A/R magazine voyageur — 3
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l’édito Michel Fonovich
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assez parlé de politique ! En ces temps incertains où les marchés sont très stressés, les banques centrales très bancales, les gouvernements sous calmants, les traders trop joueurs, les doctrines sans vitamines, A/R a trouvé opportun de s’entretenir avec Marx, Thierry de son prénom, cuisinier de profession. Il en ressort que les meilleurs pains du monde sont faits au Moyen Orient. À méditer en gardant à l’esprit que dans cette région, ils peuvent se multiplier. Pour ne pas risquer d’être taxé de marxisme échevelé, une escapade dans le Nevada nous mène au cœur d’un temple du capitalisme décomplexé, Las Vegas. En français, ça donne assez platement Les Plaines. Mieux vaut garder la BO qui excite davantage l’imagination et stimule le désir de faire sauter la banque du casino à défaut de la banque tout court. Mais sous quel régime faut-il donc vivre ? Sur l’île de Komodo, le varan a sa petite idée : le régime carnivore avec une prédilection pour les biches. À l’unanimité les caïmans du Pantanal partagent ce point de vue mais préfèrent les poissons. Une différence pas si minime et qui suffit à créer deux courants : le varanisme et le caïmanisme … Et voilà ça se complique. Assez parlé de politique. Et si on voyageait un peu ? Bonne année, Michel
Retrouvez la fine équipe du magazine le 6 janvier à la galerie de l'Europe, 55 rue de Seine, Paris 6ème, pour fêter la nouvelle année et la sortie de ce numéro. n°10 / janvier — février 2012
4 — A/R magazine voyageur / carnet
au sommaire dans ce numéro #10 — janvier / février 2012
Regards Sébastien Sindeu & Alexei Riboud
Petites distances, grands plaisirs Parc National Komodo / Indonésie C’est quelqu’un Laurent Granier & Amélie Derreumaux Passage à l’acte L’Islande en hiver
006
Carnet L’entretien Thierry Marx Actus Nos adresses Bric-à-brac Culture Archi / Livres / Ciné
010 014 016 018 019
Miam-miam Australie Heureux qui comme Wijnand Boon Tourista Madagascar, les arbres qui cachent l’île Le guide du queutard L’Europe des bordels Carnettiste Violette Gentilleau Carte Postale Julien Blanc-Gras à Moscou
024 028 034 042
Portfolio : Christophe Jacrot (P.28) janvier — février 2012/ n°10
082
088 092 094 095 096 098
052
Durable Actus Nouvelles fraîches mais durables De l’air
080
Bazar
Partir Week-end France / Les écrins Portfolio Les Eaux Fortes Malte En attendant Gozo Las Vegas Hotelmania Brésil Un Pantanal, des animals
074
Contributeurs : Julien Blanc-Gras (JBG) / Alex Crétey-Systermans (ACS) / Laurent Delmas (LD) / Marc Durel (MD) / Jean-Luc Eyguesier (JLE) / Antonio Fischetti (AF) / Christophe Jacrot (CJ) / David Lefranc (DL) / Jean-François Mallet (JFM) / Anne-Sophie Mauffré (AM) / Alice Plane (AP) / Albert Zadar (AZ)
068 070
Brésil : Pantanal (P.52)
Miam-miam : Australie (P.88)
6 — A/R magazine voyageur / carnet
regards de photographes
République Démocratique du Congo
janvier — février 2012/ n°10
Sébastien Sindeu —
Sébastien Sindeu, né en 1972, est photographe indépendant depuis 2000 et collaborateur régulier de la presse magazine (Le Monde Magazine, Géo, Courrier International …). S’il aborde les sujets les plus variés (Pygmées d’Ituri, camp palestinien d’Aïn el Hilweh, au Liban …), il s’intéresse particulièrement à l’univers maritime avec notamment le projet DétroitS auquel il a consacré sept années de recherches. www.sindeu.net
carnet L’entretien : Thierry Marx Adresses : Tree Hotel / Suède Archi : Musée Jean Cocteau / Menton N°10 2012
jan./fév.
10 — A/R magazine voyageur / carnet
l’entretien
thierry marx son manifeste du voyage ce marx-là n’a pas écrit le capital , mais il est né dans la capitale . il n’a pas non plus dit « le meilleur moyen d’éviter la chute de cheveux, c’est de faire un pas de côté » : thierry n’est pas groucho. c’est un cuisinier baroudeur qui a pris le temps de voyager, de goûter aux cuisines de rue avant de prendre les rênes du mandarin oriental à paris.
entretien : Sandrine Mercier Photos : alex crétey-systermans
J’ai jeté un œil à votre restaurant, le Sur Mesure. On se croirait dans Cosmos 1999. Vous promettez le voyage intersidéral ? On imagine facilement une navette spatiale, c’est vrai ! Prêt pour le décollage des papilles ? On est quand même loin de la cuisine de rue que vous aimez tant. Non, on n’est jamais loin de la cuisine de rue qui reste pour moi une formidable source d’inspiration. Qu’est-ce que vous cherchez dans tous les petits bouis-bouis du monde ? Dans ces cantines à ciel ouvert, je trouve la première identité du pays, celle qui s’offre par la bouche et par le ventre. Je découvre aussi des hommes libres parce que la cuisine de rue permet à de petits artisans d’entreprendre. Cette cuisine est une alternative aux grandes enseignes de hamburgers et de beignets, la preuve qu’un vrai savoir-faire peut toujours trouver sa place. janvier — février 2012/ n°10
Dans votre livre Street Marx, vous vous régalez de tout. Jamais vous n’êtes rebuté par la cuisine de rue ? Non, jamais ! Parce que je suis un vrai voyageur. Je marche beaucoup et lorsque je traverse New York, Bangkok ou Tokyo, je mange dès que j’ai faim. L’intemporalité de la cuisine de rue fait qu’il y a toujours un corner pour s’arrêter quand vous avez un petit creux. Je me régale, car j’ai l’impression que chaque bouchée est une histoire d’homme et de voyage. Et jamais une tourista ? Jamais, j’ai une santé de fer. J’ai avalé des chenilles et des vers de bambou dans la jungle du Laos, du serpent à Hong Kong, du singe aux Philippines et jamais je ne suis tombé malade. Comme quoi c’est fort d’être nourri par un autre, d’accepter en toute confiance d’ingérer des choses qu’on ne connait pas. Votre père était boulanger, vous avez vous-même un CAP pâtisserie option
boulangerie. Où avez-vous mangé du très bon pain ? Dans les pays arabes, là où est né le pain. Je me souviens d’un pain à Jérusalem cuit sur des pierres chaudes, d’un autre cuit à la vapeur en Chine. Ce qui nous interpelle, nous Français, c’est toute la référence symbolique liée au christianisme, mais ce qui m’a le plus bluffé, ce sont les pains du Moyen-Orient, pétris et cuits quasiment de façon instantanée sur des pierres chaudes. Des pains à garnir comme on le souhaite ! Vous avez voyagé pendant de longs mois en Asie. Pourquoi l’Asie ? C’est difficile à dire. Très jeune, j’ai découvert le Japon grâce au cinéma de Inagaki ou de Kurosawa et j’idéalisais ce pays des samouraïs. Il fallait que j’aille au Japon qui est pour moi l’Asie ultime, l’Asie concentrée, le lieu du bouddhisme et du shintoïsme, l’Asie où tout est ordonné dans la lumière du beau. Tous les pays que j’ai traversés dans ma vie, je
Eaux Fortes Christophe Jacrot, le passager de la pluie Parlez lui de la pluie et non pas du beau temps, le beau temps le dégoûte et lui fait ranger son appareil, le bel azur le prive d’inspiration. Tout a commencé au printemps, il y a quelques années. Christophe devait photographier Paris pour les besoins d’un guide touristique. Il fallait du soleil impérativement or il tombait des cordes à longueur de journée. Un autre que lui l’aurait mal pris, lui y a pris goût. Ses amies les gouttes lui entrouvraient un monde poétique et décalé. Depuis il passe son temps à contempler les cieux, à guetter les cumulo-nimbus et comme on est au XXIe siècle à surfer sur les sites météo puis il va où la pluie l’appelle, à New York ou à Hong Kong, au Japon ou en Inde. Exposition à la galerie de l’Europe jusqu’au 10 janvier 2012 55 rue de Seine – 75006 Paris
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— Malte —
en attendant gozo L’île de Gozo est la petite sœur de l’île de Malte. Loin de l’urbanisme débridé de son aînée, Gozo l’indolente, Gozo la champêtre, mérite les trente minutes de ferry supplémentaires. Sur cette terre de paysans et de pêcheurs, la vie s’écoule paisiblement entre champs et vergers dans un parfum de thym et de fenouil sauvage. Et tout autour, la Méditerranée... Texte & Photos : Christophe Migeon
Ce n’est guère plus qu’un rocher de pierre tendre à peine recouvert de 3 ou 4 pieds de terre, sans source ni puits … une installation à Malte serait fort déplaisante, à la limite insupportable, surtout en été. » Quand les chevaliers de l’ordre hiérosolymitain* débarquent sur les côtes maltaises en 1530, l’île ne leur fait pas forte impression : des terres racornies qui n’ont plus que la peau et les os, et dont les habitants hirsutes et hostiles, descendants bigarrés de marins phéniciens, arabes, normands et autres vagabonds des mers, ne mâchonnent qu’un indigeste et incompréhensible sabir. Mais ils n’ont pas vraiment le choix. Ils ont été chassés de Rhodes par Soliman le Magnifique, et savent gré à Charles Quint de leur proposer ce caillou posté au milieu de la Méditerranée. Assaillie par les Ottomans et les pirates, Malte est le nouvel avantposte de la Chrétienté dans une mer ceinturée de rivages musulmans. L’ordre désormais de Malte met en déroute l’armada de Mustafa Pacha en 1565 et devient le héros d’un occident flamboyant. Aujourd’hui, les tours de guet qui couronnent les falaises ne sont plus à l’affût des voiles turques ou
barbaresques. Elles ont été supplantées par de grands radars tout blancs, dont les immenses oreilles tournées vers le large tâchent de surprendre les barcasses surchargées d’immigrés illégaux en route pour le paradis européen. À Malte, on ne redoute plus tant le pirate que le clandestin.
Pur Malte
Les amateurs de grands hôtels, de longues plages à parasols et de nightlife trépidante restent sur l’île principale pour se barbouiller la peau de crème solaire et l’estomac de gin-tonic. Les autres prennent le ferry pour Gozo sous un ciel d’un bleu violent strié par le vol des mouettes. Pendant les 30 minutes de traversée, on a le temps d’apercevoir Comino, la plus petite des trois îles de l’archipel. On y trouve de rudes falaises qui chaque année attirent de jeunes audacieux au QI proche de celui de la palourde cherchant à évacuer leur excès de testostérone en un vertigineux plongeon. Ébouriffante fanfaronnade qui s’achève bien souvent à l’hôpital ou à la morgue. Les hommes du port de Mgarr, point d’arrivée du ferry, semblent beaucoup plus sages. Accroupis à l’ombre fraîche d’une fa-
çade, des retraités à casquette, désœuvrés comme des barques à l’échouage, parlent poissons, filles faciles et moteurs diesel. Le long des quais, les proues jaune et bleu des luzzus clignent des yeux dans la lumière rasante de début de matinée. Sur ces petits bateaux de pêche traditionnels, l’œil peint de chaque côté de l’étrave est supposé repousser le mauvais sort. À Gozo comme à Malte, les superstitions ont la peau dure. Certaines fermes arborent encore une paire de cornes de bœuf au-dessus de leur porte d’entrée afin d’en détourner le démon. Sous les clochers des églises, le curé a souvent pris soin de faire peindre en trompel’œil une horloge identique à la vraie : c’est qu’il s’agit de fourvoyer le diable qui rôde autour des lieux saints … À croire que Lucifer n’est pas bien malin.
Malte & Co
Gozo est un creuset dans lequel se sont fondues plusieurs cultures. L’architecture, la langue ou la cuisine dégagent un curieux parfum aux arômes d’Italie, du Maghreb et d’Espagne. Sous le gril d’un soleil âpre et crayeux, la campagne chauffée à blanc déploie sa résille de murets de pierres sèches, n°10 / janvier — février 2012
Las Vegas
hotelmania « Non, ça n’est pas une bonne ville pour les drogues psychédéliques : la réalité elle-même y est trop déformée. » Ainsi s’exprimait Hunter S. Thompson, l’auteur du roman Las Vegas Parano. La réalité qu’il faudra bien admettre, c’est qu’au bout du compte vous avez franchi un océan, traversé un continent pour voir au milieu du désert … une flopée d’hôtels boursouflés qui font le tapin sur le boulevard en se laissant reluquer le casino. Welcome to Las Vegas ! Texte : Marc Durel Photos : David Lefranc
Un Pantanal, des animals Le Pantanal, c’est comme un immense marécage qui déborde à la saison des pluies, c’est comme l’Amazonie mais sans la forêt qui cache tous les animaux, c’est comme un film d’aventure en Cinémascope, c’est comme le Far West des cowboys, c’est comme un rêve d’enfant, c’est comme un chefd’œuvre de la nature qu’on ne voudrait pas voir en péril. Texte : Albert Zadar Photos : Alex Crétey-Systermans
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C’
est fou comme le Brésil peut ressembler à la Beauce. Du moins vu du ciel. Par le hublot de l’Airbus qui relie São Paulo au sud du Pantanal tout à l’ouest du pays, je vois défiler très platement sous la carlingue un immense patchwork de champs cultivés. Ici et là, quelques boqueteaux font encore de la résistance sans trop d’illusions sur leur avenir. Après un peu moins de deux heures de vol, voici Campo Grande, la capitale de l’état du Mato Grosso do Sul. Dans le hall de l’aéroport, un grand panneau annonce la tenue d’un Congreso Internacional de Carne en affichant les grasses silhouettes d’un cochon et d’une vache à l’intérieur des frontières brésiliennes. Non merci ! Pas de bétail pour moi mais des jaguars et des tamanoirs, des aras et des anacondas, enfin s’il en reste car leur espace vital se rétrécit sous la pression de l’élevage et de l’agriculture intensive. Bovins et soja réclament en effet de plus en plus de terres et accélèrent le rythme du défrichage. Ainsi au prix de ses forêts, le Brésil est devenu le premier exportateur mondial de viande de bœuf et envisage de doubler sa part de marché d’ici 2018. Vous reprendrez bien un hamburger ?
Pantanal me voilà !
Il est plus que temps de quitter la ville pour rejoindre ce Pantanal qui attise les rêves de nature triomphante. Comme banana donne en portugais bananal qui signifie plantation de bananiers, pantano – le marécage – donne Pantanal qui désigne une « plantation » de marécages autrement dit une zone humide de 240 000 km 2 essentiellement située au Brésil mais s’étalant jusqu’au Paraguay et en Bolivie. On n’est plus très loin désormais. Il reste seulement à enquiller 250 km d’une route qui a bien retenu que la distance la plus courte entre deux points est la ligne droite, une route sans états d’âme vu qu’elle ignore jusqu’à l’existence des virages. Tout droit donc et plein ouest à travers la savane qui en ce début de saison sèche est émaillée d’étonnantes touches de rose, celles des fleurs d’un arbre qu’on nomme par ici piúva. Quand la voiture tourne enfin pour
s’engager sur une piste de terre ocre, c’est qu’on touche au but. Encore un pont de bois à franchir et l’on arrive sur une île cernée par deux bras de la rivière Solobra. Bienvenue au Pantanal. Bienvenue au royaume des oiseaux. Mais d’où sortent-il tous ? Le faucon perché sur la plus haute branche à l’affût de quelque grenouilles ou lézards, le martin-pêcheur qui se goinfrerait bien un poisson, tous les échassiers en patrouille sur les rives, le fournier roux occupé à construire son drôle de nid à base d’argile, d’herbes sèches et de crottin, les canards à bec rouge volant au ras d’un étang et puis tous les autres grands ou petits qui se croient
de soi. En fait, il s’avère que ce caïman qui déambule à mes pieds n’est pas seul. Il a plein de copains alentour. Relax eux aussi et qui on vite fait de se carapater devant un chien qui aboie. Tu parles de terreurs ! Et si on piquait une tête dans la rivière si lisse qu’elle semble immobile. Sergio a beau assurer que l’on a rien à craindre des jacarés (le nom vernaculaire du caïman), on hésite un peu, lui-même ne faisant pas mine de se préparer à la baignade. Et s’il blaguait ? Plouf ! Plouf ! Plouf ! Plouf ! Quatre courageux et courageuses se jettent à l’eau. J’en suis. Le courant, invisible depuis la berge, s’avère plutôt vif et frictionne le corps.
Quand les aras s’aiment, c’est pour la vie, un peu comme dans les contes de fée sauf qu’ils n’ont pas tant d’enfants que ça. au carnaval à en juger par leur plumage excentrique. C’est comme si tous les oiseaux de la création s’étaient donné rendez-vous. Et ça piaille, ça gazouille, ça cancane, ça caquète, ça trompette … « Si seulement je savais imiter leurs chants, je pourrais attirer les oiseaux » se lamente Sergio, un pantaneiro d’adoption devenu guide. « Sans ce talent, j’ai le sentiment ici d’être un handicapé ». Et de rajouter : « Dans la nature, il n’y a que des sons. Les bruits sont produits par les hommes qui sont peu nombreux dans le coin. Vous verrez, au Pantanal, on devient calme même contre son gré ». Calme au point de ne pas m’inquiéter de la présence à quelques mètres d’un caïman qui faut-il le dire a l’air très relax, pas du genre à se becqueter un touriste à l’heure de l’apéro.
Un amour de caïman
à y regarder de plus près l’animal n’est pas si dégoûtant. Il suffirait d’un rien, d’une veste, d’un portefeuille bien garni et d’une paire de chaussures pour le rendre attirant mais il rechigne à s’habiller préférant barboter à l’aise dans ses marigots plutôt que de céder à la mode de la ville. La poule n’est plus son amie depuis qu’elle sait qu’il pond jusqu’à cinquante œufs d’un coup à condition d’être une femelle cela va
Un délice. Bien élevés les sauriens ont disparu sous les jacinthes d’eau pour nous laisser nous ébattre. Il y a bien des piranhas mais eux-aussi sont gentils. On ressort de là revigorés et c’est un soulagement, avec tous nos membres bien en place. Sergio avait finalement raison. Difficile toutefois de ne pas réprimer un frisson en voyant des caïmans se croiser à l’endroit précis où l’on nageait quelques minutes plus tôt. Il y en aurait dix millions au Pantanal pour un peu plus de 200 000 habitants. D’après Mauricio, propriétaire d’un lodge, cela explique pourquoi ses compatriotes ne raffolent pas de la région dont les visiteurs viennent à 85 % d’Europe : « Les Brésiliens n’aiment pas les serpents, les jacarés, les moustiques et la boue. Ils préfèrent de loin la sensualité de la plage. »
Bestiaire I
Ce n’est pas le tamanoir fruit des amours équivoques d’un entonnoir et d’une balayette qui s’en plaindra. Tout ce qu’il demande, c’est pouvoir se goberger de termites et de fourmis à l’abri des regards indiscrets. Pas très samba, la bête ! On ne s’étonnera pas qu’il apprécie la compagnie du tatou d’un naturel taciturne et qui n’hésite pas à se rouler en boule dans sa can°10 / janvier — février 2012
bazar Pyrénées : Partie de raquettes écosse : Un voyage en hiver Polynésie Française : Les îles Gambier N°10 2012
jan./fév.
miam-miam Goûts & saveurs venus d’ailleurs
Le goût de la mer en Australie
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L’Australie-Méridionale est la contrée idéale pour les agoraphobes qui apprécient sa densité à peine supérieure à 1 habitant au kilomètre carré et pour les amateurs de fruits de mer qui se régalent d’huîtres, moules, ormeaux et langoustes. Là-bas, il y aurait dit-on le club des agoraphobes mangeurs d’huîtres dont les membres, forcément ne se réunissent jamais, pas même pour avaler un petit coquillage. C’est un peu triste. Pour se changer les idées, il y a au sud-ouest d’Adélaïde, la sublime île des kangourous où gambadent dans les prairies, je vous le donne en mille, des kangourous tandis que sur les plages de sable blanc se prélassent les lions de mer et que dans les eucalyptus les koalas sommeillent. On éprouve ici une sensation calme de bout du monde. Quand survient le wee-kend et que la nuit tombe sur les rares bourgades de l’État, on s’enfile de gigantesques chopes de bière dans une ambiance de vieille Angleterre. Cheers !
Images : Jean-François Mallet
96 — A/R magazine voyageur / bazar
carnettiste Coups d’œil, de crayon et de pinceau
violette gentilleau Diplômée des Arts Déco, Violette Gentilleau est une graphiste-illustratrice qui vit à Toulouse quand elle n’est pas en vadrouille à l’autre bout du monde. Après avoir exploré l’Europe dans tous ses recoins, elle a franchi mers et océans pour aborder l’Afrique puis l’Asie du Sud-Est. Elle voyage seule de préférence en ne négligeant aucun type de transport. Ses pérégrinations deviennent des dessins puis des carnets. www.lescarnetsdevio.canalblog.com
bazar
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n°10 / janvier — février 2012