Volume II
Catalogue année 2019-2020 de l'atelier de sculpture
VOLUME II
2-3
VOLUME II
Charleroi District Sud Dans une volonté de poursuivre la démarche de confrontation au réel amorcée l’année précédente avec les expositions qui eurent lieux au Rockerill et sur le campus de l’UCL - Mons, nous avons repris notre bâton de pèlerin afin de trouver un lieu adéquat permettant d’accueillir le jury de décembre 2019.
CHARLEROI DISTRICT SUD
C’est finalement à « District Sud » à Charleroi que se déroula l’exposition qui rassembla les propositions de douze étudiant.e.s de Bachelier et Master. Dans ce lieu à caractère industriel, chacun.e pu trouver une manière d’entrer en dialogue avec l’architecture brute, offrant ainsi aux spectateurs. trices une pluralité de point de vue sur la sculpture. Dépassant la simple définition d’objet tridimensionnel pour embrasser plus largement l’installation, les expérimentations sonores ou encore la photographie, les pièces des étudiant.e.s étaient également traversées par des questionnements de nature sociétale, reflétant les enjeux et défis qui façonnent le monde contemporain. L’épreuve de l’espace à échelle 1 a ceci d’essentiel à nos yeux qu’on ne peut prédire si elle sera un échec ou une réussite. C’est ce qui nous permet de déceler les failles et d’aller au-delà de ce que chacun.e considérait comme acquis, aussi bien du côté du maître que de l’élève. Les succès, qu’ils soient modestes ou grandioses, ont d’autant plus de saveurs que le risque est grand. C’est ainsi que nous entrevoyons notre rôle d’enseignant.e.s : comme le mur sur lequel la balle peut rebondir. L’équipe pédagogique de Sculpture
4-5
Mercedes Daems Ensemble Floral, 2019 Installatioon, coupe menstruelle pigment et plâtre 7 x 4,5cm
Jessica Manica Naître femme, 2019 Mousse polyréthane et coton pressé 175 x 40cm
VOLUME II 6-7
Florian Van De Weyer Loop, 2019 Bois peint et vinyle velour bleu 80 x 80 x 25cm
CHARLEROI DISTRICT SUD
Norbert Colson La Cédraie, 2019 plâtre et led 50 x 50 x 160cm
Şengül Özdemir Mariage - Düğun, 2019 Éléments en plâtre, impression et robots
VOLUME II
Emmanuel Da Costa Synapse II, 2019 Photogravure sur zinc et cuivre Installation sonore Forme variable
CHARLEROI DISTRICT SUD 9-9
Mathilde Maque Bright Thought, 2019 Bois peint, porte et néons 2 x 0,8 x 2m
Joséphine Wagnier Sans-titre, 2019 Bois et plâtre Dimensions variables
VOLUME II 10-11
Juliette Karlsson Patatours, 2019 Totems de pommes de terre épluchées en cire Dimensions variables
CHARLEROI DISTRICT SUD
Juliette Karlsson Sacs de pommes de terre et plâtre peint, 2019 Installation
Rémy Hans Sans-titre, 2019 Plaques alliage de plâtre et de ciment Installation Dimensions variables
VOLUME II
CHARLEROI DISTRICT SUD
12-13
VOLUME II
Atelier isolé
ATELIER ISOLÉ
Toutes et tous confinés chez-soi, séparés de nos camarades loin de notre atelier, l’équipe pédagogique nous lance un appel visant une exposition collective au sein d’un même espace : le Centre d’Art et de Design de La Louvière. Une sorte de subterfuge nous permettant de questionner ce lieu, ayant accueilli une partie de la friche de la faïencerie Boch dans le passé, et d’envisager l’avenir de chacune de nos démarches artistiques singulières dans ces circonstances inédites. Nous avons répondu à cet appel sous forme de dossier suivant le cadre qui nous était déterminé, accompagnés scrupuleusement par l’équipe pédagogique ; un suivi à distance, inévitable mais précieux, sous forme de rendez-vous téléphoniques ou informatiques conservant un lien étroit entre enseignants et étudiants. Cette approche nous a permis de nous familiariser avec cette demande et de nous professionnaliser. Il est attrayant de constater quelles ont été les diverses réponses de nous - étudiants sculpteurs - à cet exercice inhabituel. Elles résultent de recherches qui réclament d’autant plus à être explorées concrètement dès à présent ; dans toute leur matérialité, leur sensibilité et leur état physique. Dans cette seconde partie, vous trouverez des extraits (textes et images) de dossiers remis par chaque étudiant, apportant individuellement des propositions qui tendent à s’articuler dans un ordre collectif. Joséphine Wagnier, Étudiante - PE3
14-15
Rémy Hans
PENSER LE CRASSIER COMME UNE ARCHITECTURE Le terril ou crassier a profondément modifié le paysage suite à la révolution industrielle. Une solution pour enfouir déchets et ruines d’une industrie foisonnante mais synonyme surtout d’une époque révolue. Ces paysages artificiels sèment parfois le doute quant à leurs origines, est-ce le fruit d’un événement naturel ou simplement le geste maladroit d’une course à l’ensevelissement. Résultats d’une époque de l’histoire caractérisée d’Anthropocène pour signifier l’ensemble des événements géologiques comme conséquences de l’activité humaine. Par l’ajout de ces volumes ou plateformes, le terril revêt d’une nouvelle utilité et permet de revaloriser sous cette approche les résidus d’exploitation minière d’autrefois. Il est donc considéré comme un élément constitutif de notre paysage urbain et culturel. L’installation ci-dessus est un objet sculptural réalisé à l’aide de différents matériaux. Le crassier est divisé en 9 parties permettant au spectateur de se mouvoir au sein même du projet.
VOLUME II ATELIER ISOLÉ
Mercedes Daems
OBJETS DE CULTE EN TEMPS DE CRISE Je voudrais travailler les croyances spirituelles vers lesquelles se retourne la population lors d’une situation de crise. Mon objectif est de valoriser les gestes et les comportements qui nous rassurent, que l’on a tendance à cacher. Pour cela, j’aimerais travailler l’installation et l’accumulation. J’ai l’envie de mettre en valeur les objets auxquels s’attachent nos croyances, nos comportements. - de les créer, de les embellir et de leur donner une valeur plus importante qu’une simple valeur matérielle, d’aller plus loin que le simple fait d’acquérir un objet.
16-17
Je souhaite également récupérer des photos prises par les habitants de La Louvière en train de pratiquer leurs croyances chez eux, au naturel pour en faire un diaporama projeté en façade. J’aimerais aussi intervenir sur les autres murs extérieurs avec des symboles religieux, pour que le bâtiment devienne un lieu pluriculturel, où tout le monde est invité à entrer peu importe ce en quoi il croit.
Emmanuel Da Costa MÉMOIRE, FRAGMENTS ET INTERPRÉTATIONS Le bâtiment où l’on me propose de mettre en avant ma pratique est érigé à l’emplacement d’un haut lieu du passé industriel hennuyer. Dans une installation documentaire, se dressera un programme sculptural attentif aux matières et matériaux, aux images, aux sons et vidéos. Mon intention est de mettre en place un dispositif fabulé, anticipé, où les notions d’espace et de durée, conjoindrait pour dresser une histoire dans l’espace, ou un film en matière, une expérience entre fiction et réalité. À ce stade, le projet est encore naissant, je conduis diverses expérimentations avec la matière pour en révéler son pouvoir, ses limites. Je réunis des images, du bruit, des textes, je récupère aussi des matériaux souvent issus du bâti industriel. Mon protocole de travail va de l’extérieur vers l’intérieur, l’atelier. C’est le lieu où, de ces matériaux puisés dans le réel, je les manipule, j’exécute des processus de transformation, d’association, et j’ajoute des éléments fictifs. [...]
VOLUME II
CHARLEROI DISTRICT SUD
19-19
Juliette Karlsson PATATE OU POMME DE TERRE - OBJET D’OBSESSION Éplucher une pomme de terre est un geste sculptural. L’art est un regard que l’on porte. Si on le dirige sur des objets et des actions essentielles, le quotidien se transforme en une création permanente. La vie s’embellit de grandes admirations pour de petites choses. Le caractère familial de la pomme de terre peut rencontrer des problématiques sérieuses telles que la famine, la surconsommation, la crise, l’égalité, la solidarité, etc. Cette recherche tente de comprendre le monde à travers la patate. Je suis une étudiante en art visuel de vingt-et-un ans qui simule une obsession pour la pomme de terre. Cette relation entre ma pratique et cet objet quotidien est née alors que j’épluchais des patates. J’allais entamer ma première année en sculpture due à une réorientation après mon bachelier en dessin. Le geste d’éplucher, l’économe et la pomme de terre sont apparus comme intimement liés à cette pratique qui jusque-là m’était inconnue. La sculpture s’est révélée dans le retrait glissant de matière. L’outil coupe la courbe pour en faire une ligne droite, la peau est retirée et la chaire se dévoile. L’objet est de dimension parfaite pour être facilement manier. La patate épouse toujours le creux de la main comme si elle était destinée à s’y emboîter.
VOLUME II
Mathilde Maque
QUESTIONNER L’OBJET Avant d’héberger cet immense espace d’exposition en devenir, cette zone accueillait la faïencerie Boch qui a fait toute l’histoire et la richesse de la ville de La Louvière. J’ai grandi dans cette ville avec la vue de ces bâtiments et ai aussi vécu leur destruction. Une image restera gravée dans ma tête est celle de la vaisselle restée à l’abandon dans le bâtiment après sa faillite. Une quantité inouïe de vaisselle et de moules détruits formaient des amoncellements de matières comme ceux que l’on retrouve dans les dépotoirs. Cet espace d’exposition est donc à la fois le témoin d’un passé d’industrialisation et de production massive d’objets mais en est lui-même l’objet : il est l’enfant issu des procédés de préfabrications industrielles. Il me paraît être l’endroit parfait pour une exposition abordant les questionnements liés à la production d’objets.
ATELIER ISOLÉ
Afin de faire écho au passé de ce lieu d’exposition, j’aimerai donc exploiter la piste de la vaisselle comme objet de questionnement, pour ses formes géométriques, ses creux et ses pleins ainsi que pour ses motifs et ainsi flouter les limites entre le monde du design et celui de la sculpture, deux milieux dans lequel il est urgent de se questionner sur l’objet qu’on va créé ainsi que sur sa pérennité. [...] PROPOSITION - VOLUME ET BIOMATÉRIAUX Au départ d’un questionnement lié à la production d’objets est né un questionnement sur la matière elle-même. Avoir recours à des matériaux organiques rend la matière vivante et donc changeante. La matière, libérée de notre emprise, affirme son émancipation par la courbe. Le geste sculptural est alors limité dans le temps ; on peut apprivoiser la matière mais ne plus la posséder
20-21
Joséphine Wagnier
ACCLIMATATION, MINÉRAL ET VÉGÉTAL Il s’agit d’invoquer un environnement étranger composé à partir de pièces en plâtre qui s’implantent dans l’espace. Les formes rappellent des éléments connus que l’on retrouve dans la nature : une végétation appartenant aux zones arides, à certains récifs coralliens ou encore à la formation de stalagmite. Ces formes en plâtre suivent le même processus que les pièces auparavant réalisées lors de l’exposition et du jury de décembre 2019 à l’Espace District Sud : manipulation du plâtre sur des structures, études de ces différents états (liquide - solide), ainsi que ces différentes textures. L’accumulation a toute son importance. L’objectif de cette installation est de suggérer une atmosphère déroutante voire surréaliste, une invitation au voyage dans ce cadre fictif au cœur de l’architecture urbaine et moderne. Comme si la nature avait repris son droit sur l'architecture dû à l’absence d’activités.
VOLUME II
Jessica Manica
ATELIER ISOLÉ
DYSTOPIE Projet en collaboration avec Thibaut Drouillon (étudiant dans l’option Images dans le Milieu). Nous créons ici un univers qui nous est propre, une dystopie de la réalité. Au travers de notre performance visuelle et sonore, nous voulons immerger le spectateur dans cette fiction aux tons si familiers. Nous envisageons également un développement spatial et aimerions créer une installation qui se prêterait au monde que nous décrivons. La dimension performative est importante. C’est ainsi que notre univers évolue, les choses ne sont pas figées, c’est en créant nos liens entre les images et le son que tout prend vie. Un montage du live vjing et sonore deviendra notre trace.
22-23
Florian Van de Weyer
MEMENTO MORI Expérience contemplative dans laquelle une vidéo à 360° est projetée dans un cube. Il s’agit d’un espace généré par modélisation 3D et qui reprend les codes architecturaux du lieu d’exposition. Dans cet environnement, on retrouve les ossements des parias, eux aussi modélisés et animés. La production renvoie à un questionnement sur la mort et plonge les spectateurs au travers d’une vidéo psychédélique cadencée par une composition musicale créée à partir de synthétiseurs. Memento Mori est une installation qui nous ramène à notre condition de vie humaine, à la frivolité de la vie et au sort qui nous est tous réservé.
VOLUME II
ATELIER ISOLÉ
24-25
Şengül Özdemir
FOLKLORE Problème : le monde est mal car les affects négatifs dominent notre façon de vivre ; Solution : la transmission massive des affects positifs ; Méthodes : l’utilisation des couleurs sur des vecteurs de diffusion tels que les illustrations et la mode, l’intégration des événements populaires, plus précisément le folklore belge pour en actualiser le sens. Me référant au folklore de ma région qu’est celle du Centre, je vous propose une troupe de plusieurs personnages costumés, de vêtements et d’accessoires de cet univers festif des événements populaires. Au rendez-vous se trouvent un géant de carnaval à la tête d’oie, une équipe de marionnettes, un échassier barbapapa, des costumes inspirés de la tenue du gille, du paysan louviérois et une garde-robe à l’unique motif du célèbre Arlequin. Une avalanche de gaieté, de joie, de festivité à travers ces propositions sont traduites par les couleurs vives et la grandeur des costumes. Pour l’exposition au Centre du Design de la Louvière, l’implantation de cette troupe n’a pas une importance réelle. Le géant aura sa place à l’extérieur du bâtiment. Les marionnettes, l’échassier, les costumes d’étoiles du gille et le chapeau du paysan eux seront portés par des personnes déambulantes dans l’espace. Il n’y aura que la garde-robe qui serait posée sur un portant de vêtements. La troupe sera donc vivante, performative.
VOLUME II
Norbert Colson
Attention : En lisant ce dossier, je m’engage à verser la somme de 1€ à Norbert Colson. Salut à tous les lecteurs et toutes les lectrices, et merci pour les 1€. On est pas encore célèbres mais si vous cherchez « Norbert Colson » sur Google ou YouTube vous pouvez nous trouver, c’est déjà un bon début. On aimerait bien vivre de l’art (ça veut dire qu’on veut gagner minimum le SMIC) alors si vous voulez acheter des trucs ou nous soutenir n’hésitez pas à nous contacter au +32 470580521 si vous préférez le numéro belge, ou au +33 604651332 si vous préférez le numéro français. On a aussi une adresse email, c’est norbertcolsonenterprise@gmail.com alors n’hésitez surtout pas.
ATELIER ISOLÉ
Bon on est des rêveurs mais on sait que ce n’est pas facile de vivre de l’art, surtout à deux, alors on s’est dit qu’on allait se construire nos propres locaux pour vivre et travailler. On aime le carton, en plus c’est gratuit, alors nos locaux seront en carton. Et comme dans la chanson “pirouette cacahuète” le bonhomme a une maison en carton on donnera le nom de la chanson à notre projet. On fait plein de trucs drôles qui sortent du cadre mais là on est limités en projet dans le catalogue alors on parle de celui-là parce qu’il est gros et super cool. Contactez-nous vraiment on peut vous envoyer un livret avec d’autres projets, on peut même se rencontrer et dîner ensemble. Merci à tous. Attention : En ayant lu ce dossier, je m’engage à verser à nouveau la somme de 1€ à Norbert Colson.
26-27
COMPOSITION DES JURYS JURY DISTRICT SUD – 2019 mountaincutters (Quentin Perrichon), Nicolas de Ribou, Elisabeth Creusen, Maëlle Dufour, Myriam Louyest, Catherine Mayeur, Didier Mahieu, Christophe Veys, Anne-Cécile Maréchal, Romain Voisin, Philippe Ernotte, Guillaume Pizcan JURY APPEL À PROJETS – 2020 Anne-Cécile Maréchal, Lucie Lanzini, Adèle Santocono, Septembre Tiberghien
PROFESSEUR RESPONSABLE DE L’ATELIER Jonathan Puits ÉDITEUR RESPONSABLE Philippe Ernotte
DIPLÔMÉS 2019-20 Master 2 Aurore Boualem, Noémie Roland, Sara Signore et Rémy Hans PRIX ET SÉLECTIONS Rémy Hans lauréat 2020 du Prix du Hainaut des Arts Plastiques
INTERVENANTS Jonathan Puits, Arnaud Eeckhout, Mauro Vitturini, Judith Espinas, Lucie Lanzini, Septembre Tiberghien, Sébastien Lacomblez, Arthur Mouton, Philippe Brodzki, Frédéric Blin, Zoubeir Ben Hmouda, Guillaume Piszcan, Nora Feys REMERCIEMENTS Joséphine Wagnier, Florian Lebrun, Sophie Ferro pour le soutien à l’année et la régie et notre directeur Philippe Ernotte pour la confiance donnée en l’atelier...
CRÉDITS PHOTOS Rino Noviello, Mauro Vitturini, Alice Montesi et les étudiants de l’atelier Sculpture GRAPHISME & MISE EN PAGE Florian Lebrun