mai 2015 • N°42
Le magazine des
acteurs de l’orientation et de la formation en Champagne-Ardenne
decryptage dispositif tonic
connaitre les métiers verts
dossier
parcours de jeunes supplément
item n°6 des espaces métiers
La force de la jeunesse, c'est son enthousiasme : la preuve par 5 !
édito
sommaire
C
e nouveau Arifor mag a privilégié 2 problématiques : l’illettrisme et le parcours de 5 jeunes en recherche d’emploi. Loin d’être marginale, la problématique de l’illettrisme touche principalement des personnes peu ou pas diplômées, majoritairement en emploi et apparaît, avec les avancées technologiques, comme un frein important à leur insertion et à leur mobilité professionnelles. Afin de développer l’autonomie et la qualification de ces personnes, le Conseil régional a repensé son offre globale de formation en intégrant l’acquisition des compétences de base aux actions à visée d’insertion professionnelle et a créé : Tonic. Pour la 1ère fois Arifor mag vous propose dans son dossier central, non pas la présentation et l’analyse de dispositifs orientation-emploi-formation, mais le point de vue de jeunes sur ces dispositifs et leur impact sur leur parcours d’insertion professionnelle. Depuis la fin des années 2000, les jeunes sont particulièrement exposés à des difficultés pour trouver leur premier emploi et ensuite, une situation professionnelle stable. Certains sociologues parlent de « génération sacrifiée », d’autres de « génération précaire ». Les témoignages de ce dossier mettent en lumière des trajectoires très diversifiées, marquées par la précarité, mais aussi par la volonté et l’optimisme de ces jeunes, de se faire accompagner dans leur insertion professionnelle, voire sociale. Par ailleurs, cet édito me donne l’occasion de remercier chaleureusement les 5 jeunes de l’E2C qui ont accepté de poser comme modèles pour la 1ère de couverture d’Arifor mag. Enfin, ce magazine saisit l’opportunité du projet de loi, relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, pour vous présenter les métiers verts et verdissants qui malgré la crise poursuivent leur croissance. Bonne lecture. Marie Noël d'Hooge, présidente du GIP ARIFOR, conseillère régionale Champagne-Ardenne
ARIFORmag n°42 téléchargeable sur
En bref 03 anniversaire 04 les mercredis avenir de reims ont 20 ans évènement 05 accueillir les personnes handicapées en formation : clés de lecture décrypTage 08 tonic : dispositif du conseil régional dossier 13 parcours de jeunes connaître 18 Les métiers verts : quels emplois ?
www.arifor.fr
Ariformag - 79 avenue de Sainte-Ménehould - CS 90443 - 51037 Châlons-en-Champagne cedex z Directrice de publication : Marie Noël d'Hooge (présidente du Gip Arifor) z Rédactrice en chef : Sandrine Poittevin, directrice z Rédaction : Lurdes Monteiro, chargée de communication z Avec la participation de la commission publications : Lorette Joly (conseillère régionale et présidente de la commission publications), Marie Noël d’Hooge (conseillère régionale), Michel Barbier (invité), Guillaume Mangeart (Medef ChampagneArdenne), Pierre-Edouard Paoulou (DR Onisep), Frédéric Zante (ARACT), Isabelle Lovato (CRIJ), Sylvie Focachon (Direccte Champagne-Ardenne), Brigitte Papavero (Agefos
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Pme Champagne-Ardenne) Elie Rosière (Pôle emploi), Maria Galland (Cresca), JeanAlbert Noël (Crefop), Marie-Françoise Bruneau (Afdet) z Conception graphique : com in creation z Photos couverture : Jean-Marie Leclerc. Photos pages intérieures : Jean-Marie Leclerc, Conseil régional, Lurdes Monteiro / Gip Arifor, Istockphots z Impression : Alliance Graphiques Partenaires. Magazine tiré à 3 000 exemplaires - Mai 2015 - N° ISSN : 1627-9808
Union Européenne
Cette publication est cofinancée par l’Union européenne
en bref
n Du 18 mai au 19 juin Rencontres pour l'emploi à Ste-Ménehould Tél : 03 26 60 75 64
n Du 27 au 29 mai La créativité de l’Économie sociale et solidaire est-elle soluble dans l’entrepreneuriat ? Colloque organisé à Reims par le Laboratoire d’économie et gestion et soutenue par la Chaire d’Economie Sociale Neoma / Urca Contact : riuess2015@univ-reims.fr
n Du 1er au 5 juin Semaine pour l'emploi organisée par Pôle emploi en partenariat avec le Conseil régional et l'ensemble des acteurs de l'emploi. Contact : pole-emploi.fr/region/ champagne-ardenne
n Du 30 mai au 5 juin Semaine européenne du développement durable Pour en savoir plus : developpement-durable.gouv.fr
La 43e édition des finales nationales des Olympiades des métiers s’est déroulée du 29 au 31 janvier à Strasbourg. Une nouvelle fois, la Champagne-Ardenne s’est distinguée en remportant 3 titres de meilleurs jeunes espoirs et 2 médailles : • Benjamin Henry a remporté une médaille de bronze en installation électrique. Agé de 19 ans, ce jeune châlonnais est apprenti au BTP CFA de la Marne et prépare un BP. • Sébastien Thiolière a remporté une médaille d’or en maintenance des véhicules industriels. Agé de 22 ans, ce jeune salarié originaire de Courtisols se présentait pour la 2nde fois. En 2013, il avait remporté la 4e place. Pour en savoir plus : olympiadesdesmetierschampagneardenne.fr
Evénement
A venir
Deux médaillés pour la Champagne-Ardenne
e candidate A noter : Paris est vill e des métiers pour les 44 Olympiades ns itio pet com Worlskills
Le 3 avril dernier, l’équipe des Olympiad es des métiers a été reçue par le président de Région (Jea n-Paul Bachy) ainsi que par les élues Marie Noël d’Hooge et Soni a Marcelot. Les médaillés se sont vus récompensés à cette occa sion.
Nouveau
Le guide de l’apprentissage 2015 est sorti
Fruit d'une collaboration entre l'Onisep et l'Arifor, ce guide recense les formations en apprentissage dans notre région. Au sommaire toutes les formations en apprentissage par secteurs professionnels, les carnets d'adresses des établissements de formation et des lieux d'information, les adresses utiles et l'information sur l'apprentissage côté apprenti et côté employeur. A consulter sur formationchampagneardenne.org
n Du 15 au 19 juin Semaine pour la qualité de vie au travail Pour en savoir plus : champagne-ardenne.aract.fr
n 26 juin Les 4 saisons de la création à Charleville-Mézières Tél : 03 24 56 62 39
L'enquête Besoins en main-d'oeuvre 2015 est sortie Ce rapport présente les résultats 2015 de l'enquête Besoins en main-d'œuvre (BMO) pour la région Champagne-Ardenne. Il révèle que 19,5 % des établissements prévoient au moins une embauche en 2015, ce qui correspond à près de 10 000 employeurs potentiels. A consulter sur pole-emploi.fr/region/champagne-ardenne
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anniversaire
Les Mercredis avenir de reims
ont 20 ans
La formule existe depuis 20 ans et c’est une initiative champardennaise ! Ces rendez-vous annuels (5 par an) organisés par l’Onisep ont certes évolué dans le temps mais ils restent toujours aussi attendus dans l’académie de Reims.
Le concept est simple : informer sur les métiers, leurs débouchés, leurs conditions d’exercice, et les formations qui s’y rattachent en donnant la parole aux professionnels-les. La cible principale reste, bien sûr, les collégiens-nes, lycéensnes et étudiants-es. Toutefois, depuis quelques années et dans le cadre de son partenariat avec le Crij, l’Onisep a élargi son public à toutes les personnes en recherche d’une orientation scolaire ou professionnelle. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Plusieurs acteurs-trices du secteur abordé sont invités le jour J qu’ils s’agissent de professionnels-les en activité ou d’organismes de formation. Les invités-ées présentent leur parcours, les qualités requises pour exercer, les contraintes de leur métier. La diversité des
cursus et des parcours de vie de ces professionnels permettent aux visiteurs de se rendre compte que l’on peut accéder à un métier en passant par des études et des expériences professionnelles différentes. Après une brève présentation de leur domaine d’intervention, ils répondent en direct à toutes les questions du public. A l’issue de la séance d’information et d’échanges, les professionnels restent généralement à disposition du public pour répondre aux questions de façon plus individualisée. Les Mercredis avenir sont organisés en partenariat avec le Crij, la Mgel, le Canopé de Reims et Radio Jeunes Reims. Ils se déroulent au Canopé de Reims, 17 boulevard de la Paix, de 16h00 à 17h30. Contact : Céline Boy - 03 26 61 20 88 cboy@onisep.fr et Christine Pinteaux 03 26 79 84 76 - cpinteaux@crij-ca.fr
Mercredi avenir : métiers de l’information et de la communication Six professionnels de l’information et de la communication présents au Mercredi avenir le 18 mars dernier. De gauche à droite : Richard Carlier, community manager, école de design et d’arts appliqués à distance (Edaa), intervenant à l’Urca ; Anne Despagne, chef d’édition, journal l’Union de Reims ; Pierre Masson, attaché de presse, présidence de l’université de Reims Champagne-Ardenne (Urca) ; Maryline Mathevet, chargée de communication, Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (Espe) ; Catherine Rambourg, enseignante en BTS communication, lycée Sévigné de Charleville-Mézières ; Marc Thiebaut, chargé de communication, Crous de Reims Champagne-Ardenne.
Céline Boy de l’Onisep et Christine Pinteaux du Crij Champagne-Ardenne accueillent les visiteurs lors des mercredis avenir.
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évènement
Il y a 10 ans la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées imposait, entre autres, une obligation d’accueil des personnes handicapées à l’ensemble des dispositifs de formation (continue, apprentissage, alternance). Pour la 1ère fois en région, le 17 novembre 2014, une journée était entièrement consacrée à l’accueil de personnes handicapées en formation, à l’initiative des acteurs du PRITH*. Retour sur la conférence organisée par l’Agefiph pendant la semaine pour l’emploi des personnes handicapées.
Accueillir les personnes handicapées en formation clés de lecture
L
ors de cette conférence, il a été souligné que la loi du 11 février 2005, a incontestablement permis de changer le regard sur les personnes handicapées. Même si des avancées sont saluées, il reste encore beaucoup à faire. L’enjeu de cette journée était d’aider les organismes de formation à surmonter les obstacles d’ordre méthodologique et technique qu’ils rencontrent. Des ateliers ont permis de capitaliser les pratiques existantes. Cette journée a abordé les thématiques suivantes : • l’accueil et la formation d’une personne en situation de handicap psychique • le handicap en cours de vie • l’accessibilité pédagogique et • le rôle incontournable du référent handicap en organisme de formation.
Un atelier, animé par le référent accessibilité de l’ordre régional des architectes et le référent de la direction des territoires de la Marne, a également permis d’échanger sur l’accessibilité des locaux.
Le handicap psychique
Le handicap psychique concerne 13 % de la population des personnes handicapées (handicap mental : 7 %, le handicap moteur : 45 %) sur les 10 000 demandeurs d’emploi (F-H) reconnus-es handicapéses dans la région, cela représente 1 300 personnes. Toutefois, ces données sont un peu faussées car les autres handicaps passent pour prioritaires et ce n’est donc pas le handicap psychique qui est identifié. Ce handicap survient plutôt au cours de la vie, comme pour une majorité des situations (85 % des handicaps sont acquis après l’âge de 15 ans).
*PRITH : Plan Régional d’Insertion des Travailleurs Handicapés. Pour en savoir plus : handipole.org
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évènement Conférence du 17 novembre 2014 au centre Alfor à Châlons-en-Champagne
Le handicap en cours de vie
Valérie Benoit, déléguée régionale adjointe de l’Agefiph Champagne-Ardenne Picardie : « le handicap n’est pas appréhendé de la même façon par la personne s’il est acquis de naissance (expression plus libre) ou survient au cours de la vie. Tous les handicaps ont leur spécificité et le handicap psychique n’échappe pas à la règle. Invisible, dans 80 % des cas, il est aussi difficile à aborder de front. L’entretien d’accueil est alors primordial. Il est nécessaire d’investiguer les éventuelles contraintes à ce moment-là afin de vérifier que le projet de formation est viable. Il faut pour cela ne pas hésiter à prendre contact avec les structures qui accompagnent la personne. Elles sont les plus à même de transmettre des informations utiles et objectives, en priorité aux 3 prescripteurs que sont Pôle emploi, Cap emploi et la Mission locale pour les personnes en recherche d’emploi. »
L’accessibilité pédagogique
Comme le soulignent les organismes de formation, ce sont des besoins partagés par d’autres publics. Par exemple, les difficultés d’une personne déficiente intellectuelle en matière d’alphabétisation peuvent être partagées avec d’autres publics ayant décroché du système scolaire. Compenser ces difficultés par des méthodes pédagogiques adaptées - passer de l’écrit à l’image, par exemple - serviront à l’un comme à l’autre, et parfois à l’ensemble des publics formés.
Le rôle du référent handicap en organisme de formation
Le référent handicap a un rôle pivot dans la structure. Il peut être différent selon les organisations. Suite à l’atelier qui s’est déroulé sur ce sujet, une réflexion sur le rôle du référent doit être menée en groupe de travail du PRITH afin de mieux définir les contours de la fonction et construire une vision partagée de la mission.
Les organismes de formation doivent, au-delà de locaux adaptés, proposer des adaptations pédagogiques : adaptations des rythmes et des durées, des méthodes, supports et outils, mais aussi des épreuves et examens. L’individualisation passe aussi par une prise en compte personnalisée des situations de handicap. Il s’agit de compenser au mieux le handicap en formation, et de favoriser l’égalité de traitement pour accroitre les chances de réussite.
Le guide « accompagner un stagiaire handicapé (f-H) en formation »
est construit comme un parcours de formation, selon plusieurs étapes : 1 - Activer le partenariat et faire le lien avec les prescripteurs 2 - Accueillir la personne handicapée en formation 3 - Valider les conditions d’accueil et vérifier la situation administrative 4 - Veiller au bon déroulement de la formation 5 - Préparer la recherche de stage et d’emploi. Dix fiches sont associées
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à ces étapes, qui peuvent se consulter dans l’ordre ou le désordre, en fonction de la situation, de l’étape dans le parcours ou de l’interlocuteur. Ce guide est issu du groupe de travail partenarial du PRITH Champagne-Ardenne. Il a été financé par l’Etat (Direccte) et est téléchargeable sur www.champagne-ardenne. direccte.gouv.fr
L’édition 2014 de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées s’est
caractérisée, comme les années précédentes, par une forte implication des acteurs (F-H) de l’emploi, de la formation, du handicap et des entreprises.
De gauche à droite : Valérie Benoit déléguée régionale adjointe de l'Agefiph ChampagneArdenne Picardie et une traductrice en langue des signes
A cette occasion, France Bleu a dédié une chronique journalière à l’emploi des personnes handicapées. De nombreuses manifestations sur l’ensemble du territoire ont eu lieu avec pour fil rouge « l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi » : Handichat dans l’Aube, café des réussites à Chaumont, Forum Recrutement et Handicap à Reims, Petit déjeuner entreprises à Troyes, Forum Emploi Handicap à Charleville-Mézières… L'édition 2015 de la SEPH se déroulera du 16 au 22 novembre. Pour en savoir plus : www.agefiph.fr
évènement
Lucie Addesa, chef du Service Ressources Pédagogiques et référente handicap au Centre Alfor (Marne)
Quelle est votre expérience dans l’accueil de personnes handicapées ?
Nous accueillons des jeunes en situation de handicap, de la déficience physique à la déficience intellectuelle légère. Il est vrai que cela bouscule nos habitudes de travail et peut se heurter aux représentations de certaines personnes. Au départ nos formateurs se questionnaient : comment faire pour que le jeune progresse ? Pour qu’il obtienne son diplôme ? Beaucoup de contraintes apparaissent et c’est toujours un peu complexe d’expliquer que l’élève n’a pas forcément un objectif « diplôme » immédiatement. Il faut alors expliquer qu’en amont, son objectif est d’apprendre les savoir-être et savoir-faire et que son parcours devra contenir une phase d’adaptation.
Le Groupe ESC Troyes en février dernier organisait sa 1ère journée de sensibilisation avec Handi Get High. De nombreuses activités étaient au programme : ateliers dédiés aux 3 types de handicap, mise en place d’un TIFO avec Tremplin Handicap, conférence d’Etienne Hoarau, auteur d’A contre-pied. Un moment convivial où se sont retrouvés les étudiants des différentes unités du Groupe ainsi que les jeunes de l’école de la deuxième chance (E2C).
Comment s’organise cette phase d’adaptation ?
Il y a plusieurs années, nous avons mis en place un dispositif préparatoire à l’entrée en apprentissage qui ne s’applique pas uniquement aux jeunes en situation de handicap. Il répond à une demande d’accompagnement de plus en plus fréquente pour les sortants de collège comme pour les jeunes en situation d’illettrisme ou de bas niveau d’apprentissage. Le principe est de permettre d’individualiser le parcours avec des actions d’immersion allant d’un ou deux jours voire plusieurs semaines, avec un accueil en internat si nécessaire. Ce dispositif est totalement individualisé. Nous le construisons après un entretien avec le jeune et sa famille. Aujourd’hui nous avons décidé de construire un outil de pilotage à l’usage de nos équipes : entretien, tests de positionnement, bilans, liaison avec l’entreprise, aménagement de l’emploi du temps, échanges d’informations avec les parents et les partenaires (auxiliaires de vie sociale, éducateurs…). Comment définiriez-vous votre rôle de référente ?
Mon rôle consiste en grande partie à être une « personne ressources » pour mes collègues formateurs, conseillers et pour les stagiaires que nous accompagnons. C’est un rôle où il faut créer et développer des relations partenariales avec les acteurs du territoire, les structures spécialisées et non spécialisées qui orientent le public en situation de handicap. Mon rôle ne s’arrête pas aux portes de notre organisme, l’entreprise est également concernée. Je peux prendre directement contact avec les employeurs. Il s’agit surtout de « rassurer » : évoquer le handicap de la personne permet souvent de lever des freins, quelquefois liés à de la méconnaissance, et de faciliter son intégration sur le poste et au sein de l’équipe de travail. Quels conseils donneriez-vous pour que cela fonctionne ?
Pour que cela fonctionne, il faut, comme c’est le cas au Centre Alfor, un engagement de la Direction. Inscrire le projet handicap dans le projet d’établissement est essentiel, identifier un référent handicap, le professionnaliser, lui donner les moyens d’agir (ressources, temps) permet d’assurer la pérennité de cette mission au sein de la structure. Mais il faut également responsabiliser chacun des membres de la structure sur la question du handicap au niveau du poste qu’il occupe. Je me suis rendue compte que le handicap n’était pas considéré comme une problématique par nos stagiaires. Au contraire, ils sont très attentifs et veillent par exemple à ne pas laisser seul leur camarade, le temps du déjeuner ou d’une pause. Ils agissent naturellement et ne vivent pas cette situation comme une complexité.
Le parcours des anciens étudiants handicapés (F-h)
L’Agefiph a publié en janvier 2015 les premiers résultats d’une enquête sur le parcours des anciens étudiants handicapés et leur insertion dans l’emploi en France. Plus de 700 étudiants sortis de l’enseignement supérieur ont répondu à un questionnaire de près de 450 indicateurs. (La lettre des études et évaluations de l’Agefiph N°9 - Janvier 2015 sur www.agefiph.fr)
En 10 ans, des progrès importants ont été réalisés,
dans de nombreux domaines de la vie des personnes handicapées. Deux fois plus d’enfants en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire. L’emploi des personnes handicapées a été placé au cœur des obligations sociales de l’entreprise et des services publics ; il a progressé de 60 % en dix ans. Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ont été constituées en administration de référence pour les personnes handicapées qui s’adressent à ce guichet unique pour l’accès à leurs droits. Les ressources des personnes en situation de handicap ont été sécurisées : le montant de l’allocation pour adultes handicapés (AAH) à taux plein a augmenté de 33 % entre 2005 et 2014. (source Ministère des affaires sociales)
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Décryptage
n o u ve au
tonic dispositif du Conseil régional Dans le cadre de sa nouvelle compétence en matière de lutte contre l’illettrisme, la Région a réorganisé son offre de formation professionnelle destinée aux demandeurs d’emploi (F-H) sur l’ensemble du territoire et en particulier les formations préparatoires au projet professionnel.
L’illettrisme
définitions
On parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. Il s’agit pour elles de réapprendre, de renouer avec la culture de l’écrit, avec les formations de base.
L’analphabétisme
On parle d’analphabétisme pour désigner des personnes qui n’ont jamais été scolarisées. Il s’agit pour elles d’entrer dans un premier niveau d’apprentissage.
Français Langue Etrangère (FLE)
Les personnes relevant du FLE, sont les nouveaux arrivants dans un pays dont ils ne parlent pas la langue, scolarisés au niveau secondaire ou supérieur. Il s’agit alors d’un apprentissage de la langue du pays où ils résident. (source ANLCI)
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L
a loi du 5 mars 2014 prévoit que la « Région contribue à la lutte contre l’illettrisme sur le territoire régional, en organisant des actions de prévention et d’acquisition d’un socle de connaissances et de compétences défini par décret ». La Région n’a pas souhaité dupliquer l’ancien dispositif de l’Etat : « compétences clés ». Elle a engagé une réflexion globale sur l’organisation de son offre de formation et en particulier sur les formations de type Dynamique projet* et les formations de remise à niveau.
* aider le demandeur d’emploi à effectuer un choix professionnel et expliciter les étapes de la mise en oeuvre du projet professionnel.
Cette réflexion a pris appui sur l’analyse des actions en cours dans la programmation, le bilan des 4 expérimentations conduites dans le Programme régional de formation 2013/2014, la lecture de rapports d’études dont ceux de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme et la rencontre avec des professionnels-les de terrain. Un nouveau dispositif, dénommé TONIC, a vu le jour.
Ce dispositif est destiné en priorité aux publics les plus fragiles : les demandeurs d’emploi (F-H) et les salariés (F-H) précaires.
décryptage TONIC permet au bénéficiaire de construire un parcours de formation cohérent, associé à un projet professionnel réalisable. Plusieurs stratégies formatives lui sont proposées visant toutes à terme une insertion professionnelle. La stratégie de formation et ses modalités pratiques sont définies avec le bénéficiaire, et en concertation avec le prescripteur, à l’issue d’une phase incontournable de diagnostic. Le bénéficiaire devient un acteur à part entière de son parcours de formation.
Quatre types de formations collectives peuvent être mobilisés dans le dispositif TONIC ■ DIL (Défi Illettrisme) La finalité est l’acquisition des compétences de base (telles que définies par L’ANLCI) dans le degré 1 (repères structurants) et le degré 2 (compétences fonctionnelles pour la vie courante). Nouvelle compétence de la Région.
■ Préparation à la qualification Il s’agit de reprendre les degrés 3 et 4 définis par l’ANLCI et de proposer une remise à niveau en vue de réussir les tests d’entrée en formation qualifiante ou pré-qualifiante.
■ Activation professionnelle valorisation des capacités et des ressources La finalité est de repérer et de lever les freins à une insertion professionnelle, en proposant un accompagnement progressif alternant des temps collectifs et individuels.
■ Validation de projet Objectif emploi-formation Il s’agit d’accompagner les stagiaires dans la validation de leur projet d’insertion professionnelle vers l’intégration d’une formation à visée professionnelle ou dans l’emploi.
Tonic concernera d’avril à décembre 2015 1 452 demandeurs d’emploi (F-H) dont environ 466 sur la formation Défi illettrisme (DIL) Un parcours personnalisé
Les stagiaires TONIC peuvent suivre des parcours de formation très différents. Après l’étape obligatoire du diagnostic, effectué par des psychologues, certains intégreront la formation DIL, d’autres directement la formation validation de projet, puis une formation préparation à la qualification.
Une sécurisation des parcours de formation Dans toutes les formations du dispositif TONIC, les bénéficiaires auront le statut de stagiaire de la formation professionnelle. En fonction de l’engagement hebdomadaire effectif de présence, une rémunération pourra être attribuée au stagiaire.
Des innovations pédagogiques Ce dispositif s’appuie sur un partenariat renforcé entre organismes de formation et prévoit un financement de l’ingénierie pédagogique mise en œuvre. En effet, le dispositif suppose une pédagogie nouvelle qui propose des apprentissages expérientiels, des durées et parcours de formation individualisés, un accompagnement sur-mesure et des échanges réguliers avec les prescripteurs. Autre nouveauté : des périodes en entreprise peuvent être mobilisées pour toutes les formations.
A Diagnostic 1ère étape Etape incontournable et ensuite parcours individualisé en fonction des situations (soit B, C ou E) D Activation professionnelle Valorisation des capacités et des ressources
E Validation de projet Objectif qualification /emploi Au choix B Défi Illettrisme Atelier compétences premières
C Préparation à la qualification
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Décryptage
Astou Desrocherslo, coordinatrice compétences de base, Poinfor prestataire du groupement Tonic Chaumont et groupement Tonic Langres, en partenariat avec le Groupe Adps
En quoi consiste la phase diagnostic ?
Cette phase nous permet de préciser, avec le bénéficiaire (F-H), les stratégies possibles pour mettre en place son parcours avec à terme son insertion professionnelle. Cette phase varie entre 1 à 6 heures d’entretien individuel et propose 2 à 3 séances collectives de 3 heures maximum. Cette phase permet de mesurer le potentiel à l’apprentissage ou de détecter un problème lié à l’illettrisme. A l’issue de ce diagnostic, au moins 2 propositions de parcours sont formulées. Ces 2 propositions sont étudiées par les formateurs psychologues (F-H) de Poinfor et de l'Adps. Le bénéficiaire est libre d’opter pour l’une d’entre elles. C’est tout l’intérêt de cette phase : nous ne proposons pas de parcours type mais des parcours individualisés qui tiennent compte des problématiques de chacun et de leur parcours de vie. De l’autre côté, le bénéficiaire (F-H) doit prendre conscience de ses difficultés et se montrer volontaire. Après un diagnostic, parlez-vous d’illettrisme avec la personne ?
On ne dit pas « vous êtes illettré ». Ce serait réducteur et la notion d’illettrisme est beaucoup plus complexe. Chaque personne arrive avec ses richesses et ses expériences. On ne souhaite pas les stéréotyper. En arrivant chez nous, elles ont conscience de leurs difficultés. Elles ont mis des stratégies de contournement comme faire remplir leur papier par d’autres personnes. Elles ont vécu jusqu’à ce jour avec des lacunes qui les empêchent d’avancer et de s’épanouir personnellement. Notre rôle est de les accompagner à leur rythme. En quoi consiste la formation DIL-Atelier Compétences premières ?
Nous accueillons dans cette phase les personnes qui ne maîtrisent pas 2 types de compétences : - se repérer dans l’écrit, les nombres, l’espace et le temps - les compétences dans la vie quotidienne à savoir lire, écrire des phrases simples, trouver des informations orales dans un entretien et résoudre des problèmes de la vie quotidienne… Parallèlement à cet apprentissage, la personne bénéficiera d’un stage en entreprise. Nous privilégions l’apprentissage expérientiel par des mises en situations concrètes. Ces apprentissages peuvent passer par des cours de cuisine, de couture. Ces ateliers permettent de transférer les « savoirs académiques » dans des ateliers pratiques.
7%
de personnes ayant des difficultés graves ou fortes à l’écrit sont en situation d’illettrisme, soit environ 2,5 millions de personnes âgées de 18 à 65 ans. En 2004, ce taux était légèrement plus élevé (9 %). Source : enquête Information et vie quotidienne (IVQ) conduite en 2011 par l’INSEE.
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Que pensez-vous du dispositif Tonic ?
Karim Bekdache, directeur Aefti Marne Prestataire du groupement Tonic Châlonsen-Champagne / Ste-Ménehould et du Groupement Tonic Epernay, en partenariat avec Cde Consultant, Cibc, Greta Marne.
« Le dispositif Tonic a été réfléchi de façon à sécuriser les parcours des individus de façon plus globale qu’auparavant. Une démarche séquencée, des temps d’accompagnement ciblés sur des contenus et des objectifs spécifiques pour amener à terme à une insertion professionnelle durable. La notion de parcours a donc été pensée en amont de façon à ce que les stagiaires ne se retrouvent plus dépourvus d’informations et « baladés » de dispositif en dispositif. Cette nouvelle approche permet d’éviter des parcours discontinus qui donnent lieu parfois à des « retours en arrière ». Il est certain que nous allons dans le bon sens. Cela demande forcément aux organismes de formation de se regrouper. Cette nouvelle organisation régionale implique des temps de diagnostics, d’accompagnement, d’entretiens individuels, de formation. Ce qui se traduit par des compétences en ingénierie pédagogique, de formation, d’expertise en outils de positionnement, de suivi et de bilan. L’Aefti Marne a fait le choix de s’entourer de partenaires complémentaires et expérimentés : Cibc, Greta, Avenirs Jeunes Reims, Cde Consultant. La coordination entre partenaires, le temps supplémentaire demandé et la rigueur administrative seront plus que nécessaires pour la réussite du dispositif. »
décryptage
Les prestataires Tonic retenus par le Conseil régional Givet / Revin ARPEJ Forma On Aefi Ardennes Greta Ardennes Cfppa de Rethel Rdd 08 Ardennes Insertion Mjc Calonne Gip-Eftlv
Charleville-Mézières GIP-EFTLV Rdd 08 Greta Ardennes Aefti Ardennes Forma On CFPPA de Rethel Ardennes Insertion Mjc Calonne Arpej
Sedan 3AFI Cref
Reims / Bazancourt CIBC Aefti Marne Avenir jeunes Reims Cde consultant Fismes CDE CONSULTANT Cibc Aefti 51 Ajr
Châlons-en-Champagne / Sainte-Ménehould AEFTI Marne Greta Marne Cibc Cde Consultant
Epernay AEFTI MARNE Greta Marne Cibc
Vitry-le-François / Pargny-sur-Saulx IDEF Cibc Bbf Sas Fit Greta Marne
Sézanne Romilly-sur-Seine Nogent-sur-Seine GIP-EFTLV Cibc Greta Aube Association Piste Troyes / Bar-sur-Aube / Bar-sur-Seine GROUPE ADPS Poinfor Apfa
Organismes de formation Porteurs Organismes de formation Partenaires
Rethel / Vouziers CFPPA RETHEL Rdd 08 Cibc
Saint-Dizier/Joinville SAS FIT Greta Haute-Marne Bbf Cibc Idef
Chaumont POINFOR Groupe Adps Langres POINFOR Groupe Adps
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Décryptage
La nécessité de
se professionnaliser
Florian Mouchel, responsable E2C Champagne-Ardenne
« Chaque année, l’E2C Champagne-Ardenne s’aperçoit que les jeunes entrant sur le dispositif ne maîtrisent pas les savoirs de base. En effet, les ¾ ne maîtrisent pas les 4 opérations de base et 40 % rencontrent des difficultés à restituer un message simple. Ils ont pourtant, à un moment donné dans leur scolarité, appris les soustractions et / ou les multiplications mais ils ne parviennent plus à réactiver ces savoirs. Nous parlons alors de « jeunes en panne » ne pouvant intégrer un emploi ou une
formation, sans avoir réglé au préalable cette problématique. Face à ce constat, nous avons décidé de lancer un plan de professionnalisation pour l’ensemble du personnel pédagogique afin de mieux analyser les situations d’illettrisme, les repérer et surtout construire des outils adaptés afin de faire progresser chaque stagiaire face à cette problématique. Le plan de professionnalisation s’est décliné par une journée de sensibilisation et 3 jours de formations actions. Cela concerne environ 20 formateurs. Compte-tenu du public et de l’aspect sensible des enjeux, il nous est apparu indispensable de choisir un organisme de formation (l'association Initiales), expert de ce domaine, qui connait les méthodes et outils pédagogiques. Cette démarche de professionnalisation nous a semblé indispensable car les situations d’illettrisme sont souvent difficilement identifiables. Nous prévoyons une évaluation en juin qui permettra d’apprécier la pertinence de nos outils. »
Pour les 2 500 000 personnes en situation d’illettrisme, un certain nombre de caractéristiques peuvent être dégagées
> 53 % ont plus de 45 ans > 60 % sont des hommes > 10 % vivent dans les Zones urbaines sensibles (ZUS)
• la moitié sont en emploi • 10 % sont au chômage • 18 % sont retraitées • 14 % sont en formation ou inactives • 8 % sont au foyer Source Insee 2011
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L'Arifor s'investit dans le dispositif TONIC Depuis de nombreuses années, la mission « professionnalisation des acteurs » du GIP Arifor met au service des acteurs son expertise pédagogique et développe un éventail d’actions qui soutiennent le développement des compétences des professionnels. ● Un programme renouvelé chaque année avec des formations courtes autour des axes suivants : orientation, accompagnement, insertion, remédiation et savoirs de base, animation et pédagogie, culture numérique et Internet www.arifor.fr/ rubrique « professionnalisation ». ● Un large choix de ressources accessibles sur place ou consultables à distance www.arifor.fr/ rubrique « centre de ressources ». ● La création d’outils pédagogiques innovants pour encourager les praticiens à renouveler et enrichir leurs pratiques et leurs animations www.illettrisme-ressources.com rubrique « nos productions d’outils ». C’est en ayant une démarche de professionnalisation continue que les opérateurs du dispositif TONIC pourront apporter qualité et efficacité au fonctionnement de ce nouveau dispositif régional. Pour répondre encore mieux à ce nouvel enjeu, l’Arifor reste à l’écoute des professionnels et de nouveaux besoins qui pourraient émerger.
L’association Initiales facilite l’accès à l’autonomie, à la culture et à la citoyenneté des publics défavorisés. Depuis plus de 10 ans, elle inscrit les pratiques culturelles au cœur de la lutte contre l’illettrisme.
Située à Chaumont, elle intervient sur l’ensemble de la Champagne-Ardenne, sur 5 missions principales : l’accompagnement scolaire ; l’animation d’un réseau des ateliers d’écriture ; l’organisation du Festival de l’écrit ; des ateliers d’apprentissage ou de réapprentissage du français et la formation des intervenants. L’association est soutenue par le Ministère de la culture et de la communication, les collectivités territoriales (Conseil régional) et des partenaires privés. Elle organise le Festival de l'écrit qui se traduit par la publication de textes produits dans le cadre d’ateliers d’écriture et par l’organisation de manifestations. Pour en savoir plus : festivaldelecrit.fr Contact : Association Initiales - Passage de la Cloche d’Or 16 D rue Georges Clemenceau - Chaumont Tél. 03 25 01 01 16 - Initiales2@wanadoo.fr
dossier
Parcours de jeunes : quand ils racontent
Ils sont âgés de 21 à 26 ans, habitent en Champagne-Ardenne et font valoir des niveaux de qualification très disparates. Néanmoins, ils ont un point commun : vivre une première expérience professionnelle significative, dans une entreprise, une association, ou se mettre à son propre compte. Ces 5 jeunes racontent leur parcours à travers des récits concrets. Ces témoignages mettent en lumière la variété des trajectoires scolaires et professionnelles.
Quelques chiffres régionaux en 2014
614
contrats de génération
8 300
contrats uniques d’insertion
2 330
contrats de professionnalisation
5 146 Source Direccte - Sepe
contrats d’apprentissage
4 524
contrats emplois d’avenir
4 349 CIVIS 5 jeunes de l'E2C ont posé pour Ariformag. De gauche à droite et de haut en bas : Johan, Aurélie, Mathieu, Kevin et Cinthya
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© Lou Marouze
dossier
Yoann 22 ans étudiant et auto-entrepreneur De sa formation initiale, Yoann retient le souvenir d’une orientation subie au départ : « Je suis allé là où les enseignants du collège m’ont envoyé, c’est-à-dire CAP maintenance bâtiment des collectivités, puis un bac pro services. Tout le contraire d’un choix de cœur, mais tout de même la certitude de trouver un emploi.» Son avenir professionnel à l’époque, pas très joyeux à ses yeux, le conduit finalement à se questionner. Il décide de faire son chemin en dehors des bancs de l’école et se forme tout seul dans sa passion, là où il s’épanouit davantage : le développement de sites internet. Il commence petit à petit à gagner de l’argent. Face au succès de son activité, il s’inscrit comme auto-entrepreneur afin de légaliser son statut et poursuit parallèlement ses études. Il est aujourd’hui en BTS assistant manager et chef d’entreprise Crocastuce, guide des jeux gratuits. Est-ce difficile de cumuler 2 statuts : étudiant et auto-entrepreneur ?
Ce n’est pas toujours évident. En fait, je ne suis pas le même selon la situation. Quand je travaille à mon compte, je prends des initiatives, j’organise et délègue du travail à mes partenaires. Je gère l’administratif. Je dois me montrer efficace et sérieux. En revanche, je ne parle pas de mon entreprise lorsque je porte ma casquette d’étudiant. Comme tout le monde, j’écoute et je suis les consignes. Comment envisagez-vous votre avenir ?
Côté études, après mon BTS, j’envisage un master dans une école de commerce à Lille. C’est en quelques sortes ma revanche sur une orientation subie. Côté entreprise, j’ai des projets de développement mais je préfère ne pas encore en parler.
Pour connaître toutes les aides à la création d’entreprise : www.champagne-ardenne-envie-dentreprendre.fr
A savoir 14
● Ces dernières années, le nombre de créations portées par des jeunes de moins de 30 ans a triplé. Cette croissance est supérieure à celle observée chez leurs aînés. ● Le régime de l’auto-entrepreneur est davantage mobilisé par les jeunes générations, 67 % ont opté pour ce régime contre 55 % des créateurs de 30 ans et plus.
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● Les jeunes générations s’entourent sensiblement plus que leurs aînés pour monter leur projet de création (63 % contre 59 %). La différence porte principalement sur l’entourage familial nettement plus présent (43 % contre 33 %). Notons par ailleurs que les jeunes créateurs « traditionnels » s’appuient davantage sur des structures dédiées à la création d’entreprises (35 % contre 27 % des créateurs « traditionnels » de 30 ans et plus). (source APCE Mars 2015)
n PEPITE (Pôle Etudiant pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) : nouveau dispositif de la Région PEPITE a pour objectif de promouvoir chez les étudiants champardennais l’envie d’entreprendre. Les actions s’organisent autour d’un programme en 6 grands axes : informer les étudiants et jeunes diplômés, sensibiliser par l’action (par exemple : organisation de Start-up Week-end), accompagner des projets de création (statut étudiant-entrepreneur), accompagner la mise en place de la formation, créer un diplôme universitaire et favoriser la spécialisation dans les formations. Pour en savoir plus www.carinna.fr www.potentiel-ca.fr
A savoir
n Les principales spécificités des jeunes créateurs et de leurs entreprises
C’est en quelques sortes ma revanche sur une orientation subie.
dossier
Nicolas 26 ans en apprentissage master Grande école de NEOMA (4e année) Quelle formation en apprentissage avez-vous choisi ?
garder une fois votre apprentissage fini et votre cursus validé.
Je suis le Master Grande Ecole de NEOMA Reims (anciennement SupdeCo de Reims Management School), nous avons la possibilité d’effectuer cette formation en parcours continu ou en apprentissage, mon choix s’est porté sur l’apprentissage.
Dans l’entreprise, quel poste occupez-vous ?
J’occupe le poste d’acheteur technique au sein des collectivités territoriales de Reims Métropole et Ville de Reims au sein de la Mission Optima.
Pourquoi avoir choisi cette formation, quel est votre projet ou métier visé ?
Cette formation me permettait d’accéder rapidement à l’apprentissage, ce qui n’est pas le cas de toutes les écoles de commerce. De plus le calendrier d’alternance basé sur un rythme 3 semaines en entreprise / 3 semaines à l’école, particulier à NEOMA, m’attirait énormément car l’immersion en entreprise me paraissait plus forte. Enfin j’étais originaire de la région et déjà diplômé du Bachelor de Reims Management School, je connaissais donc l’école, ses valeurs et ses points forts.
L’apprenti est plus facilement conservé dans son entreprise après sa formation qu’un simple stagiaire
Comment cela se passe-t-il ?
première année et un peu plus de 1 400€€ net la deuxième année. Un autre point fort de l’apprentissage est que ça permet d’accumuler une expérience professionnelle plus importante qu’un étudiant suivant le parcours en formation continue, ainsi j’ai pu passer 2 ans en entreprise alors que ma formation dure 2 ans et demi, un vrai plus quand il s’agit de trouver un emploi par la suite. A propos d’emploi, un autre attrait évident est que l’apprenti est plus facilement conservé dans son entreprise après sa formation qu’un simple stagiaire, il faut bien comprendre que l’entreprise a investi plus de temps et d’argent à vous former à ses méthodes, valeurs et problématiques qu’un simple stagiaire, elle est donc naturellement plus intéressée à vous
La Mission Optima travaille de façon transversale au sein des collectivités. Ainsi je suis amené à travailler avec les différents services de la ville et de la métropole : voirie, déchets, eaux et assainissement, etc. Mon activité est de travailler en amont de l’acte d’achat à proprement parler afin d’identifier les leviers d’optimisation économiques, techniques, administratifs, etc sur les différents marchés qui me sont confiés. Pour ce faire, je travaille en collaboration avec les services techniques (générateurs du besoin) et les services supports (service juridique, C3C) afin que toutes les visions soient intégrées dans les marchés que nous réalisons tout en atteignant les objectifs qui nous sont fixés. Au final, je joue le rôle d’un consultant achats interne. Pour en savoir plus sur l’apprentissage : • www.travail-emploi.gouv.fr rubrique formation professionnelle apprentissage • www.cr-champagne-ardenne.fr rubrique guide des aides
A savoir Pourquoi avoir choisi la voie de l’apprentissage ?
Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à choisir l’apprentissage plutôt que le parcours classique. Tout d’abord l’attrait financier est certain, l’entreprise prend en charge mes frais de scolarité et, à un peu moins de 10 000 €€ l’année, cela représente rapidement une sacrée somme, de plus cela me permet de toucher chaque mois un salaire, y compris pour les périodes que je passais à l’école. Ce salaire est évolutif en fonction de votre âge, de votre année d’étude, du secteur d’activité où vous travaillez et éventuellement de votre capacité à négocier. Pour ma part, je touchais un peu moins de 1 200€€ net par mois lors de ma
n 62 % des apprentis‑es ont un emploi sept mois après la fin de leur formation En février 2014, sept mois après leur sortie d’un CFA, 62 % des jeunes ayant suivi des études du niveau du CAP à celui du BTS ont un emploi. Les disparités sont fortes selon les secteurs. Pour un jeune apprenti sortant de niveau CAP, le taux d’emploi peut varier de 35 % dans la coiffure-esthétique à près de 90 % dans le domaine de la santé (auxiliaire de puériculture, aide-soignant
et ambulancier). On note aussi des différences au sein d'un même secteur d'activité en fonction du niveau du diplôme. Dans la mécanique automobile, le CAP se positionne moins bien que la moyenne des CAP industriels (42 % contre 50 %), alors que le BTS est mieux placé relativement à l’ensemble des spécialités industrielles dans ce niveau.
études en apprentissage dépasse les 58 % en Champagne-Ardenne. A noter, 15 points séparent le taux d’emploi selon que le jeune a ou non son permis de conduire (69 % contre 54 %). (source Note d'information Avril 2015 - Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance Education Nationale)
n Pour connaître les
chiffres en région, consultez les études de l'OPEQ : champagne-ardenne.cci.fr/ opeq
La part des jeunes en emploi sept mois après la fin des
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dossier A savoir
n Le contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS)
Il s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans révolus rencontrant des difficultés particulières d’insertion professionnelle. Il a pour objectif d’organiser les actions nécessaires à la réalisation de leur projet d’insertion dans un emploi durable. Ce contrat est conclu avec les Missions locales. Les titulaires d’un CIVIS sont accompagnés par un référent. La durée du contrat est d’un an renouvelable. Les titulaires d’un CIVIS âgés d’au moins 18 ans peuvent bénéficier d’un soutien de l’état sous la forme d’une allocation versée pendant les périodes durant lesquelles ils ne perçoivent ni rémunération au titre d’un emploi ou d’un stage, ni autre allocation.
En signant un CIVIS, j’ai appris une méthode de recherche d’emploi précise et ciblée.
n Le parrainage
Le Parrainage est un engagement bénévole afin de faciliter l'accès à l'emploi des jeunes. Le rôle du parrain ou de la marraine est de : • recevoir en entretien le jeune une à deux fois par mois pour le guider dans sa démarche • l 'encourager moralement • partager et transmettre ses connaissances du monde de l'entreprise • le conseiller dans la rédaction de son CV • l'aider à préparer ses entretiens d'embauche • valoriser ses atouts et ses compétences • lui permettre d'accéder à l'entreprise notamment par ses contacts.
Jennifer, 21 ans a signé un CIVIS
Pour en savoir plus : www. missionslocales-champagneardenne.com / rubrique parrainage
Jennifer Sandri a obtenu son BTS SP3S (Services et prestations sanitaires et sociales) en juin 2014. Depuis, elle est à la recherche d’un emploi. Très vite, elle s’inscrit à la Mission locale afin d’améliorer sa méthode de prospection. Deux mois après, elle signe un contrat d’insertion dans la vie sociale puis rencontre son parrain, formateur à Cde Consultants. Cette combinaison de facteurs lui permet de reprendre confiance en elle.
n CV Compétences
L’accompagnement CIVIS, c’est des entretiens réguliers, des objectifs que l’on se fixe entre chaque entretien. Après chaque RDV avec ma conseillère, je me sens mieux et cela m’encourage à poursuivre mes recherches d’emploi. Après l’obtention de mon BTS, j’étais dans l’appréhension de me retrouver sans rien. Je pensais qu’avec mon diplôme, j’allais facilement trouver un emploi et, que ma vie allait changer. Je ressentais ce besoin d’autonomie financière que beaucoup de jeunes ont à mon âge. La réalité fut différente. En signant un CIVIS, j’ai appris une méthode de recherche d’emploi précise et ciblée. Actuellement je suis à la recherche d’un stage afin de tester mes capacités et d'accroître mes compétences en tant qu’assistante administrative.
Comment avez-vous rencontré votre parrain ?
J’ai rencontré mon parrain par l’intermédiaire de la Mission locale. Le contact est tout de suite bien passé. Mon parrain m’apporte son soutien moral et de précieux conseils, notamment dans la rédaction d’une lettre de motivation. Il me fait profiter de son réseau professionnel et me prépare aux entretiens d’embauche. Aujourd’hui je suis plus que déterminée à poursuivre mes recherches pour décrocher un poste d’assistante administrative. Les circonstances de la crise rendent les choses plus difficiles mais je reste confiante.
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A savoir
Que vous apporte le CIVIS (contrat d’insertion dans la vie sociale) ?
Depuis 2012, les Missions locales de Champagne-Ardenne se sont investies dans une démarche innovante de valorisation du potentiel du jeune. Financé par l'Etat (Direccte), piloté par des acteurs économiques de la région et des experts en ressources humaines issus du monde de l’entreprise, le projet Connaissance Vers les Compétences est centré sur l’étude des comportements, des aptitudes et des activités préférées du Jeune. A l’issue de cette démarche, il est plus facile au jeune d’illustrer ses capacités et de mettre en valeur ses atouts. Au-delà, cela lui permet de se confronter à la réalité des exigences du marché du travail et de connaître indirectement les codes de l’entreprise. Aujourd’hui, près de 800 jeunes ont bénéficié de cet accompagnement. De nouveaux réseaux ont rejoint ou envisagent de rejoindre le projet : Cap emploi, Ecole de la 2e Chance, Protection judiciaire de la jeunesse. Des expérimentations ont été menées de façon fructueuses avec Moët & Chandon, Manpower et Pôle emploi. Contact : Sophie Cossu - chargée de missions parrainage et relation acteurs économiques du réseau des Missions locales de Champagne-Ardenne scossu@arifor.fr
Adi f et e Adi f e t e
connaître Alors que les réserves se raréfient, la croissance passe désormais par une économie plus « verte ». Performance énergétique, réduction des émissions de CO2, recyclage… Les chantiers sont variés et leur réussite permet de créer des emplois requérant de nouvelles compétences.
Les métiers verts : quels emplois ?
Emploi vert ou verdissant ?
chiffres clés
Un emploi vert ou verdissant n’est pas forcément lié à la nature ou à la protection des animaux, comme on le croit souvent… Un métier dit « vert », possède une finalité environnementale, alors que les métiers « verdissants», sont amenés à évoluer dans leurs compétences afin de prendre en compte les enjeux environnementaux. Ces métiers ne sont donc pas tous nouveaux mais ils intègrent désormais les problématiques écologiques indispensables pour l’avenir.
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● ● ● ●
Quelques nouveaux métiers sont apparus, mais ils ne sont pas si nombreux que ça. Les métiers liés à l’animation et au conseil sur le thème de l’environnement ont été créés ces 20 dernières années. Dans certaines mairies et dans certaines entreprises, on trouve aujourd’hui des « conseillers environnement » qui aident les techniciens à trouver des solutions écologiques pour la ville ou l’entreprise. On trouve aussi de nouveaux métiers « techniques », comme ceux liés à l’éco-conception (conception de produits plus écologiques).
Plus d’un million d’emplois en france 11 filières concernées par la croissance verte 15 000 missions service civique dans l’environnement 100 000 emplois créés dans les 3 prochaines années I mai 2015
connaître
11 filières concernées par la croissance verte
● La gestion des déchets et traitement des eaux ● Les énergies renouvelables et protection du patrimoine naturel ● Et des filières plus traditionnelles où s’ouvrent de nouveaux marchés en lien avec la protection de l’environnement : le bâtiment, le transport, l’agriculture, la filière bois, le tourisme, les biocarburants, la chimie verte et les réseaux électriques intelligents.
Plus d’un million d’emplois
(source : Observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte - rapport annuel 2014 publié le 10 mars
dans l’économie verte Selon un rapport, on comptabilise en 2012 plus d’un million d’emplois (en ETP) dans les activités de l’économie verte (éco-activités et activités périphériques, telles que la gestion des espaces verts ou les transports). Leur nombre est en hausse de 1,6 % par rapport à 2011, alors que le nombre d’emplois est resté stable dans le reste de l’économie. Cette évolution est à attribuer notamment au dynamisme de 4 activités : ● l’ingénierie
(+ 14,9 %)
environnementale
● les transports (+ 9,2 %) et plus particulièrement l’entretien et la réparation des véhicules légers ● la production et distribution d’eau (+ 8 %) ● la réhabilitation des sols et des eaux (+ 6,1 %), notamment les conversions en agriculture biologique
L’impact de ce « verdissement » économique sur l’emploi s’est déjà fait sentir. Selon le « Baromètre des emplois de la croissance verte et du développement durable », on enregistrait une progression de 75 % des offres d’emplois verts en France, entre mars 2012 et janvier 2013. Le principal secteur concerné était celui des énergies renouvelables.
Formations environnementales qualité de l’insertion et ressenti sur les débouchés professionnels
La dégradation du marché du travail affecte l’ensemble des jeunes, quelle que soit la formation initiale suivie. Selon une étude du Commissariat général au développement durable, d’avril 2015, les jeunes formés en environnement semblent résister un peu mieux. Ceux issus des formations dans les domaines de la prévention des pollutions et de l’énergie connaissent une insertion professionnelle facilitée, tout comme les jeunes arrivés sur le marché du travail avec un niveau Bac + 2. Ces mêmes catégories portent un regard plutôt positif quant aux débouchés professionnels offerts par leur formation. Trois ans après leur sortie du système éducatif, 72 % des jeunes formés en environnement sont en situation d’emploi contre 69 % parmi les sortants des autres formations. Le temps passé au chômage par les jeunes sortis de formation diminue de 10 % pour les formés en environnement alors qu’il augmente de 21 % pour les autres. Toutefois, la précarité des emplois gagne davantage les jeunes formés en environnement : 16 % occupaient un emploi à durée déterminée en 2010, trois ans après leur arrivée sur le marché du travail ; ils étaient environ 24 % en 2013 (soit + 7,7 points contre + 4 points pour les « sortants » des autres formations). Pour en savoir plus : www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS199.pdf
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connaître
100 000 emplois créés dans les 3 prochaines années
● Sur le plan régional
Un avenir prometteur
● Sur le plan national
(Ministère du développement durable 9 février 2015)
100 000 emplois créés dans les 3 prochaines années
Selon le Ministère, la transition énergétique permettrait de créer près de 100 000 emplois en 3 ans : ● 75 000 emplois dans le bâtiment (conséquences de la mise en chantier rapide de la rénovation énergétique des logements et des bâtiments) ● 10 000 emplois dans le secteur éolien en mer ● 11 000 emplois par le déploiement des 35 millions de compteurs intelligents Linky pour l’électricité et 11 millions de compteurs Gazpar pour le gaz ● L’économie circulaire serait également génératrice d’emplois à long terme (l’objectif étant de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie).
15 000 missions service civique dans l’environnement
L’élargissement du service civique à plus de 150 000 jeunes, s’est concrétisé le 24 février dernier avec notamment la création de 15 000 places dans l’environnement (convention Etat, Agence du Service Civique, FACE et Unis-Cité - programme national de service civique Transition énergétique, climat et biodiversité 2015).
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La Champagne-Ardenne est parmi les premières écorégions de France. Elle a depuis longtemps compris que l’économie verte n’était pas une option. Plusieurs actions de la Région sont mises en place dans un objectif de développement durable : ● Aménagement du territoire ● Transports (AGC bibi, VITICI, Mobilité douce…) ● Développement économique (entreprises éco-responsables) ● Agriculture ● Lycées… ● Formations. Le programme régional de la formation professionnelle intègre des modules développement durable aux formations déjà existantes afin de répondre aux nouvelles compétences professionnelles afférentes à la transition écologique et énergétique : - transport : conduite économique - éolien - bâtiment : équipement d’une plateforme pédagogique intégrant les nouvelles réglementations. Le Conseil régional s’appuie sur l’expertise de plusieurs organismes comme : - l’Agence Régionale de la Construction et de l’Aménagement Durables (Arcad) qui développe les compétences des professionnels de la filière bâtiment en lien avec les enjeux réglementaires, énergétiques et environnementaux du secteur. Elle travaille également en lien avec les fédérations professionnelles, institutions, entreprises, artisans, centres de recherches et de formation...). - l’Ademe qui intervient dans le financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l’air et la lutte contre le bruit.
connaître
témoignage interview Etienne Potet
Dominique Pinto
Responsable de l’entreprise Virreos Ingénierie à Warmeriville (51), bureau d’étude et de conseil spécialisé dans l’économie d’énergie et le développement durable. Dominique Pinto est également président de la Chambre de l’Ingénierie et du Conseil de France (CINOV) de Champagne-Ardenne et correspondant local Est de l’Institut pour la Conception Environnementale du Bâti (ICEB) Le développement durable estil source de création d’emplois dans le bâtiment ?
Le potentiel d’emplois dans le bâtiment est énorme. Ce n’est pas un sujet nouveau. Il y a plus de 10 ans déjà, la Région Champagne-Ardenne était la première a rédigé une charte Haute Qualité Environnementale et avait pris la mesure des enjeux. Pour vous dire que cette problématique ne date pas d’aujourd’hui. Si ce n’est qu’elle n’avance pas beaucoup. Le marché de la rénovation énergétique n’en est qu’à ses débuts. Les entreprises du bâtiment ont bien sûr une magnifique carte à jouer pour s’approprier ces activités d’où l’importance cruciale de se professionnaliser sur ces questions. Toutefois, il ne suffit pas d’investir dans des certificats de bonnes conduites. Certains voient dans cette démarche : « c’est bon pour l’image et le business ». On est encore trop souvent dans l’opportunisme. Que devons-nous faire pour avancer ?
Responsable Alliance Partenaires Graphiques du site de Reims. L’entreprise a engagé un stagiaire en master 2 afin de les aider à obtenir la certification ISO 14001. « Après Imprim’Vert, FSC / PEFC, nous avons souhaité adhérer à la démarche de certification ISO 14001, car non seulement elle nous conduit vers une plus grande efficacité en plaçant l’environnement au cœur des process d’impression, mais elle représente également une démarche citoyenne de notre entreprise et un gage de confiance pour nos clients en termes de qualité. Nous avons, à l’époque, ouvert ce chantier avec une conviction : que le progrès n’a de sens que s’il est partagé… Obtenir la certification ne permet pas de se reposer sur ses lauriers, car elle implique de mettre en place un plan d’amélioration continue. Une étude est réalisée à chaque investissement ou changement de process afin d’identifier les impacts des actions engagées par rapport au cadre réglementaire et environnementale. Ceci demande de former le personnel pour acquérir les gestes et bonnes pratiques environnementales. La norme ISO 14001 est contraignante mais efficace car elle demande de surveiller les résultats environnementaux. Il nous est donc paru évident qu’il nous fallait embaucher une personne compétente sur cette mission et qui plus est, chaque année, ce sont de nouveaux objectifs que l’on se donne. Nous avons donc fait le choix d’embaucher une ingénieure qualité environnement santé sécurité en contrat de professionnalisation. »
Il faut faire évoluer les compétences à tous les niveaux : - le métier « technique » - les gestes professionnels (précision, traçabilité, gestion de la complexité…) - la coordination et coopération de toutes les filières du bâtiment. Les préoccupations écologiques dans le bâtiment intéressent toute la filière, maîtres d’ouvrages, architectes, maitrise d’œuvre, bureau d’études…. Nous devons tous progresser ensemble et admettre que nous sommes tous responsables des évolutions qui se feront ou ne se feront pas. Mais là comme ailleurs il faut davantage de volonté, d’originalité, de motivation, mais surtout raisonner et concevoir avec une vision à long terme. Il faut agir réellement en rassemblant tous les acteurs. Les bonnes volontés existent en région : CFA, organismes de formation, ARCAD…Il ne nous reste plus qu’à organiser, mais n’oublions pas qu’il faut également financer les choses. De gauche à droite : Etienne Potet, responsable Alliance Partenaires Graphiques et Olivier Changenot, conducteur offset.
Rapport du Cnefop suite à la conférence environnementale de 2013 Deux questions auxquelles répond le Cnefop dans un rapport réalisé suite à la conférence environnementale de 2013.
Un état des lieux a ainsi été réalisé sur 9 filières. Certaines de ces filières expriment déjà des besoins de formation qui ne sont pas satisfaits. Le Cnefop juge important d’inciter les branches à se saisir de tous les outils de gestion des ressources humaines et de formation professionnelle pour gérer les mutations. Les liens entre les branches
et les professionnels-les de l’orientation doivent être renforcés pour prendre en compte les évolutions des métiers et diffuser l’information au grand public. Le Service public régional de l’orientation y a un rôle déterminant à jouer. Rapport téléchargeable sur : www.cnefop.gouv.fr
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anniversaire connaître
Les bons exemples ne manquent pas
Ti Automotive à Châlons-en-Champagne développe de nouvelles chaînes de production et crée 25 emplois Ti Automotive a prévu une extension afin d’implanter 2 nouvelles chaînes de production automatisées de pompes « brushless » qui réduisent la consommation de carburant et les rejets de Co2. Cette extension génère 25 emplois supplémentaires. Le groupe bénéficie de 1.5 millions d'euros de subventions cumulées entre l’Etat, la Région et l’agglomération châlonnaise.
2 groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) mis à l’honneur au salon International de l’Agriculture 2015
Des aides pour la méthanisation et de futurs contrats pour les entreprises locales Le Conseil régional, l’Ademe, l’Etat et l’Union européenne ont lancé l’édition 2015 de l’appel à candidatures, pour le développement des unités de méthanisation, en partenariat avec Bpifrance et le GIP Haute-Marne. Cet appel à candidatures concerne les projets à caractère individuel ou collectif valorisant le biogaz sous formes de chaleur, cogénération ou injection. Les dossiers retenus
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bénéficieront d’une aide à l’investissement. Cette démarche aura des conséquences positives sur l’emploi, notamment lors des installations techniques qui nécessiteront l’intervention des entreprises locales : bureau d’études, maître d’œuvre, terrassementgénie civil, construction de cuves en béton ou en acier, construction de bâtiments de dépotage, construction d’aires de stockage des digestats, des clôtures et du verdissement, des pompes et des moteurs, maintenance, logistique…. Pour en savoir plus sur la méthanisation : notre-planete.info/ecologie/dechets/ methanisation-biogaz.php
La Champagne-Ardenne est l’une des premières régions françaises à bénéficier de la reconnaissance nationale pour ce nouvel outil qui structure et favorise la transition vers les systèmes de production agroécologiques. Ces deux GIEE retenus dans le cadre d’un appel à projets lancé par la Direction régionale de l’Agriculture, ont décidé de « jouer collectif » pour mettre en place des actions combinant la performance économique, environnementale et sociale des exploitations. Les GIEE bénéficieront de l’attribution préférentielle de certaines aides européennes. Lors du salon de l’agriculture, les 30 exploitants agricoles dont les 2 lycées agricoles impliqués dans cette démarche, Edgar Pisani et Somme-Vesle, ont été félicités. Les deux groupements : • GIEE « pour une agriculture porteuse d’avenir dans le Barrois » dans le Pays de Chaumont : 15 exploitations dont celle du lycée agricole Edgar Pisani • GIEE « transition d’un collectif vers l’agro-écologie et des systèmes agricoles économes en intrants en Champagne-Ardenne » dans la champagne crayeuse : 15 exploitations dont celle du lycée agricole de Somme-Vesle. Projet financé en partie par le Conseil régional.
Homatherm en Haute-Marne crée de l’emploi en développant les isolants en fibre de bois La société Allemande Homatherm, est fabricant et fournisseur spécialiste de l’isolation en fibre de bois depuis 1994. En 2013, elle a inauguré une nouvelle ligne de production à Chamouilley / Saint-Dizier. Depuis, 3 nouveaux formats de panneaux d’isolants souples en fibre de bois sont produits dans cette usine. La société a ainsi créé de l’emploi.
connaître
Fatima El Haoussine
Responsable d’exploitation Sita Rebond à Reims Sita Rebond, filière de Suez, a la particularité de conjuguer insertion professionnelle et développement durable. L’entreprise développe pour les entreprises et les collectivités la gestion et la valorisation des papiers et plastiques.
En quoi consiste votre métier ?
En tant que responsable d’exploitation, je veille au bon déroulement des opérations pour lesquelles nous sommes sous-traitants : tri et valorisation des déchets plastiques et papiers de l’agglomération rémoise. J’analyse les besoins des clients existants ou potentiels afin d’offrir un service adapté et j’assure le suivi clients. Le traitement des déchets est un secteur très réglementé. Je veille donc à la sécurité écologique, technique mais aussi humaine du site, en assurant à nos employés (F-H) de bonnes conditions de travail. Parallèlement à notre activité commerciale, je mets en œuvre des projets de recrutement et d’accompagnement social qui permettent de favoriser la stabilité professionnelle des personnes en difficulté. Nous leur apprenons nos valeurs et la fierté d’exercer des métiers essentiels à la vie des populations, à leur santé et à la protection de l’environnement. Le secteur de la gestion des déchets est-il créateur d’emplois ?
Oui, il est fortement créateur d’emplois. Cette croissance peut encore s’accélérer si une sensibilisation auprès du grand public se poursuit. Pour cela, il faudrait une communication plus pointue sur le tri sélectif et expliquer comment on peut redonner vie à la matière. Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
Il faut avoir la fibre verte et être sensible à l’humain. Tenir compte de l’individu et de ses difficultés, être à l’écoute et être pédagogue.
Pour en savoir plus n sur les formations formationchampagneardenne.org n sur les métiers Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte sur le site : developpement-durable.gouv.fr n sur le développement durable en Champagne-Ardenne champagne-ardenne.developpement-durable.gouv.fr n sur la politique développement durable en région cr-champagne-ardenne.fr
Sophie Verport, responsable
environnement Chamtor Bazancourt. Chamtor transforme et valorise exclusivement le blé de sa région, la ChampagneArdenne. Spécialisée dans le fractionnement du blé, elle détient un savoir-faire dans le domaine de la fabrication et de la commercialisation des produits amylacés, amidon, sirops de glucose, protéines et des coproduits associés. En quoi consiste votre métier ?
Mon métier consiste à prévenir toute source de pollution, d’accident ou d’incident et à maîtriser les risques potentiels sur l’environnement. Notre entreprise est certifiée ISO 14001 pour sa politique de management environnemental, c’est dans cette logique de progrès continu que j’interviens. Au-delà de la veille réglementaire qui représente près de 50 % de mon temps, je travaille pour optimiser l’ensemble de nos consommations (énergie, produits chimiques etc …) et maîtriser nos rejets. Pour cela, j’interviens en amont sur les investissements, mais également sur les procédés, la formation des équipes, la gestion des déchets et les systèmes d'alerte. Je dois proposer à la direction une politique d'ensemble, à fois globale et détaillée pour améliorer nos performances en matière d'environnement. C'est également un travail de sensibilisation au quotidien des personnels de l'entreprise. On peut être perçu comme le gendarme, tout comme ma collègue animatrice sécurité mais l’enjeu est important. Quelles sont les compétences et qualités requises ?
Pour exercer ce métier, il faut être sensible à l’environnement et avoir une vision à long terme c’est-à-dire « penser agriculture raisonnée ». Il faut avoir des capacités d'écoute et de communication pour savoir convaincre et faire face parfois à des situations conflictuelles. Il faut se révéler adaptable, diplomate et accepter d’être pris en défaut car tous les ans nous sommes contrôlés, dans le cadre d’un audit de suivi de certification. Un fort esprit de synthèse est également nécessaire, notamment pour hiérarchiser toutes les informations recueillies et les restituer à la direction générale. Dans ce métier, l’anglais est plus que recommandé.
I mai 2015
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