Arts Appliqués & Développement Durable : Sensibiliser les designers de demain à lʼéco-conception, au moyen des basses technologies.
Armelle Duno M2 MEEF PLC - Arts Appliqués option Design Université de Poitiers 2015
Mémoire Pédagogique Arts Appliqués & Développement Durable : Sensibiliser les designers de demain à lʼéco-conception, au moyen des basses technologies.
En vous souhaitant une agrĂŠable lecture.
SOMMAIRE Introduction .................................................... /6 Alternative sensorielle ..................................... /7 Pensez slow pour produire low ........................ /13 Du Développement Durable à l’éco-conception .............. /15 États des lieux ....................................................................... /18 Qu’est-ce que le slow design? .............................................. /19 Du low tech aux low materials ........................................... /22
Questionnement ............................................ /27 Éco-conception : un moyen d’éduquer les élèves au Développement Durable? .................................................... /30
Enquête ......................................................... /33 Positionnement ............................................. /39
Hypothèses ............................................................................ /42
Pratiques pédagogiques .................................. /45 Contexte professionel ........................................................... /47 Label Éco-École ................................................................... /48 Enseignement ....................................................................... /49 Projet pédagogique et Développement Durable ............... /50 Intérêts pédagogiques .......................................................... /51 Low materials ....................................................................... /53 One day workshop ............................................................... /59 Retour à l’instinct sauvage .................................................. /63
Quel avenir pour les designers de demain? ...... /67 Prolongements pédagogiques ............................................. /70
Ressources documentaires .............................. /73
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Après un cursus orienté vers le Design de Produits (BTS) et le Design Textile (DSAA), ainsi qu’un parcours freelance dans le milieu de la tendance et de la céramique, j’ai aujourd’hui la chance d’exercer le beau métier d’enseignante en Arts Appliqués. En effet j’ai commencé à enseigner en tant que contractuelle, auprès des TermSTD2A (Sciences et Technologies du Design et des Arts Appliqués) et des MàNaa (Mise à Niveau en Arts Appliqués) au sein de la Cité Scolaire Raymond Loewy à La Souterraine durant l’année scolaire 2013-2014. Cette première aventure dans le monde de l’enseignement s’est avérée être un réel élément déclencheur et m’a encouragé à passer le concours CAPET en Arts Appliqués option Design dont je suis sortie major. Aujourd’hui, me voici enseignante fonctionnaire stagiaire au sein du lycée Ernest Pérochon de Parthenay. Au-delà de l’enrichissement personnel que m’a apporté cette expérience, cette année a révélé en moi une réelle volonté de dédier mon avenir professionnel à la formation des créatifs de demain. Ce mémoire repose alors sur les expériences que j’ai pu vivre durant l’année, ainsi qu’ une approche personnelle de la matière. Je me suis intéressée aux prises de consciences liées aux contextes économiques et sociaux actuels. Face à ces constats, je me suis questionnée autour du concept de Développement Durable qui m’a conduit vers l’influence du slow (tendance visant à faire un pas en arrière vis-à-vis de nos modes de vie : ralentir pour mieux agir) et comment ces notions pouvaient-elle être mise à profit dans les processus créatifs. J’ai choisi les low materials (basses technologies), qui s’inscrivent dans une continuité de la pensée slow et de l’éco-conception, comme base à exploiter. Les séquences pédagogiques présentées ci-après découlent de ce positionnement, et visent à amener les élèves à ouvrir leurs démarches de réflexion, de conception et de création au sein de cette thématique. 6
ALTERNATIVE SENSORIELLE
Le point de départ de ce mémoire pédagogique repose sur un projet, qui m’a particulièrement tenu à coeur, réalisé lors de mon Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués créateur-concepteur textile autour du domaine funéraire. En effet, j’ai consacré mon année de diplôme à une réflexion portant sur « La tombe comme espace médiateur de notre rapport contemporain à la mort. » Dans un premier temps, cette réflexion s’est développée à travers une vision théorique et métaphysique dans l’écriture du mémoire Dernière Demeure. Puis dans un second temps, elle s’est matérialisée lors du projet Se Recueillir. Le questionnement initial portait sur la surface de la tombe : Quel est son rôle ? Que symbolise t-elle? Que renvoit-elle aux proches endeuillés ? Comment celle-ci peut-elle devenir un espace médiateur entre le défunt et les vivants ? Mon objectif était alors d’envisager la tombe comme une surface évolutive en lien avec les différentes étapes du deuil. L’enjeu était de considérer la tombe comme un espace de recueil incarnant un appel à la vie. Mes recherches se sont tournées vers les principes de rencontre et de réconciliation entre le pérenne et l’éphémère, entre l’inerte et le vivant. J’ai alors travaillé sur la réalisation de matériaux biodégradables pouvant se désagréger au fil du temps, en laissant peu à peu place à la vie, à la nature. Une de mes phases d’expérimentations et d’échantillonnages s’est alors concentrée sur la mise au point d’une matière « inerte » composée d’une base en plâtre, sable ou ciment, renfermant du « vivant » incarné par de la terre, des graines ou des bulbes végétales. Les graines sont alors protégées par la surface en plâtre. Le plâtre ayant comme particularité d’être un matériau à la fois solide et poreux une fois mis en forme, celuici peut s’imbiber de l’environnement ambiant. Dans l’hypothèse selon laquelle ce nouveau matériau prenne place au sein du cimetière sous forme de plaque funéraire, celui-ci a pour finalité de s’imprégner de l’environnement et des phénomènes météorologiques, comme la pluie, afin de venir nourrir peu à peu les graines et bulbes. Celles-ci peuvent alors germer et craqueler la surface externe de la stèle pour se propager sur l’intégralité de la tombe. Ainsi la stèle se transforme en un espace de vie, en une surface sensorielle et sensitive, rompant avec la rigidité des articles funéraires actuels.
Se Recueillir Projet de Diplôme 2012 9
Se Recueillir Projet de Diplôme 2012
Au-delà de cette alternative sensorielle face aux stèles funéraires, ce projet remet en question la production industrielle standardisée et extrêmement rationalisée liée à ce domaine. Il n’est ici plus question de « personnalisation en surface » de pierres tombales (gravures du nom, choix du marbre parmi un catalogue pré-défini...), mais de surmesure et de série différenciée due aux procédés de fabrication. C’est ici la notion d’aléatoire et l’intervention d’éléments vivants intégrés à des matériaux que nous pourrions qualifier de « low ». 10
Martin Azua touche à cette sensibilité de création à travers Open Borders, un projet issu d’une réflexion sur l’ornementation végétale. Le designer a alors conçu une série de vases en céramique poreuse non émaillée et les a disposé dans des espaces naturels changeants tels des ruisseaux. Un an plus tard, c’est la redécouverte. Nous pouvons alors constater que ces vases ont été colonisés par divers éléments végétaux comme du lichen, des algues et d’autres empreintes naturelles, créant ainsi de micro-paysages aléatoires et uniques. Le designer espagnol met ici en évidence le pouvoir d’appropriation du naturel sur l’artificiel. Il s’agit d’une belle rencontre entre l’inerte et le vivant, entre le pérenne et l’éphémère. Les propriétés sensorielles d’une matière élémentaire qu’est la céramique sont mises en valeur. Le processus s’ancre dans une démarche « slow », et questionne un matériau « low ».
Open Boders Marin Azua 2000 11
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PENSER SLOW POUR PRODUIRE LOW
Du développement durable à l’éco-conception Le Développement Durable repose sur une approche globale à la confluence de trois préoccupations essentielles : l’Économie, l’Écologie, et la Société. Ce concept s’explique, selon le rapport de la commission Brundtland Notre avenir à tous de 1987, par l'idée d’un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. » Il s’agit de faire avancer nos modes de vie actuels, en détériorant le moins possible les ressources et les écosystèmes pour les prochaines générations, afin d’en garantir leur viabilité. Il est alors question de prendre du recul visà-vis de notre manière de fabriquer, de créer et de concevoir. Faire un pas en arrière, afin de prendre de l’élan pour l’avenir.
Piliers du Développement Durable Diagramme du Développement Durable reposant sur trois préoccupations : l’Écologie, le Social et l’Économie. 15
«Ce cadre présente les activités ordinaires nécessaires pour mettre au point, concevoir, mettre en oeuvre et entretenir un projet écologiste. Il met en lumière les relations itératives existant entre ces phases.» Cadre d’un projet Susan Buis et Linda Kripper
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L’éco-conception, quant à elle, repose sur les notions d’écologie et de conception. Selon Nancy Rottle et Ken Yocom, « l’écologie est une science qui étudie les relations des organismes entre eux et avec leur environnement physique. » Cette science de l’environnement questionne les relations entre les êtres vivants (hommes, animaux, micro-organismes…) avec leur habitat, ainsi qu’avec d’autres êtres vivants. La conception désigne « l’action intentionnelle d’organiser les fonctions et l’esthétique des objets, des lieux et des processus. Elle devient la représentation de cette action, souvent initiée sous forme d’un plan ou d’un dessin. » Concevoir, c’est savoir mener un projet cohérent de l’amont jusqu’à l’aval, et c’est en cela que cette approche est étroitement liée au domaine du design. Etymologiquement le mot « design » vient du latin « designare » qui se traduit par « désigner » ou « dessiner ». Le mot « design » signifie, dans un premier temps, « dessein », car il implique la conception d’une intention ou d’un processus. Cependant, « design » exprime également l’idée de « dessin » parce qu’il matérialise la création d’un projet, d’une idée, d’une forme par une grâce manuelle. Ainsi, d’après cette courte analyse étymologique, il est communément acquis que DESIGN = DESSEIN + DESSIN. Ainsi l’éco-conception, appliquée au design ou à l’architecture, vise à améliorer la salubrité de l’environnement à travers la création de projets à la fois viables, vivables et équitables. Cette forme de conception peut notamment s’inscrire dans la lignée de la pensée « slow ».
Cependant, même si l’idée de durabilité est largement approuvée dans l’éthique sociale et environnementale, « l’éco-conception n’emploie pas directement les concepts écologiques, pas plus qu’elle ne propose de revenir sur les injustices ou les dégâts existants. » comme le rappellent Nancy Rottle et Ken Yocom dans Écoconception. L’architecte paysagiste John T. Lyle défend alors le principe d’une « conception réparatrice » pour le Développement Durable. Le créatif conçoit ses projets sur la base de sources d’énergie et de matériaux fonctionnant en cycle à boucle fermée au lieu des systèmes linéaires usuels qui favorisent la production massive de déchets. John T. Lyle a mis en pratique ce positionnement créatif et technique au sein du Center for Regenerative Studies à Pomona, en Californie, ainsi que dans la conception des bâtiments paysagers du Lewis Center de l’Oberlin College, par exemple. Cette démarche de conception est également défendue par l’architecte Steven Beckers au moyen de l’économie circulaire. L’architecte expliquait lors de sa visio-conférence à la Cité Scolaire Raymond Loewy, que l’économie circulaire repose sur plusieurs piliers : le principe de biomimétisme, le fonctionnement cyclique Cradle to Cradle, l’éco-design, la Blue Economy, l’économie fonctionnelle et l’écologie industrielle. L’objectif étant d’optimiser notre impact positif, en apprenant à « dessiner autrement ». Il ne s’agit plus ici d’être dans une démarche de compétition mais de collaboration entre l’homme et la nature. Les bâtiments pourraient alors devenir des diffuseurs de biodiversité. Ainsi, les architectes, les paysagistes, les designers ou encore les stylistes « peuvent jouer un rôle primordial en réconciliant les différences conceptuelles qui distinguent souvent la perception du monde naturel de celle des environnements humains. En tant que créateurs et intendants de nos environnements bâtis, ils ont la possibilité de traduire les processus et les fonctions qui entretiennent nos environnements en projets qui réparent, régénèrent et renforcent les paramètres affectant la salubrité écologique de nos villes. » comme l’expliquent Nancy Rottle et Ken Yocom. Chaque créatif peut, selon ses moyens et à son échelle, agir dans ce sens afin de veiller à l’élaboration d’un futur moins terne et en accord avec la nature.
Lewis Center de l’Oberlin College John T. Lyle
Center for Regenerative Studies John T. Lyle Pomona, en Californie 17
États des lieux La sonnette d’alarme retentit de plus en plus fort... Actuellement nous vivons sur nos réserves. Concrètement, il nous reste peu temps avant d’atteindre nos limites en terme d’énergies fossiles selon le numéro Hors-Série de Science et vie de juin 2008 : « 42 ans pour le pétrole, 150 ans pour le charbon et 64 ans pour le gaz naturel ». Sans compter sur l’impact environnemental non négligeable engendré par l’ascension fulgurante de pays émergents comme la Chine ou le Brésil, devenus industries mondiales, qui consomment deux fois plus que le reste de la planète. Au-delà de ce temps manifestement compté, notre système économique repose sur une chaîne de fabrication à l’échelle mondiale. Certains de nos produits sont conçus en Europe, puis fabriqués en Chine pour des raisons de coûts de main d’oeuvre peu élevés et enfin redistribués, aux États-Unis par exemple, donnant ainsi vie à des consommables à l’empreinte carbone astronomique. C’est ce que dénonce l’ingénieur Philippe Bihouix dans l’Âge des Low Tech, en soulignant le fait que les ingrédients du yaourt à la fraise parcouraient déjà plus de neuf mille kilomètres en 1992. Le tout dans le but de produire toujours plus et à moindre coût afin de faire consommer davantage. Telle est la réalité de notre quotidien : nous consommons énormément ce qui entraine la production d’un nombre toujours plus conséquent de déchets. Et l’engouement pour les nouvelles technologies est loin d’arranger la situation : « J’achète un téléphone portable en France, et ce faisant j’ai exploité des mineurs du Congo, détruit des forets primaires de Papouasie, enrichi des oligarques russes, pollué des nappes phréatiques chinoises, puis douze à dixhuit mois plus tard, j’irai déverser mes déchets électroniques au Ghana ou ailleurs. » comme le démontre encore Philippe Bihouix dans le même ouvrage. Notre attrait pour ces produits de pointe à l’obsolescence programmée, ces hautes technologies toujours plus performantes et innovantes nous pousse à consommer plus que nécessaire et aggrave notre situation à venir. Face à ces constats, nous sommes tous directement ou indirectement responsables. Il est grandement temps de réagir et de faire agir. Victor Papanek insistait déjà sur le fait que les créatifs doivent prendre leurs responsabilités, dans son ouvrage Design pour un monde réel : « On ne dira jamais assez que, dans les problèmes de pollution, le designer est plus lourdement impliqué que la plupart des gens. » Philippe Bihouix propose alors « une sortie par le haut aux impasses environnementales et sociétales actuelles avec toujours plus d’innovation, de hautes technologies, de métiers à valeur ajoutée, de numérique, de compétitivité, de haute performance, de travail en réseau (...), nous devons au contraire nous orienter, au plus vite et à marche forcée, vers une société essentiellement basée sur des basses technologies, sans doute plus rudes et basiques, peut être un peu moins performantes, mais nettement plus économes en ressources et maîtrisables localement. » Une alternative est tout à fait possible, et le design a son rôle à jouer dans cette prise de conscience. 18
Qu’est ce que le slow design ? Aujourd’hui tout va vite, peut être même trop vite. L’essor des nouveaux modes de déplacement, des systèmes de communication et des nouvelles technologies s’accentue en permanence depuis la révolution industrielle. Nous allons vers un monde de plus en plus dé-matérialisé au service d’une rapidité de services croissante et d’une production plus performante. Cet engouement pour la vitesse se répercute sur nos modes de vie : pour être performant, pour être compétent, il faut aller vite et de plus en plus vite. Nous nous aliénons au travail dans l’espoir de gagner plus, nous ne prenons plus le temps de manger, de déguster car nous n’avons pas le temps... Ou plutôt car nous ne prenons pas le temps. Nous consommons vite et mal dans un soucis de rapidité et d’efficacité. Carlo Petrini est alors un des premiers à dénoncer ces pratiques en montant l’association slow food en 1986. Le journaliste et sociologue critique directement l’impact environnemental, économique, et social du fast food, prônant à l’inverse la production de produits de qualité, ancrée dans une temporalité naturelle. Il est temps, de laisser le temps agir, à sa manière, peut être de façon moins productive et efficace, mais certainement plus respectueuse à l’égard des produits et des consommateurs. La contre-attaque est en route. La démarche va peu à peu coloniser bien d’autres domaines : l’urbanisme, l’éducation et enfin le design. La notion de « slow design » prend forme pour la première fois en 2004, dans l’essai A Slow Theory rédigé par l’universitaire néo-zélandais Alastair Fuad-Luke. Le slow design est alors présenté comme un outil de réflexion alternatif visant à pousser les designers à repenser leurs démarches de créations de manière globale et durable, mettant la notion de bien-être au coeur des préoccupations. Le mode de pensée slow se construit alors peu à peu autour de six actions : révéler, élargir, refléter, s’engager, participer et évoluer, matérialisant ainsi un nouveau regard sur la création, comme le montre Grégoire Abrial. La pensée slow prône alors l’idée de créer autrement afin de tendre vers un avenir plus responsable et respectueux de l’humain et de son environnement.
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Respiration et maîtrise Tai-chi-chuan Art martical chinois
Lenteur corporelle Trust Extraint du film Pina Wim Wenders 2011
L’influence slow questionne, par extension, la notion de lenteur. Le slow peut s’incarner dans la danse et les arts martiaux par le biais de gestes, de mouvements, lents et maîtrisés. Le tai-chi-chuan est un art martial ancestral chinois basé sur l’affinement de l’énergie vitale. Cet art repose sur une maîtrise totale de la respiration et du corps par la pratique de gestes lents et fluides. Cette pratique reflète une performance corporelle ancrée dans une spiritualité et une sensibilité singulière. Plus qu’une gymnastique hebdomadaire, le tai-chi-chuan incarne une philosophie, un art de vivre. La lenteur, c’est aussi une pause dans l’enchaînement ou le mouvement, telle une respiration, un souffle, un arrêt. Dans cet extrait Trust, du film Pina de Wim Wenders, nous pouvons contempler la déambulation mélancolique d’une jeune femme se laissant tomber, et rattrapée sans cesse par son ami. La danseuse et chorégraphe allemande Pina Bausch a la particularité de construire ses chorégraphies sur un dialogue constant avec ses danseurs, entrant ainsi dans leur vie. Ses productions reposent alors sur une grande empathie reflétant une sensibilité particulière. Comme le souligne Grégoire Abrial dans la revue Étape : 212, cette influence est « plus qu’une théorie académique, le slow design est une philosophie suggérant l’interprétation, l’appropriation et l’engagement personnel. » 20
Les oeuvres de Theo Jansen ré-investissent les idées de lenteur et de mouvement à travers l’utilisation de matériaux élémentaires pouvant être qualifiés de « low ». Le slow peut alors s’incarner librement, chacun y amenant une approche personnelle et particulière. Cette influence permet une ouverture vers des démarche de création innovantes.
Sculptures mouvantes Theo Jansen 21
Du low tech aux low materials
Low Tech Radio Bag Daniel Weil 1981
Cire Honeycomb Vase Studio Libertiny 2006 - 2010 Ré-investissement du processus de fabrication des nids d’abeilles en cire, en un objet de design.
Céramique Sustain Ceramics Sandstone Bowls Pure Design 2008 Ré-exploitation de matériaux recyclés pour le domaine de la vaisselle utilitaire. 22
Au delà d’incarner un pied de nez au high tech, la notion de low tech prône un retour aux basses technologies afin d’envisager un avenir plus responsable. L’idée de low tech se différencie des concepts d’énergies vertes, et de Développement Durable qui, selon Philippe Bihouix, forment un « mythe anesthésiant » (dans le sens où pour fabriquer des éoliennes nous exploitons beaucoup d’énergies non-renouvelables tel que du gaz, ou du pétrole) et nous entraînent vers une décroissance bien plus rude que ce que nous pouvons imaginer. L’ingénieur défend alors l’idée d’une décroissance intelligente par l’usage de technologies simples et rudimentaires en «apprenant à s’appauvrir». Dans cette continuité, le domaine du design peut apporter des solutions, proposer des alternatives afin de rendre cette décroissance positive par l’emploi des low tech, en ré-investissant les principes du slow design. Comme le défendait déjà Ludwig Mies von der Rohe dans les années 1930 : « Less is more ». Dans ce sens, le designer Daniel Weil a déconstruit radicalement l’archétype de la radio en proposant la Radio Bag en 1981, en n’incluant seulement les éléments nécessaires au bon fonctionnement de l’objet. En s’inscrivant dans la lignée de la pensée slow et des low tech, l’emploi des low materials propose une ouverture créative tournée vers la matière « vraie ». Le design peut alors valoriser l’emploi de ces matériaux élémentaires et originels comme la cire avec le projet Honeycomb Vase du studio Libertiny ou la céramique de Pure Design, en proposant des alternatives innovantes. Il y a là, bien des matières à expérimenter et bien des projets à mener.
Contexte Radio Bag Daniel Weil 1981
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Céramiques Bouteilles, série différenciée Atelier des Garçons Eric Hibelot 2012
«Ils (les acheteurs) ont envie de consommer autrement, manger mieux etc. Ils se posent des questions sur leur façon de vivre.» Extrait de l’article Renouveau: Parole aux créateurs - Atelier d’Art de France, mai-juin 2014.
L’attrait pour les low materials gagne du terrain. Toute une génération de designers-artisans se questionne sur ces matières élémentaires mais imprégnées d’histoire et de sensibilité. Cet engouement affecte les acheteurs qui tendent à consommer autrement, comme l’explique Eric Hibelot. Les bureaux de tendance s’emparent alors de la question. En effet, lorsque j’ai travaillé chez PeclersParis sur le cahier Décors Spring/ Summer 2015 en tant qu’assistante styliste, nous avons dédié plusieurs thèmes à la question des low materials. Ces bureaux ont pour rôle d’agir en amont de la chaîne de création en proposant des carnets d’inspirations qui imaginent les envies et les besoins de demain en terme d’art de vivre, de mode, de beauté ou de décoration, afin d’aider leurs différents clients à anticiper leur offre. Les équipes sont constituées de sociologues, de psychologues, de stylistes, de designers, de graphistes ou encore de théoriciens, afin d’analyser la société et ses comportements. Lors de l’élaboration du cahier Décors Spring/Summer 2015 nous avons volontairement mis en avant des matériaux patinés, usés, bruts avec des effets de matières craquelées ou des produits aux allures inachevées, afin de pousser les équipes de créatifs à créer dans ce sens en vue des besoins à venir. La styliste Nathalie Ginsburger explique alors que « la beauté de la matière non-finie, creusée et gravée grossièrement dans l’épaisseur juste avant son lissage (...) et les textures en épaisseur et accidentées qui pourraient apparaître comme éphémères » sont au coeur des préoccupations contemporaines en terme de création. Les low materials incarnent un espoir sensoriel, un avenir plus ancré dans les réalités répondant aux besoins et envies des consommateurs lassés du contexte économique et social actuel. Il y a alors bien des matières à créer pour les designers de demain. 24
Matériaux bruts Témoignages temporels sur la matière
Doubles pages extraites du cahier Décors Spring/Summer 2015 - Tous droits réservés à PeclersParis, 2013 25
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QUESTIONNEMENT
De ce fait, « en complément de la vision habituelle de l’écologie et du développement durable qui impose de réduire l’impact de notre empreinte négative sur l’environnement - faire moins mal -, C2C ou berceau au berceau nous propose d’augmenter notre empreinte positive sur l’environnement - faire bien plutôt que faire moins mal - inverse notre manière de penser, transformant une obligation quelque peu rébarbative en solutions enthousiasmantes, et pas seulement sur fond d’écologie mais bien du point de vue sociétal tout entier. » comme le souligne Steven Beckers en introduction de l’ouvrage Cradle to Cradle. L’enjeu est de transmettre cette vision de la conception aux créatifs de demain, et surtout de leur donner envie d’avancer dans cette voie. L’éco-conception, en lien avec les concepts de Développement Durable, de Cradle to Cradle et d’économie circulaire, et de slow design doit véhiculer avant tout une approche positive, voir légère. L’objectif est de ne pas rendre cette approche rébarbative et contraignante. Ainsi, à la question soulevée par Jacqueline Febvre, Directrice de l’ÉSAD d’Orléans : « peut-on assurer le bien être de chacun sur cette planète tout en protégeant les ressources naturelles pour les générations futures ? », je répondrais OUI, bien évidemment que nous pouvons… La véritable interrogation concerne la manière de faire. Comment transmettre ces valeurs aux générations futures? Comment leur apprendre à concevoir et à créer de manière éthique et responsable? En d’autres termes, comment sensibiliser les designers de demain aux enjeux du Développement Durable, par le biais de l’Éco-conception? 29
Éco-conception : un moyen d’éduquer les élèves au Développement Durable ? Selon la définition donnée par AFNOR en 2004, « l’éco-conception consiste à intégrer l’environnement dès la conception d'un produit ou service, et lors de toutes les étapes de son cycle de vie. » Ainsi l’éco-conception, comme nous l’avons entre-aperçu précédemment, prône une démarche de création plus éthique et responsable s’inscrivant dans la même veine que le Développement Durable et du Cradle to Cradle (Berceau au Berceau). Le principe « Cradle to Cradle est un cycle vertueux qui s’oppose au fonctionnement de notre industrie Cradle to Grave (Berceau au Tombeau) qui résume ainsi la vie entière d’un produit : collecte de matières dans l’environnement, transformation, fins programmées sous forme de déchets jetés (ou brulés) et donc perdus à jamais pour l’industrie. » comme l’explique Steven Beckers en préface de l’ouvrage Cradle to Cradle. Ici, les élèves issus d’un cursus Arts Appliqués tendent à exercer un métier relatif à l’univers du design. Les futurs designers-créateurs-stylistes qu’ils incarnent seront inévitablement confrontés aux enjeux du Développement Durable au cours de leur parcours professionnel. De plus, « il a été suggéré que l'intégration de l' éco-conception dans les processus de développement de produits peut réduire les impacts environnementaux jusqu’à 80%. », selon Graedel et Allenby dès 1995. L’architecte Steven Beckers a également souligné, lors de la visio-conférence donnée à la Cité Scolaire Raymond Loewy en décembre 2014 sur la question de l’économie circulaire, que les démarches de créations des futurs designers seront notamment influencées par la pénurie de certains matériaux. Il faudra donc s’adapter. 30
Suite à ces constats, il est nécessaire de faire réfléchir les élèves sur ces questions qui incarnent les enjeux de notre avenir. Éduquer et sensibiliser la jeunesse, et ici plus précisément les élèves issus de cursus Arts Appliqués, aux questionnements liés au Développement Durable par le biais des principes de création liés à l’éco-conception, c’est leur faire prendre conscience de leurs rôles et de leurs responsabilités. Il s’agit de les rendre acteurs du monde de demain. Accompagner ces jeunes créatifs dans leur apprentissage tout en leur inculquant des valeurs essentielles pour l’avenir, c’est les préparer de manière responsable à l’exercice de leur futur métier. La directrice Jacqueline Febvre de l’ÉSAD d’Orléans, s’accorde à défendre cette idée en expliquant qu’après « avoir été au service de la société de consommation, comme apporteur d’idées nouvelles, le designer, entre exécutant et visionnaire, peut sans doute apporter des réponses à la quête d’une société post industrielle et être l’un des contributeurs de ce que nous pourrions appeler la conception légère. » Il est aujourd’hui grand temps de se défaire un peu des origines de notre discipline. Il est temps d’oublier un peu Raymond Loewy avec ses valeurs défendant un design séduisant au service de la consommation de masse. « La laideur se vend mal », certes. Mais il est maintenant urgent de concevoir durable et de produire responsable pour vendre bien.
Principes d’un «Smart design» Schéma réalisé lors de la conférence de Steven Beckers sur l’économie circulaire. Cité scolaire Raymond Loewy, décembre 2014. 31
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ENQUÊTE
Afin de compléter mon questionnement autour de l’éducation au Développement Durable, je me suis tournée vers des collègues spécialistes de ce type d’enseignement. Je suis alors allée à la rencontre d’Ann Pham et Julien Borie, enseignants en Arts Appliqués, et de Didier Voisin enseignant de Technologie, exerçant en DSAA Éco-Conception (Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués) de la cité scolaire Raymond Loewy à La Souterraine en Creuse (23). AD : Que vous évoque la notion de Développement Durable? Comment la définiriez-vous? Ann Pham : C’est un concept qui pose problème dans les termes puisque «développement» implique l’absence de réflexion sur la production inutile et les déchets engendrés. Je lui préfère le concept de soutenable, et j’évite le mot développement ! Didier Voisin : Ecosystème autour de l’humain, viable pour la planète, socialement et économiquement acceptable. Julien Borie : Le concept est ambigu. Il témoigne d’une volonté de production et de toujours plus, alors que nous avons pris conscience de la finitude de notre monde. Néanmoins, les modèles alternatifs émergents apportent des solutions et des stratégies qui semblent s’imposer avec toute leur efficience comme l’économie circulaire. AD : Comment, à votre avis, les concepts de Développement Durable et d’Éco-conception sont-ils liés? AP : L’éco-conception vise à minimiser le «développement» en pensant la vie du produit, en l’intégrant dans un cycle qui est supposé minimiser l’empreinte négative sur la planète, voire avoir un gain en terme de retour à la terre. DV : Respect des principes du DD, intégration des données sociales et environnementales (cycle de vie, déchet...) JB : Ces deux concepts se retrouvent autour des notions de cycle, de boucle vertueuse comme le prône la démarche Cradle to Cradle. Mais au delà, c’est la question d’un équilibre écosystémique qui se pose et l’écoconception doit s’inscrire à la confluence des sphères économique, sociale et environnementale. Sans une approche holistique, le mariage est voué à l’échec.
AD : Qu’est ce que le DSAA? AP : Un diplôme supérieur qui ouvre sur la recherche en design, le seul dans le paysage français, mais malheureusement pas reconnu entièrement puisque seulement niveau Master I. DV : Bonne question! Intégration des problématiques contemporaines, vision prospective. JB : Il s’agit d’un diplôme de niveau Master1 dont l’objectif est de former des étudiants autonomes et critiques à même d’investir divers champs de la création et possédant une conscience aiguë de l’ensemble des paramètres relatifs à un projet en design, depuis l’expertise de la demande jusqu’à la fin potentielle de vie du produit. Cette formation vise au développement d’une attitude de création prospective et éthique. AD : Pourquoi avez-vous souhaité monter une filière relative à la question de l’Éco-conception au sein des enseignements en Arts Appliqués? AP : Par convictions personnelles et pour le bénéfice de nos étudiants, designers de demain. DV: C’était dans nos gènes. JB : Parce qu’il est grand temps que les designers dépassent les questions morales soulevés par les penseurs modernes et surtout post-modernes. Assumer les problématique d’éco-responsabilité était déjà un axe de réflexion et de pratique à niveau BTS. Nous avons souhaité passer à la vitesse supérieure avec le DSAA. AD : Vous êtes les premiers en France à avoir voulu intégrer une coloration de design responsable au sein du DSAA. Pourquoi avoir choisi la cité scolaire Raymond Loewy comme site référent? AP : Par ce qu’on y travaille ! Parce que la Région s’y prête aussi. DV : En adéquation avec une politique régionale, sans concurrence. JB : Le territoire y est favorable. Notre position géographique qui a priori s’affiche comme un handicap est d’une certaine manière un avantage car la Pôle Supérieur de Design du Limousin est en plein centre de la France, ce qui permet à nos étudiants de se déplacer avec une certaine facilité pour leurs projets et à nos intervenants de nous rejoindre avec aisance. Les différentes instances nous ont fait confiance et notre philosophie de diplôme a très rapidement été acceptée. AD : Quels sont les enjeux d’un enseignement en DSAA Éco-conception? AP : Dans la mesure du possible, former les designers de demain en leur permettant de se forger une éthique personnelle, les accompagner dans leur parcours de réflexion. DV : Former des jeunes à la maîtrise des enjeux environnementaux en design. JB : Apprendre aux étudiants à travailler dans une optique de design global, à savoir agir en équipes pluridisciplinaires car la démocratisation des outils et les phénomènes de management transversal poussent à une plus grande mobilité des pratiques et des postures.
AD : Selon vous, pourquoi est-il nécessaire d’éduquer les designers de demain aux enjeux du Développement Durable par le biais de l’Éco-conception? AP : Parce que sinon c’est la fin ! DV : C’est une porte d’entrée sur le monde de demain. JB : Afin qu’eux même puissent le faire demain et faire influer fondamentalement sur nos rapports à l’environnement, à autrui, à l’échelle de production, de diffusion et de consommation. AD : Maintenant que vous disposez d’un petit recul vis à vis de la section (première promotion sortante : juin 2014), avez vous constaté certaines limites ou éléments qui mériteraient d’être re-questionné? AP : Principalement, les compétences des étudiants arrivant sont insuffisantes au regard du niveau d’exigence. Ce qui nous oblige à «mettre à niveau» avant de commencer le travail. DV : Aspect économique, quantification des impacts. JB : Il est trop tôt pour faire un bilan, mais ce qui pose encore souci c’est la question du niveau universitaire. Si nous avons conventionné avec plusieurs départements de facultés français, les DSAA doivent encore conquérir leur notoriété sur le plan européen en s’inscrivant dans le cadre des accords de Bologne. C’est une question de temps. AD : Que puis-je vous souhaiter pour la suite de l’aventure? AP : Des financements ! DV : Que ta route croise la notre…. JB : Poursuivre notre ouverture à l’international ! Nous avons déjà plusieurs partenaires étranger, de nombreux terrains de stages de par le monde et allons accueillir cette année des étudiants étrangers désireux de suivre certaines unités d’enseignements et acquérir les crédits ECTS dédiés, mais beaucoup de choses restent encore à faire… Les notions de Développement Durable et d’éco-conception ont comme volonté commune d’agir de manière bénéfique sur les modes de création, de production et de consommation. Il s’agit de trouver un équilibre constructif pour la préservation des ressources pour les générations à venir. La pensée slow, au moyen des low materials, peut incarner un modèle alternatif au Développement Durable et une matière de réflexion substantielle pour les jeunes esprits créatifs.
POSITIONNEMENT
Le domaine des Arts Appliqués, a la particularité de se situer à michemin entre savoirs techniques et contenus théoriques, ce qui représente, je pense, un net avantage vis à vis des questionnements de l’avenir qui se dessine. En effet, comme le souligne Matthew B. Crawford dans l’Éloge du carburateur, le plus généralement « l’enseignant réaliste vous expliquera qu’il est irresponsable de préparer les jeunes aux professions artisanales et manuelles qui incarnent désormais un stade révolu de l’activité économique. On peut toutefois se demander si ces considérations sont aussi réalistes qu’elles le prétendent, et si elles ne sont pas au contraire le produit d’une certaine forme d’irréalisme qui oriente systématiquement les jeunes vers les métiers les plus fantomatiques. » Enseigner une méthodologie de projet réconciliant éléments théoriques et manipulations techniques peut incarner, à mon sens, un paramètre de réponse afin de contribuer à la construction du monde de demain. La pratique des Arts Appliqués, tout comme l’apprentissage de la mécanique automobile, par exemple, nécessite un constant va et vient entre apports théoriques et réalisations tangibles. Cette approche pédagogique vise à accompagner les élèves dans la matérialisation de leurs pensées au sein des démarches de projets, ce qui contribue à former des esprits à la fois éveillés et techniciens. La finalité est alors de trouver un moyen de rendre palpable l’éducation au Développement Durable par le biais de l’éco-conception, auprès de mes élèves. Une entrée par la pratique d’une matière dite « low » me semble incarner un élément de réponse intéressant à développer. Ainsi, je vous invite à vous questionnez à mes côtés sur comment initier les élèves de TermSTD2A aux enjeux de l’éco-conception au moyen des basses technologies (low materials)? De ce fait, éduquer les élèves au Développement Durable au travers une initiation à l’éco-conception peut permettre de les faire réfléchir sur la manière dont nous concevons et fabriquons les objets, bâtiments, vêtements qui nous entourent. Il s’agit de changer leur regard sur des matériaux rudimentaires à première vue sans grand intérêt. L’objectif est de les amener à aiguiser leurs approches de création, tout comme « Le Cradle to Cradle est un peu comme un bon jardinage ; il ne cherche pas à sauver la planète, mais à apprendre comment y prospérer. » selon William McDonough et Michael Braungart, dans Cradle to Cradle. L’intérêt est de sensibiliser les élèves aux problématiques de l’éco-conception afin qu’ils soient libres de devenir des professionnels du design responsables et lucides. 41
Hypothèses Comme le souligne fort justement Jacqueline Febvre, « face aux problématiques environnementales, le designer a comme responsabilité désormais d’accompagner les entreprises à produire sans détruire, à concevoir les nouveaux objets ou services du quotidien, du plus élémentaire au plus subtil, en rendant leur usage durable et leur fin assimilable par d’autres processus de vie (recyclables, ré-utilisables…). On peut imaginer des « choses légères », des objets et services qui dépenseront moins de matière et d’énergie et qui répondront pleinement à nos besoins. » Concevoir de manière plus « légère » et plus « low » est alors la garantie d’un avenir certainement plus stable. Créer au moyen des basses technologies offre bien plus de possibilités que ce que nous pourrions croire de prime abord. Traiter la question des « low materials » est envisageable dans l’ensemble du panel de formations que propose les Arts Appliqués, que ce soit en 2nd CCD, en BAC STD2A, en filière BTS Design Graphique, de Produits, de Mode ou d’Espace, en classe BMA ou DMA ou encore en DSAA… Cette thématique est certainement une source inépuisable d’inspiration, et par la même de productions et donc de potentielles solutions pour l’avenir. Il serait, par exemple, envisageable de travailler à partir d’un savoir-faire artisanal ancestral comme l’apprentissage de la vannerie, du raku (céramique) ou de la teinture naturelle en filière pré-Bac et BTS Design de Mode ou de Produits. Le renouveau de ces savoirs-faire sont d’ailleurs au coeur des réflexions actuelles concernant la pratique des Métiers d’Arts. D’un point de vue plus conceptuel, il serait possible de demander aux élèves de changer leur vision de la création, en adoptant un regard primitif ou en s’inscrivant dans des démarches vernaculaires ou de bio-mimétisme. Mettre en place des partenariats entres entreprises et établissements dans une visée d’écoconception peut également se concevoir. Il y a tant à faire, à proposer et à expérimenter. Concernant la classe de TermSTD2A, il me semble intéressant de se concentrer sur l’exploitation d’un matériau spécifique, comme le plâtre, le papier ou le chanvre par exemple. En effet, une approche technique est l’occasion d’établir des ponts avec des disciplines autres que les Arts Appliqués, notamment avec les enseignants de technologie et de physique-chimie. Il est important de faire comprendre aux élèves, et ce dès le niveau BAC, qu’il est essentiel de puiser son inspiration et ses connaissances dans divers domaines. Il s’agit de leur apprendre à travailler de manière pluridisciplinaire et transversale afin que leurs projets en ressortent enrichis. Plus tard, ils seront destinés, pour la plupart, à travailler en partenariat avec théoriciens, des ingénieurs ou encore des fabricants afin de mener à bien leurs ébauches. Il est essentiel que cette approche devienne peu à peu un réel réflexe, reposant sur une analyse fine des situations de projet. 42
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PRATIQUES PÉDAGOGIQUES
Contexte professionnel Le lycée général et technologique Ernest Pérochon est situé à proximité du centre ville de Parthenay. Cette petite ville des DeuxSèvres dispose d’un fort patrimoine culturel, notamment grâce à son centre historique médiéval et sa situation géographique stratégique à mi-chemin entre La Rochelle, Angers, Tours et Poitiers. Afin de contribuer à cet ancrage culturel, le lycée Ernest Pérochon met alors en place la section Arts Appliqués au sein de son établissement à la rentrée 2009, avec la première promotion de seconde CCD (Création et Culture Design). Le proviseur de l’établissement, Mr. Raffi, étant très investi dans le montage de cette section, veille à son rayonnement. Pour cela, le lycée accueille chaque année au moins un artiste en résidence, en partenariat avec un autre établissement de la ville. Cette année, il s’agit de l’artiste plasticien Laurent Lacotte, très impliqué dans des démarches de projet collectives. La mise en place de ces partenariats culturels, institutionnels, et artistiques contribuent au bon développement de cette jeune section. L’accueil d’artistes en résidence permet, entre autres, d’agir sur le climat scolaire au moyen de projets transversaux et pluridisciplinaires, favorisant ainsi les échanges entre tous les acteurs éducatifs et contribuant à la réussite des apprentissages chez les élèves.
Lycée Ernest Pérochon Parthenay
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Logo du label Éco-École
Label Éco-École Il y a quelques années, le lycée général et technologique Ernest Pérochon détenait le label Éco-École. Ce label est un programme international d’Éducation au Développement Durable (EDD) mis en place en France en 2005, par l’office français de la Fondation pour l’Éducation à l’Environnement en Europe (FEEE). Ce label Éco-École est décerné aux établissements scolaires engagés dans un fonctionnement et une éthique éco-responsable dont l’EDD fait partie intégrante des enseignements dispensés. L’objectif principal vise à fédérer une démarche collective autour de le question de l’EDD, avec l’aide de tous les acteurs d’établissements scolaires. Cependant, l’équipe enseignante du lycée Ernest Pérochon subit dernièrement une certaine lassitude vis à vis de cette thématique, et les projets en lien avec le label Éco-École se sont peu à peu essoufflés. Il est alors peut être temps de ré-enclencher des projets autour de cette question fondamentale qu’est l’Éducation du Développement Durable afin de faire réfléchir les élèves aux enjeux de demain, notamment en filière Arts Appliqués. 48
Enseignement Cette année, j’ai en charge la classe de Terminale STD2A (Sciences et Technologies du Design et des Arts Appliqués). Cette classe est composée de 30 élèves, dont une grande majorité de filles (27 filles, 3 garçons). La plupart des élèves sont internes et issus d’un milieu plutôt rural. Le profil de la classe est relativement sérieux et discipliné. Les élèves se montrent à l’écoute des conseils, et il est donc agréable de faire cours face à ce public travailleur. Il faut noter que ce public a été sélectionné dès son entrée en Seconde CCD, car l’option Création & Culture Design est contingentée. Je suis les élèves en cours de Démarche Créative et de TP d’ATC (Arts, Techniques et Civilisations). L’enseignement en Arts Appliqués s’articule autour de quatre principaux pôles de savoirs : Le Pôle en Arts Visuels, privilégiant des pratiques expérimentales graphiques et plastiques ; le Pôle en Démarches Créatives, initiant les élèves à la construction de démarches de projets en Design ; le Pôle Arts Techniques et Civilisations, visant à apporter des contenus théoriques et analytiques en Histoire de l’Art et du Design ; et enfin, le Pôle Technologies sensibilisant les élèves aux aspects techniques relatifs aux matériaux et aux procédés de mises en oeuvre artisanales ou industrielles. Le cours de Démarche Créative vise à initier les élèves à l’élaboration de démarches de projets en Design. Cette matière s’articule autour de thématiques spécifiques et de projets concrets ou fictifs. Ces projets ou microprojets peuvent avoir une durée de réalisation assez variable allant de deux semaines à deux mois par exemple. Les élèves disposent de sept heures de cours consacrées à cette matière par semaine. Le principal objectif est alors d’amener les élèves à saisir et à construire les différentes étapes nécessaires à la bonne conception d’un projet d’Arts Appliqués. Le cours de TP d’ATC consiste, quant à lui, à préparer les élèves à mener des analyses comparatives de productions issues des Arts Appliqués ou des Arts Plastiques, afin qu’ils puissent en dégager un regard critique. Cette matière est dispensée deux heures par semaine en demi-groupe. Ce niveau de classe englobe plusieurs enjeux. En effet, au delà de préparer les élèves aux épreuves du baccalauréat (l’épreuve d’Analyse Méthodique comptant comme coefficient 6, et celle du Projet Pluridisciplinaire comme coefficient 16), il s’agit également d’aiguiller les élèves dans leur choix d’orientation et de les préparer au mieux à leur poursuite d’étude en les ouvrant au monde. Il me parait alors évident de traiter la question du Développement Durable et de l’Éco-conception avec ces élèves. Il est, je pense, important de leur montrer qu’ils seront inévitablement confronter à ces enjeux dans l’exercice de leurs futurs métiers. 49
Projet Pédagogique et Développement Durable À la rentrée 2014, l’établissement disposant de trop de données inconnues en terme de répartition du personnel, l’équipe enseignante des TermSTD2A n’avait pas constitué de projet pédagogique en amont. Cette décision m’a alors permis de proposer plusieurs thèmes de projets pouvant être réalisés au cours de l’année et d’exprimer mon envie de travailler autour de la question de l’Éducation au Développement Durable auprès des élèves. Quatre grandes thématiques en lien avec les différents pôles de savoirs relatifs aux Arts Appliqués ont alors été mises en place de manière transversale, dont une partie en lien direct avec les concepts propres au Développement Durable. La première thématique questionne la place de l’erreur dans les processus de création, la deuxième traite de la question des low materials (basses technologies), la troisième propose un retour à l’instinct sauvage et enfin la dernière soumet l’idée d’un design en mutation(s) dans le cadre du projet pluridisciplinaire. Ces grands thèmes sont parfois entrecoupés de micro-projets dont certains menés en partenariat avec l’artiste en résidence. Nous étudierons alors plus spécifiquement dans un premier temps le projet low matrials, puis le micro-projet one day workshop et enfin nous terminerons avec le projet retour à l’instinct sauvage. Armelle Duno
Projet 1 : ERREUR Micro-Projet 1 : INTERMÈDE NOMMADE
Voyage à Londres
Projet 2 : LOW MATERIALS
Vacances scolaires
Micro-Projet 2 : ONE DAY WORKSHOP
JPO
Projet 3 : RETOUR À L’INSTINCT SAUVAGE
Devoirs type BAC
PP : EN MUTATION(S)
Oraux blancs de PP
PP : RAPPORT DE SYNTHÈSE
BAC
Progression pédagogique 2014-2015 Lycée Ernest Pérochon Parthenay 50
Avancée Pédagogique 2014 / 2015
Term STD2A Lycée Ernest Pérochon Parthenay Démarche Créative TP d’ATC
Intérêts pédagogiques Au moyen des différents projets exprimés ci-dessus, il s’agit d’aborder le domaine des Arts Appliqués au moyen de l’éco-conception par l’entrée des low materials. Partir de contraintes matérielles permet d’inciter les élèves à ouvrir leurs démarches de création et de réflexion sur une approche plus singulière. La pensée slow est un principe transversal et pluridisciplinaire de création. La thématique des low materials incarne un prétexte, une contrainte afin d’amener les élèves à remettre en question leurs habitudes de création en les immergeant dans un univers de basses technologies. Cette thématique leur permet d’acquérir différents modes de connaissances tels que l’expérimentation, l’exploration, l’exploitation, la classification, le questionnement, le positionnement, la pratique et le développement dans la démarche de projet. L’enjeu est de faire comprendre aux élèves que cultiver une certaine curiosité et ouverture d’esprit permet de nourrir leurs démarches d’investigation, de réflexion et de création. Il incite l’élève à développer une attitude plus autonome dans ses travaux, et à acquérir une plus grande assurance en vue de l’épreuve du projet pluridisciplinaire du cycle STD2A. 51
Boîte à outils
Lenteur, mouvement, corps et performance.
Matières brutes, savoirs-faire traditionnels et valorisation.
Nature, environnement et insertion.
• Langage corporel. • Traduction et retranscription. • Sentiments et émotions. • Voyage sensoriel. • Installation. • Performance. • Instant. • Témoignage.
• Valorisation de savoirs-faire. • Exploitation de low materials. • Slow design. • Low tech. • Série différenciée. • Biomimétisme. • Aléatoire. • Expérimentations.
• Réconciliation avec la nature. • Ornementation végétale. • Design vernaculaire. • Implantation. • Interaction naturelle. • Temporalité. • Paysage. • Cycle.
Pina Bausch, Trust
5.5 Designers, Ouvriers-designers
Renzo Piano, Centre culturel de Nouméa
Le Magasin du Travail, le Verrou
Studio Libertiny, Honeycomb Vase
Martin Azua, Open Borders
Theo Jansen
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Véronique Marie, Canteen
Peeter Cook et Becky Northey
Low materials Octobre - Novembre 4 semaines Démarche créative Design d’Espace - Design de Produits Matthew B. Crawford dans l’Éloge du carburateur, exprime son mécontentement face à l’éloignement progressif que nous mettons en place avec le monde matériel : « Ne sommes-nous pas en train de devenir chaque jour un peu plus stupides? Pour avoir la moindre prise sur le monde, intellectuellement parlant, ne nous faut-il pas aussi avoir un minimum de capacité d’agir matériellement sur lui? ». Le principal objectif de ce projet est d’amener les élèves à reprendre possession de la réalité par le « faire ». Le public adolescent auquel nous sommes aujourd’hui confronté passe une bonne partie de son temps sur les réseaux sociaux, sur la toile et dans le monde virtuel. Le savoir est aujourd’hui à la portée de tous, en un clic. Ceci n’est en rien une critique, il faut savoir vivre avec son temps, et c’est aussi du rôle de l’enseignant de veiller à éduquer les élèves aux nouvelles technologies. Cependant, il faut également leur faire comprendre que certains apprentissages se font en expérimentant, en cherchant avec « ses mains ». L’intelligence de la main n’est pas à nier. Il y a certaines choses que nous ne pouvons découvrir qu’en pratiquant la matière. Il faut alors veiller à leur donner envie de mettre la « main à la pâte », d’essayer des effets de matière, tenter des mélanges, expérimenter des principes d’assemblage… Leur transmettre le plaisir de faire au moyen de matériaux rudimentaires, c’est les encourager à enrichir leur capital positif sur l’environnement. 53
Phase péparatoire et de recherches Les élèves travaillent sur l’élaboration d’un panel d’échantillons en low materials.
Phase péparatoire et de recherches Une élève présentant son travail. 54
Méthodologie employée : À partir de matériaux bruts, rudimentaires pouvant être perçus comme obsolètes (plâtre, argiles, végétaux, minéraux), j’ai demandé aux élèves de concevoir des éléments fonctionnels modulaires. L’enjeu est de familiariser les élèves à l’usage de basses technologies dans une optique d’initiation à éco-conception. Il s’agit, ici, de sensibiliser les designers de demain au développement durable par le biais des basses technologies, les low materials. Déroulement : Étape 1 : Phase préparatoire et de recherches Semaine 41 : Lancement et expérimentations Le sujet est lu en classe entière. Il s’en suit tout de suite une grande phase exploratoire et expérimentale. Les élèves sont tout de suite amenés à manipuler les matériaux mis à leur disposition: plâtre, argile, éléments naturels comme des végétaux et des minéraux. L’objectif est de produire un large panel d’échantillons en ré-exploitant des basses technologies, tout en gardant à l’esprit l’idée de « module ». Ces échantillons seront ensuite classifiés selon des familles caractérisantes par les élèves. À la suite de ce travail, les élèves ont à formuler plusieurs intentions, hypothèses de création. Il faut veiller à les pousser à explorer diverses possibilités plastiques, tout en ne perdant pas de vue la demande initiale : concevoir des éléments modulaires fonctionnels. Étape 2 : Phase de propositions formulées Semaine 45 : Bilan d’étape et ré-imprégnation du sujet Au retour des vacances, la classe est divisée en deux selon les domaines choisis par les élèves : espace ou objet. Un bilan d’étape est nécessaire. Le sujet est relu dans son intégralité en classe entière. Il s’en suit une discussion collective afin d’échanger sur le travail qui a déjà été réalisé et celui à venir. C’est aussi l’occasion de récapituler avec les élèves les différents enjeux soulevés par ce sujet : la question d’un design responsable. Ensuite, il s’agit de re-définir ensemble la notion de module. Je présente trois références en lien avec cette thématique : Cloud Modules des Frères Bouroullec, Centre culturel de Tjibaou de Renzo Piano et la signalétique du Musée National de la céramique Adrien Dubouché de l’atelier ter Bekker&Behage. Un échange collectif permet de faire émerger plusieurs notions relatives à la question de module. Il s’en suit un brainstorming collectif autour du mot « module » afin de davantage le définir et ouvrir le champ des possibles (systèmes d’assemblage, liens, combinaisons, synonymes, autres références, usages…). Une fois ce travail d’amont achevé, les élèves peuvent se lancer dans l’analyse. Semaine 46 : Analyse, positionnement, cahier des charges et propositions formulées Les élèves sont amenés à se questionner sur leur cible, contexte et positionnement. Ils sont également encouragés à formuler un problème de design et à débuter leur cahier des charges. Une fois ce travail réalisé, les élèves sont conduits à dégager deux axes de réflexion afin de pouvoir développer plusieurs propositions formulés. En parallèle, les élèves sont évalués à l’oral sur l’étape 1 du sujet /20. Évaluation écrite de l’étape 2 du sujet /20. 55
Low materials
Les élèves ont présenté leurs travaux
lors des JPO 2015 de l’établissement.
Suite à ce travail, j’ai pu établir plusieurs constats. Tout d’abord, j’ai noté une nette progression dans l’approche expérimentale et plastique de la matière. Les échantillons réalisés par les élèves se sont révélés de qualité et très diversifiés. Ils ont su veiller à établir une ligne conductrice cohérente lors de cette phase préparatoire et de recherche. Ils ont également réussi, pour la plupart, à répertorier leurs échantillons au sein de catégories judicieusement nommées. Cependant, certains ont éprouvé de la difficulté lors du positionnement et de la rédaction du cahier des charges. Ils ont eu du mal à choisir un contexte et une cible cohérente au regard des low materials. Cette difficultés est en partie liée au fait que certains lycéens n’ont pas pris suffisamment de recul critique une fois leurs échantillons réalisés. Ils ne se sont pas non plus assez questionnés sur les propriétés des matériaux mis à disposition, ce qui a entrainé des complications lors de l’étape de contextualisation. J’aurais peut être dû davantage les accompagner sur ce palier en amenant des éléments techniques étayés d’exemples concrêts d’usages possibles. L’autre point à revoir concerne la rédaction du sujet. En effet, je leur ai demandé de concevoir des éléments fonctionnels modulaires en low materials sans baliser les champs d’action possibles. J’avais fait ce choix en amont en accord avec ma collègue, car nous voulions les laisser libres afin qu’ils acquièrent une démarche individuelle singulière en s’appropriant le sujet. Néanmoins, la majorité de la classe a subi des difficultés sur ce point. Peut-être les élèves n’étaient-ils pas prêts à ce stade de l’année à aborder un thème aussi vaste? Peut-être auraisje pu proposer de travailler sur une thématique plus définie comme « la conception d’espace verts verts modulaires pour l’intérieur » ? Je compte expérimenter de nouveau ce type de projet par la suite en tenant compte de ces remarques. Néanmoins, ces quelques désagréments méthodologiques n’ont pas empêché la majeure partie de la classe de proposer des solutions pertinentes et de qualité au regard de leur problème de design. 56
TP d’ATC Déroulement : Semaine 47 : TP n°3 - Récupération Ce sujet est un sujet d’analyse méthodique de type BAC. Il est mené conjointement avec les cours théoriques d’ATC et les cours pratiques de TP d’ATC. Les élèves ont à réalisé l’introduction et la conclusion du devoir en cours ATC, puis la partie développement en TP. Les élèves ont, ici, à réaliser les trois grandes parties du développement par le biais d’une analyse comparative des documents cités ci-dessus. L’enjeu est d’amener les élèves à mobiliser leurs connaissances suite aux contenus amenés par d’autres cours afin de les ré-injecter dans leurs productions analytiques écrites et graphiques. En effet, lors de cette période, les élèves mènent des démarches expérimentales de recherches plastiques sur le matériau carton en Arts Visuels, réfléchissent sur la question des low materials en Démarche Créative, et avaient travaillé en amont sur l’Art Pauvre et le LandArt en ATC. Évaluation écrite /20.
Document 2
Document 3
Document 4
Document 1
Document 1 : Andy GOLDSWORTHY, sans titre, 1999 bois trouvé sur site. Document 2 : Shigeru BAN, Paper Log House, 1995, Kobe, Japon Logement provisoire, carton, toile de tente, matériaux de récupération, soubassement en caisses de bière remplie de sable. Document 3 : Ingo MAURER, Porca Miseria lampe, 2002 - Fragments de vaisselle et couverts. Document 4 : Droog Design, Chest of drawers, 1991 - Commode constituée de tiroir empilés et sanglés.
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TP Récupération
Extrait d’un travail analytique écrit et
graphique d’élève.
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Thématiques carnet de références : Durant cette période, il m’a semblé judicieux d’étudier quelques termes complexes liés à la question des low materials, par le biais du carnet de bord de référence. Ce carnet de bord encourage les élèves à développer leurs connaissances au moyen d’une veille créative régulière. Ils ont ainsi à chercher et à répertorier dans ce carnet une référence par semaine selon un thème imposé. Cet outil m’a permis de faire le point avec les élèves sur un vocabulaire spécifique issus des Arts Appliqués et de l’éco-conception, tout en annonçant la thématique à venir en cours de Démarche Créative. Semaine 45 : Low Materials Semaine 46 : Low Tech Semaine 47 : Éco-Design Semaine 49 : Design vernaculaire
One day workshop Décembre Méthodologie proposée : En collaboration avec l’artiste en résidence Laurent Lacotte, les élèves ont une journée pour préparer une exposition : lieux, oeuvres, communication, vernissage. À partir d’objets désuets et oubliés dans l’enceinte du lycée, (robinets, morceaux de bois, éléments de douche, barrières, fenêtres…) les élèves ont à produire une série d’oeuvres en un laps de temps très court. L’objectif est, ici, de les pousser à produire des éléments volumiques, un peu dans l’urgence, sur le principe du cadavre exquis. L’idée est d’amener les élèves à concevoir des oeuvre en volume, et ensuite d’y adapter un discours. Cet événement est aussi l’occasion de conduire les élèves à se questionner sur les différences entre les démarches de création issues des Arts Plastiques et des Arts Appliqués. Laurent Lacotte « Laurent Lacotte est un artiste qui privilégie le travail in situ et conçoit généralement ses oeuvres en fonction des endroits dans lesquels il se trouve. Ses réalisations ont toujours une portée critique. Depuis le début de son travail d’artiste, il utilise à dessein des matériaux fragiles et précaires pour réaliser des installations le plus souvent éphémères. Il intervient souvent dans la rue, ou dans les zones sensibles de circulations humaines et/ou de partage de territoires comme les zones de transit, les espaces séparés par des frontières invisibles mais sensibles, les quartiers... Il mène en parallèle un travail d’atelier où il produit des pièces utilisant des matériaux aussi variés que le béton, la peinture, le bois ou le néon. Plus généralement, son art qui se confronte au réel s’installe là où l’on ne s’y attend pas et met en exergue, non sans ironie d’ailleurs, les tensions, les contradictions et les travers de notre société contemporaine. Toujours guidé par le monde qui l’entoure, son questionnement et ses problématiques sous-jacentes, il crée avec humour et poésie des installations et des environnements singuliers. Il tisse ainsi des passerelles entre l’art et le quotidien, en explorant les notions liées à l’espace public et institutionnel, à l’intime et à l’universel. Entre-les-murs, chaque exposition est pour lui l’occasion d’interroger et de perturber les codes qui appartiennent au registre du dispositif muséal, en posant notamment la question de la sacralisation de l’oeuvre d’art et en inventant d’autres formats possibles. A l’image de sa création qui imbrique l’art et la vie, Laurent Lacotte souhaite rendre visibles ses processus de production en les partageant et en provoquant les rencontres artistiques et humaines par des dynamiques collectives. » Extrait de sa biographie : http://www.laurentlacotte.com 59
Matériaux
La salle de cours est temporairement
transformé en atelier sous la
surveillance des enseignantes et de
l’artiste en résidence.
Réalisation des oeuvres
Les élèves sont amenés à concevoir des
oeuvres à partir de matériaux récupérés.
Médiation
Les élèves présentent le fruit de leur
travail aux visiteurs au moyen d’un
discours argumenté.
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Déroulement Les élèves arrivent en cours, comme à leur habitude et ne sont pas au courant du défi qui les attend. Laurent Lacotte se charge d’introduire le grand enjeu de la journée : One day workshop, c’est à dire réaliser une exposition complète et éphémère en une journée. Les élèves se questionnent… Ils ré-agencent la salle de classe afin de pouvoir disposer d’un espace de travail confortable. Laurent Lacotte les emmène découvrir leur lieu d’exposition : une salle d’étude située au rez de chaussé de l’internat. L’artiste invite les élèves à vider l’espace afin qu’ils puissent se rendre compte des volumes et de la surface à exploiter. Les élèves sont ensuite amenés à récupérer divers matériaux auprès des techniciens de l’établissement, afin de pouvoir rassembler « la matière » dans la salle de classe, devenue temporairement atelier. Pour démarrer, Laurent Lacotte initie la mise en place d’une création collective sur le principe du cadavre exquis volumique. Il met alors en scène un matériau qu’il vient compléter avec un autre. Il demande ensuite à un élève de continuer son travail, et ainsi de suite. Les élèves créent alors une séries d’oeuvres collectives, sous les encouragements de l’équipe enseignante et de leurs camarades. L’expérience est vécue comme un happening, une performance. Ensuite, Laurent Lacotte demande aux élèves de former des groupes de trois ou quatre élèves afin de créer de nouvelles oeuvres en autonomie. Ce sont ces oeuvres-ci qui seront exposées en fin de journée. Le travail en amont étant, en réalité, seulement la mise en bouche. Après la pause déjeuner, les élèves continuent leurs productions. Puis, l’artiste en résidence leur demande de stopper leurs actions et conduit les élèves à se poser la question du discours. Les élèves sont amenés à reconsidérer leurs oeuvres pour en dégager un titre et un argumentaire artistique. L’enjeu étant que les élèves seront amenés à présenter leurs productions à un panel d’individus le soir même, dont Mr. Raffi, proviseur du lycée. Il s’en suit une campagne de communication autour de l’exposition. Les élèves sont amenés à informer l’ensemble des personnes présentes dans l’établissement (personnels, élèves et étudiants) par le biais d’interventions dans les salles de classe et au micro de la vie scolaire, d’affiches et de flyers. Puis, vient le moment de l’installation. Les élèves de TermSTD2A installent leurs oeuvres dans l’espace prévu, veillant à la bonne circulation et à la mise en scène de chacune. Ils organisent également un petit buffet pour le vernissage. Il est déjà seize heure, heure du début de l’exposition. Les élèves distribuent des cartels où le noms de toutes les oeuvre a été répertorié avec les noms des créateurs assimilés. Ils sont ensuite amenés à expliquer leur démarche et leur argumentaire artistique à l’ensemble des visiteurs. 61
Les élèves de TermSTD2A sur l’oeuvre Tribune de Laurent Lacotte
Extrait d’un article de journal sur le rôle de l’artiste en résidence au sein de l’établissement.
Ce projet court mais intense fut très enrichissant, à la fois pour les élèves mais aussi pour tous les acteurs de l’établissement. Les élèves ont pu mener une démarche de projet du début à la fin tout en devenant médiateurs de leurs productions. Ce workshop leur a permis de se rendre compte de tous les « à côtés » du travail de création. En effet, la création d’un discours après la phase de production a été une expérience profitable et complémentaire, car elle se différencie de la démarche habituelle relative aux Arts Appliqués. Les élèves ont également mettre en pratique les apports théoriques vu en cours d’ATC concernant le Ready-Made. Le Ready-Made est un procédé artistique qui se caractérise par le fait de récupérer un objet manufacturé afin d’en détourner le sens. Une des production les plus caractérisante issue de ce procédé est certainement, sans conteste, Fontaine de Marcel Duchamp réalisée en 1917. La notion du Ready-Made a permis de soulever un questionnement avec les élèves autour de la seconde vie des objets, de la récupération et du recyclage. Ces discussions ont consenti à mettre en lumière divers productions de design traitant de thématiques similaires, comme le Réanim des 5.5 Designers. Ces échanges ont contribué à mettre en avant les analogies et les divergences entre les domaines des Arts Plastiques et des Arts Appliqués par une approche pratique, et d’en garantir une meilleure perception chez les élèves. 62
Retour à l’instinct sauvage Novembre - Décembre - Janvier 5 semaines Démarche Créative Domaine libre Au XIXème siècle, « la nature était perçue comme une terre nourricière aux ressources infinies et en perpétuelle régénération, capable à la fois de tout absorber et de continuer à se développer. » comme l’expliquent William McDonough et Michael Braungart, dans l’ouvrage Cradle to Cradle. Cependant, depuis la révolution industrielle et l’ère de la consommation de masse, cette perception de la nature a été durement malmenée. Par nos modes de vie, nous avons profondément bouleversé cette feue réalité. Il s’agit alors, au moyen de ce projet, d’amener les élèves à se questionner sur le rapport que nous entretenons avec la nature. Méthodologie employée : À partir de l’idée Retour à l’instinct sauvage, les élèves sont invités à mener un projet de design en temps limité (36 heures). Il s’agit ici d’un entrainement au Projet Pluridisciplinaire. L’enjeu est, dans un premier temps, de familiariser les élèves aux conditions d’examen: temps de travail imposé, production en dehors des cours prohibée, démarche autonome… Puis, les élèves sont confrontés à un concept qu’ils devront analyser et tirer à eux afin de proposer une démarche de création cohérente et singulière.
Retour à l’instinct sauvage
Les élèves ont présenté leur travaux lors des JPO 2015 de l’établissement.
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Retour à l’instinct sauvage
Panel de productions d’élèves 64
Déroulement : Étape 1 : Phase préparatoire et de recherches Semaine 48 : Lancement Le thème est lancé par ma collègue. Le sujet est distribué à l’intégralité de la classe et les élèves le lisent individuellement. Puis, elle présente aux élèves une série de documents iconographiques de productions de design ou de métiers d’art en lien avec l’idée de Retour à l’instinct sauvage. S’engage alors une phase d’échanges et de questionnements entre les élèves à propos des documents présentés, afin de faire émerger des liens avec le sujet. Semaine 49 et 50 : Préparation et recherches Une fois la thématique de travail lancée, les élèves engagent un travail de recherches préparatoires. C’est la première fois de l’année où ils sont confrontés à une idée sans avoir de matériaux ou de techniques imposés. C’est à eux de s’approprier le sujet, de manière autonome. Certains se tournent alors vers une approche plus conceptuelle et philosophique, alors que d’autres préfèrent se référer à des matériaux. Ils sont également amenés à réfléchir à des intentions de création suite à leur analyse. En parallèle, nous les encourageons à organiser leur temps de travail. Un planning vierge est ainsi distribué à l’ensemble des élèves, afin qu’ils puissent formuler leurs objectifs et gérer leur avancée par séances. Jusqu’à présent, les élèves n’arrivaient pas organiser leur temps. Nous nous en sommes rendus compte avec les deux sujets précédents. C’est pourquoi nous leur avons proposé cet outil afin qu’ils prennent conscience qu’il est important d’apprendre à gérer son temps de travail afin de ne pas se retrouver surmené en fin de parcours. Cet outils a été bénéfique pour certains, alors que d’autres l’ont rapidement oublié. Je pense que nous aurions peut être dû rendre ce travail obligatoire pour ce sujet, afin que cet enjeu soit davantage pris au sérieux. Étape 2 : Phase de propositions formulées Semaine 2 : Positionnement, analyse et cahier des charges Au retour des vacances de Noël, les élèves sont invités à se replonger dans la thématique Retour à l’instinct sauvage. Le sujet est ainsi relu à voix haute en classe entière afin d’en re-préciser les enjeux et les attentes. L’objectif de la semaine est de faire tendre les élèves vers un positionnement cohérent. Nous accompagnons individuellement les élèves dans leur formulation d’un problème de design, en lien avec un cahier des charges clair et construit déduit de la définition d’une cible et d’un contexte. Semaine 3 : Propositions formulées Suite à la formulation d’un problème de design, les élèves sont amenés à proposer des solutions dans le domaine de design de leur choix, selon deux axes clairement définis. Les élèves présentent le fruit de l’ensemble de travail à l’oral, dans un temps limité de 10 minutes devant les deux enseignantes. L’objectif est de se rapprocher le plus possible des conditions d’examen, afin d’amener les élèves à prendre leurs marques.
Ce projet a été globalement réussi. La plupart des élèves ont su tirer des leçons des projets réalisés en amont afin d’améliorer leur démarche de conception. Une partie des concepts liés à la thématique du Développement Durable a ainsi été partiellement exploité. Les élèves se sont d’eux même posé davantage de questions sur la fin de vie des produits, le choix des matériaux ou encore sur les sémantiques associées à la nature. J’ai ainsi pu constater que, tout en ayant une démarche de plus en plus autonome, les élèves ont pu s’approprier le sujet de manière plus personnelle et singulière. Ils ont également mené leurs projets respectifs en employant des concepts étudiés au cours de l’année, tels que les principes de bio-mimétisme ou de bio-morphisme, ou encore l’idée de design vernaculaire. Néanmoins, je note que les élèves ayant réalisé les projets les moins pertinents, sont ceux qui ont proposé des approches trop anecdotiques avec l’idée de « nature ». Leur analyse du sujet est restée trop littérale. Ce manque d’appropriation s’explique par une phase de recherche souvent peu poussée et une définition pauvre des termes du sujet Retour à l’instinct sauvage. Il est important de rappeler aux élèves les étapes de conception d’un projet afin que celui-ci soit le plus pertinent possible. Si l’analyse du territoire est peu recherchée, les propositions en seront appauvries. Cependant, j’ai la réelle sensation que les thématiques soulevées autour des « low materials » ont influencé leurs modes de pensées et de conception. J’espère qu’ils auront un regard plus ouvert sur la question des basses technologies et des enjeux liés au Développement Durable pour la suite de leur cursus. À travers l’exploitation des low materials, les élèves se confrontent alors aux questions liées aux idées de temporalité, de lenteur, de sensibilité, de cycle, et d’attitude responsable. Les vertus de la pensée slow évoquée par le biais des low materials poussent alors les élèves à se questionner sur les envies, les besoins actuels et à venir. Les séquences pédagogiques développées précédemment gagneraient à être expérimentées davantage. Ceci permettrait de ré-ajuster certains détails ou de revoir certains positionnements, dans l’optique d’améliorer la transmission, l’apprentissage et l’évolution des élèves. Il est évident que ces propositions se doivent de rester ouvertes afin de pouvoir s’adapter selon le profil et le niveau de la classe. 65
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QUEL AVENIR POUR LES DESIGNERS DE DEMAIN?
La question du Développement Durable et de l’éco-conception est de plus en plus au coeur des préoccupations en terme d’enseignement et d’éducation. Sensibiliser les élèves dès leur plus jeune âge aux problématiques du recyclage, de la seconde vie des objets, du respect de la nature permet de leur apprendre à consommer et produire autrement, de les ouvrir au monde et de les accompagner dans la construction de celui de demain. Ils incarnent l’espoir d’un avenir plus en phase avec son environnement, à la fois plus viable, plus vivable et plus équitable. Transmettre des savoirs et des principes liés à l’éco-conception, notamment aux créatifs de demain, c’est leur donner les outils pour construire l’avenir, à l’aide de projets innovants et responsables. 69
Prolongements pédagogiques
« Only radical contemporary design will prevent the extinction of craftsmanship. » « Seulement un design contemporain et radical permettra d’éviter l’extinction de l’artisanat. »
Taller Flora - collection de mode Carla Fernandez 2008 70
Les démarches d’éco-design s’intègrent de plus en plus dans les cursus Arts Appliqués et Arts Plastiques, notamment au sein des filières liées à la conception de produits et d’espaces. Cependant, il demeure encore un domaine qui ne se sent pas encore tout à fait concerné… Il s’agit de la Mode. « C’est finalement la première fois dans son histoire que la mode, censée être en avance sur son temps, n’est pas capable de réagir à son époque » exprimait haut et fort Lidewij Edelkoort, fondatrice du bureau de style Trend Union, lors de la présentation du Manifeste Anti-Fashion en février dernier (2015). « Les écoles et les académies de mode continuent d’enseigner aux jeunes étudiants à devenir des designers de podium, des divas. On continue à leur faire croire que la mission qui les attend est de devenir une personnalité hors normes, que personne ne pourra jamais égaler. En d’autres termes, les écoles continuent d’enseigner le principe de l’individualité farouche à des jeunes dont l’environnement, à l’heure des réseaux sociaux, est désormais basé sur le partage, sur la création en commun. De facto, l’enseignement de la mode est donc démodé », rajoutait-elle sur l’enseignement spécifique dispensé en école de Mode. Dans ce sens, les enseignements au sein des filières Mode seraient à faire évoluer. Sensibiliser les jeunes créateurs de Mode aux réels enjeux du monde de demain en accord avec les préceptes du Développement Durable et de l’éco-design pourraient influencer les modes de conception, de production et donc de consommation des vêtements. L’industrie de la mode tend à être bouleversée. Quelques rares créateurs commencent à travailler dans cette lancée, notamment la créatrice Carla Fernandez avec sa ligne de vêtements Taller Flora. La styliste travaille en collaboration avec les artisans issus de son territoire de prédilection : le Mexique. S’engage alors une relation créative basée sur l’échange, le partage et le respect des savoirs-faire et de l’environnement. Carla Fernandez défend l’idée d’une mode éthique en pleine mutation, responsable et durable exploitant à bon escient les techniques artisanales locales. Il serait bon de tirer leçon de ce type d’approche afin de faire évoluer nos enseignements, et ainsi être en capacité d’accompagner au mieux les élèves dans leurs apprentissages, quelqu’ils soient. Car ils incarnent les acteurs du monde de demain.
Anti Fashion Extraits de la confĂŠrence sur le Manifeste Anti Fashion pour Automne/Hiver 2016-2017, de Lidewig Edelkoort Source iconographique : http://blog.5preview.se 71
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RESSOURCES DOCUMENTAIRES
Bibliographie ABRIAL, G. (Avril 2013). Slow Design / Des vertus de la lenteur. Dossier Slow Design : Pratiques (pp. 130-146). Paris : Étapes 212. BIHOUIX, P. (Mars 2014). L’âge des Low Tech. Paris : Éditions du Seuil. BO n°28 du 15 juillet 2004. BO n°14 du 5 avril 2007. BO n°37 du 8 octobre 2009. BO n°41 du 10 novembre 2011. BO n°31 du 29 août 2013. BRAUGART, M., McDONOUGH, W. (2002). Cradle to Cradle, créer et recycler à l’infini. Paris : Éditions Alternatives. BROWER, C., MALLORY, R., OHLMAN, Z. (2007). Experimental Eco Design. Éditions Librero. BROWN, S. (2010). Éco Fashion. Laurence King Publishing Ltd. COLLET, C. (2013). ENVIE / ALIVE, catalogue d’exposition. Fondation EDF. CRAWFORD, M.B. (2010). Éloge du carburateur. Paris : Éditions La découverte. DAVID, C. (2012). Futurotextiles. Éditions Strichting Kunstboek. JOHNSON, B. (2014). Zéro Déchet. Clermont-Ferrand : Éditions Les Arènes. ROCCA, A. (Septembre 2010). Architecture Low Coast - Low Tech, Inventions et Stratégies. Paris : Éditions Actes Sud. ROTTLE, N., YOCOM, K. (2014). Écoconception. Éditions Pyramid. PAPANEK, V. (1974). Design pour un monde réel. Paris : Éditions Environnement et Société. TANIGUCHI, J. (1995). L’homme qui marche. Paris : Casterman Écritures.
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Sitographie DEWINTRE, H. Manifeste Anti-Fashion : La mode est morte, vive le vêtement. (s.d.). En ligne sur https://fashionunited.fr/actualite/mode/liedelkoort-la-mode-est-morte-vive-le-ve-tement/201502138975. Consulté le 29/04/2015. FEBVRE, J. Manifeste pour une conception légère - ESAD Orléans. (s.d.). En ligne sur http://www.esad-orleans.fr/spip/spip.php?article103. Consulté le 28/04/2015. GREMAUD, R. L’industrie de la mode a creusé sa tombe. (s.d.). En ligne sur http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b13b5f5a-c689-11e4-959d74804f4bcbe7/Li_ Edelkoort_ Lindustrie_de_la_mode_a_creusé_sa_ tombe. Consulté le 29/04/2015. Label Éco-École. (s.d.). En ligne sur : http://www.eco-ecole.org. Consulté le 17/02/2015. LACOTTE, L. Laurent Lacotte Portfolio. (s.d.). En ligne sur : http:// www.laurentlacotte.com. Consulté le 28/04/2015. Pôle Éco-conception. (s.d.). En ligne sur : http://www.eco-conception.fr. Consulté le 02/12/2014.
Filmographie WANDERS, W. (2011). Pina.
Conférences BECKERS, S. (17 décembre 2014). Economie Circulaire C2C (Cradle to Cradle). Visio-conférence organisée par les enseignants d’Arts Appliqués de la cité scolaire Raymond Loewy (23), salle Jean-Baptiste Robert. 76
Fontes : Chapitres, Helvetica (Regular). Titres, texte courant, Adobe Calson pro (Regular, Bold, Italic, Bold Italic). Papiers : Couverture, Pollen by Clairefontaine, A4 Ref 24217 Jaune Soleil, 210g. Sous couverture, Feutre Artemio, FE3904 Jaune anari. Pages de chapitres, Pollen by Clairefontaine, A4 Ref 4217 Jaune Soleil, 120g. Pages intĂŠrieures, Evercopy plus, A4 100% recyclĂŠ, 80g.
Merci de votre attention.