le gouvernement de Washington. Le titre en sera : Los protocolos de Auschwitz. ¿Una fuente historica ? (Les protocoles d'Auschwitz : une source historique ?). États-Unis L'Institute for Historical Review (Los Angeles) vient de publier sa 35ème livraison du Journal of Historical Review. Du 13 au 15 octobre 1990, il tiendra sa dixième conférence internationale, avec la participation du Canadien Doug Collins, du Français Robert Faurisson, de l'Anglais David Irving, du Japonais Akira Kohchi (les Japonais font depuis quelques années une entrée en force dans le révisionnisme historique), des universitaires américains et de quelques autres auteurs dont l'un, de prestige international, ne révélera son identité que le jour de l'ouverture de la conférence. L'historien américain Mark Weber, présidera la rencontre. A Boston, en présence de millions de téléspectateurs, Fred Leuchter et Bradley Smith (qui a à son actif des centaines d'interventions à la radio ou à la télévision sur le sujet du révisionnisme) ont été agressés par des représentants d'une organisation juive. Patrick J. Buchanan, 52 ans, journaliste de grande renommée, commentateur de télévision, ancien conseiller de Richard Nixon et de Ronald Reagan, a publié dans The New York Post (17 mars 1990) un article intitulé : «Ivan le Terrible, – les doutes s'accroissent». Il souligne les absurdités et les incohérences de la thèse de l'extermination des juifs à Treblinka et prend la défense de John Demjanjuk que les Israéliens s'apprêtent à pendre comme «criminel de guerre». Cet article a suscité une réplique d'Alan M. Dershowitz, intitulée «Pat Buchanan contre l'Holocauste» dans The Boston Herald, 26 mars 1990, p. 27.


99 Une université d'Indianapolis a suspendu d'enseignement un assistant d'histoire, Donald Dean Hiner, 51 ans, décrit comme «une personne exceptionnellement brillante mais qui est par trop excentrique sur le sujet de l'Holocauste». Son exclusion définitive est probable (The Indianapolis Star, 17 février 1990). Grande-Bretagne David Irving est connu pour l'abondance et la qualité de ses travaux historiques sur la seconde guerre mondiale. Jusqu'en 1987, sa position pouvait être qualifiée de semirévisionniste. En avril 1988, à la suite de la lecture du Rapport Leuchter, D. Irving s'est totalement rallié aux thèses révisionnistes. Il a été conduit à remanier ses deux livres sur Adolf Hitler et à en exclure tout indice de ses croyances passées sur le sujet. Rainer Zitelmann a publié dans Die Zeit (6 octobre 1989, p. 52), hebdomadaire allemand de grande diffusion, un article intitulé : «Les thèses d'Irving sur Hitler. Dans son nouveau livre, le mot de "camp d'extermination" est supprimé». D. Irving, qui parle couramment l'allemand, a donné des conférences en Autriche (d'où il a été ensuite refoulé) et en Allemagne. Sa conférence de Munich a été interdite. Sa conférence de Dresde a eu un succès retentissant ; elle portait sur la destruction de Dresde par l'aviation anglo-américaine mais dans la discussion qui s'en est suivie, devant les autorités locales, le conférencier a mentionné les résultats du Rapport Leuchter (Die Weltwoche de Zurich, 1er mars 1990, p. 5 et 7). Il a également prononcé des conférences en Espagne et en Grande-Bretagne. Un groupe de 88 parlementaires britanniques a demandé un débat d'urgence sur «David Irving et sa négation de l'Holocauste». Au sein du Parlement, certains commencent à s'interroger sur la nécessité de prendre en considération le Rapport Leuchter et les conséquences à en tirer. Le Daily Telegraph du 19 mars 1990 a publié intégralement une lettre explicite de D. Irving sur l'importance du Rapport Leuchter, sur le caractère douteux des témoins des chambres à gaz, sur les registres mortuaires d'Auschwitz enfin révélés par les Soviétiques (le professeur Faurisson avait levé un coin du voile sur ce mystère au procès de Toronto), sur le chiffre probable des morts d'Auschwitz (74 000 au lieu des 4 millions indiqués par le monument), enfin sur les vraies et les fausses disparitions de juifs à la fin de la guerre. Sur tous ces points, à l'exception des registres d'Auschwitz et du chiffre des 74 000 morts enregistrées, la presse française et, en particulier, le journal Le Monde, a observé un silence complet. Le grand public est ainsi tenu dans l'ignorance du Rapport Leuchter, deux ans au moins après sa publication. D. Irving projette d'envoyer un exemplaire du Rapport Leuchter à toutes les écoles de Grande-Bretagne. L'association des enseignants juifs exige que le ministère public entame des poursuites contre l'historien (The Jewish Chronicle, 9 février 1990). Denis Hill, 61 ans, ancien communiste et, aujourd'hui, militant des «Verts» vient de publier un ouvrage intitulé Seeing Red / Being Green (Je vois rouge, Je suis vert), The Life and Times of a Southern Rebel, Brighton, Iconoclast Press, PO Box 1090, Brighton, BN1 5QG, 588 p.) L'auteur développe sur la seconde guerre mondiale des vues souvent très proches de celles des révisionnistes. Grèce Quelques échos mis à part, le révisionnisme en Grèce était pour ainsi dire inexistant. Un mensuel, Το Αντιδοτο (L' Antidote), a entrepris de le faire connaître à ses compatriotes et publiera prochainement une interview de R. Faurisson . L'étude de ce dernier sur le Journal d'Anne Frank vient d'être publiée en grec ; elle a été mentionnée par le quotidien To Βημα (La Tribune). Italie


100 En 1989, le révisionnisme historique a fait, en Italie, de sensibles progrès. L'hebdomadaire Candido, dont le rédacteur en chef, Giorgio Pisano, est sénateur du MSI, mouvement appartenant à la droite nationaliste italienne, a entrepris une campagne révisionniste avec la publication de divers écrits comme la brochure de Richard Harwood, Six Millions de Morts le sont-ils réellement ?, et l'interview du professeur Robert Faurisson parue dans Storia Illustrata en 1979. Depuis le 17 juin 1989, Candido publie un certain nombre d'articles de Carlo Mattogno, le plus connu des révisionnistes italiens. Cet hebdomadaire tire à plus de 15 000 exemplaires. En mai 1989, lors du Salon du Livre de Turin, quelques-uns des ouvrages révisionnistes de Carlo Mattogno ont été exposés au stand des éditions All'insegna del Veltro. Juliana Tedeschi, ancienne déportée, a, en un premier temps, publié un communiqué, pour dénoncer «les personnes qui veulent nier ou minimiser le phénomène tragique du nazisme». En un second temps, elle a publié un ouvrage relatant son expérience à Auschwitz. Carlo Mattogno a répliqué, dans la revue Orion et dans l'hebdomadaire Candido. Il a mis au défi Juliana Tedeschi de lui signaler un exemple précis des falsifications que celle-ci lui reproche. Il l'a invitée à s'expliquer sur certaines anomalies de son récit. Juliana Tedeschi ne s'est plus manifestée. En avril 1989, le Museo Storico delle Liberazione de Rome a sollicité de l'éditeur de Carlo Mattogno un exemplaire de son dernier livre, «Medico d'Auschwitz». Anatomia di un falso («Médecin d'Auschwitz». Anatomie d'un faux). La presse italienne traite de plus en plus du révisionnisme historique mais trop souvent encore de manière plutôt approximative. Suède A Stockholm, la station Radio Islam, dirigée par Ahmed Rami (ancien officier de l'armée marocaine, réfugié politique en Suède après sa participation à la tentative de coup d'Etat contre Hassan II en 1972) et fondée en 1987, s'emploie à «mettre en lumière les origines et les causes du problème palestinien» et à «remettre en cause, dans sa totalité, la version juive de l'histoire». Pour Ahmed Rami, «la version [occidentale] de l'histoire du monde et de la seconde guerre mondiale est rejetée par le monde arabo-islamique comme un bluff sioniste gigantesque visant à légitimer l'usurpation de la Palestine [...]. Le monde arabo-islamique doit [...] soutenir le révisionnisme qui vise, uniquement par des méthodes de recherche scientifique, à faire connaître la vérité sur les événements de la seconde guerre mondiale [...]». Dès les premiers mois de son existence, une campagne s'est déclenchée contre Radio Islam. Des centaines de plaintes, venant de toute la Suède, ont alors commencé à être déposées auprès du ministère de la Justice. Des délégations juives en provenance de diverses villes de Suède, et même des Etats-Unis, sont venues demander au ministre de la Justice l'arrêt «immédiat» de Radio Islam. Dans une déclaration faite au journal suédois Expressen, l'ambassadeur d'Israël aux Nations Unies s'en est pris au gouvernement suédois «qui a toléré l'existence de cette radio». Devant l'impossibilité de répondre dans les médias aux attaques qui étaient portées contre lui, A. Rami a publié trois livres : Vad är Israel ? (Qu'est-ce qu'Israël ?), Israels makt i Sverige (Le pouvoir d'Israël en Suède) et Ett liv för frihet (Une vie pour la liberté). Au début de l'été 1989, A. Rami a été poursuivi par le ministre de la Justice pour diffamation du peuple juif (en réalité, pour «manque de respect» — missaktning — à l'égard du peuple juif). Le procès contre Ahmed Rami a duré plus de deux mois : du 5 septembre au 14 novembre 1989. Il s'agit peut-être là du plus long procès de l'histoire de la Suède.


101 L'accusation a présenté quatre témoins : le grand rabbin de Suède, un médecin, un professeur d'histoire et un ancien évêque, professeur à Harvard, venu tout spécialement de Boston. De son côté, la défense a fait citer deux témoins : un professeur d'islamologie, Jan Hjärpe, de l'université de Lund, et un professeur d'histoire des religions, Jan Bergman, de l'université d'Uppsala. Après avoir déclaré au tribunal qu'il s'agissait d'un débat politique et qu'il n'était pas de la compétence d'un tribunal de trancher dans un tel débat, le professeur Jan Hjärpe a affirmé : «Si l'on veut considérer l'étude de l' "extermination" comme appartenant au domaine des études historiques, il faut avoir le droit de nier cette "extermination". Si l'on interdit le droit de la nier, on en fait un dogme religieux qui sort du domaine de l'histoire». Le professeur Jan Bergman, quant à lui, a dénoncé l'utilisation politique faite par Israël des textes sacrés de l'Ancien Testament et du Talmud. Peu après, selon le journal Judisk Krönika (la chronique juive), ce professeur aurait dénoncé le caractère douteux du chiffre des six millions «rapidement répandu après la guerre par les organisations juives» et déclaré qu'il doutait également de l'authenticité du Journal d'Anne Frank : «Faurisson nie l'authenticité du Journal d'Anne Frank. Je considère les 150 pages de son ouvrage comme un travail de recherche très sérieux» (repris dans le grand journal Idag du 2 mars 1990). A. Rami a été condamné à six mois de prison ferme. Parmi les dix-huit points motivant la condamnation, trois concernent la remise en cause de la version officielle des événements de la seconde guerre mondiale. Selon le procureur, M. Bondestam, «les recherches historiques ne doivent pas mener à des conclusions mettant en doute les chambres à gaz, par exemple». La station de radio a été fermée pour un an. B. Rami a interjeté appel ; il a été immédiatement suivi par le procureur Bondestam qui demande une aggravation de la peine prononcée, soit deux ans au lieu de six mois de prison. Le procès en appel se déroulera du 4 septembre au 5 octobre 1990. La défense a demandé que le professeur Faurisson soit entendu comme témoin, car Ahmed Rami est également inculpé pour avoir diffusé sur ses ondes des textes du professeur publiés dans le journal Le Monde. Elie Wiesel envisage une grandiose manifestation antirévisionniste à Oslo à laquelle seront invités, parmi d'autres personnalités, François Mitterrand et Lech Walesa. Carl O. Nordling, statisticien, considérait que l'histoire de l'Holocauste était trop impersonnelle et imprécise. Désireux d'avoir une vue d'ensemble de l'histoire personnelle et précise des victimes juives, il a compulsé l'Encyclopedia Judaica. Il a prélevé les cas du total des 723 juifs, célèbres avant la guerre ou devenus, comme Elie Wiesel, célèbres après la guerre, qui ont eu à traverser les années 1938-1945 dans douze pays européens. Il a eu la surprise d'aboutir à des conclusions non conformes à la version autorisée de l'histoire de l'Holocauste selon laquelle il y aurait eu de cinq à six millions de victimes juives. Il a soumis le résultat de ses recherches à Holocaust and Genocide Studies (Jérusalem) pour publication. La revue a décliné l'offre. C.O. Nordling, qui ne cache pas ses sympathies pour le peuple juif, a soumis son texte à un autre éditeur. Le procédé d'échantillonnage qu'il a choisi paraît des plus sérieux. L'affaire est à suivre. Elle aura indubitablement de graves conséquences. Suisse Le Courrier du Continent, bulletin du Nouvel Ordre Européen (Caseville 2 428, Lausanne, Suisse), fait régulièrement mention dans son Bloc-Notes de nouvelles révisionnistes. Eric Werner, chargé de cours de philosophie à l'université de Genève, avait publié, en 1988, Ne dites surtout pas que je doute, on finirait par le croire… à propos de l'affaire Paschoud, du


102 nom de cette enseignante d'un lycée de Lausanne qui avait provoqué une vive controverse en Suisse au sujet de son intervention en faveur d'Henri Roques. En 1990, Eric Werner vient de publier : Vous avez dit guerre civile ? (Editions Thael, Case Postale 4102, 1102 Lausanne) à propos, en particulier, de la loi antiraciste et spécifiquement antirévisionniste que le gouvernement suisse envisage de faire adopter, à l'initiative, notamment, du rabbin Vadnaï. ____________________________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juin-juillet 1990, pp 161 à 174


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 2, août - septembre - octobre 1990 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes • • • • • • • • • • • • • • • • • •

RHR (Robert Faurisson): Éditorial (2), pp. 5-7 RHR (Robert Faurisson): ARRÊTÉ. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR, p. 8 Geneviève Bellot: LA MÉTHODE AJAX, pp. 9-15 RHR: CONTRE LE RÉVISIONNISME HISTORIQUE LA LOI FABIUS ALIAS GAYSSOT, pp. 16-35 Keltie Zubko: LE CALVAIRE D'IMRE FINTA, pp. 36-45 Henri Roques, LE DOYEN MICHEL DE BOÜARD ET LES CHAMBRES A GAZ HOMICIDES, pp. 46-49 Carl O. Nordling, L'ÉTABLISSEMENT JUIF SOUS LA MENACE ET LA DOMINATION NAZIES DE 1938 À 1945, pp. 50-64 Texte traduit et commenté par Mondher Sfar, UNE MISE EN GARDE DE WILLIAM ZUKERMAN, pp. 65-86 Arthur R. Butz, CONTEXTE HISTORIQUE ET PERSPECTIVE D'ENSEMBLE dans la controverse sur l'«Holocauste», pp. 87-137 Robert Faurisson, KATYN À NUREMBERG, pp. 138-144 Robert Faurisson, LE «PROTOCOLE SECRET» GERMANO-SOVIÉTIQUE et le TRIBUNAL MILITAIRE INTERNATIONAL DE NUREMBERG, pp. 145-146 RHR: GRAPHIQUES ET PHOTOS DE DACHAU, pp. 147-154 RHR: L’AFFAIRE NOTIN (II), pp. 155-162 Mark Weber, JEAN-CLAUDE PRESSAC ET LA TECHNIQUE DES CHAMBRES A GAZ, Compte rendu, pp. 163-170 Carlo Mattogno, «LES PROTOCOLES D'AUSCHWITZ», Compte rendu, pp. 171-175 RHR: SIGNES ANNONCIATEURS, pp. 176-177 RHR: COMBIEN DE SURVIVANTS JUIFS ?, pp. 178-181 RHR: LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (2), pp. 182-190


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Éditorial (2) La deuxième livraison de la Revue d'Histoire Révisionniste paraît en un moment où se confirme la tournure prise par les événements internationaux lors de la sortie de notre première livraison, en mai 1990. L'hégémonie des quatre grands vainqueurs de 1945 est remise en cause par la montée en puissance des deux grands vaincus, l'Allemagne et le Japon. Le monde arabe, de son côté, accepte de moins en moins une conséquence indirecte de la victoire des Alliés : la loi israélienne en terre de Palestine. Il s'ensuit une remise en cause générale de l'histoire de la seconde guerre mondiale, telle que les vainqueurs de 1945 l'avaient écrite et imposée au reste du monde. Les vaincus, nous disait-on, avaient eu la responsabilité unilatérale de la guerre et ils avaient, unilatéralement, commis des crimes sans précédent dans l'histoire ; l'Allemagne, en particulier, avait programmé et entrepris l'extermination systématique du peuple juif ; à maux exceptionnels, remède exceptionnel : une portion de la planète, pourtant occupée en grande partie par le peuple de Palestine, avait été, quelques années plus tard, dévolue au peuple juif. L'Allemagne et le Japon n'admettront plus longtemps les vérités forgées au tribunal de Nuremberg et au tribunal de Tokyo. Le rapport des forces économiques a trop changé pour que le rapport des forces morales ne change pas à son tour. Depuis quelques mois l'histoire officielle, telle que croyait l'avoir fixée le tribunal de Nuremberg, procède d'elle-même à une série de révisions ; la plus spectaculaire touche à ce qu'on appelle le «communisme». Aujourd'hui, celui-ci nous est décrit, y compris par la plupart des pays «communistes», comme un fléau. Or, en dehors de l'Espagne, le seul pays européen qui ait vraiment combattu le «communisme» est l'Allemagne, tandis que les Alliés lui prodiguaient armes, argent et technologie. On ne peut donc plus tout à fait juger l'Allemagne comme elle l'a été à Nuremberg, quoi qu'on pense par ailleurs du régime politique qu'elle s'était choisi pour combattre un tel «fléau». Le tribut payé par le peuple allemand à ses vainqueurs, «communistes» ou non «communistes», paraît aujourd'hui de plus en plus lourd. Amputée d'un tiers, scindée en deux, occupée par quatre grandes puissances, l'Allemagne a été mise en coupe réglée. Des millions de ses fils et de ses filles, qui avaient survécu à la fournaise de la guerre, ont été jetés dans des camps de prisonniers ou des camps de concentration sur l'horreur desquels la lumière commence à poindre. La plus forte et peut-être la plus mortelle des déportations de l'histoire a décimé les populations allemandes de l'Est européen. On a fait main basse sur les savants, les brevets, les usines de tout un pays. Mais surtout, c'est l'âme de l'Allemagne qu'on a cherché à tuer. La patrie de Goethe et de Beethoven s'est vu reprocher un crime inouï, atroce, sans véritable précédent dans l'histoire : elle avait arbitrairement choisi un groupe humain, les juifs, et, lui reprochant d'être né, elle en avait entrepris l'extermination systématique, en particulier grâce à un système abominable, celui de la chambre à gaz. Submergée par une réprobation quasi universelle, l'Allemagne était mise au ban des nations. Elle n'avait d'autre ressource que de baisser la tête et de se battre la coulpe. Mieux : elle collaborait avec ses vainqueurs. Soumise en tout, l'Allemagne de l'Ouest faisait entendre la voix de ses vainqueurs de l'Ouest, et l'Allemagne de l'Est, la voix de son vainqueur de l'Est. En l'espace de moins d'une année — on vient de le voir —, l'édifice s'est écroulé. L'avenir nous dira peut-être exactement pourquoi et comment. * «Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves […]» ; «Le Tribunal n'exigera pas que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique […]». C'est au nom de tels principes, exprimés par les articles 19 et 21 de son statut, que le Tribunal militaire international de Nuremberg allait accorder valeur de «preuve


105 authentique» aux rapports des commissions d'enquête alliées concluant que «Katyn» était un crime allemand, qu' «Auschwitz» signifiait quatre millions de meurtres et qu' «Auschwitz» encore — figure emblématique — était le lieu où les Allemands avaient inscrit, jusque dans la conception même de deux grands crématoires (les Kremas II et III, situés à Birkenau), leur volonté d'exterminer les juifs dans de vastes chambres à gaz homicides. Or, en quelques mois, l'histoire officielle révise son jugement sur ces trois points et s'apprête vraisemblablement à opérer bien d'autres rectifications. Elle décrète aujourd'hui que «Katyn» est un crime soviétique, qu' «Auschwitz» signifie un million de morts (en attendant d'autres révisions à la baisse) et que les crématoires en question n'auraient été conçus que comme des crématoires, dont les chambres froides, très tardivement, auraient été «bricolées» en chambres à gaz homicides ! Mais la liste des rectifications officielles va bien au-delà de ces trois exemples. C'est le moment que choisit la France pour créer une loi qui interdise qu'on touche au dogme de Nuremberg et pour proclamer à la face du monde que la vérité historique sur la seconde guerre mondiale a été, une fois pour toutes, établie par un quarteron de juges français, américains, britanniques et soviétiques en 1945-1946 ainsi que par quelques tribunaux français qui se sont inspirés de l'esprit de Nuremberg. Cette loi est parue au Journal officiel de la République française le 14 juillet 1990 ; elle charge la police, la gendarmerie, les magistrats et les gardiens de prison de protéger le décalogue et le catéchisme de Nuremberg. Au siècle dernier, c'est quand l'Église catholique romaine s'est sentie en crise devant l'incrédulité montante qu'elle a, en 1870, proclamé le dogme de l'infaillibilité pontificale. En 1990, c'est parce que les tenants de la religion de l'Holocauste, rendus anxieux par la montée du scepticisme révisionniste, ne savent plus à quel saint se vouer qu'ils instituent, sur l'initiative de Laurent Fabius et par l'entremise du Parti communiste, le dogme de l'infaillibilité du tribunal de Nuremberg. Ce dogme fixe à jamais l'histoire des années 1941-1944 tandis que tout ce qui précède ou suit cette période relève de la libre appréciation de chacun. * On a peur des révisionnistes mais on prend modèle sur eux. On les place sous haute surveillance mais on les imite. Sans leurs découvertes (en particulier sans le Rapport Leuchter), jamais l'histoire officielle n'aurait consenti de telles rectifications. La poussée révisionniste est puissante parce qu'elle se combine avec une loi naturelle : celle qui veut que le temps fasse son office et apaise les passions. L'histoire, peu à peu, recouvrera ses droits. Pour paraphraser les articles 19 et 21 du statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, on peut dire que «l'historien est lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves» et que «l'historien exige que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique». Les révisionnistes marqueront plus de respect pour ces principes séculaires que pour telle loi de rencontre. Les historiens officiels n'ont d'autre ressource que d'en faire autant. Nous les y aiderons, quoi qu'il doive nous en coûter. La Rédaction ____________________________________________________________ Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-sept.-oct. 1990, p.5-7


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ARRÊTÉ MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR Arrêté du 2 juillet 1990 portant interdiction de vente d'une revue aux mineurs, d'exposition et de toute publicité Par arrêté du ministre de l'intérieur en date du 2 juillet 1990, considérant le caractère antisémite de la revue intitulée Revue d'histoire révisionniste et la place faite par elle à la discrimination ou à la haine raciale, il est interdit, sous les peines prévues au sixième alinéa de l'article 14 de la loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 modifiée, de proposer, de donner ou de vendre à des mineurs la revue intitulée Revue d'histoire révisionniste, éditée à Colombes, et sont interdites sous les mêmes peines, d'une part, l'exposition de cette revue et, d'autre part, la publicité faite pour elle par voie d'affiches ou sous l'une des autres formes prévues par l'article 14 de la loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 modifiée (Extrait du Journal Officiel du 4 juillet 1990, p. 7822). Le ministre de l'Intérieur P. Joxe invoque l'article 14 de la loi du 16 juillet 1949. En 1987, le Parlement, par un vote du 10 octobre, a intégré dans cette loi une disposition antirévisionniste sous couvert de lutte contre la… toxicomanie (voy. A.H.R. n° 4, p. 157-158 sur cette initiative prise à la sauvette par le ministre RPR du gouvernement Chirac, Albin Chalandon). Le 28 mai 1990, dans Le Pli (lettre confidentielle de Pierre Joxe), on pouvait lire, sous le titre «Révisionnisme et racisme» : Chaque publication à caractère néo-nazi et révisionniste fera l'objet d'une analyse juridique particulière par la Direction des libertés publiques avant qu'un arrêté statue sur son interdiction à la vente [souligné par le journal]. Ces dispositions parues au J.O. du 24 mai imposent une procédure plutôt lourde alors que se multiplient revues et brochures. Dernière en date, passée inaperçue, la livraison en kiosque la semaine dernière de la «Revue d'histoire révisionniste», dirigée par Roques, Thion et Fsar [sic] éditée dans les Hauts-de-Seine. On aura noté que, par antiphrase orwellienne, l'office de censure du ministère de l'Intérieur porte le nom de «Direction des libertés publiques». Les NMPP s'appuient sur cet arrêté pour suspendre toute diffusion de notre revue en kiosque. Nous avons introduit un recours en excès de pouvoir devant le Conseil d'État. ____________________________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p 8


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LA MÉTHODE AJAX Geneviève Bellot [1] En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or à la place d'une de ses grosses dents. Horstius, professeur en médecine dans l'université de Helmstad, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant, pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux chrétiens ni aux Turcs. En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme, nommé Libavius, ramasse tout ce qui avait été dit de la dent, et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eut examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent, avec beaucoup d'adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre. Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous nous trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux. De grands physiciens ont fort bien trouvé pourquoi les lieux souterrains sont chauds en hiver, et froids en été. De plus grands physiciens ont trouvé depuis peu que cela n'était pas. Les discussions historiques sont encore plus susceptibles de cette sorte d'erreur. Cette anecdote est racontée par Fontenelle dans son Histoire des Oracles (1686). Elle s'inspire de la réalité. Sous une forme brève et enjouée, elle illustre un phénomène malheureusement courant : nous nous empressons de commenter un fait qui nous est rapporté sans même nous assurer au préalable de sa réalité et, jamais à court d'imagination, d'esprit et de sentiments, nous trouvons fort bien la cause de ce fait imaginaire, nous le commentons comme s'il était vrai et, s'il est horrible ou merveilleux, nous ne manquons pas de manifester notre horreur ou notre émerveillement, ce qui, pensons-nous, est propre à édifier autrui sur nos qualités de cœur et d'esprit. Les révisionnistes ne se soucient guère de paraître doués d'intelligence ou de sensibilité. A la différence des prestigieux universitaires Horstius, Rullandus, Ingolsteterus et Libavius, mais à l'instar de l'obscur orfèvre de Silésie dont la postérité n'a pas retenu le nom, ils s'enquièrent de la matérialité des faits, d'abord et avant tout. On rappellera, pour mémoire, qu'Auschwitz se situe en Haute-Silésie. En 1972, lors de sa soutenance de thèse sur Lautréamont (voy. A-t-on lu Lautréamont ? , Les Essais, Gallimard, 1972), R. Faurisson avait brossé un rapide tableau des mystifications à travers les siècles ; il avait évoqué les mythes forgés pendant la première guerre mondiale par les Alliés sur le compte des Allemands ; il avait ajouté : «La Seconde Guerre mondiale a suscité des mythes encore plus extravagants mais il ne fait pas bon s'y attaquer.» (p. 338). Pour donner au jury une idée de sa méthode de travail (révisionniste en littérature comme en histoire), il avait aussi, sur le mode humoristique, narré l'histoire du «stylobille». Il illustrait ainsi trois façons de voir à la fois les choses, les gens et les textes. Voici donc comment, tour à tour, «l'ancienne critique», la nouvelle critique et « la critique de toujours» (celle des révisionnistes) tendent, selon M. Faurisson, à voir un stylobille et à en parler.


108 1.– L'ancienne critique déclare : Cet objet est une pointe Bic. Il sert à écrire. Replaçons-le dans son contexte historique : nous reconnaissons dans cet objet le «style» des Anciens ; il se présente ici sous une forme moderne ; il est pratique, aisé à manier et à transporter ; il a son autonomie. Voyons le cadre socio-économique dans lequel il s'inscrit : il obéit aux contingences de la production industrielle en série ; il est bon marché ; il se consomme et il se jette. Décrivons-le [il est remarquable que l'ancienne critique ait tendance à retarder ce moment de la description qui devrait en bonne logique précéder tout autre moment ; on dirait qu'elle a peur de la réalité et qu'elle ne l'aborde qu'au terme d'une sorte de mouvement tournant, d'allure historique, qui lui donne des apparences réfléchies] : cette pointe Bic se compose d'un étui, d'un conduit pour l'encre, d'un capuchon, d'une pointe métallique ; l'ensemble est surtout fait de matière plastique molle ou dure ; l'étui est bleu, blanc et doré ; sa section est hexagonale ; sa forme est allongée. Préoccupons-nous de savoir qui est l'auteur de cette œuvre et ce que l'auteur a dit de son œuvre : découvrons ainsi que cet objet est fabriqué dans les usines du baron Bich ; cet industriel est honorablement connu ; voyez ce qu'en ont dit Paris-Match, Jours de France et France-Soir ; le baron Bich n'a pas caché comment, pourquoi et pour qui il avait conçu et fabriqué ce produit ; il en est le producteur et il connaît donc son affaire mieux que personne ; il est allé jusqu'à faire des confidences sur son produit ; il a révélé ainsi que toute sa pensée, toute son intention pouvait se résumer en ceci : «J'ai, d'abord et avant tout, pensé aux travailleurs, aux gagne-petit…» 2.– La nouvelle critique survient et déclare : L'ancienne critique n'intéresse plus grand monde. Ses vues sont sclérosées. Elles sont l'expression d'une société qui s'est figée vers 18801900. Encore Taine, Renan et Lanson n'étaient-ils, à tout prendre, que les continuateurs de Sainte-Beuve. Honorons les vieillards. Ils sont émouvants. Mais ils sont dépassés. Par qui ? Mais par nous, en toute modestie. Voici ce qu'il faut comprendre : les choses ne disent pas ce qu'elles veulent dire ni même ce qu'elles disent. De même pour les gens et pour les mots. Il faut chercher autour, en-dessous, à travers. Le regard doit à la fois se promener négligemment et, subitement, venir percer les choses. Cette «pointe Bic» [l'appellation est plate et bassement circonstanciée] n'est que tout à fait accessoirement cela. Elle est… un agencement de structures. De telle forme. Dans tel contexte à la fois [et non : successivement] historique, économique, social, esthétique, individuel. Ici tout est dans tout, et réciproquement. Cet objet [ob-jet] est un ensemble de structures scripturaires ou scripturales où se conjuguent différents systèmes de coloration bleuâtre et de matité translucide. Il s'agit d'une réalité chatoyante et arachnéenne à capter dans la complexité des lacis et des modulations. Ce tube est anaphorique [ça se porte la pointe en avant]. Dans ce tube s'inscrit l'intériorité de l'objet [l'ob-jet]. Ce tube est l'élément charnière grâce auquel l'étendue interne de l'œuvre s'articule en un volume signifiant. Toute thématique relève ainsi à la fois d'une cybernétique [ça bouge] et d'une systématique [c'est construit]. Un déchiffrement psychanalytique s'impose. On sait que le baron Bich est féru de marine à voile. Il est hanté par l'America Cup qu'il n'est jusqu'ici jamais parvenu à gagner. Eh bien, regardez cette pointe anaphorique ! Il est manifeste que le baron a opéré un transfert sur les structures de la pointe Bic. Notez cette manière offensive de fendre les flots dans le contexte d'une société tout entière tournée vers la production et la consommation. Ce que le baron ne réussit pas sur les flots, il le tente ailleurs. A un autre niveau d'analyse, on pourrait aussi parler de symbole phallique. A ce point de vue, il n'est pas inintéressant de relever que, pour baptiser l'objet [l'ob-jet] en question, le baron a procédé soit à l'amputation de la lettre H [Bich a donné Bic], soit à l'ablation de cette lettre. L'amputation peut s'interpréter de différentes façons sur lesquelles il convient de passer. Quant à l'ablation, elle peut se comprendre comme le signe d'une appartenance, discrète et émouvante, à une entité «Homo» de type balzacien, réinterprété avec tant de finesse par Roland Barthes dans son S/Z. Mais d'autres déchiffrements structuralistes sont possibles : par exemple, selon la conscience imaginante de Bachelard, la conscience perceptive [ou : a-thétique de soi] de Merleau-Ponty, la sentimentalité ontologique de Jean Wahl, la méditation marcelienne du


109 corps et, de façon plus générale, l'intentionalité phénoménologique. (N.B. : toute cette dernière phrase figure dans L'Univers imaginaire de Mallarmé, de J.-P. Richard, thèse, 1961 ; tout le baragouin ontologique de ma nouvelle critique se trouve dans les premières pages de cette œuvre.) 3.– La critique de toujours s'étonne de tant de science et de si peu de jugeotte. Elle va droit à l'objet. C'est là son premier mouvement. Son premier mouvement n'est pas de tourner autour du pot. Elle ne veut d'abord savoir ni qui, ni quoi, ni qu'est-ce. Elle ne veut connaître ni l'époque, ni le lieu. Ni le nom de l'auteur, ni ses déclarations. Pas de commentaire, pas de philosophie. Montrez-moi ça. Elle examine de loin et de près. Elle voit écrit… «Reynolds». A priori, l'objet serait un stylobille de la marque Reynolds. Méfiance toutefois ! La réalité correspond-elle à la dénomination et à l'apparence ? C'est à voir. Nouvel examen de l'objet. Serait-ce un stylobille postiche ? Cette apparence de stylobille pourrait dissimuler, que sais-je ? une arme, un micro,… de la poudre à éternuer. Tout est à examiner soigneusement. Le résultat de l'examen pourra être que je suis incapable de m'expliquer cet objet. En conséquence, je me garderai bien de faire comme si je me l'expliquais. Et je ne prétendrai pas l'expliquer aux autres. Je ne ferai pas de commentaire. Je me tairai. La critique de toujours a de redoutables exigences : réfléchir avant de parler ; commencer par le commencement ; se taire quand, en fin de compte, on n'a rien à dire. Un bel exemple de cette critique (toujours prônée, rarement mise en pratique) : l'histoire de la dent d'or racontée par Fontenelle. Les illustrissimes professeurs se sont ridiculisés tandis que l'orfèvre anonyme a pensé juste, droit et vrai. Dans une interview donnée aux Nouvelles littéraires (10- 17 février 1977) et intitulée «Je cherche midi à midi», R. Faurisson précise la méthode qu'il préconise alors à ses étudiants : Un point commun, parmi beaucoup d'autres, de la plupart des tenants de la nouvelle critique, mais aussi de l'ancienne critique, c'est leur répugnance à s'attaquer directement aux textes et à en parler avec les mots de tous les jours. Le «paléo» et le «néo» ont besoin, pour analyser un texte, d'une foule de considérations historiques, psychologiques, linguistiques ou psychanalytiques, qui me paraissent de purs alibis. «Paléo» et «néo» sont plus ou moins d'accord pour décrier la recherche du sens premier et vérifiable. Je suis pourtant persuadé que nous ne cessons de commettre, sur des textes français, comme sur des textes latins, grecs, hébreux ou chinois, des faux sens et des contresens. Il faut chercher la lettre avant de chercher l'esprit. Les textes n'ont qu'un sens ou bien il n'y a pas de sens du tout. Ce sens peut être double (comme dans l'ironie, par exemple), mais cela ne fait jamais qu'un sens. Souvent on ne le trouve pas. Parfois, on s'imagine l'avoir trouvé et, un peu plus tard, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Un mot pris isolément peut avoir plusieurs sens, mais, dès lors qu'il s'insère dans une phrase, il tend à perdre, et même très vite, cette aptitude-là. Il ne faut pas confondre «sens» avec «sentiment». Un même texte peut inspirer les sentiments les plus contradictoires : on lui donne alors tel ou tel sens, mais cela ne revient absolument pas à affirmer qu'il possède tous ces sens, qu'il les contient en même temps ! Qu'on attribue une qualité à telle personne ne signifie nullement que cette personne est dotée de cette qualité-là. Je voudrais bien que la critique littéraire accepte cette dure loi du sens comme les physiciens acceptent la loi de la pesanteur. Quant à l'Université, j'estime que certains de ses représentants apprennent aux gens à lire «entre les lignes» ; pour ma part, ce sont d'abord les lignes que je cherche à lire. C'est déjà assez difficile. — A quoi exercez-vous vos étudiants ? Je les entraîne à la «critique de textes et documents» (littérature, histoire, médias, etc.). Si, dans un texte réputé historique (mais ces réputations ne sont-elles pas de l'ordre du préjugé ?), ils relèvent les mots de «Napoléon» ou de «Pologne», j'interdis que leur analyse fasse état de ce qu'ils croient savoir de Napoléon ou de la Pologne ; ils doivent se contenter de ce qui est dit dans le texte. Un texte ainsi examiné, à cru et à nu, avec les yeux du profane et sans chiqué,


110 prend un relief intéressant. Excellent moyen, d'ailleurs, de détecter les falsifications et «fabrications» en tous genres. Mes étudiants appellent cela la «méthode Ajax» parce que ça récure, ça décape et ça lustre. C'est bon pour développer «l'exquisité d'écoute». C'est là qu'on voit comme en toute chose il est difficile de commencer par le commencement. Et de chercher midi à midi. Tel était bien le nom qu'il nous arrivait de donner à cette méthode. Personnellement, j'avais l'impression que cette méthode était bonne en soi mais dangereuse pour son auteur. La suite des événements a confirmé cette impression. J'ajoute que, de notre professeur, il nous arrivait assez souvent de dire : «Il apprend à apprendre». M. Faurisson n'a plus le droit d'enseigner la «méthode Ajax» ; il n' «apprend plus à apprendre», du moins à des étudiants. Je dis qu'il y a là une perte pour l'Université. 1. Ancienne étudiante de R. Faurisson à la Sorbonne Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 9-15


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CONTRE LE RÉVISIONNISME HISTORIQUE LA LOI FABIUS ALIAS GAYSSOT Le 14 juillet 1990 est paru au Journal Officiel de la République française le texte des nouvelles dispositions législatives prises à l'encontre du révisionnisme historique. L'essentiel de ces dispositions tient en les lignes suivantes dont nous soulignons les mots qui paraissent importants : Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l'article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. Le sixième alinéa de l'article 24 prévoit une peine d'un mois à un an de prison et/ou une amende de 2 000 à 300 000 F ainsi que l'obligation d'affichage et de publication aux frais du condamné. L'accord de Londres du 8 août 1945 a créé le tribunal militaire international qui allait siéger, à Nuremberg, pour y juger les Allemands et, à Tokyo, pour y juger les Japonais. Des vainqueurs allaient juger des vaincus en vertu, par exemple, des articles 19 et 21 d'un statut prévoyant : Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves […] Le Tribunal n'exigera pas que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique mais les tiendra pour acquis. La nouvelle loi sera d'application difficile à cause du fragment «et qui ont été commis» ; elle exigera, de la part des plaignants, des recherches, d'ordre à la fois juridique et historique, qui pourront se révéler infructueuses ; il leur faudra, de plus, se limiter aux ressources offertes par la juridiction «française ou internationale», à l'exclusion des juridictions étrangères (allemande, israélienne, américaine, britannique, …). Ils devront, par exemple, chercher des cas de personnes condamnées pour crime de «gazage» ou crime de «génocide» (assassinat dans le cadre d'une politique d'extermination systématique). A supposer que de tels cas précis puissent être trouvés, il faudra les exposer et les analyser. A ce moment-là, on révélera aux yeux de tous, et en particulier à ceux des juges français d'aujourd'hui, l'étendue du désastre : dans tous ces procès, on ne s'était guère soucié d'établir la matérialité des faits, d'expertiser l'arme du crime, de prouver l'existence d'une intention criminelle prenant la forme d'une politique d'extermination systématique. Dans le cas du «procès du Struthof», on avait, par exception, songé à expertiser la prétendue chambre à gaz et les prétendus gazés : les résultats avaient été négatifs. Chaque procès antirévisionniste deviendra pour les révisionnistes l'occasion de démontrer quel degré de cynisme et de désinvolture ont atteint les juges de Nuremberg ainsi que les juges de France qui ont eu à traiter de ces affaires. Les juges de Nuremberg ont été conduits à qualifier de «vérités établies» les «erreurs» suivantes parmi bien d'autres : Katyn est un crime allemand (c'est un crime de nos alliés soviétiques) ; Le nombre des victimes d'Auschwitz s'élève à 4 millions (aujourd'hui on nous dit :1 million) ; Le total des victimes juives de la seconde guerre mondiale s'élève à 5 700 000 ou 6 000 000 (aujourd'hui ces chiffres sont tenus pour «symboliques») ; Les Allemands fabriquaient du savon à partir de graisse humaine (bobard de la première guerre mondiale recyclé en 1945) ;


112 Les Allemands ont fabriqué des têtes réduites ainsi que des abat-jour en peau humaine (la tête réduite montrée au tribunal avait été volée à un musée d'ethnographie ; la peau était de chèvre) ; A Treblinka, on exterminait les juifs à la vapeur d'eau (on nous dit aujourd'hui : au Diesel) ; Hitler a donné l'ordre d'exterminer les juifs (cet ordre n'a jamais existé). On serait en droit, au nom de la nouvelle loi, de poursuivre les historiens qui sont aujourd'hui d'accord avec nous pour dire que toutes ces vérités de 1945/46, et bien d'autres encore, sont autant d'erreurs historiques. L'un des premiers chez qui ait germé l'idée d'une telle loi semble avoir été l'avocat Serge Klarsfeld. Ce dernier allait, dans les années 70, lancer en Allemagne le projet d'une loi dite «du mensonge d'Auschwitz». Au terme de longues années de discussions, le Bundestag votait l'adoption de l'article 194 du code pénal allemand. Contrairement à ce que prétendent ceux qui, en France, suggéreront d'imiter «le modèle allemand», cet article n'est, en définitive, qu'une pâle copie de son projet. L'article 194 n'interdit nullement la contestation des «crimes [du vaincu] contre l'humanité». Il autorise seulement un procureur à déposer plainte pour dommage causé «au membre d'un groupe qui a été persécuté sous un gouvernement de violence ou d'arbitraire, national-socialiste ou autre» ; le mot «autre» vise, par exemple, le gouvernement d'un pays communiste. Le premier groupe d'intellectuels qui, en France, ait proclamé son désir de voir instituer dans notre pays une loi spéciale contre le révisionnisme est celui qui s'est constitué autour de Pierre Vidal-Naquet et de François Bédarida, avec Serge Klarsfeld, Georges Wellers (directeur du Monde juif, revue du Centre de documentation juive contemporaine de Paris), le grand rabbin Sirat, Mme Ahrweiler, Harlem Désir et J.P. Azéma. De ces personnes, le bulletin quotidien de l'Agence Télégraphique Juive du 2 juin 1986 dira, en première page : Ils ont aussi formulé l'espoir d'une extension à tous les pays européens de la loi allemande interdisant la mise en doute du génocide. Pour appuyer leur suggestion, ces personnes inventaient une loi qui ne figure nullement dans le code pénal allemand ; l'argument servira souvent par la suite et il a, en grande partie, facilité le passage de la loi française. Cette loi sera-t-elle étendue à «tous les pays européens» ? On peut en douter mais il n'est pas dit qu'avec une bonne orchestration de «carpentrasseries» à répétition on n'y parvienne pas. En attendant, la France se trouve être le seul pays à avoir une telle législation. En 1987, Laurent Fabius prenait l'initiative de proposer au Parlement une «loi contre les négateurs». Il est le père fondateur de la nouvelle loi. Il n'y a pas à proprement parler de «loi Gayssot» mais une loi «Fabius alias Gayssot». Le 2 avril 1988, L. Fabius faisait déposer par Georges Sarre une proposition de loi socialiste contre les révisionnistes. C'est cette proposition qui, avec quelques changements, a été glissée dans la loi contre le racisme prévue par le Parti communiste et J.C. Gayssot. Dès qu'il est apparu, en 1987, que la France adopterait l'idée de Pierre Vidal-Naquet et de F. Bédarida, ces deux derniers affectaient de prendre leurs distances. Trop tard, le train était lancé. A l'arrivée, P. Vidal-Naquet recevait la Légion d'honneur. La même livraison du Journal Officiel qui publie le texte de la nouvelle loi se trouve annoncer, quelques pages plus loin, l'élévation de P. Vidal-Naquet au grade de chevalier de la Légion d'honneur sur proposition du ministre Jack Lang. La République française a donc décidé, le jour même où «la Patrie des droits de l'homme» célèbre sa fête nationale, d'instituer et de fixer une vérité historique officielle, sous la signature de François Mitterrand, maréchaliste éminent, puis grand Résistant, juriste de formation.


113 Cette vérité qu'il faudra respecter — avec la récompense des bons et la punition des méchants — ne porte essentiellement que sur les années 1941-1944. Pour tout le reste de nos quatre mille ans d'histoire, on pourra s'exprimer à peu près librement. Des voix s'étaient élevées, y compris dans la communauté juive, contre l'institution d'une telle loi. Mais, quand l'affaire de Carpentras est apparue, ces voix se sont tues et, depuis l'adoption de cette étrange loi, aucun de nos hommes politiques n'a osé saisir le Conseil constitutionnel, présidé, il est vrai, par Robert Badinter, partisan farouche d'une répression du révisionnisme. Comme le faisait remarquer François Terré, à la veille du vote définitif de la loi par l'Assemblée nationale (Le Figaro, 29 juin 1990, p. 2) : Face à la proposition Gayssot [encore une fois, il faudrait dire : «la proposition Fabius alias Gayssot»] le silence infini de presque tous les juristes, de presque tous les historiens effraie. Le journaliste Alain Rollat ne connaît pas d'historiens révisionnistes mais seulement de «prétendus historiens révisionnistes» qu'il ne manque pas une occasion de flétrir. Pourtant, dans Le Monde en date du 27 juillet (p. 6), sous le titre «Une belle occasion manquée», il écrivait : Mais comment ne pas relever, surtout, pour souligner encore davantage l'absurdité de la situation, que la période parlementaire de printemps s'achève ainsi sous la forme d'un pied de nez, sans que personne ait osé soumettre au Conseil constitutionnel la loi «tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe» ? Voilà un texte qui, d'un point de vue strictement juridique, soulève une question fondamentale, au regard de la liberté d'opinion et d'expression, puisqu'il voue aux tribunaux, en visant les prétendus historiens «révisionnistes», les citoyens «qui auront contesté l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité». Or, faute de saisine du Conseil constitutionnel, cette question ne sera pas tranchée. Sauf peut-être, si, un jour, quelque avocat avisé se tourne vers les institutions européennes pour pallier cette anomalie. Ont-ils craint de paraître s'aligner sur le Front national ? Ont-ils eu peur des éventuelles réactions des organisations antiracistes ? En préférant occulter un débat qui méritait pourtant d'avoir lieu dans un pays qui se prévaut de l'état de droit, les parlementaires ont, en tout cas, laissé passer, une nouvelle fois, une belle occasion de rehausser leur image. Le révisionnisme poursuivra sa route. La Revue d'Histoire Révisionniste continuera, sous la forme que décidera son destin. [1] *

QUELQUES PRISES DE POSITION HOSTILES À UNE LOI ANTIRÉVISIONNISTE Simone Veil, Joseph Rovan (qui se reniera), Jacques Julliard, Philippe Boucher (3 fois), Théo Klein, Yves Jouffa (qui se reniera), Jacques Chirac (qui se reniera), Le Droit de vivre (qui se reniera), Jean Kahn (qui se reniera), Pierre-André Taguieff, Michel Rocard (qui se reniera), Bernard Cahen, Annie Kriegel (?), Charles Millon, … •

Souhaitez-vous l'adoption, par la France, d'une loi transformant en délit toute remise en question de l'existence des chambres à gaz ? Non. Il n'existe pas de loi pour interdire d'affirmer que Jeanne d'Arc n'a pas existé ou que Verdun n'a pas eu lieu. Si l'on fait une loi, c'est que le débat est ouvert. Ce n'est pas le cas, même si quelques olibrius prétendent le contraire. (Propos de Simone Veil recueillis par Dominique de Montvallon, L'Express, 25 septembre 1987, p. 23)


114 •

La France doit-elle imiter la République Fédérale et, comme le suggère Charles Pasqua, faire de la négation du génocide un délit ? L'historien Joseph Rovan, l'un des meilleurs spécialistes de l'Allemagne, directeur de la revue Documents, donne son point de vue. Joseph Rovan : Je suis contre toutes les lois d'exception. Un nouveau texte législatif donnerait, en France, de l'importance à des phénomènes qui, pour l'instant, ne sont pas contagieux. (Propos de Joseph Rovan recueillis par Evelyne Fallot, L'Express, 25 septembre 1987, p. 26)

L'idée d'une loi réprimant toute dénégation des crimes nazis fait son chemin puisqu'elle paraît avoir séduit des esprits aussi différents que ceux de Charles Pasqua et de François Mitterrand. C'est une fausse bonne idée. Et quel triomphe pour l'antisémite Faurisson, pour tous les pervers et tous les cerveaux malades du révisionnisme que le recours au bras séculier pour venir à bout de leurs aberrations ! Ne leur offrons pas l'injuste privilège de se comparer à Galilée. (La chronique de Jacques Julliard, Le Nouvel Observateur, 25 septembre 1987, p. 39)

Pareille confusion des registres n'est pas moins perceptible dans la suggestion émise par M. Pasqua de faire de la négation des crimes nazis un délit. D'abord parce que, c'est l'humour noir de la chose, cela reviendrait à faire entrer dans la législation pénale française un étrange «délit de révisionnisme», ce dont feu Joseph Staline pourrait se dire post mortem très satisfait. Ensuite, au bon prétexte de préserver la morale, ce serait enrégimenter l'histoire. Or celle-ci ne se porte pas bien si sa vérité n'est admise que sous la protection des juges et de la maréchaussée. Le président de la République a sans doute parlé un peu vite, lorsqu'il a approuvé la semaine dernière sur TF 1 l'idée de «son» ministre de l'Intérieur. Comme si une idée de ministre de l'Intérieur n'appelait pas l'inventaire avant l'approbation. A l'appui de sa proposition, M. Pasqua invoqua l'exemple allemand. Il est dans le vrai. Mais, outre que cela ne change rien à l'affaire, les circonstances allemandes ne sont pas les françaises et il n'est pas besoin d'en dire plus. A suivre un tel précédent, ne faudrait-il pas imiter l'Allemagne (de l'Ouest) dans toutes ses interdictions et, aussi, écarter les communistes de la fonction publique ? A défaut de pouvoir établir que le Front national cousine de trop près avec le parti des chemises brunes, hors la loi, lui aussi, de l'autre côté du Rhin. Assurément, il est aussi bête qu'ignoble de nier la réalité des camps de concentration et du génocide qui y fut entrepris ; ou encore de traiter cela du bout des lèvres, comme on le ferait d'une mythologie. Malheureusement, contester, douter, sont des droits qui ne se divisent pas. Il ne saurait y avoir de canon pour distinguer le doute permis et la contestation légitime. Au risque pour celui qui s'aventure à tort de subir la vindicte et la réprobation qu'appellent ses thèses ou ses soupçons. Le droit de douter ne peut pas davantage être réservé aux esprits honnêtes et subtils. Quelle loi le dirait ? Il appartient aussi, quoi qu'on en pense, aux crétins et aux malfaisants. De plus, comme l'a judicieusement fait observer un lecteur du Monde (ils sont décidément très bien !), où devrait-on s'arrêter en pareil chemin ? De quelle sanction faudrait-il punir celui qui soutiendrait que Jeanne d'Arc finit grand-mère et non pas pucelle embrasée ? De plus encore, à partir de quel critère jugerait-on que le délit est avéré ? Où commencerait la négation ? Où finirait la critique ? Où serait la divergence, ou bien la


115 simple interprétation ? Quand on sait combien il est difficile de prouver le caractère raciste d'un propos (et il en est au moins un pour s'en réjouir), l'arme de la loi est un sabre de bois. S'il n'y avait plus que la loi pour empêcher que l'on doute à haute voix de l'étendue des horreurs nazies, la société française donnerait des idées d'exil. (Philippe Boucher, «Limites», Le Monde, 27-28 septembre 1987, p. 8) •

Pensez-vous nécessaires des sanctions pénales contre la négation des crimes nazis ? On ne peut pas édicter des vérités historiques par la voix législative ou réglementaire. On peut, en revanche, condamner ceux qui incitent à des actes criminels ou ceux qui portent atteinte à la mémoire des gens qui ont souffert. Les protections légales peuvent peut-être, sur ces deux points, être améliorées. (Propos de Théo Klein, président du CRIF, recueillis par Patrick Jarreau, Le Monde, 30 septembre 1987, p. 2)

D'une part, nous ne pensons pas que la ratification de l'article 24-3 de la loi du 29 juillet 1881 tendant à créer un délit de négation des crimes contre l'Humanité soit de nature à faciliter la lutte contre certains écrits racistes. Par contre, cela risque de poser de sérieux problèmes, tant au regard de la Liberté de la Presse, qu'au regard de la libre recherche universitaire ou historique. Plus que de modifier la loi du 29 juillet 1881, il serait plus utile que les Parquets exercent systématiquement des poursuites lorsque des écrits manifestement antisémites, ou faisant directement ou indirectement l'apologie des crimes nazis, comme le tract dénommé L'Aigle Noir, leur sont signalés par nos sections. D'autre part, nous ne pouvons accepter que vous envisagiez de renforcer les pouvoirs de l'Administration en ce qui concerne la saisie des publications. («Lettre du Président de la Ligue des Droits de l'Homme [Maître Yves Jouffa] au ministre de l'Intérieur Charles Pasqua», Après-demain [organe de la Ligue des Droits de l'Homme], octobre-novembre 1987, p. 1)

Les grands esprits se rencontrent. L' «Amateur» intitulé «Limites» doutait qu'il fût opportun d'incriminer pénalement les historiens mettant en cause l'existence des chambres à gaz. Au même moment, M. Yves Jouffa, président de la Ligue des droits de l'homme, écrivait ceci à M. Pasqua, auteur d'une telle suggestion : «Nous ne pensons pas que la modification de l'article 24-3 de la loi du 29 juillet 1881, tendant à créer un délit de négation des crimes contre l'humanité, soit de nature à faciliter la lutte contre certains écrits racistes. Par contre, cela risque de poser de sérieux problèmes, tant au regard de la liberté de la presse qu'au regard de la libre recherche universitaire ou historique. Plutôt que de modifier la loi du 29 juillet 1881, il serait plus utile que les parquets exercent systématiquement des poursuites lorsque des écrits manifestement antisémites, ou faisant directement ou indirectement l'apologie des crimes nazis, comme le tract dénommé L'Aigle Noir, leur sont signalés par nos sections.» (Philippe Boucher, «Odeur», Le Monde, 10 octobre 1987, p. 6)

Une loi existe en RFA qui condamne toute action révisionniste en ce qui concerne la Choa. M. Pasqua, ministre de l'Intérieur, a laissé entendre qu'une telle loi pouvait être proposée en France. Qu'en est-il ? J.C. : Je comprends parfaitement l'indignation légitime de toute la communauté juive, à laquelle s'associe d'ailleurs l'ensemble du peuple français, quand on entend, ici et là, les discours révisionnistes. Je crois qu'il faut tout faire pour sensibiliser l'opinion à la tragédie qu'a été la Choa et faire en sorte que son souvenir ne s'éteigne jamais. Je m'y emploie, et j'ai pris des initiatives dans ce sens. Je ne crois pas pour autant, à titre


116 personnel, qu'il faille aller jusqu'à transformer la négation du génocide en délit passible de sanctions pénales, car cela pourrait s'apparenter au délit d'opinion. Ce ne serait pas, dans mon sentiment, la manière la plus efficace de combattre ces thèses odieuses. (Propos de Jacques Chirac recueillis par Roger Ascot et Haïm Musicant, L'Arche, novembre 1987, p. 46) •

Synthèse du président Trocmé Priorité à l'éducation pour lutter contre les négateurs M. Etienne Trocmé, président de la Conférence des présidents d'universités, président de la fédération du Bas-Rhin de la LICRA, présentait en conclusion une synthèse de ce colloque autour de cinq points :

1. Le colloque a réaffirmé une base solide, une certitude incontournable : Les travaux des Faurisson n'ont aucune valeur scientifique, ils constituent une déformation des documents, une utilisation abusive des sources. On ne peut leur opposer une réfutation scientifique qui s'abaisserait. La véritable réplique aux négateurs est la poursuite d'un travail acharné, historique, sur les témoignages, les documents, les preuves inébranlables de ce phénomène unique. 2. Résister à la tentation de certains d'encourager une loi qui serait suffisante pour réprimer les négateurs. Nous ne sommes pas favorables à une telle loi au nom de nos convictions démocratiques et libérales. En effet, une loi peut être détournée. Quelques condamnations ne réduiraient pas les dangers insidieux de personnes habiles venant des extrêmes de droite ou de gauche qui accuseraient de cacher «une» vérité. 3. Il faudrait entreprendre une réflexion européenne, par exemple dans le cadre du Conseil de l'Europe et de la Commission des droits de l'homme. Une déclaration précisant des règles communes serait plus féconde qu'une législation nationale. La LICRA devrait y réfléchir et en prendre l'initiative dans les prochains mois. (Colloque de Strasbourg sur le révisionnisme, Le Droit de vivre, [organe de la LICRA], novembre-décembre 1987, p. 19) •

Le ministre a voulu rassurer les élus du Front national sur la portée des amendements introduits par le garde des sceaux, M. Albin Chalandon, en première lecture, amendements qui avaient déclenché la fureur de l'extrême droite. Le premier condamne l'apologie des crimes contre l'humanité, la loi sur la presse ne réprimant jusqu'à présent que l'apologie des crimes de guerre. Cette nouvelle incrimination «ne modifie en rien les règles applicables à la recherche historique, même quand les conclusions de celles-ci apparaissent comme des plus contestables», a affirmé M. Pandraud, en faisant implicitement allusion aux thèses dites «révisionnistes». Quant à l'interdiction à l'exposition et à la vente aux mineurs des publications incitant à la haine raciale, le ministre a expliqué qu'il s'agissait avant tout de «protéger la jeunesse». [voy. ci-dessus «Arrêté», p. 8 !] («La fin de la session parlementaire et l'ouverture de la session extraordinaire. Textes définitivement adoptés […] Répression du trafic de drogue», Le Monde, 22 décembre 1987, p. 10)

La loi antiraciste de 1972 constitue-t-elle un arsenal législatif suffisant ? Nous avions souhaité qu'elle fût étendue à la négation du génocide et aux falsifications de l'Histoire. Mais les juristes ont estimé que cela aurait été créer un délit d'opinion. Ce qui nous paraît important, aujourd'hui, c'est que dans l'Europe qui se forme, il y ait une harmonisation des législations des divers pays, tendant à combattre la diffamation


117 raciale, l'antisémitisme, les attaques contre les minorités. («Un entretien avec M. Jean Kahn, président du CRIF [successeur de Théo Klein]», propos recueillis par Patrick Jarreau et Henri Tincq, Le Monde, 3 octobre 1989, p. 16) •

Ensuite, il y a le cas des révisionnistes. On peut condamner quelqu'un qui fait l'apologie de crimes contre l'humanité ; mais quand ces crimes sont niés, que peut-on faire ? Là aussi, il faudra réfléchir sur la loi de 1972, de manière que l'on puisse poursuivre des gens comme Faurisson sans limiter pour autant la liberté d'expression. Je ne cache pas que c'est un énorme problème. (Propos de Pierre-André Taguieff recueillis par Albert Drandov, Politis, 26 octobre 1989, p. 37)

Pour lutter contre la banalisation de l'antisémitisme, le premier ministre souhaite également créer un délit spécifique sanctionnant la négation des «crimes contre l'humanité». Mais il ne serait pas question de condamner le révisionnisme, ni même l'apologie du révisionnisme, qui continueraient à être combattus dans le cadre du débat d'opinion. (Robert Solé, «M. Rocard suggère de modifier la législation pour mieux combattre le racisme», Le Monde, 29 mars 1990, p. 10)

Propositions donnant lieu à controverses et nécessitant un consensus des familles politiques :` — Faut-il extraire la législation contre le racisme de la loi de 1881 sur la presse, pour la traiter selon la procédure du droit commun ? — Faut-il créer un délit spécifique sanctionnant la négation des «crimes contre l'humanité» ? — Faut-il incriminer le mobile raciste ? («Prévenir et réprimer» [le plan que M. Rocard soumettra à ses interlocuteurs politiques], Le Monde, 29 mars 1990, p. 10)

Il y a de l'Église dans tout cela ; de celle qui, incapable de prouver qu'elle avait raison, fulminait que l'adversaire avait tort par nature. Le racisme a tort, mais c'est d'autant moins aux tribunaux de le dire qu'ils ne le peuvent pas. Pas plus qu'il n'y a lieu, comme on le prévoit, de les saisir du procès du révisionnisme. Mais comment démontrer que c'est une fausse bonne idée ? Que, saisis d'une telle loi, directement ou plus tard grâce à sa réforme à venir, le conseil constitutionnel pourrait le juger contraire aux principes généraux du droit, en particulier aux libertés de pensée, d'expression et de diffusion ? Qu'est-ce qu'une société, qu'est-ce qu'une démocratie sans droit à l'erreur, sans droit à la sottise ? Qu'est-ce qu'une démocratie où un comportement jugé erratique par la collectivité vaut qu'on en bannisse son auteur et qu'on rétablisse à son intention la «mort civile» que Napoléon s'était bien gardé de supprimer ? L'horrible société où régnerait la perfection. L'ambitieux gouvernement qui croit y parvenir. L'imprudent gouvernement qui ignore que l'eau pure est médicalement imbuvable. Contre les historiens fous qui nient l'existence des camps nazis et de leurs millions de morts, faisons donner les historiens sensés qui savent ce qu'il en fut. Si ceux-là devaient ne pas convaincre, croit-on que c'est un articula de loi qui vaincrait là où l'intelligence et l'honnêteté auraient échoué ? N'attendons rien des magistrats qui, étonnante découverte, se prononceront en juges ; c'est-à-dire en droit et non selon l'équité, pour dire le droit et non pas la vérité. Ce «trop d'État» dont se plaignent les libéraux façon XXe siècle, il est là tout autant que dans l'économie sous la forme d'ailleurs d'un «trop de lois» plutôt que d'un «trop


118 d'action». Quand on ne sait comment agir, on fait charger la loi. Quand la politique patauge, elle légifère, elle décrète. Elle interdit plutôt que de convaincre. (Philippe Boucher, «Vertu», Le Monde, 31 mars 1990, p. 15) •

Reste que Michel Rocard n'exclut pas d'alourdir le dispositif répressif en créant un délit spécifique «sanctionnant la négation des crimes contre l'humanité». La proposition est entourée d'un grand luxe de précautions oratoires tant elle est sujette à controverse. Pour le gouvernement, «seul un large consensus des familles politiques» permettrait de la prendre en considération. On ne cache pas à Matignon que l'on veut à tout prix éviter «le grief dit de l' "histoire officielle"». Pas question, donc, de condamner le révisionnisme en lui-même. («Matignon veut armer la justice contre la haine raciale», Libération, 28 mars 1990, p. 8)

- Bernard Cahen : Sur le principe, je suis opposé à une loi spécifique. Je regrette qu'en démocratie, à chaque fois qu'on vote un nouveau texte, il s'agisse d'un texte répressif. Pour dépasser le débat, je ne crois pas qu'une démocratie puisse vivre longtemps en reposant sur des textes de répression. J'oppose ce principe aux propositions de la LICRA. Nous avons eu un débat au RAJF et nous sommes tombés d'accord sur la conclusion suivante : les textes actuels sont suffisants, ils ont permis de condamner tous les négateurs, il n'y en a pas eu de relaxés pour insuffisance de texte… - Serge Klarsfeld : … Si. A Auschwitz. - Bernard Cahen : A cause de l'interprétation des magistrats, pas du texte en lui-même. Enfin, nous avons très peur que l'on crée une sorte d'histoire officielle. Ce serait très dangereux. C'est pourquoi je rends hommage à la proposition de la LICRA qui a su éviter cet écueil. J'y suis sensible et c'est la raison pour laquelle je suis prêt à faire un pas. J'émets une dernière réserve. Ce texte est ce qu'il est aujourd'hui. Comment sera-t-il après les amendements que ne manquera pas de voter l'Assemblée Nationale ? - Patrick Quentin : Limiter un texte nouveau à la Shoah ne correspond pas, à mon sens, à l'esprit du législateur républicain qui est là pour statuer sur des textes d'application générale… - Bernard Cahen : … C'est une loi d'exception qui serait proposée… - Patrick Quentin : Et nous donnerions des arguments grand public à nos ennemis. (Fragments d'une discussion entre Me Patrick Quentin, président de la Commission Exécutive de la LICRA, Serge Klarsfeld, président de l'Association des Fils et Filles des Déportés juifs de France, et de Me Bernard Cahen, président du Rassemblement des avocats juifs de France, Actualité juive hebdo, 28 mars 1990, p. 5-6).

Les effets pervers de cette pratique de l'interdit sont éclatants. En confiant au pouvoir judiciaire la tâche détestable de paraître traquer le délit d'opinion et d'expression, en espérant de la concurrence entre organisations «antiracistes» une obsessionnelle chasse aux sorcières qui présente les mêmes excès que n'importe quelle chasse de cette nature, en s'abritant derrière des institutions juives inquiètes pour légitimer une insupportable police juive de la pensée — par exemple dans un cas navrant récent où on a suspendu un professeur d'université coupable d'avoir laissé s'exprimer un jeune collègue qui exposait des énormités (comme si l'université, depuis vingt ans, n'avait entendu que des propos équilibrés et raisonnables) — Michel Rocard devrait s'interroger en conscience s'il ne se prête pas à une assez répugnante instrumentalisation des concepts de racisme et d'antisémitisme en vue d'objectifs peu avouables.


119 («Sommet» antiraciste aujourd'hui à Matignon. Annie Kriegel : «Le Leurre de l'antisémitisme», Le Figaro, 3 avril 1990, p. 2) •

Charles Pasqua se dit «content» d'être là, suscite des sourires quand il affirme qu'il n'est toujours pas prêt à faire campagne pour les socialistes, reconnaît qu' «il n'est pas facile de combattre le racisme» et se déclare partisan de la qualification d'un délit nouveau pour la négation du génocide. Charles Millon veut croire que désormais le racisme ne pourra plus être un «enjeu partisan» et dénonce «les mouvements qui spéculent sur le racisme comme sur l'antiracisme». Il dit son opposition à toute «pénalisation du délit de révisionnisme». Point de vue partagé par Michel Rocard. («Racisme : la table ronde arrondit les angles», Libération, 4 avril 1990, p. 11)

A l'exception de Charles Pasqua et du CNI, partisans de la qualification d'un délit nouveau pour la négation du génocide, l'opposition manifeste une grande réticence. (Libération, 5 avril 1990, p. 4)

Au nom du groupe UDF de l'Assemblée nationale, Charles Millon, faisant écho à André Santini, s'interroge, avec le souci de préserver la liberté de la recherche scientifique, sur l'opportunité de sanctionner les «révisionnistes». (Le Monde, 5 avril 1990, p. 9)

Sur le sujet de la loi antirévisionniste, il est conseillé de lire : Georges-Paul Wagner, «Il n'appartient pas aux législateurs d'écrire l'histoire ni aux historiens de dire le droit», Présent, 27 septembre 1989, p. 3 ; Gérard Spitéri, «Le PS, le droit d'expression et la lutte antiraciste/Les révisionnistes en prison ?», Le Quotidien de Paris, 16-17 décembre 1989, p. 8. *

LETTRE CIRCULAIRE ADRESSÉE PAR M. FAURISSON A 700 CORRESPONDANTS LE 14 JUILLET 1989 Monsieur, Madame, MM. Laurent Fabius et Jacques Chirac se sont prononcés pour des mesures législatives permettant de poursuivre et de condamner les auteurs d'écrits révisionnistes (Le Monde, 26/27 mars 1989, p. 18). Une proposition de loi déposée par les députés socialistes en vue de «combattre les thèses révisionnistes» prévoit contre les auteurs de ces thèses une peine d'emprisonnement d'un mois à un an, une amende de 2 000 à 300 000 F ou l'une de ces deux peines seulement, et les frais afférents de publication judiciaire forcée (Journal Officiel, Assemblée Nationale, n° 1247, 2 avril 1988). Ainsi la France pourrait-elle légiférer contre la libre recherche historique à l'heure où, aux États-Unis, s'instaure un débat public autour de l'ouvrage d'Arno J. Mayer, historien juif de l'université de Princeton, qui écrit à propos d'Auschwitz : Les sources pour l'étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses (Why Did the Heavens not Darken ? The "Final Solution" in History, New York, Pantheon Books, 1988, p. 362). [Cet ouvrage de 500 pages, qui défend la thèse du "judéocide", a été lu en manuscrit par les trois historiens d'origine juive : Raul Hilberg (E.-U.), Hans Mommsen (R.F.A.) et Pierre VidalNaquet (France) ; ce dernier tient à y saluer "le plus important effort jamais fait par un historien pour penser l'impensable, de façon critique".]


120 Visé, comme bien d'autres, par cette tentative de répression, je me permets de vous poser les questions suivantes : 1. Approuvez-vous le principe de telles mesures ? 2. Si vous réprouvez ces mesures (qui conduiraient, par exemple, à envoyer un professeur en prison parce qu'il ne croit pas aux "chambres à gaz"), comment entendez-vous manifester votre réprobation ? 3. M'autorisez-vous à faire état de votre réponse dans l'étude que je me propose de publier sur le sujet ? Je vous remercie de l'attention que vous voudrez bien accorder au dossier ci-joint ainsi que de votre réponse à mes questions. Veuillez recevoir, je vous prie, mes salutations distinguées. Robert FAURISSON Professeur à l'Université Lyon-II P.J. : – Texte de la proposition de loi L. Fabius/G. Sarre (2 pages) – «Le révisionnisme français après le Rapport Leuchter» (3 pages) – «Pour qui ne croirait pas aux chambres à gaz : la prison !» (2 pages)

SEPT PREMIÈRES RÉPONSES *MICHEL RACHLINE (Secrétaire Général, Directeur des Éditions Albin Michel) Monsieur le Professeur, J'ai bien reçu les documents que vous m'avez adressés et je vous en remercie. J'ai apprécié la subtilité due, je le pense, à une action de votre inconscient concernant la phrase de votre carte de visite : "Pour Michel Rachline […] et à qui j'offre une dernière occasion d'agir", rectifiée par : "à qui s'offre une dernière occasion d'agir". Pour en terminer avec ces reproches que vous m'adressez souvent, je me permets de vous rappeler que j'ai écrit et publié, en 1974, un ouvrage intitulé : Un Juif Libre dans lequel je prenais un certain nombre de positions qui m'ont valu scandales, contestations, semipersécutions et interdictions d'être vendu dans certaines librairies. J'y attaquais, entre autres, la politique sioniste, et j'y exprimais instinctivement de sérieux doutes sur les chiffres avancés officiellement des victimes juives dans les camps de concentration. Depuis, j'ai lu, relu, et relu encore vos textes, et bien que j'aie pu acquérir de la sorte un esprit critique et de très graves inquiétudes quant à la réalité du génocide et des chambres à gaz, je me demande toujours quelle différence peut faire, pour un mort, d'être mort dans une chambre à gaz ou dans de tout autres circonstances, en opposition avec la loi, telles que les camps de concentration. A moins que, ce que vous n'avez jamais fait à ma connaissance, on ne nie également l'existence de tels camps. Une phrase m'a particulièrement touché dans votre lettre du 1er janvier 1989 intitulée : "Le révisionnisme français après le rapport Leuchter". Cette phrase de la page 2 indique que le vrai sens du révisionnisme n'a rien à voir avec le racisme. Or, étant abonné à X…, il n'est pas de lecture que je fasse d'aucun numéro de cette revue qui ne me dégoûte profondément par la


121 trivialité, la stupidité et le racisme constants de ses propos. Si le révisionnisme doit conduire à de telles insanités, alors le révisionnisme est une mauvaise action. Cependant, votre message a un sens précis. Il s'agit de répondre à trois questions. Premièrement, concernant la tentative de répression exercée par des parlementaires à travers une proposition de loi nouvelle : je vous réponds donc : je désapprouve le principe de telles mesures, ce qui revient à dire que, si je ne partage pas toujours les vues du révisionnisme, j'estime nécessaire la liberté, qu'elle soit exprimée sous une forme ou sous une autre, selon la forme de pensée de leurs auteurs. Deuxième question : vous me demandez comment j'entends manifester ma réprobation : très précisément en répondant à votre troisième question qui consiste à vous autoriser à faire état de mes réponses dans votre étude. En outre, je vous signale que je publierai le 10 septembre prochain un ouvrage dans lequel figure un important chapitre sur la question juive telle que je la conçois, en référence naturellement à la situation créée entre 1933 et aujourd'hui. Enfin, j'aimerais vous poser à mon tour une dernière question, Monsieur le Professeur, et cette question concerne le rapport Leuchter. Il est, je pense, de notoriété publique que les chambres à gaz prétendues ou non homicides des camps de concentration situés en Pologne, et notamment à Auschwitz et à Birkenau, sont des reconstitutions à l'initiative des Soviétiques ou des Polonais. Dans ces conditions, je vois mal comment Monsieur Leuchter aurait pu déceler dans des reconstitutions des traces d'exécution par les gaz. Je vous remercie de bien vouloir me donner une réponse à cette question peut-être stupide, et dans l'attente du plaisir de vos nouvelles, je vous renouvelle, Monsieur le Professeur, mon soutien intellectuel pour la liberté de vos entreprises. Michel RACHLINE Cette lettre a été suivie d'un échange de correspondance entre son auteur et son destinataire. *JACQUES ROBICHEZ Mon cher collègue, Je réponds à votre lettre du 14. Vous savez que je trouve inique la persécution dont vous êtes victime et dont je me suis efforcé, sans succès, de vous défendre quand je présidais le C.C.U. [2] Je trouve, d'autre part, insupportable qu'une loi prétende limiter, sur quelque question que ce soit, les droits de la recherche historique. Mais je regrette que vous ayez, historien de la littérature française, abandonné votre domaine pour vous vouer à l'histoire des chambres à gaz, - ou du mythe des chambres à gaz. Estimez-vous, oui ou non, qu'Hitler a persécuté les Juifs et que cette persécution était inexcusable ? Si vous dites "pas persécuté", ou "a eu raison de les persécuter", alors je me sépare de vous catégoriquement. Si vous admettez qu'il y a eu persécution, à quoi bon passer sa vie à se demander si les victimes ont été empoisonnées, gazées ou pendues ? Je ne comprends pas cette espèce de monomanie à la Balthazar Claes. Les circonstances de l'exécution du massacre sont évidemment d'une importance mineure par rapport à l'importance majeure du massacre. Publiez ma réponse, si vous voulez, à condition de la publier intégralement, et croyez, je vous prie, à mes sentiments les plus cordiaux. Jacques ROBICHEZ Cette lettre d'un professeur honoraire à la Sorbonne a été suivie d'un échange de correspondance entre son auteur et son destinataire.


122 *MARCEL RENOULET (Directeur de publication de "L'Homme Libre") Monsieur, Voici les réponses aux trois questions que vous me posez par votre lettre en date du 14 juillet 1989. 1/ - Je n'approuve pas le principe de mesures législatives qui seraient une atteinte grave à la liberté individuelle, ainsi qu'aux droits de l'homme, que les politiciens de toutes nuances prétendent défendre ! 2/ - Je compte manifester ma réprobation, chaque fois que j'aurai l'occasion, contre toute condamnation des auteurs d'écrits révisionnistes. 3/ - Je connais particulièrement la question, depuis la publication du livre de mon ami Paul Rassinier : Le Mensonge d'Ulysse. J'avais organisé pour lui une conférence à la Bourse du Travail de Saint-Étienne. Je vous autorise à faire état de ma réponse dans l'étude que vous devez publier. Recevez, Monsieur, mes salutations distinguées. Marcel RENOULET Marcel Renoulet est militant anarchiste. *JACQUES WILLEQUET Je soussigné, professeur honoraire à l'Université Libre de Bruxelles, déclare qu'au stade actuel de mes recherches, je ne puis m'associer aux thèses de mon collègue Robert Faurisson, parce que je les trouve pointillistes et parcellaires. Cette circonstance me met d'autant plus à l'aise pour condamner, avec indignation et ahurissement, certaine proposition de loi qui tendrait à considérer comme nuls et non avenus quatre siècles de progrès, à priver davantage encore les historiens de leur liberté académique, à nuire donc gravement à la cause juive elle-même, et à donner une interprétation inattendue de toutes les déclarations officielles qui ont émaillé le bicentenaire de la Révolution française. Pas la France, ou pas cela. Jacques WILLEQUET Jacques Willequet est l'auteur d'ouvrages de référence sur la seconde guerre mondiale. Dans une carte d'accompagnement de cette lettre, il autorisait M. Faurisson à faire état de sa réponse. *GEORGES CONCHON Cher Monsieur, Parce qu'aucun auteur, fût-ce parmi ceux que vous citez, ne m'a porté à douter un instant de l'extermination systématique par les nazis des Juifs et des Tziganes ; parce que, plus précisément, je suis allé il y a peu à Auschwitz, où tout parle de l'holocauste et des chambres à gaz, j'ose espérer que vous ne m'accuserez pas d'aveuglement (ou de lâcheté, mais je ne suis pas historien), si mes réponses à votre questionnaire sont les suivantes : Question n° 1 : Oui. Question n° 2 : Sans objet. Question n° 3 : Oui. Croyez, en tout cas, que je garde un excellent souvenir de notre rencontre au lycée de Clermont-Ferrand. Georges CONCHON


123 G. Conchon, romancier, «prix Goncourt» 1964, essayiste politique, est mort un an après cette réponse. *VLADIMIR VOLKOFF Monsieur, En réponse à votre lettre du 14 juillet 1989, j'ai l'honneur de vous prier d'abord de m'excuser de ne pas connaître vos travaux, et d'être par conséquent incapable de porter un jugement sur le fond du débat. Mais, pour répondre à votre première question, il me paraît évident que tout groupe ou toute personne souscrivant à la Déclaration des droits de l'homme se doit de laisser s'exprimer librement toute opinion, quelle qu'elle soit, et qu'il est à la fois absurde et déshonorant pour un soi-disant démocrate d'envisager de poursuivre au pénal un historien, quel qu'il soit, défendant la thèse même la plus invraisemblable ou la plus offensante pour quiconque. Il devrait suffire, me semble-t-il — mais je ne suis pas un homme politique —, de démontrer à l'opinion publique qu'il se trompe. S'il se trompe. Absurde et déshonorant, mais non pas inédit, hélas. Je vous autorise, bien entendu, à "faire état de ma réponse", à condition naturellement de la citer en totalité, et, pour répondre à votre deuxième question, ce sera là ma manière de "manifester ma réprobation". Veuillez recevoir, Monsieur, toutes mes salutations. Vladimir VOLKOFF *JACQUES SOUSTELLE (de l'Académie Française) Monsieur le Professeur, Je réponds à votre circulaire du 14 juillet, et je le ferai en toute franchise. En premier lieu, je suis en désaccord avec vous et avec les "révisionnistes" en général. Je considère qu'il est impossible de nier le fait du génocide, autrement dit la mise en application de la "solution finale" par l'extermination systématique du peuple juif. Je comprends mal l'acharnement que certains apportent à effacer cette réalité. Pour ce qui est des "chambres à gaz, je ne mets pas en doute les témoignages, notamment ceux de déportés que j'ai connus personnellement ; j'ajoute que la controverse sur le point précis de savoir si les millions d'infortunés disparus dans les camps sont morts gazés plutôt que pendus ou fusillés me paraît macabre et déplacée. En deuxième lieu, je tiens à préciser que le racisme sous toutes ses formes, y compris l'antisémitisme et aussi le racisme antioccidental et antifrançais camouflé en antiracisme, est à mes yeux odieux et condamnable. Troisièmement, je réprouve toute mesure autoritaire, législative ou policière, tendant à interdire l'expression d'une opinion, même si cette opinion me paraît profondément erronée. Laissons les ayatollahs fanatiques du chiisme dénoncer et menacer de mort quiconque ne pense pas comme eux. Autrement dit, Monsieur le Professeur, je peux me sentir en complet désaccord avec vos thèses, mais je ne saurais admettre qu'on fasse appel à la police ou à la gendarmerie pour vous faire taire. Ma réponse comporte, vous le voyez, trois éléments que je tiens pour inséparables. Dès lors, à moins de la publier intégralement — et elle est malheureusement fort longue — je n'autorise pas qu'il en soit fait état. Veuillez agréer, Monsieur le Professeur, l'expression de mes sentiments distingués.


124 Jacques SOUSTELLE de l'Académie Française 1. Pour les débats au Parlement au sujet de la loi Fabius/Gayssot, on consultera les J.O. (1990) suivants : - 3 mai, Ass. nat., p. 897-973 - 12 juin, Sénat, p. 1445-1464 - 29 juin, Ass. nat., p. 3103-3116, 3122-3142 - 30 juin, Ass. nat., p. 3195-3201 - 30 juin, Sénat, p. 2308-2313 - 1er juillet, Sénat, p. 2341-2344, 2349-2350 - 1er juillet, Ass. nat., p. 3207-3209 - 14 juillet, Lois et décrets, p. 8333-8334. 2. Comité consultatif des universités. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, p.16-35


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LE CALVAIRE D'IMRE FINTA Keltie Zubko Le cas d'Imre Finta est pathétique. Le récit qu'en fait Keltie Zubko serre le cœur. Comment la justice canadienne, cédant à la pression de l' «Holocaust Remembrance Association» et d'autres forces acharnées à la poursuite de ceux qu'on appelle les «criminels de guerre», a-telle pu accumuler tant d'iniquités contre ce malheureux vieillard, ancien capitaine de gendarmerie hongrois, accusé d'avoir participé à la déportation de juifs hongrois en 1944 ? Cet homme, grâcié dans son propre pays après la guerre par un appareil judiciaire pourtant féroce, celui de la Hongrie communiste, avait cru pouvoir trouver refuge en France, puis au Canada, à Toronto. Il avait, à force de travail et aussi par l'effet d'un caractère sociable, acquis une fortune dans la restauration et noué des relations cordiales avec beaucoup de personnes célèbres. Il comptait de nombreux amis juifs. Puis, le grand âge venant, la foudre s'est abattue sur lui. Le bruit a commencé à circuler qu'il était un criminel de guerre. Imre Finta n'avait rien caché de son passé ; il lui arrivait même d'en parler. Mais le Canada, comme d'autres pays à travers le monde (Israël, les ÉtatsUnis, la France, l'Australie, …) commençait à céder aux tentations de la chasse aux criminels de guerre ; à son tour, il entrait dans la danse du scalp autour de vieillards qui avaient perdu la guerre. Il lui fallait à tout prix son procès d'un «criminel de guerre». Le sort tomba sur Imre Finta, un septuagénaire en mauvaise santé. Son procès — un scandale de bout en bout — fut un calvaire. Le jury vient de l'acquitter, à l'unanimité. Les responsables de la communauté juive en ont été atterrés. La presse a retenti de leurs plaintes et de leurs imprécations. Le premier procès de «criminel de guerre» au Canada s'achevait sur un échec. Le procureur a interjeté appel. Un nouveau calvaire s'annonce pour Imre Finta. Keltie Zubko a rédigé, au lendemain de l'acquittement d'Imre Finta, le récit dont on va lire quelques extraits. Ce récit est peut-être ardu pour un lecteur français parce qu'il exige quelques connaissances du droit anglo-saxon. Mais, au travers des détails techniques que rapporte Keltie Zubko avec la précision qui est toujours la sienne, cette amie et collaboratrice de l'avocat Doug Christie laisse percer la sensibilité que lui connaissent tous ceux qui ont approché cette belle et gracieuse Canadienne. Doug Christie est le défenseur impavide des causes les plus difficiles : Canadien d'origine écossaise, il a notamment été le défenseur d'Ernst Zündel. Le «Battling Barrister» (l'avocat battant) du Canada, un idéaliste, s'il en fut, risque de cher payer son intrépidité ; il est question de l'exclure du barreau. Quant à Barbara Kulaszka, autre avocate, d'ascendance polonaise et écossaise, vive, preste, gaie, elle a, elle aussi, lutté pour Ernst Zündel et Imre Finta. Par moments, son sourire disparaît, son minois se chiffonne, ses yeux s'embuent. Un peu naïve encore sans doute, elle découvre à quel point l'appareil judiciaire de son pays peut être secourable au puissant et dur au misérable. Elle en est consternée mais, vite, dans un éclat de rire, elle reprend le dessus et la voici qui se remet au travail pour la cause de l'innocent persécuté. Et, avec elle, une fois de plus, la maison Zündel tout entière vibre comme une ruche au travail … [Procès d'Imre Finta, 77 ans, à Toronto (Canada), d'octobre 1989 à mai 1990. Juge : Archie Campbell. Ministère public ayant introduit l'action : procureur général Ray Hnatyshyn. Ministère public plaidant : Christopher Amerasinghe, aidé d'une importante équipe de collaborateurs, disposant des services de la RCMP (police canadienne), des fonds de l'État et de l'appui des médias (presse, radio, télévision et cinéma avec le film Music Box). Défense : Doug Christie («The Battling Barrister») et sa collaboratrice Keltie Zubko ainsi que Barbara Kulaszka, avocat en second. Sans argent, sans moyens sinon l'aide désintéressée d'Ernst Zündel


126 et de ses amis. Acquittement à l'unanimité sur les huit points de l'accusation. Le ministère public fait appel.] Le 25 mai 1990, à l'issue d'un interminable procès, le jury déclarait Finta non coupable aux huit chefs d'accusation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le juge Archie Campbell, de la Cour suprême de l'Ontario, avait consacré les journées des 22, 23 et, en partie, 24 mai à donner des instructions aux jurés, c'est-à-dire à leur expliquer la loi tout en leur donnant sa propre conception des faits (alors que les jurés sont censés en juger par eux-mêmes). Au cours de leurs délibérations, les jurés étaient revenus à plusieurs reprises pour poser différentes questions, réclamer des preuves supplémentaires sur certains points reprochés à Finta, au point que la défense avait été amenée à croire qu'ils s'apprêtaient à rendre un verdict de culpabilité. Le moment du verdict arriva. On vit entrer les jurés dans cette salle d'audience où l'accusation avait cité quarante-trois témoins et produit des cartons entiers de documents, tandis que la défense n'avait pu fournir ni preuves ni témoignages. Après que les jurés eurent chacun répondu à l'appel de leur nom, la présidente du jury, Stephanie Reilander, se leva pour donner lecture du verdict concernant les huit chefs d'accusation (vol qualifié, séquestration par la violence, rapt et homicide involontaire, tenus pour autant de crimes de guerre et crimes contre l'humanité). D'une voix claire et sonore, elle prononça huit fois les mots de «non coupable», tout en conservant jusqu'au bout un ton assuré et ferme. Vers le quatrième «non coupable», M. Finta se pencha vers l'avant et sanglota dans ses mains. Son défenseur, Doug Christie, pleurait aussi, tout comme plusieurs membres du jury. Le procureur, Amerasinghe, demanda alors que chaque juré se lève à tour de rôle pour dire s'il était d'accord avec le verdict. A quoi les huit femmes et les quatre hommes répondirent chaque fois qu'ils étaient «d'accord». Le juge remercia chaleureusement le procureur et le félicita d'avoir poursuivi dans une affaire aussi délicate ; il remercia les membres du tribunal ; il remercia les jurés ; mais il n'eut pas un seul mot pour Doug Christie non plus d'ailleurs que pour l'équipe de la défense. Il demanda au ministère public s'il y avait la moindre raison de ne pas remettre le prévenu en liberté et prononça alors la relaxe de M. Finta, cet homme âgé de 77 ans. Celui-ci et M. Christie quittèrent la salle d'audience et allèrent s'asseoir tranquillement au sous-sol du palais de justice pour y attendre un taxi. A l'extérieur du tribunal, les journalistes interviewaient plusieurs représentants d'associations juives et des membres du ministère public sur le verdict «surprise». Maintenant que l'affaire est jugée, il est possible d'évoquer bien des événements intéressants qui se sont produits pendant le procès, hors de la présence du jury. [Au Canada, bien des points d'une action en cours ne peuvent être rendus publics qu'après le prononcé de la sentence.] Les épreuves de M. Finta durent depuis des années. Cela commença par des poursuites civiles impliquant notamment Sabina Citron (la même personne que celle qui est à l'origine de la poursuite contre Ernst Zündel, puis contre John Ross Taylor) et la chaîne de télévision CTV, à la suite de quoi M. Finta perdit son logement au beau milieu du procès ; cela continua par les auditions devant la commission Deschenes [sur les «criminels de guerre» du camp des vaincus] et les conclusions secrètes de ladite commission ; et, pour finir, on en arriva à l'inculpation de décembre 1987, lorsqu'il fut choisi par le Gouvernement pour être le premier inculpé en vertu de la loi sur les crimes de guerre, loi passée au cours de l'été 1987 à la suite d'un accord tripartite. Les preuves produites au cours des débats firent apparaître que la police montée, contrairement à tous les usages, n'avait pas interrogé un seul témoin et ne s'était livrée à aucune enquête avant l'inculpation de M. Finta. Prenant les devants, le juge avait interdit à M. Christie de demander aux magistrats instructeurs d'où venait la décision d'inculper M. Finta.


127 Au cours de cette interminable aventure, M. Finta avait perdu sa femme : une grenade lancée par la fenêtre lui avait fait dévaler l'escalier dans l'affolement ; elle était tombée et s'était cassé la hanche. Il avait aussi perdu des amis, aussi bien juifs que non juifs, sa santé, son argent et, bien sûr, sa tranquillité d'esprit, lui qui avait été un homme travailleur et efficace au sein de la société canadienne. Au début de 1988, peu après son inculpation, il décida de changer d'avocat et se mit en rapport avec Doug Christie qui, à l'époque, était à Toronto pour le second procès Ernst Zündel. M. Christie accepta de défendre les intérêts de M. Finta et l'audition préliminaire fut fixée au mois de septembre 1988 à Toronto. Cette audition, cependant, ne devait pas avoir lieu car, au mois d'août 1988, juste avant l'annonce d'une élection fédérale, et en donnant à la décision une grande publicité, le procureur général d'alors, Ray Hnatyshyn, signa une mise en accusation directe de l'accusé, ce qui renvoyait l'affaire devant le tribunal sans le bénéfice d'une audition préliminaire ! Et cela, dans un procès mettant en œuvre une loi nouvelle et complexe, appliquée pour la toute première fois, en raison de faits remontant à plus de quarante ans ! La défense commença, pour la première fois, à mesurer concrètement les désavantages considérables de sa position. Il est vraiment comique, aujourd'hui où le procès est terminé, d'entendre les partisans de l'accusation se lamenter sur les difficultés rencontrées par elle pour poursuivre ces prétendus crimes, comme si elle avait été bien plus mal lotie que la défense. Les moyens de cette dernière étaient en la circonstance des plus réduits, tandis que le ministère public, lui, disposait de toutes les ressources du Gouvernement fédéral, tant sur le plan financier qu'en matière de médias. Le ministère public fit valoir que, les témoins qu'il voulait interroger étant trop malades ou trop âgés pour venir témoigner à Toronto, il était nécessaire que des déplacements fussent organisés pour Israël, puis pour la Hongrie. Cette demande fut accordée. Juste avant de partir, le ministère public avait fait déposer des cartons entiers de documents que la défense était dans l'impossibilité d'emporter ou de lire avant son départ pour s'en imprégner. Mais les difficultés ne s'arrêtèrent pas là : Doug Christie et son assistante, Keltie Zubko, n'eurent pas accès aux archives hongroises qu'ils voulurent consulter. Il faut ajouter à cela les difficultés de langage, un empoisonnement dû à la nourriture, des moyens extrêmement limités, et les conditions générales de vie en Hongrie, en particulier à Szeged, où la défense se trouva reléguée dans un hôtel rempli de touristes d'Europe de l'Est qui festoyaient toute la nuit. Le 2 octobre 1989 s'ouvrirent les discussions sur les points de droit, ce qui n'aurait dû prendre au plus qu'une quinzaine de jours mais qui, en fait, se prolongea pendant quatre, puis six semaines, le ministère public ayant demandé que la cour accepte la masse de documents qu'il désirait produire devant le jury sans que quiconque eût été cité en personne pour témoigner de leur authenticité. Le juge, à quelques exceptions près, accepta que l'accusation en fît état par simple déclaration sous serment, sans donner à la défense l'occasion de procéder au contre-interrogatoire des gens dont les affirmations sur ces documents pouvaient avoir les plus lourdes conséquences. Le ministère public tenta de faire admettre des choses comme le Protocole de Wannsee, le discours d'Himmler à Posen et d'autres pièces qui n'avaient qu'un très lointain rapport avec les activités d'un simple capitaine à Szeged pendant quelques semaines de l'année 1944. Aux yeux de la défense, il devint évident qu'Imre Finta devait servir de bouc émissaire pour la seconde guerre mondiale dans son entier si l'on permettait à l'accusation de continuer ainsi sa stratégie initiale. Mais le juge rejeta une bonne partie de ces documents, tout en en acceptant beaucoup d'autres aussi peu pertinents. La défense était lentement envahie par le sentiment de son impuissance. Il devint néanmoins évident que les jurés ne se laissaient pas impressionner et se rendaient compte qu'on leur mettait sous les yeux documents après documents qui n'avaient rien à voir avec Finta, ou bien qui étaient parfaitement insignifiants, ou encore qui se rapportaient à lui sans l'accabler, ou même, souvent, plaidaient en sa faveur.


128 Il se révéla que la communauté hongroise établie au Canada ne pouvait pas réunir les fonds nécessaires aux frais de la défense. M. Finta n'avait pas d'argent et les trois membres de l'équipe, Douglas Christie, Barbara Kulaszka (avocat en second) et Keltie Zubko (secrétaire juridique) finirent par faire appel à l'assistance judiciaire de l'Ontario. Ils purent aussi, grâce à l'aide d'Ernst Zündel, utiliser ordinateurs, photocopieuses, télécopieurs, téléphones de ce dernier et compter sur des personnes de bonne volonté pour courir les bibliothèques, traduire, photocopier, brocher et donner un coup de main dans les mille tâches nécessaires à pareil effort ; toutes choses qui furent pour eux une compensation non négligeable, bien que sans commune mesure avec les ressources dont disposait l'accusation. Les discussions sur des points de droit tenues en octobre 1989 se prolongèrent en novembre et portèrent sur l'utilisation des bandes d'enregistrement [rapportées d'Israël ou de Hongrie] que la commission d'enquête entendait présenter comme preuves. L'accusation fit connaître à la défense ceux des témoignages qu'elle utiliserait et ceux qu'elle passerait sous silence. On écarta le témoignage le plus incroyable, recueilli à Budapest, celui d'une certaine Mme Abranyi ; cette dame avait déclaré que ses souvenirs étaient bons parce qu'elle avait pris des «médicaments pour la mémoire» inventés par son défunt mari, le docteur Abranyi. La défense insista énergiquement pour que les jurés eussent le droit d'entendre des spécialistes de droit international afin de pouvoir juger en connaissance de cause des faits précis en question, ce qui était du ressort exclusif du jury, comme, par exemple, la question de savoir quel était le droit hongrois en 1944 et quelle était la pratique d'autres nations à cette époque, etc. Le juge déclara que cette demande de la défense n'était pas recevable. L'un des arguments les plus dramatiques d'avant le procès fut celui que cita la défense : celle-ci fit valoir qu'Imre Finta avait été grâcié en Hongrie pour les «crimes contre le peuple» qui lui avaient valu d'être condamné en 1948, et qui procédaient très exactement des événements mêmes sur lesquels le ministère public se fondait pour le poursuivre, quarante années plus tard, dans un autre pays. M. Finta pouvait ainsi se prévaloir d'une décision de justice rendue par un tribunal hongrois lui signifiant qu'il était maintenant grâcié, ce qui faisait de lui un homme libre dans le pays même où il était censé avoir commis ces crimes. En dépit du secours qu'avait apporté la déposition de l'expert en droit hongrois de l'accusation, Tomas Revesz, le juge estima que M. Finta devait passer en jugement au Canada. A partir de ce moment-là, la défense sentit que, malgré l'injustice flagrante, rien ne pourrait empêcher l'ouverture du procès. Le choix des membres du jury commença le 14 novembre 1989 et le tribunal entendit les premiers témoignages le 22 novembre. Le grand public (parmi lequel sont choisis les jurés) est soumis à une propagande si intense sur les différentes péripéties de la seconde guerre mondiale qu'il raisonne nécessairement non pas à partir des témoignages entendus au prétoire mais à partir de ce qu'il a appris par les médias et retenu de la culture populaire. La sortie du film Music Box pendant les débats illustre à merveille ce phénomène. Le film raconte le procès d'un Hongrois accusé de crimes de guerre. On y traite des «tactiques» employées par la défense en vue d'obtenir l'acquittement du prévenu en dépit de sa culpabilité, laquelle est révélée à la fin du film. Ce qui jetait le discrédit sur toutes les méthodes employées par les avocats pour défendre leur client, comme si ces méthodes étaient malhonnêtes. Pendant le procès, le bruit courut que, en dépit de la recommandation expresse faite par le juge aux jurés de ne pas aller voir ce film, l'un d'entre eux y avait été surpris par l'un des assistants au procès. L'affaire avait été rapportée au juge mais, contrairement à ce qui s'était passé au procès Zündel où un juré avait été récusé pour une transgression beaucoup plus anodine, le juge refusa de simplement envisager le préjudice pouvant en résulter ; d'un seul coup les avertissements formels du juge aux jurés d'avoir à se garder des médias étaient devenus de simples suggestions amicales !


129 D'un bout à l'autre des débats, la défense se sentit à maintes reprises submergée par les montagnes de papier et l'aide manifeste dont l'accusation bénéficiait de différents côtés. Au début, M. Amerasinghe disposait de deux assistants, Tom Lemon et Leslie Carr, ainsi que d'un historien, David Wright. Mais il était évident que, dans la coulisse, il disposait de bien d'autres aides, enquêteurs de police et historiens, dont l'un passa des mois à fouiller dans les archives hongroises pour dénicher des documents utiles au ministère public. Rien de semblable du côté de la défense. Il lui fallait venir péniblement à bout d'une masse de matériaux assénée par l'accusation comme étant des «révélations», tâche presque impossible parce qu'une bonne partie de ces matériaux n'avait rien à voir avec la question ou n'était pas même traduite. Et, par làdessus, il fallait à la défense trouver, bien entendu, sa propre documentation et ses propres témoins. L'un des gros problèmes pour assurer la défense de ce genre de prévenu est celui de la langue. Comme le hongrois n'est pas un idiome très répandu, il était difficile d'obtenir de bonnes traductions des documents importants. La défense ne pouvait se fier aux interprètes fournis par la partie adverse et, très souvent, des documents contenaient une terminologie juridique qui nécessitait l'intervention d'un expert en droit connaissant parfaitement le hongrois. Quand certains mots ont une importance cruciale, la façon de les traduire peut faire la différence entre «coupable» et «non coupable». Les problèmes de santé de M. Finta devinrent vite manifestes et son avocat fournit au tribunal, le 8 décembre 1989, un certificat médical attestant qu'il y avait danger pour la vie de son client si le procès devait se poursuivre. M. Finta souffrait souvent d'angine, de pulsations irrégulières, d'étourdissements et autres affections. Au début, le juge l'avait fait asseoir dans le box des prévenus, mais, lorsque ses chevilles commencèrent à enfler et à devenir énormes, il fut autorisé à s'asseoir à un endroit où il pouvait maintenir ses pieds en position élevée. C'est là qu'il demeura pour le reste du procès. Très souvent, M. Finta devait se lever et quitter brusquement la salle d'audience, ce qui entraînait l'interruption des débats. Une fois, il fut dans l'incapacité de se présenter à l'audience et fut conduit chez un médecin qui, tout en exprimant sa sympathie pour le prévenu, refusa de l'examiner sous prétexte qu'il ne se sentait pas objectif. Une autre fois, M. Finta sembla perdre connaissance à l'audience et fut conduit en ambulance à l'hôpital où on l'examina avant de le laisser repartir. Dans les derniers jours du procès, le pouls de M. Finta était extrêmement bas et irrégulier. Le ministère public avait loué les services d'une infirmière parlant hongrois pour veiller sur la santé des témoins, mais c'est à peine si elle prêtait attention au prévenu, lequel était dans un état bien pire. Cette infirmière était là presque quotidiennement, même lorsque la cour ne faisait entendre des témoignages que sous forme de vidéo-cassettes, et cela coûtait aux contribuables 140 dollars canadiens par jour. Au début, l'assistance comportait beaucoup de membres de la communauté juive ; mais, à mesure que se déroulait le procès et que s'évanouissaient les preuves contre M. Finta, ce nombre diminua jusqu'à atteindre parfois — contrairement à ce qu'on a rapporté après le verdict — une poignée de personnes. Certains jours, des classes entières d'étudiants juifs étaient citées à la barre pour y être interrogées par l'accusation, après quoi on les faisait sortir sans que la défense pût procéder au moindre contre-interrogatoire. L'aide pratique de tous les jours, si nécessaire pour mettre sur pied la défense en pareilles circonstances, faisait souvent défaut ou bien reposait sur les épaules de quelques rares personnes. Ce fut aussi une lourde épreuve pour les trois défenseurs que d'être loin de chez eux pendant si longtemps, car aucun n'était originaire de la région de Toronto [Doug Christie et Keltie Zubko ont leur maison à 3 000 km de Toronto]. A cela venait s'ajouter la tension due aux menaces qui pesaient sur la carrière de Doug Christie : en effet, des plaintes avaient été déposées contre lui auprès des associations de droit du haut Canada et de Colombie britannique car, à la suite du jugement en appel de l'affaire Zündel, D. Christie avait mis en doute l'impartialité du juge. De son côté, Barbara Kulaszka devait livrer bataille pour tenter de


130 protéger la maison de M. Finta des tentatives de saisie par la télévision canadienne, au beau milieu du procès. On arrivait à la fin du procès et la défense n'avait pas réussi à savoir quels étaient réellement les arguments du ministère public. Mais, devant la quantité de matériel fourni par ce dernier, devant l'âge et l'état de l'accusé, la défense prit la décision de ne fournir aucune preuve ni témoignage pour réfuter les assertions du ministère public. Déjà, dans une lettre adressée au tribunal, les jurés s'étaient plaints de la longueur du procès et des grandes fatigues qui en étaient résultées pour eux. Deux d'entre eux avaient, semble-t-il, perdu leur emploi en raison de la durée des débats. La défense, tout en répondant coup par coup à l'accusation au mieux des intérêts de son client, s'était efforcée de ne pas retarder le cours du procès, renonçant à contreinterroger les témoins qui n'avaient rien à voir avec l'affaire. Le compte rendu de Keltie Zubko s'achevait sur une exhortation. Elle demandait aux membres de l'association «Friends of Freedom» (les Amis de la Liberté) de s'adresser au ministre de la Justice pour le prier d'épargner à Imre Finta, après une instruction de plusieurs années et un procès de six mois, l'épreuve d'un nouveau procès encore plus coûteux pour le contribuable canadien (on évalue à 5 millions de dollars canadiens les seuls frais du premier procès !). Les jurés avaient été unanimes et avaient rendu leur décision avec une rapidité exceptionnelle. Peine perdue. Imre Finta sera traîné en justice comme l'avait été, aux ÉtatsUnis et en Yougoslavie, le moribond Artukovic. ____________________________________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 36-45


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LE DOYEN MICHEL DE BOÜARD ET LES CHAMBRES A GAZ HOMICIDES Henri Roques Le quotidien Ouest-France daté des 9/10 juin 1990, dans son édition du Pays d'Auge, à la page 15, rend compte d'une manifestation organisée la veille à l'Université de Caen en hommage à deux grands universitaires médiévistes : Lucien Musset, toujours très actif après quarante-cinq ans d'Éducation nationale, et Michel de Boüard, décédé en 1989 après une magistrale carrière à Caen où il fut, jusqu'en 1981, doyen de la Faculté des Lettres. Le président actuel de l'université caennaise, Max Robba, prononça l'éloge de Michel de Boüard et, après avoir évoqué le passé de résistant de l'éminent membre de l'Institut, il déclara : Aujourd'hui, les tenants d'une thèse inqualifiable éclaboussent les martyrs d'un combat auquel a participé Michel de Boüard. Le camp de Mauthausen ne comportait qu'une chambre à gaz artisanale, à la différence des camps d'anéantissement comme Auschwitz, mais il s'agissait d'un camp d'extermination par le travail. Or, en mai 1986, Michel de Boüard, seul dans l'université, avait eu le courage — beaucoup pensèrent même l'imprudence — de rompre avec la légende et le conformisme pour défendre sans réserve la thèse que j'avais soutenue à l'université de 47 Nantes le 15 juin 1985. Interrogé par le quotidien Ouest-France (2/3 août 1986) sur sa prise de position «hérétique», Michel de Boüard déclarait notamment : Dans la monographie sur Mauthausen que j'ai donnée dans La Revue d''histoire de la Seconde Guerre mondiale en 54, à deux reprises je parle d'une chambre à gaz. Le temps de la réflexion venu, je me suis dit : où ai- je acquis la conviction qu'il y avait une chambre à gaz à Mauthausen ? Ce n'est pas pendant mon séjour au camp car ni moi ni personne ne soupçonnions qu'il pouvait y en avoir, c'est donc un «bagage» que j'ai reçu après la guerre, c'était admis. […] Or, j'étais membre du commandement français de l'Organisation internationale de résistance du camp et nous étions assez bien informés sur ce qui s'y passait. L'Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Mauthausen réagit alors avec passion par la plume de son vice-président. Ouest-France publia dans son numéro du 15 décembre 1986 (p. 6) des extraits essentiels de la lettre de l'Amicale, ainsi qu'une note du doyen de Boüard. Dans cette note, nous relevons le passage suivant : […] Si des personnes qui vécurent au camp (Häftlinge ou SS) ont affirmé que ce mode d'assassinat [le gazage homicide - N.D.L.R. ] y fut pratiqué, bien des indices me portent à en douter. En particulier, il n'est pas question de chambre à gaz dans le rapport très détaillé (conservé aux archives de l'I.T.S. à Arolsen) qui fut rédigé par le commandement américain après la libération du camp. […] L'obstination que mettent certains déportés de Mauthausen à soutenir qu'il y existait une chambre à gaz laisse rêveur […]. A la suite d'une conférence tenue le 10 décembre 1986 à Caen devant une quarantaine de collègues historiens, Michel de Boüard rédigea un article destiné à être publié dans la revue Historiens et Géographes éditée par l'Association des professeurs d'histoire et de géographie. Il fallut l'insistance pressante de la délégation régionale de Caen, assortie d'une menace de démission de son président, pour que la revue en question, après plus d'un an de réticence, publiât le texte de Michel de Boüard dans son numéro 321 de décembre 1988. L'article était intitulé : «La déportation entre l'histoire et le mythe». Il commençait ainsi :


132 Quarante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'image de la Déportation qui hante beaucoup d'esprits est encore imprégnée de mythe, de sorte qu'une vue historiquement correcte de ce que fut cette Déportation ne parvient pas à prévaloir. Parlant du film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais, l'auteur remarquait : […] Les images qu'il présente sont, à quelques exceptions près, empruntées à des sources incontestables ; mais l'auteur n'a tenu aucun compte du contexte temporel et spatial auquel elles se rapportent. Il en a fait une sorte de condensé doloriste et, disons-le, simpliste, abstrait, en ce sens que toute référence au temps et au lieu est exclue ; […] Nuit et Brouillard est sans doute un grand film, mais un film anhistorique. Revenant à la notion de mythe, M. de Boüard constatait : […] le mythe est générateur de tabous qui sont un frein à la recherche historique. L'ancien doyen de la Faculté des Lettres de Caen n'a pas hésité à entretenir de simples et franches relations avec certains de ceux que M. Robba appelle «les tenants d'une thèse inqualifiable». Ainsi, dans une lettre datée du 6 janvier 1988 à l'occasion d'un échange de vœux, M. de Boüard m'écrivait-il : Après tout, comment tenir rigueur aux associations d'anciens déportés d'exploiter ce qui est leur raison d'exister. L'Amicale de Mauthausen continue de m'envoyer son bulletin ; c'est presque touchant tant c'est puérilement aveugle. En revanche, ce qui me révolte, c'est la «trahison des clercs» qui sont institutionnellement chargés d'élaborer l'histoire et bafouent l'objectivité. Ils ne font rien, bien au contraire, pour exercer un contrepoids critique à l'égard de cette littérature mythique. Je ne ferai pas état des quelques lettres où l'éminent historien renouvelle son soutien à ma thèse, s'indignant notamment du jugement du tribunal administratif de Nantes, rendu le 18 janvier 1988, qui m'a débouté de mon recours contre l'annulation, en juillet 1986, de ma soutenance de thèse. En date du 17 juin 1988, M. de Boüard me remerciait de lui avoir communiqué un «long compte rendu du procès de Toronto» rédigé par le professeur Faurisson et publié en tiré-à-part par l'hebdomadaire Rivarol [1] : […] je l'ai lu avec beaucoup d'attention et d'intérêt, d'autant plus que je ne connais pas la plupart des auteurs et des écrits qui s'y trouvent cités. […] Au sein du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, auquel j'ai appartenu de 1945 jusqu'à sa dissolution, j'ai maintes fois exprimé des réserves sur ce que je considère comme une «trahison des clercs». Cette institution, dont la mission était d'élaborer et de faire prévaloir une histoire vraie de la déportation […], a constamment cédé aux propagateurs du «mythe», c'est-à-dire aux médias et aux lobbies qui les inspirent encore ; certains des membres les plus connus du Comité ont même exploité l'aspect «best-seller» de la littérature sur les KZ [Konzentrationsläger]. Nous ne céderons pas à la tentation de prétendre que M. de Boüard était devenu, à la fin de sa vie, un révisionniste convaincu. Mais comment nier son évolution vers le révisionnisme à la lecture de la lettre qu'il m'écrivait encore le 28 septembre 1988 : Antibes, le 28.09.88 Un grand merci, cher Monsieur, pour l'envoi du n° 5/1988 des Annales d'Histoire Révisionniste. Je ne connais que bien imparfaitement le dossier de la controverse sur les chambres à gaz ; mais j'ai toujours trouvé étrange que l'on n'ait pas procédé, avant toute chose, à des examens comme ceux que vient de faire Fred A. Leuchter ; les résultats me semblent d'une clarté aveuglante. Que vont bien pouvoir y objecter «les autres ?» Comment, d'autre part, n'a-t-on pas (si je ne me trompe) localisé les fameuses fosses de 100 m x 20 m x 12 m dont on a tant parlé (Gerstein entre autres), où l'on aurait entassé les cadavres des gazés, si nombreux que les crématoires ne pouvaient les incinérer ? Tout archéologue sait fort bien que


133 de tels charniers sont facilement localisables grâce aux instruments de prospection géophysique. Si j'ai le plaisir de vous revoir un de ces jours (je rentre en Normandie dimanche prochain), je vous parlerai d'un de mes très bons amis qui a séjourné à Auschwitz I de fin juillet 42 à fin 44 ; il travaillait au Kommando des électriciens et fut envoyé, à plusieurs reprises, à Birkenau pour y effectuer des travaux d'entretien sur les crématoires. M. Michel de Boüard était un honnête homme ; c'était un juste ; il fut surtout un historien courageux. ____________________________________________________________ 1. 9, passage des Marais, 75010 Paris Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 46-49


134

L'ÉTABLISSEMENT JUIF SOUS LA MENACE ET LA DOMINATION NAZIES DE 1938 A 1945 Carl O. Nordling Carl O. Nordling, de nationalité suédoise, est un démographe de profession. Il a proposé l'étude qui va suivre à la revue Holocaust and Genocide Studies (revue publiée en association par le très officiel Holocaust Memorial Council des États-Unis et l'Institut Yad Vashem de Jérusalem), qui a décliné l'offre (voy. R.H.R. n° 1, p. 174). Les millions de juifs persécutés par l'Allemagne nazie et, jusqu'à un certain point aussi, par le Gouvernement roumain, par la France de Vichy, par le corps des Croix fléchées en Hongrie, etc., sont généralement perçus comme des «masses» anonymes de gens trop nombreux pour être considérés comme des individualités. Assurément quelques livres ont été écrits par des personnes soumises à ces persécutions. Ainsi, le Journal d'Anne Frank, Si c'est un homme de Primo Levi, Je ne peux pardonner de Rudolf Vrba, et La Nuit d'Elie Wiesel, présentent-ils sans aucun doute des comptes rendus de persécutions à l'échelon individuel, mais, en revanche, il est évident que les auteurs de ces livres ont eu une vision trop étroite des choses pour permettre de tirer des conclusions d'ordre général. Il existe cependant un groupe assez important de juifs dont les destins individuels sont tous assez bien connus, au point que le groupe entier peut être étudié statistiquement. D'une telle étude, au moins quelques conclusions générales peuvent-elles être tirées. Par commodité, ce groupe sera appelé ici le «Groupe de l'Établissement Juif», ou GEJ, tel qu'il est limité et défini ci-dessous. Ce groupe se compose de tous les juifs dont les données biographiques sont enregistrées sous articles individuels dans l'Encyclopaedia Judaica (Jérusalem : Keter Publishing House et New York : Macmillan, 1971). Pour les besoins de l'enquête qui va suivre, le groupe a été limité à des juifs de 12 pays, nés dans la période 1860-1909, et en vie au 1er janvier 1939. Il a fallu se limiter aussi en raison de la difficulté qu'il y a à trouver dans l'encyclopédie tous les cas concernés (en explorant l'encyclopédie une première fois, j'ai trouvé 590 personnes concernées ; une seconde étude m'a permis d'ajouter 132 personnes, sans pour autant changer beaucoup l'aspect général). Pour être considéré comme faisant partie du GEJ, un juif doit avoir vécu dans l'un des pays suivants au 1er janvier 1938 : la France, la Pologne, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, l'Italie, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, le Danemark, la Yougoslavie ou la Belgique. Dans le cas de la Pologne, les juifs du district de Vilnius ont été exclus. Bien que les juifs d'Union soviétique, des Pays Baltes et du district de Vilnius eussent été également persécutés par le régime nazi, ils n'ont pas été inclus dans la présente étude, en raison des difficultés qu'il y a à déterminer qui, des Nazis ou des Soviétiques, ont été responsables du sort de chacun d'eux. La grande majorité des 96 juifs polonais retenus vivaient dans la zone allemande en 1939. Deux juifs norvégiens et trois juifs grecs ont été exclus comme étant trop peu nombreux pour représenter «l'Établissement» de leurs pays respectifs. Il ne s'est pas trouvé de juif de Finlande, de Bulgarie, d'Albanie ou du Luxembourg qui présentât les qualités requises pour être pris en compte. Au regard des limitations signalées, au total 722 juifs répondaient aux exigences, répartis comme suit selon le dernier pays de leur résidence librement choisie : France 170, Pologne 96, Allemagne 93, Autriche 85, Hongrie 64, Italie 63, Pays-Bas 49, Tchécoslovaquie 42, Roumanie 29, Danemark 13, Yougoslavie 9 et Belgique 9. Pour simplifier, c'est ce groupe de 722 que nous appellerons GEJ. Sur tout le GEJ, 317 personnes (44 %) ont émigré ou fui des douze pays étudiés, à un moment donné situé entre janvier 1938 et avril 1945. Ce chiffre de 317 ne comprend pas les


135 personnes qui, ayant émigré vers les Pays Baltes, ont été plus tard capturées par les Allemands, ni celles qui ont émigré après la libération. L'émigration, dans la plupart des cas, s'est produite dans les années 1938-41, bien que l'on trouve plus tard des cas de fuite, notamment parmi les Danois. Parmi les 405 juifs n'ayant pas émigré, ou les «restés sur place», 256 (63 % des restés sur place, 35 % du GEJ dans son ensemble) ont été suffisamment chanceux pour échapper à la capture par les SS, la Gestapo, les Croix fléchées et autres organisations de ce genre. Les 256 restés sur place ayant échappé à la capture comprennent aussi des juifs polonais vivant dans des ghettos pendant la guerre. Le nombre de ceux qui se sont cachés ne peut pas être déterminé parce que l'Encyclopaedia Judaica ne fournit pas de tels détails à l'exception de quelques cas isolés. Parmi les 256 restés sur place ayant échappé à la capture, 88 (36 %) sont morts avant mai 1945, et 168 (66 %) ont survécu à la guerre. Le dur traitement infligé aux juifs a été particulièrement préjudiciable aux personnes âgées. Le taux de décès a été de 67 % chez ceux qui sont nés entre 1860 et 1879, contre 6 % chez ceux qui sont nés entre 1890 et 1909 (personnes ayant échappé à la capture). 149 des restés sur place ont été capturés par des organisations nazies, ou par des Nazis agissant individuellement. Cependant, 17 des juifs capturés (11 %) ont été relâchés (ou se sont évadés) pour retrouver la liberté en dehors des territoires contrôlés par les Nazis, devenant ainsi des «émigrants secondaires». 18 ont été assassinés ou exécutés sans le moindre emprisonnement préalable. 18 ont été détenus en prison ou dans des camps de prisonniers de guerre — certains d'entre eux ayant été relâchés avant la fin de la guerre sans émigrer par la suite. 5 de ces 18 sont morts en détention. Tous les autres, soit 96 personnes, ont été envoyés en camps de concentration, pour autant qu'on le sache (quelques-uns ont pu mourir en route). Les plus chanceux du groupe de ceux qui ont été envoyés en camps de concentration ont été les 15 juifs autorisés à séjourner à Theresienstadt (qui n'était pas un véritable camp de concentration). 4 d'entre eux sont morts (dont 3 âgés de 72-74 ans) et 11 ont survécu jusqu'à la libération. Ensuite vient un groupe de 20, qui ont été détenus dans plusieurs camps identifiés en Allemagne, Autriche, France et Pays-Bas. 11 d'entre eux sont morts, 9 ont survécu (quelquesuns des 17 «émigrants secondaires» ont été en fait aussi des survivants des catégories mentionnées). Les 61 juifs restants du «groupe de personnes envoyées en camp» ont été dirigés soit vers Auschwitz (33 personnes), soit dans les camps de Pologne (13 personnes), soit vers des destinations inconnues (15 personnes). 4 seulement sont revenues vivantes, toutes d'Auschwitz. Les 57 autres ont péri ou ont disparu. Ce qui est réellement arrivé à chacune de ces 57 personnes est naturellement impossible à établir. De notoriété publique, la cause de la mort dans ces camps de l'Est était évidemment l'extermination massive organisée. Cependant, on trouve aussi 7 cas de meurtre individuel ou d'exécution. Il est aussi bien connu que le typhus, la fièvre typhoïde et d'autres maladies ont fait beaucoup de victimes parmi les internés des camps de l'Est — tout comme dans ceux de l'Ouest (environ la moitié des juifs du GEJ morts dans les camps de l'Est avaient 60 ans ou plus). Selon Elie Wiesel, un nombre énorme d'internés évacués d'Auschwitz sont morts pendant les dix jours de transport vers Buchenwald en wagonplateforme au mois de janvier 1945. Dans le wagon de Wiesel, une douzaine seulement sur cent ont, paraît-il, survécu au transport. Pour chacun des 4 survivants du GEJ, on peut penser qu'il y avait plusieurs victimes de ces transports. Nous devons aussi considérer comme causes occasionnelles de décès les suites de tortures, les accidents et les suicides comme on en trouve dans tout camp de concentration. En dernier lieu, il est possible que certaines des 57 personnes manquantes aient terminé en captivité chez les Soviétiques. Mis à part les 7 cas de meurtres individuels, aucun chiffre précis ne peut être fourni pour les diverses autres causes de mort.


136 Contrairement à ce que l'on aurait pu supposer, il est manifeste que seulement une petite partie (moins de 50) des juifs du GEJ morts en territoire nazi (183 en tout) a été victime de l'extermination massive organisée. Débarrasser l'Europe de l'influence juive sur la vie culturelle était un des objectifs déclarés de la politique antisémite du IIIe Reich. Il apparaît que l'émigration primaire et secondaire — totalisant 334 juifs du GEJ — était un moyen beaucoup plus efficace pour atteindre cette fin que ne l'était l'exécution de notables juifs. Cependant, aucun de ces moyens n'a été véritablement efficace pour éliminer l'Établissement juif sur le Continent. Quand le IIIe Reich a sombré, pas moins de 205 juifs du GEJ (28 % du nombre d'origine) étaient encore vivants dans les douze pays qui avaient été la cible des persécutions antisémites à une échelle que le monde n'avait jamais vue. Auschwitz et les camps de l'Est se sont certainement révélés beaucoup plus mortels que les autres. Il convient donc de noter qu'environ 30 % au moins des restés sur place du GEJ en provenance de Pologne et de Tchécoslovaquie ont été envoyés dans ces camps (y compris vers des destinations inconnues), tandis que 18 % environ seulement de ceux d'Autriche et de Hongrie ont subi le même sort. Et, parmi les juifs du GEJ de France, d'Allemagne, d'Italie et des Pays-Bas, la proportion était de 10 à 14 % ; c'est là un fait qui distingue ces pays de la Roumanie, du Danemark, de la Yougoslavie et de la Belgique, qui n'ont jamais fourni d'internés du GEJ aux camps de l'Est. Une autre différence apparente concerne les professions. En vérifiant les professions des 95 personnes mortes victimes de l'activité nazie (tableau n° 5), on s'aperçoit qu'il y a un nombre de rabbins parmi elles (15) plus élevé qu'on n'aurait pu le penser étant donné qu'environ 10 % seulement des juifs du GEJ sont des rabbins. La raison peut en être que les rabbins restaient dans la plupart des cas sur place avec leur communauté et que, par conséquent, on les trouve rarement dans le large groupe des émigrants épargnés. Hormis les différences mentionnées ci-dessus, les autorités allemandes semblent avoir prêté peu d'attention au rang (dans le monde des lettres, etc.) des juifs en tant qu'individualités. Malgré cela, le groupe des 722 juifs étudié ici ne peut pas être considéré comme un échantillon prélevé au hasard pour représenter les juifs européens en général — pour plusieurs raisons. • Premièrement, leur enregistrement dans l'Encyclopaedia judaica peut avoir été influencé par ce qui est arrivé à ces individus durant la guerre. • Deuxièmement, des personnes qui n'auraient pas été qualifiées pour être enregistrées en 1945 ont pu se distinguer suffisamment par la suite — parce qu'il se trouve qu'elles ont survécu (ceci s'applique à la catégorie la plus jeune). • Troisièmement, les juifs connus internationalement ont dû avoir de bien meilleures occasions d'émigrer que les juifs ne disposant pas de relations à l'étranger (les juifs les plus célèbres ne sont pas non plus parmi les 722, parce qu'ils ont émigré bien avant 1938). Pourtant, dans les pays connus pour le plus fort et le plus faible taux d'émigration juive, ces taux diffèrent très peu entre les juifs du GEJ et les juifs en général. Environ 70-80 % de tous les juifs du GEJ qui étaient en Autriche et au Danemark ont émigré en 1938-44, et pour ainsi dire le même pourcentage s'applique à l'émigration en général sur la même période de temps. En Hongrie et en Yougoslavie, l'émigration juive, selon les rapports, a été insignifiante, et il en a été de même pour l'émigration des juifs du GEJ en provenance de ces pays (15 %). • Quatrièmement, si un juif célèbre quittait son pays (même en secret) et pénétrait dans un autre pays (même dans l'illégalité), son immigration était sans aucun doute divulguée dans le public tôt ou tard — contrairement à ce qui devait se passer dans la multitude des cas d'immigration clandestine ou illégale en général. Pour des raisons similaires, les juifs connus ne pouvaient guère chercher secours dans un changement d'identité —


137 moyen qui était très certainement utilisé par un grand nombre, indéterminé, de juifs ordinaires. • Enfin, les juifs appartenant à la catégorie de l'«Établissement» (et spécialement les politiciens, les sionistes et les rabbins) ont souvent protesté ou agi contre les persécutions (beaucoup de cas de ce genre sont répertoriés dans l'Encyclopaedia). En conséquence, ils ont pu être arrêtés et traités en premier lieu en fonction de ces délits politiques. Le groupe des 722 personnes étudié ci-dessus est composé principalement d'auteurs, de lettrés, d'artistes, de scientifiques, de rabbins et de politiciens juifs — tous réputés, au moins en 1970. Ils sont probablement caractéristiques d'un nombre encore plus grand de juifs appartenant à ces mêmes professions, mais peut-être moins connus en 1970. Pour ce qui concerne le destin qu'ils ont connu sous les persécutions nazies, les conclusions générales suivantes peuvent être tirées de la présente enquête : Les membres du Groupe ont apparemment eu d'assez bonnes occasions d'émigrer ou de fuir dans les années 1938-41, et beaucoup les ont saisies. Environ un tiers de ceux qui n'ont pas émigré ont été faits prisonniers par les Nazis. Comme prisonniers, ils ont été traités de diverses manières. Il se révèle que 13 % ont été libérés, 28 % ont survécu à leur emprisonnement et 21 % sont morts à la suite de circonstances excluant, ainsi qu'on peut le démontrer, l'extermination massive organisée. Les 38 % restants (7 % du total du GEJ) sont probablement morts de causes diverses, y compris peut-être les chambres à gaz et très certainement aussi le typhus, la fièvre typhoïde, les privations, les mauvais traitements et le froid. Il est évident que l'extermination systématique n'a pas été ordonnée par les dirigeants nazis comme moyen de débarrasser l’Europe occupée des hautes personnalités juives, capables d'influencer l'opinion publique. TABLEAU N° 1 Nombre de rescapés grâce à l'émigration sur les 722 juifs du «Groupe de l'Établissement» issus de 12 pays européens. Pays

Nombre de Juifs

Nombre d'émigrants selon l'année d'émigration Total

-38

-39

-40

-41 -42

-43 -44 -45

France Pologne Allemagne Autriche Hongrie Italie Pays-Bas Tchécoslovaquie Roumanie Danemark Yougoslavie Belgique

170 96 93 85 64 63 49 42 29 13 9 9

75 42 54 66 10 21 7 20 6 9 1 6

1 1 17 50 6 9 3 6 -

5 28 22 11 2 10 2 14 1 1 -

39 8 7 3 1 1 4 5

23 5 6 2 1 1 1 2 1

3 -

3 1 1 8 -

1 1 -

Total pour les 12 pays

722

317

93

96

68

42

3

13

2

-


138 Dont : - vers les USA - vers l'Angleterre - vers la Palestine - vers l'URSS

30 30 20 -

35 23 20 16

36 12 13 2

26 1 5 5

TABLEAU N° 2 Sort réservé par le National-socialisme à 405 juifs du «Groupe de l'Établissement» issus de 12 pays européens. Nombre de restés sur place

Pays

Arrêtés (saisis)

Assassinés, exécutés

Epargnés

France Pologne Allemagne Autriche Hongrie Italie Pays-Bas Tchécoslovaquie Roumanie Danemark Yougoslavie Belgique

95 54 39 19 54 42 42 22 23 4 8 3

68 23 22 6 38 38 24 9 20 3 2 3

1 10 2 3 1 1 -

26 21 15 13 13 4 17 13 2 1 6 -

Total pour les 12 pays

405

256

18

131

TABLEAU N° 3 Sort réservé par le National-socialisme aux 131 juifs du «Groupe de l'Établissement» qui ont été arrêtés, issus de 12 pays européens. Pays France Pologne Allemagne Autriche Hongrie Italie Pays-Bas Tchécoslovaquie Roumanie Danemark Yougoslavie Belgique

Emprisonnés Nombre de Relâchés ou en camps Juifs arrêtés vers l'étranger PG 26 21 15 13 13 4 17 13 2 1 6 -

4 1 6 3 1 1 1 -

6 2 3 1 1 1 4 -

Camps de l'Ouest et Theresienstadt

Camps de l'Est et destination inconnue

5 2 2 5 3 10 5 1 1 1 -

11 16 4 4 9 4 6 7 -


139 Total pour les 12 pays

131

17

18

35

61

Dont : - sont morts internés - ont survécu

77 54

17

5 13

15 20

57 4

NOTE : La colonne «Relâchés vers l'étranger» comprend également quelques prisonniers de guerre qui se sont évadés vers un pays étranger. La colonne «Emprisonnés ou en camps PG [Prisonniers de Guerre]» comprend des internés en camps de prisonniers de guerre, des détenus en prison, en hôpitaux et en institutions pénitentiaires, et des personnes conservées en otages (notamment Léon Blum). TABLEAU N° 4 Date présumée de mort de 95 juifs du «Groupe de l'Établissement» issus de 12 pays européens, et emprisonnés ou victimes d'une action nationale-socialiste entre janvier 1939 et avril 1945. Pays

Total

-39

-40

-41

-42

-43

-44

-45

France Pologne Allemagne Autriche Hongrie Italie Pays-Bas Tchécoslovaquie Roumanie Danemark Yougoslavie Belgique

17 27 8 5 13 4 11 8 1 1 -

-

1 -

2 1 1 1 1 1 -

2 11 3 2 3 1 -

5 8 2 2 4 1 -

8 3 2 2 10 2 1 6 -

1 3 3 2 -

Total pour les 12 pays

95

-

1

7

22

22

34

9

NOTE : La «Date présumée de mort» ne représente peut-être pas toujours la véritable année de mort mais plutôt la dernière année où l'on ait su quelque chose de la personne en question. TABLEAU N° 5 Répartition par pays et par profession des 95 juifs du «Groupe de l'Établissement» morts victimes d'actes nationaux-socialistes ou en prison. Pays France Pologne Allemagne

Auteur, poète, journal.

Total 17 27 8

5 13 2

Universit., historien, humaniste

Chef Scientif., Rabbin polit., divers Sioniste

Artiste 1 6 -

5 1 2

3 2 2

2 2 1

1 3 1


140 Autriche Hongrie Italie Pays-Bas Tchécoslovaquie Roumanie Danemark Yougoslavie Belgique

5 13 4 11 8 1 1 -

1 3 1 2 2 -

1 2 3 1 -

1 1 -

1 1 4 2 -

5 1 1 1 1 1 -

3 2 1 1 -

Total pour les 12 pays

95

29

14

10

15

15

12

Répartition des professions sur un échantillon de juifs du "Groupe de l'Etablissement"

100

30

20

10

17

10

13

TABLEAU N° 6 Nombre de morts pendant la guerre parmi les 722 juifs du «Groupe de l'Établissement» issus de 12 pays européens, en fonction de l'année de naissance et du lieu de décès. Nombre Tous Années de naissance de juifs en décès janvier 38 1939-45

Dont Dont Emigrés et Victimes épargnés d'actes nazis Camps de Camps de l'Ouest l'Est

1860-1869 1870-1879 1880-1889 1890-1899 1900-1909

88 135 182 173 144

55 69 42 39 17

42 43 21 15 6

13 26 21 24 11

3 5 2 3 2

7 14 14 16 5

1860-1909

722

222

127

95

15

56

100 100 100 100 100

63 51 23 23 12

48 32 12 9 4

15 19 12 14 8

3 4 1 2 1

8 10 8 9 3

Soit, en pourcentage : 1860-1869 1870-1879 1880-1889 1890-1899 1900-1909

NOTE : La colonne «Camps de l'Ouest» comprend les décès survenus parmi les 35 juifs qui ont été envoyés à Theresienstadt et dans des camps de concentration situés hors de la Pologne. La colonne «Camps de l'Est» comprend les décès survenus parmi les 61 juifs qui ont été envoyés à Auschwitz, vers des camps de concentration situés en Pologne et vers des destinations inconnues. ANNEXE I


141 Liste alphabétique des noms et qualités des 25 premiers juifs du «Groupe de l'Établissement». Abel, Emil, 1875-1958, chimiste autrichien, a émigré en Angleterre en 1938. Abeles, Otto, 1879-1945, écrivain autrichien et Sioniste vivant aux Pays-Bas, envoyé en camp, est mort après la libération. Abramowitz, Raphael, 1880-1963, homme politique letton-allemand, a émigré en France en 1939, aux États-Unis en 1940. Adler, Friedrich, 1879-1960, homme politique autrichien, a émigré aux États-Unis en 1939. Adler, Hugo, 1894-1955, compositeur hollandais, a émigré aux États-Unis vers 1938-39. Adler, Jules, 1865-1952, artiste français. Adler, Paul, 1878-1946, écrivain allemand, s'est caché en Tchécoslovaquie. Algazi, Léon, 1890-, compositeur roumain vivant en France. Almagia, Roberto, 1884-1962, géographe italien, a vécu au Vatican. Almanzi, Joseph, 1901-1960, écrivain italien. Alter, Victor, 1890-1941, homme politique polonais et dirigeant juif, a émigré en URSS en 1939 (exécuté sur place). Altman, Moishe, 1891-, poète roumain, a émigré en URSS pendant ou après la seconde guerre mondiale. Altmann, Alexander, 1906-, rabbin hongrois, a émigré en Angleterre en 1938. Arendt, Hannah, 1906-, philosophe allemande vivant en France, a émigré aux États-Unis en 1941. Aronson, Grigori, 1887-1968, écrivain russe vivant en France, a émigré aux États-Unis en 1940. Aronson, Naum, 1872-1943, sculpteur letton, vivant en France, a émigré aux États-Unis en 1940. Artom, Elia, 1887-1965, rabbin italien, a émigré en Palestine en 1939. Ascarelli, Tullio, 1903-1959, juriste italien, a émigré en Angleterre en 1938. Aschaffenberg, Gustav, 1866-1944, criminologue allemand, a émigré aux États-Unis en 1938. Aschheim, Isidor, 1891-1968, peintre allemand, a émigré en Palestine en 1940. Ascoli, Ettore, 1873-1943, lieutenant-général italien, tombé comme partisan. Ashendorf, Israel, 1909-1956, écrivain polonais, a émigré en URSS vers 1939-40. Asscher, Abraham, 1880-1955, Sioniste hollandais, envoyé au camp de Bergen-Belsen en 1943. Bab, Julius, 1880-1955, historien allemand, a émigré aux États-Unis en 1940. Bachi, Armando, 1883-1943, lieutenant général italien, envoyé à Auschwitz en 1943, mort sur place. ANNEXE II Liste de 33 juifs célèbres qui ont été internés au camp de concentration d'Auschwitz au cours d'un moment de la seconde guerre mondiale (nom, âge et circonstances de décès tels que fournis par l'Encyclopaedia Judaica). Bachi, Armando, 60 ans, "mort". Bernstein, Béla, 76 ans, "mort". Blum, René, 66 ans, "mort". Borchardt, Georg, 72 ans, "mort" (Enregistré sous : Hermann, G.). Büchler, Alexander, 74 ans, "mort".


142 Cohen, Ernst Julius, 75 ans, "transporté aux chambres à gaz". Cohen, Isaac Kadmi, 52 ans, "mort" (en fait, à Gleiwitz). Duckesz, Eduard, 76 ans, "a péri". Edelstein, Jacob, env. 50 ans, "fusillé". Fleischman, Gisi, 47 ans, "tué à l'arrivée". Fondane, Benjamin, 46 ans, "assassiné". Frankl, Victor, né en 1905, en vie en 1970. Friedmann, Desider, 64 ans, "envoyé aux chambres à gaz". Heyman, Fritz, 44 ans, "tué". Hirschel, Levie, 49 ans (mort non mentionnée). Hirschler, Pal, 37 ans, "mort". Hirschler, René, 39 ans, "a péri". Hoffmann, Camill, 66 ans, "mort". Jakobovits, Tobias, 57 ans, "déporté jusqu'à sa mort". Katzenelson, Itzhak, 58 ans, "a péri". Lambert, Raymond, 49 ans, "gazé à l'arrivée". Löhner, Fritz, 59 ans, "mort" (Enregistré sous : Beda, F.). Nadel, Arno, 65, "assassiné". Pollak, Miksa, 76 ans, "tué". Salomon, Erich, 58 ans, "mort dans les chambres à gaz". Spiegel, Isaiah, né en 1906, en vie en 1970. Stein, Edith, 51 ans, "morte dans les chambres à gaz". Steiner, Hannah, 50 ans, "morte dans les chambres à gaz". Stricker, Robert, 65 ans, "transporté vers les chambres à gaz". Szenes, Erzsi, né en 1902, en vie en 1970. Taussig, Friedrich, 35 ans, "mort à la suite de tortures" (Enregistré sous : Fritta). Varshavsky, Oizer, 46 ans, "envoyé à Auschwitz pour être exterminé". Wygodzki, Stanislaw, né en 1907, en vie en 1970. (L'encyclopédie donne pour date de décès l'année 1942 dans trois cas, l'année 1943 dans cinq cas et l'année 1944 dans 21 cas.) NOTE : Cette liste renferme les noms réels chaque fois que possible ; l'Encyclopaedia Judaica a enregistré sous leur nom de plume les noms de trois juifs internés à Auschwitz ; ils sont signalés ci-dessus entre parenthèses (après :"Enregistré sous"). ____________________________________________________________ Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-sept.-oct. 1990, p.50-64


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UNE MISE EN GARDE DE WILLIAM ZUKERMAN Texte traduit et commenté par

Mondher Sfar En 1934, William Zukerman publia l'article qu'on va lire ci-dessous sous le titre «The Menace of Jewish Fascism» [1]. Quand, il y a quatre ans, du haut de la tribune du Congrès sioniste, un délégué proféra, non sans désinvolture, les mots de «hitlériens juifs», la tempête qui s'ensuivit fut si forte que la session s'acheva dans le tumulte et l'émeute. L'intervenant dut retirer ses mots et présenter publiquement des excuses pour avoir jeté une ombre de suspicion infamante sur un Parti juif [2] . Pour les Juifs d'alors, comme pour les non-Juifs d'aujourd'hui, il semblait absurde qu'une tumeur si intimement liée à l'antisémitisme pût jamais planter ses racines dans la vie juive. Mais maintenant ces mots ne suscitent plus de réaction et personne ne pense contester la réalité qu'ils désignent. Le fascisme est un fait trop flagrant de la vie juive pour susciter des dénégations. Si surprenant que cela puisse paraître pour un étranger, un Parti juif fasciste non seulement existe, mais il a déjà dépassé la phase de la lutte pour la reconnaissance et il aspire au pouvoir au sein du mouvement social juif le mieux organisé. Le parti compte 50 000 membres ; il contrôle une énorme presse ; il exerce une forte influence sur la politique sioniste à l'intérieur comme à l'extérieur de la Palestine ; il domine l'opinion publique juive en Pologne et détermine les sentiments juifs dans le monde entier. Cela pourrait apparaître comme un paradoxe, mais néanmoins il est un fait que les Juifs, surtout en Europe de l'Est et en Palestine, sont atteints plus qu'aucun autre peuple, excepté les Allemands, par le virus du fascisme. L'aspect sinistre de ce paradoxe est accentué par le fait que le fascisme juif est dans ses origines, ses buts et ses tactiques plus proche du fascisme teutonique que du fascisme italien. Non seulement l'uniforme du Parti juif fasciste est brun, mais sa force directrice, comme celle des Allemands, est le sentiment fort d'une injustice nationale, et sa source d'inspiration est un des traités résultant de la Guerre mondiale. Ses partisans, à l'instar des nazis, sont recrutés parmi la jeunesse nationaliste. Le mouvement a naturellement aussi son leader, un journaliste de haute volée bien versé dans l'art théâtral dramatique. Et ses forces, comme celles des nazis, sont aussi divisées en troupes d'assaut (Brith-Trumpeldor) et corps de garde (Brith-Chail) [3]. Pour compléter la comparaison, le fascisme juif revendique aussi une lutte «révolutionnaire» contre à la fois le marxisme et un gouvernement étranger [4], et ses forces sont entraînées par des officiers de l'armée polonaise en vue d'une quelconque guerre connue seulement de leurs leaders. Avant la guerre, le sionisme était beaucoup plus un mouvement pour une rénovation sociale juive que pour une amélioration économique. Il aspirait à mettre fin à toute la vie anormale imposée sur les Juifs par le vieux ghetto et le nouvel antisémitisme. La guerre et le règlement d'après-guerre ont révolutionné entièrement cet idéal. Le Traité de Versailles, en disloquant les unités économiques de l'Europe de l'Est, a bouleversé toutes les positions économiques qu'occupaient les Juifs dans cette région. En outre, tous les États nouvellement créés ont entamé leur carrière politique avec un mouvement antisémite violent dont le but fut d'exclure les Juifs des positions qu'on leur a laissées. Le pire fut que les pays d'outre-mer qui avaient avant la guerre absorbé le surplus de la population juive de l'Europe de l'Est, apaisant ainsi la situation, fermèrent leurs portes à la nouvelle émigration. Les Juifs de l'Est européen — ce qui signifie à l'origine la Pologne, du fait que les Juifs en Russie soviétique ont trouvé une tout autre solution à leurs problèmes — se trouvèrent dans une situation presque sans parallèle même dans toute leur longue histoire tragique. L'état de soumission auquel les nazis en Allemagne sont en train de s'efforcer de réduire les Juifs allemands a déjà été atteint en Pologne.


144 Sous l'effet de tels changements, les aspects et les buts initiaux du sionisme ont été aussi entièrement transformés. D'un centre spirituel, le Foyer national est devenu essentiellement un refuge économique. D'une expérience libérale subjective, le sionisme est devenu un mouvement exclusivement politique utilitaire. La Palestine est devenue le pays fondamental pour l'immigration juive. Les Juifs ont commencé à se tourner vers elle avec des espoirs et des aspirations que n'envisageaient guère ni les sionistes de l'avant-guerre ni les artisans de la Déclaration Balfour. La colonisation de la Palestine est passée essentiellement entre les mains des Juifs de Pologne qui ont apporté au pays une immense réserve d'enthousiasme et d'esprit d'entreprise qui est encore d'un genre ancien et individualiste, le genre que les Juifs russes ont cherché à abandonner — un enthousiasme pour l'édification de grosses affaires et de fortunes privées. Les commerçants ruinés, les petits trafiquants, les hommes d'affaires tombés en faillite, les courtiers et ceux de la classe moyenne de tout acabit qui ne peuvent plus exister en Europe de l'Est ont commencé à affluer en Palestine en nombre toujours croissant en même temps que le vieux Halutz (pionnier juif et ouvrier paysan). Ces gens vont en Palestine, non avec l'ancienne idée de transformer leur propre vie, mais avec l'idée de transformer le pays pour l'adapter à leur ancienne économie ; non pour construire un nouveau foyer sur des fondements sociaux entièrement nouveaux, mais pour ranimer l'ancien fondement : c'est l'idéal du fasciste de la classe moyenne du monde entier. C'est cette nouvelle immigration en Palestine qui constitue la base sociale et économique du fascisme juif et en fait le danger sérieux qu'il est. Les nouveaux venus ne sont pas seulement les victimes du fascisme mais aussi ses partisans spirituels. Ils vont en Palestine non par un idéalisme quelconque, mais parce que tous les autres endroits leur ont été fermés, et parce que c'est le seul pays où ils peuvent avoir un fascisme qui leur soit propre et où ils peuvent espérer ranimer la gloire de leur monde du passé. La prospérité récente dans le Foyer national a servi à renforcer ces espoirs. Dans ce sens, cette aubaine, comme tant d'autres, s'est révélée une bénédiction mitigée. Les légendes du grand boom attirent des gens du genre le plus indésirable et suscitent les espoirs les plus indésirables. Déjà le caractère de la Palestine juive est en train de changer de façon notable. Les domaines agricole, du travail et de la production de la colonisation sont en passe d'être obscurcis par les aspects financiers et spéculatifs. L'œuvre sociale est en train de laisser la place à une aventure privée d'un genre pernicieux. La spéculation foncière est rampante. L'entreprise privée est en compétition ouverte avec le Fonds (foncier) National, et, dans certains secteurs, le Fonds National a dû se retirer entièrement. Tel Aviv est en train de devenir une métropole européenne en miniature, avec tous les maux et l'artifice de la civilisation occidentale non contrôlée. Le boom continue. Les spéculateurs, les courtiers, les petits commerçants, les petits trafiquants ont trouvé à nouveau la Terre Promise. Ces gens prennent leur renaissance dans le Foyer national plus sérieusement que ne le fait le Kampfsbund des Mittel-Klasses d'Hitler. Leur lutte contre les «marxistes» et le travail est encore pire que celle des nazis. On trouve difficilement une communauté juive dans le monde où la lutte de classes soit aussi haineuse et venimeuse qu'aujourd'hui en Palestine, et nulle part ailleurs les luttes intestines ne sont aussi sauvages. Bref, la réorganisation sociale et économique de la Palestine bat son plein selon une direction fasciste. La menace du fascisme juif semble à première vue négligeable. Le parti lui-même, ses Chemises Brunes, ses entraînements militaires dans les arrières de la Pologne, ses luttes contre la puissance mandataire et le marxisme, ses tentatives de restauration de la classe moyenne juive, tout cela apparaît comme l'imitation d'un opéra-comique qui n'a aucune base dans la réalité juive. Mais ce n'est là qu'une vue partielle du phénomène. Une analyse plus poussée révèle une situation beaucoup plus compliquée et menaçante. Derrière la Palestine, il y a toujours le sionisme, et ce mouvement est si intimement lié à la vie sociale juive dans le monde entier que, s'il succombe au fascisme, une brèche sera ouverte aux sentiments fascistes pour s'y répandre et inonder toute communauté juive. Le vrai danger du fascisme juif n'est pas dans sa


145 propre force organisée mais dans l'influence qu'il exerce sur d'autres partis qui se tiennent près de lui et sont ostensiblement loin du fascisme. Ce fut le cas pour les Allemands et c'est aussi vrai pour les Juifs. Le mouvement sioniste, comme tous les mouvements nationalistes, est le champ le plus fertile pour le fascisme. Sous forme de griefs et de revendications nationalistes, les sentiments fascistes peuvent facilement passer inaperçus, et c'est le cas maintenant du fascisme. Le judaïsme orthodoxe adhère au programme fasciste aussi bien politique qu'économique. D'autres partis, pas aussi francs dans leur aveu, sont des soutiens tacites aux demandes les plus extrêmes du fascisme. En Pologne, il n'y a plus aucune distinction entre la presse sioniste et la presse fasciste. En Amérique, la résistance «révolutionnaire» antibritannique suscite de la sympathie. En Palestine, c'est vrai, les travailleurs livrent un brave et rude combat, mais c'est un combat solitaire qui n'a de soutien que de quelques individualités libérales sionistes. Le gros du mouvement sioniste gravite autour du fascisme, bien que la plupart des sionistes n'en soient pas conscients, et la majorité dénierait avec indignation que leur nationalisme pur et non égoïste, qui ne demande rien aux autres, ou même que leur «Grand sionisme», comme le fascisme juif se nomme lui-même, ait quoi que ce soit en commun avec le fascisme brutal de l'Allemagne. Cette situation ressemble fort à celle prévalant en Allemagne avant mars 1933, quand la dictature nazie, avec ses Maisons Brunes et ses camps de concentration, n'avait pas encore été officiellement proclamée, mais qu'elle fut rendue possible grâce à l'acceptation tacite et le soutien de la partie nationaliste entière de la société allemande. Il y avait à peine un Allemand nationaliste, quel que fût son parti, qui ne pensât pas dans son for intérieur ce que les nazis disaient tout haut au monde, et qui ne fût convaincu de la justesse des réclamations et du droit des revendications nazies. C'était cette désintégration morale de la société non nazie, non les hordes de l'hitlérisme, qui fit aboutir la victoire des fascistes en Allemagne. Il existe maintenant exactement la même désintégration et le même danger chez les Juifs. C'est qu'on ne doit pas oublier que les Juifs sont des gens chez qui prédomine la classe moyenne, et que cette classe a été ruinée plus massivement parmi les Juifs que parmi tout autre peuple. Alors que d'autres nations ont d'importantes classes agricole et industrielle pour compenser la perte de leurs classes moyennes, les Juifs n'ont eu aucune de celles-ci. La ruine de la classe signifie alors la ruine de la nation. En outre, l'explosion de l'antijudaïsme en Allemagne a aggravé une tragédie qui pouvait difficilement être aggravée. Cela a révélé que les Juifs n'ont pas seulement des forces qui travaillent contre eux, mais qu'ils sont entourés de tous les côtés par une haine amère et personnelle qui n'a pas de parallèle dans les temps modernes. Avant, les Juifs ont rencontré l'hostilité de personnes, mais jamais de forces sociales alliées à des ennemis personnels. Le fondement essentiel de leur existence économique est en passe de se dérober sous leurs pieds. Le communisme d'un côté et le fascisme de l'autre travaillent tous les deux à l'élimination des Juifs des positions qu'ils occupent dans la classe moyenne. Le communisme le fait de façon constructive et avec des égards, le fascisme de façon destructive, avec haine et malédiction, mais les deux vont dans la même direction. Il n'y a certainement pas d'erreur sur l'évolution des choses pour les Juifs. L'ère de l'individualisme qui leur était au total favorable est en train d'être dépassée. Ils devront reconstruire leur vie économique comme ils l'ont fait en Russie soviétique. Qu'une portion des Juifs luttant sous une telle pression devrait se retourner vers un fascisme de son propre cru dans l'espoir de conserver son ancienne position, cela n'est pas pour nous étonner. Mais si le sionisme se montre aussi aveugle que le nationalisme allemand et, poussé par des injustices nationales légitimes et un désespoir économique, ouvre la porte au fascisme parmi les Juifs, la désintégration morale qui s'installera ne sera pas moindre que celle qui conduisit à l'installation des Maisons Brunes et des camps de concentration. Le crime du sionisme sera même plus grand, du fait qu'il a devant lui la leçon du nationalisme allemand, et il n'a pas maintenant l'excuse de l'ignorance et de l'aveuglement. Le sionisme est en train de


146 livrer une terrible bataille. Il lutte non seulement pour sa propre âme mais aussi pour l'existence physique du peuple juif. *** Voilà donc un texte qui ne manque pas de surprendre, voire de scandaliser et, en tout cas, d'ébranler nos convictions les plus fermes sur la nature du judaïsme contemporain devenu aux yeux de tous l'image même de l'antifascisme. Cette image, forgée en grande partie par le mythe de l'Holocauste et par un océan d'imprécations antinazies, vole en éclats dès que nous déterrons les documents historiques et que nous remontons le cours de l'histoire et empruntons ses avenues interdites. L'aventure du judaïsme contemporain post-assimilatoire, dit sionisme, n'est pas une aventure fortuitement nazie, comme le soutient l'auteur de La Menace du Fascisme Juif : elle est l'aventure même du nazisme européen incubé notamment dans les milieux juifs à la fin du siècle dernier. La rupture consommée entre le nazisme juif et le nazisme aryen à partir de la prise du pouvoir en Allemagne par Hitler, loin de constituer une remise en question des principes du nazisme juif, fut l'occasion de l'accomplissement de la logique idéologique et politique conjointe des deux nazismes, à savoir la séparation radicale des Juifs et des Aryens sur une base purement raciale. La logique juive nazie est entièrement accomplie de nos jours avec l'avènement d'une race juive distincte de l'humanité et régie par des pratiques spécifiques, des exceptions et des privilèges entrés dans les mœurs républicaines et démocratiques «universalistes», sans que personne y trouve à redire. L'acceptation de l'anormalité du judaïsme au sein de la communauté humaine est une simple réadaptation de l'esprit national-socialiste racial juif aux conditions de l'après-guerre. La guerre a mis fin à l'expérience raciale aryenne et à son aspiration à un nouvel ordre racial mondial. Le nouveau judaïsme racial réalise l'idéal racial nazi aryen, mais en le dépouillant de sa prétention à être un modèle universel. Le judaïsme contemporain apparaît comme un nazisme égocentrique qui rejette violemment, après l'avoir acceptée et justifiée, toute tentative de reconstruction raciale aryenne comme étant l'incarnation du mal absolu, mais qui tolère et encourage même la racialisation des autres cultures humaines dans le but évident de normaliser son propre statut racial exceptionnel. Le judaïsme contemporain a cru pouvoir exorciser son propre démon racial en instaurant un système de tabous linguistiques, mais cela ne trompe personne : le fameux «droit à la différence» n'est qu'une euphémisation du «droit à la race» chanté naguère en duo entre les deux guerres par les Juifs et les Aryens avec une même voix, et dansé sur la même musique. Le texte de Zukerman, daté de 1934, nous restitue en partie cette connivence idéologique et politique entre les deux «races». Ce chapitre de l'histoire des liens génétiques entre les deux races «ennemies» fait partie des tabous historiographiques contemporains. Il n'est donc pas étonnant de constater que cette question a été presque entièrement escamotée jusqu'à nos jours par l'historiographie contemporaine, à l'exception remarquable, et d'autant plus méritoire et courageuse qu'elle vient d'un Juif américain de gauche, celle de Lenni Brenner, qui a étudié les origines nazies du sionisme dans deux ouvrages bien documentés : 1) Zionism in the Age of the Dictators, Londres & Canberra, Westport, 1983, et 2) The Iron Wall, Zionist Revisionism from Jabotinsky to Shamir , Londres Zed Book, 1984. Cette faille dans l'historiographie contemporaine constitue une illustration, parmi bien d'autres, de l'existence d'un totalitarisme idéologique en vigueur encore de nos jours dans la société occidentale et dont l'objectif est de tailler sur mesure une historiographie conforme aux intérêts du fascisme juif contemporain. Il est temps que la vérité éclate au grand jour et que le sionisme soit connu sous sa véritable identité, en tant que premier mouvement politique raciste européen sur le modèle duquel se créèrent les mouvements nazis et fascistes européens de la première moitié de notre siècle.


147 Le texte de Zukerman sur La Menace du Fascisme Juif est un des multiples témoignages que nous possédons de la part d'un certain nombre de sionistes naïfs qui se sont scandalisés devant le spectacle que leur offrait la communauté juive acquise à l'idéologie nazie dès l'accession d'Hitler au pouvoir. Cet engouement nazi s'explique pour une raison fort simple : la communauté juive de 1933 avait été sujette à un endoctrinement racial völkisch depuis déjà un tiers de siècle, puisqu'il était antérieur à la constitution officielle du sionisme politique au Congrès de Bâle en 1897. Ce sionisme a propagé la thèse de la conservation et de la pureté des races aryenne et juive et de l'impossibilité et de l'immoralité de leur mélange, conduisant les sionistes à remettre en question les acquis de l'émancipation juive, considérés comme une atteinte aux fondements raciaux du judaïsme. L'accession du judaïsme à la modernité, le dépouillement de son enveloppe nationale et raciale, et sa normalisation par son alignement sur le même statut que celui des autres religions européennes, tout cela a été remis en question par la nouvelle idéologie romantique raciale juive dans l'espoir de faire du judaïsme une force mystique raciale de domination mondiale. Cette chimère semble avoir été inspirée à l'origine par le mouvement panslave russe, ayant subi lui-même l'influence du romantisme allemand, et ayant connu quelques adeptes en Russie vers les années 70 et 80 du XIXe siècle. C'est en grande partie grâce à ce mouvement mystique panslave qu'apparurent les premiers groupes sionistes en Russie qui ne tardèrent pas à mettre en pratique leur nouvelle idéologie raciale en Palestine comme le mouvement des Amants de Sion (Chowewe Zion) et des Amis de Sion (Chibbath Zion). Cette option raciale au sein du judaïsme slave n'a pourtant pas été entièrement innocente à un moment où l'œuvre des Lumières au sein des milieux juifs de l'Est a engendré le mouvement de la Haskala qui a opté pour l'émancipation, la modernité et l'intégration juive dans le mouvement européen. C'est contre ce projet que les Juifs intégristes choisirent la voie du conservatisme racial dont la pierre de touche fut tout naturellement la Palestine. Un puissant mouvement racial juif antilibéral et antihumaniste se mit alors en branle à partir des pays de l'Europe de l'Est pour envahir peu à peu l'Europe centrale et plus précisément l'Allemagne, où il joua un certain rôle dans la diffusion de l'idéologie völkisch raciale antioccidentale reprise à leur compte et amplifiée par les «Aryens». Cette origine russe du mouvement politique racial européen est illustrée par les idéologues russes fondateurs du sionisme : Peretz Smolenskin, Leo Pinsker, Eliezer Ben Yehouda, Ahad ha Am, Menahem Ussishkin, … Ainsi, les premiers mouvements mystiques völkisch européens sont-ils, comme on vient de le voir, les groupes sionistes russes des Amants de Sion et des Amis de Sion. Si ces mouvements sont d'inspiration philanthropique — sauver les Juifs russes des pogroms en les aidant à s'installer en Palestine — ils n'en sont pas moins imbus d'idéologie antilibérale et antioccidentale. Ils rejettent la tendance libérale et progressiste incarnée par le mouvement de la Haskala juive, qu'ils qualifient de Berliner Lügenaufklärung (les Lumières de mensonge de Berlin). Au tournant du siècle dernier, le jeune philosophe juif autrichien Martin Buber développa cette idéologie sous la dénomination de Kulturzionismus qui inspirera l'idéologie raciale aryaniste. Le national-socialisme est le produit du détournement idéologique et politique de l'idéal socialiste du XIXe siècle vers les valeurs mystico-raciales cultivées à la fois par le mouvement romantique völkisch allemand et par la tradition religieuse raciale juive. Le premier mouvement politique européen à réaliser ce mélange racial-socialiste est le sionisme. Il servira, quelques décennies plus tard, de modèle au national- socialisme hitlérien dès la fin du premier conflit mondial. Un des premiers idéologues à réaliser cette racialisation du socialisme est le sioniste russe Nachman Syrkin (1868-1924), né à Mogilev en Biélorussie. Après avoir fréquenté les cercles révolutionnaires russes et milité au sein des Amants de Sion, il s'installa à Berlin en 1888 où il fonda la Société Scientifique Judéo-Russe, qui forma les grandes figures du sionisme mondial


148 telles que Chaïm Weizmann et Leo Motzkin. En 1898, deux ans après la parution du livre de Herzl sur l'État des Juifs, Syrkin publia, dans la revue mensuelle autrichienne Deutsche Worte, son article : La Question Juive [5], où il formule pour la première fois l'idée d'un nationalisme socialiste juif (p. 312-313), devant se substituer au socialisme internationaliste. Cette idée socialiste-raciale ne tarde pas à s'incarner au sein d'un mouvement politique fondé en Palestine par les jeunes colons juifs de Russie : le parti Ha Po'el Ha-Za'ir, ou «Jeune Travailleur», créé lors de la seconde Alyah en 1904 à Petah Tikvah. Le programme nationalsocialiste de ce parti se résume dans la «conquête de toutes les branches du travail en terre d'Israël par les Juifs» [6]. Il s'agit de réaliser un programme de conquête raciale de la Palestine grâce à l'idéologie et la pratique de la «conquête du travail». C'est la première émergence de la doctrine du «travail» en tant que principe politique et mystique dont s'inspirera plus tard l'hitlérisme. L'idéologie de Ha Po'el Ha-Za'ir s'est voulue dès l'origine résolument antimarxiste en rejetant le principe de lutte de classes et le principe de l'internationalisme comme contraires au principe même du sionisme. Ces principes furent ceux du parti marxiste sioniste Po'alei Zion, fondé à la même époque en Palestine et qui fut en butte à des actes d'agression de la part du parti Ha Po'el Ha-Za'ir. Avec Ahron David Gordon, l'idéologie du «travail» de ce dernier parti a connu un approfondissement mystique s'ouvrant à une nouvelle dimension «absolue» et «cosmique». Gordon introduisit dans la mystique du travail la critique romantique de la technique que l'hitlérisme reprendra à son compte. Mais il faudra attendre la fin de la première guerre mondiale pour que l'idée nationale-socialiste arrive à maturité avec Victor Chaim Arlosoroff, qui inventa, sous l'influence des idées völkische des philosophes sionistes Gustav Landauer et Martin Buber, l'appellation de Volkssozialismus [7], ou National-socialisme, appellation qui désigna désormais le parti sioniste Ha Po'el Ha-Za'ir et qui sera, quelques années plus tard, reprise à son compte par le Parti Ouvrier Allemand d'Adolf Hitler. Parler d'un sionisme nazi, c'est commettre un pléonasme : le national-judaïsme est par essence l'option fasciste européenne qui a refusé le système libéral, démocratique et humaniste de la Révolution française au profit de l'option raciale et mystique véhiculée par le mouvement romantique allemand et ses multiples avatars du XIXe siècle. Le sionisme a connu durant son histoire une très riche gammes de combinaisons idéologiques et politiques qui va de l'extrême droite à l'extrême gauche, de l'aristocratisme au populisme, du totalitarisme à l'anarchisme et du racialisme à l'humanisme : mais toutes ces nuances se sont mues dans la même direction, celle de la logique raciale, de la logique du ghetto et du sectarisme. Toutes ces tendances finirent tôt ou tard par un même aveu, celui des valeurs raciales, qu'elles fussent ou non enrobées de principes humanistes. La revendication humaniste du judaïsme contemporain est une imposture historique et idéologique. Elle est imposture historique par la genèse même du sionisme, qui se présente en tant que protestation contre les principes humanistes, universalistes et libéraux de la Révolution française au profit du principe de la race. L'historiographie actuelle croit pouvoir affirmer un peu rapidement que le «sionisme peut être considéré comme le dernier mouvement national européen» [8], lui trouvant ainsi une légitimité historique comparable à celle des nationalités européennes fondées sur les idées libérales révolutionnaires. Cette justification tardive a été infirmée par les idéologues sionistes eux-mêmes qui, dès les débuts du mouvement sioniste, ont tenu à rejeter toute ressemblance idéologique de leur mouvement avec celui du mouvement européen libéral des nationalités. Ainsi Hess, Pinsker, A'had Ha'Am, Herzl, «tous n'ont jamais établi d'analogie entre le genre spécifique de la question juive et les éléments des mouvements nationaux des autres peuples opprimés», nous rappelle le sioniste Adolf Böhm dans sa monumentale histoire du sionisme éditée dans la capitale du IIIe Reich en 1935 [9]. Quant à la véritable imposture idéologique que constitue la revendication humaniste proclamée par le judaïsme sioniste contemporain, elle est illustrée par l'un des idéologues du national-judaïsme, Aaron David Gordon, qui montra ce qu'il fallait entendre par la


149 revendication humaniste de la part du judaïsme : «Nous crions toujours le mot Humanité plus fort que tous les hommes, non parce que nous sommes supérieurs aux autres, mais parce que "Humanité" est une abstraction, un concept en l'air : dans la vie il n'y a que les Völker (peuples). Et nous ne travaillons, bien que nous criions "Humanité", que pour le Volk dans lequel nous vivons […] Notre monde spirituel est fait de vent et d'éther» [10]. Cet aveu naïf sur le contenu spirituel du sionisme et son imposture humanisante élevée en système idéologique explique encore de nos jours et plus que jamais l'hypocrisie de la revendication de l'humanisme et des droits de l'homme par le judaïsme contemporain, une revendication faite «de vent et d'éther» parce que son véritable monde spirituel a été et reste encore dominé par le principe racial et sectaire. L'identité du sionisme avec le nazisme est vraie génétiquement, même si historiquement elle subit certaines distorsions qui ne doivent en aucune façon nous faire illusion. L'attitude de plusieurs idéologues sionistes, surtout celle de Theodor Herzl, vis-à-vis de l'antisémitisme démontre le jeu de miroirs ou bien la relation dialectique qui fonde le projet idéologique sioniste comme projet racial où l' «ennemi» fonctionne comme provocateur ou comme concurrent mais non comme le vrai ennemi ou le vrai obstacle pour la réalisation du projet sioniste. Le sionisme regarde avec horreur dans le miroir de l'antisémitisme sa propre image. Il sait que son destin est celui de cette image, et il le dit (Herzl, et surtout Nahum Goldmann). Cette identification avec cette image horrible interdit tout discours sur cette image, d'où le processus de tabouisation de cet «ennemi». Le rapport prend immédiatement la forme du fétichisme, c'est-à-dire proprement d'un tabou sur l'image visuelle et non sur son contenu. La croix gammée, l'uniforme, les expressions typiques et tout autre signifiant deviennent objets d'interdit, non leur signifié. C'est un acharnement en règle contre l'image taboue qui est en soi une imitation négative du statut de l'image dans la pratique païenne de l'ennemi. L'iconoclastie participe du même principe que l'iconolâtrie. Interdire la croix gammée, c'est lui rendre un meilleur hommage, en tout cas reconnaître son pouvoir, et si ce pouvoir a rejoint le monde des morts, c'est le perpétuer. Il est vrai qu'il est parfois difficile de faire le départ entre l'image et son original, tant la ressemblance est frappante. Seule la chronologie peut dans ce cas lever toute ambiguïté. On ne rappellera jamais assez que le sionisme a précédé l'hitlérisme. Dans l'article de William Zukerman que nous commentons, l'auteur passe en revue l'identité des pratiques politiques chez les sionistes et les hitlériens, par exemple les Brith-Trumpeldor et les Brith-Chail chez les sionistes, qui correspondent successivement aux sections d'assaut (SA) et aux sections de sécurité (SS) chez les hitlériens. Il semble que ces structures militaristes soient nées la même année, en 1923, tant du côté sioniste que du côté hitlérien. Le Bétar, qui est l'abréviation de Berit Trumpeldor , est l'appellation courante d'un mouvement de jeunesse sioniste militariste créé en Russie en 1923, ayant des liens étroits avec la Palestine où le mouvement nazi juif Ha Po'el Ha-Za'ir (Histadrut) avait à ce moment dix-huit ans d'existence. Quand le Bétar et son allié l'Histadrut menaient la guerre en Europe ou en Palestine contre la jeunesse sioniste socialiste, celle-ci ne se priva pas de dénoncer le caractère nazi du Bétar qui affichait les mêmes signes extérieurs que les nazis, en portant notamment des chemises brunes. Or, ces chemises brunes du Bétar n'ont pas été copiées sur les nazis, mais c'est bien l'inverse, comme l'avoue le Bétar lui-même, dont les porte-parole «affirmèrent que le ton "rouge-brun" de leur uniforme [ceux du Bétar] symbolisait la terre d'Erez Israel [la Palestine], et qu'en tout cas son adoption au début des années 1920 précéda la montée des nazis allemands» [11]. D'autres recherches permettront de préciser sans doute cette origine juive des chemises brunes et des SA et des SS connus plus habituellement chez les hitlériens. Mais, encore une fois, il serait illusoire de classer cette tendance militariste du sionisme comme spécifiquement nazie à l'opposé des autres tendances qui ne le seraient pas ou le seraient moins. Cette tendance militariste est plus généralement connue sous l'appellation révisionniste représentant un des principaux mouvements qui ont le plus compté dans l'histoire du sionisme. Le noyau fondateur


150 du révisionnisme sioniste remonte à la première guerre mondiale, au cours de laquelle un groupe d'immigrés juifs de Russie installés en Palestine formèrent, sous l'impulsion de leur chef Vladimir Jabotinsky, une Légion juive devant combattre aux côtés des Anglais. En 1921, le groupe fonda à Berlin un hebdomadaire en langue russe, le Razsvet, qui parut jusqu'en 1933. Ce groupe s'est très vite opposé à la politique du sionisme officiel incarné par l'Organisation Sioniste Mondiale de Chaïm Weizmann, au nom d'un retour aux principes du sionisme originel tel qu'il fut conçu par Theodor Herzl, à savoir un sionisme politique devant définir un programme pratique en vue d'une colonisation active et forcée de la Palestine au moyen d'une force armée dirigée à la fois contre la puissance mandataire anglaise et la population arabe de la Palestine. Ce programme militariste n'a, de toute évidence, rien qui le distingue du principe du sionisme ; il est même l'incarnation d'une politique qui se veut simplement conséquente avec ce principe. Il n'y a rien a priori qui puisse la ranger dans la catégorie des extrémistes ou des délinquants. D'ailleurs, ce groupe a été rejoint par des personnalités sionistes aussi respectables que Richard Lichtheim, Robert Stricker, Jacob de Haas, le poète Jacob Cohen et bien d'autres figures sionistes. Cette tendance a connu très vite un tel succès qu'elle convoqua sa réunion constitutive en 1925 à Paris et s'appela désormais l'Union des Sionistes-Révisionnistes. En cette année constitutive, les révisionnistes envoyèrent quatre délégués au 14ème Congrès sioniste, mais cette représentation ne tarda pas à atteindre les 52 délégués lors du 17ème Congrès sioniste tenu en 1931, soit 25 % du total des délégués. Et ce n'est qu'en 1935 que les révisionnistes se retirèrent de l'Organisation Sioniste Mondiale pour fonder une organisation concurrente, la Nouvelle Organisation Sioniste. La réputation fasciste qui a collé au révisionnisme tient plus à des faits symboliques et politiques qu'à des raisons idéologiques touchant au principe même du sionisme : outre sa politique agressive antisocialiste et antiouvrière, on reproche au révisionnisme sa collaboration active avec Mussolini, qui les prenait pour d'authentiques fascistes et faisait entraîner un escadron du Bétar dans sa scuola maritima à Civitavecchia par les célèbres Chemises-noires. C'est lors de l'inauguration du quartier général des escadrons italiens du Bétar, en mars 1936, qu'on rapporta des détails qui démontrent à quel point les fascistes du Bétar s'étaient confondus avec leurs homologues italiens. La revue sioniste italienne L'Idea Sionista rapporte en effet ce détail lors de la cérémonie inaugurale : «Un triple chant ordonné par l'officier commandant l'escadron : "Viva L'Italia ! Viva Il Re ! Viva Il Duce !" résonna, suivi de la bénédiction que le rabbin Aldo Lattes invoqua en italien et en hébreu pour Dieu, pour le roi et pour Il Duce… "Giovinezza" [l'hymne du Parti fasciste] fut entonné par les Bétarim avec beaucoup d'enthousiasme» [12]. L'Encyclopaedia Judaica (T. 4, p. 715) précise même que cette école fasciste promut 150 marins juifs qui «plus tard jouèrent un rôle important dans la création de la marine militaire et marchande israélienne». Les révisionnistes instaurèrent le culte du leader et accolèrent à leur chef, Vladimir Jabotinsky, l'appellation de Rosh Betar, à l'instar du titre de Führer ou Il Duce. Pour compromettants que puissent être ces faits — et tant d'autres ! — pour l'image du sionisme et du judaïsme triomphants actuels, ils n'en sont pas moins — et pas plus — que des détails. Ces détails n'ajoutent rien à la nature foncièrement raciste et antihumaniste du projet sioniste dont la motivation essentielle et même exclusive est la refonte d'une race juive selon les normes des représentations du romantisme racial du XIXe siècle. Toutes les nuances que nous retrouvons au sein de la galaxie sioniste sont «fascistes» au même degré. Ils ne diffèrent que dans les moyens et la manière, non dans la représentation qu'ils se font du judaïsme qui reste pour eux intangible : un judaïsme racial inassimilable au reste de l'humanité. Nous ne pouvons suivre William Zukerman quand il impute le fascisme juif à un déviationnisme par rapport à l'idéal originel du sionisme. Nous avons montré que ce «déviationnisme» qui a pris pour nom «révisionnisme» ne fait en réalité que revenir à l'esprit originel du national-judaïsme et de ses fondateurs. La fragilité de la thèse de Zukerman apparaît pleinement quand il avance l'idée que le sionisme originel «aspirait à mettre fin à toute la vie


151 anormale imposée sur les Juifs par le vieux ghetto et le nouvel antisémitisme». Bien au contraire, toute la littérature sioniste d'avant le premier conflit mondial a revendiqué haut et fort sa volonté de restaurer le ghetto comme seul refuge sûr pour la racialité juive, et reconnu à l'antisémitisme sa valeur de rempart au danger de l'assimilation qui menaçait à ses yeux le judaïsme. Zukerman se trompe encore quand il soutient que «D'un centre spirituel, le Foyer national est devenu essentiellement un refuge économique» lors du triomphe du fascisme mondial et au sein des masses juives en particulier. L'aspect économique existait même avant l'apparition du sionisme politique herzlien. En revanche, l'analyse de Zukerman reste lucide quant à la menace effective de la fascisation accélérée des masses juives de par le monde après la prise du pouvoir par Hitler. Le même processus de nazification de la société allemande entre les deux guerres a affecté l'ensemble du judaïsme mondial avec la même intensité et le même résultat. Le révisionnisme qui faisait figure d'un radicalisme outré, parce qu'il s'est simplement offert les moyens de la logique sioniste, a fini par rallier toutes les nuances du sionisme, y compris les plus pacifistes et les plus conciliantes d'entre elles. Le programme maximaliste avancé par le parti «fasciste» juif a fini par triompher politiquement avec la création de l'État juif et la déportation massive des populations arabes hors de la Palestine. L'idéologie de la «race» juive est devenue une donnée aussi naturelle et aussi évidente que naguère l'idéologie de la «race» aryenne auprès des Allemands et des Juifs. La nazification du judaïsme contre laquelle Zukerman essayait de prévenir ses contemporains s'est réalisée aujourd'hui dans toute sa perfection, à telle enseigne que le point de vue même de Zukerman paraît de nos jours franchement incongru : déracialiser le judaïsme serait une condamnation à mort du sionisme. La rupture si radicale d'avec le nazisme que le judaïsme contemporain a instituée aux yeux du monde est la conséquence de la logique même de l'idéologie raciale qui porte en elle l'exclusion. Le sionisme orthodoxe, celui prôné par l'Organisation Sioniste pour l'Allemagne, s'est longtemps bercé de l'illusion d'une coexistence pacifique entre deux communautés, aryenne et juive, fortement racialisées idéologiquement et socialement, sur une même terre, l'Allemagne, et au sein d'un même État racial. Cette utopie raciale fut développée par l'Organisation Sioniste Mondiale comme solution logique à la présence du judaïsme au sein d'une communauté raciale étrangère majoritaire. Et nous touchons ici au dilemme qui a préoccupé le judaïsme sioniste dans la gestion de la présence d'une diaspora appelée à préserver son identité raciale dans un milieu étranger non moins racial. C'est que la stratégie sioniste originelle vise au retour à Sion. Avec la Déclaration Balfour, le sionisme a accepté, sous la pression du mouvement juif antisioniste, le fait de la permanence d'une partie de la diaspora au sein des pays «étrangers». Cette nouvelle philosophie a induit une sorte de panachage idéologique où la revendication raciale se trouve être couplée avec le principe antagoniste libéral, principe sans lequel la présence d'une entité raciale étrangère dans une communauté nationale donnée serait impossible. Ceci est vrai dans le milieu occidental libéral. Mais les choses vont différer quelque peu avec la montée de l'idéologie raciale en Europe, qui fut accueillie positivement par le judaïsme sioniste dans l'espoir que l'identité idéologique entre lui et le nazisme pourrait constituer la solution naturelle et idéale à la présence d'une diaspora juive raciale qui se trouverait pour ainsi dire dans un milieu plus naturel que le milieu «bâtard» que lui offrirait une société libérale. Cette coexistence raciale harmonieuse entre Aryens et Juifs ne tirerait plus sa justification du principe du libéralisme mais du principe racial lui-même : du respect racial. C'est dans cet état d'esprit que le sionisme a accueilli Hitler avec satisfaction, voire même avec espoir, l'espoir non seulement de promouvoir l'idéologie raciale au sein de la diaspora, mais aussi de trouver avec lui une oreille plus attentive pour sa revendication raciale sur la terre de la Palestine. Ce fut là la doctrine de l'Organisation Sioniste pour l'Allemagne, exprimée notamment par son porte-parole, Robert Welsch.


152 Huit mois après l'accession d'Hitler au pouvoir, Joachim Prinz, idéologue sioniste du judaïsme allemand dresse en des termes optimistes et conviviaux le bilan de l'histoire du judaïsme en Allemagne. Pour Prinz, c'est une vérité et une réalité que cent ans d'émancipation et plusieurs centaines d'années de vie ici [en Allemagne] ont suffi pour faire des valeurs de la culture allemande la propriété sacrée et inaliénable des juifs. […] Cependant, nous ne voulons pas oublier que ce patrimoine n'est pas simple pour nous et sans problème, sans oublier que nous assumons ce patrimoine en tant que Juifs. Nous ne voulons rien racheter, rien solliciter au prix de notre amour pour l'Allemagne et pour tout ce qu'elle a engendré. La profession de foi pour un volktum [racialité] propre ne pourra être combattue que par un État libéral. C'est justement cette profession de foi qui est aujourd'hui à la base de la nouvelle clarification [Klärung]. C'est maintenant que cette profession de foi (raciale) même constitue le point de départ de la nouvelle structure de notre vie à l'intérieur des peuples. Il en résulte, à partir d'ici, la ligne directrice de notre position à l'intérieur de l'État. Partout où l'on nous ressent en tant qu'êtres autres, on doit nous consentir la possibilité d'avoir une vie culturelle propre. Seule l'éducation de Juifs conscients d'eux-mêmes préserve les peuples de la disparition des frontières entre eux. […] L'homme juif ainsi éduqué acceptera avec respect les valeurs de la culture de sa patrie [Heimatland] — mais la conscience de son propre Volktum le préservera de devenir un littérateur sans patrie [Heimat]. Dès que l'on reconnaît que l'époque libérale a provoqué avec une nécessité tragique la déjudaïsation et la dénationalisation des Juifs, l'on saura alors ce qui pourrait se produire dans un État national et antilibéral. Nous voulons la nouvelle voie et les nouveaux Juifs . Nous craignons que beaucoup ne comprennent pas notre temps et ne combattent, et ne continuent de combattre avec toutes les anciennes erreurs du combat de l'émancipation. Ce serait peine perdue. La voie du Juif en Allemagne ne peut être que la voie de son destin juif. Aucun Clermont-Tonnerre ne se lèvera et ne pourra nous dire «tout en tant qu'hommes et rien en tant que Juifs». Notre émancipation ne peut être qu'une émancipation du groupe national. Les Juifs en tant qu'«hommes sans plus», ce rêve s'est achevé. […] La question juive et sa solution n'est pas à présenter sur un molleton. Elle exige une résolution dure et un travail d'airain. Ce travail sera dédié à un seul but : un peuple dont l'histoire a fait un-peuple-qui-ne-l'estplus, et qui, de ce fait, a fait plonger les nations et leur vie dans bien des troubles, un tel peuple doit à nouveau devenir une véritable nation. Mais le devenir nation du judaïsme signifie le retour d'un noyau de la judéité à l'ancienne patrie [Heimat] [13]. L'arrivée d'Hitler au pouvoir a cristallisé l'essence fasciste du national-judaïsme et a «clarifié» la situation du côté juif comme du côté aryen. La victoire du nazisme hitlérien, qui fut en même temps celle du nazisme juif, a mis un terme aux illusions du libéralisme et de l'émancipation au profit d'un «nouvel ordre» racial völkisch aryano-juif. Dès la prise du pouvoir par Hitler, des mesures furent prises pour réaliser la solution nationaliste raciale de la question juive dans le même esprit que celui formulé par le sionisme : la création d'une institution culturelle juive, la Kulturbund deutscher Juden [Ligue culturelle des Juifs allemands], qui est un véritable ghetto culturel pour séparer la culture juive de la culture allemande ; les lois raciales de Nuremberg, qui donnent satisfaction aux revendications sionistes énoncées depuis leur Premier Congrès sioniste de 1897 ; des mesures discriminatoires en faveur de la propagande sioniste et contre les Juifs antisionistes hostiles aux idéologies raciales ; un programme d'émigration massive des Juifs vers la Palestine et ailleurs, … En avril 1933, les nazis, par représailles contre la déclaration de guerre économique lancée par des instances juives mondiales, décidèrent une journée de boycottage des magasins juifs d'Allemagne (un jour de sabbat !). Le Quartier général du judaïsme mondial misa alors sur une


153 carte jugée autrement plus rentable à moyen terme et plus capable d'accélérer l'avènement de l'État juif : la carte de la guerre mondiale, celle-là même qui avait montré son efficacité durant la première guerre mondiale avec la Déclaration Balfour, laquelle avait donné pour la première fois ses lettres de noblesse aux idées sionistes. Dès lors, le judaïsme sioniste mondial déclarait la guerre à l'Allemagne avec, comme argument de guerre, la lutte contre le fascisme, réussissant de ce fait à faire basculer dans le camp du fascisme sioniste non seulement les puissances occidentales libérales, mais surtout la masse des Juifs non encore contaminées par le virus sioniste. Ce programme belliqueux antiallemand (et non antifasciste !) torpilla de fait la coexistence pacifique entre les fascismes juif et aryen et fut le premier responsable des mesures antijuives prises par l'Allemagne hitlérienne avant et pendant le grand conflit mondial. Cet échec de la coexistence pacifique fut ressenti à tort par les nazis juifs allemands comme une trahison impardonnable, d'où le sentiment de déception d'une amitié trahie par un frère dans l'idéologie. On dénonça désormais la brutalité de l'antisémitisme nazi, mais jamais le principe racial. Ce qu'on reprocha au nazisme, ce fut sa prétendue prétention à une supériorité raciale, non son idéologie raciale, comme si le principe racial ne pouvait conduire, tôt ou tard, à la supériorité raciale. L'on a même rendu «obscène» la recherche du «pourquoi» du divorce entre le racialisme juif et le racialisme aryen. Le combat racial qui a opposé les deux Titans du racisme s'est simplement achevé par la victoire du judaïsme sur l'aryanisme. Désormais, toute expression de l' «identité» aryenne est frappée d'interdit, et tout questionnement à son sujet est devenu tabou. Seule l'expression, musclée ou non, de l' «identité» juive est permise. Simple victoire d'une «race» sur une autre. Aujourd'hui, cette victoire de la «race» juive sur la «race» aryenne s'est transmuée en une victoire sur l'humanité entière. C'est l'humanité entière qui est rendue, grâce à cette paranoïa raciale, responsable collectivement et pour l'éternité d'un crime génocidaire hallucinant produit d'un esprit racial. Tel est le nouveau visage de «la menace du fascisme juif» en 1990, une menace qui n'a peutêtre jamais été aussi actuelle et aussi grave qu'aujourd'hui. La facilité avec laquelle le fascisme s'est naguère emparé des masses juives après un demi-siècle d'incubation ne peut que nous rendre plus sceptiques devant le retournement que ce néo-judaïsme a effectué dans sa profession de foi et ses visées fascistes. Ce scepticisme est en vérité pour nous une certitude, pour peu que l'on observe la continuité de l'idéologie raciale juive et de la politique de domination mondiale du judaïsme, une politique comparable, si elle n'est pas plus dangereuse, à celle du nazisme hitlérien. Le fascisme juif contemporain porte une grande responsabilité morale et historique dans la montée actuelle des tensions régionales qui ne cessent de proliférer au nom des races, des identités et des religions. L'embrasement racial et intégriste de grands ensembles de l'humanité est une donnée dominante de cette fin de siècle, et ce processus est aujourd'hui bel et bien mis en branle dans la foulée de la domination du fascisme juif mondial. Le plus important péril mondial qui menace de nos jours la paix dans le monde est bien le fascisme juif qui exerce aujourd'hui son influence délétère et insidieuse sous couvert des principes mêmes qu'il combat : la liberté, l'humanisme et l'universalisme. Tant que l'on n'a pas su démasquer le fasciste qui se cache derrière le Juif sioniste, comme l'a fait Zukerman il y a plus d'un demi-siècle avec ce courage et cette lucidité dignes du prophétisme juif, notre combat pour l'homme, le progrès et pour la paix sera et restera utopique.[14] 1. «The Menace of Jewish Fascism», Nation, 138, 25 avril 1934, p. 465-467, et 27 juin 1934, p. 733-734. 2. Allusion au 17ème Congrès sioniste mondial tenu à Bâle en juin et juillet 1931, où Berl Locker, du parti ouvrier Poale Zion, rapprocha la tactique des révisionnistes sionistes conduits par Vladimir Jabotinsky de celle des hitlériens en Allemagne.


154 3. Ces deux corps paramilitaires ont été les modèles sur lesquels les nazis allemands ont créé et organisé leurs SA et SS. 4. L'Angleterre pour les Juifs, l'URSS pour les Allemands — N.D.T. 5. In Deutsche Worte, XVIII, juillet 1898, p. 289-313. 6. In Encyclopaedia Judaica , article : «Ha Po'el Ha-Za'ir». 7. Cf. mon article : «Chambre à gaz, enfer sacré de Faust», R.H.R., n° 1, mai- juin-juillet 1990, p. 41-44. 8. Alain Boyer, Les Origines du Sionisme , Que Sais-je ? n° 2397, 1988, p. 39. 9. Die Zionistische Bewegung , Tome I, Berlin 1935, p. 32. 10. Briefe aus Palästina , Berlin 1919, cité in Adolf Böhm, Die Zionistische Bewegung, op. cit., T. I, p. 47. 11. Article «Betar», in Encyclopaedia Judaica, T. 4, Jérusalem 1972, colonne 714. 12. Lenni Brenner, Zionism in the Age of the Dictators , op. cit., p. 119. 13. Joachim Prinz, Wir Juden, Berlin 1934 (achevé en oct. 1933), p. 157-161. 14. Nous venons d'apprendre, au cours de la correction des épreuves de cet article, la promulgation par l'Assemblée Nationale française d'une loi pénalisant la libre recherche dans le domaine de l'histoire de la seconde guerre mondiale. On ne peut trouver meilleure illustration à l'actualité de «La Menace du Fascisme juif». ____________________________________________________________ Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 65-86


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CONTEXTE HISTORIQUE ET PERSPECTIVE D'ENSEMBLE dans la controverse sur l'«Holocauste» Arthur R. Butz (intervention faite dans le cadre de la conférence de l' Institute for Historical Review en 1982) Arthur R. Butz est professeur d'informatique à l'Université Northwestern, Evanston (Illinois). Il est le plus prestigieux des révisionnistes du monde entier. Il a publié en 1975 un ouvrage de référence : The Hoax of the 20th Century (La mystification du XXe siècle), qui a connu de nombreux tirages en Grande-Bretagne et aux États-Unis (Institute for Historical Review, 1822 1/2 Newport Blvd., Suite 191, Costa Mesa, Ca. 92627, USA). Cet ouvrage aurait dû, depuis longtemps, connaître une traduction en français mais les révisionnistes n'ont jamais disposé des ressources nécessaires aux frais de traduction et de publication. On peut, cependant, se faire une idée du travail d'A. R. Butz, de sa capacité d'analyse et de synthèse, en lisant le texte de la communication suivante faite en 1982 lors de la IVème conférence internationale révisionniste de l'Institute for Historical Review. Ce texte magistral a plaisamment reçu, dans les milieux révisionnistes, le nom de «conférence de l'éléphant» ; on se gardera de voir là une allusion à la dimension du texte ; ce nom vient d'une sorte d'apologue, humoristique et plein d'enseignement, que l'auteur insère dans son texte aux pages 110 et 130. Nous laissons au lecteur le soin de découvrir ces deux pages au fil de sa lecture et d'en mesurer ensuite toute la portée. En vue d'en faciliter la lecture, nous avons disposé tout au long du texte des jalons sous la forme de quelques mots qui, mis bout à bout, permettent de retrouver la trame de la démonstration tout entière. Ce texte commence par une constatation que Butz reprend de nombreux auteurs juifs : à la fin de la guerre, la communauté juive n'avait pas été engloutie dans la catastrophe ; des juifs étaient morts et d'autres avaient survécu. Certes, pour les historiens traditionnels, cette communauté avait failli disparaître mais, disent-ils, Hitler n'avait pas trouvé le temps d'accomplir son œuvre fatale et, après la guerre, les juifs qui restaient, les survivants, étaient heureusement là, en grand nombre, pour témoigner ; la multitude de ces «témoins vivants de l'Holocauste» était même impressionnante. Les historiens juifs parlent moins d'extermination que de «tentative d'extermination». Butz ne tire évidemment pas la même conclusion que ces auteurs ou historiens juifs. Il a tendance à voir, dans l'existence des survivants, un élément qui devrait éveiller le soupçon chez ceux qui entendent dire que Hitler aurait recherché, sous le nom de «solution finale de la question juive», une extermination du peuple juif. Introduction Quand, au cours d'une discussion sur un sujet quelconque, nous critiquons une personne et disons que «les arbres lui cachent la forêt», nous visons un type de défaut intellectuel bien particulier. Nous ne reprochons pas à cette personne d'être incompétente ou d'avoir sur le sujet des vues erronées ou peu pertinentes. Au contraire, il se peut que ses vues reposent sur des recherches dont la profondeur et la force fassent honneur à tout esprit distingué. Ce que nous voulons dire, c'est que cette personne se concentre sur des détails au point de ne pas voir l'ensemble, plus large, du contexte ; en particulier, si elle adoptait et gardait une perspective plus élevée, elle résoudrait nombre des problèmes qui, à l'origine, avaient suscité chez elle une curiosité d'ordre général pour le sujet.


156 Il y a trois ans, lors de ma première conférence à l'I.H.R., j'avais explicitement évoqué ce problème. A la page 10 de mon livre, The Hoax of the Twentieth Century [La Mystification du XXe siècle], j'avais formulé une remarque qui, si l'on en mesure tout le sens, aurait rendu superflue une bonne partie de mon étude : La plus simple des bonnes raisons d'être sceptique au sujet de l'allégation d'une extermination est aussi la raison la plus simple à concevoir : à la fin de la guerre, ils étaient toujours là. Tout au long de la controverse sur l' «Holocauste», cette idée ne m'a pas quitté. Le fait qu'une telle controverse ait pu se déchaîner sans qu'il soit pratiquement jamais fait état de cette remarque suscite quelques interrogations qu'il est intéressant d'examiner. Si, d'une part, dans mon livre, je fais cette remarque, ainsi que d'autres remarques historiques générales du même genre, cela prouve que je n'ai pas eu le regard du myope qui ne voit que les arbres et non la forêt, mais, d'autre part, je peux donner l'impression d'être atteint de myopie quand, dans certains passages de mon livre, je m'attache à d'obscurs détails. C'est cette vision à double foyer qui va être l'objet de mon exposé. Je voudrais d'abord développer davantage l'aspect «forêt» du sujet, c'est-à-dire replacer plus fermement et plus résolument le sujet de l' «Holocauste» dans le contexte plus général de l'histoire du XX e siècle ; ensuite, je voudrais montrer qu'une grande partie des recherches qui ont été menées ces dernières années, y compris les miennes bien sûr, présupposaient et cherchaient à satisfaire les exigences d'interlocuteurs affligés de myopie. En partie grâce à une analogie puisée dans l'histoire, je m'efforcerai de montrer que, dans la pratique, cette lourde insistance sur le détail paraît, dans les temps où nous sommes, justifiée et même nécessaire, mais qu'il est important, ne fût-ce que pour éviter de buter sur des points de détail, de garder présent à l'esprit le contexte historique le plus large. Gitta Sereny L'article paru dans le New Statesman du 2 novembre 1979 sous la signature de Gitta Sereny nous fournit un bon exemple. G. Sereny a cherché à réfuter mon argumentation en se concentrant uniquement sur un point. Lors de la préparation de son livre Into That Darkness (en français, Au Fond des ténèbres, Denoël, 1975), elle s'était rendue dans une prison allemande pour y interviewer Franz Stangl, l'ancien commandant de Treblinka (un emplacement au centre de la Pologne qui servait de camp de transit pour les déportés juifs de Varsovie). Voici ce qu'elle écrit : J'ai parlé pendant des semaines avec Stangl dans sa prison. J'ai parlé à des personnes qui ont travaillé sous ses ordres, et à leurs familles. J'ai parlé à des personnes qui, sans être particulièrement impliquées, ont été témoins de ces événements en Pologne. Et j'ai parlé à quelques-uns du tout petit nombre de ceux qui ont survécu. Butz prétend dans son livre Hoax que ceux (des centaines) qui ont avoué leur participation à l'extermination l'ont fait pour faciliter leur défense de manière à obtenir des peines plus légères. Mais ceux à qui j'ai parlé avaient déjà été jugés. Beaucoup avaient achevé leur peine, et aucun d'entre eux n'avait quoi que ce fût à gagner — si ce n'est de la honte — à me parler ainsi. Stangl lui-même ne désirait qu'une chose : parler, et ensuite mourir. Et Stangl est mort. Mais si […] Butz […] s'intéressait vraiment à la vérité, la femme de Stangl et bien d'autres témoins sont encore là pour témoigner. Je constate, bien que cela ne soit pas très important, que G. Sereny a mal interprété dans son interview les espoirs qui étaient ceux de Stangl. D'après son propre livre, Into That Darkness, Stangl avait fait appel de sa condamnation à la prison à vie et il était en attente du verdict ; il voulait donc vraisemblablement sortir de prison avant de mourir.


157 Quiconque connaît tant soit peu les détails de la légende de Treblinka (par exemple le fait que l'on aurait utilisé les gaz d'échappement de chars et de camions pris aux Russes pour «gazer» les gens) se rendrait compte que les remarques de G. Sereny sur ses interviews avec Stangl n'ont rien à voir avec l'histoire. Je crains toutefois que, dans cet exemple typique, ce scepticisme de bon aloi ne s'accompagne, au moment d'offrir une explication aux propos de Sereny, de quelque myopie. La première manifestation évidente de myopie consisterait à dire ou insinuer que G. Sereny a menti et que Stangl n'a jamais rien dit de tel. On pourrait aussi imaginer que Stangl a été suborné ou torturé pour tenir de tels propos. Mais si l'on tient compte du contexte des propos de Stangl, plutôt que de leur contenu, on s'aperçoit vite de l'ineptie de ce genre de réactions. Stangl était alors un vieil homme. Cela faisait vingt-cinq ans qu'il entendait les récits de ce qui s'était, paraît-il, passé à Treblinka. Bien entendu, il avait d'abord commencé par en rire en son for intérieur. Puis, il s'était habitué à vivre dans une ambiance où de tels récits n'étaient jamais remis en cause publiquement. Il est possible (car c'est ce qui arrive parfois dans ce genre de circonstances) qu'il ait commencé à y croire lui même ou peut-être entretenait-il l'idée que ces récits étaient quasiment une pure invention. Nous ne le saurons probablement jamais, mais ce que nous savons c'est que, lors de son entretien avec la journaliste G. Sereny, l'infortuné vieil homme ne pouvait sûrement pas se tenir le raisonnement que ses affaires iraient en s'arrangeant s'il niait la légende de Treblinka. Je suis, quant à moi, convaincu que Stangl a bien tenu à G. Sereny le genre de propos qu'elle rapporte. Evidemment, il a cherché à se disculper, mais quel avantage aurait-il trouvé à dire à G. Sereny que les «gazages» étaient un mythe ? C'est la raison pour laquelle j'envoyais au New Statesman une réponse qui ne fut pas publiée, mais que le Journal of Historical Review a reproduite [1] et dans laquelle je disais ceci : Le point essentiel est qu'il faut présumer que ce genre de déclarations est dicté par un intérêt personnel et non par la vérité historique. Lors d'un «procès» [«trial», qui signifie aussi «essai»], on «juge» [«to try», qui signifie aussi «essayer»] une chose particulière, c'est-à-dire que le tribunal est censé commencer par traiter l'affaire comme une question à débattre. L'allégation d'une «extermination» n'a jamais été mise en question sur un plan pratique dans aucun des procès qui s'y rapportaient et, dans certains cas, elle n'a jamais été questionnée au sens juridique du terme. La question n'a jamais porté que sur la responsabilité personnelle dans le cadre d'une allégation d'extermination qui, elle, n'était pas mise en question. C'est ainsi que les «confessions» de certains Allemands, qui dans tous les procès ont tenté de nier leur responsabilité personnelle ou de la minimiser, restaient simplement leur seul moyen de défense dans les circonstances où ils se trouvaient. Ce n'est pas à proprement parler «une négociation à la barre» comme lorsqu'il y a entente entre l'accusation et la défense, mais on n'en est pas loin. Tout ce qui compte, c'est de présenter au tribunal une histoire qu'il puisse accepter. Une fois que le défendeur décide de prendre le «jugement» [ou «essai»] au sérieux, le dilemme logique est inévitable. Ce n'est pas en niant la légende que Stangl pouvait sortir de prison. De plus, il n'est pas vrai, contrairement à ce que soutient G. Sereny, que ce dilemme logique disparaisse dans le cas d'un accusé condamné à la prison à vie. S'il aspire à la grâce ou à la liberté conditionnelle, il ne va pas chercher à renverser ce qui a été décidé au prétoire ; ce n'est pas ainsi qu'on obtient une grâce ou la liberté conditionnelle. Par exemple, au «procès d'Auschwitz» de 1963-1965 à Francfort, les faits qu'on reprochait à Robert Mulka étaient à ce point monstrueux que maintes personnes estimèrent trop légère sa condamnation à quatorze ans de travaux forcés. Et puis, à la faveur d'un dénouement stupéfiant pour qui n'a pas étudié de près ce sujet, Mulka fut tranquillement relaxé moins de quatre mois plus tard. Or, si, pendant son procès ou après, il avait plaidé — d'ailleurs en toute sincérité — qu'il n'y avait pas eu d'exterminations à Auschwitz et qu'il était bien placé pour le savoir, il aurait accompli, dans


158 le premier cas, une peine de prison à vie et, dans le second cas, la totalité de ses quatorze ans, à supposer qu'il eût vécu assez longtemps pour cela. On le sait peu, mais il a existé beaucoup d'exemples de ce genre — le sujet est difficile à étudier [2]. Il n'existe pas de cas où un accusé aurait eu avantage, pour sauvegarder son intérêt personnel immédiat, à nier les exterminations. Ce n'était pas la bonne méthode pour sortir de prison [3]. Si, dans un débat, on accepte pour règle l'attitude purement défensive qui consiste à répondre point par point aux arguments de l'adversaire, je continue à penser que c'est ainsi qu'il fallait répondre à G. Sereny. Je me contentais d'abord de ces lignes mais, au moment même de les écrire, je fus frappé par le caractère insensé du contexte dans lequel nous nous trouvions. Nous étions en 1979, et non en 1942, et G. Sereny était en train de se fonder sur les remarques d'un vieil homme isolé de tout pour expliquer aux lecteurs du New Statesman qu'il fallait croire aux histoires d' «exterminations». J'ai alors complété ma lettre de la façon suivante : Nous n'avons pas besoin de «confessions» ou de «procès» pour établir qu'ont vraiment eu lieu les bombardements de Dresde et d'Hiroshima , ou les représailles de Lidice qui ont suivi l'assassinat de Heydrich. Or, la légende de l'extermination ne fait pas seulement état de quelques cas d'homicides ; elle affirme l'existence d'événements de la dimension d'un continent au point de vue de la géographie, d'une durée de trois ans au point de vue du temps, et de plusieurs millions au point de vue du nombre des victimes. Quelle absurdité, par conséquent, de la part des tenants de la légende, que de vouloir «prouver» des événements d'une telle ampleur en s'appuyant sur des «confessions» obtenues au milieu de l'hystérie, de la censure, de l'intimidation, de la persécution et de l'illégalité flagrante qui entourent ce sujet depuis trentecinq ans. En d'autres termes, dans son article de 1979, G. Sereny, pour affirmer la réalité des événements colossaux que l'on sait, tirait argument de ce qu'un vieil homme venait de lui dire dans sa prison. Autant attribuer aux Tziganes l'incendie de New York en 1950 en se fondant sur les aveux de Tziganes qui habitaient la ville à l'époque. Naturellement, G. Sereny pourrait rétorquer que je n'ai relevé qu'une seule de ses observations comme s'il s'agissait de sa seule argumentation. Mais, même si je reconnais qu'elle a infiniment plus à dire sur le sujet, ma remarque de fond reste valable. G. Sereny prenait plusieurs colonnes d'un grand journal pour exposer des arguments qui, en 1979, étaient sans aucune proportion avec son allégation. Si les juifs d'Europe avaient réellement été exterminés, on n'aurait pas proposé de tels arguments. Quand je vis Robert Faurisson en 1980, il me félicita d'avoir fait remarquer qu'on n'a pas besoin de «procès» pour croire à des événements historiques vrais (Hiroshima, Lidice, etc.) et il me dit qu'il regrettait de n'y avoir pas pensé lui-même. Je savais ce qu'il ressentait car, à peu près à l'époque de l'article de G. Sereny, un homme qui m'était alors inconnu m'avait appelé et m'avait posé une question à laquelle j'avais bien regretté de n'avoir pas pensé moi-même. La question était la suivante : pourquoi les organisations juives situées hors de la sphère de l'Axe et qui avaient tant à dire sur l' «extermination» et sur le «meurtre» [des juifs], n'avaient-elles pas cherché à prévenir les juifs placés sous la coupe de Hitler de ce qui se cachait derrière les prétendus programmes allemands de déplacement de populations ? Dans tous les récits, on nous raconte que les juifs faisaient leurs bagages pour partir en déportation et entraient plus tard dans les camps sans imaginer qu'on allait les tuer. Cet aspect de la légende est évidemment nécessaire, car on sait bien qu'il y eut très peu de résistance violente aux déportations (j'ai fait allusion à cette question à la page 109 de mon livre, The Hoax, mais nulle part je n'ai suffisamment insisté). La leçon plus générale à tirer de ces deux incidents fera l'objet du présent exposé. On voit que dans ces deux incidents il y a eu un moment de myopie, non pas simplement de la part des tenants de la légende mais — ce qui importe plus — de la part des révisionnistes, qui se préoccupaient tellement des arbres qu'il a fallu l'intervention du hasard pour leur ouvrir les


159 yeux sur des aspects importants de la forêt. Il ne s'agit pas d'un défaut propre aux individus. Cela résulte des circonstances historiques dans lesquelles nous nous trouvons. Je vais essayer de décrire ces circonstances et de montrer comment nous devrions nous y prendre aujourd'hui. Je le ferai, d'une part, en présentant mon idée quant au point de vue probable de la postérité sur ces sujets et, d'autre part, en avançant plusieurs suggestions sur la conduite à tenir en fait dans la controverse. La Donation de Constantin La «Donation de Constantin» est le faux le plus célèbre de l'histoire européenne. Il fit son apparition aux alentours de l'an 800. Il s'agissait d'un document qu'on disait écrit «des mains» [sic] de l'empereur Constantin Ier (288 ? 337) et qui racontait la légende, tenace mais fausse, de la conversion de Constantin et de son baptême par le pape Silvestre Ier . Le trait principal de ce document tient à ce qu'il octroyait au pape l'autorité temporelle sur «la cité de Rome et toutes les provinces, places et états d'Italie, ainsi que sur les régions occidentales». Il stipulait aussi que le pape «exercerait sa suprématie également sur les principaux lieux [saints], Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Constantinople» et il octroyait encore un certain nombre d'avantages divers. Pour qu'il fût clair que cette Donation constituait une garantie, le document renfermait en plus une déclaration de Constantin par laquelle ce dernier manifestait son intention de transférer sa propre capitale dans « la province de Byzance [où] une ville sera construite à notre nom … car là où le primat des prêtres et le chef de la religion chrétienne est placé au pouvoir par l'Empereur céleste, un empereur terrestre ne saurait exercer son autorité». Ce qui est ici du plus haut intérêt, c'est que l'authenticité du document ne fut guère contestée avant le XVe siècle en dépit des faits suivants : 15. d'après les légendes et les histoires qu'on pouvait trouver en abondance pendant tout le Moyen Age et d'après le document lui-même, la ville que Constantin fonda sur l'ancien site de Byzance, plus tard appelée «Constantinople», n'avait pas encore été fondée et encore moins transformée en un saint siège d'importance ; 16. de façon plus concluante — et là on voit l'analogie avec l'expression «ils étaient toujours là» que j'employais tout à l'heure à propos de l' «Holocauste» — selon les rapports et les histoires de toute cette époque du Moyen Age, c'est en Italie que l'autorité impériale a continué à s'exercer sous le règne de Constantin, de Sylvestre et de leurs successeurs immédiats. Ce n'est certes pas le manque d'intérêt ou de signification de la question qui explique que l'on ait tant tardé à s'apercevoir que la Donation était un faux. Une bonne partie de la vie politique du Moyen Age tournait autour de la controverse sur les pouvoirs respectifs du Pape et du Saint Empereur Romain [Germanique], et il se trouvait des esprits distingués pour participer à des discussions au cours desquelles la Donation était utilisée comme argument en faveur du pape. Même Dante (1265-1321), qui était un ennemi déclaré du pouvoir temporel des papes, a effleuré la question de la Donation dans son Enfer, mais pour reprocher à Constantin de l'avoir accordée : Hélas ! ô Constantin, quel mal profond enfanta Non point ta conversion, mais cette dot Que de toi reçut le premier père enrichi ! C'est ainsi qu'un faux totalement anhistorique fut pendant des siècles au centre d'une controverse sans être pour ainsi dire jamais contesté ; c'est un peu comme si l'on avait attribué à George Washington la paternité d'une lettre portant sa signature et accordant à l'Église


160 épiscopale méthodiste «le pouvoir de faire la loi sur Washington et ses territoires d'Amérique du Nord». Les premières remises en cause furent, comme c'est l'usage, stupides, à côté de la question, tendancieuses, ou embarrassées de circonlocutions, et souvent, comme dans le cas de Dante, on contestait l'avantage de la Donation mais non son caractère historique. Au milieu du XIIe siècle, le mouvement de réforme d'Arnaud de Brescia s'attaqua à la légende de Sylvestre et de la Donation dans son ensemble en faisant valoir que Constantin était déjà baptisé lorsqu'il rencontra Sylvestre. Chez les Gibelins antipapistes d'Allemagne, vers 1200, naquit la légende selon laquelle, au moment où Constantin avait fait sa Donation, les anges en pleurs avaient fait entendre : «Hélas, hélas, aujourd'hui on a versé du poison au sein de l'Église de Dieu». Les partisans du pape rétorquèrent qu'on avait effectivement bien entendu pleurer, mais que c'était le Diable qui s'était déguisé pour essayer de tromper son monde. D'autres représentaient que la Donation n'avait pas de valeur parce que Constantin était coupable d'arianisme, ou parce qu'on n'avait pas demandé l'accord des populations, ou parce que l'offre n'était censée s'appliquer qu'au règne de Constantin. D'autres voyaient dans la Donation un coup porté sournoisement à la papauté en vue de prouver que la primauté du Pape ne dérivait pas de Dieu mais de l'Empereur. En fait, ce dernier argument commença d'inspirer, jusqu'au milieu du XV e siècle, l'attitude adoptée par la majorité des porte-parole antipapistes à l'égard de la Donation. Vers 1200, deux auteurs avaient fait remarquer que le régime impérial avait continué à s'exercer en Italie après la prétendue Donation, mais ils présentaient l'affaire avec bien des circonlocutions et sans révéler leurs conclusions personnelles sur le sujet, si bien que leur influence ne fut pas très marquante dans la controverse ultérieure. C'est en 1433 qu'apparut ce qu'on pourrait appeler une critique concluante de la Donation ; elle n'était pas l'œuvre d'un antipapiste mais de quelqu'un qu'on qualifierait de réformateur libéral à l'intérieur de l'Eglise. Nicolas de Cusa, diacre de S t Florin de Coblence, présenta à l'usage du Concile de Bâle une critique de la Donation qui faisait ressortir les innombrables éléments historiques prouvant qu'il n'y avait pas eu le moindre transfert de souveraineté de l'Empereur au bénéfice du Pape à l'époque de Sylvestre et de Constantin ou immédiatement après. Le De concordantia catholica de Nicolas de Cusa eut peu d'effet direct, d'un côté, en raison de son ton froid et sans passion, et, de l'autre, parce qu'il fut éclipsé par le traité, en 1440, de Lorenzo Valla, De falso credita et ementita Constantini donatione declamatio [4]. C'est le nom de Valla qui reste le plus étroitement lié à la dénonciation de cette mystification, d'abord parce que ses remarquables talents personnels s'ajoutaient au travail de Nicolas de Cusa, ensuite à cause du caractère éloquent et passionné de son traité et, enfin, parce que, très peu de temps après, les progrès de l'imprimerie et le mouvement de la Réforme permirent la diffusion massive de ce traité en différentes langues. La méthode de Valla consistait essentiellement à soumettre la Donation à la critique sous tous les angles possibles à l'époque. Par exemple, il commença par envisager la question au point de vue de la personnalité de Constantin, «un homme qui, par soif de domination, avait fait la guerre à des nations entières, qui, au prix d'attaques et de dissensions civiles, avait évincé parents et amis pour prendre le pouvoir» et qui, ensuite, se serait prétendument «mis à offrir à un tiers, par pure générosité, la ville de Rome, sa patrie, la capitale du monde, la reine des nations, … pour aller se retirer dans une modeste petite ville, Byzance». Après la simple lecture de quelques pages de Valla, on sent bien que la Donation paraît incroyable, mais le traité continue de la sorte pendant 80 pages dans la traduction anglaise, si bien qu'on a là un cas typique de «surextermination». Valla reprenait l'argument de Nicolas de Cusa selon lequel le prétendu transfert de souveraineté n'avait pas eu lieu puisque les pièces de monnaie romaines de l'époque avaient été émises à l'effigie des empereurs et non pas des papes. Valla étudiait le


161 langage et le vocabulaire du texte de la Donation et montrait qu'ils ne pouvaient pas appartenir au latin employé par Constantin. De telles méthodes étaient nouvelles pour l'époque. Les recherches érudites de Valla n'étaient pas désintéressées. A l'époque où il rédigea son traité, il était le secrétaire d'Alphonse d'Aragon, qui disputait au Pape le gouvernement de Naples. Valla ne laissait aucun doute au lecteur sur ses convictions : pour lui, le pouvoir temporel du Pape était une mauvaise chose et il fallait l'abolir. Néanmoins, le traité de Valla marque une étape dans la naissance de la critique historique et je crois que son étude peut être profitable aujourd'hui à ceux qui se sont donné pour but de «démonter le mythe du génocide». Certes, un homme fut brûlé sur le bûcher à Strasbourg en 1458 pour avoir nié la Donation, mais la thèse de Valla fut d'abord assez bien accueillie dans les milieux cultivés, même si le traité restait encore à l'état de manuscrit. Vers 1500, on put croire à la fin de la légende ; le phénomène était peut-être dû au fait que les discussions de fond sur la nature même de la papauté s'étaient plutôt calmées. Toutefois, par une ironie du sort, les progrès de la Réforme et l'abondant usage qu'on fit du traité de Valla comme d'une arme contre la papauté eurent pour effet de ressusciter la légende. D'une part, Martin Luther déclara en 1537 que le traité de Valla l'avait convaincu que le Pape était l'incarnation de l'Antéchrist. D'autre part, Steuchus, bibliothécaire au Vatican, publia en 1547 une critique assez habile du traité de Valla, et, peu de temps après, le traité fut mis à l'Index. Ce n'est qu'aux alentours de 1600 qu'on peut considérer que la légende fut complètement abandonnée, lorsque le grand historien catholique, le cardinal Baronius, déclara que le faux était prouvé. Ce bref aperçu appelle au moins deux questions fondamentales. Tout d'abord, nous avons remarqué que le caractère frauduleux de la Donation semblait ressortir à l'évidence du simple fait que le prétendu transfert de souveraineté n'avait en réalité pas eu lieu. Pourquoi alors a-t-il fallu si longtemps pour le dévoiler ? Je pense que la raison fondamentale en est que, jusqu'à la Renaissance, il aurait été contraire aux intérêts politiques de tirer à propos de la Donation les conclusions qui s'imposaient. On peut difficilement opposer à des intérêts politiques et économiques importants de simples observations, même si celles-ci sont factuelles et pertinentes. Les deux raisons qui viennent le plus spontanément à l'esprit pour expliquer pourquoi la légende a été abandonnée à cette époque sont que la Renaissance avait suscité en Europe un niveau d'érudition plus élevé et que la Réforme avait favorisé la progression des idées antipapistes. Je pense que cette interprétation est valable à condition qu'on n'entende pas par là que le Moyen Age n'aurait pas été intellectuellement en mesure de discerner la fraude. L'évolution politique de la période postmédiévale eut une importance décisive pour permettre d'ouvrir les yeux, en toute sécurité et même avec profit, sur ce qui était évident. Si l'on examine de près cette explication essentiellement politique, on retrouve l'éternel problème : à moins d'efforts exceptionnels de notre part, «l'arbre nous cache la forêt». Pour voir l'évidence, encore faut-il que, d'une façon ou d'une autre, celle-ci se présente à nous. Ce que les gens retenaient de la controverse sur la Donation, c'est que les papes réclamaient l'autorité temporelle, qu'on se référait pour cela à ce document et que les milieux hostiles au Pape y trouvaient toutes sortes d'arguments. L'histoire romaine était assez bien connue, mais on ne la présentait généralement pas de manière intelligente. On peut sans doute s'étonner de cette lacune mais les explications en sont simples. Pour commencer, les papes occupaient une position solidement retranchée et, de là, décidaient de ce qui devait être discuté ; on ne pouvait guère s'attendre à les voir préconiser l'étude du document sur des bases historiques. Ensuite, les adversaires de la Donation, en raison de leur situation de dissidents, devaient s'en tenir à des sujets familiers à tous, s'ils voulaient, dans la pratique, ne fût-ce que se faire entendre. En outre, comme ils étaient plus préoccupés de défendre des intérêts politiques ou religieux que la vérité historique, ils ignoraient souvent jusqu'à l'aspect historique de la question. D'un autre côté, ceux qui faisaient profession de lettrés dépendaient dans une large mesure des autorités


162 ecclésiastiques pour subsister. Ainsi, toutes les conditions étaient-elles réunies pour que règne une forme de sottise à fondement politique. Venons-en à la seconde question fondamentale. En admettant que le caractère frauduleux de la Donation aurait dû s'imposer comme une évidence à des esprits sans timidité et curieux, et qu'à la faveur de l'évolution politique l'intimidation eût diminué au point même de disparaître, pourquoi alors a-t-il fallu un traité aussi long que celui de Valla pour venir à bout de cette tromperie ? Posée en ces termes, la question est fallacieuse, surtout en ce qu'elle présuppose des relations de cause à effet. On ne peut distinguer les causes et les effets dans des événements complexes qui ont vu (a) la ruine du pouvoir papal par la Réforme, (b) l'écroulement de l'une des impostures sur lesquelles ce pouvoir reposait et (c) la large diffusion d'un livre qui dénonçait cette imposture. Tout au plus peut-on se demander quel rôle a joué le traité de Valla dans ces événements et on peut s'en faire une assez bonne idée en examinant le contenu même du traité, qui était beaucoup plus étendu, beaucoup plus détaillé qu'il n'était nécessaire pour soutenir la thèse. La documentation de l'ouvrage était si fournie, si diversifiée, que son effet ne pouvait être qu'irrésistible. Les amateurs de monnaies anciennes avaient leur mot à dire ; les spécialistes de latin et de grammaire latine étaient invités à prendre leur part de la controverse ; les spécialistes de l'histoire de Rome se sentaient concernés, tout comme les spécialistes de l'histoire de l'Église. Bref, chez des gens qui avaient l'art de la parole, les langues se délièrent, et cela dans le contexte d'une évolution politique colossale. Dans l'exposé que j'ai fait ici il y a trois ans pour notre congrès, j'ai souligné qu'il ne fallait pas sous-estimer le rôle des controverses extra-universitaires comme moyen de pousser les universitaires à s'intéresser à des sujets controversés. Je veux dire par là — et je parle ici pour en avoir fait l'expérience en tant que professeur d'université — qu'à l'égard des sujets «brûlants» l'attitude caractéristique de l'universitaire, foncièrement honnête mais trop humain, est la dérobade. Certes, il existe une petite minorité, celle des laquais au service des profiteurs de la thèse officielle, qui ment délibérément et pipe les dés. Mais vient le jour où une autre petite minorité finit par attaquer la position retranchée ; ses propos de dissidents ont alors provisoirement pour effet de rallier une plus large minorité au clan des menteurs délibérés, et cela pour dénoncer les hérétiques. Toutefois, l'honnête universitaire moyen, qui essaie de conserver quelque estime vis-à-vis de soi tout en payant ses factures, évitera de se prononcer sur un sujet brûlant. Cette dérobade devient difficile ou impossible quand un certain nombre de gens du grand public se mettent à poser des questions troublantes. Si l'expression du sentiment populaire va assez loin, cela peut, après avoir rendu la dérobade impossible, permettre aux hérétiques de s'exprimer sans trop de danger. Par conséquent, quand il y a des sujets brûlants, ne sousestimons pas le rôle de leur propagation dans le grand public comme moyen d'inciter ou même de mettre en mouvement ceux qui devraient les traiter. Les principales remarques que je voudrais faire ici sont les suivantes. Des arguments simples et décisifs qui allaient à l'encontre de la Donation de Constantin et qui, selon nous, auraient dû crever les yeux des gens du Moyen Age, ont été étouffés par la politique de l'époque. Le traité de Valla, tout en allant, dans le détail, bien plus loin qu'il ne semble nécessaire à notre conception de l'histoire, a joué un rôle pratique crucial dans l'effondrement de la légende de la Donation, mais ce phénomène fut intimement lié au fait que l'évolution politique était favorable à la thèse de Valla et à son examen en toute sérénité. Les analogies


163 Les analogies avec la légende qui nous intéresse, celle de l' «Holocauste», paraîtront presque trop évidentes pour qu'il soit nécessaire d'y consacrer du temps. Les universitaires du Moyen Age et de la Renaissance qui ne voulaient pas voir les choses simples n'ont malheureusement rien à envier aux universitaires d'aujourd'hui. Quelques points méritent cependant qu'on s'y attarde. Nous avons vu que la légende de la Donation s'est effondrée à une époque où la situation politique devenait très défavorable à la papauté ; voilà qui suggère évidemment une autre analogie et une autre anticipation : la légende de l'Holocauste va s'effondrer dans une époque, la nôtre, très défavorable au sionisme. La concomitance, prévisible, des deux phénomènes est absolument inévitable et nous n'y échapperons pas, mais il faut en relever les aspects dangereux. Elle provoquera de dangereuses pressions, tant politiques qu'intellectuelles, dans le camp des révisionnistes. Par exemple, au moment où j'écris, l'invasion du Liban par l'armée israélienne a fait de Menahem Begin l'homme le plus impopulaire du monde, et d'Israël l'État le plus impopulaire du monde. On peut à juste titre faire valoir que les envahisseurs s'en sont pris brutalement et sans scrupules à d'innocentes victimes civiles libanaises, que trop d'entre celles-ci ont péri ou ont été dépossédées de tout à la suite de la tentative exercée par Israël pour détruire les forces de l'O.L.P. On peut à juste titre faire valoir que les Américains, dopés ou dupés, n'ont pratiquement jamais rien refusé à Israël dans le passé. Mais j'ai lu, même dans des ouvrages qui marquent une certaine sympathie pour le révisionnisme [5], que la politique d'Israël équivalait à un «génocide», ce qui n'est pas le cas, ni dans les intentions, ni (tant s'en faut) dans les faits, du moins au sens où j'entends ce mot, c'est-à-dire dans un sens proche du mot «extermination». Si l'on peut admettre qu'une accusation aussi inappropriée soit la norme dans les journaux à grand tirage, il est fâcheux de la voir adopter dans des milieux à tendance révisionniste car ces derniers, plus que quiconque, devraient être capables de faire la distinction entre les différentes sortes de traitements inhumains, et cela pour rapporter avec exactitude les événements historiques. Il y a là un réel danger ; on s'en rendra compte si l'on comprend qu'une telle confusion peut s'expliquer aussi bien en termes de politique que par la tendance naturelle de l'homme à l'inexactitude. Dans les années à venir, on fera fortement pression sur beaucoup de gens, y compris les révisionnistes, afin qu'ils soient «pour» les Arabes et non pas seulement équitables envers ceux-ci. Cette pression viendra en partie du fait que ce sont précisément les événements du Moyen-Orient qui fourniront aux révisionnistes l'occasion de se faire entendre. En conséquence, les révisionnistes vont devoir faire de la corde raide, d'une part pour résister à ces dangereuses pressions, d'autre part pour exploiter les ouvertures que leur fourniront les événements politiques, afin d'exprimer de légitimes observations historiques. On aimerait bien s'enfermer dans une tour d'ivoire pour y étudier la Mystification, mais ce n'est pas ainsi que les choses vont se passer. Puisque l'histoire ne se répète jamais, la comparaison entre la Donation et l' «Holocauste» ne s'applique pas à tous les aspects saillants de ces deux légendes. Mais il est un autre point de ressemblance important qui mérite d'être noté ; c'est l'attention excessive accordée aux détails, à la fois dans le traité de Valla et dans les recherches révisionnistes actuelles : dans un cas comme dans l'autre, on «surextermine». L'homme de la Renaissance ne remarquait pas que le transfert de souveraineté n'avait pas eu lieu, voilà tout ; nous, nous ne remarquons pas que les juifs étaient toujours là après la guerre, voilà tout. Apparemment, nous devons poursuivre l'étude du sujet jusque dans des détails qui paraîtront sans doute incroyables à la postérité. Par exemple, nous ne nous contentons pas de dire que le Zyklon, utilisé, prétend-on, pour les «gazages», est un insecticide ; encore faut-il que nous analysions dans les moindres détails les aspects techniques de cette affirmation.


164 Ce souci du détail est à la fois souhaitable et nécessaire. Nous avons vu, dans notre examen de la Donation, qu'il était souhaitable. Le souci du détail entraîne une grande diversité et une grande quantité de réflexion sur la légende ; c'est ainsi que, même si la postérité nous accuse de myopie — et c'est d'ailleurs déjà ce qui se passe —, les langues se délient à tel point dans les circonstances pratiques et urgentes qui sont les nôtres que ceux qui ont pour métier de traiter de ces questions ne pourront plus les éviter. En fait, ce point a d'ores et déjà été atteint et Raul Hilberg, au fond, l'admet ; auteur de The Destruction of the European Jews [La Destruction des juifs d'Europe, Fayard, 1988, NDLR], il déclarait dans une récente interview donnée à un hebdomadaire français [6] : Je dirai que, d'une certaine manière, Faurisson et d'autres, sans l'avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d'engager les historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d'informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s'est passé. Que le souci du détail soit également nécessaire à l'heure actuelle est une constatation qui découle de la stratégie qu'emploient dans leur propagande les promoteurs et les tenants de la légende officielle. L'un des aspects de cette stratégie consiste à esquiver la vraie question, toute simple, de savoir si oui ou non les juifs d'Europe ont été effectivement exterminés physiquement par les Allemands, pour se concentrer plutôt sur la question, en apparence similaire et (à condition de brouiller suffisamment les pistes) faussement équivalente, de savoir si oui ou non les Allemands ont utilisé des «chambres à gaz». C'est un procédé cher aux mystificateurs (j'en citerai d'autres) auquel trop de personnes du camp révisionniste ou de sympathisants du révisionnisme se laissent prendre. Pour éviter tout malentendu, je précise tout de suite que, pour moi, la réponse aux deux questions est incontestablement «non» : il n'a pas existé de programme d'extermination et il n'a pas existé de chambres à gaz. Mais seul le premier point est au cœur de la dispute tandis que le second n'a qu'une importance accessoire pour l'école révisionniste, telle du moins que je crois en comprendre l'esprit. Par exemple, s'il arrivait qu'on découvre qu'un jour de 1942 on avait amené dix adultes juifs dans le quartier général de Hitler en Prusse orientale, qu'on les avait enfermés dans la douche de Hitler (rapidement aménagée pour la circonstance) et qu'on les y avait gazés sous l'œil approbateur du Führer, j'aurais toutes sortes de raisons, aussi bien historiques que techniques, d'en être stupéfait, mais cela ne m'obligerait pas à changer d'avis ou à revenir sur l'essentiel de la question de l' «Extermination». La découverte risquerait d'ébranler ceux des révisionnistes qui font de Hitler le centre de leur intérêt, comme par exemple David Irving, mais là n'est pas la question. Grâce à différents stratagèmes, consistant, par exemple, à insister sur certains types de témoignages ou à discuter du «Zyklon» en soi, les défenseurs de la légende réussissent souvent, dans la controverse publique, à remplacer tout doucement la question de l' «extermination» par celle des «chambres à gaz» ; ce n'est pas qu'ils confondent les deux mais, de cette façon, ils tirent profit des réserves d'usage qui s'imposent dans le cas de presque tout sujet d'histoire. Prenons un exemple : si on m'avait demandé, il y a quelque temps, si les Japonais avaient gazé des prisonniers pendant la seconde guerre mondiale, j'aurais répondu que je n'avais pas connaissance de tels gazages. Or, j'ai lu tout récemment un rapport sérieux qui fait état d'un gazage de 404 «cobayes humains» réalisé en vue de «recherches sur l'armement biologique» [7]. Je continue malgré tout à être certain que les Japonais n'ont pas «exterminé» de populations. Un autre exemple : je suis certain que, pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés n'ont pas exterminé une part tant soit peu importante de la population esquimaude, et je suis convaincu qu'ils n'ont gazé aucune des communautés esquimaudes ; mais vous remarquerez que, dans le premier cas, je suis «certain» tandis que, dans le second, je ne suis que «convaincu». La différence vient du fait que, si l'on peut prouver qu'il n'a pas existé de


165 programme d'extermination des Esquimaux (par exemple on n'a pas noté après la guerre qu'ils aient disparu en quantités significatives), on ne peut pas montrer qu'aucun Esquimau n'a été gazé. On me dira, bien sûr, qu'il n'existait pas de motif évident de gazer les Esquimaux, qu'on ne trouve pas trace, par la suite, d'accusations de gazages d'Esquimaux, etc., et on peut être «convaincu» qu'aucune communauté esquimaude n'a été gazée (bien entendu, des Esquimaux ont pu, à titre individuel, être exécutés dans une chambre à gaz californienne pour délits particuliers). Toutefois, il faut toujours, par exemple, envisager la possibilité qu'une quelconque communauté esquimaude isolée ait pu être gazée dans le plus grand secret parce qu'elle aurait pu menacer la sécurité d'une opération militaire ultra-secrète des Alliés. C'est simplement ce que les historiens appellent une réserve d'usage, applicable à toutes les périodes de l'histoire et que l'on ne mentionne guère, tant elle tombe sous le sens. On peut démontrer que les Esquimaux n'ont pas été exterminés mais il n'est pas possible de démontrer qu'aucune communauté esquimaude n'a été gazée. De la même façon, et au risque de fournir à mes adversaires l'occasion de citer mes paroles hors contexte et de les utiliser de mauvaise foi, je peux démontrer qu'il n'a pas existé chez les Allemands de programme d'extermination physique des juifs, mais je ne peux pas démontrer qu'aucun juif n'a été gazé, bien que ma longue expérience du sujet est telle que je suis convaincu qu'aucun juif n'a été gazé. Si l'on examine de près les arguments qui sont invoqués par ceux dont la tactique est de prétendre que les juifs ont été gazés, il est clair qu'on se trouve dans l'hypothèse de la «communauté esquimaude isolée». A la place d'une situation géographique isolée [cas des Esquimaux], on substitue une situation administrative isolée [cas des camps de concentration] : on n'a trouvé trace écrite ni de plans de chambres à gaz ni de leur construction, ni des gazages eux-mêmes ; pour cacher leurs exploits, les Allemands brûlaient les cadavres sans laisser de traces ; pour réduire le nombre des témoins au minimum, les juifs eux-mêmes servaient de main-d'œuvre dans ces opérations et étaient ensuite tués à leur tour. Jamais on n'explique pourquoi il aurait été utile ou nécessaire de garder le secret sur ces opérations, alors même que des manifestations étaient organisées à Madison Square Garden en protestation contre le prétendu massacre, et qu'il y avait les déclarations officielles de condamnation par les Alliés, par le Président des États-Unis, etc. [8] : on ne l'explique pas parce que peu de gens poseront ce type de question. Ce qui compte, c'est que toute cette histoire soit «prouvée» par les déclarations de quelques «témoins», qu'elle soit confirmée devant un tribunal et utilisée ensuite pour étayer un mensonge d'une espèce très différente et même sans rapport, à savoir l'extermination physique des juifs d'Europe. Technique de bonneteau ! C'est un procédé facile. Il consiste à faire complètement abstraction du contexte et à renverser la perspective : technique de bonneteau où se laissent prendre les dupes. Malheureusement, le procédé a réussi, et c'est la raison pour laquelle il est nécessaire autant que souhaitable que les révisionnistes se soucient du détail. Les tenants de la légende ne veulent pas qu'on aborde directement la question de l' «extermination», car des documents aisément accessibles montrent clairement que les juifs n'ont pas été exterminés. Mais il n'existe pas de documents aisément accessibles qui montrent clairement ce qui s'est passé pendant la guerre en chaque point de l'Europe de l'Est, compte tenu surtout de l'exploitation politique qui a été faite de ces documents après la guerre, et c'est là que les mystificateurs se mettent à l'ouvrage. Ils proposent de combler ces lacunes, généralement à l'aide, non pas d'archives, mais de prétendues reconstitutions faites d'après leurs «procès». Comme ils occupent la position retranchée, ce sont eux effectivement qui donnent le ton quant aux thèmes du débat, et c'est ainsi que les révisionnistes se retrouvent, dans les rares débats d'apparence scientifique auxquels ils sont conviés par leurs adversaires, confrontés à des détails que l'on a rassemblés à des fins fallacieuses. Les mystificateurs n'osent pas axer le débat sur la vraie question, car elle est trop simple.


166 Contexte et perspective L'intérêt actuel porté au détail est souhaitable du point de vue révisionniste ; il est aussi nécessaire, parce que les défenseurs de la légende ont décidé — mais pour des motifs contraires et qui n'appartiennent qu'à eux — qu'il fallait aussi faire porter l'accent sur le détail, quand il y a un semblant de débat. Cette curieuse entente entre les deux camps est bien entendu de surface. Il est dangereux pour les révisionnistes de se concentrer ainsi sur le détail : on le voit bien quand on remarque que les défenseurs de la légende adoptent cette tactique parce qu'elle leur a permis de substituer à la vraie question des questions plus commodes. Plus précisément, ces gens s'arrangent pour faire perdre à leur auditoire le sens du contexte et de la perspective. Les propos tenus par Stangl à G. Sereny dans sa prison sont incompréhensibles si on ne les situe pas dans une perspective qui permet de voir que l'infortuné Stangl vivait alors dans l'après-guerre, plus précisément dans l'Allemagne de l'après-guerre, avec un système politique imposé par des vainqueurs étrangers et responsables, pour commencer, de l'installation de la légende. On nous rétorque que, si l'on manque des preuves historiques habituelles pour l' «extermination» des juifs, c'est en raison du caractère ultra-secret de la politique allemande : l'argument n'est pas facile à démolir, à moins de se référer au contexte historique de l'événement, comme nous venons de le faire. Par conséquent, s'il est bon, par les temps qui courent, de mettre l'accent sur le détail, nous risquons de perdre des batailles, sinon la guerre, si nous oublions le contexte historique et perdons de vue la perspective. Le contexte et la perspective constituent le thème de cet exposé mais il fallait que je m'étende longuement sur la nature de leur nécessité. Aux yeux de la postérité, cet «Holocauste», cette curieuse imposture qui nous aura asservis pendant vingt ou trente ans, apparaîtra comme un phénomène passager, ayant entraîné d'incroyables déformations des faits historiques que nous aurions dû déceler plus facilement que nous ne l'avons fait, puisque l'interprétation des événements en question semblera alors plus simple que celle que nous voyons, ou du moins que nous avançons. Et puisque, naturellement, nous ne pouvons pas voir aujourd'hui les choses telles que les verra la postérité, du moins pouvons-nous essayer de voir le sujet en gagnant une perspective plus élevée. Non seulement notre réputation y gagnera dans l'avenir, mais cela nous évitera d'être pris en défaut sur des détails dans la controverse actuelle. Demandons-nous pour commencer ce qui fera le plus l'étonnement de la postérité. Ce ne seront pas les «exterminations» des juifs, puisqu'il n'y en a pas eu. Ce ne sera pas non plus le programme d'expulsion des juifs décidé par les Allemands. D'aucuns pourront évidemment s'intéresser à ce programme, mais seulement dans la mesure où les historiens s'intéressent aujourd'hui à toutes sortes d'événements du passé. Mais ce programme allemand était loin d'être unique dans son principe, puisque les juifs ont déjà été expulsés de Jérusalem au II e siècle et d'Espagne au XV e siècle, pour ne mentionner que les deux plus célèbres expulsions parmi toutes celles qui se sont produites. Le programme allemand pourra être déploré, mais il ne paraîtra pas extraordinaire. Ce qui paraîtra unique, ce sera l'installation de la légende de l' «Holocauste» dans la société occidentale, son exploitation jusqu'à la folie, sa remise en cause quelques décennies plus tard par des originaux, et son abandon par la suite. L'une des conséquences, peut-être à la fois instructive et mortifiante pour les révisionnistes, c'est qu'ils feront eux-mêmes l'objet d'un examen minutieux de la part des historiens, c'est-à-dire que nous sommes une partie du processus historique que verra la postérité, et non pas simplement les pionniers de la recherche dans ce processus. Je pense qu'ils nous verront ainsi surtout à cause de la tendance que nous avons — j'en ai expliqué les raisons tout à l'heure — à nous empêtrer dans les détails en passant à côté ou pardessus les observations qui, à leurs yeux, auraient dû être à la fois évidentes et décisives.


167 Prenons un exemple précis. Pour qu'une chose soit «évidente», il faut en quelque sorte l'avoir sous le nez. Prenons deux livres publiés récemment en faveur de la légende de l'extermination et dont on a beaucoup parlé, à savoir Auschwitz and the Allies [Auschwitz et les Alliés], de Martin Gilbert (le biographe de Winston Churchill) et The Terrible Secret [Le Terrifiant Secret, Gallimard, Paris 1981], de Walter Laqueur (directeur de l'Institut d'Histoire Contemporaine de Londres et rédacteur en chef du Journal of Contemporary History). Les deux livres ont une même approche du sujet et couvrent à peu près le même domaine. A la fin de sa longue étude, copieusement annotée, Gilbert écrit ceci [9] : Entre mai 1942 et juin 1944, presque aucun des messages qui parvenaient à l'Ouest ne parlait d'Auschwitz comme d'un lieu de destination pour les déportés juifs ou comme d'un centre de mise à mort. Le nom même d'Auschwitz n'avait pas non plus frappé l'esprit de ceux qui étaient en train de tracer ce qu'ils croyaient être le tableau de plus en plus détaillé et complet du sort des juifs. Quant à Laqueur, il nous explique, au début d'une étude plus brève mais, elle aussi, copieusement annotée, qu'il n'aurait pas été possible de dissimuler les exterminations massives d'Auschwitz puisque, dit-il, Auschwitz était «un véritable archipel», que «les détenus d'Auschwitz […] étaient en fait dispersés à travers toute la Silésie, et […] rencontraient des milliers de gens», que «des centaines de civils travaillaient à Auschwitz comme employés», et que «des journalistes circulaient à l'intérieur du Gouvernement général et étaient obligés d'entendre», etc. [10] Je ne trouve rien à redire à de telles réflexions puisque je les ai faites moi-même, à partir essentiellement des mêmes considérations [11] .Il ne reste plus au lecteur de Gilbert, de Laqueur et de Butz qu'à opérer un choix qui est simple. On lui dit : – qu'entre mai 1942 et juin 1944 les intéressés eux-mêmes n'avaient pas entendu parler d'exterminations massives à Auschwitz ; – que l'on n'aurait pas pu longtemps cacher au monde l'existence à Auschwitz de ces exterminations. Comme, des deux côtés, on lui raconte la même histoire, il devrait, par simple déduction, — c'est ainsi qu'on se forge une opinion quand on n'a ni le temps ni les moyens de devenir un historien — supposer que les deux affirmations sont vraies. On n'a pas entendu parler d'exterminations massives à Auschwitz pendant la période considérée, et l'on n'aurait pas pu tenir secrètes des exterminations massives à Auschwitz. Par conséquent, il n'y a pas eu d'exterminations massives à Auschwitz. La conclusion est inévitable et il suffit d'un peu de logique. On peut faire la comparaison avec le syllogisme suivant : «Je ne vois pas d'éléphant dans ma cave ; s'il y avait un éléphant dans ma cave, je ne pourrais pas ne pas le voir ; donc, il n'y a pas d'éléphant dans ma cave.» Logiquement, une telle réflexion devrait rester sans réplique, mais je sais pourtant qu'on la perdra souvent de vue dans les débats à venir. C'est là un bon exemple de point sur lequel nous méduserons la postérité par notre myopie, parce qu'elle se demandera alors pourquoi nous avons si rarement soulevé cet argument dans la chaleur du débat. Ce n'est pas le seul exemple de ce genre. La littérature des défenseurs de la légende abonde en concessions de toutes sortes, si bien que la postérité se demandera comment, pour commencer, on a pu croire à une telle légende, puis pourquoi même il aura fallu que des révisionnistes écrivent des ouvrages. Expliquons-nous. Les acteurs principaux de cet épisode historique sont les gouvernements des différentes puissances en guerre, les organisations juives fonctionnant dans les pays alliés et dans les pays neutres, les organisations juives fonctionnant ouvertement sous l'occupation allemande, les organisations de résistance clandestine, juives ou non, fonctionnant dans l'Europe occupée par


168 l'Allemagne, l'Eglise catholique (en raison de sa double caractéristique : son omniprésence et sa centralisation) et la Croix-Rouge Internationale. En tête des organisations juives se trouvait le JDC (American Jewish Joint Distribution Committee) [Comité paritaire juif américain de distribution], étroitement associé à l'American Jewish Committee [Comité juif américain], l' «organisation politique de l'élite non-sioniste de la communauté juive américaine» [12]. Le JDC a joué un rôle primordial dans l'aide matérielle apportée aux juifs. En Europe, il avait un représentant d'importance à Lisbonne en la personne de Joseph J. Schwarz [13]. Mais celui qui, au point de vue qui nous intéresse, a joué le rôle le plus important est Saly Mayer, qui est toujours resté le représentant principal du JDC en Suisse, même quand parfois ce n'était pas à titre officiel. Mayer était en contact permanent avec le JDC à Lisbonne et New York, ainsi qu'avec les juifs de l'Europe occupée, à l'Est comme à l'Ouest [14]. En tête également des organisations juives, il y avait la JA (Jewish Agency) [l'Agence juive], l'officieux Gouvernement israélien de l'époque, avec pour phare Chaïm Weizmann, représentée à Genève par Richard Lichtheim et Abraham Silberschein. Le sionisme était aussi représenté par le WJC (World Jewish Congress) [Congrès juif mondial], dont les phares étaient Nahum Goldman et le rabbin Stephen S. Wise et dont le principal représentant en Suisse était Gerhart Riegner. Les représentants suisses de ces organisations ainsi que ceux d'un certain nombre d'autres organisations juives étaient en contact permanent avec, à la fois, les juifs de l'Europe occupée et les représentants, juifs et autres, des pays alliés. Les liaisons postales ou téléphoniques, par exemple, pouvaient s'obtenir facilement entre les juifs des pays occupés et ceux des pays neutres comme la Suisse et la Turquie [15]. Comme il ressort tout à fait clairement d'un grand nombre d'ouvrages en plus du mien (par exemple du livre de Gilbert), c'est le WJC, aidé de la JA, du Gouvernement polonais en exil à Londres et, occasionnellement, de groupes moins connus, qui est à l'origine de la propagande de l'extermination. Je ferai ici huit simples observations, qui sont toutes tirées de la littérature des défenseurs de la légende (parfois par l'intermédiaire de mon livre) et qui établissent la non-historicité de l' «Holocauste» ou, plus exactement, d'un programme d'extermination physique massive des juifs d'Europe. 1°) — Les allégations d'extermination qui ont circulé après la guerre avaient pour origine celles qui circulaient pendant la guerre. Toutefois, les différences entre les deux sont telles qu'il est permis d'en déduire que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne reposaient pas sur des faits réels. Les différences principales entre les allégations de la guerre et celles d'après-guerre sont de deux sortes. D'abord, une grande part des allégations qui circulaient pendant la guerre ont été abandonnées par la suite, à quelques exceptions près. Ensuite, la plus importante des allégations de l'après-guerre, celle qui concerne Auschwitz, n'a été émise que tout à fait à la fin de la guerre. J'ai déjà fait ces deux observations au chapitre 3 de mon livre et nous avons vu la seconde tout à l'heure ; toutes deux sont confirmées par des publications plus récentes. Pour la première observation, j'ai dressé dans The Hoax une liste d'exemples précis que l'on pourra compléter par d'autres relevés dans les ouvrages récents, en particulier le livre de Gilbert, qui fournit un grand nombre de cas du même genre [16]. Pour prendre un exemple précis, on fera bien de s'arrêter sur le cas d'un certain Jan Karski, membre de la résistance polonaise, non juif, envoyé, dit-on, de Pologne par la résistance, en novembre 1942, pour faire son rapport au Gouvernement polonais en exil à Londres. Dans son rapport, il décrivait comment les juifs polonais étaient envoyés à Treblinka, à Belzec et à Sobibor dans des wagons remplis «de chaux et de chlore que l'on aspergeait d'eau». Au cours


169 du voyage, la moitié des gens mouraient d'asphyxie, ou par l'effet des fumées toxiques, ou par manque de nourriture et d'eau. On les incinérait. Les autres étaient mis à mort par des pelotons d'exécution, dans «des chambres à gaz mortelles» et, à Belzec, dans une «station d'électrocution» ; ces autres étaient enterrés. Ce rapport a reçu beaucoup de publicité et a été largement diffusé [17]. Evidemment, on raconte aujourd'hui que presque tous les juifs étaient tués dans des chambres à gaz et qu'ensuite on brûlait leurs cadavres. Mais, dans ce rapport de la résistance polonaise, il n'y a rien sur Auschwitz en tant que camp d'extermination, et on ne peut, en la circonstance, accuser l'auteur d'ignorer la situation critique des juifs. Karski a publié son histoire en 1944 dans un livre ridicule, Story of a Secret State [Histoire d'un État secret], qui s'est bien vendu. A l'heure actuelle, il est professeur d'État à l'Université Georgetown de Washington. Je sais bien que toute personne versée en la matière connaît parfaitement les différences énormes qui existent entre les histoires à dormir debout qu'il a publiées pendant la guerre et celles qu'il a publiées après la guerre, mais j'ai cru utile de choisir le cas de Karski parce que, ces dernières années, dans le déluge de la propagande holocaustique, on l'a redécouvert et fêté en quelque sorte comme un héros. En 1979, Karski écrivit une nouvelle version expurgée de son histoire, sans aucun doute pour le plus grand bien de ceux de ses amis qui avaient été gênés par son livre [18]. Puis, en 1981, il participa à une conférence organisée au Département d'État sous l'égide du Conseil américain du Mémorial de l'Holocauste, dont le président, l'écrivain Elie Wiesel, avait «organisé cette manifestation en partie pour endiguer la marée montante du révisionnisme». Je ne sache pas qu'une voix se soit élevée lors de cette conférence pour demander à Karski des explications sur la différence entre ses propres récits et la version aujourd'hui en vigueur des «exterminations» [19]. On me demande parfois pourquoi j'ignore Elie Wiesel ; je vais donc lui consacrer aujourd'hui un paragraphe. Je l'ignore parce que, contrairement aux auteurs dont j'ai l'habitude de traiter, il est franchement un romancier, et il n'y a pour ainsi dire rien dans ses déclarations que l'on puisse considérer comme un argument d'historien. Même ce qu'il appelle son autobiographie, Night [version originale en français : La Nuit, Préface de F. Mauriac, les Éditions de Minuit, 1958], est d'un tel histrion qu'on ne peut pas la considérer comme la source de première main qu'elle se prétend. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait absolument aucun intérêt à lui prêter attention. Le fait qu'on ait choisi un romancier pour diriger la Commission présidentielle de l'Holocauste, un morceau de choix que bien des gens ont dû se disputer dans la coulisse, est tout à fait révélateur des forces actuellement en présence. S'il fallait exprimer un bref jugement sur l'ensemble des écrits de Wiesel relatifs à l' «Holocauste», je ne pense pas être injuste si je les décris comme atteignant des sommets que nous ne pouvons atteindre, la plupart d'entre nous, qu'à l'aide de ces sortes de potions magiques faites de gin, de vermouth ou d'autres ingrédients comparables ; Wiesel, lui, n'a pas besoin de tels recours [20]. Pour en revenir à notre sujet, à savoir «que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne reposaient pas sur des faits réels», la logique est la suivante. Les défenseurs de la légende pourraient prétexter que, si l'on n'a retenu qu'une fraction des rapports rédigés pendant la guerre, c'est parce que les contraintes de la guerre ne permettaient pas de corroborer les informations, et qu'en conséquence on a nourri le public avec une quantité d'histoires inexactes. Il en est résulté une série de rapports qui, bien que s'inspirant de faits réels, exagéraient la réalité. Mais une explication comme celle-là ne cadre pas avec l'absence d'Auschwitz dans les allégations d'extermination. Le raisonnement ne tiendrait que si l'on avait fourni pendant la guerre, à propos d'Auschwitz, une histoire qui aurait été exagérée par rapport à ce qui s'est dit après la guerre, comme par exemple, des exterminations qui auraient été faites par des moyens s'ajoutant à celui des chambres à gaz. La logique nous mène donc à conclure que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne s'inspiraient pas de faits réels.


170 2°) — Aussi bien les documents du temps de la guerre que le comportement des juifs dans l'Europe occupée prouvent qu'on n'était pas informé d'un programme d'extermination. On sait depuis de nombreuses années que les résistances aux déportations étaient rares et que les juifs se rendaient dans les différents camps sans soupçonner qu'ils allaient être tués ; les documents récemment publiés n'ont fait que renforcer cette observation. Mais on mesure généralement assez mal les conséquences qui en découlent. Il faut bien noter que cette observation vaut aussi bien pour les autorités juives dans les différents pays occupés que pour la population juive dans son ensemble. Prenons quelques exemples. Vers la fin de 1942, au cours de négociations avec les Allemands, certains responsables juifs slovaques prirent au sérieux les propositions allemandes de mettre un terme à la déportation des juifs slovaques d' Auschwitz. Dans les archives juives françaises, «on trouve une abondance de documents qui tendent à nier» les exterminations. Les autorités juives de France considéraient «Auschwitz comme un lieu de travail» et, en novembre 1944 (après que les Allemands eurent été chassés de France), leur principal souci concernant les déportés était de réunir les familles. On nous dit que «les juifs de Hollande n'ont jamais vraiment su ce qui se passait en Pologne» et que les archives du Conseil juif d'Amsterdam en date du 22 janvier 1943 prouvent qu'on n'évoquait même pas la possibilité d'une «extermination» pour expliquer la dispersion des familles. Les autorités juives de Rome ignoraient l'existence d'un quelconque programme d'extermination et redoutaient les déportations uniquement pour des raisons telles que «les rigueurs de l'hiver et la santé fragile de beaucoup de déportés». Dans ces conditions, il n'est pas du tout surprenant que les activités (en Belgique) des juifs et de la Résistance aient abouti au déraillement d'un seul train de déportés vers Auschwitz [21]. Prenons un homme comme le rabbin Leo Baeck, «chef vénéré de la communauté juive allemande», qui aurait certainement dû être bien renseigné : une lettre de lui, datant de novembre 1942, prouve qu'il ne soupçonnait pas que des déportés juifs fussent mis à mort et, comme il l'a lui-même reconnu après la guerre, il n'a jamais parlé d' «exterminations» aux autres juifs qui se trouvaient en même temps que lui à Theresienstadt, un camp d'où un grand nombre de personnes étaient déportées [en direction d'Auschwitz] [22]. C'est au printemps de 1944, tout de suite après l'occupation de la Hongrie par les Allemands, que les autorités juives hongroises entendirent parler d'extermination, y compris (enfin) à Auschwitz. Mais elles «ne donnèrent aucune publicité» à de telles allégations. «Pour les responsables sionistes hongrois, la voie qu'ils avaient choisie était non pas de conseiller d'urgence à leurs amis juifs de résister aux déportations, mais d'entamer avec les SS des négociations secrètes pour éviter les déportations en général» [23]. Quant à la Pologne, elle connut la célèbre insurrection du ghetto de Varsovie en avril 1943. Mais l'affaire se produisit seulement alors que la plupart des juifs de Varsovie avaient déjà été déportés vers l'Est. On prétend qu' «au mois de mars 1943, la destruction des juifs de Pologne était presque entièrement achevée». Au cours de la période où on était censé la détruire, on ne trouve pas de trace significative d'une résistance aux déportations [24]. De plus, les juifs tenaient registre avec soin d'une quantité de faits, au point que «bien des registres posthumes nous sont parvenus». On constate pourtant une «absence de sujets d'importance vitale dans ces registres» [25]. Par conséquent, les juifs n'avaient pas connaissance d'un programme d'extermination dans les seuls sens qui seraient convaincants, c'est-à-dire en résistant aux déportations ou, à tout le moins, en faisant état de l' «Holocauste» dans leurs archives confidentielles. 3°) — Les instances juives hors de l'Europe occupée, comme le JDC [Joint Distribution Committee], le WJC [World Jewish Congress], la JA [Jewish Agency] et d'autres, n'ont


171 pas eu le comportement de personnes croyant à leurs propres allégations d' «extermination». Ce fut le cas en bien des sens, mais le plus important touche directement au point que nous venons de soulever. Les juifs qui, nous dit-on, montaient dans les trains de la déportation sans se douter qu'on les menait vers la mort, étaient, comme nous venons de le voir, en contact direct avec les instances juives situées hors de l'Europe occupée. A vrai dire, beaucoup d'éléments prouvant qu'ils ignoraient l'existence d'un programme d'extermination figurent dans les échanges de correspondance avec ces juifs situés hors d'Europe. Or, s'il faut en croire les commentaires qu'ils destinaient à l'usage externe, les juifs situés hors d'Europe n'ont pas cherché à faire pression sur leurs frères de l'intérieur au sujet de la prétendue signification des déportations. Sinon il n'y aurait pas eu cette prétendue ignorance. La démonstration pourrait s'arrêter là, mais il n'est pas inutile de fournir quelques bons exemples du comportement véritable des instances juives hors d'Europe au cours de leur prétendu «Holocauste». Chaïm Weizmann s'est servi de ces allégations d'extermination quand il l'a jugé utile. Mais, en mai 1943, Weizmann s'était plaint en ces termes auprès du secrétariat de Churchill : «Si l'on continue à affirmer dans la presse alliée qu'il y a des juifs parmi les savants qui participent à l'effort de guerre scientifique des Alliés …, les Allemands accentueront leurs représailles contre les juifs» [26]. On ne voit pas bien quelles représailles auraient pu être pires que l'extermination physique de tous les juifs. Nous avons noté plus haut que, selon la légende, en mars 1943, les juifs polonais avaient été tués dans leur quasi-totalité. Or, pendant tout le temps où cette tuerie était censée se dérouler, et même en 1944, des sociétés d'entraide juives situées à l'Ouest envoyaient des colis de nourriture à des juifs de Pologne, en particulier par l'intermédiaire de la JUS (Jüdische Unterstützungsstelle ou Bureau d'assistance juive), avec l'autorisation et le concours des autorités allemandes. De l'argent était aussi envoyé à des organisations juives de Pologne par l'intermédiaire du Gouvernement polonais en exil à Londres, toujours avec l'autorisation des autorités allemandes [27]. En 1944, la Pologne était devenue un champ de bataille. En conséquence, le 14 mars 1944, tandis que les forces soviétiques approchaient de Lvov, le WJC rappela aux Britanniques qu'il restait «encore un nombre considérable de juifs» dans le secteur de Lvov, et qu'il fallait donner «un nouvel et énergique avertissement aux Allemands» et en outre accélérer les opérations de sauvetage des juifs du territoire occupé par les Nazis (manifestement en direction de la Palestine, comme en témoignent clairement les déclarations faites par le WJC pendant la guerre) [28]. De l'avis même du WJC, les juifs mis à mort étaient toujours là. Les journaux juifs de l'Ouest prétendaient bien annoncer de temps à autre un massacre, mais il est clair qu'ils tenaient ces allégations pour très exagérées et avaient tendance à se contredire dans leurs déclarations. Ainsi le «Bund» juif de gauche, qui se donnait pour bien informé, parlait, en octobre 1943, dans sa publication The Ghetto speaks [Le ghetto parle], de la «lutte unissant les masses polonaises et juives». D'après eux aussi, les juifs mis à mort étaient toujours là. En tout cas, mis à part des incidents particuliers de cette nature, il est reconnu que, même après la déclaration alliée du 17 décembre 1942, où l'on entend parler pour la première fois d' «extermination», «il n'y a pas eu de réaction vigoureuse, sans équivoque de la part de la communauté juive américaine, y compris du JDC». D'une manière générale, «les juifs euxmêmes n'ont jamais tellement insisté pour appeler au secours et ils semblaient souvent plus préoccupés de faire de la propagande pour la Palestine que de s'occuper des mesures immédiates à prendre pour sauver leurs frères» [29]. Les archives historiques montrent par conséquent que, mis à part, de temps à autre, quelques déclarations publiques au sujet d'une prétendue «extermination», les instances juives hors de


172 l'Europe occupée se sont comportées comme s'il n'y avait pas d'exterminations, ainsi que le montre très clairement le fait qu'elles n'ont pas cherché à mettre en garde les juifs européens et qu'elles concentraient ailleurs leurs vrais efforts (par exemple, sur la Palestine). 4°) — Le comportement des gouvernements alliés et de leurs représentants n'a pas été celui de gens qui croyaient aux allégations d'extermination, et leurs services de renseignements n'ont jamais fourni d'informations susceptibles de corroborer ces allégations. En ce qui concerne l'attitude des gouvernements alliés et de leurs représentants, on peut dire que : les déclarations gouvernementales relatives à l' «extermination» étaient contradictoires, équivoques et, si l'on tient compte des dates, peu convaincantes ; aucune mesure concrète n'a été prise pour contrecarrer les déportations de juifs ou ce qui pouvait se passer dans les camps ; et, des incidents impliquant de hauts fonctionnaires prouvent que ceux-ci ne croyaient pas à ces allégations. Parmi les déclarations gouvernementales à ce sujet, la plus connue peut-être est la déclaration alliée du 17 décembre 1942 ; cette fois-ci, les mots employés étaient sans équivoque, même si les détails précis manquaient. En revanche, sa date la rend peu convaincante. D'après la légende, cela faisait près d'un an déjà qu'on exterminait à l'extérieur de la Russie. De plus, cette date marque, de la part de l'Union soviétique, la première accusation sans équivoque d'une «extermination», alors qu'un tel programme était censé fonctionner dans ce pays depuis juin 1941. La déclaration à retardement des Soviétiques en devient d'autant plus incroyable, vu qu' «il existe toutes les raisons de supposer que les autorités soviétiques étaient dès le début bien informées de tous les événements importants dans les territoires [soviétiques] occupés» [30]. Par ailleurs, la «Déclaration sur les crimes de guerre» publiée par les Alliés le 1er novembre 1943 pour condamner les atrocités allemandes ne mentionnait pas les juifs. Lors de la rédaction du projet de déclaration, le ministère britannique des Affaires étrangères avait supprimé du texte la référence aux «chambres à gaz parce que les preuves n'étaient pas dignes de foi» [31]. Pour ce qui a trait à Auschwitz, les radios de Londres et de Washington accusèrent les Allemands, le 10 octobre 1944, d'avoir «des plans [en vue de] l'exécution massive des populations des camps de concentration» d'Auschwitz et de Birkenau (souligné par moi). Le Service Télégraphique allemand répliqua immédiatement : «ces rumeurs sont fausses d'un bout à l'autre» [32]. La première fois que des Alliés haut placés dénoncèrent Auschwitz à peu près comme le raconte la légende d'aujourd'hui, c'est à la fin du mois de novembre 1944, après le prétendu arrêt des «exterminations», avec la publication d'un document que j'ai appelé le «WRB Report» [Rapport du WRB] (car il a été publié par le War Refugee Board [Office des réfugiés de guerre]) [33]. Les Russes prirent Auschwitz le 27 janvier 1945 et n'en autorisèrent pas l'inspection, pas même après qu'on eut manifesté de la curiosité pour ce camp, et pas même au moment où la publicité sensationnelle donnée à la prise de Belsen et de Buchenwald fournissait aux Soviétiques l'occasion de faire chorus. Au lieu de cela, les Russes se contentèrent de déclarer, à la fin du mois d'avril 1945, que 4.000.000 de personnes avaient été tuées à Auschwitz, et, le 7 mai 1945, ils publièrent un «rapport» plus détaillé [34]. Il est bien connu que les Alliés ne prirent aucune mesure concrète pour mettre en garde les juifs d'Europe ni pour contrecarrer les déportations ou les mesures prises dans les camps allemands. La controverse, courte et somme toute confidentielle, qui a été soulevée sur la question du bombardement d'Auschwitz comme moyen de mettre un terme aux exterminations est particulièrement révélatrice à ce sujet. Chaïm Weizmann avait suggéré cette solution au cours de l'été 1944 (plus ou moins à contrecœur, semble-t-il). L'impression qui ressort


173 nettement, c'est que les Britanniques et les Américains faisaient semblant de prendre au sérieux la suggestion de Weizmann, mais se contentaient d'un manège verbal. Ainsi, le 7 juillet 1944, Anthony Eden demanda-t-il au Ministère de l'Air de lui adresser une réponse sur la possibilité de réaliser une telle suggestion. Il fallut un bon moment pour répondre à Weizmann ; le 1er septembre 1944, Richard Law, du Ministère des Affaires étrangères, écrivit à Weizmann : «compte tenu des très grandes difficultés techniques que cela implique, nous n'avons pas d'autre choix, dans les circonstances présentes» que de renoncer à cette suggestion. Et cela, en dépit du fait qu'au moment même où l'on était censé étudier les suggestions de Weizmann, les forces aériennes dressaient le plan d'un bombardement de nombreuses installations pétrolières dont celles d'Auschwitz ; d'ailleurs, elles bombardèrent Auschwitz pour ce motif le 20 août 1944, et à plusieurs reprises ensuite. Ce qui paraît évident, c'est que les allégations concernant Auschwitz n'étaient pas prises au sérieux, et cette évidence est confirmée par le fait que la fameuse «information» dite cruciale contenue dans ce qui devait devenir le «WRB Report» a été reçue à Londres et à Washington en juillet 1944 et tout simplement classée par les deux Gouvernements «jusqu'à ce qu'on l'exhume trois mois et demi plus tard» [35]. Nombreux sont les incidents, impliquant des officiels de haut rang, qui montrent que ces derniers ne croyaient pas à de telles assertions. On connaît les «liens étroits qui unissaient la communauté juive à l'Administration Roosevelt». En septembre 1942, cette Administration se refusait à croire les rapports sur les centres de mise à mort et repoussait l'idée d'une tentative organisée pour liquider les juifs. Roosevelt expliqua les déportations à Frankfurter ; pour lui, les juifs déportés étaient simplement employés à construire des fortifications sur la frontière soviétique [36]. On peut supposer que Roosevelt fondait ses réflexions au juge Frankfurter sur les informations qui lui étaient fournies par ses services de renseignements. Frankfurter dut être convaincu puisque, lorsque Jan Karski (dont j'ai parlé plus haut) parvint plus tard à Washington et y raconta ses histoires, Frankfurter dit à Karski «qu'il ne pouvait pas le croire» [37]. Lorsque les allégations concernant Auschwitz parvinrent à Washington, les spécialistes du Département d'État les commentèrent entre eux en ces termes : «On reçoit des trucs comme ça de Berne sans arrêt depuis 1942 … N'oubliez pas que c'est un juif qui nous parle de juifs … C'est seulement une campagne qui est faite par ce juif de Morgenthau et ses adjoints juifs» [38]. En Grande-Bretagne, la situation était comparable. En septembre 1942, à la Chambre des Communes, Churchill condamna «les déportations massives de juifs de France, avec toutes les horreurs qu'entraîne en fin de compte la dislocation délibérée des familles». Il ne parla pas d'«extermination». Aux Affaires étrangères, on ne croyait généralement pas à ces allégations d' «extermination», et au ministère des Colonies un fonctionnaire les qualifia de «produit larmoyant de l'Agence juive» [39]. En novembre 1942, le président de la Tchécoslovaquie en exil à Londres, Edouard Benes, qui était bien informé de ce qui se passait dans son pays, écrivit au WJC que les allégations venant de Riegner en Suisse étaient fausses et que les Allemands n'avaient aucun plan pour exterminer les juifs [40]. Le Gouvernement suisse estimait que la Déclaration alliée du 17 décembre 1942 était «une rumeur de la propagande étrangère de la pire espèce» [41]. Ce qui est surtout important pour nous, c'est ce que les services de renseignements alliés avaient à dire en la matière. Voilà bon nombre d'années que je pratique la littérature qui existe sur le sujet et je n'ai pas rencontré un cas où cette «extermination» ait été corroborée par la moindre source, pendant la guerre, en provenance d'un service de renseignements. Les éléments que nous possédons en provenance des services de renseignements plaident nettement contre la légende. Par exemple, le 27 août 1943, «le président du Joint Intelligence Committee [Comité de liaison des services de renseignements britannique et américain], William CavendishBentinck (Grande-Bretagne), qui avait pour tâche de juger du vrai ou du faux dans les rapports en provenance de l'Europe nazie», déclara confidentiellement que les histoires qu'on faisait


174 circuler «ont tendance à exagérer les atrocités allemandes en vue de nous échauffer l'esprit» [«tend to exaggerate German atrocities in order to stoke us up»] [42]. Son homologue américain, John Beaty, l'un des deux rédacteurs du rapport secret quotidien «G-2»qui était publié chaque jour à midi pour donner aux personnes haut placées le tableau du monde tel qu'il se présentait quatre heures plus tôt, tourna en ridicule la légende des six millions dans un livre publié au cours des années 50 [43]. Les seules données vraiment importantes que nous ayons en provenance de services de renseignements sont les photographies de reconnaissance aérienne d'Auschwitz qui furent publiées en 1979 par deux spécialistes de l'interprétation photographique appartenant à la CIA. Une bonne partie de ces photographies ont été prises au printemps de 1944, c'est-à-dire au moment où, selon la légende, environ 10 000 juifs hongrois entraient chaque jour dans le camp pour y être tués. Puisqu'il faut bien reconnaître que les fours crématoires d'Auschwitz n'avaient pas une capacité suffisante pour de telles masses, la légende raconte qu' «on brûlait nuit et jour des cadavres» à l'air libre [44]. On ne trouve pas trace de cela sur les photographies et les deux spécialistes font observer que même les cheminées des crématoires ne semblent pas être en activité [45]. Par conséquent, les Alliés n'ont pas pris au sérieux les allégations d' «extermination» au point d'en parler autrement que du bout des lèvres. 5°) — Le Vatican ne croyait pas aux allégations d'extermination. Il est admis que la nature très étendue des activités de l'Eglise catholique nous est garante de ce que le Vatican aurait su ce qui arrivait aux juifs [46] . Et pourtant jamais aucune déclaration sans équivoque n'est venue du Vatican pour condamner des exterminations de juifs, pas même après que les Allemands eurent été chassés de Rome ni même après la défaite de l'Allemagne. Et cela en dépit des sérieuses pressions exercées sur le Vatican par les Alliés pour obtenir une telle déclaration. En 1942, dans son message de Noël, le Pape fit une déclaration équivoque, mais il la publia seulement après que les Britanniques eurent fortement suggéré que la publication d'une telle déclaration pourrait contribuer à dissuader les Alliés de bombarder Rome. En tout cas, le Pape fit clairement savoir aux Alliés, même après la publication de sa déclaration, qu'il ne croyait pas à ces histoires : «il avait une impression d'exagération pour des raisons de propagande» [47]. Le fait que les porte-parole du Vatican d'aujourd'hui cautionnent la légende dans leurs déclarations publiques n'a rien à voir avec notre point d'histoire. 6°) — Les activités et les rapports du Comité International de la Croix-Rouge ( CICR ) ne se concilient pas avec les allégations d'une extermination. Comme pour le Vatican, les déclarations des porte-parole du CICR d'aujourd'hui cautionnent bien la légende, mais cela n'a rien à voir avec notre point d'histoire. De même, les remarques d'ordre général faites par les rédacteurs de recueils de documents publiés par le CICR juste après la guerre s'accordent effectivement avec la légende. Mais la seule chose qui devrait intéresser l'historien, c'est le contenu même des rapports et les activités du CICR pendant la guerre. Les rapports et les activités du CICR ne correspondent pas à la légende : c'est un sujet dont j'ai longuement traité dans mon livre et il paraît vain d'y revenir ici [48]. Il y a encore deux points que j'ai découverts récemment et qui méritent d'être signalés. Le 14 avril 1943, le CICR précisait nettement qu'il considérait Auschwitz comme un camp de travail pour déportés, auxquels on pouvait adresser des colis [49]. A deux reprises, le CICR visita, à grand renfort de publicité, la colonie juive de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Dans les deux cas, les rapports furent relativement favorables. Ce qui est rarement relevé, c'est que, lors de la seconde visite, au printemps 1945, le délégué du CICR était George Dunant lui-même, lequel décrivit Theresienstadt «comme une


175 expérience tentée par certains dirigeants du Reich qui, apparemment, étaient moins hostiles à l'égard des juifs que ceux qui étaient responsables de la politique raciale du Gouvernement allemand». C'est Adolf Eichmann qui lui fit visiter Theresienstadt ; aussi Dunant devait-il bien savoir que Theresienstadt était l'œuvre des SS de Himmler. En outre, Dunant était évidemment en contact permanent avec des représentants de la communauté juive. Il se rendit, par exemple, à Bratislava au tout début de 1945, en partie à la demande insistante de Saly Mayer, pour apporter des fonds aux juifs qui se cachaient [50]. 7°) — Les documents allemands ne parlent pas d'extermination mais essentiellement d'un programme d'expulsion et d'implantation à l'Est. Il n'y a rien sur les «chambres à gaz» dans les archives des camps de concentration ni dans d'autres archives allemandes. Il est bien connu que les documents allemands ne parlent pas d'extermination. Par exemple, il n'existe aucun ordre écrit de Hitler de tuer les juifs [51]. Les documents parlent de la «Solution finale» au sens de l'expulsion définitive hors d'Europe de tous les juifs et, pour le temps de guerre, d'une procédure de transplantation des juifs dans les territoires occupés de l'Est [52]. Bien entendu, les défenseurs de la légende prétendent qu'au moment de consigner leurs faits par écrit, les Allemands usaient communément de termes circonspects et évasifs. Cette excuse ne tient pas pour la raison que de tels efforts de dissimulation ne s'expliqueraient que pour quelque chose qu'il aurait été possible de cacher. Quelle que fût l'issue de la guerre, l'extermination physique des juifs d'Europe ne serait évidemment pas restée secrète. Pour les raisons que nous avons vues plus haut, au moment même de son accomplissement on l'aurait sue partout. Même en supposant chez les Allemands une incroyable stupidité sur ce point, il faut à coup sûr leur accorder qu'ils étaient au courant des allégations d'atrocités propagées sur leur compte dans les pays alliés : ils auraient compris que travestir ainsi les documents ne servait à rien. Nulle part non plus dans les documents allemands il n'est question de «chambres à gaz», au sens où l'entend la légende. La légende à ce propos se borne à nous présenter l'insecticide Zyklon B ou quelque autre moyen de désinfection, à nous montrer des photos de douches d'apparence tout à fait ordinaire (dotées, à ce qu'on disait, d'extraordinaires particularités secrètes), à faire état de l'utilisation des produits d'échappement de moteurs Diesel (sans se rendre compte, apparemment, qu'un Diesel libère surtout du gaz carbonique et non de l'oxyde de carbone) ou à jouer sur l'expression de «four à gaz» (les fours des crématoires, comme la plupart des fours de cuisine, sont des «fours à gaz», et les crématoires des camps allemands ne faisaient pas exception). Tout cela est si aberrant que ce serait un supplice que de prolonger la discussion. On ne trouve pas non plus trace de plans ou de construction de chambres à gaz. Pour autant que je m'y connaisse en matière de construction, il me semble qu'il aurait été hors de question de dissimuler tous les documents historiques habituels pour des projets de construction de l'envergure nécessaire à la réalisation des grandes «chambres à gaz». Il faut non seulement produire des documents mais aussi les distribuer au nombre considérable des individus chargés, chacun, d'un travail particulier ; il n'est pas d'autre moyen d'arriver à une coordination. Même en admettant que les documents principaux fussent contrôlés de près (comme on suppose que c'est le cas pour les documents «classés secrets» aux États-Unis), les différents individus auraient été capables, plus tard, d'une manière ou d'une autre, de fournir des détails qui, mis bout à bout, se seraient recoupés de façon cohérente. Or, nous n'avons pas avec l' «Holocauste» de cohérence de ce genre. En vérité, c'est devant l'incohérence que nous nous trouvons : une incohérence à deux niveaux. Au premier niveau, il y a une incohérence mutuelle entre, d'une part, les «chambres à gaz» elles-mêmes, et, d'autre part, les documents authentiques portant sur les crématoires et les mesures de désinfection. A un autre niveau, la tentative des mystificateurs en vue de prodiguer des détails techniques précis vient en contradiction avec l'aspect de la


176 légende selon lequel les «chambres à gaz» étaient improvisées et bricolées par du personnel allemand recruté sur place et dépourvu de qualification technique [53]. Il est intéressant de noter que deux des adjoints les plus proches d'Heinrich Himmler, le général SS Gottlob Berger et le général Karl Wolff, déclarèrent tous deux devant les tribunaux qu'ils n'avaient rien su pendant la guerre d'un programme d'extermination. Il est encore plus intéressant de savoir que, vers la fin de la guerre, Himmler déclara à un représentant du WJC [54] : En vue de mettre un terme aux épidémies, nous avons été forcés de brûler les corps d'un nombre incalculable de gens qui étaient morts de maladie. Nous avons donc été forcés de construire des crématoires, et c'est avec cela qu'ils sont en train de préparer une corde pour nous pendre. Il y a une cohérence essentielle entre cette tentative de disculpation de la part d'Himmler et le tableau que nous tracent les documents que les ennemis d'Himmler ont réunis dans les trois années qui ont suivi sa mort ; faut-il croire que cette cohérence soit accidentelle, soit arrangée par Himmler grâce à une application et une prescience surhumaines ? Faut-il croire qu'il en est de même pour la cohérence essentielle qui existe entre les documents allemands relatifs à la politique juive et le comportement véritable des ennemis de l'Allemagne pendant la guerre ? 8°) — La résistance allemande à Hitler, y compris la part importante de résistants qu'hébergeaient les services de renseignements de l'armée allemande, n'avait en aucune façon connaissance d'un programme d'extermination des juifs. Une partie de la résistance allemande s'opposait évidemment au régime de Hitler en raison de la prise de position antijuive de ce régime. De plus, les services de renseignements de l'armée allemande, l'Abwehr, étaient dirigés jusqu'en 1944 par l'amiral Wilhelm Canaris, qui était un traître délibéré. Directement sous ses ordres dans l'Abwehr, il y avait Hans Oster, qui s'occupait des questions financières et administratives et tenait à jour la liste centrale des agents. Oster et l'un de ses subordonnés, Hans von Dohnanyi, un juif partiellement «aryanisé», «s'occupèrent» tous deux «de toutes sortes d'opérations sans rapport avec leurs tâches immédiates». Entre autres opérations, il y eut leur engagement dans l'opposition anti-hitlérienne et leur assistance illégale à divers juifs. Tous les deux furent exécutés pour leur participation au coup d'État manqué du 20 juillet 1944 [55]. Dans les différents récits qui traitent des activités de la résistance anti-hitlérienne en Allemagne, comme, par exemple, The German Opposition to Hitler [L'opposition allemande à Hitler] de Hans Rothfels, il n'existe aucune indication permettant de penser que cette opposition aurait eu la moindre connaissance d'un programme d'extermination des juifs ou qu'elle ait communiqué aux Alliés la moindre information en ce sens. Si l'on avait eu connaissance d'un tel programme, il est certain que l'information aurait été transmise, puisque l'opposition antihitlérienne était en contact avec les Alliés et s'évertuait, sans succès, à obtenir des Alliés quelque promesse de leur venir en aide s'ils réussissaient à renverser Hitler [56]. Même en admettant qu'il y ait eu, parmi les Allemands impliqués dans l'opposition à Hitler, des personnes qui auraient pu ignorer l'existence d'un programme d'extermination physique des juifs, à supposer même qu'il eût existé un tel programme, faut-il croire qu'une telle ignorance eût été possible de la part de hauts responsables de l'Abwehr ? * Telle sera ma conclusion sur les «huit simples observations […] qui établissent la nonhistoricité […] d'un programme d'extermination physique massive des juifs d'Europe» (voy. p. 112). L'allégation ne répond à aucun des critères historiques appropriés et elle implique un degré d'impudence ou de «chutzpah» qui, avant la guerre, aurait stupéfié les imaginations. Ce qu'on exige de nous, c'est que nous allions croire que ces «événements de la dimension d'un continent au point de vue de la géographie, d'une durée de trois ans au point de vue du temps, et


177 de plusieurs millions au point de vue du nombre des victimes», ont tous pu se passer sans qu'aucune des parties en cause en ait eu connaissance. Autant me raconter que, alors que je n'avais aperçu aucun éléphant en regardant dans ma cave, il s'y trouvait quand même un éléphant. Et puis, alors que j'étais assis dans mon salon, je n'ai pas remarqué que l'éléphant avait trouvé le moyen de monter à l'étage et de s'y ébattre un moment : les escaliers à emprunter, les ouvertures des portes, les parquets étaient soudain devenus, par miracle, compatibles avec de telles activités. Puis l'éléphant s'était précipité dehors dans un quartier commerçant en pleine activité, en plein midi, et ensuite, à quelques kilomètres de là, il avait réintégré son zoo, mais personne ne s'en était aperçu. Parlant de cette affaire d'extermination, Rassinier dit quelque part : «Ce n'est pas sérieux». Je ne suis pas d'accord avec cette appréciation et je dirais plutôt que cette affaire est insensée. Mais la discussion ne porte pas sur ce point. Le point, c'est qu'on peut dire que ces huit observations sont là, «en quelque sorte sous notre nez», car la plupart d'entre elles ont été formulées dans des ouvrages publiés récemment, non par des révisionnistes, mais par les défenseurs de la légende, et les rares qui ne l'ont pas été se déduisent de toute façon aisément de ces mêmes ouvrages. L' «Holocaustomanie» a été telle, ces dernières années, qu'on a fait une large publicité à l'existence de ces ouvrages et à leur teneur. Peut-être ces livres n'ont-ils pas présenté ces observations aussi succinctement et directement que je l'ai fait, mais ils les ont présentées. On pourrait donc vraiment parler de myopie — une myopie d'un genre que s'expliquera mal la postérité — si, dans la suite de la controverse sur l' «Holocauste», nous nous laissons absorber par les menus détails que soulèveront les défenseurs de la légende, au point d'en oublier de tenir compte des observations historiques extraordinairement simples qui règlent sans aucun doute possible toute question sur l'existence d'un programme d'extermination physique des juifs d'Europe. Remarques finales Dans les controverses à venir, les partisans de la légende en cours essaieront, tant qu'ils le pourront, de brouiller et de compliquer le sujet en usant de tous les procédés qu'on peut prévoir, et peut-être davantage encore. Nous avons le précédent de la controverse sur la Donation, qui montre qu'on peut empêcher que ne s'expriment de simples observations capables de montrer la nature complètement anhistorique d'une légende bien en place. Par conséquent, le premier conseil que je donnerais à ceux qui abordent cette controverse serait de ne pas perdre de vue le fait que le cœur du sujet, c'est-à-dire l'allégation d'une extermination, a en définitive complètement échappé à toute analyse historique classique. Il s'ensuit que la tactique de base qu'utiliseront les défenseurs de la légende dans les controverses à venir consistera à essayer d'avancer des allégations impossibles à vérifier selon la méthode normale, qui est de placer des hypothèses dans leur contexte historique pour voir si elles s'y adaptent. L'amorce de cette tactique apparaît dans l'article significatif de Gitta Sereny du New Statesman dont j'ai parlé plus haut. G. Sereny fait bien comprendre qu'elle préfère voir porter la discussion sur des endroits comme Belzec, Sobibor et Treblinka plutôt que sur Auschwitz. Il y a pour cela de bonnes raisons. Voici comment s'exprime G. Sereny : «Auschwitz […] comprenait à la fois d'immenses camps de travail et, à proximité, des installations d'extermination. Parce que tant de gens y ont survécu, Auschwitz nous a permis d'en savoir plus sur ce qui s'était réellement passé, mais en même temps cela a augmenté notre confusion quant aux deux types de camps.» La distinction ici est bien fondée. Auschwitz était une immense exploitation multiforme, alors que les autres camps, dits d'extermination, étaient d'obscures installations qui ne fonctionnèrent que pour de brèves périodes de temps dans le but pratiquement exclusif de servir


178 de camps de transit pour les juifs. C'est ainsi que nous possédons un grand nombre de renseignements sur Auschwitz mais beaucoup moins sur «les autres». Par exemple, il n'existe probablement pas de photographies aériennes «des autres» ; il n'y avait pas non plus, «dans les autres», de prisonniers de guerre en provenance de l'Ouest ; on n'employait pas non plus, «dans les autres», des centaines de simples civils ; les détenus qui se trouvaient «dans les autres» ne se retrouvaient pas en contact avec diverses personnes réparties sur un grand territoire ; la Croix-Rouge n'avait apparemment pas connaissance «des autres», et les convois de juifs d'Europe de l'Ouest qui arrivaient «dans les autres» étaient loin d'être aussi nombreux (il y a eu des convois de juifs hollandais sur Sobibor). En conséquence, quand on doit, pour les besoins d'une discussion, laisser de côté les arguments d'ordre général qui vont à l'encontre de la thèse de l' «extermination», il est beaucoup plus facile de démolir la légende que l'on applique à Auschwitz que celle qui est appliquée à d'autres camps. C'est la vraie raison pour laquelle les défenseurs de la légende préfèrent discuter de Belzec, de Sobibor et de Treblinka. Nous possédons ici beaucoup moins d'éléments qui contredisent directement leurs prétendues «preuves», lesquelles consistent principalement en témoignages d'après-guerre. Ces témoignages d'après-guerre ont, pour la plupart, été produits devant des tribunaux allemands et, compte tenu des conditions judiciaires et politiques dans l'Allemagne actuelle, les révisionnistes ne peuvent absolument pas les examiner [57]. C'est clair et net. Mais les défenseurs de la légende se retrouvent ici dans une position intenable. Ils ne peuvent lâcher Auschwitz sans tout lâcher, pour la raison qu'ils ne peuvent pas avancer, pour les autres camps, de preuves qui n'aient été déjà avancées pour Auschwitz. Si la «confession» du commandant d'Auschwitz Rudolf Höss relève de l'imaginaire [58], qui ira croire alors la «confession» du commandant de Treblinka Franz Stangl ? Si les histoires que nous racontent Rudolf Vrba et Miklos Nyiszli ne sont pas crédibles, et si leurs livres ne sont que de macabres plaisanteries, qui ira croire les histoires tout aussi macabres de Jankiel Wiernik et d'autres gens obscurs [59] ? Si le procès de Nuremberg et les procès allemands d'après-guerre n'ont pas établi la vérité sur Auschwitz, qui ira croire alors qu'ils ont établi la vérité sur Treblinka ? Si le très grand nombre de juifs qu'on dit avoir été envoyés à Auschwitz n'y ont pas été tués, qui ira croire alors que le très grand nombre de juifs envoyés à Treblinka ont été tués dans ce camp ? Par conséquent, le conseil que je donnerais à ceux qui se lanceraient dans la controverse est d'empêcher les tenants de la légende de se débarrasser de la question d'Auschwitz. Le fait est là : il est très facile de démolir la légende en traitant du cas d'Auschwitz et la démolition d'Auschwitz, à son tour, vu la nature des preuves fournies, entraîne la démolition du reste de la légende. Les défenseurs de la légende ont aussi recours à un autre type d'argument. C'est celui qu'a récemment utilisé Hilberg dans l'importante interview que j'ai citée plus haut et que je recommande aux lecteurs désireux de se faire une juste idée de la ligne aujourd'hui adoptée [6] : […] les détracteurs [c'est-à-dire les révisionnistes] n'expliquent pas le simple fait suivant : que sont devenues les personnes qui ont été déportées ? La déportation n'était pas un secret. On l'a annoncée. On a déplacé plusieurs millions de personnes vers des destinations précises. Où sont ces gens ? Ils ne se cachent pas en Chine ! Il peut sembler incroyable que Hilberg tienne pareil propos à une époque où il ne se passe presque pas de jour que la presse ne nous révèle l'existence d'un juif jusque-là inconnu, qui a été déporté mais qui a survécu, à une époque où les événements du Moyen-Orient ne peuvent pas manquer de nous rappeler le grand exode des juifs quittant l'Europe après la guerre (et même pendant la guerre), et à une époque où les ouvrages révisionnistes rappellent comment se sont opérés les différents mouvements de population juive pendant et après la guerre [60]. Il ne


179 semble pas qu'il soit difficile de savoir où sont les juifs. La première réaction du lecteur sera probablement de penser que Hilberg a été cité de façon inexacte. Néanmoins, puisque Hilberg ne fournit pas de précisions, je vois deux manières d'interpréter ses propos. Il tient là un argument dont, comme d'habitude, la vraisemblance n'est qu'illusoire ; cela relève de la myopie : contexte et perspective sont ici perdus de vue. Ce que Hilberg a probablement à l'esprit, c'est le fait suivant : tandis qu'on dispose d'une abondante documentation prouvant que les juifs étaient déportés vers les camps de Pologne, comme Auschwitz, Treblinka, etc., on ne dispose pas d'une documentation comparable prouvant qu'ils traversaient ces camps pour se rendre plus loin à l'Est. Du moins, je n'ai pas vu d'archives allemandes en ce sens. Je serais bien étonné d'en voir aujourd'hui. En admettant que la légende ait été fabriquée n'importe comment et à la va-vite, surtout parce qu'on souhaitait maintenir une certaine continuité avec la propagande du temps de la guerre, il n'empêche que les gens qui ont pris possession des documents allemands après la guerre et qui ont retenu les pièces déposées aux procès de Nuremberg, n'ont pas souffert de ces handicaps. Ils avaient tout loisir de procéder à des suppressions de documents. Il faut, bien sûr, remarquer qui sont «les gens qui ont pris possession des documents allemands». Il y a plusieurs moyens de le préciser, soit à l'aide d'arguments historico-politiques, soit en prenant des exemples déterminés. Parmi ces derniers, j'aime à faire remarquer que le dénommé David Marcus qui fut le principal responsable de la politique d'occupation américaine en Allemagne pendant et tout de suite après la guerre, et qui dirigea le Service des Crimes de guerre à Washington en 1946-1947, est le même David Marcus qui allait commander les forces juives en Palestine pendant la première (1948) guerre contre les Arabes. Et tout est à l'avenant [61]. L'argument de Hilberg aurait quelque poids s'il s'agissait d'archives historiques vierges, mais ce qu'il dit en réalité (si je le comprends bien), c'est que nous devrions faire confiance aux architectes des procès de Nuremberg, et là il présuppose plus qu'il n'essaie de prouver (son argumentation, je suppose, se limiterait à dire que, dans le cas particulier, ces architectes avaient raison). Cette tentative pour faire à ce point abstraction du contexte défie la logique. Tout ce qu'on peut remarquer, c'est que les mystificateurs n'ont pas livré les documents qui révèleraient directement leur mystification. Hilberg rétorquera peut-être qu'il n'est pas possible de supprimer ainsi tous les documents et qu'il serait resté des traces de la déportation des juifs plus à l'Est. C'est vrai ; d'ailleurs, ces traces et ces restes existent. Si c'est bien ce que veut dire Hilberg, alors il faudrait qu'il réponde à la question suivante : où sont les archives allemandes qui traitent des déportations vers Riga et de l'administration de cette colonie (et non du camp de concentration) près de Riga décrite par Jeanette Wolff dans son article du livre de Boehm ? Pour moi, je l'ignore. Je ne dis pas qu'on ne les verra pas apparaître un jour, mais je sais qu'on ne les a pas fournies à ceux qui cherchaient ce genre de documents lors des procès de Nuremberg [62] . Il existe une seconde interprétation possible de la remarque de Hilberg. Bien que les chiffres qu'on donne pour la population juive d'après-guerre en Europe de l'Est n'aient pas grande valeur, il faut reconnaître que le nombre de juifs recensés dans la Pologne d'après-guerre n'est qu'une petite fraction du nombre considérable (peut-être 3 millions) de juifs vivant dans la Pologne d'avant-guerre (le territoire n'étant pas tout à fait le même). Je ne dis pas que nous devrions croire les chiffres de population qu'on nous présente. Mais la Pologne, contrairement à l'Union soviétique, n'est pas très grande, et des communautés juives aussi importantes ne passeraient pas inaperçues si elles étaient toujours là. Par conséquent, si on fait abstraction de tout contexte historique, l'argument est simple : ils ne sont pas sur le territoire que nous appelons aujourd'hui la Pologne ; par conséquent, ils ont été tués. Pour qui a quelque teinture d'histoire, cette conclusion n'a guère plus de logique que le raisonnement qui consiste à dire : puisqu'il y avait plusieurs millions d'Allemands et de gens


180 d'origine germanique vivant à l'Est de l'Oder-Neisse avant la guerre et qu'il n'y en a pour ainsi dire plus aujourd'hui, c'est qu'ils ont tous été tués. En réalité, cette période a connu des déplacements massifs de populations, et les juifs n'ont pas fait exception. Les Soviétiques en ont déporté un grand nombre vers l'intérieur de l'Union soviétique, et, dans la période qui a suivi la guerre, le déferlement des juifs polonais sur l'Allemagne de l'Ouest en vue de rejoindre les États-Unis, la Palestine ou d'autres destinations constitua un problème qui reçut une large publicité [63] Je n'ai pas à ce jour beaucoup d'autres conseils à donner pour une poursuite de la controverse sur l' «Holocauste», et je ne peux prévoir tous les stratagèmes. Je ne peux même pas promettre que les cas de G. Sereny et de R. Hilberg que je viens de commenter seront caractéristiques du genre d'arguments que rencontrera le lecteur chez les tenants de la légende. Aujourd'hui encore, on rencontre des gens qui affirment que les troupes américaines et britanniques qui ont pris Belsen, Buchenwald et Dachau «ont vu cela de leurs propres yeux». Ils ont vu des cadavres et il a été assez facile de savoir, dès 1945, que ces morts étaient le résultat des pénuries entraînées par l'effondrement de l'Allemagne ; mais la confusion qui règne aujourd'hui est telle qu'on continue malgré tout à entendre cet argument. Tout ce que je peux ajouter, c'est qu'il faut se tenir au courant des ouvrages révisionnistes ainsi que des ouvrages les plus importants qui cautionnent la légende et, dans la controverse, veiller avant tout à garder les yeux ouverts sur le contexte et la perspective historiques afin de ne pas tomber dans une vision myope de l'histoire. BIBLIOGRAPHIE Yehuda Bauer, American Jewry and the Holocaust, Wayne State Univ. Press, Detroit, 1981. Eric H. Boehm, ed., We survived, Yale Univ. Press, New Haven, 1949. Arthur R. Butz, The Hoax of the Twentieth Century, Institute for Historical Review, Torrance (première édition américaine) ou Historical Review Press, Brighton (deuxième édition britannique), 1977. Christopher Bush Coleman, Constantine the Great and Christianity, Columbia Univ. Press, NY, 1914. Christopher Bush Coleman, The Treatise of Lorenzo Valla on the Donation of Constantine, Yale Univ. Press, New Haven, 1922. Lucy S. Dawidowicz, The War Against the Jews 1933-1945, Holt, Rinehart and Winston, NY, 1975. Lucy S. Dawidowicz, The Holocaust and the Historians, Harvard Univ. Press, Cambridge, 1981. Alexander Donat, ed., The Death Camp Treblinka, Holocaust Library, NY, 1979. Josiah E. DuBois Jr., The Devil's Chemists, Beacon Press, Boston, 1952. Henry L. Feingold, The Politics of Rescue, Rutgers Univ. Press, New Brunswick, NJ, 1970. Martin Gilbert, Auschwitz and the Allies, Holt, Rinehart and Winston, NY, 1981. Walter Laqueur, The Terrible Secret, Little, Brown & Co., Boston, 1980. Hans Rothfels, The German Opposition to Hitler, Henry Regnery, Chicago, 1962. Gitta Sereny, Into That Darkness, McGraw-Hill, NY, 1974. Wolfram Setz, Lorenzo Vallas Schrift gegen die Konstantinische Schenkung, Max Niemeyer Verlag, Tübingen, 1975. Wilhelm Stäglich, Der Auschwitz Mythos, Grabert-Verlag, Tübingen, 1979.


181 ____________________________________________ 1. The Journal of Historical Review, été 1980, p. 153 sqq. Le «Dr.» qui précède ma signature a été ajouté par la rédaction. Je ne signe jamais ainsi. 2. Los Angeles Herald Examiner (2 sept. 1979), E2. 3. Voy. la rencontre entre G. Sereny et P. Guillaume («Les bonnes intentions dont l'Enfer est pavé», A.H.R. n° 5, p. 189-190). 4. Voy. La Donation de Constantin, premier titre du pouvoir temporel des papes, où il est prouvé que cette donation n'a jamais existé et que l'acte attribué à Constantin est l'œuvre d'un faussaire , par Laurent Valla … Traduit en français pour la première fois et précédé d'une étude historique, par Alcide Bonneau, avec le texte latin, Paris, I. Liseux, 1879, XCVI-332 p. (Bibliothèque nationale, D 2 . 14309), NDLR . 5. Par exemple The Spotlight, 26 juillet 1982, 10 sqq. 6. Le Nouvel Observateur, 3-9 juillet 1982, 70, … 7. Chicago Tribune, 5 août 1982, section I, 5. 8. Par exemple, Butz, 75-86, 146 sqq. 9. Gilbert, 340. 10. Laqueur, 22-25. 11. Butz, 87 sqq., 92 sqq. 12. Bauer, 21 sqq. 13. Bauer, ch. 8. 14. Bauer, ch. 9, 246, 264, 272, 274, 333, 366 sqq., 371 sqq. 15. Laqueur, 4, 170 sqq., 188. 16. Gilbert, 31, 39 sqq., 44, 170. 17. Gilbert, 93 sqq. ; Laqueur, 231. 18. Laqueur, Annexe 5. 19. Washington Post, 28 oct. 1981, A1 ; Los Angeles Times, 29 oct. 1981, pt. I, 20. 20. Voy., par exemple, sa contribution à la brochure Dimensions of the Holocaust [Dimensions de l'Holocauste], Northwestern University Press, Evanston, 1977. Il s'agit du texte de la conférence donnée par Wiesel à l'Université Northwestern au printemps de 1977. A défaut, on peut se reporter à l'article qu'il a publié dans le Jewish Chronicle de Londres (4 nov. 1977). 21. Bauer, 264, 271, 274, 371 ; Gilbert, 121 ; Butz, 290. 22. Bauer, 56, 58 ; Butz, 109. 23. Gilbert, 204 sqq. 24. Bauer, 325 sqq. ; Gilbert, 121. 25. Dawidowicz (1975), XVII ; (1981), 125. 26. Gilbert, 143. 27. Bauer, 329-334. 28. Gilbert, 181. 29. Laqueur, 183-186 ; Bauer, 188-193, 403. 30. Butz, 77, 202 ; Laqueur, 68-72. 31. Laqueur, 121. 32. Gilbert, 325. 33. Butz, 89.


182 34. Gilbert, 337 sqq. 35. Gilbert, 267-273, 290, 299-311, 341. 36. Feingold, 9, 170 ; Laqueur, 94. 37. Laqueur, 3. 38. DuBois, 184, 188 ; Butz, 67. 39. Gilbert, 68, 95 sqq., 99. 40. Laqueur, 162. 41. Bauer, 229. 42. Laqueur, 83, 86 ; Gilbert, 150. 43. Iron Curtain Over America [Rideau de fer sur l'Amérique], disponible auprès de l'I.H.R. 44. Butz, 149 sqq. ; Gilbert, 231 sqq. 45. Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier, «The Holocaust Revisited : a Retrospective Analysis of the Auschwitz-Birkenau Extermination Complex», probablement toujours disponible auprès de : Public Affairs Office, Central Intelligence Agency, Washington, D.C. 20505, U.S.A. [paru en français sous le titre «Une analyse rétrospective du complexe d'extermination "Auschwitz-Birkenau"», dans Le Monde Juif, janvier-mars 1980, 36e année, n° 97, p. 1-22]. 46. Laqueur, 55-58. 47. Butz, annexe E ; Gilbert, 104 sqq. 48. Butz, 76, 133-145. 49. Gilbert, 129. 50. Bauer, 430 sqq. 51. Laqueur, 152. 52. Par ex. Butz, 205-212. 53. Butz, 101-108, 116, 120 sqq. 54. Butz, 194, 240 ; Laqueur, 18. 55. Laqueur, annexe 1. Les cas du journaliste politique Lemmer et de l'économiste Sommer, qui auraient communiqué à des contacts suisses des renseignements sur les exterminations, paraissent de peu d'importance. Lemmer n'avait rien à voir avec l'Abwehr et, comme le fait remarquer Laqueur, il n'y a rien dans son autobiographie qui montre qu'il aurait communiqué des informations à propos de l'extermination. Sommer était officier de liaison entre l'État-major général et l'Abwehr et il faisait aussi des voyages sur la Suisse pour des raisons commerciales. D'après Gilbert, p. 56 et suivantes, on peut penser que le rapprochement qui a été fait entre Sommer et un rapport datant de l'été 1942 où il est dit que «des camps sont en préparation pour que soient exterminés par le gaz tous les juifs d'Europe et une grande partie des prisonniers de guerre russes» a été revendiqué non par Sommer lui-même, qui est mort en 1965, mais par deux intermédiaires juifs. Il est aussi intéressant de noter que ni Lemmer ni Sommer ne semblent avoir été sérieusement impliqués dans l'opposition anti-hitlérienne ; tous deux ont survécu à la guerre. 56. Rothfels, 125-151. 57. En droit allemand, les dossiers d'un procès ne sont pas ouverts au public. Des exceptions sont accordées à ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont impliqués dans l'affaire, ou à des gens qu'on considère comme des chercheurs intéressés par certains aspects du procès. Le Dr. Wilhelm Stäglich, qui est un magistrat allemand à la retraite et auteur du livre Der Auschwitz Mythos (Le Mythe d'Auschwitz, La Vieille Taupe, Paris


183 1986), n'a pas obtenu l'autorisation de consulter les témoignages des procès. Voyez les pages 371 et suivantes de son livre. D'après une lettre adressée par le Dr. Hans de With, fonctionnaire du ministère de la Justice, à Die Realschule (octobre 1981), le professeur Robert Faurisson croit comprendre que, s'il met un pied en Allemagne de l'Ouest, il risquerait d'être arrêté et renvoyé en France. 58. Butz, chapitre 4. Pour la solution finale de la question de la «confession» de Höss, voy. l'article de Faurisson paru dans The Journal of Historical Review, vol. 1, n° 2 (été 1980), 103+ ; vol. 2, n° 4 (hiver 1981), 311+, 319+ [Voy. R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», Annales d'Histoire Révisionniste, n° 1, printemps 1987, p. 137-152, N.D.L.R.]. 59. Donat. 60. Butz, chapitre 7. 61. Butz, 20-30. 62. Butz, 219 sqq. 63. Butz, 14-17, 217-239. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p.87-137


184

KATYN À NUREMBERG Robert Faurisson Le 8 août 1945, par l' «Accord de Londres», la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS établissaient un Tribunal Militaire International (TMI) pour juger les criminels de guerre allemands. Le Statut annexé à cet Accord et formant partie intégrante de l'Accord comporte deux articles qu'il convient de rappeler pour la bonne compréhension du procès en général ainsi que des erreurs historiques commises par ce Tribunal (y compris l' «affaire de Katyn» telle qu'elle a été jugée par ce Tribunal). Voici ces articles dans leur version française officielle, laquelle exige quelques observations qu'on trouvera plus loin : Article 19 : Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves. Il adoptera et appliquera autant que possible une procédure rapide et non formaliste et admettra tout moyen qu'il estimera avoir une valeur probante [souligné par nous]. Article 21 : Le Tribunal n'exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis. Il considérera également comme preuves authentiques les documents et rapports officiels des Gouvernements des Nations Unies, y compris ceux dressés par les Commissions établies dans les divers pays alliés pour les enquêtes sur les crimes de guerre ainsi que les procès-verbaux des audiences et les décisions des tribunaux militaires ou autres tribunaux de l'une quelconque des Nations Unies [souligné par nous]. L'article 19 prévoit, dit le texte français, une procédure «rapide». Il s'agit là d'une erreur de traduction. Le texte anglais, auquel le Président du TMI, Lord Justice Lawrence, renverra souvent prévoit une procédure «expéditive» (en anglais : «expeditious»). L'article 21 est peu compréhensible pour qui ignore ce que le droit anglo-saxon nomme «judicial notice» (notification judiciaire). Dans ce droit, il faut tout prouver sauf ce qui, avec la permission du juge, peut n'être pas prouvé parce qu'il s'agirait d'un fait de notoriété publique à tenir pour acquis : par exemple, «le jour succède à la nuit», «la capitale du Royaume Uni s'appelle Londres». Mais, dans le cas du TMI, on verra les juges étendre l'emploi de ce procédé bien au-delà des limites habituelles. La seconde phrase de l'article 21 va jusqu'à donner valeur de preuves authentiques (une «valeur d'office» ou une «valeur officielle») à une foule de documents et de rapports officiels rédigés à la hâte par les commissions d'enquête ou les tribunaux de l'une quelconque des Nations Unies (les quatre principales nations et dix-neuf autres nations). C'est ainsi que le rapport rédigé par la commission d'enquête soviétique en janvier 1944 sur l'affaire de Katyn a, le 8 août 1945, pris rétroactivement valeur de «preuve authentique» indiscutable, et cela avec l'assentiment, dans l'ordre, de la France, des États-Unis, de la GrandeBretagne et de l'URSS. Ce document porte la cote URSS-54 et il figure intégralement dans le volume XXXIX du TMI (p. 290-332) dans une version allemande. Il a été au centre du débat d'environ un jour 3/4 consacré à l'affaire de Katyn. On a parfois fait remarquer, à la décharge de ce Tribunal, que dans le jugement final le nom de Katyn ne figure pas. C'est exact. Mais ce jugement se contente souvent de rappeler les crimes allemands dans leur généralité. Par exemple, seuls trois camps de concentration y sont nommés : Flossenbürg, Treblinka et Auschwitz. L'Acte d'Accusation, lui, porte en toutes lettres : En septembre 1941, 11 000 officiers polonais, prisonniers de guerre, furent tués dans la forêt de Katyn près de Smolensk (TMI, I, p. 57).


185 Cet Acte d'Accusation a été rédigé en commun par les quatre ministères publics. Celui de la France comprenait Edgar Faure. Il est donc faux de dire qu'au procès de Nuremberg seuls les Soviétiques ont accusé les Allemands de ce crime. Ce qui est vrai, c'est que le juge soviétique, auprès duquel n'avaient pas craint de siéger, pour la France, le professeur Henry Donnedieu de Vabres ; pour les États-Unis, Francis Biddle ; pour le Royaume Uni, Lord Justice Geoffrey Lawrence, n'était autre que le Major Général I.T. Nikitchenko, qui avait, en 1936, présidé le tribunal des «procès de Moscou». Ce qui est également vrai, c'est que l'instruction de ce procès a été expéditive. Entre le 8 août 1945 et l'audience d'ouverture du Tribunal le 18 octobre 1945, il s'est écoulé 71 jours. Il est intéressant de savoir que l'audience d'ouverture a été tenue à Berlin sous la présidence du Major Général Nikitchenko lui-même. C'est lors de cette audience qu'il sera décidé que : Lord Justice Lawrence présidera le Procès de Nuremberg (TMI, I, p. 27). Lors de ce procès, les vainqueurs ont jugé le vaincu, selon leur loi (une loi forgée en toute hâte), sans possibilité d'appel, en violant le principe de non-rétroactivité de la peine et en adoptant le principe de la responsabilité collective (tout membre d'une association déclarée criminelle, comme par exemple le Cabinet du Reich, l'État-Major, les SS, était présumé coupable, rétroactivement). Pour ce qui est de la France, dans l'affaire de Katyn, elle a accusé les Allemands de ce crime ; elle a affirmé que le nombre des victimes était de 11 000 ; elle a admis d'office comme «preuve authentique» le rapport de la commission d'enquête soviétique déclarant que les Allemands étaient coupables de ces 11 000 assassinats ; elle a admis que le président du Tribunal, le juge britannique Lawrence, fasse obstruction à la défense des accusés allemands ; elle a admis que le juge soviétique (l'ancien président du tribunal des «procès de Moscou») intervienne en procureur. CONCLUSION La France, les États-Unis, le Royaume Uni et l'Union soviétique ont, dans l'Acte d'accusation commun à ces quatre nations, accusé l'Allemagne d'avoir assassiné 11 000 officiers polonais à Katyn. Puis, ces mêmes nations ont en fin de compte jugé l'Allemagne coupable de cet assassinat lorsqu'elles ont déclaré, en s'appuyant sur l'article 21 du Statut du Tribunal Militaire International, que le rapport de la commission d'enquête soviétique avait valeur de «preuve authentique» indiscutable et irrécusable. * KATYN DANS LES PROCÈS DU TMI (Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal Militaire International, Nuremberg, 14 novembre 1945-1er octobre 1946, édité à Nuremberg, 1947-1949, 42 volumes ; la version française ne compte, en réalité, que 41 volumes : l'un des deux volumes d'index n'a jamais été publié.) I, p. 57 : Acte d'accusation dressé par tous les Alliés [1] : En septembre 1941, 11 000 officiers polonais, prisonniers de guerre, furent tués dans la forêt de Katyn près de Smolensk.


186 N.B. : C'est ce chiffre de 11 000 qui sera toujours cité ; à Katyn, on dénombrera, en fait, 4 134 (ou 4 253) cadavres ; 10 000 autres Polonais, internés dans deux autres camps d'URSS, ont disparu. VII, p. 430-433 : Le Colonel Pokrovsky, procureur général adjoint (URSS) parle (14 février 1946) : La lecture de l'Acte d'accusation nous révèle qu'un des plus importants forfaits dont ont à répondre les principaux criminels de guerre consiste dans l'exécution massive par les envahisseurs germano-fascistes de prisonniers de guerre polonais, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk (souligné par nous). La preuve présentée est le document URSS-54 qui est le rapport de la commission spéciale soviétique, en date du 24 janvier 1944. Ce rapport figure, en allemand, parmi les documents du TMI (TMI, XXXIX, p. 290-332). Selon la version soviétique, les fusillades ont été accomplies au cours de l'automne 1941 par le régiment du génie allemand 537 ; au printemps 1943, en exigeant de faux témoignages et par d'autres moyens, les Allemands ont tenté d'attribuer à la NKVD soviétique la fusillade des 11 000 victimes. La commission était composée de 13 personnalités éminentes, dont le Métropolite Nikolas (de Kiev), le même qui, avec le biologiste Lyssenko, attestera de ce qu'il y a eu à Auschwitz des chambres à gaz homicides (doc. URSS-008 du 6 mai 1945). IX, p. 9-10 : L'avocat de Hermann Göring, Dr. Stahmer parle (8 mars 1946). Il dit qu'il n'a toujours pas reçu le document URSS-54. Il sollicite l'autorisation de faire convoquer un certain nombre de témoins de ce régiment du génie ainsi que le professeur Naville : le professeur Naville, professeur de médecine légale à l'université de Genève, qui a fait partie à l'époque [avril 1943] d'une commission internationale chargée de procéder à l'examen des cadavres à Smolensk a établi, d'après l'état de conservation des cadavres et d'après les notes et autres pièces à conviction trouvées dans les poches des vêtements, que l'exécution remontait à 1940. N.B. : En 1940, la région était occupée par les Soviétiques. Le Président, le Britannique Lord Justice Lawrence, demande à l'avocat allemand de présenter ces requêtes par écrit. Le Tribunal les examinera. XII, p. 40 : Sans intérêt. XIII, p. 451-452 : Le Colonel Pokrovsky parle (11 mai 1946) : Je n'ai aucunement l'intention de traiter à fond l'incident [sic] de Katyn. Le Ministère Public soviétique a, dès le début, considéré le cas de Katyn comme un fait notoirement connu, et le Tribunal, en constatant le peu de place que nous avons réservé à ce crime dans notre Acte d'accusation, comme aussi le fait que nous n'avons lu que quelques extraits de l'exposé de la commission, a pu discerner que nous n'y attachons qu'un caractère épisodique. N.B. : Par «notre» Acte d'accusation, le procureur soviétique entend l'Acte d'accusation qui «nous» est commun (dans l'ordre : France, États-Unis, Grande-Bretagne, URSS). Les mots «un fait notoirement connu» (le traducteur aurait dû dire : «un fait de notoriété publique») renvoient à l'article 21 du Statut. Ils signifient que le procureur invoque ici le droit de n'avoir pas à démontrer que le massacre de Katyn est un crime allemand parce qu'un rapport dressé par une commission alliée (ici : soviétique) établit que telle est la vérité. Comme on le verra ci-dessous, ce droit ne lui sera pas contesté, même par l'avocat allemand Dr. Stahmer. XV, p. 299-303 : Le Général Rudenko, procureur général soviétique, parle (3 juin 1946) : Ce document [le rapport dressé par la commission soviétique] a été présenté par le Ministère Public soviétique sous le numéro URSS-54, le 14 février 1946, et a été accepté par le Tribunal ; et d'après l'article 21 du Statut, il ne saurait faire l'objet de contestations (p. 300). L'avocat allemand, Dr. Stahmer, déclare :


187 Le général Rudenko désire rejeter ma demande de preuves en invoquant, je crois, l'article 21 du Statut. Je ne crois pas que les stipulations de cet article puissent infirmer cette demande. Il est évidemment exact que les rapports offficiels constituent des modes de preuves… (p. 302). Le Président interrompt l'avocat et déclare : Docteur Stahmer, je crois que le Tribunal a déjà décidé que cet article n'empêchait pas la citation de témoins. Mais en plus de l'argument tiré de l'article 21, le général Rudenko a également donné les raisons particulières qui s'opposent à la citation de ces témoins (Ibid.). XV, p. 433 : Sans intérêt. XVII, p. 277-380 : A l'extrême fin de l'audience du 29 juin 1946, le Président fait savoir au Dr. Stahmer qu'il n'aura le droit de faire comparaître que trois témoins. L'affaire de Katyn occupera l'audience du lundi 1er juillet et une bonne partie de l'audience du 2 juillet. Tout au long de cette journée et de ces trois-quarts de journée, le Président fera obstruction aux avocats allemands et facilitera la tâche des Soviétiques. Quand un avocat allemand, le Dr. Laternser, avocat de l'État-Major allemand, dira : Je voudrais demander au Ministère Public à qui [à quel accusé au juste] doit être imputée l'affaire de Katyn, le Président répondra : Je n'ai pas l'intention de répondre à des questions de ce genre (p. 293). Voyez, aussi, p. 311. Le juge soviétique était le Général Nikitchenko, célèbre pour avoir présidé les «procès de Moscou» en 1936. Il interviendra à plusieurs reprises, à la façon d'un procureur (p. 302-303). Les avocats allemands ne pourront faire venir à la barre que trois officiers allemands qui étaient sur place à Katyn en 1941-1943. Ils ne pourront convoquer aucun membre de la Commission allemande d'enquête ou de la Commission internationale d'enquête ou de la Commission polonaise d'enquête. Même le professeur Naville, suisse, ne pourra venir. La tactique des avocats allemands sera purement défensive. L'accusation soviétique changera de cible à trois reprises en quelques heures. Elle accusera d'abord le Colonel Ahrens, du régiment 537. Puis elle accusera le prédécesseur de cet officier allemand, le Colonel Bedenck. Puis elle accusera le SD. La défense allemande en sera déconcertée, s'en plaindra (p. 316) mais le Président fera la sourde oreille. Les Soviétiques convoquent comme témoin un professeur d'astronomie (Boris Bazilevsky), ancien maire-adjoint de Smolensk. Puis il feront venir le professeur Markov, un Bulgare, qui avait fait partie de la Commission internationale d'enquête et avait donc chargé les Soviétiques. Celui-ci se rétractera, et dira que son expertise n'avait pas la signification que lui donnaient les Allemands. Le troisième témoin sera le président de la commission d'enquête soviétique (doc. URSS-54). Le Dr. Stahmer obtiendra que soit versé au dossier le Livre Blanc rédigé par les Allemands en 1943 et chargeant les Soviétiques, mais cette pièce n'aura qu'une «valeur probante» éventuelle (article 19 du Statut) et non pas la valeur d'une «preuve authentique» irrécusable (article 21), ce qui était le cas du rapport soviétique URSS-54. Cette distinction fondamentale — et fatale pour les Allemands — le Président la rappellera (p. 367). * Le 13 avril 1990, la presse internationale annonçait que, selon les autorités soviétiques, le crime de Katyn avait eu pour auteurs Beria, Merkoulov et leurs agents de la NKVD. Ce camouflet infligé à l'histoire officielle, telle que les vainqueurs l'avaient écrite à Nuremberg et telle que la loi Fabius alias Gayssot voudrait la perpétuer, montre une fois de plus qu'il n'appartient pas à un tribunal, fût-il militaire et international, d'écrire l'histoire.


188 1. Pour la France, François de Menthon, Auguste Champetier de Ribes, Charles Dubost, Edgar Faure, Serge Fuster («Casamayor»), ... Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 138-144


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LE «PROTOCOLE SECRET» GERMANO-SOVIÉTIQUE et le

TRIBUNAL MILITAIRE INTERNATIONAL DE NUREMBERG Robert Faurisson On appelle «protocole secret» ou «protocole additionnel secret» ou «pacte secret» un protocole annexe au pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS signé à Moscou le 23 août 1939 par Ribbentrop et Molotov (voy. Le Monde, 1er août 1989, p. 5). Aux termes de ce protocole, l'Allemagne et l'URSS se partageaient Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Bessarabie en «sphères d'intérêts». Toujours à Moscou, le 23 septembre 1939, soit exactement un mois plus tard, Ribbentrop et Molotov signaient un «protocole additionnel secret» prévoyant notamment que la Lituanie qui, un mois plus tôt, avait été cédée à la «sphère d'intérêts» de l'Allemagne, serait cédée à la «sphère d'intérêts» de l'URSS. Encore à Moscou, le 10 janvier 1941, le comte von der Schulenburg et Molotov signaient un «protocole secret» accordant à l'URSS la partie de la Lituanie accordée à l'Allemagne le 23 septembre 1939, et cela pour la somme de 7,5 millions de dollars-or payables notamment par la livraison à l'Allemagne de métaux non-ferreux [qui permettront de faire la guerre au Royaume Uni]. Tous ces protocoles secrets étaient connus du Dr. Alfred Seidl, avocat de Rudolf Hess et de Hans Frank devant le Tribunal Militaire International de Nuremberg. Le Dr. Seidl multiplia les efforts pour produire ces documents, surtout celui du 23 août 1939. Il se heurta au refus du Tribunal qui, après en avoir délibéré, renouvela son refus. Prétexte fut pris par Lord Justice Lawrence de ce que l'avocat allemand n'avait pas consenti à révéler le nom d'un «allié» qui lui avait remis copie du document en question. Le paradoxe est que le Tribunal autorisa la production et l'utilisation du pacte de nonagression lui-même pour prouver que l'Allemagne avait agressé l'Union soviétique (Références : TMI, III, p. 339 ; V, p. 10-11 ; X, p. 13-15 et 326-329 ; XI, p. 612-614 ; XIV, p. 299-303 ; XXXIX, p. 559) ! On a donc là un exemple de falsification délibérée de l'histoire par refus de laisser produire des documents accablants pour l'Union soviétique et ses alliés. D'une manière générale, dans son «jugement», où on le voit faire l'historique de la seconde guerre mondiale, le Tribunal passe sous silence toutes les agressions, occupations de territoires ou annexions dues aux Alliés et, en particulier, à l'Union soviétique. ____________________________________________________________ Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-sept.-oct. 1990, p. 145-146


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GRAPHIQUES ET PHOTOS DE DACHAU Les deux graphiques ci-après (voy. p. 151 et p. 152) représentent la mortalité du camp de Dachau. L'un est d'origine française et l'autre, d'origine américaine. Le premier (pièce n° 1, p. 151) a été découvert dans des circonstances qu'il ne nous appartient pas de révéler. Il s'agit apparemment (voy. le vide du second cartouche sans doute prévu pour recevoir une inscription, par exemple, sur la provenance des chiffres) du projet d'une instance officielle française, que nous connaissons et qui se manifestera peut-être à la parution de ce graphique dans notre revue. Le second (pièce n° 2, p. 152) a été établi sur la demande du professeur Faurisson à partir d'un document américain cité en référence. On remarquera la concordance d'ensemble des deux graphiques. Le premier porte sur la période du 11 mai 1941 à la fin août 1945. L'original est bicolore et indique en rouge le nombre des Français morts dans ce camp (et ses sous-camps) ; le camp ayant été libéré le 29 avril 1945, les chiffres de mai, juin, juillet et août 1945 concernent les morts durant la présence américaine. Le second porte sur la période du 18 février 1940 à la fin avril 1945. De mars 1933, date de la création du camp principal, à la fin avril 1945, il est entré au camp principal de Dachau et dans ses sous-camps 206 206 détenus. En 12 ans, il est mort environ 32 000 détenus. Le pourcentage des survivants est donc d'environ 85 % et celui des morts d'environ 15 %. Ces chiffres paraissent aujourd'hui à peu près admis aussi bien par le Service International de Recherches (Comité International de la Croix-Rouge) sis à Arolsen Waldeck (RFA) que par les autorités du Musée de Dachau. Rappelons que le chiffre des victimes était parfois évalué, à la fin de la guerre, à environ 238 000 ! L'Encyclopaedia Judaica (1971) pour sa part, dans son article «Dachau», parle encore de 40 000 tués dont 80 à 90 % auraient été juifs ! Il est manifeste, au vu de ces graphiques, que la situation de Dachau — comme celle de tous les autres camps — est devenue catastrophique dans les derniers mois de la guerre. L'Allemagne tout entière, ses soldats, ses civils, ses prisonniers ou détenus connaissaient l'apocalypse. Vivres et médicaments manquaient. Les transports étaient frappés de paralysie. Lorsque les GI américains découvrirent le camp, le 29 avril 1945, leurs sentiments allèrent de la stupéfaction à la révolte. Dans la zone du crématoire, les cadavres s'entassaient. Les wagons d'un train, qui avait erré à travers l'Allemagne sous les bombardements alliés avec son chargement de détenus vivants, ne contenaient plus que des cadavres. La puanteur était affreuse. Les soldats américains ne firent pas de quartier ; avec l'aide d'anciens détenus, ils massacrèrent au fusil, à la mitrailleuse, à la pelle et à la pioche 520 soldats allemands qui, peu de jours auparavant, étaient venus prendre la relève des gardiens de Dachau. Les chiens furent égorgés (voy. Howard A. Buechner, Dachau / The Hour of the Avenger (An Eye-witness Account) (Dachau/L'Heure du «Vengeur», Compte rendu d'un témoin oculaire), Thunderbird Press, 1986, XL-160 p., compte rendu par Jessie Aitken, «Dachau/L'Heure du Vengeur», A.H.R. n° 2, été 1987, p. 27-29). Il est probable qu'en découvrant les horreurs du 29 avril 1945 les Américains durent penser que Dachau avait toujours offert à peu près le même spectacle depuis sa création et qu'un camp de concentration ne pouvait être qu'un lieu d'extermination programmée. Si nous publions ces graphiques, c'est d'abord pour rectifier cette impression. On sait aujourd'hui que le brusque accroissement de mortalité de l'été 1942 était dû au typhus ; qu'en 1943, à la suite de mesures draconiennes prises selon les ordres de Heinrich Himmler et d'Oswald Pohl par le service de santé des camps de concentration, cette mortalité connut une


191 baisse sensible malgré l'augmentation progressive du nombre des détenus pour faits de «terrorisme» ou de «Résistance» ; et que l'hiver 1944/1945 tourna à la catastrophe. Nous publions ces graphiques pour une autre raison. Ainsi qu'on le voit, nous avons marqué d'une flèche le mois de juin 1941 et celui de novembre 1944. La raison en est que, selon la légende, Adolf Hitler aurait donné vers juin 1941 [1] l'ordre d'exterminer les juifs et Heinrich Himmler aurait, en novembre 1944, ordonné l'arrêt de cette extermination. Il suffit d'un simple coup d'œil à ces graphiques pour se rendre compte que les faits démentent la légende. A moins, bien sûr, qu'on ne veuille nous faire croire que les responsables du camp de Dachau se sont ingéniés à désobéir d'abord à Adolf Hitler, puis à Heinrich Himmler et ont voulu prendre le contre-pied des ordres reçus, des ordres dont, il faut le rappeler, on n'a jamais trouvé trace. Un document américain qui, aux Archives nationales des États-Unis, accompagne le document que nous avons utilisé pour l'établissement du second graphique, prouve que dans les 17 premiers jours du mois de mai 1945, les troupes américaines ayant pris le commandement du camp, il est mort 1 588 détenus, c'est-à-dire plus de détenus qu'il n'en est mort pendant toute l'année 1943 du temps de la présence allemande (1 100 décès en 365 jours). Ce fait, à lui seul, illustre combien des horreurs que l'on serait tenté de mettre au compte de l'un ou de l'autre des belligérants sont surtout à porter au compte de la guerre et des fléaux qui l'accompagnent : épidémies, famine, … * A Dachau, les Américains ont aussi découvert des détenus en bonne santé que la presse mondiale s'est, en général, abstenue de montrer (voy. ci-dessous pièces n° 3, 4 et 5, p. 153 et 154). La photo des juives hongroises et de leurs poupons (pièce n° 3, p. 153) n'a, à notre connaissance, jamais été publiée. Elle tend à prouver, en dépit de la légende dont l'affuble la propagande de l'époque, que l'extermination des juifs en général et des femmes et des enfants en particulier est pour le moins douteuse. Les Archives nationales des États-Unis (Record Group 238, VII US Army, Signal Corps) accompagnent cette photo de la légende suivante : Photo n° 205488 : «Quand les Allemands commencèrent à retraiter de Hongrie, ils emmenèrent avec eux beaucoup de gens pour aller travailler dans les usines allemandes. Les sections de travail forcé comprenaient beaucoup de femmes juives — dont certaines étaient enceintes. Au début ces femmes enceintes étaient contraintes à l'avortement mais, dans les derniers mois, on autorisa les mères à garder leurs enfants. On voit ici un groupe de juives hongroises : des mères avec leurs enfants. Dachau, Allemagne, 13 juin 1945». Les photos n° 4 et 5 (p. 154) représentent des prisonniers acclamant leurs libérateurs de la 7ème armée US à leur entrée dans le camp de concentration de Dachau, le 13 avril 1945. La photo n° 4 a déjà été publiée ; la photo n° 5 est inédite. 1. En réalité, comme cet ordre n'a jamais existé, les historiens exterminationnistes ont proposé bien d'autres dates, sur une période de … deux ans ! Celle de l'été 1941 ou de juin 1941 est la plus courante. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 147-154


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L’AFFAIRE NOTIN (II) Le dimanche 29 avril, devant les représentants des associations de résistants et de déportés de Lyon, le maire de la ville, Michel Noir, déclarait : «II est hors de question que nous donnions à cette université (Lyon-III) de nouveaux locaux, la Manufacture des tabacs, si devaient continuer à y enseigner 1cs "Notin" et autres falsificateurs de l’histoire.» Quelques jours plus tard, 1e 7 mai, le même M. Noir communiquait à la presse le texte d’une lettre qu’il avait écrite au ministre de l’Éducation nationale, le 6 avril, et dans laquelle il lui demandait «d’étudier la possibilité de prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre de Bernard Notin». Le chantage aux locaux n’était pas apprécié des présidents des trois universités lyonnaises, qui publiaient un communiqué commun le 4 mai dans lequel ils rappelaient «qu’après une concertation entre les trois universités et M. le Recteur, (...) dans laquelle la municipalité de Lyon avait été partie prenante, un accord était intervenu». D’autres réactions étaient enregistrées : en particulier celles de Raymond Barre pour qui «l’autonomie des universités ne peut se pratiquer que si le respect de l’indépendance est assuré», de Bruno Gollnisch (député européen du Front National), qui critiquait «le chantage peu ragoûtant de M. Noir», et, enfin, de Yannick Simbron (secrétaire général de la Fédération de l’Éducation Nationale), indiquant pour sa part que «le SNI (Syndicat National des Instituteurs) s’est créé d’abord contre la tyrannie des élus locaux.» Le ministre de l’Éducation nationale répondait, le 7 mai, sur Radio Monte-Carlo, à la lettre de M. Noir : «Je dois (...) rester dans la mesure de mes pouvoirs.» Il précisait ensuite qu’il n’interviendrait qu’après que les instances disciplinaires de Lyon-III se seraient réunies, et révélait aussi qu’il avait demandé au recteur d’intervenir dans ce sens auprès du président de l’université. Le 11 mai, le président P. Vialle et le recteur M. Niveau étaient convoqués au ministère, dans l’ambiance hystérique créée par l’exploitation de la profanation du cimetière juif de Carpentras, Le 12 mai, Bernard Notin se rendait chez le président P. Vialle qui lui suggérait de demander lui-même son détachement pour apaiser la campagne politico-médiatique qui s’abattait sur l’université et en tenant compte de ce qu’il lui serait très difficile d’enseigner normalement à la rentrée : le maire, d’une part, les étudiants juifs, d’autre part, menaçant l’université de désordres et de suppression de subventions. La demande était rédigée le 14 mai. Parallèlement, les médias et l’essentiel de la classe politique adhéraient émotionnellement à l’équivalence : Carpentras = Front National = Révisionnisme = Lyon-III. Conditionné par la campagne médiatique, le conseil d’administration de l’université se réunissait le mardi 15 mai et son président capitulait : il demandait la convocation du conseil de discipline (ce qu’il avait promis de ne pas faire, estimant ce dernier incompétent) et demandait au ministre de l’Éducation nationale d’agir en sorte que «Bernard Notin n’exerce plus ses fonctions à l’université Jean Moulin (Université Lyon-III) à compter de la prochaine rentrée universitaire». Début juin, Maître Gilbert Collard, avocat au barreau de Marseille, acceptait de défendre Bernard Notin devant l’instance disciplinaire, «au nom de la liberté d’expression». Le 13 juin, le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), dont Me Collard était secrétaire national, publiait un communiqué annonçant une procédure de suspension de l’avocat. Le 14 juin, G. Collard et B. Notin tenaient une conférence de presse. L’avocat marseillais mettait en avant trois points : «Tant qu’une idée, une thèse, ne constitue pas une infraction, elle appartient au débat» ; «Depuis Vichy, l’université n’a poursuivi personne pour des textes» ; «Même si je me sens profondément isolé, je préfère être du côté de Voltaire plutôt que du côté des bien pensants» (allusion au maire de Lyon). Bernard Notin rappelait qu’il


193 n’était ni membre du Front National, ni antisémite, que son texte traitait des médias et non de la seconde guerre mondiale, et que, vu les développements de cette affaire, l’exemple des chambres à gaz utilisé par lui dans son article avait été maladroit. La première réunion de la commission d’instruction composée de trois membres (Colette Demaizière, doyenne de la Faculté des Lettres ; Laurent Boyer, doyen de la Faculté de Droit ; Luc Saidj, maître de conférences en finances publiques) se déroulait le 19 juin durant 1 h 30. L’interrogatoire portait sur trois points : la forme du texte (expressions utilisées, tonalité de l’article) ; les conditions de publication du texte ; le psychisme de l’auteur : est-il raciste, antisémite, etc. Gilbert Collard déclarait à la commission : «Je prie pour que Le Pen n’arrive jamais au pouvoir car alors il aurait à sa disposition la jurisprudence Notin pour nous faire taire.» La seconde réunion de la commission d’instruction se tenait le 29 juin et permettait d’éclairer les conditions de publication du texte, par l’intermédiaire des réponses écrites fournies par Frédéric Poulon, coordonnateur du numéro spécial, La France Vassale, qui avait publié l’article de B. Notin. Me Collard annonçait le dépôt d’un recours auprès du tribunal administratif contre la décision du président de l’université pour excès de pouvoir, recours déposé le jour même. Le 11 juin, battant tous les records de célérité en matière de procédure juridique, la 1ère chambre du tribunal de grande instance de Paris, présidée par M. Jean Favard, estimait que, dans le procès intenté par le MRAP à B. Notin, il n’y avait pas à retenir le délit de diffamation ni celui de racisme, mais l’universitaire était condamné à verser 20 000 frs de dommages au MRAP pour «faute» au sens de l’article 1382 du Code Civil, sans compter 5 000 frs de complément. Dans 1cs conclusions rédigées par Me Ducroux, avocat de B. Notin dans ce procès, il avait été rappelé que son client n’avait pas pris position sur le fond (existence ou nonexistence des chambres à gaz) : «Monsieur Notin dans ce paragraphe ne nie pas l’existence des chambres à gaz, comme une lecture succincte et parcellaire de son article scientifique pourrait le faire croire, mais énonce simplement que certains faits que l’on tient pour acquis peuvent faire l'objet d'une étude scientifique sans pour autant que leur auteur puisse être taxé de révisionnisme.». La commission de discipline de l'Université Lyon-III rendait son verdict le 18 juillet vers 16 h 30. Présidée par J. Bonnet, professeur de géographie, composée de Laurent Boyer, Colette Demaizière, Jacques Fayette (professeur de gestion), Luc Saidj, Guy Daude (maître de conférences en géographie), Jean-Louis Chauzit (maître de conférences en italien), elle décidait à l'encontre de B. Notin l'interdiction de toute fonction pendant un an, avec suspension de la moitié de son traitement, en raison d'un article de nature à jeter le discrédit sur l'université, le doute sur la probité, la neutralité, l'objectivité, la tolérance de l'auteur et donc de l'institution, et la mise en cause de leur crédibilité scientifique. Ces sanctions étaient prises après que la soirée précédente et la matinée eurent été occupées par des tractations avec les responsables des pressions et chantages des mois écoulés. La veille, la commission avait auditionné, à charge, le professeur Cusin, président de Lyon-II, et, à décharge, Mme Christiane Pigacé, maître de conférences en sciences politiques à l'IEP d'Aix-en-Provence. Les professeurs P. Chaunu et J. Freund s'étaient manifestés par écrit pour apporter leur soutien à la cause de la liberté d'expression. Dans sa plaidoirie, Me Collard avait demandé à la commission de se déclarer incompétente. Mercredi 19 juillet, en début de soirée, Bernard Notin faisait parvenir à l'AFP le communiqué suivant : Bernard Notin ne comprend pas comment sept universitaires ont pu décider, sans honte, de ruiner sa vie. S'il s'agit de réduire au silence quelqu'un qui a la passion du mouvement des idées en l'obligeant à se vendre pour survivre, Bernard Notin espère que l'instance d'appel, loin des marchandages lyonnais, fera respecter l'indépendance intellectuelle et la tolérance à son égard. La condamnation pour des idées que l'on a volontairement caricaturées, en oubliant des années d'enseignement et de recherche, ne peut que laisser un goût amer aux hommes libres.


194 Le 30 juillet, M. Michel Noir signait «l'acte d'achat à la SEITA de l'ancienne Manufacture des tabacs. Le site, qui comprend 46 000 mètres carrés de bâtiments répartis sur près de 3 hectares, abritera à partir de 1992 une partie des locaux de l’université Lyon-III» (Le Monde, 1er août 1990, p. 20). On se reportera, pour mémoire, à l’article que nous avions publié dans la première livraison de la Revue d’Histoire Révisionniste sous le titre de «L’Affaire Notin» (p. 142-146). Rappelons que ce jeune maître de conférences dispose d’un salaire unique et qu’il élève, avec sa femme, cinq enfants en bas âge. La sanction financière prise à son encontre par la section disciplinaire de son université s’ajoute à la perte du salaire perçu pour ses heures complémentaires d’enseignement à la Faculté de Droit, et cela sans compter d’autres sanctions diverses et les menaces pesant sur sa vie, sur celle de sa femme et de ses enfants, sur sa maison, sur sa voiture. Le MRAP a enregistré «avec satisfaction» les sanctions infligées à B. Notin mais les instances juives en ont déploré la «clémence». C’est, en particulier, le cas du président du consistoire sépharade de Lyon, Émile Azoulay. L’Union des étudiants juifs de France a estimé que «ces sanctions paraissent extrêmement modérées et sans rapport avec le préjudice moral occasionné aux victimes du nazisme» (Le Figaro, 20 juillet 1990, p. 7). Lydie Cusin, peut-être apparentée à Michel Cusin (président de l’Université Lyon-II), est secrétaire générale de l’Association des étudiants en histoire de l’Université Lyon-III (Association Marc Bloch). Elle s’est étonnée de «la légèreté de la peine prononcée» et a constaté «avec amertume la faiblesse des sanctions qui ne contribuera pas à blanchir la réputation de l’Université Jean Moulin». Elle s’est cependant réjouie de ce que les «falsificateurs de l’histoire» «savent désormais à quoi ils s’exposent s’ils soutiennent leurs thèses révisionnistes, même en dehors de l’université» (Ibid.). Michel Cusin a été le seul témoin à charge venu s’exprimer devant la section disciplinaire. Afin de mieux accabler B. Notin, il a évoqué le cas du professeur Faurisson et les prétendus «cours de révisionnisme» de ce dernier à l’Université Lyon-II en 1978/1979. Il a ainsi rendu un faux témoignage aux conséquences incalculables. Apprenant sans doute que M. Faurisson s’apprêtait à l’attraire en justice, il a, le 23 juillet 1990, fait envoyer à ce dernier un texte daté du 18 juillet, dont B. Notin et son avocat, Me Collard, n’ont pas reçu copie et dont on ignore à quelles personnes, en dehors de M. Faurisson, et à quelles instances il a pu également être expédié. Voici ce texte dénué de tout titre : A la suite de son témoignage devant la Section Disciplinaire de l’Université Lyon-III ayant à statuer sur le cas de M. Notin, le Président Cusin tient à préciser que c’est par erreur ou abus de langage qu’il a évoqué les «cours de révisionnisme» de M. Faurisson. Il doit être clair à tous que M. Faurisson n’a jamais fait référence en cours, ni d’une manière générale dans l’enceinte de l’Université Lyon-II, à ses thèses révisionnistes, et que c’est là précisément l’une des raisons pour lesquelles il n’a pas paru fondé, à l’époque, de faire comparaître M. Faurisson devant la Section Disciplinaire de l’Université. M. Cusin regrette l’ambiguïté de ses propos et tient à rétablir la vérité des faits concernant M. Faurisson, pour l’information complète de la Section Disciplinaire de l’Université Lyon-lll Lyon, le 18 juillet 1990 M. Cusin P.O. le Vice-Président chargé des Relations Internationales et de la Communication A. Bony Ce texte appelle de notre part les commentaires suivants : • De son propre aveu, Michel Cusin, président d’université, a commis devant une instance universitaire, dans un témoignage à charge contre un universitaire (Bernard Notin) et au sujet d’un autre universitaire (Robert Faurisson), une «erreur» ou un «abus», un «abus de langage» ; il n’a pas été «clair» ; il a fait preuve d’ «ambiguïté» ; il le «regrette» ; il n’a


195 pas respecté «la vérité», la «vérité des faits» puisque, aussi bien, il lui faut maintenant «rétablir la vérité» ; la section disciplinaire devant laquelle il déposait avait bien reçu une «information» mais celle-ci n’était pas «complète». • En 1978/1979, «il n’a pas paru fondé» de faire comparaître M. Faurisson devant la section disciplinaire de l’Université Lyon-II entre autres raisons parce qu’il n’avait pas donné de «cours de révisionnisme» et parce qu’il n’avait «jamais fait référence» au révisionnisme «d’une manière générale dans l’enceinte de l’Université Lyon-II». • On peut donc être surpris de ce que B. Notin, qui n’a jamais donné de «cours de révisionnisme» et n’a jamais fait référence au révisionnisme «en cours, ni d’une manière générale dans l’enceinte de l’Université (Lyon-III)», ait dû comparaître devant une section disciplinaire. Aurait-il commis des fautes que n’avait pas commises M. Faurisson ? Certainement pas. M. Faurisson avait publié un article dans Le Monde, quotidien à grand tirage ; B. Notin, lui, avait publié son étude dans une revue confidentielle au tirage de 750 exemplaires. • On notera, par ailleurs, dans ce texte de M. Cusin, une pétition de principe ou un sousentendu : le révisionnisme est un délit ; on aimerait savoir de l’autorité administrative ou de l’autorité judiciaire quelle est (ou quelle était) la loi qui spécifie (ou spécifiait) ce point. • L’attitude de Michel Cusin est paradoxale. Il y a quelques années, il avait reçu dans son bureau de la présidence de l’Université Lyon-ll, en présence de son secrétaire général, le professeur Faurisson accompagné de son avocat, Me Burdeyron. Il avait spontanément déclaré qu’il pouvait comprendre l’amertume du professeur vis-à-vis de l’Université LyonII, vu la manière dont celle-ci l’avait traité dans les années 1978/1979. Et il avait pris quelques initiatives – modestes, à vrai dire – pour remédier à la politique d’isolement de M. Faurisson au sein de sa propre université. • Par la suite, M. Cusin, en connivence avec Lionel Jospin, obtenait, au prix d’un subterfuge, que M. Faurisson fût dépossédé de sa chaire d’enseignement et nommé d’office au Centre de télé-enseignement de Vanves. Il rompait ainsi un engagement formel pris en 1979 par l’Université Lyon-II à l’égard du professeur, engagement aux termes duquel M. Faurisson resterait en toute circonstance titulaire de sa chaire. • M. Cusin renoue avec la tradition des présidents de l’Université Lyon-II. En 1978/1979, M. Maurice Bernadet, socialiste, président, à l’époque, de cette université, avait personnellement organisé une campagne contre M. Faurisson en accord avec le Dr Marc Aron, président du comité de liaison des institutions et des organisations juives de Lyon et aussi avec l’Union des étudiants juifs de Lyon. Interrogé par le tribunal administratif de Lyon et par le Conseil d’État sur les raisons pour lesquelles il avait interrompu le déroulement normal de la carrière de M. Faurisson dès avant 1978, M. Bernadet n’avait pas craint de répondre (dans une lettre signée Dubuis, comme la lettre susmentionnée est signée Bony) que c’était notamment parce que M. Faurisson était un professeur qui n’avait aucune publication à son actif et qui, d’ailleurs, reconnaissait lui-même cette anomalie. Devant le Conseil d’État, M. Faurisson avait pu aisément faire litière de ces mensonges. Mais le Conseil d’État était passé outre et avait déclaré qu’il n’y avait rien de matériellement inexact dans les faits allégués par M. Bernadet ! Si nous croyons devoir rappeler ces événements des années passées, c’est à la fois pour éclairer ceux de l’année en cours et pour qu’on mesure à quel point les révisionnistes ne peuvent compter ni sur la protection de la loi, ni sur les franchises universitaires, ni même sur les usages en vigueur chez les honnêtes gens. Ni foi, ni loi, ni droit n’existent pour ceux qui, par conviction ou par peur, combattent le révisionnisme. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-sept.-oct. 1990, p.155-162


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JEAN-CLAUDE PRESSAC ET LA TECHNIQUE DES CHAMBRES A GAZ AUSCHWITZ : TECHNIQUE AND OPERATION OF THE GAS CHAMBERS [Auschwitz : Technique et fonctionnement des chambres à gaz], par Jean-Claude PRESSAC, New York, Beate Klarsfeld Foundation, 1989, 564 pages (préface de Beate et Serge Klarsfeld).

Compte rendu de Mark Weber Cet ouvrage utile et révélateur du pharmacien français Jean-Claude Pressac constitue une ambitieuse défense de l'histoire de l'extermination d'Auschwitz face à la critique grandissante des révisionnistes de l'Holocauste. L'auteur et les éditeurs — «les chasseurs de nazis» Beate et Serge Klarsfeld — se rendent très clairement compte que le révisionnisme de l'Holocauste n'est pas un phénomène provisoire et frivole mais une remise en question sérieuse et redoutable à laquelle beaucoup d'intellectuels ont d'ores et déjà donné leur adhésion. Ce livre est présenté par les éditeurs comme «une réfutation scientifique de ceux qui nient les chambres à gaz». Un article à son sujet est paru dans The New York Times (18 décembre 1989) sous le titre de «Un nouveau livre réfuterait la thèse révisionniste de l'holocauste» ou (dans d'autres parutions) «Auschwitz : un sceptique vérifie l'horreur». Imprimé sur 564 pages en grand format de 45 cm x 30 cm, Auschwitz : technique et fonctionnement des chambres à gaz contient des centaines de reproductions de bonne qualité, des plans et des schémas architecturaux allemands d'origine, des photographies prises aussi bien pendant qu'après la guerre, et beaucoup de documents, avec des traductions. On a fait don d'environ la moitié des mille exemplaires à d'importantes bibliothèques et centres de recherches dans le monde entier. Le reste des exemplaires est vendu 100 dollars pièce (environ 550 FF), avec l'espoir qu'on en fera don à des bibliothèques moins importantes. Pressac présente deux types de preuve de l'extermination massive des juifs dans les chambres à gaz. Il commence par citer quelques «témoignages directs», y compris ceux déjà bien connus de Miklos Nyiszli et de Charles Sigismond Paul Bendel. En même temps, cependant, Pressac admet franchement que ces témoignages sont truffés d'«erreurs», d'«absurdités», d'«inventions» et de «contradictions» (p. 469-479). Puis il cite ce qu'il appelle des «indices criminels» documentaires de l'extermination à Auschwitz et à Birkenau. Ces «indices» sont présentés comme une sorte de réponse au professeur Robert Faurisson qui demande avec insistance «une preuve, une seule preuve» de gazages homicides. Pressac reconnaît que ce ne sont pas véritablement des «preuves» et ajoute qu'il n'existe pas de vraies preuves. Quelques-uns, au moins, des «indices» documentaires peu convaincants et douteux de Pressac sont déjà connus des révisionnistes (Enrique Aynat fournit une excellente critique révisionniste de ces «indices» dans le numéro d'automne 1988 du Journal of Historical Review). Le livre de Pressac renforce plutôt le point de vue révisionniste sur l'histoire de l'extermination d'Auschwitz et, par la même occasion, sur celle de l'Holocauste tout entière. Pour commencer, en présentant sa thèse centrale, il est obligé de faire beaucoup de concessions importantes à la position révisionniste. Explicitement comme implicitement, il met en doute d'innombrables affirmations, «témoignages» et interprétations de l'Holocauste. Par rapport à l'histoire «orthodoxe» de l'extermination, il situe ainsi son propre livre : Cette étude démontre déjà la faillite complète de l'histoire traditionnelle [de l'Holocauste] … une histoire fondée principalement sur des témoignages, rassemblés pour les besoins du


197 moment, tronqués pour correspondre à une vérité arbitraire et parsemés de quelques documents allemands de valeur inégale et sans lien les uns avec les autres (p. 264). Ainsi rejette-t-il implicitement, comme une «faillite», le travail d'historiens de l'Holocauste tels que Raul Hilberg, Lucy Dawidowicz et Nora Levin. Pressac et les Klarsfeld sont comme des responsables militaires qui, serrés de près par l'ennemi, ont décidé de répondre à l'inexorable avance des révisionnistes par l'abandon des espaces, vastes mais intenables, de l'histoire orthodoxe de l'Holocauste, pour se retrancher dans une petite forteresse apparemment plus aisée à défendre. Pressac fait de nombreuses concessions explicites à la vérité ; en voici quelques exemples : • Il n'y a pas de preuve concluante ou documentaire en faveur des récits souvent répétés de gazages homicides dans le crématoire du camp principal d'Auschwitz I. Le bâtiment tout entier a été radicalement «restructuré» et «reconstitué» après la guerre, et la cheminée de ce crématoire est factice (p. 123, 131-133, 144-146, 551). • L' «autobiographie» si souvent citée de l'ancien commandant d'Auschwitz Rudolf Höss est criblée d'erreurs. En outre, le «manuscrit» de plusieurs centaines de pages écrites à la main ne contient aucune rature ni correction, ce qui suggère qu'il a été recopié (p. 127-128, 551). • Un film soviétique de 1945 qui «authentifie» l'extermination par gaz dans la section «Canada I» est «un montage complet». Il n'y a jamais eu de gazages homicides dans cet endroit (p. 46, 49, 264). • Le procès du tribunal militaire britannique qui, en 1946, se termina par la condamnation à mort et la pendaison des fournisseurs de Zyklon, le Dr. Bruno Tesch et Karl Weinbacher, fut inique et probablement une «mascarade» (p. 17). • Le chiffre largement cité de quatre millions de morts à Auschwitz est de «propagande» et «symbolique» (p. 13, 501). • La crémation est beaucoup plus complexe et nécessite beaucoup plus de temps que veulent bien le prétendre les historiens de l'Holocauste, et les récits largement propagés sur la crémation de 10 000 ou même de 25 000 cadavres par jour à Auschwitz est absurde et impossible (p. 244, 247, 253, 334, 384, 413, 420). • «Sonderaktion» («action spéciale») n'était pas un euphémisme voulant dire assassinat ou extermination (p. 210, 213). • Le schéma des «chambres à gaz» de Birkenau, dans le rapport largement diffusé du War Refugee Board en 1944, est «erroné» (p. 459, 461). • Un projet de construction d'août 1942 pour Auschwitz-Birkenau démontre que les autorités allemandes prévoyaient un camp suffisamment grand pour contenir en fin de compte 200 000 détenus (p. 203). • Des photographies et des schémas montrent de vastes installations de quarantaine et d'hospitalisation pour les détenus malades ou blessés de Birkenau (p. 510-513). Les quatre crématoires de Birkenau (Kremas II-V) sont au cœur de l'histoire de l'extermination à Auschwitz. Des centaines de milliers de juifs sont supposés avoir été gazés dans ces bâtiments entre mars 1943 et novembre 1944. Cependant, les preuves documentaires présentées dans ce livre ne peuvent en aucun cas se concilier avec le moindre plan ou la moindre politique d'une extermination organisée et systématique. Comme le démontrent clairement les archives allemandes, ces quatre bâtiments furent construits à la fin de 1942 et au début de 1943, et furent terminés entre mars et fin juin 1943. Pressac pense qu'un «plan» pour l'extermination systématique des juifs à Birkenau a, par


198 conséquent, dû être décidé entre juin et août 1942, avec sa première mise en œuvre entre mars et juin 1943 (p. 212-213, 246, 348). L'auteur s'écarte là radicalement de l'histoire «standard» de l'extermination. La plupart des historiens de l'Holocauste ont soutenu que la décision d'exterminer les juifs d'Europe avait été prise entre mi-1941 et début 1942. Par exemple, la conférence de Wannsee à Berlin, où des dirigeants allemands coordonnèrent la politique de «solution finale», eut lieu le 20 janvier 1942. Et, d'après le «témoignage» d'après-guerre, largement cité, de l'ancien commandant d'Auschwitz Rudolf Höss, les «exécutions massives par le gaz» commencèrent à Auschwitz pendant l'été de 1941. Se fondant sur de copieuses preuves documentaires présentées dans ce livre, Pressac conclut à juste titre que les crématoires (Kremas) II et III à Birkenau furent conçus et bâtis comme des crématoires ordinaires. Leurs prétendues «chambres à gaz» étaient dessinées et construites comme des morgues ordinaires («Leichenkeller»), exactement comme l'indiquaient les schémas architecturaux et comme le précisaient bien d'autres documents. Ces «caves pour cadavres» furent partiellement construites sous terre afin d'entreposer les cadavres au frais et d'en retarder la décomposition (p. 284-285). C'est seulement plus tard, soutient Pressac, que ces bâtiments furent modifiés de façon improvisée ou transformés en installations pour l'extermination (p. 184, 224, 264, 285, 289, 415, 429). Mais, à première vue, cette assertion est fort improbable. L'acide cyanhydrique (du Zyklon B) adhère naturellement aux surfaces humides, et, ces morgues souterraines étant humides, le gaz mortel aurait assurément adhéré aux murs et aux sols, mettant ainsi en danger la vie de tous ceux qui auraient tenté de sortir les cadavres imprégnés de gaz. Pour les crématoires (Kremas) IV et V de Birkenau, l'auteur a une théorie un peu différente. La décision de construire ces deux crématoires supplémentaires fut apparemment prise en août 1942, conclut Pressac, presque certainement pour faire face à l'épidémie dévastatrice qui ravageait le camp. Ces bâtiments n'étaient pas «conçus» comme des installations d'extermination, écrit-il (p. 384, 392, 398). Mais Pressac prétend de façon illogique que ces deux bâtiments — contrairement aux Kremas II et III — furent construits en tant qu'installations d'extermination, alors que les quatre bâtiments furent construits en même temps (p. 448). Malgré cela, la technique selon laquelle les juifs étaient, paraît-il, gazés dans les Kremas IV et V était illogique et inappropriée jusqu'à l'absurde. Pressac décrit la procédure des prétendus gazages comme suit : Même si la suite des opérations semble relativement simple, elle était devenue [?] irrationnelle et ridicule. Il était irrationnel de faire passer les victimes de la pièce centrale aux chambres à gaz, [et] ensuite de rapporter les cadavres dans cette salle, en brisant ainsi la suite logique de la conception initiale. Il était ridicule d'avoir un SS, avec un masque à gaz, en équilibre sur sa courte échelle, un bidon d'un kilo de Zyklon B dans la main gauche, lorsqu'il ouvrait et refermait l'imposte de 30 cm x 40 cm à travers laquelle il introduisait les granulés de la main droite. Cette action devait être répétée six fois… Quelques marches installées sous chaque ouverture lui auraient épargné toute cette performance (p. 384, 386). En fin de compte, la finition des bâtiments Krema IV et V dut être retardée de plusieurs semaines, et ceux-ci ne furent respectivement terminés qu'en mai et fin avril 1943 (p. 348, 349, 384). Ils furent si vite et si mal construits que le Krema IV fut bientôt définitivement fermé et le Krema V ne put être utilisé que de façon intermittente (p. 413, 420). Pressac concède que, dans les Kremas IV et V, les pièces qualifiées de «chambres à gaz», pourtant construites, paraît-il, comme des locaux d'extermination, n'avaient pas de ventilateurs. Mais ce fait à lui seul signifie que ces chambres auraient été impropres à des gazages homicides. Sans de puissants ventilateurs pour évacuer le poison mortel, il aurait fallu de nombreuses heures d'aération «naturelle» avant que quiconque, même porteur de masque à gaz,


199 pût pénétrer en toute sécurité dans les chambres saturées de gaz. Pressac reconnaît que ce fait gênant présente quelques difficultés pour sa thèse de base, mais il mentionne seulement et sans conviction que «la ventilation des lieux posait un sérieux problème» (p. 386, 416, 498) (les pièces supposées être les «chambres à gaz» des Kremas II et III avaient des systèmes de ventilation, écrit-il, mais il reconnaît que ceux-ci étaient clairement «conçus pour une morgue fraîche, non pas pour une chambre à gaz relativement chaude», p. 224, 285, 289). Le danger du Zyklon, et son importance à Auschwitz, est souligné dans un important «ordre spécial» du commandant Höss, daté du 12 août 1942 (p. 201). Quarante copies en furent distribuées aux officiels dans tout le camp : Aujourd'hui s'est produit un accident de santé accompagné de légères manifestations d'empoisonnement par acide cyanhydrique, qui conduit à rappeler à tout participant d'une opération de gazage ainsi qu'à tout autre membre de la SS que, particulièrement à l'ouverture des locaux pleins de gaz, les membres de la SS doivent, au moins pendant 5 heures, se tenir à 15 mètres de la chambre [à gaz]. Faire alors spécialement attention à la direction du vent. Des travailleurs civils venaient de l'extérieur pour aider à la construction des quatre crématoires de Birkenau, ce qui semble étonnant si ceux-ci avaient été construits pour être des installations ultra-secrètes en vue d'une extermination massive. Par exemple, des travailleurs venant de neuf entreprises civiles de l'extérieur participèrent à la construction des Kremas IV et V (p. 350, 384). Il semble aussi qu'il n'y ait pas eu d'urgence anormale à finir ces quatre installations, puisque tous les travaux furent suspendus entre le 23 décembre 1942 et le 4 janvier 1943, afin que les travailleurs en civil pussent rentrer chez eux pour passer Noël et le Nouvel An dans leurs familles (p. 210, 213). Les quatre crématoires de Birkenau ne furent à aucun moment cachés, dissimulés ou «camouflés». Ils étaient à la vue de tous, y compris des nouveaux arrivants juifs. Les Kremas II et III étaient particulièrement visibles (p. 247, 250, 251, 464, 556). Ne fût-ce que sur ce point, l'histoire de l'extermination à Auschwitz défie toute vraisemblance. Il est simplement incroyable que les autorités n'aient pas essayé de cacher ou de dissimuler leurs prétendues installations d'exterminations massives. Pressac est parfois d'une ignorance qui surprend. Par exemple, il attribue aux photos, qui montrent des conditions de vie très humaines dans le camp d'Auschwitz-Monowitz, à une «source révisionniste», sans plus (p. 506-507). En fait, ces photos proviennent du dossier Dürrfeld tel qu'il figure dans les documents du procès de Nuremberg n° 6 : on les trouve aux Archives nationales de Washington. Pressac mentionne brièvement l'important rapport de l'ingénieur américain Fred Leuchter, qui a effectué la première expertise des «chambres à gaz» d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek. Mais il donne une fausse idée du rapport et ignore la conclusion catégorique de Leuchter selon laquelle aucune des prétendues «chambres à gaz» n'aurait pu être utilisée pour des gazages homicides (p. 133). Ce livre n'est pas facile à lire. Son style est embarrassé, alambiqué et fréquemment obscur. Il est souvent nécessaire d'aller et de revenir d'un point à un autre de son livre, sur de longues distances, pour comprendre telle ou telle tentative de démonstration. Mais nous devrions sans doute lui être reconnaissants de cette confusion, parce que, si Pressac avait écrit de façon précise et logique, les Klarsfeld auraient peut-être bien refusé de publier son livre. Pressac ne semble pas être une personne psychologiquement solide. Par exemple, il confesse s'être «presque» tué dans le camp principal d'Auschwitz en octobre 1979 (p. 537). Ses rapports avec le professeur Faurisson et l'éditeur révisionniste français Pierre Guillaume — auxquels il consacre plusieurs pages — ont changé, passant d'une sorte d'admiration à une animosité personnelle pleine d'aigreur. Il ne mentionne rien dans le comportement de Faurisson à son égard qui justifierait une telle haine viscérale, même compte tenu de l'intensité de son désaccord avec lui sur la thèse de l'Holocauste. La nature affective et même vicieuse de


200 l'hostilité furieuse de Pressac envers Faurisson laisse augurer d'une personnalité anxieuse et instable. Malgré ses imperfections, ce livre est un ouvrage important et révélateur, même si ce n'est pas pour les raisons qu'avaient à l'esprit l'auteur ou ses éditeurs. L'abondance des matières ne nous permet pas d'ajouter au compte rendu de Mark Weber une longue recension due au professeur Faurisson et intitulée : «Une thèse semi-révisionniste ("Bricolage et gazouillage" à Auschwitz, selon J.-C. Pressac)». Cette recension paraîtra dans la troisième livraison de la R.H.R. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 163-170


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«LES PROTOCOLES D'AUSCHWITZ» LOS «PROTOCOLOS DE AUSCHWITZ» : ¿ UNA FUENTE HISTORICA ¿ [Les «Protocoles d'Auschwitz» : une source historique ?] par Enrique AYNAT, Ediciones de Nueva Cultura Garcia Hispan, Alicante, Espagne.

Compte rendu de Carlo Mattogno Bien que le récit de l'extermination des juifs à Auschwitz ait pris naissance vers le milieu de 1942 — la première information dans ce sens date du mois de juin [1] — et qu'elle se soit répandue ensuite en s'enrichissant peu à peu de données nouvelles et souvent contradictoires, comme celle de la mise à mort des victimes au moyen d'un «marteau pneumatique» (Hammerluft) ou dans des «chambres électriques» (komory elektryczne) [2], la version définitive de cette histoire, celle de l'extermination dans des chambres à gaz à l'aide de Zyklon B, ne s'est imposée qu'en 1944. Les trois ouvrages exterminationnistes les plus autorisés consacrés ces dernières années à la connaissance qu'avaient les Alliés de l'extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale s'accordent en effet pour considérer comme source principale et essentielle de la connaissance qu'on a des chambres à gaz d'Auschwitz les rapports probablement rédigés au printemps de 1944 par deux juifs slovaques évadés d'Auschwitz le 7 avril de la même année : Walter Rosenberg, qui a pris par la suite le nom de Rudolf Vrba, et Alfred Wetzler. Dans la préface à l'édition allemande de son ouvrage Auschwitz and the Allies [3], Martin Gilbert écrit textuellement que «le plus grand de tous les lieux de supplice, qu'on appelait "l'usine de mort" d'Auschwitz-Birkenau, réussit à garder son secret jusqu'à l'été de 1944», c'està-dire jusqu'à ce que fussent communiqués, au mois de juin de cette année, les rapports susmentionnés [4]. Walter Laqueur confirme que «ce fut seulement en 1944, lorsque R. Vrba et A. Wetzler arrivèrent avec des informations nouvelles très détaillées sur le plus grand de tous les camps de la mort, que les "rumeurs" devinrent une certitude» [5]. David S. Wyman, enfin, déclare que les renseignements fournis par Vrba et Wetzler en 1944 «parvinrent aux gouvernements alliés et commencèrent à apparaître dans les journaux suisses, anglais et américains. A la fin du mois de juin, le monde extérieur savait donc la vérité sur Auschwitz et possédait des descriptions du camp, de son emplacement et de son organisation» [6]. Les renseignements antérieurs, comme ceux des 10 et 12 août 1943, auxquels Raul Hilberg accorde une grande importance [7], étaient fragmentaires et approximatifs et n'eurent pratiquement aucune diffusion. Aux rapports susmentionnés s'en ajoutèrent bientôt deux autres, l'un prétendument rédigé par deux autres détenus juifs évadés d'Auschwitz le 27 mai 1944, Czeslaw Mordowicz et Arnost Rosin, l'autre par un «major Polonais» identifié assez tardivement comme étant Jerzy Tabeau. Ces rapports, auxquels on a attribué le nom de «Protocoles d'Auschwitz» et que Hermann Langbein considère lui aussi comme «des témoignages précis et détaillés» [8], ont été exhumés et élevés de nouveau au rang de source historique principale par Georges Wellers dans l'un des ouvrages exterminationnistes les plus autorisés de ces dernières années : Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas [9]. Le rapport, sans doute rédigé en commun par Vrba et Wetzler, et défini comme «tout à fait digne de considération» par Gerald Reitlinger [10], a en outre été publié par Heiner Lichtenstein dans le livre Warum Auschwitz nicht bombardiert wurde ? (Pourquoi Auschwitz ne fut-il pas bombardé ?) [11].


202 Or, en dépit de l'importance fondamentale que les «Protocoles d'Auschwitz» ont acquise dans l'historiographie exterminationniste, «ils n'ont pas», comme le relève E. Aynat, «été soumis à un examen réalisé selon les méthodes ordinaires de la critique et de la recherche historiques», à la seule exception de J.-C. Pressac, sur lequel nous reviendrons tout à l'heure. Le but que s'est proposé E. Aynat dans son étude Los «Protocolos de Auschwitz» : ¿ una fuente historica ? est précisément de combler cette grave lacune historiographique. La méthodologie historiographique suivie par l'historien espagnol s'articule autour de deux aspects complémentaires : critique des textes, afin d'établir le meilleur texte des «Protocoles» parmi les différentes versions dans les différentes langues ; critique historique pour évaluer leur véridicité. La critique de textes, fondée sur une documentation riche et partiellement inédite qui fournit un excellent support pour la critique historique, part de la question purement technique visant à déterminer le meilleur texte, pour se développer, avec des arguments rigoureux et bien structurés, en un examen approfondi de la genèse des «Protocoles», au cours duquel E. Aynat met en évidence les contradictions insurmontables qui ressortent d'une analyse . critique sérieuse des questions fondamentales : auteurs matériels, temps, lieu et modalités de la rédaction des «Protocoles» et, enfin, leur diffusion en Occident. La conclusion d'E. Aynat à cet égard est catégorique : il nie que les «Protocoles d'Auschwitz» aient été effectivement rédigés par leurs auteurs présumés : En conséquence, si, comme on l'a vu, Auschwitz n'était pas un lieu hermétique, puisqu'il existait des canaux d'informations qui reliaient le camp avec l'extérieur, et si les organisations slovaques juives avaient des contacts, légaux ou clandestins, avec la Pologne, il est plus que probable que ces organisations recevaient des renseignements provenant de l'intérieur d'Auschwitz, où avaient aussi abouti des milliers de juifs déportés de Slovaquie. Ma thèse soutient précisément que cette communication existait et que quelqu'un qui appartenait à l'une de ces organisations juives slovaques a "fabriqué" les Protocoles d'Auschwitz en prenant pour base les renseignements fragmentaires reçus de l'intérieur du camp. La critique historique, centrée essentiellement sur la question de la véridicité des «Protocoles», se fonde principalement sur l'étude comparative, d'une part, des «Protocoles» avec des sources externes, en particulier le Kalendarium d'Auschwitz, d'autre part, des témoignages de Rudolf Vrba et d'Alfred Wetzler qui ont suivi. Sur ce point, E. Aynat arrive à la conclusion que les «Protocoles d'Auschwitz» «ne résistent pas à la critique», «sont apocryphes et contiennent une grande quantité d'informations fausses», de sorte qu'en définitive «leur valeur en tant que source historique est nulle». Le fait que les «Protocoles d'Auschwitz», tels qu'ils ont été rédigés, ne résistent pas à une critique sérieuse et ne peuvent constituer une source historique digne d'être prise en considération est incontestable. Mais si, du point de vue d'une saine critique historique, le problème de la crédibilité des «Protocoles d'Auschwitz» est résolu, il reste que le problème fondamental, celui de la réalité historique de l'extermination des juifs dans des chambres à gaz au moyen de Zyklon B, n'est pas résolu. Si, en effet, comme l'affirme E. Aynat, les «Protocoles d'Auschwitz» ont été rédigés non par leurs auteurs présumés, mais par des partisans de la résistance slovaque qui prenaient pour bases les renseignements fragmentaires reçus de l'intérieur d'Auschwitz — conclusion que nous n'approuvons pas —, dans la perspective d'une recherche historique complète, la question de l'authenticité et de la véridicité formelles des «Protocoles» n'a plus d'importance et l'intérêt se porte dès lors sur la question de l'authenticité et de la véridicité des sources éventuelles des «Protocoles». L'importance de cette question, qui sort des limites qu'E. Aynat a fixées à sa recherche, tient au fait que l'analyse critique des «Protocoles d'Auschwitz» réalisée par J.-C. Pressac se fonde sur un même déplacement de perspective : J.-C. Pressac reconnaît que le document, pour ce qui concerne la description des crématoires de Birkenau, est «plutôt peu digne de considération et même complètement faux sur certains points», mais il attribue ces erreurs au fait que R. Vrba et


203 A. Wetzler ont rédigé leur rapport sur la base de ce qu'ils ont vu et entendu personnellement de l'extérieur des crématoires et de ce qu'ils ont entendu des autres détenus, en particulier de ceux qui étaient employés dans le «Sonderkommando», en interprétant ces données et en ayant recours aussi un peu à leur imagination. Les «Protocoles d'Auschwitz», dans leur aspect historiquement plus important, auraient donc une base objective en quelque sorte filtrée et partiellement déformée par l'esprit (la ψυχη) des deux rédacteurs, et cela expliquerait les incongruités admises par J.-C. Pressac lui-même. D'où la conclusion de l'auteur français affirmant que le rapport Vrba-Wetzler a, en substance, «le mérite de décrire exactement le processus de gazage des crématoires du type II et III» tel qu'il se déroulait depuis la mi-mars 1943 [12]. Il n'y a pas lieu de discuter ici de cette thèse de J.-C. Pressac ; bornons-nous à observer qu'elle présente un inconvénient majeur : elle fait abstraction de documents fondamentaux postérieurs qui lui enlèvent toute validité. E. Aynat a donc brillamment démontré l'irrecevabilité absolue des «Protocoles d'Auschwitz» en tant que source historique ; à l'avenir, le devoir du révisionnisme sera de retracer la genèse et le développement du récit de l'extermination des juifs à Auschwitz, depuis le premier gazage expérimental – événement dépourvu de fondement historique [13] – jusqu'à, précisément, ces «Protocoles d'Auschwitz», afin d'étudier à la racine le problème de la véridicité des sources. 1. Zeszyty oswiecimskie. Numer specjalny (I), Wydawnictwo Panstwowego Muzeum w Oswiecimiu, 1968, p. 32. 2. Idem, p. 32, 54 et passim. 3. Martin Gilbert, Auschwitz and the Allies. The politics of rescue, Arrow Book Limited, Londres 1984, 3ème édition. 4. Idem, Auschwitz und Alliierten, Verlag C.H. Beck, Munich 1982, p. 9. 5. Walter Laqueur, Il terribile segreto [Le Terrifiant Secret , Gallimard, Paris 1981], Editrice La Giuntina, Florence 1983, p. 179-180. 6. David S. Wyman, L'Abandon des Juifs. Les Américains et la solution finale, Flammarion 1987, p. 374. 7. Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Fayard 1988, p. 973 8. Hermann Langbein, La Résistance dans les camps de concentration nationauxsocialistes 1938-1945, Fayard 1981, p. 312. 9. Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas [Les Chambres à gaz, secret d'État, Éditions de Minuit 1984], Fischer Verlag, Frankfort/Main 1983, p. 200, 201, 215 - 16, 228-29, 236. 10. Gerald Reitlinger, La soluzione finale. Il tentativo di sterminio degli Ebrei d'Europa 1939-1945, Il Saggiatore, Milan 1965, p. 138. 11. Heiner Lichtenstein, Warum Auschwitz nicht bombardiert wurde ?, Bund Verlag, Cologne 1980, p. 133-170. 12. Jean-Claude Pressac, Auschwitz : Technique and operation of the gas chambers, publié par la Fondation Beate Klarsfeld, New York 1989, p. 464. 13. Carlo Mattogno, «The First Gassing at Auschwitz : Genesis of a Myth», The Journal of Historical Review, vol. 9, n° 2, été 1989. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 171-175


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SIGNES ANNONCIATEURS Depuis quelques années, on voyait se dessiner chez les historiens israéliens une tentative pour mettre sur le compte soit des communistes, soit des nationaux-socialistes les inventions et les exagérations de l'histoire de l'Holocauste. Déjà en 1987, Ida Zajdel et Marc Ascione développaient la thèse selon laquelle les chambres à gaz n'ont jamais existé et ont été inventées par l'imagination de certains SS qui auraient ainsi glissé dans certaines «confessions» une «bombe à retardement » contre les juifs (Article 31, janv.-fév. 1987, p. 22 ; Annales d'Histoire Révisionniste n° 8, printemps 1990, p. 75- 76) ! Shmuel Krakowski, responsable des recherches historiques au mémorial Yad Vashem de Jérusalem, et ses collaborateurs commencent à déclarer que le chiffre des morts d'Auschwitz constitue une exagération des communistes polonais et ils ajoutent que, grâce aux chercheurs israéliens, on peut aujourd'hui diviser ce chiffre par quatre. Ils mettent aussi en cause le commandant d'Auschwitz, Rudolf Höss qui, dans ses «confessions» [1], avait glissé des chiffres fantastiques («Poland reduces Auschwitz death toll estimate to 1 million», The Washington Times, 17 juillet 1990). Dans l'ouvrage de J.-C. Pressac patronné par Serge Klarsfeld (voy. le compte rendu de Mark Weber, p. 163-170), la même tentative affleure çà et là de porter au compte des SS d’Auschwitz, de leur «vantardise» et de leur «propagande», des faits ou des chiffres concernant les «chambres à gaz» ou le rendement des crématoires. Fred Leuchter, en 1988, n'avait trouvé pour ainsi dire aucune trace de l'insecticide Zyklon B dans les prétendues chambres à gaz d'Auschwitz et de Birkenau et, en particulier, dans les ruines des crématoires II et III, mais il n'est pas sûr que, dans quelques années, on ne verra pas apparaître les fameuses traces bleuâtres dues aux ferro-cyanures. On apprend que les autorités actuelles du Musée estiment qu'il leur faut «surveiller les crématoires dont quelques murs commençaient à s'affaisser et les arroser de produits chimiques contre les insectes» (JeanCharles Szurek, «Le Musée d'Auschwitz», Le Monde Juif, avril-juin 1990, p. 70, d'après des informations qui auraient été recueillies auprès de M. Smrek, responsable du secteur «conservation» au Musée d'Auschwitz). Cette opération, qui consiste à arroser le béton d'insecticide (!), aurait commencé à la fin des années 70. Faut-il le croire ? Quel est cet insecticide ? Cette opération aurait-elle vraiment commencé avec l'apparition spectaculaire du révisionnisme à la fin des années 70 ou bien aurait-elle débuté après la publication du rapport Leuchter en avril 1988 ? La pression des révisionnistes, d'une part, et le recul du temps, d'autre part, conduisent tous les chercheurs, même les plus attachés d'entre eux à l'histoire officielle d'Auschwitz, à revoir et à corriger les données essentielles de cette histoire. 1. Les révisionnistes, et notamment Paul Rassinier, ont prouvé depuis longtemps que ses confessions ou aveux avaient été extorqués à R. Höss par ses gardiens britanniques, puis polonais (voy. aussi, R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», A.H.R. n° 1, printemps 1987, p. 137-152). Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2 , août-septembre-octobre 1990, p. 176-177


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COMBIEN DE SURVIVANTS JUIFS ? Réponse à un lecteur Lettre d'un lecteur à R.H.R C. C. Le 18.5.1990 06800 Cagnes Monsieur, Si vous répondez à mes questions, je m'abonnerai à votre revue qui aborde les problèmes historiques avec un certain goût de la certitude, malheureusement !!! 1ère question : Combien de Juifs vivaient en 1939 dans les états qui furent occupés à partir de 1940 ? 2ème question : Combien en restait-il dans ces mêmes états fin 1945 ? 3ème question : La différence est de combien ? 4ème question : Pouvez-vous me donner ce chiffre pour la Pologne par exemple ? 5ème question subsidiaire : Où étaient en 1945 tous les Juifs qui avaient disparu ? Salutations distinguées

Réponse de R.H.R à ce lecteur R. H. R. Le 12 juin 1990 B .P . 122 92704 COLOMBES Cedex Monsieur C. C. Monsieur, Vous voudrez bien excuser le retard que nous apportons à répondre à votre lettre du 18/5/90 mais le démarrage de notre premier numéro ne nous a guère laissé de temps libre. Si nous répondons aujourd'hui à vos questions, ce n'est nullement dans l'intention de vous obliger à respecter votre engagement et vous abonner : en effet, un abonnement doit être la manifestation d'une réelle curiosité intellectuelle et non pas le simple résultat d'un marché. Nous répondons essentiellement parce que nous avons senti que votre lettre, loin d'être une provocation, était celle d'une personne blessée et en même temps révoltée. Il faut reconnaître que le tableau que font des révisionnistes les différents médias est bien de nature à révolter quiconque contre les chercheurs que nous sommes. Cependant, nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, sont troublés par le comportement des médias à l'égard de l'école révisionniste. D'abord le simple fait que, depuis onze ans, les historiens révisionnistes soient l'objet d'injures, de calomnies, de diffamations et même d'agressions, sans jamais avoir la possibilité de se défendre, commence à semer le doute dans les esprits : pourquoi, en effet, si ces gens-là sont des falsificateurs, ne les confondrait-on pas une fois pour toutes dans un débat, si court fût-il, à la télévision par exemple ? Ensuite, jusqu'à aujourd'hui, on pensait que les révisionnistes étaient condamnables puisque la justice les condamnait ; mais la confiance dans la valeur des décisions judiciaires vient d'être passablement ébranlée à la lumière de certaines affaires récentes et l'affaire de Katyn oblige désormais à remettre en cause la valeur même du jugement du Tribunal Militaire International de Nuremberg.


206 Vos questions sont intéressantes car elles rejoignent certainement les préoccupations d'un grand nombre de Français. C'est pourquoi nous sommes les premiers à déplorer que, dans l'état actuel des recherches entreprises, aucun historien ne soit en mesure de répondre aux trois premières que vous formulez et qui portent sur le total des morts juives en général. Le Tribunal International de Nuremberg (TMI) a, dans son jugement du 1er octobre 1946, déclaré sur ce point : Adolf Eichmann, que Hitler avait chargé de ce programme, a estimé que cette politique [d'extermination physique programmée] avait causé la mort de six millions de juifs, dont quatre millions périrent dans les camps d'extermination (Procès des Grands Criminels de guerre, I, p. 266). [Notez d'ailleurs que Eichmann n'a jamais fait la déclaration que lui prête le TMI, lequel s'est inspiré d'une déclaration écrite de Wilhelm Höttl. Le TMI a refusé l'audition de ce dernier, malgré l'insistance d'un avocat allemand.] Le TMI a cité ces chiffres mais s'est abstenu de toute démonstration car une telle démonstration aurait été impossible à l'époque. Dans bien des pays d'Europe, il n'existait pas, avant la guerre, de recensement des juifs. Après la guerre, ce type de recensement aurait été très difficile pour de multiples raisons psychologiques, politiques et pratiques. Certains pays à forte concentration juive n'étaient plus du tout après la guerre ce qu'ils avaient été avant la guerre ; les frontières avaient été considérablement modifiées. Ni Reitlinger, pour qui il serait mort environ 4 400 000 juifs, ni Hilberg, pour qui le chiffre serait de 5 100 000, ne justifient vraiment leurs chiffres par une soustraction à partir de données démographiques réellement établies. Encore en 1990, il n'existe, au moins du côté des tenants de la version autorisée de l'histoire, aucun travail statistique sur la question. La charge de la preuve (ils accusent l'Allemagne) leur revient. Du côté des révisionnistes, il existe une tentative, celle de Walter N. Sanning : The Dissolution of Eastern European Jewry, Institute for Historical Review, 1983, 239 p. Mais l'ouvrage est ardu et les conclusions à la fois sur le total des morts juives (1 million 1/4 ) et sur les causes de ces morts peuvent être contestées pour les raisons mentionnées plus haut. En revanche, il est à peu près sûr que le nombre approximatif des juifs morts dans les camps pourrait être facilement déterminé. Le Service International de Recherches (SIR), dépendant du Comité International de la Croix-Rouge à Genève mais sis à Arolsen-Waldeck près de Cassel en RFA, a les moyens de déterminer ce nombre. Ainsi que vous pourriez en avoir une idée par la lecture du premier numéro de la Revue d'Histoire Révisionniste, le SIR a fourni jusqu'en 1978 des éléments d'appréciation du plus haut intérêt mais, à partir de cette date, les autorités alliées et l'État d'Israël ont institué un contrôle d'accès aux gigantesques archives du SIR, ont interdit la publication de toute nouvelle statistique et clos le Service historique du SIR ! Votre quatrième question concerne la Pologne. Ce qui précède y répond déjà en grande partie mais nous compléterons cette réponse en donnant la parole à Arthur R. Butz, professeur à la Northwestern University : Il faut reconnaître que le nombre de juifs recensés dans la Pologne d'après-guerre n'est qu'une petite fraction du nombre considérable (peut-être 3 millions) de juifs vivant en Pologne avant la guerre (le territoire n'est pas tout à fait le même). […] Si l'on fait abstraction de tout contexte historique, on peut faire le raisonnement simple suivant : ils ne sont pas sur le territoire que nous appelons aujourd'hui la Pologne ; par conséquent ils ont été exterminés. Pour qui a quelques notions d'histoire, une déduction pareille est tout aussi aberrante que si l'on disait : comme il y avait plusieurs millions d'Allemands et d'ethnies d'origine germanique à l'Est de l'Oder-Neisse avant la guerre et qu'il n'y en a pour ainsi dire plus aujourd'hui, c'est qu'ils ont tous été exterminés. En réalité, on a assisté pendant cette période à d'énormes mouvements de population, et les juifs n'ont pas fait exception. Les Soviétiques en ont déporté un grand nombre vers l'intérieur de l'Union soviétique et, dans la période qui a suivi la guerre,


207 on a beaucoup parlé de la question des juifs polonais qui se déversaient sur l'Allemagne de l'Ouest pour rejoindre les États-Unis, la Palestine ou d'autres régions (conférence donnée à l'Institute for Historical Review de Los Angeles en 1982, The Hoax of the Twentieth Century, 6ème édition, février 1983, p. 365-366). Pour ce qui a trait à votre cinquième question, que vous appelez "question subsidiaire", il est nécessaire de s'entendre sur le sens que l'on attribue au mot de "disparu". Un certain nombre de juifs ont disparu parce qu'ils sont morts, soit par faits de guerre, soit pour avoir été internés dans des camps de concentration, de travail ou de transfert, soit pour d'autres motifs. D'autres ont disparu parce qu'ils ont émigré en Palestine, en Union soviétique, aux États-Unis, en Argentine, au Canada, en Grande-Bretagne, en Suède, en Espagne, au Portugal, en Australie, en Chine, en Inde, etc. (la communauté juive a aujourd'hui 70 représentations à travers le monde). Il y a aussi les juifs qui ont disparu parce qu'ils ont été comptabilisés comme gazés, mais il existe des milliers de cas de faux gazés pour les seuls 75 721 juifs français, juifs étrangers ou juifs apatrides qui ont été déportés de France, les cas les plus célèbres étant ceux de Simone Veil, d'Henri Krasucki et de sa mère et de Gilbert Salomon, président de SOCOPAInternational. Aujourd'hui, les accusateurs de l'Allemagne devraient être enfin mis en demeure de préciser leurs accusations à la fois sur la dimension du crime perpétré et sur l'arme spécifique de ce crime. Ils n'ont plus le droit de laisser vos questions sans réponse, sinon pour l'ensemble de l'Europe, du moins pour les camps de concentration. Un statisticien suédois semble toutefois avoir découvert un moyen ingénieux de déterminer, par un procédé d'échantillonnage, le nombre très approximatif du total des morts juives. Nous attendons la publication du résultat de ses travaux et, là comme ailleurs, les révisionnistes souhaitent que s'ouvre un débat public (voy. R.H.R. n° 1, p. 174). Nous espérons avoir répondu à vos questions sans vous heurter et vous prions de croire, Monsieur, à l'assurance de nos sentiments distingués. La Rédaction * On trouvera, ci-dessus, aux p. 50-64, l'étude du statisticien suédois à laquelle il est fait allusion dans cette lettre. Revue d’Histoire révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 2000, p. 178-181


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LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (2) France Le 3 avril, Annie Kriegel dénonce «une insupportable police juive de la pensée» : on confie «au pouvoir judiciaire la tâche détestable de paraître traquer le délit d'opinion et d'expression», on espère «une obsessionnelle chasse aux sorcières», on s'abrite «derrière des institutions juives inquiètes pour légitimer une insupportable police juive de la pensée», par exemple dans le cas Notin («Le Leurre de l'antisémitisme», Le Figaro, 3 avril, p. 2 ; repris de sa chronique de L'Arche, 1er avril, p. 25). Dans la nuit du 2 au 3 mai, l'Assemblée nationale adopte en première lecture la proposition de loi antiraciste et antirévisionniste par 307 voix pour (communistes et socialistes), 264 voix contre et 2 abstentions volontaires (J.O., Assemblée nationale, 3 mai, p. 971-973). Le 11 mai, la presse écrite commence à se faire l'écho de l'affaire du cimetière de Carpentras. La profanation de certaines tombes juives est présentée comme une manifestation d'antisémitisme. Le responsable moral désigné est J.M. Le Pen. Autre responsable : le révisionnisme, d'après, notamment, le grand rabbin Sitruk et le journal Le Monde (dessin de Plantu, 13/14 mai, p. 1). Le 14 mai, une imposante manifestation aura lieu dans les rues de Paris contre l'antisémitisme et le révisionnisme ; le président de la République s'y associera spontanément ; pas de drapeaux français mais des drapeaux israéliens ; les milices juives passent à l'action ; «Faurisson assassin ! Israël vaincra !» Ce même 14 mai, Alain Guionnet, responsable de la revue Revision, est condamné par la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris à trois mois de prison ferme (Le Figaro, 15 mai, p. 10). Cette condamnation s'ajoute à bien d'autres condamnations du même auteur «postrévisionniste». Le 17 mai, à l'émission «Découvertes» (Europe 1) intitulée «Les historiens face au révisionnisme», P. Vidal-Naquet qui, avec l'approbation de Pierre Chaunu, se livrait à ses attaques habituelles contre les révisionnistes a la surprise de se trouver face à des auditeurs, dont le professeur Faurisson et un ancien déporté, qui contestent, par des informations ainsi que des arguments auxquels il se trouve incapable de répliquer, la thèse de l'existence des chambres à gaz. Dans les jours suivant la parution du n° 1 de notre revue, la Fédération des Hauts-de-Seine du Parti socialiste saisit le procureur de la République de Nanterre afin qu'il fasse appliquer la loi réprimant l'incitation à la haine raciale, l'apologie des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité» (Le Figaro, 24 mai, p. 9). Aucune poursuite n'a été entamée à ce jour. François Brigneau signe, une fois de plus, une chronique en faveur du révisionnisme (National-Hebdo, 31 mai, p. 4-5 ; voy. aussi, 12 juillet, p. 4-5, et 26 juillet, p. 4-5). Le 14 juin, la presse reproduit les résultats d'un sondage effectué à l'occasion du colloque «Les échos de la mémoire». Le journal Jour J, Quotidien juif titre : «Sondage/Un tiers des Français doute de l'existence des chambres à gaz» (15 juin, p. 1). Sous le titre : «Appel à la prise de conscience et à l'action dans les universités», six universitaires (Jacques Le Goff, Michel Broué, François Jacob, Madeleine Rebérioux, Laurent Schwartz et Pierre Vidal-Naquet) incitent leurs collègues à réagir contre le révisionnisme et à refuser de siéger aux côtés de révisionnistes dans les instances scientifiques, dans les jurys de maîtrise, de thèse et de concours (Lyon Libération, 27 juin, p. 4 ; L'Événement du jeudi, 28 juin, p. 10-11 ; Le Monde, 30 juin, p. 12). Le 28 juin, Le Nouvel Observateur (p. 84-85) et, le 29 juin, L'Express (p. 74-76) relancent leur offensive contre les universitaires révisionnistes ou soupçonnés de révisionnisme, en particulier Yves Durand et Jacques Rougeot.


209 Le 30 juin, l'Assemblée nationale adopte définitivement, en dépit de l'opposition du Sénat, la proposition de loi Fabius/Gayssot contre le racisme et le révisionnisme (J.O., Assemblée nationale, 1er juillet, p. 3206-3209). Tout au long des débats, seule Marie-France Stirbois, représentante du Front National, a combattu pied à pied cette proposition de loi et, en particulier, l'institution, par le Parlement, d'une version historique officielle de la seconde guerre mondiale. Le Choc du mois (juillet) fait l'historique de «Copernic», de «la rue des Rosiers» et de «Carpentras» dans une perspective de révision de ces événements. Le 2 juillet, par arrêté de Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, notre revue est interdite de vente aux mineurs, d'exposition et de toute publicité (J.O., 4 juillet). Sont frappés de la même interdiction Revision (J.O., 15 juin) et les Annales d'Histoire Révisionniste (J.O., 6 juillet). Ce même 2 juillet, Vincent Reynouard, étudiant à l'Institut supérieur de la matière et du rayonnement atomique (ISMRA) de Caen, fondateur de l'Association normande pour l'éveil du citoyen, fait l'objet d'une sanction de la commission de discipline de son établissement pour avoir porté atteinte au bon renom de l'école par la distribution de tracts révisionnistes sur le campus universitaire. Il est condamné à un an d'exclusion de l'Institut, dont six mois avec sursis. Les cours reprendront le 1er octobre ; il ne pourra y assister, en principe, qu'à partir du 1er décembre. Le 5 juillet, le tribunal correctionnel de Meaux (Mme d'Orsay, Mme Pierson, M. Debgueni ; procureur M. Mathon) condamne Michel Konen à quatre mois de prison avec sursis, 15 000 F d'amende et 31 000 F d'indemnités et frais divers pour avoir publié, dans le bihebdomadaire Le Pays Briard une lettre «A propos d'Auschwitz» rappelant l'existence du Rapport Leuchter et mettant en doute le dogme de l'extermination. De son côté, le directeur de la publication est condamné, lui aussi, à 15 000 F d'amende et à 31 000 F d'indemnités et frais divers. L'action du ministère public avait été déclenchée à l'initiative de M. Heilbronn, PDG de la Banque Lazare et maire de la commune où habite M. Konen. Une fois de plus, dans sa longue plaidoirie, Me Bernard Jouanneau, avocat de la LICRA, avait totalement esquivé le débat historique, objet du litige, et cela à la surprise générale, et notamment à celle de Florence David (journaliste de la 5ème chaîne de télévision). Le 11 juillet, le tribunal civil de Paris (Jean Favard) condamne B. Notin, maître de conférences à l'Université Lyon-III, à verser 20 000 F de dommages-intérêts au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) pour avoir publié un article contestant l'existence des chambres à gaz, sujet «insupportablement douloureux pour les déportés et leurs familles, plus spécialement pour ceux appartenant à la communauté juive» (Le Monde, 13 juillet, p. 10). Le 14 juillet, une même livraison du J.O. (Lois et décrets) publie le texte de la loi antiraciste et antirévisionniste sous le titre «modifications de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse» (p. 8333-8334) et la nomination de Pierre Vidal-Naquet au grade de chevalier de la Légion d'honneur, sur proposition de Jack Lang, ministre de la Culture (p. 8342). Le 18 juillet, le journal Le Monde révèle à ses lecteurs une révision, déjà ancienne, du nombre des juifs parqués au Vél d'hiv en juillet 1942 : 8 160, et non pas 30 000 comme l'indiquait la plaque d'origine, qui a été retirée (Le Monde, 18 juillet, p. 7). Ce même 18 juillet, la section disciplinaire de l'Université Lyon-III interdit pour un an à B. Notin toutes fonctions d'enseignement et de recherche au sein de son université ; B. Notin subira une privation de la moitié de son traitement pendant cette période (Le Monde, 20 juillet, p. 6) (voy. ci-dessus, p. 155-162). Le 19 juillet, la Ligue des droits de l'homme lance une action antiraciste et antirévisionniste qui regroupe 25 organisations, parmi lesquelles la CFDT, la CGT, la Fédération autonome des syndicats de police, les Verts, le MRG, le PS, le PCF, S0S-Racisme, la Ligue communiste révolutionnaire, la Ligue de l'Enseignement, le Syndicat de la magistrature (communiqué de la Ligue, en date du 19 juillet ; Libération, 20 juillet, p. 48).


210 Le 1er août, interrogé sur Europe 1, Lionel Jospin, ministre de l'Éducation nationale, responsable de diverses sanctions prises contre des universitaires révisionnistes (dans le cadre de l'affaire de Carpentras), estime, tous comptes faits, qu'on a «peut-être trop» parlé de Carpentras (Le Monde, 3 août, p. 6). Le 8 août, première inculpation pour contestation de l'existence de crimes contre l'humanité (loi Fabius/Gayssot) ; trois jeunes gens auraient inscrit des «slogans à connotation antireligieuse sur une trentaine de tombes» d'un cimetière proche de Toulouse (Le Monde, 10 août, page 8). DE NOS CORRESPONDANTS PERMANENTS A L'ÉTRANGER Allemagne Le révisionnisme connaît en Allemagne de l'Ouest et en Allemagne de l'Est un développement rapide et inattendu. Pour la première fois depuis la guerre, de nombreux jeunes révisionnistes ont défilé dans les rues de Munich le 21 avril avec, à leur tête, l'historien britannique David Irving. La police est intervenue avec violence. Les pancartes brandies traitaient les historiens allemands de «menteurs» et de «lâches». Munich est le siège de l'Institut d'histoire contemporaine qui paraît vivre dans l'agitation depuis la publication du rapport de l'ingénieur américain Fred Leuchter démontrant qu'il n'y a jamais eu de chambres à gaz homicides à Auschwitz, Birkenau et Majdanek. En Allemagne de l'Est et, en particulier, à Dresde et à Leipzig, David Irving a prononcé des conférences publiques où il a dénoncé ce qu'il appelle «le mensonge de l'Holocauste» (Leipziger Volkszeitung, 7 juin, p. 1 ; Der Spiegel, 25 juin, p. 64, 66 ; Allgemeine Jüdische Wochenzeitung, 5 juillet, p. 12). Le 11 mai, le professeur Faurisson devait prononcer une conférence à Munich dans un lieu public sur invitations privées. La police annonçait au dernier moment une «interdiction de parole» (Redeverbot) pour la raison que l'universitaire français allait traiter du «Rapport Leuchter». Les organisateurs firent valoir deux lettres du ministère de la Justice (voy. R.H.R. n° 1, p. 163) attestant de ce que ce rapport était considéré par les autorités officielles comme une «enquête scientifique» (eine wissenschaftliche Untersuchung). La police retirait son interdiction et présentait ses excuses au professeur qui prononçait alors sa conférence en toute liberté. L'historien allemand Udo Walendy, publicateur du Rapport Leuchter en allemand, a gagné son procès. Karl Philipp mène de multiples activités en faveur du révisionnisme. La justice allemande répugne de plus en plus à condamner les écrits révisionnistes. Fred Leuchter est passé à la télévision allemande devant un public évalué à 25 millions de téléspectateurs. A lire : Dr. Heinz Splittgerber, Misshandelte Zeitgeschichte (Histoire contemporaine maltraitée), Verlag Werner Symanek (Postfach 101441, D-4200 Oberhausen 1), 193 p. Australie L'action de l'avocat John Bennett se poursuit et se développe. Le New South Wales Jewish Board of Deputies porte plainte en justice contre Your Rights (1990) dirigé par J. Bennett, président de l'Australian Civil Liberties Union. Jusqu'à présent, le seul effet de cette plainte a été d'accroître la publicité de la revue auprès de tous les médias. Autriche L'activité de Gerd Honsik s'est encore accrue depuis que, poursuivi par la justice allemande pour un ouvrage sur Hitler et l'extermination des juifs, il a bénéficié d'un non-lieu.


211 Emil Lachout, publicateur du «Rapport Müller» (A.H.R. n° 4, p. 12-15), tient tête à ceux qui l'accusent d'avoir publié un faux mais sans pouvoir, depuis plus de deux ans, prouver leur accusation. Il poursuit ses accusateurs et gagne, coup sur coup, cinq procès (Das Freie Forum, IV-VI 1990, p. 8-10). Canada Imre Finta, 77 ans, est acquitté à l'unanimité du jury. Le procureur a fait appel (voy. cidessus, p. 36-45). Espagne Enrique Aynat publie Los «Protocolos de Auschwitz» : ¿ Una fuente historica ?, Alicante, Garcia Hispan (Apartado de Correos 630, E-03080 Alicante), 233 p. (voy. p.171-75). Il travaille actuellement sur «Le calendrier des événements d'Auschwitz». La revue Revi-Info, n° 11, publiée par le Centre des études révisionnistes Orientaciones (Ap. de C. 1554, E-07080 Palma de Mallorca), rend compte des progrès du révisionnisme en Espagne et des conférences données dans ce pays par D. Irving. Etats-Unis Henri Roques, directeur de notre revue, entre à l'Editorial Advisory Committee de l'Institute for Historical Review de Los Angeles. La dixième conférence internationale de cet institut se tiendra à Washington du 13 au 15 octobre. En divers points des États-Unis, des parents d'élèves commencent à s'élever contre l'endoctrinement par l'histoire de l'Holocauste dans les écoles et ailleurs et contre l'étude forcée du Journal d'Anne Frank (affaires Sarich dans l'Illinois, Fly en Californie, McGaughey en Floride). Le même phénomène apparaît au Canada (affaire Le Blanc, New Brunswick). Alfred de Zayas, professeur à l'Université de Nebraska, publie The Wehrmacht War Crimes Bureau, 1939-1945, sur les «crimes de guerre» commis par les Alliés, selon les documents des commissions d'enquête de l'armée allemande. Fred Leuchter passe à nouveau à la télévision malgré les efforts déployés par Serge et Beate Klarsfeld (Village Voice, 29 mai) (Voy. IHR Newsletter, juillet/août 1990, éditée par l'Institute for Historical Review, 1822 1/2 Newport Boulevard, Suite 191, Costa Mesa, California 92627). A Wells College (Aurora, NY), dans un cycle de cours sur l'Holocauste, Jack Wykoff est admis à présenter le point de vue révisionniste. Un sujet de l'examen final porte sur le sujet. Grande-Bretagne A une forte majorité, la Chambre des Lords rejette une loi contre les «criminels de guerre» (du camp des vaincus), loi qui, pour certains, est «éhontée et dictée par la vengeance». Parmi les adversaires de cette loi figurent l'archevêque de Canterbury (ancien officier de chars), sir Edward Heath, ancien premier ministre, le duc de Wellington, lord Montgomery (fils du maréchal) et, surtout, sir Hartley Shawcross, lequel semble aujourd'hui regretter d'avoir participé au procès de Nuremberg comme procureur. Grèce La luxueuse revue Το Αντιδοτο publie, comme prévu (voy. R.H.R. n° 1, p. 171) une interview de Robert Faurisson, accompagnée d'une photo du professeur sur son lit d'hôpital à la suite de l'agression du 16 septembre 1989 (volume 26).


212 Italie L'hebdomadaire Espresso publie avec des commentaires hostiles «Olocausto atto secundo» (Holocauste, acte II), interview de Carlo Mattogno. Ce dernier réplique dans Candido par un article dont le titre signifie «Assassins de la mémoire et assassins de la vérité». Carlo Mattogno travaille à la préparation d'un ouvrage d'environ 500 pages sur le problème des chambres à gaz. Israël La peine capitale est de nouveau requise en appel contre John Demjanjuk, «reconnu coupable d'être "Ivan le Terrible", le bourreau de Treblinka, où ont été exterminés près de 800 000 juifs» (Le Monde, 30 juin, p. 10). Pas un des avocats successifs de l'accusé n'a osé aborder le débat historique de fond et remettre en cause la croyance en ces gazages (avec Diesel !) dans un camp aux très modestes proportions (le camp lui-même était d'environ 250 m x 480 m) ; ce camp servait en fait de lieu de transit aux juifs évacués de Varsovie pour être transférés ensuite notamment dans la zone de Lublin. Un révisionniste américain prépare une étude — matérialiste — de ce camp, en particulier grâce à des photos aériennes prises pendant la guerre, et le professeur Faurisson, de son côté, publiera une étude du même genre sur ce camp. Le tribunal de Jérusalem s'est dispensé de toute étude matérielle et criminalistique. Le «meurtre rituel» de Demjanjuk (A.H.R., n° 4, printemps 1988, p. 190) pourrait avoir lieu à la fin de cette année. Monde arabe Dans le magazine El-Istiqlal, organe de l'OLP, publié à Chypre et diffusé en Palestine, le Dr el-Shamali, un scientifique spécialiste des fours à haute température, avait publié un ensemble de deux articles intitulé : «Le Mensonge du XXe siècle» (13 et 20 décembre1989). Jour J, Quotidien juif avait dénoncé cette étude révisionniste (17 mai 1990). Le 23 mai 1990, Saudi Gazette, le plus important quotidien de langue anglaise d'Arabie séoudite, publie, sous la plume d'A.D. Thomas, un article bien informé sur le révisionnisme et hostile à Elie Wiesel. Theo Klein, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France, s'inquiète de l'attitude de la Ligue arabe et déclare qu'il est grand temps que les Arabes «se prononcent clairement sur la Shoah et contre le révisionnisme» (Le Monde, 2 juin, p. 2). Norvège En prélude au procès en cause d'appel d'Ahmed Rami, révisionniste arabe, responsable à Stockholm (Suède) de Radio Islam, Elie Wiesel présidera à Oslo une conférence de quatre jours (26-29 août) intitulée «Anatomie de la haine». Parmi les invités prévus figurent M. et Mme Mitterrand, Vaclav Havel, Harlem Désir, Nelson Mandela, Jimmy Carter, Edmonde CharlesRoux, V. Landsbergis, Yves Montand, Anatoly Rybakov, Jorge Semprun, Lech Walesa, … Ce dernier a récemment envisagé, à propos de l'Allemagne, l'éventuelle nécessité de «rayer purement et simplement ce pays de la carte» ; «l'Est et l'Ouest», a-t-il ajouté, «disposent de la technologie avancée nécessaire pour exécuter ce verdict» (AFP, Le Figaro, 5 avril). Quant à Elie Wiesel, il n'a pas craint d'écrire : «Tout juif, quelque part en lui, devrait se ménager une zone de haine — une haine saine et virile — pour ce que l'Allemand personnifie et pour ce qui persiste dans l'Allemand. Agir autrement serait trahir les morts» («Rendez-vous avec la haine», Legends of Our Time, New York, Avon Books, 1968, p. 177-178).


213 Pologne Les plaques commémoratives du monument d'Auschwitz-Birkenau, devant lesquelles venaient s'incliner les hautes personnalités les plus diverses du monde entier (Valéry Giscard d'Estaing, Jean-Paul II, toutes les notabilités allemandes, …) indiquaient en une dizaine de langues que 4 millions de personnes avaient péri dans ce camp. Au procès de Nuremberg, ce chiffre avait été, aux yeux des Alliés, «tenu pour prouvé», avec valeur de «preuve authentique», par le document URSS-008, et cela au nom de l'article 21 du Statut. Ces plaques viennent d'être retirées par les autorités du camp, selon lesquelles les morts auraient été au nombre d'1,1 million au moins et de 1,5 million au plus. D'après François Bédarida, directeur en France de l'Institut d'histoire du temps présent, le nombre des victimes «corroboré par l'ensemble des spécialistes» oscillerait «entre 1,2 million au maximum et 950 000 au minimum». F. Bédarida se félicite de «ce travail majeur de rectification historique, corrigeant les chiffres antérieurs». Il laisse entendre que cette dernière évaluation pourrait à son tour être rectifiée, si les archives du camp saisies par les Soviétiques en janvier 1945 pouvaient être ouvertes aux chercheurs. Il ne rappelle pas que, parmi ces archives, figurent les «registres mortuaires» (Totenbücher), qui indiquent un total de 74 000 morts. M. Bédarida était, en 1986, partisan d'une loi antirévisionniste. Il est un adversaire déterminé du révisionnisme. Il n'explique pas pourquoi, si les spécialistes du génocide savaient depuis longtemps la vérité, ils n'en ont rien révélé à la grande presse. Il ne révèle pas pourquoi les faux témoins et les faux historiens n'ont pas été dénoncés. Il ne dit pas en quoi cette rectification diffère de l'effort constant de rectification entrepris par les révisionnistes. Enfin, ainsi qu'il le reconnaît, à Jérusalem, «le musée de Yad Vashem indiqu[e] quant à lui un total très au-dessus de la réalité». Va-t-on, à Jérusalem aussi, procéder à une rectification ou à une révision de chiffres qu'il était jusqu'ici interdit de remettre en cause ? En l'espace de trois jours, du 19 au 22 juillet, le journal Le Monde annonce à ses lecteurs une première révision : le chiffre d'Auschwitz ne serait plus de 4 millions mais en moyenne de 1 300 000 (maximum 1 500 000 et minimum 1 100 000) ; puis, cette dernière moyenne est ellemême révisée à la baisse : le vrai chiffre serait de 1 075 000 (maximum 1 200 000 et minimum 950 000). Jamais la vérité officielle n'a connu de révisions aussi rapides que depuis sa «fixation» par une loi de la République française. Voy. Le Soir (Belgique) dès le 7 juin, p. 19 ; puis, au bout d'un mois et demi de réflexion (?), Le Monde, 19 juillet, p. 17 et 22 juillet, p. 7. Suède Le procès, en cause d'appel, d'Ahmed Rami commencera le 4 septembre et durera un mois (voy. R.H.R. n° 1, p. 172-174). Quelques jours avant son procès, l'accusé aura publié un livre de 480 pages, faisant une large part à l'argumentation révisionniste. Elie Wiesel, particulièrement inquiet des conséquences de l'affaire, organise à Oslo une conférence internationale intitulée «Anatomie de la haine» (voy. ci-dessus «Norvège», p. 189), qui se tiendra une semaine avant l'ouverture du procès Rami. URSS D'une certaine manière, l'Union soviétique est peut-être le pays qui connaît le plus de révisions historiques, aux conséquences incalculables. Il y a là une forme de révisionnisme qui s'exprime librement, chaque jour, dans les médias russes eux-mêmes et, par répercussion, dans ceux du monde entier. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p. 182-190


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 3, novembre - decembre 1990 - janvier 1991 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes • • • • • • •

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RHR (Robert Faurisson) : EDITORIAL (3), p. 5-8 Claude Courouve : GIDE ET LES RUMEURS, p. 9-19 Robert Faurisson : UN FAUX : "LA PRIERE DE JEAN XXIII POUR LES JUIFS", p. 20-32 Eric Delcroix : UN SEQUESTRE POUR L’ETERNITE ?, p. 33-43 Philippe Costa : HOLOCAUSTE : LE MYTHE FONDATEUR DE LA FIN DES TEMPS, p. 44-58 Robert H. Countess : LE SERGENT WOODS, BOURREAU DE NUREMBERG, p. 59-64 Robert Faurisson : AUSCHWITZ : TECHNIQUE AND OPERATION OF THE GAS CHAMBER (1989) OU BRICOLAGE ET "GAZOUILLAGES" A AUSCHWITZ ET A BIRKENAU SELON J.-C. PRESSAC (1989), p. 65-154 Vincent Mansour Monteil : P. VIDAL-NAQUET : LES ASSASSINS DE LA MEMOIRE, p. 155-167 RHR : L’ASSAG EN QUETE D’UNE PREUVE, p. 168-174 Frank H. Hankins : COMBIEN DE JUIFS ONT-ILS ETE SUPPRIMES PAR LES NAZIS ?, p. 175-203 RHR : TROIS JUGES FRANCAIS DENATURENT UN "PROCES-VERBAL", p. 204-205 RHR : DELEATUR DANS L’AFFAIRE NOTIN, p. 206 RHR : NON-LIEU DANS L’AFFAIRE DE NANTES, p. 207-208 RHR : LE REVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (3), p. 209-222


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Éditorial (3) Succédant à une année d'heureux changements, l'année 1990 a vu se confirmer à travers le monde un mouvement de révision générale de l'histoire contemporaine. Il est sûr qu'en 1991 ce mouvement s'accélérera. Avec l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (ou ce qu'il en reste), le dogme communiste a subi une telle révision qu'il est en voie d'effondrement. Ainsi que nous le notions dans l'éditorial de la précédente livraison, l'Allemagne, partiellement réunifiée, tend à devenir la première puissance économique du monde et ne pourra pas longtemps rester ce nain politique qui complaisamment répète les leçons de morale et d'histoire que les vainqueurs de 1945 ont voulu lui inculquer au procès de Nuremberg ; des signes montrent qu'elle est en train de récrire son histoire. Le Japon, lui aussi, se libère de ses entraves, conquiert pacifiquement ses vainqueurs et révise progressivement le procès de Tokyo. Les États-Unis persistent dans leur rôle de gendarme du monde mais l'incertitude les mine ; ils continuent de faire cause commune avec l'État d'Israël jusqu'à risquer une sorte d'aventure coloniale au Moyen-Orient mais ils pourraient bien revoir l'assistance politique et financière qu'ils prodiguent aux Israéliens et réviser leur position sur le problème palestinien. L'État d'Israël — le plus riche mendiant de la planète — aggrave son cas ; il accroît le nombre de ses colons, il tue trop d'enfants, il pousse à la croisade ; il peut voir remettre en question son mythe fondateur, celui de la triade du «génocide», des «chambres à gaz» et des «six millions». Le monde arabomusulman rentre dans le siècle et commence à découvrir le révisionnisme historique et ses formidables implications. Poussé par ces vents nouveaux, le révisionnisme historique renforce son influence dans le monde entier. La répression dont il est l'objet est illusoire. Dans le domaine des idées, toute répression, on le sait, finit par se retourner contre les censeurs. L'exemple, en Suède, du procès Rami est parlant. Sans la condamnation, à Stockholm, d'Ahmed Rami, réfugié politique en Suède et citoyen suédois, et sans la suspension pour un an de Radio-Islam, le monde arabomusulman continuerait d'ignorer le révisionnisme. Aujourd'hui, alertés par ces mesures de répression, des Algériens, des Iraniens et des Palestiniens commencent à découvrir le révisionnisme historique et à s'en faire les porte-parole (ci-dessous, p. 221-222). En France, la répression antirévisionniste est administrative et judiciaire. Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, délaisse les problèmes les plus graves au profit de la lutte antirévisionniste. Tous les moyens lui sont bons, qu'il s'agisse du montage de «Carpentras» ou des initiatives, arbitraires et cyniques, de Sarra Ouaknine, fille de rabbin, comme elle tient à le préciser, et responsable d'une cellule policière chargée notamment de réprimer la libre expression du révisionnisme. Le ministère de la Justice, passé des mains de M. Arpaillange à celles d'H. Nallet et de G. Kiejman, est submergé ; les tribunaux ne peuvent plus, pour maintes raisons, rendre une justice normale ; mais on mobilise, avec une extraordinaire célérité, les procureurs et, en particulier à Paris, le zélé substitut Marc Domingo, contre le révisionnisme ; non moins rapidement, le juge Claude Grellier et ses assesseurs de la XVIIe chambre tranchent dans le sens souhaité par les députés communistes et socialistes qui, profitant du montage de Carpentras, ont voté la loi exorbitante du 13 juillet 1990 ; les censeurs n'ont pas à craindre de recours auprès du Conseil constitutionnel dirigé par Robert Badinter. C'est dans une atmosphère d'enthousiasme que, du 13 au 15 octobre 1990, s'est tenu à Washington le dixième congrès international de l'Institute for Historical Review. Les participants ont été unanimes à constater que le révisionnisme avait fait un bond en avant dans le monde occidental et s'étendait au reste du monde. L'intervention de l'historien britannique


216 David Irving sur l'agonie du mythe d'Auschwitz a fait sensation et la participation de l'historien américain John Toland a créé l'événement. Le livre d'Arno Mayer sur La «Solution finale» dans l'histoire, enfin traduit en français et doté d'une préface de Pierre Vidal-Naquet (le Torquemada du révisionnisme), conteste vigoureusement les vérités officielles édictées à Nuremberg et officialisées depuis peu par François Mitterrand. Dans cet ouvrage d'un historien juif, professeur à Princeton, les Français verront que «Les sources dont nous disposons pour étudier les chambres à gaz sont à la fois rares et peu sûres» (p. 406) et qu'à Auschwitz «les causes dites "naturelles" tuèrent plus de juifs que les causes "non naturelles"» (p. 410) [1]. Le jour viendra où, comparant «Auschwitz» à «Dresde» ou à «Hiroshima», on sera enfin libre de conclure qu'il est probablement mort moins de juifs à Auschwitz que d'Allemands à Dresde ou de Japonais à Hiroshima. Encore ajoutera-ton, pour être précis comme le veut l'histoire, que, si 150 000 (?) juifs sont ainsi morts à Auschwitz en plusieurs années, principalement de causes «naturelles» (faim, froid, épidémies, …), en revanche, à Dresde, en deux jours, on a tué par le feu plus de 200 000 (?) Allemands et, à Hiroshima, en quelques heures d'abord et en un demi-siècle ensuite, on a tué plus de 200 000 (?) Japonais par le feu nucléaire. Le véritable «holocauste» n'aura donc pas été celui que l'on croyait. Les Klarsfeld, Poliakov, Vidal-Naquet, Wellers, Bédarida, les Jean Pierre-Bloch et les Jean Kahn avaient répété à la communauté juive que les révisionnistes n'étaient qu'une secte méprisable de faussaires, faciles à réduire au silence par un amas de preuves. Or, les révisionnistes sont plus nombreux et vivaces que jamais et aucun argument scientifique ni aucune preuve n'ont pu leur être opposés [2]. On leur a répondu par des ouvrages faits de vide, de vent ou de spéculations cabalistiques. En ce domaine, le summum vient d'être atteint avec un livre de Jean-Claude Pressac dont on lira ci-dessous une recension (p. 65-154). La communauté juive doit résister aux appels à la violence d'un Jacques Lanzmann ou d'un Serge Klarsfeld. Le premier incite les juifs «à s'armer — non de patience mais de fusils d'assaut» et à «manier la kalachnikov» (VSD, 17 mai 1990, p. 82) tandis que le second invite les jeunes juifs à «passer aux actes» (Le Progrès [de Lyon], 2 novembre 1990, p. 6). Ces appels sont d'autant plus graves qu'en France la communauté juive est la seule à disposer de milices armées (voy. la déclaration de Mme Fabius Castro, Le Monde, 7 mars 1986, p. 8, et la photographie publiée dans Libération du 14 octobre 1986, p. 56) Sans avoir vocation à défendre une cause politique quelconque, fût-ce celle de la paix, le révisionnisme peut, par sa nature même, favoriser la paix au sein des communautés et entre les nations. Il analyse les conflits ; il en recherche les causes ; il en observe le déroulement. Il décrit le rôle essentiel des mythes et des mensonges dans la propagande préalable à tout conflit. Lorsque deux camps vont s'affronter, ils mettent au point des campagnes d'information qui se ressemblent ; dans les deux cas, il s'agit d'abord de se décrire soi-même en représentant du droit, en défenseur des principes, en justicier, puis, de dénoncer en l'adversaire un délinquant ou un criminel à mettre au ban de l'humanité. Les médias orchestrent ces thèmes et, si le conflit se déclenche et se prolonge, il leur faut amplifier cette propagande et ajouter le mensonge au mensonge. Le civil qu'on mobilise et qu'on envoie, revêtu de l'uniforme, sur la ligne de front a besoin de croire que précisément au-delà de cette ligne commence «l'empire du mal», sinon il ne risquerait pas sa vie pour abattre d'autres civils revêtus d'un autre uniforme. Il existe des procédés, vieux comme la guerre, pour nourrir chez les combattants ce besoin de croire à n'importe quoi et il n'est pas de responsables politiques pour renoncer à de tels procédés. Le révisionnisme se méfie des propagandes guerrières. Juste ou injuste, une guerre reste une boucherie où, soit dit en passant, la première victime est toujours la vérité. En cette fin d'année 1990 où certains, pour la millième fois dans l'histoire de l'humanité, nous promettent une guerre qui, par une étonnante exception, serait, à les en croire, brève


217 comme l'éclair et ne laisserait pas les suites les plus graves, la Revue d'Histoire Révisionniste souhaite à ses lecteurs une année sans trop de guerres (du Golfe persique ou d'ailleurs), sans trop de gros mensonges (comme celui de Carpentras), sans trop de haine raciste ou antiraciste. Elle ne peut malheureusement s'attendre à une année sans répression et sans violences contre les révisionnistes. En 1991, les maximalistes de la «Shoah» aggraveront cette répression et ces violences qui leur semblent aussi nécessaires qu'à d'autres le droit au doute et à la recherche. Le 21 mars 1991, à 13 h 30, le professeur Faurisson comparaîtra devant la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, présidée par Claude Grellier. Georges Wellers et le substitut Marc Domingo lui font grief d'une interview parue dans Le Choc du Mois de septembre et invoquent la loi du 13 juillet 1990 qui prévoit une peine d'un mois à un an d'emprisonnement et une amende de 2 000 à 300 000 francs pour celui qui «conteste» les «crimes contre l'humanité» tels que définis par les vainqueurs de 1945. Une semaine plus tard, le 28 mars, R. Faurisson comparaîtra à nouveau devant la même chambre et le même juge pour la même interview mais, cette fois-ci, sur plainte de Jean Pierre-Bloch et de l'immanquable substitut Marc Domingo, qui, pour le coup, invoqueront la loi antiraciste du 1er juillet 1972. Venant à la suite de tant d'autres procès, de cinq agressions physiques et d'une tentative d'assassinat, ce double procès ne changera probablement rien à la détermination de l'universitaire révisionniste. Il ne changera sûrement rien à la marche en avant du révisionnisme historique, en France et dans le reste du monde. La Rédaction¶20 décembre 1990 1. L'original anglais de ces deux phrases est plus révisionniste encore. 2. On notera que la télévision française n'a jamais pris le risque de montrer vraiment l'image d'une chambre à gaz à Auschwitz ou ailleurs, même si, par le commentaire des images ou par un subterfuge quelconque dans le style de Frédéric Rossif, elle a parfois pu donner l'impression du contraire. On aboutit au paradoxe suivant : 58 millions de Français se voient interdire, par une loi spéciale, le droit de «contester» l'existence d'une prétendue réalité qu'on ne leur montre jamais, même à la télévision. Revue d'Histoire Révisionniste, n° 3, nov.-déc. 1990 - janv. 1991, p. 5-8


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GIDE ET LES RUMEURS LES «MAINS COUPÉES» LE «JOURNAL TRUQUÉ» Claude Courouve Les «mensonges conventionnels de la civilisation» ont été analysés par Nordau dans un ouvrage paru en 1886. C'est un vaste univers (mœurs, journalisme, etc.), différent toutefois de celui de la rumeur (du latin rumor, bruit qui court) ; la comparaison du traitement du terme par le Grand Robert et l'Oxford English Dictionary met clairement en évidence que seuls les Anglo-Saxons semblent sensibles au côté suspect de la rumeur. Il y a rumeurs fortes et rumeurs faibles. Rumeurs faibles, par exemple, les bruits courant sur telle ou telle personnalité. Également les fausses citations, fausses quant au texte, ou détournées quant à l'identité de l'auteur ; les manuels et dictionnaires de philosophie destinés aux élèves de Terminales n'en sont pas exempts [1} ; la philosophie est pourtant le lieu où devrait se pratiquer et s'enseigner l'esprit critique. Écoutons Gide, qui reste ici le contemporain capital : «L'on t'a dit, tu t'es laissé dire, qu'il s'agissait d'abord de croire. Il s'agit d'abord de douter [2}.» Rumeurs fortes, les rumeurs de guerre, ou d'après-guerre, qui déchaînent les passions. Avec méfiance, Gide a rapporté celle selon laquelle les Allemands auraient coupé les mains d'enfants français au début de la guerre de 1914-1918. Quarante ans plus tard, des écrivains, tous de gauche, ont raconté qu'André Gide, pourtant connu pour sa sincérité (le prix Nobel lui fut décerné en 1947 notamment pour son «intrépide amour de la vérité»), aurait truqué son Journal 1939-1949, pour la partie relative à l'Occupation. Gide a réagi à la première rumeur fort lucidement, comme l'on verra. L'accusation de truquage du Journal prit naissance après la mort de Gide, comme si l'esprit de rumeur (qui serait à analyser comme l'ont été l'esprit de système, l'esprit de parti et l'esprit faux, autres obstacles à la connaissance) voulait s'accorder une revanche à peu de risques. Mais l'œuvre reste, qui corrode les calomnies. 1 — LES INTROUVABLES «ENFANTS AUX MAINS COUPÉES» Dans une lettre à R. Faurisson, le philosophe Jean Beaufret remarquait, à propos de la question des «chambres à gaz nazies» : «les introuvables "enfants aux mains coupées" dont parle Gide dans son Journal, sont dépassés [3].» Pour suivre cette première affaire, le mieux est de laisser la parole aux textes : le Journal de Gide, qui est sceptique, l'article de Richepin, qui court avec la rumeur, et la correspondance de Romain Rolland, qui résiste comme Gide : Gide : «Mme Edwards affirmait que nombre de ces petits avaient les mains tranchées, qu'elle les avait vus. D'autres avaient les yeux crevés et d'autres des blessures abominables.¶La chose n'a jamais pu être vérifiée [4].» Richepin : «Qui de nous aurait l'abominable courage […] d'emmener en captivité quatre mille adolescents de quinze à dix-sept ans, comme ils viennent de le faire dans le Cambrésis, renouvelant ainsi les plus inhumaines pratiques de l'esclavage, et de couper le poing droit à ces combattants futurs, comme ils l'ont fait ailleurs, et enfin de renvoyer des prisonniers mutilés, comme ils l'ont fait récemment en Russie, où l'on a vu revenir des Cosaques les yeux crevés, sans nez et sans langue [5].» Romain Rolland : «Comment est-il possible qu'on laisse un Richepin écrire, dans Le Petit Journal, que les Allemands ont coupé la main droite à 4 000 jeunes garçons de 15 à 17 ans, et autres sottises scélérates ! Est-ce que de telles paroles ne risquent pas


219 d'amener, de notre part, des cruautés réelles ? Depuis le commencement de la guerre, chaque trait de barbarie a été amplifié cent fois ; et naturellement il en a fait naître d'autres. C'est une suite de représailles. Jusqu'où n'iront-elles pas [6] ?» Gide : «Un Américain est venu ces jours derniers au Foyer franco-belge nous aviser qu'il mettrait à la disposition de notre œuvre une somme importante si nous parvenions à le mettre en rapport direct avec un enfant mutilé par les Allemands. «Richepin, dans un article indigné, parlait de quatre mille enfants auxquels on aurait coupé la main droite. […] Mme Edwards cependant, à la fin du mois d'août, m'avait parlé de l'arrivée, rue Vaneau, d'une procession d'enfants, tous garçons du même village, tous pareillement amputés. «Avant-hier je vais la trouver, lui disant de quelle importance serait pour nous une preuve certaine de ces monstruosités. Elle me dit alors qu'elle n'a pas vu ces enfants elle-même, qu'elle sait d'ailleurs qu'ils venaient du Cirque de Paris où on les avait préalablement envoyés. Elle m'invite à revenir déjeuner avec elle le lendemain (hier), me promettant, en attendant mieux, des photographies de ces mutilations. «Hier elle n'avait pu se procurer les photos […] Cocteau [7] est venu après déjeuner sans les photos, qu'il m'a promises pour demain soir ; en attendant, il m'a mené à la maison de santé de la rue de la Chaise où nous pourrions parler à une dame de la CroixRouge qui avait soigné ces enfants. La dame de la Croix-Rouge n'était pas arrivée et, attendu au Foyer, j'ai dû quitter Cocteau avant d'avoir réussi à rien savoir de plus. «D'autre part, Ghéon me dit que deux jeunes amputés, l'un de quinze, l'autre de dix-sept ans, sont soignés en ce moment à Orsay. Il doit m'apporter des informations complémentaires [8}. «Aucune de ces informations n'a pu être prouvée.» […] «Il [Ghéon] revient encore sur les mains coupées des petits enfants, alors qu'en vain nous avons cherché de toutes parts à remonter jusqu'à un fait prouvé, alors que toutes les enquêtes que nous avons menées au Foyer en vue d'obtenir l'énorme prime promise par l'Amérique à qui apporterait confirmation de ces atrocités n'ont abouti qu'à des démentis [9].» Selon A. Ponsonby [10], cette rumeur se répandit dans plusieurs pays d'Europe. D'après L. Klotz [11], la censure française évita in extremis à la fausse nouvelle la «une» du Figaro. L'attitude de Gide est bien définie par cette phrase du Journal : «Quoi que ce soit qu'on me raconte, je pense toujours, irrésistiblement, que cela ne s'est pas passé comme ça [12].» La Bruyère disait déjà : «Le contraire des bruits qui courent des affaires ou des personnes, est souvent la vérité.» (Caractères, Jugements § 39.) Cette exigence de vérification méthodique, pointilleuse, à l'œuvre dans l'affaire des «mains coupées», on la retrouve vingt ans plus tard appliquée à l'URSS pendant le voyage de 1936. Gide s'irrite de ce que les renseignements qu'il obtient «ne parviennent à la précision que dans l'erreur». 2 — A VRAI LIRE… La deuxième rumeur est actuellement représentée par ces lignes péremptoires d'E. Marty : «Il est aujourd'hui patent que Gide, dans une certaine mesure, a truqué la part de son Journal touchant la période 1939-1942, et qu'il a gommé certaines phrases que les libérateurs et les résistants auraient sans doute peu appréciées [13].» Patent ? Pas si sûr. Il s'agit ici d'une fusée à deux étages. Dès la Libération, Gide avait été accusé de sympathie pour la collaboration. Comme ce n'est pas le détail de l'histoire qui nous


220 importe, mais la méthodologie des uns et des autres, voyons-la à travers les réactions de Claudine Chonez : «André Gide vient d'être l'objet, à l'Assemblée consultative, d'une furieuse attaque de M. Giovoni […] M. Giovoni ajoute tranquillement : "Je n'ai pas lu son manuscrit". Mon Dieu, quand on ne parle de rien moins que de couper la tête aux gens, on pourrait peut-être se donner la peine de "lire le manuscrit" [14]. M. Giovoni ignorait-il, avant que M. Bonnet ne le lui ait fort justement indiqué, l'existence du "contexte", susceptible de modifier, voire de retourner complètement le sens d'une citation — le contexte toujours négligé par la mauvaise foi, toujours cher à ceux qui font effort vers la très difficile probité intellectuelle ? [15]» Pierre Assouline a ainsi commenté les accusations portées contre Gide à la Libération : «Bientôt la rumeur se dissipe. Gide n'est pas inquiété outre mesure quand on comprend qu'il s'agit avant tout d'une ancienne vindicte communiste ; c'est particulièrement clair à la lecture de quelques lignes fielleuses d'Aragon à son endroit dans Les Lettres françaises : il ne lui a décidément pas pardonné son Retour de l' URSS … L'épuration n'est qu'un prétexte [16].» Assez tardivement, une deuxième charge fut entreprise avec l'article d'Henri Guillemin : «A propos du Journal de Gide», paru en 1954 [17]. Cet article ayant été repris sans changement notable dans l'ouvrage de Guillemin témérairement intitulé A vrai dire (Gallimard, 1956), c'est à ce dernier texte que nous répondons ici. Guillemin se dit choqué par sa découverte : «Quelle déconvenue, et quelle tristesse ! Quelle gêne, aussi, dorénavant, pour l'historien crédule qui s'imaginait jusqu'alors, lisant les pages intimes de Gide, pouvoir suivre, sans erreur, pas à pas, le déroulement de sa pensée ! Tout se trouve remis en question.» (p. 212.) Découverte qui se révélera être une pure fabrication mentale. 3. P. 211 d'A vrai dire, H. Guillemin accuse Gide d'omission pour n'avoir pas signalé en préambule de l'édition du Journal 1939-1942 (Gallimard, 1946) la publication antérieure dans la N.R.F. Or, il se trouve qu'à la date du 25 novembre 1940 Gide écrivait : «J'aurais dû pour le moins dater ces Feuillets, extraits de mon Journal», ceci p. 99 de l'édition de 1946 (soit tome II, p. 63 de l'édition La Pléiade). De plus, à la date du 8 janvier 1941, p. 103 de l'édition de 1946 (soit t. II, p. 64 de La Pléiade), Gide mentionnait encore : «Ma collaboration à la revue, les Feuillets que j'y donnai». 4. Guillemin déclare, p. 211, que les cent premières pages du volume Journal 1939-1942 avaient paru dans la N.R.F. de Drieu La Rochelle ; pour en juger, il faut se reporter au numéro 322 de la N.R.F., daté du 1er décembre 1940, et au numéro 324 du 1er février 1941. Or, il n'y a dans ces deux numéros que 20 (vingt) pages et demie de Gide : p. 76 à 86 dans le numéro 322, p. 342 à 351 dans le numéro 324. L'universitaire Max Marchand n'ayant pas pris la peine de vérifier amplifiait encore l'erreur de Guillemin («les mêmes pages»). 5. Guillemin écrit, p. 212 : «le texte du Journal, tel que Gide l'avait publié dans cette N.R.F. soumise» ; or, ces vingt pages et demie sont intitulées «Feuillets», puis «Feuillets II», et absolument pas «Journal». 6. Guillemin reproche, p. 212 : «modifier les dates est déjà plus coupable [que les arrangements de style]» ; au moins cette modification avait-elle été indiquée immédiatement par Gide : «J'aurais dû pour le moins dater et laisser dans leur ordre chronologique ces Feuillets, extraits de mon Journal», déclarait-il à la fin du 2ème article dans la N.R.F., p. 350. Tout s'explique : d'une part les Feuillets n'étaient que des extraits fragmentés du Journal. D'autre part, et c'est le point le plus important, les modifications que Guillemin situait peu avant 1946, après la défaite nazie, datent en fait de 1940 et sont constitutives de la publication d'extraits du Journal, sous forme de Feuillets. Le texte de 1946 est


221 bien, lui, conforme au texte original, et on comprend maintenant pourquoi Gide n'avait pas cru nécessaire de signaler en préambule une publication aussi fragmentaire. 7. P. 212-213, Guillemin commente ce qu'il déclare relever dans la N.R.F., : «Il écrivait avec dégoût [30 octobre 1939] : "Les journaux déjà contiennent assez d'aboiements patriotiques. Déjà trop nombreux sont ceux qui soufflent dans le sens du vent." Cette dernière phrase, en 1946, il préfère décidément nous la dérober.» Or, on peut lire, p. 15 de l'édition 1946 (soit t. II, p. 12 dans La Pléiade) : «La lecture des journaux me consterne. La guerre incline tous les esprits. Chacun souffle dans le sens du vent.» Quant à la première phrase, elle est introuvable dans les articles N.R.F. mais figure dans l'édition 1946, p. 13 (soit t. II, p. 11 dans La Pléiade). Elle n'a donc pas été «dérobée». Il paraît raisonnable de penser que Guillemin, travaillant à partir de ses notes de lecture, a inversé les datations, ou, si l'on veut, les citations. 8. Guillemin écrit, p. 213 : «Nous lisons [p. 13 de l'édition 1946, soit t. II, p. 11 dans La Pléiade] «ce qu'il feint d'avoir écrit en 1939 : "Plus je me sens Français, plus je répugne à laisser s'incliner ma pensée…"» Or, il se trouve que cette phrase figure bel et bien dans le premier article de la N.R.F. de 1940 ; on l'y trouve page 76. 9. Il y a eu effectivement, mais ceci est vrai tout au long du Journal, de 1889 à 1949, et donc pas seulement lors de l'Occupation, des passages réécrits ou retranchés pour des raisons diverses : souci de discrétion vis-à-vis de tiers, arrangements de style, évitement de redites, considérations de pertinence, etc. ; Gide ne s'en est jamais caché ; Guillemin a noté la modification suivante : — Gallimard, 1946, p. 99-100 et La Pléiade, t. II, p. 63 : «le sentiment patriotique […] s'assure et s'affermit dans la résistance [souligné par Guillemin] comme tout amour combattu. Et cette lutte de l'esprit contre la force, de l'esprit que la force ne peut soumettre, est en passe de devenir admirable.» — N.R.F., 1er février 1941, p. 351 : «Comme tous les amours combattus, celui de la patrie se fortifie dans la gêne et le martèlement le durcit. Il n'est pas jusqu'à cette solidarité dont le sens et la conscience allaient s'évanouissant dans un éparpillement égoïste, qui ne se reforme et ne s'informe presque soudainement en présence de l'épreuve commune.» Et Guillemin d'exulter, p. 213 : «Habilement, tout est changé, et le mot qui compte, glissé là avec un soin furtif, vous donne tout à coup un air "résistant" à ce qui n'avait, dans la N.R.F. "allemande" de 1941 à laquelle collaborait André Gide, ni cette allure, certes, ni cette intention.» Ici Guillemin confond résistance et Résistance ; pourtant, lorsque Gide parle de «la lutte de l'esprit contre la force», il est difficile d'imaginer qu'il évoque la Résistance, plutôt qu'une résistance toute spirituelle. Le 19 septembre 1938, il repensait à la guerre de 1914-1918 et imaginait : «si la France, au lieu d'opposer la force à la force, n'avait opposé à l'Allemagne qu'une résistance spirituelle où elle se fût montrée invincible ?» Et, plus loin, dans le Journal, à la date du 6 juillet 1942, c'est la Foi qui est décrite comme une «façon de résistance», une façon que Gide n'approuvait pas. * Le fond de cette affaire, c'est que H. Guillemin voulut croire et faire croire que les vingt pages et demie de Feuillets de la N.R.F., maigre contribution de Gide à la «N.R.F. allemande» constituaient le texte authentique et complet du Journal, et que les versions publiées postérieurement étaient refondues. En réalité, à quelques variantes près, sans grande importance ici, ce sont les éditions 1946 et La Pléiade qui reproduisent les cahiers manuscrits conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet ; et, au contraire, ce sont les Feuillets N.R.F. qui furent réarrangés, précisément pour leur publication sous la dénomination de Feuillets, à partir


222 de fragments extraits du Journal. Dès lors, il devient impossible de considérer ces arrangements de 1940 comme un maquillage après coup, pour publication en 1946, d'attitudes pétainistes. Plusieurs auteurs relayèrent Guillemin avec enthousiasme. Dès 1955, Max Marchand : «Guillemin compare les cent premières pages du Journal 1939-1942 publiées sous l'Occupation, à Paris, dans la N.R.F. de Drieu La Rochelle et les mêmes pages publiées chez Gallimard en 1946. Le texte est devenu moins "pétainiste", comment dirais-je, plus "résistant". Ainsi, il avait la coquetterie de se présenter sous le meilleur jour [18].» Puis l'écrivain J. Follain : «mensonges patents du Journal ? […] Dans la dernière partie du Journal notamment, comme l'a montré Guillemin, il y a eu des reprises de Gide sur son texte dans lesquelles les faits eux-mêmes ont été dénaturés [19].» Cela donnerait presque raison à Sainte-Beuve, qui écrivait : «Les hommes, en général, n'aiment pas la vérité, et les littérateurs moins que les autres [20].» * S'il y avait eu plus à reprocher à Gide en 1940 qu'un délit d'opinion, peut-on imaginer que Gide et le gérant de L'Arche n'aient pas été poursuivis à la Libération, que Sartre ait écrit en 1951 l'éloge qu'il en a fait ? que Bernard Frank ait, dans La Panoplie littéraire (1958), conclu à la «bonne foi» et à la «grandeur» de Gide ? Seul à défendre Gide, dès 1954, à la parution de l'article du Journal de Genève, son ancien adversaire dans de nombreuses polémiques, l'écrivain Henri Massis, à qui apparut une partie des erreurs de Guillemin signalées plus haut. Laissons-lui cette conclusion méthodologique : «Comparer des textes ne suffit pas ; encore faut-il savoir les lire, et quant aux faits, ils sont beaucoup plus complexes que M. Guillemin l'imagine [21].» _________________________________ Le dessin ci-contre [en fait, ci-après. N.D.L.R.] intitulé «Jeux de Mains…» figure dans un livre de Pierre Auclert, La Grande guerre des crayons/Les noirs dessins de la propagande en 1914-18, Robert Laffont, 1981, p. 30-31. L'auteur précise : «Dessin de Jean Cocteau qui signait Jim dans Le Mot, très beau journal du dessinateur Paul Irribe où ce petit chef-d'œuvre d'humour noir passa en double page.»

1. Pour les lecteurs philosophes que cela pourra intéresser, en voici quelques exemples relevés dans les ouvrages Armand Colin, Nathan, Hachette (erreurs qui seront corrigées dans les éditions à venir) : – Homo homini lupus, l'homme est un loup pour l'homme : cette formule de l'écrivain latin Plaute, citée par Montaigne, est attribuée à Hobbes ; – Tabula rasa, expression latine, est attribuée au philosophe grec Aristote. On prétend que Locke l'a employée, alors que l'original anglais porte simplement : a white paper, une feuille blanche ; – des phrases des Évangiles ou d'Augustin sont attribuées à Pascal ; des phrases de Cicéron ou de Sénèque sont attribuées à Montaigne, des formules de Montaigne l'étant à Pascal ou à Descartes ; – la pensée d'Helvétius, «Rien de grand ne se fait sans passion », également présente chez Diderot, est attribuée à Hegel ; – la remarque du caractère arbitraire du signe linguistique est assignée à Saussure, alors qu'on la trouve chez Platon, Montaigne, Locke, Malebranche ;


223 – une idée ancienne, explicitée par Gassendi, Leibniz et Schopenhauer, «Toute conscience est conscience d'un objet», est considérée comme originale chez Brentano, voire saluée comme une découverte de Husserl (ce que fit Sartre) ; – Sartre encore cite «Si Dieu n'existait pas, tout serait permis» comme étant de Dostoïevsky ; la phrase de Dostoïevsky, dans la troisième partie des Possédés, est bien différente, et se résumerait plutôt en «Si Dieu n'existe pas, je suis entièrement libre». 2. André Gide, Journal 1889-1939, 14 décembre 1934. 3. Annales d'Histoire Révisionniste, n° 3, automne-hiver 1987, p. 204. 4. André Gide, Journal 1889-1939, 26 août 1914. 5. Le Petit Journal, 13 octobre 1914 ; article repris dans Proses de guerre (août 1914juillet 1915), Flammarion, 1915. 6. Lettre à A. Gide, 26 octobre 1914 (dans A. Rolland, Journal des années de guerre 19141919, Albin Michel, 1952, p. 93). 7. Sur la contribution graphique de Jean Cocteau au mythe des enfants aux mains coupées, voy., ci-dessous, p. 19). 8. André Gide, Journal 1889-1939, 15 novembre 1914. 9. Ibid., 27 décembre 1915. 10. Falsehood in Wartime, 1928. Une traduction de l'introduction de cet ouvrage a été publiée dans les Annales d'Histoire Révisionniste, n° 2, été 1987, p. 124-144 ; on y trouvera une des premières analyses de la désinformation. 11. De la guerre à la paix, Payot, 1924, p. 33-34. 12. André Gide, Journal 1939-1949, 10 octobre 1942. 13. E. Marty, L'Écriture du jour, Seuil 1985, p. 55. 14. Combien approuvent aujourd'hui la suspension pour un an de l'enseignant lyonnais B. Notin sans avoir jamais jeté un œil sur son texte ? ou s'indignent contre R. Faurisson, «qui nie l'existence des camps de concentration» ! 15. «Faut-il fusiller Gide ?», 22 juillet 1944, publication non identifiée. 16. P. Assouline, L'épuration des intellectuels, éd. Complexe, 1985, p. 38. L'article d'Aragon, «Retour d'André Gide» dans Les Lettres françaises du 25 novembre 1944 était une protestation contre la publication du texte de Gide «Tunis» dans les mêmes Lettres françaises six mois plus tôt. 17. Journal de Genève, 9 janvier 1954, p. 3. 18. M. Marchand, L'irremplaçable mari, L. Fouque (Oran), 1955, p. 195. 19. Dans Entretiens sur André Gide, Mouton & Co., 1967, p. 198. 20. Sainte-Beuve, Notes et pensées, ccic, 1868. 21. «Coups de bec et bruits de plumes. André Gide et Henri Guillemin», Bulletin des lettres, n° 155, 15 février 1954. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 - janvier 1991, p. 9-19


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UN FAUX : «LA PRIÈRE DE JEAN XXIII POUR LES JUIFS» Robert Faurisson Nous sommes aujourd'hui conscients de ce que beaucoup, beaucoup de siècles d'aveuglement ont offusqué nos yeux de sorte que nous ne pouvons plus ni voir la beauté de Ton Peuple Élu ni reconnaître sur leurs faces les traits de nos frères privilégiés. Nous nous rendons compte de ce que la marque de Caïn est inscrite sur nos fronts. Au cours des siècles, notre frère Abel est resté étendu dans le sang que nous avions versé ou a répandu les larmes que nous provoquions par notre oubli de Ton Amour. Pardonne-nous la malédiction que nous avons faussement attachée à leur nom de juifs. Pardonne-nous de T'avoir une seconde fois crucifié dans leur chair. Car nous ne savions pas ce que nous faisions… (Traduit de l'anglais). Cette «prière pour les juifs» attribuée au pape Jean XXIII, mort le 3 juin 1963, est un faux. Ce faux est apparu en janvier 1964 dans un «rapport» de la revue juive américaine Commentary intitulé «Vatican II and the Jews» (Vatican II et les juifs) sous la signature de F.E. Cartus, présenté par ladite revue comme «le pseudonyme d'un observateur catholique romain qui a suivi de très près les développements du Concile œcuménique» (Commentary, mensuel de l'American Jewish Committee (New York, Chicago, Los Angeles), janvier 1965, n° 1, vol. 39, p. 19-29 ; la «prière» figure à la page 21). Le seul contenu de ce texte aurait dû donner à penser qu'un pape, même très favorable aux juifs comme l'était Angelo Roncalli (1881-1963), ne pouvait guère s'exprimer en ces termes sur le compte des catholiques. Cette «prière» revient, en effet, à dire : les juifs sont beaux ; ils sont le peuple élu de Dieu ; ils portent sur leurs visages les traits de nos frères privilégiés. Pendant des siècles les juifs ont versé sang et larmes. Nous, catholiques, nous avons été aveugles à tout cela. Nos visages à nous sont hideux en ce qu'ils portent la marque de Caïn. Nous sommes responsables du sang et des larmes versés par les juifs. Nous avons oublié l'amour de Dieu. Nous avons menti en inventant que Dieu avait maudit les juifs. C'est nous — et non les juifs — qui avons crucifié Dieu. Nous étions des inconscients. Ce texte est excessif ; il transpire trop de haine pour les uns et trop d'amour pour les autres. A suivre chronologiquement le destin de cette «prière» dans la seule presse française de 1966 à nos jours, on s'aperçoit que le faux a d'abord été très vite dénoncé, puis que, devant les assauts répétés de certains en faveur d'un texte si intéressant pour la cause des juifs, on a d'abord tu la vérité, puis laissé croire qu'il s'agissait d'un document authentique. Le journal Le Monde, par exemple, essaiera pendant quelques années de mettre ses lecteurs en garde contre le faux, qu'il présentera prudemment comme «apocryphe», puis il renoncera à toute mise au point et même, ainsi qu'on va le voir, il finira par donner implicitement sa caution au faux. Année 1966 Sous le titre «Une Prière de Jean XXIII pour les juifs», La Documentation catholique publiait un texte présenté comme la reproduction d'un article de La Liberté de Fribourg (Suisse) du 9 septembre 1966. Le texte commençait ainsi : Les milieux du Vatican ont confirmé le 7 septembre l'existence et l'authenticité d'une prière composée par Jean XXIII quelques jours seulement avant sa mort et dans laquelle le Pape demande pardon à Dieu pour toutes les souffrances que l'Église catholique a fait subir aux juifs.


225 L'existence de cette prière qui, selon les intentions de son auteur, aurait dû être récitée dans toutes les églises, avait été annoncée récemment au cours d'une conférence à Chicago par Mgr John S. Quinn, qui fut un des experts du Concile (La Documentation catholique, 2 octobre 1966, col. 1728). Suivait le texte de la «prière». Aucune précision n'était fournie sur «les milieux du Vatican» qui avaient, paraît-il, confirmé l'authenticité de la pièce, ni sur la source permettant d'affirmer que, selon les intentions du pape, la «prière» devait être récitée dans toutes les églises. Un mois plus tard, La Documentation catholique publiait un démenti sous le titre : «La Prière de Jean XXIII pour les juifs est un faux». Voici le texte intégral du démenti : La Secrétairerie d'État a publié, le 26 octobre, le communiqué suivant au sujet de la soidisant prière de Jean XXIII publiée dans notre numéro du 2 octobre, col. 1728, en nous faisant l'écho d'une information de presse à laquelle nous n'ajoutions aucun commentaire personnel : La Documentation Catholique du 2 octobre 1966 (n° 1479, col. 1728) reproduit, d'après La Liberté de Fribourg, du 9 septembre précédent, une «prière de Jean XXIII pour les Juifs» et affirme que les milieux du Vatican en auraient confirmé l'authenticité. Il s'agit, en réalité, d'un faux. La Liberté de Fribourg a repris ce texte du journal hollandais De Tijd du 18 mars 1965. Le Tijd le tenait de American Commentary de Chicago (organe de l'«American Jewish Committee») de janvier 1965, signé d'un pseudonyme («F.E. Cartus») sans aucune indication de source ni d'authentification. Le fait même de publier la chose sous un pseudonyme aurait dû mettre en garde. Mgr Quinn, qui est de Chicago, fit sienne cette prière (en toute bonne foi, on peut le croire) et en parla à une réunion interconfessionnelle. Aucun bureau du Vatican ne peut avoir confirmé l'authenticité de cette prière, qui n'existe ni à la Pénitencerie apostolique, ni dans les écrits, tant imprimés qu'inédits, du Pape Jean XXIII. Mgr Louis Capovilla, qui est le dépositaire de ces derniers, dément sans hésiter l'authenticité de cette prière. L'examen attentif du texte fait d'ailleurs apparaître qu'elle est étrangère au style et au vocabulaire du regretté Pontife (La Documentation catholique, 6 novembre 1966, col. 19081909). Peu auparavant, le journal Le Monde avait publié un article intitulé : «La Prière pour les juifs attribuée à Jean XXIII est apocryphe». L'article était présenté comme provenant du correspondant particulier du journal à Rome et il était daté du 26 octobre. Il commençait en ces termes : «La prière pour les juifs attribuée au pape Jean XXIII est apocryphe.» Telle est l'assertion catégorique que nous tenons d'une source compétente du Vatican. Le reste de l'article montrait que le correspondant du Monde et l'auteur de l'article publié dans La Documentation catholique du 6 novembre avaient puisé à la même source, à Rome. Mais Le Monde procédait à trois gommages. Au lieu d'un titre clair, il choisissait un titre obscur et inexact ; «apocryphe», mot rare, signifie : dont l'authenticité est douteuse. Au lieu de préciser que le texte provenait de Commentary, organe de l' «American Jewish Committee», il se contentait de dire : «[Cette prière] a été publiée aux États-Unis». Enfin, pour atténuer un peu plus la valeur de ce qu'il appelait «l'assertion» (proposition que l'on avance comme vraie) d'une source compétente du Vatican, le journal ajoutait le commentaire que voici : Ce démenti ne touche très précisément que ce texte. Il ne saurait remettre en cause l'attitude du pape Jean qui exprima, on le sait, sa volonté d'inclure dans les documents du concile une déclaration sur les juifs dont le cardinal Béa fut le principal auteur (Le Monde, 27 octobre 1966, p. 9).


226 Année 1967 Six mois après cet avertissement du Monde, Henri Fesquet, envoyé spécial du journal à Lyon au congrès de l'amitié judéo-chrétienne de France, n'en commençait pas moins son papier en ces termes : L'épopée de la renaissance de l'État d'Israël, malgré l'ambiguïté de sa signification, a forcé l'attente du monde tandis que l'Église romaine se donnait peu après un pape vraiment attentif aux requêtes de Jules Isaac, l'auteur de L'Enseignement du mépris ; Jean XXIII n'avouait-il pas : «Le signe de Caïn est gravé sur nos fronts. Des siècles et des siècles d'aveuglement ont fermé nos yeux. Pardonne-nous, Seigneur, de t'avoir crucifié une seconde fois dans la chair des juifs. Car nous ne savions pas ce que nous faisions.» (Le Monde, 21 avril 1967, p. 11.) On comparera la version d'Henri Fesquet à la version originale des faussaires. Quelques jours plus tard, Le Monde publiait un rectificatif sous le simple titre de «Jean XXIII et les juifs». Il confiait que le fragment de la «prière», cité par son correspondant, avait été «puisé dans l'ouvrage Rome et les juifs de M.P.E. Lapide, qui vient d'être publié — traduit de l'anglais — par les Éditions du Seuil». Après cette publicité pour un ouvrage contenant un faux, il ajoutait que Mgr Capovilla avait «démenti tardivement [sic] l'authenticité [de la prière]» (Le Monde, 7/8 mai 1967, p. 17). Années 1974-1975 Le 31 décembre 1974, Le Monde publiait une correspondance de «M. Paul Samuel, de Paris» sous le titre «L'UNESCO, le Vatican et Israël». Il s'agissait d'une protestation contre l'attribution par le Vatican du prix Jean XXIII à l'UNESCO. M. Samuel estimait que l'UNESCO avait, en excluant Israël, obéi «à la dictature du totalitarisme pétrolier» ; quant à la décision du Vatican, il la critiquait, jugeant que «le plus grand pape du vingtième siècle, Jean XXIII, n'aurait pas agi ainsi». Et de citer le texte de la «prière». Le Monde acceptait de publier cette lettre alors que celle-ci contenait un faux : un faux contre lequel le journal n'estimait plus nécessaire de mettre en garde ses lecteurs (Le Monde, 31 décembre 1974, p. 4). L'ironie voulut que des juifs, probablement émus et ravis de découvrir la «prière», écrivissent au journal pour s'étonner du silence entourant ce document. Tel fut le cas de «M. et Mme Léon Zack, de Vanves». Il fallut bien se résoudre à démentir. Mais le démenti du Monde prit une telle forme que le lecteur pouvait croire que le «texte apocryphe» avait été diffusé avec la même bonne (ou mauvaise) foi par Commentary (sans indication du caractère juif de la publication) et «différents organes d'Europe, y compris La Documentation catholique». Titre choisi : «A propos de la prière apocryphe de Jean XXIII sur les juifs» (Le Monde, 2 février 1975, p. 8). Année 1983 Le 30 janvier 1983, Alexandre Szombati publiait dans Le Monde une prétendue «Enquête sur le meurtre de Theodor Erich von Furtenbach qui se disait nazi». Il écrivait : Après la guerre, l'Église a renié ses égarements et un pape lui-même a reconnu «le signe de Caïn sur nos fronts». Ces paroles étaient attribuées à un «témoin» de l'assassinat, un assassinat qui, soit dit en passant, allait valoir à l'assassin un seul jour de prison ; ce dernier avait fait œuvre pie (Le Monde, 30 janvier 1983, Supplément, p. I, IV-V) [1]. Année 1989


227 En septembre 1989, dans une émission de La Cinq sur le Carmel d'Auschwitz, M. Jean Kahn, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), lut devant le père Martelet la «prière» de Jean XXIII. Le père Martelet se garda bien de signaler qu'il s'agissait d'un faux. Le mois suivant, à l'occasion du nouvel an juif, le même Jean Kahn accordait un entretien à deux journalistes du Monde, Patrice Jarreau et Henri Tincq. Au cours de l'entretien, il déclarait : [Mgr Decourtray] a décidé, aussi, de transmettre à toutes les paroisses la dernière prière rédigée par Jean XXIII, regrettant les siècles de mépris de l'Église à l'encontre du peuple juif, afin qu'elle y soit lue par les curés (Le Monde, 3 octobre 1989, p. 16). Un lecteur du Monde écrivit le lendemain une courte lettre à André Fontaine, directeur du journal : Jean Kahn, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), vous a déclaré (Le Monde, 3 octobre 1989) que le cardinal Decourtray aurait décidé de transmettre à toutes les paroisses «la prière de Jean XXIII pour les juifs». Je suis surpris qu'à cette occasion votre journal, qui recueillait là un «entretien» avec Jean Kahn, n'ait pas cru devoir rappeler, comme il l'avait fait au moins en une autre circonstance, vers 1974, que cette prière n'est qu'un faux ; pudiquement, vous parliez de texte «apocryphe». — J'attends votre rectification (Lettre de M. G.D. aimablement communiquée par son auteur). La rectification ne vint jamais et la lettre «à publier» ne fut pas publiée. J'ignore si le cardinal Decourtray eut jamais l'intention de diffuser le faux ou s'il s'agit là d'un projet que lui prêtait abusivement M. Jean Kahn. Peut-être le cardinal de Lyon a-t-il eu cette intention et peutêtre même l'a-t-il mise à exécution. M. Jean Kahn est un cas. Il serait doté d'une «sensibilité particulière» et d'un «supplément d'âme» ; chez ses coreligionnaires il existerait, en effet, «une sensibilité particulière qui fait que l'électeur juif est un électeur avec un supplément d'âme» (Le Quotidien de Paris, 11 février 1986, p. 6). Pour lui, les juifs français sont «des Français souvent plus patriotes que les autres» (Le Figaro, 20 novembre 1989, p. 16) [2]. Quant au journal Le Monde, tout au long des années 1966-1989, il aura donc, selon une tradition qui lui est propre en pareil cas, traité le sujet de manière oblique. Les responsables de l'American Jewish Committee participaient, dans leur style, à la campagne menée auprès du Vatican et de Paul VI pour que l'Église catholique en vînt à décharger les juifs de leur responsabilité dans «la condamnation à mort de Jésus-Christ». Les textes de l'office du Vendredi Saint dénoncent les «juifs perfides» qui exigèrent de Ponce Pilate cette condamnation : [Les juifs] voulaient rejeter l'injustice de leur forfait sur la personne du juge [romain] ; mais pouvaient-ils tromper Dieu qui est juge aussi ? Pilate a été participant de leur crime dans la mesure de ce qu'il a fait ; mais, si on le compare à eux, on le trouve beaucoup moins criminel [3]. En 1965, les juifs espéraient que le Concile œcuménique Vatican II déclarerait sans ambiguïté la non-perfidie des juifs et leur absence de responsabilité dans la condamnation à mort du Christ. Mais, plus le Concile se prolongeait, plus il apparaissait que le Vatican hésitait, surtout sous la pression des catholiques d'Orient. En fin de compte, la «Déclaration sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes» du 28 octobre 1965 fit de larges concessions aux juifs mais les déçut. Ce point est peu connu et, aujourd'hui, la rumeur veut que l'Église ait, en 1965, déchargé les juifs de l'accusation de perfidie et de toute responsabilité dans la condamnation du Christ. La vérité est différente. Le Concile rappela «le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d'Abraham», réprouva et déplora l'antisémitisme, dit que le Christ «en vertu de son immense amour» s'était «soumis volontairement à la Passion et à la mort à cause des péchés de tous les hommes et pour que tous


228 les hommes obtiennent le salut». Il insista pour que les juifs ne fussent pas «présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture». Mais quelques mots — huit mots dans le texte latin — rappelaient tout de même, à l'intérieur d'une proposition concessive, que «les autorités juives, avec leurs partisans poussèrent à la mort du Christ» (auctoritates Judæorum cum suis asseclis mortem Christi urserunt). Les pères conciliaires ne pouvaient tout de même pas altérer le contenu du récit évangélique [4]. Jacob Kaplan, grand rabbin de France de 1955 à 1980, devait écrire, tout en se félicitant de certains aspects de la déclaration conciliaire : Ce qui était espéré de Vatican II, c'était surtout le rejet de l'accusation de déicide portée contre les juifs. On était en droit de l'espérer. Comme on le sait, il y eut trois projets sur la question. Le premier en 1963, le second en 1964, le dernier qui devint définitif en 1965. Or, la version de 1964 (la deuxième) rejetait effectivement l'accusation de déicide, mais dans la dernière il n'en fut pas question. Il a été tout simplement supprimé. Que s'était-il passé ? Un article dans Le Monde (19-06-1987) nous le fait savoir. Dans le compte rendu du livre écrit en anglais d'un orientaliste qui fait autorité, Bernard Lewis, on donne un passage de son ouvrage Sémites et Antisémites où il fait état de pressions de nations arabes sur la Papauté afin que ne fussent pas disculpés les juifs du crime de déicide. Le Vatican céda. Regrettant cette suppression, le cardinal Liénart, de Lille, ne put s'empêcher de dire : «L'on pourrait croire que le Concile ne veut pas laver le peuple juif de l'accusation de déicide.» («Dossier juifs et catholiques en dialogue», La Documentation catholique, 3 juillet 1988, p. 680.) Année 1990 Aujourd'hui d'autres combats mobilisent les juifs dans leurs exigences à l'égard des catholiques. Un récent article d'Henri Tincq dans Le Monde (7 décembre 1990, p. 1, 14) rappelle que, dans l'affaire du Carmel d'Auschwitz, les juifs ont obtenu satisfaction et que les carmélites devront quitter leur lieu de prière en lisière du camp pour un centre de dialogue et de recherche sur la Shoah. Les catholiques ont déjà versé de fortes sommes pour l'édification de ce centre mais le pape Jean-Paul II annonce le déblocage d'un complément de 100 000 dollars pour hâter la construction. Cependant, le pape reste suspect et, comme le dit le journaliste du Monde, «le procès de "révisionnisme" a été intenté à Jean-Paul II». Le pape tarde trop à publier un document qu'il avait promis, en septembre 1987, de rédiger sur l' «Holocauste» et qui cautionnerait la thèse de la réalité des chambres à gaz hitlériennes [5]. Il s'intéresse trop au projet de béatification d'Isabelle la Catholique. Les juifs, avec l'appui de Mgr Lustiger, s'efforcent d'empêcher la béatification d'une reine «trop catholique», coupable d'avoir, en 1492, signé l'édit de bannissement des juifs de son royaume, et cela sous l'influence de Torquemada, inquisiteur général qui, dit-on, avait abjuré sa foi d'origine : la foi juive. Le mythe de «la prière de Jean XXIII pour les juifs» n'est guère vivace ; mais il demeure et, en raison même de sa discrétion, il risque de survivre bien des années encore.¶Quant à l'American Jewish Committee, continuant sur sa lancée, il vient d'annoncer deux fausses nouvelles : selon son correspondant (?) à Paris, Roger Kaplan, la loi Fabius-Gayssot n'est pas passée et Faurisson est décédé (Commentary, août 1990, p. 49, 51).


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1. Sur le personnage qui signe «Szombati», on pourra lire un article que je lui ai consacré sous le titre : «Une enquête du Monde diplomatique sur les chambres à gaz» dans les Annales d'Histoire Révisionniste (n° 4, printemps 1988, p. 135-149).


230 2. A rapprocher d'un article d'André Glucksmann : «L'Europe sera "juive" ou ne sera pas» (Libération, 16 avril 1982, p. 14) et d'une déclaration du grand rabbin Sitruk : «Chaque juif français est un représentant d'Israël» (Le Monde, AFP, 12 juillet 1990, p. 7), propos qui sera déformé et atténué par deux journalistes du Monde qui demanderont au grand rabbin : «Lors de votre dernier voyage en Israël, n'aviez-vous pas déclaré que tout juif français devait se considérer comme un représentant d'Israël ?» (Le Monde, propos recueillis par Jean-Michel Dumay et Henri Tincq, 30 septembre 1990, p. 9.) 3. Dom Gaspard Lefebvre, Missel vespéral romain (quotidien) 1946 [1920], Vendredi Saint, Office des Ténèbres, 6 e leçon, p. 674. 4. Concile œcuménique Vatican II, éd. du Centurion, 1989, p. 698. 5. Le 27 septembre 1990, l'Osservatore Romano publiait, cependant, en première page un article sur une «méditation du pape à Jasna Góra [Pologne]». Jean-Paul II, parlant des juifs, aurait déclaré en polonais : «Ce peuple a été frappé par la mort terrible de millions de ses fils et de ses filles. D'abord, on les a marqués d'un signe particulier. Puis, on les a jetés dans des ghettos, des quartiers isolés. Puis on les a portés aux chambres à gaz, leur donnant la mort — seulement parce qu'ils étaient des fils de ce peuple (Poi portati alle camere a gas, dando loro la morte — soltanto perchè erano figli di questo popolo)». A moins d'une erreur de ma part, Jean-Paul II aura donc été le premier pape à cautionner ainsi — timidement, il est vrai — l'existence des chambres à gaz homicides. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 20-32


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UN SÉQUESTRE POUR L'ÉTERNITÉ ? COMMENTAIRE POUR UN POURVOI EN FAVEUR DES ANNALES D'HISTOIRE RÉVISIONNISTE

Éric Delcroix Avocat à la cour Les historiens révisionnistes ont payé fort cher la liberté d'expression, liberté que la loi dogmatique du 13 juillet 1990 prétend leur ravir. Paradoxalement, c'est une condamnation du professeur Faurisson qui a fondé la jurisprudence à cet égard. En 1979, celui-ci était poursuivi par la LICRA et huit autres associations coalisées pour «falsification de l'histoire». De ce point de vue les parties poursuivantes échouèrent, la condamnation ayant été prononcée sur un argument de raccroc — deus ex machina — s'agissant d'un argument qui n'avait pas été débattu. En effet, la condamnation fut motivée par le fait que le professeur, qui aurait été conduit à adopter parfois un ton polémique dans l'adversité, n'aurait : jamais su trouver un mot pour marquer son respect aux victimes en rappelant la réalité des persécutions raciales et de la déportation en masse… C'était là une erreur de la cour, car l'universitaire dissident avait bien exprimé un tel «respect aux victimes». De surcroît, la recherche historique, conformément à l'enseignement de Thucydide, n'est possible que libérée des appréciations moralisantes. Mais ce qu'il faut retenir de l' «affaire Faurisson», c'est que celui-ci, dont les arguments, la méthode et l'honnêteté n'ont pu être pris en défaut, a conduit la justice à déclarer : Considérant que les premiers juges ont rappelé avec raison que les tribunaux ne sont ni compétents ni qualifiés pour porter un jugement sur la valeur des travaux historiques que les chercheurs soumettent au public et pour trancher les controverses ou les contestations que ces mêmes travaux manquent rarement de susciter [1] ; […] Que la valeur des conclusions défendues par M. Faurisson relève […] de la seule appréciation des experts, des historiens et du public (cour d'appel de Paris, 26 avril 1983, présidence de M. Grégoire). Cette décision a fait jurisprudence, mais de façon souvent plus incantatoire que positive : il semble acquis pour l'Établissement judiciaire que les adversaires des révisionnistes ont l'avantage de l'opportunité et le monopole de l'émotion. C'est pour pouvoir livrer les travaux révisionnistes à «la seule appréciation des experts, des historiens et du public» que Pierre Guillaume créa, en 1987, la revue Annales d'Histoire Révisionniste, périodique trimestriel qui précéda la présente Revue d'Histoire Révisionniste. Les Annales devaient connaître huit livraisons, datées du printemps 1987 au printemps 1990. On leur doit notamment la publication des principaux extraits en français du premier Rapport Leuchter, première et unique étude technique des prétendues chambres à gaz homicides d'Auschwitz et de Majdanek (n° 5, été-automne 1988, p. 51-102). Contrairement, en effet, à ce qui se passe pour n'importe quel crime banal, jamais aucune expertise criminalistique n'avait été faite de l'arme de ce qui aurait été le plus grand crime de l'histoire… Alors que les Annales purent être publiées librement, sans aucune concession, par abonnements comme par les messageries de presse fournissant les kiosques, une opération singulière devait entraver la distribution du seul premier numéro par les messageries de la presse parisienne (NMPP). Tandis que ce premier numéro était normalement distribué dans les points de vente, une kyrielle d'associations, auxquelles devait s'adjoindre le ministère public aux ordres de M. Chalandon, Garde des Sceaux, en demandaient la saisie au président du tribunal de grande


232 instance de Paris. Il est bon de retenir que ces associations étaient : l'Amicale d'Auschwitz, l'Amicale de Buna-Monowitz, l'Amicale des Déportés Juifs de France, l'Amicale des Déportés de Blechhammer (Auschwitz III), la LICRA, le MRAP, l'Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France et la Ligue Française pour la Défense des Droits de l'Homme et du Citoyen. M. Pluyette, magistrat délégué par le président du tribunal, rendait son ordonnance, le 25 mai 1987, ordonnance aux termes de laquelle il disposait : […] Faisons interdiction à Pierre Guillaume en sa qualité d'éditeur de la revue incriminée et à la Société des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne de poursuivre actuellement la distribution, la diffusion et la vente du premier numéro de la revue «Annales d'histoire révisionniste» ; Disons que cependant Pierre Guillaume pourra seulement poursuivre la vente par abonnement, à l'exclusion de toute vente dans des lieux accessibles au public ; […] Ordonnons que la Société des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne sera séquestre judiciaire de tous les numéros de cette revue qu'elle détient… Cette ordonnance, jamais renouvelée pour les autres livraisons des Annales, aboutissait à donner au seul numéro considéré un statut «prétorien» empirique calqué sur celui de la presse pornographique, préfiguration des mesures prises contre la presse révisionniste en 1990 par Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur. Celui-ci a eu recours à la loi du 16 juillet 1949 pour la protection de la jeunesse, opportunément étendue, à l'initiative de M. Chalandon aux belles heures de la «cohabitation», aux publications qui encourageraient «à la discrimination ou à la haine raciale». Il faut savoir, toutefois, que le statut prétorien empirique en question s'inspirait d'un précédent imprudemment provoqué par des catholiques traditionalistes. C'est ainsi que sont réapparues, dans l'exposé des motifs de l'ordonnance de M. Pluyette, les idées qui avaient prévalu contre l'affiche agressive du film Ave Maria [2] en ces termes : Attendu que la libre expression des idées et des opinions […] ne peut subir de restriction, par la voie de la procédure du référé, qu'autant que le trouble manifestement illicite, visé par l'article 809 du Nouveau Code de Procédure Civile, se trouve constitué soit par une atteinte intolérable ou une intrusion injustifiée dans l'intimité de la vie privée d'une personne physique, soit dans une agression dont la violence extrême ou la répétition délibérée mettent la personne visée dans l'impossibilité absolue de se défendre et de répondre aux attaques qui lui sont portées, sauf à subir les effets de ce qui ne serait alors qu'une pure et simple persécution ; Que ce trouble illicite se trouve également constitué lorsqu'une personne ou un groupe de personnes se voit imposer dans l'exercice de sa liberté d'aller et venir une atteinte particulièrement grave à des convictions les plus fondamentales de l'Homme, dont il peut être demandé légitimement le respect, alors que cette forme d'agression est de nature à constituer une provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence en raison de leur origine ou de leur appartenance ; Attendu que Pierre Guillaume […] a délibérément diffusé son premier numéro, essentiellement consacré à la négation de l'existence du génocide juif, au moment précis où s'est ouvert le procès de Klaus Barbie… ; Que, même s'il n'est pas mentionné le nom de Klaus Barbie dans le numéro incriminé, par la distribution et l'exposition de l'ouvrage dans tous les lieux desservis par les NMPP , il a imposé au public et particulièrement aux familles de toutes les victimes du nazisme ainsi qu'à tous ceux qui estiment se reconnaître dans une origine juive, l'affirmation de l'irréalité d'un martyre, sans qu'ils puissent, en l'état, le contester… Dans le cas des affichages publicitaires du film Ave Maria sur les grands boulevards de Paris, tout un chacun se voyait en effet éventuellement choqué dans ses convictions religieuses, simplement en exerçant sa «liberté d'aller et venir», mais est-ce raisonnablement le cas de celui qui va acheter son journal dans un point de vente, où s'entassent toutes sortes de revues pleines


233 d'insanités ? D'autant plus que les Annales, de présentation sobre et discrète, n'avaient pas les moyens de proposer aux revendeurs des affichettes de devanture. A vrai dire, il fallait vouloir les Annales pour les trouver. Et puis, quelles sont les «convictions de l'Homme» judiciairement protégées ? Pas celles de Pierre Guillaume et des révisionnistes, suppose-t-on, «hommes» sous «h» minuscule, véritables dissidents dont la situation, en butte aux efforts conjugués de la Justice et de l'Administration, est de plus en plus comparable à celle des opposants soviétiques d'avant la Perestroïka. Par ailleurs, l'argument selon lequel les supposées victimes induites de M. Guillaume auraient été «dans l'impossibilité absolue de se défendre et de répondre aux attaques [?]» ou «en l'état, [de] contester» son discours ne résiste pas à l'examen, même le plus sommaire. En effet, chacun sait que, face à la revue de Pierre Guillaume et ses quelque deux mille exemplaires, se dresse la totalité des grands et moyens médias, écrits et audiovisuels ! «Haro sur le baudet ?» Enfin, il est choquant de voir qu'une décision de justice, même provisoire comme une ordonnance de référé, puisse trouver une justification à la suspension d'une Liberté publique dans le fait qu'elle pourrait nuire, et au surplus indirectement, au monopole de la thèse de l'accusation dans le cadre d'un procès en cours par ailleurs [le procès Klaus Barbie]. Ce nonobstant, Pierre Guillaume n'interjeta pas appel de l'ordonnance de Gérard Pluyette en s'expliquant ainsi dans la deuxième livraison des Annales d'Histoire Révisionniste (été 1987, p. 156) : […] j'ai renoncé à faire appel de l'ordonnance. Trop c'est trop ! Je suis las et fatigué. Il ne m'appartient pas de laisser croire que je m'adresse avec confiance à la justice de mon pays. Il ne m'appartient pas de donner l'occasion à l'institution judiciaire de restaurer une dignité compromise. Je respecterai et appliquerai par force la décision du juge et je réserve ma position définitive en cette affaire, d'autant plus que je n'ai aucune nouvelle à ce jour de la saisine des juridictions du fond, évoquée par nos adversaires et par le juge pour justifier ce séquestre prétendument conservatoire. Et puis le procès de M. Barbie s'était terminé, sans surprise aucune, et en présence d'une défense qui n'osa pas la «rupture» révisionniste. De plus, le délai libératoire de trois mois, délai de prescription propre aux affaires de presse, s'était écoulé. Et cela sans que le directeur et éditeur des Annales eût été poursuivi pour une hypothétique «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence» envers un groupe de personnes en raison de son origine, groupe censé représenter ici «les convictions les plus fondamentales de l'Homme». Mais de «saisine des juridictions du fond», nenni… Plusieurs centaines de volumes des Annales restaient séquestrés aux NMPP sans que l'on sût trop pourquoi, puisque la diffusion par abonnement demeurait libre. Dès lors, Pierre Guillaume ne pouvait faire autrement, alors qu'il ne pouvait plus satisfaire l'afflux de nouveaux abonnés, que de saisir lui-même le juge du fond. Et là, les choses se passèrent à peu près normalement au regard du droit de liberté d'expression. Saisi par assignation à jour fixe (procédure d'urgence ordinaire en matière d'entrave à la diffusion d'un périodique), la première chambre du tribunal de grande instance de Paris, que présidait M. Diet, entendait les plaidoiries le 18 novembre 1987 et prononçait son jugement le 16 décembre suivant. Ce jugement disait d'abord recevable l'action de M. Guillaume, contre l'avis des associations. Sur le fond, il ne désavouait pas M. Pluyette mais il constatait logiquement que les conditions énoncées dans son ordonnance étaient désormais caduques. Il disposait en conséquence : Ordonne la mainlevée de l'interdiction qui a été prononcée, à titre provisoire, par l'ordonnance de référé du 25 mai 1987 et des mesures qui en ont été la suite. Les associations coalisées, dans leur volonté de censure, n'acceptèrent pas ce jugement et en relevèrent appel, suspendant de ce seul fait son exécution. La procédure au fond reprenait donc,


234 et la cause était plaidée devant la cour le 16 mai 1988, le représentant du Parquet, l'avocat général Lupi, ayant opiné en faveur de la confirmation du jugement, donc au côté de M. Guillaume, au nom de la liberté de la presse. La cour, sous la présidence de M. Gelineau-Larrivet, rendit un premier arrêt le 27 juin 1988, arrêt qui, s'il reconnaissait la recevabilité de l'action pendante, ne tranchait pas mais prononçait le sursis à statuer. La cour estimait, en effet, devoir attendre l'aboutissement d'une instruction pénale introduite à Auch (Gers) contre MM. Guillaume, Faurisson et Mattogno. Et ce, en vertu du principe qui veut que l'autorité de la juridiction pénale prime celle de la juridiction civile, en cas de concordance simultanée d'objet (et qu'exprime l'adage «le criminel tient le civil en l'état»). Seulement, si l'existence de cette procédure parallèle avait été mentionnée lors des débats, aucune partie n'avait demandé ce sursis à statuer. Et pour cause : cette autre affaire, pendante à Auch, si elle concernait bien des écrits publiés dans la livraison litigieuse des Annales, était, dans l'esprit des plaideurs, étrangère à la cause car fondée sur les qualifications d' «apologie de crime de guerre et propagation de fausses nouvelles». Rien à voir, donc, avec l'hypothèse émise dans l'ordonnance de 1987, mentionnant seulement une éventuelle «provocation à la discrimination…». L'argument surprenait tout le monde, mais prenait surtout à contre-pied M. Guillaume, son avoué, Me Ménard, et moi-même, coincés dans un cas de figure que nous n'avions pu imaginer. C'est que nous n'avions pas été invités à présenter nos objections, contrairement à ce que prévoit l'article 16 du Nouveau Code de Procédure Civile qui vise à pallier une telle occurrence en disposant : Le juge doit, en toutes circonstances, faire observer et observer lui-même le principe de la contradiction.[…] Il ne peut fonder sa décision sur les moyens de droit qu'il a relevés d'office sans avoir au préalable invité les parties à présenter leurs observations. Le 31 octobre 1989, Mlle Bergougnan, juge d'instruction à Auch, rendait une ordonnance de non-lieu, mettant un point final à cette procédure, puisque ni le Parquet, ni les parties civiles parmi lesquelles figurait la Ligue des Droits de l'Homme, ne firent appel. Dès lors, Pierre Guillaume fit réinscrire la cause au rôle de la cour, puisque la condition qui assortissait le sursis à statuer était réalisée. Il se retrouvait, quoique sans illusions, apparemment en bonne position contre ses censeurs. La dernière réticence de la cour à lui donner raison, au moins en confirmant le jugement entrepris, venait, semblait-il, de s'évanouir. La nouvelle date des plaidoiries était fixée au 21 mai 1990. Quelques jours auparavant, le président Vengeon informait Me Ménard d'une demande de renvoi formulée par le Parquet, demande qu'il entendait satisfaire. C'est dans ces conditions que l'évocation de ce qui est probablement le contentieux le plus long de l'histoire de la presse périodique fut remise au 26 septembre 1990. M. Guillaume, qui se doutait que le Parquet général ne cherchait qu'à gagner du temps dans l'attente d'un mauvais coup du Pouvoir, n'accepta pas cette manœuvre. Il me demanda de ne pas plaider à la date de renvoi. De fait, M. Joxe prit un arrêté, le 2 juillet suivant (J.O. du 6 juillet 1990), visant la loi de 1949 aggravée, comme on sait, à l'initiative de M. Chalandon, arrêté à l'encontre des Annales. La même mesure a frappé la présente Revue d'Histoire Révisionniste, lui donnant ce statut que M. Pluyette avait voulu, de façon circonstancielle, pour la première livraison des Annales. Rien que des abonnements, et sans publicité… Le 26 septembre dit, la cause fut donc plaidée, hors ma présence, pour les raisons que l'on vient de voir. Le substitut général, M. Delafaye, représentant le Parquet, prit, comme son homologue de 1988, position en faveur de la confirmation du jugement obtenu par le directeur


235 et éditeur des Annales, tout en faisant valoir de sa voix officielle que l'existence de l'arrêté du ministre de l'Intérieur ne permettrait pas : aux tenants du révisionnisme de chanter victoire, ce qu'il n'aurait pas pu dire si l'affaire avait été plaidée normalement, le 21 mai… Et la première chambre de la cour, composée, outre le président Vengeon, des conseillers Canivet et Hannoun, a enfin prononcé son arrêt, à la date du 31 octobre, disposant : infirme le jugement du 16 décembre 1987 en ce qu'il a ordonné la mainlevée de l'interdiction prononcée à titre provisoire par l'ordonnance de référé du 25 mai 1987 et des mesures qui en ont été la suite. Statuant à nouveau, Déboute M. Guillaume[…] Condamne M. Guillaume à payer la somme de deux mille francs aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne et à chacune des associations appelantes Condamne M. Guillaume aux dépens de première instance et d'appel […]. Or, comment la cour a-t-elle pu se prononcer ainsi ? La réponse est bien sûr dans l'exposé des motifs de l'arrêt… où l'on trouve des cas de cassation qui devraient retenir l'attention des commentateurs. En premier lieu, la cour s'appuie sur la Loi-dogme du vendredi 13 juillet de l'année en cours (J.O. du 14 juillet 1990), pour dire que M. Guillaume (sanctions financières à l'appui) et les premiers juges ont eu tort trois ans et demi auparavant. Pourtant, M. Delafaye avait mis la cour en garde contre la tentation d'invoquer l'ordre public pour faire une application immédiate de la nouvelle loi, en écrivant dans ses conclusions : La loi du 13 juillet 1990, en effet, qui érige en délit la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité n'exige-t-elle pas de vous, au nom de l'ordre public, parce qu'elle est un texte pénal, de maintenir l'interdiction de publication d'une revue qui vise précisément à contester un crime contre l'humanité ? Votre ministère public ne le croit pas, pour trois raisons : – d'une part, car ce texte pénal est soumis au principe de la non-rétroactivité des lois pénales de fond ; – d'autre part, car vous ne pouvez pas faire à M. Guillaume de procès d'intention puisque vous ne savez pas, a priori, s'il entendra donner à sa contestation la publicité exigée par l'article 24 de la loi (en réalité «23» de la loi de 1881 sur la presse — note) en vue de l'application de l'article 24 bis (ajout de 1990 à la loi de 1881 — note) ; – enfin, car en substituant la cause d'ordre public à celle du trouble circonstanciel pour maintenir le séquestre, vous priveriez M. Guillaume de son droit au double degré de juridiction. Mais, par ces propos, M. Delafaye omettait encore des arguments qui ôtent par ailleurs à l'arrêt du 31 octobre toute pertinence juridique. C'est que les ouvrages séquestrés faisant partie d'une édition qui a fait l'objet d'une diffusion depuis plus de trois mois (article 65 de la loi du 29 juillet 1881), c'est-à-dire «depuis temps prescrit», aucun argument tiré d'une hypothétique infraction de presse n'était, dès lors, ici opposable. C'est, du reste, pourquoi les éditions anciennes des pamphlets de Céline, par exemple, restent en vente libre chez les bouquinistes, au-delà de la promulgation de la loi du 1er juillet 1972, dite «antiraciste» ! Par ailleurs, le fameux «article 24 bis» qui prétend donner une autorité définitive et absolue aux décisions du Tribunal militaire international de Nuremberg est d'un maniement délicat. Or, que savait la cour de la teneur de ces décisions ? Qu'en sait M. le Substitut général ? Les 42 volumes des actes du grand procès des vaincus par leurs vainqueurs n'avaient pas été versés à la procédure, et encore moins débattus.


236 Peut-on juger en fonction des rumeurs ? Il serait interdit de discuter de la rumeur d'Auschwitz… en vertu de ce que la rumeur dit de Nuremberg ? Et qu'a-t-on jugé, alors que certains exemplaires du numéro litigieux, et certains seulement — les séquestrés — restent à la garde des NMPP ? C'est que, implicitement et de façon exorbitante, on a jugé que M. Guillaume n'était plus propriétaire de ces volumes-là, qu'il ne peut même pas reprendre pour en faire de la pâte à papier. Ce séquestre est sans solution puisque infini : n'ont été décidées ni la vente, ni même la destruction des objets impurs. Sujet d'étude pour les professeurs de droit : les numéros des Annales ainsi figés sont-ils le bien de personne (res nullius) ou propriété des Domaines ? J'opinerais pour la deuxième branche de cette alternative, car dans le premier cas toute personne pourrait s'emparer du stock séquestré… même le directeur des Annales ! * Malgré ses réticences, Pierre Guillaume doit introduire un pourvoi en cassation, mais… L'arrêt ici commenté y a mis un obstacle, car les frais mis à la charge de Pierre Guillaume devront être préalablement 43 payés. A défaut, les associations de censeurs ne manqueront pas de demander que M. Guillaume se voie interdire de diligenter son pourvoi. Pour ce faire, elles s'appuieront sur le tout récent article 1009-1 du Nouveau Code de Procédure Civile [3]. Ces frais sont de 18 000 (2 000 x 9) francs, plus les dépens des avocats ayant représenté les parties devant le tribunal et ceux des avoués d'appel (deux à trois dizaines de milliers de francs). Le mur de l'argent… Il faut ce pourvoi, pourtant, pour sauvegarder ce qui peut subsister de notre droit, cette chose si nécessaire qu'invoquent tant ceux qui s'en rient. Il faut mettre cet arrêt à la casse [4] ! Et vite ! 1. Quoique se voulant, par attendu de style, fidèle aux principes de cette jurisprudence, le tribunal de grande instance de Paris vient pourtant de prendre un jugement qui en esquisse le renversement (Faurisson c/Wellers et C.D.J.C., 1re chambre du tribunal de grande instance de Paris, 14 février 1990). 2. Il n'y a encore guère plus d'une décennie, aucune juridiction judiciaire n'aurait accepté de se prononcer dans un domaine que l'on considérait comme relevant du seul pouvoir de police de l'Administration. 3. L'article 1009-1, édicté en 1989, permet d'empêcher le pourvoi d'une personne qui n'a pas exécuté les clauses de l'arrêt attaqué ; le pourvoi n'est pas suspensif (le socialisme contre les pauvres ?). 4. La cour de cassation n'infirme pas, par hypothèse, une décision attaquée, mais la «casse». Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 33-43


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HOLOCAUSTE : LE MYTHE FONDATEUR DE LA FIN DES TEMPS Philippe Costa Au discours révisionniste et à son argumentation, toujours susceptibles d'appeler critiques ou controverses, les tenants de la «vérité officielle» aujourd'hui garantie par une loi de la République française en date du 13 juillet 1990 opposent une vision de la seconde guerre mondiale, et de l'«Holocauste» en particulier, toute empreinte de religiosité et d'un mysticisme qui plonge ses racines dans l'enseignement ésotérique de la Kabbale. Certains sont tentés de voir dans cette attitude dogmatique une dérobade ou la volonté d'échapper au débat. D'autres encore iront jusqu'à dire qu'il s'agit de masquer d'immenses intérêts financiers et géopolitiques. Sans doute ces opinions expriment-elles une partie de la vérité, mais l'enjeu réel est peut-être ailleurs. Il faut se défaire ici d'une conception purement matérialiste (et surtout «matérialiste dialectique» à la façon de K. Marx) où le monde se réduit à l'économique et au financier. L'argent n'est jamais qu'un moyen et non une fin. Son caractère fongible et le développement informatique en font de plus en plus une entité comptable évanescente et fantomatique, fluidique, une onde magique… Quelle que soit l'importance des retombées politico-financières des persécutions revendiquées par les fils d'Israël, ces retombées ne constituent, à notre avis, qu'un aspect secondaire par rapport au but final dont la recherche anime l'élite juive, à savoir l'instauration d'une ère nouvelle pour l'humanité. Nous plaçant hors de toute controverse d'ordre historique, technique ou sentimental, nous nous inspirerons ici d'une perspective philosophale sur les mythologies et les éléments symboliques qui appartiennent à l'héritage ou à la tradition des peuples anciens. NOTIONS DE MYTHE Comme fondement à toute civilisation, on trouve toujours sous forme poétique, allégorique, récits de batailles ou autres, un mythe dit des origines, censé relier d'un point de vue cosmique et religieux la cité et son peuple à une divinité. On parle souvent de mythe fondateur. Il y a là un pléonasme car le mythe est, par principe, fondateur. Il représente un schéma intellectuel à la fois initiateur et guide culturel des sociétés qui s'y réfèrent. Un tel mythe apparaît toujours comme un pôle de référence au-delà des oppositions d'intérêts normales dans tout groupe humain. Le mythe est ce qui unit les hommes dans un destin commun, dans une commune vision du monde. Au fil du temps et de l'évolution du monde moderne, le sens de tels éléments tend à échapper à nos contemporains, parce qu'il ne relève pas de l'entendement primaire et immédiat. La publicité jusqu'à saturation et l'acharnement médiatique alimentent le «prêt à penser» d'une population pour qui la qualité de vie relève de la subsistance euphorique. L'homme moderne considère le mythe comme une valeur périmée, sans intérêt, qu'on ne tire des oubliettes de l'histoire que pour en faire parfois des films à grand spectacle ou des contes pour enfants. Néanmoins, l'homme est essentiellement un être religieux et il a besoin de s'identifier et de croire à des valeurs. S'il croit vivre dans une société à la dérive, fondée sur l'individualisme et le matérialisme, il s'ouvrira, de manière inconsciente, à une «révélation» et à l'adoption d'un mythe fondateur d'une nouvelle ère. Le mythe deviendra le fondement de la dimension spirituelle qui lui manque. Il permettra une régénération et une entrée dans l'âge de la fin des temps.


238 En une première partie, nous évoquerons trois exemples de mythes cosmogoniques empruntés successivement à la tradition scandinave ou nordique, à la tradition tahitienne ou des mers du sud, à la légende maçonnique des confréries de bâtisseurs ; nous limitant à l'un des aspects de ces mythes, celui du «démembrement» suivi du «remembrement», nous amorcerons une comparaison avec un aspect de l'«Holocauste» des juifs. En une seconde partie, nous traiterons des épreuves liées aux quatre éléments (terre, air, eau, feu) et nécessaires à toute initiation alchimique dans un but de qualification et de régénération spirituelle propres à assurer l'élection individuelle ou l'élection collective d'un peuple, en la circonstance celle du peuple juif. Nous montrerons, en particulier, comment ces épreuves concordent avec le rituel de la chambre à gaz et de la crémation. —I— MYTHES COSMOGONIQUES, DÉMEMBREMENT Premier exemple : Récit légendaire scandinave Au début, quand vivait Ymir, il n'y avait ni sable, ni mer. La terre n'était pas présente, ni le firmament : un gouffre béant, sans herbe nulle part ! Völuspâ Ainsi s'exprimait la Völuspâ, le plus ancien des chants des Eddas, recueil de textes scandinaves. C'était le grand Ginnungagap, le plus profond tohu-bohu de la Kabbale, le chaos des origines, la materia prima des alchimistes. Ymir, le géant primordial, ancêtre de l'humanité — l'Adam Kadmon des Kabbalistes, l'Orion des Grecs — naquit de la rencontre de deux forces issues du chaos : l'une du nord, monde des ténèbres où règne la glace et le givre (Niflheim) et l'autre au sud où brûle le feu (Múspellheim). Tout comme le froid le plus âpre venait de Niflheim, tout ce qui était orienté vers le monde de Múspellheim était brûlant et clair, mais dans Ginnungagap, c'était comme un constant temps doux, et alors le courant brûlant rencontra le givre, en sorte que cela fondit et dégoutta, et de ces gouttes d'eau froide jaillit la vie par la force qui provoquait la chaleur brûlante, et cela devint une figure humaine, et il s'appela Ymir. A ce stade de la cosmogonie, la materia prima du grand œuvre encore imparfaite — le géant Ymir ou le grand chêne du Kalévala finnois — doit être détruite pour redonner forme à une vie régénérée, débarrassée des scories et autres impuretés de la création initiale. C'est là qu'apparaît le mythe du démembrement. Les fils de Burr — Odin et ses deux frères — tuèrent le géant Ymir. Ils prirent Ymir et le placèrent au milieu du Ginnungagap et firent de lui la terre, de son sang, la mer et les lacs, de ses os, les galets de la mer, de ses dents et des condyles, les amas de pierres et les cailloux, de sa chair, les montagnes. De son crâne, ils firent la voûte du ciel. Ils prirent aussi sa cervelle et la jetèrent en l'air et ils en firent les nuages. Des sourcils d'Ymir, ils firent la palissade de Midgardh, futur monde des hommes. Le souvenir de ce démembrement s'est d'ailleurs conservé jusqu'au Moyen Âge où le zodiaque fut assimilé au corps humain selon la progression suivante : La tête au Bélier, la gorge au Taureau, les membres latéraux aux Gémeaux, la cage thoracique au Cancer, le cœur au Lion, le ventre à la Vierge, les reins à la Balance, le sexe au Scorpion, les cuisses au Sagittaire, les genoux au Capricorne, les jambes au Verseau et les pieds aux Poissons. Tout ce qui précède nous permet de comprendre qu'Ymir constitue l'homme cosmique primordial d'où procède toute la création.


239 Nous venons simplement d'examiner la première phase du processus que les alchimistes de la Kabbale qualifient de solve, de dissolution par démembrement de l'homme macrocosmique. Il reste à voir la phase suivante qui constituera le remembrement, le coagula, autrement dit la création d'une humanité pure et idéale issue d'un principe divin primordial et cosmique. Ce sera notre troisième exemple. Deuxième exemple : Mythe cosmogonique des peuples des mers du sud Aux premiers temps il n'y avait rien. Ni terre, ni mer, ni homme, ni poissons, ni soleil, ni eau douce, ni vie. Rien que la nuit et le vide, sans aurore et sans chaleur. Seul, perdu dans l'immensité obscure, Taaroa tournait lentement, enfermé dans sa coquille de bénitier. Il tournait dans la nuit et le vide, mais il ne savait pas qu'il n'y avait que la nuit et le vide autour de lui. Il voulait sortir de sa coquille. Il s'ennuyait tout seul. Il voulait savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de sa prison. Il souleva la moitié de sa coquille au-dessus de sa tête et fut stupéfait de ne voir qu'une nuit silencieuse. Le froid le fit frissonner. Il se pencha sur le bord de son refuge. «Y a-t-il quelqu'un, là, devant moi ?» appela-t-il. Mais il n'y avait personne et personne ne lui répondit. Alors le dieu, se voyant seul, sentit la colère le gagner. «Montagnes, sable, rocs, rivières, lacs, océans, îles… sautez jusqu'à moi !» Mais rien ne sauta jusqu'à lui. Alors il souleva sa coquille et la jeta très haut au-dessus de sa tête et elle ferma la coupole du ciel. Il avait compris qu'il lui faudrait tout créer et sa colère tomba. Il prit sa colonne vertébrale et en fit une chaîne de montagnes. Il pétrit ses mains et ses pieds, en forma une boule et ce fut la terre. Avec ses cheveux, il fit l'herbe, les fleurs, les arbres. Avec ses dents, il fit les étoiles et avec son sourire il fit la lune. Avec ses ongles des pieds et des mains il fit la carapace de tous les animaux qui vivent dans les sentiers de la terre et de la mer. Avec la sueur de son front il fit les océans, les lacs, les rivières. Avec ses larmes il fit l'eau des nuages et son sang servit à colorer les couchers de soleil. De son haleine il créa l'homme. Il lui apprit à creuser une pirogue, bâtir une maison, allumer un feu puis, ayant tout donné, son esprit, qui est indestructible, revint habiter dans la coquille qui fut sa première demeure. C'est de là, disent les anciens, qu'il regarde les hommes ; ces hommes parmi lesquels il reviendra un jour car il s'ennuie tout seul. Troisième exemple : La légende d'Hiram, maître des bâtisseurs du temple de Salomon Hiram, dont l'étymologie procède de Hir, qui signifie ville et de Ram, qui a le sens d'élévation, roi de la ville élevée, était architecte en chef de la construction du temps de Salomon. Dans la franc-maçonnerie, le mythe de la mort d'Hiram constitue à la fois la cérémonie d'élévation au grade de maître mais aussi le point de départ de la recherche de la parole perdue. Autrement dit, la mort rituelle d'Hiram — au même titre que celle d'Ymir — provoque la dissolution au sein de la terre de l'initié suprême, fils de la connaissance, homme cosmique par excellence. Aux sources de la légende d'Hiram on retrouve, dans le compagnonnage, le meurtre de maître Jacques par les disciples de Soubise et, plus loin encore, en Égypte, la mort d'Osiris tué par ses frères ; Osiris est démembré et Isis, sa sœur, part à la recherche de son frère pour réunir ses parties, le régénérer et donner naissance au nouveau soleil, leur fils Horus. De même, dans la franc-maçonnerie, il appartient au maître maçon de «rassembler ce qui est épars» afin de recréer, après un passage par la mort, une vie nouvelle, une renaissance à la lumière. Cette œuvre représente la phase dite de coagulation, ou coagula des alchimistes. Démembrement et dissolution


240 Dans ces trois mythes cosmogoniques, le démembrement précède un remembrement. Par exemple, issu du chaos, le géant Ymir est démembré pour donner naissance à l'univers. Ymir représente la première création, encore imparfaite. A l'instar de l'alcool, qui subit plusieurs «distillations» avant de devenir presque pur, Ymir subit l'épreuve de la séparation. Les alchimistes du Moyen Âge appelaient ce processus «séparer le subtil de l'épais». De la même façon, si l'on se place dans la perspective de l'«Holocauste» des juifs, le génocide servira à dégager du corpus judaicum (élément épais) le subtil, l'esprit qui animera, dégagé des contraintes corporelles et contingentes, le futur remembrement symbolique du peuple d'Israël. On retrouve cette théorie dans la relativité selon Einstein. La matière brute fissionne, se démembre et libère l'énergie subtile radio-active productrice de chaleur ou d'électricité nécessaire et vitale à toute activité humaine. L'activité de démembrement est permanente dans le camp de concentration. Tout y est programmé selon des méthodes qui ne doivent rien au hasard. Du corps, on ôte la peau, destinée à être tannée pour la fabrication de cuir (vêtements, chaussures), ou d'abat-jour. On extrait de même la graisse avec laquelle on réalise du savon. A partir des cheveux on construit des matelas ou l'on en tire des matières textiles (feutre). Des dents, on récupère l'or ou on les broie pour faire de la poudre d'ivoire. Du corps lui-même on fait de l'engrais. Les lunettes (les yeux), les chaussures (les pieds), les vêtements sont ôtés pour être recyclés… Pas une partie ne doit échapper à cette opération de démembrement, comme, dans les mythes cosmogoniques, tout sert, tout a une finalité. Remembrement et coagulation La phase dite du coagula ou remembrement se réalise après le passage obligé dans la chambre à gaz et surtout après la fin de la guerre, fin de l'épreuve mythique. Le juif en ressort transfiguré. La notion de race juive à part entière est enfin reconnue ; cette race qui, selon un cynisme diabolique, a même été épurée physiquement par l'envoi conscient des métis, des assimilés et de la petite classe à la mort typhique. Grâce à l'ennemi se réalise l'idéal d'une race pure, archétype du cosmos, à l'instar du démembrement d'Ymir et de son remembrement qui crée l'homme cosmique, c'est-à-dire l'image parfaite de Dieu. Là est le but de toutes épreuves initiatiques. L'homme cosmique remembré est à la fois le peuple juif régénéré et l'État d'Israël. Grâce aux six millions de morts, l'étoile de David peut désormais guider le monde. Comme le rappelle Fulcanelli (Le Mystère des Cathédrales), l'union des deux triangles du feu et de l'eau engendre l'astre à six pointes, le sceau de Salomon, hiéroglyphe de l'œuvre par excellence et de la pierre philosophale réalisée. Le rapport avec le nombre six est évident et, si l'on admet la triunité de l'homme (esprit, âme, corps) et ses trois plans de développement, le triple six (666) s'impose à nos réflexions. La pierre philosophale ou élixir de longue vie est ce qui confère l'immortalité, ici la pérennité d'une identité psychologique, voire psychosomatique. Ainsi «mythifiées», les souffrances collectives d'un peuple constituent autant d'épreuves propres à épurer et à redynamiser le corps psychique d'une population dispersée géographiquement et, de ce même fait, soumise aux influences dissolvantes de l'assimilation au sein des populations autochtones. Il s'agit bien là d'une syntropie recréatrice, destinée à compenser l'entropie inéluctable et irréversible de tout ce qui «existe», c'est-à-dire de tout ce qui demeure soumis aux vicissitudes de la contingence et du devenir. — II — LES QUATRE ÉPREUVES ET LA RENAISSANCE


241 Avant d'étudier sous l'angle hermétique le symbolisme des diverses étapes de l'événement qualifié «Holocauste», il importe de bien s'entendre sur la signification de certains termes.¶Les appellations alchimiques qui suivent — terre, air, eau, feu — ne désignent pas des substances physiques ou chimiques, mais des principes. La terre n'est pas celle du pot de fleurs, ni l'eau, celle qui coule du robinet. En fait, et pour s'en tenir aux quatre éléments traditionnels, il s'agit des quatre étapes de la materia prima, à travers les diverses étapes de l'œuvre jusqu'à la renaissance philosophale : Terre : solide, densification Air : volatil, état gazeux, subtil Eau : liquide, état fluidique Feu : état igné, plasmique, phlogistique. En outre, le graduel hermétique comporte impérativement une opération de «densification» à certains stades, et notamment pour débuter, qualifiée aussi de «compression». Ensuite on parlera plutôt de filtration et de décantation. La densification postule donc la déportation en vue d'une concentration, phase préliminaire d'un processus qui se développe par étapes successives de concentrations et de dissolutions : coagula et solve. La phase dite de coagulation concentrationnaire, ce nouvel «exode» et ses conséquences constituent, alchimiquement, le point de départ de ce véritable mythe du XXe siècle, pour ne pas dire de cette fin de cycle. La chambre : œuvre au noir et épreuve de la terre La problématique de l' «Holocauste» concorde avec les mythes précédemment décrits et avec les épreuves expliquées ci-dessous. Le passage par la chambre à gaz s'identifie à une descente aux enfers. Il s'agit de la mort sacrificielle acceptée implicitement puisqu'elle exprime la volonté de la divinité, Yahwé, dieu sévère et irascible. Ne dit-on pas qu'il régnait dans le camp de concentration un fatalisme total, une résignation face à une épreuve qui dépassait la volonté individuelle ? On peut donc admettre que le peuple de Yahwé devait absolument subir cette épreuve, telle une catharsis exigée par la volonté divine. Dans la Kabbale, la descente aux enfers correspond à l'œuvre au noir, la «Nigredo», phase de «putréfaction», le «Corbeau» selon le bestiaire traditionnel, et première étape dans la réalisation du «Grand œuvre» alchimique visant à l'obtention de l'or spirituel, à savoir la maîtrise des forces de l'univers. C'est l'épreuve de la terre des anciens mystères telle que maintenue par certaines structures initiatiques. Ainsi, dans les rites maçonniques, la découverte du cadavre du maître Hiram amène les maîtres maçons à constater que : «la chair quitte les os… tout se désunit». Certaines variantes comportent un signe d'horreur devant le cadavre décomposé, comme il peut être suscité à la vision de corps entassés dans des fosses, au sein d'une terre saturée qui semble vouloir refuser un ultime accueil. Pour revenir à cette catharsis que constitue l'œuvre au noir, elle s'assimile aux rites initiatiques précités : «Laissez les métaux à la porte du temple.», diront les francs-maçons. A l'instar de l'impétrant dépouillé de tout objet métallique, et souvent dévêtu, on peut se référer aux tas de bijoux et objets précieux enlevés aux déportés préalablement à une introduction dans


242 cette véritable tombe parfois appelée «cabinet de réflexion» que peut constituer la chambre à gaz. Comme dans les anciens mystères, l'entrée en état de nudité s'assimile au retour à la matrice terrestre en vue d'une remontée vers les mondes supérieurs. Mais il y a plus. Par l'œuvre au noir, il faudra acquérir virtuellement toutes les possibilités contenues dans le chaos primordial qui donne naissance au cosmos. Or, étymologiquement, selon les antiques racines indo-européennes, le mot chaos dérive du même terme désignant le gaz et le bâillement. Sans aller jusqu'à l'assimilation trop facile entre chambre et bâiller, on peut admettre que le bâillement implique l'inspir et l'expir précédant l'endormissement analogue à la mort. Le choix du mot «chambre» exprime des vérités symboliques. C'est un lieu où l'on dort. Le sommeil fait passer l'être de l'état de conscience à l'état de rêve puis au sommeil profond. L'état de rêve engendre le monde imaginal, espace des songes et de la révélation où le temps est aboli. C'est à partir de la chambre à gaz que le destin messianique du peuple juif sera révélé au sortir du processus. La chambre à gaz se révèle ainsi comme le lieu de transit nécessaire, expression du chaos dans une démarche de restauration du peuple d'Israël à travers les quatre éléments. Le gaz : épreuve de l'air Si le lieu de confinement et de dépouillement que constitue la chambre s'assimile à l'épreuve de la terre, la diffusion gazeuse en fait un œuf philosophal où s'effectue une seconde phase, celle de l'épreuve de l'air, élément volatil, impliquant une deuxième purification par l'acquisition des virtualités du monde subtil et aérien qui imprègnent l'individu jusqu'au tréfonds de son être : le gaz, impalpable et subtil, imprègne l'homme jusqu'à la plus petite de ses cellules. C'est un des aspects du dissolvant universel des kabbalistes. La douche : épreuve de l'eau Dans le cadre des quatre épreuves «élémentales», cette nouvelle étape transparaît à travers le prétexte de la douche. C'est le sacrifice de la «lustration», autre stade de purification. Psychologiquement — et ce n'est pas Freud qui nous démentira — l'immersion provoque une sensation de retour à la matrice originelle, tel le fœtus au sein de la mère entouré du liquide amniotique. La simulation de la douche replonge le futur gazé à l'origine de la vie, au niveau individuel, et à la genèse du monde, au niveau collectif, pour le peuple juif. Conformément aux rites anciens, la douche, ou plutôt l'immersion, correspondait à une purification par l'eau. Cette idée se rencontre encore dans le baptême chrétien ou chez les hindous dans le bain au sein du Gange. Mais cette purification n'est encore que partielle et extérieure. Seul le feu achèvera l'œuvre par la purification intérieure et intégrale du corps. Igne Natura Renovatur Integra (INRI) ! [1] Avant d'aborder l'ultime épreuve, celle du feu, et pour en terminer avec le symbolisme de l'immersion, rappelons le Déluge, déclenché par Yahwé après avoir constaté l'échec de sa création et dans un souci d'anéantir les hommes pervertis. Ainsi, dans la mythologie indoeuropéenne, le fait de passer victorieusement l'hiver, période glacée et ténébreuse, sera-t-il qualifié de «traversée de l'eau de la ténèbre hivernale». De même, lors du déluge, l'immense majorité de l'humanité est engloutie par les eaux. Seuls subsistent les élus de Dieu, les vainqueurs, les régénérés, les miraculés, les sauvés des eaux. Tels le Christ ou Moïse, ils seront les porteurs de la bonne nouvelle ; ils ouvriront le cycle nouveau et deviendront les dépositaires


243 de la connaissance et du patrimoine conservé au sein de l'Arche, arche de Noé, arche d'alliance, … ou celle de la Défense… pour la fin des temps. Cette épreuve qualifiante permet d'opérer une sélection et une épuration. Il est remarquable que les miraculés des camps de concentration témoignent comme s'ils étaient effectivement passés par la chambre à gaz. Filip Müller n'a-t-il pas écrit un livre intitulé Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz ? Tout se passe comme si les rescapés des camps avaient tous subi virtuellement l'épreuve de la chambre à gaz. De fait, ils appartiennent à cette élite qualifiée qui désormais impulsera les temps nouveaux. Il y a un avant et un après Auschwitz. A une échelle réduite, la similitude de langage avec la profanation de Carpentras est frappante : l'avant et l'après Carpentras. Cette affaire illustre d'ailleurs l'importance des morts qui, eux aussi, ont subi le rituel de la chambre à gaz et qui participent désormais, bien que sur un plan spirituel, à la régénération et à l'élection du peuple juif. On a d'ailleurs pu entendre ces slogans surprenants : «Faurisson assassine les morts» ou «Ne tuez plus nos morts !», formules qu'il convient de relire à la lumière des explications ci-dessus. Le four crématoire : épreuve du feu Les tenants de la «vérité officielle» ont longtemps hésité à faire du four crématoire le seul lieu rituel de mise à mort. Il est vrai que cette version présentait des inconvénients pratiques. Symboliquement, la crémation pour les morts ou l'épreuve du feu pour les vivants s'assimilent en alchimie à la voie sèche : voie fulgurante réservée aux princes et aux rois et qui les faisait passer rapidement à un état de connaissance analogue à l'or spirituel. Mais cette voie présentait de nombreux dangers et on lui a préféré la voie humide plus douce, plus sûre. C'est peut-être instruit de ces enseignements kabbalistiques que l'on a choisi en mode successif la chambre à gaz puis, en final, le four crématoire. «Communion avec ceux qui sont morts par le gaz avant d'être brûlés par le feu», a-t-on entendu le 16 septembre 1990 sur Antenne 2 lors de la cérémonie annuelle du souvenir [2]. Pour les juifs, le feu est l'expression directe de Dieu. La signification même du terme «Holocauste» le prouve. Rappelons-nous le buisson ardent dans la Bible, qui manifeste la présence de la divinité. Être brûlé signifie être rappelé à Dieu. En outre, le feu traduit, dans tous les rituels, une purification absolue qui fait passer l'individu sur un autre plan d'existence, spirituel et non plus matériel. C'est en quelque sorte une sublimation de la matière qui a été préparée, au préalable, par les trois épreuves ci-dessus décrites. Nous sommes là encore dans le symbolisme alchimique de la Kabbale. Le juif brûlé participe désormais d'un autre monde, supérieur au nôtre. Il devient la référence, la mémoire, le symbole que l'on adore, avec lequel on communie. Il s'établit donc un lien indivisible entre les morts par le feu et les vivants sur terre. Notamment dans le discours des rescapés ou dans des films comme Holocauste, la liaison homme-dieu, terre-ciel se matérialise dans la fumée qui, sans cesse, s'échappe des fours et monte vers le ciel. Dans les rituels grecs de l'antiquité, la fumée des graisses de viande était un hommage et une offrande aux dieux. Une fois de plus, la notion de sacrifice apparaît dans le rituel de la magique chambre à gaz. Le traitement ultime par le feu constitue un aboutissement inéluctable, où le symbolisme de la cheminée, axe du monde, unit ce qui est en haut avec ce qui est en bas. Elle s'apparente, à bien des égards, à l'échelle de Jacob, «chemin» privilégié de communication entre les divers plans, et favorise l'accès aux sphères célestes du volatil concentré et purifié, dégagé de toute corporéité contingente, à l'issue des diverses opérations de l'œuvre. Le phénomène de la déportation correspond aux vieux rituels solsticiaux liés au feu. Des quatre points cardinaux de l'Europe, les déportés affluent vers le lieu central du sacrifice. C'est


244 la résorption de la croix en son centre. La matière alchimique, ou substance vitale collective d'un peuple, se densifie, se potentialise, puis se sublime par le feu, coagula et solve, une fois de plus. Au centre de cette tragédie cruciale, de cette confrontation des forces lumineuses ou ténébreuses selon les acteurs — Múspellheim ou Niflheim — apparaît la petite ville d'Auschwitz. Une ville parmi d'autres, pensera-t-on. Peut-être pas, à y regarder de plus près. Dans le cas de l'«Holocauste», Auschwitz joue un rôle analogue aux centres traditionnels antiques tels Rome, Delphes ou la Thulé hyperboréenne. Il serait intéressant de voir si l'origine d'Oswiecim (nom polonais d'Auschwitz) aurait un sens pour la géographie sacrée. LA FIN DES TEMPS Mais la raison de ce bel édifice ? Laissons la parole au grand rabbin Sitruk, qui s'exprimait dans le journal Le Monde du 3 octobre 1990 au sujet de l'affaire de Carpentras : […] en tant que juif, on ne peut faire l'impasse sur une promesse prophétique qui voit dans l'Israël de demain un État de spiritualité intense, à partir duquel la parole de Dieu sera diffusée aux hommes de toutes les confessions. […] La France a réalisé qu'à travers le corps d'un vieillard juif on avait attenté à l'image de l'homme. J'ajoute : à l'image de Dieu. […] Ce qui est en question ici, c'est le moyen d'arriver au but. Le but, comme le disaient les prophètes, est de faire du peuple juif une lumière pour toutes les nations. A propos d'une déclaration du cardinal Etchegaray qui lui disait : «Vous êtes le tronc, nous sommes une branche», Sitruk affirme : C'est cela que le peuple juif attend comme reconnaissance à la fin des temps. Selon les prophéties, le peuple juif élu de Dieu doit faire rentrer l'humanité ignorante dans une nouvelle ère de spiritualité. C'est le règne de la fin des temps où l'histoire n'existe plus, où les guerres sont abolies, où règnent la paix et la joie dans la lumière d'Israël : la Jérusalem céleste enfin réalisée sur terre. Mais, pour que s'accomplisse ce dessein, il fallait subir, à l'instar des initiateurs de religions ou de mythes (Ymir, Odin, Hiram, le Christ …) un sacrifice suprême. L' «Holocauste» jouera cette fonction pour le règne de la fin des temps. Mais, selon les traditions anciennes, la fin du monde moderne sera précédée d'une période appelée «la grande parodie» ; celle-ci n'aura pas pour fondement un mythe authentique et régulier mais se réduira à une imitation, à un simulacre. Ce sera l'apocalypse de saint Jean, le règne de l'Antéchrist ou le 666, le Ragna rök (obscurcissement du divin), la phase ultime du Kali Yuga (âge sombre). Cette «grande parodie» reposera sur un renversement de toutes les valeurs, un ordre inversé, où les messes et les célébrations constitueront un rappel du sacrifice rituel de la chambre à gaz ; ainsi, par exemple, à la croix du Christ, instrument de sacrifice, tentera-t-on de substituer un autre instrument de sacrifice : la chambre à gaz précisément. Dans le mythe de l' «Holocauste», tout semble concorder et tout paraît ordonné. Or, selon la vision traditionnelle du monde, l'ordre lui-même est un mythe, peut-être celui que véhiculent les enseignements d'Ymir, de Taaora ou d'Hiram. Ce ne saurait être le cas de «la grande parodie» holocaustique surgie en plein XXe siècle ; son ordre apparent n'est qu'un simulacre ; il révèle la fin d'une civilisation. L'édifice holocaustique est aujourd'hui bâti. Reste à jouer le dernier acte : celui du règne de la fin des temps, celui de la parodie annonciatrice de la fin du monde moderne, ce monde qui ne repose jamais que sur une illusion. 5. En langage exotérique : Iesus Nazarenus Rex Iudæorum.


245 6. Date anniversaire et «souvenir» également de la tentative d'assassinat du professeur Faurisson, un an plus tôt, dans un parc de Vichy. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990, p. 44-58


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LE SERGENT JOHN WOODS, BOURREAU DE NUREMBERG Robert H. Countess Ce récit puise sa source dans le témoignage oculaire d'un ami (ancien lieutenant de l'armée américaine), Stanley Tilles. Stan fut affecté à divers services sur le théâtre des opérations en Europe et servit à Munich, à Landsberg et à Heidelberg à partir de 1945 après la fin de la guerre. C'est en juillet 1946 qu'il fut muté à Heidelberg et travailla sous les ordres du colonel Phillip Clayton. En septembre de cette année, Tilles apprit qu'il était désigné pour surveiller la construction, à Landsberg, de potences pour la pendaison des responsables nazis condamnés à Nuremberg. Tilles avait déjà acquis quelque expérience à Landsberg, avec un certain sergent John Woods, lors d'une pendaison de nazis les 28 et 29 mai 1946. Woods fut ensuite affecté en France. Le colonel Clayton donna pouvoir à Tilles de réquisitionner tout ce qui était nécessaire pour concevoir et construire de nouvelles potences. Tilles convoqua alors le sergent Woods. A la différence des potences jusqu'ici en usage, celles-ci devaient être portables et il en fallait trois. Le projet était «ultra-secret» et il faudrait trois à quatre semaines pour les construire à Landsberg. Le sergent John Woods avait à peu près 43 ans ; c'était un Américain d'origine irlandaise, un militaire de carrière, qui avait déjà pratiqué le métier de bourreau dans une prison du Texas avant d'entrer dans l'armée. Tilles a écrit que Woods était un particulier au caractère rude qui, à ses heures de loisir, s'adonnait à la boisson. Woods conçut pour ces potences une trappe améliorée. Avec l'ancien modèle, la trappe décrivait un mouvement de va-et-vient après l'ouverture, heurtant ainsi la tête du condamné et la faisant saigner abondamment. Les potences perfectionnées destinées à Nuremberg avaient un système d'accrochage qui empêchait le balancement de la trappe. Woods demanda aussi de la peinture gris-olive, au lieu de la peinture noire jusqu'ici en usage, pour que, si on les apercevait en cours de transport, ces potences ressemblent simplement à d'autres bois de charpente grisolive de l'Armée américaine. Le colonel Clayton informa le lieutenant Tilles que la date des pendaisons était fixée au 16 octobre (1946) et que l'information était «ultra-secrète» ; personne d'autre que lui et Woods ne devait être au courant. Le tribunal des Alliés voulait éviter toute démonstration publique contre les exécutions. Les potences devraient arriver à Nuremberg à la faveur de la nuit et, sitôt les pendaisons terminées, Tilles et Woods devraient quitter la ville avec les potences. Les cordes de chanvre avaient une épaisseur de 2 cm. Woods prépara lui-même le nœud coulant et, pour étirer les cordes, il leur attacha à chacune un sac marin rempli de sable. Il ouvrit la trappe à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il fût convaincu que la corde était suffisamment tendue et prête pour le condamné. Il prépara treize cordes, une pour chaque homme, et deux supplémentaires pour le cas peu probable où une corde romprait pendant l'opération. Chaque potence, haute de huit pieds [environ 2 m 45], était accessible par treize marches. Autour de la partie inférieure se trouvait un rideau noir avec deux ouvertures. L'une d'elles permettait aux médecins d'entrer pour examiner le condamné, le déclarer mort et enregistrer l'heure exacte de la mort. Quand il entendrait que l'homme était mort, Woods couperait la corde et ses assistants dégageraient le corps par l'autre ouverture, de l'autre côté du rideau, pour échapper aux regards des spectateurs. Le 10 octobre, les trois potences avaient toutes été testées grâce au largage de plusieurs sacs marins remplis de sable, puis démontées et emballées pour être transportées au palais de justice


247 de Nuremberg en vue de leur utilisation le 16 octobre. Dressées à l'intérieur d'une salle de sport dont toutes les fenêtres étaient couvertes de rideaux noirs, la zone était maintenant d'accès interdit sauf pour quelques rares privilégiés. Une demande tardive arriva de la part de la délégation soviétique : les Soviétiques voulaient assister à un simulacre de pendaison. Le général Nikitchenko [juge du Tribunal de Nuremberg] conduisait le groupe. Tilles raconte qu'ils eurent l'air tout à fait intéressés par tous les détails sordides de ces engins. Lorsque le sac de sable tomba à la perfection, ils parurent pleinement satisfaits. Woods déclarait ouvertement sa haine des Allemands, spécialement en raison du «massacre de Malmédy» pendant la bataille des Ardennes. (Bien entendu, on ne pouvait s'attendre à ce que Woods fût au courant de tous les détails de cette tragédie, détails qui ne vinrent au jour que plus tard et qui donnent à l'historien la vue pénétrante et plus complète qui fait défaut au profane.) Quand Tilles demanda à Woods quel effet cela lui faisait de pendre des nazis, sa réponse fut : «Ça me fait rudement plaisir. Ces salauds n'ont eu que ce qu'ils méritaient !» Quand Woods avait appris que Hermann Göring s'était suicidé dans sa cellule seulement quelques heures avant d'être pendu, Tilles l'avait entendu prononcer à voix basse : «Saloperie de Boche ! [That lousy Kraut bastard !]» Le 16 octobre 1946 à 0 h 25, le major Teich annonça qu'il était temps de se rendre au lieu de l'exécution et, pour chacun, d'occuper l'emplacement prévu. La nuit était froide et une légère couche de neige couvrait le sol. Des journalistes s'assirent à quatre tables. Des membres de la commission quadripartite s'assirent également à quatre tables, avec des interprètes debout derrière eux. Le sergent Woods et son assistant, nommé Malta, se tenaient debout près des potences. On ne prit que des photographies officielles des exécutions, en faisant appel à un photographe de l'armée. Tilles eut à enregistrer l'heure exacte à laquelle la trappe s'ouvrirait et l'heure à laquelle le médecin prononcerait la mort. A 1 h 10, tout était prêt et ce fut le premier coup : Joachim von Ribbentrop était là. Tilles avait enregistré, sur un document marqué «secret», le poids et la taille de chaque homme à pendre. (Lors des pendaisons de Landsberg, Tilles était aussi chargé de lire la sentence officielle au condamné quand il était encore dans sa cellule ; cela devait se faire au moins 24 heures avant la pendaison. Cette fois-là le rôle avait été assigné à un autre officier.) Julius Streicher entra à 2 h 11. [Rédacteur en chef du célèbre magazine Der Stürmer, Streicher s'était trouvé en désaccord avec Adolf Eichmann qui lui demandait, encore en mai 1938, d'abandonner ses diatribes antijuives au profit de son soutien à la collaboration d'Eichmann avec la Haganah sioniste pour l'entraînement des juifs allemands à des activités agricoles et militaires en Palestine. «Eichmann échoua.» (H.W. Koch, Aspects of the Third Reich, St Martin's Press, New York, 1985, p. 377.)] Tilles raconte que Streicher portait un costume râpé et une chemise bleue usée et boutonnée jusqu'au cou sans cravate. Il s'arrêta un moment, regarda les potences, puis parcourut la salle d'un œil furieux et arrêta son regard sur les officiers alliés. Devant la commission quadripartite, il dégagea son bras droit des mains de son garde, le leva pour le salut familier des fascistes et cria : «Heil Hitler !» A ce moment, Tilles regarda le bourreau Woods et vit sa mâchoire se serrer et ses yeux s'enflammer d'une haine ardente ; il sut que Woods traiterait Streicher d'une manière différente des autres nazis. Streicher, maintenant sur la potence, s'écria : «A présent, je m'en remets à Dieu !» Après qu'on lui eut attaché les mains et les pieds, il s'exclama : «C'est la fête de Pourim 1946 ! [1]» Ainsi cet érudit, ce pourfendeur de juifs rappelait-il le livre d'Esther et l'exécution d'Aman et de ses fils par les juifs dans la Perse du Ve siècle avant J.-C. où, en tout, quelque 75 000 ennemis des juifs furent massacrés en une journée.


248 Quand, près de la potence, l'officier américain demanda à Streicher s'il voulait dire un dernier mot, celui-ci cria : «Un jour ce sont les Bolcheviks qui vous pendront !» Le sergent Woods s'arrêta un instant et dévisagea le nazi, l'homme cultivé directeur de publication. Il fallait que cette pendaison fût différente. Tilles le vit placer le nœud de la corde à un pouce [2,5 cm] ou plus de l'emplacement habituel qui garantissait la cassure du cou et, avec elle, une mort instantanée. Lorsque la trappe s'ouvrit, il fut évident pour tous, écrit Tilles, que le halètement et les gargouillements de Streicher prouvaient qu'il se mourait lentement par étouffement. Tous les observateurs parurent conscients de cette entorse à la procédure normale, mais personne ne dit mot. La trappe avait été ouverte à 2 h 14. C'est quatorze minutes plus tard, à 2 h 28, que l'on prononça la mort de Streicher. Cette pendaison est aussi connue que celle des autres condamnés, mais l'aspect particulier de cette macabre torture ne l'est pas. Nous savons gré à Stan Tilles de nous avoir rapporté, après bien des années, ce témoignage oculaire. Il fournit à la recherche historique un aperçu de ce que peut l'homme quand la haine l'inspire. La haine de Streicher pour les juifs trouvait son expression écrite dans sa revue. La haine des juifs pour les Gentils se trouve gravée dans l'ensemble, antique et vénérable, des volumes du Talmud. Quant à la vengeance personnelle de Woods, elle était, en partie, fondée sur une éducation qui ne lui permettait guère de comprendre le sens de la guerre que l'Allemagne avait menée contre le bolchevisme. Si Julius Streicher avait, par exemple, eu à pendre le général Nikitchenko, peut-être l'auraitil traité comme Woods l'avait lui-même traité car, sur le chapitre des horreurs du bolchevisme, il en savait long. Julius Streicher (1885-1946) avait fondé, en 1923, Der Stürmer, un périodique antijuif. Il dirigea un «Comité central contre la propagande juive», ses «récits d'atrocités» et son «incitation au boycottage». Il fut Gauleiter de Franconie, poste dont il fut démis en mars 1940 et, en disgrâce, n'exerça dès lors plus aucune activité politique. Pendant la guerre, il cultiva ses terres et ne put obtenir d'être envoyé au front. En mai 1945, il fut fait prisonnier par les Américains et torturé dans la prison de Freising. Il fut condamné à mort par les juges de Nuremberg non pour ce qu'il avait fait (aucune action précise ne pouvait lui être imputée) mais pour ce qu'il avait pensé et écrit, sans enfreindre les lois de son pays, non plus, d'ailleurs, que les lois britanniques et américaines qui autorisaient à cette époque l'expression de l'antisémitisme. Dans son ouvrage sur Les Procès criminels de l'après-guerre, le professeur J.A. Martinez, spécialiste de droit criminel en matière internationale, qualifie de «grave» la condamnation à mort de Streicher «qui, quoique reconnu innocent des charges 1, 2 et 3, [fut] condamné à la potence» (Albin Michel, 1958, p. 389). Le Tribunal jugea l'accusé coupable, pour ses écrits, de «crimes contre l'humanité» [charge 4 et dernière]. J. Streicher avait eu l'extrême témérité de dire : «Aujourd'hui encore je ne puis croire que 5 000 000 de juifs aient été tués. Du point de vue technique, je considère la chose comme impossible. Je n'y crois pas. Je n'en ai, jusqu'ici, aucune preuve» (TMI, XII, p. 381 ; version allemande IMG, XII, p. 406 ; voy. également, sur les impossibilités techniques, TMI, XII, p. 328 et IMG, XII, p. 350). Le 26 avril 1946, il décrivit les tortures dont il avait été victime. Le Times du lendemain consacra deux alinéas à ce point de sa déposition. J. Streicher revint sur le sujet le 29 avril. Le 30 avril, sur la demande du procureur américain Jackson, le président du Tribunal, le Britannique Lord Justice Lawrence, décida de rayer du procès-verbal des débats les pages 8494, 8495, 8496 et 8549 où Streicher décrivait ses tortures. Ces pages ne figurent donc pas dans les 42 volumes de débats, documents et index du procès de Nuremberg (voy. TMI, XII, p. 406-407). Il convient d'ajouter que l'avocat de l'accusé, Hanns Marx, se déclara d'accord avec le procureur américain : «Je suis d'accord pour que ces passages soient supprimés, parce que j'estime qu'ils n'ont aucun intérêt pour la défense de l'accusé» (Ibid., p. 406). D'une manière


249 générale, H. Marx semble avoir eu vis-à-vis de son client un comportement assez proche de celui des avocats en régime communiste. En 1984, l'Américain Keith Stimely allait publier un important document sur les tortures subies par J. Streicher : «The Torture of Julius Streicher, A Documentary Exposé», The Journal of Historical Review, printemps 1984, p. 106-119. Sur le cercueil dans lequel le corps de J. Streicher fut transporté au four crématoire, les Américains, par une ultime dérision, inscrivirent un prénom et un nom juifs : «Abraham Goldberg» (Werner Maser, Nürnberg, Tribunal der Sieger [Nuremberg, Tribunal des vainqueurs], Knaur, 1979, p. 7). 1. En 1946, Pourim a été fêté le 15 février. J. Streicher a sans doute voulu dire que les juifs pouvaient désormais célébrer deux Pourim, celui du Ve siècle avant J.C. et celui du XXe siècle après J.C. — NDLR. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, juin 1990, p. 59-64


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AUSCHWITZ : TECHNIQUE AND OPERATION OF THE GAS CHAMBERS (1989) ou BRICOLAGE ET "GAZOUILLAGES" A AUSCHWITZ ET BIRKENAU SELON J.-C. PRESSAC (1989) Robert Faurisson L'énorme ouvrage que Jean-Claude Pressac consacre aux chambres à gaz homicides d'Auschwitz et de Birkenau est paru il y a plus d'un an. S'il avait réellement apporté la moindre preuve de l'existence de ces prétendues chambres à gaz, les médias du monde entier auraient retenti de la nouvelle. Or, au lieu du vacarme, c'est le silence. L'explication de ce silence tient au fait que l'auteur, loin d'apporter la preuve attendue, prouve involontairement que les révisionnistes avaient raison de conclure de leurs propres recherches que ces chambres à gaz n'étaient qu'un mythe. Ainsi qu'on va le voir, le livre de Pressac est une calamité pour les exterminationnistes, une aubaine pour les révisionnistes. Depuis 1978, innombrables ont été les livres, les documents, les films censés nous prouver, enfin, la réalité des chambres à gaz hitlériennes. De leur côté, les professeurs ou les chercheurs, qui se portaient de conférences sur l'"Holocauste" en colloques sur la "Shoah", nous promettaient que, sur ce chapitre, on allait voir ce qu'on allait voir. Mais rien en définitive n'est venu combler les espoirs ainsi créés. Rien. Jamais. Pourtant, la parution de ces livres, de ces documents, de ces films ainsi que la tenue de ces conférences ou de ces colloques étaient généralement accompagnées d'un éphémère brouhaha médiatique ou d'une apparence d'agitation intellectuelle comme s'il se produisait vraiment du nouveau. La fièvre retombait vite mais au moins avait-on, pendant quelques jours, créé l'illusion d'un événement. Rien de tel avec le livre de Pressac. Le silence, cette fois-ci, est écrasant. Un seul journaliste a commenté l'ouvrage. Il s'agit de l'Américain Richard Bernstein dont l'article est paru dans le New York Times du 18 décembre 1989 (section C, p. 11, 14). Le titre de cet article et la photographie extraite du livre et choisie pour illustrer l'article sont significatifs de l'embarras du journaliste new-yorkais. Le titre porte : Un nouveau livre réfute, dit-on, l'opinion révisionniste sur l'Holocauste (A New Book Is Said to Refute Revisionist View of Holocaust). La photographie représente une porte de bois avec un encadrement métallique et, au centre, un judas ; on note, par ailleurs, des inscriptions à la craie en allemand et en russe. Voici la légende du New York Times : Une photographie d'une porte de chambre à gaz provenant du livre Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers. Un avertissement écrit sur la porte après la libération du camp porte : "Attention ! Danger ! Entrée interdite ! " Le journaliste est assez honnête pour souligner que l'inscription est postérieure à la guerre mais, ce qu'il ne révèle pas à son lecteur, c'est que cette photographie est présentée par Pressac lui-même dans le chapitre des chambres à gaz ... de désinfection (p. 50). La vérité oblige à dire que le malheureux journaliste ne pouvait trouver mieux : parmi les centaines de photographies et de documents du fastidieux pensum, il est impossible de découvrir une seule pièce qu'on puisse décemment présenter comme une preuve de l'existence d'une seule chambre à gaz homicide. Le même jour, dans une autre édition du New York Times (section B, p. 1, 4), le même article paraissait sous un autre titre : Auschwitz : un sceptique confirme l'horreur (Auschwitz : A Doubter Verifies The Horror).


251 Cette fois-ci, R. Bernstein prélevait une photographie qui présentait un plan-projet de crématoire et une photographie qui montrait un petit groupe d'hommes nus sortant d'une grande salle de douches. La première photographie provient de la page 141 du livre où le plan-projet est dit concerner un crématoire sans chambre à gaz homicide. La seconde photographie est extraite de la page 80 où il est dit que ces hommes nus sont des prisonniers qui, les chaussures à la main, passent d'une salle de douches vers la "Salle de séchage ; Côté propre", et cela dans un vaste ensemble de douches et de désinfection. Le contenu de l'article mériterait d'être intégralement reproduit pour la circonspection de son auteur vis-à-vis de Pressac. Et, comme on le voit, aucune des trois photographies n'illustre la thèse d'une extermination en chambres à gaz. En France, on note de-ci, de-là quelques brèves mentions du gros ouvrage. On y sent l'expression d'un dernier et fol espoir en une planche de salut. De ce point de vue, le cas de Pierre Vidal-Naquet est déchirant. Cet universitaire aura, durant ces dernières années, soutenu deux auteurs sur lesquels il comptait pour répliquer aux révisionnistes : Arno Mayer et JeanClaude Pressac ou, comme il le dit lui-même, un historien juif américain "enseignant dans l'université très élitiste de Princeton" et un Français, "pharmacien de banlieue, connaissant et pratiquant la chimie" (Arno Mayer, La "Solution finale" dans l'histoire, Préface de Pierre VidalNaquet, La Découverte, 1990, p. VIII) [1]. Son collègue et ami Arno Mayer vient de lui jouer un tour pendable en écrivant : Les sources dont nous disposons pour étudier les chambres à gaz sont à la fois rares et peu sûres. (Ibid., p. 406) [2] Ce qui fait écrire à P. Vidal-Naquet : Personne en tout cas, désormais je veux dire : après le livre de Jean-Claude Pressac ne pourra plus parler à propos des chambres à gaz d'Auschwitz de sources "rares et peu sûres" comme le fait Mayer (Ibid., p. IX). Mais ce que P. Vidal-Naquet préfère passer sous silence, c'est que Pressac, lui aussi, le tourne involontairement en ridicule (voy., ci-dessous, p. 86, n. 4) ! Ni Arno Mayer, ni Jean-Claude Pressac ne sont parvenus à découvrir la moindre preuve de l'existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz ou à Birkenau. Un auteur et un livre qu'on nous cache J.-C. Pressac est donc pharmacien. Il exerce dans la banlieue parisienne à la Ville du Bois (Essonne). Vers 1979-1980, il avait d'abord offert ses services aux révisionnistes, qui avaient fini par le congédier ; vers 1981-1982, il avait ensuite assiégé Georges Wellers, directeur du Monde juif, qui, finalement, s'était débarrassé de lui ; enfin, il était allé présenter ses services au couple Klarsfeld qui l'emploie encore aujourd'hui, mais de façon curieuse. Serge et Beate Klarsfeld n'ont pas publié l'ouvrage dans sa version française originale mais dans une traduction américaine. Celle-ci est introuvable à l'adresse indiquée : The Beate Klarsfeld Foundation, 515 Madison Avenue, New York, N.Y.10002. On dirait que ce curieux ouvrage est placé sous clé, en quelques tabernacles, et qu'il n'est accessible qu'à quelques élus. En janvier 1990, j'en obtenais, par chance, un exemplaire. En octobre 1990, de passage à Washington, je me rendais dans ces deux sanctuaires de la recherche internationale que sont la Bibliothèque du Congrès et les Archives nationales et, par simple curiosité, je voulus m'y faire communiquer l'ouvrage. Impossible : il était, certes, répertorié dans le fichier général, mais curieusement absent des rayons, sans qu'on pût m'expliquer les raisons de cette absence.


252 Quand il arrive à Pressac, qui brûle de prendre la parole à la radio ou dans des colloques, d'y faire des apparitions, on a le sentiment que ses cornacs s'ingénient soit à lui couper la parole, soit à le maintenir dans le silence. C'est ainsi que, récemment, invité à un colloque antirévisionniste organisé à Lyon par l'Union des étudiants juifs de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France, il a été interdit de parole ; un journaliste écrit : "[J.-C. Pressac], présent, n'a même pas pu présenter son travail, hier, et il l'a mal pris" (Lyon Matin, 24 avril 1990, p. 7). Ses amis ont de bonnes raisons pour le cantonner dans un rôle d'utilité ; ils savent que, dès que Pressac ouvre la bouche, ils ont à craindre le pire pour leur propre cause : tout le monde peut alors se rendre compte que le malheureux pharmacien éprouve de graves difficultés à s'exprimer, soutient une thèse horriblement confuse et manie la gaffe avec un réel bonheur. Une aubaine pour les révisionnistes Je parlerai longuement de son ouvrage pour les raisons suivantes : 1. L'ouvrage est absurde jusqu'à la loufoquerie et, à ce titre, il constitue une curiosité historique et littéraire que l'historien n'a pas le droit d'ignorer ; la fragilité mentale de l'auteur, jointe à son goût pour la manipulation des données, pour les comptes d'apothicaire, pour la poudre aux yeux et pour les affirmations sans preuves constituent pour l'amateur d'insolite un régal en soi ; 2. La thèse défendue par Pressac illustre l'état de décomposition où en est arrivée la théorie de l'extermination des juifs ; selon notre pharmacien, on ne peut plus soutenir, comme l'ont fait les juges de Nuremberg et les autorités du Musée d'Auschwitz, que les Allemands ont bâti dans ce camp, de propos délibéré, de vastes chambres à gaz, véritables usines à gazer qui, des années durant, auraient impeccablement fonctionné ; pour lui, les Allemands auraient bricolé des pièces inoffensives pour les transformer tant bien que mal en chambres à gaz homicides (c'est le cas de deux grands crématoires) et procédé à des gazages improvisés et épisodiques (c'est le cas de deux autres crématoires) ; en somme, pour reprendre des expressions que j'ai maintes fois entendues dans la bouche de notre homme, il se trouve qu'à Auschwitz et à Birkenau on aurait plutôt bricolé et "gazouillé" ; bricolage et "gazouillages" : tout Pressac est là ; 3. Cette volumineuse compilation est comme une montagne qui aurait accouché d'une souris, et la souris est révisionniste ; en effet, le peu de substance qu'on retire de la lecture de Pressac confirme pleinement que les révisionnistes étaient et sont dans le vrai ; 4. Pour la première fois, un exterminationniste accepte, du moins en apparence, un débat avec les révisionnistes sur le terrain qui leur est cher : celui de l'argumentation scientifique et technique ; l'occasion est trop belle de démontrer l'impuissance des exterminationnistes sur ce terrain-là, aussi. Un titre trompeur Pressac a choisi pour son ouvrage un titre trompeur. Il ne consacre en fait pas un seul chapitre aux chambres à gaz homicides et encore moins à la "technique" ou au "fonctionnement" desdites chambres. Il ne cesse d'affirmer que ces chambres ont existé mais nulle part il ne le démontre. Je me livre souvent à l'expérience suivante : je fais ouvrir l'ouvrage à une demi-douzaine de pages différentes et j'invite à constater qu'à chaque fois, immanquablement, ou bien il n'est pas du tout question de chambres à gaz homicides, ou bien il


253 en est question en même temps que d'autre chose ou bien, enfin, il s'agit, d'après l'auteur luimême, non pas de "preuves" mais d'"indices" ou de "traces" de chambres à gaz. Des chapitres sont dévolus au Zyklon-B, aux installations de désinfection, au Zentral Sauna (grand complexe de douches et de désinfection situé à Birkenau), aux crématoires, aux témoignages, aux révisionnistes, à la ville d'Auschwitz, à la vie privée de J.-C. Pressac. Des développements sont consacrés à des détails, toujours confus, de robinetterie, de plomberie, de ventilation, d'escalier, de maçonnerie, de chauffage ou encore à des confidences d'ordre plus ou moins intime, le tout dans le pire désordre et dans un langage constamment embarrassé. Mais, sur les chambres à gaz qualifiées d'homicides, on ne trouve aucun chapitre en tant que tel ni même aucun développement autonome qu'on puisse détacher un instant de cet ensemble pour l'examiner en lui-même. Pressac veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes ; ou encore des douches, des chambres à gaz de désinfection, des dépositoires pour des chambres à gaz homicides. Méthode de gribouille : chambres à gaz de désinfection ou chambres à gaz homicides ? Pressac ne respecte aucunement le plan de son ouvrage. Le désordre est général. Les redites pullulent. Les considérations techniques sont décousues. On était en droit d'attendre, vu le titre de l'ouvrage, un exposé technique, particulièrement documenté, sur "l'arme du crime". Puisque, selon l'auteur, il a existé à Auschwitz et à Birkenau un nombre considérable de chambres à gaz de désinfection (p. 550) et que de telles chambres ne pouvaient pas, pour d'évidentes raisons matérielles, servir à un usage homicide, en quoi une chambre à gaz homicide se distinguait-elle d'une chambre à gaz de désinfection ? Puisque, toujours selon l'auteur, dans tel document (p. 28) les mots de "Gaskammer" (chambre à gaz), de "Gastür" ou de "gasdichte Tür" (porte étanche au gaz), de "Rahmen" (châssis), de "Spion" (judas) s'emploient communément pour un gazage de désinfection, comment les seuls mots de "gasdichte Tür" pourraient-ils soudain, dans tel autre document (p. 430), apporter la preuve d'un gazage homicide ? Ne risque-t-on pas, à chaque instant, de croire découvrir une chambre à gaz homicide là où, en réalité, il n'était question dans tel document allemand que d'une chambre à gaz de désinfection ? Sans un critère, sans le moindre viatique, nous voici, dès les premières pages d'un livre où règne le désordre, condamnés au doute, à l'incertitude, aux pires méprises, et cela dans un dédale de considérations hétéroclites. J'attendais avec curiosité la réponse de Pressac à ces questions élémentaires. Non seulement, il ne nous fournit aucune réponse mais il confesse son propre embarras et, comme on va le voir, il invente, pour se tirer d'affaire, une pitoyable explication technique. Voici ce qu'il écrit à ce sujet : Comme les chambres à gaz homicides et de désinfection utilisant le Zyklon-B avaient été installées et équipées selon le même principe, elles avaient des portes étanches au gaz de caractère identique, fabriquées dans les mêmes ateliers [d'Auschwitz]. La confusion [dont furent victimes les Soviétiques qui, en 1945, présentèrent comme preuves de gazages une chambre à gaz de désinfection] était inévitable vu qu'à cette époque on ne savait pas distinguer entre les deux types de chambres à gaz [...]. La seule différence est dans les portes étanches : il y a à l'intérieur des portes des chambres à gaz homicides une grille hémisphérique protégeant le judas (p. 41). L'auteur reviendra sur ce sujet à la page 49 et surtout à la page 50, comme s'il détenait là une preuve technique, une preuve matérielle de l'existence de formidables chambres à gaz homicides à Auschwitz. Cette apparence de preuve tient en deux photographies de mauvaise


254 qualité. A gauche, l'extérieur d'une porte étanche au gaz avec un judas et, à droite, l'intérieur de cette même porte avec un judas protégé par une grille hémisphérique. C'est cette grille qui ferait la différence entre une porte de chambre à gaz homicide et une porte de chambre à gaz de désinfection : elle protège le judas ; grâce à elle, les victimes n'auraient pu briser le verre par lequel les SS les observaient ! A la page 50, Pressac n'est pas trop affirmatif et il écrit que cette grille de protection permet de conclure "raisonnablement" à un usage homicide ("makes it reasonable to conclude a homicidal use"). Mais, cent-cinquante pages plus loin, il reproduira à nouveau ces deux photographies avec une légende différente ; cette fois-ci, s'enhardissant, il déclarera sans ambages qu'il s'agit (indiscutablement) d'une "porte étanche de chambre à gaz homicide ainsi qu'on peut le voir par la lourde grille hémisphérique protégeant le judas à l'intérieur" (p. 232). On a là un exemple caractéristique, chez Pressac, de son incapacité à mettre de l'ordre dans ses remarques, de ses redites perpétuelles, de sa manie de passer de l'affirmation hypothétique à la pure affirmation sur un même sujet. La confusion du lecteur s'accroît quand, encore cent-vingt pages plus loin, celui-ci découvre la photographie d'une porte de bois avec la légende suivante : Une porte étanche au gaz, presque intacte, dans les ruines de la partie ouest du Krema V [...]. Cette porte n'a pas de judas bien qu'elle ait été utilisée pour des gazages homicides (p. 425). Comment Pressac sait-il alors que cette porte a été utilisée [sic] pour de tels gazages ? Et la confusion pressacoise atteint probablement le comble quand, à la fin de l'ouvrage, la photographie d'un petit bâtiment de briques du Stutthof-Danzig nous est présentée en ces termes : [...] Cette chambre, utilisée à l'origine pour la désinfection des effets, fut plus tard utilisée comme chambre à gaz homicide. Cet usage mixte est un exemple extrême de la confusion créée sur une période de trente années et, plus encore, par la difficulté de distinguer ou par le refus délibéré de distinguer entre des chambres à gaz de désinfection et des chambres à gaz homicides (p. 541). En fin de compte, le lecteur ne voit plus du tout quelles sont, pour Pressac, les caractéristiques physiques d'une chambre à gaz homicide d'Auschwitz, ni même d'une simple porte de chambre à gaz homicide dans ce camp. C'est notre homme qui, selon son caprice, décide de qualifier d'homicide telle chambre ou telle porte qui, en réalité, pouvaient être totalement inoffensives. Mais, pour en revenir à cette grille qui le préoccupe si fort, notre pharmacien aurait dû consulter un spécialiste des chambres à gaz de désinfection et lui poser, par exemple, la question suivante : ces grilles ne protégeaient-elles pas tout simplement soit l'extrémité d'un dispositif prévu pour mesurer la température de la chambre, soit un cylindre pour tester chimiquement la densité du gaz dans le local ? (Voy. le rapport Leuchter, Annales d'Histoire Révisionniste, n· 5, 1988, p. 97, section 17004, et, de J.-C. Pressac lui-même, "Les Carences et incohérences du rapport Leuchter", Jour J, La Lettre télégraphique juive, décembre 1988, p. VIII, où se trouve mentionné le "thermomètre" d'une chambre à gaz de désinfection à Majdanek.) La confusion entre gazages de désinfection et gazages homicides se poursuit avec l'affaire des camions partant d'Auschwitz pour aller chercher des boîtes de Zyklon-B à l'usine de Dessau, ville située au sud de Berlin. Pressac cite cinq "autorisations de route", parfaitement connues des révisionnistes (p. 188). Dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet (La Vieille Taupe, 2e éd., 1982, p. 40), je reproduisais le texte d'un message-radio en date du 22 juillet 1942 adressé sous la signature du général Glücks au camp d'Auschwitz : Par le présent [message-radio] j'accorde l'autorisation d'effectuer le trajet aller/retour d'Auschwitz à Dessau pour un camion de 5 tonnes afin d'aller y chercher du gaz destiné au gazage du camp pour lutter contre l'épidémie qui s'est déclenchée.


255 Les mots allemands sont "Gas für Vergasung" : du gaz pour gazage. Ici, et dans deux autres documents du même genre, il est expressément question de gazage pour désinfection (22 et 29 juillet 1942 ainsi que 7 janvier 1943). Entre-temps, les 26 août et 2 octobre 1942, deux autres documents du même genre parlent de "matériel pour traitement spécial" et de "matériel pour le transfert des juifs". Pressac y voit la preuve qu'il s'agissait, ces deux fois-là, de gaz pour tuer les juifs ! Il n'en est rien. Il s'agit, comme le montre le contexte général (les trois autres textes de même nature), de gaz pour la désinfection des vêtements ou des locaux à cause de l'arrivée des juifs déportés. Le terme de "traitement spécial" (Sonderbehandlung) désignait ici le "transport" des juifs (Transportierung) (Réponse à Pierre Vidal-Naquet, op. cit., p. 24). Plus il arrivait de monde à Auschwitz, plaque tournante pour la réexpédition d'un grand nombre de déportés vers d'autres camps après une période de quarantaine, et plus il fallait de Zyklon-B. Les six lieux de gazage selon l'histoire traditionnelle et selon Pressac Ces six lieux sont, d'abord, le Krematorium I ou Krema I (également appelé Altes Krematorium ou vieux crématoire) situé dans le camp principal d'Auschwitz et visité par d'innombrables touristes (présenté comme en état d'origine) ; ensuite, situés à Birkenau, le Bunker 1 et le Bunker 2 (on ne sait trop où les situer), les Krematorium ou Krema II et III (à l'état de ruines permettant des investigations) et les Krematorium ou Krema IV et V (à l'état de vestiges). Selon Pressac, le Krema I aurait été conçu dans une intention criminelle et les gazages homicides dans ce crématoire constitueraient un "fait établi". Mais il s'agit là de sa part d'affirmations qu'il n'étaye d'aucun argument, d'aucun document et, dans les trente-huit pages qu'il consacre à ce bâtiment (p. 123-160), il se contente essentiellement de rapporter des témoignages de gazages et non des preuves. Ces témoignages, sur lesquels je reviendrai, le laissent pourtant tout à fait insatisfait. Il rappelle, à la suite des révisionnistes, comment, après la libération du camp, les Polonais ont transformé et maquillé ce crématoire pour mieux convaincre les visiteurs de l'existence d'une chambre à gaz homicide. Les supercheries ont été nombreuses. C'est, par exemple, pour cacher certaines d'entre celles-ci que les Polonais, nous révèle-t-il, ont étendu sur le toit un carton bitumé (p. 133). La plus belle de ces supercheries, découverte par les révisionnistes et reprise par Pressac (p. 147), est celle de la prétendue porte d'entrée des victimes dans la chambre à gaz ; en réalité, cette porte avait été ouverte très tardivement par les Allemands comme un accès à l'abri anti-aérien qu'était devenu l'endroit. Bref, pour Pressac, ce que les touristes visitent aujourd'hui est à considérer comme un "authentique symbole des gazages homicides d'Auschwitz" (p. 133), c'est-à-dire comme une représentation imaginaire puisque, ici, un symbole n'est pas une réalité et qu'un "authentique symbole" est encore plus loin de la réalité. Dans sa conclusion, il réalise un véritable tour de bonneteau. Il en appelle au rapport Leuchter comme à la preuve matérielle la seule de la réalité de gazages homicides en cet endroit. Il dit que Fred Leuchter, dont il décline les qualifications, a prélevé sept échantillons de briques et de ciment et qu'à l'analyse six d'entre eux ont révélé la présence de cyanure ; puis il écrit en caractères gras : Ces résultats, virtuellement tous (6 sur 7) positifs, prouvent l'usage d'acide cyanhydrique dans la Leichenhalle du Krematorium I, d'où son usage en tant que chambre à gaz homicide (p. 133). Pressac s'abstient de dire que Leuchter • a abouti exactement à la conclusion inverse : pour ce dernier, il n'a existé, ni pu exister de chambre à gaz homicide en cet endroit ; • a fondé sa démonstration sur une série de constatations physiques ;


256 •

a renforcé cette démonstration par des analyses chimiques confiées à un laboratoire américain ; ces analyses ont révélé que, dans la prétendue chambre à gaz homicide, les quantités de ferrocyanures étaient, soit nulles, soit infinitésimales par comparaison avec l'échantillon prélevé dans une chambre à gaz de désinfection, reconnue comme telle par les autorités du musée, et qui révélait une quantité de ferrocyanures égale à 1050 mg par kilo, c'est-à-dire, en moyenne, 133 fois plus que les quantités trouvées dans les prétendues chambres à gaz homicides. Je reviendrai plus loin sur le rapport Leuchter et l'usage qu'en fait Pressac [3]. Notons, pour l'instant, que notre homme utilise à son profit ce rapport et les analyses chimiques qu'il contient. Georges Wellers agit de même (voy. "A propos du "rapport Leuchter" et les [sic] chambres à gaz d'Auschwitz", Le Monde juif, avril-juin 1989, p. 45-53), qui estime que "les résultats des analyses chimiques sont obtenus par un spécialiste très compétent et consciencieux [Fred Leuchter]" mais que "sa compréhension du problème posé est au-dessous de tout" (Ibid., p. 48). P. Vidal-Naquet abusait donc de la crédulité générale quand, devant un parterre d'élèves du lycée Henri IV, à Paris, il déclarait, le 24 septembre 1990, à propos du rapport Leuchter : C'est un document grotesque qui ne démontre rien. Wellers et Pressac ont dit ce qu'il faut en penser. Ajoutons que Pressac dit que Leuchter a été "commissionné" par les révisionnistes, laissant ainsi entendre que ceux-ci ont été pris à leur propre jeu et que l'ingénieur américain a cruellement déçu ses "commanditaires". Or, Leuchter a bel et bien démontré que les révisionnistes avaient raison et il a agi en toute indépendance d'esprit, comme un homme qui jusqu'alors croyait à la réalité des chambres à gaz homicides allemandes. Puisque Pressac admet que les Polonais ont fortement maquillé les lieux, il lui appartenait d'examiner la question des gazages dans la prétendue chambre à gaz telle qu'elle était à l'origine avant tout maquillage, d'après les plans qu'il nous en présente, des plans que j'avais découverts en 1976, publiés en 1980, et dont il m'est redevable. Or, il n'en fait rien parce qu'il lui aurait fallu admettre l'évidence : de vastes opérations de gazage, tout près de la salle des fours et à vingt mètres de l'hôpital SS, auraient tourné à la catastrophe générale. Le local a pu être désinfecté au Zyklon-B, comme il convient pour un dépositoire où l'on entassait, notamment, des cadavres de typhiques ; d'où, sans doute, ces infinitésimales traces de ferrocyanures.¶Ni Gerald Reitlinger, ni Raul Hilberg, ni Pierre Vidal-Naquet ne paraissent croire qu'il a existé là une chambre à gaz homicide ; quant à Olga Wormser-Migot, elle dit expressément dans sa thèse qu'Auschwitz I était sans chambre à gaz (homicide) (Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), PUF, 1968, p. 157). Pressac est donc peut-être le dernier tenant de la "chambre à gaz homicide du Krema I". Du moins officiellement, car, en privé, devant Pierre Guillaume et moi-même, je me souviens qu'il en faisait des gorges chaudes. Pour ce qui est du Bunker 1, il admet qu'en fin de compte même l'emplacement matériel nous en est inconnu (p. 163). Il ajoute qu'on ne possède ni traces matérielles, ni plan d'origine (p. 165). Quant aux charniers qui auraient été proches de ce Bunker et dont l'odeur aurait été insupportable, il estime qu'ils sont un produit de l'imagination des "témoins" et que l'odeur en question était celle de bassins de décantation (p. 51, 161). Pour le Bunker 2, on n'aurait pas non plus de preuves. Pressac pense avoir retrouvé les vestiges de cette maison et il ne fournit que des "témoignages" qu'il juge lui-même peu plausibles ; ces témoignages sont parfois accompagnés de dessins ; s'y ajoutent de vagues plans de situation dus à une commission soviétique (p. 171-182). Le bilan jusqu'ici établi par Pressac est effrayant si l'on songe qu'une bonne partie de l'histoire des gazages homicides d'Auschwitz est fondée sur la certitude que des Allemands ont procédé en ces trois points (Krema I, Bunker 1, Bunker 2) à des gazages massifs. Cette


257 certitude, dont on voit aujourd'hui qu'elle n'était fondée sur aucune preuve, a envahi les livres d'histoire et les rôles des prétoires : des Allemands ont été condamnés en grand nombre pour ces prétendus gazages dans le Krema I, dans le Bunker 1 et dans le Bunker 2. Le Krema II aurait été conçu SANS chambre à gaz homicide (p. 200). C'est là que la thèse pressacoise diffère totalement de la thèse traditionnelle. Les Allemands, selon lui, auraient transformé une inoffensive chambre froide semi-enterrée (Leichenkeller 1) en une chambre à gaz homicide. Ils auraient procédé, pour cela, à des bricolages mais sans modifier la ventilation ; celle-ci serait restée conforme à celle d'une chambre froide avec évacuation de l'air vicié par le bas ; elle aurait donc été contraire à celle d'une chambre à gaz à l'acide cyanhydrique, où l'air chaud et le gaz auraient exigé une évacuation de l'air vicié par le haut. Le Krematorium II aurait fonctionné comme chambre à gaz homicide et comme installation de crémation du 15 mars 1943, avant son entrée en service officielle le 31 mars [1943], jusqu'au 27 novembre 1944, "anéantissant un total d'approximativement 400.000 personnes, la plupart d'entre elles étant des femmes, des enfants et des vieillards juifs" (p. 183). Pressac n'offre pas de preuves à l'appui de telles affirmations. Il affirme même que l'extermination "industrielle" des juifs à Auschwitz-Birkenau fut "planifiée entre juin et août 1942 et effectivement réalisée entre mars et juin 1943 par l'entrée en service des quatre crématoires" (p. 184). Ces dates sont connues pour être celles où les Allemands, alarmés par les ravages du typhus, ont décidé de bâtir ces crématoires, puis ont fini de les bâtir, mais on ne voit pas ce qui permet à Pressac d'affirmer, en plus, que ces dates coincident avec une décision de gazer et la mise en oeuvre de gazages ! Nulle part il ne nous révèle qui a pris une pareille décision, quand, comment, pourquoi, quels auraient été les autorisations, les instructions, les crédits financiers et, aussi, quels sont les gens qui, sur place, auraient été réquisitionnés pour une telle entreprise et qu'il aurait bien fallu mettre au courant des modalités de ce gigantesque assassinat. Il dit qu'on manque de document pour préciser à quelle date la décision a été prise d'une transformation "criminelle" (Ibid.) ! Le Krema III aurait été, lui aussi, conçu SANS chambre à gaz homicide (p. 200). Les Allemands auraient procédé aux mêmes travaux de bricolage que dans le Krema II. Le Krema III, lui, aurait fonctionné du 25 juin 1943 au 27 novembre 1944, "tuant environ 350.000 victimes " (p. 183). Les Krema IV et V auraient été conçus AVEC chambres à gaz homicides (p. 384). Ils auraient fonctionné, l'un à partir du 22 mars et l'autre à partir du 4 avril 1943 (p. 378) mais ils auraient à peine été utilisés. "Après deux mois, le Krema IV fut complètement hors service. Le Krema V n'entra en service que plus tard mais ne valut guère mieux" (p. 384, 420). La procédure de gazage aurait été "illogique jusqu'à l'absurdité" (p. 379) et aurait constitué un vrai "numéro de cirque" pour le SS gazeur (p. 386 ; voy., ci-dessous, p. 85-89). Il importe de rappeler ici qu'en 1982 Pressac soutenait que les Krema IV et V avaient été conçus SANS chambres à gaz homicides ; les Allemands y avaient, selon lui, transformé des pièces inoffensives en chambres à gaz homicides ("Les "Krematorien" IV et V de Birkenau et leurs chambres à gaz, Construction et fonctionnement", Le Monde juif, juillet-septembre 1982, p. 91-131). Il ne nous confie jamais pourquoi il a renoncé à cette thèse pour adopter ici une thèse diamétralement contraire. En résumé, si l'on en croit notre guide, on obtiendrait, pour les crématoires conçus AVEC ou SANS chambres à gaz homicides, la séquence suivante selon l'ordre chronologique d'entrée en fonction : Krema I : conçu AVEC chambre à gaz homicide Krema IV : conçu AVEC (thèse Pressac en 1982 : SANS ) Krema II : conçu SANS Krema V : conçu AVEC (thèse Pressac en 1982 : SANS )


258 Krema III : conçu SANS La logique et la chronologie ne sauraient se satisfaire de tant de caprices et de tant d'incohérences. Selon Pressac, presque pas de Zyklon-B pour tuer les hommes Selon notre homme, le Zyklon-B aurait été utilisé à plus de 95 % pour exterminer la vermine, qui est longue à tuer, et à moins de 5% pour exterminer les gens, faciles à tuer (p. 15). Il ne nous révèle pas comment il est parvenu à déterminer ces quantités. On est loin de l'affirmation des exterminationnistes en général, et de Raul Hilberg en particulier qui assure que : La presque totalité des approvisionnements d'Auschwitz [en Zyklon-B] servait au gazage des gens ; très peu servaient à la désinfection (The Destruction of the European Jews, New York, Holmes and Meier, Revised And Definitive Edition, 1985, p. 890 ; en français, La Destruction des juifs d'Europe, Fayard, 1988, p. 771). On imagine la consternation des exterminationnistes sur ce point comme sur bien d'autres si, au lieu de vanter le livre sans l'avoir lu, ils se mettaient à le lire. Il ne peut expliquer l'absence de taches bleues Il est vrai que, selon notre pharmacien, si les Allemands ont utilisé si peu de Zyklon à des fins homicides, c'est que, pour gazer 1 million d'hommes (sept cent cinquante mille dans les Krema II et III et deux cent cinquante mille ailleurs, p. 475), il n'en aurait fallu que d'infimes quantités tandis que, pour tuer des insectes, il en fallait beaucoup plus. Pressac tient à ce qu'on le croie sur ce chapitre car c'est pour lui le seul moyen d'expliquer une stupéfiante anomalie physico-chimique : la complète absence de taches bleues dans les locaux d'Auschwitz ou de Birkenau où, paraît-il, on aurait fait usage de Zyklon-B pour tuer des êtres humains dans des proportions industrielles tandis qu'on note la présence, aujourd'hui, de grosses taches bleues dans les murs des chambres à gaz de désinfection au Zyklon-B, que ce soit à Auschwitz, à Birkenau ou dans d'autres camps de concentration. Ces taches bleues des chambres à gaz de désinfection sont dues à la présence, autrefois, d'acide cyanhydrique ou prussique ; cet acide est resté dans les murs où, se combinant avec le fer contenu dans les briques, il a donné des ferrocyanures. Pressac ose affirmer (p. 555) que, dans le cas des gazages homicides, l'acide cyanhydrique allait directement dans les bouches des victimes sans avoir le temps de se répandre ailleurs et d'imprégner le plancher, le plafond et les murs. Le gaz ne se serait pas même déposé sur les corps des victimes pour aller ensuite se répandre, par émanation, dans tout le local. Cette naïve explication revient à supposer que le gaz cyanhydrique serait, dans ce cas et dans ce cas seulement, constitué de molécules à têtes chercheuses, organisées au point de se répartir la besogne d'aller se perdre directement dans la bouche de chaque personne, et seulement dans cette bouche.¶De l'aveu même de ses fabricants, le Zyklon-B (employé dès le début des années 20 et encore en usage aujourd'hui dans le monde entier quoique sous d'autres dénominations) présente l'inconvénient d'être d'une "ventilabilité difficile et longue, vu la forte capacité d'adhérence de ce gaz aux surfaces" (doc. NI-9098). Pressac oublie que, selon sa propre théorie, on aurait gazé dans le seul Leichenkeller 1 (moins de 210 m2 ) du Krema II 400000 personnes en 532 jours (voy., ci-dessus, p. 78), ce qui implique que les gazages d'êtres humains se seraient relayés à grande vitesse et de façon quasi continue. Il sait que l'acide cyanhydrique s'absorbe par la peau (p. 25). Tant de cadavres, représentant une surface de peau beaucoup plus vaste que le corps des insectes et imprégnés, qu'on le veuille ou non, du poison cyanhydrique, auraient constitué comme autant de sources d'émanations du redoutable gaz qui serait allé se fixer partout dans le local. Ces cadavres auraient été, de plus, impossibles à manipuler comme on


259 nous le raconte et je ne reviendrai pas ici sur les précautions extrêmes qu'il faut aujourd'hui, dans les pénitenciers américains, au médecin et à ses deux aides, pour extraire de la chambre à gaz à acide cyanhydrique un seul cadavre cyanuré. Les ruines du Krema II sont parlantes : elles ne comportent pas la moindre tache bleue de ferrocyanure. Les Allemands n'y ont donc certainement jamais utilisé de Zyklon-B dans les quantités nécessaires pour gazer 400.000 personnes. Il admet que le langage codé des Allemands est un mythe Pressac ouvre une énorme brèche dans l'édifice des historiens traditionnels et notamment dans celui de Georges Wellers quand il récuse la thèse selon laquelle, pour camoufler leur crime, les Allemands auraient utilisé un langage secret ou un "code". Il dit à deux reprises qu'il s'agit là d'un "mythe" et s'en explique longuement (pp. 247 et 556). Il voit bien que le secret d'un tel massacre aurait été impossible à garder. Il apporte, à la suite des révisionnistes, des documents qui prouvent que les camps d'Auschwitz et de Birkenau étaient en quelque sorte transparents. Des milliers de travailleurs civils se mêlaient chaque jour aux prisonniers (pp. 313, 315, 348, ...). De nombreuses firmes civiles, situées en différents points d'Allemagne ou de Pologne, recevaient des commandes, par exemple, pour la construction des crématoires, des chambres à gaz de désinfection ou des portes étanches au gaz. La seule Direction de la construction (Bauleitung) comprenait environ cent employés ; des photos montrent des ingénieurs, des architectes, des dessinateurs dans leurs bureaux (p. 347) où -on le savait bien avant Pressac- les plans des crématoires étaient affichés à la vue de tous. Les photos aériennes prises par les Alliés montrent pour Auschwitz, comme d'ailleurs pour Treblinka, que les paysans cultivaient leurs champs tout contre les clôtures des camps. En revanche, il est sûr que les Allemands cherchaient à cacher jalousement leurs activités industrielles à Auschwitz, en vain d'ailleurs. Le paradoxe serait donc le suivant : à Auschwitz, les Allemands se seraient efforcés de dissimuler les activités de toutes leurs usines (armements, pétrole synthétique, caoutchouc synthétique, ...) sauf... de leurs "usines de mort", censées se trouver à l'emplacement des crématoires. Affirmations sans preuves et manipulations Tout au long de l'ouvrage abondent les affirmations sans preuves et les manipulations. Quelle preuve l'auteur a-t-il pour reprendre à son compte les affirmations, jamais prouvées jusqu'ici, selon lesquelles le 3 septembre 1941 on a, pour la première fois, utilisé le Zyklon-B dans les caves du Block-11 à Auschwitz I pour y tuer huit cent cinquante personnes (p. 132) ? Il affirme que, peu après (?), des prisonniers russes ont été gazés dans la chambre froide (Leichenhalle) du Krema I. Il ne fournit aucune preuve. Il dit que, selon la "confession" de Höss, ces prisonniers ont été au nombre de 900, puis il glisse les mots suivants : "en fait entre 500 et 700". Le système est caractéristique de Pressac : constatant sans doute que le chiffre de neuf cents est impossible vu la dimension du local, il le "corrige" et, au lieu de dire clairement que c'est à titre d'hypothèse qu'il propose un chiffre moindre, il affirme qu'"en fait" il y a eu de cinq cents à sept cents victimes. Je pense que je pourrais citer une cinquantaine d'exemples de ce procédé qui consiste à invoquer un témoignage incroyable, à le transformer pour le rendre croyable et, finalement, à accorder un peu plus loin au résultat de cette transformation le statut de "fait établi", sans rappeler qu'il y a eu transformation d'un texte à partir d'une hypothèse. Pressac change les mots, les chiffres, les dates, parfois en prévenant son lecteur de ces changements laborieusement justifiés, parfois sans crier gare. La page 18 offre un exemple de ces procédés. L'auteur y énumère les différentes caractéristiques de l'acide cyanhydrique (HCN, principale composante du Zyklon-B) : poids moléculaire, etc. Soudain, dans une liste de quinze


260 caractéristiques il glisse la caractéristique suivante : "Concentration utilisée à Birkenau dans gazage homicide : 12 g/m3 (1 %) ou 40 fois la dose létale (ou mortelle)". Ce faisant, il donne à croire, dès le début de son livre, que les gazages homicides de Birkenau seraient un fait établi par la science au même titre que le poids moléculaire dudit gaz ; et il veut nous faire croire que la science a pu établir au gramme près combien on utilisait de Zyklon à Birkenau pour y tuer un homme ! Ce procédé, où se combinent rouerie et aplomb, est d'usage courant chez Pressac. La page 227 contient de surprenantes affirmations. Sans fournir la moindre justification, l'auteur déclare que le Krema II a servi à gazer des juifs avant même son achèvement (le vestiaire n'était pas achevé) et avant sa livraison à l'administration du camp le 31 mars 1943. Il assène comme des vérités d'évidence qu'environ six mille neuf cents juifs ont été gazés en douze jours. Et il indique avec précision les dates et les quantités respectives : mille cinq cents juifs du ghetto de Cracovie le soir du dimanche 14 mars, deux mille deux cents juifs de Salonique le 20 mars, près de deux mille autres juifs de Salonique le 24 mars et mille deux cents autres le lendemain. Aucune de ces précisions n'est accompagnée d'une indication de source autre que le "calendrier d'Auschwitz" établi par les communistes polonais. Si ces juifs sont bien arrivés au camp à ces dates, de quel droit nous affirme-t-on qu'ils ont été gazés ? L'accusation portée ici contre l'Allemagne est d'une gravité exceptionnelle et nécessiterait un faisceau de preuves d'une extrême précision. A maintes reprises, Pressac mentionne "l'ordre donné par Himmler le 26 novembre 1944 de détruire les Krema II et III de Birkenau", "mettant ainsi fin aux gazages" (pp. 115, 310, 464, 501, 533...) mais notre autodidacte ne fait ici que reprendre, sans le vérifier, ce qu'affirment d'éminents auteurs juifs (avec des variations sur les dates). Cet ordre n'a jamais existé mais on comprend qu'il ait fallu l'inventer, d'abord en vue d'expliquer pourquoi, à la libération du camp, on n'a trouvé aucune trace du crime et ensuite pour suppléer de cette manière à l'absence de tout ordre de commencer les gazages. De quel droit affirme-t-il que Himmler a assisté en personne à un gazage homicide dans le Bunker 2, et cela le 17 juillet 1942 (p. 187) ? Comment peut-il accuser le Dr Grawitz, "responsable de la Croix-Rouge allemande", d'avoir vu de ses propres yeux l'extermination des juifs (en chambres à gaz, indique le contexte) (p. 206) ? Pour commencer, où a-t-il puisé son esquisse de description de la procédure de gazage homicide à Auschwitz telle qu'elle apparaît, par fragments, à la page 16 ? Cette esquisse est surprenante. CE QUE LE LECTEUR D'UN OUVRAGE INTITULE AUSCHWITZ, TECHNIQUE ET FONCTIONNEMENT DES CHAMBRES A GAZ ATTENDAIT, C'ETAIT UNE ETUDE APPROFONDIE PORTANT SUR LA TECHNIQUE ET LE FONCTIONNEMENT DE CES EXTRAORDINAIRES ABATTOIRS CHIMIQUES SANS PRECEDENT DANS L'HISTOIRE, PUIS UNE DESCRIPTION COMPLÈTE DE LA PROCEDURE DE GAZAGE D'UN MILLION DE VICTIMES. OR, L'AUTEUR ESCAMOTE LE SUJET. IL NE FOURNIT QUE DES INDICATIONS VAGUES, FRAGMENTAIRES ET DONT ON NE VOIT PAS SI ELLES REPOSENT SUR DES "TEMOIGNAGES", SUR DES DOCUMENTS OU SI ELLES NE SONT PAS SIMPLEMENT LE RESULTAT D'EXTRAPOLATIONS. NULLE PART DANS SON LIVRE IL NE REVIENDRA SUR CE SUJET CENTRAL DE LA PROCEDURE DE GAZAGE. TOUT JUSTE MENTIONNERA-T-IL, MAIS SEULEMENT à PROPOS DES KREMA IV ET V, LA PROCEDURE PARTICULIÈRE AUX GAZAGES DANS CES DEUX ENDROITS, UNE PROCEDURE SI ABSURDE QU'IL EN PARLERA COMME D'UN "NUMERO DE CIRQUE" (p. 386). Comment peut-il écrire : "En mai 1942, le gazage à grande échelle des arrivées de juifs par le train commença dans les Bunker 1 et 2 de Birkenau" (p. 98), surtout étant donné que, comme on l'a vu ci-dessus, il reconnaît ne rien savoir du Bunker 1 (forme, constitution et même emplacement) ?


261 Comment sait-il que, lorsqu'on versait du Zyklon-B par les orifices de la terrasse du Krema I, les SS qui étaient dans l'hôpital situé tout à côté s'abstenaient de regarder l'opération car "il était alors interdit de regarder par les fenêtres" (p. 145)? En quoi un amoncellement de chaussures constitue-t-il une preuve qu'il existait des chambres à gaz homicides (p. 420) ? Comment peut-il soutenir que les SS auraient envisagé la possibilité d'utiliser alternativement le Leichenkeller 1 et le Leichenkeller 2 comme chambres à gaz (p. 233) ? Comment peut-on proférer l'énormité qui trône au sommet de la page 188 (2e colonne) ? Pressac y affirme que les "terribles conditions hygiéniques du camp" exigeaient d'énormes livraisons de Zyklon-B et que les SS, pour cacher ces conditions, affectaient de demander du Zyklon-B ... pour l'extermination des juifs ; ces demandes étaient adressées à des supérieurs qui auraient eu "une connaissance générale" de cette extermination "sans être informés des détails pratiques" ! Le "numéro de cirque" des Krema IV et V S'il avait été honnête, l'auteur aurait dû commencer le développement qu'il consacre aux Krema IV et V par un rappel de son interprétation de 1982. A cette époque, il avait soutenu dans Le Monde juif (op. cit.) que ces deux Krema avaient été conçus dans une intention non criminelle comme de simples stations de crémation ; puis, ultérieurement, les Allemands auraient procédé à des bricolages pour transformer certaines salles de ces stations en chambres à gaz homicides. Encore en 1985, l'auteur soutenait cette thèse (Colloque de l'Ecole des hautes études en sciences sociales [François Furet et Raymond Aron], L'Allemagne nazie et le génocide juif, Gallimard-Le Seuil, 1985, p. 539-584). Mais voici que, dans le présent ouvrage, il opère un retournement à 180°, et cela sans en prévenir son lecteur sinon après coup et en termes obscurs (p. 379, 448). Comme Pressac est toujours confus, les lecteurs ne peuvent savoir ni les raisons qu'il avait de soutenir son ancienne thèse (ces Krema ont été conçus sans intention criminelle), ni les raisons qui le conduisent à adopter une nouvelle thèse, diamétralement contraire à l'ancienne (ces Krema ont été conçus dans une intention criminelle) [4]. La gêne de l'auteur est considérable. On se demande s'il ne serait pas heureux d'envoyer au diable l'histoire de ces deux Krema IV et V qui -il insiste sur ce point- n'auraient, pour ainsi dire, pas fonctionné parce qu'ils étaient si mal conçus et construits que les fours furent rapidement mis hors d'usage (p. 384, 420). Il écrit qu'à la fin de mai 1944 la plupart des membres du Sonderkommando qui vivaient dans une section du "camp des hommes" de Birkenau et donc, ajouterai-je en passant, au vu et au su de tout le monde furent transférés "au Krema IV, qui fut converti pour eux en un dortoir" (p. 389). Dans la littérature de l'"Holocauste", on présente comme une page d'héroisme la révolte du Sonderkommando juif mettant le feu au Krema IV, le 7 octobre 1944, par désespoir d'avoir à gazer et à brûler des foules de leurs coreligionnaires. Pressac, pour sa part, doute de la "véracité" de ce récit et dit que le Krema IV à cette époque n'était qu'un dortoir et que cette rébellion fut un acte de désespoir de la part de prisonniers qui étaient entassés et inoccupés, qui en avaient trop vu et qui sentaient que leur fin était proche (p. 390). Comme on va tout de suite le voir, la disposition des lieux était telle, dans les Krema IV et V, qu'elle aurait rendu absurde une opération de gazage homicide. Prenons l'un quelconque de ces deux Krema. Pour commencer, la foule des victimes aurait été introduite, faute de "vestiaire", dans le dépositoire où déjà des cadavres étaient entassés. Là,


262 les victimes se seraient déshabillées face au spectacle des cadavres. Puis, on les aurait fait entrer dans une antichambre, suivie d'un corridor. Sagement, elles seraient passées devant la pièce du médecin, puis devant une réserve de charbon. Ensuite, à l'extrémité du corridor, on les aurait réparties dans deux "chambres à gaz homicides", dotées, pour chacune d'elles, d'un poêle à charbon dont la bouche de chargement donnait sur le corridor. Enfin, un SS, se trouvant à l'extérieur du bâtiment, serait venu déverser les granulés de Zyklon-B par les impostes placées sous le toit. Vu la hauteur, il aurait eu à se déplacer avec une échelle. Il aurait déployé son échelle et y serait grimpé autant de fois qu'il y avait d'impostes ; d'une main, il aurait tenu ouverte chaque imposte et, de l'autre, il aurait versé le contenu d'une boîte de Zyklon-B. Prestement, il aurait refermé l'imposte et serait passé à la suivante. A la suivante, il aurait agi avec d'autant plus de célérité que, le HCN étant moins dense que l'air, les émanations des granulés de la première boîte auraient rendu l'opération plus dangereuse, même si notre SS était muni d'un masque à gaz. A la fin de l'opération, il aurait fallu soigneusement et longuement ventiler les pièces. Vu la petitesse des impostes et l'absence de tout appareil de ventilation forcée, on ne voit pas comment l'opération aurait pu se dérouler. Il aurait fallu ouvrir les portes et donc inonder de gaz l'antichambre, la pièce du médecin, etc. Les cadavres auraient été extraits de chacune des deux chambres à gaz ; il aurait fallu les tirer tout le long du vestibule et passer trois portes successives pour finir ... dans le dépositoire où bientôt arriveraient d'autres futures victimes. En 1982, dans son étude du Monde juif (op. cit., p. 126), Pressac écrivait : "On est stupéfait devant ce bricolage" et il en concluait : Alors, une évidence s'impose : LES KREMATORIUM IV ET V N'ONT PAS ETE CONCUS COMME INSTRUMENTS CRIMINELS MAIS ONT ETE TRANSFORMES A CETTE FIN [lettres capitales de l'auteur]. Dans son gros ouvrage, il fait une obscure allusion à son sentiment de "1980" ; il dit qu'à cette époque il trouvait que l'opération était "illogique jusqu'à l'absurdité" (p. 379). Neuf ans plus tard, notre pharmacien serait-il enfin parvenu soit à s'expliquer cette procédure "illogique jusqu'à l'absurdité", soit à découvrir que les Allemands utilisaient, en fait, une autre procédure, logique, sensée, explicable ? Point du tout. Il commence par raconter que les SS se rendirent compte que leur façon de procéder était "devenue irrationnelle et ridicule" (p. 386). Le SS gazeur avait à déverser le Zyklon-B par six ouvertures (Pressac estime qu'il n'y avait pas deux chambres à gaz mais trois, le corridor faisant office de troisième chambre à gaz !). Ce SS, dit-il, avait à monter ou descendre son échelle à dix-huit reprises avec un masque à gaz sur la figure. Toujours selon notre guide, après deux ou trois gazages conduits de cette manière, la Bauleitung (la Direction de la construction) décida qu'une ventilation naturelle était dangereuse et que l'introduction du poison ressemblait à "un numéro de cirque". Pour ce qui est de la ventilation, on installa une porte qui eut pour effet, nous assure-t-il, d'empêcher le vent d'ouest de pousser les gaz dans une direction dangereuse et de permettre seulement aux vents du nord ou du sud de ventiler les pièces ! Pour ce qui est du procédé d'introduction du gaz (le "numéro de cirque"), il resta le même, sauf que les impostes furent élargies de 10 cm. Le plus sérieusement du monde, Pressac écrit que la méthode d'introduction resta la même cependant, les autorités du camp considérant qu'un peu d'exercice physique ferait beaucoup de bien aux soldats du service de santé responsables du gazage. Ici, comme ailleurs, notre pharmacien fait preuve d'un merveilleux aplomb et il débite son récit sans fournir au lecteur de référence à une preuve quelconque. Où a-t-il vu, par exemple, que les autorités du camp (lesquelles ? quand ?) ont décidé que ce "numéro de cirque" était


263 absurde mais qu'"un peu d'exercice physique ferait beaucoup de bien aux soldats du service de santé responsables du gazage" des juifs ? L'une des constantes des écrits de Pressac est la bêtise dont les SS font preuve dans leurs vantardises. Il explique par là beaucoup d'anomalies, d'absurdités, d'inepties contenues dans les récits de gazage homicide. Il est curieux qu'il ne soupçonne apparemment pas que cette "bêtise" pourrait être attribuée à ceux précisément qui nous décrivent ainsi les activités des SS gazeurs. Ou encore, puisque toutes ces opérations seraient empreintes de bêtise, cette bêtise est-elle celle des SS, tels que Pressac nous les décrit, ou celle de Pressac lui-même ? Il est enfin surprenant qu'avant d'en venir à prétendre que les Krema IV et V possédaient, à coup sûr, des chambres à gaz homicides, il ne se soit pas demandé s'ils ne possédaient pas tout simplement là des douches ou des chambres à gaz de désinfection. Je possède dans mes archives un dessin du Krema IV ou V, fait par Pressac d'après un plan que je lui avais confié ; je vois, en toutes lettres, de la main de notre homme, les mots de "Douches 1" et de "Douches 2" à l'emplacement de ce qu'il appelle aujourd'hui des chambres à gaz homicides. Et, à la place de sa troisième chambre à gaz, je vois "Corridor". Au lieu d'une preuve, une seule preuve... trente-neuf prétendus indices Sur le chapitre des preuves, Pressac capitule d'emblée. Il a conscience de son échec ; malgré ses rodomontades, il avoue : Le jour où un dessin ou une lettre récemment découverte permettra d'expliquer la réalité noir sur blanc, les "révisionnistes" seront mis en déroute (p. 67). Cette remarque, qui lui échappe sur un point de détail, pourrait s'étendre à tout l'ouvrage : Pressac espère découvrir un jour un "document allemand spécifique" qui prouvera que les révisionnistes ont tort mais, pour l'heure, il n'a encore rien trouvé de tel. Il rappelle qu'en 1979 je lançais un défi. Je demandais une preuve, une seule preuve de l'existence d'une seule chambre à gaz homicide. Ce défi, il est incapable de le relever. Le titre du chapitre 8 est éloquent. Il porte : "Une preuve ... une seule preuve" : trente-neuf traces criminelles (p. 429). Pour ma part, je m'attendais à trouver un chapitre qui se serait intitulé : "Une preuve ... une seule preuve" ? Trente-neuf preuves". Par "traces criminelles" (criminal traces), il convient d'entendre "traces du crime" ou "indices du crime". Il s'agit, comme le précise l'auteur, de "preuves par présomption" ou de "preuves indirectes".¶Pressac nous dit que, faute de "preuve fondée sur des documents incontestables et irréfutables", une preuve "indirecte" (les guillemets sont de lui) "peut suffire et être valable". Il ajoute : Par preuve "indirecte", je veux dire un document allemand qui ne déclare pas noir sur blanc qu'une chambre à gaz est à fins HOMICIDES, mais un [document] contenant la preuve que logiquement il est impossible pour [cette chambre] d'être quoi que ce soit d'autre (p. 429). Et là-dessus le lecteur se voit proposer trente-neuf preuves indirectes. Mais revenons un instant à mon défi, à son sens et à ses raisons. Et voyons aussi en quels termes Pressac admet qu'il ne peut fournir ce qu'il appelle lui-même une "preuve directe" ou une "preuve formelle". Le 26 février 1979, j'avais adressé sur le sujet une lettre en droit de réponse que Le Monde refusa de publier et qui se trouve reproduite dans mon Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire (La Vieille Taupe, 1980, p. 100). J'écrivais alors :


264 Je connais un moyen de faire progresser le débat. Au lieu de répéter à satiété qu'il existe une surabondance de preuves attestant de l'existence des "chambres à gaz" (rappelons-nous la valeur de cette prétendue surabondance pour les "chambres à gaz" mythiques de l'Ancien Reich), je suggère que, pour commencer par le commencement, on me fournisse une preuve, une seule preuve précise de l'existence réelle d'une "chambre à gaz", d'une seule "chambre à gaz". Cette preuve, nous l'examinerons ensemble, en public. J'étais, cela va de soi, prêt à considérer comme "preuve" ce que l'adversaire lui-même choisirait d'appeler de ce nom. Mon défi s'expliquait par une constatation : les exterminationnistes utilisaient tous le système un peu trop facile des "faisceaux convergents de présomptions" ou encore, comme on disait autrefois, des "adminicules" (éléments de preuve, présomptions, traces). Telle de leurs prétendues preuves, plutôt chancelante, s'appuyait sur une autre preuve, tout aussi fragile. On usait beaucoup de la preuve testimoniale qui est la plus fragile de toutes puisque, comme son nom l'indique, elle ne repose que sur des témoignages. On invoquait "l'essentiel" du témoignage de Kurt Gerstein, en l'appuyant sur "l'essentiel" de la confession de Rudolf Höss, laquelle reposait sur "l'essentiel" d'un journal personnel où, paraîtil, en termes voilés, le Dr Johann-Paul Kremer révélait, tout en la cachant, l'existence des chambres à gaz homicides. En quelque sorte, l'aveugle prenait appui sur le paralytique, guidé par le sourd. Autrefois, lors des procès de sorcellerie, les magistrats faisaient grand usage des adminicules et, pour condamner les sorciers et les sorcières, se livraient à d'étranges comptabilités où un quart de preuve ajouté à un quart de preuve, lui-même ajouté à une demipreuve, étaient censés égaler une vraie preuve (le film Les Sorcières de Salem montre un juge se livrant à ce genre d'arithmétique). Certes, on ne pouvait fournir de preuve formelle de l'existence de Satan et d'une rencontre avec lui. Il était impossible de prouver son existence comme on prouve celle d'un être humain. Ce n'était pas, pensait-on, de la faute des juges mais précisément de la faute de Satan qui, comme bien on pense, était trop malin pour laisser des traces probantes de ses méfaits. De caractère intrinsèquement pervers, Satan ne laissait, tout au plus, que de vagues traces de son passage. Ces traces ne parlaient pas d'elles-mêmes. Il fallait les faire parler. Des esprits particulièrement sagaces s'entendaient à les détecter là où le commun des mortels ne voyait rien. Pour ces esprits, Satan avait cherché à effacer ses traces mais il avait oublié de supprimer les traces de l'effacement de ses traces et, partant de là, de doctes magistrats, aidés de savants professeurs, parvenaient à tout reconstituer. Il n'en va pas autrement de tous les procès où, depuis 1945, on a jugé des SS pour leur participation, toujours indirecte, à des gazages homicides. Tels des adeptes de Satan, les SS n'avaient laissé aucune trace des gazages mais des esprits exercés (des Poliakov et des Wellers), témoignant par l'écrit ou à la barre des tribunaux, avaient su déjouer les ruses, dénouer l'écheveau et reconstituer le crime dans toute son horreur satanique ; ils avaient tout interprété, déchiffré, décodé, décrypté. Aucune "preuve directe", finit-il par admettre Pressac écrit : Les historiens "traditionnels" ont fourni à Faurisson une "abondance de preuves" qui étaient virtuellement toutes fondées sur le témoignage humain (p. 429). Il dit aussi qu'on possède nombre de photographies dont certaines passaient traditionnellement pour prouver l'existence de gazages homicides mais il admet qu'aucune d'entre celles-ci "ne peut être présentée comme une preuve définitive" (Ibid.). Aucun des nombreux plans qu'on possède des Krema d'Auschwitz et de Birkenau n'indique, dit-il, "explicitement" l'emploi de gazages homicides bien que dans des procès on ait utilisé certains de ces plans comme s'ils étaient des éléments à charge explicites (Ibid.).


265 Restent, dit-il, les divers éléments de correspondances ou divers documents, d'origine allemande, qu'on a, par exemple, utilisés dans le "procès Faurisson" ; mais cela ne constituait toujours pas plus qu'un ensemble convaincant de preuves par présomption (Ibid.). La liste des trente-neuf "traces criminelles" fait songer à un dénombrement (à la manière de Rabelais ou de Prévert) d'objets disparates. On y voit défiler d'inoffensifs termes techniques, appartenant au domaine de l'architecte, du chauffagiste ou du plombier-zingueur, sur lesquels notre pharmacien de la Ville du Bois se torture l'esprit pour découvrir la trace des plus noirs desseins. Pressac n'a pas son pareil pour faire parler les vis, les écrous, les boulons et, même et surtout, les têtes de vis [5]. Il serait fastidieux de passer en revue ces trente-neuf indices. Je m'en tiendrai à ceux qui, selon lui, seraient essentiels. Des termes techniques inoffensifs Mais je voudrais auparavant appeler l'attention du lecteur français sur quelques termes techniques allemands qui sont d'un emploi relativement banal. Pour désigner une chambre à gaz de désinfection (ou une chambre à gaz pour l'entraînement des recrues au port du masque à gaz), les Allemands emploient le mot de "Gaskammer" et, quand le contexte est suffisamment clair, celui de "Kammer". Une porte étanche aux gaz est appelée "Gastür" (porte à gaz) ou "gasdichte Tür" (porte étanche au gaz) ; les Anglais disent "gasproof door" ou "gastight door" ; ce type de portes peut être utilisé soit pour des chambres à gaz de désinfection, soit pour des sas (par exemple, sas de salle de fours ou sas d'abri antiaérien) [6]. D'une manière plus générale, une porte étanche au gaz peut se trouver en n'importe quel point d'un édifice où il y a des risques d'incendie ou d'explosion ; c'est le cas pour un crématoire où fonctionnent des fours à haute température. Je crois qu'en Allemagne c'est à vérifier- les portes des caves où se trouve un chauffage d'immeuble sont, généralement sinon obligatoirement, étanches pour préserver de l'incendie, de l'explosion, des émanations de gaz. "Gasprüfer" désigne le détecteur de gaz. "Brausen" signifie pommes d'arrosage (pour arrosoir, pour jet, pour douches). "Auskleideraum" se dit d'une salle de déshabillage et, dans les installations de désinfection, il s'agit de la pièce où, du "côté sale" (unreine Seite), on se déshabille ; il n'est pas impossible, mais je ne l'ai pas vérifié, que, dans un dépositoire, ce même mot s'applique à la pièce où l'on dépouille les cadavres de leurs vêtements. Pressac fera état de l'existence de mots comme "Drahnetzeinschiebvorrichtung", qu'il traduit par "dispositif d'introduction en treillis de fil de fer" et "Holzblenden", "obturateurs ou couvercles de bois" ; je ne pense pas que ces mots appellent un commentaire particulier. En revanche, il est inadmissible qu'au tout début de son ouvrage où il prétend reproduire les termes employés par la Direction de la construction afin de désigner l'épouillage ou la désinfection, il ait noté les mots d'Entlausung, d'Entwesung et de Desinfektion sans profiter de l'occasion pour rappeler que l'un des termes les plus couramment employés par les Allemands pour désigner ce type d'opération est : Vergasung, qu'on traduira par "gazage". Par exemple, pour s'en tenir aux documents cités par Pressac, le document NI-9912, que j'ai été le premier à publier et dont il m'est aussi redevable, ne désigne pas autrement le gazage que par Durchgasung ou Vergasung ; ce dernier mot, qui figure au premier paragraphe de la section III, a reçu en anglais la traduction de "fumigation" (p. 18, col. D). Dans un document cité par Pressac lui-même, le général Glücks parle de "gaz pour le gazage" du camp en raison de l'épidémie de typhus : "Gas für Vergasung" (voy., ci-dessus, p. 73-74) ; quant au commandant Höss, il désigne les gazages de désinfection par "Vergasungen" (voy., ci-dessous, p. 114-115). Je précise, en passant, que, pour la commodité du lecteur, je traduis "Entlausung" et "Entwesung" de la même façon, c'est-à-dire par "désinfection". Je constate d'ailleurs que, dans le vocabulaire de la Bauleitung ou dans les registres de la serrurerie d'Auschwitz, on a tendance


266 à employer un mot pour l'autre sans toujours distinguer entre l'"épouillage" et la "désinsectisation". Dans les Krema II et III, la ventilation de l'ensemble que Pressac ose appeler chambre à gaz homicide alors qu'il s'agissait d'un dépositoire était précisément à contresens et il l'admet de ce qu'elle aurait dû être si du Zyklon-B y avait été employé. Le Zyklon-B est essentiellement de l'acide cyanhydrique, gaz moins dense que l'air. La ventilation aurait donc dû se faire de bas en haut. Or, elle se fait de haut en bas comme ... dans un dépositoire. Pressac ne tente pas d'expliquer cette anomalie, qui détruit sa thèse, à la base si l'on peut dire. Il constate et passe outre [7]. Quatorze pommes d'arrosage et une porte étanche au gaz Une découverte dont il s'enorgueillit, la seule à vrai dire qu'il présente comme "définitive" (p. 430) avant de déclarer qu'elle prouve "indirectement" (p. 439) l'existence d'une chambre à gaz homicide, est un bordereau de réception du Krema III pour quatorze pommes d'arrosage (Brausen) et une porte étanche au gaz (gasdichte Tür). Cédant d'abord à l'enthousiasme, notre inventeur écrit, à la page 430 : [CE] DOCUMENT [...] EST LA PREUVE DEFINITIVE DE LA PRESENCE D'UNE CHAMBRE A GAZ HOMICIDE DANS LE LEICHENKELLER 1 DU KREMATORIUM III. En 1986, la revue VSD avait publié une interview de Serge Klarsfeld sous le titre "Les historiens du mensonge" (29 mai, p. 37). Ce dernier y reconnaissait que jusqu'à présent "personne ne [s'était] préoccupé de rassembler des preuves matérielles" de l'existence des chambres à gaz homicides. A la question : "Parce qu'il n'y avait pas encore de vraies preuves ?" il répondait Il y avait des débuts de preuves qui embarrassaient les faurissoniens mais ne les avaient pas encore réduits au silence. Notamment deux lettres analysées par Georges Wellers, et datant de 1943, qui parlaient, l'une d'une cave à gazage, l'autre de trois portes étanches à poser dans les crématoires. Klarsfeld annonçait qu'allait enfin paraître "un ouvrage monumental de Jean-Claude Pressac sur Auschwitz-Birkenau". Il ajoutait que l'auteur avait trouvé la "preuve des preuves" : au total il a trouvé trente-sept preuves dont une définitive de l'existence d'une chambre à gaz homicide dans le [Krema III] de Birkenau. L'interview s'accompagnait de la "preuve irréfutable" avec la reproduction d'un document ainsi décrit : Sur ce bordereau de réception du [Krema III] signé par le directeur du camp d'Auschwitz, on lit en tête des deux dernières colonnes : 14 douches (Brausen), 1 porte étanche au gaz (gasdichtetür). Klarsfeld déclarait, à propos de cette preuve "définitive" ou "irréfutable", qu'il s'agissait d' Un document qui mentionne à la fois une porte étanche au gaz et quatorze pommeaux [sic] de douches. A quoi, il ajoutait en guise de commentaire : Alors, soyons logiques, s'il s'agit d'une salle de douches, pourquoi cette porte étanche au gaz ? La démonstration est imparable. La démonstration n'était certainement pas imparable et, d'ailleurs, ainsi qu'on le voit, Klarsfeld usait ici d'un procédé rhétorique cher à Pressac : la prétérition (et, qui plus est, sous la forme interrogative). J'envoyais à la revue un texte en droit de réponse dont la publication me fut refusée.


267 Pour commencer, cette interview constituait un aveu. Klarsfeld y reconnaissait que, jusquelà, personne ne s'était préoccupé de rassembler des preuves matérielles. Pressac, de son côté, déclarait à la même époque : "On avait jusqu'ici des témoignages et seulement des témoignages" (Le Matin de Paris, 24-25 mai 1986, p. 3). Autrement dit, on avait, jusqu'ici, propagé dans le monde entier une terrible affirmation, une atroce accusation contre l'Allemagne, sans véritable preuve, mais seulement avec des "débuts de preuves" ou des "témoignages". L'arme du crime n'avait jamais fait l'objet d'une expertise. Mon droit de réponse rappelait que des portes étanches au gaz constituaient une banalité et que, par exemple, avant et pendant la guerre, tout local qui, en cas de guerre, pouvait servir de refuge était obligatoirement équipé d'une porte étanche au gaz. J'ajoutais que des portes étanches au gaz n'impliquaient, pas plus que de simples masques à gaz, un gazage homicide. S. Klarsfeld, embarrassé par le profit que je tirais de son interview dans un texte que je consacrais à Elie Wiesel (Un grand faux témoin : Elie Wiesel), Annales d'Histoire Révisionniste, n° 4, 1988, p. 163-168), commit l'erreur de publier une lettre dans Le Monde juif (janvier-mars 1987, p. 1) où il affirma que son interview était d'une "rédaction erronée" sur certains points. Mais il y a des démentis qui valent confirmation et tel était le cas puisque Klarsfeld, aggravant son impair, était alors amené à écrire : Il est évident que dans les années qui ont suivi 1945 les aspects techniques des chambres à gaz ont été un sujet négligé parce que personne alors n'imaginait qu'un jour on aurait à prouver leur existence. Pressac avait sous les yeux un bordereau dactylographié, probablement tiré à la ronéo, en de nombreux exemplaires. Des rubriques dans le sens vertical énuméraient les différentes parties d'un bâtiment (pièces, cage d'escalier, couloir, WC, etc.) et, dans le sens horizontal, différents objets (lampes, lustres, lanternes, poêles, fiches de prise de courant, etc.). Dans un sens comme dans l'autre, des espaces étaient laissés en blanc pour des inscriptions complémentaires. Le bordereau en question concernait plusieurs pièces du Krema III, dont les Leichenkeller 1 et 2. Pour le Leichenkeller 1, censé être la chambre à gaz homicide, on avait noté : douze lampes d'un certain type, deux robinets de prise d'eau, quatorze pommes d'arrosage et (addition portée à la plume) une porte étanche au gaz. Pour le Leichenkeller 2, censé être le vestiaire, on avait noté vingt-deux lampes et cinq robinets. Pressac tire de la juxtaposition dans une même pièce (partie constituante d'une morgue) de quatorze pommes d'arrosage et d'une porte étanche au gaz la conclusion qu'on se trouve devant une chambre à gaz homicide (!) pourvue de fausses pommes de douche ; ces pommes d'arrosage, ajoute-t-il avec un beau sang-froid, seraient "de bois ou d'autres matériaux et peintes" (p. 429 ; voy. aussi p. 16) ! Le raisonnement est déconcertant. Pressac l'amorce expressément dans les termes suivants : Une porte étanche au gaz ne peut être prévue que pour une chambre à gaz [sous-entendu : homicide] ; Pourquoi une chambre à gaz [sous-entendu : homicide] possède-t-elle des douches ? Ce raisonnement comporte, en plus de ses sous-entendus, une grave erreur. Une porte étanche au gaz peut se trouver, comme je l'ai déjà dit, en n'importe quel point d'un édifice où, comme c'est le cas pour ce crématoire, il fonctionne des fours à haute température, avec risques d'incendie, d'explosion et d'émanations de gaz. Elle peut aussi se trouver dans un abri antiérien, dans une chambre à gaz de désinfection, dans une chambre froide, etc. Enfin, le Krematorium III a pu posséder, en tout ou partie de son Leichenkeller 1, une salle de douches ou de lavage (tout crématoire possède une salle de lavage des cadavres). D'ailleurs, en un autre passage, Pressac écrit que Bischoff, responsable de la Construction, demanda, le 15 mai 1943, à la maison Topf & fils, spécialiste de la construction des crématoires, de "dessiner les plans pour cent douches utilisant l'eau chauffée par l'incinérateur d'ordures du Krematorium III" (p. 234) ;


268 nous savons qu'il existait au rez-de-chaussée une salle de douches car le plan est assez détaillé pour l'indiquer ; en revanche, le plan du sous-sol n'est pas détaillé et n'indique, pour les Leichenkeller 1 et 2, que leur configuration générale. Mais Pressac doit être sensible à la faiblesse de son argumentation puisque, son enthousiasme une fois retombé, il écrit, neuf pages plus loin à propos de ce même document : Ce document est le seul présentement connu qui prouve indirectement [souligné par moi] l'existence d'une CHAMBRE A GAZ HOMICIDE dans le Leichenkeller 1 du Krematorium III (p. 439). Notons, par conséquent, qu'il s'agit de la seule véritable preuve et que cette preuve est maintenant indirecte, alors qu'auparavant elle était décrétée "fondamentale" (p. 429) et "définitive" (p. 430). Georges Wellers lui-même, pourtant prêt à se satisfaire des "preuves" les plus frelatées, confessait, dès 1987, son total scepticisme à l'endroit de la valeur démonstrative de ce document révélé l'année précédente par VSD. Il déclarait à Michel Folco : Bon, et l'histoire des pommes de douche du bordereau, vous savez, ce n'est pas la preuve de quoi que ce soit (Zéro, Interview, mai 1987, p. 73). Aussi longtemps qu'on refusera de procéder aux fouilles complètes des Krema II et III ou de publier les explications fournies par les ingénieurs-architectes Dejaco et Ertl au procès de Vienne, en 1972, sur la disposition des lieux, on en sera réduit à des spéculations. Quatre "dispositifs d'introduction" Quand Pressac découvre dans un autre bordereau qu'il est question de quatre "dispositifs d'introduction en treillis de fil de fer" et de quatre "obturateurs en bois" pour le Leichenkeller 2, il émet l'hypothèse qu'il y a erreur sur le bordereau et qu'il faut lire Leichenkeller 1 (p. 232 et 430). Son hypothèse n'est pas gratuite ; elle est fondée sur une constatation matérielle : une photo aérienne montrant, apparemment, quatre ouvertures dans le toit du Leichenkeller 1. Mais il a tort de présenter ensuite son hypothèse comme une certitude et de décider que ces obturateurs appartiennent au Leichenkeller 1 (p. 431). Si ces dispositifs avaient servi à introduire des granulés de Zyklon-B jusqu'au sol de la prétendue chambre à gaz, comment aurait-on préservé ces dispositifs des pressions exercées par la foule des victimes et comment le gaz aurait-il pu se répandre dans la pièce ? Je rappelle que, dans les opérations de gazage de désinfection, les granulés étaient non pas entassés ou jetés à la volée mais éparpillés sur des napperons pour que le gaz puisse sans contrainte et sans obstacle monter du sol au plafond ; après l'opération, le personnel, toujours pourvu de masques à gaz avec un filtre particulièrement sévère, venait, après un long temps d'aération, récupérer les dangereux granulés en prenant grand soin de ne pas en laisser sur place. Enfin, Pressac a l'air d'ignorer qu'en 1988, au procès Zündel de Toronto, les révisionnistes ont pu montrer que, si les quatre ouvertures apparentes existent bien dans l'ouvrage de Brugioni et Poirier à la date de la reconnaissance aérienne du 25 août 1944, curieusement elles n'apparaissent plus sur la photographie aérienne "6V2" du 13 septembre 1944 non publiée par Brugioni et Poirier. S'agissait-il de taches ? de retouches ? de décolorations ? Il faut lire là-dessus le témoignage de l'expert Kenneth Wilson (Robert Lenski, The Holocaust on Trial, Decatur, Alabama [USA], Reporter Press, 1990, p. 356-360, avec photo de l'expert à son travail, p. 361). L'imposant tablier de béton qui constitue le toit du Leichenkeller 1 et qu'on peut aujourd'hui inspecter sur sa face extérieure comme sur sa face intérieure ne porte aucune trace de ces mystérieuses ouvertures. Quant aux colonnes de soutènement, elles étaient entièrement de béton et non pas creuses. Enfin, si le bordereau indique que ces "dispositifs" et "obturateurs" appartenaient au Leichenkeller 2, il est malhonnête de les transposer d'autorité au Leichenkeller 1 comme le fait Pressac sur son "plan récapitulatif pour les crématoires II et III" de la page 431.


269 Vergasungskeller Pressac reprend à son compte, mais non sans hésitation, l'argument éculé de la présence du mot "Vergasungskeller" dans une lettre de routine que la Direction de la construction d'Auschwitz adresse aux autorités compétentes de Berlin (doc. NO-4473). Cette lettre, datée du 29 janvier 1943, qui n'a rien de confidentiel et qui ne porte pas même le tampon "Secret", annonce que malgré les difficultés de toutes sortes et, en particulier, malgré le froid on a presque achevé la construction du Krema II (en réalité, ce Krema ne sera opérationnel que deux mois plus tard). On y précise qu'à cause du gel le toit de béton du Leichenkeller (sans précision de chiffre) n'a pas encore été décoffré mais que cela n'est pas grave, vu que le Vergasungskeller pourra être utilisé comme morgue provisoire (p. 211-217, 432). Pour Pressac, l'emploi, dans cette lettre, du mot Vergasungskeller constitue une "énorme gaffe" (p. 217), révélatrice de l'existence d'une "cave à gazage homicide" qui ne pourrait être que le Leichenkeller 1. Comme le mot de "Vergasung" est courant dans la langue technique allemande pour désigner soit le phénomène de gazéification [8], soit la carburation d'un moteur, soit le gazage de désinfection (traduit en anglais par "fumigation" ; voy., ci-dessus, p. 94), on ne voit pas comment, d'une part à Auschwitz, chez l'auteur de la lettre, et, d'autre part, à Berlin, chez le destinataire de cette lettre, une communication de pensée se serait opérée pour comprendre qu'il s'agissait ici, pour la première et la dernière fois, d'un gazage ... homicide ! Si Pressac a raison de dire, en s'appuyant sur un autre document, que le Leichenkeller en question ne peut pas être le Leichenkeller 2, il a tort de déduire qu'en conséquence il ne peut s'agir que du Leichenkeller 1 (qu'il appelle la chambre à gaz homicide). Il n'examine pas sérieusement une autre hypothèse : celle du Leichenkeller 3 avec ses trois pièces. Si je me place dans le cadre de son hypothèse et si le mot de "Vergasung" est à prendre ici au sens de "gazage", Pressac doit, avant de conclure précipitamment à un gazage homicide, envisager que le mot puisse désigner un gazage de désinfection et, puisque, toujours pour me placer dans le cadre de son livre, il fait grand cas du témoignage du cordonnier juif Henryk Tauber, je lui rappelle que, d'après ce témoignage, tel que le lit Pressac lui-même, on entreposait dans une des pièces du Leichenkeller 3 les boîtes de Zyklon-B. Selon lui, la pièce dont parle H. Tauber serait celle qui, sur les plans que nous possédons, est marquée "Goldarb[eit]" ; peut-être estime-t-il que cette pièce, avant de devenir celle où l'on fondait l'or dentaire [9], servait d'entrepôt aux boîtes de Zyklon (voy. p. 483 et plan annoté de la page 485, chiffre 8) mais peut-être s'agissait-il d'une autre pièce du Leichenkeller 3. Ce qui est sûr, c'est que le matériel de gazage (Vergasung) devait être entreposé, si possible, dans des endroits abrités (de la chaleur et de l'humidité), normalement aérés et fermés à clé ; une cave était recommandée. Autrement dit, toujours dans le cadre même de ce qu'écrit Pressac, la lettre du 29 janvier 1943 pourrait signifier que le dépositoire ne peut pas encore être utilisé mais qu'en attendant les cadavres peuvent être placés dans l'entrepôt prévu pour le matériel de gazage : dans le Vergasungskeller, c'est-à-dire le "cellier à gazage" (comme on dit Vorratskeller pour le "cellier à provisions"). En revanche, si on faisait de Vergasungskeller une cave à gazage homicide, si cette cave était le Leichenkeller 1, et si les Allemands envisageaient d'en faire un dépositoire à titre provisoire, où aurait-on gazé les victimes ? Le Leichenkeller 1 n'aurait pas pu être à la fois une chambre à gaz homicide et un dépositoire. Je note aux pages 503 et 505 que Pressac croit que j'ai donné dans mes écrits trois affectations successives et différentes au Leichenkeller 1. J'aurais successivement vu dans cette pièce une salle de carburation, puis un dépositoire et, enfin, une chambre à gaz de désinfection. Il n'en est rien. En un premier temps, j'ai rappelé l'interprétation d'Arthur R. Butz pour le mot


270 de Vergasung au sens de "gazéification" ou de "carburation" mais ni Butz, ni moi nous n'avons localisé ce Vergasungskeller qui, de toute façon, aurait dû être proche de la salle des fours et non dans une dépendance éloignée des fours. En un second temps, j'ai rappelé à P. VidalNaquet que le mot de Leichenkeller signifiait dépositoire ou chambre froide et je précisais : "Une chambre froide, cela se désinfecte" (Réponse à Pierre Vidal-Naquet, op. cit., p. 35). J'ajoutais qu'une analyse chimique pourrait révéler des traces de cyanure puisque le Zyklon-B est un insecticide à base d'acide cyanhydrique. Des pièces appelées à contenir des cadavres, en particulier de typhiques, devaient être désinfectées (je rappelle ici que j'use du mot de désinfection aussi bien pour la désinfection proprement dite que pour la désinsectisation). On notera que R. Hilberg mentionne ce document NO-4473 et en cite trois extraits en allemand mais qu'il s'abstient de reproduire le mot de Vergasungskeller (The Destruction of the European Jews, op. cit., p. 885 ; La Destruction des juifs d'Europe, op. cit., p. 767). Je suppose qu'en bon connaisseur de la langue allemande il voyait que, si les Allemands avaient voulu parler d'une chambre à gaz, ils auraient employé les mots de "Gaskammer"ou de "Gaskeller" (?) et non celui de "Vergasungskeller" qu'à moins de malhonnêteté on ne peut traduire par "chambre à gaz". D'ailleurs, parvenu à la fin de son livre, Pressac lui-même se résigne à écrire que le document Vergasungskeller "ne constitue pas une preuve absolue de l'existence d'une chambre à gaz homicide dans la cave du Krematorium II de Birkenau" (p. 505). Quatre portes étanches au gaz A la page 447, au titre de la 22ème "trace du crime", Pressac cite un document qui mentionne, pour le Krema IV, quatre portes étanches au gaz. Pour d'obscures raisons, il décide, cette fois-ci, que ce document ne constitue pas une preuve "concluante" de l'existence d'une chambre à gaz homicide. Cet aveu tend à retirer beaucoup de sa valeur à sa première et fondamentale "trace du crime" où il faisait état de la mention d'une seule porte étanche au gaz sur un bordereau concernant le Krema III comme s'il s'agissait d'une preuve concluante (voy., ci-dessus, "Quatorze pommes d'arrosage et une porte étanche au gaz", p. 95-99). Une clé pour chambre à gaz A la page 456, il nous présente comme 33ème "trace du crime" un document concernant une "clé pour chambre à gaz". Il en conçoit quelque embarras. On le comprend. Imagine-t-on l'emplacement d'une clé dans la porte, étanche, d'un local lui-même supposé être étanche ? Il dit que c'est "incompréhensible dans l'état présent de nos connaissances" ; mais alors pourquoi faitil de ce document une "trace du crime" ? Cette clé pourrait être celle qui fermait le local où étaient entreposées les boîtes de Zyklon-B. Un judas pour chambre à gaz Toujours à la page 456, il avoue que la 34ème "trace du crime" n'en est pas une, contrairement à ce qu'on croyait. Il s'agit d'une commande concernant "Les garnitures pour une porte avec châssis, étanche, avec judas pour chambre à gaz" (Die Beschläge zu 1 Tür mit Rahmen, luftdicht mit Spion für Gaskammer). En 1980, dans le procès qu'ils m'avaient intenté, la LICRA et tous autres avaient présenté ce document comme la preuve de l'existence de chambres à gaz homicides. Or, Pressac reconnaît qu'il s'agit ici d'une commande concernant une chambre à gaz de désinfection, comme je l'avais d'ailleurs signalé dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet, (op. cit., p. 80).


271 Autres fausses découvertes Ces 33ème et 34ème "traces du crime" n'auraient jamais dû figurer dans le tableau récapitulatif des "39 traces du crime". En effet, l'une nous est présentée comme "incompréhensible dans l'état présent de nos connaissances" et l'autre prouve, ainsi que le reconnaît Pressac, l'existence d'une chambre à gaz de désinfection et non pas d'une chambre à gaz homicide. L'histoire des dix détecteurs de gaz, telle qu'on nous la mentionne à la page 432, s'était déjà détruite elle-même à la page 371 où Pressac ne nous cachait pas que la firme Topf & fils, fabriquant des fours crématoires, fournissait normalement des détecteurs de CO et de CO2 ; pourquoi essayer de nous faire croire qu'une firme de ce genre, recevant une commande de "détecteurs de gaz", aurait compris par transmission de pensée qu'il s'agissait, cette fois-ci, de fournir des détecteurs de HCN (et non de CO et de CO2 ) et ... qu'elle aurait été en mesure de fournir un matériel qu'elle ne fabriquait pas ? Aux pages 223 et 432, Pressac découvre qu'à en croire un document du 23 mars 1943 le Leichenkeller 1 des Krema II et III devait être "préchauffé". Il triomphe. Comment irait-on préchauffer une morgue ? Et de laisser entendre que ce qu'on voulait préchauffer c'était ... une chambre à gaz homicide. Mais, dix-neuf jours plus tard, soit le 25 mars 1943, les autorités apprennent que ce préchauffage ne sera pas possible (p. 227). A la page 302, Pressac régalait son lecteur d'une histoire de déplacement d'escalier qu'il renonce, vers la fin de son livre, à faire figurer dans les "39 traces du crime". Il aurait fallu méditer la leçon du procès Dejaco-Ertl (1972) J'ai eu l'occasion de dire que le vrai "procès d'Auschwitz" n'avait pas été celui de Francfort (1963-1965) contre certains "gardiens d'Auschwitz" mais le procès à Vienne (Autriche), en 1972, de deux responsables de la construction des crématoires d'Auschwitz et surtout de Birkenau, Walter Dejaco et Fritz Ertl, ingénieurs-architectes. Tous deux furent acquittés. Si la moindre des pièces présentées ici par Pressac et, ainsi qu'il l'admet, déjà connues à l'époque avait pu démontrer l'existence de chambres à gaz homicides, on aurait mené grand bruit autour de ce procès et les deux hommes auraient été lourdement condamnés. Le procès, long et méticuleux, d'abord annoncé avec fracas, surtout par Simon Wiesenthal, apporta la preuve -Pressac en convient- que l'expert désigné par l'accusation ne put mettre en difficultés les deux accusés ; ledit expert "virtuellement admit sa défaite" (p. 303). En juillet 1978, je rendis visite à Fritz Ertl (Dejaco était mort en janvier). J'espérais obtenir de lui quelques éclaircissements sur les plans des crématoires que j'avais découverts au musée d'Auschwitz. Je rencontrais un vieillard affolé à la perspective de voir ses ennuis recommencer. Il refusa obstinément de me livrer le moindre renseignement mais il me dit tout de même qu'il n'avait, pour sa part, jamais vu de chambres à gaz homicides à Auschwitz ni à Birkenau. Je ne cache pas que je serais heureux d'avoir communication des pièces de l'instruction du procès et des sténogrammes des débats du procès Dejaco-Ertl. Je suis convaincu qu'on y découvrirait une réponse circonstanciée sur l'architecture des crématoires de Birkenau, sur la disposition des lieux, sur leur destination et, enfin, sur les transformations éventuelles de ces lieux. On oublie vraiment trop ce procès Dejaco/Ertl, dont l'instruction commença en 1968 à Reutte (Tyrol) et qui provoqua, pour la première fois, une mobilisation générale pour essayer de prouver l'existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz. Pour la première fois, en effet, l'Union soviétique se mit vraiment de la partie et fournit de précieux documents. On vit même s'établir une sorte de ligne directe entre Moscou et Vienne par l'intermédiaire de Varsovie


272 (Commission des crimes de guerre hitlériens) et d'Oswiecim (archives du musée d'Auschwitz) (p. 71). Les responsables de la communauté juive mondiale, alertés par Simon Wiesenthal, ne ménagèrent pas leurs efforts. Les deux malheureux ingénieurs-architectes virent ainsi se liguer contre eux des forces immenses. Ajoutons à cela que, comme ils ignoraient tout des impossibilités physiques et chimiques d'un gazage homicide dans les locaux qu'ils avaient construits, ils plaidèrent qu'ils avaient édifié des bâtiments parfaitement normaux mais qu'après tout peut-être certains Allemands en avaient fait un usage criminel. Dejaco alla jusqu'à dire : "Et puis, de toute grande pièce on peut faire une chambre à gaz. De cette salle d'audience aussi bien" (Kurier, 20 janvier 1972). Dejaco se trompait lourdement puisqu'une chambre à gaz homicide ne peut être qu'un petit local exigeant une technologie très compliquée et une machinerie spécifique, mais personne ne releva l'erreur. C'est durant ce procès (18 janvier-10 mars 1972) que le seul "témoin" juif des gazages, le trop fameux Szlamy Dragon, "s'évanouit" à la barre et ne revint plus témoigner (AZ, 3mars 1972). Pressac dit qu'il se révéla d'une "totale confusion" (p. 172). Il aurait fallu visiter le Leichenkeller de Sachsenhausen Pour avoir une idée des Leichenkeller de Birkenau, Pressac aurait dû visiter le Leichenkeller du camp de concentration de Sachsenhausen, qui est intact, et qui, transformé et remis à neuf en 1940-1941, constitue une sorte de modèle typique de ce genre d'édifice : au niveau du sol se trouvent salle de dissection, bureau médical, etc., et, au sous-sol, trois pièces dont la superficie totale est d'environ 230 m2. On peut y entreposer deux cents cadavres. Chaque pièce a sa destination. L'une est prévue pour quatre-vingts cadavres à déshabiller et à mettre en bière ; l'autre est pour cent cadavres mis en bière ; la troisième est pour vingt cadavres infectés. On ne prétend pas qu'il y ait eu là de chambre à gaz homicide. Pressac pourrait vérifier sur place qu'un Leichenkeller, qui doit être frais, possède aussi des sources de chaleur, un appareillage chargé de fournir de l'air humide, un système particulier d'isolation pour les cadavres infectés (pas de raccordement direct au système des égouts), un plan incliné (Rutsche) tout à fait comparable à celui des Krema II et III de Birkenau avec, de part et d'autre, des marches pour le personnel qui descend ou remonte le chariot transportant les corps. Enfin, il se confirme à Sachsenhausen que le mot même de Leichenkeller est générique et s'applique à tout un corps de bâtiment avec rezde-chaussée et cave. Ce point de vocabulaire à lui seul doit nous rendre prudents sur le compte de tout bordereau, de toute feuille de travail, de toute pièce comptable qui, concernant en apparence une pièce située en sous-sol, concerne peut-être en fait une pièce située au rez-dechaussée. Par exemple, à Sachsenhausen, la lumineuse salle de dissection ou la salle de consultation du médecin, toutes deux situées au rez-de-chaussée, sont censées appartenir à un Leichenkeller (morgue enterrée). Il aurait fallu travailler aux archives de Coblence Aux archives fédérales de Coblence, Pressac aurait pu découvrir, comme cela a été mon cas, l'extraordinaire ensemble de documents NS-3/377, relatif à la modernisation, en 1940, du Leichenkeller de Sachsenhausen. Les trois plans, pour les fondations, pour le sous-sol et pour le rez-de-chaussée sont dignes d'une réalisation artistique. S'y ajoute un ensemble de quatre-vingtdix pages détaillant la fourniture des matériaux et le calcul des frais ; Pressac y trouverait peutêtre l'explication de mots auxquels il donne abusivement un sens sinistre quand il les trouve dans les registres des ateliers d'Auschwitz. Soit dit en passant, je possède aussi des extraits des registres des ateliers d'Auschwitz, soigneusement prélevés par l'accusation polonaise : on y constate que les Allemands et, sous leurs ordres, les internés notaient scrupuleusement les moindres commandes et travaux ; il y est souvent question de chambres à gaz de désinfection.


273 Il aurait fallu visiter un Leichenkeller de Berlin Pressac qui, dans son livre, parle plus des crématoires et de leurs fours que des chambres à gaz, devrait peut-être visiter le crématoire Ruheleben à Berlin-Charlottenburg pour voir ce qu'est aujourd'hui un Leichenkeller pouvant recevoir cinq cents cadavres à la fois (voy. HansKurt Boehlke, Friedhofsbauten, Munich, Callwey Verlag, 1974, p. 117 où peut se voir le plan). Il aurait fallu réfléchir à l'exemple de Stutthof-Danzig Vers la fin de son livre (p. 539-541), il consacre un développement au petit bâtiment de briques qui, au camp de Stutthof-Danzig (à ne pas confondre avec le camp du StruthofNatzweiler, en Alsace), est parfois présenté dans la littérature de l'"Holocauste" comme une chambre à gaz homicide alors qu'il s'agit manifestement, avec son fourneau à l'extérieur, d'une chambre à gaz de désinfection. Pressac tient des propos incohérents. Il commence par dire, avec raison, que, vu la présence de ce fourneau, il s'agit d'une chambre à gaz pour l'épouillage des vêtements des prisonniers (p. 539). Puis, soudain, sans aucune preuve à l'appui, il affirme que, du 22 juin 1944 (on admirera la précision) au début de novembre 1944, le bâtiment a servi de chambre à gaz homicide pour l'exécution de groupes de cent personnes. Enfin, à la page suivante (p. 540), se ravisant, il conclut qu'on n'a jamais fait d'expertise scientifique de l'arme du crime, d'où il conclut judicieusement : ce qui signifie que nous ne savons pas comment la chambre a fonctionné en tant qu'installation d'épouillage et nous sommes incapables de fournir une preuve matérielle de son usage criminel. On fera remarquer à Pressac qu'il n'avait donc pas le droit de porter quelques lignes plus haut l'accusation de gazage homicide. DE PLUS, CE QUI VAUT POUR CE CAMP PROCHE DE DANZIG EST AUSSI VALABLE POUR LE CAMP D'AUSCHWITZ ET IL EST INADMISSIBLE, LÀ COMME AILLEURS, D'ACCUSER LES ALLEMANDS D'AVOIR UTILISE UNE ARME ABOMINABLE SANS QU'ON AIT MEME EXPERTISE CETTE ARME. Aucune expertise de l'arme du crime. Aucune vraie fouille Jusqu'en 1988, on n'avait jamais expertisé les chambres à gaz d'Auschwitz et de Birkenau. Il fallut attendre avril 1988 pour que l'Américain Fred Leuchter, spécialiste des chambres à gaz d'exécution dans les pénitenciers américains, rendît public un rapport de cent quatre-vingttreize pages sur "les présumées chambres à gaz d'exécution d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek". Ernst Zündel, un Allemand établi à Toronto (Canada), avait chargé Fred Leuchter d'examiner ces chambres à gaz et d'y prélever des échantillons. Le résultat allait être spectaculaire : il n'y avait jamais eu de chambres à gaz homicides dans ces camps. Seul l'échantillon prélevé dans une chambre à gaz de Birkenau officiellement reconnue par les autorités du camp comme ayant servi à la désinfection par Zyklon-B comportait des traces importantes, et même considérables, de cyanure ; d'ailleurs, cette chambre possédait les taches bleues révélatrices de l'usage du gaz cyanhydrique ou prussique. P. Vidal-Naquet osait affirmer en 1980 qu'une expertise avait été "réalisée en juin 1945 sur les orifices de ventilation de la chambre à gaz de Birkenau [Krema II], sur vingt-cinq kilos de cheveux de femmes et sur les objets métalliques trouvés dans ces cheveux" (réédité dans Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, p. 222, n. 41). Je lui répliquais :


274 Je connais ces expertises commandées par le juge d'instruction Jan Sehn et menées par le laboratoire situé rue Copernic à Cracovie. CE NE SONT JUSTEMENT PAS DES EXPERTISES ETABLISSANT QUE TEL BÂTIMENT ETAIT UNE CHAMBRE A GAZ HOMICIDE (Réponse à Pierre Vidal-Naquet, op. cit., p. 35). Je passe ici sur les explications que je donnais de la présence possible de trace de gaz cyanhydrique dans les orifices de ventilation, dans les cheveux ou dans d'autres objets. S. Klarsfeld connaissait cette expertise mais en savait aussi les limites puisque, dans son interview de 1986 (voy., ci-dessus, p. 95), il admettait qu'on n'avait toujours pas publié à cette date de vraie preuve ; or, une expertise aurait constitué une vraie preuve. Pressac mentionne l'expertise de 1945 et il est bien loin de partager les vues de P. Vidal-Naquet puisqu'il fait remarquer que, s'il y a eu analyse des produits de grattage de certains objets métalliques présentés comme plaques galvanisées provenant du Leichenkeller 1 du Krema II, cette analyse, révélant une présence de composés de cyanure, est seulement qualitative (mot souligné par Pressac luimême p. 233), alors qu'elle aurait dû être impérativement qualitative et quantitative. Pressac nous apprend que l'association allemande de "réconciliation avec les juifs" et de "repentance", Suehnezeichen, avait commencé en 1968 des fouilles dans les ruines de la "chambre à gaz" du Krema II ; je serais curieux de savoir pourquoi ces fouilles ont été presque aussitôt interrompues. En 1987, le journaliste français Michel Folco m'avait fait une révélation. Lors d'un voyage organisé pour Auschwitz en commun avec Pressac, ils avaient tous deux eu un entretien avec Tadeusz Iwaszko, responsable des archives du musée d'Auschwitz, dont j'avais personnellement fait la connaissance en 1976. M. Folco avait demandé pourquoi les Polonais ne se décidaient pas toujours pas à entreprendre des fouilles et une expertise qui permettraient, par leurs résultats, de faire taire les révisionnistes. T. Iwaszko avait répondu que, si l'on ne trouvait pas de preuves du crime, les juifs accuseraient les Polonais d'avoir supprimé ces preuves. Pressac écrit qu'en 1980 T. Iwaszko lui avait déjà répondu que des fouilles seraient sans valeur parce que, de toute façon, quels que fussent les résultats, on accuserait les Polonais d'avoir "arrangé" les lieux (p. 548). Voilà bien où le bât blesse les accusateurs : ils redoutent le résultat de fouilles et d'analyses. Les révisionnistes, eux, ont couru le risque de faire entreprendre de telles recherches et ils en ont été récompensés par le rapport Leuchter, qui prouve qu'il n'y a jamais eu de chambres à gaz homicides à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek (Annales d'Histoire Révisionniste, n° 5, 1988, p. 51-102). Les leçons d'un terrain de football et d'une piscine En 1983, S. Klarsfeld et Pressac avaient publié une version française de L'Album d'Auschwitz (éd.du Seuil) [10]. Pressac avait dessiné un faux plan de Birkenau (p. 43) où il dissimulait, en particulier, l'environnement des grands crématoires de Birkenau. En particulier, il cachait à ses lecteurs que, tout contre le Krema III, se trouvait un stade (Sportplatz) qui servait de terrain de football aux détenus, puis que, tout contre ce stade, s'étendait un grand secteur hospitalier. Ces simples spécifications topographiques (sur lesquelles Pressac est plutôt discret dans son gros livre) rendent ridicule la thèse selon laquelle les crématoires auraient été le haut lieu d'une formidable extermination au milieu des cris, des feux, des flammes et des odeurs de chair brûlée. Imagine-t-on des équipes de joueurs de football et des foules de spectateurs des différents matches à deux pas de ces horreurs ? Pressac commet une imprudence quand il met les révisionnistes au défi de prouver que, dans le camp central, la piscine était utilisée par les internés. Pour lui répondre, je donnerai la parole à un ancien interné d'Auschwitz, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg, qui, tout en accordant sa caution de façon plutôt vague aux gazages homicides d'Auschwitz, n'en écrivait pas moins ceci au sujet des distractions laissées aux détenus :


275 Le dimanche après-midi, il y avait des séances de football, de basket-ball, de water-polo [souligné par moi] sous les acclamations bruyantes des spectateurs : il faut extrêmement peu de chose à l'homme pour le distraire des dangers les plus immédiats ! L'administration SS avait permis des distractions régulières pour les détenus, même les jours de semaine. Un cinéma projetait des actualités nazies et des films sentimentaux et un cabaret fort prisé donnait des représentations fréquentées souvent par les autorités SS. Enfin il existait un orchestre très honorable, composé au début uniquement de musiciens polonais et remplacé ultérieurement par une nouvelle équipe de haute classe composée de musiciens de toutes nationalités, en majorité juifs (Marc Klein, Observations et réflexions sur les camps de concentration nazis, extrait de la revue Etudes Germaniques (n° 3, 1946), 1948, p. 31). Je pourrais accumuler les exemples d'activités de ce genre ; je m'en abstiendrai parce que, là où l'on concentre des êtres humains, la vie devient insupportable en dépit de tout ; la promiscuité, les épidémies, la lutte pour la vie et pour les avantages individuels rendent cette existence affreuse, surtout en temps de guerre. Mais il ne faut pas ajouter de fausses horreurs aux horreurs vraies et les camps dirigés par les Soviétiques, y compris les camps qu'ils ont "libérés" en Allemagne avant de les remplir de leurs adversaires politiques, au premier rang desquels figuraient les nationaux-socialistes, ont été plus horribles encore aux dires de ceux qui, telle Marguerite Buber-Neumann, ont fait la double expérience. Pressac donne pour titre à l'un de ses chapitres "Auschwitz selon les révisionnistes. Exposition photographique du fameux camp de vacances, KL Auschwitz" (p. 507). Cette ironie et cette insinuation calomnieuse cachent la gêne qu'il éprouve à reproduire des photographies qui ne cadrent pas du tout avec la galerie d'horreurs en tous genres qu'aurait contenues ce camp. Encore cherche-t-il à jeter la suspicion sur certaines de ces photographies en précisant qu'elles sont de "source révisionniste". Il ignore manifestement que beaucoup d'entre celles-ci proviennent de l'album de l'ingénieur Dürrfeld qui était l'un des hauts responsables des usines d'Auschwitz : la cote " DUE " (pour DUERRFELD ) aurait pu le mettre sur la voie ; le procès Dürrfeld est connu des historiens d'Auschwitz, mais apparemment pas de notre autodidacte. Apports involontaires au révisionnisme Au fil du texte, on recueille des informations (sous la forme, assez souvent, de documents photographiques) qui tendent à renforcer la position des révisionnistes. En voici quelques échantillons : - Le récit de l'interné Rablin, employé à la désinfection par Zyklon-B, prouve à quel point l'utilisation de ce gaz est dangereuse. Rablin, légèrement atteint par ce terrible gaz, est hospitalisé et il met deux mois à guérir (p. 25) ; il est paradoxal que les Allemands aient cherché à guérir d'un empoisonnement par le gaz un homme qu'ils auraient dû, paraît-il, tuer par ce même gaz ; - La déposition de l'interné Joseph Odi décrit la procédure d'utilisation du Zyklon-B dans les chambres à gaz de désinfection, une procédure au demeurant souvent décrite par les révisionnistes et qui montre les dangers de l'opération. Applicable à des vêtements, elle serait inapplicable à des êtres humains. Mais, surtout, le témoin raconte que les caisses contenant les boîtes de Zyklon-B étaient entreposées au Theatergebaüde (bâtiment du théâtre) et que le transport de cet endroit vers les chambres à gaz en question se faisait en présence d'un véhicule du service de santé. Les révisionnistes savaient tout cela mais il est intéressant de voir rappeler dans le livre de Pressac deux points qui devraient contribuer à décharger à la fois les Carmélites d'Auschwitz et la "Croix-Rouge" des accusations dont on les accable trop souvent. Aux Carmélites, on reproche d'occuper aujourd'hui un endroit où les Allemands auraient entreposé du gaz employé à tuer des êtres humains ; en réalité, ce gaz servait à tuer les poux et donc à protéger la santé des hommes. La voiture de la "Croix-Rouge" était là pour parer aux accidents


276 toujours possibles avec le Zyklon-B : elle ne participait pas à un meurtre ; elle aussi, elle veillait à la santé des hommes (p. 41 ; il est remarquable que J. Odi soit précis quand il parle des chambres à gaz de désinfection et tout à fait vague au sujet des chambres à gaz homicides ; d'ailleurs, il croit qu'on gazait les hommes dans des chambres à gaz de désinfection !) ; - La belle photographie montrant un impressionnant combiné de huit chambres à gaz de désinfection dans la partie de Birkenau appelée traditionnellement "le camp des tziganes" (Entwesungsanlagezigeunerlager) contredit la thèse de la volonté chez les Allemands d'exterminer les tziganes (p. 63) ; - Une étonnante photographie prise au Zentral Sauna montre un groupe de prisonniers nus, et bien portants, passant, leurs chaussures à la main, d'une vaste salle de douches (cinquante pommes de douches) à la salle de séchage du côté "propre" de la désinfection (Trockenraum, reine Seite) : scène impensable dans un "camp d'extermination" (p. 80 ; voy., ci-dessus, p. 67) ; - Une photographie montre des détenus en tenue rayée employés à la désinfection des vêtements devant une batterie de trois autoclaves ; ici la désinfection se fait à la vapeur ; ailleurs, elle peut se faire à l'air chaud, au Zyklon-B, à d'autres gaz encore ; la véritable préoccupation des Allemands était d'exterminer par tous les moyens la vermine et non les hommes (p. 82) ; on ne dira jamais assez leur hantise du typhus ; "il y avait en fait dans le camp à peu près vingt-cinq chambres à gaz [de désinfection] de différentes dimensions fonctionnant au Zyklon-B" (p. 550) et une quantité de chambres de désinfection fonctionnant autrement ; - Une feuille d'instruction concernant l'emploi des fours crématoires rappelle que chaque soir les scories doivent être retirées ; ces fours, nous dit Pressac, ne pouvaient fonctionner que douze heures sur vingt-quatre et non vingt-quatre heures sur vingt-quatre comme l'affirment les tenants du mythe (p. 136, 224, 227) ; - Pour remplacer le Krema I, les Allemands avaient envisagé la construction d'un "nouveau Krema" qui, à peu de distance de là, aurait été édifié à proximité de l'hôpital SS et de la Kommandantur ; Pressac reconnaît que ce "nouveau Krema" n'avait aucune chambre à gaz homicide ; il dit que, finalement, la construction a été transférée à Birkenau et que le Krema II et le Krema III de Birkenau ne sont que la transposition de ce qui était prévu d'abord à Auschwitz I ; le plan est resté le même ; en conséquence, les Krema II et III ont été conçus sans chambres à gaz homicides (p. 33, 140-143) ; - La page 143 est particulièrement intéressante ; Pressac ne voit sur ce plan que d'inoffensifs Leichenkeller mais, lorsque ce même plan sert à la construction des Krema de Birkenau, voici que ces Leichenkeller sont par lui arbitrairement qualifiés soit de "vestiaires" pour les victimes, soit de "chambres à gaz homicides" ; en réalité, l'existence de ce plan prouve que, dans l'esprit des Allemands et, en particulier, de Walter Dejaco, les Krema II et III de Birkenau, simples transpositions d'un nouveau Krema prévu au camp central d'Auschwitz près de la Kommandantur et de l'hôpital SS, ne pouvaient avoir aucune destination homicide (ce point est confirmé à la page 200 où on lit que les Krema II et III ont été "conçus sans chambres à gaz homicides") ; - Une surprenante photographie, datant probablement de mai 1945, prouve que le toit du Krema I a servi de piste de danse, décorée d'une étoile rouge avec la faucille et le marteau ainsi que de drapeaux soviétiques et polonais ; les gens, dit Pressac, ont dansé sur le toit de la "chambre à gaz" ; je suggère que si, à cette époque, on avait ajouté foi au mythe des gazages, on ne se serait pas permis une telle profanation ; le mythe des chambres à gaz, quelques mois après la libération d'Auschwitz, n'avait pas encore vraiment pris la forme que nous lui connaissons aujourd'hui (p. 149) ; - Pressac reproduit toute une série de documents provenant des archives de Weimar et concernant l'ingénieur Kurt Pruefer, responsable de la conception et de la construction des fours "Topf & fils" ; Pruefer a été arrêté, emprisonné, interrogé après la guerre ; rien, ni dans ses papiers, ni dans ses interrogatoires ne fournit la moindre preuve de l'existence de chambres à


277 gaz homicides dans les crématoires (p. 93, 94, 191, 371) ; or, si les documents dont fait état Pressac étaient comme autant d'indices du crime, Kurt Prüfer et d'autres membres du personnel de la firme auraient été facilement confondus ; - Le 12 août 1942, le commandant Höss fait diffuser à quarante exemplaires un Sonderbefehl (ordre spécial) rédigé en ces termes : Aujourd'hui s'est produit un accident de santé accompagné de légères manifestations d'empoisonnement par acide cyanhydrique, qui conduit à rappeler à tout participant aux gazages (Vergasungen) ainsi qu'à tout autre membre de la SS que, particulièrement à l'ouverture des locaux pleins de gaz, les membres de la SS doivent, au moins pendant 5 heures, se tenir à 15 mètres de la chambre [à gaz]. Faire alors spécialement attention à la direction du vent. Le gaz utilisé à présent contient moins de composant odorant et il est donc particulièrement dangereux. Le médecin de la garnison SS décline toute responsabilité pour les accidents qui surviendraient là où des membres de la SS n'observeraient pas ces directives (p. 201). Le mot employé pour désigner les gazages de désinfection est Vergasungen. Cette directive confirme ce que les révisionnistes n'ont cessé de dire sur le danger d'utilisation du Zyklon-B. Si, à Auschwitz, on s'était livré à d'incessantes et massives opérations de gazage, surtout dans les conditions où on nous le raconte, les accidents touchant le personnel SS auraient été innombrables. Ni le commandant du camp, ni le médecin chef responsable de la garnison, ni les autres médecins, ni les SS n'auraient toléré pareils accidents (p. 201) ; et, s'il fallait à tout prix se placer au point de vue de la légende, les "gazages homicides" n'auraient pu se dérouler normalement puisque le personnel juif n'aurait pu accomplir la tâche d'entrer dans un local cyanuré pour en retirer des milliers de cadavres cyanurés et, faute de personnel pour la mener à bien, la criminelle entreprise serait immédiatement tombée en panne [11]. - Un télex du 18 décembre 1942 montre que, pendant le mois de décembre, le travail, aussi bien des détenus que des travailleurs civils libres, a dû être interrompu à plusieurs reprises pour procéder à des mesures d'épouillage et de désinsectisation (Entlausung und Entwesung). Il a fallu isoler le camp. Les travailleurs civils n'ont pu quitter le camp depuis six mois. Il faudra prévoir une période de vacances du 23 décembre 1942 au 4 janvier 1943 (p. 210). - Dans les archives du Mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, se trouve un album de 397 photos prises par les Allemands eux-mêmes pendant la guerre et montrant les constructions d'Auschwitz, y compris celle des crématoires. Cette information est la plus importante du livre de Pressac. Il est inadmissible que cet album ait été si longtemps tenu caché et que la publication des photographies se fasse au compte-gouttes comme cela avait été le cas pour celles de L'Album d'Auschwitz. Cette fois-ci, il s'agit du Bauleitung Album (album de la Direction de la construction). Ces photographies nous confirment qu'Auschwitz était un camp de prisonniers ou d'internés sans rien d'extraordinaire. Pressac reconnaît que tous les détenus qu'on aperçoit au travail paraissent dans un état de santé comparable à celui des ouvriers civils (p. 331, 339). Nous dissimulerait-il des photographies de cet album qui permettraient de préciser ou de rectifier ce que nous croyons savoir de chaque pièce des grands Krema et des transformations éventuelles apportées à ces pièces ? - A propos d'une feuille de présence indiquant la composition d'une équipe travaillant à la construction d'une cheminée du Krema IV ou V, Pressac fait remarquer que "la composition de l'équipe employée est typique avec ses douze civils et vingt prisonniers travaillant à la pose des briques" (p. 412) ; il n'y avait donc aucune possibilité de secret de ce côté-là non plus ; - Un plan prouve que les Allemands projetaient de construire un énorme secteur hospitalier dans toute la partie connue, à Birkenau, sous le nom de "Mexico". Pressac dit qu'il s'agit là d' "une véritable aubaine pour les révisionnistes". Il reconnaît qu' "il y a INCOMPATIBILITE [il écrit le mot en capitales] dans la création d'un camp sanitaire à quelques centaines de mètres de quatre crématoires où, selon l'histoire officielle, on exterminait des gens à grande échelle" (p.


278 512). Et son commentaire se poursuit dans le même sens. On attend sa parade. Elle ne vient pas. L'embarras de Pressac est manifeste. Tout juste pense-t-il peut-être se tirer de ce mauvais pas en disant qu'il ne faudrait pas méconnaître la capacité de "double pensée" dans la hiérarchie SS, qui exécutait aveuglément les ordres même quand ils étaient totalement contradictoires. Je rappelle que, comme je le disais ci-dessus (p. 110), Pressac a passé sous silence l'existence, près des crématoires, d'un vaste secteur hospitalier de dix-sept baraquements [12] ; le plus fort est que, dans son gros ouvrage, il persiste à cacher l'existence de ce secteur hospitalier. Un planprojet du 21 juin 1944 montre que les Allemands envisageaient la construction, à Birkenau, le long de la rampe de chemin de fer, d'un ensemble de six hangars à légumes de 930 m3 chacun : curieuse initiative dans un "camp d'extermination" (p. 530-531). La faillite, pour Pressac, de l'histoire traditionnelle Pressac dresse un constat de faillite : personne avant lui n'a été en mesure de prouver l'existence des chambres à gaz homicides d'Auschwitz et de Birkenau. Il reconnaît que les historiens, les juges, les Soviétiques, les Polonais, les accusateurs des "criminels de guerre " ainsi que les accusateurs des révisionnistes ont accumulé de fausses preuves et des arguments sans valeur (les révisionnistes, eux aussi, d'ailleurs, auraient échoué dans leur entreprise). Il écrit à la fin de son étude (toute la suite étant composée d'annexes) : Cette étude démontre d'ores et déjà la complète faillite de l'histoire traditionnelle (the complete bankruptcy of the traditional history) (et, de là, aussi des méthodes et des critiques des révisionnistes), une histoire fondée principalement sur des témoignages, assemblés pour les besoins du moment, tronqués pour correspondre à une vérité arbitraire et parsemés de quelques documents allemands de valeur inégale et sans lien les uns avec les autres (p. 264). - Du célèbre ouvrage d'Eugène Aroneanu qui a si longtemps constitué une sorte de bible exterminationniste (Camps de concentration, préface de Jacques Billiet, directeur du Service [français] d'information des crimes de guerre, Office français d'édition, 1946), il dit que c'est "une monstruosité historique", "un ensemble incohérent qui se contredit lui-même" (p. 15). Sur les procès d'après-guerre, il écrit que "les tonnes de Zyklon-B commandées par les camps se voyaient attribuer, sans aucune vérification, une utilisation homicide". Et, ainsi que je le mentionnais ci-dessus (p. 79), il ajoute cette remarque propre à bouleverser ses amis exterminationnistes : De loin, la plus grande partie [du Zyklon-B] (plus de 95 %) était destinée à la destruction de la vermine (effets et bâtiments), cependant qu'une toute petite quantité seulement (moins de 5 %) a été employée à des gazages homicides (Ibidem). - Il estime que le procès conduit par les Américains contre Bruno Tesch, l'un des responsables de la société Degesch et donc de la fabrication du Zyklon-B, fut une "mascarade" ; on ne se soucia pas de la question technique mais on se contenta du témoignage de ses employés. En 1946, dit Pressac, un simple ragot malveillant pouvait conduire à la pendaison d'un accusé. Ce fut le cas pour B. Tesch (et, ajouterai-je, pour son associé K. Weinbacher) (p. 16-17) ; voy. à ce propos l'article révélateur de William B. Lindsey, "Zyklon-B, Auschwitz and the Trial of Dr. Bruno Tesch", The Journal of Historical Review, automne 1983, p. 261-303. - Le film soviétique Chroniques de la libération du camp, 1945 montre une porte étanche au gaz comme appartenant à une chambre à gaz homicide ; vu son emplacement, dit Pressac, il s'agissait d'une porte de chambre à gaz de désinfection (p. 41). Plus loin, il parle à propos d'un travail de la commission d'enquête soviétique de "coup monté" et de "montage "historique"" (p. 46) ; le malheur est que le Tribunal de Nuremberg reconnut à ce travail "valeur de preuve authentique" au nom de l'article 21 de son statut.


279 - A Birkenau, la vaste salle du Zentral Sauna où se déshabillaient les détenus (Auskleideraum) avant la douche possédait une impressionnante quantité de radiateurs (serpentins). Les Polonais ont enlevé ces radiateurs parce que, dit Pressac, ce souci de confort pour les prisonniers se combinait mal, dans l'esprit des visiteurs d'aujourd'hui, avec, à cent mètres de là, les ruines du Krema IV et de ses chambres à gaz (p. 78) ; il aurait pu ajouter que les Polonais avaient procédé de même pour les "cellules d'arrestation" du Bloc 11, que les touristes visitent en grand nombre ; c'est moi qui avais appelé l'attention de Pressac sur cette manie, chez les Polonais, d'enlever le matériel de chauffage soit pour leur propre usage, soit pour donner une idée plus cruelle des conditions dans lesquelles les détenus étaient censés vivre. - Au Tribunal de Nuremberg, on a présenté comme preuve du crime tel document allemand, tout à fait banal, sur les fours crématoires. Pressac voit là un exemple de "la façon stupide selon laquelle les documents du vaincu ont été "évalués" par un tribunal des vainqueurs" (p. 106). - Telle reconstitution par les Polonais après la guerre est "loin d'être une fidèle reproduction" de l'original à cause de ses exagérations et de ses simplifications (p. 108). - Tel fait (ici le fait, selon Pressac, qu'à une époque donnée de 1942 on ait utilisé 2 à 3 % du Zyklon-B pour tuer et 97 % ou 98 % pour désinfecter) "infirme totalement" telle interprétation de certains documents par "les historiens traditionnels" (p. 188). - Parfois sans le nommer et parfois en le nommant, Pressac souligne les erreurs ou les tricheries de Georges Wellers. Chez ce dernier, l'argumentation fondée sur le système de ventilation des Leichenkeller est, pour Pressac, contredite par les faits et elle s'effondre totalement (p. 289). Cette argumentation "totalement erronée" et "tout à fait infondée" a abusé les avocats de la LICRA qui ont plaidé contre Faurisson (p. 355). Dans la transcription des témoignages, G. Wellers procède à des coupures sans en prévenir le lecteur quand ces témoignages contiennent des invraisemblances (p. 479). Le plan qu'il a donné d'Auschwitz (Les Chambres à gaz ont existé/Des documents, des témoignages, des chiffres, Gallimard, 1981, p. 12-13) est d'"une très médiocre qualité en ce qui concerne bien des détails" sans que Pressac se permette d'aller jusqu'à parler de "falsification" (p. 165-166) ; ce qui laisse songeur, c'est qu'il s'agit du plan qui trônait dans la salle du procès de Francfort et que H. Langbein reproduit dans son livre sur ce procès (Der Auschwitz Prozess, Eine Dokumentation, Frankfurt, Europäische Verlaganstalt, 1965, p. 932-933, et non 930-931 comme l'indique Pressac par erreur). - Le prétendu camouflage autour des Krema II et III est, pour Pressac, un produit de l'imagination des "historiens traditionnels" (p. 341). - Jan Sehn, le juge d'instruction polonais qui a instruit le procès de R. Höss et de bien d'autres SS, a "retouché" un document allemand en le reproduisant sous la forme d'une copie prétendument conforme à l'original (p. 454) ; néanmoins, Pressac prend soin de ménager ce juge d'instruction à qui nous sommes redevables de cent mensonges sur Auschwitz ; c'est à lui que nous devons le mensonge des "près de soixante mille personnes par vingt-quatre heures" gazées à Birkenau (Jan Sehn, Le Camp de concentration d'Oswiecim-Brzezinka, Wydawnictwo Prawnicze, Varsovie, 1961, p. 132) ; c'est également à lui que nous devons les "fosses gigantesques" en plein air (au nombre de 8 ?) où, "en août 1944, on atteignit le chiffre de vingtquatre mille incinérations par jour" (avec ou sans les crématoires ?) (Ibid., p. 148) ; or, les photographies aériennes prises par les Alliés le 25 août 1944 ne montrent absolument rien de tel (D. Brugioni et R. Poirier, The Holocaust Revisited, Washington, CIA, février 1979, p. 9-11). - En 1981 se déroula à Paris le procès que m'avaient intenté la LICRA et bien d'autres organisations. Le principal avocat de la LICRA était Me Bernard Jouanneau. Des pages consacrées à ce procès et à cet avocat il ressort qu'on a invoqué contre moi, selon Pressac luimême, beaucoup de documents qui, en réalité, ne prouvaient pas du tout l'existence de chambres à gaz homicides. Me Jouanneau a surtout invoqué des témoignages dont pas un, selon Pressac, n'avait de vraie valeur. Quant aux arguments techniques de Me Jouanneau, ils étaient


280 dénués de toute valeur et parfois "désastreux". Enfin, l'avocat a outrageusement abusé de la théorie selon laquelle les Allemands, pour dissimuler leur crime, usaient de "code" ou de "camouflage" (p. 554-556). Les incohérences de Pressac ont des effets divertissants. Il constate la malhonnêteté ou l'incompétence des exterminationnistes mais, en même temps, il veut à tout prix sauver la théorie exterminationniste. Il lui reste pour seule ressource de flatter ses amis pour des qualités censées compenser leurs défauts. Et quand il flatte, il ne flatte pas à demi : il flagorne ; la démonstration de Me Jouanneau reposait sur une foule d'erreurs mais elle était ... "superbe" (p. 556). Manipulation des témoignages Dans un ouvrage qui se prétend technique, on devrait d'abord décrire les lieux du crime, puis analyser l'arme du crime et les preuves matérielles de ce crime pour, enfin, passer en revue les témoignages. Pressac, qui n'a aucun sens de la méthode, ouvre tous ses chapitres sur ... les témoignages. Il y a là un moyen, il faut le dire, de mettre le lecteur dans des conditions propres à obnubiler ses capacités normales de jugement, puisque ces "témoignages" posent comme une vérité de principe l'existence des chambres à gaz homicides. La qualité des témoignages qu'invoque Pressac est affligeante. Il en convient parfois luimême mais il cherche souvent à sauver ces témoignages du discrédit, et cela par les expédients les plus alambiqués. - Rudolf Höss est censé avoir écrit J'étais commandant à Auschwitz et Miklos Nyiszli, lui, aurait écrit J'étais médecin à Auschwitz : deux témoignages présentés comme essentiels. Höss a vécu plusieurs années à Auschwitz et Nyiszli y aurait vécu six mois, en tant que détenu. Or, ce qu'écrivent ces deux "témoins", par exemple sur la ventilation des chambres à gaz homicides, constituerait, selon Pressac, une énorme erreur technique ; ils auraient dit sur ce point le contraire de "la vérité" (p. 16). - Alter Fajnzylber, Filip Müller et Rudolf Höss affirment des choses "pratiquement impossibles", ne correspondant pas aux faits, "douteuses", "erronées", "contraires à la réalité", "invraisemblables" (p. 126-127). Les "erreurs" commises par Höss "tout au long de son autobiographie" ont une explication que Pressac brandit fièrement et souligne en caractères gras : Il était présent, sans voir (p. 127). Il n'était donc pas un témoin ! Comment pouvait-il être présent et ne pas voir ? Comment peut-on être le commandant d'un "camp d'extermination" et ne pas voir l'instrument d'"extermination" d'un million (?) de personnes au moins ? Comment ce commandant a-t-il pu mettre l'accent sur les dangers du Zyklon en 1942 (voy., ci-dessus, p. 114-115) et décréter en 1946 que ces dangers étaient inexistants (voy., ci-dessus, p. 115, n. 11) ? - Quant au témoignage, si souvent invoqué, du SS Pery Broad, la forme et le ton, nous dit Pressac, en "sonnent faux". Ses écrits, que nous devons aux Polonais, ne peuvent être sincères. Ils sont "colorés d'un patriotisme polonais passablement trop flagrant". On ne connaît pas le manuscrit. Tout cela a été "légèrement" retravaillé par les Polonais (les guillemets impliquent ici que le travail n'a pas été léger !). Mais qu'importe, dit Pressac, malgré les divergences entre ces différents témoins, des gazages homicides ont eu lieu dans le Krema I ; c'est un fait établi (p. 128) ; "établi" par qui ? par quoi ? Il ne le précise pas. - Le témoignage de Szlamy Dragon nous vaut le commentaire suivant : Il y a là une impossibilité physique [...]. Je ne pense pas que ce témoin nous trompait intentionnellement, mais il suivait la tendance à exagérer qui semble avoir été de règle à l'époque de la libération et qui a donné naissance au chiffre de 4 millions de victimes pour le


281 camp d'Auschwitz, un chiffre aujourd'hui considéré comme de pure propagande. Il devrait être divisé par quatre pour approcher de la réalité (p. 171). En 1972, au procès Dejaco et Ertl, ce témoin s'est révélé d'une "totale confusion" (p. 172 ; voy., ci-dessus, p.106). - Les témoignages de P. Broad, de R. Höss, du Dr Johann-Paul Kremer et du SS Hölblinger (que Pressac écrit : Höblinger) sur les Bunker font l'objet de réserves qui s'expriment dans les termes suivants : "entièrement imaginaires", "impossibilité physique", "impossible de situer la scène" (p. 174). - Le témoignage de Nyiszli serait valable à condition ... de diviser les chiffres par quatre, mais pas toujours. Pressac parle à propos de Nyiszli de "son "nombre quatre"" ; il dit que ses chiffres sont "inquiétants" (p. 179). - En 1980, on a mené grand bruit autour du livre de Filip Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz, préface de Claude Lanzmann, Ed. Pygmalion-G. Watelet. Le livre obtenait de Jean Pierre-Bloch le prix de la LICRA. Filip Müller fut l'un des témoins vedettes du procès d'Auschwitz (1963-1965) et du film Shoah. En réalité, Filip Müller est un mythomane et même Pressac s'en rend compte, qui écrit : [dans son livre] il a accumulé les erreurs, rendant ainsi son compte rendu douteux sur le plan historique. La meilleure façon de l'aborder est de lire [ce livre] comme un roman fondé sur une histoire vraie (p. 181). - Si des membres du Sonderkommando affirment que, dans une seule bouche de four crématoire on enfournait 5, 7 ou 12 corps à la fois, Pressac, lui, suggère qu'il y a là une exagération et qu'on pouvait probablement enfourner seulement 3 corps à la fois, et encore bien maigres (p. 229). Il dit qu'aujourd'hui le touriste, "après une prière silencieuse" (sic !) devant le Krema I, doit bien se rendre compte qu'on est là "devant le fameux coefficient multiplicateur par quatre utilisé par le Dr Miklos Nyiszli" (p. 483). - A Auschwitz, les visiteurs peuvent voir dans l'ancien "Block 4" une maquette prétendant reproduire un Krema en pleine scène de gazage. La reconstitution, il faut le dire, montre involontairement les impossibilités physiques des gazages homicides et, en particulier, l'exigüité des lieux et les encombrements qui en auraient résulté dès le premier "gazage". S'ajoute à cela le fait que des documents révélés ultérieurement et surtout les photographies aériennes prises par les Alliés en 1943-1944 et publiées en 1979 soulignent les "erreurs" de cette maquette. Peu importe pour Pressac, qui voit dans cette reconstitution la "puissante évocation d'un gazage massif" (p. 378). - A partir de la page 459, l'auteur essaie de sauver du désastre l'absurde War Refugee Board Report de novembre 1944, aussi appelé Protocoles d'Auschwitz. Les seules critiques qu'il est bien obligé d'en faire discréditent totalement cette oeuvre mensongère due en grande partie à Rudolf Vrba, aujourd'hui professeur de pharmacologie dans une université de Vancouver (Canada) (voy. R. Faurisson, "Le Révisionnisme au Canada ; les procès Zündel", Annales d'Histoire Révisionniste, été-automne 1988, p. 35-37). - Les dessins d'un certain David Olère ont la faveur de Pressac, qui connaît personnellement l'auteur, mais ces dessins, grotesques en tous points, semblent inspirés principalement par un antinazisme de sex-shop. Pressac les tient pour des "chefs-d'oeuvre d'authenticité" (p. 554) mais ... il fait des réserves sur leur valeur documentaire et sur la sincérité du témoin (p. 493497, 554-556). Avec des mines de Père-la-Pudeur, il va jusqu'à s'interdire de reproduire certains dessins (p. 498). Le même David Olère assure que les SS fabriquaient des saucisses de chair humaine qu'ils appelaient "Kremawurst" : saucisse de Krema (p. 554). Sa mémoire souffre d'une certaine "détérioration" (p. 493) et il est sujet à ce que Pressac appelle le "Krematorium delirium" (p. 556).


282 - Le témoin préféré de l'auteur est le cordonnier juif Henryk Tauber. Mais ce témoin, lui aussi, a tendance à utiliser "le fameux coefficient multiplicateur par quatre" (p. 483). Il n'a pas vu de gazage mais ou bien on lui en a parlé (Ibid.) ou bien il a vu les cadavres de ceux qu'il appelle des gazés (p. 489). Un jour, par une fenêtre, il a vu un SS verser du Zyklon-B dans la chambre à gaz (p. 494). Si, en tant d'années, il n'a rien vu de plus, c'est que, pendant les opérations de gazage, les SS enfermaient systématiquement les membres du Sonderkommando dans ... la cokerie. C'est aussi l'explication d'Alter Fajnzylberg. Les SS voulaient leur cacher l'existence des gazages mais non celle des gazés ! Tauber raconte l'histoire d'un juif du nom de Lejb. Un jour, les Allemands suspendirent Lejb, mains liées dans le dos, à une barre de fer au-dessus des foyers en feu. Pendant une heure. Puis, ils lui délièrent les mains et le jetèrent dans un four froid. On versa de l'essence dans le cendrier qui était en-dessous. On y mit le feu. Les flammes atteignirent le four. Pendant plusieurs minutes. On ouvrit la porte du four. L'homme en émergea et courut, couvert de brûlures. On lui ordonna de faire le tour de la cour au pas de course en criant qu'il était un voleur. Finalement, on le força à grimper au fil de fer barbelé où il fut tué d'un coup de feu ! Tauber parle aussi d'une fosse pleine de graisse humaine. La graisse coulait des cadavres vers un réservoir creusé dans le sol. On puisait la graisse et on la reversait sur les cadavres pour accélérer la combustion. Un jour, les SS jetèrent un homme dans la graisse bouillante, l'en retirèrent encore vivant et l'abattirent d'un coup de feu. Son cadavre fut le lendemain apporté au crématoire et incinéré dans une fosse (p. 494). Tauber dit qu'on incinérait dans un seul crématoire environ deux mille cinq cents cadavres par jour. Voici le commentaire de Pressac : Ce chiffre ne correspond pas à la réalité (et il est à mettre en rapport avec la propagande de l'immédiat après-guerre) [...]. Nous trouvons là presque le fameux facteur de multiplication par quatre dont le Dr Miklos Nyiszli a fait un usage si abondant et si lamentable dans son livre que sa crédibilité en a été longtemps contestée. Henryk Tauber est loin d'être le seul témoin pour dire en substance "Je ne sais pas le nombre des morts" ou "Je pense qu'il y en a eu tant" et pour dire ensuite froidement, une ou deux phrases plus loin, que, tout bien considéré, nous arrivons au chiffre (usuel) de 4 millions de victimes au total. J'insisterais sur le fait que ce genre d'imposture [imposed falsehood] doit être excusé à cause du climat politique de la période 1945-1950 (p. 494) [13]. En un seul passage de la page 498, Pressac emploie, pour qualifier des assertions de son témoin préféré, les mots de "douteux", "incorrect" (deux fois), "pas certain", "histoire [inventée]", "pur mythe". Et si, au terme de son témoignage, H. Tauber est si faible et si vague sur les Krema IV et V, on ne peut le lui reprocher, estime Pressac, qui suppose que ce témoin "a dû être épuisé à la fin de sa déposition". Bref, tous ces témoins semblent surtout atteints, comme David Olère, de ce que le pharmacien Pressac désigne par les termes de Krematorium delirium (p. 556). Pressac ne dispose d'aucun critère pour distinguer l'un de l'autre le vrai et le faux témoin. Ses témoins peuvent accumuler les pires erreurs ou les pires insanités, ils trouveront grâce aux yeux de notre homme pour peu que ce dernier décide d'en faire de vrais témoins. Un témoin décrit-il méticuleusement la pièce qualifiée de chambre à gaz homicide et lui voit-il trois piliers alors qu'il y en avait quatre, c'est, nous dit Pressac, qu'il n'a pas marché jusqu'au bout de la pièce. Ce même témoin parle-t-il d'une porte d'entrée et d'une porte de sortie, alors qu'il n'y avait qu'une porte d'entrée donnant sur une pièce en cul-de-sac, cette erreur, dit Pressac, peut s'expliquer par la route prise par ce témoin pendant sa visite (!). Le témoin parle-t-il de dix fours alors qu'il y avait cinq fours (à trois moufles), c'est, dit Pressac, que "probablement il n'a pas parcouru toute la longueur de la salle des fours mais qu'il est resté à l'entrée ouest". Les chiffres de victimes que donne ce témoin sont-ils incroyables, c'est, nous


283 rassure Pressac, qu'il s'agit, ici, d'un "chiffre gonflé" donné par un SS qui servait de guide à ce témoin ou, là, d'un "chiffre de la propagande SS" (p. 239). Un témoin dessine-t-il la salle des fours en oubliant de noter la présence de rails, c'est, dit Pressac, que ces rails ne servaient à rien et qu'en conséquence la "mémoire visuelle [de ce témoin] ne les a pas retenus" (p. 229). Ce même témoin accumule-t-il quatre graves erreurs matérielles, c'est que "les souvenirs visuels d'un survivant se détériorent avec le temps" (p. 493). Si ce témoin ajoute quoi que ce soit dans son dessin, ce n'est pas grave ; c'était un ajout "pour enjoliver" (Ibid.). Tout au long de son livre, Pressac s'évertue à découvrir des excuses pour les innombrables "erreurs" de ses témoins, que celles-ci portent sur l'emplacement, la couleur, le matériau, la forme, la distance, le nombre de quoi que ce soit. Mais son explication favorite, c'est que la faute de toutes ces "erreurs" revient aux SS, à "l'habituelle exagération SS" (p. 108) et si, dans leurs confessions recueillies par les Alliés, ces SS avouent des énormités, c'est par "orgueil professionnel" (p. 161). Grâce à cette méthode, les témoins juifs ou autres de Pressac gagnent à tout coup, de même qu'à tout coup les SS ne peuvent que perdre. Drôlerie de Pressac à propos de M. Nyiszli Je voudrais revenir ici sur le cas déjà cité du Dr Miklos Nyiszli. L'un des faux témoignages les plus connus de la littérature concentrationnaire, après celui de Martin Gray (Au nom de tous les miens), est celui du Dr Miklos Nyiszli : Médecin à Auschwitz, Souvenirs d'un médecin déporté, traduit et adapté du hongrois par Tibère Kremer, Julliard, 1961 Je ne m'attarderai pas aux différentes versions de ce faux, publié dès 1951 par Jean-Paul Sartre dans Les Temps modernes ; le couple J.-P. Sartre-Simone de Beauvoir avait une remarquable vocation de gobeurs pour ce genre d'écrits (voy. Simone de Beauvoir pour le Treblinka de J.-F. Steiner). Paul Rassinier a souvent dénoncé ce faux (voy. notamment Le Drame des juifs européens, Les Sept couleurs, 1964, p. 52-58) ainsi que Carlo Mattogno. Ni l'Encyclopaedia Judaica (1971), ni la récente Encyclopaedia of the Holocaust (1990) ne mentionnent Médecin à Auschwitz, qui est depuis longtemps discrédité. Pourtant, au récent procès du révisionniste Michel Konen devant le tribunal de Meaux, le banquier Hubert Heilbronn, PDG de la Banque Lazare, poussait l'impudence jusqu'à invoquer un seul témoignage en faveur de l'existence des chambres à gaz d'Auschwitz : celui de M. Nyiszli (Le Figaro, 6 juillet 1990, p. 8). Pressac, lui aussi, ressuscite M. Nyiszli. Mais, ce faisant, je crois pouvoir dire qu'il a, dans ses commentaires sur ce témoignage, involontairement écrit deux pages d'une intense drôlerie (p. 474-475). Qu'on en juge plutôt. Le juif Miklos Nyiszli aurait vécu pendant six mois dans un crématoire de Birkenau et aurait servi d'assistant au Dr Josef Mengele dans la salle de dissection. Pressac prélève, dans le livre, le seul chapitre VII où ce témoin est censé décrire une opération de gazage au Krema II. Il affirme d'abord que cette description est "entièrement exacte, SAUF pour certains CHIFFRES qui sont vraiment très ERRONES" (p. 473). Puis, il commente le texte et c'est là qu'on s'aperçoit que, même pour un Pressac, quasiment toutes les données du livre de Nyiszli sont erronées, qu'il s'agisse de chiffres ou de précisions matérielles. Le témoin déclare que la chambre à gaz était d'une longueur de cinq cents pieds (cent cinquante mètres) ; or, dit Pressac, un plan (découvert par Faurisson et confirmé par l'état des ruines) montre que la longueur de la pièce ainsi désignée ne pouvait dépasser cent pieds (trente


284 mètres). C'est simple, dit Pressac, le témoin a dit la vérité mais il a utilisé le coefficient multiplicateur cinq. Le témoin déclare que le vestiaire avait une longueur de deux cents yards (environ deux cents mètres) ; or, dit Pressac, tout montre que la pièce ainsi désignée mesurait cinquante yards (environ cinquante mètres). C'est, dit-il, que Nyiszli a utilisé le coefficient multiplicateur quatre. Comme la moyenne des différents coefficients multiplicateurs est proche de quatre, Pressac, fier de sa découverte, en vient à parler dans son livre, soit à propos de Nyiszli, soit à propos d'autres affirmations ou témoignages, du "fameux coefficient multiplicateur par 4" (voy. p. 483, 494) ; par conséquent, d'après notre pharmacien, si nous voulons trouver les vrais chiffres, il nous appartient d'utiliser dans notre lecture le coefficient de division par quatre. Pour ma part, je dirais qu'à ce compte tout faux témoin se tirerait d'affaire. Supposons qu'un "témoin" affirme avoir, pendant six mois (c'est la durée du séjour de Nyiszli sur les lieux), vu quatre hommes qui étaient tous hauts de sept mètres et tous vieux de deux cents ans, on peut supposer que n'importe qui récusera ce témoin. N'importe qui, sauf Pressac, qui, appliquant la règle du fameux coefficient de division par quatre, prononcerait : ce témoin dit vrai ; il a vu un homme, qui mesurait 1 m 75 et qui était âgé de cinquante ans. Mais là ne s'arrête pas la gymnastique pressacoise. J'ai fait la recension de ses commentaires du témoignage de Nyiszli dans le court passage consacré au gazage. Voici, d'une part, les coefficients employés, nous dit-il, par Nyiszli et, d'autre part, un échantillon des commentaires de Pressac à propos de tel fait, de telle réalité matérielle ou de tel chiffre rapportés par le même Nyiszli (p. 474-475) : - COMMENTAIRES DE PRESSAC SUR LES COEFFICIENTS DE NYISZLI : 22. Nyiszli, dit Pressac, a divisé par 2. 23. Nyiszli, dit Pressac, a multiplié par 3 ; par 5 ; par 4 ; par 2,5 ; par 6,7 ; par 4 ; par 4 ; par 2,5 ; par 4 ; par 2 à 3. - COMMENTAIRES DE PRESSAC SUR LES AFFIRMATIONS DE NYISZLI : Erroné Erroné Erroné Erroné Erroné et délibérément trompeur [...]. Qui le Dr Nyiszli cherche-t-il à tromper et pourquoi ? Manque de familiarité avec l'état des lieux [décrits] Pure et simple histoire [de temps] de guerre Pure invention Légende ... (et d'ajouter que, là où le témoin parle de "bois", il faut lire "ciment" ; là où il parle de "chlore", il faut entendre "acide cyanhydrique"). La conclusion est savoureuse. Elle est fièrement intitulée "Le multiplicateur" et Pressac, loin de récuser son témoin pour exagérations et fables, découvre dans l'emploi du multiplicateur quatre (la moyenne des différents chiffres donne 3,8) le signe que le Dr Nyiszli, sans être pour autant scientifique et rigoureux, est manifestement un universitaire qui porte la marque d'une formation intellectuelle des plus sérieuses. Il écrit : La moyenne des différents multiplicateurs est presque exactement 4 [14]. Si l'on applique cette moyenne au total officiel de 4 millions, nous arrivons à un chiffre beaucoup plus proche de la réalité : 1million. Ce calcul n'est aucunement scientifique ou rigoureux mais il montre


285 que le DOCTEUR NYISZLI, un honorable UNIVERSITAIRE, FORME EN ALLEMAGNE, a multiplié les chiffres par QUATRE, quand il a décrit l'intérieur du Krematorium II et quand il a parlé du nombre des personnes ou des victimes (p. 475). Bref, Pressac comprend que la "crédibilité" du livre de Nyiszli ait été "longtemps contestée" (p. 495) ; c'était à cause du "fameux facteur de multiplication par quatre dont le Dr Nyiszli a fait un usage si abondant et si lamentable" (Ibid.) ; mais Pressac est heureusement survenu ; il a découvert la clé de lecture nécessaire au lecteur de Médecin à Auschwitz et, grâce à cette clé, tout se déchiffre et il n'y a plus lieu de contester la crédibilité d'un honorable universitaire, formé en Allemagne. Pressac a sauvé Nyiszli. Mais le lecteur, lui, quand il verra un chiffre quelconque sous la plume de cet étonnant témoin, ne saura jamais si ce chiffre est à considérer comme exact ou s'il faut le multiplier ou s'il faut le diviser, et par combien au juste. "Faurisson et sa clique" (p. 12) Je renonce à compter le nombre de fois où Pressac s'en prend aux révisionnistes en général et à ma personne en particulier. L'Américain Mark Weber écrit : Pressac ne semble pas être une personne psychologiquement solide. Par exemple, il confesse s'être "presque" tué dans le camp principal d'Auschwitz en octobre 1979 (p. 537). Ses rapports avec le professeur Faurisson et l'éditeur révisionniste français Pierre Guillaume auxquels il consacre plusieurs pages ont changé, passant d'une sorte d'admiration à une animosité personnelle pleine d'aigreur. Il ne mentionne rien dans le comportement de Faurisson à son égard qui justifierait une telle haine viscérale, même compte tenu de l'intensité de son désaccord avec lui sur la thèse de l'Holocauste. La nature affective et même vicieuse de l'hostilité furieuse de Pressac envers Faurisson laisse augurer d'une personnalité anxieuse et instable ("Jean-Claude Pressac et la technique des chambres à gaz", Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-octobre 1990, p. 170). Je me dois d'apporter ici une explication. Pressac a une raison précise de m'en vouloir : au début des années 80, j'ai été conduit à le mettre à la porte du domicile de Pierre Guillaume (où il était venu nous voir une fois de plus sans s'annoncer). Ce sont là de ces humiliations qui ne s'oublient pas, surtout chez quelqu'un qui, affligé d'un sentiment d'infériorité, quête l'approbation, recherche les compliments, propose ses services avec insistance et veut se faire prendre au sérieux. Pressac avait fini par me lasser. Son obséquiosité, sa confusion d'esprit, ses peurs paniques, son horreur de la clarté et des positions franches, sa propension à mentir et à tricher rendaient ses visites de plus en plus indésirables. Dans son livre, il ne fait aucune allusion à cet épisode humiliant ; au contraire, il affirme qu'en mars ou avril 1981, il prit l'initiative de "briser complètement avec Faurisson" (p. 554). C'est tout simplement faux. Il a été mis à la porte, et même, je dois le dire, assez vivement. J.-C. Pressac était un admirateur d'Hitler, de Degrelle et des militaria. Il possédait chez lui, en bonne place, un buste d'Adolf Hitler et, redoutant notre réaction lors d'une visite à son domicile, il nous en avait prévenus, P. Guillaume et moi-même, non sans quelque appréhension. Il avait rêvé d'écrire un roman montrant la victoire de son héros et le triomphe du nationalsocialisme (voy., à ce propos, p. 541). Il avait fait ses études au Prytanée militaire de La Flèche et, si j'en crois Pierre Guillaume, lui-même ancien élève de cet établissement, il avait, en 1959, reçu une réprimande de l'administration à la suite d'un sketch d'inspiration nazie qu'il avait monté lors d'une fête de l'école. Il disait avoir soutenu l'action de Pierre Sidos. L'extrême droite, ou ce qu'on appelle ainsi, possède, à côté de fortes personnalités (c'est le cas d'un Léon Degrelle), des malheureux qui admirent la force parce qu'ils sont faibles. Tel était le fait de J.C. Pressac qui, de plus, présentait un cas médical qui, je dois le dire, avait ajouté à ma pitié.


286 P. Guillaume a consacré à J.-C. Pressac quelques pages de son livre Droit et histoire (La Vieille Taupe, 1986, p. 118-125). Je conseille la lecture de ces pages à la fois vivantes et pénétrantes. Avant de nous rencontrer, Pressac croyait aux chambres à gaz homicides. Je lui montrai ma documentation. Il en fut bouleversé et comprit son erreur. Croyant savoir lire les plans que j'avais découverts dans les archives du Musée d'Auschwitz, il nous offrit ses services. Misérieux, mi-goguenards, nous affections de l'appeler "Schliemann", du nom de l'inventeur des ruines de Troie. Il avait une spécialité : à chaque rencontre, ses premiers mots étaient : "Je me suis planté". Il "se plantait" -il se trompait- de façon chronique. Influençable et angoissé, il changeait perpétuellement d'avis sur les détails et, à chaque fois, prenait le ton le plus péremptoire pour articuler sa thèse du jour. Il avait une autre spécialité : dès qu'une question des plus simples le mettait dans l'embarras (et il vivait dans l'embarras), il répondait : "Oui/Non". Non pas : "Oui et non" mais, d'un seul souffle : "Oui/Non" et il lui était impossible de clarifier sa réponse, qui lui servait de refuge comme à un enfant pris en faute. Il avait la manie de prétendre, d'une minute à l'autre, qu'il n'avait pas dit ce qu'il venait de dire. Je l'invitais donc à enregistrer nos conversations au magnétophone pour dissiper toute méprise. Avec une peur d'enfant et sans aucune explication, il refusait d'être enregistré. Mais il ne croyait plus aux chambres à gaz. Il se sentait naître une vocation de révisionniste ; cependant n'est pas révisionniste qui veut. Ma vie et celle de P. Guillaume devenaient de plus en plus difficiles. Pressac s'affolait. L'accumulation des procès et des attaques de toutes sortes, la détérioration progressive de ma santé physique, nos angoisses financières, une atmosphère générale d'hallali (il faut se rappeler ici ce qu'a été le montage de la "rue Copernic", bien pire que celui du "cimetière de Carpentras") rendaient notre néophyte de plus en plus fébrile et hésitant. Il m'adjurait de renoncer à une entreprise aussi dangereuse. Pour sa part, il commençait à prendre ses distances. Des "amis juifs" lui avaient fait entendre que, dans le scepticisme, il y avait des limites à ne pas franchir (p. 548). A lire les plans d'Auschwitz et de Birkenau, que je lui avais fournis en abondance, il voyait bien que les gazages étaient impossibles. Mais, sait-on jamais, commençait-il à dire, peut-être y avait-il eu tout de même, de-ci de-là, quelques menus gazages homicides, discrets, furtifs, improvisés, ce qu'il appelait des "gazouillages". Avant son premier départ pour Auschwitz, à la suite de notre rencontre, il m'avait demandé quelle recherche il pourrait y entreprendre pour moi. Je lui avais répondu que j'étais intéressé par la question des crémations : nombre officiellement enregistré de corps incinérés ; qualités (détenus/gardiens/soldats et officiers allemands et membres de leurs familles) ; nombre des employés affectés aux crémations de cadavres et aux incinérations des fours à ordures ; durée des crémations ; emplois du temps, etc.). Je pensais, en effet, que ces nombres, à eux seuls, constitueraient un élément propre à démontrer l'impossibilité des formidables crémations qui auraient été exigées par les gazages de centaines de milliers de victimes en plus des crémations nécessitées par les ravages des épidémies dans le camp. A son retour d'Auschwitz, Pressac me dit d'un air embarrassé qu'il n'avait pas trouvé le temps de s'occuper de la question qui m'intéressait. Il avait eu trop de travail et puis une jeune Polonaise l'avait beaucoup occupé, ajoutait-il : innocente forfanterie de timide. Avant son second déplacement à Auschwitz, il me posa la même question et je lui fis la même réponse. Au retour, il me déclara à nouveau qu'il n'avait pas eu le temps d'entreprendre les recherches nécessaires. J'ouvre ici une parenthèse pour dire que, dans son gros livre, Pressac ne répond toujours pas à mes questions (voy., ci-dessous, Additif 2, "Combien de crémations journalières au Krema II ?, p. 147). Pressac finit par nous déclarer qu'il ne voulait plus prendre parti entre les révisionnistes et les exterminationnistes. Il affirma qu'il souhaitait avoir des relations dans les deux camps et se contenter d'un travail purement technique. Je l'encourageais dans cette voie et, dans une


287 dédicace dont il rapporte le texte (p. 554) mais dénature le contexte, je l'invitais à chercher, à trouver, à être froid, impartial et matérialiste. Mais c'était trop lui demander. Constatant qu'il ne pouvait s'atteler à un travail méthodique et austère qui lui aurait permis de mettre un peu d'ordre dans ses pensées, je le congédiais. Je l'avais initié à l'étude de la prétendue chambre à gaz du Struthof (Alsace). Par la suite, il allait publier, sous l'égide de S. Klarsfeld, un petit livre en anglais indigent et confus sur le sujet. Je vois que, dans son gros livre, il traite à nouveau du sujet. Mais il se garde bien de dévoiler une découverte que j'avais faite, quasiment en sa présence, quand, ensemble, au Palais de Justice de Paris, avec Pierre Guillaume et Me Eric Delcroix, nous examinions les archives du "procès du Struthof", archives communiquées, sur la demande de la LICRA, par la direction, à Paris, de la gendarmerie et de la justice militaire. Dans ces archives, j'avais découvert une pièce révélant que le professeur René Fabre, doyen de la faculté de pharmacie de Paris, avait, en décembre 1945, signé une expertise du plus haut intérêt. Ce professeur avait examiné successivement les produits de grattage autour de la cheminée de la prétendue chambre à gaz homicide et, à l'hôpital civil de Strasbourg, les cadavres, bien conservés, des prétendus gazés. Dans les deux cas, il avait conclu négativement : il n'y avait aucune trace de gazage. En réalité, cette chambre à gaz, à l'étanchéité toute relative, avait surtout servi pour l'entraînement des recrues de l'armée allemande au port du masque à gaz ; dans ce cas, le gaz employé est loin de présenter les mêmes dangers que l'acide cyanhydrique (Zyklon-B). Pressac avait été heureux de pouvoir nous en faire la démonstration. Il était allé prendre des photographies d'une séance d'entraînement dans une chambre à gaz de l'armée française, peu éloignée de Paris. Je possède un jeu de ces photographies. Trois petits secrets de J.-C. Pressac Une légende, chère à Elie Wiesel, à Filip Müller et à Georges Wellers, veut que les Allemands aient creusé à Birkenau de gigantesques fosses où l'on aurait brûlé des milliers de cadavres à ciel ouvert. J'avais fait observer à Pressac que le camp de Birkenau occupait l'emplacement de vastes marécages au bord d'un affluent de la Vistule et que, malgré les travaux de drainage, la nappe phréatique était forcément restée à peu de distance du niveau du sol [15]. Il était donc difficile d'imaginer le creusement de ces fosses et j'ajoutais que, de toute façon, il devait être compliqué de brûler des cadavres dans des fosses à cause du manque d'oxygène. Pressac, à qui je conseillais toujours la vérification matérielle, avait alors creusé un petit trou dans son jardin et avait essayé d'y incinérer le cadavre d'un lapin. Il n'y était jamais parvenu. Me faisant visiter l'emplacement de sa "fosse d'incinération", il s'était répandu en plaisanteries sur le mythe des "fosses d'incinération" de Birkenau et l'histoire du lapin était devenue l'une de nos scies. Les visiteurs du Struthof peuvent voir, d'une part, le camp même de Natzweiler avec le bâtiment du crématoire et, loin du camp, un petit bâtiment contenant la prétendue chambre à gaz homicide. Pressac m'avait fait remarquer que, si on avait décidé de mentir à Natzweiler comme on avait menti à Auschwitz (sic), on aurait pu faire croire à l'existence d'une chambre à gaz homicide dans le bâtiment du crématoire. Pour le prouver, il m'avait fabriqué une sorte de faux plan de ce bâtiment en partant du vrai plan que nous avions découvert dans les archives de la gendarmerie et de la justice militaire. Je possède toujours ce faux plan dessiné et légendé par Pressac. Dans son gros livre, il ne souffle pas mot de ce petit travail. Je possède aussi de Pressac une étude en deux volumes intitulée par lui Auschwitz, architecture paisible. Elle concerne les Krema IV et V. Elle est d'une confusion extrême et n'a jamais été publiée. Mon exemplaire porte le n° 2. La page des dédicaces est hilarante : Pressac, offrant ses services à tout le monde, se répand en flagorneries à l'adresse aussi bien de certains


288 exterminationnistes que de certains révisionnistes. J'ai ma part de ces compliments trop appuyés pour être honnêtes. Quelques emprunts et quelques mensonges Aussi bien dans ses études que dans son gros livre, Pressac m'a outrageusement pillé. Il me doit une grande partie des plans, des documents ou des photographies qu'il a publiés ; l'autre partie est constituée, la plupart du temps, de plans, de documents et de photographies qui sont de même source ou de caractère identique. Seules les photographies du Bauleitung Album, détenu par les Israéliens, constituent un apport original. La bassesse des attaques que me porte Pressac, ses tricheries et mensonges dans la présentation de certains faits m'obligeraient à rectifier ici beaucoup trop de ses allégations. Je suis décrit comme un lâche qui ne se présente "bien sûr" pas à son procès (p. 554) ; or, il sait qu'à l'époque j'étais gravement malade. Il dit qu'un jour, en 1982, il m'a téléphoné et m'a trouvé comme une "épave" ; il écrit : "J'étais choqué et dégoûté de découvrir que [Faurisson] avait atteint le fond, entraînant avec lui sa famille" (p. 558) ; il est exact qu'en 1981 et 1982, j'ai cru atteindre le fond de la détresse physique, morale et financière et que ma femme et mes enfants ont partagé avec moi cette détresse ; je n'ai pas pour autant parlé de mon "martyre" (Ibid.) et je ne vois pas ce qu'il y a de "choquant" et de "dégoûtant" à lutter comme je l'ai fait jusqu'au bout de mes forces. Je faisais peur à Pressac. Je lui avais toujours fait peur par mon acharnement à me défendre et par mon refus de baisser la tête. Il ose écrire : Confrontés avec de nouvelles preuves [de l'existence de gazages homicides], Faurisson et Guillaume eurent un moment d'indécision et envisagèrent la possibilité de jeter l'éponge et de déclarer officiellement qu'il apparaissait que des gazages homicides avaient eu lieu à Birkenau (p. 554). Ici, il ment et il sait qu'il ment, du moins en ce qui me concerne. Jamais il ne m'a présenté la moindre preuve de ce qu'il appelait des "gazouillages" et jamais je n'ai, personnellement, envisagé l'éventualité d'une rétractation quelconque [16]. Pressac sait que les procès qu'on m'a intentés et qui m'ont valu des condamnations sans exemple dans l'histoire contemporaine de notre pays n'étaient que des mises en scène, et que les documents avec lesquels on a cherché à m'accabler étaient dénués de valeur. Il le sait et il le dit soit clairement, comme lorsqu'il évoque le rôle de l'avocat de la LICRA, Me Jouanneau, soit implicitement quand il lui arrive d'analyser une "preuve" utilisée contre "Faurisson" lors d'un procès, et qu'il admet que cette "preuve" n'avait aucunement la valeur qu'on lui accordait (p. 49, 554-556). Questions esquivées Pressac a esquivé une vingtaine de questions essentielles, d'ordre technique, posées par les révisionnistes. Je n'en citerai que quelques-unes : - Krema I : Comment peut-on expliquer la présence d'une chambre à gaz homicide fonctionnant au Zyklon-B (gaz explosible) et ouvrant sur une salle où opéraient six fours fonctionnant parfois à huit cent degrés ? Comment la prétendue chambre à gaz pouvait-elle comporter une fragile porte vitrée sans verrou qui, s'ouvrant vers l'intérieur, aurait buté sur des monceaux de cadavres ? Comment la ventilation quotidienne pouvait-elle se faire à vingt mètres des fenêtres de l'hôpital SS ?


289 - Krema II et III : Puisque les fournées de victimes étaient, paraît-il, de deux mille [17] personnes, et s'il fallait une heure et demie pour incinérer un cadavre dans chacun des quinze moufles, au bout de ce laps de temps il restait encore 1985 cadavres à incinérer : où les entreposait-on entre-temps ? Comment la ventilation pouvait-elle se faire du bas vers le haut (le Zyklon est moins dense que l'air) quand tout était prévu pour une ventilation en sens contraire ? Où entreposait-on les cadavres de ceux qui, tous les jours, mouraient de mort naturelle ? D'une manière générale, comment concilier l'exiguité des locaux (le petit ascenseur !) avec l'immensité des massacres à y accomplir ? - Krema IV et V : Que venaient faire des poêles à charbon dans les chambres à gaz ? - Où pouvaient bien s'agglutiner les foules attendant de pénétrer dans ces crématoires alors que les photographies aériennes des Alliés ne montrent jamais même un embryon de telles foules et quand on voit que les lieux alentour, loin d'avoir été piétinés par ces foules, comportaient des jardins bien dessinés ? - Comment aurait-on situé des abattoirs à gaz juste au milieu d'installations diverses qui, par un saisissant contraste, sont : un stade, des bâtiments hospitaliers, des bassins de décantation, des bâtiments de douches et de désinfection ? - Où sont les innombrables documents scientifiques, techniques, médicaux, qui prouveraient qu'avant, pendant et après la création et le fonctionnement de ces abattoirs chimiques (qui n'ont pas de précédent dans l'histoire des sciences et des techniques) on aurait préparé, construit, surveillé ces travaux pharaonesques, et cela à une époque et dans des circonstances où, pour l'obtention de la moindre vis, de la moindre brique et du moindre kilo de charbon, il fallait obtenir des autorisations écrites et rendre des comptes précis ? Omissions délibérées On se rappelle que la seule question que j'avais posée à Pressac était celle des documents en rapport avec les crémations (voy., ci-dessus, p. 132). Ni lors de son premier séjour à Auschwitz, ni lors de son second séjour, il n'avait, paraît-il, pu trouver le temps d'étudier le sujet. Aujourd'hui que son livre est paru, son silence obstiné sur ce point est frappant. - On notera qu'il se garde bien de dire que de tels documents n'existent pas. Il sait trop bien qu'ils existent. Il préfère omettre d'en parler. Pourquoi dissimule-t-il à son lecteur l'existence d'une foule de documents qui prouvent que toutes les crémations étaient enregistrées [18] ? La méticulosité allemande allait, dans le cas d'une extraction dentaire pratiquée sur un cadavre avant sa crémation, jusqu'à exiger qu'on remplisse un formulaire imprimé, à en-tête de la "station dentaire du camp d'Auschwitz", avec indication de la date de crémation, de l'identité complète de l'interné, de son numéro d'immatriculation, des numéros des dents (à droite, à gauche, en haut, en bas), etc. (voy. Contribution à l'histoire d'Auschwitz, musée d'Auschwitz, 1968, la photographie du document entre les pages 80 et 81). Pourquoi Pressac ne mentionne-til pas ce type de document ni un seul des documents que la chancellerie d'Auschwitz exigeait pour toute mort d'homme, avec une vingtaine de signatures pour une mort naturelle et une trentaine de signatures pour une mort non naturelle (Dr Tadeusz Paczula, ancien détenu, "L'Organisation et l'administration de l'hôpital d'Auschwitz I", Comité International d'Auschwitz, Anthologie [bleue], Varsovie, 1969, p. 45) ? Pourquoi ne mentionne-t-il pas un seul instant les "registres mortuaires" où les Allemands collationnaient, à raison d'une page entière par décès, tous les renseignements afférents à chaque décès ? Les révisionnistes avaient signalé l'existence de deux ou trois exemplaires de ces Tötenbücher ou Sterbebücher au musée d'Auschwitz et d'une quarantaine d'exemplaires à Moscou : tous ces exemplaires étant, bien entendu, inaccessibles aux chercheurs indépendants. C'est sous la pression des révisionnistes, notamment lors du procès Zündel de 1988 à Toronto, que la décision fut prise de révéler, en


290 1989, au grand public l'existence de ces registres. Pressac a joué de malchance. Son livre, où il dissimule l'existence de ces registres, n'était pas plutôt achevé que l'Union soviétique révélait que, pour sa part, elle détenait une bonne partie mais non l'exclusivité de ces précieux documents qui portent un coup fatal à la légende de l'extermination. Pressac, en ne mentionnant pas que, dans les archives du musée d'Auschwitz, où il a eu ses entrées, se trouvaient aussi deux ou trois registres mortuaires, a menti par omission. - Sur la question du coke nécessaire aux crémations et aux incinérations, Pressac est d'une confusion que je trouve suspecte (voy. microfilm 12012 mentionné à la page 87, le tableau de la page 224, les considérations de la page 227). Il en ressort que la consommation de coke a certainement été dérisoire par rapport à ce qu'il aurait fallu pour les gigantesques crémations dont parle la légende, mais il n'est pas possible, tellement Pressac a tout embrouillé, de s'en faire une idée précise. Il est probable que chaque moufle ne brûlait guère plus qu'une moyenne de six ou sept cadavres par jour, comme les fours à huile de Buchenwald (p. 106), et il est manifeste que le document allemand du 28 juin 1943 indiquant pour Auschwitz une capacité d'incinération de 4756 cadavres par jour (les fours fonctionnant douze heures sur vingt-quatre) est inacceptable. D'ailleurs, Pressac ne s'attarde pas à justifier un chiffre aussi extravagant (340 pour le Krema I, 1440 pour le Krema II, 1440 pour le Krema III, 768 pour le Krema IV et 768 pour le Krema V) et, selon une méthode qui lui est chère, il met ces exagérations sur le compte de la "vantardise" des SS qui, de toute façon, en pareil cas, avaient dû "multiplier les vrais chiffres par un facteur de 2 à 5" (p. 110). - Mais le plus impardonnable mensonge par omission qu'il ait commis est celui qui concerne l'activité quotidienne des crématoires d'Auschwitz et de Birkenau. Le lecteur qui vient de terminer son ouvrage peut croire que les cinq crématoires étaient affectés à la crémation de ... gazés. Or, tous les jours, ces crématoires recevaient des cadavres de victimes d'épidémies diverses, de gens morts de mort naturelle, de détenus, de gardiens, de soldats, de civils. Et si, par exemple, le Krema I était à proximité de l'hôpital SS, c'était d'abord pour la crémation des morts de la SS. Le Dr Popiersch, médecin-chef, mourut du typhus et fut incinéré à Auschwitz ; de même pour l'épouse du SS Caesar, responsable des travaux agricoles ; de même pour Alma Rosé, la juive allemande qui dirigeait l'orchestre de femmes du camp de Birkenau et qui eut droit, si l'on en croit Fania Fénelon, à d'extraordinaires funérailles (Fania Fénelon, Sursis pour l'orchestre, Stock, 1976, p. 302-303). Jamais Pressac ne nous dit comment cette activité normale des crématoires pouvait, chaque jour, se combiner avec les activités liées aux prétendus gazages : transports jusque dans les chambres froides, entreposages, crémations, recueil des cendres, urnes, expéditions de ces urnes, etc. CONCLUSION En 1982, j'avais rendu compte de l'étude de Pressac sur les Krema IV et V de Birkenau. A ce compte rendu j'avais donné pour titre : Le mythe des "chambres à gaz" entre en agonie. Au présent compte rendu de 1990, je pourrais donner pour titre : La mort du mythe des "chambres à gaz". Dans les médias, ce mythe se perpétue tant bien que mal mais, dans le milieu scientifique ou universitaire, il est mort. Notre "pharmacien de banlieue", comme l'appelle P. Vidal-Naquet s'était présenté en sauveur ; ses potions magiques ont, en 1982, aggravé l'état du malade ; en 1989, soit sept ans plus tard, elles l'ont achevé. Je connais des révisionnistes qui, devant une thèse si désastreuse pour l'exterminationnisme, se demandent si Pressac ne serait pas l'un des leurs ; s'avançant masqué, il aurait berné le couple Klarsfeld. Je n'en crois rien. Pressac est un néophyte, un autodidacte, un naif doublé


291 d'un roublard ; sa personnalité est instable ; il est incohérent, tourne à tout vent, raisonne mal et ne sait s'exprimer ni par la parole ni par l'écrit - défaut qui ne serait que fâcheux pour l'exposé d'une thèse cohérente mais qui devient ici, pour une thèse incohérente et hybride, franchement catastrophique. Pressac ne porte aucun masque ; c'est son vrai visage qui nous déconcerte. De son côté, le couple Klarsfeld manque de discernement ; il est même aveugle ; il trouve "normal" que, dans certains cas, on tue ou blesse grièvement ceux qui déplaisent à la communauté juive (Radio J, 17 septembre 1989, AFP, 13.36 ; La Lettre télégraphique juive, 18 septembre, p. 1 ; Le Monde, 19 septembre, p. 14). L'angoisse de Serge et Beate Klarsfeld devant la montée du révisionnisme dont ils savent qu'il ne dispose pourtant ni d'argent ni de tribune publique leur fait perdre jugement et sang-froid. Dans le combat antirévisionniste, tous les moyens leur paraissent bons, tous les concours sont les bienvenus, toutes les opérations médiatiques peuvent servir. Pressac, chassé par R.Faurisson, congédié par G. Wellers, est allé offrir ses services au couple Klarsfeld. Il a été engagé. L'énorme pensum a dû coûter cher. Si, aux amis du couple Klarsfeld, il a coûté cher en argent, il leur coûtera encore plus cher par son résultat, fatal pour les exterminationnistes et providentiel pour les révisionnistes. En 1979, P. Vidal-Naquet et Léon Poliakov avaient déclaré, avec trente-deux autres historiens français, qu'il ne fallait pas se poser de question sur la technique et le fonctionnement des chambres à gaz homicides. Ils précisaient : Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu'il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n'y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l'existence des chambres à gaz (Le Monde, 21 février 1979, p. 23). Dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet (op. cit., p. 20), j'avais parlé du "janotisme" de cette déclaration et j'avais ajouté : [...] ce texte du Monde était conçu pour parer au plus pressé ; dans le désarroi provoqué par mon article sur "La Rumeur d'Auschwitz" [Le Monde, 29 décembre 1978, p. 8], Vidal-Naquet et Poliakov avaient hâtivement rédigé un manifeste, puis étaient allés le porter à des signataires en leur disant : "Nous disons qu'il ne peut y avoir de débat, mais il est évident que chacun d'entre vous doit se mettre au travail pour répliquer à Faurisson." C'est ce qu'ingénument nous avoue Vidal-Naquet à la page 196 de [Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, 1981] quand il écrit : "Bon nombre d'historiens ont signé la déclaration publiée dans Le Monde du 21 février 1979, très peu se sont mis au travail, une des rares exceptions étant F[rançois] Delpech." A P. Vidal-Naquet, à L. Poliakov et aux survivants de la "déclaration" des trente-quatre historiens il aura donc fallu attendre dix ans pour voir enfin paraître une tentative de réfutation de mon article du Monde sur "La Rumeur d'Auschwitz". Si mon article avait été bâti sur quelque sottise, sa réfutation n'aurait pas exigé une aussi longue attente, ni, au terme de cette attente, une réponse aussi volumineuse et, comme on vient de le constater, aussi indigente que celle de Pressac. Pressac a signé un chef-d'oeuvre d'inanité. Ses capacités intellectuelles ne permettaient pas d'espérer mieux. Sa tendance à tricher et à manipuler, déjà si remarquable dans sa présentation de L'Album d'Auschwitz (Le Seuil, 1983), se confirme ici. Mais le pharmacien de la Ville du Bois n'est qu'un pauvre hère. Pierre Vidal-Naquet et le couple Klarsfeld sont d'une autre étoffe. Voilà des personnages qui ont eu tout loisir de mesurer à quel point leur "pharmacien de banlieue", comme l'appelle P. Vidal-Naquet, était un cerveau creux. Ils l'ont néanmoins utilisé. Mais pouvaient-ils trouver mieux ? En tout cas, ils ont discrédité leur cause. Les voici maintenant encombrés de cet ouvrage monstrueux, ni fait, ni à faire, totalement inutilisable. Au moindre journaliste qui leur demandera, comme l'a fait R. Bernstein, de lui signaler, en vue


292 d'un article, une seule page et une seule photographie de ce pensum pour répliquer aux révisionnistes, ils seront incapables d'offrir quoi que ce soit. Je ne vois guère que les révisionnistes pour s'intéresser à Pressac et à son grand oeuvre, mais comme le feraient des chercheurs qui se penchent sur un phénomène tératologique. La religion de l'"Holocauste" aura décidément enfanté bien des monstruosités ; l'ouvrage difforme de J.-C. Pressac en est un exemple. Dans sa conférence dite "de l'éléphant" prononcée en 1982 (Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-octobre 1990, p. 87-137), Arthur Robert Butz mettait les révisionnistes en garde contre un danger : celui de perdre leur temps en des discussions techniques oiseuses qui font que l'arbre nous cache la forêt : tout occupés à traiter, par exemple, du Zyklon-B ou des fours crématoires, nous en venons à oublier l'essentiel qui est qu'une extermination aussi gigantesque aurait laissé une surabondance de preuves physiques et documentaires et non d'infimes traces de bricolage domestique. Nos adversaires, ajoutait A. R. Butz, chercheront à nous entraîner dans des discussions cabalistiques parce que, sur le terrain des constatations les plus simples, ils savent qu'ils ont d'ores et déjà perdu la partie. Mais, précisait également Butz, un révisionniste doit néanmoins se montrer capable d'affronter les cabalistes jusque dans leurs vétilles. Quel que soit le terrain choisi, les défenseurs de la thèse de l'"Holocauste" doivent sentir que toutes les voies de sortie leur sont fermées. C'est ainsi qu'aujourd'hui ils se retrouvent dans une totale impasse. Leur unique planche de salut ce livre de Pressac n'est qu'une planche pourrie. La communauté juive a eu de mauvais bergers. Elle aurait dû, il y a une dizaine d'années, abandonner le dogme de la chambre à gaz d'Auschwitz. En décembre 1978, Le Monde avait, en même temps que mon article sur "La Rumeur d'Auschwitz", publié des textes qui étaient supposés me donner la réplique. Je pense que des universitaires français, d'origine juive, ont tout de suite perçu qu'un événement grave venait de se produire : en quelques lignes, je venais de rappeler, après d'autres révisionnistes, que le roi était nu et, en face de nous, un groupe d'historiens de cour essayait, mais en vain, de prétendre le contraire. Le 16 janvier 1979, Le Monde publiait mon "droit de réponse". C'est à cette époque, je pense, que ces universitaires français d'origine juive auraient dû préparer d'urgence une "déclaration d'historiens" reconnaissant qu'il pouvait et qu'il devait y avoir un débat sur l'existence ou la non-existence des chambres à gaz d'Auschwitz. Le sort allait en décider autrement. Le 21 février 1979 paraissait donc la "déclaration" rédigée par P. Vidal-Naquet et L. Poliakov. Les exterminationnistes signaient là leur perte. Dix ans plus tard, avec ce livre de J.-C. Pressac, ils recueillent le fruit de leur aveuglement. Ils me paraissent avoir été inspirés par une conception trop restreinte de leur intérêt. Il auraient dû voir plus loin et songer à la fois aux obligations de l'historien et aux intérêts, bien compris, de la communauté juive. Au lieu d'accumuler contre les hérétiques les campagnes de presse, les agressions physiques, les recours à la police et à la justice, au lieu de multiplier les colloquessoliloques, au lieu de produire tant de mauvais ouvrages, celui de Pressac étant le pire, il aurait fallu s'ouvrir à la discussion et à la réflexion. Il aurait fallu travailler. Les révisionnistes ont travaillé. Il aurait fallu suivre leur exemple [21]. ***** ADDITIF 1 PRESSAC DEVANT LE RAPPORT LEUCHTER A la fin de 1988, Serge Klarsfeld publiait, dans Jour J - La Lettre télégraphique juive, une étude de Pressac sur le rapport Leuchter. Le titre en était : "Les carences et les incohérences du "Rapport Leuchter"".


293 "Carences" et "incohérences" : Pressac parle d'or ! La seule preuve qu'il ait cru trouver de gazages homicides au Krema I, il la doit ... à ce rapport (voy., ci-dessus, p. 75) ! Son étude, manifestement hâtive, mêle des considérations sentimentales sur Fred Leuchter à un développement sur les gazages d'Auschwitz, un aperçu sur les fours d'Auschwitz et un dernier développement sur Majdanek. Sur Auschwitz, il répète ce que j'appelle sa théorie des molécules à têtes chercheuses (voy., ci-dessous, p. 80-81), théorie qui vise à expliquer l'absence, si embarrassante pour Pressac, des tâches de ferrocyanures là où l'on aurait gazé tant d'êtres humains. Sur Majdanek, je ne crois pas exagéré de dire que Pressac ne croit pas à l'existence de chambres à gaz homicides dans ce camp. Il écrit : Faute d'une étude technique précise, ces chambres à gaz restent mal connues (p. VII) ; L'emploi de [tels locaux] en chambres à gaz homicides à l'HCN paraît difficile et reste aléatoire [...] ; la technique semblerait possible, mais une utilisation réelle est aléatoire (p. VIII) ; [Il y a eu des] modifications [...] postérieures à 1945 [et qui donnent une] fausse impression (p. IX) ; une regrettable confusion dans les années 1950-1960, aboutissant à présenter souvent la salle des douches comme une chambre à gaz homicide (le toxique gazeux censé diffuser des pommeaux) [22] (Ibid.) ; L'emploi homicide de ce local n'est concevable qu'à deux conditions : suppression du vasistas susceptible d'être brisé par les victimes et ajout d'une ventilation mécanique (Ibid.) ; [23] la fonction homicide sur laquelle l'auteur [Pressac] ne peut actuellement se prononcer (Ibid.) ; la directrice adjointe du Musée a affirmé à l'auteur [Pressac] que cette chambre à gaz avait très peu, mais vraiment très peu servi, ce qui signifie en clair qu'elle n'a pas servi du tout. Cette fiction est maintenue pour ne pas heurter la croyance populaire qui veut que [...] (Ibid.) ; etc. Dans son gros ouvrage, Pressac manifeste le même scepticisme. Il estime qu'on n'a pas encore entrepris d'"étude sérieuse" de ces chambres à gaz (p. 184). Il glisse à propos d'Auschwitz une réflexion qui implique que Majdanek ne serait peut-être pas vraiment "criminel" (p. 218). Dénonçant les procédés des "officiels du Musée de Majdanek", il écrit : J'ai le regret de dire, et je ne suis pas le seul à l'Ouest, qu'à Majdanek les chambres à gaz homicides et/ou de désinfection en sont à attendre un véritable historien, ce qui est quelque peu gênant vu le fait que le camp est tombé intact aux mains des Russes en 1944 (p. 555). A la page 557, une photographie montre l'extérieur de l'une des "chambres à gaz de désinfection qu'on pensait être une chambre à gaz homicide". Le cliché est de Me Jouanneau, avocat de la LICRA, berné, nous dit Pressac, par les autorités du camp (l'avocat avait utilisé cette photographie devant le tribunal de Paris pour prouver que R.Faurisson était un falsificateur niant l'évidence historique). *** ADDITIF 2 COMBIEN DE CREMATIONS JOURNALIERES AU KREMA II ? Combien y a-t-il eu, en moyenne, de crémations journalières dans les cinq fours à trois moufles du Krema II ?


294 A cette question, Pressac devrait donner une réponse et une seule ; or, il en fournit au moins cinq, qui vont de deux cent quatre-vingt-huit par jour à mille cinq cents par jour. 3. Première réponse : 960 ou 288 ou 720 ! Ces trois réponses contradictoires ressortent de la seule page 110 où, parlant d'un document allemand du 28 juin 1943, qui indique mille quatre cent quarante crémations par jour, il dit que ce chiffre "officiel", même réduit d'un tiers (ce qui ferait neuf cent soixante crémations), est à peine croyable et il ajoute que, les SS aimant à se vanter, il vaut mieux, en général, diviser leurs chiffres par "un facteur de 2 à 5" pour obtenir la vérité en pareille matière. Ainsi obtiendrait-on un minimum de deux cent quatre-vingt-huit crémations et un maximum de sept cent vingt crémations. 4. Deuxième réponse : sept cent cinquante deux ! C'est ce qui ressort de la page 183 où il écrit que ce Krema "fonctionna comme une chambre à gaz homicide et une installation de crémation du 15 mars 1943, avant sa mise en service officielle le 31 mars, jusqu'au 27 novembre 1944, anéantissant un total d'environ quatre cent mille personnes, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards juifs". Pressac ne justifie aucune de ces affirmations. On ignore pourquoi il prétend que ce Krema fonctionna de manière homicide avant le 31 mars et on ignore aussi pourquoi la date ultime de fonctionnement est arrêtée au 27 novembre 1944, sinon parce que l'autodidacte Pressac prend sans doute à son compte la légende selon laquelle Himmler aurait ordonné, le 26 novembre 1944, d'arrêter le massacre. Mais, peu importe. Prenons-le au mot. Du 15 mars 1943 au 27 novembre 1944, il s'est écoulé six cent vingt-quatre jours, chiffre qu'il faut ramener à cinq cent trente-deux si l'on tient compte du fait que, pour cause d'une réparation de sa cheminée, ce Krema aurait cessé de fonctionner pendant trois mois, de mai à juillet 1943 (p. 227). Pendant cinq cent trente-deux jours, il y aurait eu quatre cent mille crémations, soit sept cent cinquante-deux crémations par jour. 5. Troisième réponse : "un "débit" plus proche de mille". C'est ce que dit l'auteur à la page 470 quand il juge qu'on ne peut retenir le chiffre de deux mille incinérés donné par le témoin Dr Bendel (voy. p. 334). 6. Quatrième réponse : "de mille à mille cinq cents". C'est ce que dit l'auteur à la page 475 à propos d'une estimation du Dr Nyiszli. 7. Cinquième réponse : presque six cent vingt-cinq. C'est ce qui ressort de la page 494 où l'auteur indique que le nombre des incinérés, d'après le témoin H.Tauber, est de deux mille cinq cents par jour, un chiffre au sujet duquel il écrit : "On trouve presque ici le fameux coefficient de multiplication par quatre [du Dr M.Nyiszli]". En résumé, Pressac donne sur ce sujet des réponses totalement divergentes ; ces estimations des crémations journalières du Krema II sont donc, dans l'ordre croissant, les suivantes : 288, 625, 720, 752, 960, 1000, 1000 à 1500. Ce Krema possédait quinze moufles et les fours, Pressac le reconnaît, ne fonctionnaient que douze heures par jour. Pour chaque moufle, les crémations journalières auraient donc été respectivement de 19, 42, 48, 50, 64, 67, 67 à 100. Ces chiffres, qui varient de dix-neuf à cent par jour, auraient représenté des performances qui dépassent les possibilités de nos plus modernes crématoires. Ils sont encore plus inacceptables si l'on songe que Pressac ne compte que les cadavres des prétendus gazés auxquels il faudrait ajouter la crémation des cadavres de détenus, de gardiens et de soldats qui, tous les jours, mouraient de causes diverses, notamment quand le typhus faisait rage dans le camp. ***


295 ADDITIF 3 LES TRICHERIES DE PRESSAC DANS L'ALBUM D'AUSCHWITZ En 1983, Pressac et Klarsfeld avaient publié conjointement une édition française de ce qu'on appelle L'Album d'Auschwitz (traduit de l'américain par Guy Casaril, Editions du Seuil, 1983, 224 p.). Il s'agissait d'un ensemble de 189 photographies, du plus haut intérêt, prises en 1944 par un Allemand de la section photographique du camp d'Auschwitz : peut-être Ernst Hoffmann. Personne, ni chez les exterminationnistes ni chez les révisionnistes, n'a contesté l'authenticité et la véracité de ces photographies prises lors des arrivées massives de juifs hongrois en 1944. Ces photographies apportent à la thèse révisionniste une providentielle confirmation et il est choquant qu'il ait fallu attendre le début des années 80 pour en voir publier la totalité. Serge Klarsfeld, embarrassé par de pareilles révélations, n'avait découvert qu'une parade : fabriquer un récit bouleversant sur la prétendue découverte de cet album par une certaine Lili Meier. S. Klarsfeld et J.-C. Pressac allèrent même plus loin pour l'édition en français de cet album. Dans une étude de vingt pages dactylographiées, achevée en décembre 1983 mais non publiée alors, faute d'argent, je décrivais leurs subterfuges. Je montrais que, dans cette édition française, que je comparais aux deux éditions originales publiées aux Etats-Unis, Pressac avait bouleversé l'ordre original des parties de l'album, un ordre qui reflétait une progression logique des événements du camp de Birkenau pour les nouveaux arrivants. A cet ordre original, notre homme avait substitué un ordre donnant à entendre que la plupart des gens allaient mourir dans de mystérieuses chambres à gaz homicides. Il avait aussi changé le nombre des photographies de chaque partie et procédé à des transferts de photographies d'une partie à une autre partie ! Il avait supprimé un groupe de photographies et, pour rétablir le nombre original des groupes, il avait utilisé à deux reprises un même titre original mais avec deux traductions différentes. J'écrivais : Sans en souffler mot au lecteur, Jean-Claude Pressac a agi comme un pharmacien qui aurait subrepticement changé le contenu des flacons, modifié leur nombre et trafiqué les étiquettes, tout cela non sans commettre deux faux en écriture (p. 7). Mais la plus spectaculaire des manipulations se situait aux pages 42 et 43 de L'Album. Sous le titre de Les tricheries de L'Album d'Auschwitz, je diffusais un court texte consacré à cette supercherie. Je ne manquais pas d'en envoyer un exemplaire aux éditions du Seuil. Voici ce qu'avait imaginé ledit pharmacien : pour essayer de nous faire croire que la route prise par certains groupes de déportés (des femmes et des enfants) finissait aux Krema II et III et donc, selon lui, dans des chambres à gaz homicides, il avait produit à la page 42 de L'Album un plan de Birkenau où il avait soigneusement pratiqué une coupure qui empêchait de voir qu'en réalité ces groupes de déportés, passant effectivement entre les deux Krema, poursuivaient leur chemin et se rendaient au grand centre de douches et de désinfection appelé le "Zentral Sauna". Pris la main dans le sac, Pressac allait, pendant six ans (1983-1989), observer la politique du silence. A ceux qui avaient lu mon texte et qui lui demandaient obstinément des explications, jusqu'au téléphone, il répondait en affectant l'ignorance ; jamais, disait-il, il n'avait eu connaissance de ce texte. Aujourd'hui, avec la publication de son gros ouvrage, il est contraint de s'expliquer. Et il aggrave son cas. Le plan sur lequel il a fallacieusement coupé la route du Zentral Sauna se trouve reproduit à la page 421 de son gros ouvrage. Aux pages 514 et 515, il tente de s'expliquer. Il commence par dire qu'en 1983 il avait pu facilement répondre à mes critiques "dans un article dont la publication ne fut pas jugée nécessaire". Il ne nous


296 révèle pas qui a pris cette décision ni pourquoi. Je suggère que la réponse de Pressac fut tout simplement jugée détestable. Si je me permets cette suggestion, c'est que la réponse qu'il consent enfin à nous livrer en 1989 dans son gros ouvrage est affligeante et prouve l'artifice. Pressac répond, en effet, que pour dessiner le plan que je lui reproche, il a pris "pour BASE " (p. 515) un certain plan, authentique celui-là : le plan 3764 (p. 514). Je n'en doute pas : il l'a pris "pour BASE " et il lui a AJOUTE le tracé des routes, mais en prenant bien soin de ... couper la route menant au Zentral Sauna, et cela pour nous faire croire que femmes et enfants juifs, qui prenaient cette route, ne pouvaient aller au-delà des crématoires. L'amputation est flagrante. Le subterfuge est patent. Il y a mieux. Dans la version originale de L'Album d'Auschwitz, version américaine, figurait une photographie qu'on peut décrire ainsi : au premier plan, un groupe de quatre juifs d'un certain âge, trois hommes et une femme, ont manifestement une altercation, cependant qu'à l'arrière-plan, indifférents à la scène, passent, dispersés, quelques rares soldats allemands en bonnet de police. Il s'agit de la photographie 109. Pressac, décidant de faire "parler" cette photographie, la déplace, dans la version française, à la 189ème et dernière place où elle est censée marquer le summum de l'horreur exterminatrice. Et voici, en son sabir, l'explication de la photographie : Cette photo est unique, terrible à verser au dossier de l'extermination des juifs comme preuve à charge [...]. Le sentier sur lequel cette femme refuse d'avancer aboutit devant la porte du [Krema] V, donnant sur le vestiaire et les chambres à gaz. Si les trois hommes qui l'entraînent ne semblent pas se douter du sort qui les attend, elle sait que le bâtiment dont elle se détourne, ce bâtiment en briques rouges, au toit noir, avec ses deux cheminées hautes de seize mètres, est devenu la négation de la vie et pue la mort (L'Album d'Auschwitz, p. 204). Dans mon article de 1983 (p. 9), je faisais observer : Ce pathos ne saurait nous cacher ceci : il n'y a pas de sentier et on ne saurait prédire la direction que pourrait prendre tel ou tel personnage ; [Pressac] ne nous dit rien de la présence et de l'indifférence ou de l'inattention des soldats allemands ; comment la femme saurait-elle qu'on va la gazer et comment les hommes ignoreraientils qu'on va les gazer ? Enfin et surtout, il est manifeste que la femme ne cherche pas à se détacher de l'homme de droite ni à lui résister : de sa main gauche elle enserre la main de cet homme. Pressac, dans son gros ouvrage de 1989 (p. 421), modifie alors son commentaire de la photographie et déclare : Quant à l'attitude de la femme, il se peut simplement que, sans illusions sur ce qui l'attend et apercevant le photographe SS, elle se soit soudainement détournée, disant en effet : "Je ne veux pas que ce [salaud de] SS me photographie !" Une telle réaction ne serait pas surprenante vu que certains enfants juifs, moins polis et plus spontanés que leurs parents, sentant d'instinct que les SS ne leur voulaient pas de bien, faisaient la grimace aux photographes. Autrement dit, à un roman Pressac substitue un autre roman et toute sa thèse de L'Album d'Auschwitz s'écroule puisque, aussi bien, la photographie censée représenter le summum de l'horreur se réduirait, s'il faut en croire notre manipulateur lui-même, à nous montrer une vieille femme qui... ne voudrait pas être photographiée ! Pressac me reproche de ne pas dire que la scène se déroule près du Krema V. En réalité, je le dis puisque je le cite. Et je trouve intéressant que cet endroit n'ait rien de secret : comme sur bien d'autres photographies aussi bien de cet album que du gros ouvrage, on voit de petits groupes de juifs, d'Allemands et de travailleurs civils se côtoyer paisiblement.


297 Dans son gros ouvrage, Pressac laisse sans réponse tous les autres reproches de tricherie que je lui adressais en 1983 à propos de cet Album d'Auschwitz. Il m'oblige donc aujourd'hui à réitérer mes accusations. *** ADDITIF 4 LE TEMOIGNAGE TRONQUE D'HANNA REITSCH Pressac fait état du témoignage de l'as de l'aviation allemande, Hanna (et non pas : Hannah) Reitsch (1912-1979) comme s'il s'agissait d'une preuve de l'existence des chambres à gaz (p. 468). En réalité, H. Reitsch a vu, à la fin de 1944, une brochure des Alliés mentionnant les chambres à gaz ; elle n'y a pas cru. Après la guerre, elle s'est mise à y croire. A la fin de sa vie, elle n'y croyait plus : ce dernier point, Pressac l'ignore ou feint de l'ignorer. Les détails de l'affaire sont intéressants. En octobre 1944, l'aviateur Peter Riedel, qui travaillait à l'ambassade d'Allemagne à Stockholm, reçut une brochure de la propagande alliée où il était question de chambres à gaz. Vivement ému, il en parla à Hanna Reitsch à la "Maison de l'Aviation" à Berlin. Celle-ci, furieuse, lui dit qu'il s'agissait manifestement d'une invention de la propagande de guerre comparable aux mensonges de la propagande ennemie sur le compte des Allemands pendant la première guerre mondiale. Riedel la pressa d'en parler à Himmler. H. Reitsch s'en vint trouver Himmler qui feuilleta la brochure sans marquer la moindre émotion ; il lui demanda : "Et vous croyez cela, Frau Hanna ?" Elle lui répondit que non mais elle ajouta qu'il fallait contrer cela. Himmler lui dit qu'elle avait raison. Pressac précise que la version anglaise des mémoires de l'aviatrice (Fliegen - mein Leben) s'arrête là mais que, dans la version française, on ajoute : "Quelques jours plus tard l'information fut démentie. J'appris de Peter Riedel qu'un journal suédois avait fait paraître le même démenti. C'est seulement après 1945 que je découvris, et avec quelle horreur, que Himmler m'avait menti et que l'atroce nouvelle était vraie". Si Pressac avait poussé ses investigations un peu plus loin et notamment s'il avait lu Gerd Honsik, Freispruch für Hitler ? 36 ungehörte Zeugen wider die Gaskammer (Acquittement pour Hitler ? 36 personnes, non entendues, témoignent contre les chambres à gaz - Burgenländischer Kulturverband Wien, Postfach11, 1142 Vienne, 1988), il aurait pu découvrir ceci (p. 132-138) : Himmler dit aussi à l'aviatrice à propos de l'accusation portée par les Alliés : 1. "C'est la corde (il voulait parler de l'accusation de gazage) avec laquelle on nous pendra en cas de défaite" [24] ; 2. H. Reitsch était si bien revenue au bon sens qu'elle soutenait à la fin de sa vie les efforts des révisionnistes et, en particulier, ceux d'un Autrichien qu'elle appelait "le courageux Friedl Rainer" "contre tous ces terribles mensonges à base d'histoires d'atrocités" (lettre du 15 septembre 1977 reproduite par G. Honsik à la page 138 de son ouvrage). D'après David Irving, l'Etat d'Israel détiendrait le manuscrit des mémoires de Himmler. Si c'est exact, pourquoi soustrait-on ce document à la curiosité des historiens et des chercheurs ? 1. Traduction de Why Did the Heavens not Darken ? The Solution » in History, New York, Pantheon, 1988. Voy.R.Faurisson, "USA : un universitaire juif s'engage dans la voie révisionniste", Rivarol, 9 juin 1990, p. 9.


298 2. Le texte anglais dit exactement : "Les sources pour l'étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses [ou : non fiables]" (Sources for the study of the gas chambers are at once rare and unreliable (Why ..., op. cit., p. 362). 3. Voy., ci-dessous, Additif 1, p. 145. 4. Notre potard manie la gaffe. Je recommande à ce point de vue la page 558. Il y raconte qu'on ne voulait pas ajouter foi à sa première thèse (les Krema IV et V ont été conçus sans intention criminelle) mais qu'heureusement quelqu'un vint à son secours, quelqu'un qui le "lança" et lui permit de présenter cette thèse au Colloque de la Sorbonne de 1982, quelqu'un enfin, veut-il bien nous confier, qui trouva son "exposé clair et remarquable". Ce "quelqu'un" qui se trouvait donc soutenir en 1982 une thèse dont Pressac lui-même prend aujourd'hui le contrepied n'était autre que ... Pierre Vidal-Naquet ! 5. A la page 500, il nous présente trois panneaux de bois "étanches au gaz" dont il n'indique pas la provenance mais qui, probablement, appartenaient à une chambre à gaz de désinfection. Il fait remarquer que la barre de blocage est "fixée par deux vis dont les têtes sont dirigées vers l''INTÉRIEUR et les écrous vers l 'EXTÉRIEUR" (souligné dans le texte). Et il ajoute : "Sans commentaires", donnant ainsi à entendre, sans le dire expressément (Pressac use beaucoup de la prétérition), que ces panneaux appartenaient à une chambre à gaz homicide et que, si les écrous avaient été "dirigés vers l'intérieur", les victimes auraient dévissé la barre de blocage et se seraient libérées ! 6. En cas de bombardement, la porte d'un abri anti-aérien est censée prévenir deux effets, parmi d'autres, de l'explosion des bombes : la succion de l'oxygène contenu dans l'abri et la pénétration du CO dans ce même abri. 7. Cette constatation qui ruine sa thèse, il la fait au moins à trois reprises. A la page 224, il écrit : "Le système de ventilation du Leichenkeller 1 [la chambre à gaz homicide] avait été initialement conçu pour une morgue, avec l'air frais entrant près du plafond et l'air froid malsain refoulé près du sol. Son utilisation comme chambre à gaz exigeait tout juste le contraire, avec l'air frais entrant près du sol et l'air chaud saturé d'acide cyanhydrique refoulé près du plafond. Mais les SS et [l'ingénieur Prüfer] choisirent de maintenir le système de ventilation d'origine de la "morgue" pour la chambre à gaz, espérant que ce serait suffisamment efficace." A la page 289, il rappelle cette "réalité technique" d'un système de ventilation "conçu de façon inappropriée pour une chambre à gaz ». A la page 489, il écrit enfin : "Les niveaux [respectifs] des entrées d'air (en haut) et des orifices d'extraction (en bas) prouvent que le système était conçu pour une morgue située en sous-sol et non pour une chambre à gaz, où l'extraction de l'air délétère CHAUD devrait se situer dans la partie SUPÉRIEURE." 8. Voy. "die Vergasung der Koks" (la gazéification du coke) dans un ouvrage technique sur les crématoires paru en 1907 : Handbuch der Architektur (Heft 3 : Bestattungsanlagen), Stuttgart, Alfred Körner Verlag, 1907, p. 239. Je relève dans cet ouvrage de nombreuses informations sur "Leichenkeller", "Leichenkammer", "Leichenhalle", "Sezierraum" (salle de dissection), sur les règles d'hygiène, d'aération, de désinfection, sur les précautions particulières concernant les cadavres infectés (salle séparée avec aération particulière et température inférieure), sur les douches, sur la salle du médecin, sur la salle de lavage, sur la durée des crémations. En fin de compte, les Krema II et III de Birkenau étaient tout simplement "classiques". 9. Pressac a raison de rappeler, au sujet de cette pratique (banale en temps de guerre où l'on procède partout à la "récupération des métaux non ferreux"), que


299 la "récupération de l'or sur les cadavres est de pratique courante, même si cela peut être tenu pour répugnant" (p. 294) ; les carabins d'amphithéâtre savent qu'il ne s'agit pas là d'une activité spéciale aux SS ! 10. Voy., ci-dessous, Additif 3, p.149. 11. Cette directive de R. Höss confirme également ce que j'avais spécifié à propos des "confessions" de ce dernier (Interview de Storia Illustrata, in Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ?, La Vieille Taupe, 1980, p. 203, n. 10). Höss "confessait" que les membres du Sonderkommando entraient dans les "chambres à gaz" tout de suite après le "gazage" et en retiraient les cadavres en mangeant et en fumant, c'est-à-dire sans masques à gaz, ce qui aurait été radicalement impossible. Le 2 avril 1946, dans sa prison de Nuremberg, il répondait en ces termes à son interrogateur américain S. Jaari : Q. : Mais n'était-ce pas un travail tout à fait dangereux pour ces détenus d'entrer dans ces chambres et de travailler au milieu des cadavres et au milieu des émanations de gaz ? R. : Non. Q. : Portaient-ils des masques à gaz ? R. : Ils en avaient mais ils ne les utilisaient pas, vu qu'il n'arrivait jamais rien (John Mendelsohn ed., The Holocaust, vol. 12, p. 113 ; Pretrial Interrogation of R. Höss, 2 April 1946, p. 17). La directive du 12 août 1942, signée de Höss et montrant les dangers considérables d'une opération de gazage prouve que ce dernier, lorsqu'il fut, quatre ans plus tard, interrogé par les Américains dans sa prison de Nuremberg, leur fit des réponses ineptes ; il avait été dressé, ainsi que j'ai pu le démontrer, par ses premiers interrogateurs et geôliers : des juifs de la sécurité militaire britannique qui l'avaient torturé à Minden avant de l'envoyer à la prison de Nuremberg. R. Höss craignait par-dessus tout d'être livré aux communistes polonais (voy. R. Faurisson, "Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz", Annales d'Histoire Révisionniste, printemps 1987, p. 137-152). 12. Dans les cités allemandes, les hôpitaux subsistaient, mais ils étaient en grande partie "évacués" à la campagne sous la forme de baraquements sanitaires sur le modèle de ceux qu'on construisait dans les camps de concentration. A la page 513, Pressac reproduit le plan d'un baraquement hospitalier d'Auschwitz et indique comme source le Centre de documentation juive contemporaine de Paris. En réalité, il s'agit là de l'un des multiples documents dont il m'est redevable : le document provient des Archives nationales américaines et porte la cote de Nuremberg NO-4470. 13. L'ennui est que, durant cette période de l'immédiat après-guerre, ce genre d'"imposture" a fait loi au sens propre du terme et qu'aujourd'hui encore elle a force de loi pour les tribunaux français, en vertu des dispositions antirévisionnistes de la loi Fabius-Gayssot parue au Journal officiel de la République française, sous la signature de François Mitterrand, le 14 juillet 1990. 14. Pressac oublie ici que, d'après lui, Nyiszli utilisait aussi des diviseurs ! Et que signifie "presque exactement" ? P. Vidal-Naquet, ratifiant cette manipulation des chiffres, écrit : "Que l'on puisse dire aujourd'hui que tel témoignage important doive être affecté, quant aux nombres, d'un coefficient de division par quatre est une conquête scientifique que nous aurions grand tort de bouder. On ne diminue


300 pas le crime des nazis en renonçant à des chiffres faux. La question du nombre exact des victimes n'est pas essentielle. Arno Mayer le dit et le répète et sur ce point je ne puis que lui donner raison." (Arno Mayer, La "Solution finale" dans l'histoire, préface de P. Vidal-Naquet, éd. la Découverte, 1990, p. VIII-IX). 15. C'est précisément à cause de la proximité de cette nappe phréatique que les Leichenkeller des Krema II et III, au lieu d'être enterrés sous le bâtiment du crématoire, n'étaient que semi-enterrés, tout contre ledit bâtiment. 16. En revanche, je peux le confier ici pour la première fois, j'ai, à la fin de 1978, envisagé d'abandonner tout effort supplémentaire de publication quand j'ai vu avec quelle férocité la presse entière, l'université et la magistrature me refusaient jusqu'au droit de continuer à vivre normalement. Le Conseil d'Etat était allé jusqu'à déclarer, en octobre 1978, que j'étais un professeur d'université qui n'avait aucune publication à son actif, et cela de son propre aveu ! Ma solitude était totale ; la situation a bien changé depuis ces temps héroïques ... 17. Ce chiffre est celui des "historiens traditionnels", comme les appelle Pressac ; Pressac lui-même ne donne pas d'indication claire sur le sujet. 18. "Le chef d'équipe (Vorarbeiter) inscrivait dans un carnet le nombre de cadavres incinérés à chaque fois et le responsable du Kommando (Kommandoführer), un SS, vérifiait cette comptabilité" (témoignage H. Tauber, d'après Pressac, p. 495). 19. L'ouvrage s'ouvre sur une impressionnante liste de donateurs avec, en premier lieu, "la Commission des communautés européennes, le Groupe socialiste du Parlement européen et Madame Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen" (p. 8) ainsi que des personnalités politiques comme Jacques Delors. 20. Voy., ci-dessous, Additif 3, p. 149. 21. L'ouvrage de J.-C. Pressac constitue, ainsi que nous l'avons dit, une aubaine pour les révisionnistes ; aussi ces derniers sont-ils en train d'en multiplier les comptes rendus : - Mark Weber, "Jean-Claude Pressac et la technique des chambres à gaz", Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2 (août-octobre1990), p. 163-170 ; - Jack Wikoff, "Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers, by Jean-Claude Pressac", Remarks (P.O. Box 234, Aurora, NY 13026, USA), p. 1-9 ; - Enrique Aynat, "Jean-Claude Pressac : Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers", 41 pages dactylographiées, en espagnol, à paraître. - S'annoncent également une étude à paraître dans la revue américaine Instauration et une étude, en italien, de Carlo Mattogno. Je suppose enfin que l'Américain Fritz Berg publiera également son sentiment. F. Berg est l'auteur de trois études techniques d'importance, toutes publiées dans The Journal of Historical Review (P.O. Box 1306, Torrance, Ca. 90505, USA) : "The Diesel Gas Chambers : Myth Within a Myth" (printemps 1984, p. 15-46) ; "The German Delousing Chambers" (printemps 1986, p. 73-94) ; "Typhus and the Jews" (hiver 1988-1989, p. 433-481). C'est grâce au savoir-faire de Fritz que j'ai pu obtenir un exemplaire de l'ouvrage de Pressac en janvier 1990. 22. Sont ici respectés l'orthographe et le français de Pressac. 23. Ce qui, en clair, signifie que ce local ne peut avoir été une chambre à gaz homicide parce qu'il possède un vasistas et qu'il est démuni de toute ventilation mécanique.


301 24. A rapprocher du mot rapporté par Norbert Masur, responsable de la section suédoise du Congrès juif mondial, qui rencontra Himmler le 21 avril 1945, à quelques jours de la fin de la guerre et qui eut avec lui une longue conversation. Himmler lui dit : "En vue de contenir les épidémies, nous fûmes forcés de construire des crématoires où brûler les corps d'innombrables personnes mortes à cause de ces épidémies [de typhus]. Et maintenant, on veut nous passer une corde au cou" (Norbert Masur, "My Meeting with Heinrich Himmler", Moment (mensuel juif de Boston), décembre 1985, p. 51 ; traduction partielle du suédois Ein Jude talar med Himmler (Un juif parle avec Himmler), Stockholm, Albert Bonniers Förlag, 1945). Revue d'Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 - janvier 1991, p. 65-154


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«LES ASSASSINS DE LA MÉMOIRE» Pierre VIDAL-NAQUET — Les Assassins de la mémoire, Paris, Éditions de La Découverte, 1987, 233 pages. Compte rendu de

Vincent Mansour Monteil A soixante ans, Pierre Vidal-Naquet s'est acquis une solide réputation de spécialiste de la Grèce ancienne. Ses ouvrages — qui lui ont valu la cravate de commandeur de l'ordre du Phénix (1987) — Clisthène l'Athénien (1964), Mythe et tragédie (2 volumes : 1972 et 1986), Flavius Josèphe ou du bon usage de la trahison (1977), sont classiques. De nombreux articles et essais confirment la maîtrise de cet helléniste, agrégé et docteur d'État. Pendant l'abominable guerre d'Algérie, Pierre Vidal-Naquet ne se contente pas d'écrire, il prend un engagement politique, non sans courage, pour la bonne cause. Deux écrits de choc : L'Affaire Audin (éd. de Minuit, 1958) et La Raison d'État (id., 1962) en témoignent. Malheureusement, ce rejeton d'une illustre famille israélite de Carpentras prend parti pour l'État des Juifs (Judenstaat) — ce qui est son droit — mais passe à l'attaque contre ceux qu'il tient pour ses adversaires politiques : notamment Noam Chomsky, Pierre Guillaume, Arthur R. Butz, Robert Faurisson, Serge Thion, Henri Roques, Jacques Vergès et moi-même. Oubliant toute courtoisie, il se permet de nous traiter de «révisionnistes» (après tout, pourquoi pas ? Il n'y a pas, en Histoire, de «parole d'évangile» et toute opinion peut et doit être remise en question) et de «paranoïaques», c'est-à-dire, cliniquement, de fous. En ce qui me concerne, tout cela m'est indifférent. Mais comment un universitaire peut-il se permettre d'écrire : quand Henri Marrou disait que c'est dans les poubelles des villes égyptiennes qu'on trouve d'importants textes historiques, il voulait aussi dire par là que même l'ordure morale doit être intégrée au récit historique, que Faurisson fait partie de l'humanité [1]. La vieille technique de l'amalgame trouve encore preneur. Dans un appel (publié par L'Événement du jeudi le 28 juin 1990) lancé à la communauté universitaire par une centaine de «signatures prestigieuses» — dont celle de Pierre Vidal-Naquet — sont accusés pêle-mêle «la haine xénophobe et raciste» et «ceux qui se baptisent révisionnistes et qui ne sont que des falsificateurs de l'Histoire». Comme il est douillet, le confort des idées reçues ! Il est autrement plus facile de hurler avec les loups que de lutter contre le courant. Asséner le «prêt-à-penser» pseudo-historique (le saint «holocauste», les intouchables chambres à gaz et le reste) sans se donner la peine de fourbir ses arguments, en réservant ses coups à ceux qui ont le malheur de n'être pas de votre avis : voilà qui est bel et bon. Et sans risque. Le professeur Vidal-Naquet est bien vivant (comme l'indique son nom provençal : Vidal). Il n'a pas, que l'on sache, et tant mieux pour lui, été attaqué physiquement, mis à mal par des brutes, comme Robert Faurisson, lâchement agressé dans un parc à Vichy, en septembre 1989, et sauvé de la mort par miracle. On a osé dire et écrire qu'il… «l'avait bien cherché» (il n'y a qu'à relire la bonne presse de l'an dernier, Le Monde en tête). Il faut toujours prendre au pied de la lettre tout ce qui ressemble à des aveux étudiés, à de fausses confidences. Surtout quand l'auteur est un historien distingué. Comment ne pas être ému par la dédicace des Assassins de la mémoire : A la mémoire de ma mère, Marguerite Valabrègue/Marseille, 20 mai 1907 – Auschwitz, 2 juin (?) 1944/Jeune éternellement. Pierre Vidal-Naquet pense que «le grand massacre» (il préfère cette expression au mot «holocauste») a eu des précédents, dont certains sont méconnus. Telle la destruction des fameux Ilotes (grec : ε ι λ ω τ α ι ; latin : ilotae), que Vidal-Naquet affuble d'une h (Hilotes) —


303 ces esclaves de Sparte exterminés — mais «l'arme du crime demeure inconnue» (p. 135). On lit ensuite ceci : Sur l'histoire de la tentative d'extermination [c'est moi qui souligne] — partiellement réussie — des Juifs et des Tsiganes pendant la seconde guerre mondiale par le régime nationalsocialiste allemand, on dispose évidemment d'une documentation infiniment plus importante que sur l'horrible épisode de l'histoire spartiate que j'ai rappelé ci-dessus (p. 138-139). Il est évident [2] que dans les lieux d'extermination pure et simple : Chelmno, Sobibor, Treblinka, le seul travail disponible était l'entretien de la machine à tuer […]. Mais Maïdanek et surtout Auschwitz, énormes centres industriels, furent la preuve vivante que l'extermination pouvait côtoyer l'exploitation du travail forcé […] Entre l'exploitation et l'élimination il y eut tension, jamais rupture (p. 146-147). Que voilà une belle contradiction, dont on s'étonne que notre helléniste ne l'ait pas exploitée jusqu'à ses conséquences ultimes ! Il est vrai qu'il a ses sources, comme «ce grandiose film historique qui s'appelle Shoah (1985)» (p. 143). Pierre Vidal-Naquet, d'ailleurs, s'interroge : Pourquoi Shoah est-il une grande œuvre d'histoire et non, par exemple, un recueil de contes ? Il ne s'agit ni d'une reconstitution romanesque comme Holocauste, ni d'un film documentaire […], mais d'un film où des hommes d'aujourd'hui parlent de ce qui fut hier (p. 149). Hélas, Holocauste est exécuté en note 42 : J'ai rendu compte de cette minable fiction, dont l'effet a été immense, dans «Le navet et le spectacle» (Esprit, avril 1979). Et pourtant : Rien de plus naturel que la révision de l'histoire, rien de plus banal (p. 149). On a pu entendre, sur Europe I, le 17 mai 1990, Pierre Vidal-Naquet s'adresser aux «chers auditeurs» et dialoguer avec Pierre Chaunu et Philippe Lauzier, ancien déporté à Buchenwald, Allach (près de Munich) et Dachau — tous trois camps sans chambre à gaz —, mais refuser furieusement de parler directement aux archi-révisionnistes Henri Roques et Robert Faurisson : rien que d'y penser, «ses mains tremblent d'indignation». Ah, ce Faurisson ! Voilà un homme qui se moquait de la révolution mondiale comme d'une guigne, mais qui, au service d'une passion antisémite délirante, rêvait pour lui d'une gloire scandaleuse (p. 158). Hélas ! Il faut certes prendre son parti de ce que ce monde comporte des Faurisson comme il comporte des maquereaux et des sociétés de films pornographiques (p. 184). On n'est pas plus aimable ! Comme disent les Polonais : «Dieu voulut un homme parfait, et il créa le Professeur. Jaloux, le diable voulut rivaliser dans l'abjection et il créa le "cher collègue"»… Mais, foin de ces fariboles ! Vidal-Naquet est un historien sérieux. Quel dommage qu'il manie l'invective avec prédilection. Traiter quelqu'un de paranoïaque (moi, par exemple), ou même d'ordure (Robert Faurisson) n'est pas un argument : cela relève des tribunaux — et du mépris. Venons-en au fond des choses : la méthode historique de VidalNaquet consiste à tenir pour acquis ce qui est justement l'objet du débat. Y a-t-il eu vraiment, en Pologne, des chambres à gaz homicides ? Et, s'il y en eut, quel fut le nombre de leurs innocentes victimes ? C'est là toute la question. Vidal-Naquet cite Himmler en personne. Mais a-t-on le droit de préférer, de deux déclarations faites la même année (1943), la plus menaçante : «faire disparaître ce peuple de la terre», dieses Volk von der Erde verschwinden zu lassen (6 octobre, à Posen) à la plus atténuée : «éloigner (entfernen) les poux» (24 avril) ? Sans compter que ces fameux «Propos secrets» (Geheimreden) n'ont été publiés, en allemand (en 1974) et en français (en 1978), que plus de vingt ans après avoir été tenus [3]. Le célébrissime «traitement spécial» (Sonderbehandlung) — réservé aux Juifs


304 était déjà un mot codé [?] pour désigner l'extermination (p. 26), mais Bien entendu [il] pouvait avoir un sens parfaitement bénin (p. 192, note 19). Le mot allemand sonder a tous les sens — propres et figurés — de son équivalent français : «spécial». On a voulu en faire un qualificatif sinistre, notamment dans le terme «action spéciale» (Sonderaktion), par exemple dans le Journal du Dr SS Johann Paul Kremer, tenu à Auschwitz en septembre-octobre 1942. L'interprétation assumée par Vidal-Naquet (p. 68 et 152) est, en effet, aussi épouvantable que… sollicitée. Vidal-Naquet et consorts n'ont qu'à consulter un dictionnaire pour y trouver environ cinquante mots composés avec sonder- et dont la signification est aussi innocente que dans Sonderbund (ligue séparatiste), Sondergericht (tribunal d'exception), Sondernummer (édition spéciale), Sonderurlaub (permission exceptionnelle) ou Sonderzug (train spécial) ! Quant à Sonderbehandlung, il peut être un traitement d'exception, un traitement de faveur ! Il est tout de même curieux qu'on ne puisse présenter au public ni une chambre à gaz [4] (celle d'Auschwitz est rekonstruiert par les Polonais) authentique, ni un survivant incontestable. Qu'en est-il du chiffre des victimes juives ? Pierre Vidal-Naquet fait montre d'une louable prudence sur ce point. S'agit-il des quatre millions «gazés et brûlés» à Auschwitz ? Le chiffre est faux, bien sûr, mais il est déclaré «communément admis» (p. 181). Aucun historien, certes, ne retient aujourd'hui le chiffre de 4 millions d'êtres humains disparus à Auschwitz. Parler d'un million de morts est une hypothèse raisonnable et énorme. Mais il est vrai que le chiffre de 4 millions est partout affiché à Auschwitz par le soin des Polonais, et Claude Lanzmann a eu tort d'écrire que «les estimations les plus sérieuses tournent autour de trois millions et demi» (p. 184). On cite souvent une déclaration de la terroriste allemande Ulrike Meinhof : «Six millions de Juifs furent tués et jetés au fumier de l'Europe parce qu'ils étaient des Juifs d'argent (Geldjuden)» (p. 122). Voilà qui est gênant. Qu'à cela ne tienne : une note (58, p. 209) rectifie le tir en ces termes : J'avais eu le tort de citer ce texte (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15 décembre 1972) d'après l'interprétation qu'en donnaient J. Tarnero […] et beaucoup d'autres. On retiendra cet aveu : […] il n'y a en l'espèce rien d'intouchable. Le chiffre de six millions de Juifs assassinés qui provient de Nuremberg n'a rien de sacré ni de définitif et beaucoup d'historiens aboutissent à un chiffre un peu inférieur (p. 28-29). De même, S[erge] Klarsfeld, par le travail minutieux qui caractérise son Mémorial, a abaissé de plus de 40 000 le chiffre donné d'habitude pour la déportation des Juifs de France (de 120 000 à un peu plus de 76 000). Qui n'approuverait de telles recherches ? (p. 29). Ce passage renvoie à la note 29, p. 194, où il est précisé, d'après le «Comité pour les Juifs» [?], que 28 162 Juifs furent déportés de France. Vidal-Naquet ajoute : Renseignements pris dans le Bulletin du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale [1973 et 1974], le Comité s'est rendu compte qu'il était parvenu à un chiffre absurde. Une escroquerie de plus, donc [de la part de Faurisson]. Je me suis reporté aux numéros du Bulletin auxquels P. Vidal-Naquet fait référence. J'y ai noté que M. Henri Michel «juge inopportune une publication d'ensemble [de l'enquête] qui risquerait de susciter des réflexions désobligeantes pour les déportés» (août-septembre-octobre 1974, p. 3). Ce «jugement» date de 1974. Voilà donc seize ans que nous attendons la publication des chiffres, de tous les chiffres, du Comité pour les comparer avec ceux de S. Klarsfeld. Ce dernier évalue le nombre de tous les déportés juifs de France, indépendamment de leur nationalité, à 75 721. Le nombre des survivants serait approximativement de 2 500. Il


305 est probable que le Comité a dû trouver à peu près le même chiffre pour les déportés, mais son évaluation du nombre des survivants doit être bien supérieure, car il est facile de démontrer que S. Klarsfeld a minimisé le nombre qu'il nous propose. Quel est donc, d'après le Comité, le nombre de ces survivants ? C'est à M. François Bédarida, détenteur des archives du Comité, de nous apporter enfin la réponse. * Et voilà comment on écrit l'histoire, en rejetant de son discours tout ce qui ne cadre pas avec la théorie préconçue. On ne voit pas ce qu'a de minutieux — c'est-à-dire de scrupuleux — le Mémorial de Me Klarsfeld (1978), qui ne manque pas d'obscurités et de contradictions internes. Par exemple, l'extrait, en allemand, du Journal du médecin Dr Johann-Paul Kremer, à la date du 2 septembre 1942 (p. 245 du Mémorial : les feuilles volantes de l'édition originale ne sont pas numérotées !) mentionne une exécution qui ne peut avoir eu lieu dans une chambre à gaz, puisque est précisé le mot «dehors» (draussen) !… [5] On sait que le travail d'historien vaut ce que valent ses sources. Celles de Pierre VidalNaquet sont multiples et d'inégale valeur. […] nous voilà obligés, à la limite, de prouver ce qui est arrivé. Nous qui, depuis 1945, savons, nous voilà tenus d'être démonstratifs, éloquents, d'utiliser les armes de la rhétorique, d'entrer dans le monde de ce que les Grecs appelaient la Π ε ι θ ϖ , la Persuasion dont ils avaient fait une déesse qui n'est pas la nôtre (p. 35-36). D'abord, toute une sous-littérature qui représente une forme proprement immonde d'appel à la consommation et au sadisme doit être impitoyablement dénoncée (p. 27). Les noms de Christian Bernadac, de Silvain Reiner, de Jean-François Steiner viennent immédiatement au bout de la plume […]. J'ai moi-même dénoncé en son temps une des plus infâmes de ces falsifications, Et la terre sera pure, de Silvain Reiner (Fayard, 1969) […] et contribué, avec Roger Errera, à faire saisir ce livre pour contrefaçon de Médecin à Auschwitz de M. Nyiszli [Rassinier, puis Faurisson, ont montré que ce dernier «témoignage» est un «faux avéré»…]. Je suis en revanche tombé dans le piège tendu par Treblinka de J.- F. Steiner (Fayard, 1966) ; cf. mon article du Monde, 2 mai 1966, dont je ne renie pas le fond (p. 193, note 24). Il y a, dans Les Assassins de la mémoire, bien des rappels et des mises au point d'une grande utilité. Par exemple, un théologien protestant, Charles Hauter, qui fut déporté à Buchenwald, ne vit jamais de chambres à gaz, et […] délira à leur propos (p. 27-28). [Dans] le reportage du journaliste soviétique V. Grossmann sur Treblinka [1945, réédition 1966], tout est déformé et monstrueusement exagéré (p. 28). Pas de cadeau non plus pour Paul Giniewski, ce «sioniste fervent», pourfendeur de la gauche et défenseur en France de l'apartheid sud-africain — ce qui ne l'empêche pas d'écrire dans Le Droit de vivre, organe de la LICRA, dont on connaît l'inflexible conception judiciaire de l'Histoire.¶Hélas ! Les affirmations péremptoires de Pierre Vidal-Naquet ne sont pas des arguments, encore moins des preuves. Que veut-il prouver quand il écrit : R. Faurisson a effectivement usé un nombre incalculable de journées de travail dans les archives françaises ou allemandes, à la recherche, non, comme il le prétend, du vrai, mais du faux. Bel exemple de casuistique ! Que faire contre les «négateurs» ? Les traîner en justice ? Le procès intenté en 197[9] à Faurisson par diverses associations antiracistes […] a reconnu le sérieux du travail de Faurisson, ce qui est un comble [?], et ne l'a, en somme, condamné que pour avoir agi avec malveillance en résumant ses thèses en slogans […]. Le mépris est peut-être une arme plus sûre (p. 182-183).


306 Les historiens polonais sont les premiers concernés par tout ce qui touche à ce que VidalNaquet préfère appeler «le grand massacre». L'évaluation du nombre des victimes d'Auschwitz (Oswiecim) — pour lequel on a avancé couramment le chiffre de quatre millions de morts (celui-là même qui figurait jusqu'ici à Auschwitz sur le monument à la mémoire des victimes du nazisme) — doit être révisée à la baisse, car elle ne repose sur aucune base sérieuse. C'est ce qu'en juillet 1990 affirme le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, à la suite d'une enquête menée par le Musée d'Auschwitz. Les spécialistes s'accordent aujourd'hui sur environ un million de morts à Auschwitz : entre un minimum de 950 000 et un maximum d'un million 200 000. Telle est, du moins, la position de François Bédarida, directeur de l'Institut d'Histoire du Temps présent et membre du CNRS [6]. Eh bien, non ! Les chiffres véritables seraient encore de beaucoup inférieurs. Les Soviétiques ont enfin mis à la disposition du Comité International de la Croix-Rouge (Service International de Recherches d'Arolsen, près de Cassel) les 46 registres mortuaires (Sterbebücher) tenus par les Allemands à Auschwitz pendant la guerre [7]. Ils avaient saisi ces registres en janvier 1945 à la prise du camp. Le total des morts enregistrées serait de 74 000, mais il est vrai qu'il manque des registres pour certaines périodes. On est loin, bien loin, on le voit, du million 250 000 avancé par des tâcherons comme Raul Hilberg dont on ne saurait parler qu'avec révérence (Vidal-Naquet, p. 129, cite «la grande synthèse»). Dans cette affaire, la sacro-sainte liberté d'expression est sérieusement mise à mal. En Allemagne fédérale (RFA), la loi dite «du mensonge d'Auschwitz» prévoit que le ministère public peut engager des poursuites pour dommage causé au «membre d'un groupe qui a été persécuté sous un gouvernement de violence ou d'arbitraire, national-socialiste ou autre» ; il arrive qu'on se serve de cette loi contre les révisionnistes. Le général Otto Ernst Remer avait diffusé une bande vidéo où le professeur Faurisson affirmait «qu'il n'existait pas de chambres à gaz sous Hitler» ; il a été condamné. En France, le 3 mai 1990, l'Assemblée nationale vote une loi réprimant «tout acte raciste, antisémite ou xénophobe». Elle permettra de punir le crime majeur de révisionnisme, c'est-à-dire : «l'ensemble des thèses visant à nier le génocide juif, soutenu par ceux qui contestent l'holocauste ou l'existence des chambres à gaz» (Libération, 3 mai 1990, p. 7). Réaction de Me Georges Kiejman (p. 8) : «L'Histoire d'aujourd'hui peut être l'erreur de demain. Les tribunaux n'ont pas à faire l'Histoire. Dans le même temps, il faut pouvoir condamner la mauvaise foi des gens»… C'est ça, la liberté d'expression ? La simple «contestation de l'existence des crimes contre l'humanité» sera réprimée aussi bien que la négation de ces crimes (Le Monde, 4 mai 1990, p. 10). A propos, comment définit-on une loi scélérate ? On ne quitte pas le domaine du sacré quand on lit, par exemple, sous la plume d'Alexandre Adler [8], que les «révisionnistes» se divisent en trois catégories : les habiles, les maladroits et les pervers. On croirait entendre un pontife ! Jean Lacouture, dans sa confession, Un sang d'encre (1974), avoue (p. 231) : «Des gens comme moi sont pétrifiés à l'égard d'Israël par le souvenir d'Auschwitz». Qu'en est-il de Pierre Vidal-Naquet sur ce point ? Il faut saluer ici sa lucidité et son courage. C'est bien lui, et nul autre, qui dénonce ce qu'il faut bien appeler l'instrumentalisation quotidienne du grand massacre par la classe politique israélienne. Du coup, le génocide des Juifs cesse d'être une réalité historique vécue de façon existentielle, pour devenir un instrument banal de légitimation politique, invoqué aussi bien pour obtenir telle ou telle adhésion politique à l'intérieur du pays que pour faire pression sur la Diaspora et faire en sorte qu'elle suive inconditionnellement les inflexions de la politique israélienne. Paradoxe d'une utilisation qui fait du génocide à la fois un moment sacré de l'histoire, un argument très profane, voire une occasion de tourisme et de commerce (p. 130). Ce texte renvoie à la note 90 (p. 214) : L'institut Yad Vashem est à la fois un institut scientifique, un musée et un lieu de recueillement, les uns et les autres admirables, mais on trouve aussi à Jérusalem dans les


307 agences de l'Office du tourisme des tracts invitant à visiter une «grotte de l'holocauste» sur le mont Sion qu'il vaut mieux ne pas qualifier. Le Monde du 27 mai 1989 (p. 12) apporte les précisions suivantes : «Créé en 1953 par l'État d'Israël, le Yad Vashem comprend notamment une "crypte du souvenir" à la mémoire des six millions [sic] de victimes juives, un centre pour l'enseignement de l'holocauste, la salle des Noms (des victimes), l'allée des Justes, où sont plantés des arbres portant leurs noms, un musée de documentation sur l'holocauste, une vallée des Communautés, où figurent les noms de celles qui ont péri (plus de cinq mille) et un "département des Justes" pour l'examen et la conservation des témoignages».¶L'esprit critique de Pierre Vidal-Naquet a ses limites : celles de ceux qu'il appelle «les assassins de la mémoire». On notera le monopole, confisqué par lui-même et par ses émules, de l'exercice d'une faculté essentielle : la mémoire, comme s'ils étaient seuls à savoir s'en servir. Même nuancé, l'éloge du film-fleuve de Claude Lanzmann, Shoah (1985), reste surprenant. J'ai vu moi-même trois fois ce pseudo-documentaire et je suis chaque fois sorti avec des sentiments mêlés d'ennui et de consternation. Comment Vidal-Naquet peut-il parler de «grandiose film historique» (p. 143), même s'il précise qu'il s'agit d'un film où des hommes d'aujourd'hui parlent de ce qui fut hier. Survivants juifs s'exprimant dans un espace qui fut jadis celui de la mort, tandis que roulent des trains qui ne conduisent plus aux chambres à gaz, anciens nazis délimitant ce que furent leurs exploits, les témoins reconstruisent un passé qui ne fut que trop réel ; les témoignages se recoupent et se confirment les uns les autres, dans la nudité de la parole et de la voix. Que l'historien soit aussi un artiste, nous en avons là la preuve absolue (p. 149). Une réserve, cependant, en note 26 (p. 217) : Mon admiration pour ce film-histoire qui est immense ne saurait dissimuler des désaccords de détail, certains silences, par exemple, sur les Tsiganes, sur l'attitude des Juifs américains, et surtout sur la façon cruelle avec laquelle l'auteur interroge les paysans polonais, habitants d'un espace où la parole est pauvre. Shoah, film somme toute «navet», a été célébré sans mesure, imposé aux élèves et aux étudiants, diffusé en Allemagne et présenté à Moscou, en 1989, dans sa version intégrale : plus de neuf heures de projection ! C'est du bourrage de crâne — sans même l'excuse du talent… Mais tout le monde se passe le mot et la moindre réserve (beaucoup trop long, très ennuyeux) fait hurler à l'antisémitisme ! Les recherches faites [en Israël] à l'Institut Yad Vashem valent aujourd'hui ce qui se fait de mieux dans le monde entier, avec, évidemment, une orientation parfois nationaliste […]. Mais surtout la Shoah sert à tout, à se justifier en permanence, à légitimer le moindre incident de frontière comme un renouvellement du massacre, à assimiler aux SS les Palestiniens envers lesquels les Israéliens ont tout de même des torts indéniables. Le résultat est peut-être efficace — bien que la grande majorité des habitants d'Israël n'aient pas eu l'expérience directe de la persécution nazie —, mais certains ne veulent plus entendre parler de ces temps tragiques, et on peut même, ici ou là, trouver en Israël un disciple de Faurisson ! Par contrecoup, il arrive dans la Diaspora que l'on juge Israël à l'aune du seul nazisme, ce qui n'est pas lui donner une très grande marque d'estime (p. 162-163). A ce propos, Pierre Vidal-Naquet revient sur cette fameuse «grotte de l'Holocauste» sur le mont Sion dans la Vieille Ville de Jérusalem : lieu destiné à entretenir la peur d'un retour de la Shoah et non un lieu de réflexion et de pensée (p. 223, note 90) et de s'en prendre à tous ceux qui tirent de l'œuvre de G. Dumézil l'idée, ou plutôt l'utopie rétrospective, que, en somme, l'humanité européenne s'est embarquée sur le mauvais bateau en devenant chrétienne, c'est-à-dire juive (p. 223, note 98)


308 et de citer le cas de J.-L. Tristani : intellectuellement, particulièrement navrant ! Au demeurant : plus que les livres d'histoire, les musées sont des expressions des idéologies nationales. Il n'est que de voyager en Israël et en Pologne (p. 225, note 112). Pour conclure cette «querelle», on relèvera ici le mauvais procès fait, par Pierre VidalNaquet, au si intelligent et si courageux Me Jacques Vergès, accusé de tentative de «réfection de l'histoire» (p. 175). Il est vrai, cependant, que, par-delà le Cas Vergès (Jacques Givet, 1986), le procès Klaus Barbie se heurtait à d'insupportables contradictions dont personne n'a réussi à se sortir. (p. 176) On pourrait en dire autant du cas Vidal-Naquet, inextricablement prisonnier de ses préjugés que son intelligence et sa culture n'arrivent pas à lui permettre de surmonter, ce qui, à tout point de vue, est grand dommage. VINCENT MANSOUR MONTEIL Médaillé de la Résistance Ancien interné résistant (1940-1941) 1. Émission sur France-Culture (Le Monde supplément radio-télévision en date des 3-4 décembre 1989, p. 25). 2. Évident : «Ce qui s'impose à l'esprit avec une telle force qu'il n'est besoin d'aucune autre preuve pour en connaître la vérité, la réalité» (Dictionnaire Robert). 3. Vidal-Naquet, p. 25-26 et notes 16 et 17. 4. Aucune photo de chambre à gaz homicide dans le livre de Georges Wellers, Les chambres à gaz ont existé (NRF, 1981), non plus qu'à l'exposition de la déportation, au Trocadéro, en avril 1982. 5. Voir mon article dans Intolérable Intolérance, Éditions de la Différence, Paris, 1981, p. 146. 6. Le Monde 22-23 juillet 1990, p. 7. 7. Le Monde, 24-25 septembre 1989, p. 8. 8. Libération, 3 mai 1990, p. 7. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, juin 1990, p. 155-167


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L'ASSAG EN QUÊTE D'UNE PREUVE (Association pour l'étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste) «Attendu que la LICRA, dans sa légèreté, ne soupçonnait pas la complexité du problème […], s'imaginait pouvoir trouver sans peine une quantité de preuves matérielles […], devait progressivement découvrir qu'au lieu de lui apporter une preuve, une seule preuve, mais bien solide, des "chambres à gaz" ou du "génocide", on lui fournissait un ensemble de preuves illusoires […]». Dans les conclusions écrites qu'il déposa, en 1982, devant la 1ère chambre de la cour d'appel de Paris et d'où sont extraites ces lignes, le professeur Faurisson évoquait le désarroi dans lequel se trouvaient alors les avocats de la partie adverse dans leur recherche désespérée de «la» preuve de l'existence de gazages ; «[…] déçus ou abandonnés par les spécialistes, les avocats de la LICRA étaient bien obligés de prendre leur bâton de pèlerins et de se rendre en Allemagne, en Pologne, et jusqu'en Israël», disait encore le professeur. Mais ladite preuve était introuvable. C'est avec l'intention de «rechercher et contrôler les éléments apportant la [sic] preuve» de l'existence de ces gazages que fut alors créée, le 21 avril 1982, l'association dite ASSAG dont nous publions aujourd'hui l'étrange statut. La durée de l'association était «limitée à la réalisation de son objet» ; or, cette association existe toujours à l'heure où nous mettons sous presse, ce qui implique que, plus de huit ans après sa fondation, elle n'a, de son propre aveu, toujours pas découvert de preuve de l'existence des gazages homicides. Le document, que nous publions dans son intégralité, porte les deux cachets suivants : – Préfecture de police - Bureau des associations – Loi du 1er juillet 1901 – Préfecture de police - 21 avril 1982 – Sous-direction administrative du cabinet – 2ème Bureau * OBJET : L'association pour l'étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste (ASSAG) se propose de rechercher et contrôler les éléments apportant la preuve de l'utilisation des gaz toxiques par les responsables du régime national-socialiste en Europe pour tuer les personnes de différentes nationalités ; contribuer à la publication de ces éléments de preuve ; prendre à cet effet tous les contacts utiles au plan national et international. ADMINISTRATION : Le siège de l'association est à Paris : / 7 place Pinel, 75013 / chez l'un de ses membres, Mme Anise POSTEL-VINAY. Les administrateurs ci-dessous énumérés sont tous de nationalité française : 1° Membres du bureau Présidente : Mme Germaine TILLION (UJF) née le 30 05 1907 à Allègre (Haute-Loire) / 3 avenue Daumesnil - 94160 SAINT-MANDE / Professeur Vice-Président : M. Georges WELLERS né le 24.01.1905 en Russie / 6 rue du Loing 75014 PARIS / Maître de Recherches CNRS Secrétaire général : M. Jean GAVARD né le 16.05.1923 à Ixelles (Belgique) / 59 rue d'Amsterdam - 75008 PARIS / Inspecteur Education Nle


310 Secrétaire général adjoint : M. Serge CHOUMOFF né le 2.06.1921 à Paris 14e / 9 avenue Daniel-Lesueur - 75007 PARIS / Ingénieur retraité Trésorière : Mme Anise POSTEL-VINAY née GIRARD le 12.06.1922 à Paris 16e / 7, place Pinel - 75013 PARIS / S.P. 2° Autres membres fondateurs (conseil administration) Mme Geneviève ANTHONIOZ née de GAULLE / 42 avenue des Gobelins - 75013 PARIS / S.P. Mme Renée AUBRY / 37 rue Rousselet - 75007 PARIS / Chef de Cabinet du Ministre des Anciens Combattants M. Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC / 31 quai Voltaire - 75007 PARIS / Directeur de la Documentation Française M. Jacques DELARUE / 1ter rue du Printemps - 78230 LE PECQ / C.D. en retraite M. Jean-Pierre FAYE / 1bis rue Vaneau - 75007 PARIS / Ecrivain M. Augustin GIRARD / 42 avenue Jean-Racine - 92330 SCEAUX / Dr Département Etudes et Recherches Ministère Culture Me Bernard JOUANNEAU / 130 rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 PARIS / Avocat M. Joseph ROVAN / 4 rue des Capucins - 9210 MEUDON / Professeur de langue M. Pierre VIDAL-NAQUET / 11 rue du Cherche-Midi - 75006 PARIS / Historien STATUTS de l’"Association pour l'étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste" – A. S. S. A. G. – Art. 1 –Il est constitué, sous le nom d' "Association pour l'étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste", une association qui a pour objet la recherche, le contrôle et la publication de tous les éléments concernant les assassinats de masse par gaz sous le régime national-socialiste. Art. 2 –L'Association pour l'étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste est régie par la loi du 1er juillet 1901. Son siège est à Paris, chez l'un de ses membres, Mme Anise POSTEL-VINAY, 7 place Pinel, XIIIe arrondissement. Il pourra être transféré en tout autre lieu par décision du Conseil d'Administration. La durée de l'Association est limitée à la réalisation de son objet énoncé à l'art. 1. Art. 3 –Les ressources de l'Association se composent des cotisations des membres actifs et membres donateurs ainsi que des subventions des collectivités. Pour être membre de l'Association, à l'un ou l'autre titre, il faut être agréé par le Conseil d'Administration et verser une cotisation. Art. 4 –Perdent la qualité de membre de l'Association : 1° ceux qui ont donné leur démission, 2° ceux dont le Conseil a prononcé la radiation. Art. 5 –L'Association est administrée par un Conseil composé de 9 à 21 membres. Ce Conseil comprend, à l'origine, comme membres fondateurs : Mme Renée AUBRY – Présidente de l'Amicale de NEUENGAMME – Chef de Cabinet du Ministre des Anciens Combattants –


311 M. Serge CHOUMOFF – Ancien déporté de MAUTHAUSEN - Auteur d'un ouvrage sur la chambre à gaz de MAUTHAUSEN – Ingénieur en retraite – Membre du groupe de travail international animé par Hermann LANGBEIN – M. Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC – Directeur de la Documentation française – M. Jacques DELARUE – Commissaire divisionnaire honoraire au ministère de l'Intérieur – Auteur d'ouvrages historiques sur le nazisme – M. Jean-Pierre FAYE – Ecrivain – Engagé dans la lutte contre les thèses révisionnistes – Mme Geneviève de GAULLE ANTHONIOZ – Ancienne déportée de RAVENSBRÜCK – Présidente de l'Association nationale des Anciennes déportées de la Résistance – M. Jean GAVARD – Ancien déporté de MAUTHAUSEN – Inspecteur de l'administration de l'éducation nationale – Membre du groupe de travail international animé par Hermann LANGBEIN – M. Augustin GIRARD – Directeur du département Etudes et Recherches du ministère de la Culture – Me Bernard JOUANNEAU – Avocat du Comité d'Action de la Résistance dans le procès FAURISSON en 1981 à Paris – Mme Anise POSTEL-VINAY – Ancienne déportée de RAVENSBRÜCK – Collaboratrice de Mme Germaine TILLION – M. Joseph ROVAN – Ancien déporté de DACHAU – Professeur de langue et civilisation allemande à l'Université de PARIS – Mme Germaine TILLION – Ancienne déportée de RAVENSBRÜCK – Auteur d'une étude sur RAVENSBRÜCK - Professeur honoraire de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes – Membre du groupe de travail international animé par Hermann LANGBEIN – M. Pierre VIDAL-NAQUET – Historien – Auteur notamment d'une étude en réponse aux affirmations faurissonniennes – M. Georges WELLERS – Ancien déporté d'AUSCHWITZ – Maître de recherches honoraire au CNRS – Auteur d'ouvrages sur AUSCHWITZ et sur les gazages en général – Art. 6 –Le Conseil d'Administration élit son président qui est aussi le président de l'Association. Il assure l'exécution des délibérations du Conseil et prend, dans le cadre de ces délibérations, toutes mesures utiles au fonctionnement de l'Association. Il représente l'Association à l'égard des tiers et, s'il y a lieu, en justice. Il peut déléguer ses pouvoirs. Le Conseil d'Administration élit également un ou deux vice-présidents, un secrétaire général et un trésorier qui, avec le président, forment le Bureau du Conseil d'Administration. Les membres du Bureau sont élus pour un an. Leur mandat est renouvelable. Art. 7 –Le Président du Conseil d'Administration ou son délégué peut réunir les membres de l'Association en Assemblée Générale. Il doit convoquer une Assemblée Générale si cette convocation lui est demandée par un tiers des membres du Conseil d'Administration ou par un quart des membres de l'Association. L'Assemblée Générale peut modifier la composition du Conseil d'Administration. Art. 8 –L'Assemblée Générale est réunie sur convocation du Président ou de son délégué, faite au moins quinze jours à l'avance et indiquant l'ordre du jour. Aucune question non portée à l'ordre du jour ne peut être mise en discussion. Le vote par procuration est admis. Le Bureau de l'Assemblée Générale est le même que celui du Conseil d'Administration.


312 Art. 9 –Les statuts ne peuvent être modifiés et l'Association ne peut être dissoute volontairement que sur la proposition du Conseil d'Administration et par une décision de l'Assemblée Générale. En cas de dissolution, l'Assemblée Générale décide de l'attribution de l'actif net à une ou plusieurs associations poursuivant un objet analogue. Le Président ou son délégué procède ensuite à la liquidation des biens de l'Association. L'attribution de l'actif et la liquidation des biens de l'Association seront effectuées conformément aux dispositions de la loi du 1er juillet 1901 et du décret du 16 août 1901 (art. 9). Art. 10 –L'Assemblée Générale ne peut valablement délibérer que si elle réunit le quart des membres de l'Association. Cette proportion est portée à la moitié si l'Assemblée Générale doit délibérer sur une modification des statuts, sur la dissolution de l'Association, ou sur une modification de la composition du Conseil d'Administration. Si les proportions indiquées à l'alinéa précédent ne sont pas atteintes lors de la réunion de l'Assemblée Générale, en tenant compte des procurations, une nouvelle Assemblée sera convoquée dans le mois suivant et dans les mêmes formes. Cette nouvelle Assemblée délibérera valablement quel que soit le nombre des membres présents ou représentés. Art. 11 –Les réunions du Conseil d'Administration et, le cas échéant, de l'Assemblée Générale, donnent lieu à l'établissement de procès-verbaux. Ces procès-verbaux doivent être approuvés par le Conseil d'Administration et conservés. Ils peuvent être consultés par tout membre de l'Association. Art. 12 –Le Président ou son délégué adresse chaque année à tous les membres de l'Association un rapport de gestion indiquant notamment le détail des recettes perçues au cours de l'année écoulée, les emplois qui en ont été faits et la situation financière de l'Association à la fin de l'année. Art. 13 –Le Conseil d'Administration assurera l'exécution des formalités de déclaration et de publication prescrites par la loi. Ces formalités pourront être remplies par un des membres du Bureau ou par toute personne désignée par le Président. La Trésorière An. Postel-Vinay 21 avril 1982 * On notera que, depuis la fondation de l'ASSAG en 1982, deux ouvrages ont, en vain, cherché à fournir la preuve de l'existence des chambres à gaz : en 1984, Les Chambres à gaz, secret d'État (Éditions de Minuit) et en 1989, le livre de Jean-Claude Pressac dont nous rendons compte par ailleurs, (voy., Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 65-154). Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 168-174


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COMBIEN DE JUIFS ONT-ILS ÉTÉ SUPPRIMÉS PAR LES NAZIS ? ENQUÊTE LIMINAIRE SUR LE SUJET Frank H. Hankins (Traduit de l’anglais. Extrait du Journal of Historical Review, printemps 1983, p. 61-81) Cette étude entre dans le cadre du révisionnisme concernant l'histoire de la seconde guerre mondiale. Elle fut écrite en 1958 par le professeur Frank H. Hankins sur les conseils du professeur Harry Elmer Barnes, son ami et collègue au Smith College dans les années 1920. Incité à examiner de plus près la thèse des «Six Millions» en raison des doutes qu'il nourrissait depuis longtemps et plus particulièrement depuis la lettre lourde de sens à lui adressée par James J. Martin le 13 juillet 1955, Barnes n'aurait pu trouver de spécialiste plus qualifié pour travailler sur ce projet. Sociologue et historien de renom (à une certaine époque président de la Société américaine de Sociologie et rédacteur en chef de l'American Sociological Review [Revue américaine de Sociologie] ), Hankins était également un démographe de réputation mondiale. Membre et un temps président (en 1945) de l'Association américaine de démographie, membre du Comité américain de l'Union internationale de démographie, du Comité national pour la procréation dirigée, il appartenait au comité de rédaction de la Birth Control Review [Revue de la limitation des naissances] et à l'Association pour la recherche sur l'hérédité de l'homme. Il était l'auteur de Adolphe Quetelet as Statistician, The Racial Basis of Civilization [Adolphe Quetelet le statisticien, La base raciale de la civilisation] (livre d'inspiration libérale écrit en 1928 qui s'en prenait au sentiment de supériorité nordique alors à la mode), An Introduction to the Study of Society [Une introduction à l'étude de la société], sans parler de sa contribution à bien d'autres ouvrages tels que Biology in Human Affairs [Biologie dans les affaires humaines], Contemporary Social Theory [Théorie sociale contemporaine] et History and Prospects of the Social Sciences [Histoire et perspectives des sciences sociales]. Hankins apportait ainsi à l'étude des mouvements de la population juive au milieu du XXe siècle des connaissances techniques qui faisaient cruellement défaut dans un domaine bien connu — à l'époque et maintenant — pour la malléabilité de ses données de base, l'extrême facilité avec laquelle elles pouvaient être obtenues ou interprétées dans des sens entièrement différents par diverses personnes, professionnelles ou amateurs, désireuses de voir «confirmée» leur conclusion prévue depuis le départ. Dans l'étude des mouvements démographiques au cours de notre siècle, il n'est pas de sujet qui ait abouti à des conclusions plus variées, par des voies plus diverses, que celui concernant le sort des juifs d'Europe pendant la seconde guerre mondiale. Hankins se proposait d'examiner la situation en l'abordant objectivement en tant que démographe, sans faire appel au postulat communément admis selon lequel, six millions (ou plus) de juifs ayant péri, toute analyse du problème doit correspondre aux données qui conduisent à ce postulat, et cela au lieu de suivre la démarche inverse. Un signe des temps, que la postérité retiendra, est que Hankins ne pouvait pas, en raison même de cette méthode, apposer en toute sagesse son nom au bas de cette enquête, laquelle ne circule jusqu'à ce jour que sous forme de manuscrit photocopié, et cela parmi un nombre limité de chercheurs intéressés par la question. Il s'agit ici d'une étude à son premier stade, s'appuyant sur la documentation disponible alors. Depuis, les sources matérielles et les analyses publiées sur le sujet ont augmenté dans des proportions considérables, ce qui n'a en rien modifié les problèmes fondamentaux inhérents à ce genre de recherche et que le professeur Hankins explique d'emblée. L'essai dans sa totalité peut, à la vérité, n'être considéré que comme une «façon de poser un problème». Il ne prétend certainement pas à être le «mot de la fin», d'où son sous-titre. L'auteur entendait, en premier lieu, montrer combien, en 1958, était conjecturale toute tentative d'aborder le problème du


314 nombre de juifs «manquants» à la fin de la guerre, en second lieu, préciser les facteurs qu'il faudrait prendre en considération pour trouver la réponse à un autre problème, à savoir combien de juifs (quel que soit le nombre des «manquants») sont réellement morts, et, parmi ces derniers, combien sont morts par le fait d'une extermination voulue par les nazis (et non pour une quantité d'autres raisons). Hankins était le premier démographe à poser sérieusement ces problèmes d'une manière qui tendait à jeter un doute sur les bases démographiques généralement admises de la thèse des «Six Millions (d'exterminés)». Bien que sa correspondance privée échangée avec Barnes à l'époque montre que Hankins était des plus sceptiques sur l'ensemble de l'histoire des «Six Millions» (celle d'un programme délibéré d'extermination, de «chambres à gaz» dans des «camps de la mort», etc.), il s'abstint volontairement de donner à son essai le ton d'un débat général sur l'ensemble de la question. Au lieu de quoi, il se borna à chercher si les chiffres donnés étaient possibles et se limita à une critique des explications avancées jusque-là et des méthodes employées pour arriver à des conclusions. D'où la forme interrogative bien particulière du titre de cet essai. Il faut noter un point soulevé par Hankins qui, en fait, est aujourd'hui dépassé. A un moment il déclare : «Ceux qui ont accusé les nazis d'avoir bel et bien exterminé de 4 à 7 millions de juifs ne prétendent pas que le plan d'extermination à une grande échelle ait été formulé avant même la conférence de Casablanca de janvier 1943, laquelle lança la formule de reddition sans conditions pour mettre fin à la guerre […]. Mais ceux-là même qui soutiennent ces accusations d'extermination ne prétendent pas que les rouages nécessaires à cette opération aient été bien en place avant la fin de l'automne 1943». Hankins faisait allusion aux sources classiques qui, en 1958, soutenaient cette thèse. Depuis lors, bien entendu, la «ligne» de l'école de l'«Holocauste» tend à affirmer qu'un plan d'extermination a été décidé en 1941-1942 (voy. la directive de Göring à Heydrich du 31 juillet 1941 et la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942), les premières «actions» de ce plan prenant place en 1942. Mais, en citant cette thèse de la première «ligne», Hankins n'ouvre qu'une parenthèse rappelant les notions qui avaient cours alors, ce qui n'affecte en rien ses conclusions générales [1]. KEITH STIMELY Remarques introductives Les estimations courantes, généralement fondées sur des chiffres ou des affirmations fournis par les juifs eux-mêmes, vont de 4 à 6, ou même 7 millions. Chaque estimation n'est cependant guère plus qu'une simple hypothèse. Les grandes variations d'une estimation à l'autre montrent que toutes entretiennent une large marge d'erreur probable. Plus on étudie le sujet, plus il devient clair que l'erreur probable grandit à mesure que l'estimation elle-même grandit. Dans la plupart de ces calculs, on part tacitement mais aussi gratuitement de l'idée que toute diminution du nombre des juifs dans une région donnée après 1939 (en tenant compte dans une certaine mesure des modifications de frontières qui sont intervenues) fournit le chiffre approximatif du nombre de juifs délibérément supprimés. Or, ces diminutions comprennent bon nombre de personnes qui ont échappé par divers voies et moyens. Beaucoup ont disparu derrière le Rideau de fer ; des milliers sont mortes par suite des conditions qui ont engendré la montée anormale de la mortalité en temps de guerre des populations de toute l'Europe centrale. Il semble qu'il n'y ait aucune raison spéciale pour que les juifs aient échappé aux rigueurs générales du temps de guerre, spécialement dans les territoires occupés. En fait, ces rigueurs ont sans doute été plus fortes pour les juifs. L'évaluation correcte de ceux qui ont péri du fait des persécutions nazies ne devrait comprendre que (1) ceux qui ont été massacrés par fusillade, chambres à gaz et autres violences, et (2), ceux qui sont morts au cours des nombreuses déportations forcées ou bien dans des camps de concentration par suite d'un travail trop pénible, qui sont morts de faim


315 ou de maladie, ce à quoi ils auraient sans doute échappé s'ils avaient vécu dans des conditions normales. De quelques difficultés à obtenir des chiffres fiables L'obstacle le plus évident et le plus embarrassant est la rareté des matériaux fournis par le recensement. Dans certaines régions, le dernier recensement d'avant la guerre date de 1930, 1931 ou 1933. Prenons ainsi des secteurs à forte concentration juive : pour la Pologne, il y en eut un le 9 décembre 1931 et une «estimation officielle» le 1er janvier 1939 ; pour la Russie, un recensement en 1926 et un autre en janvier 1939, mais dans aucun des deux il n'était question de religion ; pour la Roumanie, un recensement en décembre 1930 et une «estimation officielle» en décembre 1938 ; et également un «recensement» en avril 1941 ; et, pour la Hongrie, un recensement le 31 décembre 1930 et une «estimation officielle» en décembre 1938. A quoi on peut ajouter le recensement en Pologne de février 1946 qui, à l'image de la plupart des opérations de ce genre dans l'immédiat après-guerre, ne fut essentiellement qu'un échantillonnage et une simple estimation. Les vastes mouvements de population qui continuèrent jusqu'à la fin de 1946 et même plus tard rendaient la chose inévitable. Le résultat est qu'on trouve de très grands écarts entre les différentes estimations concernant le nombre des juifs dans plusieurs régions au cours de l'année critique 1939. Rappelons qu'à partir de 1939 eurent lieu, à travers toute l'Europe centrale, des déplacements de populations sans précédent, aussi bien juives que non juives, d'abord devant les armées allemandes qui foncèrent vers l'Est à partir de septembre 1939 et spécialement après le 22 juin 1941, ensuite derrière les forces russes dans leur marche vers l'Ouest à partir de 1943. Quand les Allemands poussèrent à l'Est, beaucoup suivirent, spécialement d'Allemagne ; quand les Russes se mirent en branle vers l'Ouest, beaucoup cherchèrent à retourner dans leur ancien foyer. Dans ces hordes en mouvement de toutes nationalités, y compris des juifs, nombreux furent ceux qui moururent des rigueurs de la guerre ; d'autres millions de personnes appartenant à plusieurs nationalités, y compris des juifs, furent déportées ; des millions d'autres furent victimes des bombardements des populations civiles ou tombèrent sous l'uniforme. Pendant toutes ces années, les registres d'état civil furent mal tenus, incomplets et truffés d'erreurs. Évidemment, cette situation fait que toutes les estimations, tant de populations globales que, particulièrement, du nombre de juifs, ne peuvent être que de simples hypothèses. La voie est largement ouverte à des calculs tendancieux. A lire de près ce qui a été publié sur la question, on découvre que de grandes inconnues conduisent à beaucoup de désinvolture dans l'usage qui est fait des chiffres. Dans bien des cas, le même auteur donne des chiffres différents pour le même poste à différentes pages, comme si une variation de quelques milliers ne pouvait rien ajouter aux erreurs précédentes. Chaque calcul recèle forcément ce que les spécialistes du Bureau américain du recensement appellent un facteur «résiduel», c'est-à-dire un chiffre qui permet de dresser un bilan raisonnable à partir des nombres très probables dont on est parti, par exemple, en 1939, les changements probables dus aux naissances et aux décès «normaux», le nombre probable de ceux qui meurent de diverses causes «anormales» et le nombre probable de ceux qui ont survécu. Le chiffre résiduel se prête à toutes sortes de manipulations. C'est ainsi que le Bureau du recensement (The Population of Poland [La Population de la Pologne], p. 29 et 31) déclare, après avoir fait remarquer qu'il est impossible de faire le bilan exact des changements intervenus en Pologne de 1939 à 1945 : [Même après juillet 1945] des millions de personnes déplacées tournaient en rond […]. A travers ces courants de migration volontaire se mouvaient d'autres millions de personnes expulsées de leurs foyers à titre définitif, etc. et (p. 31) :


316 Les pertes dues à la guerre ont pu aller de 2 à 7 millions de victimes. Ces deux chiffres extrêmes semblent peu probables, mais les pertes exactes ne peuvent pas être déterminées avec précision (Pour la même citation, voy. p. 187). Tels sont quelques-uns des problèmes auxquels doivent faire face les chercheurs même les plus honnêtes et compétents s'efforçant d'obtenir des chiffres fiables sur le nombre des juifs en Europe en 1939, le nombre de ceux qui ont péri d'une manière ou d'une autre pendant la guerre, la manière dont ils ont péri, et, parmi ceux dont on a perdu la trace, combien ont réellement péri et combien peuvent vivre maintenant derrière le Rideau de fer, en Israël, aux États-Unis et ailleurs. Il est évident que toutes ces incertitudes qui sont le lot de ceux qui veulent rester impartiaux offrent en revanche des perspectives infinies à ceux qui souhaitent jongler avec les chiffres, qu'ils cherchent soit à minimiser soit à exagérer le nombre des juifs qui ont péri pendant la guerre. De quelques voies d'évasion pour les juifs Plusieurs études font brièvement mention des nombreux juifs qui échappèrent aux rafles nazies par différents moyens : (a) en étant cachés par des amis non juifs ; (b) en faisant usage de faux papiers d'identité ; et (c) en recevant le baptême chrétien. Ceux qui entrent dans la première catégorie ne furent probablement pas très nombreux, les nazis punissant de mort toute la famille du «bon Samaritain». D'aucuns estiment que ceux qui entrent dans les catégories (b) et (c) se comptent par milliers, voire par dizaines de milliers. En matière de recensement, l'individu est classé comme appartenant à une certaine nationalité. Quelque peu ambigu, ce terme recouvre des réalités aussi différentes que la race, le pays de naissance, le pays de résidence et le pays de citoyenneté. Les juifs pouvaient ainsi se classer comme juifs ou comme ressortissants d'une autre nationalité, en fonction de leurs antécédents, des traits de leur personne ou de leur compétence linguistique. Ceux qui étaient nés en Pologne mais qui parlaient allemand couramment et vivaient en Allemagne pouvaient se classer comme juifs, comme Polonais ou comme Allemands, ce qui, dans le dernier cas, nécessitait à l'occasion l'obtention de nouveaux papiers d'identité. Un juif né en Allemagne, vivant en Pologne et parlant polonais avait des choix similaires. Cette vieille méthode pour échapper aux aspects les plus cruels de l'antisémitisme semble avoir été largement pratiquée par les juifs sous la pression des nazis et devant une intense hostilité en Pologne et ailleurs, spécialement après 1933. Quelques exemples illustreront cet état de fait : Le rapport sur la Pologne du Bureau de recensement américain, pour expliquer la présence de 900.000 Polonais supplémentaires qui n'entrent pas dans ses calculs, écrit que : Ceux-ci sont peut-être des non-Polonais reclassés en tant que Polonais et perdus ainsi pour leur catégorie précédente (p. 78). Il n'y a aucun moyen de savoir combien d'entre eux étaient des juifs, mais ce sont certainement ces derniers qui avaient les meilleures raisons d'emprunter cette voie d'évasion et on peut difficilement imaginer qu'un autre groupe racial ou national ait voulu changer de catégorie à une aussi grande échelle. Le même organisme, dans son étude sur la Tchécoslovaquie, remarque (p. 26 et note du bas de la page 14) que le dernier recensement d'avant-guerre, en 1930, donnait 354 000 juifs par la religion et seulement 110 000 par la nationalité. Jacoby (p. 308 et 310) avance des chiffres comparables avec toutefois une plus grande différence entre eux. Dans ce dernier cas, le petit nombre des juifs classés par nationalités était dû au fait qu'un grand nombre se voulaient allemands par la nationalité. Pour Jews in the Soviet Satellites [Les juifs dans les satellites soviétiques] (p. 239-240), «des milliers de juifs de Pologne vécurent toute l'occupation en se faisant passer pour des Polonais» ; à la fin de la guerre, on estimait que 20 000 d'entre eux possédaient encore de faux papiers d'identité.


317 Le nombre des juifs qualifiés de juifs par la religion est assez uniformément plus grand que celui des juifs qualifiés par la nationalité. Cela est dû en partie à la coutume juive qui consiste à considérer comme juifs tous les membres de la communauté juive, sans tenir compte de leur appartenance religieuse. Il faut également considérer le fait que le judaïsme n'est pas un type de religion universaliste mais qu'il s'identifie étroitement aux juifs en tant que groupe racial ou apparenté génétiquement. Cependant, les conditions spéciales du temps de guerre ont fait de la conversion à telle ou telle variante du christianisme une voie logique pour échapper à l'environnement hostile. C'est ainsi que The Hungarian Statistical Review [La Revue statistique hongroise] pour 1944 estimait à environ 100 000 les chrétiens d'origine juive en Grande Hongrie (voy. Jews in the Soviet Satellites, p. 184-185). Kulischer remarque (p. 199) que le nombre des juifs en Autriche a décru de 222 000 en 1923 à 180 000 en 1938 et attribue cela en partie au changement de religion. Ces voies de repli expliquent sans doute pour une bonne part la réduction du nombre des juifs qui sont encore en Europe. Les statistiques officielles juives, qui sont presque les seules dont on dispose maintenant pour les calculs concernant l'après-guerre, font vraisemblablement état de ceux qui vivent dans des communautés ou des ensembles structurés. Nombre d'entre ceux-ci, en tant que groupes stables, furent désorganisés pour des raisons variées et leurs membres plus ou moins dispersés. Si ces derniers se sont camouflés (en classification), ils peuvent ne pas reparaître jusqu'à nouvel ordre. D'autres statistiques sont fondées sur les seuls juifs «qui font profession de foi» et qui, à n'importe quelle époque, ne représentent qu'une partie du nombre total. Il semble vraisemblable que pour longtemps encore nous n'aurons pas d'indications claires concernant le nombre des «évadés». Ce sont là des échantillons de ce qui fut une pratique généralisée qui a dû être largement utilisée à partir de 1933. On ne peut certes pas blâmer les persécutés d'avoir cherché toutes les voies leur permettant d'échapper à leur sort. Des milliers de juifs furent tués dans les forces combattantes de différentes nations, notamment la Pologne et la Russie. On ne sait pas exactement combien. Dans Jews in the Soviet Satellites, il est dit que des milliers de jeunes juifs furent incorporés dans l'armée rouge et dans des bataillons de travail (p. 242). Plus haut, on apprend que quelque 250 000 à 300 000 juifs furent envoyés par les Russes dans des camps de travail forcé et des colonies pénitentiaires au nord de la Russie et en Asie soviétique au début des années 1940 (p. 229) et que 68 000 officiers et hommes de troupe juifs appartenaient à l'armée polonaise (p. 226). Lestschinsky, quant à lui, estime que 200 000 soldats juifs tombèrent au cours de la guerre dans l'armée rouge (p. 9). Il ajoute : «Environ un demi-million de juifs moururent dans les provinces asiatiques où deux fois ce nombre avaient été déportés après l'évacuation des territoires polonais et roumains ainsi que de l'Ukraine et de la Russie blanche». Il faut bien remarquer que certaines estimations classent tous les juifs manquants dans la rubrique «tués» ou «assassinés» (notamment Frumkin), sans distinguer ceux qui sont morts dans les forces armées ou sous des raids aériens ou encore par suite de l'accroissement des épreuves de toutes sortes et de la mortalité plus grande en temps de guerre. De nombreux juifs, ou bien furent évacués, en la circonstance par les Russes, vers des régions plus sûres, ou bien émigrèrent dans des pays de refuge tels que la Suisse, l'Angleterre, la Turquie, la Palestine, les États-Unis et d'autres encore. Les chiffres sont incertains, mais ils furent à l'évidence fort nombreux, à en juger d'après les maigres données dont on dispose. Pour Hitler's Ten-Year War on the Jews [La Guerre de dix ans de Hitler contre les juifs], «Quelque 1 800 000 ont été évacués à l'intérieur de l'Union soviétique» (p. 300). Ce chiffre pour la période qui suit immédiatement le déclenchement des hostilités avec la Russie tombe à seulement 1 200 000 cinq pages plus bas dans le tableau récapitulatif, sans qu'il y ait d'explication sur le changement intervenu. Dans Jews in the Soviet Satellites, il est question de pas moins de 21 000 réfugiés, la plupart originaires d'Allemagne, trouvés en 1945 dans le ghetto de Shanghaï


318 occupé par les Japonais (p. 182). On y parle aussi des 8 000 réfugiés d'Espagne et du Portugal (p. 183), des 163 423 juifs entrés aux États-Unis entre 1933 et 1942 (p. 183), des 27 000 réfugiés en Suisse, la plupart venant de France et d'Italie (p. 183 et 190), des 6 000 réfugiés en Suède, venant surtout du Danemark (p. 190-191), des 150 000 juifs roumains qui vivaient en Transnistrie, au-delà du Dniestr. Le nombre de personnes ayant émigré en Grande-Bretagne entre 1938 et 1945 est estimé à 300.000, et un chiffre similaire pour les réfugiés en Palestine entre 1933 et 1947. Il ne faut pas oublier que même ceux qui ont émigré de 1933 à 1939 peuvent figurer à la rubrique «pertes», étant donné que la plupart des calculs partent nécessairement des recensements datant du début des années 1930. Dans son Europe on the Move [L'Europe en mouvement], Kulischer remarque que les migrations d'Allemagne, d'Autriche et de Bohême-Moravie se montèrent à 370 000 individus entre 1933 et 1939-1940 (p. 192). Sur ce nombre, 200 000 partirent outre-mer, 50 000 allèrent en Suisse, en Grande-Bretagne et en Scandinavie, 85 000 en France et aux Pays-Bas, 10 000 dans d'autres pays d'Europe occidentale et méridionale, seulement 25 000 s'en allant à l'Est. Ce qui fait qu'au total environ 250 000 se trouvèrent hors d'atteinte des nazis. Plus loin (p. 260), le même auteur ajoute que, devant l'avance allemande vers l'Est, «les fonctionnaires [soviétiques] et une grande partie des juifs furent évacués» (de même que les usines et les ouvriers d'usines). Il estime le total des gens ainsi évacués à 12 000 000, parmi lesquels plus de 1 500 000 transférés ou déportés de la partie orientale de la Pologne, des Pays Baltes, de la Bukovine du Nord et de la Bessarabie. Étant donné que ces personnes ainsi déplacées l'ont été «pour les soustraire aux atrocités allemandes», il n'est pas déraisonnable de penser qu'au moins 2 millions d'entre elles étaient des juifs. Kulischer, cependant, considère que leur nombre n'est que d'environ 1,2 million. Sur les millions de juifs déracinés par la guerre, il n'en trouve qu' «environ 1,5 million à avoir échappé à la botte nazie, quelque 300 000 par émigration outre-mer et vers les pays neutres, et le reste par évacuation vers l'intérieur de l'URSS» (p. 264). Ce chiffre est capital pour toute estimation concernant le sort des 3,1 millions de juifs censés vivre dans la Pologne d'avantguerre et le nombre probablement supérieur de ceux qui vivaient en Union soviétique. Comme l'indique la citation de l'étude sur la Pologne du Bureau de recensement donnée plus haut, «l'erreur probable» des estimations sur la population polonaise est colossale. Un million de juifs de plus derrière le Rideau de fer modifie le tableau pour toute l'Europe. A ces «voies d'évasion», nous pouvons ajouter trois domaines délicats qui sont vraisemblablement à la source d'erreurs dans les estimations. Excès de mortalité et baisse de fécondité La population totale de l'Europe, mis à part la Russie, restait en 1945 presque celle de 1939, l'excédent total des naissances sur les décès compensant presque exactement les pertes dues à la guerre, phénomène dû, pour l'essentiel, à la croissance de la fécondité dans les pays d'Europe occidentale. En Europe centrale, théâtre principal des ravages de la guerre, la situation était diamétralement opposée. Là, l'«excès de mortalité» était supérieur à ce qu'il aurait été en temps de paix. Il n'y avait pas eu moyen pour les juifs qui se trouvaient là d'échapper aux dangers courants de la guerre, tels la mort sous les bombardements et autres attaques militaires contre les agglomérations et les villes. Pas plus qu'ils n'avaient pu échapper à la perte de vitalité entraînant une moindre résistance aux maladies habituelles due aux privations grandissantes dont souffrirent tous les autres éléments dans les populations civiles. La mortalité infantile augmenta chez eux de pair avec celle de leurs concitoyens. Or, si curieux que cela puisse paraître, cet «excès de mortalité» est d'ordinaire estimé séparément selon qu'il s'agit de juifs ou de non juifs. En ce qui concerne les juifs, ce poste est, tout à fait indûment, ajouté au nombre des «tués» ou «assassinés». C'est ainsi que, dans son


319 tableau récapitulatif (p. 173) pour «Toute l'Europe» sauf l'Union soviétique dans ses frontières de 1939 (c'est-à-dire y compris les Polonais et les juifs de la partie orientale de la Pologne annexée par la Russie, mais non compris la Bukovine du Nord, la Bessarabie et une partie de l'Ukraine subcarpatique), Frumkin donne les chiffres suivants : Pertes dues à la guerre

15 117 000

a) militaires

5 824 000

b) civils sauf les juifs

4 922 000

c) juifs tués

4 371 000

Il est évident qu'au nombre des juifs «tués» figurent tous ceux qui ont souffert de la mortalité accrue, épreuve qu'ils ont partagée à une plus grande échelle avec les autres civils. Comme ce chiffre donne la diminution totale de la population juive dans cette région, il comprend aussi nécessairement les juifs qui devraient figurer sous toutes les rubriques précédentes aussi bien que sous celle qui les suit. La population juive, concentrée si largement au cœur de la zone de guerre orientale, aurait souffert d'une diminution proportionnée à son nombre même si elle avait été traitée exactement comme les autres. «L'excès de mortalité» ne peut être mis au compte des «assassinats» nazis. Ainsi, Frumkin, de manière parfaitement malhonnête, classe tous les juifs disparus pendant la guerre sous la rubrique «tués», laissant entendre par là qu'ils ont été délibérément exterminés par les nazis, ce qui est absurde. Ceux qui ont perdu la vie d'une autre manière ont sans doute été plus nombreux que ceux qui sont morts dans tous les camps nazis. Et dans les camps, plus nombreux sont sans doute ceux qui sont morts de froid, de maladie, de manque de soins médicaux et de faim que ceux qui ont été victimes d'une extermination délibérée [2]. L'importance de ce point apparaît à l'examen des chiffres sur la Pologne avancés par Frumkin. Il part d'une population totale, comprenant seulement les Polonais et les juifs dans les Territoires occupés, de 28 400 000 âmes dont 3 500 000 sont des juifs. Il estime à 2 500 000 les civils autres que juifs dont la mort ressortit à «l'excès de mortalité» et à 3 400 000 les juifs «tués». Si l'on soustrait le nombre originel des juifs du total originel, on obtient 24 900 000 dont 2 500 000 morts par suite des circonstances exceptionnelles du temps de guerre. Ce qui fait 10 % de la population originelle. La même proportion pour les juifs eût été de 350 000.Ces derniers sont morts, assurément, mais ils n'ont pas été «tués» au sens où l'entend Frumkin. Dans le même ordre d'idées, il faut parler de la baisse de fécondité de la population juive par suite des migrations forcées, de la sous-alimentation et d'autres épreuves et privations. Ce point est certes d'une importance secondaire, mais on ne peut compter comme «tués» ceux qui ne sont jamais nés. Cette fécondité réduite a naturellement diminué le nombre de ceux qui ont survécu à six ans d'épreuves, mais dans certains calculs toutes les réductions sont devenues des «tués». Un grand nombre qui auraient pu y être n'y étaient pas à la fin de la tourmente ; ils étaient «manquants» et «disparus». Mais tous n'avaient pas été «tués» par les nazis ou par qui que ce fût d'autre. Nombreux et importants mouvements de population au cours de la guerre Dans toutes les estimations, les multiples modifications de population et de territoires constituent une autre grande difficulté. Le partage de la Pologne en 1939 en est l'illustration par excellence. Ici, la question essentielle n'est pas le nombre des juifs dans la partie orientale de la Pologne que la Russie s'est appropriée en 1939, quoique, même sur ce point, il ne faille pas négliger les différences, mais bien ce qui est arrivé aux juifs dans les Territoires annexés.


320 D'aucuns considèrent qu'ils furent tous pris dans le filet nazi par la ruée vers l'Est des forces allemandes après le 22 juin 1941. D'autres estiment que de 1,2 à 1,8 million de juifs de Pologne et autres pays d'Europe centrale émigrèrent, furent évacués par les Russes ou déportés de force par eux vers des zones situées derrière le front russe. En outre, le nombre des juifs allemands, polonais et tchèques qui avaient fui vers l'Est devant la première avance des Allemands en septembre 1939 est inconnu, ce qui n'empêche pas de faire des suppositions. Autre cas tout aussi flagrant, celui fourni par la Roumanie [3]. Des pans entiers de ce pays, que l'on estime avoir compté 900 000 juifs en 1939, firent la navette entre la Russie et la Roumanie ; d'autres lambeaux allèrent à la Hongrie, pour faire retour ensuite à la Roumanie ; d'autres encore allèrent à la Bulgarie et revinrent à la Roumanie ; les Allemands contrôlèrent différentes parties pendant différentes périodes. Chaque changement du pouvoir politique s'accompagnait de mouvements de populations, au nombre desquelles figuraient des juifs. Dans le même temps, par un réflexe d'autodéfense, les juifs émigraient dans plusieurs directions et tentaient d'échapper à leur judaïté par tous les moyens. Dans ces conditions, il n'est guère étonnant que les chiffres concernant la Roumanie, quels qu'ils puissent être, soient sujets à caution. Le recensement roumain de 1930, le dernier avant les hostilités, relevait 756 930 juifs. C'est le chiffre retenu par Sylvain (Jews in the Soviet Satellites, tableau I, p. 493) pour l'avant-guerre, au lieu des 900 000 que l'on trouve dans la plupart des autres références pour 1939 (dans ce tableau, soit dit en passant, nous lisons pour la Bukovine le chiffre de 93 101, lequel devient 102 900 trois pages plus loin). Il faut maintenant suivre à la trace les multiples déplacements de frontières et de populations intervenus dans cette région. La Bessarabie, d'abord province roumaine, devint russe en 1940, revint à la Roumanie de 1941 à 1944, et retourna à la Russie en 1944. La Bukovine subit à peu près le même sort. Quant à la Dobroudja, elle fut divisée, la partie méridionale allant à la Bulgarie en 1940 et rentrant dans le giron roumain après la guerre. Pour l'ensemble de la Bessarabie, de toute la Bukovine et de toute la Dobroudja, Sylvain parle d'une population juive de 381 562 personnes pour l'avant-guerre dans son tableau I, mais, plus loin (p. 516-517), ce chiffre devient 457 000 — la Bukovine n'était cette fois pas comprise — sur lesquels il y aurait eu seulement 100 000 survivants. D'autres grands points d'interrogation jalonnent son texte. Dans le tableau VII, s'agissant de la population juive en Roumanie dans ses frontières actuelles (non compris la Dobroudja méridionale, la Bukovine du Nord et la Bessarabie), il a compté 478 042 personnes en 1930, 466 128 en 1941 — une année de recensement — et 300 000 en 1944. En 1947, leur nombre dans cette «Roumanie croupion» est monté à 428 000. Il admet alors que 28 000 est le nombre probable de ceux qui sont rentrés des camps allemands et hongrois, de Bukovine du Nord, de Bessarabie et de Transnistrie [nom donné de 1941 à 1944 à la partie ukrainienne de la Moldavie annexée par les Roumains]. Survient alors cette affirmation remarquable : «Ainsi, quelque 100 000 personnes parmi cette population […] représentent en fait ceux qui restaient des 457 000 juifs de Bessarabie, de Bukovine et de Transylvanie» (l'italique est dans l'original). Étant donné que les territoires mentionnés ont été exclus du tableau VII, je n'arrive pas à comprendre comment il lui est possible d'en tirer le nombre des juifs manquants. C'est sans doute que je ne saisis pas sa manière de manipuler les données. En tout cas, il est intéressant de noter que les chiffres donnés dans le tableau VII pour le territoire d'aujourd'hui sont à peu près les mêmes en 1930, 1941, 1942 et 1947. La différence entre la première et la dernière date est de quelque 50 000. Ce chiffre ne tient pas compte de l'accroissement naturel, mais par ailleurs il ne tient pas davantage compte de l'excès de mortalité parmi les civils, des milliers de gens que l'on dit avoir fui en Turquie, des 150 000 dont il est question plus haut qui auraient trouvé refuge derrière le Dniestr. Quant aux 381 562 juifs du recensement d'avant-guerre figurant dans le tableau I (et non les 457 000 obtenus par un procédé mystérieux), ils furent sous la coupe germano-roumaine de 1941 à 1944 avant de


321 passer une fois de plus derrière le Rideau de fer. Ce qu'il est advenu d'eux est une énigme, tout autant que ce qui est arrivé ailleurs sur la frange de la zone des combats. Les exemples qui précèdent sont destinés à montrer combien le manque de matériaux de recensement fiables oblige le chercheur à risquer des chiffres çà et là, à tel ou tel moment. S'il est enclin à surestimer les manquants dans ses hypothèses renouvelées, il peut finir par aboutir à des conclusions exagérées. Je m'aperçois ici que j'ai omis de mentionner quelques autres sources d'erreurs possibles. Premièrement, les chercheurs ne s'accordent pas sur le nombre des déportés qui sont morts au cours de leur déportation, les écarts allant de jamais moins de 25 % à généralement 50 % et, dans certains cas, jusqu'à 80 % ou même davantage. Étant donné qu'il n'y avait pas de comptes exacts en pareil cas, il faut considérer ces estimations comme entachées d'une grande probabilité d'erreur. Deuxièmement, le grand bouleversement, avec ses migrations, déportations et évacuations, a rendu très facile une sorte de double emploi dans le décompte des «disparus» ou des «tués». Ceux qui ont été évacués derrière le Rideau de fer, par exemple, sont, au moins dans une large mesure, considérés comme appartenant à la dernière catégorie, à moins qu'ils ne soient retournés d'où ils venaient. Ceux qui ont été envoyés par les Allemands dans les camps de Pologne ont pu facilement être comptés au nombre des «disparus» des pays d'où ils ont été déportés et comptabilisés de nouveau comme tués en Pologne. Qu'il en soit ainsi dans certains cas semble indiqué par le fait que, alors que les juifs de Pologne sont à l'origine en 1939 estimés à 3,1 millions, on donne généralement pour ceux qui ont été tués là-bas un chiffre un peu plus élevé. Exemples d'estimations variables COMBIEN Y AVAIT-IL DE JUIFS EN EUROPE EN 1939 ? Comme il s'agit là du chiffre de base d'où part toute estimation globale, les variations sont d'une importance primordiale. Voici les chiffres du Comité juif américain [American Jewish Committee] donnés par le World Almanac [L'Almanach du monde] : Année de publication

Année de statistique

1939 1941 1945 1949 1949

1933 1939 1939 ? 1939 1947

Nombres donnés sous la rubrique "religions du monde"

Nombres 9 494 363 8 939 608 9 372 666 9 739 200 3 920 100

9 494 363 non fourni 8 939 608 non fourni non fourni

On ne peut que s'étonner de la réduction de presque 555 000 âmes entre 1933 et 1939. Encore plus frappant est l'accroissement pour l'année 1939 si l'on compare les numéros du World Almanac de 1941 et de 1949. La différence se monte à presque 800 000 (8 939 608 en 1941 et 9 739 200 en 1949). Il est facile de voir que cela rend la perte beaucoup plus grande que si les chiffres donnés en 1941 pour l'année 1939 étaient utilisés comme base du calcul. Nous remarquons semblable gonflement de la base dans les estimations du même organisme données cette fois dans Jews in the World [Les juifs dans le monde] : Année de publication

Année de statistique

Nombres


322 1939 1941 1945 1949

1933 1939 1939 1939

15 319 15 748 15 688 16 643 120

459 091 259

Nous avons là, pour l'année 1939, un accroissement de presque 955 000 dans l'édition de 1949. Comment expliquer ce bond énorme du total mondial ? Avait-on découvert davantage de juifs ? Avait-on fait un calcul plus soigneux ? Ou bien a-t-on considéré à l'époque qu'une base plus large à partir de laquelle calculer les pertes de la guerre serait bien utile ? 2. COMBIEN DE JUIFS ONT ÉTÉ EXTERMINÉS EN EUROPE PENDANT LA GUERRE ? Telle est la question essentielle, et il est pour le moment impossible d'y répondre formellement. Il est cependant judicieux de jeter un coup d'œil sur les variations dans les estimations données par divers enquêteurs. A. Quelques chiffres pour la Pologne 1. Bureau du Recensement (p. 2) : «Les pertes dues à la guerre dans les frontières d'aprèsguerre se montent approximativement à 4 millions de personnes, dont 2 millions étaient des juifs exécutés par les nazis» (voy. ci-dessus p. 181 la citation des p. 31 et 187). 2. Frumkin (p. 119) : pour à peu de chose près le même territoire : 2,3 millions. 3. Gottschalk & Duker (p. 11) : la Pologne, les Pays Baltes, la Russie blanche soviétique et l'Ukraine, «les plus grandes régions de concentration juive en Europe devinrent une immense chambre de mort pour environ 5 millions de juifs». 4. Frumkin (p. 119) : pour le Territoire polonais annexé (à la Russie), qui comptait avantguerre une population juive de 1,2 million de personnes, le nombre des «tués» est estimé à 1,1 million. Pour toute la Pologne d'avant-guerre, il calcule ainsi une perte de 3,4 millions. 5. Frumkin (p. 182) — après avoir estimé les juifs tués hors des régions russes à 4 371 000 (p. 173) — observe que, si l'on ajoute le Territoire annexé, «le nombre total des juifs assassinés par les Allemands se monte à quelque 5 millions» (remarquons que cela ne donnerait qu'environ700.000 pour le Territoire annexé, alors que le chiffre cité dans le paragraphe précédent est de 1,1 million). B. L'Europe entière 1. Frumkin (p. 182) poursuit : «Si le territoire soviétique occupé par les Allemands pendant la guerre était pareillement pris en compte, le chiffre pourrait facilement être de 6 à 7 millions» (ce qui, bien sûr, exclut le territoire soviétique situé derrière les lignes russes). Pour donner une idée de la fiabilité des méthodes et des chiffres de Frumkin, mentionnons que le compétent et objectif statisticien belge, Maurice-Pierre Herremans, a estimé que, sur la population juive de la Belgique d'avant-guerre, seulement 25 000 personnes étaient «manquantes», toutes raisons confondues, à la fin des hostilités, alors que Frumkin affirme que 27 000 d'entre elles ont été «tuées», la plupart par les nazis. 2. Kulischer (p. 279) donne 5,5 millions de juifs «exterminés».[4]. 3. L'Institut des Affaires juives (World Almanac, 1952, p. 240) estime que 71 % des juifs qui vivaient en Europe au déclenchement des hostilités ont péri, parmi lesquels 5,7 millions ont été tués et 200 000 sont morts dans les combats (cela mettrait la population juive de l'Europe en 1939 à 8.450.000 personnes).


323 Il existe beaucoup d'autres estimations faites par des juifs ou bien fondées sur des chiffres juifs, mais la plupart sont, soit des reprises des affirmations de l'Institut des Affaires juives ou du Congrès juif mondial, soit, comme les 6 millions de Fay dans Current History [Histoire d'aujourd'hui], des chiffres ronds utilisés de manière peu rigoureuse sans examiner de près les données et qui ne font que refléter l'état d'esprit du moment. Les citer n'ajoute rien au tableau. Conclusions générales A lire les pages qui précèdent, il apparaît clairement qu'il est impossible, pour le moment, de répondre à la question posée par notre titre, du moins en termes qui répondent à des critères scientifiques. Il y a tant de lacunes parmi si peu de chiffres relativement solides que celui qui calcule peut poser son propre chiffre à l'avance et y arriver au moyen d'estimations et de suppositions qui, toutes, peuvent être dotées d'une certaine vraisemblance. Dans ces conditions, même les études les plus sérieuses ne sont guère plus que des habits d'Arlequin faits d'un tissu de mensonges à peine renforcé par des bribes de vérités. C'est Frumkin, ancien statisticien des Nations unies, qui a fait l'effort le plus ambitieux pour évaluer le nombre de juifs manquants («tués», dans ses conclusions). Partant d'un recensement de 1930-1933, il évalue le nombre atteint en 1939 grâce à un surplus de naissances par rapport aux décès et obtient ainsi un chiffre de base pour l'année qui précéda la guerre. Évaluant ensuite les changements dus aux naissances et décès «normaux» jusqu'en 1945, les changements résultant des déplacements de frontières, les pertes dues à la guerre et les gains et pertes pour certaines régions dus aux mouvements de populations, il obtient une population «ajustée» pour chaque région prise séparément en 1945. Il concède fréquemment que ses chiffres sont «élevés» ou qu'ils «représentent une limite supérieure», mais il a au moins l'honnêteté scientifique d'avouer que la plupart d'entre eux sont «légèrement» ou même «considérablement ajustés». Il s'expose ainsi au reproche d'entasser Ossa sur Pelion en ajoutant l'une à l'autre des estimations gonflées. Ses conclusions sont sévèrement critiquées par le Bureau du recensement dans son étude sur les chiffres concernant la Pologne, essentiellement du fait que, premièrement, elles ne tiennent pas compte, dans le cas des juifs, de l'excès de mortalité de toutes les populations civiles dans les zones de guerre et que, deuxièmement, elles ne font pas entrer en ligne de compte le nombre hautement problématique de juifs qui ont quitté la Pologne ou d'autres endroits en Europe centrale et occidentale, et qui sont toujours derrière le Rideau de fer. Pour montrer comment on peut manipuler les chiffres en prenant seulement ceux que l'on peut considérer comme parfaitement authentiques ou qui ont une chance raisonnable de l'être, examinons le tableau suivant [5] : 1)

Juifs en Europe, y compris l'URSS et la Turquie

2)

Juifs dans le reste de l'Asie

3)

1939

8 940 000 771 000

Total en Europe et en Asie

1939

9 711 000

Juifs en Europe, y compris l'URSS et la Turquie

1946

3 920 000 5 791 000

4)

Juifs dans le reste de l'Asie

1946

917 000 4 874 000

5)

Migrants hors d'Europe et d'Asie

300 000 4 574 000


324 6)

Nombre des tués dans les forces militaires, Pologne et URSS

274 000 4 300 000

7)

Sous-estimation probable des territoires soviétiques

1 000 000 3 300 000

8)

Sous-estimation possible pour le reste de l'Asie

300 000

Perte totale en Europe et en Asie

3 000 000

9)

Excès de mortalité du temps de guerre à l'égal des non juifs

10)

Tués dans les persécutions du temps de guerre

300 000 2 700 000

Les quatre premiers chiffres du tableau sont tirés des estimations du Comité juif américain. La sous-estimation probable pour l'URSS et la Turquie provient de l'étude sur la Pologne du Bureau du recensement (p. 189), selon laquelle il est possible qu'il y ait eu là 2 millions de réfugiés polonais de plus que Frumkin ne le dit. Étant donné que les Polonais de souche étaient sans doute beaucoup plus enclins à rentrer dans leur propre pays que les juifs, polonais seulement par le lieu de résidence — l'antisémitisme étant très fort en Pologne après la guerre — il est tout à fait vraisemblable que ce sont les juifs qui constituent le gros de la sousestimation. Il existe une autre possibilité : Kulischer, comme nous l'avons signalé (Europe on the Move, p. 279), estime le total des juifs exterminés à 5,5 millions, dont «près de 3 millions» vivaient en Europe en dehors des frontières de l'URSS actuelle. Le chiffre de 2,5 millions qui correspond donc à l'Union soviétique est ainsi hautement hypothétique. Schwarz, dont l'étude sur l'URSS est la seule qui soit fouillée, donne pour les juifs de cette région les «pertes» suivantes : Région Russie Blanche

Avant-guerre

Pertes

375 000

300 000

Ukraine

1 533 000

900 000

Russie

250 000 à 275 000

100 000

Pertes totales

6]

1 300 000

Étant donné que ces «pertes» comprennent les morts dues à quelque cause que ce soit et que la région concernée a été le théâtre par excellence de mouvements de populations et de dures épreuves pour les civils, il est raisonnable de compter 300 000 victimes comme «excès de mortalité» ayant frappé indifféremment tous les habitants de la région. Ce qui laisserait une perte nette due à la persécution nazie de 1 million de personnes. Si nous ajoutons cela aux «près de 3 millions» de Kulischer, nous obtenons un total pour toute l'Europe et toute l'Union soviétique de près de 4 millions, soit 1,5 million de moins que le total de Kulischer [7]. L'auteur de ces lignes ne peut prétendre à autre chose que d'avoir effleuré la question. Le statisticien se trouve en effet devant un problème difficile en raison des nombreux pièges qui jalonnent la route. Notre objectif n'était pas de chercher une estimation plus définitive que celle des autres qui ont pu y consacrer de nombreux mois et consulter des milliers de documents


325 originaux. Au lieu de cela, nous avons voulu mettre en évidence la nature visiblement hypothétique des estimations qui ont cours et signaler quelques-unes des sources probables d'erreurs venant principalement : du manque de statistiques démographiques adaptées et à jour, de la fabrication de statistiques là où elles font défaut, de la manipulation et des tours de passepasse sur lesdites statistiques (qu'elles soient dignes de confiance ou fabriquées) telles qu'elles sont utilisées afin d'exagérer le nombre des juifs en Europe et dans le monde en 1939 et de diminuer leur nombre connu en 1945, et de l'absence générale de chercheurs et d'études qui ne prêcheraient pas pour leur saint pour des raisons politiques, raciales ou religieuses et essaieraient véritablement de rechercher les faits pour découvrir la vérité et servir la connaissance scientifique. Beaucoup d'angles intéressants ont été négligés. Par exemple Reitlinger parle à plusieurs reprises des conflits entre Himmler, qui avait pour mission de trouver une «solution finale» au problème juif, et Göring, qui avait besoin de travailleurs juifs pour ses usines de munitions. Hitler étant intervenu une fois dans le différend, Himmler se vanta du grand nombre de gens épargnés dans cette intention. Il existe de nombreux cas vérifiés où des juifs furent amenés à penser qu'ils étaient dirigés vers des camps d'extermination alors qu'en fait on les destinait à des usines ou à des camps de travail. Un autre aspect qu'il faut considérer est la forte augmentation du nombre des juifs en Israël. De 1933 au 14 mai 1948, date de la proclamation de l'État indépendant, 400 000 personnes s'y installèrent. De là à février 1954, la population passa de 650 000 à 1 675 000. Ce fait et quelques autres donnent à penser que, pendant les années de l'immédiat après-guerre, 1 million sinon plus de juifs ont pu se trouver parmi les personnes déplacées dispersées sur toute la carte de l'Eurasie. A mesure que le temps passe, les statistiques en enregistrent toujours davantage. Tout au moins, ce très fort accroissement en Israël ne s'est pas accompagné de diminution concomitante dans les populations fixées ailleurs. Les juifs peuvent tenir un compte précis des personnes là où existent des communautés bien établies, mais ils n'ont pas pu en faire autant au cours de la récente Diaspora qui a suivi 1939 et 1945. Autre point à considérer : même si l'on pouvait prouver qu'un grand nombre de juifs sont morts dans les camps de concentration nazis, dans les centres d'euthanasie et dans les camps de la mort, il ne s'ensuivrait pas que tous, ou même la majorité d'entre eux, aient été délibérément exterminés par les nazis. Dans tous ces lieux de détention, le taux de mortalité était énorme pour cause de maladies. Dans l'un des camps au moins il y eut une grande épidémie de typhus. Le manque de médicaments et de soins médicaux conjugués avec une faible vitalité générale et une moindre résistance à la maladie faisaient grimper anormalement la courbe des décès. Beaucoup moururent de froid, et d'autres en raison de travaux trop pénibles. La faim était le lot commun, spécialement vers la fin de la guerre, quand le ravitaillement devint insuffisant même pour les soldats et les civils. Il est utile de le rappeler, on estime généralement qu'au moins 5 millions d'expulsés de Prusse orientale, de Pologne, de Tchécoslovaquie et d'Allemagne orientale ont péri principalement après la fin des hostilités, et l'on convient en général que relativement peu d'entre eux ont été assassinés de manière délibérée. Pour la grande majorité, ils sont morts de froid et de faim pendant le processus d'expulsion. Les juifs qui avançaient et reculaient pendant la guerre, soit qu'ils l'aient fait volontairement, soit qu'ils aient été évacués de force, en précédant et en suivant le mouvement des armées, furent soumis exactement aux mêmes dures conditions que les expulsés, parfois même à des conditions pires. La raison la plus solide pour douter du chiffre de 6 millions, ou même de 4 millions, de juifs exterminés par Hitler est fournie par la logistique plutôt que par la statistique. On l'a vu, cette dernière est inadéquate, fabriquée, dénaturée et manipulée de manière consciente pour étayer une thèse et imposer un chiffre prévus d'avance. La logistique, elle, est une science solide qui ne connaît pas de préjugés, qu'ils soient d'ordre politique, racial ou religieux, et, dans le cas présent, qui s'appuie sur une masse de matériaux accumulés pendant la seconde guerre


326 mondiale. Les preuves dans ce domaine sont aussi nombreuses et précises pour les années 1939-1945 qu'elles sont clairsemées et sujettes à caution en ce qui concerne les mouvements de populations pendant cette même période. Les spécialistes de la logistique qui ont accordé quelque attention à l'accusation selon laquelle les nazis, si mal intentionnés qu'ils aient pu être et si désireux qu'ils aient pu être de passer à l'acte, ont effectivement exterminé de 4 à 7 millions de juifs en moins de deux ans pendant une guerre désespérée sur deux fronts qui tournait mal pour Hitler au moment même où il est censé avoir mis au point son programme d'extermination, sont d'avis qu'il était absolument impossible aux nazis de réaliser pareille performance. L'opération aurait exigé un tel effort supplémentaire et une telle main-d'œuvre, elle aurait ajouté une confusion et une tension telles aux moyens de transport déjà surmenés, que les nazis n'auraient même pas pu mener la guerre sur un seul front, même réduit. Ceux qui ont accusé les nazis d'avoir bel et bien exterminé de 4 à 7 millions de juifs ne prétendent pas que le plan d'extermination à une grande échelle ait été formulé avant même la conférence de Casablanca de janvier 1943, laquelle lança la formule de reddition sans conditions pour mettre fin à la guerre. Hitler eut conscience de la menace implicite à son endroit, il la mit au compte des juifs et décida peut-être alors de les traiter plus durement. Mais ceux-là même qui soutiennent ces accusations d'extermination ne prétendent pas que les rouages nécessaires à cette opération aient été bien en place avant la fin de l'automne 1943. En 1944, les bombardements alliés à l'Ouest et les victoires russes à l'Est rendirent la situation de l'Allemagne encore beaucoup plus désespérée et tendirent à l'extrême sa production de matériel de guerre, la marche des usines et les problèmes de main-d'œuvre et de transport. Hitler n'aurait pas pu distraire suffisamment de moyens pour exterminer les juifs entre novembre 1941 et mai 1945, pour en tuer 6 millions, sans provoquer un véritable effondrement de tout son effort de guerre. Certains logisticiens sont d'avis que 3 millions de victimes ou même beaucoup moins auraient suffi à engendrer cet effondrement. Qui plus est, à mesure que le vent tournait, les juifs devenaient de plus en plus indispensables à l'effort de guerre allemand et Hitler lui-même, dans sa folie, n'aurait pas pu gaspiller leurs services, dont il avait tant besoin, au nom d'une extermination fondée sur la haine. Au nombre des considérations dont il faut tenir compte figure la rareté de preuves authentiques quant à la nature et à l'ampleur des moyens mis en œuvre par les nazis pour l'extermination. Nombre de sources sont des inventions flagrantes. Le témoignage de beaucoup d'Allemands à Nuremberg et dans d'autres procès a été obtenu après de cruelles et d'atroces tortures. Certains de ces «témoins», sachant que de toute façon ils allaient être pendus, se vantèrent de ce qu'ils n'avaient peut-être jamais fait du tout mais qu'ils souhaitaient sur le moment avoir fait, ou encore ils se vantèrent pour donner plus d'importance à leur personne. Le total de ces rodomontades dépasse de beaucoup le nombre des juifs du monde entier en 1939. Un «témoin» allemand de ce genre alla même jusqu'à revendiquer fièrement pour les nazis le chiffre de 40 millions de juifs massacrés ! Les accusations concernant de grandes opérations d'extermination vinrent très tard, la plupart après la fin des hostilités. C'est en janvier 1945, dans New Jewish Frontier [Nouvelle frontière juive], que le chiffre de 6 millions de victimes juives apparut pour la première fois. L'exposé juif le plus qualifié sur le traitement réservé aux juifs par Hitler ne fait même pas mention de programme d'extermination massive. Un autre historien juif de renom prétend même qu'Hitler avait interdit de propos délibéré toute extermination de grande envergure dans la dernière partie du conflit, alors qu'il apparaissait qu'il perdrait vraisemblablement la guerre, de peur d'attirer sur le peuple allemand des mesures de rétorsion impitoyables. Le thème des 6 millions fut repris par le président Truman au début de son premier mandat, en ne se fondant que sur des ouï-dire, et il a été répété si souvent durant la dernière décennie qu'il est utilisé


327 presque automatiquement par des journalistes qui n'ont jamais fait la moindre enquête sur le sujet. C'est maintenant devenu un lieu commun dans la tradition du journalisme. Il est tout à fait possible que des études plus poussées sur les statistiques de populations, de nouvelles preuves apportées par des témoins véritables, une critique historique des origines et de la propagation des accusations d'extermination, la confrontation des accusations avec ce que l'on sait effectivement, et la démonstration d'une imposture et d'un trucage prémédités, en d'autres termes des techniques que Lord Ponsonby et J.M. Read ont appliquées aux mythes sur les atrocités de la première guerre mondiale, puissent aligner les allégations concernant l'extermination massive des juifs par les nazis au même niveau d'imagination morbide et de mensonge irresponsable, sinon délibéré, que les prétendues atrocités commises par les Allemands en Belgique qui furent réduites à néant dans les années qui suivirent 1918. Il est certain que l'authenticité du programme nazi d'extermination n'a jamais été garantie par une personne ayant le prestige et la réputation d'intégrité dont jouissait James Bryce en 1915 [8]. Bien sûr, aucun chercheur réaliste et informé qui étudie la seconde guerre mondiale ne peut mettre en doute la réalité des atrocités d'une cruauté incroyable perpétrées pendant le conflit dans les deux camps et dont furent victimes des juifs aussi bien que des non juifs, en particulier dans la guerre de partisans en arrière des lignes. Comme l'a dit justement une autorité compétente, les atrocités imaginaires de la première guerre mondiale sont devenues les atrocités bien réelles de la seconde. Liste partielle des références utilisées Gregory Frumkin, Population Changes in Europe Since 1939, Londres, 1951, 191 p. Gerald Reitlinger, The SS : Alibi of a Nation, Londres, 1956, 502 p. Eugene Kulischer, Europe on the Move : War and Population Changes, 1917-1947, New York, 1947, 377 p. Displaced Persons Analytical Bibliography, rapport d'une commission spéciale de la magistrature, chambre des Représentants, Washington D.C., imprimerie nationale, 1950, 82 p. (article spécial sur les juifs). Commission d'enquête anglo-américaine, Report to the U.S. Government and His Majesty's Government, département d'État, Washington D.C., 1946 (2 volumes : Europe et Proche-Orient). Max Gottschalk & Abraham Duker, Jews in the Post-War World, Dryden Press, New York, 1945. Maurice-Pierre Herremans, Personnes déplacées (rapatriés, disparus, réfugiés), Bruxelles, 1948. Eugene Kulischer, Jewish Migrations : Past Experiences and Post-War Prospects, Comité juif américain, New York, 1943. Meyer, Weinryb, Duschunsky & Sylvain, The Jews in the Soviet Satellites, Comité juif américain, Syracuse University Press, 1953. Institut des Affaires juives, Hitler's Ten-Year War on the Jews, New York, 1943, 311 p. Gerhard Jacoby, Racial State : The German Nationalities Policy in the Protectorate of Bohemia-Moravia, Institut des Affaires juives, New York, 1944. Bureau américain du recensement : série éditée par l'imprimerie nationale, The Population of Poland, 1954, 198 p. ; The Population of Czechoslovakia, 1953, 72 p. Encyclopaedia Britannica. Year Books du Comité juif américain. World Almanacs. Statistical Bulletin, Compagnie métropolitaine d'assurance sur la vie, janvier 1946.


328 Commentary. Current History, deux articles de Sydney B. Fay sur les expulsés de l'Europe, etc., volumes 11 & 12, 1946-1947. Bureau américain du recensement, série mentionnée ci-dessus : Population of the Federal Republic of Germany & West Berlin, 1952, 95 p. ; Israel : Jewish Population and Immigration, 1952, 58 p. Solomon M. Schwarz, The Jews in the Soviet Union, Syracuse University Press, 1951, 380 p. Jacob Lestschinsky, «Soviet Jews and Soviet Jewry», New Leader, 8 mars 1947, p. 9. 1. Cet article date du printemps 1983. Cette même année, l'Institute for Historical Review (P.O. Box 1306, Torrance, California 90505, USA) allait publier l'ouvrage de Walter N. Sanning, The Dissolution of Eastern European Jewry [La Dissolution de la communauté juive d'Europe orientale] avec une préface d'Arthur Robert Butz (239 p.) ; cet ouvrage, qui est le fruit d'années de recherches intensives sur la question de la démographie de la population juive en Europe pendant la seconde guerre mondiale, allait également être publié dans une traduction allemande, Die Auflösung des osteuropäischen Judentums (Tübingen, Grabert Verlag, XV-319 p.). L'importance de l'ouvrage est telle qu'il devrait aussi paraître en traduction française. La R.H.R. envisage d'en publier une recension. NDLR. 2. En 1988, soit trente ans après cette étude, Arno Mayer, universitaire d'origine juive et professeur à Princeton, devait écrire : «[…] from 1942 to 1945, certainly at Auschwitz, but probably overall, more Jews were killed by so-called "natural" causes than by "unnatural" ones» (de 1942 à 1945, certainement à Auschwitz, mais probablement en général, les causes dites "naturelles" tuèrent plus de juifs que les causes "non naturelles"). L'auteur appelle causes «naturelles» «la sous-alimentation, les épidémies, la maladie et l'excès de travail» (Why Did the Heavens not Darken ? The «Final Solution» in History, New York, Pantheon, 1986, p. 365, 406). La traduction française de l'ouvrage dénature gravement le texte anglais ; elle porte «à Auschwitz en tout cas» et supprime «mais probablement en général» (La «Solution finale» dans l'histoire, préface de Pierre Vidal-Naquet, éd. la Découverte, 1990, p. 410). NDLR. 3. Après avoir bouclé le manuscrit, j'ai découvert dans mes notes que Frumkin donne (p. 170) 160 000 «juifs tués» pour la Roumanie dans ses frontières d'après-guerre. Pour lui, je l'ai déjà noté, les «tués» comprennent tous les disparus ou manquants selon ses estimations. Il reconnaît que ce chiffre est «considérablement ajusté» (voy. sa note du bas de la page 12), c'est-à-dire qu'il «représente une estimation brute assortie d'une marge d'erreur importante». Plus loin (p. 131), il donne le chiffre de 230 000 pour les «tués» en Bessarabie, en Bukovine et en Dobroudja méridionale, en faisant les mêmes réserves. A titre d'exemple de la nécessité de jongler véritablement avec les chiffres pour arriver à formuler n'importe quelle estimation pour des régions comme la Roumanie, voy. l'étude de cet auteur, op. cit., p. 129-134. 4. «[…] près de 3 millions étaient des nationaux ou des résidents de pays européens ou de territoires situés maintenant hors de l'Union soviétique» (voy. n° 5 ci-dessus). 5. Avertissement : Il ne faut pas prendre le tableau ci-dessous au pied de la lettre, car il a seulement pour but de montrer les possibilités de manipulation des données, dont chaque élément paraît se situer dans le domaine de la raison. Si l'on ne tient pas compte des points 7 et 8, on obtient un total de près de 4 millions. 6. Non compris les 133 000 hommes tombés dans l'armée rouge, chiffre que Lestschinsky porte à 200 000.


329 7. Avertissement : Cette estimation peut être trop forte ou trop faible, car le chiffre de Schwarz pour les pertes en territoire soviétique est hypothétique et celui de Kulischer entaché d'une marge d'erreur encore beaucoup plus grande. Cependant, le chiffre de 4 millions est probablement beaucoup plus proche du chiffre exact que les 5, 6 et 7 millions de certaines études. Et, bien entendu, 4 millions peut excéder la vérité de manière absurde, la plupart des chiffres qu'il faut bien utiliser étant avancés par des chercheurs juifs ou donnés par des juifs et des organismes juifs. 8. La remarque sur James Bryce est ironique. Pendant la première guerre mondiale, Lord James Bryce avait appuyé de toute son autorité les inventions britanniques de la propagande d'atrocités sur le compte des Allemands. F.H. Hankins, non sans raison, fait ici remarquer qu'il ne s'est trouvé, pendant la seconde guerre mondiale, aucune autorité de premier plan pour garantir l'authenticité d'un programme d'extermination des juifs ; les déclarations officielles des Alliés sur ce sujet sont restées impersonnelles et imprécises, en particulier la déclaration du 17 décembre 1942. NDLR. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 - janvier 1991, p. 175-203


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TROIS JUGES FRANÇAIS DÉNATURENT UN «PROCÈSVERBAL» Le «procès-verbal» de la réunion de Wannsee ne porte ni date, ni en-tête, ni signature. Il n'est donc pas un vrai procès-verbal, d'autant plus, d'ailleurs, qu'il est connu sous trois différentes formes dactylographiées. On est en droit de récuser cet étrange papier qu'aucun magistrat ne songerait à prendre vraiment en considération. Peut-être ne s'agissait-il que d'un brouillon de procès-verbal. Examinons-le tout de même. Il passe pour rendre compte d'une réunion qui s'est effectivement tenue à Berlin-Wannsee sous la présidence de Reinhard Heydrich, le 20 janvier 1942. Sur un ensemble de quinze pages, il contient deux alinéas auxquels on veut à tout prix donner un sens des plus sinistres alors qu'en réalité il y est question d'affecter au service du travail à l'Est les juifs aptes au travail ; comme c'est le cas pour tous les prisonniers, les sexes seront séparés ; vu les dures conditions de ce travail à l'Est, sans doute une grande partie d'entre eux s'éliminera-t-elle ; ceux qui subsisteront seront les meilleurs ; à leur remise en liberté ils devront former la cellule germinative d'un renouveau juif. Pour mieux donner un sens funeste à ce passage, les juges Diet, Pluyette et Breillat, dans un jugement en date du 14 février 1990, déboutant M. Faurisson de sa plainte contre G. Wellers qui le traitait de «falsificateur», ont tout simplement dénaturé le contenu des deux alinéas. Sur un ensemble de 86 mots allemands, ils ont retranché 16 + 21 = 37 mots (soit 40 % du texte), effaçant ainsi toute mention de la remise en liberté des survivants, toute mention du renouveau juif, toute mention du fait que, pour les Allemands, il n'y avait là rien de nouveau vu que l'histoire enseigne qu'ainsi renaissent les nations. Traduction complète du texte original allemand Dans le cadre de la solution finale, les juifs seront emmenés vers l'Est sous bonne escorte et de la manière qui convient pour le service du travail. Formés en grandes colonnes de travail, hommes d'un côté, femmes de l'autre, les juifs aptes au travail seront conduits dans ces territoires en construisant des routes ; sans doute une grande partie d'entre eux s'y éliminera-telle par réduction naturelle. Ce qu'il en restera de toute façon à la fin, vu qu'il s'agira sans doute de la partie la plus capable de résistance, devra être traité de façon appropriée, vu que, constituant une sélection naturelle, cette partie sera considérée, à sa remise en liberté, comme la cellule germinative d'un renouveau juif. (Voyez la leçon de l'histoire.) [bei Freilassung als Keimzelle eines neuen jüdischen Aufbaues anzusprechen ist. (Siehe die Erfahrung der Geschichte.)] Traduction tronquée et dénaturée par les trois juges français Dans le cadre de la solution finale du problème, les juifs doivent être transférés sous bonne escorte à l'Est et y être affectés au service du travail. [Manque un fragment de 16 mots allemands ; la coupure n'est pas indiquée.] Il va sans dire qu'une grande partie d'entre eux s'éliminera tout naturellement par son état de déficience physique. Le résidu qui subsisterait en fin de compte — et qu'il faut considérer comme la partie la plus résistante — devra être traité en conséquence [1]. [Manquent deux fragments d'un total de 21 mots allemands ; la coupure n'est pas indiquée. ] Page 8 du jugement du 14 février 1990, TGI de Paris, 1ère chambre, 1ère section (MM. Diet, Pluyette, Breillat). 1. Nos trois juges décrètent que «traité en conséquence» signifie «tué». Or, au début des années 80, les historiens ont renoncé à cette interprétation et ont admis que la réunion


331 et le «procès-verbal» de Wannsee n'impliquaient pas de politique d'extermination. L'extermination des juifs n'aurait pas été programmée mais improvisée et aurait résulté, un peu partout en Europe, d'initiatives locales et individuelles. Nos trois juges, qui se piquent de dire l'histoire, ont près de dix ans de retard. Comme Georges Wellers. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 204-205


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DELEATUR DANS L'AFFAIRE NOTIN Dans un article de treize pages, Bernard Notin avait, en passant, exprimé en un court alinéa son scepticisme au sujet de l'existence des chambres à gaz hitlériennes. Ce fut l'élément déterminant du scandale. M. Gérard Destanne de Bernis décida d'envoyer aux abonnés (bibliothèques, universités, institutions) ce qu'en termes d'Église on pourrait appeler une monition de deleatur, c'est-à-dire un avertissement d'avoir à «faire disparaître» un article sacrilège. On trouvera ci-dessous le texte de deux pièces datées du 26 janvier 1990. L'une émane du bureau de l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées (11, rue Pierre-et-Marie-Curie, 75005 Paris, Institut Poincaré) et l'autre du directeur des Presses Universitaires de Grenoble. COMMUNIQUÉ Dans le dernier numéro de la revue Économies et Sociétés, sous le titre "La France vassale", l'article de M. B. NOTIN a soulevé la plus grande émotion par son contenu raciste, révisionniste, ascientifique. M. Frédéric POULON, responsable de ce numéro, reconnaît que ce texte a été substitué au moment de la publication à celui qui avait été soumis à la Direction de l'ISMEA.¶Celle-ci partage d'autant plus l'indignation que soulève ce texte qu'à son insu l'ISMEA a servi de véhicule à de tels propos. Elle rompt ses relations avec le responsable de ce Cahier. Elle demande aux abonnés, en particulier aux bibliothèques, d'éliminer cet article des exemplaires qu'ils ont reçus, pendant qu'elle le fait disparaître de ceux qui n'ont pas encore été diffusés. Pour le Bureau Yves CHAIGNEAU, François DENOEL, Gérard DESTANNE DE BERNIS, Jacques LESOURNE, Jean MARCZEWSKI, Pierre URI. PRESSES UNIVERSITAIRES DE GRENOBLE Concerne Économies et Sociétés n° 8/1989 Madame, Monsieur, Compte tenu du communiqué ci-joint qui vous en donne les raisons, nous vous demandons de bien vouloir faire disparaître l'article de Monsieur B. NOTIN (pp. 117 à 129) et de le remplacer par le texte joint. Nous nous excusons d'avoir à vous demander ce travail. Nous vous prions d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués. Le Directeur des P.U.G. A la demande de l'ISMEA. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 206


333

NON-LIEU DANS L'AFFAIRE DE NANTES Le professeur Jean-Claude Rivière, rapporteur de la thèse d'Henri Roques sur Gerstein («la thèse de Nantes»), avait été accusé par Alain Devaquet, ministre de l'Éducation nationale, de faux en écritures publiques en raison de la présence sur le procès-verbal de soutenance d'une fausse signature, d'ailleurs superfétatoire. Le recteur Jean-Claude Dischamps, avec le concours particulièrement complaisant du doyen Paul Malvy, avait remis au ministre un rapport qui n'était — en particulier sur le point de la fausse signature — qu'un réquisitoire aussi venimeux que hâtif. Le 5 mai 1988, le professeur était inculpé pour complicité de faux en écritures publiques. Le 26 octobre 1990, le juge d'instruction du tribunal de Nantes, saisi de l'affaire, vient de rendre une ordonnance de non-lieu dont la motivation est accablante pour les accusateurs de J.C. Rivière. L'affaire était grave ; en cas de renvoi devant la chambre d'accusation et d'une décision de poursuite, elle aurait entraîné, pour le professeur, une révocation par le conseil de discipline puis une comparution en cour d'assises. En 1986, la grande presse avait vu dans cette affaire l'occasion de dénoncer une fois de plus les «faussaires» qu'étaient, paraît-il, les révisionnistes ; la thèse d'Henri Roques en subissait un préjudice ; les trois membres du jury (les professeurs Allard, Rivière et Zind) apparaissaient comme les complices de ces prétendus faussaires. Sur le «faux en écritures» on se reportera à Libération (3 juillet 1986, p. 16) et Le Monde (4 juillet 1986, p. 4). Ni Libération, ni Le Monde, ni aucun organe de la grande presse n'ont informé leurs lecteurs de l'ordonnance de non-lieu. J.C. Rivière avait été suspendu d'enseignement et soumis à une expertise psychiatrique. En dépit de ses qualités de professeur et de chercheur qui lui ont valu une renommée internationale, il n'a plus le droit d'exercer ses activités à l'Université de Nantes. A l'instar du professeur Faurisson, il est détaché au Centre national de télé-enseignement situé à Vanves. Au milieu des épreuves qu'il lui a fallu traverser, il a rencontré un habile et tenace défenseur en la personne de Me Vigouroux, avocat au barreau de Nantes. Quant à A. Devaquet, il reconnaîtrait aujourd'hui avoir été «mal informé» de l'affaire. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 207-208


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LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (3) France On se souvient que, le 18 juillet, la section disciplinaire du conseil d'administration de l'Université Lyon III avait décidé d'interdire à B. Notin toute fonction d'enseignement et de recherche pendant un an et de le priver de la moitié de son traitement pendant cette période. L'intéressé a fait appel de cette décision auprès du CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) dont la commission d'instruction rendra son jugement le 11 janvier 1991. Si le ministre L. Jospin contresignait un jugement de condamnation, B. Notin pourrait encore exercer un recours auprès du Conseil d'État. B. Notin aurait dû reprendre son activité d'enseignement à la rentrée de 1990 puisque l'appel est suspensif. Mais les menaces ont été les plus fortes. L'UEJF (Union des étudiants juifs de France) s'oppose à la reprise des cours, ainsi que le Dr Marc Aron, président du comité de liaison des institutions et des organisations juives de Lyon, l'association d'étudiants en histoire de Lyon III «Marc Bloch» et l'association des professeurs d'histoire «René Cassin». Jacques Bonnet, vice-président de Lyon III, a fait savoir à l'UEJF qu'il souhaitait que B. Notin n'enseigne pas cette année «et même plus du tout». Au cas où, malgré tout, ce dernier reprendrait son enseignement, Jacques Bonnet s'engage à «faire quelques troubles dans [les cours de B. Notin] avec quelques étudiants». L'ancienne déportée raciale Simone Lagrange, témoin au procès Barbie, a assuré Jacques Bonnet qu'elle viendrait au besoin lui prêter main forte (Le Progrès [de Lyon], 5 nov., p. 9). Serge Klarsfeld sera probablement nommé professeur d'histoire à l'Université Lyon III ; un poste ad hoc serait créé par L. Jospin (Minute, 5 déc., p. 14-15 ; La lettre de Magazine-Hebdo, 14 déc., p. 4). La situation de B. Notin et de sa famille est difficile (marié, salaire unique, cinq très jeunes enfants). A cause des menaces, il a fallu momentanément disperser les enfants. B. Notin s'est fait exclure d'un club sportif de la ville. Mme Notin a vu sa banque résilier son compte. Cet été, elle a pu sauver de justesse leur chien qu'on lardait de coups de couteau ; un mois et demi plus tard, elle a retrouvé leur chat tué à coups de couteau. Deux livres sont attendus sur l'affaire Notin : l'un de l'intéressé et l'autre de son avocat, Me Gilbert Collard, chassé du MRAP pour avoir pris la défense du maître de conférences. Sur la monition adressée aux bibliothèques de France par l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées de Paris et les Presses universitaires de Grenoble en vue d'obtenir que les treize pages de l'article de B. Notin soient arrachées des exemplaires de la revue Économies et Sociétés, on se reportera, ci-dessus, à la page 206. Il circule actuellement dans les milieux universitaires un «manifeste pour les libertés universitaires» diffusé par Bernard Lugan, maître de conférences en histoire à l'Université Lyon III. Pierre Guillaume a ouvert une librairie vendant des ouvrages révisionnistes au 12 de la rue d'Ulm à Paris. Certains éléments de l'ENS (École normale supérieure) sont en effervescence. Le journal de l'ENS a appelé à une conférence sur le sujet, donnée par Jacques Le Goff, François Bédarida et Laurent Schwartz (Le Bocal, 21 nov., p. 1). La conférence s'est tenue le 29 novembre. Le 13 décembre, une manifestation hostile a rassemblé une cinquantaine de personnes devant la librairie. Les provocations se multiplient. Georges Nicod, responsable de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) dirigée par Jean PierreBloch, a déclaré : «Nous allons nous arranger pour provoquer des incidents pour que cette librairie soit fermée. Il y a une loi qui prévoit que, quand il y a trouble sur la voie publique, on peut supprimer la cause du trouble» (réunion d'information à Vichy, 13 décembre). Des groupes parcourent systématiquement toutes les habitations et tous les commerces du quartier où vit et exerce P. Guillaume pour alerter la population contre l'existence de sa librairie.


335 Le 31 octobre, la cour d'appel de Paris a rendu contre P. Guillaume un arrêt fondé rétroactivement sur la loi Fabius-Gayssot du 13 juillet (voy., ci-dessus, p. 33-43). Le 8 novembre, le tribunal administratif de Caen a rendu un jugement donnant satisfaction à Vincent Reynouard. Il y a eu excès de pouvoir de la part de Jean-Charles Viénot, directeur de l'ISMEA (Institut des sciences de la matière et du rayonnement) de Caen qui, le 2 juillet, avait prononcé l'exclusion temporaire de l'étudiant en raison d'une distribution de tracts révisionnistes en dehors de l'institut. V. Reynouard a été réintégré mais, par mesure de représailles, J.C. Viénot lui a interdit l'entrée dans certains laboratoires pour cause de «présence d'étrangers dans ces derniers». L'étudiant n'a donc pas le droit de choisir librement un stage ; il s'en est vu imposer un dans un laboratoire dépourvu d' «étrangers». J.C. Rivière, professeur à l'Université de Nantes, président du jury de «la thèse de Nantes» (thèse d'Henri Roques sur les «confessions» de Gerstein) était accusé de complicité de faux en écritures publiques. Le juge d'instruction vient d'ordonner un non-lieu dont la motivation est accablante pour les accusateurs (voy., ci-dessus, p. 204-205). Le Choc du Mois (25, rue J.J. Rousseau, 75001 Paris) et Robert Faurisson ont reçu, pour une seule et même interview publiée dans Le Choc du Mois de septembre (p. 9-11), deux citations directes devant le tribunal correctionnel de Paris (XVIIe chambre). L'une, émanant de la LICRA et de Jean Pierre-Bloch, constitue une plainte pour «diffamation raciale» ; l'autre, provenant de l'Amicale des déportés du camp de Buna-Monowitz représentée par son président Georges Wellers, s'appuie sur la récente loi punissant la «contestation des crimes contre l'humanité». Dans cette interview, le professeur déclare : «Je ne chercherai pas à tourner la nouvelle loi ; je lui ferai front.». Comme à chaque fois, le substitut Marc Domingo se joint à MM. Pierre-Bloch et Wellers et porte plainte aux deux motifs. De nombreuses autres actions judiciaires se sont achevées par la condamnation de révisionnistes ou sont en cours. Pascal Chipot, 24 ans, a été condamné par le tribunal correctionnel d'Épinal à trois mois de prison avec sursis pour des inscriptions comme «Les chambres à gaz, c'est du bidon. Faurisson a raison» (Jour J, La Lettre télégraphique juive, 9 juillet). Pierre Sidos vient d'être condamné par le juge Grellier et ses assesseurs à payer un total de 84 000 F essentiellement pour quelques lignes de caractère révisionniste (20 décembre). Par ailleurs, la répression s'accentue considérablement, du fait de Pierre Joxe et de Sarra Ouaknine, contre toutes les publications qui ouvrent tant soit peu leurs colonnes aux thèses révisionnistes. S. Ouaknine, fille de rabbin, 29 ans, commissaire de police nommée chargée de mission pour la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, est attachée à la «Direction des libertés publiques» [sic] du ministère de l'Intérieur. Elle se déclare heureuse de sa mission et s'estime modérée (Civic, journal du ministère de l'Intérieur, mai 1990, p. 12 ; interview de P. Joxe, Le Débat, sept.-oct. 1990, p. 13). Les arrêtés pris par P. Joxe contre les publications révisionnistes sont présentés comme des initiatives prises «depuis la profanation du cimetière de Carpentras» (Jour J, La Lettre télégraphique juive, 5 juillet). La Nouvelle droite se déclare contre le révisionnisme tandis que des publications anarchistes se déclarent pour. «Négationniste, la Nouvelle Droite ne l'a jamais été et moins que jamais n'entend le devenir. Dans l'actuelle polémique sur l'existence des chambres à gaz, il convient d'affirmer clairement que le GRECE ne soutiendra pas les [négationnistes] (Georges Charbonneau, «Du révisionnisme», Le Lien [bulletin de liaison des membres du GRECE], été 1990, p. 4). L'Anarchie publie un article de notre collaborateur Claude Courouve, «Remarques sur la question des chambres à gaz» (Alliance ouvrière anarchiste, 44, rue du Pavillon, 72100 Le Mans, septembre, p. 3-4). D'autres publications anarchistes sont aussi favorables au révisionnisme (voy. Robert Dun, «Vous avez dit révisionnisme ?», L'Homme libre, antidaté de janv. 1991, p. II-III, BP 205, 42005 St-Étienne Cedex 1).


336 Alfred Grosser tient les révisionnistes pour des défenseurs du «mensonge», pour des «négateurs» soutenant la thèse qu'Auschwitz était un «lieu hospitalier» [sic]. La loi du 13 juillet n'est pas une bonne réponse mais elle peut être utilisée avec modération car il faut sanctionner le mensonge : «Espérons qu'elle n'entrera pas dans l'arsenal habituel des tribunaux». Il semble que, si c'était le cas, le caractère exorbitant de cette loi serait, pour A. Grosser, trop voyant. Jean Kahn, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) estime qu'il faut créer «des chaires universitaires consacrées à la lutte contre les historiens révisionnistes ou négationnistes» («Luttons contre l'oubli ! / Les organisations juives sont préoccupées», Le Figaro, 5 oct., p. 3). «Contre le négationnisme /Mobilisation générale au Centre de documentation juive contemporaine». Les révisionnistes doivent savoir qu'ils auront à affronter en particulier Éric de Rotschild (Jour J, La Lettre télégraphique juive, 5 juillet). Lors d'une cérémonie à Izieu (Ain), Serge Klarsfeld a invité les étudiants juifs à ne pas se contenter d'être des gardiens passifs de la mémoire juive mais à «passer aux actes» : «dans votre vie de juif, passez aux actes pour défendre la mémoire, pour défendre l'État juif» (Le Progrès [de Lyon], 2 nov., p. 6). On se souvient que Serge et Beate Klarsfeld ont trouvé «normale» la tentative d'assassinat du professeur Faurisson du 16 septembre 1989. S. Klarsfeld estime que le livre d'Arno Mayer sur La «Solution finale» dans l'histoire (La Découverte, 1990) préfacé par P. Vidal-Naquet est du «délire» (Radio J, 31 oct., 20 h 40). A.G. Slama écrit : «Jusqu'à présent, le révisionnisme avait été surtout le fait d'esprits troublés, d'universitaires du dernier rayon ou de fascistes non repentis qui niaient la réalité de l'Holocauste […]. Quel gâchis ! Ce livre constitue le coup le moins attendu porté aux recherches couronnées par la somme de Raul Hilberg (La Destruction des juifs d'Europe, Fayard, 1988)» («Arno Mayer ou les dangers de la révision de l'histoire», Le Figaro, 22 nov., p. 16). A l'heure où A. Mayer a le courage de réviser le dogme des chambres à gaz, Henri Amouroux annonce aux enfants de France que les chambres à gaz ont existé. Jusqu'à présent, il refusait de se prononcer sur le sujet dans l'attente des conclusions d'une «commission internationale, et surtout pas nationale» d'experts en la matière ; il ajoutait qu'il ne lisait pas l'allemand et ne comprenait rien à la chimie ni à la mécanique. Dans De Gaulle raconté aux enfants (Perrin, août 1990), au chapitre intitulé «Des petits enfants comme vous», il commente une photographie d'enfants juifs «transportés dans des camps de concentration où ils étaient tués très vite» ; ailleurs, il parle de juifs «gazés ou tués à leur arrivée dans les camps» (p. 5758). Dans son avant-propos, il déclare : «J'ai écrit ce livre sur Charles de Gaulle en songeant à mes huit petits-enfants mais aussi à vous enfants de France, qui avez, comme eux, entre douze et dix-sept ans […] ; je me suis efforcé d'être historiquement honnête». Est-il honnête de porter contre un pays voisin une terrible accusation dont on sait qu'on n'est pas en mesure de la prouver ? Un septuagénaire peut-il courir le risque d'empoisonner l'esprit de jeunes enfants ? De quel œil les petits Français, lecteurs d'H. Amouroux, regarderont-ils les petits Allemands ? La romancière Régine Deforges, qui a beaucoup dénoncé la censure quand elle en était la victime, est en faveur d'une censure des écrits révisionnistes mais «après coup», et par les tribunaux («La 6e dimension», émission du 23 nov. consacrée à la censure, TV 6, 23 h 15). Le 24 novembre, une quarantaine de manifestants avec, à leur tête, des personnalités juives se sont introduites dans la propriété d'André Delachaux à Grez-sur-Loing (Seine-et-Marne) pour protester contre le caractère et l'activité révisionnistes de Radio-Renaissance (B.P. 1, 77780 Bourron-Marlotte) : «Nous sommes venus cette fois pacifiquement ; c'est un avertissement ; la prochaine fois, ce ne sera pas pareil» (voy. La Nouvelle République de Seineet-Marne, 26 nov., p. 3 ; Rivarol [9, passage des Marais, 75010 Paris], 7 déc., p. 9). La revue Historiens et géographes dénonce en R. Faurisson un falsificateur (oct.-nov. 1990, p. 260).


337 Le Patriote Résistant, organe de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) proteste contre la révision de Buchenwald et de Sachsenhausen (on y rappelle maintenant que ces camps ont servi, bien au-delà de 1945, à interner dans des conditions mortelles d'anciens nationaux-socialistes et autres opposants du régime communiste) et exprime sa réprobation, avec une autre association d'anciens déportés, devant la révision par le gouvernement des pensions versées aux anciens déportés ; sauf exception, il ne sera plus possible de percevoir plus de 350 000 F par an, c.-à-d. environ 30 000 F par mois (nov., p. 3, 4, 5 ; déc., p. 4, 9, 10 ; voy., pour mémoire, «M. Plantin [ministre] confirme "la révision des pensions exagérées qui constituent des abus"», Le Monde, 6 juin 1979, p. 20 et «Aux anciens combattants la patrie très reconnaissante», Libération, 11 nov. 1982, p. 6-7, où était signalé le cas d'une ancienne déportée grabataire, percevant alors 60 000 F par mois). Cet argent provient surtout des «réparations» allemandes. La révision de l'affaire de Carpentras se confirme, en même temps que le silence obstiné de Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, sur le sujet. Voy. : Paul Yonnet, «La machine Carpentras / Histoire et sociologie d'un syndrome d'épuration», Le Débat, sept.-oct., p. 18-34 ; Jean-Marie Domenach, «Silence sur Carpentras», Le Monde, 31 oct., p. 2 ; Jean Bothorel, «Machineries infernales», Le Figaro, 4 déc., p. 2 ; «L'Exhumation de Carpentras», Le Choc du Mois, décembre, p. 20-21). P. Joxe ne cache pas que les mesures de police prises contre le révisionnisme le sont à la suite de l'affaire de Carpentras, une «machinerie» qui a permis de neutraliser toute opposition véritable à la loi du 13 juillet 1990 et à intimider les parlementaires qui, après le vote de la loi, auraient voulu en appeler au Conseil constitutionnel. A L'ÉTRANGER Allemagne Il est probable qu'il n'existe plus d'Allemands pour ignorer ce qu'est le révisionnisme. Le désarroi des tribunaux allemands persiste. Les condamnations judiciaires se font plus hésitantes. La tendance générale semble être d'autoriser maintenant la contestation de l'existence des chambres à gaz et l'apologie du Rapport Leuchter à la condition de n'ajouter aucun commentaire qui pourrait paraître offensant, ne fût-ce que par un mot. On se reportera notamment aux procès suivants : • Wilfrid Bluschke, à Traunstein, condamné le 11 juillet ; • Fritjof Oswald Pohl, à Munich, condamné le 28 septembre (capitaine de corvette, l'accusé a démis de la Marine et privé de pension ; en présence de subordonnés, il avait émis des doutes sur la version présente de l' «Holocauste») ; • Peter Jentschura, à Münster, condamné le 20 novembre ; • Karl Theodor Förster, à Moosbach, condamné le 23 novembre ; • Ernst Günter Kögel, à Remscheid, acquitté le 1er mars ; en appel à Wuppertal, condamné le 28 novembre ; • Ekkehard Franke-Griksch, à Leonberg, condamné le 4 octobre ; • Gerd Honsik (Autrichien), à Munich, condamné le 5 décembre ; • Karl Philipp, à Remscheid, condamné le 13 décembre. D'autres procès s'annoncent. Les révisionnistes allemands procèdent à une recension de toutes ces décisions de justice sans oublier les noms des magistrats à qui il sera intéressant de rappeler un jour leurs dénis de justice, quelle que soit aujourd'hui leur hésitation à porter condamnation (la même recension sera faite pour la France).


338 Karl Philipp mène une action efficace en faveur du révisionnisme ainsi que la revue d'E. Franke-Griksch, Code (Verlag Diagnosen, Untere Burghalde 51, D-7250 Leonberg). K. Philipp signale que la Brockhaus Enzyklopädie en 24 volumes, 19e édition, 1990, continue d'affirmer dans l'article «Gaskammer» l'existence des chambres à gaz hitlériennes mais, dans son article «Juden» (Juifs), où il est question de «génocide» et de «camps d'extermination», cet équivalent de notre Grand Larousse encyclopédique supprime toute mention de gazage (à comparer avec l'édition de 1970). La «Bunte Liste Freiburg», association athée, assure le professeur Faurisson, membre, en France, de l'Union des athées, de son soutien dans le cadre de la défense de la liberté d'expression contre la persécution dont il est l'objet : «La loi du 13 juillet [1990] est certainement une infraction à la Constitution française où le droit à la libre expression est garanti». La «Fondation Auschwitz» (Maurice Goldstein) s'associe aux organisations juives qui demandent que le parlement allemand «décide d'inscrire dans la nouvelle Constitution allemande une référence à Auschwitz, symbole des crimes nazis» (Le Soir [de Bruxelles], 13 déc., p. 18). Joseph Ginsburg est mort. Sous le nom de Joseph G. Burg, ce juif mosaïque, originaire de Czernowitz (Roumanie), avait signé de nombreux ouvrages révisionnistes dont Schuld und Schicksal (Culpabilité et destin) et Majdanek in alle Ewigkeit ? (Majdanek pour l'éternité ?). Il disait avoir, en compagnie d'Ilya Ehrenburg, visité dès la fin de la guerre les camps d'Auschwitz et de Majdanek et y avoir constaté l'absence de toute chambre à gaz homicide. En 1975, allant porter des fleurs sur la tombe de sa femme, il avait été violemment agressé par un groupe de jeunes sionistes. En raison de ses opinions, on n'a pas permis qu'il fût enterré, dans «le carré juif», aux côtés de sa femme. Ses cendres ont été déposées le 19 juillet au nouveau cimetière sud de Munich. F.O. Miksche vient de publier Das Ende der Gegenwart (La Fin du présent). L'ouvrage connaît un tel succès que la première édition en a été rapidement épuisée ; la seconde édition est actuellement sous presse. D'après Deutsche Wochenzeitung (2 nov., p. 3, 10), l'auteur aurait écrit : «Le nombre des victimes juives [de la seconde guerre mondiale] peut se situer entre un million et un million et demi.» F.O. Miksche était citoyen tchécoslovaque en 1939 et élève à l'École d'application d'artillerie à Fontainebleau. Il joignit le Général De Gaulle et appartint à son état-major particulier. Une députée socialiste, Herta Däubler-Gmelin, demande au ministre de la justice de se prononcer sur le Rapport Leuchter. Le ministre refuse de répondre (Allg. Jüdische Wochenzeitung, 4 oct., p. 12). Dans deux réponses à un particulier le ministère avait déclaré que ce rapport constituait une «enquête scientifique» (R.H.R., n° 2, p. 185). Australie La plainte déposée en justice par le New South Wales Jewish Board of Deputies contre Your Rights (1990), publication dirigée par John Bennett, président de l'Australian Civil Liberties Union, n'a toujours pas eu d'autre suite que d'accroître la publicité de cette revue auprès de tous les médias. Une campagne de presse se développe contre l'Américain Fred Leuchter, auteur du fameux rapport sur l'inexistence des chambres à gaz homicides d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek (The Sunday Age, The Herald Sun, News Weekly). J. Bennett s'apprête à publier Your Rights (1991) où il persistera à exposer et à défendre les vues révisionnistes. Autriche


339 Le révisionniste Gerd Honsik est en train de récolter le fruit de son obstination. Il a réduit à quia le ministre de la Justice autrichien qui, en 1986, avait commis l'imprudence de vouloir prouver l'existence des prétendues chambres à gaz hitlériennes. Sur requête de l'avocat général de Vienne, deux expertises avaient été demandées, d'une part, à un chargé de cours à l'Institut de médecine légale de l'université de Vienne et, d'autre part, à un professeur de l'Institut d'histoire contemporaine de la même université. Chacun était chargé, dans son domaine propre, de prouver l'existence de ces chambres à gaz. Trois ans et demi plus tard, les deux universitaires (Dr. J. Missliewitz et Professeur Gerhard Jagschitz) se révélaient incapables de déposer leurs rapports d'expertises malgré les rappels à l'ordre du ministère. Du coup, le ministère décidait de déclarer «notoire» (offenkundig) l'existence des chambres à gaz. L'avocat de G. Honsik, le Dr. Herbert Schaller, note qu'on ne saurait tenir pour une «réalité historique» un fait à l'appui duquel on n'est pas en mesure de produire un élément de preuve «ici et maintenant» (Halt, oct.-nov., p. 4). La «chambre à gaz» de Mauthausen (en fait une douche, voy. R.H.R., n° 1, p. 80-82) devient un abcès de fixation dont les autorités gouvernementales et les responsables du camp parviennent de moins en moins à se libérer. Les écoliers autrichiens commencent à se poser des questions. Le 10 octobre, un groupe de cent professeurs français s'est rendu sur les lieux en visite organisée. A en juger par le compte rendu du Patriote Résistant (nov., p. 8-9), la chambre à gaz de Mauthausen ne paraît pas avoir convaincu ; dans un contexte des plus vagues et sans aucune photographie de «l'arme du crime», le long article comporte une seule fois l'expression de «chambre à gaz». Belgique Le procès d'Olivier Mathieu est fixé au 16 janvier devant la 57e chambre correctionnelle du tribunal de Bruxelles (Mme Hauzeur). Le professeur Faurisson est cité comme témoin. O. Mathieu et le Cercle des études révisionnistes persistent, malgré les campagnes de presse, à développer une intense activité. Des groupes samizdat multiplient leurs initiatives en faveur du révisionnisme. L'affaire Adrien Delcourt émeut la presse. Ce fonctionnaire de l'Office des étrangers a été suspendu pour avoir découvert, au prix d'une enquête des plus élémentaires, que des déportés signalés comme «non retrouvés, non revenus» dans le Mémorial des juifs de Belgique établi par Serge Klarsfeld et Maxime Steinberg étaient en fait revenus de déportation (Le Soir, 14 sept.). Une offensive antirévisionniste est lancée dans toutes les écoles du pays à l'initiative conjointement du Centre (juif) d'information et de documentation du Moyen-Orient (CID) et du bureau européen du Centre Simon Wiesenthal (Le Soir, 8/9 déc., p. 21). Canada Le 15 novembre, la Cour suprême a admis l'appel interjeté par E. Zündel à la suite de sa condamnation à 9 mois de prison pour «publication de fausse nouvelle». E. Zündel avait diffusé la brochure de Richard Harwood Did Six Million Really Die ? (En est-il vraiment mort six millions ?). L'Holocaust Remembrance Association, dirigée par Sabina Citron, avait obtenu de faire poursuivre E. Zündel par le ministère public et aux frais du contribuable canadien. Il n'était pas possible d'invoquer la loi antiraciste ; aussi le ministère public avait-il cru trouver un biais en déterrant une loi, d'origine anglaise, remontant à 1275 et qui punit la propagation de fausse nouvelle. Au procès de 1985 (cassé pour vices de fond) et à celui de 1988, on avait pu assister de la part du ministère public et des deux juges successifs à une surenchère de casuistique en vue d'expliquer au jury que les opinions d'E. Zündel n'étaient nullement en cause


340 et que tout le monde avait le droit de professer des opinions révisionnistes ; ce qui était reproché à l'accusé, c'était d'avoir professé le révisionnisme avec l'intime conviction que le révisionnisme était faux ! Voici qu'aujourd'hui la Cour suprême prend en considération un point que l'avocat d'E. Zündel n'avait jamais été autorisé à soulever : cette loi porte-t-elle atteinte à la liberté d'expression ? Si oui, ne doit-elle pas être rayée du nouveau code pénal ? E. Zündel note que, si les hommes politiques canadiens avaient fait leur travail et s'étaient souciés de ce point de la législation canadienne, on aurait épargné, au simple citoyen qu'il est, huit années d'une bataille épuisante, des frais énormes, d'abominables campagnes de presse contre sa personne au Canada et à l'étranger. Infatigable, l'historien David Irving a fait une tournée de conférences dans plusieurs villes du Canada, malgré les multiples pressions exercées — quelque-fois avec succès — par des groupes pour obtenir au dernier moment l'annulation de la location des salles. Quelques heures avant qu'il ne s'adresse à Ottawa à six cents auditeurs, la Chambre des Communes a voté à l'unanimité une motion portant : «La présente Chambre rejette toute tentative d'utiliser notre pays comme une tribune pour propager sciemment des déclarations trompeuses, inexactes et fausses sur l'Holocauste et la persécution, par les Nazis, des juifs et d'autres personnes» (Toronto Star, 6 nov.) On sait que le révisionnisme avait été déjà condamné de cette façon par le Président Reagan, le Président Bush, le Parlement britannique et le Parlement australien. Etats-Unis Du 13 au 15 octobre s'est tenu à Washington le dixième congrès de l'Institute for Historical Review. Pour la première fois depuis de longues années, il ne s'est produit aucune tentative pour obtenir l'annulation de la location des salles et des chambres retenues. Parmi les orateurs figuraient notamment Robert Faurisson, David Irving, Fred Leuchter, Robert Countess, le professeur Albert Kawachi, venu du Japon, et — en vidéo à cause des risques de «bannissement» — Ernst Zündel. Le prestigieux historien John Toland a, lui aussi, participé à la conférence ; sans se prononcer sur le révisionnisme, il s'est déclaré en faveur de la liberté d'expression des révisionnistes et s'est ému des violences dont ces derniers sont les victimes. Willis Carto a révélé pour la première fois par qui et comment l'Institute for Historical Review de Los Angeles avait été détruit de fond en comble par un incendie criminel le 4 juillet 1984 : un spécialiste, venu de Tel Aviv, avait opéré avec l'aide de trois personnes qui se trouvaient sur place. Pour D. Irving, le «navire de guerre Auschwitz» est en train de couler cependant que les membres de son équipage s'invectivent, allusion à la tournure que prennent les disputes entre Raul Hilberg, Schmuel Krakowski, Rudolf Vrba, Yehuda Bauer et Marvin Hier (Jewish World [West Palm Beach, Floride] reproduisant une dépêche de la Jewish Telegraphic Agency, New York, 9/15 mars, p. 13, 52). Robert Lenski publie The Holocaust on Trial (L'Holocauste en jugement), Reporter Press, Decatur, Alabama 35602, 1989 [achevé d'imprimer : 3 août 1990], IV-545 p. Cet ouvrage, de qualité scientifique, représente une contribution majeure au révisionnisme historique : il est essentiellement fondé sur la transcription du second procès Zündel, celui de 1988 dont la fin, spectaculaire, avait vu le témoignage de Fred Leuchter et celui de David Irving annonçant son ralliement aux thèses révisionnistes. La campagne déclenchée contre Fred Leuchter prend une dimension internationale. L'auteur du rapport concluant à la non-existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz, Birkenau et Majdanek est décrit comme un faux ingénieur, un bourreau ayant mis au point un système d'injection qui constitue un tel supplice pour les condamnés à mort que ceux-ci ne laissent rien voir de leurs souffrances ; sa femme est laide ; son bureau est exigu ; il est une réincarnation d'Eichmann (voy., pour la presse française, Stéphane Marchand, «Le bourreau torturait


341 innocemment», Le Figaro, 30 oct., p. 15). A Boston, où il habite, une plainte est actuellement instruite pour «usurpation du titre d'ingénieur». Serge et Beate Klarsfeld sont venus sur place organiser des manifestations de rue. Fred Leuchter voit dénoncer, les uns après les autres, ses contrats de travail ; son affaire a périclité. Rappelons, pour mémoire, que c'est à Boston qu'au XVIIIe siècle se déroula le procès des «sorcières de Salem». L'ouverture à Washington de l'«US Holocaust Memorial Museum» est prévue pour avril 1993. Il semble que les autorités responsables ne savent toujours pas comment présenter l'arme par excellence de l'«Holocauste» : la chambre à gaz. Les révisionnistes, et notamment Hans Schmidt, responsable de GANPAC (German-American National Political Action Committee), leur ont fait savoir qu'il serait indispensable de renoncer aux inventions d'une propagande de haine. Grande-Bretagne La justice britannique refuse de donner suite aux sollicitations en vue d'une poursuite des révisionnistes (Helen Jacobus; «No Move against far-Right lies» [Pas d'action contre les mensonges de l'extrême droite], The Jewish Chronicle, 17 août). Le Foreign Office demande au Kremlin s'il entend ouvrir une enquête sur le cas du général Pyotr Karpovich Soprunenko qui aurait joué un rôle essentiel dans le massacre de 15 000 officiers à Katyn et en deux autres points d'Union soviétique. La Pologne a formulé la même demande. Lord Bethell, membre du Parlement britannique, fait valoir que, si la Grande-Bretagne s'apprête à poursuivre les «criminels» nazis qui sont sur son territoire, elle doit, de la même façon, poursuivre les «criminels» communistes ; elle peut aussi ne poursuivre ni les uns ni les autres. Le Gouvernement de sa Majesté est dans l'embarras (Julia Langdon, «The net tightens on Katyn General» [Le filet se resserre autour du général de Katyn], The Sunday Telegraph, 2 sept.). Le chapitre de Katyn est loin d'être clos. La presse allemande vient de révéler les noms d'officiers et de soldats allemands condamnés à mort et exécutés à la suite d'un jugement prononcé par un tribunal de Léningrad en novembre 1945 ; ceux-ci avaient été jugés coupables du crime de Katyn. Les condamnés ont été exécutés («Innocent executed», The Gazette Montreal, 5 nov.). Italie Le pape Jean-Paul II vient, probablement pour la première fois dans l'histoire de la papauté, d'évoquer les «chambres à gaz» comme si elles avaient existé (voy., ci-dessus, p. 29, n. 5). Suède En dépit de sa condamnation, le 4 octobre, par la cour d'appel de Stockholm, Ahmed Rami intensifie son activité révisionniste en Suède et hors de Suède. La peine de six mois d'emprisonnement a été confirmée au terme d'un procès qui a duré un mois. La cour a estimé qu'en ce qui concerne l' «Holocauste», A. Rami avait le droit de nier la version juive mais ne pouvait parler de «bluff» ni ajouter que les sionistes avaient été les auteurs de ce bluff et en tiraient profit. C'était là un grave «manque de respect» à l'encontre du peuple juif. A. Rami s'attend à être emprisonné d'un moment à l'autre. Il n'en décide pas moins de relancer les émissions de Radio-Islam qui avaient été interdites et suspendues pour un an. Jan Bergman, sans se prononcer sur le révisionnisme, avait accepté de témoigner en faveur d'A. Rami du seul point de vue de la controverse sur la religion juive. Les organisations juives locales et internationales mènent campagne contre ce professeur d'histoire des religions à


342 l'Université d'Uppsala et contre ladite université elle-même. Du monde entier, le président de l'université reçoit des demandes en vue d'évincer de son poste le professeur Bergman. Le président et les responsables de l'université condamnent cette campagne et déclarent leur attachement à la liberté d'expression. A comparer avec le cas, en France, de B. Notin. Sigbert Axelsson, recteur de l'institut de théologie de cette université et personnalité influente au sein du Parti social-démocrate, explique, dans une réponse de six pages adressée au président Martin Conway de Sally Oak College (G.-B.) pourquoi l'université rejette toutes les accusations portées contre Jan Bergman. Suisse Mariette Paschoud et son mari ne cessent de payer un lourd tribut, non à leurs convictions révisionnistes, mais au fait qu'en 1986 Mme Paschoud, professeur de français et d'histoire dans un lycée de Lausanne, était venue présider à Paris une conférence où Henri Roques avait essayé d'exposer le contenu de sa thèse sur Gerstein. En un premier temps, elle se voyait interdire l'enseignement de l'histoire ; en un second temps, devant l'impatience du rabbin Vadnaï, elle se voyait interdire l'enseignement du français et reléguer dans un obscur emploi d'archiviste. Son mari était licencié d'une entreprise privée. Il trouvait un emploi public. Il vient d'en être démis à la suite d'une longue campagne le décrivant comme suspect d'idées extrémistes (lire : révisionnistes). Correspondante du Monde à Genève, Isabelle Vichniac annonce que la Fondation Simon Wiesenthal, dont le siège est à Los Angeles, demande au Comité international de la CroixRouge à Genève de rompre avec le Croissant-Rouge palestinien ; dans le magazine de cette organisation, Balsam, est paru un article «qui épouse les thèses révisionnistes niant le génocide des juifs durant la deuxième guerre mondiale». La Fondation S. Wiesenthal, dirigée par le rabbin Marvin Hier, parle de «provocation terrible» (Le Monde, 20 déc., p. 6). Le Gouvernement helvétique envisage d'adopter une loi antirévisionniste. Monde arabo-musulman Le Gouvernement suédois a commis une erreur en faisant poursuivre Ahmed Rami et en obtenant sa condamnation ainsi que la suspension, pour un an, de Radio-Islam. Le monde arabo-musulman ignorait à peu près tout du révisionnisme historique. La presse arabomusulmane à travers le monde entier s'est fait l'écho du verdict, l'a qualifié de scandaleux et croit y voir une nouvelle preuve du terrorisme intellectuel exercé par les sionistes en Occident. A Alger, le journal gouvernemental Al-Khabar a consacré un article au procès Rami (14 nov.) ; Al Monkid, organe officiel du Front islamique de salut (FIS) a écrit le 15 novembre, sous le titre : «Le plus long procès de l'histoire de la Suède/Six mois de prison contre l'islamiste marocain Rami/Combat et défi contre le complot juif et sioniste», un article où l'on peut notamment lire : «Rami a réussi, à travers les programmes de Radio-Islam émettant en suédois en Suède, à divulguer les falsifications juives de l'histoire des faits de la seconde guerre mondiale dans leur tentative de terroriser l'Europe occidentale en vue d'obliger celle-ci à soutenir aveuglément les thèses juives et l'occupation juive de la Palestine et à s'aligner sur tout ce qui, dans la propagande juive, est antiislamique.». L'accent de cet article, qui ne donne une vue ni sereine, ni exacte du révisionnisme historique, s'explique par la tension du conflit israélo-palestinien et, aussi, par la surprise ressentie à la découverte, tardive et soudaine, des thèses révisionnistes. Du 4 au 7 décembre s'est tenue à Téhéran une conférence islamique sur la Palestine, organisée par le ministère des Affaires étrangères iranien en collaboration avec les organisations islamiques mondiales. Plusieurs centaines de délégués y ont participé. Le


343 président de la République Rafsandjani, le président du Parlement Karroubi, le guide suprême de la Révolution islamique iranienne l'ayatollah Khameny ont prononcé des discours ; ce dernier a condamné ce qu'il a appelé les mensonges des juifs, lesquels, dans leur version de la seconde guerre mondiale «ont énormément exagéré leur rôle de victimes». Ce «mensonge» a été amplifié par les films, les publications et les moyens de propagande que les juifs, dit-il, dominent en Occident. L'orateur a incité les musulmans à contrecarrer cette propagande par la production de films et par l'élaboration d'études visant à divulguer «le sinistre bluff» et à démontrer, au contraire, la responsabilité des juifs dans l'actuel génocide des Palestiniens. Invité à Téhéran, A. Rami a pu s'adresser aux participants et a tenu une conférence de presse devant une centaine de journalistes de la télévision, de la radio et de la presse iraniennes. Il a été reçu par les vice-ministres de l'Information, des Affaires étrangères et de la Propagation islamique. Le 14 décembre, il a donné une interview à la radio nationale iranienne. Les organisations israéliennes s'inquiètent des «Palestiniens qui nient la Shoah» (Haaretz, 25 mai, repris par Der Landesverband der Israelit. Kultursgemeinden in Bayern, décembre, p. 43). J. Webber, professeur de sciences sociales juives à Oxford, estime que plus d'Arabes devraient être conduits à visiter Auschwitz (The Jewish Chronicle, 9 nov.). Sur un article révisionniste de Balsam, organe du Croissant-Rouge palestinien, voy., ci-dessus, p. 221. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p.209-222


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 4, février - mars - avril 1991 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes • • • • • • • • • • • • • •

R.H.R (Robert Faurisson) : EDITORIAL (4), p. 5-8 Henri Roques : LA R.H.R. DEVANT LE CONSEIL D’ETAT, p. 9-11 Jean-Claude Valla : DROIT DE REPONSE, p. 12 Serge Thion : A PROPOS DE MM. BOUDAREL, NOTIN, FAURISSON ..., p. 13-24 Robert Faurisson : CHRONIQUE SECHE DE L’EPURATION, p. 25-50 Denis Hill : L’ANGLETERRE DANS LA GUERRE CIVILE EUROPEENNE, p. 51-94 Carl O. Nordling : A-T-ON EXTERMINE LES PERSONNALITES JUIVES DE POLOGNE ?, p. 95-100 R.H.R. : LA CONTRE-EXPERTISE DE CRACOVIE, p. 101-104 Jessie Aitken : LEON POLIAKOV, PIERRE VIDAL-NAQUET, CLAUDE LANZMANN, p. 105-106 R.H.R. : PROCES FAURISSON, p. 107-133 André Martin : LE FAUX PAS DE REYNALD SECHER, p. 152-164 John Cobden : DACHAU : VERSION OFFICIELLE REVUE ET CORRIGEE, p. 165191 R.H.R. : WANNSEE : UNE DENATURATION CONFIRMEE, p. 192-193 R.H.R. : LE REVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE, p. 194-206


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Éditorial (4) En dépit de la multiplication des écueils, le révisionnisme poursuit son cours et gagne en puissance. En France, on voit se former contre lui une sorte d'union sacrée de tous les pouvoirs : le pouvoir législatif (avec la loi Fabius dite Gayssot), le pouvoir exécutif (avec les arrêtés Joxe), le pouvoir judiciaire (avec les décisions Grellier), le pouvoir des grands organes de presse (avec, en particulier, Le Monde), les associations juives et autres ligues (avec onze d'entre elles se constituant partie civile au procès Faurisson), les milices juives (qui frappent partout en toute impunité), l'Université (avec l'affaire Notin), l'enseignement supérieur (avec l'affaire Reynouard), les syndicats (qui, par tracts et articles, alertent leurs militants), et enfin des officines gouvernementales spécialisées comme la Direction des libertés publiques [sic] au ministère de l'Intérieur ou la Direction de l'information historique [sic] au Secrétariat d'État chargé des anciens combattants. Colloques et collectifs antirévisionnistes abondent. Depuis quelques mois, les petites villes de la France profonde sont conviées, elles aussi, à se tenir en état d'alerte pieuse. On mobilise les enfants des écoles ; on les mène de centres d'histoire de la Résistance et de la Déportation en projections spéciales de Nuit et Brouillard (film où la salle de douches de Majdanek est encore présentée comme une chambre à gaz homicide, où le bobard du savon à base de graisse humaine persiste, où l'on enseigne qu'à Birkenau il est mort 9 millions de déportés) ; les lycéens aux horaires pourtant surchargés doivent écouter d'anciens déportés, sortes de témoins professionnels qui parcourent la France pour y porter la bonne parole, puis à ces mêmes lycéens on fait rédiger des dossiers sur les horreurs de la dernière guerre (certaines horreurs, toujours les mêmes et jamais les autres). Les historiens de cour et les facteurs de manuels d'histoire font allégeance au credo institutionnel. Les révisionnistes ont enfin contre eux «la conscience universelle» : la formule est de Mme Édith Dubreuil, procureur et porte-parole du ministre de la Justice. Enfin, force du tabou : parce qu'il ne croit pas aux chambres à gaz hitlériennes, un professeur est condamné à une peine de 250 000 F dont 100 000 F avec sursis. Chez les universitaires, chez les historiens, chez les hommes politiques, pas une voix ne s'élève. Ce silence effraie ; il est celui de la peur. Bref, tout, en apparence, devrait donc aller pour le mieux dans notre pays si l'on se place au point de vue des intérêts propres à Elie Wiesel, Simon Wiesenthal, Serge Klarsfeld ou encore aux points de vue du R.P. Riquet et de Mme Geneviève Anthonioz-De Gaulle. * Or, à en croire ces personnes, tout va pour elles de mal en pis. Elles découvrent que les révisionnistes français semblent puiser de nouvelles forces dans l'épreuve. C'est ainsi, pour commencer, que ces derniers persistent à publier, livraison après livraison, une Revue d'Histoire Révisionniste que leurs adversaires qualifient de pseudo-scientifique, ce qui pourrait bien signifier qu'elle est authentiquement scientifique. En plein Paris, au cœur du Quartier latin, les révisionnistes ouvrent une librairie située au 12 de la rue d'Ulm, à quelques pas de l'École normale supérieure où, du même coup, se crée un «Comité antinégationniste». Tenue par des libertaires, cette librairie est systématiquement assiégée, attaquée ou souillée. Mais elle reste ouverte à tous, ouverte au dialogue et aux discussions publiques ; on y trouve même les ouvrages les plus hostiles au révisionnisme. Sur l'autre rive de la Seine, au 10 de la rue des Pyramides, une librairie de droite vend à profusion les écrits révisionnistes ; on ne l'attaque plus car elle se défend. En d'autres points de France, d'autres librairies et des centres de diffusion, parfois clandestins, répandent ces mêmes écrits. La répression a eu pour effet de susciter des activités de samiszdat qu'on ne parvient plus à localiser, tant les sources


346 deviennent nombreuses de ces actions disparates, parfois brouillonnes ou irritantes, mais souvent ingénieuses. Nos relations avec l'étranger se diversifient. L'échange rapide d'informations et les consultations sur la marche à suivre, d'un pays à l'autre, dans les périodes de crise permettent de nouer les contacts nécessaires au renforcement d'une internationale révisionniste à travers le monde, au-delà de toutes les opinions politiques. A peu près partout se profile un désastre pour les tenants de la religion de l' «Holocauste», tant leur pouvoir n'a d'égal que leur impuissance. Nos adversaires s'inquiètent du désarroi qui règne dans leurs propres rangs. Leurs dissensions éclatent au grand jour. On prendra connaissance ci-dessous des vicissitudes que traversent, dans une atmosphère irrespirable, les Claude Lanzmann, Arno Mayer, Pierre VidalNaquet, Raul Hilberg, Léon Poliakov et, surtout, les responsables du Musée d'État d'Auschwitz, confrontés aux résultats d'une expertise imprudemment réclamée à un Institut de criminologie de Cracovie. La Revue d’Histoire Révisionniste est la première publication française à faire état de cette expertise que la grande presse et les historiens de l’«Holocauste» cherchent à tenir cachée. * La «guerre du Golfe» continue, quant à elle, d'avoir les suites désastreuses qu'on pouvait prévoir : désastreuses pour tous sauf - au moins provisoirement - pour l'État d'Israël qui, enrichi de nouvelles prébendes financières, aggrave sa politique de colonisation. L'histoire de cette guerre offrira un vaste champ d'investigation au révisionnisme historique. Nous ne savons encore à peu près rien sur les causes du conflit, sur son déclenchement, sur son déroulement. En revanche, sur la propagande des vainqueurs et sur leurs mensonges, nous en savons déjà beaucoup. Même un Jean-François Kahn s'en avise, quoique un peu tard. Après «Timisoara», les journalistes s'étaient juré qu'on ne les reprendrait plus à forger et à colporter d'hallucinantes histoires d'atrocités ; l'un d'eux, Michel Castex, a même écrit un livre sur le sujet : Un mensonge gros comme le siècle. Mais ce siècle a duré six mois. Les journalistes ont récidivé avec «Carpentras». Puis, ils ont recommencé avec «Bagdad» et surtout avec «Tel Aviv». Le mythe des chambres à gaz et des gazages est revenu en force. Il est douteux que, dans la confection du mensonge historique, on se renouvelle beaucoup. D'âge en âge, les formes les plus défraîchies de ce type de mensonge produisent les mêmes horreurs de fiction. Dans la «guerre du Golfe», le mythe des chambres à gaz est réapparu quasiment à l'identique, au point que l'hebdomadaire juif américain à grand tirage The Jewish Press pouvait, dans une atmosphère d'excitation belliciste, titrer en première page de sa livraison du 15 février : War News !/Iraquis Have Gas Chambers/For All Jews (Nouvelles du front. Les Irakiens possèdent des chambres à gaz pour tous les juifs). * L'un des intérêts du révisionnisme est qu'il apprend à voir les événements avec une sorte de recul instantané. Un révisionniste conséquent n'a pas plutôt vu qu'il revoit. Si on lui propose des images, il les scrute. Si on lui impose un commentaire, il l'analyse. Si on lui annonce qu'il va être le témoin d'abominations sans précédent soit par la qualité, soit par la quantité, sa méfiance s'éveille et, le plus souvent, il détectera sous une apparence nouvelle le vieux produit frelaté de la haine et de l'exagération. Fera-t-on appel à son cœur, aux bons sentiments, aux grands principes, il saura qu'en la circonstance rien n'est plus suspect. Un révisionniste — qui sait ? — a peut-être autant de cœur qu'un autre. Peut-être est-il sensible aux bons sentiments et aux grands principes. Mais, ce qui est sûr, c'est que, d'abord et avant tout, il désire voir, revoir et savoir avant de juger. C'est son droit, pense-t-il, et même son devoir. En France, il n'est guère de quotidien qui cherche plus que La Croix-L'Événement (directeur de la rédaction : Noël Copin) à jeter le discrédit sur le révisionnisme et il est peu d'historiens qui se soient autant acharnés contre nous que Madeleine Rebérioux, récemment devenue présidente de la Ligue des droits de l'homme, ligue qui nous a poursuivis jusque


347 devant les tribunaux. Cependant, La Croix-L'Événement, Madeleine Rebérioux et la Ligue des droits de l'homme ont tous trois aujourd'hui un autre point commun : les voici qui découvrent que le révisionnisme avait peut-être raison dans sa dénonciation de certains témoignages, de certains chiffres ou de certains faits relatifs à Auschwitz. A leur tour, ils suspectent les «souvenirs» de certains survivants, les chiffres «mal vérifiés» et même les chambres à gaz «reconstruites de toutes pièces pour les visites». Mais écoutons plutôt : Question de La Croix-L'Événement : Malgré la loi antiraciste [du 13 juillet 1990] – qui considère comme un délit la «négation de crimes contre l'humanité» –, le révisionnisme ne s'est jamais aussi bien porté. Que faire de plus contre Faurisson ? [Réponse de Madeleine Rebérioux :] Avec cette nouvelle loi, le pouvoir politique a eu tort de laisser aux juges le soin de décider de la vérité historique. Il n'y a en effet pas d'autre réponse au révisionnisme que la confrontation patiente entre la mémoire et l'histoire, entre les souvenirs des derniers survivants du génocide juif et le travail modeste de l'historien qui rectifie tel chiffre et «révise» tel témoignage incomplet. La connaissance sur Auschwitz est loin d'être épuisée. Les chambres à gaz y ont été détruites à la Libération et celles qu'on y trouve aujourd'hui ont été reconstruites de toutes pièces pour les visites. Ce n'est donc pas à partir de leur étude ni d'un nombre 4de morts mal vérifié apposé sur une plaque à l'entrée du camp, que peut surgir la vérité. Face à Faurisson, il n'y a pas d'autre perspective pour l'historien que de cultiver le doute sur chaque point particulier, sans remettre en cause l'essentiel : à savoir la réalité incontournable de la Shoah. (Propos recueillis par Pierre-Yves Le Priol, 5-6 mai, p. 24) Le révisionnisme, assurément, «ne s'est jamais aussi bien porté». La Rédaction 8 mai 1991 Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 5-8


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LA R.H.R. DEVANT LE CONSEIL D'ÉTAT Henri Roques Nos lecteurs savent que, par arrêté en date du 2 juillet 1990, M. Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, a interdit notre revue de vente aux mineurs, d'exposition et de toute publicité (voy. R.H.R. n° 2, août-octobre 1990,p. 8). En qualité de responsable de notre revue, j'ai intenté auprès du Conseil d'État un recours en excès de pouvoir contre cet arrêté. Sollicité par le Conseil d'État de présenter ses observations, le ministre de l'Intérieur a répondu par une lettre des plus étranges, d'où il ressort que désormais, en France, ledit ministre a compétence pour se prononcer sur les droits, les devoirs et les limites de l'activité de l'historien (lettre du 7 janvier 1991, signée Jacques Mathieu, réf. OS/FF/A 5184/DLPAJ [Direction des libertés publiques et des affaires juridiques] /CAJ/BCLP ; tél. : 49 27 40 51). Il nous semble qu'en conséquence tout historien français sera bien inspiré de prendre ses précautions et, avant toute publication, de consulter au préalable le ministère de l'Intérieur en les personnes de Mme Paule Fosse, chef de bureau de la prévention et de la protection sociales (49 27 36 35), ou son adjointe, Mme Ariane Pariente (49 27 31 45). Ces deux fonctionnaires dépendent de Jean-Marc Sauvé, directeur des libertés publiques et des affaires juridiques (49 27 40 51). Mme Sarra Ouaknine est chargée de mission pour les problèmes liés au racisme (49 27 31 38) ; fille de rabbin (voy. R.H.R. n° 3, novembre 1990/janvier 1991, p. 6), elle collabore avec M. J.-M. Sauvé à la répression des écrits révisionnistes et, en définitive, c'est peut-être bien à cette «responsable de cellule» qu'il siérait de réclamer tout éclaircissement en vue d'obtenir à coup sûr une autorisation d'imprimatur. Aux observations du ministre j'ai répliqué par une lettre en date du 17 février 1991. Ma lettre est trop longue pour être ici reproduite dans son intégralité. Je commence par y rappeler que l'accusation de «racisme» lancée par le ministre contre la première livraison de notre revue repose essentiellement sur trois remarques du Canadien Ernst Zündel et sur un extrait du Tunisien Mondher Sfar. Dans tous les cas, le ministre, usant de divers procédés, a dénaturé les textes d'origine, leur sens et leur portée. Le parquet n'a d'ailleurs pas poursuivi notre revue ni ces deux auteurs et, s'il l'avait fait, M. Sfar aurait été le premier étranger d'origine arabo-musulmane à tomber sous le coup de la loi de 1972 (celle du 13 juillet 1990 n'étant pas encore en vigueur). J'ai fait remarquer au ministre que ses leçons en matière d'histoire prouvent qu'il se sait en présence non d'une affaire de «racisme» mais bien devant un point d'histoire : le problème du génocide et des chambres à gaz. Il ne juge pas seulement de la première livraison de notre revue mais du révisionnisme tout entier. Il lui aurait fallu lire des dizaines de milliers de pages. Il ne l'a pas fait et n'a donc pas le droit de juger. J'ai appelé son attention sur deux décisions judiciaires (arrêt Grégoire du 26 avril 1983 et jugement Diet du 16 décembre 1987) qui légitimaient la recherche révisionniste ainsi que sur trois publications historiques (le premier rapport Leuchter, le livre d'Arno Mayer et la traduction en français de l'ouvrage de Raul Hilberg) qui prouvent le sérieux de nos travaux. J'ai signalé que le Tribunal militaire de Nuremberg n'a jamais prouvé l'existence des chambres à gaz et du génocide ; grâce aux articles 19 et 21 de son statut, il a tenu cette existence pour prouvée ; encore ne l'a-t-il fait qu'implicitement. Ma lettre se terminait sur une considération d'ordre juridique. Sous le titre «La R.H.R. n'est pas une publication "principalement destinée aux enfants et aux adolescents"», j'écrivais :


349 Pendant douze ans (1979-1990), on a tenté d'abattre le révisionnisme historique par le recours aux tribunaux. En vain. L'échec judiciaire est patent. Pour y remédier, on use de mesures de police. La mesure prise contre notre revue s'inscrit dans le cadre d'une opération politique contre d'autres publications qui n'ont rien de commun avec le révisionnisme. A la différence des autorités gouvernementales, la R.H.R. ne suit aucune ligne politique ; elle demande à être préservée de l'arbitraire des pouvoirs en place. M. le Ministre écrit : «Le facteur de trouble que serait susceptible d'engendrer auprès de jeunes gens la propagation d'une telle revue justifie juridiquement la décision d'interdiction dont elle a été frappée, étant entendu que cette interdiction ne revêt pas en toute hypothèse un caractère absolu, la vente par abonnement à des majeurs étant possible» (p. 6, al. 1). Pourquoi parle-t-il de «jeunes gens» là où la loi parle de «mineurs» ou d' «enfants» et d' «adolescents» ? Est-ce pour entretenir une confusion ? L'article 1 de la loi intitulée «Sur les publications destinées à la jeunesse» précise d'emblée le champ d'application de cette loi : Sont assujetties aux prescriptions de la présente loi toutes les publications périodiques ou non qui, par leur caractère, leur présentation ou leur objet, apparaissent comme principalement destinées aux enfants et aux adolescents. Cet article n'a jamais été modifié et aucune modification apportée à d'autres points de cette loi ne permet de sortir des limites tracées par son article premier. Ni par son caractère (qui est celui d'une recherche historique), ni par sa présentation (sobre et même austère), ni par son objet (susciter et encourager l'effort de réflexion critique), la R.H.R. ne peut apparaître comme principalement destinée aux enfants et aux adolescents. Nos lecteurs nous pardonneront si la R.H.R. accorde tant de place à des écrits de justice et de police. Ils savent que tout débat public nous est interdit en France et que c'est dans les officines policières et devant les tribunaux que se mène une bonne partie de cette controverse historique sur la seconde guerre mondiale. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 9-11


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DROIT DE RÉPONSE Paris, le 24 janvier 1991 En pages 211 et 212 de son numéro 3, la Revue d'Histoire Révisionniste s'appuie sur un article de Georges Charbonneau, paru dans le bulletin de liaison des membres du GRECE, pour affirmer que «la Nouvelle Droite se déclare contre le révisionnisme». N'étant plus membre du GRECE, j'ignore si M. Charbonneau est habilité à parler au nom de cette association, mais celle-ci ne saurait avoir la prétention de parler au nom de tous ceux qui se reconnaissent dans ce qu'il est convenu d'appeler la «Nouvelle Droite» et dont les frontières dépassent, fort heureusement, celles du GRECE. Ayant été secrétaire général du GRECE, rédacteur en chef d'Éléments et directeur des Éditions Copernic, je dénie à quiconque le droit de s'ériger en porte-parole de la Nouvelle Droite. Personnellement — mais cette opinion n'engage que moi — j'ai acquis depuis longtemps la certitude que les révisionnistes avaient raison. Et, si vous le jugez utile, je vous autorise à le faire savoir. JEAN-CLAUDE VALLA Revue d'Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 12


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A PROPOS DE MM. BOUDAREL, NOTIN, FAURISSON … Serge Thion La guerre produit toujours des nouveautés. Le son du clairon a électrisé quelques vétérans des guerres de l'Empire, en France et en Amérique. Malgré la fatigue qu'ils éprouvent à remâcher leurs anciennes défaites, la guerre du Golfe a libéré une dose d'adrénaline qui leur a donné fugitivement la sensation de retrouver une jeunesse perdue et une occasion de venger leurs hontes passées. Pendant que Bush croit enfin pouvoir dire «Goodbye Vietnam», d'anciens soldats de l'armée coloniale française, vaincus aussi au Viêt-Nam, se lancent à l'assaut d'une moindre forteresse, celle de l'impunité dont jouirait un universitaire, M. Georges Boudarel, aujourd'hui entouré de l'estime de ses pairs. Celui-ci, communiste à l'époque stalinienne, professeur à Saigon (et non pas, comme le dit curieusement le parti républicain, «membre des forces françaises») est passé au maquis en 1950 pour lutter, aux côtés du Viêtminh, contre la tentative de reconquête coloniale française. Dans ce cadre il fut pendant quelques mois adjoint du commissaire politique d'un camp de prisonniers de guerre français (non reconnus comme tels par la France, qui ne voulait pas admettre qu'elle faisait la guerre, comme d'ailleurs en Algérie). Le blocus imposé par l'armée aux régions viêtminh y provoquait une famine endémique. Le manque de médicaments et de nourriture entraîna chez les prisonniers, comme aussi parmi leurs gardiens, de lourdes pertes en vies humaines. Ils recevaient la même maigre pitance que leurs geôliers, ce qui correspond d'ailleurs aux prescriptions de la Convention de Genève. C'était la vie concentrationnaire, avec son cortège habituel d'horreurs, y compris la manipulation des consciences et l'appel à la collaboration avec les autorités du camp pour sauver sa peau. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, sous tous les climats. On comprend très bien que ceux qui ont survécu à cet enfer, et qui ne s'en sont peut-être pas tous sortis moralement intacts, conservent une rancune entière. Ceux qui n'ont pas traversé de telles épreuves feraient mieux de ne pas porter de jugements trop péremptoires. La différence d'avec les grands systèmes concentrationnaires de l'époque est dans le fait que les prisonniers étaient tous des soldats capturés au combat, membres d'une armée qui ne reculait devant rien pour régner par la terreur, les massacres, les incendies de villages, l'emploi systématique de la torture, les bombardements aveugles, etc. C'est l'époque où commence l'emploi du napalm, cadeau de nos amis américains qui subventionnent de plus en plus largement cette sale guerre. Il fallait ainsi compenser la faiblesse numérique de cette armée coloniale, composée exclusivement de volontaires, de résistants qui continuaient à rêver plaies et bosses, et de délinquants dont on vidait ainsi les prisons françaises. Individuellement, ces soldats n'étaient sans doute pas tous des tortionnaires, mais le mépris des «niak» (nhà-quê, paysans) était total. Le bilan des exactions de l'armée française était et reste extrêmement lourd. Et il n'apparaît généralement pas dans la vaste littérature qu'on ne cesse de produire depuis bientôt quarante ans à la gloire de nos «valeureux soldats» qui ont «défendu le drapeau» dans la gadoue des rizières pour succomber sous le poids des «rouges». Si, dans certains milieux, on croit qu'il faut «réviser» l'histoire de la guerre d'Indochine qui serait trop favorable aux partisans de Hô Chi Minh, un travail sérieux sur les archives militaires françaises, encore fermées, et sur les archives viêtnamiennes risquerait surtout de montrer que leur drapeau a beaucoup traîné dans la boue et dans le sang. Certes, les communistes dirigeaient la guerre, mais leur force résidait dans l'immense et continuel désir de la quasi-totalité des Viêtnamiens de voir les Français s'en retourner chez eux et de recouvrer leur indépendance millénaire. C'est cette volonté d'éjecter les étrangers qui a brisé ensuite l'intervention américaine. Si les communistes ont pu ainsi chevaucher la volonté d'émancipation nationale, c'est que les Français, et les Américains après eux, ont toujours soit


352 détruit, soit corrompu les autres forces nationalistes qui faisaient naturellement contrepoids aux communistes. Ils ont fait le lit des communistes dans toute l'Indochine, comme ils ont fait celui de Menguistu en Éthiopie, de Khomeyni en Iran, et ainsi de suite. ÉLOGE DE LA TRAHISON Georges Boudarel a trahi le drapeau français. Il est passé à l'ennemi, comme d'ailleurs bon nombre d'antifascistes et de communistes le firent à l'époque, dans les mêmes circonstances, en particulier des Allemands, dont plusieurs anciens de la guerre d'Espagne, que les hasards de cette époque avaient versés dans la Légion étrangère. Tous ceux-là trahissaient la cause nationale, et ils ont été condamnés à mort [1]. A MORT, par des tribunaux français. Comme, plus tard, en Algérie, le militant communiste Iveton (voy. Jean-Luc Einaudi, Pour l'exemple — L'Affaire Iveton, éd. de l'Harmattan). Celui-là a été exécuté. Son recours en grâce a été refusé à l'initiative du Garde des Sceaux de l'époque, un certain Mitterrand, qui aura le sang de l'anticolonialiste Iveton sur les mains jusqu'à la fin de ses jours. «Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre.» C'est pourquoi nous fûmes aussi quelques-uns à trahir durant la guerre d'Algérie. Nous n'étions pas communistes ; nous étions même, pour la plupart, antistaliniens. Mais les autorités de la France nous demandaient d'aller massacrer des Algériens qui se battaient pour une cause dont on nous disait que, dans les années 40, elle valait tous les sacrifices : la libération et l'indépendance nationales. Si l'on acceptait le fait que la lutte contre l'occupation allemande et le nazisme avait un sens, alors il fallait reconnaître ce même sens à l'insurrection algérienne. Les partis de gauche étaient si loin d'accepter ce minimum de cohérence qu'ils faisaient cette guerre, trahissant ainsi leur propre raison d'être. Si, à en croire la rumeur publique, Le Pen a torturé en Algérie, c'est sur ordre d'un gouvernement où siégeaient des socialistes et des Mitterrand. Pour défendre l'idée de liberté, il était donc nécessaire de trahir une gauche totalement compromise, une République fourvoyée, une France radicalement infidèle à sa prétention d'être le pays des Droits de l'homme. Elle les foulait aux pieds tous les jours, aussi bien en Algérie qu'en «métropole». Ce cancer a fini par tuer la IVe République et le parti socialiste SFIO, qui a mis vingt ans à s'en relever. Cette même nécessité s'imposait dans la guerre du Golfe. Il fallait se désolidariser de cette effroyable volonté d'aller matraquer des peuples lointains, au nom d'intérêts tellement inavouables qu'on les camouflait sous les mensonges d'un appel au droit. Nous serons toujours prêts à trahir ces volontés mesquines de domination, d'influence, de guerre, d'expansion qui cachent, sous le nom d' «intérêt de la France», des affaires qui rapportent à quelques-uns un surcroît de pouvoir, de fortune ou de gloire de pacotille, aux dépens et des Français et des peuples que nous allons, de temps en temps, comme on va en pique-nique, massacrer chez eux. «Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre» : appliquez ce principe à la planète et jugez du chemin qu'il reste à faire pour que les hommes conquièrent ce qui est le premier de tous les droits, la liberté. Seule la trahison des principes infâmes qui permettent aux États d'écraser les hommes peut assurer la possibilité d'une fraternité entre eux. Il faut peut-être rappeler, parce qu'on l'oublie généralement, que l'article II de la Déclaration des droits de l'homme (1789) range parmi les droits «naturels et imprescriptibles» de l'homme celui de «la résistance à l'oppression». C'est l'honneur de Boudarel d'avoir trahi les massacreurs de femmes et d'enfants viêtnamiens, malgaches, algériens, africains, irakiens qui réclament aujourd'hui sa tête. L'extrême droite qui, lors du conflit du Golfe, s'était mise dans la contradiction de refuser l'engagement des forces françaises et de soutenir en même temps notre vaillante armée, cherche sans doute ainsi, par un sursaut de militarisme, à se dédouaner auprès d'un électorat qu'émoustille toujours la vue d'un drapeau. Le son du clairon fait perdre bien des têtes.


353 L ' ART DU RENIEMENT Georges Boudarel n'est plus stalinien. C'est dans le cadre de sa vie au Nord Viêt-Nam, employé à divers travaux politiques et littéraires au sein de l'appareil du parti communiste viêtnamien qu'il a entamé un cheminement critique. Il lui fallut encore de nombreuses années pour obtenir de quitter le Viêt-Nam, pour prendre ses distances à l'égard du communisme et retourner en France après que sa trahison eut été amnistiée. C'est grâce à l'appui d'universitaires anciennement communistes et pro-Viêtminh qu'il put entrer, par la petite porte, dans l'institution universitaire. Contrairement à beaucoup d'autres, il n'a jamais caché son passé. A l'inverse, il n'a cessé de revenir dessus, de retravailler la matière historique à laquelle il avait pris part. Il s'est engagé pas à pas dans une révision critique de l'histoire du mouvement communiste au ViêtNam, où son histoire personnelle avait sa minuscule part. Il a apporté une contribution importante à la réflexion collective qui se fait dans ce pays entre les chercheurs, les enseignants spécialisés, les «politologues», à laquelle participent aussi des exilés indochinois et quelques anciens administrateurs ou militaires rescapés de l'aventure coloniale. Dans ce petit monde, Boudarel a toujours tranché par son honnêteté, ses doutes, sa tolérance, bref, sa démarche d'un homme qui a connu l'aveuglement idéologique et qui consacre ensuite sa vie à le démonter pour se l'expliquer. C'est un cas assez rare parmi ceux qui ont renié leur engagement au service des doctrines autoritaires. Pour un Boudarel ou un Edgar Morin, on a des multitudes de renégats qui demeurent mentalement staliniens après avoir quitté le Parti, une Annie Kriegel, qui défend Israël avec les mêmes méthodes qu'elle employait à défendre Moscou, un Alain Besançon, qui n'a pas plus compris l'URSS après qu'avant son départ du Parti, un André Glucksmann, aussi bêtement terroriste dans sa défense de Soljenitsyne que dans celle de Mao, un Kouchner, aussi publicitaire dans un gouvernement socialiste que dans l'Union des étudiants communistes. On pourrait citer ainsi des centaines d'intellectuels qui, pour avoir renié qui Staline, qui Mao, sont passés à la réaction la plus noire sans changer d'esprit. Ils continuent simplement, par les voies les plus appropriées, leur chemin vers le pouvoir. Il n'y a pas de meilleure carte de visite, dans l'intelligentsia française, que le reniement public : la marchandise se vend toujours bien. Certains assoiffés de publicité vont même jusqu'à s'inventer un passé répréhensible, comme Le Roy Ladurie ou Jean Lacouture, prétendant faussement avoir soutenu Pol Pot, pour mieux vendre leurs jérémiades de renégats enfin patentés. Et puis, il y a les renégats cachés, ceux qui préfèrent occulter leur passé, les Longuet et autres anciens fascistes du parti républicain, les anciens apparatchiks venus de l'Est qui ont colonisé certains secteurs de l'université, les anciens soutiens de l'OAS, comme Poniatowski et Giscard, les anciens faux résistants, comme Mitterrand, les anciens pétainistes rhabillés en gaullistes, les anciens maos reconvertis dans le business et la manipulation médiatique, les anciens démocrates recyclés dans le soutien à Israël, les anciens militants de gauche passés à un atlantisme plus ou moins honteux, les anciens «amis des Arabes», comme Roland Dumas, devenus chauds partisans du massacre de ces mêmes Arabes, les anciens anticolonialistes se glissant avec délices dans les pantoufles de Foccard, sans compter l'immense plèbe des anciens intellectuels communistes avachis, reconvertis dans une défense des Droits de l'homme qui ne coûte pas cher et qui peut rapporter gros, ou démissionnaires, neutralisés, clients d'Ikéa. Nous voulons bien qu'on fouille dans le passé de Georges Boudarel. La liberté d'investigation intellectuelle doit être totale. Mais alors, que tremblent aussi non seulement ceux qui veulent, grotesquement, le poursuivre pour «crime psychologique contre l'humanité», mais aussi ceux qui, par leur passivité ou leurs discrets encouragements, laisseraient sonner l'hallali contre un homme honnête et dont le seul tort est de ne pas s'être prémuni contre les


354 chacals par une bassesse à la mode («J'étais le salaud rouge du camp 113…») dont mille autres ont donné le spectacle accoutumé. La notion de crime contre l'humanité a été élaborée pour nier l'existence de la légalité du IIIe Reich et la Raison d'État allemande, afin de donner une forme légale à la condamnation et à l'exécution des dirigeants nazis. Il fallait d'abord tordre le cou à une notion fondamentale du droit, nettement affirmée par la Déclaration universelle des droits de l'homme, à savoir la nonrétroactivité des lois. On a donc appliqué une loi de 1945 aux événements de 1939-1945.¶Cette notion n'a été introduite dans le droit français que par la loi du 26 décembre 1964 qui déclarait imprescriptibles les «crimes contre l'humanité», à la veille de la prescription qui allait jouer en Allemagne (les Allemands ont d'ailleurs changé leur loi ensuite). Elle n'a été invoquée en justice qu'au moment du procès Barbie, appliquant donc à l'ancien policier allemand une incrimination qui n'existait pas au moment des faits. La Cour de cassation, le 20 décembre 1985, donnait d'ailleurs une définition dudit «crime contre l'humanité» différente de celle de Nuremberg en parlant d'«actes inhumains qui, au nom d'un État pratiquant une politique d'hégémonie idéologique, ont été commis de façon systématique, non seulement contre des personnes en raison de leur appartenance à une communauté raciale ou religieuse, mais aussi contre les adversaires de cette politique», ce qui avait pour but de réintégrer les résistants dans la procédure contre Barbie (faits autrement prescrits), au grand dam des avocats des parties juives qui entendaient se réserver le monopole, si l'on peut dire, de l'humanité, victime de crimes éventuels. Me Jean-Marc Varaut, au nom de l'Association nationale des anciens prisonniers d'Indochine, vient de déposer plainte contre Boudarel pour crime contre l'humanité. Il ne semble pas prendre en compte que, si des crimes sont imprescriptibles, ils peuvent néanmoins faire l'objet d'une amnistie. C'est ce qu'a dit la Cour d'appel de Paris le 12 mars 1986. Me Varaut se prévaut d'une décision de la Cour de cassation du 3 juin 1988 qui affirme que l'imprescriptibilité l'emporte sur les règles de droit interne, décision certainement contraire à la constitution qui affirme la non-rétroactivité des lois. Passons sur cet imbroglio. Si Me Varaut parvenait à imposer son point de vue, alors tous les dossiers des atrocités coloniales pourraient se rouvrir devant la justice. En effet, les innombrables massacres, tortures, camps de la mort et autres incendies de village sont bien des «actes inhumains» commis contre des «adversaires» d'une «politique d'hégémonie (française) idéologique (coloniale, républicaine, de l'Empire français, etc.)». Des millions d'immigrés viêtnamiens, malgaches, algériens, africains seront dès lors fondés à réclamer justice et à poursuivre les militaires français qui ont commis ces crimes incontestables, lesquels ont été soigneusement, et rapidement, couverts par différentes lois d'amnistie votées après la guerre d'Algérie. Nous sommes plutôt partisans, non pas de l'oubli, mais de la réconciliation, de la cicatrisation, du deuil et de la lucidité vis-à-vis d'un passé que les vengeances actuelles ne répareront pas. Si des crimes de ce genre devaient être punis, nous voudrions que ce soient les plus récents, les plus chauds, ceux, par exemple, que les coalisés ont commis en Irak, en massacrant les civils par dizaines de milliers, sans la moindre justification. Mais pourquoi vouloir ouvrir les vieilles boîtes de Pandore ? SOMBRE MÊLÉE DANS LA CAPITALE DES GAULES Lionel Jospin, ministre de ce qui tient lieu d'Éducation (qui, d'ailleurs, ne se vante guère de ses anciens liens avec les trotzkystes), a affirmé qu'il n'interviendrait pas dans l'affaire Boudarel, pas plus que dans l'affaire Notin, car la nomination des enseignants ne dépendrait pas du ministère. On sait pourtant que, lors des délibérations du conseil de l'Université Lyon-III, le téléphone avait beaucoup sonné entre Lyon et la rue de Grenelle. Embarrassés, suant sang et eau, soumis à un violent chantage de Michel Noir, maire de Lyon, les collègues de Bernard


355 Notin, qui n'étaient pas favorables à une sanction pour ce qui leur apparaissait comme une vétille, avaient dû délibérer deux jours, au lieu des deux heures prévues, pour finir par s'incliner devant les puissances extra-universitaires et suspendre leur collègue pour un an. Bernard Notin, dans un article consacré au pouvoir des médias, avait commis la naïveté d'écrire une phrase où il mentionnait les doutes qui, pour certains, planent sur l'existence des chambres à gaz et de citer en note mon livre sur cette affaire (Vérité historique ou vérité politique ?, La Vieille Taupe, 1980). Naïveté, parce que cette phrase n'était qu'une incidente, qu'il citait simplement l'opinion d'autrui, qu'il n'avait nullement étudié la question et que son article portait sur un tout autre sujet, et enfin qu'il ne savait pas où il mettait les pieds. Son avocat, Me Gilbert Collard, n'en savait pas plus et, pour prix de sa décision d'entreprendre la défense d'un cas typique d'atteinte à la liberté d'expression, se voyait immédiatement expulsé du MRAP où il militait depuis longtemps. Lors des débats qui ont précédé la mesure de suspension, le président de Lyon-II , M. Michel Cusin, était venu déclarer que le professeur Faurisson, le principal défenseur de la thèse selon laquelle les chambres à gaz décrites dans la littérature sont une impossibilité matérielle et physique, avait fait des «cours de révisionnisme» du temps où il enseignait à Lyon-II avant d'être, lui aussi, suspendu. Averti par la presse de cette étrange déclaration, je contactai M. Notin pour lui apprendre, et lui suggérer de faire savoir à son avocat, qu'il s'agissait là d'un pur et simple mensonge. Cette affaire s'étant passée dix ans auparavant, il n'était pas étonnant que MM. Cusin, Notin et Collard ignorassent la réalité. Ce n'est donc pas du tout, comme l'affirme Le Monde (20 mars 1991), avec une hypocrisie calculée, Me Collard qui aurait tendu un piège et fait dire à M. Cusin que Faurisson «avait donné des cours de révisionnisme». C'est M. Cusin qui a offert cette affirmation, qu'il a cherché à rétracter le lendemain en envoyant au «tribunal» un texte où il dit avoir évoqué ces prétendus cours de révisionnisme «par erreur ou abus de langage». L'universitaire Michel Cusin ne sait donc pas ce qu'il dit. C'est sur cette erreur qu'est fondé le vice de forme utilisé par le CNESER, conseil supérieur des universités, pour annuler la sentence de Lyon. A Paris, le forcing du maire de Lyon était évidemment moins efficace, sans compter que sa piètre performance électorale, le mois dernier, et son déclin rapide lui ont ôté une bonne partie de ses moyens. Dans cette affaire, qui est une atteinte caractérisée à la liberté d'expression (un auteur est condamné pour avoir cité un livre qui n'a jamais été condamné ni même attaqué en justice), l'attitude des universitaires a été exemplaire de la lâcheté générale du monde intellectuel. Malgré une campagne de presse lancée par Le Monde, présentant l'affaire comme si la production culturelle tremblait sur ses bases, l'université n'avait pas bougé. Il a fallu que les politiques s'en mêlent, dépeignant Bernard Notin comme une personnalité du Front National (pur mensonge), pour que les enjeux électoraux fassent monter la pression. Or, devant cette persécution si manifestement riche d'arrière-pensées, dans une ville où les convoitises politiques, les conflits internes à la droite, le grand banditisme et la manipulation des souvenirs de la Résistance forment un mélange explosif, où les cadavres d'ailleurs ne manquent pas, les universitaires ont choisi la soumission, se résignant à des sanctions qu'ils ne souhaitaient pas vraiment, pour sauver leurs jobs, les promesses conditionnelles de locaux supplémentaires, en abandonnant tous les principes. Ils ont vainement cherché un appui à Paris où Jospin, déjà aux prises avec Fabius, a préféré la prudence du ver de terre à la protection des franchises universitaires, qui étaient de sa responsabilité. Enfin, en guise de punition de leurs péchés, cette bande de falots est menacée du débarquement de Me Klarsfeld, un fin spécialiste de la lutte contre le révisionnisme, qui a réclamé comme son dû un poste d'enseignant en histoire à LyonIII. Les commissaires politiques arrivent, il va s'agir de marcher au pas. LE RETOUR DE WEIMAR


356 Dès l'annulation de la sanction frappant Notin, l'Union des étudiants juifs de France a fait savoir qu'elle ne le laisserait pas enseigner. Des commandos de nervis sont intervenus à Jussieu pour tâcher d'empêcher Boudarel de faire son cours. Des commandos juifs avaient rendu impossibles les cours de Faurisson et, à l'époque, l'université avait refusé d'assurer la sécurité de ses cours. La persécution judiciaire et l'agression physique se combinent, au gré des circonstances, pour interdire l'expression de pensées qui déplaisent à telle ou telle officine spécialisée dans la police de la pensée. Un autre commando, se donnant pour juif, a essayé de tuer Robert Faurisson à coups de pieds, le 16 septembre 1989. Des manifestations accompagnées d'actes de violence ont lieu régulièrement devant La Vieille Taupe, pour provoquer la fermeture d'une librairie qui vend des livres, révisionnistes et antirévisionnistes. La LICRA se porte partie civile contre Jean-Edern Hallier, non pas tant pour faire condamner les éditoriaux de l'Idiot International qu'elle juge déplaisants, mais pour — elle le dit ouvertement — ruiner un journal en tapant dans la caisse. Robert Faurisson est inculpé au terme de la loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot, qui fait obligation aux citoyens français de croire à tout ce qui s'est dit au procès de Nuremberg [2]. Cette loi, qui prétend interdire la contestation intellectuelle d'une vaste opération juridicopolitique menée par les Alliés en conclusion de la guerre, est en totale contradiction avec l'article XIX de la Déclaration internationale des droits de l'homme, adoptée par les Nations unies le 10 décembre 1948, qui stipule : «Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit». La Constitution de 1958 ayant adopté ce texte dans son Préambule, il en découle que la loi du 13 juillet 1990 est totalement anticonstitutionnelle. Sous le titre de «Déni de justice constitutionnelle» (Le Monde, 15-16 juillet 1990), Olivier Duhamel faisait les observations suivantes : Indépendamment de ce que chacun pense au fond, est-il acceptable, dans un État de droit développé, qu'une loi de ce type ne soit pas soumise au juge constitutionnel ? Des parlementaires de l'opposition ont dénoncé ce texte comme liberticide. Certains y ont même vu un premier pas vers le totalitarisme. Mais il ne s'en est pas trouvé soixante pour saisir le Conseil constitutionnel. Probablement parce qu'ils craignaient de passer pour des défenseurs de Le Pen. Notre système de saisine du juge constitutionnel est politique. Il aboutit ainsi à des non-saisines politiques. Une loi vient d'être votée alors qu'une majorité de l'opposition estime qu'elle porte atteinte à un droit fondamental, mais sans que, pour autant, elle saisisse le Conseil constitutionnel. Triste démonstration des insuffisances du système français de contrôle de la constitutionnalité des lois. On notera, dans le même sens, l'article d'Alain Rollat, «Une belle occasion manquée» (Le Monde, 27 juillet 1990, p. 6) ; voy. R.H.R.n° 2, août-octobre 1990, p. 20. Nos législateurs ont la Déclaration des droits de l'homme à la bouche comme les paons ont des plumes au cul : c'est joli, mais sans conséquence. On chercherait en vain dans les colonnes de nos quotidiens ces amples pétitions qui circulaient parfois, avant 1981, quand les libertés étaient menacées par telle ou telle initiative du gouvernement, ou telle menée factieuse d'un groupe décidé à empêcher la circulation d'idées qui lui déplaisaient. Ceux qui avaient participé le plus activement à la persécution des révisionnistes se donnèrent les gants de critiquer cette loi pour mieux s'en laver les mains, par un joli tour d'illusionniste. Le consensus mou, le ralliement des intellectuels dits de gauche à un pouvoir qui, il est vrai, les représente assez bien, l'alignement impeccable d'une magistrature qui se répète toujours in petto la formule de son allégeance au pouvoir que seul Pétain lui a fait prononcer à haute voix, la servilité d'une presse pénétrée par l'argent socialiste, le conformisme des opposants de sa majesté, à quoi s'ajoutent dix ans de stupeur crétinisante provoquée par la


357 présence de la «gauche» au pouvoir aboutissent à faire du domaine de la pensée un vaste terrain vague, inculte, où errent quelques chiens perdus, entourés de barbelés et de miradors et où des flics de la pensée tirent sur tout ce qui bouge, heideggeriens en cavale, savants fous, marxistes perdus, révisionnistes isolés, francs-tireurs de la critique du Coca-Cola, toute cette petite foule hétéroclite, issue d'une culture, aujourd'hui en perdition, où autrefois le respect de la pensée, la nécessité de la critique, le sens des mots, le choix du sens contre le non-sens, le principe de la responsabilité étaient les valeurs suprêmes. Cette nouvelle trahison des clercs, cette résurgence des groupes de nervis, surtout sionistes, cette adoration de l'État et de sa violence guerrière, tout cela nous semble exhaler un parfum de Weimar. Une République qui n'a plus de principes, une démocratie qui se passe de parlement en temps de crise, une conception de la culture comme objet et comme marchandise, une politique de l'image réduite à manipuler les sondages, un royal mépris pour la question sociale, une intelligentsia concentrée sur sa misérable besogne d'ingénierie sociale, tout cet ensemble de phénomènes converge et nous dirait, si les mots avaient encore un sens : la patrie est en danger. La France est hydrocéphale. Nous sommes gouvernés par des ombres. La liberté, disait Léon Bloy, est une salope qui ne se donne qu'aux pourceaux et aux assassins, et, si on la veut, il faut la mener au lit à coups de bottes. Nous serons encore quelques-uns à chausser nos bottes. 21 mars 1991 _________________________________________________ 1. Voy. Jacques Doyon, Les Soldats de Hô Chi Minh, les transfuges antifascistes et les communistes français dans le camp du Viêt-Minh, Paris, Fayard, 1973. La trajectoire de Boudarel, appelé Boris dans le livre, est décrite dans le chapitre 7. L'auteur ne donne pas de détails sur la période du camp 113. 2. Le prix de la liberté d'expression vient d'être estimé par le Tribunal de Paris (jugement Grellier, Laporte, Mme Marlier) le 18 avril 1991 : 180 000 F pour Patrice Boizeau, responsable du Choc du Mois, et 250 000 F dont 100 000 F avec sursis pour Robert Faurisson. — NDLR. Revue d'Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 13-24


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CHRONIQUE SÈCHE DE L'ÉPURATION Exécutions sommaires dans quelques communes de Charente limousine Robert Faurisson Au cours des années 60 et au début des années 70, Robert Faurisson avait mené sur l'Épuration une enquête limitée aux exécutions sommaires de l'été 1944 dans une partie de la Charente appelée Charente limousine ou Confolentais. Cette enquête, particulièrement méticuleuse, aurait dû paraître sous le titre de Chronique sèche de 78 jours d'Épuration dans quelques communes du Confolentais. Les difficultés rencontrées par le professeur dans son autre enquête sur les chambres à gaz et le génocide allaient l'empêcher de mener à bien son travail sur l'Épuration. Il n'est pas exclu que sa Chronique paraisse un jour mais nous avons souhaité en publier quelques fragments. La R.H.R. le remercie de lui avoir ouvert ses archives. M. Faurisson a répertorié les exécutions imputables aux deux maquis qui régnaient sur la partie sud du Confolentais, avec quelques incursions dans l'extrême ouest du département de la Haute-Vienne. Ces deux maquis sont «le Maquis Bernard» et «le Maquis Chabanne».¶Le premier était communiste et rayonnait autour de Chabanais-sur-Charente et le second était socialiste, ou du centre, et rayonnait autour de Chasseneuil-sur-Bonnieure. Chabanais et Chasseneuil se trouvent sur la RN 141 qui conduit d'Angoulême à Limoges. Les quatre extraits que nous publions sont : Une liste de quelques exécutions du «Maquis Bernard»; «Fusillée en robe de mariée», qui est l'histoire de Mlle Armagnac, victime du «Maquis Bernard» ; Une liste de quelques exécutions du «Maquis Chabanne» ; «Mort d'un prêtre sous la torture», qui est l'histoire de l'abbé Heymès, victime du «Maquis Chabanne». Le premier extrait avait été publié, non sans de graves fautes typographiques, dans la revue mensuelle de Maurice Bardèche, Défense de l'Occident (juillet-août 1977, p. 44-49). Le deuxième extrait, sur Mlle Armagnac, avait été communiqué, ainsi que bien d'autres informations, à Henri Amouroux en janvier 1988. Ce dernier allait en tirer parti, de manière substantielle, dans le volume 8 de La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, intitulé Joies et douleurs du peuple libéré (6 juin-1er septembre 1944) (Robert Laffont, achevé d'imprimer du 10 octobre 1988). Dans la liste des 575 personnes à qui Henri Amouroux adresse ses remerciements, le nom de Robert Faurisson a été omis. Le troisième extrait n'a jamais été publié mais communiqué à Henri Amouroux qui en a tiré quelque profit. Le quatrième extrait est paru dans Les Écrits de Paris (mars 1986, p. 40-48) sous le titre «Épuration : De la mort d'un prêtre aux statistiques tronquées [de l'Épuration]» —I—

Quelques exécutions du «Maquis Bernard» (15 juin - 11 août 1944) La responsabilité des exécutions du maquis communiste «Bernard» incombe à Bernard Lelay, ouvrier typographe à L'Humanité, et à son entourage. Après Bernard Lelay, la personne la plus directement impliquée dans les exécutions a été Augustin Raoux, dit «Gandhi». Juif converti au catholicisme, Raoux était avoué plaidant à Ruffec. Aidé de son fils Philippe, il


359 dirigeait le 2e Bureau (Sécurité et Renseignement). Il était juge-accusateur. Les accusés n'avaient pas d'avocat et il n'était pas question de derniers sacrements pour les condamnés à mort. Les cadavres n'étaient pas mis en bière. Les corps n'étaient pas restitués aux familles. Ce maquis, très expéditif, a peu usé de la torture. Junien B…, originaire de La Péruse, a tué François Destempes à force de tortures. Le milicien Labuze a été torturé à la cure de SaintQuentin et fusillé. Bernard Lelay est mort en 1975. Ses cendres ont été transférées en 1977 dans la crypte du Mémorial de la Résistance à Chasseneuil-sur-Bonnieure. Sur les 72 ou 73 cas ci-dessous énumérés, on compte 14 femmes dont l'une a été fusillée dans sa robe de mariée (voy., ci-dessous, p. 30-43) et dont l'autre, âgée de 22 ans et mère de deux enfants, a été fusillée alors qu'elle était enceinte de 7 mois. Le plus vieux des fusillés a été un paysan de 77 ans, et le plus jeune, un écolier de 16 ans. Les noms suivis d'un astéristique sont ceux de personnes en faveur desquelles leurs familles ont obtenu, après la guerre, la mention «Mort pour la France». [Avant le 15 juin 1944, ce maquis procède à quelques exécutions dans la forêt de Rochechouart et dans celle d'Étagnac (le 1er juin : trois prisonniers allemands, une jeune fille anonyme et l'adjudant de gendarmerie Pierre-Léon Combas (*) ; le 12 juin : le chauffeur Sylvain et l'horloger Vignéras ; le même jour, deux cheminots allemands étaient abattus à Roumazières ; leurs cadavres se trouvent toujours dans la propriété du château de Rochebrune, près d'Étagnac). Après le 11 août 1944, ce même maquis a procède à de nombreuses exécutions dans d'autres régions que celle qui nous intéresse ici et qui est, en gros, celle du château de Pressac, situé près de Chabanais (Charente).] 15 juin, Mme Chevalier, St-Maurice-des-Lions, s.p., 53 ans. 17 juin, Mme Beaumatin, Exideuil, institutrice, 33 ans. 17 juin, Général Nadal, Chantrezac, général de brigade, 65 ans. 17 juin, Marcel Nadal, Chantrezac, étudiant, 22 ans (fils du précédent). 20 juin, Charles Besson, Chabanais, directeur d'école, 46 ans (un ou plusieurs de ses anciens élèves se trouvaient dans le peloton d'exécution). 20 juin, Antoine de Cazes, Verneuil, propriétaire terrien, 43 ans. 20 juin, Charles Schwieck, Verneuil, 21 ans.20 juin, 1 soldat allemand anonyme, Verneuil. 26 juin, Marie-Charles Soury-Lavergne, Rochechouart, importateur, 74 ans (sa femme sera fusillée le 24 juillet pour avoir protesté). 26 juin, Pierre V…, St-Junien, ouvrier, 33 ans (maquisard accusé de vol). 27 juin, Pierre, dit Julien, Sardin, La Péruse, menuisier (abattu). 27 juin, Mme Steiner, Roumazières, s.p., 31 ans. 27 juin, Michel Steiner, Roumazières, marchand ambulant, 45 ans. 27 juin, Jean Steiner, Roumazières, manœuvre, 20 ans. 27 juin, Albert Steiner, Roumazières, manœuvre, 19 ans. 27 juin, Jean Bauer, Roumazières, marchand ambulant (frère de Mme Steiner).¶Les cinq dernières personnes mentionnées étaient membres d'une même famille mosellane. 28 juin, Auroyer (sans autre renseignement). 28 juin, Alfred Desplanques, Suris, métayer, 43 ans (père de 8 enfants). 30 juin, Mme Gingeot, St-Junien, libraire, 35 ans (retrouvée les deux pieds coupés à la suite d'une pendaison par les pieds avec fil de fer). 30 juin, Marie-Louise Texeraud, St-Junien, employée de bureau, 48 ans.


360 30 juin, Henri Charles, Roumazières, directeur d'usine, 45 ans. 30 juin, Serge Bienvenu, Roumazières, comptable, 39 ans.4 juillet, Régis Trillaud, Roumazières, horloger, 34 ans. 4 juillet, Gaston Louis, Nice, franc-garde de la Milice (convoyait des couvertures). 4 juillet, Raymond Auxire, Confolens, 19 ans. 4 juillet, Germain Demontoux, St-Maurice-des-Lions, commis, 24 ans. 4 juillet, Georges Maillet, St-Junien, ouvrier, 42 ans. 4 juillet, Germaine Maillet, St-Junien, s.p., 33 ans (épouse de Georges Maillet). 5 juillet, Maurice Verger, Vayres, cultivateur, 36 ans. 5 juillet, Françoise Armagnac, ép. Pénicaut, Exideuil, 26 ans (petite- nièce de Sadi Carnot, président de la République assassiné en 1894 ; arrêtée le 4 juillet par Nathan Lindner après la messe de mariage ; fusillée en robe de mariée). 6 juillet, 1 inconnu (corps roulé dans une couverture au pied de la tour des prisonniers du château de Pressac). 6 juillet, 1 inconnu (tête écrasée de coups ; même endroit ; confusion avec le précédent ?). 7 juillet, Siméon Israel, Manot, employé de chemins de fer, 42 ans. 9 juillet, Mme Lévêque, St-Laurent-de-Céris, s.p., 65 ans («l'infirmière»). 10 juillet, Auguste Sibert, Loubert, marchand de bestiaux, 29 ans. 11 juillet, Henri Malga, Rochechouart, ouvrier, 43 ans. 12 juillet, Raoul Chevalier (*), Maisonnais, juge de paix, 60 ans. 12 juillet, Maurice Aubert, Montembœuf, notaire, 31 ans. 12 juillet, Jacques de Maillard, Chassenon, propriétaire terrien, 50 ans. 13 juillet, Jean Jonquet, Étagnac, restaurateur, 63 ans. 13 juillet, François Destempes, Chabanais, secrétaire de mairie, 49 ans (mort sous la torture). 13 juillet, Léonard, dit Adrien, Saumon (*), Maisonnais, sabotier (ancien maire de tendance socialiste). 16 juillet, 1 inconnu (corps roulé dans une couverture, derrière la ferme du château). 16 juillet, Pierre Carlin (*), Brigueil, meunier d'huile, 25 ans (appartenait au réseau de résistance «Action R 3»). 16 juillet, Mme Noël, St-Junien, infirmière, 35 ans. 16 juillet, Eugène Écoupeau, Magnac-sur-Touvre, ajusteur, 21 ans. 18 juillet, Mme Baatsch, Exideuil, s.p., 45 ans. 18 juillet, Henri Fabre, Roumazières, radio-électricien, 42 ans. 18 juillet, 1 jeune inconnue, originaire de Rouen. 18 juillet, Pierre Sauviat, Chabanais, adjudant de gendarmerie en retraite, 61 ans. 18 juillet, Sylvain Vignaud, Confolens, contrôleur de céréales, 58 ans. 20 juillet, Gaston Devoyon, Chabanais, menuisier, 50 ans. 20 juillet, Amédée Devoyon, Chabanais, menuisier, 45 ans (frère de Gaston Devoyon). 21 juillet, Ferdinand Gisson, Chabanais, grainetier, 60 ans (adjoint au maire ; abattu). 24 juillet, Jean Codet-Boisse, Oradour-sur-Vayres, exploitant forestier, 28 ans. 24 juillet, Pierre Sadry, Rochechouart, pâtissier, 60 ans. 24 juillet, Mme Soury-Lavergne, Rochechouart, s.p., 57 ans (mari exécuté le 26 juin).


361 27 juillet, Angel Besson, Roussines, chauffeur de car, 24 ans. 27 juillet, Mme Besson, Roussines, s.p., 22 ans (épouse d'Angel Besson ; mère de deux jeunes enfants ; enceinte de 7 mois). 29 juillet, Eugène Pannier, Manot, propriétaire terrien, 54 ans. 30 juillet, Jacques Labuze, St-Junien, études de médecine terminées, 30 ans. 30 juillet, Mme Lagarde, Étagnac, s.p., 24 ans («la belle Manou»). 31 juillet, Yvon B…, Limoges (?), 17 ans (dénonciateur de maquisards ?). 4 août, Paul Corbiat, Montembœuf, cultivateur propriétaire, 77 ans. 4 août, Jacques Londeix, originaire de Bordeaux, écolier, 16 ans. 6 août, Gustave Nicolas, Chasseneuil, commerçant, 47 ans. 11 août, 1 inconnu (trouvé à 150 m à l'est du cimetière de Vayres). 11 août, René Barbier (*), Alloue, propr. terrien exploitant, 37 ans. 11 août, Aloyse Fritz, Rochechouart, adjudant de gendarmerie, 43 ans. 11 août, Pierre Marot, Rochechouart, maréchal des logis de gendarmerie, 34 ans. 11 août, Jeanne Lamothe, Chantilly (Oise), sténodactylo, 19 ans. 11 août, Jean Paillard, Rochechouart, voyageur de commerce, 45 ans. 11 août, Georges Remondet, Confolens, lieutenant à la retraite, 54 ans. — II —

Fusillée en robe de mariée DOCUMENT : Acte de décès Mairie de Saint-Quentin (Charente) : Madame PÉNICAUT, née Françoise, Charlotte, Solange ARMAGNAC, le 23.02.18 à Paris, demeurant à Bel Air, Cne d'Exideuil/s/Vienne (Chte), cultivatrice, 26 ans. Décédée à Pressac, Cne d'Exideuil/s/Vienne, le 05.07.44 à 21 h. Françoise Armagnac était la fille de Jean, Marie Armagnac, fonctionnaire au Sénat, et d'Ernestine, Marie Carnot, nièce de Sadi Carnot. Par sa mère, elle se trouvait être la petite-nièce du président de la République qui, en 1894, avait été assassiné à Lyon par l'anarchiste Caserio. En bordure de la route nationale Angoulême-Limoges, à proximité de Chabanais, mais sur le territoire de la commune d'Exideuil, Françoise Armagnac habitait avec sa mère un chalet de style basque au lieu-dit Bel Air. Son oncle, Jean Carnot, habitait une maison de proportions importantes située au lieu-dit Savignac [1]. Cette maison où Françoise et sa sœur Cécile, venant de Paris, avaient autrefois passé leurs vacances, est abusivement désignée par le terme de «château» chez certains habitants de la région ainsi que par la carte d'état-major. Françoise Armagnac, contrairement à la légende, n'était pas châtelaine. Le récit qu'on va lire est dû, pour l'essentiel, au témoignage oral de son mari et à une relation écrite laissée par sa mère. Ce récit est suivi de témoignages. Récit Le mariage religieux de Françoise Armagnac et de Georges Pénicaut avait été célébré le mardi 4 juillet 1944, à 11 h , en l'église St-Pierre-lès-Liens de Chabanais. L'assistance, clairsemée (?), comprenait les Guides et Jeannettes dont s'occupait Françoise, qui était leur cheftaine. Une allocution était prononcée par M. Jagueneau, curé-doyen de Chabanais ; moins d'un mois auparavant, ce dernier avait eu affaire au Maquis pour l'enterrement de «l'Espagnol» [2] et, dans l'après-midi de ce 4 juillet, il allait être giflé par un maquisard.


362 La cérémonie se déroulait sans incident. Il semble bien que des rumeurs inquiétantes avaient circulé la veille, mais le couple n'en avait pas eu connaissance. Françoise portait une robe de soie blanche, ample et longue, ainsi qu'un diadème de roses blanches, une mantille blanche et le burnous blanc de sa sœur Cécile. C'est, à peu de détails près, dans cette toilette de mariée qu'elle allait être fusillée une trentaine d'heures après la cérémonie religieuse. Le repas de noces devait avoir lieu au chalet de Bel Air. Au lieu de prendre la route nationale, le couple et quelques invités s'engageaient à travers champs, par des raccourcis. Environ 300 m avant de parvenir au chalet, un groupe très important de maquisards procédait à l'interpellation de toute la noce. A en croire l'adjudant, il s'agissait là d'un prélude à une simple perquisition ; celui-ci ajoutait même qu'il ne s'agirait que d' «une visite à la famille d'un ancien président de la République». Une douzaine d'invités de la noce sont placés en garde à vue dans une dépendance du chalet. Le curé-doyen est isolé dans une pièce et c'est là qu'il sera giflé. Le photographe, M. Aubineau, est isolé dans une autre pièce ; on le soupçonne d'avoir photographié les maquisards le jour où ils ont occupé Chabanais [3]. Des maquisards s'assoient à la table dressée dans la salle principale du chalet et ils se partagent le repas de noces. Au milieu de la table se trouvent des hortensias bleus, qui avaient été cueillis autour de la maison, et deux bouquets de roses blanches. Aux Guides, aux Jeannettes et aux autres enfants, les maquisards distribuent des gâteaux et des chocolats. Vers 15 h , les autres participants de la noce auront droit à quelques restes froids du repas. Vers 17 h , les invités du goûter arrivent à leur tour ; ils sont fouillés. A 18 h , les mariés sont emmenés en camion ainsi que le doyen et le photographe. Françoise étant debout dans le camion, un maquisard était allé lui chercher une chaise de salon. Ainsi commençait ce que, se penchant vers son mari, elle appelait «notre voyage de noces». Il est peu probable qu'en cet instant le couple se soit vraiment senti en danger. Personne n'a rien tenté pour lui, précisément sans doute parce que personne ne redoutait un événement fatal. Personne, sauf la très jeune femme de chambre, Louise V., qui déclare à Anna, la cuisinière, que Françoise va être fusillée [4]. Elle se dit à bout de nerfs et, le soir même, prenant ses affaires, elle quitte les lieux. On ne la reverra plus [5]. Elle a servi de guide aux maquisards durant leur perquisition et c'est elle qui les a menés vers une étagère où se trouve un petit sabot : dans ce petit sabot, on a découvert un insigne de la Milice. C'est, du moins, ce qui ressort de ce que Madame Armagnac, la mère de Françoise, entendra dire au camp de Vayres, où, quelques jours plus tard, elle sera à son tour internée par les maquisards. Le chalet a été pillé de tous ses objets de valeur. L'adjudant avait pourtant déclaré que «pas un sou, pas un centime ne serait pris» et que «le Maquis n'avait besoin de rien». «D'ailleurs», avait-il précisé, «voyez comme nous sommes habillés !» Mais il est probable qu'en découvrant, lors de la perquisition, des preuves qui semblaient accabler Françoise, l'ordre avait été donné de tout «récupérer». Arrivés [à pied] à 126 hommes et deux camions, les maquisards ont, en repartant avec un camion, emporté l'argenterie, l'horlogerie, les bijoux de famille, l'argent, l'eau-de-vie, les bouteilles de vin, de la vaisselle et toute l'alimentation. Ils ont notamment emporté la montre de M. Armagnac (décédé en 1942) et le contenu des porte-monnaie de deux enfants, âgés de six et huit ans, qui étaient venus passer leurs vacances à Bel Air. Ils ont laissé les porte-monnaie [6]. Quant au camion qui emporte les prisonniers, il traverse Grenord et gagne le château de Pressac, près de Saint-Quentin-sur-Charente. Les gardiens chantent. L'un d'eux entonne l'Internationale», mais ses camarades l'interrompent, lui rappelant que «c'est interdit». L'arrivée au château est houleuse. Les maquisards se montrent insultants et prêts à rouer de coups les prisonniers, mais «Bernard» sort du château, un gourdin (?) à la main, et prévient : «Le premier qui les touche, je le descends.»


363 Les prisonniers sont groupés dans la pièce du premier étage, à gauche, qui sert de prison. Françoise, quant à elle, est conduite à l'infirmerie, à droite. On lui prend ses pièces d'identité, son bracelet, sa montre et sa bague de fiançailles. La fameuse «infirmière» — l'ancienne bonne de Mme Vissol habitant Chabanais — sera vue, après les événements, avec, au doigt, cette bague de fiançailles. Françoise et son mari subissent ensemble deux interrogatoires dans le bureau de Raoux qu'on appelle «Gandhi» et qui fait fonction à la fois de juge d'instruction, de procureur et de juge. Un agenda de Françoise est examiné de près : celui de 1943, où elle raconte avoir assisté aux premières réunions de la Milice (quatre réunions en tout, semble-t-il). «Ceci suffit», aurait dit Raoux, en lui montrant l'insigne de la Milice. Dans la prison du château de Pressac sont enfermés une quinzaine d'hommes. On ne donne rien à manger aux nouveaux arrivants, sans doute trop tard arrivés. Le lendemain, mercredi 5 juillet, toujours rien à manger. Georges Pénicaut est employé à la corvée de charbon de bois. Françoise Pénicaut coud des calots à l'infirmerie. Elle demande et obtient un morceau de pain. Entre les corvées, le couple parvient à échanger quelques paroles. Dans la matinée, Françoise est convoquée pour deux interrogatoires. Elle confiera à son mari qu'on lui pose toujours les mêmes questions et qu'elle est sûre d'être condamnée. En fin de matinée, on lui annonce son exécution pour le soir même, tandis que Georges devra être relâché. Ce dernier obtient une audience de «Bernard». Il l'adjure de prendre sa vie en échange de celle de sa jeune femme. Loin de lui céder, «Bernard» lui énumère les pièces à conviction : insigne de la Milice, agenda de 1943, déposition signée de Françoise. Il lui lit même un extrait de l'agenda où est relatée l'adhésion à la Milice. C'est alors que Georges mentionne la page de l'agenda où Françoise donne référence de la lettre recommandée par laquelle elle avait envoyé sa démission à la Milice. Du coup, «Bernard» poursuit la lecture de l'agenda ; parvenu à la date du 7 août 1943, il arrache la feuille et déclare à Georges Pénicaut : «Les preuves qui nous intéressent, nous les retenons ; celles qui ne nous intéressent pas, nous avons le devoir de ne pas les regarder [7]». Et d'ajouter que cette exécution ne serait pas retardée «d'une heure ni d'une minute». A 21 h , Françoise est exécutée tout en haut du «York», derrière un buisson, près d'une pêcherie asséchée [8]. On lui avait accordé cinq minutes avant de partir vers le lieu de l'exécution, dans l'attente de son mari qui, à cette heure, n'était pas encore revenu de la corvée de bois. A son retour, elle s'était portée vers lui et ils avaient pu échanger quelques mots. Au peloton, elle aurait déclaré : «Tuez-moi. Je remets mon âme à Dieu». On a plusieurs témoignages de son sang-froid. Le coup de grâce aurait été tiré par «l'infirmière». On refusa de montrer à Georges l'endroit où avait été jeté le corps de sa femme et c'est en vain qu'il réclama la bague de fiançailles. L'exhumation ne put avoir lieu que cinq mois plus tard, dans la boue, le 2 décembre 1944. Françoise Pénicaut a sa tombe aujourd'hui au cimetière de Chabanais. L'inscription porte : «Ici repose Françoise Armagnac, épouse Pénicaut, 1918-1944». A sa gauche, la tombe de son père porte : «Jean Armagnac, né à Paris, décédé à Bel Air, 1872-1942». A sa droite se trouve la tombe de sa mère où l'on peut lire : «Marie Armagnac, née Carnot, 1877-1969». Les témoignages Témoignage de Cécile Armagnac, sœur aînée de la fusillée : A l'époque des faits, j'étais ambulancière à Cherbourg. A cause de la bataille de Normandie, la ville était coupée du reste de la France. Je n'ai appris le mariage et la mort de ma sœur que vers la fin du mois d'août 1944 par le fait du hasard (quelqu'un qui venait de Paris et qui était de passage à Cherbourg m'avait, en entendant prononcer mon nom, présenté ses condoléances…). Nous n'avions, ma sœur et moi, aucune activité politique. Nous étions toutes deux hostiles à l'Occupant. La Milice apparaissait, au moment de sa création, en 1943, comme une sorte de gendarmerie civile chargée de maintenir l'ordre dans le pays. Dans une région comme la nôtre,


364 où il n'y avait pour ainsi dire pas d'Allemands en 1943, la Milice n'était pas tenue pour proallemande, comme elle allait l'être plus tard, notamment vue de Paris ou de régions où les Miliciens et les Allemands participaient aux mêmes opérations de «maintien de l'ordre». Et puis, Françoise devait avoir à s'occuper des œuvres sociales de la Milice, c'est-à-dire de secourisme, de colis pour les prisonniers, de garderies d'enfants. Elle ne s'est, je crois, rendue qu'à quatre réunions de la Milice ; après quoi, elle a envoyé sa démission dès le 7 août 1943.¶J'ai revu Bel Air le 9 octobre 1944, c'est-à-dire trois mois après la mort de ma sœur. La région était libérée depuis déjà deux mois. On tournait le dos à ma mère. Les métayers ne lui versaient plus de redevances. J'apprenais, de plus, qu'après le sinistre de Chabanais du 1er août 1944, on était venu réquisitionner à Bel Air du bois et des meubles (lits, commodes, armoires) pour les sinistrés. B., le tireur de sable, très connu pour ses opinions communistes, était venu, parmi d'autres, chercher des meubles. On ne devait nous rendre ultérieurement qu'une armoire en ébène et une commode en acajou. J'apprenais également que ma mère avait été emmenée et emprisonnée par le Maquis. Elle avait 67 ans et elle était presque aveugle. Dans une lettre adressée au contrôleur des Contributions, elle avait sollicité un dégrèvement d'impôts, vu le pillage de Bel Air où tout son argent liquide lui avait été pris. Sa lettre avait été interceptée. Elle-même avait été arrêtée, ainsi que le percepteur de Chabanais. Raoux et d'autres interrogateurs avaient, en vain, tenté de lui faire rétracter les termes de la lettre. Sûre d'être fusillée, elle leur tenait tête. On cherchait également à lui extorquer une somme, ainsi qu'à un certain G., de Saint-Junien. Elle leur répliquait qu'ils lui avaient tout pris. En fin de compte, les maquisards l'avaient relâchée du camp de Vayres au moment de quitter celui-ci précipitamment. Ma mère, se coupant un bâton dans les haies, avait marché pendant vingt kilomètres pour regagner Bel Air. Ces événements ont été le fait d'une époque troublée. Ce n'a pas été plus beau de l'autre côté. Dans ces moments-là, les actes vont souvent plus vite que les pensées et il en résulte des excès de toute sorte. Restent les traces… Témoignage de Robert du Maroussem, ancien responsable local de la Milice : A la fin d'une de nos séances d'information, je me souviens que Mlle Armagnac nous a dit : «Vous exagérez dans vos attaques contre les juifs et les francs-maçons ; ce sont aujourd'hui des gens pourchassés.» Témoignage de Mme T., ancienne domestique du château de Pressac : Quand le camion est arrivé au château, les maquisards, pour se moquer, criaient : «Vive la mariée !» Elle a couché dans un grenier. On lui a fait nettoyer les cabinets et coudre des vêtements. Sa robe était souillée. Quand elle traversait la cour, on continuait de crier : «Vive la mariée !» Un jeune qui avait fait partie du peloton d'exécution avait été impressionné par son courage. Il paraît qu'elle a ouvert le devant de son burnous et qu'elle leur a dit : «Allez-y !» Témoignage de Nathan Lindner, instigateur de l'arrestation : [Dans sa relation écrite, Mme Armagnac nomme le «vendeur de journaux Lannaire (sic), né à Varsovie et réfugié à Chabanais». Elle ajoute que l'homme avait dirigé le pillage de Bel Air et qu'il avait personnellement emporté «les tableaux généalogiques de la famille Carnot». Il se serait vanté du «joli coup» qu'il avait fait et il se serait exclamé : «S'ils ne sont pas contents de moi après cela !» —J'ai retrouvé Nathan Lindner le 14 mai 1974. Il habitait alors à Paris le quartier des Halles et tenait une terrasse de journaux à l'angle de la rue Tiquetonne et de la rue Montorgueil. Né en juillet 1902 à Varsovie, il avait été caporal dans la Légion étrangère (taille : 1 m 59). Pendant la guerre de 1939-1940, il avait travaillé à Toulouse pour Paris-Soir ; par la suite, à cause des lois raciales de Vichy, il avait travaillé à Issoudun (Indre) pour son propre compte. Il s'était enfin replié à Chabanais où il colportait des journaux pour le Dépôt Hachette tenu par Mme Olivaux. Connu sous le sobriquet de «Trottinette», il portait, dans la Résistance, le pseudonyme de Linard.]


365 J'ai dû, en 1945, quitter la région de Chabanais à cause de ces histoires de la Libération. La presse de l'époque, et notamment L'Essor du Centre-Ouest, m'avait violemment attaqué. Bien des années après, c'est Historia qui s'en est pris à moi. En 1944, à Chabanais, je prenais livraison des journaux à la gare et je les apportais au magasin Olivaux. J'avais une poussette aménagée en bibliothèque. C'est pour cela qu'on me surnommait «Trottinette». Un jour, j'entends Mlle Armagnac dire à peu près : «Ces jeunes qui refusent le S.T.O. [Service du Travail Obligatoire], on devrait les arroser de pétrole et y mettre le feu». D'autres personnes pourraient vous le confirmer [9]. Dans mes journaux figurait Signal, seule revue comparable au Match actuel [10]. C'est moi qui ai parlé à Bernard de Françoise Armagnac. J'ai demandé à m'occuper de la perquisition et du reste. Bernard m'a donné carte blanche. Quand la noce est arrivée à 300 m de la propriété Armagnac, je leur ai dit que nous étions des maquisards et non des pillards et j'ai lu une décision qui disait que tout homme surpris à piller serait immédiatement abattu. Cette opération, nous l'avons montée le jour même du mariage avec l'espoir que, parmi les invités, nous trouverions d'autres miliciens. Au cours de la perquisition, nous avons découvert des carnets de rendez-vous, des brassards, des insignes [11] , une carte de membre de la Milice [12]. J'ai conduit la mariée à Raoux qui, muni de mon rapport écrit, a procédé à l'interrogatoire et a décidé l'exécution. Ce que j'ai fait ce jour-là, ce n'était peut-être pas trop beau. Je suis entré dans l'Histoire par la mort d'une descendante de Sadi Carnot. Je n'en suis pas flatté. Il fallait le faire à l'époque. Je ne suis pas un sanguinaire ; les esprits étaient surchauffés et on n'était pas alors en état de raisonner.¶Mais nous avons en ce moment beaucoup de gens qui font beaucoup de mal [maintenant, en 1974]. On aurait dû les exécuter alors, au lieu de les libérer et de les blanchir. Tous ceux-là salissent et dénigrent la Résistance. [Le témoin m'est apparu tourmenté par l' «Affaire Armagnac». Il ne regrette pas d'avoir fait fusiller la mariée mais il déplore les ennuis qui s'ensuivirent pour lui. Il dit avoir toujours été communiste et il affirme qu'il a été exclu du Parti en 1945 pour avoir voulu, contrairement aux instructions, aider des Rouges espagnols à s'armer afin de libérer l'Espagne du joug de Franco. Parmi ces Rouges figurait «Ramon». Nathan Lindner est féru d'histoire et de peinture ; il peint sous un pseudonyme [Ainel, comme N(athan) L(indner)]. Témoignage d'Annie F., ancienne cheftaine de Louveteaux : Françoise Armagnac était une idéaliste et une passionnée, une fille dégingandée aux tenues excentriques et parfois négligées. Très pratiquante, elle avait un ton abrupt ; elle était très «tranche-coupe» et peut-être timide au fond. La politique ne l'intéressait pas. Me parlant d'un mouvement qui était peut-être celui des œuvres sociales de la Milice ou un mouvement féminin de la Milice, elle m'avait dit un jour que, dans une époque comme la nôtre, on ne pouvait pas rester indifférent, que ce mouvement avait l'air intéressant et qu'on devait pouvoir s'y rendre utile. Quelqu'un — est-ce sa mère ou bien est-ce moi-même ? — l'a mise en garde et lui a conseillé de prendre avis des Scouts au plan national [13]. Le 4 juillet 1944, j'ai assisté au déménagement des affaires de la famille Armagnac dans le camion des maquisards. Sur la pente du pré, des enfants jouaient ; c'étaient des Louveteaux et des Guides. Témoignage de Joseph L., ancien président de la Légion : A un moment, à Bel Air, le fils Valette, qui faisait partie des maquisards, a crié : «Les Allemands arrivent ! Voilà les croix gammées !» — C'étaient des croix scoutes {14]. Témoignage de la veuve du lieutenant Robert, responsable des opérations : [Le lieutenant Robert s'appelait, de son vrai nom, Jean P. Il était cultivateur aux Fayards, commune d'Étagnac. Sa veuve tient aujourd'hui [1974] un magasin d'antiquités dans la région parisienne, à Saint-Mandé.]


366 Mon mari vient de mourir à 52 ans d'un cancer. Je l'ai connu après la Libération. Il était alors croupier. Pendant deux saisons, il a dirigé le casino de L. Je n'ai pas connu la Résistance en Charente. Je ne suis pas de ce pays-là. Mon mari a toujours été communiste. Il ne parlait pour ainsi dire jamais de ses souvenirs du Maquis. Il était écœuré par le mal qu'on disait de la Résistance. Il n'a au fond vraiment commencé à parler du Maquis que durant les huit mois d'hôpital qui ont précédé sa mort. Il parlait surtout de «Gustave» (Bricout) et puis il parlait aussi d'une marquise ou d'une comtesse qui avait été fusillée. Il y était. Je me rappelle très mal. Est-ce que cette femme n'avait pas dénoncé des Français ? Mon mari pensait que c'était juste… Je crois que mon mari n'était pas tellement d'accord… [15] Témoignage de G.B., de Montbron, prétendu témoin de l'exécution : Alors, la mariée a ouvert son voile et elle a crié comme ça : «Vive l'Allemagne !» [16] Témoignage de «Bernard», commandant du «Maquis de Pressac» : La mariée ? Elle était secrétaire de la Milice de Confolens. Elle m'a déclaré : «Vous m'avez eue, mais si je vous avais eu, c'était pareil.» [17] Témoignage de «Gaston», chauffeur de «Bernard» : J'ai participé à l'arrestation de la fille Carnot. Une fille sensationnelle. Devant le peloton, elle a pris sa robe de mariée comme ça [geste des deux mains pour se décolleter]. Elle n'a jamais baissé les yeux. Elle était chef de centaine à la Milice [18]. L'«Affaire Armagnac» racontée par Robert Aron : [Histoire de l'Épuration, tome I, «Les Grandes Études Contemporaines», Fayard, 664 p., 1967, p. 566-567.] Les exactions peut-être les plus odieuses sont celles qui s'attaquent à des femmes. Près de Limoges, une jeune fille de la région, Mlle d'Armagnac, dont la famille est propriétaire d'un château, se marie à l'église de son village : à la sortie de la messe, sur le parvis, des maquisards l'enlèvent, ainsi que son mari, le curé qui les a bénis et un témoin. Le lendemain à l'aube, on la fusillera en toilette de mariée. Motifs invoqués : d'abord, elle est châtelaine ; en second lieu, elle a soigné des miliciens {19]. Témoignage de P. Clerfeuille, professeur à Angoulême : Vous savez, il est très difficile de faire ce travail sur la Répression. Les gens ne veulent pas parler. Prenons un exemple. Je sais pertinemment qu'une femme a été fusillée en toilette de mariée. Je suis allé pour enquête à Chabanais. J'ai une carte officielle pour faire ce genre de travail : je suis Membre correspondant du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale et nous dépendons du Premier ministre. Eh bien, on a refusé de me donner le nom de cette fusillée ! Je suis reparti sans rien ! Et pourtant, je sais qu'elle a existé, cette femme. [P. Clerfeuille est officiellement chargé, entre autres travaux, de recherches sur la Répression à la Libération (c'est-à-dire sur l'Épuration) dans le département de la Charente. Notre entretien date de 1974, soit près de sept ans après la publication du livre de Robert Aron.] Deux documents 1° Premier Bataillon, 2406ème Compagnie . Le 4 juillet 1944 Rapport du Lieutenant de Compagnie [20] Aujourd'hui 4/7/44 nous avons fait une opération d'envergure au château d'Armagnac ; lieu dit au Petit Chevrier [21] au sujet de l'arrestation éventuelle de miliciens. L'opération a été complètement couronnée de succès car nous avons arrêté une milicienne. Cette femme se mariait aujourd'hui et, nous sommes tombés en pleine noce ou tout au moins à l'arrivée de la noce. Nous avons interrogé les invités les uns après les autres et j'ai vérifié moi-même leur identité et tous leurs papiers qui étaient en leur possession ainsi que leur porte-feuille. Après vérification, j'ai retenu un photographe, nommé Aubinot [22] qui a soit-disant photographié le Maquis le jour où nous avons occupé Chabanais. Ceci a besoin d'une enquête sérieuse à son domicile.


367 J'ai retenu aussi le Prêtre de Chabanais qui avait empêché la rentrée des fleurs et des couronnes et du drapeau dans son église [23]. Ensuite nous avons gardé à vue le Marié et la Mariée pour nous avoir répondu méchamment au sujet du travail que nous faisions à leur domicile. Puis nous avons fait une perquisition en règle sans rien abîmer jusqu'au moment où nous avons trouvé la preuve que la Mariée est Milicienne. Aussi, dès cet instant j'ai à peu près donné main libre aux hommes pour le déménagement des vivres et autres choses intéressantes pour nous. Quand tout a été embarqué nous avons fait monter les prisonniers dans les camions et nous sommes rentrés sans incident. Je suis satisfait de cette expédition car j'ai vu, mes hommes à l'œuvre et je vois que je peux compter sur eux. Quant à mon Adjudant-Chef Linard [24] je ne peux que le remercier d'avoir monté cette expédition et de l'avoir si bien surveillée. Aussi, avec l'avis du Capitaine Commandant du Bataillon je demanderais qu'il soit nommé Adjudant de Compagnie. Dans la soirée un avion Allemand a survolé le camp à basse altitude et à son passage à Pressignac a lâché quelques rafales de mitrailleuse sur des civils. Signé : Robert 2° Premier Bataillon / Service de Renseignements — Activité du Service de Renseignements — Journée du 7 juillet 1944. Clôture de l'enquête sur l'argent et les biens immobiliers réclamés par la famille Armagnac. … Le 8 juillet 1944, Le Chef du Service des renseignements Signé : Gaudy [25] — III —

Quelques exécutions du «Maquis Chabanne» (4 juillet - 17 août 1944) Ce maquis a été fondé par trois instituteurs du collège de Chasseneuil : André Chabanne, Guy Pascaud et Lucette Nebout. Un militaire de carrière s'est joint tardivement à ces trois personnes : Jean-Pierre Roger. André Chabanne est mort accidentellement en 1963. Son corps repose dans la crypte du Mémorial de la Résistance de Chasseneuil, aux côtés du corps de Bernard Lelay, chef du «Maquis Bernard». Guy Pascaud a été arrêté le 22 mars 1944 et déporté ; à son retour de déportation, il s'est engagé dans une carrière politique ; il est mort il y a quelques années. Lucette Nebout a changé de nom à la suite d'un remariage ; elle vit encore. Après la guerre, Jean-Pierre Rogez a connu une brillante carrière militaire ; il a été chef d'étatmajor d'un général commandant la place de Paris ; à sa retraite, il s'est engagé dans la carrière politique et il est devenu, pour un temps, maire de Malaucène (Vaucluse). Dans le rappel de ses états de service figurent ces quatre mots : «torturé par la Gestapo». La vérité est qu'il a été accidentellement renversé de sa moto par une voiture militaire allemande. A la différence du maquis communiste, qui lui était voisin, le «Maquis Chabanne», également appelé «Maquis Bir Hacheim, AS 18», a moins tué mais plus torturé. La responsabilité des exécutions ou tortures est également plus diverse. Cette responsabilité se répartit entre André Chabanne et quelques membres de son entourage, en particulier FrançoisAbraham Bernheim (de Colmar) et l'ancien Saint-Cyrien Jean-Pierre Rogez. Bernheim, d'origine juive comme l'était Raoux pour le maquis Bernard, dirigeait le 2e Bureau (Sécurité et Renseignement) jusqu'à une date où André Chabanne l'a chassé, probablement parce qu'il le trouvait trop sévère.¶Tandis que, dans le cas des victimes du maquis communiste, à peu près tous les corps ont été exhumés, les victimes du maquis AS (Armée secrète) n'ont pas toutes été


368 exhumées et c'est en pleine connaissance de cause que les autorités persistent à refuser ces exhumations. Dans la commune de Montembœuf, au lieu-dit «les trous de renard», près de l'ancien moulin de Jayat, il reste des corps qui n'ont pas été réclamés et d'autres qui ont été réclamés mais qu'on ne veut pas exhumer. Les exécutions les plus surprenantes auxquelles ont procédé le «Maquis Chabanne» ont été celles des «7 de Couture» ainsi que celle de l'abbé Albert Heymès et de sa servante (voy., cidessous, p. 47-50). Couture (280 habitants en 1944) est un village situé au nord d'Angoulême, au commencement de la Charente poitevine, à proximité de Mansles et d'Aunac. En juin 1944, un engagement entre troupes allemandes et miliciennes, d'un côté, et un petit détachement du «Maquis Chabanne» (cinq personnes en tout), de l'autre, se soldait par un mort du côté du maquis.¶Le couple responsable de ce petit détachement avait la conviction que des habitants de Couture les avaient dénoncés, et Chabanne avait fini par faire arrêter 7 personnes du village : un père et un fils, encore un père et un fils, un frère et un frère, et un septième homme. Tous furent torturés, ainsi que l'établira après la guerre un rapport de la Justice Militaire. Tous furent fusillés à Cherves-Chatelars, près de Montembœuf, le 4 juillet 1944. Les corps furent jetés dans un puisard. Il faudra aux familles 28 années de démarches pour obtenir l'exhumation des corps et leur transfert en secret dans le cimetière de Couture. Jamais la preuve de la dénonciation ne put être apportée. La présence de ce petit maquis était de notoriété publique dans la région.¶Dans la période du 4 juillet au 17 août 1944 et pour me limiter strictement à la région où il se trouvait alors, ce maquis a procédé à environ 50 exécutions. Sur ces 50 cas, on compte sept femmes (l'une d'entre elles avait 77 ans ; elle fut fusillée avec sa sœur, âgée de 70 ans, et l'époux de cette dernière, 73 ans, infirme à deux béquilles) ; parmi les victimes on compte quatre membres d'une même famille gitane (dont une femme) et trois soldats allemands dont l'un qui tentait de s'enfuir. 4 juillet, Louis-André Michaud, 34 ans, adjudant-chef pilote en congé d'armistice, abattu à Labon, commune de Chasseneuil. 4 juillet, sept cultivateurs de Couture sont fusillés à Cherves, tous après torture : - Léon Barret, 38 ans, frère du suivant. - Eugène Barret, 32 ans, frère du précédent. - Émilien Gachet, 61 ans, père du suivant. - Émile Gachet, 23 ans, fils du précédent. Frédéric Dumouss(e)aud, 63 ans, père du suivant. Marcel Dumouss(e)aud, 35 ans, fils du précédent. Albéric Maindron, 32 ans. 5 juillet, ? Aurance, fusillé à Cherves. 5 juillet, un inconnu, fusillé à Cherves. 6 juillet, Joseph Grangeaud, 68 ans, commerçant, fusillé à Cherves. 6 juillet, Édouard Lombreuil, 61 ans, assureur, fusillé à Cherves. 6 juillet, André Abadie, 33 ans, anciennement docker à Bordeaux (?), fusillé à Cherves. 10 juillet, Jean Veyret-Logerias, 67 ans, secrétaire de mairie, fusillé à Cherves. 11 juillet, Abbé Albert Heymès, mort sous la torture ou à la suite de tortures au Prieuré du Chatelars. 13 ou 14 juillet, Nicolas Becker, 57 ans, préparateur en pharmacie, exécuté à ChezFourt, commune de La Tâche. 16 juillet, Ernest Schuster, 24 ans, interprète à la Kommandantur de La Rochefoucauld, torturé et fusillé à Cherves.


369 26 juillet, Jean Dalançon, 49 ans, horloger, fusillé à Cherves. 26 juillet, Jean Niedzella, 24 ans, (?), abattu à Cherves. 29 juillet, puis 30 juillet pour le dernier d'entre eux, quatre forains de la même famille (gitane) sont abattus près de Saint-Claud : - Jules Ritz, 50 ans. - Pauline Jauzert, 57 ans. - Émile Ritz, 22 ans. - François Ritz, 24 ans. fin juillet, trois soldats allemands avaient été faits prisonniers. Le sergent cherche à s'enfuir ; il est abattu. On vient chercher ses deux camarades qu'on abat également. La trace des balles subsiste sur le mur extérieur du préau de l'école de Cherves. Les trois cadavres ont été jetés dans une mare «chez Veyret» ; ils sont restés dans cette mare pendant au moins dix ans ; leurs pieds dépassaient. 1er août, Joséphine Adam, 29 ans, servante de l'abbé Heymès, fusillée à Cherves. 1er août, Marie-Germaine Groulade, 48 ans, s.p., fusillée à Cherves. Les exécutions suivantes ont eu lieu aux «trous de renard», près de l'ancien moulin de Jayat, commune de Montembœuf, où Jean-Pierre Rogez avait son PC et où il avait fait ouvrir un «camp de concentration» (dénomination officielle) : 7 août, Maurice Launay, 25 ans, domestique de ferme ; sa femme (Mme Horenstein, d'Objat) n'est pas parvenue à obtenir l'exhumation. 9 ou 10 août, Mlle Clémence Choyer, 65 ans, institutrice en retraite, sans famille ; non exhumée. 10 août, Augustine Alexandrine Bossu, 77 ans, quasi aveugle, belle-sœur du suivant. 10 août, Victor Maisonneuve, 73 ans, infirme à deux cannes, époux de la suivante. 10 août, Juliette Henriette Maisonneuve, 70 ans, épouse du précédent. 11 août, Marie Brénichot, 46 ans, commerçante. 14 ou 15 août, Joseph Schneider, 25 ans, interprète à la Kommandantur de ChampagneMouton, torturé ; non exhumé. 14 ou 15 août, Paulette Marguerite François, 27 ans, propriétaire de café ; non exhumée. 15 août, 6 ou 7 ou 9 volontaires russes de l'armée allemande sont fusillés ; pas d'exhumations malgré des tractations. 16 août, Raphaël Gacon, 18 (?) ans, «mi-journalier, mi-sacristain» ; non exhumé. 17 août, Emmanuel Giraud, 24 ans, domestique agricole ; non exhumé malgré, semblet-il, la demande d'un frère. Il conviendrait d'ajouter à cette liste le nom d'Octave Bourdy, 53 ans, épicier, exécuté à Saint-Claud dans des circonstances terrifiantes, tardivement, le 6 décembre. — IV — Mort d'un prêtre sous la torture Devant l'exécution, par le «Maquis Chabanne», des sept habitants de Couture, le curé de Saint-Front, l'abbé Albert Heymès, allait manifester son émotion sous une forme que je n'ai pas pu déterminer. Desservant plusieurs paroisses et venant de célébrer la messe dans l'une d'entre elles, c'est sur la route du retour, à Saint-Front, qu'il aurait été arrêté ainsi que sa servante,


370 Joséphine Adam, et conduit en camion au PC d'André Chabanne au Chatelars, un domaine — «le Prieuré» — flanqué des restes d'une abbaye (il n'est pas à confondre avec «Le Logis du Chatelars», qui est un château). Pour son malheur, Albert Heymès était un réfugié de l'Est et parlait avec un fort accent allemand. Il était né le 4 novembre 1901 à Kappelkinger, près de Sarralbe en Moselle. A Colmar, François-Abraham Bernheim, toujours vivant, m'a déclaré à son sujet : «Heymès, je l'ai bien connu en 1936 et puis à Altrippe en 1939 (où il était curé). J'ai vécu dans son village. Il parlait le patois lorrain, le plus moche des patois allemands : le "paexer" ; à l'origine, c'est luxembourgeois (ce patois, ça vous révolte). Heymès était un peu lourd, un peu grossier. Il n'était pas antipathique mais avait une attitude anti-relations publiques. (Je ne sais rien de sa mort.) Il serait tombé à la renverse quand on lui donnait des coups et il se serait fendu le crâne derrière. J'étais juge. Il n'y avait pas d'avocat. J'impressionnais parce que je ne criais pas. Il blêmit et son regard devient brillant, celui à qui on annonce qu'il va mourir.» Pour certains Mosellans, l'ancien curé d'Altrippe était intelligent, musicien, grande gueule et de style provocant. «S'il était resté en Lorraine, ce sont les Allemands qui lui auraient coupé la tête.» Il avait la passion de construire, et les Charentais se souviennent de l'avoir vu souvent transporter de grosses pierres. M… faisait partie du maquis et a vu le camion arriver avec le prêtre : «On lui a pas mis de marchepied. Ça m'a frappé. On a du respect pour un curé comme pour un instituteur. Il avait son livre de messe. Il appelait le bon Dieu en aide… Mais il a reconnu qu'il était de la Wehrmacht (sic).» M…, de Chasseneuil, m'a déclaré : «Ce n'est pas dans un "toit à cochons" qu'ils l'ont mis, mais dans un hangar à brebis. On lui a fait porter des pierres. Un maquisard m'a dit : "Celui-ci demain sera bon pour faire un pot-au-feu." Il m'a dit ça un jeudi ; eh bien, le dimanche, c'était lui, le maquisard, qui a été tué. Ce curé était un gradé de l'armée allemande.» G…, de Cherves, m'a déclaré : «Je l'ai vu transportant de très grosses pierres et battu par ses gardes. Il avait les larmes aux yeux.» Les principaux responsables actifs de la torture furent deux frères. J'ai retrouvé l'un de ces frères, commerçant au Gond-Pontouvre, banlieue d'Angoulême. Je lui ai dit le résultat de mon enquête. Il m'a déclaré : «Il a été torturé très sévèrement mais il n'y a eu ni corde, ni fer chaud. En revenant avec X… vers le toit à cochons où était le curé, nous l'avons trouvé immobile. Nous lui avons soulevé les paupières. Nous avons constaté sa mort et conclu qu'il avait dû se suicider avec une bague.» Et, comme je demandais des explications sur cette bague, l'homme m'a répondu : «Je refuse de vous en dire plus. Je n'en dirai plus que si Bonnot veut bien parler. Voyez Bonnot.» Ce dernier, qui était un responsable connu du «Maquis Chabanne», m'a refusé tout renseignement. La famille de l'abbé a refusé de répondre à mes questions par crainte d'avoir affaire à quelqu'un qui cherchait peut-être, selon les termes d'une lettre en date du 2 juin 1974, à «donner suite à la propagande anti-curé de l'époque». Albert Heymès est mort vers le 11 juillet 1944 ; il avait 42 ans. Son corps fut inhumé au cimetière de Cherves-Chatelars. Son nom est gravé dans la pierre : «Abbé Albert Heymés (sic) / 1901-1944». L'évêché de Metz n'a pas souhaité une exhumation et un transfert du corps en Lorraine. La tombe est totalement négligée. Sa servante, Joséphine Adam, allait être fusillée le 1er août en même temps qu'une autre femme. Au Chatelars, m'a- t-on souvent dit, elle «pleurait beaucoup». On lui avait infligé un écriteau portant : «Femme de curé». Aujourd'hui, les enfants de Cherves-Chatelars et de la région sont entretenus dans l'histoire sainte de la Résistance. Une plaque qui indiquait la date de naissance et de la mort d'André Chabanne a été remplacée par une autre qui n'indique plus ces dates, ce qui donne à penser que


371 le héros est mort à la guerre alors qu'il est décédé accidentellement en 1963. Juste en face de la demeure appelée «le Prieuré», là où l'abbé Albert Heymès avait été torturé à mort, et où bien d'autres personnes avaient été emprisonnées ou torturées ou condamnées à mort, les enfants des écoles ont planté un sapin. Une plaque porte : «Arbre planté le 3.9.78 / par les enfants de Cherves-Chatelars en souvenir du maquis Bir Hacheim / AS 18 / qui se forma en ces lieux / en septembre 1943» Dans la cour de l'école de Cherves il y a un préau. Sur le mur de ce préau, à l'extérieur, le long de la route qui conduit de Cherves à Chasseneuil, on distingue encore nettement, plus de quarante ans après les faits, des traces de balles : c'est là qu'ont été exécutés les trois soldats allemands. En apprenant cette exécution, André Chabanne était entré dans une vive colère. Il se souvenait, disait-il, que, fait prisonnier par les Allemands en 1940, il s'était évadé et avait été repris ; il avait eu la vie sauve. Cependant, dix ans après leur exécution, André Chabanne avait permis que les cadavres des trois Allemands restent dans une mare toute proche, «chez Veyret». Ni les propriétaires de la mare, ni le maire de Cherves, ni les gendarmes n'ont osé intervenir pour qu'une sépulture leur fût donnée. Encore aujourd'hui, une dizaine de corps sont aux «trous de renard» de l'ancien Moulin de Jayat, car les exhumer reviendrait à exhumer une part de vérité en contradiction avec la légende qui se renforce d'année en année. A Saint-Front même, j'ai interrogé un groupe de quatre femmes dont la plus âgée était une jeune enfant en 1944. Je leur ai demandé ce qu'elles savaient de l'abbé Heymès, l'ancien curé de leur village. La plus âgée m'a répondu : «Ce curé n'était pas un curé. Les Allemands l'avaient mis là pour nous surveiller. Il était là pour espionner.» Deux des trois autres femmes ont approuvé. D'autres personnes m'ont déclaré : «Il portait un uniforme allemand sous sa soutane», ou encore : «Un joli curé ! Sous sa soutane, il portait un uniforme de capitaine SS.» Il n'est pas difficile de trouver aujourd'hui des historiens réputés sérieux pour colporter des inepties encore bien pires que celles-là. Il reste qu'Albert Heymès avait peut-être servi dans l'armée allemande au cours de la première guerre mondiale, à l'époque du rattachement de son pays à l'Allemagne. 1. A prononcer Savignat, selon l'orthographe d'origine. Depuis un siècle, trop de toponymes de la région se sont ainsi trouvés pourvus d'un suffixe -ac, à la place du suffixe -at. 2. Maquisard. 3. Son appareil de photographie, d'une valeur de 60 000 francs [1944], lui ayant été confisqué, il lui restera à s'engager, bon gré mal gré, dans le Maquis. Il sera tué dans la poche de Royan. 4. Anna devait, après la guerre, en témoigner auprès des enquêteurs de la Sécurité militaire. 5. Louise V. est aujourd'hui [1974] installée à Limoges où elle a épousé un coiffeur. Elle a deux filles, dont l'une est professeur et l'autre, ingénieur (ailleurs qu'à Limoges). Son père était communiste. 6. Après la guerre, des enquêtes de la Sécurité militaire établiront ce genre de faits. C'est, nous a déclaré Cécile Armagnac, dans le souci de ne rien envenimer que Madame Armagnac a renoncé à rentrer en possession de ces biens-là («et puis, cela ne nous aurait pas rendu Françoise») ; pour ce qui est des autres biens, l'indemnité perçue par Madame Armagnac semble avoir été très modeste. 7. La législation spéciale d'Alger, comme les appels de la Radio de Londres et, en particulier, ceux de Maurice Schumann, autorisaient, semble-t-il, ce type de distinguos.


372 8. En 1944, la France vivait à l'heure de l'Europe Centrale : 21 h correspondaient donc à 19 h , heure solaire. 9. Les personnes interrogées, y compris les plus hostiles aux miliciens, nous ont déclaré que Françoise Armagnac leur paraissait incapable d'avoir tenu de pareils propos, aussi bien dans le fond que dans la forme. Précisons ici que le témoin Lindner nous a paru sujet à de graves défaillances sur d'autres points que «l'Affaire Armagnac». 10. On s'étonne de cette mention de Signal. On s'étonne encore plus de la comparaison avec Match (ou Paris-Match). Signal était un hebdomadaire de très bonne qualité mais que beaucoup de Français se refusaient à acheter à cause de son caractère allemand et national-socialiste. Nathan Lindner, lui, en vendait ou essayait d'en vendre à Chabanais. La vente, tout comme l'achat, n'en était nullement obligatoire. Françoise Armagnac avait interdit aux enfants dont elle s'occupait d'acheter quoi que ce fût à Trottinette, coupable, à ses yeux, de vendre Signal ainsi que des publications à caractère licencieux. 11. Selon toute vraisemblance, ces brassards et ces insignes étaient… scouts (à l'exception de l'insigne trouvé dans le petit sabot). 12. Confusion probable avec l'insigne de la Milice trouvé dans le petit sabot. 13. Selon sa sœur Cécile, Françoise, ne recevant pas de réponse — le courrier fonctionnait dans des conditions précaires —, aurait pris sa décision sans plus attendre. 14. Cette confusion semble s'être produite ailleurs en France ; voy. également, plus loin, la confusion entre «cheftaine» et «chef de centaine», c'est-à-dire entre un grade scout et un grade de la Milice ! 15. Ces deux dernières phrases offrent un exemple des contradictions que nous avons quelquefois rencontrées au cours de notre enquête lorsque le témoin essaie de formuler un jugement d'ordre général. 16. Nous ne rapportons ce propos que pour donner au lecteur une idée de la conviction de certains témoins. Ainsi qu'il devait se révéler par la suite, G.B. n'avait pas assisté à cette scène pourtant rapportée comme vécue. 17. Françoise Armagnac n'a nullement été secrétaire de la Milice de Confolens. La pensée que lui prête le témoin est peu vraisemblable chez quelqu'un qui s'était désolidarisé de la Milice onze mois auparavant en envoyant sa démission. Quant à l'extrême brièveté de ce témoignage, elle tient au fait qu'au moment de notre rencontre avec «Bernard» nous n'avions pas encore réuni beaucoup d'informations sur les exécutions et, en particulier, sur celle-ci. 18. «Gaston», de son vrai nom Jean T., habite aujourd'hui près de Saint-Victurnien (HauteVienne). Françoise Armagnac n'était pas chef de centaine mais cheftaine. Le témoin confond ici un modeste grade des Guides avec un grade important de la Milice armée ! 19. Le lecteur attentif pourra relever une demi-douzaine d'erreurs dans ce résumé de l'affaire. Ces erreurs s'expliquent par le fait que Robert Aron, qui est un généraliste, ne pouvait se livrer à des vérifications poussées de chaque cas. Quelques-unes de ces erreurs s'expliquent aussi peut-être par la force d'attraction de certains clichés ou stéréotypes qui s'appellent l'un l'autre et donnent au récit la forte simplicité et la couleur dramatique que goûtent certains lecteurs de romans : «exactions … odieuses … s'attaquent à des femmes … une jeune fille … Mlle d'Armagnac [sic] … famille … propriétaire … château … se marie … église … son village … sortie de la messe … parvis … enlèvement …» Dans un pareil contexte, on ne s'étonne pas trop de voir l'exécution se placer «le lendemain à l'aube» (alors que, rappelons-le, Françoise Armagnac, plusieurs fois interrogée le lendemain de son arrestation, ne devait être exécutée qu'à 21 h ).


373 20. Nous corrigeons l'accentuation, mais non l'orthographe ni la ponctuation de ce document dont chaque phrase mériterait une lecture attentive. 21. En fait, il ne s'agit pas de Petit Chevrier mais de Bel Air. 22. L'orthographe exacte est Aubineau. 23. Pour l'enterrement de l'«Espagnol» ; les deux frères Devoyon, de Chabanais, lui avaient fait un cercueil jugé trop court ; ils seront tous deux fusillés. 24. Pseudonyme de Nathan Lindner. 25. Cécile Armagnac, à qui nous avons présenté ce document en 1975, le juge suspect. Elle ne conçoit pas que sa mère ait pu formuler une réclamation de ce genre dans les deux ou trois jours qui ont suivi l'arrestation de Françoise Armagnac et le «déménagement» de Bel Air. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, pp 25 à 50


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L'ANGLETERRE DANS LA GUERRE CIVILE EUROPÉENNE Denis Hill Denis Hill vit à Brighton (Grande-Bretagne). Avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, il a milité dans les rangs du parti communiste britannique qu'il a quitté pour joindre les Verts. Il a consacré de nombreuses années de sa vie à l'activité syndicale sur le plan national et sur la scène internationale. Mobilisé dans la Royal Air Force, il a fait partie des forces d'occupation au Japon. Il a vécu en Union soviétique, aux États-Unis, en Allemagne et, assez longuement en Tchécoslovaquie où il s'est lié d'amitié avec Jiri Pelikan. Il a une licence de sciences sociales et une maîtrise d'histoire. Il est notamment l'auteur de Seeing Red/Being Green (Je vois rouge, je suis vert), publié en 1989. De ce livre, nous publions deux extraits relatifs à la seconde guerre mondiale. Les vues de Denis Hill sur ce sujet, comme sur bien d'autres, témoignent d'une indépendance d'esprit qui semble être l'apanage de certains intellectuels anglais ; libres de s'exprimer comme ils l'entendent, ils ne se soucient pas outre mesure de la réputation qu'on peut leur forger. Le premier extrait est constitué par le chapitre VI (p. 78-99) intitulé : «Perceptions : Une nouvelle vision de la guerre civile européenne». Le second extrait est constitué par deux fragments consécutifs du chapitre XV (p. 212-217) intitulés, l'un, «La nation paria» et l'autre, «La reconstruction de la patrie» : on y voit un Britannique s'efforcer de comprendre une nation ennemie : l'Allemagne. [Denis Hill, Seeing Red/Being Green (The Life and Times of a Southern Rebel), Iconoclast Press (P.O. Box n° 1090, Brighton, GB-BN1 5QG), 1989, 588 p.] Premier extrait : PERCEPTIONS : UNE NOUVELLE VISION DE LA GUERRE CIVILE EUROPÉENNE J'ai appelé ce chapitre «Perceptions», et si je l'ai fait, c'est pour la simple raison que je considère depuis longtemps que ce qui est le plus important dans la vie, ce n'est pas la réalité, mais ce que les gens perçoivent de la réalité. Bien souvent, ce n'est pas du tout la même chose. Interrogez la plupart des gens et ils vous diront : «La Grande-Bretagne s'est battue pour défendre la Pologne». Ou : «La guerre était inévitable parce que l'Allemagne voulait détruire la Grande-Bretagne…». Aucune de ces affirmations n'est totalement exacte. J'essaierai d'expliquer pourquoi, à mon avis, la Grande-Bretagne a fait une guerre inutile et s'est détruite par la même occasion. Une telle approche conduit à heurter de front l'opinion de presque tout le monde. Je vous demande un peu de patience. Comme Willie Whitelaw l'a dit si brillamment un jour, «C'est une erreur de préjuger le passé». La célébration du «Jour de la Victoire» eut lieu le 8 mai 1945. Le peuple eut droit à deux jours fériés. Les cafés ne désemplirent pas ; on dansa (littéralement) dans les rues ; on alluma des feux de joie ; des spectacles furent organisés pour les enfants dans les rues, et ainsi de suite. Je me souviens m'être promené en ville au cours de la nuit de la Victoire ; on voyait partout des foules de gens surexcités et ivres de bonheur, des taxis et des voitures circulant en tous sens dans un concert d'avertisseurs, des gens accoudés à leurs fenêtres, qui chantaient et poussaient des cris de joie. C'était la folie. L'espace d'une nuit, on eut l'impression que «tout était possible». A peine quelques années plus tard, j'eus l'occasion de beaucoup voyager en Europe. Contemplant les immenses zones dévastées du continent et voyant le genre d'Europe que la guerre avait finalement produite, on ne pouvait s'empêcher de se demander si tout cela avait bien été nécessaire. Ces voyages en Allemagne et dans les pays voisins éveillèrent mon intérêt pour l'histoire récente. Inévitablement, une question surgit.


375 A savoir : comment deux peuples, si semblables et si doués, comme le sont les peuples anglais et allemand, pouvaient-ils en être venus à s'entre-déchirer ? Nous avons nous-mêmes une forte dose de sang germanique (qui nous vient des Saxons) et notre langue est elle-même dérivée à 50 % de l'allemand. En un sens, le conflit européen et, plus spécialement, le conflit anglo-allemand fut une guerre civile. Comme dans toutes les querelles de familles, une guerre civile engendre une plus grande amertume que n'importe quel conflit entre étrangers. La première victime de la guerre est la vérité. Les mensonges du pouvoir s'ajoutent à ceux que nous forgeons. Il ressort de tout cela que les gens ont quelquefois une image définitive (et pas forcément correcte) d'événements révolus. D'habitude, les gens se cramponnent farouchement à leurs perceptions premières et ont tendance à s'offusquer de toute autre interprétation. Pourtant, je pense que la tentative mérite d'être faite. Si je peux m'exprimer ainsi, pour comprendre le présent il faut regarder le passé. L'Allemagne a mené deux guerres bien distinctes — à l'est et à l'ouest. Elles furent menées de façon différente et pour des motifs différents. La campagne de l'est fut intentionnelle. La guerre contre l'Angleterre fut menée à contre-cœur. A l'ouest, la guerre fut menée, plus ou moins, selon les règles de Queensbury, c'est-à-dire en observant généralement la Convention de Genève, abstraction faite des bombardements des populations civiles. L'Allemagne avait un but. Toutes les autres actions, conflits et campagnes furent accessoires. Quel était ce but ? Il était de se constituer une colonie dans la Russie européenne. Après coup s'ajouta l'idée de coloniser la Pologne. Là est le fin mot de l'intention allemande. Dans la tentative de parvenir à cette fin, une guerre mondiale se développa, qui ne fut pas du choix d'Hitler. Ce rêve allemand d'un empire européen n'était pas nouveau ; il était apparu au grand jour pendant la guerre de 1914-1918 et même plus tôt, mais le régime national-socialiste y avait greffé une «Weltanschauung» [conception du monde] spécifique à dimensions raciales et il s'était lancé à la conquête de cet empire avec beaucoup d'énergie. Si je me retourne sur le passé, je dois formuler deux principales observations qui sont toutes deux susceptibles de déplaire. Je crois néanmoins qu'après un demi-siècle nous devrions, aujourd'hui, porter un regard plus détendu sur tous ces événements. Si, cependant, les gens sont encore inhibés par des souvenirs personnels ou, dans le cas de plus jeunes lecteurs, par des idées faussées de l'histoire, je me réfugie fermement derrière le dicton latin : Fiat justitia et ruant cœli … (Que justice soit faite, les cieux dussent-ils en crouler) William Watson, Débats sur la Religion et l'État, 1602 UNE GUERRE APPRÉCIÉE ?… La première hérésie que je veux énoncer, c'est que, quoi qu'on prétende, je crois fermement qu'en vérité beaucoup d'Anglais ont trouvé du plaisir à cette guerre et furent vraiment désolés quand elle se termina. Elle leur offrait, réellement, un centre d'intérêt et un but à leur vie, une excitation qui faisait défaut dans un monde terne, un sentiment d'unité et de camaraderie ainsi qu'un bien meilleur revenu pour beaucoup de gens qui avaient été opprimés avant septembre 1939. La pénurie de main-d'œuvre signifiait que la capacité de trouver un autre travail (à condition que celui-ci aille dans le sens des efforts de guerre) renforçait les atouts des travailleurs et affaiblissait le pouvoir arbitraire et terrorisant des employeurs d'avant-guerre. En outre, il existait une crainte largement répandue que l'arrivée de la paix n'entraîne rapidement de nouveau un chômage généralisé. Outre qu'elle assurait la sécurité de l'emploi, la guerre donnait aussi à la société entière un véritable coup de fouet.


376 Un grand nombre de gens découvraient une vie nouvelle en vivant dans une région différente de leur pays ; beaucoup étaient obligés d'essayer des métiers complètement différents, que ce fût dans l'industrie, dans l'agriculture ou dans les services de l'armée. Nombre de femmes étaient libérées des tâches domestiques et de l'étroitesse de leur vie de célibataires ou de femmes mariées d'avant-guerre. Ainsi, pour tout un ensemble de raisons, les sentiments d'un grand nombre de gens furent extrêmement ambigus le Jour de la Victoire. Puisque le terme même de «guerre» est considéré généralement comme un mot tabou, il est naturel qu'il existe une certaine répugnance à admettre ce genre de réalités. Il ne s'ensuit pas qu'il n'y ait pas eu beaucoup de difficultés. Il y eut, en effet, parfois, des moments de panique généralisée et de nombreuses familles britanniques eurent leur vie perturbée. Pour ceux qui furent tués, mutilés ou endeuillés la guerre fut naturellement comme la quintessence du mal. On doit respecter ce point de vue. Cependant, la plupart des gens installés sur le front intérieur [Home Front] (ainsi que bon nombre de membres du personnel de l'armée) ne furent pas affectés aussi durement que cela et leur opinion devrait être, également, prise en considération. … OU UNE GUERRE NÉCESSAIRE ? La seconde hérésie que je veux formuler est la suivante : on peut se demander si, en premier lieu, nous avions un intérêt quelconque à nous engager dans la guerre de 1939. Il ne s'agit pas là d'un point de vue pacifiste ni féministe et encore moins néo-nazi ; il s'agit simplement d'un point de vue tout à fait prosaïque. Considérez le bilan et regardez les profits et les pertes pour la Grande-Bretagne. Nous avons choisi de ne pas rester neutres et, par là, nous avons contribué à transformer en un conflit global ce qui aurait été une guerre purement germano-soviétique.¶La plupart des gens croient qu'il n'y a pas lieu de discuter du déclenchement de la guerre et que les causes en sont claires et incontestables. En d'autres termes, que c'est une affaire classée. La vérité n'est pas aussi simple. Les historiens professionnels sont encore divisés et la discussion sur «les origines» de la guerre se poursuit avec rage depuis 29 ans. En ce qui me concerne, je penche pour ce qu'on appelle, chez les historiens, «la Thèse de la Guerre de Trente Ans» [19141945]. Cette thèse consiste à tenir la seconde guerre essentiellement pour une continuation de la première, ce qui n'est pas la façon dont la plupart des gens de gauche l'ont vue jusqu'à présent. Pour beaucoup, la première guerre fut un conflit impérialiste qu'il fallait condamner tandis que le second conflit fut «une guerre noble pour la liberté». La thèse des «Trente Ans» implique, par ailleurs, une lutte anglo-allemande permanente de 1914 à 1945. Etaient considérées comme grandes puissances en 1939 : la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Allemagne et le Japon. La plus grande de toutes était la Grande-Bretagne, centre d'un empire de presque un milliard de personnes et couvrant un quart de la surface du globe. Il est vrai que cette puissance britannique avait déjà été gravement affaiblie par la première guerre mondiale, mais en général on n'avait pas pris conscience de cette réalité, masquée par le fait que la Grande-Bretagne possédait encore de vastes colonies et qu'elle s'était, après tout, retrouvée du côté des vainqueurs en 1918. Au cours de la seconde guerre, l'Italie allait vite trahir sa fragilité, tandis que la France cessa rapidement de jouer un vrai rôle dans le conflit. LES ANNÉES D' APAISEMENT L'attitude britannique se caractérisa par un mélange de culpabilité et de peur. Nous savions que nous nous étions mal comportés vis-à-vis de l'Allemagne en 1919 et tout le monde était conscient qu'un jour l'Allemagne finirait par chercher sa revanche quand elle aurait enfin


377 recouvré ses forces. Et puis nous nous étions clairement alignés contre l'Allemagne aux côtés de la France, son ennemie traditionnelle. A l'intérieur, le gouvernement britannique était soumis à de fortes pressions de la part des antifascistes et du lobby juif qui disposait d'une énorme influence financière. Le conflit qui menaçait semblait avoir un caractère inéluctable, mais le pays avait encore des illusions sur sa puissance impériale. En un sens, l'Angleterre «se préparait à la pensée» de faire la guerre une nouvelle fois. Un tel sentiment n'avait pas forcément un rapport direct avec l'arrivée du régime nazi. En fait, les sonnettes d'alarme avaient retenti à Whitehall [siège du gouvernement britannique] bien avant qu'Hitler eût frappé à la porte du pouvoir. Dès le printemps 1931, le C.I.G.S. [Chief of the Imperial General Staff — chef de l'État-major général de l'Empire] anglais, Sir George Milne, annonçait au Comité de la Défense impériale que «rien n'était plus clair […] que la lente émergence d'un bloc de puissances révisionnistes comprenant les états ex-ennemis et l'Italie». Il disait cela à un moment où la République de Weimar existait encore et aurait encore pu survivre (voy. Basil Collier, The Defence of the United Kingdom [La défense du Royaume Uni], HMSO, 1957, p. 25-26). Après la nomination (par le président Hindenburg) d'Hitler à la fonction de chancelier dans des conditions tout à fait légales et constitutionnelles, en 1933, l'aile radicale des S.A. exigea ce qu'elle appelait «la seconde révolution», parce qu'elle considérait qu'Hitler avait «tout vendu», c'est-à-dire qu'il avait fait sa paix avec l'Établissement allemand et freinait à présent l'application du programme national-socialiste. Les S.A. (les sections d'assaut, la force paramilitaire nazie, les «chemises brunes»), qui comprenaient de nombreux anciens combattants de rue socialistes et communistes, dépassaient largement l'armée allemande encore minuscule avec ses 100 000 hommes. La possibilité d'une guerre civile en Allemagne ne pouvait pas être exclue. Jusqu'en juin 1934, la position d'Hitler au pouvoir resta précaire. Il présidait un cabinet de coalition et un réel danger subsistait qu'il se fît renverser par les éléments révolutionnaires au sein des sections d'assaut contestataires, ces éléments étant alors au nombre de deux millions. Ce qu'il faut bien comprendre ici, c'est que pendant longtemps le nouveau régime nationalsocialiste ne représenta pas une menace pour qui que ce fût à l'extérieur de l'Allemagne. A mon avis, tout nouveau pouvoir allemand — qu'il eût été catholique, social-démocrate ou communiste — aurait été également considéré par Whitehall comme une menace, simplement parce qu'il signifiait que l'Allemagne se ressaisissait. Même à cette époque, les Anglais envisageaient l'éventualité d'une confrontation. En février 1934, le Comité pour les Besoins de la Défense soumit un rapport au cabinet britannique qui concluait que «l'ultime ennemi potentiel est l'Allemagne» (voy. Basil Collier, op. cit., p. 24). Ainsi donc, ce rapport fut rédigé avant qu'il eût existé la moindre preuve que le nouveau pouvoir allemand allait peut-être représenter une menace et au moment où le régime d'Hitler était loin d'être consolidé. Considérées à la lumière de la croyance britannique en la force écrasante de l'Allemagne, les politiques d'apaisement des années 1930 se comprennent beaucoup mieux que les critiques ne l'admettaient à l'époque. Il est courant de présenter Neville Chamberlain comme un homme hautain et suffisant, facile à duper et qui rechercha la paix à tout prix. Cette image ne s'accorde pas avec les actes réels de Chamberlain. Ce fut lui qui réussit à imposer le plus grand programme de réarmement que l'Angleterre eût jamais connu. Cela se passait en 1937 et précédait de loin les crises autrichienne et tchèque, sans parler de la question polonaise. Ce programme d'armement était infiniment plus complet que tout ce que les Allemands engagèrent et il était programmé sur une durée de cinq ans pour être mené à bien. Il s'agissait d'un réarmement «en profondeur», contrairement à l'effort allemand quelque peu superficiel, et il comprenait la fabrication de défenses radar, d'usines d'aviation «clandestines», la construction de


378 bombardiers à long rayon d'action, le développement du «Spitfire» et la commande d'un grand nombre d'avions de chasse livrables en 1940. Ce fut ce programme qui permit à l'Angleterre de survivre à l'effondrement français en 1940 et qui fit de la Grande-Bretagne le pays le plus complètement mobilisé de l'ensemble des nations belligérantes. Il est clair que, pour l'Angleterre, le jeu consistait à gagner du temps et à retarder l'épreuve de force aussi longtemps que possible. Le programme de guerre britannique, aux alentours de 1938, n'avait pas beaucoup progressé dans bon nombre de domaines importants.¶En 1938, les défenses aériennes n'étaient pas encore achevées et l'armée manquait encore d'une grande quantité de matériel important. L'armée française était d'une qualité douteuse et, en tout cas, la volonté de se battre lui faisait défaut. A ce propos, l'opinion britannique était, elle aussi, encore loin d'être prête à affronter une guerre. Les décideurs britanniques avaient besoin de tenir compte de tous ces éléments. C'était une situation inconfortable. Ce que tout cela signifie, c'est que Chamberlain n'était pas entièrement libre de ses choix. Il lui fallait jouer avec les cartes qu'on lui avait données, mais ses actes, à cette époque, ne le font pas vraiment apparaître comme quelqu'un de naïf. Assurément, il éviterait la guerre, s'il pouvait contraindre Hitler à abandonner les ambitions des Allemands. Pourtant, crut-il vraiment avoir rapporté «la paix pour notre époque» quand il revint de cette conférence au sommet avec Hitler ? Toujours est-il que la première chose qu'il fit à son retour, ce fut d'accélérer les préparatifs de guerre. Ce qui n'apparaît pas comme l'action d'un homme qui aurait mis tous ses œufs dans un même panier, celui de l'apaisement. Cela indique plutôt que Chamberlain «amusait la galerie» devant l'opinion britannique, tout en étant conscient d'avoir simplement retardé la confrontation finale. Si retarder la confrontation était essentiel pour l'Angleterre, la prétendue «politique d'apaisement» (par laquelle Hitler était «autorisé» à s'approprier l'Autriche et la Tchécoslovaquie) apparaît, à présent, sous un éclairage différent. Je ne pense pas que nous ayons eu raison de faire la guerre contre l'Allemagne mais, si nous considérons que c'était là un but nécessaire, Chamberlain a bien servi son pays. L'Histoire et la Gauche ont beaucoup calomnié Neville Chamberlain, qui est mort brisé par le chagrin. Les détracteurs de Munich ont affirmé que ce fut une trahison vis-à-vis de la Tchécoslovaquie. C'est incontestable : les accords de Munich (imposés à une Tchécoslovaquie non représentée) constituaient un total abandon des Tchèques. Pourtant, existait-il une autre solution ? Les dirigeants français et anglais croyaient sincèrement qu'Hitler bénéficiait d'une écrasante supériorité militaire. Ils se trompaient, mais il est bon de rappeler qu'une Allemagne qui n'était que partiellement préparée pour la guerre fut capable d'écraser la France en 1940. Il ne fait absolument aucun doute qu'un très grand nombre de personnes, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, et toutes de bonne foi, furent réellement scandalisées par ce qui leur sembla être une honteuse capitulation à Munich. En un sens, elles avaient raison : il est possible, mais possible seulement, qu'une épreuve de force avec Hitler à ce moment-là l'aurait forcé à s'arrêter. Dans le pire des cas, une guerre immédiate aurait pu vaincre l'Allemagne. On ne peut pas le prouver et, comme je l'ai fait remarquer dans l'alinéa ci-dessus, une Allemagne qui n'était guère mieux préparée qu'en 1938 fut capable d'expédier la machine de guerre française avec une relative facilité. Encore qu'il est parfaitement exact que de nombreux généraux allemands doutaient de leur propre capacité à le faire. Les détracteurs de Munich déclarèrent que Munich avait fait bon marché des fortifications tchèques qui auraient tenu les Allemands en échec. En fait, ces forteresses faisaient face uniquement à l'Allemagne de 1937. Au début de l'année 1938, l'Autriche avait été rattachée à l'Allemagne et le territoire allemand enveloppait alors les Tchèques sur trois côtés. La frontière autrichienne était faiblement défendue et l'armée allemande n'aurait eu aucune difficulté à attaquer en direction de Prague et de Pilsen à partir du sud. Après l'Anschluss, l'une des premières


379 mesures qu'Hitler ordonna fut de consolider les routes, les ponts et les chemins de fer d'Autriche en direction de la frontière austro-tchécoslovaque. Il n'est pas difficile de comprendre l'obsession allemande vis-à-vis de la Tchécoslovaquie. Il y avait quelques millions de citoyens tchèques germanophones et ces derniers désiraient clairement être rattachés au Reich unifié. Mais, au-delà de la question des Sudètes (territoires germaniques), se posait aussi la question de «régler ses comptes» avec les Tchèques. L'animosité remontait à l'époque des Habsbourg. En outre, il y avait aussi une bonne raison stratégique d'occuper la Bohême. Il faut pour cela regarder la carte européenne telle qu'elle se présentait dans les années 1938-1939. La frontière polonaise avec l'Allemagne se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres plus à l'est qu'elle ne l'est actuellement. L'Allemagne elle-même n'était pas divisée, comme elle l'est en ce moment [1988], en deux républiques, mais formait un seul pays. Le «têtard» tchèque était comme une lance plantée dans le cœur de l'Allemagne. Faucher ce territoire intrus se justifiait tout à fait d'un point de vue strictement militaire. La Tchécoslovaquie n'était pas seulement une solide alliée militaire de la France, mais elle était aussi entrée en pourparlers avec l'Union soviétique à propos de l'autorisation accordée aux forces aériennes soviétiques d'utiliser les terrains d'aviation tchèques. Certains détracteurs de la politique d'apaisement prétendirent que tout cela était un complot de la part des capitalistes, que le but réel était de dresser Hitler contre l'Union soviétique. L'explication est d'une absurdité puérile. Ces mêmes détracteurs qualifièrent plus tard la guerre anglo-allemande de conflit entre des impérialismes rivaux. Si cela est vrai, quel intérêt le capitalisme anglo-français aurait-il trouvé à encourager Hitler à attaquer d'abord l'Union soviétique ? Tous les «experts», aussi bien britanniques qu'allemands, s'attendaient à ce que la Russie s'effondrât si elle était attaquée par l'Allemagne. Si cela s'était produit, l'Allemagne aurait été considérablement renforcée par l'acquisition des énormes réserves en matières premières de la Russie, par ses industries en expansion et peut-être aussi par l'exploitation de l'abondante maind'œuvre russe. «L'impérialisme» allemand aurait alors constitué une plus grande menace encore pour «l'impérialisme britannique». Il n'est pas pensable que, en dépit d'une si piètre opinion des capacités soviétiques, l'équipe de Chamberlain ait souhaité voir l'Allemagne renforcée par les ressources russes. Il ne fait aucun doute que, bien avant la reconstitution par Hitler des forces armées de l'Allemagne (et la suppression des S.A.), il y avait des gens influents en Angleterre qui songeaient à rejouer la première guerre mondiale sous la forme d'une nouvelle manche. On ne peut vraiment exciper du rééquipement et de l'accroissement de l'armée allemande par Hitler ni de l'introduction de la conscription en Allemagne en 1936. Ces événements ne se produisirent qu'après qu'Hitler fut solidement installé au pouvoir et, à ce moment-là, il ne négligeait pas les menaces étrangères d'une guerre préventive contre l'Allemagne par la France, la Russie ou même la Pologne. Il semble qu'il n'ait pas envisagé la possibilité que l'Angleterre fût parmi les agresseurs. Les détracteurs de Munich ont pu avoir raison ou non d'exiger une guerre immédiate. Cela aurait été un grand coup de poker sans avoir la garantie d'une défaite de l'Allemagne. Ces détracteurs devraient le reconnaître. En même temps, ils devraient aussi admettre de bonne grâce que Chamberlain adopta la politique qui fut la sienne, non par malice ou par stupidité, ou avec de noirs desseins, mais parce que, selon lui, l'Allemagne était trop puissante pour qu'on pût lui résister, vu le point où en était le réarmement de la Grande-Bretagne. Bien que les décideurs britanniques eussent depuis longtemps conclu que la guerre avec l'Allemagne était inévitable, les préparatifs à cet effet s'étaient effectués à un rythme beaucoup trop tranquille. Quand il apparut clairement, en 1938, qu'une guerre prématurée était possible, ce fut la panique. Les forces britanniques étaient loin d'être prêtes pour une épreuve de force. Il était


380 nécessaire de gagner du temps, même au prix le plus fort. D'où les accords de Munich et l'abandon des Tchèques. Quelques mois seulement après les accords de Munich (qui cédaient les Sudètes au Reich), le reste de la Bohême fut absorbé par l'Allemagne en mars 1939. Quand il devint clair que l'Allemagne pourrait aussi absorber la Pologne, la stratégie que se proposait l'Angleterre fut réduite à néant. Tout blocus anglais, désormais, devait prendre en compte que l'Allemagne disposerait de vastes zones de production alimentaire en Bohême et en Pologne, plus un potentiel industriel accru grâce aux industries tchèques et à la Silésie polonaise. La Bohême elle-même était devenue un protectorat, formant effectivement partie d'un Reich agrandi. Les Slovaques, qui avaient été également fort mal traités par la majorité des Tchèques, firent sécession et se déclarèrent une république slovaque distincte. Pour avoir formé des alliances avec la Hongrie et avec l'État slovaque nouvellement indépendant, l'Allemagne avait, désormais aussi, un lien territorial direct avec la Roumanie et, par conséquent, avec le pétrole roumain. Il est important de se souvenir qu'à cette époque seulement une quantité limitée de pétrole était produite en Europe : une faible production en Hongrie, mais un rendement substantiel en Roumanie. Le point d'approvisionnement suivant le plus proche, bien que se situant hors de l'Europe, se trouvait dans le Caucase soviétique. Grâce à la carence des services secrets britanniques et aux exagérations ampoulées des nationaux-socialistes sur la puissance militaire de l'Allemagne, bon nombre de gens pensaient, au milieu des années trente, que l'Allemagne était beaucoup plus forte qu'elle n'était en réalité. Il est difficile d'expliquer pourquoi il en était ainsi — où se trouvaient donc nos services secrets si réputés ? En vérité, toutes les archives de l'époque indiquent que les hommes d'état britanniques étaient hypnotisés par le mythe de la supériorité allemande. Les généraux allemands connaissaient la vérité et redoutaient énormément une intervention franco-britannique, à tel point que des complots visant à renverser Hitler commencèrent à se développer. Dans leur ignorance de ces faits, les nations occidentales étaient hypnotisées par la force apparente de la nouvelle Allemagne. Cette croyance engendra une profonde inquiétude à Whitehall. Il apparut impératif de différer un conflit et, si possible, jusqu'en 1942. Même après le déclenchement de la guerre, on continua à ne pas vouloir s'engager réellement dans le combat avant 1942, parce que c'était à ce moment-là qu'il était prévu que le programme d'armement britannique atteindrait son plein rendement. C'est là l'explication de la période qu'on a appelée «la drôle de guerre». CHÈQUE EN BLANC POUR LA POLOGNE En 1939, Londres décida apparemment qu'il n'était plus nécessaire de différer la guerre. A plus d'un titre, l'action de l'Angleterre, pendant cette période, est mystérieuse. Le raisonnement qui se cache derrière l'apparent changement de tactique britannique au printemps 1939 n'a jamais été éclairci. On a suggéré que la garantie accordée à la Pologne avait été un geste quelque peu impulsif de la part d'un Chamberlain «naïf», scandalisé par le mépris de l'Allemagne pour les accords de Munich quand elle occupa le reste de la Bohême. Cette explication ne me semble pas très probable. Comme je l'ai déjà fait remarquer, ce fut Chamberlain qui lança le programme d'armements de 1937 et qui en accéléra la mise en œuvre après Munich. La décision britannique peut, cependant, être liée à l'information, reçue tardivement, selon laquelle des généraux allemands dissidents avaient envisagé d'organiser un coup d'état si Hitler faisait la guerre à propos de la Tchécoslovaquie. Participant à la lutte des classes à l'intérieur même de l'Allemagne, certains membres du corps des officiers, Junkers et aristocrates, maintenaient un contact clandestin et déloyal avec des milieux de l'Établissement britannique.


381 Il est possible que les Britanniques aient espéré alors qu'il se produirait un coup d'état si Hitler donnait l'ordre d'envahir la Pologne. L'explication la plus vraisemblable est que la garantie offerte par Chamberlain à la Pologne fut un coup de bluff destiné à freiner les ambitions d'Hitler et à ralentir son calendrier. Ce qui entrait dans le plan d'ensemble visant à gagner encore plus de temps. Le rugissement du lion impérial était censé intimider l'étranger insolent. On avait calculé qu'Hitler ne se risquerait pas à la légère dans une épreuve de force avec le puissant empire britannique. Si tel était le raisonnement, il sous-estimait profondément les rancœurs germaniques et la détermination allemande à régler le problème des régions germanophones opprimées alors par les Polonais. De plus, l'Allemagne n'avait le choix qu'entre deux options. Si elle voulait, en définitive, combattre la Russie, elle devait soit gagner l'alliance de la Pologne (comme cela s'était passé avec les Slovaques), soit l'occuper. Les Polonais refusèrent de faire des concessions et repoussèrent une alliance. C'est pourquoi une guerre contre la Pologne était la seule voie ouverte à l'Allemagne si son intention était toujours d'attaquer la Russie. Abandonner l'objectif russe aurait rendu absurde l'ensemble de la stratégie d'Hitler et de son credo politique et, aux yeux d'Hitler, aurait exposé l'Allemagne à la menace mortelle d'un chantage anglo-français. Il était persuadé que l'Allemagne ne pourrait pas résister à un blocus si elle n'avait pas accès aux espaces russes. Pour expliquer la déclaration de guerre britannique, les défenseurs de la thèse officielle s'appuient sur le légalisme diplomatique selon lequel la Grande-Bretagne avait «garanti» l'indépendance polonaise. Le pays à propos duquel, officiellement, nous entrâmes en guerre était, en fait, une dictature militaire qui opprimait elle-même quelques millions d'Ukrainiens, de juifs et d'Allemands. La «garantie» britannique ne fut jamais qu'un prétexte pour faire la guerre. La réalité brutale est que, tandis que notre protégée, la Pologne, se faisait envahir puis occuper, nous ne levâmes pas le petit doigt pour lui venir en aide. L'Angleterre revint sans cesse, jusqu'à la nausée, sur cette garantie publique à la Pologne au cours du printemps 1939. Pourquoi cela, et quelles sont les autres raisons pour lesquelles l'Angleterre entra en guerre ? L'un des facteurs à prendre en considération était un reste de sentiment antiallemand datant de 1918. Du plus loin que je remonte dans mon enfance, je me souviens que les gens revenaient sans cesse sur «la Grande Guerre» (c'est-à-dire celle de 19141918) et chaque enfant avait dans la tête une image stéréotypée des Allemands comme de «l'ennemi» par excellence. Lorsque les enfants jouaient à la guerre, c'étaient bien souvent les Allemands qui tenaient le rôle des «méchants». Quand j'étais à l'école Saint-Joseph, de temps en temps, l'un des prêtres de l'église qui se trouvait de l'autre côté de la route passait nous voir. L'un d'eux, un gai luron, nous faisait chanter. Il faisait chanter à une classe «Pack up your troubles» [Laissez tomber vos soucis], tandis qu'il enseignait à une autre «Tipperary». Quelquefois, on faisait glisser la cloison pour mélanger les deux classes et il lançait alors les deux groupes dans une sorte de compétition mutuelle en les forçant à chanter en même temps leurs chants respectifs. Cela produisait une belle cacophonie. Il s'agissait de chansons de la première guerre mondiale, mais je n'arrive pas à situer l'époque à laquelle on nous les apprenait. Les paroles ne nous semblaient pas avoir un grand intérêt, mais peut-être que tout cela était fait pour nous conditionner à la guerre. La Grande-Bretagne avait perdu un million de jeunes hommes dans les tranchées, une génération entière avait été effacée. Cela eut pour conséquences dans l'Angleterre d'après 1918 de déséquilibrer la pyramide des âges. Ces pertes eurent des répercussions sur la force du travail de la nation, sur le taux futur des naissances ainsi que sur la défense future du pays. Cela signifiait aussi, entre autres conséquences, que des centaines de milliers de jeunes filles ne seraient jamais en mesure de trouver un compagnon. L'amertume ne se cantonnait pas uniquement chez les gens simples.


382 Lisez ce passage révélateur de la récente biographie du premier ministre de l'après-guerre, Harold Macmillan, écrite par Alistair Horne : Comme bon nombre de personnes de sa génération, il ne surmonterait jamais sa méfiance et son aversion à la fois pour les Allemands et pour tous ceux qui les soutenaient. Macmillan, dans les années 1930, n'était qu'un obscur député [back-bencher]. On pourrait, bien sûr, citer l'ultrabelliciste en personne, Winston Churchill. Ce dernier, financé par les sionistes, poussait le pays à la surenchère dans le but de miner Chamberlain, car Churchill possédait un appétit insatiable pour le pouvoir. Selon l'historien A.J.P. Taylor, ce fut ce même Chamberlain tant décrié qui fit plus que quiconque pour réarmer la Grande-Bretagne et la préparer à la guerre. C'est son dynamisme qui permit de réaliser jusqu'au bout le programme d'armement de 1937. Cela n'empêcha pas Churchill d'agiter «l'épouvantail» allemand pour favoriser ses propres ambitions et chercher à déloger Chamberlain. Par ses discours et ses articles de presse, Churchill en appela, ouvertement et constamment, à une nouvelle guerre. C'est ainsi qu'il déclara à Ribbentrop, au cours d'un dîner en 1937 : «Si l'Allemagne se sent trop à l'étroit dans ses bottes, elle recevra une nouvelle correction» (cité dans La Guerre de Churchill, de David Irving). Une fois au pouvoir, Churchill continua à utiliser la menace allemande de toutes ses forces. En tout cas, une «garantie» britannique fut donnée publiquement, de façon inopinée, à l'intransigeante dictature militaire polonaise. Il se peut que le fait d'avoir donné cette garantie ait encouragé les Polonais à refuser tout compromis à propos de Danzig et des problèmes du corridor polonais. On pourrait considérer que le «chèque en blanc» offert par l'Angleterre aux colonels polonais détruisit toute chance que la Pologne adopte une attitude moins belliciste. Les accords de Munich donnèrent à l'Angleterre un répit de douze mois, mais ils eurent pour conséquences l'abandon des démocrates tchèques et l'engagement dans une guerre pour une sordide dictature militaire polonaise. Pendant ce temps, en Grande-Bretagne, un programme d'urgence fut immédiatement mis en œuvre pour édifier l'armée britannique jusqu'alors négligée. L'effort arrivait trop tard. Contre leur volonté, et parce qu'elles s'étaient engagées trop vite et publiquement, l'Angleterre et la France se sentirent obligées de déclarer la guerre en septembre quand l'Allemagne attaqua la Pologne. Elles ne pouvaient pas faire marche arrière sans perdre complètement la face. La perte des divisions de l'armée tchèque au cours de l'année précédente (1938) n'était pas vitale ; le genre de guerre que l'Angleterre avait espéré mener consistait à faire tenir la Ligne Maginot par l'énorme armée française pendant que les forces aériennes et navales britanniques imposeraient un blocus à l'Allemagne et forceraient celle-ci à se soumettre. Le programme de réarmement britannique était, en réalité, beaucoup plus complet que l'effort allemand, mais il avait besoin de temps pour porter ses fruits. En outre, la part du lion allait au renforcement de la Marine et de la Force aérienne. C'était logique, puisque l'Angleterre entendait mener une guerre exerçant un blocus contre l'Allemagne. L'armée britannique n'était pas bien équipée. Avant d'être reconduite hors de France, on s'aperçut qu'elle avait des effectifs trop minces, des chars mal conçus, une artillerie peu performante et presque pas de canons antichars. Les troupes étaient de médiocre qualité et mal entraînées. Les officiers britanniques, dans leur ensemble, étaient incompétents et se référaient encore à la guerre des tranchées de 1914, malgré les leçons qu'ils auraient dû tirer de la mobilité de la campagne éclair (le «Blitzkrieg») contre la Pologne, qui avait eu un immense retentissement, sept mois plus tôt. Les excellents films d'actualité allemands sur la guerre faisaient grand cas de l'emploi combiné de blindés, de bombardiers en piqué et d'infanterie motorisée de la Wehrmacht. Pourquoi ne se trouva-t-il personne du côté des Alliés pour les étudier ?


383 Pendant que la Pologne se faisait envahir, l'action de la Grande-Bretagne se réduisit à lâcher des tracts au-dessus de l'Allemagne. La prétendue toute-puissante armée française était installée derrière la Ligne Maginot et ne faisait rien, permettant à l'Allemagne de ne laisser qu'une force symbolique pour protéger son Mur occidental [la «ligne Siegfried»]. Et quand, en 1944, les forces russes entrèrent en Pologne, à la poursuite des Allemands qui battaient en retraite, et installèrent un régime à leurs ordres, l'Angleterre jeta par la fenêtre la «garantie» de 1939 et la «Realpolitik» prit la relève. La prétendue «garantie britannique de l'indépendance polonaise» se révéla ce qu'elle avait toujours été : une tromperie. LE DÉCROCHAGE DE LA GAUCHE Il était naturel que le mouvement communiste, si fortement infiltré et influencé par des activistes juifs, s'engageât dans une lutte passionnée contre l'antisémitisme du nationalsocialisme. (Dans le monde contemporain, on trouvera aussi des juifs inspirant et soutenant des campagnes «antiracistes», et pour la même raison : en ligne avancée de défense pour protéger les intérêts de la communauté juive.) Vu la longue implication du parti communiste dans la lutte antifasciste et antinazie d'avant-guerre, il semblait entièrement logique que les communistes, au début, accueillent favorablement la déclaration de guerre britannique contre l'Allemagne. Les communistes estimaient que l'Angleterre avait raison de prendre les armes. Cependant, le parti communiste britannique négligeait le fait qu'entre-temps l'Union soviétique était devenue une alliée provisoire de l'Allemagne, à la suite du pacte germano-soviétique d'août 1939. Selon les termes de ce pacte, l'Union soviétique acceptait de ne pas faire la guerre à l'Allemagne, acceptait de fournir à l'Allemagne d'énormes quantités de matières premières et de produits alimentaires de façon permanente (en fait, jusqu'au 21 juin 1941), acceptait de remettre à Hitler un certain nombre de réfugiés allemands, acceptait le principe d'un partage de la Pologne entre l'Allemagne et la Russie et recevait l'assurance que les États baltes seraient «considérés comme partie intégrante de la sphère d'influence russe». Après l'écrasement de la Pologne et son occupation à la fois par les armées allemande et soviétique, Molotov publia une déclaration saluant la fin de «cet état artificiel». La collaboration de Moscou avec les Allemands alla même plus loin. De nombreuses années plus tard, Jiri Pelikan, devenu entre-temps mon ami (voy. les chapitres sur les Tchèques), était interviewé par la New Left Review [Revue de la nouvelle gauche] britannique en janvier 1972. Pelikan dirigeait le IUS (The International Union of Students) [Syndicat international des Étudiants], de mon temps, et était membre du comité central du parti communiste tchèque. Il fut arrêté par les Allemands pendant la guerre et, après son évasion, il vécut clandestinement les quatre années suivantes en Tchécoslovaquie. Voici ce qu'il avait à dire sur la période de 1939 : Dès le début de l'invasion (c'est-à-dire l'occupation allemande de la Bohême, en mars 1939 — note de Denis Hill) quand commença la résistance, la politique russe nous consterna. Par exemple, je me rappelle parfaitement le cas d'un ami. Il était bien plus âgé que moi et avait été communiste depuis ses études à l'université en 1933 ; il était également l'un des membres dirigeants du parti dans notre ville de Moravie. Quand il reçut des instructions du Komintern, après l'occupation nazie, il fut particulièrement ébranlé. Même des messages signés de Gottwald en personne affirmaient que les soldats allemands qui avaient envahi la Tchécoslovaquie étaient, en fait, des prolétaires sous l'uniforme militaire et donc, en aucune façon, des ennemis de classe ! Les véritables ennemis étaient la bourgeoisie tchèque dirigée par Bénès et les ploutocrates américains et anglais. C'était la ligne officielle du Komintern à l'époque. Je me souviens que mon ami refusa de transmettre ces instructions aux membres du Parti.


384 Gottwald était le chef du parti tchèque, exilé à Moscou. Après la guerre, il rentra dans son pays pour diriger les communistes tchèques et, par la suite, devint le premier président communiste de la Tchécoslovaquie. J'aurai l'occasion de reparler de Pelikan quand j'aborderai les chapitres consacrés à la Tchécoslovaquie. Au début de l'année 1940, l'Union soviétique annexa par la force les républiques indépendantes de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie. A peu près au même moment, les Soviétiques s'emparèrent d'un gros morceau de la Roumanie et y établirent la république soviétique de Moldavie. Vers la fin de 1940, Molotov (en visite officielle à Berlin) consentit même à rapporter à Moscou une proposition selon laquelle l'Union soviétique devrait rejoindre l'Axe ! Il faut ajouter que le Kremlin déclina, par la suite, l'invitation. Pendant la visite de Molotov à Berlin, interrompue par un raid aérien britannique, Ribbentrop déploya tous ses efforts pour le persuader de rejoindre l'Axe et de reconnaître que l'Angleterre était finie. Selon Staline, qui répéta l'incident à Churchill, Molotov répliqua : «Si tel est le cas, pourquoi sommes-nous dans cet abri et à qui appartiennent ces bombes qui tombent sur nous ?» En raison de la nouvelle politique soviétique de coopération avec le IIIe Reich, la position d'avant-guerre des communistes anglais se retourna en quelques semaines et, le 7 octobre 1939, le comité central du parti (qui se nomme, à présent, le «Bureau national») publia une déclaration qui affirmait : «La continuation de cette guerre n'est pas dans l'intérêt des peuples d'Angleterre, de France et d'Allemagne […]. Cette guerre est un combat entre des puissances impérialistes qui se disputent des profits, des colonies et la domination du monde» (voy. appendice à 1939 — Le PC et la guerre et, pour les détails, la bibliographie). Ainsi, après une bévue initiale, les communistes parvinrent-ils à une évaluation correcte de la guerre, celle d'un conflit impérialiste. Ils voyaient juste, mais avec de fausses raisons. Le changement de politique ne se produisit pas parce que les membres du parti s'étaient aperçus de leur erreur. (On se rendrait compte par la suite que le seul membre qui s'opposa à cette ligne, dès le début, fut l'Anglo-Indien Palme Dutt.) Le fait est que le parti britannique reçut du Komintern, c'est-à-dire du parti communiste soviétique, c'est-à-dire de Staline, l'instruction de changer de cap. Cette interprétation est parfaitement corroborée par le parti communiste britannique luimême dans un rapport établi quarante ans plus tard, au cours d'un congrès sur l'Histoire organisé par le parti communiste au sujet de la volte-face de 1939 et publié sous le titre susmentionné. A partir de ce document, il est évident qu'à cette époque le parti communiste n'était pas un parti politique réellement indépendant. Au cours de la période d'après-guerre et post-stalinienne, la plupart des communistes britanniques ont pris leurs distances vis-à-vis de Moscou et peuvent prétendre jusqu'à un certain point être un parti patriotique qui s'efforce d'inventer une conception marxiste du monde propre à leur pays. Hélas, ce n'était pas le cas en 1939. A deux reprises (en octobre 1939 et en juillet 1940), Hitler en appela publiquement aux Britanniques pour arrêter la guerre sans que cela entraînât de frais pour l'Angleterre. Une minorité d'Anglais, comprenant des communistes, se prononcèrent en faveur d'une paix négociée. Vers la fin de l'année 1940, la cellule de regroupement des renseignements (Mass Observation) [Institut de sondage] du ministère de l'Intérieur donna sa conclusion : «La population ne s'est jamais passionnée pour cette guerre avant son déclenchement et n'a jamais atteint un haut niveau d'enthousiasme à aucun moment depuis son déclenchement…» (M.O., dossier FR 568). On a beaucoup critiqué la lenteur britannique pendant la période de la drôle de guerre. L'administration n'arrangeait pas les choses : le style et le contenu de la propagande du gouvernement avant l'accession au pouvoir de Churchill étaient pathétiques. Certains efforts furent déployés par les milieux de l'opposition pour promouvoir une campagne contre la guerre.


385 Du début des hostilités jusqu'à l'attaque allemande contre la Russie, il exista un mouvement semi-légal contre la guerre. Le peuple britannique ne nourrissait aucune querelle légitime contre la nation allemande. En raison du lavage de cerveau (comme toujours) de l'ensemble de la population, c'est là un point de vue qui est encore minoritaire. Les communistes participèrent grandement au mouvement contre la guerre et ils n'étaient pas seuls. Par exemple, quelque soixante-dix fédérations locales du parti travailliste affichaient publiquement leur opposition à la guerre. Dans les jours fiévreux de 1940, de nombreux députés travaillistes rebelles faisaient circuler des notes proposant un moyen de sortir de la guerre. Certains éléments de la droite s'activaient également pour proposer un règlement négocié, car l'aile droite n'était, en aucune façon, unie dans la lutte contre l'Allemagne. Une autre personnalité éminente était opposée à la guerre et voulait l'empêcher de se poursuivre : c'était Lloyd George, qui avait été premier ministre pendant la première guerre mondiale. Au Parlement, il affirma que les offres de paix d'Hitler devaient être examinées sérieusement. En mars 1940, les communistes du Sussex tinrent un congrès du comté. A cette occasion, Ernie Trory, l'organisateur local permanent, déclara : «Depuis plus de six mois, les impérialismes rivaux d'Angleterre et de France, d'un côté, et de l'Allemagne, de l'autre, se sont enfermés dans une lutte pour la domination des marchés et des sphères d'influence…» Plus loin dans son discours, M. Trory se mit à dresser la liste des fédérations locales qui s'étaient déclarées contre la poursuite de la guerre : les fédérations du parti travailliste d'Eastbourne et de Chichester, les sociétés coopératives de Brighton et d'Eastbourne, le syndicat des vendeurs et le «General & Municipal» de Brighton, les agents du CIS de Brighton, le NUC (National Union of Clerks) [Syndicat national des employés de banques] de Brighton et toute une gamme d'autres organisations telles que les guildes coopératives, sans compter des branches syndicales plus petites à travers le comté. On essaya d'obtenir le revirement de la Chambre de commerce de Brighton contre la guerre, mais ce fut un échec. Tout cela se produisit avant l'effondrement de la France qui aboutit à l'expulsion des forces britanniques de l'Europe continentale. La chute de la France et l'isolement de la GrandeBretagne qui s'ensuivit ne firent rien pour convaincre les gens de gauche que la guerre était justifiée. Le 21 juin (1940), le parti communiste publia en hâte un tract national intitulé «Le peuple doit agir». J'ai jeté un coup d'œil à ce texte aux archives de la M.O. et la lecture en vaut la peine. Ce tract exigeait le renvoi de Churchill et la formation d'un gouvernement populaire pour négocier une fin à la guerre. Dans le numéro de novembre (1940) du Labour Monthly [Le Mensuel travailliste], nous trouvons le texte suivant de Palme Dutt : Le mouvement grandissant de ceux qui s'opposent à la guerre s'exprime pour la première fois pour exiger la paix, la fin immédiate de la guerre et la convocation d'une conférence pour la paix… Au printemps 1940, il y eut une vague d'arrestations massives lorsque les étrangers furent rassemblés et internés. On procéda parfois avec beaucoup de brutalité et nombre d'entre ces personnes furent détenues dans de dures conditions. Rien de tout cela ne pouvait être publié à cette époque, mais un livre, après la guerre, a décrit ces événements avec précision (voy. Collar The Lot ! [Attrapez-les tous !], page de bibliographie). En même temps, les autorités lancèrent une série d'actions contre ce qu'elles appelaient «la peur et le découragement», dont la propagation devint un délit. L'organisme de sondages sociaux, la «Mass Observation», remit un rapport secret hebdomadaire au ministère de l'Intérieur. J'ai eu accès à quelques-uns de ces documents confidentiels. Ces rapports traitent du moral de la population, de son degré de confiance envers le gouvernement, de ses réactions devant les efforts de guerre, etc. Le tableau qu'ils révèlent est sensiblement différent des «histoires radieuses» rapportées par les journaux de l'époque.


386 Ce qu'on doit retenir de tout cela, c'est que toute activité politique normale fut abolie après avril 1940 et la Chambre des communes devint une simple chambre d'enregistrement destinée à avaliser les actions du gouvernement, quelles qu'elles fussent. Dans «la guerre pour la démocratie», la démocratie elle-même était suspendue. Le 9 mai 1940, le gouvernement émit une série d' «Ordres du Conseil». C'est ce qu'on a appelé par la suite les Règlements de la Défense. Selon Ernie Trory, à l'époque organisateur du parti communiste dans le Sussex, «devint un délit puni par la loi le fait de s'opposer à la guerre et d'en appeler à la paix, aussi bien par écrit que verbalement, délit passible d'une peine de sept ans d'emprisonnement. D'après ces règlements, des journaux pouvaient être supprimés, des imprimeries fermées et même des duplicateurs saisis» (voy. Imperialist War [La guerre impérialiste], répertorié dans la bibliographie). La campagne contre «la peur et le découragement» atteignit parfois des sommets ridicules et beaucoup de personnes tombèrent sous le coup de cette loi. Il y eut de nombreuses poursuites. Plusieurs milliers de personnes furent condamnées à des amendes ou emprisonnées pour «défaitisme» ou «propagation de rumeurs». A un certain moment, des civils contestataires furent même menacés d'être traduits devant une cour martiale. Churchill luimême se sentit obligé d'écrire au ministre de l'Intérieur pour mettre en question la sévérité d'une peine de cinq ans d'emprisonnement prononcée contre une femme qui avait déclaré qu' «Hitler était un meilleur dirigeant que Churchill» (Martin Gilbert, dans sa biographie de Churchill). L'aspect le plus important et le plus significatif du mouvement contre la guerre fut la campagne de la Convention du Peuple. Cette idée prit racine au cours de l'été 1940 et une vigoureuse campagne fut lancée en vue d'obtenir un soutien en faveur d'une conférence nationale (qui s'appellerait «La Convention du Peuple») au mois de janvier suivant (1941). En cet hiver, la population était lasse et craintive. Personne ne pouvait imaginer la fin des bombardements avant que chaque ville anglaise ne fût détruite de fond en comble. Dans les abris antiaériens et dans les usines, les communistes rassemblèrent des milliers de signatures en faveur de la campagne pour la Convention. La Convention du Peuple fit campagne pour une «Paix du Peuple». Ce slogan avait des avantages. Il sauvait la face, car il ne suggérait pas de faire la paix selon les conditions allemandes. Il restait dans la légalité, car il affirmait avec insistance qu'il était contre Hitler. En définitive, 2 234 personnes assistèrent à la conférence, malgré la vive hostilité des cadres du parti travailliste et des syndicats. L'organisme de sondages, le Mass Observation, envoya une équipe sur les lieux de la conférence. Voici le compte rendu qu'ils en donnèrent plus tard : «La Convention était pleine à craquer. Un grand nombre d'individus ont aussi essayé d'y assister, mais il a fallu leur refuser l'entrée. Le groupe d'âge dominant était de 25 à 35 ans, en grande majorité d'origine ouvrière.» La Convention adopta un programme en six points, mais la campagne complémentaire qui avait été envisagée fut gravement atteinte par l'interdiction du Daily Worker par le gouvernement. Les efforts des communistes furent détournés en faveur d'une campagne pour sauver le journal. Cinq mois plus tard, l'Allemagne envahissait l'Union soviétique et le parti communiste décida, en définitive, de soutenir la guerre. La Convention disparut et le mouvement contre la guerre fut trahi. L'avocat de gauche, D.N. Pritt, en donna très franchement la raison. Il écrivit plus tard : Il est clair que la position de la Convention du Peuple a été profondément modifiée par la nouvelle tournure prise par les événements. La guerre tout entière était transformée, car chaque coup porté contre Hitler était un coup porté contre le fascisme … Nous avons rapidement décidé que continuer à travailler à la constitution d'un Gouvernement du Peuple … ne pouvait qu'entraver la victoire contre le fascisme.


387 Il y a là une logique qui m'a toujours déconcerté. Si chaque «coup» porté contre Hitler devait être accueilli favorablement, n'était-ce pas aussi le cas avant juin 1941 ? Si la guerre des Anglais avant 1941 était un conflit lancé par l'impérialisme britannique, cessait-elle de l'être après juin 1941 ? Certains communistes voudraient aujourd'hui désavouer la prise de position de leur parti contre la guerre au cours des deux premières années parce qu'ils croient que cela entre en contradiction avec le soutien fourni plus tard par le parti en faveur de l'effort de guerre. Ce soutien fut total et enthousiaste et il amena les communistes à abandonner la plupart de leurs attaques contre le gouvernement de Churchill. La passion pour l'unité nationale fut poussée jusqu'au point de douter de la possibilité d'une victoire travailliste en 1945 et de proposer, à la place, «un gouvernement travailliste et progressiste», avec même le soutien de libéraux et de conservateurs de gauche et fondé principalement sur l'application des accords de Yalta. C'est au cours de cette époque de soutien sans réserve à la guerre que je me mis à fréquenter la Ligue des Jeunesses Communistes. Comme je l'ai déjà signalé, je suis arrivé à la conclusion que la lutte contre l'Allemagne était contraire aux intérêts vitaux de la nation britannique. Si cela était vrai avant 1941, cela restait certainement vrai après 1941. Je ne m'en rendais pas compte à l'époque mais je le comprends clairement aujourd'hui. LE CHOIX DE LA NEUTRALITÉ Ce qu'il faut bien comprendre quand on aborde cette question, c'est que ce n'était pas une guerre que l'Allemagne voulait mener contre l'Angleterre. Il existe une opinion largement répandue selon laquelle l'Allemagne complotait la destruction de l'Angleterre et que, par conséquent, il était absolument nécessaire pour les Anglais de se battre. Les faits indiquent le contraire. Il est certain que l'Allemagne avait l'intention de faire la guerre — mais non contre l'Angleterre. Si c'était inévitable, les Allemands étaient prêts à se battre contre la France afin de protéger les arrières allemands, mais seulement en guise de préliminaire à la véritable cible : une campagne de conquête contre la Russie. Une guerre contre la France n'était pas une fin en soi et, d'ailleurs, pour l'opinion allemande, on pouvait même l'éviter. Jusque-là, le calcul était correct. La France ne se serait pas risquée dans une guerre sans le soutien de la Grande-Bretagne. Par conséquent, la décision britannique de s'y engager entraîna la France par la même occasion. L'offensive de l'armée allemande contre la France en 1940 n'était pas un acte de vengeance — elle était destinée à neutraliser la France. C'est ce qu'elle réussit à faire, de manière très efficace. Les Anglais ont une vue plutôt égocentrique et croient pour la plupart que l'ensemble du conflit 1939-1945 s'est réduit essentiellement à une épreuve de force entre les Anglais et les Allemands. L'engagement de l'Angleterre avait certainement d'énormes conséquences, mais, après le milieu de l'année 1941, il était devenu secondaire dans la politique de guerre allemande, et ce furent les États-Unis et l'Union soviétique qui fournirent les effectifs qui écrasèrent l'Allemagne. Formulons les choses autrement : sans les État-Unis, l'Angleterre aurait-elle pu être davantage qu'un agacement destructeur pour l'Allemagne ? Il n'est pas du tout concevable que l'Angleterre seule aurait pu monter une opération comme celle du Débarquement. Mais sans l'engagement britannique, il n'y aurait certainement pas eu d'engagement américain. Ne fût-ce que pour une raison d'ordre pratique, à savoir que les États-Unis n'auraient pas pu combattre l'Allemagne sans utiliser le Royaume-Uni comme base. Ainsi la Russie se serait-elle battue seule. Il est tout à fait vraisemblable que la guerre germano-soviétique se serait terminée dans une impasse et par une paix de compromis, fondée sur la conservation par


388 l'Allemagne d'une partie, au moins, du territoire soviétique conquis. Il semble qu'en 1942-1943 Staline ait très sérieusement envisagé une sorte d'arrangement de paix. La participation américaine — une garantie de la défaite ultime de l'Allemagne — ne pouvait que renforcer la résolution soviétique de continuer à combattre jusqu'à ce que les Anglo-Saxons attirent la force allemande vers l'Ouest. Le résultat ultime de cette guerre fut d'enlever à l'Angleterre et à l'Allemagne leur rang de premières puissances et de les remplacer par l'Amérique et la Russie. C'est pourquoi l'équilibre des forces mondiales a été complètement modifié par l'engagement britannique dans la guerre. J'ai dit plus haut que l'Angleterre s'était engagée dans ce qui n'aurait été autrement qu'«une guerre purement germano-soviétique», et je le dis parce que l'intention de l'Allemagne, avant tout et toujours, était une épreuve de force avec l'Union soviétique. Hitler n'avait jamais voulu se battre contre l'Angleterre et Mein Kampf est parfaitement clair là-dessus. Si son intention avait été de s'en prendre à la Grande-Bretagne, il ne fait aucun doute qu'il se serait doté d'une flotte puissante et d'une force aérienne de longue portée. Il ne fit ni l'un ni l'autre. Il est tout à fait vrai qu'il y avait certains éléments en Allemagne qui désiraient une guerre avec l'Angleterre ou qui la jugeaient inévitable, mais ce n'était pas l'opinion d'Hitler. Il y a là une merveilleuse ironie. Franklin D. Roosevelt, avec qui Churchill entretenait une relation servile, était l'ennemi déclaré de l'Empire britannique. Du début à la fin, Roosevelt s'employa à affaiblir puis à détruire cet empire. Hitler, au contraire, était un grand admirateur de l'Empire britannique et, à plusieurs reprises, il offrit l'envoi de troupes allemandes pour contribuer à son maintien, sur la base de compensations réciproques. Par là, il laissait entendre que, si l'Angleterre respectait le droit de l'Allemagne à posséder des colonies russes, alors, lui, Hitler, accepterait l'énorme empire mondial britannique. POURQUOI L' ALLEMAGNE SE TOURNA CONTRE L' OUEST Il me semble que, quels que soient les sentiments, nationalistes ou antiallemands ou antinazis, du lecteur, une évidence s'impose : le lancement d'une guerre contre l'Allemagne a constitué une erreur désastreuse de la part des Anglais. En nous attaquant à l'Allemagne, nous avons eu les yeux plus gros que le ventre et nous nous sommes fait évincer par les Russes et les Américains. Il en est qui soutiennent qu'il était nécessaire de nous opposer à l'expansion allemande. Pourtant les objectifs de l'Allemagne étaient clairement orientés vers l'Est et ne menaçaient pas directement le Royaume-Uni. Les actions allemandes contre l'Europe occidentale furent, à chaque fois, dictées par le fait que l'alliance franco-anglaise avait déclaré la guerre à l'Allemagne. L'occupation provisoire de certains pays européens de l'Ouest était une nécessité du point de vue allemand. Par exemple, la Norvège devait être occupée pour empêcher les Anglais de le faire. Les troupes britanniques et françaises débarquèrent en Norvège dans les heures qui suivirent l'arrivée de l'armée allemande. Il y avait une explication très simple à cette riposte «rapide». On fit beaucoup de scandale, hypocritement, à propos du comportement atroce des Allemands qui violaient la neutralité norvégienne. A l'époque, il ne vint pas à l'esprit de la plupart des gens de se demander comment l'Angleterre (connue pour être lente à la détente) avait pu être en mesure de faire débarquer des troupes aussi rapidement. La vérité est que les Allemands s'étaient mis en mouvement pour prévenir une invasion anglo-française de la Norvège. Dans ce but, des troupes britanniques et françaises étaient chargées à bord de bateaux de transport, au large de l'Écosse, au moment précis où des unités allemandes d'avant-garde débarquaient en Norvège. Si les unités alliées étaient parties 48


389 heures plus tôt, l'histoire aurait stigmatisé les Alliés comme les agresseurs et les Allemands auraient été regardés comme des libérateurs. Plus rapide, l'ennemi devança les Alliés. A ce propos, les Britanniques avaient aussi envisagé d'envahir la Suède, restée neutre, en vue d'intercepter les minerais suédois fournis à l'Allemagne. A un moment donné, on envisagea sérieusement d'envahir et d'occuper la République d'Irlande. Plus tard dans la guerre, l'Angleterre envahit également et occupa l'Islande, restée neutre, les Açores (portugaises) restées neutres, la Syrie (française sous le gouvernement de Vichy), restée neutre, et l'Iran, resté neutre — pour ce dernier cas, dans le cadre d'une opération en commun avec l'URSS. Voilà ce qui s'appelle la «morale» et les «droits des petites nations»… Au cours de la guerre-éclair de mai 1940, l'Allemagne pénétra aux Pays-Bas, en partie pour contourner la Ligne Maginot et prendre ainsi dans une nasse les troupes françaises et britanniques en Belgique. Cependant, il y avait une raison subsidiaire et tout aussi nécessaire qui la forçait à agir ainsi, c'était la crainte de voir les forces anglo-françaises menacer la Ruhr. C'était une peur bien fondée ; les responsables militaires anglo-français avaient bel et bien discuté de la possibilité de pratiquer une percée à travers la Belgique restée neutre. En ce qui concerne la Yougoslavie et la Grèce, une action allemande était nécessaire parce que l'Italie avait impétueusement attaqué la Grèce, à la grande colère d'Hitler. L'Italie s'enlisa vite, se trouva en difficulté et les Britanniques s'engagèrent allègrement dans la région. Hitler avait besoin de faire passer des troupes à travers la Yougoslavie pour atteindre la Grèce. Des bases aériennes britanniques en Grèce auraient représenté un désastre pour l'approvisionnement en pétrole de l'Allemagne, depuis la Roumanie toute proche. Les champs pétrolifères de Ploesti fournissaient la moitié des besoins de l'Allemagne. LE SOUTIEN DE L' EUROPE À L'ALLEMAGNE Une fois la guerre en marche, il est un aspect de la question que le peuple britannique minimisa : le fait que l'Allemagne réussit à rassembler une partie substantielle de l'opinion publique européenne autour de ce qui allait s'appeler la croisade contre le bolchevisme. Cela arrangeait Whitehall de représenter une Europe en train de gémir sous la botte allemande. A en croire les films tournés pendant la guerre (et après la guerre), les peuples occupés furent unanimes dans leur résistance à la tyrannie. Et ainsi de suite… En réalité, la situation était un peu plus compliquée. L'antinazisme ne devrait pas nous aveugler au point de ne pas voir que l'Allemagne réussit à se concilier de larges parties de l'Europe occupée. La «résistance» dans l'Europe occupée par les Allemands se réduisait à peut-être 5 % de la population et nous conduisit à ce qu'on appelle aujourd'hui le «terrorisme», c'est-à-dire à des assassinats, au lancement de bombes dans les lieux publics, etc. Le langage des forces d'occupation allemandes employé pour parler de ces terroristes est — constatation gênante ! — presque mot pour mot identique au langage de l'armée britannique au sujet de l'IRA. La plupart des populations occupées étaient hostiles aux groupes de résistance, baissaient la tête et continuaient à se rendre à leur travail et à collaborer avec les autorités d'occupation. Le feuilleton comique Allo, Allo [dont l'action se situe en France occupée] n'est pas une pure fiction. C'était le cas en Belgique, en France, en Hollande, en Norvège, etc. C'était également le cas en Bohême, où Londres craignit que les Allemands n'obtiennent une forme de soutien après la mise en œuvre par Heydrich de certaines réformes sociales. C'est la raison pour laquelle Londres expédia à Prague une équipe de choc de terroristes pour assassiner Heydrich, «gouverneur» de Bohême.


390 Partout en Europe, la fonction publique locale, la poste, les forces de police locales, les maires et autres dignitaires, ainsi que l'industrie en général — tout continua à fonctionner normalement. Le Danemark occupé par les Allemands, par exemple, garda son roi et son parlement et même organisa des élections générales au milieu de la guerre, en 1943. A travers l'Europe, les bars et les hôtels faisaient de bonnes affaires, les filles sortaient avec des soldats allemands et des centaines de milliers d'hommes s'engagèrent comme volontaires dans la Waffen-SS. Par exemple, cinquante mille hommes en provenance de la minuscule Hollande, vingt mille de la France, quarante mille de la Belgique, douze mille des petites populations du Danemark et de la Norvège, plusieurs milliers de Lettonie, une division musulmane tout entière de Yougoslavie, etc. Au total, un demi-million de volontaires en provenance d'un large éventail de pays. On trouvera tous les détails concernant ces contingents étrangers dans l'ouvrage de David Littlejohn, The Patriotic Traitors [Les Traîtres patriotes], Heinemann, 1972. En complément de ceux qui s'engagèrent dans la Waffen-SS, plusieurs milliers d'autres se portèrent volontaires pour un travail auxiliaire, comme ouvriers du bâtiment dans «l'Organisation Todt», ou pour renforcer le personnel affecté à la défense antiaérienne, etc. et des centaines de milliers de Polonais, de Français, de Lettons, de Slovaques et de Croates entrèrent dans les forces auxiliaires de la Police. Il ne faudrait pas oublier non plus que deux millions de citoyens soviétiques choisirent de servir dans la Wehrmacht ou dans des unités auxiliaires de la Wehrmacht. L'une des erreurs les plus graves commises par les Allemands fut de se comporter si mal en Russie qu'ils perdirent la chance de recruter des millions de Russes supplémentaires. Peu de gens sont conscients qu'il y eut, en fait, plus de non-Allemands que d'Allemands dans la Waffen-SS. Il se peut que l'idéologie ait joué un rôle dans la guerre si nous considérons que bon nombre de ces volontaires s'engagèrent par idéalisme. Sous la pression que constituait la pénurie de main-d'œuvre en temps de guerre, la Waffen-SS cessa d'être le corps d'élite allemand d'origine pour devenir, à la place, le prototype d'une armée européenne. Une étude détaillée de cette question signale ceci : Au début de la seconde guerre mondiale, le nombre de non-Allemands servant dans les rangs de la Waffen-SS était négligeable ; à la fin, les étrangers étaient bien plus nombreux que les Allemands d'origine. Des 38 divisions SS qui existaient en 1945, aucune n'était composée entièrement d'Allemands d'origine et 19 comprenaient, en majorité, du personnel étranger (George Stein, The Waffen-SS, Cornell U.P.). Et il ne s'agissait pas simplement là de forces symboliques. Pour la plupart, ces soldats se battirent vaillamment et correctement, et obtinrent de nombreuses décorations pour leur bravoure (on trouvera des détails dans The Patriotic Traitors de David Littlejohn — voy. la bibliographie). C'est une erreur courante de croire que l'Allemagne s'est mise à envahir des pays seulement pour le plaisir de faire le mal, ou parce que cela faisait partie d'un plan d'ensemble pour dominer l'ensemble de l'Europe. Une école de pensée, à ce moment-là (et cela continue aujourd'hui), affirmait que l'Allemagne travaillait à une sorte de projet et de calendrier pour la conquête de l'Europe. En fait, dans une large mesure, les Allemands réagirent simplement à une suite d'événements qui s'enchaînaient les uns aux autres et qu'ils ne maîtrisaient pas tous. Les différentes invasions et occupations furent, pour la plupart, décidées en fonction des nécessités du moment. Jouer au jeu de l'histoire «Que se serait-il passé si ?» est toujours captivant mais toujours impossible à prouver. Cependant, il paraît extrêmement probable que, si l'Angleterre ne s'était pas engagée dans la guerre, l'occupation par l'Allemagne de la Hollande, du Danemark, de la Norvège et de la Grèce n'aurait pas eu lieu.


391 ENIGMA : L'ULTRA SECRET Tout au long de la guerre, un cercle limité de gens «au courant» (et, en tout premier lieu, Churchill lui-même) déchiffrait la plupart des messages radio allemands. Au moment de la Bataille d'Angleterre, seuls les signaux de la Luftwaffe pouvaient être déchiffrés, mais, en l'espace d'un an environ, les Anglais furent également en mesure de déchiffrer les signaux de l'armée et de la marine allemandes. Ce fait, le code connu sous le nom d'«Ultra secret» (c'est-àdire l'interception et le décodage des codes du système allemand «Enigma») fut caché pendant trente-cinq ans. L'unité d'interception était basée à Bletchley Park et, se développant après la guerre, finit par devenir le célèbre «GCHQ» [Grand quartier général du chiffre] de Cheltenham. Le «déchiffrage» britannique de nombreuses communications radio codées allemandes nous mettait au courant des intentions et des possibilités allemandes. Naturellement, la découverte ne fut pas dévoilée, car elle aurait renseigné l'ennemi et seul un nombre infime de personnes connaissaient la vérité. Quant à savoir si ces renseignements inestimables étaient correctement exploités, c'est une autre question, et il est vraisemblable que non. Le secret était tel que la plupart des militaires ne furent pas mis au courant. Le flot réel de renseignements en provenance d'«Ultra» ne commença à circuler qu'à partir du milieu de 1940. Même à ce moment-là, il ne révéla pas l'étourdissante vérité : à savoir que l'Allemagne s'était battue pendant la première partie de la guerre avec une mobilisation seulement partielle. Ce ne fut qu'après Stalingrad (au début de 1943) que les Allemands commencèrent à se mobiliser totalement, mais à ce moment-là il était trop tard. La production allemande d'armement atteignait réellement son apogée en [juillet] 1944. Ce n'est qu'à partir du milieu des années soixante-dix que tout ceci fut révélé (voy. The Ultra Secret, du Group Captain [Colonel] Winterbotham, dans mes pages de bibliographie). Le résultat de cette révélation est que toute histoire de la guerre publiée avant 1974 a probablement besoin d'être révisée. Cependant, l'honnêteté exige de dire que la connaissance que nous avions acquise n'était pas toujours complète. Et puis, pour protéger le secret, un grand nombre de renseignements n'étaient pas communiqués même aux officiers supérieurs de l'armée. Ainsi, par exemple, les stratèges britanniques trouvèrent le moyen de faire descendre les parachutistes d'Arnhem au beau milieu d'une division SS en plein centre de la Hollande, en parfaite ignorance de l'emplacement de cette division, avec pour résultat de lourdes pertes pour les Britanniques. Cependant, il est clairement établi, à présent, que Churchill savait que la «menace» d'invasion de 1940 n'était pas un événement tout à fait probable, car il connaissait les multiples difficultés des stratèges allemands. Il savait également que la condition essentielle pour l'Allemagne, c'était d'obtenir la suprématie aérienne. Cela ne signifie pas que la peur de l'invasion n'était pas largement répandue. A la fois le cabinet et les officiers d'état-major (sans parler des hommes de troupe et des civils) étaient convaincus que le péril était imminent. De la même façon, la plupart des militaires allemands s'affairaient aux préparatifs. Des centaines de barges furent rassemblées à travers l'Europe et envoyées dans les ports français et belges. De nombreuses compagnies allemandes participaient à la programmation, à l'entraînement et au rééquipement. Ils pensaient, eux aussi, que l'invasion devait avoir lieu. Tout cela constituait une supercherie nécessaire pour tromper les Russes. C'est pourquoi le projet d'invasion du Royaume-Uni ne fut jamais abandonné techniquement — officiellement, il ne fut que différé. Au printemps de 1941, le rassemblement de troupes allemandes en Pologne commença à être connu des Russes. Il semble que Moscou était persuadé qu'Hitler allait tenter une invasion de l'Angleterre. Finement, les Allemands prétendirent que le déplacement de troupes dans le périmètre de l'Europe de l'Est répondait à un plan fallacieux destiné à abuser les Britanniques. Selon un processus de double langage, les Russes furent amenés à penser que les Allemands


392 «faisaient semblant» de se mobiliser contre la Russie tandis qu'en réalité ils se préparaient à donner le coup de grâce à l'Angleterre. Cette affaire devient confuse, mais pensons-y quelques instants. A partir de décembre [1940], les services de renseignements de l'armée britannique étaient capables de déchiffrer les signaux des services de renseignement de l'armée allemande. Un peu plus tard, par une autre source, les Britanniques parvinrent à se procurer un double de la directive d'Hitler intitulée «Opération Barbarossa» (l'invasion de la Russie) émise le 18 décembre et un enregistrement de sa conférence d'état-major du 9 janvier [1941] au cours de laquelle il exposait plus avant la campagne de Russie en perspective (pour de plus amples détails sur ces questions, voy. Churchill's War de David Irving). Il faut dire, et ceci est un point délicat, que «l'heure de gloire de l'Angleterre» fut, jusqu'à un certain point, un peu une supercherie. Cette déclaration contrariera certaines personnes. La légende d'un combat loyal entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne, dans lequel l'Angleterre résista seule contre un ennemi beaucoup plus fort, est un souvenir très précieux. Il possède un charme spécial que le temps ne diminue pas. C'est de là qu'a été tissée l'étoffe de la légende populaire britannique. Pourtant, en réalité, ce ne fut pas aussi simple. Les Allemands proposèrent une solution de paix et ils conduisirent la bataille d'Angleterre avec beaucoup de graves problèmes qui nuisirent à leur efficacité. Leurs chasseurs n'avaient du carburant que pendant quelques minutes pour survoler l'Angleterre ; ils ignoraient le radar ; et leur meilleur chasseur (le ME 109) n'égalait pas le Spitfire. En définitive, ils ne pouvaient pas détruire la RAF. Aucune invasion n'était donc possible. Churchill utilisa la peur largement répandue de l'invasion pour consolider son pouvoir. Il s'en servit pour essayer d'attirer l'Amérique dans la guerre. Il repoussa l'offre allemande de faire la paix — rejet qui ne fut pas même discuté par le cabinet britannique, sans parler du peuple britannique. C'est ce qu'a clairement établi John Mackintosh, dans son livre The British Cabinet System [Les mécanismes du cabinet britannique]. Churchill utilisa la peur de l'invasion pour justifier les attaques de la RAF contre les villes allemandes. Celles-ci ne furent pas très importantes au début ; elles étaient menées par un nombre limité de bombardiers ne transportant qu'une cargaison limitée de bombes. Cependant, elles portèrent un sérieux coup au prestige d'Hitler. L'espoir était que cela inciterait la Luftwaffe à détourner ses attaques des cibles militaires vers le bombardement des villes anglaises en guise de représailles. La ruse réussit. La Luftwaffe commit l'erreur d'abandonner ses attaques de 1940 sur les radars britanniques, les usines d'aviation et les terrains d'aviation de la RAF. En réponse à une attaque de la RAF sur Berlin, la Luftwaffe fut lancée contre Londres. La population se rassembla autour du gouvernement britannique, c'està-dire autour de Churchill. Pendant la guerre, il s'est raconté beaucoup de mensonges. L'affirmation d'Hitler selon laquelle «il combattait le bolchevisme» était fausse. Assurément, Hitler était anticommuniste, mais il se serait de toute façon battu contre la Russie, même si les Tsars s'étaient encore trouvés sur le trône, parce qu'il avait besoin de «l'espace vital» russe. Il est vrai que la guerre avait effectivement des connotations idéologiques. Une invention utile. En fait, la plupart des gens se battaient simplement «pour leur pays». Pour la majorité, la guerre était menée pour ce qui apparaissait comme la défense des intérêts nationaux respectifs. Ni plus ni moins. J'ai cherché à savoir s'il y avait eu une justification quelconque à faire la guerre contre Hitler en raison de sa politique étrangère. Pour certaines personnes, la question est hors de propos. Elles estiment qu'Hitler devait être combattu pour des raisons allemandes internes. C'est-à-dire qu'elles considèrent que les affaires intérieures du régime justifiaient une intervention extérieure. L'insistance des ennemis politiques de gauche du Reich, les pressions du lobby juif


393 et la politique instinctive traditionnelle du ministère des Affaires étrangères britannique se combinèrent harmonieusement pour entraîner l'Angleterre dans une guerre inutile et ruineuse. Les partisans de la guerre contre l'Allemagne insistaient sur le fait que le NSDAP était devenu le seul parti politique légal. Ils dénonçaient la répression contre les opposants. Ils mettaient en lumière le fait que les syndicats allemands avaient perdu leur indépendance et avaient été absorbés dans un «Front du travail». Les juifs concentraient leurs critiques sur la discrimination exercée contre la communauté juive allemande. Tous ces arguments m'apparaissent éminemment dangereux. En effet, ils signifient qu'au nom d'un groupe quelconque d'intérêts particuliers anglais, il est permis de plonger la nation dans une guerre de destruction suicidaire. Nous serions alors en présence d'un «lobby» domestique l'emportant sur le bien-être de l'ensemble de la nation. Ce n'est pas une façon défendable de choisir une politique étrangère. A tout prendre, l'Allemagne avait le gouvernement qu'elle voulait. Hitler était extrêmement populaire et le régime national-socialiste bénéficiait d'un soutien massif : la majorité des suffrages aux élections de 1933 et bien davantage au cours des années suivantes, comme chaque plébiscite le montra. Va-t-on vraiment nous raconter que des pays extérieurs (comme l'Angleterre) avaient le droit de faire la guerre pour abattre un tel régime ? Il ne faut pas s'étonner si le peuple allemand s'est battu jusqu'au dernier souffle ! N'aurions-nous pas fait de même si un quelconque pays étranger avait essayé de se mêler de notre gouvernement intérieur ? Cela signifie que si nous n'approuvons pas les affaires intérieures d'une autre nation, alors nous pouvons employer la force pour vaincre cette nation. C'est accepter la doctrine Brejnev, discréditée, de «la souveraineté limitée», par laquelle l'Union soviétique revendiqua le droit d'intervenir dans les affaires tchèques en 1968. De la même façon, nous accepterions le droit pour l'Oncle Sam de prendre position chaque fois qu'un pays d'Amérique latine choisit un gouvernement modérément libéral. Oh, non ! dit le critique libéral ou de gauche. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire. Vraiment ? Je suggère que ceux qui réclament une intervention extérieure (contre un régime qu'ils désapprouvent) n'en ont pas vraiment mesuré toutes les implications. Que se passerait-il si Washington décidait d'intervenir contre un éventuel État ouvrier en Grande-Bretagne ? Au moment où j'écris [1988], la Grande-Bretagne est dirigée par une dictature d'une minorité de droite, élue par le quart de la population et elle a pris des mesures qui divisent gravement la population et qui indignent profondément l'ensemble de la nation. Même ainsi, désirons-nous vraiment qu'une intervention extérieure vienne à notre secours ? De Washington ou de Moscou ? A ceux qui prétendent que nous avions une obligation morale de combattre un régime néfaste, c'est-à-dire le système national-socialiste, à ceux-là je réponds : balivernes. Les nations ne partent pas en guerre parce que les gens n'aiment pas le système politique de leur voisin. Aucune personne saine d'esprit ne suggérerait que, si nous n'aimions pas la façon dont le Pakistan, la Corée ou la Turquie gèrent leurs affaires, nous devrions en conséquence nous battre contre eux. L'Angleterre s'est-elle battue pour les droits des petites nations ? Cela ne sied guère à «l'entreprise Grande-Bretagne», qui avait colonisé une si grande partie du monde et qui, en 1939-1940, abandonna la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, et ainsi de suite… Elle défendrait la démocratie ? Une plaisanterie ! Avant, pendant et après la guerre, l'Angleterre n'a guère cessé de faire des affaires avec des régimes fascistes. Second extrait :


394 LA NATION PARIA Il était inévitable que, dès l'instant où je partais à la découverte de l'Allemagne, je me mette à réfléchir sur le problème allemand. Pendant les années 1930 la question en a tourmenté beaucoup. Le problème était celui d'une Allemagne surpeuplée qui avait besoin de s'étendre, d'une nation aspirant ardemment à unir tous les germanophones. Ce problème doit se poser avec encore plus d'acuité aujourd'hui. Une partie de l'Allemagne est enfermée dans les camisoles jumelles que constituent la CEE et l'OTAN et elle est coupée de ses compatriotes. Les germanophones sont plus divisés que jamais. Il existe, à présent [1988], trois États purement germanophones : la République fédérale (l'Allemagne de l'Ouest), l'Autriche et la République démocratique allemande (l'Allemagne de l'Est). S'ajoutent à cela quelques millions d'Allemands échoués en Pologne et en Roumanie, et même un million environ en Russie. A mon avis, cet état de choses n'est que provisoire. Tôt ou tard, la question de la réunification de l'Allemagne sera de nouveau d'actualité. Il existe aussi, mais probablement sans que cela entre en ligne de compte, le problème de la Suisse qui, ellemême, comprend deux tiers de germanophones. Après la première guerre mondiale, tandis que l'Allemagne était faible et épuisée, les Polonais s'emparèrent de différentes parties du territoire allemand et un état de guerre non déclarée exista pendant dix ans et plus entre les deux pays. La frontière allemande était défendue par des «Corps Francs» volontaires, essentiellement des milices privées, puisque l'armée officielle allemande avait été limitée par le Traité de Versailles. Les Polonais, qui étaient expansionnistes, s'emparèrent d'une portion de la Lituanie et saisirent aussi une grande partie de l'Ukraine après avoir vaincu la Russie au cours de la guerre de 1920. A l'époque de Munich, en 1938, ils s'en prirent à leurs voisins prostrés, et slaves comme eux, les Tchèques, et s'octroyèrent la zone de Teschen de cette malheureuse république sans défense. En l'espace de vingt ans, la Pologne doubla son territoire. Pendant des années, l'Allemagne resta faible et prostrée, après l'armistice de 1918. Les Français en profitèrent à fond. L'Allemagne fut en butte à d'innombrables affronts, insultes et provocations. Non seulement les Français insistèrent pour que l'Allemagne reconnût qu'elle était responsable de la guerre, mais ils organisèrent un boycottage diplomatique de l'Allemagne dont ils firent une nation paria. Les Français influaient sur un groupe d'États mineurs : la Pologne (qui s'empara illégalement de la Silésie), la Tchécoslovaquie, la Lituanie (qui s'empara illégalement de Memel) et la Belgique (qui s'empara de la zone d'Eupen), pour les inciter à agacer et à froisser la fierté allemande. Les troupes françaises d'occupation se conduisirent souvent avec brutalité et, en de nombreuses occasions, envahirent le territoire allemand bien au-delà de la zone d'occupation convenue. A une époque ultérieure, elles occupèrent par la force la totalité du bassin industriel de la Ruhr, paralysant ainsi l'ensemble de l'économie allemande. Les Allemands répondirent par la «résistance passive». Les Français ripostèrent par la loi martiale, par des prises d'otages, par des exécutions sommaires de grévistes et par un règne de terreur apporté par les troupes coloniales [censuré]. Des mesures françaises furent directement responsables de l'inflation catastrophique qui détruisit l'économie allemande. Non contents de tout cela, les Français s'employèrent activement à prendre des mesures pour séparer du Reich la Sarre, la Rhénanie et même la Bavière. Pendant toutes ces années, les Français se comportèrent avec stupidité et avec malveillance. Eux-mêmes peuple [censuré], ils étaient résolus à réduire l'Allemagne à un niveau de prostration. D'innombrables exemples ont été avancés par différents historiens, l'Américain Eugene Davidson entre autres. La plupart de ces incidents sont inconnus des lecteurs britanniques d'aujourd'hui mais, en les replaçant dans leur contexte, il n'est pas difficile de comprendre le


395 ressentiment allemand. Aussi est-il d'autant plus remarquable qu'à la suite de l'armistice français de 1940 les Allemands traitèrent les Français vaincus avec une relative indulgence. LA RECONSTRUCTION DE LA PATRIE L'Allemagne, sous Hitler, entama un long processus pour défaire les conditions du diktat de Versailles. Les objectifs à long terme que recherchait Hitler étaient clairement définis dans Mein Kampf. Il y avait trois buts principaux : a) rétablir l'indépendance allemande en supprimant les restrictions du Traité de Versailles ; b) rassembler en une seule nation tous les germanophones ; et c) créer un nouvel empire allemand dans les territoires limitrophes de la Russie. Hitler rejeta la politique des colonies d'outre-mer préconisée par le Kaiser. Avant 1914, l'Allemagne avait des colonies en Afrique occidentale, en Afrique orientale, en NouvelleGuinée, en Chine et dans diverses îles du Pacifique. Hitler fit remarquer à quel point ces possessions avaient été facilement confisquées à une Allemagne incapable de les protéger. Il préconisait d'établir dans des territoires voisins des colonies qui ne pourraient pas être soumises à un blocus extérieur ni à une menace militaire. Hitler n'était pas le seul à rechercher l'autonomie. On doit toujours juger les opinions en les replaçant dans le contexte de leur époque. Hitler avait été profondément marqué par le blocus de l'Allemagne entre 1914 et 1918 ; celui-ci avait engendré beaucoup de privations, un nombre non négligeable de pertes civiles ainsi qu'une pénurie de matières premières qui avait paralysé l'Allemagne. Après cette guerre, quand la Grande Dépression balaya le monde et que le commerce international s'effondra, nombre de nations virent leur unique salut dans l'autarcie ; il s'agissait de devenir autonome et ne plus dépendre des importations en produits alimentaires ou en matières premières. Hitler devint, de la même façon, obsédé par cette indépendance et affirma qu'autrement l'Allemagne ne survivrait pas. Quand cette peur s'associa à la croyance en la supériorité intrinsèque de sa race par rapport aux Slaves et aux juifs, il ne devint plus du tout illogique de préconiser la conquête et la colonisation des territoires slaves de l'Est, producteurs de céréales et riches en minerais. L'idéologie de la race se fondit ainsi harmonieusement avec ce qui apparut comme une nécessité économique. En ce qui concerne le principe même de la colonisation, la question de moralité n'entrait pas en ligne de compte. A cette époque, beaucoup d'autres pays avaient des colonies. Aucune de ces colonies n'avait été acquise pacifiquement. Il avait été nécessaire de chasser ou de soumettre les occupants précédents, ce qui est exactement ce qu'avaient fait l'Angleterre, la France, la Belgique, le Portugal, la Hollande, l'Italie, la Russie, le Japon et (pour ce qui concernait les Peaux-Rouges) les États-Unis d'Amérique. Pour l'Allemagne, s'emparer de l'Ukraine, par exemple, n'était pas intrinsèquement très différent sur le plan de la morale. Inutile de dire que les habitants de l'Ukraine, de la Russie et de la Pologne ne partageaient pas le point de vue allemand… et, par conséquent, la guerre avec les nations slaves devenait inévitable à un moment ou à un autre. Quant à savoir si la logique économique de l'Allemagne était saine, c'est une autre question qui demanderait à être discutée ailleurs. Le point ici est de savoir si tout cela était le moins du monde l'affaire de la Grande-Bretagne. Je crois que ce n'était pas le cas. Cependant, j'ai appelé l'attention sur le fait que, traditionnellement, l'Angleterre a toujours fait la guerre contre une nation forte qui émergeait en Europe. En ce qui concerne le désir de l'Allemagne de conquérir des colonies, on ne doit pas voir ces questions à la lumière des comportements des années 1980 vis-à-vis du colonialisme et d'une


396 idéologie à la mode selon laquelle «toutes-les-races-sont-égales». Il faut évaluer les choses en les replaçant dans le cadre des idées et des comportements en cours dans les années 1930. C'est une erreur courante faite par beaucoup de gens que d'essayer d'observer le passé à travers la façon de penser d'aujourd'hui. De toute façon, en ce qui concerne les normes établies, il y a des «vogues», qui ne font que passer. Ce qui était acceptable (ou inacceptable) pour le code moral de l'époque victorienne était très différent de ce qui était convenu un siècle ou deux plus tôt. Aujourd'hui, il existe toute une génération de jeunes qui sont pétris de toutes les croyances «justes» chéries par le libéralisme à la mode. Vous voyez ce que je veux dire : ils sont anticolonialistes, antiracistes, antisexistes et anti je ne sais quoi d'autre encore. N'ayant pas le sens de la perspective historique, cette génération a atteint sa maturité dans les vingt dernières années et ne sait que ce que lui ont appris des professeurs «dans le vent» et «progressistes». C'est pourquoi ces personnes ont une faible notion de la tradition et des normes du passé et croient que les notions modernes sont des vérités immuables. Je pense, pour ma part, qu'il y aura un retour du balancier et que nombre de ces convictions se révèleront éphémères. Les valeurs de base ont l'habitude de s'imposer à nouveau d'ellesmêmes et les comportements relatifs au sexe, à la race et à l'éducation dans les années qui ont précédé les années 60 sont enracinés dans de nombreux siècles d'expérience. La proposition selon laquelle un pays surpeuplé pourrait s'emparer d'un «espace vital» supplémentaire n'était pas incongrue dans les années 1930 et l'ambition allemande n'était pas du tout inconcevable. Cela ne signifie pas que, pour moi, l'attaque allemande contre la Russie était justifiée. Si l'analyse que faisait Hitler du problème de l'Allemagne (son incapacité à subvenir à ses propres besoins) avait pu être résolue de façons différentes (comme je le crois possible), il n'y aurait pas eu, à ce moment-là, de raison légitime de chercher à conquérir des colonies en Ukraine et en Russie occidentale. A la fin de la seconde guerre mondiale, la décision des Alliés du temps de guerre de considérer l'Autriche «comme la première victime de l'agression allemande» fut une stupidité et ne tenait pas compte de l'enthousiasme de la plupart des Autrichiens pour leur rattachement à l'Allemagne. Cette politique consistant à différencier l'Allemagne de l'Autriche fut adoptée par les Alliés comme une stratégie cynique pour justifier la division permanente des germanophones. Il fut interdit à l'Autriche, en vertu des termes de son traité de paix séparé de 1955, de se rattacher jamais à l'Allemagne proprement dite. L'intention, en fait, était d'affaiblir définitivement l'Allemagne. En 1955, les Américains (qui souhaitaient, à ce moment-là, une Allemagne plus forte) auraient probablement été enclins à abandonner cette clause, mais l'Union soviétique insista pour qu'elle fût respectée et refusa de retirer ses troupes d'Autriche sans cette clause. L'un des nombreux problèmes de l'Allemagne, c'est qu'elle manque de frontières naturellement et clairement définies. Elle n'a pas de frontière comme les Français en ont avec les Pyrénées et qui sépare clairement les Français des Espagnols. A l'ouest, il y a le Rhin et la France a essayé, à de nombreuses reprises, de faire de ce fleuve la frontière commune, en s'efforçant d'agrandir le territoire français. Cependant, cette solution laissait des millions d'Allemands sur la rive occidentale à l'extérieur du Reich et c'est pourquoi cette frontière ne pouvait pas être acceptable. Au sud, les Alpes sont partagées avec la Suisse et l'Autriche et les germanophones de ces trois nations sont désespérément mélangés. A l'est, il y avait la plaine polonaise sans aucune barrière naturelle. Les Slaves de l'ouest exerçaient en permanence une poussée vers l'ouest, tandis que les Allemands (qui avaient commencé avec les Chevaliers Teutoniques) émigraient constamment vers l'est. Le résultat est une longue histoire de conflits de frontières entre les Polonais et les Allemands. Dans un tel contexte, il n'était pas difficile de comprendre le traumatisme que la division de l'Allemagne d'après-guerre imposa à ses habitants. Il ne fait aucun doute pour moi qu'un grand nombre de personnes parmi les plus âgées qui nous entourent ont pu ressentir secrètement de la


397 nostalgie pour la puissante Allemagne réunifiée de 1938. Tout cela était des impressions que je ressentais à l'époque, mais elles trouvèrent plus tard une sorte de confirmation. Par exemple, dans son étude intitulée The Hitler Myth [Le Mythe Hitler] (1989), Ian Kershaw cite, aux pages 265-266, différents sondages d'opinions qui suggèrent que, dans les années 1948-1949, presque la moitié de la population pensait que le national-socialisme avait été fondamentalement une bonne idée mais qui n'avait pas été menée à bien correctement. En 1949, les meilleurs aspects du IIIe Reich étaient cités comme étant : «de bonnes conditions sociales, de bonnes conditions de vie, le plein emploi, un État et un gouvernement unifiés, l'ordre et la sécurité». Au cours de l'été 1952 (un an après ma visite), un quart de la population allemande «avait une bonne opinion d'Hitler». Bien qu'il existe une abondante littérature au sujet de l'Allemagne des années 1930 et des années 1940, presque tout de ce qui est écrit est venimeux, malveillant et hostile. Le «IIIe Reich» a eu une très mauvaise presse, pourrait-on dire. N'y avait-il donc rien de bon dans ce système ? Il vous faudra chercher attentivement et longtemps pour trouver des études écrites sans idées préconçues, et le fait est, avant tout, dû à la question juive et à l'influence [censuré] et [censuré] de la communauté juive d'après-guerre. Les [censuré] contrôlent largement ce que vous lisez et ce que vous voyez sur vos écrans. Pourtant, il importe, pour respecter l'équilibre, d'étudier comment les Allemands eux-mêmes ont vu leur régime. Naturellement, on doit admettre que dans toute société l'opinion est très divisée. Un grand nombre d'anciens hommes de gauche surent résister à l'attrait du national-socialisme. Ils le firent, non par une opposition ouverte, mais sous la forme d'une migration mentale intérieure. Ceux qui étaient trop imprudents pouvaient certainement se faire mal voir des autorités. Des activistes notoires du mouvement ouvrier furent les premiers à être arrêtés. En observant les légions de la FDJ (Frei Deutsche Jugend) [Jeunesse libre allemande] dans leur uniforme bleu, on pouvait si facilement les imaginer telles qu'elles avaient dû être dix ans plus tôt en tant que H.J. (Hitler Jugend) [Les Jeunesses hitlériennes]. Je n'ai pas oublié le refrain entêtant des «Moorsoldaten», que nous connaissons sous le nom de «soldats des tourbières», le chant des camps de concentration : A perte de vue S'étendent la lande et les marais. L'évasion serait la promesse d'une mort certaine, Nous ne voyons alentour qu'armes et fil de fer barbelé. Nous sommes les soldats des tourbières ; Nous marchons au pas avec nos pelles Jusqu'au marais ! Hitler, l'Autrichien, n'a pas inventé le national-socialisme. Il était apparu en Autriche sous les Habsbourg. Il y avait eu un mouvement semblable en Bohême au tournant du siècle. En Allemagne même, il y avait eu des associations de sensibilité identique, plus ou moins rattachées au mouvement «völkisch», qu'il est impossible de traduire exactement en anglais. Le mouvement «folk-ish» [des racines nationales] est l'équivalent le plus proche qui me vienne à l'esprit, mais ce terme ne donne qu'une idée approximative du concept. Le mot «Volk» se traduit indifféremment par «national», «populaire» et «racial», selon le traducteur. En fait, aucun de ces termes ne convient exactement. Par exemple, le terme du IIIe Reich «Volkgenosse» est traduit indifféremment par «camarade national», «camarade du peuple» et «camarade racial». Dans le vocabulaire de la RDA, le terme «Volkpolizei» est habituellement traduit par «police du peuple».


398 Ce qu'on pourrait appeler le «Volkism» fut un effort pour rétablir le Germanisme ou la germanité, pour délivrer l'esprit allemand de ce qui était vu comme une contamination étrangère ; ce fut un mouvement qui se proposait de purifier et de sauver l'âme allemande. (Les mots ou les passages qu'il nous a fallu remplacer par «censuré» peuvent s'imprimer librement en Grande-Bretagne.) Revue d’Histoire révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p.51-94


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A-T-ON EXTERMINÉ LES PERSONNALITÉS JUIVES DE POLOGNE ? Carl O. Nordling L'article «L'Établissement juif sous la menace et la domination nazies de 1938 à 1945», paru dans la Revue d'Histoire Révisionniste n° 2 d'août-octobre 1990, a incité un certain professeur juif de Cologne à m'écrire une lettre dans laquelle il m'accuse de tirer de fausses conclusions à partir des données statistiques de l'article (voy. ci-dessous annexe p. 100). J'avais conclu mon article en ces termes : Il est évident que l'extermination systématique n'a pas été ordonnée par les dirigeants nazis comme moyen de débarrasser l'Europe occupée des hautes personnalités juives, capables d'influencer l'opinion publique. Le professeur pense que cette opinion est à la fois scandaleuse et fausse, parce qu'elle n'est pas applicable au sort des juifs polonais. Et c'est en Pologne que les nazis ont réellement montré ce qu'était censée être la Solution finale. Visiblement, le professeur oublie que les personnalités juives polonaises ne constituaient qu'une petite minorité (13 %) parmi les personnalités juives de l'Europe occupée (d'après les données fournies dans l'Encyclopædia Judaica). Mais laissons de côté cette petite faille dans son raisonnement. Admettons avec le professeur que ce qui est arrivé en Pologne montre ce qui a été ordonné pour toutes les personnalités juives d'Europe. Dans ce cas, il sera certainement intéressant d'étudier de plus près le sort de ces juifs polonais qui se sont suffisamment distingués pour mériter de figurer dans l'Encyclopædia Judaica. Quel qu'ait pu être le traitement de masse qui leur était réservé, il n'aurait guère pu être engagé avant, disons, janvier 1940. Pendant la plus grande partie de 1939, les juifs polonais eurent amplement la possibilité de quitter le pays et d'échapper ainsi à toute espèce de persécution de la part des Allemands comme celles qui eurent lieu plus tard. Considérons par conséquent uniquement les juifs du type considéré qui étaient vivants et résidaient en Pologne au 1er janvier 1940. L'Encyclopædia Judaica en dénombre 65. Ensuite, donnons aux Allemands trois ans pour mettre à exécution l'ordre, quel qu'il soit, qu'aurait promulgué Hitler ou Himmler à l'encontre des personnalités juives polonaises. Il s'agit de 1940, 1941 et 1942. Voici ce qui s'est produit pendant ces années : 32 juifs étaient en vie et n'avaient pas encore été arrêtés (49 % sur la totalité du groupe), 13 avaient quitté la Pologne (et la zone sous contrôle allemand), 2 étaient prisonniers de guerre après avoir combattu dans l'Armée polonaise, 6 avaient été assassinés individuellement (un par la SS, cinq par des inconnus), 4 étaient morts dans des ghettos (c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas été exterminés à la suite d'un ordre), 1 avait été arrêté mais avait été par la suite relâché et envoyé à l'étranger, 7 avaient été internés dans des camps de concentration où ils étaient morts (ou du moins étaient de toute façon appelés à mourir avant d'être libérés). L'un de ces sept (Korczak) s'était porté volontaire pour le camp et un autre était mort durant le transport. Par conséquent, au cours de ces trois années, 5 au maximum (sur les 65) avaient été exterminés d'après un plan général prévu pour le traitement des personnalités juives ou pour tous les juifs de Pologne.


400 Naturellement, il n'y a aucun renseignement dans l'Encyclopædia Judaica sur les causes de la mort de ces cinq juifs. Cela pouvait être tout aussi bien le typhus qu'un meurtre de masse. Admettons que c'était un meurtre de masse. Même ainsi il ne serait pas approprié de dire que le groupe des 65 juifs avait été soumis à une «extermination systématique». J'appellerais plutôt cela, par exemple, une «décimation au hasard par extermination», parce que 8 % seulement du groupe ont été touchés par cette mesure. (Cela n'implique pas que les 92 % restants aient été traités humainement — il est évident que ce n'était pas le cas.) Au total 20 % du groupe sont morts après avoir été brutalisés par les autorités allemandes ou par d'autres éléments hostiles au cours de ces trois premières années d'occupation. A la même époque vivait en Union soviétique un autre groupe de juifs polonais, mentionnés dans l'Encyclopædia Judaica. Ils avaient fui la Pologne en 1939 et, dès 1941, exactement 20 % d'entre eux étaient morts après avoir été brutalisés par les autorités soviétiques. Parmi les 80 % restants, plusieurs auraient survécu à la guerre. Apparemment, les Soviétiques traitèrent les personnalités juives polonaises tout à fait différemment des officiers polonais. On pourrait à juste titre parler d'«extermination systématique» pour qualifier le sort de ce dernier groupe, parce que les officiers furent exécutés par milliers à la fois, et jusqu'au dernier. On employa une méthode économique et rationnelle : pas de constructions particulières, pas de gaz, pas de crématoires consommant du carburant, simplement une balle pour chacun, suivie du basculement du corps par-dessus le bord de la fosse. Quoi de plus systématique ? Visiblement, il n'y a rien eu de systématique dans le traitement des personnalités juives de Pologne par les Allemands au cours des trois premières années d'occupation. Se pourrait-il alors que la décision des nazis d'exterminer systématiquement les personnalités juives polonaises fût une réaction devant le cours défavorable pris par la guerre et lié aux noms de Stalingrad et d'El Alamein ? Dans ce cas, les 32 juifs de notre groupe qui n'avaient pas encore été arrêtés étaient à la disposition d'Himmler. Voyons ce qui leur est en fait arrivé entre le 1er janvier 1943 et le 8 mai 1945. 12 juifs étaient encore en vie le jour de la victoire (dont deux internés à Auschwitz), 1 avait été fusillé par des juifs sous l'accusation de trahison, 3 avaient été assassinés en des occasions distinctes, 7 étaient morts en ghettos ou en liberté, 1 était mort pendant un transport, 2 étaient morts de faim dans les camps de Belsen et de Nordhausen, 6 étaient morts de causes inconnues dans les camps de l'Est (un à Auschwitz). Ainsi trouvons-nous qu'après le tournant de la guerre 19 % au plus (6 sur 32) de ceux qui avaient survécu jusque-là ont été exterminés d'après un plan hypothétique. Ce n'est pas non plus ce qu'on appellerait normalement une extermination «systématique». Mais est-il vraisemblable que même tous les six aient été exterminés d'après un plan ? On sait bien que les privations de toutes sortes et la fièvre typhoïde ont fait beaucoup de victimes parmi les internés et le personnel dans les camps durant la dernière période de la guerre. La responsabilité en est à rejeter sur les autorités allemandes ; aussi bien l'approvisionnement que le cantonnement étaient souvent organisés d'une manière quasiment criminelle. Comme la guerre traînait en longueur et n'en finissait plus, le résultat était que peu de gens survivaient, mais, en tant que méthode d'extermination, c'était le contraire d'une méthode systématique. Pour résumer : Environ un cinquième du groupe des 65 personnalités juives polonaises est mort dans les «camps de la mort» de l'Est ou aux mains des SS. Environ deux cinquièmes ont survécu à l'occupation allemande de la Pologne ou ont quitté le pays au milieu de ce règne de terreur. En dépit du fait que les juifs polonais ont été beaucoup plus mal traités que les juifs des autres territoires occupés, ceux qui étaient célèbres n'ont pas été soumis à une quelconque «extermination systématique».


401 Une autre question est de savoir si les gens qui façonnent l'opinion publique, comme les journalistes, les écrivains et les lettrés, étaient soumis à une quelconque forme de «traitement spécial» (Sonderbehandlung en allemand), qui se serait distinguée en quelque sorte du traitement cruel réservé aux juifs polonais en général. Une possibilité serait que les nazis n'avaient pas pour ce genre de juifs cultivés autant de mépris qu'ils avaient pour les ordinaires «sales juifs polonais». Dans ce cas, ceux qui étaient célèbres se seraient tirés d'affaire un peu mieux que le reste. Une autre possibilité est, naturellement, que les dirigeants nazis considéraient précisément les personnalités juives comme un danger imminent, puisque celles-ci possédaient la capacité d'influencer l'opinion publique. Si cela avait été le cas, les juifs célèbres auraient souffert encore plus que le reste de la population juive. Du moins Hitler lui-même aurait-il certainement opté pour la dernière solution. Il ne méprisait pas les juifs pour leur «grossièreté» ou leur «manque de culture». Nous savons au contraire, d'après ses propos de table, qu'il pensait que les juifs étaient plus forts que les «Aryens» et par conséquent dangereux (et à mépriser). Pour lui, il était automatique que les juifs utiliseraient leur force au détriment des Allemands bienveillants et complaisants. C'est pourquoi il semble vraisemblable que le reste des juifs polonais s'en est sorti un peu mieux que les personnalités. D'après Raul Hilberg, les deux tiers des juifs polonais auraient péri dans les camps de la mort, deux ou trois pour cent dans les camps de l'Ouest et un cinquième dans les ghettos de Pologne. Un dixième seulement aurait survécu. Si l'on accorde crédit à cette estimation, cela voudrait dire que les personnalités juives ont été en un sens «privilégiées», puisque les choses se sont beaucoup mieux passées pour elles. Cependant, Hilberg ne donne, dans son livre The Destruction of the European Jews, aucune source à ses chiffres, qui demeurent une estimation personnelle et apparemment arbitraire. Si l'on cherche des estimations fondées sur des sources dignes de confiance, il faut se tourner vers des travaux comme le livre de Walter N. Sanning, Die Auflösung des osteuropäischen Judentums (La dissolution du monde juif de l'Europe de l'Est). D'après les calculs de Sanning, le pourcentage des émigrants a été plus grand chez les juifs polonais en général que chez les juifs célèbres de l'Encyclopædia Judaica. De même, la proportion des survivants a été plus élevée chez les premiers que chez les seconds. En supposant qu'Hitler était particulièrement désireux d'assujettir les juifs qui façonnaient l'opinion publique, les chiffres de Sanning sont incontestablement plus susceptibles de représenter la vérité que ceux de Hilberg. Ce qui, en tant que Suédois, m'amuserait plutôt : en suédois, sanning, veut dire vérité ! ANNEXE Lettre du professeur de Cologne à Carl O. Nordling 8 février 1991 «J'accuse réception de votre lettre et de vos tirés-à-part. Pour ce qui concerne votre propre publication, je répète ce que je vous ai déjà écrit : les données de fait vont à l'encontre de votre conclusion. La dernière phrase de votre article est scandaleuse et fausse : si vous regardez les données polonaises de votre article et si vous prenez la Pologne comme pays où la Solution finale de la question juive a atteint son plus haut degré d'avancement, vous voyez clairement que votre conclusion est non valable ! Tout ce que vos données démontrent, c'est que, pour les juifs intelligents, la vie était, au Danemark, en France et dans d'autres pays identiques, plus facile qu'en Pologne. Aboutir à votre conclusion est plus qu'immoral : c'est stupide. Il en va de même pour chaque ligne que vous m'avez envoyée au sujet du Zyklon B. Je refuse absolument d'écrire une réfutation et de promouvoir ainsi une revue qui édite de telles inepties. Pour votre propre profit, je vous renvoie au livre de Gerhard Peters : Die


402 Hochwirksamen Gase und Dämpfe in der Schädlingsbekämpfung [Gaz et vapeurs comme agents de la lutte contre les nuisibles], Stuttgart, 1942. Peters était le responsable de la Degesch, comme vous le savez probablement. Ça suffit ! Sincèrement vôtre. » Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 95-100


403 CRISE AU MUSÉE D'ÉTAT D'AUSCHWITZ

LA CONTRE-EXPERTISE DE CRACOVIE Nous apprenons qu'une expertise des prétendues chambres à gaz d'Auschwitz et de Birkenau, menée par la section de toxicologie de l'Institut d'expertises médico-légales de Cracovie, tend à confirmer l'expertise de l'Américain Fred Leuchter : nulle trace significative de ferro-cyanures dans les locaux réputés avoir servi d'abattoirs chimiques pour des centaines de milliers ou des millions de victimes, mais, en revanche, abondantes traces de ferro-cyanures dans des chambres à gaz de désinfection fonctionnant à l'acide cyanhydrique. Dans une lettre en date du 24 septembre 1990 adressée par cet institut aux autorités du Musée d'État d'Auschwitz, il est dit en substance que ces autorités ont demandé une analyse d'échantillons à prélever sur les murs des chambres à gaz aux fins d'y rechercher des traces d'acide cyanhydrique. La demande a été formulée «en conjonction avec des rapports publiés dans les pays occidentaux et avec des procès où des opinions ont été émises selon lesquelles on n'a pas utilisé à Auschwitz de Zyklon B pour y tuer des êtres humains». Le rapport de six pages, en polonais, explique qu'en deux périodes distinctes de 1990 des échantillons de plâtre, de briques, etc. ont été prélevés, 26. dans le crématoire I (Auschwitz) et dans les crématoires II, III et V (Birkenau) ainsi que dans les caves du Block 11 (censées avoir servi pour des opérations de gazage homicide) ; 27. dans quatre chambres à gaz de désinfection au Zyklon B du Block 3 au camp d'Auschwitz même ; 28. pour comparaison, dans des endroits où il était exclu qu'il ait pu y avoir la moindre contamination avec de l'acide cyanhydrique. Dans les locaux censés avoir servi à des gazages homicides, on n'a trouvé aucune trace, sinon une trace infime sur un pilier de la prétendue chambre à gaz homicide du Krema II de Birkenau (Fred Leuchter avait fait la même découverte : rappelons que ce local était en fait un dépositoire et que les dépositoires étaient parfois désinfectés à cause, notamment, des cadavres de typhiques). Dans les chambres à gaz de désinfection, on a trouvé des traces importantes d'acide cyanhydrique malgré le fait que les murs avaient été replâtrés ou repeints. On n'a trouvé aucune trace d'acide cyanhydrique dans les autres endroits examinés. Les experts sont dans l'embarras. Ils expliquent qu'après 45 ans il n'était guère possible de trouver des traces «dans des matériaux de construction (plâtre, brique) si ceux-ci étaient exposés à l'action des éléments atmosphériques tels que pluies acides [etc.]». A quoi nous répondons, pour notre part, que : 4. Les experts ont accepté de conduire cette expertise même s'ils pouvaient penser qu'elle serait sans doute vaine ; le fait demeure qu'ils ont cherché comme s'ils pouvaient trouver et qu'ils n'ont rien trouvé de ce qu'ils espéraient ; 5. Il est faux que toutes les prétendues chambres à gaz homicides aient été exposées aux pluies ; par exemple, celle du Krema I (situé à Auschwitz) et celle du Krema II (situé à Birkenau) sont, au contraire, protégées des pluies, dans le premier cas par le toit «d'origine» et, dans le second cas, par les blocs de béton du toit effondré ; les caves du Bunker 11 sont intactes ; 6. Les ferro-cyanures peuvent, semble-t-il, subsister pendant des siècles, quelles que soient les intempéries.


404 L'institut en question porte le nom de «Jan Sehn». Jan Sehn est ce juge d'instruction qui mena de bout en bout la mise en scène du procès de Rudolf Höss et d'autres anciens gardiens du camp d'Auschwitz. C'est à lui que nous sommes redevables des incroyables confessions de R. Höss ordinairement publiées sous le titre de Commandant à Auschwitz. Jan Sehn est également l'auteur d'un livre sur le camp. On remarquera que, si les autorités actuelles du Musée d'État d'Auschwitz ont réclamé cette expertise, c'est qu'elles savaient pertinemment que Jan Sehn n'avait, en 1945, ordonné aucune expertise de «l'arme du crime». Et si, de son côté, l'Institut Jan Sehn a accepté de mener une expertise en 1990, c'est qu'il savait, lui aussi, qu'on n'avait jamais expertisé «l'arme du crime». Cette expertise de l'Institut Jan Sehn, qu'il faudrait appeler la «contre-expertise» de Cracovie, apporte une confirmation inattendue aux découvertes que Fred Leuchter exposait dans son étude de 193 pages sur «les présumées chambres à gaz d'exécution d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek» (voy. Annales d'Histoire Révisionniste n° 5, été-automne 1988, p. 51-102). La décision de procéder à cette expertise remonte à 1989. Les prises d'échantillons ont eu lieu le 20 février et le 18 juillet 1990. Le résultat a été communiqué au Musée par une lettre, ainsi que nous l'avons dit, du 24 septembre 1990. Le 13 mars 1991, R. Faurisson révélait l'existence, jusqu'ici soigneusement tenue cachée, de cette expertise et de ses résultats, désastreux pour la cause exterminationniste. Il le faisait lors d'une conférence prononcée à Bruxelles dans une salle du Palais des congrès, en présence notamment de journalistes de la presse belge. Dans son édition du 15 mars 1991 (p. 18), Le Soir de Bruxelles écrivait : Nous avons pris contact avec le Dr Maurice Goldstein, président du Comité international d'Auschwitz [à Bruxelles]. Il nous a affirmé qu'à sa connaissance aucune demande d'expertise n'avait été adressée à un institut par le Musée d'Auschwitz ni par le comité supérieur dont il fait partie. De telles enquêtes, accomplies cinquante ans après les événements n'ont d'ailleurs aucun sens. Le Dr Goldstein, manifestement embarrassé, ajoutait que des analyses avaient été faites, dès 1945, par l'Institut de chimie de Cracovie. En réalité, il commettait là une erreur (voy. R. Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, La Vieille Taupe, 1980, p. 35). Cette contre-expertise de Cracovie est d'autant plus fâcheuse pour les tenants de la thèse exterminationniste qu'elle survient juste après l'affaire des plaques commémoratives d'Auschwitz. Les autorités du Musée avaient retiré, en avril 1990, du mémorial international devant lequel venaient s'incliner tous les grands de ce monde, les plaques commémoratives qui mentionnaient en 19 langues la disparition de 4 millions de victimes (voy. R.H.R. n° 3, novembre 1990-janvier 1991, p. 30-32). Le chiffre devenant, avec les progrès du révisionnisme, de plus en plus insoutenable, on avait retiré ces plaques mais, aujourd'hui, un an après leur enlèvement, on ne sait toujours pas quel nouveau chiffre substituer à l'ancien. Les tensions sont vives au sein du Musée et dans les relations des responsables du Musée avec certaines autorités juives mondiales. Georges Wellers vient d'écrire : Il ne fallait pas tenir compte des estimations irresponsables de beaucoup d'anciens déportés […]. A la suite de l'incapacité pendant plusieurs décennies, de la Direction du Musée d'Auschwitz, d'éviter de grossières erreurs d'interprétation des archives, un nouveau comité directeur de seize membres a été formé (Le Monde juif, octobre-décembre 1990, p. 187, 195). Références de l'expertise de Cracovie : Institut d'expertises médico-légales Prof. Dr. Jan Sehn à Cracovie, Section de toxicologie, Cracovie le 24 septembre 1990, Westerplatte 9, code postal 31-033. Tél. : 505-44, 592-24; 287-50. Référence 720/90. Au Musée d'État d'AuschwitzBirkenau. Votre réf. : N° 1-8523/51/1860/89. Signé de Prof. Jan Markiewicz, Dr. Wojciech


405 Gubala, Ing. Jerzy Labedz, Beate Trzcinska. Ont assisté aux prélèvements d'échantillons Dr. Franciszek Piper, responsable du Musée, et Piotr Setkiewicz, assistant. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 101-104


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LÉON POLIAKOV, PIERRE VIDAL-NAQUET, CLAUDE LANZMANN Jessie Aitken «L'ordre du génocide fut donné par Hitler à Himmler au début de 1941». Cette affirmation, Léon Poliakov la retire. Elle était pourtant au fondement même de son ouvrage sur le IIIe Reich et les juifs : Bréviaire de la haine. L'historien avoue aujourd'hui avoir succombé à «une sorte de passion dénonciatrice» ; il n'avait formulé cette assertion que «sur la foi de quelques témoignages de deuxième ou troisième main» («Histoires et polémiques : à propos du génocide», Commentaire, Julliard, printemps 1991, p. 203). * Pierre Vidal-Naquet prétendait en 1980 que, contrairement à ce qu'affirmaient les révisionnistes, les Alliés avaient bel et bien expertisé des chambres à gaz homicides dans les camps de concentration du IIIe Reich. Dix ans plus tard, il déclare que «[les nazis] se sont acharnés à détruire toute trace matérielle de ces chambres». S'ils se sont acharnés, il est douteux qu'il soit resté une seule chambre à gaz à expertiser. P. Vidal-Naquet ne croit donc manifestement plus à l'existence de ces expertises de l'arme du crime (voy., en 1980, «Un Eichmann de papier», repris dans Les Assassins de la mémoire , La Découverte, 1987, p. 195, n. 42 ; à comparer avec «Négateurs. Des semeurs de haine», propos de P. Vidal-Naquet recueillis par René François, Différences, mars 1990, p. 17). «Tout paraît invraisemblable et pourtant tout est vrai» : la phrase est de P. Vidal-Naquet ; elle sert de publicité à un ouvrage d'Edward Reicher, Une vie de juif, Souvenirs d'un médecin juif polonais, 1939-1945, Lieu Commun, 1991. * Claude Lanzmann et son film Shoah semblent devenir les objets d'une sorte de révision. «L'Holocauste n'est pas une marque déposée, ni un fonds de commerce !» s'exclame Alain Vidalies («L'Holocauste, dommages et intérêts», Sud-Ouest, 23 octobre 1990). Alain Finkielkraut écrit : «Claude Lanzmann se considère comme le concessionnaire exclusif de l'Extermination … [Il] a inventé une nouvelle définition de l'antisémitisme : l'antisémite, c'est celui qui ne fait pas ses dévotions au Film Unique. Cette auto-idolâtrie est grotesque et dégoûtante. Si Le Nouvel Observateur avait eu une once de charité, il n'aurait pas ainsi donné en spectacle la déchéance d'un artiste en mamamouchi» («Le cas Lanzmann», Le Nouvel Observateur, 31 janvier 1991, p. 118). C. Lanzmann réplique d'Israël : «Accoutumé à statuer et légiférer sur tout sans qu'on le contredise jamais, Finkielkraut, incapable de me répondre, s'étrangle de rage, s'égare dans l'enflure et la haine» («La pensée défaite», ibid., p. 41). Tzvetan Todorov estime : «Shoah, film sur la haine, est fait avec de la haine et enseigne la haine» (Face à l'extrême, Seuil, 1991, p. 255). * La thèse de l' «Holocauste» est en difficulté. Les zizanies s'aggravent. On se rejette mutuellement la responsabilité d'un échec qui prend des proportions alarmantes (sur G. Wellers à propos de S. Klarsfeld et sur ce dernier à propos d'A. Mayer, voy. R.H.R. n° 3, novembre 1990-janvier 1991, p. 98 et 212). (Sur la crise du Musée d'État d'Auschwitz, on lira ci-dessus p. 101-104.)


407 Revue d’histoire révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 105-106


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PROCÈS FAURISSON Collectif de la R.H.R. Par jugement du 18 avril 1991 de la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris (président M. Claude Grellier, M. Laporte, Mme Marlier), Messieurs Boizeau, directeur de la publication du Choc du Mois, et Robert Faurisson ont été condamnés pour contestation de crimes contre l'humanité, le premier à verser 180 000 F et le second à verser 250 000 F, dont 100 000 F avec sursis, pour avoir publié un article contestant la réalité du génocide des juifs et l'existence des chambres à gaz hitlériennes. Ces sommes comprennent amendes, dommages-intérêts, publications judiciaires forcées et autres sanctions financières. MM. Boizeau et Faurisson ont interjeté appel. L'appel étant suspensif, ils n'ont pas, pour l'instant, à verser ces sommes prohibitives. Le jugement de condamnation a été prononcé au nom de la loi Gayssot (en réalité loi Fabius, dite Gayssot) du 13 juillet 1990 publiée au Journal officiel de la République française, le 14 juillet 1990, sous la signature de François Mitterrand, président de la République. La loi Fabius dite Gayssot avait déjà connu plusieurs applications. Dès le 13 novembre 1990, la cour d'appel d'Orléans avait condamné au nom de cette loi Olivier Devalez, 28 ans, informaticien au chômage. Peu auparavant, le 31 octobre 1990, la première chambre de la cour d'appel de Paris (président M. Vengeon, M. Canivet, Mme Hannoun) avaient pris une grave décision à l'encontre de Pierre Guillaume et des Annales d'Histoire Révisionniste au nom de la loi Fabius dite Gayssot avec un effet rétroactif de trois ans et demi (voy. R.H.R. n° 3, nov. 1990-janvier 1991, p. 33-43). Nous croyons savoir que d'autres condamnations ont été prononcées contre des jeunes gens au nom de la même loi, mais la presse est plutôt évasive sur le sujet. Vu l'importance du procès de MM. Boizeau et Faurisson et l'écho qu'il a trouvé dans les médias en France et à l'étranger, il nous a paru nécessaire de fournir à nos lecteurs un dossier substantiel. Ce dossier se compose comme suit : I. Des extraits des conclusions déposées par Me Éric Delcroix, avocat de MM. Boizeau et Faurisson, le 21 mars 1991. II. Les audiences des 21 et 22 mars 1991. III. Le jugement du 18 avril 1991. IV. La récidive immédiate du professeur Faurisson, le 18 avril 1991. Le jugement reproduit intégralement l'objet du litige, c'est-à-dire l'interview de R. Faurisson dans Le Choc du Mois de septembre 1990 (voy., ci-dessous, p. 127-131). —I— Extraits des conclusions déposées par Me Éric Delcroix, avocat de MM. Boizeau et Faurisson, le 21 mars 1991 Premier extrait (p. 3-4) : Attendu que dans le premier extrait [de son interview du Choc du Mois, M. Robert Faurisson] ne fait qu'énoncer :


409 1° - qu'il attend «qu'au nom de la loi Fabius dite Gayssot on poursuive les historiens, en particulier juifs, qui sont aujourd'hui d'accord avec nous pour dire que toutes ces vérités de 1945/46 sont autant de mensonges historiques» ; 2° - que les «historiens officiels persistent à croire ou font semblant de croire […] que deux vérités de Nuremberg restent vraies : Les Allemands ont eu une politique de destruction physique des juifs. Ils ont, pour mener à bien cette politique, principalement utilisé des chambres ou des camions à gaz» ; Attendu qu'il n'y a là qu'une double interrogation sur ce que sera l'usage de la nouvelle loi au regard des historiens conformistes qui, pour ne pas être classés comme révisionnistes, n'en ont pas moins multiplié les révisions déchirantes depuis 1945-1946 : tel Martin Broszat, de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, qui a attendu 1960 pour admettre que : «Ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald des juifs ou d'autres détenus n'ont été gazés» (Die Zeit, 19 août 1960, p. 16). L'historien allemand a ainsi contesté des documents et rapports officiels des Gouvernements des Nations unies, documents et rapports qui, en vertu de l'article 21 du statut du Tribunal militaire international (TMI), étaient à considérer «comme preuves authentiques», ; pour Dachau, il s'agit des documents ou rapports L-159 (USA-222) (TMI, XXXVII, p. 621) et PS-2430 (USA-79) (TMI, XXX, p. 470) ; pour Bergen-Belsen, du rapport B-2833 contenu dans le document PS-2171 (Nazi Conspiracy and Aggression, IV, p. 817, 820, 824) ; pour Buchenwald, du Rapport officiel du gouvernement français F-274 (RF-301) (TMI, XXXVII, p. 148) ; telle Olga Wormser-Migot, historienne française d'origine juive, auteur d'une thèse sur Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), P.U.F., 1968, où l'on peut lire que le camp d'Auschwitz I était «sans chambre à gaz» (p. 157) ; O. Wormser-Migot consacre une section de sa thèse (p. 541-544) à ce qu'elle appelle «le problème des chambres à gaz» ; il en ressort qu'elle ne croit pas à l'existence de chambres à gaz homicides à Mauthausen, à Oranienburg et à Ravensbrück ; sur le seul cas de Mauthausen, les documents ou rapports officiels des Gouvernements des Nations unies avaient affirmé l'existence dans ce camp et le fonctionnement d'une ou de plusieurs chambres à gaz homicides : PS-499, PS-2285, PS-1515, PS-2176, F-274, PS-2233, PS-2753, PS-2430, PS-3846, PS-3845, PS-3870 ; tel Arno J. Mayer, historien américain d'origine juive, ami de Pierre Vidal-Naquet, auteur de The «Final Solution» in History, New York, Pantheon Books, 1988, qui écrit : «Les sources pour l'étude des chambres à gaz sont à la fois rares et non fiables [unreliable]» (p. 362) et qui ajoute : «de 1942 à 1945, certainement à Auschwitz mais probablement partout ailleurs, les causes dites "naturelles" ont tué plus de juifs que les causes "non naturelles" [faim, maladies, épidémies, épuisement au travail]» (p. 365) ; or, le document essentiel, à valeur de «preuve authentique» pour le TMI, était le rapport URSS-008 établissant l'existence, à coup sûr, de nombreuses chambres à gaz à Auschwitz où auraient été tués la plupart des 4 millions [!!!] de morts de ce camp (TMI, XXXIX, p. 241-261) ; tels tous les historiens spécialisés qui, persistant à soutenir la thèse d'une politique de destruction physique des juifs par l'Allemagne hitlérienne, reconnaissent depuis le début des années 1980 que, contrairement à ce qui paraissait établi par le TMI, il n'existe aucune trace d'un ordre ou d'un plan démontrant l'existence d'une telle politique (d'où, en un premier temps, la scission entre «intentionnalistes» et «fonctionnalistes» et, en un second temps, la quasi-disparition des «intentionnalistes» au profit des «fonctionnalistes» qui soutiennent aujourd'hui la thèse d'une destruction fortuite et improvisée) ;


410 tels les responsables aujourd'hui du Gouvernement soviétique qui admettent que la tuerie systématique de milliers d'officiers polonais en forêt de Katyn était un crime soviétique et non un crime allemand comme l'affirmait le document URSS-54 auquel le président du TMI a reconnu, expressis verbis, valeur de «preuve authentique» (TMI, XV, p. 302) ; tels les responsables, aujourd'hui, du Musée d'État d'Auschwitz (Pologne) qui, en avril 1990, ont pris la grave décision de retirer du monument international d'AuschwitzBirkenau les inscriptions de bronze (rédigées en 19 langues) selon lesquelles les morts et les tués d'Auschwitz auraient atteint le chiffre de 4 millions, le nouveau chiffre adopté pour l'instant paraissant être d'1 million ou d'1 million 1/2 ; de leur côté, les responsables aujourd'hui du Gouvernement soviétique ont fini par communiquer les «registres mortuaires» d'Auschwitz ; il y figure 74 000 noms ; en tenant compte des registres manquants, le total des morts d'Auschwitz (juifs et non juifs) ne saurait guère dépasser le chiffre de 150 000. Second extrait (p. 5-7) : Attendu que, dans les 41 volumes de l'édition française des débats et documents du «grand procès» de Nuremberg, il n'existe pas une preuve, une seule preuve de l'existence soit d'une chambre à gaz homicide, soit d'une politique de destruction physique des juifs ; Attendu, en particulier, qu'on n'y trouve, soit sur le crime lui-même, soit sur l'arme du crime aucun des éléments suivants : un ordre de destruction physique des juifs un plan de destruction physique des juifs des directives pour une destruction physique des juifs un budget pour une destruction physique des juifs un procès-verbal d'examen in situ sur le lieu du crime une expertise de l'arme du crime un rapport d'autopsie établissant un assassinat par gaz-poison un procès-verbal de reconstitution (simulacre) un contre-interrogatoire de témoin sur la matérialité des faits rapportés ; Attendu, de surcroît, que la confusion même du législateur, conduit à recourir à une définition «délirante» et ne permet pas de mettre ici le texte de l'article 24 bis en application, puisque le jugement prononcé au terme du grand procès de Nuremberg tel qu'invoqué par les parties civiles utilise, dans certains cas, le mot d' «extermination», mais n'en donne jamais une définition précise et circonstanciée ; Attendu, de même, qu'il emploie l'expression de «chambre à gaz» sans jamais fournir une description de cette arme extraordinaire encore jamais vue dans le monde scientifique ; Attendu que, tout au long des 187 pages du jugement, les deux seules précisions — vagues et indigentes — qu'on puisse découvrir sur la «chambre de mort» (sic), défiant toutes les lois de la physique et de la chimie, est que cette chambre (au singulier) permettait de tuer (combien de personnes ? avec quel gaz ? selon quelle procédure ?) «en trois à quinze minutes» et qu'il fallait attendre une demi-heure pour ouvrir «les portes» (au pluriel !) (p. 265 du Jugement) ; Attendu qu'au surplus ces deux précisions dérisoires sont extraites d'une «confession» dictée à Rudolf Höss par ses tortionnaires de la Sécurité militaire britannique (voy., ci-dessous, p. 6, alinéa 2) ; Attendu que l'imposture des chambres à gaz hitlériennes n'est que le produit recyclé d'un bobard de la première guerre mondiale selon lequel les Bulgares, alliés de l'Allemagne impériale, supprimaient systématiquement les Serbes «par la voie administrative» en conduisant ces derniers, sous prétexte de «nettoyage», dans des «établissements d'épouillage»


411 et là les «éliminaient par gaz» (voy., par exemple, Bernard Guttmann [correspondant de la Frankfurter Zeitung ] sur son entretien à Berlin le 20 novembre 1917 avec le secrétaire d'État aux Affaires étrangères von Kühlmann, rapporté dans Schattenriess einer Generation [Esquisse d'une génération] (1888-1919), Stuttgart, Koehler, 1950, p. 145-146) ; Attendu que ce bobard absurde et haineux, propagé notamment par les Britanniques, trouvait parfois créance même auprès de responsables politiques allemands, mais qu'après la guerre de 1914-1918, cette invention et bien d'autres inventions du même genre ont été dénoncées, y compris par le gouvernement britannique ; Attendu que ce bobard, pourtant universellement reconnu dans les années 20 pour n'être qu'une fabrication frelatée et faisandée, a été, pendant la seconde guerre mondiale, repris, recyclé, relancé avec tant de succès qu'aujourd'hui une loi de la République française menace de prison et d'amende celui qui, contestant cette vérité devenue officielle, refuse d'acheter, de propager, de consommer cet infâme produit politique, de vente forcée et d'achat forcé, à peine moins infâme que le bobard du savon à base de «graisse des victimes», repris à leur compte par les juges de Nuremberg (p. 265-266 du Jugement) mais aujourd'hui dénoncé par les historiens de l' «Holocauste» ; Attendu, au demeurant, que l'on rappellera que les juges humanistes de 1945-1946 se sont appuyés, en l'absence de toute étude ou recherche d'ordre criminalistique ou matériel, sur des témoignages souvent de deuxième main et sans contre-interrogatoire sur la matérialité des faits ; Attendu qu'on soulignera que l'absence de curiosité criminalistique a conduit le Tribunal de Nuremberg à laisser dire sans critique sérieuse qu'il y avait eu des chambres à gaz homicides, instruments qui, en l'état, étaient tout simplement une impossibilité matérielle et donc une vision chimérique ; Attendu que deux rapports distincts de l'Américain Fred Leuchter (1988 et 1989) ont établi que l'existence de chambres à gaz homicides, d'abord à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek, puis à Dachau, à Mauthausen et à Hartheim, se heurte à des impossibilités totales d'ordre physique et chimique ; Attendu que, si nos renseignements les plus récents sont exacts, les autorités du Musée d'État d'Auschwitz ont fait diligenter, pour Auschwitz et Birkenau, une contre-expertise qui tend à confirmer les conclusions de Fred Leuchter sur ces deux camps (Lettre du 24 septembre 1990 adressée à ce musée par l'Institut d'expertises médico-légales de Cracovie «in memoriam Prof. Dr. Jan Sehn», département de toxicologie, Ref. n° 720/90) ; Attendu que lesdites chambres à gaz étaient alors (1945-1946) et restent encore aujourd'hui (1991) des objets décidément indescriptibles, ce qui ne semble choquer personne tant est puissante la sidération médiatique et pseudo-religieuse (on voit en effet l' «objet sacré» acquérir ici sa pleine dimension qui est de n'avoir aucune réalité physique et matériellement représentable) ; Attendu que le comble de la légèreté coupable est atteint par les juges du Tribunal de Nuremberg quand, aux pages 264-266 du premier volume contenant le jugement, ils croient prouver leurs plus graves accusations par de prétendus aveux de Rudolf Höss et par une prétendue estimation d'Adolf Eichmann ; les aveux du premier sur les chambres à gaz et sur les 3 millions (!!!) de morts d'Auschwitz lui ont été extorqués par ses tortionnaires de la Sécurité militaire britannique (voy. les révélations de ces derniers dans Legions of Death, de Rupert Butler, Londres, Hamlyn, 1983, page d'avertissement et p. 234-238) ; quant à l'estimation d'A. Eichmann, elle n'est nullement d'Eichmann mais lui a été abusivement prêtée par une déclaration écrite de Wilhelm Höttl, personnage qui se trouvait dans la prison de Nuremberg et qu'il aurait été facile de convoquer à la barre mais qui n'a été ni interrogé ni contre-interrogé et cela malgré la demande expresse de l'avocat d'E. Kaltenbrunner (TMI, III, p. 572-575).


412 Attendu, pour toutes ces raisons, qu'il y a donc lieu de constater que les prévenus ne tombent nullement sous le coup d'une loi qui, en tout état de cause, «ne demeurera que (de) l'incantation» au regard d'une définition «délirante» et inapplicable, à tout le moins ici ; Attendu, dans ces conditions, qu'il y a lieu de prononcer la relaxe de Messieurs Boizeau et Faurisson. — II — Les audiences des 21 et 22 mars 1991 Robert Faurisson a comparu devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris (président : Claude Grellier) les 21 et 22 mars 1991 pour contestation de crimes contre l'humanité. Il était cité, ainsi que le directeur du Choc du Mois, par le ministère public et par onze associations de juifs, de résistants et de tziganes. Son défenseur était Me Éric Delcroix. Six avocats, dont Me Charles Libman, Me Joë Nordmann, Me Charles Korman et Me Bernard Jouanneau, représentaient la partie civile. Le corps du délit était constitué par une interview du professeur publiée dans Le Choc du Mois de septembre 1990. Dans cette interview, R. Faurisson s'en prenait à la loi FabiusGayssot, publiée au Journal officiel de la République française le 14 juillet 1990 sous la signature de François Mitterrand. Cette loi («lex Faurissonia») prévoit un mois à un an de prison et 2 000 à 300 000 F d'amende pour toute personne qui «conteste» les «crimes contre l'humanité» tels que définis par les Alliés en 1945 et tels que sanctionnés par le Tribunal militaire international de Nuremberg (1945-1946) ou par un tribunal français (voy., par exemple, le procès de Klaus Barbie en 1987). M. Faurisson avait notamment déclaré : On ne me fera pas dire que 2 et 2 font 5, que la terre est plate, que le tribunal de Nuremberg est infaillible. J'ai d'excellentes raisons de ne pas croire à [la] politique d'extermination des juifs ou à la magique chambre à gaz et on ne me promènera pas en camion à gaz […]. Je ne chercherai pas à tourner la nouvelle loi, je lui ferai front […]. Comme le dit Jour J, La Lettre télégraphique juive, en titre de son numéro du 15 juin 1990 : «Sondage : Un tiers des Français doute de l'existence des chambres à gaz». Ce n'est qu'un début. Les révisionnistes poursuivront leurs travaux. — Je souhaite que 100 % des Français se rendent compte que le mythe des chambres à gaz est une gredinerie, entérinée en 1945-1946 par les vainqueurs de Nuremberg et officialisée le 14 juillet 1990 par le gouvernement en place de la République française, avec l'approbation des historiens de cour. Le procès s'est déroulé, pendant deux après-midi, dans une atmosphère de grande tension à l'intérieur et à l'extérieur de la salle du tribunal. Malgré la présence de cinquante gendarmes, les incidents ont été nombreux. Suspensions de séance et incidents de procédure se sont succédé. A un moment, le président Grellier a qualifié de «surréaliste» la situation créée par la partie civile. Sous tension «Procès Faurisson sous tension» : la formule est souvent revenue dans la presse écrite et parlée. La LICRA, le Betar et le Tagar avaient mobilisé leurs troupes. Le professeur et ceux qui étaient venus le soutenir ont eu droit aux cris, aux insultes, aux coups et aux crachats. Dans le prétoire même, les propos de R. Faurisson et de son avocat ont, à de multiples reprises, soulevé l'indignation de certains et provoqué outrages et injures. Le président Grellier a fait appel au sang-froid de tous et demandé à ceux qui se sentaient incapables d'entendre les propos de M. Faurisson de quitter la salle. Rien n'y a fait. Quand, enfin, les gardes ont reçu l'ordre d'expulser les trublions, qui interrompaient le professeur, ces derniers ont répliqué : «Vous pouvez dégainer. Nous ne sortirons pas.» Il a fallu placer des gardes dans les travées, le dos tourné au


413 tribunal et les yeux rivés sur le public. Mais même ce procédé d'intimidation n'a pas totalement empêché les manifestations d'hostilité. «Faurisson dans son jardin» Le soir du premier jour, le présentateur de la première chaîne de télévision, Jean-Pierre Berthet, commentait en ces termes l'arrivée du professeur dans la salle du tribunal : Le professeur Faurisson, qui risque un an de prison, arrive décontracté, aussi à l'aise dans le prétoire que dans son jardin. Costume strict, cravate rouge, l'air détendu (alors qu'il vient de se faire insulter et malmener par les manifestants qui lui ont barré l'accès de la salle), R. Faurisson s'avance dans le prétoire et, de son sac, extrait un coussin qu'il pose sur la dure banquette des prévenus. Trois hommes le rejoindront avec peine, chacun porteur de deux pesants cabas qui contiennent les 41 volumes des débats et documents du procès de Nuremberg [1]. Le président Grellier s'inquiète. Est-il vraiment question de disposer ces volumes sur une table et de s'y reporter à chaque instant de la démonstration prévue par l'universitaire ? Combien de temps M. Faurisson a-t-il l'intention de parler ? «Quatre heures» est la réponse. Et, devant les difficultés que suscitent l'exposition et la consultation des volumes, l'universitaire propose une solution : il parlera de mémoire. Trois défis D'emblée, M. Faurisson lance trois défis à la partie adverse qui aura la parole le lendemain : 7. Qu'on lui extraye des 41 volumes, c'est-à-dire d'un ensemble de 25 000 pages, une seule preuve de la réalité d'un programme de destruction physique des juifs (le prétendu crime spécifique) et une seule preuve de l'existence d'une chambre à gaz homicide dans les camps de concentration allemands (la prétendue arme spécifique du crime spécifique) ; 8. Qu'on récuse l'authenticité de son «scoop» : une lettre en polonais du 24 septembre 1990 envoyée par l'Institut médico-légal de Cracovie (section de toxicologie) aux autorités du Musée d'État d'Auschwitz. Ces autorités avaient réclamé une contreexpertise du fameux «rapport Leuchter» qui concluait en 1988 à la non-existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz et à Birkenau (ainsi qu'à Majdanek). Or, selon M. Faurisson, cette contre-expertise, tenue jusqu'ici secrète, tend à confirmer les conclusions que Fred Leuchter, s'appuyant sur les analyses d'un laboratoire américain, avaient déposées en avril 1988 devant un tribunal de Toronto (Canada) pour le second procès d'Ernst Zündel (voy., ci-dessus, p. 101-104) ; 9. Que la partie adverse commence par lui préciser ce que pourrait bien être une chambre à gaz hitlérienne. Il attend une définition, une description, un dessin. Selon lui, ces extraordinaires chambres à gaz, capables, paraît-il, de tuer des fournées de 2 000 victimes à la fois avec de l'acide cyanhydrique (Zyklon B) constituent une impossibilité physico-chimique qu'il a maintes fois démontrée. R. Faurisson, en une série d'exposés, entrecoupés de questions ou de remarques venant soit du président, soit, surtout, du ministère public, accumule ensuite, de mémoire et sans notes, une abondance de précisions d'ordre technique ou historique. Il rappelle que les magistrats se piquent de rappeler l'adage selon lequel «ce n'est pas devant les tribunaux que l'histoire peut trouver ses juges» et, pourtant, ils ne cessent, dans les procès contre les révisionnistes, de trancher de multiples points d'histoire sans en avoir la moindre compétence. En effet, les procès reposent tous sur un postulat qui peut se résumer ainsi : «Les chambres à gaz ont existé». Encore les magistrats n'ont-ils pas même le courage de formuler ce postulat, qui reste toujours implicite. Mais aucun juge n'est capable — et pour cause — de définir, de décrire, de dessiner ces magiques chambres à gaz qui défient toutes les lois de la physique et de la chimie. On ne saurait définir, décrire ou dessiner un cercle carré ou un carré circulaire. A telle enseigne qu'affirmer «Les chambres à gaz ont existé» revient à déclarer «Les bla-bla-bla ont existé». Et


414 la justice française se permet ou se permettrait de condamner ceux qui ne croient pas à ces indéfinissables billevesées ? Le professeur rappelle alors que ce qu'il appelle «le bobard des chambres à gaz» remonte non pas à 1941/1942 mais à 1916/1917. Vers 1916/1917, une rumeur de guerre, abondamment exploitée par les Alliés, voulait que les Bulgares, alliés de l'Allemagne, aient gazé les Serbes ; les Bulgares, disait-on, conduisaient systématiquement des civils serbes, par centaines de milliers ou par millions, dans des établissements d'épouillage, sous prétexte d'hygiène, et là ils les éliminaient par gaz. M. Faurisson observe que le bobard de la première guerre mondiale fut dénoncé comme tel par les Alliés dès les années 20 et que, par conséquent, le bobard des juifs gazés par les Allemands n'est que la reprise d'un mensonge éculé, une sorte de produit de recyclage «avarié» qu'il se refuse, pour sa part, à consommer et à laisser consommer autour de lui. Il réitère son refus de croire à une «gredinerie», à une «vieille calomnie», à une «abominable diffamation» et de laisser, ne fût-ce que par un silence complice, se propager une telle rumeur, vieille de 75 ans. Les affres de la partie civile Dès l'ouverture du procès, les avocats des onze associations avaient lancé un avertissement : M. Faurisson sera à nouveau poursuivi si jamais, pour sa défense, il expose la thèse révisionniste dans l'enceinte du tribunal. La loi lui défend de contester en public la réalité du génocide et des chambres à gaz. Il lui reste deux possibilités de défense : ou bien présenter ses excuses ou bien plaider qu'il n'a pas vraiment voulu dire ce qu'il a dit dans son interview. A quoi M. Faurisson et son avocat répliquent qu'ils persisteront dans leur système de défense sans tenir compte de la menace. La partie civile demande alors un huis-clos partiel : les journalistes et le public seraient exclus de la salle aussi longtemps que M. Faurisson aurait la parole ; ils réintégreraient la salle quand la partie civile prendrait à son tour la parole. Le président Grellier refuse. M. Faurisson commence son exposé, mais tous les avocats de la partie civile décident de quitter la salle d'audience. Le président s'émeut : «N'est-ce pas la partie civile qui a sollicité ce débat en poursuivant le prévenu ?» Me Jouanneau fait savoir que la décision est irrévocable ; escorté de ses confrères, il se retire et ne reparaîtra que le lendemain pour les plaidoiries de la partie civile. Le lendemain, aucun des avocats de la partie civile ne relèvera les trois défis du professeur. Me Libman déclare : «Je me refuse à faire la démonstration de l'existence des chambres à gaz». Me Jouanneau confesse qu'il s'est longtemps demandé s'il ne commettait pas une erreur en citant M. Faurisson devant un tribunal. La croisade antirévisionniste, reconnaît-il, a été plutôt «chaotique». Ses confrères, dit-il, ont craint de se piéger eux-mêmes. Mais il fallait poursuivre un personnage diabolique. L'universitaire avait développé des arguments d'ordre physique, chimique, topographique, architectural, documentaire et historique ; les six avocats de la partie civile répondent racisme, antisémitisme, néo-nazisme, respect dû à la souffrance des déportés et à la mémoire des morts. Ils réclament 2 millions de francs de dommages-intérêts, ce qui fera dire au professeur : Mes adversaires ont découvert mon point faible. Je n'ai pas de fortune. Ils m'attaquent au portefeuille. C'est également le registre de Madame Edith Dubreuil, mais sur un ton qu'anime la fièvre du procureur. Son réquisitoire a des accents vétéro-testamentaires. Elle cherche à défendre le tribunal de Nuremberg mais non sans multiplier les faux-pas. Elle ignore tout du révisionnisme qui, pour elle, remettrait en cause l'existence des … camps de concentration. Elle se hasarde à suggérer que M. Faurisson a pu se tromper sur le sens d'un mot anglais… qu'elle invente de toutes pièces. On lui fait remarquer son erreur, document à l'appui. Elle passe outre et s'enfièvre d'autant. Pour elle, les thèses révisionnistes constituent «une atteinte à la sûreté publique et à la conscience universelle». Elle ne précise pas sa pensée et elle omet de spécifier ce qu'elle entend


415 par l'expression de «conscience universelle». Cette conscience, bien qu' «universelle», semble absente chez M. Faurisson ; en revanche, il est manifeste qu'il suffit à Mme Dubreuil de se mettre à l'écoute de sa propre conscience pour entendre la voix de la «conscience universelle». La plaidoirie de Me Delcroix Le premier jour d'audience, la partie civile, ainsi qu'on l'a vu, avait fait valoir que les thèses de M. Faurisson ne pouvaient pas être exposées publiquement sans enfreindre la nouvelle loi. Me Delcroix, notant que le président lui-même avait ouvert l'interrogatoire du prévenu en lisant des extraits de l'interview litigieuse, observait qu'à ce compte le président lui-même s'était rendu coupable d'un délit d'audience ! S'il fallait suivre le raisonnement de la partie adverse, le procès public devenait impossible. Me Delcroix montre que la nouvelle loi établit un dogme et que ce dogme est lui-même fondé sur une extraordinaire autorité absolue de la chose jugée. Elle est en contradiction flagrante avec les dispositions de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme. Elle tend à priver le prévenu de la présomption d'innocence. Me Delcroix entame le procès du procès de Nuremberg, puis il énumère les «révisions» opérées au cours des ans par les historiens les plus officiels ; il en conclut qu'il ne reste plus guère de «vérités» prétendument établies (ou, plutôt, tenues pour établies) par les juges de Nuremberg, qui n'aient été revues et corrigées depuis 1946. Mais, dans son interview du Choc du Mois, M. Faurisson contrevient-il à la loi ? Non, car il s'exprime au futur ou au conditionnel. Il se contente de dire qu'il n'hésitera pas ou qu'il n'hésiterait pas à violer la loi mais il ne la viole pas hic et nunc. Me Delcroix termine sa plaidoirie sur un coup de théâtre qui apporte une fulgurante illustration de la mauvaise foi des exterminationnistes et de la bonne foi des révisionnistes, et cela à la confusion du ténor des avocats de la partie adverse : Me Bernard Jouanneau. C'est l'affaire, qu'on va lire, de la couronne mortuaire. La couronne mortuaire ou le bouquet de Me Jouanneau A la fin de sa propre plaidoirie, Me Jouanneau avait annoncé qu'il détenait une preuve en quelque sorte matérielle du cynisme et de la méchanceté perverse des révisionnistes. Se penchant à terre, il avait saisi un carton que, non sans ostentation, il avait posé sur une table, face au tribunal. Ce carton, à peine entr'ouvert, contenait, à l'en croire, une couronne mortuaire que les responsables de la librairie de la Vieille Taupe avaient expédiée à Hélène Frappat, la jeune fille qui, chaque mardi, se faisait un devoir de conduire une manifestation de protestataires contre cet antre du révisionnisme situé au 12 de la rue d'Ulm à Paris, tout près de l'École Normale Supérieure. Pour Me Jouanneau, Pierre Guillaume et ses amis avaient ainsi atteint le comble de l'abjection. Après sa plaidoirie, Me Jouanneau avait voulu reprendre possession du carton mais Me Delcroix s'y était opposé. Comme on va le voir, il avait son idée sur la «couronne mortuaire». Au terme de sa propre plaidoirie -dont nous avons parlé plus haut- Me Delcroix développe une idée qui lui est chère : selon lui, la «bonne foi» de ceux qui croient à la réalité des chambres à gaz n'est due qu'à un phénomène général de «sidération» des esprits. Le matraquage des médias, le lavage des cerveaux, la terreur dont s'entoure le tabou ont eu pour résultat que, sur le sujet des chambres à gaz ou sur tout sujet approchant, on est devenu incapable de discernement : on ne voit pas même ce qu'on a sous les yeux, on ne vérifie rien, on croit tout. Le tribunal, dit Me Delcroix, vient d'être témoin d'un phénomène de sidération. Et l'avocat de M. Faurisson de s'approcher du carton, de l'ouvrir aux regards de tous et de déclarer : «En fait de couronne mortuaire, nous avons là un bouquet de fleurs printanières. D'ailleurs, le carton du fleuriste ne porte-t-il pas pour inscription : «Dites-le avec des fleurs !», une formule qui serait incongrue pour l'envoi d'une couronne mortuaire ?» Stimulé par cette démonstration, le président Grellier demande à voir le fond des choses et invite l'avocat à extraire les fleurs. Confirmation : il s'agit manifestement d'un bouquet printanier.


416 Au soir de cette seconde journée, le procès vient de prendre fin. Le public s'est retiré et le tribunal aussi. Restent Me Delcroix, M. Faurisson, quelques autres personnes encore et des gendarmes. On plaisante Me Jouanneau sur l'affaire du bouquet. Avec le sourire, mais non sans quelque gêne aussi, Me Jouanneau laisse tomber : «Cette affaire de bouquet, ce n'est pas ce que j'aurai fait de mieux dans ma carrière.» La leçon du bouquet L'anecdote du bouquet est éclairante à plus d'un titre. Elle illustre la réalité du révisionnisme. Ce que nous voyons ou croyons voir, il nous faut revenir le voir ; il nous faut le revoir. C'est le fait même du révisionnisme. Me Delcroix avait agi en révisionniste. Le président Grellier, inspiré par l'initiative de l'avocat, était allé encore plus loin dans la voie du révisionnisme : il avait exigé de voir le fond des choses et la chose elle-même dans son intégralité. Un troisième degré aurait pu être franchi. Comme ces fleurs étaient adressées à Mlle Hélène Frappat, elles étaient fort probablement accompagnées d'un mot. Où était ce mot ? Que disait-il ? Qui avait bien pu le signer ? Une brève enquête permet de répondre à ces questions. Le mot portait : En manière d'hommage. Pour tous ces mardis vécus si intensément de part et d'autre et en espérant qu'ils seront nombreux encore. Michel, Étienne et les autres. Tous les mardis vers 18 h, des manifestants viennent réclamer la fermeture de la librairie de la Vieille Taupe. Vitre brisée, porte enfoncée, violences de toutes sortes accompagnent souvent ces manifestations. Pierre Guillaume et ses amis libertaires ont une ligne de conduite : ils ne veulent d'aucune provocation, ni d'aucune voie de fait, même pour se défendre ; ils préfèrent la discussion, si possible, avec «l'adversaire». L'envoi du bouquet («Dites-le avec des fleurs !») répondait à ce souci de ne pas relancer la violence. Le texte d'accompagnement respire une ironie sans méchanceté. «Michel» est Michel Gandilhon, responsable de la publication intitulée Maintenant le communisme. «Étienne» est Étienne Mandel, d'origine juive et dont la grandmère fut déportée à Auschwitz. On pourrait demander à Me Jouanneau où sont, là-dedans, les méchants, les pervers, les racistes d'extrême droite et les nazis. Les exterminationnistes ont, pour soutenir leur thèse, tout mis sens dessus dessous. Le Zyklon B était destiné à la désinfection et, par conséquent, à sauver les vies humaines ; ils en ont fait un instrument de meurtre collectif. Les fours crématoires répondaient à un besoin d'hygiène ; ils en ont fait la preuve d'une volonté d'extermination à grande échelle. Le «procèsverbal de Wannsee» prévoyait la remise en liberté des juifs après la guerre et un renouveau juif ; ils en ont fait un programme d'extermination physique des juifs. Il n'est pas étonnant que, d'un bouquet de fleurs printanières, ils aient fait une couronne mortuaire. L'exterminationnisme est une forme de maladie mentale. Le révisionnisme, c'est la santé, serait-on tenté de dire. Un résultat de l'effet «Carpentras» La presse, écrite et parlée, en France et à l'étranger, est, dans son ensemble, hostile au professeur mais sensiblement moins qu'il n'est d'usage. Elle semble découvrir la solidité de la position révisionniste. Elle constate que les défis de l'universitaire n'ont pas été relevés par la partie civile. Elle en déduit le plus souvent que les accusateurs ont été «piégés» par M. Faurisson ou qu'ils se sont «piégés» eux-mêmes. A la quasi-unanimité, elle juge la loi d'application difficile : on est dans une impasse. Le législateur n'avait pas prévu ces difficultés. La loi a été votée trop vite. Même le président Grellier avait à mots couverts confessé son étonnement. Au dernier jour du procès, il avait demandé au professeur comment on avait bien pu, selon lui, voter pareille loi. La réponse avait fusé : «Carpentras». Le montage de l'affaire de Carpentras ou son exploitation avait créé en France une atmosphère d'hystérie et de chasse aux sorcières. Alain Rollat, du journal Le Monde, personnellement si hostile au révisionnisme, s'était interrogé sur les raisons pour lesquelles le Conseil constitutionnel n'avait pas été saisi de l'examen d'un pareil texte de loi :


417 Voilà un texte qui, d'un point de vue strictement juridique, soulève une question fondamentale, au regard de la liberté d'opinion et d'expression, puisqu'il voue aux tribunaux, en visant les prétendus historiens «révisionnistes», les citoyens «qui auront contesté l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité». Or, faute de saisine du Conseil constitutionnel, cette question ne sera pas tranchée. Sauf, peut-être, si, un jour, quelque avocat avisé se tourne vers les institutions européennes pour pallier cette anomalie. Ont-ils craint [ces parlementaires] de paraître s'aligner sur le Front national ? Ont-ils eu peur des éventuelles réactions des organisations antiracistes ? En préférant occulter un débat qui méritait pourtant d'avoir lieu dans un pays qui se prévaut de l'état de droit, les parlementaires ont, en tout cas, laissé passer, une nouvelle fois, une belle occasion de rehausser leur image (Le Monde, 27 juillet 1990, p. 6, cité dans R.H.R. n° 2, août-octobre 1990, p. 20). L'analyste du Monde n'oublie qu'un point : le Conseil constitutionnel est présidé par le plus frénétique adversaire des révisionnistes : Maître Robert Badinter et recèle en son sein un Daniel Mayer. Nos parlementaires le savent. — III — Le jugement du 18 avril 1991 Le jugement est prononcé le 18 avril 1991. Des groupes juifs créent de nouveaux incidents. Les gendarmes ne réagissent pas. Pierre Guillaume est blessé. Les gendarmes s'affairent alors avec zèle ; ils jouent les secouristes à défaut de protéger les personnes. M. Patrice Boizeau, directeur du Choc du Mois, est condamné à verser un minimum de 180 000 F et M. Faurisson devra verser un minimum de 250 000 F, dont 100 000 F avec sursis. La publication d'une interview revient ainsi à entraîner une sanction de 430 000 F au minimum pour une publication et un auteur notoirement dénués de ressources [2]. Telle est la décision d'un tribunal composé de Claude Grellier (président) ainsi que de M. Laporte et de Mme Marlier, juges. Aucun de ces trois magistrats n'a la moindre idée de ce que peut être une chambre à gaz hitlérienne et aucun d'entre eux n'est capable de fournir la moindre preuve de l'existence d'une telle chambre à gaz ou la moindre preuve de la réalité d'un génocide des juifs. Mais la loi a prononcé qu'il est interdit de contester l'existence de ces réalités métaphysiques. Ces juges français appliquent la loi française. Le jugement a des faiblesses considérables. Certaines seront exploitées en appel par MM. Boizeau et Faurisson. Mais il comporte des points qui inquiètent les associations plaignantes ainsi que le journal L'Humanité qui, réagissant à chaud, écrit : Plus surprenants encore, et même choquants, pourraient être les attendus du jugement dont le président Grellier n'a pas donné lecture publiquement hier. A en croire l'AFP, le tribunal aurait en effet qualifié la loi du 13 juillet 1990 de «limite nouvelle à la liberté d'expression et d'opinion, telle que définie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789». Il aurait même été jusqu'à critiquer « l'organisation, la structure et le fonctionnement » du tribunal de Nuremberg «sur le plan juridique, historique ou philosophique». Dans l'hypothèse où le jugement d'hier serait effectivement assorti de ce type de considérations, force serait donc de constater que les magistrats auraient sanctionné Faurisson et son éditeur tout en les présentant comme des victimes d'une «loi répressive». Cela paraît tellement invraisemblable que nous préférons attendre d'avoir lu l'intégralité des attendus avant de formuler un commentaire… (L'Humanité, 19 avril 1991, p. 12). Sur cinq points, ce jugement est de nature à contrarier l'accusation (associations et ministère public) :


418 Il contient la reproduction intégrale de l'interview du professeur et constitue par là même une sorte de récidive ; Il ordonne la publication dans Le Monde, Le Figaro, Libération et Le Quotidien de Paris d'un communiqué essentiellement composé, par les juges, d'extraits de l'interview incriminée ; ces extraits feront mouche auprès du grand public et asureront aux idées révisionnistes une publicité inespérée ; Il admet, même si c'est pour la justifier ensuite, que la loi du 13 juillet 1990 «constitue une limite nouvelle à la liberté d'expression et d'opinion, telle que définie par l'article XI de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789» ; Il reconnaît que la «contestation» par M. Faurisson de l'existence du génocide juif et des chambres à gaz hitlériennes est «inscrite dans un discours logique et cohérent» ; Enfin, et surtout, il prononce sans réserves d'aucune sorte que «Des critiques peuvent, à juste titre, être développées concernant l'organisation, la structure et le fonctionnement du Tribunal Militaire International de Nuremberg, tant sur le plan juridique qu'historique ou philosophique». M. Faurisson entendait faire du procès qu'on lui intentait «le procès du procès de Nuremberg». En ce sens, il est parvenu à ses fins. Reste que nos trois juges se sont mis dans un mauvais cas. Ils condamnent un professeur pour avoir contesté sur un point particulier (génocide et chambre à gaz) la décision d'un tribunal militaire. Or, ces juges admettent euxmêmes que des critiques peuvent, à juste titre, être développées contre ce tribunal à tous les points de vue possibles et sur tous les plans possibles. Comment, à ce compte, peuvent-ils reprocher au professeur de faire ce qu'ils font eux-mêmes ? De plus, comment peut-on soimême contester le tout et empêcher les autres de contester la partie ? [3] Ils reconnaissent que le «discours» du professeur est «logique et cohérent» mais ils ne paraissent eux-mêmes ni logiques, ni cohérents. En outre, ils ignorent tout du sujet même de la contestation soulevée par le professeur. Ce sujet est historique. D'innombrables historiens ou chercheurs l'ont étudié et il a fait l'objet de vives controverses. Or, aucun historien ni aucun chercheur n'est venu à la barre pour assister de ses lumières les malheureux juges et pour contredire au besoin le «discours» du professeur. Quant aux avocats de l'accusation, ils ont fermement refusé d'apporter la moindre lumière sur le sujet. En conclusion, ces trois juges ont, sur un sujet qu'ils ignoraient, prononcé dans le noir un jugement qui n'est ni logique, ni cohérent. Ils ont certes laissé parler le professeur parce que l'usage veut qu'on écoute ou feigne d'écouter une personne avant de la condamner, mais l'audition a été d'une brièveté dérisoire par rapport à l'immensité du champ des recherches historiques entreprises. En la matière, le tribunal était incompétent et il entendait le rester comme c'est son droit et son devoir, en vertu de l'adage qui veut que «ce n'est pas devant les tribunaux que l'histoire peut trouver ses juges». Mais alors, en bonne logique, se jugeant incompétent, le tribunal n'aurait pas dû condamner le professeur. Cependant — et c'est là que se mesure l'absurdité de la nouvelle loi — les juges étaient contraints à l'illogisme et à l'incohérence. Il leur fallait agir comme s'ils étaient compétents, comme s'ils n'étaient pas dans le noir, comme si le tribunal militaire en question était incontestable. Tous comptes fais, ces trois juges n'étaient ni des ignorants, ni des esprits illogiques et incohérents. C'est l'application d'une loi bâclée par le parti communiste et le parti socialiste qui les a mis dans le mauvais cas où nous les voyons. Les députés ont, sous la pression de la machination de Carpentras, précipitamment voté un texte, à charge pour les juges de s'en arranger. Ces juges ont manqué de caractère. Il est plus d'un moyen de ne pas appliquer une loi quand on la tient pour absurde ou désuète. Me Delcroix avait suggéré quelques-uns de ces moyens. Il est regrettable pour tous que le tribunal ne s'en soit pas saisi.


419 Le jugement du 18 avril 1991 passera à la postérité. Il illustrera à quel point d'aberration peut en arriver la justice française quand il lui faut appliquer une disposition législative qui n'est qu'une monstruosité juridique : une loi scélérate d'esprit jdanovien, réclamée dès le mois de mai 1986 par François Bédarida (directeur de l'Institut d'histoire du temps présent), Georges Wellers (responsable du Monde juif, revue du Centre de documentation juive contemporaine), Jean-Pierre Azéma (historien), Pierre Vidal-Naquet (historien), Serge Klarsfeld (avocat et historien), le rabbin René-Samuel Sirat, Mme Ahrweiler (recteur de l'Académie de Paris) et Harlem Désir (S.O.S. Racisme). * Interview du professeur R. Faurisson par Le Choc du Mois (septembre 1990) telle que reproduite dans le corps du jugement (p. 4-6) Quelle opinion avez-vous de la loi Gayssot visant le racisme et le révisionnisme ? Pour moi, il n'y a pas à proprement parler de «loi Gayssot» mais une «loi Fabius, alias Gayssot». Gayssot est communiste, c'est-à-dire qu'il n'est à peu près plus rien. Je crois savoir que le parti communiste envisageait à l'origine une loi antiraciste sans disposition antirévisionniste. C'est Fabius, en tout cas, qui au sein du parti socialiste a revendiqué l'initiative d'une mesure législative contre le révisionnisme. Il est à l'origine de la proposition de loi Georges Sarre (J.O. du 2 avril 1988) qu'on retrouve deux ans plus tard transposée dans la loi dite Gayssot. Il est probable que le parti socialiste s'est engagé à faire voter la proposition de loi communiste à condition qu'elle intègre la proposition de loi Fabius/Sarre contre les révisionnistes. Je ne vous donnerai pas mon sentiment sur les dispositions antiracistes de cette loi Fabius alias Gayssot mais seulement sur la clause antirévisionniste. Cette dernière prévoit une peine de prison d'un mois à un an et/ou une amende de 2 000 à 300 000 F, sans oublier les frais d'insertion du jugement dans la presse, frais parfois considérables. Il s'agit de punir ceux qui auront contesté (pas même nié) l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels que ceux-ci sont définis par la charte qui a fondé en 1945 le tribunal militaire international de Nuremberg, et qui ont été commis par des vaincus condamnés pour ces crimes par leurs vainqueurs. Le texte de ce qui est désormais l'article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 «sur la liberté de la presse» (sic) est particulièrement alambiqué. Il s'agit d'une fabrication hétéroclite qui s'insère mal dans le cadre juridique existant et que les tribunaux auront, en conséquence, de la peine à appliquer. N'est-ce pas rétablir la censure et instituer une version officielle d'une période déterminée de notre histoire ? Du point de vue historique, cette clause antirévisionniste va à contresens de l'évolution des mœurs. Elle rétablit clairement la censure. Elle institue une vérité historique officielle protégée par la police, la gendarmerie, les magistrats et les gardiens de prison. Elle crée un dogme, un catéchisme, un décalogue : celui de Nuremberg. Vous connaissez le vieil adage : «Ce n'est pas devant les tribunaux que l'histoire peut trouver ses juges». On renie cet adage et on veut nous faire croire qu'un tribunal — un tribunal «militaire» — aurait, lui, écrit l'histoire une fois pour toutes. Il sévissait depuis longtemps une histoire officielle de la seconde guerre mondiale. Quand je le disais, nos tartuffes se récriaient. Aujourd'hui, ils ne peuvent plus protester. Il y a un an, j'avais envoyé à près de 700 personnes une lettre circulaire datée expressément de «Paris, le 14 juillet 1989» ; j'appelais l'attention de mes correspondants sur le danger d'une telle loi. Les événements m'ont malheureusement donné raison. Lisez le Journal officiel de la République française (Lois et décrets) du 14 juillet 1990. Aux pages 8333-8334, vous trouverez le texte de la clause antirévisionniste ; huit pages plus loin, vous verrez que Pierre Vidal-Naquet, qui aime


420 à nous traiter d' «excréments», est nommé chevalier de la Légion d'honneur sur proposition du ministre Jack Lang : d'un côté, menace d'amende et de prison pour les révisionnistes et, de l'autre, légion d'honneur pour les servants de la religion de l'Holocauste. Et cela dans un journal officiel de l'État, le jour même où la «Patrie des droits de l'homme» célèbre sa fête nationale. L'histoire officielle a fait son entrée au Journal officiel sous la signature de F. Mitterrand, maréchaliste éminent, puis grand Résistant, juriste de formation. Dans quels esprits, selon vous, l'idée d'une telle loi a-t-elle pu germer ? Dès 1986, en première page du bulletin quotidien de [La Lettre] Télégraphique Juive (2 juin 1986), on lisait à propos de F. Bédarida, G. Wellers, J.P. Azéma, P. Vidal-Naquet, S. Klarsfeld, du rabbin Sirat, de Mme Ahrweiler et d'Harlem Désir : «Ils ont aussi formulé l'espoir d'une extension à tous les pays européens de la loi allemande interdisant la mise en doute du génocide.» Leurs vœux sont aujourd'hui comblés pour ce qui est de la France, et de la France seule. Mais, contrairement à ce qu'ils osaient dire pour mieux pousser leur pion, il n'a jamais existé en Allemagne de loi interdisant la mise en doute du génocide. Ce qui était supposé devenir la loi dite du «mensonge d'Auschwitz» s'est trouvé réduit à un article qui autorise éventuellement un procureur à déposer plainte pour dommage causé «au membre d'un groupe qui a été persécuté sous un gouvernement de violence ou d'arbitraire, national-socialiste ou autre» (article 194, 13 juin 1985). Le mot «autre» vise, par exemple, le gouvernement d'un pays communiste. La France est donc bien le premier pays au monde à adopter une disposition législative spécifique contre le révisionnisme historique. Selon son habitude, P. Vidal-Naquet a affecté la réprobation une fois qu'il a été sûr que la loi serait adoptée. Il a agi de même au sujet de mes procès ; dans ces cas, sa main droite ignore ce que fait sa main gauche. Il a attendu que le sort de B. Notin soit scellé pour défendre Notin et dire qu'il fallait poursuivre J.P. Allard … Comment expliquer ce raidissement dogmatique ? Nous faisons peur à la camarilla en place. C'est quand l'Église s'est sentie en perte de vitesse devant l'incrédulité montante qu'elle a, en 1870, institué le dogme de l'infaillibilité pontificale. C'est parce que Fabius et les siens ne savent plus à quel saint se vouer qu'ils instituent le dogme de l'infaillibilité du tribunal de Nuremberg. En quoi ce tribunal s'est-il fait juge de l'Histoire ? Ce tribunal a été créé par les Alliés le 8 août 1945. Il s'agissait de punir chez les vaincus les crimes contre la paix (préparation et lancement d'une guerre d'agression), les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité (c'est-à-dire essentiellement contre les juifs). Je vous laisse à juger de leur cynisme. Deux jours auparavant, les Américains avaient commis «Hiroshima» ; le jour même du 8 août, les Soviétiques, auteurs de «Katyn», lançaient une guerre d'agression contre un Japon exsangue ; le lendemain, les Américains commettaient «Nagasaki». La guerre de 39-45 a été une immense boucherie au terme de laquelle les vainqueurs se sont arrogé le droit de juger les vaincus : à Nuremberg, les Allemands et, à Tokyo, les Japonais (notez qu'on n'envisage pas de jeter en prison ceux qui contesteront les «crimes» des Japonais). Les vainqueurs ensanglantés ont fabriqué une législation ad hoc, ont revêtu la robe du juge, ont condamné au nom de lois rétroactives, n'ont pas craint d'utiliser le principe aberrant de la responsabilité collective, ont refusé toute possibilité d'appel, ont bâillonné la défense, ont décrété : «Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves …» et «Le Tribunal n'exigera pas que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique mais les tiendra pour acquis …» Ils ont qualifié de vérités établies les «erreurs» suivantes parmi bien d'autres : Katyn est un crime allemand (c'est un crime de nos alliés soviétiques) ; Le nombre des victimes d'Auschwitz s'élève à 4 millions (aujourd'hui on nous dit : 1 million) ;


421 Le total des victimes juives de la Seconde Guerre mondiale s'élève à 5 700 000 ou 6 000 000 (aujourd'hui ces chiffres sont tenus pour «symboliques») ; Les Allemands fabriquaient du savon à partir de graisse humaine (bobard de la Première Guerre mondiale recyclé en 1945) ; Les Allemands ont fabriqué des têtes réduites ainsi que des abat-jour en peau humaine (la tête réduite montrée au tribunal avait été volée à un musée d'ethnographie ; la peau était de chèvre) ; A Treblinka, on exterminait les juifs à la vapeur d'eau (on nous dit aujourd'hui : au Diesel) ; Hitler a donné l'ordre d'exterminer les juifs (cet ordre n'a jamais existé). J'attends qu'au nom de la loi Fabius dite Gayssot on poursuive les historiens, en particulier juifs, qui sont aujourd'hui d'accord avec nous pour dire que toutes ces vérités de 1945/46 sont autant de mensonges historiques. Les historiens officiels persistent à croire ou font semblant de croire (pour combien de temps encore ?) que deux vérités de Nuremberg restent vraies : Les Allemands ont eu une politique de destruction physique des juifs ; Ils ont, pour mener à bien cette politique, principalement utilisé des chambres ou des camions à gaz. Quelle attitude allez-vous adopter à l'égard de ces vérités officielles ? J'ai le regret de dire que je contesterai ces vérités-là. Les duettistes de Carpentras, MM. Fabius et Joxe, ne me feront pas pousser leur chanson. On ne me fera pas dire que 2 et 2 font 5, que la terre est plate, que le tribunal de Nuremberg est infaillible. J'ai d'excellentes raisons de ne pas croire à cette politique d'extermination des juifs ou à la magique chambre à gaz et on ne me promènera pas en camion à gaz. Quatre mille ans d'histoire peuvent s'étudier en toute liberté ; curieusement, seules les années 1941 à 1944 seraient placées sous haute surveillance par une loi de la République française en date du 14 juillet 1990. Je ne vois pas pourquoi je me plierais à cet ukase. Vous prenez des risques. Fabius et Joxe vous guettent … Je ne sais trop l'origine du couple Fabius/Joxe. Pour moi, je suis d'origine écossaise. En Écosse, nous avons le monstre du Loch Ness qu'affectueusement nous appelons Nessie ; notre crédulité (pour les touristes) ne va guère plus loin. Pour le reste, nous n'aimons pas qu'on nous dicte ce qu'il faut croire ou ne pas croire. Inutile d'insister. Nous avons mauvais caractère. Je ne chercherai pas à tourner la nouvelle loi ; je lui ferai front. Dans cette loi et à Carpentras, Fabius et Joxe ont, comme on dit en anglais, «laissé le chat sauter hors du sac» ; en français, on dit qu'ils «ont mangé le morceau». Ils ont commis une faute révélatrice. Pour eux, l'heure est grave. Comme le dit Jour J, Quotidien juif en titre de son numéro du 15 juin 1990 : «Sondage/Un tiers des Français doute de l'existence des chambres à gaz». Ce n'est qu'un début. Les révisionnistes poursuivront leurs travaux. Je souhaite que 100 % des Français se rendent compte que le mythe des chambres à gaz est une gredinerie, entérinée en 1945-46 par les vainqueurs de Nuremberg et officialisée le 14 juillet 1990 par le gouvernement en place de la République française, avec l'approbation des historiens de cour. Comme le faisait remarquer François Terré à la veille du vote définitif de la loi par l'Assemblée nationale (Le Figaro, 29 juin 1990, p. 2) : «Face à la proposition Gayssot, le silence infini de presque tous les juristes, de presque tous les historiens, effraie». 11 août 1990 — IV — La récidive immédiate du professeur Faurisson, le 18 avril 1991


422 Le jugement du 18 avril 1991, prononcé vers 13 h 30, prévoyait à l'encontre de M. Faurisson une peine d'amende de 100 000 F avec sursis. Autrement dit, le coupable n'aurait à subir cette sanction que s'il récidivait dans les cinq ans à venir. Dans les cinq heures suivant le prononcé du jugement, le professeur envoyait par télécopie à l'Agence France-Presse, à l'Associated Press et à un certain nombre de publications françaises ou étrangères le communiqué cidessous, à publier : A PUBLIER LE RÉVISIONNISME DEVANT LES TRIBUNAUX FRANÇAIS En raison d'une interview que j'avais publiée dans Le Choc du Mois de septembre 1990, la XVIIe chambre du «tribunal correctionnel de Paris, présidée par Claude Grellier, «vient de décider une sanction de 430 000 F, soit 180 000 F pour «le directeur de la publication et, pour moi, 250 000 F dont 100 000 F avec sursis. Se trouvent ainsi attaqués au porte-feuille, selon la «sanction ploutocratique», à la fois un mensuel de qualité et un professeur à salaire unique. J'avais apporté au tribunal les 41 volumes de l'édition française des débats et documents du tribunal de Nuremberg (ce tribunal qui, en dépit de ce qui s'imprime aujourd'hui, avait bel et bien fait d'office du massacre de Katyn un crime allemand alors qu'il s'agissait d'un crime soviétique). Aux avocats des onze associations qui me poursuivaient j'avais demandé de me trouver dans les 25 000 pages de ces volumes une preuve, une seule preuve de l'existence de cette magique chambre à gaz qu'on ne peut ni nous définir, ni nous décrire, ni nous dessiner. Incapable de relever ce défi, on m'a traité d'antisémite. Je persisterai à proclamer que le mythe des chambres à gaz des années 40 n'est que le produit de recyclage, passablement faisandé, d'un bobard de la première guerre mondiale selon lequel les Bulgares, alliés de l'Allemagne, gazaient, dans le cadre d'une politique d'extermination, des millions de Serbes conduits fallacieusement dans des établissements de bain et d'épouillage. Je continuerai de rappeler qu'en 1988 le rapport de l'Américain Fred Leuchter a prouvé l'impossibilité physique et chimique des prétendues chambres à gaz d'Auschwitz ; les autorités du Musée d'État d'Auschwitz, qui avaient réclamé une contre-expertise à l'Institut médico-légal de Cracovie (section de toxicologie), ont reçu de cet institut un rapport en date du 24 septembre 1990 qui tend à confirmer le rapport Leuchter et qui, pour cette raison, demeure encore aujourd'hui caché aux historiens et au public. En Suède, le révisionniste Ahmed Rami, responsable de Radio-Islam, est en prison depuis le 16 avril. Il n'en abjurera pas pour autant ses convictions. Je ferai de même, quoi qu'il m'en coûte. C'est là notre Intifada. Avec un nombre considérable de révisionnistes à travers le monde, nous lutterons contre ce que j'appelle un mensonge historique, une diffamation, une calomnie qui ont ouvert la voie à une gigantesque arnaque politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire. La loi Fabius, dite Gayssot, «sur la liberté de la presse» (sic), ne m'intimidera pas même si elle est parue au Journal officiel de la République française le 14 juillet 1990 sous la signature de François Mitterrand, ancien maréchaliste, ancien sauteur de haie pour les besoins d'une mise en scène et ancien socialiste. Le révisionnisme est la grande aventure intellectuelle de la fin de ce siècle. Rien ne l'arrêtera. Nos adversaires s'affolent à Paris, à Stockholm, à Londres, à Bruxelles, à Munich, à Vienne, à Varsovie, à Rome, à Madrid, à Boston, à Los Angeles, à Toronto, à Melbourne ; la diffusion du révisionnisme dans le monde arabo-musulman les angoisse. Pour nous, nous


423 sommes calmes et déterminés. Des jugements de cour n'y changeront rien. Nous récidiverons. Nous maintiendrons. Et nous gagnerons. R. FAURISSON *** R. Faurisson devra comparaître dans quelque temps devant la même XVIIe chambre et devant le même juge Grellier pour la même interview qu'il a donnée au Choc du Mois. Il est cité, cette fois-ci, non plus en vertu de la loi Fabius-Gayssot de 1990, mais en vertu de la loi Pleven de 1972 sur la diffamation raciale. Les plaignants sont M. Jean Pierre-Bloch pour la LICRA et, encore une fois, le ministère public. 1. L'édition française n'a pas d'index des matières et ne comprend donc que 41 volumes ; les éditions américaine, anglaise et allemande comptent 42 volumes. Il n'existe pas d'édition russe. 2. Les sanctions s'analysent comme suit : pour P. Boizeau, 30 000 F d'amende et, pour M. Faurisson, 100 000 F d'amende avec sursis. Pour les deux coupables, solidairement : 20 000 F de dommages-intérêts à verser à chacune des onze associations (total : 220 000 F ) ; 1 500 F pour les frais d'avocat de chacune de ces associations (total : 165 000 F ) ; quatre publications judiciaires forcées à 15 000 F (total : 60 000 F ). Tout cela sans compter le remboursement des dépens du jugement avancés par les parties civiles et le remboursement des frais avancés par l'État. Avec les dépenses qu'il leur a fallu engager de leur propre côté, MM. Boizeau et Faurisson subissent une sanction de 450 000 F, soit 45 000 000 de centimes. Les associations (parties civiles) qui poursuivaient MM. Boizeau et Faurisson étaient : 1. L'Union départementale des déportés, internés et victimes de guerre de la Seine (U.D.I.V.G. ), 2. Le Comité d'action de la Résistance, 3. L'Amicale des anciens déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie, 4. L'Union nationale des associations de déportés internés et familles de disparus (UNADIF ), 5. La Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR ), 6. L'Union des Tziganes et voyageurs de France, 7. L'Association des fils et filles de déportés juifs de France, 8. L'Association nationale des anciens combattants de la Résistance, 9. La Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP ), 10. L'Amicale des anciens déportés de Buna-Monowitz, 11. L'Amicale des anciens déportés juifs de France, résistants, internés et familles de disparus. 3. Prenons un exemple : Dans un restaurant, un client conteste la qualité du vin. On lui répond qu'il a le droit de contester la qualité du contenu entier de la bouteille mais non la qualité du vin qu'on lui a versé de cette même bouteille ! Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p107-133


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LE FAUX PAS DE REYNALD SECHER Reynald SECHER — JUIFS ET VENDÉENS, D'un génocide à l'autre, Olivier Orban, 1991, 233 p. Compte rendu de André Martin Après avoir soutenu une thèse de troisième cycle en 1983, puis une thèse de doctorat d'État en 1985, M. Reynald Secher en a tiré deux livres publiés presque simultanément en 1986, l'un chez Perrin, La Chapelle-Basse-Mer, village vendéen, et l'autre, aux Presses universitaires de France, Le Génocide franco-français. Le premier est un «carottage», limité au cas d'un village qui serait aussi son berceau familial, le second, une étude d'ensemble du drame vendéen. Dans les deux cas, une préface de Jean Meyer rend hommage au travail et à la probité de l'auteur. Au second livre Pierre Chaunu a ajouté un avant-propos des plus élogieux. En collaboration avec Jean-Joël Brégeon, M. Secher a également publié, chez Tallandier, un ouvrage, quasiment inconnu jusqu'ici, de Gracchus Babeuf, La guerre de Vendée et le système de dépopulation, première dénonciation de l'extermination des Vendéens par la Convention, et véritable cause, peut-être, de l'exécution précipitée de G. Babeuf. Ces trois livres ont apporté une certaine notoriété à M. Secher, et lui ont même valu quelque sympathie dans les mouvances de la «droite modérée» : vente de livres, signatures, conférences. MM. Meyer et Chaunu n'ont pas tort de souligner l'originalité de ce travail : si M. Secher n'est pas le seul à s'être penché sur les horreurs commises en Vendée, du moins a-t-il le mérite de le faire dans le cadre universitaire où, depuis longtemps, on préfère les Bleus aux Blancs. Pourtant, chaque fois que j'ai entendu M. Secher, j'ai éprouvé un malaise. Visiblement heureux de tenir la vedette devant un public tout acquis, et même amusé du bon tour qu'il avait joué à l'université jacobine, il ne manquait pas de faire remarquer, avec une nuance de regret et d'inquiétude, d'ailleurs compréhensible, que son courage lui avait fermé les portes de la carrière universitaire, voire de la haute administration. Mais, à chaque fois, son auditeur ne pouvait se défendre de l'impression que M. Secher n'attendait qu'une occasion pour se faire pardonner et pour rejoindre les Pierre Chaunu et l'Alma Mater. M. Secher vient de publier chez Olivier Orban un livre dont le titre, Juifs et Vendéens, d'un génocide à l'autre, est complété par un sous-titre : «La manipulation de la mémoire». «Ce livre, ne nous y trompons pas, n'est ni un pamphlet, ni un ouvrage de passion, mais le fruit d'une froide réflexion», affirme l'auteur dès les premiers mots de son introduction. De son propre aveu donc, il a pris le temps de réfléchir à ce qu'il écrivait, et il n'a pas cédé à un mouvement d'humeur. Pouvait-on «s'y tromper» ? Non, car son livre n'a rien d'un pamphlet, du moins d'un pamphlet dans la tradition française des Paul-Louis Courrier, qui mettent un point d'honneur à dénoncer les tares des puissants du jour plutôt qu'à plaire. Mais M. Secher a écrit un livre de passion, et même d'une passion quelque peu suspecte. En proie à une fièvre subite, il a décidé de sacrifier, si l'on peut dire, le drame vendéen sur l'autel de la Shoah juive. C'est ainsi que les malheurs des Vendéens vont servir de faire-valoir aux malheurs des juifs. La bizarre interversion contenue dans le titre de l'ouvrage est significative. Même s'il existe des ouvrages historiques où l'on invite le lecteur à remonter dans le temps, on ne dirait sans doute pas : 19391914, d'une guerre à l'autre. M. Secher a sacrifié l'ordre chronologique normal auquel aurait dû s'attacher l'historien à un ordre de préséance morale dont il fait bénéficier les «Juifs» au détriment des «Vendéens». Le professeur Faurisson qui, lui aussi, a procédé par «carottages» dans de multiples «vérités» de la seconde guerre mondiale et qui les voyait s'effondrer au fur et à mesure des vérifications, réclamait «une preuve, une seule preuve» — mais qui résiste au crible de l'analyse — de l'existence d'une seule chambre à gaz homicide. Avec la loi du 13 juillet 1990, le


425 gouvernement français inventait la «preuve législative». M. Secher invente aujourd'hui la «preuve vendéenne» : je vous apporte les preuves du génocide vendéen ; donc, vous devez croire au génocide des juifs. Si l'auteur se sert du génocide vendéen pour susciter l'émotion du lecteur au profit du génocide des juifs, on constate qu'il n'ose pas assimiler les deux génocides. Celui des juifs reste le «crime absolu». Les souffrances du «peuple saint» et celui de populations profanes ne sauraient se comparer. C'est ainsi que M. Secher insiste pour nous faire comprendre qu'il ne veut surtout «ni banaliser, ni relativiser le génocide juif» (p. 196). Dès la page 18, l'auteur mobilise l'émotivité et la subjectivité du lecteur, en rapportant, sans indication de lieu ni de date, un prétendu souvenir personnel : «une femme d'un certain âge se leva et, me regardant droit dans les yeux, prit la parole, cachant mal son émotion : "Monsieur, me dit-elle d'une voix chevrotante, […]. Je suis juive et j'ai perdu toute ma famille dans les camps d'extermination"» (souligné par nous). Si, après cela, le lecteur ose encore exercer son esprit critique et faire ainsi de la peine aux victimes, il encourra, comme R. Faurisson, la réprobation de la conscience universelle et, au besoin, la répression des tribunaux. Même procédé en conclusion, quand l'auteur explique qu'il a eu l'occasion de travailler dans un hôtel juif traditionnaliste aux États-Unis : «J'ai sympathisé avec le personnel et les clients dont la grande majorité était composée de survivants des camps de concentration. […] un vieil homme perclus de rhumatismes […]. L'émotion était trop forte […] il se mit à sangloter» (souligné par nous) (p. 217). Et, pour mieux emporter les dernières défenses du lecteur, l'auteur poursuit «naïvement» par un commentaire personnel. On aura remarqué la ressemblance de ces deux scènes dramatiques. Mais, dans la seconde, il n'est plus question que de «concentration», car le mot d'«extermination» jurerait avec celui de «survivants» dans l'ensemble «survivants des camps d'extermination». Pourtant, dans l'esprit de M. Secher, il s'agit bien des mêmes camps ! Faut-il que les exterminationnistes soient à court d'arguments et inquiets, comme en témoigne M. Secher lui-même quand ce dernier nous explique qu'il a écrit cet ouvrage «afin, éventuellement, de casser un processus de remise en question de la mémoire de la Shoah, processus déjà engagé» (p. 19). Les révisionnistes ne poussent-ils pas l'audace jusqu'à «exige[r] la publication de preuves» du génocide des juifs ? (p. 220) Alors que le substrat et l'intérêt du livre sont constitués par l'abondance des citations d'époque, qui établissent la volonté et l'exécution du génocide des Vendéens, l'auteur, qui avait apporté 716 notes et références à l'appui de son premier livre et 914 notes et références à l'appui du second, renonce ici quasiment à toute indication de source ou de référence. Il y a bien quinze renvois en bas de pages mais qu'on en juge : p. 91, et alors que le mot est déjà apparu plusieurs fois dans les pages précédentes, l'auteur s'avise de préciser que «brigands» veut dire «Vendéens», comme si le lecteur était incapable de comprendre tout seul ; mais, quelques lignes plus bas, il commence une longue citation du général bleu Danican, sans indiquer ni source, ni référence ; de même, p. 130, l'auteur cite une lettre, très révélatrice des conventionnels, au représentant du peuple Guezno ; mais il ne fournit ni source ni référence et consacre la seule note en fin de volume à reproduire sur quatre pages un poème de Victor Hugo ; quatre pages qui auraient été mieux utilisées à donner les sources et références des nombreuses et intéressantes citations réunies par l'auteur sur le seul thème du génocide vendéen. Ce procédé a sa raison d'être. Au premier degré, on habitue le lecteur à se satisfaire de citations sans références, et donc à s'en remettre à la «probité» supposée des auteurs, fussent-ils exterminationnistes. Au second degré, on suppose que le lecteur curieux voudra procéder à une vérification : avec un peu de persévérance, il pourra en effet trouver, dans les autres ouvrages de M. Secher, les sources et les références de la plupart des citations relatives au génocide


426 vendéen… et en déduire que toutes les affirmations sur tous les génocides doivent être également fiables, dans ce livre comme dans d'autres. M. Secher a soin d'indiquer les bons auteurs : Pierre Vidal-Naquet, Léon Poliakov, Elie Wiesel et, avec Victor Hugo, il ouvre la voie à tous les Lanzmann et autres Martin Gray : lyrisme et rhétorique font, à leur manière, fonction de preuves historiques. La lecture de Paul Rassinier, auquel il faut toujours revenir, nous rappellera que les exterminationnistes ont déjà revendiqué le droit à la «licence poétique». L'absence de références, surtout temporelles, est utilisée pour donner à des citations un sens qu'elles n'ont pas. C'est le cas pour l'usage parfaitement abusif qu'il fait d'un court fragment de Goering (p. 210). Il applique le vocabulaire exterminationniste [1] au récit du drame vendéen et il invoque le génocide juif à propos d'un texte de 1795 ou encore au sujet d'un texte de 1940 présenté comme visant un prétendu génocide des Polonais [2]. Franchissant un degré de plus, nous en arrivons aux faux parallèles et aux faux semblants. Ainsi : «En 1793, la France montagnarde programmait officiellement l'extermination de la population de la Vendée militaire [dont le livre énumère les preuves] … En 1941, l'Allemagne nationale-socialiste décidait de la même politique vis-à-vis des Juifs» (p. 14) sans preuve, mais on remarquera que, cette fois-ci, l'habile auteur n'a pas dit «officiellement» ; «certains, décideurs et exécutants [du génocide vendéen], avaient pris la précaution de ne jamais rien écrire … Précaution que d'autres, comme les nazis, prendront aussi ! » (p. 87-89), argument qui revient plusieurs fois [3]. Qui faut-il croire ? Le polémiste qui vole au secours des exterminationnistes en cherchant à expliquer la pénurie de preuves, qu'on affirmait surabondantes ? ou le même qui invoque une «routine de la mort … administrative, paperassière, tracassière à l'excès» (souligné par nous) (p. 208) ? Qui dit paperassière dit papiers, qui dit papiers dit preuves ; si ces preuves ont été trouvées, qu'on les produise ; si elles n'ont pas été trouvées, qu'on s'abstienne d'accuser ; mais surtout qu'on n'aille pas détourner des preuves de la déportation pour en faire des preuves d'une extermination. La page 209 offre également un exemple de sournoise insinuation quand l'auteur explique que «L'Allemagne nazie confisquera tous les biens juifs ; la Convention débattra souvent de cette idée vis-à-vis de ceux des Vendéens pour finalement l'abandonner sous le prétexte frileux qu'"on ne les avait pas suffisamment exterminés"». Rédaction qui suggère que, si l'Allemagne nazie a confisqué tous les biens juifs, c'est parce qu'elle avait «suffisamment exterminé» les juifs, et on espère que le lecteur sera assez naïf pour accepter l'idée que la confiscation implique l'extermination, et non, plus simplement, l'émigration ou la déportation [4]. Tout au long de son livre, M. Secher égrène des phrases troublantes : parce que ces phrases peuvent être lues dans le sens contraire à l'histoire officielle de la seconde guerre mondiale que M. Secher prétend soutenir ; par exemple, une citation du général bleu Danican : «toutes les intrigues de cette guerre sur laquelle on a constamment menti» (p. 92) ; ou parce que ces phrases suggèrent de terribles parallèles avec 1945 si l'on remplace «Vendéens» par «Allemands» ; par exemple, dans la citation d'une lettre adressée au représentant du peuple Guezno : «il faut tout sacrifier pour mettre l'opinion de notre côté. Il faut supposer que les chefs insurgés [sont des criminels]. […]. Fais intercepter des courriers porteurs de semblables lettres […]. Il faut [rendre] les Vendéens coupables aux yeux de la nation du mal que nous leur ferons» (p. 130-131) ; par exemple encore, ce commentaire de l'auteur lui-même : «Il fallait accuser les Vendéens de tous les maux» (p. 185). L'auteur est sujet, dirait-on, à de brusques poussées de révisionnisme, qu'il réfrène :


427 «A l'occasion des procès ou de la rédaction de mémoires, d'autres avocats, comme Réal, ou des écrivains journalistes, comme Babeuf, demanderont l'accès aux "papiers publics" : on le leur refusera pour des prétextes divers.» (p. 90) ; heureusement pour lui, M. Secher s'abstient d'établir ici le moindre rapport avec l'interdiction faite aujourd'hui aux chercheurs d'accéder aux archives d'Arolsen, si riches en informations sur le sort réel des déportés juifs ! – «La Convention thermidorienne se rassurait : son honneur était sauf et l'oubli certain, d'autant plus que la Vendée, toujours hors la loi, ne pouvait saisir la justice.» (p. 94) ; M. Secher se garde à nouveau d'établir ici un rapport avec les années 1945 et suivantes et même il s'indigne (p. 220) contre ceux qui osent parler des décès allemands dans les camps créés par les Alliés après la défaite ; «Bien entendu, aucun historien officiel ne reprendra les fruits de cette enquête» (p. 181) ; là encore, M. Secher s'abstient d'établir le moindre rapport avec les enquêtes révisionnistes. Aux pages 199-200, on frôle la subversion politique : «Une fois le pouvoir conquis et confisqué, malheur à celui qui s'oppose à cet ordre nouveau […]. Les discours, la dotation d'avantages et de privilèges confirment les "bons" dans leur suprématie, alors que parallèlement les "mauvais" sont sanctionnés (on dit aussi "punis"), déchus de leurs droits, mis officiellement au ban de la société sous le couvert d'une loi servile.» On se prend alors d'une certaine sympathie pour M. Secher, et on se souvient que, dès la page 13 de ce livre, il nous livrait un souvenir personnel : «les étudiants se retrouvaient à la cafétéria et s'amusaient à se raconter ce qu'ils s'étaient imposés d'écrire pour ne pas être collés [par les professeurs]». Était-ce un signe ? pour tenter de faire comprendre aux initiés ce que certains jeunes historiens doivent s'imposer ? Malheureusement, M. Secher ne peut pas être acquitté au bénéfice du doute. Son livre n'est pas une plaisanterie d'étudiant, mais le gage qu'un jeune ambitieux donne au système politicoreligieux qui entend maintenir l'Europe dans l'hypnose de la Shoah. Il s'inquiète : «Et que va-t-il se passer […] lorsque […] les historiens prendront le relais ? […] Alors tout ira très vite et on parlera de légendes juives […]. L'œuvre d'Anne Franck sera assimilée à une œuvre romanesque, les témoignages comme ceux de Kurt Gerstein, de Steiner, de Rousset, d'Hoss, de Goldstein, de Kogon, de Tillon et combien d'autres, seront dénoncés comme partisans et [comble de l'horreur !] contrebalancés par ceux des Allemands» (souligné par nous) (p. 220-221). M. Secher trahit là sa méconnaissance du sujet. Il jette pêle-mêle sur le papier les noms les plus disparates, dans le pire désordre chronologique, et il estropie comme à plaisir l'orthographe de ces noms. Il joue de malchance avec le choix qu'il en fait : du Journal d'Anne Frank (et non pas Franck), même un P. Vidal-Naquet a dû écrire qu'il était «sinon une "supercherie littéraire", du moins un document trafiqué» (Les Assassins de la mémoire, La Découverte, 1987, p. 31) et la stupéfiante édition des Journaux d'Anne Frank en 1986 par H. Paape confirme ce jugement ; les témoignages de Kurt Gerstein sont totalement discrédités depuis l'étude qu'en a faite Henri Roques et depuis ce qu'en a dit Raul Hilberg en 1985 au procès Zündel à Toronto ; au sujet de Jean-François Steiner, célèbre en fin de compte pour avoir fabriqué, en collaboration (secrète) avec le romancier Gilles Perrault, un faux vrai Treblinka, voici ce qu'écrit le même P. Vidal-Naquet : D'abord, toute une sous-littérature qui représente une forme proprement immonde d'appel à la consommation et au sadisme doit être dénoncée. [Note :] Chacun complètera ce que j'indique ici. Les noms de Christian Bernadac, de Silvain Reiner, de Jean-François Steiner viennent immédiatement au bout de la plume […]. Je suis tombé [à une époque] dans le piège tendu par Treblinka de J.F. Steiner (Fayard, 1966) (Ibid., p. 27 et note 24 de la page 193) ;


428 David Rousset a écrit un récit sur son internement à Buchenwald (camp réputé sans chambre à gaz) et il est plus un essayiste de talent qu'un historien ; Rudolf Hoess (et non pas Hoss) est l'un des trois commandants successifs d'Auschwitz et plus aucun historien ne s'appuie sérieusement sur les confessions délirantes qu'il est censé avoir rédigées pour ses geôliers et où il parle de 3 millions de morts à Auschwitz, tandis qu'aujourd'hui les historiens s'en tiennent provisoirement à la moitié de ce chiffre, avant de le réduire encore dans des proportions considérables quand «Arolsen» aura décidé de publier les «registres mortuaires» du camp ; Maurice Goldstein, si c'est de lui qu'il s'agit, préside le Comité international d'Auschwitz à Bruxelles ; il n'a pas apporté de contribution particulière à l'histoire d'Auschwitz ; Eugen Kogon, qui était à Buchenwald, n'a jamais apporté la preuve d'un génocide juif et surtout pas dans Les Chambres à gaz, secret d'État (Éd. de Minuit, 1984) ; Germaine Tillion (et non Tillon) a beaucoup parlé d'une prétendue chambre à gaz à Ravensbrück, mais seulement sur la foi de rumeurs ; Olga Wormser-Migot a souligné les graves faiblesses de ce «témoignage» (Le Système Concentrationnaire nazi, 19331945, P.U.F., 1968, p. 541). L'intention politique de M. Secher est évidente lorsque, contre «l'Allemagne réunifiée», il reprend les méthodes qui ont déjà bien servi : «On glisse vers l'horreur la plus vile […] on tanne la peau des victimes, on fait fondre les corps pour retirer de la graisse [5]. Le nazisme y ajoutera un cocktail de modernités au nom de la science» (p. 207) ; «Le "génie allemand" invente le gaz, arme anonyme et absolue.» (p. 208) ; «seuls Hitler et quelques fanatiques seraient coupables. Quant au peuple allemand, il est excusé […]. Oubliées la rédaction et la publication de Mein Kampf (1923-1925), oubliés les votes en faveur du Parti national-socialiste en 1930, 1932 et 1933» (p. 218) [6]. M. Secher dénonce aussi la responsabilité des Français dans le génocide juif : «Pareillement, seuls quelques Français seraient responsables […]. Pétain n'a-t-il pas été doté des pleins pouvoirs […] ? » (p. 218) [7]. Cette fois, nous sommes dans l'actualité immédiate ; M. Secher plaide pour les thèses de Me Klarsfeld et contribue à préparer le terrain pour que la France décide enfin de verser des indemnités à Israël, ainsi que le fait l'Allemagne depuis quarante ans. Comme dans les trahisons de romans, l'auteur n'hésite pas à compatir au malheur de la France. Il ne nous épargne pas les sentiments : «il ne faut à aucun prix que nous oubliions ce drame [juif] […] par devoir envers l'humanité» (souligné par nous) (p. 211) ; «La responsabilité du crime est bien collective, nationale et internationale.» (p. 219) [8] ; «notre faute» (souligné par nous) (p. 219) ; et ce sublime : «malgré le poids des idéologies, des intérêts personnels et notre amour-propre individuel ou national» (p. 222). Nous ne chercherons pas les intérêts personnels de M. Secher. Pendant qu'il nous prêche la culpabilité et la punition d'un péché non démontré, le bon apôtre assure son «salut» individuel en intégrant la caste des «prêtres et des lévites» [9], précisément par cet acte de haute piété qui consiste à nous maintenir, nous ses lecteurs potentiels, nous les Européens, dans ce que nous pouvons appeler, en parodiant SaintPaul, «la servitude du pseudo-péché». Ce péché, si grave quoique non démontré, justifie toutes les inquisitions, toutes les lois Gayssot : «D'où la nécessité de rester vigilants et d'accepter la vérité, toute la vérité, même si elle est cauchemardesque, de la cultiver et de l'entretenir» (p. 212). M. Secher nous paraît donner ici dans la pathologie morbide. Mais le plus terrible aveu est sans doute dans la réponse que l'auteur apporte à une question qu'il se pose à lui-même, à la page 216. Constatant que la France a voulu rayer le génocide vendéen de son histoire (ce qui est un crime contre la vérité), il écrit : «Est-ce dire que le peuple a besoin pour se reproduire d'une histoire propre ? […] Je serais tenté de le croire». Mais alors,


429 quand nous reprochons avec insistance à l'Allemagne le génocide des juifs, encore plus inexpiable aux yeux de M. Secher que le génocide des Vendéens, est-ce que nous n'empêchons pas ce pays de «se reproduire» ? Il ne peut échapper à notre historien que le sentiment de culpabilité qui a été inculqué aux Allemands, et progressivement à tous les Européens depuis 1945, contribue à ce dégoût mortel, que nous leur voyons, d'eux-mêmes, de leur civilisation, de leur identité, de leur propre survie, un dégoût qui contribue à la baisse suicidaire de leur fécondité et qui constitue bien le plus vicieux et le plus réussi de tous les génocides. Il faut être reconnaissant à l'auteur d'avoir appelé notre attention sur ce système tortueux, mais ne pas oublier que, si le génocide des juifs n'a pas existé, la responsabilité de M. Secher dans la propagation du mythe est grave. M. Secher commet la maladresse d'écrire : «La Vendée a été déclarée coupable par ceux qui se voulaient et se veulent encore les héritiers de 1793-1794» (p. 171). C'est ici que s'écroule son édifice et se révèle son artifice. Les «héritiers» dont il nous parle sont tous les gouvernements depuis lors, à l'exception, assez relative d'ailleurs, des quinze années de la Restauration ou des quatre années de «Vichy». Ces «héritiers», ce sont aussi tous les gouvernements depuis LA «libération», tous ceux qui, «consensuellement», ont pris leur part des commémorations du «bicentenaire». Si donc il est vrai — et il est vrai, car le fait est établi par des preuves certaines — que le génocide vendéen a été commis puis occulté et que l'histoire de France a été truquée sur ce point (et tant d'autres !), ce ne peut être que par le fait des gouvernements, des pouvoirs politiques, des historiens appointés de la République, et avec des moyens d'État considérables (10), au bénéfice des idéologies et des hommes qui participaient et participent encore à ces pouvoirs. Ce sont ces mêmes pouvoirs, ces mêmes groupes d'intérêts ayant célébré LE «bicentenaire», qui nous obligent à croire aux chambres à gaz hitlériennes et au génocide des juifs ; et, pour ce faire, ils se sont dotés d'une loi sans précédent dans l'histoire des démocraties modernes : la loi Gayssot. M. Secher est homme prudent et habile et il n'a garde d'être trop précis. Mais il résulte quand même de son livre que ceux qu'il dénonce comme les falsificateurs de l'histoire de la Vendée, ces héritiers de 1793-1794, seraient les vertueux défenseurs de la vérité de la seconde guerre mondiale ; il voudrait nous faire croire que ceux qui n'ont pas hésité à truquer l'histoire de France au profit de leur idéologie et de leurs intérêts n'auraient eu aucun intérêt et n'auraient jamais osé truquer l'histoire de l'Allemagne ni celle de la seconde guerre mondiale. M. Secher ne se trompe pas : il sait où sont les «avantages» et les «privilèges» (p. 200) et il a trouvé un moyen ingénieux pour rentrer en grâce. Mais il nous trompe. Les historiens qui ont nié et occulté le génocide vendéen, qui ont truqué cette page de l'histoire de France pour «laver le modèle [républicain] de toute souillure, [et] ôter la tache de sang vendéenne» (p. 173) ont nié et occulté des faits bien réels, établis par des preuves certaines, nombreuses et concourantes, qui permettent aujourd'hui à un Reynald Secher de rétablir la vérité et de «réviser» l'histoire officielle sur ce point. Ces historiens ont touché les dividendes de leurs services. Au contraire, les quelques hommes courageux qui osent rechercher la vérité sur la seconde guerre mondiale sont persécutés. Ils ont dû faire le sacrifice de leur carrière, et parfois même celui de leur vie. Ce que M. Secher ne veut surtout pas savoir, et moins encore dire, c'est que les prétendus «faits incontestables» sur lesquels enquêtent les révisionnistes, le plus loyalement d'ailleurs, ne sont pas établis par des preuves de droit commun, et ne restent encore, après quelque quarante ans, que des croyances, ni plus ni moins respectables que d'autres, certes, mais qu'il est abusif et mensonger — mais pas innocent — de présenter comme des vérités démontrées.


430 Que M. Secher abandonne l'éloquence et l'anathème, et qu'il nous présente une preuve, une seule preuve de falsification commise par ceux qu'avec ses nouveaux amis il appelle, d'une formule creuse et assassine, les «assassins de la mémoire». En attendant ce jour, je me bornerai à respecter la loi Gayssot, mais que M. Secher ne nous en demande pas plus. 1) Le célèbre «solution finale» (p. 62) ; «N'en doutons pas» (p. 84), pour solliciter le sens d'une citation ; «On croit rêver ! » (p. 105), expression polémique qui prépare le lecteur aux mêmes «arguments» à l'égard du révisionnisme ; «Plus jamais cela» (p. 118) et «"de génération en génération"» (p. 125), dans des guillemets abusifs qui appliquent au génocide vendéen des phrases qui appartiennent désormais au rituel de la Shoah ; «à la grande stupeur [de ceux] qui en ont été les spectateurs, voire des victimes miraculeusement rescapées» (souligné par nous) (p. 174), argument courant des Victimes contre le révisionnisme ; «l'élimination de l'autre» (p. 199), terminologie typiquement contemporaine, appliquée par amalgame à la fois à la Vendée ou à la Shoah. Cette liste n'est pas exhaustive. 2) Il s'agit d'un article de Luc Durtain, publié par la revue Notre Combat, dans son numéro du 8 mars 1940, que j'ai sous les yeux. Il faut d'abord rappeler que cette revue est, comme les articles qui y sont publiés, caractéristique de la propagande de guerre et se présente d'ailleurs comme «le premier périodique né de la guerre […] dès septembre 1939». L'article de L. Durtain comporte dix-huit pages, qui prétendent décrire la situation apocalyptique de la Pologne tout en oubliant de parler du pacte germano-soviétique, du partage de la Pologne et de l'occupation de l'autre moitié par les Soviétiques. Il faut convenir que L. Durtain connaît son métier et que les formules dramatiques ne manquent pas. Cependant, elles ne concernent pas spécialement les juifs mais l'ensemble des Polonais. Un chapitre d'une page est consacré à l'Église catholique, qui lui-même succède à un chapitre d'une page et demie consacrée aux «non aryens». Le procédé de M. Secher consiste à ne fournir aucune citation de ces passages et à détourner la prose de M. Durtain pour y voir un «pressentiment» de la Shoah. C'est ainsi que se fabriquent les «prophéties» et les «preuves». 3) Il est tout à fait possible que «certains décideurs et exécutants», tant montagnards que nazis, aient pris la précaution de ne rien écrire. Les preuves du génocide vendéen, qui remonte à deux siècles, abondent néanmoins, comme le démontrent les propres travaux de M. Secher. Faute de toute preuve d'un génocide juif, qui remonterait à une quarantaine d'années, les exterminationnistes en sont réduits à prétendre que tous les nazis auraient pris cette précaution, nonobstant la «routine […] paperassière» invoquée à la page 208. Toutefois, comme ces papiers ne prouvent toujours pas ce qu'on veut y voir à tout prix, les exterminationnistes invoquent alors les «périphrases» et sollicitent les textes («solution finale territoriale», qui indique clairement la volonté d'expulsion ou de transfert des populations, devient magiquement «solution finale», plus facile à solliciter dans le sens de l'extermination) sous le prétexte d'un «code secret» dont les mêmes exterminationnistes seraient les seuls interprètes autorisés. Là encore, la «preuve» par la référence aux expressions imagées ou ordurières des révolutionnaires jacobins est aussi habile qu'inexacte : car ces crâneries individuelles n'ont rien à voir avec un code secret et s'ajoutent aux textes les plus clairs. De plus, cet «esprit» français est diamétralement opposé à l'esprit teuto-nazi. 4) L'auteur lui-même assigne la date de 1941 au début de la politique d'extermination (voy., à ce propos, l'article de Jessie Aitken, ci-dessus, p. 105-106). Que se serait-il donc passé de 1933 à 1941 ? N'y aurait-il eu aucune confiscation ? Pourquoi les journaux d'alors parlent-ils d'«extermination» dès 1933 ? et de déclaration de guerre économique à Hitler ? L'explication de toutes ces contradictions est simple : à cette époque, les mesures prises contre les juifs visaient à les contraindre à l'exil, et c'est dans ces mesures et dans cet exil que certains verront le commencement de ce qu'ils appelleront plus tard le «génocide».


431 5) Si ces crimes ont peut-être été commis par les Bleus, en revanche les histoires semblables imputées aux Allemands dès 1914 par la propagande de guerre ont fait l'objet d'excuses officielles de la part du gouvernement anglais au gouvernement de Weimar. Ce sont ces mêmes histoires qui ont été recyclées pendant la seconde guerre mondiale, mais, cette fois, les vainqueurs avaient intérêt à ne pas présenter d'excuses. A l'exception des chambres à gaz, sur lesquelles les avis restent toujours partagés, les historiens ont abandonné toutes ces légendes. M. Secher n'a pas de scrupules et il retarde. 6) La passion n'excuse pas de tels raisonnements : ni Mein Kampf, ni le parti nationalsocialiste n'ont parlé d'extermination, mais d'expulsion ou d'éviction économique, culturelle, politique. 7) Le Maréchal Pétain a reçu les pleins pouvoirs d'une chambre du Front populaire. A suivre le raisonnement de M. Secher, on peut se demander si les électeurs de Léon Blum n'auraient pas une part de responsabilité dans le génocide des juifs. 8) Cette culpabilité «internationale» ouvre de bien intéressantes perspectives de «réparations» à l'État d'Israël. On retrouve là comme la version sioniste de la Cité sainte invoquée par la Thora, et des tributs que tous les peuples de la terre apporteraient alors à Jérusalem. 9) J'emprunte l'expression à Mgr Lustiger, qui n'a pas encouru de procès. 10) L'auteur a raison de citer Taine, ou de faire remonter à 1830, c'est-à-dire à LouisPhilippe, l'offensive de falsification et de propagande, si bien analysée et dénoncée dans l'intéressante Histoire d'une histoire esquissée pour le troisième cinquantenaire de la Révolution française, publiée par Daniel Halévy en 1939 aux éditions Grasset. Trop souvent un historien se gausse des énormités de propagande qui s'étalent ingénument dans les manuels d'histoire d'autrefois et ne se rend pas compte que nos manuels d'aujourd'hui foisonnent d'énormités identiques. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p.152-164


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DACHAU : VERSION OFFICIELLE REVUE ET CORRIGÉE Paul BERBEN — Dachau : 1933-1945, The Official History, Londres, The Norfolk Press, 1975, 300 pages [Édition en français : Histoire du camp de concentration de Dachau (1933-1945), Comité International de Dachau, Bruxelles, 1968]. Compte rendu de John COBDEN (Cette recension est parue dans The Journal of Historical Review, hiver 1989-1990, p. 485504) Il arrive que des ouvrages «révisionnistes» importants aient pour auteurs, non des révisionnistes, mais des gens qui croient en la théorie exterminationniste. Arno Mayer, avec son livre Why Did the Heavens Not Darken ? [1], est un cas d'espèce, quand il destitue Auschwitz en tant que centre de gazage et reconnaît que la plupart des décès dans les camps, y compris dans ce que l'on appelle les «camps de la mort», provenaient de causes «naturelles» et non de gazages ou d'exécutions. Un autre livre qui, remarquablement, vient en aide à la cause révisionniste est celui de Paul Berben, Dachau : 1933-1945, The Official History. Ce livre commence par poser en principe que Dachau était un «camp d'extermination», puis il démolit implicitement sa propre thèse. Le Dachau : 1933-1945 de P. Berben fut publié la première fois en Belgique en 1968, puis republié en 1975 par Norfolk Press «à l'initiative et sous les auspices du Comité International de Dachau (CID)». Ce comité «représente les dizaines de milliers de déportés qui furent exterminés dans ce camp de la mort ainsi que les rescapés de cet enfer» [2]. Il s'agit incontestablement d'une histoire officielle : l'édition anglaise de 1975, recensée par le présent article, contient une déclaration disant qu'elle a été «publiée uniquement pour la vente dans l'enclos du mémorial du camp de Dachau». [Version originale française : Paul Berben, Histoire du camp de concentration de Dachau (1933-1945 ; surtitre : Dachau 1933-1945 / L'Histoire officielle, Bruxelles, Comité international de Dachau, 1968, 301 p. (édition corrigée 1976, 329 p.).] Le livre soutient ce que l'on pourrait appeler la version œcuménique de l'Holocauste, d'après laquelle ce ne sont pas seulement six millions de juifs qui furent exterminés délibérément par les Allemands, mais des millions d'autres encore, communistes, Slaves, Tziganes, etc. La préface, écrite par le président du CID, le général major Dr A.M. Guerisse, G.C., D.S.O. (alias commandant Pat O'Leary, R.N.), affirme [dans son édition anglaise] que «Des millions et des millions de gens ont souffert les horreurs des camps de concentration ; on y a exterminé des millions d'entre eux. Leur crime avait été de combattre pour la liberté, pour les droits de l'homme et pour le respect dû à tous les individus et à chacun d'eux». * L'auteur commence cependant par jeter un doute sur cette affirmation que les détenus des camps de concentration fussent des champions de la liberté et des droits de l'homme. Il ne fait pas mystère de ce que pas mal de détenus de Dachau avaient été envoyés en camp pour la raison qu'ils étaient des criminels de droit commun. Et il ne s'agissait pas d'un petit groupe. Si l'on en croit P. Berben : La troisième grande catégorie de détenus était celle des «criminels». Dans les statistiques, les SS distinguaient deux groupes : les PSV et les BV, mais ils portaient les mêmes insignes. Les PSV (Polizeiliche Sicherungsverwahrung) étaient des criminels qui avaient purgé leur peine de prison parfois depuis des années, mais on les jugeait dangereux et on les enfermait au camp de concentration à titre préventif (vorbeugend)… Quant à l'autre catégorie, les BV (Befristete Vorbeugungshaft), elle se composait d'hommes qui, au moment où ils avaient accompli leur peine, n'étaient pas remis en liberté mais envoyés directement au camp [3].


433 Il semble hautement invraisemblable que les nombreux membres de ce groupe (même après que des milliers d'entre eux eurent été transférés ailleurs pour diverses raisons, il y avait encore dans le camp 759 criminels le 26 avril 1945) ne fussent là que pour avoir été des défenseurs des droits de l'homme. Il semble également peu probable que bien des prisonniers politiques, spécialement les communistes, fussent des défenseurs des droits individuels. A la lumière des atrocités commises par les communistes partout en Europe et en Asie, de 1917 à 1945, et après, il est certainement pour le moins naïf, et mensonger dans le plus mauvais cas, de dépeindre ces gens comme des combattants de la liberté. Toutefois, la plupart des prisonniers du camp étaient des prisonniers politiques, dont une grande part de communistes ou de sympathisants. Un recensement effectué au camp le 26 avril 1945 montre que 43 401 prisonniers étaient internés pour raisons politiques. En revanche, le nombre des juifs dans le camp était de 100 ; 128 prisonniers étaient d'anciens soldats chassés de la Wehrmacht ; 110 étaient détenus comme homosexuels, 85 étaient témoins de Jéhovah ; et 1 066 étaient enregistrés comme «asociaux». Qu'en est-il des «dizaines de milliers de déportés qui furent exterminés dans le camp de la mort», selon la version de l'auteur ? P. Berben prétend pour commencer qu'il y avait une chambre à gaz homicide à Dachau, mais finalement il déclare que «la chambre à gaz de Dachau n'a jamais été utilisée» {4]. Comme presque tous les auteurs exterminationnistes qui prétendent que la «chambre à gaz» de Dachau n'a jamais été achevée, ou qu'elle a bien été achevée mais jamais utilisée, P. Berben n'offre aucune preuve acceptable qu'il y eût à Dachau une pareille installation, pas plus qu'il n'explique comment de nombreux détenus de Dachau ont pu jurer que des milliers de victimes y avaient été gazées. Le livre nous présente néanmoins un chiffre précis des décès durant les années de guerre à Dachau. D'après un tableau [5], le nombre des morts au camp principal de Dachau et dans les commandos extérieurs se monta à 27 839 pour les années 1940 à 1945 (une fois encore, P. Berben passe sous silence le fait qu'on ait affirmé, sur un panneau affiché à l'entrée du camp, que 238 000 personnes avaient péri à Dachau). L'analyse de ce chiffre permet certains aperçus intéressants. Sur les 27 839 décédés, on nous rapporte que 2 226 sont morts en mai 1945, après la libération du camp par les Américains. En d'autres termes, 8 % bien comptés des décès du temps de guerre à Dachau se sont produits pendant un mois où le camp se trouvait aux mains des Alliés. Si l'on voulait citer des chiffres pareils en dehors de leur contexte (c'est-à-dire sans tenir compte des causes de décès), il pourrait en résulter un préjudice contre l'occupant américain. D'après les chiffres fournis par P. Berben, durant les 65 mois écoulés depuis janvier 1940 jusqu'à mai 1945, 27 839 prisonniers sont morts pour toutes sortes de causes, ce qui conduit à la moyenne mensuelle de 428 [6]. D'où il s'ensuit qu'au cours du premier mois où Dachau s'est trouvé sous autorité alliée, le taux des décès fut de 400 % plus élevé que la moyenne. Il ne fait aucun doute que quiconque aurait à défendre les «libérateurs» américains de Dachau aurait tôt fait d'établir et de défendre le fait que la cause des décès ne tenait pas dans un programme d'extermination américain, mais dans le prolongement de la contagion qui avait ravagé Dachau dans les mois qui avaient précédé la capture du camp à la fin d'avril 1945. Exactement ! Dachau fut victime, à partir de la fin 1944, d'une épidémie dévastatrice (principalement de typhus). De novembre 1944 à la fin de mai 1945, 18 296 détenus sont morts, représentant 66 % des décès des années de guerre. Si l'on tient compte des décès qui ont eu lieu de novembre 1943 à mars 1944 (autre période d'épidémie), le nombre des victimes s'élève à 19 605, soit 70 % des victimes du temps de guerre. Si les chiffres fournis par l'histoire officielle sont corrects, et que l'on tient compte des décès survenus durant les épidémies, il nous reste 8 234 victimes pour une éventuelle extermination. Mais P. Berben ne cache aucunement que la maladie et la morbidité constituaient un problème permanent et que, année après année, de nombreux décès étaient dus à des causes naturelles de


434 cette sorte. Il fait aussi remarquer que de nombreux individus se suicidaient, que certains prisonniers dont on était convaincu qu'ils travaillaient pour les nazis étaient assassinés par leurs codétenus et qu'un certain nombre périrent dans les bombardements alliés. P. Berben note qu'un seul bombardement d'une usine où travaillaient des prisonniers en tua 223, en mars 1944 [7]. Dans un autre cas, l'éboulement d'un tunnel dans une usine provoqua la mort de 22 détenus. Un bombardement allié, au même endroit, en tua 6 autres plus tard. Ces deux seuls incidents rendent compte à nouveau de 251 décès dans le camp, soit près de 1 % de l'ensemble des morts. P. Berben prétend aussi que des exécutions eurent également lieu, principalement par fusillade. Mais ces exécutions n'entrent en compte que pour un très faible pourcentage, à peu près 0,0087 % [8]. P. Berben observe encore que Himmler voulait diminuer le pourcentage de décès dans les camps dans la mesure du possible, ce qui paraît curieux si le but était d'exterminer les prisonniers. La mortalité dans les camps obligea les SS à y prêter attention. A grand renfort de statistiques ils suivaient son évolution, non pas pour sauver des vies humaines, mais pour économiser de la main-d'œuvre. Le 30 septembre 1943 Pohl signalait à Himmler que la mortalité avait diminué à la suite de diverses mesures et il joignait à sa lettre une statistique détaillée pour chaque camp. On y trouve que pour Dachau le nombre de morts du mois d'août 1943 est de 40 pour un effectif moyen de 17 300, soit 0,23 %, alors que le mois précédent le pourcentage était de 0,32. On avait donc réalisé une diminution de 0,09. Dans les autres camps des résultats avaient également été obtenus. Sur un effectif total, estimé à 224 000 en août, il y avait eu 4 699 morts, soit 2,09 %, contre 2,23 % en juillet : le gain était donc de 0,14 % ! Himmler félicita Pohl pour les résultats, d'ailleurs incontrôlables, qu'il avait obtenus ! [9] Ce que l'on trouve dans cette histoire officielle de Dachau n'est pas la confirmation de la théorie exterminationniste, mais sa réfutation. Il devient rapidement évident qu'un pourcentage très élevé de décès peut s'expliquer autrement que par une «extermination». S'il est vrai que nous ne savons pas combien, parmi les morts non dues à l'épidémie, tombaient dans la catégorie des morts «naturelles», nous pouvons pourtant vraisemblablement supposer que beaucoup furent causées par la maladie, les accidents, les suicides et des causes naturelles. La dernière catégorie est importante parce que Dachau abritait bien des prisonniers âgés : une statistique établie par l'administration du camp mentionne, à la date du 16 février 1945, 2 309 hommes et 44 femmes de 50 à 60 ans ainsi que 545 hommes et 12 femmes de plus de 60 ans [10]. Cet aveu est assez significatif, puisque, selon la théorie exterminationniste en général, les prisonniers âgés souvent n'étaient pas même admis dans les camps, mais on les séparait des autres immédiatement à l'arrivée et on les gazait aussitôt. Dans un camp que le comité officiel de ses survivants appelle un «camp de la mort», nous trouvons toutefois 2 910 prisonniers avancés en âge qui, de toute évidence, n'avaient pas été exterminés. La théorie exterminationniste, soit dans sa version centrée sur les juifs, soit dans sa version plus étendue, nous a longtemps raconté que, tout comme les vieillards, les enfants étaient sélectionnés pour la mise à mort immédiate, vu qu'ils étaient incapables de travailler. Dachau, pourtant, abritait un nombre indéterminé d'enfants. P. Berben affirme qu'un groupe de prisonniers formaient un organe de gouvernement officieux [11], appelé le Comité international, et que ce groupe ouvrit une école pour les enfants dans le camp : Ainsi qu'il a été dit, même des enfants étaient détenus à Dachau à certaines époques. Le Comité international veillait à ne pas les laisser à l'abandon. Une école, dirigée par un instituteur yougoslave, fut organisée pour les enfants soviétiques, et les plus âgés furent placés dans des commandos [camps de travail auxiliaire de Dachau] où ils étaient sous la garde de


435 détenus qui tâchaient non seulement de les maintenir en bonne santé mais en outre de leur apprendre les rudiments d'un métier [12]. Vu que les enfants plus âgés étaient en âge de travailler, il n'est pas vraisemblable que les plus jeunes qui allaient à l'école travaillaient aussi. D'où il s'ensuit que, selon la théorie exterminationniste, ils auraient dû, eux aussi, avoir été supprimés immédiatement. Un élément important de la théorie exterminationniste tient dans la notion suivante : les prisonniers que l'on ne tuait pas immédiatement étaient soumis à l' «extermination par le travail», laquelle consistait en une vie d'esclave et des conditions d'existence misérables qui rendaient la vie du camp à la fois cruelle et courte. Sous un régime qui visait à tuer tous les juifs et autres «indésirables», on s'attendrait à ce que les détenus ne disposent que de fort peu de nourriture, de soins médicaux et d'autres commodités indispensables. On n'aurait certainement donné aucun ordre en vue de diminuer le pourcentage des décès, tout aussi bien qu'on n'aurait rencontré dans les parages aucun prisonnier âgé ou malade. Les aptes au travail auraient travaillé ; les autres auraient été mis à mort, et le plus vite aurait été le mieux. Mais, d'après la description que nous en donne ici cette histoire officielle, les Allemands à Dachau étaient résolus à maintenir les prisonniers en vie, même malades et âgés. * Les conditions de vie à Dachau, telles que P. Berben les décrit, fournissent de solides arguments contre la théorie exterminationniste. P. Berben esquisse l'historique du camp à partir de son ouverture, le 23 mars 1933. La première fois qu'il aborde réellement la question des conditions de vie dans le camp, c'est pour parler de la cuisine : La propreté de la cuisine amenait les visiteurs du Parti [nazi], des écoles de Junkers [13] et de la Wehrmacht, à faire la remarque que le traitement des hommes que l'on qualifiait de «rebut de l'humanité» était beaucoup trop bon [14]. Les conditions de vie dans le camp n'ont pas brusquement empiré en raison d'une décision d'extermination. Car pendant la plus grande part de l'histoire du camp, les conditions ont été franchement bonnes, si l'on tient compte du fait qu'il s'agissait d'une sorte de prison. P. Berben cite Wolfgang Jasper, conseiller de légation et membre, depuis 1935, d'une unité de cavalerie SS, qui déclara le 19 mai 1946 : Nous trouvâmes le camp [15] et les baraquements dans un état irréprochable et rigoureusement propre. Les détenus faisaient très bonne impression et ne paraissaient nullement affamés. Ils pouvaient recevoir des lettres et des colis et avaient une cantine où ils pouvaient acheter des articles. On s'occupait aussi des activités culturelles [16]. Il convient d'examiner la question de l'alimentation. Alors que P. Berben n'arrête pas de parler du manque de nourriture, son propre livre contredit ce qu'il nous raconte. Les repas ordinaires, encore que P. Berben parle constamment de leur insuffisance, étaient naturellement servis par les cuisines. D'autres sources de vivres existaient encore, et elles semblent avoir été nombreuses. P. Berben observe que les autorités officielles du camp augmentèrent en fait le nombre des repas pour certaines catégories de travailleurs durant la guerre : Lorsque, pendant la guerre, les besoins en main-d'œuvre devinrent pressants, des suppléments de nourriture furent alloués afin d'augmenter le rendement. Certaines catégories de travailleurs reçurent alors un petit déjeuner supplémentaire fort apprécié, le «Brotzeit», constitué par un huitième ou un dixième de pain et une cinquantaine de grammes de saucisson [17]. On sait peu qu'il y avait au camp une cantine où les prisonniers pouvaient acheter des vivres. Ainsi que le note P. Berben, «l'argent apporté à l'arrivée, ainsi que celui qui était envoyé au détenu par la suite, était placé à son compte […]» [18]. En 1942 un système de «bons-primes» fut institué et les détenus ne purent plus être en possession d'argent, parce que l'on pensait que l'argent mis entre les mains des détenus leur faciliterait l'évasion. «L'argent au compte devait


436 être utilisé à l'achat des articles disponibles à la cantine» [19]. P. Berben énumère un certain nombre d'articles proposés en vente à la cantine : On vendait de la marmelade de betteraves, du gruau d'avoine, de la choucroute, des légumes secs, des moules et du poisson en conserve, des concombres, des condiments, etc. […] On trouvait également à la cantine des articles comme du fil et des aiguilles et surtout des lotions, des crèmes, des parfums. Ainsi, le détenu, tondu à ras, était invité à acheter de quoi soigner sa chevelure ! [20] La S.S. est blâmée parce qu'elle tirait de la cantine des «bénéfices considérables». Mais quand bien même les prix étaient extrêmement élevés, des «bénéfices considérables» n'auraient pas pu être réalisés sans de considérables ventes. D'après P. Berben, «Alors qu'avant la guerre on pouvait acheter un grand nombre d'articles, la cantine perdit graduellement de son intérêt et peu à peu on ne trouva plus rien à manger ni à boire» [21]. La façon dont les marchandises disparurent des rayons peut paraître futile, mais en fait elle est très importante. Si le régime national-socialiste avait résolu d'exterminer les prisonniers, il n'aurait évidemment pas manqué de fermer la cantine et de simplement confisquer tous les avoirs inscrits aux comptes des prisonniers. Mais la cantine ne fut pas fermée brusquement. Au contraire, «elle perdit graduellement de son intérêt» et la marchandise disparut des rayons «peu à peu». Mais la marchandise disparut «peu à peu» des rayons des magasins à travers toute l'Allemagne au fil de la guerre. Nous pouvons en conclure que les détenus de Dachau subissaient la disette exactement de la même manière que le peuple allemand. En plus des repas normalement prévus et du second petit déjeuner, et de ce que les prisonniers pouvaient se procurer à la cantine, on disposait d'autre nourriture encore. «A partir de la fin de 1942, des envois importants de vivres et d'autres objets utiles arrivèrent ainsi au camp […]» [22]. Les parents et amis des prisonniers envoyaient au camp des colis de vivres. En plus de ces colis, «les envois effectués par la Croix-Rouge apportèrent également une aide dont on ne saurait assez souligner l'effet bénéfique» [23]. P. Berben dit que les envois de la seule Croix-Rouge consistaient en «milliers» [24] de colis. Dachau servait de camp de rassemblement pour tous les détenus qui appartenaient au clergé, soit environ 2 700 détenus. Selon P. Berben : A partir de novembre [1942] l'envoi de colis aux religieux fut officiellement autorisé et la situation alimentaire s'améliora sensiblement. Surtout les Allemands et les Polonais en reçurent des quantités considérables, de leurs familles, de leurs paroissiens et de membres de communautés religieuses. Au block 26, il en arrivait parfois une centaine le même jour [25]. Les religieux continuèrent à recevoir de «considérables quantités» de nourriture presque jusqu'à la fin de la guerre : Cette période d'abondance relative dura jusque vers la fin de 1944, lorsque les entraves apportées aux communications interrompirent les envois de colis. Cependant les religieux allemands reçurent encore des vivres par l'intermédiaire du curé-doyen Pfanzelt, de Dachau, auquel des correspondants envoyaient des timbres de ravitaillement : le prêtre achetait du pain et du saucisson et expédiait les paquets par la poste locale [26]. Ainsi donc, pendant que P. Berben se lamente à propos du manque de nourriture, il nous raconte que les prisonniers avaient des repas réguliers, que certains bénéficiaient d'un second petit déjeuner, que «des quantités considérables» de nourriture parvenaient aux prisonniers par la poste, que les colis de la Croix-Rouge arrivaient par «milliers», que l'on pouvait acheter des vivres à la cantine, que les membres du clergé en recevaient des «quantités considérables» de leurs paroissiens et que «cette période d'abondance relative dura jusque vers la fin de 1944». Tout cela prit fin, non parce que les nazis avaient résolu d'affamer les gens, mais parce que «les entraves apportées aux communications interrompirent les envois de colis». Pourtant, en dépit de l'aveu que le prisonnier ordinaire disposait de grandes quantités de nourriture, P. Berben


437 écrit que «les moyens licites de se procurer des suppléments n'étaient accessibles qu'à un nombre restreint de privilégiés» [27]. * P. Berben nous raconte en long et en large comment le gouvernement national-socialiste développa les services de santé, tout au long de la guerre. Il relate comment, lors de la création du camp en 1933, on ne disposait que d'un service médical fort réduit. Mais, lorsque le camp prit de l'extension, on y inclut un hôpital : Dans le nouveau camp, le «Revier» [28] fut d'abord constitué par les blocks A et B de la rangée est ; ils comprenaient une salle d'opération équipée de façon moderne, qui fut doublée en 1939. On ne manquait jamais de montrer aux visiteurs ces installations qui témoignaient de «l'intérêt que les SS portaient à la santé des détenus» [29]. Au fur et à mesure de la guerre, les besoins du service de santé se firent plus pressants : En 1940, les deux blocks A et B ne suffisaient plus et on étendit le «Revier» aux blocks 1, 3 et 5. Mais c'est surtout à partir de 1942 que l'augmentation des effectifs provoqua l'extension de l'infirmerie : en septembre de cette année, elle englobait 7 blocks dont un n'avait pas de chambres de malades et était réservé aux bureaux, à la pharmacie et au laboratoire et à des locaux pour la station d'essais. Dans la deuxième moitié de 1944, les 7 blocks furent reliés entre eux par un long corridor fermé, puis on annexa encore au Revier les trois blocks suivants, 11 à 15… [30] Dans l'histoire officielle de P. Berben, les soins hospitaliers prodigués aux détenus sont continuellement l'objet d'éloges : Les installations étaient complètes et modernes et, dans des conditions normales, des spécialistes auraient pu y soigner toutes les affections et exercer leur art avec toute l'efficacité voulue. Les opérations s'effectuaient dans deux salles bien équipées ; le laboratoire était bien monté et on put y effectuer les analyses nécessaires jusqu'au moment où, à la fin de 1944, le service fut embouteillé. Il existait notamment un électrocardiographe et un matériel de radiographie Siemens du dernier modèle [31]. L'auteur affirme que le développement du service hospitalier fut profitable aux prisonniers : Ces modifications exercèrent un effet bénéfique sur la situation des malades. En général, une bonne entente régnait entre médecins et infirmiers détenus et leur coopération obtint des résultats heureux. C'est ainsi qu'à l'initiative des médecins, avec l'appui des infirmiers et l'aide d'artisans il fut possible de construire entre les blocks 11 et 13 une baraque spéciale permettant aux tuberculeux de faire des cures d'air. Les crachats étaient examinés au laboratoire, et la plupart des malades chez qui ils étaient trouvés positifs étaient hospitalisés et traités par des cures de repos et d'air et recevaient un supplément de nourriture [32]. Le livre montre clairement que les autorités du camp cherchaient à juguler la maladie au maximum. Elles s'efforcèrent d'imposer certaines pratiques d'hygiène qui, naturellement, devinrent de plus en plus difficiles à maintenir à mesure que la guerre progressait. P. Berben écrit : Il est évident que dans un camp où vivaient des milliers d'hommes sur un espace beaucoup trop restreint, dans des conditions déplorables, des mesures d'hygiène très sévères étaient indispensables. Pendant les premières années, lorsque les effectifs étaient encore relativement faibles, que les arrivées se faisaient par petits groupes, les mesures adéquates pouvaient être prises : les nouveaux passaient aux douches, étaient tondus, recevaient des vêtements et du linge, misérable il est vrai, mais lavé. Les chambres n'étaient pas surpeuplées ; les prescriptions au sujet de l'entretien des locaux, des vêtements et de la propreté corporelle étaient vexatoires et donnaient l'occasion de sévir contre les détenus, mais en définitive elles étaient favorables parce que la grande majorité des prisonniers comprenaient que, pour avoir une chance de survivre, ils devaient se soumettre à des règles strictes. Ils savaient que des


438 autorités du camp ils ne devaient rien attendre : quand des mesures d'hygiène collective étaient édictées, c'était uniquement pour préserver leur propre personnel et disposer du maximum de main-d'œuvre [33]. Une lecture même sommaire de cet ouvrage montre que les conditions de vie étaient fort décentes et ne se sont effondrées que tout à la fin de la guerre, lorsque toute l'Allemagne a sombré dans le chaos. * Outre que P. Berben reconnaît que l'on disposait de grandes quantités de nourriture et, en général, de soins médicaux de qualité, il fournit encore d'intéressantes informations sur les distractions offertes aux prisonniers de Dachau. Selon cet historien officiel, les détenus disposaient de dimanches pour se distraire et se cultiver. Il nous raconte que, le dimanche après-midi, les prisonniers pouvaient faire du sport, mais que cette mesure fut rapportée en 1938. Toutefois, «à partir de 1941, cette autorisation fut de nouveau accordée et on put se livrer à des activités culturelles. Le dimanche, une certaine liberté était accordée pour ces distractions» [34] : On organisa aussi des séances théâtrales, des concerts, des revues, des conférences. Parmi les milliers d'hommes qui peuplaient le camp, on trouvait tous les talents, grands et petits, des musiciens renommés et de bons amateurs, des artistes de théâtre et de music-hall. Beaucoup de ces hommes se sont dévoués d'une manière admirable pour procurer à leurs compagnons de misère quelques instants d'oubli et maintenir leur moral. Toutes ces activités étaient d'ailleurs très efficaces pour créer l'esprit de solidarité. Dans les derniers temps, il y eut aussi quelques séances de cinéma, une par quinzaine environ […] [35]. En plus de ces distractions, «le camp disposait d'une bibliothèque qui avait débuté très modestement mais qui comportait finalement environ quinze mille volumes […]. Le choix était extrêmement varié, depuis les romans populaires jusqu'aux grands classiques, les ouvrages scientifiques et philosophiques» [36]. P. Berben observe encore que «dans leur vie misérable de bagnards certains hommes ont malgré tout trouvé la force de s'intéresser aux arts, à la science, aux problèmes philosophiques» [37]. Et pour le cas où la bibliothèque n'aurait pas suffi à satisfaire les besoins de lecture du prisonnier, «les détenus pouvaient s'abonner à des journaux et des publications diverses […]». Les abonnements aux journaux furent autorisés jusqu'à l'extrême fin de la guerre. Un trait intéressant qui concerne Dachau et le loisir du prisonnier était l'existence d'une maison de prostitution carcérale : Au cours de l'été de 1943 [on notera que les exterminations sont censées avoir atteint leur plus haut rendement à cette époque], Himmler ordonna d'installer dans les camps de concentration des maisons de prostitution baptisées du nom de «Sonderbau» [bâtiment spécial]. Il prétendait par cette mesure résoudre le problème sexuel, combattre le vice contre nature et accroître le rendement des travailleurs […]. A la mi-décembre de 1944, [les prostituées] étaient treize [à Dachau] [38]. En quelque sorte, on peut dire que la vue d'une maison de prostitution pour détenus ne cadre pas avec une politique d'extermination de tous les détenus. * Le traitement du clergé mérite une attention spéciale. En raison de la politique générale allemande, la plus grande partie des clercs arrêtés fut transférée à Dachau, le nombre total étant de 2 720. Selon P. Berben : Le 15 mars 1941, les religieux furent extraits des commandos de travail, sur ordre de Berlin, et leur régime s'améliora. Ils reçurent des fournitures de couchage analogues à celles des SS, et des détenus russes et polonais furent désignés pour entretenir leurs chambres. Ils pouvaient se lever une heure plus tard que les autres détenus et se reposer dans leur lit deux heures le matin


439 et l'après-midi. Dispensés du travail, ils pouvaient se consacrer à l'étude et à la méditation. On leur fournissait des journaux et ils disposaient des livres de la bibliothèque. La nourriture était suffisante : ils recevaient parfois jusqu'à 1/3 de pain par jour. En outre, pendant un certain temps, un supplément substantiel leur fut fourni sous la forme d'un demi-litre de cacao le matin et d'un tiers de bouteille de vin journellement. Il semble bien que ces suppléments aient été fournis à l'intervention du Vatican [39]. Bien que les ecclésiastiques ne fussent pas astreints au travail, certains d'entre eux se présentèrent volontairement comme infirmiers pour l'hôpital à partir de 1943. Ce qui entraîna chez eux des décès en raison de l'épidémie de typhus qui dévastait le camp à cette époque. P. Berben remarque que «plusieurs d'entre eux furent victimes de leur dévouement, l'épidémie de typhus faisant rage à cette époque dans le camp» [40]. Les ecclésiastiques convainquirent aussi les autorités du camp de construire une chapelle pour les services religieux. Avant cela, les services se célébraient dans les baraquements pour les prisonniers. «Le travail patient des religieux et des laïcs avait, finalement, fait merveille. La chapelle, longue de 20 mètres et large de 9, pouvait contenir environ 800 personnes, mais souvent plus d'un millier s'y pressaient» [41]. «En 1944, les services se succédaient sans arrêt le dimanche : des prêtres catholiques de toutes les nationalités officiaient» [42]. Dans les derniers jours du camp, la chapelle devint quelque peu l'objet d'une discussion. A mesure que les prisonniers des camps à proximité du front étaient évacués vers l'intérieur, Dachau se surpeuplait. Lorsque les services médicaux devinrent défaillants, le typhus commença à exercer d'effrayants ravages. On essayait d'enrayer la maladie en désengorgeant les locaux. La direction du camp demanda aux prêtres la permission de transformer la chapelle en locaux d'habitation pour améliorer les conditions de vie. «[…] pour parer à la pénurie de logements qui devenait catastrophique, on proposa aux religieux de renoncer [à la chapelle]» [43]. Les ecclésiastiques restèrent inflexibles et, même pour des raisons sanitaires, il n'entendirent pas céder la chapelle. Ils rétorquèrent que tous les locaux du camp n'étaient pas utilisés comme logements pour les détenus et ils proposèrent qu'au lieu de la chapelle, plus grande, il est vrai, on utilisât plutôt la cordonnerie et la maison close du bloc 31. Ils ajoutèrent que «la chapelle pouvait tout au plus fournir le logement à 250 hommes, ce qui était négligeable en présence de l'afflux incessant de détenus» (44).Ce furent les religieux qui eurent le dernier mot. La direction du camp accéda à leur désir «et la chapelle fut maintenue jusqu'au dernier jour» [45]. * Si la routine quotidienne dans le traitement des prisonniers, telle que la décrit P. Berben, ne semble pas pouvoir s'inscrire dans un contexte d'extermination, les accusations d'expérimentation médicale suscitent en revanche un légitime sujet de préoccupation. Le camp était un centre d'expériences pour l'étude des effets de la malaria, de l'altitude et du gel. Les dommages causés par l'expérimentation doivent, à juste titre, être condamnés dans les termes les plus vifs. Il reste que l'essentiel de la cause instruite par P. Berben repose sur le témoignage d'un certain Walter Neff. Neff était un détenu qui travaillait au camp comme assistant du Dr Sigmund Rascher. D'après Neff, on a procédé à des expérimentations sur 180 à 200 prisonniers. Il affirme dans son témoignage que 10 d'entre eux étaient volontaires et que la plupart des autres, à l'exception d'une quarantaine, avaient été condamnés à mort. Au cours des expériences, dit-il, 70 à 80 prisonniers perdirent la vie. P. Berben ne dit pas clairement combien, parmi ces 70 à 80, avaient déjà été «condamnés à mort». Neff travailla avec le Dr Rascher à partir du début de 1941. Il fut libéré de sa détention au camp à condition de continuer à travailler avec le docteur. P. Berben raconte que Neff venait au camp en uniforme et armé d'un pistolet [46]. Au cours de son témoignage, Neff a prétendu qu'il travaillait dans l'intérêt des détenus et qu'il essayait de saboter le travail du médecin. Il a aussi prétendu avoir participé à une «révolte» dans la ville de Dachau quelques jours avant l'arrivée des troupes américaines. P. Berben écrit que le rôle de Neff «ne paraît pas toujours très clair en


440 ce qui concerne ses rapports avec Rascher et son intervention dans le choix des sujets d'expérience» [47]. Et pourtant, c'est sur le témoignage de Neff que repose le plus gros de la «preuve» des expériences médicales à Dachau. Selon P. Berben : L'essai le plus terrible auquel Neff ait assisté fut celui auquel deux officiers russes furent soumis. Extraits du bunker, ils furent plongés nus dans la cuve [d'eau glacée] vers 16 h et résistèrent au moins cinq heures. Rascher avait menacé de son pistolet Neff et un jeune aide polonais qui tentaient de donner du chloroforme aux deux malheureux. La scène, telle que Neff la décrivit au cours du procès, fut tenue pour invraisemblable par le Dr Romberg : selon lui, après 10 à 20 minutes, le sujet est rigide et incapable de faire un geste ou de proférer une parole, alors que, selon Neff, les deux officiers parlaient encore au cours de la troisième heure et se dirent adieu [48]. Neff n'eut pas l'occasion d'être confronté avec l'homme qu'il accusait de ces crimes. Rascher fut arrêté par la police allemande et emprisonné lui-même à Dachau. P. Berben et Neff s'accordent pour prétendre que Rascher fut exécuté par les Allemands à Dachau. Tous deux font observer qu'il fut fusillé et non pas gazé. Si l'on accepte les expérimentations médicales pour vraies, on n'a pas pour autant contredit la thèse révisionniste. Ces expérimentations étaient très limitées en importance et ne concernaient qu'une très faible partie des prisonniers. La plupart des détenus choisis étaient déjà condamnés à mort. P. Berben donne à entendre que la direction allemande se montrait préoccupée par les mauvais traitements infligés par le personnel du camp. Le commandant Alex Piorkowski, d'après P. Berben, «venait rarement dans le camp des détenus, était peu actif, s'en remettait à ses subordonnés auxquels il laissait la bride sur le cou et qui pouvaient traiter les prisonniers selon leur fantaisie» [49]. Mais Piorkowski fut démis de ses fonctions le 1er septembre 1942 et plus tard il fut exclu du parti nazi. Il fut remplacé par Martin Weiss, ancien commandant du camp de concentration de Neuengamme. P. Berben remarque que : Certains soulignent qu'il [Weiss] introduisit maint changement bénéfique dans l'administration du camp et qu'il contrôlait personnellement l'exécution de ses ordres. Il interdit aux kapos et aux doyens de frapper arbitrairement les détenus, examinait lui-même les rapports de punitions, déterminait le taux des sanctions et assistait à leur application de manière à empêcher les abus. Selon des détenus «privilégiés» [religieux, individus de haut rang], il fit souvent preuve de bons sentiments et leur procura maint allègement [50]. Weiss quitta Dachau pour prendre le commandement du camp de Lublin le 1er novembre 1943 et il fut remplacé par Wilhelm Weiter. Sous la direction de Weiter, les choses semblent bien être restées stationnaires. «La situation du camp ne subit guère de modifications dues à son action personnelle» [51]. Les conditions, du temps de Weiss, doivent avoir été fort convenables. P. Berben nous dit que, «Malgré l'abondance des témoignages favorables dont il bénéficia au cours du procès de Dachau, Weiss fut condamné à mort et exécuté [52]. Il eût été hautement improbable, surtout dans l'atmosphère lourdement chargée de l'après-guerre, qu'une «abondance de témoignages» eussent été déposés en sa faveur si Weiss avait été un monstre. Il est également intéressant de noter que, après sa mutation à Lublin, Weiss fut promu à la fonction d'Inspecteur des camps. Sous la direction de Weiter, les conditions restèrent fort convenables. Beaucoup de camps ont souffert sous la férule d'officiers sans scrupules : le gouvernement national-socialiste créa une commission spéciale d'enquête sur les conditions de vie dans les camps et sur l'honnêteté des officiers qui les dirigeaient. Le résultat de l'enquête conduisit à environ 200 condamnations. L'enquête sur la vie des camps se tint à Dachau de mai à juillet 1944. P. Berben signale que Konrad Morgen, le juge chargé de l'enquête sur le camp, «avait examiné soigneusement les


441 arrangements intérieurs, etc. L'hôpital était parfaitement en ordre. Il avait visité toutes les installations. Il n'y avait pas de surpopulation notable et, chose remarquable, le nombre d'instruments médicaux au service des prisonniers était étonnamment élevé» [53]. * Si, en général, les prisonniers n'étaient pas expressément mis à mort par les nazis et bénéficiaient généralement d'un régime alimentaire tolérable, de soins de santé et de logement, de quoi mouraient-ils alors ? La réponse à cette question est relativement facile à donner et P. Berben nous y aide pas mal. Son histoire officielle de Dachau soutient la thèse révisionniste telle qu'elle s'est établie depuis Rassinier et il réfute résolument les tentatives habituelles de faire passer les scènes que les Américains ont découvertes dans le camp pour le résultat d'une politique délibérée des Allemands. Lorsque le gouvernement allemand, l'économie et l'infrastructure s'effondrèrent durant les derniers mois de la guerre, les fournitures les plus indispensables vinrent à manquer. P. Berben remarque à tout instant comment les vivres et les colis disparurent presque complètement à la fin de la guerre. Par exemple, il nous raconte que les envois de colis aux religieux «dura jusque vers la fin de 1944, lorsque les entraves apportées aux communications interrompirent les envois de colis» [54]. Les installations médicales étaient «complètes et modernes et, dans les conditions normales, des spécialistes auraient pu y soigner toutes les affections», mais, «à la fin de 1944, le service fut embouteillé» [55]. L'espace de couchage resta suffisant jusqu'aux quelques derniers mois, quand les baraquements furent exagérément surpeuplés. Le facteur décisif de la mortalité parmi les prisonniers, ce fut l'effondrement de l'Allemagne. Lorsque les Alliés s'avançèrent vers le centre de l'Allemagne, un grand nombre de prisonniers furent évacués des camps à proximité du front et amenés vers l'intérieur. Dachau, qui occupait une situation centrale dans le Reich ainsi rétréci, devint le lieu clef de ces transferts. Ainsi, tandis qu'il devenait de plus en plus difficile de se procurer la nourriture et le matériel médical, les besoins à Dachau augmentaient à mesure qu'on y transportait les prisonniers des autres camps : Il arriva ainsi, à partir du début des évacuations, des dizaines de milliers de détenus se trouvant dans un état d'épuisement effrayant et dont un grand nombre succombèrent avant la libération et dans les semaines suivantes. Ces arrivées massives provoquèrent des difficultés inouïes et un nombre considérable de décès parmi la population du camp, surtout par l'extension de l'épidémie de typhus [56]. […] Lorsque commencèrent les évacuations des camps situés dans les zones menacées par les opérations victorieuses des Alliés, elles dépassèrent en horreur tout ce qui s'était vu jusqu'alors [57]. La surpopulation pouvait parfois devenir tout à fait spectaculaire. Dans les blocks que P. Berben choisit comme exemples, la population s'accrut de 49 % en 5 mois (voy. tableau n° 2, p. 191), et cela au plus fort d'une épidémie de typhus au cours de laquelle la moyenne mensuelle des décès atteignit 2 614 personnes. P. Berben décrit ainsi la manière dont la maladie se répandit à travers le camp : Enfin le typhus exanthématique gagna ce block également [le block 30, où étaient cantonnés les invalides et une partie des prisonniers âgés] : il avait ainsi franchi la «Lagerstrasse», passant de la rangée des blocks impairs à celle de l'ouest. En définitive, écrit Mgr Neuhäusler, «ce qui s'est déroulé à partir de la fin de décembre 1944, en janvier et en février 1945, au camp de concentration de Dachau constitue une des plus effroyables tragédies de l'histoire de tous les camps de concentration» [58]. Mais le typhus n'était pas la seule maladie à laquelle les autorités du camp avaient à faire face : Les troubles digestifs étaient extrêmement répandus, surtout les diarrhées et les entérites rebelles que seul un régime approprié aurait pu guérir. La plupart des détenus souffraient d'œdème, ce qui favorisait les excoriations fréquentes au niveau des pieds ; infectées, celles-ci


442 provoquaient des phlegmons extrêmement douloureux. On rencontrait toutes les sortes d'affections pulmonaires, les pneumonies entre autres, et des maladies infectieuses parmi lesquelles l'érysipèle, très contagieux, était la plus fréquente. Des cas de diphtérie et de scarlatine se produisirent également. Toutes ces affections, faute de traitement et de régime alimentaire adéquats accentuaient la cachexie chez les malades et fréquemment se compliquaient au point d'entraîner leur mort [59]. Les maladies sévissaient et tuaient les gens par milliers, «malgré tous les efforts», écrit P. Berben [60]. Mais alors, si le projet était d'exterminer, pourquoi se donner tant de peine, surtout durant les tout derniers mois de la guerre ? Même les Américains, malgré tous leurs efforts, furent incapables d'enrayer la maladie. Comme nous l'avons souligné précédemment, il y eut 2 226 décès en mai 1945, après la libération. P. Berben ne s'en cache pas : Quelque ardent que fût le désir des milliers de libérés de rejoindre leurs foyers, il fallut bien se rendre à l'évidence : de nombreuses journées s'écouleraient avant le début des opérations de rapatriement. L'épidémie de typhus qui, chaque jour, depuis des mois, fauchait un nombre considérable de vies, devait d'abord être jugulée et son extension à la population civile et aux troupes rendue impossible. La mise en quarantaine du camp, pour une période indéterminée, était inévitable [61]. Les Alliés furent embarrassés dans leurs efforts pour les raisons mêmes qui avaient empêché les Allemands de mettre fin à la maladie : «faute d'hôpitaux et de médicaments» [62]. Même après la levée de la quarantaine, le 12 mai, les décès continuèrent à cause de la maladie. Notre histoire officielle relève que 200 décès supplémentaires survinrent au camp entre le 1er et le 16 juin. P. Berben souligne également qu'en dépit de la libération du camp «l'alimentation continua à causer de sérieux soucis» [63]. La mort fauchait durement, surtout à l'approche de la fin de la guerre. Selon P. Berben, le total des victimes s'éleva à 27 839, pour une population de 168 433 détenus, de 1940 à 1945. Donc, pendant les années de la guerre la plus meurtrière que l'on ait jamais connue, le pourcentage des décès à Dachau avait été de 16,6 %. Pourcentage assurément fort élevé, mais sans doute beaucoup moins qu'on ne le pense dans le public, après des dizaines d'années de propagande. La proportion de décès à Dachau est plutôt basse, si on la compare à d'autres catastrophes du temps de guerre. Dans le centre de Hambourg, en une seule nuit de bombardement allié, le pourcentage des morts dépassa de plus de deux fois celui de Dachau pour toute la guerre. Paul Johnson, dans sa volumineuse histoire Modern Times (Les Temps modernes ) écrit à ce sujet que «[…] en une seule nuit le nombre des victimes dans les quatre quartiers soumis à la tempête de feu atteignit 40 000, soit 37,65 % de la population totale» [64]. Les ignobles bombardements incendiaires des populations civiles à Dresde occasionnèrent un pourcentage plus élevé encore. David Irving écrit, dans The Destruction of Dresden : Si l'on a pu atteindre un pareil niveau de décès [367,5 pour mille] dans une ville comme Hambourg, où les précautions antiaériennes les plus élaborées avaient été prises, il ne paraît pas déraisonnable de supposer que la même proportion, et fort probablement une proportion de décès plus élevée encore, a été atteinte au cours de la triple attaque sur Dresde [65]. Les pourcentages de décès furent très élevés dans ces deux cités civiles et il en fut de même dans les diverses armées en Europe. Par exemple, l'armée allemande perdit 34,3 % de ses effectifs. Les pertes furent proportionnellement aussi fortes, sinon davantage, pour les armées polonaise, soviétique, yougoslave, finlandaise, hongroise et roumaine. Comme la plupart des prisonniers de Dachau étaient non juifs, on peut supposer que beaucoup d'entre eux, s'ils n'avaient pas été incarcérés à Dachau, auraient été mobilisés dans l'armée allemande. Et ce n'est pas le fait le moins étrange de la guerre que ceux des prisonniers qui rejoignirent l'armée allemande pour échapper au camp (à la fin certains prisonniers politiques et de droit commun furent autorisés à le faire) doublèrent leur chance de mourir.


443 On ne peut pas oublier non plus que quelque 16 millions et demi d'Allemands et ressortissants de race allemande ont été expulsés d'Allemagne orientale et d'Europe de l'Est par les Alliés, la plupart d'entre eux étant forcés de gagner à pied le territoire allemand. De 17 millions d'Allemands de l'Est, 3 211 000 sont morts au cours de l'exode du temps de la guerre et les expulsions après le conflit, ce qui équivaut à 18,89 % [66]. * Bien qu'il prétende, ainsi que nous l'avons vu, que la «chambre à gaz» de Dachau n'a jamais été utilisée, P. Berben incorpore à son livre la confession du Dr Muthig, médecin-chef de Dachau [67]. De même que beaucoup d'autres, le Dr Muthig a avoué, après avoir été «interrogé», que les détenus inaptes au travail étaient soumis à l'euthanasie et transférés «vers le camp de Mauthausen pour y être gazés» [68]. Cette «confession» soulève deux difficultés. Premièrement, parce que P. Berben nous montre abondamment comment les prisonniers inaptes au travail étaient l'objet de soins médicaux, bénéficiaient de rations supplémentaires, étaient gratifiés de «cures de plein air», etc. Deuxièmement, les exterminationnistes de niveau universitaire reconnaissent aujourd'hui que Mauthausen n'était pas un camp d'extermination. P. Berben ne donne aucun éclaircissement sur le sort ultérieur du Dr Muthig. * P. Berben donne dans certaines aberrations quand il en vient à donner la nomenclature des «camps de la mort». A la page 292 de l'édition anglaise, il reproduit une carte dressée d'après celle établie par les Services de recherche et de documentation du ministère de la Santé publique et de la Famille à Bruxelles. Cette carte comporte six «camps d'extermination», mais elle ne concorde plus avec la doctrine actuelle de l'Holocauste que sur deux d'entre eux : Treblinka et Auschwitz. La carte de P. Berben mentionne quatre camps qu'on ne prétend plus actuellement avoir été des «camps d'extermination» : Soldau, Pustkow [sic], Platzow [sic] et Theresienstadt. Majdanek figure comme simple camp de concentration, au mépris de l'exterminationnisme prétendant qu'il a aussi fait office de «camp d'extermination». Sobibor est mentionné comme «camp autonome», expression non autrement précisée. Assez curieusement, les «camps d'extermination» de Belzec et de Chelmno n'apparaissent même pas sur cette carte et l'on a certainement le droit de s'étonner devant de pareilles discordances dans un livre publié sous les auspices du comité officiel des survivants de Dachau. [Dans les deux éditions en français (1968 et 1976), le camp d'Auschwitz est seulement «de concentration» ; dans l'édition anglaise, il est promu «camp d'extermination». Dans toutes les éditions, le camp de Majdanek n'est que «de concentration» alors que celui de Theresienstadt (!) est «d'extermination».] * A propos de la mortalité à Dachau, P. Berben nous apprend qu'avant 1943 le corps de tout prisonnier mort à l'hôpital ou suite à une « expérience médicale » était autopsié. «A partir de 1943, on procéda à l'autopsie des corps de tous les détenus décédés à l'infirmerie ou ailleurs dans le camp» [69]. A l'époque des grandes épidémies de typhus, «on dut se contenter de prendre quelques corps au hasard» [70]. Et pourtant P. Berben nous dit que «Sous la direction du Dr Blaha, plus de dix mille autopsies furent pratiquées» [71]. Que sont devenus ces rapports d'autopsie ? Et si les nazis suivaient un plan d'extermination, à quoi bon pratiquer des autopsies ? Dans cette histoire officielle, on ne pose pas même ces questions. Somme toute, Dachau : 1933-1945, The Official History est un livre du plus haut intérêt. On y apprend que, malgré les horreurs inhérentes à tout camp de concentration, à tout bagne, à toute prison, les détenus de Dachau avaient une maison de prostitution, une cantine, des congés le dimanche, des offices religieux, des séances de sport, des conférences, une bibliothèque, des journaux, des concerts et des séances de cinéma. Le livre nous dit que les prisonniers recevaient des repas réguliers, que certains d'entre eux obtenaient même un deuxième petit déjeuner, que la Croix-Rouge faisait parvenir des vivres, que les familles envoyaient des colis de nourriture et que les prisonniers pouvaient se procurer de la nourriture à la cantine. Il nous dit qu'ils


444 disposaient d'un hôpital moderne avec médecins et infirmiers qui firent tout leur possible pour secourir les prisonniers, jusqu'à ce qu'ils fussent submergés par les maladies à la fin de la guerre. Il nous dit que la maladie fut la cause principale des décès à Dachau et que même les Américains ne purent pas arracher à l'épidémie des milliers de détenus. Tout en nous parlant de «dizaines de milliers de déportés exterminés dans le camp de la mort», Dachau : 1933-1945, The Official History démontre que pareille extermination n'a pas eu lieu. Face aux efforts incessants de la propagande pour présenter constamment au public Dachau et les autres camps de concentration comme des centres de destruction, l'histoire officielle de P. Berben apporte pour le moins un soutien autorisé à la thèse révisionniste. Tableau n° 1 NOMBRE DES DÉTENUS DÉCÉDÉS A DACHAU ET DANS LES COMMANDOS EXTÉRIEURS ENTRE 1940 ET 1945 janvier février mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre

1940

1941

1942

1943

1944

1945

17 86 101 87 54 34 119 134 171 273 439

455 393 321 227 322 219 140 104 73 88 110 124

142 104 66 79 98 84 173 454 319 207 380 364

205 221 139 112 83 55 51 40 45 57 43 49

53 101 362 144 84 78 107 225 325 403 997 1.915

2.888 3.977 3.668 2.625 2.226

1.515

2.576

2.470

1.100

4.794

15.384

Tableau n° 2 AUGMENTATION DES EFFECTIFS DE CERTAINS BLOCKS ENTRE LE 28 NOVEMBRE 1944 ET LE 26 AVRIL 1945 Block

28.11.1944 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28

26.04.1945 654 733 901 854 889 855 682 869 861 889 783 968 524 707

939 842 1.403 1.356 1.117 1.140 990 1.137 1.138 1.152 1.446 1.306 1.090 1.547


445 Sur la mortalité au camp de Dachau, on se reportera également à «Documents inédits Graphiques et photos de Dachau», R.H.R., n° 2, août-octobre 1990, p. 147-154. 1. Arno Mayer, La «Solution finale» dans l'histoire, préface de Pierre Vidal-Naquet, La Découverte, 566 p. 2. Préface, p. 3. Sauf mention contraire, la pagination adoptée est celle de l'œuvre originale, c'est-à-dire l'édition belge de 1968. — NdT. 3. P. 18. 4. P. 12. 5. P. 289, annexe 34. 6. Voy. le tableau n° 1, p. 190. 7. P. 95. 8. P. 277, annexe 29. 9. P. 94 10. P. 16. 11. P. 169. 12. P. 173. 13. École d'officiers de la Waffen-SS. — NdT. 14. P. 8. 15. En 1937. 16. P. 46. 17. P. 69. 18. P. 61. 19. P. 61 20. P. 69. 21. P. 69. 22. P. 69. 23. P. 68. 24. P. 68. 25. P. 149. 26. P. 149. 27. P. 163. 28. Revier signifie infirmerie en allemand. — NdT. 29. P. 105. 30. P. 105. 31. P. 105 et 106. 32. P. 107. 33. P. 110. 34. P. 71. 35. P. 72. 36. P. 72. 37. P. 72. 38. P. 10.


446 39. P. 145 et 146. 40. P. 150. 41. P. 151. 42. P. 153. 43. P. 152. 44. P. 152. 45. P. 152. 46. P. 127, note 3. 47. P. 127, note 3. 48. P. 131 et 132. 49. P. 50. 50. P. 51. 51. P. 52. 52. P. 51. Le texte français passe sous silence cette «abondance» et porte seulement : «Malgré des témoignages favorables dont il bénéficia au cours du procès de Dachau […]». — NdT. 53. P. 46. 54. P. 149. 55. P. 105 et 106. 56. P. 102. 57. P. 101. 58. P. 109. 59. P. 103. 60. P. 108. 61. P. 196. 62. P. 197. 63. P. 196. 64. Modern Times, p. 403. 65. The Destruction of Dresden, p. 229. 66. Alfred de Zayas, Nemesis at Potsdam, Routledge & Kegan Paul, 1979, p. XXV. 67. Annexe 30. 68. P. 281. 69. P. 109. 70. P. 109. 71. P. 110. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p.165-191


447

WANNSEE : UNE DÉNATURATION CONFIRMÉE Des lecteurs ont manifesté leur surprise, pour ne pas dire leur scepticisme, au sujet de l'article intitulé «Trois juges français dénaturent un "procès-verbal"» que nous avons publié dans la précédente livraison de la R.H.R. (n° 3, novembre 1990- janvier 1991, p. 204-205). Ils éprouvent quelque peine à croire que trois magistrats français aient pu se livrer à une si grave manipulation d'un document historique. Au risque de paraître nous répéter et de lasser la patience de certains, nous confirmons que ces magistrats (MM. Diet, Pluyette et Breillat) ont, dans le jugement rendu le 14 février 1990 à l'encontre de M. Faurisson, dénaturé le « procès-verbal » de Wannsee au point de lui faire dire exactement le contraire de ce qu'il dit. Dans ce « procès-verbal », il n'est nullement question d'une extermination des juifs ; bien au contraire, il est spécifié qu'après la guerre les juifs bénéficieront d'une « remise en liberté » (Freilassung) et que les survivants formeront la « cellule germinative d'un renouveau juif » (Keimzelle eines neuen jüdischen Aufbaues), comme cela a souvent été le cas dans l'histoire après un temps de terribles épreuves (Siehe die Erfahrung der Geschichte : voyez la leçon de l'histoire). Le « procès-verbal » est long de 15 pages et comprend 52 alinéas. De ce vaste ensemble nos juges ont prélevé, en tout et pour tout, 2 maigres alinéas consécutifs et, affectant de reproduire ces alinéas dans leur intégralité, ils n'en ont, en réalité, reproduit que 60 %. Les fragments amputés représentent 40 % du texte des deux maigres alinéas. Aucun signe n'indique l'existence des coupures qui ont été pratiquées. Rien n'indique que le « procès-verbal » original est beaucoup plus étendu que la portion congrue qui nous en est abusivement présentée comme s'il s'agissait d'un document intégral. Pour le texte réel et complet de ce « procès-verbal », on se reportera à Wilhelm Stäglich, Le Mythe d'Auschwitz, Étude critique, La Vieille Taupe, 1986, p. 43-52. L'original allemand est connu sous la cote de Nuremberg NG-2586. Le procureur Robert M.W. Kempner en a reproduit le fac-similé dans son livre Eichmann und Komplizen, Europa, Zurich-Stuttgart-Vienne, 1961, p. 133 sqq. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p.192-193


448

LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (4) France Le 15 mars 1991, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) casse la décision de suspension pour un an avec privation de la moitié de son traitement prise le 18 juillet 1990 à l'encontre de Bernard Notin par le conseil de discipline de l'Université Jean-Moulin (Lyon II). Le CNESER inflige à l'universitaire un retard d'avancement de deux ans. B. Notin peut donc, en principe, reprendre ses cours. La décision de cassation est prise parce que, selon la version officielle, un témoignage favorable à l'accusé ne lui avait pas été communiqué. En réalité, Michel Cusin, président de l'Université Lyon II (Université Lumière), avait en un premier temps porté un faux témoignage qu'il avait dû ensuite rectifier (voy. R.H.R. n° 2, p. 159-160). B. Notin et son avocat, Me Gilbert Collard, ont introduit un pourvoi auprès du Conseil d'État. B. Notin a réintégré son université dans un emploi subalterne de chargé d'études sur la documentation en sciences économiques. A la rentrée de l'année 19911992, il devrait occuper un poste conforme à son statut mais le président Vialle fait pression sur lui pour obtenir son départ. M. Vialle appuie les actions menées actuellement contre son collègue B. Notin par le Dr Marc Aron, président du Comité de liaison des institutions et des organisations juives de Lyon, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), l'Union nationale des étudiants de France indépendante et démocratique (UNEF-ID), le Parti socialiste en la personne du député JeanJacques Queyranne et Me Alain Jakubowicz, adjoint délégué au respect des droits de l'homme auprès de Michel Noir, maire de Lyon. Tous font savoir qu'ils n'admettront pas la décision du CNESER. Jacques Marlaud, maître de conférences en information-communication à l'Université Jean-Moulin, s'indigne du «terrorisme intellectuel» dont est victime B. Notin qui, dit- il, «ne mérite pas d'être traité comme un chien par ses pairs». Serge Klarsfeld subit une avanie. Il avait obtenu du ministère la création d'un poste de professeur d'histoire contemporaine à l'université Lyon III. Il était convaincu que ce poste lui reviendrait. Quatorze postulants se sont manifestés. La commission des spécialistes de l'Université n'a pas même classé le dossier de l'avocat parmi ceux qui vont être soumis au Conseil national des universités (CNU). Cette candidature était appuyée par l'UEJF qui y voyait «une manière de rétablir l'image de marque de Lyon III». Selon S. Klarsfeld lui-même, sa propre nomination devait aider «Lyon III à retrouver un peu de sérénité et à se dédouaner» : «Je me suis présenté parce que j'ai été sensible à l'appel des historiens de l'Université Jean-Moulin qui voulaient prouver qu'ils n'étaient pas solidaires de leurs collègues négationnistes.» Il se déclarait «l'homme de la situation» et ajoutait : «Si je ne suis pas retenu, je serai déçu pour Lyon, pour Lyon III.» Les pressions en faveur de S. Klarsfeld avaient été considérables, ainsi que les courriers : or, l'usage en matière d'examen de candidature est de s'abstenir de toute intervention. L'échec du «chasseur de nazis» peut s'expliquer par la faiblesse du bagage universitaire de l'intéressé, par le caractère douteux de ses ouvrages (en particulier, Le Mémorial de la déportation des juifs de France et Vichy-Auschwitz [sic !], sa présentation de certains dossiers historiques), par le manque de scrupules de l'activiste (multipliant les violences envers les personnes et engageant les services d'un sicaire pour une tentative d'assassinat), par le fait qu'il avait jugé «normale» la tentative d'assassinat d'un universitaire lyonnais le 16 septembre 1989 : le professeur Faurisson. Georges Boudarel, ancien communiste, ancien commissaire politique dans un camp de prisonniers de guerre français en Indochine, poursuit ses cours à l'Université Paris VII. Il bénéficie de l'appui de nombreuses personnalités. Pierre Vidal-Naquet s'est porté à sa défense. Le 22 février, Robert Faurisson témoigne en faveur de François Brigneau devant Claude Grellier, président de la XVIIe chambre correctionnelle du Tribunal de Paris. F. Brigneau est


449 accusé d'avoir reproduit la «phrase de 60 mots» par laquelle, en 1980, le professeur résumait pour Yvan Levaï, à Radio Europe-1, les conclusions du révisionnisme historique. C. Grellier interrompt le professeur et le fait expulser. Par un jugement prononcé le 22 mars, F. Brigneau est condamné à verser 70 000 F (voy. «XVIIe chambre : Faurisson expulsé/La Télé manque un scoop», National-Hebdo, 28 février, et «Pauvre "petit juge" Grellier !», Rivarol, 1er mars). Les 21 et 22 mars, R. Faurisson comparaît devant le même juge pour avoir donné une interview au Choc du Mois (septembre 1990), publication dirigée par Patrice Boizeau. Le directeur de la publication et le professeur sont accusés par le ministère public et par onze associations d'avoir enfreint la récente loi Fabius alias Gayssot. Ils «contestent» des «crimes contre l'humanité» tels que définis par les vainqueurs de 1945 et condamnés à Nuremberg en 1945-1946. Plus spécifiquement, ils contestent que le génocide des juifs et les chambres à gaz hitlériennes aient réellement existé. Le procès se déroule dans des conditions difficiles. Le professeur est insulté et agressé en dehors de la salle d'audience et dans le prétoire même. Ni Grellier, ni les gendarmes ne parviennent à maîtriser les manifestants juifs, qui insultent, frappent et crachent. R. Faurisson met la partie adverse au défi de découvrir une preuve, une seule preuve du génocide et des chambres à gaz dans les 41 volumes des débats et documents du procès de Nuremberg, qu'il a apportés avec lui. Défi non relevé. La presse note le désarroi de l'accusation ; les journalistes sont honnêtes, à deux exceptions près : celle de MarieFrançoise Masson, dans La Croix-L'Événement (23 mars, p. 19) et celle, inévitable, de Laurent Greilsamer dans Le Monde (23 mars, p. 10, et 24-25 mars, p. 10). Le 18 avril, C. Grellier et ses assesseurs, Laporte et Mme Marlier, rendent leur jugement : P. Boizeau devra verser 180 000 F et R. Faurisson 250 000 F dont 100 000 F avec sursis. Les condamnés interjettent appel. Le professeur récidive immédiatement par un communiqué à la presse. Dans le jugement, il est dit que la loi du 13 juillet 1990 «constitue une limite nouvelle à la liberté d'expression et d'opinion», que la «contestation» par M. Faurisson de l'existence du génocide juif et des chambres à gaz hitlériennes est «inscrite dans un discours logique et cohérent» ; mais, surtout, le tribunal prononce : «Des critiques peuvent, à juste titre, être développées concernant l'organisation, la structure et le fonctionnement du Tribunal Militaire International de Nuremberg, tant sur le plan juridique qu'historique ou philosophique». Sur le procès Faurisson, voy. ci-dessus, p. 107-133. Vincent Reynouard, étudiant à l'Institut des sciences de la matière et du rayonnement atomique (ISMRA) de Caen, continue de publier le bulletin de l'Association normande pour l'éveil du citoyen (ANEC, B.P. 117, 14013 Caen Cedex). Jean-Charles Viénot, directeur de l' ISMRA, s'était vu condamner le 8 novembre 1990 pour excès de pouvoir à l'endroit du jeune étudiant. Il vient de récidiver en refusant de fournir à ce dernier une possibilité d'effectuer le stage en entreprise indispensable à tout étudiant en fin d'études pour l'obtention du diplôme d'ingénieur. V. Reynouard tente de trouver un stage par ses propres moyens ; il le fait dans des circonstances difficiles : convocations de la police judiciaire de Caen (avec injures et voies de fait), perquisition, assignation devant le tribunal de Caen pour infraction à la loi Fabius dite Gayssot (voy. R.H.R. n° 3, p. 210). Le 18 avril, Alain Guionnet, directeur de Revision, quitte Bois-d'Arcy après trois mois de prison. Il se déclare prêt à continuer la lutte. Le 12 février, Le Monde invite, obliquement, à manifester devant la librairie de Pierre Guillaume à l'enseigne de la Vieille Taupe (12, rue d'Ulm) tous les mardis à 18 h, à l'invitation d'un «comité antinégationniste» de la rue d'Ulm. L'affaire est menée par une zélote du nom d'Hélène Frappat (de la famille de Bruno Frappat, journaliste au Monde, pour lequel les révisionnistes sont des «gangsters de l'histoire» ?). Les violences se succèdent contre P. Guillaume, ses amis et sa librairie : coups et blessures, entraves à la liberté du travail, vitre brisée, porte défoncée, diffusion de produits polluants, pneus de voiture systématiquement


450 crevés. La police défend les lieux pendant quelques heures, puis se disperse ; aucune arrestation, aucune poursuite judiciaire. Hélène Frappat et ses amis des milices juives mettent en scène l'affaire de la (fausse) «couronne mortuaire» avec la complicité de Me Jouanneau, avocat membre de la LICRA (voy., ci-dessus, p. 119-122). Patrick Kéchichian, du Monde, rend compte mensongèrement de ces événements dans un article intitulé «Des étudiants silencieux contre "la Vieille Taupe"» (14 février, p. 38). P. Guillaume lance un appel à soutenir sa librairie sur le plan financier. Le 18 avril, il est agressé par les milices juives (trois points de suture et lunettes brisées) devant la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de Paris, présidée par Claude Grellier. Les gendarmes n'interviennent pas, sauf après coup pour affecter le rôle de secouristes empressés. Jean-Marie Le Pen n'exerce pas d'activité révisionniste, et des membres influents du Front national sont même hostiles au révisionnisme, mais il est soupçonné d'hérésie révisionniste. Le 7 mars, le tribunal correctionnel de Nanterre le déclare coupable d'injure pour avoir qualifié le ministre de la Fonction publique, Michel Durafour, de «Durafour-crématoire» et le condamne à 10 000 F d'amende et à d'autres peines financières. Le 18 mars, la cour d'appel de Versailles, présidée par Pierre Estoup, le condamne à une peine de 1 200 000 F pour l'affaire des chambres à gaz qualifiées de «point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale». Le 19 avril, il comparaît devant la XVIIe chambre, présidée par Claude Grellier, pour avoir dit de l'internationale juive qu'elle fait partie des forces opposées au nationalisme français. Le 8 mars, Me Jean-Louis Pelletier, militant socialiste, défend devant le tribunal de Moulins (Allier) un patron accusé d'avoir loué les services d'un employé de boucherie pour assassiner à coups de tranchoir un délégué CGT. Il explique qu'il est prêt à défendre tout accusé quel qu'il soit ; il aurait même pu défendre Barbie ; mais, précise-t-il, «je n'admettrai jamais de défendre Faurisson qui nie l'existence des chambres à gaz». Le 7 avril, les Verts sont pris à partie par des organisations juives parce que l'un des leurs, le Dr Jean Brière, ancien communiste, exprime une opinion jugée «révisionniste» sur la guerre du Golfe et met en cause le rôle «belligène» de l'État d'Israël. En avril, la Ligue des droits de l'homme (Me Yves Jouffa) et 28 associations, partis (communiste, socialiste, …) et syndicats mettent en circulation un dépliant d'information contre les révisionnistes. Intitulé «Le génocide nazi», ce dépliant, tiré à 70 000 exemplaires, est de qualité médiocre, tant par son contenu que par la présentation, la typographie, l'orthographe, surtout si on le compare au dépliant qui l'a manifestement inspiré et auquel on a voulu faire pièce : «Faut-il interdire les révisionnistes ?» (avril 1990). Les milices juives ont à nouveau frappé le 20 avril à Paris, à la Maison des mines, où allait se tenir une conférence des «Amis de Saint-Loup» (Saint-Loup, de son vrai nom Marc Augier). Le «Groupe d'action juive», muni de battes de base-ball et de marteaux, a blessé douze personnes qui, à l'exception d'une seule, étaient âgées : une femme âgée est dans le coma ; un homme âgé souffre d'une fracture du crâne, a le bras droit paralysé et a quasiment perdu l'usage de la parole ; un autre homme âgé souffre également d'une fracture du crâne et vomit. Deux hommes âgés, frappés à terre à coups de pieds (comme l'avait été le professeur Faurisson), ont essayé de se protéger les yeux et ont eu des doigts cassés. Une batte de base-ball brisée a été retrouvée sur place. Un responsable de la police a confié que certains de ces assaillants sont connus. Ils viennent de l'étranger (Francfort, base israélienne ?) en avion et repartent en avion. Lorsque des agresseurs sont interpellés, on les relâche sur intervention indirecte de l'Ambassade d'Israël. Alain Léauthier signe dans Libération un compte rendu intitulé : «Anniversaire d'Hitler/Un commando sioniste s'invite au meeting néo-nazi. Le Groupe d'action juive a empêché, samedi [20 avril] à Paris, l'hommage posthume à l'écrivain Marc Augier». Le journaliste a assisté aux préparatifs de l'expédition et il a accompagné l'action concertée à force ouverte. Il parle de la «sévère correction» infligée aux vieilles personnes (Libération, 22 avril, p. 28). Le reste de la presse observe le silence. Une intervention auprès du Monde a pour


451 résultat la publication tardive d'une «brève» à côté d'une autre «brève» annonçant «Tennis : Borg battu à Monte-Carlo». On imagine le hourvari, pire encore que celui du montage de Carpentras, si un groupe néo-nazi avait ainsi attaqué une assemblée juive, fait qui, à notre connaissance, ne s'est jamais produit. A préciser : la réunion n'avait rien de néo-nazi et la date du 20 avril avait été substituée à celle du 26 avril pour des raisons de convenance personnelle, à la demande de la veuve de Marc Augier. Annie Kriegel dénonçait, le 2 avril 1990, «l'insupportable police juive de la pensée». Les trois derniers mots sont de trop. Il existe dans notre pays des milices juives qui pratiquent impunément la violence avec l'assentiment du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice, de Madame Fabius-Castro et de Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale et initiateur de la loi Fabius, alias Gayssot. Jean-Gilles Malliarakis, responsable de la Librairie française (27, rue de l'Abbé-Grégoire, Paris VIe), est poursuivi pour n'avoir pas suffisamment caché à la vue de ses clients des exemplaires de notre revue. Dans sa livraison d'avril, le mensuel L'Actualité religieuse dans le monde (163, bd Malesherbes, Paris XVIIe) consacre un dossier fallacieux de 20 pages à une «Enquête sur les négateurs des chambres à gaz». A L'ÉTRANGER Allemagne Deux mille révisionnistes d'Europe et d'Amérique du Nord devaient se réunir le 23 mars dans une salle du Deutsches Museum de Munich de 10 h à 22 h pour un «Congrès Leuchter». Les autorités municipales commencent par interdire la réunion, interdiction plus tard levée par le tribunal administratif. Les responsables du musée annulent alors la location de la salle. Une grande partie des révisionnistes renoncent au voyage. Trois cents d'entre eux se groupent sur le terre-plein du musée pour écouter, de 10 h à 13 h, Robert Faurisson, David Irving, Fred Leuchter, Kirk Lyons, Ahmed Rami, Henri Roques, Pedro Varela, Udo Walendy, Mark Weber ainsi que Jürgen Rieger, avocat d'Ernst Zündel (ce dernier est, depuis la veille, à la prison de Munich). En définitive, une réunion qui aurait pu être ignorée de la presse est ainsi devenue une manifestation publique dont toute la presse allemande s'est fait l'écho. Beaucoup de journaux parlent de «congrès néo-nazi». Certains sont amenés à exposer le résultat du rapport Leuchter sur «Les présumées chambres à gaz d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek». Le second rapport Leuchter, qui est consacré aux présumées chambres à gaz de Dachau, de Mauthausen et de Hartheim est, pour la circonstance, mis en circulation dans sa version allemande. Heinrich Lummer, député allemand du CDU (parti du chancelier Kohl), envoie à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui la publie dans sa livraison du 13 février (p. 13), une lettre intitulée par le journal «Vérité historique». Il n'y conteste pas ce qu'il appelle la «culpabilité allemande» et ne remet pas en question l'«Holocauste» des juifs, mais il ose s'en prendre à Heinz Galinski, le président du Conseil central des juifs et il écrit : «Le moment devrait être venu de pouvoir traiter [le sujet de l'«Holocauste»] de manière objective et scientifique. Tant d'hommes politiques ont ingurgité la vérité par égard pour le président du Conseil central juif. A la longue, personne n'y trouve son compte.» Le 28 février, l'Allgemeine Jüdische Wochenzeitung (p. 2) rapporte une déclaration d'Helmut Schäfer, membre du FDP (Centre) et secrétaire d'État aux Affaires étrangères, selon lequel, au bout de près de 50 ans, l'«Holocauste» ne devrait plus dominer la politique étrangère allemande au point de la paralyser ; le temps est passé, estime-t-il, de la «lune de miel» (Zuckerfreundschaften). Il est à noter que, grâce à la «guerre du Golfe» et à la propagande d'Israël et de la presse des pays coalisés sur le motif des «chambres à gaz» ou des armements livrés par l'Allemagne à l'Irak, Dietrich Genscher a surenchéri dans le sens contraire à celui


452 d'Helmut Schäfer. L'Allemagne s'est déclarée plus coupable que jamais et, contributions financières à l'appui, a pleinement retrouvé le temps de la «lune de miel». Pourtant sa participation à l'armement de l'Irak a été dérisoire par rapport à celle de pays comme l'URSS ou la France. Le 30 avril au matin, dans 200 000 foyers allemands de Munich et de sa région ont été distribués des hebdomadaires gratuits de caractère commercial renfermant, sur toute une page, un document intitulé : «L'Allemagne veut enfin la vérité /Auschwitz : où est la vérité ?», présenté par l'Association J.G. Burg. Rappelons que J.G. Burg, de son vrai nom Ginzburg, est ce révisionniste de confession mosaïque, célèbre pour avoir écrit des ouvrages où, rappelant sa propre expérience de la guerre et ses visites, après la guerre, d'Auschwitz et de Majdanek en compagnie d'Ilya Ehrenbourg, il concluait qu'il n'avait jamais existé de chambres à gaz homicides dans les camps allemands. Ces mêmes hebdomadaires reproduisent également sur toute une page une longue interview d'Ahmed Rami, responsable à Stockholm de Radio Islam (voy. Suède). Au 8 mai, on ne notait encore aucune réaction hostile, sinon un afflux d'appels auprès du Münchner Anzeiger et du Trabant Anzeiger pour l'obtention d'exemplaires supplémentaires. Le révisionniste Friedl Kathagen, 70 ans, est en prison. Udo Walendy continue la publication de ses Historische Tatsachen malgré sa condamnation, confirmée en appel, pour avoir publié une livraison contenant la traduction du premier rapport Leuchter. Ekkehard Franke-Gricksche, de Leonberg, a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour une publication révisionniste dans sa revue Code (Verlag Diagnosen, Untere Burghalde 51, D-7250 Leonberg) ; ce courageux éditeur mérite un soutien particulier. Le CCP en Allemagne de la revue révisionniste suisse Eidgenoss, dirigée par Max Wahl (CH-8401 Winterthur), a été saisi. Hans Christian Pedersen s'est vu retirer l'agrément de sa caisse d'assurances maladie. Etc. Ernst Zündel a été arrêté à Munich, au domicile de la révisionniste Ingrid Weckert. Incarcéré pendant six jours dans des conditions dégradantes, il a été jugé in absentia, sans même la présence d'un avocat, à une peine de 31 500 DM (10 500 F) ou 210 jours de prison. Il interjette appel. On s'achemine ainsi vers un spectaculaire «procès de Munich». Australie L'avocat John Bennett, président de l'Australian Civil Liberties Union, a obtenu un succès : la plainte déposée par une association de représentants de la communauté juive contre Your Rights, édition de 1990, a été repoussée. L'édition de 1991 de la revue contient une remarquable synthèse sur la censure en Australie et, en particulier, sur les limites imposées à la liberté d'expression du révisionnisme historique. Autriche Le 26 janvier, Herbert Schweiger est condamné à un an de prison pour une brochure contestant l'«Holocauste». L'affaire du professeur Gerhard Jagschitz, enseignant de l'Institut d'histoire contemporaine de l'Université de Vienne, prend des proportions intéressantes (voy. R.H.R. n° 3, p. 216-217). Le ministre de la Justice avait chargé ce professeur de prouver l'existence des chambres à gaz afin de répliquer à Gerd Honsik et d'obtenir la condamnation de ce dernier. Constatant que le professeur se révélait incapable de trouver des preuves malgré des années de recherches, le ministère avait pris la décision de passer outre et de déclarer notoire (offenkundig) l'existence des chambres à gaz. Dans une lettre du 10 janvier au président du tribunal ayant à juger G. Honsik, G. Jagschitz observe qu'il n'est plus possible d'utiliser l'argument de la notoriété ; il


453 estime que, de l'examen de rapports soumis à des tribunaux nationaux et internationaux, naît un «doute substantiel sur les questions de fond» (substantielle Zweifel an grundlegenden Fragen). G. Honsik reproduit en première page cette lettre d'importance historique et titre : «Éclatement du tabou des chambres à gaz ! Fin de la "notoriété" !» (Halt, avril). Les députés de gauche autrichiens envisagent le vote d'une loi spéciale contre les révisionnistes (The London Jewish Chronicle, 3 et 8 mars). Rudolf Scholten, ministre de l'Éducation, est «en fureur» : les écoliers autrichiens reçoivent un poster qui leur explique, sous une forme claire et imagée, que la chambre à gaz de Mauthausen n'est qu'une imposture ; «une sorte de numéro de téléphone de secours est à la disposition des écoliers et de leurs parents : (0 22 2) 531 20 43 26» («Téléphone de secours contre radicalisme de droite», Kurier, 8 février). Un institut de sondage réputé a interrogé les Autrichiens sur «l'extermination des juifs». La question était : «A votre avis, l'extermination de juifs dans des chambres à gaz durant la domination nationale-socialiste est-elle, du point de vue scientifique, totalement, partiellement ou pas du tout prouvée ?» Les réponses ont été les suivantes : pour 66 %, totalement ; pour 19 %, partiellement ; pour 2 %, pas du tout ; 12 % ne savent pas et 1 % ne répondent pas. En ce qui concerne les moins de 19 ans, les réponses sont : pour 55 %, totalement ; pour 28 %, partiellement ; pour 2 %, pas du tout ; 15 % ne savent pas. De ce sondage, il ressort qu'un million d'Autrichiens doutent que l'extermination de juifs en chambres à gaz soit, du point de vue scientifique, totalement prouvée, tandis que 100 000 Autrichiens ont le courage de dire ouvertement qu'elle n'est pas du tout prouvée. Ce sondage confirme le jugement du professeur Jagschitz : l'existence des chambres à gaz ne peut plus être déclarée notoire. Belgique A Bruxelles, Olivier Mathieu a été condamné à une peine de 18 mois de prison ferme et au versement de sommes qu'il n'est pas en mesure d'acquitter, ce qui implique qu'en fait sa peine est de 3 ans et demi de prison. Le tribunal le condamne pour avoir traité un journaliste belge d'agent du Mossad et pour avoir tenu des propos racistes lors d'une conférence intitulée «De Tintin à Degrelle» ; à l'origine, O. Mathieu se voyait surtout reprocher des propos révisionnistes, mais la qualification du délit a été changée quand il a fallu constater que le professeur Faurisson insistait pour venir témoigner à la barre en faveur d'Olivier Mathieu pris lui-même en qualité de révisionniste. La présidente du tribunal, Mme S. Hauzeur, a affecté d'ignorer la plus importante des incriminations d'origine au profit de deux incriminations qui, à elles seules, n'auraient pas justifié une peine d'une telle sévérité. O. Mathieu fait l'objet d'un mandat d'arrêt en Belgique. A l'invitation du Cercle d'études révisionnistes (CER), R. Faurisson a donné une conférence au Palais des congrès de Bruxelles sur «Le révisionnisme historique». Il a révélé à son public l'existence de la contre-expertise de Cracovie. La presse a immédiatement répercuté l'information (voy. ci-dessus p. 101-104). Il est à noter que R. Faurisson n'a jamais pu donner en France de conférence publique. Une conférence était prévue à la Mutualité, à Paris, pour le 10 mai 1990. Le 10 mai au matin, la presse révélait l'affaire de Carpentras ! (Entre-temps, pour des raisons indépendantes de sa volonté, le professeur avait dû annuler cette conférence). Canada Les enseignants révisionnistes James Keegstra (province d'Alberta) et Malcolm Ross (province du Nouveau Brunswick) continuent d'être en butte à une persécution judiciaire qui dure depuis des années sous la pression d'organisations juives. C'est le cas aussi pour les «criminels de guerre» Imre Finta, d'origine hongroise (voy. Keltie Zubko, «Le Calvaire d'Imre Finta, R.H.R. n° 2, p. 36-45), et Arthur Rudolph, ancien collaborateur de Werner von Braun.


454 Ernst Zündel attend toujours une décision de la Cour suprême. Doug Christie est l'avocat impavide de tous ces persécutés, avec l'assistance de Barbara Kulazska. D. Christie est accusé d'avoir «enflammé le jury» en comparant le sort d'I. Finta à celui du Christ devant Ponce Pilate. Diverses organisations de juristes exigent son exclusion du barreau pour avoir été, dans ses contre-interrogatoires, «offensant, brutal avec les témoins» et pour «avoir harcelé ces témoins». Il faut rappeler que celui-ci a été le premier avocat au monde qui, avec l'assistance du professeur Faurisson, a osé contre-interroger les «survivants» d'Auschwitz et d'autres camps sur la matérialité des faits. Ceci se passait en 1985 au premier procès Zündel ; au second procès Zündel, en 1988, aucun «survivant» n'est revenu témoigner contre l'accusé. Etats-Unis A Los Angeles, Mel Mermelstein poursuit de sa vindicte l'Institute for Historical Review auquel il réclame 11 millions de dollars pour cruauté mentale et autres motifs identiques. Il dit que sa mère a été gazée à Auschwitz en 1944. L'institut entendait prouver qu'il n'a jamais pu y avoir de gazages homicides dans ce camp. Mais, le 16 janvier, le juge Stephen E. O'Neil, de la «California Superior Court» a pris notification judiciaire (judicial notice) du «fait que des juifs ont été gazés en 1944 au camp de concentration d'Auschwitz (Pologne)». Les possibilités de défense de l'institut en sont gravement compromises. Fred Leuchter est poursuivi sur l'initiative de groupes juifs pour port abusif du titre d'ingénieur (voy. R.H.R. n° 3, p. 219). Son affaire commerciale s'est effondrée et il n'a plus ni métier ni revenus. Ses deux comparutions devant le tribunal pour l'instruction publique de la plainte ont donné lieu à des manifestations et à des voies de fait. Avec détermination, F. Leuchter fait face à l'adversité et entend mener son combat sur tous les fronts : à son procès qui aura lieu cet été, devant les médias qui commencent à le rechercher, dans ses investigations scientifiques sur le sujet de l'«Holocauste» ; il porte plainte contre les Klarsfeld et ceux qui ont ainsi brisé, d'ores et déjà, sa carrière professionnelle. Il est aidé d'un avocat de talent, Kirk E. Lyons. Le 5 janvier, à Palo Alto (Californie), Mark Weber a révélé l'existence de photographies aériennes de Treblinka découvertes aux Archives nationales de Washington. Ces photographies réduisent à néant le mythe de Treblinka. Elles feront l'objet d'une étude dans notre prochaine livraison. L'État d'Illinois rend obligatoire l'enseignement dans les écoles de l'histoire officielle de l'«Holocauste». Rappelons que c'est à Northwestern University (Illinois) qu'enseigne Arthur R. Butz, qui est la plus haute autorité au monde en matière de révisionnisme historique avec son ouvrage The Hoax of the Twentieth Century (L'Imposture du siècle). Grande-Bretagne Le 21 mars, jour où s'est ouvert à Paris le procès de R. Faurisson, la Society for Truth in History (Association pour la vérité en histoire, P.O. Box 117, Welling, Kent, DA16 3DW) a organisé une manifestation devant l'Ambassade de France à Londres avec des pancartes portant, en français : «Faurisson a raison. Chambres à gaz = bidon». Japon Masami Uno a publié en décembre 1990 un livre dont le titre signifie La Contre-attaque d'Hitler. D'après Actualité juive hebdo (7 mars, p. 12) et l'Allgemeine Jüdische Wochenzeitung (14 mars, p. 12), le livre «nie la réalité de l'Holocauste», s'est déjà vendu à 30 000 exemplaires et vient de bénéficier d'une publicité en première page du grand quotidien Asahi Shimboun. ; il


455 annoncerait que l'Allemagne et les Arabes sont en train d'anéantir la «conspiration» qui s'est montée autour de la croyance en l'«Holocauste». Pologne Mieczyslaw Trzeciak, professeur de sciences sociales, a été exclu de l'Université de Radom pour «antisémitisme», entendez révisionnisme. Le 11 avril, à l'issue d'un entretien avec Jean Kahn, Lech Walesa a promis l'instauration en Pologne d'une législation contre le racisme, qui pourtant existe déjà, et une modification de l'enseignement de l'histoire juive dans les écoles polonaises. Là encore, l'ennemi visé semble être le révisionnisme. Lech Walesa a également promis d'accélérer le déménagement du Carmel d'Auschwitz. Suède Le 13 mars, un débat du Parlement a été consacré à Ahmed Rami et à Radio Islam. Le responsable du Parti libéral s'inquiète de ce que le révisionnisme atteint les lycées et les écoles. A. Rami n'en continue pas moins de donner des conférences dans des établissements de l'enseignement secondaire et dans des universités. L'Université d'Uppsala est en butte à de nombreuses critiques de la part de groupes sionistes suédois et étrangers. Le recteur Axelsson et le professeur Bergman ne s'en laissent pas imposer. Dans la nuit du 13 au 14 avril, Radio Islam a diffusé une interview, en anglais et en français, du professeur Faurisson, interview qui repasse dès lors systématiquement sur les ondes. Le 16 avril, A. Rami est entré en prison (Adresse : Prison centrale, Box 14, S-59600 Skänninge) pour une durée de trois mois. Aux 120 prisonniers, aux gardes et aux autorités de la prison, il a distribué 300 exemplaires de ses livres. Tous s'étonnent de ce que la Justice suédoise puisse jeter un homme en prison au motif d'un «manque de respect pour le peuple juif». L'influence d'A. Rami s'étend dans le monde arabo-musulman, en Allemagne et aux ÉtatsUnis. Calme, déterminé, exceptionnellement efficace, A. Rami s'entend à tirer parti de toutes les situations, pour le plus grand intérêt du révisionnisme. Monde arabo-musulman Nos lecteurs nous pardonneront d'être, pour une fois, discrets sur l'expansion du révisionnisme historique dans le monde arabo-musulman et, plus particulièrement, en Afrique du Nord. Une importante action est en cours, qui nécessite toute discrétion de notre part. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 194-206


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 5, novembre 1991 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

RHR (Robert Faurisson) : EDITORIAL (5), p 5-8 Arthur R. Bu : BREVE INTRODUCTION A L’ETUDE DU REVISIONNISME, p. 9-14 Robert Faurisson : UN MONUMENT DE PROPAGANDE, p. 15-22 Robert Lenski : UN JUIF REVISIONNISTE TEMOIGNE A TORONTO, p. 23-29 Enrique Aynat : LE GOUVERNEMENT POLONAIS EN EXIL ET AUSCHWITZ, p. 3070 David Lamb : PRISONNIERS DU SILENCE, p. 71-78 André Martin : LES TELEGRAMMES SERBES, p. 79-93 Carl O. Nordling : COMBIEN EST-IL MORT DE JUIFS DANS LES CAMPS ?, p. 94103 RHR : DEBAT A L’UNIVERSITE DE UPPSALA, p. 107-135 Célestin Loos : OU SONT LES TRACES DES BRÛLES ?, p. 136-142 Pierre Marais : DOCUMENT INEDIT : LA CONTRE-EXPERTISE DE CRACOVIE, p. 143-150 Catherine Paulet : L’EXPERTISE DE VIENNE, p. 151-156 RHR : UNE CENSURE CATHOLIQUE, p. 157-161 Théo Reithu : A PROPOS DE CARPENTRAS, p. 162-165 Jessie Aitken : L’ORIGINE DU MYTHE, p. 166-172 Robert Faurisson : LE DEFI D’UN HUMORISTE JUIF, p. 173-176 Karl Philipp : UNE INTERVIEW DE SABINA CITRON, p. 177-179 Mark Weber : SIMON WIESENTHAL, LE FAUX "CHASSEUR DE NAZIS", p. 180-197 Joseph Coutelier : DAVID IRVING ET CHURCHILL, p. 198-208 RHR : LE REVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (5), p. 209-220


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Éditorial (5) Le révisionnisme historique poursuit sa course en avant et même l'accélère. La chronique des événements qui lui sont liés se fait chaque mois plus riche et plus diverse. Il semble qu'en Autriche et en Allemagne on soit à la veille de conjonctures décisives et que, dans le monde arabo-musulman, on commence à s'intéresser vivement à l'argumentation révisionniste Toutes les couches de la population d'Outre-Rhin ont tendance à se lasser des vieilles antiennes de la culpabilité allemande. Prudents, les responsables politiques persistent en ce domaine à tenir le langage de la soumission aux vainqueurs et ils évitent tout éclat. Mais, en même temps, en hommes qui pressentent les mouvements profonds, ils ne voudraient pas que l'histoire les devance et, çà et là, ils prennent des assurances sur l'avenir. Le président de la République, Richard von Weizsäcker, fait discrètement savoir qu'il suit très attentivement (sehr aufmerksam) la discussion (die Diskussion) entre révisionnistes et exterminationnistes. Un ministre de la justice (Hans Engelhard) fait dire et confirmer que le Rapport Leuchter est une enquête scientifique (eine wissenschaftliche Untersuchung), alors même qu'il sait que cette expertise américaine conclut à la non-existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek. Un député du CDU (parti du chancelier Kohl), Heinrich Lummer, écrit dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung que le moment devrait être venu de pouvoir traiter le sujet de l’«Holocauste» de manière objective et scientifique et que personne ne trouve son compte à «ingurgiter» une vérité décrétée, chère à Heinz Galinski, président du Conseil central juif ; lors d'un débat télévisé, il maintient sa position en face de l'intéressé qui ne paraît plus très sûr des six millions de morts juives et des témoignages sur les chambres à gaz hitlériennes. Dans une émission récente de TV 5, les révisionnistes sont surtout décrits comme des universitaires, des scientifiques et des juristes. Une publication à grand tirage, le Münchner Anzeiger, que son caractère commercial et populaire n'appelait pas à propager le révisionnisme scientifique, multiplie les articles les plus favorables et constate que le grand public, bouleversé par tant de révélations, exige des compléments d'information. Les juges sont pris de doute et, là où ils condamnaient sans l'ombre d'une hésitation, il leur arrive maintenant de prononcer des verdicts de clémence ou même d'acquittement. Il faut dire qu'ils se heurtent désormais à forte partie. Les avocats ne s'en laissent plus conter. Ils exigent qu'on leur prouve que «génocide» et «chambres à gaz» ont réellement existé. Il n'est plus possible de déclarer «notoire» l'usage d'une prétendue «arme du crime» que personne au fond n'a vue, que personne ne peut décrire et qui, pour des raisons d'ordre physique et chimique, n'a tout simplement pas pu exister et fonctionner, à telle enseigne que toutes les expertises pratiquées concluent ou tendent à conclure que ces chambres à gaz n'ont jamais eu la moindre existence. A l'heure où sont écrites ces lignes, on dispose de deux expertises de l'Américain Fred Leuchter (l'une, déjà citée, sur Auschwitz, Birkenau et Majdanek ; l'autre sur Dachau, Mauthausen et Hartheim), d'une contre-expertise des Polonais du Musée national d'Auschwitz et de l'Institut médico-légal de Cracovie et d'un commencement d'expertise de Gerhard Jagschitz, professeur d'histoire à l'université de Vienne. Deux autres expertises, dont nous connaissons les résultats, devraient être publiées, l'une en Autriche et l'autre en Allemagne. Le temps n'est plus où des avocats, tel Robert Servatius, défenseur d'Eichmann, se contentaient timidement de soutenir que ces prétendus gazages avaient, certes, existé mais que leur client n'y avait pas participé. La preuve du changement des mentalités se trouve dans le comportement d'une fraction de population toujours remarquable par sa pusillanimité : celle qui compose le corps universitaire. Dans le sillage de quelques rares historiens assez téméraires pour avoir entamé le débat appelé «Historikerstreit», voici qu'apparaissent des professeurs prêts à écouter attentivement l'argumentation révisionniste ; abstenons-nous, pour l'instant, de compromettre cette avant-garde en livrant des noms.


458 La jeunesse allemande secoue ses liens ; le réveil est souvent douloureux. De jeunes idéalistes, qui s'étaient mis au service d'une entreprise comme celle de la «repentance» des Allemands (Aktion Sühnezeichen), découvrent qu'on a abusé de leur bonne foi et qu'ils ont cautionné un mensonge historique. Il y aurait autant à dire de l'Autriche que de l'Allemagne, sinon plus. * Les défenseurs de l'orthodoxie historique ne voulaient surtout pas voir s'introduire le révisionnisme dans le monde arabo-musulman. Longtemps ils se sont imaginé qu'Arabes et musulmans, pris dans leurs propres difficultés, ne se soucieraient pas d'une controverse historique essentiellement européenne et américaine. Puis, tout récemment, ils ont perçu le danger et ont pris des mesures de police internationale pour empêcher les envois de littérature révisionniste à partir de l'Europe vers le monde arabomusulman et le retour de cette littérature, cette fois-ci en langue arabe, vers les puissantes minorités arabes ou musulmanes d'Europe. Peine perdue. Il est déjà trop tard. Grâce, notamment, à l'exceptionnel savoir-faire d'Ahmed Rami, responsable, à Stockholm, de Radio Islam et ambassadeur itinérant du révisionnisme, celui-ci vient d'opérer une importante percée dans le monde arabo-musulman à la «conférence internationale de Téhéran pour le soutien de la révolution palestinienne». Sur le plan de l'histoire comme sur le plan politique, l'État d'Israël devra renoncer aux attitudes dogmatiques. * En France, le député RPR Jacques Toubon, pourtant hostile au révisionnisme, demande l'abrogation du délit de révisionnisme. Il dénonce «une loi de circonstance» votée grâce à l'exploitation de l'affaire de Carpentras. Le texte, dit-il, avait été inscrit «à l'ordre du jour en toute hâte» par Laurent Fabius et il «avait été discuté immédiatement parce que le président de l'Assemblée, M. Fabius, avait décidé personnellement son inscription». Tout cela avait été fait dans une «précipitation démagogique». Pour lui, cette loi était d'inspiration stalinienne et le procès Faurisson s'était révélé un désastre pour l'accusation mais non pour Faurisson. Il concluait : «Sur le fond, il est parfaitement clair que l'institution d'un délit de révisionnisme a fait régresser notre législation, car c'est un pas vers le délit d'opinion. Cela a fait régresser l'histoire parce que cela revient à poser que celle-ci [ne] peut être contestée. — Je suis contre le délit de révisionnisme parce que je suis pour le droit et pour l'histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l'histoire.» La majorité socialiste et communiste a refusé l'amendement de J. Toubon et on apprend que le socialiste Michel Pezet aurait souhaité que le procès Faurisson se fût déroulé à huis clos (Journal officiel de la République française, Débats parlementaires, 22 juin 1991, p. 3571-3573). Raoul Béteille, conseiller honoraire à la cour de cassation, André Decocq, professeur de droit communautaire à l'université Paris-II, et François Lefort, auteur de La France et son droit, jugent «la loi Fabius/Gayssot […] assurément inconstitutionnelle» et déplorent qu'il ne se soit «pas trouvé 60 députés ou 60 sénateurs pour avoir le courage de saisir [le conseil constitutionnel]». En juin 1986, un certain nombre de personnes réunies autour du rabbin Sirat, de Serge Klarsfeld, de Pierre Vidal-Naquet et de François Bédarida avaient réclamé la création d'une loi antirévisionniste. Quatre ans plus tard, elles en obtenaient le vote grâce à «Carpentras» et, toujours grâce à «Carpentras», personne n'osait saisir le conseil constitutionnel ou élever une protestation publique. Dans Le Figaro-Magazine, Henri Amouroux s'insurgeait contre la loi Fabius/Gayssot pour ses dispositions antiracistes et anti-Le Pen mais il ne soufflait mot des dispositions antirévisionnistes et anti-Faurisson de la même loi : un paradoxe pour un historien.


459 Sur le plan historique et scientifique, les révisionnistes vont de découvertes en découvertes. La présente livraison de notre revue peut, comme les précédentes, en témoigner. Pendant ce temps, les tenants de la version officielle des événements de la seconde guerre mondiale semblent frappés de stérilité. Nous voici bientôt parvenus au seuil de l'année 1992. On se demande si les temps héroïques de la grande aventure révisionniste ne touchent pas à leur fin. Certes, cent épreuves attendent encore ceux qui s'y sont engagés, mais, sur le plan des acquis de l'histoire et de la science, il se confirme que, pour les révisionnistes, la bataille est gagnée. Le temps mènera à maturité, lentement et sûrement, l'œuvre de clarification historique entreprise en France par Maurice Bardèche et Paul Rassinier, et continuée par tant d'autres chercheurs de France et de l'étranger dans les conditions les plus éprouvantes et parfois les plus terribles. La Rédaction 1er novembre 1991 Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 5-8


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BRÈVE INTRODUCTION A L'ÉTUDE DU RÉVISIONNISME Arthur R. Butz Nous avons déjà eu l'occasion de présenter le professeur Arthur R. Butz (voy. «Contexte historique et perspective d'ensemble dans la controverse sur l' "Holocauste"», R.H.R. n° 2, p. 87-137). Au début de l'année 1991, alors que les révisionnistes faisaient une tentative pour instaurer un débat sur l'Holocauste à l'Université de Northwestern où il enseigne, A.R. Butz s'est à nouveau trouvé au centre d'une tempête. Au plus fort de la controverse, il a été en mesure de publier l'article suivant dans le journal de son université, The Daily Northwestern, du 13 mai 1991. Je vois trois raisons principales à la croyance, largement répandue mais erronée, en la légende des millions de juifs tués par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale : les troupes américaines et anglaises ont trouvé d'horribles tas de cadavres dans les camps allemands de l'Ouest qu'ils ont capturés en 1945 (comme Dachau et Belsen) ; il n'y a plus de vastes communautés de juifs en Pologne ; et les historiens, dans leur ensemble, soutiennent la légende. * Durant les deux guerres mondiales, l'Allemagne a été contrainte de combattre le typhus, apporté par les poux à l'occasion des échanges constants qui se faisaient avec l'Est. C'est la raison pour laquelle tous les récits qui traitent de l'entrée dans les camps de concentration allemands parlent de rasage des cheveux, de douches et autres processus de désinfection, tels que le traitement des cantonnements au pesticide Zyklon. Ce fut aussi la raison principale du taux élevé des décès dans les camps, et de la présence des crématoires qu'on trouvait dans tous les camps.¶Lorsque l'Allemagne s'effondra dans le chaos, alors, bien sûr, tous ces moyens de défense cessèrent, et le typhus et d'autres maladies sévirent bientôt dans les camps, lesquels cantonnaient principalement des prisonniers politiques, des criminels de droit commun, des homosexuels, des objecteurs de conscience et des juifs enrôlés pour le travail. D'où les scènes horribles, qui cependant n'avaient rien à voir avec une «extermination» ou une quelconque politique délibérée. D'ailleurs, les camps de l'Allemagne de l'Ouest concernés n'étaient pas les prétendus «camps d'extermination», qui se trouvaient tous en Pologne (par exemple Auschwitz et Treblinka) et qui furent tous évacués ou fermés avant d'être capturés par les Soviétiques, qui ne virent aucune scène de ce genre. * La «Solution finale» dont parlent les documents allemands était un programme d'évacuation, d'implantation et de déportation des juifs avec pour objectif ultime l'expulsion de ces juifs hors d'Europe. Pendant la guerre, des juifs de diverses nationalités furent transportés vers l'Est, ce qui constituait une étape dans cette Solution finale. La légende raconte que ces déplacements avaient pour but principal l'extermination. La grande majorité des millions prétendument exterminés étaient des juifs de l'Europe de l'Est — et non des juifs allemands ou occidentaux. C'est pour cette raison que l'étude du problème à l'aide des statistiques de population a été difficile, sinon impossible, mais il est un fait qu'il n'y a plus de vastes communautés de juifs en Pologne. Toutefois, les Allemands n'ont été qu'une partie parmi plusieurs autres à être impliquée dans les déplacements de juifs. Les Soviétiques ont déporté pratiquement tous les juifs de la Pologne orientale vers l'intérieur de leur pays en 1940. Après la guerre, les juifs polonais et autres se déversant depuis l'Est dans l'Allemagne de l'Ouest occupée, les Sionistes en déplacèrent des quantités importantes vers la Palestine, et les États-Unis et d'autres pays absorbèrent un grand nombre de juifs, dans la


461 plupart des cas dans des conditions qui rendaient impossible d'en faire un calcul numérique. En outre, les frontières polonaises furent radicalement transformées à la fin de la guerre ; le pays fut littéralement déplacé vers l'Ouest. * Les historiens, dans leur ensemble, soutiennent la légende, mais il y a des précédents dans l'aveuglement quasi incompréhensible de la part des universitaires. Par exemple, à travers tout le Moyen Âge, même les ennemis politiques du pape le laissaient raconter, faussement, que Constantin, empereur au IV e siècle, avait cédé au Pape son autorité sur l'Ouest, alors que tous savaient très bien que d'autres empereurs avaient succédé à Constantin. Une quasi-unanimité entre les universitaires est particulièrement suspecte quand il existe de fortes pressions politiques ; dans certains pays, les révisionnistes ont été poursuivis en justice. * Il est aisé de montrer que la légende de l'extermination mérite le scepticisme. Même le lecteur occasionnel de la littérature holocaustique sait qu'au cours de la guerre pratiquement personne ne s'est comporté comme si cette extermination avait lieu. Ainsi est-il courant de reprocher au Vatican, à la Croix- Rouge et aux Alliés (spécialement à leurs services de renseignement) leur ignorance et leur inaction, et d'expliquer que les juifs en général n'opposaient pas de résistance aux déportations car ils ne savaient pas ce qui les attendait. Si vous additionnez tout cela, vous vous trouvez devant une affirmation étrange selon laquelle, pendant près de trois années, les trains allemands, qui fonctionnaient sur l'échelle d'un continent à travers des régions d'Europe fortement peuplées, transportaient régulièrement et systématiquement des millions de juifs vers leur mort, et personne ne s'en apercevait si ce n'est quelques-uns de nos leaders juifs qui répandaient dans le public des allégations d' «extermination». A y regarder de plus près, même ces quelques leaders juifs ne se comportaient pas comme si cette «extermination» avait lieu. Les communications courantes entre pays occupés et pays neutres étaient libres, et ces leaders étaient en contact avec les juifs qui, étant déportés par les Allemands, n'auraient pas pu ignorer l' «extermination» si ces allégations avaient eu le moindre fondement. Cette ignorance incroyable doit aussi être imputée au service de Hans Oster, du Service de renseignements de l'armée allemande, service appelé à juste titre, dans le compte rendu d'un récent ouvrage, «le véritable état-major général de l'opposition à Hitler». Ce qu'on nous apporte comme preuves a été accumulé après la guerre, dans des procès. Les preuves sont presque toutes des témoignages oraux et des «aveux». Sans les preuves recueillies dans ces procès, il n'y aurait pas de preuves significatives d'une «extermination». Il faut s'arrêter un instant sur ce point et en prendre toute la mesure. A-t-on eu besoin de procès pour établir la réalité de la bataille de Waterloo ? la réalité des bombardements de Hambourg, de Dresde, d'Hiroshima et de Nagasaki ? la réalité des massacres du Cambodge ? Or, ce programme qui aurait duré trois ans, qui se serait développé sur un continent entier et qui aurait touché des millions de victimes, a besoin de procès pour affirmer sa réalité. Je n'en déduis pas que les procès étaient illégaux ou injustes ; j'en déduis qu'on ne doit pas admettre une logique historique comme celle sur laquelle repose la légende. Des événements pareils ne peuvent se produire sans donner naissance à des preuves, de même taille et contemporaines, de leur réalité, tout comme un grand incendie de forêt ne peut avoir lieu sans produire de fumée. Autant croire que la ville de New York a été détruite par le feu, si l'on peut fournir des aveux dans ce sens. La littérature révisionniste a concentré son attention sur l'étude détaillée des preuves avancées spécifiquement en faveur de la légende, mais il n'est pas possible d'en traiter ici et je n'en mentionnerai qu'un point. La légende prétend qu'il n'existait pas de moyens techniques prévus pour le travail précis d'extermination, et que des moyens prévus à l'origine pour d'autres usages ont fait double emploi au prix d'aménagements improvisés. Ainsi les juifs étaient-ils


462 gazés, dit-on, à l'aide du pesticide Zyklon, et leurs cadavres disparaissaient- ils dans les fours crématoires en même temps que les morts par cause «ordinaire» (les cendres ou autres restes de millions de victimes n'ayant jamais été retrouvés) [1]. De quoi laisser pensif, et sceptique ! A l'appui des remarques d'A. Butz, rappelons que le fait que la population juive d'un pays comme la Pologne ait diminué dans des proportions considérables (moins considérables peutêtre qu'on ne se plaît à le répéter) n'implique pas obligatoirement que cette population ait eu à souffrir d'un «génocide». On n'en voudra pour preuve que le tableau suivant que nous reproduisons sous toutes réserves ; il est dû à Serge Moati et à Jean-Claude Raspiengeas (La Haine antisémite, Flammarion, 1991, p. 178) ; il concerne neuf pays arabes où la population juive aurait, depuis 1948 (date de la fondation de l'État d'Israël), diminué de façon spectaculaire sans que l'on puisse imputer cette diminution à un quelconque «génocide» des juifs Pour justifier le chiffre de plusieurs millions de morts juives pendant la dernière guerre, on a excipé de la disparition de millions de juifs russes. On en concluait qu'il ne restait aujourd'hui en Union soviétique que 2 à 3 millions de juifs. Or, ce chiffre est revu à la hausse. Dans le New York Post du 1er juillet 1991 (p. 16), un article d'Uri Dan, journaliste à Tel Aviv, révèle que jusqu'ici les autorités israéliennes évaluaient le nombre des juifs russes actuellement vivants à un chiffre compris entre 2 et 3 millions. «Mais les émissaires israéliens qui peuvent maintenant voyager librement en Union soviétique grâce à l'amélioration des relations diplomatiques rapportent qu'un total de plus de 5 millions serait plus exact.» Du même coup, la thèse de Steffen Werner gagne en crédibilité. Pour cet auteur, une masse considérable de prétendues victimes du «génocide» a survécu à la guerre dans la zone de Russie blanche (capitale : Minsk) vers où un grand nombre de juifs avaient été déportés par les Allemands (voy. Die 2. babylonische Gefangenschaft, Zum Schicksal der Juden im europäischen Osten seit 1941 [La seconde captivité de Babylone, Contribution à l'étude du destin des juifs en Europe de l'Est depuis 1941], Pfullingen, Selbstverlag S. Werner, 1990, 200 p.). LES MINORITÉS JUIVES DANS LES PAYS ARABES Dans les pays arabes où l'islam est une religion d'État, les juifs sont généralement confinés dans des «mellahs» (ghettos). A noter qu'aucun juif d'origine arabe ne s'est réinstallé dans son pays natal depuis la création de l'État d'Israël. Egypte

Population juive

Lybie

Population juive

Irak

Population juive

Yémen

Population juive

Sud-Yémen

Population juive

Syrie

Population juive

en 1948

75.000

en 1988

350

en 1948

40.000

en 1988

20

en 1948

125.000

en 1988

400

en 1948

54.000

en 1988

0

en 1948

7.000

en 1988

0

en 1948

45.000


463

Tunisie

Population juive

Maroc

Population juive

Algérie

Population juive

en 1988

4.000

en 1948

110.000

en 1988

2.000

en 1948

300.000

en 1988

20.000

en 1948

150.000

en 1988

500

1. Comme à son habitude, Arthur Butz est ici d'une concision extrême. Sa remarque signifie que, si les Allemands avaient réellement entrepris une œuvre de destruction aussi colossale, ils auraient mis au point un moyen particulier pour tuer leurs victimes et un procédé particulier pour éliminer les restes de ces victimes. Or, la légende raconte que les Allemands se sont contentés d'utiliser des moyens aussi banals et anciens que le Zyklon B et les crématoires qui leur servaient, par ailleurs et en même temps, aux désinfections et aux crémations de chaque jour. Les Allemands auraient aménagé, bricolé, improvisé ; on retrouve là la thèse absurde des «bricolages» et des «gazouillages» chers à Jean-Claude Pressac, disciple de Serge Klarsfeld (voy. R.H.R. n° 3, novembre 1990, p. 65-154) — NDLR. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 9-14


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UN MONUMENT DE PROPAGANDE (LE MÉMORIAL DE LA RÉSISTANCE CHARENTAISE) Robert Faurisson Le voyageur qui se déplace sur la RN 141 reliant Angoulême à Limoges peut apercevoir de loin un imposant monument de pierre blanche en forme de «V» et de croix de Lorraine. Il s'agit du Mémorial de la Résistance charentaise situé à Chasseneuil-sur-Bonnieure. Les panneaux de direction indiquent : «Cimetière national. Mémorial de la Résistance». A première vue, le vaste cimetière au centre duquel s'élève ce monument, doté d'une crypte à sa base, est celui de Résistants charentais morts au combat ou des suites du combat. C'est ce qu'on peut croire au premier abord ; et tout, au surplus, aussi bien dans la disposition des lieux que dans le commentaire officiel, tend à confirmer cette impression qui, comme on va le voir, est pourtant fausse. Mais tenons-nous-en, pour l'instant, à cette impression première et à tout ce qui la suscite et l'entretient. Pour commencer, le visiteur qui gravit l'allée centrale du cimetière en direction du monument n'aperçoit, à sa droite et à sa gauche, que des tombes de Résistants. A un moment donné, sur sa droite, il avisera un vaste bloc de pierre dédié à la mémoire de 25 «Résistants du Maquis "Bir Hakeim"» dont on aperçoit les tombes individuelles en contrebas. Parvenu au pied du monument lui-même, le visiteur constatera que de nombreux hauts-reliefs y retracent l'histoire de la Résistance charentaise. Aucune sculpture ne rappelle que plus de 100 000 soldats français sont morts pendant la Campagne de France de 1939-1940 ; tout au plus note-t-on la sculpture d'un soldat français écrasé par la défaite ; celui-ci ne porte pas le casque du combattant mais le simple calot du prisonnier ; à ses pieds s'entassent des armes qu'il a fallu déposer et qu'un Résistant — une autre sculpture le montre — viendra rechercher. Entrons dans la crypte du mémorial. On y compte une série d'alvéoles contenant les restes de 29 Résistants. C'est ici, dit le commentaire d'un recueil photographique, que «reposent les principaux chefs de la Résistance charentaise». Ce recueil photographique ainsi que les brochures qui sont en vente sur place ne parlent que de Résistance et jamais de la Campagne de France, à l'exception peut-être de très vagues et inévitables allusions. Comme pareille crypte constitue en principe l'endroit, par excellence, où devraient reposer des héros morts au champ d'honneur, et comme les escarmouches contre l'occupant n'ont surtout pris place en Charente que pendant quelques jours de l'été 1944, on ne devrait pas y trouver, semble-t-il, les restes de Résistants morts après l'été 1944 ou, à la rigueur, après la bataille de Royan et le 8 mai 1945, jour de l'armistice avec l'Allemagne. Or, on a la surprise de constater que, dans cette crypte, reposent aussi les corps de Résistants morts en 1949 (René Véry), en 1963 (colonel Marc Roger Geissmann et colonel André Chabanne), en 1975 (colonel Bernard Lelay ou Le Lay), en 1987 (Jacques Nancy), en 1989 (Yves Faure) et même en 1991 (Thérèse Bonnier). C'est alors que le visiteur peut commencer à se poser des questions et reprendre sa visite afin de vérifier ce que, jusqu'ici, il avait vu ou cru voir. C'est ce qu'on appelle un travail de révision. Revoyons précisément ce cimetière et revisitons-le. Nous découvrirons alors que : 2. Cet impressionnant cimetière est surtout peuplé de morts de la Campagne de France et des suites de cette campagne ; sur 2 029 corps (certaines des 2 255 tombes ne sont pas occupées), 1 843 sont ceux de soldats de 1939-1940 tandis que 186 corps [1] sont ceux de Résistants (157 dans le cimetière même et 29 dans la crypte) ;


465 3. La grande majorité de ces soldats de 1939-1940 étaient des Nord-Africains, des Africains et des Indochinois ; un certain nombre sont morts dans des hôpitaux militaires de Libourne, de Nantes et d'autres villes de la côte atlantique ; dans la partie haute du cimetière, où ne se rendent guère les visiteurs, on aperçoit un carré de sépultures surmontées du croissant et non de la croix ; 4. Le bloc de pierre dédié à la mémoire de 25 «Résistants du Maquis "Bir Hakeim"» et les tombes en contrebas ne concernent pas le maquis commandé par le héros local de Chasseneuil, le colonel A. Chabanne, un enfant du pays, ancien instituteur, mais un maquis de… Lozère. Ces 25 maquisards, comme l'indiquent les inscriptions tombales, sont morts à La Parade (dans les gorges du Tarn) ; ils sont venus faire nombre à Chasseneuil où ils n'ont franchement pas leur place, vu qu'ils n'appartenaient pas le moins du monde à la «Résistance charentaise» ; 5. Dans la crypte se trouvent, en plus de FFI morts au combat en 1944, quelques FFI ou FFL morts en 1944 ou en 1945 mais, les uns, dans un accident de camion en Charente et, les autres, dans un accident d'avion en Allemagne ; ne parlons pas de ceux qui sont morts bien après la guerre comme, par exemple, le colonel André Chabanne, tué dans un accident de voiture ; 6. Dans certains cas, rarissimes il est vrai, on a porté la mention de FFI (Forces françaises de l'Intérieur) sur les tombes de personnes mortes en… 1940, alors que la création des FFI date du 1er février 1944. Bref, au terme de cette seconde visite, l'impression se forme que, dans ce cimetière où les morts auraient dû avoir le droit à un égal respect et à la même dose d'attention, on a magnifié les uns au détriment des autres et, par des moyens contestables, cherché à gonfler le nombre des morts de la Résistance. Parmi ces moyens, ne faudrait-il pas surtout compter la disposition même des rangées de sépultures ? A droite et à gauche de l'allée centrale et des voies de pénétration importantes dans le cimetière, on a systématiquement commencé les rangées avec des tombes de Résistants ; le visiteur n'aperçoit ainsi que ces tombes-là et il ne lui viendra sans doute pas à l'esprit qu'après deux, trois ou quatre tombes de Résistants situées à proximité, tout le reste de la longue rangée — de chaque longue rangée — ne porte plus que les noms de Français ou de «coloniaux» mobilisés en 1939-1940 et morts pour la France. La brochure intitulée Mémorial de Chasseneuil (1989, 31 pages) aurait besoin d'une sévère révision des faits et des chiffres rapportés. Elle est vendue au profit du Comité des œuvres du Mémorial de Chasseneuil, sis à la préfecture de la Charente à Angoulême. Ce comité a pour but «de perpétuer le souvenir des héros de la Résistance et de veiller à l'exécution des travaux d'entretien et d'embellissement de cette Nécropole nationale». Comme cette «nécropole» comporte, sur 2 029 sépultures, 1 843 sépultures des morts de la campagne de 1939-1940 et de ses suites, on est en droit de s'étonner que pas une page, pas une ligne ne fasse mention de ces morts-là. D'emblée, on nous parle d' «une nécropole nationale qui regroupe 2 255 sépultures» et d'«un cimetière abritant les restes des héros de la Résistance» (p. 3). Comment le lecteur n'en déduirait-il pas que le cimetière qu'il visite abrite les restes de 2 255 «héros de la Résistance», alors qu'en réalité le vrai chiffre est de 186 ? De quel droit multiplier ici par 12 le nombre des morts de la Résistance ? Un tableau intitulé «La Souffrance de la Charente pendant la seconde guerre mondiale, 1939-1945» (p. 26) mentionne que 1 097 «militaires 1939-1940» sont morts pour la France et 310 «Résistants» ; cependant, il s'agit là d'un tableau général intéressant non pas la nécropole mais le département tout entier. Dans ce tableau, à peu près toutes les rubriques et tous les chiffres seraient à revoir. Une rubrique, par exemple, porte : «Victimes civiles (fusillés, victimes de bombardements)». Les jeunes générations ont peu de chance de voir que ces victimes civiles de bombardements sont, pour la plupart, à mettre au compte des Anglo-Américains plutôt que des Allemands [2]; rappelons que les bombardements anglo-


466 américains ont provoqué la mort de 60 000 Français et un nombre bien plus considérable de blessés et de mutilés et que, parmi les Français morts en Allemagne, un certain nombre ont été tués dans les effroyables bombardements des villes allemandes. On oublie trop que l'un des motifs qui retenaient les Français d'obéir aux injonctions du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne) était précisément la crainte d'être pris dans les bombardements des usines d'Outre-Rhin. Les auteurs de la brochure ne pouvaient passer sous silence le fait que l'essentiel du «travail gigantesque réalisé avec des moyens archaïques» pour l'édification de cette nécropole et de son monument est dû aux travaux forcés auxquels ont été contraints des prisonniers allemands (p. 5). Peut-être aurait-on pu insister un peu plus sur le sort de ces prisonniers ; en est-il mort sur place ? combien ? où les a-t-on enterrés avant un éventuel rapatriement en Allemagne ? Au sujet de la crypte, on écrit un peu trop habilement qu'elle était conçue pour abriter les corps de «fusillés, déportés, combattants tués face à l'ennemi» (p. 4). Peut-être était-elle conçue dans cet esprit mais le fait est qu'elle abrite bien d'autres corps que ceux-là, y compris les corps de gens morts dans leur lit plus de quarante ans après la guerre. Les commentaires des sculptures cachent mal le désir de faire sa propre apologie (p. 7-10). Les sculpteurs ont notamment représenté trois personnes qui sont à l'origine de la création, très tardive, du Maquis Bir Hakeim : les instituteurs André Chabanne, Hélène Nebout et Guy Pascaud. Ces trois personnes ont longuement survécu à la guerre. Elles ont donc pu se voir statufier. On insiste particulièrement sur la figure de Guy Pascaud, sénateur de la Charente. Avec son père Édouard Pascaud, maire de Chasseneuil, il avait fait don du terrain. Curieusement, on ne rappelle pas qu'il fut arrêté par les Allemands le 22 mars 1944 à Chasseneuil. Ce jour-là, une importante formation militaire allemande encercla le bourg, procéda à des arrestations et s'empara à Négret d'un fort groupe de maquisards mal armés, mal préparés au combat, mal encadrés et dont les responsables n'étaient pas présents sur place. Il y eut des morts et tous les prisonniers furent fusillés à Biard, près de Poitiers. Parmi leurs trois responsables, deux (André Chabanne et Hélène Nebout) resteront indemnes tandis que Guy Pascaud, arrêté à Chasseneuil, sera déporté ; revenu de déportation, il fera après la guerre une carrière politique, comme son père. Le chapitre consacré à l'activité combattante des maquisards («La Résistance militaire», p. 18-25) cache mal l'extrême modestie de la participation des maquis locaux sur ce plan. Henri Noguères, ancien Résistant, est l'auteur d'une Histoire de la Résistance en France (Genève, Famot, 1981-1982). Dans les dix volumes et les 4 540 pages de ce monumental ensemble, aucune mention n'est faite du maquis Bernard (Bernard Lelay) ; quant au maquis Chabanne (André Chabanne), il ne se voit accorder, pour son activité dans la région, que quelques modestes lignes (tome VIII, p. 119-120). La brochure passe complètement sous silence les exécutions sommaires perpétrées par le maquis Chabanne et le maquis Bernard : environ 40 dans un cas et environ 80 dans l'autre cas, et cela dans des conditions parfois atroces que les historiens spécialisés (Robert Aron, Henri Amouroux, Philippe Bourdrel, …) ont rapportées [3]. Dans la région, la réputation du maquis Bernard est si fâcheuse que la famille de Bernard Lelay et le Parti communiste rencontrèrent bien des difficultés avant d'obtenir le transfert du corps dans la crypte. Il faut espérer que le temps viendra où, comme à Verdun pour la première guerre mondiale, on rendra un égal hommage à tous les morts de la seconde guerre mondiale qui fut une abominable boucherie d'où personne n'est rentré les mains propres. On ne cachera plus rien, on dira tout. Oradour (642 morts) et Dresde (135 000 morts ?) seront unies dans le jumelage des villes et des bourgades martyres [4]. On essaiera de comprendre tous les Français au lieu de les répartir en des catégories morales stéréotypées, avec un traitement de faveur pour certains, l'oubli pour d'autres et la condamnation à perpétuité pour les vaincus.


467 Le cimetière national de Chasseneuil est impeccablement entretenu. Les tombes du tirailleur sénégalais, de l'officier métropolitain et du maquisard sont l'objet des mêmes soins. Pourquoi le Secrétariat d'État aux Anciens Combattants et les hautes autorités qui ont conçu ce cimetière ne prendraient-ils pas modèle sur les jardiniers qui, dans leur besogne quotidienne, traitent tous les morts avec les mêmes égards ? Pour commencer, on modifierait de fond en comble la substance des brochures, guides et ouvrages proposés sur place à la vente et, dans le commentaire des visites, on accorderait plus de place à l'histoire de la France dans la seconde guerre mondiale et moins de place à la légende dorée de la Résistance. Les soldats de la Campagne de France méritent des égards. Il y avait certainement plus de risque à essayer de faire face, en 1940, aux divisions allemandes en pleine offensive et dotées de redoutables moyens, qu'à livrer en 1944 des escarmouches, comme ce fut le cas en Charente, contre une troupe en retraite ou à multiplier contre des Allemands isolés des actes de terrorisme (voy. Marc Leproux, Nous les terroristes, 1947). Quant aux 120 hommes et femmes victimes des exécutions sommaires perpétrées en 1944 par les maquis Chabanne et Bernard, ils n'ont eu droit à aucune sépulture. Tous, sans exception, ont été enterrés comme des chiens. Certains corps n'ont toujours pas été exhumés pour être transférés dans un cimetière. Les emplacements des charniers sont connus. Les autorités municipales, préfectorales et judiciaires de la Charente le savent et ne font rien pour remédier à cette anomalie. 1. Ce chiffre aurait été évidemment plus important si plus de familles avaient accepté le transfert des cendres des leurs dans la nécropole. 2. A moins, bien sûr, que le chiffre indiqué ne corresponde qu'aux victimes de bombardements allemands et que le nombre des victimes de bombardements angloaméricains ait été tout simplement omis. 3. Voy. également R. Faurisson, «Chronique sèche de l'Épuration», R.H.R. n° 4, p. 25-50, pour le décompte précis de ces exécutions sommaires. 4. Pour l'historien, le massacre d'Oradour garde bien des mystères. Pourquoi, au juste, les Allemands ont-ils fusillé la population mâle ? Ont-ils mis le feu à l'église (où ils avaient enfermé femmes et enfants) ou le feu s'est-il communiqué à l'église ? Ont-ils tiré sur les femmes et les enfants ? Les maquisards de la région avaient-ils choisi ce paisible village pour y entreposer, dans les maisons et jusque dans le clocher de l'église, des armes, des munitions et des explosifs de toutes provenances ? La chaleur dégagée dans le clocher a été si forte que la cloche a fondu (!) tandis que le confessionnal de bois a été retrouvé indemne. Pourquoi n'a-t-on pas demandé une expertise à des spécialistes de balistique, du feu et des explosifs ? Les procès de Nuremberg, de Bordeaux et de Berlin n'ont pas apporté de réponse claire. Les Français gardent secret le rapport d'enquête du juge d'instruction militaire allemand Detlef Okrent et les archives ne seront pas ouvertes avant 2044 : pourquoi ? Certaines «fictions» d'Oradour sont entretenues pour des motifs intéressés : «la Commission nationale [des Déportés et Internés Politiques] a admis la fiction [sic] de l'encerclement de la localité par les troupes SS» ; ainsi «le titre d'Interné Politique à titre posthume» a-t-il pu être «reconnu à tous les massacrés d'Oradour-surGlane» (Secrétariat d'État aux Anciens Combattants, note pour M. Bergeras, conseiller technique, en date du 12 juillet 1971, avec PV joint d'une réunion de la Commission les 4 et 5 février 1963). Le bombardement de Dresde par les Alliés a moins de mystères. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 15-22


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UN JUIF RÉVISIONNISTE TÉMOIGNE A TORONTO Ce témoignage est extrait de The Holocaust on Trial, de Robert Lenski ( Reporter Press [P.O. Box 726, Decatur, Ala. 35602, USA], Argentine, 1990, 544 p.). Ce livre, qui retrace la totalité du procès d'Ernst Zündel à Toronto [1], a surtout le mérite de publier une grande partie de la transcription officielle (entre guillemets dans le texte) des témoignages apportés à la barre par les témoins des deux parties. Le témoignage qu'on va lire (p. 235-239) est celui de Joseph G. Burg. Rappelons à nos lecteurs que J.G. Burg, de son vrai nom Ginzburg, est ce révisionniste de confession mosaïque, originaire de Czernowitz (Roumanie), qui avait signé de nombreux ouvrages révisionnistes dont Schuld und Schicksal (Culpabilité et destin) et Majdanek in alle Ewigkeit ? (Majdanek pour l'éternité ?). Il disait avoir visité dès la fin de la guerre les camps d'Auschwitz et de Majdanek et y avoir constaté l'absence de toute chambre à gaz homicide. En 1975, allant porter des fleurs sur la tombe de sa femme, il avait été violemment agressé par un groupe de jeunes sionistes (voy. R.H.R. n° 3, p. 215). J.G. Burg est mort deux ans après sa déposition au tribunal de Toronto. En raison de ses opinions, on n'a pas permis qu'il fût enterré, dans "le carré juif", aux côtés de sa femme. Ses cendres ont été déposées le 19 juillet 1990 au nouveau cimetière sud de Munich. * Peu de temps avant quatre heures, le mardi 29 mars [1988], Joseph G. Burg, âgé de 80 ans, se présenta à la barre en tant que douzième témoin admis à la défense de Zündel. Juif des deux côtés de sa famille, une barbe à la Trotsky et l'air d'un rabbin du XIXe siècle, Burg avait proposé son témoignage dans le but d'aider à mieux saisir «l'état d'esprit» de Zündel au moment où ce dernier publia le pamphlet de Harwood. Les deux hommes étaient alors déjà en contact, principalement au sujet des propres ouvrages de Burg qui démentaient l'Holocauste et qu'il commença à publier en Allemagne de l'Ouest aux environs de 1960. Au cours de l'automne 1945, déclara Burg, la curiosité l'avait conduit à Auschwitz. Par la suite, il s'était entretenu avec des centaines de personnes qui s'étaient trouvées là pendant la guerre. Christie [2] : Dans vos livres et votre correspondance, signalez-vous qu'il y avait des chambres à gaz à Auschwitz, Majdanek ou dans d'autres camps d'extermination allemands ? Burg corrigea la terminologie de Christie : «Il n'y a pas eu du tout de "camps d'extermination".» Pendant la guerre, Burg avait vécu dans un district sous contrôle roumain qui était réservé à des juifs de la région. Ceux-ci avaient été collectivement «bannis» parce que nombre d'entre eux avaient «accueilli favorablement l'Armée rouge». «C'était bien pire pour nous que dans un camp de concentration», insista Burg. «Les autorités allemandes s'occupaient des détenus dans les camps… Nous, nous étions livrés à nous-mêmes.» Christie : Quand vous avez visité Auschwitz à l'automne 1945, avez-vous précisément recherché des chambres à gaz ? Oui, répondit Burg, «bien qu'à cette époque les gazages ne fussent pas à la mode. Pas encore. Mais effectivement je les ai cherchées. Je les ai cherchées avec soin et je n'ai rien trouvé». Christie : Et avez-vous découvert des preuves de l'existence de chambres à gaz, en 1945, à Majdanek ? Burg : Oui. Christie : Et qu'étaient ces chambres à gaz de Majdanek ?


469 Burg : Elles servaient à détruire les poux, les puces, etc. Des insectes qui provoquaient des épidémies. Les Allemands étaient des super-bureaucrates, dit Burg. «Il est impossible qu'après toutes ces années on ne puisse pas trouver un seul document.» «J'ai parlé à des centaines de personnes qui entretenaient et faisaient fonctionner les fours crématoires», continua-t-il, «mais impossible de trouver des gens qui faisaient fonctionner des chambres à gaz…» Toute la littérature était «complètement contradictoire. Pourquoi ? Parce qu'elle est entièrement fabriquée.» Christie : Zündel vous semble-t-il sincère dans ses recherches sur ce sujet ? Burg : Il m'a dit qu'il considérait comme l'œuvre de toute sa vie de défendre son peuple parce qu'il a été diffamé. Christie : Et êtes-vous d'accord que son peuple est diffamé ? Burg : Oui. Christie : Et avez-vous exprimé ces opinions dans vos livres ? Burg : Maintes et maintes fois. En avez-vous subi des conséquences ? demanda Christie. «Oui, bien entendu», répondit Burg — mais le juge Thomas [3] rejeta la question. Christie demanda à Burg ce qu'il avait dit à Zündel sur la manière dont les juifs avaient été amenés à porter l'étoile jaune. Burg répondit que le directeur du mouvement sioniste en Allemagne l'avait réclamée dès 1933. La mesure avait finalement été appliquée en 1938 [4], contre le gré à la fois de Goering et de Goebbels. Les sionistes «ne la considéraient pas comme une insulte, mais plutôt comme un geste héroïque. Tout comme les SS portaient le swastika». Burg affirma que Zündel et lui avaient souvent discuté du problème des réparations considérables versées par l'Allemagne à Israël et à la communauté juive et des répercussions que la propagande de l'Holocauste avait sur les relations judéo-allemandes. La situation continuerait «pendant quelques générations encore», avait-il prédit. Burg était heureux d'avoir appris à Zündel à dire «sioniste» plutôt que «juif». Le témoin décrivit sa rencontre avec Ilya Ehrenburg [5], le célèbre écrivain et propagandiste juif soviétique, aux procès de Nuremberg. Ehrenburg avait inspecté Auschwitz après la guerre et il se trouvait avec un autre juif éminent, un éditeur, qui y avait été interné pendant plusieurs années. Burg avait demandé aux deux hommes s'ils avaient vu quoi que ce fût qui pût suggérer l'existence de gazages, et tous deux avaient répondu par la négative. Peu de temps après que Burg eut déclaré qu'il avait lu la brochure d'Harwood dans l'édition allemande, le juge Thomas suspendit la séance jusqu'au lendemain. La déposition reprit le lendemain matin, mercredi 30 mars [1988]. Christie demanda à Burg ce qu'il avait dit à Zündel de la «collaboration» entre les responsables nazis et sionistes. Burg reprit Christie sur le vocabulaire qu'il avait employé. Dans ce contexte, il n'écrivait et ne parlait que de «coopération», car «la collaboration est une chose qui se pratique essentiellement entre adversaires. Non seulement David Ben-Gurion, mais «presque tous les dirigeants [sionistes] reconnus vinrent en Allemagne depuis la Palestine afin de coopérer sur les questions juives…». Le chef du sionisme en Allemagne à l'époque de la prise du pouvoir par Hitler était Dr. Leo Baeck, et Burg cita l'une de ses déclarations selon laquelle les intérêts de la communauté juive et ceux du national-socialisme allemand étaient «identiques». Un autre chef sioniste allemand, Dr. [Siegfried] Moses, «fit une déclaration semblable». Mais il s'agissait d'un monde très


470 différent du nôtre à plus d'un titre. Les sionistes constituaient alors seulement 1,5 % de l'ensemble des juifs allemands, selon Burg [6]. Les sionistes, dit Burg, s'employaient en permanence à empêcher que d'autres pays que la Palestine ne laissent entrer des juifs. Les nazis, de leur côté, se souciaient rarement de l'endroit où se rendaient les juifs. Mais les neuf années de coopération nazis/sionistes «prirent fin en 1942 quand… la victoire contre l'Allemagne apparut clairement même à la personne la plus stupide». «La vérité fait lentement son chemin», dit Burg — et il en redoutait les conséquences. Burg fit référence à son livre Guilt and Fate [Culpabilité et destin], publié en 1962, que Zündel avait lu des années auparavant. «Il m'a dit un jour que c'était grâce à ce livre qu'il était devenu ce qu'il est à présent, un combattant pour la vérité, un combattant contre l'accusation mensongère portée contre son peuple.» «Nombre de sionistes des années 30, dit Burg, étaient d'avis que seule l'Allemagne pouvait les aider à obtenir un État juif. Ils utilisèrent pour atteindre leurs buts… la majorité des juifs». Un ghetto modèle fut créé à Lodz, avec monnaie juive et timbres juifs. «Grâce au gouvernement de Berlin, nous fîmes l'expérience d'un petit Israël.» Bien sûr, «ici et là», des Allemands ont tué des juifs brutalement. «Toutes ces choses-là ne peuvent pas se dire aujourd'hui…» Burg espérait montrer par son exemple que tous les juifs ne considèrent pas les Allemands comme une nation coupable. Il admirait le courage de Zündel. «S'il y avait deux ou trois autres Zündel», proclama-t-il, «cela vaudrait mieux pour nous autres juifs aussi.» Burg mentionna le cas du Dr. Benedikt Kautsky, juif socialiste éminent qui passa trois ans à Birkenau. Sa mère s'y trouvait également. Elle avait près de 80 ans, tomba malade et eut droit à un «traitement spécial» — ce qui, dans son cas, signifiait une nourriture et des soins spécialement de qualité. Elle mourut malgré tout. Après la guerre, Kautsky retourna à Vienne, dit Burg, pour publier un «journal des travailleurs» qui «révélait la vérité». Il publia également un livre, Teufel und Verdammte [Le Diable et les damnés] (1946), qui disait la vérité sur la prétendue extermination des juifs. «L'édition entière fut brûlée. Un an et demi plus tard, il publia une nouvelle édition. Ma foi, il avait fait quelques rectifications…» L'histoire des gazages, dit Burg, «est née d'un esprit malade». Christie demanda au témoin ce qu'il avait dit à Zündel de «[ses] interviews de travailleurs juifs ayant fait partie des Sonderkommando affectés aux fours crématoires du camp». Il est évident, dit Burg, que chaque grand camp possédait des fours crématoires. Le travail y était pénible et difficile et les détenus qui y travaillaient — volontairement — étaient parmi les plus robustes. Plus tard, «on inventa que chaque four crématoire était une chambre à gaz». Certains prétendirent qu'«on poussait des juifs vivants à l'intérieur pour les y brûler. J'aimerais voir un juif qui a fait des déclarations pareilles au cours d'un procès. On devrait le forcer à prêter serment selon les rites [rabbiniques] avec la calotte sur la tête, hors de la présence d'images du Christ, sur la Bible hébraïque, en présence d'un rabbin ou d'un juif religieux pieux. Ensuite, il devrait jurer qu'il a vu ce genre de chose. Alors ces faux serments, ces fausses déclarations, ces déclarations de malades, diminueraient de 99,5 %. Parce que le serment superficiel n'est pas contraignant, moralement contraignant, pour ces juifs. Cette réponse-là suffit-elle ?» Burg estimait à environ 30 ou 40 le nombre des travailleurs de Sonderkommando auxquels il avait parlé de la question des chambres à gaz. Il déclara également qu'il avait participé à «des douzaines de soirées de discussion» en Allemagne de l'Ouest. Les réponses de Burg, souvent décousues et indirectes comme celles de Ditlieb Felderer [7], l'étaient de plus en plus avec le temps qui avançait. Le procureur John Pearson commença à se plaindre, et Christie sembla partager son avis.


471 Au cours de ses dernières minutes à la barre, Burg se lança dans un monologue sur une grande conspiration. «Ce qui importait, c'était de fonder l'État d'Israël», déclara-t-il. Les grands banquiers juifs ne voulaient pas aller, eux-mêmes, en Israël, ajouta-t-il, «mais ils soutiennent [le pays] à leur manière… Ils jouent un double jeu…» Ils ont apporté leur soutien au régime d'Hitler. Certains avaient dit qu'ils sacrifieraient la communauté juive européenne si cela devait leur apporter Israël. [Le procureur] John Pearson choisit de ne pas soumettre le témoin à un contreinterrogatoire. 1. Voy. aussi R. Faurisson, «Le révisionnisme au Canada», Annales d’Histoire Révisionniste, n° 5, été-automne 1988, p. 31-49. 2. Douglas Christie, avocat d'Ernst Zündel. — NDLR. 3. Le juge Ron Thomas présida tout le procès avec une partialité manifeste ; son hostilité à l'égard d'E. Zündel se dévoila tout entière dans les termes, les plus violents, qu'il employa pour commenter le verdict de condamnation. — NDLR. 4. Burg fait erreur ; le port de l'étoile jaune sera institué en Allemagne en septembre 1941, soit deux mois après l'entrée en guerre contre l'Union soviétique. — NDLR. 5. Ce propagandiste stalinien, d'origine juive, est resté célèbre pour ses furieuses exhortations au meurtre à l'encontre du peuple allemand : «[…] Abats l'Allemand ! c'est la prière que t'adresse ta vieille mère. Abats l'Allemand ! c'est ce que te demande cet enfant suppliant. Les Allemands ne sont pas des humains, les Allemands sont des animaux à deux pattes, des êtres repoussants, des bêtes féroces. Ils n'ont pas d'âme. […] Quand tu as abattu un Allemand, abats-en un autre : il n'y a rien de plus réjouissant pour nous que des cadavres allemands !» Voy. Alfred de Zayas, Zeugnisse der Vertreibung [Témoins de l'expulsion], Krefeld, Sinus-Verlag, 1983, la 9e photo après la page 128 et Jacques de Launay, La Grande Débâcle 1944-1945, Albin Michel, Coll. Marabout Université, p. 28. Ces appels au meurtre étaient d'usage courant dans la propagande anti-allemande. A deux Français, d'origine juive eux aussi, Maurice Druon et Joseph Kessel, on doit le Chant des Partisans où s'entendent les mots : «Ohé ! les tueurs / A la balle et au couteau / Tuez vite !» On pourrait également citer des textes de Julien Benda, de Vladimir Jankelevitch, d'Élie Wiesel et de bien d'autres juifs et non juifs. — NDLR. 6. Aujourd'hui, bien entendu, c'est précisément cette minorité de juifs, qui était si conciliante avec Hitler, qui maintient fermement sous sa coupe la plupart des organisations juives. 7. Révisionniste suédois, auteur d'Auschwitz Exit, emprisonné pour ses écrits à Stockholm en 1982. Témoin aux procès Zündel. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 23-29


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LE GOUVERNEMENT POLONAIS EN EXIL ET AUSCHWITZ D'APRÈS LE PÉRIODIQUE POLISH FORTNIGHTLY REVIEW, 1940-1945 Enrique Aynat Motif et genèse Depuis un certain temps j'éprouvais un intérêt à savoir comment avait pu réagir le gouvernement polonais en exil devant les gigantesques tueries de juifs qui étaient censées se produire dans le camp de concentration d'Auschwitz. Tout ce qui pouvait se produire à Auschwitz relevait de la responsabilité du gouvernement polonais en exil. Auschwitz avait fait partie de la république polonaise jusqu'en septembre 1939 et le gouvernement polonais, installé à Londres depuis juin 1940, prétendait étendre sa juridiction sur la Pologne d'avant-guerre ; il ne reconnaissait pas les annexions territoriales pratiquées par l'Allemagne. En conséquence, je suis parti, dans mon travail, de l'hypothèse selon laquelle, s'il s'était produit à Auschwitz un grand massacre de juifs, le gouvernement polonais en exil aurait dû en avoir connaissance et, en conséquence, aurait réagi d'une manière ou d'une autre. Objet et limites Le but que je me suis proposé dans le présent travail a été de vérifier ce que publia sur Auschwitz le périodique Polish Fortnightly Review, organe du ministère de l'Intérieur du gouvernement polonais à Londres. Cependant, pour étudier la connaissance qu'avait ce gouvernement du camp d'Auschwitz, je me suis exclusivement fondé sur les numéros publiés par la Polish Fortnightly Review de 1940 jusqu'à 1945. Les autres questions, comme l'analyse des documents relatifs à Auschwitz envoyés à Londres par la résistance polonaise ou l'étude des références en ce domaine dans la presse clandestine polonaise n'ont pas été abordées dans cette étude. Le choix de la Polish Fortnightly Review est dû principalement à trois raisons : a. Il s'agissait d'un organe officiel du gouvernement polonais en exil ; b. Cet organe était, comme l'a signalé le professeur israélien David Engel, l'un des «principaux véhicules de dissémination de la propagande polonaise en langue anglaise» et «un véhicule essentiel permettant au gouvernement de transmettre des renseignements à la presse occidentale» [1] ; c. Ma très faible connaissance du polonais ne me permettait pas de comprendre les sources existantes en cette langue ; en revanche, publiée en anglais, la Polish Fortnightly Review m'était accessible. Bibliographie utilisée Bor-Komorowski (Tadeusz), The Secret Army [L'armée secrète], Londres, Victor Gollancz, 1950, 407 p. Buszko (Jozef), «Auschwitz», Encyclopedia of the Holocaust, New York, MacMillan, 1990, p. 114-115. Czech (Danuta), Kalendarium der Ereignisse im Konzentrationslager AuschwitzBirkenau 1939-1945, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt, 1989, 1059 p. Duraczynski (Eugeniusz), «Armia Krajowa», Encyclopedia of the Holocaust, p. 88-89. Duraczynski (Eugeniusz), «Delegatura», Encyclopedia of the Holocaust, p. 356-357. Duraczynski (Eugeniusz), «Polish Government-in-Exile», Encyclopedia of the Holocaust, p. 1177-1178.


473 Engel (David), In the Shadow of Auschwitz. The Polish Government-in-Exile and the Jews, 1939-1942, Chapell Hill et Londres, University of North Carolina Press, 1987, xii + 338 p. Garlinski (Jozef), Poland, SOE and the Allies, Londres, Allen and Unwin, 1969, 248 p. Garlinski (Jozef), Fighting Auschwitz. The Resistance Movement in the Concentration Camp, Londres, Friedmann, 1975, 327 p. Garcia Villadas S.I. (Zacarias), Metodología y crítica históricas, Barcelone, Sucesores de Juan Gili, 1921. Höss (Rudolf), Kommandant in Auschwitz. Autobiographische Aufzeichnungen, Münich, Deutschen Taschenbuch Verlag, 1989, 189 p. Jarosz (Barbara), «Le mouvement de la résistance à l'intérieur et à l'extérieur du camp», Auschwitz, camp hitlérien d'extermination, Varsovie, Interpress, 1986, p. 141-165. Karski (Jan), Story of a Secret State, Londres, Hodder and Stoughton, 1945, 319 p. Klarsfeld (Serge), Le Mémorial de la déportation des juifs de France, Paris, Beate et Serge Klarsfeld, 1978, sans numérotation. Klarsfeld (Serge) et Steinberg (Maxime), Mémorial de la déportation des juifs de Belgique, Bruxelles-New York, Union des déportés juifs en Belgique, s.d., sans numérotation. Langbein (Hermann), Hommes et femmes à Auschwitz, s.l., Fayard, 1975, 527 p. Langlois (Charles-V.) et Seignobos (Charles), Introducción a los estudios históricos, Buenos Aires, La Pléyade, 1972, 237 p. Laqueur (Walter), The Terrible Secret. Suppression of the Truth about Hitler's «Final Solution», Harmondsworth, Penguin, 1980, 262 p. Mattogno (Carlo), «The First Gassing at Auschwitz : Genesis of a Myth», The Journal of Historical Review, Torrance, 9-2 1989, p. 193-222 [En français : «Le mythe de l'extermination des juifs», Annales d'Histoire Révisionniste, n° 1, p. 15-107]. Nowak (Jan), Courier from Warsaw, Londres, Collins and Harvill, 1982, 477 p. Sources utilisées Mes recherches, qui se déroulèrent vers la fin du mois d'avril et au début du mois de mai 1991, se sont effectuées sur la collection des Polish Fortnightly Review conservée à la bibliothèque polonaise de la Polish Social and Cultural Association de Londres. Le premier numéro de la revue fut publié le 15 juillet 1940 et le dernier (n° 119) le 1er juillet 1945. J'ai lu numéro par numéro et page à page ladite collection et remarqué qu'il manquait les numéros 97 (1er août 1944), 101 à 106 (1er octobre au 15 décembre 1944) et 116 à 119 (15 mai au 1er juillet 1945) ; aussi n'ai-je pas pu examiner ces numéros. Par ailleurs, pour ce qui concerne les documents cités à la page 63 et à l'annexe II, ils proviennent des archives du Polish Underground Movement (1939-1945) Study Trust — Studium Polski Podziemnej (SPP) de Londres. Méthode Mon travail s'est déroulé de la manière suivante : d. J'ai essayé de vérifier comment le gouvernement polonais pouvait avoir connaissance de ce qui se passait à l'intérieur d'Auschwitz et, concrètement, quels étaient les canaux de communication qui existaient entre le camp et Londres ; e. Je me suis appuyé sur les informations concernant Auschwitz publiées dans la Polish Fortnightly Review qui se rapportaient à la supposée extermination de juifs pratiquée dans ce camp et en particulier j'ai révélé ce que la revue a publié à ce sujet-là, ce qu'elle n'a pas publié et pourquoi.


474 D'autre part, je dois signaler que la Polish Fortnightly Review se réfère toujours à Auschwitz en employant la dénomination polonaise d'Oswiecim. Enfin, on trouvera ci-dessous les sigles utilisés dans ce travail : ACPW : Akcja Cywilna Pomocy Wiezniom (Action civile d'aide aux prisonniers) AK : Armia Krajowa (Armée intérieure) BBC : British Broadcasting Corporation (Radiodiffusion britannique) BIP : Biuro Informacji i Propagandy (Service d'information et de propagande) GPE : Gouvernement polonais en exil PFR : Polish Fortnightly Review (revue bimensuelle polonaise) PWOK : Pomoc Wiezniom Obozów Koncentracyjnych (Aide aux prisonniers de camps de concentration) RAF : Royal Air Force (Forces aériennes royales) SOE : Special Operations Executive (Exécutif des opérations spéciales) SS : Schutzstaffel (Échelon de protection) ZWZ : Zwiazek Walki Zbrojnej (Union pour la lutte armée). —I— LES INSTITUTIONS POLONAISES PENDANT LA GUERRE Le gouvernement polonais en exil (GPE) Après l'occupation de la Pologne par les Allemands et les Soviétiques en septembre 1939, un gouvernement polonais se forma, décidé à maintenir la lutte pour l'indépendance, la souveraineté, la liberté et l'intégrité territoriale de la république polonaise. Ce nouveau gouvernement estima que la réalisation de ces objectifs ne pourrait être obtenue qu'après l'écrasement du III e Reich et grâce à une alliance avec les puissances occidentales. Le cabinet prêta serment le 1er octobre 1939 devant le nouveau président Wladyslaw Raczkiewicz. Le premier ministre était le général Sikorski. Pour des raisons évidentes, le cabinet se réunissait en exil. Il s'établit d'abord à Paris. Plus tard, devant l'avance allemande, il se transporta à Angers, dans l'ouest de la France. Enfin, après la chute fulgurante de la France en juin 1940, il s'enfuit à Londres. Le GPE était constitué de représentants des groupes politiques qui, avant la guerre, s'étaient opposés aux hommes politiques traditionnels, accusés d'être trop autoritaires et antidémocrates. Le GPE fut reconnu par tous les pays alliés, y compris — de juillet 1941 jusqu'à avril 1943 — l'Union soviétique [2]. Le GPE maintenait le contact avec la Pologne occupée. Ces contacts, naturellement, s'effectuaient de façon clandestine. Les instructions, ordres, directives et, en général, tout type d'information à destination de la Pologne, se transmettaient pour ainsi dire toujours par l'intermédiaire de la section polonaise du Special Operations Executive (SOE). Le SOE était une organisation chargée de mener la guerre sur les territoires occupés par l'Allemagne, avec, pour chef politique, le ministre anglais de la Guerre économique. La section polonaise du SOE coopérait étroitement avec le quartier général polonais à Londres, envoyait des messages radio et lançait fréquemment des agents en parachute. A partir de 1942, les envois d'agents étaient devenus routiniers. A partir de 1944, des avions purent même atterrir sur des pistes improvisées [3]. La Delegatura


475 La Delegatura constituait la représentation clandestine du GPE à l'intérieur de la Pologne. Elle fonctionna de 1940 à 1945. Elle avait à sa tête un délégué (Delegat) et trois suppléants. Le délégué était assisté d'un comité comprenant des membres des partis politiques sur lesquels se fondait le GPE. La Delegatura fonctionnait comme un cabinet fantôme. Elle comprenait de nombreuses sections, qui correspondaient aux ministères d'une administration normale. Cette organisation s'étendait aux provinces, cantons et municipalités. C'était donc un large réseau clandestin qui couvrait toute la Pologne. Dans la pratique, la Delegatura dirigeait un véritable gouvernement de remplacement, un état clandestin, avec son propre système d'enseignement, ses tribunaux, ses organismes d'assistance, ses services d'information et ses propres forces armées [4]. L'Armia Krajowa (AK) Parallèlement aux forces armées polonaises qui combattaient ouvertement les Allemands sous commandement anglais et qui étaient constituées de Polonais qui avaient pu sortir de Pologne, il existait une véritable armée secrète, l'Armia Krajowa (armée de l'intérieur), qui agissait clandestinement à l'intérieur des frontières de la Pologne d'avant-guerre. L'AK fut constituée en février 1942 sur la base d'une organisation militaire clandestine antérieure, la Zwiazek Walki Zbrojnej (Union pour la lutte armée). Le premier commandement fut celui du général Stefan Rowecki. Lorsque ce dernier fut pris par les Allemands en 1943, on nomma au même poste le général Bor-Komorowski. L'AK était organisée comme une véritable armée, avec son état-major, ses officiers d'active, son service d'information, son intendance, etc., et sa répartition sur le territoire suivait la division administrative des cantons de l'avant-guerre. Ainsi, par exemple, dans l'organigramme de l'AK la zone d'Auschwitz appartenait au canton de Silésie. Pour ce qui est des effectifs, on estime qu'au premier semestre de 1944 l'AK comptait entre 250 000 et 350 000 hommes, dont plus de 10 000 officiers [5]. — II — LES CANAUX DE COMMUNICATION ENTRE AUSCHWITZ ET LONDRES Considérations préliminaires Nous allons tenter de vérifier maintenant si le GPE à Londres pouvait savoir ce qui se passait à Auschwitz et, concrètement, s'il aurait pu avoir connaissance d'un gigantesque massacre de juifs qui, dit-on, se produisait dans ce camp. En définitive, il s'agit de déterminer les sources d'information dont disposait le GPE. Pour cela, il faudra vérifier, d'abord, s'il existait des organisations clandestines de résistance dans le camp de concentration et, ensuite, si celles-ci pouvaient obtenir des informations dignes de foi, si elles pouvaient les transmettre à l'extérieur du camp et, enfin, si ces informations pouvaient atteindre Londres. Les organisations clandestines de résistance et les informations à l'intérieur du camp Dès octobre 1940 il exista une organisation de résistance à l'intérieur du camp de concentration. Elle avait été fondée par un officier polonais, Witold Pilecki, qui fut arrêté et envoyé à Auschwitz en septembre 1940. Aux mêmes dates s'était constitué également un groupe de résistance du parti socialiste polonais. Plus tard, en 1941, il se forma en outre une organisation de droite, dirigée par Jan Mosdorf. Enfin, en mai 1943 se créa une organisation


476 internationale de résistance, le Kampfgruppe Auschwitz (Groupe de combat Auschwitz), qui réunissait des membres de différentes nationalités, principalement d'idéologie socialiste et communiste [6]. Les diverses organisations établissaient des contacts entre elles plus ou moins fréquemment en fonction de leurs affinités nationales ou idéologiques. L'un des objectifs de la résistance était la «réunion de preuves relatives aux crimes commis par les SS et leur transmission à l'extérieur [7]». Les organisations clandestines se développaient au fur et à mesure que s'étendaient les installations du camp de concentration. A Birkenau, il existait une organisation secrète depuis la fin du mois d'avril 1942, créée par le colonel Karcz. Karcz recruta un grand nombre de membres et créa son propre «appareil», unique manière de diriger le travail clandestin dans un aussi vaste camp. Certains des hommes de Karcz furent expressément placés dans des blocs de juifs pour essayer de soulager leurs souffrances. Le contact entre l'organisation de Birkenau et celle du camp central d'Auschwitz s'effectuait pour ainsi dire quotidiennement au moyen d'un contact. L'une des tâches principales du groupe de Karcz était les renseignements [8] . De même, vers le milieu de 1943 se mit en place une organisation secrète dans le camp des femmes de Birkenau. L'une de ses activités consistait à passer des renseignements sur la vie dans le camp. Les contacts entre ce groupe féminin et le camp principal s'effectuaient au moyen d'une «boîte à lettres», grâce à laquelle s'échangeaient et se recevaient les messages secrets [9]. L'accroissement des effectifs des organisations de résistance depuis l'ouverture du camp avait été spectaculaire. L'organisation de W. Pilecki à elle seule disposait déjà en 1942 d'environ 1 000 membres entre Auschwitz et Birkenau. W. Pilecki affirme que, dans le seul mois de mars 1942, il recruta personnellement plus de 100 personnes. Sans compter qu'il y avait les forces clandestines de nationalistes et de socialistes [10]. Au cours de cette même année 1942, le colonel Kazimierz Rawicz, dirigeant d'une organisation clandestine de détenus, avait préparé un plan pour une révolte massive dans le camp et ses environs, plan qu'il avait envoyé au commandant de l'AK pour qu'il définisse la date du déclenchement de l'action [11]. D'autre part, les groupes de résistance étaient tellement puissants dans les années 1942 et 1943 qu'ils avaient réussi à étendre leurs tentacules sur les centres névralgiques de la vie du camp. Leurs membres contrôlaient l'hôpital, le bureau d'attribution du travail, le bureau central, la cuisine, le bureau des constructions, les entrepôts d'alimentation et de vêtements, un grand nombre de détachements de détenus (Kommandos) et jusqu'au service politique [12]. Les groupes clandestins avaient même obtenu la complicité de certains membres de la SS, principalement celle de Volkdeutschen [13], qui leur avaient promis de l'aide et l'accès au dépôt des munitions en cas de soulèvement [14]. Compte tenu de tout ce qui précède, il est possible de tirer diverses conclusions : c. les organisations de résistance fonctionnaient déjà dès la fin de 1940, à peine quelques mois après l'ouverture du camp ; d. ces organisations disposaient d'effectifs considérables et s'étaient étendues à tous les secteurs du vaste complexe pénitentiaire d'Auschwitz-Birkenau au moins à partir de l'année 1942 ; e. en conséquence, s'il s'était produit, à partir de cette année-là, un massacre systématique des juifs, les organisations de résistance du camp auraient été en mesure de le savoir en détail. Les organisations de résistance à l'extérieur du camp


477 De même, il existait depuis longtemps des organisations clandestines dans les environs du camp de concentration. En 1940, la ZWZ créa le canton d'Oswiecim (Auschwitz), qui faisait partie de l' «Inspection» de Bielsko. En 1942, la ZWZ prit le nom de Armia Krajowa [15]. La résistance du canton d'Oswiecim se révéla très active. La Polish Fortnightly Review se fit l'écho de cette activité. Elle mentionne, par exemple, qu'un certain nombre de trains de marchandises avaient déraillé dans les environs d'Oswiecim en juillet 1943 [16]. Nous avons vu tout à l'heure qu'il existait des plans pour un soulèvement à Auschwitz. Ces plans avaient mérité l'attention du quartier général de l'AK qui, afin d'obtenir une idée plus précise de la situation, avait envoyé l'un de ses hommes dans la région. Il s'agissait de l'officier Stefan Jasienski, qui était arrivé d'Angleterre et avait été parachuté. Jasienski était spécialisé dans le travail du renseignement et il fut envoyé aux abords immédiats d'Auschwitz dans les derniers jours de juillet 1944. Vu l'importance de sa mission, on lui facilita tous les contacts nécessaires dans la région et spécialement les moyens d'entrer en contact secrètement avec le «conseil militaire» du camp [17]. Il existait, par ailleurs, d'autres organisations clandestines créées dans le dessein exclusif de prêter secours aux détenus d'Auschwitz et de maintenir des contacts avec eux. Ainsi, dès la seconde moitié de 1940 il se forma le groupe Akcja Cywilna Pomocy Wiezniom (ACPW) (Action civile d'aide aux prisonniers), dont la tâche principale était de fournir des aliments, des médicaments et des vêtements et de les introduire au moyen de contacts dans le camp. Ces mêmes contacts servaient également à passer des messages dans un sens ou dans l'autre. En mai 1943 fut créé à Cracovie un comité appelé Pomoc Wiezniom Obozów Koncentracyjnych (PWOK) (Aide aux prisonniers de camps de concentration), dont les objectifs étaient identiques à ceux du groupe précédent. Le PWOK, en dépit du pluriel qui figure dans sa dénomination, travaillait exclusivement en faveur des détenus d'Auschwitz [18]. En conséquence, une fois déterminée l'existence de solides organisations clandestines aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du camp, il ne reste plus maintenant qu'à voir comment s'établissaient les contacts entre elles. Contacts entre le camp et l'extérieur Les contacts entre l'intérieur du camp et l'extérieur se trouvaient facilités par la situation propre d'Auschwitz. Comme l'a reconnu l'écrivain Walter Laqueur, Auschwitz ne se trouvait pas dans le désert, mais dans une zone extrêmement industrialisée et très peuplée, entourée de villes importantes comme Beuthen, Gleiwitz, Hindenburg (Zabrze) et Katowice. En outre, Auschwitz était un véritable «archipel», avec près de 40 sous-camps qui en dépendaient administrativement [19]. En plus de la situation particulière d'Auschwitz, les contacts se voyaient facilités par le fait qu'un grand nombre de détenus qui réalisaient des travaux hors du camp étaient mêlés à la population civile et que de nombreux ouvriers civils travaillaient à l'intérieur du camp. En réalité, pour ce qui concerne les ouvriers civils, qu'il suffise de dire qu'ils étaient des centaines et qu'il y avait autant d'Allemands que de Polonais. Ces ouvriers arrivaient au camp le matin et s'en allaient le soir, leur journée de travail terminée [20]. L'utilisation de ces ouvriers était due à la grande quantité de travail qui devait se faire dans le camp et au fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'ouvriers spécialisés parmi les détenus. Civils aussi bien que détenus travaillaient ensemble [21]. En dépit des moyens de surveillance et de contrôle adoptés (barbelés, tours de surveillance, chiens policiers, patrouilles, etc.) et en raison du nombre croissant des prisonniers et du travail qu'il fallait effectuer hors du camp, il était impossible aux Allemands d'empêcher les contacts entre les détenus et la population locale, qui était presque exclusivement polonaise. Des secteurs de cette population faisaient partie des organisations de résistance. En réalité, les


478 Kommandos de détenus qui travaillaient dans les environs immédiats du camp s'entretenaient fréquemment avec les civils polonais. Parfois ces civils cachaient dans des endroits fixés à l'avance de la nourriture, des médicaments et des paquets pour que les détenus viennent les recueillir. Souvent, les gardiens SS responsables de ces Kommandos faisaient semblant d'ignorer ces faits ou bien se laissaient suborner en échange de quelque chose de bon à manger [22]. Par ailleurs, les possibilités de contacts étaient innombrables et s'étendaient à tous les camps, sous-camps et installations liés au complexe pénitentiaire d'Auschwitz, comme le sous-camp de Rajsko, les viviers de pêche de Harmeze, le camp pour travailleurs libres et le grand complexe industriel destiné à la fabrication de caoutchouc synthétique [23]. Les contacts acquirent rapidement un caractère régulier, surtout pour ce qui concernait les échanges de lettres et de paquets. L'une des organisations clandestines du camp établit rapidement un lien permanent qui lui permettait de renseigner régulièrement par lettres un groupe de résistance de Cracovie. Dans cette ville ont été conservées 350 de ces lettres, «une fraction d'un total beaucoup plus important» [24]. Les échanges de paquets entre le camp et l'extérieur avaient pris de grandes proportions, au point qu'un groupe de prisonnières se consacrait secrètement à faire des pardessus pour les unités partisanes de l'AK qui opéraient dans les alentours du camp. Les paquets étaient remis par des détenus qui travaillaient sur les terres à labourer ou dans les souscamps à proximité [25]. En outre, on a constaté l'existence à Auschwitz d'un émetteur de radio clandestin. Il avait été installé secrètement dans le sous-sol du bloc 20 au printemps de 1942. Grâce à des contacts et des messagers, la direction du canton de Silésie de l'AK réussit à connaître la longueur d'onde sur laquelle il émettait. L'émetteur fonctionna pendant sept mois, en transmettant des renseignements sur les conditions de vie dans le camp, et, malgré cela, les Allemands ne réussirent jamais à le découvrir. A l'automne de 1942, il cessa d'émettre [26]. Il y eut même du personnel allemand du camp pour collaborer avec la résistance, comme par exemple Maria Stromberger, qui travaillait comme infirmière et qui passait des messages de l'intérieur du camp en direction des chefs de l'AK à Cracovie et en Silésie. A son tour, elle introduisit de la correspondance illégale, des médicaments, des armes et des explosifs. A côté d'elle un groupe de gardiens de la SS aidait les détenus en transmettant des messages [27]. En conséquence de tout cela, dès la première année de vie du camp, il exista un lien permanent, bien que fragile, entre ce camp et le service de renseignement du canton de Cracovie de l'armée clandestine. Si bien qu'à la fin de 1941 fut créée au quartier général de l'AK à Cracovie une cellule spéciale pour les relations avec le camp d'Auschwitz [28]. Les contacts clandestins entre Auschwitz et l'extérieur à partir de 1942 étaient fréquents et bien organisés, si bien que W. Pilecki, fondateur d'un des groupes de résistance à l'intérieur du camp, était en «constant rapport» aussi bien avec le quartier général de l'AK à Varsovie qu'avec les commandants des cantons de Cracovie et de Silésie [29]. En outre, les renseignements qui parvenaient clandestinement d'Auschwitz ne se limitaient pas uniquement à des messages et à des rapports élaborés par la Résistance. Parfois, ils comprenaient même des volumes entiers de documentation officielle allemande, comme, par exemple, des tomes du «livre du Bunker» (Bunkerbuch), sur lesquels étaient notées toutes les entrées et sorties des cachots du camp. Ces documents furent sortis au début de 1944 [30]. Les voies empruntées pour le passage des informations n'étaient pas toujours rigoureusement clandestines. En de nombreuses occasions, les messages sortaient d'Auschwitz par un moyen beaucoup plus simple : ils étaient transmis par les détenus libérés par les Allemands. Ainsi, pour ne citer que quelques cas en rapport avec le groupe de résistance fondé par ledit W. Pilecki, dès novembre 1940 un premier rapport put sortir par ce moyen ; en février et mars 1941 deux autres furent transmis ; et, à la fin de 1941, un autre détenu, Surmacki, fut libéré de façon inattendue et il emporta avec lui à Varsovie un message de Pilecki lui-même [31].


479 Les libérations de détenus furent particulièrement nombreuses au cours de 1942 : il y eut 952 libérations pendant la première moitié de cette année et 36 au cours des six mois suivants. Il y eut aussi quelques libérations en 1943 et, au début de 1944, un nombre considérable de femmes juives furent libérées grâce à l'intervention d'un industriel allemand [32]. Il y avait un autre moyen par lequel se passaient les informations à l'extérieur : c'étaient les évasions. Parfois l'évasion avait pour unique objet d'envoyer des messages hors du camp. Un exemple nous en est fourni par la fuite de W. Pilecki lui-même. Cet officier polonais décida de fuir pour persuader les chefs de l'AK d'accepter son plan de soulèvement à Auschwitz et, de surcroît, les informer sur la situation générale du camp. Pilecki s'évada le 27 avril 1943 et quatre mois plus tard, le 25 août, il arrivait à Varsovie, où il entra en contact avec l'officier responsable d'Auschwitz au quartier général de l'AK [33]. Deux autres membres du groupe de Pilecki s'étaient évadés précédemment, en mai et juin 1942, avec l'objectif identique de passer des renseignements au quartier général de l'AK [34]. De ce qui vient d'être exposé on peut tirer la conclusion que, par sa situation géographique et ses propres caractéristiques de camp de travail ouvert aux ouvriers civils, Auschwitz n'était pas en soi le lieu le plus adéquat pour garder un secret. Si l'on ajoute à cela l'efficacité avec laquelle travaillaient les groupes de résistance, qui faisaient fonctionner des émetteurs de radio, qui comptaient sur la complicité de gardiens allemands, qui utilisaient à leurs fins propres ceux qui étaient libérés et organisaient des évasions, il faudrait conclure que, pour la résistance polonaise, le camp d'Auschwitz était pour ainsi dire transparent. En conséquence, s'il s'était produit à Auschwitz une extermination massive de juifs, il ne fait pas de doute qu'elle aurait été connue en détail et rapidement au quartier général de la résistance à Varsovie. Les communications entre la Pologne et Londres Toutes les sources connues indiquent que les communications clandestines entre la Pologne et Londres étaient habituelles et que les renseignements transmis étaient abondants. Le général Bor-Komorowski, commandant de l'AK, a signalé que les rapports clandestins «étaient régulièrement transmis par radio à Londres et qu'ils atteignaient, dans les années 1942-1944, le nombre de 300 par mois. Mis à part les transmissions radio, les faits essentiels du matériel recueilli par notre service d'information étaient microfilmés et envoyés chaque mois à Londres par courrier [35]». Les informations, en outre, passaient relativement rapidement d'un lieu à l'autre. Les messagers parvenaient à Londres via la Suède ou à travers l'Europe occidentale et mettaient plusieurs semaines à arriver, parfois même deux mois. Les messages courts, en revanche, pouvaient être envoyés par radio quotidiennement à Londres. La résistance polonaise disposait d'environ cent postes émetteurs de radio [36]. Pour ce qui concerne les messagers, au début — de 1941 jusqu'à fin juillet 1942 — le lien avec Londres était maintenu par le truchement d'un certain nombre de membres de la colonie suédoise de Varsovie, qui, lorsqu'ils retournaient dans leur pays, emportaient des messages aussi bien de l'AK que de la Delegatura. Les rapports périodiques sur la situation à l'intérieur de la Pologne (Sprawozdanie sytuacyjne z Kraju) publiés par le GPE se fondaient principalement sur le matériel transmis par les Suédois [37]. A partir de la seconde moitié de 1942, ce furent les messagers polonais qui se chargèrent de maintenir les communications. Le plus fameux d'entre eux fut Jan Karski (Kozielewski). Karski vivait clandestinement à Varsovie en 1941 et 1942 en se consacrant à la guerre psychologique («propagande noire») contre les soldats allemands. A la fin de 1942, la direction de la résistance lui donna l'ordre de transmettre des renseignements à Londres. Karski sortit clandestinement de Pologne en octobre 1942 et, le mois suivant, il arrivait en Angleterre après avoir voyagé à travers l'Allemagne et la France. A Londres, il rédigea un rapport célèbre. Le cas de Karski fut


480 amplement mis en valeur par la presse alliée. Karski effectua même une tournée de propagande aux États-Unis, où il rencontra d'importantes personnalités, y compris le président Roosevelt lui-même. Jan Karski était très bien informé. Il s'était spécialisé dans l'étude de la presse clandestine. Conscient de la grande importance historique de cette presse, Karski avait réuni ce qui était probablement «la plus riche collection de matériel clandestin polonais — journaux, pamphlets et livres [38]». En outre, il avait disposé d'un observatoire privilégié à l'époque où il travaillait secrètement en Pologne. Grâce à son travail de liaison et à ses fréquents contacts avec les hautes sphères de la résistance, aussi bien civile que militaire, Karski «avait été capable d'étudier la structure entière du mouvement clandestin et de dresser un tableau détaillé de la situation dans son ensemble en Pologne [39]». Ce fut cette raison qui poussa les chefs de la clandestinité polonaise à l'envoyer à Londres. L'autre cas de messager particulièrement bien informé est celui de Jan Nowak (Zdzislaw Jezioranski). Nowak fut désigné en 1943 pour se rendre clandestinement en Angleterre en emportant le maximum de renseignements possible. Dans ce dessein, Nowak tint une réunion, à l'été 1943, avec le chef du Biuro Informacji i Propagandy (BIP) (Service d'information et de propagande) de l'AK. Le chef du BIP était «d'une certaine manière le ministre de la propagande et de la politique intérieures de l'AK. Il contrôlait non seulement la presse clandestine militaire, mais aussi un réseau de renseignements largement étendu [40]». Sur l'ordre de ce personnage, Nowak rencontra aussi les chefs de section du BIP, et parmi eux celui de la «section juive», avec lesquels il eut des conversations «larges et exhaustives» pendant tout un mois [41]. En conséquence, Nowak, en commençant son voyage à Londres à l'automne 1943, devait être l'une des personnes les mieux informées sur ce qui se passait en Pologne. Nowak arriva à Londres en décembre 1943. Quelques mois plus tard, vers le milieu de 1944, on lui demanda de retourner en Pologne, où il fut parachuté. Il participa au soulèvement de Varsovie après l'écrasement duquel il réussit à s'échapper vers Londres en janvier 1945. En définitive, s'il s'était produit à Auschwitz une extermination massive de juifs, la direction de la résistance à l'intérieur de la Pologne n'aurait pas manqué de communiquer la nouvelle à ses supérieurs de Londres, soit au moyen des messages radio, soit au moyen des messagers. En réalité, des messagers comme Jan Karski et Jan Nowak — particulièrement préparés à apporter le maximum de renseignements possible à Londres — auraient communiqué à coup sûr la nouvelle de ce terrible événement aux autorités polonaises de l'exil. Conclusion On ne peut en aucune manière admettre que le GPE ignorait ce qui se passait à Auschwitz. En dehors des raisons indiquées, il n'est que de prendre en compte également la perfection à laquelle était parvenu le système d'information et de renseignement de la résistance polonaise. L'AK possédait un système d'information extrêmement efficace qui étendait ses antennes même à l'extérieur de la Pologne. Elle possédait des sections consacrées au décèlement des problèmes économiques et militaires des forces allemandes en Pologne et sur l'arrière-garde du front russe, et à obtenir des informations sur la situation économique à l'intérieur de l'Allemagne, sur les mouvements dans les ports de la Baltique et de la Mer du Nord et sur le moral des Allemands [42]. Par exemple, les dirigeants de l'AK reçurent au printemps de 1942 des informations détaillées sur le nombre et la position des divisions allemandes en Ukraine et sur les préparatifs auxquels se livraient les Allemands pour exploiter les champs pétrolifères du Caucase [43]. Les Polonais avaient également réussi à obtenir des informations de haute qualité sur quelques-uns des secrets les mieux gardés du Reich. Ainsi, au printemps 1943, l'AK apprit que les Allemands étaient en train de réaliser des expériences avec des armes mystérieuses dans une île de la Mer Baltique, Peenemünde. Quelques semaines plus tard, des agents polonais obtenaient les plans


481 détaillés de la zone d'expérimentation et les envoyaient à Londres [44]. De même, le service d'information de l'AK découvrit, à la fin de 1943, des essais que faisaient les Allemands avec la fusée V2 dans la zone de Sandomierz (Pologne), ce qui conduisit à effectuer une recherche exhaustive sur le terrain, après quoi furent envoyés à Londres de vastes rapports sur la nouvelle arme secrète allemande. Il se trouve que le chef de cette enquête clandestine, Jerzy Chmielewski, avait été détenu à Auschwitz, d'où il avait été libéré sous caution en mars 1944. Chmielewski se rendit personnellement à Londres en avion avec les rapports et quelques-uns des éléments de la fusée V2 [45]. En outre, le BIP de l'AK comportait à partir de février 1942 une section pour les affaires juives, dont la fonction principale était de réunir des informations sur la situation de la population juive [46]. En conclusion, le système d'information de la résistance polonaise était si bien développé et si efficace que, s'il s'était réellement produit un massacre massif de juifs à Auschwitz, elle l'aurait su pour ainsi dire instantanément et dans les détails. Ensuite les rapports détaillés sur l'extermination d'Auschwitz auraient atteint Londres au moyen de messagers en un délai relativement bref. Les rapports plus courts auraient été transmis par radio sur-le-champ. D'autre part, l'anéantissement massif de juifs à Auschwitz aurait été tellement impossible à cacher que, comme l'a reconnu l'auteur J. Garlinski, même s'il n'y avait pas eu la moindre organisation d'information, «le secret n'aurait quand même pas pu être gardé [47]». Tous les faits indiquent, par conséquent, de manière claire que s'il s'était produit à Auschwitz un massacre de centaines de milliers de juifs, le GPE n'aurait pas pu ne pas en avoir connaissance. — III — AUSCHWITZ ET L' EXTERMINATION DES JUIFS DANS LA POLISH FORTNIGHTLY REVIEW Considérations préliminaires L'élément qui ressort de l'examen de la collection de la PFR — à l'exception des exemplaires du quatrième trimestre de 1944 qui n'ont pu être examinés — est que, jusqu'à la date du 1er mai 1945 (n° 115), il n'existe pas la moindre mention du fait qu'on aurait exterminé des juifs à Auschwitz . Il n'y a que dans le numéro 115, publié une fois que la guerre était pratiquement terminée et en pleine effervescence de la propagande d'atrocités alliée sur les camps de concentration allemands, que l'on fait référence pour la première fois à l'extermination de juifs à Auschwitz : il s'agit de deux témoignages de femmes qui avaient été détenues dans le camp (voy. annexe I). En conclusion, l'organe officiel en anglais du ministère polonais de l'Information — son principal moyen d'information et de propagande à l'étranger — n'a jamais révélé, avant le printemps 1945, le moindre indice du fait qu'il se serait produit à Auschwitz un gigantesque massacre de juifs, massacre qui, de plus, se serait déroulé de façon ininterrompue pendant une durée de trois années, du début 1942 à la fin 1944. Il faut remarquer aussi que, dans la PFR, le camp d'Auschwitz est continuellement mentionné mais il n'est nulle part indiqué qu'il s'agissait d'un lieu où l'on exterminait des juifs, et, parallèlement, l'extermination des juifs est mentionnée fréquemment mais rien n'indique qu'elle était réalisée à Auschwitz. Examinons maintenant ces deux aspects plus en détail [48].


482 1) Auschwitz est continuellement mentionné, mais nulle part comme lieu d'extermination des juifs On trouvera ci-dessous, par ordre chronologique, toutes les références à Auschwitz qui apparaissent dans la PFR jusqu'en mai 1945. d. Article «The Concentration Camp at Oswiecim» (n° 21, 1er juin 1941, p. 6-7). L'article signale que les télégrammes qui provenaient d'Auschwitz annonçant la mort de détenus «appelèrent pour la première fois l'attention de toute la Pologne sur ce lieu de torture à la fin de l'année dernière» (p. 6). Il indique aussi que le taux de mortalité était très élevé — de 20 à 25 % — par suite du mauvais traitement de la part des gardiens, des conditions exceptionnellement mauvaises, des exécutions en masse et des maladies provoquées par le froid, l'excès de travail et la tension nerveuse. Les familles étaient autorisées à recevoir les urnes contenant les cendres de ceux qui étaient morts. Les conditions de travail et l'alimentation étaient horribles. Les prisonniers n'avaient pas reçu de chaussures avant le 19 septembre 1940. Il y avait une seule serviette de toilette pour 20 personnes. La journée de travail commençait à 4 heures 30 du matin. Deux cents prisonniers avaient été libérés et étaient rentrés à Varsovie, mais dans un état de santé lamentable, vu qu' «un prisonnier libéré est en règle générale un homme malade, tuberculeux et le cœur fatigué, et en état d'effondrement nerveux» (p. 7). Nous soulignons qu'à la fin de l'année 1940 «l'attention de toute la Pologne» était concentrée sur Auschwitz et qu'à la mi-1941 le GPE possédait déjà des données détaillées sur l'intérieur d'Auschwitz, bien que ces données eussent l'aspect caractéristique de la propagande d'atrocités. e. Article «Oswiecim Concentration Camp» (n° 32, 15 novembre 1941, p. 5-6). Selon l'auteur de l'article, le camp d'Auschwitz, «qui est le plus grand de Pologne, mérite une description détaillée» (p. 5). Il décrit alors, comme dans l'article précédent, la situation générale du camp. Les baraquements avaient des fissures et manquaient de chauffage. Les prisonniers n'avaient pas leur propre serviette de toilette, ce qui expliquait la propagation des maladies. En outre, un grand nombre de personnes «atteintes de maladies vénériennes étaient envoyées systématiquement au camp» (p. 5). Le travail commençait à 5 heures du matin et était épuisant. Les détenus devaient travailler même s'ils étaient malades. Les appels étaient terribles : il y avait souvent des morts. On avait imposé un système de responsabilité collective des prisonniers, si bien que les punitions étaient fréquentes et se pratiquaient au moyen d'un vaste répertoire de tortures. L'hiver 1940-1941 se caractérisait par une mortalité élevée, avec des chiffres qui oscillaient entre 70 ou 80 cadavres par jour (un jour : 156). Au printemps et à l'automne suivants, la mortalité descendait à 30 personnes par jour. A fin novembre 1940, il y avait 8 000 Polonais à Auschwitz, qui se répartissaient en trois groupes : les politiques, les criminels ainsi les prêtres et les juifs. Ce dernier groupe était le plus maltraité «et personne de ce groupe ne quitt[ait] le camp vivant» (p. 6). Le point le plus important qui ressort de ce qui précède est qu'à fin 1941 la PFR était en mesure de publier «une description détaillée» de ce qui se passait à Auschwitz f. Article «German Lawyers at Work» [Des avocats allemands au travail] (n° 40, 15 mars 1942, p. 8). Il s'agit du texte d'un message radio de St. Stronski, ministre polonais de l'Information, diffusé par le service des informations polonais de la BBC le 11 mars 1942. Stronski signale que tous «les criminels allemands, depuis Frank le dégénéré, du Wawel polonais, aux surveillants dégénérés du camp de concentration d'Oswiecim, sont responsables du fait que, dans un pays où leur existence même est un crime, ils en tuent cent pour un».


483 g. Article «Pawiak Prison in Warsaw and Oswiecim Concentration Camp» (n° 47, 1er juillet 1942, p. 2-3). Dans cet article il est dit que, outre le camp principal, construit près d'Auschwitz, il en existait un autre à proximité «dans lequel les brutalités étaient si épouvantables que les gens y meurent plus vite que s'ils avaient été dans le camp principal» (p. 2). Les prisonniers qualifiaient ce camp de «paradisiaque», «probablement parce qu'il n'y avait qu'une route qui en sortait, celle du Paradis» (p. 2). L'article fait certainement allusion au camp de Birkenau, dont la construction avait commencé en octobre 1941 [49] . Les prisonniers des deux camps — selon l'auteur de l'article — étaient liquidés de trois manières : «par excès de travail, par la torture et par des moyens médicaux» (p. 2). En particulier, les prisonniers du camp «paradisiaque» devaient fournir un travail très dur, «consistant principalement à construire une usine pour la production de caoutchouc artificiel dans les environs» (p. 2). En effet, en avril 1941, les Allemands avaient commencé à construire un grand complexe chimique de la société I.G. Farben destiné à la fabrication de caoutchouc et d'essence synthétiques. Les détenus d'Auschwitz étaient utilisés comme main-d'œuvre dans la construction de ce complexe [50]. Les Allemands — poursuit l'auteur de l'article — disposaient d'une méthode «scientifique» pour tuer les prisonniers. Elle consistait à administrer des piqûres qui affectaient lentement les organes internes, particulièrement le cœur. En outre, ils «croyaient universellement que les prisonniers étaient utilisés dans des expériences à grande échelle pour expérimenter de nouveaux médicaments que les Allemands préparaient dans des buts inconnus» (p. 2). Dans le cadre des expériences pratiquées avec les détenus on décrit l'emploi de gaz mortel à des fins homicides : Il est bien connu que, dans la nuit du 5 au 6 septembre de l'année dernière, un millier de personnes ont été descendues à l'abri souterrain d'Oswiecim, et parmi elles sept cents prisonniers de guerre bolcheviques et trois cents Polonais. Comme l'abri était trop petit pour contenir cette quantité, les corps vivants furent tout simplement poussés vers l'intérieur, sans se soucier des os cassés. Lorsque l'abri fut rempli, le gaz y fut injecté, et tous les prisonniers moururent dans la nuit. Toute la nuit, le reste du camp avait été tenu éveillé par les grognements et les hurlements provenant de l'abri. Le lendemain, d'autres prisonniers avaient dû sortir les corps, ce qui leur a pris toute la journée. Une charrette à bras sur laquelle on transportait les corps s'écroula sous le poids (p. 2). Ainsi il se serait produit là quelque chose de paradoxal : la PFR aurait appris — et publié — des renseignements sur l'extermination occasionnelle d'un millier de personnes à l'aide d'un gaz toxique, et en même temps elle aurait complètement ignoré l'extermination massive et régulière de centaines de milliers de juifs tout au long de 1942, de 1943 et de 1944. D'autre part, la thèse de l'extermination de mille Russes et Polonais dans le refuge souterrain d'Auschwitz et son évolution postérieure en doctrine «exterminationniste» a été complètement discréditée [51]. On signale également qu'à Auschwitz il vient de se former une section pour les femmes (p. 2).


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Nous pouvons déduire de là que l'article contenait des renseignements sur Auschwitz du moins jusqu'à la fin de mars 1942, vu que le premier transport de femmes arriva au camp le 26 mars 1942 [52]. Enfin, on indique qu'Oswiecim avait une capacité de 15 000 détenus, «mais comme ils meurent en masse, il y a toujours de la place pour les nouveaux arrivants» (p. 3). «Furor germanicus» (n° 47, 1er juillet 1942, p. 8). Tel est le titre d'une causerie de St. Stronski diffusée par le service des informations polonais de la BBC le 1er juillet 1942. Le «furor Germanicus» (la folie furieuse germanique) se produit, selon Stronski, parce que les «Allemands sont en fureur», vu qu'ils «assouvissent leur éternelle soif de domination, ils nagent dans le sang des innocents et prennent leur plaisir aux tourments de leurs victimes». Selon Stronski, le gouvernement polonais possédait alors «une image très claire des méthodes de gouvernement, c'est-à-dire des persécutions et des atrocités allemandes en Pologne au cours des six premiers mois de cette année» et les «plus récents rapports en provenance de Pologne confirment les sombres nouvelles qui sont parvenues très en détail au cours des six derniers mois et communique les dimensions incroyables des crimes». Ces rapports devaient être vraiment récents, puisque la note introductive de ce numéro signale qu'ils correspondent «à la date la plus récente possible» et que, dans sa majorité, «ils se rapportent à la situation au début du mois de juin, il y a moins d'un mois» (p. 1). L'unique référence à Auschwitz contenue dans le message radio de Stronski est la suivante : «En plus des camps de torture pour hommes, avec Oswiecim pour camp principal, il existe à présent des camps de torture pour femmes, comme celui qui se trouve près de Fürstenberg (Mecklenburg) connu sous le nom de Ravensbrück». Ce qui fait qu'en dépit de cette «image très claire» de la situation en Pologne et du caractère récent des renseignements, le GPE paraît ignorer le massacre des juifs qui, prétend-on, se déroulait à Auschwitz à partir du début de 1942 [53]. Déclaration en conférence de presse du ministre polonais de l'Intérieur, S. Mikolajczyk, le 9 juillet 1942 (n° 48, 15 juillet 1942, p. 4-6). Dans sa longue déclaration qui se rapporte aux derniers événements qui se sont produits en Pologne, dans laquelle on insiste sur le furor Teutonicus qui aurait atteint «un paroxysme meurtrier» (p. 6), Mikolajczyk ne mentionne Auschwitz qu'en passant : «Dans le camp de concentration d'Oswiecim même, le nombre des prisonniers avait augmenté de 8 000 en trois mois» (p. 5). Dans l'article «Concentration Camps» (n° 48, 15 juillet 1942, p. 3), Auschwitz apparaît dans une liste de 23 camps de concentration «dans lesquels sont confinés les Polonais». L'article signale que des groupes de prisonniers sont envoyés régulièrement à Oswiecim de toutes les prisons de Pologne et, en particulier, plusieurs centaines d'entre eux en mars et avril 1942. On donne des nouvelles des décès de prisonniers, «qui ne peuvent pas résister aux rigueurs du camp» et on indique aussi que de grands groupes de prisonniers vont travailler chaque jour à la construction d'une usine d'essence synthétique dans les environs. Enfin, on cite des renseignements précis sur les détenus décédés… Dans un autre article, «Polish Youth in the War» [La jeunesse polonaise dans la guerre] (n° 56, 15 novembre 1942, p. 8), Auschwitz apparaît comme l'un des lieux où étaient internés les jeunes Polonais de 12 à 18 ans. Dans l'article «Children in Prisons and Concentration Camps» [Des enfants dans les prisons et dans les camps de concentration…] (n° 77, 1er octobre 1943, p. 5), il est dit :


485 D'autres rapports en provenance de Pologne affirment que les enfants de moins de 12 ans transportés sur le camp d'Oswiecim ne sont pas acceptés par les autorités du camp mais sont tués sur-le-champ, dans des chambres à gaz spéciales installées pour l'occasion. Cette information est parvenue pour la première fois en décembre 1942 et a été reprise depuis dans plusieurs rapports. D'après le contexte, on devine qu'il s'agit d'enfants polonais. On trouve là l'unique référence à des chambres à gaz à Auschwitz avant 1945. 2) L'extermination des juifs est mentionnée fréquemment mais en aucun des cas on n'indique qu'elle avait lieu à Auschwitz On trouvera ci-dessous par ordre chronologique toutes les références à l'extermination de juifs qui apparaissent dans la PFR jusqu'en mai 1945. a. Dans l'article «Pawiak Prison in Warsaw and Oswiecim Concentration Camp» (n° 47, 1er juillet 1942, p. 3), il est dit textuellement : «On sait bien aussi en Pologne que, l'année dernière, des juifs qui s'étaient réunis ont été emmenés dans les environs de Hambourg, où ils ont tous été gazés». Si bien que l'on «savait bien» en Pologne ce qui s'était passé avec un groupe de juifs à Hambourg, alors qu'on ignorait — ou on ne révélait pas — les massacres réguliers de juifs qui étaient supposés se dérouler à Auschwitz. b. Article «Destruction of the Jewish Population» [Destruction de la population juive] (n° 47, 1er juillet 1942, p. 4-5). Selon l'auteur de l'article, les premières manifestations des nouvelles mesures de répression contre les juifs, sous forme de fusillades en masse, eurent lieu à Nowy Sacz, Mielec, Tarnow et Varsovie. Peu de temps après, le ghetto de Lublin fut anéanti. La presse allemande déclara que le ghetto avait été transféré dans la localité de Majdan Tatarski, «mais en fait presque toute la population avait été exterminée» (p. 4). Un certain nombre de juifs du ghetto furent introduits dans des wagons de marchandises, qui furent conduits hors la ville «et laissés pendant deux semaines sur une voie de garage, jusqu'à ce que tous ceux qui étaient à l'intérieur fussent morts de faim» (p. 5). Cependant, la majorité des juifs de Lublin furent conduits à Sobibor, «où ils furent tous tués par du gaz, des mitrailleuses ou même des baïonnettes» (p. 5). Des détachements de police auxiliaire lituanienne (szaulis) avaient été amenés en Pologne pour effectuer ces exterminations massives. On indique également qu'il y avait confirmation de l' «extermination complète» des juifs dans les régions de l'Est. Des villes comme Molodeczno et Baranowicze avaient été rendues complètement judenfrei (débarrassées des juifs) (p. 5). Plusieurs milliers d'enfants juifs furent assassinés à Pinsk à l'automne 1941. A leur tour, en mars 1942, 12 000 juifs furent anéantis à Lwow, où avaient encore lieu des crimes massifs. Dans les villes du sud-est de la Pologne, «des organisations ruthéniennes organisent des chasses aux juifs qui se cachent encore en grand nombre dans les villages» (p. 5). c. Le 8 juillet 1942, le Conseil national polonais, sorte de parlement de l'exil, alertait, dans une résolution adressée aux parlements des nations libres, des «faits révélés récemment d'une destruction systématique de la force vitale de la Nation polonaise et du massacre planifié de pratiquement toute la population juive» (n° 48, 15 juillet 1942, p. 3). d. Le jour suivant, 9 juillet, eut lieu une conférence de presse au cours de laquelle intervinrent diverses personnalités polonaises de l'exil (n° 48, 15 juillet 1942, p. 4-8). Le ministre de l'Intérieur, S. Mikolajczyk, signala que «l'extermination systématique des juifs» avait commencé (p. 4). Il s'était produit — disait-il — divers massacres de juifs dans les camps de Belzec et de Trawniki, où «des meurtres sont aussi réalisés au moyen de gaz poison» (p. 6). Il citait également des massacres de juifs en une vingtaine de localités, avec des chiffres de victimes qui oscillaient selon le lieu entre 120 et 60 000.


486 Les méthodes d'extermination étaient les mitraillages, les grenades à main et le gaz toxique (p. 6). Dans la même conférence de presse, le Dr. Schwarzbart, représentant juif au Conseil national polonais, mentionnait des massacres dans une trentaine de lieux, avec des chiffres de victimes qui oscillaient selon le lieu entre 300 et 50 000 (p. 7-8). En définitive, à elles deux, ces personnalités citaient une cinquantaine de lieux de Pologne où s'étaient, paraît-il, produit des massacres de juifs. Curieusement, Auschwitz — ou Oswiecim, selon la dénomination polonaise — n'apparaît dans aucun de ces récits. e. Le numéro 57 de la PFR, publié le 1er décembre 1942, est consacré à une étude monographique sur l'extermination des juifs en Pologne. Une grande partie de son contenu fait référence à la déportation des juifs de Varsovie qui avait commencé à l'été de 1942. Dans ce sens, on indique que les juifs étaient déportés dans des trains, dont les wagons possédaient un sol recouvert de chaux vive et de chlore (p. 3). Les déportés étaient conduits dans trois camps d'exécution : Treblinka, Belzec et Sobibor. «Là les trains étaient déchargés, les condamnés étaient déshabillés et mis à nu puis tués, probablement par du gaz poison ou par électrocution» (p. 3). Ce numéro contient aussi un «Rapport extraordinaire du camp d'extermination des juifs de Belzec» (p. 4). Ce rapport provient d'un Allemand employé dans le camp. On indique que l'enceinte était surveillée par des gardes ukrainiens. Les déportés arrivaient en train et, à peine arrivés, étaient descendus du train, se déshabillaient et on leur donnait l'ordre de prendre un bain. En réalité, ils étaient conduits à un baraquement «où il y a une plaque électrique, où se font les exécutions». Les victimes, une fois électrocutées, étaient conduites en train en dehors de l'enceinte du camp et jetées dans une fosse de 30 mètres de profondeur. Cette fosse avait été creusée par des juifs, assassinés eux aussi une fois leur tâche terminée. A leur tour, les Ukrainiens de garde dans le camp «doivent être exécutés une fois leur travail fini». Curieusement, la PFR avait réussi à publier un rapport sur l'intérieur du camp de Belzec grâce aux révélations d'un employé allemand, et en dépit des sévères mesures de sécurité, selon lequel on allait jusqu'à liquider périodiquement les Ukrainiens de garde pour éviter des témoins. Cependant, jusqu'à cette date, la PFR n'avait pas publié le moindre indice selon lequel à Auschwitz on aurait assassiné des juifs, en dépit du fait que cette supposée tuerie aurait commencé au début de 1942 et que les sources d'information sur le camp étaient très abondantes. Mais le plus important à remarquer est que, dans un numéro consacré à une monographie sur l'extermination des juifs en Pologne et publié un an après le début des supposées tueries d'Auschwitz, le nom de ce camp de concentration n'est pas une seule fois mentionné. f. Le n° 71 de la PFR, publié le 1er juillet 1943, est aussi consacré essentiellement à l'extermination des juifs en Pologne. Il contient uniquement deux témoignages de femmes juives évadées de Pologne à l'automne 1942. Le premier témoignage s'intitule «Agony of the People Condemned to Death» [L'agonie des gens condamnés à mort] (p. 1-7) et raconte les vicissitudes d'une juive et de sa famille dans différents ghettos. Le second rapport a pour titre «What Happened in the Radom Ghetto» [Ce qui s'est produit au ghetto de Radom] (p. 7-8) et rapporte des détails sur la vie dans cet endroit. Le nom d'Auschwitz n'est pas non plus mentionné dans ce numéro, et ce en dépit du fait qu'à cette date ce qui se passait là-bas devait être absolument impossible à cacher, puisqu'à partir de l'été 1942 on racontait qu'il était procédé à un anéantissement à grande échelle, principalement à cause de l'arrivée de grands convois de juifs en provenance de Slovaquie, de France, de Belgique et de Hollande [54].


487 g.

Pour terminer, en janvier 1944 une note concise donne des détails sur une révolte dans laquelle «des juifs internés dans le camp de la mort de Treblinka se sont révoltés en se livrant à une lutte désespérée contre leurs meurtriers». La révolte avait eu lieu au début du mois d'août 1943 (n° 84, 15 janvier 1944, p. 4). — IV — CONCLUSION

Considérations préliminaires Tout au long de cette étude, il semble que deux faits ressortent suffisamment clairement : c. Le GPE [Gouvernement polonais en exil) disposait des sources d'information suffisantes pour connaître en détail ce qui se passait à Auschwitz ; d. La PFR [Polish Fortnightly Review ], principal organe de propagande en anglais du ministère de l'Intérieur du GPE, n'a pas mentionné, pour ainsi dire jusqu'à la fin de la guerre, en mai 1945, le fait qu'il se produisait à Auschwitz des meurtres de juifs ; en réalité, la PFR a largement donné des informations sur ce camp de concentration, mais nullement dans le sens d'une liquidation de juifs qui se serait produite là-bas et, parallèlement, elle a fréquemment fait allusion à l'extermination de juifs mais sans jamais dire qu'elle avait lieu à Auschwitz. La réalité est que la PFR, qui pouvait savoir — et savait sans aucun doute — ce qui se passait à Auschwitz, s'est, de 1942 à mai 1945, abstenue de toute référence à une extermination de juifs qui aurait été effectuée durant plus de trois années dans ce camp. La phase suivante [de notre exposé] consiste à nous demander pourquoi la PFR n'a rien révélé sur ces meurtres alors que, selon toute évidence, elle aurait dû les connaître en détail. Trois raisons, à notre avis, peuvent être avancées pour justifier — ou tenter de justifier — le silence de la PFR. 1° – Le GPE savait ce qui se passait à Auschwitz, mais il n'a pas voulu diffuser l'information afin d'éviter que les souffrances des Polonais ne passent au second plan Cet argument a été avancé par le professeur israélien David Engel. Selon cet auteur, les Polonais détenaient une raison politique de poids pour ne pas appeler l'attention du monde sur l'extermination des juifs en Pologne : c'est qu'en faisant une large publicité sur ce qui se passait on aurait minimisé, par comparaison, les souffrances des Polonais, ce qui aurait pu leur attirer moins d'attention et de sympathie de la part de la communauté internationale. Si bien, dit Engel, que les nouvelles relatives à la «solution finale» étaient filtrées par le GPE, et diffusées en Occident, seulement quand ces nouvelles pouvaient exacerber la haine contre le régime nazi en général et, en même temps, si elles ne reléguaient pas au second plan les souffrances du peuple polonais. En particulier, et pour ce qui concerne Auschwitz, les autorités polonaises pensaient que ce camp était le symbole des tribulations des Polonais eux-mêmes et que ce ne serait plus le cas s'ils diffusaient à travers le monde les informations sur l'anéantissement massif de juifs pratiqué là-bas [55]. Cet argument ne paraît pas convaincant pour diverses raisons. Tout d'abord, les nouvelles sur l'extermination des juifs en Pologne n'occupaient pas le second plan, ni dans la PFR, ni dans les documents officiels du GPE (voy. annexe II). Au contraire, on voit clairement dans la PFR la prééminence qu'il donne aux nouvelles relatives à l'extermination des juifs par rapport à toutes les autres nouvelles, surtout dans la seconde moitié de 1942 (voy. p. 55-58). Dans ce sens, diverses déclarations officielles de membres du GPE publiées dans la PFR se sont davantage


488 fait l'écho des atrocités commises contre les juifs que de celles commises contre les Polonais eux-mêmes. Voici quelques exemples : a. Dans une conférence de presse tenue le 9 juillet 1942, S. Mikolajczyk, ministre de l'Intérieur, déclara : «Bien pire est la situation des juifs […]. La faim, la mort et la maladie exterminent la population juive systématiquement et continuellement» (n° 48, 15 juillet 1942, p. 6) ; b. Au cours de cette même conférence, le Dr. Schwarzbart, membre du Conseil national polonais, indiquait que le massacre organisé de juifs «dépasse les exemples les plus horribles de l'histoire de la barbarie» (n° 48, 15 juillet 1942, p. 7) ; c. Le même Mikolajczyk, parlant au nom du GPE, fit savoir, le 27 novembre 1942 : «Les persécutions en cours aujourd'hui en Pologne de la minorité juive constituent cependant une page à part du martyrologe polonais. L'ordre d'Himmler, selon lequel l'année 1942 doit être celle de la liquidation d'au moins 50 % de la communauté juive polonaise, est en train d'être exécuté d'une manière absolument impitoyable et avec une barbarie encore jamais vue dans l'histoire du monde» (n° 57, 1er décembre 1942, p. 7) ; d. Enfin, une résolution du Conseil national polonais du 27 novembre 1942 appelle l'attention sur «les derniers crimes allemands, sans parallèle dans l'histoire de l'humanité, qui ont été perpétrés à l'encontre de la nation polonaise, et particulièrement à l'encontre de la population juive de Pologne» et, en conséquence, condamne «l'extermination de la nation polonaise et des autres nations, extermination dont l'expression la plus effroyable est fournie par les meurtres de masse des juifs de Pologne et ceux du reste de l'Europe assujettis à Hitler» (n° 57, 1er décembre 1942, p. 8). Par conséquent, si les informations sur les atrocités commises contre les juifs étaient passées au premier plan au moins durant la seconde moitié de 1942, il n'est pas logique que la PFR n'ait même pas mentionné le nom d'Auschwitz, où l'on était censé commettre le plus d'atrocités contre les juifs. En outre, à partir de la seconde moitié de 1942, le camp d'Auschwitz avait cessé d'être une sorte de symbole de la souffrance des Polonais, du moins si on se réfère à la PFR. De fait, à partir du 1er juillet 1942, c'est à peine s'il n'y figure plus que quelques références à l'existence d'Auschwitz. Auschwitz, à ce moment-là, n'était le symbole de rien du tout. Ce camp avait pratiquement disparu des pages de la PFR, submergée précisément par l'avalanche des nouvelles relatives à l'extermination des juifs. En revanche, les Polonais possédaient une raison politique de poids pour accorder un relief spécial à la propagande d'atrocités contre les juifs. Les milieux polonais de l'exil souhaitaient, pour la raison qui va être exposée plus loin, un rapprochement avec le judaïsme mondial pour obtenir l'appui de cette considérable force internationale. En effet, après l'agression soviétique de la Pologne en septembre 1939, l'URSS avait annexé d'importantes portions du territoire polonais. Dès 1941, le GPE fonda sa stratégie à l'égard de l'URSS sur l'espoir que l'Angleterre et les États-Unis ne reconnaîtraient pas l'annexion soviétique de ces territoires. Mais le traité anglo-soviétique de 1942 déçut cette espérance. «Dans une situation pareille — comme le reconnaît le même D. Engel — les Polonais avaient plus besoin que jamais d'amis influents. Convaincus que les organisations juives jouaient un rôle crucial dans la formation de l'opinion des Anglais et des Américains, il fallait qu'ils continuent à essayer de mettre les juifs de leur côté, quels que fussent les efforts à déployer, et pratiquement à tout prix. Aussi la dernière moitié de 1942 fut-elle une période d'intensification des ouvertures de la Pologne en direction de la communauté juive d'Occident et de Palestine [56].» En conséquence, si le GPE avait besoin de l'appui des juifs pratiquement à tout prix, il n'est pas logique qu'il ait passé sous silence les comptes rendus sur un massacre de juifs à


489 Auschwitz. En revanche, la diffusion de cette nouvelle dans le contexte de la propagande d'atrocités contre la population juive aurait sans doute facilité le rapprochement du GPE avec les milieux juifs internationaux, dont il recherchait l'appui avec ferveur. En outre, et sur un plan différent, le fait de passer sous silence Auschwitz était contraire à l'idée qu'avait depuis longtemps le GPE de bombarder ce camp de concentration. En effet, dès janvier 1941, le GPE demanda au gouvernement britannique que la RAF bombarde Auschwitz. La proposition fut repoussée, mais, comme le reconnaît aussi D. Engel, il n'y a pas de raison de supposer que, par la suite, les Polonais avaient abandonné l'idée que les activités du camp pouvaient être paralysées au moyen d'une action militaire de l'Occident. «Dans ce contexte, dit Engel, une sévère campagne lancée par les Polonais pour rendre public le sort particulièrement insigne des prisonniers juifs d'Auschwitz aurait très bien pu faire naître dans l'opinion publique occidentale assez de fureur pour obliger le gouvernement britannique à réviser son attitude [en faveur d'un bombardement d'Auschwitz]» [57]. En définitive, il n'est pas certain que l'extermination des juifs occupait le second plan dans la politique de propagande du GPE, puisqu'en réalité la PFR a amplement évoqué le sujet.¶Il n'est pas certain non plus que le GPE ait considéré Auschwitz comme un symbole de la souffrance des Polonais qu'il fallait, dans sa propagande, faire passer avant les nouvelles sur l'extermination des juifs. On a déjà vu, en revanche, qu'à partir de la seconde moitié de 1942 la PFR a pour ainsi dire oublié Auschwitz pour faire ressortir précisément les informations sur l'extermination des juifs. Enfin, le GPE avait le plus grand intérêt politique à enfler la propagande d'atrocités commises contre les juifs. En conséquence, il aurait été logique que fût souligné le rôle joué par Auschwitz dans ces prétendues atrocités. Compte tenu de tout ce que nous venons de voir, il faut conclure que cette première raison invoquée pour justifier le silence de la PFR n'est pas valable. La cause du silence de la PFR est donc à rechercher ailleurs. 2° – Les informations clandestines sur l'extermination des juifs à Auschwitz sont arrivées très tard à Londres, ce qui explique qu'elles furent publiées à la fin de la guerre C'est de cette manière qu'on tenterait d'expliquer le fait que la première annonce des tueries de juifs à Auschwitz ne paraisse que dans la PFR du 1er mai 1945 (voy. annexe I) [58]. Cette justification signifierait simplement que les rapports sur l'anéantissement de juifs à Auschwitz, dont on raconte qu'il a commencé en 1942, n'auraient atteint Londres que trois années plus tard. Cependant l'examen des données disponibles permet de réfuter facilement cette considération. Ainsi, par exemple, un article donnant des informations détaillées sur Auschwitz en septembre 1940 fut publié par la PFR au mois de juin 1941 (n° 21, 1er juin 1941, p. 6-7). Dans le même esprit, D. Engel a signalé que le premier rapport clandestin sur Auschwitz est sorti de Pologne le 30 janvier 1941 pour atteindre Londres le 18 mars de la même année [59]. Nous avons déjà vu plus haut (voy. p. 44-46) que les communications entre la Pologne et Londres étaient fluides. Elles étaient instantanées si les messages se transmettaient par radio et avaient quelques mois de retard si elles étaient envoyées au moyen de messagers. Pour ce qui est des messages radio, il existe un télégramme envoyé de Pologne par l'émetteur clandestin «Wanda 5» le 4 mars 1943 qui contient des informations sur Auschwitz au 15 décembre 1942 [60]. Un autre télégramme, émis par l'émetteur clandestin «Kazia» le 7 juin 1943, contient des informations sur l'intérieur d'Auschwitz jusqu'au mois d'avril de la même année [61]. Ce sont, par conséquent, des preuves concluantes de ce que les nouvelles concernant Auschwitz étaient connues à Londres en l'espace de quelques mois.


490 En conséquence, il n'est pas possible non plus d'accepter cette justification pour expliquer le silence de la PFR. 3° – La PFR n'a pas donné d'informations sur l'extermination des juifs à Auschwitz simplement parce qu'une telle extermination n'a pas eu lieu Telle est la conclusion qu'il convient de tirer, à notre sens, de toutes les données recueillies. Résumons ces données : a. Le GPE [Gouvernement polonais en exil] avait la possibilité de savoir, grâce à ses nombreux réseaux d'information, ce qui se passait à l'intérieur d'Auschwitz ; s'il s'était produit systématiquement dans ce camp une extermination physique des juifs, le GPE aurait sans doute été rapidement au courant ; b. Dans la PFR [Polish Fortnightly Review ], qui était son principal organe de propagande en anglais, le GPE n'a pas publié, avant la fin de la guerre, la moindre information selon laquelle il se serait produit à Auschwitz un grand massacre de juifs ; le silence de la PFR correspond au silence sur ce point d'une très importante déclaration officielle du GPE (voy. annexe II) ; c. Le GPE, et, par voie de conséquence, la PFR, n'avaient aucune raison de passer sous silence les rapports sur les atrocités commises contre les juifs ; cet aspect constitue, au contraire, l'un des points centraux de leur propagande. L'unique explication qui conviendrait alors pour justifier le silence de la PFR serait qu'il ne se produisait pas de meurtres de juifs à Auschwitz, du moins pas de manière suffisamment significative pour donner lieu à publication. Cette conclusion est celle qui découle de l'application rigoureuse de l'argument ex silentio des historiens. Dans ce cas-là, un supposé historique est considéré comme non valable lorsqu'il n'est pas repris par les contemporains, à condition que soient réunies les deux circonstances suivantes : a. Le fait que les auteurs contemporains aient pu et dû connaître l'événement en question ; et b. Le fait qu'ils aient dû en parler [62]. Ainsi, par exemple, on admet que le peuple franc ne tenait pas d'assemblées régulières puisque le principal chroniqueur de l'époque, Grégoire de Tours, ne les mentionnait pas et les aurait sans aucun doute mentionnées si elles avaient existé [63]. Les deux circonstances évoquées peuvent parfaitement s'appliquer à notre cas : a. La PFR pouvait et devait savoir qu'on anéantissait massivement les juifs à Auschwitz ; et b. Elle aurait dû rapporter le fait, puisque le sujet de l'extermination des juifs constituait l'un des points centraux de sa propagande. Et si elle ne l'a pas raconté, alors qu'elle le devait, c'est qu'en toute probabilité ladite extermination massive de juifs ne s'est jamais produite. Telle est, en conséquence, l'unique explication satisfaisante du silence sur ce point de la Polish Fortnightly Review. ANNEXE I Le n° 115 (1er mai 1945) de la Polish Fortnightly Review Dans ce numéro fut publiée pour la première fois une information concernant l'extermination de juifs à Auschwitz. Cette révélation eut lieu plus de trois mois après l'arrivée à Auschwitz des troupes soviétiques et à un moment où la guerre était pratiquement terminée (elle se termina officiellement en Europe le 8 mai). A cette époque il se développait une vaste campagne de propagande de niveau mondial sur les atrocités commises dans les camps de


491 concentration allemands déjà occupés par les alliés (principalement Bergen-Belsen et Buchenwald) et, quelques mois plus tôt, en novembre 1944, le War Refugee Board — organisme officiel nord-américain chargé du secours et de l'assistance aux victimes de guerre — avait publié trois témoignages dans lesquels étaient décrits les massacres massifs de juifs pratiqués à Auschwitz [64]. Le numéro 115 de la PFR, qui porte le titre générique de Polish Women in German Concentration Camps» [Des Polonaises dans les camps de concentration allemands], est entièrement consacré à Auschwitz. Il contient deux témoignages de détenues, une liste des femmes «gazées» et un bref rapport sur des expériences médicales. 1° – Premier témoignage : «An Eye-Witnesse's Account of the Women's Camp at OswiecimBrzezinka (Birkenau). Autumn, 1943, to Spring, 1944» [Rapport sur le camp des femmes d'Oswiecim-Brzezinka (Birkenau) par un témoin oculaire. De l'automne 1943 au printemps 1944] (p. 1-6). Dans la note introductive, on indique brièvement qu'il s'agit du témoignage d'une femme, témoin oculaire, qui relate des faits qui se sont produits dans la seconde moitié de 1943 et au commencement de 1944. Dans la même note, on indique que le document est arrivé à Londres «par des chemins détournés» (p. 1). Un bref examen du texte en question permet de conclure qu'il est dénué de valeur comme source historique et qu'il ne s'agit de rien d'autre que d'un produit de propagande. En premier lieu, on passe sous silence tous les détails concernant sa provenance. On ignore qui l'a rédigé et quand, où et par quel moyen il est arrivé à Londres. Si la guerre était pratiquement terminée, qu'est-ce qui empêchait l'auteur du témoignage de révéler son nom et des détails personnels ? Par ailleurs, on n'indique pas non plus si cette personne fut libérée à Auschwitz, si elle s'évada ou si elle envoya clandestinement son rapport alors qu'elle était détenue. Cette absence de détails sur la provenance du document, alors qu'il n'y avait aucune raison à cela, le rend plus que suspect. Par ailleurs, l'auteur ne mentionne pas non plus de détails comme la date de son arrivée au camp et la fonction qu'elle y occupait. Pour ce qui concerne la description de la vie dans le camp, le témoin raconte des événements difficiles à croire. Par exemple, elle dit qu'elle se trouvait au «Sauna» précisément quand il se produisit une sélection spéciale de détenues pour le bordel du camp, sélection au cours de laquelle elle assista à l'interprétation de chansons pornographiques (par une détenue ancienne chanteuse de cabaret) et à l'exécution d'une danse cosaque par une gitane. Les deux femmes étaient complètement nues (p. 4). De même, elle put aussi assister à une inspection à l'hôpital, au cours de laquelle un médecin allemand, qui soulignait l'importance d'entretenir de bonnes conditions hygiéniques, examinait avec soin les parois pour voir s'il y avait de la poussière ou des toiles d'araignées, alors qu'il se montrait indifférent devant les tas de cadavres et le manque de médicaments et d'eau (p. 4). Le témoin raconte également qu'elle a vu les fours crématoires, qui jamais ne cessaient de fonctionner et dont les cheminées laissaient s'échapper continuellement des flammes allant jusqu'à dix mètres de haut et de grands nuages de fumée (p. 5). L'activité incessante des crématoires était due à l'anéantissement des juifs. Chaque jour des trains arrivaient de toute l'Europe. Dix pour cent des passagers étaient internés dans le camp ; le reste allait directement à la chambre à gaz (qui est toujours citée au singulier). De même, elle dit avoir vu le procédé d'extermination de 4 000 enfants juifs du ghetto de Terezin dans la chambre à gaz. En réalité — selon le témoin — le gaz ne tuait pas mais assommait seulement car il était cher et que les Allemands désiraient l'économiser. En conséquence, les victimes se réveillaient dans le camion qui les transportait de la chambre à gaz au crématoire et elles étaient jetées vivantes dans le feu (p. 5-6).


492 L'auteur du témoignage, consciente sans doute des énormités qu'elle raconte, répète à plusieurs reprises que son rapport est rigoureusement véridique, qu'elle a vu tout cela personnellement et que, de plus, il ne s'agit que d'une petite partie de la réalité (p. 2 et 6). En définitive, le premier document que publie la PFR sur l'extermination des juifs à Auschwitz est historiquement inacceptable. 2° – Deuxième témoignage : «Report Made by a Girl Fifteen Years Old» [Récit fait par une jeune fille de quinze ans] (p. 6-7). La note d'introduction indique qu'il s'agit du témoignage d'une jeune Polonaise sur son séjour au camp de femmes de Birkenau durant la seconde moitié de 1943 et le début de 1944 (p. 1). Comme dans le cas précédent, on ignore toutes les données relatives à la provenance du document. D'après la langue et le style de la rédaction, il ne semble pas écrit par une jeune fille de 15 ans. Quant au contenu, le plus important à retenir est le fait qu'il n'existe dans ce récit pas la moindre reférence à l'extermination des juifs. Seul un passage fait allusion à la «chambre à gaz», où finissaient celles qui avaient été sélectionnées au moment de l'appel à cause de leurs mauvaises conditions physiques. Le reste du document surprend par son objectivité, compte tenu des circonstances et de l'époque de sa publication. 3° – Autres informations (p. 8). Le numéro 115 contient également un récit concernant des femmes anéanties par gaz toxique à Birkenau en 1943 et fournit des données par mois, de février 1943 au 15 janvier 1944. Les victimes se répartissent en trois groupes : les Polonaises, les juives et les autres. Selon ces données, le nombre des victimes polonaises et «autres» est de beaucoup supérieur à celui des juives. Enfin, on trouve une brève information sur les expériences médicales pratiquées sur des femmes au bloc 10 d'Auschwitz. ANNEXE II Un document officiel du gouvernement polonais en exil : «The Mass Extermination of Jews in German Occupied Poland» [L'extermination massive de juifs dans la Pologne occupée par les Allemands] (Archives du SPP, 2318) Il s'agit d'un document officiel du ministère des Affaires extérieures du GPE publié à Londres en décembre 1942. Il contient divers textes et déclarations officiels du GPE émis entre le 27 novembre et le 17 décembre. Il réunit les «plus récents rapports» reçus de Pologne «au cours des dernières semaines» sur les «nouvelles méthodes de massacre en masse employées ces derniers mois» (p. 4-5). L'information qu'il contient sur l'extermination des juifs se prétend complète. On trouve d'abord une description chronologique des principales étapes de la politique allemande d'extermination. On signale que les premières mesures conduisant à la phase de l'extermination furent prises dès octobre 1940, au moment de l'établissement du ghetto de Varsovie (p. 5). A partir de la guerre germano-soviétique se produisirent de grands massacres de juifs, surtout dans les provinces de l'Est. A la mi-juillet 1942, après la seconde visite d'Himmler à Varsovie, fut donné le signal pour commencer le processus de liquidation, «dont l'horreur surpasse tout ce qu'on connaît dans les annales de l'histoire» (p. 6). A la fin juillet 1942 commença la déportation des habitants du ghetto de Varsovie vers les camps d'extermination (p. 8-9). Le document énumère aussi les principaux lieux où s'effectuaient les massacres et décrit les méthodes d'extermination. Ainsi, les déportations du ghetto de Varsovie se faisaient en direction des camps d'extermination de «Tremblinka (sic), Belzec et Sobibor» avec des wagons de


493 marchandise dont les sols étaient couverts de chaux vive et de chlore. A l'arrivée, les survivants étaient assassinés de diverses manières, «y compris par gaz poison et par électrocution», puis étaient enterrés (p. 8-9). A Chelm, on utilisait aussi des gaz toxiques (p. 6). Dans d'autres lieux, comme Wilno, Lwow, Rowne, Kowel, Tarnopol, Stanislawow, Stryj et Drohobycz, on fusillait (p. 6). Le plus important est que ce document officiel, qui prétend fournir des informations exhaustives et très récentes sur l'extermination des juifs en Pologne, ne mentionne pas même une fois le nom d'Auschwitz. Il faut, en outre, tenir compte de ce que la publication de ce texte eut lieu en décembre 1942, quasiment une année après le début de la prétendue extermination des juifs à Auschwitz et six mois après que les massacres eurent acquis un caractère systématique par l'arrivée de grands convois de juifs en provenance de France, de Slovaquie, de Belgique et de Hollande. Le document contient, de plus, une information de grand intérêt concernant la déportation en Pologne des juifs des autres pays. En effet, il parle de «plusieurs milliers de juifs que les autorités allemandes ont déportés en Pologne en provenance des pays occidentaux et d'Europe centrale et même du Reich allemand» (p. 4). Ces juifs venus de l'étranger ont été concentrés dans des ghettos (p. 15). Or, selon la thèse généralement admise aujourd'hui, une bonne partie de ces juifs échouèrent à Auschwitz. Par exemple, on affirme qu'à la date du 1er décembre 1942 arrivèrent à ce camp de concentration 45 convois de juifs de France, 17 de Belgique, 27 de Hollande et 19 de Slovaquie [65] . En fait, il est dit que tous les juifs de France et de Belgique déportés vers la Pologne en 1942 terminaient leur voyage à Auschwitz [66] . De sorte que, si l'on estime une moyenne de mille personnes par convoi, environ 100 000 juifs de ces pays seraient arrivés à Auschwitz en 1942. De ce nombre — affirment les partisans de la thèse aujourd'hui en vogue — une petite partie fut considérée comme apte au travail et internée dans le camp et le reste fut envoyé sans autre formalité aux chambres à gaz. Cependant, si le GPE savait que les juifs des pays occidentaux étaient déportés vers la Pologne, il devait sans doute savoir également qu'une bonne partie d'entre eux finissait à Auschwitz. Le silence du GPE est, par conséquent, très significatif et suggère une hypothèse bien différente : à savoir que beaucoup des juifs déportés en Pologne à partir de la France, de la Belgique, de la Hollande et de la Slovaquie durant 1942 n'arrivèrent jamais à Auschwitz. Le fait que, dans le document que nous commentons, on indique que ces juifs étaient concentrés dans des ghettos renforce cette hypothèse. 1. D. Engel, In the Shadow of Auschwitz (A l'ombre d'Auschwitz), p. 192, 172. 2. E. Duraczynski, Polish Government-in-Exile, p. 1177-1178. 3. J. Garlinski, Poland, SOE and the Allies, p. 21-29, 90. 4. E. Duraczynski, Delegatura, p. 356-357. 5. E. Duraczynski, Armia Krajowa, p. 88-89. 6. B. Jarosz, Le mouvement de…, p. 145-147, 150. 7. Id., p. 158. 8. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 97-98. 9. Id., p. 123-124. 10. Id., p. 110. 11. B. Jarosz, Le mouvement de…, p. 163. 12. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 175. 13. Polonais d'origine germanique qui avaient opté pour la nationalité allemande en 1939. 14. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 205.


494 15. B. Jarosz, Le mouvement de…, p. 151. 16. N° 84 du 15 janvier 1944, p. 5. 17. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 253. 18. Id., p. 46, 153. 19. W. Laqueur, The Terrible Secret, p. 22-23. 20. Id., p. 24. 21. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 43. 22. Id., p. 43-45. 23. Id., p. 155-156. 24. H. Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, p. 252. 25. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 126. 26. Id., p. 100-101. 27. Id., p. 206-208. 28. Id., p. 46. 29. Id., p. 102, 143. 30. Id., p. 230. 31. Id., p. 54-55, 112. 32. W. Laqueur, The Terrible Secret, p. 169. 33. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 167-173. 34. Id., p. 101-103. 35. T. Bor-Komorowski, The Secret Army, p. 150. 36. W. Laqueur, The Terrible Secret, p. 103, 107. 37. Id., p. 103-104. 38. J. Karski, Story of a Secret State, p. 217. 39. Id., p. 253. 40. J. Nowak, Courier from Warsaw, p. 164-165. 41. Id., p. 166, 172-174. 42. T. Bor-Komorowski, The Secret Army, p. 150. 43. Id., p. 122-123. 44. Id., p. 151. 45. J. Garlinski, Poland, SOE and the Allies, p. 150-154. 46. E. Duraczynski, Armia Krajowa, p. 89. 47. J. Garlinski, Fighting Auschwitz, p. 89. 48. Sauf indication contraire, toutes les citations qui suivent sont extraites de la PFR. 49. D. Czech, Kalendarium der Ereignisse im…, p. 159. 50. Id., p. 86. 51. Voy. à ce sujet le travail de C. Mattogno, The First Gassing at Auschwitz. 52. D. Czech, Kalendarium der Ereignisse im…, p. 189. 53. Rudolf Höss, premier commandant d'Auschwitz, précise dans ses mémoires que l'extermination des juifs dans ce camp avait commencé «probablement» en septembre 1941 ou en janvier 1942 (R. Höss, Kommandant in Auschwitz, p. 159-160). 54. J. Buszko, Auschwitz, p. 114-115. 55. D. Engel, In the Shadow of Auschwitz, p. 177, 201-203.


495 56. Id., p. 147. 57. Id., p. 209. 58. Ou à l'automne 1944, pour le cas où les numéros de cette période — dont je n'ai pu trouver trace — auraient donné des informations en ce sens. 59. D. Engel, In the Shadow of Auschwitz, p. 305. 60. Le texte de la traduction anglaise de ce message, effectuée à Londres, porte la date du 31 mars 1943 (Archives du SPP, 3.16). 61. Le texte de la traduction anglaise de ce message, effectuée à Londres, porte la date du 10 juin 1943 (Archives du SPP, 3.16). 62. Z. Garcia Villadas, Metodología y crítica históricas, p. 319. 63. Ch.V. Langlois & Ch. Seignobos, Introduccíon a los estudios históricos, p. 190. 64. Ces témoignages sont connus sous le nom de «Protocoles d'Auschwitz». On pourra se reporter à notre étude critique Los «Protocolos de Auschwitz» : ¿una fuente histórica ?, García Hispán, Alicante 1990 [La R.H.R. a, dans sa deuxième livraison (août-octobre 1990, p. 171-175) publié un compte rendu de cet ouvrage]. 65. D. Czech, Kalendarium der Ereignisse im…, p. 189-347. 66. S. Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des juifs de France, p. 13 de ma numérotation. S. Klarsfeld & M. Steinberg, Mémorial de la déportation des juifs de Belgique, p. 22 de ma numérotation. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 30-70


496 Traduit de l'anglais

PRISONNIERS DU SILENCE DANS UN PETIT CIMETIÈRE DU KANSAS, 14 TOMBES DE PRISONNIERS DE GUERRE ALLEMANDS SONT LÀ POUR RAPPELER L'UN DES DERNIERS ÉVÉNEMENTS PASSÉS SOUS SILENCE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE. Nous reproduisons ci-dessous un article de David Lamb, extrait du Los Angeles Times du 30 novembre 1990 et reproduit en septembre 1991 par le GANPAC Brief de Santa Monica (Californie). David Lamb précise qu'il a bénéficié de la collaboration, sur place à Berlin, de son confrère de la rédaction Tyler Marschall. Cet article est à rapprocher de la recension du livre de l'Américain James Bacque sur la question des prisonniers de guerre américains, que nous avons publiée dans notre première livraison, p. 150-160. LEAVENWORTH, Kansas — Aucune femme, aucun enfant ne repose dans le petit cimetière du sommet de la colline qui surplombe le Missouri, mais seulement des prisonniers militaires, au nombre d'environ 240, dont les âmes restent pour toujours entachées de quelque action déshonorante qui les aura finalement conduits dans cette terre abandonnée de Dieu. A l'inverse de l'ancien cimetière national situé à 800 mètres de là, ce lieu attire peu de visiteurs ; aucune fleur n'est déposée sur ce sol infortuné. Les petites pierres tombales ne portent qu'un nom et une date de décès, mais c'est ce qui appela l'attention, il y a dix ans, du sergent Ken Knox, du service de la commutation des peines du quartier disciplinaire de Fort Leavenworth, et déclencha en lui cette obsession pour l'un des derniers événements passés sous silence de la seconde guerre mondiale. «Viens voir ! Regarde-ça !» dit Knox à sa femme, Dianne, alors qu'ils roulaient à bicyclette un dimanche autour de la base. Dans un coin à part, séparées des autres tombes, il y avait 14 pierres tombales portant chacune un nom allemand à demi effacé avec la même date, le 25 août 1945. La première pensée de Knox fut que ces gens avaient dû mourir dans un accident d'autobus, mais il apprit bientôt qu'il était tombé par hasard sur les tombes des seuls prisonniers de guerre à avoir été exécutés aux États-Unis. En fouillant dans les archives et les bibliothèques, il découvrit que bien des questions troublantes de caractère moral se posaient encore sur les circonstances de leur pendaison. De son bureau du deuxième étage, il avait l'habitude de regarder la cour de la prison, et il imaginait Walter Beyer et Otto Stengel ainsi que les douze autres marins et soldats allemands, les menottes aux mains, chacun escorté de huit hommes et se dirigeant vers une potence de fortune que les autorités du fort avaient fait dresser dans la cage du monte-charge d'un ancien entrepôt. C'est tout juste s'il n'entendait pas l'aumônier épiscopal, John Sagar, en train de réciter le Psaume 130, la litanie de ceux qui vont mourir : «Du fond de l'abîme, je crie vers toi, ô Seigneur. Seigneur, entends ma voix…» «Je ne conteste pas leur culpabilité, mais seulement l'injustice», déclare Knox, qui vit à présent à Sacramento. «Ces gars ne sont pas à leur place dans ce cimetière. C'étaient des militaires honorables et, qu'ils aient eu raison ou tort, si l'Allemagne avait gagné la guerre, on leur aurait donné une médaille. On devrait les réenterrer en Allemagne, dans un lieu digne de respect. C'est tout ce à quoi je m'emploie. En outre, ils ont été exécutés une fois la guerre terminée, ce qui soulève beaucoup de questions sur le fait de savoir s'ils n'ont pas été victimes d'un désir de vengeance de la part de la société contre tous les Allemands.»


497 Les 14 condamnés — dont l'un était épicier dans la vie civile, l'autre tailleur, un autre mécanicien — faisaient partie des 400 000 Allemands détenus prisonniers au cours de la seconde guerre mondiale dans les 500 camps disséminés à travers les États-Unis. Les prisonniers allemands travaillaient dans les champs de blé du Kansas, farcissaient les olives de piments espagnols au Texas, réparaient des véhicules de l'armée en Virginie, cousaient des uniformes de l'armée américaine dans le Maryland ou encore cueillaient des petits pois au nord de New York. Vers la fin de la guerre, aidés par les tailleurs des prisons qui leur procuraient des vêtements civils et par des artistes qui leur fournissaient de faux documents, des Allemands s'évadaient du camp à raison d'une centaine par mois, souvent pour se mêler à la société américaine. Les officiers de renseignement américains travaillaient dur pour recruter des «moutons» parmi les prisonniers nouvellement arrivés et, dans des cellules pour deux où avaient été cachés des microphones, ils plaçaient avec eux des détenus qui ne se doutaient de rien. Les renseignements recueillis se révélèrent inestimables pour l'effort de guerre des Alliés. L'un des moutons, Johannes Kunze, transmit ainsi des détails sur le camouflage de Hambourg prévu pour tromper les pilotes des bombardiers britanniques — la toiture de la gare ferroviaire avait été peinte pour ressembler à une autoroute, le lac avait été recouvert — et d'autres établirent l'identité de certains chefs de camp nazis et firent partager des secrets sur la stratégie des sousmarins allemands [U-Boot]. Le 4 novembre 1943, à 10 heures du soir, Walter Beyer, l'un des prisonniers allemands de Camp Gruber, à Tankowa, dans l'Oklahoma, sergent-chef âgé de trente ans capturé en Afrique du Nord, ordonna à sa compagnie de se rassembler dans le hall du réfectoire. Johannes Kunze fut un des derniers à y pénétrer. Le visage blême et en sueur, il s'assit à une table près de la porte. Beyer leva les bras pour montrer deux textes d'une écriture identique — l'un, non signé, renfermait une brève description du camouflage de Hambourg, l'autre était une lettre signée de Kunze adressée à sa femme à Leipzig. «Camarades,» dit Beyer, dont l'épouse et le fils Edgar, âgé de deux ans, vivaient à Hambourg, «je suis désolé et je suis blessé au fond de moi-même d'être obligé de vous apprendre une triste nouvelle, et le cas est si grave que je ne suis pas en mesure de porter moimême un jugement. Aussi cruel que cela puisse paraître, un traître s'est glissé parmi nous.» Beyer avait à peine terminé que quelqu'un s'écria : «C'est lui ! Empêchez-le de sortir !» et une vingtaine d'hommes se précipitèrent sur Kunze, qui se débattit sauvagement pour échapper aux poings et aux pieds de ceux qui le tourmentaient. Il mourut peu de temps plus tard d'une fracture du crâne et d'une hémorragie cérébrale. Beyer, comme le révéla plus tard un témoin devant le tribunal, n'avait pas participé à la bagarre. Au cours des cinq mois qui suivirent, trois autres informateurs furent assassinés au cours d'incidents sans aucun lien entre eux dans les camps de prisonniers de guerre de Florence, dans l'Arizona, de Camp Chaffee, dans l'Arkansas et d'Aiken, en Caroline du Sud. Ces assassinats conduisirent à des enquêtes interminables — Otto Stengel, l'un des suspects, n'avoua qu'après avoir été forcé de porter un masque à gaz bourré d'oignons et d'ail — et finalement 14 Allemands furent envoyés à Fort Leavenworth pour y être pendus après avoir été déclarés coupables par quatre cours martiales différentes. Chacun prétendait avoir agi comme l'aurait fait n'importe quel soldat loyal. «Je ne suis pas un assassin», déclara au tribunal le sergent Erich Gauss, 32 ans, épicier, «je me suis simplement battu pour l'honneur de ma patrie et par respect pour ma qualité de soldat, et j'estime que tout soldat allemand honnête aurait agi de la sorte…» La défense des Allemands fonda son argumentation sur le fait que les victimes étaient des traîtres et que les prisonniers de guerre avaient pour obligation d'empêcher toute trahison dirigée contre leur patrie. Pour défendre Beyer et les quatre autres soldats accusés d'avoir tué


498 Kunze, le gouvernement désigna, à temps partiel, le lieutenant-colonel Alfred Petsch, qui se décrivait lui-même comme avocat de province et fermier et qui déclara à une commission de révision qu'il n'avait «pratiquement aucune expérience dans ce genre d'affaire». Le procureur était l'un des juristes les plus respectés de l'armée américaine, le lieutenant-colonel Leon Jaworski, lequel devait devenir, par la suite, procureur spécial dans l'affaire du Watergate. Ken Knox, dont le père, aviateur, fut décoré pour sa conduite en Corée, et qui servit luimême en Corée après la paix et au Vietnam pendant la guerre, est aujourd'hui retraité militaire après une carrière de 22 ans dans l'armée ; il travaille comme sableur au Dépôt de l'armée de Sacramento. Il a rassemblé 4 000 documents, dont un grand nombre au titre de la loi sur la liberté de l'information, et a réussi péniblement à composer un livre de 159 pages. Soir après soir, il s'asseoit devant son ordinateur, tout en examinant minutieusement les dépositions et les rapports déclassés de l'armée, et se demandant s'il n'aurait pas laissé échapper quelque indice qui prouverait l'injustice de ces morts allemandes. Des amis lui disent : «Qu'est-ce que tu fais de tes Allemands aujourd'hui ?» mais, dit-il, «cela ne les intéresse pas vraiment». «Je ne peux pas expliquer pourquoi cette affaire est devenue si importante pour moi, je n'y arrive pas», dit Knox, «mais c'est comme un ulcère. Je pense sans cesse aux familles en Allemagne auxquelles on a raconté que leur père ou leur grand-père était mort comme criminel, alors que ce n'est pas du tout le cas. Les Américains qui auraient agi comme eux, nous les considérerions comme des héros.» Les Allemands ont traîné pendant une année dans le Couloir de la Mort de Fort Leavenworth. Pendant ce temps-là, 15 Américains, sur les 90 000 qui étaient retenus prisonniers en territoire allemand, furent également condamnés à mort, et Washington et Berlin, par l'intermédiaire d'autorités helvétiques, entamèrent des négociations en vue d'un échange de prisonniers. Les deux parties se mirent d'accord pour ne procéder à aucune exécution jusqu'à la fin des négociations. «Aucune condamnation à mort prononcée contre des prisonniers de guerre allemands dans notre pays ne sera appliquée», affirmait un message classé secret provenant du chef-assistant d'état-major [américain] et adressé aux autorités de Fort Leavenworth le 28 avril 1945, «…jusqu'à nouvel ordre de la division du personnel.» Neuf jours plus tard, la guerre en Europe se terminait avec la reddition de l'Allemagne. Les 15 Américains condamnés à mort furent rendus au commandement allié, et le président Harry S. Truman signa les ordres d'exécution des Allemands, et ce en dépit du fait qu'une commission de révision avait préconisé la commutation de la peine de mort en peine de prison à perpétuité. Minuit venait de sonner, le 10 juillet, quand on vint chercher dans leur cellule, après un repas composé d'un ragoût, de riz à la vapeur et d'un gâteau, le premier contingent de cinq prisonniers allemands, tous anciens membres du célèbre Afrika Korps de Rommel. Un peu moins de 300 mètres séparaient l'aile du bâtiment de Fort Leavenworth réservée aux régimes cellulaires, appelée le Château, de la potence élevée dans l'entrepôt ; sous un brillant clair de lune, accompagnés d'un prêtre catholique et d'un aumônier épiscopal, les prisonniers traversèrent la cour que le sergent Ken Knox contemplerait pendant des heures plusieurs années plus tard. Sur leur demande, ils portaient tous leur uniforme militaire. Le sergent Walter Beyer fut le premier à s'approcher des soldats américains qui attendaient près de la corde. «Le prisonnier n'avait pas l'air très robuste et il avait les traits tirés», devait rapporter le lendemain William H. Radford dans le Kansas City Star. «Une barbe noire, de la même couleur que ses cheveux, indiquait qu'il ne s'était pas rasé depuis au moins 12 heures. Ses yeux étaient ceux d'un animal pris au piège. Ils se déplaçaient nerveusement de droite à gauche. Mais il ne tourna jamais la tête et conserva fièrement le menton relevé…


499 «Un sous-officier qui se trouvait près de lui ôta à Beyer sa casquette et lui enfila une cagoule noire sur la tête. Un brusque commandement retentit, "A droite, en avant, marche", et le Nazi pivota sur son talon droit, en cadence avec l'escorte des soldats qui le firent pénétrer dans le bâtiment, et descendit les 10 mètres restants vers la potence. Son attitude fut une attitude militaire jusqu'à la fin.» La femme de Beyer comprenait que quelque chose n'allait pas du tout en ce début de printemps 1945, car elle ne recevait plus de lettres de son mari. Mais il s'écoula une année avant qu'elle n'apprenne qu'il était mort, et bien d'autres encore avant qu'elle ne connaisse les circonstances de sa mort. A cette époque, elle n'avait pas les moyens de se rendre aux ÉtatsUnis pour réclamer le corps de son mari. «Je me souviens encore de l'instant où Mère a découvert que mon père était mort,» déclara Edgar, 49 ans, unique enfant de Beyer, sous-directeur d'une banque de Hambourg. «J'avais 5 ans. Elle était en train de faire cuire des haricots dans l'arrière-cour quand est arrivée la nouvelle, sur une simple carte postale, sans enveloppe. Elle la lut et commença à trembler. Elle laissa échapper un gémissement que je n'oublierai jamais. Il a dû durer de 5 à 10 minutes. J'ai cru qu'elle allait mourir.» La carte postale — Beyer le rappela dans une interview téléphonique — était laconique. Datée du 2 août 1946, elle ne donnait aucun détail, si ce n'est la notification de la mort et sa date. Ultérieurement, elle fut suivie d'un certificat de décès et d'un mot de la Croix-Rouge spécifiant qu'on ne disposait d'aucun autre renseignement. Pendant plus de vingt ans, Mme Beyer ne fit partager son secret à personne et ce fut seulement lorsqu'Edgar Beyer fut sur le point de se marier qu'elle le fit asseoir et lui dit que son père avait été exécuté et avait été enterré dans une tombe pour criminel. «Le choc pour moi fut total,» dit Beyer, «je n'arrivais pas à y croire.» Il y a neuf ans, une tante d'Edgar Beyer lui donna l'équivalent de 4 000 dollars pour se rendre aux États-Unis à la condition qu'il aille voir tous les parents de sa famille ainsi que la tombe de son père. Il prit seul l'avion entre la Nouvelle-Orléans et Kansas City, se rendit en voiture à Fort Leavenworth et là rencontra un officier de l'armée américaine qui lui expliqua où se trouvait le cimetière des condamnés. Le portail était fermé ; alors il passa par-dessus la clôture de chaînes et trouva la tombe de son père, la première de la rangée des 14 tombes. La dernière fois qu'il avait vu son père, c'était en 1941, le jour de Noël. De temps à autre, les autorités militaires allemandes et américaines suggèrent que les restes des prisonniers soient ramenés en Allemagne pour reposer dans un cimetière allemand. Mais, tant que l'Allemagne fut divisée, l'ambassade de l'Allemagne de l'Ouest à Washington préféra que la question ne fût pas du tout soulevée, de crainte que l'Allemagne de l'Est ne s'emparât de l'affaire pour provoquer une faille dans l'alliance entre Washington et Bonn. Aucune des familles des victimes n'a tenté de réclamer les corps. Lui-même, Edgar Beyer, n'est pas certain que leur rapatriement soit une bonne idée. «Il me faut du temps pour y réfléchir», dit-il. Aussi Ken Knox continue-t-il, à Sacramento, à étudier de près ses piles de documents, à téléphoner aux journaux et stations de télévision, dans l'espoir que quelqu'un partagera l'intérêt qu'il porte à la réparation de l'injustice qu'il ressent. «Au début, on s'y intéressait», dit-il, «mais cet intérêt s'est évanoui bien vite. Qu'ai-je obtenu en dix ans ? A vrai dire, rien. Juste un sentiment de frustration. Je crois que j'ai atteint les limites de mes capacités. J'aurais besoin de quelqu'un qui ait plus d'instruction et plus d'expérience que moi pour y arriver.» Un vent froid d'automne balayait le cimetière de la colline Hancock de Fort Leavenworth, un dimanche après-midi, tout récemment, et se faisait entendre par un murmure à travers les arbres effeuillés. C'était le 18 novembre, jour que les Allemands appellent Volkstrauertag — la Journée du souvenir national ; de la route, cinq soldats allemands, en veste grise, gants de cuir et béret bordeaux, s'avançaient vers la rangée des 14 pierres tombales, portant avec eux une couronne d'œillets.


500 Le colonel Michael Hueber, ancien combattant de 27 ans et fils d'un parachutiste de la seconde guerre mondiale, venait le premier ; il avait en mémoire cette journée du souvenir où les Alliés avaient livré une attaque aérienne sur sa maison de Kreuznach, tuant ainsi sa mère, ses grands-parents, une tante et un neveu. Derrière lui, marchant au pas, se trouvaient quatre autres Allemands détachés ici auprès de l'École d'État-major général du commandement de l'armée américaine. Ils déposèrent la couronne entre la pierre tombale du soldat Rudolf Sraub, 39 ans, tailleur dans le civil, et celle du soldat Helmut Fisher, 22 ans, qui venait de quitter le collège. «Nous sommes là debout», dit Hueber, la tête inclinée, «devant les tombes de jeunes soldats qui sont morts en remplissant la mission qui leur avait été confiée. Ils étaient simplement des soldats comme vous et moi. Leur mort a été plus dure que celle de leurs collègues morts au combat parce qu'ils se sont rendu compte qu'à la fin ils allaient mourir. Mais ils sont morts pour que nous puissions vivre libres, pour que l'Allemagne puisse enfin mettre un terme à 60 années de dictature. C'est la raison pour laquelle le peuple allemand leur rend hommage aujourd'hui.» Puis, après avoir fait un salut, les Allemands se retirèrent, leurs pas bruissant à travers le tapis de feuilles mortes qui recouvraient le sol, et, avec la nuit qui tombait, la couronne et les 14 pierres tombales s'estompèrent lentement. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 71-78


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LES TÉLÉGRAMMES SERBES DE JUILLET 1914 Henri POZZI — LES COUPABLES (La vérité sur les responsabilités de la guerre et les dessous de la paix. Documents officiels secrets), Éditions Européennes, 1935, viii-405 p. Dédicace à la mémoire d'Henry de Jouvenel. Extraits choisis et présentés par

André Martin Le traité de Versailles obligeait l'Allemagne à reconnaître son entière culpabilité dans le déclenchement de la guerre. Pourtant, à côté de l'histoire officielle et héroïque de la «guerre du droit», il y eut rapidement les efforts méritoires de tous ceux qui ne voulaient être ni victimes ni complices du bourrage de crâne. Citons, pour mémoire et pêle-mêle : Le Livre noir et L'Abominable Vénalité de la presse, publiés par la Librairie du Travail d'après les archives russes ouvertes par les Soviétiques. A la même librairie, L'Angleterre a voulu la guerre, d'après des chercheurs anglo-saxons, et M. Poincaré et la guerre de 1914, de Gustave Dupin. Chez d'autres éditeurs, Témoins et Du Témoignage, de J. Norton Cru ; L'Histoire démaquillée, d'A. Fabre-Luce ; Comment fut provoquée la guerre de 1914, de René Gerin ; Trois ans de diplomatie secrète, de J. Converset ; L'Offre de paix séparée de l'Autriche, du prince Sixte de Bourbon ; La Mystification des peuples alliés, de Chéradame ; Cyniques et fantoches de la guerre, de René Le Gentil ; La Paix malpropre, d'Alcide Ebray. Sans oublier les travaux de la Société d'études documentaires et critiques sur la guerre, et bien d'autres ouvrages encore. Mais, en 1933, Hitler arrive au pouvoir. Toutes les vérités ne sont plus bonnes à dire. Henri Pozzi sera l'un des derniers téméraires, avec trois ouvrages : La Guerre Revient…, éd. Paul Berger, 1934 (le livre fut traduit en anglais, italien, allemand, bulgare, hongrois et russe) ; Black Hand over Europe, Londres, F. Mott, 1935 ; et surtout, Les Coupables, ouvrage publié en 1935, sur lequel nous nous attarderons ici. Henri Pozzi, employé de différentes agences d'information, avait eu l'occasion de rencontrer les personnages les plus divers, et même de recevoir confidences et documents. Les Coupables est un livre de plus de 400 pages, que l'on a envie de citer abondamment, d'abord parce qu'il constitue une intéressante synthèse de la plupart des faits connus jusqu'alors et ensuite, et surtout, parce qu'il renferme des documents inédits de la plus haute importance historique. Signalons que ce livre ne figure pas au catalogue de l'Institut d'études politiques de Paris et qu'il n'est pas consultable à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Nanterre où l'exemplaire est déclaré «brûlé» ; un exemplaire nous en a été aimablement prêté par M. Vincent Reynouard, révisionniste de Caen, bien connu des lecteurs de la R.H.R. [1] Résumons tout d'abord quelques-unes des thèses de l'auteur. H. Pozzi soutient que la Russie n'a offert son alliance à la France que dans les buts les plus égoïstes, comme le démontrera suffisamment la suite des événements. Il ne s'agissait pour ce pays que de faciliter les ambitions du panslavisme, secrètement lié aux activistes panserbes — et vice-versa — pour dépecer l'Autriche-Hongrie, qui avait succédé à la Turquie comme «l'homme malade de l'Europe» et ne le savait pas. L'assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche fut le résultat de cette complicité. Trois fois en cinq ans depuis 1909, les gouvernements français avaient dû s'opposer aux provocations bellicistes de Saint-Pétersbourg, dont l'intervention brusquée dès cet attentat du 28 juin risquait donc de laisser la Russie isolée.


502 Récemment encore, lors de la guerre du Golfe, la presse a souvent rappelé que cette opération militaire n'avait été que l'application de l'un des plans d'intervention mis au point en temps de paix par l'état-major américain pour parer à toute éventualité dans la région. Il en était déjà de même au XIXe siècle et l'on sait, par exemple, que les victoires prussiennes de 1870 résultaient d'un plan mûrement établi par le maréchal von Moltke. Au début du XXe siècle, tous les états-majors européens travaillaient sur la nouvelle donne résultant de l'alliance franco-russe. Et tous parvenaient aux mêmes conclusions, aux mêmes évidences : l'Allemagne, ne pouvant se battre sur deux fronts, devait impérativement commencer par écraser la France pour regrouper ensuite toutes ses forces contre le géant russe [2]. H. Pozzi écrit : Cette intervention allemande, sans laquelle il n'y aurait pas d'intervention française — et, par conséquent aussi, en vertu de nos accords militaires et navals avec Londres, pas d'intervention anglaise — les dirigeants russes, en juillet 1914, n'ont eu qu'une préoccupation, qu'un but : la provoquer. Un seul moyen, mais infaillible, s'offrait à eux pour cela : pousser l'Allemagne à les attaquer en mobilisant et en le faisant dans des conditions telles que cette mobilisation constituât une menace intolérable pour l'Allemagne. C'est exactement ce qu'ils ont fait (p. 22). En mobilisant les troupes sibériennes dès le 24 juillet 1914, la Russie faisait peser sur l'Allemagne un péril mortel, qui n'était rien moins que celui du fameux «rouleau compresseur russe». Dans le même temps, Sazonov, ministre des Affaires étrangères du tzar, signifiait par télégramme aux alliés de la Russie que «le gouvernement russe s'opposait par avance à toute action modératrice [de leur part] qui pourrait être tentée à Saint-Pétersbourg» (p. 3). On sait, par ailleurs, que certains auteurs ont accusé Raymond Poincaré de la plus cynique des collusions avec les activistes bellicistes du panslavisme. H. Pozzi rejette cette idée [3]. *** A elles seules, les révélations d'H. Pozzi sur les télégrammes serbes illustrent si précisément sa thèse et sont, en même temps, d'une telle minutie qu'il nous paraît exclu d'en fournir un résumé. Nous préférons donner longuement la parole à l'auteur lui-même en citant trois longs extraits de son ouvrage. Premier extrait Car la mobilisation russe — le premier geste de guerre fait en Europe, il y a vingt ans — ne date pas du 30 juillet, comme on l'écrit et comme on l'enseigne encore officiellement chez nous. La mobilisation russe, celle qui a déterminé toutes les autres, date du 24… La mobilisation générale ordonnée par l'ukase impérial du 29, n'a été qu'un trompe-l'œil, un alibi cynique pour écarter les responsabilités. Il est incontestable, aussi, que nos dirigeants savaient que cette mobilisation, qui devait provoquer en Allemagne des répercussions fatales à la paix, avait été précisément décidée par le gouvernement russe, en vue de provoquer cette réaction allemande… Les Allemands auraient donc raison, qui affirment depuis vingt ans — depuis le 26 juillet 1914 — qu'ils n'ont mobilisé que pour répondre à une mobilisation russe d'autant plus inexplicable, d'autant plus inquiétante qu'elle s'opérait dans le plus grand secret : Ils ont raison… Mais si cette mobilisation russe — dont l'immense majorité de notre pays n'a jamais entendu parler — comme elle n'a jamais entendu parler des événements les plus importants, les plus


503 décisifs de la guerre et de l'après-guerre — frappe le tzarisme d'une responsabilité écrasante, sans excuses, elle ne nous atteint, elle ne nous compromet — nous — d'aucune manière… Elle laisse intacte, inattaquable, notre affirmation que nous n'avons pas voulu la guerre. Mieux que cela — elle la renforce… La mobilisation russe du 24 juillet, qui a provoqué la contre-mobilisation allemande, a été voulue, en effet, décidée et réalisée en dehors de nous, à notre insu — malgré nous… Elle a été un guet-apens autant contre notre pays que contre la paix (p. 57-58). Deuxième extrait Il tombe sous le sens que si M. Raymond Poincaré et M. Viviani avaient été mis au courant, avant leur départ, des intentions russes ; si les décisions militaires prises le 24 [juillet 1914] l'avaient été d'accord avec eux, notre ambassadeur n'aurait pas été questionner Sazonov à leur sujet, et celui-ci, pour rassurer M. Maurice Paléologue [ambassadeur de France à Petrograd], n'aurait pas jugé nécessaire de mentir comme il l'a fait [4]. Il n'y a donc aucun doute possible : M. Poincaré a dit vrai et la mobilisation russe du 24 a été ordonnée à son insu, à l'insu de notre gouvernement. Il existe une autre preuve de l'ignorance où se trouvaient nos représentants — à la fois du geste que méditaient les dirigeants russes et de leur volonté de nous le laisser ignorer jusqu'après ses conséquences réalisées… Cette preuve — ni M. Raymond Poincaré ni M. Viviani ne l'ont connue. Les bolchevistes n'en pouvaient trouver aucune trace, non plus, dans les archives impériales russes, où ils ont découvert, cependant, tant de documents accablants pour le tzarisme et ses complices. Elle est publiée ici, aujourd'hui [1935], pour la première fois…C'est le télégramme envoyé le 9/22 juillet 1914 [5], sous le n° 194/8, par le ministre de Serbie à Saint-Pétersbourg, Spalaïkovitch, au président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, Pachitch [6]. En voici le texte : Présidence du Conseil, Béograd [Belgrade] (pour Pachitch) — Extrêmement Urgent — Secret — Sazonov demande intensifions maximum préparatifs militaires, mais éviter toute manifestation populaire avant achèvement préparatifs russes stop Négociations Sazonov avec Poincaré Viviani très difficiles stop tous deux opposés toute mesure ou engagement pouvant entraîner France dans guerre pour question où intérêts français non engagés stop attitude président République envers Szapary [7] produit immense sensation milieux officiels et diplomatiques stop Sazonov insiste sous aucun prétexte France doit connaître dispositions militaires en cours stop transport Europe troupes Sibérie terminé stop mobilisation grandes régions militaires sera ordonnée immédiatement après départ Poincaré Viviani stop Sazonov informé remise ultimatum autrichien aura lieu demain dix juillet. SPALAIKOVITCH. La connaissance de ce document, il y a vingt ans, par l'opinion et le Parlement de notre pays — par l'opinion et les dirigeants de l'un quelconque des pays qui allaient être jetés à l'extermination — aurait changé la face du monde… Son authenticité sera furieusement niée par ceux qu'il accable. Il existe un moyen facile, immédiat, de savoir si celui qui a déchiffré, à Belgrade, dans la nuit du 22 au 23 juillet 1914, dans son bureau de secrétaire-général du ministère des Affaires étrangères, le télégramme Spalaïkovitch, et qui m'a communiqué son texte, le 8 octobre 1917, à


504 l'Agence des Balkans, à Paris, en me faisant promettre de ne m'en servir que cinq ans, au plus tôt, après sa mort, m'a confié une pièce falsifiée [8]. Le gouvernement de Belgrade n'a qu'à ouvrir ses archives — au folio, à la case, au dossier indiqués — à une commission internationale et à lui soumettre le télégramme en chiffre du 9/22 juillet 1914, n° 194/8, avec le texte en clair qui l'accompagne et qui est tout entier écrit — avec trois annotations à l'encre rouge et le passage «Sazonov insiste sous aucun prétexte France…» souligné d'un double trait bleu… — de la main de son traducteur, Dragomir Stéfanovitch… L'épreuve sera concluante. On ignore ce qui s'est dit, ce qui a été convenu à Saint-Pétersbourg, entre Sazonov et les chefs nationalistes russes, dans la soirée du 23 juillet. Sur ce point, aucun document, aucune déclaration, aucun aveu des intéressés n'est venu, jusqu'ici, apporter la moindre lumière. Nous savons, en revanche, que le 24 juillet au matin, Sazonov s'est rendu chez Nicolas II, puis s'est longuement entretenu avec le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, oncle du Tzar. Nous le savons par Sazonov lui-même [9]. Dans l'après-midi du 24, un conseil des ministres est réuni d'urgence à Krasnoïé-Sélo, sous la présidence de Nicolas II. En quelques instants, sans discussion, il décide la mobilisation immédiate des circonscriptions militaires de Moscou, Kiew, Kazan et Odessa et des flottes de la Baltique et de la Mer Noire. De cette mobilisation, qui va porter sur les deux tiers des forces russes de première ligne et qui va rendre la guerre inévitable, notre gouvernement n'est pas avisé. Il ne le sera que quarante-huit heures plus tard, le surlendemain, 26 juillet, par un télégramme de notre ambassade. Dans l'intervalle — le 25 — il a été informé, par M. Maurice Paléologue, que le bruit avait couru d'une mobilisation, mais que, vérification faite auprès de Sazonov, ce bruit ne répond à aucune réalité. Si nous, les alliés de la Russie, nous sommes ainsi tenus dans l'ignorance absolue, totale, de l'acte décisif accompli par la Russie — par contre le gouvernement serbe, lui, est exactement et immédiatement renseigné. Quelques heures à peine, en effet, après la réunion de Krasnoïé-Sélo, Spalaïkovitch adressait à Pachitch un deuxième télégramme. Comme celui qu'on vient de lire, il est publié pour la première fois… En voici le texte : Présidence du conseil, Béograd [Belgrade] (pour Pachitch) — Extrêmement urgent — Secret — Issue conseil ministres tenu aujourd'hui trois heures sous présidence Tzar Krasnoïé-Sélo Sazonov me charge vous avertir mobilisation générale ordonnée comme convenu dans régions militaires Odessa Kiew Kazan Moscou avec mobilisation flottes Baltique et Mer Noire stop ordre envoyé autres régions hâter préparatifs mobilisation générale stop Sazonov confirme divisions sibériennes concentrées en arrière Moscou Kazan stop tous élèves écoles militaires promus officiers tous officiers en congé rappelés stop Sazonov demande rédigions réponse ultimatum en termes très conciliants mais rejetions catégoriquement tous points surtout sixième [10] portant atteinte notre prestige stop Tzar désire mobilisions immédiatement mais si Autriche engage hostilités devons reculer sans résister pour garder forces militaires intactes et attendre développement événements stop Sazonov aura conférence avec Paléologue et Buchanan [11] pour arrêter bases action commune et moyens nous fournir armements stop Russie et France maintiennent thèse que conflit austro-serbe pas conflit local mais partie grande question européenne que seules toutes puissances peuvent résoudre stop cercles compétents ici témoignent grande irritation contre Autriche stop mot d'ordre est guerre


505 stop entière nation russe enthousiaste pour guerre grandes ovations devant légation stop Tzar répondra personnellement télégramme prince régent [12]. SPALAIKOVITCH [13]. L'authenticité de ce document, qui porte le numéro d'ordre 196/8, et la date du 11/24 juillet, ne souffre — malheureusement… — aucune discussion. Son inspirateur et son signataire ont l'un et l'autre commis, d'ailleurs, l'imprudence de le confirmer, de l'authentifier eux-mêmes. Dans un article publié en juillet 1934 dans la Revue d'Histoire Diplomatique, de Paris, sous le titre : Une Journée du Ministre de Serbie à Pétrograd : 24 juillet 1934, Spalaïkovitch, par exemple, reproduit un certain nombre des «recommandations» que Sazonov, ce jour-là, l'avait chargé de transmettre à Belgrade. TOUTES se retrouvent dans le télégramme chiffré qu'on vient de lire, et dont Spalaïkovitch était bien sûr que nul ne pourrait jamais donner le texte — y compris celle de «reculer sans résister…» [14]. J'ai dit plus haut, aussi, que le gouvernement français, depuis le 9 juillet, possédait la clef du chiffre secret de la légation serbe à Paris. Il a pu déchiffrer ainsi, le 25 juillet, la réexpédition du télégramme Spalaïkovitch, n° 196/8, faite par Belgrade à son ministre en France. Qu'il l'ait fait, M. Poincaré lui-même nous en a donné, involontairement, la preuve. «Le 24 juillet, a-t-il écrit en effet, Sazonov donnait à la Serbie le conseil de replier ses troupes…» Or, ce conseil — par lui-même inexplicable, puisque, le 24, personne ne savait, sauf Sazonov, que la Serbie rejetterait l'ultimatum autrichien et qu'il y aurait la guerre… — M. Poincaré n'a pu le connaître [que] parce qu'il a connu le déchiffrement du télégramme Spalaïkovitch… Le télégramme Spalaïkovitch avait été communiqué en outre, le jour même, par le gouvernement serbe — où Pacù faisait l'intérim de Pachitch, alors en tournée électorale — au ministre serbe à Londres, Gruitch. Une copie en avait été prise, tandis qu'il le traduisait, par le deuxième secrétaire de la légation, Pétrovitch. Le gouvernement yougoslave, informé en septembre 1934, que le diplomate détenait ce document terrible, a essayé, par tous les moyens, de le lui enlever. Il n'a pu y parvenir… [15] (p. 60-66). Troisième extrait A huit heures du soir, cependant, le 24 juillet, inquiet des bruits étranges qui lui parviennent, notre ambassadeur à Saint-Pétersbourg se rend au ministère des Affaires étrangères, où il a déjà été le matin, mais où on ne lui a rien dit [16]. Il pose à Sazonov une question catégorique : «Puis-je certifier à mon gouvernement que vous n'avez ordonné encore aucune mesure militaire ?» — «Aucune, je vous l'affirme !», répond tranquillement Sazonov [17]. Quelques heures plus tard, Spalaïkovitch, par un troisième télégramme, n° 197/8, prévenait Pachitch de l'incident et lui renouvelait, de la part de Sazonov, une impérieuse consigne de silence. Ce document est ainsi libellé : Présidence du conseil Béograd [Belgrade] (pour Pachitch). Extrêmement urgent — Secret — Paléologue demanda ce soir Sazonov si bruit mobilisation circonscriptions militaires Odessa Kazan Kiew [Moscou] et deux flottes conforme vérité stop exprima vif mécontentement si mesure susceptible provoquer graves complications ordonnée insu France stop Sazonov opposa démenti formel stop vous confirme nécessité éviter


506 moindre indiscrétion stop Sazonov informera Paléologue aussitôt départ Scandinavie Poincaré Viviani stop avertissez Vesnitch Gruitch. SPALAIKOVITCH [18]. Ainsi mis en garde, le gouvernement serbe fit immédiatement le nécessaire. Dans la matinée du 25, le télégramme suivant, enregistré à Belgrade sous le n° 432/VP/14, et à la légation de Paris sous le n° 291/3, BP/31, était adressé par Pacù au ministre de Serbie à Paris, Vesnitch : Béograd [Belgrade], 12/25 juillet — Légation Serbie, Paris (pour Vesnitch) — Extrêmement Urgent — Secret — Refusez jusqu'à instructions nouvelles tous renseignements sur mesures prises ici ou Pétersbourg stop affirmez situation sérieuse mais nullement désespérée malgré violence ultimatum insistez sur notre profond désir conciliation et confiance en résultat intervention grandes Puissances amies stop absolument nécessaire opinion Parlement français ignorent tous préparatifs militaires ici et Pétersbourg stop conformément désir Tzar pressons mobilisation avons commencé transfert Nisch archives trésor services officiels stop évacuation arsenal Kragoujevatz terminée stop informez Tardieu Berthelot stop accord Sazonov réponse ultimatum conciliante forme négative fond stop guerre certaine stop urgent faciliter voyage Londres où seront sécurité Madame Pachitch et famille. PACU [19]. Nous savons, par les Mémoires de l'ancien secrétaire de la Légation serbe à Londres, Pétrovitch, publiés en juin dernier, qu'un télégramme identique — jusque dans ses recommandations finales — avait été adressé, le même jour, par Pacù à Gruitch [20]. En France, c'est le troisième secrétaire de la Légation serbe, Bochko Christitch [21], qui escorta la famille Pachitch jusqu'à Calais. En Angleterre, c'est Pétrovitch qui l'accueillit à Douvres. Le télégramme 432 V/P 14, reçu par Vesnitch un peu avant midi, le 25, fut communiqué par lui dans l'après-midi à André Tardieu et à l'administrateur de l'Agence des Balkans, Edgar Roëls. Lorsque Vesnitch, venant du quai d'Orsay, pénétra dans le bureau de Roëls, à l'Agence (alors installée 48, rue Taitbout), on eût dit un somnambule… Son émotion était si grande qu'il étouffait. — «C'est la guerre !» me disait quelques instants plus tard Bochko Christitch, «et la victoire sûre pour nos deux pays… Roëls et Tardieu l'ont dit au ministre». Pourquoi ce soin mis par la Russie à nous dissimuler les mesures militaires qu'elle venait d'ordonner ? Tout simplement parce que la manœuvre ourdie par le parti de la guerre russe, en plein accord avec les organisations panserbes, ne pouvait réussir qu'à une seule condition : il fallait que notre gouvernement — et aussi celui de Londres — ne connût la mobilisation décidée à Krasnoïé-Sélo qu'après l'Allemagne… Ne pouvant plus rien arrêter, rien empêcher, force serait alors à notre gouvernement de s'incliner devant le fait accompli, d'en accepter toutes les conséquences. Sazonov, en effet, entendait éviter à tout prix — pour la Russie et pour son associée serbe — que se renouvelât l'échec qu'elles avaient subi en février 1909, au moment de l'affaire bosniaque, lorsque nous avions coupé court, d'accord avec l'Angleterre [22], à leurs initiatives belliqueuses.


507 Quand notre gouvernement, le 26 juillet, a été enfin prévenu, d'abord par le télégramme de notre ambassade, puis par un télégramme de notre attaché militaire, il était effectivement trop tard. Depuis quarante-huit heures, la mobilisation des quatre principales circonscriptions militaires russes — c'est-à-dire, en y comprenant les troupes sibériennes, des deux tiers de l'armée impériale de première ligne — battait son plein. Berlin en était déjà informé et prenait fiévreusement ses mesures. Toutes les tentatives de conciliation, toutes les négociations diplomatiques n'étaient plus qu'hypocrisies ou vains bavardages. La guerre générale voulue par les nationalistes russes et panserbes [23] était désormais inévitable… Nous étions tombés dans le guet-apens — et le monde avec nous (p. 66-71). *** Encore aujourd'hui l'importance des documents qu'Henri Pozzi citait pour la première fois en 1935 ne peut que frapper ; or, il faut savoir que, selon toute apparence, l'histoire officielle n'a tenu aucun compte de ces révélations, faites il y a plus d'un demi-siècle, et cela sans doute parce qu'il importe à trop d'historiens d'accabler l'Allemagne, même bien en-deçà de la période 1933-1945. Nous n'en voulons pour preuve, par exemple, que l'extrait suivant du dictionnaire des noms propres Le Petit Robert 2, à la rubrique «Guerre mondiale (Première)» : Enfin, l'attentat de Sarajevo (28 juin 1914) décida l'Autriche à en finir avec le foyer de slavisme que constituait la Serbie : après un temps de concertation avec l'Allemagne, elle remit à la Serbie, le 23 juillet, un ultimatum contenant une clause inacceptable [!] [il s'agissait de la participation de l'Autriche à l'enquête menée à Belgrade — NDLR.] ; sur son refus, prévu, elle lui déclara la guerre (28 juillet). Ce qui aurait pu n'être qu'une nouvelle guerre balkanique devint en quelques jours, par le jeu des alliances et des intérêts, une guerre européenne. La mobilisation en Russie (à partir du 29 juillet) entraîna celle de l'Allemagne (1er août) qui lui déclara la guerre (1er août au soir). (Le Petit Robert 2, 1981, p. 792). Autrement dit, on voudrait nous faire croire que l'Autriche commença par déclarer la guerre le 28 juillet 1914 et que la Russie se mobilisa à partir du 29 juillet… Le reste de l'ouvrage d'Henri Pozzi n'est pas moins iconoclaste. Qu'on en juge : selon l'auteur, dates et chiffres à l'appui, ce n'est pas l'Allemagne qui a commencé la course aux armements, mais, quand elle y est entrée à son tour, contrainte et forcée, elle a su le faire plus efficacement que les autres, pour se mettre rapidement au niveau général, tout en cherchant à éviter la catastrophe ; «L'Allemagne veut à tout prix éviter une conflagration européenne», écrivait Jules Cambon, ambassadeur de France à Berlin en 1914. D'autres révélations et d'autres analyses d'Henri Pozzi mériteraient également d'être rappelées. Bien qu'elles portent sur la première guerre mondiale, elles peuvent aussi nous aider à comprendre à la fois les origines de la seconde guerre mondiale et, aujourd'hui, les problèmes et les conflits de la Yougoslavie et de tout l'Est européen. 1. Le livre d'Henri Pozzi fait l'objet d'un développement dans le livre de Léon Degrelle, Le Siècle de Hitler, I. Hitler né à Versailles. Le Traquenard de Sarajevo, Art et Histoire d'Europe [BP 6008-75362 Paris Cedex 08], 1986, p. 170. 2. Dès 1906, un officier anonyme du haut commandement allemand, se faisant appeler «le Vengeur», avait vendu aux services de renseignement français le plan d'offensive à travers les Ardennes, pour 60 000 francs or. Payés en pure perte, puisque l'état-major français préférait croire à une offensive en Franche-Comté.


508 3. Nous nous bornons ici à rendre compte du livre de M. Pozzi sans préjudice des autres thèses. D'ailleurs, dans le reste de son ouvrage, l'auteur ne cache pas les autres et graves responsabilités du président de la République française. Il convient de rappeler également les responsabilités d'autres hommes politiques et de certains journalistes français. Pour faire bref, nous extrayons quelques citations de la petite plaquette de propagande de P.L. Darnar contre André Tardieu et sous-titrée, selon le mot de Jaurès, Une des tristesses de l'Histoire. Il s'agit du chapitre «Monsieur Tardieu acheté par les fonds secrets du tzar», rédigé d'après le Livre noir et L'Abominable Vénalité de la presse : L'ambassadeur russe Isvolsky, qui appartient au complot de la guerre, écrit le 10 mai 1912 : «Je joins deux articles du Temps. L'auteur de ces articles est le célèbre Tardieu qui, pendant un certain temps, sous Pichon, s'est séparé du ministre français des Affaires étrangères, mais qui s'en est de nouveau rapproché maintenant et dont les articles reflètent les opinions de Poincaré. Dans l'incident Georges Louis [G. Louis, alors ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, résolument opposé au complot belliciste des activistes du panslavisme, et, à cause de cela, remplacé par Jules Cambon], il s'est empressé de mettre sa plume à ma disposition.» Et le 5 décembre 1912, à un moment où la guerre était menaçante […] : «Tâchant de maintenir les dispositions qui nous sont désirables parmi les membres du gouvernement [français] et le monde politique, je fais en même temps tout mon possible pour agir sur la presse. Sous ce rapport, grâce aux mesures habiles prises à temps, des résultats considérables ont été obtenus. Ainsi que vous le savez, je n'interviens pas directement dans la distribution des subsides, mais cette distribution, à laquelle prennent part des ministres français, est, à ce qu'il paraît, efficace et atteint son but. «De mon côté, je m'efforce tous les jours d'influencer personnellement les journaux les plus importants de Paris, comme le Temps, le Journal des Débats, l'Écho de Paris, etc. «Je dois surtout signaler l'attitude du Temps, qui se distinguait, il y a quatre ans, par ses tendances austrophiles et dans les colonnes duquel, en ce moment, M. Tardieu combat avec énergie la politique autrichienne… «Dieu merci ! Ce n'est plus l'idée que la France peut se voir imposer la guerre pour les intérêts étrangers que j'aurai à combattre !» P.L. Darnar termine ce chapitre en écrivant : Quand, après cette mobilisation russe [du 24 juillet], l'Allemagne déclare "l'état de danger de guerre menaçante" [Zustand drohender Kriegsgefahr], M. Tardieu, comme l'a établi Félicien Challaye, commet un faux dont les répercussions furent immenses : il annonça "l'état de guerre" en Allemagne, supprimant le mot essentiel "danger". Cette information est


509 reproduite par trois fois dans le seul numéro du Temps du 31 juillet (daté du 1er août)… Combien de vieilles haines revanchardes recuites, combien d'emballements échauffés contre l'impérialisme du kaiser furent enflammés par cette fausse nouvelle ! Cette fausse nouvelle du 31 juillet avait atteint son but quand le lendemain, à 9 h du matin, le président Poincaré signait l'ordre de mobilisation, devançant ainsi l'Allemagne de huit heures(*). S'ajoutant à la mobilisation russe, la mobilisation française avait rendu la guerre inévitable. (*) L'ordre, signé à 9 h, fut gardé secret jusqu'à 16 h. L'Allemagne réagit à 17 h par sa propre mobilisation. On imagine sans peine les agitations et les intrigues au cours des vingt-quatre heures qui ont séparé la parution du Temps dans l'après-midi du 31 juillet et la proclamation de l'ordre de mobilisation le 1er août à 16 h. 4. M. Paléologue, La Russie des Tzars, t. I, p. 24-25. — Note d'Henri Pozzi. 5. Les dates sont celles du calendrier julien russe (orthodoxe) suivies des dates correspondantes du calendrier grégorien (notre calendrier). 6. Archives diplomatiques serbes, Présidence du Conseil, visas Pacù-Pachitch, case 19, dossier 11/B, folio 7 : «Pétersbourg», 2/15 juillet à 18/31 juillet 1914. — Note H.P. [Ce télégramme a été envoyé tandis que Poincaré était à Saint-Pétersbourg.] 7. Ambassadeur d'Autriche-Hongrie. M. R. Poincaré, au cours de la réception diplomatique du 21 juillet, lui avait adressé des paroles extrêmement vives, des avertissements ressemblant à des menaces. La scène, qui s'était produite en présence de tout le corps diplomatique, avait fait scandale. — (R. Poincaré, L'Union Sacrée, p. 254 ; Comte de Carthagène, ambassadeur d'Espagne, Souvenirs d'un Diplomate, Madrid 1933 ; Pièces Diplomatiques Russes, t. I, n° 43 ; Livre Noir, t. II, p. 225. — Note H.P. 8. De même que ses révélations sur l'avant-guerre, la guerre et la paix : Souvenirs et Documents d'un Diplomate Serbe, dont le manuscrit a été déposé en Angleterre, ne pourront être publiées qu'en 1937. — Note H.P. 9. D.-S. Sazonov, Sechs schwere Jahre, Berlin, 1927. — Note H.P. 10. Dans le sixième point, l'Autriche exigeait la recherche et le châtiment des complices serbes des assassins de Sarajevo et la participation à l'enquête de magistrats autrichiens. Il était bien impossible au gouvernement serbe de faire droit à cette demande, dont l'acceptation aurait signifié l'arrestation du colonel Dimitrievitch-Apis. C'est le colonel, en effet, ou tout au moins la Crna Ruka qu'il dirigeait, qui avait placé sur le trône le roi Pierre. — Note H.P. 11. Ambassadeur d'Angleterre. — Note H.P. 12. Dans ce télégramme, le prince-régent priait le Tzar de se hâter. — Note H.P. 13. Archives diplomatiques serbes Présidence du Conseil, visas Pacù/Pachitch, case 19, dossier 11/B, folio 7, «Pétersbourg», 2/15 juillet à 18/31 juillet 1914. — Note H.P. 14. Texte reproduit par le journal officieux de M. Benes, L'Europe Centrale, n° 30, 28 juillet 1934, p. 480. — Note H.P. 15. Traqué, harcelé par la police secrète yougoslave et les agents de la Main Blanche, Pétrovitch s'est suicidé à Londres, le 24 novembre 1934, après avoir confié ses papiers, parmi lesquels de nombreuses pièces officielles, à des amis anglais sûrs. Certains ont été publiés en juin dernier à Londres (Black Hand over Europe, F. Mott and Co.). — Note H.P. 16. «A huit heures du soir, Paléologue retourne au ministère des Affaires étrangères…» — (R. Poincaré, L'Union Sacrée, p. 296). — Note H.P.


510 17. R. Poincaré, L'Union Sacrée, p. 296 ; M. Paléologue, La Russie des Tzars, tome I, p. 24-25. — Note H.P. 18. Archives diplomatiques serbes, Présidence du Conseil, visas Pacù-Pachitch, case 19, dossier 11/B, folio 7, «Pétersbourg», 2/15 juillet à 18/31 juillet 1914. — Note H.P. 19. Archives diplomatiques serbes, Présidence du Conseil, visas Pacù-Pachitch, case 17, dossier 8/PV, folio 9, «Paris», 2/15 juillet à 18/31 juillet 1914. — Note H.P. 20. Black Hand over Europe, Mott and Co., Londres, 1935, p. 265. — Note H.P. 21. Mon ancien collaborateur à l'Agence des Balkans, actuellement ministre yougoslave à Athènes. — Note H.P. 22. La note du Foreign Office au gouvernement russe est du 27 février 1909, celle du Quai d'Orsay du 25. — Note H.P. 23. En particulier par la Crna Ruka (Main Noire), qui, après avoir fait assassiner le roi Alexandre Obrenovitch, suspect de sympathies autrichiennes, après avoir placé sur le trône Pierre Karageorgevitch, venait d'organiser et de réaliser l'attentat de Sarajevo. — Note H.P. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p.79-93


511 Traduit de l'anglais

COMBIEN EST-IL MORT DE JUIFS DANS LES CAMPS ? Carl O. Nordling Il est bien connu que la majorité de ceux qui ont été internés dans les camps de concentration allemands durant une partie de la seconde guerre mondiale ne sont pas revenus après la libération. La plupart de ces gens étaient juifs et il s'est instauré la croyance générale qu'environ 6 millions de juifs sont morts dans ces camps, tués délibérément selon un grand programme d'extermination physique de l'entière communauté juive européenne. La plupart des profanes supposent que tout cela a été démontré par le Tribunal international de Nuremberg en 1946. En tout cas, c'est ce que j'ai cru jusqu'aux alentours de 1985. Cependant, les historiens qui ont eu à traiter de l'histoire contemporaine allemande ou juive ont depuis longtemps modifié cette description à des degrés divers. Le Tribunal international n'a rien prouvé du tout en la matière. Récemment, un nouvel éclairage a été porté sur les pertes en population juive de la seconde guerre mondiale par l'Allemand Walter N. Sanning dans son livre, The Dissolution of the Eastern European Jewry [La dissolution de la communauté juive est-européenne, Costa Mesa, 1990]. Il s'agit d'une enquête sur la démographie et la migration des juifs au XXe siècle, réalisée avec beaucoup de soin et d'objectivité. L'ouvrage se fonde sur plus de cinquante publications contenant des informations statistiques sur les populations juives en différents pays, y compris les migrations, la fécondité, la mortalité, etc. La source la plus citée est, cependant, le livre de Gerald Reitlinger, The Final Solution [la solution finale], écrit dès les années 50. On pourrait dire, à juste titre, que Reitlinger a jeté les bases du travail de Sanning. Quant à la grande majorité des données statistiques employées par Sanning, elles proviennent de l'American Jewish Year Book [Annuaire juif américain] (éditions diverses), l'Encyclopedia Judaica (1971) et l’Universal Jewish Encyclopedia [Encyclopédie juive universelle] (1943). Pour autant que je puisse en juger, ces sources semblent être les meilleures que l'on puisse obtenir. On a dit du travail de Sanning que pas un étudiant sur mille ne pourrait y trouver un défaut et que seuls quelques diplômés seraient assez compétents pour en relever ses imperfections ou mettre en question sa crédibilité. S'il en est ainsi, je me sens plus ou moins obligé d'apporter mon commentaire. Au cours de près de trente ans de carrière professionnelle, j'ai travaillé avec la même sorte d'ensembles et de processus démographiques, et, par conséquent, je me considère comme l'une des rares personnes à avoir la compétence nécessaire pour identifier au moins les plus gros défauts et les erreurs dans un travail de ce genre. Pourtant, après une lecture attentive du livre de Sanning, je n'ai pas trouvé cette erreur ou fausse interprétation qui changerait ses conclusions de manière sensible. Je n'ai pas non plus connaissance de l'existence d'une autre critique sérieuse des résultats ou des méthodes de Sanning dans les huit années qui se sont écoulées depuis la sortie de son livre, paru d'abord en allemand sous le titre de Die Auflösung des osteuropäischen Judentums [Tübingen, Grabert Verlag, 1983). Pour donner mon appréciation générale, je dirais que pour tout ce qui, dans ce livre, a trait aux pertes de population juive dans la zone d'influence allemande, c'est l'enquête la plus sérieuse qui ait été faite de toute la période d'après-guerre. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, qu'elle soit garantie sans erreur ni qu'elle réponde à la question du nombre de juifs morts dans les camps de concentration allemands. Bien que personne n'ait été capable d'y découvrir des fautes, il se peut, bien sûr, que le livre en contienne. Par conséquent, d'autres méthodes devraient être utilisées pour contrôler la fiabilité des chiffres significatifs. Je suis heureusement en possession d'un matériel statistique qui se prête à une vérification de quelques-uns des résultats de Sanning. En outre, si l'on réunit


512 mon propre matériel et celui de Sanning et qu'on les compare, en plus, à quelques autres éléments de renseignements statistiques, nous serons peut-être à même de formuler une réponse relativement sûre à la question posée en tête du présent article. Le matériel statistique dont je dispose consiste en des données concernant 722 juifs européens identifiés provenant de la zone d'influence allemande. On trouvera la biographie de ces 722 personnes dans l'Encyclopedia Judaica et on peut les considérer comme un échantillon représentatif de juifs d'un certain niveau de culture à la fin des années 30. Cependant, les personnes âgées sont surreprésentées dans ce groupe et aucune de ces 722 personnes n'est née après 1909 (en vertu du critère de sélection que j'ai retenu). Le point est à retenir, puisqu'il apparaît que l'émigration est beaucoup moins fréquente chez ceux qui sont nés avant 1880 que chez les plus jeunes. Et, bien sûr, la mortalité était beaucoup plus forte dans le groupe de gens âgés que dans le reste de la population. Il est important aussi de noter qu'un grand nombre de juifs éminents avaient déjà émigré avant 1938 et ne pouvaient donc pas prendre part à l'émigration plus générale qui semble avoir eu lieu dans les années 1939-1941. Vraisemblablement, les juifs éminents avaient davantage de contact avec l'étranger et s'étaient peut-être rendu compte plus tôt que les autres du danger des persécutions qui les menaçaient. En conséquence, mon groupe de juifs identifiés de 1938 comprend probablement une proportion relativement élevée de personnes qui avaient tendance à rester où elles étaient, même dans l'adversité. La Revue d'histoire révisionniste (n° 2, août 1990, p. 50-64) a publié une étude statistique sur le sort de ces 722 juifs. Sanning a pris comme «ligne d'arrêt» l'année 1939 et, pour cette année-là, il a recensé 5 044 000 juifs dans la zone prise en considération. Grâce à une série de calculs complexes, il arrive à démontrer qu'au minimum près de 2 200 000 juifs ont émigré de la région au cours de la période qui s'est écoulée entre l'attaque allemande contre la Pologne et celle contre l'Union soviétique (c'est-à-dire 1939-1941). En d'autres termes, 44 % de la population juive de ce qui était devenu la zone d'influence allemande auraient quitté la zone dangereuse avant que ne se concrétise le vrai danger. Malgré la surprise que ce chiffre a provoquée chez moi, je ne vois pas d'erreur sur ce point de la part de Sanning. En le rapprochant avec le groupe des juifs identifiés, on s'aperçoit que 33 % de ces derniers (parmi ceux qui étaient présents en 1939) ont émigré avant la fin de 1941 (voy. Tableau). Compte tenu de la constitution particulière de mon groupe échantillon, la cause de la différence entre 44 % et 33 % s'explique facilement. Par exemple, si l'on prend les juifs identifiés nés entre 1890 et 1909 et que l'on considère la période de 1938 à 1944, on s'aperçoit que pas moins de 51 % ont émigré. Ceux qui sont nés après 1909 (c'est-à-dire la moitié de la population) ont probablement été encore plus enclins à émigrer. En outre, les juifs qui n'étaient pas célèbres ou n'appartenaient pas au secteur public ont eu certainement la possiblité (dans bien des cas) de changer leur affiliation ethnique et (dans quelques cas) même leur nom et leur identité. Par de tels moyens, les juifs ordinaires ont pu s'éclipser plus facilement que les gens connus. Évidemment, il faut considérer le chiffre de Sanning de 2 844 000 juifs présents dans la zone d'influence allemande en juin 1941 comme la meilleure estimation à ce jour (avec certainement une marge d'erreur). C'est pourquoi ce chiffre servira de base à la comparaison qui va suivre. A l'aide du Tableau, nous allons à présent comparer les pourcentages de certains sous-groupes significatifs. Heureusement, grâce à leur sens de la bureaucratie, les Allemands ont soigneusement enregistré et numéroté les détenus du camp de concentration d'Auschwitz et du ghetto de Theresienstadt. Tandis que ce dernier était habité uniquement de juifs, le premier avait une clientèle mélangée comprenant divers groupes de gens persécutés, tels que des Tsiganes, des objecteurs de conscience, des homosexuels, des vagabonds, des adversaires politiques et des criminels endurcis. Étant donné qu'il est généralement admis que les juifs constituaient de loin


513 le groupe le plus important, nous supposerons ici qu'ils représentaient 60 % de tous les détenus d'Auschwitz. Cela étant admis, on s'aperçoit que 8,6 % de la totalité des juifs dont on dispose (le groupe «de base») ont été enregistrés, tôt ou tard, au camp d'Auschwitz. Dans bien des cas cela se produisait après un séjour à Theresienstadt. Le chiffre correspondant pour le groupe des juifs identifiés est de 8,5 %. Compte tenu du caractère arbitraire du chiffre de 60 % cité plus haut, il n'est pas possible de voir là une différence statistique significative. Selon l'Encyclopedia Judaica, 65 % des détenus d'Auschwitz ont été enregistrés comme morts dans le camp et 20 % sont censés être morts après leur transfert vers des camps satellites ou lors de l'évacuation finale du camp lui-même (c'est-à-dire d'Auschwitz et de Birkenau). Le chiffre total des détenus d'Auschwitz disparus serait donc de 207 000, soit 7,3 % du chiffre «de base». Ce qui peut être rapproché, et confirme, la proportion de 7,6 % de disparus par rapport au chiffre «de base» des juifs identifiés (voy. Tableau). Dans le livre de H.G. Adler sur Theresienstadt, nous apprenons que 141 000 personnes ont été enregistrées comme détenues dans cette ville juive de Bohême créée par les Allemands. Ce chiffre équivaut à 5,0 % du chiffre «de base», ce qui correspond parfaitement avec le fait que 5,0 % des juifs identifiés (de 1941) avaient été amenés à Theresienstadt. Cependant, la majorité des détenus de ce ghetto ont été envoyés à Auschwitz (et sont donc inclus dans le chiffre cidessus mentionné des prisonniers enregistrés). Ce sort a touché seulement un quart des détenus identifiés du ghetto — probablement parce qu'ils comprenaient une plus forte proportion de juifs dits «proéminents» qui étaient dispensés d'être déplacés vers d'autres camps (tous les Danois ont été pour une raison quelconque placés dans cette catégorie). Le groupe des juifs identifiés a aussi connu un taux de mortalité beaucoup plus bas que les autres (31 % de morts contre 63 % parmi les survivants du ghetto dans chaque cas). Il s'ensuit que le pourcentage de survivants fut beaucoup plus élevé chez les juifs identifiés que chez les détenus en général. Il n'y a guère de raison de contester l'exactitude des chiffres d'immatriculation du camp cités plus haut. Et s'ils sont exacts, il s'ensuit que le chiffre «de base» de 2 844 000 juifs vivants en juin 1941 doit aussi être assez juste. Cela est vrai parce que nous savons, grâce à l'échantillon des personnes identifiées, à quel pourcentage de détenus on doit s'attendre et que nous avons trouvé des pourcentages qui répondent à cette attente. Ceux qui sont morts à Auschwitz et à Theresienstadt représentent un peu moins de la moitié des pertes totales de tous les camps de concentration allemands dans le cas des juifs identifiés. Quant à la population juive en général, le chiffre total des morts dans les camps fait forcément partie de la catégorie que Sanning appelle «Juifs disparus dans la zone d'influence allemande». Il se trouve que ce chiffre de «disparus» est de 304 000 d'après la première méthode de calcul de Sanning. En guise de contrôle, Sanning a utilisé également une autre méthode. Ce deuxième mode de calcul aboutit à un chiffre de disparus de 330 000 sur un chiffre «de base» de 2 738 000 (à l'intérieur d'une sphère d'influence légèrement plus étroite). Le premier chiffre de «disparus» représente 10,7 % du chiffre «de base», le second 12,1 %. Ces pourcentages sont à rapprocher des 12,3 % de «disparus pour causes autres que la mort naturelle» du groupe des juifs identifiés. A première vue, ces chiffres semblent s'accorder assez bien. Mais, en raison des méthodes grossières de statistiques employées par Sanning, ces chiffres «ne peuvent pas prétendre à la certitude absolue» — pour employer les propres termes de Sanning. Il indique que les données dont on dispose sur le volume de la population, les émigrations, les fuites et les déportations, les taux de natalité et de mortalité, les mariages mixtes et les tendances à l'assimilation sont souvent si vagues qu'une légère variation dans le mode de calcul peut très bien modifier le résultat des «disparus» de plusieurs centaines de milliers. Aussi, ce que Sanning a véritablement réussi à montrer, c'est seulement que le chiffre des juifs disparus à la fin de la guerre dans la sphère d'influence allemande doit se situer entre, disons, 150 000 et 500 000. Le chiffre le plus bas peut être tout de suite écarté en raison du chiffre des morts enregistrées à Auschwitz et à Theresienstadt. La meilleure estimation semble être l'hypothèse selon laquelle ces morts représentaient environ 51 % de la totalité des juifs disparus des camps


514 de concentration allemands conformément à la proportion relevée chez le groupe des juifs identifiés. Ce qui signifierait approximativement 470 000 disparus en totalité dans les camps. Étant donné que 50 000 environ seraient morts de mort naturelle, il y aurait, d'un point de vue statistique, quelque 420 000 «disparus». C'est-à-dire 14,7 % du chiffre «de base», à rapprocher des 12,3 % chez les juifs identifiés. Il est peut-être possible de contribuer à la vérification de ces chiffres en disant quelques mots sur le nombre des survivants des camps de concentration. Un des hommes qui devaient bien connaître le chiffre des détenus juifs des camps était le responsable SS Heinrich Himmler. Heureusement, un certain représentant juif a pu encore l'interviewer à ce sujet en avril 1945. Il s'agit de M. Norbert Masur, de Suède, qui s'était rendu auprès d'Himmler pour négocier l'éventuelle libération de juifs emprisonnés. Au cours de ces entretiens, Himmler a mentionné le chiffre des juifs vivant encore dans quelques-uns des camps : 25 000 à Theresienstadt, 20 000 à Ravensbrück, de 20 000 à 30 000 à Mauthausen, 50 000 à Bergen-Belsen et 6 000 à Buchenwald. Une information plus récente indique que certains de ces chiffres étaient trop élevés et le chiffre de Buchenwald beaucoup trop faible. Le total était probablement assez juste. Mais Himmler a laissé entendre qu'il fallait aussi compter 150 000 juifs d'Auschwitz parmi les survivants. D'après le responsable SS, ces derniers seraient restés en vie dans le camp jusqu'à son évacuation. Ce peut bien être vrai, mais apparemment on n'a pas dénombré les survivants après l'évacuation, et Himmler ne semble pas avoir eu la moindre idée de ce qu'il était advenu des évacués. Nous savons, par d'autres sources, que seule une minorité d'entre eux ont survécu au transport dans des wagons à ciel ouvert au cours d'un hiver particulièrement glacial, peutêtre environ 30 000 à 50 000. Ensuite, il y avait beaucoup d'autres camps non cités par Himmler qui contenaient des détenus juifs, et il semble raisonnable d'estimer à 30 000 à 40 000 les survivants de ces camps. Cela voudrait dire qu'il y aurait eu aux alentours de 200 000 juifs survivants de tous les camps de concentration allemands. Il résulterait de ces hypothèses une mortalité totale de 70 % parmi les détenus juifs. C'est là un chiffre très élevé à d'autres points de vue. La mortalité dans le groupe correspondant des juifs identifiés était «seulement» de 75 % alors qu'ils étaient beaucoup plus âgés que les détenus en général et auraient dû avoir beaucoup plus tendance à mourir dans les circonstances où ils étaient. Peut-être, après tout, avons-nous un peu trop surestimé le nombre des morts et/ou un peu trop sous-estimé le nombre des survivants. Quoi qu'il en soit, le chiffre des juifs disparus dans la sphère allemande apparaît très éloigné du chiffre «reconnu» de six millions. Faut-il que, précisément à cause de cet énorme écart, nous supposions quelque erreur fondamentale dans le raisonnement pris en son entier ? Certes, des vérifications plus approfondies semblent être nécessaires. Mais rappelons, premièrement, que nous n'avons considéré ici que le chiffre des juifs qui sont morts dans les camps de concentration, et non pas tous les juifs européens qui sont morts pendant la guerre. D'après les recherches de Sanning, des 5 500 000 juifs qui se trouvaient dans la sphère soviétique (en 1941), plus d'un million sont morts. Ces morts comprennent à la fois les victimes «normales» de la guerre et les victimes des persécutions allemande et soviétique. Deuxièmement, il n'est pas possible que la population juive «de base» d'environ 2 850 000 personnes ait subi une perte de quelque chose comme six millions. Ce chiffre aurait dû être écarté depuis longtemps, et particulièrement dès l'époque où, voilà quarante ans, Reitlinger prouva que ce chiffre était irréaliste. La question qu'on est fondé à se poser est plutôt celle-ci : compte tenu de la politique antisémite déclarée des nationaux-socialistes et des propos d'Hitler sur l'Ausrottung [extirpation ou extermination], comment se fait-il que deux millions de personnes aient échappé aux déportations ? Où est la fameuse efficacité allemande ? Himmler répond lui-même partiellement à cette question, puisqu'il déclara à M. Masur : «J'ai laissé 450 000 juifs en Hongrie» — comme s'il avait fait cela par humanité (la véritable raison était probablement le manque de moyens de transport au moment où la Hongrie est passée sous l'autorité directe des Allemands). La Roumanie n'est jamais passée sous l'autorité


515 directe des Allemands et, en conséquence, très peu de juifs roumains ont été déportés vers les camps allemands. Le gouvernement roumain (du parti légionnaire) poursuivait sa propre politique antisémite et Hitler s'en satisfaisait. Plus d'un demi-million du chiffre «de base» étaient des juifs roumains. On trouvait des conditions pratiquement identiques en Italie, en France, en Croatie et en Slovaquie, et, la plupart du temps, la Gestapo devait se contenter des transports de juifs non naturalisés organisées par ces pays. Les juifs naturalisés de Belgique, de Bulgarie et de Finlande semblent avoir entièrement échappé à la déportation. En Pologne, des centaines de milliers de juifs eurent le droit de rester dans les ghettos des villes (jusqu'à ce qu'ils se révoltent comme à Varsovie en 1943). La plupart des juifs du Danemark ont échappé à la déportation planifiée en fuyant par le Détroit du Sund vers la Suède — et l'armée et la marine allemandes n'ont pratiquement rien fait pour les en empêcher. Le sort des juifs non déportés était souvent très malheureux, spécialement dans le cas de la Pologne, et cela mériterait certainement une étude particulière. Une autre question qui mériterait une étude particulière d'un point de vue statistique, c'est celle du prétendu système de transport des juifs âgés inaptes au travail vers quelque camp de l'Est avec l'unique intention de les tuer immédiatement à l'arrivée. On chercherait en vain des cas de ce genre dans les registres, puisque l'allégation veut que le meurtre ait eu lieu sans qu'aient été relevés le nom et l'identité des victimes. Tout ce que l'on peut dire à ce sujet c'est que cette prétendue pratique n'aurait guère pu être responsable d'un grand nombre de morts. Si cela avait été le cas, il y aurait certainement eu beaucoup plus de 32 disparus après Auschwitz parmi tous les juifs identifiés répertoriés dans l'Encyclopedia Judaica . Et, puisqu'un quart des juifs identifiés envoyés à Auschwitz étaient âgés de 65 à 80 ans, nous aurions probablement vu plusieurs cas de «tué à l'arrivée» dans leur notice biographique. Au lieu de cela, nous trouvons deux exemples plutôt inattendus. L'Encyclopedia Judaica rapporte, au sujet de Gisi Fleischmann (47 ans), qu'elle fut «tuée à l'arrivée» et, au sujet de Raymond Lambert (49 ans), qu'il fut «gazé à l'arrivée». D'autre part, on lit par exemple que Béla Bernstein (76 ans) «est mort» à Auschwitz et qu'Eduard Duckesz (76 ans) «a péri» à l'intérieur du camp. Il n'est même pas certain que l'on doive se fier à l'Encyclopedia dans le cas de Fleischmann, puisqu'une information plus récente signale qu'elle a été déportée à Birkenau (Auschwitz) en août et tuée aux environs du 18 octobre (Martin Gilbert dans son ouvrage, The Holocaust, 1986). La conclusion générale que nous devons en tirer est que la question du titre de cet article ne pourra pas recevoir de réponse précise tant que nous aurons recours seulement aux sources cidessus mentionnées. L'ordre de grandeur global est certainement d'un demi-million, mais le chiffre réel des juifs qui sont morts dans les camps de concentration allemands peut très bien descendre à 300 000 ou monter à 600 000. Afin d'établir une réponse plus précise à la question, il faudrait effectuer d'autres enquêtes sur échantillons. N'importe quelle société juive, club juif, classe d'école ou petite communauté juives pourrait servir ainsi d'échantillon, à condition que l'on puisse suivre la trace de tous ses membres, ou presque, au cours de la guerre. L'étude d'un nombre suffisant de tels échantillons répondrait probablement à la question soulevée ainsi qu'à un certain nombre d'autres questions également. Je terminerai cet article en citant, d'après la littérature de l'«Holocauste», juste un petit groupe échantillon de juifs déportés : • Albert Düssel : emmené à Auschwitz, puis à Neuengamme, mort dans ce camp en 1945 • Mme "van Daan" : emmenée à Auschwitz, puis à Buchenwald, morte dans ce camp en 1945 • Peter "van Daan" : emmené à Auschwitz, puis à Mauthausen, mort dans ce camp en 1945 • Margot Frank : emmenée à Auschwitz, puis à Belsen, morte dans ce camp en 1945 • Anne Frank : emmenée à Auschwitz, puis à Belsen, morte dans ce camp en 1945


516 • Mme Frank : emmenée à Auschwitz, morte dans ce camp en 1945 • M. "van Daan" : emmené à Auschwitz, vu pour la dernière fois dans ce camp en 1945 • M. Frank : emmené à Auschwitz, a survécu dans l'hôpital du camp. On a là un aperçu des résultats auxquels on peut arriver par l'étude d'échantillons d'individus connus. COMPARAISON DES DONNEES STATISTIQUES CONCERNANT LA POPULATION JUIVE DE LA ZONE SOUS CONTROLE ALLEMAND AVEC LES CHIFFRES CORRESPONDANTS APPLIQUES A UN ECHANTILLON DE JUIFS IDENTIFIES DE LA MEME REGION POPULATION JUIVE TOTALE Catégorie

Milliers

PERSONNES IDENTIFIEES

%

%

Nombre

Catégorie

Présents en 1939 (Source : Sanning)

5044

629

Présents en jan. 39 (Source : Enc. Enc.)

Ont émigré de 1939 à 1941 (Source : Sanning)

- 2197

- 206

Ont émigré de 1939 à 1941 (Source : Enc. Jud.)

Présents en 1941

= 2847

100,0 100,0

= 423 Présents en déc. 41

Juifs enregistrés à Auschwitz (en supposant que 60% des enregistrés étaient juifs) (Source : Enc. Jud.)

244

8,6

8,5

36

Déportés vers Auschwitz (Source : Enc. Jud.)

Manquants en mai 45 (85 du total selon l'Enc. Jud.)

- 207

7,3

7,6

- 32

Manquants en mai 45 (Source : Enc. Jud.)

Ont survécu à Auschwitz

= 37

1,3

0,9

= 4 Ont survécu à Auschwitz

Enregistrés à Theresienstadt (Source : H.G. Adler)

141

5,0

5,0

21

Déportés à Theresienstadt (Source : Enc. Jud.)

Envoyés de Theresienstadt (Source : H.G. Adler)

- 88

3,1

1,2

-5

Envoyés de Theresienstadt (Source : Enc. Jud.)

Morts à Theresienstadt (Source : H.G. Adler)

- 33,5

1,2

1,2

-5

Morts à Theresienstadt (Source : Enc. Jud.)

Ont survécu à Theresienstadt

= 19,5

0,7

2,6

= 11 Ont survécu à Theresienstadt

17,0

Disparus après déportation vers 72 les camps de concentration (Source : Enc. Jud.)

Disparus ni par émigration ni par mort naturelle (Source : Sanning)

304

10,7

12,3

52

Disparus non par mort naturelle (72-20)

En vie dans les camps en avril 45 selon Himmler (Source : N. Masur)

275

9,6

5,7

24

En vie dans les camps en mai 45 (Source : Enc. Jud.)


517 N.B. Tous les chiffres se rapportent aux juifs vivant dans les pays sous contrôle allemand en juin 1941 Sources : • Adler, H.G., Theresienstadt 1941-1945, Tübingen, 1960 • Encyclopedia Judaica, Jérusalem, 1972 • Sanning, W.N., The Dissolution of Eastern European Jewry, Costa Mesa, 1990 • Masur, Norbert, En Jude talar med Himmler, Stockholm, 1945 ANNEXE Lettre du professeur Yehuda Bauer [1] à Carl O. Nordling 10 mai 1991 Cher Monsieur, Nous sommes en possession de votre lettre et de l'article sur le nombre de juifs morts dans les camps de concentration. Nous sommes une revue universitaire et n'acceptons pas d'articles qui soient aussi manifestement dénués de fondement. Il n'est pas nécessaire d'examiner en détail votre papier puisqu'il est simplement un recueil de contrevérités reprenant la littérature néo-nazie de bas étage. Walter N. Sanning, votre source, est un nazi de plus dont les chiffres sont un salmigondis d'argumentation infantile habillé en statistiques. Les juifs qui, au nombre de près de six millions, ont disparu dans l'Holocauste, ont été victimes massivement de fusillades, de privations, de tortures et de gazages à grande échelle dans un certain nombre de camps d'extermination, et non de concentration. Veuillez consulter l'Encyclopédie de l'Holocauste pour les détails. Nous vous prions de ne plus nous importuner avec d'autres articles ; nous ne répondrons pas non plus à vos lettres. 1. Rédacteur en chef de la revue internationale Holocaust and Genocide Studies. Élie Wiesel préside le comité de rédaction de cette revue publiée par Pergamon Press (Oxford) et financée par le milliardaire, d'origine juive, Robert Maxwell. Curieusement, le Français qui s'abonne à cette revue publiée en Grande-Bretagne se voit demander un règlement en monnaie allemande. Ce dernier point à lui seul tendrait à confirmer que le professeur Faurisson voyait clair lorsque, dans des conclusions déposées devant un tribunal le 14 novembre 1988, il écrivait notamment : «On est en droit de considérer que la solidité du DM est garantie par l'intérêt que portent à la bonne santé de cette devise les bénéficiaires principaux des "réparations" (voy. la déclaration de David Horowitz, directeur de la Banque d'Israël, à l'occasion de l'une des nombreuses réévaluations du DM : "La majorité des devises d'Israël est composée de marks […]. Après la réévaluation, ce montant sera augmenté de 8,50 %" — La Tribune des Nations, 31 octobre 1969)», Annales d'histoire révisionniste, n° 6, hiver 1988/1989, p. 120). Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 94-106


518 Traduit de l'anglais

DÉBAT A L'UNIVERSITÉ D'UPPSALA En Suède, la prestigieuse université d'Uppsala a connu une vive controverse aux dimensions nationales et internationales au sujet du responsable de sa faculté de théologie, le professeur Jan Bergman. Le rabbinat de Suède et des personnalités juives de l'étranger accusaient ce professeur d'antisémitisme et demandaient qu'il fût immédiatement relevé de toute responsabilité d'enseignement et de recherche en matière de judaïsme et de littérature juive. Dans le cadre du procès d'Ahmed Rami, responsable, à l'époque, de Radio Islam, le tribunal avait nommé pour expert le professeur Bergman. Ce dernier avait été interrogé, en présence du jury, au sujet des déclarations d'A. Rami sur la religion juive, sur le sionisme et, en particulier, sur l'interprétation à donner de ce qu'on peut appeler les «textes cruels» de l'Ancien Testament (par exemple, les textes portant sur le traitement qu'il convient, selon l'Écriture, de réserver aux ennemis du peuple élu de Dieu). L'animosité des milieux juifs de Suède et d'ailleurs (en particulier des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Australie) s'expliquait sans doute en la circonstance par le fait qu'A. Rami, qu'ils avaient fait assigner en justice, avait marqué un point considérable sur le plan du révisionnisme historique : la justice suédoise avait décidé qu'il n'avait pas violé la loi en qualifiant d'absolument exagérées les opinions des sionistes/juifs concernant l'«Holocauste» ; elle estimait qu'on était même en droit de contester la réalité de cet «Holocauste». Cette décision de justice était teintée de quelque hypocrisie puisqu'il est de pratique courante, on le sait, de condamner des révisionnistes pour leur révisionnisme mais en affectant de les condamner pour un autre motif. A. Rami allait subir une peine de trois mois effectifs de prison. Mais les juifs avaient fort mal admis aussi bien le sentiment du tribunal sur l'«Holocauste» que la neutralité des réponses du professeur Bergman. Ce dernier les exaspérait d'autant plus qu'il était notoirement un ami et un admirateur des juifs et, à l'exemple de ses collègues, croyait à la version généralement admise de l'«Holocauste». Si nous soumettons à nos lecteurs le riche dossier qu'on trouvera ci-dessous, c'est que l'Université française a cru devoir adopter, dans des affaires comparables à l'affaire Bergman, une attitude faite de peur, de soumission, de mépris des libertés académiques et, ajouteronsnous, de cruauté vis-à-vis d'universitaires révisionnistes ou soupçonnés de révisionnisme. A ce point de vue, le cas de Bernard Notin, maître de conférences, est dans toutes les mémoires. Dans une étude consacrée aux médias et publiée par une revue d'économie indépendante de son université, cet universitaire lyonnais avait, en quelques lignes, trahi son scepticisme quant à l'existence des chambres à gaz hitlériennes dont les médias ne cessent de nous entretenir. Cloué au pilori de ces médias, mis au ban de son université, traîné et condamné en justice, attaqué jusqu'en la personne de sa femme et de ses enfants (sans oublier un compte en banque supprimé, une propriété personnelle menacée et des animaux domestiques frappés ou tués à coups de couteau), B. Notin, père de cinq jeunes enfants, allait surtout être abandonné de tous ses collègues — sauf un — et du président de son université, Pierre Vialle, à la vindicte de l'Union des étudiants juifs de France, du Dr Marc Aron, président du comité de liaison des institutions et des organisations juives de Lyon, et de tous les responsables des organisations juives de France. B. Notin a même été sanctionné par les plus hautes instances disciplinaires ; ses ressources financières ont été considérablement réduites et, bien qu'il soit officiellement autorisé à reprendre son travail à l'université Jean Moulin, les organisations juives ont décidé de l'en empêcher et elles ont obtenu satisfaction. Pierre Vialle s'est incliné. *


519 Le cas de Jan Bergman est différent et semblable : différent en ce que l'universitaire suédois croit aux chambres à gaz, mais semblable en ce qu'il est traité d'antisémite par les instances juives de son pays. En France comme en Suède, les autorités juives ont marqué leur mépris pour les libertés académiques ; de plus, à notre connaissance, pas une seule voix de la communauté juive suédoise ou mondiale ne s'est élevée publiquement en faveur du professeur Bergman, pourtant si favorable aux juifs. Par comparaison avec l'attitude d'une université française, on admirera la réponse qu'une université suédoise, en son entier, a estimé devoir faire aux menaces et aux pressions. Dans les affaires Faurisson, Roques, Rivière, Michel de Boüard, Notin et quelques autres encore, l'Université française a participé à l'hallali général. Dans l'affaire Bergman, la protestation d'une université suédoise nous rappelle ce qu'en pareille circonstance peuvent dicter la noblesse d'inspiration et la hauteur de vue. Nous remercions les responsables de l'université d'Uppsala d'avoir autorisé la R.H.R. à publier ce dossier de l'affaire Bergman, et cela d'autant plus que ces responsables ne sauraient en aucun cas apporter leur caution au révisionnisme historique et qu'ils dénoncent ce qu'ils appellent l'extermination des juifs comme l’«un des génocides les plus sauvages et les plus systématiques de tous les temps». Sigbert Axelson est responsable administratif de la faculté de théologie. Ragnar Holte est doyen de la faculté de théologie. Stig Strömholm est vice-président de l'université. —I— ORIGINES D'UN DÉBAT SPÉCIFIQUE DANS UN CERTAIN MILIEU par Sigbert Axelson La Suède n'est certes pas la terre d'élection des dialogues et controverses entre juifs et chrétiens. La culture chrétienne y est prédominante, quoique laïcisée. La communauté juive est minuscule. Elle ne représente que 0,2 % de la population. Les musulmans y sont aujourd'hui cinq fois plus nombreux. Pendant la seconde guerre mondiale, les juifs suédois n'eurent pas à souffrir des persécutions nazies. La Suède resta neutre, et l'Allemagne ne l'inquiéta pas alors qu'elle occupait la Norvège et le Danemark. Il existait, néanmoins, un antisémitisme discret, mais qui ne prit jamais d'importance. Je crois qu'on peut dire qu'en Suède il n'existe aucun complexe de culpabilité envers les juifs étant donné que les Suédois ne leur ont jamais fait de mal. Il n'y a par conséquent pas de «question juive» dans ce pays. En ce qui concerne l'État d'Israël, les gens en général ont été bien disposés dès la fin des années 40. Ce n'est qu'en 1967, quand l'État hébreu est devenu une puissance occupante au Proche-Orient, qu'Israël a commencé à poser un problème. a) Depuis des années, le débat de politique générale sur l'État d'Israël se concentre en Suède sur l'occupation illégale de la rive occidentale, y compris Jérusalem-Est, de la bande de Gaza et des hauteurs du Golan. Après l'invasion du Liban en 1982 et l'occupation consécutive du sud de ce pays, le Liban fait aussi partie du dossier. Tous les partis politiques représentés au parlement sont attachés aux principes universellement admis du droit international tels qu'ils se traduisent dans les conventions de Genève, les décisions de l'ONU, etc. Ils ne reconnaissent ni l'occupation ni l'annexion.


520 La critique porte aussi dans une certaine mesure sur la confiscation, en Israël proprement dit, de terres et de ressources en eau appartenant à des Arabes, ce qui prive de leur propriété des citoyens israéliens musulmans et chrétiens. Le peuple palestinien a droit à son propre État souverain, selon le plan de partage de l'ONU de 1947, qui constitue la base juridique également pour Israël. En outre, les citoyens arabes en Israël devraient avoir les mêmes droits humains que leurs concitoyens juifs. C'est, en peu de mots, ce que le gouvernement déclare chaque année à l'Assemblée générale de l'ONU et qui constitue la position officielle de la Suède. Au cours des années 80, de violentes critiques ont été formulées contre différentes mesures prises par les Israéliens envers les populations musulmanes et chrétiennes, telles que la fermeture d'universités palestiniennes pour des mois ou des années, la fermeture d'écoles, de bibliothèques, de théâtres, de galeries d'exposition, d'imprimeries, les diverses mesures de censure à l'encontre de journaux, de périodiques, de livres, les expulsions, la démolition de maisons et, bien entendu, la brutalité des forces d'occupation qui s'exerce quotidiennement sur des hommes, des femmes et des enfants. Ces critiques émanent aujourd'hui non pas seulement des milieux politiques mais aussi de journalistes, d'enseignants, d'avocats, de pasteurs et de prêtres, d'étudiants, de syndicats, d'églises, d'organisations sociales, etc. L'Église de Suède, par exemple, défend publiquement les droits nationaux et individuels des Palestiniens, comme le font également des associations œcuméniques, plusieurs Églises libres aussi bien que la section suédoise d'Amnesty International, la branche suédoise de Sauvez les Enfants. L'opinion générale des Suédois sur Israël et la Palestine a commencé à changer à un rythme accéléré après la guerre de juin 1967, pour aboutir à une critique marquée d'Israël en 1974, s'il faut en croire une étude récente (voy. Ulf Bjereld, Svensk Mellanösternpolitik [Politique de la Suède dans le Moyen-Orient], 1989, thèse de doctorat soutenue à l'université de Göteborg). En 1989, Israël et l'OLP bénéficiaient en gros du même taux de sympathie en Suède, 10 % chacun. Israël a essayé de diverses manières d'améliorer son image. Au cours des années 50 et 60, il n'était pas soumis à de fortes attaques ; au contraire, il jouissait d'une cote très favorable auprès des socialistes, des libéraux, des chrétiens et, bien sûr, des touristes. A présent, l'image s'est plutôt assombrie en raison de la politique obstinée menée par Israël. La critique est formulée en termes d'antisionisme. Cela dit, je dois souligner que personne ne met en question le droit d'Israël à exister. Tout le monde reconnaît à Israël ce droit à l'existence, lequel s'appuie sur le droit international et sur les décisions de l'ONU. Les critiques antisionistes des Suédois ne concernent que la politique de fait de l'État d'Israël et sur ce que signifie, pour les non-juifs, le fait que cet État est juif. Idéologiquement parlant, l'antisionisme s'oppose au sionisme politique — et non pas au sionisme religieux ou culturel — qui est l'idéologie officielle de l'État juif d'Israël. Les 14-15 mai 1948, l'État a déclaré unilatéralement qu'il était juif, que le judaïsme était sa religion. (Les principales traditions juives n'ont pas, que ce soit de manière simultanée ou similaire, déclaré qu'Israël était leur État. L'absence de symétrie du rapport entre la notion d'État et la notion de religion paraît évidente.) Dans le débat qui se déroule en Suède, le terme même d'antisionisme est généralement tenu pour comparable à «antisocialisme», «anticapitalisme», «antilibéralisme» et autres notions de ce genre. Antisionisme n'équivaut donc pas à antijudaïsme ou antisémitisme. La plupart des juifs suédois partisans de l'Israël sioniste n'acceptent cependant pas cette terminologie. Ils déclarent qu'antisionisme n'est qu'un autre mot pour antisémitisme. Tel est le message répandu depuis des années par la principale revue juive en Suède, Judisk Krönika [la Chronique juive], et par le Comité contre l'antisémitisme. Étant donné que la distinction faite en général par les intellectuels et les hommes politiques suédois entre antisionisme et antisémitisme n'est pas acceptée par les principales personnalités sionistes et juives, aucun véritable dialogue sur la politique d'Israël n'a été possible. Il y a là un problème, pour parler par


521 euphémisme, qui est au cœur même du procès fait par des dirigeants juifs dans des lettres adressées au vice-président de l'université d'Uppsala. Déjà à ce point il est possible, n'est-ce pas, d'imaginer ce qui constitue le fondement de la plupart des accusations dont le professeur Bergman fait l'objet à propos de son prétendu antisémitisme. Bergman reconnaît qu'il est antisioniste, mais il nie être antisémite, antijudaïque ou antijuif. La meilleure façon d'étudier la stratégie des sionistes organisés de Suède, qui consiste à user du terme «antisémite» à la place du mot «antisioniste», est d'analyser un ouvrage de Svante Hansson intitulé Antisemitisk närradio En granskning av Radio Islam (Radio locale antisémite. Une étude sur Radio Islam), paru en 1988. L'initiative en revenait à la congrégation juive de Stockholm (Judiska församlingen), au Comité pour la solidarité avec Israël (Solidaritetskommittén för Israel) et au Comité suédois contre l'antisémitisme (Svenska kommittén mot ansemitism). Le point crucial est naturellement la définition de l'antisémitisme. La définition explicite proposée par Svante Hansson est satisfaisante et tout le monde, je pense, peut s'y rallier : L'antisémitisme consiste à refuser aux juifs — que ce soit aux individus ou bien aux communautés — un droit ou un privilège qui est accordé à d'autres communautés et/ou à leurs membres (Hansson, p. 12). Il pourrait, en principe, y avoir là une excellente plate-forme pour dialoguer et la position de l'auteur est parfaitement claire. La critique fondamentale de la politique de l'État d'Israël n'est pas nécessairement antisémite. Mais Hansson ajoute une condition sine qua non implicite pour valider sa définition, à savoir l'idée que chaque peuple a le droit de fonder un État qui lui soit propre (p. 106, 115 sqq.). Il a en tête les nationalismes dans l'Europe de la fin du XIXe siècle. On ne peut pas être d'accord avec cette définition implicite rajoutée après coup, mais malheureusement Hansson ne semble pas en être conscient. Les intellectuels et les hommes politiques suédois se gardent bien, pour des raisons toutes pragmatiques, de prétendre que chaque peuple/nation doit former son propre État. Les Lapons devraient-ils avoir le droit de former un État dans le nord de la Suède, en Norvège et en Finlande ? Les Écossais devraient-ils avoir droit à un État au nord de la Grande-Bretagne ? Les Flamands en Belgique et aux Pays-Bas ? Et les Kurdes, les Arméniens, les Druzes, les Maronites, qui réclament tous leur propre État ? Dans certains cas il existe peut-être de bonnes raisons pour le proposer, dans d'autres, non. Il n'est parfois pas possible de séparer des nations les unes des autres, quand les gens vivent côte à côte dans une même région du monde. Il n'existe aucun principe universellement reconnu, même dans l'Europe des États nations, selon lequel chaque peuple a le droit de fonder un État. De nombreux intellectuels et hommes politiques suédois reconnaissent le droit à l'existence de l'État d'Israël, en vertu du droit international, en l'espèce le plan de partage de l'ONU de 1947. C'est ce que nous faisons, Jan Bergman, moi-même et beaucoup d'autres. Nous reconnaissons à Israël le droit d'exister, mais non pas en vertu d'une certaine idée abstraite qui consiste à établir un rapport entre la nationalité et l'État. Quelle est maintenant l'importance de la base pour la reconnaissance du droit à l'existence de l'État d'Israël ? En porte-parole du sionisme, Svante Hansson déclare que le droit international comme fondement de la reconnaissance du droit à l'existence d'Israël est insuffisant et irrecevable. Il rejette cette argumentation. Il retient une autre base pour la reconnaissance : l'idée de nationalité et d'État. Ceux qui n'acceptent pas cette condition sont qualifiés d'antisémites par Hansson. Tel est son point de vue. La «méthode» ou technique de Hansson peut servir au rabbin Robert L. Wolkoff et consorts pour transformer des antisionistes politiques en antisémites racistes et cela en dépit du fait que


522 ces gens reconnaissent le droit d'Israël à exister. Voilà quel était, du moins en partie, le contexte culturel quand s'est ouverte la controverse spécifique sur Radio Islam. b) L'État juif d'Israël, l'antisionisme, l'antisémitisme, l'antijudaïsme sont devenus des problèmes délicats depuis dix ou quinze ans. Prenons maintenant le cas bien précis de Radio Islam et d'Ahmed Rami. Deux procès ont été intentés à A. Rami ; l'un pour son livre Vad är Israël ? (Qu'est-ce qu'Israël ?), l'autre pour certains programmes de Radio Islam composés par lui. Ahmed Rami est un musulman marocain d'origine berbère. Il est arrivé en Suède il y a de nombreuses années en qualité de réfugié politique. En 1987, il a lancé à Stockholm un programme de radio locale, Radio Islam, en se consacrant essentiellement à la cause palestinienne. Cela ne signifiait pas qu'il était partisan de l'OLP. Il déclare savoir mieux que les dirigeants de l'OLP quels sont les véritables besoins du peuple palestinien. Il lit le suédois et le parle presque couramment. En toute circonstance il s'en prend avec véhémence aux sionistes et aux juifs. Il ne s'embarrasse guère de la distinction faite par les Suédois entre l'idéologie et le peuple, entre les sionistes et les juifs. Son argument de base est très simpliste : Israël est un État juif. Ce qui est certes vrai. Reste à savoir ce que signifie «juif». Là-dessus les opinions des juifs eux-mêmes ne s'accordent pas. Les sionistes de la rue dans l'Israël moderne, les Gush Emunim, par exemple, invoquent le droit divin du peuple juif à la terre selon l'Écriture sainte. Le Dieu d'Abraham et le peuple de Moïse ont conclu un pacte d'alliance. Le peuple élu de Dieu — les juifs — ont reçu la Terre promise des Cananéens. Leur dieu leur a ordonné de tuer ou de chasser les habitants du pays de Canaan. Telle est l'image qu'Ahmed Rami retient du sens essentiel de l'Alliance et qui permet de comprendre les rapports entre Dieu, le peuple élu, le peuple conquis et la Terre promise. Tout cela est capital pour le judaïsme d'aujourd'hui, prétend-il. Le second point de départ de son argumentation a trait à la Palestine occupée sous contrôle des sionistes. Comment les juifs se comportent-ils vis-à-vis des Palestiniens ? Comment font-ils de cet État leur instrument ? En fait, dit Rami, ils font exactement ce que leur Écriture sainte leur dit de faire. Les sionistes modernes citent souvent l'Ancien Testament afin de prouver qu'ils ont parfaitement le droit d'anéantir le peuple palestinien. Aussi bien sur Radio Islam que dans son livre, Ahmed Rami donne des dizaines d'exemples de textes tirés de l'Ancien Testament qui sont utilisés dans l'Israël moderne à des fins politiques. Rami interprète la politique d'Israël à la lumière de la religion juive et de ses textes sacrés. Pour lui, la logique de l'Israël moderne est manifestement la logique de l'Alliance. Rami a, de la sorte, mis en place une plateforme lui permettant de critiquer les juifs et les sionistes sans faire de distinction. Ahmed Rami est absolument furieux ! Il use de tous les mots pouvant exprimer le mépris et l'hostilité, même des termes et des expressions utilisés par les nazis. Il n'hésite pas à employer les mots les plus forts pour condamner Israël. Il s'en prend aux sionistes, dit-il, non pas aux juifs. Cependant, si l'on considère sa façon d'interpréter l'Alliance, on peut dire qu'il fait l'amalgame entre judaïsme et sionisme et vice-versa. Au tribunal, deux procès parallèles ont été plaidés. L'un sur le livre, en vertu de la loi sur la liberté de la presse, l'autre sur Radio Islam, également en vertu de la loi dite sur les émissions de radio (radiolagen). Le livre n'est en fait rien d'autre que l'imprimé des programmes de radio, mais il se trouve que les deux supports sont en partie respectivement régis par des lois distinctes. Le livre Vad är Israël ? a été entièrement acquitté par le Tingsrätt [tribunal de première instance] de Stockholm le 11 novembre 1989. Sur plus de 60 chefs d'accusation concernant les programmes de Radio Islam, plus de 40 ont été jugés non recevables et 18 reconnus comme prouvant l'«incitation envers un groupe ethnique» (hets mot folkgrupp). Appel fut interjeté devant une instance judiciaire supérieure, la Svea Hovrätt [cour d'appel de Suède], laquelle, le 25 octobre 1990, confirma le jugement sur les 18 points à l'exception d'un seul. En désaccord


523 avec le Tingsrätt de Stockholm, la Svea Hovrätt statuait qu'il est permis de mettre en doute la réalité, l'étendue et le résultat de l'Holocauste des juifs. A. Rami n'avait pas violé la loi suédoise en qualifiant d'absolument exagérées les opinions des sionistes/juifs concernant l'Holocauste. Selon la loi suédoise, l'Histoire est ouverte à la recherche et à la discussion. c) Ma troisième remarque porte sur le rôle joué par le professeur Jan Bergman au tribunal. Nous l'avons dit, l'avocat d'Ahmed Rami avait appelé à la barre deux experts, le professeur Jan Hjärpe, spécialiste de l'Islam, et le professeur Bergman, historien des religions. Leur rôle n'était pas de défendre Ahmed Rami, ce qui est la tâche de l'avocat. En fait, ils ne prirent pas la défense de Rami. On leur demanda des explications sur certains détails de la vie culturelle et religieuse au Moyen-Orient, en particulier les conditions du conflit qui se déroule à Jérusalem, la cité sainte de trois religions. Il fut demandé aux experts de caractériser le style employé généralement par les musulmans dans leurs polémiques avec Israël. Quel jugement portaient-ils sur la campagne menée par Ahmed Rami en tant que musulman résidant en Suède ? Comment interprétaient-ils son langage et ses idées ? Il n'y a pas lieu de s'étendre ici sur tout cela, mais il vaut la peine d'examiner en détail un point discuté avec passion par les sionistes suédois. Il fut question de la fonction de ce qu'on appelle les «textes cruels» (expression forgée par l'ancien évêque de Stockholm, le Dr. Krister Stendahl) de l'Ancien Testament dans l'Israël moderne ainsi que de la «loi d'Amalek» et de la Mitzva n° 188. Ahmed Rami soutenait nettement que de nombreux textes de l'Alliance entre Dieu et les Israélites sont utilisés dans l'Israël d'aujourd'hui pour légitimer les confiscations, les tueries, les expulsions, les mauvais traitements dont sont victimes les Palestiniens musulmans et chrétiens. La question soulevée sur ces «textes cruels» est donc du ressort de la sociologie et de l'histoire moderne plutôt que de l'exégèse. Le professeur Bergman déclara au tribunal que c'était la vérité. Dans la presse en hébreu de l'État d'Israël, on peut lire de ces textes. Il donna quelques exemples, dont certains étaient empruntés aux écrits d'Israel Shahak [1]. Les plus connus dans le monde entier sont sans doute ceux dont David Ben Gourion fait usage dans ses mémoires, Israel : Years of Challenge [Israël : les années de défi]. Je pense notamment au passage où il fait le bilan de sa vie en 1956 après la victoire sur les Égyptiens dans le Sinaï. Il sent que les Saintes Écritures montrent que sa conduite lui a été inspirée par Dieu. Il a remporté la victoire, écrit-il, en ayant à l'esprit les psaumes 83:5, Isaïe 19:14, l'Exode 17:8-16 et 19:2-5, etc. David Ben Gourion se considère comme le Moïse de 1956, les Égyptiens étant les Amalécites. Il s'est conformé à la loi d'Amalek et il a tué les Amalécites, c'est-à-dire les Égyptiens. Le professeur Bergman confirma qu'il existe chez les juifs une façon populaire, ou vulgaire, d'interpréter ces textes, laquelle permet de les appliquer aux événements de la vie courante. Interrogé sur la question de savoir si cette interprétation était ou non désuète, il reconnut, bien sûr, que depuis des siècles nombre d'érudits juifs admettent que les textes s'appliquent seulement aux temps anciens, les Amalécites ayant cessé d'exister. L'homme de la rue, cependant, ne se soucie guère de l'exégèse scientifique ou savante. Pour lui, les paroles sacrées font partie d'un héritage bien vivant. Il fait ce qu'a fait David Ben Gourion et ce que font bien des personnes pieuses lorsqu'elles lisent leurs Saintes Écritures. Les esprits religieux peuvent aussi, s'ils le veulent, se reporter à la Mitzva n° 188, le passage sur le devoir de ne pas se souvenir d'Amalek. Le professeur Bergman confirma qu'il existe bien une Mitzva sur Amalek, mais qu'elle n'enjoint pas aux juifs pieux de tuer leurs ennemis. Ses adversaires sionistes dans la presse suédoise s'efforçaient même de nier le fait même que pareille Mitzva existe. d) Pour en terminer, je ne pense pas qu'il y ait encore, à l'échelle internationale, une campagne orchestrée concentrée sur la personne du professeur Jan Bergman, en admettant qu'il


524 y en ait jamais eu une. Dans sa dernière phase, la critique juive/sioniste a quelque peu réduit le rôle d'un professeur isolé. De plus en plus, les sionistes ont vu dans le professeur d'histoire de la religion le représentant de la faculté de théologie, à la suite du rapport et de l'article écrits par le doyen de la faculté. Quand le vice-président de l'université d'Uppsala eut fait sienne la position du doyen, la critique juive se tourna contre l'université elle-même. Dès lors, la question de la liberté académique est devenue le point central de la controverse. — II — RAPPORT AU VICE-PRÉSIDENT DE L'UNIVERSITÉ (18 avril 1990) par Ragnar Holte Objet : Critiques de l'enseignement et des travaux de recherche du professeur Jan Bergman. Mandaté par le vice-président, je traite ici de deux lettres adressées à l'université d'Uppsala qui critiquent l'enseignement et les travaux de recherche du professeur Jan Bergman. L'une d'elles, datée du 2 mars 1990, est signée du Grand rabbin Morton Narrowe, de Stockholm, et du rabbin Robert L. Wolkoff, de Göteborg. L'autre, datée du 24 février 1990, émane du Dr. Evan M. Zuesse, du Collège d'enseignement supérieur d'Underdale, en Australie-Méridionale. Suite à l'intérêt pour la question manifesté dans de nombreux journaux, j'avais considéré comme opportun de préciser à l'intention du grand public la conception et le sens général des études sur les religions menées à notre faculté, en particulier les recherches sur le judaïsme, ainsi que la contribution de Bergman dans ce domaine (dans un article intitulé «L'étude de la religion aujourd'hui»). Je prends la liberté de joindre cet article et je précise que je considère les idées générales qui y sont débattues comme constituant une toile de fond aux commentaires plus détaillés dans ce qui va suivre. Les deux lettres ont en commun une critique essentiellement dirigée contre les preuves apportées par la défense au procès de M. Ahmed Rami en avril 1989. Les deux rabbins se limitent à cette question, mais ils en tirent des conclusions négatives sur la compétence de Bergman et son aptitude d'enseignant et de chercheur en matière de judaïsme. Le Dr. Zuesse procède de manière analogue, mais il ajoute un certain nombre de jugements sur les circonstances, les événements et le climat de la recherche à la section Histoire de la religion de notre faculté. Comme je l'ai déjà souligné et expliqué dans mon article, je considère comme insoutenables les conclusions qu'on a tirées de la déposition de Bergman et je reviendrai là-dessus. Quant aux déclarations du Dr. Zuesse concernant les conditions dans lesquelles travaille notre section Histoire de la religion, je démontre qu'elles sont dénuées de tout fondement et en même temps profondément insultantes. Le témoignage de Bergman au tribunal n'a pas de rapport avec la question principale En plus de leurs responsabilités académiques, la plupart des professeurs se livrent à un certain nombre de travaux de leur choix. La manière dont ils s'y prennent pour mener à bien ces derniers n'a en principe rien à voir avec la question de savoir comment ils s'acquittent de leurs devoirs essentiels. La commission de Bergman en qualité d'expert auprès du tribunal entre bien évidemment dans la deuxième catégorie. En tant que telle, elle ne peut fournir aucun fondement à une plainte contre l'enseignant et le chercheur de l'histoire de la religion. Le procès n'a en conséquence pas été au programme des cours d'histoire de la religion, non plus qu'au niveau de la recherche fondamentale, à l'exception d'une seule occasion, lorsque le Dr. Zuesse, en visite au séminaire de troisième cycle organisé par Bergman, s'est livré à une violente critique sur ce sujet, contrairement aux engagements pris, abusant ainsi de son statut d'invité. Nous y reviendrons plus en détail.


525 Je pourrais donc ne tenir aucun compte de la lettre des rabbins et ignorer une partie de celle du Dr. Zuesse et m'abstenir de tout autre commentaire. Il est toutefois évident que les jugements portés sur la déposition à la barre, qui traduirait une profonde ignorance du judaïsme ainsi qu'une attitude partiale et antisémite, ne peuvent rester sans réponse. Ces allégations ont manifestement pour effet de jeter de manière indirecte une ombre sur la compétence de Bergman et son aptitude d'enseignant et de chercheur, ce qui est, bien sûr, également le but recherché. Il existe quatre erreurs fondamentales dans la discussion sur le témoignage de Bergman devant le tribunal et sur les conclusions qu'on en tire. 1° – En premier lieu, la critique ne tient pas compte des différences fondamentales entre, d'une part, l'enseignement et l'étude académiques du judaïsme, et, d'autre part, un témoignage dans un procès où l'accusé risque d'être condamné à la prison pour un certain nombre de déclarations antijuives. La différence est capitale et concerne : a. en premier lieu le jugement porté par Bergman sur les affirmations de Rami, b. en second lieu le choix des matériaux en instance d'appel. d. Une bonne part du témoignage de Bergman a trait à l'usage fait par Rami de citations tirées de la Bible hébraïque. Bergman déclare que Rami n'est en aucune façon un exégète cultivé et qu'on ne peut pas dire de lui qu'il se livre à une quelconque activité scientifique (Transcription du tribunal de Stockholm 15:4, p. 10). Rami a écrit un pamphlet virulent dans lequel il cite des versets de la Bible interprétés au pied de la lettre comme étant des exemples de ce que les juifs considèrent comme des commandements et des interdits divins. Pris comme un essai scientifique objectif, son auteur aurait été «recalé» par Bergman (15:6, 13), qui trouve également que certains commentaires de Rami sont «hérétiques» (15:12, 40 sqq.). Mais le tribunal n'a pas pour mandat de porter un jugement scientifique sur les déclarations de l'inculpé. Il est là pour dire si ce dernier a commis un délit. Le rôle de la défense est de voir ce qui peut être dit contre une éventuelle condamnation. Bergman a choisi non pas à proprement parler de «défendre», mais d'essayer de «comprendre» et d'«expliquer» la polémique de Rami (15:13, 3-4). e. En fonction de la tâche qu'il s'était assignée, Bergman a sélectionné les matériaux. Sa tâche n'était pas — comme s'il avait été en situation d'enseignant académique — de faire une présentation complète de l'histoire des juifs et de la tradition de l'interprétation de la Bible, mais plutôt de rechercher s'il y avait le moindre fondement aux affirmations de Rami. Bergman a essayé de présenter quelques-uns de ces matériaux. 2° – En deuxième lieu, les critiques faites à Bergman généralisent à tort à partir du point central de sa déposition et, de cette manière, la font paraître déraisonnable. C'est ce qui ressort clairement de la lettre du Dr. Zuesse : J'ai été choqué de découvrir que le professeur Bergman, supposé être un expert en judaïsme, tenait pour un fait que c'est une loi religieuse dans le judaïsme que les juifs doivent tuer «même les meilleurs des Gentils» … le professeur Bergman prétend que cette interprétation découle de l'exégèse de la Bible hébraïque pour laquelle il se présente comme spécialement qualifié. Bergman ne parle pas d'un tel devoir religieux général. Ce qu'il affirme, c'est qu'aujourd'hui certains milieux en Israël donnent à ce qu'on appelle les textes d'annihilation une application courante en dépit du fait que l'on peut dire de «toutes les exégèses juives depuis des siècles» qu'elles ont donné des interprétations qui tendraient à prévenir une telle application courante de ces textes (15:5, 3 sqq.). Le rabbin Wolkoff a, dans une interview publiée le 16 février 1990 par l'Uppsala Nya Tidning (journal local), reconnu qu'un tel abus peut exister aujourd'hui. L'article de l'exégète juif Uriel Simon, joint à la lettre des rabbins, abonde dans le sens de la thèse de


526 Bergman. Il désavoue l'interprétation courante en question. Son article devient impossible à comprendre à moins que le phénomène critiqué n'existe bel et bien. (Soit dit en passant, Bergman ne s'est pas présenté comme «spécialement qualifié» en exégèse juive. Au contraire, il a reconnu que son savoir avait certaines limites : «J'ai du mal à manier très facilement les textes du Talmud, j'y ai du mal», 15:3, 2.) 3° – Selon les rabbins, c'est le devoir de Bergman, en tant qu'historien des religions, de coller à Rami l'étiquette d'«antisémite». A défaut de quoi, on ne peut dire de lui qu'il est «objectif». Or, l'essence de l'objectivité en matière d'histoire est de décrire avec justesse l'état des choses, et non pas de coller des étiquettes en guise de jugements. Malgré cela, je pense que le terme «antisémite» peut avoir son utilité quand on parle d'histoire, à condition d'en user avec discernement. Il y avait toutes les raisons d'être prudent quant à l'emploi de ce terme, s'agissant du témoignage à un procès où le prévenu était accusé d' «incitation envers des groupes ethniques». Avec raison, Bergman a considéré que c'était la tâche du jury de décider de la culpabilité ou de l'innocence de l'inculpé. Sa tâche à lui était de fournir des faits pouvant servir de base à cette décision. Bergman désavoua à la barre un certain nombre d'affirmations excessives faites par Rami à la barre. Le fait que ces désaveux aient été exprimés de manière tout à fait directe, sans faire usages de termes appuyés, ne les rend pas «évasifs» pour autant. 4° – Comme je le dis dans mon article ci-joint, les rabbins ont tort de considérer le souvenir exact des faits comme un critère de compétence en matière de recherche. J'ai l'impression que Bergman n'avait pas tout à fait prévu la difficulté dans une situation où il n'était pas censé — comme un enseignant a l'habitude de le faire — s'étendre sur des matériaux bien préparés mais où on lui a demandé de répondre à un certain nombre de questions directes qui l'obligeaient à faire appel à plusieurs reprises à des connaissances qu'il n'avait pas toujours exactement mémorisées. Le témoignage n'avait rien d'un chef-d'œuvre pédagogique, mais tirer des conclusions négatives de cette situation très spéciale et inhabituelle pour Bergman sur sa manière d'être dans une situation académique normale est totalement injuste. Je tiens à souligner que je ne revendique aucune compétence ni sur la religion juive ni sur la situation actuelle au Moyen-Orient. Il n'est cependant pas besoin d'être grand clerc en matière de lecture et de compréhension de textes pour se rendre compte que les critiques faites à Bergman en sa qualité de professeur et de chercheur et qui se fondent sur ce qui a été dit au procès sont dépourvues de valeur. La description du climat dans lequel se déroulerait la recherche à l'intérieur de la section d'Histoire de la religion est dénuée de fondement et insultante Je poursuivrai avec le passage de la lettre du Dr. Zuesse où il parle directement de l'atmosphère de la recherche dans notre faculté. On est en droit de se demander comment il a été capable, au cours d'une seule journée passée à Uppsala et une seule visite à un séminaire d'étudiants de troisième cycle, de se forger une opinion aussi catégorique sur la manière dont Bergman «fait du tort à ses étudiants, à sa chaire de Religion et à la réputation de l'université d'Uppsala».¶Quant à son apparition au séminaire, j'ai reçu les informations suivantes d'autres participants. Bergman avait entendu parler d'un chercheur juif venant d'Australie qui se trouvait pour le moment en Suède. Conformément à sa politique habituelle d'inviter des chercheurs juifs — politique quelque peu inattendue chez quelqu'un que l'on traite d' «antisémite virulent» — il invita le Dr. Zuesse à son séminaire de troisième cycle. Le thème en était «Trois philosophes juifs modernes». Au séminaire, le Dr. Zuesse répondit à l'hospitalité de Bergman en l'attaquant avec violence sur son témoignage au procès de Rami. Au lieu d'employer son temps de parole à un résumé suivi de questions des auditeurs et d'une discussion générale, l'invité se livra à un exposé agressif qui dura deux heures d'horloge, après quoi il effleura le sujet convenu. Tout le monde était très mal à l'aise, notamment un professeur polonais qui demanda à plusieurs reprises à Bergman — en sa qualité de président — d'interrompre l'orateur. Mais Bergman ne voulut en aucune manière donner l'impression qu'il empêchait un chercheur juif, invité, de


527 s'exprimer librement. (Il est important de faire remarquer ici que Bergman avait auparavant, par téléphone, offert à son invité de discuter en privé de son témoignage avant ou après le séminaire.) Quand l'invité en eut enfin terminé, Bergman proposa une discussion d'une demi-heure sur le sujet convenu (c'est-à-dire Trois philosophes juifs modernes) malgré l'heure avancée. Pour des raisons évidentes, il ne souhaitait pas alors se lancer dans une justification de son témoignage, et il n'avait d'ailleurs pas sous la main les matériaux qui lui auraient été nécessaires. Or, le Dr. Zuesse interpréta la situation à sa manière : selon lui, Bergman «n'eut pas d'autre réponse possible à faire… que d'accepter ses arguments, étant donné qu'ils étaient irréfutables…» (une déclaration étrangement catégorique sur des interprétations historiques, qui ne témoigne guère d'un esprit critique en matière de recherche). Le Dr. Zuesse ajouta qu' «un étudiant de troisième cycle qui faisait des recherches sur le Gush Emounim et était présent au séminaire ne put que confirmer» le point de vue de l'intervenant comme opposé à celui de Bergman. L'étudiant invoqué nia catégoriquement cette déclaration, affirmant au contraire avoir posé au Dr. Zuesse quelques questions critiques sans obtenir la moindre réponse satisfaisante. Le Dr. Zuesse affirme plus loin que des étudiants juifs et d'autres sympathisants de la religion juive ont été «incapables de poursuivre leurs études sur le judaïsme sous la direction de Bergman. Ils prennent d'autres professeurs ou changent même d'université». Toute cette partie de la lettre ne correspond absolument pas à la réalité. Il existe cependant le cas d'un «étudiant de doctorat» qui est en contact à la fois avec Bergman et avec le professeur Louise Bäckman à Stockholm. Ce sont des raisons de santé qui l'ont obligé à interrompre ses études, et ni à l'institut de l'Histoire de la religion de Stockholm ni à notre section d'Histoire de la religion personne n'a jamais entendu cet étudiant critiquer l'enseignement de Bergman. Le Dr. Zuesse affirme également que «le professeur Bergman cherche avec persistance à entraîner ses étudiants de troisième cycle dans des activités antijuives, conduisant des groupes dans des voyages pleins de sollicitude à travers des zones palestiniennes et donnant dans ses cours une idée déformée de l'histoire et de la religion juives». Dans le cadre de ce qu'on appelle le Programme Asie Occidentale, des voyages d'étude ont été organisés pour faire connaître les vues les plus diverses sur l'état de la situation au Moyen-Orient. Il y a eu, certes, des contacts avec des Palestiniens, mais de nombreux contacts positifs ont été également établis avec des universités et autres institutions juives. Un groupe d'étude spécial s'est consacré au sort du peuple arménien. Pour parler d'une façon générale de l'enseignement de Bergman, je veux rappeler au lecteur que dans la plupart des cas d'autres professeurs que lui ont donné des cours sur le judaïsme (voy. l'article joint). Quant à la déclaration concernant le changement de manuel, elle semble impossible à comprendre. Il arrive naturellement que des manuels soient remplacés, différents livres étant essayés afin de trouver ceux qui s'adaptent le mieux à la matière enseignée, mais aucun changement d'ouvrage n'est intervenu pour les raisons invoquées dans la lettre. Souvent les propositions de remplacement sont faites par d'autres que Bergman et les décisions sont prises en vertu d'habitudes parfaitement démocratiques. La déclaration selon laquelle «le professeur Bergman a rejoint les rangs de ceux qui nient l'Holocauste» paraît des plus fantastiques. La question a été traitée de manière explicite au cours du procès Rami, pendant lequel Bergman, bien entendu, s'est totalement «tenu à distance» de ce point de vue qualifié de révisionniste (15:12, 22 sqq.). D'autres formulations sont tout aussi fantastiques et gravement insultantes : «antisémite outrancier», «nazi». Il faut avoir à l'esprit que ces accusations s'adressent à un professeur d'université qui brûle littéralement d'intérêt pour l'enseignement qu'il dispense et qui s'efforce de tout son être de faire connaître et de favoriser la compréhension des autres religions et des autres cultures, œuvrant aussi par là contre toutes les formes de racisme.


528 Des déclarations de confiance envers Bergman m'ont été adressées par écrit par ses collègues de section et par les participants au séminaire de troisième cycle, et aussi de manière orale par le personnel enseignant de la faculté. En qualité de doyen de la faculté, je prie fermement le vice-président de réfuter les critiques exprimées à l'égard de mon très estimé collègue Jan Bergman en tant que professeur et chercheur. Et, ce qui n'est pas moins important, je plaide pour que son honneur soit défendu contre les accusations fausses et insultantes dont il a été l'objet. En tant que de droit, Ragnar Holte Doyen de la faculté de théologie. — III — TROIS DÉCLARATIONS 1. Déclaration de la section d'Histoire de la religion Il est demandé à la faculté de théologie de faire une déclaration concernant une lettre adressée au vice-président dans laquelle on insiste pour que le professeur Jan Bergman soit relevé d'une partie de son enseignement. Les allégations contenues dans cette lettre touchant à l'enseignement du professeur Jan Bergman, outre qu'elles sont dénuées de tout fondement, sont de surcroît offensantes dans le fond et dans la forme. En la circonstance, la section ne peut que réfuter de la façon la plus claire le contenu calomnieux de la lettre et ses attaques gratuites contre la liberté académique. La section — enseignants et étudiants — réclame de la faculté qu'elle réagisse en l'espèce avec fermeté et avec force. La section d'Histoire de la religion 2. Lettre des participants du séminaire à l'adresse du doyen de la faculté de théologie Par suite de sa déposition au procès d'Ahmed Rami, le professeur Jan Bergman est depuis plusieurs mois victime d'une campagne maligne dans les médias et sous d'autres formes. Nous, participants au séminaire de troisième cycle sur l'Histoire de la religion, sommes très préoccupés du fait que la faculté et le doyen n'ont toujours pas fait la moindre déclaration publique pour prendre sa défense. Outre qu'elles blessent Jan Bergman personnellement — ce qui devrait suffire à faire réagir ses collègues — les fausses accusations nous blessent aussi, car il est notre directeur d'études. Si on laisse sans réponse les accusations d'incompétence et de partialité dans l'enseignement lancées contre Jan Bergman, notre formation peut y gagner une réputation fâcheuse. Nous avons pleine confiance dans sa capacité à enseigner l'histoire des religions, y compris le judaïsme, et nous ne sachons pas qu'un participant au séminaire ait eu à se plaindre de la partialité de Jan Bergman dans son enseignement. C'est pourquoi nous demandons instamment que le doyen prenne publiquement la défense de Jan Bergman. Uppsala, le 14 mars 1990 Les participant au séminaire de 3e cycle 3. Lettre des collègues du professeur Bergman à l'adresse du vice-président de l'université d'Uppsala


529 Objet : Lettre du Dr. Evan M. Zuesse au vice-président de l'université d'Uppsala en date du 24 février 1990. C'est avec stupéfaction que les enseignants à l'Institut d'Histoire de la religion à l'université de Stockholm ont pris connaissance de la lettre du 24 février 1990 écrite au vice-président de l'université d'Uppsala par le Dr. Evan M. Zuesse. Nous — tous les collègues qui enseignons l'histoire de la religion à l'université de Stockholm — entendons par la présente rejeter de manière catégorique les accusations non fondées et insultantes que le Dr. Evan M. Zuesse a portées contre le professeur Jan Bergman, ainsi que — pour nous placer sur le plan des principes — la suggestion absurde de dénier à un historien des religions le droit d'exprimer dans son enseignement certaines réserves à l'égard de tel ou tel aspect d'une religion. Nous voulons également affirmer qu'aucun d'entre nous n'a tenu de propos sur le professeur Jan Bergman ni, encore moins, ne lui a exprimé de «mépris» ou ne l'a qualifié de «nazi». Le Dr. Evan M. Zuesse, en recourant à des insinuations infamantes, a prêté des idées diffamatoires à des personnes qu'il ne nomme pas mais qui sont parfaitement identifiables. Nous trouvons cela profondément regrettable. Per-Arne Berglie, maître assistant, chargé d’enseignement Louise Bäckman, professeur Ulf Drobin, chargé d'enseignement — IV — «BERGMAN ET LE JUDAISME» (article paru dans l'Uppsala Nya Tidning du 20 avril 1990) par Ragnar Holte Judaïsme, christianisme et islam sont trois branches d'un même arbre de religion. Qu'ils aient beaucoup en commun est évident si on les compare à d'autres religions telles que l'hindouisme et le bouddhisme. Avant toute chose, les trois sont connues pour leur monothéisme, elles croient en un dieu unique et tiennent l'Écriture sainte pour la source de la révélation. La plus ancienne est le judaïsme — et c'est son Écriture sainte qui est la plus ancienne. Cette dernière, si on lui ajoute le Nouveau Testament, constitue également la Bible du chrétien. L'islam a sa propre Écriture sainte : le Coran ; par l'importance qu'il attache à la tradition d'Abraham, ce livre comprend, dans une certaine mesure, la même histoire des origines que les deux autres. Le Coran voit également en Jésus un prophète. Une bonne part de ce qu'il y a de plus noble dans l'histoire et la culture de l'homme a été inspirée par ces trois religions. Dans notre société suédoise, c'est l'influence chrétienne qui prédomine, mais la religion et la culture juives apportent également une contribution inestimable. La présence de l'islam est chez nous un phénomène plus récent et il est le fruit d'une immigration croissante. En dépit de leur parenté, ces trois religions se sont souvent combattues. Elles ont été également impliquées dans nombre de douloureux conflits ethniques et politiques, et, d'une certaine façon, cela continue encore de nos jours. Dans ces conditions, la religion a souvent été une source de courage pour les peuples opprimés, elle leur a donné la force de supporter et les a parfois inspirés dans leurs luttes pour la libération. D'un autre côté, les guerres, les oppressions et les discriminations ont bien trop souvent sévi au nom de la religion ou avec l'autorisation de la religion. Étudier aujourd'hui une religion implique toujours essentiellement un effort pour la comprendre de l'intérieur, pour identifier ses principaux mobiles et convictions, en se


530 concentrant sur la manière dont son idéal de piété est compris par les théoriciens pratiquants et par le peuple qui se réclame de cette religion. Poursuivant plus avant, cette étude replace la religion dans son contexte historique et cherche ses rapports avec la culture, la société et la politique. Elle soulève par là même un certain nombre de questions critiques sur sa façon d'écrire l'histoire, sur l'usage courant et sur le développement qu'elle fait de ses propres textes religieux ou encore sur son rôle dans les conflits politiques. Le dernier point n'est pas le moins important. Dans ses directives concernant les travaux de recherche à partir de 1986, le gouvernement suédois soulignait «l'importance à donner à la recherche en matière de religions … à une époque où la religion joue un rôle décisif dans la politique mondiale». Dans les universités suédoises, l'étude des religions est par principe non confessionnelle, que ce soit dans une faculté de théologie ou dans une faculté classique. Également par principe, on respecte la liberté de la recherche. Chercheurs et enseignants de cette discipline s'efforcent naturellement de susciter la compréhension pour les phénomènes, les événements et les actions originelles à l'intérieur du monde des religions, mais ils ont aussi à cœur d'encourager dans ce domaine un débat critique aussi ouvert que sur les autres terrains scientifiques. Il arrive que cette attitude soit mal prise par des représentants de telle ou telle confession. Au début du XXe siècle, avant que le statut non confessionnel des facultés théologiques fût pleinement accepté, on a vu des candidats pourtant parfaitement qualifiés au point de vue scientifique gênés dans leur carrière par certains religieux en raison de leur optique personnelle. Les cas les plus connus sont ceux de Torgny Segerstedt père, de Gillis Pison Wetter et d'Emanuel Linderholm. L'attaque que des porte-parole juifs ont récemment lancée contre le professeur Jan Bergman est en gros du même ordre — et doit évidemment être réfutée pour les mêmes raisons. L'étude du judaïsme doit être menée en vertu des mêmes modalités scientifiques que lorsqu'il s'agit du christianisme, de l'islam ou d'autres religions, et par conséquent soumise à la même exploration critique des phénomènes à l'intérieur des domaines respectifs. Cela s'applique tout aussi bien aux rapports entre religion et pouvoir politique. Dans l'étude du christianisme, il y a beau temps que c'est la règle de discuter de manière critique de «l'ère de Constantin», autrement dit de souligner que, depuis le règne de cet empereur, le christianisme a fonctionné comme un moyen de donner sa sanction au pouvoir politique, y compris à la pratique de la guerre et de l'oppression de la part dudit pouvoir. Simultanément il s'est toujours trouvé des mouvements spirituels et d'éminents philosophes chrétiens pour protester contre de pareils phénomènes et les stigmatiser comme étant contraires au message du Christ. Dans le même esprit, l'étude de l'islam s'efforce à la fois de favoriser la compréhension pour ses aspects complexes et de donner une image critique de son champ d'application, en soulignant les nombreuses guerres d'agression menées au nom de cette religion, tout en faisant ressortir le caractère noble du mysticisme religieux tel qu'il se manifeste dans le soufisme. Analyser les conditions présentes, c'est montrer l'islam en situation majoritaire, ce qui est le cas dans de nombreux régimes politiques de caractères très différents, mais aussi la situation des musulmans quand ils sont en minorité, que ce soit comme immigrants en Suède ou comme habitants de la rive occidentale occupée par Israël. L'histoire engendrée par le judaïsme est différente de celle des deux autres religions sœurs, essentiellement du fait que, pendant des millénaires, les juifs ont surtout vécu en situation de minorité, qu'ils ont souvent été soumis à l'oppression et même à de véritable pogromes (subis même en milieu chrétien) pour culminer dans un des génocides les plus sauvages et les plus systématiques de tous les temps. A travers toutes leurs souffrances, les juifs ont, de manière admirable, sauvegardé et développé la piété et la culture juives, trouvant par là une source de courage et de force spirituelle. Bien sûr, ces facteurs sont mis en lumière dans l'étude du judaïsme. Bien sûr, le sionisme et le judaïsme actuels en tant que système politique à l'intérieur


531 de l'État d'Israël sont également mis en lumière — et tout cela est fait en des termes critiques scientifiques comme pour l'étude des autres religions. Déceler dans cette attitude un signe d'antisémitisme c'est passer à côté de l'essentiel. Alors que le christianisme dispose de ses propres chaires, le judaïsme et l'islam ont leur place dans le cadre plus général de l'Histoire de la religion. Les facultés de théologie réclament depuis longtemps des chaires pour ces deux religions, mais jusqu'à présent il n'en existe qu'à Lund. La faculté de théologie d'Uppsala ne dispose que de trois professeurs permanents pour sa section d'Histoire de la religion. La chaire de Jan Bergman a pour spécialité l'étude des religions du Moyen-Orient. Mais en principe chaque professeur de la section est compétent pour l'éventail complet des croyances qui ont compté dans l'histoire de l'humanité. Ils sont donc censés être capables d'enseigner dans tous les domaines, ce qui nécessite d'avoir recours à des ouvrages classiques écrits par des spécialistes. On ne peut attendre d'un professeur qu'il ait une expérience de recherche dans plus d'un ou de quelques domaines d'importance. Bergman est l'un des meilleurs égyptologues de Suède et il est devenu également un islamisant remarquable. Il n'a jamais prétendu être un judaïsant, quoiqu'il ait également une grande expérience dans ce domaine aussi bien qu'en matière de recherche sur le christianisme, spécialement quant à l'exégèse du Nouveau Testament. Je pense que peu de professeurs dans notre université aujourd'hui peuvent se mesurer à Bergman sur le plan des connaissances générales. Les diplômés qui travaillent sous sa direction font de la recherche dans des secteurs très diversifiés, qui ne se limitent pas à l'islam et au judaïsme. Par exemple, l'un étudie la religion du Sameh, l'autre s'intéresse aux religions nordiques de l'antiquité. Quant aux autres professeurs, Einar Thomassen est avant tout un islamisant, alors que Kaarina Drynjeva se consacre aujourd'hui au sikhisme de l'Inde après avoir fait des recherches sur les premiers gnostiques. C'est le Dr Drynjeva qui enseigne à nos étudiants les religions non chrétiennes, judaïsme compris, dans un cours préparatoire d'insertion qui dure un an. Elle est très appréciée pour sa façon tout à la fois dynamique et sensible d'enseigner les différentes religions et s'est vue décerner en 1989 le prix de pédagogie de l'université d'Uppsala. En qualité de premier dans sa discipline, Bergman a la responsabilité pédagogique de l'ensemble et il enseigne dans différents secteurs selon la demande. Afin d'enrichir la matière enseignée, il arrive souvent que des personnes représentant différentes religions soient invitées à faire part de leurs expériences et de leurs façons de voir. Cela est arrivé souvent pour les cours de judaïsme. Qui plus est, pendant plusieurs années des cours de judaïsme ont été donnés par une enseignante juive fort appréciée. Bergman s'est lui-même beaucoup démené pour que la chaire de judaïsme revienne à Uppsala et il a été fort déçu qu'elle aille à Lund. Avec le peu de moyens financiers dont il pouvait disposer, il a fait l'impossible pour assurer au mieux les cours sur le judaïsme sous les angles les plus différents. Il n'y a jamais eu la moindre plainte contre sa façon d'enseigner de la part de ses étudiants. En fait, la campagne contre Bergman menée ces derniers temps n'a absolument rien à voir avec sa manière d'enseigner. Elle trouve son origine dans son témoignage à décharge au procès d'Ahmed Rami. Hakan Holmberg, du journal Uppsala Nya Tidning, fait appel dans ce débat à une bien vilaine technique quand il se contente de citer un certain nombre de déclarations antijuives extravagantes du livre de Rami en insinuant que Bergman y souscrit. Cette façon de faire est d'autant plus absurde qu'il est très facile de prouver que, dans sa déposition, Bergman a catégoriquement réfuté précisément ce genre d'allégations de la part de Rami. Il faut au moins rendre cette justice aux deux rabbins que, dans leur lettre à l'Université, ils s'en tiennent à ce que Bergman a vraiment dit au tribunal et qu'ils ne font de commentaires que sur ce point. Chose curieuse, ils apportent grâce à leur pièce jointe (sans y prendre garde) de


532 l'eau au moulin de Bergman dans son témoignage. Ils ont assez raison sur certains points, par exemple quand ils affirment que Bergman n'a pas cité littéralement certaines histoires racontées dans la bible hébraïque ou qu'il a eu du mal à se rappeler exactement la place de certaines citations dans les vastes commentaires du judaïsme. Mais conclure, comme le font les rabbins, que Bergman est incompétent en matière de recherche, est proprement insoutenable ! Être compétent en matière de recherche ne consiste pas à pouvoir apprendre par cœur ou à avoir la mémoire d'un ordinateur. Cela consiste en la connaissance acquise des méthodes adéquates permettant de résoudre les problèmes qui se présentent dans les différents domaines de la recherche ainsi qu'en la connaissance des sources et des ouvrages dérivés qui peuvent faciliter la recherche permanente du savoir. —V— «STIG STRÖMHOLM [VICE-PRÉSIDENT] AFFIRME : "AUCUNE MESURE NE SERA PRISE CONTRE LE PROFESSEUR BERGMAN"» (article paru dans l'Uppsala Nya Tidning du 9 mai 1990) par Sören Winge L'université d'Uppsala ne prendra aucune sorte de mesure contre le professeur Bergman de la faculté de théologie à l'égard des deux accusations portées contre lui pour ses déclarations sur le judaïsme. Dans tout enseignement on peut être amené, par manque de connaissance, à commettre des erreurs dans des faits et des expressions, ou à émettre un jugement douteux ou simplificateur. Traiter de ce genre d'inconvénients relève du débat scientifique, lequel reste toujours ouvert, libre et critique, et non pas de l'autorité administrative, a déclaré à propos de cette décision le vice-président de l'université, le professeur Stig Strömholm. Tel un juriste, le vice-président a examiné en détail la question dans le bureau des viceprésidents. La critique, qui a été soulevée à plusieurs reprises dans les pages de débat de l'Uppsala Nya Tidning, a été dirigée contre les déclarations du professeur Bergman, d'une part lors d'un procès intenté contre les programmes radiophoniques locaux de Radio Islam, d'autre part dans son enseignement, à l'université, de l'histoire de la religion, en particulier du judaïsme. Deux accusations L'une des lettres provenait du Bureau central des congrégations juives de Suède et était signée du Grand rabbin Morton H. Narrowe et du rabbin Robert L. Wolkoff. Tous deux critiquaient les déclarations de Bergman au cours du procès. A la fin de leur lettre, il était demandé que le professeur Bergman fût immédiatement relevé de toute responsabilité d'enseignement et de recherche en matière de judaïsme et de littérature juive. L'autre lettre était signée du Dr. Evan M. Zuesse, du Collège d'enseignement supérieur d'Australie-Méridionale, et critiquait à la fois son enseignement à l'université et sa prestation au cours du procès. Cette lettre demandait, elle aussi, explicitement que le professeur Bergman fût déchargé de tout cours sur le judaïsme. Depuis, le doyen de la faculté de théologie, le professeur Ragnar Holte, a fait, à la demande du vice-président, une déclaration dans laquelle il s'est exprimé sur la manière d'enseigner du professeur Bergman. Dans la charte de l'université, il n'existe pas de règle particulière qui définisse ce qu'un professeur doit ou non traiter pendant ses cours. Ses déclarations doivent par conséquent être


533 évaluées selon les mêmes critères que ceux qui s'appliquent aux autres citoyens suédois lorsqu'il s'agit d'incitation à l'égard de groupes ethniques. Rien de punissable Le vice-président de l'université d'Uppsala a examiné tous les éléments disponibles mais n'a rien trouvé nulle part à l'appui de l'idée selon laquelle le professeur Bergman aurait agi d'une manière quelconque tombant sous le coup de la loi. Quant à ce qu'il a pu déclarer en tant que personne privée au cours du procès en question, l'université n'a pas à en juger. — Nous avons longtemps hésité pour savoir si même nous devions nous prononcer sur ces accusations, a déclaré le professeur Strömholm. Nous nous y sommes enfin décidés, principalement pour insister sur la liberté de parole qui est garantie dans les universités. — Pour moi, il est absolument impossible d'éviter des erreurs de faits ou d'autres défauts lorsqu'on enseigne. Mais ce n'est certainement pas le rôle de la Commission universitaire de chercher à savoir si l'enseignant doit être puni ou non dans ces cas-là. On aboutirait à des conséquences déraisonnables. En conclusion — Pour ce qui concerne la présence du professeur Bergman comme témoin au procès, je tiens à souligner qu'il a agi là en tant que personne privée, même s'il a été appelé comme expert. — Je veux aussi faire remarquer qu'il y a là ce qu'on appelle une ingérence en matière légale. La loi pénale prévoit la protection des témoins. Les attaques violentes contre un témoin sont punissables par la loi. Le professeur Strömholm a en même temps souligné la situation très spéciale d'un procès. La personne appelée à témoigner n'a pas le choix du sujet. Elle doit répondre aux questions auxquelles elle préférerait ne pas répondre. Il peut y avoir un contre-interrogatoire, etc. Aujourd'hui l'université considère toute cette affaire comme close. Selon le vice-président, nul ne peut faire appel de cette décision. En conséquence, la présente décision ne prévoit pas d'appel, comme c'est normalement le cas en d'autres occurrences. — VI — LETTRE DU VICE-PRÉSIDENT AU RABBIN NORMAN SOLOMON (Uppsala, le 25 septembre 1990) Rabbin Dr Norman Solomon Centre for the Study of Judaism Selly Oak Colleges Birmingham B29 LQ (Grande-Bretagne) Cher Rabbin, J'ai reçu votre lettre du 18 septembre au sujet des cours du professeur Bergman. J'ai mis fin à «l'affaire Bergman» au printemps de cette année par une déclaration publique dans laquelle j'ai clairement fait savoir qu'une erreur de connaissance et d'appréciation peut aussi se produire dans des cours universitaires mais que — étant donné qu'on n'a pas prouvé que le professeur Bergman ait été, en quelque manière que ce soit, passible de sanction ou d'action disciplinaire — il appartient non pas aux autorités universitaires mais au débat public et à la libre critique de réagir contre d'éventuelles imperfections. J'ai la conviction que telle est la seule conduite à adopter si l'on veut respecter la liberté de la recherche. Croyez à l'expression de mes sentiments les meilleurs,


534 Sincèrement vôtre Stig Strömholm Vice-président de l'Université d'Uppsala Président de l'Académie royale suédoise des Lettres, d'Histoire et d'Antiquité * L'Université d'Uppsala n'est pas au bout de ses peines. Ses adversaires reviendront à la charge. Sa fermeté lui a permis d'éviter le pire, par exemple, la suspension au moins partielle de l'enseignement du professeur Bergman. Si elle reste ferme, elle se tirera d'affaire ; si elle commence à plier le genou, elle sera mise à genoux. 1. Israel Shahak appartient à la gauche israélienne libertaire ; il est président de la Ligue des Droits de l'homme en Israël. Revue d'Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 107-135


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OÙ SONT LES TRACES DE MILLIONS DE BRÛLÉS ? Célestin Loos Nous allons parler ici, mais incidemment, d'une question historique très controversée : la disparition des membres de la famille impériale russe et de leur entourage, le 17 juillet 1918, à Ekaterinburg. Insistons sur l'adverbe incidemment, car il doit être bien compris que nous ne voulons en aucune manière prendre part au débat, d'ailleurs passionnant, sur le fond de cette question. Notre intention est de nous limiter à un aspect accessoire de l'instruction judiciaire, qui s'est signalé à notre attention par la lecture d'une enquête menée sur le sujet par deux journalistes anglais, il y a quelque quinze ans, Anthony Summers et Tom Mangold [1]. Dans un livre où ils rapportent leurs travaux de recherche et leurs résultats sur cet événement, les journalistes anglais racontent que, parmi les énigmes qu'ils devaient forcément rencontrer, il en était certaines où la médecine légale avait son mot à dire. Sans entrer dans le détail, disons seulement que, depuis la disparition des illustres prisonniers et la nouvelle de leur exécution, jamais on n'a pu produire le cadavre d'aucune des onze personnes manquantes. Certes, ce point lui-même — de l'absence de cadavre — est contesté, dans cette affaire embrouillée, mais, pour notre sujet, il n'est pas de première importance. Nous voulons retenir ici seulement le fait que, lors des enquêtes, à tort ou à raison, cette absence a été tenue pour réelle et qu'il a fallu en rendre compte. L'une des explications, qui a trouvé des défenseurs dans l'un et l'autre camps — communiste et anticommuniste —, fut évidemment que les corps auraient été incinérés, voire que les restes de l'incinération auraient pu être, de plus, dissous par l'acide sulfurique et ainsi détruits sans laisser de traces. Pour mesurer le bien-fondé de cette réponse à l'objection, Summers et Mangold se sont adressés à des autorités médicales. Ils le relatent au début de leur treizième chapitre. Ils n'ignoraient pas que, comme ils l'écrivent, «la médecine légale, en tant que science, a[vait] suivi le pas de la technologie». Ils firent donc principalement appel, pour leur gouverne, à une sommité, en la circonstance le docteur Francis Camps, professeur de pathologie clinique, attaché depuis trente ans au ministère anglais de l'Intérieur. Ainsi sa carrière avait-elle précisément couvert la période du fructueux progrès, si profitable à la médecine légale. Pour nous s'ajoute ici le fait que le Dr Camps est intervenu dans une affaire qui ne comportait, pour lui tout au moins, aucun élément passionnel et qu'il ne pouvait raisonnablement pas avoir été l'objet de pressions quelconques pour tenter d'influencer son avis. Le maximum de garantie nous étant ainsi offert de disposer d'une expertise impartiale, il nous a semblé possible d'utiliser cette expertise sur le terrain beaucoup plus délicat du révisionnisme historique, plus particulièrement pour le cas des prétendues victimes de l'extermination dans les camps de concentration allemands. Voici donc en quels termes Summers et Mangold rendent compte des travaux du Dr Camps : L'absence totale de cadavres dans l'affaire des Romanov demeure comme une lacune béante contre l'action publique, mais cela ne semblait pas incommoder autrement Sokolov [le juge désigné pour mener, au nom de l'armée des Russes blancs, c'est-à-dire anticommuniste, commandée par le général Koltchak, la deuxième enquête sur la disparition des Romanov]. Il admit que les bolcheviques avaient pu détruire les onze corps en l'espace de deux jours et deux nuits, et les détruire totalement, moyennant d'abondantes quantités de pétrole et d'acide. Ce que refuse d'admettre le professeur Camps, en disant qu'il s'agit là d'une totale impossibilité. Il explique, en se fondant sur sa vaste expérience, que le corps humain est extrêmement peu combustible. Pour illustrer la question, il nous a montré des photographies provenant de son petit musée des horreurs personnel. La première était celle d'une femme dont le cadavre avait été abondamment enduit de paraffine, puis enflammé. Ce qui en résulta, bien qu'horrible à voir, permettait de distinguer clairement encore l'apparence d'un corps de femme. Le professeur


536 expliquait le processus comme suit : le cadavre commence par charbonner et le fait même de charbonner protège le reste du corps de la destruction. Il nous montra d'autres photos encore, l'une d'une femme qui avait été plusieurs fois imbibée de pétrole pour brûler alors durant un long laps de temps ; et une autre d'un cadavre qui avait été soumis à une chaleur intense dans une voiture en feu. Dans les deux cas, les cadavres gardaient une forme humaine reconnaissable. Mais que dire de la crémation ? Là certainement, en quelques minutes, le corps doit être réduit en une poignée de cendres ? Le professeur répondit qu'il en allait tout différemment. Dans la crémation moderne, on travaille dans des conditions parfaitement gérées, de manière en quelque sorte clinique, traitant un cas à la fois, dans des fours formant des systèmes clos, alimentés par d'énormes quantités de chaleur produites par combustion gazeuse. Quant aux bûchers funéraires des hindous, le professeur nous enleva nos illusions à propos des cendres que l'on répand en surface sur les eaux du Gange. Il nous apprit, en effet, que ce sont fréquemment des débris importants de cadavres carbonisés que l'on jette dans le fleuve sacré, ce qui crée un sérieux casse-tête aux autorités indiennes chargées de l'hygiène publique. Le professeur Camps a réfuté aussi la théorie de Sokolov tenant que l'acide sulfurique aurait pu servir utilement à se débarrasser des restes consumés des Romanov, une fois qu'ils eussent été brûlés. Son avis est encore confirmé par le Dr Edward Rich, de l'Académie militaire américaine de West Point, qui écrivait ceci : «En trois jours [les Bolcheviques n'ont disposé que de deux jours pleins] il est impossible de détruire les cadavres de onze adultes ou adolescents. Le feu détruirait une partie de la musculature, ainsi que l'épiderme, les cheveux et les poils et les tissus externes. En les arrosant d'acide, sans plus, on ne causerait pas d'autre dommage qu'une détérioration superficielle. […] à l'université de l'Indiana, nous avons essayé de dissoudre plusieurs spécimens d'ossements. En l'espèce, des os de mouton et de bœuf, et nous y avions même ajouté des os de chat pour la circonstance. Bien que finalement nous n'ayons pas obtenu autre chose qu'un peu ragoûtant magma au fond de la cornue, il nous fallut plus de trois jours pour en arriver là. Jamais nous ne sommes parvenus à les dissoudre complètement.» Mangold : Y avait-il encore, au bout de tout cela, suffisamment d'aspect osseux pour qu'on le reconnaisse comme tel ? Dr Rich : Oui. Mangold : Je veux dire, est-ce que cela s'effritait au moindre contact, par exemple ? Dr Rich : C'était une sensation plutôt désagréable… Certaines parties restaient consistantes et d'autres s'effritaient. Mangold : Pensez-vous alors qu'on pourrait vraiment faire disparaître la structure essentielle des ossements en les soumettant à l'acide ? Dr Rich : S'il y a assez d'acide, et un récipient suffisamment grand pour les contenir, semblable à la marmite des cannibales, on pourrait peut-être les dissoudre. Mais vous n'y arriveriez pas en trois jours. L'expérience — le Dr Rich insistait sur ce point — avait eu lieu dans un laboratoire moderne et l'immersion des os dans l'acide avait été totale ; d'après lui, il était hors de question que de telles conditions pussent être reproduites dans une clairière au milieu de la forêt. Néanmoins, nous avons demandé d'examiner deux rapports sur la technique d'élimination, prétendument déposés, des années plus tard, par les commissaires Yermakov et Voïkov : l'un et l'autre rapports, comme nous le verrons, se révélèrent être des faux, mais il est significatif de voir comment ils décrivent le mode opératoire quant au pétrole et à l'acide. On attribue à Voïkov cette déposition : «Lorsque fut préparé, à côté du puits de mine, l'immense tas


537 de débris et de morceaux de corps humains — des tronçons de bras, de jambes, et des têtes — on arrosa le tout abondamment de pétrole et d'acide sulfurique et on y mit le feu. Il brûla pendant 48 heures.» On fait dire au rapport attribué à Yermakov : «[…] nous avons construit un bûcher funéraire au moyen de grosses bûches capables de supporter le poids des corps disposés en deux couches. Nous avons répandu sur ceux-ci cinq seaux d'essence et deux d'acide sulfurique, puis nous avons mis le feu aux bûches. Grâce à l'essence le tout brûla rapidement. Mais je restai sur place et veillai que pas un ongle, pas une esquille d'os ne restassent imbrûlés.» On ne peut pas croire un mot de tout cela. Le professeur Camps et le Dr Rich affirment l'un et l'autre que le mélange de pétrole et d'acide est dangereux et que les effets des composants sont antagoniques. Porté à incandescence, l'acide sulfurique projette des étincelles et émet des vapeurs fort dangereuses. En raison de la situation du puits de mine, le mélange aurait bien pu brûler un instant mais aurait fini par se perdre dans le sol. Enfin, l'anomalie, de toutes scientifiquement la plus criante, est qu'on n'ait retrouvé absolument aucune dent humaine. Les dents sont le seul élément du corps humain à être pratiquement indestructible, et il se fait dès lors qu'elles constituent la pièce à conviction par excellence pour toute identification. […] le Dr Rich l'a démontré dans une autre de ses expériences. Il a essayé de dissoudre des dents en les immergeant dans l'acide sulfurique, non pendant deux jours, mais pendant trois semaines entières. Au sortir de la capsule, elles avaient pleinement conservé leur aspect de dents. De tout cela, il est permis de retenir quelques considérations se rapportant à un meurtre multiple mais réduit tout de même à onze disparus dont il n'a jamais été possible de retrouver les restes. De cette carence essentielle — de l'absence de tout cadavre —, on a essayé de fournir diverses explications, mais ces explications n'expliquent rien. On dit d'abord que l'on a fait disparaître onze corps par le feu. Ici, nous avons des experts, qui n'ont pas été réfutés, à ce que l'on sache, et qui nous confirment au nom de leur science que le feu ordinaire ne détruit que très difficilement les restes humains. Nous appelons un feu ordinaire celui qui peut être obtenu avec des combustibles habituels, enflammés par contact, comme dans la pratique domestique, voire dans les incendies d'une étendue commune, de quelques mètres carrés en surface au sol et de quelques mètres cubes en volume. Il est vraiment exceptionnel, même dans les circonstances extraordinaires du bombardement atomique ou des bombardements incendiaires de villes entières, comme ceux des villes allemandes et japonaises au cours de la seconde guerre mondiale, que tous les cadavres d'un périmètre donné aient disparu intégralement. C'est donc ce caractère de totalité dans la disparition qui apparaît une fois de plus comme impossible à la lumière des explications fournies par le professeur Camps et le Dr Rich. Nous sommes donc autorisés, dans tous les sens de ce terme, à rester sceptiques sur les moyens censés rendre raison d'une stupéfiante absence : celle de la quasi-totalité des cadavres qui auraient dû résulter de prétendus massacres de masse dans les camps dits «d'extermination». En vain évoquera-t-on le souvenir de fosses communes où l'on ensevelissait les restes émaciés des typhiques de Bergen-Belsen ou encore les charniers d'autres camps. Pour tragiques qu'elles soient, ces images se rapportent à des situations heureusement exceptionnelles, toutes survenues au cours des derniers mois du conflit, dans une Allemagne d'apocalypse où les bombardements alliés détruisaient les entrepôts de vivres ou de médicaments, les usines, les moyens de transport, les canalisations d'eau et où les paysans euxmêmes, travaillant dans leurs champs, étaient une cible de choix des aviateurs alliés. Ces images sont, au moins en nombre, sans commune mesure avec ces autres dépouilles que l'on aurait dû retirer par centaines de milliers, voire par millions, des lieux d'exécution de masse. Ce sont toutes celles-ci qui se seraient volatilisées et c'est pour leur disparition que l'on avance le moyen que nous attaquons : elles auraient été détruites par le feu. Il n'est pas raisonnable de


538 l'accepter, surtout quand on évoque, pour venir à la rescousse de crématoires en nombre insuffisant, les bûchers de plein air et les gigantesques grils dont le feu, nous dit-on, ne s'éteignait jamais et sur lesquels disparaissaient en fumée, à longueur de journée, les myriades de cadavres empilés. Une combustion complète, de n'importe quel combustible, exige toujours du comburant en excès. C'est une condition technique élémentaire. Faute de quoi, les produits de la combustion incomplète forment bientôt un écran thermique ainsi qu'une barrière chimique, et ils interrompent la réaction. Le combustible, s'il s'agit d'un solide, est enrobé dans une gangue d'imbrûlés ; la flamme disparaît ; on dit que le combustible charbonne. C'est pourquoi, tant pour les crématoires que pour tout autre type de four à combustion, l'apport de comburant — ici l'air — est assuré par ventilation forcée. Tout cela tombe sous le sens, et l'on voit que des journalistes ont pu en parler à la télévision britannique sans s'attirer aucune réprimande. On devrait donc pouvoir affirmer tout aussi sereinement les mêmes évidences à propos de tout autre cas d'espèce. La question de l'indestructibilité des dents est intéressante. Tous les stomatologues la connaissent. Elle non plus n'est pas une nouveauté pour la médecine légale. Mais le fait est que l'on ne parle généralement pas d'appliquer cette constatation élémentaire à la question de l'«Holocauste» des juifs. Quand les Alliés se sont emparés des camps de concentration allemands de l'Ouest, ils y ont certes trouvé, en plus des malades, des moribonds et des prisonniers en bonne santé, des milliers de cadavres de victimes du typhus ou de la dysenterie. Ils ont aussi, comme à BergenBelsen, rouvert les charniers, dénombré les morts et réenseveli ces morts dans de vastes fosses communes ; une image reste dans les esprits : celle de ce bulldozer, conduit par un soldat britannique, qui repousse des cadavres dans une fosse où le Dr Klein, médecin du camp, visiblement roué de coups par ses vainqueurs, sera contraint de prendre la pose sur l'amas de «ses» victimes. Mais tout cela laisse sans explication une anomalie de taille : on n'a pas, par ailleurs, découvert de trace de millions d'autres prisonniers, en particulier juifs, qui auraient été brûlés par les Allemands à ciel ouvert, sur d'immenses bûchers. Or, comme on le voit incidemment par la lecture de l'ouvrage d'Anthony Summers et de Tom Mangold, ces millions de cadavres auraient nécessairement laissé des millions de traces. Et puis, enfin, où donc étaient les immenses forêts qu'il aurait fallu dévaster pour fournir les bûchers constitués de piles de bois entreposés, séchés, transportés ? Où donc étaient les gigantesques entrepôts de carburants divers qui, dans une Allemagne à court de tout, auraient fourni à profusion une matière première qui manquait si cruellement à l'industrie et à l'armée allemande, toutes armes confondues : l'armée de terre, l'aviation, la marine ? 1. Anthony Summers & Tom Mangold : The File on the Tsar [Le dossier sur le Tzar], Victor Gollancz Ltd., Londres, 1976. Les passages auxquels nous allons nous référer sont pris dans les pages 146 et suivantes. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p.136-142


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LA CONTRE-EXPERTISE DE CRACOVIE Pierre Marais Dans notre dernière livraison de la R.H.R. (p. 101-104), nous avions signalé que, mues par le désir de répliquer à l'Américain Fred Leuchter, les autorités du Musée d'Auschwitz avaient commandé une sorte de contre-expertise à l'Institut d'expertises médico-légales de Cracovie. Mal leur a en pris. Le moins qu'on puisse dire est que la contre-expertise de Cracovie tend à confirmer l'expertise américaine des prétendues chambres à gaz d'Auschwitz et de Birkenau. Nous sommes aujourd'hui en mesure de livrer à nos lecteurs une traduction de cette sensationnelle «contre-expertise». Nous la devons à un expert-traducteur-juré près la cour d'appel de Versailles, spécialiste de polonais. Voici donc cette traduction d'un texte quelque peu confus où se marque bien l'embarras de toxicologues et de chimistes qui ont découvert le contraire de ce qu'ils espéraient découvrir. Selon l'usage qui régit la traduction des textes techniques, nous tenons à prévenir nos lecteurs que seule la version originale, qui est en polonais, peut faire foi, sinon auprès des tribunaux, du moins pour l'histoire. * INSTITUT D'EXPERTISES JUDICIAIRES PROFESSEUR JAN SEHN DE CRACOVIE DEPARTEMENT DE TOXICOLOGIE LEGALE Westerplatte 9, code : 31-033 / Tél. : 505-44, 592-24, 287-50 / Télex : 0325213 EKSAD Cracovie, 24 septembre 1990 Réf. : 720/90 Au Musée d'État d'Auschwitz-Birkenau Concerne : Dossier n° I-8523/51/1860/89 L'Institut d'Expertises Judiciaires «Pr Jan Sehn» de Cracovie soumet un avis élaboré par les Experts judiciaires suivants : le Pr Jan Markiewicz, le Dr Wojciech Gubala, Jerzy Labedz, ingénieur, Beata Trzcinska. Compte tenu des publications présentées et des avis émis en Occident au cours de procédures judiciaires, selon lesquels le gaz Zyklon B n'avait pas été utilisé dans le camp de concentration d'Auschwitz pour exterminer les gens, le Musée d'Auschwitz a demandé de procéder à l'analyse d'échantillons d'enduit des murs des chambres à gaz afin de détecter la présence de cyanure d'hydrogène. Suite à des décisions convenues par écrit et par téléphone, une équipe de collaborateurs de l'Institut d'Expertises Judiciaires, représentée par le Dr Wojciech Gubala et M. J. Labedz, ingénieur, s'est rendue le 20.2.1990 dans le camp — Musée d'Auschwitz-Birkenau — en vue de prélever des matériaux pour analyse, visant à rechercher la présence éventuelle de composés d'acide cyanhydrique. Des matériaux, essentiellement sous forme d'enduit et de fragments de briques des locaux du Bloc 3 et du Crématorium 1 d'Auschwitz ainsi que des Crématoriums 2, 3 et 5 de Birkenau ont été prélevés et enregistrés au procès-verbal en présence du Dr. Franciszek Piper, Conservateur en chef du Musée, et des échantillons d'enduit du Bloc 11 d'Auschwitz ont été prélevés en présence de M. Piotr Setkiewicz, collaborateur dudit Musée. Au total, il a été procédé au prélèvement de 22 échantillons sur matériaux, dont 2 échantillons de contrôle provenant d'endroits éloignés de ceux supposés avoir été en contact du cyanure d'hydrogène.


540 Parmi 20 échantillons, 10 provenaient des locaux du Bloc 3 d'Auschwitz (locaux n° 1, 2, 3 et 4), où on procédait à la désinsectisation des vêtements des prisonniers avec utilisation du mélange Zyklon B. D'après les renseignements obtenus, ces locaux auraient été peints pendant la guerre. Par endroits apparaissaient sous la peinture des murs des dépôts légèrement colorés en bleu-bleu foncé. Les 5 échantillons suivants ont été prélevés dans les décombres de la chambre à gaz du Crématorium 2 de Birkenau et 1 échantillon dans les décombres du Crématorium 5 et un autre sur les murs du Crématorium 1 d'Auschwitz. On n'a pas prélevé d'échantillons dans les décombres du Crématorium 4, car les éléments de 30-40 cm de hauteur qui en restent ont été reconstruits après la guerre. En outre, il a été remis aux collaborateurs de l'Institut d'Expertises Judiciaires mentionnés ci-dessus une enveloppe contenant environ 150 g de cheveux humains (sous la désignation PMO II-6-476), prélevés par un collaborateur du Musée ainsi que 4 morceaux d'étoffe de crin, également prélevés par un collaborateur du Musée (PMO-II-6-477 à 480). Chaque échantillon desdits matériaux (enduit, brique, cheveux et étoffe de crin) ont été émiettés et placés dans des chambres à micro-diffusion. Ensuite, ces échantillons ont été traités à l'acide sulfurique et exposés à la diffusion dans des chambres Conway pendant 24 heures à la température ambiante. Les vapeurs et les gaz se dégageant dans ces conditions ont été absorbés dans une solution d'hydroxyde de sodium. Après la diffusion, on a réalisé une réaction colorée avec un réactif composé de pyridine et de pyrazole) et l'intensité de la couleur ainsi obtenue a été mesurée par spectrophotométrie (630 nm). La concentration correspondante du composé de cyanogène a été déterminée sur la base d'une courbe de calibrage qui a été contrôlée dans chaque série de mesures à l'aide d'un étalon préétabli. Résultat Parmi les 10 échantillons prélevés dans les locaux du Bloc 3 où on procédait aux opérations de désinsectisation avec le mélange Zyklon B, 7 échantillons ont révélé la présence de composés dérivés de l'acide cyanhydrique dans une concentration de 9 à 147 microgrammes pour 100 g de matériau après conversion en cyanure de potassium, qui avait été utilisé comme étalon de référence dans l'établissement de la courbe de calibrage. Concentration des cyanures dans les matériaux analysés Concentration des cyanures par conversion Numéro d'échantillon d'après procès-verbal en cyanure de potassium (microgramme/100 g du 20 février 1990 de matériaux) Echantillon Echantillon Echantillon Echantillon Echantillon Echantillon Echantillon Echantillon n° 15

n° n° n° n° n° n° n°

1 2 7 8 9 10 11

17 9 19 35 101 132 147 6

Remarque : La présence des cyanures dans les autres échantillons prélevés n'a pas été constatée.


541 Tous les échantillons positifs ont été soumis ensuite à une analyse spectrophotométrique à l'infrarouge par un spectrophotomètre F TS 15 B de marque «Digilab». L'analyse effectuée par cette méthode a révélé dans 5 échantillons la présence de bandes de cyanogène à une fréquence de 2000 – 2200 cm-¹ Les 5 échantillons «positifs» d'enduit qui ont été analysés ont révélé un dépôt bleuâtre plus ou moins apparent. Un tel dépôt peut provenir de combinaisons complexes de cyanures avec des composés ferreux et connues sous le nom de «bleu de Prusse». Parmi les échantillons prélevés dans les chambres à gaz des Crématoriums 1, 2, 3 et 5, seul l'échantillon n° 15 prélevé sur une colonne intérieure dans les décombres de la chambre à gaz du Crématorium 2 de Birkenau contenait une trace infime de composés de cyanures (6 mg/100 g d'enduit). L'analyse des échantillons de cheveux et d'étoffe de crin a donné des résultats négatifs. Des résultats également négatifs ont été aussi obtenus à l'analyse des 2 échantillons de contrôle. Le 18.07.1990, le Dr. W. Gubala s'est à nouveau rendu sur le terrain de l'ancien camp d'Auschwitz et a prélevé à nouveau 7 échantillons d'enduit dans les endroits où la présence de composés d'acide cyanhydrique a été révélée par la méthode d'analyse chimique. Ces matériaux ont été à nouveau soumis à une analyse selon les modalités définies ci-dessus, donnant à nouveau des résultats positifs. Le cyanure d'hydrogène (HCN) qui se dégage du mélange Zyklon B est un liquide dont la température d'ébullition est d'environ 27°C. Il a un caractère acide et avec les métaux il forme donc des sels, appelés cyanures. Les sels de métaux alcalins (p. ex. de sodium et de potassium) sont solubles dans l'eau. Le cyanure d'hydrogène est un acide très faible et par conséquent ses sels se décomposent facilement en présence d'acides plus forts. C'est même le cas de l'acide carbonique qui se forme par la réaction du bioxyde de carbone et de l'eau. Les acides plus forts comme par ex. l'acide sulfurique décomposent les cyanures plus facilement. Les combinaisons complexes d'ions de cyanure avec des métaux lourds sont plus résistantes. Parmi celles-ci se trouve par ex. le bleu de Prusse déjà nommé, mais lui aussi se décompose lentement dans l'environnement acide. Aussi était-il difficile de s'attendre à ce qu'après une période de 45 ans puissent se conserver des composés dérivés de l'acide cyanhydrique dans des matériaux de construction (enduit, brique), exposés à l'action des facteurs atmosphériques (précipitations, oxydes acides — notamment ceux du soufre et de l'azote). L'analyse d'enduit prélevé dans des locaux fermés, non exposés aux effets des précipitations (y compris des pluies acides) pouvait présenter plus de probabilité. Ainsi les résultats des analyses des enduits prélevés dans des locaux du Bloc 3 ont-ils révélé la présence de composés dérivés de l'acide cyanhydrique quoique en très petites quantités. Ces résultats ont confirmé les renseignements déjà signalés, selon lesquels des mélanges de cyanogène, par ex. de Zyklon B, ont été utilisés dans les locaux du Bloc 3 pour désinsectisation. La découverte de composés de cyanogène dans des matériaux exposés à l'action des facteurs atmosphériques ne peut aboutir que par hasard. L'examen macro- et microscopique de l'étoffe de crin obtenue (PMO-II-6-477 à 480) a révélé dans sa trame la présence de cheveux ayant les caractéristiques des cheveux humains — photos 1, 2 et 3. Photo 1. — étoffe de crin Photo 2. — étoffe de crin Photo 3. — poils d'étoffe de crin


542 P – par comparaison, cheveux humains. Les Experts judiciaires : Signature : Jerzy Labedz, ing. / Spécialiste des analyses techniques Signature : Dr. Wojciech Gubala / Chef du Laboratoire d'analyses d'alcools Signature : Beata Trzcinska / Assistante en chef * Dans l'expertise Leuchter (voy. A.H.R., été-automne 1988, p. 51-102), les résultats du laboratoire américain [1] sont exprimés en milligrammes par kilo tandis que, dans la «contreexpertise» de Cracovie, les résultats sont exprimés en milligrammes pour 100 grammes. Si l'on effectue la transformation nécessaire, on s'aperçoit que les Polonais ont trouvé encore moins de cyanure que l'Américain dans les prétendues chambres à gaz homicides ! Les échantillons prélevés par ce dernier avaient fourni des quantités comprises entre 0 et 7,9 mg/kg, cependant que les échantillons prélevés par les Polonais fournissent des teneurs comprises entre 0 et 0,06 mg/kg. A vrai dire, les Polonais n'ont même découvert cette quantité de 0,06 mg/kg que dans un seul de leurs échantillons tandis que, dans le reste, ils n'ont trouvé aucune trace de cyanure (rappelons, pour mémoire, que ces infimes quantités de cyanure peuvent être dues à de banales opérations de désinfection au Zyklon B). Passons aux échantillons prélevés dans les chambres à gaz de désinfection. F. Leuchter n'avait prélevé qu'un échantillon et le résultat de l'analyse était spectaculaire : 1 050 mg/kg de cyanure. Les Polonais ont prélevé plusieurs échantillons et les résultats sont modestes : de 0,09 à 1,47 mg/kg. L'explication de la différence est la suivante : soucieux d'authenticité, F. Leuchter avait prélevé son échantillon à Birkenau dans une chambre à gaz de désinfection en état d'origine, tandis que les Polonais ont prélevé leurs échantillons à Auschwitz dans des locaux qui, après avoir servi de chambres à gaz de désinfection, ont été affectés par les Allemands à d'autres usages ; entre-temps, les murs avaient été grattés et repeints ! Les Polonais le savent puisqu'ils écrivent : D'après les renseignements obtenus, ces locaux auraient été peints pendant la guerre. Par endroits apparaissaient [en 1990] sous la peinture des murs des dépôts légèrement colorés en bleu/bleu foncé. Pourquoi les Polonais, qui disposaient de chambres à gaz de désinfection en état d'origine sont-ils allés examiner des chambres à gaz de désinfection qui n'étaient plus en état d'origine ? Pourquoi, sinon pour avoir quelque chance de découvrir beaucoup moins de cyanure et, donc, pour atténuer l'extraordinaire différence de traces de cyanure découvertes par F. Leuchter : des traces nulles ou infimes là où on était censé avoir tué des hommes (par centaines de milliers ou par millions) et des traces considérables là où l'on avait tué des poux ? Enfin, les Polonais cherchent à donner le change lorsqu'ils soutiennent qu' «après une période de 45 ans» il était difficile de s'attendre à trouver d'importantes traces de cyanure, vu notamment «l'action des facteurs atmosphériques». Ces facteurs exercent si peu d'influence sur la formation et le maintien des ferro-cyanures qu'aujourd'hui encore le visiteur attentif du camp de Birkenau peut noter à l'extérieur de telle chambre à gaz de désinfection des traces bleuâtres, prouvant que le cyanure a en quelque sorte «transpiré» de l'intérieur vers l'extérieur ; ces traces se trouvent toujours là, exposées aux intempéries et aux «facteurs atmosphériques». JeanClaude Pressac lui-même en reproduit la photographie, commentée, dans son ouvrage Auschwitz, Technique and Operation of the Gas Chambers [2]; à la page 53, il mentionne, à propos des chambres à gaz de désinfection répertoriées BW5a et BW5b, ce qu'il appelle le «phénomène du mur bleu» et, à la page 59, la photo n° 6 montre ces traces de cyanure sur le mur extérieur de la chambre à gaz de désinfection BW5b.


543 Aux dernières nouvelles, les autorités du Musée d'Auschwitz envisageraient la possibilité d'une autre expertise. Pour notre part, nous sommes en mesure d'annoncer que l'expertise Leuchter recevra cette année deux confirmations, provenant l'une d'Autriche et l'autre d'Allemagne [voy., ci-dessous, «L'Expertise de Vienne», p. 151]. 1. Alpha Analytical Laboratories, Ashland, Massachussetts, USA. (2) Pour le compte rendu de cet ouvrage, voy. R. Faurisson, «Bricolage et "Gazouillages" à Auschwitz et à Birkenau selon J.C. Pressac», R.H.R. n° 3, novembre 1990, p. 65-154. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 143-150


544

L'EXPERTISE DE VIENNE («DES DOUTES SUBSTANTIELS») Catherine Paulet L'Autriche est, avec l'Allemagne et la Suède, le pays où le révisionnisme historique accomplit depuis quelques années le plus de progrès. On en jugera par un développement inattendu de l'affaire Honsik (du nom du révisionniste Gerd Honsik en butte à une redoutable persécution judiciaire). Pour la première fois au monde, un juge, du nom de Stockhammer, chargé de juger G. Honsik pour un écrit sur le mythe des «chambres à gaz» (voy. la rubrique «Le révisionnisme à travers le monde» — Autriche — dans nos quatre précédentes livraisons), décidait de faire appel à un expert sur la question de l'extermination des juifs à Auschwitz par le gaz. La suite est surprenante. Le 28 janvier 1987, le juge Stockhammer, du tribunal de Vienne, désignait comme expert Gerhard Jagschitz, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Vienne. Il chargeait ce dernier de rédiger un rapport sur «la question de l'extermination d'êtres humains ainsi que sur l'existence de chambres à gaz à Auschwitz» (formulation légèrement modifiée dans une instruction ultérieure du 4 septembre 1987). Le professeur se mettait aussitôt à l'ouvrage. Quatre ans plus tard, il n'avait toujours pas remis ses conclusions. Le 10 janvier 1991, il s'adressait au tribunal pour lui faire part des obstacles rencontrés et pour demander un sursis. Dans un rapport (Bericht) de quatre pages — dont copie nous est parvenue — il confiait au juge qu'il se trouvait devant tout un ensemble de difficultés (une «problématique») : 1. Les objections soulevées par les révisionnistes contre la version jusqu'ici admise dans la «littérature actuelle» étaient sérieuses ; 2. Ladite littérature [holocaustique — NDLR] se composait d'ouvrages scientifiques en nombre relativement restreint ; 3. Cette même littérature était surtout composée de mémoires personnels et de compilations de caractère non scientifique ; 4. Cette littérature était riche de contradictions, de plagiats, d'omissions de sources ou d'indications incomplètes des sources ; 5. Dans des procès dits «d'Auschwitz», on avait été conduit à acquitter des personnes accusées d'avoir gazé des juifs (allusion transparente au procès de Walter Dejaco et de Fritz Ertl en 1972 à Vienne d'où il était ressorti, pour tout observateur de bonne foi, que, si ces deux architectes et constructeurs des crématoires d'Auschwitz-Birkenau avaient bâti des chambres à gaz homicides, aucune dénégation n'aurait été possible et on aurait découvert mille preuves ; les prétendues «preuves» jusqu'ici invoquées s'étaient révélées sans valeur) ; 6. Dans des procès en Autriche et dans d'autres pays, on avait présenté des expertises allant contre la thèse officielle (allusion transparente, notamment, à l'expertise de Fred Leuchter pour le compte d'Ernst Zündel au procès de Toronto, en 1988) ; 7. Tout cela renforçait des doutes substantiels sur des questions fondamentales (substantielle Zweifel an grundlegenden Fragen) ; 8. En conséquence, il n'était plus possible pour le tribunal d'un état de droit de déclarer, comme on l'avait fait jusqu'ici, que l'extermination d'êtres humains par le gaz et l'existence de chambres à gaz à Auschwitz étaient «de notoriété publique» ; 9. Il fallait une expertise complète pour se prononcer sur la réalité ou non de cette extermination et de ces gazages [1].


545 Le professeur poursuivait en fournissant une liste impressionnante de fonds d'archives consultés ou encore à consulter. Il demandait un complément de crédits pour achever un travail qu'il espérait remettre au tribunal dans le courant de l'année 1992. Prenant connaissance de ce rapport, le professeur Faurisson adressait en allemand, le 5 avril 1991, la lettre suivante à son collègue de Vienne : Monsieur le Professeur et cher collègue, C'est avec intérêt que j'ai pris connaissance de votre lettre du 10 janvier 1991 à Mr Stockhammer, du Tribunal de Vienne, en ce qui concerne l'affaire Gerd Honsik. Laissez-moi vous dire, avec tout le respect qui peut vous être dû, que vous perdez malheureusement votre temps et, par voie de conséquence, l'argent du contribuable autrichien à rechercher une preuve de l'existence soit d'une politique de destruction physique des juifs durant le IIIe Reich, soit d'une seule chambre à gaz hitlérienne. Ni ce crime spécifique, ni l'arme spécifique de ce crime spécifique n'ont existé. Il ne s'agit là que d'un bobard de guerre et même, pour être plus précis, que du produit de recyclage, pendant la seconde guerre mondiale, d'un bobard de guerre de la première guerre mondiale. Pendant la première guerre mondiale, on croyait, même à Berlin (!), que les Bulgares avaient une politique de destruction physique des Serbes et que, de façon systématique, ils conduisaient les Serbes, sous prétexte d'hygiène, dans des établissements d'épouillage et que là ils les éliminaient par gaz : [Le Secrétaire d'État Richard von Kühlmann] me relate comment ils [les Bulgares] «liquident» les Serbes de façon administrative ; sous prétexte d'hygiène on mène ces derniers dans des établissements d'épouillage et, là, on les élimine par gaz (Berhard Guttmann, Schattenriss einer Generation (18881919) [Esquisse d'une génération] (Berlin, 20 novembre 1917), Stuttgart, K.F. Koehler Verlag, 1950, p. 146). Dès le début des années 1920, on a reconnu qu'il s'agissait là d'un produit de la propagande de guerre et de haine. C'est ce produit, faisandé et avarié, qui a été recyclé à partir de 1941 par la propagande de guerre de la seconde guerre mondiale. Je refuse pour ma part de consommer et de propager ce produit infect, vieux de plus de 70 ans. Voyez également Walter Laqueur, The Terrible Secret, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1980, p. 9, sur les 700 000 Serbes «gazés» de 1916 devenus les 700 000 juifs «gazés» de 1942, et cela dans le même journal : le Daily Telegraph ! Je me permets de vous signaler une faute de méthode. Vous ne commencez pas par le commencement. Il faut d'abord aller examiner sur place la prétendue arme du crime. Il faut visiter les prétendues chambres à gaz, que celles-ci soient réputées «en état d'origine» ou «à l'état de ruines» (des ruines sont toujours parlantes). Vous ne pouvez pas vous en remettre à un collègue chimiste du soin d'examiner les lieux du crime mais vous devez le faire vous-même. Si vous le faites et si vous avez la moindre idée de ce que pourrait être une chambre à gaz pour l'exécution de centaines ou de milliers de personnes, vous vous rendrez compte instantanément que les locaux présentés abusivement comme des chambres à gaz homicides ne peuvent pas avoir été de telles usines de mort et cela pour des raisons physiques et chimiques de pur sens commun. Il ne faut pas confondre les gazages suicidaires ou accidentels avec les gazages d'exécution. De toutes les armes, le gaz est la moins maniable. Voyez le nombre d'accidents ou de désastres dus aux gaz les plus communs comme le CO. Et imaginez les dangers encore plus grands de l'acide cyanhydrique (Zyklon B). Voyez la complication — inévitable — des chambres à gaz américaines utilisant l'acide cyanhydrique pour exécuter un condamné à mort. Étudiez les méthodes de désinfection au Zyklon B.


546 Depuis 45 ans, on a été incapable de trouver une seule preuve de l'existence d'une seule chambre à gaz hitlérienne. Croyez-vous sérieusement qu'à force de recherches vous pourriez, VOUS , en trouver une au fond d'un tiroir inexploré ? «Les chambres à gaz ont existé» : cette phrase n'a pas plus de sens que cette autre phrase : «Les bla-bla-bla ont existé» puisque personne n'est capable de définir, de décrire, de dessiner une seule de ces magiques chambres à gaz qui défient toutes les lois de la physique et de la chimie. Soit sur le crime lui-même, soit sur l'arme du crime, on ne trouve aucun des éléments suivants qui seraient pourtant indispensables dans toute enquête criminalistique : 1. Un ordre de destruction physique des juifs 2. Un plan de destruction physique des juifs 3. Des directives pour une destruction physique des juifs 2. Un budget pour une destruction physique des juifs 3. Un procès-verbal d'examen in situ sur le lieu du crime 4. Une expertise de l'arme du crime 5. Un rapport d'autopsie établissant un assassinat par gaz poison 6. Un procès-verbal de reconstitution (simulacre) 7. Un contre-interrogatoire de témoin sur la matérialité des faits rapportés. Je suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire. Croyez, je vous prie, à mes meilleurs sentiments. Ihr ergebener, R. FAURISSON P.S. : Voyez le procès W. Dejaco/F. Ertl (18 janvier au 10 mars 1972) : 20 Vr 6575/72 Hv 56/72. Baumeister Walter Dejaco, Baumeister Fritz Ertl. OLGR. Dr. Reisenleitner, StA. Dr. Kresnik. Cette expertise, encore inachevée, est la troisième au monde qui inflige — ou tend à infliger — un démenti à la thèse du «génocide» et des «chambres à gaz». La première fut, en 1988, celle de l'Américain Fred Leuchter, demandée par le révisionniste Ernst Zündel. La seconde fut celle de l'Institut Jan Sehn de Cracovie, imprudemment réclamée en 1989 par les autorités du Musée d'Auschwitz. L'expertise Jagschitz a été ordonnée par un tribunal de Vienne. Les révisionnistes sont en mesure d'annoncer l'arrivée de deux autres expertises qui concluent dans le même sens, l'une venant d'Allemagne et l'autre, d'Autriche. Après 43 ans de refus de toute expertise de «l'arme du crime» (le plus grand crime de l'histoire !), les cinq premières expertises (une des États-Unis, une de Pologne, deux d'Autriche et une d'Allemagne) tendent toutes à la même conclusion : cette arme n'a pas existé. 1. Voici la traduction du début du rapport adressé le 10 janvier 1991 par le professeur Gerhard Jagschitz au juge Stockhammer : «Par sa lettre du 28 janvier 1987, le Tribunal correctionnel du Land me nommait expert dans le procès sous rubrique et me commettait à établir un rapport sur la question de l'extermination d'êtres humains ainsi que de l'existence de chambres à gaz à Auschwitz. La lettre du 4 septembre 1987 restreignait l'étendue de la mission en cours, en sorte qu'il ne restait plus à traiter que de l'extermination d'êtres humains (par le gaz) ainsi que de l'existence de chambres à gaz à Auschwitz.


547 Les difficultés suivantes [folgende Problematik] ont surgi relativement à la mission d'expertise : A l'origine, il n'était question que de rassembler, à partir des ouvrages les plus importants en la matière, les informations ayant strictement trait au sujet, et d'en tirer l'élaboration du rapport. De nombreuses objections soulevées par les ouvrages révisionnistes remettent en question des éléments importants de la littérature actuelle, si bien qu'il n'était raisonnablement plus possible de se fier uniquement à cette dernière pour l'établissement d'un rapport. En outre, il est apparu en cours d'enquête que ladite littérature se compose d'ouvrages scientifiques en nombre relativement restreint par rapport à celui, considérablement plus élevé, des mémoires personnels ou des compilations de caractère non scientifique. Et ce fut l'occasion d'y relever un grand nombre de contradictions, plagiats, omissions et autres indications incomplètes des sources. De plus, en raison de plusieurs acquittements prononcés dans des procès de l'espèce dus à la présentation d'expertises devant des instances nationales [autrichiennes] et internationales, des doutes substantiels sur des questions fondamentales se sont trouvés renforcés [substantielle Zweifel an grundlegenden Fragen verstärkt worden]. Il s'ensuit que la seule transcription des décisions de justice en la matière, ou le simple renvoi à la jurisprudence conférant la notoriété juridique à l'extermination des juifs par le gaz dans le camp de concentration d'Auschwitz, ne suffisent plus, dans une vision démocratique du droit, à en faire le fondement d'un arrêt de justice.» Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 151-156


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UNE CENSURE CATHOLIQUE L'hebdomadaire La Vie (Groupe des Publications de la Vie catholique) annonçait dans sa livraison du 18 avril 1991 (p. 7) : A l'occasion du procès Faurisson, L'Actualité religieuse dans le monde, éditée par notre groupe de presse, publie un dossier très complet sur les négateurs des chambres à gaz : qui sont-ils ? que veulent-ils ? quels sont leurs soutiens politiques et religieux ? Pour se procurer ce numéro spécial, daté du 15 avril, écrire à l'ARM, 163, boulevard Malesherbes, 75859 Paris Cedex 17. 35 F, port compris. Effectivement, l'ARM du 15 avril 1991 portait en couverture : «Enquête sur les négateurs des chambres à gaz». En page 2, Jean-Paul Guetny y signait un éditorial intitulé «En parler ou pas…», qui commençait en ces termes : L'homme, vous l'avez aperçu à la télé, se pavanant sous les flashes. Il s'appelle Robert Faurisson. Il a soixante-sept ans. C'est un spécialiste de littérature française, discipline où il s'est médiocrement illustré. Sa notoriété vient d'ailleurs. Ancien pétainiste, zélateur de l'OAS, qui ne dédaigne pas la compagnie des adeptes du Ku Klux Klan ni des néo-nazis anglais, il a fondé en 1987, à l'occasion du procès Barbie, une revue, les Annales d'histoire révisionniste . Suivait un dossier de 15 pages (p. 6-24) sur Les Falsificateurs de l'histoire . Les révisionnistes y étaient vivement pris à partie mais on ne leur accordait pas le droit à la parole. La thèse révisionniste était exposée par les adversaires du révisionnisme. En page 13, figurait une photo de choc ainsi présentée : «Au camp de Dachau : la manette des gaz». La preuve du crime était là : les Allemands avaient mis au point une machinerie comme il ne s'en rencontre nulle part ailleurs. Et pour cause : selon un procédé assez courant (voy. le livre d'Evelyn Le Chêne sur Mauthausen ou la comptabilité de l'horreur , Belfond, 1974, photo 6a), on avait reproduit la photo à l'envers ; le sol était au plafond et le plafond, au sol ; entre sol et plafond, deux innocentes canalisations et deux manettes en prenaient un aspect parfaitement diabolique. Robert Faurisson et Henri Roques, gravement mis en cause, adressaient à la revue, chacun de son côté, un texte en droit de réponse (recommandé avec accusé de réception) dont nous reproduisons des extraits : Réponse de R. Faurisson (19 avril 1991) : Dans votre livraison du 15 avril 1991, vous prétendez soumettre à vos lecteurs le dossier d'une «enquête» sur les révisionnistes. En réalité, vous dressez là un réquisitoire contre les révisionnistes que vous baptisez «les négateurs des chambres à gaz» et ce réquisitoire fourmille d'erreurs. […] Je n'ai pas 67 ans mais 62 ans. L'âge que vous m'inventez vous permet de me présenter comme un «ancien pétainiste» mais l'âge que j'ai en fait ne vous le permettrait pas […]. Je n'ai pas été un «zélateur de l'OAS» et je n'ai jamais été «inculpé de coups et blessures pour [mes] prises de position violentes en faveur de l'OAS» (p. 16) mais j'ai cotisé au Comité Maurice Audin contre la torture en Algérie, et cela en un temps où j'étais secrétaire de section du SNES, majoritairement communiste et socialiste. Ce n'est pas moi qui ai fondé les Annales d'histoire révisionniste mais Pierre Guillaume, responsable de la Vieille Taupe (marxiste) et disciple de Paul Rassinier, lui-même ancien socialiste et ancien déporté résistant. J'aurais ainsi une dizaine d'autres erreurs à corriger sur mes supposées accointances avec le Ku Klux Klan, avec les néo-nazis anglais, etc


549 Sur la question de fond, celle du génocide et des chambres à gaz, vous affectez de présenter nos arguments. Mais quand on accuse, c'est à l'accusé lui-même qu'il faut donner la parole, en direct. Ce n'est pas au procureur de présenter la thèse de la défense. A la fin, dans vos conseils de lecture («Pour en savoir plus»), vous fournissez à vos lecteurs les références précises de huit publications mais aucune d'entre ces publications n'est révisionniste et toutes sont résolument hostiles au révisionnisme. Nos arguments sont essentiellement d'ordre physique, chimique, topographique, architectural, documentaire et historique. Il faut les connaître à la source ou alors on s'abstient de juger. Vous croyez confondre les révisionnistes en produisant sous le titre «Vérités de l'histoire» (sic) une photographie dont la légende porte : «Au camp de Dachau, la manette des gaz.» Or, vous devriez savoir que, depuis 1960, l'historiographie officielle a soudainement décidé que, contrairement à ce qu'affirmait le Tribunal de Nuremberg, photographies et témoignages à l'appui, il n'y avait jamais eu de gazages homicides à Dachau. Aujourd'hui, un panneau en avertit les visiteurs du camp. Selon un procédé assez courant, votre photographie a été mise sens dessus dessous et n'en paraît que plus bizarre et inquiétante. Remettez-la sur pied et vous constaterez la présence, en tout et pour tout, de deux inoffensives canalisations isolées pour vapeur d'eau ; voyez les manettes, les volants, les axes, les vannes, le contacteur et le dispositif de contrôle […] Réponse de M. Roques (23 avril 1991) : A la suite de l'entretien que j'ai accordé à deux rédacteurs de votre mensuel, vous avez publié à mon sujet une sorte de biographie tendancieuse, sans me la soumettre au préalable. Je tiens à redresser un certain nombre d'erreurs. […] Avec une perfidie certaine, vous signalez que j'ai soutenu ma thèse de doctorat à Nantes devant un jury très «marqué» ; vous citez les noms de deux professeurs qui ont des convictions de droite, ce qui n'enlève rien à leurs compétences professionnelles ; vous avez omis le nom du professeur Pierre Zind, frère mariste, enseignant d'histoire à l'université de Lyon-II ; décédé en 1988, il était connu pour son action en faveur des minorités culturelles, incluses dans les nations européennes, qu'il s'agisse de son Alsace natale, du Val d'Aoste ou du Pays basque. Que penseriez-vous si la valeur d'une thèse de doctorat était contestée pour avoir été soutenue devant un jury très «marqué»… à gauche ? Je précise que ma thèse n'a pas été annulée, puisque la délibération d'un jury ne peut être remise en cause ; seule, la soutenance, donc la procédure administrative, a été annulée pour deux prétendues irrégularités. En mars 1988, j'ai déposé un recours devant le conseil d'État ; j'ai entamé la quatrième année de mon instance devant cette juridiction. Par ailleurs, vous écrivez : «En mai 1990, en plein drame de Carpentras, il lance la Revue d'histoire révisionniste .» On peut parfaitement retourner votre phrase et écrire : «En mai 1990, en plein lancement de la Revue d'histoire révisionniste, survient le drame de Carpentras.» Il y a, certes, un scandale : le fait que les coupables de cette profanation n'aient pas encore été trouvés.


550 Dans votre article «Vérités de l'Histoire», vous privilégiez la prétendue chambre à gaz de Mauthausen qui, exceptionnellement dites-vous, n'a pas été détruite. C'est la photographie de ce mythique local homicide qui devrait illustrer votre article et non celle de banales canalisations qu'il n'est pas nécessaire d'aller chercher au camp de Dachau. Je note à la page 12 que pour «transmettre la mémoire» et convaincre les lycéens de la réalité de l'Holocauste, il suffit de leur faire visiter les plages normandes du Débarquement. C'est inattendu ! […] Deux mois plus tard, dans sa livraison du 15 juin, l'ARM consacre quatre pages au courrier reçu à propos de ce dossier (p. 48-51) : Notre dossier intitulé : Les falsificateurs de l'histoire […] a provoqué une avalanche de lettres. Nous en avons sélectionné quelques-unes, les plus caractéristiques. Ces quatre pages ne contiennent pas les réponses de R. Faurisson et d'H. Roques. Il n'est fait, pour les lecteurs, aucune allusion à l'existence de ces réponses. Max Gallo (le nègre du faussaire Martin Gray) est cité pour avoir écrit : «Je veux vous féliciter pour le remarquable numéro de l ' ARM : un travail tout à fait essentiel.» Est également cité le rabbin Sirat (initiateur de la loi Fabius/Gayssot contre les révisionnistes) : «Permettez-moi de vous féliciter d'avoir le courage de rétablir la vérité contre les négationnistes.» Pour ce qui est de la photo, la rédaction s'engage dans de longs commentaires sur une «expertise» de la chambre à gaz de Dachau ; rédigée en 1967, cette «expertise», selon l'ARM, «n'a jamais été publiée ni en Allemagne, ni en France» ; le commentaire s'achève ainsi : Bien sûr, rien ne prouve qu'une telle chambre à gaz homicide ait servi. Pour cela, une autre expertise serait nécessaire. L'ARM omet de dire à ses lecteurs qu'un panneau installé par les autorités du Musée de Dachau prévient expressément les touristes que cette prétendue chambre à gaz «N'A JAMAIS SERVI». Quant à l'étrange photo, elle fait l'objet d'un long développement sur son «authenticité» et sur l'absence de toute erreur… dans la légende. Mais, alors que la rédaction de la revue avait été prévenue par le professeur Faurisson que la photo avait été mise sens dessus dessous, on n'en souffle pas mot au lecteur et on se garde bien de lui dire : «Pour comprendre cette photo, il vous suffit de la retourner». A en juger par cette affaire, les responsables actuels de L'Actualité religieuse dans le monde se soucient peu du droit (le droit de réponse, par exemple), de l'exactitude des faits rapportés et des obligations du journaliste. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p.157-161


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A PROPOS DE CARPENTRAS RECHERCHE DE LA VÉRITÉ OU MYTHIFICATION DU MENSONGE ? Avec la collaboration de

Théo Reithu Les journalistes avaient d'abord menti sur le cimetière de Timisoara. Puis, conscients de l'énormité de l'imposture, ils s'étaient promis qu'on ne les y reprendrait plus. A peu de temps de là, ils récidivaient avec l'affaire du cimetière de Carpentras. Un peu plus tard, ils recommençaient avec la guerre du Golfe. De ces trois montages, celui de Carpentras est le plus spectaculaire. Personne — sauf les révisionnistes — ne s'y attendait. Le ciel paraissait clair et l'horizon dégagé. Mais soudain la foudre s'abattait sur une petite ville du Midi. En quelques heures, l'orage s'étendait à la France entière et, en fin de compte, grâce aux médias, à toute la planète. A Paris, plus de cent mille «antiracistes», sans compter les «racistes» abrités sous les plis du drapeau israélien, descendaient dans la rue pour crier leur haine. Le président de la République se mêlait à cette foule composite. Le journal Le Monde imputait l'odieuse profanation à l'extrême droite et au révisionnisme historique. Ni l'extrême droite, ni le révisionnisme historique n'étaient coupables. On venait tout simplement de rééditer l'affaire de «Copernic». En 1980, un attentat contre une synagogue de la rue Copernic, à Paris, avait été immédiatement attribué à l'extrême droite alors qu'il s'agissait — le ministre de l'Intérieur Christian Bonnet l'avait tout de suite appris mais caché — de l'action d'un Levantin venu de Chypre. Il y a un an, un autre ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, mettait la profanation de Carpentras sur le compte du racisme antijuif. On avait ensuite formulé toutes sortes d'hypothèses sauf une, celle du racisme juif : cette profanation avait-elle été commise par des juifs soit pour faire croire à la virulence de l'antisémitisme et souder une communauté, soit pour tenter de neutraliser Le Pen ou Faurisson, soit pour intimider sur place des juifs coupables, comme l'avait été M. Germon, de se laisser tenter par le mariage mixte ? Il existe en France des villes où le rabbinat local s'oppose farouchement à ce que le «carré juif» du cimetière accueille, aux côtés de la dépouille d'un juif, celle d'un conjoint non juif. Pour les intégristes juifs, il y a dans ces mariages mixtes un péril, celui de l' «Holocauste blanc». Un an après la profanation de Carpentras, Le Figaro publiait dans ses livraisons du 16 et du 21 mai 1991, deux lettres de lecteurs à propos d'un article sur l'affaire. Voici les termes de ces deux lettres contradictoires : 1ère lettre : A la lecture du Figaro du 8 mai, je constate que vous pratiquez de la désinformation. (…) En annexe au titre, vous parlez de profanation du corps de M. Germon. Vous persistez à parler d'empalement. Je cite l'article : «…Ils l'ont couché (le corps) sur la tombe voisine, puis ont placé entre les jambes, pour l'empaler, un pied de parasol.» (…) Il a été confirmé par le juge saisi de cette affaire que, d'empalement, il n'y en avait eu qu'aux yeux de M. Fabius, cette accusation ayant été qualifiée de fausse. Mme G. Perusset-Raynaud, Paris 2ème lettre : Croyez-vous, Mme Perusset-Raynaud (courrier du 10 mai) que le Figaro «pratique de la désinformation » ? Vous semblez être très attachée, comme certains hommes politiques d'extrême droite, à rectifier «l'erreur» de M. Fabius et à bien nous montrer qu'il n'y a pas eu empalement du corps de M. Germon, mais simplement une simulation d'empalement.


552 (…) En disant que le corps n’a pas été empalé, vous franchissez un pas vers la minimisation de l’horreur. Je préfère pour ma part qu’on ait amplifié cette tragédie, afin qu’il n’y en ait «jamais plus». Dimitri Weil, Bordeaux L’analyse de ces deux lettres se révèle riche d'enseignements. Mme Perusset-Raynaud, s'appuyant sur les conclusions de l'enquête judiciaire (à savoir qu'il a été prouvé qu'il n'y avait pas eu empalement) proteste contre la réaffirmation, dans l'article du Figaro, de la désinformation qui avait permis à M. Fabius, président de l'Assemblée nationale, d'apporter, sans aucune preuve, des précisions anatomiques pour le moins déplacées. On aura remarqué que cette lectrice ne s'en tient qu'au fait, confirmé par un juge, à savoir qu'il n'y a pas eu d'empalement. Sa remarque est d'une stricte neutralité idéologique ou politique. Dans sa réplique à Mme Perusset-Raynaud, M. Dimitri Weil ne contredit pas la constatation du juge. En effet, bien informé, il aurait pu ruiner la conclusion du juge en donnant des preuves irréfutables, apportant ainsi une nouvelle pièce au dossier. Point du tout. Il reproche à cette lectrice d'être «très attachée, comme certains hommes politiques d'extrême droite, à rectifier l'erreur de M. Fabius». La phrase est à examiner de près : – Implicitement, M. Weil reconnaît l'erreur initiale, sinon il n'aurait pas employé le verbe «rectifier» ; – Ce qu'il estime grave n'est pas la rectification de l'erreur, mais le fait que cette erreur permette d'innocenter des adversaires idéologiques. M. Weil, qui pense comme M. Joxe, tient un raisonnement d'ordre religieux : l'extrême droite est le diable, et il faut combattre le diable, même si cela oblige à recourir aux mensonges les plus grossiers ou à perpétuer des erreurs notoires. Ainsi, en rectifiant une erreur, Mme Perusset-Raynaud a-t-elle franchi un pas «vers la minimisation de l'horreur». Nous voici en présence du syndrome de la Shoah. M. Weil a un système de pensée : celui, typique, des exterminationnistes. Il ne s'en cache même pas puisqu'il conclut : «Je préfère, pour ma part, qu'on ait amplifié cette tragédie, afin qu'il n'y en ait jamais plus.» Tout est dit dans cette phrase, qui trahit le secret de fabrication de la légende holocaustique. Ni l'identité des coupables, ni l'exactitude des faits ne seraient importants. L'essentiel est de pouvoir utiliser un mensonge, au besoin en l'amplifiant afin de mieux diaboliser l'adversaire. Mais, en la circonstance, le «dit» est moins important que le «non-dit». Puisque, aussi bien, M. Weil reproche à Mme Perusset-Raynaud d'avoir rectifié une erreur commise à l'Assemblée nationale par M. Fabius, il s'ensuit implicitement que, pour lui, c'est clair, la dame est antisémite. Pour M. Weil, le mensonge ou l'erreur doivent prévaloir sur la vérité, et cela pour les nécessités d'une idéologie. Le Mythe l'emportera sur la vérité des faits. En définitive, sa courte lettre nous offre comme un modèle réduit du processus de la pensée exterminationniste qui, depuis de si longues années, se développe à l'encontre des révisionnistes. En juin 1986, quelques intellectuels réunis à Paris autour du rabbin Sirat, de Serge Klarsfeld, de François Bédarida et de Pierre Vidal-Naquet avaient publiquement réclamé la création d'une loi antirévisionniste. Laurent Fabius s'était engagé à faire voter cette loi. Mais, pendant quatre ans, les obstacles allaient s'accumuler. Et puis, divine surprise, l'affaire de Carpentras, survenue le 9 mai 1990, permettait soudain le vote, trois semaines plus tard, de la loi dite Gayssot, publiée au Journal Officiel du 14 juillet sous la signature de François Mitterrand. La terreur s'instaurait à tel point que pas un député, pas un sénateur n'osait ensuite saisir le conseil constitutionnel.


553 Il ne fait guère de doute que, dans un avenir proche, quand on jugera que le révisionnisme historique est prêt à emporter les derniers barrages, un autre «Copernic» ou un autre «Carpentras» y mettra bon ordre. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p.162-165


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L'ORIGINE DU MYTHE LE MYTHE DES «CHAMBRES A GAZ» REMONTE A 1916

Jessie Aitken Le mythe des gazages des juifs durant la seconde guerre mondiale n'est que le produit de recyclage du mythe du gazage des Serbes pendant la première guerre mondiale. On pourrait dire qu'un mythe apparemment né au début des années 40 et vieux, aujourd'hui, de 50 ans remonte ainsi en fait aux années 1916/1917 : il aurait donc 75 ans. Encore est-il possible qu'il remonte bien au-delà. Peut-être trouverait-on la trace de gazages mythiques dans l'histoire des guerres de Vendée ou, plus loin encore, avant même l'invention du mot de «gaz», dans des temps où la maîtrise supposée des forces obscures de la terre était censée permettre l'assassinat par des «substances subtiles» ou des «vapeurs invisibles». Un mythe ne plonge-t-il pas toujours au plus profond de l'homme et de sa mémoire ? [1] En 1916/1917, les Alliés répandirent le bobard des Serbes gazés systématiquement et en grand nombre par les Allemands, les Autrichiens et leurs alliés, les Bulgares. Ces gazages avaient lieu, disait-on, dans des établissements d'épouillage, dans des églises ou dans d'autres lieux encore. Ce bobard disparut après la guerre, dès le début des années 20. De la même façon s'évanouirent, du moins en apparence, d'autres inventions de la propagande de guerre des Alliés : la légende des enfants belges aux mains coupées par les Uhlans (préfiguration des SS) et la légende des usines à cadavres où les Allemands passaient pour transformer graisse et ossements humains en engrais et en savon (préfiguration des «camps d'extermination» au service de la science hitlérienne censée produire engrais et savon à partir des cadavres de juifs). Il est probable que le succès de ces bobards de guerre s'alimentait du spectacle d'atrocités bien réelles : les ravages exercés par l'emploi des gaz de combat sur les champs de bataille ainsi que les amoncellements de cadavres de typhiques, en Serbie notamment. Le mythe du gazage des juifs de 1941 à 1944 (ou 1945) aurait dû, lui aussi, disparaître après la guerre. Or, il persiste encore aujourd'hui. On continue d'en nourrir les esprits. Grâce à la publicité et aux médias, cette invention de la propagande de guerre des Alliés est devenue avec le temps un produit de consommation forcée. Ce produit est avarié. Sous un emballage nouveau, il n'est qu'une marchandise lancée vers 1916/1917 et reconnue pour frelatée dès les années 20. Il n'importe. En France, depuis la publication en 1990 de la loi Fabius, alias Gayssot, il est devenu interdit de contester la qualité de cette marchandise et d'en dénoncer les producteurs et les marchands. On risque la prison si, soucieux à la fois d'honnêteté et d'hygiène, on tente de mettre les consommateurs en garde contre la nocivité de ces produits qui envahissent, à coups de millions, le marché du livre, la télévision et l'école. Toujours est-il que cette loi a d'étranges effets. En nous obligeant à croire aux gazages des juifs pendant la seconde guerre mondiale, elle nous force aussi, d'une certaine façon, à croire, à nouveau, aux gazages des Serbes pendant la première guerre mondiale. Elle réhabilite ainsi un bien vieux mensonge qui semblait avoir fait son temps. C'est ce qu'on appelle l'ironie de l'histoire. Les trois pièces que nous présentons ci-dessous montrent comment s'est fait le passage du mythe des gazages de Serbes au mythe des gazages de juifs. La première pièce est extraite d'un livre où un ancien correspondant et collaborateur de la Frankfurter Zeitung raconte incidemment une entrevue que lui avait accordée à Berlin, le 20 novembre 1917, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Richard von Kühlmann (18731948). On notera que l'homme d'État allemand, exaspéré par le comportement de ses alliés bulgares, est apparemment disposé à accueillir n'importe quel bobard des Alliés à leur propos. C'est ainsi qu'il croit que les Bulgares pratiquent une politique d'extermination physique des


555 Serbes (le «génocide» avant la lettre) et que, sous prétexte d'hygiène, ces Serbes sont conduits dans des établissements d'épouillage où, en fait, on les gaze (préfiguration de l'histoire des juifs conduits, sous prétexte d'épouillage et de douches, dans des locaux où on les gaze). Les deux autres pièces que nous reproduisons sont, toutes deux, extraites d'un même journal londonien, le Daily Telegraph. A 26 ans de distance, ledit journal a repris les mêmes chiffres : le 22 mars 1916, il annonce l'assassinat de 700 000 Serbes et, le 25 juin 1942, il titre sur l'assassinat de 700 000 juifs. En 1916, on raconte que les Allemands, les Autrichiens et les Bulgares «exterminent» (c'est le mot) les Serbes de différentes façons et, notamment, au moyen de gaz asphyxiants soit dans des églises, soit dans des lieux non autrement décrits ; ces gaz émanent de bombes ou de machines à produire des gaz. En 1942, on veut nous faire croire que les Allemands «exterminent» (c'est encore le mot) les juifs de multiples façons et, en particulier — c'est le modernisme — en utilisant un, et un seul, camion adapté en chambre à gaz, qui permet d'éliminer pas moins de 1 000 juifs par jour. Pièce n° 1 [traduite de l'allemand] […]. L'humeur du Secrétaire d'État [aux Affaires étrangères, Richard von Kühlmann] est sombre et grave. La paix lui paraît lointaine. Il a entretenu sans doute bien des illusions sur les désirs de paix de l'Angleterre. Tous nos alliés lui inspirent une profonde méfiance. Les Bulgares sont insatiables ; leur donne-t-on veste et pantalon, ils vous réclament chemise et chaussures. Il relate comment ils «liquident» les Serbes systématiquement [mot à mot : «auf dem Verwaltungswege» : par la voie bureaucratique] ; sous prétexte d'hygiène on mène ces derniers dans des établissements d'épouillage et, là, on les élimine par gaz. C'est l'avenir, ajoute-t-il, des batailles entre les peuples. (Berhard Guttmann, Schattenriss einer Generation 1888-1919 [Esquisse d'une génération], Stuttgart, K.F. Koehler Verlag, 1950, p. 146 ; le passage concerne une visite rendue à Berlin le 20 novembre 1917.) Pièce n° 2 [traduite de l'anglais] 22 mars 1916 ATROCITÉS EN SERBIE 700 000 victimes De notre correspondant. Rome, lundi (18 h 45). Les gouvernements alliés ont reçu témoignages et documents, qui seront prochainement publiés, prouvant que l'Autriche et la Bulgarie se sont rendues coupables d'horribles crimes en Serbie, où les massacres qu'ils ont commis sont pires que ceux perpétrés par la Turquie en Arménie. Aujourd'hui, le gouvernement italien a publié le témoignage de deux prisonniers italiens qui se sont évadés d'Autriche par la Serbie et ont trouvé refuge en Roumanie. Pourtant, ce que ces deux prisonniers ont vu et appris n'est rien, comparé avec les témoignages produits par les Serbes eux-mêmes et communiqués par M. Pasitch au gouvernement italien et au pape. Selon des informations dignes de foi, le nombre des victimes des Autrichiens et des Bulgares a dépassé 700 000. Des régions entières, avec villes et villages, ont été dépeuplées par des massacres. Femmes, enfants et vieillards ont été enfermés dans des églises par les Autrichiens et passés à la baïonnette ou étouffés par le moyen de gaz asphyxiants. C'est ainsi que, dans une seule église de Belgrade, 3 000 femmes, enfants et vieillards ont été suffoqués. Des réfugiés serbes ont déclaré, sans que ce soit sous serment, qu'ils ont assisté à la distribution de bombes et de machines à produire des gaz asphyxiants, distribution faite aux Bulgares par les Allemands et les Autrichiens, avec les instructions d'emploi de ces instruments en vue d'exterminer la population serbe. Les Bulgares ont usé de cette méthode à Nish, Pirot,


556 Prizrend et Negotin, où les habitants sont morts suffoqués. Les Autrichiens ont employé des moyens identiques en différentes parties du Montenegro. (The Daily Telegraph [Londres], 22 mars 1916, p. 7) Pièce n° 3 [traduite de l'anglais] LES ALLEMANDS ASSASSINENT 700 000 JUIFS EN POLOGNE CHAMBRES À GAZ AMBULANTES De notre reporter. Au cours du plus grand massacre de l'histoire du monde, les Allemands ont abattu plus de 700 000 juifs polonais. De plus, ils développent un système de famine où le nombre des morts, selon le propre aveu des Allemands, semble devoir être presque aussi important. Les plus affreux détails de la tuerie, y compris l'usage de gaz poison, sont révélés dans un rapport envoyé secrètement à M. S. Zygielboim, représentant juif du Conseil national polonais à Londres, par un groupe actif en Pologne. On a le ferme sentiment qu'il faudrait entreprendre une action pour empêcher Hitler d'accomplir sa menace d'exterminer tous les juifs d'Europe cinq minutes avant la fin de la guerre, quelle que soit cette fin. L'intention avouée des Allemands dès les premiers jours de la guerre était d'exterminer la population juive du territoire polonais. Dans son message de nouvel an de 1940, le Gauleiter Greiser a dit que le seul usage à faire des Polonais était celui d'esclaves pour l'Allemagne mais que pour les juifs il n'y aurait pas d'avenir. Cette politique d'extermination a commencé en 1941 en Galicie orientale et la procédure a partout été la même. On a rassemblé hommes et garçons, de 14 à 60 ans, en un même lieu, généralement un square ou un cimetière; et là on les a tués soit à coups de couteaux, soit avec mitrailleuses ou grenades. On leur avait fait préalablement creuser leurs tombes. Victimes dans les hôpitaux On a abattu des enfants dans des orphelinats, des pensionnaires dans des hospices et des malades dans des hôpitaux. On a tué des femmes dans la rue. En bien des endroits on a déporté des juifs vers des «destinations inconnues» et on les a tués dans des bois avoisinants. A Vilna, on a assassiné 50 000 juifs en novembre [1941]. Dans cette région et autour de Kovno, en Lituanie, le nombre total des massacrés est de 300 000. On a pratiquement tué tous les juifs à Zyrovice, Lachovice, Mira, Kosov et d'autres villes similaires. A Rovno, les assassinats ont commencé au début novembre. En trois jours et trois nuits on a fusillé presque 15 000 hommes, femmes et enfants. En d'autres lieux, le total des morts a été de : Lvov : 30 000 Stanislavov : 15 000 Slonin : 9 000 Hancedicze : 6 000 Tarnopol : 5 000 Brzezany : 4 000 Zlochov : 2 000


557 Massacre par gaz En novembre [1941] a aussi commencé le massacre par gaz des juifs dans les territoires polonais incorporés au Reich On a utilisé un camion spécial adapté en chambre à gaz dans lequel on entassait 90 victimes à la fois. On enterrait les corps dans des tombes spéciales creusées dans la forêt de Lubardski. En moyenne, on a gazé 1 000 juifs par jour. On en a assassiné de cette manière à Chelmno, de novembre [1941] à mars [1942], 5 000 venant de quatre villes, ainsi que 35 000 venant du ghetto de Lodz, et nombre de tziganes. En février [1942], l'extermination des juifs a commencé dans ce qu'on appelle le Gouvernement général, partie occidentale de la Pologne non incorporée au Reich. La Gestapo a chaque jour rendu visite aux quartiers juifs et a systématiquement tué les gens dans la rue et dans les maisons. En mars [1942], 20 000 juifs ont été déportés de Lublin dans des wagons plombés pour une «destination inconnue». On en a perdu toute trace. Environ 3 000 autres ont été mis dans des baraques dans un faubourg de Lublin. Il n'en reste plus maintenant un seul juif. A Cracovie, durant mars [1942], 50 hommes sur une liste de proscrits ont été fusillés devant leur domicile. Un nombre semblable d'hommes et de femmes ont été tués devant leur porte donnant sur la rue pendant une nuit de terreur organisée dans le ghetto de Varsovie. Tous les groupes sociaux du ghetto ont été affectés. On s'attend à bien d'autres nuits de ce genre Le ghetto de Varsovie, en fait un vaste camp de concentration, héberge 600 000 juifs à la moyenne de 19 par pièce. Avant la guerre, alors que le quartier possédait le double de maisons, la population totale était de 130 000. Tous les enfants de moins de cinq ans et tous les adultes de plus de 50 ans se voient refuser les fournitures en médicaments. Ce qui signifie que seul un minimum d'aide parvient à l'intérieur du barrage pour soulager les ravages du typhus et de la typhoïde. Selon des statistiques fournies en Pologne par les autorités allemandes, le nombre des enterrements en provenance du ghetto de Varsovie est passé de 900 en janvier 1941 à 5 620 en août [1941]. Des statistiques obtenues de sources secrètes en Pologne montrent que, durant l'année entière, il n'y a pas eu moins de 76 000 enterrements. Une large proportion des morts était due à la famine. Dans les trois années 1939-1941, le nombre des morts dans Varsovie seule est passé de 7 696 à 42 239. Durant ce temps, la population juive du ghetto est passée de 375 000 à 407 000 par l'afflux des juifs déportés d'autres provinces ou pays. Je crois savoir que le gouvernement polonais a l'intention de porter les faits du présent rapport à la connaissance des gouvernements britannique et alliés. (The Daily Telegraph [Londres], 25 juin 1942, p. 5) 1. D'après le Dictionnaire étymologique de la langue française d'O. Bloch et de W. von Wartburg (P.U.F., 1932), le mot de «gaz» aurait été inventé en 1670 par un médecin pour désigner une substance subtile considérée par celui-ci comme unie aux corps. Le sens moderne daterait de la fin du XVIIIe siècle à la suite des travaux de Priestley et de Lavoisier. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 166-172


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LE DÉFI D'UN HUMORISTE JUIF Robert Faurisson Dans sa livraison du 18 avril 1991, Actualité juive publiait la lettre suivante : Au procès qui lui a été intenté par les associations d'anciens déportés pour son acharnement à nier l'extermination de Juifs et de Tziganes dans des chambres à gaz, Robert Faurisson s'est étonné que l'on n'ait pas jugé utile, à la libération des camps, de «faire expertiser l'arme du crime». En dépit du temps écoulé, il est toujours possible de procéder à cette expertise. Pour cela, il suffirait de trouver ou de remettre en état une chambre à gaz. Pour que l'expertise soit valable, il faudrait que des volontaires s'y prêtent. Convaincus de l'impossibilité qu'il y avait de gazer les Juifs et d'aérer rapidement les chambres à gaz pour faire de la place aux convois qui se succédaient, Robert Faurisson et ses adeptes accepteront sans doute de se soumettre à cette expérience. Pour notre part, nous fournirons le Zyklon B, qui doit encore être disponible chez ses fabricants et, en compagnie de témoins objectivement choisis en commun accord, nous suivrons l'évolution de l'opération. De deux choses l'une, soit les tenants de la vérité iront jusqu'au bout de leur démarche, malgré les risques encourus, soit ils appelleront à l'aide. Dans ce cas, nous nous engageons, contrairement à ce que firent les nazis qui suivirent jusqu'au bout la terrible agonie, à les dégager à temps. Nous déclarons que, pour cette expertise, nous veillerons à respecter les méthodes décrites par les témoins (S.S. ou membres du «Sonder-Kommando»), celles-là même que Robert Faurisson conteste et dont il pourra ainsi constater si elles furent praticables ou si elles ne sont qu'un mythe né de fantasmes ou de calculs sordides. Henry Bulawko Président de l'Amicale des Anciens Déportés Juifs de France Le 19 avril, Tribune juive, à son tour, publiait cette lettre en précisant que M. Bulawko était «l'auteur d'un livre sur l'humour juif». Inévitablement, Laurent Greilsamer, journaliste du Monde et spécialiste douloureux de la désinformation sur le chapitre du révisionnisme, se faisait l'agent de transmission des deux organes juifs et signait, en date du 3 mai, un article qu'il intitulait : «Le défi d'un rescapé des camps nazis aux négateurs du génocide». Il reproduisait l'essentiel de la lettre de l'humoriste mais non sans une coupure qui lui permettait une amputation des quelques mots par lesquels M. Bulawko révélait imprudemment à ses lecteurs que le Zyklon devait «encore être disponible chez ses fabricants». La masse des lecteurs du Monde est entretenue dans l'illusion que l'Allemagne avait utilisé ce produit à seule fin de gazer les juifs ; il ne fallait pas les laisser soupçonner la vérité : mis sur le marché en 1922, le Zyklon (sous son nom d'origine ou sous une autre dénomination commerciale) n'a jamais servi qu'à tuer les poux et autres parasites. J'envoyai au Monde un texte en droit de réponse. En vain. Au Monde, l'usage est d'accabler les révisionnistes sans leur accorder le droit de se défendre ; dans les cas, rarissimes, où, depuis dix ans, ce journal oblique se conforme à la loi sur ce point, le texte de réponse des révisionnistes est dénaturé au prix de divers procédés, dont celui de l'amputation, pourtant interdite par le législateur. Voici le texte de ma réponse, tel qu'il figurait dans un texte de portée plus générale où je rectifiais quelques récentes «informations» du journal sur mon compte :


559 […] J'avais signalé [au tribunal présidé par Claude Grellier] l'absence de toute expertise de l'arme du crime concluant à l'usage de cette arme. J'avais dit qu'il serait temps de parler honnêtement, sans les dissimuler, de trois récents rapports techniques, accompagnés d'analyses chimiques, sur ces présumées chambres à gaz. Deux de ces rapports (1988 et 1989) émanent de l'Américain Fred Leuchter tandis que le troisième (1990) est une expertise — enfin — que le Musée d'État d'Auschwitz avait commandée à l'Institut médico-légal de Cracovie. Ces trois rapports, ai-je dit, sont éclairants et devraient inciter à la création, réclamée par F. Leuchter et les révisionnistes, d'une commission internationale d'enquête sur le sujet des chambres à gaz hitlériennes «en l'état d'origine» ou «à l'état de ruines» (des ruines sont parlantes). M. Bulawko, lui, me réplique par une plaisanterie éculée : que M. Faurisson et ses adeptes fassent l'expérience d'entrer dans une chambre à gaz et d'en ressortir indemnes ! Il y a maldonne. M. Bulawko inverse la charge de la preuve et renverse les rôles. Ce n'est certainement pas moi, mais M. Bulawko, qui pense témérairement qu'il était possible, comme il l'écrit, «de gazer les juifs et d'aérer rapidement les chambres à gaz pour faire de la place aux convois qui se succédaient». Les révisionnistes ont cent fois parlé de la dangerosité du gaz en général et du gaz cyanhydrique ou Zyklon B en particulier (le Zyklon B si long et si difficile à ventiler «vu qu'il adhère fortement aux surfaces»). […] Comment M. Bulawko pourrait-il «remettre en état une chambre à gaz», vu que personne n'a jamais été capable de nous décrire le fonctionnement d'une chambre à gaz hitlérienne ? De quels témoins veut-il parler ? En est-il encore à croire que de pareils témoins ont existé ? Ne connaît-il pas la nouvelle thèse — celle de Simone Veil en particulier — selon laquelle les témoins et les traces éventuelles de leurs témoignages ont tous été supprimés par les Allemands ? Prenons une vraie chambre à gaz, soit de désinfection, soit pour la mise à mort d'animaux, soit, comme aux États-Unis, pour l'exécution de condamnés à mort, le gaz utilisé étant du Zyklon B, c'est-à-dire du gaz cyanhydrique. M. Bulawko réaliserait la prouesse que, dans ses étonnantes confessions, le SS Rudolf Höss attribuait aux membres du Sonderkommando : juste après l'opération, sans masque à gaz, il pénétrerait dans la chambre «en mangeant et en fumant» ; il affronterait ce gaz aux effets foudroyants, qui est explosible et qui imprègne et pénètre tout au point qu'on ne saurait pas plus manipuler le cadavre d'un homme qui vient tout juste d'être tué par des vapeurs de ce gaz que le corps d'un électrocuté où passe encore le courant. Au lieu de ce défi, somme toute cruel, je lancerais bien à notre humoriste juif un autre défi, plus facile à relever : accepterait-il de voir publier à nouveau un certain texte, déjà bien ancien, où l'on nous raconte qu'à son retour d'Auschwitz, M. Bulawko passa toute une nuit avec d'autres survivants et survivantes à les régaler de récits, tous plus drôles les uns que les autres, sur ses souvenirs du camp ? Si M. Bulawko et ses amis avaient vécu, comme ils cherchent à nous le faire croire, pendant des semaines, des mois ou des années dans un camp où, jour et nuit, on aurait conduit des foules de juifs dans de gigantesques abattoirs à gaz, je doute que M. Bulawko et les siens auraient eu le cœur à rire ainsi. Car je ne doute pas qu'ils aient ri. En tout cas, à voir le texte d'Actualité juive, de Tribune juive et du Monde, je constate que les humoristes juifs bénéficient d'un privilège : ils peuvent se permettre de parler des chambres à gaz sur un ton qui, à d'autres, coûterait de lourdes condamnations en justice. Pour quelques plaisanteries voltairiennes sur le sujet, le révisionniste suédois Ditlieb Felderer a été, en 1986,


560 condamné à une peine de 5 025 000 dollars par un tribunal californien, sur plainte de Mel Mermelstein qui, cinq ans plus tard, allait être démasqué devant un autre tribunal californien comme un imposteur [voy., ci-dessous, notre rubrique «Le révisionnisme à travers le monde : États-Unis»]. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p173-176


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INTERVIEW DE SABINA CITRON Nous reproduisons ci-dessous l'interview que Madame Sabina Citron, survivante d'Auschwitz et instigatrice du procès intenté contre Ernst Zündel à Toronto (voy. Annales d'Histoire Révisionniste, n° 5, été-automne 1988, p. 31-49), a bien voulu donner, en 1989, à M. Karl Philipp, journaliste allemand, lors de la procédure d'appel. Rappelons que Sabina Citron, qui s'est trouvée à Auschwitz quand elle était enfant, est la présidente-fondatrice de la Canadian Holocaust Remembrance Association [Association canadienne pour la mémoire de l'Holocauste]. Karl Philipp — Madame, quelle impression vous procure le déroulement des audiences d'appel de ce nouveau procès de l'Holocauste ? Sabina Citron — Il ne s'agit pas de l'Holocauste mais du délit qu'a commis Zündel : avoir en toute connaissance de cause diffusé de fausses nouvelles. K.P. — Pourtant Zündel affirme, dans l'ouvrage auquel il se réfère et sur lequel vous avez basé votre dénonciation, qu'il n'y a pas eu d'Holocauste. C'est sur ce point que discutent tous les témoins et tous les experts de tous les procès qui se sont tenus jusqu'ici sur cette question : en somme, y a-t-il eu ou non un Holocauste. S.C. — C'est précisément cela, l'affirmation fausse. L'Holocauste est un fait. M. Zündel le sait. C'est pourquoi il doit être condamné. Et c'est ce qui va se passer. La démocratie est assez souvent lente et un jugement demande du temps. Mais M. Zündel recevra bientôt sa punition. K.P. — Vous êtes une survivante d'Auschwitz. Quels souvenirs cela éveille-t-il en vous ? S.C. — J'ai du mal à en parler. Les souvenirs sont douloureux. Ce qui me rappelle Auschwitz, c'est l'horreur. Les sélections quotidiennes. Les gazages massifs quotidiens. J'ai eu de la chance. J'étais une enfant. J'ai échappé au gaz. K.P. — Mais est-ce qu'on n'envoyait pas justement à la chambre à gaz les gens qui n'étaient pas aptes au travail, et par conséquent aussi les enfants ? S.C. — Si, mais j'ai eu de la chance. K.P. — Il y a de plus en plus de personnes qui contestent l'existence des chambres à gaz. Que pensez-vous de cette évolution ? S.C. — Malheureusement, il y a des négateurs. Ernst Zündel est l'un des responsables, car avec sa propagande de haine il entraîne beaucoup de gens. C'est pourquoi il est important qu'il soit condamné. En Allemagne il y a de bonnes lois. Il ne pourrait pas se risquer, là-bas, à faire ce qu'il fait ici. K.P. — Madame, vous êtes une survivante d'Auschwitz. Vous avez vu les chambres à gaz. Le public aimerait savoir à quoi elles ressemblaient. S.C. — Personne n'a jamais vu de chambre à gaz. Tous ceux qui les ont vues ne sont plus là. K.P. — M. Raul Hilberg, l'expert juif en matière d'Holocauste, dont les livres sur les chambres à gaz sont devenus une lecture obligatoire pour les étudiants américains, donne dans ses livres la parole à des survivants juifs qui ont vu les chambres à gaz. S.C. — Je ne sais pas. Je ne sais rien de M. Hilberg [1] Je sais seulement que six millions de juifs ont été gazés sur ordre d'Adolf Hitler. K.P. — Comment le savez-vous ? S.C. — Tout le monde le sait. Et Zündel le sait aussi. C'est pourquoi c'est sciemment qu'il répand de fausses nouvelles. K.P. — L'expert américain en matière de technologie d'exécution, Fred Leuchter, a affirmé sous serment qu'à Auschwitz, Birkenau et Majdanek il n'y avait jamais eu de chambres à gaz


562 pour l'extermination d'êtres humains. C'est un scientifique, et il a construit lui-même des chambres à gaz. Comment expliquez-vous cela ? S.C. — Je ne sais rien de ce Leuchter. Tout le monde sait que six millions de juifs ont été gazés. Le contester est ridicule. K.P. — Madame, vous dites qu'aucun survivant n'a jamais pu voir une chambre à gaz. Comment savez-vous alors qu'elles ont existé ? S.C. — Je ne réponds plus à aucune question. 1. Il est à noter que le professeur Raul Hilberg a témoigné en 1985 au premier procès Zündel. C'est sur la demande du ministère public et avec l'assentiment, on peut en être certain, de Madame Sabina Citron qu'il avait été convoqué comme expert. En tout cas, Mme S. Citron a assisté en personne aux longues et terribles journées où R. Hilberg a subi le contre-interrogatoire mené par l'avocat Douglas Christie assisté du professeur R. Faurisson. Sur la déconfiture de R. Hilberg, on lira A.H.R., n° 5, été-automne 1988, p. 3149. Rappelons enfin que R. Hilberg passe pour être l'historien le plus prestigieux de l'Holocauste ; voy. La Destruction des juifs d'Europe, Fayard, 1988, 1101 p. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 177-179


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SIMON WIESENTHAL, LE FAUX «CHASSEUR DE NAZIS» (Article paru en anglais dans The Journal of Historical Review, hiver 1989-1990, vol. 9, n° 4)

Mark Weber Simon Wiesenthal est une légende vivante. En août 1980, au cours d'une cérémonie officielle à la Maison Blanche, le président Carter, les larmes aux yeux, offrit au plus célèbre «chasseur de nazis» du monde une médaille d'or spéciale que lui décernait le Congrès américain. En novembre 1988, le président Reagan fit son éloge en le présentant comme l'un des «vrais héros» de ce siècle. S. Wiesenthal est titulaire de la plus haute décoration de l'Allemagne de l'Ouest et l'une des plus célèbres organisations mondiales en faveur de l'Holocauste porte son nom : le Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles. Le défunt Laurence Olivier le représenta à l'écran sous des traits flatteurs dans le film d'imagination tourné en 1978, «The Boys from Brazil», et Ben Kingsley interpréta son rôle dans une dramatique réalisée pour la télévision en avril 1989, «The Murderers among us : The Simon Wiesenthal Story» [Les assassins sont parmi nous : l'histoire de Simon Wiesenthal]. La réputation de Wiesenthal est imméritée. L'homme que le Washington Post appelle «l'Ange vengeur de l'Holocauste» a un lourd dossier pour ce qui est du peu de souci ou du mépris de la vérité [1]. Il a menti sur sa propre expérience de la guerre. Il a dénaturé ses réalisations en matière de «chasse aux nazis» dans l'après-guerre et répandu d'abominables mensonges au sujet de prétendues atrocités allemandes. Il n'est certainement pas une autorité morale. Des versions différentes Szymon (Simon) Wiesenthal est né le 31 décembre 1908 à Buczacz, ville de la province de Galicie en Autriche-Hongrie (aujourd'hui Buchach en Ukraine soviétique). Son père était un riche marchand de sucre en gros. Malgré tout ce qu'on a écrit à son sujet, ce que Wiesenthal a fait pendant les années de guerre sous l'occupation allemande n'est pas encore bien clair. Dans trois récits distincts de ses activités pendant la guerre il a fourni des versions qui divergent de façon troublante. Le premier récit fut livré sous serment, en mai 1948, au cours d'un interrogatoire de deux jours conduit par un représentant de la commission américaine des crimes de guerre à Nuremberg [2]. Le deuxième est un résumé de sa vie, que Wiesenthal a fourni en janvier 1949 lors d'une «Demande d'aide» auprès du Comité international des réfugiés [3]. Et le troisième est son autobiographie, The Murderers Among Us [Les assassins sont parmi nous], publiée pour la première fois en 1967 [4]. Ingénieur soviétique ou ouvrier mécanicien ? Au cours de son interrogatoire de 1948, Wiesenthal déclara que, «entre 1939 et 1941», il avait été un «ingénieur en chef soviétique travaillant à Lvov et à Odessa» [5]. Sa déclaration de 1949 est compatible avec la précédente puisqu'il y dit avoir travaillé, de décembre 1939 à avril 1940, comme architecte à Odessa, le port de la Mer Noire. Mais, d'après son autobiographie [publiée en 1967], il avait passé la période de mi-septembre 1939 à juin 1941 à Lvov, sous


564 administration soviétique, où il avait travaillé «comme mécanicien dans une usine qui produisait des ressorts de lits» [6]. «Une liberté relative» Après que les Allemands eurent pris le contrôle de la Galicie en juin 1941, Wiesenthal fut interné pendant un certain temps dans le camp de concentration de Janowska près de Lvov, d'où il fut transféré quelques mois plus tard dans un camp qui, à Lvov, était affilié aux ateliers de réparations (OAW) de la Ostbahn (chemins de fer de l'Est) en Pologne sous administration allemande. Wiesenthal a rapporté dans son autobiographie qu'il y travaillait «comme technicien et dessinateur», qu'il y était plutôt bien traité et que son supérieur immédiat, un homme «secrètement antinazi», lui avait même permis de posséder deux pistolets. Il avait son bureau à lui dans une «petite baraque de bois» ; il y jouissait d'une «liberté relative et on lui permettait de se promener partout autour des chantiers» [7]. Un partisan armé ? Le fragment suivant de la vie de Wiesenthal — d'octobre 1943 à juin 1944 — est le plus obscur et ses récits sur cette période sont contradictoires. Lors de son interrogatoire de 1948, Wiesenthal déclara qu'il s'était enfui du camp de Janowska, à Lvov, pour joindre un «groupe de partisans qui opérait dans le secteur de Tarnopol-Kamenopodolsk» [8]. Il dit : «J'ai été partisan du 6 octobre 1943 jusqu'au milieu de février 1944» et déclara que son unité s'était battue contre les forces ukrainiennes, à la fois de la division SS «Galicie» et des forces partisanes indépendantes UPA [9]. Wiesenthal dit avoir eu rang de lieutenant, puis de major, et avoir été responsable de la construction de blockhaus et de lignes de fortifications. Tout en restant dans le flou, il laissa entendre que cette unité (supposée) de partisans faisait partie de l'Armia Ludowa («Armée du Peuple»), force militaire communiste polonaise créée et contrôlée par les Soviétiques [10]. Il dit qu'avec d'autres partisans il s'était glissé dans Lvov en février 1944, où ils furent «cachés par des amis du groupe de l'Armia Ludowa». Le 13 juin 1944, son groupe fut capturé par la police secrète militaire des Allemands. (Alors que les partisans juifs qui se cachaient étaient souvent fusillés, Wiesenthal rapporte que, pour une raison ou pour une autre, il fut épargné.) Wiesenthal raconta à peu près la même histoire dans sa déclaration de 1949. Il affirma qu'il s'était enfui de captivité au début d'octobre 1943 et qu'ensuite il «avait combattu contre les Allemands comme partisan dans la forêt» pendant huit mois — du 2 octobre 1943 à mars 1944. Après quoi, il «s'était caché» à Lvov de mars à juin 1944. Dans son autobiographie de 1967, Wiesenthal raconte une histoire totalement différente. Il rapporte qu'après sa fuite des ateliers de réparations de l'Ostbahn le 2 octobre 1943, il vécut en se cachant chez différents amis jusqu'au 13 juin 1944, quand il fut découvert par la police allemande et polonaise et renvoyé en camp de concentration. Il ne fait aucune allusion à une adhésion comme partisan ou à une activité comme tel [11]. Selon, à la fois, son interrogatoire de 1948 et son auto-biographie de 1967, il tenta de se suicider le 15 juin 1944 en se tailladant les poignets. Un fait digne d'attention, néanmoins : il fut sauvé de la mort par des médecins allemands SS et se rétablit dans un hôpital SS [12]. Il resta au camp de concentration de Lvov «avec double ration» pendant un certain temps, et ensuite, raconte-t-il dans son autobiographie, il fut transféré vers divers camps de travail. Il passa les mois chaotiques restants, jusqu'à la fin de la guerre, dans différents camps et fut libéré de Mauthausen (près de Linz) par les forces américaines le 5 mai 1945 [13]. Wiesenthal s'est-il inventé un passé de partisan héroïque ? Ou a-t-il essayé plus tard de supprimer les traces de son


565 épisode de combattant communiste ? Ou la véritable histoire dans son ensemble est-elle tout autre — et il aurait trop honte à le reconnaître ? Les mythes de Mauthausen Avant le «chasseur de nazis» il y eut le propagandiste trompeur et sans scrupules. En 1946, Wiesenthal publia KS-Mauthausen, un livre qui fit sensation et qui contient principalement ses propres croquis d'amateur censés représenter les horreurs du camp de concentration de Mauthausen. Un dessin représente trois détenus attachés à des poteaux et sadiquement mis à mort par les Allemands [14]. Le croquis est un faux complet. Il a été copié — avec quelques modifications mineures — à partir de photographies qui ont paru dans la revue Life en 1945, qui rappelle par une photographie la fusillade, en décembre 1944, par un peloton d'exécution, de trois soldats allemands qui avaient été surpris en train d'espionner derrière les lignes au cours de la «Bataille des Ardennes» [15]. La source du dessin de Wiesenthal est instantanément évidente à quiconque compare ce dessin aux photographies de Life [16]. Le caractère irresponsable de cet ouvrage apparaît aussi dans la très longue citation qu'y donne Wiesenthal des supposés «aveux sur son lit de mort» du commandant de Mauthausen Franz Ziereis, selon lesquels quatre millions de gens furent gazés avec du monoxyde de carbone au camp satellite de Hartheim situé à proximité [17]. Cette allégation est totalement absurde et plus aucun historien sérieux de l'Holocauste ne l'accepte [18]. En outre, selon les «aveux» de Ziereis cités par Wiesenthal, les Allemands sont censés avoir tué en outre dix millions de personnes en Pologne, en Lituanie et en Lettonie [19]. En fait, ces «aveux» sont totalement faux et ont été obtenus sous la torture [20]. Des années plus tard, Wiesenthal mentait encore au sujet de Mauthausen. Dans une interview donnée en 1983 au quotidien américain USA Today, il s'exprimait ainsi sur son expérience à Mauthausen : «J'étais l'un des 34 prisonniers survivants sur les 150 000 qui avaient été mis là.» [21]. C'est un pur mensonge. Les années ont apparemment été rudes pour la mémoire de Wiesenthal, puisque, dans sa propre autobiographie, il écrivait que «près de 3 000 prisonniers sont morts à Mauthausen après notre libération par les Américains le 5 mai 1945» [22]. Une autre ancienne détenue, Evelyn Le Chêne, rapporte, dans son ouvrage classique sur Mauthausen, qu'il y avait 64 000 détenus dans le camp lorsqu'il fut libéré en mai 1945 [23]. Et selon l'Encyclopaedia Judaica, au moins 212 000 prisonniers ont survécu à l'internement dans le complexe du camp de Mauthausen [24]. Après la guerre, Wiesenthal travailla pour le bureau américain des Services stratégiques [OSS] (précurseur de la CIA) et pour le service de contre-espionnage de l'armée américaine (le CIC). Il fut aussi vice-président du Comité central juif de la zone d'occupation américaine en Autriche [25]. Le «savon humain» Wiesenthal a fait circuler et croire à l'une des légendes holocaustiques les plus calomnieuses, à savoir l'accusation selon laquelle les Allemands fabriquaient du savon à partir des cadavres de juifs assassinés. Selon cette fable, les lettres «RIF» inscrites sur les pains de savon fabriqués par les Allemands signifiaient, à ce que l'on prétend, «Pure graisse juive» (Rein jüdisches Fett). En réalité, ces initiales signifiaient «Centre national pour l'approvisionnement en graisse industrielle» (Reichsstelle für industrielle Fettversorgung) [26].


566 Wiesenthal a assuré la promotion de la légende du «savon humain» dans des articles publiés en 1946 dans le journal de la communauté juive autrichienne, Der Neue Weg [La nouvelle voie]. Dans un article intitulé «RIF», il écrivait : Les terribles mots «Transport pour savon» furent entendus pour la première fois à la fin de 1942. C'était dans le Gouvernement général [de Pologne] et l'usine se trouvait en Galicie, à Belzec. D'avril 1942 à mai 1943, 900 000 juifs furent utilisés comme matière première dans cette usine. Après la transformation des cadavres en diverses matières premières, écrivait Wiesenthal, «Le reste, les déchets graisseux résiduels, était employé à la production de savon.» Il poursuivait ainsi : Après 1942, les gens dans le Gouvernement général savaient très bien ce que signifiait le savon RIF. Le monde civilisé ne peut pas imaginer la joie que ce savon procurait aux nazis du Gouvernement général et à leurs femmes. Dans chaque morceau de savon, ils voyaient un juif qui avait été magiquement mis là et qu'on avait ainsi empêché de devenir un second Freud, Ehrlich ou Einstein [27]. Dans un autre article plein d'imagination publié en 1946, intitulé «L'usine de savon de Belzec», Wiesenthal prétendait que des masses de juifs avaient été exterminées dans des douches par électrocution : Les gens, serrés les uns contre les autres et entraînés par les SS, les Lettons et les Ukrainiens, franchissent la porte ouverte pour se rendre au «bain». Cinq cents personnes pouvaient tenir en même temps. Le plancher de la «chambre de bain» était fait de métal et des pommes de douches pendaient au plafond. Quand la pièce était pleine, les SS envoyaient les 5 000 volts du courant électrique à travers la plaque de métal. Au même moment, de l'eau se déversait des pommes de douches. Un cri bref, et l'exécution était terminée. Un médecin chef SS nommé Schmidt vérifiait à travers un œilleton que les victimes étaient mortes. On ouvrait la deuxième porte et le «commando des cadavres» pénétrait et enlevait rapidement les morts. Tout était prêt pour les 500 suivants [28]. Aujourd'hui, aucun historien sérieux n'accepte les légendes selon lesquelles des cadavres de juifs étaient transformés en pains de savon ou que des juifs étaient tués par électrocution à Belzec (ou ailleurs). Cette façon pleine d'imagination qu'a Wiesenthal de concevoir l'histoire ne se limite pas au vingtième siècle. Dans son livre publié en 1973, Sails of Hope [Les Voiles de l'espoir], il prétendait que Christophe Colomb était secrètement juif et que son célèbre voyage vers l'hémisphère occidental en 1492 était en réalité la quête d'une nouvelle patrie pour les juifs d'Europe [29]. Un «chasseur de nazis» frauduleux La réputation de Wiesenthal comme premier «chasseur de nazis» du monde est entièrement imméritée. Sa plus grande réalisation, en plus de trente ans de recherche de «criminels nazis», a été le rôle qu'il aurait joué dans la localisation et la capture d'Adolf Eichmann. (Eichmann dirigeait pendant la guerre le département SS des Affaires juives. Il fut enlevé par des agents israéliens à Buenos Aires en 1960 et pendu à Jérusalem, après un procès qui a retenu l'attention des médias du monde entier.) Mais Isser Harel, le fonctionnaire israélien à la tête du commando qui captura Eichmann, a déclaré sans équivoque que Wiesenthal n'était «strictement pour rien» dans la capture. (Harel


567 est un ancien dirigeant à la fois du Mossad et du Shin Bet, les agences de sécurité israéliennes pour l'Étranger et pour l'Intérieur.) De surcroît, Arnold Forster, conseiller général de l'AntiDefamation League [la Ligue antidiffamation] du B'nai B'rith, la puissante organisation sioniste, a rapporté, dans son livre Square One, que, juste avant la capture d'Eichmann par les Israéliens en Argentine, Wiesenthal le situait à la fois au Japon et en Arabie Saoudite. Quand le gouvernement israélien refusa d'accorder à Wiesenthal des fonds pour rechercher Eichmann, le «chasseur de nazis» fit une déclaration à la presse israélienne dans laquelle il prétendit que le gouvernement refusait son aide pour capturer l'ancien SS [30]. L'une des affaires les plus spectaculaires de Wiesenthal a concerné un homme de Chicago du nom de Frank Walus. Dans une lettre datée du 10 décembre 1974, il accusa ce Walus d'avoir «livré des juifs à la Gestapo» à Czestochowa et à Kielce, en Pologne, durant la guerre. Cette lettre provoqua une enquête de la part du gouvernement américain et une campagne judiciaire contre Walus [31]. En mai 1981, le Washington Post fit paraître un article sur cette affaire intitulé : Le nazi qui n'en avait jamais été un : comment une chasse aux sorcières lancée par la justice, la presse et des enquêteurs a flétri un homme innocent en le présentant comme un criminel de guerre. Le long article, qui fut reproduit par l'American Bar Association [Association du barreau américain], signalait : En janvier 1977, le gouvernement des États-Unis accusa un habitant de Chicago du nom de Frank Walus d'avoir commis des atrocités en Pologne pendant la seconde guerre mondiale. Dans les années qui suivirent, cet ouvrier d'usine à la retraite dut recourir à l'endettement pour réunir plus de 60 000 dollars afin d'assurer sa défense. Il comparut au tribunal tandis que onze juifs survivants de l'occupation nazie en Pologne attestaient qu'ils l'avaient vu assassiner des enfants, une vieille femme, une jeune femme, un bossu et d'autres personnes encore. […] Des preuves écrasantes montrent que Walus n'était pas un criminel de guerre nazi, qu'il n'était pas même en Pologne pendant la seconde guerre mondiale […] Dans une atmosphère de haine et de dégoût voisine de l'hystérie, le gouvernement persécutait un innocent En 1974, Simon Wiesenthal, le célèbre «chasseur de nazis» de Vienne, avait accusé Walus d'être «un Polonais de Chicago qui avait collaboré avec la Gestapo dans les ghettos de Czestochowa et de Kielce et qui avait livré un certain nombre de juifs à la Gestapo» [32]. L'hebdomadaire de Chicago Reader fit un reportage sur l'affaire sous forme d'un article détaillé, paru en 1981 et intitulé : «La persécution de Frank Walus : Pour capturer un nazi : Le gouvernement américain voulait un criminel de guerre, alors, avec l'aide de Simon Wiesenthal, de la police israélienne, de la presse locale et du juge Julius Hoffman, il en a inventé un» [33]. L'article énonçait : On est en droit de supposer que les «rapports» reçus par Wiesenthal [pour accabler Walus] étaient en fait des rumeurs […]. En d'autres termes, Simon Wiesenthal n'avait aucune preuve à l'encontre de Walus. Ce qui ne l'empêcha pas de le dénoncer. Tandis que l'affaire Walus était en cours d'instruction auprès d'Hoffman [le juge], on projetait Holocaust à la télévision. A la même époque, c'est-à-dire en avril 1978, Simon


568 Wiesenthal vint à Chicago où il donna des interviews dans lesquelles il s'attribuait le mérite de l'affaire Walus. «Comment un chasseur de nazis a aidé à trouver Walus», fut la manchette du quotidien Sun-Times, suivie d'un récit signé Bob Olmstead. Wiesenthal déclara à Abe Peck, du Sun-Times qu'il «n'avait jamais fait d'erreur d'identité». «Je sais qu'il y a des milliers de gens qui attendent que je commette une erreur», déclara-til. Ce fut seulement après une bataille judiciaire épuisante que l'homme qui avait été calomnié et agressé physiquement sous prétexte qu'il était «le boucher de Kielce» réussit finalement à prouver qu'il avait passé les années de guerre en paisible ouvrier agricole en Allemagne. Le comportement irresponsable et téméraire de Wiesenthal dans l'affaire Walus aurait dû suffire pour le discréditer à titre définitif en tant qu'enquêteur digne de confiance. Mais sa réputation «de Teflon» survécut même à cela [34]. Après une semblable affaire au Canada qui s'était achevée sur la déconfiture de Wiesenthal, le journal Toronto Sun fit ce commentaire dans son éditorial : «Il semble que les éléments fournis par le chasseur de nazi professionnel Simon Wiesenthal sont inexacts, mais qu'on ne se gêne pas pour les répéter [dans les médias].» [35] Une grande partie du mythe de Wiesenthal est fondée sur sa chasse de J. Mengele, le médecin qui était à Auschwitz pendant la guerre et qu'on aurait appelé l'«ange de la mort». Wiesenthal ne cessait de prétendre qu'il était sur les talons de Mengele. Wiesenthal racontait que ses informateurs avaient «vu» ou «juste manqué» l'insaisissable médecin au Pérou, au Chili, au Brésil, en Espagne, en Grèce et dans une demi-douzaine d'endroits au Paraguay [36]. C'est au cours de l'été 1960 qu'il fut le plus près de saisir sa proie. Wiesenthal raconta que Mengele était parti se cacher dans une petite île de Grèce, d'où il s'était échappé juste quelques heures plus tôt. Wiesenthal continua à colporter cette histoire avec force détails précis, même après qu'un journaliste, qu'il avait payé pour vérifier les faits, l'eut informé que le récit était faux de bout en bout [37]. Selon un autre bobard de Wiesenthal, Mengele organisa le meurtre, en 1960, d'une de ses anciennes victimes, une femme qu'il était censé avoir stérilisée à Auschwitz. Après avoir retrouvé sa trace, et repéré son tatouage caractéristique du camp, dans un hôtel d'Argentine où il était descendu, Mengele aurait prétendument organisé son meurtre parce qu'il craignait qu'elle ne le dénonce. Il se révéla que la femme en question n'était jamais allée en camp de concentration, n'avait pas de tatouage, n'avait jamais rencontré Mengele, et que sa mort était un simple accident d'alpinisme [38]. Mengele dînait régulièrement dans les meilleurs restaurants d'Asunción, capitale du Paraguay, disait Wiesenthal en 1977, et il était censé circuler dans la ville à bord de sa Mercedes Benz noire, accompagné d'une troupe de gardes armés [39]. Wiesenthal annonça en 1985 qu'il était «à 100 % certain» que Mengele était parti se cacher au Paraguay au moins jusqu'à juin 1984 et il accusa la famille de Mengele, en Allemagne de l'Ouest, de savoir exactement où. En fin de compte, Wiesenthal se trompait complètement. Il fut plus tard définitivement établi que Mengele était mort en 1979 au Brésil, où il avait vécu pendant des années, pauvre et anonyme [40]. En vérité, au «Centre de documentation» de Wiesenthal à Vienne, le dossier Mengele, plein à craquer, était un tel fouillis d'informations inutiles que, selon les termes du Times de Londres, il «ne faisait que maintenir des mythes qui se nourrissaient de leurs propres affirmations et ne donnait guère satisfaction à ceux qui apparemment avaient besoin d'une réponse définitive sur le sort de Mengele» [41]. Même l'ancien ambassadeur d'Israël au Paraguay, Benjamin Varon, critiqua prudemment la campagne bidon lancée contre Mengele en 1983 : «Wiesenthal fait périodiquement des déclarations où il nous annonce qu'il est sur le point de l'attraper, peut-être


569 parce que Wiesenthal doit se procurer des fonds pour ses activités et que le nom de Mengele fait toujours recette.» [42] Selon les termes de G. Posner et John Ware, co-auteurs du livre Mengele : The Complete Story [Mengele : Toute l'histoire], Wiesenthal a passé des années à cultiver assidûment une image mythique de sa personne, «celle d'un détective infatigable et opiniâtre, confronté au pouvoir tout-puissant et funeste de Mengele et d'un vaste réseau nazi». A cause du chic qu'il a pour «parler pour la galerie», affirment en conclusion Posner et Ware, Wiesenthal «a fini par mettre en péril sa crédibilité» [43]. Un jour, Bruno Kreisky, chancelier d'Autriche et lui-même d'origine juive, résuma ainsi son attitude sans équivoque à l'égard du «chasseur de nazis» : L'ingénieur Wiesenthal, ou quel que soit son titre, me déteste parce qu'il sait que je méprise son activité. Le groupe Wiesenthal est une mafia quasi politique qui travaille contre l'Autriche avec des méthodes scandaleuses. Wiesenthal est connu pour être quelqu'un qui n'est pas très soucieux de la vérité, qui n'est pas très sélectif dans ses méthodes et qui utilise des trucs. Il prétend qu'il est le «chasseur d'Eichmann» alors que chacun sait que c'est un service secret qui a fait le travail et que Wiesenthal s'en attribue le mérite [44]. Wiesenthal ne se trompe pas toujours, bien sûr. En 1975, il reconnaissait, dans une lettre publiée dans un périodique britannique, qu'«il n'y avait pas eu de camps d'extermination sur le sol allemand» [45]. Il reconnaissait ainsi implicitement que les allégations avancées par le tribunal de Nuremberg au lendemain de la guerre et ailleurs, selon lesquelles Buchenwald, Dachau et d'autres camps en Allemagne proprement dite étaient des «camps d'extermination», n'étaient pas vraies. «La commercialisation de l'Holocauste» Simon Wiesenthal et le Centre de Los Angeles qui porte son nom «commercialisent» et «banalisent» l'Holocauste, si l'on en croit le directeur du centre de l'Holocauste de Yad Vashem en Israël. L'accusation a été rapportée par le quotidien israélien Ha'aretz en décembre 1988 [46]. L'hebdomadaire de Brooklyn The Jewish Press commenta ainsi cette accusation : «Le mécontentement de Yad Vashem à propos de la façon dont le centre Simon Wiesenthal commercialise l'Holocauste est bien connu depuis longtemps, mais c'est la première fois qu'il le manifeste aussi ouvertement.» Wiesenthal a «lancé» le chiffre de «11 millions de personnes exterminées dans l'Holocauste — six millions de juifs et cinq millions de non juifs», affirma le directeur. Quand on lui demanda pourquoi il donnait ces chiffres, Wiesenthal répondit : Les gentils ne feront pas attention si nous ne mentionnons pas également leurs victimes. Wiesenthal «a choisi "cinq millions [de gentils]" parce qu'il voulait un nombre "diplomatique", un nombre qui témoignerait d'un grand nombre de victimes chez les gentils mais qui ne soit en aucun cas supérieur au nombre des juifs…» Le Centre de Los Angeles paie 75 000 dollars par an à Wiesenthal pour l'utilisation de son nom, dit le directeur de Yad Vashem. «Le peuple juif fait beaucoup de choses grossières», ajoute le rapport, mais : le Centre Wiesenthal a atteint le comble : il utilise au maximum les sujets sensibles dans le but de collecter des fonds… The Jewish Press, qui prétend être le journal de la communauté juive d'expression anglaise le plus lu d'Amérique, continuait ainsi : «Ce que font Wiesenthal et le Centre de Los Angeles


570 qui porte son nom revient à banaliser l'Holocauste, à lui enlever cette haine-du-juif qui lui est spécifique. Et, bien sûr, les juifs vont continuer à le soutenir parce que c'est tellement à la mode.» On demande souvent à Wiesenthal pourquoi il ne pardonne pas à ceux qui ont persécuté les juifs il y a plus de quarante ans. Sa réponse classique consiste à dire que, s'il a le droit, lui, de pardonner, il n'a pas le droit de pardonner de la part des autres. Mais c'est là un sophisme digne du Talmud. Si l'on se fonde sur un pareil raisonnement, il n'a pas non plus le droit d'accuser et de traquer quiconque au nom des autres. Wiesenthal n'a jamais limité sa «chasse» à ceux qui ont fait de lui, personnellement, une victime. Il est difficile de dire au juste ce qui anime cet homme digne d'attention. Est-ce la recherche de la renommée ou des louanges ? Ou essaie-t-il de faire oublier un épisode honteux de son passé ? Wiesenthal apprécie manifestement les louanges qu'il reçoit. «C'est un homme au moi très développé, sensible aux témoignages d'estime et fier de [ses] titres honoris causa» , a-t- on pu lire dans The Los Angeles Times [47]. Bruno Kreisky a fourni une explication plus simple. Il dit que Wiesenthal «est mené par la haine» (von Hass diktiert) [48]. A la lumière d'un dossier si bien fourni en tromperies, mensonges et preuves d'incompétence, l'éloge extravagant dont on a comblé cet homme méprisable reflète le pouvoir de corruption par l'argent, et l'absence de principes de notre époque. 1. Cité dans : M. Weber, «Nazi Hunter' Caught Lying [Chasseur de nazis pris en flagrant délit de mensonge]», Spotlight, Washington, DC, 26 octobre 1981, p. 9. 2. Interrogatoire de S. Wiesenthal les 27 et 28 mai, n° 2820, conduit par Curt Ponger. Dossier des Archives nationales de Washington, «Records of the U.S. Nuremberg War Crimes Trials Interrogations, 1946-49», dossier n° 238, microfilm M-1019, rouleau 79, images 460-469 et 470-476. 3. «Demande d'aide» auprès du PCIRO (Organisation internationale pour les réfugiés, en Autriche), remplie et signée par Wiesenthal, en date du 16 janvier 1949. Ce document a servi de pièce à conviction dans l'affaire Walus. Photocopie en possession de l'auteur. 4. S. Wiesenthal, The Murderers Among Us , édité par Joseph Wechsberg, New York, McGraw Hill, 1967. 5. Interrogatoire de S. Wiesenthal, 27 mai 1948, p. 1-2. 6. Murderers Among Us, p. 27. 7. Murderers Among Us, p. 29-35. Ce récit n'est pas incompatible avec ses déclarations de 1948 et de 1949. 8. Interrogatoire du 27 mai 1948, p. 2. 9. Interrogatoire du 28 mai 1948, p. 1-2. 10. Interrogatoire du 28 mai 1948, p. 5. 11. Murderers Among Us, p. 35-37. 12. Murderers Among Us, p. 37-38. Interrogatoires du 27 mai 1948, p. 2, et du 28 mai 1948, p. 5. 13. Murderers Among Us, p. 39-44. Interrogatoire du 27 mai 1948, p. 2-3. 14. KZ Mauthausen, Linz, Ibis-Verlag, 1946. Voy., ci-après, p. 197. 15. «Firing Squad [Peloton d'exécution]», Life, édition américaine, 11 juin 1945, p. 50. Voy., ci-après, p. 196. 16. Voy. également M. Weber, «The Sleight-of-Hand [le tour de passe-passe] of Simon Wiesenthal», The Journal of Historical Review, printemps 1984, vol. 5, n° 1, p. 120-122.


571 17. S. Wiesenthal, KZ Mauthausen (1946). Ces «aveux» sont une version quelque peu modifiée du document de Nuremberg NO-1973 (en polonais) ou PS-1515 (en allemand). 18. Selon l'Encyclopaedia Judaica («Mauthausen», EJ, vol. 11, p. 1138), au total 335 000 personnes furent détenues à Mauthausen et dans ses camps satellites (comprenant Hartheim) à un moment ou à un autre. 19. S. Wiesenthal, KZ Mauthausen (1946). 20. Voy. R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», A.H.R. n° 1, printemps 1987, p. 137-152 ; Hans Fritzsche, The Sword in the Scales [L'Épée dans la balance] , Londres, 1953, p. 185 ; M. Weber, «Allies Used Torture…» [Les Alliés ont utilisé la torture…], The Spotlight, 24 décembre 1979, p. 8 ; Gerald Reitlinger, The Final Solution, Londres, Sphere, 1971, p. 515. 21. USA Today, 21 avril 1983, p. 9A. 22. Murderers Among Us, p. 44. 23. Evelyn Le Chêne, Mauthausen : The History of a Death Camp, Londres, 1971, p. 166168 et 190-191. 24. «Mauthausen», Encyclopaedia Judaica, New York & Jérusalem, 1971, vol. 11, p. 1138. 25. C. Moritz, éd., Current Biography 1975, New York, H.W. Wilson, 1975, p. 442 ; interrogatoire de Wiesenthal du 27 mai 1948, p. 3. 26. R. Faurisson, «Le savon juif», Annales d'histoire révisionniste, n° 1, printemps 1987, p. 153-159. Le mythe du «savon humain» est repris, notamment, dans H. Kamm, «Elie Wiesel's Hometown» [La Ville natale d'Elie Wiesel], The New York Times, 9 décembre 1986, p. A9. 27. Der Neue Weg, Vienne, n° 17/18, 1946, p. 4-5. L'article est intitulé «RIF» et signé «Ing. Wiesenth.» (Ingénieur Wiesenthal). 28. Der Neue Weg, Vienne, n° 19/20, 1946, p. 14-15. L'article est intitulé «Seifenfabrik Belsetz» (L'usine de savon de Belzec) et signé «Ing. S. Wiesenth.». 29. S. Wiesenthal, Sails of Hope, Macmillan, 1973. 30. S. Birnbaum, «Wiesenthal's claim on Eichmann disputed by former Mossad head» [La revendication de Wiesenthal sur Eichmann contestée par un ancien dirigeant du Mossad], Daily News Bulletin de l'Agence Télégraphique juive, New York, 4 avril 1989 (envoi daté du 3 avril). Voy. aussi «Israeli Spy Terms Wiesenthal No Help in Finding Eichmann» [Selon un espion israélien, Wiesenthal n'a pas aidé à trouver Eichmann], dépêche Reuter de New York, St. Louis Dispatch, 9 avril 1989. 31. Michael Arndt, «The Wrong Man» [Ce n'était pas lui]], Sunday, The Chicago Tribune Magazine, 2 décembre 1984, p. 15-35, et, en particulier, p. 23. 32. «The Nazi Who Never Was» [Le Nazi qui n'en avait jamais été un], Washington Post, 10 mai 1981, p. B5, B8. 33. «The Persecution of Frank Walus», Reader (Chicago), 23 janvier 1981, p. 19, 30. 34. Précisons de quelle façon spectaculaire Frank Walus, plus chanceux en cela que Demjanjuk devant ses juges israéliens, put, en dernière minute, prouver son innocence. Les «témoins» juifs avaient déclaré à l'instruction que Walus était un colosse, un «général SS» pour certains. Au procès, on vit apparaître un tout petit homme frêle. La contradiction n'émut ni le juge, ni la presse. On s'acheminait vers une condamnation quand, soudain, on retrouva le nom et l'emplacement de la ferme allemande qui avait, pendant la guerre, employé le jeune Frank. Une foule de preuves fut apportée et, parmi celles-ci, la plus émouvante de toutes : la photographie du jeune Polonais, aussi frêle autrefois en Allemagne qu'il l'était aujourd'hui devant le tribunal américain. A cause de S. Wiesenthal, la vie de F. Walus était devenue un véritable calvaire, même au sens


572 physique du terme (violentes agressions physiques, multiples attaques cardiaques, incapacité de se soigner correctement à cause de son dénuement), et la santé du malheureux ne s'en est jamais remise. — NDLR. 35. Cité dans M. Weber, «The Sleight-of-Hand of Simon Wiesenthal», The Journal of Historical Review, printemps 1984, p. 120-122. 36. Gerald L. Posner et John Ware, Mengele : The Complete Story, New York, Dell, 1987, p. 220-221 ; Gerald Astor, The «Last» Nazi : The Life and Times of Dr. Joseph Mengele, Toronto, Paperbacks, 1986, p. 202. 37. G. Posner et J. Ware, Id., p. 220. 38. G. Posner et J. Ware, Id., p. 179-180 ; G. Astor, Id., p. 178-180. 39. Time Magazine, 26 septembre 1977, p. 36-38. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 219. 40. «Hunting the "Angel of Death"» [La chasse à l'«Ange de la mort»], Newsweek, 20 mai 1985, p. 36-38. Voy. aussi M. Weber, «Lessons of the Mengele Affair», The Journal of Historical Review, automne 1985 (vol. 6, n° 3), p. 382. En outre, sur l'altération de la vérité dans l'affaire «Mermelstein-Institute for Historical Review», voy. M. Weber, «Declaration», The Journal of Historical Review, printemps 1982 (vol. 3, n° 1), p. 4243 ; M. Weber, «Albert Speer and the "Holocaust"», The Journal of Historical Review, hiver 1984 (vol. 5, n° 2-4), p. 439. 41. Tom Bower dans The Times, Londres, 14 juin 1985, p. 14. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 222-223. 42. Midstream, décembre 1983, p. 24. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 219. 43. G. Posner et J. Ware, Id., p. 222-223. 44. «Was hat Wiesenthal zu verbergen ?» [Wiesenthal a-t-il quelque chose à cacher ?], Deutsche National-Zeitung, Munich, 11 novembre 1988, p. 4. 45. Lettre de Wiesenthal dans Books & Bookmen, Londres, avril 1975, p. 5 ; plus tard il nia fallacieusement avoir fait une telle déclaration. Dans une lettre du 12 mai 1986 adressée au professeur John George de la Central State University d'Edmond, dans l'Oklahoma (copie en possession de l'auteur), Wiesenthal écrivait : «Je n'ai jamais déclaré qu'"il n'y avait pas eu de camps d'extermination sur le sol allemand". Cette citation est fausse, je n'aurais jamais pu dire une chose pareille.» 46. Ha'aretz, 16 décembre 1988. Repris par Jewish Press, Brooklyn, NY, 23 décembre 1988. 47. Cité dans M. Weber, Spotlight, 26 octobre 1981, p. 9. 48. Deutsche National-Zeitung, Munich, 8 juillet 1988, p. 7. ________________________________________________ La R.H.R. reviendra sur le cas de Simon Wiesenthal et, en particulier, sur un document le concernant que Robert Faurisson vient de découvrir aux Archives nationales de Washington. S. Wiesenthal s'est vanté, dans la presse française, d'avoir, en 1978, chassé de son domicile, à Vienne, R. Faurisson qui lui rendait visite. En réalité, il ne savait pas à cette époque qui était R. Faurisson venu l'interroger sur Anne Frank ; il l'avait aimablement reçu et lui avait même fourni par écrit le nom et l'adresse d'un centre de recherches à Vienne ; R. Faurisson possède toujours cet écrit. L'ouvrage Justice n'est pas vengeance (R. Laffont, 1989), qui se présente comme une autobiographie de S. Wiesenthal, ne comporte pas même le nom de F. Walus ; en revanche, avec l'inconscience de la forfanterie dans le crime, l'auteur ne nous fait grâce d'aucun détail


573 sur les mensonges, les supercheries, les trucages qui lui ont permis de diffamer publiquement, grâce à une presse complaisante ou grâce au cinéma, ceux qu'il pourchassait jusqu'à la condamnation, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort ou jusqu'au suicide. Il est probable que S. Wiesenthal, le «chasseur de nazis», n'a pas découvert un seul «criminel de guerre» mais qu'il s'est contenté de faire rouvrir des dossiers de «criminels de guerre» déjà jugés et condamnés ; il a, par les moyens les plus vils, réactivé des affaires classées et suscité de nouveaux procès, mais, cette fois-ci, à grand spectacle. * Trois premières photographies ci-dessous : Dans sa livraison du 11 juin 1945, le magazine américain Life a publié la photographie de trois soldats allemands fusillés par un peloton d'exécution de l'armée américaine pendant la bataille des Ardennes (décembre 1944). Quatrième photographie ci-dessous : Ce dessin de Simon Wiesenthal, extrait de son livre KZ Mauthausen, publié en 1946, montre trois détenus mis à mort par la barbarie allemande dans le camp de concentration de Mauthausen. On remarquera la tenue rayée des déportés. S. Wiesenthal a-t-il réellement été le témoin de cette exécution ? Il suffit de se reporter ci-dessus à la photographie du magazine Life pour constater la source de son inspiration. S. Wiesenthal ne cesse de se présenter en témoin vivant de la mort de «millions» de victimes de la brutalité des nazis mais il est incapable de fournir à ses lecteurs une seule illustration tirée de sa propre expérience. Il lui faut mentir et plagier. L'ironie veut qu'en fin de compte il ait, pour illustrer une fausse exécution par des Allemands, utilisé une vraie exécution d'Allemands par des Américains. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 180-197


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DAVID IRVING ET CHURCHILL David IRVING - CHURCHILL'S WAR / The Struggle For Power (Veritas Publishing Company Pty. Ltd., Australie 1987), xx + 666 pages. Compte rendu de

Joseph Coutelier La revue juive Regards [1] publiait récemment un minuscule écho, où on lisait cette mise en garde inattendue : «…on évitera avec fruit le Goering de David Irving. Outre qu'il écrit avec une râpe à fromage et que son ouvrage fourmille d'erreurs, l'auteur se revendique de la mouvance négationniste des Roques et Faurisson…» C'est désobligeant, mais bien observé, et même sans doute bien senti. Seulement l'échotier, ne maîtrisant qu'imparfaitement notre langue, ignore que l'outil manié par David Irving n'est pas une râpe, mais bien une étrille, que l'Anglais passe sans ménagement sur la panse rebondie de l'histoire contemporaine racontée par des scribes accroupis. Il en hérisse le poil, faut-il s'en étonner ? Quant au fourmillement de l'erreur, il faudrait en apporter la preuve documentée. Gageons que nous l'attendrons longtemps encore. Arrêtons-nous plutôt au premier des deux tomes — le seul paru, et non traduit en français à ce jour — qu'Irving a l'intention de consacrer à Winston Spencer Churchill, de belliqueuse mémoire. La publication anglaise, qui a rencontré elle-même pas mal de traverses, a fini par voir le jour début 1988, en Australie, soit aux antipodes de la patrie de tous les courages et de toutes les libertés. * On ne peut pourtant pas raisonnablement accuser Irving de vouloir irriter systématiquement son lecteur, mais si la vérité est irritante ? Et de fait elle l'est ici au point que l'auteur, en dépit d'une sympathie de principe pour son personnage, n'arrive pas à lui épargner un verdict final de déchéance et de déshonneur, sinon — pire encore — de ridicule. L'analyse de David Irving procède d'un triage méthodique au travers d'une grille indéformable : le temps. Il s'en est expliqué ailleurs. Sa recherche consiste à marquer aussi rigoureusement que possible le moment, c'est-à-dire la date, bien sûr, mais parfois l'heure, sinon la minute, de l'événement ou du document. Ensuite, leur classement selon cet ordre impitoyable fera sauter aux yeux les impossibilités, les mensonges, les montages, les impostures dont on a émaillé l'histoire en général, mais surtout celle de notre siècle. Pour le cas de Churchill, le résultat est souvent stupéfiant, rarement édifiant, hélas. On frémit à l'idée d'un monde qui considérait, et considère encore, avoir été sauvé et libéré par cet alcoolique profond, fils d'un père alcoolique, décédé d'éthylisme à 46 ans (p. 2). D'autant plus que le vice de Winston était notoire. Neville Chamberlain, entre cent autres, se méfiait de Churchill, notamment parce qu'il buvait (p. 143). Voyez aussi cette note que David Irving prend dans le journal du général Pownall, sur un Churchill «incapable de s'entretenir de rien — trop fatigué et trop d'alcool», alors que le pochard tenait en ses mains les destinées de l'Angleterre (p. 384). Trop fatigué ? Pourtant Churchill «tous les après-midi enfilait son pyjama et dormait», pendant que ses collaborateurs, eux, n'avaient qu'à continuer à travailler, sans parler du troupier sur le terrain et face à l'ennemi (ibid.). Cela s'inscrivait dans une méthode, parce que les séances du cabinet de guerre se prolongeaient toutes les nuits jusqu'aux petites heures. C'est alors que Churchill prenait ses décisions (presque toujours mauvaises). Personne n'était plus en état de le contredire, tout le monde voulait son lit (p. 374). La toile de fond de l'immoralité churchillienne est dense et continue. Le futur homme d'État avait confié un jour à la petite amie de son fils comment «son esprit de décision et d'entreprise» lui avait permis de changer la devise familiale des Marlborough. Les anciens de la race se


575 voulaient loyaux mais malchanceux. Lui, le rejeton, allait être déloyal mais chanceux (p. 9). Somme toute, une volonté de principe de placer, si l'on peut dire, son déshonneur dans l'infidélité. C'est tout un programme et, à juste titre, Irving fait de la nouvelle devise du champion le titre de son premier chapitre. Programme qui se déroulera à travers tout le récit qu'on nous en fait avec un cynisme certain, tantôt à l'occasion d'incidents mesquins et scabreux, comme celui où son ami Bernard Baruch — dont il avait fait la connaissance en 1919 — à la conférence de la paix — à l'occasion d'une visite à sa plantation de Caroline du Sud, lui «fournit» trois drôlesses pour lui faire passer le temps (p. 117), tantôt par le mépris des principes qui inspiraient, ou auraient dû inspirer son action politique, tantôt aussi par la trahison de ses engagements les plus solennels. Que penser, par exemple, de ses retournements d'attitude à l'égard de l'Espagne (p. 470) ? «Si j'avais été espagnol, j'aurais été franquiste», «Je vomis le communisme autant que vous [les nationalistes ]», et, peu de temps après, il fait preuve d'une hostilité résolue. L'indivisibilité des droits et des torts lui était étrangère, remarque Irving (p. 181), et il est bien connu qu'après avoir fulminé la guerre à l'Allemagne pour l'invasion de la Pologne, il n'a pas eu un clignement de paupière quand Staline a franchi la frontière orientale du même pays, quinze jours plus tard (17 septembre 1940). On pense aussi à la mauvaise foi la plus imperméable à tous scrupules, qui permettait à Churchill de prétendre en septembre 1940, devant les Communes, que la RAF ne visait que les objectifs militaires à l'instant même où il donnait en sous-main l'ordre de ne pas épargner les civils (p. 440). Autre exemple : Churchill savait parfaitement bien que l'Allemagne n'avait aucunement construit plus de sous-marins que ne lui permettaient les accords anglo-allemands de 1935. Or, non seulement il prétendit le contraire sur le moment, mais il ne craignait pas de le soutenir encore dans ses mémoires, alors que le plus léger prétexte à son mensonge avait disparu (p. 189). Même mauvaise foi à l'occasion de bien d'autres affaires graves. L'affaire de l'Altmark, par exemple, navire marchand et désarmé qui convoyait 300 prisonniers de guerre anglais et que Churchill ordonna d'aborder dans les eaux territoriales norvégiennes. L'Altmark s'y trouvait de plein droit puisqu'il n'était pas armé ; en revanche, le destroyer anglais Cossack, nullement, pour la raison contraire. Il lui était moins encore permis d'attaquer sans sommation une unité civile allemande. Le coup de main, diamétralement contraire au droit maritime et véritable meurtre collectif, eut lieu selon les directives de Churchill. Six marins allemands perdirent la vie, mais qu'importe, si cela permettait de récupérer 300 sujets de Sa Majesté. La belle-fille de Churchill, lorsqu'elle l'apprit, écrivit : «Il est réconfortant de constater que nous pouvons être féroces (p. 217)» En voilà une au moins qui avait l'esprit de famille. Au fil des pages, les échantillons de ce genre se succèdent jusqu'à la nausée. Grand redresseur de torts aux yeux des générations ultérieures, Churchill, en 1938, est contre la Pologne — que l'Angleterre était censée protéger — dans l'affaire de Teschen (p. 154), parce que ce territoire était revendiqué par les Tchèques auxquels Churchill était vendu (p. 143). Protecteur des neutres, il avait fait le projet, en 1940, d'envahir la Belgique (p. 243), comme il avait envahi la Norvège (p. 238 et sq.). Le manque de discernement politique chez ce conducteur de peuple a quelque chose de stupéfiant. Dix ou quinze ans avant l'événement, il ne se faisait pas la moindre idée de la guerre à venir. La perspective d'un conflit avec le Japon lui paraissait d'une invraisemblance ridicule (p. 9 et 10). Ajoutons-y une volonté de nuire singulièrement anormale, comme ce plaisir non dissimulé «d'avoir appris à tuer», dont il fait part dans son livre autobiographique My Early Life (p. 362). Il pensait donc très logiquement, par exemple, que : la guerre des Boers avait été la dernière guerre agréable (p. 35).


576 De même, le 16 septembre 1940, n'eut-il pas l'aplomb de dire à ses ministres leur chance d'avoir vu le jour où ils avaient décidé l'attentat de Mers-el-Kébir [2] (p. 424). Cynisme affligeant chez ce sybarite, que l'on disait «très simple de goûts, facile à satisfaire, puisqu'il se contentait du meilleur de toute chose» (p. 18). Du côté de la probité intellectuelle, le tableau n'est guère plus rassurant. Churchill était historien, mais de quels principes ? : Donnez-moi les faits [disait-il], que je les torde pour les plier à mes raisons. Un immoralisme tranquille et une intelligence au moins discutable, une ambition solide et une situation financière fragile, composaient chez Churchill un personnage voué à servir de pantin entre les mains de puissants conducteurs. Et c'est bien ce qui se passa en effet. Parlons-en, de cette situation financière pénible et parlons des requins croisant dans les eaux où se propulsait la baudruche churchillienne. Fin 1937, début 1938, au moment de l'Anschluss, Churchill se trouve dans le dénuement. Ses titres en banque s'effondrent et il suit les conseils de son bon ami, le banquier Bernard Baruch. Ces conseils se révèlent désastreux (p. 99). Chartwell, la chère propriété de famille, est proposée en vente. Déjà, par deux fois, une annonce a paru dans le Times, lorsque tout à coup une bonne fée apparaît pour éponger, d'un coup de baguette, 18 000 livres de dettes — soit 800 000 livres 1987. Ce jour mémorable était le 28 mars 1938 et la fée se nommait Sir Henry Strakosh, juif sud-africain natif de Moravie (p. 99, 104 et 108). C'est que Churchill fréquente l'un de ces clubs de conspirateurs qui sortent de terre, mais non de l'ombre, dans la capitale anglaise (et ailleurs) depuis l'accession d'Hitler au pouvoir, en 1933 (p. 54). Le sien s'appelait d'abord Anti-Nazi Council et affichait donc la couleur, mais il devint plus discrètement le Focus — le Foyer — au sens optique du terme. N'allons pas croire pour autant que tout y fut transparent (p. 59). L'origine de l'argent n'est pas limpide, qui le maintenait en vie et lui permettait d'agir. Les fonds lui étaient venus à la suite d'un dîner offert par le Board of Deputies of British Jews (Conseil des représentants des juifs anglais). D'autre part, l'âme du Focus allait être Sir Robert Waley-Cohen, et Irving sait aussi que le Jewish Defense Fund contribua pour 50 000 livres à son escarcelle (p. 60). Plus tard, le Focus aura le devoir de dépenser à bon escient, c'est-à-dire à des fins de propagande, les trois millions de dollars que lui procure l'Americain Jewish Committee (p. 167). Est-il téméraire de penser que cet organisme est rarement désintéressé ? La propagande est en faveur de la guerre, il n'est pas permis d'en douter (p. 152). Dans cette prison, dont chaque barreau valait des dizaines de milliers de livres, de quel degré de liberté Churchill pouvait-il encore disposer ? Lui-même répond à la question. Un soir, à la fin de 1938, avant que Bernard Baruch ne retourne aux États-Unis, Churchill lui déclare : Bientôt la grande pièce va commencer. Vous, vous la dirigerez des États-Unis et moi je resterai ici dans la coulisse (p. 118). Irving montre encore comment, dans le même temps, le cercle autour de Churchill se laissait corrompre par l'argent provenant directement de Masaryk (p. 143, note), un argent que le Tchèque ne distribuait qu'en faveur de la guerre ; et comment il intriguait aussi avec Maisky, l'ambassadeur d'URSS à Londres (p. 145). Les fréquentations du héros étaient loin d'être rassurantes. Il sympathise d'instinct, dirait-on, avec les grands aigrefins de la coulisse politique, comme ce Guy Burgess, espion de haut vol, déjà à la solde des Soviétiques, auquel il dédicace si complaisamment l'un de ses livres, le 1er octobre 1938, donc au lendemain des accords de Munich, de la paix retrouvée in extremis et célébrée par un soulagement universel. Et que dire de cet «Allemand», Fred Lindemann, qui pourrait bien avoir été l'âme damnée de Churchill ? Les deux hommes sont intimement liés dès le début des années 30 (p. 21), et Lindemann, qui avait étudié les sciences physiques à Berlin et à Darmstadt, allait jouer un rôle particulièrement odieux en mettant au point avec un raffinement inhumain la technique des bombardements incendiaires par la RAF dirigés


577 expressément contre les quartiers populeux des villes cibles. En 1940, Lindemann était le conseiller le plus écouté d'un Churchill ignare en matière scientifique et facilement ébloui par celui qu'il n'appelait jamais que «le Prof» (p. 362). Sans doute le trait le plus affligeant de l'affligeant portrait qui se dégage sous la plume acide de David Irving est-il la haine dont son personnage était capable. La malveillance est monstrueuse, qui s'occupe d'inventer méticuleusement l'exterminationnisme : ne nous montre-ton pas un Churchill, en juillet 1940, «sans aucun besoin d'encouragements pour haïr les Allemands», «toujours entouré de ses amis du Focus», «parlant partout des atrocités que les nazis n'allaient pas manquer de commettre» ? «C'était la seule façon», expliquait-il en privé, «d'amener tout homme, toute femme, tout enfant à se battre avec l'énergie du désespoir». Le grand homme disait à la même époque, au sortir d'un dîner avec trois généraux, qu'«il avait eu grand plaisir à manger du Boche avec eux». «Je n'ai jamais haï les Boches pendant la dernière guerre», ajoutait-il en souriant, «maintenant je les hais comme la teigne» (p. 367). Et que dire de la mise en œuvre de cette haine ? En septembre 1940, il avait lancé un jour, en parlant des Allemands, qu'il fallait «les châtrer en bloc». Simple boutade ? Peut-être, mais un autre cerveau malade et officiel, Franklin Delano Roosevelt, à Yalta, en mai 1945, envisageait d'en réaliser le projet industriellement, lui aussi (p. 425). Et l'objet de la haine était bien les Allemands en tant que peuple, non pas «les nazis», comme on aime souvent à le faire croire aujourd'hui. «Les Anglais ne combattent pas Hitler», avait remarqué l'ambassadeur américain, Joe Kennedy, «mais le peuple allemand» (p. 189). Ajoutons, pour l'honneur britannique, que Kennedy parlait d'une clique d'Anglais qu'il devait fréquenter, non des Anglais en général. Ceux-ci, Irving nous les montre suppliant leur chef de gouvernement, Chamberlain, d'accepter les conditions de paix d'Hitler, en juin 1940 (p. 197). Et déjà précédemment, le 8 novembre 1939, le député travailliste Clement Attlee et une vingtaine de ses collègues voulaient ouvertement accepter la paix proposée par Hitler au mois d'octobre précédent (p. 202). Tandis que la haine de Churchill était agissante et sans compromis. Quand même Roosevelt était disposé, l'année suivante, à faire exception au blocus alimentaire en faveur des enfants français, Churchill refusait de pareils atermoiements (p. 499 et 517). En fait, il considérait la famine sur le continent européen comme une arme bénie et ne montrait, pour «les populations déshéritées et désespérées» qui la subissaient, qu'une totale indifférence (p. 498). On peut dire que la paix s'est fracassée contre le roc de la haine churchillienne, mais qui n'était à vrai dire que l'éperon d'une haine plus vaste et antique. Le monde entier se détournait de la guerre avec horreur, juste après la Campagne de France, et cherchait arrangement. Le Vatican avait dépêché un légat à Berne, pour y ménager si possible des pourparlers. Il faut que le nonce sache clairement [écrivit alors Churchill] que nous n'envisageons aucune tentative de paix avec Hitler et que nous avons interdit à nos agents de soutenir de pareilles propositions (p. 341). Le terrorisme d'État est l'un des héritages les plus funestes de cette haine élémentaire. Aussi les pages les plus noires de cette biographie sont-elles celles où s'inscrit la naissance de la stratégie inaugurée par la résistance, la guerre de l'ombre et la guérilla insurrectionnelle. Pour ce travail, Churchill avait trouvé l'homme idoine, s'il en fut, en la personne, peu ragoûtante, du Dr Hugh Dalton, fervent partisan de «tous ces moyens déloyaux de gagner la guerre», qu'il accusait au préalable «les nazis» d'employer à toute occasion. C'est à ce civil que Churchill, après lui avoir défini sa mission en le présentant au Cabinet de Guerre au grand complet, allait lancer, le 22 juin 1940, l'apostrophe célèbre : Maintenant, allez-y, mettez le feu à l'Europe ! (Go and set Europe ablaze) (p. 373). Le projet n'allait pas tarder à se réaliser en gros comme en détail, et il fut organisé par les plus hautes instances du gouvernement et de l'armée. «Dès le mois de novembre [1940], l'Angleterre avait eu pour objectif de provoquer l'insurrection», écrit textuellement Irving,


578 «depuis que les chefs d'états-majors avaient commandé au Special Operations Executive (Direction des opérations spéciales) de fomenter en Europe des "révoltes coordonnées et organisées", comme action préparatoire contre l'Allemagne» (p. 498-499). L'homme de main Dalton déversa sur les Balkans, «où l'Angleterre avait peu d'amis», des torrents de bank-notes (p. 514). L'or anglais fit merveille en Yougoslavie, où ses effets durent toujours, et transforma de pauvres hères en meurtriers suréquipés. Il n'est pas évident qu'il fît pour autant leur bonheur, car, si c'est bien là que le feu prit pour la première fois (p. 531), le fait est qu'un demi-siècle plus tard il y brûle encore. L'équipée de Rudolf Hess est l'objet d'un long intermède (p. 557-562), dont les péripéties nous apparaissent d'autant plus douloureuses que nous en connaissons aujourd'hui l'épilogue lointain : l'assassinat différé, pendant près d'un demi-siècle, de l'émissaire de la paix. Ce martyre et ce meurtre furent voulus par le même parti qui vouait à la mort par la guerre des dizaines de millions d'êtres humains. On ne pourrait pas, même dans une relation, si brève fût-elle, du copieux ouvrage d'Irving, omettre d'évoquer au passage une constante des mœurs intellectuelles de notre époque prétendument éclairée. D'autant moins qu'elle concerne directement le révisionnisme historique. Nous voulons parler de la séquestration des archives. Cela signifie au mieux leur dissimulation, au pire leur destruction pure et simple, en passant par les innombrables mutilations, maquillages et toilettages de documents écrits ou graphiques. N'est-il pas stupéfiant, par exemple, que les renseignements sur la société secrète du Focus soient toujours inaccessibles, et qu'ils le restent à la requête expresse de Churchill ? C'est lui, en effet, qui a demandé en personne à Eugen Spier, l'un de ses financiers de second rang, auteur d'un manuscrit sur ce sujet, de ne pas le publier de son vivant (p. 54). Et, depuis la disparition de Churchill, on en est toujours là. N'est-il pas pour le moins étrange que le journal de l'ambassadeur américain à Londres durant l'année cruciale de 1938, Joe Kennedy, soit toujours inaccessible au chercheur, et cela parce que Kennedy y témoignait franchement de ce qu'il voyait et de ce qu'il savait de première main au sujet des juifs (p. 152) ? Dans les papiers de Paul Schmidt, l'interprète officiel du Führer, la relation des entretiens d'Hitler avec les personnalités anglaises a disparu des archives après la guerre (p. 170 et p. 610 note 14). Autre cas encore, cité par Irving, concernant les pourparlers de paix que le gouvernement anglais, sous N. Chamberlain, désirait entamer avec les autorités du Reich, au début d'octobre 1939, via l'ambassade d'Allemagne à Dublin. Les archives britanniques du Foreign Office ont décidé de consigner jusqu'au XXIe siècle les cartons concernant les acteurs de ces approches pacifiques (p. 192, note). Manifestement, c'est confondre deux genres, l'histoire d'une époque et l'éloge funèbre de personnages protégés, mais il faut se demander si l'on ne célèbre pas pour autant les funérailles de la science historique en tant que telle. Le sommet de l'ingéniosité dans la découverte de la vérité, Irving l'atteint quand il décortique l'agenda de Churchill à la date du 14 novembre 1940. Ce jour-là — Churchill le savait par les services d'écoute, qui connaissaient le code allemand et recevaient donc, pratiquement en clair, tous les messages de la Luftwaffe — les Allemands préparaient la première attaque massive sur la Grande-Bretagne, et tous les initiés pensaient que l'objectif ne pouvait être que Londres. Aussi, le premier ministre avait-il prévu de pouvoir quitter la capitale à la tombée du jour, donc à 18 heures en cette saison. Mais entre-temps la détection anglaise remarquait que les faisceaux de guidage radio de l'aviation allemande se croisaient, non pas sur le centre de Londres, mais à 150 kilomètres plus au nord, sur Coventry. Conformément aux ordres, la limousine présidentielle sortait du n° 10 Downing Street à 6 heures de l'après-midi. Le chauffeur s'arrêta à la grille et reçut un pli qu'il remit à son patron. Churchill le décacheta aussitôt et lut les dernières nouvelles sur le raid allemand de cette nuit : les bombes tomberaient ailleurs. Au carrefour suivant, Kensington Gardens, il fait faire demi-tour au chauffeur. Comme son prompt retour intriguait le personnel, il déclara pompeusement que, quand le renseignement indiquait une attaque imminente et massive de la ville, «il n'avait pas l'intention de passer une


579 nuit à la campagne, pendant que la métropole subirait une lourde attaque». Après avoir renvoyé le personnel féminin à la maison, et fait descendre à l'abri ses deux secrétaires de service, il monta ostensiblement sur le toit pour affronter en brave un danger qu'il savait parfaitement inexistant (p. 463-464). * La conclusion de l'ouvrage se lit dans les toutes premières pages, où Irving nous instruisait sur la personnalité de Churchill. Parmi les traits annoncés, il en est un qui fait frémir ; celui d'une incapacité naturelle de gouverner, jointe à l'aveuglement et à une forme de débilité mentale (p. 9-10). Ce trait se confirme tout au long de l'ouvrage. Le drame qui en est résulté semble tout de même s'être un jour fugitivement manifesté à la conscience du malheureux. Le 1er janvier 1946, emmuré dans une double surdité physique et morale, Churchill bougonnait : L'Europe est une vaste mer de sang, et tout cela par notre faute (p. 167). Il mourut dans son lit neuf ans plus tard. Ses commettants avaient pris soin d'en faire monter d'autres sur le gibet de Nuremberg pour «crimes contre la paix», «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité». 1. Regards, Cahiers du Centre Communautaire Laïc Juif, hebdomadaire, Bruxelles, n° 276, 4 juillet 1991, p. 33. 2. Le 3 juillet 1940, la marine britannique avait pilonné et gravement endommagé les unités de la marine française qui mouillaient dans le port de cette base : 1 300 tués français. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p.198-208


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LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (5) France A Lyon, les organisations juives, en général, présidées par le Dr Marc Aron, et l'Union des étudiants juifs, en particulier, ainsi que l'UNEF-ID, continuent de s'opposer à ce que Bernard Notin reprenne ses activités d'enseignement à l'université Lyon-III comme le droit vient pourtant de lui en être reconnu par le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche : «Ce genre d'individu doit être expulsé de l'université, ne plus enseigner.» Le Canard enchaîné (30 octobre, p. 3) s'indigne de ce que R. Faurisson soit, «depuis 12 ans, payé à ne rien faire» et s'étonne de ce que ce dernier n'exerce aucune activité d'enseignement. C'est feindre d'ignorer que l'enseignant lyonnais se voit interdire toute activité d'enseignement par le Dr Marc Aron et que, s'il se consacre à des activités de recherche, c'est dans le cadre de ses spécialités : la littérature française du XXe siècle et la «critique de textes et documents (littérature, histoire, médias)». R. Faurisson ne s'est jamais vu reprocher de faute professionnelle et aucune sanction disciplinaire n'a été prise à son encontre ; pourtant, il a d'abord été interdit d'enseignement par la force, puis M. Jospin, par une manœuvre ourdie avec le ministre du budget, a supprimé d'un trait la chaire d'enseignement de l'universitaire ; enfin, le même M. Jospin, affectant d'avoir à répondre à une mise en demeure de la Cour des comptes, s'apprête aujourd'hui à chasser de l'université un professeur titulaire autrefois noté dans les termes suivants : «très brillant professeur, chercheur très original, personnalité exceptionnelle». Cela dit, imagine-t-on le hourvari et la curée si R. Faurisson reprenait une activité d'enseignement ? A l'université de Nantes, André Delaporte, décrit comme un «historien négationniste», avait été évincé du poste de maître de conférences par un subterfuge. Fort d'un jugement du tribunal administratif en sa faveur, il demande à reprendre son poste indûment occupé depuis trois ans. L. Jospin en appelle au Conseil d'État. A Fontainebleau, Philippe Costa, ingénieur physicien, est inculpé sur le fondement de la loi Fabius/Gayssot par un juge d'instruction, au comportement d'autocrate, qui l'accuse d'avoir fourni des tracts révisionnistes à une personne de Nancy. Il collabore à «Radio-Renaissance Radio-Sacré-Cœur» (95.4 FM), radio locale de Grez-sur-Loing (Seine-et-Marne), que le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de placer «sous surveillance permanente». A Caen, Vincent Reynouard, ingénieur chimiste, et Rémi Pontier, ingénieur informaticien, passeront en jugement le 6 novembre pour rédaction et diffusion d'un tract révisionniste enfreignant la loi Fabius/Gayssot. Me Delcroix assurera leur défense ; MM. Faurisson et Roques témoigneront. V. Reynouard continue de publier la revue Nouvelle Vision (B.P. 117, 14013 Caen Cedex). A Paris, le tribunal décide la saisie d'un opuscule de 18 pages plagiant le titre de Libération et reproduisant des articles de ce journal remontant à 1979 et 1981 sur «l'affaire Faurisson». Parmi les nombreux tracts actuellement en circulation, on notera «L'Avenir est à la révision» (4 pages) signé d'un «Comité de déserteurs de la première, deuxième et troisième guerre mondiale». Le Petit Rapporteur Libertaire consacre son premier numéro, paru en juillet, à un dossier favorable aux révisionnistes (8 pages). Jean-Marc Sauvé, directeur des libertés publiques [sic] au ministère de l'Intérieur, s'apprête à interdire de vente publique, d'exposition et de publicité un ouvrage qu'il considère comme dangereux pour les enfants et les adolescents : Pierre Marais, En lisant de près les écrivains chantres de la Shoah, Primo Levi, Georges Wellers, Jean-Claude Pressac, Paris, La Vieille Taupe, 1991. Jacques Toubon, député RPR, demande à l'Assemblée nationale l'abrogation de la loi Fabius/Gayssot condamnant le «délit de révisionnisme» (voy. ci-dessus, notre éditorial).


581 Simone Veil s'inquiète : «N'y a-t-il pas un risque de révisionnisme non seulement à propos des chambres à gaz mais aussi un révisionnisme général de l'Histoire ?» (Le Monde, 4 octobre, p. 14 F. Brigneau et R. Gaucher sont condamnés par le juge Grellier à une peine de 42 000 F pour avoir reproduit dans National Hebdo la «phrase de soixante mots» du professeur Faurisson. F. Brigneau révise l'histoire dans 1792-1794/ Terreur, mode d'emploi et dans Un certain racisme juif (Publications F.B., 24, rue de l'Amiral-Roussin, 75015 Paris). Le Dr Jean Brière, du parti des Verts, est condamné à une peine de 30 000 F pour avoir dénoncé le «rôle belligène de l'État d'Israël et du lobby sioniste». Actualités religieuses dans le Monde fait paraître un dossier sur «les falsificateurs de l'histoire» (voy., ci-dessus, p. 157) A Paris, le 20 avril, des membres d'une milice juive, notamment du Tagar, dans le cadre, selon certains, des actions entreprises contre la montée du révisionnisme, blessent grièvement onze personnes, la plupart âgées, en attente d'une réunion des «Amis de Saint-Loup». Parmi les victimes hospitalisées, plusieurs cas de fracture du crâne et une femme en état de mort clinique. Deux juifs seront arrêtés, inculpés, remis en liberté provisoire. Un journaliste de Libération a assisté aux préparatifs et au déroulement de l'action ; il n'est pas inquiété. Le Monde passe l'information sous silence puis finit par lui consacrer une «brève» (mise sur le même plan que la défaite de Borg au tournoi de tennis de Monte-Carlo, 25 avril, p. 12). Le Monde publie un opuscule contre le révisionnisme : Les Échos de la mémoire. Le Choc du Mois de juin publie un dossier sur les milices juives : «Quinze ans de terrorisme». Il cite cinquante agressions, parmi d'autres, dont celles de plusieurs révisionnistes. La propagande contre le révisionnisme trouvera une place de choix dans la «Maison FranceIsraël» en 1992. Lionel Stoléru, sans avoir à faire appel à ses amis, obtient d'importantes sommes d'argent en provenance du contribuable français ou parisien ainsi que d'entreprises comme l'UAP, Rhône-Poulenc, Renault et Peugeot. L'immeuble s'élèvera, dit Actualité juive hebdo (2 mai, p. 6), «dans le triangle d'or des Champs-Elysées» grâce aux aides de MM. J. Chirac, A. Juppé, M. Rocard, P. Bérégovoy, Roland Dumas et Robert Maxwell. A ne pas confondre avec le Centre culturel juif à installer dans le Marais, grâce aux contributions de la Ville de Paris (Jacques Chirac). Cinq millions de francs ont été collectés pour l'achat de la Maison d'Izieu et sa transformation en un musée de la mémoire contre le révisionnisme. Georges Wellers est mort le 2 mai : il avait diffamé le professeur Faurisson mais… de bonne foi, avaient osé déclarer les juges Robert Diet, Gérard Pluyette et Yves Breillat dans un jugement du 14 février 1990 où ces magistrats étaient allés jusqu'à falsifier le texte du «procèsverbal de Wannsee» (voy. RHR n° 3, p. 204-205 et n° 4, p. 192-193 ). A l'occasion du bicentenaire de l'émancipation des juifs de France célébré à Strasbourg, on rappelle que la France comptait 40 000 juifs en 1789 et qu'elle en compte aujourd'hui 700 000 qui se considèrent comme tels, soit 17 fois plus, tandis que la population française dans son ensemble n'a pas même doublé ; des sondages révèlent que l'antisémitisme décroît sensiblement. C'est le moment que choisit Serge Moati pour diffuser à la télévision un film sur «La Haine antisémite». Thèse du film : les juifs ont partout et toujours été haïs par pure méchanceté ; le révisionnisme est l'une des formes de l'antisémitisme moderne. Le film, hâtif et confus, riche de mensonges (notamment sur R. Brasillach), est un échec médiatique malgré une vaste campagne de presse. Le 22 octobre, sur Radio Courtoisie (95.6 FM à Paris), trois juristes (Raoul Béteille, André Decocq et François Lefort) interrogés sur la loi Fabius-Gayssot estiment celle-ci contraire à la constitution.


582 A L'ÉTRANGER Allemagne Un médecin danois, exerçant en Allemagne, le Dr Hans Christian Pedersen, est poursuivi en justice à Flensburg pour avoir dit que les chambres à gaz hitlériennes n'ont pas existé. Il récuse pour prévention le juge Roggenbrodt qui affirme que l'existence de ces chambres à gaz est notoire. Il demande que le juge soit soumis à une thérapie psychiatrique en tant que personne souffrant d'un «autisme partiel» dû au lavage de cerveau qu'ont eu à subir tous les Allemands. Pour sa part, au Danemark, il n'a heureusement pas eu à pâtir d'un tel menticide (tentative de meurtre de l'esprit). Le Münchner Anzeiger continue à des centaines de milliers d'exemplaires ses publications d'articles révisionnistes sans être poursuivi (voy. RHR n° 4, p. 201). Les révisionnistes Werner Gebhardt (Oberhausen) et Günter Demolsky (Bochum), défendus par Jürgen Rieger (Hambourg) et Hajo Herrmann (Düsseldorf), sont acquittés par le tribunal de Bochum. Une analyse des photographies aériennes d'Auschwitz-Birkenau prises par les Alliés pendant la guerre ne montre aucune trace des Bunkers 1 et 2 où le tribunal de Francfort (19631965) tenait pour établi qu'il y avait eu des centaines de milliers de gazages (analyse par Hansa Luftbild). Au procès du général Remer, l'avocat Herbert Schaller réclame véhémentement des preuves de l'existence des chambres à gaz ; il constate qu'avec la succession des expertises américaines, autrichienne et polonaise, concluant toutes dans le même sens, il devient impossible de maintenir que cette existence est «notoire». Le général adresse une lettre ouverte au président de la République von Weizsäcker, lequel ne manque aucune occasion de répéter qu'Hitler aurait gazé les juifs ; il accuse von Weizsäcker d'avoir, lui, participé à un vrai génocide par gazage des populations vietnamiennes, en tant que responsable de la société Boehringer qui avait vendu aux Américains de grosses quantités de dioxine et d'agent orange. Le général estime qu'il devient impératif d'en finir avec les mensonges de la dernière guerre (Remer Depesche, septembre). La chaîne de télévision allemande TV 5 (7 juillet) diffuse un documentaire d'où il ressort que les révisionnistes sont surtout des scientifiques, des professeurs, des juristes. Le Suisse Arthur Vogt, invité, avec des universitaires allemands, par une fondation scientifique de Nuremberg pour un séminaire du 20 au 22 septembre, prononce une conférence remarquée sur la qualité de l'argumentation révisionniste. Dans un récent face-à-face télévisé entre le député Heinrich Lummer et le président, à Berlin, du Conseil central juif, Heinz Galinski, ce dernier, au comble de l'irritation, a dit que peu importait s'il était mort six, cinq, quatre, trois, deux, un million de juifs ou seulement dix juifs ; tuer seulement dix juifs constituait un crime unique. Il a ajouté que, bien sûr, pour sa part, il n'avait jamais vu de chambre à gaz. Le 5 novembre prochain à Munich, un procès probablement appelé à un grand retentissement : celui du Germano-canadien Ernst Zündel (voy. RHR n° 4, p. 201) dont la contribution au rayonnement du révisionnisme est unique au monde. Australie Les organisations juives demandent l'instauration, sur le modèle français, d'une loi contre la négation de l'«Holocauste». Elles s'irritent de la couverture par certains médias de la tournée de conférences du Canadien Douglas Christie, avocat d'Ernst Zündel, de James Keegstra et d'Imre Finta. Autriche


583 Walter Ochensberger, éditeur de Sieg, qui a gagné 3 procès, affronte un 4e procès. Le Second rapport Leuchter provoque le désarroi des autorités du Musée de Mauthausen. Le Dr Hermann Kapsch, de Feldkirchen, anime un groupe de recherches révisionnistes où figure un enseignant de 46 ans, Otto Schatzmayer. A Klagenfurt, Franz Stourac, pourtant condamné en 1989 en première instance et en appel, est, cette fois-ci, acquitté en première instance et en appel. Il est défendu par le bouillant Dr Schaller qui s'appuie sur l'expertise du professeur Jagschitz (voy. ci-dessus, p. 151). Halt, mensuel de G. Honsik, publie la lettre de R. Faurisson à ce professeur (juillet). Jörg Haider, président d'une formation politique de droite, déclare : «Il n'y a [désormais] plus de tabou pour le débat historique.» Belgique Le 10 octobre, le procès, en instance d'appel, d'Olivier Mathieu s'est déroulé en l'absence de l'intéressé et de ses avocats. L'arrêt sera rendu le 7 novembre. En première instance, la présidente E. Hauzeur, la procureuse et la partie civile, affectant de reprocher à O. Mathieu son racisme et non son révisionnisme, refusaient le débat sur le plan du révisionnisme soit avec l'inculpé, soit avec le professeur Faurisson pourtant venu à Bruxelles dans l'intention de témoigner. En appel, le masque était jeté : O. Mathieu et R. Faurisson n'étant plus là, on a instruit le procès du révisionnisme. Dans La Haine antisémite (voy., ci-dessus, p. 212), qu'il s'agisse du film ou du livre et en dépit des déformations propres à S. Moati, l'interview d'O. Mathieu est digne d'intérêt [celle d'A. Guionnet, directeur de Revision (11, r. d'Alembert, 92130- Issy-les-Moulineaux), aussi]. Canada L'historien anglais David Irving tente, une fois de plus, de prononcer des conférences en diverses villes du Canada. Le Congrès juif canadien, l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith (association juive de caractère maçonnique) et d'autres organisations juives ont mis au point un système de menaces et de pressions sur les propriétaires ou responsables de tous les lieux de réunion possibles (!) ; ils en font l'aveu dans The Canadian Jewish News (19 septembre, p. 8). Le système se révèle efficace. Même les conférences privées deviennent aléatoires. Le 10 décembre, la Cour suprême de Toronto statuera sur le cas d'Ernst Zündel. Croatie Franjo Tudjman, ancien général de l'armée de Tito, puis emprisonné dans les années 60 et 70, est devenu président de la Croatie indépendante. Il a publié l'an dernier un ouvrage sur Les Chemins impraticables de la réalité historique. Il écrit : «L'estimation des pertes [juives] jusqu'à six millions de morts repose sur des témoignages émotionnels et partisans ainsi que sur des chiffres d'une seule source et exagérés, provenant des règlements de comptes d'après-guerre avec les criminels de guerre». Simon Wiesenthal déclare : «Si j'avais connu cette citation plus tôt, j'aurais empêché que Tudjman soit reçu par le chancelier Kohl !» Espagne


584 Imposant leur propre révision de l'histoire de l'Espagne et, en particulier, de ce que fut le sort des juifs au XVe siècle, les organisations juives espagnoles et internationales demandent la suspension de la procédure de béatification d'Isabelle la Catholique. Le Vatican s'incline (Le Monde, 4 mai, p. 42). Etats-Unis Deux films antirévisionnistes sont sortis sur les écrans. Evil in Clear River (L'Horreur à Claire Rivière), avec Raquel Welch, prend pour cible le Canadien James Keegstra (enseignant et maire destitué pour révisionnisme, devenu mécanicien garagiste ; il a failli périr avec sa femme et ses quatre enfants dans l'incendie criminel de sa maison ; il a connu l'un des procès les plus longs du Canada). Never Forget prétend illustrer le combat de Mel Mermelstein contre l'Institute for Historical Review de Los Angeles (IHR). Un nouveau procès Mermelstein allait consommer la perte de l'IHR. Le plaignant réclamait 11 millions de dollars pour diffamation, cruauté mentale, conspiration contre sa personne, etc. Le juge décidait de déclarer «notoire» et «dispensée de preuves» la réalité du gazage des juifs à Auschwitz (Mermelstein assurait avoir vu sa mère pénétrer dans une chambre à gaz). Après six jours de « pretrial » (instruction publique), exactement le 19 septembre à 14 h 55, les avocats du plaignant capitulaient. La prestation de leur client s'était révélée un désastre. L'interrogatoire mené par trois avocats de l'IHR (William Hulsy, Mark Lane, qui est juif, et Charles Purdy) avec l'aide de Willis Carto, Tom Marcellus, Mark Weber et, surtout, Ted O'Keefe, avait permis de montrer que Mermelstein était bien un «demonstrable fraud» (un imposteur dont l'imposture est démontrable). Ce dernier déclare qu'il interjettera appel contre un juge prévenu (le juge était pourtant juif). Le Los Angeles Times titre : «Doubters of Holocaust Win a Round in Court» (les sceptiques de l'Holocauste gagnent un round au tribunal) (25 septembre, p. B9). L'institut va pouvoir redoubler d'activité. Bradley Smith étend son action auprès des stations de radio et de télévision et dans les milieux universitaires. Fred Leuchter remporte une victoire devant le tribunal de Malden (Massachusetts). Des organisations juives, en particulier la «Beate Klarsfeld Foundation», avaient trouvé le moyen de le faire assigner pour usurpation du titre d'ingénieur. En réalité, si, à l'exemple de 45 000 ingénieurs sur 50 000 de l'État du Massachusetts, F. Leuchter n'avait pas le titre d'ingénieur diplômé, il était ingénieur de fait, auteur de nombreux brevets dont celui de la fabrication du sextant électronique de la Marine américaine. Il est également le spécialiste américain des chambres à gaz d'exécution. Un agrément a été souscrit entre le tribunal et Fred Leuchter et le procès n'aura pas lieu. Les organisations juives protestent et organisent une nouvelle campagne sur un autre plan. La chambre à gaz de Phoenix (Arizona) ne peut plus être utilisée en raison des risques que le gaz cyanhydrique fait courir à l'environnement ( AFP, 26 mai). Une nouvelle publication révisionniste de valeur : Remarks, de Jack Wikoff, P.O. Box 234, Aurora, NY 13026 ( USA ). Grande-Bretagne Sur la demande des organisations juives, Kenneth Baker, ministre de l'Intérieur, interdit l'accès du territoire britannique à l'Américain Fred Leuchter, qui ne croit plus aux chambres à gaz hitlériennes. Le ministre déclare qu'il s'apprêtait à prendre la même mesure contre R. Faurisson quand il s'est aperçu que ce dernier avait, en sus de la nationalité française, la nationalité britannique. Il prévient R. Faurisson que, s'il vient parler en Grande-Bretagne, ses propos pourraient être considérés comme tombant sous le coup de la loi antiraciste.


585 Les organisations juives ont décidé qu'elles feraient barrage à R. Faurisson et organiseraient des manifestations. Le professeur entend donner une conférence à Londres le 15 novembre. Israël Tom Seguev, historien et journaliste au quotidien Haaretz, publie Le Septième Million. L'ouvrage suscite quelque émotion. A propos de l'exploitation de la Shoah, on y lit : «Lorsque Begin arriva au pouvoir en 1977, il éleva la démagogie de la Shoah à un niveau d'exploitation sans précédent […], une espèce de religion, un facteur d'identification commode […], des allures de culte […], rituels fris[ant] le grotesque» (The Jerusalem Post, éd. française, 8 octobre). Japon Le 15 août, M. Ishihara, porte-parole du gouvernement japonais, déclare que les États-Unis ont leur part de responsabilité dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Il ajoute : «Le monde entier […] est responsable de la [seconde] guerre mondiale. […] Des dizaines ou des centaines d'années seront encore nécessaires avant que l'histoire puisse émettre un jugement correct sur la question de la responsabilité du conflit.» (Le Monde, 17 août, p. 5). Pologne Jean Kahn, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, dénonce le Shoah-business à Auschwitz (Libération, 20 juin). Dans une lettre du 7 mai à un correspondant de Nouvelle-Zélande, les autorités du Musée d'Auschwitz reconnaissent que le Krematorium I (contenant la prétendue chambre à gaz, visitée par des millions de touristes) a été l'objet de toutes sortes de remaniements au lendemain de la guerre. La Russie remet à la Pologne 4 des 46 volumes d'archives allemandes du camp d'AuschwitzBirkenau ; il s'agit d'études techniques et financières et de correspondances avec les entreprises allemandes qui confirmeront que les Allemands n'ont pas construit de chambres à gaz homicides dans ce camp ; il s'agit aussi des fameux registres de décès si importants pour la détermination du chiffre réel des morts et pour savoir ce qu'il est réellement advenu des prétendus gazés. Le Dr Maurice Goldstein, président du Comité international d'Auschwitz, sis à Bruxelles, suspend l'autorisation donnée en novembre 1990 d'inscrire sur les 19 dalles du monument international de Birkenau la mention de «plus d'un million de morts». Rappelons qu'il avait fallu retirer les inscriptions anciennes portant le chiffre de 4 millions ! (voy. dans RHR n° 3, les photographies des pages 30 à 33) Le désarroi du Dr Goldstein est patent. Russie Lazare Kaganovitch, le «bourreau de l'Ukraine» (1932-1934) et l'un des plus fidèles compagnons de Staline est mort le 27 juillet à 97 ans. Des journalistes de la grande presse en font la remarque : l'un des plus grands criminels de tous les temps, bien plus coupable qu'une foule de «criminels de guerre» du camp des vaincus, a été comblé d'honneurs jusqu'au terme de sa vie. Piotr Karpovitch Soprounenko, âgé de 83 ans et vivant à Moscou, a fait exécuter en 1940, sur ordre de Staline, 6 295 prisonniers polonais (en majorité, semble-t-il, des officiers) à


586 Kalinine, au nord de Moscou, à la cadence de 250 par nuit. Durée totale : environ un mois en comptant les périodes de repos. Ces victimes, ainsi que celles de Katyn, et de Starobielsk (près de Kharkov), avaient été mises d'office au compte de l'Allemagne (article 21 du statut) par le Tribunal militaire international de Nuremberg qui parlait de 11 000 morts en tout. Suède Le 15 juillet, après trois mois de prison, Ahmed Rami, responsable de Radio Islam, a retrouvé la liberté et repris ses activités. Le procureur du Roi souhaite l'assigner de nouveau en justice mais, devant la détermination de l'ex-détenu, il s'interroge. L'affaire Rami a pris en Suède une remarquable extension. Selon l'intéressé, il y a maintenant, parmi ses amis, «une file d'attente pour aller en prison, si nécessaire». Voy., ci-dessus (p. 107-135), notre article sur le débat qui agite l'université d'Uppsala. Voy. également, ci-dessous, la rubrique «Monde arabo-musulman». Tchécoslovaquie Vaclav Havel reconnaît les torts de son pays dans la déportation, après la guerre, de trois millions de Sudètes vers l'Allemagne. En France, même le journal Libération révise l'histoire sur ce point et rappelle le crime de Benes : «Le président Édouard Benes ordonnait en 1945 l'exode massif [en fait : la déportation] de trois millions d'Allemands et la saisie de tous leurs biens […]. Les exécutions sommaires se multipliaient. L'expulsion [en fait : la déportation] aurait fait 250 000 victimes. Depuis un an, à Prague, une commission mixte d'historiens prépare un rapport sur cet épisode noir de l'histoire tchécoslovaque» (8 octobre, p. 30). Monde arabo-musulman Dans notre précédente livraison, nous laissions entendre qu'une importante action était en cours dans le monde arabo-musulman. Celle-ci vient de déboucher sur l'apparition au grand jour du révisionnisme historique dans une conférence internationale qui s'est tenue, du 19 au 22 octobre, à Téhéran. Cette conférence pour le soutien du peuple palestinien a pris place au siège du parlement iranien, en présence du gouvernement iranien au complet et des chefs militaires. Étaient présentes différentes délégations de parlements arabes et islamiques ainsi que de dix organisations palestiniennes. Trois orateurs ont été amenés à contester radicalement la «version sioniste» de l'histoire de la seconde guerre mondiale. A. Rami (voy., ci-dessus, notre rubrique «Suède») a pu évoquer l'argumentation révisionniste. A l'université de Téhéran, il a donné sur le sujet une conférence suivie d'un débat. Sur la voie de son retour en Suède, il a fait escale à Paris. Les autorités françaises l'ont retenu pendant une heure à l'aéroport Charles De Gaulle. Avec l'aide d'un interprète, elles se sont fait traduire les titres de tous les ouvrages et ont pris photocopie des documents révisionnistes ainsi que des conclusions de la conférence. Dans les librairies arabes de Paris, Rami a pu s'entendre dire que désormais l'attente pour les commandes d'ouvrages en langue arabe sont de deux à trois mois, laps de temps nécessaire aux autorités françaises pour détecter les écrits révisionnistes et les saisir. Les libraires sont prévenus qu'ils ne doivent vendre aucune littérature de ce type, que ce soit en arabe ou en toute autre langue. Depuis un an, les services de la douane et de la police des frontières sont à la recherche de publications révisionnistes. Le gouvernement français veut, à tout prix, empêcher la diffusion du révisionnisme dans le monde arabo-musulman. Mais il est trop tard. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 209-220


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Revue d'Histoire Révisionniste n. 6, mai 1992 Directeur de la publication: Henri Roques 90, rue Moslard F-92700 Colombes •

RHR (Robert FAURISSON) : EDITORIAL (6), p 5-8

Célestin LOOS : LE RAPPORT RUDOLF (1992), p. 9-21

E.L. VAN RODEN : ATROCITES AMERICAINES EN ALLEMAGNE, p.22-28

Jean-Louis TRISTANI : L’ENQUETE MAUDITE. ESQUISSE D’UN BILAN ANTHROPOLOGIQUE, p. 29-46

Marek WOLSKI : LE MASSACRE DE BABI YAR, p. 47-58

RHR : DOCUMENT INEDIT : NOTE SUR ORADOUR, p. 59-61

RHR : LA LECON DES PHOTOGRAPHIES, p. 62-68

Robert FAURISSON : A PROPOS DE L’ARRET TOUVIER, L’AFFAIRE DES «JUIFS BRUNS», p. 69-82

Jessie AITKEN : EN MARGE DE «L’ARRET TOUVIER», p. 83-85

Frédéric LAGRANGE : L’AFFAIRE DES COUVEUSES DANS LA GUERRE DU GOLFE, p. 86-95

RHR : LE MANIFESTE ALLEMAND DU 3 DECEMBRE 1991, p. 96-102

Mondher SFAR : LA CHAMBRE A GAZ DE HAFNER : ENTRE LE DELIRE ET LA POLITIQUE, p. 103-130

Célestin LOOS : VIE QUOTIDIENNE DES JUIFS ALLEMANDS PENDANT LA GUERRE, p. 131-140

Fred A. LEUCHTER Jr : UNE CONFERENCE DE FRED LEUCHTER, p. 141-156

RHR : WANNSEE : «UNE HISTOIRE INEPTE», p. 157-158

RHR : LE REVISIONNISME ENTRE AU «LAROUSSE», p. 159-160

Raphaël BRINK : OBSERVATIONS SUR «LA PESTE BRUNE», p. 161-174

John COBDEN : DILEMME AU PROCES DEMJANJUK, p. 175-189

Robert FAURISSON : LE FAUX TEMOIGNAGE D’HENRY BILY, p. 190-194

RHR : LE REVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (6), p. 195-208


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Éditorial (6) Cette sixième livraison de la Revue d'histoire révisionniste sera provisoirement la dernière. Après consultation de groupes et de personnalités révisionnistes en France et à l'étranger, l'équipe de la R.H.R. prend la décision, provisoire, de plonger dans la clandestinité. Nous avons les moyens et les talents nécessaires à la poursuite de nos publications mais des raisons de circonstance nous obligent à interrompre toute activité au grand jour. On peut être optimiste pour le révisionnisme et pessimiste pour les révisionnistes. Autant nos idées progressent partout dans le monde, en particulier aux États-Unis, en Scandinavie, dans le monde germanique et dans certains milieux arabo-musulmans (voy. Notre rubrique «Le révisionnisme à travers le monde»), autant la répression judiciaire et médiatique s'aggrave-telle à proportion, particulièrement en France. Aujourd'hui, écrire librement sur certains points d'histoire, c'est s'exposer aux coups de la justice française quand ce n'est pas aux violences physiques du Bétar, du Tagar ou d'autres milices juives. Quand il s'agit de s'en prendre aux révisionnistes, il n'y a plus ni foi, ni loi, ni droit. L'incroyable série de procès intentés au professeur Faurisson pour une seule interview donnée dans le Choc du Mois de septembre 1990 en est une illustration. Les procès Vincent Reynouard (à Caen), Philippe Costa (à Fontainebleau), Fabrice Robert (à Nice), Pierre Guillaume (à Amiens) et quelques autres encore prouvent que les magistrats français n'ont pas le courage, à de rares exceptions près, de faire jouer la clause de conscience et de répondre à ceux qui ont improvisé la loi Fabius-Gayssot : «Non possumus : en conscience, nous ne pouvons réprimer ces hérétiques ; nous n'avons pas la preuve matérielle que ces chambres à gaz ont existé ; nous ne savons même pas comment elles étaient faites.» Loin de constituer un «détail» de l'histoire, l'existence de la magique chambre à gaz forme un obstacle qui empêche toute recherche sérieuse sur l'histoire de la seconde guerre mondiale. Elle va jusqu'à déformer notre vision du monde actuel. On la sent présente dans le débat politique. Il faut en finir avec elle. «Le roi est nu». Cette horreur n'a jamais existé. Elle n'a d'ailleurs plus grande consistance dans les esprits de ceux qui en parlent. Elle meurt. Elle est même morte. Le mythe de la chambre à gaz est mort à Paris le 2 juillet 1982 au terme du colloque international de la Sorbonne sur «L'Allemagne nazie et le génocide juif». Annoncé à grand bruit, ce colloque devait infliger un démenti aux révisionnistes, qui, en France particulièrement, commençaient à souligner que l'existence des prétendues chambres à gaz nazies se heurtait à des impossibilités tout simplement physiques et chimiques. Ce colloque, présidé par François Furet et Raymond Aron, allait, nous disait-on, être suivi d'une retentissante conférence de presse. Après quatre journées d'un colloque in camera, réservé aux historiens orthodoxes, vint le jour de la conférence de presse. Seuls se présentèrent devant les journalistes, les deux organisateurs incapables de dissimuler leur embarras : on n'avait pas, malgré les recherches les plus érudites, trouvé un ordre d'Hitler d'exterminer les juifs et les procès intentés à leur collègue R. Faurisson étaient des procès de sorcellerie ; quant aux chambres à gaz, pas le moindre mot. Elles venaient de mourir. Six ans plus tard, l'historien américain Arno Mayer, d'origine juive, qui avait été présent au colloque, devait écrire : «Les sources pour l'étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses» (The "Final Solution" in History, New York, Pantheon Books, 1988, p. 362).


589 Si, pour bien des historiens, le mythe des chambres à gaz avait ainsi expiré le 2 juillet 1982, on voit que le grand public n'en a rien su. C'est que depuis près de dix ans on lui cache la nouvelle : une bonne nouvelle, au fond, pour les Allemands et pour les juifs, mais une mauvaise nouvelle, évidemment, pour ceux qui ont exploité cette affreuse invention de la propagande de guerre et de haine. On imagine une stèle funéraire. Elle porterait l'inscription suivante : «Mythe de la chambre à gaz — Né à Londres le 22 mars 1916 — Mort à Paris le 2 juillet 1982.» Ce mythe n'aura vraiment vécu que pendant 66 ans, soit l'espace de deux générations, s'il est vrai qu'un siècle compte trois générations. Le 22 mars 1916 en effet, le Daily Telegraph de Londres avait titré sur l'assassinat de 700 000 Serbes par les Allemands, les Autrichiens et les Bulgares ; le journal ajoutait qu'on avait employé des gaz asphyxiants dans des églises ou ailleurs (voy. R.H.R. n° 5, p. 165-172, en particulier sur les faux établissements d'épouillage). A la fin de 1941, ce bobard de guerre pourtant abandonné dès les années 20, était recyclé aux mêmes fins de propagande : simplement, les juifs remplaçaient les Serbes. La vérité historique fait son chemin. Au lieu de la servir au grand jour, les membres de l'équipe de la R.H.R. ont d'ores et déjà organisé sa défense dans la clandestinité. La répression entraîne cette forme de résistance et la justifie[1]. La Rédaction 12 mai 1992 1. La R.H.R., interdite à l'exposition, à la vente et interdite de publicité en vertu d'un arrêté signé de Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, le 2 juillet 1990, n'a pas fait jusqu'ici l'objet de poursuites judiciaires, mais des membres de son équipe ont été ou sont actuellement poursuivis, ce qui revient au même. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 5-7


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LE RAPPORT RUDOLF (1992) Célestin Loos Terminant un long article dans le London Jewish Chronicle, Yehuda Bauer écrivait en 1988 [1] : Il n'est pas aisé d'aborder l'Holocauste directement. Quand bien même la documentation nazie nous renseigne en détail sur le processus du meurtre, il n'en subsiste que des fragments sur la réaction des victimes, ou alors cette documentation fut détruite par les instigateurs euxmêmes, qui ont fait de leur mieux pour assassiner l'assassin. Les témoignages des dizaines de milliers de rescapés tiennent lieu de documentation écrite ; ils forment le centre de notre connaissance. Sans les rescapés nous ne sommes rien ; ils sont le témoignage et la preuve ; ils ont vu mourir leurs frères juifs. Nous devons les traiter, eux et ce qu'ils ont vécu, avec le plus grand respect — parce que c'est là, en définitive, que réside la base de toute «leçon». Toute connaissance qui réside essentiellement sur le témoignage risque de se faire pulvériser par l'argument fondé sur la mise en évidence scientifique ou documentaire de la réalité. C'est ce qui arrive une fois de plus au professeur Yehuda Bauer et à ses adeptes avec la publication récente d'un mémoire dû au chimiste francfortois Germar Rudolf. Ce mémoire vient de paraître sous le titre : Gutachten über die Bildung und Nachweisbarkeit von Cyanidverbindungen in den Gaskammern von Auschwitz [Rapport sur la formation de liaisons cyanurées dans les chambres à gaz d'Auschwitz et sur la possibilité de les rechercher] [2]. L'auteur a été consulté au début de l'année dernière par les avocats de plusieurs personnes citées devant les tribunaux de leur pays de résidence, en Allemagne et à l'étranger, pour délit d'opinion sur la question des chambres à gaz homicides. Il est appelé à être entendu comme expert devant ces instances. Le rapport Rudolf constitue une importante contribution à l'historiographie révisionniste. Après environ huit mois de travail et d'expérimentation, l'auteur fut encore chargé, à la fin de l'été dernier, d'un supplément de mission. On lui demandait de confronter ses propres résultats à ceux de deux enquêtes antérieures sur la même question [3],et aujourd'hui le rapport Rudolf paraît donc sous sa forme complétée. Ce rapport se présente dans une ordonnance rigoureuse, capable non seulement de satisfaire le lecteur familier de la littérature scientifique, mais encore d'affronter les exigences judiciaires et l'épreuve de la contre-expertise. Sans enlever — bien au contraire — le mérite de précurseur qui appartient à Fred Leuchter, le rapport Rudolf renchérit sur celui de l'Américain et le complète de façon substantielle. G. Rudolf nous maintient constamment dans le domaine des faits, où seule la rigueur compte. Dans son introduction il définit d'abord sa mission puis retrace brièvement l'historique des expertises précédentes. L'argumentation, ou pour mieux dire, la démonstration proprement dite de l'ouvrage s'articule alors autour de quatre thèmes : 1. Description des chambres à gaz homicides [4] ainsi que des chambres d'épouillage des effets, d'abord quant au type de construction et aux matériaux utilisés, ensuite quant à l'état actuel de ces chambres ; 2. Exposé chimique général sur l'élaboration et la stabilité des pigments bleus cyanurés et examen des paramètres concernés dans le présent cas ;


591 3. Mode opératoire du gazage de personnes et de choses au moyen du Zyklon B ; exposé des processus présentés respectivement par la littérature concentrationnaire et par la littérature scientifique (essentiellement, acide cyanhydrique) ; 4. Résultats des analyses effectuées par des personnes et des instituts sur des échantillons de maçonnerie prélevés dans les chambres à gaz et les locaux d'épouillage : appréciation de l'intensité de la pigmentation dans les différents locaux et possibilité de la mise en évidence actuelle de résidus, selon : a) le type de construction et l'achèvement des installations ; b) la connaissance des propriétés de l'acide cyanhydrique (HCN) et de sa réactivité ; c) la connaissance de cet acide dans les différentes conditions possibles. On compare ensuite les résultats des différentes analyses effectuées et l'on en tire les conclusions qui s'imposent. G. Rudolf a délibérément choisi comme ouvrage de référence de la thèse officielle le livre de Jean-Claude Pressac : Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers (Beate Klarsfeld Foundation, New York 1989) [voy. l'étude consacrée à cet ouvrage par le professeur R. Faurisson dans R.H.R. n° 3, janvier 1991, p. 65-154]. On trouve là, en effet, le recueil des thèses qui avaient déjà été acceptées par le tribunal de Francfort qui, en 1963-1965, avait eu à juger d'anciens gardiens du camp d'Auschwitz. G. Rudolf examine en premier lieu la disposition matérielle des locaux réputés, réellement ou non, avoir été exposés à des émanations d'acide cyanhydrique. Il en dresse une nomenclature et les situe à l'aide de plans. Il spécifie la nature des matériaux de construction et s'attarde principalement à l'analyse du revêtement des murs, des plafonds et des sols ; il traite des voies d'accès et autres orifices, notamment ceux qui auraient pu servir aux canalisations d'air ou de gaz. Observons en passant que le rapporteur confirme et renforce l'une des premières constatations de Robert Faurisson sur la véritable nature des locaux présentés par les autorités officielles comme chambres à gaz, tant au camp de base (Auschwitz I) qu'à Birkenau : ils ne sont autre chose que des dépositoires [5], c'est-à-dire des salles froides où l'on dépose provisoirement les cadavres en attendant l'inhumation ou la crémation. Même un J.C. Pressac a dû convenir de ce point [6]. La deuxième des quatre parties du rapport est la plus technique, puisqu'elle consiste en un exposé détaillé des propriétés de l'acide cyanhydrique. Elle décrit la structure des pigments ferri- et ferro-cyanurés (bleu de Prusse, bleu de Turnbull), leur formation (avec les conditions qui l'influencent : teneur en eau du milieu de la réaction, réactivité du fer, température et pH), leur stabilité (en raison de leur sensibilité au pH, de leur solubilité ou plutôt de leur insolubilité pratique, de la présence de liants concurrents, de l'influence de la lumière, de leur résistance mise en évidence par une expérience de durée). Sont ensuite décrites l'influence des différents matériaux de construction sur la réaction de formation et la destruction du pigment par le milieu du matériau. Le spécialiste intéressé devra consulter lui-même le rapport dans le texte, mais le profane peut en retenir spécialement deux points. Le premier concerne les facteurs influençant l'absorption de l'acide cyanhydrique et sa solubilité dans l'eau. L'une et l'autre croissent en raison inverse de la température. D'où suit la tendance de la maçonnerie à occlure une plus grande quantité d'acide cyanhydrique lorsque la température s'abaisse. D'autre part, une plus grande quantité d'eau absorbée par le solide favorise la réactivité des oxydes de fer. C'est pourquoi un local froid, et donc humide, sera plus favorable à la formation des pigments cyanurés qu'une pièce plus chaude et plus sèche. Plusieurs locaux désignés comme chambres à gaz homicides étaient en réalité des dépositoires, lieux froids et humides par excellence. C'est donc là que l'on devrait rencontrer les plus fortes quantités de bleus de Prusse. Or l'inverse se constate [7]. Retenons comme autre point important le résultat de l'épreuve de durée. L'expérience a été conduite en Angleterre, à Slough, à l'ouest de Londres, durant 21 ans, dans des conditions très sévères d'exposition, tant aux intempéries qu'à la lumière, et elle conclut à l'inaltérabilité du


592 bleu de Prusse, dans le temps d'expérience : la coloration des surfaces exposées se révèle identique à celle des zones protégées [8]. Par conséquent, les exterminationnistes se trompent quand ils avancent que l'absence de pigments résiduaires aux endroits critiques est due au fait que ces endroits ont été, depuis 45 ans, exposés aux éléments. Dans la troisième partie, l'expert décrit le processus du gazage par acide cyanhydrique. D'abord du point de vue toxicologique, où l'on notera nécessairement le blocage, par HCN, de l'enzyme respiratoire cytochromoxydase, en raison de l'affinité de l'acide cyanhydrique pour l'ion ferrique (Fe³+) que cette enzyme contient. Cette propriété est importante à remarquer parce que, par substitution de l'ion CN- à l'oxygène, celui-ci ne parvient plus aux cellules et il s'ensuit une asphyxie générale des tissus. Une conséquence annexe en est que la circulation sanguine de retour, dont l'oxyhémoglobine n'est plus réduite, reste rouge au lieu de devenir bleue. De là le teint rosé caractéristique de l'intoxiqué à l'acide cyanhydrique (ou à l'oxyde de carbone, pour de semblables raisons) [9]. G. Rudolf rappelle succinctement les caractéristiques de l'évaporation de l'acide cyanhydrique à partir du produit commercial Zyklon B et les procédés utilisés dans les stations d'épouillage. Il s'arrête plus longuement au gazage des êtres humains en considérant d'abord les témoignages sur le comportement des victimes et des opérateurs. Ces témoignages, il va maintenant les critiquer à la lumière des propriétés physicochimiques de l'acide cyanhydrique, telles que la répartition du gaz dans un local vide ou occupé, la vitesse de ventilation des locaux et la capacité des douilles de filtrage pour les masques de protection, pour conclure que «les témoignages officiellement actés s'éloignent considérablement de ce qui est réellement possible». Le rapporteur dresse d'ailleurs un tableau très instructif, où il présente face à face la déclaration des témoins et la critique qu'il faut en faire à la lumière des connaissances qu'il vient de détailler dans son étude. - Mode d'action de l'acide cyanhydrique (HCN) lors des exécutions par le gaz - Critique des témoignages Témoignage

Critique

Lors de l'utilisation du HCN en forte concentration, comme dans les chambres à gaz d'exécution américaines, la mort survient après 4 à 10 minutes. Dans ce cas la victime est soumise instantanément à la pleine concentration en HCN. Techniquement, il ne peut en aller ainsi avec le Après 2 à 10 Zyklon B, vu qu'ici le support ne libère le gaz que très lentement (50% minutes, toutes en 30 à 120 minutes, selon le cas). La répartition du gaz dans l'espace les victimes à partir d'un petit nombre de points sources de HCN, ainsi que son avaient cessé de absorption par les murs humides et par les corps des victimes les plus vivre. proches des points sources, ne peut que ralentir encore le processus. Quand bien même on utiliserait des quantités extrêmement importantes de Zyklon, il resterait irréalisable de provoquer la mort des victimes en l'espace de 2 à 10 minutes. On utilisait le Zyklon B en quantités extrêmement importantes.

Cela ne correspond pas aux témoignages, mais ne permettrait toujours pas d'atteindre la rapidité d'exécution que l'on dit. Cela impliquerait en outre qu'une part très importante de l'approvisionnement du camp en Zyklon B aurait servi à cette fin, ce qui n'est pas le cas.

En supposant même que les victimes fussent mortes rapidement en On ouvrait les chambres à gaz raison d'une concentration élevée en gaz toxique, le personnel des après l'exécution Sonderkommandos aurait également été tué par le gaz. Travailler sans masque, il n'y fallait absolument pas penser, car sous forte et aussitôt on


593 évacuait les cadavres, sans masque ni tenue de protection.

concentration le masque lui-même n'assure plus qu'une protection fort douteuse. Les concentrations supérieures à 0,5% en volume exigent le port d'un masque pesant qui rend impossible toute manipulation de cadavres. Compte tenu de ce travail physiquement épuisant, de la transpiration qu'il engendre et de la présence de gaz cyanhydrique en forte concentration sur la peau des victimes, une contamination par la peau est à redouter. Des concentrations de cet ordre suffisent à rendre le personnel inapte au travail (par vertiges, vomissements, etc.). Par conséquent, des vêtements de protection sont nécessaires. Quant aux gardiens, eux aussi auraient dû porter un masque de protection.

Les dépositoires des Kremas II et III étaient dépourvus de chauffage. Pleins de cadavres, jamais on n'aurait pu, sous les concentrations dont on fait état, les ventiler complètement en 15 à 20 Pour les chambres minutes, même moyennant le système de ventilation qui, à ce qu'on des Kremas II et prétend, y était installé. L'acide cyanhydrique aurait mis des heures à s'échapper des plaquettes de Zyklon éparpillées parmi les corps ; il III, on aurait fallu le temps que s'évapore complètement l'HCN absorbé par la commençait à peau et les murs ; l'air n'aurait pas circulé entre les cadavres. Tout cela évacuer, sans aurait conduit à des temps de ventilation de plusieurs heures avant que masques, les cadavres après 20 l'on pût pénétrer sans masque dans la salle froide. Selon Pressac, le minutes environ Zyklon était introduit sur des sortes de tamis, moyennant lesquels on pouvait aussi en retirer l'excès, mais cette thèse est en contradiction d'aération. avec tous les témoignages et elle ne repose sur aucune espèce de preuve documentaire. Sans compter que l'on aurait ainsi ralenti davantage encore l'émission du HCN. Les victimes subissaient une agonie atroce.

L'inhalation d'acide cyanhydrique à forte concentration provoque l'inconscience avant le début des contractures musculaires très douloureuses. Comme en fait foi l'expérience des exécutions américaines, la mort par absorption d'HCN est peu douloureuse.

L'acide cyanhydrique est un liquide ou un gaz incolore. Son nom Une vapeur bleue planait au- dessus (en allemand : Blausaüre, textuellement : acide bleu, en français) est lié à la réaction du HCN avec le fer pour former le pigment bleu de fer. des victimes.

La peau des victimes était bleuâtre.

L'acide cyanhydrique agit sur l'organisme en bloquant l'alimentation des cellules en oxygène. L'hémoglobine du sang n'est plus capable de fournir d'oxygène aux cellules. Ce qui provoque la suroxygénation du sang et la peau des victimes, surtout au niveau des muqueuses et des taches de lividité cadavérique, prend une coloration rougeâtre.

Les trois rapports, celui de Leuchter, celui de Cracovie et le présent rapport Rudolf sont alors soumis à la critique et comparés, quant aux modes opératoires, au prélèvement des échantillons, à la description plus ou moins minutieuse des lieux et des procédés de ce prélèvement, et naturellement quant aux résultats concordants des analyses. Notons, au passage, que si le laboratoire américain [10] qui a opéré pour F. Leuchter et le laboratoire allemand [11], pour G. Rudolf, ont utilisé la spectrophotométrie pour mesurer la teneur en fer, les Polonais ont opéré par microdiffusion, méthode inattendue et peu sûre, au moins pour ce


594 cas. Le lecteur intéressé se reportera au texte. Quant à nous, nous ne nous attarderons que sur deux points. Le rapport Leuchter avait conclu à l'absence de résidus cyanurés sur les échantillons prélevés notamment dans la chambre à gaz du Krema I, au camp de base ; aussi J.C. Pressac rétorquait-t-il [12] en alléguant la courte durée de contact du HCN avec les murs, durant les opérations de gazage, et la faible réactivité de ce gaz sur des murs froids. Il raisonnait de la manière suivante : L'acide cyanhydrique est volatile et il a donc toutes les chances d'être évacué presque entièrement même dans des conditions de médiocre ventilation. S'il s'en est condensé, ce n'a pu être que sur la paroi froide des murs, en minimes proportions. Or, chacun sait que la vitesse d'une réaction et d'ailleurs la réactivité des substances chimiques sont, en règle générale, diminuées par abaissement de la température. D'autre part, la solubilité du HCN dans l'eau lui a donné toutes les chances de se faire évacuer par dilution dans les eaux de ruissellement qui, en près d'un demi-siècle, ont délavé les murs de ces bâtiments abandonnés à l'humidité très élevée de l'endroit. Si donc, en dépit de ces circonstances défavorables, on retrouve tout de même des résidus, ils ne peuvent représenter qu'un pourcentage minuscule de quantités monstrueuses utilisées en réalité au départ. Ces quantités monstrueuses sont celles que requérait le gazage en masse d'êtres humains, et c'est ce qu'il fallait démontrer. J.C. Pressac se trompe du tout au tout. Premièrement, comme G. Rudolf l'a démontré, le pigment ferro-cyanuré est d'une exceptionnelle stabilité. Deuxièmement, les parois froides et humides sont un lieu très favorable à la formation du bleu de Prusse. Et, troisièmement, l'un des échantillons de Leuchter, prélevé sur une paroi du Krema I, donne une teneur infime mais plus significative que toutes les autres, or cette paroi n'a jamais appartenu au local réputé chambre à gaz homicide [13]. Dans le rapport polonais, Germar Rudolf relève le passage suivant : L'acide cyanhydrique est un acide faible, d'où il suit que ses sels se décomposent facilement en présence d'acides plus forts. Ce qui est déjà le cas pour l'acide carbonique produit par la réaction avec l'eau du dioxyde de carbone. Les acides forts, comme par exemple l'acide sulfurique, détruisent plus aisément encore les cyanurés. Les complexes formés par l'ion cyanuré et les métaux lourds sont plus stables. Le «bleu de Prusse», que nous avons déjà mentionné, est un complexe de cette sorte, mais lui aussi se décompose lentement en milieu acide. C'est pourquoi il ne fallait guère s'attendre, après un délai de 45 ans, à retrouver encore des dérivés de l'acide cyanhydrique sur les matériaux de construction (tels que les enduits ou les briques) exposés aux agents extérieurs (précipitations atmosphériques, oxacides et particulièrement le monoxyde d'azote). Ainsi Pressac et les experts polonais se rejoignent-ils sur un préjugé commun : l'ignorance, parfaitement vincible pourtant, de la stabilité des complexes ferro-cyanurés soumis aux conditions climatiques habituelles. Cette résistance aux éléments et au temps, G. Rudolf la vérifie encore sur le terrain. Il est important, écrit-il en commentant ses propres résultats, de constater l'énorme résistance du pigment aux agents atmosphériques quand, sur les échantillons [prélevés sur les murs extérieurs d'une chambre d'épouillage à Birkenau], ils ont été exposés depuis plus de 40 ans à un soleil intense, au vent, à la pluie, etc. La présence en quantité plus importante de composés cyanhydriques uniquement sur la partie supérieure de la paroi extérieure, démontre que les fort minimes quantités de cyanure qui ont pu migrer au travers de l'épaisseur du mur suffisent à la formation du pigment sur la paroi particulièrement trempée de pluie et dont il se peut que le fer qu'elle contient fût activé sous l'influence des agents extérieurs [14]. Il s'y ajoute que les importants résidus cyanhydriques (1 à 10 mg par kg) retrouvés dans les murs des installations d'épouillage à Birkenau, ainsi que les quantités considérables (50 à 100 mg par kg) qui s'en trouvent déjà dans la brique soumise à un seul gazage expérimental en laboratoire [15], confirment à suffisance l'hypothèse que le fer contenu dans la maçonnerie


595 exposée aux émanations de gaz cyanhydrique réagit aisément pour produire de grandes quantités de bleu de Prusse. La persistance jusqu'à ce jour de la coloration bleue et de grandes quantités de composés cyanhydriques dans les murs externes des stations d'épouillage à Birkenau confirment en dernier ressort la démonstration théorique, ainsi que le test de durée des Anglais. Il est indiscutable que, même si cela doit étonner le profane, les complexes ferro-cyanhydriques, et en particulier les bleus, possèdent une résistance énorme aux agents atmosphériques. La thèse de Leuchter et du professeur J. Roth de la quasi-indestructibilité du pigment se révèle ainsi parfaitement exacte. Il vient de là que la coloration bleue qui subsiste à ce jour, même lorsqu'elle est superficielle et exposée aux agents climatiques, se retrouve encore dans son premier état. D'autre part, on décèle des traces de cyanure dans des endroits inattendus, comme les parois intérieures d'une installation transformée par la suite en station d'épouillage à air chaud ; on en détecte aussi, dans le même ordre de grandeur, aux limites du dosable, dans les baraquements ordinaires [16]. Cela montre qu'il suffit d'une seule fumigation à l'acide cyanhydrique pour les produire, et on se demande même si la présence de ces indosables n'est pas normale et due à des causes naturelles et ubiquitaires. On peut en conclure que tous les résultats positifs, à peine décelables, pour les échantillons prélevés dans les prétendues chambres à gaz homicides, sont dépourvus de la moindre signification. Sans aucune exception, leur titre en cyanurés ne permet aucune analyse reproductible et ne dépasse pas celui des échantillons prélevés ailleurs. Même si l'on pensait à interpréter sérieusement ces traces, leur présence manifestement plus élevée dans l'ancienne salle d'eau, dite chambre à gaz, du Krema I (Auschwitz camp de base) montrerait encore qu'elles ne peuvent pas être dues à des gazages d'êtres humains. En effet, il faudrait alors que les quantités retrouvées dans les dépositoires, dits également chambres à gaz, des Krema II et III à Birkenau soient proportionnellement plus élevées, puisque l'on dit y avoir gazé vingt fois plus de monde qu'au camp de base. L'analyse de l'une et des autres donne des résultats du même ordre et d'ailleurs non reproductibles, dus peutêtre aux habituelles désinfections de locaux, mais certainement pas au gazage d'êtres humains. Il est probable que les dépositoires, en particulier dans leurs sections réservées aux «cadavres contaminés », étaient parfois désinfectés. * Trois conclusions principales se dégagent de cette nouvelle investigation : •

J.C. Pressac lui-même avait dû admettre que la description par les témoins, tant des lieux de gazage que de leur capacité d'exécution était, dans la majeure partie des cas, absolument inacceptable. Mais les corrections qu'il avait cru pouvoir et devoir apporter ne suffisent pas encore à rendre crédibles ces déclarations. Principalement les dépositions concernant la durée des exécutions sont tout à fait incompatibles avec la réalité, vu qu'elles surestiment la vitesse d'évaporation de l'acide cyanhydrique à partir du Zyklon B et partent d'une fausse idée au sujet du déplacement de l'air dans un local. Une nouvelle fois est mise en évidence l'impossibilité pratique, que Robert Faurisson constatait dès les années 70 d'utiliser cette source du gaz mortel pour tuer des hommes. Est également mise en évidence l'impossibilité que relevait le même R. Faurisson, de travailler à l'évacuation des cadavres fortement imprégnés d'HCN, non seulement sans masque, mais encore sans équipement étanche, alors que la solubilité de ce gaz dans la sueur est énorme.

J.C. Pressac avait également dû reconnaître que les locaux avaient été aménagés de façon inadéquate, voire absolument aberrante, si on les avait conçus pour être l'instrument d'exécutions en masse. Ce «bricolage» (l'expression est de J.C. Pressac) frappe bien plus encore lorsqu'on le compare à la technologie avancée des installations


596 d'épouillage que les Allemands avaient construites tout à côté des prétendues chambres à gaz homicides. •

Les traces de cyanurés retrouvées dans les prétendues chambres à gaz ne sont pas les faibles restes de dépôts, importants à l'origine, qui auraient survécu à la dilution au cours du temps. L'extraordinaire résistance du pigment ferro-cyanuré aux éléments s'inscrit en faux contre cette explication. Les importantes quantités qu'on en retrouve à ce jour encore dans les stations d'épouillage en sont la preuve. Les dépôts cyanurés dans les lieux critiques n'ont pas varié en quantité depuis que l'on a cessé de les utiliser. Leur ordre de grandeur était tel qu'on le mesure aujourd'hui, même dans les locaux restés constamment à l'abri des intempéries, et les quantités relevées dans les prétendues chambres à gaz sont telles qu'on les mesure dans ces endroits protégés. Il s'en trouve établi que les agents climatiques ne sont pour rien dans une diminution quelconque de ces restes. Pour expliquer les traces qu'on y relève, l'hypothèse avancée par F. Leuchter de la désinfection occasionnelle des locaux est parfaitement plausible, puisque G. Rudolf retrouve des quantités analogues sur des échantillons prélevés dans des endroits non suspects. Les mesures, non reproductibles vu la faiblesse des quantités, sont dépourvues de signification. Il est vraisemblable que les traces cyanurées sont parfaitement naturelles et l'on est obligé de conclure à l'absence totale de résidus interprétables. *

Le rapport de G. Rudolf se caractérise par une minutie, une rigueur et une sobriété qui contrastent avec l'amateurisme de J.C. Pressac. Pour tenter de sauver l'intenable légende des chambres à gaz, le couple Klarsfeld s'en était remis à une sorte d'autodidacte de l'investigation scientifique : le pharmacien J.C. Pressac. Oubliant de commencer par le commencement, celuici n'a pas même songé à procéder sur place aux indispensables prélèvements d'échantillons. Puis, confronté au Rapport Leuchter et aux analyses d'échantillons, il a cru trouver la parade dans une explication (les intempéries auraient effacé les traces d'HCN) qui se voit aujourd'hui infliger un démenti scientifique par le Rapport Rudolf. G. Rudolf conclut à l'impossibilité du délit de gazage homicide à Auschwitz. Il serait temps que les tribunaux, qui interviennent constamment dans le débat historique à la demande d'organisations diverses, retiennent cette notion juridique du délit impossible. En droit pénal, le délit impossible réduit à néant toute espèce de témoignage et toute espèce d'aveu. 1. London Jewish Chronicle du 8 juillet 1988, p. 35. Yehuda Bauer était membre de l'exécutif du congrès organisé par Robert Maxwell «Remembering for the Future» [Le Souvenir en vue de l'Avenir], du 10 au 17 juillet, à Oxford. Il est professeur d'Études sur l'Holocauste à l'Université hébraïque de Jérusalem. 2. Germar Rudolf, Kernerplatz 2, D-7000 Stuttgart 1. Chez l'auteur, s.d. (mars 1992) XIV+78 pages, format A4. 3. Il s'agit, pour la première, de : Fred A. Leuchter, An Engineering Report on the Alleged Execution Gas Chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland, prepared for Ernst Zündel, 2 avril 1988 [voy. A.H.R. n° 5, été-automne 1988, p. 51-102] ; et pour la seconde, de : J. Labedz, W. Gubala, B. Trzcinska, Rapport (Institut d'expertise judiciaire Professeur Jan Sehn, Section de toxicologie, Cracovie, 24 septembre 1990 [voy. R.H.R. n° 5, novembre 1991, p. 143-150]. 4. Rudolf précise dans son introduction (p. VIII) que, par convention, il utilisera l'expression «chambre à gaz» pour désigner ce que la littérature et les témoins entendent


597 par ce terme, sans préjudice de la véracité de leur existence, laquelle est précisément l'objet du débat judiciaire. 5. P. 1 et 5. 6. Dans le camp d'Auschwitz I, le dépositoire fut transformé à partir de juin 1943 en «abri antiaérien avec salle d'opération chirurgicale». 7. Voy. p. 20. 8. P. 24. 9. Dans ces cas précis, la victime d'asphyxie a, disent les médecins légistes, «bonne mine». A noter aussi que l'asphyxie n'épargne évidemment pas les tissus nobles. Dans le système nerveux central elle induit rapidement l'inconscience, avant que le sujet puisse ressentir la douleur que produiraient les spasmes musculaires intenses résultant de la désoxygénation générale. La description classique, par les prétendus témoins, de victimes se tordant de douleur dans l'agonie relève dès lors de la plus maladroite invention. 10. Alpha Analytical Laboratories, Ashland, Massachusetts, sous la direction du professeur J. Roth. 11. Institut Fresenius, Taunusstein, Hessen. 12. Jean-Claude Pressac : Jour J, La Lettre télégraphique juive, décembre 1988, p. I à X. 13. Voy. p. 51 et 52. 14. P. 56. 15. Cette opération menée par G. Rudolf est décrite en détail et ses résultats sont consignés dans le rapport aux pages 59 à 61. 16. Rudolf a prélevé des échantillons dans des locaux «neutres», choisis au hasard. Ce sont les baraquements de détenus n° 13, 20 et 3 (voy. son rapport aux pages XIII, pour la localisation, ainsi qu'aux pages 54, 55 et 56, pour la discussion et le résultat des épreuves sur ces échantillons). Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 9-21


598

ATROCITÉS AMÉRICAINES EN ALLEMAGNE (Article du juge E.L. Van Roden, «American Atrocities In Germany», The Progressive, février 1949, p. 21-22.) Dans les procès dits de «crimes de guerre» ou de «crimes contre l'humanité», on s'est beaucoup fondé sur les aveux ou les confessions des «criminels». Il nous a paru opportun de rappeler dans quelles conditions ces aveux ou ces confessions avaient pu être recueillis. A ce sujet, l'article du juge américain, Edward L. Van Roden, publié en 1949, reste du plus haut intérêt. Pour obtenir des aveux, les enquêteurs américains du Tribunal américain de Dachau en Allemagne utilisaient les méthodes suivantes : •

Ils battaient les accusés et leur donnaient des coups de pied brutaux ;

Ils leur faisaient sauter les dents, leur brisaient la mâchoire ;

Ils conduisaient des simulacres de procès ;

Ils maintenaient les accusés en solitude totale ;

Ils se faisaient passer pour des prêtres ;

Ils leur donnaient des rations alimentaires très faibles ;

Ils les privaient de toute forme de spiritualité ;

Ils leur promettaient l'acquittement.

Des plaintes relatives à ces méthodes de troisième degré ont été reçues au printemps dernier par le Secrétaire d'État à l'Armée Kenneth Royall. Ce dernier désigna le juge Gordon Simpson de la cour suprême du Texas ainsi que moi-même pour aller en Allemagne afin de vérifier ce qui était rapporté. Accompagnés du lieutenant-colonel Charles Lawrence Jr., nous nous sommes rendus à Munich, en Allemagne, y avons ouvert des bureaux et avons entendu alors un flot de témoignages sur les conditions dans lesquelles étaient commises des atrocités américaines. Mais, tout d'abord, quelques explications de fond : Au printemps dernier, la cour suprême refusait la demande d'habeas corpus formulée par le colonel Willis N. Everett Jr., juriste américain, qui avait été avocat de la défense des 74 accusés allemands dans l'affaire bien connue de Malmédy. Everett est un avocat très compétent ; c'est un gentleman consciencieux et sincère. Ce n'est pas un fanatique.¶Dans sa requête, Everett dénonçait le fait que le procès des Allemands n'avait pas été équitable. Il ne prétendait pas que tous les accusés allemands étaient innocents, mais précisait qu'en raison du caractère arbitraire de leur procès, il était impossible de distinguer les innocents des coupables. Le drame, c'est que nous, Américains, qui avons combattu et gagné la guerre en donnant tant de notre sueur et de notre sang, nous soyons si nombreux à dire aujourd'hui : «Tous les Allemands doivent être punis». Nous avons gagné la guerre, mais certains d'entre nous veulent continuer à tuer. Cette attitude me semble inique. Si les accusations accablantes d'Everett devaient se révéler exactes, la conscience américaine en serait souillée pour l'éternité. Le fait que les Allemands aient commis pendant la guerre des


599 atrocités contre des Américains ou que des Américains en aient commis contre des Allemands ne diminuerait pas le moins du monde notre infamie si de telles atrocités en temps de paix devaient continuer sans protestation. La tâche spécifique qui nous avait été assignée ne consistait pas seulement à examiner les accusations du colonel Everett, mais également à traiter le cas de 139 condamnations à mort, lesquelles, à l'époque, n'avaient pas encore entraîné d'exécution ; 152 Allemands avaient déjà été exécutés. Les 139 condamnés encore vivants se répartissaient en trois groupes. Ils étaient accusés d'être impliqués dans les crimes du camp de concentration de Dachau, dans le meurtre d'aviateurs américains ou dans les massacres de Malmédy. Je vous dis tout de suite que je crois que les crimes pour lesquels ces Allemands ont été jugés ont réellement été commis, et que certains Allemands s'en sont rendus coupables. Mais cette haine aveugle de tous les Allemands, qui a éclaté pendant et après la guerre, ne doit pas nous empêcher de prétendre que seuls doivent être punis les coupables. Après cette enquête, et après avoir discuté de part et d'autre, je ne pense pas que le peuple allemand ait su ce que faisait son gouvernement. Je demeure convaincu que la population allemande n'avait aucune idée des crimes diaboliques que commettait ce monstre insigne d'Himmler dans les camps de concentration. D'après les atrocités dont nous avons eu connaissance, il fallait qu'il soit véritablement le prince des démons. Mais en ce qui concerne la grande masse des Allemands, ils ont combattu comme des citoyens loyaux, pour faire vivre leur patrie et pour la défendre. Quelques aviateurs américains dont les avions avaient été abattus au cours des raids de bombardement au-dessus de l'Allemagne ont été tués par des civils allemands. Ces Allemands éprouvaient le sentiment que les aviateurs américains étaient les meurtriers de leurs épouses, de leurs mères et de leurs enfants sans défense qui habitaient les cités bombardées — exactement comme les Anglais l'éprouvèrent à l'égard des aviateurs allemands. C'est cela, la guerre. Je pensais profondément à ces aviateurs. J'avais deux fils dans l'aviation. Jimmy devait remplir 35 missions au-dessus de l'Allemagne et en revenir sain et sauf, Dieu merci ! Dick accomplit 32 missions et son avion fut finalement abattu au- dessus de l'Italie. Il passa 12 mois dans un camp allemand de prisonniers de guerre et fut assez bien traité. Il se trouve maintenant dans un sanatorium de l'Arizona et se remet de la tuberculose qu'il a contractée dans ce camp. *** Les massacres de Malmédy ont réellement eu lieu : un groupe de prisonniers de guerre américains fut abattu après sa capture au cours de la bataille des Ardennes. Mais n'est-il pas possible d'établir une distinction entre l'affirmation de la réalité de ces atrocités et l'affirmation que ces dernières ont été commises par ces 74 Allemands qui s'étaient alors trouvés à Malmédy ou dans ses environs à ce moment ? Du fait que certains Allemands, pris à part, méchants et sadiques, en ont été les auteurs, avons-nous le droit de dire que tous les Allemands, quels qu'ils soient, qui tombent entre nos mains sont coupables et doivent être anéantis ? Personnellement je ne le crois pas. Ce n'est pas le mode de pensée que j'ai appris dans mon église ou que vous avez appris dans la vôtre. Sur l'insistance des Russes, les Américains n'ont pas pu juger de nouveau ces hommes. Dans ce domaine, la philosophie russe est que les enquêteurs déterminent la culpabilité ou l'innocence des accusés et que le juge prononce simplement la sentence. Nous avons accepté la formule russe du refus d'un nouveau jugement, mais avons fait litière de la présomption d'innocence avant le procès. L'interdiction américaine de déposer sur la foi d'un tiers avait été suspendue. Le témoignage de seconde et de troisième main était admis, bien que l'avocat général eût mis en garde contre


600 la valeur d'une déposition sur la foi d'un tiers, en particulier lorsque celle-ci était obtenue, comme c'était le cas, deux ou trois ans après les faits. Le lieutenant-colonel Ellis et le lieutenant Perl, du ministère public, invoquèrent qu'il était difficile d'obtenir des preuves satisfaisantes. Perl déclara à la cour : «Nous avions une cause difficile à élucider et avons dû utiliser des méthodes persuasives». Il avoua à la cour que les méthodes persuasives comportaient divers «expédients, y compris une certaine violence et des simulacres de procès». Ultérieurement, il devait dire à la cour que les procès reposaient sur des déclarations obtenues par des méthodes de ce genre. Les déclarations reconnues comme constituant des preuves ont été obtenues de la part d'hommes qui, auparavant, avaient été tenus en solitude totale pendant trois, quatre et cinq mois. Ils étaient renfermés entre quatre murs dépourvus de fenêtre, sans possibilité d'exercice physique. On leur poussait deux repas chaque jour au travers d'une fente pratiquée dans la porte. Ils n'avaient pas le droit de parler à qui que ce fût. Pendant tout ce temps ils ne purent pas communiquer avec leurs familles ni avec un pasteur ou un prêtre. Cette solitude totale se révéla suffisante en elle-même dans certains cas pour persuader les Allemands de signer des déclarations préparées à l'avance. Ces déclarations impliquaient non seulement les signataires, mais souvent aussi d'autres accusés. *** Nos enquêteurs mettaient une cagoule noire sur la tête de l'accusé puis lui martelaient le visage avec un coup de poing américain, lui donnaient des coups de pied et le frappaient avec un tuyau de caoutchouc. Ces brutalités firent sauter les dents de nombreux accusés allemands; certains eurent la mâchoire fracturée. Dans les 139 cas examinés, tous les Allemands, sauf deux, avaient été frappés à coups de pied dans les testicules de manière irréparable. C'est ce que les enquêteurs américains appelaient un Procédé d'Application Standard. Perl reconnut avoir utilisé des simulacres de procès et appliqué des méthodes persuasives incluant la violence ; il déclara que la cour était libre de décider du poids à accorder aux dépositions ainsi reçues. Mais toutes furent admises. Un accusé âgé de 18 ans, après avoir été roué de coups, était en train d'écrire une déposition qu'on lui dictait. A la seizième page, le garçon fut enfermé pour la nuit. Au petit matin, les Allemands des cellules voisines l'entendirent grommeler : «Je ne prononcerai plus un seul mensonge». Plus tard, lorsque le geôlier entra dans la cellule pour lui faire terminer sa fausse déposition, il trouva l'Allemand mort, pendu à un barreau de sa cellule. Malgré tout, une déclaration écrite selon laquelle cet Allemand se serait pendu pour se soustraire à la signature fut présentée et acceptée comme preuve lors des procès des autres accusés.¶Quelquefois, le prisonnier qui refusait de signer était conduit dans un local faiblement éclairé, où un groupe d'enquêteurs civils portant l'uniforme de l'armée américaine se tenait assis autour d'une table noire au centre de laquelle était posé un crucifix, avec deux bougies allumées de chaque côté. «Tu auras maintenant ton procès américain», disait-on à l'accusé. Ce faux tribunal prononçait une fausse condamnation à mort. On disait alors à l'accusé : «Dans quelques jours, tu seras pendu, dès que le général aura approuvé cette condamnation ; mais, en attendant, signe ces aveux et nous pourrons te faire acquitter». Certains ne voulaient toujours pas signer. Nous avons été choqués d'apprendre que le crucifix était tourné ainsi en dérision.¶Dans un autre cas, un faux prêtre catholique (c'était en fait un enquêteur) pénétra dans la cellule de l'un des accusés, entendit ce dernier en confession, lui accorda l'absolution, puis lui donna une petite tape amicale en lui disant : «Signe tout ce que les enquêteurs te demandent de signer. Ça


601 te permettra d'obtenir ta liberté. Même si ta déclaration est fausse, je peux te donner d'avance l'absolution pour le mensonge que tu pourrais raconter». Notre rapport final sur ces procès a été remis au secrétaire d'État à l'armée Royall. En dépit des nombreux exemples semblables à ceux que je viens de décrire, nous n'avons trouvé aucune machination de caractère général visant à obtenir des dépositions d'une façon malhonnête. A l'exception de 29 cas, aucune raison n'apparut à nos yeux pour que les exécutions n'aient pas lieu. Pour les 110 autres, il existait suffisamment de témoignages sérieux obtenus à partir d'autres sources pour justifier la peine de mort, en excluant les témoignages obtenus par des méthodes du troisième degré. Les 29 hommes dont nous recommandions de commuer la peine n'ont certainement pas eu de procès équitable, si on se base sur le modèle américain. Vingt-sept d'entre eux devaient être condamnés à la prison à vie ; l'un d'eux devait être condamné à dix ans, et enfin, un autre, à deux ans et demi de prison, conformément à nos recommandations. Nous avons également recommandé un programme permanent de clémence pour une révision des sentences prononcées contre d'autres prisonniers accusés de crimes de guerre. Le secrétaire d'État Royall a sauvé notre conscience nationale. En tant qu'Américains, pourrions-nous jamais tenir la tête haute s'il n'avait pas pris l'affaire en considération ? Il a sauvé notre prestige national et notre réputation internationale. Cependant, en dépit de l'action entreprise par le secrétaire d'État Royall dans cette affaire, les Américains ont, à vrai dire, peu de raisons de se regarder avec complaisance. Notre rapport révèle plutôt, de manière implicite, que notre situation est toujours sérieuse en Allemagne et qu'il faut procéder à une remise en ordre. Qui plus est, cinq des hommes pour lesquels nous avions recommandé des commutations de peine ont été pendus depuis la remise de notre rapport. En tout, 100 hommes sur les 139 dont nous avons cherché à étudier le cas sont maintenant morts. *** Les enquêteurs américains qui ont commis des atrocités au nom de la justice américaine et sous la bannière américaine s'en tirent sans être inquiétés. Aujourd'hui, il convient de viser deux objectifs : 1. Les 39 prisonniers dont les condamnations à mort n'ont pas été commuées et qui n'ont pas encore été pendus doivent être épargnés, en attendant une révision complète du jugement. 2. Les enquêteurs américains qui ont fait preuve d'abus de pouvoir du fait de la victoire et ont prostitué la justice pour la transformer en vengeance doivent être démasqués dans un procès public, de préférence aux États-Unis, et poursuivis. A moins que ces crimes commis par des Américains ne soient dévoilés par nous-mêmes dans notre pays, le prestige de l'Amérique et de la justice américaine subira une atteinte permanente et irréparable. Nous pouvons partiellement racheter notre propre mauvais comportement si, en premier lieu, nous le délimitons et si, publiquement, nous le condamnons et le désavouons. Si nous attendons que nos ennemis claironnent notre culpabilité à l'étranger, alors nous ne pourrons qu'incliner nos têtes en reconnaissant notre honte. Revue d’Histoire révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 22-28


602

L'ENQUÊTE MAUDITE Esquisse d'un bilan anthropologique Jean-Louis Tristani Malgré les apparences, l'usage du terme «bilan» pour qualifier l'enquête maudite sur les chambres à gaz et le génocide n'est en aucune façon un paradoxe. En effet, la publication en avril 1988 et juin 1989 des rapports d'expertise chimique négative de l'ingénieur américain Fred A. Leuchter pour l'ensemble des anciens locaux concentrationnaires subsistants [1] — dans lesquels les gazages génocidaires sont censés avoir eu lieu — a enclenché la phase conclusive de la controverse spécifiquement historique relative à une quelconque extermination de quelque groupe ethnique que ce fût au moyen de gazages homicides industriels dans les camps de concentration nationaux-socialistes allemands. La contre-expertise commandée par la direction du Musée d'Auschwitz à l'Institut d'expertises médico-légales de Cracovie [2] confirme, pour l'essentiel, les résultats présentés par Fred A. Leuchter et met ainsi un point historiographique final aux élucubrations sur l'arme prétendue du non moins prétendu crime génocidaire. Le moment du bilan est donc venu. Celui-ci est d'autant plus nécessaire que les affirmations définitivement controuvées de la propagande génocidaire ne s'en maintiennent et ne s'en maintiendront pas moins dans la plupart des organes dits «d'information» pendant une durée encore impossible à évaluer puisqu'une loi française, en date du 13 juillet 1990, interdit toute remise en question du dogme de l'extermination des juifs par gazages de masse. La situation se caractérise ainsi par une contradiction stricte entre ce qui est désormais avéré du système concentrationnaire national-socialiste par les méthodes classiques de l'histoire et les conditions publiques présentes de sa reconnaissance — de son avérance. Le temps d'un bilan exhaustif n'est pas encore mûr, d'où cette limitation à une simple esquisse. La tâche principale est d'apporter toute la lumière possible sur la subversion du concept même de vérité. L'analyse se concentrera sur les données phénoménales de ce processus qui se présentent à l'observation sous la forme nodale d'une projection transférentielle généralisée. L'examen se portera ensuite sur quelques processus secondaires induits par le processus projectif. Il sera alors possible, pour finir, d'ouvrir quelques perspectives sur une interprétation de la religion de l'«Holocauste» comme phénomène anthropologique total. Sur le concept de vérité Comment ne rendrais-je d'abord pas hommage à l'ouvrage exemplaire de Serge Thion, dont le titre, Vérité historique ou vérité politique ?, signalait en toute clarté l'enjeu conceptuel central de cette affaire confondante. Une bonne décennie plus tard, c'est en effet cet adjectif de «confondante» qui caractérise au mieux les péripéties entraînées par le maintien, ne varietur, de la dogmatique de l'«Holocauste», puisque ce sont les poursuites judiciaires engagées par les propagandistes qui ont conduit à la convergence terminale des résultats respectifs de l'expertise et de la contre-expertise ; et puisque cela finira bien, un jour ou l'autre, par se savoir. Une telle incandescence dans la sottise a de quoi laisser l'esprit à la fois satisfait et stupide. Mais, avant de s'engouffrer dans ce labyrinthe, il est conseillé de passer rapidement en revue la pelote du fil d'Ariane tendu par Serge Thion. Sa dénomination est donc vérité. Pour bien saisir le problème, il est conseillé de traduire préalablement le mot en grec ancien, alèthéia. La


603 signification de ce terme est non seulement plus ample que celle de la vérité latine et moderne, mais surtout incomparablement mieux adaptée à la déambulation labyrinthique en perspective. La définition traditionnelle de la vérité s'énonce adaequatio rei et intellectus, «accord entre un état de chose et l'énoncé qui le décrit». En revanche, l'alèthéia ne se limite pas encore à un état de chose, mais décrit l'ensemble du processus de sortie hors-retrait de ce qui se montre dans l'état de chose en question. Autrement dit, la définition scolastique traditionnelle restreint la vérité au seul résultat statique et, de ce fait, plus ou moins intemporel, de l'ensemble du processus dynamique intégralement temporel que désigne l'alèthéia. Ce rappel permet alors de comprendre la différence significative entre les antonymes respectifs de vérité et d'alèthéia. Le contraire de vrai est faux (falsum), tandis que le contraire d'alèthéia est pseudos, la tromperie qui dérobe ou dévoie le mouvement de sortie hors-retrait du phénomène. Le mensonge est l'une des principales espèces de la tromperie. A l'époque où Serge Thion écrivit Vérité historique…, il était encore très difficile, pour qui n'avait effectué les investigations lentes et pénibles du professeur R. Faurisson, de parvenir à une opinion personnellement fondée sur les problèmes décisifs d'historicité de l'arme génocidaire. L'inconvénient majeur de cette hésitation première et dernière était une vulnérabilité inévitablement excessive au matraquage publicitaire holocaustique, par l'effet de laquelle le caractère foncièrement trompeur et spécifiquement mensonger de cette propagande se dérobait plus ou moins subrepticement à l'entendement. En résultaient une réticence plus ou moins incoercible à l'emploi des termes «tromperie» et «mensonge» comme prédicats véritatifs rigoureusement descriptifs de la propagande holocaustique et une propension résultante — très irritante — à accuser, ne serait-ce qu'in petto, le professeur Faurisson d'intempérance verbale… L'avantage irremplaçable du dynamisme de l'alèthéia est de manifester la liaison indissociable de la tromperie avec l'accomplissement — en lequel se définissent grammaticalement les temps du présent, par opposition à l'accompli du parfait, temps par excellence du passé. L'alèthéia couvre ainsi l'accomplissement total de la sortie hors-retrait, en provenance du possible futur jusqu'à l'accompli du parfait, dès lors nécessaire, en passant par l'accomplissement réel en acte du présent. C'est pourquoi, dans sa traduction complète du mot alèthéia, Martin Heidegger use en fait d'un couple terminologique : Entbergung désignant la phase dynamique de la sortie hors-retrait et Entborgenheit dénommant l'état statique de ce qui est parvenu hors-retrait. Le couple français avérance/avéré en propose une équivalence. La tromperie mensongère est ainsi le dynamisme antagoniste de celui de l'alèthéia. Sa fonction est de dérober, recouvrir ou dévoyer le mouvement de la sortie hors-retrait. Pour maintenir son efficacité, cette tromperie ne doit donc cesser de s'effectuer dans le présent. Toute tromperie qui s'étend dans la durée suppose donc un proton pseudos, une tromperie première. Dans la tromperie holocaustique, les données relatives à ce proton pseudos sont, bien évidemment, les plus difficiles d'accès. Les recherches effectuées par le professeur A. R. Butz [3] permettent cependant de resserrer l'enquête autour des individus qui dirigèrent les grandes organisations juives nationales et internationales pendant le cours de la guerre, tout particulièrement, Chaïm Weizmann, Nahum Goldman, le rabbin Stephen Wise ainsi que les représentants de ces organisations en Suisse, Richard Lichtheim, Abraham Silberschein et Gerhart Riegner, etc. C'est vraisemblement dans ce milieu que la propagande de l'extermination fut primitivement imaginée, décidée et organisée. Depuis lors, le mouvement sioniste n'a cessé de l'entretenir et de l'amplifier. Dans les premiers temps, il suffisait de nourrir et de perpétuer une rumeur de guerre. Les années passant, il fallait prévoir que les exigences routinières de la recherche historique relatives à l'établissement des faits reprendraient progressivement force. A partir des années soixante, l'organisation périodique de procès à grand spectacle en Israël, en Allemagne, puis dernièrement en France, parvient, sans trop de peine, à maintenir en respect la quasi-totalité des journalistes et historiens par un climat d'intense terreur idéologique entourant le dogme génocidaire. Cette disposition a pour effet de dissuader le vulgum pecus de


604 simplement s'interroger sur les preuves historiques de l'extermination. Et de fait, l'ignorance prudente en ce domaine est ressentie par la plupart des «intellectuels» comme le moyen le plus sûr de préserver ses amitiés, sa réputation et sa carrière. Sur ce point, cette majorité est dans le vrai. Mais en aucune façon dans le juste, puisque la lâcheté est l'une des composantes élémentaires négatives du système arétologique (arétè = «vertu» : système grec antique des vertus dites encore «cardinales») par lequel, du fait de la conversion grammaticale des catégories de l'être en celles du bien, se détermine la qualité juste ou injuste d'une conduite humaine quelconque. La projection transférentielle généralisée Dans l'affaire des chambres à gaz et du génocide, la contradiction entre l'avérance et l'avéré se manifeste principalement par un symptôme de projection transférentielle généralisée. Cette expression définit l'ensemble des accusations et qualificatifs que les propagandistes de l'extermination ne cessent de lancer contre les historiens qui se risquent à examiner le bienfondé des allégations holocaustiques selon les méthodes historiographiques les plus classiques et rigoureuses de la critique et de l'interprétation des sources, documents et témoignages. Ces historiens furent d'abord dénommés «révisionnistes», puis, dernièrement, «négationnistes». L'analyse descriptive de ce symptôme projectif, individuel aussi bien que collectif, est une acquisition de l'expérience psychanalytique inaugurée par Sigmund Freud. Cette expérience enseigne que l'analysant (le «patient») commence immanquablement par projeter sur la personne de son analyste les accusations, fondées ou non, qu'il porte de façon dite «inconsciente» contre lui-même. Cette première phase classique de la cure est suivie d'une seconde phase — dite «d'analyse du transfert» — au cours de laquelle l'analysant s'enhardit à considérer plus attentivement ses formulations accusatrices et à identifier progressivement qu'il en est, pour la plupart d'entre elles, le principal, voire l'unique destinataire. Ce symptôme s'exacerbe nécessairement en cas d'analyse dite «sauvage», c'est-à-dire non demandée par celui sur lequel elle s'exerce. C'est ce dernier cas de figure qui prévaut pour la propagande holocaustique. Il est en effet clair que le proton pseudos a été ignoré de l'immense majorité des propagandistes eux-mêmes, du moins jusqu'à une période récente. Il est relativement aisé d'observer chez les zélateurs les plus connus de l'«Holocauste» comment la tromperie première de la propagande a trouvé un terrain favorable dans une configuration névrotique individuelle nettement plus accentuée que la moyenne (forfanterie, mégalomanie verbeuse, agressivité exacerbée, intolérance poussée jusqu'au fanatisme, médiocrité résultante accablante, …). Quoi qu'il en soit, la phase de projection transférentielle généralisée s'est enclenchée en 1979 avec la procédure civile intentée contre le professeur Faurisson pour falsification de l'histoire. Elle s'est achevée en 1985 dans un procès au motif analogue qui s'est déroulé à Toronto contre Ernst Zündel. C'est dans le cours de cette dernière procédure que l'un des deux «témoins historiques», Rudolf Vrba, ainsi que le principal «historien» de l'extermination, Raul Hilberg, ont été définitivement disqualifiés par des réponses indûment évasives et lacunaires aux questions très précises de la défense. Trois ans plus tard, en 1988, un second procès contre E. Zündel donna lieu à l'expertise effectuée par Fred A. Leuchter ; en 1991, la contre-expertise de Cracovie nous en apportera la confirmation terminale. Cette séquence judiciaire a donc intégralement reconstitué les conditions de l'avérance relative à la réalité concentrationnaire nationale-socialiste. Il en découle que les accusations de falsification de l'histoire ne peuvent désormais que se retourner définitivement contre ceux qui les ont lancées, accompagnées de tous les noms d'oiseaux dont ils les ont abondamment ornées — parmi lesquels les qualificatifs «pervers», «abject», «odieux» et «répugnant» se signalent à l'attention par la fréquence de leur emploi. En effet. Une tromperie de cette envergure opérée sur le sentiment de piété que tout homme sain éprouve naturellement à l'égard de victimes présumées d'une extermination délibérée est


605 incontestablement perverse, abjecte, odieuse et répugnante. Non seulement aucune cause ne peut justifier une tromperie de cette nature, mais, bien plutôt, celle-ci suffirait, à elle seule, à disqualifier radicalement toute cause qui y recourrait. Il n'y a pas lieu d'épiloguer sur ce thème. Quelques symptômes secondaires dérivés Ce symptôme central de projection transférentielle généralisée entraîne la prolifération de symptômes secondaires dont la finalité commune est de maintenir et d'entretenir le blocage de l'avérance de ce qui est, désormais, avéré et, par conséquent, aisément accessible à toute personne désireuse de se forger sa propre opinion sur ces questions. Le plus troublant de ces symptômes secondaires est le refus a priori de tout dialogue avec les historiens que le résultat de leurs recherches ont conduits à une remise en question des affirmations aujourd'hui définitivement controuvées de la propagande génocidaire. Ce symptôme a reçu sa formulation classique dans l'adage «On discute sur le révisionnisme, mais on ne discute pas avec les révisionnistes». En conséquence, on organise des colloques à huis clos en pleine Sorbonne républicaine et laïque, sous la présidence d'universitaires en renom. Il importe en effet de détourner l'universalité des destinataires de la propagande de toute velléité de simple curiosité relative aux arguments et, a fortiori, aux écrits adverses. L'énonciation de propos insultants à l'adresse des adversaires en reçoit son urgente nécessité. Il est indispensable de fulminer sans cesse urbi et orbi qu'il serait inique et coupable d'accorder la moindre attention aux élucubrations ignominieuses de «nostalgiques du nazisme», d' «assassins de la mémoire», de «détraqués», d'«abrutis», voire d'«excréments» de «la petite bande abjecte». La nécessité d'empêcher la moindre velléité de curiosité publique et privée à l'égard de l'argumentation, en fait strictement historique, des adversaires prolifère alors à l'infini dans un ensemble incontrôlable de symptômes de refoulement de toute activité de pensée dès lors que celle-ci présente la menace d'une remise en question de la dogmatique génocidaire, principale fondation des revendications arbitraires, territoriales et autres, des divers gouvernements israéliens. Le domaine phénoménal traversé par ces divers symptômes de la tromperie holocaustique est d'une ampleur encore difficile à délimiter. Il couvre un large ensemble de régions culturelles. En effet, un symptôme public de cette nature ne peut qu'entraîner, par simple transitivité, une multiplicité de perturbations dans des champs culturels qui n'ont parfois qu'une relation très ténue avec celui du symptôme initial. L'expérience psychanalytique du refoulement dans le domaine individuel connaît depuis longtemps ces phénomènes de métastase. Les futurs historiens des trois dernières décennies du XXe siècle seront mieux en mesure d'étudier la configuration globale de cette épidémie mentale qui tient ainsi l'époque sous le nom d'«Holocauste». Plutôt que d'entreprendre une description encore nécessairement rhapsodique et lassante de ses nombreuses manifestations pathologiques, l'observation se limitera aux symptômes qui affectent directement le fonctionnement de l'esprit, puis de la pensée philosophique. Le premier symptôme est, de loin, le plus sournois. Si j'en juge par mon expérience personnelle, il m'a fallu environ trois ans pour l'identifier et le surmonter. Autrement dit, ce symptôme atteint, dans une proportion variable, les «révisionnistes» eux-mêmes. L'illustrationtype en a été fournie dans la contribution de Jean-Gabriel Cohn-Bendit à Intolérable Intolérance [4]. Gaby, comme il me permettra de continuer à l'appeler, se montre, d'une part, tout disposé à accueillir l'hypothèse qu'il n'y ait pas eu de chambres à gaz homicides dans les camps allemands, mais il réaffirme vigoureusement, de l'autre, sa conviction «exterminationniste». Bref, à sa façon, Gaby anticipe le fameux lapsus lepenien. Chambre à gaz ou pas, c'est donc bien un détail. La connexion grammaticale et sémantique entre l'arme du


606 crime génocidaire et le génocide lui-même est inhibée. La rétractation de Gaby à la suite du brouhaha provoqué par sa présence sur une liste électorale de Génération Écologie, au motif que la dernière édition de La Destruction des juifs européens de Raul Hilberg l'aurait entretemps convaincu de son erreur initiale, vient ainsi confirmer que Gaby n'a, en effet, jamais été «révisionniste», qu'il s'est arrêté à mi-chemin dans l'effectuation des liaisons sémantiques et grammaticales élémentaires indispensables à l'interprétation «révisionniste», c'est-à-dire strictement descriptive du phénomène concentrationnaire allemand, débarrassée des torsions idéologiques qui lui ont été dogmatiquement imposées par la propagande génocidaire sioniste. Cet effet Cohn-Bendit se retrouve dans l'arrêt de la cour d'appel en date du 26 avril 1983 : Mais considérant qu'une lecture d'ensemble des écrits soumis à la cour fait apparaître que M. Faurisson se prévaut abusivement de son travail critique pour tenter de justifier sous son couvert, mais en dépassant largement son objet, des assertions d'ordre général qui ne présentent plus aucun caractère scientifique et relèvent de la pure polémique ; qu'il est délibérément sorti du domaine de la recherche historique et a franchi un pas que rien, dans ses travaux antérieurs, n'autorisait, lorsque, résumant sa pensée sous forme de slogan, il a proclamé que «les prétendus massacres en chambres à gaz et le prétendu génocide sont un seul et même mensonge»…etc. (p. 9 et 10). Après avoir précédemment énoncé de façon honnête et, même, relativement courageuse, qu'ils n'avaient constaté aucune trace de légèreté, de négligence, d'ignorance délibérée ou de mensonge dans les publications du professeur sur le sujet des chambres à gaz, les magistrats démontrent ainsi, dans ce considérant, une incapacité absolue à saisir la connexion pourtant strictement grammaticale et sémantique qui relie anhistoricité de l'arme du crime et anhistoricité du crime censé effectué au moyen de cette arme. Ce qui nous contraint dès lors à considérer que le maintien intempestif de ces deux affirmations historiquement controuvées constitue bel et bien un mensonge, doublé d'une escroquerie. Ma propre contribution à Intolérable Intolérance tombait partiellement sous le charme paralysant de l'effet Cohn-Bendit, puisque j'y formulais une réticence, pourtant injustifiable, devant l'usage faurissonien des termes «mensonge» et «escroquerie». Avec le recul, je ne puis qu'y reconnaître l'efficacité du virus répandu dans les esprits par la propagande holocaustique. L'effet de cette propagande empêchait ainsi le philosophe et l'anthropologue de profession d'opérer, dans une première analyse de cette affaire, les connexions intellectuelles les plus élémentaires. Bref, un virus véritablement dangereux et teigneux. L'illustration majeure de l'effet Cohn-Bendit demeurera le «détail» lepenien. Son commentaire se ramasse dans l'énoncé d'une alternative toute simple : • ou bien il y a eu chambres à gaz, et la tentative de génocide perpétrée par leur emploi industriel est donc historique ; ce qui ne saurait en aucun cas être considéré comme un détail ; •

ou bien il n'y a rien eu de tel, mais alors l'obligation de dire que cela a cependant eu lieu, sanctionnée depuis lors par la loi du 13 juillet 1990, ne peut également en aucun cas être considérée comme un détail dans une république laïque.

Autrement dit, toute tentative d'atténuer l'importance sémantico-grammaticale de la controverse relative à l'historicité/anhistoricité des chambres homicides manifeste implacablement l'action du virus holocaustique paralysant, jusques et y compris dans l'ultime recours à l'expression anglo-saxonne de la distance, aujourd'hui censée réputée élégante : «Ce n'est pas ma tasse de thé». Ces diverses formulations présentent ainsi les principaux degrés d'intensité du symptôme de paralysie des fonctions grammaticales et sémantiques que désigne l'effet Cohn-Bendit.


607 L'«affaire Heidegger» offre une autre manifestation de l'étendue et de la profondeur des ravages provoqués par la propagande sioniste de l'«Holocauste» dans le domaine de la pensée philosophique. L'œuvre de Martin Heidegger constitue, à l'évidence, une contribution majeure à la pensée philosophique. Pour le philosophe de profession, cette évidence s'étaye simplement sur la constatation que Heidegger est le premier — et jusqu'à présent le seul — penseur occidental qui ait intégralement effectué la rupture entre la pensée philosophique et la théologie dogmatique chrétienne, rupture dont Nietzsche fut le précurseur, mais qu'il n'eut ni le temps ni les moyens conceptuels de conduire à son terme. Or donc, Heidegger était, il faut l'avouer, allemand et, qui plus est, contemporain du national-socialisme. A ce handicap déjà lourd, il ajouta celui d'un bref mouvement de sympathie à l'égard de cet incontestable sursaut du peuple allemand contre les conséquences désastreuses de l'absurde et inique traité de Versailles que sut canaliser, à son début, le nationalsocialisme. La sympathie de Heidegger allait prioritairement au mouvement des S.A. de Röhm et s'interrompit définitivement en 1934 avec l'assassinat de ce dernier sur l'ordre du chancelier Adolf Hitler. C'est dans cet intervalle de 1933 à 1934 qu'il fut élu recteur de l'université de Fribourg et prononça divers discours émaillés, ici ou là, d'un éloge de circonstance envers le Führer. Après la guerre, à la façon d'un serpent de mer, ces épisodes ressurgirent de temps à autre dans la presse intellectuelle française à sensation. Il convient de remarquer cependant que ces récriminations périodiques n'étaient tout de même pas parvenues à entamer une reconnaissance intellectuelle largement partagée envers l'œuvre philosophique du penseur. Cet état de chose a basculé d'un seul coup avec la campagne de presse provoquée par la parution d'un ouvrage de M. V. Farias, Heidegger et le nazisme, en 1987, bientôt suivie, en 1988, par celle de Heidegger et les modernes, de L. Ferry et A. Renaut. Il n'y a plus lieu de commenter les «arguments» développés dans des ouvrages et émissions aujourd'hui oubliés. En revanche, il importe d'appeler l'attention sur une conséquence toujours agissante de cette campagne de presse : la dissuasion culpabilisante de la simple lecture d'un ouvrage quelconque de Heidegger qui s'exerce sur la génération étudiante contemporaine de l'exécution de ces hautes œuvres médiatiques. Le chroniqueur philosophique d'un quotidien du soir jadis respectable ne manque plus une occasion de rappeler à ses lecteurs que la pensée de Heidegger est définitivement invalidée par une accointance démontrée avec le «nazisme». Cette éruption d'intelligence française s'est donc produite au cours des années 1987-1988, c'est-à-dire pendant la phase paroxystique du symptôme de projection transférentielle généralisée. A cette époque, les principaux propagandistes de l'«Holocauste», anciens et nouveaux, ne sont plus en droit d'ignorer que l'argumentation rigoureusement historique des «révisionnistes» risque de les convaincre définitivement de participation à un mensonge doublé d'une escroquerie. Il s'agit alors d'empêcher ou, du moins, de retarder le plus longtemps possible le moment où cet état de chose deviendra public. Cette exigence contraint à une démonstration quasi permanente de la toute-puissance du dogme génocidaire dans l'opinion. Dans l'affaire Heidegger, cette démonstration consiste à pulvériser la réputation de l'un des plus grands penseurs d'Occident au simple motif que sa sympathie à l'égard de futurs génocideurs est une preuve irréfutable de connivence ignominieuse. Une telle complicité est, à l'évidence, incompatible avec l'ombre même d'une pensée digne de retenir l'attention des contemporains. La religion de l'«Holocauste» comme phénomène anthropologique total Une analyse anthropologique d'ensemble du phénomène religieux de l'«Holocauste» serait, en l'état, prématurée. Les présentes notations se limiteront à une esquisse d'exposition des différents niveaux d'analyse de ce phénomène ainsi que de leurs articulations.


608 L'imposition du terme «Holocauste» à une prétendue extermination au moyen de gazages homicides signale, à elle seule, la complexité du problème. Originellement, l'holocauste désigne un rite de destruction par le feu, pratiqué dans de nombreux systèmes de relations au divin, dont la religion hébraïque. Dans le cas présent, son usage signifie que l'extermination présumée est conçue comme un sacrifice d'offrande. Cependant l'interprétation théologique des tenants et aboutissants de ce sacrifice présente des difficultés déjà redoutables dans la détermination des éléments constituants de la situation sacrificielle : l'identité du sacrificateur, du destinataire, etc. Ce premier niveau analytique est théologique dans l'acception traditionnelle du terme. Le second niveau analytique est rendu possible par la démonstration révisionniste de l'anhistoricité des chambres homicides et du génocide et leur réduction, par le fait, à l'état de croyances fallacieuses. L'«Holocauste» est le premier et le seul grand phénomène religieux dans lequel il soit enfin possible de déterminer avec une précision entière la place, la nature et les divers modes de fonctionnement de la tromperie inaugurale. La comparaison qui vient aussitôt à l'esprit est celle de la résurrection du Christ. Il est aujourd'hui impossible de déterminer comment a pu naître cette croyance. Aucune des hypothèses avancées pour expliquer la disparition de la dépouille mortelle de Jésus ne s'appuie sur le moindre commencement de preuve et celle d'une supercherie fomentée par les apôtres paraît malgré tout peu probable. Une analyse approfondie de l'«Holocauste» apportera ainsi des éléments entièrement nouveaux à l'analyse du phénomène religieux en général. C'est d'abord en ce sens que l'«Holocauste» est un phénomène anthropologique total. Il serait certes possible d'objecter que l'«Holocauste» ressortit plus à une «religion séculière» — selon l'expression forgée par Raymond Aron pour désigner les idéologies marxiste et nationale-socialiste — qu'à une religion traditionnelle. Bien qu'elle fasse organiquement partie de cette autre religion séculière qu'est l'idéologie sioniste, la religion de l'«Holocauste» se différencie cependant d'une religion séculière en ne plaçant pas la tromperie dans la seule configuration idéologique mais dans des faits prétendus historiques, telles, jadis, la traversée miraculeuse de la Mer Rouge ou la résurrection de Jésus. L'élément nouveau est un escamotage apparent du merveilleux qui ne se propose plus comme tel. Cependant, l'enquête maudite sur les témoignages relatifs aux gazages homicides retrouve bien ce merveilleux, mais sous la forme dégradée de l'invraisemblable. Des gazages de masse auraient certes été techniquement possibles, mais leur réalisation aurait présenté de telles difficultés, lesquelles auraient entraîné des coûts à ce point exorbitants qu'ils en deviennent merveilleux par simple invraisemblance. Il convient de signaler enfin un troisième niveau analytique, méconnu du fait de sa nouveauté. La déferlante «structuraliste» en linguistique et en anthropologie a maintenu dans l'ombre l'analyse pourtant magistrale des phénomènes grammaticaux découverte et exposée tout au long de son enseignement à l'École pratique des hautes études par le grammairien saussurien français Gustave Guillaume. Les perspectives que la fondation guillaumienne d'une linguistique grammaticale rigoureusement descriptive ouvrent à l'analyse des système institutionnels sont prometteuses, tout particulièrement en anthropologie dite des «religions». L'élaboration guillaumienne du concept saussurien de système de la langue ouvre en effet des voies d'accès inédites et limpides à l'analyse tout aussi rigoureusement descriptive des multiples systèmes et sous-systèmes institutionnels construits dans le langage et la culture qu'engendre nécessairement l'usage d'une langue naturelle quelconque par l'ensemble de ses locuteurs. Ce que — par ethnocentrisme latino-occidental — on appelle abusivement «religion» doit d'abord retrouver la dénomination descriptive de système institutionnel de relations qu'un groupement anthropologique quelconque entretient avec le divin (la religio romaine n'en est qu'un concept commercial, qui ne s'applique par exemple pas au système de relations que les anciens Grecs instaurèrent avec le divin…).


609 Le préalable de l'analyse d'un phénomène «religieux» est la connaissance du système de la langue dans lequel s'exprime ce phénomène. Dans le cas de l'«Holocauste» — auquel s'applique éminemment le concept commercial latin de religio — l'analyse doit nécessairement se fonder sur une connaissance minutieuse du système de la langue hébraïque, ainsi que des éléments systématiques qui composent la grammaire générale commune et particulière à l'ensemble des langues indo-européennes. L'«Holocauste», sur le modèle du christianisme, procède de l'imposition forcée et dogmatique d'un modèle sémitique pseudo-universaliste de relations au divin à des traditions linguistiques et culturelles originellement polythéistes. A titre de simple exemple, qu'il suffise de citer la toute dernière oraison jaculatoire de J. Sitruk — grand rabbin de France — lors de la commémoration, le 4 mai 1992 à Tolède, de l'expulsion des juifs d'Espagne : Ce soir, face aux échecs du monde, nous sommes le succès du monde. Jérusalem, c'est le toit du monde. C'est là-bas que le destin de l'humanité se scelle. Israël est un arbre qui a ses racines dans le ciel et donne ses fruits sur la terre (Le Monde, 6 mai 1992, p. 11). L'analyse de l'«Holocauste» exige de situer précisément ce phénomène à l'intérieur de la tradition religieuse judaïque en se fondant sur l'étude comparative préliminaire de la position occupée par la langue hébraïque dans l'ensemble des langues humaines. L'orientation générale de la recherche s'étaye sur la classification des langues humaines à laquelle G. Guillaume aboutit à la lumière de critères grammaticaux rigoureusement descriptifs. G. Guillaume effectua cette avancée dans les dernières années de sa vie à partir des Leçons de linguistique de l'année 1956-1957. Je transcris ici l'excellent résumé rédigé par les éditeurs (Presses Universitaires de Lille, 1982) sur la jaquette de l'ouvrage : Guillaume tente de formuler pour la première fois une théorie du langage généralisée qui débouche sur une typologie des langues. Les cinq dernières années de sa vie seront consacrées à l'élaboration de cette typologie, connue sous le nom de «théorie des aires». Guillaume se propose ici de restituer le psychomécanisme des systèmes que le langage a successivement atteints au cours de son devenir historique, la fin visée étant une construction qui défère un espace propre au représenté (la langue) et à l'exprimé (le discours). Trois étapes, ou «aires» de construction, sont ainsi distinguées dans l'ontogénie du langage. Des langues à caractères aux langues indo-européennes en passant par les langues sémitiques, Guillaume, qui se fonde entre autres sur la variation de la mécanique mentale du vocable d'une aire à l'autre, voit essentiellement l'histoire du langage comme celle d'une systématisation qui s'explicite de plus en plus. Mais il ne perd jamais de vue que «chaque langue peut être considérée comme une solution intégrale du problème de la pensée (…), solution en regard de laquelle il en existe d'autres réalisées ailleurs (…) et toutes pareillement totales par rapport au problème dont elles relèvent». Qu'il suffise d'indiquer que ces trois aires d'engendrement progressif de la partition systématique de la langue (langues à caractères, sans morphologie, langues sémitiques, dans lesquelles le processus amorcé de partition de la langue se trouve cependant interrompu par la fonction concurrente de la racine et langues indo-européennes, dans lesquelles le processus morphologique de partition de la langue atteint son terme, permettant ainsi une précision grammaticale définitive dans la distinction du singulier et du général ainsi que dans la détermination temporelle d'un énoncé quelconque) présentent des corrélations strictes et évidentes avec les systèmes institutionnels des relations au divin propres à ces groupements linguistiques. Il est aisé de constater qu'à l'aire première (langues à caractères), le système du divin est hénothéiste (une pluralité de divinités soumises à une divinité suprême), qu'à l'aire seconde, l'hénothéisme fait progressivement place au monothéisme, alors qu'à l'aire troisième, qu'occupent les seules langues indo-européennes, le système du divin est polythéiste.


610 La «quantité» du divin est une fonction du système commun de langues propres à chaque aire. Ce constat permet de commencer à interpréter les problèmes redoutables que présente l'aire seconde des langues et traditions sémitiques : 1. Il y a d'abord cette dualité hénothéiste (Assyrie, Égypte pharaonique, à l'exception d'Aménophis IV, etc.)/monothéisme (judaïsme, islam, etc.). Le monothéisme y est d'apparition historique récente. Chez les Hébreux, il déclare la pluralité divine idoles pour ne retenir de divin que l'unique Yahvé, dont la forme lexicale est une première personne exclusive du verbe yaha, «je suis», assortie d'un interdit de représentation visuelle. Le divin se trouve ainsi exclu a priori du monde phénoménal pour occuper intégralement le plan de puissance, le plan de la langue, ce que signale à elle seule la grammaire du mot Yahvé. Le verbe être est ainsi totalement verrouillé et soustrait à l'interrogation de la pensée. Quant à l'interdit de représenter, il n'est que la première invocation de la litanie monothéiste des interdictions de penser. Le monothéisme exclut la philosophie véritable, interrogation libre sur la vérité de l'être. Si la philosophie est née à côté, chez les anciens Grecs, ce n'est quand même pas totalement en vertu d'un miracle et les expressions «philosophie judaïque, chrétienne ou musulmane» ont la même signification que celle de «cercle carré». 2. Il y a surtout ce brouillage des relations du singulier et du général que provoque l'existence supposée certaine de Yahvé dans la pensée — encore très présente dans le langage sémitique (la foi monothéiste ne doit pas être soumise au doute — c'est un blasphème). En étant moi, est censé penser Yahvé, je suis l'essentiel en toute chose, puisque c'est je qui les crée pour ma gloire. Tel est le paradigme d'un énonciateur (fictif) de la langue pour tout locuteur sémite. L'anthropologue ne peut pas ne pas placer cette inclusion trompeuse du singulier et du général en miroir à l'inachèvement de cette même distinction dans la morphologie du mot en sémitique. «Une vérité sans Dieu est-elle possible ? Réponse ; en aucune manière.» [5], titrait encore joliment, il y a peu, le logicien L. Kolakowski. Dans le monothéisme, il en est incontestablement bien ainsi. Autrement dit, le Dieu monothéiste finit par se voir octroyer la fonction véritative qui ne peut appartenir qu'à la grammaire générale (traduit en lacanien de base : les lois de Moïse sont les lois de l'énonciation). Au terme de ce parcours, le Dieu monothéiste, c'est-à-dire en fait les prophètes et les prêtres qui en parlent, révèle enfin sa nature à l'initié pantelant : Dieu est le nom du virus grammatical qui ensorcèle les systèmes de pensée sémitique en renforçant l'indistinction morphologique du singulier et du général par laquelle se caractérise la grammaire nominale commune aux langues de ce groupe. Mais, puisqu'il était écrit dans le grand livre que nous boirions ce calice jusqu'à la lie, la guerre sainte ne serait-elle pas, d'aventure, une conséquence ethno-institutionnelle tout aussi évidente du monothéisme sémitique dur et pur ? Indépendamment de toutes autres causes, ce virus théologico-grammatical central programme inéluctablement les ethnies sémitiques à se massacrer pour un oui ou pour un non jusqu'à la fin des temps… Il faudra quand même faire un jour quelque chose. * Dans la situation présente d'interdiction légale de libre accès aux données historiques réelles, cette esquisse de bilan ne peut se clore que sur des conclusions provisoires. Depuis la brusque démolition du mur de Berlin et ce qui s'est ensuivi dans les pays de l'Est, il est simplement opportun de rappeler que l'époque semble favorable à la dissolution des idéologies fondées sur des propagandes trop évidemment fallacieuses. C'est tout ce qu'il est possible de dire pour le moment.


611 Un diagnostic anthropologique se bornera à souligner le processus de renforcement d'un symptôme général de répugnance pour la vérité chez les intellectuels. Ainsi, des intellectuels révisionnistes, comme J.G. Cohn-Bendit, ont fini par se dire antirévisionnistes, tandis que la plupart des intellectuels heideggeriens ont jugé préférable de prendre leurs distances d'avec Heidegger. Quant aux intellectuels pénétrés de l'esprit religieux du judaïsme, ils restent ce qu'ils étaient, «de glace aux vérités» et «de feu pour les mensonges». Est-ce une même intimidation par la force de la tromperie ou un même goût pour la tromperie ? Il est souvent difficile d'en décider. 1. An engineering report on the alleged gas chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland, prepared for Ernst Zündel, April 5, 1988, by Fred A. Leuchter, Jr., Chief Engineer, 231 Kennedy Drive, Unit N° 110, Boston, Massachusetts, 02148 617/322-0104. Le cinquième numéro des Annales d'histoire révisionniste en fournit une présentation et la traduction des passages essentiels. Le second rapport, en date du 15 juin 1989 est également présenté et traduit dans le premier numéro de la Revue d'histoire révisionniste. 2. Une traduction française du texte polonais est publiée dans le cinquième numéro de la R.H.R., p. 144-148. 3. Cf. «Contexte et perspective d'ensemble dans la controverse sur "l'Holocauste"», R.H.R. n° 2, p. 111. 4. Éditions de la Différence, Paris 1981, 206 p. 5. Cf. Le genre humain, n° 7-8, «La vérité», Bruxelles 1983, p. 75-80. «(…) sans sujet absolu, l'emploi du prédicat "vrai" ne peut être légitime.» Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 28-46


612

LE MASSACRE DE BABI YAR Marek Wolski En octobre 1991, à l'occasion du cinquantième anniversaire du Massacre de Babi Yar (près de Kiev), la Société d'histoire polonaise (91 Strawberry Hill Avenue, Suite 1038, Stamford, Ct 06902, USA) a publié un opuscule de 25 pages (accompagné de documents et photographies) dont nous prélevons les extraits suivants : MÉTHODES ET LIEUX D'EXÉCUTION DES JUIFS DE KIEV SELON DES RAPPORTS CLANDESTINS, GOUVERNEMENTAUX OU PROVENANT DE TÉMOINS OCULAIRES Avant la seconde guerre mondiale, la population des juifs de Kiev comptait 180 000 personnes dont la grande majorité fut évacuée en lieu sûr à l'est de l'Oural par les Soviétiques pendant l'été 1941. Seuls quelques milliers de juifs se trouvaient encore à Kiev quand la ville fut occupée par les nazis [1]. Les premières informations sur le massacre de Babi Yar furent publiées dans le numéro du 29 novembre 1943 du New York Times [2]. Deux ans plus tard, elles furent produites par les Soviétiques au cours du grand procès de Nuremberg de 1945-1946 en même temps que les témoignages frauduleux sur le massacre de Katyn [3]. C'est peut-être à cause de cette association que l'on a passé sous silence et oublié l'histoire de Babi Yar pendant au moins deux décennies [4]. Depuis 1968, on croit de plus en plus que les derniers juifs de Kiev ont été exécutés à la mitrailleuse dans le ravin de Babi Yar, les 29 et 30 septembre 1941 [5]. Au moment où l'on commémore le 50ème anniversaire de la tuerie massive de Babi Yar, considérée comme le massacre le plus horrible de la seconde guerre mondiale, il convient de rappeler que, en dehors de la tuerie de Babi Yar («le ravin des vieilles femmes») de septembre 1941, le matériel d'archive révèle plusieurs autres méthodes et lieux d'exécution concernant les juifs restés à Kiev. On parle, par exemple, de l'exécution de milliers de juifs par explosion de mines dans un cimetière [6]. Des sources respectables ou gouvernementales citent d'autres méthodes et lieux d'exécution importants à propos des juifs de Kiev, comme : • par l'exécution massive, par des Ukrainiens, des juifs de Kiev à coups de gourdin, dans le radiogramme clandestin n° 346KK [7] envoyé par la Résistance polonaise à Londres (transmis via Istanbul), et dans son Biuletyn Informacyjny, le journal clandestin le plus important de la seconde guerre mondiale ; en date du 13 novembre 1941 et du 30 avril 1942 [8] ; •

par l'exécution à la mitrailleuse, par des Allemands, d'«Ukrainiens, de Russes et de juifs qui avaient en quelque façon témoigné de leur fidélité au gouvernement soviétique», dans des fosses du cimetière juif de Kiev, d'après V. Molotov, commissaire soviétique des Affaires étrangères, dans une déclaration officielle de 32 pages intitulée : «Molotov's Paper on Nazi Atrocities» [Rapport Molotov sur les atrocités nazies] ; en date du 6 janvier 1942 [9] ;

par l' «exécution massive de juifs par les Allemands et l'enterrement des victimes sur une grande étendue de terrain près de Kiev avant même que celles-ci n'aient rendu leur dernier souffle» provoquant ainsi «le déplacement du sol par vagues», d'après un responsable de l'American Jewish Joint Distribution Committee [Comité paritaire juif américain de distribution], cité dans le Daily News Bulletin of the Jewish Telegraphic


613 Agency [le Bulletin quotidien d'informations de l'Agence télégraphique juive] ; en date du 15 mars 1942 [10] ; •

par noyade des victimes juives jetées par les Allemands dans le Dniepr à Kiev, d'après une source clandestine anonyme citée dans le Bulletin of Warsaw Ghetto Underground Press Agency [Bulletin de l'Agence de presse clandestine du Ghetto de Varsovie] ; en date du mois de juillet 1942 [11] ;

par l'exécution, par les Allemands, des victimes juives à l'emplacement de l'ancienne briqueterie de Zaitsev à Kiev (rendue célèbre grâce au procès de Beilis de 1913, procès en «diffamation pour meurtre»), transportées ensuite dans des charrettes et jetées dans le Dniepr, d'après le Comité juif antifasciste de l'URSS, cité dans le Daily News Bulletin of the Jewish Telegraphic Agency [Bulletin quotidien d'information de l'Agence télégraphique juive] ; en date du 28 octobre 1942 [12] ;

par l'exécution à la mitrailleuse des victimes juives, par les troupes allemandes, sur une plate-forme au-dessus du ravin de Babi Yar, d'après des témoins oculaires présentés par le NKVD, cité dans le New York Times ; en date du 29 novembre 1943 [13] ;

par l'exécution de 110 000 à 140 000 «juifs et tziganes», par des médecins nazis, au moyen d'injections de morphine à l'Institut d'Anéantissement de Kiev, d'après le Quartier Général du 12ème Groupe d'Armée des États-Unis en Europe, rapport basé sur les aveux de l'un de ses principaux auteurs, cité dans le New York Times et le New York Herald Tribune ; en date du 1er mai 1945 [14] ;

«les Allemands ont jeté des nourrissons [de nationalité non précisée] avec leurs parents morts ou blessés dans des charniers et les ont enterrés vivants» à Babi Yar, dans un affidavit [déposition sous serment] de l'un des témoins oculaires présentés par le NKVD, cité dans les procès-verbaux du Tribunal militaire international de Nuremberg ; en date du 18 février 1946 (15) ;

«la population a été torturée, fusillée, pendue et empoisonnée par le gaz dans les camions homicides» par «les bourreaux allemands» à Babi Yar, d'après un affidavit de l'un des témoins oculaires présentés par le NKVD, cité dans les procès-verbaux du Tribunal militaire international de Nuremberg ; en date du 15 février 1946 [16] ;

en exécutant à la mitrailleuse, en électrocutant et en enterrant vivants des milliers de juifs blessés, à la suite de lancers de grenades à main dans le ravin de Babi Yar, d'après la romancière et poète de Kiev Dokia Humenna, qui survécut à toute l'occupation de la capitale, dans son livre intitulé Kreshchaty Yar et sous-titré «Kiev 1941-1943 ; chronique-roman». Dans cet imposant ouvrage de 488 pages, le massacre de Babi Yar est évoqué, brièvement, à la page 195 dans la moitié d'une phrase plutôt longue où il est qualifié de rumeur. Cette chronique a été écrite en 1949 en Allemagne de l'Ouest et publiée à New York en 1956 [16] ;

par le passage de «blindés allemands [qui] traversèrent, en rugissant, le vaste quartier juif, après l'occupation de [Kiev], tirant à vue et détruisant tout objet vivant» ; ensuite en brûlant vifs des juifs dans des bâtiments en flammes et en en tuant dans les bois (c'était le fait d' «unités allemandes rendues hystériques par la propagande nazie») audessus des charniers creusés par les victimes tandis que certains juifs «étaient attachés à des arbres et tués par balle ou à la baïonnette», d'après Comer Clarke, romancier et correspondant britannique, à la page 62 de son livre intitulé Eichmann, the Man and his Crimes [Eichmann, l'homme et ses crimes], publié aux États-Unis en 1960 [18] ;

par l'exécution à la mitrailleuse des juifs, par des soldats allemands, sur toute la largeur du ravin de Babi Yar tout au long de la nuit «dans une demi-obscurité», à la lumière


614 d'un brasier, d'après le récit de l'un des témoins oculaires présentés par le NKVD, transcrit à la page 109 du livre d'Anatoly Kuznetsov intitulé Babi Yar, publié en Union soviétique en 1966 et aux États-Unis en 1970 [19] ; •

par fusillade et, tandis que certaines des victimes juives étaient encore vivantes, en dynamitant les murailles du ravin de Babi Yar, d'après le témoignage de l'un des témoins oculaires présentés par le NKVD/KGB au procès Babi Yar de Darmstadt, cité dans le numéro du 14 février 1968 du New York Times [20] ;

«Les 30 000 juifs qui s'étaient regroupés [à Kiev] ont été emmenés dans la forêt [endroit non précisé] et abattus [par les Allemands] sur une durée de deux jours», d'après Leni Yahil, professeur à l'université de Haïfa, à la page 257 de son livre The Holocaust, considéré comme «l'un des grands ouvrages classiques sur l'Holocauste», publié en Israël en 1987 et aux États-Unis en 1990 [21] .

A la lecture de ce qui précède, il apparaît clairement que, pendant la guerre proprement dite, seuls les témoins oculaires présentés par le NKVD ont désigné le ravin de Babi Yar comme étant le lieu du massacre. Or, les «témoins oculaires» du NKVD sont connus pour leur peu de crédibilité. Par exemple, en 1945, le NKVD a présenté des affidavits frauduleux, recueillis auprès d'une multitude de «témoins oculaires», qui déclaraient que le massacre de 4 500 officiers polonais de Katyn avait été commis par les nazis [22]. C'est pourquoi il est possible que l'hypothèse actuelle selon laquelle le massacre des derniers juifs de Kiev a eu lieu à Babi Yar (le ravin des vieilles femmes) ne soit pas vraie non plus. DES VARIATIONS DANS LES CHIFFRES Il existe également un manque de cohérence dans les chiffres donnés des victimes de Kiev de la seconde guerre mondiale. Pour preuve : •

aucune mention de «Babi Yar» dans l'édition de 1950 de la Great Soviet Encyclopedia [23], dans l'édition de 1955, en plusieurs volumes, de l'Encyclopedia of Ukraine [24] ni dans la dernière édition de 1971 publiée par l'Association nationale ukrainienne de Jersey City, New Jersey [25]. Il n'existe pas non plus de rubriques sur Babi Yar dans les encyclopédies suivantes en plusieurs volumes : l'édition de 1960 du Grand Larousse Encyclopédique [26], l'édition de 1976 de l'Enciclopedia Europea [27] italienne, l'édition de 1977 de l'Enciclopedia Universal Nauta [28] espagnole, l'édition de 1984 de l'Encyclopaedia Britannica [29] et l'édition de 1991 de l'Academic American Encyclopedia [30] ;

3 000 victimes du massacre de septembre 1941 à Babi Yar, dans l'Encyclopedia of Ukraine [31] en plusieurs volumes publiée par l'University of Toronto Press en 1988 ;

10 000 victimes du massacre de 1941 à Babi Yar, dans le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse en plusieurs volumes publié en 1982 [32] ;

s'ils sont authentiques, les volumineux rapports allemands des Einsatzgruppen [Unités spéciales de combat], de 1941, gardent le silence sur la méthode d'exécution et sur l'emplacement du massacre des juifs de Kiev. D'autre part, leur calcul du nombre des victimes : 33 771 (33) éveille les soupçons en raison de son caractère laconique et pointilleux ;

plus de 38 000 juifs ont été exécutés par les Allemands et les Ukrainiens peu après l'occupation de Kiev, selon le radiogramme clandestin n° 346/KK du 13 novembre 1941 envoyé à Londres par la Résistance polonaise de Lvov [7] ;


615 •

«50 000 juifs, dont la plupart étaient des enfants, ont été abattus au cours de la première semaine des horribles massacres de Babi Yar», a déclaré récemment, de façon catégorique, l'ambassadeur d'Ukraine auprès des Nations unies, Genadi Udovenko, sur une importante chaîne de télévision américaine (laissant entendre, sans y prendre garde, que les parents juifs, dont l'évacuation hors de Kiev s'était effectuée en bon ordre et en toute sécurité, avaient abandonné aux nazis au moins 30 000 enfants juifs) selon le numéro du 5 septembre 1991 du Washington Times [34] ;

«52 000 personnes ont été exécutées systématiquement à Kiev… conformément à la politique d'extermination juive froidement mise en œuvre par les nazis.» Cette information était accompagnée de la mention d'origine «Quelque part en Europe» que l'on considère aujourd'hui comme le nom de code du bureau de Genève du Congrès juif mondial dirigé par le docteur Gerhard Riegner. Ce chiffre était cité dans le Daily Bulletin of the Jewish Telegraphic Agency [35] du 16 novembre 1941, ainsi que dans le Molotov's Paper on Nazi Atrocities [36] du 6 janvier 1942 ;

50 000 à 70 000 victimes du massacre de Babi Yar, dans l'édition de 1970 de la Great Soviet Encyclopedia [37] (à noter : il n'y a pas de mention du massacre de Babi Yar dans l'édition de 1950 de cette encyclopédie [38]) ;

70 000 victimes de Babi Yar, dans l'édition de 1959 de l'Ukrainian Soviet Encyclopedia [39] en plusieurs volumes. On est également arrivé à ce chiffre de victimes au cours du procès Babi Yar de Darmstadt en 1968, en se fondant sur le témoignage du témoin oculaire présenté par le NKVD/KGB et cité dans le numéro du 14 février 1968 du New York Times [5] ;

50 000 à 80 000 victimes de Babi Yar selon une estimation publiée par la Commission des atrocités de Kiev, deux semaines après la libération de la ville par l'Armée rouge, selon le numéro du 29 novembre 1943 du New York Times [2] ;

100 000 personnes ou davantage ont été «tuées et brûlées dans un ravin», selon «une lettre adressée au nom des 40 000 habitants de Kiev» à Joseph Staline, d'après un compte rendu du New York Times [40], dans son numéro du 4 décembre 1943 (le même chiffre de victimes figure dans l'édition de 1972 de l'Encyclopaedia Judaica [1] en 24 volumes et dans les fascicules récents (mais non dans les anciens) de l'Encyclopaedia Britannica {41] ;

150 000 juifs ont été massacrés en deux jours par les Allemands avec la participation active d'une minorité d'Ukrainiens de Kiev et la participation passive de la majorité d'entre eux, selon un représentant non nommé de la diaspora juive au cours de la semaine de célébration du 50ème anniversaire de Babi Yar à Kiev [42] ;

200 000 victimes à Babi Yar, tel est le chiffre avancé récemment par Vladimir Posner [43], né en Amérique, juif soviétique collaborateur du NKVD/KGB [44], écrivain et personnage médiatique ;

300 000 victimes à Babi Yar, chiffre récemment avancé par Vitaly Korotych, collaborateur ukrainien du NKVD [44], rédacteur de la revue soviétique à grand tirage Ogonyok et ami de Mikhaïl Gorbatchev [45].

La surprenante disparité des chiffres rapportés sur le nombre total des victimes du massacre de Babi Yar (de 3 000 à 300 000) ne peut s'expliquer de façon satisfaisante par un manque d'exactitude dans les comptes rendus qui aurait résulté du surmenage éprouvé par les survivants ou les témoins oculaires. Cette disparité ne peut pas non plus être imputée aux difficultés d'acquérir, en temps de guerre, des données précises en provenance de territoires occupés, puisque les services de


616 renseignement clandestins étaient même capables de pénétrer dans les aéroports de la Luftwaffe et dans les usines d'armement et d'établir des rapports précis à leur sujet. La prétendue lettre du 3 décembre 1943 des 40 000 habitants de Kiev adressée à Staline faisant passer l'estimation des victimes de Babi Yar de 50 000 à 100 000 fait penser manifestement à une de ces inventions de la propagande de guerre. Dans la partie extrême de l'éventail du matériel d'archives le plus fiable, on trouve la presse clandestine ukrainienne qui, d'après ce que nous avons pu vérifier, n'a pas relevé la moindre trace d'un quelconque massacre à Babi Yar. La fiabilité de cette source est renforcée par le fait que les Allemands finirent par décimer la résistance ukrainienne de Kiev qui comprenait certains des rédacteurs de la presse clandestine [46]. Les chiffres des victimes de Babi Yar ainsi fournis, s'échelonnant de 3 000 à 300 000, sont totalement inconciliables et font douter de leur véracité. […] LES PHOTOGRAPHIES DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE PRISES PENDANT LA GUERRE POURRAIENT LOCALISER LES CHARNIERS DES JUIFS DISPARUS DE KIEV Les données d'archives citées plus haut, concernant la ville de Kiev pendant la guerre, font clairement apparaître que les témoignages des témoins oculaires fournis par les Soviétiques, les chiffres des victimes donnés, ainsi que les méthodes et lieux d'exécution des juifs de Kiev varient de façon inconciliable. D'autre part, il serait bon de se rappeler qu'il y a deux ans c'est une photographie aérienne qui a servi d'ultime preuve accusatrice pour établir, de façon irrévocable, la culpabilité des Soviétiques dans le massacre de Katyn (voy. le numéro du 6 mai 1989 du New York Times [47]). Par ailleurs, il y a quelques mois, des photographies de reconnaissance aérienne prises pendant la guerre ont permis de localiser l'emplacement des charniers où reposaient des centaines d'officiers polonais tués en 1940 par le NKVD dans les environs de Kharkov, avant de procéder à leur exhumation [48]. C'est la raison pour laquelle nous préconisons l'emploi de la photographie aérienne de guerre comme étant le plus apte à localiser de manière incontestable l'emplacement des charniers de victimes juives et à résoudre définitivement l'énigme des juifs disparus de Kiev. * On ne saurait mentionner Babi Yar sans évoquer Elie Wiesel. Dans un article intitulé : «Un grand faux témoin : Elie Wiesel» (Annales d'histoire révisionniste n° 4, printemps 1988, p. 163168), R. Faurisson écrivait : Témoin exceptionnel, Wiesel assure avoir rencontré d'autres témoins exceptionnels. A propos de Babi Yar, localité d'Ukraine où les Allemands ont exécuté des Soviétiques et, parmi ceux-ci, des juifs, Wiesel écrit : «Plus tard, j'appris par un témoin que, pendant des mois et des mois, le sol n'avait cessé de trembler ; et que, de temps en temps, des geysers de sang en avaient giclé (Paroles d'étranger, Éditions du Seuil, 1982, 192 p., p. 86).» Ces mots n'ont pas échappé à l'auteur dans une minute d'égarement ; une première fois, il les a écrits, puis un nombre indéterminé de fois (au moins une) il a bien dû les relire sur épreuves ; enfin ces mots ont été traduits dans diverses langues comme tout ce qu'écrit cet auteur (p. 164). 1. Voy. Encyclopedia of the Holocaust, Macmillan Co., New York, 1990, vol. I, p. 133 ; Encyclopaedia Judaica, Keter Publishing Ltd., Jérusalem, 1971, vol. 2, p. 27 ; Leni Yahil, The Holocaust, Oxford University Press Inc., New York, 1990, p. 257.


617 2. Article intitulé «50,000 Kiev Jews Reported Killed» [50 000 juifs de Kiev ont été tués], New York Times, 29 novembre 1943. 3. Voy. Janusz Zawodny, Katyn, Éditions Spotkania, Paris, 1989, p. 62-64. 4. Les rubriques «Babi Yar» ou «Babyn Yar» ne figurent pas aux pages appropriées de l'index des volumes annuels suivants du New York Times (page/année) : 126/44, 161/45, 212/46, 181/47, 90/48, 91/49, 94/50, 86/51, 92/52, 91/53, 104/54, 132/55, 115/56, 105/57, 109/58, 104/59, 113/60, 113/61, 115/61, 119/62, 86/63, 98/64, 94/65, 116/66, 116/67. 5. Article intitulé «At Babi Yar Only Four Spectators» [Quatre spectateurs seulement à Babi Yar], The New York Times, 14 février 1968. 6. Article intitulé «Retreating Nazi Armies Intensify AntJewish Terror in Ukraine» [Les armées nazies en retraite intensifient leur terrorisme anti-juif en Ukraine], The Jewish Telegraphic Agency Daily News Bulletin, 31 décembre 1941, p. 1. 7. Voy. les archives de la Hoover Institution, dossier Komorowski, document d'une page, boîte n° 3, 13 novembre 1941. 8. Article intitulé «The Jews», Biuletyn Informacyjny, vol. IV, 30 avril 1942, p. 1. 9. Voy. The American Council On Soviet Relations, New York, 6 janvier 1942, p. 28. 10. Article intitulé «240,000 Jews Executed By Gestapo In Ukraine» [240 000 juifs exécutés par la Gestapo en Ukraine], Jewish Telegraphic Agency Daily News Bulletin, 15 mars 1942, p. 1. 11. Voy. les archives du Jewish Historical Institute à Varsovie, Ringelblum, dossier I, n° de page illisible, 18 juillet 1942. 12. Article intitulé «Systematic Execution Of Jews In Nazi-Occupied Russia Reported By Partisans» [Des partisans racontent l'exécution systématique de juifs dans la Russie occupée par les nazis], The Jewish Telegraphic Agency Daily News Bulletin, 28 octobre 1942, p. 3. Mendel Beilis était un juif employé à la briqueterie de Kiev. En 1913, il fut accusé d'assassinat rituel d'un garçonnet orthodoxe. Il fut acquitté par un jury d'assises. 13. Article intitulé «50,000 Kiev Jews Reported Killed» [50 000 juifs de Kiev ont été tués], New York Times, 29 novembre 1943. 14. Article intitulé «Murder of 140 000 Upheld By Germany» [Confirmation par l'Allemagne du meurtre de 140 000 personnes], The New York Times, 1er mai 1945 ; et article intitulé «German Doctor Admits Killing 21,000 Himself» [Un docteur allemand reconnaît avoir personnellement tué 21 000 personnes], The New York Herald Tribune, 1er mai 1945. 15. Affidavit de N.F. Petrenko et de N.T. Gorbacheva (document USSR-9), IMT, 1948, VII, 541. 16. Document USSR-9, IMT, 1948, VII, 503. La dernière édition (1972) de l'Encyclopaedia Judaica en plusieurs volumes et l'édition de 1990 de l'Encyclopedia of the Holocaust rejettent les déclarations des témoins oculaires présentés par le NKVD selon lesquelles les «camions homicides» ont été utilisés à Babi Yar. 17. Dokia Humenna, Kreshchaty Yar, Association of Ukrainian Authors and Journalists «Slovo», New York, 1956, p. 195. 18. Comer Clarke, Eichmann, the Man and his Crimes, Ballantine Books, New York, 1960, p. 62.


618 19. Anatoly Kuznetsov, Babi Yar, Farrar Straus & Giroux, New York, 1970, p. 109. 20. Article Intitulé «At Babi Yar Only Four Spectators» [Quatre spectateurs seulement à Babi Yar], The New York Times, 14 février 1968. C'est la première fois depuis la fin de la guerre que le sujet de Babi Yar est mentionné dans le New York Times. C'est aussi la seule fois où le NKVD/KGB a autorisé un témoin oculaire soviétique des atrocités nazies à témoigner devant un tribunal occidental. Étant donné que le correspondant du New York Times a choisi de ne pas consacrer d'article au témoignage de ce témoin, Dina Pronicheva, survivante de Babi Yar et actrice au Théâtre de Marionnettes de Kiev, on peut raisonnablement supposer que sa prestation à la barre des témoins au cours du procès de Babi Yar de Darmstadt ne fut pas convaincante. 21. Leni Yahil, The Holocaust, Oxford University Press Inc., New York, 1990, p. 257. 22. Komunikat Komisji Specjalnej do Ustalenia i Zbadania Okolicznosci Rozstrzelania Przez Niemieckich Najezdzcow Faszystowskich w Lesie Katynskim Jencow Wojennych-Oficerow Polskich, auteur non précisé, Wydawnictwo Literatury w Jezykach Obcych, Moscou, 1945, p. 5-33. 23. Voy. Bolshava Sovietskaya Encyklopedja, Editorial Committee, vol. 4, 1950, p. 1. 24. Voy. Encyclopedia of Ukraine, Shevchenko Scientific Society, Paris-New York, vol II, 1955, p. 5-33. 25. Voy. Ukraine a Concise Encyclopedia, Ukrainian National Association, University of Toronto Press, vol. II, 1971, p. 1271. 26. Voy. Grand Larousse Encyclopédique, Librairie Larousse, Paris, vol. I, 1960, p. 817. 27. Voy. Enciclopedia Europea, Garzanti, Rome, vol. I, 1976, p. 934. 28. Voy. Enciclopedia Universal Nauta, Ediciones Nauta S.A., Madrid, 1977, p. 192. 29. Babi Yar n'est mentionné dans aucune des éditions ni aucun des tirages annuels de l'Encyclopaedia Britannica, Encyclopaedia Britannica Inc., Chicago ; voy., notamment, vol. 3, 1972, p. 1. 30. Voy. Academic American Encyclopedia, Grolier Incorporated, Danburry, USA, vol. 3, 1991, p. 7. 31. Vol. 1, 1988, p. 154. 32. Paris, vol. 1, 1982, p. 953. 33. «Operational Situation Report No. 101, October 2, 1941», The Einsatzgruppen Reports (édités par Y. Arad), Holocaust Library, New York, 1989, p. 168. 34. Article intitulé «Infectious Nationalism» [Nationalisme infectieux], The Washington Times, 5 septembre 1991, p. G4. 35. Article intitulé «Nazi Execute 52,000 Jews in Kiev : Smaller Pogroms in Other Cities» [Les nazis exécutent 52 000 juifs à Kiev : De plus petits pogroms ont lieu dans d'autres villes], p. 1. 36. P. 28. 37. Vol. 2, p. 501. 38. Vol. 4, p. 1. 39. Voy. Ukrainska Radyanska Encyklopedya, Editorial Committee, Kiev, vol. 1, 1959, p. 391.


619 40. Article intitulé «Kiev Lists More Victims, Letter to Stalin Says 100,000 Were Massacred by Nazis» [Kiev compte davantage de victimes, Une lettre à Staline parle de 100 000 personnes massacrées par les nazis]. 41. Voy. The New Encyclopaedia Britannica, Encyclopaedia Britannica Inc., Chicago, vol. 1, 1991, p. 769 (la première mention figure dans l'édition de 1985). 42. Il s'agit d'un juif-orthodoxe, dont le nom n'a pas été fourni, d'âge moyen, qui participait aux cérémonies nocturnes de Babi Yar et s'adressait à la caméra de la télévision ukrainienne de Kiev le 6 octobre 1991. 43. Voy. V. Posner & H. Keyssar, Remembering War : a US-Soviet Dialogue [Souvenirs de la guerre : un dialogue américano-soviétique], Oxford University Press, New York, 1990, p. 206. 44. Voy. John Dornberg, The New Tsars, Russia Under Stalin's Heirs [Les nouveaux tsars, La Russie sous les héritiers de Staline], Doubleday & Co., Inc., New York, 1972, p. 148-149, et Oleh Kalugin, «KGB During Gorbachov's Era» [Le KGB dans l'ère de Gorbatchev], The Hornylo, Lviv, vol. 4, 1991, p. 13. 45. Vitaly Korotych, lors d'une conférence prononcée à Toronto à l'Institut canadien des Affaires intérieures, le 23 avril 1990. 46. «Heros Of Our Days» [Héros de nos temps], Ideya i Cyn, Lviv, vol. 1, 1er novembre 1942, p. 1-4. 47. Article intitulé «Aerial Photography Could Solve Europe's Mass-Grave Mysteries» [Les photographies aériennes pourraient résoudre les mystères des charniers de l'Europe]. Voy. aussi «Doly Smierci i Cmentarze Polskich Oficerow w Lesie Katynskim», Wojskowy Przeglad Historyczny, Varsovie, vol. XXXIV, 1989, p. 214-232. 48. Article intitulé «Eksumacja pod Charkowem», Express Wieczorny, Toronto, 3 juillet 1991. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p.47-5


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NOTE SUR ORADOUR (LA FICTION DE SON ENCERCLEMENT) 12.7.71 — NOTE — pour Monsieur BERGERAS CONSEILLER TECHNIQUE — Par note CAB/ct.2 du 29 juin 1971, vous avez bien voulu demander que vous soient communiqués tous renseignements sur les massacres d'Oradour-sur-Glane et en particulier sur la situation au regard du Statut des Déportés et Internés Politiques des rescapés de ces massacres. Pour vous permettre de faire très exactement le point de cette affaire, je crois devoir vous transmettre le procès-verbal de la réunion du 5 février 1963 au cours de laquelle la Commission Nationale des Déportés et Internés Politiques a examiné cette question. Ainsi que vous pourrez le constater l'avis de la Commission Nationale est empreint d'un très large esprit de compréhension et d'une grande sagesse. Tenant compte de la sinistre renommée des événements en cause, ainsi que des circonstances qui précédèrent immédiatement le drame du 10 juin 1944, la Commission Nationale a admis la fiction de l'encerclement de la localité par les troupes S.S. et a convenu de ne faire aucune distinction entre les victimes, quels que soient les conditions et le lieu de leur exécution. C'est ainsi que le titre d'Interné Politique à titre posthume a été reconnu à tous les massacrés d'Oradour-sur-Glane. En ce qui concerne les survivants vous noterez que les situations examinées sont très différentes. Le titre d'Interné Politique n'a pu être reconnu en définitive qu'aux personnes s'étant trouvées dans l'une des granges d'Oradour-sur-Glane et qui, ayant échappé, par miracle, à la fusillade ont pu s'évader en profitant d'un moment d'inattention des S.S. Dans le cas particulier il y a bien eu : appréhension, détention et évasion, toutes conditions requises pour la reconnaissance du titre d'Interné lorsque l'internement est inférieur à trois mois. Dans les autres cas, il s'est agi ou bien de personnes gardées à vue quelques heures puis relâchées (et non évadées) ou bien de personnes n'étant jamais tombées aux mains de l'ennemi, donc n'ayant subi aucune détention. Certes la notion d'encerclement a été retenue pour l'attribution du titre d'Interné aux victimes d'Oradour. Mais elle l'avait été pour ne pas faire de distinction mal venue entre les exécutés après appréhension et les massacrés. Elle n'a en outre d'intérêt que pour des décédés puisqu'aussi bien la condition de durée d'internement ne leur est pas opposable. Par contre faire jouer cette notion en faveur des rescapés aboutirait à une impasse en raison de la très courte durée de leur "détention" ou de leur "encerclement" non suivi d'évasion.


621 Bien que la remarque ne figure pas au procès-verbal qui vous est transmis, il convient je pense de rappeler que la Commission Nationale saisie des revendications formulées par les passagers du tramway de Limoges et par des personnes non découvertes par les allemands dans Oradour, avait exprimé sa réprobation devant cette exploitation, à des fins personnelles, de la tragédie d'0radour-sur-Glane alors que, dans toute autre circonstance, les intéressés n'auraient jamais songé à solliciter le titre d'Interné pour les mêmes faits — à savoir une détention ou même une simple dissimulation de quelques heures, toutes opportunités qui leur ont permis, en fait, d'échapper au massacre. — P.J. 1 procès-verbal P.S. Pour votre information vous trouverez également joint photocopie de la réponse qui avait été faite en 1963 au maire d'Oradour-sur-Glane qui était intervenu en faveur des rescapés de sa commune. * Pour des nécessités morales et financières, le secrétariat d'État aux Anciens combattants estime qu'il convient d'admettre ce qu'en propres termes (4e alinéa, lignes 4-5), il appelle «la fiction de l'encerclement de la localité par les troupes SS». Il est probable que, dans l'affaire d'Oradour, d'autres «fictions», beaucoup plus graves et touchant, en particulier, à l'incendie de l'église où tant de femmes et d'enfants devaient trouver la mort, sont maintenues pour des motifs d'orthodoxie historique. M. Serge Barcellini et Mme Jacobs sont chargés, au sein de ce ministère, de «l'information historique» [sic] et bénéficient d'un important budget pour lutter contre le révisionnisme. On doute qu'ils puissent concilier les nécessités de l'exactitude historique avec les contraintes morales et politiques de leur charge. Sur les mystères d'Oradour, voy. R.H.R. n° 5, novembre 1991, p. 21-22, note 4. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 59-61


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LA LEÇON DES PHOTOGRAPHIES On trouvera ci-après quatre photographies. Les deux premières permettent de comparer des atrocités allemandes à des atrocités alliées (photo n° 1 : Des morts d'un camp de concentration allemand ; photo n° 2 : Des tués du bombardement de Dresde par les Alliés). Les deux suivantes montrent combien il est facile de dénaturer une photographie pour lui faire dire exactement le contraire de ce qu'elle dit (photo n° 3 : Une Allemande pleure de joie à l'arrivée de l'armée allemande en Tchécoslovaquie; photo n° 4 : Au prix d'une amputation de la photo précédente, la même femme est présentée comme une Tchèque pleurant d'humiliation et de douleur à l’arrivée de l'armée allemande). Ces deux groupes de photographies rappellent que «juger, c'est comparer» (photos n° 1 et 2) et qu'«avant d'accuser, il faut s'assurer du fait» (photos n° 3 et 4). On peut accuser ou juger l'Allemagne mais à la condition de n'avoir pas commis des excès identiques et parfois même pires, comme c'est ici le cas, à ceux qu'on lui reproche et à condition de ne pas porter contre elle des accusations forgées de toutes pièces. Les deux premières photographies (n° 1 et 2) avaient été publiées côte à côte dans le FigaroMagazine du 10 février 1979 (p. 34-35) à l'occasion de la sortie, sur les écrans de télévision du soap-opera «Holocaust» ; elles accompagnaient un article de Frédéric Toulouze intitulé «"Holocauste" : Hitler, Staline et les autres». La première photographie (n° 1) montre des morts et la seconde (n° 2), des tués. Paradoxalement, on parle toujours de ces morts et pour ainsi dire jamais de ces tués. Les morts semblent, par leur aspect physique identique, avoir été les victimes des épidémies, en particulier de typhus, et des conditions qui régnaient à la fin de la guerre dans les camps de concentration d'une Allemagne d'apocalypse, à bout de forces, à court de vivres et de médicaments ; bombardés jour et nuit, les convois ferroviaires mettaient une dizaine de jours pour atteindre un lieu de destination qu'ils auraient dû gagner en un ou deux jours ; ainsi, à Dachau, les Américains devaient-ils découvrir, le 29 avril 1945, un véritable convoi de morts. A court de charbon, les fours crématoires ne fonctionnaient plus et les cadavres s'entassaient à proximité. Ces mêmes bombardements anéantissaient les villes allemandes. Les Alliés baptisaient leur procédé de «carpet bombing» (bombardement en tapis de bombes) et le résultat recherché s'appelait le «dehousing» (le «démaisonnement»). Les 13 et 14 février 1945, au cours de la nuit la plus sanglante de l'histoire, 135 000 (?) civils allemands, en grande majorité des femmes, des enfants et des vieillards furent tués par l'effet des bombes britanniques ou américaines du vicemarshal de l'air sud-africain Arthur Harris. A l'arrivée des troupes alliées, à l'Est comme à l'Ouest, les responsables des camps allemands ou les soldats allemands trouvés sur place furent soit désarmés et massacrés (520 d'entre eux rien qu'à Dachau), soit, plus tard, pendus ou condamnés à des peines de prison ; beaucoup furent torturés. Encore près d'un demi-siècle après la guerre, on les recherche pour les punir. Au cinéma, à la télévision, dans les journaux et à l'école, d'intenses campagnes de propagande reviennent avec insistance sur ce qu'on peut appeler, sans autre précision, «LES PHOTOS». Il s’agit de dénoncer, encore et toujours, les «crimes» du vaincu, en particulier à l'endroit des juifs. En revanche, les responsables alliés des camps de prisonniers de guerre, des camps de concentration et des prisons où sont probablement morts des millions de soldats et de civils allemands ou «collabos», en particulier de 1945 à 1950 (et non pas seulement dans la zone soviétique), n'ont pas été inquiétés. Certains ont été comblés d'honneurs. Les responsables alliés du «carpet bombing» et du «dehousing» sont devenus des héros à tel point qu'en principe la


623 reine-mère d'Angleterre inaugurera d'ici peu à Londres une statue du vice-marshal Arthur Harris. La photographie suivante (n° 3) montre trois Allemandes des Sudètes accueillant, en 1938, Adolf Hitler et la Wehrmacht à leur arrivée dans la ville-frontière de Cheb, en Tchécoslovaquie. Les Allemands, qui formaient une importante communauté persécutée par les autorités tchèques, se sentent libérés du joug du gouvernement de Prague. Une femme pleure d'émotion. Cette photographie est empruntée à un ouvrage de Robert T. Elson et des éditeurs de Time-Life Books, Prelude to War (1977, p. 202) où elle illustre une page intitulée «An Emotional Welcome to the Führer » : l'accueil, nous dit-on, se fait dans «une atmosphère de carnaval», pleine d'émotion. La photographie (n° 4) apparaît dans un manuel d'histoire des classes de première [1], manuel dû notamment à M. Jean-Pierre Azéma, aujourd'hui directeur de recherches à l'Institut d'histoire du temps présent (président: René Rémond ; directeur: François Bédarida). Comme on le constate, il a suffi aux auteurs de ce manuel d'amputer la photographie et de supprimer ainsi deux personnages pour prétendre montrer, ainsi que l'affirme la légende, non plus une Allemande pleurant de joie mais une prétendue Tchèque qui, résignée et déchirée, aurait été «contrainte» [sic] de saluer l'entrée de la Wehrmacht dans son pays. (Ce manuel d'histoire abonde, sur le chapitre de la seconde guerre mondiale et de l'«Holocauste», en falsifications, en omissions délibérées et en dissimulations de toute nature. II faut savoir qu'en France les éditeurs de manuels scolaires doivent en quelque sorte recevoir l'imprimatur du «Comité des enseignants amis d'Israël» ; on pourra lire sur le sujet un article révélateur de Bernard Blumenkranz : «L'Holocauste dans l'enseignement public en France», Sens, décembre 1986, p.323-329). 1. Histoire [Classe de] 1ère, sous la direction de Jacques Marseille, Nathan, 1988, p 352


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______________________________________ Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 62-68


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A PROPOS DE L'ARRÊT TOUVIER,

L'AFFAIRE DES «JUIFS BRUNS» Robert Faurisson Près de cinquante ans après la guerre, l'Épuration se poursuit en France et à l'étranger. Animée par Serge Klarsfeld, Simon Wiesenthal, Elie Wiesel et un grand nombre d'organisations juives dont le Congrès juif mondial, dirigé par Edgar Bronfman, et, en France, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dirigé par Jean Kahn, cette Épuration suscite encore aujourd'hui de nombreuses procédures judiciaires à l'encontre d'individus réputés avoir commis des «crimes contre l'humanité», c'est-à-dire, pour parler clairement, des crimes contre les juifs. Ces procédures donnent lieu, sur le plan médiatique, à des «affaires» : affaire Demjanjuk, affaire Finta, affaire Rudolf, affaires Barbie, Leguay, Papon, Bousquet, Touvier… La liste est longue. Les pays les plus concernés par ce type d'affaires sont les États-Unis, le Canada, l'Allemagne, l'Autriche, la France, l'Angleterre, l'Écosse et l'Australie. La chasse aux «collabos», comme on appelle ceux qui ont collaboré avec l'Allemagne nationale-socialiste, reste ouverte mais la chasse aux «collabos» juifs, la chasse aux «juifs bruns» reste obstinément fermée. Les historiens juifs accusent la terre entière d'avoir soit commis, soit laissé se commettre de 1941 à 1945 le plus grand crime de l'histoire : le prétendu assassinat programmé de millions de juifs, notamment par le moyen de gigantesques abattoirs chimiques appelés chambres à gaz. Le musée du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles illustre le sens et la portée de cette accusation. Le visiteur du musée est d'abord conduit à voir dans Hitler et les siens les auteurs mêmes du crime. Puis, poursuivant sa visite, il découvre les complices du crime : Roosevelt, Churchill, Staline, le Pape Pie XII (et le Comité international de la Croix-Rouge). Par la disposition des lieux et par la mise en scène, c'est plus sur les complices que sur les auteurs du crime que l'attention du visiteur est appelée par les organisateurs du musée. Nous sommes ainsi invités à comprendre que «sans l'indifférence et le silence du monde entier» génocide et chambres à gaz n'auraient pas pu exister. Il est de fait que Roosevelt, Churchill et Staline, non plus que Truman, De Gaulle ou Eisenhower, n'ont dénoncé l'existence et le fonctionnement de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration du IIIe Reich. Certes, ils ont décrit l'Allemagne nationale-socialiste comme l'empire du mal et, selon l'usage, ont accusé l'ennemi de pratiquer une politique d'extermination mais ils ne sont jamais allés jusqu'à mentionner les «chambres à gaz» ; un chef d'État responsable sait à quoi s'en tenir sur ses propres services de propagande et ne va pas en entériner les inventions et les fabrications. Quant au Pape Pie XII et au Comité international de la Croix-Rouge, ils étaient trop informés de la situation réelle des camps de concentration allemands pour cautionner un mythe qui n'était, après tout, que le produit de recyclage d'un bobard de la première guerre mondiale : celui du gazage des civils serbes par les Allemands, les Autrichiens et les Bulgares (voy. Jessie Aitken, «L'origine du mythe», R.H.R. n° 5, novembre 1991, p. 166-172). Il reste que, dans leur volonté de chercher partout des suspects à traduire devant les tribunaux, les justiciers juifs s'abstiennent de mettre en cause ce que Maurice Rajsfus a pu appeler «une véritable internationale juive de la collaboration nécessaire [selon les Conseils juifs] avec les nazis» [1]. A l'exemple de Philippe Pétain et de Pierre Laval, beaucoup de responsables juifs ont collaboré par nécessité. La France avait, avec l'Angleterre, pris l'initiative d'entrer en guerre contre l'Allemagne ; l'Allemagne nous avait d'abord vaincus puis, deux ans plus tard, elle


627 appelait tous les Européens à la croisade contre le communisme international qui, il faut bien le reconnaître, était largement d'inspiration juive [2]. La signature d'une convention d'armistice, la nécessité de survivre, la pensée lancinante des Français retenus prisonniers en Allemagne, la lutte contre le communisme et ses méthodes terroristes, toutes ces raisons et quelques autres encore conduisaient Pétain et Laval à pratiquer une politique faite de constantes tractations avec plus fort que soi. De son côté, l'Union générale des Israélites de France (UGIF) cherchait, elle aussi, à composer avec les Allemands. Pendant l'été 1944, alors que se poursuivaient les exécutions sommaires des «collabos», commença la saison des juges, avec une justice à plusieurs vitesses : rapide pour la collaboration politique, lente pour la collaboration économique, nulle pour la collaboration juive. Pendant qu'une justice expéditive permettait de fusiller notamment des écrivains et qu'une justice selon les normes prenait tout son temps pour examiner le dossier des constructeurs du mur de l'Atlantique, De Gaulle et les communistes toléraient qu'à de rarissimes exceptions près les juifs se jugent entre eux pour faits de collaboration. Des «tribunaux d'honneur» étaient constitués pour juger et finalement acquitter tous les juifs. Dans ces tribunaux figuraient des juifs qui avaient passé toute la guerre aux États-Unis ou en Suisse. L'AFFAIRE DE L'UGIF L'Union générale des Israélites de France (UGIF) fut fondée le 29 novembre 1941. L'UGIFNord commença à fonctionner en janvier 1942 et l'UGIF-Sud en mai 1942. Les responsables les plus connus en furent André Baur, Georges Edinger, Raymond Geissmann, Gaston Kahn, Raymond-Raoul Lambert, Albert Lévy et Marcel Stora. Elle fut en rapports constants avec la «Gestapo», c'est-à-dire, en fait, avec le Service de Sûreté allemand (notamment Theodor Dannecker et Aloïs Brunner) et avec le Commissariat général aux questions juives établi par le gouvernement du maréchal Pétain (avec, pour responsables successifs, notamment Xavier Vallat et Louis Darquier de Pellepoix). En 1943, certains responsables de l'UGIF furent internés à Drancy pour diverses raisons, puis déportés et ne revinrent pas de déportation mais d'autres exercèrent leurs responsabilités jusqu'à la dissolution de l'UGIF en septembre 1944, après le départ des Allemands de Paris. En août 1944, Georges Edinger fut interné quelques jours à Drancy comme suspect de collaboration puis relâché. On pouvait — et on peut encore — reprocher à l'UGIF d'avoir contrôlé la population juive de France pour le compte des Allemands, d'avoir incité les juifs à l'obéissance aux lois allemandes et de Vichy, d'avoir coopéré à la préparation des rafles (sans en prévenir les intéressés) et d'avoir, en particulier, aidé les Allemands à se saisir des enfants juifs qui étaient hébergés dans des homes placés sous son contrôle (ce fut le cas, par exemple, pour les enfants d'Izieu).¶A la date du 9 février 1943, l'effectif de l'UGIF-Nord comptait, à elle seule, 919 employés ; parmi les diverses catégories de personnel appointées en zone nord se trouvaient… 20 huissiers. En 1942, l'UGIF possédait des bureaux en 14 villes de la zone nord, dont Paris, et en 27 villes de la zone sud, dont Vichy. Il fallait également compter, à Paris et en banlieue, quelques dizaines d'établissements à caractère social (cantines, ouvroirs, dispensaires, écoles, patronages, etc.) et, en zone sud, de nombreux homes d'enfants et des fermes-écoles, particulièrement dans la Creuse. Les fonds, considérables, provenaient, pour la zone nord, principalement des biens confisqués aux juifs par les autorités allemandes ou françaises et, pour la zone sud, principalement de l'argent distribué, en pleine guerre, par le fameux American Jewish Joint Distribution Committee. Plus connu sous le nom de «Joint» (Joseph Schwartz à Lisbonne et


628 Saly Mayer à Berne), ce comité distribua, pendant toute la guerre, avec l'assentiment des Allemands, de considérables sommes d'argent aux juifs, y compris aux juifs de Berlin en 1944 et il envoya des colis aussi bien dans des camps de concentration que dans des ghettos. Le «Joint» avait été fondé en 1914 par le banquier Felix Warburg. L'UGIF reçut également des subsides de l'État français et bénéficia de l'aide du syndicat des banques françaises. Ce fut le cas, par exemple, à la suite d'une sanction financière d'un milliard de francs imposée par les Allemands à cause d'une série de graves attentats perpétrés contre des membres de la Wehrmacht : l'UGIF obtint un prêt qui lui permit de ne pas taxer les juifs et de ne pas recourir à son propre argent ; en fin de compte, elle ne versa aux Allemands que le quart du prêt [3] et conserva par devers elle le reste de l'argent. Après la Libération, l'affaire de l' UGIF sera étouffée et le procès public évité. Un jury d'honneur se réunira sous la présidence de Léon Meiss, président du CRIF. Il acquittera les accusés en première instance et en appel. Les pièces du procès n'ont jamais été publiées. Personne ne sait ce que sont devenus les 750 000 000 F que s'est appropriés l' UGIF : le CRIF se les est-il, à son tour, appropriés ? Que peut bien penser Jean Kahn, qui préside aujourd'hui le CRIF, du fait que des Français non juifs ont été accusés, jugés, condamnés et fusillés pour des actes et parfois pour de simples propos favorables à la Collaboration tandis que des Français juifs, sur lesquels pesaient de terribles accusations, ont été soustraits à la justice de leur pays et, par la suite, pour certains d'entre eux, comblés d'honneurs ? L'AFFAIRE DU CONSISTOIRE CENTRAL Le Consistoire central des Israélites de France, fondé en 1808, quitta Paris pour Lyon en 1940. Il refusa d'abord toute représentation au sein de l'UGIF et voulut sauvegarder son indépendance et la maîtrise de ses propres fonds. Il conserva des liens privilégiés avec l'Aumônerie générale israélite et le grand rabbinat. Son président, Jacques Helbronner, entretint des rapports suivis avec le maréchal Pétain qu'il rencontra à vingt-sept reprises et en qui il voyait le «père de la patrie» [4]. Il fut arrêté par les Allemands le 19 octobre 1943 pour des raisons obscures ; il fut déporté et ne revint pas de déportation. Son successeur fut Léon Meiss (1896-1966) qui fonda le CRIF en 1944. Le Consistoire multiplia, bien sûr, interventions et protestations en faveur des juifs mais tint jusqu'au bout à observer une attitude légaliste qui, à bien des Français non juifs, devait valoir, pour «collaboration avec l'ennemi», l'exécution sommaire, la potence ou la prison. On lui attribue parfois une protestation datée du 25 août 1942 mais ce texte, que publie S. Klarsfeld dans son Mémorial de la déportation des juifs de France (d'après des documents du Centre de documentation juive contemporaine de Paris), est hautement suspect ; il ne porte, en particulier, ni en-tête, ni signature ; il s'agit d'un texte dactylographié anonyme et manifestement incomplet. Les archives du Consistoire central sont actuellement soustraites à la communication pour la période postérieure à 1937. Il faudrait, semble-t-il, attendre l'an 2037 pour les voir ouvrir aux chercheurs. Elles ont été déposées aux Archives des Hauts-de-Seine (à Nanterre) avec, peutêtre, une copie à l'Université hébraïque de Jérusalem. Maurice Moch, archiviste du Consistoire central, aurait écrit un ouvrage sur le Consistoire central pendant les années 1939-1944 mais ce texte, truffé de documents, nous dit-on, n'a pu encore voir le jour [5]. L'AFFAIRE DE DRANCY En 1939, le gouvernement Daladier avait ouvert 104 camps d'internement en France pour les civils allemands, y compris au stade Yves-du-Manoir à Colombes et au stade Roland-Garros.


629 Au Vél' d'Hiv', 12 000 femmes allemandes et autrichiennes étaient internées. En août 1944, des milliers de Français suspects de collaboration allaient à leur tour être conduits au Vél' d'Hiv' — dans des conditions, parfois, de grande violence. Les photographies, bien connues, de «juifs parqués au Vél' d'Hiv'» sont d'ailleurs en réalité des photographies de «collabos», prises par l'AFP ou l'agence Keystone en août 1944 [6]. Il en va ainsi de toutes les guerres : les sujets d'une puissance belligérante hostile sont internés et l'ennemi réel ou potentiel est «neutralisé» en attendant d'être expulsé, jugé ou relâché. Les bâtiments de Drancy avaient été prévus, avant la guerre, pour être occupés par des gendarmes et leurs familles ; après la Libération, ils allaient servir à l'internement de prisonniers allemands ou de «collabos». Entre-temps, de 1941 à 1944, Drancy avait servi de camp de transfert pour la déportation des juifs de France vers l'Est. Parmi les 67 000 juifs ainsi déportés, seuls 8 500 ont été des Français de souche et, parmi ces derniers, figuraient des «sujets français» (c'est-à-dire des juifs d'Algérie) et des «protégés français» (c'est-à-dire des juifs du Maroc ou de Tunisie). On doit ces précisions à Maurice Rajsfus dont le livre sur Drancy, un camp de concentration très ordinaire 1941-1944 (Manya, 1991) développe la thèse selon laquelle les juifs ont une large part de responsabilité dans l'internement de leurs coreligionnaires à Drancy, dans l'organisation et le fonctionnement du camp et dans la préparation des convois de déportés. L'auteur reproche avec raison à Georges Wellers et surtout à Serge Klarsfeld d'avoir soit atténué, soit gommé des réalités déplaisantes pour la réputation des juifs. Progressivement, les juifs élimineront les autorités françaises et s'empareront des leviers de commande du camp de Drancy ; ils traiteront directement avec les AA (autorités allemandes) et il s'ensuivra une étonnante collaboration dont Aloïs Brunner, en particulier, ne pourra que se féliciter. Drancy comptera successivement sept commandants juifs : le tricoteur Asken qui sera libéré en novembre 1942 avec les grands malades ; Max Blanor ; François Montel ; Georges Kohn, de mai 1942 à juin 1943 ; Robert Félix Blum ; Georges Schmidt ; Oscar Reich et Emmanuel Langberg. Le Bureau des effectifs est juif ; il établit notamment les listes de déportation. Le personnel juif se répartit en une trentaine de services. Une police juive et un tribunal juif s'installent. Une prison est sous la garde et la responsabilité de juifs. Le 24 octobre 1942 sont créés les M.S., c'est-à-dire les membres du service de surveillance. Les cadres juifs portent un brassard blanc et les policiers juifs un brassard rouge ; trois brigades sont formées avec, pour chacune, un brigadier et sept hommes. Ces autorités juives peuvent au besoin faire appel aux gendarmes français qui, eux, gardent l'enceinte du camp. Des juifs sont, par d'autres juifs, mis à l'amende ou tondus à la suite d'une décision — affichée — du tribunal juif présidé par Pierre Masse et Paul Léon. Ils peuvent être inscrits sur la prochaine liste de déportés. Les juifs euxmêmes en viennent à parler de «Milice sémitique» ou de «Gestapolack». Quand Robert Félix Blum constituera son directoire, on pourra dire : «Le ministère Blum II est constitué» par allusion au ministère constitué par Léon Blum en 1936. Les permissions ou les libérations peuvent dépendre du CDP (Chef de la police juive). On crée des «missionnaires», c'est-à-dire un corps de juifs chargés d'aller trouver, à l'extérieur du camp, les familles d'internés et de les convaincre d'aller rejoindre volontairement les internés à Drancy ; ces «missionnaires» sont aussi appelés familièrement des «rabatteurs» ou des «piqueurs». René Bousquet, responsable de la police de Vichy, apprend la nouvelle et s'indigne auprès d'Oberg de pareilles méthodes (on comprend ici qu'un procès Bousquet risquerait de conduire à bien des révélations). Des «physionomistes» juifs s'emploient à repérer des juifs ; «Ost fayer ?» (en yiddish : «As-tu du feu ?»), telle est, par exemple, la question que pose le «physionomiste» à un juif probable ; si l'homme répond, c'est qu'il est juif. En 1943, la Côte d'Azur est devenue le refuge de très nombreux juifs. Les Allemands, qui redoutent de voir de pareils ensembles d'ennemis potentiels se constituer dans une zone de plus


630 en plus sensible vu le développement de la guerre en Méditerranée, la situation militaire et politique en Italie et la possibilité d'un débarquement dans le sud de la France, décident de lancer des opérations de police. Aloïs Brunner se fait accompagner d'Abraham Drucker, le médecin-chef du camp de Drancy, et de spécialistes juifs chargés de vérifier, sous les porches des immeubles, si les hommes interpellés sont circoncis ou non (après la guerre, des médecins alliés feront se dévêtir des suspects pour voir s'il ne s'agit pas de SS portant sous le bras la marque de leur groupe sanguin). Brunner est à tel point satisfait de l'administration juive du camp qu'il fait supprimer barbelés et matraques. La vie s'organise de mieux en mieux avec d'incessantes constructions nouvelles. A Drancy, on célèbre le culte ashkenaze et le culte sépharade. Il y a une école, un jardin d'enfants, des ateliers. Il y a «de l'argent dans le camp, beaucoup d'argent» [7]. Il importe de plaire à la «hiérarchie juive» du camp, dispensatrice de faveurs et de sanctions. Si l'on déplaît, on risque la déportation pour ceux qui la redoutent ou la non-déportation pour ceux qui la souhaitent. On peut demeurer à Drancy ou en être libéré ; on peut obtenir une permission ou se faire détacher dans l'une des trois annexes où la vie n'est pas trop rude : «Austerlitz», «Lévitan» ou «Rue Bassano» dans le XVIe arrondissement. A l'hôpital Rothschild, il semble que la collaboration avec les autorités allemandes ait été particulièrement satisfaisante pour ces dernières. Après la guerre, Oscar Reich sera condamné à mort et exécuté mais les autres responsables de Drancy ne connaîtront guère d'ennuis avec les nouvelles autorités françaises et les instances juives. Pour les non-juifs, il en va tout autrement. Les gendarmes de Drancy passeront en jugement et, pour certains d'entre eux, seront condamnés. Les policiers français auront des comptes à rendre. Aujourd'hui encore, René Bousquet, déjà jugé, pourrait à nouveau être jugé, un demi-siècle après les faits. Le plus étonnant est que les avocats de Bousquet, de Papon, de Touvier n'auraient nul besoin de forger de savantes plaidoiries pour leurs clients respectifs : ces plaidoiries se trouvent toutes écrites dans les ouvrages où des auteurs juifs, rappelant l'histoire de l'UGIF, du Consistoire ou de Drancy, sont conduits à énumérer les arguments qui peuvent justifier la collaboration ou la coopération des juifs eux-mêmes avec l'ennemi. Il fallait, nous disent-ils, composer. Il fallait donner pour recevoir. Il fallait «sauver les meubles». On n'était «pas comptable de l'honneur juif mais du sang juif». Et, par-dessus tout, on ignorait que l'internement puis la déportation conduisaient à l'extermination en chambres à gaz. Les avocats de Bousquet, de Papon et de Touvier n'osent pas utiliser cet argument décisif, par crainte de paraître «révisionnistes». On leur conseillera de lire un article d'Anne Grynberg paru dans le Monde juif de juillet-septembre 1988 et intitulé : «Une découverte récente : le fonds d'archives de la Commission des Camps (1941-1943)» (p. 108-118). Plaidant en faveur du grand rabbin René Hirschler, créateur de la Commission des camps d'internés juifs, et cherchant à défendre tous les responsables juifs qui, pendant la guerre, ont en quelque sorte collaboré pour la bonne cause, A. Grynberg insiste sur le danger de ce qu'elle appelle les «analyses récurrentes» (p. 116). Elle veut dire que, pour juger ces hommes et ces femmes, il ne faut pas faire état de ce que nous avons appris sur la «Shoah». L'argument vaudrait tout aussi bien pour Bousquet, Papon ou Touvier qu'on ne cesse aujourd'hui de présenter comme des pourvoyeurs de la chambre à gaz. Ajoutons, pour notre part, que ce qu'A. Grynberg pense avoir «appris» après la guerre n'a tout simplement pas existé. LES CONSEILS JUIFS EN EUROPE Dès la fin de 1939, les Allemands imposèrent la création de «Conseils juifs» pour l'administration des communautés juives de Pologne par villes, ghettos ou provinces. Certains Conseils s'efforcèrent de contrarier la politique allemande, mais la plupart apportèrent une


631 importante contribution à l'effort de guerre allemand. Elles fournirent main-d'œuvre et produits manufacturés. Cette politique de collaboration résolue fut suivie par le fameux Mordechaï Chaïm Rumkovski, le «roi de Lodz», qui alla jusqu'à frapper sa propre monnaie, Jacob Gens de Vilno, Moshe Merin de Sosnowiec en Silésie et Efraïm Barasz de Bialystok. Ces Conseils juifs réprouvaient la lutte armée contre les Allemands et certains allèrent jusqu'à combattre les résistants. L'Allemagne eut sa «Représentation des juifs allemands du Reich», la France son «Union générale des Israélites de France», la Belgique une «Association des juifs en Belgique». La Hollande, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et, en Grèce, Salonique eurent leurs Conseils juifs. Ceux de Hollande, de Slovaquie et de Hongrie furent particulièrement coopératifs. Grâce à leur collaboration avec les Allemands, beaucoup de juifs assurèrent largement leur subsistance ; certains comme Joinovici et, surtout, Skolnikoff bâtirent de colossales fortunes. SIONISME ET NATIONAL-SOCIALISME Sionisme et national-socialisme avaient assez de points communs pour être dénoncés par les communistes, les trotskystes et certains milieux arabes comme des frères, même si, souvent, ces frères allaient se comporter en frères ennemis. Dès août 1933, l'Agence juive pour la Palestine et les autorités du IIIe Reich concluaient discrètement le «Pacte de transfert» («Haavara Agreement» ou «Transfer Agreement») qui permettait de sauver l'économie allemande mise en péril par la décision de boycottage des marchandises allemandes prise par les organisations juives mondiales en mars 1933. Ce pacte facilitait l'émigration de juifs allemands en Palestine. La législation allemande antérieure à l'arrivée d'Hitler au pouvoir interdisait le transfert de capitaux à l'étranger, mais Hitler contourna cette interdiction et permit aux juifs d'exporter d'importantes sommes vers la Palestine et cela jusqu'à peu de mois après le commencement de la guerre de 1939. Pendant la guerre, les contacts entre certains milieux sionistes et les Allemands persistèrent. En 1941, l'Irgun (Organisation Militaire Nationale) ou «Groupe Stern» ou «Lehi» alla jusqu'à proposer une alliance militaire à l'Allemagne contre la Grande-Bretagne. Un émissaire rencontra à Beyrouth le diplomate Otto Werner von Hentig mais l'offre fut déclinée, peut-être parce que l'Allemagne ne voulait pas «se prêter à une manœuvre tendant à permettre aux juifs de chasser le noble et vaillant peuple arabe de sa mère-patrie, la Palestine» [8]. Shamir, actuel premier ministre d'Israël, fit partie du Lehi au moins à partir de 1944 et, à cette époque, consacra toutes ses forces à la lutte contre la Grande-Bretagne (qui exerçait un protectorat sur la Palestine) et non contre l'Allemagne. En novembre 1944, ce groupe assassina au Caire Lord Moyne, ministre d'État britannique pour le Moyen-Orient. La lutte contre l'armée britannique prit les formes habituelles du terrorisme : les juifs allèrent jusqu'à faire enlever, fouetter et pendre des militaires britanniques. L'explosion de l'hôtel King David, dû au même groupe terroriste juif, causa 91 morts. LE CRIME DE TOUVIER Replacé dans le contexte général d'une période pleine de bruit et de fureur, le crime qu'on reproche à Touvier n'a certainement pas les proportions que les organisations juives cherchent aujourd'hui à lui donner. En représailles de l'assassinat de Philippe Henriot le 28 juin 1944, le colonel Knab, commandeur du SD de Lyon, exigea l'exécution d'une centaine de juifs. Sur intervention du capitaine Victor de Bourmont, responsable de la Milice, ce chiffre fut ramené à trente. Puis, sur l'intervention de Touvier, à sept. Ces sept juifs — en réalité, six juifs et un inconnu — furent exécutés près de Lyon à Rillieux-la-Pape. Ce que les médias omettent en


632 général de rappeler, c'est la raison pour laquelle les Allemands exigeaient des victimes juives. Les juifs jouaient un rôle important dans ce que les troupes d'occupation appelaient le terrorisme et que nous avons pris l'habitude de nommer la Résistance. Qu'on se rappelle, en particulier, l'importance des juifs dans les activités du parti communiste clandestin (voy. «l'Orchestre rouge», «l'Affiche rouge», …). Dans le cas de l'assassinat de Philippe Henriot, les juifs avaient leur part de responsabilité. Dans La Grande Histoire des Français sous l'Occupation [9], Henri Amouroux écrit : Philippe Henriot était un adversaire si redoutable [surtout par son éloquence] que, fin mai 1944, Alger avait donné à la Commission d'action militaire (COMAC) rattachée au Conseil National de la Résistance, ordre de l'enlever ou de l'exécuter. Les chefs de la COMAC étaient au nombre de trois : Ginsburger (dit Pierre Villon), Kriegel (dit Valrimont) et Jean de Vogüe (dit Vaillant). Les deux premiers étaient juifs. Et parmi les exécutants figurait au moins un juif, Jean Frydman, qui devait devenir après la guerre le patron d'un important groupe de presse [10]. Même si les Allemands ont peut-être ignoré ces précisions, ils savaient le rôle actif de la résistance juive dans la préparation et l'exécution des attentats. LA PAILLE ET LA POUTRE Au terme de l'affreuse boucherie de 1939-1945, on se demande qui pouvait s'ériger en juge et faire la leçon aux autres. Les Alliés comptaient tant d'horreurs à leur actif (en particulier, Katyn, «le Goulag», Dresde, Hiroshima et la déportation de millions d'Allemands) qu'il fallait beaucoup d'impudence pour instituer la parodie judiciaire de Nuremberg. Les démocraties mènent la guerre de façon aussi cruelle que les dictatures, et même plus cruellement encore quand elles disposent d'une économie plus puissante. En ce demi-siècle de guerre, aucune force militaire n'a tué plus d'enfants que l'US Air Force, bras armé de la démocratie américaine : en Allemagne, en France, dans toute l'Europe occupée par les Allemands, au Japon, en Corée, en Indochine, en Irak, au Guatemala et ailleurs encore. Des puissances coloniales comme la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et, à sa façon, l'URSS auraient dû s'abstenir d'accuser l'Allemagne et le Japon. Les juifs, c'est-à-dire l'État d'Israël ainsi que les organisations juives ou les individualités qui prétendent parler au nom des juifs, seraient bien inspirés de cesser leurs campagnes de haine contre les vaincus de la seconde guerre mondiale. Comme nous l'avons fait remarquer au début de cette étude, les maximalistes juifs, les Simon Wiesenthal, les Elie Wiesel, les Serge Klarsfeld, en sont venus à accuser la terre entière du malheur des juifs, un malheur suffisamment tragique pour qu'on n'ait pas à le grossir démesurément avec des inventions comme celle du génocide et des chambres à gaz. A force d'en appeler sans cesse à la répression, on risque de voir s'ouvrir un jour, au lieu du procès Touvier, du procès Bousquet ou du procès Papon, le procès des «juifs bruns», le procès de ce que M. Rajsfus appelle «l'internationale juive de la collaboration». Somme toute, mieux aurait valu qu'à la Libération, tous les magistrats français eussent été conduits à pouvoir prendre exemple sur leur collègue, le président Léon Meiss, et donc à passer l'éponge. N'avions-nous pas l'exemple de Churchill qui, à part quelques discrètes sanctions administratives, se refusa à toute mesure de répression à l'égard de ses compatriotes des îles anglo-normandes, qui, pendant près de cinq ans, avaient coopéré avec les Allemands sans leur opposer de résistance armée ? La France aurait pu s'engager dans la voie de la réconciliation générale des Français… Pour la rédaction de cet article, j'ai tenu à me limiter essentiellement aux informations fournies par l'Encyclopedia of the Holocaust, d'Israel Gutman (Yad Vashem), New York,


633 MacMillan, 1990, ainsi que par les ouvrages suivants de Maurice Rajsfus : Des Juifs dans la Collaboration/l'UGIF 1941-1944, Edi, 1980 ; Des Juifs dans la Collaboration II/Une Terre promise ? 1941-1944, L'Harmattan, 1989 et Drancy/Un camp de concentration très ordinaire 1941-1944, Manya, 1991. 1. Des Juifs dans la Collaboration (II) / Une Terre promise ? (1941-1944), L'Harmattan, 1989, p. 27. 2. Aujourd'hui que le communisme est discrédité, on tend à oblitérer le fait que les juifs ont une lourde responsabilité dans la révolution bolchevique et dans les crimes du communisme. Il arrive cependant que, lorsqu'ils se retrouvent entre eux, les intellectuels juifs admettent cette réalité. Le 6 mai 1989, le Figaro-Magazine publiait la seconde partie d'un débat sur «Être juif» (p. 121-124, 126, 128, 130, 132). Participaient à ce débat sept intellectuels juifs : Roger Ascot, Raphaël Draï, Marek Halter, Bernard-Henri Lévy, Guy Sorman, Adolphe Steg et Pierre Weill. Pierre Weill déclarait, sans se le voir contester : «Ce sont quand même les juifs qui ont construit l'Union soviétique. Finalement, Staline était le seul goy [non juif] à l'époque…» (p. 124). Et d'ajouter : «Ce sont des juifs qui ont construit un des plus grands délires du XXe siècle ! » Sur quoi Bernard-Henri Lévy confesse : «La grande énigme, en effet, l'exception à ce que je viens de dire, c'est l'histoire de 1917, c'est la participation d'un certain nombre d'intellectuels juifs à la construction du bolchevisme. C'est ce qui complique un peu l'affaire. On a probablement assisté là à une perversion du sens de l'universel» (p. 126). Pour B.-H. Lévy, les juifs auraient un sens particulièrement aigu de ce qu'il appelle «l'universel». Pendant la guerre civile d'Espagne, les juifs communistes ont joué un rôle important dans les Brigades internationales et, en particulier, au titre de commissaires politiques (responsables de nombre de crimes et d'excès). De même en France, pour l'Épuration. En 1945, partout en Europe où se sont installés des régimes communistes et spécialement en Pologne, les staliniens ont trouvé chez les juifs de fervents collaborateurs ; en Pologne notamment, où la communauté juive se reformait, Staline ne pouvait compter ni sur l'armée (décimée à Katyn et en d'autres camps), ni sur la bourgeoisie, ni sur les catholiques mais essentiellement sur les juifs dont il allait truffer la police de Jacob Berman. L'antisémitisme polonais reprenait vie. En URSS, le «complot des blouses blanches» fut d'inspiration clairement antisémite mais il est faux que, par la suite, les dirigeants de l'URSS aient persécuté les juifs. Contrairement à une allégation complaisamment répétée, les juifs formaient la seule population de l'Union soviétique à bénéficier du plus envié des privilèges, celui de pouvoir quitter le pays. C'était à qui se découvrirait une ascendance juive pour obtenir ce privilège. Lazare Kaganovitch, le «bourreau de l'Ukraine», allait, jusqu'à sa mort, jouir de tous les avantages de la nomenklatura. Il n'était pas le seul juif dans ce cas, en particulier dans les médias soviétiques. 3. Phillippe Boukara, «French Jewish Leadership during the Holocaust», Patterns of Prejudice, 1988, 1, p. 50). Il s'agit du compte rendu d'un livre du meilleur spécialiste de la question, Richard Cohen : The Burden of Conscience, French Jewish Leadership during the Holocaust [Le Poids de la conscience : Les dirigeants de la communauté juive française pendant l'Holocauste], Bloomington, Indiana, USA, University Press, XIV-237 p. R. Cohen y montre «l'habileté financière [de l'UGIF-Nord]». 4. J. Helbronner approuvait en novembre 1940 certaines mesures prises par l'État français contre les étrangers et parlait de «normal antisémitisme» (Denis Peschanski, «Les statuts des juifs du 3 octobre 1940 et du 2 juin 1941», Le Monde juif, janvier-mars 1991, p. 19).


634 5. Voy. le Monde juif, octobre-décembre 1987, p. 200). 6. Voy. Gérard Le Marec, Les Photos truquées, préface de Jean-François Revel, Atlas, 1985, p. 124-127). 7. Voy. sur le camp de Royallieu à Compiègne : «Le soir, à la lueur des chandelles, après le couvre-feu officiel, ils jouaient de grosses sommes au baccara, au poker ou aux petits paquets. Des fortunes indécentes s'étalaient sur les tables» (Adam Rutkowski, le Monde juif, octobre-décembre 1981, p. 143). 8. La Persécution des juifs dans les pays de l'Est présentée à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, éditions du Centre [de documentation juive contemporaine], Paris, 1949, p. 168-169. 9. Robert Laffont, tome 8, 1988, p. 417. 10. Maurice Rajsfus, Drancy, op. cit., p. 330, n. 43. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 69-82


635

L'AFFAIRE DES COUVEUSES DANS LA GUERRE DU GOLFE Frédéric Lagrange Comme tout pouvoir en place, les démocraties doivent lutter contre leurs adversaires et, si possible, les abattre. Les crimes qu'elles commettent alors peuvent être d'autant plus grands qu'à l'inverse des dictatures le responsable n'est pas connu : il est noyé dans une masse informe. Qui pourrait aujourd'hui affirmer que, dans l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne en septembre 1939, des hommes aussi oubliés que Daladier ou Jean Zay sont plus responsables de cette catastrophe qu'un Paul Reynaud ou un Jeroboam Rotschild, plus connu sous le nom de Georges Mandel ? En revanche, le responsable de l'attaque dirigée à la même date contre la Pologne en vue de récupérer la ville allemande de Danzig est bien connu ; il s'appelle Adolf Hitler. Mais, pour exécuter leurs crimes, les démocraties souffrent d'un handicap : elles ne doivent pas perdre l'adhésion et l'approbation du plus grand nombre. Ce qui compte, ce n'est pas la qualité, mais la quantité. Il est indispensable que les crimes qu'elles commettent demeurent parés du voile de la vertu ou, à tout le moins, que leurs crimes soient en quelque sorte justifiés ou excusés par des crimes encore plus grands qu'elles imputent à leurs ennemis. Il n'est pas alors de moyen plus efficace que le mensonge, à condition que celui-ci soit présenté avec adresse et demeure crédible. Le mensonge est aussi nécessaire à la démocratie que l'air à l'oiseau pour voler. Et le mensonge sera d'autant plus crédible que l'émotion soulevée par les horreurs attribuées à l'adversaire sera plus grande ; dans ce registre, quoi de plus efficace que des crimes supposés commis contre des femmes et des enfants ? C'est ainsi qu'aujourd'hui la télévision et les journaux ne cessent de nous rappeler que dans le IIIe Reich les SS avaient pour habitude de tuer les bébés en les jetant par terre ou en leur fracassant la tête contre les murs. En 1914, les Uhlans, nous dit-on, se contentaient de leur couper les mains ! Or, en 1990, les démocraties anglo-saxonnes découvrent un adversaire, un dictateur, qui commence à leur porter ombrage. Comme son illustre prédécesseur à la croix gammée, ce dictateur entend récupérer une ancienne province qui a été arrachée jadis à son pays par ces mêmes démocraties. Mais ce pays offre la particularité de regorger de pétrole. La province perdue s'appelle le Koweit et le dictateur qu'il va falloir abattre, Saddam Hussein. Pour que les choses soient plus claires, on l'appelle d'ailleurs Saddam-Hitler et on le charge bientôt de crimes identiques à ceux qu'on attribue à son prédécesseur. Pourquoi imaginer quelque chose de nouveau et changer une méthode dont l'efficacité a été prouvée ? Des experts et des témoins directs font comprendre au monde horrifié, surtout aux ÉtatsUnis, qu'il faut déclencher une guerre «juste» contre cet affreux dictateur, car ce dictateur tue, lui aussi, des bébés. Il ne leur fracasse pas la tête contre les murs, mais il les arrache des couveuses dans les hôpitaux et les jette par terre. Quelques mois ont passé et nous sommes maintenant en 1991. Le méchant dictateur a été vaincu. Le triomphe des démocraties est complet. Mais déjà des voix s'élèvent ou des murmures s'entendent qui disent que ce triomphe a été acquis au prix de beaucoup de tueries et de destructions qui n'étaient peut-être pas indispensables. Certes, le traitement démocratique qui a été infligé à l'Irak n'a pas la même ampleur que celui qui fut appliqué à l'Allemagne de 1945 massacrée, torturée, violée de mille façons, mais cela suffit à soulever quelques timides protestations. Pis encore, ne voilà-t-il pas


636 que de nouveaux «révisionnistes» prétendent que les horreurs attribuées à Saddam-Hitler — et en particulier l'histoire des bébés et des couveuses — seraient une pure invention. Et voici que, malgré quelques efforts des autorités américaines pour défendre la vérité officielle, le compte rendu de ce qui s'est réellement passé finit par éclater au grand jour ; il est diffusé pour la première fois dans le grand public le 8 avril 1992 dans une émission intitulée «Monitor» par la chaîne de télévision allemande ARD. C'est le compte rendu de cette émission que nous reproduisons ici pour l'édification des lecteurs, non sans rappeler que la chaîne ARD est par ailleurs l'une des plus conformistes et des plus «antinazies» qui se puissent imaginer. Mais, à force de patience, peut-être certaines vérités que la Revue d'histoire révisionniste n'a cessé de défendre finiront-elles aussi par éclater. TITRE DE L'ÉMISSION : LE DOSSIER BABYLONE DE SADDAM HUSSEIN UN MERCENAIRE DE LA CIA Avant la guerre du Golfe, on a discuté avec passion dans le monde entier pour savoir s'il fallait déclencher une guerre pour le Koweit [NDLR : Comme pour Danzig, fallait-il mourir pour le Koweit ?] Or, ces discussions furent infléchies de façon décisive au profit des bellicistes grâce à des rapports concernant d'inimaginables horreurs commises par les troupes d'occupation irakiennes au Koweit. Le compte rendu d'une jeune fille koweitienne de 15 ans sur les bébés que les soldats irakiens arrachaient des couveuses fut le plus impressionnant. Nos grands reporters Konrad Ebel et Matthias Werth ont à nouveau enquêté sur cette jeune fille et sur son témoignage, un an après la guerre du Golfe. L'image nous montre la jeune Nayirah en pleurs lors de sa déposition à titre de témoin oculaire devant le Comité des droits de l'homme au Conseil de sécurité de l'ONU. Le témoin : J'ai vu les soldats irakiens. Ils sont entrés dans l'hôpital et ont enlevé les bébés des couveuses. Ils ont emporté les couveuses et laissé les bébés mourir sur le sol glacial. C'était horrible ! [NDLR : On notera, comme dans toutes les descriptions de ce genre, la référence caractéristique à des commandos chargés d'effacer les traces de leurs crimes et qui ne laissent eux-mêmes aucune trace.] Le témoin oculaire sanglote devant le Conseil de sécurité de l'ONU ; elle ne cesse de répéter sa déclaration et essuie les larmes qui lui brouillent la vue. Les membres du Conseil de sécurité sont manifestement très émus par un tel rapport sur les cruautés des troupes de Saddam Hussein. [NDLR : Ceci ne ressemble-t-il pas à s'y méprendre aux dépositions sanglotantes faites encore aujourd'hui devant les tribunaux ouest-allemands contre des vieillards pour leurs activités supposées pendant la guerre ?] Quoi qu'il en soit, le témoignage de Nayirah produit un énorme effet sur l'opinion, surtout aux États-Unis. Le président Bush lui-même fait un rapport circonstancié sur le sujet. Image : On voit Bush s'adressant en Arabie séoudite à ses soldats : «Les bébés ont été arrachés à des couveuses et jetés sur le sol comme du bois à brûler.» L'image montre alors de petites tombes pour les bébés qui sont censés avoir été assassinés. Des vues qui prouvent que Saddam Hussein n'est pas autre chose qu'un nouvel Hitler dont les soldats assassinent lâchement des enfants.


637 Image : Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, c'est au tour d'un chirurgien koweitien, le docteur Ibrahim, de faire son rapport : Le plus dur était d'enterrer les bébés. Moi-même j'ai enterré quarante nouveau-nés qui avaient été enlevés des couveuses par les soldats. [NDLR : Rappelons-nous les photos et les cadavres des petits bébés attribués à la folie meurtrière de Ceaucescu lors du montage de Timisoara.] Deux jours plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU se décide à voter l'emploi de la force militaire en Irak, après qu'Amnesty International eut à son tour établi un rapport sur le meurtre de 312 bébés. Pendant ce temps, le Congrès des États-Unis délibère sur l'éventuelle nécessité d'une guerre. Image : Un député à la tribune : «Le temps est maintenant venu de stopper l'agression d'un impitoyable dictateur dont les troupes embrochent des femmes enceintes et arrachent les bébés de leurs couveuses.» [NDLR : Les femmes et les enfants embrochés sur des baïonnettes est l'un des thèmes les plus constants de la propagande alliée des deux guerres. D'après de nombreux témoignages, c'était aussi une spécialité des SS, mais avec une préférence pour les bébés.] [1] Face à l'émotion soulevée, le Congrès des États-Unis émet à une très faible majorité un vote en faveur de la guerre. Image : Sans transition, la télévision présente alors le docteur David Chiu avec le commentaire suivant : Voici le docteur David Chiu, ingénieur en biologie médicale. Il a été envoyé au Koweit par les services de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) afin d'expertiser les ravages commis dans ce pays. Il a visité plusieurs salles d'opération ainsi que les salles d'accouchement. Le surprenant résultat de sa mission est le suivant : Toute l'histoire des couveuses est une invention de la propagande. Le docteur Chiu : Je me sentais pris par le mensonge. J'étais surpris de voir tant de couveuses. Je demandais à notre accompagnateur ce qui s'était passé et si les histoires que l'on racontait étaient vraies. Il me répondit alors que pas une seule couveuse n'avait été emportée et que les histoires divulguées à ce sujet n'avaient jamais eu lieu. Parmi le matériel manquant, le Dr Chiu ne relevait que des fauteuils dentaires. Image : Fauteuils dentaires. Puis, on voit à l'écran une visite dans l'hôpital. Les couveuses prétendument emportées sont là et la doctoresse qui se trouve sur place répond par la négative à la question de savoir si les Irakiens ont enlevé des couveuses. Image : Le Dr Soa Ben Essa répond également par un «non» énergique. Même le docteur John Stiles, d'Amnesty International, corrige à son tour ses déclarations. Il explique : Nous avons parlé avec plus d'une douzaine de médecins de différentes nationalités qui étaient au Koweit à l'époque ; ils ne nous ont pas confirmé cette histoire. Pour nous, il est désormais clair qu'il ne s'est rien passé de tel. Mais comment cette histoire mensongère des couveuses koweitiennes a-t-elle pu faire le tour du monde et favoriser pareillement l'entrée en guerre des Américains et de leurs alliés ? La réponse se trouve dans le quartier Manhattan de New York, là où est située Hill & Knowlton, la plus grande entreprise américaine de Public relations et de traitement de l'information. Hill & Knowlton avaient reçu du Koweit une commande de campagne publicitaire pour faire accepter par la population américaine la solution militaire d'une libération du Koweit. Coût : 10 millions de dollars.


638 Hill & Knowlton ont utilisé une méthode comparable à celle employée pour la publicité de Pepsi-Cola : des ordinateurs sont chargés de montrer à quoi la population réagit positivement ou négativement. C'est aussi la méthode utilisée par le président Bush dans ses campagnes électorales. Image : On voit à l'écran une personne ayant dans la main un détecteur électronique analysant les réactions du sujet testé à la vue des différences images qui lui sont présentées. Un employé explique le mode de fonctionnement : Nous donnons à chaque personne un petit émetteur avec lequel elle peut montrer si elle réagit avec plaisir ou déplaisir à la scène qui lui est présentée. Par exemple, le graphique nous permettra de savoir si les Américains ont réagi positivement ou non à un discours du président. Le Koweit nous avait demandé de déterminer ce qui inspirait le plus d'horreur aux Américains ; la réponse a été : le meurtre commis sur des bébés. Ainsi est née la légende des couveuses. Nous avions à répondre à la question : Comment obtenir un effet émotionnel tel que les gens approuvent les résolutions de l'ONU et veuillent chasser par la force les Irakiens ? Le meilleur moyen de créer cette émotion était de persuader les gens que Saddam Hussein était un fou dangereux capable des pires massacres et manifestant une agressivité faisant craindre les plus graves dommages. Il fallait en effet gagner l'opinion publique américaine à l'idée de la libération du Koweit. Hill & Knowlton ont alors entrepris la recherche de témoins visuels acceptant de paraître en public. [NDLR : De 1945 à 1948, c'est par fournées entières que des gens, le plus souvent pauvres et venus de l'Est, venaient témoigner, tous frais et autres avantages payés, devant les tribunaux de «dénazification».] Image : Thomas Ross, de Hill & Knowlton, explique : Dans cette affaire, notre rôle se limitait à «aider» les personnes acceptant de témoigner, à rédiger leurs rapports dans un anglais correct, afin que chacun puisse les comprendre. Question à Ross : Ainsi vous avez seulement aidé à faire de bonnes traductions ? Ross : Nous avons apporté notre aide pour les traductions, mais nous avons aussi assisté les témoins pour leur future parution, en les exerçant à répondre par des questions/tests à celles qui leur seraient vraisemblablement posées. Image : On revoit le témoin visuel en pleurs devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Commentaire du présentateur de la télévision : «Celle-ci avait dû être particulièrement bien formée ?» Image : On revoit une fois de plus la jeune fille faisant sa déclaration devant le Conseil de sécurité de l'ONU : C'était horrible ! Je pensais sans arrêt à mon neveu qui venait de naître et qui maintenant était peut-être déjà mort. Image : Derrière le témoin on voit une personne qui a toutes les apparences d'un auditeur et observateur impartial. Mais il s'agit de son père qui est ambassadeur du Koweit aux États-Unis, ce que presque personne n'avait su. Image : Nayirah telle qu'elle apparaît normalement : de longs cheveux tombant sur ses épaules. Devant le Comité des droits de l'homme de l'ONU, elle a les cheveux sévèrement assemblés par un chignon. Le Comité de l'ONU avait cru qu'il s'agissait d'une simple enfant réfugiée. Or, elle appartient à la famille royale de l'émir Al Sabah. Qui parmi les membres du Comité connaissait sa véritable identité ?


639 Image : John Porter devant le Comité des droits de l'homme de l'ONU. On lui pose la question : Combien de personnes savaient-elles qu'elle était la fille de l'ambassadeur ? Porter : Moi, certainement pas. Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, un autre témoin à charge contre l'Irak dont nous avons déjà parlé (voy., ci-dessus, p. 89) avait fait une forte impression : le soi-disant chirurgien Ibrahim. En réalité, il est dentiste et s'appelle Behbehani. Après la guerre, il a rétracté ses déclarations sur l'histoire des couveuses. Dr Behbehani : Non, je ne peux confirmer cette affaire des couveuses. Question : Alors, vous n'avez rien vu ? Dr Behbehani : Non, rien. Commentaire : Mais qu'importe ! Tout avait déjà été décidé. L'histoire mensongère concoctée par Hill & Knowlton avait joué un rôle déterminant pour décider les Américains à vouloir la guerre et à envoyer leurs soldats au Koweit. Dernière question à Thomas Ross de Hill & Knowlton : Croyez-vous que le paiement par le Koweit de 10 millions de dollars à Hill & Knowlton ait été un bon investissement ? Ross : Un investissement des plus intelligents. *** Pour conclure, nous n'ajouterons aucun commentaire. Nous nous contenterons, à propos des détecteurs dont il a été question ci-dessus, d'évoquer une tout autre histoire de détecteurs qui a joué dans l'histoire un rôle beaucoup plus important ; et cela pour montrer qu'en matière de mensonges les méthodes ne changent guère et sont d'une redoutable banalité. Une photographie, qui a aussi fait le tour du monde, date de 1945 et montre un officier soviétique de la commission d'enquête à Auschwitz tenant à la main un détecteur d'acide cyanhydrique, qui est le gaz imprégnant le fameux Zyklon B, un dangereux insecticide dont les Allemands se seraient servi pour tuer des millions de juifs. L'officier se tient devant la porte avec judas de la chambre à gaz où auraient été assassinées les victimes. Or, il s'agit d'une banale chambre à gaz d'épouillage où l'on désinfectait les vêtements au Zyklon B. A l'époque, en effet, les Russes qui ont libéré le camp d'Auschwitz en janvier 1945 et ont été les seuls à circuler pendant des mois, situaient la chambre à gaz homicide — en conformité avec les déclarations des témoins et experts — à l'endroit où se trouve l'officier. Ce n'est que plus tard que la localisation des chambres à gaz homicides fut modifiée et définie là où on les montre aujourd'hui aux touristes. En 1945, cette photo d'un détecteur supposé utilisé par les SS pour leur protection fut considérée comme une «preuve» décisive et diffusée dans les médias du monde entier. Mais il faudra attendre 1989 pour que les autorités du Musée d'Auschwitz et la Beate Klarsfeld Foundation de New York se décident à qualifier eux-mêmes cette photo de «montage historique» dans l'ouvrage de Jean-Claude Pressac intitulé Auschwitz : Technique and operation of the gas chambers [Beate Klarsfeld Foundation, New York, 1989, 564 p.] (p. 46 : «This historic montage is to be compared (…)»). On attend d'autres aveux du même genre. Mais il est vrai que, pour le massacre de Katyn, si longtemps attribué aux Allemands, il a fallu attendre un demi-siècle avant que les Russes ne passent aux aveux. 1. Henri Amouroux, souvent crédule sur le compte des atrocités allemandes, écrivait en 1981 : «J'ignore combien a touché la femme B… qui a livré 22 bébés juifs tués à l'École


640 de santé militaire de Lyon par injection de benzine» (La Grande histoire des Français sous l'Occupation, Robert Laffont, vol. 5 [1981], p. 282, n. 1). Dans une conversation privée, il a bien voulu admettre qu'il s'agissait d'une assertion non fondée et qu'il avait été abusé. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 86-95


641 Traduit de l'allemand

LE MANIFESTE ALLEMAND du 3 décembre 1991 Dans sa livraison du 3 décembre 1991, le Münchner Anzeiger (hebdomadaire de diffusion gratuite de la région de Munich ; tirage 200 000 exemplaires), a publié un manifeste sous le titre : «Nous exigeons la vérité et nos droits !». Ce manifeste a été signé de 522 noms auxquels bien d'autres noms se sont ajoutés depuis cette date. L'initiative de l'opération revient à l'Association J.G. Burg, du nom du révisionniste juif, J.G. Burg, de son vrai nom, J.G. Ginzburg, décédé en 1990 (voy. R.H.R. n° 5, novembre 1991, p. 23-29). Le responsable actuel de l'association est l'ancien général Otto Ernst Remer, connu pour avoir arrêté à Berlin les conjurés du 20 juillet 1944. Sans avoir jamais été national-socialiste, Otto Ernst Remer est généralement classé comme «nazi» par ses adversaires politiques. Quoi qu'il en soit, il a fallu du courage aux 522 signataires pour rendre publique leur identité. Contrairement à ce que dit le texte qu'on lira ci-dessous, il n'existe pas en Allemagne de loi spécifique contre la «négation de l'Holocauste» mais il est vrai que, par divers subterfuges, cette «négation» ou plutôt l'affirmation que le prétendu «Holocauste» des juifs n'a jamais existé est réprimée en Allemagne au nom de plusieurs lois dont la loi qui punit l'outrage à la mémoire des morts.

NOUS EXIGEONS LA VÉRITÉ ET NOS DROITS ! Nous, signataires allemands du présent texte, refusons désormais le chantage auquel est soumis notre peuple au nom de l' «Holocauste». Les faits Des scientifiques, chez nous et à l'étranger, mettent en doute l'existence, dans les camps de concentration du IIIe Reich, de chambres à gaz homicides. Ce fait repose sur cinq rapports d'expertise. 1. En 1988, le rapport du constructeur américain de chambres à gaz Fred Leuchter, en collaboration avec le laboratoire américain Alpha [Alpha Analytical Laboratories, Ashland, Massachusetts]. A l'époque, le ministre allemand de la Justice, Engelhardt, considérait ce rapport comme une «enquête scientifique» ; 2. En 1990, le rapport du laboratoire de l'Institut Jan Sehn, de Cracovie (Pologne), commandé par F. Piper, directeur du Musée d'Auschwitz ; 3. En 1991, le rapport d'expertise d'une photo aérienne, par la firme Hansa, spécialisée en analyse de documents aériens. Les prétendues fermes et baraques transformées en chambres à gaz n'ont pas existé ; 4. Toujours en 1991, un rapport d'expertise allemand, avec la participation du célèbre Institut Fresenius, sur les traces d'acide cyanhydrique subsistant dans les prétendues chambres à gaz et dans les stations d'épouillage. Pas de traces dans les prétendues chambres à gaz ; 5. Le professeur Gerhard Jagschitz, de l'Institut d'histoire contemporaine de l'université de Vienne, avait été chargé, par le tribunal de première instance de Vienne, à l'occasion


642 d'un procès en cours, de rédiger un rapport destiné à établir l'existence des prétendues chambres à gaz. Après quatre années de recherches intensives, le professeur Jagschitz arrive, dans un rapport intérimaire du 10 janvier 1991, à la conclusion que, non seulement on n'a jamais établi l'existence des «chambres à gaz», mais que «des doutes substantiels se sont aggravés» à ce sujet (voy. «L'expertise de Vienne», R.H.R. n° 5, p. 151-156). Des mensonges protégés par la loi Les autorités de la République fédérale d'Allemagne trompent le peuple depuis plus de quarante ans avec une dureté et une impudence croissantes. Elles tolèrent que d'autres groupes et personnes, tels des églises, des syndicats, des associations et des médias, participent à la diffamation de notre peuple. Elles n'ont rien entrepris pour sauvegarder, comme elles en ont l'obligation, le droit et l'honneur du peuple allemand. Quand des Allemands loyaux à l'égard de leur peuple et de leur État, ou d'honorables étrangers, ont tenté de rappeler les autorités allemandes à leurs devoirs et à la vérité, ils ont toujours échoué. Au contraire, les autorités de l'État sont allées jusqu'à promulguer une loi réprimant la publication de faits scientifiquement établis et protégeant légalement le mensonge. En quoi les autorités de l'État ont entrepris de compromettre de leurs mains l'ordre constitutionnel en Allemagne. Privés de tout autre recours, nous proclamons ici notre résistance aux autorités de l'État, conformément à l'article 20, 4e alinéa, de la constitution. Depuis 1945, les organisations juives ainsi que les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale accusent l'Allemagne d'avoir, conformément à un plan préétabli par le gouvernement du Reich, anéanti des millions de juifs au moyen de «chambres à gaz homicides» dans les camps de concentration allemands. Depuis lors, les principaux hommes politiques allemands, les partis du régime de Bonn ainsi que tous les gouvernements et parlements d'Allemagne ont accepté sans autre preuve ces accusations et se sont retournés contre leur propre peuple. Le gouvernement Adenauer a conclu un traité avec le Congrès juif mondial par lequel le peuple allemand se voit contraint à des «réparations» envers la personne des juifs et l'État d'Israël, et cela à perpétuité. Jusqu'ici plus de cent milliards de marks ont été versés au titre de cet accord. Selon Adenauer, le nombre de juifs massacrés ne s'élevait encore qu'à 300 000, mais bientôt on parla de huit, voire de dix millions. A présent, le chiffre de six millions constitue le nombre irrécusable. «L'aveu des crimes nationaux-socialistes» est devenu entre-temps une sorte de doctrine officielle, sinon un rituel religieux. L'humiliation Dans les manuels scolaires, on bourre le crâne de nos enfants au moyen de ces allégations, que l'on assaisonne de détails bestiaux, de manière à les convaincre de la prétendue cruauté de leurs parents et grands-parents. A la télévision, à la radio et dans presque tous les journaux et périodiques on ne se contente pas de nous reprocher «le meurtre à des millions d'exemplaires», mais on nous présente celui-ci comme «un fait d'histoire». Dans les «films documentaires», dont le nom porte à croire qu'ils ne présentent de faits qu'établis par les documents, une imagination falsificatrice et perverse se donne libre cours, propre à engendrer une profonde commisération pour les juifs, en même temps qu'un insondable mépris pour les Allemands. Les personnalités politiques, les journalistes, les artistes ou les ecclésiastiques se mettent en devoir, lors de leurs déclarations publiques, de donner sans y réfléchir dans la diffamation et de s'en prendre à «l'Allemagne de la tyrannie», aux «années sombres de l'histoire allemande» ou tout simplement à l'Allemagne en général. Les anniversaires officiels sont là sans cesse comme autant de prétextes de nous humilier en bloc. Il y a les «anniversaires nationaux-socialistes», tels le 30 janvier, le 20 avril, le 20 juillet, le 1er septembre ou encore le 9 novembre. On y ajoute le 8 mai, «jour de la libération», selon Weizsäcker. Et enfin, à l'occasion des fêtes juives, il faut que nos politiciens jettent à la tête des Allemands des crimes qui n'ont jamais été


643 commis. Lors de la visite d'hommes d'État étrangers, les instances allemandes ne manqueront jamais de faire visiter à l'hôte officiel Dachau, Bergen-Belsen ou Buchenwald. Après quoi, nos politiciens se délectent d'entendre l'invité exprimer le dégoût qu'il ressent pour le peuple allemand. Ce sont les pays les plus prompts à calomnier les Allemands pour la période nationale-socialiste que l'on favorise d'une aide économique (autrement dit, à qui l'on donne l'argent gagné par les travailleurs allemands). Lors de sa visite en Pologne, tout homme politique allemand se doit d'aller déposer des gerbes à Auschwitz, à Treblinka et à Majdanek, et d'écouter sans broncher les plus ignobles fables que puisse inspirer le sadisme contre notre peuple. La privation de tout droit Cette campagne d'excitation et de haine raciale contre tout ce qui est allemand a démoralisé notre peuple. On en voit le résultat dans une population qui se laisse asservir sans réaction et accepte dans l'apathie sa propre élimination par l'envahissement étranger. La majorité des Allemands se plie à la logique d'une formule inventée par le rabbin Joachim Prinz et adoptée ensuite par les hommes d'État allemands : «Bien qu'il n'y ait pas de culpabilité collective, c'est bien pourtant l'ensemble du peuple allemand qui est responsable pour les conséquences de l'"Holocauste"». Les suites de l'«hystérie holocaustique» sont mortelles pour notre peuple : les versements pour les «réparations» et «l'assistance solidaire» aux pays étrangers ne font qu'augmenter le poids de la dette que l'État lèguera à nos enfants et à leur descendance. Sous le prétexte de «toutes les horreurs qui furent commises au nom du peuple allemand», on laisse s'établir sans contrôle sur notre sol des gens de toutes races et nationalités. Il s'ensuit la destruction progressive et accélérée de notre peuple. On renonce illégalement aux territoires de l'Est, pourtant allemands de toute antiquité, au nom des prétendus crimes commis par le Reich envers nos voisins. Cela revient à livrer des millions d'Allemands à l'arbitraire de l'étranger et à les exclure ni plus ni moins de notre peuple. Pire que tout cela reste encore le mépris que les hommes politiques de Bonn inspirent à l'étranger envers notre peuple. Par le moyen de l'«Holocauste», nos gouvernants font litière de la dignité des Allemands. La mise sous tutelle La 21e loi d'amendement du Code pénal (Lex Engelhardt) interdit aux Allemands de contester que «des millions de juifs ont été assassinés sur l'ordre d'Hitler dans les chambres à gaz». Quiconque met en doute ou en discussion cette affirmation «outrage les juifs disparus ou survivants et porte atteinte à leur dignité». Ainsi quiconque défend son innocence et sa réputation attente à la dignité de son calomniateur. La dignité d'un Allemand n'est d'aucune valeur en Allemagne. Nos gouvernants sont en tort et ils le savent. D'innombrables Allemands restés loyaux leur ont, par courrier, exprimé leur désapprobation et réclamé une enquête scientifiquement menée sur la persécution des juifs. Nos gouvernants essaient de s'en tirer en répondant que l'«Holocauste» se fonde sur des «connaissances scientifiques». Les Allemands qui se posent des questions sont refoulés dans l'«extrême droite». On les traite d'antisémites, d'incorrigibles, de nostalgiques. Quant à Weizsäcker, il se réfugie dans l'ignorance : «Monsieur le Président de la République fédérale ne peut se prononcer sur le fond de la question». La vérité Il faut qu'une enquête scientifique plus poussée soit conduite concernant l'accusation portée contre les instances allemandes d'avoir, sous le IIIe Reich, procédé à des mises à mort massives dans les chambres à gaz. Jamais, devant aucun tribunal, on n'a fait appel à des expériences reproductibles et fondées sur les sciences naturelles pour démontrer ces prétendus crimes. Dès


644 lors, quand on en accuse néanmoins des personnes et des organisations, on prive du même coup celles-ci de la protection due à la «présomption d'innocence» : il y a diffamation. Mais quand bien même les allégations au sujet d'un «Holocauste par les meurtres en chambres à gaz» seraient fondées, il n'y aurait encore que les coupables pour être passibles du châtiment, et non le peuple dans son ensemble, moins encore les générations ultérieures. En effet, la punition d'innocents ne ressortit pas à la justice mais à l'esprit de vendetta. Et si jamais la vendetta constituait une juste punition — alors qu'il n'en est rien, naturellement — la culpabilité pour les siècles des siècles, telle qu'ici les autorités la veulent imputer au peuple allemand, n'en serait pas moins immorale, primitive et inhumaine. Il faut mettre terme un jour à tout châtiment, fût-il le plus lourd. Ceux qui accusent le peuple allemand ont eu le temps pendant quarante-cinq ans d'apporter la preuve de leurs abominables allégations. Ils ne sont jamais parvenus à en produire une démonstration scientifique. Les autorités n'ont tenu aucun compte de nos preuves contraires. Elles les ont étouffées et passées sous silence. Nous n'essaierons plus d'examiner aucune des innombrables théories, contradictoires entre elles, sur l'«Holocauste» ou sur «les chiffres évalués avec précision». Qui ment une fois, on ne le croira plus. Que dire alors de la mille et unième invention de ceux qui nous ont rabâché par milliers leurs légendes contradictoires et leurs mensonges ? Nos exigences Nous exigeons que l'on cesse ces calomnies, qu'on les interdise et les réprime. Nous exigeons d'arrêter immédiatement les versements au titre des «réparations», qui sont le fruit de cette gigantesque imposture, et qu'on nous rembourse les versements qui ont été effectués jusqu'ici. Nous exigeons d'arrêter le déferlement des faux demandeurs d'asile (que les politiciens allemands nous imposent en raison des prétendus crimes allemands) et d'expulser sur-le-champ les millions de parasites qui ne respectent pas la loi. Nous exigeons de dénoncer les déclarations d'abandon des territoires et des droits de l'Allemagne, obtenues par chantage. Nous exigeons que disparaissent des manuels scolaires et des médias les exposés sur les massacres de juifs. Nous exigeons que soient destitués de leurs charges les responsables qui ont accusé le peuple allemand de ces crimes ou qui ont omis de le défendre contre de pareilles calomnies ; qu'on les cite en jugement et qu'on les châtie. Nous exigeons de pouvoir à nouveau proclamer la vérité en Allemagne, sans encourir de condamnation, parce que nous voulons enfin retrouver la liberté. Nous exigeons un gouvernement qui garantisse l'honneur du peuple allemand, parce que, pendant trop longtemps, la haine, le mensonge et l'imposture ont prévalu. Avant tout, nous exigeons d'un gouvernement allemand qu'il témoigne de l'affection pour son peuple, parce que nous voulons enfin retrouver la paix intérieure. Nous exigeons nos droits ! Pour toute signature [de citoyen allemand], s'adresser à : J.G. BURG Gesellschaft Winkelserstrasse 11E D-8730 BAD KISSINGEN (Allemagne) Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 96-102


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LA CHAMBRE A GAZ DE HAFNER : ENTRE LE DÉLIRE ET LA POLITIQUE Mondher Sfar Les prêtres de l'Holocauste ont élevé la Mémoire d'Auschwitz au rang d'une religion dont l'universalité est loin d'être atteinte par les trois religions monothéistes réunies. Ce culte quasi quotidien de la mémoire se fonde paradoxalement sur un extraordinaire oubli des textes des déportés rédigés au lendemain de la libération des camps. En 1946/47 paraissaient en France deux recueils de ces témoignages fraîchement rédigés. L'un est intitulé Témoignages d'Auschwitz, préfacé par Jean Cassou, Éditions de l'Amicale des Déportés d'Auschwitz, 1946. L'autre a sélectionné les témoignages des médecins strasbourgeois, intitulé : De l'Université aux Camps de Concentration. Témoignages Strasbourgeois, Publication de la Faculté des Lettres de l'Université de Strasbourg, Paris, 1947. Il est étonnant et scandaleux que ces témoignages d'une importance capitale pour la compréhension de la vie quotidienne dans les «camps de la mort» n'aient pas fait l'objet d'une critique historique de la part des exterminationnistes. Pour contribuer à faire revivre ces textes, nous avons choisi de commenter le récit d'un jeune médecin français israélite, d'origine roumaine, paru dans le recueil des Témoignages sur Auschwitz de 1946. Nous avons eu la chance de découvrir la version originale de ce récit, qui fut publiée en 1945 dans Fraternité, journal de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme à Paris. Conformément à la vocation de la Revue d'histoire révisionniste, il ne sera traité dans les pages qui suivent que de la question — essentielle — de l'existence du génocide : quelle peut être la contribution du témoignage de Désiré Hafner à la connaissance de la réalité du camp d'Auschwitz-Birkenau en tant que lieu d'extermination d'êtres humains au moyen d'installations conçues, érigées et utilisées à cet effet ?

L'auteur Joseph-Désiré Hafner se dit né le 1er juillet 1918 à Galatz, en Roumanie. En dehors de son article «Birkenau» — réédité en 1946 dans l'ouvrage collectif susmentionné Témoignages sur Auschwitz et dont il signa la conclusion — nous lui connaissons une Thèse en médecine, rédigée peu avant la parution de ce dernier ouvrage et soutenue le 14 juin 1946 à l'Université de Paris. Elle fut publiée la même année à Tours (72 pages). Cette Thèse intitulée «Aspects pathologiques du Camp de Concentration d'Auschwitz-Birkenau» — désormais désignée dans les pages qui suivent par le mot Thèse, suivi du numéro de page — reprend en fait les grandes lignes de son article de 1945, en faisant naturellement une part plus importante à des observations médicales qui malheureusement demeurent, comme pour le reste, sous le coup de l'émotion post-concentrationnaire, mais qui restent néanmoins d'un intérêt médico-historique non négligeable, contribuant ainsi à une meilleure connaissance de la vie médico-hospitalière de Birkenau en particulier, et d'Auschwitz d'une façon générale. En outre, cette Thèse éclaire et complète le récit sur Birkenau ; et nous n'hésiterons pas à nous y référer. Hafner fut recruté, à l'instar de ses collègues de toutes les nationalités et origines, pour l'exercice de la médecine dans le camp de Birkenau. Il fut admis à la suite d'un examen organisé par les autorités médicales du camp pour vérifier l'authenticité de ses aptitudes à l'exercice médical ; c'est du moins la démarche usitée pour le recrutement des médecins à


646 Auschwitz. Malheureusement, sur ce chapitre biographique comme sur ses relations avec les autorités du camp, voire même sur ses relations avec ses collègues internés ou civils, Hafner se drape dans un silence aussi profond que mystérieux. La seule indication que nous avons à ce sujet se trouve au chapeau à son article «Birkenau» rédigé par le journal Fraternité où il est question d'un «double jeu, si subtil et si passionnant à jouer, l'était beaucoup moins à supporter. C'était un jeu avec la mort, et la mort gagnait trop souvent». Sur ce «jeu subtil» avec la mort, Hafner reste muet. Ce témoin de l'Holocauste occulte sa propre expérience vécue de détenu — dont il ne nous livre que des clichés sans vie, des images figées — par un lourd cérémonial holocaustique guindé, de sorte que l'on reste entièrement sur sa faim quant à la connaissance de son rôle et de son œuvre pendant les 28 mois passés à Birkenau en tant que médecin ou même en tant que simple détenu. Plus préoccupant encore, l'aveu fait par Hafner dans son introduction à un chapitre conclusif de sa Thèse où il explique que celle-ci repose sur «nos observations et celles d'un grand nombre de camarades médecins sur la pathologie du camp de Birkenau». Ainsi le témoignage de Hafner est-il pour une part de seconde ou même de troisième main. Ce qui nous prouve encore une fois que les témoignages dits de la première heure font eux-mêmes partie de la catégorie du ouïdire.

Le récit Le jeu subtil du témoignage/occultation de l'expérience personnelle se retrouve en quelque sorte au fondement de l'expérience holocaustique en tant que donnée ineffable, incommunicable. Hafner introduit son récit «vécu» par une série de paragraphes (§ 1 à 8 [1]) dissertant sur le problème de la crédibilité de son propre témoignage : Est-ce que ceux à qui nous essaierons de raconter une faible partie des atrocités de Birkenau pourront nous croire ? Certainement non ! Suit la description de l'arrivée de son transport à Auschwitz (§ 9 à 18) où manque fort curieusement la fameuse scène originelle de la sélection pour la chambre à gaz devant être effectuée sur les quais de la gare. Cette scène ne sera évoquée qu'implicitement plus loin (§ 59) dans le cadre de la description du camp dans sa seconde phase dite de l' «extermination scientifique» que Hafner fait débuter en mars/avril 1943. Hafner assiste le premier jour de son arrivée à Birkenau à la rentrée au camp des Kommandos de travail (§ 19 à 26). C'est la découverte de l' «extermination» par le travail. Suivent une description d'une journée de travail (§ 27 à 37), des conditions sanitaires et médicales (§ 38 à 50) et du camp des femmes (§ 51 à 56). Ici, un événement capital est annoncé (§ 57) :«un immense camp va apparaître, [...] les quatre fours crématoires avec leur immense chambre à gaz», suivi de la description du célèbre scénario dit de la sélection des transports en vue du gazage immédiat (§ 58 à 66). Cet événement se produit en même temps qu'une nette amélioration des conditions matérielles et morales dans le camp (§ 67 à 70). Mais l'envers du décor, c'est l'apparition des sélections pour la chambre à gaz, par où passent tous les Tchèques et les Tziganes (§ 71 à 81). Des évasions «pour crier au monde la vérité» (§ 82 à 84). Sélection des enfants (§ 85 à 88) et des femmes (§ 95). Expérimentations sur les détenus (§ 89 à 94). Sabotage des crématoires (§ 96 à 98). Le génocide des juifs de Hongrie brûlés dans des fosses gigantesques et «kilométriques», et reproche aux Alliés de n'avoir pas détruit le camp d'Auschwitz dans sa totalité (§ 98 à 105). La banalisation des massacres (§ 106 à 108). Vision «plastique» de la catastrophe (§ 109). Bref : la préméditation et la perfidie allemandes dans la préparation du massacre font de celui-ci une monstruosité unique dans l'histoire de l'humanité (§ 110 et 111).


647 Thèse génocidale Telles sont les grandes lignes du «Grand récit vécu». Quelle est maintenant la thèse génocidale telle qu'elle est conçue par Hafner à travers ses divers écrits ? Nous venons de voir comment le récit sur les conditions de vie dans Birkenau signale un retournement de situation subit lors de l'érection des quatre fours crématoires annoncée dès le paragraphe 57. C'est cet événement capital qui met en branle le génocide proprement dit. Hafner en fait le critère même du plan qu'il choisit pour la rédaction de sa Thèse doctorale. En effet, celle-ci est ventilée en deux parties essentielles. La première est consacrée aux «Conditions de vie» (p. 17 à 26) et se divise en deux époques ; «Première époque : Extermination sauvage» (p. 17 à 23) ; «Deuxième époque : Extermination scientifique» (p. 23 à 26). Nous retrouvons la même division chronologique dans la deuxième partie consacrée à la «Pathologie du camp» (p. 27 à 50), mais cette fois-ci avec indication précise des limites des deux époques : «1942 – avril 1943» (p. 28) et «avril 1943 – janvier 1945» (p. 34). Cette Thèse s'achève avec quatre brefs chapitres sur la «Pathologie du camp de Femmes», «Le Camp des Bohêmes», «Les Expériences "médicales"» et, enfin, un dernier chapitre sur «La Mort à Birkenau».¶Arrêtons-nous un moment sur ce dernier chapitre qui commence par cette affirmation : «En trois ans, quatre millions d'hommes, femmes et enfants ont été tués à Birkenau». Suivent quatre modalités de mise à mort : «Les fusillés», «Les pendaisons», «Les suicidés», «Les piqûres de phénol intracardiaques» et, enfin, «Les chambres à gaz et les fours crématoires». Ce dernier paragraphe débute avec cette affirmation : «Environ 3 500 000 déportés de tous âges ont été massacrés dans les chambres à gaz». Suit alors sur une page et demie la description technique du processus de gazage «qui a été faite par le docteur Bendel, de Paris, ancien médecin du Kommando de 850 hommes, qui brûlait les cadavres» (p. 60). Le texte intégral de ce témoignage de Bendel [2] se retrouve lui aussi dans Témoignages sur Auschwitz , op. cit., p. 159-164, sous le titre : «Dr. Paul Bendel, 167 460 : Les Crématoires. "Le Sonderkommando"».¶Dans cette revue des différentes techniques de mise à mort, l'auteur a malheureusement omis de nous fournir une indication quant à la date du gazage. Par contre, il s'est montré plus disert pour ce qui est des «piqûres de phénol intracardiaques». Voici ce qu'il en dit dans le seul paragraphe qu'il leur consacre : Au début de 1943, les malades sont exterminés dans une chambre spéciale du block 8, par des injections intracardiaques de phénol. Les piqûres sont faites par un Unterscharführer SS sur des malades assis, avec une aiguille intramusculaire. Le nombre de malades ainsi tués à chaque séance varie de dix à 50. La mort est immédiate quand le SS peut injecter le phénol dans une cavité cardiaque (Thèse, 60). Remarquons l'invraisemblance d'une telle scène : peut-on imaginer une cinquantaine de personnes «dans une chambre spéciale» (mais en quoi ?) se présentant «assises» pour se faire tuer l'une après l'autre sans broncher ? Il est néanmoins curieux de constater que ce type d'extermination préfigure le scénario du gazage dans une «chambre spéciale» et l'extermination en nombre par séance. Cette méthode est datée du «début de 1943», donc juste avant le commencement de la «deuxième époque». Peut-on alors en conclure qu'il n'y a pas eu de gazage avant avril 1943 ? La réponse est un oui ferme et sans réplique, et c'est Hafner qui l'explique très clairement au paragraphe 93 de notre texte : A Birkenau, pays de la mort, on a étudié les moyens les plus modernes de tuer les hommes. A certaines époques, on faisait des injections d'acide phénique intracardiaque. Mais la méthode était trop longue, trop coûteuse et on l'abandonna en faveur de la chambre à gaz. Mieux encore, en avril/mai 1943 les installations de gazage, et en tout cas d'extermination de masse, à Auschwitz ne semblaient pas être encore en état de fonctionnement, puisque, lors de la déclaration de l'épidémie de paludisme, «après l'arrivée des Juifs de Salonique» (Thèse, 39) — qui commencèrent à affluer à Auschwitz au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars


648 1943 — on commença à rechercher «tous ces paludéens qui sont envoyés au camp de Lublin pour y être gazés» (Thèse, 40). Il a donc fallu faire faire à ces malheureux paludéens plus de trois cent cinquante kilomètres pour leur trouver enfin une installation de gazage ! Mais ce n'est pas tout. Hafner conclut ce paragraphe qu'il consacre au paludisme par cette surprenante information : En l'absence des médicaments antipaludéens, les injections intraveineuses de néo-salvarsan nous ont donné des améliorations durables. Pourquoi donc ce gazage forcené si cette épidémie du paludisme pouvait être traitée de façon satisfaisante ? Ce gazage des juifs paludéens de Salonique à Lublin est d'autant plus troublant que l'on apprend que le premier convoi à être gazé grâce aux nouvelles installations des quatre crématoires de Birkenau fut justement celui des juifs de Salonique ! Étant donné l'importance de l'information annonçant le début du gazage des convois à leur arrivée, nous citons ici in extenso le texte qui inaugure le chapitre annonçant la «Deuxième époque : Extermination scientifique» : La deuxième époque débute en mars-avril 1943, au moment où les quatre fours crématoires commencent à fonctionner. Jusqu'à cette date le régime du camp était le même pour tous les déportés, le pourcentage de mortalité ne différait que de très peu entre les différentes catégories de détenus, Français, Russes, Polonais, Tchèques, Belges et Juifs. De tous les détenus, seuls les Allemands n'étaient pas envoyés aux gaz. A partir de cette date, l'extermination par le gaz fut presque exclusivement réservée aux Juifs (en août 1944, 4 000 Bohémiens ont été gazés, ainsi que quelques transports de 100-200 Polonais et Tchèques). Cette extermination commença avec les 60 000 Juifs de Salonique, dont 50 000 en avril et mai 1943. Et suivant un rythme prévu à l'avance, presque trois millions d'hommes furent gazés en deux ans : Juifs de France, de Slovaquie, de Pologne, de Belgique, Hollande, Norvège, Finlande, Italie, Russie et même Tunisie. Le massacre atteignit son maximum en mai et juin 1944. En quarante jours furent gazés et brûlés 500 000 hommes, femmes et enfants venant de Hongrie (Thèse, 23/24). Suit la description du scénario classique du gazage des convois, depuis la sélection à la gare jusqu'à leur incinération, en passant par la fameuse voiture de la Croix-Rouge transportant les gaz mortels. Il est bien clair ici que l'extermination des transports de juifs venant des quatre coins d'Europe n'a commencé qu'en «avril et mai 1943» avec les juifs de Salonique. Sur ce point, le récit de Hafner garde une certaine cohérence. Nous avons remarqué plus haut que le récit de l'arrivée de Hafner à Birkenau — en juillet 1942 — ne mentionne guère de «sélection» pour le gaz à la gare d'Auschwitz. Cette impression que laisse Hafner de ne pas croire réellement à cette sélection pour le gaz se trouve vérifiée au paragraphe 37 où il prend comme base pour le calcul du pourcentage des décès par le travail et le manque de nourriture l'effectif total du transport des détenus arrivés à Auschwitz et non la part admise à entrer dans le camp après l'éventuelle sélection. Mais, curieusement, ici Hafner avance le chiffre de 10 % comme pourcentage des survivants aux conditions de travail après une semaine seulement de l'arrivée du transport ! Or, c'est ce même chiffre qu'il admet pour ceux qui ne sont pas gazés à l'arrivée du transport durant la seconde période dite d'extermination scientifique (§ 61). Ce fait est encore confirmé dans sa Thèse où il rappelle que : pendant l'année 1942, 90 % des hommes mouraient en moins de deux mois après leur entrée dans le camp, et la majorité — dans les dix à vingt premiers jours (Thèse, 22).


649 Les deux exterminations Le scénario de l'extermination se précise donc devant nous. Avant mars-avril 1943, il n'existait pas de gazage à l'arrivée des convois, mais le chiffre de 90 % de morts est atteint «à certaines époques au bout d'une semaine» (§ 37), ou «en moins de deux mois après leur entrée dans le camp» (Thèse, 22). C'est néanmoins ce même pourcentage qui frappera les victimes de la seconde époque. Est-ce pour autant qu'il n'existait pas de gazage durant cette «période d'extermination sauvage» ? Ici, Hafner se montre moins cohérent. Nous avons vu plus haut son affirmation sur la technique du gaz en tant que moyen d'extermination massive retenue après des essais avec des piqûres d'acide phénique intracardiaque (voy., ci-dessus, p. 108). Ceci ne semble pas contredire le fait que, dans l'esprit de Hafner, le gazage était déjà régulièrement pratiqué sur les travailleurs qui finissaient — durant la première période d'extermination sauvage — dans le block 7 d'où ils étaient amenés aux gaz. En voici le scénario : Deux ou trois fois par semaine, les camions venaient chercher ces agonisants pour les emmener aux gaz [...]. Chargés sous les coups, jetés pêle-mêle les cadavres et les vivants, ils allaient à la mort. Leurs cris étaient calmés par les coups des SS, mais bien souvent s'élevait une impressionnante «Marseillaise» chantée même par des voix non françaises. Sur les registres du camp existait une mention spéciale pour les détenus envoyés aux gaz : S. B. (Sondern [sic] Behandlung), c'est-à-dire traitement spécial. La chambre à gaz était une petite maison dans le bois. Comme gaz, on employait l'acide cyanhydrique spécialisé sous le nom de Cyclon B (Thèse, 23). Cela signifie, en clair, que durant la «première époque» les 90 % du transport mouraient dans la chambre à gaz après avoir travaillé une semaine à moins de deux mois. Ainsi, quantitativement, l'extermination de la première époque est aussi meurtrière que la seconde époque, tout au moins en chiffres relatifs. Ce qui rend la situation encore plus étonnante, c'est l'utilisation pour les deux époques de la même technique de mise à mort, celle du gazage, à la seule différence du mode d'incinération, dans des fosses pour la première époque, dans les quatre fours crématoires pour la seconde, quoique pour le gazage des «500 000» juifs de Hongrie il ait fallu pratiquement abandonner les fours au profit des fosses, moyennant leur agrandissement pour la circonstance. Étonnant témoignage de la part de Hafner : il prétend que les fours crématoires ont été érigés pour brûler plus rapidement un grand nombre de corps et, au moment où on devait en avoir le plus besoin, on les abandonne et on revient aux fosses ! Mais si donc matériellement on pouvait effectuer, par les mêmes techniques, l'extermination de la première époque et celle de la seconde, pourquoi avoir érigé ces énormes installations de massacre collectif que sont les quatre crématoires de Birkenau ? En fait, c'est sur le plan qualitatif qu'il faudrait chercher la différence. Rappelons l'appellation de ces «époques» : l'une est dite sauvage, l'autre scientifique. Certes, une «petite maison dans le bois» (Thèse, 23) a moins d'allure qu'une «immense chambre à gaz» (§ 57). En outre, nous avons vu que, quantitativement, on aboutit à la même proportion de gazage moyennant un répit de courte durée pour les travailleurs qui finissent à 90 % dans la chambre à gaz du bois. En réalité, le vrai critère retenu par Hafner pour différencier les deux «époques», c'est l'émergence de la part des Allemands de la volonté d'exterminer systématiquement les hommes à leur arrivée dans les camps. Cette volonté n'aurait pas existé durant la première époque, dans la mesure où il n'existait pas de sélection pour le gazage à l'arrivée des convois à la gare d'Auschwitz ni de sélection des détenus du camp. La construction des quatre fours crématoires symbolise en quelque sorte cette volonté de commettre un massacre systématique. Si le motif du gazage pour la première époque était l'achèvement des malades et des travailleurs moribonds, dans la seconde époque ce sont des bien portants qui sont systématiquement exterminés. Il faudrait remarquer ici que, quand Hafner affirme qu'avec la seconde époque «le


650 massacre prend des proportions gigantesques» (§ 58), cela ne correspond pas à sa propre logique qui veut que les conditions de travail, d'hygiène et sanitaires étaient telles qu'elles aboutissaient à courte durée sur la base de l'effectif d'un convoi au chiffre fatidique de 90 % de malades, donc de gazés, c'est-à-dire le même chiffre retenu pour les sélectionnés pour le gaz à l'arrivée du transport au camp. Mais peut-être Hafner entend-il que la seconde époque a connu des arrivées «gigantesques» de déportés, contrairement à la première ? Les textes de Hafner n'en donnent aucune précision. Tout se passe apparemment à la même échelle pour les deux époques.

Extermination : De l'Homme au Juif Mais, en fait, la vraie différence réside ailleurs : dans la catégorie de ceux qui sont gazés. Tout d'abord, ce sont les juifs qui bénéficieront de l'exclusivité du gazage dans la toute nouvelle chambre à gaz : A partir de cette date [de mars-avril 1943], l'extermination par le gaz fut presque exclusivement réservée aux Juifs (Thèse, 23). alors que : Jusqu'à cette date, le régime du camp était le même pour tous les déportés, le pourcentage de mortalité ne différait que de très peu entre les différentes catégories de détenus, Français, Russes, Polonais, Tchèques, Belges et Juifs. Hafner sous-entend par là que l'arrêt du gazage des détenus de toutes nationalités au profit des seuls «Juifs» a dû entraîner un différentiel de mortalité entre les juifs et les autres. L'idée d'une telle distinction dans le sort des juifs par rapport à celui des non juifs semble n'être, en fait, qu'une acquisition tardive chez Hafner. Son récit de 1945 ne comporte aucune mention distinguant juifs des non juifs. Bien au contraire, Hafner a même tenu à condamner une telle idée de distinction dans le traitement en affirmant que c'est celle-ci que les Allemands voulaient imposer entre juifs et non juifs afin de briser «l'union que l'homogénéité de souffrance a fait apparaître» (§ 77 ) entre juifs et non juifs. Une telle «homogénéité de souffrance» exclut manifestement l'existence d'un gazage exercé exclusivement contre les juifs, et Hafner n'aurait pas manqué de signaler une telle éventualité dans le paragraphe 77 en guise d'illustration de cette éventuelle volonté de séparation. Mais déjà dans ce même paragraphe une évolution caractéristique est perceptible entre le texte de 1945 et celui de 1946. C'est dans le texte de 1946 que Hafner introduit le terme d'aryens en remplacement de la dénomination de non-juifs, première étape vers une judaïsation de l'extermination, qui acquiert sa plénitude dans la Thèse. En effet, nous pouvons même parler de deux thèses chez Hafner qui sont loin de se recouper : celle exprimée dans son récit et celle de sa Thèse. Dans son récit, l'extermination dans la toute nouvelle «immense» chambre à gaz n'a pas pour victimes privilégiées les juifs, mais ceux qui l'ont construite, leurs femmes et leurs enfants, et certainement, eux-mêmes (§ 57), [la] fureur/haine hitlérienne [...] se tourne maintenant [avec les nouveaux fours crématoires] contre les plus dangereux ennemis du régime : les enfants, les bébés (§ 58). et aussi : jour par jour, pendant quatre ans, dans ce petit village de Pologne, ont été assassinés des milliers et des dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, jeunes et vieux, de toutes les religions, de toutes les nationalités, de tous les coins de l'Europe (§ 7). Femmes, enfants et bébés, telles sont les victimes spécifiques des nouvelles installations de l'extermination massive. On est loin de la thèse de l'extermination juive développée dans la dissertation doctorale.


651 Vie normale à Birkenau En bref, l'extermination des moribonds de la première époque dans une modeste chambre à gaz perdue dans un bois laisse planer un doute quant à la volonté des Allemands d'exterminer l'homme en tant que tel, homme symbolisé par les femmes, enfants et bébés. Les quatre fours crématoires avec leur «immense» chambre à gaz se chargeront d'enlever toute équivoque à ce sujet.¶Cette clarification théorique se heurte toutefois à un événement qui contredit parfaitement ce résultat : c'est l'amélioration spectaculaire des conditions de vie à Auschwitz durant la seconde «époque», celle des années décisives de 1943 et 1944. C'est ce qu'annonce Hafner au paragraphe 67 : Cependant qu'à côté de nous ce gigantesque massacre se déroule — le plus colossal que l'histoire ait connu — la vie dans les camps s'améliore : la nourriture, les conditions d'hygiène sont meilleures, le travail beaucoup plus facile, et, surtout on interdit de battre. Dans ce même paragraphe, il nous informe de l'existence à Birkenau d'un «terrain de football, piscine et orchestre». Comment justifier cette amélioration ? Hafner l'imagine dans un procédé diabolique visant à donner le change aux nouveaux transports destinés aux gaz. A l'arrivée, et contrairement aux récits horrifiques de la littérature holocaustique, il voit les nouveaux détenus, des «milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui tranquillement, calmement, en ordre, sans se douter de rien, vont à la mort» (§ 59). Donc point de brutalité, point de scènes de séparation, de cris de désespoir et de hurlements qui font partie des scénarios classiques. Les nouveaux arrivants témoignent eux-mêmes «de la correction des Allemands qui avaient mis des voitures à la disposition des malades et des enfants» (§ 61). Ainsi, il «est difficile de décrire tout le réconfort que pouvait apporter à ces malheureux la voiture ambulance de la Croix-Rouge, les refrains d'une valse de Strauss exécutée par l'orchestre des détenus, et le spectacle d'un match de football disputé à l'ombre des fours crématoires» (Thèse, 64). L'enfer a donc brusquement cessé à Auschwitz. Dès le début du mois d'avril 1943, brusquement il est interdit de battre. Quoique cette interdiction soit plutôt théorique, nous n'assistons plus qu'exceptionnellement aux scènes de cruauté et de sauvagerie, auxquelles nous étions habitués. L'interdiction de frapper a un résultat pratique immédiat : le rythme de travail ralentit. Des nouveaux camps sont créés. Au lieu de 1 000 ou 1 200, les blocks ne contiennent plus que 300 à 600 détenus. Des douches et une installation primitive de lavabos permettent aux déportés de se laver. Le linge est changé environ tous les quinze jours, mais l'hiver, les détenus sont toujours très insuffisamment habillés. La lutte contre les poux est devenue efficace. Un bâtiment de grandes dimensions, contenant plusieurs autoclaves et une salle de douches, a été construit. En entrant, les détenus quittent leurs vêtements ; ils sont ensuite complètement rasés, passés à la douche, désinfectés au «cuprex» et reçoivent ensuite leurs vêtements désinfectés. Les blocks le sont aussi à l'acide cyanhydrique — le même qui sert à tuer les hommes. Les cas de typhus deviennent rares. La nourriture est plus abondante ; deux fois par semaine les détenus qui travaillent reçoivent 600 grammes de pain et 40 grammes de saucisson. De cette façon la ration journalière apporte 1 400 à 1 500 calories par jour. Les détenus polonais, tchèques et allemands sont autorisés à écrire à leurs familles et à recevoir des colis, dont le nombre va augmentant. L'évolution des maladies sera différente suivant que le détenu reçoit ou non des colis. Un hôpital est créé, qui constitue un camp à part. Dans quinze blocks sont alités environ 2 000 malades. Il existe des blocks chirurgicaux, des blocks de médecine, de tuberculose, de maladies infectieuses et de diarrhéiques. Les médecins peuvent, enfin, se consacrer à la médecine. En général, leur activité se réduit à établir un diagnostic. Ils sont des cliniciens, mais les moyens thérapeutiques leur manquent.


652 Une partie des médicaments apportés par les nouveaux déportés est accordée à l'infirmerie du camp. Les médicaments existent quoique insuffisamment. [...] Quoique cela puisse sembler paradoxal, les blocks chirurgicaux sont assez bien outillés. Bien que nous n'ayons jamais pu obtenir une stérilisation des pansements, ni des salles d'opération aseptiques, des opérations importantes : laparatomies, hysterectomies, ostéosynthèses, sont effectuées avec un résultat satisfaisant. Depuis 1944, un poste de radiologie et un laboratoire existent dans le camp. D'autre part, nous pouvons demander des analyses au laboratoire de l'Institut d'hygiène d'Auschwitz (Thèse, 24/25). J'ai vu des cas où les malades étaient très bien traités (dans des fractures complexes ouvertes, appareils de réduction compliqués, ostéosynthèse) et pendant longtemps (§ 92). Autre installation sanitaire : «Un camp de quarantaine pour les nouveaux arrivés existe depuis août 1943» (Thèse, 16). Le typhus est vite maîtrisé : Le typhus exanthématique a existé dans le camp à l'état endémique, mais la courbe de morbidité a été parallèle à celle de la pédiculose. Tous les détenus en étaient atteints en 1942 et au début de 1943. En 1944, les cas de typhus sont rares (Thèse, 38). Pour traiter les tuberculeux : des médecins construisent un appareil à pneumothorax fait avec deux ampoules de 500 cc de sérum physiologique, réunies par une tuyauterie en caoutchouc et des robinets de canules à lavement. Grâce aux insufflations, l'état de quelques malades est amélioré ; chez d'autres les insufflations provoquent la sédation des douleurs. (Thèse, 41). La typhoïde est totalement éradiquée : «En 1943 tous les détenus sont vaccinés contre la typhoïde» (Thèse, 39). Les femmes, loin d'être exterminées, occupent un camp propre à elles, avec un block de gynécologie (Thèse, 51). Pour éviter la mort des détenues, les femmes-médecins détenues aussi, provoquent des avortements. A partir de 1944, l'avortement devient obligatoire par ordre des médecins SS. Et contrairement au scénario des sélections des femmes enceintes à leur arrivée à Auschwitz, Hafner cite le cas d'une «Juive enceinte de six mois à son arrivée au camp» (Thèse, 52). Chaque malade a un dossier médical méticuleusement annoté. Les médecins qui font montre de négligence dans leur travail sont sévèrement punis. Hafner nous raconte au paragraphe 81 le sort de médecins détenus du camp des Tziganes «qui n'avaient pas su empêcher la propagation de quelques cas de trachome. Ces médecins ont été envoyés dans le commando de punition où plusieurs sont morts».

Gazage quand même Mais heureusement tous ces efforts hygiéniques et sanitaires sont réduits à néant par le spectre omniprésent de la sélection pour le gaz. Si le gazage de la première «époque» avait un critère rationnel, celui de la maladie ou de l'affaiblissement, le nouveau gazage se caractérise essentiellement par l'absence de tout critère : c'est le gazage pour le gazage, même si cela pouvait être contraire aux intérêts bien compris de ceux qui en sont les auteurs. Des opérations longues et coûteuses sont effectuées sur des malades. Ils guérissent. On les gaze (§ 92). Parfois un critère irrationnel est avancé : «Un jour, le médecin du camp décide que tous ceux qui [dans un camp d'enfants] ont moins d'un mètre vingt doivent être tués le jour même» (§ 88). Ce n'est plus la maladie qui décide du gazage, mais c'est le gazage qui dispose de la maladie. Ainsi, «quand les malades ne sont pas envoyés aux gaz, le pourcentage de guérison est important» (Thèse, 35).


653 Mais, comment Hafner a-t-il pu doser un moindre gazage, pour rendre possible l'exercice de la médecine, avec davantage de gazage, pour compenser aux yeux du public l'amélioration manifeste de la vie du détenu ? Tiraillé des deux côtés, l'auteur s'en sort comme il peut : Les sélections pour les gaz sont plus rares [dans la deuxième époque]. C'est pour cette raison que les malades n'hésitent plus à aller se faire soigner à l'hôpital. Mais de temps en temps, tous les mois ou tous les deux mois, 70 à 80 % des malades sont gazés. Quand le chiffre nécessaire pour les gaz n'est pas atteint, les médecins allemands choisissent parmi les travailleurs qui sont maigres ou qui présentent des dermatoses (Thèse, 25). Et même les bien portants n'échappent pas à la fatalité du gaz : «de temps en temps, les Allemands font un choix parmi les malades, parmi les bien portants, et les hommes faibles» (§ 71). Le gazage s'abat sur l'hôpital non seulement en exigeant un pourcentage, mais aussi un effectif minimum de victimes. Citons encore deux exemples où le gazage a frappé en nombre et sans raison apparente. Le premier concerne l'extermination des Tziganes. Le camp des Bohémiens est séparé du camp des hommes par des fils de fer barbelés ; entre nos blocks se trouve une distance de quatre mètres. Et pourtant, d'autres lois, d'autres habitudes règnent dans le camp des Bohémiens, et une pathologie particulière s'est développée chez eux. Le camp des Bohémiens est un camp familial ; on voit ensemble des vieillards et des nourrissons, des hommes et des femmes. Tous ont gardé leurs costumes variés, pittoresques et leur mépris de l'hygiène. La promiscuité est plus grande que dans les autres camps, du fait qu'ils restent presque tout le temps dans leurs blocks. Ils ne travaillent pas et, en général, ne sont pas battus. Malades, on ne les envoie pas aux gaz. Leurs rations alimentaires sont les mêmes que dans les autres camps, mais ils ont le droit de recevoir des colis et, pour les enfants, il existe du pain blanc et une soupe spéciale. L'activité médicale dans ce camp est dirigée par le professeur Epstein, de la Faculté de médecine de Prague, qui est détenu dans le camp. Grâce au fait que l'un des médecins SS est un de ses anciens élèves, il obtient des médicaments en plus grande quantité et, surtout, des régimes alimentaires spéciaux pour ses malades et pour les enfants (Thèse, 53). Cette image des Bohémiens contraste passablement avec la mortalité annoncée au paragraphe 80, et ce n'est certainement pas les «quelques cas de trachome» (§ 81) qui auraient justifié cette mise à mort délirante ! Même scénario dans le camp des juifs de Theresienstadt, avec la décision d'un massacre aussi absurde qu'instantanée. Au mois de septembre 1943, arrivent de Theresienstadt plus de quatre mille juifs tchèques, beaucoup d'entre eux décorés de la Croix de Fer allemande de l'autre guerre. Contrairement aux habitudes, tous entrent dans le camp, même les vieillards, les malades, les bébés. On crée pour eux un camp de famille, les hommes avec les femmes. Ils gardent les cheveux longs, ils ne travaillent pas, ils peuvent écrire et recevoir du courrier. Pour les enfants, des institutrices, des jardins d'enfants, un hôpital moderne modèle, un théâtre. Et tous ces avantages les séparent de nous. Nous ne comprenons rien. C'est tellement beau, tellement inaccoutumé, ce régime de faveur, que dès le début nous sentons le désastre. Six mois après, jour pour jour, le 7 mars 1944, le jour de la fête nationale de la Tchécoslovaquie, tous sans exception sont envoyés aux gaz (§ 78 et 79). Relevons toutefois que, dans sa Thèse (p. 16), Hafner contredit cette dernière affirmation en rapportant une extermination de ce camp en deux temps, en mars et en juillet 1944.


654 L'absurde extermination Le gazage surgit comme une opération absurde, irrationnelle, une calamité quasi naturelle pour laquelle il est aussi absurde de se poser la question du pourquoi que pour un tremblement de terre. En cela, Hafner présente une image de l'extermination qui diffère sensiblement de l'idée désormais classique que l'on en a de nos jours, celle d'une «haine raciale» dirigée contre les juifs, une œuvre d'«antisémitisme» poussée à son paroxysme. Le détenu 51 182 conclut son récit en se posant des questions sur la nature de l'homme, sa nature cruelle et méchante (§ 111). Cette réflexion, qui paraît de nos jours insolite, est poussée encore plus loin en conclusion de sa Thèse, affirmant que : Pour nous, la monstruosité d'Auschwitz réside dans le fait que ce massacre ait été conçu et réalisé par des hommes. Pour nous, la surprise atroce d'Auschwitz a été de constater que la culture n'a pas amélioré l'homme. Bien au contraire, c'est grâce à la culture et au stade actuel du développement technique, que ce cataclysme humain a été possible. C'est pourquoi nous considérons d'une extrême gravité cette déviation pathologique de notre culture, de notre civilisation, cette absence complète de morale. C'est pourquoi nous croyons que le phénomène d'Auschwitz mérite d'être étudié avec une attention particulière, car il pose d'une façon angoissante le problème de l'homme (Thèse, 64). Cette idée d'être victime de la technique sera reprise plus tard par les idéologues de la Shoah, faisant de la chambre à gaz l'ultime invention de l'homo faber , et fondant ainsi deux espèces humaines, l'Homme et le Juif. L'on a vu plus haut que ce processus de racialisation de l'expérience concentrationnaire est perceptible chez Hafner lui-même dans la version 1946 de son récit. L'humain, la technique, la culture, poussés à leurs limites ultimes, s'avèrent être subitement des monstres. Tel est l'enseignement fondamental tiré par Hafner de son expérience concentrationnaire. C'est cette trame qui est pourtant au cœur de son «témoignage», de son message. C'est l'horreur qui prend figure d'une plate banalité, c'est le monstre qui prend figure d'être humain, c'est le crime qui se renie lui-même.

Le piège de la perfidie La monstruosité d'Auschwitz n'est pas dans une monstruosité qui se serait étalée au grand jour face à ses détenus, mais dans la capacité d'Auschwitz à dissimuler de façon permanente et perfide ce qui est monstrueux en lui. Le phénomène d'Auschwitz est une tromperie de bout en bout, du début du processus jusqu'à la fin. L'organisation et la vie d'Auschwitz sont de simples décors. Les camps de travail, de séjours familiaux, comme ceux des Tziganes, des juifs de Theresienstadt, le camp hospitalier, le camp des femmes, celui des enfants, des handicapés, les installations sanitaires comme celles de désinfection, de crémation, des bains, des buanderies, les installations de cuisine, des sports (piscine, football, volley-ball) et des loisirs (cinéma, théâtre, orchestres de musique classique, cabaret, bibliothèque, journaux, radio) et même un service postal international, tout cela entre dans la catégorie de la dissimulation, de la comédie, un chef d'œuvre de tromperie, mais tout en restant réel. Comment pouvoir, dans ces conditions, communiquer sa douleur, sa souffrance au milieu de cette insondable et plate banalité ? Comment prouver sa souffrance morale dans un tel «décor» de vie normale quand on a subi l'humiliation de l'étoile jaune, de la traque, de l'internement, du transport forcé et surtout de la détention, une véritable «descente aux enfers», une expérience «dantesque» où le citoyen honorable respecté et respectable est transformé du jour au lendemain en un numéro anonyme — gravé sur sa chair —, tondu, accoutré d'un habit de bagnard, blessé dans sa pudeur quand il doit faire ses besoins dans un lieu public ou se mettre


655 nu devant ses camarades, se soumettre à une discipline militaire et à un cheffaillon inculte, arrogant, méprisant l'intellectuel et le bourgeois, quand il faut se mettre à l'école de la débrouillardise et de la lutte pour la survie alors qu'on a vécu dans le respect de la loi, se battre pour un supplément de soupe, briser toutes conventions sociales, partager son lit avec des inconnus, sacrifier, voire pervertir ses habitudes sexuelles, rester sans nouvelles de sa femme, mari, enfants, parents... ?

Le prix de la douleur Tel est le drame du témoin d'Auschwitz : comment pouvoir faire payer cher une douleur que le système concentrationnaire génère en tant que tel, en tant que système qui bouleverse les habitudes du citoyen, du civil, de l'homme libre ? Telle est la perversité suprême de ce système : il ne donne pas droit à réparation d'un tel préjudice, puisque telle est sa propre nature, sa propre loi, sa loi universelle. Le témoin d'Auschwitz est celui qui découvre avec stupeur être victime d'une gigantesque escroquerie morale et politique du fait du système concentrationnaire. Commence alors le travail de culpabilisation, de satanisation et d'accusations passionnellement haineuses et amères contre l'ennemi, seul moyen de faire connaître et faire valoir sa douleur morale. Le «témoignage» de Hafner vibre en entier de cet appel pathétiquement désespéré à la reconnaissance de cette douleur morale qui explose dans son texte en un feu d'artifice d'expressions rageuses, de colossal massacre, monstrueux et inhumain cauchemar, énormité de la sauvage tuerie, brutalité, sauvagerie, summum d'inhumaine souffrance, hallucinante catastrophe, phénomène exceptionnel et pathologique, horreur, affreux calvaire, assassinat froidement prémédité et calmement exécuté, cataclysme, la plus affreuse, la plus définitive création du régime hitlérien, profond précipice, désastre (§ 1 à 9). Bien sûr que Hafner a souffert physiquement du fait du système, mais aussi des dépassements parfaitement répréhensibles mais compréhensibles dans toute société civile et a fortiori dans un milieu concentrationnaire — camps militaires, prisons, bagnes et ... camps de concentration — sans compter l'état de guerre ! Mais ce n'est pas là son vrai propos ; c'est sa souffrance morale : «dès le premier jour de notre calvaire, la souffrance morale dominait la souffrance physique» (§ 16), clama-t-il à qui voulait l'entendre. C'est ce «monde incompris et incompréhensible» (§ 17), cette «angoisse, — douleur sourde — lancinante de se sentir un bagnard» qui fait problème, parce que incommunicable, ineffable. Il faut écouter Hafner raconter le choc du premier contact avec un monde «incompris et incompréhensible» qu'est le milieu concentrationnaire : L'arrivée à Birkenau donnait l'impression d'une brusque chute, d'un effondrement au creux d'un profond précipice. On sentait le désastre, le cataclysme, sans savoir encore qu'il serait si atroce (§ 12). A l'entrée [de Birkenau] auraient dû être gravés plus que partout ailleurs les mots fatidiques de Dante : «Lasciate ogni esperanza, voi che entrate». Et toujours cette angoisse, cette sensation de chute, de rupture de tout contact avec le monde civilisé (§ 12). Le choc était imprévu et difficile à supporter (§ 15). Mais cette angoisse — douleur sourde — lancinante de se sentir un bagnard était insupportable (§ 18). Ce choc a été plus ou moins bien ressenti par les déportés selon leurs conditions sociales, professionnelles, et de civilisation d'origine. Mais Hafner ne semble pas, on le voit, avoir accepté facilement cette singulière expérience et il n'a cessé de s'étonner que d'autres aient pu vivre plus sereinement la même expérience :


656 Dans ce milieu où des dizaines de milliers d'hommes vivent dans l'angoisse permanente des souffrances et de la mort, on pourrait s'attendre à voir un nombre important de cas d'aliénation mentale. Or, malgré cette vie pleine d'incertitude et d'angoisse, malgré l'effort psychique et émotif considérable continuellement demandé à ces malheureux, nous n'avons pas vu, dans le camp, se déclarer d'état psychopathique caractérisé. [...] Nous avons dû faire un effort considérable pour croire que le système nerveux des hommes puisse supporter pendant si longtemps des émotions, des chocs si violents, si variés, répétés avec une fréquence inaccoutumée (Thèse, 48). Et de conclure sur un ton quelque peu désabusé : Il est certain que tous ces malheureux ne se rendent pas compte de tout ce qu'il y a d'exceptionnel, de pathologique et de colossal dans la tragédie qu'ils vivent (Thèse, 49). Hafner, lui, a manifestement mal supporté sa condition de détenu à Birkenau, malgré les privilèges matériels mais aussi moraux dont il dut bénéficier au sein du système en tant que médecin traitant. Ajouter à cela le sentiment de culpabilité qu'il n'a cessé d'éprouver dès sa libération, non pas tant pour avoir échappé à la mort que pour avoir servi pendant 28 mois le système concentrationnaire et avoir appliqué les directives qui lui étaient soumises. Voir à ce propos la pathétique adresse aux malades, rappelant «vos cris, vos hurlements, votre Marseillaise, si courageusement chantée, résonnent encore dans mes oreilles, et troublent mes nuits d'insomnies» (§ 50). Ce sont ces multiples tensions morales qui font du camp de concentration une monstruosité sur laquelle on décharge ses douleurs, ses ressentiments et ses haines longuement accumulées, mais aussi ses remords. Mais cette monstruosité n'est malheureusement que de l'ordre de l'affect, pas du tangible, pas une chose historique. C'est une passion que l'Histoire ne saurait comptabiliser dans ses annales. C'est justement pour rendre cette monstruosité un fait comptable que la chambre à gaz s'est imposée comme un fait historique par excellence, une donnée incontournable, un impératif catégorique. La chambre à gaz apparaît comme la «preuve» du vécu insondablement douloureux de l'expérience concentrationnaire, comme la preuve de la souffrance improuvable, celle du civil agressé par le mode de vie militaire et carcéral du camp de concentration. Mettre en doute la chambre à gaz, c'est nier la fonction du camp de concentration en tant que lieu de «massacre» de la personnalité du civil et du citoyen, du père et du mari. Le camp de concentration est génocidal en ce sens qu'il détruit les valeurs sociales, le statut civil, personnel ; il se moque de la respectabilité ... La chambre à gaz est une machine à occulter le crime autant qu'elle l'exprime. En ce sens, la chambre à gaz incarne l'anonymat du crime, mais pour mieux le souligner. C'est le symbole d'un crime tombé dans l'anonymat, mais en même temps son signe matériel, sa partie double, sa pièce comptable. C'est le billet de banque par rapport à l'or : son signe. Elle est pour l'«atrocité» des camps ce qu'est la monnaie pour la marchandise : un objet d'échange. Comment croire ? C'est ce passage de l'allégorie au «réel», de la monstruosité à son incarnation dans un objet qui fait du combat des croyants dans la chambre à gaz une aventure tragi-comique, pathétique mais non moins maléfique et dangereuse. Touchante est la revendication de Hafner d'une expérience «exceptionnelle et pathologique» (§ 3), d'une «logique et conception» (§ 4) inconnus. Touchante aussi quand il reconnaît que lui-même n'est arrivé à y croire qu'après une longue réflexion et déduction : Nous-même nous n'avons pas voulu le croire, même quand nous avons vu mourir l'un après l'autre nos chers camarades (§ 6).


657 Des mois entiers nous avons cru que les atrocités qu'on voyait étaient dues à l'excès de zèle de quelques subalternes (§ 44). Pour trouver enfin la preuve de la réalité du gazage, il s'entretient avec les hommes du fameux Sonderkommando chargé du gazage, et ils lui ont avoué qu'ils déterraient en ce moment les douze mille cadavres de prisonniers de guerre russes tués dans le camp en 1941, et qu'ils les brûlaient, ainsi que les cadavres de tous nos camarades (§ 48). On s'attendait à un aveu sur le gazage, mais ils n'ont parlé que d'incinération. Sans doute en 1945 l'incinération avait-elle une force symbolique aussi grande que le gazage. Puis, Hafner nous révèle au paragraphe 49 que l'extermination des malades n'était pas le fait d'une constatation propre, mais d'une déduction qu'il dit «accepter» au vu des transports des malades. Et au paragraphe 57 il parle des victimes qui meurent «sans comprendre, sans réaliser ce qui se passe», sans savoir qu'elles sont victimes d'une extermination préméditée. Nous rejoignons ici le monde «incompris et incompréhensible» de Hafner, qu'il n'a dû, lui-aussi, «comprendre» qu'après coup. Comment arriver à convaincre les déportés qu'ils vivent à leur insu un des moments les plus dramatiques et les plus horribles de l'histoire de l'humanité quand tout est si normal et si rassurant dans la vie du camp ? Comment leur faire comprendre que ce bien-être «cache une ruse», celle de leur faire «croire que là-bas, dans la forêt, on brûle déjà ceux qui sont arrivés en tête du convoi ?» (§ 67) «Pourquoi cette amélioration ?» s'interroge Hafner sur la spectaculaire amélioration de la vie du détenu en 1943 et 44, et de répondre : Notre impression personnelle est que les milliers de détenus enfermés dans les camps devaient servir à rendre confiance aux milliers d'hommes, femmes et enfants journellement destinés aux fours crématoires. Comment les nouveaux arrivés auraient-ils pu deviner le sort qui les attendait en voyant ces camps propres, avec leur orchestre, leur piscine et leurs terrains de football ? (Thèse, 26). Auschwitz serait aménagé en un camp exemplaire et rassurant uniquement dans le but de tromper les nouveaux arrivants sur leur chemin entre la gare et les fours crématoires ! Ce serait grâce à la bonne vie que menèrent les détenus des camps d'Auschwitz que «des millions d'hommes, dont beaucoup venaient des champs de bataille ou du maquis, se sont laissés si facilement massacrer» (Thèse, 64). Et cette bonne vie menée par les détenus était d'autant plus sereine qu'ils n'avaient rien su et rien vu des arrivages de ces millions de personnes. Si «tous ces malheureux ne se rendent pas compte de tout ce qu'il y a d'exceptionnel, de pathologique et de colossal dans la tragédie qu'ils vivent» (Thèse, 49), comment auraient-ils pu en effet se rendre compte de la tragédie des millions de gens promus aux gaz dont ils n'auraient vu que le calme et le bon ordre ? Hafner lui-même n'a rien su de tout cela, ni même de sa propre «tragédie» et il le reconnaît à demi-mot quand, après avoir évoqué la tentative de sabotage des crématoires qui s'est soldée en octobre 1944 par un échec, il enchaîne : «Aujourd'hui, combien insignifiante, combien symbolique me paraît cette action par rapport au grand massacre que nous avons vécu» (§ 98). Pourquoi donc seulement «AUJOURD'HUI» ? N'est-ce pas parce que, précisément, c'est seulement aujourd'hui et pas hier que le «grand massacre» a été su et «vécu» ? Hafner sincère ? Hafner n'a su qu'après coup l'horreur et la monstruosité de sa propre expérience concentrationnaire. Peut-on conclure que son témoignage n'est pas sincère ? Poser une telle question, c'est s'interroger sur l'état psychique des détenus fraîchement libérés de leur captivité. Ils sont encore sous l'effet du syndrome concentrationnaire où dominent les phobies, les angoisses, les blessures psychiques profondes, surtout lors de la première phase d'adaptation.


658 Ces phobies et vécus délirants se renforcent dans des terrains plus propices et surtout chez ceux qui, à un moment ou un autre, ont souffert de maladies infectieuses qui souvent attaquent les centres nerveux comme le typhus exanthématique qui «a existé dans le camp à l'état endémique [...] Tous les détenus en étaient atteints en 1942 et au début de 1943». Une des caractéristiques sémiologiques du typhus est le : délire onirique systématisé, violent ou calme. Ce délire, à thème politique le plus souvent, accompagné d'hallucinations visuelles et auditives, aboutit à des tentatives fréquentes de suicide. Les fours crématoires, les cadavres, les souvenirs de la vie civile et les colis occupent une place prédominante dans les thèmes de ces délires. Dans certains cas des idées délirantes d'organisation de la vie sociale et d'amélioration de la vie humaine. Au moment de la guérison, ces idées délirantes, véritables idées fixes, persistent chez le malade devenu lucide (Thèse, 38). Nous avons remarqué plus haut que Hafner ne disait rien sur sa propre vie au camp et nous ne savons guère quels types de maladie il a pu contracter. Mais, de par sa fonction, il ne pouvait qu'en avoir accusé le contre-coup d'une manière ou d'une autre, surtout quand il reconnaît que «nous avons vu des milliers de cas de typhus» (Thèse, 38). Certes, Hafner exagère-t-il quant au chiffre mentionné, comme c'est souvent le cas pour les autres estimations numériques avancées dans son récit ou dans sa Thèse doctorale, mais il n'en demeure pas moins qu'il fut sans doute en contact rapproché et permanent avec ses patients typhiques. S'il n'en a pas contracté luimême la maladie, il a dû donc sans doute au moins en accuser le coup. C'est d'autant plus probable qu'il exerça la médecine dès 1942, l'année où «tous les détenus y étaient atteints du typhus» (Thèse, 38). Il était aussi l'un de ces détenus. Hafner délirant ? Nous en avons la conviction. Ce ne serait pas surprenant outre mesure, vu l'époque de la guerre et des bouleversements apocalyptiques devant lesquels la vie des camps apparaît un havre de paix. Et qui pouvait ne pas en recevoir le contre-coup ? La déportation, dans ces conditions, prend moralement l'allure d'un voyage au bout de l'enfer. Ajoutons à cela des maladies qui catalysent ces sentiments d'«angoisse» et font des camps le lieu d'«une brusque chute, d'un effondrement au creux d'un profond précipice», pour reprendre cette belle et forte expression de Hafner. Le choc émotionnel fut tel que notre médecin-détenu en était venu à s'interroger le plus sérieusement du monde sur la possibilité d'une variation des lois naturelles de la médecine et de la pathologie dont Auschwitz aurait été le théâtre. Sur ce point, sa réponse est formelle : aucune étrange maladie ne s'y est manifestée : Il n'existe pas une pathologie particulière des camps de concentration. Nous n'y avons rencontré aucune maladie nouvelle et l'évolution clinique des maladies correspondait dans ses grandes lignes aux cadres classiques (Thèse, 12). C'est sûr, les lois de la nature n'ont pas bougé et «les grandes lois de la pathologie nous ont paru immuables» ! (Thèse, 27). Quand Hafner ne cesse de brandir la chambre à gaz à tout propos, il est peut-être sincère. Quand il parle de trois millions et demi de gazés à Birkenau, il est aussi peut-être sincère. Quand il fait coucher huit personnes dans un lit d'«un mètre carré et demi» (Thèse, 8), il est peut-être encore sincère ... Mais quand il reproche amèrement aux Alliés de n'avoir pas bombardé le camp d'Auschwitz avec ses 100 000 détenus, et y compris lui-même, on commence alors à se poser des questions sur la profondeur de sa morbidité holocaustique. L'hallucinée monstruosité L'intérêt, tout l'intérêt de ces témoins d'Auschwitz, c'est qu'à travers leur propre conviction de la «monstruosité» de ce camp, incarnée dans la chambre à gaz, ils nous offrent la plus belle démonstration ad hominem du caractère hallucinatoire et pathologique de leur vécu et de leurs croyances.


659 L'expérience concentrationnaire a sans doute été plus ou moins traumatisante pour la majorité des déportés, et ce, non pas tant — comme l'a indiqué Hafner lui-même — sur le plan matériel, mais aussi sur le plan moral. A la fin de la guerre, les détenus avaient pris progressivement conscience du danger que leurs souffrances ne se trouvent englouties dans l'océan de sang, de douleur et de destruction qui submergea l'Europe à la fin de la guerre. Le cri strident qui s'éleva d'une foule d'anciens détenus dénonçant l'horreur des camps n'avait aucune chance d'être écouté tant que ces horreurs auraient fait partie de l'horreur universelle des guerres. Il fallut alors inventer une raison qui pût distinguer, de façon radicale et principielle, l'horreur des camps de l'horreur «banale» de la guerre. Les camps étaient une institution de concentration et d'internement de certaines catégories de populations civiles à risque. Ils étaient soumis à une discipline quasi militaire et devaient assurer plus ou moins leur auto-suffisance matérielle, outre l'obligation de fournir de la maind'œuvre pour l'industrie militaire ou civile. Rien dans cela ne dénote une volonté particulière d'homicide ou d'extermination de masse. Dans un premier mouvement, on a cherché à exploiter les conditions de pénibilité du travail, du manque de nourriture, de l'insuffisance des soins et de l'hygiène pour fonder une volonté homicide de la part, soit des autorités des camps seuls, soit de la SS en tant que telle, soit du régime nazi, avec la complicité plus ou moins tacite du peuple allemand. Mais, une telle argumentation ne pouvant fonder sérieusement un tel crime, il a fallu recourir à l'idée d'une mise à mort massive au moyen d'un acte homicide. Or, même dans cette hypothèse, le risque est important de voir apparaître une forme de banalisation de la «monstruosité» d'Auschwitz par rapport aux massacres de la guerre. Hafner a tenté de brandir le nombre de morts — quatre millions de personnes — comme critère décisif de l'unicité de cette monstruosité. C'est ce qu'il a proclamé triomphalement dans les deux premières phrases de l'introduction à sa Thèse : Dans l'histoire de la dernière guerre, le Camp d'Auschwitz- Birkenau constitue une des pages les plus douloureuses, les plus monstrueuses de l'humanité. En trois ans, dans ce petit camp, ont été massacrés quatre millions d'hommes, femmes et enfants (Thèse, 11). Et de préciser encore sa pensée vers la fin de sa dissertation : En trois ans, quatre millions d'hommes, femmes et enfants ont été tués à Birkenau. Il suffit de se rappeler que les forces britanniques ont eu, au cours de cette guerre, 336 722 tués, que les États-Unis, de Pearl Harbour à la fin de la guerre en Europe, ont perdu, sur les champs de bataille, 214 000 morts, pour se rendre compte de la grandeur du massacre d'Auschwitz » (Thèse, 59). Nous voyons donc ici une tentative claire visant à isoler l'événement Auschwitz du cours de la guerre en s'appuyant sur un argument statistique que l'historiographie n'a cessé depuis lors d'infirmer en réduisant le nombre des morts dans les camps de concentration et en augmentant le nombre des victimes de la guerre. Mais on voit que la chambre à gaz a pu servir à accréditer les deux thèses contradictoires : en expliquant le prétendu surnombre des victimes des «camps de la mort» par rapport à celles de la guerre et, d'un autre côté, en compensant moralement le nombre extrêmement réduit des victimes des camps par rapport à celles de la guerre. En conclusion L'un des apports les plus importants de Hafner, c'est d'avoir témoigné, conformément à sa connaissance parfaite — en tant que médecin — de tout ce qui se tramait dans le camp, de ce fait que les gazages massifs à l'arrivée des déportés à Auschwitz n'ont jamais eu lieu en 1942 et au cours du premier trimestre de 1943. Cela infirme catégoriquement le scénario holocaustique tel qu'il a cours de nos jours sur les massacres systématiques des 80 ou 90 % des transports durant cette période. Bien entendu, Hafner se rattrape en faisant exterminer, même


660 massivement, dans une «petite maison dans le bois» les 90 % des transports et ce, dans le cadre d'un simple achèvement des agonisants à la suite d'un travail surhumain, ce qu'aucun autre déporté n'a soutenu et imaginé. Le second apport de Hafner, c'est d'avoir témoigné de ce que la vie matérielle des détenus à Auschwitz était normale et satisfaisante en 1943 et 1944, au point que ces conditions auraient été utilisées pour rassurer les nouveaux arrivants en leur montrant, sur leur chemin vers la chambre à gaz, que la vie à Auschwitz peut, à certains moments et sous certaines conditions, être jugée non seulement supportable, mais aussi gaie et agréable (Thèse, 64). Hafner a été réellement traumatisé, comme tant d'autres déportés, lors de son premier contact avec Auschwitz et son mode de vie «dantesque» contrastant si violemment avec le mode de vie civil et encore plus «bourgeois» du bon citoyen qu'il était. Hafner était sans doute fragile moralement et son métier de médecin ne l'a certainement pas aidé à égayer son séjour auschwitzien, surtout durant la «première période», tandis que les grandes installations collectives du camp n'ont pas encore été achevées et que, de ce fait, la maladie a pu faire rage, surtout le typhus exanthématique. Il a dû contracter sans doute le syndrome délirant du typhique, ce syndrome qui se manifeste sous forme d'une fixation délirante et onirique sur la mort et se projette symboliquement sur l'image incarnée de la mort que sont les crématoires surmontés de leurs cheminées fumantes. A la fin de la guerre, il fallait faire payer à l'ennemi le prix de la douleur et de l'humiliation. De l'horreur de la guerre, il fallait faire surgir une horreur «incommensurable», et ce fut la chambre à gaz qui est venue curieusement se nicher symboliquement dans l'antre du symbole onirique de la mort : le four crématoire. Apporté sur un mode délirant, le témoignage de Hafner n'en demeure pas moins d'un grand intérêt historique. Le délire est un fait historique et son explication ne peut qu'enrichir le débat historique. En outre, le délirant organise son discours selon une logique parfaitement déterminée. Il suffit de mettre à jour cette logique pour réaliser une lecture historique du discours délirant. C'est ce que nous espérons avoir démontré à travers ce commentaire qui mériterait sans doute d'être complété par de nouvelles analyses d'autres témoignages holocaustiques. 1. Cette numérotation des paragraphes correspond à celle que nous avons adoptée dans notre édition critique de ce récit de Hafner tel qu'il est paru pour la première fois dans le journal Fraternité du 24 août 1945 (§ 1 à 50), du 7 septembre (§ 51 à 84), et du 20 septembre (§ 85 à 111). La Revue d'histoire révisionniste tient le texte de cette édition à la disposition du lecteur qui le désirerait (50 F). 2. Cf. l'étude de Carlo Mattogno sur le témoignage de ce médecin, dans Annales d'histoire révisionniste n° 5, été-automne 1988, p. 144-153. -----------------------------------------------------------------------------------Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 103-130


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VIE QUOTIDIENNE DES JUIFS ALLEMANDS PENDANT LA GUERRE (TROIS DOCUMENTS) Célestin Loos On sait qu'en mars 1933 les organisations juives mondiales décrétaient la guerre économique contre l'Allemagne. En septembre 1939, Chaïm Weizmann déclarait la guerre armée. En Europe, pendant toutes les années de guerre, la résistance juive — en particulier communiste — fut active. Pour ne prendre que cet exemple, le 13 mai 1942, onze juifs communistes appartenant au groupe Herbert Baum et au groupe Werner Steinbrinck (également appelé «groupe Franka») organisèrent l'incendie de l'exposition «Le Paradis soviétique» au Lustgarten de Berlin. Cinq civils allemands trouvèrent la mort dans cet incendie [1]. Les Allemands tenaient les juifs dans leur ensemble pour les représentants d'une puissance belligérante hostile d'autant plus redoutable que, sur le plan international, elle était dotée de moyens considérables dans le domaine financier (l'argent, nerf de la guerre) et dans celui des médias et de la propagande. Les attentats entraînaient des représailles et les représailles, de nouveaux attentats. De même que les Américains ou les Canadiens, estimant dangereuses ou hostiles les personnes d'origine japonaise, décidaient, malgré l'absence d'attentats ou de sabotages, de placer ces dernières dans des camps de concentration, de même les Allemands procédèrent-ils à l'évacuation et à la mise en camps de concentration, de travail ou de transit d'une grande partie des juifs allemands. Mais il a subsisté durant toute la guerre, au grand jour, une vie juive en Allemagne. On trouvera, ci-dessous, trois documents qui permettent de fournir une esquisse de cette vie quotidienne : un journal, un extrait de l'annuaire des téléphones, une carte d'alimentation. Il va de soi que plus la guerre se prolongeait et plus cette vie se détériorait, comme celle des autres Allemands, d'ailleurs. UN JOURNAL Le premier est l'hebdomadaire Jüdisches Nachrichtenblatt [L'Informateur juif] qui paraissait, en toute légalité, durant la seconde guerre mondiale, à l'intention des communautés religieuses israélites allemandes. Il faut y insister, cet hebdomadaire était parfaitement officiel et ses titre, adresse et numéro d'appel figuraient à l'annuaire téléphonique. Le siège du périodique se trouvait à Berlin N4, Oranienburger Straße 40/41. On y perçoit le reflet d'une organisation bien structurée et d'une autonomie sociale, brimée mais sans signe tragique, souvent même paisible, si l'on considère l'époque et ses bouleversements éprouvants pour le restant de la population allemande. A cause du manque de papier, tous les journaux allemands virent leurs dimensions se réduire. Ce fut le cas du Jüdisches Nachrichtenblatt en janvier 1943 et la dernière livraison parut en décembre de la même année. Analysons la livraison numéro 23 de l'année 1942, en date du 5 juin. On y trouve annoncés les cultes qui se tiendront dans les neuf synagogues berlinoises pour la semaine du 5 au 12. On y lit aussi les éphémérides selon le calendrier juif pour la semaine correspondante, à partir du sabbat suivant, c'est-à-dire «du 21 au 28 Siwan 5702». Ou encore, un avis concernant la permanence du service de pompes funèbres juives, avec les heures d'appel aux différents numéros de téléphone. On annonce l'activité du culte dans deux autres villes, Francfort-sur-le-Main et Hambourg. Le décès à Berlin, à l'âge de 86 ans, d'une personnalité originaire de Dessau fait l'objet d'une rubrique spéciale. Il s'agit de l'ancien banquier Paul (Israel) Märker. «Monsieur Märker», peuton lire, «fut pendant plusieurs dizaines d'années trésorier de la fondation Cohn-Oppenheim et


662 membre du Comité de direction de la communauté de Dessau. Il a rendu de grands services à la communauté juive.» Pour la ville de Rheydt, on fait part des noces d'or d'un couple «qui jouit d'une grande estime parmi les juifs de l'endroit. Monsieur Spier s'est signalé notamment en accomplissant gracieusement la charge de récitant pour permettre le maintien des cérémonies religieuses». L'article principal du Jüdisches Nachrichtenblatt consiste en l'exposé purement technique des nouvelles dispositions légales sur la démission volontaire des membres des communautés juives qui ne pouvaient avoir lieu que dans d'étroites limites. De même paraît une rubrique prescrivant l'obligation, pour les Israélites, de ne faire appel qu'à des coiffeurs juifs. Pour le reste, il y a les annonces, qui éclairent la vie quotidienne des juifs en Allemagne en 1942. Les annonces familiales d'abord. On fait part d'un mariage pour le 7 juin. D'autres jeunes mariés répondent aux vœux reçus. Un jeune garçon remercie ceux qui l'ont félicité à l'occasion de sa barmitzva. Des noces d'argent, des noces d'or encore. On célèbre les anniversaires de personnes dont les âges vont de soixante à quatre-vingt-dix ans. Puis les nécrologies de personnes décédées le plus souvent à un âge avancé, d'autres plus jeunes «après une longue et pénible maladie». Une dame et une autre «se sont paisiblement endormies» [sanft entschlafen]. Bref, en pleine guerre, les joies et les peines habituelles de la vie. Il y a encore d'autres annonces, plus prosaïques. Une librairie juive [Jüdischer Buchvertrieb] fait de la réclame pour quelques titres : une biographie de Theodor Herzl, le père du sionisme ; une autre de Moses Heß, le fondateur du socialisme moderne ; une autre encore de Chaïm Arlosoroff, activiste sioniste assassiné en 1933 (à Tel-Aviv). Elle vend aussi des livres d'occasion, au comptoir ou par correspondance. Le paiement se fait à l'enlèvement ou à la commande, mais on garantit les envois par retour du courrier. Une dame, «professeur diplômée», propose des leçons particulières d'anglais et de français. Un professeur de musique ne donne ses cours qu'à domicile. Des personnes recherchent une pension de famille juive. Il y a des offres et des demandes de locaux à louer, meublés ou non. Les praticiens de l'art de guérir, médecins, dentistes, kinésithérapeutes, doivent obligatoirement spécifier qu'ils ne sont autorisés qu'à soigner des patients juifs, mais ils annoncent leur pratique. Il leur est réservé une rubrique d'annonces «Soins de santé» où chacun donne, avec son adresse et son numéro de téléphone, les jours et heures de ses consultations. Le Dr Jacob, Wilmersdorf, Badensche Str. 21, II (coin de la Kaiserallee), tél. 87 70 28, consulte de 10 à 12 h et de 4 à 7 h, sauf le lundi et le mercredi après-midi ; le samedi après-midi et le dimanche matin, uniquement sur rendez-vous. Le Dr Berthold Alexander est radiologue et reçoit de telle à telle heure au 19 de la Augsburger Straße, matin et après-midi (même le dimanche, si l'on comprend bien), mais le samedi uniquement en matinée. Le Dr Leopold Berendt, Friedrichstraße 3, lui aussi, reçoit le mercredi et le dimanche matin, ainsi que le samedi après-midi, mais uniquement sur rendez-vous. De même encore, le Dr Herbert Rittler reçoit en consultation Markgrafenstraße 20, sauf le samedi après-midi et le dimanche matin sur rendez-vous. Sally Rosenthal est kinésithérapeute et assure des massages médicaux et des bains de lumière localisés, qu'elle dispense sur rendez-vous à la Neuen Roßstraße et le samedi de 10 h à 14 h sans interruption. Et elle est agréée par toutes les caisses de sécurité sociale réservées aux juifs [Zu allen Krankenkassen nur für Juden zugelassen]. «J'ai rouvert mon cabinet», annonce le Dr Max Brandenstein, de Hambourg, au rez-de-chaussée de la Bundesstraße 35a, et on peut l'atteindre au numéro de téléphone 55 71 50, au nom de Siegmund Elias (cet annonceur avait eu des ennuis — on ne sait de quel ordre — mais enfin, sa situation se rétablissait, semble-t-il).


663 On propose une garde «consciencieuse et affectueuse» pour des vacances de convalescence, à deux ou à trois enfants d'âges allant jusqu'à six ans, que l'on ira chercher et reconduire à domicile. Telle était, prise sur le vif, l'existence juive dans la capitale et dans quelques grandes villes du Reich au milieu de la guerre. Il existait un bulletin de liaison et des lecteurs qui en profitaient pour communiquer entre eux. Quelle qu'en soit l'importance ou le caractère dérisoire, il doit être permis d'en faire la constatation, sans rien affirmer, sans forcer les conclusions. UN ANNUAIRE TÉLÉPHONIQUE Une autre pièce intéressante sort d'un annuaire téléphonique dont voici le titre complet : AMTLICHES FERNSPRECHBUCH für den Bezirk der Reichspostdirection BERLIN — Herausgegeben von der Reichspostdirektion Berlin / Ausgabe Juni 1941 / Stand vom 1. Februar 1941 [Annuaire officiel des téléphones pour le secteur postal de Berlin — édité par la direction des Postes du Reich pour la section de Berlin / Édition de juin 1941 / État du 1er février 1941]. Aux pages 581 et 582 sont groupés les numéros d'appel des associations juives de la capitale. Il y en a deux colonnes et demie de texte serré, énumérant les différents centres, leurs adresses, les activités assurées, les services mis à disposition des membres. Voici reproduite la première partie de la première rubrique, celle de la Fédération religieuse juive : Communautés juives de Berlin, société enregistrée [Jüdische Kultusvereinigung Jüdische Gemeinde zu Berlin eV. (eingetragener Verein)] : Bâtiments administratifs N4 Oranienburger Str 28, 29 et 31 – *42 59 21. Le central permet d'atteindre les services suivants : Archives – Bureau des constructions – Service des cotisations –Encaissements – Gestion financière – Gestion immobilière – Direction générale – Comptabilité générale – Caisse centrale – Cadastre – Bureau du culte et des mariages – Service du matériel – Service du personnel – Service de la presse – Service juridique – Service de révision – Service des écoles – Bureau des statistiques – Secours d'hiver – Aide au logement – Service central des homes de vieillards. En soirée et la nuit : Plörin, Oranienburger Str 29 (42 94 27). Salle du conseil de la Présidence (42 94 30). Bâtiments administratifs N4 Oranienburger Str 31 – *42 51 31. Le central permet d'atteindre les services suivants : Office de l'émigration – Changement de métier et service social – Arbitrage et conseil juridique – Aide aux sans abris – Aide à l'entreprise (argent). Emploi et service des étrangers (42 51 31). *42 63 96. Ce qui est reproduit ci-dessus ne représente qu'un peu plus de 13 % de l'espace réservé dans l'annuaire aux associations juives reliées au réseau téléphonique de Berlin en 1941, donc en pleine guerre. Dressons une liste tirée de ces rubriques, montrant la complexité de la structure sociale juive dans la seule capitale du Reich à cette époque. La liste n'est pas exhaustive, parce que certaines entrées se répètent dans les différentes sections : Administration des écoles — Aide à l'entreprise (fonds) — Aide au logement — Aide aux prisonniers et aux sans abris — Aide à l'enfance — Arbitrage et conseil juridique — Archives — Assistance aux malades —


664 Association pour la culture juive en Allemagne — Bâtiments administratifs — Bienfaisance et protection de la jeunesse — Bureau des statistiques — Bureau des constructions — Bureau du culte et des mariages — Cadastre — Caisse centrale — Chambre d'habillement — Cimetières (inspection des) — Clinique privée juive — Comptabilité générale — Cuisines communautaires — École ménagère — École primaire (garçons) — École primaire (filles) — École privée supérieure — École de commerce — École professionnelle pour le dessin de mode et la décoration — École de chimie — École ménagère — École moyenne — Écoles primaires (huit adresses) — Emploi et service des étrangers — Encaissements — Équipe de fossoyeurs — Fonds national juif (société enregistrée) — Foyer pour infirmières — Foyer pour institutrices israélites — Foyer pour jeunes filles — Gestion financière — Gestion immobilière — Home pour dames et jeunes filles — Home pour jeunes gens juifs — Home de vieillards et de soins — Home pour nourrissons et jeunes enfants juifs — Home pour malades — Home pour enfants et adolescents — Homes pour enfants (trois adresses) — Hôpital Auguststr. 16 — Hôpital Elsasser Str. 85 — Hôpital Iranische Str. 2 — Hôpital Schulstr. 78 — Maison d'éducation — Maison pour aveugles Stylz — Maison pour sourds-muets et malentendants — Mise au travail et service des étrangers — Nationalfonds (société enregistrée) — Office de l'émigration — Pension pour vieillards — Permanence d'aide [Bereitschaftsfürsorge] — Population résidente [Insasse] — Protection de la jeunesse — Reclassement professionnel et service social — Résidence sud — Résidence nord — Résidence Weißensee — Résidence centrale — Salle de lecture pour les enfants — Secours d'hiver — Séminaire juif pour jardins d'enfants et garderies — Service de la presse — Service de révision — Service des écoles — Service du matériel — Service de santé — Service de la presse — Service d'immigration — Service des écoles — Service central des homes de vieillards —Service des cotisations — Service juridique — Service du personnel — Service du matériel. Il fait peu de doute que la population juive établie en Allemagne bénéficiait d'institutions propres et légalement reconnues. Leur situation officielle reflète la position des autorités à leur égard, mais elle était aussi parfaitement cohérente avec l'état d'esprit de la population allemande, comme en témoignait, fin 1941, le journaliste juif américain George Axelsson. En mission professionnelle en Allemagne, il câblait un reportage à son journal, le New York Times (qui le publiait le 10 novembre 1941, page 31), sur le Reich et sur les plus de 200 000 juifs qui y séjournaient encore. Il le concluait en ces termes : «Dans les lieux publics et dans ses contacts de travail dans les usines, l'ouvrier allemand semble considérer le juif comme un égal.» [2] Tout cela n'est guère compatible avec l'image des juifs dans l'Allemagne de cette époque telle qu'on la présente habituellement. Nous sommes loin d'une horde traquée, disloquée, sans aucune espèce de recours, sans aucun bien, sans aucun droit. Ce sort-là ne fut pas celui des juifs en général, mais bien celui que des millions d'Allemands devraient subir à partir de 1945. Dans l'esprit du public, il s'est fait assez facilement la substitution, induite par la propagande, entre la déchéance souvent fictive des juifs sous le Reich et celle qui ne fut que trop réellement infligée aux Allemands, surtout aux déportés chassés de l'Est, après 1945. On ne manquera pas d'opposer que l'annuaire en question ici remonte à 1941 et que toute l'organisation qu'il reflète ne tarda pas à être anéantie peu après. Il ne semble pas. Le Comité International de la Croix-Rouge a publié juste après la guerre un ouvrage sur les camps de concentration allemands : L'Activité du CICR en faveur des civils détenus dans les camps de concentration en Allemagne (1939-1945) [3e édition, Genève 1947]. On y trouve à la page 103, le rapport, daté du 16 avril 1945, d'un de ses délégués sur ses pourparlers avec le SSObergruppenführer Müller, de la SS-Führungshauptamt. On y peut lire cette phrase : D'autre part [Müller] me permit de placer sous la protection du CICR le camp de rassemblement juif de la Schulstrasse 78 à Berlin, ainsi que l'hôpital juif de l'Iranische Strasse 2, également à Berlin. [3]


665 Ces deux adresses figurent bien dans la liste que nous donnions ci-dessus et sont effectivement celles de deux hôpitaux qui subsistaient donc encore en tant que propriété juive à la fin du conflit. On aimerait savoir ce qu'étaient devenus les deux autres, ainsi que le reste du patrimoine immobilier de la communauté juive. Il n'est pas téméraire de penser qu'ils se trouvaient, pour une bonne part, comme des milliers d'autres immeubles, parmi les ruines de Berlin bombardé [4]. UNE CARTE D' ALIMENTATION Mais de l'administration juive, et d'ailleurs des civils juifs eux-mêmes, est-il seulement vraisemblable qu'il en subsistât encore quelque chose ou quelques-uns en Allemagne à la fin du conflit ? Voici un élément de réponse que fournit en sa page 324 le livre de Gérard Silvain, La Question Juive en Europe, 1933-1945 [5]. Sous le fac-similé d'un document l'auteur a inscrit cette légende : 1945 Carte d'alimentation (produits de première nécessité) pour adulte. Le cachet «JUDE» a été apposé non seulement sur la carte mais aussi sur le coupon. Entre le 5 février et le 4 mars 1945 existait-il encore des Juifs en liberté sur le territoire allemand ? Cette carte, dont les tickets sont découpés, prouve qu'elle a été utilisée et permet donc de répondre par l'affirmative. De fait, la période de validité de la carte reproduite courait du 5 février au 4 mars 1945, et l'office de ravitaillement émetteur était celui de Munich-ville. Il est bien exact que non seulement la carte mais aussi les coupons portaient la mention «JUDE» ; cette mention n'était nullement apposée au moyen d'un tampon mais imprimée, ce qui signifie que le nombre de destinataires de ces cartes était important et justifiait l'impression. Il fallait donc programmer cette impression. Les cartes de ravitaillement n'étaient pas distribuées à la volée, mais sur la foi de listes nominales rigoureusement dressées, on s'en doute. Ces listes ont-elles toutes disparu, de toutes les archives, de toutes les villes d'Allemagne? On a peine à le croire, mais alors, que ne les produit-on ? En outre, les juifs sont surtout citadins et, à ce titre, ils étaient particulièrement vulnérables puisque les Alliés ne bombardaient principalement que les villes. Combien en est-il mort de la sorte, brûlés à domicile ? Sauf erreur, on ne nous l'a jamais dit, mais là aussi les chiffres prouvés doivent avoir survécu. Dans certains cas, des enfants juifs étaient envoyés à la campagne pour échapper aux bombardements ; ce fut, entre autres, le cas de Lea Rosch, aujourd'hui importante personnalité de la télévision allemande. La période du 5 février au 4 mars 1945 fut celle du bombardement de Dresde (13/14 février 1945). Les Alliés tuaient par le feu les civils allemands. Les Allemands, on le voit, nourrissaient les civils juifs. En mai 1945, les Soviétiques installèrent le Dr Werner à la tête de la mairie de Berlin. Ils lui demandèrent de créer près le conseil municipal une institution des cultes composée d'un prêtre catholique, de deux pasteurs protestants et d'un rabbin représentant, pour sa part, les 6 000 juifs de Berlin (Georges Soria, L'Allemagne a-t-elle perdu la guerre ?, Bibliothèque française, 1947, p. 23). 1. Voy. Eliahou Maoz, «Une Résistance juive en Allemagne», Commémoration de la révolte des ghettos, Jérusalem, mars 1965, 15 pages éditées en photocopie par le département d'organisation de l'Organisation sioniste mondiale ; voy., aussi, l'article «Berlin» de l'Encyclopedia Judaica (1971).


666 2. Cité par James J. Martin, The Man Who Invented Genocide / The Public Career And Consequences of Raphael Lemkin, Institute for Historical Review, Torrance, 1984, p. 35. Sur l'exacte condition des juifs travaillant aux côtés d'ouvriers allemands à Fürstengrube, l'un des 39 camps auxiliaires du camp d'Auschwitz, on peut lire l'étonnant document NI-10847 traduit, assez mal, dans La Persécution des juifs dans les pays de l'Est présentée à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, éditions du Centre [de documentation juive contemporaine], Paris, 1949, p. 201. 3. «L'hôpital juif de Berlin, dirigé par le Dr Walter Lustig, fonctionna jusqu'à la fin de la guerre ainsi que le cimetière juif de Weissensee» (article «Berlin» de l'Encyclopedia of the Holocaust, 1990). 4. Le 24 novembre 1943, un bombardement de l'aviation britannique détruisait la «Nouvelle Synagogue» du 30, Oranienburgstrasse. La photographie de cette synagogue en flammes a, depuis 1945, circulé dans le monde entier avec l'explication suivante : la synagogue a été détruite par un incendie volontaire, dû aux nazis, pendant la Nuit de Cristal du 8/9 novembre 1938. Encore récemment, la Poste fédérale allemande éditait un timbre-poste présentant cette version des faits également répétée dans le Monde (Frédéric Edelmann, «Le Souvenir d'une négation», 8 février 1992, p. 17). Pourtant, en 1987, une publication de la communauté juive de Berlin, préfacée par Heinz Galinski, responsable de la communauté juive de Berlin, avait admis la vérité (voy. la brochure Wegweiser durch das jüdische Berlin — Guide du Berlin juif). 5. Paris, éd. Jean-Claude Lattès, 1985. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 131-140


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UNE CONFÉRENCE DE FRED LEUCHTER La Pologne, le mythe de la chambre à gaz et ma persécution par les juifs. Une mise à jour Fred A. Leuchter a prononcé cette conférence du 3 au 10 novembre 1991 en cinq différentes villes d'Allemagne. F. Leuchter est l'auteur de deux différents rapports sur les présumées chambres à gaz nazies ; voy. A.H.R. n° 5, été-automne 1988, p. 51-102 et R.H.R. n° 1, mai 1990, p. 51-114). Dans sa conférence, F. Leuchter rappelle comment il a été amené à se spécialiser dans les différents systèmes d'exécution capitale utilisés aux États-Unis. Frappé par le caractère désuet et parfois inhumain des procédés en vigueur, il s'est employé à perfectionner et à humaniser ces procédés, en particulier le système d'exécution par injection. C'est précisément en raison de la compétence de F. Leuchter en la matière qu'Ernst Zündel, révisionniste établi à Toronto (Canada), a fait appel aux services de l'ingénieur américain pour lui demander d'expertiser les présumées chambres à gaz nazies. E. Zündel était poursuivi en justice à l'instigation d'une association juive. Son conseiller était le professeur Faurisson qui, dès la fin des années 70, avait insisté sur les «impossibilités physiques et chimiques des chambres à gaz nazies» et souhaité qu'un spécialiste des chambres à gaz américaines (et non pas un architecte, un médecin, un toxicologue, …) examine de près ce qu'à Auschwitz, Birkenau et Majdanek les Polonais osaient présenter aux touristes comme chambres à gaz homicides. R. Faurisson avait entretenu une correspondance avec les responsables de nombreux pénitenciers américains. C'est grâce à cette correspondance que, dix ans plus tard, E. Zündel découvrit l'existence de Fred Leuchter. Il chargea R. Faurisson de prendre contact avec ce dernier à Boston. Pour la suite des événements, on se reportera au texte même de la conférence. Qu'on nous permette seulement d'appeler l'attention du lecteur sur deux points : – Vu le caractère technique de certains passages de cette conférence, nous rappelons que seul peut faire foi, en la circonstance, le texte original anglais ; – Dans le cadre d'une campagne de presse menée contre F. Leuchter, un journaliste, Stéphane Lemarchand, signait dans le Figaro (30 octobre 1990, p. 15) un article particulièrement mensonger et venimeux intitulé : «Le bourreau torturait innocemment». Leuchter y était décrit comme une sorte d'Eichmann qui, avec son système à injection, torture à tel point les condamnés que … le martyre de ces derniers ne peut pas se lire sur leur visage ! * Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Je vous remercie de l'honneur que vous me faites en m'offrant l'occasion de m'adresser à vous ici aujourd'hui en Allemagne. Ma conférence comprendra trois parties et un épilogue. Premièrement, ce que j'ai fait en Pologne et qui m'a conduit à être parmi vous. Deuxièmement, ce que j'ai subi du fait des éléments de notre société qui aimeraient en finir avec la liberté de parole, la liberté de pensée et la vérité. Troisièmement, ce que tout cela signifie pour l'avenir. Et, enfin, l'épilogue ou, pour mieux dire, une adresse au peuple allemand. Les antécédents : Fred A. Leuchter junior est un ingénieur américain né à Malden, faubourg de Boston, en 1943. Il y grandit, fit ses études primaires et secondaires à l'école de Malden, puis sa dernière année de high school au collège de Cambridge, institut privé de la ville de Cambridge dans le Massachusetts, enfin il sortit diplômé de l'université de Boston en 1964. Dès cette année-là, il


668 commença à pratiquer l'ingénierie et travailla des années durant sur des programmes lancés par les forces aériennes et la marine de guerre des États-Unis, créant et construisant des appareillages et du matériel civils. Plus précisément, on lui doit le premier système de cartographie stéréo-photographique en couleurs et à basse altitude en usage dans un hélicoptère (qui est encore le modèle de base dans l'aviation) ainsi que le premier sextant électronique manuel. Il détient des brevets dans le domaine de l'optique, de l'électronique optique, de la métrologie, de la navigation, de la topographie géodésique et du codage opto-électronique ; il a conçu le premier codeur de secteur à tambour optique limité de diffraction destiné au sextant ainsi que d'autres matériels de mesure et de relevé. Il est expert en équipement d'observation aérienne et en métrologie électronique. En 1978, un organisme du système pénitentiaire lui demanda de vérifier l'état de fonctionnement d'une chaise électrique pour un éventuel usage à venir. Le milieu des exécutions capitales dans les pénitenciers américains forme une communauté restreinte et, à la suite de ce premier contact, son nom commença à circuler dans plusieurs États qui se mirent en rapport avec lui. Bientôt il fournissait des pièces détachées de chaise électrique à ceux qui avaient besoin de remplacer ou de moderniser leur équipement. Il lui fallait plonger dans l'étude de cette technique pour l'améliorer sans avoir à réinventer la roue. Grâce à la réputation acquise par son travail en ce domaine, il fut appelé comme conseiller auprès du ministère de la Santé de l'État du New-Jersey et chargé de mettre au point la machine à injection létale, mode d'exécution le plus récent. Sa mission le conduisit à concevoir et à construire la machine et à rédiger le protocole des exécutions par moyens chimiques. Par la suite, d'autres machines furent construites et fournies à d'autres États. L'État du Delaware, qui à l'époque avait recours aux deux modes d'exécution, l'injection létale et la pendaison, chargea Fred Leuchter de lui fournir non seulement sa machine à injection mais aussi sa potence. Au terme de ses recherches, Leuchter définit les caractéristiques, surveilla la construction de l'échafaud, assembla et ajusta les divers composants et rédigea la procédure d'exécution par pendaison. Pour répondre à un tribunal qui contestait le caractère humain de la pendaison, le Delaware chargea encore Fred Leuchter de rédiger un manuel de procédure détaillé qui fut alors homologué par les tribunaux et qui sera utilisé par plusieurs États et par la Justice militaire des États-Unis. Commençant par l'État du Missouri, qui le chargea de concevoir et de construire sa nouvelle chambre à gaz, Fred Leuchter devint le consultant d'un certain nombre d'autres États pour le matériel de service et l'équipement de sécurité. Le Missouri, et au moins un autre État, modifièrent leur manière de procéder à la suite des mises en garde de Leuchter contre l'extrême danger de l'usage du gaz. Le Missouri décida d'une modification avant même la mise en chantier de l'installation. Il est à souhaiter que les autres États écouteront la voix de la sagesse et en feront autant. Fred Leuchter est l'expert reconnu du monde entier en matière de procédures et de matériel d'exécution, comprenant électrocution, injection létale, gaz létal et pendaison. Il est reconnu et agréé comme expert en technologie d'exécution par les cours fédérales des États-Unis (il est d'ailleurs la seule personne à être ainsi agréée) et il a témoigné en tant que tel, soit en personne, soit par déclaration écrite sous serment, devant les tribunaux d'État et devant les cours fédérales. Il a conçu et fourni des installations complètes dans les quatre modes d'exécution pratiqués aux États-Unis. C'est en raison de sa compétence qu'on a fait appel à lui pour une enquête sur les présumées chambres à gaz d'exécution en Pologne. PREMIÈRE PARTIE Un Américain entre en scène et découvre la vérité


669 En janvier 1988, quoique expert en technologie d'exécution capitale, je ne savais rien sur les présumées chambres à gaz qui avaient, dit-on, servi aux nazis en Pologne pour exterminer, entre autres, des juifs. Je ne m'étais jamais intéressé à l'Holocauste et ne m'y intéressais toujours pas à cette époque. A vrai dire, comme les autres, en raison de ce qu'on m'avait enseigné à l'école, je pensais qu'il y avait eu des chambres à gaz dans toute l'Europe, et pas seulement en Pologne. J'admettais qu'elles avaient fonctionné et qu'on les avait fait fonctionner. Je n'étais pas préparé au choc et à la surprise qui m'attendaient. Après de nombreuses années de recherches, le professeur Robert Faurisson s'adressa à moi en tant qu'expert de cette technologie et en tant que consultant des États américains faisant appel au gaz comme procédé d'exécution. A notre première rencontre, il m'interrogea et jaugea ma compétence. A la deuxième rencontre, il sonda un peu plus mes connaissances et me fit part de ses intentions : il cherchait un spécialiste capable de mener une enquête sur les présumées installations d'exécution par le gaz en Pologne et capable de témoigner en tant qu'expert qualifié auprès des tribunaux dans un procès qui posait le problème de la liberté de parole et de conscience : celui d'Ernst Zündel. Comme il fallait s'y attendre, c'est avec un certain scepticisme que je passai en revue les photos, croquis et descriptions d'Auschwitz, nourri que j'étais dans la religion de l'Holocauste. Ayant l'esprit suffisamment ouvert pour accepter d'aller voir sur place les installations, je déclarai au professeur Faurisson, comme je devais le dire par la suite à Ernst Zündel, que si je découvrais dans mon enquête que ces installations étaient, ou même auraient pu être, des chambres à gaz, j'en rendrais compte au tribunal. Qui plus est, quoique le procédé fût déloyal à l'égard de M. Zündel (mais il devrait maintenant avoir l'habitude de telles pratiques), même après avoir conclu que ces installations n'étaient pas des chambres à gaz et qu'elles n'auraient pas pu être utilisées comme telles, j'essayais malgré tout de les «recréer» pour les transformer en chambres à gaz. Démarche qui aboutit à la conclusion qu'il aurait fallu raser ces installations et en construire de nouvelles pour qu'elles aient la moindre chance de servir de chambres à gaz. Plus tard, cette découverte, cette vérité que je découvrais en Pologne, dans une tempête de neige, je résolus de la faire connaître au monde entier et je décidai de tout faire pour qu'une enquête internationale sur les lieux prouve une fois pour toutes qu'on est là devant la plus grande supercherie de l'histoire de l'humanité. Mais, pour en revenir au début de mon aventure, je réfléchis longuement avant d'accepter cette mission. L'entreprise différait quelque peu de mes activités normales, lesquelles consistaient à construire, à passer au banc d'essai et à certifier un appareillage. Mais, même après avoir été prévenu que j'allais être victime d'ennuis de toutes sortes de la part de ceux qui voudraient continuer à cacher la vérité, je donnais mon accord parce que j'étais soucieux du droit d'expression et de pensée de M. Zündel ainsi que de son droit à la meilleure défense possible lors de son procès. Je dois avouer aussi que je n'avais jamais imaginé que j'allais être soumis à pareilles attaques aux États-Unis. J'acceptai donc, me rendis en Pologne, écrivis mon rapport et témoignai à la barre d'un tribunal canadien. Je suppose que dans cette salle toutes les personnes présentes sont au courant de mes découvertes. Les installations que j'ai examinées sont connues du monde entier : le Krema I, situé à Auschwitz, le camp principal, les Kremas II, III, IV, V ainsi que le poste de désinfection n° 1, situés à Birkenau (Auschwitz II) et le bâtiment de douche et de désinfection I, situé à Majdanek-Lublin. C'est autour de ces bâtiments et accessoirement autour de quelques plaques tournantes de voies ferrées qui n'existent plus et qui, de toute façon, ne présentent pas d'intérêt technique par rapport aux découvertes faites à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek, que s'est construit le mythe de l'extermination par le gaz. De manière catégorique, tous les éléments prouvent qu'aucune de ces installations n'a jamais été ni n'aurait pu être une chambre à gaz d'exécution. L'inspection physique de ces installations et l'application des conditions sérieuses,


670 bien connues et minimales requises pour la fabrication d'une chambre à gaz ainsi que l'examen médico-légal et l'analyse des échantillons prélevés et manipulés conformément aux procédures médico-légales d'usage prouvent qu'aucune de ces installations ne présente la moindre caractéristique de conception qui aurait pu lui permettre de fonctionner, ou d'avoir fonctionné, ne fût-ce que de manière marginale ou hasardeuse, en tant que chambre à gaz d'exécution. Le poste de désinfection n°1, à Birkenau, soumis à un examen médico-légal, a fourni un échantillon de contrôle pour l'examen des échantillons prélevés ailleurs. Les conditions de climat, d'exposition et de conservation pour tous les échantillons ont été pratiquement les mêmes, à l'exception du cas des Kremas IV et V, depuis presque cinquante ans ; la brique et le mortier sont chimiquement les mêmes dans tous les cas et contiennent une proportion de fer exceptionnellement élevée ; toutes les conditions étaient donc réunies pour assurer la préservation de résidus d'acide cyanhydrique dans les composés de ferro-cyanures. Les résultats des tests de matériaux provenant du poste de désinfection n° 1, à Birkenau, ont montré des concentrations extrêmement élevées d'acide cyanhydrique dans les composés de ferrocyanures (1 056 mg/kg !). En revanche, les résultats des tests effectués sur les présumées chambres à gaz n'ont rien montré, sinon des quantités infinitésimales, alors qu'il fallait s'attendre à des chiffres beaucoup plus élevés que dans l'échantillon de contrôle. Bref, les chambres à gaz d'exécution auraient dû être beaucoup plus exposées au Zyklon B que la chambre de fumigation ; or, ce n'est pas le cas. Ce point nous est confirmé par l'ouvrage de M. Pressac, qui affirme que les nazis utilisaient plus de quarante fois la dose létale de gaz dans les chambres d'exécution, environ trois fois plus que la dose qu'on utilise aux États-Unis pour les exécutions par le gaz. Quand on connaît les quantités de résidus auxquelles nous avons affaire aux États-Unis, il est clair que nous devrions retrouver aujourd'hui des concentrations de résidus extrêmement élevées, beaucoup plus fortes que 1 056 mg/kg. Ainsi a-t-on la preuve catégorique qu'aucune de ces installations n'a jamais contenu des quantités de Zyklon B suffisantes pour la désinfection et, à plus forte raison, pour des exécutions par le gaz. Les Kremas IV et V n'ont pas été pris en considération autant que les autres installations, étant donné qu'on les a rasés et qu'ils ont été exposés aux éléments de manière beaucoup plus forte que les autres sites demeurés virtuellement indemnes. Avant tout, les tests chimiques de médecine légale ont montré qu'aucune des présumées installations d'exécution par le gaz n'a jamais contenu des quantités suffisantes d'acide cyanhydrique (Zyklon B) pour servir à des exécutions. Ensuite, l'analyse de la conception et de la construction de ces installations montre que celles-ci n'auraient jamais pu servir de chambres à gaz d'exécution. Même en admettant, comme certains l'on fait, que le souci de sécurité n'entrait pas en ligne de compte, il aurait bien fallu respecter certaines conditions minimales valables pour toutes les manipulations de gaz et en particulier pour le Zyklon B. Toutes les chambres de désinfection par fumigation ont été conçues par les Allemands de manière correcte, aussi bien du point de vue de la sécurité que du point de vue du fonctionnement. Quant à la technologie de la chambre à gaz d'exécution, elle n'était pas chose nouvelle en 1940 ; on la connaissait pour les exécutions capitales aux ÉtatsUnis depuis le début des années 20. Aucune des caractéristiques de conception ou de technique de fonctionnement patentées pour des exécutions par le gaz n'était visible dans aucune des installations d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek ou ne pouvait être supposée avoir été utilisée par les nazis. Les techniques de conception pour la fumigation étaient également connues à cette époque, mais aucune n'a jamais été utilisée dans les présumées chambres à gaz d'exécution. Les présumées chambres à gaz d'exécution étaient des structures de brique et de mortier qui ne présentent aucune trace (trace, devrais-je ajouter, qu'il serait extrêmement difficile de cacher même après cinquante ans) de l'usage d'un produit d'étanchéisation quelconque, si bien que l'acide cyanhydrique aurait été pris dans la brique et le mortier et serait devenu, pendant des


671 heures, un problème mortel pour le personnel. Aucun joint d'étanchéité n'a été utilisé sur les portes, contrairement à ce que certains ont voulu nous faire croire et, dans certains cas, il n'y avait pas de portes du tout, ce qui aurait permis au gaz explosible de pénétrer dans les crématoires. On nous dit que des granulés de Zyklon B étaient éparpillés sur le sol : les concentrations de gaz dégagées par ces granulés auraient été de 99 %, ce qui aurait été beaucoup plus que les 6 % suffisants pour provoquer une explosion (les condamnés exécutés en chambres à gaz sont normalement entravés pour les empêcher de provoquer des étincelles et une explosion). Des bouches d'égout placées dans le sol de ces prétendues chambres à gaz auraient favorisé la propagation du gaz dans le camp proprement dit, ce qui aurait empoisonné le personnel aussi bien que les détenus. Aucun système de ventilation n'a jamais existé pour évacuer le gaz après une exécution, non plus qu'une grande cheminée pour dissiper le gaz dans l'air. Aucun système d'éclairage ou électrique protégé contre le danger d'explosion n'a été employé, ce qui n'aurait pas manqué de poser des problèmes dans ce domaine. Pas de système de chauffage pour amener les granulés de Zyklon à une température supérieure à 78,3° F (25,7° C) permettant la sublimation (évaporation du gaz hors du vecteur) et empêchant une condensation rapide du gaz sur les murs, le sol et le plafond. Il n'y avait aucun système de distribution pour répandre le gaz dans toute la chambre et, s'il faut en croire les récits des prétendus témoins, il y aurait eu trop d'occupants pour garantir la circulation et la distribution du gaz dans toute la chambre, la convection étant impossible dans une pièce non chauffée ou une pièce chauffée seulement par ses occupants. La procédure, elle aussi, n'aurait pu convenir. De prétendus récits indiquent que les corps étaient évacués par des gens en train de manger et de fumer. C'est impossible. Après une exécution par le gaz, la pièce doit être évacuée pendant le temps qu'il faut pour procéder au moins à deux changements d'air avec une température d'admission d'air suffisante pour empêcher la condensation du gaz. On pénètre dans la chambre, après avoir vérifié qu'il n'y a plus trace de gaz, en portant un masque ou un appareil respiratoire d'urgence. On ébouriffe les cheveux du condamné pour en chasser toute trace de gaz qu'ils peuvent receler, et il faut procéder de même avec les vêtements. La pièce, dans laquelle on a vaporisé de l'ammoniac avant de pénétrer, est ensuite lavée à l'eau de Javel ; il faut laver le condamné avec de l'ammoniac ou de l'eau de Javel et ses vêtements doivent être brûlés. La pièce est alors lavée à l'eau et séchée. Aucune de ces manières de procéder n'a jamais été mise en pratique dans les prétendues chambres à gaz d'exécution d'Auschwitz, de Birkenau ou de Majdanek. Rien de ce qu'il nous a été donné de voir dans la conception de ces chambres à gaz n'a de rapport avec les exigences de sécurité. Tout ce que nous faisons entrer ici en ligne de compte ne représente que le minimum nécessaire pour un fonctionnement marginal de chambre à gaz et constitue une condition préalable pour concevoir et faire fonctionner une chambre à gaz d'exécution depuis le début des années 20. Comme pour les analyses médico-légales, l'inspection des présumées chambres à gaz d'exécution nous conduit inexorablement à la conclusion qu'aucune de ces installations n'a jamais pu être utilisée à des fins d'exécution par le gaz. Venons-en aux crématoires. Les chiffres astronomiques avancés pour le rendement des appareils de crémation sont absurdes. Les moufles américains modernes brûlent à une température de 2000° F (1094° C), avec une température de postcombustion de 1600° F (871° C). Les moufles européens fonctionnent traditionnellement à une température beaucoup plus basse, 800° C (1472° F). A 2000° F, avec un ventilateur de 2500 pieds cubes/minute, un moufle moderne, fait d'acier et de brique réfractaire, prend environ 1,25 heure pour incinérer un cadavre, soit théoriquement 19,25 cadavres en fonctionnant sans interruption pendant une période de 24 heures, ce qui dépasse de loin les prescriptions qui limitent les incinérations à 3 par jour. Les moufles examinés dans ces camps avaient probablement un rendement maximal de 3,5 à 4 heures par corps, permettant environ 6,8 corps par jour, et, étant donné qu'ils étaient


672 faits de brique et de mortier, ils se seraient détériorés beaucoup plus rapidement si on les avait poussés à leur limite. De plus, on nous dit que ces moufles consumaient également les os. Aucun moufle, si moderne soit-il, ne pourrait le faire. Cette opération doit être réalisée à l'aide d'une machine à broyer les os, et encore, très lentement. En 1940, on procédait à la main, avec un mortier et un pilon. Il devient parfaitement évident que les rendements attribués à ces installations sont ridiculement élevés et ne peuvent être justifiés. Mais, simplement pour la démonstration, supposons des chambres à gaz parfaites, fonctionnant en continu, du volume de celles qui ont prétendument existé et supposons des crématoires sans besoins de maintenance et dotés du même nombre de moufles sans aucun problème d'ossements à broyer. Un simple calcul montre qu'il faudrait 68 ans pour exécuter 6 millions de personnes et environ 35 ans pour les incinérer. Si cela est vrai, les exécutions sont encore en cours et dureront jusqu'à l'an 2006. Finissons-en là avec l'Holocauste. DEUXIÈME PARTIE Les attaques Depuis que j'ai inspecté en Pologne les présumées chambres à gaz d'exécution, que j'ai rédigé le rapport qui porte mon nom et témoigné au Canada, ma vie est bouleversée. J'ai été calomnié, publiquement, en privé, et dans toutes les formes de médias ; je suis assigné en justice ; ma personne et mon travail ont été salis par des mensonges et des insinuations ; ma famille et moi-même, nous avons été menacés ; mes clients ont été intimidés et persuadés de ne pas traiter avec moi ; de hauts fonctionnaires en charge d'appliquer la loi, animés par des sentiments personnels, ont menti à mon sujet et ont incité des clients à ne pas conclure d'affaires avec moi ; mes moyens d'existence ont été détruits et ma carrière ruinée. En outre, une plainte au pénal, fallacieuse et illégale, a été introduite contre moi devant la cour du Massachusetts avec l'intention de me faire mettre en prison pour trois mois et ruiner ainsi ma réputation. Tout cela pour avoir dit la vérité, sous serment. Cette tentative pour mettre la vérité sous le boisseau a été lancée par Beate Klarsfeld, de la Fondation Klarsfeld, qui a son siège à Paris, et orchestrée par l'organisation Survivors and Friends of the Holocaust in Pursuit of Justice [Survivants et amis de l'Holocauste à la recherche de la Justice], dont le siège est aux États-Unis. En collaboration avec l'Anti-Defamation League du B'naï Brith et la Jewish Defense League, ces organisations se sont juré publiquement de me faire taire en m'écrasant. Il s'agit clairement et de manière avouée de supprimer mon droit à la libre parole et à la libre pensée et de m'empêcher de dénoncer le mensonge des chambres à gaz. Tout commença il y a environ deux ans, après mon témoignage au procès Zündel en avril 1988. Ces différents groupes juifs ouvrirent, à l'instigation de Klarsfeld, une enquête très poussée qui dura un an, mais ils furent dans l'incapacité de détecter chez moi la moindre incorrection ou la moindre erreur. Après quoi, ils commencèrent à menacer de conséquences politiques les directeurs de prison si ces derniers faisaient appel à mes services. Ce phénomène commença à se dévoiler lorsque la compagnie ABC News Prime Time eut décidé de monter pour la télévision un reportage sur ma personne et sur mes travaux, en faisant des prises de vue dans plusieurs établissements pénitentiaires. Les directeurs de prison les avertirent des menaces qu'ils recevaient et des problèmes soulevés par ma présence dans les prisons lors du tournage. ABC News reçut l'ordre de ne pas diffuser le programme, mais refusa de céder à la pression et eut à souffrir des calomnies de la part desdites organisations. Ces groupes intervinrent dans l'exécution de M. Walker, en Illinois, en menaçant de faire passer une loi pour empêcher l'État de m'autoriser à honorer un contrat en cours, ce qui fit que le directeur McGinnis capitula et procéda à l'exécution avec un équipement qu'on savait être défectueux. Ces groupes empêchèrent l'État d'Alabama d'acheter une nouvelle chaise électrique, grâce aux efforts du


673 garde des sceaux adjoint, Ed Carnes, qui adressa un mémorandum mensonger à toutes les administrations pénitentiaires des États-Unis affirmant que j'étais dangereux et que j'avais des conceptions hétérodoxes en matière d'exécutions. Suivant les affirmations de ses services, cela signifie que je suis partisan des seules exécutions humaines et indolores. En réalité, M. Carnes m'a menti pour tenter de me faire témoigner qu'une exécution antérieure avait été menée de manière humaine. Résultat direct de leur intervention : un homme fut torturé à mort en Virginie. A des acheteurs et à des directeurs de pénitenciers on raconta des fables sur la qualité de mon matériel, en prétendant qu'il avait mal fonctionné lors d'une exécution, ce qui n'a jamais été le cas. Le garde des sceaux adjoint du Delaware, Silverman, a récemment résilié mon contrat en cours à cause du rapport que j'ai rédigé pour le procès Zündel. Il s'agissait d'un contrat d'entretien à la fois de la machine à injection létale et de la potence que j'avais fabriquées quelque temps plut tôt. Depuis maintenant trois ans, on en appelle à la loi contre moi dans le Massachusetts avec l'intention évidente de me priver de travail. Bref, à l'instigation de ces groupes juifs, la cour du Massachusetts m'a intenté un procès au pénal. J'ai été accusé de pratiquer comme ingénieur sans posséder de licence, laquelle n'est pas nécessaire dans le Massachusetts ni dans n'importe quel autre État, à moins que l'ingénieur ne soit impliqué dans la construction de bâtiments et ne déclare se conformer alors aux prescriptions en vigueur. L'accusation étant mal fondée, la procédure se trouva bloquée pendant des mois. Si j'avais été condamné, j'aurais risqué trois mois de prison. Pour témoigner de l'inanité de pareille accusation, je signale qu'il existe plus de 50 000 ingénieurs praticiens dans le Massachusetts et que 5 000 d'entre eux seulement sont licenciés. Cette loi remonte à 1940 et, depuis lors, il n'y a pas la moindre trace de poursuite pour ce chef d'accusation. Avec cette menace suspendue au-dessus de ma tête, il m'est devenu impossible de témoigner en tant qu'expert devant les tribunaux des États-Unis comme je l'avais souvent fait. Me Kirk Lyons, l'avocat des droits civils bien connu, de Houston, dans le Texas, a pris ma défense. Nous avons réclamé un procès avec jury et avons fait transférer le procès à Cambridge, dans le Massachusetts. Le bureau du ministère public, soumis à de fortes pressions de la part de plusieurs organisations juives, nomma son meilleur procureur pour s'occuper de mon affaire. On le libéra d'un procès pour homicide afin d'augmenter les chances de me voir condamner. En juin, juste avant l'ouverture du procès, nous avons introduit une demande de non-lieu. Le juge, lui aussi sous fortes pressions de la part des groupes juifs, déclara au procureur qu'il ne s'agissait pas à proprement parler d'une affaire pénale et suggéra fortement de résoudre l'affaire sans en passer par un procès. Sous la menace toujours présente d'une condamnation assortie d'un séjour en prison (que la plupart des prisonniers politiques doivent envisager), nous avons négocié un compromis. Un accord d'agrément tout à fait exceptionnel fut signé, qui fera jurisprudence dans le Massachusetts. L'agrément ne consista pas en une promesse faite à la cour par le défendeur, comme c'est normalement le cas, mais c'était un agrément entre le Conseil des ingénieurs de l'État et moi-même. Le Conseil, qui avait déjà par deux fois refusé d'accepter ma demande d'enregistrement parce qu'il n'inscrivait pas de gens pratiquant ma discipline, fut invité à devenir partie prenante à l'agrément. Celui-ci exige du Conseil qu'il accepte ma demande et traite mon dossier «en toute diligence». Jusqu'à ce que ma demande soit acceptée ou bien pendant un délai de deux ans, je suis convenu de ne pas faire usage du titre d'ingénieur, non plus que d'émettre une opinion en qualité d'ingénieur dans l'État du Massachusetts. Cela constitue, en fait, une mesure temporaire qui me bâillonne afin de complaire aux éléments juifs concernés. Mais l'affaire échappe effectivement aux tribunaux qui jugent au pénal et écarte la menace de mon emprisonnement. L'affaire va maintenant être portée devant les tribunaux civils si le Conseil des ingénieurs ne bouge pas et ne m'accorde pas mon permis dans les délais prévus. Mon avocat Kirk Lyons est en train de constituer le dossier.


674 Cet arrêt qui, de facto, me réduit au silence, ne s'applique que dans les limites de l'État du Massachusetts ; partout ailleurs je suis libre d'exercer ma profession. Malheureusement mes clients, les autorités des différents États, sont encore intimidés par mes persécuteurs juifs. Cela me prive toujours de mes revenus et l'on ne voit pas du tout si cela finira un jour. Le matériel destiné aux exécutions aux États-Unis est dans l'ensemble fatigué, dépassé ou mal construit et il a besoin d'être réparé ou remplacé. Je suis la seule personne qui fasse ce travail et l'on refuse aux États le droit de traiter avec moi. Les directeurs de prison et leurs représentants ont encore peur de m'adresser la parole, mais le font souvent par le truchement d'intermédiaires. Tel État possède une chambre à gaz qui présente des fuites, mais elle en fera usage, mettant en péril la vie des gardes et des témoins, plutôt que de prendre le risque d'être surpris à traiter avec moi. Combien de condamnés seront-ils encore torturés ou combien de vies seront-elles encore perdues à cause de l'ingérence sans pitié de ces organisations juives ? Je dois ajouter qu'avant de déposer une plainte au pénal contre moi une option me fut proposée : cesser d'exercer mon métier en qualité d'ingénieur, reconnaître que j'étais un imposteur et que j'avais menti devant la cour de Toronto. Je continue de dire la vérité. En raison de la conspiration en cours menée avec succès par ces groupements juifs, je suis absolument sans travail, incapable d'en trouver et de nourrir ma famille. Je continue, avec une conviction profonde, à exercer mon droit à la libre expression et à la liberté de pensée. TROISIÈME PARTIE L'avenir Lorsque j'envisage l'avenir, j'y vois des difficultés de toute sorte, des conflits et des chicanes.¶Un grand procès en droit civil est sur le point d'être intenté devant la Cour fédérale contre les organisations juives susmentionnées, contre un grand nombre de personnes et contre des fonctionnaires et administrations de différents États qui se prêtent avec complaisance à tous les désirs desdites organisations. Aux États-Unis, il est contraire à la loi de calomnier, de diffamer et d'injurier publiquement quelqu'un dans l'intention délibérée d'étouffer son droit à la parole et sa liberté de pensée et de le priver de ses moyens d'existence. Ce procès a été retardé pendant tout l'été en raison de l'insuffisance des soutiens financiers. Il faut espérer que cette situation changera et que les soutiens augmenteront pour permettre l'ouverture du procès cet automne. Ces individus et ces groupements finiront par devoir rendre des comptes pour leur vilenie. Deux autres procès en diffamation sont prévus en Europe : l'un en Angleterre et l'autre en Suède. J'aperçois également une lumière au bout du tunnel du mythe de la chambre à gaz. Des preuves qui viennent à l'appui du Rapport Leuchter font surface tous les jours. Les Russes ont rendu publics les registres de décès d'Auschwitz, ce qui réduit de façon massive le compte des victimes présumées et remet en question la manière dont elles sont mortes. On me fait savoir que M. Piper, directeur du musée d'Auschwitz, reconnaîtrait que les autorités polonaises ont retouché la chambre à gaz du Krema I après la guerre et que celle qui existe n'est qu'une réplique. Nous apprenons aussi qu'une analyse médico-légale des chambres à gaz faite récemment par le musée prouve qu'il n'y a jamais eu aucun gaz dans ces installations. J'ai dernièrement achevé la critique du point de vue technique de Auschwitz : Technique and operation of the gas chambers, le gros ouvrage indigeste de Jean-Claude Pressac, le pharmacien incompétent. Je l'ai lu pour ce qu'il est en réalité : un condensé de documents assorti de considérations captieuses et non étayées. La prochaine fois que Klarsfeld sélectionnera un champion, j'espère qu'il fera un choix plus rigoureux !


675 Si nous continuons notre travail d'une manière professionnelle et scientifique, ce n'est qu'une question de temps pour que le monde apprenne la vérité. Pour terminer, je rappelle de nouveau à chacun la nécessité de l'enquête internationale que je ne cesse de réclamer : une enquête sur les installations d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek. ÉPILOGUE Message au peuple allemand J'en arrive enfin à ce qui est peut-être la partie la plus importante de mon intervention : le message que j'adresse au peuple allemand. Je ne suis relativement qu'un nouveau venu dans l'étude des chambres à gaz. Bien des gens importants m'ont précédé sur cette voie. Et beaucoup, comme moi, ont subi outrages et avanies. Le plus notable d'entre eux est le professeur Robert Faurisson qui, parlant en connaissance de cause et en expert de la question des chambres à gaz, a dû payer le prix pour son franc parler. Il a été victime de voies de fait, roué de coups à deux doigts d'en perdre la vie et sa carrière a été ruinée. Tout cela pour avoir dit la vérité et remis en question le mythe de la chambre à gaz. J'ai, de mon côté, eu beaucoup à souffrir, mais, par bonheur, jusqu'à présent je n'ai été l'objet que de menaces. Les Allemands ont, eux aussi, eu leur part de souffrances. Ils sont relégués au rang de citoyens du monde de seconde classe depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En raison du mensonge de la chambre à gaz dont on les a accablés, un peuple qui avait autrefois sa fierté porte le poids d'un odieux péché qu'il n'a jamais commis. L'empereur germanique Henri IV fut autrefois contraint d'implorer, pieds nus en plein hiver, le pardon de son adversaire le pape à Canossa. Où les Allemands d'aujourd'hui vont-ils donc aller ? En Israël ? Quarante-cinq années de pénitence suffisent ! Surtout pour un péché qu'on n'a jamais commis ! Nous avons besoin de votre aide maintenant. Apportez votre soutien à Zündel, à Faurisson, à moi-même et à tous ceux, innombrables, qui ont pâti en défendant la vérité. J'ai demandé qu'une commission internationale fût envoyée en Pologne pour examiner les présumées chambres à gaz et confirmer ainsi mes découvertes scientifiques. A ce jour, le monde n'a pas encore entendu mon appel. Les médias refusent de rapporter les faits. Joignez-vous à moi pour réclamer l'enquête. Demandez au Bundestag de voter une résolution incitant les Nations unies à agir dans ce sens. Libérez le monde et le peuple allemand de cette fable historique. Rejetez le joug de votre fausse culpabilité. En tant qu'Allemands et en tant qu'entité politique, vous avez la force de le faire. Je vous en prie, aidez-nous. Merci. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 141-156


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WANNSEE : «UNE HISTOIRE INEPTE» Un communiqué de l'Agence télégraphique juive, publié dix jours après la célébration, dans le monde entier, de l'anniversaire du «procès-verbal» de Wannsee du 20 janvier 1942, annonçait que, pour Yehuda Bauer, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, la réunion de Wannsee ne pouvait avoir la signification que persistaient à lui attribuer les médias et selon laquelle les Allemands auraient, ce jour-là, décidé d'exterminer les juifs. Y. Bauer estimait qu'il s'agissait même là d'une «histoire inepte» (silly story). Dès le début des années 80, la thèse dite de Wannsee avait été progressivement délaissée par les historiens et elle fut définitivement abandonnée au colloque de Stuttgart (3-5 mai 1984). Mais le grand public est maintenu dans l'ignorance de ces rectifications, qui constituent autant d'hommages involontaires aux révisionnistes. En France, le battage fait autour de Wannsee continue de trouver un écho jusque dans le calendrier des Postes de l'année 1992 ; dans le répertoire des dates historiques, on découvre : 20 janvier [1942] : Les nazis adoptent «la solution finale» pour les Juifs qu'ils déportent et exécutent massivement (L'Almanach du facteur, Eyrelle, 1992). Mais voici, dans son intégralité, le communiqué de l'Agence télégraphique juive (Londres) tel que reproduit dans le Canadian Jewish News du 30 janvier 1992, sous le titre : «Importance de Wannsee rejetée» : Un professeur israélien en Holocauste discrédite la Conférence de Wannsee à laquelle avaient, dit-on, participé des responsables nazis de haut niveau en 1942 dans une villa de la banlieue de Berlin pour mettre au point le projet de la «Solution finale». Selon le professeur Yehuda Bauer de l'Université hébraïque de Jérusalem, Wannsee était certes une réunion, mais «à peine une conférence» et «peu de ce qu'on y a dit a été exécuté dans les détails». Bauer a pris la parole lors de la session d'ouverture d'une conférence internationale qui s'est tenue [à Londres] pour marquer le 50e anniversaire de la décision d'exécution de la «Solution finale». Mais, a déclaré le professeur (né en Tchécoslovaquie), cette décision n'a pas été prise à Wannsee. «Le public répète encore, jour après jour, l'histoire inepte [the silly story] qui veut que ce soit à Wannsee que l'extermination des juifs ait été décidée. Wannsee n'était qu'une étape dans le déroulement du processus du meurtre de masse», a-t-il déclaré. Bauer a également réaffirmé que les craintes de voir disparaître avec le temps les souvenirs de l'Holocauste sont infondées. «Qu'on le présente de manière authentique ou de manière inauthentique, avec compassion et compréhension ou comme un kitsch monumental, l'Holocauste est devenu un symbole majeur de notre culture. «Il ne se passe guère de mois sans qu'il y ait une nouvelle émission de télévision, un nouveau film, une nouvelle pièce, un certain nombre de livres nouveaux, en prose ou en poésie qui traitent de ce sujet. «Contrairement aux juifs vivants, les juifs morts ont très souvent bénéficié de commisération et de compassion ou fourni l'occasion d'un examen de conscience », a déclaré le professeur. Le 14 février 1990, les juges Diet, Pluyette et Breillat avaient débouté R. Faurisson de sa plainte contre G. Wellers. Notre revue avait fait état (R.H.R. n° 3, novembre 1990, p. 204- 205 et R.H.R. n° 4, février 1991, p. 192-193) de la manipulation à laquelle s'étaient livrés les juges dans leur prétendue reproduction du «procès-verbal» de Wannsee, et cela pour accréditer une


677 thèse abandonnée depuis 1984 et aujourd'hui qualifiée d'«inepte» par une sommité de l'école exterminationniste. On aimerait connaître la réaction de MM. Robert Diet, Gérard Pluyette et Yves Breillat à la déclaration de Y. Bauer. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 157-158


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LE RÉVISIONNISME ENTRE AU «LAROUSSE» RÉVISIONNISME : n.m. 1. Comportement, doctrine remettant en cause un dogme ou une théorie, notamment celle d'un parti politique. 2. Remise en cause d'une loi, d'une constitution ou d'un jugement (comme la condamnation d'Alfred Dreyfus). 3. Position idéologique des marxistes partisans de la révision des thèses révolutionnaires en fonction de l'évolution politique, sociale ou économique. 4. Remise en question de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, tendant à nier ou à minimiser le génocide des Juifs par les nazis. Le révisionnisme historique fait, enfin, son entrée au Petit Larousse. Pour les révisionnistes, c'est un succès mais la définition proposée est contestable parce que subjective. Cette définition présente le génocide des juifs par les nazis comme une réalité historique que les révisionnistes tendent à nier ou à minimiser. Galilée ne niait pas que la terre fût plate. Il affirmait, au terme de ses recherches, que la terre était ronde. De même, les révisionnistes ne nient pas ou ne minimisent pas le fait que les «nazis» auraient procédé au génocide des juifs. Ils affirment, au terme de leurs recherches, que les «nazis» se sont efforcés de trouver une solution finale à la question juive par l'émigration, si possible, ou par l'évacuation, si nécessaire. Encore le mot de «nazis» est-il impropre. Il faudrait écrire «nationaux-socialistes» (qui n'est pas polémique) ou — mieux — «Allemands», car c'est l'ensemble des Allemands qui est accusé d'avoir, dit-on, exterminé ou laissé exterminer les juifs. D'ailleurs, c'est encore aujourd'hui le peuple allemand tout entier qui verse, en conséquence de son «crime», des réparations financières aux juifs ; il devra en verser jusqu'à l'an 2030. Bref, s'il fallait corriger la définition du Petit Larousse, on pourrait écrire : Remise en question de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, concluant, en particulier, à l'inexistence du génocide des juifs par les Allemands. ou Remise en question de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, concluant, en particulier, que les Allemands ont cherché une solution finale à la question juive par l'émigration ou par l'évacuation. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 159-160


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Observations sur

«LA PESTE BRUNE» Raphaël Brink La Peste brune, film produit par la télévision suédoise et réalisé par l'Allemand Michael Schmidt, a été diffusé sur Antenne 2 le 12 décembre 1991 dans le cadre du magazine «Envoyé spécial», dirigé par Paul Nahon. L'émission a été préparée et présentée par Bernard Benyamin, et accompagnée d'un commentaire dit par Jérôme Camilli. Il s'agit d'un produit à fabriquer l'opinion. Mise en condition Dès le 7 décembre, Télé 7 Jours prévient ses lecteurs qu'ils assisteront à un film dangereux et que, pour éviter de mettre en danger la vie du réalisateur du film, on ne montrerait pas le visage de ce dernier. Toujours selon Télé 7 Jours et à en croire Michel Radenac, le réalisateur aurait parcouru l'Europe pendant deux ans et tourné au total 110 heures de bobine. On se demande quelle a pu être la réalité du danger puisque le réalisateur a pu filmer ces 110 heures sans jamais avoir été inquiété et sans avoir jamais réussi à filmer une seule scène de violence. Quant au reportage lui-même, il peut, au premier abord, donner une impression de neutralité et de respectabilité : son auteur est Allemand, son équipe de tournage est suédoise et c'est un pasteur qui s'exprime sur les toutes premières images. Dans son introduction, Bernard Benyamin nous avertit, d'une voix que l'angoisse rend presque haletante : L'enquête que vous allez voir ce soir est le fruit d'un travail effectué pendant plus de deux ans par une équipe de la télévision suédoise. Son thème est d'une actualité brûlante puisqu'il s'agit de la renaissance des idées nazies en Europe. L'auteur de cette enquête s'appelle Michael Schmidt ; il est Allemand ; il reçoit depuis de nombreuses menaces de mort ; ça ne l'empêchera pas d'être tout à l'heure avec nous, sur ce plateau … M. Schmidt apparaît dans le film lui-même, dès les premières minutes. Il n'a pas songé à se cacher. B. Benyamin poursuit : Je n'insisterai pas sur la force de ce reportage, ni sur le sentiment d'effroi qui peut s'en dégager… Le film débute par une suite de scènes où les thèmes sont enchaînés par connotations accessoires, selon une logique quelque peu hallucinée à laquelle va obéir tout le montage du film. Un adolescent confie qu'il en a assez de voir l'Allemagne salie par les étrangers et par les juifs. Au montage on lui a masqué le visage par un procédé optique, ce qui donne l'impression d'un tournage clandestin. On enchaîne sur une scène de meeting, où un orateur bien lancé déclare «nous défendons notre race, notre peuple, nous voulons la vérité parce que la vérité nous rend libres !». Sous-entendu : celui-là aussi doit s'en prendre aux juifs mais à haute voix, à visage découvert et en public. Gros plan sur le calicot proclamant «Wahrheit macht frei» («La vérité rend libre»), qui conduit à l'inévitable pancarte «Arbeit macht frei» surmontant l'entrée du camp d'Auschwitz. Voici Thies Christophersen, qui, justement, était officier à Auschwitz. Il explique comment il affectait des déportés à des travaux agricoles : le mot de «sélection» est prononcé. T. Christophersen dit aussi avoir choisi quelques Tziganes pour faire de la musique, activité fortement liée à la chambre à gaz homicide. Pour preuve apparaît Esther Bejarano, dédicataire


680 du film, survivante d'Auschwitz, qui conte que son rôle, en tant que musicienne de l'orchestre féminin du camp, était de tranquilliser les nouveaux déportés et de dissiper chez eux le soupçon qu'on les destine à la chambre à gaz. «Une menace terrifiante» La voix de Jérôme Camilli s'élève tandis que se fait entendre une musique de synthétiseurs, accompagnée de chœurs électroniques modulant des «Aaah !» à glacer les sangs. Les idées qui ont envoyé Esther Bejarano à Auschwitz n'ont pas disparu. Ces idées-là survivent et se développent grâce au financement de vieux camarades et au soutien de militants très motivés pour des actions politiques et terroristes. C'est un réseau sinistre et effrayant dont les dimensions réelles ne sont devenues apparentes qu'au bout de deux années d'enquête. Révéler l'ensemble de ces ramifications est une tâche impossible. Ce film ne développe qu'un seul aspect, mais qui représente une menace terrifiante. [...] Je souhaite dédier ce film à Esther et à ceux qui pensent qu'un phénomène terrible est en train de se développer. Des phrases. Avec des adjectifs qui font de l'effet : sinistre, effrayant, impossible, terrifiante, terrible. Voilà plus de quarante ans que le spectre de la «résurgence» ou de la «montée du nazisme» est régulièrement agité. Pour appuyer la menace, on présente brièvement sur l'écran un tableau censé figurer les tentacules de l'hydre. S'y mêlent des sigles existants ou disparus, ou bien encore de pure fantaisie, au centre desquels se remarquent les initiales du Ku-Klux-Klan. Cet organigramme relève de la construction de circonstance. Le film ratisse très large, des skinheads bavarois aux néo-nazis du Nebraska ; il met en cause l'extrême droite représentée au parlement européen, la Bundeswehr, Helmut Kohl et jusqu'au parti libéral FDP ; il vise surtout les historiens révisionnistes. Un film antiallemand On cherche à compromettre avec le petit monde néo-nazi des membres de l'administration actuelle ou des gouvernants actuels de l'Allemagne : Une séquence montre l'officier de police Wunsch qui s'entend avec le responsable d'une réunion néo-nazie pour protéger cette dernière. La scène : une manifestation d'extrême droite, menée par Michael Kühnen. Le lieu : Dresde. Écoutons M. Schmidt, dans la traduction que nous en propose l'adaptation française : A l'heure actuelle en Allemagne, le mouvement néo-nazi est plus important qu'il n'a jamais été. Dans la seule RDA, il compte plus de 15 000 adeptes. [...] C'est l'ancienne Allemagne de l'Est qui connaît la croissance la plus forte. L'ordre public s'est effondré en même temps que l'économie. Après 40 années de soi-disant vrai socialisme antifasciste, les autorités ne savent plus ce qu'est le vrai fascisme. C'est pour le moins exagéré. Le film spécule sur le discrédit où sont tombées les autorités est-allemandes qui laisseraient faire les nazis. En guise d'échantillon représentatif de ces autorités, on cadre l'inspecteur Wunsch, encore très DDR avec son treillis strié caca-d'oie modèle NVA et son fort accent saxon, mais timide et poli, aussi déstabilisé psychologiquement que peut l'être un policier est-allemand qui vient à peine de voir s'écrouler le régime auquel il avait voué sa carrière. Dialogue (dans la traduction française d'Antenne 2) : — Je suis surpris que les néo-nazis puissent manifester si facilement dans les rues de Dresde !


681 — Ils tiennent un meeting, ce qui est permis en vertu du droit de se réunir… Tout est parfaitement légal… Et maintenant, soyons clairs, allons-y : où sont les néo-nazis ?… — Qu'est-ce que vous voulez dire ? — Rien d'autre que ce que vous avez entendu … — Vous ne croyez pas qu'il y a des néo-nazis, ou vous pensez que cela reste à prouver ? — Personne n'a à démontrer que … — Mais on voit partout des saluts hitlériens ! — Où ça ? — Juste devant vous, là ! Il y a des photographes et ils les saluent à l'allemande, avec des saluts hitlériens, c'est clair, non ? — J'ai rien remarqué, moi. Wunsch n'a rien remarqué. Le téléspectateur non plus. On ne lui a rien montré, sinon quelques manifestants faisant le «V» de la victoire à la façon de Churchill. Si vraiment il y avait eu des bras levés partout dans les rues de Dresde, la caméra de M. Schmidt ne les aurait pas manqués au lieu de s'acharner sur un officier de police dépassé par ce qui lui arrive. Le téléspectateur retiendra que les nazis, dont on ne lui a pourtant pas montré le moindre spécimen, paradaient bras levé en pleine rue dans l'expirante Allemagne de l'Est. Le cinéaste nazi Hippler devint après la guerre l'ami d'une haute personnalité du parti libéral FDP, Walter Scheel, qui, en 1974, allait être élu président de la République fédérale allemande. Le chancelier Kohl est mêlé à l'historien David Irving, dont les ouvrages — «controversés», nous est-il précisé avec insistance — sont tirés à des millions d'exemplaires chez de grands éditeurs : «Ein Reich, ein Irving» a titré le grand quotidien londonien The Independant. Un article dans lequel on pouvait lire : «A Noël, le chancelier Kohl a donné aux personnes chargées de rédiger ses discours un exemplaire de la célèbre biographie de Winston Churchill par David Irving.» Après un ancien président de la République libéral, l'actuel chancelier chrétien-démocrate se trouve compromis. Lors de la séquence finale sur l'entraînement militaire prétendument néo-nazi, on assiste à une partie de paint-ball (pistolet pneumatique envoyant des capsules de colorant qui matérialisent les impacts) et on nous dit que ce sont des cadres de la Bundeswehr qui viennent s'entraîner. Paroles truquées et juxtaposition de propos A plusieurs reprises, on entend des «Sieg Heil !» qui ne correspondent pas au mouvement des lèvres. Même remarque pour le minuscule groupe censé chanter le Horst Wessel Lied. Plutôt que de recourir aux sous-titres, qui auraient permis aux téléspectateurs comprenant l'allemand et l'anglais de réellement savoir ce qui se dit dans ce film, Antenne 2 a opté pour un doublage surdramatisé, dit par des acteurs. Ce doublage couvre les voix originales. Pas assez cependant pour dissimuler certaines falsifications délibérées, dont voici un exemple. Nous sommes en Allemagne de l'Est. Gottfried Küssel dirige une manifestation à l'aide d'un porte-voix en scandant «L'Allemagne aux Allemands, les étrangers dehors !». Le commentaire trace un tableau d'apocalypse : Des foyers de réfugiés sont attaqués. Les étrangers sont pourchassés et assassinés dans les rues, boucs émissaires tout trouvés pour une société en crise.


682 Il est exact que des incidents ont eu lieu durant la période 1990-1991 dans une RDA moribonde. Les plus sérieux se sont produits à Hoyerswerda, sans que les néo-nazis y fussent pour rien : la population de la petite ville s'était mobilisée pour obtenir le départ de ressortissants du Vietnam et du Mozambique perçus comme un legs du COMECON et comme des créatures de l'occupant soviétique. Il y a eu des attroupements, des jets de pierres, des blessés : assiégé, un immeuble abritant des étrangers a dû être entièrement évacué et ses occupants acheminés vers les régions plus calmes de l'ouest de l'Allemagne. Ce ne fut assurément pas une page de gloire de l'époque de la réunification mais le ressentiment antiimmigrés existe en Allemagne autant qu'en France ou en Suède. Cependant, une voix doublée en français, traitée comme si elle sortait d'un mégaphone, se met à beugler : L'Allemagne aux Allemands, dehors les juifs ! Or, on peut distinctement entendre derrière ces mots : «Deutschland den Deutschen, Ausländer raus !», soit : «L'Allemagne aux Allemands, les étrangers dehors !». Il existe, au long du film, plusieurs autres passages suspects, où la traduction française ne semble pas concorder avec le texte allemand et où même la version originale paraît avoir été trafiquée. Écoutons le commentaire au sujet de G. Küssel : Le successeur désigné de Kühnen [mort du sida en avril 1991, pendant le tournage du film] vit à Vienne. Il a le même passé qu'Hitler : Autrichien et criminel. Aucun des crimes de ce «criminel» n'est précisé. Gottfried Küssel n'a aucune hésitation pour dire qui il enverra en camp de concentration s'il arrive au pouvoir : «Tout le gouvernement, bien sûr, tous ceux qui ont permis que survive ce système complètement faux. Nous devons leur montrer leurs erreurs.» Or, il s'agit là d'une juxtaposition de propos et d'un effet de montage. C'est le commentateur qui a prononcé les mots fatidiques de : «camp de concentration». La «confession» de Th. Christophersen Les révisionnistes sont la véritable cible du film : Si les révisionnistes détiennent la vérité, cela signifie que les victimes mentent. La preuve que ce sont les révisionnistes qui mentiraient sera fournie avec l'interview de l'un d'entre eux, Thies Christophersen. A M. Schmidt qui lui demande : Est-ce qu'il y a eu des gazages, oui ou non ? il répond : Dans mes rapports, je n'ai rien dit sur les gazages. Le texte allemand est presque inaudible. Si on le réécoute attentivement, il est possible de reconstituer avec une probabilité maximale la phrase complète : «Über Vergasungen habe ich in meinem Bericht nicht geschrieben.» Mot à mot : «A propos de gazages je n'ai dans mon rapport [sur Auschwitz] pas écrit.» Ce qui diffère sensiblement de la traduction forgée par Antenne 2. Si T. Christophersen n'a rien écrit dans son rapport sur ce sujet, c'est parce qu'il n'avait pas à y parler de ce qui n'existait pas à Auschwitz. Ce «dialogue» très particulier est coupé par deux commentaires off. Le premier : Dans son rapport, Auschwitz ressemble davantage à un camp de vacances qu'à un camp de la mort. En fait, T. Christophersen décrit le cantonnement dont il avait la charge comme un camp de travail relativement privilégié, mais il ne cache aucunement que la main-d'œuvre qui lui était envoyée de Birkenau pouvait être en état de malnutrition.


683 Reprise du dialogue : — Que pensez-vous de David Irving ? — Il fait encore l'objet d'attaques parce qu'il est anglais. Et nous n'aimons pas la façon dont il parle d'atrocités allemandes qui se sont, c'est vrai, sûrement produites. Mais moi, je le reconnais, je suis partial. Dans l'esprit du téléspectateur moyen, ces atrocités ne peuvent être que des gazages homicides. T. Christophersen parle en fait d'atrocités «normales», de crimes de guerre tels que toutes les guerres en produisent et que D. Irving a pour habitude de dénoncer dans ses conférences, ce qui froisse certains de ses auditeurs allemands. Le commentaire off reprend : Le Mensonge d'Auschwitz est la bible de tous ceux qui veulent nier la vérité. Mais l'auteur avoue l'effet de distorsion : ne pas mentionner les chambres à gaz revient à dire qu'elles n'existaient pas. L'auteur n'avoue rien de tel. C'est le commentateur et lui seul qui vient ainsi reparler des chambres à gaz. Par un nouvel effet de juxtaposition, on insère ensuite des propos de T. Christophersen, qui sont peu clairs et pourraient aussi bien faire allusion aux atrocités «normales» déjà mentionnées qu'à autre chose encore : Je veux alléger notre fardeau et prendre notre défense. Mais c'est vrai, c'est impossible avec tout ce que nous avons fait. Je ne peux le nier mais n'importe quel avocat de la défense éviterait de faire allusion à la pièce à conviction. Cela ne me gêne pas ; j'aurais le sentiment de trahir mes amis si je disais le contraire en public maintenant. Et ça, je ne l'ai jamais fait. T. Christophersen ne cache ni sa partialité ni ses sentiments nationalistes. Sa plaquette Le Mensonge d'Auschwitz n'a rien d'une bible. Il s'agit d'un témoignage à décharge, un témoignage partiel, qui ne prétend relater que ce que son auteur a vu et vécu en tant qu'agronome affecté en janvier 1944 à Raisko, petit camp satellite d'Auschwitz. Le spectacle de Birkenau, surpeuplé et sale, lui a fait mal, dit-il, mais il prétend avoir suffisamment bien connu le complexe d'Auschwitz pour avoir l'absolue certitude que jamais aucun être humain n'y fut gazé. Les propos de T. Christophersen, tels du moins qu'ils ont été rendus dans le film, ont inspiré à Henry Rousso un commentaire paru dans Vingtième Siècle - Revue d'histoire (n° 34, avril-juin 1992, p. 196-200) : «Une véritable confession», dit-il, et il ajoute que c'est «la première fois qu'un négationniste explique le sens de son mensonge». Cependant, par prudence ou par honnêteté, H. Rousso se garde d'écrire en toutes lettres que T. Christophersen «avoue» la chambre à gaz. Il reste sur l'équivoque qui imprègne tout ce passage du film. Il fait bien. T. Christophersen ne manquera pas de réagir à la manipulation dont ses paroles avaient été l'objet et il révélera, sur ce point, de troublants détails sur la façon dont a été fabriqué le film. Dans sa livraison de février 1992 (p. 6), sous le titre «Voici comme on falsifie», le Courrier du Continent, de Lausanne, a publié sa mise au point. Il en ressort que l'intéressé avait immédiatement envoyé à la télévision suédoise une «rectification», à laquelle il ne fut jamais donné suite. Il y révèle que l'interview avait été accordée non pas à la télévision suédoise, mais à Michael Kühnen, décédé depuis ; que la télévision suédoise, entrée en possession de cette interview, l'avait découpée pour en faire un montage de pièces disparates. Dans cette interview originale, le vieil homme, exilé au Danemark, déclarait que l'âge allait l'obliger à cesser son travail d'éditeur, mais qu'il continuerait à travailler par ailleurs pour assurer sa subsistance. Il ajoutait : Ce serait trahir mes amis que d'accepter leur aide et de ne plus rien faire. Quant aux chambres à gaz, j'ai dit [lors de cet enregistrement avec M. Kühnen] qu'il y en avait eu, mais seulement pour les poux. La télévision suédoise a présenté cela comme si j'avais dit qu'il y avait eu des chambres à gaz, mais que je ne pouvais pas me rétracter par égard pour mes amis !


684 Ainsi, à l'instar de Patrick Poivre d'Arvor dans sa fameuse interview fictive avec Fidel Castro, la télévision suédoise a monté des entretiens prétendument menés par M. Schmidt et forgés en réalité à partir des bandes vidéo livrées (ou vendues) par … des néo-nazis. On ne voit M. Schmidt qu'en la compagnie d'Esther Bejarano. On ne le voit ni avec T. Christophersen ni avec aucun autre néo-nazi. Et pour cause ! Il a acheté ces films au lieu de les tourner lui-même. Est-ce pour expliquer l'anomalie de son absence qu'on a mis au point le mensonge d'un M. Schmidt craignant pour sa vie et contraint de se cacher ? Des confusions historiques délibérées Le Deutschlandlied, hymne national allemand, composé au XIXe siècle par le poète Hoffmann von Fallersleben, est présenté comme un chant de guerre spécifiquement nazi. Le fameux Reichskriegflagge, drapeau de guerre du Kaiser, est présenté comme un drapeau nazi. On se moque du téléspectateur On est censé assister à la réunion d'une cellule secrète d'une formation nazie ; en réalité, on aperçoit de jeunes skinheads qui, vautrés dans des fauteuils, les pieds sur la table, en chaussettes, boivent de la bière en regardant une vidéo sur le IIIe Reich. Lors de l'entraînement au combat, le journaliste interroge le chef de groupe : «Est-ce que vous ne risquez pas de vous faire repérer ?» Réponse de G. Küssel : «Non, nous sommes discrets» ; or, derrière lui, on aperçoit une énorme tente de camping orange vif ! Le féroce entraînement consiste à faire une partie de paint-ball, donc un entraînement avec des armes fictives. Cependant, pour faire vrai, on a ajouté un bruitage d'armes de guerre, alors que le paint-ball fait en réalité un bruit d'air sous pression. On nous raconte que G. Küssel accueille un délégué américain à une réunion secrète, mais, apparemment, la réunion secrète a été filmée de fond en comble et sous tous les plans : depuis l'aéroport, à l'intérieur de la voiture, à tout moment le journaliste a pu interviewer sans difficulté ; et on nous montre un journal qui, précisément, parle de cette réunion ! Un homosexuel d'extrême-droite, 70 ans, les cheveux blonds teints, est présenté comme «un expert de la terreur» (Gerrit von Wolsnik), agent international de liaison des fascistes ; or, il donne plutôt l'impression d'être le dirigeant d'une messagerie homosexuelle. On nous présente le nazi américain Gary Rex Lauck, chef de la folklorique NSDAP/AO de Lincoln, Nebraska. Cette officine existe depuis au moins vingt ans. La NSDAP/AuslandOrganisation (NSDAP/Organisation à l'étranger) expédie à quiconque en formule la demande des petits paquets d'autocollants décorés de croix gammées, avec les mêmes slogans depuis sa fondation. L'AO exporte du matériel de propagande dans le monde entier. Son organisation divisée en cellules est secrète et donc impénétrable pour la police. Or, il suffit d'envoyer à la boîte postale de Gary R. Lauck les coordonnées de vos amis pour que celui-ci leur propose par lettre de créer un cercle local du NSDAP-AO. Le procédé, typiquement américain, est celui des réunions Tupperware. Gary Lauck est en relation avec des terroristes aux États-Unis… [...] Berlin-Est, le Q.G. des néo-nazis, la Wecklingstrasse, était une sorte de base de lancement de la terreur. Une ambiance dramatique Par l'image : Lors de l'arrivée de Lauck, le délégué américain, à la «réunion secrète» de Berlin, on se trouve plongé dans une atmosphère qui évoque Beyrouth : land-rover, regards furtifs dans le rétroviseur, boîte à gants qui s'ouvre en dévoilant un revolver, revolver que prend Kühnen pour le mettre dans sa poche (n'oublions pas que le passager n'est autre que le cameraman !).


685 Dans la séquence montrant la partie de paint-ball, on voit cinq acteurs s'élancer ; leur mouvement est passé au ralenti, ce qui crée une atmosphère de guerre du Vietnam, comme dans le film Platoon. Le tableau des organisations nazies dont nous avons déjà parlé et qui mélange des organisations actuelles et disparues donne une impression de ramifications énormes et inquiète le téléspectateur : «Révéler l'ensemble est impossible». Certains personnages interviewés apparaissent masqués ; pour le téléspectateur, le message est le suivant : ces gens ont honte d'eux-mêmes ou bien ils ont peur. Certains visages emplissent totalement l'écran, procédé employé lorsqu'on veut rendre les visages odieux. Par le son : Quand on voit le groupe para-militaire à l'entraînement, on entend un son de cloche qui tinte un peu comme un glas, ce qui crée une impression sinistre, comme dans un film d'horreur. La séance de tir au paint-ball, rappelons-le, est fallacieusement dramatisée par des bruits de véritables armes à feu. Lors de la retransmission de la réunion révisionniste à Munich, le général Otto Remer est pris en photo et le système de ces prises de vue photographiques se fait de manière cadencée : clic-clac, clic-clac, à plusieurs reprises ; ce qui rappelle Nitchaev est de retour, film policier d'espionnage. Au moment d'évoquer les problèmes du Parlement européen où un néo-nazi vient d'être élu, on découvre soudain une vue aérienne du parlement et l'on entend un bruit d'hélicoptère, ce qui évoque le film Apocalypse now. Lorsqu'on voit le professeur Faurisson, on entend des battements de cœur puis un requiem, système classique des films d'horreur [1]. A plusieurs reprises, on utilise de la musique d'orgue, qui donne une sensation oppressante, comme dans le film d'horreur de Werner Herzog sur Dracula, Nosferatu. Le dialogue de M. Schmidt et de l'inspecteur Wunsch est mixé avec, en fond, un double crescendo mêlant des aboiements de chiens et la lugubre musique planante qui accompagne tous les moments forts du film ; l'effet est saisissant. Dans certaines séquences, on entend le tic-tac d'une montre, procédé bien connu pour créer la tension. Parlant de G. Küssel, le présentateur dit de lui qu'il a le même passé qu'Hitler : il est Autrichien… ; «son organisation est secrète et donc impénétrable pour la police» ; le tout accompagné d'une musique tragique. Un vocabulaire bien choisi brûlante menaces de mort effroi actions terroristes réseau sinistre et effrayant menace terrifiante terrible prétend (3 fois) terroriste violence terreur (base de lancement de la)


686 un expert de la terreur et un criminel de guerre «je suis horrifiée et effrayée» réveil des nationalistes en Europe antisémites fanatiques apparence respectable gens ordinaires ternissent l'image de respectabilité soi-disant territoires perdus propagande bataille de rue terreur terrorisme * Dans sa livraison du 27 avril 1992 (p. 113), Der Spiegel attribue au parti de G. Küssel (Volkstreue Außerparlamentarische Opposition [Opposition extra-parlementaire fidèle au peuple]) quelque 120 adhérents et à son concurrent de Hambourg, Christian Worch, le soutien d'une douzaine de sectateurs. L'Allemagne compte 80 millions d'habitants. M. Schmidt semble n'avoir mené pour ainsi dire aucune enquête personnelle. Il s'est surtout procuré de petits films tournés par d'autres et faciles à se procurer. Son travail a principalement consisté à prélever des séquences de ces films, à en opérer le montage d'ensemble, à y ajouter un commentaire sonore et verbal de son cru pour donner l'impression, totalement fallacieuse, que le révisionnisme historique — qui est essentiellement l'œuvre de paisibles chercheurs ou universitaires — se nourrit du racisme antijuif, de la violence et du mensonge. M. Schmidt s'est révélé incapable de montrer une seule scène de violence. Dans les propos des révisionnistes, il n'a pu recueillir aucun élément propre à illustrer sa thèse. Dans le cas, particulièrement significatif de T. Christophersen, il n'a eu pour seule ressource que de tricher. Par un grossier découpage des mots et par un traitement adéquat du son, il a fait dire à ce dernier le contraire de ce qu'il avait dit. Là où l'Allemand affirmait que les chambres à gaz ont existé mais pour tuer les poux, il lui fait dire que les chambres à gaz (sous-entendu : pour tuer les hommes) ont existé, mais qu'il fallait cacher cette «vérité» désagréable pour les Allemands ! Parmi les montages de la propagande habituelle, La Peste brune se signale par sa lourdeur et sa maladresse. 1. Le professeur Faurisson n'est pas dans une réunion néo-nazie clandestine mais il est venu donner une conférence révisionniste dans un hôtel d'Alsace à un public bien paisible ; on n'entend rien de sa conférence sinon quelques mots aimables à l'adresse d'un ami venu du Canada ; le film n'est pas de M. Schmidt mais vraisemblablement d'un révisionniste qui se trouvait sur place ; tout le monde avait le droit de filmer ou d'enregistrer la conférence. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 161-174


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DILEMME AU PROCÈS DEMJANJUK Elizabeth LOFTUS et Katherine KETCHAM — WITNESS FOR THE DEFENSE [Témoin à décharge] New York, St Martin's Press, 1991, 288 p. Compte rendu de

John Cobden (Cette recension est parue dans The Journal of Historical Review, été 1991, p. 238-249) L'affaire Demjanjuk est particulièrement tragique. John Demjanjuk, 71 ans, est d'origine ukrainienne. Il s'est établi aux Etats-Unis après la guerre. Soupçonné d'avoir été «Ivan le terrible», le «bourreau de Treblinka», il fut extradé des États-Unis vers Israël, où il se trouve en prison depuis le 25 avril 1988. Son procès a été l'occasion de scènes d'hystérie. L'un de ses avocats s'est suicidé ou a été «suicidé» ; un autre a reçu de l'acide au visage. Demjanjuk, condamné à mort, attend la potence. La pièce à conviction dont on s'est servi contre lui est une carte d'identité fournie par le KGB. L'office qui, aux États-Unis, a enquêté sur lui est l'Office d'investigations spéciales (OSI), relevant du ministère de la Justice. Il s'est révélé que la carte d'identité était un faux : c'est ce qu'établissait très vite le responsable des expertises du Bundeskriminalamt (BKA) de Wiesbaden, consulté par la justice israélienne. Mais l'information fut tenue cachée par le gouvernement allemand, le gouvernement américain et le gouvernement israélien. Déjà les séances d'identification organisées par l'OSI avaient été truquées. Le tout a fini, récemment, par se savoir. Un certain nombre de publications viennent de lancer un cri d'alarme et de demander la libération de Demjanjuk mais le procureur israélien fait valoir que, si le condamné n'a pas été à Treblinka, il a pu être à Sobibor et que, s'il n'a pas été à Sobibor, il a pu être à Flossenbürg ! Pour lui, de toute façon, Demjanjuk est à considérer comme un coupable. Parmi les protestataires, on citera Yves Roucaute et Abraham Melzer. Le premier a publié dans l'Événement du jeudi (2 janvier 1992, p. 66) un article intitulé : «Libérez John-Ivan Demjanjuk !» et le second a envoyé, le 15 mars 1992, une lettre au président Georges Bush. A. Melzer dirige Semit ou Semittimes, le plus important magazine juif indépendant d'Allemagne. C'est à ce titre qu'il s'est adressé au président américain (Semit, Buchschlager Allee 28, D6072 Dreleich 3). Il est à remarquer que personne n'a osé réclamer un transport de justice à Treblinka pour voir où et comment Demjanjuk aurait pu actionner les manettes de gaz (!) des chambres à gaz. Ces chambres à gaz vivent d'une existence totalement immatérielle. La moindre enquête sur place révèle que ce simple camp de transit était d'une petitesse extrême par rapport à ce qu'il aurait dû être pour qu'on puisse y exterminer et y brûler en plein air de 700 000 à 1 500 000 juifs, (on nous précise qu'il n'y avait pas de crématoires) ! Le touriste d'aujourd'hui n'y voit que des «symboles» ; les limites du camp sont fausses ; on a, après la guerre, acheté des terrains à des paysans des environs pour en agrandir la superficie. Les vieux paysans, interrogés, n'ont jamais vu les horreurs complaisamment décrites. Gawlowski, le mécanicien de la locomotive qu'interroge Claude Lanzmann dans le film Shoah «ne savait pas» qu'il amenait chaque jour des juifs à leur mort ; il l'a «appris» après la guerre ; on le lui a «raconté». Dans l'article ci-dessous, on découvrira par quel processus psychologique s'explique la persistance à notre époque de véritables procès de sorcellerie. Elizabeth Loftus, juive


688 américaine, spécialiste de l'étude du témoignage, se trouve placée devant un dilemme : va-telle servir l'intérêt de la justice ou celui de l'État d'Israël et des juifs ? Le témoignage oculaire constitue la pierre angulaire de l'histoire de l'Holocauste. Bien plus que la preuve physique ou documentaire, les récits des «survivants de l'Holocauste» se sont révélés déterminants pour convaincre les gens que des millions de juifs européens furent exterminés de façon systématique dans des chambres à gaz au cours de la seconde guerre mondiale. Ce dont peu de personnes prennent conscience, c'est que le «témoignage oculaire» est notoirement imprécis, partial et, en bien des cas, manifestement faux et facilement réfutable. L'historien juif Samuel Gringauz, par exemple, a fait un jour observer : …la plupart des mémoires et rapports [des «survivants de l'Holocauste»] sont pleins de bavardages absurdes, d'outrances d'écrivassiers, d'effets de théâtre ; ils étalent un culte exagéré du moi, une philosophie d'amateur, un prétendu lyrisme d'emprunt, des rumeurs non vérifiées, des partis pris, des attaques partisanes et des apologies. Naturellement, le caractère imprécis des témoignages holocaustiques n'est pas unique. Souvenirs confus et faux témoignages se rencontrent dans tous les aspects de la vie. C'est à ce sujet fascinant que le docteur Elizabeth Loftus a consacré sa carrière. Ainsi qu'elle le relate dans son ouvrage Witness for the Defense, ce qui était pour elle au début un projet de recherche à l'université de Stanford devait devenir la vocation de toute sa vie : L'étude de la mémoire est devenue ma spécialité, ma passion. Ces dernières années, j'ai écrit des douzaines d'articles sur le mécanisme de la mémoire et ses défaillances, mais, à la différence de la plupart des chercheurs spécialisés dans l'étude de la mémoire, mes travaux se sont toujours orientés vers le monde réel. Dans quelle mesure, me suis-je demandé, la mémoire d'une personne pouvait-elle être façonnée par la suggestion ? Lorsque des gens sont témoins d'un grave accident de voiture, quel est le degré de précision de leur souvenir des faits ? Si un témoin est interrogé par un officier de police, la manière de poser les questions modifiera-t-elle l'interprétation de la mémoire ? Peut-il se greffer dans les mémoires des renseignements complémentaires, et faux ? (p. 7) Cette passion a conduit le docteur Loftus à une carrière d'enseignante à l'université de Washington et, c'est peut-être là le plus important, lui a donné accès à des centaines de salles d'audience en tant qu'expert spécialisé dans la faillibilité des récits des témoins oculaires. Comme elle l'a expliqué dans de nombreux procès, et comme elle le réaffirme de manière convaincante dans cet ouvrage passionnant, les récits de témoins oculaires peuvent être, et c'est souvent le cas, déformés au point de ne plus ressembler à la vérité. Une bonne compréhension de la mémoire humaine et de son fonctionnement, voilà qui est manifestement d'une importance capitale pour bien saisir le sujet de l'Holocauste. A cet égard, l'étude que fait le docteur Loftus du fonctionnement de la mémoire humaine est révélatrice sous deux aspects importants. Tout d'abord, elle explique comment fonctionne la mémoire et comment elle fait défaut. Après un exposé de ses idées générales, elle en montre l'application à des affaires criminelles particulières. Même si cette étude ne traite pas directement du sujet de l'Holocauste, elle fait des remarques générales et en tire des enseignements qui s'y rapportent de manière décisive. En second lieu, E. Loftus parle de son engagement personnel dans l'affaire bien connue de John Demjanjuk, le mécanicien-auto de Cleveland, né en Ukraine, qui a été jugé en Israël et condamné à mort pour avoir prétendument pris part à l'élimination de centaines de milliers de juifs dans le camp de Treblinka au cours de la seconde guerre mondiale. Dans son analyse du procès, E. Loftus apporte des arguments irrésistibles permettant de douter de la culpabilité de Demjanjuk. Et bien qu'elle ait ressenti, d'après ce qu'elle explique, comme une obligation


689 professionnelle pour elle de venir en aide à l'accusé, elle décida en dernier ressort de ne pas le faire. Comme elle le démontre, des innocents sont régulièrement déclarés coupables de crimes qu'ils n'ont pas commis sur la base de témoignages oculaires fautifs. Dans de tels cas, les témoins oculaires ne commettent pas de parjure. Ils ne mentent pas sciemment, mais plus exactement ils racontent la vérité telle qu'ils en sont venus à croire qu'elle était. Elle s'explique : Pourquoi, après tout, mentiraient-ils ? Ah, le voilà, le mot — mentir. C'est le mot qui nous fait faire fausse route. Voyez-vous, des témoins oculaires qui désignent du doigt des accusés innocents ne sont pas des menteurs, car ils croient sincèrement à la vérité de leur témoignage. Le visage qu'ils voient devant eux est le visage de l'agresseur. Le visage de l'innocence est devenu le visage de la culpabilité. C'est là l'aspect effrayant de la chose — cette idée vraiment horrifiante que nos souvenirs puissent se modifier, être inextricablement altérés, et que ce que nous pensons savoir, ce que nous croyons de tout notre cœur, ne soit pas nécessairement la vérité (p. 13). E. Loftus fournit un exemple frappant qui prouve combien les souvenirs peuvent être faussés. Jean Piaget, célèbre spécialiste de la psychologie de l'enfant, raconte dans son livre Plays, Dreams and Imitation in Childhood [Jeux, Rêves et Imitation dans l'Enfance] le souvenir vivace qu'il conservait d'une violente tentative d'enlèvement dont il avait été l'objet étant enfant. Tout au long de son enfance et dans les premières années de son adolescence, Piaget avait des souvenirs très clairs de cet événement qui l'avait marqué. Mais, lorsqu'il atteignit l'âge de quinze ans, sa nourrice avoua, dans une lettre adressée à la famille, qu'elle avait inventé cette histoire de toutes pièces et qu'il n'y avait jamais eu de tentative d'enlèvement. En grandissant, cette histoire d'enlèvement lui avait été racontée de manière si vivace que Piaget en était venu à la croire avec une telle conviction qu'il se souvenait bel et bien en avoir été lui-même témoin. La mémoire, nous dit-elle, n'est pas une caméra vidéo qui enregistre les événements et puis les repasse plus tard exactement tels qu'ils ont été enregistrés à l'origine. Non, il s'agit d'un processus évolutif ou «évolutionniste». Des souvenirs sont perdus, puis remplacés par d'autres. Certains d'entre eux, bien que conservés, changent avec le temps et deviennent une pâle imitation du souvenir d'origine. Ainsi précise-t-elle : A mesure que des bribes de renseignements s'ajoutent à la mémoire à long terme, les vieux souvenirs sont délogés, remplacés, froissés, ou fourrés dans des recoins. On ajoute de petits détails, on supprime les éléments troublants ou accessoires et l'on crée petit à petit une construction cohérente des faits qui peut présenter une faible ressemblance avec l'événement d'origine. Les souvenirs ne font pas que s'effacer, comme le vieux dicton voudrait nous le faire croire ; ils grandissent aussi. Ce qui s'efface, c'est la perception initiale, l'expérience réelle des événements. Mais chaque fois que nous nous rappelons un événement, il nous faut reconstruire le souvenir, et à chaque évocation le souvenir peut changer — teinté par des événements postérieurs, les évocations ou suggestions d'autres personnes, une compréhension meilleure ou un contexte nouveau. Lorsque nous les voyons à travers le filtre de nos souvenirs, la vérité et la réalité ne sont pas des faits objectifs mais des réalités subjectives, de caractère interprétatif. Nous interprétons le passé, en nous corrigeant nous-mêmes, en ajoutant des bribes ici ou là, en effaçant des évocations sans rapport ou gênantes, en balayant, en faisant le ménage, en mettant de l'ordre. Notre représentation du passé prend ainsi la forme d'une réalité vivante et mouvante ; elle n'est ni fixe ni immuable ; ce n'est pas un endroit, très loin, là-bas, préservé dans la pierre, mais c'est une chose vivante qui change de forme, s'étend, rétrécit, et s'étend à nouveau, une créature semblable à une amibe, qui a le pouvoir de nous faire rire, et pleurer, et serrer les poings. Des pouvoirs fantastiques — même les pouvoirs de nous faire croire en quelque chose qui n'a jamais eu lieu (p. 20).


690 E. Loftus décrit quelques-uns des moyens subtils de transformation de la mémoire de l'homme. Par exemple, la mémoire d'un individu peut être faussée par des renseignements reçus après l'événement en question. Les nouveaux renseignements acquis après l'événement peuvent se fondre avec le souvenir d'origine. A la fin, une personne se souvient du «nouveau» renseignement de manière si vivace qu'elle ne peut plus la distinguer du souvenir d'origine. Il arrive que le nouveau renseignement, nous dit E. Loftus, «non seulement améliore le souvenir existant, mais [qu'il] change bel et bien leur souvenir, allant jusqu'à faire en sorte qu'un souvenir inexistant se trouve incorporé au souvenir acquis précédemment» (p. 85). Dans l'une de ses études, E. Loftus montrait un dessin animé à un groupe d'enfants et les questionnait ensuite sur l'ours qui était apparu. Bien qu'aucun ours n'ait apparu dans le dessin animé, de nombreux enfants avaient des «souvenirs» de l'ours dès lors qu'ils étaient interrogés à son sujet. Le fonctionnement de la mémoire des adultes est fondamentalement le même. S'il est peu vraisemblable qu'un enfant se mette à «se souvenir» d'un seul coup d'une expérience inexistante qui ne s'est jamais produite, des adultes peuvent en venir, et en viennent, à «se souvenir», avec le temps, et d'une manière plus subtile, de non-événements. E. Loftus cite de nombreux exemples tirés d'affaires criminelles montrant à quel point les témoignages oculaires se modifient. Dans une affaire, la victime d'un viol se souvient distinctement que son agresseur ne portait aucun signe distinctif sur le visage. La police arrête ensuite un suspect portant une cicatrice à la joue qu'il aurait été difficile de ne pas remarquer. Mise à part cette différence importante, le suspect correspond au signalement fourni par la victime. Celle-ci est convoquée pour un interrogatoire complémentaire et on lui pose la question à propos de la cicatrice ; elle continue à soutenir d'un ton tout à fait assuré que son agresseur n'avait pas de cicatrice. Quelques minutes plus tard, on lui présente une rangée de photographies, dont celle du suspect. Par ce procédé, la police a involontairement implanté l'idée dans l'esprit de la victime que le violeur pouvait avoir une cicatrice. A moins que toutes les personnes photographiées ne portent une cicatrice, la victime prêtera naturellement davantage attention à l'homme à la cicatrice. Après tout, la police n'aurait pas parlé de cicatrice si elle n'avait pas été passablement convaincue que cet homme était le violeur. La victime pouvait encore être incertaine. Quelques jours plus tard, la police lui demande de revenir pour examiner une nouvelle rangée de photographies, dont celle du suspect à la cicatrice. Cette fois, tandis qu'elle promène son regard avec soin sur les photos, son estomac se serre et elle est saisie par la peur en voyant le suspect au visage balafré. Cet homme lui semble si familier. Elle commence à douter de son propre récit et envisage la possibilité que le violeur ait eu, après tout, une cicatrice. Bientôt la voici qui dit à la police qu'après tout son violeur pourrait être le suspect. Arrivée au moment du procès, elle avait complètement oublié qu'elle avait d'abord nié l'existence d'une cicatrice. A la barre des témoins, elle désigne avec une formidable assurance le suspect comme étant l'homme qui l'avait violée, et même elle se souvient à présent de la cicatrice. Le degré d'assurance avec lequel un témoin raconte son histoire est un puissant moyen de persuasion. Les faits par eux-mêmes n'ont pratiquement rien à voir, nous explique E. Loftus : Comme la plupart des gens, les jurés ont tendance à croire qu'il existe une étroite relation entre l'assurance d'un témoin et la précision de son témoignage. Un témoin qui affirme «Oui, c'est absolument, sans aucun doute, l'homme que j'ai vu» sera nettement plus convaincant qu'une personne qui affirme «Enfin, ouais, je crois que c'est ce type-là» (p. 170). E. Loftus relate le cas d'une jeune femme qui identifia péremptoirement un innocent comme étant l'homme qui l'avait violée. Ce n'est qu'après la condamnation de ce dernier et l'arrestation du véritable auteur du viol qu'elle se rendit compte soudainement qu'elle avait contribué à la condamnation d'un innocent. Elle avait cru fermement en son propre faux témoignage, et le jury aussi.


691 Comme l'explique E. Loftus, nous sommes ainsi prêts à accepter des récits peu fiables de témoins oculaires parce que nous ne comprenons pas le réel fonctionnement de la mémoire. La plupart des gens croient au scénario «caméra-vidéo» au lieu de croire au scénario «évolutionniste». C'est en raison de cette méprise que nous sommes fortement enclins à croire aux récits des témoins oculaires. En général, on a bonne mémoire. Dans la plupart des cas, il n'est pas d'une importance capitale que l'on se souvienne de détails particuliers avec une très grande précision. Même déformés, les souvenirs généralisés ne sont pas susceptibles de présenter une grande importance, sauf, comme le fait remarquer E. Loftus, dans une salle d'audience lorsque la vie ou la liberté de quelqu'un peut être en jeu. Le danger d'une déposition de témoin oculaire est évident : N'importe qui dans le monde peut être condamné pour un crime qu'il n'a pas commis, ou être privé d'une récompense qui lui est due, simplement parce qu'on s'est fondé exclusivement sur les preuves d'un témoin qui convainc le jury de l'exactitude de sa mémoire visuelle. Pourquoi les témoignages oculaires sont-ils si efficaces et si convaincants ? Parce que les gens en général, et les jurés en particulier, croient que notre mémoire enregistre les situations que nous vivons sur une bande magnétique continue et ineffaçable, comme dans le cas d'une disquette informatique ou d'une bande vidéo inaltérable. Pour la plupart, bien sûr, nous avons assez bonne mémoire. Mais combien de fois exige-t-on de nous un souvenir précis ? Lorsqu'un ami nous décrit ses vacances, nous ne lui demandons pas «Es-tu sûr que ta chambre d'hôtel avait deux chaises, et non trois ?»… Mais la précision d'un souvenir prend soudain un caractère crucial dans le cas d'un crime ou d'un accident. Les menus détails ont une portée considérable (p. 21). Dans Witness for the Defense, E. Loftus relate son engagement personnel dans de nombreuses affaires criminelles, y compris le procès du meurtrier en séries Ted Bundy. Elle a témoigné dans des affaires de meurtre, de viol et de sévices à enfant. Pour chaque affaire criminelle traitée ici, elle raconte l'histoire de son témoignage au cours du procès. Mais à une importante exception près : dans l'affaire de John Demjanjuk, elle raconte pourquoi elle refusa finalement de porter témoignage. Demjanjuk avait été extradé des États-Unis en Israël, où il encourait la peine de mort. On l'accusait (et il fut par la suite déclaré coupable) d'être un «criminel de guerre nazi» qui avait participé au meurtre de centaines de milliers de juifs dans le camp allemand de Treblinka pendant la guerre. En 1987, E. Loftus recevait un appel téléphonique de Mark O'Connor, l'avocat de Demjanjuk, qui lui demandait de témoigner en faveur de la défense. S'il y avait quelqu'un capable d'expliquer avec autorité à quel point un «témoin oculaire» pouvait être peu fiable, surtout après 35 ans, c'était bien le docteur Loftus. Cependant, elle n'hésita pas à rejeter la demande de l'avocat : «Je m'occupe en ce moment de trois autres affaires. J'ai des cours à donner. Et je suis juive» (p. 211). O'Connor ne voulut pas se contenter d'une telle réponse. Il traversa le pays en avion pour rencontrer le docteur Loftus en personne et passa deux jours à examiner avec elle les preuves établies dans cette affaire. E. Loftus dresse le bilan des preuves que l'avocat lui avait présentées et, ce faisant, apporte des arguments convaincants en faveur de l'innocence de Demjanjuk. Elle raconte que la seule preuve documentaire de l'accusation, à savoir une photocopie d'une carte d'identité fournie par les Soviétiques, peut bien avoir été un document fabriqué. Ne serait-ce que parce que sur ce document il manquait des éléments d'information essentiels. Elle raconte également comment les autorités israéliennes trouvèrent les «témoins oculaires» qui étaient si importants pour leur cause. Des fonctionnaires israéliens avaient fait passer dans les journaux des annonces : demandant aux survivants de Treblinka et de Sobibor d'entrer en contact avec eux. O'Connor sortit une feuille de papier du dossier et me lut l'annonce ainsi conçue : «Le


692 Département d'enquêtes sur les crimes nazis conduit une enquête dirigée contre les Ukrainiens Ivan Demjanjuk et Fedor Fedorenko» (p. 216). Dès cet instant, le témoignage des témoins potentiels était faussé par cette annonce. En donnant les noms des suspects, cette dernière encourageait tout naturellement les futurs «témoins oculaires» à modifier leurs souvenirs pour y rattacher cette nouvelle information. Les «témoins oculaires» ne tardèrent pas à faire la queue pour contribuer à faire condamner ces deux Ukrainiens. Au début, leur mémoire était défectueuse et certains n'étaient pas du tout sûrs d'eux-mêmes. Abraham Goldfarb, par exemple, affirma d'abord que Demjanjuk lui paraissait «familier». Mais, après avoir été interrogé plus avant par les autorités israéliennes, il «se souvint» brusquement qu'Ivan Demjanjuk était le garde du camp de Treblinka connu sous le nom d «Ivan le Terrible». La déposition de Goldfarb était la première qui situait Demjanjuk à Treblinka. Mais, comme le note E. Loftus : M. Goldfarb doit avoir été surpris lors de sa tentative d'identification d'Ivan, m'a expliqué O'Connor, étant donné que dans un mémoire publié juste après la guerre il avait écrit qu'Ivan («le Terrible») avait été tué dans le soulèvement de 1943. L'identification établie par Goldfarb doit également avoir surpris les enquêteurs israéliens, car le gouvernement américain les avait informés qu'Ivan se trouvait à Sobibor, et non à Treblinka (p. 217). Lorsqu'un autre «témoin oculaire», Eugen Turowski, fut interrogé pour la première fois, il reconnut Fedorenko, mais non Demjanjuk. Cependant, lorsque Turowski revint le lendemain pour la suite de son interrogatoire et qu'on lui montra à nouveau les photographies, il annonça que celle représentant Demjanjuk était celle d'«Ivan le Terrible», le sadique de Treblinka. Pourquoi, me demanda O'Connor, Turowski a-t-il reconnu Ivan immédiatement et d'un ton très sûr, alors que, la veille, il ne le reconnaissait pas du tout ? Étant donné que Goldfarb et Turowski se connaissaient et avaient fait leurs dépositions à quelques heures d'intervalle, n'estil pas raisonnable de supposer qu'ils avaient discuté de cette étonnante découverte : Ivan est toujours vivant ! (p. 218) E. Loftus poursuit : Les identifications positives suivantes ont été obtenues en septembre et octobre 1976 — au moins quatre mois après les dépositions de Turowski, de Goldfarb et de Rosenberg, et seulement un mois ou deux après la réunion du mois d'août des survivants de Treblinka qui se tient chaque année à Tel Aviv à la date d'anniversaire du soulèvement. Tous les témoins ayant identifié Demjanjuk vivaient en Israël et ont assisté à cette réunion (p. 219). Au total, cinq témoins identifièrent Demjanjuk comme étant «Ivan le Terrible». Au moins 23 anciens internés de Treblinka ne purent l'identifier. E. Loftus se trouva confrontée à un dilemme. Pour ses travaux sur l'aspect critique de la mémoire humaine et des récits de témoins oculaires, elle était l'une des autorités mondiales les plus réputées en la matière. Par ses propres recherches et sa propre expérience, elle savait que les méthodes employées par les Israéliens faussaient les témoignages de leurs témoins et que les preuves présentées par les Israéliens étaient nettement insuffisantes pour déclarer Demjanjuk indubitablement coupable. La vie d'un innocent était en jeu. E. Loftus avait bien voulu témoigner en faveur de divers accusés, meurtriers, auteurs de viols et de sévices à enfants. Le cas de cet immigrant ukrainien, mécanicien-auto à la retraite, était-il vraiment différent ? En face, évaluant les faits, prenant des notes, posant des questions détaillées, il y avait le docteur Elizabeth Loftus, professeur à l'université de Washington et expert dans des centaines de procès. Elle avait envie de dire «Oui, bien sûr, je vais m'occuper de ce procès». Les pratiques d'interrogatoire de la police israélienne étaient, à vrai dire, douteuses, et l'accusation s'appuyait sur des souvenirs remontant à trente-cinq ans. Si l'on devait ajouter foi à ces


693 souvenirs et que John Demjanjuk fût déclaré coupable, il serait condamné à mort. C'était une affaire qui avait grandement besoin du témoignage d'un expert (p. 222). Évoquant les sentiments qu'elle éprouvait tandis qu'elle se démenait dans son dilemme, E. Loftus reconnaît : Le dossier aurait dû me convaincre. Une cause qui reposait sur des souvenirs remontant à trente-cinq ans aurait dû se suffire à elle-même. Ajoutez à cette dégradation des mémoires le fait que les témoins savaient avant de regarder les photographies que la police détenait un suspect, et qu'on leur avait même donné le prénom et le nom de ce dernier — Ivan Demjanjuk. Ajoutez à ce scénario le fait que les investigateurs israéliens demandaient aux témoins s'ils pouvaient identifier John Demjanjuk, ce qui constituait une question nettement attentatoire et tendancieuse. Ajoutez encore le fait que les témoins parlaient très certainement de leur identification après coup, ce qui pouvait dénaturer les identifications ultérieures. Ajoutez enfin la présentation répétée de la photographie de John Demjanjuk, de telle sorte qu'à chaque exposition son visage devenait de plus en plus familier et que l'attitude des témoins devenait de plus en plus assurée et convaincante. Et puis, à toutes les considérations ci-dessus il faut ajouter un facteur : la nature intensément émotionnelle de cette cause particulière, car l'homme que ces gens étaient en train d'identifier était plus qu'un instrument des nazis, plus, même, que le redouté Ivan qui faisait marcher les moteurs Diesel et torturait et mutilait les prisonniers. Cet homme, s'il était bien Ivan le Terrible, était personnellement responsable du meurtre de leurs mères, pères, frères, sœurs, épouses et enfants. Le docteur Loftus aurait voulu s'en tenir aux seuls éléments du dossier. Elle aurait additionné tous les facteurs, évalué les problèmes, calculé les nombreuses possibilités d'erreur et répondu : «Oui, bien sûr, je vais témoigner sur le mécanisme général de la mémoire et discuter du comment et du pourquoi de ses défaillances.» Mais Beth Fishman [nom de jeune fille d'E. Loftus] ne pouvait s'en tenir aux seuls éléments du dossier (p. 224). A la fin, E. Loftus décida de ne pas témoigner en faveur d'un homme qu'elle croyait très probablement innocent parce qu'elle ne voulait pas offenser ses parents, ses amis, les survivants juifs et les juifs de par le monde. Bref, comme elle le reconnaît, E. Loftus faisait passer son identité juive avant son respect de la vérité et de la justice. «Si je prends cette affaire», ai-je expliqué après en avoir débattu intérieurement des centaines de fois, «je tournerai le dos à mon héritage juif. Si je ne prends pas cette affaire, je tournerai le dos à tout ce à quoi je me suis consacrée au cours des quinze dernières années. Pour rester fidèle à mes travaux, je dois juger cette affaire comme j'ai jugé chacune des affaires antérieures. Si des problèmes surgissent avec les identifications des témoins oculaires, je dois témoigner. C'est là agir avec logique» (p. 232). E. Loftus raconte une conversation qu'elle eut avec l'une de ses plus proches amies qui était aussi juive : «Ilene, j'ai besoin de ton conseil», lui dis-je, une fois que nous étions assises dans un coin isolé au fond du restaurant. «Un avocat m'a appelée il y a quelques semaines pour me demander de témoigner au procès de John Demjanjuk en Israël.» «Demjanjuk», dit-elle en me regardant. Sa voix avait changé ; elle était devenue sourde, froide. «Tu veux dire Ivan le Terrible.» «On l'accuse d'être Ivan le Terrible», dis-je. «Beth, je t'en prie, dis-moi que tu as refusé. Dis-moi que tu ne prendras pas cette affaire.»


694 «Cet avocat est venu me voir. Il est venu de New-York en avion pour passer deux jours avec moi et essayer de me convaincre qu'il y a erreur sur la personne. Il pense que Demjanjuk est innocent.» «Il est payé par cet homme, n'est-ce pas ?» «Je lui ai dit que j'examinerais le dossier.» «Comment peux-tu ?» Je sentais ses mots, si chargés de mépris, devenir comme un poids dans mon cœur. «Ilene, essaie de comprendre. Il s'agit de mon travail. Je dois voir au-delà des émotions, je dois voir les problèmes qui sont en cause. Je ne peux pas simplement automatiquement présumer qu'il est coupable.» «Il est coupable. Les gens qui étaient dans le camp de la mort, les gens qui l'ont observé, qui le connaissaient, l'ont désigné du doigt et ont déclaré d'un ton affirmatif, sans hésitation — "Ça, c'est Ivan".» «Tu t'es prononcée pour sa culpabilité avant même qu'il ait été jugé», ai-je dit. «Tu ne vas pas me dire que tu es disposée à faire cela, Beth ?» «Nous avons discuté tout au long du déjeuner, et lorsque nous sommes entrées dans le bâtiment de psychologie pour nos cours de 13 h 30, Ilene ne me parlait pas. Je la regardai alors descendre le couloir, le dos bien droit et raide ; je savais qu'au fond d'elle-même elle croyait que je l'avais trahie. Pire que cela, bien pire encore, j'avais trahi mon peuple, mon patrimoine, ma race. Je les avais tous trahis en pensant qu'il pouvait exister une possibilité que John Demjanjuk fût innocent (p. 228-229). E. Loftus se débattait dans son dilemme. Allait-elle trahir son sens de l'honneur et de l'intégrité par loyauté envers son «patrimoine» et sa «race» ? Elle demanda conseil à un proche parent : «L'oncle Joe a essayé d'être raisonnable. Il m'a avertie que je devais penser à Israël, car "ce qui est bon pour Israël passe avant tout"» (p. 229). E. Loftus partit pour Israël afin d'assister au procès et pouvoir elle-même observer l'accusé. Elle rappelle comment, lorsqu'un témoin oculaire «désigna du doigt Demjanjuk, nombreux furent ceux parmi les cinq cents personnes de l'assistance qui se levèrent et applaudirent», comme s'ils assistaient à quelque pièce à grand spectacle (p. 230). Elle entendit le «témoin oculaire» Gustave Boraks identifier Demjanjuk, mais avoir ensuite des difficultés à se souvenir du prénom de son propre enfant. Il fut demandé à Boraks, qui était venu en Israël depuis la Floride, s'il pouvait se rappeler le moyen de transport utilisé pour son voyage. Il déclara à l'auditoire sidéré qu'il était venu «par train» (p. 230). Au lieu de ressentir une certaine sympathie pour le malheureux accusé, E. Loftus éprouvait un intime sentiment d'indulgence envers les témoins oculaires, qui faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour envoyer Demjanjuk à la potence : Je pourrais décrire O'Connor en train de traquer la mémoire défaillante de Gustave Boraks, se jeter sur elle et la brandir comme un ballon en caoutchouc dégonflé, et déclarer avec un sourire de vainqueur : «Regardez ce vieux machin ! Ça ne vaut plus rien !». Et je pourrais décrire M. Boraks rester là assis, battu et accablé, réalisant que son cerveau était tourné en ridicule, tout honteux d'avoir oublié le prénom de son plus jeune fils (p. 231). Tandis qu'E. Loftus était assise dans la salle d'audience en train d'observer le déroulement du procès, une amie lui demanda : «Pourquoi ne te présentes-tu pas à la barre ?» Elle hésita un moment avant de répondre : Il me fallut quelques secondes pour me ressaisir avant de répondre. Tout en regardant autour de moi l'assistance composée de quatre générations de juifs — des petits-enfants, leurs parents, grands-parents et bisaïeuls — j'essayai d'expliquer à Margret que c'était comme si tous ces gens étaient pour moi des parents, et que, moi aussi, j'avais perdu dans le camp de la


695 mort de Treblinka quelqu'un que j'aimais. Face à tous ces sentiments qui m'envahissaient, il m'était impossible de changer soudainement les rôles et de me retrouver en professionnel, en expert… Je n'aurais pas pu me présenter à la barre et parler de la faillibilité de la mémoire sans que chaque personne de cette assistance n'eût cru que j'étais en train de mettre en accusation les propres souvenirs des survivants. J'aurais été perçue comme m'attaquant à leurs mémoires. Je ne pouvais pas faire cela. C'était aussi simple et aussi angoissant que cela (p. 237). En d'autres termes, E. Loftus plaça son sens de l'identité juive au-dessus des considérations de vérité et de justice, et au-dessus du droit de Demjanjuk à un procès équitable. A la fin, elle tint compte de l'avis de son oncle et fit passer «Israël» avant tout. Aux États-Unis, dans les procès de meurtriers et dans ceux de sévices à enfants, E. Loftus n'avait pas hésité à mettre en doute la mémoire des nombreuses victimes et à placer sa conscience professionnelle au-dessus de toute préoccupation qu'elle aurait pu éprouver à l'égard des sentiments de ces victimes. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à contester pareillement les mémoires imprécises des témoins juifs — parce que ces témoins étaient juifs. Par son refus de témoigner, et, par là, prêtant passivement son concours à la condamnation à mort d'un homme qu'elle-même croyait très probablement innocent, E. Loftus est peut-être plus coupable que les gens d'un certain âge qui ont porté un faux témoignage contre l'accusé, car, à la différence des témoins vieillissants qui n'étaient plus capables de distinguer le vrai du faux et qui en étaient venus à croire en leur propre faux témoignage, E. Loftus en savait davantage. De nombreux lecteurs de cet ouvrage vont sans nul doute éprouver une certaine sympathie à l'égard de la décision d'E. Loftus de ne pas témoigner au procès Demjanjuk, ou même approuver sa décision. Mais combien de ces lecteurs «compréhensifs» se montreraient-ils aussi tolérants à l'égard d'Ukrainiens, de Polonais ou d'autres non juifs qui pourraient prendre des décisions pareillement motivées par des considérations ethniques ? L'ouvrage est précieux et révélateur, non seulement parce qu'il dévoile la crise de conscience d'une personne, mais parce qu'il nous éclaire sur la fragilité des «témoignages oculaires» réputés sérieux : la leçon est d'une grande portée sociale. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p175-189


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LE FAUX TÉMOIGNAGE D'HENRY BILY Le 15 février 1992, le professeur Faurisson écrivait au directeur responsable de la publication Le Déporté pour la liberté (8, rue des Bauches, 75016 Paris) la lettre suivante, qui ne recevra pas de réponse. Cherchant à faire la leçon à ceux qui ne croient pas aux chambres à gaz nazies, des associations d'anciens déportés avaient fait appel au témoignage d'Henry Bily. Ce dernier s'est révélé être un faux témoin. Créateur, avec son beau-frère Éric Breuer, d'une fabrique de cravates à Nice et habitant Cannes, H. Bily avait fabriqué son récit à partir d'un faux depuis longtemps dénoncé par Paul Rassinier : Médecin à Auschwitz, de Miklos Nyiszli. Monsieur le Directeur, Le Déporté pour la liberté se présente comme le mensuel de l'Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus (UNADIF) et de trois autres associations de même caractère. Dans vos récentes livraisons d'octobre et de novembre 1991, vous avez publié ce que vous appeliez le «poignant témoignage de Henry Bily, l'un des rares rescapés d'un Sonderkommando [préposé aux chambres à gaz d'Auschwitz]». Dès qu'il a été publié dans Nice-Matin, Corse-Matin et en brochure, j'ai immédiatement classé ce témoignage dans la section des «faux témoignages sur Auschwitz», et dans la soussection des «plagiats de Miklos Nyiszli». En 1951, Jean-Paul Sartre avait reproduit, dans Les Temps modernes, l'absurde «témoignage» du Dr. Miklos Nyiszli. En 1961, sous le titre de Médecin à Auschwitz, Julliard l'avait publié deux ans après avoir publié un autre faux : Le Commandant d'Auschwitz parle. Beaucoup d'imposteurs se sont, à leur tour, inspirés de ces deux faux. Encore récemment, le 4 décembre 1991, un sieur Badache, «ancien déporté juif d'Auschwitz», débitait devant un tribunal un récit des gazages homicides d'Auschwitz manifestement inspiré, non de sa propre expérience comme il voulait le faire croire, mais du roman de Nyiszli. Ce tribunal était celui de Caen. On y jugeait un jeune ingénieur chimiste, Vincent Reynouard, qui avait commis le délit de ne pas croire à la magique chambre à gaz. Il refusait d'ajouter foi aux absurdités chimiques d'une arme qui — vous le noterez en passant — n'a jamais pu être décrite ; personne n'est capable de nous dessiner cet extraordinaire abattoir chimique ; j'ajoute que ce qui se visite à Auschwitz ou ailleurs n'a rien à voir avec des chambres à gaz homicides, ainsi que l'ont prouvé les rapports Leuchter et d'autres expertises. Les trois juges qui ont prêté une oreille complaisante aux extravagances du sieur Badache et qui laissaient interrompre et insulter soit Vincent Reynouard, soit votre serviteur venu témoigner en faveur du jeune révisionniste, ont des noms qui passeront à la postérité : ils s'appellent Dominique Ricard, Anne Bertrand et Virginie Lureau. Ils ont lourdement condamné Vincent Reynouard. Vous-même, vous menez un combat sans merci contre les révisionnistes. Vous décrivez ces derniers comme des racistes, des nostalgiques du nazisme, des antisémites. Or, dans votre livraison de décembre 1991, vous voici contraint de publier, en page 5, une mise au point d'où il ressort qu'en fin de compte H. Bily a abusé de votre bonne foi ; vous le dénoncez comme un plagiaire et, qui pis est, comme le plagiaire d'une œuvre (Médecin à Auschwitz) qui contient sur les chambres à gaz ce que, pudiquement, vous appelez des «erreurs». Je reproduis votre texte :


697 MISE AU POINT après l'insertion dans nos colonnes du texte d'Henry Bily Le Déporté a publié dans ses numéros 461 d'octobre 1991 et 462 de novembre un témoignage d'Henry Bily sur le camp d'Auschwitz-Birkenau où il a été déporté le 20 novembre 1943 (matricule 164 444). Henry Bily, d'après ses propres termes, indique qu'il s'agit d'un récit sur son histoire qui «tout en étant la relation d'événements vécus, est une histoire extraordinaire». Ce serait donc un témoignage sur des faits vus personnellement par l'auteur. La parution de ce texte a suscité de la part de nombreux lecteurs des réactions et des critiques extrêmement sérieuses (*). Un examen approfondi du document a permis de déterminer de manière irréfutable qu'il était dans sa plus grande partie la copie intégrale, sans aucune mention de référence, de passages (notamment des chapitres 7 et 28) du livre du Dr. Miklos Nyiszli : «Médecin à Auschwitz», écrit en 1946 et traduit et publié en 1961 aux éditions René Julliard. Malencontreusement, les erreurs commises à l'origine par le Dr. Nyiszli ont été, elles aussi, reprises ; enfin, l'emprunt le plus long porte sur la description du fonctionnement du Sonderkommando d'AuschwitzBirkenau, dans lequel Henry Bily déclare avoir travaillé. Il résulte de cette analyse qu'il n'est possible, en aucune manière, de considérer le texte d'Henry Bily comme un témoignage original et personnel. La Direction et la Rédaction de la Publication (*) Nous nous réservons par ailleurs la possibilité de vous faire part de celles-ci dans un prochain numéro. Et maintenant, ne venez surtout pas prétendre que, si le témoignage d'Henry Bily est faux, il existe en revanche des témoignages authentiques sur les chambres à gaz. Je vous mets au défi de trouver et de publier un seul autre témoignage qui ait plus de valeur que celui-là. En vérité, il n'existe aucun témoignage sur les chambres à gaz qui résiste tant soit peu à l'analyse. Vous remarquerez d'ailleurs qu'en un demi-siècle de procès aucun témoin n'a été soumis à l'épreuve du contre-interrogatoire sur la matérialité des faits de gazage auxquels il prétendait avoir assisté. Il y a eu une exception, en 1985, à Toronto. Au procès d'un révisionniste, un avocat que je conseillais a contre-interrogé le témoin n° 1 des gazages d'Auschwitz, Rudolf Vrba, auteur du best-seller I Cannot Forgive (1964) (traduit sous le titre Je me suis évadé d'Auschwitz, Ramsay, 1987). R. Vrba s'est effondré ; il a fini par reconnaître qu'il avait fait appel à … «la licence poétique». Vous avez quarante ans de retard sur Paul Rassinier, ancien déporté, qui dès 1950 nous avait fourni toutes les armes nécessaires pour confondre les adeptes du «mensonge d'Ulysse», c'est-àdire les faux témoins qui, tels Nyiszli et consorts, osaient parler de gazages homicides. Vous avez trente ans de retard sur ce professeur Faurisson que vous dénoncez comme un être malfaisant, un faussaire, un homme sans cœur et sans conscience. Vous m'avez poursuivi devant les tribunaux. J'ai été accablé d'outrages et de condamnations. Vous avez pris part à une campagne de haine et de diffamation qui m'a valu sept agressions physiques en douze ans. On s'en est pris à ma personne dans ma vie privée, familiale, professionnelle. Et je ne suis pas le seul révisionniste dans ce cas. Vous avez cinq ans de retard sur le professeur Michel de Boüard, ancien déporté et spécialiste de l'histoire de la déportation, qui, vous le savez bien, a fini par rendre hommage aux travaux des révisionnistes. Lorsque je disais et répétais que j'avais du respect (j'insiste sur ce mot) pour les vraies souffrances des vrais déportés, vous avez affecté de voir là un faux semblant, une dérobade, une habileté de prétoire, comme si j'étais homme à travestir mes pensées.


698 Mes recherches, et mes découvertes, honorent, figurez-vous, l'université française tandis que vous, vous vous êtes déshonoré en participant à la curée générale. Vous avez usé et abusé de la souffrance des déportés. Paul Rassinier et moi, ainsi que tant d'autres révisionnistes en France et à l'étranger, nous aurons, en fin de compte, respecté, d'un même mouvement, à la fois les souffrances des déportés et les contraintes de l'exactitude historique. Je vous invite à en faire autant. R. F AURISSON P.S. Abyssus abyssum invocat : ici, le mensonge appelle le mensonge. Pour illustrer le témoignage de celui que vous appelez «notre camarade», vous avez publié, comme s'il s'agissait d'une chambre à gaz homicide, la photographie d'une chambre à gaz de désinfection située à Dachau. Visitez le camp : vous y constaterez que ce que j'avance là est clairement signalé aux visiteurs auxquels, par ailleurs, un panneau indique aussi qu'il n'y a jamais eu de gazages homicides dans la prétendue «chambre à gaz». Pourtant, au procès de Nuremberg, je vous le rappelle, les gazages homicides de Dachau étaient un «fait établi», films, «preuves» et «témoignages» à l'appui ! Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 190-194


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LE RÉVISIONNISME A TRAVERS LE MONDE (6) France Le 27 novembre, la «Cinq» projette le téléfilm américain antirévisionniste Evil in Clear River (1988) sous le titre Le Combat d'une mère. Le 21 décembre, Nationalisme et République publie de Pierre Guillaume une interview qui va faire l'objet d'un procès à Amiens. Anarchistes et libertaires s'ouvrent de plus en plus aux thèses révisionnistes, en particulier l'Anarchie, de R. Beaulaton (Le Mans). Le livre de Philippe Bourdrel, L'Épuration sauvage, est provisoirement interdit à la vente. L'historien Pierre Chaunu suggère un traitement psychiatrique des révisionnistes. Le Déporté pour la liberté, qui avait voulu faire la leçon aux révisionnistes en publiant le témoignage d'Henry Bily, reconnaît avoir été abusé par un faux témoin (livraison de décembrejanv. ; voy., ci-dessus, p.190-194). Le 12 décembre, Antenne 2 projette La Peste brune (voy., ci-dessus, p. 161-174). Autour du 17 décembre, la presse mène campagne contre le professeur Faurisson présenté comme ayant assisté en 1989, à Haguenau, à une réunion clandestine néo-nazie ; il avait en fait prononcé une conférence publique dans un lieu public de cette ville ; les enregistrements radio et vidéo étaient permis à tous, y compris aux Renseignements généraux. Au Figaro, F.O. Giesbert refuse l'insertion d'un droit de réponse pourtant jugé conforme à la loi par le service juridique du journal. Vers le 17 décembre se déclenche l'affaire, montée de toutes pièces, du fichier juif dont l'existence n'était en fait un secret pour aucun historien compétent. Même opération factice (une «carpentrasserie») autour du livre d'Éric Conan sur les camps de Pithiviers et de Beaune-laRolande. Le 29 décembre, Calmann-Lévy publie Le Journal d'Anne Frank dans une stupéfiante «nouvelle édition», résultat d'additions et de transformations diverses à partir d'un texte rédigé en allemand, puis transcrit en hollandais et enfin traduit en français. On se garde bien de fournir un seul spécimen de l'écriture attribuée autrefois à Anne Frank, ni le plan de la maison. Le professeur Faurisson avait tiré partie de ces éléments matériels et de bien d'autres encore pour prouver le faux ; son analyse avait conduit un tribunal de Hambourg à ordonner une expertise des manuscrits par les laboratoires de l'office criminel de Wiesbaden : des traces d'encre de stylobille avaient été trouvées. Les successeurs d'Otto Heinrich Frank, décédé en 1980, décidaient de publier une version revue et corrigée du journal : un travail de plusieurs années résultant en une édition savante dont Calmann- Lévy fournit ici une sorte d'adaptation pour le grand public qui ne pourra plus se faire d'Anne Frank qu'une représentation quasi immatérielle. R. Faurisson prépare une étude sur le sujet. Le 2 janvier, l'Événement du jeudi titre : «Libérez John-Ivan Demjanjuk !» (voy., ci-dessus, p. 176). Le 10 janvier, le Monde consacre un article à un livre de Simon Laks, préfacé par Pierre Vidal-Naquet, Mélodies d'Auschwitz, Cerf : «Contrairement à de noires légendes, l'orchestre ne se produisait pas devant les potences et les chambres à gaz». Ce livre est le remake — avec de graves altérations — d'un témoignage fantaisiste de Simon Laks et René Coudy, Musiques d'un autre monde, préface de Georges Duhamel, Mercure de France, 1948, 192 p. Dans sa préface au livre de Simon Laks, P. Vidal-Naquet cite le «témoignage» du général André Rogerie sur Birkenau. Rédigé en 1945, ce récit avait été réédité par Georges Wellers dans le Monde juif (janv.-mars 1987), avec l'annonce suivante en couverture : «Chambres à gaz


700 : un témoignage hors pair». A. Rogerie a publié une nouvelle fois son livre en 1988 sous le titre Vivre, c'est vaincre, Hérault-Éditions, 110 p. et reçu les compliments de Pierre-Serge Choumoff, membre du Centre de documentation juive contemporaine de Paris (le Monde juif, juil.-sept. 1991, p. 132). Or, André Rogerie n'a jamais vu ces chambres à gaz qu'il décrit avec des pommes de douches laissant passer le gaz (p. 75) ! C'est un certain «Cambier» qui lui en a parlé (p. 85). En outre, A. Rogerie aura un sort privilégié ; il est installé, dit-il, au bloc des «caïds» (p. 82). Il a atteint, après 14 mois de camp, une «planque royale» où il a de «bons souvenirs» (p. 83). Il y joue au bridge (p. 84). Certes, «il ne se passe pas que des événements gais» (p. 84) mais, le 18 janvier 1945, au moment de quitter Birkenau, il pense : «A l'encontre de bien d'autres, j'y ai été moins malheureux que partout ailleurs» (p. 87). Le 20 janvier, la presse et Louis Mexandeau évoquent «Wannsee» ; sur Wannsee, «une histoire inepte», d'après Yehuda Bauer, voy., ci-dessus, p. 157-158). Dans le Monde du 9-10 février, P. Vidal-Naquet dénonce Bonne chance, Frenchie ! comme un film profondément révisionniste «au sens faurissonien du terme». Le 10 février, le Conseil d'État déboute Henri Roques de sa requête et confirme ainsi l'annulation de sa thèse sur Gerstein ; cette annulation semble être la première dans l'histoire de l'Université française. Le 26 février, la XIe chambre de la cour d'appel (Mme Simon) confirme la condamnation de François Brigneau et de Roland Gaucher, coupables d'avoir reproduit dans National-Hebdo «la phrase de 60 mots» du professeur Faurisson ; ils auront à payer environ 75 000 F. Le 5 avril, Claude Grellier les avait condamnés à cette peine. L'affaire est portée en cassation. Vers le 11 mars, J.G. Cohn-Bendit, qui avait «écrit naguère des textes révisionnistes, non démentis depuis», est conduit à se rétracter pour des motifs de politique électorale. Vers le 20 mars, Claude Allègre, conseiller de Lionel Jospin aux universités, est accusé, in absentia, de révisionnisme lors d'une manifestation étudiante à «Tolbiac». Le 13 avril éclate l'affaire de «l'arrêt Touvier» (voy., ci-dessus, p. 83-85) ; André Glucksmann dénonce «un révisionnisme juridique» (le Figaro, 17 avril). Le 22 avril, sur Antenne 2, lors d'une émission sur «Vichy, la mémoire ou l'oubli», dirigée par Christine Ockrent, Simone Veil répète une fois de plus qu'elle aurait souhaité, comme dans l'affaire Barbie, que «quelqu'un comme moi, par exemple, à un moment quelconque, froidement assassine quelqu'un par acte non pas de vengeance mais pour qu'on sache et à ce moment-là on assume des faits et on raconte pourquoi». Le 27 avril, Jack Lang, nouveau ministre de l'Éducation, préconise la projection de Nuit et Brouillard dans les établissements scolaires ; ce film de 1955 présente subrepticement comme chambre à gaz homicide une pièce aujourd'hui reconnue comme étant, à Majdanek, une simple salle de douche ; il parle de traces d'ongles dans le béton et de savon fait à partir de graisse humaine ; il évalue le nombre des morts d'Auschwitz à 9 millions (aujourd'hui : 1 million). Le 10 avril, la cour d'appel de Caen (Jean Passenaud, Baptiste Leseigneur, Pierre Lepaysant) condamne pour diffusion de tracts et autocollants Vincent Reynouard, ingénieur chimiste sans emploi, 23 ans, et Rémi Pontier, ingénieur informaticien appelé sous les drapeaux, 24 ans ; tous deux sont issus de l'Institut supérieur de la matière et du rayonnement ; le premier est condamné à 2 mois d'emprisonnement avec sursis et le second, à 15 jours de la même peine ; ils auront à payer ensemble environ 25 000 F. Le 4 déc., ils avaient été condamnés en première instance aux mêmes peines d'emprisonnement et à verser environ 60 000 F. Le procès s'était déroulé sous la présidence d'un certain Dominique Ricard, assisté de Mmes Anne Bertrand et Virginie Lureau dans des conditions scandaleuses ; le président avait toléré d'incroyables incidents de toute nature ; le procureur J.-Marie Besse avait improvisé un cours d'histoire digne de l'école primaire ; le texte du jugement, truffé d'erreurs et de négligences, a les apparences


701 d'un brouillon. Adresse de V. Reynouard pour toute aide financière : A.N.E.C., B.P. 258, 14013 Caen Cedex. Le 30 avril, Philippe Costa, 31 ans, ingénieur, et Laurent Gentel, 24 ans, étudiant en droit, sont assignés sur le fondement de la loi Fabius-Gayssot devant le tribunal de Fontainebleau pour avoir distribué une modeste publicité en faveur des radio-cassettes du professeur Faurisson sur le mythe des chambres à gaz ; Mme Jacqueline Monnet préside ; elle refuse le droit aux accusés et au professeur de parler si peu que ce soit des chambres à gaz ; Me Éric Delcroix refuse donc d'assurer la défense ; le procès est reporté au 30 juin. René Rémond, qui avait accepté de venir témoigner sur la demande de Me Delcroix et avait même obtenu un report de date, ne s'est pas présenté. Le 6 mai, le Canard enchaîné affirme que le tribunal correctionnel de Marseille, dans un jugement prononcé le 20 mars, réplique à un avocat invoquant la liberté d'expression que celuici «se garde bien de dénoncer l'iniquité manifeste et la contradiction d'une loi interne [datant] du 13 juillet 1990». Il s'agit de la loi Fabius-Gayssot. Robert Faurisson attend pour le 15 mai la décision de la XVIIe chambre correctionnelle présidée par Jean-Yves Monfort. Il est poursuivi trois fois pour une interview publiée dans le Choc du Mois de septembre 1990. Les 9 et 10 avril, au cours de sa défense, R. Faurisson a pu démontrer que le procureur Cervoni avait, pour les besoins d'une démonstration fallacieuse, gravement altéré le texte du jugement de Nuremberg. A Nice, Fabrice Robert,étudiant en histoire à l'université de Nice, passera en jugement le 27 mai pour avoir enfreint la loi Fabius-Gayssot. A L'ÉTRANGER Allemagne Le 3 décembre éclate comme une bombe la déclaration intitulée «Wir verlangen die Wahrheit und unser Recht» [Nous exigeons la vérité et nos droits], signée de 522 personnes (voy., ci-dessus, p. 96-102). Le 9 décembre, E. Zündel est condamné par un tribunal de Munich à une peine de 12 600 DM ; parmi les motifs de la poursuite figurait la mise en doute de l'authenticité du «journal d'Anne Frank» ; constatant que le professeur Faurisson était prêt à témoigner sur le sujet, le procureur retire sa plainte sur ce point. Le tribunal refuse d'entendre Germar Rudolf au sujet de son rapport technique sur Auschwitz (voy., ci-dessus, p. 9-21). Les monuments ou musées de l' «Holocauste» se multiplient. A Berlin, près de la Jerusalemstraße, le souvenir de l'«Holocauste» trouvera sans doute sa place dans un gigantesque espace commercial juif, (d'une superficie de 30 hectares achetés pour 12 milliards de F). Après la chute du Mur de Berlin, le Congrès juif mondial (CJM) a fait valoir que plus d'un tiers des terrains disponibles pour le développement de la ville avait, avant la guerre, appartenu à des juifs. Le ministre allemand des Finances a fait l'objet de pressions de la part du CJM pour ne céder cet espace ni à d'autres candidats ni au projet de constructions indispensables pour le transfert à Berlin des administrations situées à Bonn. Le CJM a souligné qu'il s'agissait là d'un sujet «émotionnel» et non pas d'un simple investissement économique (Wall Street Journal, 7 février). En avril, le chancelier Kohl reçoit à Munich le président autrichien Kurt Waldheim, suscitant ainsi la colère du CJM. A l'occasion d'un sommet économique du GATT, Kohl refuse sa participation à une manifestation d'anciens concentrationnaires au camp de Dachau.


702 Le 5 mai, l'historien David Irving, qui dénonce le mythe des chambres à gaz, est condamné à une peine de 10 000 DM. Le tribunal refuse d'entendre Germar Rudolf, et cela au terme d'une manœuvre effrontée du président. Les deux avocats de David Irving refusent de plaider. Australie Sir Walter Crocker, ancien gouverneur d'état et ancien diplomate, manifeste en personne contre les poursuites des «criminels de guerre». Alex McClelland, ancien prisonnier australien du camp de Theresienstadt, dénonce les récits d'atrocités sur ce camp principalement réservé aux juifs. L’avocat John Bennett, président de l'Australian Civil Liberties Union, poursuit son combat en faveur du révisionnisme. Autriche Le 10 décembre, Walter Ochensberger est condamné en première instance à une peine d'emprisonnement de 3 ans ferme par le tribunal de Bregenz. D'autres révisionnistes sont condamnés comme Fritz Rebhandl à Salzbourg ou Franz Radl. Le 26 février, le parlement vote l'adoption d'une loi prévoyant pour les révisionnistes une peine d'1 à 10 ans de prison. Le groupe de Jorg Haider (décrit parfois comme l'équivalent du Français Le Pen) vote cette loi «pour raison d'état», c'est-à-dire en fait à cause de la terreur ambiante. L'Autriche est donc le premier pays au monde à suivre la France dans la création d'une loi spécifique contre le révisionnisme. En Allemagne, une telle loi n'existe pas ; les magistrats y usent de prétextes divers pour aboutir au même résultat. Vers le 17 mars éclate l'affaire Walter Lüftl. Ce dernier préside la chambre des ingénieurs d'Autriche. Il a rédigé une étude technique concernant les présumés gazages d'Auschwitz. Sa conclusion est formelle : «technisch unmöglich» ; ces gazages sont «techniquement impossibles». Il est contraint de démissionner. Le 5 mai, Gerd Honsik est condamné par le tribunal de Vienne (président : Stockhammer) à 18 mois et 10 jours de prison ferme pour un ouvrage publié en 1988 : Acquittement pour Hitler ? 36 témoins contre les chambres à gaz. Le témoignage du professeur Faurisson, qui a fait le déplacement, est refusé. Le professeur d'histoire Gerhard Jagschitz (voy. «L'expertise de Vienne (des "doutes substantiels")», R.H.R. n° 5, novembre 1991, p. 151-156) ne craint pas d'affirmer que l'existence des chambres à gaz est incontestable ; il offre pour preuves les arguments les plus éculés de l'école exterminationniste du début des années 80 et il s'appuie sur l'existence, dans certains documents, de termes désignant des «gazages» ou des «chambres à gaz». Personne n'est là pour le contredire et lui faire remarquer que ces termes désignent des gazages de désinfection ou des chambres à gaz d'épouillage : c'est ce qu'il serait facile de prouver par l'apport de certains documents de la «Serrurerie» d'Auschwitz. L'avocat Schaller n'a pas la compétence nécessaire pour faire pièce aux arguments du professeur. Il n'ose pas formuler la seule question qui s'impose : «Si vous connaissez si bien le sujet, montrez-nous à quoi pouvait ressembler une chambre à gaz nazie à Auschwitz. Nous demandons une photographie, un dessin ou une maquette». Le soir même, à la télévision autrichienne, l'avocat Schaller se voit opposer six personnes dont le professeur G. Jagschitz. Il embarrasse beaucoup ses adversaires en leur faisant remarquer que, dans un procès criminel, il est impossible de se passer d'une expertise de l'arme du crime ordonnée par le juge. Pourquoi une telle expertise n'existe-t-elle pas ? Il demande à ses adversaires s'ils sont d'accord pour en réclamer une. Le professeur Jagschitz répond oui du bout des lèvres ; Wolfgang Benz, de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, répond non ; les autres esquivent la question. Le 7 mai paraissent des articles de presse où l'on affirme que la police, la «Stapo», recherche le témoin de Gerd Honsik, c'est-à-dire le professeur Faurisson. Celui-ci est introuvable. Le


703 ministère de l'Intérieur est interpellé au parlement : la police autrichienne serait-elle aveugle ? R. Faurisson était dans la salle même du tribunal. Le 10 mai se produit un événement médiatique. Le journal le plus lu d'Autriche, KronenZeitung, publie un article de son plus célèbre chroniqueur, «Staberl», sous le titre : «Méthodes d'un meurtre de masse». Ce chroniqueur était résolument antirévisionniste. Probablement sous l'effet du procès Honsik, il écrit qu'il est anormal qu'on ne possède pas d'expertise officielle de l'arme du crime. Il fait une allusion aux expertises privées qui prouvent, rappelle-t-il, l'impossibilité des gazages. Il pense que seul un nombre relativement réduit de victimes juives a été gazé. La plupart de celles-ci sont mortes d'épidémies. Pourquoi les nazis auraient-ils eu recours à une arme aussi compliquée que la chambre à gaz ? Il ajoute que la troisième génération des survivants juifs est en droit d'utiliser la saga des martyrs du gazage comme les chrétiens, depuis 2000 ans, entretiennent la mémoire de Jésus-Christ tué par un procédé bien plus barbare, celui de la crucifixion. Il conclut que cela ne change rien à la barbarie nazie. Aux dernières nouvelles, la polémique fait rage en Autriche autour de cette chronique de «Staberl». Belgique Le 15 novembre se tient à Bruxelles une importante conférence du B'nai B'rith (association juive de caractère maçonnique) qui met la communauté internationale en garde contre «l'expansion rapide du phénomène de la négation de l'Holocauste». Canada En janvier, Jim Dinning, ministre de l'Éducation de l'Alberta, province où s'est déroulé le plus long procès du Canada, celui de l'enseignant révisionniste James Keegstra), estime que l'enseignement ne devrait plus être concentré sur l' «Holocauste» comme il l'est actuellement. En mars, le ministère public renonce à poursuivre le «criminel de guerre» Michael Pawlawski. Il avait déjà abandonné la poursuite de Steven Reistetter. Quant à Imre Finta (voy. «Le calvaire d'Imre Finta», R.H.R. n° 2, p. 36-46), il avait été acquitté ; les organisations juives avaient interjeté appel ; elles ont été déboutées. Il n'y aura pas de nouveau procès Finta. Le bilan de telles poursuites est totalement négatif. Le remarquable système de défense mis au point par Ernst Zündel et l'avocat Doug Christie depuis 1985 permet de contre-interroger sans ménagement les prétendus témoins. La déconfiture de ces derniers est patente. Le savant Arthur Rudolph expulsé du Canada vers l'Allemagne ne pourra regagner le Canada ; son recours a échoué. L'avocate Barbara Kulaszka s'apprête à publier un ouvrage de 700 pages sur le procès Zündel de 1988 (celui au cours duquel est comparu l'ingénieur F. Leuchter avec son expertise sur les chambres à gaz d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek). Croatie Le président croate Franjo Tudjman, ancien général de Tito, est historien. En 1984, il a publié à Zagreb un ouvrage de caractère révisionniste dont le titre signifie Les Chemins impraticables de la réalité historique ou encore Déroute de l'histoire. Sur le contenu révisionniste de l'ouvrage et sur la réaction de Simon Wiesenthal, voy. R.H.R. n° 5, p. 215. La discussion se poursuit. Le livre a connu trois éditions. Maurice Duverger en parle dans le Monde du 22 février. F. Tudjman conteste non seulement le chiffre des 6 millions de morts juives mais aussi celui des morts du camp de Jasenovac : de 30 000 à 40 000, dit-il, et non de 800 000 à 1 000 000 comme on le prétend. Espagne


704 Le 20 novembre, E. Zündel a donné à Madrid une conférence de presse devant 40 journalistes. Le 17 février, R. Faurisson a voulu donner une conférence à l'université centrale de Barcelone et, le lendemain, à la faculté d'histoire de l'université Complutense de Madrid. Diverses organisations, notamment le Centre Simon Wiesenthal de Paris, sont intervenues auprès des autorités politiques, policières et universitaires pour faire annuler ces conférences. Elles y sont parvenues dans le cas de Barcelone où le professeur a néanmoins pu tenir une conférence dans un grand hôtel de la ville. Elles ont échoué à Madrid où, au dernier moment, une association d'étudiants pour la liberté d'expression a pu retenir une salle à la faculté de droit. La conférence a remporté un succès considérable, dont la presse s'est fait l'écho. L'auditoire, composé d'étudiants pour la plupart hostiles au début, a été conquis par la démonstration. Les autorités de l'université ont tenté d'intervenir pour interrompre la conférence mais, devant l'intérêt manifesté par les étudiants pour le conférencier, elles ont dû y renoncer. L'université Complutense a fait savoir qu'elle réprouvait le professeur Faurisson ; il faut savoir que, dans un passé récent, cette université a accordé le titre de docteur honoris causa à Nicolaï Ceaucescu et à Erich Honecker. Le roi et la reine d'Espagne ont honoré de leur présence des cérémonies censées réparer le préjudice causé aux juifs il y a 5 siècles par Isabelle la Catholique. Les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces cérémonies ont été humiliantes pour l'Espagne. La procédure de béatification d'Isabelle la Catholique est interrompue sine die, sur intervention des autorités juives auprès du Vatican. A Tolède, J. Sitruk, grand rabbin de France, a délivré un message de victoire à l'occasion de l'une de ces cérémonies (voy., ci-dessus, p. 42). États-Unis Les unes après les autres, les universités américaines sont gagnées par la vague révisionniste. Le phénomène prend de telles proportions que les plus importants médias du pays commencent à en parler, y compris le New York Times et le Washington Post. C'est essentiellement à Bradley Smith, Mark Weber et Robert Countess, auxquels s'est récemment joint David Cole (lui-même d'origine juive), qu'on doit ce succès. Ils ont fondé à Los Angeles le Committee for Open Debate on the Holocaust (CODOH, Comité pour un débat ouvert sur l'Holocauste) : P.O. Box 3267, Visalia, California 93267 (USA). L'Institute for Historical Review (voy. références ci-dessous, p. 210) tiendra du 10 au 12 octobre, à Los Angeles, sa onzième conférence internationale. Felipe Rivero, personnalité éminente de la communauté cubaine de Miami, a déclaré : «Si les Allemands avaient voulu éliminer les juifs, comment se fait-il qu'on trouve à Miami Beach des milliers de juifs qui ont passé jusqu'à cinq années dans les camps de concentration ?» Il a, par ailleurs, déclaré : «Dans ce pays [les États-Unis], vous pouvez dire que vous ne croyez pas en Dieu mais vous ne pouvez pas dire que vous ne croyez pas en l'Holocauste» (Miami Herald, 27 décembre et 5 janvier). Une loi de l'état d'Illinois (Chicago) rend obligatoire l'enseignement de l' «Holocauste» dans toute école publique. Il est possible que l'état de Californie adopte une loi équivalente. Rappelons qu'Arthur Robert Butz, auteur de The Hoax of the 20th Century (La mystification du XXe siècle) enseigne l'informatique dans une université de l'Illinois et que l'Institute for Historical Review a son siège en Californie. Grande-Bretagne Le 15 novembre, invité par David Irving, R. Faurisson a tenu une conférence à l'Old Chelsea Town Hall de Londres. L'Américain Fred Leuchter, l'auteur du fameux «Rapport Leuchter» sur les présumées chambres à gaz d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek, a été interrompu par


705 la police durant sa conférence. Il a été mis en état d'arrestation et, le lendemain, refoulé vers les États-Unis. Le ministre de l'Intérieur Baker avait fait savoir que l'entrée de la Grande-Bretagne lui était interdite ; la même mesure devait être prise contre R. Faurisson quand, au dernier moment, les autorités britanniques se sont avisées de ce que le professeur, né près de Londres d'une mère écossaise, possédait, en plus de la nationalité française, la nationalité britannique. Vers le 12 janvier, D. Irving a créé une sensation médiatique au sujet des mémoires d'Eichmann. Les journalistes, croyant qu'il abjurait le révisionnisme, ont assiégé l'historien qu'ils boycottaient depuis plusieurs années. Ils ont titré : «Un historien se rétracte sur l'Holocauste» (Sunday Telegraph). Mais, quelques jours plus tard, le Jewish Chronicle rétablissait les faits : David Irving maintenait fermement sa position et déclarait : «Les juifs sont bien inconscients (very foolish) de ne pas abandonner la théorie des chambres à gaz alors qu'il en est encore temps» ; il ajoutait que les juifs «ont exploité les gens avec la légende des chambres à gaz» (17 janvier). David Irving déploie une activité révisionniste considérable en Allemagne et dans d'autres parties du monde. A Munich, il a été condamné à une peine de 7 000 DM le 12 janvier et de 10 000 DM le 5 mai. Ces condamnations provoquent l'étonnement des Britanniques. Dans le Daily Telegraph du 9 mai, le célèbre journaliste Auberon Waugh vient d'écrire que l'idée ne lui était jamais venue de douter de l'existence des chambres à gaz homicides mais, en apprenant coup sur coup que David Irving avait été condamné et qu'il existait en France et en Autriche une loi antirévisionniste, il en est venu à se demander : «Quelle est cette vérité qui a besoin d'exiger de telles sanctions ?» Et, à son tour, il doute. Israël Carlos Huerta voit dans le révisionnisme un phénomène mondial «qui se répand en Europe, aux Amériques, au Moyen-Orient et dans certaines parties de l'Asie. [Le révisionnisme] est de mieux en mieux organisé, recherché et financé» (Martyrdom and Resistance, septembreoctobre 1991). L'escroc milliardaire de Londres Robert Maxwell (Ian Hoch), qui a trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses, est enterré en Israël. Il a été, avec le milliardaire Edgar Bronfman à New York (président du Congrès juif mondial) et le milliardaire Armand Hammer à Moscou, l'un des adversaires les plus déterminés du révisionnisme. Il avait organisé à Oxford en juillet 1988 un colloque international aux dimensions de sa fortune. Ce colloque, grâce aux initiatives d'un groupe de révisionnistes français, avait connu un tel échec médiatique que R. Maxwell avait publié un article intitulé en français : «J'accuse». Il accusait la presse britannique de son indifférence pour ce colloque intitulé «Remembering for the Future» (Se souvenir en vue de l'avenir). Yehuda Bauer, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem, déclare que la théorie selon laquelle c'est à Berlin-Wannsee, le 20 janvier 1942, que les Allemands avaient décidé l'extermination des juifs est une «silly story» (voy., ci-dessus, p. 157-158). Avec un certain cynisme il ajoute que l'«Holocauste» n'est pas en péril parce que, quelle que soit la qualité des moyens utilisés pour le défendre — par le vrai ou par le faux — l'important est qu'on l'évoque par tous les moyens possibles : TV, film, pièces de théâtre, etc. Italie Carlo Mattogno s'apprête à publier un ouvrage d'érudition : La Solution finale. Problèmes et polémiques. Japon


706 Keiichiro Kobori, professeur à l'université de Tokyo, publie, dans Sankei (journal tirant à 2 000 000 d'exemplaires), un article élogieux sur l'Institute for Historical Review de Los Angeles. Des ouvrages de cet institut sont, par ailleurs, traduits en japonais. Pérou Des étudiants fondent la Societad de Estudios Revisionistas (P.O. Box 11 – 0017, Lima 11) et un bulletin bimensuel d'histoire révisionniste : Lealtad. Suède Le passage à Stockholm du professeur Faurisson, du 17 au 20 mars, a provoqué une tornade en Suède ainsi qu'en Norvège. Invité par Ahmed Rami, responsable de Radio Islam, il a été accueilli à l'aéroport par un nombre exceptionnellement élevé de journalistes. Il a été retenu par la police des frontières et interrogé sur les motifs de son séjour. Le parlement suédois avait consacré plusieurs séances à la question de savoir s'il convenait ou non de l'admettre en Suède. Des groupes de juifs ont manifesté devant le parlement et à l'aéroport. Dans l'après-midi, R. Faurisson donnait une conférence de presse au cours de laquelle il lançait un défi aux médias : «Montrez-moi une photographie, un dessin ou une maquette de chambre à gaz et osez nous affirmer qu'il s'agit d'une chambre à gaz homicide. Vous avez 24 heures pour relever ce défi. Je commenterai votre réponse sur les ondes de Radio Islam.» Les médias se sont montrés incapables de relever le défi. Le soir de son arrivée, le professeur ainsi qu'Ahmed Rami et deux jeunes Suédois qui les accompagnaient, ont été agressés par une meute de manifestants surexcités, armés de bâtons, de couteaux et de bombes lacrymogènes. Les téléviseurs du monde entier ont montré le professeur se défendant en position de boxeur puis courant, poursuivi par des jeunes gens. Ahmed Rami et l'un des jeunes Suédois ont été blessés. Cette agression physique, en présence d'une police inactive, a choqué beaucoup de Suédois. R. Faurisson a pu, pendant deux nuits consécutives, répondre aux questions des auditeurs de Radio Islam. Il ne se passe pas de jour que la presse suédoise ne parle d'Ahmed Rami dont l'exceptionnelle détermination et le savoir-faire dans la diffusion de ses idées est un exemple pour les révisionnistes du monde entier. Son séjour en prison pendant trois mois n'a pas entamé cette détermination. Un nouveau procès lui est intenté, qui aura lieu à la fin de septembre et au début d'octobre. Adresse d'A. Rami pour ceux qui désirent le soutenir financièrement : P.O. Box 316, S10124 Stockholm (Suède). Suisse La Suisse envisage de se doter d'une loi antirévisionniste. La répression n'en finit pas d'accabler le Dr. Max Wahl à Winterthur et Mme Mariette Paschoud à Lausanne. Deux révisionnistes de langue allemande préparent, chacun de son côté, d'importantes publications sur le mythe de l' «Holocauste» qui doivent paraître en 1992. Monde arabo-musulman Ahmed Rami défraie la chronique par sa préface au livre d'Abdelmoumen Diouri, opposant marocain au roi Hassan II (que le gouvernement français avait extradé au Gabon) : A qui appartient le Maroc ?, L'Harmattan. En Algérie, l'hebdomadaire Le Jeune Indépendant consacre un long article au procès Rami à Stockholm sous le titre : «Le plus long procès de l'histoire de la Suède» (19 et 26 novembre). A Paris, le Monde s'en fait l'écho (27 novembre).


707 A Londres, Al Arab [les Arabes], journal international de langue arabe, publie deux interviews d'Ahmed Rami, les 23 et 24 décembre où, notamment, l'existence de notre revue est mentionnée. A Alger, El Chaâb [le Peuple], organe central du FLN, consacre une série d'articles à Ahmed Rami : p. 1 et 9 des livraisons des 13, 15 et 16 février. Revue d’Histoire Révisionniste, n° 6, mai 1992, p. 195-208


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