visualisation et enregistrement de la pensée comment fixer la pensée sur un support tangible ?
Impromptu Chasser tout souvenir et fixer sa pensée, Sur un bel axe d'or la tenir balancée, Incertaine, inquiète, immobile pourtant, Peut-être éterniser le rêve d'un instant ; Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ; Écouter dans son cœur l'écho de son génie ; Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ; D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme Faire une perle d'une larme : Du poète ici-bas voilà la passion, Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Alfred de Musset
SOMMAIRE
01
› introduction › principes généraux du fonctionnement de la pensée › la pensée visuelle › structure › enregistrement
fonctionnement de la pensée
02
› introduction › capter l’invisible › organisation › synthèse › exemple de construction d’une image
fonctionnement de la machine
03
› tabularité / linéarité › action /perception › résultats uniques et personnels › lien avec les neuro-sciences › conseils
principes d’UTILISATION
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› bibliographie
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fonctionnement de la pensée
‘‘La raison ne perçoit que ce qu’elle produit elle-même, d’après ses propres plans’’ Kant
› introduction › principes généraux du fonctionnement de la pensée › la pensée visuelle › structure › enregistrement
01 | fonctionnement de la pensĂŠe
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› introduction C’est aussi, une représentation psychique, un ensemble d’idées propres à un individu ou à un groupe, une façon de juger, une opinion (façon de penser), un trait de caractère, etc.
Au sens large, la pensée est une activité psychique, consciente dans son ensemble, qui recouvre les processus par lesquels sont élaborés, en réponse aux perceptions venues des sens, des images, des sensations, des concepts, que l’être humain associe pour apprendre, créer et agir.
Souvent associée au célèbre cogito ergo sum de Descartes, la notion de pensée est aussi un héritage de l’Antiquité, philosophie antique grecque et romaine, et traditions judéochrétiennes.
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› principes généraux du fonctionnement de la pensée Le point de départ de la connaissance est le réflexe (lui-même prenant son origine dans les mouvement des cellules etmolécules) qui évolue peu à peu en réflexion par accumulation / mémorisation de l’expérience.
trois opérations Le fonctionnement de la conscience peut être résumé en trois opérations distinctes, parfois séparées dans le temps, mais intimement liées : − la perception/réception d’une unité d’information ou percept ; − la classification, mémorisation ; − l’action : pensée (analyse, induction / déduction, rappel), gestes, paroles, écrits. En séparant artificiellement ces trois opérations, on pourrait réserver le terme de pensée à la seule procédure de mise en rapport interne des concepts qui constitue le propre de la réflexion, et qui suppose un détachement à la fois de la pure réception et de l’action / réaction. La pensée est alors cette fonction de la conscience qui unifie les divers percepts sous le concept général (catégorisation, classification, analyse), et opère selon les deux modalités de l’induction (connexion de l’information à la généralité) et la déduction (production nette du général). Elle se sépare, et s’est séparée progressivement, du système réflexe qui est immédiateté entre action et réaction. La déduction apparaît alors comme le résultat du travail de la pensée qui a comparé les divers percepts en concepts ou les différentes idées en concepts plus généraux. Le terme de concept sera alors réservé à la synthèse des idées, comme étant le résultat de l’induction et déduction de la pensée. Par conséquent celui d’idée sera réservé à une information empirique faisant l’objet du processus d’induction, ou issu de celui de la déduction. L’idée est alors la désignation nominale et ”statique” d’un objet, action, groupe d’actions, groupe de concepts ayant un rapport avec la saisine du réel (interprétation, saisine brute) ou résultant d’une action externe (parole, geste, expérimentation, vérification etc). 14
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01 | fonctionnement de la pensée
La nomination est la procédure d’individuation puis de transfert de l’objet à l’idée avant toutes classifications et opérations multiples inter-idées.
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la nomination
induction / déduction
La nomination est la procédure d’individuation puis de transfert de l’objet à l’idée avant toutes classifications et opérations multiples interidées. La nomination est l’idée brute de l’objet, du fait ou de la fiction.
La généralisation fonctionne à la fois par l’induction et la déduction. Il en va de même pour les mathématiques car une fois la catégorie du nombre établie, en l’extrayant de l’observation du réel, il devient possible d’effectuer des opérations multiples sans recourir à l’expérience. Ainsi, le propre de la conceptualisation, c’est d’associer de multiples idées pour les classifier et effectuer des opérations de généralisation, d’extension en élaborant des hypothèses sur cette possibilité par induction ou déduction à partir de concepts et d’idées déjà élaborés.
Ainsi l’idée arbre désigne l’objet, il se résume à l’attribution du nom. Si on lui associe une propriété, par exemple ”avoir des feuilles” nous faisons œuvre de synthèse pour élaborer le concept d’arbre feuillu. Si à la suite de multiple observations, nous élaborons la catégorie ”les arbres” et ”les arbres ont des feuilles” nous avons induit une généralisation et avons synthétisé le multiple, nous l’avons conceptualisé. Si maintenant à partir d’une de leurs propriétés générales, par exemple ”pousse en terre” nous formulons une hypothèse ”un certain nombre d’objets qui poussent en terre devraient avoir des feuilles” nous associons ces deux propriétés en tentant de les généraliser, nous pouvons déduire l’existence d’objets ayant ces deux propriétés et par là découvrir une nouvelle catégorie, les plantes à feuilles qui ne sont pas des arbres.
Cette faculté de conceptualiser se trouve donc à l’interface entre l’observation et l’action, entre le recueil des données et l’expérimentation. Le classement en catégories précède nécessairement le travail de déduction et de synthèse, la production de lois générales et de principes. Aussi la première démarche d’une activité scientifique est-elle la nomination puis la classification (Aristote, Linné, Darwin). L’idéal de la taxinomie est le tableau de Mendeleïev qui propose un classement des éléments à partir duquel on peut déduire certaines de leurs propriétés (ou inversement) et de rechercher des lois.
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› la pensée visuelle La pensée visuelle est un mode de pensée qui repose essentiellement sur les processus de traitement de l’information visuelle par le cerveau, en opposition à un mode de pensée analogue au traitement du langage, dit pensée linguistique.
du sens. À ce titre, le panneau stop relève plus du langage, en tant que code, que de l’image. Ce mode de pensée serait rattaché à l’hémisphère cérébral gauche. Contrairement aux penseurs linguistiques, les penseurs visuels arrivent d’une façon intuitive à une conclusion. Ils ne raisonnent pas à l’aide du langage mais en manipulant les symboles logiques/graphiques d’une façon non-linéaire. Ils ”voient” la réponse au problème. La preuve la plus explicite de l’existence des penseurs visuels se trouve dans les arts graphiques modernes et dans
La pensée visuelle est une approche globale moins sensible aux lacunes, mais qui supporte mal la segmentation. Le langage ne signifie pas forcément les mots, mais une indexation
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toutes les professions où l’on utilise la perception visuelle.
Il s’agit d’une personne d’un certain âge, dont les marques du temps commencent à se confirmer. Cette personne rayonne une certaine émotion et en la regardant, j’essaie d’imaginer ce que cette personne a vécu. Mon imagination se base sur ce que je vois et ce que je crois. La perception de cet homme a fait surgir en moi des images mentales liées à mon expérience que j’ai manipulées en faisant appel à mon imagination. Si mon intuition est bonne, peut-être que cette histoire s’avère plus ou moins vraie.
Nous pouvons manipuler des images mentales en faisant appel à notre imagination. Il s’agit des choses auxquelles on croit, sans que ces choses soient scientifiquement prouvées. Nous nous basons sur notre intuition et nos expériences personnelles. Notre manière de penser est subjective. Un exemple : Je me promène en ville et je croise du regard une autre personne. J’observe alors son visage.
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› structure un réseau d’associations
structure aléatoire
On peut concevoir la pensée comme un réseau d’associations en constante évolution, influencé à la fois par nos interactions avec le monde extérieur et par nos réflexions intérieures.
Le fait que notre pensée soit en constante évolution détermine sa valeur aléatoire ; c’est une structure qu’on ne peut contrôler - mais on peut en revanche l’influencer.
Les événements dont nous sommes témoins ou acteurs, de la même manière que notre éducation ou la manière sont les autres nous regardent, façonnent le fonctionnement de notre pensée, le regard que nous portons sur le monde.
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modes de liaisons Le comportement de la pensée est aussi influencé par les types de liaisons qui structurent ce réseau, de la même manière que le type de liaison chimique change le comportement et la forme d’une molécule : ces liaisons vont influencer, catégoriser la manière dont les éléments réagissent les uns avec les aux autres. Par exemple, en fonction des liaisons entre ses atomes, le carbone peut prendre 8 formes différentes. Le pensée fonctionne de la même manière : le type de liaison influe sur le niveau et le type de pensée. 21
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› structure un réseau d’associations
structure aléatoire
On peut concevoir la pensée comme un réseau d’associations en constante évolution, influencé à la fois par nos interactions avec le monde extérieur et par nos réflexions intérieures.
Le fait que notre pensée soit en constante évolution détermine sa valeur aléatoire ; c’est une structure qu’on ne peut contrôler - mais on peut en revanche l’influencer.
Les événements dont nous sommes témoins ou acteurs, de la même manière que notre éducation ou la manière sont les autres nous regardent, façonnent le fonctionnement de notre pensée, le regard que nous portons sur le monde.
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niveaux de pensée Quand nous pensons, quand notre esprit est stimulé, il apparaît plusieurs ”niveaux” de pensée. Par exemple, l’écoute d’une chanson stimule trois de ces niveaux : − les informations textuelles : paroles, informations connues sur la chanson ou les artistes,... ; − les images ”émotionnelles”, c’est à dire des images abstraites, dont la valeur est déterminée par les émotions ressenties durant l’écoute du morceau ; c’est une combinaison entre ce que dégage la musique et l’expérience de l’auditeur ; − les images ”figuratives”, qui sont celles provoquées par le sens des paroles.
”Il y a interaction entre langage et pensée. Un langage organisé agit sur l’organisation de la pensée, et une pensée organisée agit sur l’organisation du langage” Ahmad Amin
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› enregistrement Si on stimule la pensée, on obtient une réaction : la formation d’images mentales ; il devient alors possible de l’enregistrer. En permettant de fixer la pensée, on en démultiplie la puissance et on en modifie le régime. Cela permet d’introduire une possibilité d’ordre, de continuité et de cohérence là où régnaient la fluidité et le chaos. À l’état naturel, en effet, rien n’est plus labile que la pensée : les associations se font et se défont constamment, emportées par des perceptions sans cesse nouvelles et la prégnance des réseaux d’associations. À chaque minute, une nouvelle constellation mentale est ainsi susceptible de se former, aussi différente que les vagues qui déferlent sur un littoral, dont chacune recombine les gouttes d’eau dans une structure différente dotée d’une énergie propre. Placée sous le signe de l’éphémère et du mouvant, la pensée apparaît comme aussi insaisissable que la fumée, aussi multiple et ondoyante que le scintillement de la lumière sur la mer. Ainsi que l’exprime Maurice Blanchot en un fin paradoxe :
De la pensée, il faut dire d’abord qu’elle est l’impossibilité de s’arrêter à rien de défini, donc de penser rien de déterminé et qu’ainsi elle est la neutralisation permanente de toute pensée présente, en même temps que la répudiation de toute absence de pensée.
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fonctionnement de la machine
‘‘L’esprit pense en image mais, pour communiquer avec l’autre, doit transformer l’image en pensée, puis la pensée en langage’’
Irvin D. Yalom
› introduction › capter l’invisible › organisation › synthèse › exemple de construction d’une image
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› capter l’invisible
› introduction Lors d’un l’enregistrement, les images mentales vont évoluer constamment. C’est une expérience qu’il nous est donné de vivre, et le visuel résultant de cette expérience est l’image mentale finale, le résultat de cette évolution, plus qu’une synthèse de toutes les images qu’il nous a été donné de voir pendant la durée de l’enregistrement.
La première étape est de capter l’immense flot d’informations qui va résulter de la stimulation intellectuelle faite sur le sujet (une musique, un film, une odeur,...). Pour capte l’invisible, il faut analyser l’activité du cerveau en surveillant les flux sanguins dans le cortex visuel. Les mages internes ou images mentales sont les images que nous avons en tête, lorsque nous pensons à quelque chose. Elles nous permettent de voir l’image d’un objet alors qu’il n’est pas là. Les impressions qui nous viennent du monde extérieur grâce à nos sens sont à la base de la création de ces images mentales. Depuis notre naissance et durant toute notre vie nous absorbons notre environnement.
À l’inverse, si l’on prend une ”capture” à un instant donné, on va obtenir un visuel de notre pensée à cet instant seulement.
Les expériences que nous vivons sont mémorisées et transformées en représentations mentales. Il peut s’agir de représentation d’objets physiques, de concepts, d’idées ou même de situations. Nos cinq sens sont les principaux générateurs d’images mentales. Nous ne pouvons parler de l’invisible sans parler du visible. Est visible tout ce qui est image. Tout, que ce soit notre vision oculaire ou juste des photos dans le journal, est image, mais image de quoi ? L’image n’est rien d’autre que l’interprétation de ce que nous ne pouvons voir. Notre vision est image d’une réalité invisible, car nous ne voyons que l’interprétation que notre cerveau fait à partir des informations du monde, et non pas, les informations elles-mêmes. Une peinture est image de l’invisible, car elle ouvre une fenêtre sur un monde caché, enfoui dans les profondeurs de notre inconscient. Pourquoi aurions-nous le besoin de créer une image, si nous voyions tout. C’est parce que ce monde caché nous échappe, parce que nous sommes fascinés par l’invisible que nous tentons de le capturer en visible. L’image est un invisible en cage.
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› organisation
› synthèse
Une fois extraite, analysée, il faut structurer le flot d’information reçu Cette organisation se fait en temps réel, au fur et à mesure que le visuel se crée. C’est l’étape décisive qui permet de donner un forme matérielle à une structure instable.
En parallèle de l’organisation du flux de pensée, la machine opère à une synthèse de l’image mentale. Cela va permettre de résumer le flot incalculable d’informations pour ne faire apparaître que l’essentiel de la ”réflexion”, c’est à dire un résumé des émotions et des images qui se sont manifestées durant l’enregistrement.
Elle se retend différemment en fonction des niveaux de pensée : les informations textuelles ne vont pas s’organiser de la même manière que les images dites ”émotionnelles”, car se sont des type d’informations totalement différentes, et dont la place, la manière dont elles sont mis en page, même dans une composition, ne seront jamais les mêmes.
Le cerveau manipule des représentations mentales, les évalue, les compare, les associe, les combine, avec ou sans stimuli externes. Dans son fonctionnement normal, le cerveau cherche à maintenir un stock d’images qui lui permet de trouver des solutions efficaces aux situations présentes et anticipées. Ainsi, les stratégies cognitives, plus ou moins conscientes, privilégient l’évolution de nos représentations vers ce que nous croyons être la réalité et, dans les domaines artistiques et de l’imaginaire, les images sources de plaisir et de satisfaction, souvent volontairement dissociées de la réalité.
”Les expériences que nous vivons sont mémorisées et transformées en représentations mentales.”
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› exemple de construction d’une image L’image va se construire à partir du chaos, de l’immense quantité d’informations contenues dans notre cerveau. Les motifs, les couleurs, sont issus de réseaux invisible qui ont été structuré.
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02 | fonctionnement de la MACHINE 02 | 5
› exemple de construction d’une image L’image va se construire à partir du chaos, de l’immense quantité d’informations contenues dans notre cerveau. Les motifs, les couleurs, sont issus de réseaux invisible qui ont été structuré.
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02 | fonctionnement de la MACHINE 02 | 5
› exemple de construction d’une image L’image va se construire à partir du chaos, de l’immense quantité d’informations contenues dans notre cerveau. Les motifs, les couleurs, sont issus de réseaux invisible qui ont été structuré.
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02 | fonctionnement de la MACHINE 02 | 5
› exemple de construction d’une image L’image va se construire à partir du chaos, de l’immense quantité d’informations contenues dans notre cerveau. Les motifs, les couleurs, sont issus de réseaux invisible qui ont été structuré.
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principes d’UTILISATION
‘‘L’ordre de l’enchaînement des idées est le même que l’ordre de l’enchaînement des choses’’ Spinoza
› tabularité / linéarité › action /perception › résultats uniques et personnels › lien avec les neuro-sciences › conseils
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› tabularité / linéarité La linéarité se dit d’une série d’éléments qui se suivent dans un ordre intangible ou préétabli. Parfaitement exemplifiée par la succession des heures et des jours, elle relève essentiellement de l’ordre du temps, mais s’applique aussi à un espace réduit aux points d’une droite. Ce concept s’oppose à celui de tabularité, qui désigne ici la possibilité pour le lecteur d’accéder à des données visuelles dans l’ordre qu’il choisit, en identifiant d’emblée les sections qui l’intéressent, tout comme dans la lecture d’un tableau l’œil se pose sur n’importe quelle partie, dans un ordre décidé par le sujet. Sur le plan philosophique, le concept de linéarité entre en conflit ouvert avec les tendances de la science du début du XXe siècle, qui a été marquée par la volonté d’éliminer le Temps, comme le montrent notamment Prigogine et Stengers. Pour Einstein, faut-il le rappeler, le temps n’est qu’une illusion qui masque l’immuabilité des lois fondamentales. Surtout, la linéarité a partie liée avec les notions d’autorité et de contrainte : qui dit linéarité dit respect obligé d’un certain nombre d’étapes par lesquelles il faudra passer. En ce sens, la linéarité peut certainement être perçue comme une intolérable entrave à la liberté souveraine de l’individu. Les pensées de l’être humain suivent un ordre tabulaire. Lors du processus d’enregistrement, la machine procède donc à une linéarisation des différentes pensées et émotions qui nous viennent à l’esprit.
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03 | PRINCIPES D’UTILISATION 03 | 2
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› action / perception
› résultats uniques et personnels
Nous dirons que la pensée est le propre de l’esprit lorsqu’il se trouve en soi, hors du monde. L’Idée est ce qui le met en rapport d’action ou d’information sur le monde, le Concept est la procédure et son résultat d’unification.
Étant donné que les pensée, et donc les projections d’images, sont propres à chaque être humain, en fonction de son éducation, le milieu social et géographique dans lequel il a vécu, ses différentes expériences, chaque enregistrement est unique et personnel.
Il va de soi qu’il ne saurait y avoir de pure perception de l’idée brute puisque cela suppose toujours une structure d’accueil préexistante, et que la pensée est immédiatement dans l’acte de réception en proposant ses concepts et catégories. Mais, cette distinction s’imposant pour la progression de l’analyse, on constate immédiatement que c’est l’accroissement de la pensée qui permet à la conscience d’étendre le champ de l’Idée (ouverture plus large à la nomination des objets du monde) et d’étendre celui de sa puissance (extension de la puissance d’action sur le milieu).
Le résultat sera donc toujours différent, selon les paramètres cités précédemment, mais aussi l’état d’esprit dans lequel on se situe au moment de l’enregistrement.
Une telle distinction permet également d’affirmer que la pensée, l’usage du concept, n’est pas le propre de la seule conscience humaine mais existe de façon embryonnaire selon des degré divers dans tout le règne vivant.
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03 | PRINCIPES D’UTILISATION 03 | 4
› lien avec les neurosciences
Depuis quelque temps, on voit tout l’intérêt qu’il y aurait à faire à nouveau circuler les concepts transversalement, comme cela a été le cas dans la deuxième moitié du XXe siècle. L’exemple des théories récentes de la pensée produites par les neurosciences qui vient d’être analysé le montre suffisamment : celles-ci pourraient beaucoup gagner, du point de vue même des mutations épistémologiques qui les traversent, si elles acceptaient de s’intéresser à des ressources formelles existantes mais qui leur sont, pour le moment, restées totalement étrangères : par exemple, le concept de rythme tel qu’il a été ré-élaboré par la poétique, mais aussi, très probablement, tel qu’il commence à être reformulé dans les sciences sociales (pour une première approche voir Michon, 2005 et 2007).
L’un des problèmes que les neurosciences n’arrivent pas à traiter concerne la qualité spécifique et pourtant partageable des flux organisés qu’elles observent. En réduisant la pensée à un processus d’adéquation purement statistique à la réalité intérieure ou extérieure, les neurosciences ne rendent pas compte du fait que toute expérience mentale possède une certaine consistance propre, c’est-à-dire une manière particulière de fluer, qui lui est assurée par le jeu de la mémoire, d’une part, de la volonté, du désir et de l’imagination, de l’autre. Or, le modèle formel proposé par la poétique pourrait certainement les aider à répondre à ce problème. En s’appuyant sur ce modèle, on pourrait proposer l’hypothèse suivante : l’illumination intellectuelle, le coup de génie imaginatif ou même le souvenir 48
proustien, tous ces moments qui, par le fait qu’ils sont associés à de fortes gratifications, guident la sélection au sein de la profusion mentale, représenteraient des instants d’intégration-différenciation maximalisés du cœur dynamique qui feraient surgir en son sein une énergie potentielle d’un type particulier. L’imagination, la compréhension et la mémoire seraient ainsi liées à la capacité du cerveau d’atteindre des états neuronaux extrêmement complexes, dominés par une sorte de réverbération interne généralisée permettant, en quelque sorte, au passé, au présent et au futur de refluer les uns sur les autres. Ces états particuliers ne feraient toutefois que maximaliser des possibilités neuronales qui seraient déjà présentes dans les états ordinaires du cœur dynamique.
Les neurosciences pourraient donc trouver dans la poésie une alliée efficace pour comprendre la vie du cerveau. Mais une telle alliance devrait bien sûr être recherchée également dans l’autre sens – le narcissisme des littéraires dût-il en souffrir quelque peu. On pourrait se demander, de ce point de vue, si le lien entre la qualité poétique d’un discours et la maximalisation de sa complexité rythmique, tel qu’il a été repéré par les études de poétique depuis Mallarmé, ne pourrait pas s’expliquer, quant à lui, en fonction des formes de dynamiques neuronales. La poésie apparaîtrait comme une fonction langagière aussi nécessaire à la vie des hommes que les moments de forte complexité le sont à la vie de notre cerveau. On attendrait alors peut-être – qui sait ? – à l’un des fondements neurologiques de l’art. 49
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› conseils Pour obtenir un résultat optimal, il est nécessaire de s’isoler des impressions extérieures pour forcer l’attention, vaincre l’indifférence et dominer, en même temps, les forces physiques et les forces psychiques. Il faut ramener à leur centre ses forces dispersées, rassembler son énergie, faire appel à toute son intelligence et à toute sa volonté pour vaincre plus sûrement les obstacle qui pourraient nous empêcher d’arriver au but que nous voulons atteindre. C’est se donner corps et âme à ce que l’on fait pour le faire mieux et plus vite. La concentration est la résultante de l’attention, de la persévérance et de la maîtrise de soi. La première fixe l’esprit d’une façon complète sur un objet déterminé ; la seconde maintient cette attention et la dernière ne permet pas à la pensée de se détourner de cet objet. Afin de ne pas gaspiller ses pensées, vous devez contracter l’habitude journalière de penser d’une façon suivie et de concentrer votre attention, pendant un certain temps, sur le même sujet.
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bibliographie cinéma Douglas Trumbull, Brainstorm, 1983
›
Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, 2004 / La Science des Rêves, 2005 Paul Verhoeven, Total Recall, 1990 Christpher Nolan, Memento, 2000 / Inception, 2010
livres Christian Vanderdorpe, Du papyrus à l’hypertexte, La Découverte, 1999
›
Michaël Harboun, Mémoire, L’invisble
A. Quinton, Les opérations cognitives (ou activités mentales) Stephen Hawking, Brève histoire du temps, Flammarion, 1989 Jean-Pierre Depétris, Qu’est ce qu’un texte, 2002 Hector Durville, Magnétisme personnel ou psychique, 1890 Elisabeth Grebot, Images mentales et stratégies d’apprentissage, Esf Editeur, 1994
articles
René-Yves Hervé, Effets de la pensée, 2008 Franck Mée, Transformer des rêves en images bientôt possible ?, 2008 www.lesnumeriques.com/transformer-reves-images bientot-possible-n6953.html
›
Robert Stahl, Le photo-langage, quel langage ! http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GEST_039_0142 Jean-Jack Micalef, Pensée, vérité et réel, http://lesnouveauxprincipes.fr/nouveauxprincipes-metaphysiques/ 7-pensee-verite-reel Pascal Michon, Les neurosciences face à la question de la pensée, 2011 http://www.rhuthmos.eu/spip.php?article319 53